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-
*:J«Ï§
1 _
DICTIONNAIRE
UNIVEliSEL
D'HISTOIRE NATURELLE.
TOME SEPTIEME.
LISTE DES AUTEUi.S l»AI. nitDI.E DE MATIEHES.
Zoologie générale. AnatoEsnie. Pli; siologie. Tératologie
et AufEsroiioEogie. -
M .M.
CASIMIR BROUSSAIS ,$>, ». M. .professer à l'hô-
pital militaire- «lu Val-dc Gr>cr.
DUPONCHELlils, *, méd. de l'Ecole polytecliniq.
DUVERNOY, #, Dl-Mm membre de l'Institut, pro-
fesseur au Collège de Fronce, etc.
MII.NE EDWARDS, 0.#, D.-M., memb. de l'Ins.
FI.OURENS, C. #, D.-M., secrétaire perpétuel de
l'Académie des Sciences, membre «le l'Académie
fiauçaiie, etc.
MM.
ISIDORE GEOFFROY S.-IIII.AIRE.O. $f, D.-M.,
membre de l'Institut, in.-j>. gënér. de l'Université,.
professeur-administrateur au Muséum d'histoire
naturelle, etc.
DE ÎIUMBOI.DT [le baron Alexandre), C. ifc, -mem-
bre de l'Institut de France, de I' Académie royale-
de Berlin, etc.
MARTIN SAINT-ANGE, 0. J}jf, D. M., membre de
plusieurs sociétés savantes.
liai
if ères et Oiseau il.
ISIDORE GEOFFROY S.-HILAIRE, O. #, D.
membre de l'Institut, etc.
BAUDEMENT, professeur à l'Institut national a;
nomique, membre de la Société pbilomatique.
GERBE, aide-naturaliste au Collège de France.
DE LAFRESNATE, membre de plusieurs soc. sav,
LAIIRILLARD, îjfc, membre tic plusieurs sociétés-
savantes.
DE QUATREFAGES, #, docteur en médecine. etc.
R0GL1N, membre de la Société pbilomatique, etc.
Reptiles et Poissons.
BIBRON, ïfe, professeur d'histoire naturelle.
VALENCIENNES, Jfc, membre de l'Institut, profes-
seur-administrat.au Muséum d'bistoire naturelle.
Mollusques.
DESIIAYES, ijfc , membre de plusieurs sociétés sav.
VALENCIENNES, iftf, membre de l'Institut, etc.
ALCIDE D'ORBIGNY, O #, memb,.
pbilomatique, etc.
<le la Société
Articulés.
Insectes, Myriapodes., Arachnides, Crustacés, Cinhopodes, Annélides, IlelminUiides, Systolides.)
AUDOUIN, %f, D.-M., membre de l'Institut, profes-
seur-adinimstrat. au Muséum d'bistoire naturelle.
BLANCHARD, membre de plusieurs sociétés suv.
BOITA RD, #, auteur déplus, ouvrages d'bist. uat.
HRIJI.LÉ, ^?1,rof. à la faculté des scienc. de Dijon.
CIIKVROLÂT, membre de plusieurs sociétés savant.
DKSMAREST, secrétaire de la soc. entomolog. de
France.
DU JARDIN, ^.professeur d'bistoire naturelle
DUl'ONCIIEL, 2}£, membre de plusieurs sociétés sav.
LUCAS, membre «le la Société cntomologi<|ue.
GE1VVAIS, professeur d'bistoire naturelle, membre
«le la Société pbilomatique.
MILNE EDWARDS, O. #, D.-M. , membre de
l'Institut, profcss.-administ. au Muséum d'histoire-
naturellc, etc.
Zoogihytes ou Rayonnes.
^k (Echinodc) nies, Acalèphes, Foraininifèi es, Polypes, Spongiaires et Infusoiies.)
Société
Al.CHlE D'ORBIGNY, 0. *?, membre d
philomati«|ue de France, etc.
DUJARDIN, i|fc, professeur d'histoire naturelle, etc.
MILNE EDWARDS,0.$$,I).-H.,niem.del'li»t.,etc..
Botanique.
DE BHÊBISSON, membre de plusieurs sociétés sa-
vantes.
BRONGN1ART, O. #, D.M., membre de l'Inst.,
professeur-administrateur au Muséum d'bistoire
naturelle, etc.
DECAISNE, #, membre de l'Institut.
DÏJCIIARTRE, professeur à l'Institut national agro-
nomique, membre de la Société pliilomaliiiue, etc.
DE JUSSIEU, O. >ft, D.-M., membre de l'Inst. , pro-
fesseur-adniinislr. au Muséum d'bistoire naturelle
LEVE1LLÉ, D.-M., memb. de la Société philomatiq.
MONTAGNE, $fc, D.-M., memb. de la Soc. pbil., etc..
RICHARD, $<, D.-M., membre de l'Institut, profes-
seur à la Faculté de médecine.
SPACII, aide-naturaliste au Muséum d'bistoire natu-
relle.
Géologie , Minéralogie.
CORDIEK , C. # , membre de l'Institut , prof.-adm.
au Muséum d'bistoire naturelb;, etc.
DELAFOSSE, $fc, professeur de minéralogie à la
Faculté «les sciences, etc.
HESNOYERS, #, 1 ibliotbécaire au Muséum d'bis-
toire naturelle, membre de plusieurs sociétés sav.
KLIE DE BEAUMONT.O. #, membre del'lnslitut,
prof es. au Collège de France, insp. gén. des mines.
Cil. D'ORBIGNY, membre de plusieurs sociétés
savantes, etc. ,
CONSTANT PREVOST, # , membre de l'Institut,
profes. «le géologicà la Faculté des seiunces, etc.
Chimie, Physique et Astronomie
perpétuel de l'Académi
ARAGO . C. %f, secréa
«le» trienees , etc.
BECQUEREL, O. #, membre de l'Institut, profess.-
• «luiiu stratrurau Muséum d'bistoire naturelle, etc.
DUMAS. C. ■*, D.-M., membre de l'Inst., prof, de
«-Lim. •!• fac. de méd. et àlafuc. des scienc. etc.
PELOUZE , $f: , membre de rinslitut, professeur de
chimie au collège de France.
PELT1ER, membre de plusieurs sociétés savan-
tes..
RIVIÈRE, ifif, professeur de sciences physiques.
Paris. — Imprimerie de L. Martinet, rue Mignon, 2.
ce
DICTIONNAIRE
UNIVERSEL
D'HISTOIRE NATURELLE
RÉSUMANT ET COMPLÉTANT
TOUS LES FAITS PRÉSENTÉS PAR LES ENCYCLOPÉDIES
LES ANCIENS DICTIONNAIRES SCIENTIFIQUES
les CEuTres complètes de Buffon, et les Traités spéciaux sur les diverses branches des sciences naturelles
DONNANT
LA DESCRIPTION DES ÊTRES ET DES DIVERS PHÉNOMÈNES
DE LA NATURE
ITiyDifllofic et la Définition des Noms scientiliqncs, les Principales Applications des corps organiques et inorganiques,
à l'agriculture, à la médecine, aux arts industriels, etc.
ARAGO, AUDOUIN, BAUDEMENT, BECQUEREL, BIBRON,
BLANCHARD, BOITARD, DE BRÉBISSON, AD. BRONGNIART,
C. BROUSSAIS, BRULLÉ, CHEVROLAT, CORDIER, DECAISNE, DELAFOSSE,
DESHAYES, DESMAREST, J. DESNOYERS, ALCIDE ET CHARLES d'ORBIGNY, DOYERE,
DUCHARTRE, DUJARDIN, DUMAS, DUPONCHEL, DUVERNOY, ÉLIE DE BEAUMONT,
FLOURENS, IS. GEOFFROY SAINT-HILAIRE, GERBE, GERVAIS, HOLLARD,
DE JLSSIEU, DE LAFRESNAYE, LAURJLLARD, LEMAIRE, LÉVEILLÉ,
LUCAS, MARTIN ST-ANGE, MILNE EDWARDS, MONTAGNE,
PELOUZE, PELTIER, C. PRÉVOST, DE QUATREFAGES,J^^0f\"»V8rSitat"
A. RICHARD, RIVIÈRE, ROULIN, SPACH,
VALENCIENNES, ETC.
BiBu^sea^
DIRIGE PAR TA. C. D'ORBIGNY
ET ENRICHI
d'an magnifique Atlas de 288 planches gravées sur aciel
OME SEPTIÈME.
taOti»*
PA.RJ&
CHEZ LES ÉDITEURS, L. HOUSSIAUX ET C
RUE ET HÔTEL MIGNON, 2
(Quartier de l'Ecolc-de-Mcdecine)
1861
M.MST1J
DES ABRÉVIATIONS
EMPLOYEES DANS CET OLVKAGE.
( Les abréviations en petites capitales placées au commencement rie chaque article
indiquent !a grande classe à laquelle ils appartiennent.)
Bol. ph. .
Ùirrh. . .
r$i cjusl • '
Echin . .
Fig. . . .
Foramin .
Foss . . .
G. ou g.
Géol. . .
H dm. . .
Hist. nal.
Infus , .
Ins .
JJ
l HU
. Acalèphes.
. Anaiomie
, Annales.
. Anuélides.
. Arachnides.
Astronomie.
Botanique.
Botanique cryptogamt-
que.
. Botanique phanéroga-
niique.
. Bulletin.
. Chimie.
. Cinhopodes.
. Crustacés.
. Échinodermes.
. Figure.
. Foraminifères.
. Fossile.
. Genre.
. Géologie.
. Helminihiries.
. Histoire naturelle.
. Infusoires.
, Insectes.
Mam. . . . Mammifère».
il/e'm. . . . Mémoire.
Meléor. . . Météorologie.
Min Minéralogie.
Moll .... Mollusques.
Myriap. . . Myriapode.
Ois Oiseaux.
Paléont. . . Paléontologie.
Ph. ou Phan. Phanérogame, ou iJ.a
nérogamie.
Phys .... Physique.
Physiol. . . Physiologie.
PI Planche.
Poiss. . . . Poissons.
Polyp. . . . Polypes, Polypier».
Rad Radiaires.
Iiept Reptiles.
Spong. . . . Spongiaires.
Systol. . . . Systolides.
Syn.ouSynon. Synonyme.
Ter al. . . . Tératologie.
V. ou Voy. . Voyez.
Vulg. .... Vulgaire.
Zooi Zoologie.
Zoopft. . . . Zoophytes.
mis-
DICTIONNAIRE
UNIVERSEL
D'HISTOIRE NATURELLE.
*IACARETIIVGA ou JACARETINGA.
rept. — Groupe de Crocodiliens , d'après
M. Spix {Lacert. Brasil., 1825). Voy. croco-
dile. (E. D.)
IACCHUS mam. — Voy. ouistiti.
lANTIIINUS. moll. — Voy. janthiNe.
IASSUS. ins. — Voy. jassus.
IBACUS. crust.— Genre de Tordre des
Décapodes macroures , établi par Leach , et
rangé par M. Milne-Edwards dans sa famille
desScyllariens. Ce genre ne diffère que très
peu des Scyllares , mais s'en distingue ce-
pendant par la forme triangulaire de la cara-
pace et quelques autres caractères. Chez les
Ibacus , la carapace est beaucoup plus lon-
gue que large, et présente de chaque côté
un prolongement lamelleux qui recouvre la
majeure portion des pattes, à peu près comme
cela se voit dans quelques genres des Dé-
capodes brachyures, les Calappes, les Crypto-
podes, par exemple. Ces prolongements sont
plus grands en avant qu'en arrière, d'où il
résulte que la carapace se rétrécit posté-
rieurement. On remarque aussi chez ces
animaux une large et profonde fissure, qui,
de chaque côté, divise ses prolongements
clypéiformes en deux portions inégales. Les
orbites , au lieu d'être placées tout près de
l'angle externe de la carapace, en sont très
éloignées. Enfin l'abdomen est très court,
et se rétrécit brusquement d'avant en ar-
rière. Les Crustacés qui composent cette
coupe générique sont au nombre de trois,
et habitent des mers très variées; on en
trouve dans celles de l'Australie, d'Asie et
des Antilles; I'Ibacus de Péron, Ibacus Pe-
ron ii Leach, peut être considéré comme le
type de ce genre. On en connaît une qua-
t. vu.
trième espèce , mais à l'état fossile, c'est
l' Ibacus Mantelli Desm. (Scyllarus). Ce
fossile a été trouvé sur les côtes d'Angle-
terre, mais on ignore le terrain dont il pro-
vient. (H. L.)
IBALIA. ins. — Genre de la tribu des
Cynipsiens, établi par Latreille , et adopté
par tous les entomologistes. Les Ibalies se
distinguent facilement de tous les autres
genres de leur tribu par leur abdomen com-
primé latéralement en forme de lame de
couteau. La seule espèce connue de ce genre
est PI. en couteau, I. cultellalor (Banchus
cultellator Fab.) , qui se trouve dans une
grande partie de l'Europe. (Bl.)
*IBALIITES. Ibaliilœ. ins.— Nous avons
établi sous cette dénomination , dans la tribu
des Cynipsiens , un groupe ne comprenant
que le genre Ibalia. (Bl.)
IBÈRE. Iberus. moll. — Genre inutile
proposé par Montfort pour des Hélices ca-
rénées au pourtour, telles que V Hélix gual-
teriana. Voy. hélice. (Desh.)
IBÉRIDE. Iberis (tënpfe)- B0T- m. —
Genre de la famille des Crucifères, tribu des
Thlaspidées ou des Pleurohizeœ angustiseplœ
deD.C.Tel qu'il est circonscrit aujourd'hui,
et après les travaux de MM. Rob. Brown et
De Candolle, il ne correspond plus qu'à une
portion du groupe linnéen, qui comprenait,
outre les vrais Iberis , des plantes rangées
actuellement dans les genres Teesdalia, R.
Brown, et dans la section Iberidella du genre
Hutchinsia, R. Brown. — Dans le 1er volume
du ProdromuSy De Candolle décrit 26 espè-
ces d'ibérides ; à ce nombre , Walpers en a
ajouté 5, portant ainsi le nombre total à 31 .
Les Ibérides sont des plantes herbacées
1
2
1BE
ou sous-frutescentes , le plus souvent gla-
bres , quelquefois charnues , à feuilles al-
ternes, linéaires ou obovées, entières, den-
tées ou pinnatifides , quelquefois épaisses,
dont les fleurs blanches ou purpurines sont
disposées en grappes corymbiformes , d'a-
bord raccourcies et presque ombeliées, s'al-
longeant en général plus tard. Chacune de
ces fleurs se compose d'un calice à 4 sé-
pales égaux, non renflés à leur base, dressés ;
d'une corolle à 4 pétales inégaux, les deux
extérieurs étant toujours plus longs, sur-
tout dans les fleurs qui forment le rayon
de l'inflorescence; de 6 étamines tétrady-
names à filet entier et sans dents. Le fruit
qui leur succède est une silicule comprimée
et presque plane, ovale à la base, échancrée
au sommet, à 2 valves marginées ou ailées,
à cloison fort étroite. Les graines sont soli-
taires dans chacune des deux loges, ovalee,
suspendues. Parmi ces divers caractères, les
plus essentiellement distinctifs sont l'iné-
galité des pétales , l'absence de dents aux
filets des étamines et les graines solitaires.
Les Ibérides appartiennent à l'Europe et à
l'Asie, et plus particulièrement à celles de
leurs parties qui bordent ou avoisinent la
Méditerranée. Environ 12 d'entre elles crois-
sent spontanément en France, ou sont cul-
tivées fréquemment dans les jardins. Nous
nous arrêterons un instant sur celles de
ler?»s espèces qui figurent parmi les plus
communes de nos plantes d'ornement.
1. Ibéride ombellifère, Ibei'is umbellcUa
Linn. — Cette espèce est originaire des par-
ties les plus méridionales de l'Europe ; on
dit même qu'elle arrive jusqu'à Nice. Elle
est très commune dans les Jardins, où elle
est connue vulgairement sous les noms de
Thlaspi, Taraspic. C'est une plante an-
nuelle, haute d'environ 3 décimètres, gla-
bre.dans toutes ses parties ; ses feuilles sont
lancéolées, acuminces, les inférieures den-
tées en scie, les supérieures très entières.
Ses fleurs sont blanches ou d'une jolie cou-
leur violette ou purpurine , disposées en
grappe raccourcie, de manière à se trouver
a peu près sur un même plan , et à imiter
jusqu'à un certain point une ombelle; de là
son nom spécifique. Ses silicules sont bi-
Ipbées au sommet , à lobes très aigus. On
sème cette espèce principalement au prin-
temps, et alors elle fleurit ep juillet; maj,s
IBI
on 1a sème aussi à d'autres époques , de
manière à l'avoir en fleurs pendant plus
longtemps.' Les semis se font ordinaire-
ment en plaee.
2. Ibéride toujours fleurie, ibms sem-
perflorens Linn . — Cette espèce est plus con-
nue sous ses noms vulgaires Hajbéride d*
Perse , TTilaspi viwce. Elle croit spontané-
ment sur les rochers en Sicile et aussi, dit-
on , en Perse. Elle est frutescente et forme
de Jolies touffes ; ses feuilles sont épaisses,
en coin ou spatulées, obtuses, très entiè-
res , glabres , persistantes ; ses fleurs sont
très blanches, disposées en grappes corym-
biformes; elles se montrent pendant plu-
sieurs mois de suite, surtout quand on tond
la plante. Cette espèce se multiplie ordi-
nairement de boutures que l'on peut fairt
pendant tout Pété. Pendant l'hiver on la
conserve en orangerie. La culture en a
obtenu une variété à feuilles panachées.
3. Ibéride toujours verte , Iberis semper-
virons Linn. — Cette Ibéride croit sponta-
nément snr les rochers de l'Ile de Candie ;
elle est très répandue dans les jardins , où
on en fait de très belles bordures qui s*
couvrent entièrement de fleurs blanches;
avant et après la floraison , ces bordurei
sont encore d'un très bel effet par la fraî-
cheur constante de leur verdure. L' Ibéride
toujours verte est frutescente, plus basse
que l'espèce précédée te, mais plus rustique
et passant parfaitement l'hiver en pleine
terre. Ses feuilles sont oblongues, obtuses,
atténuées à leur base, glabres; ses fleurs
sont disposées en grappes allongées ; ses si-
licules sont creusées à leur extrémité d'une
échancrure étroite. On la/multiplie sans
peine de graines et par marcottage.
Parmi nos espèces indigènes , il en est
quelques unes qui figureraient très bien
dans les jardins , et qui , améliorées par la
culture, pourraient probablement rivaliser
avec les précédentes ; telles sont, par exem-
ple, les Iberis pinnata , atnara, Gar-
rexiana, etc. (P. L>.)
IBÉRITB. min. — Syn. de Zéolithe.
ÏBEX. mam. — Nom scientifique du Bou-
quetin. Voy. CHÈVRE.
*IBIDÏ0N (dimin. d'foç, ibis), ms. —
Genre de Coléoptères subpentamères, tétra
mères de Latreille, famille des Longicornes>
trib* des Cérambycins , créé par Senille
hji
un
(Ann. de la Soc. ent. de Fr., t. III, p. 103), et
qui a pour types : les Stcncecorus Andreœ ,
lœsicollis deGermar; les Ib. comatwn, sex-
guttatum, pictum Dej. , et ebenus New.
(dimidiaticorne Dej .)• 28 espèces, toutes d'A-
mérique, sont mentionnées au Catalogue de
M. Dejean , mais on en connaît aujourd'hui
plus de 40. Le corps et surtout le corselet
des Ibidion sont allongés, subcylindriques.
Les genoux et l'extrémité des élytres offrent
une ou deux épines. (G.)
*IBIDORHYNQUE. Ibidorhyncha , Vig.
OIS. — Voy. CLORHYNCHDS. (Z. G.)
IBÏJAU. ois.— Section des Engoulevents.
Voy. ce mot.
IBIRA, Marcg. bot. ph. — Syn. de Xy-
lopia, Linn.
IBÏS. Ibis. ois. — Genre de la famille
des Échassiers Longirostres , caractérisé de
la manière suivante : Bec allongé, arqué ,
presque carré à sa base , arrondi et obtus à
la pointe; narines petites, situées à la base
du bec , s'ouvrant en dessus et se prolon-
geant en un sillon qui s'étend jusqu'à l'ex-
trémité de la mandibule supérieure ; tête
et partie supérieure du cou emplumées ou
nues; doigts au nombre de quatre, trois
antérieurs réunis à la base par une mem-
brane, le pouce appuyant à terre sur plu-
sieurs phalanges.
Les Ibis, considérés tantôt comme des
Tantales, tantôt comme des Courlis, ont été
réunis par les divers auteurs qui se sont oc-
cupés de classification, soit aux uns, soit aux
autres de ces oiseaux. G. Cuvier, à qui est
due la création du g., avait lui-même con-
fondu, en premier lieu , les espèces qui ac-
tellement le composent, avec les Courlis;
mais il ne tarda pas à les en séparer, et
son exemple a été suivi depuis par tous les
méthodistes. La séparation des Ibis des au-
tres oiseaux voisins auxquels on les asso-
ciait est, on peut le dire, pleinement justi-
fiée par les caractères différentiels qu'ils
présentent. Si les Ibis offrent quelque con-
formité avec les Tantales, ils s'en éloignent
trop cependant par un bec plus grêle , plus
arqué et par des tarses moins élevés, pour
qu'on doive ne pas les confondre ; si, d'une
autre part, la place que leur donnaient quel-
ques ornithologistes dans le g. Numenius
( Courlis) paraît motivée sur les grands rap-
ports qu'ils ont avec ces oiseaux, l'on ne
saurait méconnaître qu'ils se séparent éga-
lement de ceux-ci. En effet , le pouce, chez
les Ibis, au lieu de n'appuyer à terre, comme
chez les Courlis, que par l'extrémité de la
dernière phalange, y repose , au contraire ,
dans presque toute son étendue. Indépen-
damment de ces caractères, qui ont paru
suffisants pour légitimer le g. créé par G.
Cuvier, l'on pourrait dire aussi que les Ibis
se distinguent encore des Courlis, avec les-
quels ils ont le plus d'analogie , par leur
système de coloration.
En général, les Ibis vivent en société pr.r
petites troupes de 6 à 10, et quelquefois
davantage : l'Ibis à front nu seul ferait ex-
ception à cette règle ; car, dit-on, il vit iso-
lément. Leurs mœurs et leurs habitudes
sont douces et paisibles. On ne les voit ja-
mais, comme nos Courlis, s'élancer et cou-
rir avec rapidité , mais ils marchent lente-
ment et d'un pas mesuré. Quelquefois ils
restent des heures entières à la place où ils
! viennent de s'abattre : leur seule occupation
! alors est de fouiller la vase au moyen de
l leur bec, pour y découvrir quelque pâture.
! Les individus d'une même bande s'isolent
| rarement; ils se tiennent, au contraire, as-
! sez constamment près les uns des autres.
Les terrains bas, humides, inondés, ma-
| récageux , les rizières , les bords des grands
fleuves sont les lieux que les Ibis fréquen-
tent; les besoins de subsistance les y atti-
rent et les y retiennent habituellement.
C'est seulement là, en effet, qu'ils peuvent
rencontrer les vers, les insectes aquatiques,
les petits coquillages fluviatiles, tels que
les Planorbes, les Ampullaires, lesCyclosto-
mes, dont ils font leur principale nourri-
ture. Tel n'est cependant pas l'unique ré-
gime des Ibis ; ils vivent aussi d'herbes ten-
dres et de plantes bulbeuses qu'ils arrachent
du sol. On a longtemps cru, mais à tort, que
l'Ibis sacré et l'Ibis vert étaient ophiopha-
ges; ces espèces n'ont pas un régime diffé-
rent de celui de leurs congénères.
Les Ibis sont migrateurs; leurs courses
s'étendent fort au loin , et ils parcourent
dans leurs excursions les contrées chaudes
des deux continents. Ainsi que la plupart
des grands Échassiers , ils ont en volant le
cou et les pattes étendus horizontalement;
comme eux aussi , ils poussent par inter-
valle des cris bas et rauques dont le mode
4 IB1
et la force varient selon les espèces ; enfin,
ils ont encore de commun avec la plupart
dentre eux, la faculté de se percher sur les
arbres.
Chez toutes les espèces d'Ibis la monoga-
rnie est un fait naturel : les couples sont in-
dissolubles ; il n'y a que la mort ou un
autre accident fâcheux pour l'un des deux
contractants qui puisse détruire l'union qui
existe entFe le mâle et la femelle. L'un et
l'autre travaillent en commun à la construc-
tion du nid , qui consiste en petites bû-
chettes et en brins d'herbes. Quelques es-
pèces nichent à terre; le plus grand nombre
niche sur les arbres élevés. La ponte est de
deux ou trois œufs blanchâtres ; le terme
de leur éclosion est de vingt-cinq à trente
jours. Les petits, comme chez les Grues, les
Hérons, etc., sont nourris dans le nid jus-
qu'à ce qu'ils soient assez forts pour voler.
Ils naissent couverts de duvet. On a constaté
que les jeunes de certaines espèces, de l'Ibis
rouge, par exemple, s'apprivoisent avec la
plus grande facilité, et que la chair de ceux
qui viennent de quitter le nid est très bonne
a manger, ce qu'on ne peut dire de la chair
des adultes.
C'est principalement au type du g. dont
je viens d'esquisser l'histoire des mœurs et
des habitudes ; c'est à l'espèce aujourd'hui
connuo sous le nom d'Ibis sacré, que les
Égyptiens rendaient jadis les honneurs di-
vins. Il est peu de personnes qui ne con-
naissent cet oiseau , ou du moins qui n'en
aient entendu parler. La vénération dont il a
été l'objet dans l'ancienne Egypte a imprimé
à son nom un caractère de célébrité qu'il
nest pas permis d'ignorer. Cette vénération,
que la superstition exagéra, nous est attestée
par l'histoire même que les auteurs de l'an-
tiquité nous ont laissée du peuple égyptien ,
par les débris des monuments de ce peuple,
et par les preuves matérielles qui sont res-
tées comme témoignage irrécusable des
honneurs que l'on rendait à l'Ibis sacré
après sa mort naturelle : ces preuves sont
les momies, sans lesquelles, peut-être, l'in-
certitude régnerait encore sur cet oiseau des
anciens.
C'est en reconnaissance des services sup-
posés que l'Ibis rendait à l'Egypte , que
l'Egypte à son tour l'honorait comme une
divinité propice. Il détruisait, disait-on,
IBI
les Serpents ailés et venimeux qui , tous les
ans, au commencement du printemps, par-
taient de l'Arabie pour pénétrer en Egypte.
L'Ibis allait à leur rencontre , dans un dé-
filé où ils étaient forcés de passer, et là il
les attaquait et les détruisait tous. Il est
impossible de dire l'origine de cette fable,
par la raison qu'elle parait s'être transmise
longtemps par tradition, avant que les pre-
miers écrivains l'aient fixée; mais ce qui a
le plus contribué à l'accréditer, c'est, sans
contredit , un passage d'Hérodote ( Hist.
d'Euterpe, chap. 75) dans lequel cet histo-
rien prétend s'être rendu exprès dans un
lieu voisin de la ville de Buto, en Arabie,
pour prendre des informations sur les Ser-
pents ailés, et avoir vu à son arrivée dans
ce lieu « une quantité prodigieuse d'os
et d'épines du dos de ces Serpents » que les
Ibis avaient détruits dans des combats an-
térieurs. Après Hérodote, Cicéron dans son
livre premier de la Nature des Dieux, Pom-
ponius Mêla dans son Hist. de l'Univers, So-
lin, Ammien , Elien, etc., ont reproduit ce
conte d'une manière plus ou moins con-
forme à la sienne. On ne saurait douter
que ce ne soit à cette opinion, répandue
dans tous les livres anciens , et générale-
ment reçue sans examen, même jusqu'à ces
derniers temps, que sont dues tant de mé-
prises sur l'oiseau que les Égyptiens véné-
raient. On a voulu le retrouver avec cet at-
tribut que les peuples de l'antiquité lui ac-
cordaient , de tuer et de manger des Ser-
pents , et dès lors les uns ont dit que l'Ibis
sacré était une Cigogne, les autres l'ont
confondu avec quelques espèces de Hérons,
d'autres enfin ont cru le reconnaître dans
une espèce de Vautour (Vult. percnoplerus).
Aujourd'hui , grâce aux momies trouvées
dans les puits de Saccara , dans les cata-
combes de Memphis et de Thèbes , on sait
positivement quelle fut, ou plutôt quelles
furent les espèces auxquelles l'Egypte ren-
dit les honneurs divins , car ces momies
laissent constater que l'Ibis vert ou noir
d'Europe {Ib. falcinellus) et l'Ibis sacré {Ib.
religiosa) furent également un objet de vé-
nération.
M. Savigny , dans un excellent travail
(Hist. mythologique de l'Ibis) où il a eu pour
but de rechercher quelle fut la cause pro-
bable de cette antique vénération, est arrivé
IBI
à cette conséquence, que l'Ibis n'a été l'ob-
jet de tant de respect, que parce que son
apparition en Egypte annonçait le débor-
dement du Nil, et non parce qu'il délivrait
cette terre des Serpents venimeux. « Au
milieu de l'aridité et de la contagion, dit-il,
fléaux qui de tout temps furent redoutables
aux Égyptiens , ceux-ci s'étant aperçus
qu'une terre rendue féconde et salubre par
les eaux douces était incontinent habitée par
l'Ibis , de sorte que la présence de l'un in-
diquait toujours celle de l'autre (autant que
si ces deux choses fussent inséparables), leur
crurent une existence simultanée, et suppo-
sèrent entre eHes des rapports surnaturels
et secrets. Cette idée, se liant intimement
au phénomène général duquel dépendait
leur conservation , je veux dire aux épan-
chements périodiques du fleuve, fut le pre-
mier motif de leur vénération pour l'Ibis,
et devint le fondement de tous les hom-
mages qui constituèrent ensuite le culte de
cet oiseau. »
Quel que soit le motif qui ait établi ce
culte, il ne reste pas moins vrai qu'on re-
gardait l'Ibis comme une divinité ; qu'on
i'élevait dans les temples ; qu'on le laissait
errer librement dans les villes; qu'on pu-
nissait de mort celui qui, par mégardemême,
était le meurtrier d'un de ces oiseaux ; qu'on
le recueillait religieusement après sa mort
pour l'embaumer et le déposer après dans
les catacombes (1); enfin, que l'Ibis était
une des quatre idoles ou emblèmes que les
Egyptiens faisaient apporter dans leurs ban-
quets solennels, et que l'on promenait alen-
tour des convives. On en fit le sujet de nom-
breuses allégories ; on l'associa aux mystères
(i) M. Savigny, qui a visité, lors de l'expédition d'Egypte,
relies de ces catacombes qui. sous le nom de puits des oi-
seaux, f lisaient partie de la nécropole de Memphis f nécro-
pole qui, pont le dire en passant, n'avait pas moins de douze
lieues de circonférence) , dit que dans les chambres souter-
raines qu'il a parcourues se voyaient encore un très grand
nomhra de pots renfermant de* momies, rangés en ordre les
uns sur les autres. Ces pots ont depuis douie jusqu'à dix-huit
puures de hauteur; leur forme est conique; ils sont d'une
lerie rouge, grossière, ordinairement très cuite, et ne lais-
sent apercevoir à l'extérieur aucune trace de leur haute an-
tiquité. Le Muséum d'histoire natuirlle de Paris possède
quelques uns de ces pots pourvus encore de leur momie.
L'Ibis, avant d'être introduit sous cette dernière foi me dans
l'enveloppe solide qui devait le protéger, subissait nécessai-
rement une préparation qui constituait ce qu'on appelle
l'embaumement. Les personnes qui faisaient métier d'rm-
bjunier agissaient de la manière suivante. Une- première
opération consistait à priver l'Ibis de tousses viscères ; cela
IBI 5
d'Isis et d'Osiris; quelquefois on représenta
Isis ayant, avec un corps de forme humaine,
une tête d'Ibis.
L'esprit d'un peuple naturellement su-
perstitieux est fécond en fables : aussi l'Ibis
passa-t-il pour être Toth ou Mercure , leur
législateur ; Mercure qui, descendu des cieux,
avait pris la forme de cet oiseau pour leur
dévoiler les arts, les sciences et leur décou-
vrir la nature des dieux. On fut même jus-
qu'à lui attribuer une pureté virginale, et
à prétendre qu'il se fécondait et engendrait
par le bec. L'attachement qu'il avait pour
l'Egypte, dont il était l'emblème, était, dit-
on, si grand, qu'il se laissait mourir de faim
lorsqu'on le transportait hors des limites de
son pays de prédilection. Tout, chez l'Ibis,
devait être extraordinaire et merveilleux. Il
n'est pas jusqu'aux plumes de cet oiseau
auxquelles on ne reconnût la propriété de
frapper de stupeur, et quelquefois de mort,
les Crocodiles ou les Serpents qui en étaient
touchés. Les prêtres, par qui se propageaient
et se perpétuaient tous ces contes , préten-
dirent encore que la chair de l'Ibis ne se
corrompait pas, et que l'on ne pouvait assi-
gner un terme à l'existence de cet oiseau, tant
elle était de longue durée (1). Ceux d'Her-
mopolis, au rapport d'Apien, en possédaient
un dans leur temple qu'ils disaient être im-
mortel. Enfin, ces mêmes prêtres, comme
conséquence de cette opinion , que l'Ibis
était le symbole de la pureté, n'employaient
d'autre eau pour leurs ablutions et leurs pu-
rifications que celle dans laquelle cet oi-
seau allait se désaltérer.
Mais les croyances des Égyptiens d'autre-
fois sont loin d'être celles du peuple d'É-
fait, et les ailes étant ramenées à leur position naturelle , on
courbait la tète de l'oiseau au-dessous de son aile gauche,
de façon que le bec dépassât la queue d'un pouce envi-
ron ; puis on fléchissait ses jambes et on les engageait par
les genoux sous le sternum. Toutes ces piérautioiis piises,
l'Ibis était plongé dans un bain de bitume, et enveloppé
après dans des bandelettes épaisses et serrées, au-dessus
desquelles se croisaient d'autres bandelettes maintenues
elles-mêmes par divers tours de fils artisfement arrangés. Ce
n'est qu'après cette succession d'opérations que les pots ou
vases coniques dont il vient d'être question recevaient, les
Ibis. Ces vases, pourvus d'un couvercle de même nature,
étaient hermétiquement scellés au moyen d'un ciment gri-
sâtre.
(i) On ne sera pas surpris de la longévité que les prêtre»
égyptiens attribuaient à l'Ibis, lorsqu'on saura que oes naê-
mes prêtres prétendaient que la vie de l'Épervier (autre di-
vinité de leur façon) pouvait s'étendre jusqu'à sept cents
ans.
G
IBI
gypte d'aujourd'hui. Il est loin d'avoir hé-
rité entièrement de l'antique vénération
pour l'Ibis. Les habitants des bords du Nil
le chassent, de nos jours, au fusil et au filet,
et, qui plus est, le mangent, sans respect
pour les lois de Moïse, qui avait, dans ses
ordonnances, placé cet oiseau parmi les ani-
maux dont la chair est impure.
Aussi, depuis que l'Egypte est pour ainsi
dire devenue pour l'Ibis une marâtre , ce
pays paraît ne plus être pour lui un pays de
prédilection. On ne l'y rencontre qu'en très
petit nombre et pendant un certain temps
de l'année , encore ne s'y arrête-t-il que
fort peu de temps ; il ne s'approche même
pas du Caire. Sa disparition d'un lieu où,
au dire d'Hérodote, « il était si fréquent,
qu'on en rencontrait à chaque pas , » pro-
vient sans doute en partie de la chasse qu'on
lui a déclarée, et en partie surtout du chan-
gement survenu dans la nature même du
pays, trop aride et trop sec maintenant pour
lui fournir une nourriture abondante. Pour-
tant M. Savigny, à qui nous devons les dé-
tails les plus intéressants sur cet oiseau,
qu'il a eu l'occasion d'observer dans les en-
virons de Damiette, de Menzalé, mais sur-
tout près de Kar-Abou-Saïd, sur la rive
gauche du Nil , dit, d'après le rapport des
habitants , qu'on l'y voit encore , mais seu-
lement pendant la crue du Nil ; il en part
lorsque l'inondation cesse. Cette émigration,
quia lieu vers le milieu de juin, semble
coïncider avec son apparition en Ethiopie ,
où Bruce l'a vu arriver à peu près à cette
époque.
Un autre fait non moins surprenant que
celui de la disparition ou mieux de la dimi-
nution considérable de l'Ibis sacré, est celui
qui a rapport à l'incertitude du lieu de sa
reproduction. On ne sait positivement plus
où il niche.
. Des 18 ou 20 espèces appartenant au g.
Ibis, une seule se rencontre en Europe ; les
autres se trouvent en Afrique, en Asie et en
Amérique.
j La plupart des auteurs ont considéré les
•Ibis comme formant une division unique;
quelques autres ont essayé de les grouper
dans plusieurs sections, qui sont devenues
pour. plusieurs méthodistes modernes autant
de sujets de g. distincts. J'adopterai en par-
lie pour la distribution des espèces la mé-
IBI
thode qu'avait suivie Wagler dans son Sys-
tème avium, c'est-à-dire que je ne considé-
rerai ici les divisions introduites dans le g.
Ibis qu'à titre de groupes ou sections secon-
daires.
1° Espèces à corps robuste, à tarses un peu
plus longs que le doigt du milieu , y com-
pris l'ongle, et à queue égale. (G. Ibis, Eu-
docimus, Wagl.)
1. L'Ibis sacré, Ib. religiosa Cuv. ( Hist.
d'Egypte, pi. 7), blanc, à l'exception de
l'extrémité des grandes rémiges, qui est d'un
noir cendré, et de celle des rémiges moyen-
nes, qui est noire, avec des reflets verts et
violets. Habite la Nubie , l'Egypte , le
Cap.
2. L'Ibis de Ma ce, Ib. M acei Wagl. (Cuv.,
Ann. du Mus. d'hist. nat., t. IV), semblable
au précédent, mais la première rémige seule
noire à son extrémité, et les rémiges secon-
daires faiblement terminées de noir. Habite
l'Inde et le Bengale.
3. L'Ibis a coo blanc , Ib. aîba Vieill.
(Wils., Americ. ornith., pi. 66, f. 3), blanc,
à l'exception de quatre rémiges primaires,
qui sont terminées , dans une grande éten-
due, par un noir verdâtre brillant, à reflets
métalliques. Habite le Brésil.
•i. L'Ibis rouge, Ib. rubre Wagl. (Buff. ,
pi. enl., 81, et Wils., Am. ornith., pi. 66,
f. 2 ) , d'un beau rouge vermillon , à l'ex-
ception de l'extrémité des rémiges qui est
noire. Habite l'Amérique méridionale et la
Guiane.
2° Espèces à corps moins trapu, à tarses
écussonnés et grêles , beaucoup plus longs
que le doigt du milieu , et à queue égale.
(G. Falcinellus, Bechst. ; Tantalides ,
Wagl.)
5. L'Ibis vert ou noir, Ibis falcinellus
Wagl. (Buff., pi. enl., 819, sous le nom
de Courlis d'Italie) , d'un noir à reflets verts
et violets en dessus , d'un noir cendré en
dessous. Habite l'Europe, l'Inde et les États-
Unis.
Cette espèce recevait comme l'Ibis sacré
les honneurs divins; mais il résulte de
l'examen fait des momies qu'il jouissait de
moins de faveur , puisqu'on le trouve ,
ainsi conservé, en bien moins grande quan-
tité.
IB1
3° Espèces à tarses de la même longueur
que le doigt médian y compris l'ongle , et
recouverts d'écaillés hexagones .
(a) Queue égale. (G. Pnimosus, Harpi-
prim et GeronUcus, Wagi.)
6. L'Ibis huppé , Ib. cristala Wagl. (Buff.,
pi. enl., 841 , sous le nom de Courlis huppé
de Madagascar) , figuré dans V Atlas de ce
Dictionnaire, Oiseaux, pi. 9, fig. 2. Cette
espèce a l'occiput orné d'une belle touffe de
plumes vertes et blanches; toutes les par*
tics supérieures et lé cou d*un beau roux
marron; le front vert ; la face noirâtre;
les couvertures des ailes et les rémiges blan-
ches ; les rectrices d'un noir verdâtre, et
toutes les parties inférieures cfun brun
marron. Habite Madagascar.
7. L'Ibis a front nu, Ib. rifendi/rows Wagl.
(Spix , Ois. du Brésil, pi. 86), noir à reflets
vert;» et violets ; le front dénudé de plumet
et jaune. Habite le Brésil.
8. L'IbisdeCayenne-, 76. scutirostris Wagl .
(Buff., pi. enl., 280, sous le nom de Courlis
vert de Cayenne), de couleur brun à reflets
métalliques bleus et verts. Habite le Brésil
et Cayenne.
Cette espèce est devenue pour Wagler le
type du g. Harpiprion.
9. L'Ibis hagedash, Ib. chalcop ter a Vieil.
(Gai., pi. 246), d'un gris bronze en dessus,
brunâtre en dessous ; une bande blanche
et étroite sur les parties latérales du cou.
Habite le cap de Bonne-Espérance.
10. L'Ibis mamelonné, Ib. papillosaTetn.
(pi. enl. , 304). Une membrane tuberculée
bleue sur la face et les joues. Habite le Ben-
gale et Ceylan.
11. L'Ibis a tête nue, Ib. calva Wagl.
(Buff., pi. enl., sous le nom de Courlis à
télé nue du Cap). Plumage noir à reflets
verts ; tête et une partie du cou nus ; peau
de ces parties rouge. Habite le cap de
Bonne-Espérance.
Cette espèce a été prise par Wagler pour
type de son g. Geronticus.
12. L'Ibis brun, Ib. fuscata Vieill. D'un
brun roux ; aréole des yeux verdâtre. Ha-
bite les Philippines.
13. L'Ibis plombé, Ib. plumbea Temm.
(pi. col., 238). D'un gris plombé nuancé de
bleu et de vert : une bande blanche sur le
front. Habile le Brésil et le Paraguay.
ICA 7
(b) Queue cunéiforme. (G. Cercibis, Wagl.)
14. LTjis a masque noir, Ib. melanopis
Wagl. (Buff., pi. enl., 970). Face noirâtre;
zone cendrée sur la poitrine ; peau sous le
bec plissée et pendante. Habite le Brésil ,
Cayenne et le Paraguay.
Wagler place encore dans cette section
Y Ibis oxycercus ( Spix , Ois. du Brésil ,
pi. 87), dont il a fait le type de son g. Cer-
cibis , et 176. hagedash , qu'il considère
cependant comme espèce douteuse.
(Z. Gerbe.)
*IBIS. Ibis. ois. — M. Lesson a pris ce nom
pour en faire le titre de sa huitième famillt
des trais Êchassiers. Cette famille, qui me
paraît très naturelle, ne renferme pour
M. Lesson que les g. Erolie, Courlis et Ibis
proprement dits. (Z. G.)
IBISINÉES, Lafx. ois. — Syn. dUbis,
Less.
*IBYARA. rept. — Reptile cité dans
Marcgrave , et que l'on croit être une Céci-
lie. (P. G.)
*IBYCTEE, Vieillot, ois.- -Syn. de Ra-
conca. (Z. G.)
*ICACII¥A. bot. Ph, — Genre de la fa-
mille des Olacinées , établi par Ad. de Jus -
sieu (in Mem. Soc. h. n. Paris, 1, 173, t. 9).
Arbrisseaux du Sénégal. Voy. olacinées.
ICAQMER. Chrysobalanus , Lin. bot.
rvu. — Genre de plantes qui a donné soh
nom au groupe des Chrysobalanées, groupe
que M. R. Brown, et avec lui MM. Bartling,
Lindley, Endlicher, considèrent comme une
famille distincte, tandis que De Candollje
en fait seulement la première tribu de la
famille des Rosacées. Ce genre présente les
caractères suivants : Calice à tube campa-
nule, à limbe quinquéparti , presque régu-
lier. Cinq pétales onguiculés, alternes aux
lobes du calice, insérés au haut du tube de
ce dernier. Étamines au nombre de 15 à
30 , en une série, insérées également à l'ex-
trémité du tube calicinal, distinctes, à filets
subulés , saillants. Ovaire sessilc , hérissé,
uniloculaire, renfermant deux ovules dres-
! ses, collatéraux; style filiforme, partant de
la base de l'ovaire, terminé par un stigmate
I obtus. Le fruit est un drupe dont le noyau
| est à cinq angles , presque à cinq valves" ,
J monosperme par avortement. Ce genre s"e
compose d'arbrisseaux ou d'arbres peu éle-
8
ICA
vés , qui croissent spontanément dans l'A-
mérique tropicale, et dans les parties sep-
tentrionales de ce continent qui avoisinent
le tropique ( le Chrysobalanus oblongifolius
Mien. , de la Géorgie); leurs feuilles sont
alternes , entières , sans stipules ; leurs
fleurs blanchâtres, en grappes ou en pani-
cules.
Une espèce de ce genre est intéressante à
connaître comme produisant un fruit co-
mestible : c'est le Chrysobalane Icaquier ,
Chrysobalanus Icaco Lin. , nommé vulgai-
rement Icaque, Prune icaque, Prune d'Amé-
rique. C'est un petit arbre ou plutôt un ar-
brisseau de 2 ou 3 mètres de haut, qui croît
naturellement en Amérique , particulière-
ment aux Antilles. Il existe aussi cultivé ou
peut-être spontané au Sénégal. Son tronc
est tortueux ; ses feuilles sont presque ar-
rondies et obovées, érnarginées, à très court
pétiole, entières, glabres et luisantes; ses
fleurs sont petites , inodores , blanchâtres ,
disposées en particules axillaires ou termi-
nales ; les étamines sont velues. Le fruit qui
leur succède est un drupe de la grosseur
et à peu près de la forme d'une Prune
moyenne. Sa couleur varie beaucoup : il est
jaune, blanc, rouge ou violet, selon la va-
riété. Il mûrit aux mois de décembre et de
janvier. Sa chair est un peu molle , blan-
che , d'une saveur douce et un peu astrin-
gente, mais agréable. L'amande de sa graine
est très agréable à manger, et généralement
préférée à la chair même du péricarpe. Les
diverses parties de l'Icaquier ont des pro-
priétés médicinales qui les font employer
fréquemment dans les pays où cet arbre est
commun, surtout aux Antilles et à Cayenne.
L'écorce renferme beaucoup d'acide gai-
lique et de tannin, qui la rendent astrin-
gente. Les mêmes propriétés se retrouvent
dans la racine et dans les feuilles. Le fruit
lui-même est également astringent, et on a
recours à lui dans les cours de ventre. Enfin
on fait avec l'amande des graines une émul-
sion à laquelle on a recours pour le traite-
ment des dysenteries. On en retire encore
une huile qui sert à quelques usages phar-
maceutiques. Aux Antilles, on confit au su-
cre les fruits de l'Icaquier, et l'on fait avec
l'Europe un commerce assez considérable de
ces confitures. On a fait la remarque que ,
lorsque cette espèce croit dans des endroits
ICH
secs, son fruit ne devient pas pulpeux et
reste sec. (P. D.)
ICHNANTHUS (*xvos> vestige; av8oç
fleur), bot. ph. — Genre de la famille des
Graminées-Panicées , établi par Palisot de
Beauvois (Agrost., 56, t. XII, f. 1). Gra-
mens de l'Amérique tropicale. Voy. grami-
j NÉES.
*ICHIVEA (l'xvïv'w , chercher à la piste).
' ins. — Genre de Coléoptères tétramères,
J famille des Malacodermes , tribu des Clai-
! rones, créé par M. Laporte (liev. entom. de
| Silb., vol. IV, pag. 55), et adopté par
' MM. Klug et Spinola dans leurs monogra-
: phies respectives. Le type, VI. lycoides, est
originaire du Brésil. (C.)
*ICHNESTOMA (T^voç, trace; aroV»,
bouche), ins. — Genre de Coléoptères pen-
tamères , famille des Lamellicornes , tribu
des Scarabéides mélitophires , établi par
MM. Gory et Percheron (Monog. des Cé-
toines) aux dépens des Celonia de Fabricius.
L'espèce type est le C. heteroclyta Latr. Voy.
CÉTOINE et CÉTOMDES.
* ICHNEUMIA. mam.— M. Isidore Geof-
froy -Saint -Hilaire (Compt. rend. Institut,
1837) désigne sous ce nom un genre de
Carnivores de la division des Viverra, qui
vient lier ensemble les Mangoustes et les
Cynictis. Chez les Ichneumia , les paumes et
j les plantes sont en très grande partie velues ;
I les membres sont assez élevés; il y a cinq
j doigts à chaque pied ; les pouces sont courts
j et placés haut, surtout en arrière; les ongles
i sont assez grands, un peu recourbés, obtus;
j il y a vingt dents à chaque mâchoire; les
j oreilles sont à conque très large et très
courte; le nez est assez prolongé; la queue
est longue , nullement préhensile; le pelage
est composé de deux sortes de poils: les
soyeux, assez longs, rudes, peu abondants;
les laineux, doux, abondants et plus ou moins
visibles à travers les soyeux.
Les Ichneumia habitent l'Afrique , dans
la plus grande partie de son étendue conti-
j nentale; ils sont insectivores en même temps
| que carnivores, et vivent dans des terriers.
On n'en connaît que trois espèces, sa-
voir :
V Ichneumia albicauda Is. Geoffr. ( Her-
pestes albicaudus Cuv . , Ichneumon albicaudis
Smith), dont le corps est d'un cendré fauve
très peu tiqueté, passant au noirâtre en des-
ICH
sus, et qui habite l'Afrique australe et le
Sénégal;
\:ichneumia albescens Is. Geoffr.', qui se
trouve dans le Sennaar;
Et Ylchncumia gracilis {Herpestes graci-
lis Rupp.), de l'Abyssinie. (E. D.)
ICHNEUMON. *am. — Veyez man-
gouste.
ICHIVEL'MOIV. Ichneumon. ins. — Cette
dénomination fut d'abord employée par
Linné pour désigner un genre d'Insectes de
l'ordre des Hyménoptères , comprenant non
seulement tous les représentants de notre
tribu des Ichneumoniens, mais encore di-
vers types disséminés dans les tribus des
Chalcidiens, desProctotrupiens et môme des
Sphégiens. Ce genre s'est trouvé successive-
ment de plus en plus restreint par l'établis-
sement de nouvelles divisions établies par
Fabricius, par Latreille, par Jurine, par
Gravenhorst , etc. Aujourd'hui le genre Ich-
neumon est limité aux espèces de la famille
des Ichneumonides et du groupe deslehneu-
monites, dont la tête est courte, plus
étroite que le thorax et l'abdomen convexe,,
pédicule , presque aussi large que l'ab-
domen.
On connaît un grand nombre d'espèces
d'ichneumons proprement dits; la plupart
de celles connues sont européennes. Les
plus répandues dans notre pays sont les
/. deliratorius L\n., quassilorius, Lin., fuso-
rius Lin,, etc. Voy. pour les détails de
fp.œurs l'art, ichneumowens (Bl.
ICBNEL'MONTDES. Ichneunxmidœ. ras.
— Famille de la tribu des Ichneumoniens.
Voy. ce mot. (Bl.)
ICHNElJMOïVrE3!S. Ichneumonii. ras.
— Tribu de l'ordre des Hyménoptères, cor-
respondant à peu près à l'ancien genre
Iehneumon , et caractérisée par un corps
étroit et linéaire ; des mâchoires munies de
palpes longs; des antennes vibratiles , lon-
gues , grêles et filiformes , très rapprochées
à leur base et composées d'un assez grand
nombre d'articles ; des ailes très veinées ,
offrant toujours des cellules complètes et
des pattes longues et grêles. Cette tribu
répond à la famille des Pupivores de La-
treille, en en retranchant les Chalcidiens et
les Proctotrupiens , qui forment pour- nous I
îles tribus particulière?.
Les Ichneumoniens o"t un nombre- hft- ,
t. vu.
ICH 9
mensc de représentants , et cependant jus-
qu'ici les espèces exotiques ont été pres-
que complètement négligées. Des travaux
monographiques très considérables de la
part de MM. Gravenhorst et Nées von Esen-
beck en Allemagne, de M. Wesmael en
Belgique, de M. Haliday en Angleterre,
ont contribué puissamment à faire connaîtr
les espèces d'Europe , particulièremen
celles du nord et du centre de cette partie
du monde. Dans un travail qui doit pa-
raître prochainement, M. Brullé traitera
des types exotiques aussi bien que des in-
digènes.
Les coupes génériques ont été augmen-
tées successivement dans une proportion
énorme.
En 1827, Latreille, dans sou Règnecni-
mal , n'admettait encore que 24 genres dans
ses Evanialeset Ichneumonides réunis, qui
correspondent exactement à notre tribu des
Ichneumoniens. Dans notre Histoire des In-
sectes y publiée récemment, nous avons été
conduit à en admettre 79. Cependant nous
avons cherché à n'admettre que des genres
assez caractérisés, rejetant comme simples
divisions ceux dont les caractères ne nous
ont pas paru suffisamment tranchés ou assez
importants. En effet, M. Westwood , dans
son Synopsis des genres de la Grande-Bre-
tagne seulement, en admet 123.
Afin de mettre un peu d'ordre d'ans «elle
tribu et de rendre les déterminations gén'é-
riques plus faciles, nous avons établi dans
chaque famille plusieurs groupes. M. Wes-
mael l'avait déjà fait avec succès pour la fa-
mille des Braconides; nous avons tenté de
le faire pour la première fois dans cette
seconde famille des Ichneumonides.
Dans cet ensemble qui constitue la tribu
des Ichneumoniens, tous les entomologistes
admettent 3 familles; nous les subdivisons
maintenant en plusieurs groupes comme
l'indique le tableau suivent :
. . BRACONIBES.
. ■ AxïSXITES.
Palpe* lîihinnx de. trois articles,
irixves en tic hors.
à ?. et ' niinetuix
l<;ob|l<s . . . HïBllZOKITES.
à -/.e et 3e anneaux
mobile*. R!i»pe-
ron eehancté. . . BjaxcowiTES.
a *<' c; 3« anneaux
mobiles. Chape-
ron emier . . AtUTHlTES.
vonrc , formant une j
voile tle car» pare. Sioàlphi'ïi*.
a >• < t S* i'iinefliix
hOtMlex. CU'iperon
ci t. .■ . . . . Ouïras.
10 ICH
Palnrs labiaux «le /, articles. Abdomen
ÎCHNEUMONIDES.
insère à Pextrcmite du thorax. .
i&éré à la partie postoro-su-
périeure du thorax. Cuisses
^o.strneurej renflées. Pal-
*1>' ' pes très longs Stépiiakitf.s.
comprimé , en foucllle. . . Ophioxites.
arrondi. Turière saillante. . Pimputes
t non comprime. Tai -1ère radiée Ichneumonites.
Palpes labiaux de 4 articles. Abdomen ,
implanté sur le thorax EVAN1IDES.
L'appareil alimentaire et les organes de la
génération des Ichneumoniens ont été étu-
diés par M. Léon Dufour. Chez tous les in-
sectes de cette tribu, le tube digestif n'ex-
cède pas beaucoup la longueur du corps. Il
n'offre jamais de circonvolutions. 11 décrit
seulement quelques sinuosités. L'œsophage
est très grêle et occupe toute la longueur du
thorax et du pédoncule de l'abdomen; mais
dans c%te dernière partie du corps il se ren-
fle en un jabot dont la forme, ainsi que
celle du gésier et de l'intestin , varie suivant
les groupes et les genres. Les vaisseaux biliai-
res sont en nombre variable. On en compte
depuis une quinzaine jusqu'au-delà de qua-
rante. Les ovaires varient aussi dans le
nombre des gatnesovigères. On n'en compte
pas parfois plus de huit; mais souvent il
en existe dix, vingt et vingt-cinq.
Le système nerveux n'a point été encore
observé chez ces Hyménoptères.
Les Ichneumoniens ont des mœurs dont
l'étude offre un grand intérêt. Ce sont des
habitudes qui leur sont communes avec les
Cha'.cidiensetlesProctotrupiens. Comme le
dit Latreille , ils détruisent la postérité des
Lépidoptères, si nuisibles à l'agriculture sous
la forme de chenille , de même que Vlch-
neumon quadrupède était censé le faire à
l'égard du Crocodile, en cassant ses œufs
ou même en s'introduisant dans son corps
pour dévorer ses entrailles. Ces Hyménop-
tères recherchent les larves de divers insec-
tes ; ils attaquentsouvent des chenilles pour
y déposer leurs œufs. De petites espèces
même opèrent leur dépfo dans des œufs.
Chose bien remarquable , chaque espèce
d'insecte paraît avoir une ou plusieurs es-
pèces de parasites. Il n'est pas rare de voir
des parasites vivant sur d'autres parasites.
Les Ichneumoniens femelles , de même que
les Chalcidiens et les Proctotrupiens, à
l'aide de leur tarière, percent la peau d'une
chenille ou d'une larve et y déposent un ou
plusieurs œufs. Les jeunes larves sont mol-
les , blanchâtres , prjvées de pattes. Leur
ICH
bouche est munie de mandibules assez ro-
bustes. Ces larves ménagent d'abord tous les
organes importants de la chenille aux dé-
pens de* laquelle elles vivent. On comprend
combien pour elles il est important de ne
pas faire périr l'animal qui leur sert
de nourriture ; car ces vers, ne pouvant se
déplacer et chercher une autre proie, suc-
comberaient bientôt eux-mêmes. Aussi ils
s'attaquent d'abord à la graisse , au tissu
adipeux; c'est seulement quand ils sont
prêts à subir leur transformation en nym-
phe qu'ils dévorent tous les organes inté-
rieurs et ne laissent plus que la peau. Les
uns se métamorphosent à l'endroit même
où ils ont vécu ; les autres sortent de la
dépouille de leur victime et se placent au
dessous de manière à s'en servir comme
d'un abri protecteur; d'autres encore se
filent une petite coque soyeuse auprès de
cette dépouille.
Les Ichneumoniens ont un instinct sur-
prenant pour atteindre les espèces qui doi-
vent servir de pâture à leurs larves. Ceux
dont l'abdomen est muni d'une longue ta-
rière atteignent souvent des larves qui vi-
vent dans des bois , la longue tarière de
l'Ichneumon pénétrant dans des interstices,
dans des fissures extrêmement étroites. On
s'explique difficilement comment ces retrai-
tes si bien cachées et en apparence si peu
accessibles sont décelées à ces Ichneu-
moniens.
Quelquefois les Chenilles attaquées par
des Ichneumoniens se transforment en chry-
salides. C'est sous cette forme que tous les
viscères de l'animal se trouvent dévorés ;
alors on voit un Hyménoptère sortir de
la chrysalide d'un Papillon. Avant que de
nombreuses observations soient venues dé-
montrer clairement que ces Hyménoptères
étaient parasites des larves et des nymphes
des Lépidoptères , certains anciens auteurs
donnaient à ce fait singulier les explications
les plus bizarres. Aujourd'hui rien n'est
plus connu; mais les entomologistes qui
élèvent des Chenilles pour en obtenir des
Papillons d'une extrême fraîcheur, sont
souvent fort désappointés en voyant un
Ichneumon éclore de la chrysalide d'une es-
pèce rare de Lépidoptère.
Les Ichneumoniens ont une agilité ex-
trême; ils volent avec une grande rapidité.
ICIi
ICH
11
Ces Hyménoptères, carnassiers pendant leurs
premiers états, recherchent seulement les
fleurs quand ils sont devenus insectes par-
faits. Comme ils agitent continuellement
leurs antennes , quelques auteurs les ont
nommés , à raison de cette habitude, Mou-
ches vibrantes; d'autres les ont nommés
Mouches tripiles , à cause de la tarière des
femelles qui est composée de trois soies.
Voy. TARIÈRE.
Les habitudes des Ichneumoniens sont à
peu près les mêmes pour toutes les espèces;
elles ne diffèrent guère que par le choix des
victimes , ou par la manière de subir leur
métamorphose en nymphe.
Nous allons indiquer les faits particu-
liers concernant les principaux types de
celte tribu de l'ordre des Hyménoptères.
Parmi les Braconides, nous trouvons les
plus petites espèces d'Ichneumoniens. Quel-
ques unes sont d'une taille des plus exi-
guës ; on peut en juger par le choix des es-
pèces dans l'intérieur du corps desquelles
elles vivent.
Ainsi , dans le groupe des Hybrizonites ,
nous avons le genre Hybrizon , qui a reçu
de la part de quelques auteurs la dénomi-
nation d' Aphidius , qui indique un rapport
avec les Pucerons. Les Pucerons privés d'ai-
les, c'est-à-dire les femelles, sont surtout
attaqués par les Hybrizons. Cette manière
de vivre a été observée par Linné. Ce cé-
lèbre naturaliste a nommé le type du genre
Hybrizon , I'Ichneumon des Pucerons ( I.
aphidum Linné).
Dans le groupe des Braconites , on a ob-
servé plusieurs espèces du genre Bracon ,
sortant du corps de quelques Coléoptères à
l'état parfait , et appartenant à la famille
dc& Charançons et au genre Cis. Ces obser-
vations sont dues à un naturaliste alle-
mand, M. Bouché. D'autre part, M. West-
wood a vu certains Braconites pénétrer dans
les maisons , pour déposer leurs œufs dans
le corps des larves de Ptines qui rongent
nos boiseries.
Les Microgasters , qui font partie du
groupe des Àgathites , sont très répandus.
Ces petits Hyménoptères attaquent les Che-
nilles du Chou , qui donnent ce grand Pa-
pillon blanc si commun dans toute l'Eu-
rope. Le Microgaster femelle dépose un
assez grand nombre d'oeufs dans la même
Chenille. Les petites larves vivent aux dé-
pens de la graisse qui entoure son canal in-
testinal. La Chenille du Chou a pris tout
son accroissement en même temps que les
parasites qui la rongent. Alors elle aban-
donne la plante qui la nourrissait, et
grimpe le long d'un mur pour s'y fixer et
y subir sa transformation en chrysalide. Le
moment est arrivé aussi où les Microgasters
vont l'anéantir. Ils attaquent tous les or-
ganes importants de la Chenille, et n'en lais-
sent que la dépouille. Ils vont eux-mêmes
subir leur métamorphose en nymphe.
C'est à cette époque que toutes les pe-
tites larves de Microgasters sortent de la
peau de la Chenille qui leur a servi de
nourriture. Toutes sur cette dépouille se
filent une petite coque ovalaire formée d'une
soie jaunâtre, à peu près comme celle de notre
Ver à soie. Les cocons de nos petits Ich-
neumoniens, souvent très nombreux, sont
réunis en masse les uns auprès des autres.
C'est pour cela que Linné a nommé l'espèce
dont nous venons de décrire les habitudes
I'Ichneumon agglomère (/. glomeratus). Peu
de jours après la métamorphose en nymphe,
on voit apparaître les insectes parfaits.
Chaque année , vers le milieu de la belle
saison , on trouve les murailles avoisinant
les endroits où l'on cultive les plantes po-
tagères plus ou moins couvertes de dé-
pouilles de ces Chenilles du Chou, entou-
rées de cocons de Microgasters.
Ces parasites sont en général si répandus,
comparativement à l'immense quantité des
Chenilles du grand Papillon du Chou , que
très peu de ces dernières arrivent à l'état
d insecte parfait. Il nous suffira pour le mon
trer de répéter une observation que nous
avons faite il y a quelques années. Deux cents
Chenilles ayant été récoltées sur des Chous
avant d'avoir atteint toute leur grosseur,
ne donnèrent que trois Papillons; les cent
quatre-vingt-dix-sept autres étaient atta-
quées par des Microgasters. Or il ne fau-
drait pas voir là un cas exceptionnel, il en
est presque toujours de même; et en ad-
mettant que le nombre des parasites soit
dans certaines années un peu moins consi-
dérable, il est toujours énorme. D'autres
; espèces de Microgasters attaquent d'autres
Chenilles. On observe quelques différences
dans la manière de grouper leurs cocons et
12
ICI!
dans la nuance de leur soie. Quelquefois elle
est entièrement blanche.
Parmi les Sigalphites, on a observé une
espèce ( Rhitigaster irroralor ) qui est para-
site d'une espèce de Papillon nocturne très
commune dans notre pays (Acronycta Psi).
Tous ces Sigalphites sont remarquables par
leur abdomen paraissant recouvert d'une
sorte de carapace. Chez ceux où elle est in-
complète , l'abdomen est renflé en massue
à son extrémité.
D'après des observations de Degeer, les
femelles des Chelonus ne pondraient pas
d'oeufs, mais donneraient naissance à des
Dymphes, comme les Ornithomyiens ou Pu-
pipares chez les Diptères. Les recherches
anatomiques de M. Léon Dufour paraissent
confirmer cette observation. Dans le groupe
des Opiites, on a observé des espèces vivant
sur des Chenilles et sur des larves de Co-
léoptères.
Parmi les Ichneumonides , on compte
le groupe des Stéphanites représenté par un
seul genre , ne comprenant qu'une seule
espèce remarquable par ses caractères, mais
dont les habitudes sont inconnues.
Les Ophionites, dont plusieurs sont des
tchneumoniens de la plus grande taille ,
attaquent surtout des Chenilles. M. Aa-
douin a observé une espèce de ce groupe
vivant aux dépens des Chenilles de Pha-
lènes du genre Dosithea. Quant elle est
sur le point de se transformer en nymphe,
elle anéantit complètement sa victime, et
vient au dehors se filer une coque soyeuse,
au-dessous de laquelle elle place la dépouille
de la Chenille pour lui servir d'abri.
Le type du g. Ophion ( 0. lutens Lin. )
attaque particulièrement des Chenilles de
Papillons nocturnes. D'après M. Westwood,
un Hyménoptère du môme genre (0. -mode-
rato?) vivrait parasite sur une larve de Pim-
pla, elle-même parasite d'un autre insecte.
On rapporte à l'égard des Ophionites un
fait assez singulier. Des femelles meurent
quelquefois au moment où elles vont pon-
dre leurs oeufs. Ceux-ci restent attachés par
un pédicule à l'extrémité de la tarière de
la femelle. Les larves venant à éclore et ne
trouvant aucune nourriture autour d'elles,
dévorent l'individu qui leur a donné l'exis-
tence.
Les Pimplites, étant pourvus d'une lon-
ICH
gue tarière, sont surtout les Ichneumoniens
qui peuvent déposer leurs œufs dans le corps
des larves vivant sous des écorces , ou dans
des endroits tout-à-fait cachés. Quelques
espèces de ce groupe paraissent s'en pren-
dre aussi à des Araignées, à des Chenilles,
et même à la larve du Fourmilion, qui est
attaquée par une espèce du genre Cryptus.
Réaumur , dans ses Observations sur les
Ichneumons , a surtout décrit les habitudes
propres au Pimpla.
Les Ichneumons proprement dits , dont
le nombre des espèces est très considérable,
attaquent surtout des Chenilles.
Les Évaniides ont des mœurs analogues
a celles des autres Ichneumoniens. Les ob-
servations particulières sont encore peu
nombreuses. On sait que les Évanies à l'île
Bourbon et à l'île de France attaquent sur-
tout les Blattes, connues sous la dénomi-
nation de Kakerlacs. Cette petite famille a
été étudiée par un entomologiste anglais ,
M. Schuckard. Il a établi quelques nou-
veaux genres. On doit aussi à M. West-
wood la description d'une assez grande
quantité d'espèces.
Les aperçus que nous avons donnés sur
les mœurs , sur les habitudes des Ichneu-
moniens, et sur le nombre de ces parasites
dans la nature, montrent suffisamment
combien ces êtres sont utiles pour empê-
cher la trop grande multiplication des es-
pèces nuisibles à l'agriculture.
L'exemple des Microgasters peut faire
voir que les plantes potagères , comme les
Choux déjà si maltraités dans certaines an-
nées, seraient bientôt anéantis dans certai-
nes localités sans la présence de ces nom-
breux parasites. Les ravages de diverses
espèces, comme ceux des Sauterelles, ne se-
raient arrêtés que par leur mort, quand toute
nourriture viendrait à leur manquer. Il n'est
peut-être pas d'insectes qui n'ait ses para-
sites. C'est ainsi que les multiplications
trop considérables trouvent là un point
d'arrêt. L'homme, en couvrant des éten-
dues énormes de terre avec les mêmes vé-
gétaux, a favorisé la multiplication des in-
sectes dont ces végétaux constituent la nour-
riture : de là l'abondance des individus
d'espèces vivant sur les Pois , sur les Trè-
fles, sur les Choux , sur les Vignes, etc. La
multiplication extrême de ces insectes phy-
ICll
ICH
Ï3
tophages favorise à son tour la multiplica-
tion des insectes parasites. C'est ce fait si
simple qui cause ces alternatives d'augmen-
tation et de diminution dans la quantité
des individus d'une espèce nuisible à tel ou
tel végétal.
Quand les insectes phytophages sont de-
venus très nombreux, les parasites se mul-
tiplient au-delà des limites ordinaires. Ils
anéantissent une quantité énorme d'indivi-
dus ; mais l'année suivante , les femelles
des Ichneumoniens, des Chalcidiens ou des
Proctotrupiens, ne trouvant plus assez abon-
damment l'espèce qui leur convient pour
effectuer le dépôt de leurs œufs , meurent
sans avoir pu assurer l'existence de leur
progéniture. Les parasites alors sont deve-
nus rares, les Phytophages se multiplient
de nouveau outre mesure , jusqu'à ce que
de nouveau le point d'arrêt de la nature
vienne de nouveau à se faire sentir. M. Au-
douin a montré ce fait en ce qui concerne
la Pyrale de la Vigne. Il est le même pour
tous les insectes abondants sur des végétaux
qui se cultivent sur une grande échelle.
(E. Blanchard.)
ICHNEUMONITES. Ichneumonilœ. ins.
—Groupe de la famille des Ichneumonides.
Voy. ICHNEUMONIENS. (Bl.)
*ICHNEUTES ( ?xv£ut>,'ç , qui suit à la
piste), ins. — Genre de la tribu des Ichneumo-
niens, groupe des Opiites, établi par M. Nées j
von Esenbeck , et caractérisé par un abdo- j
men sessile élargi à l'extrémité. Le type est
17. reunitor. (Bl.)
ICIIMITES. paléont. — Voy. cheibothe-
rium.
.lCHi\OCARPlIS(t'xvoç, vestige; xq&e'c,
fruit), bot. ph. — Genre de la famille des j
Apocynacées-Echitées , établi par R. Brown i
(in Mem. Werner. Soc., I, 61). Arbrisseaux j
de l'Inde. Voy. apocynacées.
*ICHNODES(rx»oç, trace), ins. — Genre !
de Coléoptères hétéromères, famille des Sté- j
nélytres , tribu des OEdémérites, formé par
Dejean dans son Catalogue, avec une espèce
des États-Unis, et qu'il a nommée I.Leplu-
roides. (C.)
♦iCmvORHINUSfovoç, vestige; ft'v, nez),
ms. — Genre de Coléoptères tétramères ,
famille des Curculionides gonatocères , di-
vision des Érirhinides, formé par M. De-
jean, dans son Catalogue , avec une espèce
du Brésil , nommée /. gibbosus par l'au-
teur. (C.)
♦ICHTHYDINA. infus. — Famille d'In-
fusoires rotatoires créée par M. Ehrenberg
(lter Beiir. 1830), et comprenant plusieurs
genres dont le principal est celui des Ichthy-
dium. (E. D.)
*ICHTHYDION (lxBvSiov , petit poisson).
ins. — Genre de Coléoptères hétéromères ,
famille des Mélasomes , tribu des Téné-
brionites , établi par Dejean dans son Ca-
talogue, avec une espèce des États-Unis
nommée /. murinum par l'auteur. (C.)
*ICHTH\DILTM((*xevç, poisson), infus.—
Genre d'infusoires rotatoires créé par M. Eh-
renberg (VerBeilr., 1830) et qui ne diffère,
suivant M. Dujardin (Infusoires, Suites à
Buffon, 1841) des Chœtonotes que par l'ab-
sence des poils, et dont l'extrémité antérieure
est renflée en tête, et la postérieure bifur-
quée. La seule espèce de. ce genre est VI.
podura Ehrenb. (E. D.)
*ICHTHYÊTE. Ichthyetus. ois. — Genre
établi par M. de Lafresnaye aux dépens du
genre Aigle , pour une espèce que M. Hors-
field a figurée ( lool. resear. in Java, n. 3 )
sous le nom de Falco ichthyetus. Voy. aqui-
linéés et balbuzard. (Z. G.)
ICHTHYOCOLLE. chim. — Voy. géla-
tine.
*ICHTHYODES ( lxBv<*Sr)ç , forme de
poisson), ins. — Genre de Coléoptères sub-
pentamères, tétramères de Latreille, fa-
mille des Longicornes, tribu des Céramby-
cins, créé par Newmann (The Entom., t. I,
p. 321). L'auteur lui donne pour type une
espèce des îles Philippines, qu'il nomme J.
biguttatus. (C.)
ICHTHYODONTES et ICHTI1YO-
GLOSSES. poiss. — Syn. de Glossopètres.
*ICI1THY0D0RULITE, Buckl. poiss.—
Syn. d'Astéracanthe.
ICHTHYOIDES. rept. — M. deBlainville
a donné ce nom à une sous-classe d'Amphi-
biens comprenant les genres Protée, Sirène,
Cécilie, etc. Voy. des mots. (E. D.)
ICRTHYOLITHES fà^s » poisson ; Yt-
8oç, pierre), paléont. — On désigne ainsi
tous les Poissons fossiles.
ICHTHYOLOGIE ( frôuç , poisson; \S-
yoq , discours), zool. — On nomme ainsi la
science qui s'occupe de l'étude des Poissons.
Voy. poissons.
u
ICO
IGIITHYOMETIIIA , P. Br. bot. ph. —
Syn. de Piscidia, Linn.
ICIITIIVOriIAGES. zool.— Ce nom est
appliqué aux animaux qui se nourrissent
exclusivement de Poissons. (E. D.)
ICIITIIYOPHIS , Fitz. rept. — Syn.
d'Epicrium, Wagl. (P. G.)
ICHTHYOPHTIIALMITE , Andr. min.
— Syn. d'Apophyllite , Hatty.
ICHTH10SARC0L1TE( lxQvc, poisson ;
C73tpxôç, chair; XîQoç, pierre), moll. — M. Des-
marest, dans un mémoire communiqué à la
Société philomatique,a proposé sous ce nom
un genre pour des fragments de coquilles
fossiles , enroulées , à tours disjoints peu
nombreux, et divisées à l'intérieur par des
cloisons obliques , inégalement espacées.
Établi sur des morceaux de moules intérieurs
très imparfaits, ce genre a cependant été
adopté par un assez grand nombre de per-
sonnes et rapproché des Spirules. Mais en
examinant des matériaux plus complets ,
nous nous aperçâfrnes que le corps nommé
Ichthyosarcolite par Desmarest était un
fragment d'une coquille bivalve, voisine des
Caprines et des Sphérulites , et qui peut-
être devra rentrer dans le premier de ces
genres. N'ayant pu nous procurer depuis
une dizaine d'années de nouveaux matériaux,
nous ignorons si ces débris appartiennent
en réalité à un genre distinct de ceux que
nous venons de nommer. Voy. sphérulite,
CAPRINE et RUDISTE. (DeSH.)
ICIITHYOSAURE. Ichlhyosaurus. rept.
ioss. — Genre établi par Conybeare dans
l'ordre des Énaliosauriens. Voy. ce mot.
*ICIITHYOSMA,Schlec. bot. ph.— Syn.
de Sarcophyte , Sparm.
ÏCHTIIYOSOMUS , Dej. ins. — Syn. de
Tmcsisternus. (C.)
ICHTIlYOTHERA(!x6u:, poisson; 0„'Pac,
chasse), bot. ph. — Genre de la famille des
Composëcs-Sénécionidées, établi par Mar-
tius (Arzneipf., 27). Herbes du Brésil. Voy.
COMPOSÉES.
ICICA. bot. ph. — Genre de la famille
des Burséracées , établi par Aublct {Guian.,
I , 337, t. 130-135). Arbres de l'Amérique
et de l'Asie tropicale. Voy. burséracées.
ICIME roiss. — Espèce du genre Sau-
mon. Voy. ce mot.
ICOSANDRIE. Icôsandria (û'xo<jc, vingt;
Mp( homme), lot. ph. — Linné , dans son
ICO
Système , donne ce nom à une classe de
plantes comprenant celles qui ont vingt éta-
mines du plus fixées à la paroi interne du
calice.
ICTÉRIE. Icteria. ois. — Genre fondé
par Vieillot sur une espèce que Gmelin et
Latham plaçaient parmi les Gobe-Mouches,
dont Buflbn et Brisson faisaient un Merle,
et que Wilson rapportait au genre Mana-
kin, bien qu'en réalité cette espèce différât
des uns et des autres de ces oiseaux tant
sous le rapport des caractères que sous celui
des mœurs.
Vieillot assigne à ce genre les caractères
suivants : Bec un peu robuste, convexe en
dessus, longicône , un peu arqué, pointu,
entier; à bords mandibulaires fléchis en
dedans; narines rondes ; langue bifide à la
pointe ; bouche ciliée ; tarses nus, annelés;
doigt médian soudé à la base avec l'externe,
totalement séparé de l'interne.
Une seule espèce se rapporte à ce genre,
c'est l'IcTÉRiE dumicole, Ict . dumicola Vieill.
{Gai. ornith. , pi. 85 ) , décrite par Buflon
sous le nom.de Merle vert de la Caroline.
Le plumage de cet oiseau est d'un gris ver-
dâtre sur la tête , le dessus du cou et le dos ;
d'un jaune orangé sur la poitrine et le de-
vant du cou , et blanc sur le reste des par-
ties inférieures. Un trait blanc qui part de
la mandibule inférieure s'étend sur les côtés
du cou.
Nous devons à Vieillot quelques détails
vraiment curieux sur cet oiseau, qu'il a eu
l'occasion d'observer à l'état de liberté et
dans son pays natal. Lorsqu'au printemps
il arrive dans une contrée où il vient se
propager, son premier soin est de chercher
une résidence convenable. Il s'établit ordi-
nairement dans les buissons fourrés de noi-
i setiers , de vignes sauvages ou dans les
; taillis épais. Très jaloux de sa possession ,
i il semble s'irriter contre tout ce qui en ap-
I proche. Si le mâle aperçoit quelque objet
j qui lui porte ombrage, aussitôt il mani-
! Teste son inquiétude par des cris tellement
! bizarres qu'il est impossible de les décrire;
; mais ces cris , qu'on ne peut exprimer par
j le langage, sont cependant faciles à imiter
1 au point de tromper l'oiseau lui-même et
s'en faire suivre pendant un quart de mille.
Lorsqu'on le force ainsi à vous accompagner,
il répond à vos provocations par des criail-
ICT
1CT
15
leries continuelles. D'abord les sons de sa
voii imitent le sifflement que font en vo-
lant les ailes d'un Canard: ils sont élevés
et rapides, puis ils deviennent plus fai-
bles, plus lents et unissent par s'éteindre.
D'autres cris qui leur succèdent reprodui-
sent en quelque sorte les aboiements d'un
petit Chien et sont suivis de sons variés ,
sourds, partant de la gorge, répétés chacun
huit ou dix fois de suite et plus semblables
à la voix d'un Mammifère qu'à celle d'un
Oiseau; enfin ce babillage se termine par
des cris assez pareils au miaulement d'un
Chat : seulement, on les dirait plus enroués.
Tous ces sons, rendus avec une grande véhé-
mence et de tant de façons différentes , pro-
duisent des effets de ventriloquie tels que
l'oiseau semble être à une grande distance
et en môme temps très près de celui qui
l'écoute, et qu'on est surtout fort embar-
rassé pour déterminer l'endroit d'où vient
la voix. Lorsque le temps est doux et serein
et surtout lorsqu'il fait clair de lune , le
mâle babille de cette étrange manière, pres-
que sans interruption, durant toute la
nuit. Il est probable que ces cris sont pour
lui un moyen d'attirer ou de charmer sa
femelle ; car lorsque l'époque des amours
est avancée, on ne l'entend plus que très
rarement: aussi est-ce pendant les pontes
et l'incubation qu'il crie plus fort et plus
fréquemment que de coutume. A cette épo-
que aussi on le voit quelquefois s'élever
dans les airs presque perpendiculairement,
à la hauteur de trente à quarante pieds,
tenant ses jambes pendantes , montant par
soubresauts, comme s'il était irrité, et
descendant de même.
L'Ictérie dumicole se nourrit d'Insectes,
de baies et surtout du fruit du Solarium
carolinense. Elle niche dans les buissons les
plus fourrés , et sa ponte est de quatre ou
cinq œufs.
On la rencontre dans diverses provinces
des États-Unis, particulièrement dans celles
de la Caroline, de Pensylvanie et de New-
York , où elle arrive au printemps et d'où
elle part a l'automne. (Z. G.)
ICTÉIUNÉES. Icterinœ. ois. — Sous-
division de la famille des Sturnidœ , établi
principalement en vue des Troupiales et
des genres qui en sont voisins. G.-R.
Gray, dans son List of the Gênera, com-
prend dans cette sous-famille les genres
Cassions (Cassique), Cassiculus, Xanthornus
(Carouge ), Icterus (Troupiale) et Chryso-
mus. (Z. G.)
ICTERUS. ois. — Voy. troupiale.
ICTIDES (t'xfiç). mam. — Genre de Carnas-
siers plantigrades, voisin des Paradoxures,
créé par M. Valenciennes (Ann. des se. nat.,
IV, 1825 ) et adopté par la plupart des au-
teurs. Les Iclides ont pour caractères : Six in-
cisives, deux canines, dix mâchelières, en
tout dix-huit dents à chaque mâchoire. A la
mâchoire supérieure , il y a quatre fausses
molaires et six vraies, tandis qu'il y a six
fausses molaires et quatre vraies à l'infé-
rieure; les canines sont longues, comprimées,
tranchantes; il y a, à la mâchoire supérieure,
deux tuberculeuses, une seule à l'inférieure ;
elles sont remarquables à cause de la grosseur
de leur talon, plus court, plus arrondi et en-
core plus fort que chez les Paradoxures. Les
Ictides se rapprochent assez des Ratons par
la forme de leurs doigts, et ils lient ce genre
aux Civettes et surtout aux Paradoxures. Ce
sont des animaux à corps trapu, dont la tête
est grosse, les yeux petits, les oreilles arron-
dies et velues; les pieds pentadactyles et ar-
més d'ongles crochus, comprimés et assez
forts, mais non rétractiles ; la queue est
prenante et entièrement velue.
Deux espèces entrent dans ce genre:
1° le Benturong, Iclides albifrons Val., Pa-
radoxurus albifrons Fr. Cuv., qui a deux
pieds environ de longueur depuis le bout du
museau jusqu'à l'origine de la queue, dont
la couleur est d'un gris noirâtre, et se trouve
à Sumatra, àMalaca et plus rarementà Java;
et 2° le Benturong noir, Ictidesater Fr. Cuv.,
plus grand que le précédent, d'une couleur
noire, et des mêmes pays. Cette seconde
espèce toutefois n'est peut-être pas bien dé-
terminée et pourrait bien n'être qu'une sim-
ple variété de la précédente. (E. D.)
ICTTNIE. Iclinia ("xtcvo;, milan), ois. — -
Genre de l'ordre des Rapaccs , établi par
Vieillot aux dépens du g. Buteo pour des
espèces qui, par leurs caractères, partici-
pent des Buses et des Milans, et paraissent
établir le passage des uns aux autres. Ce g.
est caractérisé par un bec court, droit,
étroit en dessus , comprimé sur les côtes , à
mandibule supérieure à bords dilatés en
forme de dent, crochue à la pointe, l'infé-
16
IDA
rieure plu» courte, obtuse, éehaucrée vers le
bout; des narine* lunulées obliques; des
tarses courts, grêles , nus et réticulés, et
des ongles courts, peu aigus.
Deux espèces seulement composent cette
division : toutes les deux se trouvent dans
l'Amérique. Elles se tiennent le plus sou-
vent dans les bois sur les arbres élevés , vo-
lent à une très grande hauteur , se jouent
fréquemment dans les airs, où elles décri-
vent des cercles à la manière de tous les
oiseaux de proie, et font une chasse conti-
nuelle aux gros Insectes, aux Lézards et aux
Serpents.
L'espèce qui a servi de type à ce g. est
ricTiNiEOPHiopHAGE, Jet. oph»op/w<j(a( Vieil 1.,
Gai. des Ois., pi. 17; Wils>, Atn. ornith.,
pi. 25, f. 1), à manteau brunâtre ; à dos,
ventre., flancs et couvertures des ailes d'un
gris bleuâtre ; à cercle oculaire, rémiges et
rectrices noirs. Habite l'Amérique septen-
trionale.
La seconde espèce est l'IeniuB bledatre ,
Ict. plumbea Vieill. {Ois. de l'Am. sept. ,
pi. 10 bis), dont G. Cuvier a fait une Buse
tous le nom de Buteo plmnoeus. Celle-ci a
la tête, le manteau, les ailes d'un bleu ar-
doisé cerclé de brun , et tout le dessous du
corps de même couleur, sans lunules brunes.
Habite le Brésil, la Guiane, le Mexique et
les États-Unis. (Z. G.)
*1CTINUS ( nom mythologique), ins. —
M. Rambur ( Ins. névropt. , Suites à Buf-
fon) désigne ainsi un petit genre de la tribu
des Libelluliens, de l'ordre des Névroptères.
Les Ictinus, très voisins des JEshnes et des
Gomphus , sont exotiques. On peut en con-
fidérer comme le type 17. vorax Ramb.
(Bi„)
♦ICTINUS (nom mythologique), ins. —
Genre de Coléoptères peu ta mères , famille
des Carabiques, tribu des ïroncatipennes,
établi par M. La porte ( Études entomolo-
giques, p. 53), avec une espèce de Cayenne :
17. tenebrioides Lap. (C.)
ICTODKS, Bigel. bot. ph. — Syn. de
Symplocarpus , Salisb.
*ICT01\YX (t'xTî'ç, marte; #w£, ongle).
mam. — Groupe de Carnivores de la division
des Mustela indiqué par M. Kaup(77iterr., I,
1835). (E. D.)
♦ïDALLA (nom mythologique), moll. —
M. Leuckart a proposé ce genre dans la par-
IDÎ
tie zoologique du Voyage en Egypte de
M, Rûppel. Il comprend un petit nombre de
Mollusques nus qui i pour nous, ressemblent
trop aux Doris pour constituer un bon genre.
En effet, ces Mollusques ne diffèrent des au-
tres Doris que par des ornements découpe*
sur les bords du manteau, ornements que
l'on a eu tort de prendre pour des annexes
des organes de la respiration. M. Phïlippi,
dans sob Enumeraiio MoUuseorvm Siciliœ,
avait établi ce genre sous le nom d'Euplo-
cœinus, mais depuis il a adopté celui de l'au-
teur allemand, Voy. noms. (Desh.)
♦IDE A (nom mythologique), ins. — Genre
de Lépidoptères diurnes , famille des Nym-
pbaliens , groupe des Danaïtes , établi par
Fabricius {Ent. syst., t. III, p. 185, n. 573)
aux dépens du grand g. Papilio de Linné.
Il ne renferme que 2 espèces , nommée»
par l'auteur I. agelia (Papilio idea Lin.), et
lyncea (Papilio lynceus Dr.). La première
appartient aux Indes orientales; la seconde
à l'Afrique méridionale.
♦IDGIA. ins. - Genre de Coléoptères pen-
tamères , famille des Malacodermes , tribu
des Mélyrides , créé par M. Laporte (Rev.
ent. de Silb., t. IV, p. 27). L'espèce type,
/. terminata (Epiphyta melanura Dej.), est
originaire du Sénégal. (C.)
*IDÏA, ms. — Genre de l'ordre des Diptè-
res , famille des Àthéricères, tribu des Mus-
rides , établi par Meigen et adopté par
M. Macquart (Hist. nat. des Diptères). Ce
dernier y rapporte 3 espèces ; nous citerons
comme type 17. fasciata Meig., du midi de
la France.
BDIE. Idia. polyp. — Genre de Sertu-
laires établi par Lamouroux, dans son His-
toire des Polypiers flexibles, pour une espèce
des mers australes qu'il nomme I. pristis.
M. de Blainville (Actinologie , p. 682) rec-
tifie ainsi les caractères des Idies : Animaux
inconnus, contenus dans des cellules ovales,
un peu recourbées, disposées d'une manière
serrée sur deux rangs alternes et saillants
sur les côtés des rameaux également al-
ternes et comprimés d'un Polypier phytoïde
et fixé. (P. G.)
*H)I0CEÏUJS (v&oÇ> particulier; jeepaç,
corne, antenne), ms. — M. Lewis a établi
sous cette dénomination ( Transact. of the
JSntom. Soc. of London, t. I) un genre de
Vordre des Hémiptères de la Camille «es
IDO
1DO
17
Cercopides , très voisin dcsJassus , dont il
diffère parles antennes des mâles, renflées
en massue à l'extrémité. (Bl.)
*IDIOCNEMA (Wioç, particulier ; xv^ ,
jambe), ins. — Genre de Coléoptères pen-
tamères , famille des Lamellicornes , tribu
des Scarabéides phyllophages, créé par Fal-
dermann ( Coleopterorum ab III. Bungio
China bor. illustrationes , p. 41, pi. 1,
f. 2). L'espèce type et unique, /. sca-
bripennis , a été prise dans le nord de la
Chine, au mois de juin, sur Y Acacia ma-
crophylla. (C.)
*IDIOCOCCYX, Boié. ois.— Synonyme
de Rhinortha, Vig. Voy. boubou. (Z. G.)
IDIOPS, Per. arach. — Voy. spiiasus,
Walck. (H. L.)
*IDIOPTERA($toç, particulier; «*tg*v,
aile), ins. — Genre de l'ordre des Diptères,
famille des Tipulaires , tribu des Tipulaires
terricoles , établi par M. Macquart ( Dip-
ières , suites à Buffon , t. I, p. 94) pour
une seule espèce nommée par l'auteur /.
maculata. De Hambourg.
IDIOTHALAMES. Idiothalami (»!•«,
propre; ôâÀaptoç , lit), bot. cr. — Acharius
donne ce nom à une classe de Lichens com-
prenant ceux dont les conceplacles diffèrent
tiu thalle par leur nature et leur couleur.
*IDMAIS. ins. — Genre de Lépidoptères
diurnes ou Rhdpalocères, tribu des Piérides,
établi par Bois d uval ( Ins. Lépid. , suites à
Buffon ), et auquel il rapporte 5 espèces ,
toutes de l'Afrique , du Bengale et de la
Syrie.
IDMONÉE. Idmonea (nom mythologi-
que), polyp. — Genre de Polypiers fossiles
île la famille des Millépores, établi par La-
mouroux, et renfermant plusieurs espèces
trouvées fossiles dans des terrains secondaires
<tl tertiaires d'Europe et une autre actuelle-
ment vivanteau Japon. M. de Blainville(4c-
tinologie, p. 419) caractérise ainsi ce genre :
Cellules saillantes, un peu coniques, dis-
tinctes , à ouverture cellulaire , disposées
en demi-anneau ou en lignes brisées, trans-
verses sur les deux tiers seulement de la
circonférence des branches très divergen-
tes et triquètres d'un Polypier calcaire,
fixé , rameux , non poreux , mais légère-
ment canaliculé sur la face non cellulifère.
(P. G.)
IDOCRASE (t^oç, forme; ■pôfrrç, mé-
T. VII.
lange; c'est-à-dire formes mélangées).
min. — Espèce ou plutôt groupe d'espèces
isomorphes, de l'ordre des Silicates alumi-
neux, cristallisant dans le système quadra-
tique, et remarquables par leur identité de
composition chimique avec les Grenats des
mêmes bases; identité qui paraît bien éta-
blie par les analyses de Richardson et d'I-
vanoff. Les Idocrases sont donc aux Grenats
correspondants ce que l'Aragonite est au
Calcaire ordinaire. La formule générale des
Idocrases se compose de 1 atome d'Alumine,
de 3 atomes de base monoxydée, et de
6 atomes de Silice (en supposant celle-ci
représentée par St'O). Les bases autres que
l'Alumine sont : la Chaux, la Magnésie et
l'oxydulede Fer. Les oxydes de Manganèse
s'y montrent quelquefois, mais presque tou-
jours en faible quantité.
Les Idocrases sont des minéraux à cas-
sure vitreuse , fusibles en verre jaunâtre ,
assez durs pour rayer le Quartz, presque
toujours cristallisés sous des formes qui
dérivent d'un quadroctaèdre de 74° 10' à
la base, ou, selon Hauy, d'un prisme carré
droit , dont la largeur est à la hauteur
comme 13 est à 14. Leur pesanteur spéci-
fique est de 3,2. Les formes qu'ils affec-
tent le plus ordinairement sont des prismes
à 4, 8, 12 et 16 pans, surmontés de py-
ramides tronquées. Les autres variétés, dé-
pendantes des formes et textures acciden-
telles, sont : les cylindroïdes et bacillaires,
les granulaires, et les compactes à texture
vitreuse ou lithoïde. Les couleurs sont : le
brun , le rouge violet, le vert obscur, le
vert jaunâtre et le bleu.
On peut distinguer, sous le rapport des
caractères extérieurs : 1° I'Idocrase du Vé-
suve ou la Vésuvienne , de couleur brune;
et I'Idocrase de Sibérie ou la Wilouite, qui
est d'un vert obscur : elles sont à base de
Chaux, et colorées par l'oxyde de Fer et un
peu d'oxyde de Manganèse. On peut y rap-
porter I'Idocrase de Bohème , nommée Égé-
ran. Les Idocrases vésuviennes se rencon-
trent abondamment dans les blocs de la
Somma , avec le Grenat , le Mica , le Py-
roxène augitc , etc.; celles de Sibérie se
trouvent sur les bords de la rivière Achta-
ragda , qui se jette dans le fleuve Wilouî:
celles de Bohême à Haslau , dans le pays
d'Eger. — 2" L'Idocrase violette ou manga-
S
18
IDO
MKSiEHNE, de l'Alpe de la Mussa, analysée par
M. Sismonda, qui y a trouvé une propor-
tion assez considérable d'oxyde de Manga-
nèse.— 3° L'Idocrase vert jAUNATRE,du Ban-
natetdu Piémont. — 4° L'Idocrase magné-
sienne, dite Frugardite, de Frugard en Fin-
lande.— 5" L'Idocrase cyprine, de couleur
bleue, due à une petite quantité d'oxyde
de Cuivre; elle se rencontre à Tellemar-
ken, en Norwégc, avec la Thulite, le Gre-
nat blanc, etc.
Les Idocrases ont leur gisement ordi-
naire dans les terrains de cristallisation :
elles se présentent tantôt en veines ou en
petites couches granulaires et compactes au
milieu des Micaschistes , et tantôt dissémi-
nées dans ces roches ou dans celles des ter-
rains calcaires et serpentineux. Quand ces
pierres sont transparentes , elles peuvent
être taillées et montées en bagues. Ces
pierres taillées se vendent à Naples sous le
nom de Gemmes du Vésuve. (Del.)
IDOLE, moll. — Nom vulgaire donné
par les anciens conchyliologues à l'une des
plus grandes espèces d'Ampullaires. Voy.
ce mot. (Desh.)
EDOTÉE. Idotea ^ (nom mythologique).
crust. — Ce genre, qui a été établi par Fa-
bricius aux dépens des Oniscus de Linné ,
des Squilla de Degeer, et des Asellus d'Oli-
vier, appartient à l'ordre des Isopodes, et
est rangé par M. Milne-Edwards dans la
section des Isopodes marcheurs, et dans sa
famille des Idotéides. Tous les Crustacés qui
composent cette coupe générique ont le corps
très allongé et peu dilaté vers le milieu.
La tête est quadrilatère; les yeux en oc-
cupent les côtés, et sont petits et circu-
laires. Les antennes s'insèrent au bord ex-
térieur de la tête; celles de la première
paire sont très rapprochées à leur base ; cel-
les de la seconde paire s'insèrent en dessous
et en dehors des précédentes, et sont ordi-
nairement assez grandes. La bouche est très
saillante, munie d'un labre rhomboïdal,
de mandibules fortes et armées de dents, de
deux pairps de mâchoires dont la première
porte deux lames terminales et la seconde
trois de ces lames dont le bord est denté ou
cilié. Les pattes-mâchoires sont très grandes
et très compliquées daus leur structure. Le
thorax se compose de sept anneaux, qui ont
WW t peu près la même forme et les mê-
1DO
mes dimensions. Les pattes sont plus ou
moins subehéliformes avec l'ongle qui les
termine, grand, courbe et très flexible. L';ib-
domen est grand, mais formé presque en-
tièrement par le dernier anneau , qui est
excessivement développé, tandis que les seg-
ments précédents sont très étroits, et pour
la plupart à peine distincts. Les fausses
pattes des cinq premières paires se compo-
sent, comme d'ordinaire, d'un article basi-
laire portant deux lames terminales qui
sont grandes, allongées et couchées les ânes
sur les autres au-dessous de l'espèce de toit
formé par le dernier article de l'abdomen.
Les appendices de ce dernier anneau sont
extrêmement grands , recouvrent toute la
face inférieure, de l'abdomen , et se com-
posent chacun d'une grande lame arrondie
en avant, divisée en deux pièces par une ar- ,
ticulation transversale, et réunie dans pres-
que toute la longueur de son bord externe
à l'anneau correspondant, de façon cepen-
dant à pouvoir le reployer en bas et en
dehors, ou le relever, et à renfermer alors
les fausses pattes précédentes dans une es-
pèce d'armoire à deux battants.
Ce genre est très nombreux en espèces,
et ces dernières habitent presque toutes les
mers ; parmi celles que nourrissent nos cô-
tes océaniques et méditerranéennes, je ci-
terai I'Idotée tricuspide , Idotea tricuspi-
data Latr., très répandue sur les côtes de
la Manche et de la Méditerranée, et qui se
plaît particulièrement parmi les plantes
marines. Pendant mon séjour en Algérie,
j'ai rencontré, sur les côtes de l'est et de
l'ouest, plusieurs espèces nouvelles que
j'ai désignées sous les noms de Idotea ca-
rinata, auguslata et algerica. (H. L.)
*IDOTÉES ARPENTEUSES. CRUST.—
M. Milne-Edwards a employé ce nom pour
désigner, dans sa famille des Idotéides, une
tribu dont les Crustacés qui la composent
sont très remarquables par la conformation
des pattes et des antennes, d'où résulte un
mode de progression analogue à celui propre
aux Corophies (voy. ce mot), et ayant quel- \
que ressemblance avec celui des Chenilles *
arpenteuses. Les pattes des quatre premières
paires, dont la conformation diffère de tout
ce qu'on connaît chez les autres Édriophtbal-
mes, sont impropres à la marche, et parais-
sent être remplacées dans cette fonction par
ÏDO
les antennes de la seconde paire. Cette tribu
ne renferme qu'un seul genre, désigné sous
le nom d'Arcture. Voy. ce mot. (H. L.)
*IDOTÉES ORDINAIRES, crust.— Ce
nom, employé par M. Milne-Edwards dans
son Hist. nat. des Crust., désigne, dans la
famille des Idotéides , une tribu dont les
Crustacés qui la composent ont tous des
pattes, ou du moins celles des six dernières
paires, conformées de la même manière et
terminées par un ongle pointu, de façon à
être propres à la marche et quelquefois aussi
à la préhension. Les antennes de la seconde
paire sont, en général, assez longues, mais
elles ne sont jamais pédiformes. Les genres
qui composent cette tribu sont au nombre
dedeui: ce sont ceux d'Idotée etd'Anthure.
Voy. ces mots. (H. L.)
IDOTEIDJE. crust. — Voy. idotéides.
D30TEIDEA. crust. — Voy. idotéddes.
IDOTÉIDES. Idoteidœ. crust.— M. Milne-
Edwards, dans son Hist. nat. sur les Crust.,
emploie ce mot pour désigner, dans Tordre
des Isopodes, une famille dont les Crustacés
qui la composent se font remarquer par la
forme allongée de leur corps, qui n'est que
peu ou point élargi au milieu , et paraît
tronqué brusquement à ses deux extrémi-
tés. Les antennes de la première paire, in-
sérées au-dessus de celles de la seconde paire
fort près de la ligne médiane, sont très cour-
tes. Les mandibules ne portent pas de tiges
palpiformes, et les pattes-mâchoires sont
grandes et palpiformes. Les pattes anté-
rieures ne sont jamais terminées par une
pince didactyle comme chez les Asellotes hé-
téropodes, mais sont en général préhensiles,
et plus ou moins complètement subchéli-
formes. Enfin, l'abdomen ne porte pas d'ap-
pendices à son extrémité, mais est garni en
dessous d'un appareil operculaire très déve-
loppé, destiné à clore une cavité respiratoire
où se logent les fausses pattes branchiales.
On ne connaît encore que trois genres
appartenant à cette famille ; mais cepen-
dant, à raison des modifications importantes
qu'on y rencontre dans la conformation des
pattes, on a cru devoir la diviser en deux
tribus , désignées sous les noms à'Idotéides
ordinaires et Idotéides arpenteuses. Voy. ces
mots. (H. L.)
IDOTHÉE. Idothea. moll. — Syn. de
Corbeille. Voy. ce mot. (Desh.)
IF
19
*IDUNA , Keys et Blas. ois.— Genre de
la famille des Fauvettes. Voy. sylvie. (Z. G.)
*U>YA (nom mythologique), acal. —
M. de Freminville (N. Bull. Soc. phil.,
1809 ) a créé sous ce nom un genre d'Aca-!
lèphes de la division des Méduses. Le groupe t
des Idya, qui a été adopté par Ocken {Sysu\
de zool.) et par la plupart des auteurs , al
pour caractères : Corps cylindrique, lisse,
en forme de sac allongé, sans tentacule à la
bouche ; parois composées de longs tubes
garnis de cloisons transverses.
M. Lesson [Acalèphes, Suites à Buffon ,
1843 ) décrit 9 espèces de ce genre : nous
prendrons pour type VIdya islandica Frem.,
Ock., qui se trouve, ainsi que l'indique son
nom, dans les mers d'Islande. (E. D.)
*D3YA (nom mythologique), crust. —
Nom donné par Rafinesque à un genre de
Crustacés de l'ordre des Isopodes, et dont les
caractères n'ont jamais été publiés. (H. L.)
IÉNITE ou YÉNITE. min. — Syn. de
Liévrite. Voy. fers silicates.
*IERACH)EA. ois.— Division établie par
Gould aux dépens du g. Falco, pour une
espèce que Vigors et Horsfield avaient dé-
crite sous le nom de F. berigora. (Z. G.)
IERÉE. Ierea. spong. — Genre de Spoi;-
giaires, distingué parLamouroux pour une
espèce fossile de l'argile bleue de Caen.
M. de Blainville le caractérise ainsi dans
son Actinologie, p. 544 :
Corps ovale , globuleux , subpédiculé ,
finement et irrégulièrement poreux , percé
à son extrémité supérieure , tronquée , par
un grand nombre d'ostioles servant de ter-
minaison à des espèces de tubules dont il
est composé.
L'espèce type de ce genre est 17. pyri-
formis. M. Defrance en a indiqué sous le
même nom un Polypier que M. de Blain-
ville croit d'espèce et même de genre diffé-
rents. (P. G.) !
IF. Taxus, Tourn. bot. ph. — Genre de
plantes de la famille des Taxinées , l'une !
de celles qui ont été formées par la subdivi- I
sion de l'ancien groupe des Conifères de .
Jussieu, à laquelle il donne son nom , de la '
Diœciemonadelphie dans le système sexuel.
Les fleurs des espèces qui le composent sont
dioïques , naissant de bourgeons axillaires.
Les fleurs mâles forment de petits chatons
globuleux , portés sur un pédicule entouré
20
IF
IF
d'écaillés imbriquées dont les supérieures
sont les plus grandes. Ces chatons présen-
tent de 6 à 15 petits corps qui ont été en-
visagés de deux manières diverses ; chacun
d'eux se compose en effet d'un pédicule ter-
miné par une sorte d'écaillé discoïde, fixée
par son centre , au-dessous de laquelle sont
rangés eirculaircment de 3 à 8 petits corps
arrondis extérieurement , confondus entre
eux et avec leur support commun intérieu-
rement. L.-C. Richard considérait chacun
de ces corps comme une fleur mâle à 3-8
anthères ; au contraire , la plupart des bo-
tanistes les considèrent aujourd'hui comme
formant chacun une seule étamine à 3-8
loges, dans laquelle l'écaillé peltée ne serait
autre chose qu'un épanouissement du con-
nectif. Ces fleurs mâles sont, on le voit, ré-
duites à la plus grande simplicité. Le pollen
est formé de grains très petits, lisses et glo-
buleux. Les fleurs femelles sont solitaires ,
portées à l'extrémité d'un très petit rameau
axillaire , entouré également à sa base de
bractées semblables à celles des chatons mâ-
les, le tout constituant un petit chaton uni-
flore. Cette fleur femelle est réduite , selon
l'interprétation généralement admise au-
jourd'hui , à un petit ovule nu , dont l'exos-
tome est entièrement et assez largement ou-
vert chez la fleur adulte , et déborde très
notablement le sommet du nucelle. Cet
ovule repose sur un disque annulaire fort
peu apparent dans la fleur, mais qui, après
la fécondation , prend peu à peu un accrois-
sement assez considérable pour recouvrir et
déborder fortement le fruit proprement dit;
en même temps et à mesure qu'il s'élève ,
il s'épaissit et devient charnu ; de là résulte
ce faux drupe qui constitue le fruit des
Ifs , et dans lequel la partie charnue n'est
comparable en rien à un péricarpe. La graine
nue cachée sous cette enveloppe constitue
seule le fruit proprement dit ; elle est dres-
sée , recouverte d'un test dur et coriace, que
L.-C. Richard considérait, par suite de sa
manière d'envisager les organes floraux de
ces plante? , comme le péricarpe formé par
l'accroissement du calice. L'embryon est à
deux cotylédons très courts. Les Ifs sont des
arbres ou des arbrisseaux toujours verts qui
habitent les contrées tempérées et un peu
froides de tout l'hémisphère boréal ; leurs
feuilles sont linéaires , raides, persistantes.
Parmi les espèces que renferme ce genre , il
en est une d'un très grand intérêt :
If commdn, Taxus baccata Linn. Cette
espèce est un arbre de hauteur moyenne et
qui ne s'élève guère qu'à 12 ou 13 mètres;
le plus souvent son tronc n'acquiert que 6
ou 8 décimètres de diamètre; mais, comme
nous le montrerons plus loin , il dépasse
quelquefois considérablement ces dimensions
au point de devenir énorme. L'écorce qui
recouvre ce tronc est brune et se détache par
plaques dans les vieux troncs. Les branches
sont étalées , les inférieures horizontales, et
leur ensemble forme une cyme très touffue
qui rend cet arbre parfaitement propre à
former des masses compactes de verdure,
auxquelles on s'est appliqué pendant long-
temps à donner des formes bizarres par la
taille. Les racines s'étendent horizontale-
ment et acquièrent une grande longueur.
Les feuilles sont linéaires , à court pétiole ,
mucronées au sommet , coriaces , planes ,
luisantes, d'un vert foncé ; elles se dirigent
horizontalement sur les deux côtés opposés
des rameaux , quoiqu'elles ne soient nulle-
ment distiques par leur insertion. L'enve-
loppe charnue du fruit est de la grosseur
d'une petite cerise, percée au sommet d'une
ouverture circulaire , d'une belle couleur
rouge ; sa pulpe est visqueuse, d'une saveur
douce et agréable ; la graine qu'elle recou-
vre est ovoïde ou oblongue , ou presque glo-
buleuse , d'une couleur brune-noirâtre ou
roussâtre , d'une saveur amère ; son albu-
men est blanchâtre et renferme beaucoup
d'huile.
Parmi les variétés de l'If, l'une des plus
remarquables est le T. baccata fastigiata ,
que M. Lindley classe comme espèce dis-
tincte sous le nom de T. fastigiata. Elle se
distingue par la direction redressée de ses
branches et par la disposition de ses feuilles
uniformément tout autour des rameaux , et
non sur deux lignes opposées seulement.
Elle parait appartenir en propre à l'Irlande.
Loudon en indique , sous le nom de T.
baccata erecta , une variété qui se rappro-
che de la précédente par ses branches re-
dressées , mais qui s'en distingue parce que
ses feuilles sont dirigées comme dans le
type , et non tout autour des rameaux.
L'If du Canada, Taxus canadensis Wild.,
n'est qu'une variété naine de l'If commun
IF
IF
2i
dont elle reproduit tous les caractères ; elle
appartient au Canada et aux parties septen-
trionales des États-Unis.
Enfin nous citerons encore une variété à
feuilles panachées de blanc ou de jaune, l'If
panaché des jardiniefs, et une à fruit jaune,
qui a été , sinon découverte, au moins re-
trouvée en Irlande en 1833.
L'If commun habite la plus grande par-
tie de l'Europe, depuis le 58e et même le 60e
degré de latitude N. jusqu'aux parties qui
bordent la Méditerranée ; en Asie , on le
trouve dans les parties orientales (Thunberg)
et occidentales ; enfin il existe dans l'Amé-
rique septentrionale , représenté par sa va-
riété naine. Cependant, quoique répandu
sur une grande partie de la surface du globe,
il ne se trouve communément nulle part ,
et il ne se montre guère que par pieds iso-
lés au milieu des forêts, surtout sur le ver-
sant septentrional des collines et des mon-
tagnes. Il se trouve principalement dans les
terrains frais, un peu humides , surtout ar-
gileux ou calcaires ; on le rencontre aussi
quelquefois dans des lieux pierreux , mais
jamais dans le sable.
Le feuillage toujours vert et extrêmement
touffu de l'If lui a fait jouer un rôle des plus
importants dans la décoration des jardins.
On peut observer encore aujourd'hui dans
plusieurs parcs des resies de ces magnifiques
masses de verdure, que la mode des jardins
paysagers a fait négliger ou même abandon-
ner presque partout. La facilité avec laquelle
cet arbre subit la taille et prend ainsi toutes
les formes avait permis aux jardiniers
d'exercer sur lui leur goût souvent bizarre,
et avait ainsi donné naissance à tout un art
devenu de nos jours sans objet. On se borne
en effet généralement aujourd'hui à lui
laisser sa forme naturelle, et l'on a presque
partout renoncé à ces murs , à ces pyra-
mides de verdure qui décoraient tous les
grands jardins de nos ancêtres.
Les anciens attribuaient à l'If des pro-
priétés vénéneuses très prononcées. Selon
eux , son ombrage même était funeste, sur-
tout pendant qu'il était en fleur. Théo-
phraste dit que ses feuilles empoisonnent
les chevaux; Strabon rapporte que les Gau-
lois se servent de son suc pour empoisonner
leurs flèches ; Dioscoride dit que ses fruits
font périr les oiseaux, etc., etc. Parmi les
modernes , ces idées ont été encore expri-
mées dans beaucoup de circonstances. Ainsi
Mathiole dit avoir traité des personnes at-
taquées de fièvres ardentes pour avoir mangé
des fruits d'If ; J. Bauhin , Rai, etc., rap-
portent également des accidents fâcheux
qu'ils attribuent à cet arbre et à ses diverses
parties. A une époque plus récente, des ob-
servations ont été faites à ce sujet avec plus
de soin , et ont démontré l'innocuité de son
ombrage et de ses fruits; cependant il a été
reconnu aussi que le suc retiré de ses feuil-
les et l'extrait qu'on en fait exercent une
action énergique et même vénéneuse, à dose
un peu forte. L'écorce de l'If partage les
propriétés de ses feuilles, quoiqu'à un degré
différent. Plusieurs médecins ont essayé de
tirer parti de l'action de ces parties et même
de la pulpe des fruits , mais les effets qu'ils
en ont obtenus n'ont pas été très avanta-
geux : aussi a-t-on renoncé de nos jours à
leur emploi.
Le bois de l'If est d'un rouge brun, veiné;
c'est le plus dense de nos bois indigènes ,
après le buis; selon Varennes de Fenilles ,
lorsqu'il est vert , il pèse 80 livres 9 onces
par pied cube ; lorsqu'il est sec , il pèse 61
livres 7 onces. Il sèche plus lentement que
tout autre bois. Il est dur, d'un grain très
fin , élastique , et il résiste très longtemps
à l'action destructive de l'air et de l'eau.
Travaillé en meubles , il peut presque ri-
valiser avec le bois d'acajou. Sa couleur se
fonce avec le temps. L'observateur que nous
venons de citer dit que lorsqu'on le scie en
planches minces , pendant qu'il est vert et
qu'on le laisse quelque temps plongé dans
l'eau , il prend une teinte pourpre violette
très prononcée. Toutes les qualités du bois
d'If le font estimer plus que tous les autres
bois indigènes; malheureusement sa rareté
ne permet de l'employer que rarement à
quelques uns des nombreux usages auxquels
il serait si propre. Son principal emploi est.
pour le tour et la tabletterie. On l'emploie
aussi pour des vis , des dents d'engrenage,
des essieux de voitures , etc.
Le développement de l'If est très lent;
on a compté jusqu'à 180 couches annuelles
dans un tronc de 20 pouces de diamètre; il
est par là facile de se faire une idée de l'é-
poque extrêmement reculée à laquelle doi-
vent remonter quelques uns de ces arbres,
22
IGN
dont le tronc a acquis des dimensions colos-
sales ; ainsi , dans la longue liste d'Ifs très
gros dont Loudon donne les dimensions dans
son Arboretum and fruticetwn , vol. IV,
p. 2073 et suiv., nous remarquons ceux de
Buckland , dont l'un a 24 pieds (anglais)
de circonférence à quelques pieds au-dessus
du sol ; de Landlevy-Vaeh , qui a 30 pieds
4 pouces , et surtout celui de Fortingal, en
Ecosse , qui mesure 56 pieds 6 pouces de
circonférence.
L'If commun se multiplie de graines , de
boutures et de marcottes ; mais le premier
de ces moyens de multiplication est le plus
avantageux , les deux autres donnant ordi-
nairement des pieds moins vigoureux et
moins droits. On sème les graines avec la
pulpe qui les entoure , et on les recouvre
légèrement de terre de bruyère. La plupart
lèvent la première année ; mais il en est
aussi qui tardent jusqu'à la seconde et
même la troisième. A la fin de la seconde
année , le jeune plant peut être mis en pé-
pinière ; il est ensuite mis en place à l'âge
de 4 à 6 ans. (P. D.)
IGNAME. Dioscorea, Plum. bot. ph. —
Genre de plantes monocotylédones de la
famille des Dioscorées à laquelle il donne
son nom. Il présente les caractères sui-
vants : Fleurs dioïques formées d'un périan-
the verdâtre dont le tube est adhérent à
l'ovaire et relevé de trois ailes, dont le
limbe présente six divisions profondes; de
six étamines insérées à la base du limbe du
périanthe; d'un ovaire adhérent à trois lo-
ges, dont chacune renferme deux ovules
surmontés de trois styles distincts et de trois
stigmates très peu apparents. Le fruit est
une capsule triangulaire à trois loges, s'ou-
vrant par ses angles saillants.
Les Ignames sont des plantes herbacées
vivacesou sous-frutescentes, à tige volubile,
qui habitent les contrées tropicales et sous-
tropicales de toute la surface du globe ; leur
rhizome devientquelquefois très volumineux;
sa substance est parfois ligneuse, mais plus
habituellement tubéreuse , fournissant une
matière alimentaire précieuse. Les feuilles
de ces plantes sont le plus souvent en cœur
ou hastées, marquées de nervures très pro-
noncées; leurs fleurs, très peu apparentes et
herbacées, sont disposées en épis ou en grap-
pes axillaires.
IGN
Parmi les espèces les plus importantes de
ce genre, nous devons citer en premier lieu
I'Igname ailée, Dioscorea alata Linn., vul-
gairement connue sous la seule dénomina-
tion d'Igname. C'est l'espèce la plus répan-
due et la plus communément cultivée comme
alimentaire. Son rhizome acquiert et dépasse
même le volume de nos betteraves ; il est
noirâtre à l'extérieur, blanc ou rougeâtre à
l'intérieur, de formes diverses, selon les
variétés. Dans certaines circonstances, il at-
teint jusqu'à 1 mètre de longueur, et jus-
qu'à 40 livres de poids. Il est tantôt simple,
tantôt sinueux et contourné, tantôt lobé et
comme digilé. De ce rhizome partent plu-
sieurs tiges grimpantes, longues de 2 mètres
et plus, quadrangulaires et ailées. Les feuil-
les sont opposées, pétiolées, cordiformes,
lisses, à sept nervures. Les fleurs sont pe-
tites, en grappes axillaires vers le sommet
des tiges.
Cette espèce est originaire de l'Inde ,
mais sa culture s'est répandue en Afrique,
dans les îles de la mer des Indes. Son rhi-
zome constitue un aliment sain , d'une
saveur assez douce, mais un peu acre, lors-
qu'elle est crue, qui devient doux et très
nourrissant par la cuisson. Généralement,
il sert à remplacer le pain ; on en fait aussi
diverses préparations alimentaires.
La culture de cette plante est extrême-
ment simple et ressemble entièrement à celle
de la Pomme de terre.
On cultive encore sur divers points du
globe quelques autres espèces d'Ignames,
comme I'Igname du Japon, Dioscorea japo-
nica Thunb. , I'Igname a racine blanche,
Dioscorea eburnea Lour. , qui joue un rôle
assez important comme plante alimentaire
à la Cochinchine. (P. D.)
IGNATIA (nom propre), bot. ph. — Genre
de la famille des Loganiacées-Eustrychnées,
établi par Linné ( Suppl. , 20 ). Arbrisseau
de Manille. Voy. loganiacées.
IGNATTANA, Lour. bot. ph. — Syn.
d'Ignatia, Linn.
*IGl\ITIOX. Ignitio (ignis,[(e\ï). phys. —
L'Ignition peut être définie , une combustion
rapide avec flamme. Ainsi l'on dit tous les
jours , dans les amphithéâtres : tel gaz brûle
ou s'enflamme à l'approche d'un corps en
\ ignition, d'une bougie allumée par exemple;
' les géologues disent que tel volcan est en
IGU
IGU
23
ignition; les physiciens ont leurs météores
ignés : ce sont les étoiles filantes, les globes de
feu, etc. Mais, d'un autre côté, une barre de
Ter chauffée , quelque élevée qu'en soit la
température, est rouge, est incandescente ,
arrive même au point de fusion, mais elle
n'est jamais en ignition, bien qu'elle brûle
réellement ; il n'en est pas de même du zinc,
avec son éclatante flamme blanche.
L'usage apprend, du reste, dans quelles
circonstances il faut employer ce mot, qui
n'a pas de place distincte dans le vocabu-
laire delà science. Voy. combustion, feu,
TEMPÉRATURE. (A. D.)
♦IGNOBLES. Ignobiles. ois.— En terme
de fauconnerie , on donnait ce nom à tous
les Oiseaux de proie qui ne pouvaient être
employés à la haute volerie, soit à cause de
l'imperfection de leur vol , soit parce que
leurs moyens d'attaque, c'est-à-dire leur bec
et leurs serres , avaient une organisation
trop ingrate pour pouvoir dompter et lier
une proie. Ainsi étaient considérés comme
Ignobles les Aigles, les Vautours, les Milans,
les Balbuzards, les Buses et les Buzards.
(Z. G.)
IGUANE. Iguana. rept. — Le genre
Iguane a été formé par Laurenti aux dépens
du grand groupe des Lacerta de Linné.
Longtemps conservées avec de nombreuses
espèces, les Iguanes ont été ensuite parta-
gées avec juste raison en plusieurs groupes
distincts, d'abord par Daudin, qui forma les
genres Agame , Dragon, Basilic, Anolis;
puis par G. Guvier , qui créa le genre Po-
Jychre ; et enfin par Wagler, par MM. Du-
rnëril et Bibron (Erp. gén., IV, 1837), etc.,
qui en établirent près de 50 avec les Iguana,
qui devinrent alors , sous le nom d'Igua-
niens ou d'Eunotes , une famille particu-
lière de Sauriens. Wagler même proposa
de supprimer entièrement du Catalogue
erpétologique le nom générique d'Iguane;
mais MM. Duméril et Bibron le conservè-
rent pour un petit nombre d'espèces , et ils
caractérisent ainsi ce groupe : Un très grand
fanon mince sous le cou ; les plaques cépha-
liques polygones , inégales en diamètre ,
plates et carénées ; un double rang de pe-
tites dents palatines; les dents maxillaires
à bords finement dentelés; une crête sur
le dos ci la queue; les doigts longs , iné-
gaux ; un seul rang de pores fémoraux ;
une queue très longue , grêle, comprimée ,
revêtue de petites écailles égales , imbri-
quées, carénées.
Les Iguanes sont herbivores; M. Bibron
n'a jamais trouvé que des feuilles et des
fleurs dans l'estomac des individus qu'il a
ouverts. Ce sont des Reptiles doués d'une
grande taille ; et leur chair, qui passe pour
fort délicate , est très recherchée sur les
bonnes tables de l'Amérique intertropicale.
On les trouve au Brésil, à Saint-Domingue,
à la Martinique, etc.
Trois espèces entrent seulement dans ce
genre; ce sont :
L'Iguane Lacép., I'Iguane ordinaire Guv.,
Iguana tuberculata Laurenti, Iguana de-
licatissima Daudin, Lacertus americanus
Séba, etc., qui est l'espèce type, et est ca-
ractérisée par les côtés du cou semés de tu-
bercules, et par la grande écaille circulaire
que l'on voit sous le tympan. Sa couleur est
en dessus d'un vert plus ou moins foncé ,
devenant quelquefois bleuâtre, d'autres fois
ardoisé, et en dessous d'un jaune verdâtre ;
les côtés présentent des raies en zigzags
brunes bordées de jaune. Celte espèce
se trouve assez communément dans l'A-
mérique méridionale , aux Antilles, etc.
V Iguana (Hypsilophus) rhinolopha Wieg-
mann (Herp. mex.), qui habite le Mexique
et Saint-Domingue.
L1 Iguana nudicollis Cuv., particulière-
ment remarquable en ce qu'elle ne présente
pas de tubercules sur le cou. Cette espèee
a été trouvée à la Martinique, à la Guade-
loupe et au Brésil. (E. D.)
IGUANIENS. Iguanii. rept. — L'ancien
groupe des Iguanes de Linné étant devenu
très nombreux en espèces, a été partagé en
plusieurs genres distincts et a été élevé an
rang de famille, que G. Cuvier nomme Igua-
niens, et que MM. Duméril et Bibron {Erp.
gén., IV, 1337) indiquent sous la dénomi-
nation d'Eunotes.
Les Iguaniens ont le corps couvert de
lames ou écailles cornées, sans écussons
osseux ni tubercules enchâssés, n'étant pas
disposés par anneaux verticillés ou circu-
lairement entuilés; sans grandes plaques
carrées sous le ventre : le plus souvent ils
ont une crête ou ligne saillante sur le dos
ou sur la queue. Leur tête offre un crâne
non revêtu de grandes plaques polygones.
24
IGU
ILE
Les dents sont tantôt dans une alvéole com-
mune, tantôt soudées au bord libre des os,
mais non enchâssées. La langue, libre à sa
pointe, épaisse, fongueuse ou veloutée,
n'est pas cylindrique et ne présente pas de
fourreau dans lcqjiel elle puisse rentrer. Les
yeux sont garnis de paupières mobiles. Les
doigts sont libres, distincts, tous on-
guiculés.
Ce sont, en général , des Reptiles très
agiles; d'abord parce que tous vivent dans
des climat* dont la température est con-
somment chaude, ensuite parce que tous
ont les membres fort développés , et propres
a supporter le tronc. Quelques uns , par
la forme comprimée et l'excessive longueur
de leur queue, peuvent habiter les savanes
noyées, où cet instrument doit leur servir
de rame ou d'aviron. Leurs ongles cro-
chus leur permettent de grimper facilement
et de poursuivre les petits animaux, qui
deviennent leur nourriture la plus habi-
tuelle, quoique cependant quelques espèces
;>ient une alimentation exclusivement vé-
gétale. Quelques Iguaniens servent en
Amérique pour leur chair , qui est très re-
cherchée.
L'Europe ne présente qu'un seul Igua-
nien, le Stellio vulgaris, qui se trouve aussi
en Afrique et en Asie. Cette dernière partie
du monde compte un assez grand nombre
rie Sauriens de cette famille, mais la plu-
part appartiennent aux Indes orientales.
L'Afrique, outre le Stellion vulgaire et plu-
sieurs Agames , présente encore quelques
Iguaniens. L'Amérique est beaucoup plus
riche que les autres parties du monde, et
nous offre les vrais Iguanes. EnOn peu
d'espèces de ce groupe habitent l'Austra-
lasie, et presque toutes appartiennent au
genre Grammatophore.
Oppel, G. Cuvier, Wagler et quelques
autres zoologistes ont formé un grand nom-
bre de genres dans la famille des Igua-
niens ; MM. Duméril et Bibron , dont
nous suivons la classiûcation , ont admis
quarante-six genres dans cette famille, et
nous allons en donner la liste en terminant
cet article.
La famille des Iguaniens ou Eunotes se
subdivise en deux sous-ramilles : § 1. les
Pleurodontes , comprenant les genres Po-
lychrus, Cuv.; Lœmanctus, Wiegm.; Uros-
trophus , D. et B. ; Norops , Wagler; Ano-
lis, Daud.; Corylhophanes, Boié; Basiliscus,
Laur.; Aloponotus, D. et B. ; Amblyrhyn-
chus, Bell; Iguana, Laur.; Metopoceras,
Wagl.; Cyclura, Harlan ; Brachylophus ,
Cuv.; Euyalius, Wagl.; Ophryœssa, Boié;
Leiosaurus, D. et B.; Uperanodon, D. et B.;
Hypsibatus , Wagl.; Holotropis , D . et B. ;
Proctotretus , D. et B.; Tropidolepis , Cuv.;
Phrynasoma , Wiegmann ; Callisaurus ,
Blainv.; Tropidog aster, D. et B.; Microlo-
phus, D. et B. ; Ecphymotes, Cuv. ; Steno-
cercus, D. et B.; Strobilurus , Wiegm. ;
Trachycyclus , D. et B. ; Oplurus> Cuv. et
Doryphorus , Cuv. — § 2. les Acrodontes,
divisés en : Istiurus , Cuv.; Galoles , Cuv.;
Lophyrus, Dumér.; Lyriocephalus , Merrem;
Otocryptis, Wieg.; Ceratophora, Gray; Si-
tana, Cuv.; Chlamydosaurus, Gray; Draco,
Linné; Leiolepis, Cuv.; Grammatophora ,
Kaup; Agamciy Daud. : Phrynocephalus ,
Kaup; Stellio, Daud.; et Uromastix f
Merrem. (E. D.)
IGUANODON", rept. — Genre de l'ordte
des Dinosauriens établi par Mantell. Voy.
DINOSAURIENS.
IGUANOÏDES. rept.— Syn. d'Iguaniens,
d'après M, de Blainville. (E. D.)
♦IGUANOSAURUS (/o/uana, iguane; Sau-
rus, lézard), rept. — Dénomination appfh
quée par M. Mantell à un groupe de Sau-
riens. (E. D.)
*ILARUS. ins. — Genre de Lépidoptères
nocturnes de la famille des Hadénides ,
créé par M. Boisduval aux dépens des Ere-
mobia de Stephens , et adpoté par MM. Gué-
née et Duponchel.
L'espèce unique qui entre dans ce groupe
a reçu le nom d'Ilarus ochroleuca W. V.;
on la trouve au mois de juillet dans le
centre de la France. (E. D.)
♦ILEOMUS (c'Àt'os, je resserre; <fyoç,
épaule), ins. —Genre de Coléoptères tétramè-
res, famille des Curculionides gonatocères,
division des Érirhinides , établi par SchœR..
herr (Disposit. meth. , p. 220) , qui y rap-
porte quatre espèces : le Curcul. mucoreus
Linn. [rorcus F.), longulus Sch., distinctus
Chcv. et pacalus Sch. Les deux premiers
sont originaires du Brésil , le troisième pro-
vient du Mexique, et le quatrième du Cau-
case. (C.)
ILEX. dot. pu. — Voy. roux.
1LI
ILI
25
ILIA (nom mythologique). cnosT. — Ce
genre , qui appartient à Tordre des Dé-
capodes brachyures, à la famille des Oxys-
tomes , a été établi par Leach aux dépens
des Cancer de Linné et des Leucosia de
Fabricius. Chez ces Crustacés remarquables
par leur forme, la carapace est globuleuse ,
et plutôt renflée que rétrécie vers les ré-
gions hépatiques ; le prolongement anté-
rieur qui se termine sur le front est court,
mais bien distinct et un peu relevé. Le
front est profondément échancré au mi-
lieu , et s'avance sous la forme de deux pe-
tites cornes obtuses au-devant de l'épis-
tome. Le bord orbitaire supérieur présente
en dehors deux fissures plus ou moins dis-
tinctes. Les fossettes antennaires sont très
obliques, mais petites, et leur angle exté-
rieur s'avance beaucoup au-devant des or-
bites. Le cadre buccal est triangulaire, et
séparé des régions ptérygostomiennes par
un bord saillant et droit. Le palpe, ou tige
externe des pattes- mâchoires externes , est
droit, obtus au bout, sans dilatation laté-
rale , et terminé en dehors par un bord à
peu près droit. Les pattes antérieures sont
grêles et très longues ; elles ont environ
deux fois la longueur du corps ; la main se
rétrécit beaucoup vers l'origine de la pince,
et est contournée sur son axe de manière
que la direction de son articulation car-
pienne est toute différente de celle de la
pince : celle-ci , très longue et très grêle ,
est armée de petites dents coniques et très
pointues, séparées de distance en distance
par une dent semblable, mais plus longue.
Les pattes suivantes sont presque cylindri-
ques et assez longues. L'abdomen du mâle
a les deux premiers et les deux derniers
segments libres, et les trois moyens soudés
en une seule pièce. Chez la femelle, le pé-
nultième segment est soudé aux précédents.
Cette coupe générique renferme trois es-
pèces, dont deux sont propres à la Méditer-
ranée , et la troisième aux Antilles. L'Ilia
xoyau , Ilia nucleus Fabr., peut être con-
sidérée comme le type de ce genre. Sur les
côtes de l'Algérie , j'en ai rencontré une
seconde espèce nommée par Roux Ilia rugur-
losa, et qui est assez abondamment répan-
due dans les rades de Bone , d'Alger et
d'Oran. (H. L.)
*ILICINÉES. Ilicineœ. bot. ph.— Famille
t. vu.
de plantes dicotylédones qui a été longtemps
confondue avec celle des Célastrinées. Elle
avait d'abord reçu de De Candolle (Tkéor.
élém.y éd. lr')Ie nom A'Aqui foliacées ; mais,
dans son Mémoire sur la famille des Rham-
nées, M. Ad. Brongniart, tout en traçant
avec précision ses limites et ses caractères, a
changé ce nom en celui (Tllicinées. Ce nom
est emprunté au principal des genres qu'elle
renferme, celui des Ilex, Houx. Elle se com-
pose d'arbres et d'arbrisseaux toujours verts ;
à feuilles alternes ou opposées, simples, le
plus souvent raides et coriaces , glabres et
luisantes, entières ou bordées de dents épi-
neuses, dépourvues de stipules. Leurs fleurs
sont régulières, complètes ou seulement in-
complètes par l'effet d'un avortement, pe-
tites et peu apparentes, blanches ou verdâ-
tres. Le calice des Ilicinées est décrit par la
plupart des botanistes comme formé de 4-6
sépales soudés entre eux, à leur partie infé -
rieure, dans une longueur plus ou moins
considérable ; au contraire, M. Ad. Bron-
gniart regarde sa partie inférieure non di-
visée comme n'étant autre chose que le som-
met élargi du pédoncule; par conséquent,
d'après lui, re calice de ces plantes serait
formé tout entier par les lobes de ce que ,
dans l'autre manière de Yoir, on considère
comme le limbe du calice ; cet organe est
persistant, et sa préfloraison est imbriquée.
La corolle est presque toujours légèrement
gamopétale ou formée de pétales soudés entre
eux à leur base dans une faible longueur,
alterne au calice, en préfloraison imbriquée;
elle s'insère immédiatement sous l'ovaire.
Les étamines sont en même nombre que les
pétales et alternent avec eux; le plus sou-
vent elles s'insèrent à la base de la corolle;
quelquefois aussi elles sont immédiatement
hypogynes ; leur connectif est continu au
filament, et les deux loges sont adnées sur
ses côtés. L'ovaire est charnu, presque glo*
buleux ou tronqué, creusé de 2 à 6-8 loges
uni-ovulées; les ovules sont anatropes, sus-
pendus au sommet de l'angle interne des
loges par un funicule court, dilaté à son
extrémité en une sorte de cupale qui les
embrasse, mais qui ne s'accroît pas après la
fécondation. Le fruit est un drupe bacci-
forme, dans lequel chaque loge forme un
noyau indéhiscent, monosperme. La graine
est renversée, revêtue d*an test membra
26
ILI
JLO
neux; son hile est situe vers le haut de la
loge; l'albumen charnu, blanc, forme la
majeure partie de son volume ; au contraire
'embryon est très petit, situé à l'extrémité
supérieure de l'albumen; ses cotylédons
sont épais , plans , arrondis ; sa radicule est
su père.
Parmi les caractères qui viennent d'être
énumérés, ceux qui ont déterminé la sépa-
ration des Ilicinées d'avec les Célastrinées
sont surtout l'absence du disque, l'union
presque constante des pétales en une corolle
-gamopétale staminifère, la position des ovu-
les dans leur loge et leur isolement constant,
enfin l'organisation du fruit, le petit volume
de l'embryon et la direction de sa radicule.
A.-L. de Jussieu (Gen., p. 383) exprime
l'opinion que les Ilex et les genres voisins
devraient être placés près des Sapotées,
parmi les monopétales; M. Ad. Bronguiart,
dans son Mémoire sur les Rhamnées, se mon-
trait disposé à les placer de la même ma-
nière, ou plutôt à la suite des Ébénacées;
postérieurement il a adopté définitivement
«ette classification , dans son ÉnWnéra-
tion des genres cultivés au Jardin des Plan-
tes de Paris. M. Ad. de Jussieu a aussi
adopté cette manière de voir (Éléments,
§ 825).
Les Ilicinées sont répandues sur presque
toute la surface du globe, mais en quantité
différente dans les diverses contrées et sans
fore très nombreuses nulle part. Elles sont
plus rares dans l'Asie tropicale et en Europe
que partout ailleurs.
Les genres qui composent aujourd'hui
cette famille sont les suivants :
Cassine, Linn.; Ilex, Linn. -.jPnnos, Linn.;
Nemopanlhes, Raf. ; Byronia, Endl.; Villa-
rezia, Ruiz etPav.
A ces genres, on ajoutait VAzima, Lam.,
auquel presque tous les botanistes ont ap-
pliqué mal à propos le nom de Monetia,
proposé par L'Héritier postérieurement au
premier; mais, MM. Wight et Gardner,
ayant récemment étudié ce genre avec soin,
ont reconnu qu'il doit former le type d'une
nouvelle famille à laquelleils donnent le nom
d'AziMAcÉEs, et qu'ils regardent comme in-
termédiaire aux Oléacées et aux Jasminacées.
(Voy. Calcutta Journ. ofnat. hist., n° 21,
avril 1845, ou Revue botanique, 15' livr.,
«845, p. 198.) (P. D.)
*ILlCOIDES , Dumort. bot. ph. — Syn.
de Nemopanlhes, Raf.
ILITHIA. ins. — Voy. ilythia.
*ILL.<ENA ( tÀAafvw , regarder de tra-
vers), ins. — Genre de Coléoptères sub-
pentamères, tétramères deLatreille, famille
des Longicornes , tribu des Lamiaires, créé
par Erichson (Archiv. fur naturg., 1842,
p. 224), qui lui donne pour type une espèce
de la Nouvelle-Hollande, Vl.exilis. (C.)
*ILLÉCÉBRÉES. Illecebreœ. bot. ph. —
Tribu de la famille des Caryophyllées. Voy.
ce mot.
ILLECEBRUM. bot. ph. — Genre de la
famille des Caryophyllées-Illécébrées, établi
par Gaertner fils (III, 36, t. 184). Herbes de
l'Europe et de l'Asie centrale. Voy. caryo-
PHYLLÉES.
*ILLENUS. crust. — M. Murchison (m
Silurian syst., p. 661 ) a employé ce mot
pour désigner un genre de Crustacés fossiles,
que M. Milne-Edwards, dans le tome III de
son Hist. nat. sur ces animaux, rapporte au
genre des Isotelus de M. Dekay. Voy. iso-
tklus. (H. L.)
ILLIACANTHE. polyp. — Donati [Hist.
de la mer Adriatique) indique sous ce nom
une production marine qu'il regarde comme
une plante, et que Lamarck considère comme
un Polypier de la famille des Sertulariées ,
voisins des Aglaophémies. (E. D.)
ILLICIUM. bot. ph. — Voy. badiane.
*ILLIGERA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Gyrocarpées, établi
par Blume (Bijdr., 1153). Arbrisseau de
Java. Voy. gyrocarpées.
*ILLIGÉRÉES. Illigereœ, Blume. bot.
ph. — Syn. de Gyrocarpées.
*ILLOPS (1^6;, louche; w^, regard), ins.
— Genre de Coléoptères pentamères, famille
des Malacodermes, tribu des Mélyrides ,
créé par Erichson (Entomographien, p. 87).
L'espèce type et unique est !'/. corniculatus
de l'auteur. (C.)
ILLOSPORIUM. bot. cr. — Genre de
Champignons gastéromycètes apiosporés ,
établi par Martius (FI. erlang., 325 ) pour
de petits Champignons groupés, rougeâtres,
et la plupart parasites sur les Lichens. Voy.
MYCOLOGIE.
*ILMÉNITE (nom de lieu), min. — Voy.
FER OLIGISTE. (DEL.)
ILOTLS. tolyp. — Montforl ( Conchyl.
IMA
syst., 1808 ) donne ce nom à un Polypier
que l'on rapporte au genre Orbiculina.
Voy. ce mot. (E. D.)
ILVAITE (7/va, nom latin de nie
d'Elbe), min. — Syn. de Liévrite et de Yé-
nite. Voy. liévrite. (Del.)
♦ILYBIUS (îivç, tournant d'eau ; 6io'«, je
vis ). ins. — Genre de Coléoptères pen ta-
nières, famille des Hydrocanthares , établi
par Erichson, et adopté par M. Aube (Species
général des Coléoptères, t. VI, p. 270), qui y
comprend 11 espèces : 7 sont originaires
d'Amérique, et 3 d'Europe; parmi celles-ci
figurent les types : Dytiscus ater et fenestra-
tvs de Fabricius. (C.)
*ILYOGETON(avÇ, bourbe; yvîrtcov, sorte
de ciboule), bot. ph. — Genre de la famille
des Scrophularinées-Gratiolées , établi par
Endlicher (Gen. pi. , 3957, p. 684). Herbes
de la Nouvelle-Hollande tropicale. Voy. scro-
PHULARINÉES.
*JLYSIA(ttuç, bourbe), rept. — M. Hem-
prich, dans Wagler (Syst. amphïb., 1830),
désigne sous ce nom un groupe, formé aux
dépens de l'ancien genre Vipère. Voy. ce
mot. (E. D.)
*ILYTHIA (nom mythologique), ins. —
Genre de Lépidoptères nocturnes , famille
des Pyraliens , tribu des Crambides, établi
par Latreille (Fam. nat.) aux dépens du g.
Crambus. La seule espèce que ce genre ren-
ferme,/. camélia Dup. (C. colonum), a été
trouvée aux environs deParis.
*IM ANTOCERA (ifxaç, courroie, fouet de
cuir; xc'paç, antenne), ins. — Genre de Co-
léoptères subpentamères, tétramères de La-
treille , famille des Longicornes , tribu des
Lamiaires , proposé par Dejean , dans son
Catalogue, pour la Lamia plumosa d'Olivier,
espèce indigène de l'île de Java. (C.)
IMATIDIUMOYiaTé&ov, manteau), ins. —
Genre de Coléoptères subpentamères, tétra-
mères de Latreille, famille des Cycliques,
tribu des Cassidaires, créé par Fabricius, et
adopté par M. Dejean et par nous. Nous y
rapportons six espèces , parmi lesquelles
■ous citerons , comme type , 17. fasciatum,
de Cayenne. (C.)
IMATISMUS ( îuccTtfffioç, habit), ins. —
Genre de Coléoptères hétéromères, famille
des Mélasomes, tribu des Ténébrionites ,
formé par Dejean dans son Catalogue. Six
espèces rentrent dans ce genre ; les types
IMM
27
sont les Helops villosus et fasciculatus ( Slc-
nosis orientalis Herbst.) de Fabr. Le premier
est originaire d'Egypte, et le deuxième ha-
bite les Indes orientales. (C.)
♦IMATOPHYLLUM , Hook. bot. ph. —
Syn. de Clivia, Lin.
IMBERBES. Imberbi. ois. — Sous ce
nom Vieillot a composé, dans son ordre des
Sylvains et dans sa tribu des Zygodactyles,
une famille qui offre pour caractère un
bec arqué ou seulement ccochu à sa pointe
et sans soies à sa base. Les g. Saurothera,
Scythrops, Septosomus, Coccyzus, Cuculus ,
Crotophaga, indicatorel Corydonia entrent
dans cette famille. (Z. G.)
♦IMBRICAIRE. Imbricaria. moll. —
M. Schumacher, dans son Essai d'un*
classification des coquilles , a proposé ce g.
pour celles des Mitres deLamarck qui sont
conoides, et dont les plis columellaires sont
imbriqués. Plus tard, ce genre a été repro-
duit par AI. Swainson sous le nom de Co-
nœlix. Mais, quel que soit ce nom, il ne peut
être adopté dans une classification naturelle.
Voy. mitre. (Desh.)
IMBRICARIA (imbricatus, imbriqué).
bot. ph. — Genre de la famille des Sapota-
cées, établi par Commerson (ex Jussieu gen. ,
152). Arbre lactescent de la Mauritanie.
Voy. sapotacées. — Sm. , syn. deBœckca,
Lion.
IMBRIM. ois. — Espèce du genre Plon-
geon.
IMBRIQUÉ. Imbricaius. zool., bot. — -
On donne ce nom à tous les corps composés
de parties placées en recouvrement les unes
sur les autres , de manière que l'extrémité
de l'une de ces parties cache la base de la
suivante, et ainsi de suite. Ainsi on applique
ce nom en zoologie à certaines écailles de
Poissons , à des antennes d'Insectes , etc. ;
et , en botanique, aux étamines , aux feuil-
les, aux "pépies , aux squames , etc. , qui
offrent cette disposition.
*IM1SIA. moll. — Genre qui nous est
resté inconnu et dont nous trouvons le nom
dans les tableaux zoologiques de M. Renieri.
D'après cet auteur, le genre en question de-
vrait faire partie de la famille des Byssi-
fères de Lamarck. (Desh.)
IMMORTELLE, bot. ph. — Nom vul-
gaire appliqué à quelques espèces de Xeran-
ihemum et d'Helichrysum. Voy. ces mots.
*S
1NA
IMPARIPENNÉE (feuille), bot. — On
donne ce nom à toutes les feuilles dont le
pétiole porte à son sommet une seule fo-
liole.
IMPATIENS, Linn. bot. ph. — Syn. de
Balsarnina, Gaertn.
IMPENNES. Impenni. ois. — Famille
établie par Illigerdans l'ordre des Palmi-
pèdes, pour les dernières espèces de cet or-
dre, dont les ailes, devenues impropres au
vol , ne sont plus pourvues de pennes, mais
sont recouvertes par des plumes écailleuses.
L'ancien g. Aptenodytes est seul compris
dans cette famille. (Z. G.)
IMPERATA. bot. ph. — Genre de la
famille des Graminées-Andropogonées, éta-
bli par Gyrillo {le. rar., Il, t. 11). Gra-
mens croissant sur le littoral de la Médi-
terranée, dans la Sénégambie , dans l'Inde
orientale et l'Amérique australe. Voy. gra-
minées.
IMPERATOR. moll. — Genre inutile
proposé par Montfort pour une très belle
espèce de Troque ombiliqué. Foi/.tkoque.
(Desh.)
IMPERATORIA, Linn., DC., Kock.
bot. ph. — Syn. de Peuccdanum, Linn.
IMPEY. Impeyanus , Less. ois. — Voy.
Lophophore. (Z. G.)
IMPORTUN, ois. — Nom imposé par
Levaillanc à une espèce de Merle. Voy. ce
mot. (Z. G.)
IMPRÉGNATION, zool. — Voy. pro-
pagation.
INACHUS (nom mythologique), cuust.
— Genre de l'ordre des Décapodes bra-
chyures , de la famille des Oxyrhynques ,
bli par Fabricius et adopté par tous les
carcinologistes avec de grandes restrictions
cependant. Les Crustacés qui composent
ce genre tel qu'il est adopté actuellement,
ont la carapace presque triangulaire, guère
plus longue que large, et fortement bos-
selée en dessus. Le rostre est très court ,
avec les yeux se reployant en arrière et
se logeant dans une cavité orbitaire peu
profonde. L'épistome est un peu plus large
que long. Le troisième article des pattes-
mâchoires externes est plus long que large
et a à peu près la forme d'un triangle
dont la base serait tournée en avant. Le
plastron sternal se rétrécit assez brusque-
ment entre les pattes et la première paire,
INC
et sa longueur égale tout-à-fait la plus
grande largeur. Les pattes de la première
paire sont très petites chez les femelles;
chez le mâle, elles sont assez grosses , et
ont quelquefois jusqu'à trois fois la lar-
geur du corps ; les pinces sont toujours poin-
tues et recourbées en dedans. Les pattes
suivantes sont cylindriques, grêles et plus
ou moins filiformes ; celles de la seconde
paire , toujours plus longues que les anté-
rieures, ont trois ou quatre fois la longueur
de la portion sous-frontale de la carapace;
les autres diminuent successivement de lon-
gueur, et toutes se terminent par un arti-
cle cylindrique , très long , pointu et peu ou
point courbé. L'abdomen ne se compose
que de six articles distincts.
Les Inachus sont des Crustacés de petite
taille qui habitent nos côtes océaniques et
méditerranéennes et se tiennent ordinaire-
ment dans des eaux assez profondes ; on en
trouve souvent sur les bancs d'Huîtres si-
tués dans des lieux abrités. Ils ont tout le
corps couvert de duvet et de poils, auxquels
s'attachent souvent des Éponges et des Co-
rallines ; leur couleur est plus ou moins
brunâtre. Parmi les quatre espèces que cette
coupe générique renferme , nous citerons
comme type I'Inachus Scorpion, Inachus
scorpio Fabr. Cette espèce est très répan-
due sur les côtes de la Manche. Pendant
mon séjour dans le nord de l'Afrique , j'ai
rencontré sur les côtes de l'Ouest une cin-
quième espèce appartenant à ce genre et
que j'ai désignée sous le nom d'Inachus mau-
ritaniens. Ce Crustacé est assez abondam-
ment répandu dans la rade de Mers-el-Ke-
bir. (H. L.)
*INCA ou YNCA (nom propre), ins. —
Genre de Coléoptères pentamères , famille
des Lamellicornes , tribu des Scarabéides
mélitophiles , créé par MM. Lepeletier de
Saint-Fargeau et Serville (Encycl. mélh.,
t. X, p. 380), et généralement adopté. Ce
genre renferme 9 espèces de l'Amérique
méridionale et équinoxiale , parmi lesquelles
nous citerons 1'/. clathrata d'Ol. (C.)
INCARVILLiEA. bot. ph. — Genre de
la famille des Bignoniacées, établi par Jus-
sieu {Gen., 138). Herbes de la Chine. Voy.
BIGNONIACÉES.
*INCILARIA,Benson. moll. —Syn. de
Véronicelle de M. de Blainville. (Desh.)
IND
INCISÉ. Incisus. bot. — Se dit de tout
organe présentant quelques découpures plus
profondes que celles auxquelles on donne
le nom de dents.
*INCLINÉES. Inclinatœ. aragh. — Ce
nom désigne, dans le genre des Epeira,
une famille dont les caractères peuvent être
ainsi présentés : Mâchoires allongées, droi-
tes à leur extrémité; lèvre plus haute que
large; corseiet convexe ; abdomen ovale, ar-
rondi ou triangulaire. Huit espèces d\E-
peira appartiennent à cette famille, et tou-
tes se construisent une toile petite, inclinée
ou horizontale. (H. L.)
INCLUSES, bot. — Se dit des étamines
quand elles sont plus courtes que la corolle
et renfermées dans sa cavité.
INCOMBANT. Incumbans. bot.— On dit
des organes floraux qu'ils sont incombants,
quand ils se recouvrent latéralement les
uns les autres. Ainsi les anthères sont in-
combantes quand elles sont attachées par le
milieu, et dressées de manière que leur
moitié inférieure se trouve appliquée contre
le filet, etc.
INCRUSTATIONS, min. —Les eaux de
certaines sources , chargées de matière cal-
caire qu'elles tiennent en dissolution à la
faveur d'un excès d'acide carbonique, la
déposent sur tous les corps qu'elles rencon-
trent, et sur le sol même, par suite du dé-
gagement du gaz ou de l'évaporation qu'elles
éprouvent. De là ces sédiments sous forme
de croûtes qui incrustent le sol (travertins),
ou qui revêtent des cristaux, des corps or-
ganiques dont ils prennent la forme et
i'apparence. On distingue des incrustations
cristallines, et des incrustations compactes
ou terreuses. Il en résulte de fausses pétri-
fications, des formes empruntées de divers
genres , que nous considérerons dans tous
leurs détails au mot pseudomorphoses.
(Del.)
INCUBATION, ois. — Voy. oiseaux.
INDÉHISCENT. Indehiscens. bot. —Se
dit de toute espèce de fruit qui ne s'ouvre
pas naturellement à la maturité.
INDIANITE (nom de pays), min. —
Substance minérale , en masses grenues ,
«le couleur blanche ou rosàtre , qui se
trouve disséminée , avec le Grenat et la
Hornblende, dans une roche feldspathique,
à l'Ile de Ceylan , et au Carnate dans les
JND
2(J
Indes orientales. M. Beudant la considère
comme une Néphéline à base de Chaux ,
tandis que la plupart des autres minéralo-
gistes la placent dans le groupe des espèces
feldspathiques, à côté de l'Anorthite, dont
elle n'est peut-être qu'une variété. (Del.)
INDICATEUR. Indicator (indicator, qui
indique), ois. — Genre de l'ordre des Zygo-
dactyles, très voisin des Coucows , dont il
est un démembrement, et à côté desquels
il prend place dans la même famille. Bien
que Vieillot soit, par le fait, créateur de ce
g., cependant Levaillant l'avait avant lui
parfaitement reconnu et indiqué.
Ses caractères sont les suivants : Bec plus
court que la tête, un peu fléchi en arc,
convexe en dessus , un peu rétréci vers
le bout; mandibule supérieure inclinée à
sa pointe , qui est sans échancrure ; l'in-
férieure retroussée à son extrémité; na-
rines petites, arrondies, à demi couvertes
par les plumes du capislrum; tarses nus ,
annelés ; doigts au nombre de quatre, deux
dirigés en avant et deux en arrière, armés
d'ongles forts, crochus et amincis.
Le nom d'Indicateur qui a été imposé
à l'espèce type de ce g., et par suite à tou-
tes celles qui s'y rapportent, laisse assez
préjuger , ce me semble, que ce nom doit
faire allusion à des habitudes particulières,
à des mœurs exceptionnelles : c'est ce qui
est en effet. La présence des Indicateurs
dans un canton est toujours l'indice de
l'existence dans le voisinage d'un nid d'A-
beilles sauvages : or, comme ces oiseaux se
décèlent par des cris continuels , il en ré-
sulte qu'ils semblent appeler l'homme à
eux, et lui indiquer que là où ils sont, une ré-
colte de miel reste à faire. Ce fait de la pré-
sence des Indicateurs dans les lieux où se
trouvent des ruches a pour cause toute na-
turelle l'appétit bien décidé de ces oiseaux
pour le miel et la cire.
Les Hottentots les ont en grande affec-
tion , les vénèrent même, et ne voient pas
d'un bon œil qu'on leur fasse la chasse.
Cette affection se conçoit aisément, parce
que les Indicateurs sont pour eux, au mi-
lieu des déserts de l'Afrique , leurs plus
utiles auxiliaires pour la découverte du
miel. Les voyageurs qui ont eu l'occasion
d'étudier ces oiseaux rapportent que lors-
qu'un Indicateur se fait entendre, les per-
30
IND
tonnes qui sont à la recherche des nids d'A-
beilles sauvages se dirigent de son côté, et
lui répondent en imitant son cri , qu'aussi-
tôt que l'oiseau les aperçoit, il va se placer
sur l'abre qui renferme une ruche, et que
s'ils tardent à s'y rendre , il redouble ses
cris, vient au-devant d'eux, et parait par
ses mouvements vouloir les faire se hâ-
ter. Pendant qu'on recueille ce que con-
tient la ruche, il se tient dans les envi-
rons, et attend la part qu'on ne manque
jamais de lui laisser. L'existence des Indi-
cateurs est donc très précieuse pour les peu-
ples qui habitent les contrées où on les
trouve.
Levaillant avance, dans son Voyage en
Afrique, que la peau de l'espèce qu'il a ob-
servée est si épaisse , et le tissu si serré,
que, lorsque cette peau est encore fraîche,
on peut à peine la percer avec une épingle.
« Je ne vois là, ajoute-t-il, qu'une admira-
ble précaution de la nature, qui, ayant des-
tiné l'Indicateur à disputer sa subsistance
au plus ingénieux des insectes, lui donna
une enveloppe assez forte pour le mettre
à l'abri de sa piqûre. »
Les Indicateurs se nourrissent de cire ,
de miel et d'insectes. Ils font leurs nids dans
des trous d'arbres et pondent 3 ou 4 œufs
d'un blanc sale. Us ne laissent pas ,
comme les Coucous , à des oiseaux étran-
gers, le soin de faire éclore leurs œufs et de
nourrir leurs petits.
Pendant longtemps on n'a connu que
deux espèces d'Indicateurs, on en admet ac-
tuellement trois; quelques auteurs en re-
connaissent même quatre.
1. Le grand Indicateur, Ind. major Vieill.
{Gai. des Ois., pi. 45). Manteau brun, par-
ties inférieures roux-jaune clair; queue
blanche en dessous, tachée de noir. Bec et
tarses noirs. — Habite le cap de Bonne-
Espérance.
2. Le petit Indicateur , Ind. tninor Cuv.
(Ois. d'Afr., pi. 242). Manteau brun-ver-
dâtre; ailes flammées de roux; parties in-
férieures grses nuancées de verdâtre. —
Habite le cap de Bonne-Espéranee.
3. L'Indicateur a bec blanc, Ind. albiros-
tris Temm. (PL col., 367). Gorge noir-mar-
ron ; joues blanches ; tête brune en dessus.
— Habile le cap de Bonne-Espérance, le Sé-
négal etTÉgypte
IND
4 . M. Lesson décrit encore une espèce qu'il
donne comme douteuse, sous le nom d'iNDi-
cateur varié, Ind. variegatus. Elle a une
partie du plumage maillé et varié de flammè-
ches blanches sur un fond brun et jaunâtre;
le ventre et le bas -ventre jaunâtres. —
Habite l'Afrique. (Z. G.)
*INDICATORÏNÉES. Indicalorinœ . ois.
— Tel est, dans le List of the gênera de
G.-R. Gray, le titre d'une sous-division de
la famille des Coucous ( Cuculidccs) , sous-
division qui ne comprend jusqu'ici que le
g. Indicateur. (Z. G.)
INDICOLITIIE (c'est-à-dire pierre cou-
leur d'Indigo), min. — Variété bleue de
Tourmaline. Voy. tourmaline. (Del.)
INDIGENE. Iudigenus. zool., bot. —
On nomme ainsi les productions animales
ou végétales propres au pays qu'elles ha-
bitent.
INDIGO. Indicum ( indicus , de l'Inde).
bot. et chim. — L'Indigo est une matière
colorante bleue fournie principalement par
l'Indigotier. Voy. ce mot.
Quelques autres plantes en contiennent
aussi, telles sont : la Nerium tinctorium ,
VIsatis tinctoria ( pastel ) et le Polygonum
tinctorium, dont la culture a été intro-
duite en France depuis quelques années.
Enfin M. Calverta constaté tout récemment,
par des caractères positifs, la présence de
l'Indigo dans quelques Orchidées des genres
Limodorum , Phajus , Blelia {Journal de
Pharmacie, 3e série, t. VI).
L'Indigo se présente en morceaux quel-
quefois irréguliers , d'autres fois cubiques
ou plats , de nuances variant entre le bleu
violet, le bleu clair et le bleu noirâtre. Il
est léger, friable, sans saveur, mou* hap-
pant à la langue en raison de sa sécheresse
et de sa porosité. Légèrement odorant, il le
devient davantage quand on le chauffe.
Frotté avec l'ongle , il prend une teinte
cuivrée.
Inaltérable à l'air, insoluble dans l'eau,
un peu soluble dans l'alcool bouillant, l'In-
digo se dissout dans l'acide sulfurique con-
centré, et surtout dans l'acide sulfurique
fumant de Nordhausen. Le solutum, d'une
belle couleur bleue , est connue sous les
noms de bleu de Saxe, bleu de composition f
bleu en liqueur, etc. Étudié par Berzélius,
ce solutum a été considéré comme fonnéde
TND
deux acides ( sulfo-indigotique et hyposulfo-
indi gotique ) , résultant de la combinaison
des acides sulfurique et hyposulfurique
avec VIndigotine, principe colorant de l'In-
digo. Le professeur Dumas, après de nou-
velles expériences , a conclu à l'existence
d'un seul acide composé d'un atome d'in-
digotine et de deux atomes d'acide sulfu-
rique, et qu'il a nommé acide sulfindy-
lique.
L'acide azotique décompose l'Indigo à
chaud, et donne lieu à une matière jaune,
amère, et à un acide particulier, acide in-
digotique.
Soumis à l'action d'une forte chaleur,
l'Indigo répand des vapeurs pourpres qui se
condensent sur les corps froids , en petites
aiguilles brillantes d'un bleu pourpré. Ces
aiguilles constituent VIndigotine, principe
colorant pur de l'Indigo, dont nous avons
déjà parlé, et qui jouit au plus haut degré
de toutes les propriétés du corps dont on
l'extrait. La quantité d'Indigotine varie dans
les différentes espèces d'Indigo; elle entre
pour 45/100 dans la composition de l'In-
digo flore , regardé comme le plus riche de
tous; les 55/100 restant sont, suivant
M. Chevreul , un mélange d'Indigo dé-
soxydé, de matière verte et de gomme-ré-
sine rouge, d'ammoniaque, de carbonate
<!e chaux, d'alumine, de silice et d'oxyde
de fer.
Mis en contact avec les alcalis et un corps
«vide d'oxygène, tel que le proto-sulfate de
1er, ou les sulfures alcalins, l'Indigo perd
une partie de son oxygène et se transforme
eu une matière jaune soluble dans l'eau ; le
«olutum redevient bleu par son exposition
à l'air, dont il absorbe l'Oxygène. C'est en
rendant ainsi l'Indigo soluble que l'art de
la teinture a su le fixer solidement sur les
tissus de laine.
L'Indigo pur, ou pour mieux dire l'In-
«Jigotine, est formée de Carbone 73,0, Hy-
drogène 4,0, Azote 10,8, Oxygène 12,2. Sa
Tormule , d'après le professeur Dumas ,
= C'cHloAz>0\
L'Indigo ne présentait d'hnportance que
par son emploi en teinture, lorsque, dans ces
derniers temps, quelques praticiens le fi-
rent entrer dans la matière médicale. S'il
eût fallu en croire les résultats annoncés,
l'Indigo aurait dû prendre rang parmi les
mu
31
agents thérapeutiques les plus précieux ,
puisqu'il guérissait , disait-on , l'une des
plus cruelles maladies qui affligent l'huma-
nité, VÉpilepsie. Malheureusement, quand
on en vint à des expériences sérieuses , il y
eut bien du mécompte, et c'est à peine si
les malades soumis à l'action du nouveau
médicament éprouvèrent quelque diminu-
tion dans le nombre ou dans la durée des 1
attaques. (A. D.) \L
INDIGOTIER. Indigofera y Linn. bot.
pu. — Grand genre de la famille des Papi-
lionacées , de la tribu des Lotées. De Can-
dolle (Prodromus, t. II, p. 221) en dé-
crit 120 espèces, et les travaux postérieurs
au Prodrome ont à peu près doublé ce nom-
bre. Les plantes qui le composent sont her-
bacées , sous-frutescentes ou frutescentes.
Le plus souvent elles sont revêtues de poils
en navette. Leurs feuilles sont pennées avec
foliole impaire, presque toujours à folioles
nombreuses, mais aussi, dans quelques cas,
réduites à la seule foliole impaire. Ces
feuilles tont accompagnées de stipules
adhérentes au pétiole, et, le plus souvent,
de slipelles. Les fleurs sont portées sur des
pédoncules axillaires et en nombre variable.
Elles présentent : un calice à cinq dents ou
à cinq divisions presque égales ; une corolle
papilionacée dont l'étendard est presque ar-
rondi et réfléchi, dont la carène porte , de
chaque côté , une bosselure ou une sorte
d'éperon , et égale les ailes en longueur.
L'ovaire est presque sessile, allongé, ren-
fermant de deux à plusieurs ovules. Le lé-
gume qui lui succède est arrondi ou qua-
drangulaire , droit ou courbé , polysperme
et quelquefois aussi monosperme par avor-
tement, généralement pendant. Les graines
sont tronquées aux deux extrémités , sépa-
rées l'une de l'autre par une portion mem-
braneuse du légume. Ces plantes crois-
sent dans les parties tropicales et sous-
tropicales de presque toute la surface du
globe.
Sur le grand nombre d'espèces que ren-
ferme le genre Indigotier, il n'en est guère
que 4 ou 5 que l'on cultive en grand pour
en obtenir l'Indigo. Ces espèces sont les sui-
vantes, qui appartiennent toutes à la sec-
tion du genre désigné sous le nom de Mul-
tijugœ dans le Prodromus.
1 . Indigotier bâtard , Indigofera Anil
32
IND
ijnd
Lin. Cette espèce forme un arbrisseau de 8
à 10 décimètres de haut. Elle est originaire
des Indes orientales; mais sa culture a été
assez étendue dans l'Amérique intertropi-
cale pour qu'elle s'y soit naturalisée. Sa tige
est sous - frutescente , dressée, assez ra-
meuse, à rameaux dressés et effilés, d'un
vert glauque et comme pulvérulents. Ses
feuilles, pennées avec impaire, ont de trois
à sept paires de folioles ovales , allongées ,
obtuses au sommet et souvent mucronées,
légèrement pubescentes à leur surface infé-
rieure. Les stipules sont subulées. Les fleurs
sont d'une teinte rouge mêlée de vert;
elles forment des grappes axillaires , beau-
coup plus courtes que les feuilles. Les lé-
gumes sont comprimés, non toruleux, re-
courbés en faucille , longs d'environ 15 à
20 millimètres ; leurs deux sutures sont
marquées par une callosité saillante en
bande longitudinale : ils renferment cinq ou
six graines anguleuses et brunâtres.
De Candolle indique trois variétés de cette
espèce, qu'il nomme: la lre oligophylla, la
2' polyphylla , la 3e orthocarpa. .
2. Indigotier franc , Indigofera tinctoria
Lin. Cette espèce paraît être, comme la pré-
cédente, originaire de l'Inde; mais elle se
trouve aussi dans l'Afrique équatoriale , à
Madagascar, à Maurice et à Bourbon. On
croit qu'elle a été introduite dans ces deux
dernières îles, où elle est cultivée. Elle rap-
pelle par son port l'espèce précédente ; sa
tige est de même sous-frutescente, droite ;
ses feuilles présentent quatre ou six paires
de folioles obovales , obtuses , un peu en
coin, glabres supérieurement , légèrement
pubescentes inférieurement. Ses stipules
sont subulées et caduques. Les fleurs sont
un peu plus grandes que celles de la précé-
dente, réunies de même en grappes axil-
' laires, plus courtes que les feuilles. Les lé-
gumes sont presque arrondis , toruleux, ar-
qués, longs d'environ 3 centimètres ou un
peu plus : ils renferment ordinairement de
dix à quinze graines brunâtres.
De Candolle en distingue deux variétés :
1" macrocarpa ; 2« brachycarpa.
3. Indigotier argenté, Indigofera argen-
tea Lin. Cette espèce croît en Egypte, où sa
culture a beaucoup d'importance , en Ara-
bie et dans quelques parties de l'Inde. C'est
un arbuste qui ne s'élève le plus souvent
qu'à 7-8 décimètres ; sa tige et ses rameaux
sont revêtus d'an duvet soyeux et blanc;
ses feuilles n'ont que trois ou cinq folioles
obovales, très obtuses, plus larges que che?
les deux espèces précédentes , couvertes sur
leurs deux faces d'un duvet soyeux et blanc,
couché. Ses fleurs sont fort petites, dispo-
sées en grappes axillaires beaucoup plus
courtes que les feuilles. Les légumes son»
pendants, peu comprimés, toruleux, coton-
neux ; ils renferment deux ou quatre graines
plus grosses que chez les espèces précé-
dentes.
4. Indigotier de la Caroline , Indigofera
Caroli7iianaWâ\ter. Cette espèce croît spon-
tanément dans la Caroline ; de plus , elle y
est cultivée en grand pour l'Indigo qu'on en
retire. Elle ne s'élève guère qu'à 5-6 déci-
mètres. Ses feuilles sont composées de neuf
à treize folioles obovales ou presque en coin,
très obtuses , glauques , et très légèrement
pubescentes sur leurs deux faces. Les fleurs
sont en grappes plus longues que les feuilles ;
les légumes sont courts, globuleux, pointus
aux deux bouts, à une ou deux graines.
5. M. Perrottet {Art de l'Indigotier, in-8,
Paris, 1842) décrit sous le nom d'iNDiGO-
tier de la Jamaïque, Indigofera jamaicensis
Perrot. , une espèce qu'il pense avoir été
introduite à la Jamaïque, et qui est cultivée
dans cette île. C'est un arbrisseau qui s'élève
à environ 1 mètre 1/2 ou même un peu au-
delà, dont les branches sont anguleuses, qui
est blanchâtre dans toutes ses parties. Ses
feuilles ont de cinq à sept paires de folioles
ovales-allongées, à duvet ras et blanc , ap-
pliqué sur les deux surfaces. Les fleurs sont
petites , rosées ou rouge pâle , en grappes
serrées, plus courtes que les feuilles. Les
légumes sont courts, non toruleux, renfer-
mant 4-5 graines brunes.
La culture des Indigotiers et l'extraction
de la précieuse matière tinctoriale qu'ils
fournissent constituent un art important,
qui, comme ttus les autres, a subi, surtout
depuis quelques années , des perfectionne-
! mente successifs et d'autant plus impor-
tants qu'ils sont devenus la source de bé-
néfices considérables , et que tout en amé-
liorant les qualités de l'Indigo commercial,
1 ils ont contribué à en diminuer le prix.
Aujourd'hui la culture des Indigotiers serait
sans profit , et même onéreuse à ceux qui
IND
1ND
33
mettraient uniquement en pratique les pro-
cédés qui étaient généralement en usage il
y a Yingt-cinq ans. il est donc important de
donner ici un exposé abrégé, mais suffisant,
des principes de la culture des Indigotiers,
et de l'extraction de l'Indigo conformément
aux traités les plus récents et les plus esti-
més. A cet égard, nous ne croyons pouvoir
mieux faire que de puiser nos renseigne-
ments dans l'excellent ouvrage déjà cité de
M. Perrottet, que ses études spéciales et ses
observations pratiques dans l'Inde et au
Sénégal ont mis à même plus que personne
d'écrire un résumé complet de la matière.
La culture des Indigotiers n'a réussi jus-
qu'à ce jour que dans les contrées intertro-
picales ou sous-tropicales ; des essais ont été
tentés à diverses époques à Malte , par les
Arabes; en France, en Allemagne, et parti-
culièrement en Italie, dans le courant du
siècle dernier, par le pèreArduino, parZuc-
cagni , etc. Mais ces essais ont seulement
démontré l'impossibilité d'établir avec suc-
cès cette culture dans nos contrées. L'In-
digo obtenu dans quelques unes de ces ex-
périences était de qualité passable ; mais
sa quantité était trop faible, proportionnel-
lement aux feuilles employées , pour ne pas
amener des pertes considérables. Il est donc
nécessaire de réserver cette culture pour les
parties chaudes du globe, dans lesquelles
même elle n'est d'un avantage incon-
testable que lorsqu'elle est faite sur une
grande tichelle.
Le premier soin qu'exige cette cullure en
grand consiste dans le choix d'un terrain
uni , sans pente prononcée et peu acci-
denté; sans cela, les pluies diluviennes de
ces contrées chaudes entraîneraient les grai-
nes dans les parties basses en laissant à nu
les éminences et les parties inclinées. La
terre destinée à recevoir les Indigotiers doit
être d'une composition aussi homogène qu'il
est possible, légère, peu argileuse, riche en
humus et d'une couleur brunâtre. Les terres
compactes sont très désavantageuses; les
plantes s'y développent parfois assez bien,
mais elles contiennent de faibles propor-
tions de «matière colorante; au reste, la
teinte de leur vert accuse extérieurement
ces différences. Les sols sablonneux , blan-
châtres , doivent également être laissés de
côté , tandis que ceux de couleur ferrugi-
T VU.
neuse ou brunâtre donnent généralement
de bons résultats. Comme pour obtenir des
produits de quelque importance, on est
obligé de consacrer à la culture des Indigo-
tiers une grande étendue de terrain , il est
impossible de faire usage d'engrais, si ce
n'est quelquefois dans le voisinage immédiat
des usines; il a été reconnu cependant que
les engrais produisent de très bons effets non
seulement sur la vigueur et la rapidité du
développement de la plante elle-même,
mais encore sur l'abondance du produit
qu'elle donne.
La terre destinée à être ensemencée doit
recevoir d'abord de bons labours aussi pro-
fonds qu'il est possible, et qui, dans tous
les cas, doivent pénétrer à 3 décimètres
au moins de profondeur. Si la terre est
encore neuve, on donne au moins trois de
ces labours renouvelés de trois en trois mois,
et en sens croisé. Les graines à semer doi-
vent être choisies avec soin parmi les plus
mûres, les plus nouvelles et les mieux nour-
ries; les meilleures sont celles qui ont été
recueillies la même année sur des pieds vi-
goureux et en bon état. Celles de deux et
même trois ans ont besoin d'être légèrement
triturées dans un mortier, avec un peu de
sable, de brique pilée ou de charbon , pour
détacher ou rompre leur test crustacé. Après
cette opération, elles lèvent très bien. Pour
faire sortir ces graines des fragments de lé-
gumes qui les renferment, on se sert d'un
mortier et d'un pilon, sans que, grâce à
leur finesse, à la dureté et à la surface unie
et luisante de leur test, elles soient écra-
sées , si ce n'est en très petit nombre. Ainsi
dégagées, les graines sont nettoyées et iso-
lées par le van ou de toute autre manière.
Les semis se font de diverses manières;
mais le plus avantageux, selon M. Perrottet,
comme aussi le plus simple et le plus éco-
nomique de tous, est celui à la volée. Un
arpent de bon terrain , bien ensemencé par
cette méthode , n'exige guère que six ou sept
demi-kilogrammes de graines; plusieurs
des autres méthodes employées ordinaire-
ment obligent à dépasser notablement cette
quantité. L'époque qu'on choisit pour semex
les Indigotiers est celle de l'approche des
pluies: cependant, sur, la côte de Coroman-
del , on ne sème qu'après les pluies , en
décembre et en janvier, parce qu'on a cru
34
IND
mu
remarquer que l'extrême abondance d'hu-
midité pourrit parfois les graines.
Dès que le plant a atteint une hauteur
de 9 ou 10 centimètres et que les mau-
vaises herbes qui y sont entremêlées ont
crû assez pour pouvoir être arrachées avec
leur racine, ce qui a lieu dix ou douze jours
après le semis, on opère un premier sarclage
avec de grandes précautions, pour ne pas
faire soufTrir les jeunes plantes. Plus tard
on répète ces sarclages , qu'il est très bon
d'accompagner de binages dès que les her-
bes ont déjà envahi la plantation. Conduits
de cette manière , et lorsque le temps leur
est favorable, les Indigotiers acquièrent
généralement en trois mois un développe-
ment suffisant pour qu'on puisse en faire la
récolte. Le moment delà récolte est déter-
miné par celui où le principe colorant est le
plus abondant dans la plante : c'est celui où
les fleurs commencent à se développer. Plus
tard, et lorsque le fruit est formé , la quan-
tité de matière colorante diminue, de telle
sorte que chaque jour de retard amène une
perte évidente.
La récolte des Indigotiers se fait en les
coupant au pied , le plus près de terre qu'il
est possible, avec de bonnes serpettes. Ce
travail étant assez pénible , on y emploie
ics ouvriers les plus forts ; tandis que d'au-
tres , marchant après eux, ramassent les
plantes à mesure qu'elles sont coupées, et
les réunissent par gerbes qu'on transporte
sans retard à l'Indigoterie, et qu'on délie dès j
qu'elles y sont rendues, pour opérer aussitôt
sur elles. Immédiatement après cette pre-
mière récolte, on donne à la terre un binage
profond ; un mois ou six semaines après, on
fait une seconde récolte; plus tard encore
on en obtient une troisième; mais ces deux
dernières sont généralement pauvres en
Indigo. Dans tous les cas, la coupe des
plantes doit se faire le plus promptement
possible. Quoique les Indigotiers soient vi-
vaces, on trouve de l'avantage à les semer
chaque année.
Voici maintenant les procédés employés
pour extraire l'Indigo de ces plantes. Ces
procédés sont de deux sortes. Dans l'un on
opère seulement sur la feuille sèche : il
n'est employé que dans l'Inde et en Egypte ;
il est, du reste, plus dispendieux, au point de
diminuer beaucoup ou même d'annihiler
les bénéfices de l'exploitation : aussi M. Per
rottet pense-t-il qu'on ne doit y avoir re-
cours que lorsqu'on ne peut faire autre-
ment, par exemple quand on n'a que peu
de plantes ou qu'elles sont en trop mauvais
état pour pouvoir être traitées par le second
procédé. Celui-ci consiste à opérer sur la
feuille verte : c'est celui qu'on emploie gé-
néralement et qui paraît opérer l'extraction
du principe colorant avec le plus d'avantage;
c'est aussi celui dont nous allons donner
la description abrégée.
Une indigoterie destinée à opérer sur une
grande échelle doit toujours être bâtie le
long d'une rivière ou d'un ruisseau. Elle
se compose d'un ou plusieurs jeux de cuve,
suivant l'importance de l'exploitation. Cha-
que jeu de cuve consiste en diverses par-
ties ; 1° un grand bassin ou réservoir des-
tiné à contenir l'eau nécessaire pour l'opé-
ration , construit en forte maçonnerie, de
forme ronde ou carrée à angles arrondis;
ce bassin est muni d'une première ouver-
ture ■, ou d'un canal à décanter, percé à en-
viron 650 millimètres du fond ; une seconde
ouverture est percée au niveau du fond, afin
de permettre le nettoyage ; 2" une cuve-
Irempoire , second bassin également en ma-
çonnerie, moins grand que le premier,
adossé au mur de celui-ci, qui porte le canal
de décharge , présentant, en surface carrée,
de 5 1?2 à 8 mètres, sur 1 mètre au plus de
profondeur, percé à son fond de deux ou-
vertures à décanter ; 3° par ces ouvertures,
le liquide se déverse dans la batterie, autre
bassin semblable à la trempoire et à peu
près de mêmes dimensions ; la batterie pré-
tente dans son mur inférieur, au niveau du
fond, une plaque de pierre ou de métal
percée de trous superposés, servant à l'écou-
lement de l'eau à mesure qu'elle se dépouille
de l'Indigo qui se dépose; de plus, à côté de
cette plaque et au niveau du fond, est percé
un trou rond, d'environ 108 millimètres
de diamèirc par lequel l'Indigo passe dans
le diablotin; 4° celui-ci est une cuve, de
forme ronde ou carrée indifféremment, or-
dinairement construite dans le sol , immé-
diatement sous la batterie, dont le fond est
plus incliné que dans les trois premières
cuves , et qui présente comme la batterie,
au niveau du fond , une plaque trouée , et
de plus une ouverture pour la vider et la
IND
1ND
35
nettoyer entièrement; 5° une chaudière
d'environ un demi-mètre en tous sens, for-
mée d'une plaque de cuivre enchâssée par
ses bords dans des côtés en maçonnerie ;
elle présente sur une de ses faces , dans
toute sa hauteur, une série de robinets su-
perposés , dont le dernier est au niveau du
fond; 6° immédiatement au-dessous de
celui-ci se trouve la caisse à filtrer ou le
refroidissoir. On nomme ainsi un bassin en
maçonnerie de 4-5 mètres de long , sur près
de 2 mètres de large et environ 75 centi-
mètres de profondeur; son fond est concave
pour l'écoulement du liquide ; 7° enfin, à
l'extrémité inférieure du refroidissoir est
construit un petit bassin rond et conique,
profond de 65 centimètres sur environ 50 de
diamètre.
Voici maintenant la marche de l'opéra-
tiou.
Dès que les Indigotiers ont été coupés, on
les dispose par couches minces, superposées
et un peu inclinées dans lacuve-trempoire;
cette disposition a pour but de rendre la ma-
cération des plantes régulière et de permet-
tre l'écoulement de l'eau dans laquelle elles
ont macéré. La trempoire étant remplie, on
presse fortement la masse avec des perches
et avec trois gros madriers retenus par des
boulons ; on ouvre alors le réservoir, où l'eau
a dû séjourner au moins vingt-quatre heures,
et on couvre les plantes d'environ 8 centimè-
tres de liquide. La macération commence à
manifester ses effets après six ou huit heures ;
elle est terminée lorsque l'eau a contracté
une âpreté qui se fait sentir à la langue, au
palais et jusqu'au larynx, et qu'elle s'est co-
lorée en vert. Il faut sur-le-champ la décan-
ter. En un quart d'heure ou vingt minutes,
cette eau a pu s'écouler dans la batterie, et
aussitôt après, on commence à la battre. Le
battage a pour effet d'amener le dégagement
de l'acide carbonique du liquide, et en même
temps de faciliter l'action de l'oxygène sur le
principe colorant et son oxydation qui déter-
mine sa précipitation. La durée de cette opé-
ration est déterminée par la coloration de
l'eau en bleu foncé; des signes, que la pra-
tique a appris à connaître, permettent delà
terminer au moment précis. On l'opère au
moyen de sortes de battes de sapin, qu'on
agite vivement et en tous sens dans le liquide;
ce travail dure d'une heure et demie à deux
heures au plus. Généralement, on ajoute
alors de l'eau de chaux bien filtrée, afin de
hâter la précipitation de l'Indigo ; et, ces deux
liquides ayant été bien mêlés, on laisse le
tout en repos jusqu'à ce que le dépôt se soit
opéré. Alors on ouvre, pour enlever l'eau,
d'abord le trou supérieur de la plaque per-
cée, mentionnée plus haut, puis le deuxième,
le troisième, etc., jusqu'au dernier, situé un
peu au-dessus du fond, qu'on n'ouvre qu'à
moitié avec les plus grandes précautions. Le
restant du liquide avec le dépôt passe alors
dans le diablotin, où le tout est reçu sur un
grand filtre. L'Indigo reste sur le filtre à
l'état de pâte; on le porte auprès de la chau-
dière, et on le délaie dans de l'eau très lim-
pide. Le tout est jeté dans la chaudière en
passant à travers un filtre qui retient les
corps étrangers mêlés précédemment à la
pâte. Le liquide filtré n'est plus que de l'eau
tenant en suspension l'Indigo. On le fait
bouillir en l'agitant sans cesse pendant deux
heures ; après quoi on retire le feu et on
laisse reposer. Après trois quarts d'heure au
plus, la précipitation de l'Indigo s'est opé-
rée suffisamment pour qu'en décante l'eau
qui surnage, en ouvrant successivement les
robinets, à partir du plus haut. Lorsqu'il ne
reste plus que peu d'eau avec le dépôt d'In-
digo au fond de la chaudière, on ouvre le
robinet inférieur pour faire écouler dans !e
refroidissoir à travers un filtre de canevas,
qui débarrasse encore l'Indigo des corps
étrangers mêlés avec lui. L'eau, qui passe
chargée d'Indigo, se rend dans le petit bas-
sin rond inférieur; elle est reversée sur le
filtre jusqu'à ce qu'elle coule claire et inco-
lore, ce qui a lieu après un quart d'heure
environ. L'Indigo est alors resté sur le filtre
en totalité à l'état pâteux; il reste à l'intro-
duire dans un caisson à parois mobiles,
percé de trous, muni intérieurement d'une
toile bleue dont on fait une enveloppe com-
plète à la pâte; après quoi on fait agir une
presse qui exprime l'eau, et l'on obtient ainsi
une sorte de tourteau qu'on divise en ta-
blettes de 81 millimètres cubes environ, qui
sont versées dans le commerce après avoir
été desséchées.
Dans le commerce on distingue un grand
nombre de qualités d'Indigo qui reçoivent
des noms divers d'après leur provenance et
d'après leur nuance. Celui qui nous vient
36 IND
de l'Inde est nommé Indigo du Bengale :
c'est le plus estimé de tous ; de Coroman-
del, de Madras, de Manille, etc. Parmi ceux
qui nous arrivent d'Amérique, celui qu'on
classe au premier rang est l'Indigo flor ou
de Guatemala ; puis viennent ceux du Pérou,
de Saint-Domingue , Caraque , de la Loui-
siane; enfin l'on obtient encore de l'Indigo
en Egypte. (P. Duchartre.)
INDRI. Lichanotus (XcXavôç, doigt in-
dex), mam. — Les Indris sont une espèce
fort curieuse de Mammifère qu'on ne
trouve qu'à Madagascar. Ils appartiennent
à la famille des Lémuriens, et associent aux
caractères de ces animaux diverses particu-
larités qui rappellent les Orangs et les
Chimpanzés ou les Gibbons ; et l'on pourrait
admettre que malgré leur organisation, bien
inférieure à celle de ces derniers, ils les re-
présentent à Madagascar, et qu'ils sont
dans ce pays les premiers des Quadruma-
nes , comme chacun de ceux-ci l'est en
Afrique ou dans l'Inde. Parmi les carac-
tères qui nous semblent révéler dans les
Indris un groupe de Lémuriens supérieur
aux autres, nous pouvons signaler le nom-
bre de leurs molaires, qui est de vingt,
l'absence de l'os métacarpien intermédiaire
qui existe dans les autres Quadrumanes ,
gauf dans le Chimpanzé et l'Orang; enfin
la grande brièveté de la queue. 11 est vrai
que ce dernier caractère n'est pas constant
chez tous les animaux du genre Indri que
l'on connaît aujourd'hui, et que les deux
espèces qui s'y rapportent, avec l'Indri de
Sonnerat, ont au contraire la queue pres-
que aussi longue que celle des vrais Makis.
Des trois espèces connues du genre Indri,
deux le sont depuis la fin du siècle der-
nier, et il en est question dans le voyageur
Sonnerat; la troisième a été découverte
il y a une quinzaine d'années. C'est à feu
M. Bennett , de la Société zoologique de
Londres, qu'on en doit la première descrip-
tion. Ces trois animaux sont également de
Madagascar, pays si remarquable par la
nature toute particulière de ses produc-
tions mammalogiques. Les naturalistes ac-
tuels en font trois genres distincts , qu'ils
nomment Indris , pour l'espèce a courte
queue; Avahis, pour celle à longue queue,
dont il est question dans Sonnerat ; et
Propithecus , pour celle dont a parlé Ben-
IND
nctt : ces trois espèces ont néanmoins quel-
ques caractères communs ; et si l'on ne veut
plus les laisser dans le même genre, ce qui
serait peut-être meilleur, il n'en faut pas
moins en faire une coupe particulière de la
famille des Lémuriens.
Les Lichanotus des trois espèces se dis-
tinguent des autres Lémuriens par deux par-
ticularités assez importantes tirées du sys-
tème dentaire et du squelette. Ils n'ont
que cinq paires de molaires au lieu de six,
et deux paires de dents déclives et pectini-
formes à la mâchoire inférieure au lieu de
six , ce qui leur donne pour formule den-
taire £ incisives , f canines et { molaires.
Leur dentition de lait est également par-
ticulière. Les Lichanotus manquent, ainsi
que nous l'avons déjà dit, du métacarpien
intermédiaire de la plupart des Quadru-
manes , et des autres Lémuriens en parti-
culier. Ce sont des animaux insectivores et
frugivores qui sont crépusculaires, et qui
vivent dans les lieux boisés. On assure
qu'ils ne manquent pas d'intelligence, et
quelques auteurs rapportent même que
l'espèce à queue courte est employée à la
chasse dans quelques cantons de la grande
île qu'elle habite.
En 1795, dans leur travail commun sur
la classification des Mammifères , E. Geof-
froy et G. Cuvier ont indiqué les Indris
comme genre en leur donnant le nom latin
d'Indris. Illiger a remplacé ce nom en 1811
par celui de Lichanotus, que l'on a souvent
préféré, parce qu'il permet de conserver
avantageusement au mot Indri la valeur
spécifique qu'il avait d'abord. C'est aussi
ce nom d'Indris que plusieurs naturalistes
réservent au sous-genre qui comprend l'es-
pèce à queue courte, ainsi que nous allons
le dire en faisant l'énumération de ces
sous-genres.
1er sous-genre. INDRI. Indris, E. Geoff.
et Cuvier (Lichanotus, Illig., Prodromus ,
p. 72 ; Oranmaque , Pilhelemur , Less. ,
Species des Mammifères , 1840).
Museau assez allongé ; queue très courte ;
membres de derrière plus longs que les
antérieurs.
Lichanote indri, Lichanotus indri. C'est
le Lemur indri de Gmelin , Y Indris brevi-
caudatus E. Geoff. , et 17. niger d'Aude-
bert. Debout , il a trois pieds ; son pe-
IND
âge est doui , fourni , et en grande par-
tie noirâtre; il a du blanc à la figure, et
du brun roussâtre sur les flancs ; la queue
n'a pas plus d'un pouce de long. L'espèce
a été pendant longtemps fort rare ; mais on
en a reçu quelques peaux bien préparées
et quelques squelettes dans ces dernières
années. M. de Blainville a décrit et repré-
senté ce squelette et la dentition du même
animal dans son ouvrage sur YOste'ographie
( fascicule des Lémurs).
2e sous-genre. AVAHI. Avahis , Jour-
dan (1834, Journ. l'Institut, p. 231 ; Ha-
brocebus, Wagner; Semnocebus , Lesson ,
Species des Mammifères , p, 209, 1840).
L'espèce pour laquelle M. Jourdan, pro-
fesseur à la Faculté des sciences de Lyon ,
a établi cette coupe générique, est connue
depuis Sonnerat (Voyage aux Indes orien-
tales) sous le nom de Maki à &ourre; Uliger
et E. Geoffroy-Sain t-H il aire l'ont rapportée
au genre des Indris en l'appelant Indris
longicaudatus, Indri à longue queue , parce
qu'elle a , en effet , la queue presque aussi
longue que celle des véritables Makis. L'A-
vahi est plus petit que l'Indri; son crâne
diffère aussi beaucoup de celui de ce der-
nier : il est bien plus court, et rappelle celui
des Loris. Ses dents ont aussi une forme
différente, principalement les incisives,
qui sont plus petites. Le pelage est laineux,
et de couleur fauve plus ou moins brune en
dessous , grise ou blanchâtre aux parties
inférieures. On trouve le Maki à bourre dans
la partie occidentale de Madagascar, depuis
la côte de la Manangara jusqu'à la baie
d'Atongil , où les Batanimènes le nomment
Avahi.
3e sous-genre. PROPITHÈQUE. Propi-
thecus, Ben nett (Proceed. zool. Soc.Lond.,
1832, p. 20 ; Macromerus, Andrew Smith,
South- African Journal).
Feu Bennett a parlé le premier d'une
troisième espèce de la petite tribu des In-
dris, également propre à Madagascar. C'est
celle qu'il nomme Propithèque diadème, et
dont M. Smith a également fait un genre à
part sous le nom de Macromère. Le Propi-
thèque a une queue comme l' Avahi; mais
il se rapproche de l'Indri par l'allongement |
de son museau et la force de ses incisives : j
cependant il n'a pas le museau tout-à-fait I
aussi long. Sa taille est aussi un peu moin- '
INE
37
dre ; sa face est presque nue, et son pelage
est formé de poils assez longs, doux au tou-
cher, et généralement variés de jaunâtre et
de brun noir. C'est une espèce encore rare
dans les collections , comme le sont d'ail-
leurs presque toutes celles de Madagascar.
Il y en a un jeune au Muséum de Paris ; le
British Muséum à Londres en a un bel exem-
plaire adulte. II y en a sans doute un aussi
à la Société zoologique de la même ville ,
qui est celui dont a parlé Bennett. (P. G.)
IIMDtSIE. Indusium. bot. — Voy. spo-
RULE.
INDUVIES. Induviœ. bot. — Nom donné
par M. de Mirbel à tout organe floral (ca-
lice, spathe, involucre, etc. ) qui accom-
pagne le fruit à l'époque de sa maturité.
INEMBRYONÉES. bot. cr. — Nom
donné par M. Richard aux plantes que
Linné a nommées cryptogames. Voy. ce mot.
INEPTES. Inepti. ois. — Illiger , dans
son Prodromus syst. mam. et av. , a établi
sous ce nom une famille qui a pour type
et pour unique représentant le g. Didus
(Dronte). (Z. G.)
*INEQUILATERALIDjE. foram.— Fa-
mille établie par M. Aie. d'Orbigny dans
l'ordre des Stichostègues. Voy. ce mot.
*Ii\ÉQUIVALVE (coquille), moll.— On
donne ce nom, et sans exception, à toutes les
coquilles dont les valves ne sont point éga-
les, qu'elles soient régulières ou irrégu-
lières. Voy. mollusques. (Desh.)
*INÉQUIVALVES./wœo;muahHa.MOLL.--
Latreille , dans ses Familles naturelles , a
proposé celle-ci, dans les Brachiopodes pé-
doncules , pour le seul g. Térébratule. Les
caractères sur lesquels Latreille s'est ap-
puyé pour cet arrangement nous paraissent
d'une trop faible valeur pour qu'ils soient
adoptés. Voy. brachiopodes et mollusques.
(Desh.)
*INERMES. Inermœ. arach.— M. Walc-
kenaër, dans son Hist. nat. des Ins. apt., a
employé ce nom pour désigner dans le g.
des Epeira une race dont les caractères des
espèces qui la composent sont d'avoir le
corselet ou céphalothorax non tubercule ,
l'abdomen allongé et cylindrique. Les Epeira
vespucea , plumipes , janeira , caliginosa ,
doreyana, ietragnathoides , appartiennent à
cette race. (H. L.)
*INER!MES (digitigrades). Inermœ (dig%»
38
INF
tigrades). arach. — Ce mot a été employé
par M. Walckenaër pour indiquer, dans son
Hist. nat. des Ins. apt., une famille dans le
|enre des Mygale , dont les caractères peu-
rentêtre ainsi formulés: Pattes amincies à
ieurs extrémités; tarses allongés, avec des
griffes terminales ; mandibules inermes ou
dépourvues de râteaux. Les Mygale zebrata,
sœva, hirsuta, longilarsis, appartiennent à
cène famille. Toutes ces espèces sont chas-
seuses et courent après leur proie. (H. L.)
INERMES. Inermes. zool., bot. — Se
dit, en zoologie et en botanique, de tous
les êtres dépourvus d'armes, d'épines, de
piquants, d'aiguillons, etc.
INERTES. Inertes, ois. — Ordre établi
par M. Temminck pour des oiseaux à port
lourd et à ailes tout-à-fait impropres au vol.
C'est par cet ordre que l'auteur cité a clos
son Analyse d'un système général d'ornitho-
logie. Les seuls g. Aptérix et Dronteen font
partie. Comme on peut voir, les Inertes de
Temminck correspondent, à l'exception des
Aptères, à la famille antérieurement créée
par Illiger sous le nom d'Inepti. (Z. G.)
INFÈRE. Inferus. bot. — On désigne
ainsi, en botanique, tout organe placé au-
dessous d'un autre. Ainsi le calice est in-
fère quand il s'insère au-dessous de l'o-
vaire; celui-ci est à son tour infère quand
il adhère au tube du calice, etc.
*L\FÉRICORNES. Infericornes.ms. —
Syn. de Lygéides, Amyot et Serville. (Bl.)
INFÉRORR ANCHES . Inferobranchiala.
moll. — Dès la l,c édition du Règne animal,
Cuvier a proposé sous ce nom un ordre de
Mollusques nus renfermant les deux genres
Phyllidie et Diphyllidie , parce que ces ani-
maux ont les branchies au-dessous du bord
du manteau. Voy. ces mots et mollusques.
(Desii.)
INFLORESCENCE. Inflorescentia. bot.
— On nomme Inflorescence la disposition
générale qu'affectent les fleurs dans les vé-
gétaux. M. Rœper définit ce mot de la ma-
nière suivante : L'Inflorescence est cette
partie des tiges ou des rameaux qui ne porte
d'autres branches que des axes floraux
(Observ. sur la nature des fleurs et des inflo-
resc, trad. par M. Duby dans \es Mélanges
botan. de M. Seringe, n° 5, mars 1826).
Longtemps la considération des Inflores-
cences a été presque sans règles fixes, ou du
INF
moins ses diverses modifications ont été
classées d'après des notions trop peu rigou-
reuses. C'est M. Turpin qui, en distinguant
soigneusement les divers ordres de rameaux
qui concourent à former une Inflorescence,
a commencé à introduire dans cette partie
de la science une précision encore incon-
nue jusque là, et les écrits de M. Rœ-
per et de quelques autres botanistes ont
achevé la réforme déjà si bien commencée.
Prenant l'étude des Inflorescences au point
où l'ont conduite les savants que nous ve-
nons de nommer, nous allons donner d'a-
bord quelques considérations préliminaires
sur les principes qui lui servent de base:
après quoi nous examinerons successivement
les dispositions principales que présentent
les fleurs et auxquelles on a assigné des dé-
nominations particulières.
Une fleur est généralement considérée
I aujourd'hui comme un simple bourgeon dans
I lequel la métamorphose plus ou moins pro-
I fonde des feuilles a donné soit les enveloppes
i florales, soit les organes sexuels: seulement,
tandis que, dans un bourgeon ordinaire, le
développement s'opérant par l'extrémité
toujours jeune et active, se prolonge indé-
finiment, dans la fleur le développement
est promptement terminé et s'arrête, si ce
n'est dans dés cas exceptionnels et dans des
monstruosités, avec la production du pistil
qui en occupe le centre. Supposons dès lors
une tige dont l'extrémité se développe en
fleur; son élongation sera terminée par cela
même. Si cette tige restait simple et ne don-
nait pas de branches au-dessous de son ex-
trémité, sa végétation cesserait et la plante
pourrait avoir déjà rempli le cercle de son
existence. Mais le plus souvent les choses n'en
restent pas là. Lorsque la tige elle-même
produit une fleur terminale qui limite son
élongation, à l'aisselle d'une ou de plusieurs
de ses feuilles un bourgeon se développe en
branche. Il est évident que cette nouvelle
production est d'ordre secondaire par rap-
port à la tige sur laquelle elle s'est formée;
que, par suite, si cette dernière constitue
l'axe primaire ou de premier ordre, elle-
même ne sera autre chose qu'un axe secon-
daire ou de second ordre. Mais cette branche
pourra à son tour se terminer par une nou-
velle fleur, qui deviendra ainsi le terme de
son élongation; dès lors ce que nous venons
INF
de dire relativement à la tige qui portait
une fleur terminale va s'appliquer à elle ;
tantôt sa végétation se terminera à ce point
et Ton ne trouvera sur la plante que deux
ordres successifs d'axes et de fleurs; tantôt,
au contraire, le développement d'un bour-
geon situé à l'aisselle d'une des feuilles
qu'elle porte donnera un rameau et une
fleur de troisième ordre ou tertiaire; celui-
ci pourra de son côté donner un nouveau
rameau et une nouvelle fleur de quatrième
ordre ou quaternaire, et ainsi de suite. On
pourra donc ainsi avoir sur la même plante
une série d'axes et de fleurs développés les
uns postérieurement aux autres et, par
suite, constituant autant de générations ou
d'ordres successifs. Cette première considé-
ration est fondamentale; elle nous apprend
à distinguer dans plusieurs cas, au milieu
d'un ensemble de fleurs , des générations
diverses dont la connaissance peut conduire
à des conséquences majeures.
Nous venons de dire que les rameaux à
fleur de second, troisième, quatrième ordres,
ont été produits par le développement d'un
bourgeon situé, comme de coutume, à l'ais-
selle d'une feuille; mais ces feuilles à l'ais-
selle desquelles se produisent les rameaux
à fleurs subissent presque toujours des mo-
difications plus ou moins analogues à celles
qui donnent naissance aux enveloppes flora-
les ; elles se colorent souvent de teintes vives;
presque toujours aussi elles diminuent con-
sidérablement de dimensions; en un mot,
ebes diffèrent assez des feuilles normales de
la plante pour qu'on ait dû les désigner par
un nom particulier, celui de bractées. II est
encore un grand nombre de cas dans lesquels
elles restent rudimentaires ou disparaissent
même entièrement. Toutes les fois qu'un
certain nombre de rameaux à fleurs se trou-
vent rapprochés sans interposition d'aucune
autre feuille que des bractées, leur ensemble
est considéré comme constituant une seule
Inflorescence; au contraire, on considère
comme appartenant à des Inflorescences
distinctes les rameaux à fleur qui sont ac-
compagnés de feuilles semblables à celles du
reste delà plante: seulement, lalimiteentre
les deux cas est quelquefois difficile, sinon
même impossible à saisir, ainsi que nous
aurons occasion de le dire plus loin.
Nous avons examiné le cas où la tige et
INF
o9
tous les rameaux, qui se forment successive-
ment, se terminent par une fleur qui limite
leur élongation ; mais il est, même plus sou-
vent encore, un ordre de production des
fleurs entièrement opposé. Ici la tige elle-
même ne porte pas de fleurs : aussi s'allonge-
t-elle sans cesse par son extrémité; mais, à
mesure qu'elle s'allonge, elle donne des ra-
meaux à fleurs qui, par conséquent, se pro-
duisent du bas vers le haut, c'est-à-dire que
les premiers développés sont les plus bas
sur la tige, que les plus récents au contraire
sont les supérieurs ou les plus rapprochés
de l'extrémité végétante de la tige. Il est
facile de saisir la différence fondamentale
qui existe entre ce mode de développement
successif des fleurs et celui que nous avons
examiné en premier lieu. Dans ce dernier,
le nombre des fleurs semble ne devoir ja-
mais être fort considérable; car on ne peut
guère supposer que les générations succes-
sives de rameaux et de fleurs se produisent
pendant très longtemps : aussi a-t-on nommé
ce mode de développement défini ou terminé^
et les Inflorescences auxquelles donne lieu
cette production successive de rameaux ont
été nommées Inflorescences définies. Au con-
traire, dans le mode de développement qui
nous a occupé en dernier lieu , l'extrémité
de la tige, toujours jeune, toujours végé-
tante, produit des fleurs en très grand nom-
bre et presque indéfiniment : aussi a-t-on
nommé les inflorescences qui en résultent
indéfinies ou indéterminées.
Dans les Inflorescences définies, les ra-
meaux successivement produits appartien-
nent à des ordres divers et nécessairement
d'autant plus nombreux que le nombre des
fleurs elles-mêmes est plus grand ; au con-
traire , dans les Inflorescences définies, tou-
tes les fleurs sont le plus souvent portées
sur des rameaux du même ordre , ou du
moins d'ordres peu différents entre eux.
Les Inflorescences définies sont encore
nommées fréquemment centrifuges; on
peut, en effet , considérer l'extrémité de
la tige comme le centre à partir duquel
s'opère ce développement progressif des ra-
meaux qui deviennent d'un ordre d'autant
plus bas qu'ils sont formés plus tard. Géo-
métriquement parlant, on voit, dans ce
cas, la fleur qui termine la tige s'épanouir
la première; après elle, celles des rameaux
40
INF
INF
secondaires, puis celles des rameaux ter-
tiaires, etc., qui, généralement, se trou-
vent de plus en plus extérieures ; ce déve-
loppement , à partir du centre de figure , si
l'on suppose toutes les fleurs disposées sur
un même plan horizontal , justifie l'expres-
sion de centrifuge; mais il faut bien se
garder de croire qu'il existe dans ces posi-
tions relatives des fleurs, les unes par rap-
port aux autres, une rigueur mathématique.
Les Inflorescences indéfinies ont été, de
leur côté, nommées centripètes , parce que,
en effet , lorsque les fleurs qui les compo-
sent sont toutes disposées sur un seul plan
horizontal, l'épanouissement s'opère d'abord
sur les plus extérieures, et ensuite succes-
sivement de plus en plus vers le centre;
dans tous les cas, le sommet de la tige
étant comme le centre du développement,
ce que nous avons dit suffit pour montrer
que la production et l'épanouissement des
fleurs ont lieu de plus en plus vers ce cen-
tre; ce qui justifie cette dénomination. Au
reste , les mots d'Inflorescence centrifuge
et centripète sont beaucoup moins rigoureux
que ceux d'Inflorescences définies et indé-
finies , et souvent ils peuvent s'appliquer à
des dispositions auxquelles ils semblent ne
pas convenir entièrement.
Ces premières notions posées, examinons
successivement les divers modes d'Inflores-
cences que présentent les plantes, en essayant
de mettre dans cet exposé le plus d'ordre
qu'il nous sera possible.
Toutes les fois que les rameaux à fleur ou
les pédoncules n'éprouvent , en se dévelop-
pant, ni déviation, ni soudure, qui modi-
fie leur situation naturelle, l'Inflorescence
qu'ils forment rentre dans les conditions
que nous avons déjà fait connaître, c'est-
à-dire que ces pédoncules se montrent à
l'aisselle de bractées plus ou moins déve-
loppées , ou que du moins ils reproduisent,
par leur disposition, la ramification générale
de la plante; l'Inflorescence est alors nor-
male. Dans le cas contraire , les pédoncules
s'écartent plus ou moins de l'aisselle de leur
bractée , ou du moins ils dévient plus ou
moins du mode de ramification que présente
la plante. L'Inflorescence est alors ano-
male. Examinons d'abord les Inflorescences
normales, quisont beaucoup plus nombreuses
et beaucoup plus importantes à connaître,
les autres n'en étant que de simples dévia
tions qu'il est facile de ramènera leur type.
I. Les Inflorescences normales se subdi-
visent en deux grandes catégories , confor-
mément aux principes que nous avons expo-
sés ; elles sont indéfinies, indéterminées,
centripètes , ou bien définies , déterminées,
centrifuges.
A. Inflorescences indéfinies ou indétermi-
nées ou centripètes. Leurs diverses modifi-
cations se rattachent en général assez di-
rectement l'une à l'autre pour qu'il soit
souvent difficile d'établir une ligne précise
de démarcation entre certaines d'entre elles.
Examinons ces modifications en commençant
par celles qui présentent le plus de sim-
plicité.
1° L'Épi Spica. On donne le nom d'épi
à toute Inflorescence indéfinie dans laquelle
la tige ou l'axe primaire, ou, comme on
le dit souvent, le rachis, ne produit dans
toute sa longueur que des fleurs sessiles ou
presque sessiles. Les mots presque sessiles
que l'on est obligé de faire entrer dans la
définition de ce mode d'Inflorescence peu-
vent faire comprendre déjà la difficulté
qu'il y a souvent à le reconnaître et à le
caractériser. En effet les fleurs inférieures
se montrent fréquemment portées à l'extré-
mité d'un rameau ou d'un pédicelle de
longueur très appréciable, qui va même
quelquefois en s'allongeant peu à peu; dé-
cès fleurs pédiculées inférieures aux fleurs
sessiles supérieures , il y a une gradation
très marquée, et de là cette dénomination
d'épi s'applique souvent d'une manière
peu précise, comme le prouvent fort bien
les épitbètes par lesquelles on est obligé de
modifier sa signification trop rigoureuse
en elle-même.
Nous avons dit plus haut que les feuilles
à l'aisselle desquelles naissent les fleurs se
modifient le plussouventen bractées; mais,
assez fréquemment aussi, elles conservent
leur état normal, à la partie inférieure de
l'Inflorescence, pour décroître et se modifier
progressivement à mesure qu'elles s'élèvent
davantage vers le sommet de la tige. Ce
cas forme évidemment le passage entre les
fleurs solitaires à l'aisselle des feuilles nor-
males et les Inflorescences proprement
dites ; il montre clairement que celles-ci
ne sont qu'une altération des premières.
INF
INF
41
Ou le désigne par l'expression d'ept feuille
à sa base, par laquelle on exprime simple-
ment une apparence sans tenir compte de
la cause qui la produit.
L'épi subit quelquefois des modifications
assez profondes pour avoir reçu des déno-
minations particulières qu'il est indispen-
sable de faire connaître. Ainsi l'on nomme
Chaton (Amentum) un épi composé de fleurs
unisexuelles, dont l'axe est articulé à sa
base , de telle sorte qu'il se détache en en-
tier, après la floraison, pour les mâles, après
la fructification, pour les femelles. L'Inflo-
rescence en chaton appartient à cette nom-
breuse série d'arbres qui formaient le grand
groupe des Amentacées d'A.-L. de Jussieu.
— On a donné le nom de Spadice (Spadix) à
une sorte d'épi propre aux plantes monoco-
tylédones, dans lequel des fleurs unisexuel-
les , soit mâles , soit femelles , sont portées
sur deux points différents d'un axe charnu
dans lequel elles s'enfoncent même à leur
base, et qui se prolonge quelquefois au-des-
sus d'elles en une extrémité nue plus ou
moins longue ; toute cette Inflorescence est
enveloppée par une grande bractée à la-
quelle on donne le nom de Spathe. Nos
Arum ou Gouets présentent d'excellents
exemples de spadices. L'Inflorescence des
Palmiers est un spadice rameux , qui sou-
vent acquiert des dimensions énormes (ex. :
Sagoutier ), et auquel on donne le nom de
Régime. Enfin à l'Inflorescence en épi se
rattache, avec un degré de complication de
plus, celle des Graminées, pour laquelle ce
mot a été créé dans la langue usuelle , et
qui, pourtant, ne le mérite pas dans l'en-
semble de son Inflorescence. Ainsi, dans les
Graminées auxquelles on accorde ordinaire-
ment un épi, comme le Blé, le Seigle,
l'Orge, etc., sur un axe commun sont por-
tés de petits groupes de fleurs, dont chacun
constitue un véritable petit épi ou un Épillct
(Spicula). Chacun de ces épillets forme un
ensemble unique, composé de 1, 2 , à 10,
12,15 fleurs : sa base est entourée de deux
bractées stériles qui constituent la glume
(voyez Graminées) ; mais il est facile de voir
que les fleurs qui forment ces épillets ne
sont pas de même ordre que celles qui cons-
tituent un épi ordinaire, <ie Plantain, par
exemple; elles sont , en effet , portées sur
Vaie secondaire de l'épillet, qui, lui-même,
t. vu.
' s'attache sur l'axe primaire et général de
j l'Inflorescence ; elles appartiennent donc à
une troisième génération, tandis que celles
d'un épi «proprement dit sont uniquement
d'ordre secondaire.
2° La Grappe. Racemus. Elle ne diffère de
l'épi que parce que les fleurs qui la compo-
sent ne sont jamais sessiles, mais toujour
pédiculées. Ces pédicules se terminent im
médiatement par une fleur; d'autres fois,
au contraire, ils se ramifient plus ou moins
Dans le premier cas , la grappe est simple,
dans le second , elle est composée. Parm
les grappes composées , il en est dans les-
quelles les pédoncules du milieu sont les plus
longs, de telle sorte que l'ensemble de l'In-
florescence est ovoïde ; on nomme souvent
ces grappes des Thyrses (ex. : Lilas , Vigne).
II est bon cependant de faire observer que
ce mot ayant été appliqué quelquefois à des
Inflorescences différentes de celle qui nout
occupe , il peut en résulter des confusions
faciles à éviter en le supprimant; il est ,
du reste , fort peu utile.
Dans un assez grand nombre de cas, les
pédoncules inférieurs d'une grappe s'allon-
gent beaucoup plus que les supérieurs ; il
en résulte un intermédiaire entre une
grappe et un corymbe.
3° Le Corymbe. Corymbus. Cette déno-
mination a été employée dans des sens as-
sez divers; il est bon cependant de la limi-
ter, avec M. Roeper , à sa signification la
plus commune, et de s'en servir pour dési-
gner les Inflorescences dans lesquelles l'axe
primaire est court, tandis que les axes se-
condaires ou les pédicules s'allongent beau-
coup, et reportent ainsi toutes les fleurs à
peu près sur un même plan horizontal. 1!
est facile de voir la liaison intime qui existe
entre une grappe et un corymbe ; leur dif-
férence consiste uniquement en ce que le»
pédicules ou axes secondaires inférieurs sont
plus longs dans ce dernier ; mais cette dif-
férence s'efface même parfois après la flo-
raison (ex. : Crucifères), et l'on voit alors à
des fleurs en corymbe succéder, par l'allon-
gement de l'axe primaire ou de la tige, des
fruits en grappe. Le corymbe est simple ou
composé, comme la grappe, selon que ses
axes secondaires restent simples ou se ra-
mifient.
4" L'Ombelle. Umbella. Si nous suppo-
G
42
INF
INF
aons que, dans un coryrnbe, Taxe primaire
reste nul , et que les axes secondaires ou
les pédoncules acquièrent la même lon-
gueur, ou qu'ils élèvent leurs fleurs au
même niveau , et semblent partir d'un
même point , nous aurons l'Inflorescence
qu'on a nommée une ombelle. L'ombelle se
compose, en effet, d'axes secondaires, qu'on
nomme alors rayons , partant tous d'un
même point , et atteignant tous le même
niveau. Quand ces axes se terminent direc-
tement par une fleur, l'ombelle est simple;
quand ils se ramifient de manière à donner
à leur extrémité un certain nombre d'axes
tertiaires, qui portent les fleurs , l'ombelle
est composée. Les ombelles composées ap-
partiennent uniquement à la famille des
Ombellifères. Leur ensemble constitue l'om-
belle générale; tandis que la réunion des
axes tertiaires produits à l'extrémité de l'un
quelconque des axes secondaires constitue
une Ombellule.
5° Le Capitule. Capitulum. Il peut être
regardé comme une dérivation de l'ombelle
dans laquelle les fleurs sont sessiles ou
presque sessiles ; c'est, en effet, un assem-
blage de fleurs sessiles ou presque sessiles,
axées à un axe très court, et formant une
sorte de tête. L'immense famille des Com-
posées présente une multitude d'exemples
de ce mode d'Inflorescence : seulement,
chez elle , l'axe qui supporte les fleurs est
non seulement très raccourci, dans la plu-
part des cas, mais encore élargi en un pla-
teau plus ou moins grand. Plusieurs bota-
nistes ont cru devoir proposer, pour le capi-
tule des Composées, diverses dénominatiohs
dont la plus adoptée est celle de Calathide
( Calathis) , qui est même regardée comme
inutile par beaucoup d'autres.
6° La Panicule. Panicula. C'est la plus ir-
régulière des Inflorescences ; on peut la con-
sidérer comme une grappe dans laquelle les
axes secondaires se ramifient plus ou moins
à des hauteurs diverses , et varient entre
eux de longueur. La famille des Graminées
nous présente un très grand nombre d'exem-
ples de panicules.
On voit que les diverses modifications de
l'Inflorescence dont il vient d'être question
passent, dans plusieurs cas, l'une dans
l'autre par des nuances insensibles ; que,
de plus, la plupart d'entre elles résultent
des variations de longueur de l'axe pri-
maire , qui est très long dans l'épi et la
grappe , déjà raccourci dans le coryrnbe ,
à peu près nul dans l'ombelle et le capi-
tule.
B. Les Inflorescences définies > détermi-
nées ou centrifuges peuvent être commodé-
ment désignées, ainsique l'ont fait MM.Roe-
per et De Candolle, sous la dénomination
générale de Cyme (Cyma) qui avait été em-
ployée par Linné dans un sens différent.
Toutes ces Inflorescences procèdent, en
effet, d'après un mode de développement
semblable, seulement modifié, dans cer-
taines circonstances, par des inégalités d'ac-
croissement , même par des avortements
qui entraînent des altérations importantes
du type primitif, et qui ont donné nais-
sance à quelques expressions dont il est in-
dispensable de connaître les principales.
On nomme Cyme dichotome la disposition
fondamentale qui reproduit parfaitementee
que nous avons dit en commençant cet ar-
ticle. L'axe primaire se termine par une
fleur; au-dessous de celle-ci naissent et se
développent deux rameaux secondaires dont
chacun se termine par une fleur et produit
au - dessous d'elle deux rameaux ter-
tiaires , etc. On voit donc qu'il existe là
une série de bifurcations , et que chacune
de ces bifurcations porte une fleur. Si dans
ces bifurcations successives l'un des deux
rameaux avorte constamment, il en résulte
une Inflorescence commune ( ex. : Borra-
ginées), dans laquelle on voit une série
d'axes de divers ordres implantés en quel-
que sorte l'un sur l'autre, et le tout s'en-
roulant généralement vers le sommet en
une spirale qui se déroule à mesure que les
fleurs s'épanouissent. Cette modification a
été nommée Cyme scorpioide. Elle ressem-
ble à une grappe ou à un épi à fleurs uni-
latérales; mais on vient de voir que sa
nature et son mode de développement sont
entièrement différents.
C. Les Inflorescences indéfinies et défi-
nies peuvent se combiner entre elles de
manière à donner ce que De Candolle a
nommé des Inflorescences mixtes. Leur
examen nous entraînerait trop loin pour
que nous puissions nous en occuper ici.
IL Parmi les Inflorescences anomales, les
plus remarquables sont celles qu'on a nom-
INF
INF
43
mées oppositifoliées , épiphylles , pétiqlaires ,
eœtra-axillaires.
Les Inflorescences opposit ifoliées résultent
d'une fausse apparence; ce sont des Inflo-
rescences terminales au-dessous desquelles
»in bourgeon axillaire s'est développé avec
une vigueur telle qu'il a rejeté de côté l'ex-
trémité de la vraie tige et qu'il s'est sub-
stitué à celle-ci dont il a pris la direction
et la grosseur. La Vigne en offreun excellent
exemple. Lorsque ce phénomène de dépla-
cement de la tige et d'usurpation par des
rameaux axillaires se reproduit plusieurs
fois de suite , il en résulte généralement
que cette suceession de rameaux d'ordres
divers qui semble être la tige même, prend
une direction générale sinueuse et comme
anguleuse.
Les Inflorescences épiphylles et pélio-
laires dans lesquelles les fleurs semblent
partir du pétiole ou même du limbe d'une
feuille , proviennent uniquement de ce que
le rameau à fleur qui s'est développé dans
l'aisselle de la feuille s'est soudé, dans une
portion de sa longueur, soit au pétiole, soit
même au limbe. Il est cependant des cas
dans lesquels ce qu'on a pris pour des In-
florescences épiphylles provient unique-
ment de ce que les fleurs sont portées sur
des rameaux aplatis en expansions foliacées
(ex. : Ruscus).
Enfin les Inflorescences extra-aocillaires,
dans lesquelles les fleurs semblent sortir de
la tige à une distance plus ou moins grande
de l'aisselle de la feuille, sont dues encore
à des soudures: seulement, celles-ci ont eu
lieu, non plus entre le rameau à fleur et
la feuille elle-même, mais entre ce même
rameau et la tige.
L'étude des Inflorescences exigerait, pour
être suffisante , des développements éten-
dus ; mais ici l'espace nous manque , et, par
suite , nous nous bornerons à l'exposé som-
maire qui précède. (P. Duchartre.)
ITVFOïVDIBULIFORME . Infundibulifor-
mis. bot. — On nomme ainsi toutes les par-
ties florales (calice , style , stigmate , co-
rolle , etc. ) qui ont la forme d'un enton •
noir.
INFUNDIBULUM. moll. — Klein , le
premier, dans son Tentamen ostracologicœ ,
a rapproché certains Troques concaves de
quelques Calyptrées trochiformes, et a pro-
posé pour ce groupe le nom é'Infundibulum.
M. Sowerby, dans son Minerai conchology ,
a conservé ce rapprochement , auquel La-
marck s'est aussi laissé entraîner en ran-
geant parmi les Troques les Calyptrées en
question. Nous avons fait voir depuis long-
temps que des caractères constants sépa-
raient ces coquilles , et qu'il n'était plus
possible de les confondre dans un même
genre. Voy. calvptrée et troque. (Desh.)
INFUSOIRES. Infusoria (animaux des
Infusions), zooph. — Leslnfusoires ou Ani-
malcules microscopiques , nommés simple-
ment Microscopiques par M. Bory de Saint-
Vincent, sont un des objets d'étude les plus
importants en raison des déductions qu'ils
nous fournissent; car ce sont les manifes-
tations les plus simples de la vie , de cette
force indépendante de la matière et des forces
physiques qu'il ne nous est pas donné de
I connaître autrement que par l'observation
j de ses phénomènes. Et, en effet, la trans-
j parence des Infusoires, la rapidité de leur
développement, leur mode de propagation
par division ou fissiparité, et la simplicité
de leur structure , permettent au natura-
liste, aidé du microscope, d'assister en
quelque sorte aux phénomènes les plus in-
times de la vie.
L'histoire des Infusoires est étroitement
liée à l'histoire du microscope, sans lequel
les yeux de l'homme n'eussent jamais pu en
avoir une notion suffisante. C'est donc à
Leeuwenhoek, le père de la micrographie vers
la fin du xvne siècle, que doit remonter la
connaissance de ces êtres. Il les chercha dans
les infusions et dans l'eau des marais. 11
vit et admira le Volvox et plusieurs autres
Infusoires; mais il ne songea pas à les dis-
tinguer des autres animaux microscopiques
Baker a décrit imparfaitement , en 1743 ei
1752, un grand nombre d'animalcules trou
vés par lui dans l'eau des marais ou dan
les infusions de foin, de poivre, de blé
d'avoine, etc. Trembley, en 1744, décrivit,
sous le nom de Polypes à bulbes, des Vorti-
celles qu'il avait eu l'occasion d'observer
avec l'Hydre des marais. Hill , en 1752,
essaya le premier de classer méthodiquement
les Infusoires; et Joblot, quelque temps
après (1754), appela sur eux l'attention, par
la publication de ses observations, qui sont
empreintes d'une admiration trop vive et
sans critique. Cet auteur avait surtout varié
44
INF
/a préparation de ses infusions dans le but
d'y chercher des êtres nouveaux. Vers la
même époque, Schaeffer, Roesel et Leder-
muller publièrent aussi des observations
plus ou moins neuves sur ces animaux; en-
fin, en 1764, Wrisberg pour la première
fois les désigna par ce nom d'iNFiisoiRES, ex-
primant qu'ils se montrent ou se produisent
surtout dans les infusions des substances
végétales et animales. Cette dénomination
a été critiquée avec une apparence de rai-
son , car au lieu d'exprimer un caractère
commun à tous ces animaux et inhérent à
leur constitution, elle exprime seulement une
circonstance extérieure relative à l'appari-
tion ou au développement de quelques uns.
Beaucoup de ces animaux habitent exclu-
sivement les eaux de la mer ou les eaux
limpides des marais; mais ceux-ci même ,
au lieu de chercher les eaux les plus pures,
viyen t toujours dans le voisinage des produits
végétaux et animaux dont la décomposition
partielle leur fournit des aliments; ils se
tiennent même le plus souvent dans la
couche de limon , de débris organiques et
de filaments confervoïdes qui recouvre les
corps submergés et en repos ; là encore les
Infusoires se trouvent donc dans une sorte
d'infusion, c'est-à-dire, dans un tëqaide
plus chargé de parties organiques que les
eaux courantes. C'est pourquoi, à l'exemple
deO. F. Millier et des naturalistes qui l'ont
suivi, nous adoptons cette dénomination
d' Infusoires.
Linné, qui n'avait pas étudié d'Infu-
soircs, les confondit d'abord sous le nom
de Chaos , en distinguant seulement le genre
VolVox, et plus tard la Vorticelle. Ellis, en
1769 , décrivit, sous le nom de Volvox, des
Infusoires tout différents; Eichhorn (1776)
en fit connaître un plus grand nombre que
tous ses prédécesseurs ; dans le même temps,
Spallanzani les étudia sous le point de
vue physiologique, et découvrit, ainsi que
Saussure, plusieurs faits importants sur
leur manière de vivre et notamment leur
multiplication par fissiparité. En 1778,
Gleichen rechercha aussi les Infusoires dans
des infusions variées et soumises à diverses
conditions. C'est cet auteur qui le premier
les colora artificiellement, en leur donnant
à manger du carmin qui reste logé dans
leurs vacuoles. En 1782, Goeze et Bioch,
INI
chacun de leur côté, en recherchant ries
Helminthes dans l'intestin des Grenouilles,
y trouvèrent des Infusoires que Leuwen-
hoek avait déjà vus dans les excréments de
ces animaux, et que depuis on a nommés
Opalines. C'est vers le même temps, en
1786 , que parut la classification des Infu-
soires par Otto-Fred. Millier, que la mort
avait empêché de mettre la dernière main
à cet ouvrage, et qui d'ailleurs avait déjà
publié , en 1774 , un premier essai de clas-
sification. Mais ses moyens d'observation
étaient trop imparfaits pour qu'il pût indi-
quer des caractères précis : il basait donc
ses divisions génériques seulement sur la
forme extérieure et sur la présence de cer-
tains appendices : aussi a-t-il réuni sous le
même nom beaucoup d'objets différents.
Lamarck, en 1815, essaya, d'après les plan-
ches de Mûller, d'établir quelques coupes
dans son grand genre Vorticelle; mais
M. Bory de Saint-Vincent, en 1825, indiqua
avec plus de précision les divisions à faire
parmi les genres de Muller. Cependant, déjà
en 1817, Nitzsch avait donné des motions
précises sur les Cercaires et sur les Navi-
cules dont Millier avait fait des Vibrions;
d'un autre côté , M. Leclerc avait fait con-
naître les Difflugies, et M. Raspail avait mon-
tré que plusieurs des espèces de Muller de-
vaient être entièrement supprimées.
Tel était l'état de cette partie de la zoo-
logie , quand M. Ehrenberg appliqua à
ses recherches le microscope récemment
perfectionné par l'emploi des lentilles achro-
matiques. Il étonna le monde savant par
d'admirables découvertes sur la structure
des Systolides ou Rotateurs que Mûller
avait confondus avec les Infusoires; mais en
même temps il attribua aux vrais Infusoires
une richesse d'organisation qui ne s'y trouve
certainement pas. Ayant répété les expé-
riences de Gleichen sur la coloration des In-
fusoires , il vit, comme lui, la couleur en-
fermée dans des cavités globuleuses irré-
gulièrement réparties dans l'intérieur du
corps, et qu'il nomma des estomacs; de là
il dériva le nom de Polygastriques , pour
désigner les Infusoires auxquels il attri-
bua ainsi des estomacs nombreux, quoi-
que chez tous il n'eût pas vu l'introduction
des matières colorantes; et il comprit sous
cette même dénomination les Clostéries,
INF
INF
45
les Bacillariéeset les Desmidiées, qui sont de
vrais végétaux. M. Ehrenberg, en poursui-
vant ses travaux dans cette direction et en
interprétant la signification de diverses par-
ties chez les Infusoires, fut conduit à leur
attribuer un système nerveux et quelque-
fois un œil , un testicule , une vésicule sé-
minale contractile et des œufs.
Cependant, de mon côté, j'avais essayé
vainement de vérifier ces découvertes, et
j'étais arrivé à des résultats tout opposés
que j'ai publiés en 1835. L'observation des
Leucophres m'avait montré chez ces Infu-
soires un tissu homogène, contractile, sus-
ceptible de se creuser spontanément de va-
cuoles ou cavités sphériques; ce tissu, que
je nommai Sarcode, je l'avais ensuite re-
trouvé chez d'autres Infusoires , ainsi que
chez divers animaux inférieurs, et j'y avais
reconnu également la formation spontanée
de vacuoles. Le phénomène de coloration
artificielle des Infusoires qui avalent du car-
min me montra, chez les Paramécies, les
Kolpodes, les Kérones, les Plaesconies, les
Vorticelles , etc., la bouche, située à l'ex-
trémité d'une bande ou gouttière oblique
garnie de cils vibratiles , et laissant à nu
la substance molle intérieure, le sarcode:
là, par suite de l'impulsion continuelle du
liquide dans lequel les cils vibratiles ont
produit un tourbillon , cette substance
molle se creuse peu à peu d'une cavité dans
laquelle s'accumulent les corpuscules ame-
nés par le liquide; puis, quand cette cavité
est devenue trop profonde , ses parois ten-
dent à se rapprocher et finissentpar intercep-
ter au fond une cavité globuleuse, une vraie
vacuole sans parois propres ou permanentes.
Mais, en vertu de l'impulsion reçue et sans
cesse continuée par le tourbillon au fond de
la bouche , cette vacuole avec son contenu
est transportée vers la périphérie du corps,
dont elle paraît suivre le contour à l'inté-
rieur.
D'autre part , l'étude des Rhizopodes
et des Amibes m'avait conduit à admettre
que certains Infusoires sont dépourvus, au
moins sur certaines parties, d'un tégument
propre, et que leurs cils et leurs divers ap-
pendices sont des expansions de la sub-
stance charnue qui constitue la majeure par-
tie de leur masse; par suite aussi je me
trouvai amené à conclure que chez certains
Infusoires la structure interne est d'une
extrême simplicité.
Ces résultats ont été confirmés d'abord
en 1836 , par M. Peltier, quant à la struc-
ture des Arcelles, dont il vit les expansions
se souder entre elles , lors même qu'elles
provenaient de deux individus. Meyen pu-
blia , en 1839 , des observations presque
semblables aux miennes et en conclut que
« les vrais Infusoires sont des animaux vési-
» culeux dont la cavité est remplie d'une
» substance glutineuse presque en consis-
j » tance de gelée. » Il explique d'ailleurs
comme moi la formation des vacuoles, rem-
plies de matières alimentaires, à l'extrémité
d'un œsophage qui, partant de la bouche , se
dirige obliquement à travers la membrane
externe. Il admet également enfin que ces
vacuoles sont indépendantes, qu'elles peu-
vent disparaître complètement et, qu'en un
mot, ce ne sont pas des estomacs.
M. de Siebold, l'un des micrographes les
plus éminents et des naturalistes les plus
distingués de l'Allemagne, vient de publier
un traité d'anatomie comparée des animaux
sans vertèbres dans lequel il expose aussi
des idées analogues sur la structure des In-
fusoires. Comme nous, il sépare d'abord de
! ces animaux les Rotateurs, d'une part, qui
sont bien plus élevés dans la série zoologi-
que, et, d'autre part, les Clostériens, les
Diatomées et certains Volvoces, qui sont au
contraire des végétaux; et même aussi il en
sépare les Navicules ou Bacillariées chez les-
quels, dit-il, aucun autre naturaliste n'a
pu voir les organes locomoteurs décrits par
M. Ehrenberg. Mais M. de Siebold incline à
regarder comme une classe à part les Rhi-
zopodes réunis aux Amibes et caractérisés
par la forme incessamment variable de leur
corps et par leurs organes locomoteurs, qui
sont des prolongements lentement contrac-
tiles et complètement rétractiles. La classe
des Infusoires, ainsi réduite et caractérisée
par la présence des cils vibratiles ou des
filaments flagelliformes, sauf chez les Acti-
nophrys, est divisée en deux ordres : les
Astomes ou Infusoires sans bouche , et les
Stomatodes, qui ont une bouche et un œso-
phage. Les premiers se nourrissent par
absorption ; ils constituent les familles des
Astasiés, des Péridiniés et des Opalines.
Tous les autres Infusoires, les Storaatode*,
46
INF
« ont une bouche et un œsophage à travers
lequel la nourriture avalée pénètre dans le
parenchyme presque fluide du corps, sans y
être contenu dans une cavité déterminée,
et comparable à un estomac ou à un intes-
tin (p. 15). »Un tourbillon étant produit
par les cils vibratiles de la bouche de ces
Infusoires, l'eau avec les corpuscules flot-
tants s'accumule à l'extrémité de l'œsophage
et y refoule le parenchyme en formant une
cavité globuleuse, qui bientôt s'isole et de-
vient libre dans ce parenchyme. D'autres
cavités, formées successivement de même,
sont ensuite irrégulièrement disséminées
et se soudent quelquefois de telle sorte
qu'on ne peut leur attribuer aucune mem-
brane ou paroi propre. M. de Siebold con-
sidère les vésicules contractiles, chez les In-
fusoires, comme une ébauche d'appareil
circulatoire, tout en convenant qu'en cer-
tains cas on ne peut leur attribuer de paroi
propre. Quanta ces organes plus denses, que
M. Ehrenberg a pris pour des testicules,
chez les Infusoires, M. de Siebold les consi-
dère comme le nucléus de la cellule primi-
tive, d'où dérive leur formation ; mais il
n'attribue à ces animaux ni organes des
sens, ni œufs, ni organes génitaux, et con-
tredit formellement une telle signification
donnée par d'autres auteurs à diverses par-
ties des Infusoires.
Enfin, pour montrer au juste l'état ac-
tuel de cette question si importante pour les
vrais principes de la physiologie , je crois
ne pouvoir mieux faire que de transcrire
ici ce que m'écrit à ce sujet M. de Quatre-
fages. Les bonnes et nombreuses observa-
tions de ce savant sur différents animaux
inférieurs montrent suffisamment combien
l'usage du microscope lui est familier, et
combien il est réservé dans l'interprétation
des résultats révélés par cet instrument.
« ..Une étude complète des Infusoires sup-
pose un ensemble de possibilités et de moyens
d'observation qui n'existe pas encore pour ces
êtres infiniment petits. A chaque pas quej'ai
voulu Taire dans cette voie, j'ai mieux senti
l'insuffisance de nos moyens d'investigation,
et tout en reconnaissant combien le micro-
scope a fait de progrès réels dans ces der-
nières années, progrès auxquels vous aurez
si largement contribué par l'invention de
votre éclairage , j'ai éprouvé à chaque in-
INF
stant le besoin de lentilles plus puissantes.
» Pour résoudre la plupart des problèmes
que présente cette étude, il faudrait, je
crois, des grossissements d'au moins 1,000
diamètres , tout en conservant la netteté de
vision que votre appareil nous permet d'ob-
tenir jusqu'aux grossissements de 300 ou
360 diamètres. Ainsi, bien que mes opinions
actuelles reposent, j'ose le dire, sur des ob-
servations nombreuses et consciencieuses ,
je crois devoir faire les plus amples réserves
pour l'avenir ; car tel perfectionnement
possible dans les instruments d'optique
modifierait peut-être sur bien des points ma
manière de voir.
«Tout ce que j'ai pu voir chez les Infusoi-
res me semble témoigner en faveur de la
simplicité de leur organisation. Malgré tous
mes efforts , je n'ai pu y distinguer ces
organes multiples décrits par un illustre
micrographe, qu'ont entraîné, je pense,
au-delà des limites de l'observation directe,
les découvertes admirables et bien réelles
qu'il avait faites chez les Rotateurs. En
employant des verres dont vous connais-
siez toute la bonté , il m'a été impossible
d'apercevoir, soit le tube digestif, soit les
organes génitaux, soit les organes des sens
suffisamment caractérisés.
» Toutefois je ne crois pas que cette sim-
plicité d'organisation soit portée au même
degré chez tous les animalcules qu'on a
compris sous ce nom commun d'Infu-
soires. Les Protées,les Rhizopodesme sem-
blent atteindre à cet égard les dernières
limites du possible. J'ai revu presque tous
les faits que vous avez découverts chez ces
êtres étranges, et entre autres la soudure
et la fusion des expansions temporaires des
Gromies. Il me paraît presque démontré
qu'ici l'observateur n'a bien réellement sous
les yeux qu'une masse homogène vivante ,
un animal entièrement composé de sarcode;
car cette expression me semble très heu-
reusement choisie, et devoir rester dans le
vocabulaire de la science.
» Quant aux autres Infusoires , il ne me
semble pas probable que leur homogénéité
soit aussi entière. Nous saisissons dans
l'aspect de leurs tissus des différences qui
doivent annoncer des différences correspon-
dantes décomposition, d'organisation, ose-
rai-je dire. Chez le plus grand nombre, j'ai
INF
INF
Al
cru saisir les indices d'une sorte de tégu- j
ment, distinct d'ailleurs du tégument strié
que vous aurez admis. Chez plusieurs, des ;
portions entières du corps m'ont paru dif- \
férer du reste. Ainsi chez les Amphileplus,
les Dileptus, la portion étendue en avant
de la bouche m'a semblé d'une autre na- ;
ture que la portion renflée de l'animal. |
Enfin l'existence de vacuoles à forme et à j
position constantes chez certaines Paramé- j
cies , chez les Pleuronèmes , etc., me sem- j
ble également annoncer un degré d'or- \
ganisation bien supérieur déjà à ce qui
existe chez les Amibes et les Rhizopodes.
Peut-être faudra- t-il distinguer les vérita-
bles vacuoles, qui, réellement accidentelles,
se manifestent à l'intérieur des Infusoires
comme dans un globule isolé de sarcode,
et d'autres cavités semblables aux va-
cuoles, mais dont la position est déterminée,
et qui mériteraient mieux le nom de lacu-
nes. Celles-ci existeraient toujours , mais
leur présence ne nous serait révélée qu'au-
tant qu'un liquide viendrait à les remplir,
à distendre leurs parois , et à faire naître
ainsi divers jeux de lumière.
» En général, les Infusoires me semblent
être essentiellement formés d'une couche
plus ou moins épaisse de substance enfer-
mant une certaine cavité, laquelle, plus ou
moins considérable, par rapport au volume
de l'animal, constitue souvent le corps pres-
que tout entier : dans quelques cas , cette
cavité n'en occupe qu'une assez petite par-
tie , comme chez certains Erviliens ou Plces-
coniens. Ainsi mon opinion sur ce sujet se
rapproche de celle de Meyen.
» Cette opinion repose pour moi sur deux
faits que j'ai maintes fois vérifiés. J'ai vu
souvent les corpuscules avalés par les In-
fusoires , agités dans l'intérieur de leur
corps d'un mouvement semblable au mou-
vement brownien. Les particules qui le pré-
sentaient n'étaient pas renfermées dans des
vacuoles, et ce mouvement était d'ailleurs
très distinct de celui qu'occasionnent les
contractions ou les mouvements généraux
de l'animal, tel qu'on l'observe si bien chez
une Amibe en marche.
» D'un autre côté , j'ai vu chez certains
Plœsconiens la masse entière des corpus-
cules avalés se mouvoir dans l'intérieur du
corps d'un mouvement de rotation assez
uniforme. Ici la masse alimentaire ( passez-
moi l'expression) présentait un mouvement
assez semblable à celui que l'on observe
dans le tube digestif des petites Annélides ,
mais plus lent. Il est hors de doute pour
moi que ces corpuscules étaient renfermés
dans une cavité dont d'ailleurs on ne pou-
vait apercevoir les limites.
» Cette dernière circonstance nous ap-
prend que le liquide existant à l'intérieur
du corps des Infusoires réfracte la lumière
de la même manière que la portion plus so-
lide de leur substance. Elle nous rend
compte de l'extrême difficulté que nous
éprouvons à distinguer certaines particula-
rités d'une organisation qui ne se révèle à
nous que par un très petit nombre de ré-
sultats , parce qu'elle-même est extrême-
ment simple.
» Cette simplicité d'organisation me sem-
ble être le grand caractère commun de tous
les animaux qu'on a désignés sous le nom
d'Infusoires, et qu'on a réunis généralement
dans un seul et même groupe ; mais au con-
traire , la classe des Infusoires me paraît
composée d'éléments hétérogènes. D'une
part, on y comprend encore les êtres que ,
d'après les belles découvertes de MM. De-
caisne et Thuret, le règne végétal ne tardera
pas à réclamer ; et d'autre part, je crois pou-
voir dire que chacun des principaux types
du sous-règne des Invertébrés y compte des
représentants, mais des représentants dé-
gradés; au reste, cette proposition aurait
besoin , pour être soutenue, de détails qui
ne peuvent trouver place ici. »
D'après ce qui précède, nous ne considé-
rons provisoirement comme de vrais Infu-
soires que les animaux aquatiques, très pe-
tits, non symétriques, sans sexes distincts,
sans œufs visibles, sans cavité digestive dé-
terminée ou permanente , ayant tout ou
partie de leur corps sans tégument résistant,
: et se propageant par division spontanée ou
par quelque mode encore inconnu.
La classe ainsi restreinte présente encore
une assez grande diversité de caractères
pour qu'on puisse y établir des ordres, des
familles et des genres; et d'abord, il con-
vient, je crois, de mettre à part, comme ap-
pendice, les Vibrioniens, dont on n'a pu jus-
qu'à ce jour , avec l'aide des meilleurs mi-
48
1JXF
iNî<
croscopes, deviner la structure ou les moyens
de locomotion. Ce sont de très petits corps
filiformes, droits ou ondulés, ou en spirale,
continus ou articulés , qui apparaissent par
myriades dans les infusions fétides animales
ou végétales, ou dans le liquide des macé-
rations , ou même dans les produits morbi-
des et liquides de l'organisme. On a essayé
de les diviser en genres et en espèces , mais
sans avoir véritablement des caractères suf-
fisants pour pouvoir se prononcer sur leur
nature animale ou végétale. Tels sont les
Bacterium, en forme de fil raide et court, se
mouvant en vacillant dans le liquide, et
longs de 2 à 3 millièmes de millimètre, avec
une épaisseur deux à trois fois moindre ;
les Vibrions, dont le corps filiforme est sus-
ceptible d'un mouvement ondulatoire, et
qui sont épais de 3 à 13 dix-millièmes de
millimètre ; les Spirillum , dont le corps
filiforme , proportionnellement très long ,
épais de 11 à 13 dix-millièmes de millimè-
tre , et enroulé en hélice , se meut quel-
quefois avec une grande agilité en tournant
sur son axe.
Parmi les vrais Infusoircs, il faut distin-
guer en premier lieu ceux qui manquent de
cils vibratiles. Ils sont toujours sans bouche,
et se nourrissent en absorbant par la surface
externe de leur corps les éléments dissous
dans le liquide ambiant; à moins que, ve-
nant au contact de quelque aliment , ils ne
l'enferment dans leur propre substance ,
^iolle et susceptible de se creuser de va-
cuoles. De ces Infusoires non ciliés, les uns
n'ont d'autre moyen de locomotion que des
expansions variables plus ou moins allon-
gées , extensibles et contractiles , se mou-
vant assez lentement, et susceptibles de
se souder entre elles, ce qui prouve qu'el-
les n'ont pas de forme ni de structure dé-
finie. Les Amibiens, qu'on nomme aussi
Protée», sont tout-à- fait nus, et ne dif-
férent entre eux que par leur volume et
par les dimensions relatives de leurs ex-
ï^nsions, tantôt larges et courtes , tantôt
allongée*, de plus en plus minces ou même
filiformes, simples ou rameuses. L'extrême
variabilité de leur forme et la simplicité de
leur organisation n'ont pas permis de les
caractériser suffisamment comme genres et
comme espèces. On les trouve constamment
dans le dépôt vaseux qui couvre les plantes
aquatiques et les pierres submergées, ainsi
que dans la pellicule floconneuse qui se
forme à la surface des infusions. Les Ami-
biens, vivant dans l'eau de mer, ont géné-
ralement les expansions plus effilées.
Ce sont sans contredit les plus simples
de tous les animaux ; larges de 5 à 40 cen-
tièmes de millimètre , on les voit , sous le
microscope , glisser lentement ou couler
comme une goutte d'huile, avançant d'un
côté des lobes arrondis , tandis qu'ils aban-
donnent le plan de reptation au côté op-
posé.
Les autres Infusoires non ciliés, à expan-
sions indéterminées, lentement mobiles, sont
les Rhizopodes, qui diffèrent des Amibiens
par la propriété qu'ils ont de sécréter une
coque molle ou dure, cornée ou calcaire,
lisse ou encroûtée de corpuscules étrangers.
Les uns, à expansions peu nombreuses, cour-
tes, arrondies, sont les Arcelles, dont le
têt est discoïde , avec une large ouverture
ronde au milieu de la face inférieure, qui
est plane; et les Difflugies, dont la coque
ovoïde, presque globuleuse, souvent enrou-
lée, a un orifice plus étroit, terminal. Quel-
ques Rhizopodes, à expansions nombreuses,
filiformes, ont une coque simple, membra-
neuse ou cornée, avec un seul orifice,
comme les Gromies, qui se trouvent, soit
dans les eaux douces, soit dans la mer;
d'autres ont une coque calcaire , à plusieurs
loges, comme la plupart des petits animaux
marins, qu'on avait classés d'abord parmi
les Céphalopodes , sous le nom de Forami-
nifères, d'après la connaissance seule de leur
coquille, et qu'on ne peut s'empêcher au-
jourd'hui de rapprocher des Gromies et des
Difflugies.
D'autres Infusoires non ciliés ont aussi des
expansions fiiliformes ou terminées en bou-
ton; mais leur contractilité est si obscure
qu'on a souvent beaucoup de peine à l'aper-
cevoir, quoiqu'elle soit bien réelle, et, pour
eux , la locomotion est à peu près nulle.
Ce sont les Actinophryens , qui sont nus,
avec des expansions effilées, comme les Ae-
tinophrys, ou avec des expansions filiformes,
terminées en bouton, comme les Acinètes, et,
dans ce cas encore, souvent revêtus en par'
tie d'une enveloppe membraneuse.
Certains Infusoires non ciliés sont pour-
vus d'une ou plusieurs expansions filiformes,
INF
agitées d'un mouvement ondulatoire très vif
surtout à l'extrémité, et servant d'organes
locomoteurs. Ces Infusoires, très nombreux,
doivent former plusieurs ordres distincts:
les Monadiens, dont le corps blanchâtre,
nu, très contractile et de formes variables,
est souvent muni d'un ou plusieurs prolon-
gements effilés ou d'une autre expansion
filiforme contractile , mais non agitée d'un
mouvement ondulatoire.
Les Monades proprement dites, qui n'ont
qu'un filament, et les Cyclides, qui en dif-
fèrent par leur filament raide, plus épais à
la base, et agité seulement à l'extrémité,
ainsi que les Amphimonas , Cercomonas et
Trepomonas, qui en diffèrent seulement par
des prolongements postérieurs ou latéraux,
se produisent en foule dans les diverses in-
fusions; leurs dimensions ordinaires n'ex-
cèdent guère un centième de millimètre.
Les Volvociens diffèrent des Monadiens
parce qu'ils sont pourvus d'enveloppes épais-
ses, gélatineuses, diaphanes, qui, se soudant
ensemble, forment une masse commune
dans laquelle sont engagés ces Infusoires.
Us sont ordinairement verts, avec un petit
point rouge qu'on a voulu prendre pour un
œil, et vivent exclusivement dans les eaux
marécageuses, et non dans les infusions.
Quoiqu'ils forment des masses proportion-
nellement assez grandes, presque tous sont
si petits qu'on n'a pu les étudier suffisam-
ment et en particulier. En effet, les Volvox,
qui, réunis par milliers , constituent des
globules verts, larges souvent d'un milli-
mètre, n'ont pas en particulier chacun
plus de 7 à 9 dix-millièmes de millimètre.
Ils sont munis d'un double filament flagel-
liforme, dont l'agitation continuelle déter-
mine un mouvement de rotation pour la
masse. Les Dinobryens diffèrent des Volvo-
ciens parce que les individus , au lieu d'une
enveloppe gélatineuse épaisse, sont logés
chacun dans une petite gaine membraneuse ,
de sorte que la soudure partielle et succes-
sive de toutes les petites gaines produit un
petit Polypier rameux.
Les Tuécamonadiens et les Eimïleniens, qui
se trouvent particulièrement dans l'eau
verte des fossés et des mares, ont une grande
analogie avec les précédents, quanta leur
couleur verte ou rouge, à leurs filaments
flagelliformes et à la simplicité de leur struc-
T. VII.
INF
49
ture ; mais ils ne sont point agrégés, et, au
contraire des Monadiens, ils sont revêtus
d'un tégument plus ou moins résistant etnon
gélatineux comme celui des Volvociens; ils
diffèrent entre eux par la contractilité ou la
non-contractilité de l'enveloppe. Chez les
Thécamonadiens , elle est quelquefois dure
et cassante, chez les Trachelomonas pat-
exemple. Elle est membraneuse et ovoïde
chez les Cryptomonas, membraneuse et apla-
tie chez les Crumenula , ainsi que chez les
Phacus , qui se distinguent par un prolonge-
ment en forme de queue. Le Diselmis se dis-
tingue des Cryptomonas par la présence d'un
double filament flagelliforme, et VAniso-
nema se reconnaît à un filament traînant ,
comme celui des Monadiens, que nous avons
nommé Hétéromita.
Parmi les Eugléniens, dont l'enveloppe
est très contractile, au contraire, les vraies
Etiglena sont vertes , avec un ou plusieurs
points rouges, ou entièrement rouges; ce
sont elles qui colorent plus fréquemment
les eaux stagnantes; elles n'ont qu'un seul
filament flagelliforme, inséré obliquement,
et se font remarquer par la diversité des
formes résultant de la contraction de leur
corps. La longueur du corps des Eugléniens
est ordinairement de 2 à 7 centièmes de
millimètre : cependant quelques Euglena
ont un dixième et jusqu'à un huitième de
millimètre.
Des Infusoires encore peu connus , en
raison de leui enveloppe coriace peu trans-
parente, ont à la fois un filament flagelli-
forme et une bande transverse garnie de
cils vibratiles qui les distinguent des Thé-
camonadiens ; ce sont les Péridiniens, dont
plusieurs espèces marines sont phosphores-
centes, et dont quelques unes ont leur en-
veloppe prolongée d'une manière bizarre en
forme de corne ou de queue; celles-ci sont
longues de 15 à 28 centièmes de milli-
mètre ; celles , au contraire , dont la forme
est plus ou moins globuleuse ont de 2 à
6 centièmes de millimètre.
Le reste des Infusoires se distingue par
la présence des cils vibratiles servant à la
fois d'organes respiratoires et locomoteurs.
Quelques uns des Infusoires ciliés sont en-
core privés de bouche et doivent se nourrir
simplement par absorption : ce sont les En-
chélieks, trop peu connus pour qu'on puisse
7
50
INF
INF
les classer exactement; ils se développent
presque tous dans les infusions ou dans les
eaux stagnantes putréfiées ; leur longueur
est comprise entre 2 et 6 centièmes de
millimètre; ils sont plus ou moins complè-
tement revêtus de cils, et l'on doit distin-
guer parmi eux VAlyscum, qui possède des
filaments traînants rétractiles.
Les lnfusoires ciliés et pourvus d'une
bouche, mais sans tégument distinct, doi-
vent peut-être former une seule famille ,
qu'on nommerait les Trichodiens , et qui
réunirait sous ce même nom ceux que j'ai
précédemment désignés sous celui de Ké-
roniens, en les caractérisant par la présence
de cils plus épais, non vibratiles, en forme
de stylets ou de crochets; car ces appen-
dices ne diffèrent véritablement des cils vi-
bratiles que par leurs dimensions et par un
moindre degré de mobilité ; toutefois la fa-
mille des Trichodiens comprendrait ainsi un
grand nombre de types divers, dont une
étude plus approfondie pourrait faire plu-
sieurs groupes importants. En effet, nous y
voyons des lnfusoires à corps oblong, flexi-
ble, inégalement cilié, ayant toujours une
rangée de cils plus forts , dirigés oblique-
ment vers la bouche; ce sont les vrais Tri-
chodes et les Oxytriques qu'il faut peut-être
réunir en un seul genre, en y ajoutant
même les Trachéliens, qui n'en diffèrent
que par leur forme plus allongée. Le Dilep-
tus, au contraire, se distingue par la posi-
tion de sa bouche, à la base d'un prolonge-
ment antérieur , très étroit, en forme de
cou de cygne. Les Kérones sont des Tri-
chodiens à corps déprimé, oblong, pourvu
en avant et en dessous de cils courts et
épais , quoique très flexibles , et prenant
l'aspect de petits crochets , quand, appuyés
sur le porte-objet, ils servent de pieds; les
Kérones ont souvent, en outre, de gros cils
droits, raides, figurant autant de stylets
en arrière, et dont on a voulu faire un ca-
ractère distinctif pour les Slylonychia, qui
sont de vrais Kérones. Ces lnfusoires, vi-
sibles à i'œil nu, sont longs de 1 dixième
à un 14 de millimètre.
Les Plcesconiens ne diffèrent des Tricho-
diens , et particulièrement des Kérones, que
par une apparence de cuirasse à côtes lon-
gitudinales, qui se décompose par dif-
fluence en même temps que le reste du
corps, mais qui, pendant la vie, s'oppose
à la contractililé des tissus et à tout chan-
gement de forme. Les Plcesconiens , loags
de G à 12 centièmes de millimètre, sont
très abondants dans l'eau de mer stagnante,
dans les marais et dans quelques infusions;
ils se reconnaissent aisément à leur cuirasse
et à leur manière de marcher au moyen des
I cils courts et épais qui leur servent de pieds.
Les Erviliexs ont une cuirasse plus réelle,
j membraneuse et persistante; ils sont pour-
j vus de cils vibratiles sur la partie décou-
j verte seulement, et portent un appendice
j court en forme de queue; ce sont, pour la
j plupart, des lnfusoires marins longs de 3 à
j G centièmes de millimètre.
Les Leucophryens sont les plus compléte-
I ment ciliés de tous les lnfusoires, mais ils-
manquent de bouche et d'organisation vi-
sible à l'intérieur; ce sont presque tous des
animalcules parasites , vivant les uns dans
l'intestin des lombrics et dans les nais , les
autres dans l'intestin des Batraciens : aussi
ne peuvent-ils vivre dans l'eau pure , où ils
se décomposent bientôt en laissant exsuder
le sarcode ; il semble que, devant vivre plon-
gés dans un liquide nourricier , leur orga-
nisation soit plus complètement en rapport
avec un mode de nutrition effectué par la
surface extérieure.
Les Paraméciens, au contraire, sont les
lnfusoires dont l'organisation paraît être la
plus complète, quoiqu'elle ne puisse être
encore complètement définie. En effet, leur
corps mou, flexible, ordinairement oblong,
est revêtu d'une sorte de tégument réticulé,
contractile, portant sur les mailles de son
tissu des cils vibratiles disposés en sé-
ries régulières et quinconciales. Leur bou-
che, bien visible, est ordinairementde côté,
dans une dépression , à l'extrémité d'une
bande oblique de cils plus longs et plus
forts , dont le mouvement continuel déter-
mine un tourbillon dans le liquide, et
amène successivement les corpuscules flot-
tants. Dans leur intérieur se voient des ca-
vités globuleuses remplies de liquide ou
contenant des substances avalées, et se
creusant soit spontanément dans la sub-
stance molle de leur corps, soit par l'effet
de l'impulsion de l'eau et des corpuscules
fiottantsque le mouvement des cils amène
sans cesse au fond de la bouche. Ou bien
INF
ll\i-
51
encore quelques Paraméciens, comme les
Nassula, avalent directement des brins d'os-
cillaire, par exemple, qui dilatent forte-
ment leur corps en se creusant eux-mêmes
ne cavité indépendante au milieu de la
jbstanec molle intérieure. Chez les Pa-
ameciens se voient généralement aussi des
avités contractiles spéciales remplies de li-
luide, disposées avec une sorte de régula-
rité, paraissant et disparaissant alternati-
ement à la même place. Enfin chez la plu-
part de ces animaux , on voit à l'intérieur
une ou plusieurs masses d'apparence glan-
duleuse , et chez quelques uns seulement,
on voit la bouche entourée d'un faisceau de
petites baguettes comme l'orifice d'une
nasse. Cette famille des Paraméciens, à la-
quelle il faut, jecrois, réunir les Bursariens,
contient au moins douze genres bien ca-
ractérisés, tels que les Paramécies h corps
oblong, comprimé, avec un pli longitudinal
oblique correspondant à l'emplacement de
la bouche: les Amphileptus qui en diffèrent
par leur forme plus allongée , amincie en
fuseau, et par l'absence de ce pli oblique;
les Kolpodes et les Glaucomes , dont la bou-
che est munie d'une lèvre saillante ou d'une
lame vibratile, et dont les uns ont le corps
sinueux ou échancré, tandis que les autres
sont ovales, déprimés. Les Chilodon et les
Xassula, dont la bouche est entourée d'un
faisceau de petites baguettes, se distinguent
parla forme du corps, ovoïde chez ceux-ci,
et déprimé chez ceux-là. Les Bursaires ont
la bouche très grande , située à l'extré-
mité d'une double rangée de cils, en spi-
rale , et les Kondylostome ont latérale-
ment en avant une bouche béante encore
plus grande, entourée de cils très forts qui
ieur permet d'avaler directement une proie
volumineuse. D'autres genres classés pro-
visoirement avec les Paraméciens réclament
un nouvel examen ; tels sont le Prorodon et
VHolophrya, dont la bouche tout-à-fait ter-
minale , comme chez les embryons de Mé-
duse, est nue chez celui-ci, et entourée de
baguettes chez celui-là; le Pleuronema,
semblable à une Paramécie dont la bouche
iaisse sortir un faisceau de longs filaments
rétractiles , et n'admet pas de nourriture
visible à l'intérieur; le Lacry maria , dont
le corps fusiforme, épais, se prolonge en
avant parun rétrécissement en forme de cou,
mais dont la bouche n'est pas distincte, etc.
Beaucoup de Paraméciens sont longs de 1/4
à un 1/2 millimètre, et par conséquent vi-
sibles à l'œil nu.
Entre les Paraméciens et les Vorticel-
liens on rencontre certains genres partici-
pant des uns et des autres, mais trop dif-
férents entre eux pour qu'on en puisse faire
une famille bien nettement caractérisée: ce
sont les Stentor, dont le corps, tantôt glo-
buleux, tantôt ovoïde ou cylindrique, est
tout couvert de cils vibratiles; tantôt ils se
meuvent librement, tantôt ils se fixent tem-
porairement et se développent en forme d'en-
tonnoir ou de trompette; ils sont longs d'un
demi-millimètre ou même d'un millimètre
et plus; les Urcéolaires , dont le corps, non
cilié partout, est tantôt globuleux ou dis-
coïde, tantôt en forme de cupule, assez
semblable à celui des Vorticelles, mais non
fixé sur un pédoncule. La bouche des Sten-
tors et des Urcéolaires se trouve, comme
celle des Vorticelles, à l'extrémité d'une ran-
gée de cils qui se recourbe en spirale après
avoir entouré comme une couronne la face
supérieure; on pourrait donc provisoire-
ment en former un groupe sous le nom
d'TJRCÉOLARiE.xs. Ce sont des animaux habi-
tant seulement les eaux limpides des marais.
Les Vorticelliens enfin constituent une
dernière famille d'Infusoires très remar-
quables par leurs métamorphoses et par leur
mode de développement , analogue, pour
quelques uns, à celui des Polypes. lisse
composent d'un corps contractile, tantôt glo-
buleux ou ovoïde, tantôt épanoui en forme
de vase ou de clochette , et d'abord fixé sur
un pédoncule simple ou rameux, raide ou
susceptible de se contracter brusquement
en tire-bouchon ; dans une dernière pé-
riode de leur vie , ils abandonnent leur pé-
doncule, prennent une forme cylindrique et
nagent, à la manière des Urcéolaires, au
moyen d'une rangée postérieure de cils on-
dulants. Leur bouche est située dans le bord
de l'expansion terminale de leur forme de
vase pendant l'épanouissement. Le nom de
Vorticelle a dû être laissé seulement à ceux
dont le pédoncule simple ou rameux est
contractile. Quelques Vorticelles, vivantdans
les eaux marécageuses , forment des touffes
blanchâtres, nuageuses , larges de plusieurs
millimètres; mais le corps de chacune en
52
INF
particulier n'a jamais plus de 5 à 10 centiè-
mes de millimètre. D'autres, beaucoup plus
petites, se développent dans les infusions, et
leur pédoncule est toujours simple. Les
Vorticelliens dont le pédoncule simple ou
rameux n'est pas contractile ont reçu le
nom d'Epistylis; chez eux, c'est le corps
même qui, plus allongé, se contracte en
se plissant transversalement.
Dans mon histoire naturelle, à la suite
des vrais Infusoires non symétriques, j'ad-
mettais provisoirement un groupe d'Infu-
soires symétriques ; mais depuis lors j'ai
reconnu que les Chœtonotus et les Ichlhy-
dium sont des Systolides; il ne resterait
donc aujourd'hui qu'un seul type, le Coleps,
qu'on pourrait considérer comme un Infu-
soire symétrique ; mais l'opacité de son en-
veloppe ne permet pas d'avoir une idée
précise de sa vraie structure et conséquem-
ment de ses rapports zoologiques.
Pour compléter cet article, il nous faut
mentionner aussi les nombreux objets qui
ont été classés à tort parmi les Infusoires.
Si nous suivons pour cela la nomenclature
deO. F. Millier, adoptée par les zoologistes
de la période subséquente, nous voyons
d'abord sous le nom de Vibrions , des An-
guillules et divers Helminthes nématoïdes
analogues , puis des Navicules , des Bacil-
laires et des Clostéries qui doivent être re-
portées dans le règne végétal. Parmi les
VoIyox sont compris des corps reproducteurs
ciliés de diverses Algues , et aussi le germe
ou bulbille cilié, diaphane, de l'Éponge
d'eau douce. Le genre Cercaire, que nous
avons supprimé dans la liste des Infusoires,
renfermait des animaux très différents, un
Péridinien , des Eugléniens et Thécamona-
diens , des Systolides et des Helminthes
trématodes parasites du foie des Mollusques
d'eau douce et auxquels seuls le nom de Cer-
caire doit être laissé. On a voulu aussi rap-
procher des Cercaires les Spermatozoïdes
ou prétendus animalcules spermatiques en
leur donnant une organisation qu'ils n'ont
point.
Au nombre des Trichodes de Millier se
trouvaient plusieurs espèces trouvées avec
l'eau de mer dans la coquille des Moules, et
qui ne sont autre chose que des lambeaux
de la branchie ciliée de ces Mollusques. Une
de ses Leucophres est une jeune Alcyo-
INI
nelle; la plupart de ses Vorticelles, ainsi
que plusieurs de ses Trichodes et tous
ses Brachions, sont des Systolides. Enfin,
l'on doit remarquer aussi que beaucoup de
ses Trichodes et de ses Kérones , ainsi que
ses Himantopus, sont des individus de quel-
que autre espèce déformés ou en partie dé-
composés. (F. Dujardin.)
INGA. bot. ph. — Genre de la famille
des Mimosées-Parkiées , établi par Plumier
{Gen. 13, t. 25). Arbres ou arbustes des
régions tropicales de l'Asie et de l'Amérique.
Voy. MIMOSÉES.
INGENHOUSIA, Dennst. bot. ph.— Syn.
de Cissus, Linn.
INGENHOUSSIA , E. Mey. bot. ph. —
Syn. d'Amphitalea, Eckl. et Zeyh.
INGENHOUZIA, Bert. bot. ph. — Syn.
de Balbisia, DG.
* INGÉNIEUSES. Ingeniosœ. arach.—
Sous ce nom est désigné par M. Walcke-
naër, dans son Hist. nat. des Ins. apt., une
race qui appartient au genre des Clubiona,
et dont les espèces qui la composent ont les
mandibules portées en avant, la quatrième
paire de pattes la plus longue, ensuite la
troisième est la plus courte. Les Clubiona
désignées sous les noms d'epimelas et de
castanea sont les représentants de cette
race. (H. L.)
*INIA. mam. — Genre de Cétacés créé par
M. Fr. Cuvier (Hist. des Cet. , suites à Buf-
fon, éd. Roret, 1836) aux dépens du grand
groupe des Dauphins, dont il se rapproche
par l'ensemble des formes extérieures, mais
dont le museau est plus allongé, les nageoi-
res pectorales plus larges, et la nageoire dor-
sale représentée par une simple élévation
de la peau. Ces caractères , peu propres à
servir à la formation d'un genre, acquièrent
de l'importance par les particularités qui se
tirent de la tête osseuse de ces animaux,
principalement remarquable par des dents
mamelliformes.
Une seule espèce entre dans ce genre :
c'est VInia boliviensis Aie. d'Orb. (Nouv.
Ann. du Mws., III, pi. 3) qui se trouve dans
l'intérieur du Haut-Pérou (Bolivia), et dont
les couleurs, communément variables, sont
en dessus d'un bleuâtre pâle, passant au rosé
en dessous; la queue et les nageoires sont
bleuâtres. Ce Cétacé ne fait, d'après les
rapports des naturels du pays qu'il habite,
, INO
qu'un seul pelit à la fois, et la mère a pour
son enfant une affection très grande , qui,
du reste, dit-on, est réciproque. Ces Dau-
phins viennent plus fréquemment que les
espèces marines respirer à la surface de
l'eau; mais leurs mouvements n'ont ni la
vivacité ni l'impétuosité de mouvement de
ceux-ci; ils se réunissent habituellement
en petites troupes de trois ou quatre indivi-
dus, et on les voit quelquefois élever leur
museau au-dessus des flots pour manger leur
proie. Les Indiens Guarayas des rives du
Rio de San Miguel leur donnent le nom d'J-
nta, dénomination qui leur a été conservée
génériquement. (E. D.)
*INIENCÉPHALE./niencep/iaZws.TÉRAT.
— Genre de Monstres unitaires de la famille
des Exencéphaliens. Voy. ce mot.
*INIODYME. /m'odt/mus. térat.— Genre
de Monstres doubles , ordre des Autositai-
res , famille des Monosomiens. Voy. ce mot.
*INIOPE. Iniopes. térat. — Genre de
Monstres doubles de l'ordre des Autositaires,
famille des Sycéphaliens. Voy. ce mot.
*IIMO (nom mythologique), ins. — Genre
de Coléoptères pentamères, famille des Bra-
chélytres, tribu des Omaliniens, établi par
M. Laporte {Études entomologiques, p. 135),
avec une espèce de Madagascar, nommée
par l'auteur /. pict a. (C.)
INOCARPUS (fç> c'voç, fibre; xap™? ,
fruit), bot. ph. — Genre de la famille des
Hernandiacées , établi par Forster ( Char.
S'en., 66). Arbres résineux de l'Asie et de
l'Océanie. Voy. hernandiacées.
HVOCÉRAME. Inoceramus (f5 , fvoç, fi-
bre; x/paj^oç, vase, coquille), moll. — On
doit la création du genre Inocérame à
M. Sowerby ; il le proposa , en 1815 , dans
son Minerai conchology. Il est destiné à
rassembler des coquilles bivalves singuliè-
res, dont quelques espèces ont été connues
des anciens paléontologistes , comme le té-
moignent les ouvrages de Lister, de Bour-
guet , de Knoss et Walch , etc. Lorsque
MM. Cuvier et Brongniart publièrent la
deuxième édition de la Minéralogie des en-
virons de Paris , M. Brongniart fut spécia-
.ement chargé de la détermination des fos-
siles ; il démembra le g. Inocérame , et en
détacha les espèces les plus grandes sous le
nom de Catillus , et proposa de plus , pour
une coquille incertaine encore à cette épc-
INO
53
que, un g. Mytiloïdes pour une espèce myti-
liformedu genre de Sowerby. En continuant
la publication de son Minerai conchology ,
l'auteur lui-même laissa échapper quelques
doubles emplois. En effet, on trouve plu-
sieurs Inocérames rangées sous le nom de
Crénatules, et une autre fort grande et fort
remarquable , pour laquelle il a institué le
g. Tachinia. Ainsi , pour nous , nous réu-
nissons au genre du paléontologiste anglais
ceux nommés Catillus et Mytiloides par
M. Brongniart , ainsi que les Crenatula et
Tachinia de Sowerby. Ces genres, en effet,
offrent des caractères communs de structure,
et ils doivent par conséquent rentrer dans
un seul groupe naturel.
II est difficile sans doute de présenter
tous les caractères du g. Inocérame , parce
que, toutes les espèces qui en dépendent se
trouvant dans la craie , elles ont subi dans
ce terrain des altérations considérables dont
nous avons eu occasion de parler déjà en
traitant de plusieurs autres genres. Nous
verrons encore à l'article podopside comment,
conduit par des observations précises, nous
avons découvert ce fait important que, dans
la craie, certaines coquilles peuvent être
dissoutes en partie seulement, tandis qu'une
portion extérieure plus ou moins considé-
rable a résisté à la dissolution , et c'est là
justement ce qui est arrivé aux Inocérames,
et dès lors on doit comprendre combien il
est difficile de retrouver dans des débris
incomplets tous les caractères du genre.
Néanmoins, d'après l'ensemble des formes
extérieures et quelques uns des caractères
de la charnière , on peut dire que ces co-
quilles doivent appartenir à la classe des
Conchifèrcs monomyaires de Lamarck. Les
coquilles groupées dans cette classe se divi
sent en deux parties bien distinctes ; les unes
sont adhérentes par le test; elles conser-
vent, à cause de cela, une irrégularité qui
leur est propre; les autres, libres ou fixées
par un byssus, ont plus de régularité , mais
il y en a un certain nombre qui , étant iné-
quivalves et irrégulières , ont constitue
pour Lamarck sa famille des Malléacées. Les
Inocérames ayant les caractères extérieurs
des coquilles de cette famille doivent ^
prendre place , quoique l'on ignore si dans
ce genre il n'y a en réalité qu'une seule im
pression musculaire. On n'aurait aucun mo-
54
INO
INS
tif de supposer que les Inocérames sont des
coquilles dimyaires ; car toutes les coquilles
dimyaires irrégulières sont adhérentes, tan-
dis que toutes les coquilles ir régulières li-
bres appartiennent sans exception à la classe
des Monomyaires.
Les Inocérames sont des coquilles singu-
lières , inéquivalves, longitudinales, ayant
les sommets rapprochés, plus ou moins proé-
minents, selon les espèces, et une charnière
droite, large, épaisse, sur la surface in-
terne de laquelle sont creusées un grand
nombre de gouttières pour recevoir un liga-
ment multiple. Déjà la famille des Malléacées
renferme plusieurs genres présentant des
caractères semblables : ce sont les Crénatu •
les , les Pernes et les Gervilies. Les valves
sont inégales ; mais il y a des espèces , par-
ticulièrement celles dont M. Brongniart a
fait le g. Catillus , qui ont des valves pres-
que égales , et c'est dans cette série que
doit venir se placer le g. Tachinia. Dans
toutes ces coquilles , sans exception , les
portions de test que l'on peut observer of-
frent une composition que l'on ne rencontre
que chez un petit nombre de Mollusques.
On voit, par les cassures , que ces coquilles
étaient revêtues à l'extérieur d'une couche
plus ou moins épaisse, à fibre très fine et
perpendiculaire , disposée exactement de la
même manière que dans les Jambonneaux.
Nous avons recherché si cette disposition
fibreuse se retrouvait dans les autres gen-
res des Malléacées , et nous en avons con-
staté la présence dans les Pernes et les Avi-
cules. Nous en avons conclu par analogie
que cette couche fibreuse des Inocérames ,
la seule aujourd'hui conservée , était soute-
nue, pendant la vie de l'animal, par une
couche intérieure nacrée , plus ou moins
épaisse , et que la dissolution a fait dispa-
raître complètement. On a une autre preuve
que la partie fibreuse ne constituait pas
coûte, la coquille. On voit qu'en effet cette
couche s'épaissit, des crochets vers les bords
des valves, ce qui n'a jamais lieu dans une
coquille entière, quelle qu'elle soit, tandis j
que cette disposition doit se présenter lors- I
que la couche intérieure d'une coquille a '
été dénudée de la couche extérieure, comme
nous le verrons aux articles spondyle et po-
norsiDE.
Il résulte des observations précédentes
que le g. Inocérame peut être caractérisé de
la manière suivante : Coquille irrégulière,
inéquivalve , inéquilatérale , longitudinale,
à crochets terminaux , inégaux , et plus ou
moins saillants ; charnière droite , linéaire ,
présentant une série de gouttières étroites
pour l'insertion d'un ligament multiple ;
une impression musculaire, subpostérieure;
couche extérieure du test fibreuse , à fibres
perpendiculaires. Le g. Inocérame, consti-
tué par un groupe de Mollusques , est ac-
tuellement éteint; la plus grande partie de
ces animaux ont vécu pendant la période
crétacée; aucun , jusqu'à présent, ne s'est
montré dans les terrains tertiaires, mais
quelques uns ont descendu dans la série
des terrains oolithiques ; on en a même
rencontré dans les terrains siluriens , dont
les dépôts remontent aux premiers âges géo-
logiques de la terre. On comptait à peine
une dizaine d'espèces d'Inocérames dans les
ouvrages de M. Sowerby et de M. Mantell;
aujourd'hui il y en a une quarantaine d'in-
scrites dans les catalogues des paléontolo-
gistes. (Desh.)
INORGANIQUE. Inorganicus. — On
nomme ainsi tous les corps dépourvus des
organes nécessaires à la vie , soit végétale,
soit animale.
*INOSTEMMA. ins.— Genre de la tribu
des Proctotrupiens , de l'ordre des Hymé-
noptères , groupe des Platygastérites , établi
par M. Haliday et adopté par nous ( Hist.
des Ins., t. I, p. 148). Le type de cette
coupe générique est Vin. Boscii, Hal. (Bl.)
INSECTES. Insecta. zool. — On a ap-
pelé ainsi, avec Linné , tous les animaux
dont le corps est formé d'articles placés
bout à bout, et dont les pattes offrent aussi
ce caractère : en sorte que l'on comprenait
sous cette dénomination ce que l'on nomme
aujourd'hui les animaux articulés. Pour
Linné, un Crabe, une Écrevisse, une Arai-
gnée , un Papillon, étaient des Insectes;
pour les naturalistes modernes, les Insectes
ne renferment plus que les Articulés pour-
vus de trois paires de pattes , tels que le
Hanneton , la Sauterelle , la Mouche à
miel , etc. Cependant un entomologiste an-
glais , M. Westwood , propose de conserver
à tous les animaux articulés leur ancienne
dénomination d'Insectes, pour se confor-
mer au langage usuel , dans lequel on
INS
UNS
55
dit encore d'une Araignée qu'elle est un
Insecte. On désignerait alors, avec Aristote,
sous le nom de Ptilota la classe des Insectes
proprement dits. 11 y a néanmoins lieu de
penser que le nom d'Insectes restera long-
temps encore ce qu'il est aujourd'hui, s'ap-
pliquant, dans le langage lies naturalistes,
à tous les Articulés à six pattes, et, dans le
langage ordinaire, à tout ce qu'on voudra
lui Taire signifier.
Les animaux qui constituent avec les In-
sectes le groupe des Articulés proprement
dits sont les Crustacés, les Arachnides et
les Myriapodes [voyez ces mots) ; mais tous
se distinguent des Insectes par le nombre
de leurs pattes qui est supérieur à six, et
par d'autres caractères plus importants. Il
faut remarquer que le nombre six, qui est
celui des pattes dans la classe des Insectes ,
ne se rapporte qu'à l'état parfait ou défini-
tif de ces animaux; car, pendant ies pre-
miers temps de leur vie, beaucoup d'Insec-
tes ont plus de six pattes. Il n'y a cepen-
dant que six pattes articulées, les autres
n'étant , pour ainsi dire, que des mamelons
formés d'une seule pièce. Quant aux autres
caractères différentiels des Insectes, les or-
ganes de la respiration en fournissent un
*les principaux. Ces organes sont des tra-
chées pour le passage de l'air, ce qui dis-
lingue les Insectes des Crustacés, qui ont des
branchies; mais un grand nombre d'Arach-
nides respirent aussi par des trachées, et les
Myriapodes sont tous dans le même cas.
C'est donc le mode de division des parties du
corps qui sert le mieux à distinguer les In-
sectes, concurremment avec le nombre des
pattes. Ainsi les Arachnides ont la tête con-
fondue avec le thorax, et les Myriapodes
ont le corps vermiforme, avec toutes les ar-
ticulations semblables, excepté la tête. Dans
les Insectes, le corps est, au contraire, ma-
nifestement divisé en tête, thorax et abdo-
men. Ce mode de division permet de dis-
tinguer au premier coup d'oeil les Insectes
de certains Crustacés, dans lesquels la tête
est aussi confondue avec le thorax ; mais il
est d'autres Crustacés qui présentent aussi
les trois régions du corps que l'on remarque
dans les Insectes.
La présence des antennes est encore un
des caractères constants de la classe des
Insectes , tandis que celle des Arachnides
en est dépourvue; mais les antennes exis-
tent aussi dans les Crustacés et dans les
Myriapodes. Enfin il se produit chez les In-
sectes, tantôt des mues, ou simples chan-
gements de peau , avec conservation de la
forme du corps ; tantôt des changements de
peau, avec altération de la forme. On ne
trouve pas non plus dans ces phénomènes
des caractères propres aux insectes seule-
ment ; car les Arachnides changent de peau,
et quelques unes même changent aussi de
forme. On peut en dire autant des Crustacés
et des Myriapodes ; en sorte que les change-
ments de peau, accompagnés de change-
ments de forme , se présentent à la fois
dans une partie au moins de chacune des
quatre classes d'Articulés.
Enfin, un des caractères les plus saillants
de la classe des Insectes, c'est sans contredit
la présence des ailes , qui manquent entiè-
rement aux trois autres classes d'Articulés.
Et cependant ce caractère n'a pas une va-
leur absolue , puisqu'il existe des groupes
d'Insectes aptères , c'est-à-dire privés d'ai-
les , et que certaines espèces ordinairement
ailées se montrent accidentellement dépour-
vues des organes du vol.
11 n'y a donc en définitive que le nombre
des pattes qui ne souffre pas d'exception;
mais ce caractère n'est constant que dans les
Insectes à l'état parfait. Dans les premiers
temps de leur vie, ces animaux sont tantôt
apodes, c'est-à-dire dépourvus de pattes;
tantôt ils en ont six ou un plus grand nom*
bre; tantôt même ils n'en ont que deux.
Il faut une certaine habitude pour recon-
naître dans tous les cas une larve d'Insecte.
Uœuf des Insectes varie beaucoup dans
sa forme, l'aspect de sa surface et sa colo-
ration ; il varie beaucoup aussi dans sa si-
tuation au milieu de la nature. Tantôt il
estsphérique ; tantôt, ce qui arrive le plus
ordinairement, il est ovoïde; d'autres fois
il a la forme d'un cylindre ou d'un concom-
bre , ou celle d'une lentille. Sa surface est
tantôt lisse, tantôt striée ou relevée par des
côtes ou des lignes d'apparences variées. Sa
couleur est blanche , ou jaunâtre ou grise
dans la plupart des cas ; mais quelquefois
aussi elle est verte ou noire, ou même ba-
riolée. Dans quelques cas, l'oeuf est tout-à-
fait transparent. Quant à sa situation , il
est quelquefois déposé sur une feuille ,
56
INS
INS
sur une branche d'arbre , ou bien enfoui
dans la terre ou dans l'eau. On voit sou-
vent des anneaux formes autour des bran-
ches par des œufs accolés les uns aux au-
tres, ou des amas d'œufs déposés à la sur-
face des feuilles ; on en voit même qui sont
filés à la feuille au moyen d'un long pé-
dicelle. Les œufs déposés en terre sont tan-
tôt abandonnés à eux-mêmes dans une fente
produite par la mère à l'aide d'un organe
spécial (tarière) ; tantôt renfermés dans des
loges construites à dessein, et dans lesquelles
la mère a eu soin de déposer la nourriture
destinée aux larves qui en sortiront. Dans
d'autres cas, les œufs sont placés dans le
Êissu même des végétaux à l'aide d'organes
appropriés. Certaines espèces pondent leurs
œufs dans l'eau, et les y abandonnent;
d'autres les enferment dans un cocon, ainsi
que cela a lieu parmi certains Insectes car-
nassiers; d'autres encore les enveloppent
d'une sorte de gelée à l'aide de laquelle ils
les fixent à la face inférieure des pierres
submergées. Enfin un certain nombre d'In-
sectes déposent leurs œufs dans le corps
d'autres animaux , et dans les larves ou les
Chenilles des Insectes eux-mêmes. Les lar-
ves ainsi attaquées servent à la nourriture
de l'ennemi qu'elles renferment, et péris-
sent prématurément.
11 y a deux choses à remarquer au sujet
de la manière dont les œufs sont déposés par
la femelle. La première, c'est qu'en général
ils sont pondus dans des circonstances qui
permettent aux larves qui en sortiront de
trouver leur nourriture autour d'elles. C'est
ce qui a lieu surtout pour les œufs qui sont
pondus dans le corps de certains animaux ou
dans les larves de certains Insectes. C'est
ce qui a encore lieu pour les œufs qui sont
pondus par quelques espèces appelées pa-
rasites dans le nid préparé par d'autres
espèces, et approvisionné par ces dernières.
Il en est de même pour les œufs qui sont
abandonnés dans l'eau ou déposés dans le
tissu des végétaux. Les larves, au moment
où elles éclosent , se trouvent à même de
rencontrer les aliments qui leur convien-
nent. En étudiant l'industrie des Insectes,
on reconnaît qu'un grand nombre d'entre
eux pond des œufs dans des circonstances
toutes spéciales, et appropriées au but dont
ri es* question.
La seconde chose à considérer au sujet
de la position des œufs , c'est que l'in-
fluence de l'air et de la température pa-
raît avoir une action marquée sur certains
œufs. Ainsi ceux d'un Insecte aquatique
( Hydrcphilus piceus ) voguent à la surface
de l'eau renfermés dans un cocon de soie,
et ne se développent pas, suivant M.New-
port , si on les dépose au fond d'un Yase
plein d'eau. Cependant les œufs des Phry-
ganes, que l'on rencontre à la face infé-
rieure des pierres, restent toujours plongés
dans l'eau. Quant à l'influence de la tem-
pérature, elle est plus prononcée, si l'on en
juge par l'habitude où sont les Fourmis
d'éloigner ou de rapprocher de la surface
de la fourmilière les œufs de la génération
prochaine, suivant que le temps est froid
ou chaud, suivant que la pluie menace ou
que le soleil prodigue ses rayons. Les soins
que les Fourmis donnent aux œufs, elles
les donnent également aux nymphes en-
core renfermées dans leur cocon , et la
nymphe a été considérée comme un se-
cond œuf.
Larve. C'est l'état de l'Insecte lorsqu'il
sort de l'œuf, c'est-à-dire qu'il n'a pas
encore, soit la forme, soit tous les or-
ganes de l'Insecte parfait. Sous ce rapport,
il y a une distinction à établir entre les di-
verses larves. Les unes diffèrent essentielle-
ment de l'Insecte parfait : elles ont le
corps plus ou moins vermiforme; les au-
tres ressemblent à l'Insecte parfait, et sont
cependant dépourvues des organes du voi ,
des ailes proprement dites. Aussi quelques
auteurs ont-ils partagé les Insectes en deux
catégories distinctes, suivant que leurs
larves ressemblent ou ne ressemblent pas
à l'Insecte parfait. On a donné le nom de
larve, du latin larva, masque , au premier
état des Insectes , parce que, dans un très
grand nombre d'entre eux, la forme défi-
nitive est pour ainsi dire masquée par l'en-
veloppe primitive. Outre l'absence des or-
ganes du vol, la larve est encore dépourvue
des organes de reproduction , des organes
sexuels. C'est ce que Ton remarque dans
tous les Insectes à l'état de larve, que cette
larve ressemble ou non à l'Insecte parfait.
Les Puces, par exemple, les Poux, fu> dif-
fèrent à leurs divers états que par l«i *ille :
voilà pour l'extérieur; les organes de la
INS
INS
57
reproduction leur manquent cependant.
Les Sauterelles, les Punaises, les Cigales,
ont, à l'état de larve, la forme de l'Insecte
parfait, moins les ailes et les organes re-
producteurs. Enfin les Hannetons, les Pa-
pillons, les Abeilles, les Mouches, ont une
tout autre forme, lorsqu'ils sont à l'état
de larve, que celle qu'ils auront à l'état
d'Insectes parfaits. Non seulement ils sont
privés alors de tout organe de reproduc-
tion, mais ils présentent des différences
notables , tant dans la forme générale de
leur corps que dans les parties de leur
bouche ; souvent ils ont des organes qu'ils
perdront ensuite , comme la filière de la
Chenille, à l'aide de laquelle sera filé le
cocon de soie destiné à la protéger dans ses
transformations ultérieures. Souvent en-
core, ou pour mieux dire toujours, dans
les larves à corps vermiforme , les organes
de la digestion, le tube intestinal, subiront
des changements notables pour arriver à
l'état définitif qui constitue celui d'Insecte
parfait.
Dans les larves qui diffèrent pour la
forme de celle de l'Insecte parfait , tantôt
il existe des pattes pour la locomotion, tan-
tôt il n'en existe pas. Lorsque les pattes
existent , elles sont tantôt au nombre de
six, comme cela a lieu dans tous les Insec-
tes parfaits , tantôt en plus grand nombre.
Dans le cas où il y a six pattes , ces pattes
sont formées de plusieurs pièces , placées
les unes à la suite des autres ; elles sont
dites alors articulées , et représentent les
six pattes de l'Insecte parfait. Lorsqu'il y
a plus de six pattes , les unes sont articu-
lées : ce sont les six pattes persistantes ou
les vraies pattes; les autres sont formées
d'une seule pièce, ou sont, pour mieux dire,
des prolongements de l'enveloppe externe
et des muscles qui s'y attachent à l'inté-
rieur. On les appelle des fausses pattes ,
parce qu'elles sont transitoires, et ne se
montrent pas sur l'Insecte parfait.
En général, l'état de larve est celui sous
lequel les Insectes vivent le plus longtemps.
Il y en a même qui ne vivent que quelques
heures , ou même moins , à l'état parfait ;
tels sont les Éphémères. Le Hanneton vit
trois ans sous la forme de larve, et quel-
ques semaines seulement à l'état parfait;
l'Éphémère vit deux ans à l'état de iarve.
T. ru
D'autres subissent, dans le cours d'un
même été, toutes leurs transformations,
et ne se perpétuent l'année suivante que
par l'éclosion des œufs qu'ils ont déposés.
C'est aussi sous la forme de larves que
les Insectes sont le plus voraces , du moins
ceux qui subissent des métamorphoses com-
plètes ; car les Sauterelles , par exemple,
causent de grands dégâts à leur état parfait.
Les Termites, certaines Fourmis, sont dans
le même cas. Le Hanneton lui-même ronge
les feuilles à son état parfait, et continue
des dégâts que sa larve avait si bien com-
! mencésen attaquant les racines des jeunes
| arbres. Au contraire, les Papillons et beau-
1 coup d'autres Insectes ne prennent presque
pas de nourriture à leur état parfait, et il
est même des Insectes qui n'en prennent
plus du tout : tels sont les Éphémères.
Les larves dont le corps est vermiforme,
et ne ressemble pas, par conséquent, a
celui de l'Insecte parfait, sont en général
divisées en treize articulations ou segments.
La première de ces articulations constitue
d'ordinaire à elle seule la tête, qui porte
les organes de préhension des aliments ,
les parties buccales , c'est-à-dire les man-
dibules, les mâchoires, etc. Les trois arti-
culations suivantes sont celles qui portent
les pattes, et ces pattes sont fixées deux a
| deux à chacune des trois articulations.
j En général, toutes les articulations du corps
| de la larve se ressemblent pour la forme et
j pour le développement , si l'on en excepte
la tète. Celle-ci porte souvent encore des
: antennes et des yeux, outre les pièces de
; la bouche déjà indiquées. Les articulations
qui ne supportent pas de vraies pattes peu-
; veut présenter ce que nous avons appelé
de fausses pattes. Le nombre de ces fausses
| pattes varie dans les différentes classes
; d'Insectes ( voyez Lépidoptèkes , Tenthré-
! dînes). Sur les côtés du corps de la larve ,
! on voit ordinairement des ouvertures appe-
lées stigmates, qui sont destinées L l'entrée
ou à la sortie de l'air que respire l'Insecte
On n'en voit pas sur la tête, non plus que
sur une des premières et sur les dernières
articulations; on en voit ordinairement sur
presque toutes les autres, et il y en a deux
pour une seule articulation , c'est-à-dire
une de chaque côté. Dans quelques larves
d'L sectes (Hyménoptères) dépourvues de
58
INS
pattes, où il y a jusqu'à quatorze segments
ou articulations au corps, tous les segments
portent deux stigmates, excepté le segment
céphalique et les deux derniers segments
du corps. En somme, il y a d'ordinaire,
soit neuf, soit dix stigmates de chaque côté
du corps de la larve. Les stigmates sont
l'entrée des conduits aériens , ou trachées,
dont nous parlerons en décrivant l'Insecte
parfait.
Dans les larves de certaines Mouches , il
n'y a plus que deux stigmates, situés à la
partie postérieure du corps. Dans d'autres
appartenant encore à certaines espèces de
Mouches ( Straliomys ) , les orifices de la
respiration sont situés à la partie anté-
rieure, et le corps très allongé de la larve
lui permet de porter cette extrémité au-
dessus du liquide dans lequel elle vit. Il y
a donc , sous le rapport du nombre et de
la position des stigmates, une assez grande
différence entre les diverses familles d'In-
sectes.
Le segment céphalique de la larve ne ré-
pond pas toujours seul à la tête de l'Insecte
parfait ; dans la larve de certaines Mouches
(Musca vomitoria ), où il y a aussi quatorze
articulations ou segments au corps , les
quatre premiers segments constituent la
tête, suivant M. Newport (British cyclope-
àia), parce que les pièces de la bouche sont
réparties sur ces différents segments.
Cette composition multiple de la tête de
certaines larves nous permet d'expliquer la
composition de la tête en général, tant dans
les autres larves que dans les Insectes par-
faits.
Les larves dont la tête paraît formée
d'une seule pièce ont cette tête de forme
sphérique ou ovoïde et revêtue de téguments
plus solides d'ordinaire que le reste du
corps. On y distingue ordinairement une
ligne ou suture médiane qui la divise pres-
que en deux parties. Outre les yeux et les
antennes, qui n'existent pas sur toutes les
larves; outre les mandibules, les mâchoires
et les lèvres, que nous décrirons chez l'In-
secte parfait, il existe parfois un organe
dont nous avons déjà parlé, la filière, qui
est située sur la lèvre inférieure, c'est à-dire
au-dessous de la bouche. C'est un orifice
percé dans'une saillie de la face inférieure
de la tête ou dans la bouche même, et oui
INS
permet la sortie des matériaux soyeux du
cocon sécrétés ou formés dans des organes
spéciaux, dans des espèces de glandes sali-
vaires. Ils forment dans le Ver à soie deux
longs vaisseaux flexueux, qui occupent une
grande partie de la longueur de son corps.
Les pièces de la bouche, les antennes, les
yeux même, sont rudimentaires dans la
larve, c'est-à-dire que les parties buccales
et les antennes n'ont ni la forme ni le nom-
bre de pièces qu'on leur connaît dans l'In-
secte parfait. Quant aux* yeux, qui sont grou-
pés, rapprochés et composés dans l'Insecte
parfait, ils sont séparés, simples, isolés dans
la larve, par conséquent réduits à quelques
uns de leurs éléments.
Lorsqu'il existe des fausses pattes , elles
sont, avons-nous dit, formées d'une seule
pièce, et se distinguent en outre par leur
épaisseur, tandis que les vraies pattes
se terminent en pointe ou en crochet. C'est
surtout dans les chenilles, ou larves des Lé-
pidoptères, qu'on remarque de semblables
pattes. Elles s'appliquent sur les feuilles ou
les branches des arbres par une large base,
qui peut prendre toutes les formes du sup-
port qu'elles embrassent, et sont souvent
garnies d'une couronne de crochets qui leur
permettent de mieux se fixer. Quelquefois
ces pattes sont divisées en deux parties à
leur extrémité, de manière à pouvoir mieux
saisir les corps sur lesquels elles s'appliquent.
Il y a ordinairement plusieurs paires de ces
pattes, qui sont situées deux à deux sur quel-
ques uns des derniers anneaux du corps;
quelquefois il n'y en a que deux , placées
sur le dernier anneau (Géomètres), et en
général elles existent en même temps que les
pattes articulées ou vraies pattes; mais, dans
les larves de certains Diptères (Eristales), les
fausses-pattes sont les seules qui existent.
Métamorphoses. L'accroissement des larves
se fait en général par des changements de
peau, par de véritables mues, dans lesquelles
l'enveloppe s'ouvre pour laisser sortir le corps
de l'Insecte. La mue semble déterminée par
le volume trop grand que le corps acquiert
et qui amène alors la rupture de ses tégu-
ments. Les téguments nouveaux, tout formés
sous les anciens, ne tardent pas à se solidi-
fier. Au bout d'un certain temps, une nou-
velle mue se produit, et ainsi de suite, de
sorte que la larve ne croît pas d'une manière
IINS
INS
59
insensible, comme les jeunes des autres ani-
maux, du moins en apparence, et son ac-
croissement se manifeste à nous par de vé-
ritables sauts, par des transitions brusques.
Comme il y a une très grande différence
entre la grosseur d'une larve à sa sortie de
l'œuf et celle de la même larve au moment
de changer de forme ou d'état , on conçoit
qu'elle doive passer par plusieurs mues suc-
cessives pour arriver à sa grandeur défini-
tive. Aussi ne compte-t-on pas moins de cinq
changements de peau dans les larves en
général, et,dans certains Lépidoptères même,
on en reconnaît davantage. Lorsque la larve
est arrivée au moment de subir ce change-
ment, de même que lorsqu'elle doit se trans-
former pour passer à un autre état, elle
reste pendant plusieurs heures sans mou-
vement et sans prendre de nourriture. On
remarque cependant de temps à autre des
contractions brusques de tout son corps. La
peau se dessèche peu à peu et finit par s'ou-
vrir sur le dos en commençant par la tête ;
puis la larve se dégage peu à peu et finit
par abandonner son ancienne dépouille, dont
elle se nourrit quelquefois , au dire de cer-
tains auteurs.
Ce qu'il y a de plus remarquable, c'est
que l'enveloppe extérieure n'est pas la seule
qu'abandonne la larve. La membrane interne
du canal intestinal et celle même des tra-
chées se séparent aussi de l'intestin. C'est
surtout au dernier changement de peau que
ces phénomènes se remarquent le mieux, et
souvent les Insectes meurent pendant qu'ils
s'accomplissent. C'est donc pour eux une
véritable crise morbifique.
Au moment de la dernière mue, beaucoup
de larves se filent un cocon de soie dans
lequel doit s'opérer le changement de leur
enveloppe : aussi trouve-ton celle-ci pelo-
tonnée dans l'intérieur du cocon à côté de
l'enveloppe de la nymphe, lorsque l'Insecte
sort à l'état parfait. Quelques larves pénè-
trent dans la terre, où elles se creusent une
loge qu'elles tapissent avec de la vase; d'au-
tres se filent un cordon qui les soutient par
le milieu du corps; d'autres, encore, se
suspendent, la tête en bas, à l'aide de leurs
fausses pattes postérieures. Il y a à cet égard
de grandes différences qu'il serait trop long
d'énumérer ici.
Nymphe. C'est le deuxième état de l'In-
i secte, après sa sortie de l'œuf. Toutes les
larves ne ressemblent pas à l'Insecte parfait;
il en est de même des nymphes. Les unes
sont immobiles, renfermées dans un cocon
plus ou moins simple, dans l'intérieur du-
quel leur corps est plus ou moins contracté
et transformé ; les autres, au contraire, sont
actives , ressemblent à ce qu'elles étaient
sous forme de larves et à ce qu'elles seront
à l'état parfait, si ce n'est à l'égard des or-
ganes du vol. Dans ces nymphes de la se-
conde espèce, les ailes sont déjà ébauchées,
et l'Insecte vit, marche, se nourrit comme
I à l'ordinaire; telles sont les Sauterelles, par
| exemple. Dans les autres nymphes, qui sont
j bien plus nombreuses, le mouvement, la
i vie extérieure, sont suspendus; c'est un temps
I de torpeur, d'engourdissement, en quelque
! sorte, pendant lequel il se passe des phéno-
mènes physiologiques très remarquables.
L'état de nymphe dans les Insectes à
métamorphoses complètes est indiqué par
un développement relatif des anneaux du
corps, qui permet d'y reconnaître trois ré-
gions distinctes, la tête, le thorax et l'abdo-
men. Il s'est donc opéré, sous la dernière
enveloppe delà larve, des changements qui
se sont manifestés au moment où cette en-
veloppe était rejetée : aussi les pattes , les
antennes, ont-elles acquis plus de longueur
et en même temps plus de parties qu'elles
n'en avaient d'abord. Les ailes , jusqu'a-
lors invisibles, se montrent appliquées contre
les côtés et la partie inférieure du corps et
recouvertes , de même que les antennes et
les pattes, par une enveloppe commune à
tout le corps. Cette enveloppe, quelquefois
rehaussée de plaques dorées dans les Lépi-
doptères, a fait donner aux nymphes de ces
Insectes le nom très répandu de Chrysalide
ou celui moins connu d'Aurélie. Le nom la-
tin de pupa avait été employé par Linné,
comme pour rappeler par l'idée de maillot
l'espèce d'enfance dans laquelle se trouve
alors l'Insecte.
C'est donc un état d'abstinence et de re-
pos que celui de nymphe dans la plupart des
Insectes, et, pour quelques uns, c'est le plus
long de la vie, ainsi qu'on le voit dans les
Papillons, qui passent plusieurs mois sous
cette forme. Mais, en général, la période de
nymphe est la plus courte et varie de quel-
ques jours à quelques semaines. Ce qu'il y
6ï
INS
a de remarquable, c'est l'influence de la tem-
pérature sur le développement de l'Insecte
à 1 état de nymphe. C'est pourquoi l'époque
de l'année et l'élévation de la température
de l'été, occasionnent des différences sur la
durée de cet état, que l'on prolonge ou que
l'on abrège pour ainsi dire à volonté, en
soumettant les nymphes à une température
basse ou élevée, ainsi que l'a faitRéaumur.
De grands changements se produisent
dans les organes de l'Insecte, pendant
1 état de nymphe; cependant la circulation
et la respiration sont pendant longtemps
a peu près suspendues. Aussi a-t-on re-
marqué une diminution de poids à peine
appréciable dans la nymphe de certains
Lépidoptères (Newport) après les sept ou
huit mois de l'hiver. Il est vrai que c'est là
le moment où la température doit s'oppo-
ser à toute action intérieure: aussi arrive-
t-il une époque à laquelle la respiration
redevient active. C'est alors , sans doute,
que s'opèrent les plus grands changements ;
et c'est alors aussi que la transformation
en Insecte parfait est sur le point d'avoir
lieu. A l'extérieur, les articulations du
corps se dessinent plus exactement; les
pattes , les antennes semblent se détacher
et l'abdomen exécute des mouvements fré-
quents. A l'intérieur, il se produit des mo-
difications de forme dans les organes diges-
tifs ; il s'en produit dans le système- ner-
veux, et enfin les organes génitaux se dé-
veloppent, en même temps que disparaît
en très grande partie la masse du corps
graisseux qui occupait un très grand vo-
lume dans la larve. Nous reviendrons sur
ces phénomènes.
Lorsqu'un Papillon a dépouillé sa der-
nière enveloppe , celle de la nymphe, il
cherche à étendre ses ailes, qui étaient jus-
qu'alors resserrées dans une sorte d'étui,
et fait de grands efforts pour respirer. On
voit alors les ailes s'agrandir de plus en
plus, ce qui est dû à l'arrivée de l'air dans
les canaux qui les traversent et à l'arri-
vée du lang. Une fois que les ailes sont
développées , l'Insecte se repose pendant
quelques heures, qui sont employées en
quelque sorte à consolider les téguments de
son corps. C'est alors, en effet, que ces té-
guments acquièrent de la consistance,
qu'ils se colorent; et, dès ce moment, l'In-
INS
secte a la grosseur qu'il doit conserver.
Dans certains Insectes , le corps se gonfle
tout-à-coup, ainsi que Réaumur l'a cons-
taté pour quelques Diptères, et ses tégu-
ments semblent se solidifier instantané-
ment. Dans certains Insectes aquatiques
(Phryganes) , la nymphe , jusqu'alors inac-
tive, devient capable de se déplacer aux
approches de sa transformation ; elle gagne
alors les branches et les feuilles des végé-
taux, sur lesquelles elle abandonne sa dé-
pouille.
Ce changement de peau, qui constitue
le passage de l'état de nymphe à l'état
parfait, n'est cependant pas le dernier pour
tous les Insectes, comme on le croit géné-
ralement. Swammerdam avait déjà remar-
qué que les Éphémères , après avoir aban-
donné leur enveloppe de nymphe, s'envo-
lent, puis redescendent bientôt pour se dé-
pouiller d'une légère membrane qui recou-
vre toutes les parties de leur corps. Il
semble alors que leurs mouvements soient
plus vifs et plus dégagés. Ce dernier chan-
gement s'observe aussi dans les Lépidop-
tères et les Diptères, suivant les auteurs;
mais il a lieu en même temps que le pas-
sage de l'état de nymphe à l'état d'Insecte
parfait ( Westv., Introd. to modem. class.y
t. II, 28.)
Insectes parfaits. Sous cette forme, que
nous allons étudier avec un peu de soin ,
l'Insecte vit plus ou moins de temps, depuis
quelques heures jusqu'à plusieurs années,
mais ce dernier cas est le plus rare. Parmi
ceux qui vivent peu , il en est qui ne pren-
nent aucune nourriture et dont les pièces
de la bouche sont plus ou moins atrophiées.
L'objet principal de l'existence des Insectes
sous leur dernière forme, paraît être le soin
de la reproduction. Aussi, est-ce seulement
à cette époque que les organes de la géné-
ration ont acquis tout leur développement.
C'estun des phénomènes les plus importants
de tous ceux qui se produisent sous l'enve-
loppe de la nymphe.
Les téguments, par lesquels nous commen-
cerons l'étude des Insectes, sont le sque-
lette de ces animaux , tant à l'état parfait
que pendant chacun des états précédents.
C'est en effet sur les téguments, quelle que
soit d'ailleurs leur consistance, que sont in-
sérés les muscles destinés à produire les
INS
1NS
61
mouvements. Ainsi que cela a lieu dans
d'autres animaux , les Tortues , c'est à l'in-
térieur des parties solides que les muscles
ont leuFS attaches. Ce n'est pas, comme le
fait remarquer avec raison M. Newport ,
cette disposition seule des muscles à l'inté-
rieur de l'enveloppe du corps , qui donne
aux téguments des Articulés , et en parti-
culier des Insectes , une analogie réelle
.née le squelette des animaux vertébrés;
il y a de plus, dans la composition de
ces téguments, des rapports marqués avec
les os. En outre, la solidification des té-
guments se fait après chaque mue , par
le dépôt d'une substance particulière , la
chiline ou Ventomoline , en sorte que ces
téguments, recouverts d'un mince épiderme,
rappellent exactement la carapace de la
Tortue et l'écaillé dont elle est garnie.
La chitine, ainsi nommée par Odier, du
mot grec x!~«v, vêtement, ou l'entomoline
de MM. Lassaigne et Payen , est le prin-
cipe particulier de l'enveloppe des Insectes.
Il forme la troisième ou la quatrième par-
tie du poids de cette enveloppe. On y trouve
en outre, de l'albumine, une matière so-
luble dans l'eau, une huile soluble dans
l'alcool et une substance animale brune
soluble dans la potasse, qui se trouve
abondamment dans la cochenille, d'où elle
a reçu le nom de coccine (coccus). La Chi-
tine est, par sa nature, très différente des
poils, de la corne, et en général de toute
substance épidermique, en ce qu'elle est
tout-a-fuit insoluble dans la potasse à chaud
et qu'elle ne se déforme et ne se boursoufle
pas comme la corne lorsqu'on l'expose a la
chaleur rouge; elle laisse alors une cendre
blanche qui conserve la forme du tégument.
C'est encore pourquoi, dit M. Newport, on
ne peut regarder les téguments de l'Insecte
comme analogues à la peau seulement. La
chitine renferme d'ailleurs du phosphate de
chaux comme les os , des traces de carbo-
nate de chaux, du carbonate de potasse, etc.,
en sorte qu'elle se rapproche de l'os par sa
nature. On ignore d'ailleurs quelles sont
Us lois d'après lesquelles la chitine se dé-
pose dans la peau de l'Insecte; on n'a émis,
à cet égard, que des conjectures. Quoi qu'il
en soit, on distingue dans les téguments de
l'Insecte le derme et l'épiderme ; le premier
renferme les éléments dont nous venons de
i parler, le second forme une couche très
' mince à sa surface; il existe en outre,
j dans quelques circonstances, une matière
! colorante ou pigment, qui forme parfois des
| taches régulières à la surface des téguments
Envisagés sous le rapport de leur dispo-
j sition extérieure, les téguments de l'In-
secte se divisent ordinairement en treize ar-
! ticulations ou segments apparents; mais
I dans beaucoup d'Insectes on en distingue
! même quatorze. C'est ce qui a lieu dans
certaines larves d'Hyménoptères et de Dip-
tères , d'après les observations de MM. West-
wood et Newport, et dans les Forficules ,
suivant le premier de ces deux auteurs. On
manque d'ailleurs d'observations suffisantes
pour établir quelque chose à cet égard. Le
mode de groupemen t des différen ts segments
du corps sur le thorax , l'atrophie des seg-
ments postérieurs, pour servir d'appendices
aux organes génitaux, sont encore des faits
reconnus trop imparfaitement. La tête,
d'ailleurs , paraît elle-même formée de plu-
sieurs segments sur le nombre desquels on
n'est pas d'accord. Le nombre des segments
de l'abdomen varie beaucoup dans certains
groupes d'Insectes , et l'on n'a pas encore
déterminé les lois de cette variation. Par
conséquent, ce qu'il y a de mieux à faire
en ce moment, c'est de s'en tenir à la di-
vision du corps des Insectes en tête , thorax
et abdomen, chacune de ces divisions ayant
des caractères bien tranchés.
Les segments offrent des différences re-
marquables dans leur disposition, suivant
qu'ils appartiennent à la tête, au thorax
ou à l'abdomen. Dans la tête , tous les seg-
ments sont réunis en un seul et tout au
plus indiqués par des lignes ou sutures,
soit à l'extérieur, soit à l'intérieur. Au tho-
rax, les segments sont distincts et partagés,
en outre , en un certain nombre de pièces
élémentaires, toutes confondues dans la
larve. Enfin, les segments de l'abdomen
sont ordinairement formés de deux demi-
segments, deux arceaux, comme on les
appelle, dont l'un répond à la face supé-
rieure et l'autre à la face opposée.
Le mode de réunion de toutes ces parties
n'est pas le même partout. A la tète et au
thorax, les différents segments et même
leurs pièces élémentaires sont réunis d'une
manière intime : les segments par une arti*
62
INS
culation serrée, retenue au moyen d'une
couche intime de la peau; les pièces élé-
mentaires par une saillie intérieure de cha-
cun des bords , qui s'accolent à une saillie
semblable des pièces voisines. C'est ce qu'on
a nommé des épidèmes (Audouin). Chacune
de ces saillies sert de point d'attache aux
muscles qui viennent s'y insérer. Dans l'ab-
domen , les anneaux ou segments sont or-
dinairement mobiles au moyen de l'enve-
loppe cutanée plus ou moins étendue, mais
non solidifiée. Ils rentrent les uns dans les
autres comme les différentes pièces d'une
lunette , et les arceaux, ou demi-segments,
sont souvent aussi mobiles l'un sur l'autre;
ils peuvent du moins s'écarter par leurs j
extrémités. Les muscles qui les font mou- I
voir s'attachent immédiatement sur leur |
face interne.
Les pattes et les pièces de la bouche sont I
formées de pièces plus ou moins cylindri-
ques , qui jouent l'une sur l'autre par un
véritable mouvement de ginglyme; c'est-
à-dire que chaque cylindre ou chaque ar-
ticle séparé tient au précédent par deux
points saillants reçus dans deux cavités de
celui-ci. Il en résulte une sorte de char-
nière qui permet des mouvements de flexion
dans deux directions. Assez souvent les
muscles qui font mouvoir les articles des
pattes, des mandibules, etc., prennent
leur insertion sur une ou plusieurs pièces
solides, attachés au dedans de ces parties et
mobiles sur elles. Ce sont les apodèmes
(Audouin). Les antennes jouissentpour l'or-
dinaire de mouvements dans tous les sens,
et chacun de leurs nombreux articles est
reçu dans le précédent, à peu près à la ma-
nière des segments de l'abdomen. Enfin,
les ailes présentent souvent à leur base,
entre les deux membranes dont elles sont
formées , des espèces d'osselets sur lesquels
les muscles moteurs des ailes prennent leur
point d'appui. Ce sont des épidèmes d'inser-
tion (Audouin), tandis que les lamelles sail-
lantes à l'intérieur de la tête et du thorax,
sont appelées par le même auteur des épi-
dèmes d'articulation. Après ces données gé-
nérales , nous pouvons examiner en parti-
culier les trois parties principales du corps
de PInsecte.
Parlons cependant encore de quelques
pièces intérieures, qui ont la même consis-
INS
tance que les téguments et qui soutiennent
le cordon nerveux principal ou ganglion-
naire. Ces pièces, qui ont , dans le thorax et
l'abdomen, au moins, la forme d'une fourche
ou d'un Y, sont fixées par leur branche
unique à la partie inférieure ou ventrale du
segment auquel elles appartiennent, et re-
présentent par leur usage les vertèbres des
animaux supérieurs , beaucoup mieux que
les segments eux-mêmes , qui furent consi-
dérés dans le temps par Geoffroy-Saint-
Hilaire comme les analogues des vertèbres.
Cette disposition établit, entre le système
tégurnentaire des Insectes et le squelette
des Tortues, une analogie plus complète:
mais il n'en est pas moins sûr que les In-
sectes sont, à l'égard des vertébrés, des ani-
maux renversés, comme l'avait fait remar-
quer le savant cité plus haut. En effet, le
système nerveux principal occupe chez les
Insectes la région ventrale, tandis que le
canal intestinal et surtout l'aorte et le
cœur, sont situés à la région dorsale. Les
pièces en Y ont reçu les noms d'entocéphale,
entothorax et entogastre (Audouin), suivant
qu'elles sont situées dans la tête, dans le
thorax ou dans l'abdomen.
Examinons maintenant en particulier
chacune des trois régions principales du
corps des Insectes, et les appendices qui y
sont fixés.
La tête est constituée en apparence par
un segment unique, qui a plus ou moins la
forme d'une sphère , et qui est fixée au
thorax par un rétrécissement en forme de
col , appartenant tantôt à la tête et tantôt
au thorax. Néanmoins on s'accorde assez à
regarder la tête comme étant formée de la
réunion de plusieurs segments , en raison
des appendices , les parties de la bouche et
les antennes, qui appartiennent à cette ré-
gion du corps. Ou se fonde pour cela sur ce
que , dans le thorax, chaque segment porte
une paire de pattes. On se fonde encore sur
ce que, dans les Myriapodes, qui sont pour-
vus de nombreux anneaux ou segments ,
chacun de ces anneaux ou segments porte
une paire de pattes : c'est ce qui a lieu dans
les Scolopendres. Lorsque, dans d'autres
Myriapodes (les Iules ), il y a deux paires
de pattes à chaque anneau , on remarque
sur ces anneaux une suture transversale
aui semble indiquer leur origine double.
INS
Dans les Crustacés encore, les segments de
l'abdomen sont pourvus chacun d'une paire
d'appendices (fausses pattes, nageoires, etc.),
et comme ces animaux ont au thorax et à
la tête , qui forment souvent une masse
unique, un certain nombre de paires d'ap-
pendices, on regarde la région céphalo-
thoracique comme étant constituée primi-
tivement d'autant d'anneaux qu'il y a
d'appendices. Ajoutons à cette considéra-
tion la disposition remarquable, signalée
par M. Newport, de la tête de certains
Diptères, qui est formée de quatre ou cinq
anneaux, portantchacun quelques unes des
pièces de la bouche et l'on aura les prin-
cipales raisons pour lesquelles on peut con-
sidérer la tête des Insectes comme le ré-
sultat de la fusion de plusieurs anneaux.
Mais il y a deux manières d'envisager
cette fusion; on peut, comme l'ont fait
M. Newport et quelques autres, admettre
que chacun des segments céphaliques porte
deux sortes d'appendices, l'un à la partie
supérieure, l'autre, au contraire, à la
partie inférieure. On peut, d'un autre côté,
envisager la tête comme formée d'autant de
segments qu'elle offre de paires d'appen-
dices. Cette seconde manière de voir nous
semble plus rationnelle et permet de sim-
plifier davantage l'étude des parties dont
se compose la tête des Insectes.
Au premier abord, les parties de la tête
des Insectes paraissent de nature diffé-
rente. Ainsi, on y remarque deux lèvres,
l'une supérieure ou labre , l'autre qui porte
Je nom de lèvre inférieure; on y trouve j
ensuite deux mandibules et deux mâchoires. \
Enfin , on y reconnaît encore, outre les j
mandibules et les mâchoires , deux pièces
dites pharyngiennes , parce qu'elles occu-
pent le fond de la bouche. Toutes ces pièces
sont ce que l'on appelle les parties buc-
cales.
En examinant ces différentes pièces , on
reconnaît que les unes sont paires et les au-
tres impaires. Les pièces paires sont les
deux mandibules et les deux mâchoires ; les
pièces impaires sont les deux lèvres et les
deux pièces pharyngiennes. Les deux lèvres
ferment en dessus et en dessous la cavité
buccale, que les mâchoires et les mandi-
bules ferment par les côtés, tandis que les
pièces pharyngiennes occupent le fond de
INS
63
la bouche. Les pièces pharyngiennes sont
ce qu'on a appelé la langue; et comme il
est rare qu'elles soient toutes les deux éga-
lement développées dans le même Insecte,
on a pris pour la langue tantôt l'une, tan-
tôt l'autre de ces deux pièces.
Voilà donc, en réalité, la composition
de la bouche des Insectes; mais, d'une ma-
nière théorique, on peut y introduire plus
de simplicité. Ainsi, on a remarqué depuis
long-temps que la lèvre inférieure était
formée de deux parties soudées plus ou
moins complètement sur la ligne médiane.
On a par conséquent regardé cette lèvre
comme une autre paire de mâchoires , avec
d'autant plus de raison qu'elle supporte des
parties semblables à celles que présentent
les mâchoires. On peut en dire autant delà
lèvre supérieure, qui, pour être plus simple
que l'inférieure , n'en parait pas moins le
résultat de la fusion de deux appendices.
Cette proposition est également vraie , si
on l'applique à chacune des deux pièces du
pharynx, dont l'une, située au-dessus de
l'entrée du canal intestinal , porte le nom
à'e'pipharynx , et l'autre , située au-des-
sous de cette même entrée , a reçu le nom
d'hypopharynoc. Il est des Insectes, et ce
sont particulièrement les Hyménoptères ,
dans lesquels chacune des pièces du pharynx
porte des traces évidentes de la division sur
la ligne du milieu. Ce sont aussi les In-
sectes dans lesquels on trouve le plus ordi-
nairement les deux pièces pharyngiennes à
la fois, quoique leur développement soit
presque toujours inégal.
Ces faits une fois établis, et ils l'ont été
par nous dans un travail assez récent (1),
on peut donc dire que la bouche des In-
sectes se compose de six paires d'appen-
dices, dans l'ordre que voici ;
1. Appendices formant la lèvre supérieure ,
2. — — les mandibules,
3. — — l'épipharynx,
4. — — l'hypopharynx ,
5. — — les mâchoires ,
6. — — la lèvre inférieure.
Tous ces appendices ne sont pas égale-
ment développés dans la bouche du même
Insecte, et ils ne le sont pas également non
plus si on les compare dans des Insectes de
(i) Annale» des sciences naturelles , année 1844.
G4
LNS
groupes différents. Sous ce rapport, chacun
des groupes principaux, chacun desordres,
comme on les appelle, offre, dans les ap-
pendices de la bouche , une disposition par-
ticulière. Cependant on ramène assez faci-
lement au même type de structure les piè-
ces de la bouche de tous les Insectes, quel-
que différentes qu'elles soient au premier
abord. De même on ramené au même type
de structure chacune des espèces d'appen-
dices de la bouche prises dans le même In-
secte. On remarque alors que les transfor-
mations subies par les appendices en géné-
ral consisten t dans le développement exagéré
ou dans l'atrophie de certains éléments et
dans la fusion ou la réunion de quelques
uns de ces éléments. 11 arrive là ce que
Geoffroy-Saint-Hilaire a proclamé pour tous
les organes quels qu'ils soient, savoir, que
lorsqu'une partie ou un organe vient à se
développer outre mesure , la partie voisine
ou l'organe voisin reste dans un état d'atro-
phie plus ou moins complet.
Depuis longtemps déjà M. Savigny a dé-
montré, par des exemples choisis, que la
bouche d'une Sauterelle, d'un Papillon,
d'une Punaise, d'une Mouche, se compo-
sait des mêmes appendices , et que ces ap-
pendices restaient entre eux dans le même
rapport , eu égard à leur position ; que les
uns se développaient plus que les autres,
mais qu'en somme tous ces appendices
étaient comparables d'un Insecte à l'autre.
Il restait à montrer que , dans un même In-
secte, tous les appendices étaient également
comparables. Sous ce rapport, M. Oken et
M. Savigny se sont rencontrés , en ce qui
concerne l'analogie de la lèvre inférieure
avec les mâchoires. D'autres naturalistes
ont analysé la mâchoire des Insectes et en
ont déterminé les éléments. Ils ont aussi
analysé la lèvre inférieure , mais ils n'ont
pas donné suite au rapprochement de
MM. Savigny et Oken. Nous avons entrepris
ce travail pour ce qui concerne, non seu-
lement la lèvre inférieure, mais tous les au-
tres appendices buccaux, et nous renvoyons,
pour les détails, au recueil que nous avons
déjà cité.
Laissant de côté maintenant ce qui a
rapport à l'analogie des parties buccales
entre elles, nous devons dire un mot des
différences qu'elles présentent au premier
IJNS
examen. En général, la lèvre supérieure est
une pièce unique, doublée à la face interne
par-des parties membraneuses. Elle s'arti-
cule à l'aide des téguments avec le bord
antérieur de la tête. Sa forme varie beau-
coup dans les divers groupes d'Insectes , et
quelquefois elle paraît manquer, parce
qu'elle reste cachée sous le bord de la tête,
qui porte ordinairement le nom de chape-
ron. Les mandibules sont aussi formées d'une
seule pièce , située à droite et à gauche de
la bouche et pourvues de dents ou de tuber-
cules variables suivant les groupes et ser-
vant à broyer ou à entamer, à déchirer dif-
férentes substances. Dans quelques Insectes,
une ou plusieurs de ces dents sont mobiles
(Hydrophile, Passale, Méloé),etdans d'autres
( Staphylins) au lieu d'une dent mobile,
on remarque un appendice velu , une sorte
de pinceau qui occupe la place de la dent
mobile; dans beaucoup d'autres , enfin,
ces parties sont remplacées ou mieux indi-
quées par une série de poils raides. C'est tou-
jours au côté intérieur de la mandibule que
se remarquent ces différentes parties. Les
mâchoires sont des organes plus complexes,
dans lesquels on remarque au premier coup
d'œil le corps de mâchoire et les palpes. Le
corps de mâchoire est terminé par ce qu'on
a nommé les lobes externe et interne. De ces
deux lobes , l'externe ressemble quelquefois
( Cicindèle, Carabe) au palpe, c'est-à-dire
qu'il est , comme lui , formé d'articles pla-
cés bout à bout, qu'il a l'aspect, comme
lui, de petites antennes. On a d'abord
donné le nom d'antennules aux palpes, et
l'on pourrait le donner aussi bien au lobe
externe , lorsqu'il a la même forme que le
palpe. Dans certains cas , ce lobe a reçu le
nom de galea (casque), à cause de l'espèce
de coiffe qu'il simule en s'appliquant sur le
lobe interne ; c'est ce qui arrive dans la Sau-
terelle. Dans la plupart des Insectes, enfin,
on lui a laissé le nom de lobe interne. On
voit qu'il vaudrait mieux lui laisser toujours
le même nom, et on paraît, en effet, s'ac-
corder aujourd'hui à préférer le nom de
galea, qui doit évidemment être employé
pour ce lobe, soit lorsqu'il est palpiforme,
soit lorsqu'il ne l'est pas. Enfin le lobe in-
terne est quelquefois aussi formé de plu-
sieurs articles (Hydrophile), ce qui témoigne
de son analogie avec le lobe externe et avec
INS
INS
65
le palpe. Ce dernier est une petite antenne
formée de six articles, de cinq ou de quatre,
suivant les groupes dans lesquels on le con-
sidère. La lèvre inférieure est un organe
pair, plus ou moins divisé sur la ligne mé-
diane et portant des palpes comme les mâ-
choires. Ces palpes, sauf quelques excep-
tions , sont moins développés que ceux des
mâchoires, et comptent, en général, un ou
deux articles de moins. Ils sont , comme les
palpes des mâchoires, que Ton appelle
Jaussi palpes maxillaires (maxilla, mâ-
choire), cachés sur un côté extérieur de
l'organe qui les porte, et on les appelle les
palpes labiaux ( labium , lèvre). La portion
de la lèvre inférieure qui porte les palpes a
reçu en particulier le nom de lèvre (labium),
et cette portion se termine dans quelques
Insectes, tels que la Sauterelle, par qua-
tre lobes qui répondent aux lobes des mâ-
choires. On retrouve donc , dans le plus
extérieur de ces lobes, dans celui qui est
voisin du palpe, l'analogue du galea des
mâchoires ; c'est la pièce à laquelle on
donne quelquefois le nom de paraglosse;
on reconnaît dans le plus inférieur des lobes
de chaque moitié de la lèvre l'analogue du
lobe interne des mâchoires, et dans un grand
nombre d'Insectes les deux lobes internes
sont réunis en un seul, qui constitue le
corps de la lèvre. On ne remarque alors
sur ses côtés que les paraglosses et les pal-
pes. Enfin , soit au devant , soit à la partie
inférieure de la lèvre , on trouve une pièce
impaire que l'on appelle menton, qui sou-
vent cache plus ou moins complètement la
lèvre ; on reconnaît même quelquefois un
sous-menton ( Hydrophile ).
Pour nous, le sous-menton est le sous-
maxillaire; le menton est le maxillaire;
le corps de la lèvre est Y intermaxillaire.
Ces pièces, réunies deux à deux dans la
lèvre inférieure, se montrent isolées dans
chacune des mâchoires. Si l'on y ajoute le
palpigère, qui supporte le palpe et qui est
visible dans la mâchoire, tandis qu'il ne
se distingue pas ordinairement dans la lèvre
inférieure, on aura la composition des ap-
pendices buccaux les plus développés. C'est
l'intermaxillaire qui répond au lobe externe
des mâchoires; mais quelquefois il est ter-
miné par un prémaxillaire, comme dans
VHydrophile et la Cicindèle, où l'on dit que
T. VII.
le lobe interne est mobile. Le lobe externe
est ce qu'on appelle galea dans la mâchoire,
ou paraglosse dans la lèvre inférieure.
Il nous reste à parler de la langue. Nous
avons déjà dit que cette pièce répond tantôt
à l'épipharynx et tantôt à l'hypopharynx.
En effet, les auteurs semblent ne pas toujours
s'être préoccupés de savoir si elle était si-
tuée au-dessus ou au-dessous de l'entrée de-
l'œsophage. On voit dans les Demoiselles ou
Libellules un exemple bien remarquable de
la langue des Insectes: elle répond à l'hy-
popharynx. On en voit un autre exemple
dans les Bourdons, où elle paraît répondre à
l'épipharynx. Les deux appendices sont, en
général, d'une structure plus rudimentaire
que les autres ; mais, en les étudiant dans les
Hyménoptères fouisseurs (Pompiles, Pepsis),
on y remarque des traces d'une composition
assez avancée. „
La description succincte que nous veuons
de donner des différentes pièces de la bou-
che des Insectes ne convient qu'à ceux aux-
quels on a donné les noms de mandibules ou
broyeurs, parce qu'ils ont des mandibules
fortes, dentées et capables de diviser les
aliments. Ces Insectes sont surtout les Co-
léoptères (Hanneton), les Orthoptères (Saute-
relle), les Névroptères (Libellule) et les Hy-
ménoptères (Abeille). Les autres Insectes
portent, en général, les noms de suceurs ou
haùslellés (haustellum), parce que leurs man-
dibules et leurs mâchoires sont incapables
de broyer, de couper les aliments. Chez eux,
les appendices buccaux sont simplifiés ou
transformés de telle manière que, pendant
longtemps, on les a crus construits d'après un
autre type. On doit surtout à M. Savigny
d'avoir démontré qu'il n'en est pas ainsi, et
que les mêmes appendices se retrouvent
semblablement situés dans les Insectes
broyeurs et dans les Insectes suceurs.
Si l'on prend un Papillon, pareïemple,
on voit que sa tête est pourvue d'une trompe
qui s'enroule dans le repos, et qui se déve-
loppe, s'allonge, lorsque l'Insecte puise sa
nourriture dans le suc des fleurs. Cette
trompe a entraîné en quelque sorte, par son
développement, l'atrophie des autres pièces
de la bouche, qui sont rudimentaires, à
l'exception de la lèvre inférieure. Cette lèvre
porte deux palpes très développés qui vien-
nent se placer au-devant de la bouche dani
9
66
INS
INS
le repos. Elle est elle-même triangulaire et
bifide à son extrémité. On trouve, en dissé-
quant les parties avec quelque soin, une lè-
vre supérieure et deux mandibules très pe-
tites, hors d'état de servir à la préhension
des aliments, mais qui n'en sont pas moins
les analogues des pièces que nous avons
déjà décrites. Il en résulte que la trompe du
Papillon doit représenter les mâchoires des
autres Insectes ; et, en effet, cette trompé
est composée de deux tubes accolés l'un à
l'autre et dont chacun est creusé, au côté
interne, d'une gouttière qui constitue, par
la réunion des deux pièces, un canal destiné
à laisser passer les liquides servant à la
nourriture de l'Insecte. Deux palpes très
courts, situés à la base de la trompe, vien-
nent fournir une preuve concluante de l'a-
nalogie qui existe entre les deux parties de
la trompe et les mâchoires des autres In-
sectes.
Lorsqu'au lieu d'un Papillon on examine
une Punaise des bois, on remarque une autre
disposition. Sur la pièce principale, celle
qui a pris le plus de développement, est la
lèvre inférieure. Cette lèvre forme une gaîne
composée de trois pièces articulées bout à
bout et percée aux deux extrémités de ma-
nière à laisser jouer dans son intérieur qua-
tre soies ou quatre espèces de cils, qui sont
garnis à leur extrémité de petites dentelures
ou épines dirigées en arrière. Ces quatre
soies représentent les mandibules et les mâ-
choires des autres Insectes, et leur extré-
mité garnie d'épines sert à percer le tissu
des végétaux ou la peau des animaux, sui-
vant que la Punaise est carnassière ou her-
bivore. Par suite du jeu de ces mâchoires et
de ces mandibules si simples, les liquides
qui s'échappent de la plaie faite à la plante
ou à l'animal montent dans le canal formé
par la lèvre inférieure et arrivent à la bou-
che. Une lèvre supérieure, plus courte que
l'inférieure, vient, en s'appliquant sur
celle-ci, fermer l'ouverture par laquelle les
mâchoires et les mandibules pénètrent dans
la lèvre inférieure.
Dans les Mouches, on retrouve encore
les mêmes pièces à la bouche que dans les
autres Insectes , si ce n'est qu'il y a quel-
quefois une pièce impaire qui représente
une des pharyngiennes (langue). La partie
la plus développée est ici la lèvre infé-
rieure ; puis viennent les mâchoires, pour-
vues d'un palpe formé d'un seul ou de plu-
sieurs articles ; les mandibules , qui ont la
forme d'une soie ou d'une lancette comme
les mâchoires; et enfin la lèvre supérieure,
qui est moins développée que l'inférieure.
Les espèces de lancettes qui représentent
les mandibules et les mâchoires conduisent
à la bouche des Puces, qui appartiennent à
un ordre d'Insectes différents , et qui con-
stituent avec les Mouches ou Diptères , les
Punaises ou Hémiptères , les Papillons ou
Lépidoptères , la série des Insectes appelés
Haustellés ou Suceurs. Dans les Poux , les
uns, tels que les Poux proprement dits, ont
la bouche des Insectes suceurs ; les autres,
ou Ricins, sont, au contraire, pourvus de
mandibules , et se rapportent à la division
des Insectes broyeurs.
Les antennes sont encore des pièces qui
appartiennent à la tête. Elles sont généra-
lement situées en avant et au-dessus de la
bouche. Ce sont des appendices multi-arti-
culés, avoisinant les yeux, dont nous parle-
rons en décrivant les organes des sens, et de
forme extrêmement variable, lorsqu'on les
examine dans des groupes éloignés. Nous
reviendrons sur les usages des antennes en
parlant des sens. Ces organes sont extrême-
ment mobiles, en raison du grand nombre
de pièces dont ils sont formés ; ils man-
quent quelquefois dans les Insectes à l'état
de larve , mais jamais dans les Insectes par-
faits. Le nombre des pièces ou articles dont ils
se composent est plus variable que celui des
palpes. Il diffère assez souvent d'une famille à
l'autre, tandis que les palpes présentent en
général le même nombre d'articles, non seule-
ment dans tous les Insectes d'une même fa-
mille, mais dans tous ceux d'un ordre en-
tier. Les antennes, par la grande variété de
leur forme et du nombre de leurs articles,
offrent d'excellents caractères pour la clas-
sification des Insectes. On peut en dire au-
tant des palpes ; car il existe de grands rap-
ports entre ces deux sortes d'organes, sinon
pour les usages, du moins pour la structure
et la disposition. Disons seulement ici que
les antennes sont tantôt droites, tantôt cou-
dées ou brisées; que dans l'un et l'autre
cas elles peuvent être filiformes, c'est-à-dire
d'égale épaisseur partout; sétace'es, c'est-
à-dire terminées en pointe; moniliformes ,
INS
IN S
€7
c'est-à-dire composées d'articles globuleux,
comme les grains d'un collier ou d'un cha-
pelet; en massue f c'est-à-dire terminées
par des articles plus gros ; dentées ou en
îcie , lorsque leurs articles sont plats et
riangulaires; pectinées , flabellées , etc.,
orsque leurs articles s'allongent sur l'un
des côtés , de manière à imiter les dents
d'un peigne : lorsque cette disposition existe
des deux côtés , i'antenne est dite bipecti-
née; enfin les antennes lamelleuses sont
celles dont les articles terminaux sont élar-
gis en lamelles, comme cela se voit dans le
Hanneton. Lorsque les antennes sont bri-
sées, comme dans l'Abeille, la Fourmi, etc.,
le premier article ou celui de la base est
plus long que les autres , et le coude ne
commence qu'au second article. Dans les
Mouches, les antennes sont pourvues d'une
soie qui se détache de l'origine du dernier
article, et qui est elle-même simple ou ar-
ticulée, nue ou plumeuse , c'est-à-dire gar-
nie de barbes dans toute sa longueur, à
peu près comme les plumes d'un oiseau.
Quelquefois la soie est placée dans l'axe
même de l'antenne, comme cela se voit dans
les Libellules et les Cigales : elle en est alors
la continuation.
Le thorax est la deuxième des trois gran-
des régions du corps des Insectes ; il en
constitue la région moyenne. En général il
est composé de trois segments distincts ,
qui portent chacun une paire de pattes
dans tous les Insectes parfaits. Lorsque l'In-
secte est pourvu d'ailes, c'est toujours sur
les deux derniers segments que ces organes
sont placés, s'il en existe quatre; dans le
cas où il n'y en a que deux, c'est le segment
moyen , le deuxième , qui porte ces ailes.
Ainsi dans l'Abeille, dans le Papillon, etc.,
il y a deux ailes sur le segment moyen, et
deux encore sur le troisième segment; dans
les Mouches , il y a deux ailes sur le seg-
ment moyen , mais non sur le troisième
segment.
Par conséquent, la présence des pattes
dans tous les Insectes , et la présence des
ailes dans tous ceux où ces organes exis-
tent, caractérisent le thorax. Les pattes en
constituent les appendices inférieurs; les
ailes en sont, au contraire, les appendices
supérieurs. Il y a donc, dans le thorax en-
visagé en entier, trois régions distinctes,
savoir : une région dorsale qui porte les ai-
les; une région sternale qui porte les pattes,
et enfin une région latérale située entre les
ailes et les pattes. Cette dernière région
porte le nom de flancs (plcurœ). De plus,
comme il y a au thorax trois segments ou
anneaux distincts, on est convenu de dési-
gner chacun de ces anneaux par un nom
spécial. Le premier porte le nom de pro-
thorax; le second est appelé mésothorax ;
le troisième enfin est le métathorax ( Au-
douin). En outre, chacun des trois anneaux
du thorax offrant dans les différents grou-
pes d'Insectes une disposition particulière
qu'il importe de pouvoir signaler, on a pro-
posé de désigner la région dorsale de cha-
que anneau par les noms de pronoiumr
mesonotum et metanotum , suivant que le
dos (vwtoç) est celui du premier, du se-
cond ou du troisième anneau (Burmeister).
Le nom de la région sternale se rattache
de même à sa position , que l'on indique,
avec le même auteur, par les noms de pro-
sternum , de mesosternum et de metaster-
num. Les flancs n'ont pas reçu de nom
particulier.
La division de chaque anneau du thorax
en trois régions n'est pas arbitraire; elle
est fondée sur la structure même du tho-
rax. On reconnaît facilement, en effet, que
les trois anneaux thoraciques se subdivisent
en un certain nombre de pièces , inégale-
ment développées sur les trois anneaux,
mais qui s'y retrouvent assez ordinaire-
ment. Ainsi la région dorsale de chaque
anneau se compose de quatre parties placées
l'une à la suite de l'autre, et que M. New-
port appelle sous-segment : ce sont le prœ-
scutum, le scutum, le scutellumet \epost-
scutellum (Audouin). La région sternale
consiste en une seule ptèce nommée ster-
num, qui est considérée, ainsi que les qua-
tre pièces de la région dorsale , comme pro-
venant de la réunion de deux pièces laté-
rales, ce qu'indique d'ordinaire une su-
ture médiane. Certains auteurs prétendent
même que l'on doit concevoir d'une ma-
nière théorique la division du sternum de
chaque anneau thoracique en quatre sous-
segments comme à la région dorsale ; mais
il est bon de faire remarquer que nulle
part on ne trouve l'indication d'un pareil
mode de division. Les flancs se composent
68
INS
de pièces qui sont désignées sous les noms
d'episternum , Pépinière et de paraptère
(Audouin).
Il est facile de voir, pour les pièces dor-
sales, que leur nom indique leur position à
regard de l'anneau dont elles font partie.
Quant aux pièces des flancs, on peut leur
appliquer également cette observation. Ainsi
Tépisternum est une pièce qui s'articule
toujours avec le sternum par un de ses
points ; Pépinière se trouve en rapport avec
la hanche (^pa), et le paraptère avoisine
l'origine de l'aile (trrtpc'v). Les diverses pièces
soit du dos, soit des flancs, et le sternum
lui-même, sont inégalementdéveloppés dans
les différents ordres d'Insectes et dans cha-
cun des trois anneaux d'un même Insecte.
Quelques détails à ce sujet sont nécessaires.
De même que les Insectes sont construits
d'après deux types assez différents sous le
rapport des parties de leur bouche, de
même aussi, lorsqu'on envisage le dévelop-
pement de leurs anneaux thoraciques, on
voit qu'ils peuvent se répartir dans deux
catégories distinctes. Il est à remarquer,
cependant, que les deux groupes d'Insectes
que fait reconnaître la structure de la bou-
che ne répondent pas à ceux que l'on peut
établir d'après la disposition du thorax.
Ainsi, dans un Hanneton, dans une Sau-
terelle et dans une Punaise, le premier an-
neau du thorax est très développé , sans
pièces élémentaires distinctes, si l'on en
excepte les lignes transversales qui en sont
les indications dans le prothorax de la Sau^
terelle. Dans une Libellule, au contraire,
dans une Abeille, dans une Mouche, dans
un Papillon , le prothorax est rudimen-
taire. Or, les pièces de la bouche, dans les
Sauterelles et dans les Libellules et autres
insectes du même ordre, ont tant d'ana-
logie entre elles, que tout récemment encore
M. Burmeister a réuni ces Insectes dans un
seul groupe , ainsi que l'avaient fait De Geer
et Linné. Les Punaises ont, comme les Han-
netons et les Sauterelles , le prothorax très
développé , et cependant elles diffèrent de
ces deux derniers par la structure de leur
bouche , qui en fait des Insectes suceurs.
Les Cigales, que l'on a placées pendant
longtemps dans le même ordre que les Pu-
naises, en diffèrent presque au même titre
que les Libellules diffèrent des Sauterelles ,
UNS
c'est-à-dire par le moindre développement
de leur prothorax. Voilà , par conséquent ,
des caractères qui , bien qu'ils ne répon-
dent pas aux caractères fournis par la bou-
che, n'en sont pas moins précieux pour sé-
parer et caractériser les divers groupes d'In-
sectes. Cependant ils ne peuvent être em ,'
ployés qu'après ceux que fournit la bou-
che , car ils sont plus variables que ces der-
niers.
Malgré le grand développement que prend
le prothorax dans certains Insectes, il est
à remarquer que jamais cet anneau thora-
cique n'offre les quatre pièces de la région
dorsale autrement que réunies ou soudées.
C'est l'absence plus ou moins complète de
cette région dorsale qui caractérise parti-
culièrement le prothorax de l'Abeille, de
la Mouche ou du Papillon ; au contraire,
Ja région sternale, celle des flancs, sont,
en général, plus développées. Le méso-
thorax offre à l'analyse les éléments déjà
indiqués d'une manière beaucoup plus com-
plète; cet anneau est ordinairement le plus
développé des trois, et ce développement
est en rapport avec les ailes qu'il supporte.
Ce qui le prouve, c'est que dans les Han-
netons , dont les ailes de la première paire
ne servent pas au vol, ainsi que nous le
verrons bientôt ; dans les Xenos , Sty-
lops, etc., qui sont dans le même cas, c'est
le métathorax qui est le plus développé.
Dans les Papillons, au contraire, dans les
Abeilles, dans les Libellules, le métatho-
rax est moins développé que le segment pré-
cédent. Enfin , dans les Mouches propre-
ment dites, qui n'ont pas la seconde paire
d'ailes, le métathorax est rudimentaire ,
tandis que le mésothorax a pris une très
grande extension. Donc, pour retrouver les
différentes pièces dont se compose un an-
neau du thorax lorsqu'il est complet , il
faut étudier le mésothorax d'un Papillon,
celui d'une Abeille, ou le métathorax d'un
Hanneton. II arrive cependant que, dans les
Coléoptères , groupe qui renferme ce der-
nier Insecte , les deux derniers anneaux du
thorax sont à peu près également dévelop-
pés, tant à la partie supérieure qu'aux
parties inférieures et latérales. On peut en
dire autant des Névroptères , qui renfer-
ment les Libellules ou Demoiselles , mais
il n'en est pas de même pour les Diptères
INS
INS
69
(Mouches), dans lesquels le meta thorax est
rudimen taire, et les pièces du mésothorax
sont soudées ou réunies entre elles.
En général , un anneau du thorax est
d'autant plus développé qu'il supporte des
ailes et des pattes plus destinées à agir;
c'est pour cela, sans doute, que, dans les
Hyménoptères ( Guêpes , Abeilles) , la por-
tion sternale est plus contractée; ces In-
sectes volent, en effet, plus qu'ils ne mar-
chent. Plusieurs cependant portent une
proie assez lourde , qui exige une force no-
table dans les pattes de ces animaux; mais
on n'a pas encore assez étudié ce sujet pour
se rendre exactement compte de toutes les
variétés de structure.
Ne pouvant aborder ici l'étude compara-
tive de toutes les pièces du thorax dans les
divers ordres d'Insectes , nous signalerons
seulement quelques faits importants. Il ar-
rive , par exemple, que certaines parties ,
simples d'ordinaire, ou mieux paires et sy-
métriques, sont quelquefois divisées. Tel
est le scutum du métathorax dans le Dy-
tique (Audouin), ce qui témoigne suffisam-
ment de l'origine double des sous-segments
du thorax : origine indiquée, dans d'autres
cas, comme nous l'avons dit, par une su-
ture longitudinale. Dans les Hyménoptères,
la plus grande partie de la région dorsale
du thorax est formée par le scutum du mé-
sonotum , ou partie dorsale du deuxième
segment. Cette pièce, qui figure un lo-
sange, est divisée dans toute sa longueur
par une suture. Or, il arrive que dans les
Mouches dorées (Chrysis) , et quelques au-
tres groupes d'Hyménoptères , chacune des
moitiés de ce scutum est, en outre, divisée
en deux parties par une autre suture lon-
gitudinale. Il résulte qu'il y a , de chaque
côté du scutum , une pièce particulière (pa-
rapside Mac-Leay), que les uns regardent
comme distincte, les autres comme unç
simple division du scutum. De plus, dans
les Hyménoptères, la plus grande partie du
ruétanotum, ou portion dorsale du troisième
anneau thoracique, est constituée par une
grande plaque tantôt lisse, tantôt striée,
assez souvent partagée en deux par une su-
ture longitudinale. Cette plaque est pour
les uns (Mac-Leay) le scutellum du méta-
thorax, pour d'autres (Newport, Westwood)
le scutum et le scutellum réunis ; pour d'au-
tres enfin (Audouin), c'est un des segments
de l'abdomen qui vient projeter son arceau
dorsal sur le métathorax , en sorte que le
premier segment apparent de l'abdomen
n'en serait en réalité que le deuxième.
M. Newport prétend en outre que le tho-
rax n'est par formé de trois segments, comme
on le croit d'ordinaire. Il y ajoute un qua-
trième segment , qui serait commun au tho-
rax et à l'abdomen, et qu'il nomme à cause
de cela thoraco-abdominal. Ce segment, ré-
duit en général dans ses dimensions, se mon-
tre particulièrement à la base de l'abdomen
dans les Papillons. Enfin, une des pièces
des flancs, le paraptère, est située diverse-
ment dans les différents groupes d'Insectes.
Dans les Coléoptères (Dytique) , cette pièce
fait réellement partie des flancs et remonte
le long de l'épisternum, pour atteindre la
base des élytres ou mésothorax et celle des
ailes au métathorax. Dans les Lépidoptères
et les Hyménoptères, c'est au-dessous de
l'origine des ailes, ou au moins des ailes an-
térieures , que se trouve situé le paraptère.
C'est la pièce à laquelle on donne ordinai-
rement le nom d'écaillé ( squama). Dans la
plupart des Insectes , cette pièce n'existe pas
au prothorax. M. Newport la retrouve chez
les Coléoptères, en particulier, dans une
partie rudimentaire qui est située dans la
peau entre la tête et le prothorax, et que
M. Straus nomme pièce jugulaire. Cette
pièce jugulaire, qui existe de chaque côté,
est pour M. Straus le rudiment d'un anneau
du corps qui ne se serait pas complètement
développé.
Outre les parties indiquées , le thorax pré-
sente encore ordinairement deux paires de
stigmates , qui sont les ouvertures pour l'en-
trée et la sortie de l'air. De ces deux paires
de stigmates , la première est située sur les
côtés du prothorax et la seconde sur les côtés
du mésothorax. Cependant la position de
ces segments est sujette à varier; c'est ainsi
que, dans les Hyménoptères, on trouve or-
dinairement la seconde paire de stigmates
sur les côtés du métathorax. Les stigmates
thoraciques sont surtout caractérisés par
deux espèces de volets mobiles , qui s'oppo-
sent à la sortie de l'air au gré de l'Insecte,
et ces volets mobiles distinguent les stigma-
tes thoraciques des stigmates abdominaux ,
qui ne sont formés que par des poils ou dci
INS
INS
cils croisés. Les stigmates du thorax sont
nommés péritrèmes par Audouin ( nepi,
Tpfua, autour du trou).
Les pattes sont les organes de locomotion
ou de déplacement les plus constants chez
les Insectes, puisque les ailes manquent à
quelques uns de ces animaux. Tantôt les pat-
tes sont destinées à la locomotion terrestre,
tantôt à la locomotion dans l'eau; quelque-
fois , enfin , elles sont construites de manière
à servir soit pour l'accouplement, soit pour
saisir ou pour porter la proie. Ces différents
usages des pattes sont en rapport avec des
modifications de forme qui ne changent pas
d'une manière notable la disposition relative
des pièces dont ces pattes se composent. Les
trois paires de pattes sont en général sem-
blables entre elles, si ce n'est que la pre-
mière est plus courte que la deuxième, et
ainsi de suite. En partant de leur insertion
à la face inférieure du thorax, on voit qu'elles
se composent : 1° d'une hanche, pièce diver-
sement développée, mais ayant le plus ordi-
nairement une forme sphéroïdale ou ovoïde;
2° de deux petits articles appelés trochanter
et trochantin (Audouin) , qui font suite à la
hanche ; 3° d'un long article , presque tou-
jours plus épais que les autres et qui porte
le nom de cuisse ; 4° d'un autre article sou-
vent aussi long que le précédent, mais plus
grêle et qui forme la jambe \ 5° enfin d'une
série de petits articles, variant de 1 à 5, et
connus sous le nom collectif de tarse.
Les deux parties extrêmes de ces pattes
servent seules à caractériser certains grou-
pes. Ainsi la hanche présente dans sa forme
et dans son mode d'articulation, soit avec le
thorax, soit avec le reste de la patte, une
disposition qui n'est pas la même à beau-
coup près dans toutes les familles. Le tarse,
cependant, offre sous ce rapport plus d'in-
térêt, surtout à cause des différences qu'il
présente dans le nombre de ses articles.
Quelquefois le nombre apparent des articles
du tarse diffère du nombre réel , parce qu'un
d'entre eux se trouve très réduit dans ses di-
mensions et en partie caché par ceux qui
l'avoisinent. Quelquefois encore le nombre
des articles des tarses n'est pas le même à
toutes les pattes. Il existe , par exemple , un
groupe nombreux de Coléoptères dont les
quatre pattes antérieures ont les tarses for-
més de cinq articles , tandis que les tarses
des deux pattes postérieures n'en comptent
que quatre. Ces Coléoptères ont reçu , par
suite de cette disposition, le nom ÏÏHétéro-
mères.
Les tarses se terminent d'ordinaire pat
deux crochets qui sont situés à l'extrémiti
du dernier article, et entre lesquels on voit
quelquefois un sixième article plus petit que
les précédents. Quelquefois cet article sur-
numéraire, en quelque sorte, est une espèce
de palette qui paraît servir à l'Insecte pour
se fixer sur les différents corps. Cette palette
est tantôt simple et tantôt double, comme
dans la Mouche des appartements , qui fait
le vide à l'aide de ces petits organes, et peut
ainsi se soutenir et marcher dans une situa-
tion renversée. Les crochets qui terminent
les tarses servent évidemment à saisir, à se
cramponner, et ils offrent assez de variété
dans leur forme , les uns étant doubles ou
bifides , les autres ayant une rangée de
dentelures sur leur bord concave , etc. Dans
les mâles de certains Insectes ( Carabiques),
plusieurs des articles du tarse élargis à la
face inférieure et garnis de poils forment une
sorte de velours ou de papilles disposées sur
deux séries. Ces organes servent alors à
mieux saisir le corps de la femelle. Dans les
Dytiques , il existe un appareil plus com-
pliqué. Le tarse forme une palette circu-
laire, pourvue en dessous de véritables
ventouses. Les tarses , du moins les anté-
rieurs , manquent constamment à quel-
ques espèces (Ateuchus et autres), sans
que l'on entrevoie la raison de cette dispo-
sition.
Les ailes constituent la seconde espèce
d'organes locomoteurs. Elles sont situées à
la partie supérieure et latérale du thorax, et
sont, comme nous l'avons dit, au nombre
d'une paire par segment du thorax. Le pre-
mier segment thoracique en est toujours
dépourvu ; il ne porte que les deux pattes de
devant, tandis que les autres segments du
thorax supportent chacun deux pattes et
deux ailes. Les Diptères , ainsi nommés de
ce qu'ils n'ont que deux ailes , ne font ce-
pendant qu'une exception apparente à la
règle. Les ailes du métathorax sont rem-
placées chez ces Insectes par deux petits or-
ganes appelés balanciers (haltères ) , qui se
composent d'une tige terminée par un ren-
flement, et qui semblerait, d'après certaines
INS
INS
71
expériences, avoir uneaction sur l'équilibre
de l'Insecte pendant le vol.
Les ailes peuvent être considérées comme
une extension des téguments communs ou
de la peau, dépourvue de toute partie
solide, si ce n'est autour de certains canaux
qui se ramifient entre les deux couches de ces
téguments. Ces canaux , qui ont reçu depuis
longtemps le nom de nervures, et que M. Mac-
Leay appelle pierygostia (os de l'aile), ren-
ferment dans leur intérieur une trachée et
un courant sanguin , lorsque l'aile est en
voie de formation. Lorsque, au contraire,
.nu moment du passage de l'Insecte à l'état
parfait, l'aile acquiert, comme nous l'avons
vu plus haut, son extension définitive, le
courant sanguin s'arrête, et l'on trouve des
débris de corpuscules sanguins desséchés
dans l'intérieur des canaux ou nervures,
comme l'a observé M. Newport(l). On
admet qu'il se dépose de la chitine , ou
matière solide des téguments des Insectes ,
sur les parois des nervures des ailes, et c'est
à la surabondance d'un semblable dépôt
qu'est due la consolidation complète des
ailes antérieures des Coléoptères ( Hanne-
tons), des Orthoptères (Sauterelles) et de
certains Hémiptères (Punaises). Ces ailes ont
reçu le nom spécial û'élytres , qui veut dire
étui ; et en effet, elles recouvrent l'abdomen
et les deux derniers anneaux du thorax, qui
se trouvent alors placés comme dans une
gaine ou un étui. Dans tous les autres In-
sectes, les ailes restent membraneuses;
leurs nervures s'épaississent diversement;
les plus voisines du bord antérieur des ailes
acquièrent en effet plus de consistance, et les
autres en prennent d'autant moins , en gé-
néral , qu'elles sont plus voisines de l'extré-
mité et du bord postérieur. Le grand nom-
bre de trachées qui se répandent dans les
^iles a fait considérer ces organes , par quel-
ques savants, comme étant une dépen-
dance de l'appareil respiratoire. Quoi qu'il en
soit , la disposition que présentent les ner-
vures dans les ailes des Insectes fournit de
ons caractères pour la classification , en
raison même de la constance de cette dis-
position dans un même ordre d'Insectes.
Ainsi ces nervures , très nombreuses dans
les Névroptères ( Libellules ) et dans les Or-
thoptères (Sauterelles), où elles forment un
(i) Ann. des tc.nat., i845.
réseau à mailles très serrées, le deviennent
moins dans les Hémiptères (Abeilles), dans
les Diptères ( Mouches ), dans les Lépidop-
tères (Papillons). On a nommé cellules les
intervalles compris entre les nervures, et ces
cellules ont été distinguées en cellules mar-
ginales, sous-marginales, discoïdales , etc.,
d'après leur position à l'égard des bords de
l'aile. C'est dans le nombre et la position
de ces cellules que l'on a pris des caractères
pour certains groupes d'Insectes. Quelque-
fois ces cellules et les nervures qui les sépa-
rent sont plus ou moins masquées par des
poils; mais elles le sont surtout, dans les
Papillons, par des appendices particuliers,
que l'on nomme écailles et qui recouvrent
les deux surfaces des ailes. Ces écailles sont
un repli de la peau , ou de la membrane des
ailes; ce sont presque des ailes en petit,
qui renferment entre les deux lamelles dont
elles sont formées , un dépôt de matière co-
lorante. C'est à la présence de ces écailles,
supportées par un pédicule et insérées par
lignes régulières sur la surface de l'aile, que
sont dues les couleurs variées et parfois si
brillantes que présente l'aile des Papillons.
Dans les Insectes à quatre ailes , les deux
ailes d'un même côté du corps sont souvent
retenues par un appareil particulier. Dans
les Hyménoptères , c'est une série de cro-
chets recourbés , qui garnissent une portion
du bord antérieur des ailes de la seconde
paire et qui se fixent , pendant le vol, au
bord postérieur des ailes de devant, de
manière à présenter à l'air une surface plus
étendue. Dans les Lépidoptères, c'est un
frein , une espèce de cordon , qui passe de
l'aile antérieure à l'aile postérieure, et rem-
plit le même office que les crochets dans ie
cas précédent. Dans les autres ordres d'In-
sectes, les quatre ailes agissent isolément;
et quand les ailes antérieures sont épaisses,
on admet qu'elles servent peu ou point
au vol.
Certaines espèces d'Orthoptères, telles
que les Sauterelles , les Grillons , appelés
vulgairement cri-cri, ont une partie de
leurs ailes antérieures plus minces que le
reste et formant une espèce de tambour ou
de tympan. Une des nervures qui traversent
ce tambour est armée de dentelures sur les-
quelles frotte, pendant le mouvement alter-
natif des ailes l'une sur l'autre, le bord sail-
72
INS
tant de l'aile opposée , de manière à faire
résonner le tambour et à produire des sons
que tout le monde connaît. Cette disposition
est , en général , l'attribut des mâles ; mais
on la trouve aussi sur les ailes des femelles,
quoique moins prononcée et hors d'état de
donner lieu aux mêmes phénomènes. On
peut, sur un Insecte mort, faire résonner
les ailes en les frottant Tune sur l'autre, et
produire alors le même son que dans l'In-
secte vivant.
Enfin , les ailes de la seconde paire man-
quent quelquefois dans certains Coléop-
tères. Dans ce cas , les élytres sont ordi-
nairement soudées dans toute leur longueur,
et la face dorsale de l'abdomen , en rapport
avec ces élytres, reste molle, comme si la
présence d'un organe protecteur rendait
inutile la solidification de cette partie des
téguments.
Vabdomen est la troisième région du
corps des Insectes , celle qui vient après le
thorax. Elle est formée d'une suite d'an-
neaux dont le nombre varie suivant leâ
groupes, et ce nombre sert dans quelques cas
à caractériser le sexe à l'extérieur. Il arrivé
souvent que le nombre des anneaux de l'ab-
domen n'est pas le même à la face dorsale
qu'à la face ventrale. Il est moindre en gé-
néral à la face ventrale , parce qu'alors
quelques uns des arceaux ou demi-arceaux
dont se compose chacun des segments de
l'abdomen entrentdans la formation de l'ap-
pareil génital. Dans quelques Insectes, tels
que les Chrysis, la moitié au moins des
segments de l'abdomen est réduite à l'état
rudimentaire, et constitue un fourreau ar-
ticulé comme le tube d'une lunette d'ap-
proche, à l'extrémité duquel est placé l'ai-
guillon des femelles. Il résulte de cette dis-
position que le nombre des segments de
l'abdomen n'est que de trois ou de quatre
dans ces Insectes , ce qui varie selon les
sexes. Les Chrysis forment une division de
l'ordre des Hyménoptères, que l'on a nom-
mée celle des Porte-tuyaux, Tubuiifères, à
cause de la disposition particulière des der-
niers anneaux de leur abdomen. Dans d'au-
tres Hyménoptères (les Tenthrèdes, les Ich-
neumons) et dans quelques Orthoptères
(Sauterelles), les arceaux inférieurs des der-
niers segments abdominaux contribuent à
la formation d'un organe particulier (ta-
INS
rière) qui sert à déposer les œufs. En gé-
néral , les anneaux de l'abdomen ont la
même consistance dans toutes leurs parties,
et ils sont réunis par la peau de manière à
pouvoir rentrer plus ou moins les uns dans
les autres d'arrière en avant. Chaque arceau
est en outre disposé de telle sorte qu'il peut
s'écarter de l'arceau qui lui correspond en
distendant la peau. Cette distension est
quelquefois très prononcée dans les femelles,
lorsque leur abdomen est rempli d'oeufs.
Dans quelques espèces de Coléoptères, dont
les premières ailes ou les élytres sont sou-
dées , la face dorsale de l'abdomen , qui est
exactement recouverte par ces élytres, reste
molle. C'est, en général, entre les extré-
mités des deux arceaux de chaque segment
abdominal que se trouvent situés les stig-
mates; quelquefois aussi ils sont percés
dans l'arceau supérieur ou dorsal. Il y a , en
général , presque autant de paires de stig-
mates qu'il y a de segments à l'abdomen.
C'est enfin dans cette région du corps
que sont renfermés la plupart des organes
intérieurs, tandis que le thorax contient
particulièrement les muscles destinés à
mettre en mouvement les pattes et les ai-
les , et que la tête est surtout le siège des
organes des sens. Les trachées ou organes
de la respiration , le commencement du
canal intestinal ou l'œsophage, une partie
du vaisseau dorsal et une portion notable
du cordon nerveux principal, sont renfer-
més dans la tête et dans le thorax ; les or-
ganes de la génération sont au contraire
contenus entièrement dans l'abdomen. Dans
les Insectes , l'abdomen ne supporte pas
d'autres appendices que ceux qui dépen-
dent de l'appareil génital, et ces appendices
peuvent en général se retirer dans son in-
térieur : c'est ce qui arrive même dans la
tarière de certaines espèces.
Les muscles, ou principaux organes de la
locomotion , sont nécessairement situés à
l'intérieur , comme dans les Tortues. Ils
prennent généralement leur insertion sur
des crêtes, des saillies, des téguments (épi-
dèmes), et quelquefois sur des pièces parti-
culières qui font en quelque sorte l'office
de tendons (apodèmes). Le premier mode
d'insertion a lieu dans le corps; le second
existe plus ordinairement dans les mem-
bres , y compris les pièces de la bouche.
1NS
Les muscles des Insectes sont formés de fi-
bres plus généralement isolées que ceux des
animaux vertébrés; ces fibres ne se réunis-
sent pas , comme dans ces derniers , pour
former des faisceaux , et ne sont pas , par
conséquent, revêtus de cette enveloppe com-
mune que Ton appelle aponévrose. Les fi-
bres musculaires sont disposées de manière
a former des couches ou des séries de cor-
dons parallèles. Tantôt ces couches sont
plates et constituent des espèces de rubans :
tels sont les muscles de l'abdomen ; tantôt
ces couches sont plus épaisses et forment de
véritables faisceaux, comme dans les mus-
cles du thorax. Chaque fibre musculaire
peut se séparer en fibrilles par la macéra-
tion. On trouve aussi des stries transver-
sales à la surface des fibres , comme dans
les animaux vertébrés. On conçoit que dans
les larves d'Insectes dont les anneaux sont
presque tous de la même forme , les mus-
cles offrent une disposition assez simple.
Ils se composent surtout de plusieurs cou-
ches de fibres qui s'étendent dans toute la
longueur du corps. Dans les larves apodes,
le système musculaire doit donc être le plus
simple possible; mais lorsque les larves
d'Insectes sont pourvues de pattes , il sur-
vient une plus grande complication dans la
disposition des parties musculaires. C'est
pourquoi aussi les muscles de la tête sont
plus nombreux et plus compliqués que ceux
des autres parties du corps , car c'est là
qu'il existe le plus d'appendices. Les sail-
lies , les espèces de cloisons que présentent
à l'intérieur les téguments céphaliques ,
servent à l'insertion des muscles qui y sont
logés. Il en est de même au thorax , dans
lequel certaines pièces élémentaires rentrées
à l'intérieur forment aussi des cloisons in-
complètes (phragmata des auteurs anglais),
sur lesquelles viennent se fixer les extrémi-
tés des muscles qui font mouvoir les ailes
et les pattes.
C'est dans les ouvrages de MM. Straus et
Newport qu'il faut étudier la distribution
des muscles dans le corps des Insectes, sans
parler de Lyonnet, qui, le premier, les a
décrits dans les Chenilles. Le défaut de
place et de figures nous empêche absolu-
ment d'aborder cette étude.
Le vaisseau dorsal ou le cœur est le pre-
mier organe qui se présente à l'observa-
t. vu.
INS
73
teur, lorsqu'on vient à ouvrir le corps d'un
Insecte par la face dorsale, et qu'on a sou-
levé les téguments et les muscles. C'est un
vaisseau qui s'étend de la tête à l'extré-
mité du corps , et que ses contractions et
ses dilatations successives rendent très vi-
sible dans certaines larves d'Insectes , soit
terrestres, soit aquatiques. Dans l'Insecte
parfait, la partie du vaisseau dorsal située
dans l'abdomen est plus large que toute la
portion antérieure. Cette dernière, renfer-
mée dans la tête et dans le thorax, s'inflé-
chit plusieurs fois , deux fois au moins ,
pour passer sous les demi-cloisons formées
par les parois du thorax. Lorsqu'elle est
parvenue dans la tête , elle s'y divise en
plusieurs branches, dont deux principales.
Ces branches sont courtes, et ne paraissent
pas se continuer avec d'autres vaisseaux.
La structure du vaisseau dorsal est mus-
culaire. Dans l'abdomen , il est partagé en
plusieurs loges incomplètes placées les unes
à la suite des autres. On lui reconnaît deux
ou trois couches, dont l'intérieure estployée
et striée; la moyenne présente des fibres
longitudinales fortes et épaisses ; et l'exté-
rieure serait une membrane transparente,
sans structure appréciable (Newport), et
qui envelopperait le cœur sans suivre les
inflexions de la membrane musculaire. Les
loges que renferme le cœur sont dues à des
replis de parois , replis en forme de val-
vules , décrits par M. Straus dans le Han-
neton. Chaque loge présente une ouverture
de chaque côté , et les replis sont disposés
de telle manière que le sang qui pénètre
par ces ouvertures ne peut sortir par la
même voie. Le nombre des loges paraît
varier avec les espèces. Il est de neuf dans
le Hanneton , d'après M. Straus ; de sept
dans leLucaneCerf-Volant, suivant M. New-
port; de cinq dans le Bourdon terrestre,
d'après le même auteur. On se demande si
ce nombre varie dans la larve et l'Insecte
parfait. M. Newport répond à cela que dans
le Sphinx ligustri, il l'a toujours trouvé de
huit, tant dans la larve que dans l'Insecte
parfait, et qu'il en est de même pour plu-
sieurs autres Lépidoptères.
Lorsqu'on examine le cœur dans des In-
sectes transparents , tels que des larves
aquatiques, on aperçoit autour de ces or-
ganes un courant sanguin , indiqué par I«
10
INS
1NS
mouvement des globules que renferme le
sang. Ce courant se produit d'arrière en
avant dans la longueur du corps , et on le
suppose limité par une enveloppe très mince,
dont l'existence est tout-à-fait douteuse.
L'espace que limite ou non cette enveloppe
est regardée comme une oreillette , parce
qu'elle joue à l'égard du cœur des Insectes
le même rôle que les oreillettes du cœur des
animaux vertébrés.
On a nommé les ailes du cœur des mus-
cles triangulaires, partant de chaque loge,
où ils sont aussi larges que la longueur de
•a loge elle-même , et finissant en pointe
pour aller s'attacher sur les côtés des seg-
ments abdominaux. Ces muscles, outre l'u-
sage qu'ils ont de fixer le corps en place ,
servent à dilater chaque loge en la raccour-
cissant lorsqu'ils se contractent , ou à l'al-
longer au contraire dans le moment où ils
se dilatent. Chacun de ces muscles est dou-
ble , et ils s'attachent par conséquent à la
face dorsale et à la face ventrale du cœur;
c'est entre les deux couches de ces muscles
qu'est située l'espèce d'oreillette dont nous
avons parlé.
La portion du cœur qui traverse le tho-
rax et la tête a été comparée avec raison à
l'aorte des animaux vertébrés. C'est cette
portion du cœur, en effet, qui porte le sang
dans les différentes parties du corps , ou
plutôt dans la tête, d'où il revient dans la
cavité du corps et de ses appendices. Le mou-
vement du sang a donc lieu d'arrière en
* avant pour le sang qui passe par le cœur ,
et d'avant en arrière au contraire pour ce-
lui qui traverse librement le corps. Le sang
ainsi épanché dans la cavité générale pé-
nètre dans le cœur par les ouvertures laté-
rales qui sont percées dans chaque loge de
cet organe. Quelques auteurs récents , tels
que MM. Bowerbank, Newport, prétendent
qu'il existe des vaisseaux pour le passage du
sang au travers du corps ; que ces vaisseaux
avoisinent le passage des trachées ou orga-
nes respiratoires des Insectes , et ramènent
ainsi le oang au cœur. Cependant l'existence
de semblables vaisseaux est très probléma-
tique, et il paraît certain que dans quelques
parties du corps, dans les pattes en parti-
culier, il n'existe pas de parois vasculaires.
On voit , à l'aide du microscope , les cou-
rants sanguins s'arrêler tout-à-coup , re-
brousser chemin; on les Toit décrire des
contours bien déterminés, et cependant on
ne distingue pas de membrane qui serve à
les circonscrire.
La circulation du sang dans les Insectes
a été reconnue d'abord par M. Carus et
constatée depuis par différents observateurs,
parmi lesquels il faut mentionner surtout
les deux auteurs que nous avons cités plus
haut. Le sang des Insectes est généralement
pâle, quelquefois verdâtre ou rougeâtre, et
renferme des corpuscules allongés, un peu
aplatis, qui diffèrent d'ailleurs de forme
dans les différents états de l'Insecte, et qui
deviennent globuleux, dit M. Newport,
comme les globules du sang des Vertébrés,
dès qu'on le met en contact avec l'eau. Ce
sont surtout ces globules qui rendent visibles
les courants sanguins, lorsqu'on les examine
au dehors du cœur. Ils paraissent cependant
ne pas exister partout. Ainsi ils manquent
dans certaines larves aquatiques [Quatre-
fages (1)], dont le corps est rouge, et qui
paraissent être des larves de Tipulaires.
M. Newport décrit, sous le nom de vais-
seau supraspinal, un canal qui s'étend sur
la face supérieure du cordon nerveux prin-
cipal, dans la portion abdominale de ce cor-
don chez les Lépidoptères à l'état parfait.
Ce vaisseau est protégé, suivant lui, par des
fibres musculaires dirigées en travers du
corps et destinées à le séparer de la cavité
commune. Nous ne suivrons pas cet auteur
dans la description de ce vaisseau , ni des
autres parties de l'appareil circulatoire des
Insectes ; mais nous engageons le lecteur à
lire l'article Insectes qu'il a publié dans l'En-
cyclopédie anglaise d'anatomie et de physio-
logie, ainsi que les recherches de M. Bower-
bank, dans le Magasin entomologique de
Londres.
Le canal intestinal s'étend dans toute la
longueur du corps , au-dessous du cœur ou
mieux du vaisseau dorsal. C'est un tube
tantôt droit et de la longueur du corps seu-
lement, comme dans les chenilles, tantôt
contourné de manière à décrire de nombreu-
ses circonvolutions, et, dans ce cas, il est
plus long que le corps. Ce tube n'a pas d'ail-
leurs le même diamètre partout; il présente
des étranglements qui le divisent en régions
(i) Communication faite à la Société philomatiquc en août
i8ii.
INS
ÏNS
75
distinctes, comme cela a lieu dans les ani-
maux vertébrés. Lorsqu'il n'a que la longueur
du corps, son diamètre est très considérable,
comme pour suppléer à son défaut d'éten-
due dans le sens de la longueur; dans le cas
contraire , son diamètre est très réduit, et
varie d'ailleurs avec les différentes parties du
canal lui-même.
On reconnaît trois couches ou enveloppes
au canal intestinal : une couche extérieure,
appelée péritonéale par quelques auteurs;
une couche moyenne ou musculaire; une
couche intérieure ou muqueuse. La couche
extérieure est très mince, blanche et trans-
parente, et revêt la couche musculaire dans
toute la longueur du canal. On la détache
très difficilement de la couche musculaire,
mais on la reconnaît en soumettant au mi-
croscope une portion du canal intestinal
(Newport). La couche musculaire est très
prononcée et formée de fibres, les unes
longitudinales, les autres transversales, qui
s'entrecroisent avec des fibres obliques, sui-
vant certains auteurs. La couche muqueuse
est considérée comme formée de deux autres
couches qui auraient une structure diffé-
rente. De ces deux couches, la plus intérieure
serait une membrane mince, plus visible à la
partie antérieure du canal intestinal qu'à
sa partie postérieure. Cette couche serait
celle qui entrerait dans la formation dé cer-
taines parties solides que l'on trouve à la
partie antérieure du canal intestinal, sous
l'aspect de dents cornées, comme cela a lieu
dans quelques Coléoptères et Orthoptères.
L'autre couche, ou l'autre feuillet, pour ainsi
dire, de la couche muqueuse, est placée par
conséquent entre le feuillet précédent et la
couche musculaire. Sa structure est rarement
distincte, si ce n'est dans l'Hydrophile
{H. piceus) et quelques autres Insectes, où
elle présente une apparence glanduleuse.
Le canal intestinal se compose en général
du pharynx ou fond de la cavité buccale,
de Vœsophagc, du jabot, du gésier, de Ves-
iomac (ventricule chylifîque Léon Dufour),
de Vinteslin grêle et du gros intestin (colon
et rectum). Le jabot, qui rappelle la même
partie dans les Oiseaux, n'est pas situé dans
l'axe du tube intestinal. C'est une espèce
de vessie qui ne tient au canal intestinal que
par un pédicule étroit, et se rencontre sur-
tout dans les Insectes suceurs, tels que les
Lépidoptères et les Diptères : aussi a-t-on
supposé que cet organe avait pour objet de
faire le vide dans l'œsophage et de permettre
ainsi l'arrivée des aliments (Burmeister);
mais il paraît qu'on y trouve quelquefois de
la substance alimentaire (Newport), et que
c'estun appareil préparatoire delà digestion.
L'œsophage est un tube plus ou moins long,
intermédiaire entre la bouche et le jabot, ou
entre la bouche et le gésier, quand le jabot
n'existe pas. Le gésier forme la seconde po-
che stomacale, quand il y a un jabot, ou la
première, dans le cas contraire; il est sur-
tout caractérisé par les replis saillants , ou
les dents, les épines saillantes dont il est
armé. L'estomac est la troisième ou la se-
conde poche gastrique, suivant que le jabot
existe ou n'existe pas. Ce qui le distingue
surtout, c'est qu'il donne insertion par son
extrémité inférieure aux vaisseaux biliaires,
sorte de canaux très longs et très sinueux
dont nous parlerons bientôt. On voit que les
Insectes, de même que les oiseaux et les
mammifères ruminants , sont des animaux
à estomac multiple. II y a ce rapport entre
les Insectes et les oiseaux, que le jabot
n'existe pas toujours, ce qui réduit à deux
le nombre des poches stomacales. Il faut
toutefois remarquer que le gésier des Insectes
ne correspond pas à celui des oiseaux; c'est
la deuxième poche dans les Insectes, tandis
que c'est la troisième dans les oiseaux. L'in-
testin grêle fait suite à l'insertion des vais-
seaux biliaires, lorsque ceux-ci n'ont qu'un
point d'insertion; il est plus ou moins long
et contourné sur lui-même, et diffère surtout
par son diamètre du gros intestin. Ceux-ci
se divisent quelquefois en colon et en rectum,
et quelquefois aussi il existe un appendice
(cœcum) entre l'intestin grêle et le gros in-
testin.
Outre le caractère que présente l'estomac
dans l'insertion des vaisseaux biliaires, il
en possède souvent un autre dans la pré-
sence, à sa surface externe , d'un grand
nombre d'appendices ou petits canaux aveu«
gles, qui sont tapissés à l'intérieur par la
muqueuse de l'estomac, et sont considérés
par M. Léon Dufour comme servant au pas-
sage du chyle, qui se répandrait ainsi libre-
ment dans la cavité générale du corps.
D'autres (Newport) les regardent comme des
organes de sécrétion, destinés à verser dana
76
ms
i'estomac un liquide différent de celui que
fournissent les vaisseaux biliaires. Ces der-
niers se réunissent à l'estomac en arrière,
par la portion de cet organe appelée pylo-
rique , comme dans les animaux vertébrés.
Ce sont des canaux au nombre de deux , de
auatre , de six , et quelquefois même au
«ombre de vingt ou de cent , comme dans
quelques Hyménoptères et Orthoptères. Ils
constituent de longs tubes très repliés sur
eux-mêmes, et qui s'appliquent sur la por-
tion postérieure de l'estomac , et sur une
grande partie de l'intestin grêle. On a cru
pendant longtemps qu'ils allaient, par leur
extrémité, prendre une nouvelle insertion
sur la partie postérieure du canal intesti-
nal ; mais on a reconnu depuis (Newport,
Léon Dufour) qu'il n'y avait pas continuité
entre les canaux de l'estomac et ceux du
gros intestin. Ils se terminent les uns et
les autres en une portion très étroite , très
grêle, qui doit plutôt, comme le dit M. New-
port , être regardée comme leur origine que
comme leur terminaison, celle-ci ayant lieu
dans l'estomac. D'après ce dernier auteur,
les vaisseaux biliaires, dans la larve de la
plupart des Lépidoptères, présentent à leur
surface extérieure un très grand nombre de
petits appendices , que l'on retrouve dans
d'autres Insectes à l'état parfait, tels que le
Hanneton. Ces petits appendices des vais-
seaux biliaires se terminent , dans les Che-
nilles, par un vaisseau très fin, qui se perd
dans les vésicules du tissu adipeux ou grais-
seux. Dans le Papillon , les appendices des
vaisseaux biliaires sont dépourvus de leur
petit vaisseau terminal.
M. Newport ayant fait prendre à quelques
individus d'un Lépidoptère fort commun
{Vanessa urlicœ) de Veau sucrée colorée
avec de l'indigo, les ouvrit deux heures
après, et trouva l'estomac rempli d'un li-
quide qui renfermait une grande quantité
de granules colorés en rouge. Ces granules
lui parurent être ceux de l'indigo sur les-
quels avait réagi l'acide de l'estomac qui
s'en était saturé. D'autres granules, qui
avaient passé au-delà du pylore, jusque
dans l'intestin grêle et le gros intestin,
avaient repris leur couleur bleue, ce qui in-
diquait l'action d'un alcali , produit soit
par les vaisseaux biliaires, soit par l'intes-
tin grêle lui-même. Les vaisseaux biliaires
LNS
présentaient aussi la couleur des granules
contenus dans l'estomac, ce qui indique-
rait qu'ils possèdent aussi une réactioi,
acide. Déjà M. Aube avait trouvé dans les
vaisseaux biliaires d'un Lucane de petits
calculs, que M. Audouin a reconnus pour
des calculs formés d'acide urique. On s'ex-
plique difficilement, malgré ces faits, com-
ment la sécrétion d'une sorte de substance
urinaire aurait lieu dans une portion aussi
antérieure que l'estomac , et les fonctions
des vaisseaux biliaires sont encore un pro-
blème à résoudre.
Il existe dans la portion postérieure du
canal intestinal des conduits appelés uri-
naires , qui débouchent, soit dans le canal
intestinal lui-même , soit directement au
voisinage de l'anus. Ces conduits consti-
tuent, avec les glandes salivaires dont nous
allons parler et les vaisseaux biliaires , les
appendices ou annexes du canal intestinal.
Les glandes salivaires sont situées à la
partie antérieure du canal intestinal , et
n'ont souvent que la forme de simples tu-
bes , comme dans les Lépidoptères , où ces
tubes sont diversement contournés : c'est
ce qui constitue les vaisseaux soyeux de la
Chenille. Ces vaisseaux soyeux s'ouvrent à
la partie inférieure de la bouche par un
orifice unique que Ton nomme la filière. Les
glandes salivaires sont quelquefois formées
d'un grand nombre de corps glanduleux,
rassemblés en grappes plus ou moins con-
sidérables, qui communiquent entre eux et
avec un conduit commun dont l'issue a lieu
dans la bouche. Les glandes salivaires
existent dans un très grand nombre d'In-
sectes , et paraissent avoir pour objet de
ramollir les substances dont ils se nourris-
sent, ou d'exercer une action nuisible sur
les animaux auxquels ils s'attaquent.
Le corps graisseux ou le tissa adipeux
est un assemblage de petites vésicules for-
mées, ou mieux, remplies de graisse , qui
sont répandues sur toutes les parties du ca-
nal intestinal, et, en général , sur tous les
organes que renferme le corps des Insectes.
Nous avons déjà vu que, dans la larve , le
tissu graisseux est plus abondant que dans
l'Insecte parfait, ce qui a fait supposer qu'il
sert à la nutrition pendant le temps que
dure l'état de nymphe. C'est surtout au
moment où la larve va se transformer en
INS
nymphe que le corps graisseux est le plus
abondant. M. Newport a même remarqué
que, dans les Insectes qui doivent passer
l'hiver sous la forme d'Insecte parfait , le
orps graisseux est plus abondant que dans
'e cas où ils doivent périr à la fin de l'été.
On sait que, dans les espèces où il y a plu-
sieurs pontes, ou lorsque le développement
n'a pas eu la même durée pour tous les in-
dividus d'une même espèce , quelques uns
de ceux-ci passent l'hiver, et ne pondent,
à leur tour, qu'au printemps suivant. L'a-
I bondance du tissu graisseux dans ces indi-
vidus retardés semble donc fournir une
nouvelle preuve que ce tissu sert à la nu-
trition, absolument comme le fait la graisse
dans les Mammifères hibernants. Quant à
cet autre usage du tissu graisseux que sup-
pose M. Newport, et qui serait de remplir
l'office des vaisseaux lymphatiques chez les
Mammifères, il n'est fondé sur aucune autre
preuve que la communication que cet au-
teur a reconnue entre les vésicules de ce
tissu.
Les organes respiratoires sont des tubes
très nombreux qui sont répandus dans tou-
tes les parties du corps des Insectes, et com-
muniquent , par un certain nombre de tu-
bes principaux , avec les stigmates , dont
nous avons parlé en traitant des téguments.
Les organes respiratoires et le corps grais-
seux se rencontrent , pour ainsi dire, entre
tous les organes, et, pour mettre ceux-ci à
découvert , il faut les dégager tout à la fois
et des trachées , et du corps graisseux. Le
nom de trachées est celui que l'on a donné
à la forme la plus répandue d'organes respi-
ratoires parmi les Insectes ; ce sont ceux qui
servent à respirer l'air atmosphérique. Ils
sont appelés trachées , parce qu'une des
membranes qui les constituent rappelle soit
la forme de la trachée-artère des animaux,
soit celle des trachées des végétaux. Cette
membrane est formée d'une espèce de fila-
ment enroulé en spirale, et que l'on a com-
paré à l'élastique d'une bretelle. Au-dehors
et au-dedans de cette partie ainsi enroulée,
on admet qu'il existe une membrane d'en-
veloppe dont l'extérieur répondrait à la
membrane séreuse qui recouvre les viscères
dans les vertébrés , et l'intérieure serait
une muqueuse. C'est cette membrane inté-
rieure qui passe pour se renouveler en tout
INS
77
ou en partie à chaque mue ou changemenî
de peau des larves d'Insectes.
Dans les larves d'Insectes , il existe plu-
sieurs troncs principaux qui s'étendent dans
la longueur du corps , et qui se ramifient
en conservant toujours la même forme;
mais les Insectes parfaits présentent quel-
quefois , sur le trajet de certaines trachées ,
des renflements en forme de vésicules , qui
ont fait distinguer les trachées en tubuleuses
et vésiculeuses. Les trachées à renflements
ou vésiculeuses ne se remarquent, en gé-
néral , que dans les Insectes qui ont le vol
puissant et dans plusieurs Insectes sauteurs,
d'où l'on conclut que l'usage des renflements
trachéens est de rendre plus léger le corps
de l'Insecte. La portion de trachées dilatée
en vésicule se présente parsemée d'un grand
nombre de petits points qui ont l'air d'au-
tant de perforations , et que l'on a considé-
rés comme provenant de la rupture, en
quelque sorte , du filament spiral de la tra-
chée ( Burmeister ) ; mais ce qui prouve
qu'il n'en est pas ainsi , c'est que les mê-
mes points existent sur la partie des tubes
trachéens qui avoisine chaque vésicule, ainsi
que le remarque M. Newport, et que d'ail-
leurs ils ne sont pas disposés en lignes ré-
gulières. Ce dernier auteur regarde les
points comme des espèces de cellules desti-
nées à faciliter l'action de l'air sur le sang.
C'est encore une opinion contestable; car
pourquoi ces petites cellules ne seraient-
elles situées que sur les vésicules ou dans
le voisinage de ces renflements? L'usage
des vésicules comme moyen de rendre plus
léger le corps des Insectes est beaucoup plus
probable; car, outre qu'on ne les trouve
pas dans les Insectes à l'état de larves, on
les recontre aussi dans des organes très vo-
lumineux, tels que la tête et les énormes
mandibules du Lucane cerf-volant mâle
(Newport).
Tous les Insectes à l'état parfait respirent
par des trachées ; mais ils n'ont pas tous
un aussi grand nombre d'orifices extérieurs
(stigmates) pour l'entrée de l'air. Ainsi,
parmi les Insectes qui vivent dans l'eau ,
les Nèpes, les Ranatres ont à l'extrémité de
l'abdomen deux longs tubes de la même
consistance que les téguments, et c'est par
ces deux tubes que s'opèrent l'entrée et la
sortie de l'air. Pour cela, l'Insecte est oblige
78
INS
INS
de venir présenter de temps en temps à la
surface de l'eau l'extrémité de ses deux tu-
bes respiratoires. D'autres Insectes respirent
de la même manière pendant qu'ils sont à
l'état de larve ; ce sont les Hydrophiles et
les Dytiques parmi les Coléoptères , les
Stratiomys, les Eristales parmi les Diptères.
En outre , il y a des Insectes qui possè-
dent à la fois des trachées et des branchies.
Ces derniers organes, qui ne se rencontrent
que dans la larve et la nymphe mobile de
certaines espèces , sont placés , comme le
remarque M. Newport , aux endroits du
corps où se trouveront plus tard les stigma-
tes. Ce sont des expansions de la surface
tégumentaire , dans lesquelles circule le
sang et dans lesquelles viennent se ramifier
des trachées. Les mouvements très rapides
que l'Insecte imprime à volonté sur ses
branchies sont regardés comme servant à
renouveler sans cesse l'eau qui l'environne
pour y puiser de nouveaux éléments de res-
piration. L'air contenu dans l'eau serait
ainsi mis en contact avec les tubes trachéens;
ce serait donc une véritable respiration
aquatique tout-à-fait analogue à celle que
Ton a supposée chez un insecte parfait
(Blemus) qui vivrait assez constamment
sous l'eau pour y puiser, en en décompo-
sant les éléments (Audouin) , de l'air at-
mosphérique. On manque cependant encore
d'expériences positives pour étayer cette
manière de voir. Quoi qu'il en soit , tantôt
les branchies sont, comme le dit M. New-
port, des touffes de poils, ou d'organes ana-
logues, pour la forme, à des poils, qui se
réunissent en une branche unique , comme
dans la larve et la nymphe des Cousins
(Culex). Chacun de ces filaments ou poils
serait parcouru par une trachée. Dans quel-
ques cas , comme dans les larves des Gy-
rins , ces filaments sont isolés et disposés
sur les côtés du corps. Tantôt les branchies
sont des lames plates, plus ou moins lon-
gues et étroites, et situées sur chacun des
segments de l'abdomen, aux endroits qu'oc-
cuperont plus tard les stigmates. On trouve
de semblables plaques dans la larve des
Ephémères , qui en ont aussi au bout de
l'abdomen. Dans d'autres, telles que les
larves û'Agrion , il n'en existe qu'en ce
dernier endroit. Dans tous les cas, les bran-
chics sont tout à la fois et des organes de
respiration , et des organes de locomotion.
Des branchies d'une forme tout-à-fait nou-
velle ont été observées par M. Westwood
dans un- Insecte névroptère ( Acentropm ,
Steph.). Ce sont des branchies filiformes et
articulées , chaque filament ayant cinq ar-
ticles situés sur les côtés de l'abdomen, et
qui seraient traversés dans toute leur lon-
gueur par autant de trachées que l'on peut
compter de filaments branchiaux. Suivant
M. Westwood, les trachées viendraient
s'ouvrir directement à l'extrémité de chaque
filament. Dans ce cas , l'Insecte respirerait
l'air directement, comme dans les Nèpes et
les Ranatres citées plus haut. Enfin les Culex
ont tout à la fois des branchies et des stig-
mates , c'est à-dire des ouvertures pour
l'entrée de l'air. La nymphe des Chironomus,
qui appartiennent à la famille des Culex,
est dans le même cas. Les larves des Libel-
lules proprement dites n'ont pas de bran-
chies extérieures. Ces Insectes font pénétrer
de l'eau dans leur corps par l'extrémité
postérieure, où elle s'avance jusque dans
la partie postérieure de l'intestin ; c'est là
que seraient situées les branchies. C'est ,
pour les Libellules à l'état de larve et de
nymphe, un des moyens de locomotion
puissant que la sortie de l'eau projetée vio-
lemment par la contraction subite de la
portion postérieure du corps , ainsi que l'a
remarqué Réaumur.
De quelque manière que l'air pénètre
dans le corps des Insectes , il n'en est pas
moins vrai qu'il est porté dans toutes les
parties du corps par les tubes trachéens,
de même que le sang s'y promène partout
au moyen de la circulation. L'action de
l'air sur le sang doit donc se produire dans
tous les organes , comme l'avait remarqué
Cuvier, en sorte que la respiration n'est pas
localisée, comme dans tant d'autres ani-
maux.
Les organes de la génération sont situés
à l'extrémité de l'abdomen, et consistent,
comme dans les animaux vertébrés, en or-
ganes mâles et en organes femelles. En
outre , chaque sorte d'organes se compose
de parties externes et de parties internes.
Les parties externes sont le pénis dans le
mâle , et la tarière ou l'aiguillon dans les
femelles. Les parties internes sont les testi-
cules dans le mâle , les ovaires dans la fe-
1NS
INS
79
melle. Il y a en outre quelques parties ac-
cessoires dont nous parlerons.
Le pénis est ordinairement un simple
'tube à téguments solides, comme l'enve-
loppe même du corps, et par lequel sort le
liquide de la fécondation. Ce pénis est
quelquefois épineux , et quelquefois muni
(de pièces accessoires qui paraissent servir
jà retenir la femelle pendant l'accouplement.
'Ces pièces sont les analogues des valves,
|ui recouvrent ou accompagnent la tarière
ftu l'aiguillon de la femelle. Cette tarière
ou cet aiguillon se compose de deux ou de
quatre pièces , assemblées deux à deux , de
manière à former deux lames minces lors-
que c'est une tarière , ou un tube grêle
lorsque c'est un aiguillon. Sur la tarière
sont appliquées les valves dont nous avons
parlé ; ces valves sont rudimentaires et si-
tuées à la base de l'aiguillon, quand l'or-
gane extérieur de la femelle ne s'est pas
disposé en tarière. Comme tous les Insectes
n'ont pas de tarière ou d'aiguillon, le nom-
bre des segments de l'abdomen varie dans
les diverses familles, en sorte qu'il est plus
considérable quand il n'y a pas d'appareil
extérieur de la génération. La tarière et
l'aiguillon servent à déposer les œufs dans
des circonstances déterminées; ces organes
livrent en outre le passage à un fluide par-
ticulier qui se forme dans des glandes ou
vaisseaux spéciaux, et qui n'a d'usage bien
connu que dans les Insectes à aiguillon ,
tels que les Abeilles, les Guêpes. Dans ce cas,
le liquide en question est le venin, qui pro-
duit sur les autres Insectes , et même sur
les animaux en général, des effets plus ou
moins délétères, lorsqu'il est introduit dans
la circulation. Comme exemple d'Insectes à
tarière, nous citerons les Sauterelles , chez
lesquelles cet organe est très développé ; les
Ichneumons , qui ont cet organe beaucoup
plus grêle que les Sauterelles, et quelquefois
plus long que le corps; les Tenthrèdes, dont
la tarière est dentelée , de manière à pou-
voir pénétrer dans le tissu des végétaux.
L'aiguillon se remarque dans un grand nom-
bre d'Hyménoptères, tels que les Abeilles et
les Guêpes. Il est pourvu de fines dente-
lures à l'extrémité.
Nous avons dit que les organes internes
de la génération sont les testicules pour le
mâle, et les ovaires pour la femelle. Les tes-
icules sont des tubes plus ou moins nom-
breux, qui se réunissent de chaque côté du
corps en un tube plus ou moins long {con-
duit défèrent). C'est dans les testicules que
se produit le liquide fécondant, renfermant
des zoospermes ou spermatozoaires, comme
dans les autres animaux. Le conduit défé-
rent se pelotonne , se dispose diversement,
de manière à former quelquefois ce que l'on
a appelé des épididymes, par analogie avec
les animaux supérieurs. Au-delà de ces épi-
didymes, le conduit déférent aboutit quel-
quefois à d'autres organes plus ou moins
ramifiés, les vésicules séminales, ainsi nom-
mées par analogie encore avec les autres
animaux. On ignore quels sont les usages
spéciaux des épididymes et des vésicules
séminales, qui imprimaient très probable-
ment des modifications à la liqueur fécon-
dante pendant son séjour dans ces organes.
Enfin , après avoir traversé les vésicules
séminales, les conduits déférents se réunis-
sent en un seul tube qui se rend dans le
pénis, véritable organe de l'accouplement.
Les ovaires ne sont pas les seuls organes
internes de la génération dans la femelle.
Outre l'appareil plus ou moins compliqué ,
servant à la sécrétion et à la conservation
du venin, il existe encore ordinairement
une ou deux poches, situées à l'entrée de
l'oviducte, et dans lesquelles vient se dépo-
ser le liquide fécondateur qui est introduit
dans le corps de la femelle par le pénis du
mâle. Il y a quelquefois encore une poche
renfermant un liquide destiné à enduire les
œufs d'une substance agglutinante, qui les
fixe sur les corps où ils sont déposés : cette
poche est peut-être l'analogue de l'appareil
à venin, dans les espèces où il n'existe pas
d'aiguillon. Quant aux ovaires, ce sont des
tubes plus ou moins nombreux, situés de
chaque côté du corps, comme les testicules
dans le mâle, et qui tous se réunissent, de
chaque côté du corps, en un tube commun,
Voviducle, par lequel les œufs sortent du
corps de l'Insecte. On trouve dans les ovaires
des œufs parvenus à différents degrés de
développement; les plus avancés, sous ce
rapport, étant les plus rapprochés de l'ovi-
ducte. Lorsque ces œufs sont mûrs , ils sont
pondus par la femelle, qu'il y ait eu ou
non accouplement préalable, comme cela
se passe d'après ce que l'on sait aujourd'hui,
80
INS
dans presque tous les animaux. C'est au
moment où les œufs traversent le tube
commun provenant de la réunion des deux
oviductes que paraît se produire leur fé-
condation , au moyen de la liqueur sper-
enatique déposée dans une poche spéciale
(spermotheca) dont nous avons parlé. Il
paraît , en effet , que cette poche renferme
après l'accouplement un liquide épais,
visqueux et blanchâtre, qui ne s'y ren-
contre pas auparavant (Newport). Est-ce
la liqueur séminale déposée par le mâle?
La présence des spermatozoaires dans cette
liqueur répondrait affirmativement à cette
question, mais nous ne sachions pas qu'on
Jes y ait cherchés. Quoi qu'il en soit, il paraît
qu'on trouve pendant l'accouplement pro-
longé de certains Insectes (Hannetons) le
pénis du mâle engagé dans le spermotheca de
la femelle (Audouin).
Les organes de la génération, ou du
moins ceux de l'accouplement , ne sont pas
toujours situés à la partie postérieure du
corps. Ainsi , dans les Libellules ( voy. ce
mot), l'appareil copulateur est situé, chez
le mâle , à la face ventrale de l'abdomen
et sous le premier segment : aussi l'accou-
plement a-t-il lieu chez ces Insectes d'une
maaière toute spéciale. Il existe cependant,
à l'extrémité de l'abdomen du mâle, des or-
ganes qui leur servent à saisir la tête de la
femelle, et lorsque celle-ci est ainsi rete-
nue , après un temps plus ou moins long,
elle courbe son abdomen dans l'extrémité
pour se mettre en rapport avec les organes
générateurs du mâle. C'est pourquoi l'on
voit souvent deux Libellules placées bout à
bout et voler ensemble, la femelle entraînée
par le mâle.
Presque tous les Insectes sortent del'œuf
en dehors du corps de la femelle , mais il
en est quelquefois qui éclosent dans l'ovi-
ducte de la mère et n'en sortent que sous
la forme de larves ; il en est même qui
restent dans le corps de la mère jusqu'à ce
qu'ils aient pris leur enveloppe de nymphe.
C'est ce dernier mode de génération que l'on
a nommé pupipare (de pupa, nymphe). On
en trouve des exemples dans les Diptères,
où l'on a établi à cause de cela une famille
de Pupipares (voy. ce mot). Les Hémiptères
offrent de leur côté ce que l'on pourrait
nommer, pour la même raison , la généra-
INS
tion larvipare ; nous citerons pour exemple
les Pucerons (voy. ce mot).
Le système nerveux des Insectes est
formé principalement de deux cordons ren-
flés de distance en distance et situés à la
face ventrale du corps , immédiatement
au-dessus des muscles longs qui recouvrent
cette face. C'est , comme on le voit, la
même disposition générale que dans les
autres animaux articulés. Les renflements
que présentent les cordons sont appelés
ganglions; ce sont les masses nerveuses
qui sont mises en rapport les unes avec
les autres au moyen des cordons mêmes.
On donne à ces nerfs le nom de con-
nectifs.
Tous les ganglions dont se compose la
double série des centres nerveux ne sont
pas situés à la région ventrale. Il en est
deux , plus volumineux que les autres, qui
sont situés dans la tête, au-dessus de l'œso-
phage, et par un segment à la face dorsale
du corps. Ces deux ganglions, ou ceux de
la première paire , sont appelés ganglions
cérébraux par quelques auteurs, et sontpour
d'autres auteurs le cerveau proprement dit.
II existe , à la région inférieure de la tête,
une seconde paire de ganglions, moins gros
que ceux de la région supérieure, et qui sont
placés au-dessous de l'œsophage. M. New-
port les considère comme analogues à la
moelle allongée des animaux vertébrés, et il
leur donne le nom de moelle allongée. Ces
deux paires de ganglions, savoir, le cerveau
et la moelle allongée , sont réunis par deux
cordons de communication ou connectifs,
que M. Newport appelle cuisses; ce sont
donc pour lui les pédoncules du cerveau. ;
Il n'existe qu'un de ces pédoncules de cha- '
que côté, et l'ensemble de ces deux pédon- ?
cules et des quatre premiers ganglions , sa- »
voir, les deux du cerveau et les deux de la
moelle allongée, constitue ce que l'on ap-
pelle le collier.
La portion du système nerveux dont nous
venons de parler est située dans la tête, et
il existe encore d'autres éléments nerveux
dont nous parlerons. Dans le thorax on
trouve ordinairement trois paires de gan-
glions moins gros que ceux du cerveau et
réunis par les connectifs. Les trois paires
de ganglions correspondent aux trois an-
neaux dont se compose le thorax. Leur
INS
volume paraît être en rapport avec la masse
des muscles qui font mouvoir les pattes et
les ailes.
Enfin , dans l'abdomen , on trouve d'au-
tres paires de ganglions qui sont au nombre
de huit dans certaines larves , mais dont le
nombre est beaucoup réduit dans les Insec-
tes parfaits. Ces huit paires de ganglions
abdominaux ajoutées aux trois paires de gan-
glions thoraciques et aux deux paires de
ganglions céphaliques, font treize paires
en tout, ce qui répond au nombre des an-
neaux du corps. Il y a donc autant de pai-
res de ganglions qu'il y a d'anneaux. C'est
pourquoi l'on a dit que chaque paire de
ganglions pourrait être regardée comme un
centre nerveux particulier, indépendant
des ganglions voisins et même indépendant
des ganglions cérébraux. On a surtout étayé
cette opinion sur la conservation de larve
et du mouvement volontaire qui se remar-
que dans les parties du corps des Insectes
que l'on a séparées de la tête. Néanmoins
les ganglions cérébraux ont une préémi-
nence qui ne pourrait leur être refusée, et
qui est due surtout aux rapports qui les
lient avec la bouche et les organes des sens.
Quoi qu'il en soit, le nombre des paires
de ganglions est toujours au-dessous, dans
l'Insecte parfait, du nombre des seg-
ments du corps : aussi trouve-t~on, en gé-
néral, qu'il n'y a qu'une, deux, trois pai-
res et au-delà de ganglions abdominaux, et
même, dans certains Insectes, on n'en trouve
pas même une , la portion du système ner-
veux qui répond aux ganglions abdomi-
naux s'étant groupée pour se loger dans le
thorax , d'où les nerfs qui s'en échappent
sont rayonnes dans l'abdomen.
On voit par là que le système nerveux
des Insectes a de la tendance à se centra-
liser; c'est ce qui arrive surtout lorsque
l'on compare le système nerveux d'une larve
i avec celui de l'Insecte parfait ; mais le même
fait se remarque encore lorsque l'on com-
pare entre eux des Insectes de groupes dif-
férents. Dans chacun de ces deux cas , on
: voit les connectifs se rapprocher sur toute
| la longueur du corps , de manière à ne plus
former qu'un seul cordon , et les ganglions
de chaque paire semblent alors réunis plus
ou moins complètement. D'autres fois, les
connectifs se montrent de plus en plus
t. vw.
INS
81
courts ; les ganglions se rapprochent alors
d'arrière en avant et se confondent plus ou
moins en une ou plusieurs masses. Quel
que soit, d'ailleurs , le mode de distribu-
tion des centres nerveux , il en part des
nerfs qui se rendent aux parties voisines,
soit isolément, soit en s'anastomosant avec
les nerfs voisins. Tels sont les éléments que
l'on a admis pendant longtemps dans le
système nerveux des Insectes , savoir : les
ganglions , les connectifs et les nerfs qui
partent des ganglions.
Cependant on sait , par les observations
de M. Newport, que chaque série de gan»
glions avec leurs connectifs ne constitue pas
un cordon unique, renflé de distance en
distance par la suraddition , en quelque
sorte , d'éléments semblables ; mais bien
que chaque cordon est formé de deux sorte»
d'éléments , et par suite de deux cordons
distincts placés l'un au-dessous de l'autre
et étroitement unis ensemble. Le cordon
inférieur ou externe , le cordon le plus voi-
sin de là surface du corps , est celui qui
porte les ganglions. Le cordon supérieur on
interne est dépourvu de ganglions ; il passfr
au-dessus de ceux-ci , il y adhère , mais
n'en fait pas partie. Il résulte de cette dis-
position que le système nerveux principal
des Insectes est formé de deux parties es-
sentiellement distinctes , comme la moelle
épinière des Vertébrés, savoir : une partie
motrice et une partie sensible. Ce serait,
suivant M. Newport , le cordon supérieur,
et non ganglionnaire , qui répondrait à la
partie motrice de la moelle épinière, et par
conséquent le cordon ganglionnaire serait
l'analogue de la partie sensible de cette
moelle. Des expériences de M. Newport sur
le système nerveux des Insectes, et d'autres
de M. Longet sur le même appareil dans
les Crustacés, semblent étayer suffisam-
ment cette manière de voir. Chaque chaîna
nerveuse du corps de l'Insecte répond dont;
à la moitié de la moelle épinière, et so
trouve, comme celle-ci, formée tout à la
fois d'une partie motrice et d'une partie
sensible. Il en résulterait encore que les
nerfs sont formés tout à la fois aussi de fi*
bres motrices et de fibres sensibles, comme
dans les animaux vertébrés.
Ceci étant établi, il est à remarquer que
la portion sensible de la moelle épinière est
11
82
INS
Ja plus extérieure dans les animaux verté-
brés , tandis que la portion motrice est si-
tuée plus intérieurement : or, la même
chose arrive dans les Insectes et les Crus-
tacés. La portion sensible de leur chaîne
nerveuse est donc la plus voisine de la ré-
gion ventrale , comme la portion sensible
de la moelle épinière est la plus voisine de
la face dorsale dans les vertébrés. On a
donc eu raison de dire (Geoffroy-Saint-
Hilaire) que le corps des articulés était dans
nne situation renversée à l'égard de celui
des vertébrés. Non seulement le système
nerveux est placé , dans les premiers , à la
face ventrale, mais il y est placé de la
même manière que la moelle épinière à
l'égard de la région dorsale des vertébrés.
Toutefois l'inversion n'est pas complète ,
car les deux ganglions cérébraux sont si-
tués à la face dorsale du corps.
Outre le système nerveux dont nous
avons parlé jusqu'à présent , il en existe
un autre dans les Insectes ; c'est le système
nerveux appelé récurrent par les premiers
auteurs qui en ont parlé. Il se compose de
plusieurs petits ganglions qui partent des
ganglions cérébraux et qui envoient des
filets nerveux aux organes de la digestion
en particulier. Ce système nerveux récur-
rent se compose de parties paires et symé-
triques. Il parait, d'après des recherches
toutes récentes de M. Blanchard , que les
filets du système nerveux récurrent se met-
tent en rapport non seulement avec les or-
ganes digestifs , mais encore avec ceux de
la circulation et même de la respiration. Il
est évident que si la chaîne nerveuse ven-
trale des Insectes répond à la moelle épi-
nière des vertébrés , le système nerveux ré-
current des Insectes doit être l'analogue du
système ganglionnaire des vertébrés. De
cette manière , il y aurait, dans les articu-
lés comme dans les vertébrés, un système
nerveux pour la vie dite de relation et un
système nerveux pour la vie végétative ou
animale. On sait d'ailleurs que la même
dualité du système nerveux a été reconnue
dans les Mollusques, ce qui généralise pres-
que cette disposition dans tous les animaux.
Nous sommes forcés d'arrêter ici nos con-
sidérations sur le système nerveux en ren-
voyant , pour ce qui a rapport à son étude,
aux travaux déjà publiés de M. Newport et
INS
à ceux que publiera bientôt M. Blanchard.
Les organes des sens sont les derniers dont
nous ayons à parler. Il paraît certain que
les Insectes' en général jouissent des cinq
espèces de sens admis par les physiologistes.
Il est certain qu'ils voient, qu'ils entendent,
qu'ils peuvent toucher les objets; il est cer-
tain qu'ils sont sensibles aux odeurs, et il
est très probable que la saveur des corps ne
leur est pas étrangère. Cependant le sens de
la vue est le seul qui soit localisé d'une
manière certaine, car les Insectes ont des
yeux et plusieurs même des yeux de deux
espèces. Quant au sens de l'ouïe, on n'en
connaît pas l'organe. Quelques auteurs ont
placé ce sens dans les antennes ; mais le fait
n'est pas démontré. Ce n'est que par ana-
logie avec ce qui se passe dans certains
Crustacés, dans les Écrevisses, par exemple,
que l'on peut supposer l'existence de l'or-
gane de l'ouïe à la base des antennes; il
resterait toutefois à le démontrer. Le sens
du toucher paraît avoir pour organes plu-
sieurs appendices. Ce sont les antennes,
sauf quelques cas où elles sont à peine dé-
veloppées, comme dans les Cigales; les pal-
pes, qui sont en réalité de petites antennes
et pour la structure et pour les fonctions;
enfin, les pattes, qui servent peut-être au
toucher, surtout lorsqu'elles sont munies de
pelotes et autres organes membraneux. Le
sens de l'odorat n'a pas de siège connu. On
l'a placé dans les antennes ; on l'a placé à
l'entrée des appareils respiratoires. Il n'y a
rien de certain à ce sujet. Enfin, le sens du
goût a son siège présumé dans la bouche.
On a voulu le voir à l'extrémité des palpes,
qui est souvent membraneuse. On a voulu
le voir encore dans ce que l'on a nommé la
langue des Insectes. Tout ce qu'on a dit à
cet égard n'est fondé que sur des conjectu-
res. De même que le sens de l'odorat, le
sens du goût paraît exister; mais son siège,
nous le répétons, n'est pas encore connu,
non plus que le siège du sens de l'ouïe. Il
ne nous reste donc qu'à décrire le sens de
la vue, car nous n'avons rien à ajouter à la
description que nous avons donnée des an-
tennes, des palpes et des pattes, même en
les considérant comme organes du toucher.
Les yeux des Insectes sont de deux sortes :
les yeux composés et les yeux simples ou
ocelles. Les yeux composés sont aussi nom-
1NS
INS
83
mes yeux à facettes, parce que leur surface
présente un grand nombre de divisions de
forme hexagonale dans la plupart des cas.
TUacune de ces divisions est la cornée d'un
ceil distinct. C'est une portion des téguments
plus ou moins amincie et dans laquelle il
se dépose de la chitine, comme dans les té-
guments en général. En arrière de la cor-
née, on trouve un cristallin dont la forme
est plus ou moins lenticulaire et qui passe
pour renfermer une humeur aqueuse (Du-
gès). Enfin, plus en arrière encore, se re-
marque un autre corps auquel on a trouvé
de l'analogie avec ce corps vitré, et qui
renferme aussi une humeur que l'on a nom-
mée vitrée. C'est un corps transparent comme
le précédent et de forme tantôt cylindrique,
tantôt conique, et dont l'extrémité posté-
rieure se trouve en rapport avec un filet du
nerf optique. Le corps vitré est renfermé
dans un tube formé par tous les yeux voisins,
et dont la surface est entièrement tapissée
d'un pigment brun dans la plupart des cas,
mais parfois aussi coloré de diverses nuan-
ces. Ce pigment s'étend entre la face posté-
rieure du cristallin et la face antérieure du
corps vitré, et il ne reste de libre entre ces
deux corps qu'un petit cercle destiné au
passage des rayons lumineux. Ce cercle ré-
pond à la pupille. Ainsi disposé, chaque tube
d'un œil composé est un ceil distinct, qui
ne reçoit que les rayons de lumière parallèle
à son axe.
Les yeux simples ou ocelles, que l'on
nomme aussi les yeux lisses, sont plus ana-
logues, pour la forme, aux yeux des verté-
brés. Leur cornée est une surface sphérique
au-dessous de laquelle il existe un cristallin
sphérique, et, en arrière de ce cristallin, se
trouve un corps vitré. Ainsi les mêmes par-
ties existent dans les yeux composés et dans
les yeux lisses, mais la forme de ces parties
est différente. Le corps vitré est plus con-
vexe en arrière qu'en avant, et c'est ce corps
qui se trouve en rapport avec un filet du
nerf optique. Il y a enfin un véritable pig-
ment, l'analogue de la choroïde, qui s'étend
jusque sur la face antérieure du corps vitré,
où il laisse une ouverture circulaire pour le
passage des rayons lumineux.
Les yeux lisses, qui sont ceux des Arai-
gnées, sont les seuls que possèdent les In-
sectes à l'état de larve. Les yeux composés
ne se trouvent que dans les Insectes par-
faits, et sont peut-être une transformation
des yeux lisses. Dans les larves des Insec-
tes qui ne subissent pas de métamorphoses
complètes, les yeux sont composés. Dans
les Myriapodes (voy. ce mot), les yeux sont
souvent formés par la réunion d'un certain
nombre d'yeux lisses , qui restent un peu
écartés. Dans un grand nombre d'Insectes
à l'état parfait, on trouve à la fois des yeux
composés et des yeux lisses. Les yeux com-
posés sont toujours au nombre de deux,
dans lesquels les tubes oculaires sont plus
ou moins nombreux. Les yeux lisses sont
au nombre de deux ou trois , le plus ordi-
nairement ; dans quelques Insectes il n'y
en a qu'un seul, plus gros qu'à l'ordinaire;
c'est ce que l'on voit dans certains Coléop-
tères (Anthrènes) .
On ne s'explique pas parfaitement la pré-
sence simultanée des yeux composés et des
yeux simples dans un grand nombre d'In-
sectes. M. Mûller croit que les yeux sim-
ples, en raison de la convexité de leur cor-
née , sont appropriés à la vision des objets
les plus rapprochés. On peut se demander,
dans ce cas , pourquoi les yeux simples
n'existent pas chez tous les Insectes en
même temps que les yeux composés. Ces
yeux simples ne se soutiennent qu'à l'état
parfait dans les Insectes qui subissent des
métamorphoses incomplètes, tels que les
Orthoptèies.
M. Newport parle d'une sorte d'yeux plus
simples encore, qui se trouve dans la larve
des OEstres. Ce sont deux points formés par
un peu de pigment, et situés au-dessous
d'une portion plus mince des segments. On
trouve des organes analogues dans diffé-
rents animaux invertébrés.
La classification des Insectes, par laquelle
nous terminerons cet article, peut être fon-
dée , d'après ce que nous avons vu , sur
différentes particularités de l'organisation.
Celles que l'on a choisies de préférence sont
la disposition des parties de la bouche et
des ailes. En effet, ces différents orgcnes
sont d'un emploi commode. C'est ainsi qu'on
a distingué les Insectes en broyeurs ou man- j
dibulés, et en suceurs ou haustellés, ce que k
nous avons déjà fait remarquer. En outre,
parmi les broyeurs , d'une part , et parmi
les suceurs de l'autre , on trouve des ailes
84
INS
1NS
de différente nature. La combinaison des
caractères des ailes et des pièces de la bou-
che forme les résultats suivants, auxquels
on s'est à peu près définitivement arrêté.
Les Insectes broyeurs renferment : 1° l'or-
dre des Coléoptères, ainsi nommé parce que
les ailes de la première paire sont épaisses,
et forment aux ailes de la seconde paire une
sorte d'étui. Ex. : le Hanneton.
2° L'ordre des Orthoptères, qui a les ailes
de la première paire moins épaisses que dans
l'ordre précédent , mais cependant plus
épaisses que les ailes de la seconde paire.
Celles-ci sont plissées en éventail dans l'état
de repos. Ex. : la Sauterelle.
3° L'ordre des Névr opter es , qui a les
quatre ailes minces, transparentes ou vei-
nées de nervures généralement très nom-
breuses. Ex. : la Demoiselle ou Libellule.
4° L'ordre des Hyménoptères, qui a aussi
quatre ailes nues et veinées, mais moins
que dans l'ordre précédent. Les pièces de la
bouche sont déjà en partie transformées en
organe de succion. Ex. : V Abeille.
8° L'ordre des Strepsiplères, qui a des
élytres ou ailes antérieures tout-à-fait ru-
dimentaires et contournées sur elles-mêmes.
Ex. : les Xénos.
Nous ne parlerons pas ici des ordres que
l'on a détachés des précédents, sous les
noms de Dermaptères (Forficules), Tri-
choptères (Friganes) ; nous renvoyons à cha-
cun de ces mots.
Les Insectes suceurs renferment en pre-
mier lieu les Lépidoptères, dont les quatre
ailes sont recouvertes d'écaillés colorées. Ce
sont tous les Papillons.
2° L'ordre des Hémiptères, dont les ailes
de la première paire sont épaisses comme
dans les Orthoptères, mais souvent elles ne
le sont que dans la première moitié. Leur
bouche, appelée suçoir, est très différente
de celle des Papillons.
3° L'ordre des Diptères, qui se reconnaît
au premier coup d'ceil parce qu'il n'a que
deux ailes, les ailes de la seconde paire étant
représentées par les balanciers. Exemple :
les Mouches.
4° L'ordre des Aptères, qui renferme
les Puces.
î>" L'ordre des Aphaniptères, dont le type
est le Pou, mais qui se compose d'Insectes
à mandibules et d'Insectes qui en sont dé-
pourvus , ce qui les a fait diviser en deux
ordres distincts, le premier conservant le
nom d" Aphaniptères , le second prenant
celui de Zoophages.
Ici également nous mentionnerons seu> *
lement les Homoptères, détachés des Hé- J
miptères , parce que leurs ailes de devant
sont épaisses dans toute leur étendue; ex. :
la Cigale , les Homaloptères , qui se compo-
sent de quelques Diptères à bouche plus
ou moins rudimentaire. Pour tous les grou-
pes d'Insectes nous renvoyons à chacun des
articles qui les concerne. On y trouvera sur
leurs caractères des détails que le défaut
d'espace nous empêche de donner ici.
(Brullé).
INSECTIVORES. Insectivora. mam. —
L'une des familles de l'ordre des Carnassiers
a reçu le nom d'Insectivores à cause des
mœurs des animaux qui la composent. De
même que les Chauves-Souris, les Insectivo-
res ont desmâchelières hérissées de pointes
coniques, mais ils n'ont pas de membranes la-
térales,quoique ne manquant jamais de clavi-
cules ; leurs pieds sont courts ; tous appuient
la plante entière du pied surla terre en mar-
chant; leurs mamelles sont placées sous le
ventre. Les uns ont de longues incisives en
avant, suivies d'autres incisives et de ca-
nines toutes moins hautes même que les
molaires , genre de dentition qui rappelle
celle des Rongeurs ; d'autres ont de grandes
canines écartées , entre lesquelles sont de
petites incisives, ce qui est la disposition
la plus ordinaire aux Quadrumanes et aux
Carnassiers.
La vie des Insectivores est le plus sou-
vent nocturne et souterraine ; leurs mouve-
ments sont assez faciles, et beaucoup d'en-
tre eux passent l'hiver en léthargie, surtout
dans les pays froids; ils se nourrissent
presque exclusivement d'Insectes. Ces mam-
mifères se ressemblent beaucoup par leurs
téguments , les formes des membres et le
genre de vie; ils sont divisés en un assez
grand nombre de genres, ainsi que nous le
verrons plus tard , dont les trois princi-
paux , dans lesquels peuvent rentrer tous
les autres , sont ceux des Taupes , des Mu-
saraignes et des Hérissons.
Les anciens naturalistes connaissaient
à peine les trois types européens de l'ordre
des Insectivores, et ils ne se sont nullement
INS
IMS
85
occupés de leurs rapports naturels ni de leur
place dans la série 2oologique. Aristote
( 350 ans avant l'ère chrétienne) dit néan-
moins quelques mots de la Taupe , qu'il dé-
signe sous le nom û'Aspalax ; des Musarai-
gnes, qui pour lui sont des Mygales, et des
Hérissons, ses Echinus. Pline (50 ans avant
Jésus-Christ) n'ajoute que peu de chose
aux écrits d'Aristote, et le premier il crée les
mots Talpa , Musaraneus et Erinaceus.
Au moyen-âge , les auteurs qui se sont
occupés d'histoire naturelle, Isidore de
Séville, Albert-le-Grand, Agricola, Sca-
liger, ne firent que rectifier ce qu'avaient
dit Aristote et Pline, et n'augmentèrent que
peu les connaissances acquises sur les In-<
sectivores.
Gesner, en 1520, est le premier qui ait
passablement défini, au moins dans les
deux genres Talpa et Sorex, les Insectivores.
Puis vinrent Wallon (1552) , Aldrovande
(1645), Jobnston(1657), Charleton(1668),
qui ajoutèrent quelques matériaux à leur
histoire. Ray, en 1693, est le premier qui,
sentant leurs rapports naturels , les ait rap-
prochés tous convenablement dans un sys-
tème mammalogique. Linné (1735) ras-
sembla ce qu'avait dit ses devanciers, et il
détourna le nom de Sorex, qu'il appliqua
aux Musaraignes, dénomination latine qui
leur est restée, et est venue remplacer celle
de Musaraneus. Daubenton (1756) com-
mença à distinguer les espèces , du moins
dans le genre Musaraigne, et il publia un
travail dans le grand ouvrage de Buffon ;
Schreber (1778) s'occupa de leur système
dentaire. Hermann(1780) donna de grands
détails sur les Musaraignes européennes.
En 1780, Pallas et Storr sentirent les rap-
ports naturels des Insectivores entre eux et
avec les autres Mammifères. Linck , en
1795, en forma le premier un ordre parti-
culier, et son exemple a été suivi par pres-
que tous les zoologistes. G. Cuvier (1798),
Lacépède (1798) et Illiger(1811 ) , prenant
en considération rigoureuse le système den-
taire, les ont partagés en plusieurs sections
génériques. Pallas (1811), Etienne Geoffroy-
Saint-Hilaire (1811), Savi (1832), Say
(1835), augmentèrent le nombre des espèces
européennes connues , principalement dans
le groupe des Musaraignes. Raffles, Smith,
Brandt, etc., ont ajouté les nouvelles for-
mes, beaucoup plus distinctes, fournies par
l'Afrique, l'Inde et l'Amérique. Wagler,
en 1832, a appliqué aux Sorex proprement
dits le même principe de divisions généri-
ques qui avait été employé par Lacépède, et il
a introduit ainsi les bases de la distinction
et de la distribution des espèces , ce qui a
été adopté par MM. Duvemoy (1835), Jen-
nyns (1837) et Nathusius (1838). M. de
Blainville publia (Ann. d'Anat. et de Phys.t
t. II, 1838, et Ostéographie , Insectivores,
1841) un mémoire de la plus haute impor-
tance sur l'ancienneté des Mammifères Insec-
tivores à la surface de la terre, et dans ce
travail il résuma tout ce qui avait été dit sur
ces animaux ; il posa les bases de leur clas-
sification et de leur position dans la série
zoologique, et il indiqua les espèces que l'on a
trouvées à l'état fossile. Depuis la publication
de ce Mémoire peu de travaux ont été faits
sur les Insectivores ; on doiteiter cependant
un Mémoire de M. Isidore Geoffroy -Sain t-
Hilaire sur lesTenrecs, la description de
quelques espèces du nord de la France ap-
partenant au genreMusaraigne parM. Edmc
deSelys Longchamps, une monographie des
espèces nord-américaines du genre Sorex
par M. Buchanan , etc., etc.
Les Insectivores doivent constituer un
ordre distinct , dont la place est intermé-
diaire à celui des Chéiroptères et à celui des
Carnassiers. La disposition des espèces doit
être des plus anomales aux plus normales;
c'est-à-dire que l'on doit l'établir ainsi :
Talpa, Sorex et Erinaceus; d'abord les es-
pèces dont la vie est souterraine, puis les
intermédiaires, et enfin celles qui se rappro-
chent le plus des Carnassiers. La distribu-
tion des espèces repose essentiellement sur
le système dentaire, qui, pour chacune
.d'elles, présente une particularité tranchée
dans le nombre, la forme ou les proportions
des dents.
Relativement à la géographie zoologiquc,
les trois genres principaux des Insectivores
sont essentiellement de l'ancien continent.
Tous trois sont européens. Un seul, celui
des Musaraignes, se trouve dans toutes les
parties du monde, le sud-Amérique et la
Nouvelle-Hollande exceptés. Les Taupes pro-
prement dites sont exclusivement de l'an-
cien continent , ou tout au plus des parties
septentrionales du nouveau; et c'est à peine
86
INS
si elles dépassent, en Asie et en Afrique,
fe littoral de la Méditerranée. Le sud-Afri-
que seul offre les Taupes dorées ou Chry-
sochlores; le nord-Amérique les Taupes-
Kusaraignes. Les Musaraignes proprement
dites sont de toutes les parties de l'ancien
continent et même du nord du nouveau.
Les Glisorex et les Echinosorex ne se trou-
vent qu'en Asie. L'Afrique seule offre les
Macroscelis. Les Hérissons proprement dits
sont exclusivement de l'ancien continent;
tandis que les Tenrecs ne se trouvent qu'à
Madagascar.
Comme résultat de l'ancienneté à la sur-
face du globe , on peut dire que les trois
types européens des Insectivores sont de la
plus haute antiquité historique. Des indi-
vidus qui se rapportent à l'un d'eux étaient
conservés à l'état de momie par les Égyp-
tiens; et les deux ou peut-être trois espèces
qui ont été admises à cet état ne diffèrent
pas d'une espèce actuellement vivante en
Afrique et même en Egypte.
Les trois genres types des Insectivores se
trouvent à l'état fossile : l°dans les brèches
osseuses du littoral de la Méditerranée;
2° dans le col des cavernes d'Allemagne ,
d'Angleterre, de Belgique et de France;
3° dans un terrain tertiaire moyen des mon-
tagnes sous-pyrénéennes; 4° dans un ter-
rain d'eau douce d'Auvergne. Les six espè-»
ces qui ont été reconnues jusqu'ici, savoir :
une Taupe , trois espèces de Musaraignes ,
un Desman et un Hérisson, ne diffèrent pas
spécifiquement de celles qui existent ac-
tuellement à l'état vivant : elles se trouvent
pêle-mêle avec des restes d'animaux qui ne
vivent plus dans nos contrées. Les autres,
dont on ne connaît pas encore à l'état récent
les analogues, savoir : une Taupe, une
Musaraigne , un Hérisson et un Tenrec ,
forment des espèces intermédiaires exclu-
sivement à celles de l'ancien monde. Voy.
GROTTES.
Les genres qui ont été formés dans la fa-
mille des Insectivores sont assez nombreux,
et nous n'indiquerons que les principaux :
Taupe, Chrysochlore, Cladobate, Condy-
lure, Scalope, Musaraigne, Desman, Hé-
risson, Tenrec, etc., etc.
En terminant cet article, nous croyons
devoir rappeler que, chez les Mammifères,
la dénomination d'Insectivores n'est pas
INS
seulement applicable aux Taupes , aux Mu-
saraignes , aux Hérissons et aux animaux
qui s'en rapprochent le plus; mais qu'elle
pourrait encore être donnée à quelques ani-
maux de groupes différents qui se nour-
rissent presque uniquement d'Insectes.
Ainsi beaucoup de Chauves-Souris sont ex-
clusivement Insectivores : aussiM. Fr.Cuvier
avait-il réuni sous cette dénomination les
Chéiroptères et les Insectivores proprement
dits ; quelques Singes, des Lémuriens, des
Galéopithèques , un grand nombre d'Éden-
tés, se nourrissent aussi d'Insectes; enfin,
dans la grande division des Marsupiaux, il
y a un groupe d'animaux auquel on a pu ,
à juste titre , donner le nom d'Insecti-
vores. (E. D.)
INSECTIVORES. Insectivori. ois. — Ce
mot, dont la signification ne saurait offrir
d'équivoque, est devenu, pour M.Temminck,
le titre d'un ordre particulier de Passereaux,
qui ont pour caractères communs : un bec
médiocre ou court, faiblement tranchant
ou en alêne, à mandibule supérieure cour-
bée et échancrée vers la pointe ; des doigts
au nombre de quatre, trois devant et un
derrière , l'extérieur étant soudé à la base
ou uni jusqu'à la première articulation au
doigt du milieu.
Selon M. Temminck, les Insectivores ne
se nourrissent pas exclusivement d'Insectes,
comme leur nom collectif semblerait l'in-
diquer, mais les baies et les fruits servent
aussi d'aliment à plusieurs espèces. Leur
voix est harmonieuse ; ils habitent les bois,
les buissons , les roseaux , nichent solitai-
rement et font plusieurs pontes par an.
Les g. que M. Temminck introduit dans
ses Insectivores font presque tous partie de
la famille des Dentirostres de G. Cuvier.
Ce sont les g. Merle, Cincle, Lyre, Brève,
Fourmilier, Batara, Vanga, Pie-Grièche,
Bécarde , Bec-en-Fer , Langrayen , Crinon ,
Drongo, Échenilleur,Coracine, Cotinga, Ave-
rano, Procné, Rupicole, Tanmanak, Ma-
nakin , Pardalote , Todier , Platyrhinque ,
Moucherolle, Gobe-Mouche, Mérion, Bec-
Fin, Traquet, Accenteur, Bergeronnette et
Pipit. (Z. G.)
*INSIGNÉES. Insignatœ. arach. — Ce
nom désigne, dans VHist. nat. des Ins. apt.,
par M. Walckenaër, une race dans le genre
des Lycosa, dont les espèces qui la compo-
1NS
sent présentent les caractères suivants :
Corps dont la longueur n'excède pas 10 li-
gnes. Abdomen ayant sur le dos une figure
régulière, tantôt formant un ovale ou un
polygone allongé, tantôt une raie à la par-
tie antérieure, accompagnée de taches dis-
posées régulièrement, avec une figure bien
distincte, à la partie postérieure. Dix-neuf
espèces de Lycosa font partie de cette race.
(H. L.)
INSTINCT ET INTELLIGENCE DES
ANIMAUX, physiol. — Il y a, dans ce qu'on
appelle communément du nom vague d'In-
telligence, trois faits distincts : Y Instinct 9
Y Intelligence des bêtes, etY Intelligence, larai-
son de l'Homme.
§ I. De l'instinct.
L'Instinct a trois caractères qui lui sont
propres.
II agit sans instruction , sans expérience.
Il ne fait jamais de progrès.
Il est toujours particulier.
1° L'Instinct agit sans instruction,
L'Araignée n'apprend point à faire sa
toile, ni le Ver à soie son cocon, ni l'Oiseau
son nid, ni le Castor sa cabane.
L'Homme lui-même fait plusieurs choses
par un pur instinct.
L'enfant tette en venant au monde , sans
l'avoir appris , sans avoir pu l'apprendre :
il tette par instinct.
2° L'Instinct ne fait jamais de progrès.
L'Araignée ne fait pas mieux sa toile le
dernier jour de sa vie que le premier. Elle
fait bien du premier coup. Elle ne fait ja-
mais mieux; elle n'a jamais fait mal.
3* L'Instinct est toujours particulier.
Le Castor a la merveilleuse industrie de
se bâtir une cabane; mais cette merveil-
leuse industrie ne lui sert qu'à bâtir sa ca-
bane. Pour tout le reste, pour les qualités
•relatives à nous, comme dit Buffon (1), il
est fort inférieur au Cheval, au Chien.
Le Chien, quia tant d'Intelligence (je
parle de l'Intelligence des bêtes), n'a au-
cune industrie qui approche des industries
si compliquées de l'Abeille et de la Fourmi.
(0 • L? Castor parait inférieur au Chien par les qualités
relatives qui pourraient l'approcliei de l'Homme, • Histoire
du Ctstor.
INS
87
Il n'y a point ù? Instinct général, il y a des
Instincts.
L'Instinct est donc toujours un fait spé-
cial ; et, par cela seul, il n'est point l'Intelli-
gence, laquelle est toujours un fait général,
comme nous le verrons bientôt. « La rai-
son est un instrument universel, » dit ad- '
mirablement Descartes (1).
On me dit que l'Instinct n'est qu'un mot.
Je demande s'il y a des choses que l'animal
fasse sans les avoir apprises ? Et il y en a,
sans doute ; je viens d'en indiquerplusieurs : |
la toile de l'Araignée, le cocon du Ver à l
soie, la cabane du Castor, etc.
Il y a donc des choses d'Instinct, puisqu'il
y a des choses faites sans être apprises , car
qui dit l'un , dit l'autre. L'Instinct n'est donc
point un vain mot; l'Instinct est un fait.
On a voulu, tour à tour, expliquer l'In-
stinct par YIntelligence et par le pur méca-
nisme. On l'a toujours voulu en vain.
Dupont de Nemours veut que l'action de
téter soit un art, lequel, dit-il, « s'apprend
par raisonnement, par méthode, par un cer-
tain nombre d'expériences suivies d'induc-
tions justes (2); » et voilà l'enfant, à peine
né, qui déjà raisonne et expérimente.
Georges Leroy veut que « les voyages des
oiseaux soient le fruit d'une instruction qui
se perpétue de race en race (3); » et voilà
les oiseaux qui se transmettent, de race en
race, des instructions, un corps de doctrine.
D'un autre côté, si j'en crois Buffon,
l'Instinct n'est qu'un pur mécanisme. De ce
que des pois, qu'il fait bouillir dans un vase
fermé, deviennent (étant comprimés les uns
par les autres), de petites colonnes à six
pans (4), il conclut que les alvéoles, les cel-
lules hexagones des Abeilles ne sont aussi
que l'effet d'une compression réciproque.
Comment Buffon peut-il se payer d'une
comparaison aussi vague? Et, d'ailleurs ,
combien d'autres industries, non moins ad-
mirables que celle de l'Abeille, et sans com-
pression réciproque!
La compression réciproque agit-elle pour
(i) • Au lieu que la raison est un instrument universel
qui peut servir en toutes sortes de rencontres , ces organrs
(les organes des bêtes) ont besoin de quelque particulière
disposition pour chaque action particulière. . Discours de la
méthode.
(a) Mém. sur l'Instinct.
(.)) Lettres philosophiques sur V intelligence et la perfeetibl-
itê des animaux , etc.
(i) Distours sur la nRtzre des animaux.
S8
ÏNS
le cocon du Ver à soie, pour le nid de l'Oi-
seau, pour la cabane du Castor?
La toile de l'Araignée est-elle un effet
tic la compression réciproque ?
L'Instinct ne s'explique donc ni par l'In-
relligence, ni par le mécanisme. L'Instinct
est donc une force propre.
§ II. De l'intelligence des bêtes.
L'Intelligence a ses caractères; et tous
sont opposés à ceux de l'Instinct.
L'Instinct agit sans instruction ; l'Intel-
ligence n'agit que par instruction, par expé-
rience.
L'Instinct ne fait point de progrès ; l'In-
telligence en fait.
L'Instinct est toujours particulier ; l'In-
telligence est toujours générale.
1° L'Intelligence n'agit que par instruction,
par expérience.
J'instruis mon Chien à faire ce que je
veux; et ce que je veux est souvent le con-
traire de ce que son Instinct lui suggère.
Son Instinct lui suggère de se jeter sur
la proie pour la dévorer; et je l'instruise
me l'apporter sans y toucher.
Je dresse mon Cheval , comme je dresse
mon Chien, en associant une impression à
une autre.
Et je suis le maître de ces associations ;
et l'animal s'y soumet et s'y ploie. Son In-
telligence a donc quelque chose de relatif à
la mienne.
En général , le bruit du fouet fait fuir le
Chien, parce qu'il lui rappelle une impres-
sion de douleur. Mais, si au lieu d'un coup,
j'associe au bruit du fouet une caresse, une-
friandise, ce bruit fera venir mon Chien au
lieu de le faire fuir.
L'association des impressions est le grand
moyen sur lequel se fonde toute l'éducation
de nos animaux domestiques. Et quel parti
ne pourrait-on pas en tirer pour la première
éducation de l'Homme lui-même, si l'on sa-
vait s'y prendre?
2" L'Intelligence fait des progrès.
Nous voyons tous les jours, dans nos cir-
ques, des Chiens, des Chevaux, desOurs, etc.,
qui font des choses qu'assurément ils n'eus-
sent point faites , abandonnés a eux seuls.
On leur apprend à faire ces choses ; on les
y instruit, on les y prépare. Ils ne les font
ÏNS
pas du premier coup. Ils commencent par
faire mal ; puis ils font mieux; puis bien.
Qui n'a remarqué les progrès du Chien
qu'on dresse à la chasse, du Cheval qu'on
dresse au manège? f
Et ce qui montre bien encore jusqu'à
quel point cette éducation des animaux est
relative à la nôtre, c'est que nous y pro-
cédons de même : nous les excitons , nous
les corrigeons; nous les flattons, quand ils
font bien ; nous les châtions, quand ils font
mal.
3° L' Intelligence est toujours générale.
Il y a plusieurs Instincts, il n'y a qu'une
Intelligence. C'est parla même intelligence,
générale et une, que le Chien apprend à
m'apporter le gibier au lieu de le dévorer,
à venir quand je l'appelle, à fuir quand je
le menace , etc.
L'Instinct est donc, en tout, l'opposé de
l'Intelligence. Comment l'une de ces choses
serait-elle l'autre?
L'Instinct et l'Intelligence sont donc
deux forces distinctes.
§ III. De l'intelligence de l'homme.
Les animaux ont une certaine Intelli-
gence. Ils ont, comme nous, des sens, des
sensations, des perceptions, de la mémoire;
ils comparent leurs souvenirs , leurs per-
ceptions ; ils jugent , ils veulent.
Mais, ce qui fait ici toute la question,
l'animal ne sort jamais du physique. J'agis
sur lui , mais par des coups , par des cris,
par le son de ma voix, par des gestes, par
des caresses , etc.
Il ne s'élève jamais jusqu'au métaphy-
sique. Il a des sensations et n'a pas des
idées(l); il a l'intelligence et n'a pas la
réflexion.
« L'Homme seul est capable de réfléchir, »
disait Aristote(2); et tous les bons esprits
l'ont dit après lui. Mais qu'est-ce que la
réflexion?
Je définis la réflexion : Vétude de Vesprit
par l'esprit, la connaissance de la pensées
par la pensée. Û
L'étude de la pensée par la pensée est le
monde métaphysique. Et ce monde est propre
à l'Homme.
(r) Voyez mon Histoire des travaux et des idées de Buf-
fon , au chapitre sur V Intelligence des bêles,
(2) Histoire des animaux, liv. I.
INS
L'Intelligence de l'animal ne se voit pas,
ne se comprend pas. L'Homme seul com-
prend son Intelligence, et se juge lui-
même; et c'est par là qu'il est moral. Il
est moral , parce qu'il voit sa pensée et la
juge.
Comme je le disais en commençant cet
article , il y a donc trois grands faits essen-
tiellement distincts :
L'Instinct qui ne connaît pas;
1 L'Intelligence des bêtes qui connaît ;
Et Y Intelligence de l'Homme , la Raison ,
qui connaît et se connaît.
§ IV. Observations de Frédéric Cuvier sur
VINSTINCT du castor et sur L'INTEL-
LIGENCE de l'orang-outang.
Fr. Cuvier nous a laissé sur le Castor
des observations très curieuses.
L'individu qu'il a étudié avec le plus de
suite avait été pris tout jeune sur les bords
du Rhône; il avait été allaité par une
femme; il n'avait donc pu rien apprendre,
même de ses parents. Fr. Cuvier l'avait
placé dans une cage grillée , et là ce fut ab-
solument de lui-même qu'il donna les pre-
mières marques de son Instinct. On le nour-
rissait habituellement avec des branches de
saule , dont il mangeait l'écorce. Or, on
s'aperçut bientôt qu'après les avoir dé-
pouillées, il les coupait par morceaux et les
entassait dans un coin de sa cage. L'idée
vint donc de lui fournir des matériaux avec
lesquels il pût bâtir, c'est-à-dire de la
terre, de la paille, des branches d'arbre;
et dès lors on le vit former de petites mas-
ses de cette terre avec ses pieds de devant,
puis pousser ces masses en avant avec son
menton, ou les transporter avec sa bouche,
les placer les unes sur les autres , les pres-
ser fortement avec son museau jusqu'à ce
qu'il en résultât une masse commune et so-
lide , enfoncer alors un bâton avec sa bou-
che dans cette masse ; en un mot , bâtir
et construire (1).
Buffon veut que « les Castors solitaires
» ne sachent plus rien entreprendre ni rien
a construire (2). » On voit ici combien il se
trompe.
Il veut que le Castor tire son industrie
(i) Voyez mon livre sur Vlnstinci et Flnteltigence des
tsùmaux (seconde édition)
(») Histoire du Castor,
I. VII.
INS
S9
de la société des siens (1). Le Castor de
Fr. Cuvier n'avait jamais vu les siens.
En un mot, cet animal travaillait de lui-
même, et sans l'avoir appris; il travaillait,
déplus, sans utilité, sans but (car il était
dans une cage, c'est-à-dire dans une cabane,
et par conséquent il n'avait pas besoin de
s'en faire une autre). Son travail n'était
donc que l'effet d'un pur Instinct.
Tel est le résultat précieux des obser-
vations de Fr. Cuvier sur l'Instinct du
Castor. Le résultat de ses observations sur
l'Intelligence de l'Orang-Outang n'est pas
moins remarquable.
Son jeune Orang-Outang se plaisait à
grimper sur les arbres. On fit un jour sem-
blant de monter à l'un de ces arbres pour
aller l'y prendre; mais aussitôt il se mita
secouer l'arbre de toutes ses forces pour
effrayer la personne qui s'approchait ; cette
personne s'éloigna , et il s'arrêta ; elle se
rapprocha, et il se mit de nouveau à secouer
l'arbre. Pour ouvrir la porte de la pièce
dans laquelle on le tenait, il était obligé,
vu sa petite taille, de monter sur une chaise
placée près de cette porte. On imagina d'ôter
cette chaise; il alla en chercher une autre,
qu'il mit à la place de la première , et sur
laquelle il monta , de même , pour ouvrir
la porte. Enfin, lorsqu'on lui refusait
quelque chose, comme il n'osait s'en pren-
dre à la personne qui ne lui cédait pas , il
s'en prenail à lui-même , et se frappait lr
tête contre la terre ; il se faisait du mal ,
comme s'en font quelquefois nos enfants,
pour inspirer plus d'intérêt et de compas-
sion^).
« J'ai vu , dit Buffon, un Orang-Outang
» présenter sa main pour reconduire les gers
» qui venaient le visiter, se promener gra-
» vementaveceuxet comme de compagnie;
» je l'ai vu s'asseoira table, déployer sa
» serviette, s'en essuyer les lèvres, se ser-
» vir de la cuiller et de la fourchette pour
» porter à sa bouche , verser lui-même sa
» boisson dans un verre , le choquer lors-
» qu'il y était invité , aller prendre (une
n tasse et une soucoupe , l'apporter sur la
» table , y mettre du sucre , y verser du
» café, le laisser refroidir pour le boire, et
(t) Histoire du Castor.
(,) Vny.z mon livre sur Vlnstinci et l'InteUiftne* dm
animi uï, rtc. (scronde édition).
12
90
INS
INS
» tout cela sans autre instigation que les
» signes ou la parole de son maître, et sou-
» vent de lui-même. Il ne faisait du mal à
»> personne , s'approchait même avec cir-
» conspection, et se présentait comme pour
w demander des caresses, etc.(l). »
Le jeune Orang-Outang que nous avons
eu dans ces derniers temps , au Jardin des
Plantes, faisait toutes ces choses comme
celui de Buffon.
11 savait très bien aussi , comme celui de
Fr. Cuvier, prendre la clef de la chambre
où on l'avait mis , l'enfoncer dans la ser-
rure, ouvrir la porte. On mettait quelque-
fois cette clef sur la cheminée , il grimpait
alors sur la cheminée, au moyen d'une
corde suspendue au plancher et qui lui ser-
vait ordinairement pour se balancer. On
fit un nœud à cette corde pour la rendre
plus courte. Il défit aussitôt ce nœud.
J'allai un jour le visiter avec un illustre
vieillard , observateur fin et profond. Un
costume un peu singulier, une démarche
lente et débile, un corps voûté , fixèrent,
dès notre arrivée , l'attention du jeune ani-
mal. Il se prêta avec complaisance à tout
ce qu'on exigea de lui , l'œil toujours atta-
ché sur l'objet de sa curiosité. Nous allions
nous retirer, lorsqu'il s'approcha de son
nouveau visiteur, prit avec douceur et ma-
lice la canne qu'il tenait à la main , et , fei-
gnant de s'appuyer dessus, courbant son
dos, ralentissant son pas, il fit ainsi le
tour de la pièce où nous étions , imitant
la pose et la marche de mon vieil ami. Il
rapporta ensuite la canne de lui-même, et
nous le quittâmes , convaincus que lui aussi
savait observer (2).
Que l'on compare maintenant le Castor
à rOrang-Outang : on verra, dans l'un,
un Instinct spécial, exclusif, arrêté, borné;
on verra, dans l'autre, une Intelligence
variée, souple , flexible, pleine de ressour-
res, et l'on aura une idée juste de la dif-
l 'icncc profonde qui sépare Y Instinct de
V intelligence.
§ V. REMARQUES DIVERSES.
1° Développement inverse de l'Instinct et de
l'Intelligence dans les espèces.
Si l'Instinct et l'Intelligence n'étalent
(i) Histoire des Orangs-Outangs, etc.
'2) Voyez mon livre sur l'Instinct et l'intelligence des ani-
maux, etc, .(seconde édition}.
qu'une seule et même chose , on ne Iesver-
rait pas se disjoindre et se séparer l'un de
l'autre. dans les espèces. Quand l'un croît,
l'autre croîtrait ; quand l'un décroit, l'au-
tre décroîtrait aussi.
Or, c'est précisément l'inverse qui a lieu.
Les animaux qui ont le plus d'Intelli-
gence sont ceux qui ont le moins d'Instincts ;
et ceux qui ont le plus d'Instincts, les Ins-
tincts les plus compliqués, sont ceux qui
ont le moins d'Intelligence.
Le Chien, le Cheval, l'Orang-Outang,
qui ont beaucoup d'Intelligence, ont peu
d'Instincts ; et les Insectes (les Araignées,
les Abeilles, les Fourmis, par exemple)
qui ont à peine de l'Intelligence, nous éton-
nent par leurs Instincts.
Dans les Mammifères, l'Intelligence dé-
croît des Singes (ou plus exactement de
l'Orang-Outang et du Chimpanzé) aux Car-
nassiers, des Carnassiers aux Pachydermes,
des Pachydermes aux Ruminants, des Ru-
minants aux Rongeurs; et c'est justement
dans les Rongeurs , les Mammifères qui ont
le moins d'Intelligence , que se trouve le
Castor, c'est-à-dire le Mammifère qui a
l'Instinct le plus remarquable.
2° Du siège de l'Instinct et de l'Intelligence.
Mes expériences sur le cerveau nous ont
appris que cet organe se compose de quatre
parties essentiellement distinctes : la
moelle allongée, siège du principe qui pré-
side au mécanisme respiratoire ; les tuber-
cules (1), siège du principe du sens de la
vue; le cervelet, siège de la faculté (jusqu'à
moi demeurée inconnue ) qui coordonne les
mouvements de locomotion; et le cer-
veau proprement dit (lobes ou hémisphères
cérébraux), siège, et siège exclusif de
l'Intelligence (2).
Les Instincts ont le même siège que l'In-
telligence. Lorsqu'on enlève le cerveau
proprement dit à un animal , il perd sur-
le-champ toute son Intelligence; mais il
perd aussi tous ses Instincts.
La Taupe, en perdant l'Intelligence, perd
l'Instinct de fouir; le Chien perd l'Instinct
(i) Bijumeaux dans les oiseaux; quadrijumeaux dans les
mammifères.
(?) Voyez mes Recherches expérimentâtes sur les proprié-
tés et les fonctions du système nerveux , etc. ( seconde e'di»
tioiÔ
1NS
INS
91
de mordre ; tous les animaux perdent l'In-
stinct de manger, celui de fuir, celui de se
reproduire, etc.
Il y a donc une connexion , une liaison
secrète qui unit l'Instinct à l'Intelligence.
Nous distinguons ces deux forces par leurs
effets, sans pouvoir les distinguer, du moins
encore, par leur siège.
3° Des rapports du cerveau proprement dit
( lobes ou he'misphères cérébraux ) avec
l'Intelligence.
On a beaucoup trop exagéré, dans tous
les temps et particulièrement dans le der-
nier siècle, l'influence des sens sur l'In-
telligence.
Helvétius va jusqu'à dire que l'homme
ne doit qu'à ses mains sa supériorité sur
les bêtes. Ace compte, le Singe devrait
être fort supérieur à l'homme; car l'homme
n'a quedeux mains, et le Singeen a quatre.
Les sens ne sont que les instruments ex-
térieurs de l'Intelligence.
Loin de se développer en raison directe
de l'Intelligence , la plupart se dévelop-
pent en raison inverse. Le goût , l'odo-*
rat, sont plus développés dans le quadru-
pède que dans l'homme ; la vue , l'ouïe , le
sont plus dans l'oiseau que dans le qua-
drupède , etc.
La perte d'un sens n'entraîne pas la
perte de l'Intelligence. Elle survit au sens
de la vue, à celui de l'ouïe ; elle survivrait
à tous. Il suffit d'interrompre la commu-
nication d'un sens quelconque avec le cer-
veau pour que ce sens soit perdu. La seule
compression du cerveau, qui abolit l'Intel-
ligence, les abolit tous.
Loin donc d'être organes de l'Intelli-
gence, les sens ne sont même organes des
sens que par l'Intelligence.
L'Intelligence ne dépend que du cerveau.
Et quand je dis cerveau, remarquez bien,
encore une fois , que je n'entends que le
cerveau proprement dit (1), et le cerveau
proprement dit seul entre toutes les autres
parties de l'encéphale,
j Ni le cervelet , ni les tubercules , ni la
moelle allongée ne sont sièges de l'Intelli-
gence. Aussi ni le cervelet , ni les tubercu-
, les t ni la moelle allongée ne se développent-
7 (r) Lobes ou hémisphères cérébraux.
ils comme l'Intelligence. C'est le cerveau
seul qui se développe ainsi.
Le cervelet se développe comme les mou-
vements de locomotion ; les tubercules ,
comme l'organe de la vision, comme l'œil,
comme la vue; la moelle allongée, comme
les mouvements de respiration.
La classe qui a les mouvements de loco-
motion les plus compliqués est celle des
Oiseaux; et c'est elle aussi qui, toute
proportion gardée, a le cervelet le plus
grand (1).
La classe qui a le cervelet le plus petit est
celle des Reptiles, et les Reptiles sont les
animaux les plus apathiques.
Les Poissons ont la moelle allongée la
plus développée, parce qu'ils ont le méca-
nisme respiratoire qui demande le plus
d'efforts, etc., etc.
L'Intelligence (à ne parler ici que des
animaux vertébrés (2)), croît des Poissons
aux Reptiles, des Reptiles aux Oiseaux, des
Oiseaux aux Quadrupèdes; et, dans les
Quadrupèdes, elle croît, comme je le disais
tout-à-1'heure , des Rongeurs aux Rumi-
nants, des Ruminants aux Pachydermes,
des Pachydermes aux Carnassiers , et des
Carnassiers aux Singes, particulièrement à
l'Orang-Outang et au Chimpanzé.
Le cerveau croît comme l'Intelligence.
Dans les Poissons, où l'Intelligence est si
obscure, on ne sait pas encore quelle est la
partie de l'encéphale qu'il faut nommer
cerveau; les Reptiles ont un peu plus d'In-
telligence, et leur cerveau est déjà distinct;
les Oiseaux ont beaucoup plus d'Intelligence
que les Reptiles , et leur cerveau est aussi
beaucoup plus développé; il l'est beaucoup
plus encore dans les Mammifères; et, dans
les Mammifères eux-mêmes, il l'est de plus
en plus, à mesure que l'on remonte de ceux
qui ont le moins d'Intelligence à ceux qui
en ont le plus, c'est-à-dire des Rongeurs
aux Ruminants, des Ruminants aux Pachy-
dermes, des Pachydermes aux Carnassiers,
et des Carnassiers aux Singes, nommé-
(i) Il faut excepter l'homme, dont la station debout exige'
une force d'équilibration très grande , et par conséquent un •
cervelet très développé. Le cervelet n'est qu'organe d'êquili- ■
bration ; voilà pourquoi les reptiles (la Grenouille, la Cou.
leuvre, etc.), qui sautent ou rampent sur leur ventre, \
n'ayant pas u" équilibration, n'ont presque pas de cervelet.
(i) Ce qui peut être appelé intelligence dam les animaul
invertébrés n'a pas encore élé étudié.
92
INS
ment à rOrang-Outang et au Chimpanzé.
Enfin, vient l'Homme : il a, sans compa-
raison , beaucoup plus d'Intelligence (1)
qu'aucun animal, et il a aussi un cerveau
incomparablement plus grand qu'aucun
autre (2).
4° De l'Instinct et de l'Intelligence considérés
comme caractères zoologiques.
Fr. Cuvier avait eu l'idée de chercher,
dans les qualités intellectuelles et instinc-
tives (3) des animaux , un nouvel ordre de
caractères. « L'Intelligence des animaux of-
» frirait , dit-il , des caractères spécifiques
» peut-être plus fixes que ceux qui sont
» tirés des organes extérieurs. »
Il avait raison. Les qualités intellectuelles
sont même les seules caractéristiques des
espèces, dans plus d'un cas.
A ne consulter que l'organisation , le
Loup serait un Chien; et cependant la des-
tination de ces deux animaux est loin d'être
la même : l'un vit dans les forêts , l'autre
vit près de l'homme; l'un vit à peu près
solitaire, l'autre est essentiellement socia-
ble ; l'un est resté sauvage, l'autre est de-
venu domestique. Rien ne ressemble donc
plus au Loup que le Chien par les formes
et par les organes, et rien n'en diffère plus
par les penchants, par les mœurs, par l'In-
telligence.
Le Lièvre et le Lapin se confondent pres-
que à la vue, et cependant le Lièvre prend
son gîte à la surface du sol, et le Lapin se
creuse un terrier; notre Écureuil se cons-
truit un nid au sommet des arbres, et l'É-
cureuil d'Hudson cherche un abri dans la
terre entre les racines des Pins , dont les
fruits le nourrissent, etc.
Ainsi donc, à ne considérer même les
choses que sous le point de la vue de la dis-
tinction positive des espèces , l'étude des
(i) Et je ne parle pas ici de l'intelligence propre à
l'homme, de la raison , je ne parle que de l'intelligence qui
lui est commune avec les animaux.
(î) Voyez , por? la démonstration et le développement
de tous ces faits, mes Recherches expérimentales sur les pro~
priétét et les fonctions du système nerveux , etc. (seconde édi-
tion). \
(3) Ou, en un seul mot, psychiques. ïBuffon les nomme
qualités intérieures s « Les animaux qui ressemblent le plus à
• l'bomme parleur figure et par leur organisation,... seront
. maintenus dans la possession où ils étaient d'être supé-
• rieurs à tous les autres pour les qualités intérieures... » Ois-
cours sur la nature des animaux.
INS
qualités intellectuelles n'importe guère
moins que l'étude des qualités organiques;
et la raison en est simple : c'est par ses
qualités intellectuelles que l'animal agit;
c'est des actions que dépend la vie; et par
conséquent la conservation des espèces ne
repose pas moins, au fond, sur les qualités
intellectuelles des animaux que sur leurs
qualités organiques.
5° Rapports de l'Instinct avec l'habitude.
Voici une remarque très fine et très juste
de Condillac : « La réflexion , dit-il , veille
» à la naissance des habitudes ; mais à
» mesure qu'elle les forme , elle les aban-
» donne à elles-mêmes (1). »
Cette remarque est vraie pour tout. Lors-
que je commence à écrire , je m'occupe de
chaque lettre; j'écris par réflexion, par In-
telligence. Plus tard , je ne songe plus aux
lettres; j'écris par habitude , j'écris par In-
stinct.
Il y a plus : il y a des mots que ma main
finit par savoir mieux que mon esprit.
J'oublie l'orthographe d'un mot : pour la
retrouver, je n'ai qu'à laisser aller ma
plume.
« Lorsqu'un géomètre , dit encore Con-
» dillac , est fort occupé de la solution d'un
» problème, les objets continuent d'agir
» sur ses sens. Le moi d'habitude obéit donc
» à leurs impressions : c'est lui qui traverse
» Paris , qui évite les embarras , tandis que
)) le moi de réflexion est tout entier à la so-
» lution qu'il cherche (2). »
L'habitude agit donc sur l'Intelligence et
la transforme presque en Instinct. Les cho-
ses d'Intelligence deviennent par l'habitude
des choses d'Instinct ; et ceci encore est un
nouvel indice de l'union secrète qui lie V In-
telligence à Y Instinct , et leur assigne pour
siège le même organe.
6° De l'acception précise du mot Instinct
dans l'étude philosophique des actions des
bêtes.
Le mot Instinct, comme tous ceux dont
on use beaucoup dans une langue, a fini
par avoir une foule d'acceptions diverses.
Dans le langage ordinaire, nous appelons
(i) Traité des animaux , 2e partie, cbap. i.
(a) Ibid , cbap. 5.
INS
INS
93
Instincts tous nos penchants , toutes nos dé-
terminations , toutes nos tendances. Gall
appelle indifféremment les facultés de l'âme
des Instincts ou des facultés (1). Selon Ca-
banis, « la sympathie est l'Instinct lui-
» même (2). » « Tout sentiment est Ins-
» tinct, » dit Voltaire (3).
Dans le langage précis de Vétude philo-
sophique des actions des bêtes , Y Instinct
est une aptitude déterminée, exclusive, pour
une action donnée.
J'appelle, avec Fr. Cuvier(Ie seul homme,
en histoire naturelle, qui ait bien compris
Y Instinct [4]), action instinctive, toute action
que l'animal fait naturellement, sans ins-
truction, sans expérience , et qui , pour être
faite par l'homme, demanderait de l'ins-
truction , des tâtonnements , de l'expé-
rience.
7° Du prétendu langage des animaux.
Les animaux ont des cris, des sons, des
voix naturelles; ils n'ont pas de langage.
« On ne doit pas confondre , ditDescar-
» tes , les paroles avec les mouvements na-
• turelsqui témoignent les passions... (5). »
Les animaux ont des voix d'amour, des
cris de douleur , des accents de fureur, de
haine, etc.; ils ont des"gestes.
Mais pour l'animal, le son est un son,
le cri est un cri , le geste , un geste , etc.
Pour l'homme, le son, le cri, le geste, etc.,
sont des expressions d'idées : ce sont des
signes.
L'homme se sert de la voix ; il se sert des
gestes , etc. ; mais il peut se servir de tout
autre signe. L'écriture est une langue.
Dans la langue de l'homme , tout est in-
vention; car ce qui fait la langue, ce ne
sont pas \esvoix, les sons, etc., que la
nature donne; ce qui fait la langue, c'est
Y art , créé par l'homme , de combiner les
sons pour avoir la parole, les mots, et, par
les mots , des signes d'idées.
Tout est artificiel dans la langue : la
combinaison des sons , d'où vient la parole,
partie physique du langage , que l'animal
(i) Voyez mon Examen de la Phrénologie , p. 8r (seconde
édition).
(i) Rapports du physique et du moral , etc , io« Me'moire.
(3) Dictionnaire philosophique , art. instinct.
(*) Voyez mon livre sur Vlnstinct et l'Intelligence des ani-
Wffuxfseconde édition).
(i) Discours de la méthode.
imite ; et l'association de l'idée au mot ,
partie métaphysique du langage, et qui, par
cela même qu'elle est métaphysique , n'est
plus de la nature de l'animal, et le passe.
L'animal n'imite que le physique de la
parole.
« Les sansonnets , dit Bossuet, répètent
» le son et non le signe(l). »
Les animaux ont donc un ensemble de
voix , de cris, de sons, etc. ; et l'on peut
bien appeler cela langage, si Ton veut ab-
solument abuserdu terme ; mais ce langage
ne sera pas celui de l'homme ; et alors il
y aura deux choses très différentes qu'on
appellera du même nom , savoir, les voix
naturelles des bêtes , et la parole, le langage
inventé, le langage artificiel de l'homme.
8° Raison de la non-perfectibilité de ï'espèce
dans les animaux.
L'animal ne fait jamais de progrès comme
espèce. Les individus font des progrès, ainsi
que nous avons vu : mais l'espèce n'en
fait point. La génération d'aujourd'hui
n'est point supérieure à celle qui l'a pré-
cédée, et la génération qui doit suivre ne
surpassera pas l'actuelle.
L'homme seul fait des progrès comme
espèce , parce que seul il a la réflexion, cette
faculté suprême que j'£i définie l'action de
l'esprit sur l'esprit.
Or, c'est l'action , c'est l'étude de l'es-
prit sur l'esprit qui produit la méthode,
c'est-à-dire Yart que l'esprit se donne à lui-
même pour se conduire ; et c'est cette pre-
mière découverte de la méthode qui nous
donne toutes les autres.
La méthode est l'instrument de l'esprit ,
comme les instruments ordinaires , les ins-
truments physiques , sont les instruments
de nos sens. Et elle ajoute à notre esprit,
comme ils ajoutent à nos sens.
L'homme a donc la réflexion , que n'a pas
l'animal; et, par la réflexion , il a la mé-
thode; et, par la méthode, il découvre, il
invente.
Par la méthode, l'esprit de tous les hom-
mes devient un seul esprit , qui se continue
de génération en génération , et ne finit
point. Une génération commence une décou-
verte, et c'en est une autre qui la termine.
(i) De la connaissance de Dieu et de soi-même.
04
ÏNT
Les méthodes elles-mêmes se renouvellent
et se perfectionnent sans cesse ; et c'est là
le plus grand progrès.
Descartes n'a renouvelé l'esprit humain
que parce qu'il a renouvelé la méthode.
, § VI.
Je viens de présenter l'exposé sommaire
de mes idées, et, si je puis ainsi dire, de
ma doctrine , sur V Instinct et V Intelligence
des animaux (1).
Cette belle et grande question de V Instinct
et de l'Intelligence des animaux semble avoir
eu le privilège d'occuper les meilleurs es-
prits dans tous les âges où l'on a pensé :
Aristote, Descartes, Leibnitz , Buffon (2).
Réaumur, Bonnet, De Geer, nous ont
donné des observations pleines d'intérêt sur
les Insectes; Georges Leroy et Fr. Cuvier
nous en ont donné d'excellentes sur les
Mammifères (3).
Fr. Cuvier a le mérite particulier d'avoir
cherché non seulement les faits , mais les
limites des faits.
Et ceci est la vraie étude. Tant que les
faits restent confondus, on n'a pas une
science, on n'a que des faits.
En tout genre , le grand point est de dé-
mêler les forces. (Flourens.)
INSULAIRES, {nsulicolœ. arach. —Ce
nom a été donné par M. Walckenaër à une
race du genre des Dolomedes, et dont les ca-
ractères sont : Yeux de la ligne antérieure
plus gros ; céphalothorax court, en cœur;
abdomen allongé, cylindroïde. La seule es-
pèce qui appartienne à cette race est leDo-
lomedes signatus. (H. L.)
INTELLIGENCE, physiol. — Voy. ins-
tinct.
INTESTIN. Intestinum{intùst intérieure-
ment), anat. — Tous les êtres organisés, et
par ces mots nous entendons ceux qui appar-
tiennent au règne végétal et au règne ani-
mal, sont susceptibles d'accroissement et de
développement jusqu'au moment où ils arri-
vent à la caducité , et par suite à la mort ;
il est donc nécessaire qu'ils soient pourvus
(i) Voyez, pour le développement de ces idées , mon livre
intitulé; De l'Instinct et de V Intelligence des animaux, etc.
(seconde édition, 1845).
(1) Voyez, pour l'histoire de leurs opinions, mon livre
déjà cité : De F Instinct et de l'Intelligence des animaux, etc.
(3) Voyez , pour l'histoire de leurs travaux, mon livre déjà
cité: De l'Instinct , etc.
INT
/ d appareils convenables pour attirer à eux
les matériaux qui doivent servir à l'entre-
tien de la vie, et pour rejeter ceux que l'u-
sage a rendus désormais inutiles.
Mais la différence des matériaux entraîne
évidemment avec elle la différence des ap-
pareils. Les aliments des végétaux provien-
nent bien , le plus souvent , il est vrai, de
matières organiques; mais, avant d'être ab-
sorbés , ils ont été réduits en combinaisons
binaires, eau , acide carbonique, ammonia-
que , qui, elles-mêmes, se convertissent
dans le végétal, par le travail de la vie, en
combinaisons, le plus souvent ternaires, de
Carbone, d'Hydrogène et d'Oxygène , mais
aussi parfois quaternaires, et renfermant en
outre de l'Azote.
Quant aux aliments des animaux, ilssont
toujours composés de matières organiques
qui ont été préparées parles végétaux; delà
le lien indissoluble qui unit les deux règnes.
Les plantes sont nécessaires aux animaux,
parce que seules elles peuvent, aveedes com-
posés inorganiques, former des combinaisons
organiques, et qu'elles introduisent ainsi,
dans la grande économie de la nature , de
nouveaux matériaux qui, d'elles, passent aux
animaux herbivores, et de ceux-ci aux car-
nivores. Les animaux , de leur côté, et par
leurs sécrétions et par la décomposition de
leur corps après la mort, fournissent aux
végétaux, l'eau, l'acide carbonique, l'ammo-
niaque qui leur sont nécessaires.
De la différence des aliments dans les
deux grandes séries d'êtres organisés, ré-
sulte, avons-nous dit, la dissemblance des
organes destinés à assimiler ces aliments ;
et, en effet, les végétaux, attachés au sol ,
absorbent immédiatement, et sans cesse,
par leurs racines, les parties nutritives qui
concourent à l'entretien de leur vie ; tandis
que les animaux, qui, pour la plupart, peu-
vent se transporter d'un lieu à un autre ,
ou tout au moins, comme les habitants d'un
Polypier, saisir leur proie, les animaux, di-
sons-nous, sont obligés de porter avec eux,
comme en provision , les matériaux néces-
saires à leur existence : aussi possèdent-ils
tous , à très peu d'exceptions , une cavité
intérieure, destinée à recevoir et à élaborer
les substances alimentaires, et dans les pa-
rois de laquelle s'implantent les radicules
des vaisseaux absorbants, qui, pour nous
INT
INT
95
servir de l'ingénieuse expression de Bocr-
haave , sont de véritables racines inté-
rieures.
C'est cette cavité intérieure qui constitue
Y Intestin y le canal intestinal, ou, pour par-
ler d'une manière plus générale, le canal
digestif , qui s'étend de !a bouche à l'anus
chez tous les animaux , à l'exception d'un
petit nombre d'êtres inférieurs chez lesquels
il ne présente qu'une seule ouverture.
L'Homme , appelé par le créateur à ha-
biter toutes les régions de la terre , obligé,
par conséquent, d'user des aliments les plus
variés, doit présenter et présente en effet
des organes digestifs appropriés à la diver-
sité des matériaux qui servent à sa nourriture.
Nous prendrons donc ses organes pour type,
et nous commencerons par en donner une
description succincte, pour redescendre en-
suite aux degrés inférieurs de l'échelle ani-
male , et passer rapidement en revue les
nombreuses modifications qu'offre le canal
digestif dans les différentes classes d'ani-
maux. Si, en procédant de cette manière,
nous n'avons pas l'avantage d'aller, dès le
début, du simple au composé, nous aurons
du moins celui de marcher du connu à
l'inconnu.
Chez l'Homme, le canal digestif est ter-
minépardeux ouvertures : l'unesupérieure,
nommée bouche (voy. ce mot), et destinée à
recevoir les aliments ; l'autre inférieure, ou
anus (voy. ce mot), donnant passage, quand
le besoin s'en fait sentir, aux fèces ou ré-
sidus de la digestion. Les deux orifices du
tube digestif, soumis à l'empire de la vo-
lonté, s'ouvrent et se ferment à l'aide dé
muscles qui reçoivent leurs nerfs du centre
cérébro-spinal.
Immédiatement après la bouche et pos-
térieurement, vient le pharynx (voy. ce
mot), qui en est séparé parles piliers du
Voile du palais, entre lesquels sont logées
es glandes nommées amygdales. Le pharynx,
qui livre passage aux aliments dans l'acte
«le la déglutition, et qui donne aussi, pen-
dant la respiration, entrée à l'air qui de là
passe dans le larynx, le pharynx se continue
inférieu rement avec V œsophage (voy. ce
mot), conduit cylindrique, musculo-mem-
braneux, qui, s'appuyant dans presque
toute sa longueur sur la colonne vertébrale
et traversant le diaphragme, cloison mus-
culeuse qui sépare la cavité thoracique de
la cavité abdominale, va s'ouvrir dans l'es-
tomac, auquel il conduit les aliments déjà
ramollis et mêlés par la mastication. ;
L1 'estomac (ventriculus , ya<jT/)'p ), organe
principal de la digestion , est une vaste
cavité affectant la forme d'une cornemuse,
communiquant supérieurement avec l'œso-,
phage par une ouverture nommée cardia, et
s'abouchant inférieurement avec le duodé- '
num par lepylore : ainsi se nomme un orifice
garni d'un bourrelet ou valvule, qui ne
laisse qu'un étroit passage au bol alimen-
taire quand il a été fluidifié et converti en
chyme dans l'estomac (voy. nutrition).
Le duodénum succède à l'estomac ; ainsi
nommé , dit-on, à cause de sa longueur, qui
est de douze travers de doigt, il reçoit les
conduits cholédoque (biliaire) et pancréati-
que; c'est dans cette portion de l'intestin
que commence la séparation des matières
nutritives assimilables (chyle) et des sub-
stances excrémentitielles. Au duodénum
commence l'intestin proprement dit, long
conduit musculo-membraneux, logé dans la
cavité abdominale , où il se contourne en
nombreuses circonvolutions, retenues par
un mésentère que forme, en se doublant,
une membrane séreuse nommée péritoine.
Le duodénum se continue , sans limite
bien précise, avec Vinteslin grêle, subdivisé
lui-même en deux parties, le jéjunum, qui
en forme le premier tiers , et V iléon , qui
comprend les deux autres.
Le gros intestin , beaucoup moins long
que le précédent, mais d'un plus ample ca-
libre, ainsi que l'indique son nom, présente
à son point de réunion avec l'iléon une
valvule dite iléo-cœcalc ou de Bauhin , du
nom de celui qui la décrivit le premier ;
cette valvule est disposée de manière
que les matières se rendent facilement de
l'intestin grêle dans le gros intestin, mais
ne puissent revenir sur leurs pas. Le gros
intestin se divise : 1° en cœcum (cœcus,
aveugle) , ainsi nommé parce qu'il se pro-
longe inférieurement en cul-de-sac; le cœ-
cum est muni d'un appendice vermiforme
dont les usages sont encore ignorés; 2° en
colon, subdivisé lui-même en colon ascen-
dant, transverse, descendant et iliaque ou
S du colon; 3° enfin en rectum, dernière
partie du gros intestin, dont le nom indique
96
liNT
!a direction, et qui s'ouvre à l'extérieur par
Vonus.
Le tube intestinal proprement dit, c'est-
à-dire l'intestin grêle et le gros intestin,
présente, chez l'Homme, une longueur
égale à six ou huit fois celle du corps, lon-
gueur dont l'intestin grêle forme , à lui seul,
les quatre cinquièmes.
Le canal digestif, dans toute son étendue,
est formé de plusieurs membranes super-
posées : la plus externe, celluleuse , dé-
termine en quelque sorte la forme des
différentes portions du canal ; l'intermé-
diaire ou musculcuse, composée de fibres
affectant différentes directions, est le siège
des contractions nécessaires à l'accomplis-
sement de l'acte digestif; la troisième ,
enfin , libre par sa surface interne , a reçu
le nom de muqueuse, en raison du fluide
muqueux qu'elle sécrète en abondance.
Cette dernière membrane est une sorte de
tégument interne présentant certaines ana-
logies de structure et de fonctions avec la
peau; la surface libre en est abondamment
pourvue d'organes sécréteurs, follicules,
cryptes , glandes; puis de papilles et de vil-
losités affectant diverses formes, et dont les
fonctions se rapportent, pour les premières,
aux phénomènes d'innervation, et pour les
secondes à ceux d'absorption.
La nature de cet article ne nous permet
pas d'entrer dans de plus longs détails sur
la structure du tube digestif , structure sur
laquelle M. le professeur Lacauchie vient de
jeter un jour tout nouveau par ses belles
Études hydrolomiques et micrographiques.
Outre le fluide muqueux sécrété en
abondance dans toute l'étendue du canal
digestif, certains organes glanduleux,
les glandes salivaires, le foie, le pancréas i
y versent encore leurs produits, indispen-
sables à l'accomplissement de l'acte digestif;
l'estomac, de son côté, est le siège de la
sécrétion d'un fluide tout particulier nommé
sve gastrique, et qui paraît être l'agent le
plus important de la digestion.
Si maintenant de l'Homme nous descen-
dons aux animaux les plus inférieurs, nous
ne rencontrons plus ces divisions tranchées
que nous avons signalées dans le canal di-
gestif humain; et disons d'abord qu'il se
rencontre au plus bas de l'échelle certains
ôtres équivoques, les Spongiaires, par exem-
ÏJNT
pie, qui ne présentent point de cavité dl-
gestive.
Dans' la grande famille des Radiaires , Ja
cavité digestive existe généralement; m;tis
elle présente la disposition la plus simple :
ainsi, chez les Hydres (voy. ce mot) ou Po-
lypes d'eau douce, cette cavité n'est qu*u;>
simple repli de la peau , pénétrant profon-
dément dans le corps et s'y terminant e.i
cul-de-sac : aussi peut-on retourner ces ani-
maux comme un doigt de gant, sans qu'il
en résulte le moindre trouble dans les fonc-
tions ; la surface extérieure , devenue inté-
rieure, accomplit l'acte digestif avec la
même régularité que par le passé. Chez les
autres Polypes , tantôt libres et isolés , tan-
tôt fixés , soit en groupe, soit solitairement,
les organes digestifs varient; la plupart ne
présentent qu'une cavité stomacale en cul-
de-sac , avec une seule ouverture occupant
l'axe du corps ; cependant, chez les Alcyo*
nelles et autres genres de la famille des
Plumatelles , on trouve un tube digestif
complet s'ouvrant d'un côté par une bouche
située au centre de l'animal , et de l'autre
par un anus également dans l'axe du corps,
mais au-dessous de la bouche. -
Les Acalèphes , masses gélatineuses tou-
jours flottantes dans les eaux de la mer,
n'ont ni intestin ni anus; mais, chez les
unes (Méduses ), les aliments passent de la
bouche dans un estomac qui se ramifie à la
manière d'un vaisseau , tandis que chez
d'autres (Rhizostomes ) ils semblent être
absorbés par les suçoirs des tentacules , et
transportés de là dans l'estomac central.
D'autres fois, il n'existe pas de véritable ca-
vité gastrique; elle est remplacée par des
canaux ramifiés qui communiquent avec les
suçoirs : telle est la disposition qu'offrent
les Bérénices.
Dans la classe des Échinodermes , l'In-
testin est parfois complet, avec bouche et
anus: ainsi sont les Holothuries, les Our-
sins, les Encrines; mais la position de
l'anus varie. Chez les premiers , cette
ouverture occupe l'une des extrémités du
corps, tandis que la bouche est à l'autre;
chez les Oursins et les Encrines , l'anus est
tantôt au sommet, tantôt au bord, et tantôt
au côté ventral avec la bouche. Parmi les
Astéries proprement dites , la plupart sem-
blent privées d'anus; chez quelques unes,
INT
1NT
97
on en remarque cependant un au côté dor-
sal. Les Ophiures ont l'estomac borné au
disque central ; chez les autres animaux du
même ordre, la cavité gastrique se prolonge
dans les bras.
Depuis les belles découvertes du profes-
seur Ehrenberg , non seulement Ton sait
que tous les Infusoires sont pourvus d'or-
ganes digestifs, mais on est même parvenu,
en nourrissant ces animaux avec des ma-
tières colorées , à déterminer la forme de
ces organes. Ainsi les Monades , privées
d'Intestin et d'anus, sont pourvues de plu-
sieurs estomacs communiquant avec la bou-
che; d'autres ont un tube digestif complet
avec bouche et anus ; mais chez les uns, les
Vorticelles , par exemple , ce canal , garni
de nombreux estomacs pédicules, décrit un
cercle, en sorte que l'anus vient s'ouvrir
près de la bouche, au pourtour cilié de l'ex-
trémité supérieure; chez d'autres, comme
les Rotifères , l'Intestin est droit , et les
deux ouvertures occupent les deux extré-
mités du corps. Le savant micrographe alle-
mand a signalé l'existence d'un système
dentaire chez plusieurs Infusoires. La plu-
part de ces animaux ont deux corps d'appa-
rence glanduleuse au commencement de
l'Intestin.
Les organes digestifs des Entozoaires af-
fectent deux dispositions principales. Tan-
tôt la cavité digestive , qui semble creusée
dans la substance même du corps , n'a
qu'une seule ouverture; telle est la dispo-
sition présentée par les Entozoaires pa-
renchymateux de Cuvier, qui comprennent
les Ténias, les Bothryocéphales , etc., et
dont quelques uns même paraissent totale-
ment dépourvus d'Intestin , comme les
llydatides (voy. ce mot). Tantôt il existe un
»ube intestinal bien distinct, pourvu de
bouche et d'anus, ainsi qu'on l'observe chez
les Nématoïdes ou Entozoaires cavitaires.
Cet ordre, qui comprend les Pilaires, les
Trichocéphales , les Astérides, etc., etc.,
offre une grande analogie avec les Lombrics
(Vers de terre), qui appartiennent aux An-
nélides.
En général , les Annélides ont toujours
bouche et anus ; la bouche occupe la face
inférieure de la tête, ou l'extrémité anté-
rieure du corps, quand la tête n'existe pas.
L'Intestin, droit, est tantôt simple, tantôt
x. vu.
garni d'un nombre plus ou moins considé-
rable de cœcums. Le canal digestif de la
Sangsue présente même une disposition as-
sez compliquée : après une bouche triangu-
laire , armée de plaques tranchantes desti-
nées à entamer la peau, vient un pharynx
garni de puissantes fibres musculaires, et
à l'aide duquel s'exerce la succion ; au
pharynx succède un long et large estomac
qui s'abouche vers le tiers postérieur du
corps avec un Intestin très étroit, terminé
lui-même par un anus situé au bord supé-
rieur de la ventouse postérieure.
Les Mollusques, si nombreux et si variés
de forme et de structure, ont tous un tube
digestif plus ou moins contoumé sur lui-
même, ets'ouvrant par ses deux bouts, soit
aux deux extrémités du corps, soit dans des
points plus ou moins rapprochés l'un de
l'autre. Chez ces animaux, l'on peut déjà
signaler quelques unes des grandes divi-
sions qui existent dans le canal digestif hu-
main. L'œsophage se rencontre assez géné-
ralement; puis vient l'estomac, qui commu-
nique avec des circonvolutions intestinales
plus ou moins nombreuses. Des organes sé-
créteurs, analogues par leurs fonctions aux
glandes salivaires , au foie , au pancréas ,
versent leurs produits dans le canal diges-
tif, qui offre une organisation déjà très
complexe chez les Céphalopodes.
Le canal intestinal des Articulés (Crusta-
cés, Arachnides, Insectes) a toujours bouche
et anus; mais son organisation, qui sou-
vent est presque aussi compliquée, presque
aussi parfaite que chez les Vertébrés , pré-
sente une foule de variétés qu'il est impos-
sible de signaler ici , et qui ne serait d'ail-
leurs qu'une répétition de ce qui est dit
aux articles spéciaux. Faisons remarquer
seulement que chez les Articulés à méta-
morphoses, c'est-à-dire chez les Insectes,
les organes digestifs subissent, à chaque
changement de l'animal, les modifications
nécessaires à son nouvel état; et signalons,
comme exceptions uniques, l'absence de la
bouche chez les OEstres, qui , à l'état d'in-
secte parfait, ne prennent pas de nourri-
ture, bien que l'anus subsiste, sans aucun
usage il est vrai; et l'absence de cette der-
nière ouverture chez les larves des Myrmi-
léons, des Guêpes, des Abeilles, qui pren-
nent de la nourriture sans rendre d'excré-
13
98
INT
raents : chez elles l'orifice anal est oblitéré,
et ne s'ouvre qu'après la transformation en
nymphe.
Passant aux Vertébrés, nous trouvons
chez les Poissons un tube digestif générale-
ment très court , et atteignant à peine la
longueur du corps ; il se dirige le plus sou-
vent en ligne droite de la bouche vers l'a-
nus, qui se trouve placé en avant de la por-
tion caudale du rachis, dans une cavité
oblongue assez prononcée chez certains de
ces animaux , les Raies , les Squales , par
exemple, pour ressembler au cloaque que
nous signalerons chez les Oiseaux. Dans la
classe des Poissons , l'intestin , enveloppé
avec le foie et la rate, dans un sac péritonéal
qui tapisse la cavité abdominale , est sou-
tenu par un véritable mésentère.
Chez les Reptiles, comme chez la plupart
des Poissons, la bouche et l'arrière-bouche
ou pharynx se confondent le plus souvent;
il faut peut-être excepter de cette règle le
Crocodile et quelques autres Sauriens, chez
lesquels une sorte de voile du palais établit
une séparation entre les deux cavités. La
conformation de l'œsophage et de l'estomac
jointe au peu de longueur proportionnelle
de l'intestin, augmente encore l'analogie
entre les deux classes. L'œsophage, à par-
tir de la cavité gutturale, se rétrécit en en-
tonnoir : cependant, chez les Serpents,
l'ampleur de ce canal est exactement celle
de l'estomac; celui de quelques Tortues
marines est garni à l'intérieur de nom-
breuses pointes cornées dirigées en ar-
rière, comparables aux dents linguales, pala-
tines ou pharyngiennes des Poissons, et qui
semblent destinées à empêcher le retour en
arrière des aliments parvenus dans la cavité
gastrique. L'estomac affecte généralement
une forme très simple; chez le Pipa, néan-
moins, il présente un étranglement qui le
divise en deux portions inégales. Le grand
estomac globuleux du Crocodile présente
une disposition analogue. L'intestin, sim-
ple et peu contourné , se distingue néan-
moins aisément en intestin grêle plus
long et en gros intestin plus court, si ce
n'est chez une Tortue (Chélonée mydas),
qui présente la disposition inverse. Le cce-
cum n'est pas constant. Chez les Reptiles à
métamorphoses, les Batraciens anoures,
par exemple, la longueur de l'intestin
INT
varie avec la forme de l'animal. Ainsi le
canal intestinal du Têtard, qui semble se
nourrir principalement de végétaux , est
infiniment plus long que celui de l'animal
parfait. Immédiatement au-devant de l'a-
nus, l'intestin des Reptiles forme, comme
chez les Raies et les Squales , un cloaque ,
c'est-à-dire une dilatation souvent consi-
dérable, dans laquelle s'ouvrent, avec le
rectum, les organes urinaires et ceux de la
génération. Le canal intestinal est toujours
soutenu par un mésentère délicat comme
chez les Poissons. La transparence de ce
mésentère, surtout chez les Grenouilles, le
rend très propre à étudier les phénomènes
de la circulation du sang.
La cavité orale des Oiseaux , qui a reçu
le nom particulier de Bec (voyez ce mot),
n'est point encore parfaitement distincte
de la cavité gutturale, puisque le voile du
palais n'existe pas. L'œsophage, auquel cette
dernière cavité donne naissance en se ré-
trécissant peu à peu , est remarquable par
sa longueur , ainsi que par son ampleur et
son extensibilité , surtout chez les jeunes
Oiseaux. Ce conduit présente le plus géné-
ralement, mais surtout chez les Granivores,
un appendice sacciforme, situé en dehors de
la cavité thoracique, et s'appuyant sur la
fourchette; les aliments subissent un ra-
mollissement préliminaire dans cet appen-
dice, qui a reçu le nom de jabot. L'estomac
se divise lui-même en deux portions , sa-
voir : l'estomac glanduleux, proventriculus,
dilatation du cardia, dont les parois renfer-
ment, entre les tuniques musculeuse et
muqueuse, une couche épaisse de follicules
glandulaires; et l'estomac musculeux ou
gésier, qui succède immédiatement au pré-
cédent. Chez les Oiseaux carnassiers, les
parois du gésier sont minces ; douées au
contraire d'une grande épaisseur chez les
Oiseaux granivores ou herbivores, elles sont
formées de deux puissants plans muscu-
leux recouverts d'une membrane muqueuse
à épithélium calleux. L'intestin grêle s'a-
bouche à droite avec l'estomac; plus long
chez les Granivores que chez les Rapaces, il
se continue avec un gros intestin court,
offrant peu d'ampleur, et garni à son ori-
gine de deux cœcums, fort longs chez les
Oiseaux qui se nourrissent de végétaux. Le
rectum s'ouvre, dans un cloaque, avec les
IKT
organes urinaires et ceux de ia génération.
Il est presque inutile de dire que le canal
intestinal des Oiseaux est soutenu par un
mésentère, et qu'on signale chez eux l'exis-
tence d'organes glanduleux, salivaire, bi-
liaire et pancréatique.
Arrivé aux Mammifères, nous retrou-
vons, sauf certaines modifications , les gran-
des divisions et les dispositions de structure
et de fonctions que nous avons signalées
i chez l'Homme. Cependant il existe des dif-
férences importantes entre le canal digestif
. des Mammifères herbivores et celui des
Carnassiers. Ceux-ci ont l'estomac simple,
et le canal intestinal beaucoup plus court
que les premiers; la différence de longueur et
de dimension entre l'intestin grêle et le gros
intestin est aussi beaucoup moins sensible;
le coecum est très petit. Chez le Dasyure,
parmi les Marsupiaux, il n'y a ni trace de
cœcum , ni signe de démarcation entre les
deux intestins.
Chez quelques Rongeurs, l'estomac se
divise déjà en deux parties; il a trois com-
partiments chez le Kanguroo géant, et qua-
tre chez les Paresseux. Les Ruminants (voy.
ce mot) ont un estomac composé de quatre
parties bien distinctes , la panset le bonnet,
le feuillet et la caillette. Néanmoins cette
complication de l'estomac n'est point un
caractère général chez les Herbivores , puis-
que les Solipèdes, ainsi que les Pachyder-
mes, ont une cavité gastrique simple, à l'ex-
ception toutefois du Pécari et de l'Hippo^
potame, qui ont le leur garni d'appendices
ou dilatations sacciformes. L'estomac des Cé-
tacés, tant herbivores que carnassiers, est
multiple ; celui de la Baleine , dont la nour-
riture est animale, présente cinq compar-
timents et plus. L'Intestin grêle est géné-
ralement très long ainsi que le cœcum; le
colon présente une longueur et une ampleur
considérables.
Faisons remarquer ici que les Herbivores
fournissent l'exemple du passage de l'ali-
mentation animale à l'alimentation végétale,
puisqu'après leur naissance ils vivent du lait
maternel: aussi le premier estomac des Ru-
minants est-il fort petit, tant que dure l'al-
laitement.
Chez tous les Mammifères, le rectum s'ou-
vre à l'extérieur par un anus placé derrière
les parties génitales. Les Monotrêmes seuls,
INT
CD
ainsi que l'indique leur nom , n'ont qu'une
ouverture extérieure, donnant issue a
un cloaque commun au canal intestinal ,
aux voies urinaires et aux organes de la
génération.
Le résultat le plus général de l'aperçu
qui précède est que la digestion des ali-
ments végétaux exige incomparablement
plus d'appareils que celle de la nourriture
animale; et cette observation est tellement
fondée, que le Chat sauvage a l'Intestin de
moitié moins long que le Chat domestique ,
devenu omnivore par la domesticité.
En somme , le canal digestif a acquis sa
plus grande longueur chez les Mammifères ;
puis il diminue chez les Oiseaux, et progres-
sivement chez les Reptiles et chez les Pois-
sons , pour présenter ensuite de grandes va-
riétés chez les animaux inférieurs , bien que
le plus souvent il ne soit, comme nous
l'avons vu, qu'un canal droit, s'étendant de
la bouche à l'anus , quand ce dernier orifice
existe. (A. Duponchel.)
INTESTINAUX, zool. — Voy. ento-
ZOAIRES et VERS.
*INTRÉPIDES. Impavides, arach. —
Cette famille, qui appartient au genre des
Olios , et qui a été établie par M. Walcke-
naër, peut être ainsi caractérisée : Yeux
dont la ligne antérieure est un peu plus
courbée en arrière, en croissant; mâchoires
droites , allongées , cylindroïdes ; lèvre
grande, carrée, comme pentagonale à cause
du resserrement de la base, coupée en li-
gne droite à son extrémité ; pattes de la se-
conde paire les plus longues, la quatrième
ensuite, la troisième est la plus courte. L'O-
lios trapobanius est le seul représentant de
cette famille. (H. L.)
INTRICAIRE. /nfn'can'a.POLYP.— Genre
de Polypiers de la famille des Cellariés, établi
par M. Defrance, pour un Polypier fossile
trouvé dans le département de la Manche,
et qu'il a nommé /. Bajocensis. (P. G.)
INTRORSES. Introrsi. bot. — Ce mot,
qui signifie tourné en dedans , s'applique
spécialement aux anthères lorsqu'elles s'ou-
vrent du côté du pistil.
INTSIA. bot. ph. — Genre de la famille
des Papilionacées-Caesalpiniées , établi par
Dupetit-Thouars {Gen. Madagasc, n° 75).
Arbres de Madagascar. Voyez papiliona-
cées.
100
1NV
INULA. bot. pu. — Voy. aune.
INULÉES. Inuleœ. bot. ph. — Tribu de
la famille des Composées. Voy. ce mot.
*IIVUUS. MAM. — Voy. MAGOT.
INVERTÉBRÉS, zool. — Lamarck di-
vise les animaux en deux grandes divi-
sions, les Vertébrés et les Invertébrés. Plu-
sieurs naturalistes, et G. Cuvier en particu-
lier, n'ont pas adopté cette distinction. Les
animaux invertébrés comprennent les Mol-
lusques, Articulés et Rayonnes de G. Cuvier.
Voy. ces mots. (E. D.)
INVOLUCELLE. bot. — Voy. invo-
LUCRE.
INVOLUCRE. Involucrum. bot. — On
désigne sous ce nom les réunions de brac-
tées qui forment autour des fleurs ou dans
leur voisinage une sorte d'enveloppe. Ainsi
cette dénomination s'applique également
aux bractées situées au-dessous et à une cer-
taine distance des fleurs, par exemple, chez
les Anémones, à la collerette des Ombelli-
fères, à ce que Linné nommait le calice
commun chez les Composées. Chez les Om-
bellifères, on distingue l'Involucre qui se
trouve à la base de l'ombelle ou le cercle de
bractées qui accompagnent les rayons de
l'ombelle générale, et Vinvolucelle ou la ran-
gée de bractées situées à la base des rayons
de l'ombellule. Chez les Composées, l'In-
volucre avait été nommé calice commun par
Linné, et Richard avait proposé de rempla-
cer ce nom par celui de Périphorante. Chez
ces plantes , l'Involucre fournit d'excellents
caractères suivant que les bractées qui le
composent sont disposées sur un seul rang,
ou sur deux, dont l'extérieur généralement
plus court (Involucre caliculé), ou sur plu-
sieurs rangs (Involucre imbriqué), et aussi
d'après d'autres considérations que les bota-
nistes signalent avec soin dans leurs des-
criptions.
Le plus souvent les bractées qui forment
l'Involucre sont distinctes et séparées; mais
souvent aussi elles se soudent entre elles
comme on le voit surtout assez fréquemment
chez les Composées, quelquefois aussi, mais
rarement , chez les Ombellifères {Seseli hip-
Vomarathrum, Buplevrum stellatum) ; mais,
«lans ce cas , l'observation la plus légère suf-
fit pour faire reconnaître les traces des ad-
hérences que les bractées ont contractées
entre elle». (P. d.)
10
*I0 (nom mythologique), moll. — Ce
genre a été proposé par M. Lea , dans les
Mémoires de l'Académie des sciences natu-
relles de Philadelphie, pour une coquille flu-
viatile des plus intéressantes, signalée déjà
par M. Say sous le nom de Fusus fluviatilis.
Comme le fait judicieusement remarquer
M. Lea, il serait difficile de comprendre
dans un genre marin, comme celui des Fu-
seaux, une coquille fluviatile se rattachant
à la famille des Mélaniens par tous ses ca-
ractères principaux. Pour comprendre le
g. Io , il faut rappeler d'une manière som-
maire les phénomènes principaux que l'on
I remarque dans les modifications des formes
extérieures des coquilles de la famille des
Mélaniens. Dans les Mélanies proprement
dites, l'ouverture est entière, mais versante
à la base; dans les Mélanopsides, il se
produit une véritable échancrure, que Ton
peut comparer, dans ce genre, à celle des
Agathines, et qui, par le fait, n'a pas plus
d'importance. Dans un certain nombre
d'espèces d'Amérique, dont M. Say a fait le
g. Anculosa , on voit l'échancrure des Mé-
nalopsides se prolonger en une sorte d'o-
reillette, caractère qui, à nos yeux, n'a pas
une importance considérable. Le g. Io se-
rait la dernière limite de cette modification,
c'est-à-dire que l'on trouverait chez lui le
prolongement très exagéré de la courte
oreillette des Anculosa, et par consé-
quent de l'échancrure des Mélanopsides.
Pour résumer notre opinion , les coquilles
du g. Iosont des Mélanopsides subcanalicu-
lées. Les caractères génériques peuvent se
résumer de la manière suivante :
Coquille fluviatile, subfusiforme, à spire
conique régulière, ayant le dernier tour
conique à sa base et prolongé en un canal
étroit et peu profond; ouverture ovale,
subquadrangulaire, sinueuse latéralement;
columelle étroite , cylindracée , tordue
dans sa longueur; opercule corné, pauci-
spiré.
Avant d'admettre définitivement ce g.,
il faudra voir si l'animal ne ressemble pas
à celui des Mélanies et des Mélanopsides.
Si on lui trouvait des caractères identiques,
il faudrait nécessairement réunir ces gen-
res en un seul pour le sous-diviser ensuite
en sections, d'après les caractères extérieurs
des coquilles.
IOD
IOD
101
Les Ios sont des coquilles d'un volume mé-
diocre, à spire courte, régulièrement conique,
dont le dernier tour est plus grand que la
spire; l'ouverture est ovale, subquadran-
gulaire ; son bord droit est mince , tran-
chant et largement sinueux , de la même
manière que celui des Mélanies. La base de
l'ouverture se prolonge en une oreillette
canaliforme, à peine creusée en gouttière,
et qui n'a pas la moindre ressemblance avec
le canal des Fuseaux. La columelle se dé-
tache à la base en un filet cylindracé, con-
tourné dans sa longueur, et qui vient mou-
rir sur le bord interne de l'oreillette ter-
minale. On ne connaît encore que deux es-
pèces de ce genre ; toutes deux provien-
nent des eaux douces de l'Amérique septen-
trionale. ( Desh.)
IODATES. chim. — Voy. iode.
IODE (îwtJyj;, violet), chim. — L'Iode ,
qui se groupe avec le Chlore et le Brome ,
en raison de son analogie de propriétés
avec ces deux corps, a été découvert acci-
dentellement, vers 1811 , par Courtois,
dans la soude de Varech et dans la cen-
dre des fucus qui croissent au bord de la
mer. Depuis , on l'a trouvé dans les épon-
ges, dans plusieurs eaux salées , dans cer-
tains poissons, dans quelques Mollusques
marins, dans des Polypiers; enfin, Vau-
quelin en a constaté la présence à l'état
d'Iodurc d'argent dans un minerai des en-
virons de Mexico.
Les propriétés de l'Iode, déterminées en
partie par Clément , furent soumises à un
examen plus approfondi par MM. Gay-
Lussac etDavy, qui les firent complètement
connaître, et donnèrent au corps qu'ils étu-
diaient le nom qu'il porte actuellement, à
cause de la vapeur violette qu'il répand
quand on le chauffe.
L'Iode est un corps simple, rangé parmi
les métalloïdes. Solide à la température or-
dinaire, il se présente sous forme de petites
lames d'un noir bleuâtre à reflet métal-
lique, et de différentes dimensions ; il peut
cependant prendre une forme régulière,
rhomboïdale ou octaédrique. Son odeur,
désagréable, se rapproche de celle du Chlore ;
sa saveur est acre et chaude. Mis en contact
avec les tissus organiques, il les tache en
jaune foncé ; mais cette couleur ne tarde pas
a disparaître. II agit sur les matières colo-
rantes à la manière du Chlore, avec moins
d'énergie toutefois. Sa densité , déterminée
par M. Gay-Lussac, est de 4,948.
A la température de -f- 107°, l'Iode fond ;
il entre en ébullitionà -j-175° et se trans-
forme en une belle vapeur violette, dont la
densité, suivant M. Gay-Lussac, est de
8,618. Par le refroidissement, cette vapeur
repasse peu à peu à l'état solide, encristalli-
santsur les parois des corps qu'elle rencontre.
L'Oxygène et l'Air sont sans aucune ac-
tion sur l'Iode, soit à chaud, soit à froid.
L'eau ne le dissout qu'en très petite quan-
tité (7— au plus). Le solutum se décolore
à la lumière diffuse , et devient acide par
suite de la décomposition de l'eau et de la
formation des acides iodique et iodhydrique.
L'eau bouillante entraîne l'Iode en vapeurs
violettes, sans l'altérer.
L'Alcool et l'Éther dissolvent l'iode avec
une grande facilité, et se colorent en brun-
orange foncé. Les solutions d'Iode, aqueuse
et alcoolique , mises en contact avec celle
d'Amidon , se colorent instantanément en
bleu ; l'Amidon est pour l'Iode un réactif tel-
lement sensible, que, d'après M. Stromeyer,
— 0^^j d'Iode suffît pour donner au liquide
une teinte bleue marquée.
L'Iode se combine, dans de certaines con-
ditions , avec la plupart des métalloïdes. Il
forme avec l'Oxygène , ainsi que l'ont con-
staté les travaux les plus récents, cinq acides
dont voici la composition :
Acide périodique .... 1 O;.
Acide iodique I O; + I O3 =2105.
Acide hypro-iodique. . . 1 O7 -f 5 I 03=4 I 04.
Acide sous-hypro-iodique. 1 07 -f" 4 I 03=li Oie).
Enfin , acide iodeux . . . 2 1 O3.
Le professeur Millon , auquel on doit de
remarquables travaux sur ce métalloïde, et
entre autres la détermination des acides ci-
dessus désignés, a constaté que les substances
organiques se brûlent par l'acide iodique, il
est vrai avec lenteur, mais à peu près com-
plètement comme par une oxydation vitale.
Il faut cependant en excepter les produits de
sécrétion de l'économie, les produits brûlés
ainsi que les produits stables de nos organes :
toutes ces substances échappent à la com-
bustion iodique. (Comptes-rendus de l'Aca-
démie des sciences, t. XIX, p. 726.)
L'Hydrogène sec ou humide est sans action
sur l'Iode à la température ordinaire ; mais,
102
ION
ION
si l'on expose un mélange de vapeur d'Iode
et de gaz Hydrogène à une chaleur rouge,
dans un tube de porcelaine, ces deux corps
s'unissent en partie pour donner naissance
à une certaine quantité d'acide iodhydri-
que. L'Iode a, du reste, une grande affinité
pour l'Hydrogène, moindre cependant que
le Chlore et le Brome, qui lui enlèvent ce
corps.
L'acide iodhydrique se comporte dans tou-
tes ses réactions comme l'acide chlorhydri-
que , pour former des Iodhydrates ou des
Iodures, selon que les composés sont secs ou
humides. Sa formule: = I H.
L'Iode se combine également avec la plu-
part des métaux pour former des Iodures,
dont plusieurs sont usités en médecine. On
trouve quelques uns de ces composés dans la
nature; ce sont les Iodures de Sodium et de
Magnésium dans les eaux de la mer et dans
certaiues eaux minérales; Ylodure d'argent,
annoncé par Vauquelin dans des minerais
argentifères du Mexique, à une époque où
le Brome n'était pas connu, et qui pour-
rait bien n'être qu'un Bromure analogue
à celui qui a été rencontré, dans des cir-
constances analogues, à Poullaven, en Bre-
tagne; enfin des Iodures de zinc et de mer-
cure; le premier en Silésie, le second au
Mexique.
L'Iode et ses préparations sont fort usités
en médecine, et on en a reconnu le spécifi-
que dans quelques affections, le goitre, par
exemple, les tumeurs lymphatiques: cepen-
dant, comme ce corps est vénéneux à haute
dose, et qu'il exerce en outre, à la longue,
une action nuisible sur l'organisation, il ne
doit être administré qu'avec précaution. Les
Anglais sont parvenus, dit-on, à fixer sur la
toile Ylodure de mercure, dont la couleur
rouge est des plus belles. Enfin, dans ces
dernières années, l'art de la Photographie,
découvert par M. Daguerre, a donné une
nouvelle importance à l'Iode ainsi qu'au
Brome, son congénère. (A. D.)
*IODES (tw<î-/)ç, violet), bot. ph. — Genre
de la famille des Ménispermacées , établi
par Blume (Bijdr., 29). Arbrisseaux de
Java. Voy. ménispermacées.
*IODOPLEURA, ois. —Division du
genre Manakin. Voy, ce mot. (Z. G.)
IODURES. chim. — Voy. iode.
IOIVE. Ione (nom mythologique}, crust. —
Genre de l'ordre des lsopndes, section des Iso-
podes sédentaires, famille des Ioniens, établi
par Latreille aux dépens des Oniscus deMon-
tagu, et adopté par tous les carcinologistes.
Le mâle, beaucoup plus petit que la femelle,
est d'une forme étroite et allongée; la tête,
aussi large que le thorax, et arrondie anté-
rieurement , porte deux paires d'antenne»
dont les internes sont rudimentaires et les
externes bien développées , styliformes et
composées de quatre ou cinq articles cylin-
driques. Les anneaux du thorax sont pro-
fondément séparés de chaque côté , et ont
tous à peu près les mêmes formes et les
mêmes dimensions ; les pattes sont fixées à
leur angle externe, et se terminent toutes
par une petite pince ovoïde, renflée et sub-
chéliforme. L'abdomen se compose de six
segments qui se rétrécissent graduellement,
et qui portent chacun une paire d'appendi-
ces membraneux, cylindriques, grêles et
très allongés. Chez la femelle , le corps est
pyriforme et très aplati; la tête est profon-
dément enchâssée dans le thorax , et a la
forme d'un écusson ; le front est lameller.x
et s'avance au-dessus de la base des anten-
nes, qui sont très courtes, mais bien distinc-
tes. La bouche est couverte par une paire-
de mâchoires lamelleuses qui ressemblent
un peu à celles des Cymothoés (voy. ce
mot); les mandibules sont aussi disposées
à peu près de même que chez ces Crustacés,
mais elles sont plus étroites vers le bout et
ne portent pas de palpe palpiforme; enfin
les mâchoires ne paraissent être représen-
tées que par des lobules semi-membraneux.
Les anneaux du thorax sont bien distincts
de ceux des autres. Les pattes ont la menu:
structure que chez les mâles : seulement,
on remarque , au-dessous de la base de
celles des six premières paires, deux grands
appendices ; l'un de ces deux appendices est
très large , de forme foliacée. L'abdomen
est semi-ovalaire, et les anneaux dont il se
compose ne sont dentelés que sur les côtés,
avec les appendices fixés aux cinq premiers
anneaux, très longs et arborescents. La
seule espèce connue est I'Ione thoracique,
Ione thoracicus Latr. Ce petit Crustacé se
trouve sous le test de la Callianaha subter-
ranea; il se cache entre la carapace et les
parties charnues, et forme une tumeur d'un
côté du corps. (H. L.)
IPE
IPE
103
IOÎVESIA. BOT. PH. — Voy. IONESIA.
IOMDIUM. BOT. PH.— Voy. JONIDIDM.
*IONIENS. Ionii. crust. — Famille de
Tordre des Isopodes, section des Isopodes
sédendaires, établie par M. Milne-Edwards,
qui lui donne pour caractères : Appendices
abdominaux filiformes et entourant l'abdo-
men. Cette famille ne renferme que le seul
lenre Ione. Voy. ce mot. ( H. L.)
IOXOPSIS. bot. ph. — Voy. jonopsis.
*IONTHODES (?ov90î, duvet ). ins.—
Genre de Coléoptères subpentamères, tétra-
mères de Latreille, famille des Longicornes,
tribu des Cérambycins , formé par Serville
(Ann. de la Soc. entom. de Fr., tome II,
p. 558). L'espèce type est 17. formosa Dej.-
Serv., originaire du Sénégal. (C.)
IPÉCACUANHA. bot. ph. — Ce nom a
été donné à plusieurs plantes différentes
d'espèce, de genre et même de famille,
mais qui se ressemblent toutes par les pro-
priétés médicinales de leur racine, pronon-
cées à des degrés divers. Ce nom appartient,
il est vrai, plus particulièrement à deux
Rubiacées ; mais leur histoire ne peut être
présentée sans qu'il soit question en même
temps des autres espèces qui ont des pro-
priétés analogues , et qui sont employées à
leur place en divers points du globe , quoi-
que avec moins d'avantages.
Les premiers auteurs qui firent connaître
l'Ipécacuanha en Europe furent Marcgraff
et Pison , qui, au xvne siècle, le décrivirent,
le figurèrent , et signalèrent ses propriétés
dans leur Histoire naturelle et médicale du
Brésil. Mais, tout exacts qu'ils étaient, les
renseignements fournis par eux furent né-
gligés et oubliés ensuite entièrement , et les
botanistes qui vinrent après eux attribuè-
rent la substance employée sous le nom d'I-
pécacuanha à plusieurs plantes toutes diffé-
rentes de celle de Marcgraff et Pison. Ainsi
Rai crut qu'elle provenait d'une espèce de
Paris; Linné pensa d'abord qu'elle était
fournie par un Lonicera, et plus tard par
une Violette. Cette dernière opinion préva-
lut pendant longtemps : seulement, les bo-
tanistes variaient alors d'opinion au sujet
de l'espèce de Violette qui devait être re-
gardée comme le véritable Ipécacuanha.
Les premiers renseignements exacts sur
cette importante question furent publiés
eu 1781 par Linné fils , qui les tenait de
Mutîs ; mais la plante envoyée par Mu-
Us , et que Linné fils publia sous le nom
de Psychotria cmelica Mutis, n'était que
l'Ipécacuanha du Pérou; et, oubliant la
description de Pison, l'on crut alors qu'elle
était identique avec l'espèce du Brésil. Cette
erreur ne cessa qu'en 1800 , lorsque Gomez
ayant rapporté du Brésil la plante qui four-
nit l'Ipécacuanha de cette contrée, Brotero
reconnut qu'elle était totalement distincte
de l'espèce péruvienne , et la rapporta au
genre Callicocca de Schreber, qui rentre
dans le Cephœlis , antérieurement établi
par Swartz. Cette distinction , établie par
Brotero dans les Actes de la Société lin-
néenne de Londres en 1800 , fut confirmée
l'année suivante par Gomez dans son Me-
moria sobre Ipécacuanha, dans lequel fut
donnée une nouvelle figure de la plante du
Brésil.
Dans l'état actuel de nos connaissances ,
la dénomination d'Ipécacuanha appartient
essentiellement à l'espèce brésilienne, Ce-
phœlis Ipécacuanha Swartz ( Callicocca Ipé-
cacuanha Brot.), celle décrite ancienne-
ment par Pison, et à l'espèce péruvienne,
Psychotria emetica Mutis, signalée et décrite
pour la première fois par Linné fils, d'après
Mutis. Outre ces deux Rubiacées , il en est
encore d'futres , telles que des Richardso-
nia , des Spermacoce , qui ont quelquefois
été compris sous la dénomination vague
d'Ipécacuanha ; mais l'une des plantes qui
reçoivent le plus habituellement ce nom est
uneViolariée, leJonidiumlpecacuanhaWent.
(Pombalia Ipécacuanha Vandelli ), qui porte
au Brésil les noms de Poaya, Poaya branca,
et à laquelle ressemblent plus ou moins,
sous le rapport de leurs propriétés, quelques
autres espèces du même genre, comme les
J. indecorum et poaya Aug. St-Hil., /. bre-
vicaule et urticœfolium Mart. Ces diverses
plantes sont comprises sous la dénomina-
tion générale d'Ipécacuanha blanc , que l'on
étend encore à des Asclépiadées, comme les
Cynanchum vomitorium, mauritianum, etc.,,
même à des Euphorbiacées. Ne pouvant
examiner ici toutes ces plantes, nous allons
nous borner à jeter un coup d'œil sur les
trois auxquelles s'applique spécialement
la dénomination d'Ipécacuanha , et chez
lesquelles résident au plus haut degré les
propriétés médicinales qui en font de
104
IPE
médicaments d'une grande importance.
I. Cephœlis, Swartz. Ce genre appartient
à la famille des Rubiacées , tribu des Psy-
chotriées ; il donne son nom à la sous-tribu
des Céphœlidées ; ses caractères ayant été
donnés à l'art, cephœlis, nous ne les repro-
duirons pas ici.
L'espèce essentiellement intéressante de
ce genre est le Cephœlis Ipecacuanha Swartz
(Callicocca Ipecacuanha Brotero , Ipeca-
cuanha officinalis Arruda). Elle croît au
Brésil , dans les provinces de Fernambouc,
de Bahia , de Rio-Janeiro, etc., où elle
fleurit de novembre à janvier; elle habite
les forêts et les vallées des montagnes. Sa
tige est d'abord ascendante et finit par se
redresser; elle est légèrement pubescente
au sommet ; ses feuilles sont ovales-oblon-
gues , scabres en dessus , revêtues en des-
sous d'un léger duvet ; ses stipules sont
fendues en lanières sétacées; ses capitules
de fleurs sont terminaux, d'abord dressés,
puis pendants; ils sont accompagnés de 4
bractées presque en cœur. C'est cette espèce
qui fournit à l'Europe presque tout l'Ipéca-
cuanha qui s'y consomme. Cette substance
est fournie par le rhizome de la plante, qui
s'étend à peu près horizontalement sous la
surface du sol , et qui se reconnaît à des ca-
ractères très marqués. Tel qu'il existe dans
le commerce , il forme des morceaux allon-
gés , de la grosseur d'une plume à écrire,
contournés de manière irrégulière, simples
ou rameux; sa surface est entrecoupée, à
des espaces très rapprochés , de sortes d'é-
tranglements circulaires , dans l'intervalle
desquels l'écorce , acquérant beaucoup d'é-
paisseur, se relève en espèces d'anneaux qui
en forment le caractère le plus essentiel.
C'est dans cette écorce que résident les
propriétés médicinales de la plante, car
l'axe ligneux qu'elle recouvre en est entiè-
rement dépourvu. Lorsqu'on coupe ce rhi-
zome ou , comme on le dit ordinairement,
cette racine, on reconnaît qu'elle est cas-
sante, que sa cassure est brunâtre, comme
résineuse ; de plus , sa saveur est un peu
acre et amère; son odeur est nauséabonde,
faible pour de petites quantités , assez forte
dans de grands amas pour avoir pu quel-
quefois , dit-on, causer des accidents fâ-
cheux.
Cette espèce d'Ipécacuanha est aussi
IPE
désignée sous le nom d'Ipécacuanha gris.
M. A. Richard ayant reconnu que la cou-
leur ner peut servir à caractériser nette-
ment les diverses racines qui portent la dé-
nomination commune d'Ipécacuanha, a pro-
posé de leur donner des noms tirés de leur
configuration extérieure; c'est d'après ce
motif qu'il a nommé l'Ipécacuanha fourni
par le Cephœlis, Ipecacuanha annelé , déno-
mination tirée de la forme qu'affecte son
écorce.
II. Psychotria, Lînn. Ce genre appartient,
comme le précédent , à la famille des Ru-
biacées et à la tribu des Psychotriées , à la-
quelle il donne son nom. Les plantes qui le
composent sont de petits arbres ou des ar-
brisseaux, rarement des herbes à racines
vivaces , qui habitent les contrées intertro-
picales , principalement en Amérique. Pour
les caractères de ce genre, voyez psy-
chotria.
L'espèce la plus remarquable de ce genre
est le Psychotria emetica Mutis (m Lin. fil.,
suppl., 144). C'est une plante sous-frutes-
cente , à tige droite , pileuse et presque co-
tonneuse; à feuilles oblongues, acuminées,
rétrécies à la base, ciliées , légèrement pi-
leuses à leur face inférieure; à stipules très
courtes, ovales, acuminées; à fleurs réu-
nies en grappes pauciflores axillaires. Sa
baie est bleue , ovoïde ou presque globu-
leuse , lisse. Sa racine est rameuse et s'en-
fonce verticalement dans la terre. Cette es-
pèce croît dans la Nouvelle-Grenade , le
long de la rivière Magdalena , dans la pro-
vince de Gironne, etc. : c'est elle que l'on
a regardée pendant quelque temps comme
fournissant tout l'Ipécacuanha du commerce,
tandis qu'en réalité sa racine n'arrive en
Europe que rarement , et n'entre dans la
consommation qu'en quantité presque insi-
gnifiante. Elle constitue ce qu'on nommait
d'abord l'Ipécacuanha brun ou noir, et que
M. A. Richard a désigné , d'après son ap-
parence extérieure, sous le nom d'Ipéca-
cuanha strié. Cette substance médicinale
forme des morceaux à peu près cylindri-
ques , de la grosseur d'un tuyau de plumo
à écrire, peu contournés, marqués à des
distances assez éloignées d'étranglements
circulaires profonds , et présentant des li-
gnes enfoncées longitudinales, ou des stries,
qui lui ont valu sa dénomination. Sa cou-
1P
1JPÈ
k.)
leur est brun foncé. Sa cassure est brune ,
d'apparence peu résineuse; son odeur est
presque nulle; sa saveur n'est pas amère,
et ne devient légèrement acre qu'après que
la matière a resté longtemps sur la langue.
III. Parmi les diverses espèces dont la
racine est confondue sous le nom d'Ipéca-
cuanha blanc, nous ne décrirons ici que
celle qui nous parait la plus importante à
connaître, et qui appartient au genre Joni-
dium.
Jonidium, Vent. Ce genre fait partie de la
famille des Violariées ; il se compose de plan-
tes herbacées, sous-frutescentes, ou même
quelquefois frutescentes, qui croissent pres-
que toutes dans les contrées intertropicales,
particulièrement en Amérique. Pour ses ca-
ractères , voyez jonidium.
L'espèce la plus intéressante de ce genre
est le Jonidium Ipecacuanha Vent. , dont
Vandelliavaitfait son genre Pombalia, adopté
par If. Gingins dans le Prodr., 1. 1, p. 307.
Elle croît spontanément à Cayenne et sur la
plus grande partie de la côte du Brésil jus-
qu'au cap Frio , au-delà duquel elle ne se
montre plus. Ses feuilles sont alternes, lan-
céolées, ovales, dentées en scie, aiguës à
leurs deux, extrémités ; ses stipules sont
membraneuses, acuminées, marquées de
nervures dans leur milieu; les divisions du
calice sont demi-pinnatifides ; le pétale pos-
térieur est très grand, elliptique dans le sens
transversal. La racine de cette espèce est
très employée dans l'Amérique méridionale
en place de celle du Cephœlis Ipecacuanha;
a Fernambouc, on la regarde comme un ex-
cellent remède pour combattre la dysente-
rie. Dans le commerce, elle est assez peu
répandue.
Les propriétés médicinales des racines des
plantes qui viennent de nous occuper et de
relies qui leur ressemblent sous ce rapport
et que nous avons citées plus haut, n'ont été
reconnues et n'ont déterminé leur emploi
fréquent en Europe que depuis la fin du
xviie siècle. Marcgraff et Pison les avaient
préconisées, il est vrai , surtout pour com-
battre les diarrhées chroniques , mais néan-
moins ce médicament était resté encore
inusité. En 1672, un médecin, nommé Le-
gras, en ayant rapporté d'Amérique une
quantité assez considérable, avait cherché à
'/introduire dans la thérapeutique euro-
péenne; mais l'emploi en ayant été fait
sans discernement et à trop forte dose , les
effets qu'on en obtint furent désavantageux,
et il en résulta un abandon completde cette
substance. Un peu plus tard, en 1686, un
négociant français nommé Grenier en rap-
porta d'Espagne environ 150 livres; il cher-
cha à en tirer un parti avantageux ; il s'as-
socia pour cela à un médecin hollandais établi
à Reims, nommé Adrien Helvetius. Celui-ci
obtint de si bons résultats de l'emploi de
ce remède, qu'il eut soin de tenir caché, que
Louis XIV lui en acheta le secret moyen-
nant une forte somme d'argent; ce fut dès
cet instant que l'usage de l'Ipécacuanha se
répandit en France, et qu'il s'étendit ensuite
en Allemagne, en Angleterre et dans toute
l'Europe.
Les propriétés de l'Ipécacuanha détermi-
nent son emploi presque journalier dans
des circonstances diverses. Il est suftou;
usité comme émétique ; mais ses effets dans1
ce cas sont moins avantageux que ceux de
l'émétique lui-même; en effet, il détermine
des vomissements assez peu abondants, mais
accompagnés de violents efforts. Il agit d'une
manière plus avantageuse sur le canal in-
testinal, comme tonique, dans les cas de
diarrhées chroniques; dans ces cas, son ac-
tion est généralement salutaire. On le pres-
crit également avec succès pour combattre
les embarras bronchiques, les catarrhes)
pulmonaires chroniques , et il détermine
alors une expectoration abondante; enfin,
on a recours à lui dans \es fièvres puerpé-
rales; ses bons effets, dans cette redoutable
maladie, constatés d'abord par Doublet, en
1782, ont été remis en lumière par Désor- !
meaux, quia reconnu qu'ils étaient beau-
coup moins prononcés et presque nuls en
hiver. Dans ces diverses circonstances, on
emploie la poudre de son écorce.
Les propriétés des Ipécacuanhas sont prin-
cipalement dues à un alcaloïde végétal, l'é-
métine, qui existeen quantités variables dans
leurs diverses espèces. L'analyse qui en a été
faite par Pelletier a montré que ces écorces
renferment les matières suivantes: l°une
matière grasse, huileuse, brune, très odo-
rante; 2° l'alcaloïde dont il vient d'être
question, ou l'érnétine; 3° de la cire végétale;
4° une assez forte proportion de gomme ;
5° près de la moitié de leur poids de fécule ;
4 4
106
IPH
IPH
C° du ligneux ; 7° des traces d'acide gallique.
Quant à l'émétine en particulier, elle entre,
d'après M. A. Richard, dans la proportion
de 14 ou 16 pour 100 dans l'Ipécacuanha
annelé, dans celle de 8 pour 100 dans l'Ipé-
cacuanha strié, et seulement dans celle de 3
pour 100 dans l'Ipécacuanha blanc du Jo-
nidium Ipecacuanha. Ces proportions rela-
tives sont l'expression de la valeur médicinale
et de l'activité relative de ces substances.
(P. D.)
*IPHIAS ( nom mythologique), ins. —
Genre de Lépidoptères Rhopalocères, famille
des Papilloniens , tribu des Piérides, établi
par M. Boisduval (Sp. gén. des Lépid., t. I).
On n'en connaît que deux espèces; nous
citerons comme type 11. glaucippe, de la
Chine et des Indes orientales.
«IPHICERUS, Dej. ins.— Syn. d'Odon-
topus, Silb. (C.)
IPHICEUS (nom mythologique), ins.
— Genre de Coléoptères subpentamères,
tétramères de Latreille, famille des Clavi-
palpes, formé par nous et adopté par M. De-
jean dans son Catalogue, où 18 espèces,
toutes de l'Amérique équinoxiale, ont été
énumérées. Nous citerons principalement
les Erotylus 16-gultalus 01., et/, sexpuncta-
tus Dej.-Dup., Tune de Cayenne, l'autre du
Brésil. (C.)
*IPHIGÉNIE. Iphigenia. moll. — Syn.
de Capse. (Desh.)
IPHIONA (nom mythologique), bot. ph.
— Genre de la famille des Composées-As-
téroïdées , établi par De Candolle (Prodr.,
V, 475). Petits arbrisseaux d'Egypte. Voy.
composées.
*IPK!01\TEA(nom mythologique), annél.
— Genre d'Annélidts errantes, établi par
Savigny04nne7., p. 21) aux dépens des Po-
lynoe , dont il diffère essentiellement par les
antennes, qui sont au nombre de quatre. La
seule espèce connue est 17. muricata, delà
mer Rouge et des côtes de l'Ile de France.
*IPHIPUS(;V:, fort; «ovç, pied), ins.—
Genre de Coléoptères tétramères, famille
des Curculionldes gonatocères, division des
Érirhinides, créé par Schœnherr (Syn. gen.
et sp. Curculion., t. III, p. 248-7, t. II, p.
127). Il ne renferme que 2 espèces, 17.
rudis Sch. et Roeï Hope; la première est
originaire du Brésil, la seconde de la Nou-
velle-Hollande. (C.)
ÎPHIS (nom mythologique), crust. —
Genre de l'ordre des Décapodes brachyures,
de la famille des Oxystomes, établi par Leach
aux dépens des Cancer de Herbst et desLeu-
cosia de Fabricius. Dans cette coupe géné-
rique, la carapace a presque la forme d'un
rhombe, dont les côtés seraient arrondis
et dont l'un des angles , dirigé en avant
pour former le fond, serait tronqué. De
chaque côté, elle se prolonge longitudinale-
mentsous la forme d'une grosse et longue
épine. La tige externe des pattes-mâchoires
extérieures est presque linéaire, mais un peu
plus étroite vers son extrémité qu'à sa base.
Les pattes antérieures sont filiformes et ter-
minées par une pince pointue un peu re-
courbée en dedans et armée de petites épi-
nes, comme chez les Ilia {voy. ce mot). Les
pattes suivantes sont cylindriques et extrê-
mement grêles. Enfin, le grand segment de
l'abdomen est formé de deux articles soudés
chez la femelle et de trois chez le mâle.
L'Iphis a sept épines , Iphis seplem-spinosa
Fabr., est le seul représentant de cette coupe
générique. Ce singulier Crustacé a pour pa-
trie la mer des Indes. (H. L.)
*IPMS (nom mythologique), ins. —
Genre de Coléoptères pentamères , famille
des Sternoxes, tribu des Élatérides, créé par
M. Laporte (Revue entom. de Silb., t. IV,
p. 4). L'espèce type, /. glauca, est origi-
naire du Mexique. (C.)
*IPHISIA. bot. ph. — Genre de la famille
des Asclépiadées-Cynanchées, établi par
Wight et Arnott (Contribua , 52). Herbes
ou sous-arbrisseaux des Indes orientales.
Voy. ASCLÉPIADÉES.
ÏPHITIOIV. polyp. — Genre de Spon-
giaires. Voy. ÉPONGES.
*IPHITRACHELUS ( fyiç , fort ; rpflfc*-
Aoç, cou), ins. — Genre de la tribu des Proc-
totrupiens , de l'ordre des Hyménoptères,
établi par M. Haliday (Entom. magaz.) sur
une seule espèce (/. lar Halid.) trouvée d'à»
bord en Angleterre. (Bl.)
*IPHIUS (iytoç, robuste), ins.— Genre de
Coléoptères hétéromères , famille des Méla-
somes, tribu des Ténébrionites , établi par
Dejean (Catal.) pour une seule espèce , le
Tenebrio serratus de Fabr., originaire de
Guinée. C.)
*IPHTHINUS, Dej. ins. — Syn. de 2VX
etobates, Guér. (G.)
TRI
IRI
107
IPO, Pers. bot. pu. — Syn. tfAniiaris,
Leschen.
IPOMEA, Jacq. bot. ph.— Syn. de Con-
volvulus, Linn.
IPOMOPSIS, L.-C. Rien. bot. ph.— Syn.
de Gilia, Ruiz et Pav.
IPONOMELTA. ins. — Voy. ypono-
MEL'TA.
IPOXOMEUTIDES. ins. — Voy. ypo-
NOMEUTIDES.
IPREAU. bot. ph. — Voy. peuplier.
IPS (ty, ver), ins. — Genre de Coléop-
tères pentamères, famille des Clavicornes,
tribu des Nitidulaires d'Érichson, créé par
Fabricius (Systema Eleuth., t. II , p. 577).
On connaît 9 espèces de ce genre ; 6 appar-
tiennent à l'Amérique du Nord , et 3 à
i'Europe. (G.)
*IPSEA (nom mythologique), bot. ph. —
Genre de la famille des Orchidées-Dendro-
biées, établi par Lindley (Orchid., 124).
Herbes de l'île deCeylan.Foy. orchidées.
♦IPSOLEURUS. ins.— Genre de Coléop-
tères pentamères , famille des Carabiques,
tribu desFéroniens, créé par Kirby (Fauna
boreali americana, 1837), pour une seule
espèce, 17. nitidus, originaire du Ca-
nada. (C.)
*IR.«IVEUS , Leach. ins. —Syn. de Zi-
rophobius, Dalm.,et£epfoc/itrws,Germ. (C.)
*IRÊNE. Irena, Horsf. ois.— Genre créé
aux dépens des Drongos. Voy. ce mot.
(Z- G.)
*IRESIA ou HIRESIA (^ , épervièr).
tns. — Genre de Coléoptères pentamères,
famille des Carabiques , tribu des Cicindé-
lètes, créé par Dejean ( Species général des
Coléoptères , t. V, p. 206), et qui a pour
type 17. Lacordairei Dej., espèce fort rare,
et qui habite le Brésil. Trois autres espèces
de la même partie de l'Amérique , décrites
depuis par M. de Mannerheim, se rappor-
tent à ce genre. (C.)
IRESINE (nom mythologique), bot. ph.
— Genre de la .famille des Amarantacées-
Gomphrénées, établi par Willdenow pour
des herbes de l'Amérique et de la Nouvelle-
Hollande. Voy. amarantacées.
IRIA , Rich. bot. ph. — Syn. d'Abild-
gardia, Vahl.
IRIARTEA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Palmiers, tribu des Arécinées,
établi par Ruiz et Pavon (Prodr., 139,
t. 32). Palmiers de l'Amérique équinoxiale.
Voy. palmiers.
IRIRIN. Daptrius, ois. — Genre de l'or-
dre des Oiseaux de proie , démembré par
Vieillot du g. Falco, et fondé sur une es-
pèce qui a les plus grands rapports avec les
Caracaras. Il a pour caractères : Bec droit,
robuste, comprimé sur les côtés, à cire
couverte de poils; narines arrondies, obli-
ques; le tour des yeux, la gorge et le bas
du cou nus; tarses grêles, médiocres, réti-
culés ; ongles médiocres et pointus.
Ce genre ne renferme qu'une seule es-
pèce , I'Iribin noir, Daptrius aler Vieill.^
(Gai. des Ois., pi. 5; Falco aterrimus Temm.,
pi. col. 37 et 342), dont le plumage,
comme son nom l'indique, est entièrement
noir, à l'exception de la queue, qui est
blanche, ponctuée de noir à son origine. —
Habite la Guiane et le Brésil.
On ne connaît ni les habitudes, ni lei
mœurs, ni même le genre de nourriture de
cet oiseau. (Z. G.
*IRICHROUS (Tpcç, iris ; xp^> couleur).
ins. — Genre de Coléoptères pentamères,
famille des Carabiques , tribu des Simpli-
cimanes, créé par Newman , qui lui donne
pour type le Cychrus unicolor de Knoch ,
espèce de l'Amérique septentrionale. (C.)
IRIDÉES. îrideœ. bot. ph. — Cette
grande et belle famille de monocotylédones
Se compose de plantes herbacées , pourvues
d'un rhizome tantôt très développé et hori-
zontal, tantôt vertical et raccourci, resserré
en renflements bulbiformes qui ont été dé-
crits, soit comme des bulbes solides, soit
comme des tubercules, mais qui n'en sont pas
moins de vrais rhizomes, seulement modi-
fiés; un petit nombre présente une racine
fibreuse vivace. Leurs feuilles sont disti-
ques, équitantes ou pliées le long de leur
nervure médiane, de manière à ne présenter
à l'extérieur que leur surface inférieure ,
ensiformes ou linéaires; les caulinaires en-
gainantes à leur base. Leurs fleurs sont
complètes, quelquefois solitaires, plus sou-
vent réunies en inflorescences diverses ;
elles sont accompagnées d'une spathe for-
mée ordinairement de deux bractées, et, en
outre, de deux ou plusieurs autres bractées
scarieuses ; leur périanthe est formé de six
parties colorées de nuances vives et diver-
ses , pétaloïdes , réunies inférieurement en
108
IRI
un tube adhérent à l'ovaire, libres supé-
rieurement et disposées sur deux rangs bien
distincts, non seulement par leur situation,
mais quelquefois encore par leur forme et
leur direction (ex. : Iris). Le périanthe,
régulier dans certains genres de la fa-
mille , commence à devenir évidemment
ir régulier chez d'autres ( ex. : Gladio-
lus), où sa division supérieure et interne
se montre notablement plus large que les
autres; elle indique ainsi une transition
vers les Orchidées, avec lesquelles les Iridées
ont une analogie marquée. Ce périanthe est
souvent très fugace ( ex. : Tigridia) ; quel-
quefois aussi il est marcescent, et s'enroule
en spirale après la fécondation. Les étami-
nes sont au nombre de trois, épigynes, op-
posées aux parties extérieures du périanthe
à la base desquelles elles s'insèrent; leurs
filets sont quelquefois soudés en tube, même
fort allongé; leurs anthères sont extrorses,
biioculaires; leur situation extrorse , qui
constitue le principal caractère de la famille,
se reconnaît surtout très bien dans le bou-
ton ; mais quelquefois elle ne se manifeste
plus dans la fleur épanouie , à cause de la
torsion du filet ou de leur versatilité. L'o-
vaire est adhérent en totalité, ou rarement
«sans les deux tiers de sa longueur seule-
ment, divisé intérieurement par les bords
rentrants des feuilles carpellaires en trois
loges multi-ovulées ; les ovules sont rangés
en deux séries insérées à l'angle central des
loges , anatropes , le plus souvent horizon-
taux ; le style est unique, et se divise su-
périeurement en trois branches stigmatiques
de forme et de dimensions variables. Le
fruit qui succède à ces fleurs est une cap-
sule trigonc, triloculaire , à déhiscence lo-
culicide; les graines sont presque toujours
nombreuses , aplaties horizontalement par
reflet de leur pression mutuelle, à test
membraneux, quelquefois coriace ou charnu,
tflles renferment un albumen charnu, plus
ou moins consistant , et devenant parfois
presque corné, et un embryon axile ou
excentrique, généralement assez court.
Les Iridées sont peu abondantes dans les
régions intertropicales , surtout en Asie et
en AH-ique ; mais dans les régions chaudes
ou tempérées situées en dehors des tropi-
ques, elles sont beaucoup plus nombreuses,
répandues presque partout, et, sur certains
IRI
points, accumulées en quantité très consi-
dérable ; c'est ainsi qu'elles forment l'un
des éléments dominants de la Flore du cap
de Bonne-Espérance. Les parties méridio-
nales de l'Europe en possèdent un assez
grand nombre; mais ses parties moyennes
n'en conservent plus qu'une quantité très
limitée, et ses parties septentrionales en
sont dépourvues. Certains de leurs genres
ont des limites géographiques bien déter-
minées : ainsi les Iris appartiennent aux
parties tempérées de l'hémisphère nord;
les Crocus à l'Europe et à l'Asie tempérée ;
les Pardanthus à l'Asie tropicale , etc. Au-
cun genre du Cap n'a été encore retrouvé
en Amérique ni à la Nouvelle- Hollande ;
enfin les parties occidentales de l'Amérique
du Nord en ont aussi qui leur sont exclusi-
vement propres.
Plusieurs Iridées donnent des produits
utiles comme substances médicinales, éco-
nomiques, etc. : c'est presque toujours leur
rhizome qui est employé sous ce rapport.
Il renferme généralement, surtout dans sa
forme tubéreuse ou bulbeuse, une quantité
de fécule assez grande pour devenir quel-
quefois comestible; mais cette fécule est
mêlée d'une matière acre et d'une huile es-
sentielle qui lui donnent ordinairement des
propriétés excitantes que la dessiccation af-
faiblit. Plusieurs Iris sont usitées pour ce
motif (ex. : Iris florentina, germanica, etc.);
d'autres sont ou surtout ont été employées
comme purgatives, diurétiques, etc. (ex. :
Iris pseudo-acorus) . Les parties extérieures et
vertes de ces plantes sont absolument sans
usages; mais la fleur de certaines d'entre
elles présente de l'intérêt sous ce rapport :
les stigmates du Crocus sativus fournissent
la matière connue sous le nom de Safran ,
et !c périanthe des Iris germanica et sibe-
rica donne à la peinture une couleur assez
usitée que l'on connaît sous le nom de vert
d'Iris.
Comme plantes d'ornement, les Iridées
jouent un rôle très important dans les jar-
dins à cause de la beauté de leurs fleurs;
presque tous leurs genres, et, pour plu-
sieurs d'entre eux, un nombre considérable
d'espèces , sont cultivés habituellement ,
soit en pleine terre, soit en pots. La cul-
ture a même perfectionné la plupart de ces
plantes , et on a obtenu un grand nombre
IRI
IRI
109
de variétés plus brillantes encore que leur
type.
Voici, d'après YEnchiridion lolanicum
d'Endlicher, la liste des genres qui compo-
sent aujourd'hui la famille des Iridées :
Sisyrinchium, Lin. (Bermudiana, Tourn.;
Syorinchium, Hoffmans. ; Orthrosanthus ,
Sweet) — Libertia, Spr. (Renealmia, R. Br.;
Xematostigma , Dietr. ) — Cipura, Aubl.
{Marica, Schreb.; ? Trimeriza, Salisb.; ?Hy-
dastylis, Salisb. ; ? Galatea, Salisb.) — Vieus-
seuxia, Roche (? Freuchenia, Eckl.) —Mo-
rœa, Lin. (//omert'a, Vent.; ? Diètes, Salisb.)
— Diplarrhena, Labill. — Iris, Lin. {Xi-
phion, Tourn.; Hermodactylus , Tourn.;
Sisyrinchium, Tourn.; Isis, Tratt.) — Eer-
bertia, Sweet. — Cypella, Herb. {Phalocal-
lis, Herb.; Alophia, Herb. ; ? Trifurcaria ,
Herb. ; ? Beatonia , Herb.) — Hydrotœnia ,
Lindl. — Tigridia, Juss. — Rigidella, Lindl.
— Ferraria, Lin. —Pardanthus, Ker. (£e-
îemcanda, Rheede ) — Aristea , Soland.
{Cleanthe, Salisb. ; ? Bobartia, Lin.; Wre-
dowia , Eckl. ) — Witsenia , Thunb. ( Nive-
nia , Vent. ; Genlisia , Rchb. ; Sophronia,
Lichtenst. ; Tapeinia, Commers.) — Pater-
sonia, R. Br. (Genosiris, Labill.)— Galaxia,
Thunb. — Ovieda , Spreng. ( Lapeyrousia ,
Pourr. ; Peyrousia, Sweet; Merisostigma ,
Dietr. ) — Anomatheca , Ker. ( Anomaza ,
Laws. ) — Babiana , Ker. ( Acaste, Salisb. )
— Gladiolus, Tourn. (Hebea, Pers.; Lemo-
nia, Vers. ; Homoglossum, Salisb.; Synolia,
Sweet; Streptanthera , Sweet; Bertera ,
Sweet; Antholyza, Lin.; Cwnonia, Buttn, ;
Anisanthuî, Sweet; Petamcnes, Salisb.) —
Watsonia, Mi!!. (itfïcmnMus , Pers. ; P/ia-
langium, Houtt.; Meriana, Trevir. ; ?IVeu-
beria, Eckl.)— Sparaxis, Ker. — Monlbre-
tia, DC. (llexaglottis, Vent.; Tritonia, Ker. ;
Wat^'a , Rchb. ; Houttuynia , Houtt. ;
f»ee5a, Eckl.; Bellendenia, Rafin.) — Ixia,
Lin. (? Jl/orphùria, Ker; Hyalis, Salisb.;
Eurydice, Pers. ; j4greUa, Eckl.) — Diasia,
DC. (Aglœa, Pers.; MefaspfcœntJa, Ker.;
Phalangium, Burm.) — Hesperantha, Ker.
(Hesperanthus, SâMsb. )— Geissorhiza, Ker.
(? ÏVerôea, Eckl.; ? Spatalanthus, Sweet)—
Tric/ionmo, Ker. (flomu/ea, Muratti; ?IVe-
mastylis, Nutt. ; ÏGelasine, Herb.). — Cro-
cus, Tourn. (P. d \
IRIDINE. Iridina (nom mythologique).
■oi.l. —En créant son g. Anodonte dans
les Planches de l'Encyclopédie, Bruguicre y
confondit plusieurs sortes de coquilles, une.
entre autres fort remarquable par les cré-
nelures de sa charnière , et pour laquelle
Lamarck créa un peu plus tard son g. Iri-
dine. Fondé d'abord uniquement sur les ca-
ractères extérieurs de la coquille , il fut
considéré tantôt comme un sous-genre, tan-
tôt comme une simple section, soit des
Anodontes, soit des Mulettes, selon que
l'on envisageait l'un de ces genres d'une
manière plus ou moins générale. L'espèce
qui servit de type au genre était excessive-
ment rare dans les collections. Dans son
voyage dans la haute Egypte , M. Cailliaud
trouva dans le Nil une belle espèce d'Iridine,
dont il recueillit des animaux qu'il voulut
bien nous confier à son retour; il y joignit
quelques individus de YAnodonta rubens, et
nous reconnûmes dans ces coquilles , ainsi
que dans l'animal , des caractères propres
à les faire conserver comme un bon genre.
Cette communication de M. Cailliaud nous
détermina à publier, parmi les Mémoires de
la Société d'histoire naturelle de Paris, une
notice anatomique sur l'animal du g. Iri-
dine de Lamarck. Avant ce travail , on au-
rait pu sans scrupule réunir les Iridines aux
Anodontes; car, si les unes ont des créne-
lures irrégulières sur la charnière , les au-
tres ont une charnière absolument sembla-
ble à celle des Anodontes; la réunion de ces
genres se trouvait donc justifiée. Mais l'ani-
mal des Iridines offre des caractères qui le
distinguent nettement de celui des Anodon-
tes ; en effet, dans les Anodontes et dans
les Mulettes , les lobes du manteau sont
disjoints dans toute leur circonférence; une
seule petite bride placée à l'extrémité de la
branchie circonscrit un vestige de siphon
anal. Dans les Iridines, au contraire, les
lobes du manteau se joignent à la base, et
leur commissure remonte vers le tiers infé-
rieur de leur longueur. Ce manteau n'est
pas seulement perforé à son extrémité pos-
térieure, il se prolonge en deux siphons
courts , réunis dans toute leur longueur et
garnis de papilles à leur extrémité. Ces si-
phons sont contractiles par eux-mêmes, et
peuvent rentrer presque entièrement dans
l'intérieur de la coquille , quoiqu'ils soient
dépourvus de muscles rétracteurs propres,
produisant une sinuosité dans l'impression
110
IRI
IRI
palléalc. Quant aui autres caractères de
l'animal , ils sont absolument semblables à
ceux des Anodontes et des Mulettes. Le pied
est grand et comprimé ; les palpes labiaux
sont triangulaires et de la même forme que
dans les Anodontes ; l'appareil branchial
lui-même ne présente aucune différence:
de sorte que , pour caractériser les Iridines,
il suffirait de dire que ce sont des Anodon-
tes dont les lobes du manteau sont réunis à
la base et prolongés en deux siphons réunis.
Une forme toute spéciale rendait autre-
fois très facile la distinction des espèces du
g. Iridine; mais depuis que nous avons dé-
couvert dans VAnodonta rubens un animal
semblable à celui de VIridina nilotica, on
ne peut plus, d'après la forme seulement,
distinguer les Iridines des Anodontes. La
charnière elle-même, dentelée comme celle
des Arches, dans quelques espèces, reste
simple dans la plupart des autres et ressem-
ble par là à celle des Anodontes. Nous avons
recherché dans l'intérieur des valves s'il n'y
aurait pas quelques caractères particuliers
aux Iridines , et nous y avons trouvé au
côté antérieur deux grandes impressions
musculaires nettement séparées que l'on
ne voit ni dans les Anodontes , ni dans les
Mulettes. Ainsi, dans toutes les Iridines,
on trouvera trois impressions musculaires,
caractères très apparents , et dont l'obser-
vation est très facile.
On sait que la classification des Mollus-
ques acéphales repose, dans la plupart des
méthodes, sur les modifications du manteau,
puisque, d'un côté, on peut ranger tous
ceux de ces animaux qui ont le manteau
plus ou moins fermé et muni de siphons
postérieurs, et d'un autre , tous ceux dont
le manteau a les lobes désunis, et par con-
séquent dépourvu de siphons. Les Anodon-
tes et les Mulettes sont comprises dans cette
2e section , et le g. Iridine devait se ranger
naturellement à leur suite. Actuellement
que l'existence des siphons est bien prouvée
dans les Irdines, il semblerait que ce genre
devrait trouver sa place à côté des Cyrènes
et de quelques autres genres de la famille
des Conques. Telle a été d'abord notre opi-
nion; mais depuis, considérant que, dans
l'ensemble des caractères de l'animal, celui
de la réunion du manteau est réellement
«i'une moindre importance , nous pensons
que le g. Iridine doit rester dans les Naïa-
des de Lamarck, non seulement à cause de
la ressemblance des coquilles , mais aussi
par l'analogie qu'offrent toutes les parties
importantes de l'animal aveccelles des Ano-
dontes et des Mulettes.
Le nombre des espèces d'Iridines est peu
considérable; presque toutes proviennent
des eaux douces de l'Afrique centrale ; il y
en a une cependant que l'on croit des eaux
douces de la Chine. (Desii.)
*IRIDINL\,E. moll. — M. Swainson a
proposé sous ce nom , dans son Traité de
malacologie , une sous-famille dans celle
des Unionidœ , qui se compose des trois
genres : Iridina, Calliscapha, Helicetopus.
(Desu.)
IRIDION, Burm. bot. pb. — Syn. de
lioridula, Linn.
IRIDIUM, chim. — L'Iridium est un mé-
tal ressemblant au Platine par sa couleur
argentine, mais dépourvu de toute malléa-
bilité , bien qu'il puisse s'agglomérer en
masse par une forte pression. D'une ex-
trême dureté, très fixe, il est réfractaire
au feu de forge le plus violent; l'air et
l'Oxygène , sans action sur lui lorsqu'il est
en masse , l'oxydent à la chaleur rouge
quand il est très divisé. Pur, l'eau régale
(mélange d'acides nitrique et chlorhydrique)
l'attaque à peine, mais elle le dissout, s'il
est allié au Platine ou à d'autres métaux.
Sa densité est de 15,683.
La connaissance de l'Iridium ne remonte
qu'aux premières années de ce siècle ; il
fut découvert simultanément, vers 1808,
par Descotils en France, et par Smithson
Tennant en Angleterre.
Il se rencontre, dans les minerais de Pla-
tine , à l'état d'alliage avec l'Osmium, et
sous forme de petits grains métalliques ou
de lames hexagones, doués de plus d'éclat
que les grains de Platine, dont il se dis-
tingue ainsi facilement. Il est sans usage.
(A. D.)
*IRINA. bot. pu. — Genre de la famille
des Sapindacées - Sapindées , établi par
Blume (Bijdr.y 229). Arbres de Java. Voyez
SAPINDACÉES.
IRIS. zool. — Voy. œil.
IRIS. Iris, Lin. (nom mythologique
donné , dit-on , à cause de la variété de cou-
leurs que présentent les fleurs de ce genre).
IRI
1UI
m
iot. ph. — Grand genre de la famille des
Iridées, à laquelle il donne son nom, et de
la triandrie monogynie dans le système
sexuel. Il se compose d'un nombre considé-
rable d'espèces , dont la plupart sont ou
peuvent être cultivées dans les jardins à
cause de la grandeur et de la beauté de
leurs Heurs. Ce sont des plantes herbacées,
à rhizome tantôt horizontal et plus ou moins
développé, tantôt raccourci et bulbiforme.
leurs feuilles sont distiques , équitantes ou
Jpliées longitudinalement le long de leur
nervure médiane, ensiformes ou linéaires ,
les caulinaires engainantes à leur base. Leurs
fleurs sont généralement très grandes, et pré-
sentent une variété de teintes plus grande
peut-être que dans aucun autre genre. Leur
périanthe est à six divisions , dont les trois
extérieures, beaucoup plus grandes, sont éta-
lées ou même rabattues , dont les trois in-
térieures sont plus petites, plus étroites et
dressées ; leurs trois étamines sont libres et
distinctes; leur style présente d'abord une
portion basilaire courte, cylindrique et in-
divise, et, dans tout le reste de son étendue,
il se divise et se dilate en trois grandes la-
mes pétaloïdes le plus souvent échancrées à
leur extrémité; ces grandes divisions sty-
laires sont fréquemment qualifiées à tort de
stigmates ; vers leur extrémité , elles pré-
sentent, à leur face inférieure, un repli qui
les fait paraître en quelque sorte bilabiées;
c'est entre ces deux lèvres que se trouvent
les papilles qui constituent le vrai stigmate.
Parmi les nombreuses espèces d'Iris, un
assez grand nombre sont intéressantes à
connaître, soit comme appartenante la flore
française, soit comme fort répandues dans
les jardins à titre de plantes d'ornement ,
soit enfin comme plantes officinales. Néan-
moins, faute d'espace, nous nous bornerons
à peu de mots sur les principales d'entre
elles.
On divise ordinairement les Iris en deux
sections : 1° celles dans lesquelles les trois
divisions extérieures du périanthe sont bar-
bues vers leur base; 2° celles à divisions
extérieures du périanthe imberbes.
1* Divisions externes du périanthe bar-
bues vers leur base.
Iris de Florence, Iris florentina Lin. Cette
belle espèce croît spontanément dans les
parties les plus méridionales de l'Europe et
en Barbarie; on la cultive fréquemment
dans les jardins , où elle se fait remarquer
par ses grandes et belles fleurs blanches ,
sessiles , portées au nombre de 1 à 3 sur
une hampe plus longue que les feuilles ; les
subdivisions extérieures du périanthe sont
obovales, obtuses; les grandes lames pé-
taloïdes du style sont légèrement crénelées.
Son rhizome est fréquemment employé, soit
comme parfum , à cause de l'odeur de vio-
lette qu'il possède à l'état sec, soit par ses
propriétés excitantes très prononcées et qui
sont dues à un principe acre très actif.Cette
substance connue dans le commerce sous le
nom d'Iris , d'Iris de Florence , nous vient
d'Italie, particulièrement de Florence et de
Livourne. On l'emploie à l'extérieur à l'état
de poudre ou comme pois à cautère ; dans
ce dernier cas, ses effets avantageux sont
dus en partie à son action excitante qui fa-
vorise et détermine la suppuration, en par-
tie à son gonflement qui va jusqu'à doubler
presque son volume. Prise à l'intérieur, cette
substance agit comme évacuant et même
comme vomitif, et de plus comme diu-
rétique.
Iris d'Allemagne, Iris germanica Lin.,
Iris flambe ou flamme. Cette grande et belle
espèce est très répandue. Ses feuilles sont
courbées en faux, plus courtes que la hampe,
qui porte plusieurs grandes fleurs violettes
accompagnées de bractées srarieuses ; les
divisions extérieures du périanthe sont ar-
rondies. Par les semis on en a obtenu, dans
les jardins, beaucoup de variétés de couleur
du bleu violet au blanc et même au jaune.
Le rhizome de cette espèce est plus gros que
celui de l'Iris de Florence. Lorsqu'il est frais,
son odeur est forte et désagréable; par la
dessiccation, il prend l'odeur de violette qui
le fait quelquefois substituer à l'espèce pré-
cédente, dont il a à peu près les propriétés,
toutefois avec une activité plus forte et qui
peut rendre parfois son emploi nuisible.
Outre les deux espèces précédentes , on
cultive fréquemment: I'Iris naine ou petite
flambe, Iris pumila Linn., dont on fait de
très jolies bordures et dont on possède des
variétés à fleurs blanches, jaunes, purpu-
rines, veinées de brun, etc.; I'Iris de
Syvert, Iris Swertii Lam. , 17. lutescens
Lam., etc., qui appartiennent à la même
division du genre.
112
1RP
2° Divisions externes du périanthe im-
berbes à leur base.
Iris des marais, Iris pseudo-acorus Lin.
Cette espèce , commune dans les lieux ma-
récageux et au bord des fossés, se reconnaît
à ses longues feuilles ensiformes qui égalent
ou surpassent en longueur sa hampe; celle-
ci porte des spathes vertes, non scarieuses,
et plusieurs fleurs jaunes , de grandeur
médiocre. Son rhizome est doué de pro-
priétés plus actives encore que celui des es-
pèces dont il a été question plus haut. Il
renferme une quantité plus considérable
de principe astringent qui permet de l'em-
ployer, en quelques parties de l'Angleterre,
soit pour faire de l'encre, soit pour teindre
des draps en noir. Ses graines ont été quel-
quefois employées pour remplacer le café
d'une manière assez imparfaite.
Iris puante, Iris fœtidissima Lin., Irisa
odeur de gigot. Cette espèce a reçu une dé-
nomination peu exacte, puisque l'odeur de
son rhizome rappelle seulementl'odeur d'un
gigot rôti et mêlé d'ail. Ses feuilles ensi-
formes, acuminées, sont au moins égales en
longueur à la hampe; celle-ci présente un
angle longitudinal. Ses fleurs, de grandeur
médiocre , sont d'une teinte rougeàtre sale
et sombre; leur ovaire est à trois angles
partagés dans leur longueur par un sillon.
Ses graines sont rouges, charnues etbacci-
formes. Elles agissent comme purgatif, de
même que le rhizome, que les habitants de
la campagne emploient quelquefois à cet
usage. Cette espèce est assez commune en
plusieurs points de la France, dans les lieux
couverts et frais. On cultive fréquemment
plusieurs espèces de cette deuxième section
telles que I'Iris xiphion ou bulbeuse , /. xi-
phiumL\n.,YI. xiphioides Ehrh., VI. spuria
Lin., 1'/. persica Lin., 17. sibirica Lin., etc.
(P. D.)
IRïS. min. — Voy. PIERRE d'iris.
*IRLBACHIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Gentianées-Chiro-
niées, établi par Martius (Nov. gen. etsp.,
II, 401 , t. 179). Herbes du Brésil. Voyez
gentianées.
*IRON, P. Br. bot. ph.— Syn. de Sauva-
gesia, Linn.
*IRPEX. bot. cr. — Genre de Champi-
gnons hyménomycètes, établi parFries (PL
hom., 81 ) pour des Champignons croissant
IRR
sur les arbres , à chapeau roulé , sessile ou
substipité. Voy. mycologie.
*IRRÉGULIÈRES. Irregulares. arach.
— Nom employé par M. Walckenaër pour,,
désigner, dans son Hist. nat. des Ins. apte-*
res, une famille dans le genre des Epeira,\
et dont les espèces qui la composent ont'(
pour caractères d'avoir l'abdomen terminé
en différents sens par des tubercules char-
nus ; les Epeira diabrosis, pustulosa, argyo-
pes , arenata, depressa, verrucosa, prudens
et prostypa appartiennent à cette famille.
(H. L.)
IRRITABILITÉ, zool. et bot.— Ce mot,
introduit par Glisson dans la langue physio-
logique, a été employé dans plusieurs accep-
tions différentes.
En général , on entend par Irritabilité ce
ressort particulier, propre à certaines par-
ties des êtres vivants, en vertu duquel, après
avoir été impressionnées par un agent exté-
rieur ou par l'action de la volonté, elles se
meuvent, avec d'autant plus d'énergie que
l'excitation a été plus vive ou qu'elles pos-
sèdent à un plus haut degré cette sorte d'é-
lasticité vitale. Ce qui caractérise cette re-
marquable faculté, c'est donc la réaction,
après l'impression ; le mouvement, après la
sensation. L'emploi du mot Irritabilité im-
plique donc, comme condition essentielle,
l'idée de l'existence d'un système nerveux;
il ne convient donc qu'aux animaux, et ce
n'est que dans une acception vulgaire ou
figurée qu'on peut l'appliquer à ces singu-
liers mouvements qu'exécutent les feuilles
de la Sensitive, de la Dionée Attrape-Mouche
et de tant d'autres végétaux, au contact d'un
corps étranger, d'une vapeur acre ou sous (
l'action des fluides impondérables.
Ainsi interprété, le mot Irritabilité indi-
que seulement une propriété de certains tis-
sus animaux ; il ne préjuge rien sur la cause
même de cette propriété ; il n'explique pas
suivant quel mode cette propriété se mani-
feste : deux ordres d'idées différents dans
lesquels les physiologistes ont recueilli tant
d'hypothèses et trouvé tant de théories. Pour
Glisson, l'Irritabilité n'est pas cette faculté
telle que nous venons de la définir ; c'est la
force même qui préside à son exercice aussi
bien qu'à l'exercice de toute autre faculté;
en vertu de laquelle toutes les parties des
êtres vivants accomplissent telle ou telle
IRR
fonction, absorption, nutrition ou autres,
exécutent tel ou tel mouvement apparent ou
occulte, volontaire, involontaire ou automa-
tique ; sans laquelle ne se produit aucun
phénomène caractéristique des êtres orga-
nisés. Pour Glisson, par conséquent, Irrita-
bilité est presque synonyme de Force vitale,
et représente la cause inconnue et insaisis-
sable de la vie animale. Étendant l'idée de
Glisson à tous les êtres organisés , J. Gorter
l'appliqua aux végétaux, et voulut démon-
trer, par les mouvements qu'exécutent les
plantes, que l'Irritabilité est une faculté pro-
pre à tous les êtres vivants, qui la possèdent
seulement à des degrés divers. Depuis cette
époque, on chercha l'explication des mouve-
ments des végétaux dans leur organisation
mî-me, on oublia l'influence des forces mé-
caniques, et nous avons vu formuler une
théorie qui essaya de rendre compte des
mouvements dans les plantes par l'existence
d'un système comparable au système nerveux
des animaux.
Des physiologistes, remontant plus haut
que Glisson et Gorter dans le phénomène de
l'Irritabilité, voulurent préciser le mode
d'influence de cette force vitale, et en pla-
cèrent la cause, les uns dans la fibre mus-
culaire, seule et indépendamment des autres
parties de l'organisme; les autres dans le
.«ang artériel; d'autres dans l'action de ce
fluide nerveux dont on aurait dû avant
tout démontrer l'existence; et c'est ainsi
que prirent naissance tant d'inventions phi-
losophiques pour chacune desquelles il fallut
créer un nom, après avoir créé la chose elle-
même. Haller, s'arrêtant plus sagement au
phénomène du mouvement que manifestent
certains tissus sous l'influence des agents
extérieurs, et constatant, sans se préoccuper
de la cause, que, dans cette circonstance, les
muscles se raccourcissent ou se contractent
avec effort, donna à cette force le nom d'Ir-
ritabilité, définition bien différente de celle
de Glisson, distinguant nettement l'Irrita-
bilité de la Sensibilité, et s'appliquant à ce
qu'on a appelé depuis Contractilité, à ce que
Bichat nommait Contractilité animale et or-
ganique sensible, à ce que Chaussier désignait
sous le nom spécial de Myotilité. Mais Hal-
ler allait plus loin, et appliquait le nom
d'Irritabilité toutes les fois qu'un tissu, ten-
don, aponévrose ou membrane, lui montrait
t. vn.
ISA
113
cette espèce d'élasticité organique qui per-
siste longtemps encore après la mort, et que
beaucoup de physiologistes regardent comme
une force morte, toute différente de ce qu'on
pourrait nommer l'Irritabilité vitale, s'il/
n'existait pas déjà trop de mots pour repré-
senter des faits dont nous ne pouvons ni
constater, ni nier l'identité.
Ainsi Glisson et Haller attachent au mot
Irritabilité unesignification toute différente.
Parce mot, Haller représente spécialement,
non pas tant la faculté que possède le mus-
cle de se mouvoir, que la faculté qu'il pos-
sède de se raccourcir, quand un corps étran-
ger le touche ouquelavolontéle lui ordonne,
et le mot de Contractilité exprime mieux
cette idée; tandis que Glisson entend par
Irritabilité la raison même de cette contrac-
tion. D'après le sens général qui lui appar-
tient et que nous lui donnons au commen-
cement de cet article, le mot Irritabilité
représente une faculté dont l'Irritabilité
de Haller est le signe, et dont l'Irritabilité de
Glisson serait la cause. Pour connaître com-
plètement l'Irritabilité, il faut étudier l'é-
tat du muscle et la forme que prennent ses
fibres pendant la contraction, le concours
que leur prêtent les autres parties de l'or-
ganisation, et le rôle du nerf dans ce phé-
nomène. Mais ces questions importantes
seront examinées plus à propos aux mots
MUSCLE, NERFS, SYSTÈME NERVEUX. (É. B.)
*IRRISOR, Less. ois.— Syn. de Mo-
queur. (Z. G.)
IRSIOLA , P. Br. bot. ph. — Syn. de
Cissus, Linn.
*IRUS, Ock. moll. — Syn. de Pelricola,
Lamk. (Desu.)
*ISACANTIIA (koS| égal ; &et*e«, aiguil-
lon), ins. — Genre de Coléoptères penta-
mères , famille des Curculionides ortho-
cères, division des Rhinomacérides, établi
par M. IJope(7Vans. linn., Soc.Lond., 1833,
t. V,p. 102). L'espèce type, VI. rhinotioides,
est indigène de la Nouvelle-Hollande. (C.)
ISABELLE, moll. — Nom donné par les
anciens conchyliologistes à une Porcelaine
et à un Cône. Voy. ces mots. (Desh.)
ISACIIKE (froç, égal; ifan, duvet), cor.
th. — Genre de la famille des Graminées'
Panicées, établi par R. Brown (Prodr. ,
196). Gramcns de l'Asie tropicale. Voy.
CRAM15ÉE9.
15
114
ISC
*ISACMjEA. polyp.— Groupe d'Actinies,
dénommé par M. Brandt. (P. G.)
*1»ANTHERA («r0ç, égal ; avÔvjpa , an-
thère), bot. pu. — Genre établi par Nées
(in Linn. Transact. , XVII , 82) , et placé
par Endlicher à la fin des Solanacées, quoi-
que avec doute. Il renferme des herbes de
l'Inde.
ISANTHUS (?«;, égal; &0oç, fleur), bot.
ph. — Genre de la famille des Labiées-Men-
thoïdées, établi par L. C. Richard [inMichx.
Flor. bot. amer., II, 3, t. 30). Herbes de
l'Amérique boréale. Voy. labiées.
ISARD, mam. — Voy. antilope.
ISARIA. bot. cr. — Genre de Champi-
gnons-Hyphomycètes, établi par Persoon
(Synops. 637). Voy. mycologie.
*ISARTHRON, Dej. ins.— Syn. de Te-
tropium, Dej., et Criomorphus, Muls. (G.)
ISATIDÉES. Isalideœ. bot. ph.— Tribu
de la famille des Crucifères. Voy. ce mot.
ISATIS, mam. — Espèce du genre Chien.
Voy. ce mot. (E. D.)
ISATIS, bot. ph. — Voy. pastel.
ISAURA (nom mythologique), polyp. —
Genre de Polypiers de la division des Ac-
tinaires , indiqué par M. Savigny dans le
grand ouvrage sur l'Egypte (Polypes, pi. 2,
1828). Les Isaura n'ont pas encore été ca-
ractérisés ; ce sont des Polypiers sarcoïdes,
plus ou moins irritables, sans axe central.
On en connaît plusieurs espèces. (E. D.)
ISAURA, Commers. bot. ph. — - Syn. de
Stephanolis, Dup.-Th.
*ISCADIDA. ins. — Genre de Coléoptères
subpentamères, tétramères de Latreille ^
famille des Cycliques, tribu des Chrysomé-
lines, établi par Dejean, dans son Cata-
logue, avec une espèce du cap de Bonne-
Espérance , 17. Drcgei. Deux autres espèces,
provenant du même pays, en font aussi
partie. (C.)
ISCïI.EMUM (fffxatpoî, quia la vertu
d'arrêter le sang), bot. pu. — Genre de la
famille des Graminées-Andropogonées, éta-
bli par Liane (Gen., n° 1148). Gramens des
régions tempérées de tout le globe. Voy.
graminées.
♦iSCniÔPACHYSfecov, hanche; «aXuç,
épais), ins. — Genre de Coléoptères sub-
pentamères (tétramères de Latreille), famille
de nos ïubifères (Cycliques) , tribu de nos
Clythraires ( Chrysomélines de Lat.), créé
JSC
par nous et adopté par M. Dejean, qui,
(Catalogue) en mentionne 3 espèces de
l'Amérique méridionale : les Clylkra bi-
color 01., /. azurea et micans Dej. 2 autres
espèces ont été rapportées depuis à ce
genre. (C.)
*ISCHIOPAGE. Ischiopagus. térat.— -
Genre de Monstres autositairesde la famille
des Monomphaliens. Voy. ce mot.
*ISCIHROMERUS, Imhoff. ins.— Syn.
de Rhylicephalus, Ch.. (C.)
ISCHNESTOMA. ins. Foy.— ischnostoma.
*ISC!INOCERUS (fe*voç, grêle: x/paç,
antenne), ins. — Genre d» Coléoptères sub-
pentamères, famille des Curculionides or-
thocères , division des Anthribides, proposé
par nous et adopté par MM. Dejean et Schœ-
nherr (Syn. gen.etsp.Curcul.,t.V,v. 191).
3 espèces en font partie : deux sont origi-
naires de la Colombie , 1 est indigène du
Mexique , 1 des États-Unis et 1 du cap de
Bonne-Espérance. Les espèces types sont :
I. infuscatus Ch. et nigellus Sparmann. (C.)
*ISCHNOMERA , Steph. ins. — Syn.
d'OEdemera , Oliv. , etNecydalis, Fab. ,
d'après Dejean. (C.)
*ISCIIIV,OMERUS(cVxvo'ç, grêle; p»pt>'ç,
jambe), ins. — Genre de Coléoptères sub-
pentamères, famille des Curculionides or-
thocères , division des Brenthides, créé par
Schœnherr (Syn. gen. etsp. Curcul., t. V,
p. 571), mais qui ne pourra être conservé;
2 genres du nom (ÏIschnomera ayant été
établis dans cet ordre, l'un pour désigner
un Sténélytre et l'autre un Malacoderme ;
ensuite, parce que nous avons publié an-
térieurement à Schœnherr le genre Aulaco-
deres , qui est le même que VIschnomerus
dont il s'agit. L'espèce type, originaire de
Madagascar, a reçu les noms de Aul. im-
molus Ch. (Is. lincearis Schœnherr). (C.)
*ISCHlVOl>TERA(s'c7Xvo'.:, grêle; w*#p*s
aile), ins. — Genre de la tribu des Blat-
tiens, de l'ordre des Orthoptères, groupe des
Blattites, établi par M. Burmeister (Handb.
der Entom.) sur quelques espèces placées
par la plupart des autresentomologistes dans
le genre Blatta. M. Burmeister cite les /.
gratins-. 1u Cap; /. fumata, du Brésil; /•
morio , de Colombie, etc. (Bl.)
*ISCHI\OSCELIS ( l*xvéç, délié ; *wioç ,
jambe), ins. — Genre de Coléoptères pen-
tamères , famille des Lamellicornes, tribu
ISC
1SC
115
des Scarabéides Mélilophiles, établi par
M. le docteur Burmeister, qui lui donne
pour type le Goliathus Hopfneri Gor. et
Perch., espèce originaire du Mexique. (C.)
*ISCIIIVOSOMA, Stephens. ms. — Syn.
de Myceloporus , Mann. (C.)
*ISCIII*OSTOMA (bXvô?, délié; Top*,',
coupure, section), ins. — Genre de Coléop-
tères pentamères, famille des Lamellicor-
nes, tribu des Scarabéides mélitophiles , créé
par MM. Gory et Percheron ( Monographie
des Cétoines, t.. I , p. 19 , 41 et 302 ) sous
le nom d' Ischnestoma rectifié et adopté par
MM. les docteurs Burmeister et Schamm.
Ce genre renferme 5 espèces , originaires
de l'Afrique australe. L'espèce type a
reçu les noms suivants : Cetonia cuspidata,
cordata de Fabricius et albomarginata de
Herbst. (C.)
♦ISCHNOTES f>*»©ç, grêle ; vwroç, dos).
ins. — Genre de Coléoptères subpentamères,
tétramères de Latreille, famille des Longi-
cornes, tribu des Cérambycins, créé par
Newman (Ann. of natural Hislory, t. V,
p. 17) avec une espèce de la Nouvelle-
Hollande. (C.)
*ISCH1YOTRACHELTJS ( l^k > grêle ;
Toa^yAoç, cou), ins. — Genre de Coléoptères
tétramères , famille des Curculionides go-
natocères, division des Brachydérides, éta-
bli par Schœnherr {Syn. gen. et sp. Cur-
cul., t. VI, p. 287 ), et qui a pour type une
espèce du Sénégal, Is. granulicollis Sch. (C).
*ISCIIiMJRE. Ischnurus ( t^véç, grêle-;
oùpâ, queue), arach. — Ce genre, qui
appartient à l'ordre des Scorpionides , a été
établi par M. Koch aux dépens des Scorpio
<:es auteurs. Les caractères de cette nou-
velle coupe générique peuvent être ainsi
exprimés : Yeux du vertex entre le pre-
mier et le deuxième tiers de la tête ; les
latéraux, au nombre de trois, égaux ou
a peu près égaux, placés sur une même
sur le bord antérieur externe; une
'Turc au bord antérieur; céphalo-
et abdomen déprimés, élargis; queue
petite ou seulement égale au céphalo-
thorax, grêle, rarement plus allongée, à
île petite , sans épine sous l'aiguillon;
palpes grands, élargis et aplatis ainsi que
:ps. Les espèces qui composent ce
sont peu nombreuses; elles habitent
, l'Australie, la Colombie et le cap
de Bonne-Esperance. Celle qui peut être
considérée comme type de cette nouvelle
coupe générique est l'I. longimane , /. lon-
gimanusUevbst (Scorpio), du cap de Bonne-
Espérance. (H. L.)
*ISCHYROCÈRE. Ischyrocerus (laXvpiç9
fort; x/oaç, antenne), crust. — Genre éta-
bli par M. Kroyer aux dépens des Crevet-
tes et des Erichthonies , dans l'ordre des
Isopodes, et rangé par M. Milne-Edwards
dans sa famille des Crevettines et dans sa
tribu des Crevettines sauteuses. Dans ce
nouveau genre , la tête se prolonge beau-
coup au-dessus de l'insertion des antennes
inférieures, Les antennes supérieures, in-
sérées au sommet de ce prolongement,
sont presque aussi longues que les an-
tennes inférieures , et portent un petit
filet terminal accessoire; le filet principal
ne se compose que de six ou sept articles.
Les mandibules portent une grande tige
palpiforme , élargie vers le bout. Les pièces
épimériennes sont de grandeur ordinaire.
Les pattes de la première paire sont courtes
et terminées par une main ovalaire, dont
la griffe est grêle, mais assez longue. Les
mains de la seconde paire sont extrême-
ment grandes , convexes en dessus, concaves
en dessous et armées d'une griffe énorme.
Les autres pattes sont très petites. L'abdo-
men est comme chez les Crevettes et ne pré-
sente rien de remarquable. On ne connaît
qu'une seule espèce de ce genre, c'est l'Is-
CHYROCÈRE A PATTES ÉTROITES , ISCÎiyrOCerUS
anguipes Kroyer, rencontré sur les côtes du
Groenland. (H. L.)
*ISCHYRODON ( «rXvpo'ç, fort; Wouç,
dent), rept. — M. Mériau (Jahrb. f. Miner.,
1828) donne ce nom à un petit groupe d'O-
phidiens. (E. D.)
^SCIIYROPSALE. Ischyropsalis. arach. .
— Ce genre , établi par M. Koch dans ses
Die arachniden, n'a pas été adopté par M. P.
Gervais, qui, dans VHist. nat. des Ins. apt.
de M. Walckenaër, rapporte cette coupe gé-
nérique à celle des Phalangium(voy. ce mot).
L' Ischyropsalis helwigii est le type de ce
nouveau genre. (H. L.)
*ISCHYROSONYX(?(7Xyp^, robuste; frvf,
ongle), ins. — Genre de Coléoptères subpen-
tamères (tétramères de Latreille), famille
des Cycliques, tribu des Cassidaires, proposé
par nous, et adopté par M. Dejean, qui, dan»
116
ISI
JSI
son Catalogue, y rapporte deux espèces indi-
gènes du Brésil : I. oblongaelpeltoides. (C.)
*ISCin'RUS (.'ï^upo;, robuste), ins.—
Genre de Coléoptères subpentamères (tétra-
mères de Latreille), famille des Clavipalpes,
proposé par nous et adopté par M. Dejean,
qui, dans son Catalogue, en mentionne 10
espèces. M. Th. Lacordaire (Mon. des Erotyl.)
a maintenu ce genre. 53 espèces, toutes
d'Amérique, ont été décrites par nous. Ce
genre fait partie des Érotyiiens engidifor-
mes de M. Lacordaire. (C.)
ISÉE. Isœa (nom mythologique), crust.
— Cegenre, qui a été établi par M. Milne-
Edwards, appartient à l'ordre des Isopodes ,
à la famille des Crevettines et à la tribu
des Crevettines sauteuses. Dans cette petite
coupe générique, ce ne sont pas seulement
les pattes des premières paires qui sont pré-
hensiles, mais encore celles des cinq paires
suivantes qui sontégalementsubchéliformes;
car toutes sont terminées parun article aplati
et tronqué au haut, contre le bord duquel
s'infléchit une griffe terminale ; les pattes de
la seconde paire sontseulement un peu plus
grosses que les autres. Du reste , ces Crus-
tacés ressemblent en tout aux Crevettes ;
les antennes supérieures, à peu près de la
même longueur que les inférieures, se ter-
minent par deux tiges multi-articulées, dont
l'une grande et l'autre très courte; enfin
l'appareil buccal ne présente rien de remar-
quable. La seule espèce connue est ITsée
de Montagne , Isœa Monlagni Edw. (Hist.
nat. des Crust., t. 3, p. 26) ; ce petit Crus-
tacé a été rencontré aux îles Chausey. (H.L.)
*ISÉE. Jsea , Guér. crust. — Syn. de
Callianise. Voy. ce mot. (H. L.)
ISERINE. min. — Espèce de Fer oxydé.
Voy. FER.
ISERTIA. bot. ph. —Genre de la famille
des Rubiacées-Isertiées, établi par Schreber
{Gen., n° 602). Arbustes de la Guiane et du
Mexique. Voy. rubiacées.
*ISERTIÉES. Iserlieœ. bot. th.— Tribu
de la famille des Rubiacées. Voy. ce mot.
ÏSIDE. Isis (nom mythologique), tolyp.
— Linnaîus (Hort. Cliffort. et Syst. nalurœ)
a créé sjus ce nom un genre de Poly-
piers qui, adopté par tous les zoologistes, a
été restreint par Lamarck, et surtout
par Lamouroux. Les caractères des Isis sont
les suivants : Polypier dendroïde ; articula-
lions pierreuses , blanches , presque trans~
lucides, séparées par des entre-nœuds cor-
nés et discoïdes , quelquefois inégaux ;
écorce épaisse, friable dans l'état de dessic-
cation, n'adhérant pas à l'axe , et s'en dé-
tachant avec facilité ; cellules éparses , non
saillantes. Ces Polypiers sont toujours cy-
lindriques, avec des rameaux épars ; leur
couleur est blanchâtre dans le Polypier re-
vêtu de son écorce : celle de l'axe présente
deux nuances bien tranchées; elles sont
blanches et brunes, plus ou moins foncées.
La grandeur varie de 1 à 5 décimètres.
Les Isides sont répandues dans toutes les
mers ; elles se trouvent sur les côtes d'Is-
lande , ainsi que sous l'équateur : on les
rencontre dans l'océan Indien. Les insu-
laires des Moluques et d'Amboine les em-
ploient dans une foule de maladies ; ce qui
pourrait faire regarder ces Polypiers comme
un remède universel, si l'usage qu'en font ces
peuples ne prouvait leur ignorance en mé-
decine.
On ne connaît qu'un petit nombre d'es-
pèces de ce groupe : celle que nous prendrons
pour type est Y Isis hippuris Lin., Gm., etc.,
qui se trouve communément dans toutes les
mers, même dans celles du Nord.
Le Corail rouge était autrefois placé dans
ce genre sous la dénomination d'Isis nobi-
lis; d'autres espèces qui entraient également
dans ce groupe font aujourd'hui partie des
genres Mélitée et Mopsée. (E. D.)
ISÏDÉES. Isideœ. polyp. — L'ancien
genre Isis de Linné est devenu pour M. La-
mouroux et les auteurs modernes une fa-
mille distincte de Polypiers, qui, à son
tour, a été partagée en plusieurs divisions
génériques. Les Isidées sont des Polypiers
dendroïdes , formés d'une écorce analogue
à celle des Gorgoniées, et d'un axe articule,
à articulations alternativement calcaréo-
pierreuses, cornées et solides ou spongieuses,
presque subéreuses. On ne connaît pas les
Polypes des Isidées , car les auteurs qui en
ont parlé les ont regardés comme les mêmes
que ceux du Corail rouge , qu'à l'exemple
de Linné ils plaçaient dans le genre Isis :
ils doivent, suivant Lamouroux, ressembler
beaucoup aux animaux des Gorgonées.
Les Isidées ne se trouvent que dans la
zone équatoriale et dans le voisinage des
tropiques , à l'exception de VIsis hippuris ,
ISO
ISO
117
que les auteurs ont indiqué dans presque
toutes les mers, en Islande, en Norvège ,
dans la Méditerranée , dans la mer des
Indes, en Amérique, etc.
On connaît un assez grand nombre d'es-
pèces d'Isidées, qui ont été placées dans les
genres Mélitée , Mopsée et Iside. Voy. ces
mots. (E. D.)
♦ISIDORE A (nom propre), bot. pu.—
Genre de la famille des Rubiacées-Hédyoti-
dées, établi par A. Richard (in Mem. Soc. h.
n. Paris., V, 284, c. 25, f. 1). Arbrisseaux
des Antilles. Voy. rubiacées.
ISIDROGALVIA, Ruiz et Pav. bot. ph.
— Syn. de Tofieldia, Huds.
ISIS, polyp. — Voy. ISIDE.
*ISIS, Tratt. bot. pu. — Syn. d'/n's,
Linn.
ISIVARDIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des OEnothérées- Jus-
sieuées, établi par De Candolle (Prodr.,
III, 59). Herbes aquatiques ou marécageu-
ses des régions tempérées de l'hémisphère
boréal, fréquentes en Amérique, rares dans
l'Afrique tropicale. Voy. cenothkrées.
*ISNELIA, Cass., Less. bot. ph.— Syn,
de Chrysanthcmum, DC.
ISOCARDE. Isocardia (?<j0;, égal;
xap&a , ouverture), moll. — Il résulte des re-
cherches préalables que nous avons entre-
prises sur le genre Isocarde que plusieurs des
espèces de ce genre ont été connues des
premiers oryetographes ; on en a la preuve
dans le Muséum metallicum d'Aldrovande ,
le Muséum Wormianum, et enfin dans l'ou-
vrage si remarquable de Scylla, où l'on
trouve pour la première fois constatée l'ana-
logie évidente des espèces marines vivantes
et fossiles. Ces ouvrages se publiaient de
1648 à 1670 ; et il faut descendre jusqu'à
l'ouvrage de Bonanni, publié en 1684, pour
trouver la première figure de l'espèce d'Iso-
carde vivante dans les mers d'Europe.
Bientôt après un grand nombre de natura-
listes mentionnèrent alternativement des
espèces fossiles et des espèces vivantes, en
leur donnant des noms divers, car, à cette
époque, la nomenclature n'était point fixée
et le désordre continua jusqu'au moment
où Linné , ayant limité les genres et dé-
terminé rigoureusement les espèces, intro-
duisit l'espèce commune des mers de l'Eu-
rope dans un genre Chama qui rassemble des
coquilles fort différen tes les unes des autres.
Les unes, plus nombreuses en espèces, sont
adhérentes et irrégulières; à celles-là le
nom de Chama est resté chez tous les au-
teurs récents ; les autres sont libres, et parmi
elles il y en a de cordiformes; Bruguière
sentit que leurs rapports ne devaient pas
rester tels que Linné les avait compris :
aussi ce sage réformateur de la méthode
linnéenne proposa-t-il (PL de l'Encyclopé-
die) d'introduire le Chama cor parmi
les Cardites. Peu d'années après , en cher-
chant à améliorer la méthode conchyliolo-
gique, Lamarck créa le genre Isocarde, qui
depuis est resté dans la science, parce
qu'en effet il offre tous les caractères d'un
bon genre. Déjà Poli, dans son grand ou-
vrage sur les Mollusques des Deux-Siciles ,
avait donné sur l'animal des renseigne-
ments précieux, à l'aide desquels il a été
possible d'apprécier les rapports naturels
du genre nouvellement institué par le zoo-
logiste français. Quoique Lamarck ne con-
nût pas d'abord les travaux de Poli, se lais-
sant guider par les caractères de la coquille,
il rapprocha les Isocardes des Bucardes ,
rapprochement complètement justifié par
les observations de Poli. Plus tard, Cuvicr
et M. de Blainville cherchèrent à concilier
l'opinion de Linné avec celle que rendaient
nécessaire les nouveaux faits acquis à la
science. 11 en résulta une classification dou-
teuse à laquelle on doit préférer celle de
Lamarck. Des observations recueillies en
Irlande, en 1825, par un naturaliste An-
glais, M. Butler, sur une seconde espèce
d'Isocarde des mers de l'Europe, sont venues
confirmer celles de Poli , si toutefois elle»
avaient eu besoin de l'être. Ainsi les carac-
tères tirés de l'animal et ceux de la coquille
donnent au genre en question autant de
valeur qu'à tous ceux qui sont le plus in-
contestablement admis dans la méthode.
On reconnaît les coquilles du genre Iso-
carde à une forme tout-à-fait spéciale ; elles
sont très globuleuses , subsphériques, ra-
rement un peu allongées; leur test est gé-
néralement mince, et lescrochetsdesvalves,
inclinés sur le côté antérieur, sont très
grands , protubérants, très écartés et tour-
nés en spirale ; les valves sont parfaitement
égales, closes dans toute leur circonférence
et réunies entre elles au moyen d'un liga-
Ï18
ISO
ment externe généralement peu saillant ,
mais qui, dans l'accroissement de la co-
quille, présente un phénomène que l'on peut
également observer dans les Cames et les
Dicérates. En effet, ce ligament, par suite
de récartement des crochets, se bifurque
en avant, et l'on remarque un petit sillon
remontant jusque vers le sommet et résul-
tant de cette bifurcation. Ce ligament est
appuyé profondément derrière une nymphe
assez longue et assez étroite ; la charnière
est assez singulière, et elle semble une mo-
dification de celle des Cardiums. Sur la valve
droite se montre une fossette étroite, se
dirigeant d'avant en arrière et limitée , en
dessus et en dessous, par une dent compri-
mée qui suit exactement la même direction.
Une autre dent plus allongée et qui fait
suite à la dent supérieure en est séparée
par une dépression assez notable ; cette dent
vient monter sur le bord cardinal, à peu de
distance de l'extrémité de la nymphe. Sur
la valve gauche est cieusée une fossette al-
longée, immédiatement au-dessus d'une
grande dent cardinale, transverse, com-
primée dans le milieu , ce qui la divise
réellement en deux lobes inégaux. En ar-
rière de cette dent Bilobée et faisant suite
à la fossette cardinale dont nous avons
parlé, on voit une fossette étroite, destinée
à recevoir la dent postérieure de la valve
droite; enfin , pour terminer ce qui a rap-
port à la charnière, elle est munie en ar-
rière d'une dent latérale postérieure com-
parable à celle des Bucardes. Si nous exa-
minons maintenant l'intérieur des valves,
nous y trouvons deux impressions muscu-
laires fort écartées : l'une antérieure, ovale,
subsemilunaire, placée en avant de l'extré-
mité antérieure de la charnière, et l'autre,
postérieure, plus grande, subcirculaire , se
voit au-dessous et en arrière de la dent la-
térale postérieure. L'impression palléale est
peu apparente ; elle s'étend d'une impres-
sion musculaire à l'autre, en laissant entre
elles et le bord des valves unezone fort large.
L'animal a une forme analogue à celle
de sa coquille : il est enveloppé dans un
manteau mince qui, vers le bord des val-
ves, s'épaissit par la présence d'une zone
de muscles transverses destinés à faire ren-
trer ou sortir le bord qui vient affleurer
celui des valves. Ce bord est sarnî de '— -
ISO
tacules courts et coniques, semblables à
ceux qui se montrent sur le manteau d'un
assez grand nombre de Cardiums. Ces lobes
du manteau sont désunis dans la plus
grande partie de leur étendue. Vers leur
extrémité postérieure ils se rapprochent, se
soudent , et présentent deux siphons très
courts, inégaux, et dont l'ouverture exté-
rieure, ovalaire, est garnie d'un doubla
rang de fins tentacules coniques. La masse
abdominale est peu considérable, lorsqu'or
la compare à la cavité du manteau ; elle
porte en avant un pied aplati, sublingui-
forme , coudé, assez semblable à celui des
Bucardes, mais différent en cela qu'il est
plus comprimé et plus allongé. De chaque
côté du corps sont disposés avec symétrie
les feuillets branchiaux s'étendant d'avant
en arrière d'un muscle à l'autre. Par leur
extrémité antérieure , ces feuillets bran-
chiaux viennent s'interposer entre les pal-
pes labiaux dont la forme et la disposition
rappellent ce que l'on voit dans les Bu-
cardes.
Le nombre des espèces vivantes d'ïso-
cardes actuellement connues est peu consi-
dérable. Quatre seulement sont inscrites
dans les catalogues. Les espèces fossiles sont
beaucoup plus nombreuses, et elles se dis-
tribuent dans presque tous les terrains de
sédiment constituant la surface de notre
globe. Nulle part elles ne sont très abon-
dantes , mais en les réunissant toutes, il y
en a une vingtaine au moins actuellement
connues. Cependantce genre a subi ôes ré-
ductions importantes depuis qu'un savant
des plus distingués, M. Agassiz, dans ses
Études critiques sur les Mollusques fossiles,
a établi, d'après des caractères certains,
un genre Céromye pour un certain nombre
d'espèces confondues jusqu'alors parmi les
Isocardes parce qu'elles en ont à peu près
les formes extérieures. (Desh.)
ISOCAKDIA, Klein, moll. — Quelques
personnes ont cru , à cause de la ressem-
blance du nom, retrouver dans ce g. de
Klein celui de Lamarck; mais il y a là une
erreur facile à rectifier, car s'il est vrai que
le g. de Klein contienne le Chama cor de
Linné, il renferme aussi toutes celles des
coquilles bivalves, cordiformes, sans avoir
cependant les caractères distinctifs des Iso-
cr des. Ainsi Lamarck a pu emprunter ta
ISO
ISO
M<)
uum, mais non le g., a un auteur qui, peut-
être, n'en a jamais fait un seul de naturel.
(Desh.)
ISOCARPHA (f«««, égal ; x«*P9o;, paille).
bot. ph. — Genre de la famille des Compo-
sées-Eupatoriaeées, établi par R. Brown (in
Loin. Transact., XII, 110). Herbes de l'A-
mérique tropicale. Voy. composées.
ISOCERLS (î'croç , égal; xt'paç, antenne).
PB. — Genre de Coléoptères hétéromères,
famille des Mélasomes, tribu des Blapsides,
proposé par Mégerle et adopté par Dejean et
Latrcille. Ce genre ne se compose que d'une
espèce , le Tenebrio ferrugineus de Fab.
{T. purpurescens de Ilerbst), qu'on trouve
sur le littoral de la Méditerranée, en Eu-
rope et en Afrique. (C.)
ISOCERUS Q*o<; , égal ; x«p«$, antenne).
Ins. — Illiger a formé ce genre avec quel-
ques Coléoptères xylophages et longicornes,
qui rentrent maintenant dans les genres
Parandra et Passandra. (C.)
ISOCIIILUS (ïcro,-, égal; x£~io?> lèvre).
bot. pu. — Genre de la famille des Orchi-
dées-Pleurothallées , établi par R. Brown
(m Hort. Kcw., V, 209). Herbes de l'Amé-
rique tropicale. Voy. orchidées.
*1S0C0ADYLUS (?<»?, égal ; k«JvIo<,
articulation), ras. — MM. Amyot etServille
{Ins. he'mipt., Suites à Buff. ) désignent
ainsi un de leurs genres de la famille des
Réduviides, de l'ordre des Hémiptères. Ce
g., très voisin des ZeZus, est établi sur une
espèce du Brésil , VI. elongalus ( Reduvius
id. Lepel. et Serville. (Bl.)
* ISOCRIMTES (Tjoç , semblable ; xpf-
vov , lis), échin. — M. Phillips [Ann. nat.
hisL, X, 18i2) donne ce nom à un groupe
d'Encrines. Voy. ce mot. (E. D.)
* ISOCRINUS (Tero,-, semblable, spf-
»ov , lis. ) échin. — M. Hermann von Meyer
{Mus. seckenb.y II, 1837) donne ce nom à
un petit groupe de Crinoïdes. Voy. en-
(E. D.)
*ISOCYRTUS(/<roç, égal; xuproç, courbe).
— Genre de la tribu des Chalcidiens,
groupe des Miscogastérites, de l'ordre des
Hyménoptères , établi par M. Walker
[Entom. rnagaz.) sur quelques espèces ob-
servées en Angleterre et en France, remar-
quables par leurs antennes courtes, renflées
en massue et composées de douze articles.
Le type est 17. lœlus Walk. ( Bl.)
ISODACT1LES. ois. — Voy. zygodao
TYLES.
ISODON. mam. — Synonyme de Capro-
mys. Voy. ce mot. (E. D.)
*ISODON (>oÇ, égal; ôôowç, dent), ras.
— Genre de Coléoptères pentamères , fa-
mille des Lamellicornes , tribu des Scara-
béides xylopbiles, établi par M. Hopo
{Coleoplerist's Manual, 1837 , p. 97) , et ne
renfermant qu'une espèce de la Nouvelle-
Hollande, nommée par l'auteur 7. Austra-
lasiœ. (C.)
*ISOÉTÉES. Isœteœ. bot. ph. — Petite
famille établie par M. Richard et adoptée
par MM. Bartling, Endlicher, etc., etc. Le
genre Isoetes, seul genre qui constitue cette
famille, était autrefois confondu avec les
Lycopodiacées, mais les nombreuses ob-
servations dont ce genre a été l'objet ont
démontré qu'il en était assez distinct pour
en faire le type d'une nouvelle famille. Les
Isoétées sont des herbes croissant sous l'eau,
à tronc très court, presque nul, charnu,
déprimé au centre et portant des feuilles
nombreuses, longues, divergentes, subulées,
serrées, très étroites et celluleuses. Les orga-
nes reproducteurs sont situés à la base des
feuilles, qui, dans cette partie, renferment
une ou deux loges. Ce dernier caractère
suffirait seul pour distinguer les Isoétées des
vraies Lycopodiacées , article auquel nous
renvoyons pour plus de développement.
On ne connaît jusqu'à présent que deux
espèces d'Isoétées; l'une, I. lacuslris, crois-
sant généralement en Europe; l'autre , I.
Coromandclia , des régions centrales et
australes de l'Asie et de l'Amérique bo-
réale.
1SOETES (taoç, semblable ; &«?, an-
née), bot. ph. — Genre de la famille des
Isoétées, établi par Linné (Gen., n° 1184).
Herbes de l'Europe , de l'Asie centrale et
australe, et de l'Amérique boréale. Voy.
ISOÉTÉES.
*ISOGNOMON. moll. —Genre de Klein
correspondant en partie, sauf rectiCcation,
au g. Perne de Lamarck. Voy. ce mot.
(Desh.)
ISOLEPIS (f»»ç, égal; Xhnç, écaille), bot.
PiL — Genre de la famille des Cypéracées-
Scirpées, établi parR. Brown {Prodr., 221).
Herbes croissant en abondance au cap de
Bonne-Espérance, dans la NouYelle-Hol-
120
ISO
ISO
lande, les Indes orientales, et, mais en plus
petit nombre, dans l'Amérique et l'Europe.
Yoy. CYPÉRACÉES.
!SOLUS(nom propre), crust. — Ce nom a
été employé par Rafinesque pour désigner,
i;\ ; is son Précis de découvertes séméiologiques,
un genre de Crustacés dont les caractères
sont toujours restés inédits. (H. L.)
*ISOjVIALLS (cVojjtoùo;, parfaitement égal),
j.xs. — Genre de Coléoptères pentamères,
J'umille des Brachélytres, tribu des Piesti-
nions, créé par Eiiehson (Gen. et sp. Sta-
phylinorum, p. 838). L'auteur rapportée ce
écrire les cinq espèces suivantes: /. compla-
nalus tcslaceus, humilis , mlerruptus et bi-
c )lor Er. Les deux premières sont originaires
(ie Madagascar; la troisième est propre au
Brésil ; la quatrième, à la Colombie; et la
cinquième, au Mexique. (C.)
1S0MÉRIE ( UoiupK , composé de par-
ties égales), chim. — Il y a des corps dont
la composition chimique est exactement la
même, et dont cependant toutes les proprié-
tés diffèrent essentiellement ; tels sont, par
exemple : les acides tartrique et paratar-
trique QR'Q* t maliquc et citrique CH'O*
(Liébig), cyanique et fulminique CyO , a sup-
poser toutefois que ces deux acides soient
différents, ce que nient quelques chimistes.
Chacun des deux acides de ces trois grou-
pes offre, comme l'indique la formule,
une composition identique avec son congé-
nère; et tous deux forment néanmoins des
combinaisons dissemblables en s'unissant
aux mêmes corps, et ils donnent des pro-
duits différents quand on les décompose
avec précaution. Comment expliquer ce
phénomène , si ce n'est en admettant que
l'état des molécules élémentaires qu'ils ren-
ferment n'est pas le même, puisque ces
molécules se dissocient d'une manière dif-
férente dans les mêmes circonstances, ou
qu'elles donnent naissance à des composés
différents, en s'engageant dans des combi-
naisons semblables.
Si l'on trouve une dissemblance de pro-
priétés dans des corps dont la composition
est identique , on la trouvera, à plus forte
raison, dans des corps qui, sous le même
volume gazeux , renferment des quantités
différentes des mêmes éléments , quoique le
rapport de ces éléments ne soit peint altéré.
Ainsi l'on connaît maintenant trois caz.
trois ou quatre liquides et autant de solides
qui renferment exactement le Carbone et
l'Hydrogène dans le rapport de 1 atome à
I atome, c'est-à-dire en poids de 86 parties
de Carbone à 14 d'Hydrogène ; entre eux
l'analyse ne montre aucune différence: ce-
pendant, à tous autres égards, ils diffèrent
complètement; c'est que la molécule de
chacun de ces composés renferme des quan-
tités différentes de matière, et que ni les
volumes gazeux ni les équivalents ne sont
les mêmes. Ainsi, par exemple, C4 H*,
Cs H« , C'6 H'6, CCi H6S représentent 4 vo-
lumes de Méthylène, de Gaz oléûant , dt
carbure d'Hydrogène et de Cétène. Il n'est
donc point étonnant que le Méthylène, par
exemple, présente des propriétés différentes
de celles du Gaz oléfîant , puisque dans la
molécule chimique du premier, ainsi que
dans son volume , il y a moitié moins de
Carbone et d'Hydrogène que dans la molé-
cule chimique et dans le volume du second.
II en est de même des autres.
Il est à remarquer que les composés qui
fixèrent les premiers l'attention des chi-
mistes, comme offrant des propriétés diffé-
rentes avec une composition identique , ne
sont point isomériques ; ce sont les acides
phosphorique P/i* Os , et métaphosphorique
P/uO, HO5. (A. D.)
*ISOMÉRIE (caofAEpvîç , composé de par-
ties égales), min. — Les chimistes com-
prennent, sous le nom de différence isomé-
rique, toute modification qui a lieu dans
l'intérieur de l'atome chimique, etqui a pour
effet de changer ses réactions, en laissant
subsister la nature et le rapport des élé-
ments dont cet atome est formé, en sorte
que le résultat final de l'analyse est tou-
jours le même. Il résulte de là qu'à leurs
propres yeux, l'analyse n'est plus suffisante
pour établir les véritables limites des espè-
ces. Ils ne reconnaissent que deux sortes
d'Isomérie, celle des atomes chimiques à
poids égaux, et celle des atomes chimiques
à poids multiples; et toutes deux doivent
pouvoir se manifester par des propriétés
chimiques différentes. Toute autre modifi-
cation dans la constitution moléculaire ou
dans la structure des corps, qui n'entraî-
nerait , comme la précédente , aucun chan-
gement dans le résultat de l'analyse, et qui
ne pourrait être constatée d'une manière
ISO
lîl
posiii\e par les moyens chimiques, est pour '
eux distincte de l'Isomérie , et rapportée à
uq principe différent, celui dudimorphisme
ou du polymorphisme. Telles sont celles qui
produisent les différences de forme et de
propriétés physiques que l'on observe dans
le Calcaire et l'Aragonite, et dans les deux
sulfures de Fer. Les chimistes supposent
fque, dans les cas de ce genre, les modifica-
tions ont lieu en dehors des molécules, et
n'influent que sur leur arrangement dans
'la masse générale du Cristal. En consé-
ice, ils n'attribuent pas au Dimor-
phisme la même valeur qu'à l'Isomérie , en
ce qui a rapport à la distinction des
ces.
Le Dimorphisme est-il un principe tout
nouveau et entièrement indépendant de
l'Isomérie? Nous ne le pensons pas. Si par
différence isomérique on entend toute mo-
dification qui se passe à l'intérieur des mo-
lécules , sans entraîner de changement dans
le résultat final des analyses, il est facile
de voir qu'il peut exister d'autres cas d'Iso-
mérie que ceux qu'admettent les chimistes.
Ne reconnaissent-ils pas eux-mêmes deux
sortes de molécules dans les corps , des ato-
mes chimiques d'abord , puis des molécules
physiques, qui sont le plus souvent des
groupes ou des multiples de la première
sorte d'atomes? Et si le nombre ou l'arran-
gement des atomes chimiques qui compo-
sent la seconde molécule vient à varier, ne
sera-ce point là une modification toute mo-
léculaire et comparable à celle que les chi-
mistes ont nommée isomérique; un nou-
veau cas d'Isomérie se rapportant cette fois
à la molécule physique, et non à l'atome
chimique, et par cette raison même ne
pouvant se manifester d'une manière évi-
dente que par des caractères physiques et
n laminent par une différence dans la forme
cristalline? D'ailleurs, de l'aveu même des
chimistes, on ne peut établir de limite bien
tranchée entre les cas de Dimorphisme et
ceux d'Isomérie proprement dite; et telle
modification , qu'ils ont cru devoir rappor-
ter au premier genre, pourrait bien n'être
qu'une Isomérie chimique, mais moins sta-
ble ou moins profonde que les autres. On
peut donc, jusqu'à ce qu'on ait fourni la
preuve du contraire, regarder le Dimor-
phisme comme se rapportant, d'une manière
T. VIT.
ou d'une antre, au principe <!o l' Isomérie.
Quant à un Dimorphisme réel et indépen-
dant, comme serait celui d'une substance
dont les molécules chimiques et physiques
ne varieraient pas, etqui cependantcristal-
liserait tantôt en cube et tantôt en rhom-
boèdre, c'est. jusqu'à présent un fait encore
hypothétique.
Le principe de l'Isomérie est parfaitement
d'accord avec les idées qui dirigeaient Ilaiiy,
lorsqu'il posait les bases de sa méthode
minéralogique, et l'on peut voir qu'il s'est
appuyé plus tard sur les mêmes considéra-
tions, lorsqu'il s'est agi d'établir la non-
identité du Calcaire et de l'Aragonite, de
la Pyrite jaune et de la Pyrite blanche. Si
ce principe est favorable à sa méthode, ce-
lui du Dimorphisme ne saurait lui être
opposé comme contraire, tant qu'on n'aura
pas démontré qu'il est par sa nature tout-
à-fait distinct du premier principe. (Del.)
*ISOMERÏS Ooç, égal ; p/piç, tige), bot.
pu. — Genre de la famille des Capparidécs-
Cléomécs, établi par Nuttal (in Torrey et
A. Gray Flor. oj Norlh. Amer., I, 124).
Arbustes de la Californie. Voy. cappari-
DÉES.
*ISOMÈTRE. Isometrus (*»©$, égal;
prrpov, mesure), aracii. — Ce genre, qui
appartient à l'ordre des Scorpionides , a été
établi par MM. Hemprich et Ehrenberg aux
dépens des Scorpio des auteurs. Les carac-
tères assignés par ces savants à celle nou-
velle coupe générique sont: Oculi frontales
très œquali spatio distantes. Omnes hvjuscc
formœ corpore gracili et caudœ aculeo basi
dentato conveniunt. L'espèce qui peut être
considérée comme type de ce nouveau genre
est Ylsometrus (Dulhus) fdum Hemp. et
Ehrenb. (H. L.)
*ISO?*30RPIIIS!JïE (ko;, égal; p«py*',
forme), lira. — Deux composés définis sont
ùits isomorphes l'un à l'autre lorsque, ayar:?
même type et même formule de composition
atomique, ils ont en outre des formes cris-
tallines très sensiblement égales, en sorte
qu'ils cristallisent non seulement dans h
même système, mais encore sous des for
mes dont les angles sont très peu différent:
Le principe de l'Isomorphisme , dont la
science s'est enrichie depuis Ilauy, a CU1
découvert par M. Mitscherlicn. Ce célèbi:;
chimiste a»démontré l'existence de plusieu;j
iG
1*22
ISO
ISO
séries de corps, dans chacune desquelles
les composés se ressemblent à la fois et par
leur formule atomique , et par leur forme
cristalline. Ces substances sont le plus or-
dinairement des sels au même degré de sa-
turation , et composés d'un acide commun
et de bases différentes, ou dune même
base et d'acides différents, mais de manière
que les bases ou acides qui diffèrent con-
tiennent toujours le même nombre d'ato-
mes d'oxygène. Ces acides ou ces bases, qui
jouent le même rôle dans la combinaison,
îont eux-mêmes isomorphes, c'est-à-dire
qu'ils présenteraient une même forme , si
on les trouvait cristallisés séparément. Ainsi,
des bases ou des acides qui sont isomorphes
communiquent la même propriété aux com-
posés dont ils font partie, pourvu que d'ail-
leurs tout soit pareil dans la combinaison.
Nous citerons ici, comme un bel exemple de
substarices isomorphes , le groupe des Car-
bonates rhomboédriques , dans lequel on
trouve un grand nombre d'espèces dont la
formule générale de combinaison est CO%RO
(R désignant le radical variable de la base).
et dont les formes cristallines sont des
rhomboèdres obtus, dont l'angle varie au
plus de un à deux degrés dans toute la sé-
rie. Voy. CARBONATES.
Les substances simples , dans lesquelles
on a démontré , ou dans lesquelles on est
conduit à admettre l'Isomorphisme , sont :
1" Le Soufre et le Sélénium ; 2" le Chlore
et le Fluor; 3° l'Arsenic, l'Antimoine et le
Tellure; 4° le Cuivre et l'Argent; 5° le Fer,
le Cobalt , le Nickel, le Titane , etc.
Parmi les bases à un seul atome d'oxy-
gène, la Chaux, la Magnésie, l'oxydule de
Fer, l'oxydule de Manganèse , l'oxyde de
Zinc, etc., forment une première série de
corps isomorphes; une seconde se compose
de la Baryte, de la Strontianc, de l'oxyde
<Jc Plomb, etc. — Les sesqui-oxydes de Fer,
<ie Manganèse, de Chrome, de Titane, et
l'.viuminesont isomorphes entre eux ; l'oxyde
d'iitain et l'acide titanique, tous deux bi-
oxydes, sont pareillement isomorphes. Il en
est de même des acides phosphorique et ar-
sénique d'une part, et d'une autre part, des
acides sulfurique,sélénique, chromique, etc.
Enfin nous citerons encore comme isomor-
phes les deux acides tungstique et molyb-
dique.
Les composés isomorphes, ayant le même
type chimique de combinaison, ont par cela
même des molécules physiques de forme
analogue ; et leurs molécules , sans être
complètement identiques, sont sensiblement
équivalentes au point de vue physique , et
sous le rapport de la cristallisation , qui
peut employer ces molécules indifférem-
ment les unes pour les autres, malgré leur
différence de nature chimique. M. Mitscher-
lich a démontré en effet, par l'expérience
et par l'observation , que les molécules des
composés isomorphes avaient la propriété de
se mêler et de cristalliser ensemble, con-
courant toutes de la même manière à for-
mer un cristal unique , tout aussi régulier
que s'il était composé d'une seule sorte de
molécules, et dans lequel on retrouve les
mêmes caractères généraux , avec des va-
leurs d'angles approximativement les mê-
mes. Ces diverses molécules peuvent donc
se remplacer les unes les autres ; et non
seulement le cristal qui a été formé avec des
molécules d'une espèce peut continuer à
s'accroître avec des molécules d'une autre
espèce , ainsi qu'on l'a remarqué depuis
longtemps pour les cristaux d'alun potassi-
que, transportés tout-à-coup dans une dis-
solution d'alun ammoniacal , mais encore
les molécules isomorphes d'espèces différen-
tes, si elles sont dissoutes dans le même
liquide, peuvent se déposer en même temps
les unes à côté des autres, en se mélangeant
uniformément dans chacune des couches
planes et des fils rectilignes dont se com-
pose le réseau cristallin. Ces cristallisations
mixtes , formées de molécules de différente
nature , étaient inconnues à Hauy : ce mi-
néralogiste ne croyait pas qu'un cristal ré-
gulier pût être constitué autrement que
par des molécules parfaitement identiques.
Depuis la découverte des faits relatifs à 1*1-
somorphisme , les idées ont dû changer sur
ce point ; et tout le monde admet aujour-
d'hui l'existence de ces cristaux à molécules
de plusieurs sortes, mais toutes isomorphes
entre elles.
Dans ces cas de mélanges, l'angle du
cristal mixte a une valeur peu différente de
celle des cristaux simples que produirait
chaque espèce de molécule; et d'après une
loi d'observation, remarquée par M. Beudant
dans les mélanges de carbonates , il a une
ISO
ISO
123
valeur intermédiaire qui est toujours une
moyenne arithmétique entre les angles
propres à ces substances, prise proportion-
nellement à la quantité atomique de cha-
cune d'elles. Cette même loi est sans doute
applicable à tous les cristaux dont la déter-
mination ne dépend que d'un seul angle,
et par conséquent aux octaèdres à base car-
rée. Quant aux cristaux des derniers systè-
mes , dont la détermination complète dé-
pend de deux ou d'un plus grand nombre
d'angles , nul doute qu'il n'y ait une loi
analogue et plus générale qui leur convienne;
mais cette généralisation de la loi de M. Beu-
dant est encore à trouver.
Les mélanges de composés isomorphes
expliquent les variations sans nombre que
l'on observe dans les analyses des anciens
Spaths de la minéralogie , dans celles des
Grenats , des Pyroxènes , des Amphibo-
les , etc. Toutes ces anciennes espèces sont
généralement composées de plusieurs sub-
stances isomorphes qui se mélangent entre
elles dans toutes sortes de proportions.
Pendant longtemps leurs analyses ont fort
embarrassé les chimistes et les minéralo-
gistes ; elles semblaient n'accuser que des
mélanges accidentels , dans lesquels on n'a-
percevait rien de fixe. Depuis la découverte
de risomorphisme , on est parvenu à les
interpréter et à les calculer d'une manière
rigoureuse. La règle que l'en suit pour cela
consiste à rassembler toutes les bases qui
sont isomorphes entre elles , et à traiter
toutes celles d'un même groupe , comme si
elles étaient identiques , en oubliant la dif-
férence de leurs radicaux ; elles donneront
toujours alors le même nombre d'atomes ou
la même quantité d'oxygène que donnerait
une seule d'entre elles pour la quantité d'a-
cide qui correspond à elles toutes.
Hatiy était loin, comme nous l'avons dit,
de soupçonner la possibilité de risomor-
phisme. Il pensait que deux minéraux de
composition différente ne pouvaient avoir la
même forme, à moins que ce ne fût une de
ces formes régulières qu'il a appelées formes
limites. La découverte de M. Mitscherlich
a fait voir ce que cette assertion renfermait
d'inexact; elle ne l'a pas complètement dé-
truite, comme on l'a souvent répété; car il
faut convenir que , même dans les compo-
sés le plus exactement isomorphes, la diffé-
rence de nature des éléments est toujours
marquée par une différence correspondante
dans la mesure des angles , les formes du
système cubique exceptées ; mais cette diffé-
rence est quelquefois très faible et difficile
à saisir.
Le principe de l'Isomorphisme , énoncé
d'abord d'une manière assez inexacte, mais
bientôt ramené par son auteur à sa véritable
signification , a donné lieu , comme celui du
dimorphisme , à de nouvelles attaques con-
tre la méthode d'Hatiy. On a été jusqu'à
proclamer sa défaite ; on a pris occasion, de
là , pour annoncer que la minéralogie ve-
nait d'être à tout jamais replacée sous l'em-
pire des lois de la chimie. C'était bien mal
apprécier la valeur et la portée du nouveau
principe, qui, loin de chercher à mettre
aux prises les deux sciences , est venu plu-
tôt pour les réconcilier, et pour cimenter
entre elles une éternelle alliance. Qu'est-ce
en effet que l'Isomorphisme, si ce n'est une
relation établie entre la forme cristalline et
la composition chimique , relation qui se
manifeste dans un grand nombre de cas où
le chimiste et le cristallographe , au lieu
d'opérer isolément , peuvent marcher de
concert et contrôler leurs résultats les uns
par les autres? A l'aide de ce principe , les
deux sciences désormais se prêteront un
mutuel secours , et parviendront par là à
éviter les erreurs dans lesquelles chacune
d'elles est tombée jusqu'ici, lorsqu'elle a été
livrée à elle-même. (Delafosse.)
* ISOMYS (Vjoç, égal ; ^ûç, rat), mam. —
Petit groupe de Rongeurs formé par M. Sun-
deval (F. Acad. handl., 1842) aux dépens
du grand genre Rat. Voy. ce mot. (E. D.)
ISONEMA (tffoç, égal; vviaa, filament).
bot. ph. — Cass., syn. de Cyanopis, Blume.
— Genre de la famille des Apocynacées-Échi-
tées, établi par R. Brown {in Mem. Werner.
Soc, I, 63). Arbrisseaux de l'Afrique tropi-
cale. Voy. APOCYNACÉES.
*ISOIVOTUS (fros, égal ; v£toç, dos), ins.
— Genre de Coléoptères pentamères , fa-
mille des Xylophages, tribu des Passandri-
tes , créé par Perty ( Detectus animalium
arliculorum, p. 114, tab. 22, fig. 15), et
qui a pour type une espèce du Brésil, nom-
mée /. castaneus par l'auteur. (C.)
*IS0N1CMJS (froç, égal; 8wÇ, ongle).
ins. — Genre de Coléoptères pentamères,
124
ISO
famille des Lamellicornes, tribu des Scara-
béides phyllophages , crée par M. de Man-
nerheim [Nouveaux Mémoires des natura-
listes de Moscou, t. 1, pi. 1, fig. 1), et qui
ne renferme qu'une seule espèce indigène
du Brésil, 17. suturalis de l'auteur. (G.)
" 3DO^T (Tcxoç, égal; Mov'ç, dent), mam.
—Genre de Mammifères marsupiaux, formé
aux dépens des Didelphes par M. E. Geof-
froy-Saint-IIilaire (Cours du Mus., 1817), et
caractérisé par A. -G. Desmarest (in Dict.
d'hisl. nat., XVI, 1817). Les Isoodons ont
pour caractères : Dix incisives supérieures
égales entre elles, deux canines à chaque
mâchoire, huit molaires de chaque côté à la
supérieure et six à l'inférieure, ce qui fait
en tout cinquante dents; cinq doigts aux
pieds de devant, l'ongle du doigt extérieur
étant le plus court; quatre doigts aux pieds
de derrière, les deux internes étant réunis
sons la peau jusqu'aux ongles, qui sont en-
veloppés. Ce genre établit le passage cntie
les Peramèles et les Potoroos.
On ne connaît qu'une seule espèce d'Isoo-
don , c'est le Didelphis obesula Shaw (Nal.
min., n° 96, t. 298, etc.), dont le pelage est
d'un ferrugineux jaunâtre en dessus et blan-
châtre en dessous. On n'en connaît qu'un
seul individu, qui fait partie de la collection
de Hunter, et qui a été trouvé à la Nouvelle-
Hollande. (E. D.)
1SQPIILÏS. polyp.— Rafincsquc -Schmaltz
(Car. gen. et sp., t. 20, f. 3) désigne sous
le nom tf Isophlis un genre de production
marine qu'il croit une plante , mais que
Lamarck regarde comme un groupe de Po-
lypiers sarcoïdes. Les Isophlis se présentent
comme une substance gélatineuse, transpa-
rente, plane, presque arrondie, garnie sur
presque toute leur partie supérieure de sé-
minules en partie enchâssées, rondes, situées
en lignes circulaires et concentriques. Une
seule espèce entre dans ce groupe; c'est
ï 'Isophlis concenlrica Raûn., qui a été obser-
vée sur les côtes de Sicile. (E. D.)
ISOPIIYLUJM, Hoffm. bot. ph. — Syn.
de Bupleurum, Tourn.
*!SOPLEURUS Ooç, égal; *3U3p« ,
côté), ins.— Genre de Coléoptères pentamè-
rcs, famille des Carabiques, tribu des Su-
bulipalpes, établi par Kirby (Fauna boreali
americana , p. 49), qui en fait le type
U'unenuuycIIe famille : celle des Isovleurides.
ISO
L'espèce rapportée à ce genre est originaire
du Canada; elle a été nommée /. nilidus.
(C)
1SOPODES. Isopoda (uro;, semblable;
kov; , pied), crust. — Ce nom désigne un
ordre de Crustacés qui a été établi par
Latreille, et qui se compose principale-
ment de Crustacés désignés par Linné sous
le nom générique d'Oniscus. Ces animaux
ont, de même que les Amphipodes, l'ab-
domen très développé, ce qui les fait dis-
tinguer au premier coup d'œil des Lœrno-
dipodes ; et ils diffèrent des premiers par
la conformation des membres abdominaux,
et presque toujours aussi par l'absence
d'appendices membraneux analogues aux
vésicules qui , dans les deux ordres précé-
dents, se voient sous le thorax, et y rem-
plissent les fonctions de branchies. Le corps
des Isopodcs est déprimé , en général assez
large, et souvent ovalairc. Leur tête est pe-
tite, et presque toujours distincte du pre-
mier anneau thoracique ; les yeux sont pla-
cés sur les côtés de la face supérieure , et
les antennes en occupent la partie anté-
rieure. Ces appendices sont au nombre de
quatre, et sont en général de longueur mé-
diocre; ils sont ordinairement dirigés hori-
zontalement en dehors, et quelquefois ceux
de la première paire sont rudimentaires.
L'appareil buccal est ordinairement très
développé et bien complet. On y voit un
labre qui est grand; une paire de mandi-
bules qui sont fortes, bien dentées; une
lèvre inférieure bilobée ; deux paires de
mâchoires dont la conformation varie, mais
dont le développement est considérable. Le
thorax se compose de sept anneaux mobiles
dont les bords latéraux sont lamellcux, et
s'avancent de chaque côté au-dessus de la
base des pattes. Les pattes sont presque
toujours au nombre de sept paires, et sont
aussi presque toujours terminées toutes par
un ongle plus ou moins acéré; souvent elles
sont plus ou moins préhensiles, et chez les
femelles, il existe à la base de la plupart de
ces organes une grande lame cornée, qui se
porte horizontalement en dedans, et consti-
tue avec ses congénères une grande poche
sous-thoracique destinée à loger les œui's
pendant l'incubation. L'abdomen est pres-
que toujours développé; mais souvent plu-
sieurs des anneaux dont il se compose sont
ISO
ISO
1^5
confondus en un seul article ; du reste, sa
portion terminale affecte toujours la forme
d'une lame plus ou moins grande , et les
membres qui s'y insèrent sont au nombre
(ie six paires. Les fausses pattes des cinq
premières paires sont suspendues sous'l'ab-
domen, et servent évidemment à la respi-
ration; elles se composent toujours d'un
article pcdonculaire , portant à son extré-
mité deux grandes feuilles ovalaires et plus
ou moins membraneuses, qui se recouvrent
l'une l'autre. Les fausses pattes de la sixième
paire diffèrent toujours de toutes celles qui
précèdent , et constituent tantôt une sorte
de queue styliforme, et d'autres fois se réu-
nissent à la lame terminale de l'abdomen
pour constituer une nageoire caudale à trois
ou cinq lames disposées en éventail.
La structure intérieure des Isopodes pré-
sente aussi des particularités remarquables.
Le cœur a la forme d'un vaisseau médian ,
qui s'étend au-dessus de l'intestin dans une
e'îcndue plus ou moins considérable , et qui
occupe la partie postérieure du corps ; anté-
rieurement, il en part trois artères princi-
pales qui se "portent vers la tête, et de cha-
que côté , d'autres branches s'en détachent
pour gagner les pattes. Il paraît aussi exis-
ter des canaux qui conduisent des lamelles
respiratoires sous -abdominales au cœur;
enfin le sang paraît arriver dans ces la-
melles par l'intermédiaire de grandes lacu-
nes, ou sinus veineux, situées à la face ven-
trale du corps. L'estomac est peu développé
et l'intestin droit; le foie est remplacé par
des appendices qui ont beaucoup d'analogie
avec les vaisseaux biliaires des Insectes. Le
système nerveux se compose d'une chaîne
de ganglions qui occupe toute la longueur du
L'appareil de la reproduction se com-
pose, chez la femelle, de deux ovaires à peu
droits, et, chez le mâle, de deux
roupes de petits organes fusiformes, dont
ies conduits excréteurs se réunissent pour
er de chaque côté de l'intestin un canal
afférent, lequel aboutit au dehors , tantôt
de la base des pattes postérieures, tan-
tre la hanche des premières pattes. Il
est aussi à noter que les Isopodes naissent
souvent avant que d'avoir acquis toutes les
parties dont ils seront pourvus à l'âge adulte,
et que souvent aussi la forme de leur corps
se modifie beaucoup par les progrès de l'âge.
Cet ordre a été divisé en trois sections, dé-
signées sous les noms d'Isopodes marcheurs,
d'Isopodes nageurs et d'Isopodes sédentai-
res. Voy. ces mots. (H. L.)
ISOPODES MARCHEURS, crust. —
M. Milne^Edwards, dans son Hist. nat. des
Crustacés , emploie ce mot pour désigner
dans l'ordre des Isopodes une section dont
les Crustacés qui la composent ont les der-
nières fausses pattes , tantôt transformées
en opercules et cachées sous l'abdomen ;
d'autres fois prolongées en forme de stylets
à l'extrémité postérieure du corps , ne se
terminant jamais par des appendices folia-
cés , et ne constituant pas avec le dernier
article de l'abdomen une sorte de nageoire
en éventail. Les antennes de la première
paire sont presque toujours très courtes, et
souvent même tout-à-fait rudimentaires ;
mais celles de la seconde paire sont tou-
jours bien développées. L'appareil buccal
est complet, et les pattes-mâchoires sont
allongées, terminées par une branche palpi-
forme, et pourvues d'une appendice acces-
soire fixe au côté externe de leur base. En-
fin les pattes sont conformées de manière
à pouvoir servir presque toutes à la marche.
Ce groupe renferme trois familles nom-
mées : Isotéides , Asellotes et Cloportides.
Voy. ces mots. (H. L.)
ISOPODES NAGEURS, crust. — Cette
section , qui appartient à l'ordre des Iso-
podes, a été établie par M. Milne-Edwards
pour des Crustacés dont l'abdomen se ter-
mine par une grande nageoire garnie laté-
ralement de pièces lamelleuses appartenant
aux fausses-pattes de la quatrième paire.
Le dernier segment abdominal est toujours
lamelleux; les dernières fausses pattes s'in-
sèrent sous son bord latéral , et se compo-
sent d'un article basilaire court et plus ou
moins cylindrique. Le corps est générale-
ment très large, et la tête transversale. Les
quatre antennes sont presque toujours à peu
près de même forme , et celles de la pre-
mière paire sont toujours bien développées.
Les mandibules sont pourvues d'un grand
appendice palpiforme. Les pattes sont cour-
tes , conformées pour la marche et pour la
préhension. Du reste, ces animaux présen-
tent, tant dans leur structure que relative-
ment à leurs mœurs, des différences consi-
dérables qui ont permis de les diviser en
426
ISO
trois familles désignées sous les noms de
Praniziens, Sphéromiens et Cymothoadiens.
Voy. ces mots. (H. L.)
ISOPODES SÉDENTAIRES. caosT. —
Les animaux qui forment cette section, qui
appartient à l'ordre des Amphipodes, et qui
a été établie par M. Milne-Edwards, se com-
posent de Crustacés complètement parasites,
qui vivent fixés sur le corps d'autres Crus-
tacés. Les individus femelles grandissent
beaucoup, et semblent se déformer par les
progrès de l'âge, tandis que les mâles res-
tent très petits, et se rapprochent beaucoup
plus, par leur structure, des Isopodes ordi-
naires. Chez les uns et les autres, les an-
tennes sont plus ou moins rudimentaires ;
les pattes sont très courtes et ancreuses ;
l'abdomen est peu développé, et se rétrécit
graduellement jusqu'à son extrémité; son
sixième segment est très petit et dépourvu
d'appendices; la hanche est garnie de pat-
tes-mâchoires lamelleuses et de mandibules
non palpifères; les mâchoires sont plus ou
moins distinctes, et paraissent conformées
pour la succion aussi bien que pour la di-
vision des aliments solides. Chez le mâle ,
le corps se compose de treize ou quatorze ar-
ticles bien distincts, dont un pour la tête,
sept pour le thorax , et cinq ou six pour
l'abdomen ; le thorax est étroit et les yeux
distincts. Chez la femelle, au contraire, les
anneaux de l'abdomen , et même ceux de
tout le corps, sont plus ou moins confondus
entre eux ; le thorax s'élargit beaucoup, et
les yeux cessent d'être visibles. Cette sec-
tion comprend deux familles, désignées sous
les noms de Bopyriens et de Ioniens. Voy.
ces mots. (H. L.)
ISOPOGON (750Ç, égal; *<Sya»v, barbe).
bot. ph. — Genre de la famille des Protéa-
cées, établi par R. Brown (inLinn. Trans.,
X, 70). Arbrisseau de la Nouvelle-Hollande.
Voy. PROTÉACÉES.
*ISOPTERUS (froç, égai ; rcr/pov, aile).
ns. — Genre de Coléoptères hétéromères,
famille des Mélasomes, tribu des Opatrides,
proposé par M. Hope (Coleopterisfs Manual,
1840, p. 110), et qui ne renferme qu'une
espèce : 17. australasiœ H. (C.)
ISOPYRUM (>oÇ, égal; ^Po5, grain).
bot. ph. —Genre de la famille des Rcnon-
culacées-Helléborées, établi par Linné (Gcn.,
n° 701). Herbes des contrées boréales du
ISO
globe. Voy. renonculacées.— Adans., syn.
(ÏHepalica , Dillen.
*ISORHIPIS (ko?, égal ; pWç, panache).
ins. — Genre de Coléoptères pentamères, fa»-
mille-des Sternoxes , tribu des Eucnémides,
créé par MM. Boisduval et Th. Lacordaire
(Faune entom. desenv. de Paris, t. I,p. G23),
et adopté par M. Dejean , qui, dans son Ca-
talogue , en cite trois espèces : les /. Le-
paigei, Ruftpes et Brasiliensis. La pre-
mière a été trouvée aux environs d'Épi-
nal, dans les forets de Fontainebleau et do
Compiègne; la seconde est originaire des
États-Unis , et la troisième du Brésil. (C.)
*ISORHYNCIH]S(rJOç, égal; p%oç, bec).
ins. — Genre de Coléoptères tétrarnères, fa-
mille desCurculionides gonatocères, division
des Cholides, créé par Schœnherr (Synon.
gen. et sp. Curculion. , t. III, p. 631) avec
une espèce du cap de Bonne-Espérance , le
C. pudicus Sparm. (C.)
*ISOSCÈLES./soscetes.ARACH. — Ce nom,
employé par M. Walckenaër, désigne dans
son Hist. nat. des Ins. api., une race qui
appartient au genre des Plectana, et dont les
espèces qui la composent sont ainsi carac-
térisées : Abdomen triangulaire, allongé,
dont les deux côtés du dos du triangle sont
de beaucoup plus allongés que le côté pos-
térieur qui forme la base. Douze espèces de
Plectana appartiennent à cette race. (H. L.)
*ISOSCELES. ins. — Syn. iïOberea,
Muls.,Dej.etMég. (C.)
*ISOSOMA (îffoç, égal; cSn<x, corps), ins.
— Genre de Coléoptères pentamères, fa-
mille des Malacodermes , tribu des Cébrio-
nites, proposé par M. de Mannerheim, et
publié par le docteur Faldermann (Fauna
entom. transe. Nouv. Mém. de la Soc. impér.
des natural. de Moscou, t. IV, p. 181). La
seule espèce de ce genre, 17. elateroide, est
propre à la Russie méridionale. (C.)
*ISOSTIGMA (ïcroç, égal ; ar^aa, stig-
mate ). bot. ph. — Genre de la famille des
Composées-Sénécionidées, établi par Lessing
( in Linnœa , VI, 513 ). Herbes vivaces du
Brésil. Voy. composées.
*ISOTÈLE. Isotelus. crust. — Genre de
la classe des Trilobites , établi par M. Dekay
pour des Crustacés fossiles dont le corps
est plus régulièrement ovalaire que chez la
plupart des autres Trilobites. La tête n'est
en général que faiblement trilobée, et varie
ISO
ISS
227
beaucoup sous le rapport de la forme et de
la grandeur relative de la région frontale,
delà position des yeux, etc. ; en gênerai, le
lobe médian est à peine lobule, et le sillon
occipital est à peine marqué. Les yeux sont
réniformes, assez saillants et réticulés. Le
thorax se compose de sept, huit, neuf ou
dix anneaux divisés bien distinctement en
trois lobes , obtus à leurs extrémités laté-
rales , et pouvant glisser les uns sur les au-
tres de manière à permettre à l'animal de
se rouler en boule. L'abdomen est repré-
senté par un grand bouclier plus ou moins
distinctement trilobé, et dont les anneaux
constituants ne sont reconnaissables que sur
le lobe médian etquelquefois dans la portion
voisine des lobes latéraux, mais sont si in-
timement liés entre eux latéralement, qu'on
n'y aperçoit plus aucun indice de leur
soudure. Ce genre renferme douze à qua-
torze espèces dont le type est I'Isotèle gi-
gantesque , Isotelus gigas Dekay ; celte
remarquable espèce a été trouvée dans un
calcaire de transition noirâtre, à Tranuton-
files, aux environs de Cincinnati, et dans
d'autres localités de l'Amérique septen-
trionale. (H. L.)
* ISO TÉ LIENS. Isotelii. crust. —
M. Milne-Edwards, dans son Hist. nat. des
Crust., désigne sous ce nom une famille de
Crustacés qui appartient à la classe des Tri-
lobites et dont les espèces qui la composent
ont pour caractères: Corps contractile, très
épais. Thorax unilobé, quelquefois distinc-
tement trilobé. Lobe frontal terminé par un
prolongement rostriforme très saillant, quel-
quefois simplement arrondi en avant. Yeux
lisses, quelquefois aussi granulés. Abdomen
très grand, scutiforme et sans divisions
segmentaires. Cette famille renferme les
genres Nileus, Amphyx et Isotelus. Voy. ces
mots. (H. L.)
*ISOTHECIUM(?cro,-, plan; 6/îx'ov, petite
boîte), bot. cit. — Genre de Mousses brya-
cécs , établi par Bridel ( Bryol. , II , 335 ,
t. 10) pour des Mousses vivaces indigènes
ies régions tropicales. Voy. bryacées.
*ISOTHRIX (koç, égal ;6pi';, queue).
hasi. — Groupe de Rongeurs indiqué par
M. Wagner dans les Archives de Wiegman,
U, 1845. (E. D.)
*ISOTOMA (fcxo;, égal ; tojmi» coupure ).
lus. —Genre de Coléoptères hcHérorot-res *
famille des Trachélydes , tribu des Lagriai-
res , formé par Dejcan, dans son Catalogue,
avec une espèce des environs de Buenos-
Ayres, et que l'auteur nomme /. reifese-
cus. (C.)
*ISOTOME. Isoloma. ins. — Syiud'Or-
chcsella. Voy. ce mot. (H. L.)
ISOTRIA , Rafin. bot. pu. — Syn. de
Pogonia, Juss.
*ISOTROFIS (faoç, plan; rpome, carène).
bot. pu. — Genre de la famille des Papi-
lionacées-Podalyriées , établi par Bentham
(in Enumer. plant. Hiigel., 28). Herbes
de la Nouvelle-Hollande. Voy. papiliona-
CÉES.
ISOTYPUS ( ïffoTvwos , qui a la même
forme), bot. pu. — Genre de la famille des
Composées-Mutisiacées, établi par H. B.
Kunth (in Ilumb. et Bonpl., Nov. gen. et sp.t
IV, 9, t. 307). Herbes de l'Amérique tro-
picale. Voy. COMPOSÉES.
ISPIDA. ois. — Voy. martin-pècheur.
ISSÏDES. irs. — Syn. d'Issites.
*ISSIDLEROMYS. mam. - — M. l'abbé
Croizet désigne sous ce nom un petit groupe
de Rongeurs fossiles. (E. D )
*ISSITES. Issitœ. ins. —Groupe de la
famille des Fulgorides , de l'ordre des Hé-
miptères , caractérisé par un front séparé
au moyen d'un rebord des parties latérales
par un prothorax et un mésothorax réunis
beaucoup plus larges que longs, et par des
antennes extrêmement courtes. Nous rat-
tachons seulement à ce groupe les genres
Eurybrachis, Guér., et Issus, Fabr. M. Spi-
nola a ajouté celui de Mycterodes , et
MM. Amyot et Serville , celui d'Hysterop-
terum. Voy. issus. (Bl.)
ISSOIDES. ins. — Syn. d'Issites.
ISSUS (Issus, nom d'une ville), ins. —
Genre de la tribu des Fulgoriens , de l'or-
dre des Hémiptères, groupe des Issites,
établi par Fabricius, et adopté par tous les
entomologistes. Les Issus sont peu nom-
breux en espèces. Le type du g. se trouve
assez communément dans une grande par-
tie de l'Europe : c'est VI. coleoplratus Fah.
Nous rattachons à ce genre, comme simples
divisions, les Hysteroplerum de MM. Amyot
et Serville , et les Mycterodes de M. Spi-
nola. Ces derniers cependant pourraient
sansdoute être considérés comme constituant
un genre particulier, la forme do la tête
128
II II
permettant de les distinguer assez facile-
ment, des Issus proprement dits. (Bl.)
♦ISTHMIA. infus.— GrdUpc d'Infusoires
de la famille des Bacillariés , indiqué par
M. Agardh {Consp. crit. diaf., 1832). (E.D.)
ISTIOCERCUS (éffTto», voile; xep»©ç ,
queue), rept. — Division des Stellions ,
indiquée par M. Fitzinger {Syst. Rept.,
1843). (E.D.)
I5TIOP1IORE. poiss. — Voy. voîlikr.
*ISTIOPHORUS ( tffTt'ov , voile ; yope'w ,
je porte), mam. — M. Gray {Mag. zool. et
bot., II, 1838) désigne sous ce nom un
genre de Chéiroptères qui ne présente pas
d'intérêt. (E.D.)
♦SSTIURE. Isliurus (i«tiov, voile; oùo^,
queue), rept. — Genre de Sauriens appar-
tenant aux Iguanicns acrodontes , proposé
par G. Cuvier. MM. Duméril et Bibron
{Erpétologie générale , t. IV) lui rapportent
les trois espèces suivantes : Istiurus amboi-
nensis, Lacerla amboinensis de G me lin déjà
signalé par Valentin , et qui est des Molu-
ques; I. Lesueurii Dum. et Bibron, de la
Nouvelle-Hollande; I. physignathus id., de
la Cochinchine ( Physignathus cocincinus
Cuv.). (P- G-)
ITEÀ. bot. ph. — Genre de la famille
des Saxifragacées-Esealloniées , établi par
Linné (Gen., n. 275). Arbrisseaux de l'A-
mérique boréale. Voy. saxifragacées.
*ITIIAGïKIS,Wagl. ois. — Division éta-
blie dans la famille des Tétras. Voy. ce
mot. (z- G)
♦ITHYCERIDES. Ithycerides. ins. —
Tribu formée par Schœnherr dans la famille
des Coléoptères tétramères, appartenant aux
Curculionides orthocères. Elle ne renferme
que le genre Ithycerus, et les caractères que
lui assigne l'auteur sont : Trompe courte,
un peu cylindrique et courbée; tête non al-
longée vers les yeux; antennes à massue,
courtes, de 12 articles; élytres en ovale
. allongé; épaules rectangulaires; pygidium
découvert. (G.)
*1TRYCERUS (îflwç, droit; x/poeç, corne).
1Ng# _ Genre de Coléoptères tétramères ,
"famille des Curculionides orthocères, tribu
des Ithycerides, proposé par Dalman , et
adopté par Schœnherr {Disp. méth., p. 55
— Syn. gen. et sp. Curcul. t. I, p. 246 ;
V, I, p. 3G0).Ces auteurs lui donnent pour
type une espèce des Etats-Unis, qui a reçu
1UL
1 es noms suivants : R. curculionoides Herb.,
novoboracensis Forster, et punctalus F. (C.)
*ITIIYPORUS (iQwitopoç, qui s'avance en
ligne droite), ins. — Genre de Coléoptères
tétramères, famille des Curculionides go-
natocères , division des Apostasiméiides
Cryptorhynchides , établi par Schœnherr
(Syn. gen., et Sp. Curculion., tome III,
p. 550-82, p. G5), et qui a pour type : le
Rhyn. stolidas de Lin., F., 01. (Capcnsls
Dej., Schœnherr). Onze espèces font partie
de ce genre: 9 appartiennent à l'Afrique
(la Cafrerie, le Sénégal et Madagascar) , et
2 à l'Asie (Java); les unes offrent un écus-
son qui n'est pas visible chez les autres. (C.)
*ITRÏUM. arach. — Genre de Tordre
des Acarides, établi par M. Heyden , mais
dont les caractères génériques n'ont pas en-
core été publiés. (H. L.)
*ITTNERA, Gmel. bot. ph. —Syn. de
Caulinia, Willd.
IULE. Mus (nom mythologique), myriap.
— Ce genre, qui appartient à l'ordre des
Chilognathes et à la famille des Iulitts,
a été créé par Linné et adopté par tous les
entomologistes, avec quelques modifica-
tions cependant. Chez les animaux qui
composent ce genre , les segments qui for-
ment le corps sont nombreux (au nom-
bre de quarante et même davantage), cy-
lindriques, non carénés latéralement. Les
pieds sont très nombreux. Les yeux sont
distincts. Ces animaux fuient la lumière;
ils se retirent dans les lieux obscurs et eu
même temps humides ; on les trouve prin-
cipalement dans les bois , sous la mousse
qui recouvre le pied des arbres et sous les
amas de feuilles mortes. Ils sont également
assez communs dans le voisinage des eaux;
presque tous vivent dans les lieux sablon-
neux, et il en est même qui se retirent sous
les pierres ou les petites mottes de terre.
D'autres enfin vivent dans des plaines pli;*
ou moins découvertes. Degeerest le premier
qui a observé les mœurs des Iules (îtdus
sabulosus); M. Savi a étudié celles d'une
autre espèce (Iulus communis) , et ses ob-
servations ne s'accordent pas du tout avec
celles de Degeer. Ce dernier conserva un
de ces animaux dans un vase particulier;
il obtint qu'il y pondit des œufs. « Celui
( le Iule) dont je viens de donner la des-
criDtion, dit Degeer, t. VII, p. 582, était
1UL
une femelle, et elle pondit un grand nom-
bre d'oeufs d'un blanc sale dans la terre,
près du fond du poudrier, où elle les avait
placés en un tas les uns auprès des autres;
ils sont petits et de figure arrondie. Je n'es-
pérais pas voir des petits sortir de ces
œufs , car j'étais incertain si la mère avait
été fécondée ou non. Cependant, après quel-
ques jours , c'était le premier du mois
d'août 1746 , de chaque œuf sortit un petit
Iule blanc, qui n'avait pas une ligne de
longueur : j'examinai d'abord au micros-
cope les coques d'œufs vides, et je vis
qu'elles s'étaient fendues en deux portions
égales , mais tenaient pourtant ensemble
vers la base. Ces jeunes Iules nouvellement
éclos me firent voir une chose à laquelle je
ne m'attendais nullement. Je savais que
les insectes de ce genre ne subissent pas de
métamorphose , qu'ils ne deviennent jamais
des insectes ailés : aussi j'étais comme assuré
que les jeunes devaient être semblables en
figure, à la grandeur près, à leur mère;
par conséquent je croyais qu'ils étaient
pourvus d'autant de paires de pattes qu'elle,
mais je vis tout autre chose : chacun d'eux
n'avait en tout que six pattes qui com-
posaient trois paires, ou dont il y avait trois
de chaque côté du corps. » M. Paul Savi ,
comme je l'ai dit plus haut, s'est occupé
aussi du développement des Iules ; il nomme
communis l'espèce qu'il a observée, et il
la regarde comme distincte de toutes celles
qu'on avait décrites avant lui. Ce que
M. Savi dit de plus remarquable sur ces
animaux est en opposition complète avec
les observations de Dcgeer. Jusqu'en 1843,
les observations de M. Savi avaient été pres-
que mises en doute, et M. Waga est le pre-
mier qui, après avoir fait une étude con-
sciencieuse de ces animaux, ait confirmé
ce qu'avait avancé le savant Italien dans son
mémoire. En effet, M. Waga démontre pour-
quoi, dans son travail, les observations de
M. Savi ne sont pas d'accord avec celles de
Degeer : c'est que ce dernier naturaliste n'a
aperçu l'Iule éclos que lorsqu'il était hexa-
pode, et que M. Savi, au contraire, a vu
lesembryons apodes , c'est-à-dire après que
les œufs sont fendus pour livrer passage aux
jeunes Iules. Une observation fort remar-
quable que l'on doit à M. P. Gervais, et
dont ni Degeer ni M. Savi ne font men-
t. vu.
IUL
159
tion, c'est que les variations portent non seu-
lement sur les segments et sur les organes
de la locomotion, mais encore sur les yeux,
qui sont eux-mêmes bien moins nombreux
chez les jeunes que chez les adultes. Dans
les Iules parfaitement développés , les yeux,
qui apparaissent de chaque côté de la tête
comme une tache triangulaire d'un noir pro-
fond , sont composés de petits ocelles dis-
posés eux-mêmes en lignes parfaitement ré-
gulières , et d'une manière tout-à-fait géo-
métrique. Le nombre des ocelles, chez un
jeune Iule qui n'avait encore que quelques
anneaux au corps et sept paires de pattes,
était de six seulement; ils étaient sur trois
lignes et déjà disposés en triangle équilaté-
ral : la première ligne ne présentait qu'un
seul ocelle, la seconde en avait deux, et la
suivante trois ; chez un individu un peu plus
âgé, une nouvelle rangée de quatre s'était
déjà montrée. Les véritables insectes , c'est-
à-dire les hexapodes, n'offrent aucun exem-
ple de ces modifications; les yeux des Iules,
qui varient comme nous venons de le dire,
sont donc beaucoup moins fixes et sans
doute moins parfaits que ceux de ces ani-
maux. Rappelons aussi que, parmi les My-
riapodes, il est des animaux fort voisins des
Iules qui ne présentent aucune trace d'yeux
même dans l'état adulte; tels sont les Bla-
nhtlus et les Polydesmus. Chez d'autres,
ces organes affectent des dispositions plus
ou moins régulières : groupes en amas chez
les Pollyxenus , où ils n'avaient pas été ob-
servés jusqu'à ces derniers temps, ils ont
une forme à peu près semblable chez les
Zephronia , tandis que chez les vrais Glomc-
ris ils sont disposés en une série linéaire
sur chaque côté de la tête ; enfin, dans un
genre que nous avons établi dernièrement
et auquel nous avons donné le nom de Via-
tydesmus, ces mêmes organes sont uniques
de chaque côté de la tête et se présentent
sous la forme d'yeux lisses.
Les Iules sont très nombreux et répandus
dans toutes les parties du monde; en Eu-
rope ob en connaît une vingtaine d'espèces,
parmi lesquelles nous citerons comme type
de ce genre I'Iule terrestre, Mus terreslris
Linn. Cette espèce , pendantlc printemps,
est très commune aux environs de Paris ;
on la rencontre ordinairement sur les che-
mins , sous les pierres. Nous en avons fait
17
130
IVB
connaître dernièrement deux nouvelles es-
pèces. La première porte le nom de Mus
muscorum Luc, elle a été rencontrée sous
les Mousses dans la forêt deSaint-Germain-
en-Laye; la seconde , que nous avons trou-
vée dans les environs de Toulon , a été nom-
mée Iulus albolineatus Luc. (H. L.)
1ULIDES. Iulidœ , Gerv. myriap. — Syn.
d'Iulites. Voy. ce mot. (H. L.)
*i€LITES. Mites, myriap. — Dans notre
Hist. nat. des Crust., des Arachn., des My-
riapodes , etc., etc., nous avons employé ce
nom pour désigner, dans Tordre des Chi-
lognathes, une famille dont les animaux
qui la composent ont, de même que la pré-
cédente (famille des Gîomérites; voy. ce
mot) , le corps crustacé et dépourvu d'ap-
pendices pénicilliformes , mais il a une
forme linéaire ; de plus , ces animaux se
roulent en spirales et n'offrent point sur
les côtés inférieurs d'écaillés ; le nombre
des anneaux et des pattes est d'ailleurs très
considérable , et augmente avec l'âge. Les
genres que cette famille renferme sont dé-
signés sous les noms de Polydesmus, Platy-*
desmus, Blan iulus , Mus, Acanthiulus ,
Craspedosoma , Blaniulus et Cambala. Voy.
ces mots. (H. L.)
ÏVA. bot. ph. — Genre de la famille des
Composées-Sénécionidées , établi par Linné
{Gen., n. 1059 ). Herbes ou arbrisseaux de
l'Amérique boréale. Voy. composées.
IVOIRE. MAM. — Voy. DENTS.
IVOIRE, Montf. moll.— Syn. d'Éburne.
Voy. ce mot. (Desh.)
IVRAIE. Lolium , Linn. bot. ph. — Genre
de plantes de la famille des Graminées ,
tribu des Hordéacées , de la triandrie digy-
nie dans le système sexuel. Dans ce genre,
les fleurs sont disposées en épi, comme on
le dit ordinairement; mais il est bon de se
rappeler que cette expression est inexacte,
et repose seulement sur ce que chaque épil-
let est considéré comme une seule fleur. Les
épillets sont solitaires sur chaque dent du
rachis , et chacun d'eux s'enfonce quelque
peu dans une excavation de cet axe ; ils
sont parallèles à celui-ci, c'est-à-dire situés
sur un plan passant par cet axe même; c'est
là le principal caractère distinctif des Lo-
lium, qui les sépare nettement des Triticum.
Ces épillets sont multiflores; leurglurne est
2- valve, sa foliole extérieure grande, l'in-
IVR
térieure petite, souvent restant rudimen-
taire ou avortant ; la glumelle est à deux
paillettes, dont l'interne est ciliée. Parmi
les espèces de ce genre , les suivantes mé-
ritent de fixer quelques instants l'attention.
1 . Ivraie enivrante , Lolium temulentum
Linn. Cette espèce croît parmi les moissons ;
elle est annuelle ; son chaume est rude au
toucher, et atteint jusqu'à un mètre et
même plus de hauteur ; son épi est droit ,
long de 2 décimètres; les épillets qui le
forment sont composés de 5-9 fleurs, com-
primés, à peu près de la longueur de
la glume externe, pourvus d'arêtes. C'est
l'espèce qui est connue depuis fort long-
temps, à cause de l'action nuisible de
ses graines. C'est à elle qu'on applique
particulièrement le nom d'Ivraie dans le lan-
gage ordinaire. Les anciens pensaient que
les graines de l'Ivraie enivraient, et cette
opinion a été reproduite fort souvent, même
jusqu'à nos jours. En réalité, elles agissent
comme poison narcotique sur l'homme et
sur plusieurs animaux , comme le Chien ,
le Mouton , le Cheval , les Poissons ; tandis
qu'il est d'autres animaux sur lesquels elles
ne parussent agir que fort peu ou même
pas du tout ; de ce nombre sont le Cochon,
le Bœuf, les Canards et les Poulets. Cette
action est due à la présence , dans ces grai-
nes , d'un principe particulier auquel on a
donné le nom de Loliine. L'Ivraie croissant
parmi les moissons, ses semences se mêlent
à celles des céréales , et, par suite , à leur
farine; de là les accidents qu'occasionne
parfois le pain fait avec cette farine. La fa-
rine d'Ivraie mêlée à celle du Blé dans la
proportion d'un neuvième empêche la fer-
mentation panaire de se produire ; à moitié
seulement de cette quantité, elle n'empê-
che pas la fermentation ; mais cette faible
proportion suffit, dit-on, pour produire des
effets nuisibles. L'eau distillée de ces grai-
nes est plus délétère que leur farine. L'em-
poisonnement par l'Ivraie est caractérisé
par un tremblement général accompagné de
vertiges, de tintements d'oreilles, etc.
2. Ivraie vivace , Lolium perenne Linn.
Cette espèce est vivace, comme l'indique
son nom; son chaume est droit, haut de 4
ou 5 décimètres, lisse au toucher; son épi
est long et comprimé; ses épillets sont com-
primés, plus longs que la glume, formés
de 6 à 12 fleurs mutiques. Cette plante est
commune le long des chemins, dans les pâ-
turages secs et les pelouses naturelles. Elle
est connue vulgairement sous les noms de
Ray-Grass, et particulièrement de Ray-
Grass d'Angleterre. Elle a acquis dans ces
derniers temps une grande importance, soit
parce qu'elle a été employée préférablement
à toute autre graminée pour faire des tapis
de verdure , soit parce qu'elle est entrée
dans la grande culture comme espèce four-
.ragère. Sous ce dernier rapport, les résultats
qu'elle donne varient beaucoup en raison
du climat , du sol et des circonstances lo-
cales. Ainsi , dans les prés bas et frais , elle
produit un très bon foin à faucher; mais
dans les terrains secs, son foin sèche de
bonne heure, et reste toujours de qualité
fort médiocre. Le Ray-Grass compense ce
défaut par une qualité précieuse ; il forme,
en effet, d'excellents pâturages dans toutes
les terres qui ne sont pas très sèches; il est
d'autant plus avantageux dans ce cas qu'il
talle, et se renforce d'autant plus qu'il est
plus brouté et piétiné par les animaux. Dans
tous les cas, le Ray-Grass est un fourrage
très recommandable par la qualité nourris-
sante et engraissante de son herbe. C'est
surtout en Angleterre qu'on obtient tous les
jours d'excellents résultats de la culture de
cette plante; l'humidité de ce climat doit
être regardée comme la principale cause de
cette réussite. En général, lorsqu'on veut
cultiver l'Ivraie vivace en pré , on la sème
à raison de 50 kilogrammes de graine par
hectare ; on double cette quantité de se-
mence lorsqu'on la destine à former des
gazons.
3. Dans ces dernières années, on a com-
mencé de cultiver comme fourrage I'Ivraie
multiflore, Loli%m multiflorum Lam., es-
pèce intermédiaire par ses caractères aux
deux précédentes, qui se distinguede l'une et
de l'autre par ses épillets à fleurs nombreu-
' ses, allant jusqu'à 20 et 25 ; qui , de plus,
s'éloigne de l'Ivraie enivrante par ses chau-
mes à peu près lisses , et de l'Ivraie vivace
par les arêtes que présentent les fleurs de
ses épillets. Il est vrai que ce dernier ca-
ractère est sujet à s'effacer , et qu'on en
trouve des individus à fleurs entièrement
mutiques. Des essais heureux de cette nou-
velle culture ont été faits , il y a environ
l'XA
131
dix ans, par M. Rieffel , à l'établissement
agricole de Grand-Jouan (Loire-Inférieure),
et par M. Bailly dans les environs de Châ-
teau-Renard (Loiret). Ce dernier agricul-
teur a employé la variété presque mutique
ou à arêtes très courtes de l'Ivraie multi-
flore, tandis que le premier a eu recours au
type même de l'espèce. L'un et l'autre ont
ainsi obtenu des produits abondants et très
avantageux de terres dans lesquelles les au-
tres cultures échouaient chaque année.
4. Enfin une dernière espèce ou variété
d'Ivraie , qui est signalée comme donnant
des fourrages abondants, est l'Ivraie d'Ita-
lie , Lolium italicum , regardée par les uns
comme une simple variété de l'Ivraie vi-
vace, et par d'autres comme une espèce dis-
tincte. (P. D.)
IXAfnom mythologique). crust. — Genre
de l'ordre des Décapodes brachyures, famille
des Oxystomes, tribu des Leucosiens, établi
par Leach pour des Crustacés qui se distin-
guent au premier coup d'œil par la forme de
la carapace, dont la portion moyenne est à
peu près sphérique, ou plutôt elliptique
transversalement, et se continue de chaque
côté avec une portion cylindrique qui triple
la largeur et sépare l'extrémité des pattes;
les prolongements naissent du milieu de
la région branchiale, se dirigeant directe-
ment en dehors, et diminuant à peine de
diamètre jusqu'à leur extrémité. La face
supérieure de la carapace est plus ou moins
profondément sillonnée par deux gouttières
ou sillons longitudinaux qui séparent les
régions branchiales des régions médianes,
et qui se bifurquent antérieurement pour
séparer les régions hépatiques des régions
stomacales et branchiales. Le front est très
relevé et assez large; les orbites présentent
en dessus deux fissures. L'appareil buccal
est comme dans le genre des Arcania, si ce
n'est cependant que la branche externe des
pattes-mâchoires externes est très large et
obtuse au bout, et moins longue que la
portion interne de ces organes. Les pattes
sont filiformes; l'abdomen de la femelle est
très large, orbiculaire, et présente en avant
un prolongement formé par un dernier ar-
ticle, qui s'avance dans un sillon du plas-
tron stcrnal jusqu'à la base de la bouche»
On ne connaît que deux espèces dans co
genre , et celle qui peut en être regardée
132
ixr
comme le type est VIxa canaliculata Leach ;
ee singulier Crustacé a pour patrie les côtes
de l'île de France. (H. L.)
*IXALE. Ixalus (î'i-aioç, sauteur). rept. —
Genre de Batraciens de la famille des Rai-
nettes, établi par MM. Duméril et Bibron
( Erpétologie géitérale , t. VIII, p. 583) pour
une espèce de l'île de Java ( Hyla auri-
fasciata Schlegel) , qui a la langue confor-
mée comme les Grenouilles, mais qui man-
que de dents au palais, ce qui a empêché
de la ranger avec ces dernires. (P. G.)
*IXALUS (î'ÇcJoç, sauteur), mam. —
Groupe formé par M. Ogilby (Proc. zool.
Soc. Lond.y 1836) aux dépens du grand
genre Cerf. Voy. ce mot. (E. D.)
*IXANTHUS (ÎÇoç , glu ; à'vGo; , ileur ).
lot. pu. — Genre de la famille des Gentia-
nces , établi par Griesebach (Gentian.,
129). Herbes de l'île Ténériffe. Voy. gen-
TIANÉES.
*IXAUCI1ENUS (!$o'ç, glu; , cou),
bot. ph. — Genre de la famille des Com-
posées-Astéroïdées , établi par Cassini (in
Dict. se. nat., LVI, 176). Herbes de la
Nouvelle-Hollande.
1XIE. Ixia, Linn. (ainsi nommé, dit-on ,
parce que la fleur de ces plantes, ou-
lerte, rappelle la roue d'Ixion). bot. ph.
— Grand genre de la famille des Iridées ,
de la triandrie monogynie dans le système
sexuel. Lorsqu'il fut établi par Linné, il ne
se composait que d'environ une" douzaine
d'espèces ; ce nombre était déjà de 50 en
1805, lorsque Persoon publia son Synopsis;
aujourd'hui il s'élève au-delà de 100. Les
Ixies croissent au cap de Bonne-Espèrance ,
à l'exception d'un petit nombre. Ce sont
des plantes herbacées , pourvues d'un rhi-
zome raccourci en forme de tubercule ou
de bulbe; leur tige est grêle, simple ou ra-
meuse ; leurs feuilles sont ensiformes ou
linéaires; leurs fleurs sont généralement
assez grandes et de couleur brillante , ac-
compagnées de deux bractées réunies en
spathe. Chacune d'elles se compose d'un
perianthe hypocratériforme, à tube grêle, à
limbe divisé profondément en six lobes éta-
lés, égaux ; de trois étamines insérées à la
gorge du perianthe, à filament court, à an-
thère versatile; d'un ovaire adhérent, à
trois loges multi-ovulées , surmonté d'un
style filiforme que terminent trois stigmates
IXO
linéaires, recourbés. Le fruit qui succède à
ces fleurs est une capsule ovoïde , presque
globuleuse , à trois loges qui s'ouvrent par
déhiscence loculicide , et qui renferment
chacune plusieurs graines presque globu-
leuses.
Nous ne croyons pas devoir donner ici la
description des espèces de ce genre, que l'on
rencontre le plus fréquemment dans les jar-
dins. On les cultive ordinairement dans des
pots dont on garnit d'abord le fond d'une
couche de gravier épaisse de 3 ou 4 centi-
mètres, et qu'on achève de remplir de terre
de bruyère bien tamisée. La plantation se
fait en octobre. On place les pots dans une
bâche ou dans une serre tempérée basse ,
et l'on se trouve bien de les enfoncer dans
de la terre de bruyère pure. La multiplica-
tion de ces plantes se fait par cayeux qui com-
mencent à fleurir dès la seconde année.
Plusieurs d'entre elles donnent de bonnes
graines qui fournissent un nouveau moyen
de multiplication , d'autant plus précieux
que c'est par lui qu'on a obtenu de belles
et nombreuses variétés. On voit fleurir, dès
la troisième année , le plan provenu de ces
graines. La culture de ces jolies plantes pré-
sente au total peu de difficultés , et l'élé-
gance de leurs fleurs leur assigne un rang
distingué parmi les plantes d'ornement.
(P. D.)
*IXÏOL.4ENA (e'Çweeç, gluant; )a?va, en-
veloppe), bot. ph. — Genre de la famille
des Composées-Sénécionidées , établi par
Bentham {in Enumer. plant. Hugel.,%. 66).
Herbes de la Nouvelle-Hollande. Voy. com-
posées.
*IXIOLIIU01V (fêtoeiç, gluant; Mptov,
lis), bot. ph. — Genre de la famille des
Amaryllidées, établi par Fischer (il/se).
Herbes du Liban , de la Tauride et de la
Sibérie. Voy. amaryllidées.
*IXIONANTHES ( JÇicsis, gluant; &8oç,
fleur), bot. ph. — Genre établi par Jack
(Malay. mise, et Hooker bot. rnag. comp.,
1 , 154), et placé avec doute par Endlicher
dans la famille des Cédrélacées-Cédrélées.
Arbres de l'Asie tropicale.
*IXOCOSSYPHE. Ixocossyphus. ois. —
Genre établi par Kaup pour le Turdusvisci-
vorus. Voy. merle. (Z. G.)
IXODE. Ixodes (($<££*);, visqueux), arach.
— Genre de l'ordre des Acarides , établi par
1X0
1X0
133
Linné et adopté par tous les aptérologistes ,
avec quelques modifications cependant.
Chez les animaux de ce genre singulier,
le corps , presque orbiculaire , est ovale ,
très plat, quand l'animal est à jeun, mais
d'une grandeur démesurée quand il est
repu; le bec est obtus en avant; il con-
siste en un support formé d'une petite
pièce écailleuse servant de boîte à la base du
suçoir, et reçue dans une échancrure prati-
quée au-devant du corselet, en une gaine de
deux pièces fortes, courtes, écailleuses, con-
caves au côté interne, arrondies et même un
peu larges à leur extrémité; chacune de ces
pièces, vue à la loupe, paraît coupée transver-
salement, et il est facile de voir que ce sont
deux palpes qui se sont allongées en gaîne.
Enfin, la bouche présente, entre ces deux
palpes, le suçoir, qui est composé de trois
lames cornées, très dures, dont les deux la-
térales sontenrecouvrementsurla troisième,
qui est grande, large, et remarquable parce
qu'elle porte un grand nombre de dents en
scie très fortes; c'est au moyen de ces dents
que l'insecte s'attache fortement à la peau
des animaux qu'il suce. Les pattes sont com-
posées de six articles, dont les deux derniers
forment un tarse conique qui est terminé
par une palette et garni de deux crochets
au bout ; cette partie est d'un grand secours
à ces Arachnides pour se fixer sur les ani-
maux qui se trouvent à leur portée. Le des-
sous de l'abdomen présente un petit espace
circulaire et écailleux, qui paraîtrait indi-
quer les organes de la génération. Leslxo-
des, malgré leurs organes de locomotion
assez fortement constitués, n'ont pas une
démarche vive; au contraire, leurs mouve-
ments sont lents et pesants; mais ils ont
une grande facilité à s'attacher avec leurs
pattes aux objets qu'ils rencontrent, même
au verre le plus poli; quand ils sont posés
sur des végétaux, ils se tiennent dans une
position verticale, accrochés simplement avec
deux de leurs pattes, et tiennent les autres
étendues. Un animal quelconque vient-il à
s'arrêter dans leur voisinage, ils s'y accro-
chent avec les pattes qui restent libres, et
quittent facilement la branche où ils étaient
fixés par deux de leurs pattes. Latreille a
observé que les Ixodes d'Europe habitent
de prédilection les Genêts, mais on en trouve
aussi sur d'autres plantes. Ces Arachnides
attaquent l'homme , et fréquemment elles
se fixent sur les voyageurs et les chasseurs ;
il suffit même, dans bien des cas, d'une
petite promenade au bois pendant la belle
saison , et les dames alors , à cause de la
nature de leurs chaussures, y sont plus su-
jettes, les hommes étant mieux garantis par
les bottes et les pantalons. Les Ixodes sont
connus en France sous le nom de Tique;
l'espèce qui tourmente les Chiens dédiasse
est désignée par les piqueurs sous le nom
de Louvette ou Tique des Chiens. Une autre
nuit beaucoup aux Bœufs, si on la laisse
multiplier. Pendant mon séjour dans le
Cercle de la Calle, j'ai vu quelques uns de
ces animaux couverts de ces Arachnides, au
point qu'ils en succombaient presque, tant
ils étaient maigres et affaiblis. Aussi les
bergers devraient-ils visiter avec soin leurs
bestiaux, afin de les débarrasser de ces Ixo-
des, s'ils ne veulent pas les voir se multiplier
à l'infini et nuire à la santé de leurs trou-
peaux. Ces Arachnides vivent aussi sur les
Oiseaux et sur les Reptiles, et j'en ai sou-
ventrencontré sur les Chéloniens, Sauriens,
Batraciens et Ophidiens; j'en ai même ob-
servé une espèce qui vit dans le contour
interne de la cavité orbitaire du Python
Sebœ, grand Ophidien que possède la ména-
gerie du Muséum; cette espèce, que j'ai dé-
signée sous le nom dV. transversalis Luc,
S'est multipliée aussi sur le Boaconstrictor.
Enfin, tout dernièrement, j'ai fait connaître
une espèce de ce genre qui vit parasite sur
l'Ornithorhynque, et que j'ai appelée I. or-
nithorhynchi Luc. Latreille , dans le Règne
animal de Cuvier, rapporte que ces Ixodes
pondent une quantité prodigieuse d'œufs ,
et que ceux-ci sont expulsés par la bouche,
ce qu'il tient de M. Chabrier. L'analogie
seule aurait pu démontrer l'invraisemblance
de cette opinion; c'est, au reste, ce que j'ai
démontré (Ann. de la soc. entom. de France,
1836, p. 630), ayant eu à ma disposition
une femelle pondant ses œufs. Chez ces
Arachnides, l'oviducte s'ouvre près de la
bouche, et c'est par lui, et non pas par
celle-ci, que les œufs sont expulsés hors du
corps. Je dois dire aussi que Dugès avait
constaté la véritable nature de cet orifice.
L'imperfection des connaissances, au sujet
des Ixodes, ne nous permet pas de donner
exactement l'ordre naturel des espèces con-
I.i4
JAG
nues dans ce groupe; et comme l'on sait
que chacune d'elles peut se retrouver parasite
d'animaux de plusieurs sortes, l'on conçoit
aussi qu'elles ne peuvent être rigoureuse-
ment énumérées en suivant la classification
des animaux sur lesquels on les a trouvées
fixées. Ce genre renferme environ une
soixantaine d'espèces, dont I'Ixode ricin,
Ixodes ricinus Linn., peut être regardée
comme étant le type; c'est cette espèce que
l'on trouve ordinairement sur les Chiens.
(H. L.)
♦IXODES. Ixodei. arach. — Dugès, dans
ses Recherches sur l'ordre des Acariens,
donne ce nom à une famille de l'ordre des
Acariens, dont les caractères du genre qui
la compose seraient d'avoir les palpes valves.
Cette famille , qui ne renferme qu'un seul
genre, celui ûJ Ixodes, n'a pas été adoptée
par M. P. Gervais dans son Hist. nat. des
Ins. api. par M. Walckenaèr. (H. L.)
JAG
IXODIA (ÎÇw<îyj;, gluant), bot. pu. —
Genre de la famille des Composées-Séné-
cionidées , établi par R. Brown ( in Aiton
Hort. kew., 12 , IV, 517). Sous-arbrisseaux
de la Nouvelle - Hollande. Voyez compo-
sées. — Soland, syn. ûeBrasenia, Schreb.
*IXODINÉES. Ixodinœ. ois. — Sous-fa-
mille établie par M. de La Fresnaye dans
l'ordre des Passereaux dentirostres , et
ayant pour type le g. Ixos. (Z. G.)
IXORA (nom mythologique), bot. ph. —
Genre établi par Linné {Gen., n. 931) dans
la famille des Rubiacées-Psychotriées. Ar-
bustes ou arbrisseaux de l'Asie et de l'Afri-
que tropicale. L'Ixore écarlate , Ix. cocci-
nea, espèce type du genre, est cultivée dans
les serres chaudes des jardins d'Europe.
Voy. RUBIACÉES.
IXOS, Temm. ois. — Syn. de Turdoïde.
Voy. MERLE. (Z. G.)
IYNX. ois. — Voy, ynx.
JABET. moll. — Adanson , dans son
Voyage au Sénégal, donne ce nom à une
petite espèce d'Arche, inscrite sous le nom
d'Arca afra dans la 10e édition du Sys-
tema nature*. Voy. arche. (Desh.)
JABIK. moll. — Nom donné par Adan-
son à une coquille voisine du Murex scro-
biculalor de Linné, et qui en paraît diffé-
rente ; ce n'est pas non plus le Murex gy-
rinus, auquel Gmelin a rapporté la figure
d'Adanson. Pour nous, l'espèce en question
appartient au g. Triton; mais avant d'y
être introduite, elle aurait besoin d'être
examinée de nouveau. Voy. triton. (Desh.)
JABIRU. Mycteria, Linn. ois. — Voy.
cigogne. (Z. G.)
JABOROSA. bot. ph.— Genre de la fa-
mille des Solanacées-Solanées , établi par
Jussieu ( Gen., 125). Herbes de l'île Bo-
naire. Voy. solanacées.
JABOT. Ingluvies. ois. — Voy. oiseaux.
JACAMAR. Galbula. ois. — Genre de
Passereaux zygodactyles ( Grimpeurs de G.
Cuvicr) établi sur quelques unes des espè-
ces que Linné comprenait dans son genre
Alcedo, et dont Willughby et Klein faisaient
] des Pics. Mœhring fut le premier qui isola
j les Jacamars des Mar tins-Pêcheurs. Brisson
et Latham reproduisirent ce genre et en
fixèrent les caractères bien mieux que ne
l'avait fait Mœhring. A leur exemple , tous
les ornithologistes ont admis la division des
Jacamars; mais tandis que les uns l'ont
adoptée sans altération, et telle que Bris-
son et Latham l'avaient conçue, les autres
la modifiaient en y introduisant des subdi-
visions dontje parlerai bientôt.
Le g. Jacamar est caractérisé par un bec
long, tétragone, pointu, à arête vive, garni de
soies sur les côtés ; des narines ovales à demi
fermées ; des tarses courts , en partie em-
plumés; quatre doigts, dont deux en avant
et deux en arrière, ou trois seulement, l'un
de ceux de derrière manquant.
Les Jacamars sont des oiseaux du nou-
veau continent. Leurs mœurs ne sont pas
entièrement connues. Le peu de notions quo
l'on a à cet égard laisserait supposer que
ces oiseaux ont, par leurs habitudes, quel-
que analogie avec les Martins- Pêcheurs,
comme ils en ont, du reste, par leurs ca-
ractères physiques. En effet , les Jacamars
JAG
vivent , en général , dans l'isolement ou
par paires ; ils s'écartent peu du canton
qu'ils se sont choisi; demeurent des heu-
res entières perchés sur une branche, et
ont un vol rapide et peu étendu. Les uns
se plaisent dans le plus épais des bois , les
autres préfèrent les lieux découverts , d'au-
tres enfin fréquentent les endroits hu-
mides. Tous ont un régime animal : les
insectes composent leur principale nour-
riture. Tout ce qui a rapport à leur re-
production a jusqu'ici échappé à l'obser-
vation. On ne connaît ni leur nid, ni leurs
œufs, ni la manière dont ils élèvent leurs
petits.
Les Jacamars forment aujourd'hui une
petite famille assez naturelle (celle des
Galbulidées), et sont distribués dans trois
genres ou sous- genres : les Jacamars pro-
prement dits, les Jacamerops et les Jaca-
maralcyons. Cette distinction me paraît
parfaitement légitime , et je dois l'employer
ici.
1° Espèces qui, avec deux doigts devant et
deux derrière, ont un bec droit. ( G. Ja-
camary Galbula , Auct.)
i . Jacamar a bec blanc , Gai. albiroslris
Lath. (Levaill., pi. 51). Bec blanc; man-
teau d'un vert doré ; gorge blanche ; par-
ties inférieures roux -cannelle. Habite la
Guyane
2. Jacamar vert, Gai. viridis Lath. (Buf.,
pi. enl. , 238). Bec noir; plumage généra-
lement d'un beau vert doré à reflets ; abdo-
men et couvertures inférieures de la queue
roux. Habite Gayenne.
3. Jacamar a queue rousse , Gai. rufl-
cauda Cuv. (Vieill., Gai. des Ois., pi 29).
Ceinture vert doré sur la poitrine; queue
longue, en partie rousse. Habite l'île de la
Trinité.
4. Jacamar a ventre blanc, Gai. albi-
tentris Less. (Levaill., pi. 46). Bec noir et
lanc; milieu du ventre blanc; queue
courte. Habite le Brésil.
5. Jacamar a longue queue , Gai. para-
disœa Lath. (Buff.,pL enl., 274). Plumage
brun; gorge d'un blanc pur; queue longue
et fourchue, les deux rectrices externes
très allongées. Habite Cayenne.
JAG
135
2° Espèces qui, avec deux doigts devant et
deux derrière, ont un bec fort et notable*
ment recourbé. (G. Jacamerops, Levaill.,
Cuv. ; Lamprotila, Swains.)
Le nom de Jacamerops ( fait de Jacamar
et de Merops, Guêpier) indique que l'oiseau
qui a servi de type à cette section participe
par ses caractères des Jacamars et des Guê-
piers. L'unique espèce qui s'y rapporte est
le Jacamarici Levaill., Gai. grandis Lath.
Gorge et joues vert doré ; cravate blanche ;
tout le dessous du corps cannelle foncé.
Habite Cayenne.
3° Espèces qui , avec deux doigts devant et
un seul derrière, ont un bec grêle, allongé.
(G. Jacamar alcyon , Levaill., Cuv.; Al-
cyon, Spix.)
Si les Jacamerops sont des Jacamars à
bec de Guêpier, ceux-ci sont des Jacamars
à pieds de certains Martins Pêcheurs : aussi
le nom qu'ils ont reçu (composé par con-
traction de Jacamar et Alcyon, fait de Al-
cedo) est-il parfaitement convenable.
On ne place dans cette division que le
Jacamaralcyon tridactvle, Galb. tridactyla
Vieill. (Levaill. , pi. 50). Plumage d'un
gris brun-vert; ventre blanc. Habite la
Guyane. (Z. G.)
JACAMARALCYON . Levaill. ois. —
Voy. JACAMAR. (Z. G.)
JACAMEROPS, Levaill. ois. — Voy.
JACAMAR. (Z. G.)
JAC ANA. Parra. ois. — Genre de l'ordre
des Échassiers et de la famille des Parri*
dées. Caractères: Bec médiocre, droit,
comprimé latéralement, un peu renflé vers
le bout, qui est convexe, caroncule ou nu
à la base de la mandibule supérieure; na-
rines étroites longitudinales, situées vers le
milieu du bec et percées dans la membrane
qui recouvre les fosses nasales ; tarses longs,
grêles, annelés ; doigts déliés, munis d'on-
gles aigus, fort longs ; celui du pouce dé-
passe en longueur le doigt auquel il appar-
tient; ailes munies d'un éperon pointu.
Ce g., créé par Linné, mais mal défini
par lui , puisqu'il y introduisait des espèces
de la famille des Vanneaux; un peu mieux
limité dans la suite par Lalham et Bris-
son , a été élevé par les méthodistes mo-
dernes à la dignité de famille, et décom-
136
JAG
JAC
posé en quatre divisions génériques que je
signalerai plus bas.
Les Jacanas se rapprochent des Râles et
des Poules-d'Eau par leurs habitudes , par
la forme comprimée et raccourcie de leur
corps, par leurs doigts longs et grêles, et
par la petitesse de leur tête ; mais ils en
diffèrent par l'éperon qu'ils ont aux ailes,
et surtout par leurs ongles, excessivement
longs , droits et fort aigus. Ce sont proba-
blement ces ongles, dans lesquels on a cru
voir , par une comparaison forcée et à
cause de leur acuité, l'instrument dont on
se sert pour pratiquer la saignée , qui ont
valu aux Jacanas , dans quelques unes des
contrées que ces oiseaux habitent, le nom
vulgaire de Chirurgien; ou peut-être ,
comme le pense Vieillot, doivent-ils cette
dénomination triviale à l'éperon triangu-
laire dont leurs ailes soni armées.
Les habitudes des Jacanas sont essen-
tiellement aquatiques; ils vivent constam-
ment dans les marécages, les lagunes, et
sur le bord des étangs. Leurs grands doigts,
pourvus d'ongles également longs , leur
donnent la faculté de marcher avec une
grande légèreté sur les herbes, les nénu-
phars , et les autres plantes à feuilles larges
qui recouvrent la surface de l'eau. Contrai-
rement à l'opinion de M. Temminck , il
paraîtrait que ces oiseaux sont de fort mau-
vais nageurs. D'Azara et Vieillot prétendent
rnème qu'ils ne nagent jamais , et que c'est
tout au plus s'ils s'enfoncent dans l'eau jus-
qu'aux genoux.
Ce sont des oiseaux qui vivent ordinai-
rement par couples. Lorsqu'un accident
sépare momentanément un mâle de sa fe-
melle, ou réciproquement celle-ci de son
mâle, aussitôt des cris de rappel se font
entendre. Mais ces cris ne sont pas les seuls
que les Jacanas poussent : il en est un au-
tre qui est propre surtout aux mâles , et
qu'ils jettent lorsqu'on les force à prendre
leur essor. Ce dernier cri est aigu , glapis-
sant, et s'entend de fort loin. Leur vol est
rapide, mais peu élevé, et s'exécute en ligne
droite.
Les Jacanas sont très sauvages; le moin-
dre bruit leur devient suspect, et le moin-
dre objet qu'ils n'ont pas l'habitude de voir
les met en fuite: aussi faut-il pour les ap-
procher user de beaucoup de précautions et
de beaucoup de ruses. Us sont querelleurs,
et se battent avec vigueur contre les autres
oiseaux ou leurs pareils qui les attaquent.
Us font usage dans leur lutte des armes
dont leurs ailes sont pourvues.
Comme tous les vrais monogames , les
Jacanas contractent une union durable; le
mâle et la femelle restent fidèles l'un à
l'autre. Us nichent au milieu des herbes
aquatiques, et pondent 4 ou 5 œufs, qu'ils
ne couvent, d'après M. Aie. d'Orbigny, que
pendant la nuit, laissant, durant le jour,
au soleil et à la température élevée du climat,
le soin de faire le reste. Les petits en nais-
sant suivent les parents.
La nourriture des Jacanas consiste prin-
cipalement en insectes aquatiques.
Toutes les espèces appartiennent aux ré-
gions intertropicales. Parmi elles, quelques
unes ont donné lieu à de doubles emplois.
Vieillot, eu égard à l'absence ou à la pré-
sence de caroncules au-dessous de la base
du bec, avait cru devoir les distribuer dans
deux groupes distincts; M. Lesson, de son
côté, prenant en considération la forme de la
queue, est également arrive à établir deux
coupes ; aujourd'hui leur nombre a été
porté à quatre ; mais , de plus , ces coupes
ayant été converties en genres, l'ancien g.
Parra a été transformé en famille ou en
sous-famille , celle des Parrinées. Il me sem-
ble que la conservation du g. Jacana, tel
que Vieillot ou M. Lesson l'ont compris,
en distribuant les espèces par groupes, se-
lon leurs affinités les plus prochaines, doit
conduire à ce dernier résultat. Ce moyen a,
du reste, l'avantage de décharger la no-
menclature générique de trois noms nou-
veaux : aussi essaierai-je de le mettre en pra-
tique.
lo Espèces à front nu et caroncule ; queuo
courte et cunéiforme.
(a) Deux barbillons chat-nus sous le bec ;
surlefrontune membrane trilobée. (G. Parray
Linn., Lath., Vieill., etc. ; Jacana, Briss.)
1. Le Jacana commun, Pa. Jacana Linn.
(Bu(ï\, pZ.enZ., 322 et 8-iC). Manteau roux;
tête , cou , gorge et tout le dessus du corps
d'un noir violet. Habite le Brésil.
Selon G. Cuvier, IcPa. variabilis Lath.,
représenté dans les Enl. pi. , S46 , n'est
qu'un jeune âge de cette espèce.
JAC
(b) Pas de barbillons ; sur la base de la
mandibule supérieure, une crête lisse, char-
nue, s' élevant perpendiculairement en forme
de plastron. (G. Hydralector, Wagl.)
2. Le Jacanà a crêtes, Pa. gallinacea
ïemm. (pi. col., 464), Pa. cristata Vieill.
Manteau de couleur cuivre bronzé à re-
flets verts; tête, cou, poitrine, ventre et
jambes d'un beau vert de bouteille foncé
et brillant; sourcil blanc. Habite les Célè-
bes , à Ménado et Amboine.
(c) Pas de barbillons; caroncule du front
à deux lobes. (G. Metopidius, Wagl.)
3. Le Jacana bronzé , Pa. œnea Cuv.
( Pa. melanochloris Vieill. , Gai. des Ois. ,
pi. 264). Manteau d'un vert brillant; tête
et cou noirs; au-dessus de l'œil, un sour-
cil blanc qui descend sur les côtés du cou.
Habite le Bengale et Java.
C'est à ce groupe que se rapporte le Pa.
indica La th. , si toutefois cet oiseau n'est
pas une variété d'âge du précédent.
(d) Pas de barbillons; membrane du
front non lobée .
4. Le Jacana a nuque blanche , Pa. al-
binuca Is. Geoff. (Magaz. de zool., cl. 2,
p. 6). Gorge et devant du cou noirs, nu-
que et derrière du cou blancs; ailes noires ;
le reste du plumage roux-marron. Habite
Madagascar.
A côté de cette espèce , me paraît venir
se ranger le Jacana a poitrine dorée , Pa.
africana Lath. (Syn., pi. 87). Plumage en
dessus cannelle clair ; gorge blanche; poi-
trine jaune, tachetée et rayée de noir. Ha-
bite le Sénégal.
2» Espèces à front garni de plumes; queue
très longue. (G. Hydrophasianus, Wagl.)
Cette division a été fondée sur l'espèce
qui est figurée dans V Atlas de ce Diction-
naire, oiseaux, pi. 10, sous le nom de Jacana
a longue queue, Pa. sinensis Gmel. Cet oi-
seau , qui porte dans l'Inde le nom de
Kuppt-pt, est remarquable par la longueur
des deux pennes intermédiaires de la queue.
Il se distingue encore de ses congénères en
ce que deux des pennes de l'aile sont beau-
coup plu» longues que les autres. Il a le
front , les côtés de la tête , le devant du
cou, un miroir sur l'aile, et les barbes ex-
r. vu.
JAC
137
ternes des rémiges secondaires blancs; l'oc-
ciput noir ; un trait de cette couleur enca-
dre le blanc du front de la tête et du cou ;
le manteau est d'un brun rougeâtre; le
derrière du cou d'un beau jaune marron;
toutes les parties inférieures et la queue d'un
pourpre foncé. Le Jacana à longue queue
habite le Bengale et les Philippines. Le Pa.
luzoniensis Lath. serait, d'après G. Cuvier,
le jeune âge de cette espèce. (Z. G.)
JACAPA. Ramphocelus, Vieill. ois. —
Division du g. Tangara. Voy. ce mot. (Z. G.)
JACARANDA. bot. ph. — Genre de la
famille des Bignoniacées-Técomées , établi
par Jussieu (Gen., 138). Arbres souvent
très élevés de l'Amérique tropicale. Voy.
BIGNONIACÉES.
JACARD. mam. — L'un des synonymes
du Chacal , d'après Belon. (E. D.)
JACARINIS. ois. — Nom sous leque
M. Lesson a groupé un certain nombre de
Fringilles , dont Vieillot a fait son g. Pas-
serine. Voy. ce mot. (Z. G.)
JACINTHE. Hyacinthus (nom mytholo-
gique ). bot. ph. — Genre de plantes de la
famille des Liliacées. Tel que l'admettent
aujourd'hui généralement les botanistes, il
est renfermé dans des limites beaucoup plus
étroites que celles qui lui avaient été assi-
gnées par Linné. En effet, diverses espèces
en ont été successivement détachées : les
unes ont servi à rétablir le genre Muscari,
qui avait été déjà proposé par Tournefort ,
et que le botaniste suédois n'avait pas
adopté; les autres sont devenues la base
des genres Bellevalia, Lapeyr.; Uropetalum,
Ker ; Agraphis, Link ; Lachenalia, Jacq. En-
fin , parmi les plantes comprises dans le
genre linnéen, il en est que l'on range au-
jourd'hui parmi les Scilles (ex. : Scilla nu-
tans Smith, Hyacinthus nonscriptus Linn.).
Tel qu'il se trouve circonscrit après ces di-
verses suppressions, le genre Jacinthe pré-
sente les caractères suivants: Il se compose
de végétaux herbacés, bulbeux, dont les
fleurs, portées par une hampe, forment une
grappe terminale simple. Chacune de ces
fleurs est composée d'un périanthe coloré et
corollin en entonnoir ou campanule, à limbe
étalé, 6-fide; de 6 étamines insérées sur
le tube du périanthe, à filet très court;
d'un ovaire à 3 loges renfermant chacune
un petit nombre d'ovules , surmonté d'un
18
138
JAC
JAC
style court que termine un stigmate obtus.
Le fruit qui succède à ces fleurs est une
capsule à 3 angles, à 3 loges qui s'ou-
vrent par une déhiscence loculicide; cha-
cune de ces loges renferme deux graines
presque globuleuses , revêtues d'un test
crustacé noir, et dont l'ombilic présente un
renflement charnu. Les Jacinthes croissent
spontanément dans l'Europe méridionale,
dans les parties moyennes et méditerra-
néennes de l'Asie.
Tout l'intérêt que présente ce genre est
à peu près concentré sur une seule espèce,
i'a Jacinthe d'Orient, Hyacinthus orientalis
Linn. Elle est, comme le rappelleson nom,
originaire de l'Orient; mais on l'indique
aussi comme croissant spontanément dans
quelques parties de l'Europe méridionale,
notamment en Provence, et même dans les
environs de Tarbes. Ses feuilles sont étroi-
tes, obtuses, plus courtes que la hampe;
ses fleurs, au nombre de 4 à 10 , forment
une grappe lâche, dressée; le pédicule qui
les porte est accompagné à sa base de brac-
tées membraneuses géminées, lancéolées,
plus courtes que lui; le périanihe est en
forme d'entonnoir, ventru à sa base; ses
six divisions sont oblongues, obtuses.
On sait toute l'importance que celte plante
a acquise par la culture et le rôle majeur
qu'elle joue aujourd'hui dans les jardins.
En Hollande particulièrement, elle est de-
venue l'objet d'exploitations considérables,
et aujourd'hui elle y fournit la matière d'un
commerce important, dont le centre est
Harlem. Les Hollandais apportent à cette
culture un soin extrême; des comités sont
institués pour examiner les variétés nou-
velles , pour décider de leur valeur, et des
prix sont décernés aux horticuleurs qui ont
réussi à obtenir de bonnes acquisitions.
Grâce à ces précautions, aux soins infinis
donnés à cette culture, et aussi, à ce qu'il
paraît , grâce à l'influence avantageuse de
son climat, la Hollande est aujourd'hui en
possession d'un nombre extrêmement con-
sidérable de variétés de Jacinthes, parmi
lesquelles 4 ou 500 environ sont assez bien
caractérisées pour pouvoir aisément être
distinguées Tune de l'autre. Ces variétés
s'obtiennent tous les jours à l'aide des se-
mis de eraines produites par les pieds à
fleurs simples; elles se coru-civent cl se
propagent par les cayeux : ce dernier mode
de multiplication est évidemment le seul
dont soient susceptibles les variétés à fleurs
doubles.
En général, la Jacinthe cultivée s'accom-
mode d'une terre légère , et cela d'autant
plus que le climat sous lequel on la cultive
est plus froid et plus humide ; aussi la terre
des plates-bandes consacrées à cette culture
doit-elle être préparée d'après cette donnée.
Les oignons sont mis en terre dès les mois
de septembre et d'octobre; pendant les
froids assez vifs pour que la terre soit gelée
à plus d'un décimètre de profondeur, on
les protège contre cette basse température
en couvrant les planches de fougère ou de
paille fraîche. Lorsque la pousse a lieu, on
dispose au-dessus des planches des toiles ou
des paillassons soutenus par des cerceaux;
on n'étend ces couvertures que lorsque le
thermomètre descend au-dessous de zéro.
La floraison a lieu dès les mois de mars et
d'avril; les fleurs ne redoutent pas une
gelée de 2 ou 3 degrés, mais leur durée est
considérablement abrégée lorsqu'à la gelée
ou à la neige succède l'action directe des
rayons du soleil. Dans les variétés à fleurs
doubles , la hampe se dessèche lorsque la
fleuraison est terminée; on retire alors les
bulbes de terre, en choisissant un beau
jour, et en ayant la précaution de ne pas
les blesser en les arrachant ; on enlève les
feuilles, après quoi on conserve les bulbes
dans un lieu sec jusqu'au moment de la
plantation. Les variétés à fleurs simples
dont on désire obtenir la graine restent
nécessairement plus longtemps en terre;
on détache leurs capsules lorsqu'elles jau-
nissent et qu'elles s'ouvrent; après quoi
on les laisse pendant quinze jours à l'ombre
et à l'air pour que les graines achèvent de
mûrir entièrement; leur bulbe n'est retiré
de terre que lorsque les feuilles jaunissent.
Les semis de ces graines se font au mois
de septembre, dans une terre légère et pré-
parée avec soin, à la volée ou en rayons ;
on couvre ensuite de 2 ou 3 centimètres de
terre ; chaque année on ajoute une couche
de 5 ou G centimètres de terre lorsque les
feuilles du jeune plant se dessèchent; en-
fin, la troisième année, les bulbes sont assez
développés pour pouvoir être arrachés et
traités ensuite comme ceux qui doivent
JAC
JAL
139
fleurir. Ordinairement ces bulbes fleuris-
sent dès la quatrième année après le semis.
Les fleurs qui en proviennent sont les unes
simples, les autres semi doubles ; enOn d'au-
tres , en nombre peu considérable , sont
doubles.
Une des variétés les plus curieuses de la
Jacinthe cultivée est celle que les Hollan-
dais ont nommée Diane d'Éphèse, dont les
pédicules sont bi-triflores.
Le peu de mots que nous avons dits sur
la culture de la Jacinthe d'Orient n'en
indique que les généralités; pour les dé-
tails nombreux qui peuvent en assurer le
succès, nous renverrons aux ouvrages d'hor-
ticullure. (P. D.)
JACKAL. mam.— Espèce du genre Chien.
Voy. ce mot.
JACKIA (nom propre), bot. ph. — Genre
de la famille des Rubiacées, établi par
Wallich (in Roxburgh Flor. Ind., II, 312).
Arbre très haut de l'Inde australe. Voy.
rubiacées. — Blume, syn. de Xanthophyl-
him, Roxb. — Spreng., syn. de Microlœna,
Wall. (J.)
* JACKIE. rept. — Nom d'un gros Tê-
tard (larve de Grenouille) que l'on trouve
dans l'Amérique méridionale, et particu-
lièrement à Cayenne. Comme la Grenouille
qui provient de ce Têtard est plus petite de
beaucoup que le Têtard lui-même , quel-
ques naturalistes avaient pensé que c'était ce
dernier qui était le second âge, la Grenouille
n'en étant que le jeune, et ils avaient dit
que la Jackie était un poisson qui provenait
d'une Grenouille. C'est comme telle que
mademoiselle Sibylle de Mérian etSeba dé-
crivent la Jackie ; mais la plupart des na-
turalistes, même ceux de leur époque, ne
s'y sont pas trompés, et Linné met la Jac-
kie dans le genre Rana, en l'appelant tou-
tefois R.paradoxa, sans doute à cause des
récils dont nous venons de parler. Pour
Laurenti, c'est un Protée, Proleus raninus ;
mais on sait maintenant que c'est bien une
ospèce de la famille des Grenouilles, et Wa-
►:1er en a fait un petit genre à part dans
ce groupe sous le nom de Pseudis. (P. G.)
JACKSOIVIA (nom propre), bot. pu. —
Genre de la famille des Papilionacées-Poda-
lyriées, établi par R. Brown (in Ailon Hort.
kcw. édit., 2 , III, 12). Voy. papilionacées.
— Rafin., synonyme de Polanisia, Rafin.
JACO. ois. — Nom vulgaire du Perro
quet cendré. M. Lesson l'a appliqué à un
genre qui a cette espèce pour type. Voy.
PERROQUET. (Z. G.)
JACOBJSA, Tourn. bot. ru. — Syn. de
Scnecio , Less.
JACOBINES, Less. ois. — Genre de la
famille des Colibris. Voy. ce mot. (Z. G.)
*JACOSTA ( nom propre ). bot. ph. —
Genre de la famille des Composccs-Séné-
cionidées, établi par E. Meyer (in Herb.
Dreg. ). Sous-arbrisseaux du Cap. Voy. com-
posées.
JACQUEMONTIA , Belang. bot. ph.—
Syn. de Psilothamnus , DC.
JACQUIER, bot. ph. — Voy. jaquier.
JACQUINIA (nom propre ). bot. ph. —
Genre de la famille des Myrsinées-Théo-
phrastées, établi par Linné ( Gen. n. 254).
Arbrisseaux de l'Amérique tropicale. Voy.
myrsinées. — Mut., syn. de Trilix , Linn.
*JACUEUS. mam. — Erxleben (Syst.
reg. anim. 1777) indique sous cette déno-
mination un genre de Rongeurs dont le type
est la Gerboise, Dipusjacuhis. (E. D.)
JADE. min. — Voy. feldspath.
JjEGEIUA ( nom propre), bot. pu. —
Genre de la famille des Composées-Séné-
cionidées, établi par H.-B. Kunth (in
Humb. et Bonpl. Nov. gen. et sp., IV, 277,
t. 400). Herbes de l'Amérique tropicale.
Voy. composées.
JAGOIV. moll. — Il est incertain si la
coquille nommée ainsi par Adanson est un
Cardium ou une Lucine; cependant, si l'on
s'en rapporte à la description, la charnière
serait plutôt celle d'un Cardium. Voy. bu-
carde. (Desh.)
JAGUAR, mam. — Espèce du genre Chat.
Voy. ce mot. (E. D.)
JAIS. min. — Voy. lignite.
*JALAMBÎCEA, Llav. et Lexar. bot.
ph. — Syn. de Limnobium , L. C. Rich.
JALAP. bot. pu. — On donne ce nom à
la racine d'une espèce de Convolvulus, U
C. Jalappa Linn., qui lui-même tire soi;
nom de la ville de Xalappa dans le Mexique,
aux environs de laquelle cette plante croit
spontanément en assez grande abondance
pour que sa racine puisse être recueillie et
livrée au commerce en quantité considérable.
Pendant longtemps cette substance médici-
nale a été importée en Europe sans que l'oa
140
JAL
sût à quelle plante elle appartenait ; ainsi,
dès 1G09, elle fut introduite en Angleterre,
et, comme l'on crut qu'elle était fournie par
une Rhubarbe, on lui donna le nom de Rhu-
barbe noire. Une autre opinion fut émise
par Plumier, Tournefort, et par Linné lui-
même, dans la première édition de sa ma-
tière médicale : ces célèbres botanistes
"■ crurent , d'après une certaine analogie de
propriétés observée par eux, que le Jalap
j n'était autre chose que la racine de laBelIe-
de-Nuit, qui fut nommée, par suite de cette
| opinion, Mirabilis Jalappa. Cependant Rai,
Sloane, etc., furent les premiers à penser que
• cette substance était la racine d'un Convol-
l vulus; Linné adopta enfin cette manière de
voir, et donna, dans son Mantissa, à la plante
qui la produit, le nom de Convolvulus Jalappa
qu'elle a conservé.
Le Liseron jalap, Convolvulus Jalappa
Linn. (Ipomœa macrorhiza Mich. Flor. bor.
amer.), est une plante vivace dont la racine
est pivotante, très renflée et plus ou moins
ovoïde; cette racine émet, dans sa partie in-
férieure, plusieurs branches épaisses et cy-
lindriques, inégales; elle est blanche, char-
nue et lactescente à l'état frais; elle change
de couleur, comme nous le dirons, par la
dessiccation. De cette racine partect des
tiges qui s'enroulent autour des corps , et
qui atteignent jusqu'à 5 et 6 mètres de
longueur; les feuilles sont ovales, plus ou
moins en cœur, un peu rudes, velues à leur
face inférieure, entières ou lobées; les pé-
doncules sont uni- ou multiflores ; les fleurs
sont grandes; le tube de leur corolle est
violet en dedans, d'un lilas pâle en dehors,
tandis que le limbe est blanc ou nuancé de
violet; le filet des étamines est cotonneux à
sa base; les graines sont noires, oblongues,
entièrement revêtues de longs poils soyeux
<et roussûtres. Cette plante est très commune
dans le Mexique, aux environs de Xalappa et
ailleurs ; elle s'élève même, dans l'Amérique
septentrionale, jusqu'à une latitude assez
haute pour qu'on ait tout lieu de penser
qu'elle pourrait être cultivée avec succès
dans les parties les plus méridionales de la
France ; en effet, Michaux père a vu sa ra-
cine, même saillante hors de terre en partie,
supporter, à Charlestown, un froid de 4° et
6° sans paraître en souffrir.
C'est la racine de cette plante, quiconsti-
JAL
tue le Jalap. Cette racine est susceptible
d'acquérir, par les progrès de l'âge, de fortes
dimensions : ainsi Thiéry de Menonville en
a vu qui pesaient 12, 15 et 25 livres; mais
ce sont toujours les petites que Ton choisit
pour les verser dans le commerce. Ces ra-
cines sont coupées en tranches ou seulement
en deux moitiés longitudinales, lorsqu'elles
sont fort petites, et on les soumet, ainsi
divisées, à une dessiccation lente. Il eu ré-
sulte des morceaux hémisphériques ou des
rouelles de 6-7 centimètres de diamètre, de
couleur brun sale à l'extérieur, plus pâles
à l'intérieur, marquées sur leur tranche de
zones concentriques. La cassure de ces frag-
ments est irrégulière, et présente çà et là
des points brillants dus à la présence de la
matière résineuse qui constitue le principe
essentiellement actif du Jalap, le reste du
tissu étant à peu près inerte : aussi les qua-
lités les plus estimées sont-elles celles dans
lesquelles des Insectes ont rongé une grande
partie du parenchyme en respectant les
points résineux, ou celles qu'on nomme
Jalap piqué.
Le Jalap a été l'objet de deux travaux
spéciaux, l'un deDesfontaines(.4nn. duMus.,
t. II, p. 120-1 30, t. 40, 41), qui le considère
sous le point de vue botanique; l'autre de
F. Cadet-Gassicourt, qui l'envisage surtout
sous le point de vue chimique et médicinal.
D'après ce dernier savant, sur 500 parties
de cette substance, il existe 50 de résine,
24 d'eau, 220 d'extrait gommeux, 12,5 de
fécule, 12,5 d'albumine, 4 de phosphate de
chaux, 8,1 de chlorure de potassium, enfin
quelques autres sels. Ce médicament était
autrefois extrêmement usité, et l'on en im-
portait annuellement en Europe une quan-
tité considérable ; mais aujourd'hui son em-
ploi est considérablement restreint,etil entre
presque uniquement dans la médecine des
paysans et dans celle des bestiaux. Il consti-
tue un purgatif certain et énergique, mais
dont l'action présente malheureusement
beaucoup d'inégalité, selon qu'il est de qua-
lité supérieure ou inférieure. On l'a employé
aussi contre l'hydropisie, et il a souvent
produit dans ce cas des effets avantageux;
enfin, on a dit s'être bien trouvé quelque-
fois de son emploi contre le Ténia. Dans ces
divers cas, on administre le Jalap en poudre.
(P. D.)
JAM
JAN
141
*JALLA. ins. — Genre de la tribu des
Scutellériens , groupe des Pentatomites, de
l'ordre des Hémiptères, établi par Hahn
( Wanzart. Inseckt) etadoptéparMM.Amyot
et Serville (Ins. hémipt., suites à Buffon).
Nous avons considéré, dans nos divers ou-
vrages , les Jalla comme ne devant former
qu'une simple division parmi les Stiretrus.
Le type est le J. dumosa ( Cimex dumo-
sus Linn.), répandu dans une grande partie
de l'Europe. (Bl.)
♦JALODIS, JELODÏS ou JULODIS
(îa>o;, poil), nss. — Genre de Coléoptères
pentamères, famille des Sternoxes, tribu
des Buprestides , créé par Eschscholtz et gé-
néralement adopté. Ce genre renferme près
de 50 espèces originaires d'Afrique, d'Asie
et d'Europe. Elles sont à peu près les plus
grandes de la tribu, et se reconnaissent par
leur corps conique, par l'absence d'écusson,
et par des antennes aplaties, élargies au
sommet, minces à la base. Nous citerons
comme en faisant partie les Bup. fascicu-
laris, variolaris, onopordius, pilosa, An-
dreœ et hirta de Fabricius.
Nous avons représenté dans l'Atlas de ce
Dictionnaire, Coléoptères, pi. 4, f. 1, une
belle espèce de ce genre , le Julodis a bou-
quets , Julodis cirrosa Scbcenh. (C)
JAMAR. moll. — Adanson , dans son
Voyage au Sénégal, nomme ainsi un Cône
assez commun, qui, selon toutes les appa-
rences, est le Cône papilionacé de Lamarck.
Voy. cône. (Desh.)
JAMBLE. moll. — Nom vulgaire, sur
les côtes du Poitou, des espèces les plus
vulgaires de Patelle. Voy. ce mot. (Desh.)
JAMBOLIFEBA , Linn. bot. ph.— Syn.
iTAcronychia, Forst.
JAMBON, moll. — Nom vulgaire du g.
Pinna de Linné. (Desh.)
JAMBONNEAU, moll. — Adanson a
donné ce nom à un g. dans lequel il ras-
semble non seulement les Pinnes de Linné,
mais encore des Moules, des Modioles, des
Avicules. Voy. ces divers mots. (Desh.)
JAMBOS, Adans. bot. ph. — Syn. de
Jambosa, Rumph.
JAMBOSA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Myrtacées, établi par Rumph
(Amboin.,l, 121). Arbres indigènes des ré-
gions tropicales de l'Asie et de l'Afrique.
Voy. MYRTACÉES.
*JAMESIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Saxifragacées, établi
par Torrey et A. Gray (Flor. ofNorth. amer.,
I, 593). Arbrisseaux de l'Amérique boréale.
Voy. SAXIFRAGACÉES.
*JAMESONIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Polypodiacées , éta-
bli par Hooker (Je, t. 178). Petites Fou-
gères du Pérou. Voy. polypodiacées.
JAMESONITE. min.— Sulfure d'Anti-
moine. Voy. SULFURES.
*JAMINIA. moll. — M. Say a proposé ce
g. pour des coquilles appartenant, selon
nous, au g. Auricule , dont elles ne diffè-
rent que par un seul pli columellaire, tan-
dis que,dans les Auricuîes, il existe plusieurs
de ces plis. Ce caractère me paraît de trop
peu de valeur, et nous croyons que l'on de-
vra rejeter le g. en question. Voy. auri-
cule. (Desh.)
*JANASSA (nom mythologique), ms. —
Genre de Coléoptères subpentamères clavi-
palpes , formé par nous avec la Languria
thoracica d'Olivier, espèce originaire des
États-Unis. (C.)
*JANEREA. crust. — Rafinesque , dans
son Précis de découvertes somiologiques, dé-
signe sous ce nom un genre de Crustacés
dont les caractères génériques n'ont jamais
été publiés. (H. L.)
JANIA, Schult. bot. ph. — Syn. de Bœo-
metra, Salisb.
JANIE. Jania(Janus, nom mythologi-
que), polyp. ? algues calcifères. — Genre
établi par Lamouroux dans l'ordre des Co-
rallinées, qu'il plaçait dans sa division des
Polypiers flexibles calcifères. « C'est, di-
sait-il, un Polypier muscoïde, capillaire,
dichotome, articulé, ayant les articulations
cylindriques, l'axe corné, et l'écorce moins
crétacée que celle des Corallines. » Lamarck
et les autres zoologistes ont laissé les Janies
avec les Corallines, et aujourd'hui tous
les naturalistes sont d'avis de les reporter
également dans le règne végétal. Les Janies,
d'une couleur verdâtre, violacée ou rou-
geâtre, à l'état vivant, deviennent bientôt
blanches par l'action de l'air et de la lu-
mière; elles forment , sur les plantes ma-
rines, de petites touffes hautes de 2 à
4 centimètres, et souvent beaucoup moins
hautes. Elles habitent la Méditerranée et
les diverses régions littorales de l'Océan.
142
JAN
JAN
On les a quelquefois confondues avec les
autres Corallines sous le nom de Mousse de
Corse. (Duj.)
*JANICEPS. térat. — Genre de monstres
«iiitositaires de la famille des Sycéphaliens.
Voy. ce mot.
JANIPHA, Kunth. bot. ph. — Syn. de
Manihot, Plum.
JANIRE. Janira( nom mythologique).
moll. — II existe quelques espèces de Pei-
gnes, sur le bord cardinal desquelles on re-
marque une série de petites dents très apla-
ties, que l'on a comparées à celles des Ar-
ches . M. Schumacker a proposé de séparer
ces espèces en un g. auquel il a donné le
nom de Janire. Ce g. ne saurait être adopté.
Voy. peigne. (Desh.)
JANIRE. Janira (nom mythologique).
acal.— Genre établi par M. Oken , aux dé-
pens des Béroés, pour 2 espèces munies de
nageoires longitudinales, et ayant la bouche
pédonculée et deux tentacules branchiaux.
La Janire hexagone est une Callianire {voy.
ce mot) pour M. Lesueur, qui a institué ce
nouveau genre, et pour Eschscholtz ; elle
est large de 7 millim., de couleur bleu-cé-
leste, avec des lobes plus foncés à l'extré-
mité, et des tentacules rouges : elle se trouve
dans la mer du Nord.
M. Lesson, dans son Hist. nat. des Aca-
lèphes, conserve le genre Janira, et en dé-
crit 4 autres espèces , dont l'une, J. ellip-
tica , est une Cydippe d'Eschscholtz; les
trois dernières avaient été décrites comme
des Béroés par MM. Quoy et Gaimard , ou
par M. Mertcns. Il lui assigne les caractères
suivants : Corps vertical , garni de côtes
saillantes, portant sur leur arête une rangée
de cils. Les rubans ciliaires sont toujours
au nombre de huit, et étendus d'une ouver-
ture à l'autre dans toute la longueur de
l'Acalèphe; l'ouverture buccale est grande
sans aucuns appendices buccaux ; des côtés
du corps partent deux prolongements cir»
rhigères, pectines. (Duj.)
JANRAJA, Plum. bot. ph. — Syn. de Ra-
jania, Linn.
JANTilINE. Janthina (t'a'vQivo;, violet).
moll. — L'attention des observateurs a été
depuis longtemps appelée sur l'animal cu-
rieux qui faille sujet de cet article. Fabius
Columnaest le premier qui, en 1616, en ait
donné une figure et une description dans son
ouvrage sur les animaux aquatiques. Lister,
dans son Synopsis conchyliorum, a reproduit
la figure exacte de Fabius Columna, et bien-
tôt après Breyne , devenu célèbre par sa dis-
sertation sur les Polythalames, publia des
observations intéressantes dans les Transac-
tions philosophiques (1705). Depuis, presque
tous les auteurs ont figuré la coquille de Fa-
bius Columna, que Linné rangea dans son
genre Hélix dès la 10e édition du Syslema
natures. Quoique rien ne justifiât cette opi-
nion de Linné, elle fut cependant adoptée
universellement, jusqu'au moment où La-
marck , écartant des Hélices toutes les co-
quilles fluviatiles et marines que Linné y
avaiteonfondues, proposa pour l'Hélix Jan-
thine le genre auquel il a consacré le nom
spécifique de Linné. Si, en principe, Linné
n'avait pas été si sobre pour la création de
ses genres, aucun ne lui était plus nette-
ment indiqué que celui-ci; il n'ignorait
pas, en effet , que cette coquille est marine,
et la figure de Fabius Columna , ainsi que
sa description , auraient dû éclairer Linné
sur la nature de l'animal et la valeur de ses
caractères extérieurs. A défaut de Fabius
Columna , Linné aurait pu trouver un guide
dans les observations de Breyne ; mais il
n'était pas dans l'esprit de ce grand légis-
lateur de l'histoire naturelle d'appfécier
la nécessité d'un genre pour une seule es-
pèce.Lamarck n'eut pas plus tôt créé le genre
Janthine, que tous les conchyliologistes
s'empressèrent de l'adopter; mais il fallait
indiquer ses rapports naturels, et à cet
égard les naturalistes furent d'opinion dif-
férente, ce qui fit sentir à Cuvier combien
étaient insuffisants les documents laissés
par Fabius Columna et par Breyne ; et notre
grand anatomiste voulut combler cette la-
cune par la publication d'un mémoire ana-
tomique spécial , publié dans les Annales
du Muséum. Malgré ce travail, dans lequel
Cuvier a dévoilé l'organisation des Jan-
thines, les zoologistes ne sont point tombés
d'accord sur la place que ce genre doit occu-
per. Cuvier le rapproche des Ampullaires
et des Phasianellcs. Lamarck, dans sod
dernier ouvrage, en fait une famille à la
suite des Macrostomes. L'opinion de M. de
Blainville se rapproche assez de celle de
Lamarck, tandis que celle de Férussac et
de Latreille semble résulter d'une combi-
JAN
JAN
143
naison malheureuse des opinions de Cuvier
et de Lamarck. 11 faut conclure de cette
diversité, ou que les faits que possède la
science sont insuffisants , ou bien que les
caractères du genre Janthinc sont d'une
appréciation difficile, parce qu'ils s'éloi-
gnent de ceux de la plupart des autres
Mollusques. C'est en effet ce qui a lieu, car
l'animal se rapproche, à certains égards,
«Je ceux des Carinaires et des Ptérotrachées,
et il a également de l'analogie avec les
Gastéropodes; il semble le résultat de la
combinaison des caractères de deux groupes
de Mollusques que l'on a regardés jusqu'ici
comme très nettement séparés.
Les Janthines sont des Mollusques qui,
par leurs mœurs, s'éloignent des autres
Gastéropodes et, à certains égards, se rap-
prochent des Ptéropodes. Ils restent con-
stamment suspendus à la surface des eaux,
deviennent le jouet des vents, et se laissent
aller dans toutes les directions comme tous
les autres corps flottants. Ils sont pourvus
d'une tête fort grosse, cylindracée, sem-
blable à un gros mufle , tronquée en avant
et fendue longitudinalement par une bouche
à lèvres assez épaisses et armées en dedans
de plaques cornées , hérissées de crochets.
Tout-à fait en arrière, et sur les parties la-
térales de la tête, s'élèvent deux grands
tentacules coudés dans leur milieu , et sur
lesquels on n'aperçoit aucune trace de l'or-
gane de la vision; en arrière de cette tète
et en dessous, séparé d'elle par un sillon
profond , se voit un disque charnu, assez
court, auquel est attachée, en guise d'oper-
cule une vésicule singulière, remplie d'air
et destinée à suspendre l'animal à la surface
de l'eau. Ce disque n'est autre chose que le
pied des autres Mollusques gastéropodes.
Quant à la vésicule, Fabius Columna l'a
caractérisée en la désignant par l'épithète
de Spuma cartilaginea ; elle est, en effet,
composée d'un amas de petites vésicules
agglomérées, rempliesd'air, contenues dans
une enveloppe subcartilagincuse. D'après
Ips observations de MM. Quoy et Gaimard,
celte vésicule n'a pas seulement pour usage
de suspendre la Janthine à la surface de
l'eau, elle sert aussi, au moment de la
ponte, à tenir suspendues un grand nom-
bre de capsules oyifères que l'animal y a
attachées.
La partie antérieure de l'animal est en-
veloppée d'un manteau s'appliquant sur la
surface interne de la coquille et constituant
en arrière delà tête une cavité assez grande,
largement ouverte en avant, dans laquelle
sont contenus les organes de la respiration.
Ces organes respiratoires se présentent
sous la forme d'un grand peigne , à dents
profondément découpées, et attaché par sa
base au plafond de la cavité respiratrice.
Derrière la branchie existe l'organe des mu-
cosités, semblable à celui des autres Mollus-
ques gastéropodes , mais sécrétant , comme
dans les Aplysies , une liqueur d'un très
beau violet. Plus en arrière encore de cet
organe, au point de jonction du manteau
avec le corps , on trouve un cœur subglo-
buleux , contenu dans un péricarde peu
étendu. Par son extrémité antérieure, ce
cœur reçoit les vaisseaux de la branchie par
l'intermédiaire d'une oreillette, et par son
extrémité postérieure il donne naissance à
une aorte, dont les branches se distribuent
dans tout le corps. La cavité de la bouche
est assez grande; en arrière, vers l'entrée
de l'œsophage, une petite langue y fait
saillie, et c'est près d'elle que se débouchent
les canaux de quatre glandes salivaires fort
allongées et contenues par la masse viscé-
rale dans le voisinage de l'estomac. L'es-
tomac n'est point une cavité simple et uni-
que comme dans beaucoup de Mollusques;
deux étranglements le partagent en trois
cavités inégales, dans lesquelles se complète
successivement la digestion des aliments,
avant qu'ils soient admis dans un intestin
grêle faisant quelques circonvolutions dans
le foie avant de se terminer en un anus
qui débouche au côté droit de la cavité bran-
chiale. Le foie est, comme à l'ordinaire, un
organe très volumineux, envahissant une
très grande partie des tours de la spire;
il contient des vaisseaux biliaires qui se
dirigent vers le cul-de-sac du second esto-
mac, où il débouche au moyen d'une grande
crypte. Cuvier soupçonne dans ces Janthi-
nes des individus mâles et des individus
femelles. En effet, chez les uns il a trouvé
un petit organe excitateur sur le côté droit
du corps, organe qui ne se montre jamais
dans d'autres individus.
La coquille des Janthines se reconnaît
non seulement à sa couleur violette , mai»
144
JAN
encore à d'autres caractères propres à ce
genre. Ce sont des coquilles turbinées, à
spire obtuse et courte , se rapprochant en
cela des véritables Hélices. Le test est très
mince, transparent, d'une structure plus
vitrée et plus serrée, ce qui lui donne plus
de fragilité et laisse à ses cassures un ca-
ractère tout particulier. L'ouverture est
grande , subquadrangulaire, un peu évasée
à la base , à péristome non complet. La
columelle est mince , fortement tordue sur
elle-même. Le bord droit est tranchant, et
il présente au milieu de sa longueur une
sinuosité plus ou moins profonde selon les
espèces. Il est quelques unes de ces espèces
chez lesquelles la sinuosité du bord droit
rappelle assez bien celle des Bellérophes.
D'après des observations assez souvent
répétées , les Janthines ne se montreraient
pas dans toutes les saisons ; on s'est natu-
rellement demandé ce que devenait un Mol-
lusque invinciblement suspendu à la surface
de l'eau par sa vésicule aérienne. On a sup-
posé que l'animal pouvait se comprimer au
point de devenir plus pesant et de pouvoir
s'enfermer ainsi dans les profondeurs de
la mer. D'autres personnes supposent que
les Janthines peuvent se débarrasser de
leurs vésicules, s'enfoncer sous l'eau, et re-
monter ensuite à sa surface en sécrétant
une vésicule nouvelle. Cette dernière opi-
nion semble se rapprocher de la vérité, quoi-
que nous n'ayons à son sujet aucun exem-
ple définitif. Nous avons fait une remarque
qui n'est point sans intérêt : nous avons
trouvé des Janthines attachées aux Vélelles
et se nourrissant de la substance de ces Zoo-
phytes ; la Vélelle devenait ainsi tout à la
fois une proie et un organe de natation
pour cette Janthine ; et nous avons vu aussi
3[ue le Mollusque , parvenu à un certain
degré de développement, quittait la Vé-
lelle, mais seulement au moment où il a
sécrété sa vésicule de natation. On conçoit,
d'après la manière de vivre des Janthines,
que certaines espèces ont dû se propager
dans tortes les mers, et il en est une entre
autres qui se montre sur toutes les parties
du globe terrestre. Le nombre des espèces
en est peu considérable, 8 ou 10 seulement ;
aucune jusqu'à présent n'est connue à l'état
fossile. (Desh.)
JANUS (nom mythologique), moll. —
JAQ
M. Verani a proposé ce g. dans la Revue
zoologique (août 1844) pour un petit Mol-
lusque gasîéropode voisin des Éolides, etque
l'auteur caractérise de la manière suivante:
Corps limaciforme , gastéropode ; tête dis-
tincte, pourvue en avant et de chaque côté
d'un prolongement tentaculiforme; deux
tentacules dorsaux , non rétractiles , coni-
ques, implantés sur un gros pédicule leur
servant de base commune ; yeux sessiles,
peu apparents , situés en arrière de ce pé-
dicule ; branchies formées, comme dans les
Éolides, par un grand nombre de cirrhes cy-
lindroïdes, disposées par rangées longitudi-
nales sur les côtés du dos, mais s'étendant
jusqu'à la partie supérieure de la tête , et
se réunissant également en arrière de ma-
nière à former autour de la face dorsale de
l'animal une série non interrompue ; anus
dorsal , postérieur et médian ; terminaison
des organes de la génération dans un tu-
bercule commun, situé en avant et du côté
droit. (Desh.)
*JAIVUSIA (nom mythologique), bot. ph.
—Genre de la famille des Malpighiacées,
établi par Adrien de Jussieu {Synops. Mal-
pigh. Msc). Arbrisseaux du Brésil. Voy.
MALPIGHIACÉES.
*JAPOTAPITA, Plum. bot. ph. — Syn.
Gomphia, Schreb.
JAQUES, ois. — Nom vulgaire du Geai.
JAQUIER ou JACQUIER. Artocarpus.
bot. ph. — Genre type de la petite famille
des Artocarpées à laquelle il donne son nom.
Quoique peu nombreux en espèces , il pré-
sente le plus grand intérêt , deux de celles
qu'il renferme fournissant l'aliment princi-
pal et presque unique de nombreuses popu-
lations. Il se compose d'arbres à suc laiteux
abondant, qui sort de toutes leurs parties
à la moindre blessure ou même quelquefois
spontanément. Ces arbres ont des feuilles
alternes, à court pétiole, tantôt entières,
tantôt lobées-pinnatifides, accompagnées de
grandes stipules qui d'abord sont enrou-
lées autour des bourgeons et des jeunes in-
florescences, qui tombent ensuite de bonne
heure. Leurs fleurs sont monoïques; les
mâles sont portées en grand nombre et très
pressées sur un réceptacle en massue, de
manière à constituer par leur ensemble une
sorte de chaton ; elles sont formées d'un
périanthe à 2-3 folioles légèrement inéga-
JAQ
les, plus ou moins soudées entre elles, vers
leur base; leur unique étamine a son filet plus
ou moins aplati et une anthère terminale à
<Ieux loges opposées. Les fleurs femelles sont
réunies en grande quantité tout autour d'un
réceptable globuleux, et elles se soudent les
unes aux autres; leur périanthe est tubu-
leux, surmonté d'un limbe pyramidal, ou-
vert seulement pour le passage du style;
leur pistil se compose d'un ovaire libre, à
«ne seule loge uni-ovulée , et d'un style la-
téral, allongé, saillant, filiforme, terminé
par un stigmate indivis ou bifide. A ces
inflorescences femelles succède une masse
volumineuse qu'on nomme le fruit, formée
par les périanthcs épaissis et devenus char-
nus, dont un grand nombre stériles, soudés
par l'intermédiaire d'un tissu cellulaire in-
terposé en un seul corps sur la surface duquel
s'élèvent les limbes en pyramide qui y for-
ment extérieurement autant de saillies. Les
vrais fruits, situés au milieu de cette masse
charnue, sont des utricules membraneux,
qui conservent des restes de leur style latéral
et qui se déchirent longitudinalement. La
graine, solitaire dans chacun de ces utricu-
les, renferme un embryon sans albumen,
mais à deux cotylédons très développés et
charnus, inégaux, à radicule très courte,
supère, incombante sur le dos des cotylé-
dons. Ces végétaux croissent spontanément
dans l'Asie et TOcéanie tropicales ; certains
d'entre eux ont été introduits en Amérique,
où on les cultive pour l'aliment abondant
qu'ils fournissent.
Parmi les espèces en petit nombre que
renferme ce genre, il en est deux qui mé-
ritent une attention particulière, à cause de
leur haute importance.
1 . Le Jaquier incisé , Artocarpus incisa
Linn., très connu sous le nom d'Arbre à
pain(Botan.magaz., t. 2869, 2870,2871).
C'est un arbre d'environ 10 ou 12 mètres de
haut, dont le tronc atteint environ 3 ou 4
décimètres ele diamètre et se termine par
une grosse cime formée de branches étalées ;
ses feuilles sont très grandes et acquièrent
quelquefois 1 mètre de long sur 5 décimètres
de large ; elles sont alternes, ovales dans leur
ensemble, en coin et entières à leur base,
pinnatifldes, à 3-9 lobes aigus, coriaces: ses
Itipules sont grandes, caduques. Le périan-
the des fleurs mâles a ses deux folioles sou-
t. vu.
JAQ ïfa
dées à moitié et paraît bifide. Le stigmate
est bifide. Son fruit est ovoïde ou globuleux,
de la grosseur d'un fort melon. Sa surface,
sa forme et son volume varient de manière
à caractériser diverses variétés dont voici '
les principales : 1° Fruit rond et muriqué a
sa surface; 2° fruit ovoïde etmuriqué; c'est
le meilleur ; 3° fruit ovoïde et lisse; il vient
après le précédent pour la qualité; 4° fruit
rond et lisse ; 5° var. de Timor, à fruit pe-
tit et de qualité très inférieure. Ces fruits
se divisent en deux catégories, sous le rap-
port des graines: tantôt, en effet, ils en
contiennent une certaine quantité et ils sont
alors fertiles; tantôt, au contraire, ils res-
tent absolument stériles, toutes les graines
ayant avorté; la masse charnue, qui semble
constituer le fruit, n'est composée, dans ce
dernier cas, que par les périanthcs épaissis
et soudés entre eux. Les variétés à fruits
stériles sont préférées pour les cultures;
aussi remplacent-elles chaque jour les va-
riétés à graines, qui ont déjà disparu de
certains endroits, de Taïti, par exemple.
Le fruit de l'Arbre à pain est d'abord
vert; à sa maturité, il se couvre d'une sorte
de croûte jaune. Sur sa surface exsudent
çà et là des gouttes de suc laiteux qui se
concrètent en espèces de larmes. Dans les
îles intertropicales de l'Océanie, il constitue
presque toute la nourriture des habitants;
en effet, pendant huit mois de Tannée,
l'arbre en produit incessamment que l'on
mange en nature ; pendant les quatre autres
mois , c'est-à-dire en septembre, octobre ,
novembre et décembre, la récolte manque,
mais on la remplace par une sorte de pulpe
cuite qui a été faite avec le même fruit.
Cette espèce produit, au reste, en si grande
abondance, que trois pieds suffisent, dit-
on , pour fournir à la nourriture d'un
homme pendant toute l'année.
Le fruit de l'Arbre à pain se mange en
guise de pain, cuit au four ou sur le feu,
plus souvent bouilli comme les patates;
dans cet état , il constitue un aliment très
sain, d'une saveur agréable, et qui rappelle,
dit-on, le pain de froment ou la pomme
de terre. Avant sa parfaite maturité, il est
farineux; c'est en cet état qu'on le mange
le plus communément. Lorsqu'il a atteint
toute sa maturité, il renferme une pulpe
d'une saveur douce et agréable. Dans les
19
146
JAR
JAS
variétés fertiles , les graines deviennent un
aliment important; on les mange , comme
nos châtaignes , cuites à l'eau , sous la cen-
tre ou grillées.
Peu de végétaux pourraient être compa-
rés à l'Arbre à pain pour leur utilité; non
seulement son fruit est l'aliment fonda-
mental et souvent unique des Océaniens,
mais les fibres de son liber leur servent à
faire des étoffes dont ils s'habillent; son
bois est employé par eux pour la construc-
tion de leurs huttes et pour la confection
de leurs pirogues; ses feuilles leur servent
comme enveloppes pour leurs vivres, etc. ;
son suc laiteux, en se concrétant, forme
une matière très visqueuse qu'ils emploient
comme notre glu pour la chasse aux oi^
seaux; enfin ses inflorescences mâles leur
servent en guise d'amadou.
l2. Jaquier a feuilles entières, Artocarpus
udcgrifolia Linn. {Botan. inagaz. tab.
2833, 2834), A. Jaca La m. Cette espèce
est le véritable Jacquier ou Jack des colo-
nies. C'est pour elle qu'a été proposé par
Banks le genre Silodium, qui a été admis
dansGaertner (de Fruct., I, p. 344, tab. 71,
72), mais non par les botanistes postérieurs.
Elle forme un arbre d'assez haute taille,
dont le tronc ne dépasse guère d'ordinaire
les dimensions de celui de l'espèce précé-
dente , quoique , dans les Indes, il atteigne
quelquefois, selon Roxburgh, jusqu'à 3 et
4 mètres de circonférence ; le tronc se ter-
mine par une cime arrondie, très rameuse;
les feuilles sont alternes, ovales, entières,
glabres, rudes à leur face inférieure, co-
riaces; assez souvent elles sont trilobées
dans leur jeunesse. Ses fleurs se dévelop-
pent aux mois de janvier et de février;
elles ont une légère odeur. Le fruit qui leur
succède mûrit en août et septembre; il est
le plus souvent très gros et acquiert jusqu'à
4 et 5 décimètres dans le sens de son grand
diamètre ; sa grosseur est cependant très su-
jette à varier. Ce fruit, dont la nature est
semblable à celle que nous avons fait con-
naître pour l'Arbre à pain, a une chair jau-
nâtre, dont la saveur est généralement
douce , mais qui ne plaît pas toujours aux
étrangers. Sans être aussi important que
celui de l'Arbre à pain , il joue cependant
un rôle majeur dans l'alimentation de plu-
sieurs contrées interlropicales : ainsi, à Ccy-
lan , les naturels en fout leur principale
nourriture.
Le Jaquier à feuilles entières croît natu-
rellement dans les Indes orientales et à l'Ile
de France ; il a été introduit dans les Indes
occidentales, où sa culture s'est tellement
répandue qu'il s'y est presque naturalisé,
particulièrement dans l'île de Saint-Vin-
cent. Ses diverses parties ont des usages
pour la plupart analogues à ceux que nous
avons signalés au sujet de l'Arbre à pain :
son fruit est un aliment précieux, abon-
dant et très sain, que l'on prépare de la
même manière que celui de l'espèce pré-
cédente; les graines qu'il renferme servent
égalementd'aliment et se préparent comme
nos Châtaignes; son bois est généralement
employé pour la construction des habita-
tions ; de plus, lorsqu'il est resté exposé à
l'air pendant quelque temps, il a une cou-
leur analogue à celle de l'acajou, ce qui le
fait employer quelquefois pour la confection
des meubles; enfin son suc laiteux concrète
fournit encore une matière très visqueuse
que l'on emploie en guise de glu. (P. D.)
JARACATÏA, Marcg. bot. pu. — Syn. de
Carica, Linn.
JARAViE A. bot. ph. — Genre de la famille
des Mélastomacées-Rhexiées, établi parSco-
poli [Introduc, n. 968), et dont les espèces
qui le composent ont été réparties dans les
genres Noterophila, Mart. et Alicrolicia,
Don.
JARDINIER, moll. — Nom vulgaire de
YHelix aspersa. Voy. hélice. (Desh.)
JARDINIÈRE, ins. — Nom vulgaire du
Carabe doré, de la Courtillière et d'autres
Insectes qui attaquent les racines des plan-
tes potagères.
JARGON, min. — Voy. zircon.
*JARORA, Marcg. bot. ph. — Syn. de
Tannœcium, Swartz.
JARRETIÈRE, poiss.— Voy. lépidope.
JARS. ois. — Nom vulgaire du mâle de
l'Oie domestique.
JASERAN. bot. cr.— Nom vulgaire, dans
quelques cantons de la France, de l'Oronge
vraie.
JASEUR. Bombycilla. ois. — Genre de
^'ordre des Passereaux, établi par Brisson ,
d'après une espèce que Linné plaçait dans
son genre Ampelis. Caractères : Bec court,
droit, convexe en dessus, bombé en des-
JAS
JAS
147
tous, à mandibule supérieure echancrée et
un peu recourbée à la pointe ; narines ovoï-
des situées à la base du bec , et en partie
cachées par les plumes du front; tarses
courts, scutellés.
Les naturalistes ne sont point d'accord
sur la place que doit occuper le genre Ja-
seur dans les méthodes ornithologiques. Les
uns le rangent dans la famille des Cor-
beaux; les autres le rapprochent des Mer-
les; d'autres enfin , et c'est le plus grand
nombre, pensent qu'il doit prendre place
dans la famille des Cotingas. C'est, du reste,
avec ceux-ci que Linné avait confondu les
espèces du g. en question.
Ce que l'on connaît des mœurs et des
habitudes des Jaseurs , se borne à peu près
aux quelques faits qui ont été fournis à
l'observation par l'espèce que possède l'Eu-
rope, le Jaseub de Bohème; ce sera donc
plutôt une histoire spéciale que l'histoire
du genre que nous ferons ici. II est cepen-
dant infiniment probable qu'on ne s'écarte-
rait pas trop de la vérité en attribuant à
toutes les espèces les habitudes naturelles
de celle qui nous est le mieux connue; car
les Jaseurs diffèrent si peu entre eux sous
le rapport de leur faciès, qu'on a pu pen-
dant quelque temps les considérer comme
de simples variétés les uns des autres.
Les Jaseurs sont d'un naturel peu farou-
che ; ils ont des mœurs sociales , aiment à
vivre en compagnie de leurs semblables ,
et ne s'isolent par paires qu'au moment des
couvées. Aussitôt que celles-ci sont termi-
nées, jeunes et vieux se rassemblent pour
former des volées nombreuses. Ce sont des
oiseaux qui vivent de baies, surtout durant
l'hiver, d'insectes, et qui même, au besoin,
ébourgeonnent les Hêtres, les Érablaa «t les
arbres fruitiers. Depuis longtemps on avait
dit qu'ils chassaient les Mouches au vol .
M. Nordmann a constaté ce fait. Il a vu
qu'à l'instar des Pies-Grièches, les Jaseurs
se perchent, en été, à la cime d'un arbre ,
que de cette espèce d'observatoire ils s'élan-
cent sur l'insecte qui passe à la portée de
leur vue, et qu'après l'avoir saisi, ils vien-
nent reprendre leur poste. Très rarement
les Jaseurs se posent à terre. Les buissons
les plus épais sont leur retraite habituelle.
Leur vol n'est ni rapide ni de longue durée,
«t leur indolence est extrême.
En captivité, ils sont d'autant plus in-
dolents qu'ils ont moins de besoins. Bech-
stein, qui a conservé souvent et longtemps
en chambre l'espèce d'Europe, prétend que
cet oiseau est niais et paresseux. « Pendant
les dix ou douze ans , dit-il , qu'il peut vi-
vre en captivité , avec une nourriture même
très chétive, il ne fait que manger et se
reposer pour digérer. Si la faim le porte a
se mouvoir, sa démarche est si gauche, ses
sauts si maladroits , qu'il est pénible de le
voir; son chant n'est composé que de quel-
ques sifflements faibles et tremblants, un
peu ressemblants à celui du Mauvis (Turdus
iliaceus), excepté qu'il est moins haut en-
core ; pendant ce chant , il lève et baisse sa
huppe , mais à peine agite-t-il son gosier.
Si ce ramage est peu harmonieux , il a au
moins le mérite de n'être interrompu dans
aucune saison de l'année. » Il est probable
que c'est en raison de son babil continuel
que l'espèce dont il est ici question a reçu
le nom de Jaseur. Cependant il ne faudrait
point trop se hâter de croire que cette fa-
culté de chanter ou même de gazouiller à
toutes les époques de l'année soit commune
à toutes les espèces. Le Jaseur du Cèdre,
que Vieillot a conservé longtemps en cage,
était aussi silencieux que le plus silencieux
des oiseaux.
Les Jaseurs s'apprivoisent avec la plus
grande facilité; mais ils n'ont d'agréable
que leurs belles couleurs ; du reste ils sont
fort sales. Ce sont de grands mangeurs qui
engloutissent par jour une masse égale à
leur propre poids.
On s'accorde à dire que les Jaseurs se re-
produisent dans les contrées montueuses
de l'hémisphère boréal; les uns avancent
qu'ils nichent sur les grands arbres, les au-
tres prétendent que c'est dans les fentes
des rochers. Leur ponte serait de quatre ou
cinq œufs.
Si le Jaseur de Bohême , qui habite l'ex-
trême nord , pousse tous les ans ses migra-
tions d'automne jusque dans les parties le*
plus méridionales de la Russie européenne,
dans la Thuringe et la Bohême , le même
fait ne se produit pas d'une manière aus>;
périodique dans les contrées de l'Europci
situées plus au midi, par exemple en France,
en Espagne et en Italie. Rien n'est plus ir-
régulier que l'apparition de cet oiseau dans
HS
JAS
JAS
tes contrées. Il est impossible de fixer d'a-
vance l'époque de sa venue et de pouvoir
dire quelle est la cause qui nous l'amène.
Dans les pays qu'il visite assez annuelle-
ment, il se montre tantôt en petit nombre,
tautdt en troupes considérables , selon les
circonstances de température. Chez nous,
on ne le rencontre jamais trop abondant,
et malgré que presque tous les ans quel-
ques individus isolés s'y montrent, on peut
dire cependant que son passage ne s'y fait
que de loin en loin. En 1826, époque où
Ton en vit des troupes excessivement nom-
breuses répandues sur presque toute l'Eu-
rope, M. Florent Prévost, dans une seule
chasse faite aux environs de Paris, en tua
quatorze. Depuis , cet oiseau ne s'est mon-
tré un peu abondamment qu'en 1835. A
cette dernière époque, il fut capturé sur
plusieurs points de la France, et notam-
ment, d'après M. de La Fresnaye, à Fa-
laise et à Caen. Je ne sache pas qu'on Fait
revu, durant ces dix dernières années, en
nombre un peu notable. Un seul individu
isolé a été tiré, il y a trois ans, dans un
bois des environs de Paris.
On ne connaît encore que trois espèces
de Jaseurs, toutes originaires du nord de
l'ancien et du nouveau continent.
L'espèce la plus anciennement connue,
celle qui a servi de type au genre, est le
Jaseur de Bohême, Bomb. garrula Vieill.
(Buff. pi. enl. 261). Cet oiseau, représenté
dans l'atlas de ce Dictionnaire, pi. 2, est
remarquable par son plumage doux et
soyeux, par les plumes du sommet de la
tête allongées en forme de huppe, et par les
disques cornés , rouges et brillants qui ter-
minent plusieurs des pennes secondaires de
l'aile. Un cendré rougeàtre, foncé en des-
sus, plus pâle en dessous, est la couleur
générale de cet oiseau , qui a en outre le
front, un trait au-dessus des yeux, la
gorge et les rémiges d'un noir profond ; ces
dernières ont à leur extrémité une tache
angulaire jaune et blanche. Une bande d'un
beau jaune termine la queue.
Le nombre des plaques cornées rouges
qui se montrent sous forme d'appendices à
l'extrémité des pennes secondaires des ailes
varie selon les sexes , et même selon les
individus. Les mâles en ont jusqu'à huit
de chaque côté; on n'en compte jamais plus
de quatre chez les femelles , quelquefois
même elles n'en possèdent pas.
Le Jaseur de Bohême est originaire de
l'extrême nord de l'Europe. On le trouve
aussi , mais en petit nombre, au Japon.
Le Jaseur du Cèdre , Bomb. cedrorum
Vieill. (Gai. des Ois., pi. 118). Cette es-
pèce, à l'exception de son ventre , qui est
jaune , est parfaitement semblable, par les
couleurs et leur distribution, à la précédente.
Du reste, sa taille est de moitié plus pe-
tite. Habite la Louisiane et la Caroline.
Le Jaseur phénicoptère , Bomb. pheni-
coptera Temm. (pi. col. 450). Sans disque
à l'extrémité des rémiges secondaires; une
bande rouge sur le milieu de l'aile et l'ex-
trémité de la queue. Habite le Japon. (Z.G.)
JASIONE (nom mythologique), bot. ph.
— Genre de la famille des Campanulacées-
Wahlenbergiées, établi par Linné (Gen.,
n° 1055). Herbes annuelles ou, plus sou-
vent, vivaces, basses, lactescentes, indigènes
de l'Europe. Ces plantes ont le port des
Scabieuses; les feuilles radicales sont réu-
nies en rosaces, celles de la tige sont alter-
nes, étroites, très entières ou sinuées; les
fleurs sont petites, terminales, blanches et
quelquefois bleuâtres. On sème ces plantes
en massifs. (J.)
JASMIN. Jasminum. bot. ph. — Genre
nombreux de plantes de la famille des Jasmi-
nées à laquelle il donne son nom. 11 se com-
pose d'arbrisseaux à tige droite ouvolubile,
quicroissentdans toute lazonetropicale, dans
la région méditerranéenne, dans l'Afrique
australe et dans les parties de l'Australasie
situées au-delà du tropique. Leurs feuilles
sont alternes ou opposées , quelquefois sim-
ples, plus souvent ternées ou pinnées, avec
impaire, dépourvues de stipules. Leurs fleurs
blanches , rosées ou jaunes, ont pour la
plupart une odeur agréable. Leur calice est
tubulé, à 5-8 dents ou lobes, persistant;
la corolle est hypocratériforme , à tube al-
longé, à limbe divisé en 5-8 lobes pro-
fonds, étalés. A l'intérieur du tube de la
corolle s'insèrent 2 étamines incluses. Le
pistil se compose d'un ovaire à deux loges
uni-ovulées, surmonté d'un style court que
termine un stigmate bilobé ou bifide. Le
fruit qui succède à ces fleurs est une baie à
deux graines, ou à une seule par suite d'un
avortement; ces graines sont revêtues d'un
JAS
JAS
149
test coriace ou réticulé qui a été quelquefois
décrit comme une arille.
On cultive aujourd'hui communément de
1 2 à 1 5 espèces de Jasmins , dont 2 seule-
ment sont indigènes. Sur ce nombre d'es-
pèces cultivées , nous nous bornerons à par-
ier ici brièvement des plus répandues, et
que, pour ce motif, il est indispensable de
connaître.
A. Fleurs jaunes.
i. Jasmin arbuste ou a feuilles de Cytise,
Jasminum fruticans Linn. Cette espèce croît
dans les haies, sur les bords des vignes,
dans les parties méridionales de France et,
en général , de l'Europe , dans le Levant.
On la cultive fréquemment dans les jardins
et les parcs ; elle est rustique et ne craint
que les hivers rigoureux des contrées sep-
tentrionales. Elle forme un buisson de 1-2
mètres de haut, toujours vert. Sa tige est
très rameuse ; les nombreux rameaux qu'elle
donne sont verts et flexibles; ses feuilles
sont persistantes, alternes, glabres, ter-
nées pour la plupart, simples vers l'extré-
mité des rameaux ; leurs folioles sont pres-
que en coin , obtuses. De mai en septembre,
elle produit des fleurs terminales, assez pe-
tites, peu odorantes, dans lesquelles les
lobes du calice sont subulés. Les baies qui
succèdent à ces fleurs sont d'un pourpre
noir. — Le Jasmin arbuste vient sans peine
dans presque toutes les terres et à toutes
les expositions; cependant il réussit beau-
coup mieux dans un sol léger et à une ex-
position chaude. On le multiplie de mar-
cottes et de rejetons.
2. Jasmin humble, Jasminum humile
Linn. Cette espèce, connue dans les jardins
sous le nom de Jasmin d'Italie, s'avance
jusque dans la Provence, aux environs de
Grasse. Elle ressemble à la précédente, dont
elle diffère par sa taille plus basse , par ses
rameaux anguleux , par ses feuilles les unes
entières, d'autres ternées, d'autres enfin
pinnées, à 5 folioles ovales-oblongues , un
peu aiguës; par les lobes de son calice très
courts, enfin par ses corolles plus pâles,
inodores. Il est plus délicat, demande une
exposition chaude et abritée, et doit être
couvert pendant l'hiver.
3. Jasmin très odorant , Jasminum odo-
ratissimum Linn., vulgairement nommé Jas-
min jonquille à cause de la couleur et do
l'odeur de ses fleurs. Cet arbrisseau est ori-
ginaire de l'Inde , où il s'élève ordinaire-
ment de 1 à 2 mètres. Ses feuilles sont per-
sistantes, alternes, simples ou ternées, à
folioles ovales-obtuses, luisantes. Ses fleurs
sont terminales , portées sur des pédoncules
triflores; elles se développent pendant pres-
que toute l'année. On le multiplie de grai-
nes , de marcottes et de rejetons. Sa multi-
plication par graines est facile et avanta-
geuse; semé au printemps , il commence à
fleurir dès l'année suivante. Il passe l'hiver
dans l'orangerie.
On cultive encore communément le Jas-
min triomphant, Jasminum revolutum Sims.,
à feuilles pinnées, avec impaire, formées de
5-7 folioles ovales, à fleurs d'un jaune vif
et d'une odeur très agréable.
B. Fleurs blanches.
4. Jasmin commun, Jasminum officinale
Linn. Cette espèce, originaire du Malabar,
s'est tellement répandue en Europe depuis
un temps immémorial qu'elle s'y est entiè-
rement naturalisée. Aujourd'hui on la
trouve cultivée dans les moindres jardins
comme plante d'ornement, et dans le raidi
de la France on en implante des champs
tout entiers pour le principe odorant de ses
fleurs, particulièrement dans les environs
de Grasse. Le Jasmin commun donne des
rameaux effilés et allongés qui, dans les
bons terrains et dans des circonstances fa-
vorables, peuvent acquérir jusqu'à 5 et
6 mètres de longueur en un an ; ce sont ces
longs jets que, dans le Midi et en Orient, on
utilise, à leur deuxième ou troisième année,
pour la confection de tuyaux de pipes. Ses
feuilles sont opposées, pinnées, (plus
exactement pinnatipartites), à folioles acu-
minées, l'impaire plus grande queles autres.
Ses fleurs sont blanches, d'une odeur agréa-
ble , terminales ; les lobes de leur calice sont
subulés. — Le nom de cette espèce indique
qu'on en faisait usage en médecine; on
employait soit sa fleur, soit son eau dis-
tillée, comme antispasmodique. Aujour-
d'hui l'une et l'autre sont inusitées. Les
parfumeurs seuls se servent de son aroinc
pour aromatiser diverses substances. L'un
des procédés les plus usités pour extraire
cet arôme des fleurs du Jasmin consiste à
15&
JAS
JAS
imbiber des tampons de coton d'une huile
peu sujette à rancir, particulièrement celle
le"; Ben ou Behen , qui est extraite des grai-
aes du Moringa pterygosperma DC. ; on
iispose alternativement des couches de ces
arapons et de fleurs de Jasmin. Au bout de
24 heures, l'huile est fortement parfumée,
et peut être extraite par expression. Mêlée
ensuite à de l'alcool , elle lui communique
le parfum et se sépare de manière à pouvoir
être décantée. — Le Jasmin commun perd
quelquefois ses tiges par l'effet des gelées ;
mais au printemps suivant, il repousse du
pied qu'il est indispensable de couvrir de
litière dans le Nord. On le cultive en pleine
terre à une exposition méridionale. On le
multiplie de marcottes et de rejetons. — La
culture en a obtenu 2 variétés à feuilles
panachées , dans l'une de blanc, dans l'au-
tre de jaune.
5. Jasmin a grandes fleurs, Jasminum
grandiflorum Linn. Cette espèce , connue
sous le nom impropre de Jasmin d'Espa-
gne, est originaire de l'Inde. Elle ressemble
à la précédente par ses branches longues
et flexibles; ses feuilles sont persistantes,
à 7 folioles ovales-obtuses, dont les 3 su-
périeures se soudent assez souvent à leur
base , de manière à simuler une foliole tri-
lobée. Ses fleurs sont grandes, blanches en
dedans, purpurines en dehors , d'une odeur
agréable, à lobes de la corolle obtus. On la
cultive beaucoup, surtout en Provence.
Elle est d'orangerie. On la multiplie par
greffe sur le Jasmin commun.
Enfin , pour ne pas prolonger davantage
cet article, nous nous bornerons à citer
quelques autres des espèces cultivées dans
les jardins, telles que le Jasmin des Açores,
Jasminum azoricum Linn., le Jasmin glau-
que, /. glaucum H. K., le Jasmin sarmen-
teux, J.volubile, etc. (P. D.)
JASMIN DE MER. polyp. — Nom vul-
gaire du Millépore tronqué. (E. D.)
JASMIIVACÉES, JASMINÉES. Jasmi-
naceœ, Jasmineœ. bot. ph. — Famille de
plantes ^icotyledonées monopétales hypo-
gynes, ainsi caractérisée: Fleurs réguliè-
res; calice monophylle, divisé en 5-8 dents
ou segments plus profonds. Corolle hypo-
cratériforme, à tube cylindrique, à limbe
découpé en 5-8 lobes égaux, qui sont im-
briqués et tordus dans la préfloraison , et
plus tard continuent à se recouvrir l'un
l'autre par leurs bords. Étamines au nom-
bre de deux seulement insérées sur le tube
et incluses, à anthères presque sessiles,
biloculaires , s'ouvrant dans le sens de la
longueur. Ovaire libre, dépourvu de dis-
que glanduleux, surmonté d'un style court
avec un stigmate indivis ou bilobé, creusa
de deux loges contenant chacun un ou ra-
rement deux ovules collatéraux ascendants
de la base , devenant par la maturation
une baie biloculaire disperme ou une cap-
sule qui se sépare en deux, par le décolle-
ment de ses cloisons, ou quelquefois se cir-
conscrit transversalement. La graine dres-
sée, sous un test coriace doublé d'une mem-
brane un peu épaisse , offre une couche très
mince de périsperme et un embryon à radi-
cule infère , à cotylédons charnus, plans
sur la face interne, légèrement convexes sur
l'autre. Les espèces, très rares en Améri-
que, habitent surtout les régions chaudes
de l'ancien continent; mais quelques unes
s'avancent jusqu'aux tempérées. Ce sont des
arbres ou arbrisseaux, le plus souvent
grimpants , à feuilles opposées, ordinaire-
ment composées , ternées ou pennées avec
impaire, quelquefois simples, à limbe pres-
que toujours articulé avec le pétiole, dé-
pourvues de stipules. L'inflorescence axil-
laire ou terminale est définie, divisée par
dichotomie, une ou plusieurs fois, et ainsi
réduite à trois fleurs ou en offrant un plus
grand nombre. Ces fleurs sont remplies
d'une huile volatile qui donne à la plupart
des espèces une odeur délicieuse qui les fait
employer et rechercher. Quelques unes ne
s'épanouissent que la nuit, comme le Nyc-
tanthes qui doit à cette circonstance son nom
générique , ainsi que le spécifique d'ar&or-
iristis.
genres.
Jasminum, Tournef. (Myogorium, J.). —
Nyctanthes, L. ( Scabrita, L. — Parilium,
Gœrtn. ). — Menodora , Humb. et Bonpl.
( Bolivaria, Chamiss. — Calyptrospermum,
Dietr. ).
M. Endlicher y ajoute avec doute le
Chondrospermum, Wall., qui par le nombre
quaternaire de ses parties et sa préfloraisoa
valvaire, semble se lier plutôt aux Oléi-
uécs, mais d'une autre part se rattache
JAT
JEL
151
aux Jasminées par les ovules dressés ; in-
termédiaire ainsi entre ces deux familles ,
qui étaient primitivement confondues par
Jussieu et qui le sont aujourd'hui encore
par plusieurs botanistes. (Ad. J.)
JASOMA (nom mythologique), bot. pu.
— Genre de la famille des Composées-Asté-
roïdées, établi par De Candolle {Prodr., V,
476). Herbes ou arbrisseaux des régions
méditerranéennes et des îles Canaries. L'au-
teur rapporte à ce genre 5 espèces réparties
en 4 sections, nommées : Chiliadenus, Cass.;
Eujasiona, DC; Allagopappus, Cass.; et
Dondoïdes, DC.
JASPE. MIN. — Voy. QUARTZ.
*JASPIDIA. Ins. — Genre de l'ordre des
Lépidoptères nocturnes, famille des Noctué-
liens, groupe des Hadénites, établi par Bois-
duval (Gen. et Lui. meth.,j>. 128). 11 ne ren-
ferme qu'une seule espèce , J. celsia, qui se
trouve en Autriche, en Suède, en Styrie, etc.
JASSE. Jassa. crust. — Syn. de Céra-
pode. Voy. ce mot. (H. L.)
MASSIDES. Ins. — MM. Amyot et Ser-
ville {Ins. hémipt., Suites à Buffon) ont
nommé ainsi un petit groupe de la famille
des Cercopidcs, de Tordre des Hémiptères,
comprenant les genres Eupelix, Acocepha-
lus, Selcnocephalus, Cœlidia, Jassus, Ambly-
cephalus, Idiocerus, etc. (Bl.)
JASSUS (nom mythologique), ins. —
Genre de la tribu des Fulgoriens, famille
des Cercopides , de l'ordre des Hémiptères,
établi par Fabricius et adopté par tous les
entomologistes avec de plus ou moins gran-
des restrictions. Les Jassus ont une tête
large eiarromiie antérieurement; des ocelles
situés dans une fossette en avant des yeux,
et des jambes épaisses garnies d'épines ai-
guës. On en trouve un certain nombre d'es-
pèces de ce genre en Europe. Elles sont
toutes de taille très médiocre et de couleur
grise ou brunâtre. Le type est le J. atoma-
rius (Cercopis atomaria F abr.) , qu'on ren-
contre ordinairement sur les Osiers (Salix
fragilis). Divers entomologistes regardent
les genres Bythoscopus de M. Germar, Ma-
cropsis de Lewis etPediopsis de M. Burmeis-
ter, comme de simples divisions du genre
Jassus. (Bl.)
JATARON. moll. — Ce g. , établi par
Adanson , aurait dû être conservé ; les co-
quilles qu'il renferme ont été comprise
Linné dans son g. Chama et plus tard, celui-
ci dégagé de coquilles qui lui sont étrangères,
a été conservé par Lamarck et les zoologistes
modernes justement pour celles des espèces
appartenant au g. Jataron d'Adanson. Au-
jourd'hui que cette partie de la nomen-
clature conchyliologique a subi des change-
ments universellement adoptés, il serait
difficile de la réformer pour revenir au g.
en question. L'espèce de Came, nommée
Jataron par le célèbre voyageur, est inscrit»
dans les Catalogues sous le nom de Chama
crenulata. Voy. came. (Desh.)
JATROPHA. bot. pu. — Voy. médicinier. '
— Pohl., syn. de Curcas, Adans.
JATOU. moll. — Une jolie espèce de Mu-
rex, nommée Lingua vervecina par Chem-
nitz, Murex gibbosus par Lamarck, a été
décrite et figurée pour la première fois par
Adanson sous le nom de Jalou. Voy. murex.
(Desh.)
*JAÏUS, Rumph. bot. ph. — Syn. de
Teclonia, Linn.
JAUMEA (nom propre), bot. pu. — Genre
de la famille des Composées-Sénécionidées,
établi par Persoon (Ench., II, 397). Sous-
arbrisseau de l'île Bonaire. Voy. compo-
sées.
JAUNE ANTIQUE, min. — Espèce de
Marbre. Voy. ce mot.
JAUNE DE MONTAGNE, min.— Espèce
d'ocre. Voy. ce mot.
JAUNE D'OEUF, moll. —Nom vulgaire
d'une belle espèce de Natice, Natica albu-
men. Voy. natice. (Desh.)
JAUNET. poiss. — Nom vulgaire de quel-
ques espèces du genre Zeus. Voy. ce mot.
JAUNET D'EAU, bot. ph. — Nom vul-
gaire du Nénuphar jaune. Voy. nénuphar.
JAVARI. mam. — Voy. pécari.
JAl'ET. MIN. — Voy. LIGNITE.
JEAN-LE-BLANC. ois. — Nom vulgaire
d'une espèce de Faucon. Voy. ce mot.
JEANNETTE, bot. ph. — Nom vulgaire
d'une espèce de Narcisse. Voy. ce mot.
JEFFERSONIA (nom propre), bot. pu.
— Genre de la famille des Berbéridées, éta-
bli par Barton (in Act. Soc. americ, III,
334). Herbes de l'Amérique boréale. Voy.
BERBÉRIDÉES.
JEFFERSONITE. min.— Variété dePy-
ro*ène. Voy. ce mot.
—Nom donné par Adanson
1 52 JOD
À un tube calcaire irrégulier, dépendant du
genre Vermet. Voy. ce mot. (Desh.)
JENAC. moll. — Le Jenac d'Adanson est
une petite coquille appartenant au genre
Grépidule de Lamarck, et dont Gmelin a
fait le Crepidula coreensis. Voy. crépidule.
(Desh.)
JERBOA. mam. — Voy. gerboise.
! *JERBOIDyE. mam. — M. Gray (Ann. of
phil, XXVI, 1825) indique, sous ce nom,
un groupe de Rongeurs, dont le genre prin-
cipal est celui des Gerboises. (E. D.)
JESES. roiss. — Espèce d'Able. Voy. ce
mot.
JESOIV. moll. — Ce nom est celui qu'A-
danson a imposé à une belle espèce de Car-
dite commune au Sénégal, Cardita crassi-
costa de Lamarck. Voy. cardite. (Desh.)
JET DE AU MARIN, acal. — Les
Ascidies ont reçu ce nom de quelques au-
teurs, à cause de l'eau qu'elles lancent
quand on les comprime: cette eau est
quelquefois irritante, et produit des érup-
tions sur les parties du corps qu'elle frappe.
(E. D.)
JEUX DE VAN HELMONT. min. —
Concrétions pierreuses remarquables par la
constance des particularités qu'elles pré-
sentent. Elles sont composées ou de calcaire
marneux gris très compacte, ou de fer car-
bonate lithoïde et argileux , et renfermant
des prismes courts à quatre pans. On les
trouve disposées par lits dans les couches
d'argile schisteuse des mines de houille et
des verraches de calcaire alpin. Voy. ro-
ches et STALACTITES.
J II ARAL. mam. — Espèce de Bouquetin.
Voy. CHÈVRE.
JOACHIMIA, Ten. bot. ph. — Syn. de
Beckmannia, Host.
JOANNEA , Spreng. bot. pu. — Syn. de
Chuquiraga, Juss.
JOANNESIA , Pers. bot. ph. — Syn. de
Chuquiraga, Juss.
JOCKO. mam. — Voy. orang-outang.
(E. D.)
JODAMIE. Jodamia. moll. — Genre pro-
posé par M. Defrance pour une grande co-
quille fossile, dont les caractères se rappor-
tent exactement à ceux des Sphérulites.
ro?/.cemot. (Desh.)
MODANUS, Lap. ras. — Syn. de Calli-
theres, Spin. (C.)
JOER
JOËL, poiss. — Nom vulgaire, usité dans
le Languedoc et la Provence, des Poissons
du genre Athérine. Voy. ce mot.
*JOERA. Jœra. ois. — Genre fondé par
Horsfield sur une espèce dont sir Raffles
avait fait un Merle sous le nom de Turdits
scopularis. Ce genre se trouve, dans les
méthodes actuelles, rapproché de la famille
des Accenteurs, et en fait même partie pour
quelques ornithologistes. (Z. G.)
*JQERA. crust. — Genre de l'ordre des
Isopodes, famille des Asellotes, tribu des
Asellotes homopodes, a été établi par Leach
aux dépens des Oniscus de Montagu. Lo
corps de ces Crustacés est étroit, aplati
et profondément divisé latéralement en
neuf articles. La tête est élargie latérale-
ment , et porte les yeux à quelque dis-
tance de son bord latéral. Les antennes
s'insèrent sous le front. Celles de la pre-
mière paire sont très courtes, et manquent
de filet multi-articulé; celles de la seconde
paire, insérées au-dessous des précédentes,
sont au contraire assez longues, et se com-
posent d'un pédoncule cylindrique et d'un
petit filet multi-articulé. Les mandibules
sont pourvues d'une branche palpiforme très
développée; .'es mâchoires de la première
paire sont garnies de trois lames terminales,
dont l'interne est la plus large; celles de la
seconde paire se composent de deux bran-
ches, dont l'externe est élargie et armée au
bout de crochets. Les pattes-mâchoires n'ont
pas d'appendice fixé au côté externe de leur
base, lequel se termine par un prolongement
lamelleux et une longue branche palpiforme.
Les pattes sont grêles, allongées, terminées
par un article court et armé de deux cro-
chets ; chez la femelle, il existe, entre la base
de ces organes, une poche ovifère, dans la-
quelle les petits doivent probablement se
développer. L'abdomen ne se compose que
d'une seule pièce scutiforme et ovalaire, ter-
minée par deux petits appendices. Les faus-
ses pattes de la première paire sont rempla-
cées par une grande lame cornée, impaire,
qui s'étend sur toute la face inférieure de
l'abdomen et recouvre les fausses pattes
branchiales qui sont au nombre de trois. Ce
genre renferme trois espèces qui sont propres
aux mers d'Europe ; celle qui peut être con-
sidérée comme type est la Joera deKroyer,
Jœra Kroyerii Edw.(//tsL nat. des Crust. ,
JOH
JON
15<*
t. III, p. 149, n° 1). Celle espèce a été ren-
contrée sur les côtes de la Vendée. Pendant
le séjour de la commission scientifique en
Algérie, M. Deshayes a rencontré, dans la
rade de Bône , une nouvelle espèce de ce
genre à laquelle j'ai donné le nom de Jœra
Deshayesii. (H. L.)
*JOEI\ÎDli\TE./œn'dina.CRUST.— M.Milne-
Edwards a donné ce nom à un petit Crustacé
récemment décrit par M. Ralhke et rangé
par ce naturaliste dans le genre Janira de
Leach ou Oniscode de Latreille. Cette nou-
velle coupe générique, qui appartient à l'or-
dre des Isopodes , à la famille des Asellotes,
et à la tribu des Asellotes homopodes, dif-
fère des Aselles (voy. ce mot) par les derniè-
res fausses pattes de l'abdomen, qui ne sont
pas semblables à celles des autres, caractère
qui paraît se rencontrer aussi chez les Ja-
nires, et il ressemble, sous ce rapport, aussi
bien que par sa forme générale, aux Jceras.
D'un autre côté, il diffère de ceux-ci par
l'absence de la grande lame operculaire,
qui, chez eux, remplace les premières faus-
ses pattes, et recouvre toute la face infé-
rieure de l'abdomen. On ne connaît qu'une
espèce de ce g., Joer. de Nordmann, Jœr.
Nordmannii Edw. (H. L.)
*J0HA1\NESIA, Velloz. bot. pu. — Syn.
dMnda, Pis.
JOIIANNIA, Willd. bot. pu. — Syn. de
Chuquiraga, Juss.
JOHMA (nom propre), bot. ph. — Roxb.,
syn. de Salacia, Linn. — Genre de la fa-
mille des Papilionacées-Phaséolées, établi
parWight et Arnott (Prodr., I, 449). Sous-
arbrisseaux de l'Asie tropicale. Voy. papi-
lionacées. (J.)
JOIINIUS (nom propre), poiss. — Genre
de Poissons de la famille des Sciénoïdes ,
établi par Bloch, et adopté par MM. Cuvier
et Valenciennes (Hist. des Poiss. , tom. V,
pag. 115). Il diffère des autres genres de la
même famille, et surtout des Corbs princi-
palement , par la seconde épine anale plus
faible, plus courte que les rayons mous qui
la suivent. Les Johnhis font une partie con-
sidérable des aliments que la mer et les ri-
vières fournissent aux habitants de l'Inde.
Leur chair est blanche, légère et de peu de
goût. On en connaît un assez grand nom-
bre d'espèces (13 ou 16); la principale est
le Johnius Coitor, qui habite les mers des
t. vu.
Indes. C'est un poisson qui paraît tout en-
tier d'un gris-brun un peu doré ou argenté.
On voit quelques taches nuageuses brunes
sur ses dorsales. Sa taille ordinaire est <
20 à 25 centimètres; on en a cependant \
des individus atteindre quelquefois 30
35 centimètres. (J.)
JOIINSOMA (nom propre), bot. ni. -
Catesb. , syn. de Callicarpa , Linn. -
Genre établi par R. Brown dans la fam il
des Aphyllanthécs , détachée desLiliacc.
[Prodr., 287). Herbes vivaces de la No;.-
vellc-Hollande.
*JOIÎ2lËKIA (nom propre), eot. pu. —
Genre de la famille des Ombeliifères-Peu-
cédanées, établi par De Candolle (Mem., V,
54, t. 1, f. c). Herbes du Liban. Voy. om-
bellifères.
JOL. moll. — Le Jol d'Adanson est un;>
petite coquille qui paraît appartenir au genre
Buccin, mais dont les caractères ne sont pas
suffisamment exposés, soit dans la figure,
soit dans la description, pour décider à quel le
espèce elle appartient. (Desh.)
JOLIBOIS. bot. pu. — Synonyme vul-
gaire d'une espèce de Daphne, le D. meze-
reum.
*JOLIFFIA, Boj. bot. ph.— Syn. de Tel-
fairia, Ilook.
JOi\C. Juncus. bot. pu. — Grand genre
de plantes qui donne son nom à la famille
des Joncacées , dont il constitue à lui seul
la plus grande partie, de l'hexandrie mono-
gynie dans le système sexuel. Le nombre
des espèces qui le composent est considé-
rable; M. Kunth, dans le IIIe volume de
son Enumeralio ylantarum (1841), en dé-
crit 105. Ces plantes sont vivaces ou rare-
ment annuelles; elles habitent les lieux
humides et les marais de toutes les con-
trées tempérées et froides du globe; elles
deviennent déjà peu communes dans les
pays voisins des tropiques ; enfin elles soi: t.
très rares dans la zone iutertropicale , où
elles sont réduites à un petit nombre d'es-
pèces cosmopolites que l'on retrouve sur
presque tous les points de la surface du
globe. Les Joncs présentent les caractères
génériques suivants : Périanthe glumacé, a
six folioles presque semblables entre elles,
dont les trois extérieures sont cependant
arénées ; étamines au nombre de six, quel •
quefois de trois seulement ; ovaire libre, à
154
JON
JOX
trois loges, renfermant des ovules nom-
breux fixés à leur angle interne ; trois stig-
mates filiformes, couverts de poils ce tous
les côtés; capsule à trois loges distinctes
ou plus ou moins confluentes par l'effet de
îa rétraction des cloisons , à graines nom-
breuses, recouvertes d'un test lâch?
Tel que le circonscrivent les caractères
que nous venons d'énoncer, le genre Jun-
cus ne correspond qu'à une portion du
groupe primitif établi par Linné; en effet,
DeCandolIeeu avait détaché {Flore franc.,
2* édit., t. III, p. 158), pour en former le
genre Luzule, tous les Joncs à feuilles pla-
nes portant çà et là de longs poils épars ,
a capsule uniloculaire, 3-sperme; plus ré-
remment, M. Ern. Meyer a formé à ses dé-
pens le petit genre Prionium. M. Desvaux,
dans son Journal de botanique, avait encore
subdivisé le genre Jonc, déjà réduit , en
quatre autres qui n'ont pas été adoptés, ou
qui ont seulement servi à y établir les sous-
genres suivants :
a. Juncus , Desv. Capsule à trois valves
portant chacune une cloison sur la ligne
médiane. Le test des graines de même
forme que leur amande. Dans ce sous-genre
rentrent les Rostkovia, Desv.
b. Marsippospermum, Desv. Capsule sem-
blable à la précédente. Le test des graines
dilaté à ses deux extrémités en une sorte
de sac dans lequel l'amande se trouve au
large.
c. Cephaloxys, Desv. Capsule à trois lo-
ges , s'ouvrant par déhiscence septifrage ;
la portion qui reste au centre , formée par
la réunion des cloisons, simulant une co-
lumelle à trois ailes.
Les usages des Joncs sont fort limités ;
à peine en signale-t-on quelques uns dans
lesquels on ait reconnu des propriétés mé-
dicinales. C'est ainsi, par exemple, que les
rhizomes des Juncus effusus Lin. , conglo-
mérats Lin., glaucus Ehrh., sont regardés
et employés comme de bons diurétiques par
le peuple des parties septentrionales de
l'Allemagne. Dans les jardins on fait grand
usage de la première et de la dernière de
ces trois espèces comme liens, soit pour pa-
lisser les arbres, soit pour attacher les plan-
tes à leurs tuteurs ; aussi recommande-t-on
d'en avoir toujours en bordure ou en touffes
dans les endroits frais et humides des jar-
dins. Certains Joncs servent encore à fixer
les terres dans ûes endroits marécageux ou
le long des eaux ; c'est ainsi que, dans toute
l'étendue du canal du Languedoc, règne
une bordure de Joncs entretenue avec soin,
et qui produit un effet très satisfaisant.
Enfin, on fait des mèches de veilleuses avec
la moelle du Juncus conglomérats Lin.
(P. D.)
On a encore donné le nom de Jonc à des
plantes de genres et de familles différents
Ainsi l'on a appelé :
Jonc carré , une espèce de Souchet;
Jonc a coton ou de soie, les Ériophores ;
Jonc cotonneux, quelques espèces de
Tomex ;
Jonc d'eau , les Scirpes ;
Jonc épineux ou marin, Yllex europœus;
Jonc d'Espagne , le Spartium junceum;
Jonc d'étang ou Jonc des chaisiers , le
Scirpus lacuslris ;
Jonc faux, les Triglochins;
Jonc fleuri, le Butomus umbcllatus ;
Jonc des Indes , le Rotang ;
Jonc a mouches, le Senecio Jacobœus;
Jonc du Nil , le Cyperus papyrus;
Jonc odorant, Y Andropogon schœnanthe
et VAcorus verus ;
Jonc de la passion , les Massettes.
JOXCACÉES, Juncaceœ. bot. pr. — Fa-
mille de plantes monocotylédones, qui em-
prunte son nom au genre Jonc qui en est
le principal. Dans son Gênera, A.- L. de Jus-
sieu avait formé une famille sous le nom
de Junci, les Joncs ( Gênera, pag. 43). Ce
groupe était considérable et peu naturel ;
il se subdivisait en 4 sections, dans les-
quelles entraient 23 genres d'organisation
assez diverse pour avoir dû nécessairement
être dissociés plus tard. En effet, dans sa
2e édition de la Flore française , De Can-
dolle détacha du grand groupe de Jussieu
les deux dernières sections : la 3e et une
partie de la 4e formèrent la famille des
Alismacées ; le reste de la 4e entra dans la
famille qui avait été proposée par M. de
Mirbel sous le nom de Merenderœ , à la-
quelle le botaniste genevois donna le nom
de Colchicacées. D'un autre côté, M. Rob.
Brown trouva, dans la 2e section, des bases
suffisantes pour l'établissement de la fa-
mille des Commélinées, et dans la lre celles
de la famille des Rcstiacces. Enfin aujour-
JON
d'hui, après les derniers travaux des bota-
nistes, les 23 genres du groupe primitif de
Jussieu se trouvent répartis dans les fa-
milles suivantes : Ériocaulonées , Restia-
cées, Xyridées, Aphyllanthées, Joncacées,
Rapatéées , Commélinacées , Alismacées ,
Cabombées , et Colchicacées ou Mélantha-
cées. Toutes ces suppressions n'ont laissé
dans le groupe des vraies Joncacées que les
genres Juncus et Narlhecium ou Abama ,
dont le premier a été subdivisé. Voy. jonc.
Aiusi réduite , la famille des Joncacées
se compose de plantes herbacées vivaces ,
rarement annuelles, à rhizome horizontal,
tortueux, rameux , couvert d'écaillés sca-
rieuses. Ce rhizome émet des tiges noueu-
ses, presque toujours simples. Les feuilles
sont alternes, engainantes à leur base : tan-
tôt linéaires, entières ou dentelées en scie ,
tantôt canaliculées ou cylindriques, tantôt
comprimées par les côtés, tantôt enfin res-
tant rudimentaires. Les fleurs sont quel-
quefois uni-sexuées par suite d'un avorte-
ment, presque toujours hermaphrodites,
régulières, accompagnées de petites brac-
tées. Leur périanthe est persistant, formé
de six folioles sur deux rangs presque tou-
jours égaux , le plus souvent vertes et glu-
macées , quelquefois presque pétaloides.
Les étamines sont le plus souvent au nom-
bre de six, opposées aux folioles du périan-
the et insérées à leur base ; dans les cas
peu communs où le rang interne a avorté,
et où l'on n'en trouve que trois, elles sont
placées devant les trois folioles extérieures;
les anthères sont introrses, biloculaires, à
déhiscence longitudinale. L'ovaire est libre,
divisé intérieurement en trois loges , soit
dans toute son étendue, soit à sa base seu-
lement. Cet ovaire supporte un style, que
terminent trois stigmates filiformes. Le
fruit est une capsule 1-3-loculaire, 3-valve,
à déhiscence presque toujours loculicide,
renfermant trois ou plusieurs graines revê-
tues d'un test membraneux, souvent lâche ;
leur embryon est logé près du point d'at-
tache de la graine, dans la base même d'un
albumen farineux; sa radicule est infère.
Les Joncacées se rencontrent dans pres-
que toutesJes zones et à des hauteurs très
diverses ; sous l'équateur elles sont alpines;
dans les contrées tempérées ou froides qu'el-
les habitent principalement, elles se trou-
JON
155
vent surtout dans les endroits marécageux :
un très petit nombre habitent des lieux secs.
Quelques unes sont cosmopolites. Géné-
ralement elles sont plus rares sous l'équa-
teur et dans l'hémisphère austral.
Les seuls genres qui composent la famille
des Joncacées sont les suivants :
Luzula , DC. — Prionium , E. Mey. —
Juncus, DC. — Narthccium, Mœhr. (P. D.)
JONCQUETIA , Schreb. bot. ph. — Syn.
de Tapir 't'a, Juss.
JONESIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Papilionacées-Cœ-
salpiniées, établi par Roxburgh (in Asiat.
Research., IV, 355). Arbres ou arbrisseaux
de l'Asie tropicale. Voy. papilionacées.
JONGERMANNE. Jungermannia. bot.
cr. — Genre type de la tribu des Jonger-
manniacées, de la grande famille ou ordre
des Hépatiques, établi par Ruppius et mo-
difié par Dillen et Linné {Gen., n° 1662).
LesJongermannes sont de petites herbes ter-
restres ou parasites , à feuillages ou expan-
sions, tantôt simples et d'une seule pièce ,
diversement incisées, portantlesfleurssurla
superficie et sur les marges ; tantôt de plu-
sieurs pièces, les folioles imbriquées ou disti-
ques; tantôtles fleurs axillaires ou terminales,
assises au sommet des feuilles. Fleurs mâles
pédonculées, nues ; anthères à quatre valves.
Fleurs femelles sessiles, nues; semences pres-
que rondes.
Ce genre présente une infinité d'espèces
(environ 300), croissant principalement en
Europe et en Amérique. Elles ont été ré-
parties par divers auteurs en plusieurs sec-
tions ; aucune de ces espèces n'intéresse
ni les arts ni la culture.
JONGERMANNIACÉES ou JONGER-
MANNIÉES. Jungermanniaceœ, Junger-
mannieœ. bot. cr. — Tribu de la grande fa-
mille des Hépatiques. Voy. ce mot.
JONIDIUM. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Violariées, établi par Ventenat
(Malmais., t. 27). Leurs feuilles sont alter-
nes ou opposées, entières ou dentées en scie,
accompagnées de stipules latérales gémi-
nées; leurs fleurs sont le plus souvent
pendantes, fixées sur des pédoncules qui
portent ordinairement deux bractées et qui
sont souvent articulés au-dessous de leur
extrémité. Ces fleurs présentent les caractè-
res suivants : Calice profondément 5-parti, à
15ti
JOU
divisions inégales, les trois antérieures étant
plus grandes, non prolongées à leur base;
corolle à cinq pétales, généralement insérés
à la base du calice, très inégaux, les anté-
rieurs étant les plus courts, le postérieur
très grand et onguiculé; cinq étamines dont
les anthères se prolongent au sommet en un
appendice membraneux. A ces fleurs succède
une capsule presque ovoïde, qu'accompa-
gnent les enveloppes florales et les étamines
marcescentes, l-loculaire, s'ouvranten trois
valves qui portent les graines sur leur ligne
médiane. L'espèce la plus remarquable de
ce genre est le Jonidium Jpecacuanha. Voy.
IPÉCACUANHA.
JONOPSIDIUM (fov, violette; S^iç, as-
pect), bot. ph. — Genre de la famille des
Crucifères-Lépidinées, établi par Reichen-
bach (Iconog., VII, 26, t. 649). Herbes de
la Lusitanic. Voy. crucifères.
JONOPSIS (t'ov , violette; fyic, aspect).
bot. ph. — Genre de la famille des Orchi-
dées-Vandées, établi parKunth (in Humb.
et Bonpl., Nov. gen. et sp., I, 348, t. 83).
Herbes de l'Asie tropicale. Voy. orchidées.
JOIVQUILLE. bot. ph. — Espèce du genre
Narcisse. Voy. ce mot.
JONSONIA, Adans. bot. ph. — Syn. de
Cedrela, Linn.
JOPPA. ins. — Genre de la tribu des
Ichneumoniens, groupe des Ophionites, de
l'ordre des Hyménoptères , établi par Fabri-
cius et adopté par tous les entomologistes.
Les Joppa sont caractérisés par leurs an-
tennes dilatées avant l'extrémité et termi-
nées en pointe. Ils habitent l'Amérique
méridionale. Le type du genre est le /.
dorsata Fab., du Brésil. (Bl.)
JOSEPÏÏA, Flor. flum. bot. ph. —Syn.
de Bougainvillea, Commers.
JOSEPiIIA,Knight et Salisb. bot. ph.—
Syn. de Dryandra, R. Br.
JOSEPHINIA (nom propre), bot. pu.—
Genre de la famille des Pédalinées, établi
par Ventenat (Malm. , t. 103). Herbes de
la Nouvelle-Hollande etdes Moluques. Voy.
PÉDALINÉES.
♦JOUANNÉTIE. Jouannetia (nom pro-
pre), moll. — M. Desmoulins a proposé ce
genre en l'honneur d'un observateur fort
distingué, M. Jouannet, pour une petite
coquille perforante, globuleuse, qui , pour
nous, dépend du genre Pholade, et appar-
JOU
tient à ce groupe d'espèces presque entière-
ment enveloppées par un écusson tpès grand.
Voy. PHOLADE. (DESH.)
JOUBARBE. Sempervivum , Linn. —
Genre de la famille des Crassulacées ; sa
place véritable dans le système de Linné est
difficile à déterminer, par suite des varia-
tions de nombre que présentent les organes
sexuels dans les fleurs de ses diverses es-
pèces. Le nombre des espèces qui le com-
posent est déjà assez considérable: De Gan-
dolle en décrit 31 dans le 5e volume du Pro~
dromus, p. 411 ; Walpers en relève quatre
nouvelles, portant ainsi le nombre total à
35. La distribution géographique de ces vé-
gétaux est très remarquable; en effet, la
plupart d'entre eux sont resserrés dans la
circonscription fort étroite de l'archipel de»
Canaries et de Madère; les autres se trou-
vent dans les parties moyennes et méridio-
nales de l'Europe. Ce sont des plantes plu»
ou moins charnues , herbacées , sous-fru-
tescentes ou frutescentes ; parmi les espèces
herbacées, les unes sont acaules et pour-
vues de jets (propago) axillaires , terminés
par une rosette de feuilles , les autres sont
caulescentes , et dans ce cas, dépourvues
de jets. Les fleurs sont disposées en cymes ;
leur corolle est jaune, purpurine ou blan-
châtre ; elles présentent l'organisation sui-
vante : Calice à 6-20 divisions profondes ;
corolle à 6-20 pétales étroits et allongés,
aigus ; étamines au nombre de 12-40, c'est-
à-dire en nombre double des pétales , pé-
rigynes; autour de l'ovaire une rangée de
petites écailles hypogynes , ovales , dentées,
échancrées ou déchirées à leur extrémité;
6-20 carpelles distincts et séparés , unilo-
culaires, renfermant de nombreux ovules
fixés le long de leur suture ventrale; ces
carpelles donnent autant de follicules dis-
tincts , polyspermes.
Les Joubarbes ont été divisées par De
Candolle (l. c.) en trois sous-genres, qui
sont généralement adoptés.
a. Jovibarba, DC. Des jets partant de l'ais-
selle des feuilles inférieures. Fleurs purpu-
rines ou jaune-pàle. Toutes les espèces de
ce sous-genre sont européennes. Telles sont
celles qui appartiennent à la Flore fran-
çaise, les Sempervivum tectorum Linn., mon-
tanum Linn., arachnoideum Linn., globife-
rum Linn., hirtum Linn.
JOU
JUC
157
b. Monanthes, Haw. Pas de véritables jets.
Feuilles serrées en rosettes, globuleuses.
Fleurs purpurines. Les écailles de la fleur
larges, arrondies et en cuiller. Ce sous-genre
a été établi sur une plante des Canaries, le
Sempervivum monanthes Ait.
c. Chronobium, DC. Cette section, la plus
nombreuse du genre, est caractérisée par
l'absence complète des jets, par des fleurs
jaunes, quelquefois blanches. Elle ne com-
prend que des espèces des îles Canaries et de
Madère. C'est dans cette section que ren-
trent les divisions établies par MM. Webb
et Berthelot sous les noms de Aichryson,
JEonium , Greenovia , Petrophye.
Parmi les diverses espèces qui croissent
spontanément en France ou qu'on cultive
dans les jardins , la seule sur laquelle nous
croyons devoir dire quelques mots , est la
Joubarbe des toits , Sempervivum tectorum
Linn., la plus commune de toutes , qui se
trouve ordinairement sur les toits, sur les
vieux murs , et quelquefois sur les rochers.
Dans les jardins paysagers , on en garnit les
rocailles et les toits des chaumières. Ses
feuilles sont succulentes, glabres sur leurs
deux faces , ciliées à leurs bords , réunies
en grandes et belles rosettes, du milieu de
chacune desquelles s'élève une tige droite,
haute de 3-4 décimètres, velue, portant des
feuilles éparses. Ses jets sont étalés. Ses
fleurs sont purpurines , presque sessiles, à
environ 12 pétales lancéolés, à nombre égal
de pistils ; les écailles de ces fleurs sont en
forme de coin et caronculées. Cette plante
est rafraîchissante; les paysans du midi de
la France la regardent comme d'un effet
presque assuré pour la guérison des duril-
lons et des cors aux pieds.
On cultive assez fréquemment dans les
jardins quelques espèces de Joubarbes, par-
ticulièrement les Sempervivum arboreum,
glutinosum,tortuosum, etc. (P. D.)
JOUBARBES , Juss. bot. ph.— Syn. de
Crassulacées, DC.
JOUES CUIRASSÉES, poiss. —Famille
établie par Cuvier ( Bègn. anim., tom. II,
pag. 158) dans l'ordre des Acanthoptéry-
giens , pour des poissons qui ont de grands
rapports avec les Perches , mais auxquels
l'aspect singulier de leur tête, diversement
hérissée et cuirassée , donne une physiono-
mie tout-à-fait particulière. Ils présentent
pour caractère commun des sous-orbitaires
plus ou moins étendus sur la joue, et s'ar-
ticulant en arrière avec le préopercule. Cette
famille renferme plusieurs groupes de Pois-
sons remarquables, répartis en deux grandes
divisions. La première , caractérisée par
Vabsence de rayons épineux libres en avant
de la dorsale , comprend les genres Trigle ,
Prionate, Malarmat, Dactyloptère, Cépha-
lacanthe, Cotte, Hémitriptère, Bembras,
Aspidophore , Platycephale , Hémilépidote ,
Blepsias,Apiste, Scorpène, Sébaste, Ptéroïs,
Agriopus, Pilor, Synancée.
La seconde division , basée sur la pré-
sence d'épines libres au lieu de la première
dorsale, se compose des genres Monocen-
tre, Épinoche et Gastrée. Voy. ces divers
mots. (J.)
JOUR. ASTR. Voy. ASTRES.
JOURET. moll. — D'après Gmelin, cette
espèce d'Adanson serait la même que le
Venus maculata de Linné , Cytherea macu-
lata Lamarck. Mais , après une lecture at-
tentive de la description de cette coquille,
nous pensons qu'elle doit constituer une es-
pèce différente. Voy. cythérée. (Desh.)
JOVELLANA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Scrophularinées-
Verbascées, établi par Ruiz et Pavon (Flor.
Peruv. I, 12, t. 18). Herbes du Chili.
Voy. scrophularinées.
*J0X1L0N, Rafin. bot. ph. — Syn. de
Maclura, Nutt.
*JOZOSTE , Nées. bot. ph. — Syn. &Ac-
tinodaplme, Nées.
JUANULLOA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Solanacées-Sola-
nées, établi par Ruiz et Pavon (Prodr.,
27, t. 4). Arbrisseau du Pérou.
JUB/EA. bot. ph. — Genre de la famille
des Palmiers inermes, tribu des Coccoïnées ,
établi par H.-B. Kunth(tn Humb. etBonpl.,
Nov. gen. et sp., I, 308, t. 96). Palmiers
du Chili. Voy. palmiers.
JUBARTE. mam. —Espèce du genre Ba-
leine. Voy. ce mot. (E. D.)
*JUBELINA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Malpighiacées, établi par Ad. de
Jussieu (in Delessert. le. sélect., III, 19,
t. 32). Arbrisseaux de la Guiane. Voy. mal-
pighiacées.
JUCCA. bot. ph. — Voy. VUCCA.
*JUCUNDA {jucunda, agréable), bot. pu.
15S
JUG
JUG
— Genre de la famille des Mélastomacées-
Miconiées , établi par Chamisso(m Linnœa,
IX, 456 ). Arbrisseaux du Brésil. Voy. mé-
LASTOMACÉES.
JUDAÏQUES (pierres), échin. —On dé-
signe sous ce nom des pointes d'Oursins et
des articulations d'Encrine.
JUGLANDÉES. Juglandeœ. bot. ph. —
Famille de plantes dicotylédonées apétales,
diclines , à fleurs monoïques ou dioïques.
Dans les mâles, le calice partagé profon-
dément en lanières inégales , au nombre de
deux ou six , est adné par sa base à une
bractée squamiforme, simple ou plus ra-
rement trilobée, et renferme des étami-
nes en nombre défini , égal ou double , ou
indéfini, à filets courts , à anthères s'ou-
vrant longitudinalement , dont les deux
loges, parallèles et obliques, sont fixées sur
sur les côtés d'un connectif qui souvent se
prolonge et s'épaissit au-dessus d'elles. Dans
les fleurs femelles, le caliceadhère à l'ovaire
qu'il recouvre et se partage au-dessus de
lui en quatre lobes avec lesquels alter-
nent quelquefois ceux d'une petite corolle
caduque, rarement en 3 ou en 5 ; il est
dans quelques cas doublé à sa base par un
involucre cupuliforme. L'ovaire est cou-
ronné par un stigmate discoïde 4-lobé ou
plus souvent par 2 ou 4 grands stigmates
tout hérissés de franges papilleuses et por-
tés sur un style court, simple ou double;
il renferme un seul ovule droit et dressé au
milieu d'une loge unique; mais celle-ci en
bas et sur les côtés est divisée en 4 compar-
timents par quatre cloisons incomplètes. La
graine, à mesure qu'elle grossit, s'enfonce
dans ces compartiments et prend ainsi une
forme 4-lobée , lisse ou souvent inégale à la
surface : c'est celle de l'embryon recouvert
d'une enveloppe membraneuse et notam-
ment des cotylédons qui forment presque
toute la masse. Ils sont chacun bilobé infé-
rieurement; la radicule courte et supère;
la gemmule a deux petites feuilles pennées.
Quant au fruit, il est devenu celui qu'on
connaît vulgairement sous le nom de noix ,
c'est-à-dire, un noyau ligneux indéhiscent
ou se séparant en deux valves et recouvert
d'une couche coriace et fibreuse qu'on
nomme le brou et que forme le sarcophage
avec le calice adhérent et persistant. Les
espèces de cette famille sont originaires
principalement de l'Amérique du nord , en
moindre nombre dans l'Asie tempérée et
tropicale et les îles qui en dépendent. Plu-
sieurs-sont cultivées en Europe et une sur-
tout assez communément pour faire au-
jourd'hui partie de sa Flore. Ce sont de
grands arbres dont le bois est très estimé
et employé pour la charpente et les meu-
bles, dont les feuilles sont alternes, pen-
nées avec ou sans impaire, dépourvues de
points glanduleux et exhalant pourtant une
odeur aromatique , sans stipules. Les fleurs
mâles sont disposées en chatons; les fe-
melles ramassées en petit nombre, ou plus
nombreuses en grappes lâches. La graine,
dans beaucoup d'espèces et surtout dans
celle que nous cultivons, se mange et sert
de plus pour l'huile qu'elle contient et qui
est employée non seulement par les arts,
auxquels ses propriétés siccatives la rendent
avantageuse, mais aussi comme alimen-
taire dans beaucoup de pays.
GENRES.
Carya, Nuit. ( Scorias , Raf. — Hicorius ,
Raf. — Juglans, L. — Plerocarya, Kunth.
— Engelhardlia, Lesch. (Plerilcma , Reinw.)
(Ad. J.)
*JUGLANDITES. bot. ross. — Groupe
établi par M. Al. Brongniart (Prodr., 144)
pour quelques espèces de Juglans fossiles,
dont*2 (la 2e et la 3e) sont propres aux ter-
rains de lignite; une autre (la lrc) aux ter-
rains de sédiment supérieurs ; la 4e appar-
tient à la formation salifère de Wieliczka.
JUGLANS. bot. pu. —Voy. noyer.
^JUGULAIRES, poiss. — Ordre de Pois-
sons établi par Linné et correspondant à la
famille des Auchénoptèrcs de M. Duméril.
Voy. AUCUÉNOPTÈRES.
* JVGVLlBn ARCHES. Jugulibranchiata.
poiss. — Latreille donne ce nom (Fam. du
règn. anim., p, 141) à une famille de l'or-
dre des Acanthoptérygiens apodes, caracté-
risée principalement par les ouïes, qui s'ou-
vrent par un ou deux petits trous sous la
gorge.
Cette famille est subdivisée elle-même en
deux groupes : le premier présente deux ou-
vertures branchiales extérieures , et ren-
ferme les genres Sphagébranche et Apté-
richte ; les Poissons du second groupe (Ala-
JUJ
bès et Synbranche) n'ont qu'une seule ou-
verture branchiale extérieure. (J.)
JUIDA. Juida, Less. ois. — Division de
la famille des Merles. Voy. ce mot. (Z. G.)
JUJUBE, bot. ph. — Fruit du Jujubier.
Voy. ce mot.
JUJUBIER. Zizyphus. bot. ph. — Genre
de la familledes Rhamnées, de la pentandrie
monogynie dans le système sexuel. Il se com-
pose d'arbrisseaux ou de petits arbres qui
habitent principalement les parties voisines
du tropique et celles qui bordent la Médi-
terranée, dans l'hémisphère nord, que l'on
rencontre aussi, mais en petit nombre, dans
l'Amérique intertropicale; leurs rameaux
soïrt grêles, garnis de feuilles alternes, pres-
que distiques, à trois nervures. Leurs sti-
pules sont tantôt transformées l'une et
l'autre en épines, dont l'une est droite,
l'autre recourbée; tantôt l'une des deux
seulement est transformée en épine, tandis
que l'autre est caduque ou avorte. Les fleurs
de ces végétaux présentent un calice étalé,
dont le tube est très peu concave, tandis que
le limbe est divisé en cinq lobes étalés; ce
tube calicinal est tapissé intérieurement par
un disque dont le bord porte une corolle à
einq pétales et cinq étamines opposées à ces
pétales. L'ovaire est enfoncé par sa base
dans le disque auquel il adhère; il présente
intérieurement deux ou plus rarement trois
loges dont chacune renferme un seul ovule
dressé, et il supporte autant de styles (le plus
ordinairement distincts ) et de stigmates
qu'il existe de loges. Le fruit, qui succède à
ces fleurs, est charnu et renferme un noyau
à 2-3 loges monospermes, quelquefois à
une seule, par l'effet d'un avortement. Sous
lui, persiste la base du calice, qui s'est
rompu transversalement. Parmi les espèces
de Jujubiers, il en est deux qui méritent
<Têtre examinées en particulier.
i. Jujubier commun, Zizyphus vulgaris
Linn. (Rhamnus Zizyphus Linn.). C'est un
grand arbrisseau, ou un arbre de taille peu
élevée, originaire de Syrie, d'où il fut trans-
porté à Rome sous Auguste; depuis cette
époque, il s'est répandu sur tout le littoral
de la Méditerranée où on le cultive com-
munément et où il s'est môme naturalisé
en quelques endroits. Dans son pays natal,
il s'élève en arbre de 7 à 10 mètres de hau-
teur, avec un tronc cylindrique recouvert
JLJ
159
d'une écorce brune; généralement, sa taille
s'élève moins dans l'Europe; cependant il
en existe en Provence et dans le Bas-Lan-
guedoc des individus cultivés qui forment
d'assez beaux arbres. Ses rameaux sont tor-
tueux, grêles et flexibles; ses feuilles sont
ovales, dentelées sur leur bord , glabres,
ainsi que les rameaux, luisantes; ses pi-
quants stipulâmes sont ou nuls ou géminés,
l'un des deux étant recourbé. Ses fruits, ou
les Jujubes, sont de forme ovale oblongue,
longues de 1 1/2 à 2 centimètres, de couleur
rouge un peu jaunâtre à leur maturité ; leur
chair est ferme, de saveur douce et très
agréable. On les mange en abondance dans
le midi de l'Europe et en Orient; on les
nomme Guindoulos dans le Bas-Languedoe.
Séchées au soleil, les Jujubes ont des usages
médicinaux assez importants; avec les Dattes,
les Figues et les Raisins, elles constituent
ce qu'on a nommé les fruits béchiques ou
mucoso-sucrés. Leur décoction forme une
tisane calmante, adoucissante , que l'on
emploie contre les irritations, particulière-
ment contre celles des poumons. Elle forme
aussi la base de la pâte de Jujubes, dans
laquelle elle est mêlée à la gomme et au
sucre. Le bois du Jujubier commun est dur,
de couleur roussâtre; il est susceptible de
prendre un beau poli, ce qui le fait employer
assez souvent pour le tour, les pièces qu'il
donne n'étant pas assez fortes pour qu'on
puisse s'en servir pour des usages plus im-
portants. Le Jujubier se multiplie facilement
par graines et par drageons ; il se plaît sur-
tout dans les terrains légers, sablonneux et
secs. Dans le midi de la France, on le cul-
tive en plein vent; dans le nord, il demande
une exposition au midi, contre un mur, et
il doit même être couvert pendant l'hiver.
2. Jujubier lotos , Zizyphus lotus Lara.
Cette espèce ressemble sous plusieurs rap-
ports à la précédente; ses feuilles sont ova-
les-oblongues, légèrement crénelées, glabres,
ainsi que les rameaux; ses piquants sont
géminés, l'un crochu, l'autre droit, plus
long que le pétiole; ses fruits sont presque
arrondis ou légèrement ovales. Elle croît en
Afrique, dans les parties intérieures, et sur-
tout dans le nord, dans la régence de Tunis,
en Sicile, dans le Portugal. C'est elle qui
produit le fruit si célèbre dans l'antiquité,
comme formant l'aliment favori des Loto-
160
JUL
pliages, ainsi que l'avaient déjà avancé
quelques botanistes anciens, et que l'a dé-
montré Desfontaines, dans un Mémoire en
date de l'année 1788. Le plus souvent, ces
peuples l'écrasaient, faisaient ensuite ma-
cérer sa pulpe dans l'eau, et ils en faisaient
ainsi une sorte de liqueur, qu'on prépare
encore dans le nord de l'Afrique. (P. D.)
JULAN. moll. — Adanson désigne sous
ce nom une jolie espèce de Pholade du Séné-
gal, Pholas slrlala de Gmelin. Voy. pho-
lade. (Desh.)
JULE. Julus. myriap. — Voy. iule.
*JULIANIA. bot. pu. — Genre de la fa-
mille des Zygophyllées, tribu des Zygophyl-
lées vraies, établi par Llave et Lexarca
(Nov. veget. descript., II, 4). Arbrisseau du
Mexique. Voy. zygophyllées.
JULIENNE. Hesperis. bot. ph. — Genre
de plantes de la famille des Crucifères ,
tribu des Notorhizées siliqueuses de De Can-
dolle; de la tétradynamie siîiqueuse, dans
le système sexuel. Il se compose de plantes
herbacées annuelles ou bisannuelles, ou
quelquefois, mais rarement, vivaces , qui
croissent spontanément dans les parties
moyennes de l'Europe , dans la région mé-
diterranéenne et dans l'Asie moyenne. Elles
présentent une villosité blanchâtre formée
de poils simples ou rameux , quelquefois
glanduleux. Leurs fleurs forment des grap-
pes terminales lâches ; elles sont purpurines
ou blanchâtres, quelquefois odorantes. Cha-
cune d'elles présente un calice à quatre sé-
pales connivents , dont les deux latéraux
sont renflés et gibbeux à leur base; une
corolle à quatre pétales onguiculés, dont le
limbe est étalé, obtus ou échancré; deux
stigmates elliptiques. Le fruit est une si-
lique droite, allongée, bivalve, à peu près
j cylindrique ou légèrement tétragone, ren-
fermant plusieurs graines pendantes, ran-
gées en une seule série, sans rebord, lisses,
rarement comprimées; les cotylédons de
leur embryon sont incombants. Ce genre
! avait pris une extension assez grande dans
[les ouvrages de Linné et des botanistes sub-
\ séquents ; mais les travaux les plus récents,
notamment ceux de MM. R. Brown et De
Candolle, l'ont beaucoup restreint. Cepen-
dant, tel qu'il a été limité, il renferme en-
core plus de 40 espères, puisque De Can-
dolle en a décrit 20 dans le Prodromus ,
JUL
tom. r, pag. 188, et que depuis la publi-
cation de cet ouvrage, Walpers a pu en re-
lever 21 nouvelles.
Resserré dans ses nouvelles limites, le
genre Hesperis ne présente plus qu'une seule
espèce qui offre un intérêt direct; c'est la
suivante :
Julienne des dames , Hesperis matronalis
Lam. C'est une plante bisannuelle, dont la
tige est haute de 6 à 10 décimètres , velue
et presque simple; dont les feuilles sont
ovales-lancéolées, aiguës, dentées, légère-
ment velues; ses fleurs sont blanches ou
violacées, portées sur des pédoncules de la
longueur du calice; ses pétales sont pour-
vus d'un long onglet qui dépasse le calice,
et leur limbe est obovale. L'odeur agréable
de ces fleurs se fait sentir principalement
le soir, et fait cultiver cette espèce dans les
jardins où elle est très répandue, et où elle
est connue vulgairement sous les noms de
Cassolette , Damas , etc. La Julienne des
dames croît spontanément dans les lieux
frais et ombragés, dans les haies, les buis-
sons, etc. On en distingue deux variétés,
dont l'une ( Hesperis matronalis sylvestris
DC. ), presque inodore, a les fleurs purpu-
rines et les pétales obtus : c'est la variété
spontanée dont Linné avait fait une espèce
distincte sous le nom d' Hesperis inodoraf
que l'on rencontre communément dans les
vallées fraîches et peu élevées des monta-
gnes des Pyrénées , autour de Luchon , par
exemple, etc.; dont l'autre {Hesperis matro-
nalis horlensis DC. ), cultivée dans les jar-
dins, où elle a été modifiée et perfectionnée
par la culture , se fait remarquer par l'o-
deur suave de ses fleurs. On en possède des
sous-variétés vivaces à fleurs doubles, blan-
ches ou violettes. On multiplie ces derniè-
res par éclats ou par boutures qu'on obtient
en coupant la tige, après la floraison, en
deux ou trois morceaux. Cette plante ne
prospère que dans une terre franche subs-
tantielle ; elle ne demande que de rares a?-
rosements. (P. D.)
JULIENNE JAUNE, bot. ph. — Nom
vulgaire du Barbarea vulgaris. Voy. bau-
barea.
*JULIETA, Leschen. bot. pn. — Syn. do
Lysinema, R. Br.
JULIS ou GIRELLE. roiss. — Genre de
Poissons Acanthoptérygiens de la famille
JUL
JUN
161
des Labroïdes , établi par Cuvier (R'egn.
anim. , t. II, p. 257), et comprenant tous
les Labroïdes à ligne latérale non inter-
rompue; à dorsale munie de rayons épi-
neux, raides et piquants, dont la tête en-
tière , c'est-à-dire le sous-orbitaire , le
préopercule et les autres pièces opercu-
laires, le dessus de la tête et les mâchoires
sont dépourvues d'écaillés. Leurs dents sont
coniques, plus fortes en avant; derrière
cette rangée externe, il y en a de tuber-
culeuses ou de grenues en nombre varia-
ble, qui, dans quelques espèces, se succè-
dent avec l'âge, et augmentent la largeur
de la surface émaillée des deux mâchoires
{Hist. nat. despoiss., Cuv. et Val., t. XIII,
p. 358).
Les Girelles sont des poissons parés des
couleurs les plus variées et les plus bril-
lantes. Ils habitent principalement les ré-
gions intertropicales; cependant on en voit
quelques uns s'avancer vers le nord, jus-
que sur les côtes d'Angleterre ou de France.
La Méditerranée en renferme trois ou qua-
tre espèces, qui ne îe cèdent en rien , par
leur éclat et leur beauté, aux poissons les
plus brillants des mers tropicales.
Les Girelles vivent sur le bord de la mer,
parmi les roches madréporiques, où ils trou-
vent en abondance des Mollusques , des
Oursins et autres animaux à test dur, qu'ils
brisent facilement avec les dents fortes et
coniques, soit des mâchoires, soit des pha-
ryngiens.
On connaît environ 88 espèces ou va-
riétés de Girelles. Parmi elles, nous citerons
principalement la Girelle commune, Julis
vulgarisCav. et Val. ; son corps est allongé
et ses écailles sont très petites; le som-
met de la tête et le dos sont d'un beau
brun mêlé de rougeâtre et de bleu; au-
dessous de cette teinte brille une large ban-
delette à bords dentelés d'un beau rouge
orangé. A partir de l'épaule, et jusque
sous les premiers rayons mous de la dor-
sale, le milieu des côtés est coloré par une
bande bleu foncé, presque noire, qui forme
une grande tache oblongue sur les côtés
du corps du poisson. Cette tache se pro-
longe, jusqu'auprès de la queue, en une
bande colorée de bleu d'outre-mer, plus ou
tioins rembrunie par le brun doré qui s'y
'uuve mêlé; le dessous du corps est blanc
T. VII.
d'argent; une raie bleu d'outre-mer, très
vif, naît de l'angle de la bouche, traverse
la joue; se marque à l'angle de la pecto-
rale, et se prolonge, en diminuant de ton,
le long du bord inférieur de la tache bleu
foncé des côtés.
La disposition de ces couleurs , ou leur
éclat plus ou moins vif, a fait établir parmi
les individus de cette espèce quelques va-
riétés qui cependant offrent constamment
la tache latérale noire allongée.
La taille de ces poissons varie de 15 à
30 centimètres ; leur chair est blanche , de
bon goût , et facile à digérer. On en trouve
fréquemment à Nice , sur les bords de la
Méditerranée, dans les rochers couverts
d'algues marines. (J.)
*JULOCROTON. bot. ph.— Genre de la
famille des Euphorbiacées-Acalyphées , éta-
bli parMartius(#er&ar.#rasiJ., p. il 9). Sous-
arbrisseaux du Brésil. Voy. euphorbiacées.
JUMENT, mam.— La femelle du Cheval.
Voy. ce mot.
JUNCAGO, Tourn. bot. ph. — Syn. de
Triglochin, Linn.
JUNCARIA, CIus. bot. ph. — Synon.
d'Ortegia, Lceffl.
*JUNCKÉRITE. min. — Carbonate de
Fer prismatique. Voy. ce mot.
JUNCUS. bot. ph. — Voy. jonc.
JUNGERMANNE. bot. cr. — Voy. jon-
GERMANNE.
JUNGERMANNIACÉES. bot. cr. —
Voy. jongermanniacées.
JUNGHAUSIA, Gmel. bot. ph. — Syn.
de Curtisia, Ait.
JUNGIA. bot. ph. — Genre delà famille
des Composées -Nassauviacées, établi par
Linné (Suppl., 58). Herbes ou arbrisseaux
de l'Amérique australe. Voy. composées. —
Gaertn., syn. de Bœckea, Linn.
JUMPÉRITES (juniperns , genévrier).
bot. foss. — Groupe de Conifères fossiles,
établi par M. Ad. Brongniart (Prodr. 108)
pour des plantes présentant des rameaux .
disposés sans ordre; des feuilles opposées ;
semblables à celles des Genévriers et des
Cyprès, courtes, obtuses, insérées par une
base large, opposées en croix et disposées
sur quatre rangs. M. Ad. Brongniart rap-
porte à ce groupe trois espèces (/. brevifo-
lia t acutifolia , aliéna) trouvées dans des
lignites de sédiment supérieur. (J.)
21
162
JUS
JUNIPERUS. bot. ph.— Voy. genévrier.
JUPUPA. ois. — Nom d'une espace de
Cassique. Voy. ce mot.
MURGENSIA , Spreng. bot. ph.— Syn.
de Commersonia , Forst.
JURINEA (nom propre), bot. ph.— Genre
de la famille des Composées-Mutisiacées,
établi par Cassini {in Bullet. Soc. philom.
1821, p. 140). Herbes des régions méditer-
ranéennes. Voy. COMPOSÉES.
JUSQUIAME. Hyoscyamus. bot. ph. —
Genre de la famille des Solanacées, de la
pentandrie monogynie dans le système
sexuel. On en connaît aujourd'hui environ
20 espèces. Il se compose de plantes herba-
cées, qui croissent naturellement dans les
parties moyennes de l'Europe et de l'Asie,
et dans toute la région méditerranéenne.
Cesplantes sont généralement remarquables
par leur aspect sombre et livide, plus carac-
térisé encore que chez la plupart des autres
Solanacées, par leur viscosité et par leur
odeur vireuse; leurs feuilles sont alternes, lé
plus souvent sinueuses, les florales ordinai-
rement géminées ; leurs fleurs soi) t solitaires
à l'aisselle des feuilles florales, le plus sou-
vent dirigées vers un seul côté. Elles pré-
sentent un calice urcéolé, à cinq dents ; une
corolle en entonnoir, à limbe plissé, divisé
en cinq lobes obtus, inégaux, marqués le
plus souvent de veines foncées; cinq étami-
nes insérées au fond du tube de la corolle;
un ovaire à deux loges multi -ovulées, dans
chacune desquelles un placenta développé
tient à la cloison par sa ligne dorsale. Le
fruit est une capsule enveloppée par le calice
persistant et qui s'est accrue après la florai-
son, biloculaire, s'ouvrant transversalement
vers la partie supérieure, et constituant dès
lors une pyxide; l'opercule, qui se détache
alors, conserve intérieurement une partie
de la cloison. Parmi les espèces de ce genre,
il en est deux qui méritent d'être examinées
en particulier.
1. Jusquiame noire, Hyoscyamus niger
Linn. Cette espèce est connue vulgairement
en diverses parties de la France sous les
noms de Careillade (qu'on applique aussi
plus particulièrement à l'espèce suivante
dans les environs de Montpellier), Hannebane
potelée; elle croît communément le long
des chemins et surtout autour des habita-
lions. Sa tige s'élève de 6 à 8 décimètres ;
JUS
elle est cylindrique, épaisse, couverte de
poils épais et visqueux; ses feuilles sont
grandes, molles et cotonneuses, marquées
sur leur bord de sinus aigus, sessiles et
amplexicaules ; ses fleurs sont d'un jaune
pâle, marquées de veines pourpre noirâtre;
elles deviennent de cette dernière couleur
dans leur milieu; elles sont sessiles, ran-
gées à l'aisselle des feuilles florales en une
sorte de long épi feuille unilatéral. Les
propriétés médicinales de cette espèce la
rapprochent beaucoup delà Belladone, à la
place de laquelle on l'emploie quelquefois.
Ses feuilles ont, à l'état frais, une odeur forte,
désagréable et une saveur mucilagineuse un
peu acre; mais, par la dessiccation, elles per-
dent presque entièrement l'une et l'autre de
ces propriétés. On prépare, soit de ces feuil-
les, soit des graines, un extrait que l'on em-
ploie à doses faibles ou modérées , surtout
pour combattre les affections nerveuses.
Cette même substance, prise à forte dose,
constitue un poison narcotico-âcre dont on
combat les effets par l'émétique d'abord et
ensuite par les boissons acidulées. Les pro-
priétés vénéneuses de la Jusquiame noire se
retrouvent dans sa racine qui, dans quel-
ques circonstances, ayant été prise pour de
petits Panais, a déterminé des accidents
fâcheux; elles existent également dans ses
graines. Les feuilles de cette plante, appli-
quées, cuites, sur les tumeurs goutteuses et
rhumatismales, agissent comme calmant;
ses graines servent principalement au même
titre, pour calmer les douleurs dentaires;
pour cela, on les projette sur des charbons
ardents et l'on en reçoit la vapeur dans la
bouche, en usant toutefois de précaution,
pour éviter les fâcheux effets qu'elles pour-
raient produire si elles étaient respirées en
quantité un peu considérable. Les anciens
en exprimaient l'huile, qu'ils employaient en
diverses circonstances; mais, dans ces der-
niers temps , leur usage a été beaucoup
plus restreint, ainsi, du reste, que celui des
feuilles. Les effets de la Jusquiame noire ont
été soumis à de nombreuses expériences par
le DrFouquier, qui est arrivé à cette conclu-
sion, qu'on en avait beaucoup exagéré l'im-
portance; ce médecin en est venu adonner,
dans l'espace de vingt-quatre heures, jus-
qu'à 250 grains d'extrait de cette plante,
sans qu'il se soit produit d'effets fâcheux.
JUS
JUS
163
La conclusion définitive qu'il s'est cru au-
torisé à déduire de ses observations est que
la Jusquiarne constitue une substance très
inégale dans son action , et de laquelle on
n'est dès lors jamais certain d'obtenir les
résultats que l'on désire; enfin, que son
narcotisrne est très faible, sinon même entiè-
rement nul. Les diverses espèces d'animaux
éprouvent de lapartdelaJusquiamenoireet
de ses différentes parties des effets variés;
ainsi l'on a dit que ses graines, mêlées à
l'avoine, non seulement ne nuisent pas aux
Chevaux, mais encore les engraissent; que
les Cochons, les Vaches et les Brebis mangent
la plante entière sans qu'il en résulte pour
eux le moindre inconvénient, tandis qu'elle
agit sur les Cerfs, les Gallinacés, les Oies
et les Poissons comme un poison véritable.
Les effets plus ou moins énergiques de la
Jusquiarne noire sont dus à un alcaloïde
qui a été découvert par Biandes, et qui
a reçu de ce chimiste le nom d'Hyoscya-
mine.
2. Jusquiame blanche, Hyoscyamus albus
Linn. Cette espèce est moins répandue que
la précédente et est limitée aux parties mé-
ridionales de l'Europe; elle diffère delà
Jusquiame noire par sa tige un peu moins
haute et moins rameuse; par ses feuilles
caulinaires, assez longuement pétiolées en
cœur à leur base, aiguës, marquées sur leur
bord de sinus obtus, tandis que les florales
sont parfaitement entières; par ses fleurs
presque sessiles à l'aisselle des feuilles flo-
rales; enfin par ses corolles ventrues. Ses
propriétés sont analogues à celles de la
Jusquiame noire, quoique moins prononcées;
aussi est-elle quelquefois substituée à cette
dernière. (P. D.)
JLSSI.EA (Jussieu, célèbre botaniste).
— Genre de la famille des OEnothérées-Jus-
sieuées, établi par Linné (Gew., n° 538).
Herbes ou arbrisseaux, ou, très rarement,
arbres des régions tropicales du globe. Voy.
QEKOTHÉRÉE5.
*JLSSIEUÉES. Jussieveœ. bot. ph. —
Tribu des OEnothérées. Voy. ce mot.
JISSIEVIA, Houst. bot. ph. — Syn. de
Cnidoscolus, Pohl.
JUSTICIE ou CARMANTINE. Justicia.
bot. pu. — Genre de la famille des Acan-
thacées. Linné avait admis sous ce nom un
genre de plantes à deux étamines auxquelles
il assignait pour caractères : Un calice sim-
ple ou double; une corolle monopétale la-
biée; une capsule s'ouvrant par un onglet
élastique,, dont la cloison était contraire
aux valves et adnée. Mais ce groupe, assez
mal défini, reçut successivement un nombre
considérable d'espèces, et finit par devenir
un assemblage de plantes qui se ressem-
blaient par quelques traits, mais qui diffé-
raient les unes des autres sous des rapports
importants. C'est ce que sentit très bien
M. Nées d'Esenbeck , qui, dans le bel ou-
vrage de M. Wallich [PlantœAs. rariores,
tom. III, pag. 70 et suiv. ), présenta une
revue de la famille des Acanthacées, et qui
resserra le genre Juslicia dans des limites
beaucoup plus étroites en établissant un
grand nombre de genres nouveaux, ou en
admettant ceux qui avaient déjà été établis
à ses dépens. Voy. acanthacées.
Le résultat de ces nombreuses divi-
sions a été nécessairement de diminuer
beaucoup le nombre des vrais Justicia, qui
sont restés caractérisés de la manière sui-
vante : Calice 5-parti, égal ; corolle bilabiée-
infundibuliforme, à tube allongé ; lèvre su-
périeure aiguë, réfléchie, l'inférieure à trois
divisions égales; deux étamines insérées à
la gorge de la corolle, à anthères saillantes,
formées de deux loges contiguës, légèrement
inégales à leur base, mutiques; ovaire à
deux loges bi-ovulées; style simple; stig-
mate bifide; capsule onguiculée, cuspidée,
biloculaire, disperme par l'effet de l'avor-
tement des deux autres ovules, s'ouvrant
en deux valves par déhiscence loculicide ,
les valves portant la cloison sur leur ligne
médiane ; graines en forme de cœur, com-
primées, tuberculées, entourées d'un bord
relevé. Ces plantes sont des arbrisseaux de
l'Asie tropicale , dont les feuilles sont op-
posées; dont les fleurs, disposées en épis
terminaux, sont accompagnées de bractées
herbacées , larges , et de petites bractéoles
subulées. Quelques unes de leurs espèces
sontcultivées dans les jardinscomme plantes
d'ornement. (p« D0
K
KABASSOU. mam.— Nom vulgaire du
Tatou à douze bandes. Voy. tatou. (E. D.)
KACHIN. moll. — Adanson (Voyage au
Sénégal) nomme ainsi une coquille du genre
Trochus, le T. Pantherinus Linn.
KADSURA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Schizandracées, établi par Jussieu
(in Annal. Mus., XVI, 340). Arbrisseaux
de Java et du Japon. Voy. schizandracées.
K.ŒMPFÉRIE. Kœmpferia (du nom du
botaniste Kaempfer). bot. ph. — Genre de
plantes de la famille des Scitaminées ou
Zingibéracées, de la monandrie monogynie
dans le système sexuel. Il se compose de
plantes herbacées, à racines tuberculeuses,
dont un petit nombre sont cultivées dans
les serres où elles se font remarquer par l'é-
légance et la singulière organisation de leurs
fleurs. Celles-ci semblent naître de la ra-
cine, et sont généralement groupées au
nombre de 4-5 ou davantage, accompa-
gnées de plusieurs bractées , dont les unes
sont grandes, extérieures, et communes à
plusieurs fleurs; dont les autres sont pro-
pres à chaque fleur. Parmi ces dernières
bractées, l'une est placée du côté extérieur,
les deux autres se soudent l'une à l'autre
du côté supérieur en une seule qui paraît
être bidentée au sommet. Dans la descrip-
tion de la fleur de ce genre et pour l'inter-
prétation de ses parties , nous croyons ne
pouvoir suivre de meilleur guide que M. Les-
tiboudois, dans son Mémoire sur les Scita-
minées, Musacées, etc., publié dans les An-
nales des sciences naturelles , 2e série , mai
et juin 1841 , avril et mai 1842. Le pé-
rianthe des Kœmpféries se compose, comme
dans le type normal des monocotylédones ,
de deux rangées de folioles ; les trois exté-
rieures sont soudées entre elles en une seule
lame rendue d'un côté, et présentant à son
extrémité trois dents qui indiquent la seule
partie de leur étendue qui a échappé à la
soudure; les trois intérieures sont plus al-
longées, distinctes les unes des autres,
étroites et allongées , aiguës , canaliculées.
Ces six parties, qui constituent le périanthe
des Kœmpferia , sont cependant les moins
apparentes parmi celles que présente la fleur
de ces plantes ; plus intérieurement,en effet,
on y remarque des lames pétaloïdes plus
développées , colorées de couleurs diverses
et le plus souvent brillantes, de formes di-
verses dans une même fleur, et qui consti-
tuent précisément la partie remarquable et
bizarre de ces fleurs. Ces lames pétaloïdes
ne sont autre chose que des staminodes,
c'est-à-dire qu'elles proviennent de la trans-
formation de la plupart des étamines qui
entraient dans la constitution normale de la
fleur. Les Kœmpferia présentent trois de ces
lames , dont deux sont entières et la troi-
sième profondément bilobée; les deux pre-
mières sont blanches ou faiblement colo-
rées, distinctes l'une de l'autre, très larges
à leur base ; la dernière, à laquelle M. Les-
tiboudois donne le nom de synème, est op-
posée aux premières ; ses deux grands lobes
sont colorés de teintes vives , purpurines,
plus ou moins violacées, veinées de blanc,
irrégulièrement crénelés ou échancrés : la
plupart des botanistes la nomment labelle.
La fleur ne conserve qu'une seule étamine
fertile, dont l'anthère est dépassée et sur-
montée par un appendice ou lame profon-
dément divisée en deux lobes aigus, quel-
quefois séparés par un lobe médian. Le tra-
vail de M. Lestiboudois a eu pour objet
principal de retrouver la symétrie déguisée
dans les lames pétaloïdes supplémentaires
des fleurs des Scitaminées et des familles
voisines. Selon ce savant, dans le genre qui
nous occupe, les deux staminodes symétri-
ques appartiennent au verticille qu'auraient
formé les trois étamines externes ; la troi-
sième de ces étamines externes qui aurait
complété le verticille, se trouve confondue
dans le synème ou le labelle avec deux éta-
mines également transformées appartenant
au verticille interne ; le synème ou le la-
belle représente donc trois étamines , dont
une extérieure et deux intérieures. EnOn
KAII
KAL
165
ce verticille interne est complété par l'éta-
mine, restée seule à l'état normal et fertile.
-Nous ne pouvons reproduire ici les obser-
vations délicates par lesquelles M. Lesti-
boudois est parvenu à rétablir ainsi, dans ces
fleurs si bizarres d'organisation, la symétrie
ordinaire des fleurs des monocotylédons. Le
pistil se compose d'un ovaire adhérent , à
trois loges renfermant chacune plusieurs
ovules horizontaux fixés à l'angle interne.
Du sommet de cet ovaire s'élève un style
allongé, filiforme, qui se loge dans le sillon
du filet et de l'anthère del'étamine fertile,
et que termine un stigmate urcéolé, cilié;
l'ovaire supporte encore deux filaments plus
ou moins rudimentaires qui ne sont autre
chose que deux stylodes, c'est-à-dire les deux
styles qui complétaient la symétrie ternaire
du pistil réduits à un développement très
imparfait. Le fruit est une capsule à trois
loges polyspermes , qui s'ouvrent en trois
valves par déhiscence loculicide.
Les Ka;mpféries sont des plantes des par-
ties tropicales de l'Inde. Deux ou trois
d'entre elles sont assez fréquemment culti-
vées dans les serres : ce sont les K. rotunda,
longa et galanga. Les tubercules charnus ,
arrondis ou allongés, qui accompagnent leur
racine sont féculents et très aromatiques.
Ceux de la première de ces espèces ont l'o-
deur et la saveur du Gingembre, seulement
à un degré moins prononcé. La plupart des
botanistes pensent qu'ils fournissent ce qu'on
désigne dans les pharmacies sous le nom de
racine de Zédoaire, dont on distingue deux
sortes: l'une arrondie, l'autre allongée, qui
proviendraient de deux variétés de cette
plante. Cette substance possède des proprié-
tés stimulantes assez énergiques; elle est
aujourd'hui fort peu employée : elle entre
seulement dans la composition de certaines
préparations pharmaceutiques. D'autres bo-
tanistes pensent qu'elle provient de plantes
différentes ; ainsi Roxburgh dit positivement
que la Zédoaire est formée par le Curcuma
Zedoaria Roxb. (P. D.)
KAGENECKIA (nom propre), bot. pu.
— Genre de la famille des Rosacées-Quil-
lajées , établi par Ruiz et Pavon ( Prodr. ,
134, t. 37). Arbres du Pérou. Voy. ro-
sacées.
KAIHRIA, Forsk. bot. ph. — Syn. d'£-
thulia, Cass.
KAKADOE. ois. — Nom substitué par
Kuhl à celui de Cacatua (Cacatois). (Z. G.)
KAKATOÈS et KAKATOIS.— Voy. ca-
catois.
KAKERLACS. ins. — Nom des Blattes
dans les colonies. Voy. blattiens. (Bl.)
*KAKOXÈNE. min.— Phosphate hydraté
de peroxyde de Fer et d'Alumine. Voy. fers
phosphatés au mot fer.
KALAN. moll. — C'est le nom que donne
Adanson {Voyage au Sénégal) à une co-
quille du g. Slrombe, le Str. lentiginosus L.
KALANCHOE. bot. ph. —Genre de la
famille des Crassulacées-Crassulées-diplos-
témones, établi par Adanson (Fam. , H ,
248). Sous-arbrisseaux charnus croissant
en Afrique, en Asie et au Brésil. Voy. cras-
SULACÉES.
KALENCHOE , Haw. bot. ph. — Syn.
de Kalanchoe, Adans.
KALLSTRyEMIA (nom propre), bot. ph.
— Genre de la famille des Zygophyllées-
Tribulées , établi par Scopoli (Introduct. ,
937). Herbes de l'Amérique tropicale. Voy
ZYGOPHYLLÉES.
KALMIA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Éricacées-Rhododendrées, établi
par Linné (Gen.,n. 545) et présentant
pour caractères : Calice à 5 divisions ; co-
rolle hypogyne, monopétale, déprimée et
renflée, à limbe 5-fide; étamineslO, insé-
rées au fond de la corolle ; ovaire à 5 loges
multi-ovulées; style allongé, persistant , à
stigmate capité; capsule subglobuleuse, à
5 loges. Les Kalmies sont des arbrisseaux
à feuilles alternes ou ternées-verticillées,
toujours vertes ou tombant rarement, à ra-
meaux uniflores ; fleurs disposées en grappes
ou en corymbes, ou rarement axillaires.
Parmi les cinq espèces que renferme ce
genre, quelques unes sont généralement
cultivées dans les jardins dont elles font
l'ornement par leur feuillage toujours vert
et leurs belles fleurs roses. Nous citerons
principalement les K. a larges feuilles, a
FEUILLES ÉTROITES et GLAUQUE ( K. latifolia ,
angustifolia et glauca Linn. ). Elles sont
originaires de l'Amérique boréale, mais
elles s'acclimatent parfaitement dans nos
jardins où on les multiplie par semences,
marcottes et boutures. (J.)
*KALOPHRYNUS Mo'?, beau; 9p3voç,
crapaud), rept. — Groupe d'Amphibiens
166
KAM
formé par M. Tsclrudi (Class. bairacn.,
1838) aux dépens des Bombinator. Voy.
SONNEUR. (E. D.)
KALOWRATIA. bot. ph. — Voy. ko-
LOWRATIA.
KAMBEUL. moll. — Adanson, dans son
Voyage au Sénégal , désigne ainsi une co-
quille terrestre que Lamarck a nommée Bu-
limus Jcambeul.
KAMIGHI. Palamedea. ois. — Genre de
l'ordre des Échassiers, caractérisé par un
bec plus court que la tête, droit, peu com-
primé , non renflé, à mandibule supérieure
légèrement arquée; des narines ovales si-
tuées vers le milieu du bec ; par deux épe-
rons ou ergots à chaque aile, et par des
doigts séparés , forts , à ongles robustes ,
surtout celui du pouce, qui est long et droit.
Les auteurs ne sont point d'accord sur la
place qu'il convient d'assigner aux Kami-
chis; les uns les rangent parmi les Échas-
siers, et c'est le plus grand nombre; les
autres les rapprochent des Gallinacés. On
n'est pas d'accord , non plus , sur la ques-
tion de savoir si le Chauna ou Chavaria doit
être placé avec le Kamichi, ou s'il doit for-
mer un genre à part. Vieillot a cru devoir,
comme llliger, distinguer ces oiseaux géné-
riquement. Latham et Gmelin les avaient
réunis sous la même dénomination généri-
que ; G. Cuvier a agi de même, et M. Tem-
minck , tout en reproduisant le g. Chava-
ria , a émis cette opinion, « qu'on pourrait
être tenté , d'après la description que d'A-
zara donne de l'oiseau qui a servi à fonder
cette division, d'en faire une seconde espèce
du g. Palamedea. Les méthodes les plus
modernes mettent d'accord ces opinions
diverses en faisant de l'ancien g. Palamedea
Ja famille ou sous-famille des Palamédidées.
De la sorte, quoique séparés génériquement,
les Chavarias et les Kamichis appartiennent,
par le fait , à la même division.
Si l'histoire naturelle des Kamichis et
des Chavarias , depuis qu'elle a été écrite
par les premiers voyageurs naturalistes,
ne s'est guère enrichie de nouveaux faits ,
toujours est-il qu'elle a été dépouillée de
quelques erreurs qui s'y étaient glissées.
On n'attribue plus à ces espèces des habi-
tudes d'oiseaux de proie, et elles ne s'at-
taquent plus aux Reptiles, comme on l'a
écrit.
KAM
Les Kamichis et les Chavarias , qui ont
tant de rapports par leurs caractères exté-
rieurs, au point que quelques auteurs dou-
tent s'ils doivent former réellement deux
genres, se ressemblent encore par leurs
mœurs. Ils ont à peu près la taille et le
port de la Dinde. Leur démarche est grave;
ils portent le cou droit et la tête haute.
Très rarement ils se perchent sur les ar-
bres. Leur vie se passe loin des forêts et
des grands bois. Us ne fréquentent que les
lieux découverts et humides , les maréca-
ges , les bords peu profonds des grands
fleuves, et les savanes à demi noyées.
Malgré leurs habitudes semi-aquatiques ,
les Kamichis et les Chavarias ne sont point
des oiseaux nageurs ; cependant ils entrent
dans l'eau à la manière des Hérons. Leur
voix est forte et retentissante. Celle du Ka-
michi a quelque chose de terrible, selon
Ma regrave : « Terribilem clamorem edit
Vyhu-Vyhu vociferando , » dit-il. Celle du
Chavaria est un peu moins bruyante. L'un
et l'autre font entendre leurs cris , non
seulement pendant le jour, mais encore
durant la nuit, lorsque quelque bruit vient
les frapper; et l'un et l'autre ont reçu des
noms vulgaires qui ont du rapport avec ces
cris. Les Indiens des bords de l'Amazone
appellent le premier de ces oiseaux Cahui-
tahu , et les naturels du Paraguay nom-
ment le second Chaja et Chajali.
On rencontre les Kamichis et les Chava-
rias tantôt seuls, tantôt par paires, comme
à l'époque de la reproduction , tantôt en
troupes assez nombreuses , ce qui arrive
après les pontes. Les armes dont ils sont
pour ainsi dire environnés pourraient faire
supposer que ces oiseaux sont d'un naturel
féroce , et qu'ils doivent rechercher les
combats; cependant il n'en est rien : ils
sont doux et tranquilles , et vivent paisi-
blement au milieu d'autres animaux ou de
leurs semblables. Cependant il est une
époque de l'année où leur caractère change;
cette époque est celle des amours. Alors
les mâles entrent en fureur les uns contre
les autres , et se disputent avec acharne-
ment la possession des femelles. L'union
que contractent ces oiseaux est indissolu-
ble : la mort seule de l'un des deux con-
tractants peut la rompre.
Les Kamichis et les Chavarias nichent à
KAM
terre , au pied d'un arbre , dans les brous-
sailles , dans les hautes herbes ou les joncs
entourés d'eau. La ponte n'a lieu qu'une
fois dans l'année, en janvier ou février.
Elle est de deux œufs de la grosseur de
ceux de l'Oie. Les petits , en naissant, sont
revêtus d'un simple duvet et suivent le
père et la mère. Lorsqu'ils ont pris leur
plume du premier âge, leur chair est alors
très bonne à manger; celle des adultes est
coriace et n'a pas de sapidité.
La nourriture ordinaire des Kamichis et
des Chavarias consiste en herbe tendre,
qu'ils pâturent à la manière des Oies; ils
mangent aussi les graines de plusieurs
plantes aquatiques. Leur régime est donc
uniquement végétal.
Le Chavaria est susceptible d'éducation.
Le voyageur Jacquin a fourni de curieux
détails sur cet oiseau réduit en domesticité.
« Si on le tient en esclavage, dit-il, il se
familiarise avec l'homme, et, investi, pour
ainsi dire, de sa confiance , il devient un
domestique fidèle , actif et intelligent , un
gardien vigilant et incorruptible. Nourri
dans les basses-cours, il est l'ami et le
protecteur de la volaille; il demeure con-
stamment au milieu d'elle, la suit dans
ses courses journalières, l'empêche de s'é-
garer et la ramène soigneusement à l'entrée
de la nuit. Aucun oiseau de proie ne peut
approcher du petit troupeau que le Cha-
varia s'est chargé de défendre. Si un de
ces oiseaux paraît à portée de la basse-
cour, le vigilant gardien s'élance vers lui ,
déploie ses longues et fortes ailes , porte à
son ennemi les coups les plus rudes et le
met bientôt en fuite. » Il est probable que
l'on pourrait également dire du Kamichi
réduit en domesticité ce que le voyageur
ïa cquin rapporte du Chavaria. Ces oiseaux
»>nt des mœurs trop semblables pour qu'il
fie doive pas en être ainsi.
Le genre, ou, si l'on aime mieux, la
s°u s- famille des Kamichis n'est composée ,
jusque présent, que de deux espèces qui
ap partiennent aux contrées sauvages et peu
habitées de l'Amérique méridionale.
L'une se distingue par un appendice
corné , arrondi, mobile, qui surmonte le
front (g. Palamedea, Linn.).; c'est le Ka-
michi cornu, Pal. cornuta Lin., représenté
ians l'Atlas de ce Dictionnaire, Oiseaux,
KAN
1G7
pi. 10 (Buff.,pî. enl. 451). II a le manteau
gris-ardoise, l'abdomen blanchâtre, la tête
couverte de quelques plumes duveteuses ,
variées de blanc et de noir, et sur l'aile
une tache rousse. On le trouve au Brésil
et à la Guyane.
L'autre n'a point de corne sur le front,
mais a l'occiput garni d'une petite touffe
de plumes (g. Chauna, 111.; Opistolophus,
Vieill.); c'est le Chavaria fidèle, Opist. fidelis
Vieill. (Gai. des Ois., pi. 262). II a la tête
et le haut du cou couverts de plumes cour-
tes, cotonneuses et d'une couleur gris-
clair ; deux colliers , un supérieur blanc ,
l'autre noir; le manteau et les parties in-
férieures d'un plombé blanchâtre. On trouve
des individus à plumage d'un noir nuancé
de gris. Il habite le Paraguay et le Brésil.
(Z.G.)
KAMPMANNIA, Rafin. bot. ph.— Syn.
de Xanthoxylum, L.
KANAHIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Asclépiadées-Cy-
nanchées, établi par R. Brown ( in Mem.
Werner. soc. ,1, 39). Arbrisseaux de l'A-
rabie. Voy. ASCLÉPIADÉES.
*KANDELIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Rhizophorées, établi
par Wight et Arnott (Prodr., 1 , 310). Ar-
bres du Malabar. Voy. rhizophorées.
KANEELSTEIN ou PIERRE DE CAN-
NELLE, min. — Une des variétés du Grenat
gros sul aire. Voy. grenat.
KANGUROO. Kangurus. mam. — Les
habitants de l'Océanie donnent le nom de
Kanguroo à des Mammifères appartenant
au groupe des Didelphes et qui se distin-
guent particulièrement par leur museau al-
longé , leurs grandes oreilles , leurs mem-
bres postérieurs de beaucoup plus grands
que les antérieurs et leur queue très puis-
sante : les naturalistes ont formé avec ces
animaux un groupe très distinct qui a reçu
plusieurs noms latins, celui de Macropus,
donné par Shaw , celui d'Halmaturus par
Illiger, et enfin celui de Kangurus pro-
posé par Etienne Geoffroy Saint-Hilaire et
adopté par la plupart des zoologistes
français.
Les Kanguroos ont la tête assez allongée;
leur système dentaire est remarquable
par l'absence de canines et par la dispo-
sition des incisives inférieures; celles-ci, au
168
KAN
KAN
nombre de deux seulement, sont très lon-
gues , très fortes et ont une direction hori-
zontale; tandis queles supérieures, au nom-
bre de six, sont larges, disposées sur une
ligne courbe et qu'elles ont une direction
verticale; un espace assez grand sépare dans
les deux mâchoires les incisives des autres
dents; les molaires sont, dans un certain
nombre d'espèces , au nombre de cinq de
chaque côté et à chaque mâchoire (genre
Macropus , Fr. Cuvier ) et dans d'autres il
n'y en a que quatre (genre Halmalurus, Fr.
Cuvier ) ; les dents sont en général peu for-
tes et montrent que ces animaux sont des-
tinés à prendre une nourriture végétale. Le
membre antérieur est très petit et peu re-
marquable par sa conformation : il offre
cinq doigts armés d'ongles assez forts; les
deux doigts latéraux sont les plus courts;
la paume de la main est nue ; le radius
permet à l'avant-bras une rotation en-
tière; le membre postérieur ne ressemble
nullement à l'antérieur, il est très déve-
loppé; les os de la jambe sont près de deux
fois aussi longs que ceux de l'avant-bras;
ils sont très épais, car ils doivent presque
toujours supporter tout le poids du corps de
l'animal. Le pied est également très al-
longé, très solide, il ne présente que qua-
tre doigts ; l'externe est assez gros et long ;
mais le doigt voisin est beaucoup plus fort,
plus allongé, et son ongle ressemble à un
véritable sabot. La queue est excessivement
développée et sert aux Kanguroos comme
un véritable membre; surtout dans l'action
du saut. Le nombre des vertèbres caudales
est considérable et dépasse souvent celui dé
vingt ; ces vertèbres ont des dimensions très
fortes, elles sont hérissées de larges et lon-
gues apophyses et donnent attache à des
muscles très puissants. Le corps de ces ani-
maux est beaucoup plus gros vers la région
inférieure que vers la supérieure ; chez eux
le train de devant semble tout-à-faitsacrifié
pour celui de derrière , et l'animal a une
forme presque conique. La conformation
générale des Kanguroos leur permet une
station totalement verticale , et leur queue
forme alors , avec les pieds postérieurs , un
trépied solide , dont la pesanteur des par-
ties supérieures ne peut détruire l'équilibre.
Dans cette position, ces animaux se tien-
nent appuyés sur leurs longs métatarses qui
ajoutent encore à leur stabilité. Leur pelage
est composé de deux sortes de poils , des
soyeux et des laineux : les premiers ne se
trouvent qu'aux membres , à la tête et à la
queue ; les autres couvrent tout le reste du
corps; quelques soies noires assez raides,
courtes et peu nombreuses , se voient à la
lèvre supérieure, aux sourcils, sous l'œil et
sous la gorge.
Les femelles, comme celles de tous les
Marsupiaux, présentent une bourse dans
laquelle sont placés les petits; les tes-
ticules des mâles sont très développés et
la verge n'est pas fourchue, comme cela a
lieu chez les Didelphes. Les os marsupiaux
sont aplatis et assez longs. L'estomac est
formé de deux longues poches divisées en
boursouflures comme un colon ; le cœcum
est également grand et boursouflé. L'ana-
tomie de ces animaux a encore été peu étu-
diée; cependant M. Morgan (Trans. soe.
linn. de Londres, 16) a publié un travail sur
les glandes mammaires des Kanguroos;
M. Laurent a fait connaître quelques points
de l'organisation de ces Marsupiaux dans la
partie zoologique du voyage autour du
monde de la Favorite ; et enfin M. Richard
Owen ( Trans. soc. roy. de Londres, année
1835) a donné des détails intéressants sur
l'accouplement et la parturition de ces
animaux.
Par leur forme générale , les Kanguroos
se rapprochent des Rongeurs, des Gerboi-
ses , par exemple. Ces Mammifères sont gé-
néralement de taille moyenne; quelques
espèces sont néanmoins très grandes et ont
plus de deux mètres de longueur depuis le
bout du museau jusqu'à l'extrémité de la
queue; tels sont les Kanguroos geant et
laineux. A l'état sauvage, ces animaux sont
exclusivement herbivores et frugivores. Ils
Vivent en troupes composées d'une douzaine
d'individus, et conduites, dit-on, par les
vieux mâles; ils se trouvent dans les en-
droits boisés et paraissent suivre des sentiers
qu'ils se sont tracés. Les femelles font géné-
ralement un ou deux petits qui naissent
presque à l'état de fœtus et .«ont placés dans
leur poche ventrale. Rarement elles produi-
sent trois ou quatre petits. Les Kanguroos
ont deux sortes de progression : le saut et la
marche ; celle-ci est rampante et gênée; les
quatre pattes sur le sol , ils enlèvent leur
KAN
partie postérieure en se servant de leur
queue, appuyée sur la terre, comme d'un
ressort, et ramenant les jambes de derrière
près de celles de devant, ils portent celles-
ci en avant : continuant cet exercice , ils
avancent avec assez de vitesse. Dans d'au-
tres cas , ils font des sauts de sept à dix
mètres d'étendue et de deux à trois mètres
de hauteur, en se servant aussi de leur
queue comme d'un ressort puissant. D'après
les relations des voyageurs modernes,
il paraîtrait que lorsqu'ils sont poursuivis,
ils se bornent à marcher, ce qu'ils font
avec une grande vitesse , et qu'ils ne sau-
tent que lorsque quelque obstacle vient à
se présenter sur leur passage. Leur queue
leur sert en outre d'arme défensive et offen-
sive. On rapporte, en effet, avoir vu des
Kanguroos se défendre contre l'attaque de
gros chiens en donnant à leurs ennemis de
grands coups de queue. Dans nos ménage-
ries on a vu également des Kanguroos at-
taquer leurs gardiens de la même manière.
Etienne Geoffroy Saint-Hilaire dit que ces
animaux, pour combattre ou éventrer leurs
ennemis , se servent du doigt annulaire de
leur pied de derrière, doigt qui est très
fort et très développé; comme ils meuvent
toujours à la fois chaque paire de membres,
ils sont obligés dans le combat de se soute-
nir sur leur queue ; mais alors ils ont recours
à un point d'appui, afin de se tenir en
équilibre; et pour cet effet, ils chassent
leurs ennemis contre un mur ou contre un
arbre , le long duquel ils se dressent et se
tiennent avec leurs pattes de devant; ou
bien , ajoute le célèbre professeur, quand
deuxKanguroos combattent l'un contre l'au-
tre , ils appuient réciproquement leurs pat-
tes dedevantcontreleurpoitrine, et, unique-
ment soutenus sur leur queue, ils se battent
avec leurs jambes de derrière.
La chair des. Kanguroos est un excel-
lent manger, qui ressemble à la chair du
Cerf suivant quelques voyageurs, à celle
du Lapin suivant d'autres.
Leur peau produit une fourrure recher-
chée des habitants des pays qu'ils habitent :
aussi les chasse-t-on avec ardeur et a-t-on
«iressé des chiens pour les combattre.
Comme on parvient assez aisément à les at-
teindre, il est à craindre que, dans un nom-
bre d'années assez peu considérable, on
T. VII.
KAN
169
ne parvienne à détruire complètement ces
animaux.
On a possédé un assez grand nombre
d'espèces de Kanguroos dans nos ména-
geries européennes , surtout en Angle-
terre et en France. En domesticité , les Kan-
guroos sont nourris avec des matières végé-
tales; cependant, suivant MM. Quoy et
Gaimard, ils ne refusent pas de la viande
fraîche et salée , du cuir et en général pres-
que toutes les substances qu'^n leur pré-
sente. Plusieurs fois on a vu les Kanguroos
se reproduire dans nos ménageries : aussi
serait-il à désirer qu'on cherchât, ainsi qu'on
a commencé à le faire en Angleterre , à les
acclimater d'une manière définitive et à les
multiplier, leur introduction en Europe
pouvant être une nouvelle source de ri-
chesses. Malheureusement notre climat pa.
risien ne leur semble pas favorable : les inc
dividus amenés vivants au muséum n'y on^
guère vécu que quelques mois ; dernièrement
encore, en décembre 1845, la ménagerie d(.
Paris avait reçu un mâle, une femelle et u*
jeune du Kauguroo de Benne», et déjà quel-
ques jours après, la femelle était morte , e[
son petit, malgré tous les soins possibles,
était destiné également à une prompte mort.
Les Kanguroos appartiennent exclusive-
ment à l'Océanie; ce sont les plus grands
Mammifères qu'on y trouve. Ils habitent
surtout la Nouvelle-Hollande , Van Diémen
et. les grandes îles voisines; une espèce ùe
ce genre, le Kanguroo d'Aroë, se rencontre
à la Nouvelle-Guinée et dans les îles de la
Sonde.
Valentyn et Lebruyn sont les premiers
auteurs qui aient fait mention des Kangu-
roos; depuis, plusieurs voyageurs anglais
et français ( et parmi eux nous devons
citer Cook, Dampier, MM. Péron et Les-
nem, Quoy et Gaimard , Lesson , Hambron,
et Jacquinot , Jules Verreaux, etc.) décou-
vrirent de nouvelles espèces de ce genre, et
le nombre en devenant assez considérable,
des zoologistes classificateurs crurent devoir
former des divisions génériques aux dépens
du genre des Kanguroos ; tels sont les grou-
pes des Potoroos de A. G. Desmarest (Flyp-
siprymnus, Illiger) et Heteropus de M. Jour-
dan , qui sont adoptés par les auteurs {voy.
ces mots); ceux des Macropus et Halmalu.
rus, Fr. Cuv.
qu'on réunit générale-
22
170
KAN
KAR.
ment sous la dénomination de Kànguroos,
et dont nous allons nous occuper.
1° Macropus, Fr. Cuvier. Ce sous-genre
se distingue par ses molaires au nombre de
quatre de chaque côté et à chaque mâ-
choire, et par la queue entièrement velue.
M. Lesson ( ATo«u. lab. du Règ. anim. 1842)
y rapporte vingt-et-une espèces qu'il subdi-
vise en quatre groupes particuliers, dési-
gnés sous les noms de Macropus, Setonix ,
Petrogale et Conoyces. Nous allons dire
quelques mots des espèces principales , nous
bornant à indiquer simplement les autres.
Le Kanguroo géant, Macropus giganteus
Shaw, Fr. Cuv. ( Hist . nat. des Mamm.). C'est
l'une des espèces le plus anciennement con-
nues ; elle atteint presque la grandeur
d'un Mouton. Cet animal est d'un brun-
roux cannelle, plus pâle en dessous, plus
foncé en dessus; le bout du museau, le
derrière des oreilles , les pieds et les mains ,
le derrière du coude et du talon , le dessus
et le bout du dessous de la queue sont d'un
brun noir très foncé; la gorge est grisâtre.
Il vit à la Nouvelle-Galles du Sud; on le
chasse aux environs de Botany-Bay avec de
grands chiens lévriers.
Le Kanguroo laineux , Kangurus lani-
ger Quoy et Gaimard, figuré dans l'Atlas
de ce Dictionnaire , mammifères, pi. 19. De
la taille du précédent ; il s'en distingue par
ses formes plus grêles, par son pelage doux
au toucher, court, serré, laineux, comme
feutré, et dont la couleur est d'un roux fer-
rugineux. Habite la Nouvelle-Hollande; il a
été pris au port Maquarie.
Le Philander d'Aroe, Didelphis Brunit
Gm., Kangurus Brunit. De la taille d'un
Cbien de chasse, il est d'un roux noir; le
dessous du corps et l'intérieur des membres
est d'un blanc roussâtre sale ; la gorge est
grise, et le museau, les doigts, toute la
queue et le bout des oreilles sont d'un brun
hoir très foncé; la queue est moins longue
que le corps, au contraire de ce qui a
lieu dans les espèces précédentes. Cette
espèce se trouve aux îles Moluques et à la
Nouvelle-Guinée.
Les autres espèces sont désignées sous les
noms de Macropus fuliginosus Geoff., M.
Banksianus Less., M. rufo-griseus Geoff.,
Kangurus Eugenii Desm. , M. nalabatus
Less. , M. ruflcollis Geoff. , K. Billardieri
Desm, , M. elegans Lambert, M. Benmlti
Walerh. , M. rufiventer Ogilby, M. frœna-
lus Gould , M. unguifer Gould , M. luna-
tus Gould , M. îeporides Gould , K. bra-
chyuru's Quoy et Gaim., M. Parryii Ben-
nett , M. brachyotis Gould, et K. dorsaîis
Gray, espèce qui est figurée dans notre At-
las , mammifères, pi. 18.
2° Haîmaturus, Fr. Cuvier. Dans les
Kànguroos de ce sous-genre, les molaires
sont au nombre de cinq de chaque côté et
à chaque mâchoire; la queue est en partie
dénudée. On n'a encore indiqué que cinq
espèces dans ce groupe; ce sont :
Le Kanguroo a bandes, Kangurus fascia-
lus Péron et Lesueur. Espèce de petite taille,
généralement d'un gris roussâtre, avec la
moitié inférieure du corps rayée transver-
salement en dessus de roux et de noir. Cet
animal vient de l'île Bernier, et il se ren-
contre également dans les îles voisines.
Les autres espèces de ce groupe sont les
Macropus Thetys Fr. Cuv., et les Haîma-
turus Irma Ogilb. , H. slriatus Fr. Cuv.,
et H. manicutus Gould. (E. D.)
*KANIRAM , Th. bot. ph. — Syn. de
Strychnos, Linn.
KAOLIN, min. — Voy. argile.
KARATAS , Plum. bot. ph. — Syn. de
Bromelia, Linn.
*KARELINIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Composées -Asté-
roïdées , établi par Lessing {Msc. ex DC.
Prodr.j V, 375). Herbes du Cap. Voy. com-
posées.
KARIL. bot. ph. — Voy. ial\co.
*KARII\THINE. min.— Variété de Horn-
blende. Voy. ce mot à l'article amphi-
bole.
KARPHOLITHE (%zpfoç , paille; liflo5,
pierre), min. — Minéral d'un jaune de paille,
en fibres soyeuses et rayonnées, opaque,
donnant de l'eau par la calcination, et l'in-
dice du Manganèse parla fusion avec la Soude.
D'après l'analyse qu'en a faite Stromeyer, il
est composé de Silice, d'Alumine, de Pro-
toxyde de fer, de Manganèse et d'Eau ; ce
dernier principe dans la proportion de 10,7
sur 100. On pense que ses fibres sont des
cristaux prismatiques, très déliés, se rap-
portant au système rhombique. Il se trouve
avec le Quartz et la Fluorine dans le Gra-
nité de Schlackemvald en Bohême. (Del.)
KEN
KEFl
171
♦RARPROSIDÉRITE ( xâpyo;, paille;
otS-npo;, fer), kin.— Nom donné parM.Breit-
haupt à un minéral d'un jaune paille, riche
en oxyde de fer, qui se trouve en petits ro-
gnons dans un Micaschiste , sur la côte du
Labrador. Selon Harkort, ce serait un Phos-
phate de fer basique avec un peu de sulfate
de Manganèse. (Del.)
RARSTÉNITE. min. — Sulfate anhydre
de Chaux. Voy. sulfates.
*RARWINSRIA (nom propre), bot. th.
— Genre de la famille des Rhamnées-
Frangulées, établi par Zuccarini ( in \Tov.
Stirp. fascic., I, 349, t. 16). Arbustes du
Mexique. Voy. rhamnées.
KAULFUSSIA (nom propre), bot. ph.
— Genre de la famille des Marattiacées ,
établi par Blume ( Enum. pi. Java. II,
-60). Fougères de Java. Voy. marattiacées.
— Nées, syn. de Charieis, Cass.
*RAYEA (nom propre), bot. ph. — Genre
de la famille des Clusiacées-Callophyllées,
établi par Wallich (Plant, as. rar., III, 4,
t. 210). Arbres de l'Inde. Voy. clusiacées.
*REERLIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Composées-Asté-
roïdées, établi par De Candolle (Prodr., V,
309). Herbes du Mexique. Voy. compo-
sées.
*REITHIA (nom propre), bot. pu. —
Genre delà famille des Labiées-Mélissinées,
établi par Bentham (Labiat., 409). Herbes
ou arbustes du Brésil. Voy. labiées.
*REi\IAS. mam. — Groupe formé par
M. Ogilby (Proc. sool Soc. Lond., 1826)
aux dépens du grand genre Cerf. (E. D.)
RENEUX. rept. — Voy. cyclode.
KENNEDY A (nom propre), bot. pu. —
Genre de la famille des Papilionacées-Pha-
séolées, établi par Ventenat(A/aZm., 1. 104).
Arbrisseaux de la Nouvelle-Hollande. Voy.
PAPILIONACÉES.
REXTIA. bot. ph. — Genre de la famille
des Palmiers, établi par Blume (in Bullet.
Neerland., 1838, p. 64). Palmiers de l'Ar-
chipel indien.
REXTRANTHUS. bot. ph. — Voy. cen-
trantes.
REXTROPHYLLUM (x/vTpoy, aiguillon;
S^Uov, feuille), bot. pu., — Genre de la fa-
mille des Gomposées-Cynarées , établi par
Necker (Élem., n. 155). Herbes de l'Eu-
rope australe et des régions méditerranéen-
nes. Ce genre, adopté par De Candolle
(Prodr., VI, 610), renferme 7 espèces ré-
parties en 3 sections, nommées : Atraocyle,
Odonlagnatha et Thamnacantha.
*RENTROPHYTA (x/vtPov, aiguillon;
V>utov, plante), bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Papilionacées, établi parNuttal
(ex Torrey et a Gray Flora ofNorth Amer.,
I, 353). Herbes de l'Amérique boréale.
Voy. papilionacées.
*REPPLERIA (nom propre), bot. ph.—
Genre de la famille des Palmiers pinnati-
frondes, créé par Martius (Palm., t. 139).
Palmiers de l'Inde. Voy. palmiers.
RÉRAMÏDES. bot. cr. — Voy. concep-
tacle.
*RERANTHUS, Lour. bot. ph. — Syn.
de Dendrobium , Swartz.
RÉRARGYRE. min. — Syn. d'Argent
chloruré. Voy. argent.
RERASELMA , Nées. bot. ph. — Syn.
d'Euphorbia, Linn.
RÉRATE (xs.oaç, corne), min. — Dans
le système de Mohs , c'est le nom d'un or-
dre de la seconde classe , celui qui renferme
les minéraux qui ont une apparence de
corne, comme les chlorures d'argent et de
mercure. (Del.)
RÉRATELLE. Keralella (x£'Paç, corne).
systol. — Genre de Brachionides établi par
M. Bory de Saint-Vincent pour le Brachio-
7ius quadralus de Muller, que M. Ehrenberg
réunit à son genre Anurœa. Voy. anou-
relle. (Duj.)
RÉRATITE (x/oaç, corne). min.— C'est
une des pierres de corne des anciens minéra-
logistes, le silex corné de M. Brongniart.
Voy. silex. (Del.)
RÉRATOPHYTES. polyp. — Voy. cé-
ratopuytes et gorgone.
RERAUDRENIA (nom propre), bot. ph.
— Genre de la famille des Byttncriacées-
Lasiopétalées , établi par Gay (in Mem.
Mus., VII, 461 , t. 23). Arbrisseaux de la
Nouvelle-Hollande.
RÉRIS. Keris. poiss. — Genre de Pois-
sons de la famille des Teuthies, établi par
MM. Cuvier et Valenciennes (Hist. des
Poiss., t. X, p. 304) et auquel ils don-
nent pour caractères essentiels : Dents fi-
nes, lisses, pointues, serrées l'une contre
l'autre; queue nue sans aucune armure;
ventrales à 5 rayons.
172
KER
On ne connaît jusqu'à présent qu'une
seule espèce de ce genre, le Kéris a goi-
the , Keris anginosus. Ce Poisson n'a guère
que 2 à 3 centimètres de long; sa couleur
est jaunâtre , avec une bande verticale grise
sur l'arrière du tronc , et une autre sur la
queue près de la caudale. Toutes les na-
geoires sont incolores et transparentes.
*KERIVOULA. mam. — M. Gray {Ann.
hist. nat.y 1842) indique sous ce nom un
petit groupe de Chéiroptères. (E. D.)
KERMÈS. Kermès, ins. — Genre de la
îribu des Aphidiens, famille des Aphidiides,
de l'ordre des Hémiptères, établi par Linné,
et adopté par les entomologistes avec cer-
taines restrictions.
Ces Insectes se distinguent des Pucerons,
dont ils sont très voisins, par leurs anten-
nes n'offrant que cinq articles, et par leur
abdomen dépourvu de tubes sécréteurs. On
a décrit un certain nombre d'espèces de ce
genre; mais néanmoins elles n'ont encore
que peu fixé l'attention des entomolo-
gistes.
On peut citer, parmi les plus répandues,
les A", bursarius Lin. , qui se trouve sur
les Peupliers; K. buxi Lin., qu'on ren-
contre sur le Buis; K. ficus Lin., assez
commun sur les Figuiers, etc.
Le Kermès à teinture et les espèces qui
en sont voisines ont été rangées par Illiger
dans un genre particulier sous le nom de
Lecanium {voy. ce mot et l'article coche-
nille). Ce sont ces dernières surtout dont
les femelles ont tout-à-fait cet aspect de
galle, qui leur a fait appliquer par Latreille
ïe nom de Gallinsectes. Les espèces qui ont
été conservées dans le genre Kermès ou
Chermès se rapprochent davantage des Pu-
cerons.
II eût été préférable de réserver ce der-
nier nom générique pour l'espèce à tein-
ture; mais aujourd'hui on ne saurait ap-
porter cette modification dans la nomen-
clature de ces deux genres sans l'embrouiller
davantage. (BL.)
*KERMÈS MINÉRAL, chim.— Composé
d'Antimoine, d'oxyde d'Antimoine, de Sou-
fre et d'Eau ( oxy sulfure d'Antimoine hy-
draté, Gay-Lussac, Liébig, Orfila), sur lequel
les chimistes ne sont pas d'accord. Cette
divergence d'opinions sur la composition du
Kermès provient probablement de la diver-
KER
site du procédé mis en usage pour obtenir
ce produit, qui ne se trouve pas dans la na-
ture, et qui est fort employé en médecine.
Voy. ANTIMOINE. ' (A. D.)
KERMÈS VÉGÉTAL. Coccus ilicis. bot.
— Voy. COCHENILLE.
KERNERA, Willd. bot. ph.— Sy». de
Posidonia , Kcen.
KERNERIA, Mcench. bot. p». — Syn.
de Bidens , Linn.
KÉRORALANE. Kerobalanus (x/p«ç,
corne ; Sattavoç, gland), infus. — Genre éta-
bli par M. Bory de Saint-Vincent pour des
formes d'Infusoires dérivant des Vorticelles
{voyez ce mot), c'est-à-dire que les Kéro-
balanes sont des Vorticelles qui ont quitté
leur pédoncule et nagent librement dans
les eaux, en présentant la forme d'une urne
ou d'un vase muni d'anses latérales. L'une
d'elles avait été décrite par Joblot sous le
nom de Pot au lait. (Duj.)
KERODON (x/paç, corne; l3ovif dent).
mam. — Genre de Rongeurs indiqué par
M. F. Cuvier (Dents des Mamm., 1825) et
adopté par les zoologistes. Le système den-
taire des Kérodons se rapproche beaucoup
de celui des Cochons d'Inde, et, comme chez
ces animaux, il est composé de quatre mo-
laires de chaque côté, et de deux incisives à
chaque mâchoire; les molaires ont une
forme un peu différente de celles des Co-
bayes. Il y a quatre doigts au membre an-
térieur, et trois au postérieur; les jambes
sont hautes; les doigts assez gros et bien
séparés les uns des autres ; les ongles sont
larges, courts, assez aplatis ; les moustaches,
dirigées en arrière, sont d'une longueur
considérable et dépassent l'occiput; la queue
n'est pas visible à l'extérieur, de même que
cela a lieu chez le Cochon d'Inde.
Une seule espèce a longtemps formé ce
genre; c'est le Moco, Kerodon moco F. Cuv.,
Kerodon sciureus Is. Geoffroy (Dict. class.
tfhist. nat.), Cavia rupestris Neuwied. Ce
Rongeur est un peu plus grand que le Co-
chon d'Inde. Il a environ 9 pouces de lon-
gueur sur 4 et demi de hauteur. Son pelage,
par sa couleur, par son abondance, sa dou-
ceur, etc., rappelle celui de quelques espèces
d'Écureuils; il est gris, piqueté de noir et de
fauve en dessus, blanc en dessous et à la
région interne des membres, roux sur les
oarlies externes et antérieures, ainsi que
KÊtt
KET
173
sur les parties latérales de la tête et la face
convexe des oreilles. Cette espèce habite
l'Amérique méridionale.
Dans ces derniers temps, M. Bennett
(Phil. mag.y 1836. Beagl. 88) afaitconnaître
sous le nom de Kerodon kingii une seconde
espèce de ce genre, qui se trouve en Pata-
gonie.
On a également indiqué deux espèces fos-
siles; nous ne citerons que le Kerodon an-
tiquum Aie. d'Orb., trouvé dans l'Amérique
méridionale. (E. D.)
KÉRORE. Kerona (xC'p«ç, corne), infus.
— Genre d'infusoires de la famille des Tri-
chodiens. Les Kérones ont le corps ovale-
oblong, déprimé , sans tégument résistant ;
elles sont pourvues de plusieurs sortes d'ap-
pendices , savoir : des cils vibratiles dissé-
minés sur tout le corps, et d'autres formant
une rangée oblique depuis le bord anté-
rieur jusqu'à la bouche ; une troisième
sorte d'appendices sont des cils plus épais,
raides et non vibratiles, partant du bord
postérieur et dirigés en arrière; enfin d'au-
tres appendices particuliers, et qui ont fait
nommer ainsi les Kérones, sont des cils
plus épais et plus courts, recourbés en ma-
nière de cornes , implantés sous la face in-
férieure du corps, et pouvant servir comme
des pieds quand l'animal se fixe ou rampe
sur un corps solide : ce sont ces appendices
que Mûller nommait des cornicules ( corni-
culi). Les Kérones se montrent très abon-
dantes dans les infusions végétales, et dans
les eaux douces ou marines conservées long-
temps avec des végétaux en décomposition.
Elles sont longues de 12 à 30 centièmes de
millimètre , blanches et par conséquent
bien visibles à l'œil nu, surtout quand elles
sont nombreuses : elles paraissent alors
comme une poussière flottant dans le li-
quide. Elles sont très voraces, et avalent des
infusoires plus petits ou des débris d'Algues
microscopiques, ou même les corpuscules
amenés à leur bouche par le mouvement
de leurs cils vibratiles; c'est ainsi qu'elles
avalent aisément le carmin ou l'indigo en
quantité suffisante pour montrer la dispo-
sition interne de leur appareil digestif, ou
plutôt l'absence d'un intestin. Les Kérones
sont souvent déformées ou mutilées par le
contact trop brusque des Conferves et des
autres corps agités dans le liquide. Elles
continuent cependant à vivre, et peuvent
alors être prises pour des espèces distinctes
en raison de leur forme totalement diffé-
rente. Il est difficile d'ailleurs de caracté-
riser suffisamment les diverses espèces de
Kérones, bien qu'on doive reconnaître qu'il
en existe au moins quatre ou cinq, dont
les principales sont les K, pustulata , K.
mytilus et K. silurus. Le genre Kérone a
été établi par O.-F. Muller, qui fit plusieurs
espèces avec des individus mutilés. M. Eli-
renberg en a séparé sous le nom de Slylo-
nychia les espèces qui ont des cils raides en
arrière , ou ce qu'il nomme des stylets,
comme la K. mytilus. (Duj.)
*KÉRONIENS. infus.— Famille de l'or-
dre des Infusoires ciliés , instituée par
M. Dujardin dans son Histoire naturelle des
Infusoires, et qui doit être réunie à celle
des Trichodiens. Voy. ce mot et l'article
infusoires. (Duj.)
*KEROPIA, G.-R. Gray. ois.— Syno-
nyme de Turnagra. Voy. tangara. (Z. G.)
*KEROULA, J.-E. Gray. ois.— Section
de la famille des Pies-Grièches. Voy. ce
mot. (Z. G.)
KERRIA (nom propre), bot. ph.— Genre
de la famille des Rosacées-Spiracées , établi
par De Candolle {in Transact. Linn. Soc,
XII, 156). Arbrisseaux du Japon. Voy. ro-
sacées.
KERSANTON. min. — Voy. diorite.
KETMIE. Hibiscus, bot. ph. — Grand et
beau genre de la famille des Malvacées et de
la tribu des Hibiscées, à laquelle il donne
son nom, de la monadelphie polyandrie dans
le système sexuel. Les plantes qui le com-
posent se distinguent parmi toutes les Mal-
vacées par la grandeur et la beauté de leurs
fleurs, qui en font cultiver plusieurs pour
l'ornement des jardins. Sous ce nom d'ffi-
biscus, De Candolle {Prodr., I, p. 446) a
rangé 117 espèces; mais ce nombre doit
être réduit assez fortement, trois des sections
établies dans ce groupe par le botaniste gene-
vois étant maintenant admises comme gen-
res distincts, savoir: les Pentaspermum,
sous le nom de Kostelelzkia, Presl , les
Abelmoschus et les Lagunaria. De là, et
augmenté des espèces décrites depuis la pu-
blication du Prodromus, le genre Hibiscus
renferme aujourd'hui environ 120 espèces.
Resserré dans ses nouvelles limites, le genre
174
KET
Ketmie se distingue par les caractères sui-
vants : Involucelle polyphylle ; calice 5-fide,
persistant; corolle à cinq pétales inéquilaté-
raux; tube staminal nu dans sa partie su-
périeure, tronqué ou quinquédenté à son
extrémité ; ovaire sessile, à cinq loges renfer-
mant chacune deux ou plusieurs ovules fixés
à l'angle interne; style terminal, divisé à
son extrémité en cinq branches stigmatifères ;
stigmates capités. Le fruit est une capsule,
le plus souvent polysperme, à cinq loges,
s'ouvrant par déhiscence loculicide en cinq
valves, dont chacune porte sur sa ligne mé-
diane une cloison au bord de laquelle tiennent
les graines ; ces cloisons, en se séparant, ne
laissent pas de columelle centrale. Graines
réniformes, ascendantes , quelquefois revê-
tues de petites écailles ou de poils laineux.
Les Ketmies sont des arbres, des arbrisseaux
ou même des plantes herbacées, qui crois-
sent naturellement dans les contrées inter-
tropicales ou sous-tropicales du globe, dont
quelques unes s'élèvent jusque dans la zone
tempérée chaude. Leurs feuilles sont alter-
nes, entières ou lobées, accompagnées de
stipules latérales. Leurs fleurs sont grandes,
colorées de nuances très diverses , souvent
marquées à leur centre d'une tache de cou-
leur différente de celle du reste de la corolle.
L'étendue de ce groupe générique et les
modifications qu'il présente dans quelques
uns de ses caractères ont déterminé les bo-
tanistes à le subdiviser en sous-genres ou en
sections. De Candolle (loc. cit.) y avait établi
les suivantes : Cremontia.. Pentaspermum ,qui
rentrent dans le genre Kosteletzkia, Presl,
Manihot, Ketmia, Furcaria, Abelmoschus,
JMedik., séparée comme genre distinct, Bom-
licella, Trionum, Sabdariffa, Azanza, La-
gunaria, détachée comme genre. M. Endli-
cher modifie cette classification et la réduit
à ne plus former que les quatre sous-genres
suivants :
a. Furcaria, DC. Calice à nervures pour-
vues d'une petite glande linéaire ; semences
glabres ; folioles del'involucelle très souvent
fourchues.
b. Ketmia. Calice sans glandes et ne se
renflant pas après la fécondation; folioles de
l'involucelle simples ou très rarement four-
chues, distinctes ou soudées entre elles à
leur base. C'est dans ce sous-genre que ren-
trent comme simples subdivisions les Cre-
KET
montia, DC; Kdmia, DC; Sabdariffa, DC;
Polychlœna, Don.
v. Trionum, DC. Calice sans glandes,
finissant par se renfler et devenir vésiculeux ;
graines glabres; folioles de l'involucelle
nombreuses.
d. Bombicella, DC. Calice ni glanduleux
ni renflé; graines revêtues de poils lai-
neux; involucelle formé de 5-10 folioles.
Parmi les espèces les plus intéressantes
et les plus répandues de ce genre , nous
nous arrêterons sur les suivantes :
1. Ketmie de Syrie , Hibiscus (Ketmia)
Syriacus Lin. Les jardiniers la désignent
sous le nom d'Althœa frutex. Sa tige est ar-
borescente , mais dans nos jardins elle ne
s'élève guère qu'à 2 ou 3 mètres, de ma-
nière à former un très petit arbre; ses
feuilles sont ovales, cunéiformes à leur base,
trilobées et dentées ; ses fleurs sont portées
sur un pédoncule qui dépasse à peine en
longueur le pétiole ; elles se développent en
août et septembre; elles sont violacées dans
la plante spontanée. Dans les jardins, on en
possède diverses variétés : rouge simple ;
pourpre violet; blanche, avec l'onglet d'un
rouge vif; à fleurs doubles ; à feuilles pa-
nachées de blanc ou de jaune. L'involucelle
est formé de 6-8 folioles. Les loges de la
capsule sont polyspermes. Cette espèce est
originaire de la Syrie et de la Carniole ; elle
est aujourd'hui très répandue dans les jar-
dins, dans les cours des maisons du midi de
la France, etc. Elle s'accommode de toutes
les natures de terre; cependant elle pros-
père surtout dans une terre légère, à une
exposition méridionale. Elle est rustique ;
néanmoins sa variété à fleurs blanches re-
doute la gelée. On la multiplie principale-
ment de semis ; on a recours aussi aux mar-
cottes par incision , à la greffe et même aux
boutures, quoique ce dernier mode de mul-
tiplication soit peu avantageux , à cause de
la difficulté de la reprise.
2. Ketmie rose de Chine, Hibiscus [Ket-
mia) Rosa sinensis Lin. Cette espèce est ori-
ginaire de l'Inde; c'est incontestablement
l'une des plus belles que l'on possède. Elle
forme un arbrisseau ds 1 à 2 mètres de
hauteur; ses feuilles sont ovales, acumi-
nées, dentées, très entières à leur base, gla-
bres; l'involucelle a le plus souvent 8 fo-
lioles. Ses grandes fleurs, d'un rouge vif, sont
KIB
d'une beauté remarquable; elles doublent
facilement par la culture. On en possède
aussi des variétés blanches, aurores doubles
et jaunes doubles ; elles se succèdent pen-
dant tout l'été. Cette plante est de serre
chaude pendant l'hiver. Plantée en pleine
terre dans la serre, elle peut s'étendre de
manière à couvrir le mur de la serre , et à
produire un effet magnifique lorsqu'elle est
en fleur. On la multiplie , soit par semis
que l'on fait sur couche et sous châssis, soit
par boutures qu'on fait sur couche chaude ,
qui reprennent facilement, et qui fleurissent
quelquefois dès la première année.
3. Ketmie vésiculeuse, Hibiscus (Trio-
num ) Trionum Lin. Cette espèce est origi-
naire de l'Afrique, de la Carniole, de l'Ita-
lie. Elle est annuelle ; sa tige s'élève de 3 à
5 décimètres; ses feuilles sont trilobées,
dentées, les supérieures triparties à lobes
lancéolés, l'intermédiaire très long; ses ca-
lices se renflent après la fécondation, de-
viennent membraneux, vésiculeux et veinés;
l'involucelle est formé de folioles nombreu-
ses, linéaires. Les fleurs sont larges d'envi-
ron 4 centimètres, d'une couleur jaune de
soufre , à onglets occupés par une grande
tache d'un brun foncé velouté. Sa multipli-
cation est très facile et se fait par semis ,
au printemps et en pleine terre. Dans le
midi de la France , elle se resème d'elle-
même dans les jardins.
L' Hibiscus sabdariffa Lin. , espèce an-
nuelle, est connue sous le nom à'Oseïlle de
Guinée , à cause de la saveur acidulé de ses
feuilles. (P. D.)
KETUPA , Less. ois. — Division du g.
Strix. Voy. chouette. (Z. G.)
RELRVA, Forsk. bot. ph. — Syn. de
Pandanus , Linn.
KEVEL. mam.— Espèce du genre Anti-
lope. Voy. ce mot. (E. D.)
*KHAYA (nom propre), bot. ph. — Genre
de la famille des Cédrélacées-Swiéténiées,
établi par Adr. de Jussieu (in Mem. Mus.,
XIX , 249 , t. 21). Arbres de la Sénégam-
bie. Voy. CÉDRÉLACÉES.
*KIBARA (nom propre), bot.ph. — Genre
de la famille des Monimiacées , établi par
Endlicher (Gen. plant., p. 314 , n. 2016).
Arbres de Java. Voy. monimiacées.
*KIBATALIA , Don. bot. ph.— Syn. de
Kixia, Blura.
K1N
l~5
*KIBDÉLOPHANE. min.— Variété de la
Craitonite. Voy. ce mot à l'article fer.
*KÏBESSIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Mélastomacées, éta-
bli par De Candolle (Prodr., III, 176). Ar-
brisseau de Java. Voy. mélastomacées.
*KIELMEYERA (nom propre), bot.ph.
— Genre de la famille des Ternstrœmiacées-
Laplacées, établi par Martius et Zuccarini
(Nov.gen. etsp., I, 109, t. 68-72). Arbres
ou arbrisseaux du Brésil. Voy. ternstroe-
MIACÊES.
KIESELGUHR. min. — Nom donné par
les Allemands à une sorte de Tuf siliceux,
semblable à l'Opale du Geyser en Islande,
et qui a été déposé par des eaux de sources
à l'Ile de France. On l'a aussi nommé farine
volcanique. (Del.)
KIESELSPATH, Hausmann. min.— Va-
riété de Feldspath albite , trouvée près de
Chesterfield dans le Massachussets , aux
États-Unis. Voy. feldspath. (Del.)
*KIESERA (nom propre), bot. ph.— Genre
de la famille des Papilionacées-Phaséolées,
établi par Reinwardt (in Syllog. plant., Il,
11). Arbrisseaux de Java. Voy. papiliona-
cées.
*KIESERIA, Nées. bot. ph.— Syn. de
Bonnelia, Mart. et Zuccar.
*RIGELIA(nom propre). bot.ph. —Genre
de la famille des Gesnéracées, établi par De
Candolle (Berct. Bignon. 18). Arbres de
l'Afrique orientale. Voy. gesnéracées.
KIGELLARIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Flacourtiacées-Ery-
Ihrospermées , établi par Linné ( Gen., n.
1128). Arbres du Cap. Voy. flacourtiacées.
KILLAS. min. — C'est le nom que les
mineurs du Cornouailles donnent au Phyl-
lade qui contient les filons de Cuivre et
d'Étain de ce pays. (Del.)
KILLINITE (nom de pays), min. — Mi-
néral d'un vert-pomme ou d'un jaune bru-
nâtre, à structure lamelleuse, ressemblant
au Triphane, dont il n'est probablement
qu'une variété ; et qui se trouve à Killiney,
en Irlande, dans un filon de Granité qui
traverse un Micaschiste. (Del.)
*KI\GIA (nom propre), bot. ph. — Genre
placé par Endlicher à la fin des Joncacées,
et qu'il considère comme devant former le
type d'une nouvelle famille, IesKingiacées.
Il a été établi par R. Brown (inKing's voya-
176
KIN
ges of discovery, II, p. 530, t. c.) pour des
végétaux de la Nouvelle-Hollande, qui ont
le port des Xanthorrhoées.
Kl NIKE. CHIM. — Voy. QUININE.
K INIQUE (acide), chim. — Acide dé-
couvert par Vauquelin dans un sel que Des-
champs avait retiré de l'écorce du Quin-
quina. Voy. ce mot.
KINKAJOU. Potos. mam.— C'est à Lacé-
pède (Tab. des Mamm., 1799-1800) que
l'on doit la création de ce genre, qui est
placé dans l'ordre des Carnassiers planti-
grades, quoique, par plusieurs de ses ca-
ractères, il se rapproche des Singes, des
Makis, des Insectivores et même des Chéi-
roptères. Chez les Kinkajous? les incisives
sont, comme dans les Carnassiers, au nom-
bre de six aux deux mâchoires, et les cani-
nes au nombre de deux ; il y a cinq molaires
de chaque côté et à chaque mâchoire. Les
pattes ont toutes cinq doigts , et chacun de
ces doigts est terminé par un ongle un peu
crochu et très comprimé ; le pouce est beau-
coup plus court que les autres doigts aux
pieds de derrière , le troisième et le quatrième
sont les plus longs : aux pieds de devant, les
trois doigts du milieu sont à peu près de
même longueur; les deux latéraux sont plus
courts. La queue, couverte de poils dans
toute son étendue, est longue et susceptible
de s'enrouler autour des corps, et ce carac-
tère a fait rapprocher par quelques zoolo-
gistes les Kinkajous des Singes à queue pre-
nante. La tête est globuleuse ; les yeux sont
grands; les oreilles sans lobule, et ayant
une forme à peu près demi-circulaire; les
narines sont ouvertes sur les côtés d'un
mufle; la langue est douce et longue; les
mamelles sont inguinales et au nombre de
deux. Le pelage est touffu et généralement
laineux.
Ce groupe ne comprend encore qu'une
seule espèce, qui avait été placée ancienne-
ment dans les genres Viverra (sous le nom
de V. caudivolvula) et lemwr par les anciens
naturalistes. Lacépède et ensuite G. Cuvier
en formèrent les premiers, sous le nom de
KinkajoUfUn genre particulier auquel Etienne
Geoffroy-Saint-Hilaireadonné le nom latin
de Potos ; tandis qu'Illiger lui applique cehii
de Cercoleptes, et MM. C. Duméril et Tie-
demann celui de Caudivolvulus.
L'espèce type est le Kinkajou pottot, Po-
KIS
TOTdeBuffon,Pofoscawdiuok'wZusE.Geoffr.-
St-Hil., Viverra caudivolvulus Gm. , etc.
Il est à peu près de la taille de notre Chat
ordinaire: son pelage est d'un roux vif en
dessous et à la face interne des quatre
jambes, d'un roux brun à leur face externe
et en dessus ; les pattes et l'extrémité de la
queue sont même presque entièrement
brunes. Du reste, chez certains individus,
les teintes que nous venons d'indiquer
varient plus ou moins.
Le Kinkajou est un animal nocturne, à
démarche lente, recherchant les endroits
solitaires, et se tenant habituellement sur
les arbres, où il se cramponne au moyen de
sa queue prenante; il est doué d'une grande
force. Il vit généralement de chair vive,
et il atteint avec beaucoup de dextérité les
petits animaux dont il fait sa proie : cepen-
dant il se nourrit aussi volontiers de matiè-
res végétales. Il aime également beaucoup
le miel, et détruit, pour s'en procurer, un
grand nombre de ruches. Il habite l'Améri-
que méridionale, et paraît même se trouver
dans la partie méridionale de l'Amérique
du Nord. Les habitants du pays lui donnent
les noms de Cuchumbi et Manaviri. (E. D.)
KINKINA. Adans. bot. ph. — Syn. de
Cinchona, Linn.
KINO. ch;m. — Voy. othérocerne.
KINOSTERNUM. rept. — Voy. cinos-
TERNE.
KIODOTE. mam. — Espèce du genre Rous-
sette. Voy. ce mot. (E. D.)
*KIRBYIA (Kirby entomologiste très dis -
tingué de l'Angleterre), ins. — Genre de la
tribu des Apiens ou Mellifères , groupe des
Anthophorites , de l'ordre des Hyménoptè-
res , établi par Lepeletier de Saint-Fargeau
(Insect. hymen., t. II, p. 45, Suites à Buf*
fon) sur deux ou trois espèces européen-
nes. Le type est la K. tricincta (Melitta tri-
cincta Kirby ), observée plusieurs fois en
France et en Angleterre. (Bl.)
RIRGANELIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Euphorbiacées-Phyl-
lanthées, établi par Jussieu (Gen., 337).
Arbres de l'Inde et de la Mauritanie. Voy.
EUPHORBIAC1ES.
KISIT. moll. — Nom donné par Adan-
son ( Voyage au Sénégal ) à une petite es-
pèce de Nérite marine , la Nerita Magda-
lenœ Linn.
iao
KNO
177
KITAIEEL1A (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Malvacées-Malopées,
établi par WilIdenow(mlteWm. N'eu. Schrifl.,
II, 107, t. 4, f. 4). Herbes des bords du Da-
nube. Voy. MALVACÉES.
KITTA, Kuhl. ois. — Voy. piroll.
KITTACIIVCLA , Gould. ois. — Voy.
TURDOÏDE.
*RIXIA. bot. ph. — Genre de la famille
des Apocynacées-Wrightiées, établi par
Blume (Flor. jav. prœf., p. 8). Arbres de
Java. Voy. apocynacées.
KLAPROTHIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille desLoasées, établi par
H.-B. Kunth (in Humb. etBonpl. Nov. gen.
etsp.y VI, 121, t. 537). Herbes volubiles
rapportées des Andes par M. de Humboldt.
Voy. LOASÉES.
KLAPROTHITE (dédié au chimiste Kla-
proth). min. — Syn. : Lasulithe deKlaproth,
Voraulite. Substance d'un bleu d'azur, cris-
tallisant dans le système rhombique en
prismes de 91° 30'; infusible; pesanteur
spécifique , 3. C'est un phosphate hydraté
d'Alumine et de Magnésie; on le trouve
dans des veines de Quartz traversant le Mi-
caschiste ou le Gneiss , à Vorau en Styrie,
etàWerfendansle pays deSalzbourg.(DEL.)
*KLAUSEA, Cass. bot. ru. — Syn. de
Serralula, DG.
KLEINHOVIA (nom propre), bot. ph.
— Genre de la famille des Byttnériacées,
établi par Linné (Gen.y n. 1024). Arbres
de l'Asie tropicale. Voy. byttnériacées.
KLEIMA (nom propre), bot. ph. — Jacq.,
syn. de Porophyllum,Y aïïï.— Juss.,syn. de
Jaumea , Pers. — Genre de la famille des
Composées-Sénécionidées , établi par Linné
(Hort. Cliffort., 395). Arbrisseaux de l'A-
frique. Ce g. renferme environ 25 espèces,
réparties en deux sections (DC, Prodr.,
VI, 336) nommées : Cacalianthemum (ca-
pitule homogame), et Erechlhitoides (capi-
tule hétérogame). (J.)
KLEISTAGNATHES. Kleistagnatha ,
Fabr. crdst. — Syn. de Braehyures. Voy.
ce mot. (H. L.)
KLIXGSTEIN. min. — Voy. phonolithe.
KLIKORHOMBIQUES. min. — Tribu
établie dans l'ordre des Carbonates. Voy.
ce mot.
♦K.LOTZSCHIA (nom propre). bot. ph. —
Genre de la famille des Ombellifères-Sani-
t. 7ir.
culées, établi par Chamisso (in Linnœat
VIII, 327). Herbes du Brésil. Voy. ombelli-
fères.
*KLUGIA, Schl. bot. ph. — Syn. de
Glossanthus , Klein.
*KLïTIE. Klytia. crust.— Ce nom a été
donné par M. Meyer à un Crustacé fossile
de l'ordre des Décapodes macroures. Cette
nouvelle coupe générique renferme 2 espè-
ces, dont la Klytia ventrosa Meyer (Foss.
hrebs., p. 20, tab. 4, fig. 29) peut en être
considérée comme le type. (H. L.)
KNAPPIA. bot. ph. — Sm., syn. de
Mibora, Adans. — Bauer, syn. de Loxotis,
R. Br.
K.NAUTIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Dipsacées-Scabio-
sées, établi par Coulter (Dipsac, 28). Her-
bes de l'Europe et de l'Asie. Voy. dipsacées.
KNÉBÉLITE ( nom d'homme ). min. —
Silicate de protoxyde de Fer et de Manga-
nèse , que l'on a trouvé en masses amor-
phes, opaques, de couleur grise tirant sur
le verdâtre et le brunâtre, et qui paraît se
rapprocher du Grenat par son aspect. C'est
une substance encore mal déterminée et
dont on ignore le gisement. (Del.)
KNEMIA ( xVDjxt'a, rayon ). bot. ph. —
Genre de la famille des Myristicées, établi
par Loureiro (Flor. Coc/micTi., 742). Arbres
assez élevés de l'Asie tropicale. Voy. my-
risticées.
KNIGIITIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Protéacées-Grevil-
lées, établi par R. Brown (in Linn. Trans.,
X, 193, t. 2). Arbres de la Nouvelle-Zé-
lande. Voy. protéacées.
KNIPHOFÏA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Liliacées, établi par
Mcench (Mclh., 631). Herbes du Cap. Voy.
liliacées.
*KNIPOLEGUS. ois.— Genre établi par
Boié sur les Muscicapa comata et cristata
Lichst. Voy. gobe-mouche. (Z. G.)
KNOWLTONIA (nom propre), bot. ph.
— Genre de la famille des Renonculacées-
Clématidées, établi par Salisbury (Prodr.,
372). Herbes vivaces originaires du Cap.
Voy. RENONCULACÉES.
KNOXIA. bot. ph. — Genre de la famille
des Rubiacées - Spermacocées , établi par
Linné (Gen., n° 123). Herbes ou arbris-
seaux de l'Inde. Voy. rubiacées.
23
178
KOEL
KOALA. Liparus. mam. — M. de Blain-
ville a fait connaître en 1815 {Bull, de la
Soc. philom.), sous le nom d'OuRS a poche,
Phascolarctos, un Didelphe de la Nouvelle-
Hollande, dont le port est assez semblable
à celui d'un Ours. Cet animal, qui est un
véritable Phalanger {voy. ce mot et phas-
colarctos) dépourvu de queue, est souvent
désigné par les naturalistes sous le nom de
Koala; ses membres de derrière ont, comme
ceux des Phalangers, un pouce opposable ,
et ses dents sont aussi semblables à celles
de ces animaux. G. Cuvicr, possédant le
dessin d'un autre animal appelé aussi Koala,
et qui est de la même contrée, crut devoir
en faire un Phascolarctos, bien qu'il affirme
qu'il manque de pouce. Comme il est cer-
tain que le vrai Phascolarctos a un pouce
aux membres de derrière , c'est avec raison
que l'on a laissé au Koala de Cuvier le nom
de Liparus cinereus , que lui avait donné
Goldfuss. Il reste encore à démontrer que
cet animal, qui est d'un cendré légèrement
bleuâtre en dessus et blanchâtre en dessous,
et qui se trouve à la Nouvelle -Hollande,
est véritablement distinct du Phascolarctos,
ou bien qu'il ne repose que sur un dessin
incomplet. (E. D.)
KOB et KOBA. mam. — Espèce d'Anti-
lope. (E. D.)
KOBEZ. ois. — Nom d'une espèce de
Faucon. Voy. ce mot.
KOBOLDINE. min.— Sulfure de Cobalt.
Voy. ce mot.
KOBBESIA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Cypéracées-ÉIynées, établi par
Willdenow {Sp. pi., IV, 205). Herbes des
montagnes du centre de l'Europe. Voy. cy-
PÉRACÉES.
KOCHIA (nom propre), bot. ph. — Genre
de la famille des Chénopodées (Atripli-
cées)-Chénopodiées , établi par Roth et R.
Brown {Prodr., 409). Herbes ou arbrisseaux
de l'Europe , de l'Asie et de la Nouvelle-
Hollande. Voy. atriplicées.
*KOEBERLINIA (nom propre), bot. ph.
— Geare de la famille des Pittosporées ,
établi par Zuccarini ( Miïnch. Dcnkoch. ,
1832, p. 358). Arbrisseaux du Mexique.
Voy. pittosporées.
*KOELERA, Willd. bot. ph.— Syn. de
Boumca, Poit.
KQELERIA (nom propre), bot. ph. —
KOL
Genre la famille des Graminées -Festuca-
cées, établi par Persoon {Ench., 1,97). Gra-
mejis fréquents dans l'Europe centrale , et
trouvés, mais plus rarement, dans l'Asie et
l'Amérique septentrionale. Voy. graminées.
KOELLEA, Bir. bot. ph. — Syn. d\E-
ranthis, Salisb.
KOELPINIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Composées-Cicho-
racées, établi par Pallas (Reise., III, 755).
Herbes de la Daourie. Voy. composées.
KOELREUTERA. bot. ph. — Hcdw.,
syn. de Funaria, Hedw. — bot. cr. —
Murr., syn. de Giesekia, Linn.
KOELREUTERIA (nom propre), bot.
ph. — Genre de la famille des Sapindacées-
Dodonœacées, établi par Laxmann {in Nov.
comment. Petropolit. , XVI , 561 , t. 18 ).
Arbres de la Chine. Voy. sapindacées.
KOENIGIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Polygonécs , tribu
des vraies Polygonées , établi par Linné
{Gen., n° 1241). Herbes de l'Islande et de
la Laponie. Voy. polygonées. — Commers.,
syn. d'Assonia, Cavan.
KOHLENBLENDE. min. — Synonyme
allemand de l'Anthracite. (Del.)
*KOLBEA , Schl. bot. ph. — Syn. de
Bœometra, Salisb.
KOLBIA (nom propre), bot. ph.— Genre
de la famille desPassiflorées, établi par Pa-
lisot de Beauvois {Flor. owar., II, 91 ,
t. 120). Plantes sarmenteuses de l'Afrique
tropicale. Voy. passiflorées.
KOLLYRITE. min. — Voy. collyrite.
*KOLOWRATIA (nom propre), bot. ph.
— Genre de la famille des Zingibéracées?,
établi parPresl {in Beliq. Hœnk. , I, 113,
t. 20 ). Herbes de Luzon. Voy. zingibé-
racées.
KOLPODE. Kolpoda (xo'Àttoç, sinus,
échancrure). infus. — Genre d'Infusoires
ciliés, delà famille des Paraméciens, ca-
ractérisé par l'échancrure latérale de leur
corps ovoïde ou réniforme , qui leur fit don-
ner par un ancien micrographe, Joblot, les
noms bizarres de cornemuses , de rognons
argentés et de cucurbites dorées. Leur bou-
che est située latéralement au fond de
l'échancrure et pourvue d'une lèvre trans-
verse saillante; la surface du corps est ré-
ticulée ou marquée de stries noduleuses ,
croisées obliquement et auxquelles corrcs-
KON
KRA
179
pondent des rangées de cils vibratiles très
fins. Les Kolpodes , longs de 2 à 9centièmes
de millimètre , se trouvent dans les eaux
douces stagnantes au milieu des herbes en
décomposition ; ils se montrent surtout avec
une abondance extrême dans les infusions
de substances végétales, de farine ou de foin,
par exemple. Ils ont été vus par les premiers
micrographes: Leeuwenhoek , en 1677, en
parlait déjà sous le nom d'animaux ovales ;
Hill , en 1751 , les nommait Paramécies, et
Ellis, en 1769, en faisait un Volvox tor-
quilla; c'est sur les Kolpodes ou animal-
cules en forme de pendeloque (Pandeloquen-
thierchen) que Gleichen fit principalement
ses essais de coloration artificielle en leur
faisant avaler du carmin. 0. F. Mûller éta-
blit le genre Kolpode et nomma K. cucul-
lus (K. capuchon) l'espèce que nous consi-
dérons comme le type et peut-être même
comme l'espèce unique, mais singulièrement
variable de ce genre. M. Bory de Saint-Vin-
cent en a faitsesBitrsana cuculluset Amiba
cydonea, tout en conservant le nom de
Kolpodes à des Infusoires d'un autre genre,
M. Ehrenberg a pris le Kolpoda cucullus
pour type de sa famille des Kolpodea, qui ré-
pond en partie à notre famille des Para-
méciens ; mais cet auteur a caractérisé in-
complètement cette famille d'après une pré-
tendue disposition des organes digestifs, et
le genre Kolpode en lui assignant une lan-
gue courte et des ci's vibratiles au côté ven-
tral seulement. Toutefois M. Ehrenherg
n'inscrit dans le genre Kolpode que l'espèce
type et deux espèces douteuses , les K. ren
et K. cucullio de Mûller, dont l'une au moins
appartient au genre Loxode. (Duj.)
KONDYLOSTOME. Kondylostoma (>v-
Svïoç, nœud; vropa, bouche), infus. —
Genre d'Infusoires ciliés, établi par M. Bory
de Saint-Vincent pour un Trichode de Mtil-
ler que ce dernier avait observé dans l'eau
de mer. Les Kondylostomes ont le corps
effilé, cylindroïde ou fusiforme, droit ou
courbé, quelquefois vermiforme, blanc,
long de 9 à 15 centimètres de millimètre, et
par conséquent ils sont bien visibles à l'œil
, nu. Leur bouche, très grande, bordée de
j cils vibratiles assez forts et raides , est située
i latéralement près de l'extrémité antérieure;
■f la surface est striée obliquement et recou-
verte de cils vibratiles. Les Kondylostomes
se trouvent exclusivement dans de l'eau de
mer, entre les Algues et les Corallines , ou
parmi les végétaux en partie décomposés;
ils avalent des animalcules ou des spores
qui sont une proie souvent trop volumi-
neuse et distendent considérablement leur
corps. Ils ont beaucoup de rapports avec les
Spirostomes et doivent appartenir à la même
famille, soit celle des Bursariens si elle était
trouvée suffisamment caractérisée, soit celle
des Paraméciens. Voy. ce dernier mot et
l'article infusoires. (Duj.)
*KONIGA (nom propre), bot. ph. — Genre
de la famille des Crucifères -Alyssinées,
établi par Robert Brown (m Clappert. Nar-
rât. , 214). Herbes des régions méditerra-
néennes et de l'Asie boréale. Voy . crucifères
KOMG, Adans. bot. ph. — Syn. de Ko-
niga, R. Br.
KOMLITHE (xovt;, poussière; M0oç ,
pierre), min. — Nom donné par Macculoch
à une Silice pulvérulente trouvée par lui
dans les cavités des roches amygdalaires de
plusieurs îles d'Ecosse et d'Irlande. (Del.)
KONITE. min. — Nom donné par Ret-
zius à une variété de la Dolomie. Voy. ce
mot à l'article carbonates.
KOON, Gœrtn. bot. ph. — Syn. de Schlei-
chera, Willd.
*KOPSIA (nom propre), bot. pu.— Genre
de la famille des Apocynacées , établi par
Bl u me (Bijdr., 1030). Arbres ou arbris-
seaux de Java. Voy. apocynacées.
*KORDELESTRIS , Arrud. bot. ph. —
Syn. de Jacaranda, Juss.
KORÉITE. min. — Voy. pagodite.
KORSAC. mam. — Voy. corsac.
*KOSTELETZKYA (nom propre), bot.
ph, — Genre de la famille des Malvacées-
Hibiscées, établi par Presl {in Reliq. Hœnk.,
II, 130, t. 70). Herbes ou arbrisseaux de
l'Amérique tropicale. Voy. malvacées.
*KOTSCHYA (nom propre ). bot. th.—
Genre de la famille des Papilionacées-Hé-
dysarées , établi par Endlicher ( Gen. pi. ,
p. 1284, n° 6607). Arbrisseaux de l'Afrique
tropicale. Voy. papilionacées.
KOUPHOLITHE. min. — Foî/.prehnite.
*RRAMERIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Polygalées?, éta-
bli par Lœffling (It. , 915). Arbrisseaux de
l'Amérique tropicale et subtropicale. Voy.
POLVGALLES.
180
KUH
KRAXCHIL. mam. — Espèce de Che-
vrotais. Voy. ce mot.
KRASCHEMNMKOVIA (nom propre).
bot. ph. — Guldenst. , syn. û'Eurotia ,
Adans. — Genre établi par Turczaninow
in Flora, 1834) dans la famille des Caryo-
phyllées -Stellarinées. Herbes de Baikal.
Voy. CARYOPIIYLLÉES.
*KRALM1IA , Raf. bot. ph. — Syn. de
Wisteria, Nutt
*KREBSIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Papilionacées-Lo-
tées , établi par Ecklon et Zeytaer {Enurn.,
179). Arbrisseaux du Cap. Voy. papilio-
NACÉES.
KRELZSTEIN. min. — Synonyme alle-
mand d'Harmotome. Voy. ce mot.
*KREYSIGIA (nom propre), bot. ph.—
Genre de la famille des MElanthacées-Vé-
ratrées, établi par Reichenbach {le. exot.,
t. 229, excl. syn.). Herbes de la Nouvelle-
Hollande. Voy. MÉLANTHACÉES.
KRIGIA (nom propre), bot. ph.— Genre
de la famille des Composées-Cichoracées ,
établi par Schreber {Gen., n° 1244). Her-
bes de l'Amérique boréale. Voy. compo-
sées.
KROCKERIA, Neck. bot. ph. — Syn.
(VAvariy Linn.
KRUBERA ( nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Ombellifères-Pa-
chypleurées, établi par Hoffmann {Umbellif.,
I, 202 et 203, t. 61, f. 14). Herbes des ré-
gions méditerranéennes et du cap de Bonne-
Espérance. Voy. ombellifères.
KRUSENSTERNE. Krusenslema ( du
nom d'un célèbre navigateur russe), polyp. —
Genre établi par Tilesius pour une espèce
de Polypier rapportée des mers du Kamt-
schatka ; Lamouroux l'a cru identique avec
le Millepora reticulata de Linné, dont La-
marck avait fait son Rétépore réticulé. M. de
Blainville a nommé le même genre Fron-
dipore {voy. ce mot) et en a distingué trois
espèces. (Duj.)
*KTENOSPERMUM, Lehm. bot. ph.—
Syn. de Pectocarya, DG.
*KTINORHYNCHLS, Eyton. ois. —
Genre qui a pour type le Canard chipeau
{Anas slrepera). (Z. G.)
*KUHLIA(nom propre), bot. ph. — Genre
de la famille des Bixacées-Prockiées , éta-
bli par Kunth ( in Humb. et Bonpl. Nov.
KUR
gen. et sp., VIII, 234). Arbres de la Nou-
velle-Grenade. Voy. BIXACÉES.
KL H MA (nom propre), bot. ph —
Genre de la famille des Composées-Eupa-
toriacées, établi par Linné {Sp. 1662).
Herbes ou arbrisseaux de l'Amérique tro-
picale. On connaît 10 espèces de ce genre,
réparties en 3 sections (DC. Prodr. V, 126)
nommées : Strigia, Trichogonia et Leio-
gonia.
KLM R A II. mam.— Nom donné, en Bar-
barie, à un métis provenant de l'Ane et
de la Vache.
KLMJMANMA (nom propre), bot. ph.
Genre de la famille des Ombellifères-Sésé-
linées, établi par Scopoli {Introd. n. 332).
Herbes de l'Europe méditerranéenne. Voy.
OMBELLIFÈRES.
KLNTHIA(nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Palmiers , tribu
des Arécinées, établi par Humboldt et
Bonpland {Plant, œquinoct., Il, 128, t.122).
Palmiers des Cordillères. Voy. palmiers.
KLNZEA , Spreng. bot. ph. — Syn. de
Purshia, DC.
KLPFERGLAS. min. — Synonyme al-
lemand de CuWre sulfuré ou Cb^lkosine.
Voy. cuivre.
KUPFERGLIMMER. min.— Synonyme
allemand de Cuivre arséniaté. Voy. cuivre.
KLPFERIMHG. min. — Syn. de Covel-
line ou Cuivre bisulfure. Voy. cuivre.
KLPFERKIES. min. — Synonyme al-
lemand de Cuivre pyriteux ou Chalkopyrite.
Voy. cuivre.
KLPFERLAZUR. min. — Synonyme
allemand de Cuivre carbonate. Voy. cuivre.
KLPFERSCHWARZE. min. — Synon.
allemand de Métaconite ou Cuivre oxydé
noir. Voy. cuivre.
KLPFERSMARAGD. min.— Synonyme
de Cuivre hydro-silicaté ou Dioptase. Voy.
cuivre.
KLFPER- VITRIOL, min. — Synonyme
de Cuivre sulfaté ou Cyanose. Voy. sulfates.
*KURRIMIA , Wall. bot. ph.— Syn. de
Bhesa , Hamilt.
KLRTE. Kurtus (xvproç, bossu), poiss.
— Genre de Poissons de la famille des
Scombéroïdes , établi par Bloch et adopté
par MM. Cuvier et Valenciennes ( Hist. des
Poiss., t. IX, p. 419). II est caractérisé
n;ir,r:p;:îemcntpar l'épine dorsale, qui pré-
LAB
LAB
181
sente une pointe couchée en avant et une
plus petite en arrière.
La principale espèce de ce genre est le
Kurte Blochien, K. Blochîi Lacép., d'une
belle couleur fauve glacée d'argent et irisée
en quelques endroits; il est long de 10 à
11 centimètres. Habite les mers des Indes.
Une autre espèce trouvée dans la rade de
Pondichéry , mais que MM. Cuvier et Va-
lenciennes considèrent comme le mâle de
l'espèce précédente , est remarquable , en
outre , par la présence d'une corne noire ,
cartilagineuse , au sommet de la nuque, et
qui se recourbe un peu en dessus à son ex-
trémité. Cet appendice lui a fait donner par
les auteurs que nous venons de citer le nom
de Kurte cornu , K. cornutus. (J.)
*KUTCHUBJSA (nom propre), bot.ph. —
Genre de la famille des Rubiacées-Gardé-
niées, établi par Fischer (ro DC. Prodr.,
IV, 373). Arbres de la Guinée. Voy. ru-
biacées.
KUWUC. mam. — Espèce de Chat. Voy.
ce mot.
KTDIA. bot. ph. — Genre de la famille
des Byttnériacées , établi par Roxburgh
(Plant. ofCoromand. III, 11, t. 215,216).
Arbres de l'Inde.
KYNODON. seft. — Klein (Tentamen
herpetologiœ) indique sous ce nom un genre
d'Ophidiens qui correspond au groupe des
Vipères des naturalistes. Voy. vipère. (E.D.)
*KYNOS (xuwv, chien), mam.— M.Rup-
pel (Mus. seack.j 1842) donne ce nom à un
groupe de Carnivores assez voisin du grand
genre Chien. (E. D.)
*KYRTANTHUS,Gmel. bot. ph.— Syn.
de Posoqueria, Aubl.
*KïTORHUXUS, Stev. ras. —Syn. de
Bruchus. (C.)
LABARIIV. moll. — Adanson donne ce
nom (Voyage au Sénégal) à une jolie espèce
de Pourpre, le Purpurea coronata Lam.
LABATIA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Sapotacées, établi par Swartz
(Flor. Ind. occid., I, 283). Arbres de l'A-
mérique tropicale. Voy. sapotacées. — Scop.,
syn. d'ilexy Linn.
LABRE. Leslris. ois. — Genre de la fa-
mille des Longipennes dans l'ordre des Pal-
mipèdes. Caractères: Bec de moyenne gran-
deur, presque cylindrique, robuste, couvert
d'une membrane, depuis la base jusqu'aux
narines, à mandibule supérieure armée à son
extrémité d'un onglet qui paraît surajouté;
narines linéaires, latérales, situées au-delà
du milieu du bec; doigt postérieur court,
touchant à peine au sol ; ongles gros, cro-
chus; queue inégale, plus ou moins pointue.
Linné rangeait les espèces de cette division
dans son genre Larus (Mouette). Latham
commença par en former un groupe parti-
culier, et Brisson convertit définitivement ce
groupe en genre qu'il nomma Stercorarius.
llliger changea ce nom en celui de Leslris,
et Viellot en celui de Prœdatrix; mais ce
dernier n'a jamais été adopté :, et a même été
abandonné par son créateur.
Les Labbes ou Stercoraires (comme quel-
ques auteurs les ont appelés par suite d'une
opinion mal fondée) doivent-ils être distin-
gués génériquement, ainsi que le veulent la
plupart des ornithologistes, ou forment-ils,
comme d'autres le prétendent , une simple
section du genre Larus? Les Labbes se dif-
férencient de ces derniers par leur bec pres-
que cylindrique, par l'espèce de cire qui le
recouvre, et par leur queue inégale : ils
doivent donc en être séparés. En outre, si
nous voulions faire le parallèle des mœurs
et du genre de vie des uns et des autres,
nous trouverions encore entre eux, sous ce
rapport, des différences; mais nous devons
nous borner à faire ici l'histoire des Labbes.
Ces oiseaux fréquentent les bords de la
mer et ne se font voir qu'accidentellement
dans l'intérieur des terres. C'est en automne
et en hiver, à la suite des tempêtes et des
ouragans, qu'ils apparaissent sur nos côtes
maritimes et quelquefois en plaine, où ils se
tiennent de préférence dans les champs de
blé. Us volent avec beaucoup de rapidité.
182
LAB
Le vent le plus violent paraît fort peu con-
trarier la direction de leur vol. Ils ont dans
le port et le faciès quelque chose de l'oiseau
de proie. Ce sont, comme on l'a déjà dit, de
vrais tyrans de la mer, et ils méritent sur-
tout ce titre vis-à-vis des Mouettes, des Ster-
nes, et même des Fous et des Cormorans,
qu'ils poursuivent avec acharnement, afin
de leur enlever leur proie. On pourrait dire
que les diverses espèces appartenant à ces
genres sont tour à tour les pourvoyeuses des
Labbes. L'industrie à laquelle ceux-ci se li-
vrent à l'égard des oiseaux dont il vient
d'être question, est vraiment fort curieuse.
Si l'un d'eux aperçoit une Mouette ou une
Sterne qui vienne de saisir un poisson ou
toute autre pâture, aussitôt il fond sur elle,
la poursuit dans l'air, la harcèle, la frappe
et finit presque toujours par lui faire dé-
gorger la proie qu'elle avait saisie, et dont il
s'empare à son tour, avec la plus grande ha-
bileté, avant qu'elle tombe dans la mer.
Ce fait, légèrement observé, avait donné lieu
à une opinion erronée. On a cru longtemps
que les excréments des Mouettes, des Ster-
nes, etc., étaient une nourriture pour les
Labbes; c'est ce qu'atteste le nom de Ster-
corarius, qu'on leur donnait et que quelques
personnes leur donnent encore par habitude.
On les voyait s'acharner après d'autres oi-
seaux; on voyait ceux-ci rendre quelque
chose, les Labbes saisir, dans l'air, ce quel-
que chose, et, sans regarder ce fait de trop
près, on avait tout naturellement pensé
qu'ils mangaient les excréments des espèces
qu'ils pourchassaient. Mais, lorsqu'on a
mieux observé, on a pu se convaincre que
les Mouettes, les Sternes, etc., péchaient la
plupart du temps au profit des Labbes.
Rarement on voit plusieurs Labbes en-
semble; ils vivent isolés les uns des autres,
et cet isolément est une conséquence de l'in-
dustrie à laquelle ils se livrent. Leur nour-
riture consiste en Poissons, en Mollusques,
en œufs et en jeunes Oiseaux de mer. Sous
ce dernier rapport, les Labbes sont de vrais
oiseaux de rapine.
Les Laobes nichent dans les rochers et sur
les élévations, dans les marais et les ter-
rains arides voisins de la mer. Leur ponte
est de deux œufs que la femelle et le mâle
couvent, dit-on, alternativement. Ils ne
souffrent aucune espèce d'Échassier ou de
LAB
Palmipède dans le voisinage des contrées
qu'ils choisissent pour leur ponte. Les Mam-
mifères et l'Homme même sont exposés à
leurs attaques : aussi, selon M. Graba , les
habitants de Féroë qui vont à la récolte de
leurs œufs se munissent-ils de couteaux
qu'ils tiennent sur leur bonnet, la pointe
en l'air, pour ne pas être blessés par les as-
sauts impétueux que leur livrent les Labbes
catarractes.
Les Labbes habitent les régions arctiques
de l'Europe et de l'Amérique.
Leur mue paraît avoir lieu deux fois dans
l'année. Leur plumage varie beaucoup depuis
leur premier âge jusqu'au moment où ils
revêtent leur livrée stable , ce qui a donné
lieu à de doubles emplois. On s'accorde assez
généralement aujourd'hui à reconnaître
quatre espèces européennes. M. Degland,
dans une excellente monographie sur ces
oiseaux , en avait admis six; mais dans son
Catalogue des Oiseaux observés en Europe,
il a réduit ce nombre à quatre.
1. Le Labbe parasite, L. parasiticus
Gmel. {Buff., pi. enl. 762, sous le nom
de Labbe à longue queue). Sommet de la tête
noir; nuque, côtés du cou et joues d'un
jaune paille; tout le dessus du corps d'un
gris de plomb ; dessous d'un gris plus clair;
filets à la queue de 15 à 20 centimètres.
Habite particulièrement le Groenland,
Terre-Neuve et le Spitzberg : s'avance assez
souvent jusque sur nos côtes de l'Océan.
2. Le Labbe Richardson, Les. Richardsonii
Swains. (Buff., pi. enl. 991, sous le nom de
Stercoraire). Tout le plumage d'un noir fu-
ligineux en dessus/blanc en dessous; nuque
et côtés du cou ocres ; filets de la queue
n'ayant jamais plus de 7 à 8 centimètres.
Habite la Suède , la Norwége, la Laponie,
l'Amérique du Nord ; plus rare sur nos côtes
que le précédent
3. Le Labbe pomarien , Les. pomarineus
Temm. Plumage fort variable surtout dans
les vieux sujets; généralement noir en
dessus , blanc en dessous , avec une calotte
brune. La gorge grise , le cou et la poitrine
d'un gris brun. Filets de la queue larges et
arrondis au bout.
Habite Terre-Neuve , l'Islande et Feroë.
Commun sur nos côtes à la suite d'un
ouragan.
4. Le Labbe catarracte , Les. catarractes
LAB
LAB
183
lllig. (Vieill. Gai. des Ois., pi. 288 sous le
nom de Stercoraire pomarin ). Plumage
brun fuligineux, un miroir blancsur l'aile;
filets de la queue ayant au plus 2 ou 3 cen-
timètres.
Habite l'Islande, le Groenland; assez
commun l'hiver sur nos côtes.
M. Lesson ajoute, sous le nom de les. antar-
cticus, une cinquième espèce que MM. Quoy
et Gaimard ont décrite sous celui de Les.
catarracles (voy. de l'Ura, p. 38). Elle
habite les îles Malouines et la Nouvelle-
Zélande , et ne diffère de la précédente que
par les stries ou zones blanchâtres de la
poitrine. (Z. G.)
LABDANUM ou LADANUM. chim. —
Voy. GOMMES-RÉSINES.
LABELLE. Labellum. bot. — On donne
ce nom à la partie inférieure d'un périgone
bilabié, et plus particulièrement de l'en-
veloppe florale des Orchidées. Voy. ce mot.
*LABEO. ins. — Genre de l'ordre des
Hyménoptères, tribu des Proctotrupiens,
famille des Proctotrupides, groupe des Go-
natopites , établi par M. Haliday (Blanch.,
Hist. des Ins., t. I, p. 147), et caractérisé
principalement par des antennes filiformes,
avec le premier article fort grand, et des
palpes maxillaires de trois articles. On con-
naît peu d'espèces de ce genre ; celle que
nous citerons comme type est le Labeo exci-
sus Walk., que l'on trouve en France et en
Angleterre.
*LABÉOBARBE. Labeobarbus (labeo,
grosses lèvres; barba, barbe), poiss. —
Genre de Poissons abdominaux de la famille
des Cyprinoïdes , établi par Ruppell , et
adopté par MM. Cuvier et Valenciennes
(Hist. des Poiss., t. XVI, 206). Les La-
béobarbes sont des Poissons à corps allongé,
à lèvres épaisses, dont l'inférieure, dilatée,
porte un appendice charnu prolongé en bar-
billon ; deux autres barbillons , l'un maxil-
laire , l'autre labial , comme dans les Bar-
beaux; l'anale courte.
On connaît trois espèces de ce genre ; celle
que nous citerons comme type est le Laeéo-
«aube nadgia, Lab. nadgia, trouvé par M.Rup-
pelledansleNil.CePoissona ledessusdudos
et de la tête d'un beau vert-citron; le ventre
jaune-soufre clair; les nageoires vertes, mais
teintées de brun ; la lèvre supérieure est de
Ja même nuance, mais l'inférieure est cou-
leur de chair. Il atteint près de 60 à 65
centimètres, et sa chair est, dit-on , d'assez
bon goût. ' (J.)
LABÉOIV. Labeo (labeo, h grosses lèvres).
poiss. — Genre de Poissons malacoptérygiens,
de la famille des Cyprinoïdes , établi par
Cuvier , et modifié par M. Valenciennes
(Hist. desPoiss., t. XVI, p. 335). Ces Poissons
sont remarquables par un museau épais et
charnu, avançant sur la bouche, dont la
fente est recouverte par un triple rang de
lèvres; par un premier voile naissant du
sous-orbitaire , et s'étendant sur les deux
autres ; par un second maxillaire, sorte de
première lèvre, et un troisième, la vraie lè-
vre, en dessous; le bord de la lèvre infé-
rieure se détache et se replie de manière à
faire aussi un voile particulier en dessous.
A l'angle du maxillaire est un petit barbil-
lon. Les premiers rayons de la dorsale sont
simples et grêles, et les autres , branchus ,
sont aussi très flexibles. Les espèces de ce
genre sont toutes exotiques, et de l'ancien
monde; le Nil nourrit les plus ancienne-
ment connues; quelques unes ont été dé-
couvertes récemment dans les rivières de
l'Inde. On en connaît actuellement 18, dont
la principale est le Labéon du nil, L. nilo-
ticus Cuv., décrit par Forskal sous le nom
de Cyprinus niloticus. Sa couleur est un
brun violacé, tirant au verdâlre par la teinte
du bord de chaque écaille. Les nageoires
sont brunes ou verdàtres. C'est le plus com-
mun de tous les Poissons du Nil, et sa chair
est assez estimée par les Arabes. (J.)
♦LABIA. ins. — Genre de l'ordre des
Orthoptères, tribu des Forficuliens, établi
par Leach (ZooJ. Miscell., III) , et réuni par
M. Blanchard (Hist. des Ins. ) aux Forficu-
les proprement dites. Voy. forficuliens.
*LABICHEA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Papilionacées-Cae-
salpiniées, établi par Gaudichaud {ad
Freycinet, 485, t. 112). Arbrisseaux de la
Nouvelle-Hollande. Voy. papilionacées.
* LABIDOGNATHA ( XaSt'ç , tenaille ;
yv*0oç , mâchoire), ins. — Genre de Co-
léoptères subpentamères , famille des Tu-
bifères, tribu des Clythraires, formé par
M. Dejean , dans son Catalogue , avec une
espèce de Guinée, le Clythra cœruleus de
Fabricius. (C.)
*LABJDOMERA (>&; , tenaille ; p*:?,
184
LAB
cuisse). Ins. — Genre de Coléoptères sub-
pentamères, famille des Cycliques , tribu
des Chrysomélines, établi par nous et
adopté par M. Dejean. Nous rapportons à
ce genre trois espèces, parmi lesquelles nous
citerons comme type la L. Germari du
Mexique. Voy. chrysomélines. (C.)
*LABIDOSTOMIS (\«6iç, tenaille; •»-
fxa , bouche), ins. — Genre de Coléop-
tères subpentamères, famille desTubifères
(Cycliques), tribu des Clythraires (Chry-
somélines de Latreille) , créé par nous et
adopté par M. Dejean, qui, dans son Cata-
logue, mentionne 27 espèces : 21 appar-
tiennent à l'Europe, 4 à l'Afrique et 2 à
l'Asie. Nous citerons parmi les espèces qui
en font partie: les Clythra taxicornis, tri-
dentata, longimana, hordei de Fab., et la
Chrysom. tridentala de Lin., qui diffère de
celle du même nom. Presque toutes ces es-
pèces ont le corselet transverse , très élevé
au-dessus de l'angle postérieur. Les élytres
sont d'un jaune pâle , plus étroites que le
corselet , avec le reste du corps bleu ou vert.
Les mâles ont la tête forte, munie de lon-
gues mâchoires en forme de tenailles ; et
leurs pattes antérieures sont beaucoup plus
longues que chez les femelles. (C.)
LABIDURES, Duf. ms. — Syn. de For-
ficuliens.
LABIDUS ( AaSiç, pince), ins. — Genre
de l'ordre des Hyménoptères, tribu des For-
miciens, famille des Dorylides, établi par
Jurine (Hym., p. 283). M. Blanchard (Hist.
des Ins., t. I, p. 108) lui assigne pour carac-
tères essentiels : Palpes maxillaires de deux
articles. On ne connaît que quelques espèces
de ce genre propres à l'Amérique méridio-
nale; nous citerons comme type le Labidus
Latreillei Jur., fréquent au Brésil.
LABIÉ. Labiatus. zool., bot. — En zoolo-
gie, on applique cette épithète à tous les ani-
maux qui ont des lèvres remarquables par
leur grandeur et leur épaisseur, ou leur co-
loration différente de celle des autres par-
ties du corps (ex. : Ursus labiatus, Dicotyles
labialus).
En botanique, on donne le nom de labié
à toute corolle monopétale dont le limbe est
divisé en deux lobes principaux, disposés l'un
au-dessus de l'autre comme deux lèvres.
Cet aspect de la corolle a servi de principal
caractère à l'établissement d'une grande fa-
LAB
mille , celle des Labiées. Voy. ce mot.
LABIÉES. Labiatœ. bot. ph. — Famille
de plantes dicotylédonées monopétales hy-
pogynes , l'une des plus naturelles du rè-
gne végétal , et , comme telle , reconnue
dans presque toutes les classifications. Linné
l'admettait déjà parmi ses ordres naturels
sous le nom de Verticillées (Verticillatœ) ,
emprunté à son inflorescence, et, avant lui,
elle formait la quatrième classe de Tourne-
fort sous ce nom de Labiées, que Jussieu lui
a conservé, et qui est tiré de la forme de
ses corolles. Il a prévalu, quoiqu'il soit con-
traire à la règle généralement suivie, d'a-
près laquelle chaque famille est désignée
par un nom qui rappelle celui d'un de ses
principaux genres, et quoique plusieurs au-
teurs aient proposé en conséquence d'en
substituer un nouveau conforme à cette loi,
comme , par exemple , ceux de Lamiacées ,
Salviées, etc. Voici ses caractères : Calice
libre, persistant, monophylle, tantôt régu-
lier et terminé par cinq dents, quelquefois
par dix , lorsque les nervures latérales de
chaque sépale se soudent deux à deux et
se prolongent à leur sommet; tantôt irré-
gulier, courbe, bilabié lui-même : la dent
supérieure, toujours placée du côté de l'axe,
avorte quelquefois ou se réduit à une écaille.
Corolle caduque, hypogyne, tubuleuse, avec
son limbe partagé en deux lèvres, la supé-
rieure a deux lobes quelquefois confondus
en un seul ; l'inférieure a trois lobes , le
médian placé en dehors et recouvert par les
latéraux , qui le sont eux-mêmes par la lè-
vre supérieure. Étamines insérées au tube
de la corolle , au nombre de quatre : deux
plus courtes alternant avec les deux lèvres
et avortant quelquefois ; deux plus longues
alternant avec les lobes de la lèvre infé-
rieure ; la cinquième étamine, qui serait si-
tuée normalement entre les lobes de la su-
périeure, avorte constamment. Anthères
portées à l'extrémité ou un peu au-dessous
du sommet d'un filet filiforme, à deux loges
parallèles ou divergentes sur un connectif,
qui, quelquefois, prend relativement à elle
une grande dimension , et même s'allonge
en une sorte de filet transversal, s'ouvrant
par une fente latérale ; rarement réduites à
une seule par l'avortement complet et par-
tiel de l'une des deux. Pistil porté sur un
disque glanduleux, souvent découpé en lobes
LAB
LAB
185
qui alternent avec les ovaires, gynobasique,
c'est-à-dire composé d'un style central, bi-
fide au sommet, inséré sur le réceptacle
même, et de quatre lobes verticillés autour
de lui, contenant chacun une loge, et dans
cette loge un ovule dressé : il n'y a aucun
r doute qu'ils représentent deux ovaires bi-
) ovules, tournés l'un vers le haut, l'autre
J vers le bas de la fleur. Ils deviennent plus
tard autant d'akènes dont il n'est pas rare
de voir plusieurs avorter, et dont chacun ,
sous un péricarpe mince, ou coriace, ou os-
seux, quelquefois même charnu, renferme
une graine dressée, à périsperme nul ou
extrêmement mince, à radicule courte et
infère, à cotylédons épais, droits, ou légè-
rement recourbés au sommet.
Les Labiées sont des herbes ou au plus
des arbrisseaux , à rameaux souvent tétra-
gones , opposés ou verticillés ainsi que les
feuilles , qui sont entières ou divisées , dé-
pourvues de stipules. Les fleurs sont soli-
taires , ou plus ordinairement groupées en
petits bouquets à l'aisselle des supérieures ,
dont l'avortement partiel donne quelquefois
à l'inflorescence l'apparence d'un gros épi
terminal; mais l'étude de ces petits bouquets
fait aisément reconnaître qu'elle est définie
et que ce sont autant de cymes. Les espèces,
dont on compte aujourd'hui à peu près 1 700,
dispersées sur toute la terre, ne s'y montrent
aussi nombreuses nulle part que dans les
parties les plus chaudes de la zone tempérée
boréale, et sur les montagnes des tropiques
à une hauteur qui reproduise une tempéra-
ture analogue. Elles deviennent rares sous le
climat brûlant de la ligne, et disparaissent
presque entièrement en s'approchant des
cercles polaires ou de la limite des neiges.
Les parties herbacées, les feuilles surtout,
sont couvertes d'un grand nombre de pe-
tits réservoirs d'huiles essentielles, aux-
quelles les Labiées doivent leur odeur aro-
matique, variée suivant les espèces , et si
agréable dans quelques unes qu'il suffit de les
nommer : la Sauge, le Thym et le Serpolet,
la Mélisse, la Lavande, la Menthe, le Roma-
rin , le Patchouly ( espèce de Coleus ) , etc.
Tantôt on extrait l'huile même pour l'em-
ployer comme parfum ; tantôt on en prépare
les eaux spiritueuses dont nous faisons le
plus fréquent usage, ou l'on en aromatise
divers cosmétiques. Certaines feuilles, celles
t. vu.
de la Sarriette , de la Marjolaine , du Basi-
lic, etc. , sont introduites dans nos mets
comme condiments. L'infusion de plusieurs
déjà nommées (Sauge, Mélisse), et d'autres
encore ( Moldavie, Glechome , etc.), légère-
ment tonique, est prise quelquefois en guise
de Thé. A l'effet que doit déterminer la pré-
sence d'huiles essentielles dont on connaît
la propriété généralement excitante, il faut
ajouter celui que produira la présence si-
multanée d'un autre principe gommo-rési-
neux, légèrement amer, duquel résulteront
ces vertus toniques : aussi plusieurs de ces
boissons sont-elles conseillées pour cette
cause comme stomachiques ; et même, si le
dernier principe abonde, elles pourrontdeve-
nir fébrifuges (Germandrée, Ivette, Scor-
dium). Il est à remarquer que le Camphre,
cette substance qu'on retire d'une autre fa-
mille bien différente , celle des Laurinées, se
trouve associé à l'huile volatile des Labiées, e
avec une telle abondance dans quelques unes,
qu'elles pourraient servir avantageusement
à son extraction. On cite enfin quelques es-
pèces dont les racines présentent des ren-
flements tuberculeux dont la fécule peut
fournir un aliment, et, parmi elles, une de
notre pays, le Stachys palustris.
Pour l'énumération et la classification
des genres , à l'exemple de la plupart des
auteurs modernes , nous suivrons le travail
de M. Bentham , le plus complet sur cette
famille, qu'il subdivise en 11 tribus.
GENRES.
Tribu I. — Ocimoidées.
Étamines déclinées.
Ocimum , L. Geniosporum , Wall. ( Pla-
tostoma, Beauv.) — Mesona, Blum. — Acro- /
cephalus , Benth. — Moschosma , Reichenb.
(Lummitzcra, Jacq. F. ) — Orthosiphon ,
Benth. — Plectranthus, Lhen {Germanea,
Lam. — Dentidia, Lour. — Isodon, Schrad.).
— Coleus, Lour. (Solenostemon, Schum.) —
Anisochilus, Wall. — jftolanthus, Mart. —
Pychnostachys, Hook. — Peltodon, Pohl.—
Marsypianthes , Mart. — Hyptis , Jacq. —
Eriope, Humb. Bonpl. — Lavanduîa, L«
( Slœchas, Tourn. — Fabricia, Adans. — ■
Chœtostachys, Benlh.)
Tribu II. — Menthoïdées.
Étamines droites ou divergentes. Tube
24
186 LAB
de la corolle dépassant à peine le calice , à
4-5 divisions à peu près égales.
Pogostemon , Desf. — Dysophylla, Blum.
(Chotekia, Opiz, Cord.) — Elsholtzia, W.
(Aphanochilus, Benth.— Cyclostegia, Benth.)
— Tetradenia , Benth. — Colebrookia , Sm.
— Perilla, L. — Isanthus, Mich. — Preslia,
Opiz. — Mentha, L. — Lycopus, L. — Me-
riandra, Benth.
Tribu III. — Monardées.
Étamines ascendantes : les supérieures
avortées ou synanthérées ; les inférieures à
anthères linéaires soudées ou dimidiées.
Corolle bilabiée.
Salvia, L. (Horminum, Sclarea ttJEthio-
pis, Tourn. — Schraderia etJungia, Mœnch.
— Stenarrhena, Don. — Leonia, Llav. Lex.)
— Audibertia, Benth. — Rosmarinus, L. —
Monarda , L. (Cheilyctis , Raf. — Coryan-
thus, Nutt.) — Blephilia, Raf. — Zizyphora,
L.— Fladermannia, Bung. — Horminum, L.
Tribu IV. — Saturéinées.
Étamines droites, divergentes ou à peine
ascendantes : les inférieures plus longues.
Anthères non dimidiées. Tube de la corolle
dépourvu d'anneau , dépassant à peine le
calice et les bractées imbriquées; le limbe
à peu près bilabié, à divisions planes.
Bystropogon , Lhér. — Pycnanthemum ,
Mich. {Brachy sternum, Mich. — Koellia,
Mœnch. — Tullia, Llav. ) — Monardella ,
Benth. — Amaracus, Mœnch. — Origanum,
L. — Major ana , Mœnch. — Thymus , L.
(Serpillum, Pers.) — Satureia, L. — Hys-
sopus, L. — Collinsonia, L. — Cunila, L.
Tribu V. — Mélissinées.
Étamines ascendantes : les inférieures
plus longues. Corolle bilabiée à divisions
planes (la lèvre supérieure très rarement en
casque). Calice ordinairement parcouru par
13 nervures, bilabié.
Hedeoma, Pers. — Micromeria , Benth.
{Sabbatia, Mœnch. non Pursh. — Piperella,
Presl.) — Melissa, Benth. (Clinopodium,L.
— Calamintha et Acinos, Mœnch. ) — Gar-
doquia, R. Pav. (Rizoa, Cav.) — Glechon,
Spreng. — Keithia, Benth. — Thimbra , L.
— Dicerandra, Benth. (Ceranlhera, Eli.
non. Beauv.) •— Pogogyne, Benth. — Lepe-
chinia, W.
LAB
Tribu VI. — Scutellarinées,
Étamines ascendantes, les inférieures plus
longues. Corolle bilabiée; la lèvre supé-
rieure en casque. Lèvre supérieure du ca-
lice entière ou tronquée.
Prunelîa , L. ( Brunella , Mœnch.)— Scu~
tellaria, L. {Cassilda, Tourn.) — Perilomia,
Kunth.
Tribu VII. — Prostanthérées.
Étamines divergentes ou ascendantes, les
inférieures plus longues ou avortant. An-
thères souvent dimidiées. Corolle à tube
court, campanulée supérieurement, à divi-
sions planes disposées à peu près en deux
lèvres. Akènes coriaces , réticulés , avec le
style persistant. Plantes toutes australa-
siennes.
Chilodia, R. Br. — Cryphia, R. Br. —
Prostanthera , Labill. — Hemiandra, R. Br.
— Colobranda, Bartl. — Hemigenia, R. Br.
— Lallemantia, Fiscq,. Mey. — Anisandra,
Bartl. — Westringia , Sm. — Microcorys ,
R. Br.
Tribu VIII. — Népétées.
Étamines supérieures saillantes plus lon-
guement.
Lophanthus, Benth. — Nepeta , Benth.
(Glechoma, L. — Catarla, Mœnch.) — Mar-
moritis, Benth. — Dracocephalum, L. (Mol-
davica et Zornia , Mœnch. — Ruyschiana,
Mill.) — Cedronella, Mœnch.
Tribu IX. — Stachydées.
Étamines ascendantes, les inférieures plus
longues. Corollebilabiée. Calice non 13-nervé.
Akènes secs, presque lisses.
Melittis , L. — Physostegia, Benth. —
Macbridea , Eli. — Synandra , Nutt. —
Wiedemannia, Fisch. — Lamium, L. ( Or-
vala, L. — Galeobdolon, Huds. — Pollichiaf
Roth. — Erianthera, Benth.) — Leonurus,
L. (Cardiaca, Chaiturus etPanzeria, Mœnc.)
— Galeopsis, L. (Telrahit, Mœnch.) — Sta-
chys, L. (Belonica, L. — Zielenia, Gled. —
Eriostomum, Telrahitum et Triocago, Hoffm.
Link.) —Sphacele, Benth. (Phytoxys, Mol.)
— Cuminia, Coll. — Sideritis, L. (Hesiodia,
Bugsdorffla et Marrubiastrum , Mœnch. —
Empedoclea, Raf. non St-Hil. — Navicula-
ria y Fabr. ) — Marrubium, L. ( Lagopsts ,
Bung.) — Ballotdy L. (Beringeria, Neck.—
LAB
LAB
187
Pseudodictamnus , Mœnch.) — Lasiocorys ,
R. Br. — Roylea, Wall. — Otostegia, Benth.
— Leucast R. Br. — Leonotis, R. Br. — Phlo-
mis, L. (Phlomidopsis, Link. — Phlomoides,
Mœnch.) — Notochœte, Benth. — Eremosta-
chys, Bung. — Eriophyton , Benth. — Mo-
luccella, L. (Molucca, Tourn. — Chasmo-
nia, Presl.) — Lagochilus, Bung. — Hyme-
nocratcr, Fisch. Mey. — Holmskioldia, Retz.
(Hastingia, Sm. — Platunium, J.) — Achy-
rospermum , Bl. — Colquhounia, Wall.
Tribu X. — Prasiées.
Étamines ascendantes, les inférieures plus
longues. Corolle bilabiée. Akènes charnus.
Gomphostemma , Wall. — Phyllostegia ,
Benth. — Stenogyne, Benth. — Prasium, L.
Tribu XI. — Ajugoïdées.
Étamines ascendantes , longuement sail-
lantes hors de la lèvre supérieure, qui est
très courte , ou bifide et déclinée , ou bien
akènes à rides réticulées.
Amethystea, L. — Trichostemma , L. —
Teucrium, L. (Chamœdrys , Scorodonia,
Scordium et Polium, Mœnch. — Leucoscep-
trum , Sm.) — Ajuga, L. (Phleboanthe ,
Tausch. — Bugula et Chamœpitys, Tourn.)
— ? 4msomeJes , R. Br. — ? Craniotome ,
Reich. — Cy maria y Benth.
Genre d'une tribu incertaine : Hoslun-
dia, Vahl. (Ad. J.)
*LABILLARDIERA , Rœm. et Schult.
bot. ph. — Syn. de Billardiera, Smith.
LABLAE. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Papilionacées-Euphaséolées , éta-
bli par Adanson (Fam. II, 325). Herbes
de Tlnde. Voy. papilionacées.
*LABORDIA ( nom propre ). bot. ph. —
Genre de la famille des Loganiacées-Labor-
diées , établi par Gaudichaud (ad Freyci-
net, 449, t. 60). Arbrisseaux de Sandwich.
Voy. LOGAMACÉES.
*LABORDIÉES. Labordieœ. bot. ph.—
Tribu de la famille des Loganiacées. Voy.
ce mot. (Ad. J.)
♦LABOURDOX1XEIA, Boj. bot. ph —
Syn. de Mimusops . Linn.
*LABRADIA, Swed. bot. ph.— Syn. de
Mucuna, Adans.
LABRADOR et LABRADORITE. min.
— Espèce de Feldspath. Voy. ce mot.
LABRAX,Pall. poiss. — Syn. de Chirus,
Stell.
LABRE. Labrum. zool. — En mamma-
logie, on donne ce nom, d'après Illiger, à
la lèvre supérieure de la bouche des Mam-
mifères ; les entomologistes l'appliquent,
selon Savigny, à l'une des pièces de la bou- !
che des Insectes, et c'est aussi le nom sous!
lequel les conchyliologistes désignent \e\
bord externe des coquilles univalves. Voy.'.
MAMMIFÈRES , INSECTES et MOLLUSQUES.
LABRE. Labrus {labrum, lèvre), poiss.
— Genre important de la famille des Labroï-
des, établi par Artedi (Gen., XXVII, p. 33)
et adopté par MM. Guvier et Valenciennes
(Hist. des Poiss., XIII, p. 16), qui le carac-
térisent ainsi: Corps à forme ovale, élégante
et régulière. Lèvres épaisses et charnues ;
celles-ci sont comme doubles à la mâchoire
supérieure, parce que la peau des sous-or-
bitaires et des os du nez dépasse les bords
de ces pièces osseuses, et se prolonge en un
lambeau cutané, qui recouvre souvent la
lèvre, et va au-delà du museau quand la
bouche est fermée. L'opercule, le préoper-
cule, le sous-opercule sont écailleux; le
limbe du préopercule et l'interopercule sont
généralement nus dans les espèces de nos
côtes, ainsi que les sous-orbitaires et le de-
vant du front. II n'y a aucune dentelure
aux bords des pièces operculaires ; les dents
sont fortes, coniques, plus allongées auprès
de la symphyse; dans quelques espèces
étrangères, on en voit saillir une plus grande
de l'angle de la mâchoire supérieure, et dont
la pointe est dirigée en avant. Les rayons
épineux de la dorsale sont généralement plus
nombreux que les autres ; les épines anales
sont courtes et grosses ; un lambeau charnu
dépasse le plus souvent la pointe de chaque
rayon.
Les Labres sont des Poissons parés des
couleurs les plus belles et nuancées agréa-
blement; le jaune, le vert, le bleu, le rouge
y forment soit des taches, soit des bandes,
que rehaussent encore de brillants reflets
métalliques. Ils abondent dans la Méditer-
ranée et l'Océan, et se tiennent réunis, sans
former cependant de troupes nombreuses ,
sur les côtes rocheuses, où ils se nourrissent
de petits Coquillages, d'Oursins, de Crusta-
cés, dont ils brisent l'enveloppe par l'action
de leurs pharyngiens fortement dentés. Au
printemps, pour eux l'époque du frai, ils se
réfugient parmi lesFucusetles autres Algue*
188
LAB
marines, où leurs petits trouvent un abri
contre la violences des vagues.
La chair de ces Poissons , blanche et
ferme, est généralement recherchée comme
une nourriture saine et agréable.
Le genre Labre renferme 21 espèces ,
possédant toutes des couleurs très variées ,
et présentant dans quelques unes des dispo-
sitions particulières. Nous citerons parmi les
plus communes et les plus remarquables :
la Vieille commune ou Perroquet de mer, L.
lergylta. La couleur de ce Poisson est fort
agréablement variée ; il a le dos d'un beau
bleu à reflets verdâtres, qui lui donnent
une teinte d'aigue-marine brillante, s'affai-
clissant sur les côtés, et passant au blanc
nacré sous le ventre. Tout le corps est cou-
vert d'un réseau de mailles, de couleur
orangée ou aurore , brune sur le dos , rou-
geâtre sur la tête, vive sur le ventre et sur
les nageoires , qui sont bleues. Les pecto-
rales seules ont les rayons orangés. Les lè-
vres supérieures et l'intérieur de la bouche
sont d'un beau vert ; les inférieures et la
membrane branchiostège sont blanches.
On connaît deux ou trois variétés de cette
espèce, désignées sous les noms de Vieille
rouge , Vieille jaune et Vieille verte , selon
que leur corps présente plus généralement
h teinte rouge, ou jaune, ou verte.
Le nom de Perroquet de mer a été donné,
par les pêcheurs des côtes de Normandie et
de Bretagne, à la variété qui a sur le fond
vert un réseau de couleur orange ou de bri-
que étendu sur tout le corps.
La taille de ces Poissons varie de 35 à
50 centimètres. (J.)
*LABRELLA (diminutif de labrum , lè-
vre), bot. cr. — Genre de Champignons
rangé par Corda dans la famille des Phrag-
motrichis et caractérisé par un réceptacle
friable , charbonneux, petit, qui s'ouvre par
une fente longitudinale; les spores sont en
forme de massue ou fusiformcs, et suppor-
tées parles filaments d'un clinode renfermé
dans le réceptacle. Le Lab. punctum Cord.
peut très bien s'accommoder aux caractères
génériques, mais le Lab.rosanarum appar-
tient manifestement aux Thécosporés. J'ai
toujours trouvé stérile le Lab . ptarmicœ qui
a servi de type pour former le genre. (Licv.)
LABROIDES. Labroides. poiss. — Le
genre Labre comprenait autrefois, outre les
LAB
espèces qui lui sont propres, une assez
grande quantité d'autres Poissons, qui
avaient avec lui des rapports nombreux de
mœurs et d'organisation. Ces Poissons, étu-
diés avec un nouveau soin , ont présenté à
l'œil des observateurs des caractères spé- *
ciaux et tout-à-fait distincts des vrais La- '
bres, et forment actuellement avec ces der- »
niers une famille d'Acanthoptérygiens, éta- ?
blie par MM. Cuvier et Valenciennes (Hist. )
des Poiss. ,t. XIII) sous le nom de Labroides. i
Les Labroides se reconnaissent aux ca-
ractères suivants : Corps écailleux, à forme
oblongue; une seule dorsale, soutenue en
avant par des rayons épineux, garnie le
plus souvent d'un lambeau membraneux ;
mâchoires recouvertes par des lèvres char-
nues; palais lisse et sans dents; pharyn-
giens au nombre de trois , deux supérieurs
et un inférieur : tous trois armés de dents ,
tantôt en pavé, tantôt en lames ou en pointes;
un canal intestinal sans cœcums, et une
vessie natatoire.
Cette famille est nombreuse en belles es-
pèces de Poissons, réparties dans les genres :
Labre , Cossyphe , Crénilabre, Cténolabre ,
Acantholabre , Sublet, Cleptique, Lachno-
lème, Tautogue, Malacanthe, Cheilion, Ma-
laptère, Girelle, Anampse, Gomphose, Ra-
son , Novacule , Cheiline , Épibule , Scare,
Callyodon et Odax. (J.)
*LABYRINTHODON (XaSvptvGoç , laby-
rinthe; è^ovç, dent), rept. foss. — Genre de
Batraciens fossiles gigantesques établi par
M.Owen pour des ossements que l'on rencon-
tre dans le Tryas. Examinées au microscope,
les dents de ce genre présentent une structure
très compliquée, d'où a été tiré le nom qu'il
porte. En effet , la convergence vers la ca-
vité de la pulpe, de nombreux plis très in-
fléchis de la couche externe du cément, for-
ment un dédale de lignes inextricables.
Quelque chose d'approchant se rencontre
dans la racine des dents des Ichtbyosaures,
et mieux encore dans les dents de plusieurs
Poissons. La tête de ces Batraciens offre les
deux principaux caractères des Batracien»
actuels, c'est-à-dire un double condyle oc-
cipital, et deux grands vomers qui portent
ordinairement des dents ; mais le reste de
ses os tend à prendre un caractère crocodi-
lien, en sorte que ces premiers Batraciens
connus sont plus élevés que les Batraciens
LAB
LAC
189
actuels. Ils représentent dans cet ordre de
Reptiles, selon M. Owen, les Crocodiliens,
comme les Pipas représentent les Tortues ,
les Salamandres les Lacertiens, et les Céci-
lies les Poissons. M. Owen en compte déjà
5 espèces : Làbyr. salamandroides , trouvé
en Allemagne dans le Keuper; nous avons
déjà fait connaître cette espèce à l'article
Batraciens fossiles sous le nom de Sala-
mandroides Jœgeri, que M. Jaeger avait d'a-
bord nommée Sal. giganteus y puis Mastodon-
saurus salamandroides. — Labyr. leptogna-
thusf trouvé dans le nouveau grès rouge en
Angleterre près de Warwick, dont la face ex-
terne des os de la tête est creusée de fos-
settes comme dans les Crocodiles, et dont le
crâne ressemble à celui des Caïmans. —
Labyr. pachygnalhus , de la même localité
que le précédent, dont les os de la face sont
principalement formés sur le type crocodi-
lien, mais avec tendance vers le type batra-
cien pour l'intermaxillaire et le maxillaire
inférieur. — Labyr. scutulatus, trouvé dans
les carrières de nouveau grès rouge à Lea-
mington , dont le corps était couvert d'é-
cailles. M. Owen mentionne seulement la
5» espèce, qu'il nomme Labyrinthodon ven-
tricosus.
Les écailles dont étaient recouvertes la
4e espèce , et peut-être toutes les espèces ,
ne paraissent pas à M. Owen une raison
suffisante pour ne point admettre ces ani-
maux parmi nos Batraciens , quoique tous
ceux de cet ordre qui vivent actuellement
aient la peau nue , parce que , dit-il avec
raison , la peau est le siège de caractères
variables dans tous les animaux , et que ,
considérée seule, et sans avoir égard aux
modifications des systèmes osseux et den-
taire, elle peut induire en erreur les natu-
ralistes qui cherchent à classer une espèce
d'après ses affinités.
M. Owen pense que, comme nous l'avons
déjà annoncé à l'article Batraciens fossiles,
ce sont les Labyrinthodons qui ont laissé
ces empreintes de pieds que l'on remarque
dans le grès bigarré et dans le Keuper.
(L...D.)
* LABYRINTHIQUES. Labyrinlhicœ.
arach. — M. Walckenaër, dans son Hisl.
nat. des Ins. apt., emploie ce nom pour dé-
signer, dans le genre des Tegenaria, une fa-
mille dont la seule espèce qui la comnose a
les yeux latéraux des deux lignes rappro-
chés entre eux, les mâchoires ovalaires évi-
dées vers leur extrémité externe, les filières
tentacules allongées. VAgelena labyrinthica
est le seul représentant de cette famille.
Cette espèce se construit un cocon globu-
leux recouvert de détritus, de terre, de vé-
gétaux, de débris d'insectes, et de plusieurs
toiles extérieures. (H. L.)
LACARA , Spreng. bot ph. — Syn. de
Caulotretus, Rich.
LACCOPHILUS 0«xxoç, lac; s»U«,
j'aime), ins. — Genre de Coléoptères penta-
mères , famille des Hydrocanthares, tribu
des Dytiscides , établi par Leach et adopté
par MM. Dejean, Erichson, Aube, etc., etc.
Le nombre des espèces qu'on rapporte à ce
genre est d'environ 26 à 30. Elles habitent
les eaux douces de l'Amérique, de l'Europe,
de l'Asie et de l'Afrique. Nous citerons les
5 suivantes, comme appartenant à notre hé-
misphère: L. hyalinus De Géer, minutus
Linn., testaceus Aube, variegatus Germ.
et bicolor Lep.
Ces Insectes sontpetits, ovalaires, allongés,
aplatis ; leur écusson n'est pas visible en
dessus; le corps est comme vernissé et orné
de taches d'un blanc jaunâtre. (C.)
LACEPEDE A (nom propre), bot. ph.
— Genre de la famille des Hippocratéa-
cées?, établi par H. R. Kunth {in Humb. et
Bonpl. Nov.gen. et sp. IV, 142, t. 144).
Arbres du Mexique.
LACERTA. hept.—- Nom scientifique du
genre Lézard. Voy. ce mot.
LACERTjE, Spix. rept. — Voy. lacer-
tiens. (E. D.)
LACERTHXE et LACERTINA , Bona-
parte, rept. — Voy. LACERTIENS. (E. D.)
LACERTIENS. rept. -Famille de Sau-
riens créée par G. Cuvier (Règn. anim.) et
adoptée par tous les zoologistes. MM. Dumé-
ril et Bibron (Erp. gen.t V, 1839) donnent
aux Lacertiens les caractères suivants : Corps
arrondi, excessivementallongé, surtout dans
la région de la queue, qui atteint, dans
quelques espèces , jusqu'à quatre fois la
longueur du reste du tronc, lequel n'est ni
comprimé ni déprimé. Quatre pattes fortes,
à cinq ou quatre doigts très distincts, pres-
que arrondis ou légèrement comprimés, al-
longés, coniques, inégaux, tous armés d'on-
gles crochus. Tête en pyramide quadrangu-
190
LAC
Jaire, aplatie, rétrécie en avant, couverte
de plaques cornées, polygones, symétriques,
à tympan distinct, tendu soit à fleur de tête,
soit en dedans du trou de l'oreille ; yeux le
plus souvent à trois paupières mobiles;
bouche très fendue, garnie de grandes écail-
les labiales et de sous-maxillaires. Dents
inégales pour la forme et la longueur, in-
sérées sur le bord interne d'un sillon com-
mun , creusé»dans la portion saillante des
os maxillaires ; celles du palais variables.
Langue libre, charnue, plate, mince, plus
ou moins extensible , mais dont la base se
loge quelquefois dans un fourreau ; à pa-
pilles comme écailleuses, arrondies ou angu-
leuses; toujours échancrée à la pointe, ou
divisée en deux parties. Queue conique,
très longue, arrondie le plus souvent dans
toute sa longueur, à écailles distribuées
par anneaux réguliers. Peau écailleuse ,
sans crêtes saillantes, à écailles du dos va-
riables; le cou sans goitres ou sans fanon,
mais le plus souvent marqué d'un ou
plusieurs plis transversaux, garnis de tuber-
cules, de granulations ou d'écaillés grandes,
de formes variables, simulant alors une
sorte de collier; le dessou sdu ventre pro-
tégé par des plaques constamment plus
grandes, rectangulaires ou arrondies; le
plus souvent des pores dans la longueur
des cuisses et vers leur bord interne.
Beaucoup de naturalistes se sont occupés
du groupe des Lacertiens, et l'on sait que
le genre principal de cette grande famille,
celui des Lézards , était connu dans l'anti-
quité la plus reculée. Parmi les zoolo-
gistes qui se sont occupés de ces Reptiles ,
nous ne citerons que Linné , Laurenti ,
Lacépède, Oppel, MM. Merrem , Gray, Fit-
zinger, Cuvier, Wagler, Wiegmann, et sur-
tout MM. Duméril etBibron, qui ont admis
dix-neuf genres, savoir : Crocodilurus , Tho-
ricte , Neustiguros , Aporomerus , Salvator
(Sauvegarde), Ameiva, Cnemidophorus, Di-
crodontus, Acrantus, Centropyx, Tachydro-
mus , Tropidosaurus , Lacerta (Lézard),
Psammodrormis, Ophiops, Calosaurus, Acan-
thodactylus, Scapteirus et Eremia. Ces gen-
res sont distribués dans deux subdivisions
particulières : celles des Autosaures (ou
Lacertiens ) pleodontes , et celle des Auto-
saures cœlodontes.
Nous devrions dire quelques mots ici de
LAC
Tanatomie des Lacertiens, et parler surtout
de leurs mœurs ; mais nous croyons plus
convenable de traiter ce sujet à l'article lé-
zard {voy. ce mot) de ce Dictionnaire.
Relativement à la distribution géogra-
phique des Reptiles qui nous occupent, nous
dirons que tous les Pleodontes sont propres
au Nouveau -Monde , tandis que les Cœlo-
dontes appartiennent, sans exception , aux
anciens continents; car aucun vrai Lacer-
tien n'a jusqu'ici été rapporté ni de la
Nouvelle-Hollande ni de la Polynésie.
(E. D.)
*LACERTIFORMES. rept. — M. Pic-
tet ( Traité de Paléont. 11,1845) indique
sous ce nom une famille de Sauriens fossi-
les. (E. D.)
LACERTINI, Oppel. rept.— Voy. la-
certiens. (E. D.)
LACERTINIDjE , Gray. rept. — Voy.
lacertiens. (E. D.)
LACERTOIDES, Fitzinger. rept. —
Voy. LACERTIENS. (E. D.)
*LACHANODES. bot. ph.— Genre de la
famille des Composées-Sénécionidées, établi
par De Candolle {Prodr., VI, 442). Arbre
de l'île Sainte-Hélène. Voy. composées.
LACHEl\ALIA(nom propre), bot. ph. —
GenredelafamilledesLiliacécs-Hyacinthées,
établi par Jacquin {le. rar.y t. 381-404).
Herbes du Cap. Voy. liliacées.
*LACHESILLA (nom mythologique). ins.
— Genre de l'ordre des Orthoptères, tribu
des Forficuliens , établi par Westwood
(Mod. fos. ins) et réuni par M. Blanchard
(Hist. des Ins.) aux Forfîcules proprement
dites. Voy. forficuliens.
LACHESIS(nom mythologique), rept.
— Daudin ( Reptiles, V) l'a appliqué à un
petit groupe d'Ophidiens formé aux dépens
du grand genre Vipère. Voy. cemot. (E.D.)
*LACIIESIS (nom mythologique ). arach.
— Ce genre, qui appartient à l'ordre des Ara-
néides et à la tribu des Araignées, a été établi
parSavigny, etainsi caractérisé par M. Walc-
kenaër: Yeux huit, presque égaux entre eux,
les deux lignes très courbées en avant, les la-
téraux antérieurs beaucoup plus rapprochés
des mandibules que les intermédiaires de la
même ligne; lèvre allongée, ovalaire, ar-
rondie à son extrémité ; mâchoires courtes,
inclinées sur la lèvre, très dilatées à leur
base très évidées à leur extrémité externe,
LAC
et se terminant en pointe cunéiforme ; man-
dibules dont l'onglet est articulé en dehors
et dont la pointe est saillante et contournée
en bas ; pattes fortes , propres à la course,
la quatrième paire est la plus allongée. On
ne connaît qu'une seule espèce dans ce genre
africain , c'est la Lachésis perverse, Lache-
sisperversa Sw. Elle a pour patrie les envi-
rons du Caire. (H. L.)
*LACHÎV7iEA (>axvvjEcç, couvert de du-
Tet). ins. — Genre de Coléoptères subpen-
tamères, famille des ïubifères (Cycliques),
• tribu des Clythraires (Chrysomélines de
Latreille), établi par nous et adopté par
M. Dejean dans son Catalogue, où 12 es-
pèces se trouvent mentionnées : 9 provien-
nent d'Europe et 3 d'Afrique. Nous rap-
portons à ce genre les Chrys. variolosa
Lin., Clyt. longipes, bipunctata, hirta F.,
paradoxa, cerealis 01., etc., etc. Presque
toutes ont le corps cylindrique. Les élytres
sont de la largeur à peu près du corselet,
d'un jaune rougeâtre , avec 2 ou 3 points
noirs ou bleus. La tête et surtout les
mandibules sont moins développées que
chez les autres Clythraires; tarses fort
longs et élargis. (C.)
LACU\.EA ().axvvΣtç, laineux).B0T. ph. —
Genre de la famille des Daphnoidées , éta-
bli par Linné (Gen., n° 490). Arbrisseaux
du Cap. Voy. daphnoidées.
LACHNAGROSTIS, Trin. bot. ph. —
Syn. de Pentapogon, R. Br.
*LACHNANTHES ( XaXv»>, laine ; «vGoç,
fleur), bot. ph. — Genre de la famille des
Hœmodoracées, établi par Elliott (Carol.,
I, 47). Herbes de l'Amérique boréale. Voy.
B.EHODORACÉES.
LACHNEA. bot. CR. — Voy. lachnum.
*LACUNEUS (*axvv5£tç, poilu).— ins. Genre
de Coléoptères tétramères, famille des Cur-
culionidesgonatocères, établi parSchœnherr
{Disp. meth., p. 59) avec une espèce du Cau-
case, lel. crinitus, qu'il a fait entrer depuis
dans le genre Larinus. (C.)
*LACHNIA ()«xvv»> duvet), ins. — Genre
de Coléoptères subpentamères , famille des
Longicornes, tribu des Lamiaires, créé par
Serville (Annal, de la soc. entom. de Fr., t.
IV, p. 63) pour une seule espèce, lai. sub-
cincta, qu'il suppose être originaire de
Cayenne. (C.)
♦LACHNOLÈME. Lachnolaimus Qkpm,
LAC
191
laine; >«fiôç, gorge), poiss. — Genre de Pois-
sons acanthoptérygiens , de la famille des
Labroïdes, établi par MM. Cuvier et Valen-
ciennes {Hist. des Poiss., t. XIII, p. 274).
« Ces Poissons ressemblent aux Labres pro-
prement dits, par leurs lèvres, par l'ensemble
de leurs formes, par la membrane qui des-
cend de leurs sous-orbitaires, par les écailles
de leurs joues , et les lanières de leur dor-
sale; mais on les distingue aisément aux
prolongements flexibles de leurs premiers
aiguillons dorsaux ; à leur ligne latérale pa-
rallèle au dos non interrompue ; à leurs
dents antérieures fortes, crochues, portées
en avant et suivies d'une série de petites
dents égales. Un caractère plus profond con-
siste dans leurs pharyngiens, qui, au lieu
d'être armés sur leur totalité, comme dans
les Labres, de dents en forme de pavés, n'en
ont que sur une petite étendue et sont cou-
verts sur le reste de leur surface d'une
membrane veloutée. »
On connaît cinq espèces de ce genre ; leurs
teintes générales sont rouges, et presque
toutes ont une tache noire sur la base de la
dorsale à son bord postérieur.
La principale espèce est le Lachnolème
aigrette, L. aigula Cuv. et Val., nommé
vulgairement Aigrette aux Antilles, où il
vit. Il passe pour un excellent Poisson, dont
la chair est blanche comme du lait et d'un
goût délicieux.
LACHNOPHORUS (U'xvyj, duvet; 90'poç,
qui porte), ins.— Genre de Coléoptères pen-
tamères , famille des Carabiques , tribu des
Subulipalpes, établi par Dejean (Species gé-
néral des Coléoptères, t. V, p. 28). 10 espè-
ces , toutes d'Amérique , rentrent dans ce
genre. Les types sont les L. pubescens, ru-
gosus et pilosus (Esch.) de Dejean. Les
Lachnophorus sont petits, ornés de cou-
leurs assez vives et couverts de longs poils ;
leur tête est forte, et le corselet se rétrécit
vers la base. (C)
*LACHNOPODIUM 0«xw>, duvet; «ovç,
wooo'ç, pied), bot. ph. — Genre de la famille
des Mélastomacées-Osbeckiées , établi par
Blume (in FL, 1831, p. 477). Arbrisseaux
de l'Inde. Voy. mélastomacées.
LACHNOPUS (*«xvïîeiç, cotonneux; woûç,
pied), ins. — Genre de Coléoptères tétramè-
res, famille des Curculionides gonatocères,
division des Bracbydérides, établi par Scbœn-
192
LAC
LAC
herr (Synon. gen. etsp. Curculion., t. VI,
part. 1, p. 380), et que l'auteur avait dési-
gné précédemment sous le nom de Plilopus,
qu'il a dû abandonner comme ayant été
employé avant lui pour un genre de Diptè-
res. Sur les 27 espèces décrites et qui toutes
sont originaires des Antilles, nous citerons
les suivantes: L. aurifer, valgus F., chiro-
graphus, luxurians et proteus 01.
Le corps de ces Insectes est un ovale al-
longé ; les pattes, et surtout les postérieures,
chez le mâle, sont couvertes en dedans d'une
villosité très épaisse; le corps est revêtu
d'écaillés de couleurs métalliques souvent
très brillantes. (G.)
LACMYOSPERMUM ( >âXw) , duvet ;
ffttrp/Aa, graine), bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Composées-Sénécionidées, établi
par Willdenow (Sp., 111,1787). Arbris-
seaux du Cap. Voy. composées.
*LACÏINOSTERNA 0'Xv/j, duvet; an'p-
vov, sternum), ins. — Genre de Coléoptères
pentamères, famille des Lamellicornes, tribu
des Scarabéides phyllophages, proposé par
M. Hope (Coleopterist's Manual, 1837, p.
100), et qui a pour types les Melolontha
quercicola et hirlicola Knoch, rentrant dans
les genres Ancylonycha de Dejean, Holotri-
chiadQ Kirby et ,4f/iitad'Erichson.
Ce genre est composé de plus de 60 espè-
ces américaines. Il est caractérisé par des
crochets de tarses doubles ; la paire interne
est isolée. (C.)
LACHNOSTOMA (U'Xv^', duvet; <rr0>a,
bouche), bot. ph. — Genre de la famille des
Asclépiadées-Cynanchées, établi par Kunth
{in Humb. elBonpl., Nov. et gen. et «p., III,
198, t. 232). Sous-arbrisseau de l'Améri-
que tropicale. Voy. asclépiadées.
LACHNUM, F.; LACHNEA, Pers. (îi^-
xvvj, duvet), bot. cr. — Division des Pézizes,
qui embrasse les espèces dont la cupule est
recouverte de poils plus ou moins ténus.
Voy, pézize.
Retz (FI. scand. prov., p. 328) a désigné,
sous le nom de Lachnum agaricinum, le Pe-
ziza virginica. (LÉv.)
LACINIA. moll. — Humphrey , dans le
Muséum calonnianum, a donné ce nom à un
groupe de coquilles bivalves qui correspond
exactement au g. Chama, tel que Lamarck
Ta réduit. Plus tard, l'auteur de ce g., dans
un exemplaire corrigé de sa main , et que
nous possédons, a changé ce nom contre ce-
lui de Gryphus : ni l'un ni l'autre n'ont été
adoptés. Voy. came. (Desb.)
LACINIE et LACINIIJRE. Lacinia. bot.
— On nomme ainsi toute découpure irré-
gulière, étroite et profonde que présentent
certaines parties d'une plante. On donne
le nom de lacinié à tous les organes floraux
quiofTrentces découpures. Ainsi les feuilles,
les pétales , les stipules sont souvent laci-
niés.
*LACINULAIRE. Lacinularia (lacinula,
lanière), systol. — Genre établi par Schweig-
ger pour un Systolide voisin des Tubicolaires
et des Mélicertes. Les Lacinulaires forment
des groupes blanchâtres, arrondis , larges de
3 à 4 millim., réunis par une masse gélati-
neuse commune. Le corps est en massue ou en
entonnoir à bord très large, échancré d'un
côté; il se termine par un pédoncule très long,
contractile, engagé dans la masse gélati-
neuse. La longueur totale estdeOmm,75ou 3/4
de millimètre ; on conçoit donc que les Laci-
nulaires , déjà visibles isolément à l'œil nu,
ont dû être vues par tous les anciens obser-
vateurs, quand elles forment des masses glo-
buleuses flottant dans les eaux en tour-
noyant ou fixées sur les herbes aquatiques,
et comparées alors par Muller à des nids de
petites Araignées. Roesel et Ledermuller en
ont donné des figures; Linné les nomma
Hydra socialis et H. stentorea; Pallas en fit
un Brachionus ; c'étaient des Vorticelles
pour Mûller. M. Bory de Saint-Vincent
les plaça dans ses genres Synanthérine,
Stentorine et Megalotroche. M. Ehren-
berg adopta ce dernier nom d'abord ;
mais plus tard il a voulu nommer La-
cinularia les individus engagés dans une
masse gélatineuse , et conserver le nom
de Megalotrocha pour ceux qui sont isolés
ou libres, mais cette distinction nous
paraît sans importance ; car les individus
d'une même espèce continuent à vivre iso-
lés après s'être développés dans une masse
commune. Les Lacinulaires montrent bien
leur appareil mandibulaire , situé au fond
de l'entonnoir terminal , près de l'échan-
crure du bord. Elles ont dans leur jeune
âge deux points rouges oculiformes qu'on
aperçoit déjà dans l'œuf, mais qui dispa-
raissent plus tard, lorsque précisément l'a-
nimal , nageant ou se mouvant isolément,
LAC
LAC
193
aurait besoin d'être pourvu d'yeux. On
trouve fréquemment les Lacinulaires dans
les rivières dont le cours est peu rapide, entre
les Potamogetons et les Cératophy lies. (Duj.)
LACIS (Aaxi'5, déchirure), bot. ph.— Genre
de la famille des Podostemmées, établi par
Lindley (/nfrod.edif., 11, p. 442). Herbesdu
Brésil. Voy. podostemmées. — Schreb., syn.
de Mourera, Aubl.
LACISTEMA (W$, déchirure; axTîaa,
couronne), bot. th. — Genre de la famille des
Lacistémacées, établi par Swartz (Flor. Ind.
occid., II, t. 21 ). Arbres ou arbrisseaux de
l'Amérique tropicale. Voy. lacistémacées.
*LACISTÉMACÉES, LACISTÉMÉES.
Lacislemaceœ , Lacislemeœ. bot., ph. —
Petite famille de plantes dicotylédonées
apétales, dont les affinités ne sont pas en-
core bien déterminées, et dont les fleurs ,
disposées en chatons , consistent en autant
d'écaillés portant chacune un cercle de la-
nières, qui ressemblent à un calice; un filet
court, situé en dedans et divisé en deux
branches qui portent chacune une anthère
uniloculaire, s'ouvrant transversalement et
en haut ; un ovaire surmonté d'un ou deux
styles soudés ou distincts et courts , d'au-
tant de stigmates, et partagé par des cloi-
sons complètes ou incomplètes en autant
de loges dont chacune offre plusieurs ovules
suspendus à un placenta pariétal. Il devient
une capsule qui se sépare en autant de val-
ves presque charnues, portant chacune vers
le milieu son placenta, du sommet duquel
pendent une ou plusieurs graines, qui, sous
un test crustacé environné d'un arille, et
dans l'axe d'un périsperme charnu, présen-
tent un embryon à cotylédons plats, à radi-
cule cylindrique et supère. Doit-on considé-
rer l'appareil staminal comme une étamine
unique et biloculaire, ou bien encore comme
une fleur mâle située près de la femelle dans
un involucre commun? Quoi qu'il en soit,
les espèces de ce petit groupe sont des arbres
ou arbrisseaux habitants de l'Amérique tro-
picale, à feuilles alternes, simples, coriaces
et toujours vertes, accompagnées de sti-
pules caduques. Elles appartiennent toutes
au genre Lacislema, Sw. (Nematospermum,
Rich.), duquel on doit rapprocher le Syn-
zygantheratR. Pav. (Didymandra, W.),
si même il ne convient de les confondre en
un seul. (Au. J.)
t. vu.
LACMA, Tiedemann. mam.— Foy. cha-
meau.
*LACON ( nom mythologique), ins. —
Genre de Coléoptères pentamères, famille
des Sternoxes , tribu des Élatérides , créé
par Erichson (Archiv. fur Nalurg., 1842,
p. 136, 26), et qui ne renferme qu'une es-
pèce indigène de la Nouvelle-Hollande, le
L. humilis de l'auteur. (C.)
*LACPATÏCA ( ^oarrocTî'w , frapper du
pied), ins. — Genre de Coléoptères subpenta-
nières, famille des Cycliques, tribu des Al-
ticites, créé par nous et adopté par M. De-
jean, qui, dans son Catalogue, en mentionne
2 espèces: L. quadrala (maculata? F.) et
biviUala Dej. (G.)
LACRYMAIRE. Lacrymaria ( lacryma,
larme), infus. — Genre d'Infusoires ciliés,
rangés dans la famille des Paraméciens ,
quoique leur bouche ne soit pas suffisam-
ment distincte. Ils sont caractérisés par
leur forme , qui rappelle celle des petites fio-
les funéraires nommées lacrymatoires dans
l'antiquité : aussi M. Bory de Saint-
Vincent leur avait-il donné ce nom. Leur
corps est rond ou pyriforme, très contrac-
tile et variable, revêtu d'un tégument ré-
ticulé, et prolongé en manière de cou plus
ou moins long, quelquefois renflé à l'ex-
trémité, où se trouve une rangée de cils
vibratiles indiquant l'emplacement de la
bouche. Leur forme si singulière les a fait
remarquer par tous les micrographes. O.-F.
Mûller en a fait des Trichodes quand il
leur a vu des cils vibratiles, et dans le cas
contraire , il les a rangés parmi ses Vi-
brions ; Schrank en a fait des Trachelius ,
M. Bory de Saint- Vincent en a placé quel-
ques uns dans son genre Amibe , et des
autres , il a fait des Lacrymatoires et des
Phialines. Enfin M. Ehrenberg, admettant
que la plupart de ces Infusoires ont le corps
non cilié, les a classés, d'après la position
d'une bouche et d'un anus hypothétiques,
dans le genre Lacrymaria de sa famille des
Enchéliens , ou dans le genre Phialina de
sa famille des Trachéliens, ou enfin dans le
genre Ophryocerca , type de sa famille des
Ophryocerques. Les Lacrymaires se trou-
vent dans les eaux douces ou marines, en-
tre les plantes aquatiques, mais non dans
les infusions artificielles. La Lacrymaire-
Cygne, dont le corps est long de 1 1 /100e5 de
25
194
LAC
millimètre, avecun cou de 30 à40/100es de
millimètre, vit dans l'eau des marais,
parmi les Lemna ou Lentilles d'eau : c'est
le Proteus de Baker, le Brachionus proteus
de Pallas, le Vibrio proteus et le Vibrioolor
de Mûller, le Trachelius arihing a de Schrank,
les Amïba olor, Phialina cygnus et Lacry-
maria olor de M. Bory. ( Duj.)
♦LACRYMAL ( appareil ) ( lacryma ,
larme), anat. — On donne ce nom à l'en-
semble des organes qui ont pour fonctions
de sécréter les larmes, de les répandre sur
l'œil et de les transporter dans les cavités
nasales. Ces organes sont , chez l'Homme :
les glandes lacrymales, situées à la partie
supérieure, antérieure et externe de l'or-
bite ; les points lacrymaux, supérieur et
inférieur, placés à chaque paupière vers
l'angle externe de l'œil ; ce sont les ori-
fices, toujours béants, des deux conduits
lacrymaux qui vont , après s'être réunis ,
s'aboucher dans le sac lacrymal; enfin le
canal lacrymal on nasal, prolongement du
sac lacrymal, et qui vient s'ouvrir dans le
méat inférieur des fosses nasales. Dans
l'angle interne de l'œil se trouve logée la
caroncule lacrymale, amas de follicules
muqueux , dont les usages ne sont point
encore parfaitement définis.
Chez les Mammifères, la disposition de
l'appareil lacrymal diffère peu de ce que
l'on observe chez l'Homme; il faut toute-
fois en excepter les animaux à très petits
yeux , comme les Taupes , chez lesquelles
les organes lacrymaux semblent ne point
exister, et les Cétacés qui en sont complè-
tement dépourvus , le milieu dans lequel
ils vivent rendant l'appareil lacrymal par-
faitement inutile.
Chez les Oiseaux, l'appareil lacrymal
commence à s'éloigner du type humain ,
pour s'en éloigner encore davantage chez
les Reptiles, et disparaître enfin chez les
Poissons , ainsi que chez tous les animaux
inférieurs. (A- D)
LACRYMATOHUB. infus.— Foy. lacry-
MAIRE.
♦LACTAIRE. Lactarius (lactarius, quia
dulait). poiss.— Genre de Poissons acanthop-
térygiens,de la famille des Scombéroïdes,éta-
bli par MM. Cuvier et Yalenciennes {Hist.
des Poiss., t. IX, p. 237). Les Lactaires ont
des dents en velours ras aux deux mâchoires
LÀC
et aux palatins, comme les Sérioles, dont ils
ont été retranchés. De plus, la mâchoire su-
périeure porte, à l'extrémité antérieure,deux
ou quatre crochets longs, arqués et pointus.
L'inférieure n'a qu'une seule rangée de pe-
tites dents fines, aiguës, un peu crochues et
serrées l'une contre l'autre.On y trouve sou-
vent un ou deux crochets. Il y a un petit
groupe de dents fines et petites sur le chevron
du vomer, et une bande fort étroite sur le
bord interne de chaque palatin. Ils man-
quent d'épines libres au-devant de l'anale.
On ne connaît encore qu'une seule espèce
de ce genre, le Lactaire délicat, L. delica-
tulus Cuv. et Val., appelé par les colons de
Pondichéry Pêche-Lait, à cause de l'excessive
délicatesse de sa chair. Ce Poisson est ar-
genté avec une teinte verdâtre sur le dos;
sa caudale a un liseré noirâtre, et une pe-
tite tache noire se remarque à l'échancrure
de l'opercule. Sa taille est d'environ 24 à
25 centimètres. On le pêche pendant toute
l'année dans la rade de Pondichéry. (J.)
LACTARIUS, LACTÏFLUUS {laclus,
lait), bot. cr.— Division du genre Agaricus
(voy. ce mot) dont le professeur Fries a
cru devoir former un genre. (Lév.)
LACTESCENT. Lactescens. bot. — On
donne ce nom aux plantes qui renferment
un suc laiteux (ex. : Lactuca virosa) .
LACTIQUE (acide) (tac, lait), chim. —
Syn. : Acide nancéique (Braconnot), Acide
zumique (Thomson). Découvert par Scheele
dans le petit-lait, puis regardé comme
de l'Acide acétique modifié par une matière
organique , l'Acide lactique ne fut complè-
tement déterminé que par Berzélius, qui en
démontra le premier la véritable nature.
L'Acide lactique est un Acide bien dis-
tinct, à propriétés bien tranchées, qui,
d'après les travaux récents de MM. Boutron
et Frémy, se forme toutes les fois que des
matières organiques azotées , soit végétales,
soit animales, se trouvent modifiées par le
contact de l'air, de manière à éprouver une
sorte de fermentation qui , en raison du li-
quide dans lequel on l'observe le plus ordi-
nairement , a reçu le nom de fermentation
lactique. L'Oxygène n'intervient donc que
comme moyen de transformation de la ma-
tière azotée en ferment, et le caséum{voy)
lait) est le corps le plus propre à subir ce
changement. La substance qui doit fournir
LAC
LAC
195
l'Acide lactique peut être une des matières
végétales neutres ayant la même composi-
tion que l'Acide, et en particulier le sucre
de canne, le sucre de raisin, la dextrine,
le sucre de lait (voy. lait). Or, comme ces
corps ont la même composition que l'Acide
lactiquelui-même,ou n'en diffèrentque parce
qu'ils contiennent un peu plus ou un peu
moins d'eau, il est évident que la fermen-
tation lactique ne consiste qu'en un simple
changement moléculaire, accompagné, sui-
vant le cas, d'une perte ou d'une fixation
d'eau.
L'Acide lactique se retire le plus souvent
du lait aigre, où il se forme aux dépens du
«ucre de lait. Bien préparé et concentré
dans le vide jusqu'à ce qu'il n'y perde plus
d'eau , il est incolore , de consistance siru-
peuse, sans odeur, d'une saveur acide,
mordante, qui diminue promptement par
l'addition de l'eau dans laquelle il se
dissout en toutes proportions. Sa densité à
+ 20% 5 = 1,215.
Chauffé avec précaution, l'Acide lactique
se sublime partiellement en une masse blan-
che, concrète, d'Acide anhydre; la portion
qui échappe à la sublimation se décompose.
à la manière des matières végétales.
L'Acide lactique forme avec les bases, des
sels neutres, tous solubles et la plupart
in cristallisa blés.
Suivant MM. Gay-Lussac et Pelouze,
l'Acide concret anhydre aurait pour formule
C12H8 O4. Dans les Lactates, il retiendrait
2 atomes d'eau; sa formule serait alors
G12 H8 O4 -j- H2 0 ; et il serait isomérique
avec le sucre de canne. Enfin , à l'état siru-
peux, il renfermerait 4 atomes d'eau
et aurait pour formule G12 H8 O4 -f H4 O2.
Combiné avec le Fer à l'état d'oxyde,
l'Acide lactique a reçu , dans ces derniers
temps, quelques applications thérapeuti-
ques- (A. D.)
LACTUCA. bot. ph. — Voy. laitue.
*LACLT1VA (lacuna, fosse), moll.— Genre
proposé par M. Turton , en 1828 , dans le
tom. III du Zoological Journal, pour un petit
nombre de Coquilles qui, avant cette épo-
que, étaient disséminées dans plusieurs
genres auxquels elles ne sauraient apparte-
nir. Les unes, en effet, sont rangées par
Montagu, soit dans son genre Turbo, soit
parmi les Hélices. D'autres étaient rangées
parmi les Nérites, et quelques unes, enfin,
plus allongées, étaient confondues parmi les
Rissoa. Cependant toutes ces Coquilles,
malgré la diversité de leurs formes ,
se réunissent par quelques caractères com-
muns, dont M. Turton a senti la valeur:
aussi, depuis la création du genre, il a été
adopté par le plus grand nombre des con-
chyliologistes. Ce genre est caractérisé de
la manière suivante: Animal ayant le corps
allongé, tourné en spirale, rampant sur un
pied ovalaire, élargi en arrière; tête allon-
gée, proboscidiforme , terminée par une
bouche longitudinale, gaixie de lèvres épais-
ses, et contenant à l'intérieur une langue
cornée, filiforme, tournée en spirale et hé-
rissée de petits crochets; deux tentacules
contractiles, coniques, portant en dehors et
à leur base un pédicule court, tronqué, ter-
miné par l'organe de la vision.
Coquille mince, spirale, conoïde ou sub-
globuleuse, couverte d'un épiderme lisse,
ayant l'ouverture entière ovale, obronde et
à bords disjoints supérieurement; columelle
aplatie, ombiliquée et présentant un sillon
longitudinal, tombant à la partie supérieure
de l'ombilic; opercule corné, paucispiré.
Le petit genre Lacuna est intéressant
et mérite un moment de fixer l'attention.
D'après les caractères que nous venons d'ex-
poser, il est évident que, par son animal, il
se rapproche beaucoup de celui des Littori-
nes. En effet, dans les LUtorines, la tête est
proboscidiforme ; elle porte deux grands ten-
tacules coniques, à la base desquels les yeux
sont presque sessiîes, tandis que, dans ies
Lacuna, ces organes sont portés sur des
pédicules courts. Quant à l'opercule, il pa-
raît avoir la plus grande ressemblance dans
ies deux genres, tant par sa nature que par
ses caractères extérieurs. Les Coquilles sont
généralement petites; plusieurs sont minces
et assez fragiles ; elles n'ont point une forme
constante, car on connaît des espèces à spire
élancée, subturriculée, et d'autres à spire très
courte et subglobuleuse. Ces deux extrémités
de la série se rattachent entre elles par des
modifications dans lesquelles on voit la spire
s'élever graduellement, et les Coquilles pas-
ser ainsi de la forme globuleuse à la forme
subturriculée. Les espèces allongées se rat-
tachent incontestablement aux LUtorines,
tandis que les espèces globuleuses pourraient
196
l#:m
IjEM
être confondues dans le genre Natice, et il y
en a quelques unes qui se rapprochent sin-
gulièrement des Néritines. Toutes ces Co-
quilles sont caractérisées par une ouverture
ovale, semi-lunaire, entière, dont le bord
droit, mince et tranchant, tombe obliquement
sur l'axe longitudinal. La columelle est assez
large et assez épaisse , légèrement arquée
dans sa longueur, présentant, comme dans
les Natices , une surface presque plane ou
creusée en sillon, que l'on voit pénétrer
dans un ombilic étroit et profond, dépourvu
de callosités. Toutes ces Coquilles sont épi-
dermécs, et cet épiderme est lisse, corné et
assez épais vers le bord droit.
On ne connaît encore qu'un petit nombre
d'espèces de ce genre. Presque toutes sont des
mers d'Europe et de l'Océan du Nord. Nous
en connaissons quelques unes fossiles, pro-
venant des terrains tertiaires. (Desh.)
LACUNES, bot. — Voy. tissu cellu-
laire.
LACUSTRES. Lacustres, zool., bot. — >
On donne ce nom aux animaux et aux plan-
tes qui vivent dans les lacs ou sur leurs
bords.
LADANUM. chim. — Voy. labdanum.
*LADAS. moll. — M. Cantraine, dans la
lrc livraison de sa Malacologie méditerra-
néenne et littorale, a proposé ce g. pour un
petit Mollusque ptéropode, connu déjà de-
puis longtemps sous le nom d' Atlanta Kerau-
àrenii. Il est à présumer que M. Cantraine
renoncera à ce g. en présence des beaux tra-
vaux de M. Souleyet sur le g. Atlante, tra-
vaux par lesquels il est bien constaté que
l'animal du g. Ladas ne diffère pas généri-
quementde celui des autres Atlantes. Voy.
ce mot. (Desh.)
*LJELIA, Steph. ins.— Syn. iïOrgya,
Boisd.
LjELIA. bot. ph. — Voy. lélia.
*LJSMA]\CTUS (Xoufwç, gorge; Zyx<a ,
j'étrangle), rept. —Division des Stellions,
d'après M.Wiegmann (Herp. Mexic, 1834).
(E. D.)
■ *LJÎH1ARGUE. Lœmargus (Wu«Py0; ,
glouton), crust. — Genre de l'ordre des Si-
phonostomes,deIa familledesPeltocéphales,
tribu des Pandariens, établi par M. Kroyer.
Chez cette petite coupe générique , la
carapace est bombée sans régions distinctes
et confondue pour ainsi dire avec le premier
anneau thoracique. Le second et le troisième
anneau sont au contraire distincts; ils sont
courts et étroits ; le pénultième anneau
est plus grand et porte en dessus un large
bouclier dorsal élytroïde, qui couvre une
grande partie de l'anneau suivant; ce der-
nier est très développé. Chez le mâle, il est
complètement bilobé; chez la femelle, il
se continue en arrière avec deux grandes
lames élytroïdes, qui cachent toute la por-
tion interne. L'abdomen est court et étroit,
chez le mâle; très grand, ovalaire et bilobé,
chez la femelle. Les pattes sont toutes bi-
ramées. Enfin, les tubes ovifères sont mul-
tiples , reployés en forme d'anse , et cachés
entre l'abdomen et le dernier bouclier tho-
racique. La seule espèce connue est le L^mar-
gue muriqué , Lœmargus muricatus Kroyer.
Cette espèce semble se plaire sur les môles.
(H. L.)
L.4EMIPODES. Lœmipoda. crust.— Voy.
LJEMODirODES. (H. L.)
L.EMODIPODES. Lœmodipoda. crust.
— Cet ordre, qui est le quatrième de la
classe des Crustacés, a été établi par Latreillc
pour recevoir un petit nombre de Crustacés
confondus jusqu'alors avec les Isopodes, mais
qui se rapprochent réellement davantage des
Amphipodes et qui se distinguent des uns
et des autres par l'état rudimentaire de
toute la portion abdominale, laquelle est
représentée seulement par un tubercule a
peine visible. Le corps des animaux qui
composent cet ordre, est cylindrique ou dé-
primé; il se compose d'une tête très petite,
suivie de six anneaux thoraciques distincts
et d'un tubercule abdominal plus ou moins
obscurément divisé en deux ou trois segments.
Les antennes sont au nombre de quatre et
ne présentent rien de particulier. La bouche
est garnie d'un labre à peu près circulaire,
d'une paire de mâchoires fortement dentées
et dépourvues de tiges palpiformes , de deux
paires de mâchoires lamelleuses et d'une
paire de pattes -mâchoires pourvues de gran-
des branches palpiformes, mais dont la con-
formation varie du reste. Les anneaux tho-
raciques ne recouvrent qu'à peine l'insertion
des pattes et ne présentent pas de pièces épi-
mériennes distinctes. Le nombre des pattes
varie : tantôt on en compte sept paires, tan-
tôt cinq paires seulement, et, dans ce der-
nier cas, ce sont en général celles des troi-
LtEM
LAF
197
ième et quatrième paires qui manquent,
ou ne sont représentées que par un tubercule
donnant insertion à des appendices lamel-
leux ou vésiculeux. Les pattes de la première
paire, fixées en général à la tête, et celles de
la seconde paire, fixées au premier segment
du thorax, se terminent par une main sub-
chéliforme; les suivantes sont aussi armées
d'une griffe flexible, et sont plus ou moins
préhensiles. Des vésicules branchiales , ana-
logues à celles des Amphipodes, naissent du
second et du troisième anneau thoracique,
quelquefois aussi du premier; mais on n'en
voit aucun vestige aux trois derniers segments.
Chez la femelle, il existe aussi, au second et
au troisième anneau , des fouets lamelleux ,
qui, en se réunissant, constituent une poche
ovifère. Enfin, l'abdomen, caché entre la
hase des pattes postérieures, est à peine visi-
ble, mais porte néanmoins à sa face infé-
rieure des appendices rudimentaires.
Cet ordre, peu nombreux en espèces, est
divise par Latreille en deux familles natu-
relles indiquées sous les noms de Lœmodipodes
filiformes ou Caprelliens , et Lœmodipodes
ovalaires ou Cyaniens. Voy. ces mots. (H. L.)
LŒMODIPODES FILIFORMES.iœmo-
dipoda filiforma. crust. — Voy. caprelliens.
LŒMODIPODES OVALAIRES. Lœmo-
dipodaovalia. crust. — Voy. cyaniens. (H. L.)
*L.4EMOFIILOElJS ( >«taoç , qui mange
avec voracité; 9À010; , écorce). ras. — Genre
de Coléoptères tétramères, famille des Xy-
lophages , tribu des Cucujites , formé, par
Dejean, qui, dans son Catalogue, en énu-
mère 15 espèces : 10 appartiennent à
l'Europe, 4 à l'Amérique, et 1 à l'Afri-
que. On doit y comprendre les Cucujus
monilis, muticus, teslaceus de Fab., et bi-
maculatus de Gyll. (C.)
*LAEMOSACCUS (Wto?, gorge; <y«x-
xoç , sac). Ins. — Genre de Coléoptères té-
tramères , famille des Curculionides gona-
tocères , division des Apostasimérides cho-
lides, établi par Schœnherr {Dispos, meth.j
p. 50; Synonym. gen. et sp. Curculion. ,
tom. III, t. 625; VIII, 68), qui y rapporte
10 espèces : 8 sont originaires d'Amérique,
1 appartient à l'Australie, et 1 à la Nou-
Telle-Guinée. (C.)
♦L.EMOSTEKUS, Bonelli. ras.— Syn. de
Ctcmpus, Lat., et Pristonychus, Dcj. Voy.
ces mots. <£.)
*LjENA (Wva, enveloppe). ins. — Genre de
Coléoptères hétéromères, famille des Méla-
somes, tribu des Hélopiens pour Latreille,
des Piméliaires pour Dejean , proposé par
Mégerle, et adopté par Dahl et Dejean, dans
leurs Catalogues respectifs. Ce genre n'est
composé que de 2 espèces : VHelops pime-
lia de Fab. , et de la L. pubella (pulchella
Fischer) Ziegler. La première habite l'Au-
triche, la seconde la Russie méridionale.
(C.)
LAENNECIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Composées -Asté-
roïdées, établi par Cassini (in Dict. se. nat.f
XXV, 91). Herbes de l'Amérique tropicale.
Voy. composées.
*LAERTES (nom mythologique), ins.—
Genre de Coléoptères subpentamères , fa-
mille des Cycliques, tribu des Colaspides
( Chrysomélines de Lat. ), proposé par De-
jean, dans son Catalogue, pour une espèce
de Cayenne , nommée par l'auteur C. tes-
taceus. (C.)
L-ETlA. bot. ph. — Genre de la famille
des Bixacées-Prockiées, établi parLœffling
(/£., 252). Arbustes de l'Amérique tropi-
cale. Voy. BIXACÉES.
*L/EVICARDIUM {lœvis, lisse; cardium,
bucarde). moll. — Ce g., proposé par
M. Swainson pour celles des espèces de Bu-
cardes dénuées de côtes à l'extérieur, et dont
la surface reste lisse, n'est point admissible.
Voy. BUCARDE. (DESH.)
L./EVIPÈDES. ins. — Voy. lkyipèdes.
LAFOEE. Lafœa (nom propre), polyp. —
Genre proposé par Lamouroux pour un Po-
lypier flexible de l'ordre des Cellariés ,
trouvé sur le banc de Terre-Neuve. Il est
formé de petites tiges minces comme un
crin , fistuleuses , cylindriques , rameuses ,
portant des cellules éparses , allongées en
forme de cornet à bouquin. C'est le Lafœ>*
cornuta , que M. de Blainville a placé dans
son genre Unicellaire. Voy. ce mot. (Duj.)
LAFOEIVSIA ( nom propre), bot. ph. —
Genre delà famille des Lythrariées-Lagers-
trœmiées , établi par Vandelli {ex Rœrner
script. 112, t. 7, f. 13). Arbres ou arbris-
seaux de l'Amérique tropicale. Voy. lythra-
RIÉES.
*LAFLENTEA (nom propre), bot. rn.—
Genre établi par Lagasca, et placé avec
doute par Endlicher {Gen. pi. , p. 695,
19;
LAG
LAG
ii. 4022) à la fin des Scrophularinées. Sous-
arbrisseaux de l'Espagne.
LAGANE. Lagana (X*yocvoc, des beignets,
des gâteaux), échin. — Ce genre, établi par
M. Gray aux dépens des Clypéastres, avait
été indiqué par Leske sous le nom à'Echi-
nodiscus. M. de Blainville le caractérise
ainsi : « Corps déprimé, circulaire ou ovale,
un peu convexe en dessus , concave en des-
sous , à disque et bords bien entiers , com-
posé de plaques peu distinctes , et couvert
d'épines semblables et éparses. Cinq ambu-
lacres réguliers, pétaloïdes, ayant les pores de
chaque côté réunis par un- sillon. Bouche
médiane enfoncée avec sillons convergents,
et pourvue de dents. Anus inférieur, situé
entre la bouche et le bord. Cinq pores gé-
nitaux. » Ce genre, totalement différent
de celui que M. de Blainville nomme Echi-
nodiscus (voy. ce mot) ou Placentule, com-
prend 4 espèces , dont la plus connue est
le Clypéastre beignet (Clypeaster laganum)
deLamarck, qui est une Scutelle pour M. Des-
moulins. Cette espèce est orbiculaire, ainsi
qu'une deuxième, la Sculella orbicularis de
Lamarck ; une troisième est ovale , et la
dernière, L. decagona, est polygonale.
(Dm.)
LAGAR. moll. — Nom donné par Adan-
son (Voyage au Sénégal) à une espèce de
Nérite, la Nerita promonterii Gmel. Voy.
NÉR1TK. (DfiSH.)
*LAGARIWTHUS(XayaPôç, grêle). bot.ph.
— Genre de la famille des Asclépiadées-Cy-
nanchées , établi par E. Meyer ( Comment.
plant. Afr. austr. , 202 ). Herbes ou sous-
arbrisseaux du Cap. Voy. asclépiàdées.
*LAGARUS (/«yapoç , grêle, mince), ms.
— Genre de Coléoptères pentamères, fa-
mille des Carabiques, tribu des Féroniens,
formé par M. de Chaudoir ( Tableau d'une
nouvelle subdivision du genre Feronia, p. 10,
17), et qui a pour type les Argulor ver-
nalis Fab. et cursor Dej. La première
est répandue par toute l'Europe, et la
deuxième n'a été trouvée que dans la France
méridionale. (C.)
LAGASCA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Composées-Verno-
niacées, établi par Kunth {in Humb. et
Bonpl. Nov. yen. et sp. , IV, 24). Herbes
ou sous-arbrisseaux de l'Amérique tropi-
cale. On en connaît sept espècis, réparties
en deux sections, nommées par Cavaniîles
Lagasca et Nocca.
LAGENA (lagena, bouteille), moll. —
Mauvais g. proposé par Klein, dans son Ten-
tamen ostracologiœ, pour un certain nombre
de Buccins , dont il compare la forme à
celle d'une bouteille. (Desii.)
*LAGENARIA {lagena , bouteille), bot.
ph. — Genre de la famille de Cucurbitacées-
Cucurbitées , établi par Seringe ( in Mem.
Soc. hist. nat. Genev., III, 29, t. 2). Her-
bes annuelles indigènes des régions chaudes
de l'Asie et de l'Afrique. Voy. cucurbitacées.
*LAGE]\ELLE. Lagenella {lagena, bou-
teille), infus. — Genre proposé en 1832 par
M. Ehrenberg pour un Infusoire de la fa-
mille des Cryptomonadines , et que nous
laissons dans le genre Cryplomonas , dont
il ne diffère que par un prolongement en
forme de goulot à l'extrémité antérieure de
son enveloppe membraneuse, ovoïde. Les
Lagenelles sont vertes , longues de 2 à 3
centièmes de- millimètre , munies d'un
point rouge oculiforme et d'un filament fla-
gelliforme locomoteur. Elles se trouvent
dans les eaux stagnantes entre les herbes
aquatiques, et non dans les Infusions.
(Duj.)
*LAGEWÏAS (Xaynvtov, petite bouteille).
bot. pu. — Genre de la famille des Gentia-
nacées-Gentianées , établi par E. Meyer
{Comment, plant. Afr. austr., 186 ). Herbes
du Cap; Voy. gentianacées.
LAGEMFERA, Cass. bot. ph. — Syn.
de Lagenophora, Cass.
*EAGEMUM, Brid. bot. cr— Syn. de
Pohlia, Hedw.
*LAGENOCARPUS ptaywos, bouteille ;
xapitoç , fruit ). bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Éricacées - Éricées , établi par
Klotsch (in Linnœa, XII, 214). Arbrisseaux
du Cap. Voy. éricacées.
*LAGEKODERUS (Xèywos , bouteille ;
Stipâf cou), ins. — Genre de Coléoptères
tétramères , famille des Curculionides or-
thocères, division des Attélabides, créé par
M. AdamWhite {Newman the entomologiste
tom. I, pag. 183, pi. 1, f. 9), avec une es-
pèce de Madagascar, L. gnomoides. (C.)
LAGEKOPHORA (ldrwcq, bouteille;
yopoç , qui porte ). bot. ph. — Genre de la
famille des Composées -Astéroïdées , établi
par Cassini (in Bullet. Soc. philom., 1818*
LVG
LAG
19<>
p. 34). Herbes vivaces de la Nouvelle-Hol-
lande et de l'Amérique antarctique. Voy.
COMPOSÉES.
LAGERSTRQEMIE . La#crstrœrma (nom
propre), bot. ph. — Genre de la famille des
Lythrariées-Lagerstrcemiées, établi par Linné
(Gcn., n" 667), et présentant pour caractè-
res : Calice persistant, bibractéolé, à tube
turbiné -campanule; limbe à 6 divisions
égales. Corolle à 6 pétales insérés au som-
met du tube du calice, alternes avec les di-
visions de ce dernier, oblongs, brièvement
onguiculés, égaux. Étamines 18 à 30, in-
sérées sur le fond du calice, presque égales,
ou les 6 extérieures plus longues ; filaments
filiformes ; anthères introrses , biloculaires,
oblongues , longitudinalement déhiscentes.
Ovaire libre , sessile , 3-6-loculaire. Style
exsert, simple; stigmate capité. Le fruit est
une capsule enveloppée par le calice, à 3
ou 6 loges , dont chacune a 3 ou 6 valves.
Semences nombreuses , oblongues, compri-
mées, horizontales, ailées.
Les Lagerstrœmies sont des arbres ou des
arbrisseaux de l'Asie tropicale , à rameaux
tétragones, à feuilles opposées ou alternes
au sommet, très entières ; à fleurs pourpres
ou blanches , bibractéolées , les bractéoles
tombant de bonne heure : elles sont dispo-
sées en panicule ou en grappe terminale.
Ce genre renferme 7 espèces, réparties
par De Candolle {Prodr., III, 93) en 3 sec-
tions, nommées :
Sibia : Calice non sillonné ni plissé;
6 étamines plus longues et plus épaisses
que les autres. La Lagerstrqemie de l'Inde,
L. Indica Linn. , type de cette section , est
un arbrisseau haut de 2 mètres environ, à
feuilles ovales-aiguës , glabres; ses fleurs,
d'un rouge éclatant, à pétales longuement
onguiculés, forment une superbe panicule.
2J Munchausia: Calice non sillonné ni
plissé; étamines presque égales entre elles.
La Lagerstrqemie munchause , L. speciosa
Pers., est le type de cette section; elle pré-
sente des feuilles ovales, glabres des deux
côtés; ses fleurs, d'un pourpre bleuâtre, à
pétales horizontaux longuement onguiculés,
sont disposées en une panicule terminale.
3° Adarnbea : Calice longitudinalement
Sillonné et plissé. Cette dernière section
renferme 3 espèces, dont la principale est
la Lagerstrokmie de la reine , L. reginœ
Roxb. , à feuilles oblongues , glabres ; ses
fleurs , à pétales arrondis , brièvement on-
guiculés, sont d'un rose pâle, et disposées
en panicule terminale.
Ces différentes espèces développent leurs
belles fleurs depuis le milieu d'août jus-
qu'en septembre et même octobre. Elles
sont fort recherchées par les horticulteurs
comme plantes d'ornement. (J.)
*LAGERSTRŒMIÉES. Lagerstrœmieœ.
bot. ph.— Tribu de la famille des Lythra-
riées, ainsi nommée du genre Lagerstrœmia,
l'un de ceux qu'elle comprend. (Ad. J.)
EAGET. Lagetta. bot, ph. — Genre de la
famille des Daphnoïdées, établi par Jussieu
( Gen. , 77 ), et présentant pour caractères
essentiels : Fleurs hermaphrodites ou dioï-
ques. Calice coloré, tubuleux, à limbe 4-fide.
Étamines 8, incluses, attachées au tube du
calice. Ovaire uniloculaire. Style terminal ;
stigmate capité, subbilobé. Le fruit est un
drupe à une ou trois coques, indéhiscent,
et recouvert par le calice.
Les Lagetta , originaires de l'Amérique
tropicale, sont des arbres ou des arbris-
seaux très rameux , à feuilles opposées ou
alternes, très entières; à fleurs terminales
disposées en épis ou en grappes.
Parmi les diverses espèces de ce genre ,
nous citerons le Laget- dentelle , nommé
vulgairement Bois - dentelle aux Antilles.
C'est un arbrisseau haut de 4 à 6 mètres ;
son bois est compacte , jaunâtre , avec une
moelle d'un brun pâle. Les couches corti-
cales, assez nombreuses , se détachent aisé-
ment les unes des autres, et forment un
réseau clair, blanc et fort, qui l'a fait com-
parer à de la dentelle. Cette sorte de tissu
sert aux habitants des Antilles à confection-
ner des manchettes, des fichus, etc., et même
des nattes et des cordes. (J.)
*LAGIDIUHI(Àayt<îtoy, petit Lièvre), mam.
— M. Meyen (Act. nat. Cur.f XVI, 1833)
a créé sous le nom de Lagidium un genre
de Rongeurs, assez voisin du groupe des
Chinchilla, et dont il sera parlé à l'article
viscacue. La seule espèce qui entre dans ce
groupe a reçu le nom de L. peruanum
Moyen (loco cit. et pi. XLI). (E. D.)
*LAGOCHEmUS (Àaywç , lièvre; xe'lPt
main), ms. — Genre de Coléoptères subpen-
tamères, famille des Longicornes, tribu des
Lamiaires , proposé par Dcjean, dans sou
2C0
LAG
LAG
Catalogue , pour le Cerambyx araneiformis
de Linné, espèce qui se rencontre dans pres-
que toute l'Amérique méridionale. (C.)
*LAGOCHILE (W»5, lièvre; xeÎAeç, lè-
vre). Ins. — Genre de Coléoptères pentamè-
res, famille des Lamellicornes xylophiles,créé
par Wiedmann (Zoologisches magasin,! 81 7,
tom. I, pag. 14). L'auteur lui donne pour
type la Celonia trigona de Fab., espèce ori-
ginaire de Cayenne. (C.)
*LAGOCMLUS (>«y«î, lièvre; xtttoç, lè-
vre), bot. ph. — Genre de la famille des La-
biées-Stachydées, établi par Bunge (ex Benth.
Labiat. 641 ). Herbes de l'Asie centrale.
Voy. LABIÉES.
LAGQECIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Ombellifères-Smyr-
nées , établi par Linné (Gen. n. 285). Her-
bes des régions méditerranéennes. Voy. om-
BELLIFÈRES.
LAGOMYS (^aywç, lièvre; h-Sç, rat), mam.
— Groupe de Rongeurs, séparé du genre
Lièvre par Pallas, qui leur avait donné le
nom de Lepores ecaudati, et dont G. Cuvier
(Tabl. élém. du R. anim., 1797) a fait un
genre distinct.
Les Lagomysontlesoreilles petites, le trou
sous-orbitaire simple, les clavicules presque
complètes, etlaqueuenulle.Lesillonde leurs
grandes incisives supérieures est beaucoup
plus prononcé que chez les Lièvres, de sorte
que chacune d'elles paraît double ; les mo-
laires ne sont qu'au nombre de cinq de
chaque côté et à chaque mâchoire, la dent
postérieure des Lièvres venant à manquer;
la dernière molaire inférieure n'a sa cou-
ronne formée que d'une seule surface el-
liptique, sans aucun sillon.
Tous les Lagomys se trouvent en Sibérie ;
nous citerons principalement :
Le Pika , Lepus alpinus Pallas , Lago-
mys alpinus Desm., qui est d'un roux
jaunâtre, avec quelques longs poils noirs,
et dont la taille ne dépasse pas 15 cen-
timètres. Cette espèce vit en Sibérie, dans
les montagnes escarpées, et habite les ro-
ches les plus inaccessibles, au milieu des
bois. Les Pikas se creusent des terriers;
ils se rassemblent des provisions en été, et
les cachent dans les fentes des rochers ;
pour faire ce travail, ils se réunissent , dit-
on , en petites troupes.
L'Ogoton, Lepus ogolona Pal., Lagomys
ogotona Desm., qui est d'un gris pâle, avec
les pieds jaunâtres et le dessous du corps
blanc. Plus grand que le précédent , il ne
se trouve pas dans les mêmes régions;
on le rencontre particulièrement au-delà du
lac Baïkal , dans la Mangolie et dans les
montagnes pierreuses de la Sélanga. Cette
espèce ne sort guère que le soir ; elle se
nourrit d'écorce d'Aubépine et de Bouleau,
et surtout d'une espèce de plante du genre
Véronique ; elle fait des provisions comme
le Pika.
Enfin une dernière espèce est le Sulgan,
Lepus pusillusî* ail., Lagomy s pusillus Desm.,
qui est plus petit que les précédents, dont
le pelage est mêlé de gris et de brun, avec
les pattes jaunes ; il a les mêmes mœurs, et
se rencontre sur la lisière des bois de la Si-
bérie.
G. Cuvier a signalé (Oss. foss., t. IV) des
débris de Lagomys fossiles , qui ont été
trouvés dans les brèches osseuses de Corse
et de Sardaigne. (E. D.)
LAGONYCHHJM Q.«y<*ç , lièvre; ôvwÇ,
vX°s> ongle), bot. ph. — Genre de la famille
des Mimosées-Parkiées , établi par Biebers-
lein (Suppl. 288). Sous-arbrisseaux du Cau-
case et de la Sénégambie. Voy. mimosées.
LAGOPÈDE. Lagopus (>ayw;, lièvre;
nous, pied: pieds semblables à ceux du Lièvre),
ois.— Genre de la famille des Tétras (Tétrao-
nidées), dans l'ordre des Gallinacés. Carac-
tères : Bec robuste, court, convexe en des-
sus, voûté; narines oblongues, cachées sous
les plumes du front; pouce court, ne por-
tant à terre que sur l'ongle, et surtout tar-
ses et doigts entièrement recouverts de
plumes, ce qui donne aux pieds de ces oi-
seaux une apparence de similitude avec
ceux du Lièvre.
Les Lagopèdes doivent , sous plusieurs
rapports, être distingués génériquement ,
ainsi qu'ont cru devoir le faire Brisson ,
Vieillot et quelques autres naturalistes; car
ils présentent des caractères qui sont étran-
gers aux autres espèces de la famille des
Tétras.
Leur histoire naturelle mérite d'autant
plus de fixer notre attention que ces oiseaux
font partie de l'ornithologie européenne;
leurs mœurs, d'ailleurs, ne laissent pas
que d'offrir un certain intérêt.
Les régions glaciales de l'Europe, de
LAG
LAG
201
e et de l'Amérique , les cimes des mon-
trées inaccessibles et couvertes de neiges
sodï les lieux où la nature a confiné les La-
os; s'ils les abandonnent, ce n'est
is que momentanément et dans un cas
rême urgence : c'est lorsque les neiges,
ies trop abondantes, recouvrent, en
.''accumulant, les végétaux dont ils se nour-
»t; alors seulement ils descendent du
haut des monts pour chercher leur nourri-
ture dans les endroits où une exposition fa-
vorable maintient la végétation. Il est très
rare que dans ces déplacements, occasion-
ar le besoin , ils descendent jusque
<:ans les plaines. D'ailleurs ils ont tant d'a-
pour leurs montagnes qu'ils se hâtent
ner lorsque le motif qui les leur
fait abandonner cesse d'exister: ils
' oquentent les haliiers, les buissons
et ics bosquets de bouleaux et de saules.
neige paraît être pour les Lagopèdes
ce que l'eau est pour les Palmipèdes. L'hi-
ver, ils la trouvent dans les régions moyen-
où ils descendent; par les beaux jours
n'été, ils vont la chercher sur les monts
nui en sont couronnés. Peu sensibles au
froid , parce qu'ils sont pourvus , durant
l'hiver, d'un duvet très épais qui recouvre
immédiatement leur corps (duvetqui tombe
a mesure que la chaleur s'accroît), les
Lagopèdes se roulent dans la neige. Ils
s'y creusent même , gu moyen de leurs
pieds, des trous où ils se mettent à l'abri
<-u vent, qu'ils redoutent fort, et des pluies
de neige. Ces trous sont encore pour eux
des gîtes pour la nuit.
Ainsi que tous les oiseaux du même or-
dre, les Lagopèdes aiment la société de leurs
semblables. Ils vivent en familles et demeu-
rent réunis par troupes plus ou moins nom-
breuses depuis le mois de septembre jus-
qu'en avril ou mai. A cette époque, des
affections d'une autre nature , celles que
fait naître le besoin de se reproduire, dé-
terminent la dissolution des familles; les
couples se reconstituent et se forment, s'é-
cartent les uns des autres et se cantonnent.
Un creux circulaire d'environ 20centimètres
de diamètre, pratiqué au bas d'un rocher,
au pied d'un arbuste , est tout ce qui con-
stitue le nid des Lagopèdes. Les femelles
ur ponte dans le courant de
juin. Le nombre d'oeufs varie selon I
T. vu.
pèces : il est ordinairement de six à dix.
Pendant tout le temps de l'incubation, (es
mâles veillent auprès des femelles. Ils rôdent
sans cesse en caquetant autour du nid, ap-
portent même de la nourriture aux cou-
veuses ; mais ils ne les remplacent point dans
leur pénible fonction. Celles-ci couvent avec
tant d'assiduité, qu'on a pu quelquefois les
prendre à la main, sans qu'elles songeassent
à s'échapper. Le terme de l'incubation est
environ de vingt jours. Les jeunes naissent
couverts d'un duvet brun, noir et jaunâtre;
ils quittent le nid après leur éclosion, et
suivent leurs père et mère, qui les défendent
avec beaucoup de courage contre tout en-
nemi qui les approche. L'accroissement des
jeunes Lagopèdes est prompt. Ce rapide ac-
croissement était nécessaire à des oiseaux
destinés à vivre dans des régions où le froid se
fait sentir avec violence de très bonne heure.
Les Lagopèdes mâles ont un cri fort, rau~
que, qu'ils font entendre le matin, le soir,
et quelquefois durant la nuit, surtout à l'é-
poque des amours ; celui des femelles, béai: -
coup plus faible, ressemble au caquetagede
nos jeunes Poules. Comme les Perdrix, les
Lagopèdes se recherchent ; comme elles
aussi, ils ont un vol lourd, et courent ave •
une grande rapidité ; comme elles enfin, ils
cherchent leur nourriture à de certains mo-
ments de la journée : le matin , au lever du
soleil, et le soir, une heure ou deux avant
son coucher. Toutes les espèces ont à peu
près le même régime. Elles mangent des
baies, des bourgeons et des feuilles de di-
verses plantes et arbustes , des Lichens et
même des Insectes. La plupart d'entre elles
ont un goût prononcé pour les jeunes pousses
de Saules et de Bouleaux nains.
Le caractère des Lagopèdes les porte à
l'indépendance; ils ne peuvent s'accoutu-
mer à la servitude; ceux que l'on cherche
à élever périssent bientôt d'ennui.
Après les oiseaux de proie , tels que les
Faucons et les Aigles qui, dit-on , en dé-
truisent beaucoup , l'ennemi que les Lago-
pèdes ont le plus à redouter est l'homme.
Leur chair , celle des jeunes surtout , est
fort recherchée. Ces oiseaux passent pour
un gibier délicat et savoureux, aussi leur
fait-on une chasse assidue. L'e père qu: est
dans les trois royaumes unis de la Grandi •
Bretagne nous est expédiée l'hiver par noa
26
202
LAG
LAG
voisins d'outre-Manche , et celle de nos Al-
pes et de nos Pyrénées arrive annuellement
sur nos marchés, pendant la même saison,
en nombre assez grand. Mille moyens sont
employés pour détruire les Lagopèdes; mais
le plus usité est le collet ou lacet. Les Groën-
, landais, les Tyroliens et les Grisons font
usage de ces moyens pour les attraper.
L'âge et la saison apportent de très grands
changements dans les couleurs du plumage
des Lagopèdes. A l'exception de celui
d'Ecosse, qui paraît, quoi qu'en ait dit
M. Temminck , conserver à toutes les sai-
sons sa robe d'été, tous pendant l'hiver
prennent un plumage blanc (1). Cette par-
ticularité est, l'on peut dire, caractéristique
du g. Lagopède. Ces oiseaux sont les seuls
dans la famille des Tétras dont la livrée d'hi-
ver diffère de celle d'été. Ces différences
ont produit de grandes erreurs en ornitho-
logie : l'espèce de nos Alpes a été présentée
sous presque autant de noms qu'elle prend
de plumages divers.
Pendant longtemps on n'a connu que trois
espèces de Lagopèdes habitant l'Europe.
Des recherches plus étendues ont conduit
à la découverte de deux autres , de sorte
qu'aujourd'hui ce g. se trouve composé des
cinq espèces suivantes.
1. Le Lagopède ptarmigan, Lag. mulus
Rich., Tetrao lagopus Lin. (Buff., pi. enl.,
120 et 494).— Plumage d'été fauve, maillé et
verrniculé de noir. — Plumage d'hiver d'un
blanc pur avec un trait noir sur les yeux.
— Habite les Alpes suisses, les Pyrénées où
il est commun , quelques contrées du nord
de l'Europe et de l'Amérique.
2. Le Lagopède hyperboré , Lag. Islando-
rum Fabr. — Comme le précédent, sous
le rapport des livrées d'été et d'hiver, mais
en différant par un bec plus fort, par un
trait sur l'œil plus large et plus long, et par
une bande noire à la base de la queue, qui
estcomposéedelSpennes.— Habite l'Islande
où il est très commun.
(ij Montaigne, dans son chapitre de la Force de l'Imagi-
nation (I.I, ch. xx), attribue la couleur blanche que prend
le plumage des Lagopèdes, durant l'hiver, à l'impression que
fait sur eux la neige. Il est probable que la cause de ce
phénomène est toute physique, et diffère par conséquent de
celle que lui donne Montaigne. En effet, si elle n'est pas
«ne conséquence de l'organisation particulière de ces oi-
seaux , il faudrait expliquer pourquoi d'autres animaux qui,
comme eux, vivent dans les neiges, conservent cependant
eurs couleurs lorsque Us Lagopède» les perdent.
3. Le Lagopède des saules, Lag. Saliceli
Richards. (Gould Birds of Eur., part. 12). —
Plumage d'été blanc en dessous, roux ta-
cheté de blanc en dessus. — Plumage d'hiver
entièrement blanc, sans trait sur l'œil. — Ha-
bite le nord des deux continents, principa-
lement en Europe , la Suède , la Hongrie et
le Groenland.
4. Le Lagopède a doigts courts, Lag.
brachydactylus Temm. ( Gould Birds of
Europ., part. 20). — On ne connaît cette
espèce que sous son plumage d'hiver. Elle
se distingue du Saliceti par les tiges des
pennes des ailes, qui sont d'un blanc pur,
et par ses doigts plus courts. — Habite la
Russie septentrionale.
Pour Pallas , la couleur blanche des
tuyaux des rémiges serait un attribut de
certains mâles très vieux du Saliceti, et
M. Schlegel dit avoir constaté que certains
individus de cette dernière espèce avaient
des doigts aussi courts que le Brachydactylus.
5. Le Lagopède rouge ou d'Ecosse, Lag.
Scoticus Vieill. (Gai. des Ois., pi. 22).
— Cette espèce porte l'hiver comme l'été les
mêmes couleurs. Elle est d'un roux foncé,
verrniculé de fauve et de noir profond. Les
plumes qui recouvrent ses doigts et ses tar-
ses sont blanchâtres. —Habite uniquement les
trois royaumes unis de la Grande-Bretagne.
M. Kaup a détaché cette dernière espèce du
genre Lagopus pour en faire, sous le nom
d'Orms,le type d'une section-générique dis-
tincte. .
Le Lagopède des rochers , Lag. rupestris
Gould, connu seulement d'après un individu
tue en Angleterre, ne serait, d'après Richard-
son et Schlegel , qu'un double emploi du
Lagopède ptarmigan. (Z. G.)
*LAGOPEZUS (XayeSs, lièvre; ««Ç», plante
du pied), ins. — Genre de Coléoptères té-
tramères , famille des Curculionides ortho-
cères, division des Anthribides, proposé par
Dejean et adopté par Schœnherr (Synon.
gcn. et sp. Curculion., t. V, p. I, p. 1S9).
Deux espèces font partie de ce genre : les
L lenuicornis F., hirtipes Dej. La lre est ori-
ginaire de Cayenne , la 2e du Brésil. (C.)
LAGOPUS. ois. — Nom latin du genre
Lagopède. (Z. G.)
*LAGORCHESTES ( X«y«« , lièvre ; SP-
yyiaTYJ;, sauteur), mam. — M. Gould (Man.
Macropod., 1, 18-41 ) désigne sous cette dé-
i.ag
LAG
203
nomination un groupe de Mammifères de
la division des Marsupiaux. (E. D.)
LAGOSERIS (Àayw;, lièvre ; oioiç, espèce
de plante), bot. ph. — Genre de la famille des
Composées-Cichoracées , établi parBiebers-
tein {Flor. 111,538). Herbes croissant dans
l'Europe australe, dans les contrées voisi-
nes de l'Asie et de la Méditerranée, et sur
le Caucase.
Les espèces de ce genre ont été réparties
en deux sections nommées Pterotheca ,
Cass. , et Trichocrep /s,Visian. Voy. composées.
LAGOSTERNA (>ayuç, lièvre; errepvov,
sternum), ins. — Genre de Coléoptères
pentamères, famille des Lamellicornes, tribu
des Scarabéides phyllophages, formé par
Dejean dans son Catalogue, avec une espèce
du cap de Bonne-Espérance que l'auteur
nomme L. flavofasciata. (C.)
LAGOSTOME. Lagostoma[\«yuç, lièvre;
cTi';;.o(, bouche), crust. — Genre de l'ordre
des Décapodes, famille des Cyclométopes,
tribu des Cancériens , établi par M. Milne-
Edwards sur un petit Crustacé dont le bord
antérieur du troisième article des pattes-
mâchoires externes présente une échancrure
large et profonde vers son milieu. La
carapace est un peu ovoïde et bombée
dans tous les sens; le front est incliné,
avec les bords latéro-antérieurs très cour-
bés en arrière. L'article basilaire des an-
tennes externes est remarquablement sail-
lant , et l'article basilaire des antennes ex-
ternes n'arrive pas tout-à-fait jusqu'au front.
Les pattes antérieures sonteomprimées, iné-
gales, avec leurs pinces creusées au milieu;
les pattes suivantes sont courtes et épineu-
ses en dessus. La seule espèce connue dans
ce genre est le Lagostome perlé , Lagosloma
perlala Edw. Cette espèce se rencontre
dans l'océan Atlantique et quelquefois aussi
sur les côtes de la Bretagne. (H. L.)
♦LAGOSTOML'S ().«yoîç, lièvre; cto^,
bouche), mam. — M. Brook (Linn. trans.,
XVI, 1829) a désigné sous ce nom un
groupe de Rongeurs voisin des Chinchilla.
Vvy. chinchilla et viscache. (E. D.)
LAGOSTOMUS. ins.— Voy. dermatodes.
♦LAGOTHAMNUS , Nutt. bot. pu.—
Syn. de Tetradymia, DC.
LAGOTHRIX (>a-/oîç, lièvre ; 0pîÇ, queue),
mam.— M. E. Gcoffroy-Saint-Hilaire(7aM.
Quadrup. in Ann. Mus.y XIX , 1812) a
créé sous le nom de Lagolhrix un çenre de
Quadrumanes de la division des Singes pla-
tyrrhinins; genre qui a été généralement
adopté. Chez les Lagotbrix, les membres
ne sont pas très développés, et les mains
antérieures sont pentadactyles; les doigts
sont de longueur moyenne, le second
d'entre eux , ou l'indicateur, est même
court; les ongles des mains antérieures sont
un peu comprimés ; ceux des mains posté-
rieures sont encore plus comprimés. Chez
ces Singes, la tête est arrondie; l'angle fa-
cial est de 50 degrés. Leur pelage est doux
au toucher, fin et presque laineux.
Les Lagothrix habitent les forêts de l'A-
mérique méridionale. Ils vivent par ban-
des nombreuses, paraissent d'un naturel
assez doux, et se tiennent le plus souvent
sur leurs pieds de derrière. Ces animaux
font entendre un cri particulier qui ressem-
ble à un claquement, et qui leur a valu le
nom de Gastrimargus, Spix.
L'espèce la mieux connue de ce genre est
le Lagothrix HumboldlUE. Geofl'r., (lococit.)
Simia lagothrida Humb. Il est haut de près
d'un mètre ; son pelage est gris , les poils
étant blancs, avec l'extrémité noire. Le
poil de la poitrine est le plus long , et celui
de la tête le plus court. La queue est plus
longue que le corps. Cette espèce habite les
bords du Rio-Guaviare, etprobablement elle
se trouve aussi à l'embouchure de l'Orénoque.
Deux autres espèces de ce groupe qui
sont moins connues sont les Lagothrix
canus E. Geoffroy, et Gastrimargus infu-
wtatwsSpix. (E. D.)
*JLAGOTIS Oaywç, lièvre; oZc, ùxoç,
oreille), mam. — Genre de Rongeurs, créé par
M. Bennett (Proc. zool. Soc. Land., 1833).
et assez voisin des Chinchilla et des Vis-
caches. Voy. ces mots. (E. D.)
LAGOTIS , Gœrtn. bot. ph. — Syn. de
Gymnandra, Pall.
LAGRIA. ins.— Genre de Coléoptères hé-
téromères, famille des Trachélides, tribu
des Lagriaires, créé par Fabricius (Synonyn.
Ent., I, p. 124, sp. ins.,l, p. 159)etadopté
par Olivier, Latreille, Dejean, etc. Unecin
quantaine d'espèces rentrent dans ce genre
et sont réparties sur tous les points du globe.
Fous citerons principalement les Chry
hirta , pubescens de Linné, L. lata, tomen-
tosa , villosa, obscur a de Fab. et glabraia
204
LAG
LAI
01. Les deux premières et la dernière se
rencontrent en France sur diverses feuilles
d'arbustes. Les sexes diffèrent tellement
de forme et de grandeur qu'on serait tenté
de les séparer comme espèce. Les Lagria
sont densement velues, et simulent la mort
lorsqu'on vient aies toucher. (C.)
LAGRIAIRES. Lagriariœ. vus. -Tribu
de Coléoptères hétéromères, famille des Sté-
nélytres, formée parLatreille.Ellene se com-
pose que des trois genres Lagria, Statyraet
Hemipeplus. Leur corps est allongé, plus
étroit en avant, avec le corselet soit presque
cylindrique ou carré, soit ovoïde ou tronqué;
"eurs antennes sont insérées près d'une
échancrure des yeux , simples, filiformes ou
grossissant insensiblement vers le bout , le
plus souvent, ou du moins en partie, gre-
nues, et dont le dernier article plus long que
les précédents chez les mâles; leurs palpes
sont plus épais à leur extrémité, et le der-
nier article des maxillaires est plus grand,
en triangle renversé. Les cuisses sont ovalai-
resecen massue ; les jambes allongées, étroi-
tes, avec les deux antérieures arquées. Le pé-
nultième article des tarses est bilobé; les
crochets n'offrent ni fissures ni dentelures.
Nos espèces indigènes se trouvent dans
les bois sur divers végétaux , ont le corps
mou , les élytres flexibles, et font semblant
d'être mortes lorsqu'on les a saisies. (G.)
*LAGUNARIA. bot. ph.— Genre de la
famille des Malvacées-Hibiscées , établi par
Don (Syst. I, 483). Arbres de l'île Nor-
folk. Voy. MALVACÉES.
*LAGUNCULA ( laguncula , petite bou-
teille), moll. — Nouveau g. proposé par
M. Benson dans le tome IX des Armais of
natural history pour de petites coquilles ca-
ractérisées ainsi : Coquille turbinée , sub-
globuleuse, à ouverture grande, entière et
oblongue, à péristome interrompu; le bord
gauche subréfîéchi, percé d'un ombilic pro-
fond et tortueux. D'après ces caractères, ce
g> se rapprocherait considérablement du La-
cuna de Turton. Ne connaissant ce g. que
par la phrase qui le caractérise, nous ne pou-
vons actuellement juger de son mérite , et
indiquer la place qu'il devrait occuper dans
la méthode. Néanmoins , on présume déjà
qu'il doit avoisiner les Lacunes et les Litto-
rines, et peut-être se confondre avec l'une
ou l'autre. (Desh.)
liAGUNCUJLARIA ( laguncula ,
bouteille), lot. th. — Genre de la famiile lies
Combrétacées-Terminaliées, établi par (
ner ( III, 209, t. 217 ). Arbustes de 1\
rique tropicale. Voy. combbétacées.
LAGUNE A. bot. ph. —Genre de la fa-
mille des Malvacées Sidées, établi par Cava-
flilles {Diss. , V, 279 , t. 136). Herbe
nuelles croissant dans l'Asie et l'Afrique
tropicale.
LAGUi\OA. bot. ph. — Voy. llagunoa.
*LAGUROSTEMON , Cass. bot. ph.—
Syn. de Saussurea, DC.
LAGURUS O.ayuç, lièvre ; ovpa, queue).
bot. ph. — Genre de la familledes Graminées-
Avénacées, établi par Linné ( Gen., n" 92 ).
Gramens de l'Europe australe et de l'Asie
méditerranéenne. Voy. graminées.
LARA Y A , Rœm. et Schult. bot. ph. —
Syn. de Polycarpœa, Lam.
LAICHE. Carex. bot. ph. — Genre extrê-
mement nombreux de la famille des Cypé-
racées et de la tribu desCaricées à laquelle
il donne son nom , de la Monœcie triandrie
dans le système sexuel. C'est l'un des grou-
pes génériques les plus considérables qui
existent parmi les phanérogames : en effet ,
dans son Enumeratio plantar., tom. II,
pag. 368, M. Kunth n'en décrit pas moins
de 439 espèces. Sur ce nombre considérable,
la France seule en possède environ 90 es-
pèces , ce qui en fait le genre le plus riche
de notre Flore. Cependant, malgré son im-
portance numérique, le genre Lajche n'a
presque pas d'importance directe , les es-
pèces qui le composent étant, à un très
nombre d'exceptions près, entier
inutiles ou même nuisibles. En effet, ces
plantes , qui croissent pour la plupart dans
les lieux humides et marécageux, au bo;ri
des fossés pleins d'eau, etc., ne donnent
qu'un fourrage très grossier, fort peu nour-
rissant, surtout après la floraison et à l'état
sec. A l'état frais, c'est à peine si quelques
bestiaux consentent à les manger, par
exemple, les Vaches et les Bœufs; elles
sont même nuisibles aux Moutons. On con-
çoit dès lors avec quel soin on cherche à les
empêcher d'envahir les prairies, dont le foin
devient de qualité d'autant plus mauvaise
qu'elles s'y trouvent en plus grande
quantité.
Les Laiches sont des végétaux herna
LAI
LAI
205
pourvus fréquemment d'un rhizome sou-
terrain plus ou moins développé et assez
souvent traçant. Le mode de végétation de
ce rhizome consiste dans la production suc-
cessive d'un certain nombre de tiges aérien-
nes terminées, qui durent trois ans et qui
passent la première année à l'état de bour-
geon souterrain , qui , la seconde année, don-
nent seulement des feuilles , qui fleurissent
enfin la troisième année; les bourgeons qui
ionnent ces tiges aériennes se développent
^ans cesse en avant de la dernière existante,
etallongent ainsi progressivement le rhizome
par son extrémité antérieure. Les feuilles des
Laiches sont tristiques , graminoïdes , sou-
vent très larges, très souvent rudes sur
leurs bords et sur l'angle saillant de leur
carène médiane, quelquefois même fine-
ment dentelées en scie au point de devenir
fortement tranchantes. Ces feuilles ont in-
férieurement une gaîne plus ou moins lon-
gue qui embrasse la tige et qui, dans quel-
ques cas , finit par se fendre plus ou moins
par suitedu grossissementde cette dernière,
ou par perdre, par la distension qu'elle
éprouve, son parenchyme, et rester ré-
duite à une sorte de réseau irrégulier formé
par les nervures dans toute sa portion qui
est opposée au limbe. Les fleurs sont réu-
nies en épis axillaires et terminaux, tantôt
solitaires, tantôt réunis en nombre varia-
ble. Ces fleurs sont unisexuellcs et grou-
pées de diverses manières: tantôt les mâles
et les femelles réunies dans un même épi qui
est ainsi androgyne , tantôt celles de chaque
sexe constituant des épis distincts et sépa-
rés; ces épis unisexuels sont le plus souvent
portés sur le même pied , les mâles à l'extré-
nri de la tige, les femelles au-dessous;
la plante est alors monoïque ; plus rare-
ment elle est dioïque. Ces épis présentent
les bractées de leurs fleurs imbriquées éga-
lement de tous les côtés. Ces bractées sont
solitaires, uniflores; les fleurs mâles ont
trois étamines ; les femelles ont un seul
pistil dont l'ovaire est embrassé par une
rorte d'enveloppe en petit sac ovoïde, ou-
verte supérieurement , bicarénée , presque
rs bifurquée au sommet, qui consti-
tue ce qu'on nomme ordinairement Vutri-
culc , le perigynium de M. Nées, le périan-
the de M. Brown. Cet utriculc a été envi-
sage de manières diverses. M. Kunth l'a re-
gardé comme analogue à la glumelle supé-
rieure ou parinerviée des fleurs des Grami-
nées, dont les deux bords libres se seraient
soudés l'un à l'autre. M. Rob. Brown la
regarde comme appartenant à la rangée ex-
térieure des folioles du périanthe de ces
fleurs. D'autres enfin, se fondant sur ce
que le genre Diplacrum de la même famille
présente autour du pistil , non un utricule,
mais deux écailles latérales trilobées , caré-
nées et rapprochées, pensent que cet utri-
cule des Carex est formé de même par deux
bractées latérales, mais soudées entre elles
par leurs bords. Le pistil est surmonté d'un
style à 2 ou 3 branches stigmatifères , al-
longées. Le fruit est un akène lenticulaire,
comprimé ou triangulaire , enveloppé par
l'utricule accru.
Les Laiches croissentprincipalement dans
les parties humides et marécageuses, quel-
quefois aussi dans les endroits secs et même
sablonneux des parties tempérées et froides
de l'hémisphère boréal; elles sont nom-
breuses dans la zone intertropicale, où elles
s'élèvent sur les montagnes et disparaissent
presque des parties chaudes et basses ; elles
sont encore peu nombreuses dans les con-
trées extratropicales de l'hémisphère aus-
tral. Leurs usages sont très bornés. Ne
pouvant les utiliser comme foin , on les re-
cueille pour en faire de la litière et du fu-
mier. Les grandes espèces servent à la con-
fection de nattes et de grossiers tissus de
paille. Enfin Tune d'elles, le Carex arena-
ria, qui croît spontanément dans les lieux
sablonneux et qui possède un rhizome tra-
çant, susceptible de beaucoup de dévelop-
pement , est employée avec assez de succès
pour fixer les sables mouvants. On en plante
quelques autres espèces au bord des fossés
et des canaux dans un but analogue.
Pour faciliter la détermination des espè-
ces de ce vaste genre , on a cherché à y éta-
blir des coupes nombreuses; mais ce gr< upe
est tellement naturel et toutes les plantes
qui le composent ont une organisation telle-
ment analogue, quedeux seulement des di-
visions proposées par divers auteurs ont
été admises comme sous •• genres par
M. Kunth : les Vignea, Reichenb., caracté-
risés parleur style bifide, et les Carex pro-
prement dits, Reich., à style trifide. Les
subdivisions secondaires ont été établies
2«6
LAI
LAI
seulement pour faciliter la détermination ,
et d'après des caractères peu importants, tels
que le nombre des épis, leurs diverses com-
binaisons dénombre, de sexes, etc. (P. D.)
LAIE. mam. — Femelle du Cocbon.
*LAWIODOIV,G.-R. Gray. ois — Synon.
dePogonias. Voy. barbican. (Z. G.)
LAINE, zool., bot. — Voy. poil.
LAINEUX. Lanatus, Lanuginosus. bot.
-— Cette épithètes'applique à toute partie d'un
végétal recouverte d'un duvet analogue à la
laine des animaux. Ex. : Stachys lanata.
*LAIRUS. ins. —Genre de Coléoptères
pentamères , famille des Malacodermes ,
tribu des Atopites, créé par M. de Castel-
»au (Histoire naturelle des animaux articu-
les , tom. I, p. 258), et composé d'espèces
«le taille assez petite de l'Amérique du
Sud. (C.)
LAIT. Lac. phtsiol., chim. — Les animaux
de la classe des Mammifères sont pourvus,
ainsi que l'indique leur nom, de mamelles
(voy. ce mot), organes sécréteurs particu-
liers dont la position varie de la poitrine à
l'abdomen, et dont le nombre est générale-
ment en rapport avec celui des petits dont
se compose chaque portée.
Ces mamelles , bien qu'existant chez
les individus des deux sexes, n'accomplis-
sent leurs fonctions que chez ceux du sexe
féminin. Elles sécrètent le Lait , li-
queur dont la composition est telle que tous
les éléments nécessaires à la nutrition du
jeune animal et à la formation de ses or-
ganes s'y trouvent réunis, et que pendant
les premiers temps de la vie, il suffit à l'a-
limentation et au développement du corps
{VOy. ALLAITEMENT et NUTRITION).
Le Lait , de quelque animal qu'il pro-
vienne, présente en général les propriétés
physiques suivantes : il est blanc, opaque,
légèrement odorant, d'une saveur douce et
sucrée; sa densité , toujours plus considé-
rable que celle de l'eau, est de 1,036 en
moyenne. A sa sortie des mamelles, le Lait
est toujours alcalin ; il ne présente de réac-
tion acide qu'accidentellement et par excep-
tion. Tous les acides, quelque minime qu'en
soit la quantité , y déterminent un coa-
gulum que redissolvent les alcalis. L'al-
cool en amène aussi la coagulation.
Abandonné à lui-même dans un vase ou-
vert et à la température ordinaire , le Lait
de Vache, qui, comme le plus fréquemment
employé , est par cela même le mieux étu-
dié et le plus connu, se sépare en deux cou-
ches bien distinctes: l'une, supérieure, for-
mée d'une substance légère , épaisse , d'un
blanc mat et même un peu jaunâtre , onc-
tueuse, agréable au goût, c'est la crème;
l'autre , inférieure , d'un blanc bleuâtre ,
plus fluide , et cependant plus dense, mais
moins onctueuse, formée du Lait privé, à
très peu près , de toute la matière grasse,
c'est le Lait écrémé.
La crème , agitée pendant un certain
temps à une température de -f- 1 5, se prend
en partie en une masse jaunâtre consistai) te,
qui constitue le beurre.
Le Lait écrémé, abandonné de nouveau à
l'air libre, prend une saveur et une odeur
acides ; il éprouve la fermentation lactique^
dont le résultat est la formation d'un coa-
gulum blanc, mou, opaque, floconneux, na-
geant dans un liquide transparent d'un
jaune verdâtre. La portion coagulée est le
caséum ou fromage ; la portion liquide est
le sérum ou Petit-Lait.
La fermentation lactique déterminée par
Je caséum présente des phénomènes remar-
quables. Le Lait, abandonné à lui-même,
s'aigrit; il s'y forme, avons-nous dit, un
coagulum formé de caséum; le liquide restant
i/* Petit-Lait renferme du sucre de Lait, sub-
stance cristallisable d'une saveur douce et
sucrée, que l'on peut obtenir par évapora-
tion, et formant les 0,035 du Lait, plus quel-
ques sels. Or, la coagulation du caséum est
effectuée par l'acide lactique (voy. ce mot),
et celui-ci a pris naissance en vertu d'une
action que le caséum lui-même exerce sur
le sucre de Lait. Ainsi le caséum , devenu
ferment avec le concours de l'air , excite la
conversion du sucre de Lait en acide lacti-
que, qui, à son tour, détermine la coagula-
tion du caséum.
Le caséum fournit, par son incinération,
6,5 pour 100 de son poids de cendres, com-
posées presque entièrement de phosphate
de Chaux.
Berzélius , dans son analyse du Lait de
Vache, a obtenu les résultats suivants :
Lait écrémé.
Caséum avec traces de beurre. 2,600
Sucre de Lait 3,500
Acide lactique et lactates . . . 0,600
LAI
Chlorure de potassium., . . . 0,170
Phosphate alcalin. ...... 0,025
Phosphate de Chaux 0,230
Eau a . 92,875
Crème.
Beurre 4,500
Caséum 3,500
Petit-Lait 92,000
Les mêmes principes se retrouvent, mais
en proportions différentes , dans le Lait de
tous les Mammifères.
Quand on observe au microscope, avec un
grossissement d'environ 300 fois, une goutte
de Lait placée entre deux lames de verre ,
l'on aperçoit une multitude de particules
sphériques , de petites perles nettement ter-
minées dans leurs contours, brillantes au
centre, et différant de grosseur depuis 1/500
de millimètre environ jusqu'à 1/120, et
même au-delà (Donné, Cours de microsco-
pie). Ces globules, d'après l'auteur que nous
venons de citer, appartiennent tous à l'élé-
ment gras du Lait, qui n'est cependant
point tout entier suspendu sous forme glo-
buleuse , mais dont une certaine partie est
restée à l'état de dissolution dans le sérum
avec la matière caséeuse.
Outre ces globules gras qui se trouvent
abondamment dans la crème, et bien plus
rares dans le Lait écrémé, ce dernier liquide
contient une innombrable quantité de glo-
bulins d'une ténuité telle, qu'ils peuvent
échapper à un examen superficiel , et qui
appartiennent évidemment, par leurs pro-
priétés, au caséum qui se trouve ainsi dans
le Lait sous deux formes : en dissolution et
à l'état de globulins.
En résumé, l'on peut considérer le Lait
comme une sorte d'émulsion, composée :
1° d'une matière grasse, très divisée et sus-
pendue à l'état de globules qui , en se réu-
nissant à la surface du Lait, donnent nais-
sance à la crème , et par suite au beurre ;
2° d'un sérum, tenant en dissolution une
matière spéciale, azotée, spontanément eoa-
eulable (le caséum ), et de plus un peu de
matière grasse, du sucre de Lait, des sels.
On voit par cette définition combien le
Lait se rapproche du Sang (voyez ce mot), et
quelle analogie de composition et de pro-
priétés présentent les deux liquides. En ef-
fet, si on les filtre tous deux, l'on trouve,
LAI
207
des deux côtés : des globules suspendus, glo-
bules très différents, il est vrai, par leur
structure et par leur composition, mais
moins étrangers les uns aux autres qu'on
ne le croirait d'abord, les globules du Lait
étant presque identiques avec les globulins
du chyle , qui sont eux-mêmes les maté-
riaux des globules sanguins ; puis, en disso-
lution, une matière animale spéciale, azo-
tée, caractéristique de chacun des deux
fluides, la fibrine et le caséum, matières
chimiquement analogues, et possédant tou-
tes deux la propriété de se coaguler spon-
tanément; enfin, également en dissolution,
les sels et les divers matériaux nécessaires a
la constitution des organes et à leurs fonc-
tions. Ce rapprochement entre les deux li-
quides est fécond en déductions physiolo-
giques, surtout si l'on considère le rôle
important que joue le Lait dans l'alimenta-
tion et dans la nutrition.
Les Laits le plus en usage dans nos cli-
mats, et les seuls dont nous parlerons, sont
fournis par les femelles des Ruminants do-
mestiques ; ce sont ceux de Brebis, de Chè-
vre, de Vache; vient ensuite celui d'A-
nesse.
Le Lait de Brebis ne diffère point , à la
simple vue, du Lait de Vache ; de tous les
Laits, il est le plus riche en beurre; mais
ce beurre, jaune pâle , de peu de consis-
tance, se rancit aisément. Le coagulum est
abondant, gras, visqueux, et moins ferme
que celui du Lait de Vache.
Le Lait de Chèvre est plus dense que ce-
lui de Vache, et moins gras que celui de
Brebis. Il conserve une odeur et une saveur
propres à l'animal , surtout vers l'époque du
rut. C'est celui qui fournit le moins de
beurre, mais le plus de fromage. Le beurre,
constamment blanc , est ferme , d'une sa-
veur douce et agréable : il se conserve long-
temps frais. Le fromage, très abondant, est
assez consistant et comme gélatineux.
Le Lait de Vache contient moins de
beurre que celui de Brebis , mais plus que
celui de Chèvre; le fromage y est aussi
moins abondant, mais les principes s'en
séparent avec plus de facilité.
Le Lait de Vache , tel qu'on l'obtient le
plus ordinairement, peut être regardé, à
quelques égards, comme un produit artifi-
ciel ; la sécrétion en est favorisée, entrete-
208
LAI
nue au-delà des limites naturelles, par des
moyens factices, par un régime forcé : aussi
les différences qu'il présente sont-elles nom-
breuses ; elles portent surtout sur la cou-
leur, la saveur, l'odeur, la consistance, la
quantité ou le rapport des principes cons-
tituants ; et ces différences dépendent de
la race de l'animal, de son âge, de son état
physiologique, de sa nourriture, de ses ha-
bitudes, du climat, de la saison, des varia-
tions atmosphériques, etc.
Le Lait d'Anesse a beaucoup d'analogie
avec celui de Femme, dont nous parlerons
après ; il donne une crème qui n'est jamais
ni épaisse, ni abondante; il contient aussi
»noins de matière caséeuseque ceux de Va-
che , de Chèvre , de Brebis , et cette ma-
tière est plus visqueuse.
Le Lait de Femme, enfin, paraît être l'un
des plus riches en matière grasse et en
sucre de Lait , mais il contient très peu de
caséum.
Il est à remarquer que les différents Laits
que nous venons de citer sont très faciles à
reconnaître à la simple vue, et encore plus
à la saveur et au goût , mais qu'ils se res-
semblent tellement par les caractères mi-
croscopiques que toute distinction est alors
presque impossible. En effet, le Lait, quel que
soit l'animal qui le fournisse, présente tou-
jours des globules nageant dans un liquide,
et ces globules n'offrent aucun trait carac-
téristique ( Donné, loco citato ). Il n'y a de
différence que dans leur quantité; mais ce
signe lui-même n'offre rien de positif, puis-
qu'il est telle circonstance qui peutaugmen-
ter les globules dans tel Lait, et les diminuer
dans tel autre.
En général, le nombre des globules con-
tenus dans le Lait en représente assez bien
la richesse et les qualités nutritives ; c'est-
à dire que plus un Lait renferme de glo-
bules, plus il est riche et substantiel, le ca-
séum et le sucre se trouvant eux-mêmes en
proportion avec la quantité de ces globules,
qui, comme il a été dit, constituent la par-
tie grasse et butyreuse du liquide : aussi
l'on conçoit comment l'observation micros-
copique peut permettre d'apprécier les
qualités du Lait soumis à l'observation. Ce-
pendant, comme il est difficile de recourir
au microscope toutes les fois qu'il devient
nécessaire de constater ces qualités, l'on a
LAI
inventé sous les noms de lactomètre, de ga-
lactomètre , de lactoscope , etc., des instru-
ments avec lesquels on arrive , plus ou
moins sûrement, au but proposé.
Les usages du Lait sont généralement
connus ; première nourriture de tous les
jeunes Mammifères , il est devenu l'un des
plus précieux aliments de l'homme, soit en
santé, soit en maladie; il sert à la prépa-
ration du beurre , et de ces innombrables
variétés de fromages dont se nourrissent des
populations entières. (A. Duponchel.)
On a donné vulgairementle nom de Lait
à des plantes, blanches dans quelques unes
de leurs parties, ou remplies d'un suc ayant
l'apparence du Lait. Ainsi l'on appelle :
Lait d'Ane, le Laitron commun;
Lait battu, la Fumeterre officinale;
Lait de Cochon, une espèce d' Hyoseris ;
Lait de Couleuvre, VEuphorbia cyparis-
sias ;
Lait d'oiseau, l'Ornithogale blanc;
Lait doré, VAgaricus deliciosus;
Lait de Sainte-Marie, le Carduus maria-
nus, etc.
LAITANCE ou LAITE, poiss. — Nom
donné aux testicules des Poissons. Voy,
ce mot.
LAITERON. bot. ph. — Voy. laitron.
LAITEUX. Lacteus, Lactifluus. bot. —
Syn. de Lactescent.
LAITON, min. — Voy. cuivre.
LAITRON. Sonchus. bot. — Genre de
la famille des Composées-Chicoracées, sous-
tribu des Lactucées, de la Syngénésie poly-
gamie égale dans le système sexuel. Il se
compose d'environ 50 espèces, dont les
unes sont herbacées, d'autres frutescentes,
ou même formant de petits arbres. Parmi
les premières, il en est qu'on peut qualifie:-
de cosmopolites , tandis que , au contraire ,
les espèces ligneuses sont resserrées entr :
des limites étroites, presque toutes habitai
l'archipel des Canaries et l'île de Madère.
Ces plantes sont généralement de forme très
changeante, ce qui en rend quelquefois la
détermination difficile; leurs feuilles sont
alternes, pinnatifides ou roncinées; leurs
fleurs sont jaunes ou bleues, réunies en grand
nombre dans un même capitule, dont l'in-
volucrc est formé de bractées sur plusieurs
rangs et imbriquées, souvent renflé à sa
base. Le réceptacle est plan, nu, fovcolé.
LAI
LAI
£09
Les akènes qui succèdent aux fleurs sont
uniformes, non prolongés en bec, compri-
més, à petites côtes longitudinales, et sou-
vent à rangées transversales de petits tu-
bercules, couronnés par une aigrette ses-
sile molle , très blanche, formée de soies
très fines sur plusieurs rangs, réunies par
faisceaux à leur base.
Parmi les espèces de ce genre , il en est
deux qui peuvent compter parmi les espèces
les plus vulgaires de notre flore ; ce sont les
Sonchus arvensis et oleraceus , espèces très
polymorphes et fort voisines l'une de l'autre,
dont la dernière est quelquefois utilisée, à
l'état jeune, comme plante potagère. Parmi
les autres Laitrons de la flore française, le
Sonchus maritimus , qui croît dans les lieux
salés , le long de la Méditerranée et de l'O-
céan , et le long des lagunes et des fossés
remplis par l'eau de mer, se fait remarquer
par ses beaux capitules de fleurs jaunes,
tandis que les S. alpinus et Plumieri for-
ment de grandes et belles plantes qui, par
leur hauteur, leur feuillage frais et élégam-
ment découpé, surtout par leurs grands ca-
pitules de fleurs bleues , figureraient avan-
tageusement dans les jardins.
On trouve aujourd'hui dans les jardins ,
comme plantes d'orangerie, quelques unes
des espèces à tige frutescente des Canaries
«t de Madère. (P. D.)
LAITUE. Lactuca(lac, lait, à cause du
suc laiteux de ces plantes, ou parce qu'on
a cru qu'elles donnaient du lait aux nour-
rices), bot. pb. — Genre de plantes de la
famille des Composées-Chicoracées , de la
Syngénésie polygamie égale dans le système
sexuel. Ce genre important par le nombre
des espèces qu'il renferme (environ 60), et
surtout par le rôle que jouent quelques
unes d'entre elles comme alimentaires et
médicinales, se compose de plantes herbacées,
remarquables par l'abondance de leur suc
laiteux qui s'écoule de la moindre blessure
faite à l'une quelconque de leurs parties ;
leurs feuilles sont le plus souvent glabres, en-
tières ou sinuées-pinnatifides, assez fréquem-
ment pourvues d'aiguillons le long de leur
côte médiane; leurs capitules sont ordinai-
rement nombreux et réunis en panicule,
renfermant chacun un nombre variable et
souvent faible de fleurs jaunes, bleues ou
purpurines. L'involucre est cylindrique,
t. vu.
formé de bractées imbriquées sur 2 4 rangs,
dont les extérieures plus courtes imitent
presque un calicule. Le réceptacle est nu.
Les fruits sont comprimés, aplatis, sacs
ailes, se prolongeant brusquement à leur
extrémité en un bec filiforme. Ces plantes
habitent presque toutes notre hémisphère
boréal.
Tel qu'il est circonscrit et caractérisé
dans le Prodromus, que nous avons suivi dans
ce qui précède, le genre Laitue se partage
en deux sous-genres, dont le premier (Sca-
riola), qui correspond au genre Lacluca de
Cassini, comprend toutes les espèces dont
nous aurons à nous occuper ici , et se dis-
tingue particulièrement par le bec allongé
qui termine ses fruits; dont le second [My-
celis, Cass.) est caractérisé par le prolonge-
ment de ses fruits deux ou trois fois plus
court que ceux-ci. C'est à ce dernier qu'ap-
partient le Lactuca muralisDC. (Prenanthes
muralis Lin.).
Parmi les diverses espèces de Laitues, les
plus importantes à connaître sont, sans
contredit, les espèces cultivées comme po-
tagères et qui jouent un rôle si important
dans nos jardins. Le nombre des variété:;
qu'elles ont fournies est très considérable
et dépasse 150. Ces variétés nombreuses
rentrent dans une seule espèce linnéenne, 1(3
Lacluca saliva Lin.; mais les botanistes
modernes n'ont pas cru que toutes se ratta-
chassent à une souche commune, et ils les
ont partagées en quatre espèces distinctes
dont voici les caractères distinclifs:
1. Laitue, laciniée, Lacluca laciniala
Roth. Feuilles inférieures pûmaLifides ,
presque laciniées, les supérieures roncinées ;
lobes inférieurs stipulâmes ; tous les lo! ;
sont allongés et obtus; côte médiane dé-
pourvue d'aiguillons ; tige paniculée au som-
met; feuilles florales en cœur, aiguës. Cetl;
Laitue est connue dans les jardins potager:,
sous le nom de Lailue-É pinard ; sa feuille
est découpée de manière assez analogue à la
feuille du Chêne. Comme elle repousse lors-
qu'on l'a coupée, elle rentre parmi les va-
riétés que les jardiniers ont nommées Lai-
tues à couper; elle possède même cette qua-
lité à un degré éminent, puisqu'elle peut
être coupée ainsi plusieurs fois et qu'eilo
repousse constamment.
2. Laitue crépue, Lacluca crispa DC.
27
210
LAI
Feuilles radicales non concaves, portant sous
leur côte médiane quelques poils épars ; les
caulinaires inermes dans cette même par-
tie ; toutes sinuées, crénelées, ondulées et
crépues ; tige paniculée au sommet ; feuilles
florales en cœur, très entières. Peut-être, dit
De Candolle, n'est-ce qu'une variété de l'es-
pèce précédente résultant de la culture.
Elle est connue dans les jardinssous les noms
de Laitue frisée, Crêpe, etc.
3. Laitue pommée , Lacluca capitata DC.
Feuilles radicales concaves, bullées, presque
arrondies, à côte médiane sans aiguillons à
sa face inférieure ; sa tige florifère est courte,
paniculée. On possède, dans les jardins po-
tagers, un grand nombre de variétés de
Laitues pommées qu'on distingue en deux
grandes catégories : celles de printemps et
celles d'été. Ces variétés diffèrent beaucoup
entre elles par leur grosseur, par la teinte
verte plus ou moins foncée, blonde, rou-
geâtre, tachetée, de leurs feuilles; par la cou-
leur blanche ou noire de leurs graines , par
les plissements et les boursouflures de leurs
feuilles, etc.
4. Laitoe cultivée, Lacluca, sativa Lin.,
DC. Cette espèce, telle qu'elle est caractéri-
sée dans le Prodrome, ne répond plus qu'à
la première variété de l'espèce de Linné.
Ses feuilles sont dressées, oblongues, rétré-
cies à leur base , peu ou pas concaves, à
côte médiane lisse ; sa tige florifère est al-
longée, feuillée. Elle fournit à nos jardins
maraîchers la nombreuse catégorie des
Laitues romaines ou des Chicons, parmi les-
quelles il existe des variétés de couleur tant
dans les feuilles que dans les graines, de
précocité, de volume, etc.
Une culture intelligente et des soins
assidus donnent aux variétés de Laitues
cultivées des qualités nombreuses qui en
doublent le prix, et grâce auxquelles elles
constituent la presque totalité de nos sala-
des. Abandonnées à elles-mêmes, elles au-
raient une saveur amère , désagréable, et
une dureté qui ne permettraient guère de
les utiliser comme aliments ; mais, grâce à
la rapidité extrême de développement que
l'on détermine en elles, grâce surtout à
l'étiolement plus ou moins complet de leurs
feuilles qu'on obtient en les liant, on adou-
cit leur saveur, on attendrit leur tissu , et
l'on augmente considérablement leur vo-
LAI
lume et leurs dimensions. C'est dans le»
traités d'horticulture pratique que l'on doit
chercher les détails de cette culture qui
constitue une branche si importante et si
productive de l'art des maraîchers. Les
nombreuses variétés de Laitues cultivées
fournissent avant la floraison un aliment
sain, de facile digestion, rafraîchissant et
quelquefois légèrement laxatif. Mais lorsque
leur tige monte pour la floraison , elles
cessent d'être comestibles : cependant, même
alors, Boucher a dit que leur tige pou-
vait encore servir d'aliment, après avoir été
dépouillée de ses parties dures extérieures
et coupée en morceaux.
Arrivées à l'état adulte et à la floraison,
les Laitues présentent un nouvel intérêt
comme plantes médicinales; alors, en effet,
elles contiennent une quantité considérable
d'un suc blanc, laiteux, qui coule abondam-
ment par les moindres blessures , surtout
aux heures les plus chaudes de la journée.
Ce suc est d'une amertume très prononcée;
après sa sortie de la plante, il se concrète
en une matière brune, d'une odeur vireuse,
qui est connue et fréquemment employée
sous le nom de Thridace. On obtient ce suc
en quantité plus considérable en faisant
à la plante une série d'incisions succes-
sives. Quelquefois, au lieu de faire couler
ce suc et de le recueillir, on écrase la
plante elle-même et on en exprime le suc,
qu'on fait ensuite évaporer. On obtient
ainsi le. Lactucarium des Anglais, dont les
effets sont inférieurs à ceux du suc con-
crète. Celui-ci, ou la Thridace, après avoir
été employé par les médecins de l'antiquité,
avait été négligé par les modernes. Ce n'est
guère que dans le commencement de ce
siècle, et même récemment, qu'on a de
nouveau reconnu et préconisé ses pro-
priétés calmantes, et qu'il a pris dans la
thérapeutique un rang important. C'est
surtout à un travail de François {Archiv.
géncr. de médec. , juin 1825) que l'on
doit de connaître avec précision l'usage et
le mode d'action de cette substance. De-
puis ce médecin, et grâce aussi à des ob-
servations récentes, on sait aujourd'hui
que la Thridace est un médicament essen-
tiellement calmant et anodin , qui agit
d'une manière analogue à l'opium , mais
sans qu'on ait à redouter de lui les acci-
LAI
LAÏ
211
dents que produit quelquefois ce dernier;
elle est, en effet, dépourvue de tout effet
narcotique , et de plus elle n'irrite pas
l'estomac : aussi son usage est-il très ré-
pandu.
On prépare encore une eau distillée de
Laitue qui entre dans la composition de di-
verses potions calmantes; enfin on fait
avec les feuilles de ces plantes cuites des
cataplasmes émollients et rafraîchissants.
5. Tout récemment M. Vilmorin a pro-
posé d'introduire dans la culture maraî-
chère la Laitue vivace , Lactuca perennis
Lin. , que l'on mange dans quelques par-
ties de la France où elle croît communé-
ment, et où on la regarde comme un bon
aliment , quoiqu'on ne l'emploie ainsi qu'à
l'état spontané. On mange alors les pousses
blanches et tendres qui poussent au prin-
temps sur les racines coupées et enter-
rées préalablement par la charrue. La
Laitue vivace est une jolie espèce glabre et
inerme dans toutes ses parties , dont les
feuilles sont profondément pinnatifides ,
à lobes aigus, dentés à leur bord supérieur,
dont les fleurs sont grandes et belles ,
d'un bleu légèrement purpurin.
6. La Laitue vireuse , Lactuca virosa
Lin. , est la dernière espèce de ce genre
sur laquelle nous devions attirer un in-
stant l'attention. Elle est extrêmement
voisine de la Laitue sauvage, dont elle
ne forme peut-être qu'une simple variété.
Elle s'élève à environ un mètre. Sa tige,
dressée, porte souvent, à sa partie infé-
rieure, des soies très roides ou des ai-
guillons ; elle est rameuse et paniculée
dans sa partie supérieure; ses feuilles sont
embrassantes, horizontales, pourvues en
dessous de piquants le long de leur côte
médiane, dentelées sur leurs bords, si-
gillées à leur base, obtuses à leur som-
met ; les inférieures sont sinuées; ses
fruits se terminent par un bec allongé.
Cette espèce croît dans les champs , le
long des haies et des murs , dans les par-
ties moyennes et méridionales de l'Eu-
rope. Elle a une odeur forte et désagréable
qui rappelle celle de plusieurs Solanées ,
dont elle a également les propriétés nar-
cotiques prononcées à un haut degré :
aussi l'extrait qu'on en obtient est-il sub-
stitué fréquemment à l'opium. Les méde-
cins grecs l'employaient déjà pour calmer
les douleurs , contre les affections nerveu-
ses, l'hydropisie, etc. Dans la médecine
moderne, elle est usitée pour combattre
les mêmes maladies ; elle a été particuliè-
ment préconisée contre l'hydropisie ascite
et contre l'angine de poitrine, pour la-
quelle Schlesinger l'a donnée comme un
spécifique presque certain.
M. Orfila a fait plusieurs expériences sur
les effets toxiques de la Laitue vireuse ; il a
reconnu que son extrait, administré à des
chiens, à la dose de 8 grammes environ ,
déterminait toujours un empoisonnement
mortel, et qu'il agissait plus énergiquement
encore lorsqu'on l'introduisait par injection
dans les veines; d'un autre côté, il a vu
que ses feuilles fraîches avaient une action
presque nulle sur les mêmes animaux ,
puisqu'on pouvait leur en faire manger jus-
qu'à 7 et 800 grammes sans qu'ils en éprou-
vassent de fâcheux effets. On substitue assez
souvent la Laitue sauvage à la Laitue vi-
reuse, dont elle possède à peu près les pro-
priétés, soit par fraude , soit dans les lieux
où celle-ci est peu commune ou rare. (P. D.)
On a encore donné le nom de Laitue à
des plantes tout-à-fait différentes de celles
auxquelles s'applique spécialement ce mot.
Ainsi l'on appelle vulgairement :
Laitue d'Ane , les Gardères et les Char-
dons ;
Laitue d'Anguille , quelques espèces
d'Ulves ;
Laitue de Brebis, les Mâches ou Valéria-
nelles ;
Laitue de Chèvre, quelques espèces d'Eu-
phorbes ;
Laitue de Chien, le Chiendent ou Pissen-
lit commun ;
Laitue de Cochon, l'Hypochéride fétide;
Laitue de Grenouille, le Potamot crépu;
Laitue de Lièvre, le Laitron commun ;
Laitue marine, des Ul ves et des Euphorbes;
Laitue de muraille, un Sisymbrium, des
Prenanthes et des Laitrons.
LAITUE, moll. — Nom vulgaire et mar-
chand d'une espèce de Murex , le M. saxa-
tilis.
LAITUES, Adans. bot. ph. — Syn. de
Chicoracées.
*LAIUS (nom mythologique), ms. — Genra
212
LAM
LAM
de Coléoptères pentamères, famille des Ma-
lacoderrnes, tribu des Malachiens , créé par
M. Guérin-Méneville ( Voyage autour du
monde de la Coquille — Zoologie, page 78),
qui lui donne pour type une espèce de la
Nouvelle-Guinée , le L. cyaneus (heteroce-
rus Boisd. ). M. Erichson, dans sa mo-
nographie de cette tribu, rapporte à ce genre
A autres espèces, dont 1 d'Egypte, 1 de Java,
1 de Siam et 1 de Singapore. (C).
*LALAGE, Boié. ois.— Syn. de Copsy-
chus et d'Ixos. Voy. turdoïde. (Z. G.)
*LALAGE. bot. ph.— Genre de la fa-
mille des Papilionacées-Lotées , établi par
Lindley (m Bot. Beg., t. 1722). Arbrisseaux
de la Nouvelle-Hollande orientale. Voy. pa-
pilionacées.
*XALAGETES {lakaynt-n^ babillard), ras.
— Genre de Coléoptères tétramères , fa-
mille des Curculionides gonatocères , divi-
sion des Cyclomides, créé par Schœnherr
(Synonym. g en. et sp. Curculion., tom. VII,
pag. 125), qui y rapporte 2 espèces du cap
de Bonne-Espérance : les L. subfasciatus et
squamulalus. (C.)
*LALLEMANTIA (nom propre), bot.ph.
— Genre de la famille des Labiées, établi
par Fischer et Meyer (Index sext. sem. Pe-
trop. hort., 1839, p. 53). Herbes de l'O-
rient. Voy. LABIÉES.
LAMA. MAM. Voy. CHAMEAU.
*LAMANONIA , Flor. ilum. bot. ph. —
Syn. de Belangera, Cambess.
LAMANTIN ou MANATE. Manaius ,
Cuv. MAM. — Genre de Mammifères de l'ordre
des Cétacés herbivores de Cuvier , de la classe
des Bipèdes et de l'ordre des Siréniens de
M. ls. Geoffroy. La difficulté pour les mé-
thodistes est de savoir positivement à quels
chaînons du règne animal doit se rattacher
ce genre de singuliers Mammifères ; et il ap-
partient plus spécialement à l'histoire cri-
tique du Lamantin qu'à celle de tout autre
animal de rechercher pourquoi il n'est pas
deux naturalistes qui lui aient vu les mê-
mes analogies , et qui lui aient donné la
même place dans leurs méthodes prétendues
naturelles.
Les Grecs et les Romains, dit-on , beau-
coup plus poétiques que méthodistes et ana-
lumisles, avaient fait tout simplement des
Lamantins des êtres fantastiques, moitié
homme et moitié poisson. Ils les connais-
saient, disent les naturalistes, sous les noms
de Tritons, de Sirènes, de Néréides, d'Hom-
mes marins , comme les Portugais les con-
naissent encore aujourd'hui sous celui de
Paszi-Mouller (Poisson-Femme). Telle est
l'opinion de G. Cuvier et de son frère, qui
a publié une excellente monographie des
Cétacés. Mais ici se présente une première
difficulté, et la voici : Le Lamantin était-il
connu des anciens ? Je ne le pense pas , et
pour une bonne raison, c'est que cet animal
ne se trouve dans aucune des parties du
globe décrites par les Grecs et les Romains;
car des deux espèces connues jusqu'à ce
jour, l'une habite l'Amérique, et l'autre
l'Afrique méridionale, à partir du Sénégal.
Les Sirènes et les Tritons des Grecs et des
Romains n'étaient donc pas des Lamantins,
mais des Phoques ou des êtres tout-à-fait
imaginaires, comme leurs Sphynx, leurs
Chimères, leurs Centaures , et même leurs
Harpies, qu'on a voulu reconnaître dans
certains Chéiroptères.
Lorsque les premiers Lamantins furent
observés (et ce qu'il y a de singulier , c'est
que ce furent ceux d'Amérique, et non ceux
d'Afrique, beaucoup plus près de nous), les
naturalistes sans critique ne manquèrent
pas de reconnaître, dans l'Orénoque et la ri-
vière des Amazones, les Sirènes et les Tri-
tons des plages de l'Archipel grec, delà
même manière qu' ils ont reconnu depuis ,
dans les Cordilières du Pérou, le Condor de
Pline et des Arabes orientaux. M. Pitou
( Voyage à Cayenne , t. 2, pag. 259) re-
connaît trait pour trait, dans ces vers
d'Horace, le Lamantin :
Humano capiti cervicem pietor equinatn
Jnngere si velit et varias inducere plumas,
Undique collatis membris, ut turpiter atium
Desinat in piscem millier formosa supeinè.
D'où il conclut tout naturellement que cet
animal est le Sphinx des anciens. La tradi-
tion des Sirènes fut généralement adop-
tée , et elle passa jusqu'à nous, comme
on le voit explicitement par l'opinion
des auteurs; ils ont adopté le nom de
Sireniœ , Sirène ou Siréniens, que Les-
son , Harlan et d'autres ont donné à
l'ordre que G. Cuvier nomme Cétacés her-
bivores. Du reste, ceci n'a pas une grande
importance, et ne peut tout au plus que
donner une idée fausse. Ce que je dis est si
LAM
vrai , que les premiers naturalistes qui eu-
rent connaissance du Lamantin , par exem-
ple, Gesner, Aldrovande, Jonston, etc., etc.,
remplirent leurs ouvrages de gravures ridi-
cules et de descriptions plus ridicules en-
core. Des philosophes même , tels que de
îlaillet ( Telliamed), Kircher, Lachenaye
•des Bois, etc., crurent à l'existence de ces
fantastiques Sirènes, et perdirent leur temps
en recherches vaines, pour entasser dans
leurs livres des preuves nombreuses , mais
ramassées et recueillies sans la moindre
critique. Un mot représente toujours une
idée, et si le mot est faux dans son appli-
cation , il fera toujours naître une idée
fausse : voilà ce dont les nomenclateurs na-
turalistes devraient bien se persuader.
Enfin la science devint plus logique, et
l'observation des faits plus sévère. On re-
connut alors que le Lamantin n'avait non
seulement rien de l'homme, mais encore
rien du poisson, et il fallut l'étudier mieux
j;our en déterminer la nature. L'espèce hu-
maine ne peut procéder que par comparai-
son, et pour juger des propriétés d'un corps
jusque là inconnu , il faut le rapprocher de
tous les corps connus pour le comparer.
Cette marche , qui ne prouve que la fai-
blesse de notre intelligence, nécessite un
rapprochement des objets et une classifica-
tion quelconque : elle a été prise par les
naturalistes pour la marche de la na-
ture, et ils ont cru, en conséquence, que la
création avait établi des analogies de for-
mes et de propriétés qui rapprochaient ou
éloignaient les individus les uns des au-
tres, de manière à former des espèces, des
genres , des familles, des ordres, etc.; et ils
donnèrent à ces analogies ou ressemblances
les noms de caractères spécifiques , généri-
ques , etc. L'un d'eux, homme du plus
grand mérite, a été tellement persuadé de
cette erreur, qu'il s'est imaginé que la créa-
tion avait établi comme loi générale de l'or-
ganisme le procédé même que la faiblesse
de l'intelligence humaine emploie pour con-
naître. Il crut donc que certaines analogies
avaient plus d'importance, d'autres un peu
moins, d'autres moins encore, et c'est en
suivant cette idée qu'il inventa ce qu'il ap-
pelaitla subordination des caractères, et une
méthode qu'il croyait naturelle , et qu'il
publia sous le nom de Règne animal dislri-
LAIM
213
hué selon son organisation. Or, ce qu'il y a
de fort singulier, c'est que lui-même n'a
pu faire, dans sa méthode , malgré tous ses
efforts, l'application de sa loi de la su-
bordination des caractères. Les naturalistes
qui vinrent pendant et après lui, infatués
des idées d'un grand homme qu'ils n'ont pas
toujours compris, s'évertuèrent à chercher
la méthode naturelle, que Linné avait d'ail-
leurs annoncée bien desannéesavantCuvier,
et de là est né l'amour des classifications.
Il en est résulté qu'un moyen mécanique
inventé pour soulager l'intelligence a été
pris pour un fait, ou, si vous aimez mieux,
pour une loi de la nature. Ce qu'il y a de
certain, c'est que la nature ne reconnaît ni
classification méthodique, ni lois d'analo-
gies, ni subordination de caractères. Lors-
que Dieu fit le Lamantin , soit instantané-
ment, soit par la propriété qu'il donna à
la matière de se modifier, il ne pouvait avoir
en vue de faire un monstre moitié Bœuf et
moitié Dauphin, encore bien moins un être
composé de Dauphin et de Bœuf, d'Élé-
phant, de Morse et de Pangolin : il fit un
Lamantin et rien autre chose, un Lamantin
aussi indépendant du Dauphin et du Bœuf,
quant aux formes et aux propriétés, que la
Fauvette l'est de l'Ours blanc.
Voyons comment les fausses idées des na-
turalistes les ont dirigés pour trouver la
place que devait occuper le Lamantin dans
leurs méthodes prélenduesnaturelles. Quand
il fut bien décidé que cet animal n'était ni
homme ni poisson , ils s'évertuèrent pour
lui trouver d'autres analogies. Clusius en
fit un Phoque, quoiqu'il n'eût pas de pieds
de derrière, et Klein, ainsi que Brisson , fu-
rent tellement persuadés de cette idée, qu'ils
lui supposèrent les pieds qu'il n'a pas, et
déclarèrent que c'était par erreur que les
voyageurs n'avaient pas vu ces pieds. Linné
fit du Lamantin une espèce de Morse ,
et plaça ces deux animaux entre le Dugong
et les Phoques. Lacépède érigea le Laman-
tin en genre , et le plaça , avec les Phoques,
dans une petite famille précédant immédia-
tement les Cétacés. G. Cuvier sépara les
Phoques et les Morses du Lamantin , pour
former des premiers son ordre des Amphi-
bies placé à la suite des Carnassiers, et des
Lamantin et Dugong il fit l'ordre des Cé-
tacés herbivores ; d'où il résulte que dans sa
214
LAM
classification l'animal qui nous occupe se
trouve casé entre le Bœuf et le Dauphin. Si
Cuvier, dans sa méthode, classe le Laman-
tin fort loin des Pachydermes, M. de Blain-
ville, au contraire, l'éloigné beaucoup des
Cétacés pour le réunir aux Pachydermes.
M. Lesson trouve sa place entre les Pangolins
et les Éléphants , M. îs. Geoffroy le case en-
tre les Échidnés et les Marsouins, etc., etc.
Que signifient toutes ces tergiversations
d'hommes recommandables par leur mérite?
Une chose dont les gens sans préventions
ni systèmes préconçus sont persuadés, c'est
que ces naturalistes , en courant après une
classification naturelle, courent après une
chimère qui , ainsi que je l'ai dit , n'existe
pas dans la nature.
Les Lamantins, comme tous les Cétacés
herbivores, ont les dents à couronne plate,
ce qui, selon Cuvier, « détermine leur genre
dévie, lequel les engage souvent à sortir
de l'eau pour venir ramper et paître sur la
rive. »Ici, les analogies trompent encore
le grand naturaliste, car les Lamantins, pas
plus que les Dugongs et les Stellères, ne
sortent jamais de l'eau ; et si l'on s'en rap-
portait à la triste histoire des déportés à
Cayenne , à Synnamari et à Konanama (en
1797), ils ne seraient pas entièrement her-
bivores et se nourriraient quelquefois de
petits Poissons et de Mollusques. Du reste,
il n'y aurait là rien de plus étonnant que de
voir les Islandais nourrir leurs Vaches et
leurs Moutons, en hiver, avec du poisson
sec. Us ont deux mamelles sur la poitrine
et des poils aux moustaches. Quoique, dans
le crâne, les narines osseuses s'ouvrent vers
le haut, elles ne sont percées dans la
peau qu'au bout du museau, et, par con-
séquent , ils n'ont pas d'évents.
Ces animaux ont le corps oblong, terminé
par une nageoire, non pas bifurquée, mais
simple et ovale allongée. Leurs dents inci-
sives ne sont que rudimentaires , et elles
tombent avant l'âge adulte; les canines
manquent absolument; les molaires, au
nombre de trente-deux à trente-six (huit
ou neuf r'.e chaque côté des deux mâchoires),
sont à peu près carrées, mais les inférieures
sont légèrement allongées; toutes ont la
couronne carrée , plate, marquée plus ou
moins, selon l'âge , de deux collines trans-
versales qui représentent trois mamelons
LAM
s'usant très promptement. Dans le jeune
âge, elles ont en outre chacune deux petits
talons à peu près d'égale grandeur à la mâ-
choire supérieure, et le postérieur beaucoup
plus 'long à la mâchoire inférieure. Les mo-
laires antérieures tombent peu après que
l'animal a atteint l'âge adulte, et c'est pour
n'avoir pas connu cette particularité que
Cuvier, dans son Règne animal , n'assigne
que trente-deux dents aux Lamantins. Ces
dents ont quelque analogie avec celles des
Tapirs, et c'est probablement la grande rai-
son qui détermine Fr. Cuvier à rapprocher
ces animaux des Pachydermes , contre l'o-
pinion de son frère.
Leurs nageoires antérieures, quoique apla-
ties et en apparence membraneuses, se com-
posent de cinq doigts composés chacun de
trois phalanges, et dont quelques uns au
moins sont munis d'ongles plats et arrondis,
ayant une grossière ressemblance avec ceux
d'un homme. G. Cuvier dit que c'est cette
particularité qui a fait comparer leurs nageoi-
res à des mains , et a valu à ces animaux
le nom de Manates, d'où , par corruption ,
pn a fait celui de Lamantin. Il est possible
que cette étymologie soit vraie ; mais cepen-
dant elle me paraît fort douteuse, et voici
pourquoi. Si je ne me trompe, Rochefort
(Hist. nat. des AntilL, chap. 17, art. 5) est
le premier qui ait donné le nom de Laman-
tin à cet animal , que l'on appelait avant
Manali , et je ne pense pas que l'auteur de
V Histoire naturelle des Antilles ait pu appeler
Lamantin un animal qu'il entendait appe-
ler Manati , même quand il aurait ajouté
l'article féminin la devant un mot qu'il
laisse au masculin. D'autre part, le nom de
Manati est-il une corruption du mot espa-
gnol mano , rnain , comme ils le disent ? Je
ne le crois pas davantage, parce que les
Espagnols, comme les Portugais , appellent
le Lamantin Poisson-Femme , sans faire al-
lusion à ses nageoires. Il est donc probable
que le nom de Manati est celui que cet ani-
mal portait primitivement, et qu'il appar-
tient à la langue des naturels de l'Améri-
que , probablement à celle des Guaranis, ou
à un de ses nombreux dialectes. Les nègres
de la Guyane française , où il est très
commun, l'appellent Mama-di-Veau, Ton-
nancri, etc.
Quoi qu'il en soit , les Lamantins man-
LAM
LAM
215
quent absolument de membres postérieurs,
et le bassin n'existe pas même en vestige ,
si l'on s'en rapporte à Daubenton, qui a
disséqué un fœtus de ces animaux. Ce fait
a paru d'autant plus singulier aux métho-
distes, que ces vestiges existent parfaitement
dans le Dugong. La tête , que les voyageurs
ont comparée assez mal à propos à celle d'un
bœuf, approche de la forme conique, et se
termine en un museau charnu portant à sa
partie supérieure des narines fort petites et
dirigées en avant; l'œil est très petit, muni
d'une prunelle, quoi qu'en ait dit un voya-
geur ; la lèvre supérieure est échancrée au
milieu et garnie d'une moustache de poils
raides ; l'oreille externe manque, et le trou
auriculaire est très petit ; la langue est courte
et étroite. Enfin les mamelles, peu appa-
rentes dans les temps ordinaires , devien-
nent grosses et un peu arrondies pendant
la gestation et l'allaitement , et comme elles
sont placées sur l'estomac , c'est pour cette
raison que ces animaux sont nommés Pois-
sons-Femmes par les Espagnols et les Por-
tugais. Buffon a dit que la vulve est placée
au-dessus et non au-dessous de l'anus; mais
de nouvelles observations ont prouvé que
sous ce rapport le Lamantin n'offre aucune
anomalie.
Quant à l'intérieur, les Manates offrent
une grande ressemblance avec certains Pa-
chydermes. Leur estomac est divisé en plu-
sieurs poches , leur cœcum se divise en deux
branches, et ils ont un talon boursouflé,
caractères qui appartiennent aux Herbivo-
res. Ils ont seize paires de côtes, mais dont
deux seulement s'unissent au sternum ;
leur cou se compose de six vertèbres très
courtes.
1. Le Lamantin d'Amérique, Manatus ame-
ricanus Desm., Trichecus manatus Lin.,
Manatus australis Tiles.; le Manati de l'O-
rénoque, Humb.; le Bœuf marin , la Vache
marine , la Sirène, de quelques voyageurs;
le Manati américain, le grand Lamantin
des Antilles, Buff. Il se trouve à l'embou-
chure de l'Orénoque, de la rivière des Ama-
zones et de toutes les grandes rivières de
l'Amérique méridionale; il est assez com-
mun à la Guyane. Longtemps on a cru qu'il
n'existait qu'une espèce de Lamantin , et
que cette espèce habitait toutes les parties
chaudes du globe. Cette erreur venait de ce
que les voyageurs Léguât et Dampier ont
pris , dans les Grandes-Indes, des Dugongs
pour des Lamantins, et qu'on ne savait pas
encore que le Lamantin d'Afrique , décrit
par Adanson , fût d'une autre espèce que
celui d'Amérique.
Cet animal atteint quelquefois jusqu'à
6n 50 c. de longueur, et pèse alors 8 mil-
liers ; dans ce cas, il doit avoir dans sa
plus grande épaisseur, qui se trouve un
peu avant le milieu du corps, près de 7mè*
très de circonférence et lm 50 à 2 mètres de
diamètre. Mais il paraît que c'est assez ra-
rement qu'il atteint ces énormes dimen-
sions , et ceux que l'on pêche habituelle-
ment ne dépassent guère 5 mètres.
Son corps forme une ellipsoïde allongée,
dont la tête forme la partie antérieure, et
dont l'extrémité postérieure, après un lé-
ger étranglement, s'aplatit et s'élargit pour
former la queue, qui fait à peu près le quart
de la longueur totale de l'animal : elle est
oblongue, avec le bout large, mince, comme
tronqué. Aucun rétrécissement ne fait re-
marquer la place du cou, et la distance du
bout du museau à l'insertion des nageoires
est d'un peu moins du quart de la longueur
totale. La tête a la forme d'un cône tron-
qué antérieurement, avec un museau gros
et charnu , formant le demi-cercle à son
extrémité; le haut de celui-ci est percé de
deux petites narines en croissant, dirigées
en avant; le bas de ce museau, formant
la lèvre supérieure, est renflé, échancré
dans son milieu , et garni de poils gros et
rudes; la lèvre inférieure est plus courte et
plus étroite que la supérieure. La bouche
est peu fendue, et l'œil est placé sur le haut
de la tête , à la même distance du museau
que l'angle des lèvres. L'oreille , qui n'est
qu'un trou presque imperceptible, est à la
même distance de l'œil que celui-ci l'est du
bout du museau. L'avant-bras, qui porte
la nageoire , est plus dégagé du corps que
celui du Dauphin , ce qui donne à la main
plus de facilité pour le mouvement. La
main, ou nageoire, est munie de trois ou
quatre ongles plats et arrondis, ne dépas-
sant pas la membrane ; le pouce n'en a
jamais, et quelquefois il manque au petit
doigt. Les organes de la génération n'ont
rien de remarquable. Enfin toute la peau
21G
LAM
est grise, légèrement chagrinée, portant çà
et là quelques poils isolés, plus nombreux
vers la commissure des lèvres et à la face
palmaire des nageoires.
Les Lamantins vivent également dans
Veau salée et dans l'eau douce; mais on
croit qu'ils ne se hasardent jamais dans la
haute mer, et même qu'ils s'éloignent fort
peu du rivage. Cependant un fait très sin-
gulier semblerait contredire cette assertion,
si on s'en rapporte à Duhamel. « A la suite
d'un coup de vent, un Lamantin femelle,
avec son petit, fut jeté à la côte près de
Dieppe, où les habitants, ajoute-t-il, se
rappellent encore cet événement. » Si la
chose est vraie, cet animal avait voyagé
dans la haute mer, soit qu'il vînt des An-
tilles, ou, ce qui est plus probable, de
l'Afrique. Quoi qu'il en soit de ce fait très
douteux, il est certain que ces animaux se
plaisent à remonter très loin les fleuves de
l'Amérique , et qu'on en trouve fort sou-
vent à plusieurs centaines de lieues au-
dessus de leur embouchure. Gumilla dit
qu'on les trouve en grand nombre dans les
lacs de l'Orénoque; mais que, dans une
certaine saison de l'année , ils les quittent
pour retourner à la mer. C'est alors que
les Indiens, qui en aiment beaucoup la
chair, les arrêtent au passage et en tuent
un nombre considérable.
Ils vivent en famille , mais ces fa-
milles se réunissent pour former des trou-
peaux quelquefois immenses. L'auteur cité
plus haut dit qu'un lac de l'Orénoque ayant
été tout-à-coup desséché par un accident,
sans que les Lamantins eussent eu le temps
de s'en échapper, il en périt au moins trois
mille. Leur caractère est fort doux , affec-
tueux , et ils possèdent à un haut degré
l'instinct de la sociabilité; mais loin d'a-
voir une très grande intelligence , comme
beaucoup d'auteurs, et entre autres Buf-
fon , la leur accordent, il me semble qu'ils
sont stupides comme la plupart des Her-
bivores. En effet, dans les contrées où
ils n'ont pas trop été harcelés par les hom-
mes , ils se laissent approcher, toucher
même sans aucune crainte, et il faut, dit-
on , les frapper assez rudement pour qu'ils
aient la prévision du danger et qu'ils pren-
nent le parti de s'éloigner. Il paraît qu'ils
sont monogames, et que le mâle ne quitte
LAM
jamais sa femelle ; il l'aime avec tendresse,
la défend avec courage , et l'aide à soigner
et élever ses petits. Si elle meurt, il reste
auprès du cadavre et ne l'abandonne qu'à
la dernière extrémité. Les petits ont la
même tendresse pour leur mère. Aussi les
pêcheurs, qui connaissent les mœurs de
ces animaux, savent-ils mettre à profit
l'affection qu'ils ont les uns pour les autres,
et, autant qu'ils le peuvent, ils tâchent de
harponner une femelle , bien sûrs qu'ils
sont de s'emparer ensuite très facilement
de son mâle et de ses enfants. Pour cette
pêche, ils s'embarquent sur un léger canot,
et vont chercher les Lamantins sur les pla-
ges peu profondes et herbeuses, autour des
îles et à l'embouchure des fleuves, où
ils viennent paître les Fucus et autres
végétaux marins, dont ils se nourris-
sent uniquement. Quelquefois, pour les
harponner, ils attendent qu'ils viennent
respirer à la surface des ondes ; d'autres fois
ils les surprennent dans le sommeil, et ces
animaux se laissent alors flotter sur les
eaux , n'ayant que le museau au-dessus de
leur surface. Il arrive encore, surtout dans
les lacs et dans les fleuves, quand l'eau n'a
pas une très grande profondeur, qu'on les
aperçoit paissant sur les bas-fonds , et,
dans ce cas , les Indiens se servent volon-
tiers de trains de bois flottant en guise de
canot, et d'une flèche fixée au bout d'une
lance pour remplacer le harpon.
Dans tous les cas, lorsque le harponneur
est à portée de l'animal , il lui lance son
instrument , qui tient par un anneau à
une ligne ou cordelette longue d'une cen-
taine de brasses au moins. Le Manate, en se
sentant blessé, fuit de toute la vitesse dont
il est capable , en emportant avec lui le
harpon et la ligne , au bout de laquelle est
attachée une bouée, ou flotte, indiquant aux
pêcheurs la direction qu'il prend dans sa
fuite. A ses mouvements convulsifs et inac-
coutumés , au sang qui jaillit de sa bles-
sure , les autres Lamantins reconnaissent
le danger qui le menace , et s'empressent
de lui porter secours : les uns cherchent à
arracher le harpon enfoncé dans ses flancs,
les autres font leurs efforts pour couper la
corde que le blessé traîne après lui ; mais
ils ne peuvent y parvenir, parce que leur
bouche n'est pas assez bien armée p*TT
LAM
cela. Le malheureux animal , sentant ses
forces s'épuiser avec son sang , cherche à
gagner le rivage , afin de trouver un bas-
fond sur lequel il puisse s'appuyer pour
élever sa tête à la surface et respirer. Les
pécheurs reconnaissent que c'est là son
dernier effort. Quelques uns d'entre eux
saisissent la ligne, descendent sur le rivage,
et tirent le mourant sur le bord; s'il fait
encore quelque résistance , ceux qui sont
restés dans le canot l'achèvent à coups de
lance. Si c'est une femelle suivie de son pe-
tit, celui-ci , qui n'a pas quitté sa mère ,
cherche à la suivre sur le rivage, et, sans
opposer la moindre résistance , il se laisse
prendre facilement; le mâle la suit égale-
ment, ou si , effrayé dans les premiers in-
stants , il fuit à quelque distance , il ne
tarde pas à revenir et à se 'laisser har-
ponner.
Il est assez facile d'observer les mœurs des
Lamantins sur le bord des fleuves encaissés ;
car, ainsi que je l'ai dit , ils ne sont ni dé-
fiants ni farouches. Si la profondeur des
eaux le leur permet, on les voit s'approcher
jusque contre les rives, et élever la moitié
du corps au-dessus des ondes pour attein-
dre et brouter les herbes et les arbrisseaux
du rivage; mais, quoi qu'on en ait dit, ils
ne quittent jamais leur élément pour venir
ramper sur la terre. Pour allaiter son petit,
la mère le prend avec une de ses nageoires
et le presse sur son sein. Elle le suit avec
la plus grande sollicitude, le guide, lui ap-
>rend à connaître les herbes dont il doit se
lourrir, et ne l'abandonne que lorsqu'il est
mt-à-fait adulte. Il en résulte qu'on la
roit souvent suivie de deux petits, ce qui a
fait croire à quelques voyageurs qu'elle en
îettait bas deux à chaque portée. Néan-
moins, si la loi des analogies a quelque va-
;ur, elle ne doit en faire qu'un, et la plu-
)art des auteurs sont assez d'accord sur ce
)int. On ignore absolument la manière dont
fait l'accouplement, et le temps de la
îstation.
Si l'on s'en rapportait à Herrera, et sur-
>ut à Lopès de Gomara, le Lamantin s'ap-
wivoiserait très facilement. Ce dernier au-
îur raconte qu'un Manati, ayant été pris
mne, fut transporté à Saint-Domingue où
)n le plaça dans un petit lac. Il y vécut plu-
ieurs années, et devint aussi familier qu'un
t. vu.
LAM
217
Chien. Il accourait au nom de Matto, rece-
vait la nourriture des mains de son maître»
aimait à jouer avec les personnes qu'il con-
naissait, et les transportait même sur son
dos d'une rive à l'autre. Ce dernier fait
pourrait bien n'être qu'une réminiscence
classique de Gomara, car elle rappelle ter-
riblement l'histoire du Dauphin du lac Lu-
crin, et ceci peut rendre le récit de l'auteur
un peu suspect. Quand ces animaux quit-
tent la mer pour remonter les fleuves, ils se
réunissent en grande troupe, et gardent un
certain ordre dans leur marche. Les mâles
les plus vieux et les plus for ta se placent à
la tête, les femelles suivent eu veillant sur
leurs petits, et les jeunes sont au milieu du
troupeau. Selon le récit de quelques Indiens,
il n'est pas toujours sans danger de les at-
taquer pendant qu'ils sont ainsi réunis ; car,
pour porter secours à celui que l'on a har-
ponné et hissé dans l'embarcation , ils se
précipitent en si grand nombre autour du
canot qu'ils peuvent le submerger.
Leur chair passe pour excellente; elle a,
selon les uns, le goût du meilleur bœuf, et
celui du veau ou du porc selon d'autres.
Leur graisse est fort douce, et a la précieuse
qualité de se conserver longtemps sans s'al-
térer ni rancir. Le lait que l'on sort des ma-
melles des mères pendant l'allaitement est,
dit-on , d'une saveur fort agréable.
2. Le Lamantin du Sénégal , Manalus sene-
galensis Desm. , le Léréou des nègres Yo-
lofes , le Pazzi-Mouller ou Poisson-Femme
des Portugais $ VAmbisiangulo et le Pasien-
goni des nègres de quelques côtes. Ce Ma-
nate n'a été bien connu que par Adanson,
qui nous en a donné cette description :
« J'ai vu, dit-il, beaucoup de ces animaux;
les plus grands n'avaient que 8 pieds de
longueur , et pesaient environ 800 livres.
Une femelle de 5 pieds 3 pouces de long ne
pesait que 194 livres. Leur couleur est d'un
cendré noir; les poils sont très rares , sur-
tout sur le corps ; ils sont en forme de soies,
lor^ues de 9 lignes ; la tête est conique, et
d'une grosseur médiocre relativement au
volume du corps. Les yeux sont ronds et
petits; l'iris est d'un bleu foncé et la pru-
nelle noire; le museau est presque cylin-
drique ; les deux mâchoires sont à peu près
également larges ; les lèvres sont charnues
et fort épaisses; il n'y a que des dents nr. -
28
218
LAM
laires, tant à la mâchoire du haut qu'à celle
d'en bas; la langue est de forme ovale , et
attachée presque jusqu'à son extrémité à la
mâchoire inférieure... Je n'ai pu trouver
d'oreille dans aucun , pas même un trou
assez fin pour pouvoir y introduire un sty-
let. Il y a deux bras ou nageoires placés à
l'origine de la tête, qui n'est distinguée du
tronc par aucune espèce de cou, ni par des
épaules sensibles; ces bras sont à peu près
cylindriques, composés de trois articulations
principales, dont l'antérieure forme une es-
pèce de main aplatie, dans laquelle les
doigts ne se distinguent que par quatre on-
gles d'un rouge brun et luisant; la queue
est horizontale comme celle des Baleines,
et elle a la forme d'une pelle à four. Les fe-
melles ont deux mamelles plus elliptiques
que rondes , placées près de l'aisselle des
bras. La peau est un cuir épais de 6 lignes
sous le ventre, de 9 lignes sur le dos, et
de 1 pouce 1/2 sur la tête. La graisse est
blanche et épaisse de 2 à 3 pouces ; la chair
est d'un rouge pâle et plus délicate que
celle du Veau. 11 vit d'herbes, et se trouve
à l'embouchure du fleuve Niger, c'est-à-dire
du Sénégal. »
Ce Lamantin se trouve non seulement à
l'embouchure du Sénégal , comme le dit
Adanson, mais encore sur toute la côte oc-
cidentale d'Afrique , depuis ce fleuve jus-
qu'à la Guinée méridionale. Quant à ceux
que quelques voyageurs disent avoir ren-
contrés sur les côtes de Madagascar, il est
certain qu'il faut les rapporter à l'espèce du
Dugong , quoiqu'ils leur donnent le nom
de Manate,
A la description qu'Adanson a donnée, on
peut déjà juger que cet animal doit former
une autre espèce que celui d'Amérique. En
effet , nous voyons que sa taille est moitié
plus petite, sa couleur plus foncée, les ma-
melles plutôt elliptiques que rondes , le
trou auditif plus petit, la queue moins tron-
quée au bout. Si ensuite on compare le
squelette de la tête de ces deux animaux,
on trouvera, selon G. Cuvier, que celui du
Sénégal a la tête proportionnellement plus
courte; les intermaxillaires longs et plus
larges en avant des maxillaires; l'apophyse
zygomatiquedu temporal bien moins élevée;
les frontaux beaucoup plus bombés ; les
crêtes pariétales bien moins rapprochées;
LAM
l'os de la pommette sensiblement moins
étendu; la mâchoire inférieure singulière-
ment plus courte, plus épaisse , et son bord
inférieur beaucoup plus courbé.
Il résulte de tout ceci, que si le Laman-
tin du Sénégal n'est pas une espèce distincte,
c'est au moins une variété très tranchée.
Quant aux mœurs de cet animal, tout ce
qu'on en sait est que non seulement il se
trouve à l'embouchure des fleuves, mais en-
core le long de leur cours, à une très grande
distance de la mer, dans les lacs, etc. Se-
lon Dapper, il pousserait des cris effrayants
quand il serait blessé, et sa chair, très
grasse et fort bonne , ressemblerait à celle
du Cochon ; on la salerait pour la conserver,
mais quelquefois cette nourriture ne serait
pas sans inconvénient pour les marins. En-
fin, l'abbé Dumannet dit, au contraire,
qu'elle est fort saine, et que les nègres l'ai-
ment avec passion , ce qui est cause qu'ils
font une guerre soutenue à ces animaux et
en diminuent beaucoup le nombre.
3. Le Lamantin a large museau , Manalus
îatirostris Harlan, est une espèce fort dou-
teuse, établie par M. Harlan sur quelques os
de la tête, fort endommagés, et trouvés en
Amérique, sur le rivage de la mer, où 1rs
flots les avaient jetés. Ce Manate, s'il exis-
tait, habiterait le golfe du Mexique et la
mer des Antilles. « (Boitard.)
LAMANTINS FOSSILES, paléont. —
Voy. METAXYTHERIUM.
LAMARCHEA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Myrtacées, établi
par Gaudichaud (m Freycinet, 483, t. 110).
Arbres de la Nouvelle-Hollande. Voy. myr-
tacées.
LAMARCKEA, Pers. bot. ph. — Syn.
de MarcJcea, L.-C. Rich.
LAMARCKIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Graminées - Festu-
cacées, établi par Mœnch (Meth., 201). Gra-
mens des régions méditerranéennes. Voy.
graminées. — Hortul.,syn. d'Elœsdendroriy
Jacq. — bot. cr.— Oliv. , syn. de Codium,
Stackh.
LAMRERTIA (nom propre), eot. ph.—
Genre de la famille des Protéacées-Grévil-
Ices, établi par Smith {inLinn. Transact. ,
IV, 214, t. 20). Arbrisseaux de la Nou-
velle-Hollande. Voy. PROTÉACÉES.
LAMBIS. moll. — Nom vulgaire d'une
LAM
LAM
219
grande espèce dePtérocère, Plerocera lam-
bis de Lamarck. Voy. ptérocère. (Desh.)
L AMBRE. Lambrus. crust. — Genre de
l'ordre des Décapodes brachyures, de la fa-
mille des Oxyrhynques, de la tribu des Par-
thénopiens, établi par Leach et adopté par
tous les carcinologistes. Les espèces qui com-
posent cette coupe générique ont le rostre
petit , mais assez convexe. Les yeux sont
parfaitement rétractiles et les orbites pres-
que circulaires. Les antennes internes se
reploient obliquement , et les fossettes qui
les logent se continuent en général sans in-
terruption avec les orbites. L'épistome est
peu développé , et beaucoup plus large que
long. Les régions ptérygostomiennes sont
petites et presque triangulaires. Le plastron
sternal est beaucoup plus long que large.
Les pattes de la première paire sont au moins
deux fois et demie aussi longues que la por-
tion post-frontale de la carapace, et souvent
elles ont plus de deux fois cette longueur;
elles sont toujours plus ou moins triangu-
laires avec la pince qui les termine, petite,
brusquement recourbée en bas, de manière
a former un angle avec le reste de la main.
Les pattes suivantes sont courtes et grêles,
et diminuent progressivement. L'abdomen
de la femelle présente quelquefois six arti-
cles , tandis que celui du mâle n'en offre
que cinq, et même quelquefois que quatre.
<^es Crustacés habitent la Méditerranée et
l'océan Indien; ils vivent parmi les rochers
a d'assez grandes profondeurs. Le Lambre
longimane , Lambrus longimanus Leach ,
peut être considéré comme le type de ce
genre. Nos côtes méditerranéennes nourris-
sent les Lambrus Massena et méditer raneus,
que l'on trouve aux environs de Toulon, de
Nice et de Sicile, et que j'ai rencontrés
aussi, en Algérie, dans les rades de Bone et
d'Oran. (H. L.)
LAME PROLIGÈRE. bot. — Organe
particulier aux végétaux désignés sous le
nom de Lichens. Voy. ce mot.
*LAMELLAIRE. Lamellaria. moll.—
Montagu a donné ce nom à un petit Mol-
lusque nu paraissant appartenir au g. Pté-
iobranche. Voy. ce mot. (Desh.)
LAMELLE. Lamella. bot. — M. de Mir-
bel donne ce nom à certains appendices pé-
taloïdes qui naissent sur les corolles de quel-
ques plantes; et beaucoup de botanistes
l'appliquent à la membrane plissëe qui gar-
nit le dessous du chapeau des Agarics.
*LAMELLÉS. Lamellata. moll. —La-
treille, dans ses Familles naturelles, a pro-
posé de substituer ce nom à celui de Polype
laxifère, donné par M. de Blainville aux Os-
cabrions (voy. ce mot). M. Rang, dans son
Manuel des Mollusques, a préféré ce nom de
Lamelles à celui de M. de Blainville. (Desh.)
LAMELLIBRANCHES. Lamellibran-
chiala. moll. — M. de Blainville a proposé
d'appliquer ce nom à tous les Mollusques dont
les branchies, placées par paire entre le corps
et le manteau, sont étalées sous forme de
larges lamelles. Par ce moyen, M. de Blain-
ville réunit tous les Mollusques acéphales
des auteurs eteonchifères de Lamarck. Voy.
mollusques. (Desh.)
LAMELLICORNES. Lamellicornes (la-
mellœ, petites feuilles; cornu, corne), ins.
— Famille de Coléoptères pentamères, très
nombreuse en espèces et en genres, établie
par Latreille, et divisée par l'auteur en deux
tribus: Scarabéides et Lucanides.
Les Scarabéides renferment six divisions :
les Coprophages, les Arénicoles, les Xylo-
philes, les Phyllophages, les Anthobies et
les Mélitophiles ; les Lucanides, deux : les
Lucanes et les Passales.
Mac-Leay, qui a fait une étude particu-
lière de ces Insectes, en a formé (Annulosaja-
vanica, édition Lequien, Paris 1833) deux
familles : celle des Rectocères, qui comprend
les Lamprimides, les iEsalides, les Syndéri-
des,les Passalides et les Lucanides ; et celle
des Pétalocères , divisée en Saprophages et
Thalérophages, et renfermant chacune cinq
tribus nommées : Géotrupides, Scarabéides,
Aphodiides, Trogides, Dynastides, Anoplog-
natbides , Mélolonthides , Giaphyrides, Cé-
toniides et Rutélides.
Mulsant, dans ses Lamellicornes de France,
a adopté à peu près la même manière de voir
pour la partie restreinte qu'il a traitée, mais
dans une classification inverse.
Le docteur Burmeister a commencé un
travail considérable sur cette famille, et
comme les deux volumes qui ont paru ne
concernent que les Mélitophiles et les Scara-
béides , nous ne pouvons en rendre compte
ici.
Les Lamellicornes offrent des antennes
insérées dans une fossette profonde, sous les
220
LAM
bords latéraux de la tête, toujours courtes,
de neuf à dix articles , et terminées en une
massue compostée ordinairement des trois
derniers, qui sont en forme de lame , tan-
tôt disposée en éventail ou à la manière des
feuillets d'un livre , quelquefois contournée
et s'emboîtant concentriquement, le premier
ou l'inférieur de cette massue ayant alors la
forme d'un demi-entonnoir et recevant les
autres; tantôt disposée perpendiculairement
à l'axe et formant une sorte de peigne.
Le corps est généralement ovoïde ou ova-
laire et épais. Le côté extérieur des deux
jambes antérieures est denté, et les articles
des tarses, à l'exception de quelques mâles,
sont entiers et sans brosses ni pelotes en
dessous. L'extrémité antérieure de la tête
s'avance ou se dilate le plus souvent en ma-
nière de chaperon. Le menton est grand,
•ecouvre la languette ou est incorporé avec
elle, et porte les palpes. Les mandibules de
plusieurs sont membraneuses, caractère
unique pour cette famille. Souvent les mâles
diffèrent des femelles, soit par des élévations
en forme de cônes ou de tubercules du cor-
selet ou de la tête, soit par la grandeur des
mandibules.
Cette famille est l'une des plus belles de
cet ordre sous le rapport de la grandeur du
corps, de la variété des formes dans les deux
sexes, ou du brillant métallique des cou-
leurs.
La plupart des Lamellicornes se nouas-
sent de végétaux décomposés, tels que le fu-
mier, le tan, ou de matières excrémentitiel-
les; les Mélitophiles se rencontrent sur les
fleurs ou sur le tronc d'arbres ulcérés, mais
leurs larves vivent de détritus ligneux.
Les larves ont le corps long, presque
demi-cylindrique, mou, souvent ridé, blan-
châtre , divisé en douze anneaux , avec la
tête écailleuse, armée de fortes mandibules,
et six pieds écailleux. Chaque côté du corps
a neuf stigmates ; son extrémité postérieure
est plus épaisse, arrondie, et toujours cour-
bée en dessous : en sorte que ces larves, ayant
le dos convexe et arqué, ne peuvent s'éten-
dre en ligne droite, marchent mal sur un
plan uni, et tombent à chaque instant à la
renverse ou sur le côté. On peut se faire une
idée de leur forme par celle de la larve si
connue des horticulteurs sous le nom de Ver
liane , celle du Hanneton commun. Quel-
T.AM
ques unes ne se changent en nymphe qu'au
bout de trois à quatre ans ; elles se forment
dans leur séjour, avec de la terre ou les dé-
bris des matières qu'elles ont rongées, une
coque ovoïde en forme de boule allongée ,
dont les parties sont liées avec une substance
glutineuse qu'elles émettent du corps. Elles
ont pour aliments le fumier, le tan, les dé-
bris de peaux d'animaux ou de vieux vête-
ments, les racines des végétaux, souvent
même de ceux qui sont nécessaires à nos
besoins, d'où résultent pour le cultivateur
des pertes considérables.
Les trachées de ces larves sont élastiques,
tandis que celles de l'insecte parfait sont
tubulaires. Le système nerveux , considéré
dans ces deux âges , présente aussi des dif-
férences remarquables. Les ganglions sont
moins nombreux et plus rapprochés dans
l'insecte parvenu à sa dernière transforma-
tion , et les deux postérieurs portent un
grand nombre de filets disposés en rayons.
D'après les observations de M. Marcel de
Serres sur les yeux des insectes , ceux des
Lamellicornes offrent des caractères parti-
culiers , et qui rapprochent leur organisa-
tion de celle des yeux des Ténébrionites et
autres insectes lucifuges.
Le tube alimentaire est généralement
fort long, surtout dans les Copropbages,
contourné sur lui-même , et le ventricule
chylifique est hérissé de papilles, reconnues
par M. Léon Dufour pour des bourses desti-
nées au séjour du liquide alimentaire. Les
vaisseaux biliaires ressemblent , par leur
nombre et leur mode d'implantation, à ceux
Coléoptères carnassiers , mais ils sont plus
longs et plus déliés.
M. Hercule Straus a publié, dans un ou-
vrage in-4°, de belles planches et de pro-
fondes observations sur l'anatomie du Han-
neton commun.
Le Catalogue de M. Dejean réunit dans
la famille des Lamellicornes 201 genres et
2,380 espèces. Depuis l'époque où cet ou-
vrage a paru, le nombre des premiers est plus
que doublé, et celui des espèces est à peu
près dans la même proportion. (C.)
LAMEIXINE. Lamellina (lamella, petite
lame), infus.— Genre proposé par M. Bory
de Saint-Vincent pour la Monas lamellula
de Miiller, et pour quelques autres Infu-
soires très petits, homogènes, ayant la forme
LAM
d'une lame en carré long , et la transpa-
rence du verre. Il faudrait de nouvelles ob-
servations pour déterminer les caractères
de ces Infusoires , qui doivent être munis
d'un ou de plusieurs filaments flagellifor-
mes locomoteurs , s'ils appartiennent réel-
lement à la famille des Monadiens. (Duj.)
LAMELLIROSTRES. Lamellirostres.
ois. — Sous ce nom, G. Cuvier a établi, dans
l'ordre des Palmipèdes, une famille qui ren-
ferme toutes les espèces de cet ordre dont
le bec est épais , revêtu d'une peau molle
plutôt que d'une véritable corne , et garni
sur ses bords de lames ou petites dents ;
dont la langue est large, charnue, dentelée
sur ses bords ; et qui ont pour habitude de
vivre plutôt sur les eaux douces que sur les
eaux de la mer. Cette famille se compose
des genres Cygne, Oie, Cercopse, Bernache,
Canard, Macreuse, Garrot , Eider, Milouin,
Souchet, Tadorne, Sarcelle et Harle. Elle cor-
respond à celle que Vieillot a nommée Der-
morhynques. (Z. G.)
LAMELLOSODENTATI. ois.— Famille
établie par Illiger ( Prod. mam. et av.), et
qui correspond entièrement à celle des La-
mellirostres de G. Cuvier. Voy. lamelli-
rostres. (Z. G.)
LAMIA (),aa?a, voracité), ins. — Genre
de Coléoptères pentamères ( tétramères
de Latreille), famille des Longicornes,
type de la tribu des Lamiaires , créé
par Fabricius, adopté par Olivier, Latreille,
Serville et Mulsant , mais restreint par les
deux derniers auteurs à une espèce d'Eu-
rope : le Cerambyx texlor de Linné, espèce
entièrement noire, aptère, à enveloppe dure
et coriace. La larve, ainsi que l'insecte
parfait, vit dans les racines du Saule et de
l'Osier. Cette espèce est assez commune aux
environs de Paris. (C.)
LAMIACEES. Lamiaceœ. bot. ph. —
M. Lindley a proposé de substituer au nom
de Labiées celui-ci, qui serait plus conforme
aux règles de nomenclature établies , mais
qui néanmoins n'a pas prévalu. (Ad. J.)
LAMIAIRES.Iawianœ.iNS.— Tribu for-
mée par Latreille dans l'ordre des Coléoptè-
res, famille des Longicornes subpentamères,
etquiétaientdésignés précédemment comme
tétramères. L'auteur l'a caractérisée ainsi :
Tête verticale ; palpes filiformes, guère plus
gros à leur extrémité, terminés par un ar-
LAM
521
ticle plus ou moins ovoïde, allant en pointe ;
lobe extérieur des mâchoires un peu rétréci
au bout, se courbant sur la division interne ;
antennes le plus souvent sétacées ou simples;
corselet, abstraction faite des tubercules ou
épines des côtés, à peu près de la même lar-
geur partout. Quelques espèces sont aptères,
caractère qui ne se retrouve dans aucune
autre division de cette famille. Latreille com-
pose cette tribu des genres Lamia, Saperda,et
de quelques uns des Stenocorus de Fabricius ;
il cite comme devant y être rattachés les
genres Acrocinus, Tetraopes, Monohammus,
Dorcadion, Parmena, Âdesmus, Apomecyna,
Colobothea, de divers auteurs. Serville a
adopté cette tribu.
Mulsant, qui en forme une branche de
ses Lamiens (Histoire naturelle des Longi-
cornes de France, p. 118, 130), pour la par-
tie restreinte qu'il a traitée, n'y introduit
que les genres Morimus, Lamia et Monoham-
mus.
Les Lamiaires représentent au Catalogue
de Dejean 163 genres et 839 espèces; et, vu
le trop grand nombre de ces genres , nous
nous dispenserons de les énumérer. On peut
juger par leur répartition géographique que
les climats chauds et boisés sont les plus fa-
vorables à ces Insectes : ainsi l'Amérique re-
présente 484 espèces; l'Europe, si explorée,
seulement 125 ; l'Afrique, 108 ; l'Asie, 101 ;
l'Australasie, 21.
Depuis la publication de ce Catalogue,
MM. Guérin, Erichson, Newman,etc, etc.,
ont établi une cinquantaine de nouvelles
coupes génériques. Les espèces qui s'y rap-
portent, ainsi que celles décrites antérieure-
ment, et qui étaient inconnues à Dsjean,
forment un total d'environ 1,400.
Les Lamiaires varient infiniment pour
la taille. La plus grande a 80, et la plus pe-
tite n'a guère plus de 2 millimètres de lon-
gueur. En général, cette taille est assez éle-
vée et peut être portée en moyenne de 40 à
50. Leurs couleurs vives sont tranchées
chez les espèces des Indes orientales et de
l'Afrique équinoxiale; chez les américaines,
ces couleurs sont variées de cendré, de brun,
de fauve et de jaune, et forment un mélange
la plupart du temps indescriptible. Beau-
coup sont recouvertes d'une pubescence co-
tonneuse qui, exceptionnellement, est chan-
geante. Les espèces d'Europe sont le plus
222
LAM
LAM
souvent d'un noir plus ou moins foncé, et
celles aptères ont des lignes blanchâtres ou
grises. On reconnaît celles aptères de l'A-
frique méridionale et de l'Australie à la
consistance épaisse de leurs étuis, qui, d'or-
dinaire, présentent des tubercules ou des
épines ; indépendamment de ces bizarreries,
leur physionomie rappelle certains Drachy-
cerus.
A l'état d'insectes parfaits , les Lamiaires
se rencontrent sur le bois mort, et les espèces
aptères se traînent sur le sol. Ces dernières
sont toujours diurnes; la plupart des autres
sont aussi dans ce cas; plusieurs, toutefois,
sont crépusculaires ou nocturnes.
A l'état de larves, les Lamiaires ne sillon-
nent pas ordinairement les couchesligneuses,
et ne pratiquent pas ainsi dans les arbres les
dégâts considérables qu'y commettent par
conséquent les grandes espèces des Procé-
phalides (les Spondyliens, les Prioniens, et
les Cérambycins). Comment, en effet, après
leur dernière métamorphose, se traceraient-
ils avec leur tête, souvent très inclinée, un
long chemin pour arriver au jour? Aussi la
plupart se contentent de ronger presque ex-
clusivement les écorces, ou vivent, dans cer-
tains végétaux, de la substance médullaire
qu'ils renferment. Il a sufû à la nature de
modifier la direction de leur bouche pour
opérer, entre leurs habitudes et celles des
espèces des autres tribus de Longicornes, ces
différences importantes.
Nous croyons devoir donner un extrait des
observations très intéressantes de M. Solier
(Ann. de la Soc. entom. de France, t. IV,
P. 123-129, pi. 3, fig. A) sur les métamor-
phoses de la Parmena pilosa (P. Solieri de
Mulsant), habitant le midi de la France.
Larve blanchâtre; mandibules noires.
Tête antérieurement rousse. Premier seg-
ment (prothorax) avec une ligne transverse
d'un brun pâle; apode; composé de douze
segments; côtés légèrement ciliés; cils longs,
roussâtres, écartés; premier segment plus
grand que les autres, lisse; deuxième, égale-
ment lisse, plus court que les autres; les sui-
vants,jusqu'au dixième, inclus, augmentant
insensiblement de longueur, offrant deux
élévations dorsales tuberculeuses, plus éle-
vées et espacées vers ces derniers; onzième et
douzième plus larges; premier et dixième
plusdiîatés. Elle est un peu rétrécie dans le
milieu de sa longueur. Segments inférieurs
suivant à peu près la même gradation qu'en
dessus : deux élévations, ornées de tuber-
cules, depuis le troisième jusqu'au dixième
compris, représentant des pattes membra-
neuses peu prononcées. Côtés des segments
plus ou moins arqués, ayant une fossette
oblongue, longitudinale, et formant un
bourrelet marginal ondulé ; stigmates petits,
bruns, s'oblitérant postérieurement, placés
sur les deuxième, quatrième, cinquième à
onzième segments ; premier très grand.
Derniers segments montrant deux enfonce-
ments et deux petits tubercules bruns à
l'extrémité.
M. Solier dit avoir trouvé cette larve en
mars, aux environs de Marseille , dans des
tiges sèches de VEuphorbia characias. Elle
se pratique un chemin tortueux dans la
moelle dont elle fait sa nourriture, et re-
vient ensuite sur ses pas en achevant de
manger ce qui reste de cette moelle. Outre
les excréments, on trouve dans les tiges, des
parties de la fibre ligneuse, serrées et bou-
chant entièrement l'ouverture. L'observateur
suppose que la larve pratique cet obstacle
pour se garantir de ses ennemis au mo-
ment des mues. Il a rencontré plusieurs de
ces larves renfermées entre deux bouchons.
La larve paraît s'introduire plutôt par le
haut; la moelle, étant plus tendre, doit en
effet mieux convenir à sa faiblesse. Parmi
celles trouvées en mars, quelques unesavaient
acquis à peu près toute leur grosseur; d'au-
tres étaient très petites, et il y avait alors
des insectes parfaits. M. Solier présume que
les grosses larves avaient passé l'hiver, et
que les plus avancées s'étaient transformées
dès les premières chaleurs. Elles continuè-
rent de manger, sans prendre un accroisse-
ment bien sensible, jusqu'au commencement
d'août, époque à laquelle elles se transfor-
maient généralement en nymphe. A dater du
8 du même mois, les insectes parfaits sorti-
rent en grand nombre des caisses où cet
entomologiste avait renfermé les plantes at-
taquées.
Lorsqu'on recherche la larve en ouvrant
des tiges, elle s'enfonce du côté opposé
avec assez de vivacité , et se sert , dans ce
mouvement des mamelons tuberculeux
comme de crampons; par ce moyen, elle
fixe alternativement la partie antérieure et
XAM
LAM
postérieure de son corps ; puis, resserrantses
anneaux et les allongeant alternativement,
elle chemine à l'opposé du danger.
Composition des parties de la bouche. —
Mandibules cornées, courtes, anguleuses,
minces, creusées en dedans, tronquées en
arc de cercle sur l'extrémité, paraissant
légèrement bidentées et à dents très écar-
tées; labre court, membraneux, trans-
verse, faiblement rétréci en arrière, cilié
antérieurement , à angles arrondis. Mem-
brane reliant le labre à la tête, représen-
tant l'épistome en segment de cercle très
contractile. Mâchoires grandes, élargies à
la base , terminées par un lobe cilié à son
extrémité , munies chacune d'un palpe
triarticulé : les deux premiers articles très
courts , en cône renversé ; troisième un peu
plus long, étroit, cylindrique. Languette
grande, arquée, velue en avant; renfle-
ments palpiformes très gros. Palpes à deux
articles cylindriques de même longueur.
Premier article beaucoup plus gros; deuxième
étroit, filiforme. Menton court, trapézoïde,
à suture peu distincte, effacée dans le mi-
lieu. Partie inférieure de la bouche réunie
à la tête par une sorte de membrane plissée
postérieurement en arc de cercle. Antennes
très courtes, de deux articles peu appa-
rents; entre elles et l'épistome ressort une
dent triangulaire sur chaque côté.
Nymphe blanche; antennes, tarses et
extrémités vitrés. Yeux marqués d'une tache
brune, arquée, élargie aux deux bouts,
très mince, presque nulle dans le milieu.
Antennes longues, rejetées sur les côtés et
en arrière , courbées vers le bas et en des-
sous, repliées de nouveau en hameçon vers
la tête, à articles indiqués et ayant la lon-
gueur qu'ils devront avoir dans la suite.
Tête fortement courbée en dessous, à bou-
che appliquée contre la poitrine du protho-
rax. Labre et épistome presque aussi mar-
qués que dans l'insecte parfait, mais un
peu plus allongés. Mandibules apparentes,
latéralement arquées, ornées d'une ligne
transversale sanguine qui s'étend à la par-
tie inférieure de la tête. Palpes bien dis-
tincts, à articles courts, presque cylindri-
ques. Pattes repliées en dessous; cuisses
appliquées contre la poitrine, et tibias con-
tre les cuisses, paires antérieures placées
en dessus, et dernière paire en dessous des
fourreaux des élytres; tarses rejetés en ar-
rière et rangés sur deux lignes longitudi-
nales, vers le milieu, et de manière à sé-
parer les élytres. Élytres courtes , subtrian-
gulaires , repliées en dessous et reparaissant
en dessus , sur les côtés, avec un écart no-
table. Prothorax très grand , plus court que
dans l'insecte parfait , ce qui le fait paraître
plus large; mésothorax plus court, néan-
moins assez développé , caché en dessous
par les pattes et les tarses , subtriangulaire
en dessus, à peu près réduit au scutellum;
métathorax très court, peu développé. Ab-
domen vu en dessus , très grand , à peu
près en demi-cercle, composé de 7 seg-
ments; segments antérieurs courts, trans-
verses, égaux en longueur, dernier ( ou
anus) très petit, terminé par 2 épines di-
vergentes. Les 6 premiers segments et le
métathorax marqués d'une ligne longitudi-
nale médiane plus obscure. En dessous, ces
segments sont plus lisses que dans la larve ,
et les tubercules et poils du dessus sont plus
rares et placés sur le bord postérieur. Les
2 derniers sont lisses. M. Solier pense que
les deux piquants terminaux servent à celte
nymphe de point d'appui pour se débar-
rasser de sa peau. On trouve l'insecte par-
fait sous les pierres pendant les mois de
mars, avril, juin et septembre.
MM. Guilding, de l'île Saint-Vincent, et
L'Herminier, de la Guadeloupe, ont men-
tionné un fait curieux concernant les ha-
bitudes des Oncideres, genre américain, fai-
sant autrefois partie des Lamia de Fabri-
cius, les femelles des 0. ampulaior Fab. et
Lherminieri de Schœnherr. Lorsqu'elles sont
sur le point de pondre, elles saisissent avec
leurs mandibules larges , aplaties et tran-
chantes, une branche d'arbre souvent deux
fois plus plus grosse que leur corps. Elles
volent alentour, de manière à la scier,
jusqu'à ce que, son poids et le vent aidant ,
elle vienne à se rompre. C'est alors qu'elles
déposent, dans les déchirures et les pores de
cette branche, les œufs qui doivent assu-
rer la perpétuité de l'espèce. La même
manœuvre a depuis été constatée par des
voyageurs pour d'autres espèces du même
genre. (C.)
*LAMÏCTIS (Ufj.'«, voracité; hris,mus-
tela). kam. — M. de Blainville (Ann. se. nal.,
VIII, 1839) a établi sous ce nom un petit
224
LAM
groupe de Carnassiers de la division des
Vn erras, et ne comprenant qu'une seule
espèce, désignée sous la dénomination
de Viverra carcharias Bl. Le Lamictis
a quarante dents, savoir : incisives },
canines 7, molaires { à chaque mâ-
choire , ce qui le rapproche des Viverras.
Le museau est assez allongé et le palais
étroit. La langue est garnie de papilles cor-
nées; le gros intestin est musr.uleux et long
de 6 pouces ; le cœcum n'a que 6 lignes ,
il est étroit et musculeux ; l'intestin grêle
a 4 pouces; les pieds antérieurs et posté-
rieurs ont cinq doigts ; il n'y a pas de clavi-
cule. La longueur totale de l'animal est de
0m 72 cent.
M. de Blainville n'a pu étudier qu'un
seul individu de ce groupe; il provenait
de l'Inde, d'où il avait été envoyé en 1826
par M. Diard. Le Viverra carcharias se rap-
proche un peu du Cynogale. { E. D.)
LAMÏË. Lamia (À«p.ta, poisson de mer).
poiss. — Genre de Poissons de l'ordre des
Ghondroptérygiens , famille des Sélaciens,
établi par Cuvier {Règ. anim.) aux dépens des
Squaies, dont les Lamies diffèrent par leur
museau pyramidal , à la base duquel sont
situées les narines , et par les trous des
branchies placés tous en avant des pectorales.
On connaît 2 espèces de ce genre : les
Sq. cornubicus Schn., et monensis Sh. Leur
taille les a souvent fait confondre avec le
Requin. (J)
*LAMIENS. Lamii. ms. — Sous ce nom,
M. Mulsant désigne (Histoire naturelle des
Longicornes de France, p. 1 16) une famille de
Coléoptères subpentamères, que l'auteur
distribue en quatre branches, savoir : Par-
méniaires, Lamiaires, iEdilaires et Pogono-
chéraires. Voici les caractères qu'il attri-
bue à cette famille : Prothorax armé de
chaque côté d'une épine ou d'un tubercule
épineux; palpes à dernier article ovalaire ou
subcylindrique, rétréci vers l'extrémité,
et terminé en une pointe entière ou tron-
quée , lobe extérieur des mâchoires recourbé
sur l'interne ; antennes plus longues que
le corps chez les espèces ailées; yeux très
échancrés, et s'avançant inférieurementau-
delà de la base des antennes qu'ils entourent
en partie; élytres presque soudées, et alors
ailes nulles ou peu développées ; tarière
des femelles quelquefois saillante ; jambes
LAM
comprimées, intermédiaires, munies d'un
tubercule ou sorte de dent obtuse, suivie
d'une échancrure couverte d'une frange de
poils. (C)
LAMIER. Lamium. bot. ph. — Genre
de la famille des Labiées-Stachydées, établi
par Linné (Gen., n. 716), et présentant
pour caractères principaux : Calice campa-
nule , à cinq dents presque égales , ou les
supérieures plus longues ; corolle redressée,
dilatée à la gorge, à lèvre supérieure oblon-
gue ou en casque , étroite à la base ; éta-
mines quatre , ascendantes , les inférieu-
res les plus longues. Style bifide , à deux
divisions presque égales, et portant un stig-
mate à leur sommet.
Les Lamiers sont des herbes indigènes
d'Asie et d'Europe, à feuilles inférieures
longuement pétiolées , petites , celles du
centre plus grandes, souvent cordiformes à
leur base; les feuilles supérieures sont
les plus petites , très brièvement pétiolées ;
fleurs blanches, ou roses , ou pourpres , ou
jaunes.
Les espèces de ce genre ont été divisées
en 4 sections fondées sur l'aspect de la co-
rolle , et nommées : Orvala , Linn.; La-
miopsis, Dumort. ; LamioLypus , Dumort. ;
Galeobdolon, Huds.
Le Lamier blanc, L. album Linn., espèce
type du genre, est commune dans les bois,
les haies et les buissons. On la désigne vul-
gairement sous les noms d'Ortie blanche ou
Ortie morte. L'infusion de ses fleurs passe
pour pectorale ; dans beaucoup de contrées,
ses feuilles sont mangées en salade et en
guise d'épinards. (•*•)
LAMINAIUA. bot. cr. — Genre de Phy-
cées, de la tribu des Laminariées, dont il est
le principal genre. Il a été établi par La-
mouroux [in Ann. mus., XX, 41) et adopte
sous ce nom par un grand nombre de bota-
nistes. Les principaux caractères de ce genre
sont: Stipe simple et quelquefois fistuleux,
ou à deux divisions et solide, se terminant
en une lame simple, plane, sans nervures,
indivise ou quelquefois divisée en forme de
palme; les organes de la fructification con-
sistent en filaments fixés à l'intérieur de la
substance de la lame ; ces filaments sont ar-
ticulés , quelquefois renflés en forme d'ur-
céole à chaque articulation, et libres; ou
bien ils sont disposés dans la partie fistuleuse
LAM
du slipe ; dans ce cas, ils sont très rameux
et presque continus.
Les Laminaria sont toutes des Algues co-
riaces ou, rarement, membraneuses, et d'un
vert foncé ou roussàtre. Elles renferment un
principe sucré assez abondant, qui apparaît,
après la dessiccation , sous forme d'efflores-
cence farineuse et blanchâtre.
Les espèces de ce genre sont nombreuses;
quelques unes ont servi de base à la fonda-
tion de nouveaux genres : ainsi, la Lamina-
ria buccinalis est le type du genre Ecklonia
de Hornemann (in Act. Hafn.f 1828, III,
370); la Laminaria biruncinata a donné lieu
à l'établissement du genre Copea, Mont.
(Flor. canar. plant, cellul, 140); M. De-
caisne a créé le genre Haligenia sur la La-
minaria bulbosa {in Nov. Ann. se. nat.t XVII,
345), etc.
Tel qu'il est actuellement restreint, le g.
Laminaria renferme 15 espèces habitant
toutes les mers septentrionales et l'hémi-
sphère boréal.
LAMINARIÉES. Laminariœ. bot. cr. —
Tribu de la grande famille des Phycées. Voy.
ce mot.
LAMIUM. bot. ph. — Voy. lamier.
LAMOUROUXIA , Ag. bot. cr. — Syn.
de Claudea, Lamx.— Bonnem., syn. de Cal-
lithamnion, Lyngb.
LAMOUROUXIA (nom propre), bot. ph.
— Genre de la famille des Scrophularinées-
Rhinanthées , établi par H.-B. Kunth (in
Humb. et Bonpl., Nov. gen. etsp., III, 335,
t. 167-169). Herbes du Mexique et du Pé-
rou. Voy. SCROPHULARINÉES.
LAMPADIE. moll. — Genre créé par
Montfort (Conchyliologie systématique), et
rapporté comme sous -genre , par M. Aie.
d'Orbigny, au groupe des Robulina. Voy.
ce mot.
f LAMPAS. moll. — Dans le Muséum ca-
i lonnianum, Humphrey propose sous ce nom
un g. qu'il détache des Anomies de Linné,
et dans lequel il ne range que de véritables
Térébratules. Voy. ce mot. (Desh.)
LAMPAS, Schum. moll. — Syn. de Tri-
ton, Lamk. (Desh.)
LAMPE ANTIQUE, moll. — Nom vul-
gaire d'une coquille terrestre fort curieuse
pour laquelle Lamarck a créé le g. Anos-
tome. Voy. ce mot, (Desh.)
*LAMPETIS(^ntxy)5,quibrille).iNs.—
T. VU.
LAM
225
Genre de Coléoptères pentamères , famille
des Sternoxes, tribu des Buprestides, éta-
bli par Dejean et publié par Spinola (Annal,
de la Soc. entom. de France, t. VI, p. 113).
Le nombre des espèces qu'on rapporte à ce
genre est d'une vingtaine. Elles sont origi-
naires d'Afrique, d'Asie et d'Amérique.
Nous citerons comme en faisant partie les
Buprestis punctatissima , funesta , fastuosa
de Fabr., et L. monilis de Ch. (C.)
*LAMPORNINÉES. Lamporninœ. ois. -
Sous-famille établie par G.-R. Gray (List
of the gen.) dans la famille des Trochilidées.
Les genres Campylopterus, Eulampis, Pe-
tazophora, Lampornis, Glaucis, Topaza et
Calothorax font partie de cette sous- fa-
mille. (Z. G.)
LAMPORNIS, Swains. ois. —Genre de
la famille des Colibris. Voy. ce mot. (Z. G.)
LAMPOURDE. Xanthium. bot. pu. —
Genre de la famille des Composées-Sénécio-
nidées, établi par Toumefort (Inst., t. 252),
et présentant pour principaux caractères :
Capitule homogame monoïque. Fleurs mâ-
les : involucre subglobuleux, multiflore , à
écailles libres , uni-sériées. Réceptacle cy-
lindrique, paléacé; corolle tubuleuse, à
limbe brièvement 5-lobé; filaments des
étamincs à peine adnés à la corolle ; an-
thères libres. Stigmates 2, concrets. Fleurs
femelles : involucre ovale, gamophylle, bi-
flore , couvert de piquants, et surmonté
d'une ou de deux épines. Corolle filiforme
tubuleuse. Étamines nulles. Stigmates 2,
linéaires, divergents. Akène comprimé,
biloculaire.
Les Lampourdes sont des herbes annuel-
les, rameuses, à feuilles alternes découpées ;
les fleurs sont disposées en capitule ou e;i
épi terminal : les mâles sont à la partie su-
périeure; les femelles à la partie infé-
rieure.
Ce genre renferme 8 espèces , réparties
par De Candolle (Prodr. , V, 522) en deux
sections qu'il nomme : Euxanlhium et Acan-
thoxanthium. La première comprend celles
dont l'involucre est surmonté de deux cor-
nes plus ou moins recourbées; la seconde
celles dont l'involucre ne présente à son
sommet qu'une seule corne toujours droite.
Toutes les espèces de ce genre croissent
dans les régions chaudes et tempérées du
globe; nous citerons parmi celles vulgaire-
23
226
LAM
LAM
ment connues , le Xanthium stramarium ,
nommé aussi Herbe aux écrouelles, à cause
de la propriété attribuée autrefois à cette
plante de guérir les écrouelles. (J.)
*LAMPRA (Xocpirplç, resplendissant). ins.
— Genre de Coléoptères pentamères , fa-
mille des Sternoxes, tribu des Buprestides,
proposé par Mégerle, adopté par Dejean, et
publié par Spinola {Annales de la Soc. ent.
de France f t. VI, p. 108). Quatre espèces
rentrent dans ce genre : les 3 premières se
rencontrent dans le midi de la France , et
la 4e est originaire de la Russie méridio-
nale. (G.)
*LAMPRA, Lindl. bot. ph.— Syn. de Di-
discus, DC.
LAMPRIAS ( XetfMrpoç , brillant), ras. —
Genre de Coléoptères pentamères , famille
des Carabiques, tribu des Troncatipennes,
créé par Bonelli ( Observations enlomologi-
ques, partie 1'% Tableau synoptique), et qui
a pour types : les Car. cyanocephalus de F.,
Lebia chlorocephala de Duf. , et nigritarsis
de Steven. (C.)
LAMPRIAS, Mac-Leay. ins. — Syn. de
Loxocrepis d'Eschscholtz. (C.)
LAMPRILLONetLAMPROYON. poiss.
— Noms vulgaires de l'Ammocaete. Voy. ce
mot.
LAMPRIAIA (Xapirpoç, resplendissant).
ins. — Genre de Coléoptères pentamères ,
famille des Lamellicornes, tribu des Luca-
nides , créé par Latreille ( Gênera Crust. et
Insect., t. II, p. 132) avec le Lethrusœneus
deFabr., espèce originaire de la Nouvelle-
Hollande. Une seconde espèce du même
pays, la t. Micardi de Reiche, en fait aussi
partie; mais on doit considérer comme
variété ou différence du sexe de la pre-
mière les L. Latreillei et pygmœa L. (C.)
LAMPRIS ou CHRYSOTOSE (iapwtpo'ç,
brillant), poiss.— Genre de l'ordre des Acan-
thoptérygiens, de la famille des Scombéroï-
des, établi par Retzius (Nouv. mém. de
VAcad. des se. de Suède, t. XX, 1799), et
adopté par MM. Cuvier et Valenciennes
(ïïist. des Poiss., t. X, p. 39). Ce genre a de
grands rapports avec les Zées ; mais il en
diffère par l'absence d'épines sur le dos, et
par le nombre des rayons des ventrales ,
qui est de 14 au lieu de 8.
Les Lampris paraissent originaires du
nord de la mer As antique. On n'en connaît
jusqu'à présent qu'une seule espèce, le
Lampris tacheté, L. g uttatus Retz., nommé
aussi Poisson-lune. Il porte des couleurs
magnifiques; tout son dos est d'un bleu
d'acier, qui , sur les flancs , passe au lilas ,
et devient, vers le ventre, du plus beau rose.
Des taches nombreuses, ovales, quelquefois
d'un blanc de lait, d'autres fois du plus bel
éclat d'argent, sont semées sur le fond du
corps. Les opercules sont très brillants, et
l'œil et l'iris de la plus belle couleur d'or;
enfin toutes les nageoires sont d'un rouge
vermillon. (J.)
*LAMPROCARPUS , Blum. bot. ph.—
Syn. de Pohlia, Thunb.
LAMPROCARYA (IxpnpSç, brillant;
xapvov, noix), bot. ph. — Genre de la famille
des Cypéracées-Cladiées, établi par R. Brown
(Prodr., 238). Herbes de l'Australasie. Voy.
CYPÉRACÉES.
*LAMPROCERA O/wrpo'ç, brillant; xe-
paç, antenne), ins. — Genre de Coléoptères
pentamères, famille des Malacodermes ,
tribu des Lampyrides, créé par de Laporte
(Annales de la Soc. entom. de France, t. II,
p. 129), et qui renferme 2 espèces : les L.
Latreillei de Kirby (grandis de St. ), et tes-
titudinaria de Lac. La première est origi-
naire du Brésil, la seconde de Cayenne. (C.)
*LAMPROCOLIUS , Sunder. ois. —
Syn. de Guira, Less. (Z. G.)
LAMPRODOMA. holl. — Genre inutile
proposé par Swainson pour les espèces d'Oli-
ves à spire allongée. Voy. olive. (Desh.)
*LAMPROGLÈNE. Lamproglena ( V-
Trpo'ç , brillant; ylm-n , œil), crust. — Ce
genre, qui appartient à l'ordre des Si-
phonostomes, à la famille des Pachycé-
phales et à la tribu des Dichélestiens, a été
établi par M. Nordmann.Chez cette nouvelle
coupe générique, la tête est épaisse, arron-
die, et porte, vers le tiers antérieur de la
face supérieure, deux petits yeux rouges
confondus entre eux sur une ligne médiane.
Le thorax est très allongé, et se compose
de cinq anneaux bien distincts séparés par
des étranglements. L'abdomen est égale-
ment très allongé, offre quelques traces
d'une division en trois segments, et se ter-
mine par deux lobes obtus. Les antennes
s'insèrent sous le bord frontal; elles sont
courtes, sétacées et multi- articulées. Les
appendices, qui semblent devoir être con-
LAM
LAM
227
sidérées comme les analogues des pattes-
mâchoires antérieures, sont également grê-
les et coniques. Les pattes-mâchoires des
deux paires suivantes soni au contraire ro-
bustes et ancreuses. Ces pattes , presque
rudimentaires, naissent près du bord laté-
ral du corps , et consistent chacune en un
petit tubercule basilaire , terminé par deux
rames sétifères. Enfin le dernier anneau
thoracique, qui est apode, offre près de son
bord postérieur deux tubercules cornés, et
porte les orifices de l'appareil générateur.
On ne connaît encore qu'une seule espèce
dans ce genre : c'est la Lampboglène mi-
gnonne, Lamproglena pulchella Nordm. Ce
Crustacé a été rencontré sur les branchies
du Cyprinusjeses. (H. L.)
LAMPROIE, poiss. — Nom vulgaire du
genre Petromyzon. Voy. ce mot.
*LAMPROLEPIS ( Aap.*Po'ç , brillant;
Jlcwiç, écaille), rept. — Groupe formé aux
dépens du genre Scinque d'après M. Fit-
«inger (Syst. rept., 1843). (E. D.)
•LAMPROMORPHUS , Vigors. ois. —
Syn. de Chrysococcyx , division du genre
Coucou. Voy. ce mot. (Z. G.)
*LAMPRONESSA,Wagl. ois.— Division
de la famille des Canards, fondée sur la
Sarcelle de la Chine , Anas galericulata
Linn. (Z. G.)
*LAMPROPELTIS (lafisrpôc , brillant ;
«eXtyî, bouclier), rept. — M. Fitzinger
(Syst. rept., 1843) désigne sous ce nom un
groupe formé aux dépens du grand genre
Couleuvre. (E. D.)
*LAMPROPHIS (lafj.npéç, brillant ; &piS,
serpent), rept. — Groupe établi aux dépens
du genre Couleuvre , d'après M. Fitzinger
(Syst. rept., 1S4S). (E. D.)
*LAMPROPÏIOLIS ( tempos , brillant ;
yolk, écaille), rept. — Groupe formé par
M. Fitzinger ( Syst. rept. 1843) aux dépens
des Scinques. Voy. ce mot. (E. D.)
*LAMPROPTERA ( A«p*po$, brillant ;
irrepov , aile), ins. — Genre de l'ordre des
Hémiptères, section des Homoptères, famille
des Membracides, établi par Germar (Mag.
entom., t. IV). Toutes les espèces de ce genre
habitent l'Amérique méridionale. Les plus
répandues sont lesL. capreolus et L. vacca
Germ., du Brésil. (Bl.)
*LAMPROPUS. ins. — Syn. û'Orycto-
derus. (C.)
*LAMPRORNIS, Nitzsch. ois. — Syn.
d'Astrapie.
*LAMPROS ( lapirpo; , brillant), ins.—
Genre de Lépidoptères de la famille des
Nocturnes , tribu des Tinéides , établi par
Treistchke et adopté par M. Duponchel
(Hist. des Lépidopt. de France). La princi-
pale espèce de ce genre est la Lampros ma"
jorella (Alucita flavella Fabr. ), très fré-
quente en France, surtout aux environs de
Paris. Les Chenilles de ces insectes vivent
sous l'écorce des arbres.
*LAMPROSCAPHA (X«^Po's . brillant ;
?xa<pv}, vase), moll. — Sous-genre établi
sans nécessité par M. Swainson pour quel-
ques espèces d'Anodontes à coquille allon-
gée et subsoléniforme. Voy. anodonte.
(Desh.)
LAMPROSOMA ( AaWoç , brillant ;
ffwpx, corps), ins. — Genre de Coléoptères
subpentamères , tétramères de Latreille,
famille des Cycliques , tribu des Chrysomé-
lines de Latreille, que nous supposons de-
voir faire partie de celle des Tubifères,
créé par Kirby (Lin. Soc. London, 1817,
t. XII, édition Lequin , centurie, p. 70),
et adopté par Latreille etDejeao. Ce dernier
auteur, dans son Catalogue, en mentionne
26 espèces toutes d'Amérique. L'espèce type
est la L. bicolor de Ky. Les Lamprosoma
pnt le corps globuleux, court, brillant,
métallique; la tête est inclinée, large, con-
vexe ; les pattes sont courtes, triangulaires
et logées dans des rainures. (C.)
*LAMPROSTACHYS , Boj. bot. ph. —
Syn. é'Achyrospermum, Blum.
LAMPROSTOMA (AajMrpoç, brillant;
arofxa, ouverture), moll. — M. Swainson
propose sous ce nom un sous-genre, qui nous
paraît inutile, pour le Trochus maculatus
des auteurs. Voy. troque. (Desh.)
*LAMPROTES, Swains. ois.— Division
du g. Tangara. Voy. ce mot. (Z. G.)
*LAMPROTHECA (launph , brillant;
ôïîxy), étui), ins. — Genre de Coléoptères
subpentamères, famille des Cycliques, tribu
des Colaspides , des Chrysomélines de La-
treille, créé par Dejean dans son Catalogue,
avec une espèce du Brésil , qu'il nomme
L. laticollis. (C.)
*LAMPROTILA, Swains. ois.— Syn. do
Jacamerops. Voy. jacamar. (Z. G.)
LAMPROTORMS, ois. Temm. —Syn.
228
LAM
d'Astrapie et de Stourne. Voy. ces mots.
(Z. G.)
LAMPROION. poiss. — Voy. lamprillon.
LAMPSANA. bot. ph.— Genre de la fa-
mille des Composées - Cichoracées , établi
par Vaillant (in Act. Acad. Paris, 1721,
. p. 180), et présentant pour caractères prin-
cipaux : Capitule multiflore, homocarpe;
involucreà 8 ou 10 folioles disposées en une
seule rangée; réceptacle plan, sans aigrette;
corolles ligulées; akènes comprimés, striés,
décidus.
Les Lampsana sont des herbes annuelles,
frêles , glabres , à feuilles inférieures ly-
rées , les supérieures dentées ; à fleurs pe-
tites, jaunes, disposées en capitules.
On connaît à peu près 5 espèces de ce
genre ; elles sont toutes d'Europe. La Lamp-
sana communis , type du genre , croît na-
turellement dans les lieux incultes comme
dans les endroits cultivés. Elle porte vul-
gairement le nom d'Herbe aux mamelles, à
cause de la propriété qu'on lui attribue de
guérir les gerçures et autres douleurs de
ces organes. (J.)
*LAMPSILIS,Rafin.MOLL.— Syn.d'tfnio,
Lamk. Voy. mulette. (Desh.)
LAMPUGE. Lampugus. poiss. — Genre
de l'ordre des Acanthoptérygiens , famille
des Scombéroïdes, établi par MM. Cuvier et
Valenciennes (Hist. des Poiss., tom. IX,
pag. 317). Ces Poissons ont de grands rap-
ports d'organisation avec les Coryphènes ;
mais ils en diffèrent principalement par l'a-
baissement de la crête mitoyenne sur le de-
vant du front, et par la dorsale, qui est
égale et basse dans toute sa longueur.
On connaît 5 espèces de ce genre : 3 ap-
partiennent aux mers d'Europe, les 2 autres
aux mers étrangères. Nous citerons comme
type du g. le Lampuge pélagique, L. pelagi-
cus Cuv. et Val., d'un bleu violet glacé de
jaune , et long de 30 centimètres environ.
LAMPUJANG, Rumph. bot. ph.— Syn.
de Zingiber, Gaertn.
* L AMPUSIE. Lampusia. moll.-M. Schu-
macher ayant divisé inutilement le g. Tri-
ton de Lamarck en plusieurs autres, a pro-
posé celui-ci , et lui a donné pour type le
Triton pilear? des auteurs. Il ne peut être
adopté. Voy. triton. (Desh.)
LAMPIRIDES.Lampî/ndes.iNS.-Tribu
de l'ordre des Coléoptères pentamères, éta-
LAM
blieparM. de Castelnau(tfisfoire naturelle
des animaux articulés, 1. 1, p. 260) dans la
famille des Malacodermes , et qu'il subdi-
vise en Lycusites et Lampyrttes. Voici quels
caractères l'auteur assigne à cette tribu :
Mandibules entières ou unidentées; pal-
pes plus gros à l'extrémité; corps aplati;
tête sans étranglement à la partie posté-
rieure.
Les Lampyrites forment une tribu nom-
breuse d'insectes, chez lesquels l'éclat des cou-
leurs vientse joindre quelquefois àlabizarre-
rie des formes. Lorsqu'ils se croient menacés
de quelque danger, ou qu'on les saisit, ils
replient aussitôt les antennes et les pieds
contre leur corps, et restent immobiles. Plu-
sieurs recourbentalorsl'abdomen en dessous.
Les uns se tiennent à terre, les autres sur
les arbres et les fleurs. Tous paraissent
carnassiers, quelques uns même attaquent
les individus de leur espèce ou des espèces
de genres voisins.
Les larves des Lycusites vivent dans le
bois mort un peu humide et entièrement
décomposé ; celles des Lampyrites, à terre
dans les prairies ; et celles des Téléphores
dans le sable.
L'anatomie de ces insectes a présenté plu-
sieurs différences notables dans les individus
soumis aux investigations des anatomistes.
Le tube digestif ou intestinal a une fois et
demie la longueur du corps; il est revêtu
de tuniques minces et diaphanes; l'œso-
phage se renfle en un jabot oblong séparé par
une valvule annulaire du ventricule chyli-
fique. Celui-ci est lisse, droit et membra-
neux. L'intestin grêle est filiforme, flexueux,
avec quelques rides transversales près du
cœcum : ce dernier est allongé ; le rectum
un peu marginé.
Les vaisseaux biliaires sont au nombre de
quatre , deux en avant et deux en arrière :
chaque ovaire est composé d'une vingtaine
de glandes très courtes. L'oviducte s'en-
fonce avec le rectum dans un étui commun,
et il est terminé par deux appendices courts
et bi-articulés.
Dans le Lampyris splendidula , le canal
alimentaire a deux fois la longueur du
corps. L'œsophage est d'une telle brièveté
qu'il devient inaperçu ; il se dilate subite-
ment en un jabot court, et il est séparé par
un étranglement du ventricule chylifique;
LAN
celui -ci est très long; l'intestin grêle est
fort court, flexueux, et offre un renflement
qui représente le cœcum et qui se termine
par un rectum allongé. Il n'a que deux
vaisseaux biliaires , insérés comme chez les
Carnassiers. Les ovaires sont composés d'une
trentaine de gaines biloculaires.
Les Cantharis ou Telephorus ont un canal
digestif sans aucune inflexion. L'œsopbage
est renflé à son issue de la tête ; le ventri-
cule chylifique est allongé ; l'intestin grêle
filiforme; le cœcum peu distinct. Ses vais-
seaux biliaires ne diffèrent pas de ceux des
Lycus. (G.)
LAMPYRIS (Àorjiwvp'ç, ver luisant), ras.
—Genre de Coléoptères pentamères, famille
des Malacodermes, tribu des Lampyrides,
créé par Linné ( Systema nat. , p. 644), et
généralement adopté par les auteurs, mais
restreint dans ces derniers temps , par
MM. Laporte et Dejean , aux espèces dont
les mâles sont ailés et les femelles aptères ;
14 espèces rentrent dans ce genre : 5 ap-
partiennent à l'Europe, 5 à l'Amérique, 3 à
l'Afrique et 1 à l'Asie. Les types sont les
L. noctiluca et splendidula de Lin. ; tous
deux se trouvent en France. Le premier est
assez commun aux environs de Paris, pen-
dant les mois de juin et de juillet, où il
est désigné sous le nom de Ver luisant , et
c'est presque toujours la femelle qu'on aper-
çoit briller la nuit au milieu de l'herbe et
des buissons. Le mâle est bien plus rare, et
se tient ordinairement caché pendant le
jour dans des troncs d'arbres. Les larves
de ces espèces ont aussi la propriété phospho-
rescente , cependant à un degré moins in-
tense que chez l'insecte parfait. Elles res-
semblent beaucoup aux femelles, et se dis-
tinguent aisément de ces dernières par
leurs tarses , qui sont toujours privés de
crochets. (c.)
LANARIA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Hœmodoracées , établi par Thun-
berg (Prodr. 63). Herbes du Cap. Voy. hœ-
modoracées.
LAIVCEOLA. helm. — Voy. lancette.
*LANCÉOLE. Lanceola. crdst.— Cette
coupe générique, qui a été établie par Say,
est rapportée par M. Milne-Edwards au
genre des Hyperia. Voy. ce mot. (H. L.)
LANCEOLE. Lanceolatus. bot. — On
donne le nom de lancéolé à tout organe
LAN
229
d'un végétal dont les extrémités se termi-
nent en fer de lance.
LANCERON et LANÇON, pojss.— Noms
vulgaires des jeunes Brochets. Voy. ce mot.
LANCETTE. Lanceola. helm. — M. de
Blainville (Dict. se. nat., t. LVII, p. 553)
a fait connaître sous cette dénomination un
genre d'Helminthes qu'il rapproche des Si-
poncles, mais qui a certainement aussi beau-
coup d'affinités avec les Némertes et quel-
ques Hirudinées. Voici les caractères que
l'auteur assigne à ce genre ;
Corps assez mou, quelquefois ridé en tra-
vers, déprimé, tout-à-fait plat en dessous,
de forme ovale, lancéolée, obtus en avant,
aminci en arrière en lancette ; une grande
ouverture antérieure d'où sort une longue
trompe claviforme, ridée et percée à son
extrémité ; anus à l'extrémité opposée ( les
Siponcles l'ont à la moitié environ de la
face abdominale); un orifice médian infé-
rieur tout près de la bouche pour l'appa-
reil de la génération. L'espèce type de ce
genre a été recueillie dans la mer , auprès
de Gênes. M. de Blainville l'a nommée
Lanceola Paretti.
Nous avons fait connaître, dans le tom. II
des Annales d'anatomie et de physiologie ,
que le Sagittula longirostrum de Risso (Eu-
rope mérid. , t. V, p. 263 ) est aussi une
espèce de Lanceola. Une note de M. Lauril-
lard et un dessin qu'il a fait à Nice nous
apprennent, en effet, que ce Ver réunit à
peu près tous les caractères des Lancettes.
Cette prétendue Sagittule, très bien obser-
vée par M. Laurillard , était logée dans un
tuyau de Protule dont elle avait peut-être
dévoré l'animal. C'est un Ver plat sur toute
sa longueur, et diminuant peu à peu de
largeur. Par ses contractions , il s'arrondit
parfois d'espace en espace , ou même dans
toute sa longueur. Lorsque M. Laurillard a
brisé la coquille dans laquelle cet Helmin-
the était retiré, celui-ci a lancé plusieurs
fois sa trompe , qu'il retirait ensuite entiè-
rement. Cet organe est très adhérent, à
cause des petites pointes qui le garnissent.
La tête porte quatre doubles rangées lon-
gitudinales de points oculaires.
Plus récemment, j'ai recueilli à Cette un
petit exemplaire du genre Lanceola. (P. G.)
LANCISIA , Adans. bot. ph. — Syn. de
Cotula, Gœrtn.
230
LAN
JLANCRETIA. bot. pu. — Genre dont la
place dans les méthodes n'est pas encore fixée.
Il a été établi parDelile {Flor. œgypt. 69,
t. 25) pour des plantes dont les principaux
caractères sont : Galice 5-phylle , à folio-
les lancéolées , ciliées à leurs bords ; corolle
à 5 pétales hypogynes, alternes, oblongs
et à peine plus longs que les folioles du
calice; étamines 10, hypogynes; anthères
introrses, biloculatres; ovaire libre, ses-
•ile, 5-lobé, 5-loculaire ; styles 5, distincts;
stigmates capités.
Les Lancretia sont des sous-arbrisseaux
de l'Egypte et de l'Afrique tropicale , très
rameux , à rameaux opposés , ascendants ,
villeux; à feuilles opposées, brièvement
pétiolées, oblougues , dentées en scie; à
fleurs axillaires , solitaires ou agrégées , ses-
siles ou pédonculées ; bi-bractéées à la base,
petites et d'un blanc rosé.
L'auteur de ce genre n'en cite qu'une
seule espèce , L. suffruticosa. (J.)
LANDOLE. poiss. — Nom vulgaire, sur
le littoral de la Méditerranée , du Dacty-
loptère commun, D. communis Guv.
LANDOLPHIA (nom propre), bot. ph.—
Genre de la famille des Apocynacées, éta-
bli par Palisot de Beauvois {Flor. owar. I ,
54, t. 34). Arbrisseaux d'Oware. Voy.
APOCYNACÉES.
*LAIV!DTIA ( nom propre ). bot. ph. —
Genre de la famille des Composées-Cynarées,
établi par Lessing (Synops. 37). Herbes vi-
vaces du Cap. Voy. composées.
*LANGAHA. rept. — Bruguière (Journ,
dephys. 1784) désigne sous le nom de Lan-
gaha un groupe formé aux dépens du grand
genre Couleuvre. (E. D.)
*LANGAYA. rept. — Groupe formé aux
dépens des Couleuvres par Shaw (Gêner,
sool. III). (E. D.)
*LANGELANDIA (nom propre), ins.
— Genre de Coléoptères tétramères, famille
des Xylophages, tribu des Lyctides, créé par
M. le docteur Aube ( Annales de la Société
entomologique de France, 1842, t. II, p. 225,
pi. 6, f. 2-6 ) avec une espèce découverte
aux environs de Paris par feu Lange-
land, jeune entomologiste, auquel ce genre
a été dédié. Le type , L. anophthalma , ap-
partient au petit nombre de Coléoptères
privé de l'organe de la vue ; les ailes man-
quent aussi chez cet insecte. Il a été trouvé
LAN
dans le bois mon, et qui était en partie
enfoui sous le sol. (C.)
*LAftGIA(nom propre), bot.ph. — Genre
de la famille des Amarantacées-Achyran-
thées , établi par Endlicher {Gen. pi. p. 304,
n. 1977). Herbes du Cap. Voy. àmaran-
TACÉES.
LANGOSTINO. crust. — Nom employé
par Parra pour désigner le Scyllarus œqui-
noxialis. Voy. scyllarus. (H. L.)
LANGOUSTE. Palinurus. crust. — Ce
genre, qui appartient à l'ordre des Décapo-
des macroures, à la famille des Macroures
cuirassés et à la tribu des Langoustiens , a
été établi par Fabricius et adopté par tous
les carcinologistes. Les Crustacés renfermés
dans cette coupe générique ont le corps
presque cylindrique. La carapace est pres-
que droite d'avant en arrière, convexe trans-
versalement, avec les régions stomacale,
cordiale et branchiale bien distinctes. Le
bord antérieur de la carapace est toujours
armé de deux grosses cornes qui s'avancent
au-dessous des yeux et de la base des an-
tennes. L'anneau ophthalmique est libre, à
découvert, avec les yeux gros, courts et ar-
rondis. L'anneau antennulaire est très dé-
veloppé et s'avance entre les antennes ex-
ternes, au-dessous et en avant de l'anneau
ophthalmique. Les antennes internes sont
très longues, avec leur premier article tout-
à-fait cylindrique; elles sont terminées par
deux filets multi-articulésdont la longueur
est très variable. Les antennes externes sont
très grosses et très longues ; l'article basi-
laire, dans lequel est logé l'appareil auditif,
est très grand, et se soude à son congénère
de manière à former au-devant de la bouche
un épistome très grand ; les trois articles
suivants sont gros, mobiles et épineux ; ils
constituent la portion basilaire de l'antenne
et sont suivis par une tige multi-articulée
très grosse et très longue.Les pattes-mâchoires
externes sont petites et pédiformes, avec leur
bord intérieur garni de faisceaux de poils;
leur palpe est fort petit, et manque même
quelquefois complètement ; mais ils donnent
insertion à un grand article flabelliforme.
Les pattes-mâchoires de la seconde paire
sont petites; celles de la première paire
portent un palpe très grand et se terminent
tantôt par un appendice styliforme, tantôt
par une lame ovalaire plus ou moins spatu-
LAN
liforme. Les mandibules sont très grosses
et garnies d'un bord tranchant; leur tige
palpiforme est grêle. Le plastron sternal est
grand et composé de cinq segments soudés
entre eux. Les pattes sont toutes monodac-
tyles ; celles de la première paire sont en
général plus grosses que les autres, et termi-
nées par un doigt gros et court qui n'est que
fort peu mobile; quelquefois on voit au-
dessous de sa base une épine qui est un
vestige de pouce; mais ces organes ne sont
Jamais même subchéli formes. Les pattes de
la troisième paire sont en général les plus
longues. L'aîidomen est gros et très long ;
son premier anneau ne porte pas d'appen-
dices; mais les quatre suivants donnent
insertion chacun à une paire de fausses
pattes, composées, chez le mâle, d'un petit
article basilaire et d'une grande lame
terminale ovalaire, tandis que, chez la fe-
melle , il existe deux lames semblables, ou
bien une seule lame et une tigelle bi-arti-
culée et garnie de poils. La nageoire cau-
dale, formée par le septième anneau de
l'abdomen et par les appendices de l'an-
neau précédent, est très grande, et chacune
des lames dont elle se compose reste flexi-
ble et semi-cornée dans les deux tiers pos-
térieurs, candis qu'en avant elle est crus-
tacée. Les branchies sont composées de
filaments cylindriques, courts et serrés en
manière de tronc. On en compte dix-huit
de chaque côté.
Ce genre se compose de Crustacés de
grande taille, qui sont remarquables par la
dureté de leur test , et qui sont répandus
dans toutes les mers. Ils habitent principa-
lement les côtes rocailleuses, et ils se divi-
sent en deux groupes naturels auxquels
M. Milne-Edwards a donné les noms de
Langoustes ordinaires et Langoustes lon-
gicornes.
La Langouste commune, Palinurus vul-
garis La tr., peut être considérée comme le
type de ce genre. Cette espèce est très-
commune sur les parties rocailleuses de nos
côtes méridionales et occidentales, et sa
chair est très estimée; elle atteint jusqu'à
45 à 50 centimètres de long, et pèse quel-
quefois jusqu'à 8 kilogrammes; sa couleur
est brune-violacée, tachetée de jaune; mais
il paraît qu'elle prend quelquefois une
teinte verdâtre. Elle habite aussi les côtes
LAN
231
de l'Algérie, particulièrement les rades
d'Alger et d'Oran, où je l'ai rencontrée pen-
dant l'hiver et le printemps. (H. L.)
LANGOUSTIENS. Palinurii. crust. —
Tribu de l'ordre des Décapodes macroures,
de la famille des Macroures cuirassés, éta-
blie par M. Milne - Edwards , dans son
Hist. nat. des Crust. Cette tribu, qui ne ren-
ferme qu'un seul genre, est caractérisée par
l'existence d'antennes de forme ordinaire et
l'absence de pinces didactyles. La seule coupe
générique qui la représente est celle des
Langoustes. Voy. ce mot. (H. L.)
LANGOUSTINES, Luc. crust. — Syn.
de Langoustien s, Mil.-Edw.
LAKGRAIEN ou LANGRAYEN. Ârta-
mus. ois. — Genre de la famille des Denti-
rostres, de l'ordre des Passereaux, carac-
térisé par un bec conique, arrondi, assez ro-
buste, arqué vers le bout, à pointe fine, lé-
gèrement échancrée de chaque côté; des
narines latérales, petites, ouvertes par devant,
et des ailes longues, pointues et dépassant
la queue dans quelques espèces.
Ce genre, que Vieillot et G. Cuvieront
publié à peu près à la même époque , l'un
sous le nom d'Artamus, et l'autre sous ce-
lui d'Ocypterus (noms auxquels M. Horsfield
à substitué celui de Leptapteryx), renferme
des espèces qu'on avait toujours confondues
avec les Pies-Grièches. Les Langraiens se
distinguent pourtant de ces dernières par
la forme et l'étendue de leurs ailes, et par
quelques particularités de mœurs. Ils ont
le vol rapide et soutenu de l'Hirondelle ;
comme elle ils se balancent dans les airs ,
et comme elle ils font , en volant , la chasse
aux insectes. Leur courage égale au moins
celui des Pies-Grièches. On les a vus atta
quer des oiseaux beaucoup plus forts qu'eux.
Sonnerat dit du Langraien à ventre blanc
qu'il est l'ennemi du Corbeau; que, quoi-
que beaucoup plus petit , il ose non seule-
ment se mesurer à lui, mais qu'il le pro-
voque même; il harcèle quelquefois son
ennemi pendant une demi-heure, et finit
toujours par lui faire prendre la fuite. Là
se borne ce que l'on connaît de l'histoire
naturelle des Langraiens. On peut donc dire
que cette histoire reste conséquemment tout
entière à tracer.
Les Langraiens appartiennent à l'Afrique,
aux Grandes-Indes et aux terres australes.
232
LAN
Vieillot en a décrit six. M. Valenciennes ,
dans sa monographie sur ces oiseaux ( Mém.
du Mus. d'hist. nat., t. IV, p. 2), a adopté
ce nombre, à l'égard duquel on avait quel-
ques doutes. Wagler, dans son Systema
avium, en fait connaître neuf. A l'exemple
de M. Lesson , nous distribuerons les Lan-
graiens dans deux groupes.
1° Espèces à bec médiocre, arrondi, à queue
moins longue que les ailes.
1. Le Langraien proprement dit, Art. leu-
corhynchos Vieil!., Lept. melaleuca Wag.
(Buff., pi. enl. 9, fig. 1). Tout le dessus du
corps noir ; parties inférieures blanches. —
Habit, l'île Luçon et la Nouvelle-Calédonie.
2. Le Langraien a ventre blanc, Art.
leucogaster, Lept. leucog aster Wagl. (Val.,
lococit., pi. 7, fig. 2). Dessus du corps gris-
ardoise; ventre blanc. Espèce confondue
avec la précédente. — Habite Java.
3. Le Langraien brun, Art. fuscus Vieill.,
Ocyp. rufiventerVal. (lococit., pi. 7, fig. 1).
Dessus du corps gris; ventre roux. — Habite
le Bengale.
4. Le Langraien gris, Art. cinereus Vieil.,
Ocyp. cinereus Val. ( loco cit., pi. 9, fig. 2).
Front noir ; queue terminée de blanc. —
Habite Timor.
5. Le Langraien a lignes blanches, Art.
lineatus Vieill., Ocyp. albivitaltus Cuv. D'un
cendré fuligineux ; ailes bordées de blanc.
— Habite la Nouvelle-Hollande et Timor.
6. Le Petit Langraien , Art. minor Vieil.,
Ocyp. fuscatus Val. ( loco cit., pi. 9, fig. 1).
Plumage couleur chocolat, à l'exception des
ailes , qui sont noires. — Habite la Nou-
velle-Hollande.
7. Le Langraien a tète blanche , Lept.
leucocephalus Wagl. (Buff., pi. enl. 374).
Dessus du corps d'un noir verdâtre ; tête ,
cou et parties inférieures d'un blanc pur.
— Habite Madagascar.
2° Espèces à bec comprimé, à queue plus
longue que les ailes.
8. Le Langraien vert, Art. viridis Vieill.
(Buff., pi. enl. 32 , fig. 2 ). Dessus du corps
noir-verdâtre bronzé; dessous blanc. —
Habite Madagascar.
9. Le Langraien sanglant , Lept. cruenta
Wagl. (Syst.avi. addimenla). Tout le plu-
mage noir, à l'exception du milieu du ven-
LAN
tre et de l'extrémité des grandes couvertu-
res des ailes , qui sont rouges. — Habite
Java et Sumatra. — Cette dernière espèce
a été prise par Swainson pour type du genre
Analcypus(Artamia, ls. Geoff.; Pastor, Vig.;
Psacolopleis, Jard. etSelb.; Erythrolanius,
Less.), genre que G.-R. Gray place dans sa
famille des Loriots ( Oriolinœ ). (Z. G.)
LAÏVGSDORFFIA (nom propre), bot. ph.
— Genre de la famille des Balanophorées-
Cynomoriées, établi parMartius (inEschwe-
gesJourn. von Brasil, II, 179). Herbes du
Brésil. Voy. balanophorées. — Radd.,syn. de
Cocos, Linn. — Willd., syn. de Lycoseris,
Cass.
*LANGUAS, Kœn. bot. ph.— Svn. d'#eî-
lenia, Willd.
*LANGUE. Lingua. zool. — Cet organe
remplit dans l'économie animale plusieurs
fonctions importantes : les unes ont rapport
à la sensibilité , les autres ont rapport à la
grande fonction de nutrition , et la Langue
est placée , en raison même de cette desti-
nation, à l'entrée du canal alimentaire.
Douée de la sensibilité tactile, et devenant
quelquefois un organe du toucher, la Lan-
gue est le plus généralement un organe du
goût, et est même le siège principal de ce
sens , surtout chez les Vertébrés ; mais elle
devient aussi , par des modifications spé-
ciales dans sa structure et sa composition,
un organe pour la préhension des aliments,
la mastication et la déglutition. Elle sert
encore, chez les animaux qui sont doués de
la voix et de la parole , à varier les sons et
les accentuations par les positions diverses
qu'elle peut prendre, et qui se combinent
avec celles du larynx , de la cavité buccale
et des lèvres. Nous renvoyons à l'article
voix l'étude du jeu de la Langue dans la
formation des sons ; nous allons examiner
ici ses autres fonctions, successivement dans
chacun des grands types du règne animal
où l'on rencontre cet organe.
Chez tous les Mammifères, la Langue est
flexible et libre dans presque toute son
étendue, attachée seulement par sa racine
à l'os hyoïde, et adhérente à la mâchoire
inférieure par une portion de sa base. Elle
est charnue, formée presque exclusivement
de muscles nombreux, qu'accompagne une
quantité plus ou moins abondante de tissu
cellulaire et de tissu graisseux, et revêtue
LAN
d'une membrane épaisse qui n'est qu'une
continuation de la muqueuse qui tapisse la
cavité buccale. Mais cette portion de la mem-
brane muqueuse qui recouvre la Langue ,
destinée plus spécialement à l'exercice du
goût, se distingue par sa mollesse, par l'a-
bondance des vaisseaux sanguins qui s'y dis-
tribuent, et surtout par le grand nombre et
le développement extraordinaire des émi •
nences ou papilles , qui rendent comme ru-
gueuse la Tace supérieure ou dos de la Lan-
gue, tandis que le dessous de cet organe ne
présente guère de papilles que vers l'extré-
mité et diffère peu de la membrane qui re-
vêt le reste de la bouche. Ces papilles sont
de plusieurs espèces : les unes sont appelées
coniques , à cause de leur forme , et sont
répandues, chez l'homme, sur toute la face
supérieure de la Langue , depuis sa pointe
presque jusqu'à sa racine. C'est sur le mi-
lieu de la Langue et vers sa pointe que les
papilles de cette espèce sont le plus hautes
et le plus aiguës, et se divisent même, à
leur sommet, en plusieurs filets déliés;
elles diminuent graduellement de volume
en s'approchant des côtés , et deviennent
enfin de simples petits tubercules ; partout
elles sont très rapprochées et serrées à la
manière des soies d'une brosse. Ces diffé-
rences que présentent les papilles coniques
suivant leur situation ont conduit plusieurs
anatomistes à en distinguer de deux sortes :
les unes , fines , molles, flexibles, vascu-
laires et peut-être nerveuses; les autres,
plus grosses , plus résistantes , moins sen-
sibles. D'autres papilles sont portées sur un
pédicule grêle, se terminent en une tête
large et arrondie, présentent la forme d'un
champignon, et sont nommées , en consé-
quence, fong iformes. Plus grosses, mais beau-
coup moins nombreuses que les précédentes,
au milieu desquelles elles sont éparses ,
principalement vers le bout de la Langue ,
elles reçoivent beaucoup de filets nerveux
et les plus apparents ; ces papilles pourraient
bien être la partie la plus sensible de l'or-
gane du goût, surtout si l'on observe que les
parties coniques acquièrent une grande du-
retéchez certains animaux. Enfin on trouve
encore une troisième espèce de papilles, au
nombre de dix environ chez l'homme, et
nommées caliciformes , à raison de l'appa-
rence que ieur donne le bourrelet circulaire
T. VII.
LAN
533
dont est bordé le tubercule demi-spbérique
qui les compose. C'est à la base de la Lan-
gue que se voient ces papilles; elles y sont
disposées sur deux lignes obliques qui se
réunissent en un V, dont l'ouverture re-
garde la partie antérieure de la bouche.
Entre la pointe de ce V et l'épiglotte , on
ne rencontre pas de papilles, mais des fol-
licules qui versent dans la bouche les hu-
meurs qu'ils sécrètent. Les papilles de la
Langue ont été classées d'autres manières
différentes par plusieurs anatomistes ; mais
les noms particuliers adoptés pour chacune
d'elles se comprendront facilement , après
la description que nous venons d'en faire.
La souplesse et la mobilité parfaite dont
jouit la Langue de l'Homme dépendent du
grand nombre et de l'arrangement particulier
des fibres musculaires don telle est essentiel»
lement composée, et qui lui permettent de
s'allonger ou de se raccourcir, de s'élargir
ou de s'amincir, de se plier en arc dan*
presque tous les sens, et de promener saft
pointe sur tous les points de la cavité buc-
cale, pour y exercer le toucher ou ramener
vers le pharynx les aliments dont la tritu-
ration a dispersé les fragments. Pour l'ac-
complissement de ces mouvements divers ,
la Langue trouve un point d'appui sur
l'hyoïde, et elle est aidée aussi par les mou-
vements combinés des muscles de cet ap-
pareil , dont le jeu est fort important, sur-
tout chez les animaux qui peuvent faire
usage de la Langue au-dehors de la cavité
buccale , soit pour saisir les aliments et les
boissons , soit pour palper les objets.
Parmi les muscles de la Langue, chez
l'homme, les uns naissent et se terminent
dans l'organe même, et sont nommés intrin-
sèques; les autres, appelés extrinsèques , se
rendent de divers points dans la Langue, et
ne sont que la continuation des muscles, dont
le point d'origine est ailleurs. Parmi les
principaux muscles intrinsèques, on compte
le muscle lingual longitudinal inférieur,
qui naît en arrière de la Langue , à sa face
inférieure, et dont les fibres se terminent
de droite et de gauche sous la pointe de cet
organe, où elles se rencontrent : ce muscle
est destiné à fléchir la pointe de la Langue
en bas, et à la raccourcir; tandis qu'un
muscle extrinsèque, le lingual longitudinal
supérieur, nommé aussi chondro-glosse et
20
234
LAN
culané lingual ( Bauer ) , fléchit cet organe
dans le sens opposé. Dans le tiers antérieur
de la Langue , on a distingué aussi, comme
muscles intrinsèques , des linguaux trans-
verses , dont les fibres marchent du milieu
de la Langue vers les bords, ou même s'é-
tendent d'un bord à l'autre, et s'entrecroi-
sent avec les fibres longitudinales; et des
linguaux verticaux , qui montent de la
face inférieure à la face supérieure de la
Langue. La contraction de ces deux espèces
de muscles a pour effet d'appointir la
Langue.
Parmi les muscles extrinsèques se trou-
vent deux protracteurs, les génio-glosses ,
muscles de forme triangulaire , qui s'at-
tachent par un tendon à l'apophyse géni,
et dont les faisceaux sont les plus con-
sidérables de la Langue. Les effets pro-
duits par ce muscle sont nombreux et va-
rient suivant que telle ou telle de leurs par-
ties est contractée; leur portion inférieure
fait sortir la Langue de la bouche, leur por-
tion supérieure l'y fait rentrer en partie; la
contraction de leur portion moyenne abaisse
l'axe de la Langue et la creuse en canal. Ils
ont pour antagonistes deux muscles rétrac-
teurs principaux : les hyo-glosses et les
stylo-glosses. Les hyo-glosses sont divisés, en
arrière, en trois portions ou muscles distincts,
qui prennent différents noms, selon leurs
points divers d'attache sur l'hyoïde; ce sont:
les cérato-glosses, qui s'attachent aux cornes
thyroïdes ; les basio-glosses, qui s'attachent
au corps de l'hyoïde, et les chondro-glosses,
qui s'attachent aux cornes slyloïdes. Nous
avons déjà indiqué la direction des fibres
de ces derniers et leur usage , en parlant
du muscle longitudinal inférieur; les fibres
des deux autres muscles sont obliques et
se terminent au bord de la langue , celles
des cérato-glosses à la moitié postérieure,
celles des basio-gîosses à la moitié anté-
rieure. L'effet de la contraction de ces
muscles est de faire rentrer complètement
la langue dans la bouche, et de l'abaisser
en la rapprochant de l'hyoïde. Les stylo-
glosses descendent de l'apophyse styloïde
sur les côtés de la Langue jusqu'à la pointe ;
ils élargissent la Langue et en relèvent les
bords. C'est dans ces derniers temps seule-
ment que les anatomistes sont parvenus à
débrouiller ce lacis presque inextricable de
LAN
fibres musculaires dont se compose la Lan-
gue, et dont nous avons négligé les moins
importantes. L'entrelacement des fibres des
génio-glosses dans Taxe de la Langue forme
ce que Bauer appelle le noyau de la Lan-
gue, et, suivant M. Blandin, c'est entre
ces muscles que se trouverait, chez l'homme,
une lame fibro-cartilagineuse , placée verti-
calement, plus épaisse en arrière, visible
en dessous , et qui serait l'analogue de l'os
lingual que nous allons trouver chez cer-
taines classes d'animaux.
C'est entre le génio-glosse et le stylo-
glosse de chaque côté que se placent les
principaux vaisseaux et les principaux nerfs
qui se rendent dans la Langue. V artère lin-
guale naît de la carotide externe ; la veine
linguale se jette dans la jugulaire interne
par un tronc qui lui est commun avec la
pharyngienne, la labiale et une branche
considérable de la jugulaire externe. Quant
aux nerfs qui se distribuent dans la Langue,
ils ont deux fonctions bien distinctes; les
uns servent à y exciter les mouvements,
les autres transmettent au cerveau les sen-
sations du goût. Les premiers sont les filets
du nerf hypoglosse ; les seconds sont les fi-
lets linguaux du glosso-pharyngien, et sur-
tout le rameau lingual du nerf maxil-
laire inférieur, une des trois branches du
nerf trifacial ou de la cinquième paire.
Des expériences physiologiques et des obser-
vations pathologiques semblent prouver que
tel est le rôle réel qui appartient à chacun
des nerfs que nous venons de nommer. En
effet, la section des hypoglosses n'entraîne
pas la perte de la faculté gustative, mais
amène la paralysie des mouvements de la
Langue , aussi bien que celle des autres
parties auxquelles ces nerfs se distribuent.
La destruction duglosso-pharyngien, qui se
rend principalement autour de l'arrière-
bouche et dans la portion postérieure de la
Langue, a pour conséquence la perte de la
sensibilité tactile dont sont douées ces par-
ties , et paraît aussi y anéantir la sensibi-
lité gustative. Par la ligature , la compres-
sion ou la section du nerf lingual, on ne
paralyse pas les mouvements de la Langue,
mais on y détruit complètement la faculté
de sentir les saveurs , résidant spécialement
vers l'extrémité antérieure et sur les bords
de la Langue où se distribuent seuls les
LAN
LAN
2^5
filets de ce nerf. Les principales branches
nerveuses rampent à la face inférieure de
la Langue, et les filets qu'elles envoient au
dos de cet organe s'élèvent dans l'épaisseur
des muscles, presque perpendiculairement
à la surface où ils aboutissent, et où ils
sont coiffés par les papilles ; nous avons déjà
vu que les plus gros sont reçus dans les
papilles fongiforraes.
Ce que nous venons de dire sur la dis-
tribution des nerfs de la Langue de l'Hom-
me, convient entièrement aux autres Mam-
mifères. Quant aux différences que présente
la Langue, chez les animaux qui appartien-
nent à cette grande classe, elles proviennent
seulement du volume ou de l'abondance des
papilles fongiformes, du nombre et de la
disposition des papilles caliciformes, surtout
de la forme des papilles coniques et des par-
ties nouvelles dont elles peuvent être ar-
mées ; on trouve aussi, dans les proportions
relatives des muscles , et dans les modifica-
tions qu'ils ont subies pour s'approprier à
tel ou tel usage , des différences qui expli-
quent les particularités de forme, les de-
grés divers de mobilité , et la nature spé-
ciale de mouvements que nous présente
la Langue de certains Mammifères. Nous
citerons les exemples les plus remarquables
de ces singularités d'organisation.
Chez les Chats et les Civettes, la partie
moyenne de la Langue porte deux espèces
de papilles ; les unes arrondies et se divi-
sant, par la macération, en faisceaux de fi-
laments qui paraissent nerveux; les autres,
coniques et pointues, revêtues d'écaillés cor-
nées qui se recourbent en arrière , ressem-
blent assez à de petits ongles , et peuvent
facilement être arrachées. Ces dernières pa-
pilles relèvent la Langue du Chat d'aspéri-
tés semblables à celles d'une râpe , et ren-
dent son contact dur et désagréable quand
l'animal lèche. La Langue de la Hyène porte
au milieu, dans son tiers antérieur, des pa-
pilles coniques armées d'étuis cornés, raides
et pointus , qui hérissent cette partie et
doivent lui faire déchirer en léchant. On
trouve aussi de ces sortes d'étuis cornés,
mais terminés en coins ou arrondis , sur la
Langue des Sarigues , dont la pointe est
dentelée et comme frangée. Vers le bout
de la Langue du Porc-Épic se montrent de
larges écailles terminées par deux ou trois
pointes cunéiformes. Les papilles coniques
qui recouvrent la moitié antérieure de la
Langue, chez les Ruminants, se terminent
chacune par un filet corné, recourbé en ar-
rière et flexible; ces filets, longs et comme
soyeux, sur la Langue du Chameau, lui don-
nent au toucher la douceur du velours; il
faut aussi remarquer que, chez cet animal,
les papilles caliciformes sont très larges et
concaves. Chez plusieurs Cétacés , le Dau-
phin et le Marsouin, par exemple, la loupe
ne découvre sur la Langue aucune papille
distincte, et les bords antérieurs sont dé-
coupés et comme déchiquetés en lanières
étroites. Les animaux de cet ordre ont une
Langue énorme, pénétrée d'une quantité
considérable de graisse ; mais c'est chez eux
que la partie libre delà Langue est la moins
longue. C'est, au contraire, chez les Éden-
tés à long museau, et principalement chez
les Fourmiliers, que la Langue jouit de
l'extensibilité la plus considérable. Cette,
Langue, effilée, cylindrique, très longue, est
extrêmement lisse et ne présente aucune es-
pèce de papille; on sait que les Fourmi-
liers la projettent facilement au loin , au-
dehors de leur bouche , et qu'elle est en-
duite d'une humeur visqueuse à l'aide de
laquelle les Fourmis et les autres insectes
sont agglutinés et amenés ensuite dans la
bouche de l'animal, qui raccourcit et retire
sa Langue avec une égale facilité. Cette pro-
traction remarquable est due à l'action d'un
muscle annulaire placé de chaque côté,
qui compose à lui seul toute la substance
de la Langue , et qui forme , dans la lon-
gueur de cet organe, une double série d'an-
neaux dont le diamètre va en diminuant
de sa base à sa pointe. La contraction ra-
pide et simultanée de ces .anneaux projette
Ja Langue hors de la bouche ; leur simple
relâchement la rappelle. D'autres muscles,
les sterno-glosses , agissent aussi pour pro-
duire ce dernier effet ; ils viennent de l'ap-
pendice xiphoïde, se placenta l'extérieur
des sterno-thyroïdiens , du larynx et de l'os
hyoïde , auxquels ils n'adhèrent en aucune
façon , et pénètrent dans le muscle annu-
laire, dans lequel ils ne paraissent pas se
prolonger; la Langue, restant ainsi formée
de fibres circulaires transversales que ne
relie aucun faisceau longitudinal , est très
fragile et se rompt facilement. La Langue
236
LAN
de l'Échidné nous présente un mode d'or-
ganisation très semblable. Nous trouvons
le muscle annulaire et les sterno-glosses ,
mais ceux-ci sont cylindriques , s'attachent
à la partie moyenne et supérisure du ster-
num , et pénètrent dans chacun des deux
cônes effilés que forme le muscle annulaire.
Les faisceaux qui composent ces muscles
sont roulés en une spirale très allongée,
s'enveloppant les uns les autres, et ont une
inégale longueur; les plus courts se trou-
vent près de la base de la Langue , de sorte
que chacun d'eux se termine successivement
aux anneaux du muscle annulaire , à me-
sure que sa longueur lui permet de les at-
teindre. Cette disposition , en même temps
qu'elle donne plus de solidité à la Langue,
et qu'elle aide au raccourcissement et au
rappel facile de cet organe dans la bouche ,
permet des mouvements de flexion dans
tous les sens. Chez les Fourmiliers et les
Echidnés, les génio-glosses et les stylo-
glosses s'arrêtent à la base de la Langue,
dans la portion adhérente; le muscle annu-
laire , dont la composition est si remarqua-
ble, peut être considéré comme l'analogue
des fibres verticales et longitudinales que
nous avons signalées dans la Langue des
autres Mammifères. La Langue de "Orni-
thorhynque offre aussi une composition in-
téressante , en ce qu'elle parait avoir une
certaine importance physiologique. En effet,
cette Langue, hérissée de villosités , porte à
sa base un renflement épais , divisé anté-
rieurement en deux pointes charnues, et
qui peut servir à l'animal à fermer l'ouver-
ture du larynx, quand il va fouiller le fond
des rivières pour y chercher sa nourriture.
Chez les Oiseaux , la Langue prend un
caractère tout particulier, qui dépend de
ses rapports intimes et de son union avec
l'hyoïde. En effet , cet os , dont le corps a
la forme d'un triangle qui dirigerait son
sommet en avant, donne attache antérieu-
rement à un os ou à un cartilage, simple ou
double, avec lequel il s'articule , et qui se
prolonge dans l'axe de la Langue. Cet os
lingual soutient la Langue, participe évi-
demment à tous les mouvements de l'hyoïde,
et rattache, par conséquent, la Langue à ce
dernier os, de manière à former avec lui
un seul appareil. En arrière, l'hyoïde se
prolonge sous la forme de deux longues cor-
LAN
nés qui s'élèvent derrière le crâne , sans y
prendre l'attache, et dont les extrémités
donnent insertion à des muscles fixés anté-
rieurement à la mâchoire inférieure. Ces
muscles, par leur contraction, ramènent les
cornes en bas et en avant, et poussent, par
Conséquent, la Langue hors de la bouche,
mécanisme dont le jeu est si curieux chez
les Oiseaux qui dardent leur Langue avec
une vitesse extrême et à de grandes distan-
ces pour saisir les insectes dont ils font leur
nourriture , mais qui diffère tout-à-fait,
quant à son principe, de ce que nous avons
vu chez les Mammifères qui jouissent de
la même faculté. Ces muscles prolracleurs
de l'hyoïde sont les analogues des géni-
hyoïdiens et des génio-glosses des Mammi-
fères, et leur effet est d'autant plus grand
que les cornes auxquelles ils s'attachent sont
plus longues, conditions qui sont réunies
chez les Pics, les Torcols, les Colibris. Geof-
froy trouve , dans les parties qui forment
l'hyoïde des Oiseaux , les mêmes éléments
qui composent l'hyoïde des Mammifères,
présentant les mêmes connexions. Les os
linguaux, que cet anatomiste célèbre appelle
les glosso-hyaux , correspondraient aux
cornes postérieures ou thyroïdes ; ils s'ap-
puieraient aussi sur le corps de l'hyoïde ou
Je basihyal; et les cornes si prolongées de
l'hyoïde répondraient aux cornes styloïdes
des Mammifères. L'état rudimentaire des
muscles linguaux, chez les Oiseaux , n'exi-
geant plus que les cornes postérieures fus-
sent écartées , comme elles le sont chez les
Mammifères , elles se rapprocheraient et se
confondraient sur la ligne médiane en un
seul glosso-hyal ; l'allongement du cou et
tle toutes les parties cervicales entraînerait
nécessairement un développement considé-
rable du basi-hyal et du glosso-hyal, et obli-
gerait ce dernier à pénétrer dans la Langue.
Cet os ou cartilage lingual constitue seul,
en général, presque toute la Langue des Oi-
seaux, n'étant recouvert seulement que
de quelques petits muscles situés à la face
inférieure de la Langue, et que revêtent des
téguments peu épais. La Langue de ces ani-
maux ne peut donc changer ni de forme
ni de dimensions, à la façon de la Langue
charnue des Mammifères, et ne possède
d'autre mobilité que celle qu'elle partage
avec l'hyoïde, et celle que lui donne l'arti-
LAN
LAN
237
cu'ation plus ou moins libre de son os lin-
gual sur le basi-hyal. Quelquefois elle est
divisée dans sa longueur, et ses deui moi-
tiés peuvent alors eiécuter aussi des mou-
vements l'une sur l'autre. Dure, en géné-
ral , à sa partie antérieure , et présentant
une extrémité arrondie ou pointue, entière
ou bifide, plate ou creusée, la Langue des
Oiseaux peut cependant jouir d'une cer-
taine flexibilité, quand l'os lingual se ter-
mine par une portion cartilagineuse moins
rigide. Les papilles de formes diverses qui
hérissent ie dos et surtout la base de la
Langue, n'indiquent pas que le sens du goût
soit très développé chez les Oiseaux ; la Lan-
gue sert surtout à ces animaux comme or-
gane de déglutition et de préhension des
liquides, et souvent aussi pour saisir au
loin ou au fond des fleurs les animaux dont
ils font leur nourriture. En effet, ces pa-
pilles sont souvent cornées, cartilagineuses
et osseuses, dirigées en arrière et propres à
empêcher le retour des aliments quand ils
ont été introduits dans l'arrière-bouche. Il
y a des différences nombreuses à cet égard,
aussi bien que sous le rapport de la forme.
Ainsi, chez les Oiseauxde proie, la Langue
est généralement assez large et épaisse, un
peu molle, et , chez les nocturnes, elle est
fourchue et garnie en arrière de papilles
coniques dirigées vers le gosier.
Dans Tordre des Passereaux, les moitiés de
Tos lingual restent souvent distinctes et ouver-
tes en fourche antérieurement, et, dans plu-
sieurs genres,la pointe de la langue est fendue
ou même divisée et comme déchiquetée en
petites soies ; sa surface est presque entière-
ment lisse, et l'arrière-langue seule offre
des papilles généralement cartilagineuses.
Les Gallinacés ont la Langue pointue, car-
tilagineuse et en fer de lance , très sem-
blable, pour ses téguments, à la Langue des
Passereaux.
On trouve de grandes différences parmi
les Échassiers; nous citerons seulement
l'Autruche, dont la Langue, en forme de
large demi-lune, ne présente aucune pa-
pille, et est si courte qu'on en a nié l'exis-
tence.En général, chez les Oiseaux de rivage,
la Langue est lisse et aplatie, d'une forme
triangulaire, plus ou moins allongée, ou
hastiforme. Cependant la présence d'un
amas considérable de tissu graisseux rend
très épaisse la Langue des Phénicoptèresou
Flammants. On rapporte que les Romains re-
gardaient cette Langue comme un mets très
délicat, et que l'empereur Héliogabale en-
tretenait constamment des troupes chargées
d'en pourvoir sa table. Geoffroy a souvent
vu en Egypte le lac Menzaleh (à l'ouest de
Damiette) couvert d'une multitude de bar-
ques remplies de Flammants, dont les chas-
seurs arrachaient et pressaient la Langue
pour se procurer une graisse dont ils pré-
fèrent l'usage à celui du beurre.
Les Oiseaux de l'ordre des Palmipèdes
offrent aussi de grandes variations dans la
nature et la forme de la Langue, variations
qui sont en harmonie avec l'usage que l'ani-
mal doit en faire, avec la forme de son bec, la
nature de ses aliments et la manière dont il
se les procure. Quand la proie est vivante
et peut être avalée tout entière, comme
c'est le cas pour le Harle, l'Oiseau n'a pas
besoin d'une Langue aussi développée, aussi
sensible, aussi flexible que lorsqu'il doit re-
chercher sa nourriture par parcelles, comme
le font les espèces du genre Canard.
C'est surtout dans l'ordre des Grimpeurs
que la Langue offre les modifications les
plus remarquables. Chez les Pics et les Tor-
cols, elle est étroite et formée de deux par-
ties : l'une antérieure, lisse, pointue, et
revêtue d'une gaîne cornée, garnie sur ses
bords de quatre ou cinq épines raides, di-
rigées en arrière, de façon que la Langue
ressemble à un hameçon barbelé ; l'autre
postérieure, plus lâche , hérissée de petites
épines. L'os lingual est beaucoup plus court
que la peau de cette Langue, et lorsque la
Langue s'allonge et sort tout entière de la
bouche, à l'aide du mécanisme que nous
avons décrit plus haut, l'hyoïde s'avance
dans cet organe , remplit sa portion posté-
rieure en l'élargissant, et pousse la Langue
en avant. Les Toucans ont la Langue étroite,
garnie latéralement de soies cornées qui
lui donnent l'apparence d'une plume, et qui
ont mérité aux Aracaris le nom de Ptero-
glossus. Chez les Perroquets , la Langue est
très épaisse, charnue, arrondie en avant et
pourvue de vraies papilles fongiformes,
surtout vers la base. L'appareil musculaire
qui met cet organe en mouvement est aussi
plus compliqué que celui des autres Oiseaux,
et les nerfs qui s'y distribuent ont des di-
233
LAN
LAN
mensions plus considérables : aussi les Per-
roquets se servent-ils de leur langue comme
d'un organe assez délicat pour goûter, en
quelque sorte, chaque parcelle d'aliment.
Bien que les Perroquets se distinguent, en
général, par le volume plus considérable de
leur Langue, il est néanmoins un petit
genre auquel Levaillant donna le nom
d'Ara à trompe, parce qu'il considérait la
Langue de ces Oiseaux comme étant très
longue et leur servant pour prendre leur
nourriture de la même manière que l'Élé-
phant le fait avec sa trompe ; Geoffroy re-
connut, au contraire, que c'est de l'allon-
gement de l'hyoïde et de ses dépendances
que résulte cette faculté, et qu'en réalité
la Langue est très petite et ne consiste
qu'en une simple tubérosité ovale et cornée :
aussi en forma-t-il sa section des Micro-
glosses.
Dans la classe des Reptiles, la Langue
présente plus de variations encore que dans
celle des Oiseaux, et il faudrait passer en
revue chaque ordre et même chaque fa-
mille pour indiquer complètement les for-
mes diverses, la structure, les rapports de
cet organe. C'est ce que nous n'entrepren-
drons point; il nous suffira d'indiquer les
faits principaux. Chez les Chéloniens, la
Langue est courte , épaisse, très peu mo-
bile, d'une forme assez semblable à une
semelle de soulier; les papilles uniformes
coniques, longues, charnues et serrées qui
en garnissent la face supérieure, la rendent
comme veloutée. Ses rapports avec l'hyoïde
n'ont plus la même étendue que chez les
Oiseaux ; elle est soutenue par la pointe seu-
lement de l'hyoïde, et surtout par une pla-
que cartilagineuse qui est distincte de cet
os, et qui ne s'y relie que par des ligaments
et des muscles. La Langue sert donc fai-
blement ici aux mouvements de la dégluti-
tion.
Les Crocodiliens n'ont qu'une Langue ru-
dimentaire , plate , charnue , attachée par
ses bords et par sa pointe à la mâchoire
inférieure, de sorte qu'elle est aussi immo-
bile que possible; l'anatomiste seul la dé-
couvre soui les enveloppes générales qui la
couvrent et la masquent si bien, que long-
temps on a cru qu'elle n'existait pas chez
tes animaux. C'est cette circonstance qui
explique l'utilité des services que rend au
Crocodile un petit oiseau , le Charadrius
œgyptius, désigné par Hérodote sous le nom
de Trochilus : cet animal entre dans la
gueule du Crocodile pendant que celui-ci
la tient ouverte , et mange les Insectes su-
ceurs qui s'attachent dans la bouche du rep-
tile. Dans la famille des Lacertiens, la Lan-
gue est en général bifurquée; quelques
genres ont une Langue musculeuse , lisse ,
contenue en partie dans un fourreau qui
s'ouvre au-devant du larynx; d'autres ne
présentent pas de fourreau , et l'ont plus
large et aplatie. Les Lézards, les Iguaniens,
les Geckotiens, les Scincoïdiens , ont géné-
ralement une langue triangulaire, très ex-
tensible , peu profondément bifurquée , et
composée antérieurement de deux feuillets
minces, presque cornés ; le corps de la Lan-
gue est plus épais , sa surface est feuilletée
ou papilleuse. Le plus curieux des Reptiles
.sous le rapport de la protractilité de sa
Langue, comme à beaucoup d'autres égards,
est le Caméléon. Chez cet animal, la Langue
est cylindrique, plutôt ridée que papilleuse,
traversée par un axe osseux , et susceptible
d'être projetée au -dehors de la bouche sur
les insectes dont le Caméléon fait sa proie ,
à une distance qui dépasse quelquefois la
longueur du corps lui-même. Cette Langue,
si extensible, se retire dans une sorte de
fourreau ou fosse du plancher du palais, et
sa peau est extrêmement plissée en arrière,
pour fournir à l'extension extraordinaire
qu'elle prend dans le moment où elle est
ainsi dardée. Cette élongation considérable
a lieu par un mécanisme assez analogue à
celui que nous avons indiqué pour les Pics.
On trouve chez les Ophidiens, comme chez
les Sauriens, des animaux dont la Langue
est protractile et cachée dans un fourreau,
et d'autres chez lesquels elle est libre, visi-
ble dans le palais et peu extensible. Les Ser-
pents proprement dits appartiennent à la
première de ces deux catégories , et leur
Langue, qui leur sert principalement à pal-
per, ressemble en conséquence à celle des
Lézards, est extrêmement lisse, semi-carti-
lagineuse et très mobile, comme celle de ces
derniers animaux : elle est plus profondé-
ment bifurquée.
La Langue des Batraciens ne présente
pas dans toutes les familles , et même dans
tous les genres d'une famille, lamêmestruc-
LAN
LAN
239
ture et la même mobilité. Chez les Anoures
en général, Grenouilles, Crapauds, etc., la
Langue est charnue , lisse et muqueuse ,
tout-à-fait indépendante de l'hyoïde et fixée
antérieurement à l'arc du menton ; sa par-
tie postérieure bifurquée est détachée et
libre , susceptible de se renverser en avant
sur les animaux dont le Batracien fait sa
proie , et de se reployer en arrière pour
s'appliquer contre l'ouverture des narines
postérieures. La Langue des Salamandres
est molle et couverte de papilles qui for-
ment un veiouté fin ; adhérente en avant
et en arrière, elle ne jouit d'un peu de
mobilité que sur les côtés , et ne peut servir
à l'animal comme organe mobile que lors-
qu'il abaisse extrêmement la mâchoire infé-
rieure. Les Sirènes ont une langue toute
osseuse ou cartilagineuse , incapable d'au-
cun mouvement propre, et ne recevant
plus d'impulsion que de l'appareil hyoïde ,
semblable, sous ce rapport, à celle des
Poissons.
En général , on ne découvre pas de Lan-
gue chez les Poissons cartilagineux ; et chez
la plupart des Poissons osseux , la Langue
ne consiste guère qu'en une simple saillie à la
partie inférieure de la bouche. Elle est soute-
nue, le plus souvent , par un os lingual qui
s'articule avec l'appareil hyoïdien, et dont la
forme ainsi que le volume relatif varie
beaucoup. La membrane qui recouvre cette
Langue ne présente aucune différence avec
celle qui tapisse la bouche, si ce n'est
qu'elle est souvent garnie de dents aiguës
ou en forme de pavés, qui doivent y émous-
ser la sensibilité. Généralement peu mus-
culeuse, la Langue des Poissons est peu
susceptible de changer de forme, et l'os qui
la supporte ne pouvant se mouvoir que fai-
blement, il en résulte que les mouvements
de cet organe dépendent de ceux qui sont
imprimés à l'hyoïde, et que son rôle se
îonfond avec celui de cet appareil.
En quittant le grand type des Vebtébrés,
nous trouvons quelquefois chez les ani-
maux qui appartiennent à d'autres types un
organe qui a reçu aussi le nom de Langue,
en général à cause de la ressemblance de sa
forme avec la Langue des animaux supé-
rieurs, quelquefois en raison de l'analogie
de ses fonctions avec celles que nous avons
reconnues propres à la Langue chez les ver-
tébrés. N'ayant à nous occuper ici ni du
goût , ni du toucher , ni de la préhension ,
de la mastication et de la déglutition des
aliments, nous ne pouvons entreprendre
d'indiquer les organes qui sont physiologi-
quement, chez les autres animaux, les
analogues de la Langue des Vertébrés.
Nous renvoyons pour la distinction et la
description de ces organes analogues , aux
articles qui sont destinés à faire connaître
les animaux qui appartiennent au type des
Annelés et à celui des Zoophytes; nous ne
dirons ici que quelques mots de la Langue
des Malacozoaires, les seuls chez lesquels cet
organe offre quelque ressemblance de situa-
tion et de composition avec la Langue des
Vertébrés , telle que nous venons de la dé-
crire, et qui mérite à plus juste titre le
nom de Langue.
Dans la classe des Céphalopodes, la
Langue est en général composée de deux
lobes, l'un plus avancé , inférieur, mus-
culeux , relevé d'un nombre plus ou moins
considérable de feuillets transverses , à
bord libre, entier ou découpé; l'autre,
plus reculé , supérieur, armé de lames
cornées transverses, supportant des séries
de crochets qui varient aussi beaucoup par
le nombre et la forme. Ces deux lobes for-
ment comme deux lèvres qui pincent les
aliments , et les lames cornées, exécutant
ensuite une sorte de mouvement péristal-
tique, redressent successivement et re-
courbent leurs crochets, qui poussent ainsi
le bol alimentaire dans l'œsophage. Celte
langue est généralement garnie de papilles
et soutenue par un cartilage particulier;
sa partie antérieure ne peut cependant en-
velopper les matières sapides à la façon d'un
véritable organe du goût, et elle ne sert
guère qu'à la déglutition.
Chez les Gastéropodes, la Langue pré-
sente de grandes variations quant à sa
forme , à sa longueur, â sa position , à son
armure. En général, la Langue est courte
chez les Gastéropodes qui ont une trompe;
elle est au contraire longue, et quelque-
fois démesurément longue, chez les Gasté-
ropodes qui sont privés de trompe. Parmi
ces derniers nous citerons la Patelle, le
Turbo pica, chez lesquels la Langue est
contournée sur elle-même dans l'état de
repos , et égale presque en longueur lecorpi
240
LAN
lout entier, quand elle se déploie ; il est
difficile de concevoir à quoi peut être
itile à ces animaux une pareille extension
de cet organe. Chaque espèce présente aussi
une armure particulière, disposée d'une
façon régulière. Dans l'Aplysie, la Langue,
large, en forme de cœur et portée sur deux
éminences arrondies et séparées, est garnie
de petites épines recourbées, placées en
quinconce. On trouve, chez d'autres Gasté-
ropodes , des lames tranchantes dentelées ,
des crochets à plusieurs pointes, des épi-
nes simples , etc. Dans cette classe , la
Langue est toujours placée près de l'ouver-
ture buccale; derrière les mâchoires , chez
les Mollusques dont la bouche en est ar-
mée ; à l'extrémité antérieure de la trompe,
chez ceux qui en possèdent une. Il est à
remarquer que la langue de l'Oscabrion se
prolonge en arrière et est enveloppée d'un
sac propre.
Les Ptéropodes manquent le plus géné-
ralement de Langue. M. Rang en a trouvé
une à dents nombreuses dans la cavité buc-
cale de son Cuviera columnella , espèce qui
se rapproche des Hyales. Les Acéphales pa-
raissent manquer complètement de Lan-
gue aussi bien que les Molluscoïdes.
Les Zoologistes classificateurs ont sou-
vent trouvé, dans les caractères que leur
fournit la Langue , le moyen de distinguer
facilement les espèces ou les genres; c'est
ainsi qu'ont été créés les noms de Ptéro-
glosse, Microglosse, Glossophage et au-
tres. Les différences nombreuses que pré-
sente cet organe dans sa forme, son vo-
lume, sa structure; les degrés divers de
liberté et d'extensibilité dont il jouit; la
disposition de ses papilles, peuvent, en
effet, prêter des caractères utiles , surtout
s'ils concordent avec des faits plus im-
portants dans l'organisation , et si on ne
l*ur attribue pas une importance exa-
gérée. (EbileBaudement.)
te mot de Langue a aussi été appliqué à
certaines plantes qui offrent plus ou moins
de ressemblance avec l'organe dont nous
venons de parler. Ainsi l'on a appelé :
Langue d'Agneau , une espèce de Plan-
tain;
Langue d'Anolis, la Melastoma ciliata;
Langue de Bœuf, la Buglosse officinale et
la Fistuline ;
LAN
Langde de Cerf, la Scolopendre, etc.
Langue de Châtaignier ou de Chêne , la
Fistuline Langue de Bœuf;
Langue de Cheval, une espèce de Fragon ;
Langue de Chîen , La Cynoglosse offici-
nale et le Myosotis lappula;
Langue de Noyer et Langue de Pommiei,
quelques Agarics à pédicule latéral ;
Langue d'Oie, le Pinguicula vulgaris ;
Langue de Passereau, le Stellerapasserina
et le Polygonum aviculare;
Langue de Serpent , l'Ophioglosse vul-
gaire ;
Langue de Terre, les espèces du genre
Geoglossum;
Langue de Vache, la Scabieuse des champs
et la grande Consoude.
LANGUE DE BOEUF, bot. cr. — Nom
vulgaire du Fistulina hepatica {voyez ce
mot ). Pendant longtemps on n'a connu
que cette espèce. Schweinitz en a fait con-
naître une seconde de la Caroline beaucoup
plus petite, qui croît également sur les
troncs. (Lév.)
LANGUETTE, poiss. — - Nom vulgaire
d'une espèce de Pleuronecte. Voy. ce mot.
LANGUETTE, zool., bot. —Les ento-
mologistes ont donné ce nom à une partie
de la lèvre inférieure des Insectes ( voyez
bouche). — En botanique, on nomme Lan-
guette l'appendice long et étroit que produit
le tube des corolles de certaines Synanthé-
rées, en se prolongeant d'un seul côté.
C'est aussi le nom employé quelquefois
pour désigner la ligule des Graminées. Voy.
graminées.
LANGURIA ( Languria , animal auquel
on attribuait la production de l'ambre).
iNS# — Genre de Coléoptères subpentamè-
res , famille des Clavipalpes, établi par Fa-
bricius et adopté par Olivier, Latreille, De-
jean. Ce dernier auteur rapporte à ce genre
18 espèces : 12 appartiennent à l'Améri-
que, 4 à l'Asie (Java) et 2 à l'Afrique. Les
espèces types sont les L. bicolor Fab., Mo-
zardi Lat., 01., et scapularis Chev. On
trouve ces insectes sur de petites branches
mortes, et aussi sur des liges de plantes. (C.)
*LANIADÉES. Laniadœ. ois.— Famille
établie par M. Lesson, dans l'ordre des Passe-
reaux, pour des espèces à bec fort, très com-
primé, crochu, armé d'une dent, à ailes mé-
diocres, le plus souvent courtes el arrondies.
LAN
LAN
241
Cette famille comprend les genres Corvinelle,
Falconelle, Pie -Grièctae, Tchagra , Notodèle ,
Pitohui, Taraba, Lanion, Ramphocène, Ma-
nikup, Bagadais, Crinon et Bécarde. (Z. G.)
*LANIAGRA, d'Orb. ois.— Division de la
famille des Laniadées. Voy. pie-gb'èche.
(Z. G.)
*LANIARIUS, Boié. ois.— -Division de la
famille des Pies-Grièches. Voy. ce mot. —
Vieill., syn. de Gonolek. (Z. G.)
*XAMCTERUS, Less. ois.— Genre établi
sur une espèce de la famille des Échenilleurs,
que M. Lesson nomme L. xanthornoides.
(Z. G.)
*LANIDÉES.Ianidœ. ois.— Famille éta-
blie par G.-R. Gray, dans son List of the
gen.y dans la tribu des Passereaux dentiros-
tres. Elle comprend la sous-famille des La-
ninées et celle des Thamnophilinées, et cor-
respond en grande partie à l'ancien genre
Lanius de Linné. (Z. G.)
*LANIELLUS, Swains. ois.— Division de
la famille des Lanidées. Voy. pie-grièche.
(Z. G.)
LANIER. ois. — Nom d'une espèce de
Faucon. — Brisson a encore appelé Lanier
cendré le Buzard Saint-Martin. (Z. G.)
*LAMGEROSTEMMA, Chap. bot. ph.
— Syn. d'Eliœa, Cambess.
*LAN1NSECTES. Laninsecta. ins. —
MM. Amyot et Serville (Ins. Hémipt., suites
à Buffon) désignent ainsi , dans l'ordre des
Hémiptères , un groupe comprenant les gen-
res Orthesia et Callipalpus. Voy, orthe-
zia. (Bl.)
LANIO. ois. — Voy. lanion.
*LAJVIOCERA,Less.ois.— Syn.de Lanteî-
lus, Swains. — Division de la famille des
Lanidées. Voy. pie-grièche. (Z. G.)
LAMOGÈRE. Laniogerus (laniatio, la-
cinie; gerere, porter), moll.— Le g. Lanio-
gère a été établi, dès 1816, par M. deBlain-
ville pour un petit Mollusque nu fort sin-
gulier, et qu'il a observé dans la collection
du Musée britannique. Ce genre serait voi-
sin des Glaucus; mais , selon nous , il au-
rait plus d'analogie avec les Phyllidies ou
les Diphyllides. En effet, ce petit Mollus-
que marin a un corps ovalaire , conveie
en dessus, et présentant sur toute la face
intérieure un plan locomoteur, terminé
en arrière par une sorte de queue. La tête
est assez grosse , se prolonge en avant en
t. vu.
un mufle court, fendu par une bouche longi •
tudinale, armé de plaques cornées; la tete
porte en arrière deux petits tentacules de
chaque côté, et l'on remarque sur le
corps, également de chaque côté, des
branches pectinées, à feuillets mous et,
flexibles , disposés à peu près de la même/
manière que dans les Pleurobranches ;'
du côté droit , la branchie est interrompue
par la présence d'un tubercule assez gros ,
donnant à la fois passage à l'anus et aux
organes de la génération. Comme on le
voit, ce genre a beaucoup de rapports avec
les Diphyllides ; mais, dans ce dernier genre,
le manteau fait une large saillie autour de
l'animal , de manière à arrêter complète-
ment ses organes branchiaux, ce qui n'a
pas lieu dans le genre Laniogère de M. de
Blainville. Jusqu'à présent on ne connaît
que la seule espèce servant de type à ce
genre curieux , et l'on ignore quelle est sa
patrie. (Desh.)
LANIOIV. Lanio, Vieill. ois.— Section de
la famille des Lanidées. Voy. pie-grièche.
(Z. G.)
*L ANIOTURDUS, Waterh . ois . —Section
de la famille des Lanidées. Voy. pie-grièche.
(Z. G.)
*LANISIUM. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Méliacées-Trichéliées , établi par
Rumph (Amboin. I, 151 , t. 54). Arbres de
l'Inde. Voy. méliacées.
LANISTE. moll. — M. Swainson, ayant
oublié sans doute que ce mot avait été em-
ployé par Montfort, l'a appliqué de nouveau
à un sous-genre que nous croyons inutile ,
pour des Modioles à stries aux deux extré-
mités de la coquille, telles que les Modiola
discort compacta, etc. Voy. modiole.
(Desh.)
LANISTES. moll.— Monfort a proposé ce
genre, dans sa Conchyliologie systématique,
pour les Ampullaires sénestres; n'ayant
aucune valeur, il n'a pas été adopté. Voy.
AMPULLAIRE, (DESH.)
LANIUS, Linn. ois.— Nom latin du genre
Pie-Grièche. (z- G)
*LANNEA, A. Rich. bot. ph. — Syn.
d'Odtna, Roxb.
*LANTANÉES. Lantaneœ. bot. ph. —
Tribu de la famille des Verbénacées, à la-
quelle le genre Lantana, l'un de ceux qu'elle
renferme, a donné ce nom. (Ad. J.)
31
242
LAN
LAO
LANTANIER. Lantana. dût. ph.— Genre
de la famille des Verbénacées , tribu des
Lantanées , à laquelle il donne son nom ,
de la didynamie angiospermie dans le sys-
tème sexuel. Il se compose d'arbrisseaux et
d'un petit nombre d'espèces herbacées, dont
plusieurs sont très répandues dans les jardins
comme plantes d'ornement. Ce sont des vé-
gétaux presque tous originaires de l'Améri-
que tropicale , assez fréquemment armés de
piquants; dont les branches sont anguleu-
ses , les feuilles simples , généralement ru-
gueuses , dentées sur leurs bords , opposées
ou ternées ; leurs fleurs sont réunies en ca-
pitules axillaires, accompagnées de bractées
dont les extérieures forment une sorte d'in-
volucre autour de chaque capitule. La cou-
leur de ces fleurs est violacée, orangée,
jaune ou blanche, et varie quelquefois dans
un même capitule. Chacune, considérée en
particulier, présente un calice en tube très
court, à 4 petites dents; une corolle à tube
allongé , légèrement renflé dans son milieu,
à limbe étalé , divisé en 4 lobes inégaux ;
4 étamines incluses, didynames ; un ovaire
à 2 loges, auquel succède un petit fruit
bacciforme, renfermant un seul noyau bi-
loculaire , percé à sa base , ou deux noyaux
distincts, dont chacun est alors uniloculaire
et monosperme. Ce dernier caractère fait
diviser le genre entier en deux sous-genres*
dont le premier (Camara, Cham.)est carac-
térisé par l'existence d'un seul noyau creusé
intérieurement de deux loges ; dont le se-
cond (Collioreas, Cham.) se distingue par la
présence, dans son fruit , de deux noyaux
distincts et uniloculaires.
Parmi les diverses espèces de Lantaniers
que l'on cultive le plus habituellement dans
les jardins , nous nous bornerons à dire
quelques mots sur les suivantes :
Lantanier a feuilles de mélisse, Lantana
camara Lin. C'est un arbrisseau qui s'élève
ordinairement à 10-12 décimètres, dépourvu
d'aiguillons, dont les feuilles persistantes
sont ovales oblongues. Ses fleurs se déve-
loppent pendant tout l'été ; elles sont d'a-
bord jaunes , et prennent peu à peu une
teinte aurore. On cultive cette espèce dans
la serre tempérée ou chaude ; on la multi-
plie soit par graines, soit par boutures.
Le Lantanier a fleurs blanches, Lantana
nivea, est une jolie espèce frutescente, dont
la tige est armée d'aiguillons courts et re-
courbés , dont les feuilles sont ovales-lan-
céolées, acuminées, légèrement crénelées;
dont les fleurs , d'un beau blanc et d'une
odeur agréable , se succèdent pendant pres-
que toute l'année , et forment des capitules
hémisphériques , accompagnés de bractées
linéaires. C'est encore une espèce de serre
tempérée ou chaude qu'on multiplie comme
la précédente.
Parmi les autres espèces, nous nous bor-
nerons à indiquer le Lantanier odorant , à
feuilles opposées et ternées; le Lantanier
agréable des jardiniers, qui ne s'élève qu'à 4
décimètres, remarquable par ses fruits nom-
breux, gros comme des Pois, bleuâtres ; le
Lantanier de Sellaw, etc. Ces diverses es-
pèces ont déjà donné , par la culture , des
variétés souvent de meilleur effet que leur
type. (P. D.)
LANTERNE, moll.-— Nom vulgaire d'une
belle espèce d'Anatine, Lanterne anatina
de Lamarck. Voy. anatine. (Desh.)
LANTERNE, bot. cr. — Nom vulgaire
du g. Latemea. Voy. ce mot.
LANTHANE, chim. — Découvert en
1840 par Mosander dans la cérite de Bast-
nas, où il se trouve uni à l'oxygène et
combiné avec l'oxyde de Cérium ( voy. ce
dernier mot), le Lanthane a été étudié depuis
par Hermann , et n'a été obtenu , jusqu'à
présent, que sous forme d'une poudre
grise, s'oxydantdans l'eau et se convertissant
en un hydrate de couleur blanche.
D'après la manière d'être de ses combi-
naisons , ce métal semble devoir être placé
sur la limite des Métaux terreux, immédia-
tement après l'YUrium.
Hermann a adopté le chiffre 600 pouf
l'équivalent du Lanthane, dont Tunique
oxyde est représenté par 700. (A. D.)
*LAODICE. Laodicea (nom mythologi-
que), acal.— Genre de l'ordre desMédusaires
ou Discophores, établi par M. Lesson,qui le
caractérise par la forme hémisphérique de
l'ombelle, ayant au milieu un nuclétw
rougeàtre, solide, à quatre masses perforées,
d'entre les intervalles desquelles partent des
cloisons vasculaires, formant une croix. Des
tentacules courts, très nombreux, naissent
du bord de l'ombelle. La seule espèce con-
nue vit dans la Méditerranée. Elle est large
de 1 centimètre. Les précédents auteurs
LAP
LAP
243
l'ont nommée Médusa crucigera et Aurélia
crucigera. (Duj.)
LAOMÉDÉE. Laomedea (nom mytholo-
gique), polyp. — Genre de l'ordre des Sertu-
lariées, établi par Lamouroux pour diverses
espèces de Campanulaires(uoi/. ce mot), dont
les cellules campaniformes ont le pédoncule
plus court. Les cellules sont portées sur des
tiges grêles, rameuses, raides ou volubiles.
Les animaux, tout-à-fait semblables à ceux
des Campanulaires, ont une couronne de
douze à quatorze tentacules. On en connaît
10 espèces toutes des mers d'Europe. (Duj.)
*LAOPHONTE. Laophonta. crust.— Ce
nom désigne une nouvelle coupe générique
de Crustacés établie par M. Philippi dans
les Archives de Wiedmann, et dont l'espèce
type est la Laophonte cornue , Laophonta
cornuta Phil. (in Arch. de Wiedm., I,
1840, pi. 3, fig. 13). (H. L.)
LAPAGERIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Philésiées , voisine
des Smilacées, établi par Ruiz et Pavon (FI.
peruv. III, 65, t. 297). Sous-arbrisseaux
du Chili. Voy. philésiées.
*LAPAROCERUS ( Aawrctpo'ç , grêle ; xê-
paç, antenne), ins. — Genre de Coléoptè-
res tétramères, famille des Curculionides
gonatocères , division des Cyclomides , créé
par Schœnherr ( Synonymia gen. et Sp,
Curculion., t. H, p. 530-7, 2e part., p,
228). 4 espèces sont rapportées à ce genre
par l'auteur : les L. morio , piceus, tetricus
et Canariensis. Les deux premières se trou-
vent en Portugal ; la troisième et la qua-
trième , dans l'île de Ténériffe. (C.)
♦LAPEMISOaTrvî, pituite; ipug, tortue).,
rept. — Groupe d'Ophidiens proposé par
Gray (ZooL Miscell. 1842). (E. D.)
LAPEREAU, mam. — Nom que l'on
donne vulgairement au jenne Lapin. (E.D.)
LAPE1R0USIA (nom propre), bot. ph.
— Genre de la famille des Composées-Sé-
nécionidées , établi par Thunberg (FI. cap.
700). Sous-arbrisseaux du Cap. Voy. com-
posées. — Pourr., syn. û'Ovieda, Spreng.
LAPHRIA (nom mythologique), ins. —
Genre de l'ordre des Diptères brachocères,
famille desTanystomes, tribu des Asiliques,
établi par Meigen.Les Laphria diffèrent des
autres genres de la même tribu par les anten-
nes à troisième article fusiforme, sans style
distinct, et par des jambes courbes inermes.
Ce genre renferme 7 ou 8 espèces , dont
la plus connue est la Laphrie dorée, L. au-
rea, qui se trouve fréquemment en France,
surtout aux environs de Paris.
*LAPHYRA (Xayypov, butin), ras. —
Genre de Coléoptères pentamères, famille
des Carabiques, tribu des Cicindélètes ,
formé par Dejean, dans son Catalogue, avec
une espèce de Barbarie , la Cicindela Au-
douinii de M. Barthélémy de Marseille
(Ann. de la Soc. ent. de Fr., t. IV, p. 597,
et qui a donné lieu à quelques criti-
ques sur l'établissement du genre , criti-
ques qui n'étaient nullement fondées, puis-
qu'elles avaient pour base l'examen d'une
véritable Cicindèle des environs d'Oran, très
semblable à celle avec laquelle ce genre a
été établi. (C.)
*LAPICAUME , Lapeyr. bot. ph.— Syn.
de Soyeria, Monn.
*LAPÏEDRA. bot. ph.— Genre de la fa-
mille des Amaryllidées , établi par Lagasca
( Nov. gen. et Sp.y 14 ). Herbes de l'Ibérie.
Voy. AMARVLLIDÉES.
LAPIN, mam. — Espèce du genre Liè-
vre. Voy. ce mot. Le nom de Lapin a été
étendu à plusieurs Mammifères qui diffèrent
beaucoup de l'espèce connue généralement
sous ce nom ; c'est ainsi que le Souslik a
reçu la dénomination de Lapin d'Allemagne ;
V Agouti, celle de Lapin d'Amérique; le Kan-
guroo philandre , celle de Lapin d' Aroe ; le
Cochon d'Inde, celle de Lapin du Brésil ; le
Lemming , celle de Lapin de Norwège , etc.
(E. D.)
LAPIS-LAZULI. min. — Voy. lazulite.
LAPLACEA ( nom propre ). bot. ph. —
Genre de la famille des Ternstrœmiacées-
Laplacées, établi par H. -B. Kunth (in
Humb. et Bonpl. Nov. gen. et Sp., V, 207,
t. 461). Arbres ou arbrisseaux de l'Améri-
que tropicale. Voy. ternstrcemiacées.
LAPLACÉES. Laplaceœ. bot. ph. —Tribu
de la famille des Ternstrcemiacées, ainsi
nommée du genre Laplacea, qui en fait par-
tie. (Ad. J.)
LAPLYSIE. moll. — Voy. aplysie.
LAPLYSIENS , Lamk. moll. — Voy.
APLYSIENS.
LAPPA. bot. ph. — Genre de la famille;
des Composées-Cynarées , établi par Tour-
nefort (Inst., 156). Herbes de l'Europe et
de l'Asie. Voy. composées.
244
LAQ
LAPPAGO. bot. pu. — Genre de la fa-
mille des Graminées-Panicées , établi par
Schreber {Gen., 131). Gramens croissant en
abondance entre les tropiques , dans les ré-
gions australes de l'Europe et centrales de
l'Asie. Voy. graminées.
*LAPPIDA (d'un mot hébreu signifiant
lampe). i>s. — Genre de la famille des Ful-
gorides, de l'ordre des Hémiptères , établi
par MM. Amyot et Serville {Ins. hémipt.,
suites à Duffon) sur une seule espèce du Bré-
sil (L. proboscidea), décrite par M. Spinola
sous le nom de Dyctiophora proboscidea.{BL.)
LAPPULA , Mcench. bot. ph. — Syn.
à'Echinospermum , Swartz.
LAPSANA, Tournef. bot. ph. —Syn.
de Lampsana, Vaill.
LAQUE, chim. — Cette résine, impro-
prement appelée Gomme-laque dans les
arts , où elle est très employée, exsude des
branches du Croton lacciferum, qui croît
dans les Indes , et de quelques autres ar-
bres à la suite des piqûres d'un Insecte hé-
miptère désigné sous le nom de Coccus
lacca.
La Résine-laque se trouve dans le com-
merce sous trois formes : en bâtons, telle
qu'on la trouve concrétée à l'extrémité des
branches d'où elle exsude; en grains, ou
réduite en poudre grossière; enfin en
écailles, c'est-à-dire fondue et coulée en
plaques minces. La qualité de la Laque en
écailles varie avec la proportion de prin-
cipe colorant qu'elle renferme encore; de
là trois variétés connues sous le nom de
Laque blonde, rouge, ou brune.
La Résine-laque est composée d'une
grande quantité de résine unie à de la ma-
tière colorante rouge soluble dans l'eau, à
de la cire, à du gluten , et à quelques corps
étrangers. Nous présentons ici l'analyse de
la Laque en écailles, par M. Hatchett : ré-
sine 90,9 , matière colorante 0,5 , cire 4,0,
gluten 2,8, corps étrangers 0, perte 1,8.
M. John prétend y avoir trouvé 16,7 d'un
principe particulier auquel il a donné le
nom de Laccine, et des traces d'Acide lac-
cique.
On donne encore le nom de Laques à
des matières colorantes précipitées de
leurs solutions aqueuses par des oxydes
ou des sous-sels; mais ces produits de
l'art n'ont, comme on voit, rien de commun
LAR
avec la Résine qui fait le sujet de cet ar-
ticle. (A. D.)
LAQLEOLARLE. arach. — Voy. cor-
PITÈLES.
LAR. mam. — Espèce de Gibbon. Voy.
ce mot.
LARBREA, Sering. bot. ph. — Syn. de
Malachium, Fr.
LARDITE. min. — Syn. de Pagodite.
LARDIZABALA. bot. ph. — Genre de
la famille des Lardizabalées , établi par
Ruiz et Pavon (Prodr., 143, t. 37). Ar-
brisseaux grimpants , indigènes du Pérou.
Voy. lardizabalées.
LARDIZABALÉES. Lardizabaleœ. bot.
ph. — Famille de plantes dicotylédonées,
polypétales, hypogynes, réunie primitive-
ment aux Ménispermacées, dont elle for-
mait une tribu distincte, distinguée au-
jourd'hui avec raison par plusieurs carac-
tères , notamment par la disposition de ses
ovules. Ces caractères , que nous emprun-
tons à l'excellente Monographie de M. De-
caisne, sont les suivants : Fleurs uni-
sexuelles par avortement, monoïques ou
dioïques. Dans les mâles, un calice de 3
folioles , ou plus souvent de six alternant
sur deux rangs; pétales au nombre de six,
également sur deux rangs, opposés aux fo-
lioles, les intérieurs plus petits ou glandi-
formes et manquant quelquefois; 6 éta-
mines opposées aux pétales, à filets soudés
entre eux ou plus rarement libres, à an-
thères presque toujours extrorses, dont
les deux loges sont réunies par un gros
connectif souvent prolongé en pointe au-
dessus, et s'ouvrant chacune par une fente
longitudinale; au centre, 2-3 rudiments
d'ovaires charnus, rarement plus. Dans les
femelles, qui sont un peu plus grandes que
les mâles, même disposition des enve-
loppes par verticilles ternaires; des éta-
mines qui sont toujours libres , petites et
dépourvues de pollen. Ovaires au nombre de
3 , plus rarement de 6 ou de 9 , exhaussés
sur un court gynophore, terminés chacun
par un sigmatepapilleux, pelté, obtus ou co-
nique, sessiles ou portés sur un style
court, contenant chacun des ovules nom-
breux (très rarement réduits à un seul),
fixés sur toute à la paroi interne de la loge ,
excepté sur la ligne qui répond à la suture
interne , et comme enfoncés au milieu d'un
LAR
LAR
245
tissu mou qui se divise souvent en une
foule de papilles piliformes, anatropes ou
campulitropes. Ces ovaires deviennent au-
tant de carpelles charnus ou de follicules ,
gessiles ou courtement pédicellés , poly-
permes , oligospermes, ou même mono-
spermes. Les graines, sous un tégument
cartilagineux et à l'extrémité d'un gros
périsperme corné, blanc, offrent un em-
bryon ovoïde très petit , dont la radicule
infère regarde le point d'attache. Les es-
pèces, peu nombreuses, sont des arbrisseaux
grimpants, originaires du Chili, en Amé-
rique ; du Népaul , de la Chine et du Japon,
en Asie; celles d'un seul genre , de Mada-
gascar; à feuilles alternes, dépourvues de
stipules, une ou deux fois ternées avec des
folioles entières, dentées ou lobées, tri-
nerviées, et dont les pétioles et pétiolules
se renflent à leur base et à leur sommet.
Les fleurs blanches , lilas , d'un rouge pour-
pre ou d'un jaune pâle, souvent odorantes,
sont disposées en grappes axillaires, ou sor-
tent en nombre du milieu d'un groupe d'é-
cailles. Le fruit se mange.
Tribu I. Fleurs dioïques. Anthères ex-
trorses. Espèces américaines.
Lardizabala , R. Pav. — Boquila , De-
çà isne.
Tribu II. Fleurs monoïques. Anthères
extrorses. Espèces asiatiques.
Parvatia, DC. — Stauntonia , DC. — .
Holbœllia, Wall. — Akebia, Dec.
Tribu III. Fleurs dioïques. Anthères in-
trorses. Espèces madagascariennes.
Burasaia, Pet. -Th. (Ad. J.)
*LAREi\TIA. ins.— Genre de l'ordre des
Lépidoptères nocturnes, famille des Phalé-
niens, tribu des Phalénides , établi par
Treitschke et adopté par MM. Duponchel ,
Boisduval, Blanchard, etc., dans leurs ou-
vrages respectifs. Les Larentia présentent
un corps grêle , assez long ; des antennes sé-
tacées, simples dans les deux sexes; une
tête arrondie; des palpes fort longs, grêles
et velus, avec leur dernier article très grêle
et penché; des ailes assez larges, arrondies;
l'abdomen long, presque cylindrique.
On connaît un grand nombre d'espèces
de ce genre, indigènes et exotiques ; elles ont
été réparties en deux sections, qui sont :
l°Les Larentia proprement dits, dont les
ailes antérieures sont assez larges, et les pos-
térieures assez grandes. La Larentia dubitaria
est l'espèce type de celte section : sa che-
nille vit sur le Nerprun , et se trouve fré-
quemment en France, surtout aux environs
de Paris.
2° Les Eupithecia , qui ont les ailes anté-
rieures plus étroites et plus oblongues,
et les postérieures plus petites. La Larentia
innotaria est une des principales espèces
de cette section ; elle est aussi , comme la
première, tîès répandue en France. (J.)
*LARETIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Ombellifères , éta-
bli par Gillies et Hooker (Bot. miscell., I,
329 , t. 69 ). Herbes du Chili. Voy. ombel-
lifères.
*LARGES (ovalaires triangulaires). Latœ
(ovales triangulares ). arach. — Ce nom
désigne, dans le genre des Epeira, une race
dont les espèces qui la composent ont ordi-
nairement l'abdomen triangulaire, large.
Dix-huit espèces û'Epeira appartiennent h
cette race. (H. L.)
*LARGIDES.Lar0ictes.iNS.— MM.Amyot
et Serville (Ins. hérnipt., suites à Buffon)
ont établi sous cette dénomination un groupe
dans la famille des Lygéides, compre-
nant les deux seuls genres Largus et Acino-
coris. (Bl.)
*LARGUS. ins.— Genre delà famille des
Lygéides , de l'ordre des Hémiptères , éta-
bli par Hahn (Wanzenart Insekt.) sur quel-
ques espèces exotiques privées d'ocelles,
ayant la tête courte et le corselet plan. Les
espèces les plus répandues sont les Largus
lunulatus (Lygœus lunulatus Fabr.), Largus
humilis ( Cimex humilis Drury.), etc., du
Brésil. (Bl.)
*LARÏDEES. Laridœ. ois.— Famille éta-
blie par G.-R. Gray ( List of the gen.) dans
l'ordre des Palmipèdes pour les espèces que
Linné classait dans les genres Larus, Bhyn-
chops et Sterna. Trois sous-familles, corres-
pondant à ces trois genres (celles des Lan-
nées, des Bhynchopinées et des Sterninées),
composent la famille des Laridées pour G -R.
Gray. (Z. G.)
*LARINÉES.Iannœ. ois. —Sous-famille
qui correspond entièrement au genre linnéen
Larus. Les nombreuses divisions que l'on a
fait subir à ce dernier en font naturellement
246
LAR
partie; ce sont les genres Lestris, Stercora-
rius, Rossia, Larus, Laroides, Xema, Chroi-
cocephalus, Rissa et Gavia. La sous-famille
des Larinées fait partie, dans G.-R. Gray,
de la famille des Laridées. (Z. G.)
LARINUS(Aocpivo'ç, engraissé), ras.— Genre
de Coléoptères tétramères, famille des Cur-
culionides gonatocères, division des Érirhi-
nides, créé par Germar (Species insectorum ,
p. 379) et adopté par Schœnherr (Disp. me-
thod., p. 220.— Syn. gen. etsp. Curcul. t.
III, p. 104, t. 7, pars 2, p. 3). Ce dernier
auteur a fait entrer dans ce genre 79 espèces :
45 appartiennent à l'Europe, 21 à l'Asie, 12
à l'Afrique et 1 à l'Amérique ; mais on en
retrouve quelques unes dans l'une ou l'au-
tre de ces diverses parties du monde. Nous
indiquerons, parmi celles qui en font partie,
les suivantes: L. Cynarœ, Cardui, Jaceœ
Fab., Scolymi 01. Cette dernière est assez
commune aux environs de Paris. Ces Insectes
sont recouverts d'une poussière jaune, verte
ou rougeàtre , qui se détache au moindre
attouchement. Ou les rencontre sur les fleurs
des Carduacées. (C.)
LARISSA, Curt. ras. —Syn. de Celina,
Steph.
LARIX. bot. ph. — Nom scientifique du
genre Mélèze. Voy. ce mot.
LARMES MARINES, annél.— Nom sous
lequel l'abbé Dicquemare (Journ. dephys.,
1776) a décrit et figuré de petites masses
gélatineuses de la grosseur d'un grain de
raisin, terminées par une longue queue, et
qui avaient été trouvées au Havre, adhérant
par leurs pédicelles à des plantes marines.
Ces corps singuliers renfermaient des animaux
filiformes , qui paraissaient être de petites
Annélides. Bosc a supposé que ces Larmes
mannes étaient le frai de quelque Poisson
ou de quelque Mollusque; Audouin croit que
ces vessies glaireuses ne sont autre chose
que les cocons de quelque Annélide , dans
l'intérieur duquel vivraient pendant un as-
sez long temps les jeunes individus, comme
cela se remarque dans les Sangsues et les
Lombrics. (E. D.)
*LAROIDES, Brehm. ois.— Division du
genre Mouette. Voy. ce mot. (Z. G.)
LAROPIS , Wagl. ois. — Division du g.
Sterne. Voy. ce mot. (Z. G.)
LARRA. ins. — Genre de la famille des
Larrides, de l'ordre des Hyménoptères, éta-
LAR
bli par Fabricius et adopté avec certaines
restrictions par tous les entomologistes. On
reconnaît les espèces du genre Larra à leurs
mandibules privées de dentelures. Le type
du genre est la L. anathema ( Sphex ana-
thema Ross.) , répandue dans une grande
partie de l'Europe. (Bl.)
LARREA. bot. ph.— Genre de la famille
des Zygophyllées, tribu des Zygophyllées
vraies, établi par Cavanilles [Ann. se. nat.9
II, 119, t. 18, 19). Arbrisseaux des Andes
du Pérou. Voy. zygophyllées.
LARRIDES. Larridœ. ras. —Famille de
la tribu des Crabroniens , de l'ordre des
Hyménoptères , caractérisée surtout par un
labre toujours caché, et des mandibules of-
frant à leur base une profonde échancrure
au côté interne. Les Larrides ont des mœurs
analogues à celles des autres Crabroniens et
des Sphégiens (voy. ces mots). La plupart
ont encore été peu étudiées dans leurs ha-
bitudes particulières , et l'on ignore encore
exactement, pour le plus grand nombre des
espèces , comment elles construisent leur
nid , et de quelle sorte d'insectes elles ap-
provisionnent leurs jeunes larves. Les Lar-
rides sont répandues particulièrement en
Europe et dans le nord de l'Afrique. Leurs
représentants ne sont pas fort nombreux.
Nous les rattachons à cinq genres essentiels;
ce sont les Palarus, Lyrops , Larra , Mis-
cophus et Dinetus. (Bl.)
LARRIENS. Iomi.ras.-Synon.de Lar-
rides.
LARUNDA. crust.— Syn. de Cyamus.
Voy. ce mot. (H. L.)
LARUS, Linn. ois. — Nom générique
des Goélands et des Mouettes. (Z. G.)
LARVA. moll.— Sous ce nom, Humphrey,
dans le Muséum calonnianum, a proposé un
genre correspondant exactement au Fissu-
relle de Bruguière et de Lamarck. Voy. fis-
surelle. (Desh.)
LARVAIRE. Larvaria (larva, larve).
polyp. — Genre de Polypiers fossiles proposé
par M. Defrance pour certains corps fossiles
du terrain tertiaire parisien. Ce sont des
tubes poreux, calcaires, larges de 1 millimè-
tre environ, divisibles en anneaux formés
d'une rangée transverse de granules régu-
liers, laissant entre eux autant de pores
également réguliers, qu'on a pris pour des
loges de Polypes. M. de Blainville les con-
LAR
LAS
247
sidère comme n'étant probablement pas des
Polypiers , mais comme ressemblant à des
fragments d'antennes de certains Crustacés
macroures. Il est bien vrai d'ailleurs que les
pores de ces Larvaires n'ont pas la structure
des loges des Polypes. (Duj.)
LARVES, ins.— Second âge des Insectes
à leur sortie de l'œuf. Voy. insectes.
*LARVIVORA, Hodgs. ois. — Division
de la famille des Merles. Voy. merle.
(Z. G.)
LARYNX, zool. — Chez l'Homme et les
Mammifères, le Larynx est un appareil qui
forme, en quelque sorte, le vestibule de la
trachée -artère; il a la forme d'un tube
large et court suspendu à l'os hyoïde , et
qui se continue inférieurement avec le ca-
nal de la trachée : c'est là que se produit la
voix. Chez les Oiseaux, nous trouvons aussi,
à la partie supérieure de la trachée-artère ,
un appareil qui porte le nom de Larynx su-
périeur, dont la structure est très simple ,
et qui ne sert que peu ou point à la pro-
duction des sons. C'est à l'extrémité infé-
rieure de la trachée qu'existe l'appareil la-
ryngien destiné à la formation du chant ,
et qui est d'une structure d'autant plus
compliquée que l'oiseau possède une voix
plus étendue, plus forte, plus éclatante, ca-
pable de moduler les sons avec une plus
grande perfection.
L'organe de la voix est donc une dépen-
dance de l'appareil de la respiration , et $
d'autre part , il peut exister un Larynx à
l'origine de la trachée , sans qu'il serve di-
rectement à la production des sons. La défi-
nition rigoureuse du mot Larynx ne doit
donc pas impliquer l'idée d'un appareil ex-
clusivement adapté à la formation de la
voix , et , par une conséquence naturelle ,
la description de cet appareil ne peut pas
être mieux placée qu'à côté de la descrip-
tion du tube aérien. C'est donc au mot tra-
chée-artère que nous pourrons plus oppor-
tunément indiquer la construction de l'ap-
pareil laryngien ; il en résultera, pour notre
description , plus de clarté , et nous ne se-
rons pas tombé dans des redites, que nous
éviterions difficilement sans ce renvoi. C'est
alors aussi que nous décrirons YHyoïde , la
Glotte, et toutes les autres parties qui sont,
avec la trachée, dans des rapports de situa-
tion plus ou moins connexes. Quant aux
fonctions de ces différentes parties, c'est aux
mots respiration et voix qu'elles se trouve-
ront naturellement indiquées. (É. B.)
LASCADIUM bot. ph.— Genre de la fa-
mille des Euphorbiacées? établi par Rafines-
que (Lwdou,, 114). Arbrisseau de l'Améri-
que boréale.
*LASCHIA (nom d'homme), bot. cr. —
Genre.de Champignons de la classe des Ba-
sidiosporés. Leur consistance est semblable
à celle des Tremelles, mais ils sont surtout
remarquables par les larges cellules polygo-
nales qui recouvrent leur surface. On n'en
connaît encore que deux espèces exotiques,
qui ont été décrites sur des échantillons secs.
(LÉv.)
*LASEGUEA,Alp.DC.(dédiéparM.Alp.
De Candolle à M. Lasègue, conservateur du
musée botanique de M. Benjamin Delessert).
bot. ph. — Genre de la famille des Apocy-
nacées, qui a été établi par M. Alp. De Can-
dolle (Prod., vol. VIII, p. 481, et Ann. se.
nat., 3e sér., mai 1844, p. 260) pour des
plantes voisines des Echites. Ce sont des ar-
brisseaux ou sous-arbrisseaux du Brésil,
quelquefois grimpants ; à feuilles opposées,
presque sessiles , excepté dans une espèce,
entières et en cœur ; leurs fleurs sont dis-
posées en grappes simples, terminales;
elles sont accompagnées de bractées linéai-
res-lancéolées, plus courtes que les pédi-
celles. Chacune de ces fleurs présente, selon
M. Alp. De Candolle, les caractères suivants :
Calice 5-parti, à divisions allongées-oblon-
gues , aiguës , munies de deux glandes à
leur base ; corolle presque plus courte que
le calice , 5-lobée seulement au sommet ; à
tube cylindrique , élargi vers les deux tiers
de sa longueur , point sur lequel sont insé
rées les étamines , sans appendices, et avec
un cercle de poils au niveau de l'origine des
étamines; à lobes ovales, très petits, à
préfloraison convolutive vers la gauche,
dressés. Les étamines sont formées d'une
anthère sessile, linéaire-acuminée , adhé-
rente au milieu du stigmate. Autour du pis*
til est un nectaire formé de 5 glandes ob-
tuses. Le pistil est formé de deux ovaires
glabres, multi-ovulés, surmontés d'un seul
style.
En établissant ce genre, M. Alp. De Caft-
dolle n'en connaissait que deux espèces,
qu'il a décrites dans le 8e volume du Pto-
248
LAS
drome. Mais plus tard, en examinant l'her-
bier de M. Delessert et celui du Muséum de
Paris , il en a reconnu quatre nouvelles ,
qu'il a décrites dans les Annal, des se. nat.
de 1844 (lococit.). (P. D.)
LASERPITIUM. bot. ph. — Genre de
la famille des Ombellifères-Thapsiées, éta-
bli par Tourne for t(/nsf., 324), et présentant
pour caractères principaux : Calice à limbe
5-denté; pétales obovés, émarginés, inflé-
chis , presque égaux ; fruit à dos comprimé
ou cylindrique, à huit ailes; carpophore
libre, biparti.
Les Laserpilium sont des herbes croissant
en Europe, surtout dans les régions australe
et orientale de cette partie du globe, à
feuilles bi-tri-pinnatiséquées, dont les seg-
ments entiers, dentés ou incisés; involucre
et involucelles polyphylles ; fleurs blanches,
on , plus rarement , jaunes , disposées en
ombelles multi-radiées.
On connaît environ 20 espèces de ce
genre , dont quelques unes sont cultivées
dans les jardins. (J.)
LASIA, Hope. ins. — Syn. de Cynegetis,
Chev. (C.)
LASIA (/oco-ioç, velu), bot. pn. — Genre
de la famille des Aroïdées-Orontiacées, éta-
bli par Loureiro (FI. cochinch., I, 103).
Herbes de l'Inde. Voy. aroïdées.
*LASIAGROSTIS (*a<7toç,velu; aypcxmç,
gramen). bot. ph. — Genre de la famille des
Graminées-Stipacées, établi par Link (Hort.
Berol.,l, 99).Gramens des régions méditer-
ranéennes et de l'Asie centrale. Voy. gra-
minées.
*LASIANDRA ()âcrtoç,velu; âv>îp,homme).
bot. ph. — Genre de la famille des Mélas-
tomacées-Osbeckiées , établi par De Can-
dolle (Prodr. , III, 127 ). Arbres et, plus
souvent , arbrisseaux de l'Amérique tropi-
cale. Voy. mélastomacées.
*LASIANTHEA (Xoiatoç, velu; av9v, , flo-
raison), bot. ph. — Genre de la famille des
Composées-Sénécionidées , établi par De
Candolle {Prodr., V, 607). Arbrisseaux du
Mexique. Voy. composées.
LASIANTBERA ( Uaioiy velu ; âv0/pa ,
anthère), bot. ph. — Genre dont la place
dans le système n'est pas encore fixée , et
qu'Endlicher rapproche, quoique avec doute,
des Ampélidées. 11 a été établi par Palisot
dcBeauvois (Flor. owar, I, 85, t. 51»^ et
LAS
ne renferme qu'une seule espèce, L. afri-
cana , arbrisseau grimpant de l'Amérique
tropicale.
LASIANTH15S, Zuccar. bot. ph.— Syn.
de Lasianthea, DC.
LASIOBOTRYS 0*'<tcoç , velu ; Gorpus ,
grappe), bot. cr. — Sprengel a donné ce
nom à un petit Champignon qui croit sur
les feuilles vivantes du Lonicera cœrulea et
de quelques Xylostrum : il appartient aux
Tubéracés épiphylles. On remarque sur les
feuilles de petits tubercules arrondis, noirs,
très consistants, développés sous l'épiderme,
qu'ils rompent pour se montrer au dehors.
Vus sous le microscope, ils représentent une
série circulaire de poils raides, simples, qui
les fixent au parenchyme des feuilles. Leur
intérieur est blanc, et composé d'utricules
au nombre de sept ou huit, qui renferment
le même nombre de spores. On ne connaît
encore que le Lasiobotrys lonicera, dont
Kunze avait fait une Sphérie , De Candolle
un Xyloma, et Fries un Dothidea. C'est un
des plus jolis petits Champignons à étudier.
Greville {FI. scot., tab. 191) en a donné une
belle figure , qui ne pèche que sous le rap-
port des spores. (Lév.)
LASIOCAMPA (isc'atoç, velu; xap.**',
chenille), ins. — Genre de l'ordre des Lé-
pidoptères nocturnes , famille des Bomby-
ciens, tribu des Bombycides , établi par La-
treille aux dépens du genre Bombyx de
Linné. Il diffère des autres genres de la
même famille par des palpes longs prolon-
gés en forme de bec , et des antennes éga-
lement pectinées dans toute leur longueur.
On connaît 8 à 10 espèces de ce genre
pour lesquelles on a établi deux divisions :
la première comprend les espèces à ailes
dentelées , et a pour type la Lasiocampa
quercifolia. Cette espèce se trouve dans une
grande partie de l'Europe ; sa chenille est
grise , Yelue , avec un double collier bleu.
La seconde division renferme les espèces
à ailes non dentelées ; une des plus connues
est la Lasiocampa pini, qui habite la France
méridionale.
Toutes ces espèces ont les mêmes mœurs que
les Bombyx,dont ils faisaient autrefois partie.
*JLASIOCERA (i«<7coç, velu; x/paç, an-
tenne), ins. — Genre de Coléoptères pen-
tamères , famille des Carabiques , tribu des
Cicindélètcs, établi par M. Dejean, qui y
LAS
rapporte 1 seule espèce , L. nitidula, indi-
gène du Sénégal.
*LASIOCBLOA (Urtoç, velu; x^n ,
herbe), bot. ph. — Genre de la famille des
Graminées-Festucacées , établi par Kunth
(Gram., II, 555, t. 192 , 193). Gramens
du Cap. Voy. graminées.
♦LASIOCORYS (XaVtoç, velu; xopvç, cas-
que), bot. ph. — Genre de la famille des
Labiées-Stachydées , établi par Bentham
(Lasiat., 600). Arbrisseaux du Cap et de
l'Abyssinie. Voy. labiées.
*LASIODACTYLUS (Wioç, velu; Sax-
twXoç, doigt), ins. — Genre de Coléoptères
subpentamères, famille des Clavicornes,
tribu des Nitidulaires , créé par Perty (De-
îectusanim. art. , 1830, p. 35, t. VII, fig. 1 3).
Le cinquième article des tarses paraît soudé
au quatrième; la massue a quatre articula-
tions. L'espèce type est du Brésil; elle porte
le nom de L. brunneus, (C.)
*LASIODACTYLUS(Ucrtoç, velu ; «Mxtu-
Xoç, doigt), ins. — Genre de Coléoptères sub-
pentamères, famille des Longicomes, tribu
des Lamiaires, formé par M. Dejean, dans
son Catalogue , avec deux espèces du Séné-
gal : L. latimanus et Buquetii Dej. Le L. fim-
briatus d'Ol. doit aussi être rapporté à ce
genre. (C.)
*LASIODERMA ( *a<rtoç , velu ; MPlt.* ,
peau), ins. — Genre de Coléoptères pen ta-
nières, famille des Clavicornes, tribu des
Nitidulaires , formé par Dejean dans son Ca-
talogue. L'auteur lui donne pour type une
espèce de Cayenne , la L. squalidum de La-
cordaire. (C.)
♦LASIONEMA (>acrtoç, velu; v?^*, fila-
ment), bot. ph. — Genre de la famille des
Rubiacées-Cinchonées , établi par Don (in
Lmn. Transact., XVII, 142). Arbres du Pé-
rou. Voy. RUBIACÉES.
LASIONÏTE. min. — Voy. wavellite.
LASIONOTA ( Xa<noç, velu; vStoç, dos).
ins. — Genre de Coléoptères pentamères ,
famille des Sternoxes , tribu des Bupresti-
des, établi par Dejean, dans son Catalogue,
avec une espèce du Brésil , le Bupreslis qua-
drifasciata de Mannerheim (L. quadricincta
Dei.)- (C.)
*LASIOPÉTALÉES. Lasiopetaleœ. bot.
ph. -— Tribu de la famille des Byttnéria -
cées , que nous exposerons avec le grand
groupe desMalvacées.Foj/. ce mot. (Ad. J.)
t. vu.
LAS
249
LASIOPETALUM (Mrtsç, velu; nfr<x-
>ov , pétale), bot. pnt — Genre de la fa-
mille des Byttnériacées-Lasiopétalécs , éta-
bli par Smith (inLinn. Transact., IV, 216).
Arbrisseaux de la Nouvelle-Hollande. Voy.
BYTTNÉRIACÉES.
LASIOPOGON (Uaioç, velu; «oîyov ,
barbe), bot. ph. — Genre de la famille des
Composées-Sénécionidées, établi par Cassini
(in Bullel. Soc. philom., 1818, p. 75).
Herbes des régions australe et boréale de
l'Afrique. Voy. composées.
*LASIOPTERA (>aatoç, velu; «r/fwv,
aile), ins. — Genre de l'ordre des Diptères
némocères, famille des Tipulaires, tribu des
Gallicoles, établi par Latreille, et adopté
par M. Macquart ( Dipt. exot.), qui le place
dans sa tribu des Cécidomydes. On n'en
connaît encore qu'une seule espèce, la La-
sioptera albipennis, qui habite la France et
l'Allemagne.
*LASIOPTERYX, Steph. ins. — Syn. de
Lasioptera, Latr.
*LASIOPLS.;(Aa<rtoç, velu; trou;, pied).
ins. — Genre de Coléoptères pentamères ,
famille des Lamellicornes, tribu des Scara-
béides phyllophages , formé par Dejean,
dans son Catalogue, avec une espèce du Bré-
sil , le L. comatus de l'auteur. ( C.)
*LASIOPtJS(A?'<rco$, velu; weCç, pied).
bot. ph. — Genre de la famille des Compo-
sées-Mutisiacées, établi par Cassini (in Bull.
Soc. philom.1817, p. 152). Herbes du Cap.
Voy. COMPOSÉES.
LASIOPYGA (Wcrtoç, poilu; r.vyn, fesse).
mam. — Illiger (Prodr. Mam. et Av., 1811)
indique sous ce nom un genre de Singes de
la division des Catarrhinins, formé aux dé-
pens des Cercopithecus, et principalement
caractérisé par l'absence des callosités aux
fesses. Ce groupe, dont l'espèce type est la
Guenon Doue, n'a généralement pas été
adopté par les zoologistes. (E. D.)
*LASIORHIZA, Lag. bot. ph.— Syn. de
Chabrœa, DC.
LASIOSPERUÏtM 0*»"*» velu ' Q7te'p-
p.a, graine), bot. ph. — Genre de la famille
des Composées-Sénécionidées, établi par La-
gasca (Nov. gen. et sp.f p. 31). Herbes ou
sous-arbrisseaux du Cap. On en connaît
trois espèces réparties en deux sections:
Eulasiospermum (capitule discoïde), Lani-
pila (capitule radié), Voy. composées.
250
LAT
LAT
*LASIOSTATA, de Casteln. ins. — Syn.
de Trigonoscelis , et qui, par suite d'une
double erreur de l'auteur, devait être écrit
Lasiostola, et être rapporté au genre qui
porte ce nom. (C.)
LASIOSTEMON, Nées. bot. ph. — Syn.
de Galipea, Aubl.
*LASIOSTOLA(lacrioÇ, velu; axoU, ha-
billement), ins. — Genre de Coléoptères hé-
téromères, famille des Mélasomes, tribu des
Piméliaires, formé par Dejean, dans son Ca-
talogue, où deux espèces de la Russie mé-
ridionale sont mentionnées : le Tenebrio
pubescens de Pallas, et le Pimelia hirta de
Fischer. (C.)
LASIOSTOMA, Schreb. bot. ph.— Syn.
de Strychnos, Lin n.
*LASIURUS(>a<noç, poilu; ovpa', queue).
mam. — Rafinesque indique sous ce nom
un groupe de Chéiroptères qui n'est géné-
ralement pas adopté par les auteurs. (E.D.)
*LASTENA. moll. — Sous-genre inutile
établi par Rafinesque pour quelques espèces
d'An odon tes indiquées par Lamarck. Voy.
ANODONTE. (DESH.)
*LASTHENIA. bot. ph. — Cass., syn. de
Rancagua, Pœpp. et Endl. — Genre de la fa-
mille des Composées-Sénécionidées, établi
par Lindley (m Bot. reg. t. 1780). Herbes
de la Californie. Voy. composées.
*LASTiyEA (nom propre), bot. cr. —
Genre de Fougères établi par M. Bory (Dict.
class. , VI , 588 ), et considéré comme une
subdivision du g. Polypodium. Voy. ce mot.
LATAMA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Palmiers , tribu des Borassinées,
établi par Commerson (ex Juss. gen., 39).
Palmiers de l'Inde. Voy. palmiers.
" LATAX, Glog. mam.— Syn. d'Enhydra,
Flem.
i LATÉPORE. Latepora ( latens , caché ;
porus, pore), polyp. — Genre de Polypiers
fossiles, établi par Rafinesque pour des corps
- fossiles de l'Amérique septentrionale, formés
de tubes cloisonnés , prismatiques, soudés
parallèlement et communiquant par des po-
res latéraux; d'après ces caractères, ce g.
se rapproche beaucoup du Calamopora go-
thlandica (Duj.)
*LATÉRAL. Lateralis. bot.— On donne
cette épithète à toutes les parties d'une
' plante, feuilles, stipules, etc., qui ont leur
point d'insertion sur les côtés de la tige ,
du rameau , ou de tel autre organe qui
supporte ces parties.
LATERNEA (laterna, lanterne), bot.
cr. — Genre qui ne comprend encore que
2 espèces , et qui doit être réuni au Cla-
thrus. Voy. ce mot. (Lév.)
LATÈS. poiss. — Voy. variole.
*LATHAM. Lathamus, Less.ois. — Genre
de la famille des Perroquets. Voy. ce mot.
LATHR/EA. bot. ph, — Genre de la fa-
mille des Orobanchées , établi par Linné
(Gen., n. 743). Herbes de l'Europe centrale. ■
Voy. orobanchées. f
*LATHRJEOPHILA, Léand. bot. ph. — •
Syn. d'Helosis, Rich. L
*LATHRIA, Swains. ois. — Syn. delt-- ;
pangus, Boié. Voy. gobe-mouche. (Z. G.) '
LATHRIDIUS, écrit à tort LATRIDIUS
(Lx0p<xrOç, qui agit en secret), ins. — Genre
de Coléoptères trimères, classé par quelques
auteurs dans la famille des Xylophages , et
par d'autres, dans celle des Clavicornes,
rapporté à la tribu des Mycétophagites par
Lalreille, et à celle des Corticaires par
Curtis. Ce genre, créé par Herbst, a été
adopté par Latreille, Dejean, Erichson, Man-
nerheim, etc., etc. Ce dernier, dans une
Monographie publiée récemment {Zeilschrift
fur die Entomologie von Gertnar, 1844, p.
67), en mentionne 52 espèces; 41 appartien-
nent à l'Europe, 6 à l'Asie, 4 à l'Amérique,
et 1 est indigène de la Nouvelle-Hollande.
M. Mannerheim a séparé des Lathridius et
reporté aux Corticaria de Marsham 66 es-
pèces qui, la plupart, étaient confondues avec
les précédentes. Les Lathridius se distinguent
aisément des Corticaria, en ce que le premier
article des antennes est court, globuleux,
renflé , au lieu d'être grand et en massue,
comme dans les derniers. Nous citerons,
comme en faisant partie , les L. minutus
Lin., rugicollis , transversus 01., etc. Us
vivent sur le Lichen des arbres , dans le fu-
mier , sur le bois en décomposition, dans les
lieux obscurs, sales, enfin sous la Mousse.
(C.)
*LATHRIOGYNE (JâOptoç, caché; yvvw,
femme), bot. ph. — Genre de la famille des
Papilionacées-Lotées , établi par Ecklon et
Zeyher ( Enum., 170). Arbrisseaux du Cap.
Voy. PAPILIONACÉES.
*LATHRISIA , Swartz. bot. ph. — Syn.
de Barthoïina, R. Br.
LAT
LAT
251
LATHROBIUM (UOp-o, secrètement;
Stow, je vis), ins. — Genre de Coléoptères
pentamères, famille des Brachélytres, tribu
desPœdériniens, créé par Gravenhorst (Mo-
nographia micropterorum, p. 130) et adopté
par MM. Mannerheim, Curtis, Latreille, De-
jean, Erichson , etc., etc. Ce dernier au-
teur (Gen. et sp. Staphylinorum, p. 588)
leur assigne les caractères suivants: Labre
bilobé; tarses de quatre articles simples,
égaux, cinquième plus court. Ce genre ren-
ferme 30 espèces ; 24 appartiennent à l'Eu-
rope, et 6 à l'Amérique. Nous citerons, parmi
celles de notre pays, le L. eîon g atum de Lin.
et quadralum de Paykull (Staphylinus). Ces
Insectes se trouvent dans les bois, sous les
pierres, et dans la terre grasse des mares
desséchées. (C.)
LATHYRUS. bot. ph. — Nom scienti-
fique du g. Gesse.
LATIALITE. min. — Syn. d'Hatlyne.
*LATIAXIS. moll. — Genre inutilement
établi par M. Swainson pour une coquille
avec laquelle , depuis plusieurs années ,
M. Sowerby avait établi le genre Trichotro-
pis. Voy. ce mot. (Desh.)
*LATICONES. Laticones. ois. — Section
établie par M. Temminck dans son genre
Gros-Bec (Fringilla) pour les espèces qui ont
un bec bombé et plus ou moins renflé sur les
côtés. Cette section comprend la plupart des
espèces des Loxia de Linné et Latham et
quelques autres du groupe des Bengalis.
(Z. G.)
*LATILABES. Latilabiœ. aràch. — Ce
nom est donné par M. Walckenaër à une
race du genre des Tegenaria dont la seule
espèce qui la représente a les yeux latéraux
des deux lignes écartés , la lèvre plus large
que haute et ayant la forme d'une coupe.
La Tegenaria senegalensis est le type de
cette race. (H. L )
*LATILUS. poiss. — Genre de l'ordre des
Acanthoptérygiens, famille des Sciénoïdes,
établi par MM. Cuvier et Valenciennes
{Hist. des Poiss., V, 368). Les Poissons de
ce genre sont remarquables surtout par
leur profil en arc arrondi et descendant
presque verticalement , ce qui rend leur
museau très court; l'œil est grand et tout
près de la courbe supérieure du profil ;
l'ouverture de la bouche , fendue jusque
sous l'œil, est presque horizontale , et l'en-
semble de leur corps rappelle plutôt celui
d'un Mulle que celui des Coryphènes, avec
lequel Lacépède les avait confondus.
On ne connaît jusqu'à présent que 2 es-
pèces de ce genre, provenant de la mer des
Indes , et que les auteurs ont nommées :
Lat. argentatusetdoliatus. Ces Poissons ont
une teinte argentée tirant sur le rose ou le ,
vert, et ont environ 40 centimètres de Ion- )
gueur. (J.) \
*LATIPALPIS (latus, large; palpus,
palpe), ins. — Genre de Coléoptères pen-
tamères , famille des Sternoxes , tribu des
Buprestides, établi par Solier (Ann. de la .
Soc.ent. deFr.,t. 2, p. 287, pi. 11,M6),
qui y introduit plusieurs divisions regar-
dées par Dejean et Spinola comme formant
chacune un genre distinct ; tels sont : les
Lampetis, Dicerea, Perotis , Lampra(Voy.
ces mots). A l'exemple de Solier, MM. Gory
et de Castelnau , dans leur Monographie ,
font des Latipalpis plusieurs divisions sous
le nom de Buprestis , genre ancien , qu'ils
ont pensé devoir maintenir. (C.)
*LATIPES (latus, large; pes, pied), bot.
ph. — Genre de la famille des Graminées-
Panicées, établi par Kunth (Gram., 53, 42).
Gramens delà Sénégambie. Voy. graminées.
LATIRE. Latirus. moll.— Genre inutile
établi par Monrort , dans sa Conchyliologie
systématique, pour les Fuseaux dont la colu-
melle est ombiliquée. Voy. fuseau. (Desh.)
LATIROSTRES. Latirostres. ois. —
Famille établie par MM. Vieillot et Dumé-
ril, pour des oiseaux échassiers qui ont pour
caractère principal un bec aplati horizonta-
lement. Pour M. Vieillot, deux genres seu-
lement font partie de cette famille; ce sont
les genres Spatule et Savacou. M. Duméril
y admet en plus le genre Phénicoptère. —
M. Lesson (Traité d'ornith.) a, de son côté,
fait de ce nom le titre d'une tribu de l'or-
dre des Passereaux, dans laquelle se ran-
gent des espèces qui ont un bec très dé-
primé , très aplati , à commissure excessi-
vement fendue et à pieds très courts. Cette
tribu , qui correspond aux Hiantes d'Illi-
ger, aux Planirostres de M. Duméril et aux
Fissirostres de G. Cuvier, comprend la fa-
mille des Chélidons, c'est-à-dire toutes les
espèces des genres linnéens Caprimulgus et
Ilirundo. M. de Blain ville a également ad-
252
LAT
mis sous le nom de Latirostres une famille
qui a pour type le genre Engoulevent.
(Z. G.)
*LATOMETUS (Xotrop/w, qui taille les
pierres ). ins. — Genre de Coléoptères té-
tramères, famille des Xylophages, tribu
des Colydites, créé par Erichson (Archiv.
furnaturg. 1842, p. 152, tab. V, f. 3).
L'auteur n'y introduit qu'une espèce de la
Nouvelle-Hollande , L. pubescensllv. (C.)
*LATOXA(nom mythologique), ins. —
Genre de Coléoptères pentamères , famille
des Brachélytres , tribu des Pœdériniens,
créé par M. Guérin-Méneville (Revue zool.,
1844 , p. 13) , avec deux espèces de Colom-
bie : les L. Spinolœ et Erichsonii. (C.)
*LATONE. Latona{nom mythologique).
cmjst. — Genre de l'ordre des Daphnoïdes,
établi par M. Straus sur des petits Crustacés
dont l'abdomen est infléchi et dont les ra-
mes des grandes antennes sont divisées en
trois branches , formées chacune d'un seul
article. On n'en connaît qu'une seule es-
pèce, IeLATONE sétifère, L, setifera Mtill.,
qui habite le Danemark. (H. L.)
*LATONE. Latona (nom mythologique).
moll. — M. Schumacher, dans son Nou-
vel Essai d'une classification des Coquilles ,
a voulu diviser le genre Donax des auteurs ;
et prenant le Donax cuneata pour type
d'un nouveau genre, il l'a proposé sous le
nom de Latone. Ce genre, qu'aucun carac-
tère particulier ne justifie, ne peut être
adopté. Voy. donace. (Desh.)
LATONIA (Latone, nom mythologi-
que ). rept. — Groupe de Rainettes désigné
sous ce nom par M. Hermann von Meyer
(Falerb, f. Min. 1842). (E. D.)
*LATREILLEA ( nom propre), bot. ph.
— Genre de la famille des Composées-Séné-
cionidées, établi par De Candolle (Prodr.,
V, 504). Herbes du Brésil. Voy. composées.
LATREILLIE. Latreillia (nom propre).
crust. — Ce genre , qui appartient à Tor-
dre des Décapodes, à la famille des Oxy-
rhynques et à la tribu des Macropodiens ,
a été établi par Roux sur un Crustacé très
remarquable qui se trouve dans la Médi-
terranée , et qui ressemble assez , par la
forme générale du corps , à une Leptopodie
qui serait privée de son rostre , et qui serait
munie de pédoncules oculaires d'une lon-
gueur extrême. La carapace est triangulaire,
LAT
tronquée en avant, et ne recouvre pas le
dernier anneau du thorax; l'épistome est
beaucoup plus long que large ; le second et
le troisième article des pattes-mâchoires
externes sont très étroits. Les pattes sont
filiformes et extrêmement longues; enfla
l'abdomen de la femelle ne se compose que
de cinq articles , mais on y distingue les
sutures des deux autres ; quant à l'abdcs-
men du mâle, il n'en offre que cinq. L'es-
pèce avec laquelle cette nouvelle coupe gé-
nérique a été établie est la Latreillie élé-
gante , Latreillia eleg ans Roux. Ce Crustacé
a été rencontré dans les mers de Sicile. On
ne connaissait que Ja femelle de ce singu-
lier crustacé; quant au mâle, il a été
trouvé sur les côtes Est de l'Afrique fran-
çaise, entre l'île de Galite et le cercle de la
Calle. Cette espèce habite de très grandes
profondeurs et semble se plaire dans des
lieux coralligènes ; car elle a été trouvée
accrochée aux filets qui servent à la pêche
du corail , Polypier qui est assez abondant
sur les côtes Est de nos possessions d'Afri-
que. Enfin plusieurs espèces de ce genre
ont été aussi rencontrées dans les mers du
Japon et figurées dans la faune japonaise
par M. Dehaan. (H. L.)
LATRIDIUS. ins. — Voy. lathridius.
LATRODECTE. Latrodectus ( larpU ,
captif; ovjxtyî;, qui mord), arach. — Genre
de l'ordre des Aranéides , de la tribu des
Araignées, créé par M. Walckenaër, aux
dépens de celui des Theridion (voy. ce mot).
Dans cette coupe générique, les yeux sont au
nombre de huit , presque égaux entre eux ,
sur deux lignes écartées et légèrement diver-
gentes; les yeux latéraux étant un peu plus
écartés entre eux que ne le sont les intermé-
diaires, et portés^sur des éminences de la tête.
La lèvre est triangulaire , grande et dilatée à
sa base. Les mâchoires sont inclinées sur la
lèvre , allongées , cylindriques , arrondies
vers leur extrémité externe , terminées par
une pointe interne, et coupées en ligne
droite à leur côté interne. Les pattes sont
allongées , inégales entre elles; la premièrt
paire est plus longue que la quatrième ; celle-
ci sensiblement plus allongée que les deul
intermédiaires ; la troisième paire est la plus
courte. Ce sont des Aranéides filant dans les
sillons, sous les pierres, des fils en nœuds ou
en filets où les plus gros insectes se trouvent
LAU
LAU
253
arrêtés. Le cocon est sphéroïde et pointu par
un bout. Les espèces qui composent ce genre
habitent le nouveau et l'ancien monde. Le
Latrodecte malmignatte , Latrodeclus mal-
mignatus Walck., peut être regardé comme
le type de ce genre. Suivant plusieurs au-
teurs , cette espèce est réputée très veni-
meuse ; sa morsure cause, dit-on, à l'homme,
des douleurs léthargiques, et souvent la
fièvre. Ayant observé , en Algérie, cette es-
pèce, qui y est très commune, je n'ai ja-
mais remarqué les accidents indiqués par
MM. Luigi Totti , Abbot et Cauro , par ce
dernier surtout, qui dit, dans une thèse
intitulée : Exposition des moyens curatifs de
la morsure du Latrodecte {Theridion) mal-
mignatte : « Il paraît qu'on n'était pas fixé
sur le caractère venimeux du Latrodecte
malmignatte , car tous les naturalistes se
bornent à dire que l'on croit que sa mor-
sure est très dangereuse. Il est certain, bien
certain, qu'elle est très dangereuse en Corse ;
peut-être serait-elle mortelle dans quelques
circonstances. » M. Cauro donne les détails
des effets de cette morsure, qui ressemblent,
dit-il, à ceux de la Vipère; mais M. Cauro,
non plus qu'aucun de ses prédécesseurs ,
n'a pris le soin de s'assurer que la maladie
qu'il décrit était véritablement causée par
le Latrodecte malmignatte. Il ne rapporte
aucune observation , aucune expérience qui
le démontre. (H. L.)
LAUDANUM, chim. — Voy. labdanum.
LAUMOIMITE. min. — Voy. zéolitue.
LAUNjEA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Composées -Chicoracées, établi
parCassini(Dtc£. se. nat.,t. XXV, p. 321).
Herbes de Madagascar.
*LAUNZEA , Buch. bot. ph. — Syn. de
Buchanania, Roxb.
*LAUREA. bot. ph. — Genre rapproché
avec doute, par Endlicher, de la famille
des Pipéracées. 11 a été établi par Gaudichaud
(ad Freyc.y 513) pour des arbres ou des
arbrisseaux indigènes de la Guyane.
LAURELIA , Juss. bot. ph. — Syn. de
Pavonia , Cuv.
LAUREMBERGIA, Berg. bot. *h. —
Syn. de Serpicula, Linn.
LAURENCIE. Laurencia ( nom propre).
bot. cr. — Genre d'Algues de la famille des
Floridées, tribu des Chondriées, établi par
Lamouroux ( Ess. 42, excl. sp. ), et carac-
térisé principalement par une fronde fili-
forme , cylindrique ou comprimée , et com-
posé, à la périphérie, de cellules presque
égales, ou plus petites les unes que les au-
tres. La fructification consiste en granules
pyriformes fixés à l'extrémité des rameaux
ou de leurs divisions, et dilatés quelquefois
en massue ou en grappe.
Les Laurencies sont des Algues marines ,
cartilagineuses ou gélatineuses, d'une cou-
leur rouge assez vive, rameuse , à rameaux
diffus ou alternes.
On connaît une vingtaine d'espèces de ce
genre dispersées dans les mers tempérées
du globe. Quatre espèces habitent la Médi-
terranée ; ce sont les Laurencia tenuissima
Grev.,dasyphylla Grev. ,pinnatifida Lamx.,
et oblusa Lamx.
Quelques unes des espèces de ce genre
contiennent, à une certaine époque de l'an-
née , un principe poivré , acre et brûlant ,
dont quelques peuples du Nord se servent,
dit-on, comme de piment. (J.)
LAURENTIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Lobéliacées - Lobé-
liées, établi par Micheli {Nov, gen., 18,
t. 14). Herbes du littoral méditerranéen ,
croissant aussi au cap de Bonne-Espérance
et dans les contrées extratropicales de la
Nouvelle-Hollande. Voy. lobéliacées.
LAURÉOLE. bot. ph. —Nom vulgaire
des Daphne.
*LAURIA. moll. — Ce genre a été pro-
posé par M. Gray et adopté par M.Swainson
pour les Maillots ombiliqués. Voy. mail-
lot. (Desh.)
*LAURIDIA, Eckl. et Zeyh. bot. ph. —
Syn. d'Eiœodendron, Jacq.
LAURIER. Laurus. bot. ph. — Tourne-
fort avait établi et Linné avait conservé, sous
le nom de Laurus , un genre dans lequel
entrèrent successivement un grand nom-
bre d'arbres que réunissaient des caractères
communs assez vagues. Ce genre se rap-
portait à l'Ennéandrie monogynie dans le
système sexuel. Lorsque A.-L. de Jussieu
établit la méthode naturelle qui a immorta-
lisé son nom, il admit une famille des Lau-
rinées dont le genre linnéen forma le type
et la presque totalité. Mais les découvertes
faites dans ces derniers temps ayant considé-
rablement augmenté le nombre des espèces
comprises dans ce groupe générique , et
254
LAU
'examen plus attentif de leurs caractères
ayant montré parmi elles de nombreuses
modifications de structure, une subdivision
était devenue nécessaire. C'est ce qu'a très
bien senti M. Nées d'Esenbeck, qui , d'a-
bord dans les Plantas asiat. rar. de M. Wal-
lich, et ensuite dans son Systema Laurina-
rum[l in-8 Berl. 1S36) a partagé les Lau-
riers en un nombre considérable, peut-être
même un peu trop considérable de genres
distincts. Par suite du travail monographi-
que du savant allemand, le nom de Laurier
n'appartient plus qu'à l'espèce la plus an-
ciennement connue du grand g. de Linné,
le Laurier d'Apollon. Nous devrions donc
nous borner dans cet article à faire connaî-
tre cette espèce, et les caractères du genre si
fortement réduit auquel elle appartient ;
mais déjà plusieurs espèces généralement
comprises jusqu'à ces dernières années sous
la même dénomination générique,et qui pré-
sentent un intérêt réel, auraient dû être dé-
crites dans les volumes déjà publiés de cet
ouvrage: cependant elles ont été entière-
ment passées sous silence, ou elles ont été
étudiées trop rapidement et sans le moin-
dre développement; ce motif nous engage à
considérer ici le grand groupe de Linné
comme formant encore en quelque sorte un
tout unique pour y réunir les espèces im-
portantes à connaître qu'il renfermait dans
sa vaste circonscription, à présenter par con-
séquent l'histoire de ces végétaux en les réu-
nissant dans un article unique : seulement,
pour satisfaire à la fois aux besoins de cet ou-
vrage et à ceux de la science, en rapportant
chacune de ces espèces d'anciens Lauriers
sous le nom qu'elle porte actuellement,
nous indiquerons entre parenthèses son an-
cienne dénomination; de plus, nous ne
donnerons en fait de caractères génériques
que ceux du Laurus proprement dit, et ceux
qui ont été omis mal à propos, renvoyant
pour les autres à l'article qui les regardera
spécialement.
1. Réduit aux étroites limites qui le com-
prennent maintenant tout entier, le genre
Laurus se distingue par les caractères sui-
vants : Ses fleurs sont dioïques ou herma-
phrodites ; chacune d'elles a un périanthe
partagé en quatre divisions égales, qui tom-
bentaprès la floraison; 12étamines fertiles
rangées en trois séries; celles de la rancée
LAU
extérieure alternent avec les divisions du
périanthe; toutes présentent 2 glandes au
milieu ou bien au-delà du milieu de leur
longueur; leurs anthères sont oblongues, à
2 logettes s'ouvrànt toutes à leur côté in-
terne par autant de valvules qui se relèvent.
Les fleurs mâles ne présentent pas même un
rudiment de pistil. Les fleurs femelles ne
conservent que 2-4 rudiments d'étamines '
sans anthère, dilatés à leur base, entourant
l'ovaire. Le stigmate est en tête. Le fruit est
une baie qui repose sur la base du pé-
rianthe persistant.
Le type de ce genre est le Laurier d'A-
pollon, Laurus nobilis Lin., vulgairement
connu sous les noms de Laurier commun,
Laurier franc, Laurier sauce. Son nom spé-
cifique vient delà transformation de Daphné
en Laurier, et de ce que les branches de cet
arbre servaient, dans l'antiquité, à faire les
couronnes qu'on décernait aux vainqueurs
des jeux olympiquesetaux poètes; au moyen-
âge, les lauréats des jeux académiques re^
cevaient aussi une couronne de Laurier,
mais chargé de ses baies, d'où est venu no-
tre mot baccalauréat. Quant aux autres dé-
nominations, elles s'expliquent par elles-
mêmes. Le Laurier est un arbre qui s'élève
à 10 mètres environ, dans les pays où il croît
spontanément, mais qui reste beaucoup plus
bas dans les pays plus septentrionaux dans
lesquels on le cultive; ses feuilles sont per-
sistantes, lancéolées, veinées; elles varient
assez notablement, de manière à constituer
quelques variétés: ainsi l'on possède une
variété à grandes feuilles, uneautre à feuil-
les ondulées sur leurs bords, et crépues, une
troisième à feuilles très étroites. Ce bel ar-
bre croît spontanément dans l'Asie-Mineure,
dans l'Afrique méditerranéenne , en Grèce,
dans les parties chaudes de l'Italie, de l'Es-
pagne , en Portugal ; il est presque natu-
ralisé dans le Piémont et dans nos départe-
ments méditerranéens. Il fleurit en mars et
avril; ses fruits atteignent leur maturité
en automne. Toutes ses parties renferment
une huile essentielle abondante, surtout
dans ses feuilles, qu'elle rend aromatiques,
et auxquelles elle donne leurs propriétés to-
niques et excitantes : aussi les emploie-t-on
en bains, en injections, lotions, pour fortifier
les organes, en applications sur les tumeurs
indolentes, etc. On les prend aussi à Tinté-
LAT7
rieur, comme digestives, stomachiques, etc.
On sait leur emploi fréquent comme condi-
ment dans l'assaisonnement des mets, d'où
l'arbre lui-même a tiré l'un de ses noms
vulgaires. Par distillation, ces feuilles don-
nent leur huile essentielle, qui est acre ,
chaude, et dont on fait quelquefois usage
en médecine, surtout à l'extérieur. Les baies
du Laurier commun ont aussi des usages
assez fréquents en médecine ; leur péricarpe
contient une huile volatile très odorante;
leur graine renferme de son côté une huile
grasse; par l'expression , on obtient, des
fruits tout entiers, une huile formée en ma-
jeure partie de la dernière , qui est en con-
sistance de beurre, verdâtre , d'une odeur
forte, d'une saveur amère, que Ton emploie
soit à l'extérieur, comme résolutive, soit à
l'intérieur, en l'introduisant dans la compo-
sition de divers médicaments , tels que le
baume de Fioraventi , l'électuaire de baies
de Laurier, etc. Le Laurier d'Apollon se
multiplie soit de graines, soit de marcottes
par incision, et de rejetons, soit enfin de
boutures qui reprennent, il est vrai, diffi-
cilement. Dans le 'nord de la France , il
exige une terre franche, légère , une expo-
sition au midi; il doit être couvert pendant
l'hiver ou rentré dans l'orangerie. L'été, il
demande de fréquents arrosements.
2. Cannellier. Cinnamomum, Burm. Ce
genre , d'une importance majeure , ayant
été entièrement omis dans le 3e tome de
cet ouvrage , nous ne pouvons nous dis-
penser d'en parler ici , avec une partie des
développements qu'il mérite. Les végétaux
qui le composent sont des arbres de taille
peu élevée , dont les feuilles sont marquées
de nervures prononcées , le plus souvent
rapprochées par paires , ou presque oppo-
sées. Leurs fleurs sont hermaphrodites ou
polygames, composées d'un périanthe à six
divisions, coriace, dans lequel la partie su-
périeure du limbe, ou même tout le limbe,
te détache après la floraison , laissant le
tube en forme de cupule; de 9 étamines
fertiles en trois rangées, dont les trois in-
térieures sont accompagnées, à leur base,
de deux staminodes sessiles , en forme de
glandes ; leurs anthères sont ovales , à 4 lo-
gettes s'ouvrant par autant de valvules qui
se relèvent; celles des trois intérieures s'ou-
vrent sur le côté extérieur, celles des autres
LAU
255
sur le côté intérieur de ces organes ; sur un
rang plus intérieur encore se trouvent de
plus 3 staminodes à tête ovoïde. Le stig-
mate est discoïde. Le fruit est une baie mo-
nosperme, dont la base est embrassée par
la portion persistante du périanthe.
L'espèce la plus anciennement connue et
la plus intéressante du genre Cannellier est
le Cannellier de Ceylan , Cinnamomum
Zeylanicum Breyn.(N. ab E. Syst. Laurin.,
p. 45) {Laurus Cinnamomum Lin.). C'est
un grand arbrisseau ou un arbre de taille
peu élevée , qui cependant peut acquérir 8
et 10 mètres lorsqu'il croît tout isolé, dont
les branches sont assez grosses proportion-
nellement , à 4 angles obtus , glabres et
Vertes pendant leur jeunesse, fauves à l'é-
tat adulte, et finissant par prendre une cou-
leur cendrée; ses feuilles sont presque op-
posées , ovales ou ovales-oblongues, formant
à leur extrémité un prolongement obtus,
trinervées , réticulées à leur face inférieure,
glabres ; les fleurs sont réunies en panicules
terminales et axillaires pédonculées; elles
sont couvertes d'un duvet blanc soyeux. Les
divisions de leur périanthe sont oblongues
et se détachent dans la moitié de leur lon-
gueur. Cette espèce croît spontanément à
Ceylan , dans la Chine et au Japon ; on la
cultive aux Antilles , à Cayenne, à l'Ile de
France , etc.
C'est l'écorce des branches du Cannellier
de Ceylan , dépouillées de leur épiderme ,
qui fournit la cannelle du commerce
(voy. cannelle). C'est pour obtenir cette
substance importante par ses usages que l'on
cultive le Cannellier en diverses contrées, et
principalement à Ceylan. Dans cette île,
dont elle forme l'une des productions les
plus importantes , cette culture occupe un
espace considérable qui s'étend entre Ma-
tura et Negombo, et auquel on donne le
nom de Champ de la cannelle ; là, l'atmo-
sphère est humide et pluvieuse pendant une
bonne partie de l'année , de mai à la fin
d'octobre, et cette circonstance exerce une
influence avantageuse sur la qualité de la
cannelle, puisque celle qui vient des autres
parties de l'île est notablement inférieure.
Nous devons des détails intéressants sur la
culture et la récolte de la cannelle de Cey-
lan au voyageur français Leschenault de La
Tour, qui les a consignés dans un mémoire
256
LAU
LAU
imprimé en 1821 , à Saint-Denis-de-Bour-
bon , sous le titre de Notice sur le Cannel-
lier de Ceylan. Nous allons lui emprunter
quelques détails à ce sujet. Dans les terres
qu'on destine à la culture du Cannellier,
on travaille et on prépare de petits espaces
d'environ 1/2 mètre carré, éloignés l'un de
l'autre de 2 à 3 mètres, et dans lesquels on
mêle à la terre des cendres de bois. C'est
dans chacune de ces places ainsi préparées
qu'on sème 4 ou 5 fruits de Cannellier,
immédiatement après leur maturité , dans
les mois de juin, juillet et août. L'on cou-
vre ensuite ces places de branchages. La
germination a lieu en quinze ou vingt jours,
et donne généralement naissance à autant
de pieds de Cannelliers qu'on a semé de
fruits. Quelquefois , au lieu de semer sur
place, on fait d'abord une pépinière, de la-
quelle on extrait ensuite le plant. Les seuls
soins que l'on donne aux jeunes plantations
consistent à arracher les mauvaises herbes
à des intervalles de temps assez longs; on
ne fait même pas cette opération avec beau-
coup d'exactitude : aussi les Cannelliers
sont-ils toujours entremêlés de beaucoup
d'autres plantes herbacées et ligneuses.
Dans l'espace de six ou sept ans , les pieds
ont généralement atteint une hauteur de
2 mètres 1/2 ; alors on peut commencer la
récolte en supprimant une partie des pieds
de chaque touffe, et l'on continue ensuite
sans laisser aux pieds restants le temps de
devenir trop forts. Ces plantations de Can-
nelliers , qu'on nomme jardins , ïessem-
blent entièrement à des taillis de quatre ou
cinq ans , et mériteraient beaucoup mieux
le nom de bois. La récolte de la cannelle se
fait de mai à octobre, pendant la saison des
pluies , et lorsque l'écorce peut aisément se
détacher du bois; il y a néanmoins, dit-on,
des pieds dans lesquels celle-ci est toujours
adhérente. On coupe les tiges et les branches
lorsqu'elles ont de 2 à 6 centimètres au
plus de diamètre; après quoi, par des inci-
sions circulaires espacées d'environ 3 déci-
mètres, et par une incision longitudinale ,
on enlève l'écorce , qu'on fait sécher avec
[précaution, qu'on dépouille de son épi-
derme , et qu'on verse ensuite dans le com-
merce , après en avoir trié et séparé les di-
verses qualités.
La cannelle est une des substances aro-
matiques les plus employées : aussi s'en sert-
on pour la préparation d'une foule de mets,
de liqueurs de table, etc.; elle est fréquem-
ment employée dans la parfumerie ; enfin,
en médecine , ses propriétés toniques, exci-
tantes, cordiales , etc., lui donnent encore
une certaine importance. Elle doit surtout
ses propriétés médicinales à l'huile essen-
tielle qu'elle renferme. On l'emploie non
seulement en nature , mais encore on en
fait une teinture alcoolique et une eau dis-
tillée. Dans les lieux où on la récolte , les
débris qui restent après le triage servent à
préparer une huile d'un blanc jaunâtre,
fort estimée et d'un prix élevé, qui sert sur-
tout pour aromatiser diverses poudres. En-
fin les grosses tiges et les racines du Can-
nellier contiennent une grande quantité de
camphre, qu'on peut en retirer et qui donne
encore à cet arbre un nouvel intérêt.
3. Camphrier. Camphora, Nées. Les ca-
ractères de ce genre ont déjà été présentés
au mot Camphora, ainsi que ceux de son
espèce la plus remarquable, le Camphrier
officinal, Camphora officinarum Bauh.,
Nées (Syst. laurin., p. 88) {Laurus cam-
phora Lin.), espèce du Japon et de la Chine,
dont les diverses parties donnent, soit par
des incisions, soit, et principalement, par la
distillation à sec, le Camphre dit du Japon,
le plus rare et le plus cher de ceux qui
existent dans le commerce, et qui sont four-
nis par des végétaux de genres et de fa-
milles divers. Nous nous bornerons à cette
courte indication, renvoyant , pour plus
de développement, aux mots camphora et
CAMPHRE.
4.Persée. Persea, Gaertn. Ce genre, pour
les caractères duquel nous renverrons au
mot persée, renferme, entre autres, une
espèce très intéressante: le Persea gratis-
sima Gaertn. (Laurus persea Lin.), très connu
sous les noms d'Avocatier, de Laurier avo-
cat, de Poirier avocat. C'est un bel arbre,
qui s'élève à 12 ou 15 mètres, qui croît
spontanément dans l'Amérique tropicale, et
que l'on cultive aussi en abondance, pour
son fruit, aux Antilles, à l'Ile de France, etc.
Ses branches sont anguleuses, couvertes
dans leur jeunesse de poils blancs et coton-
neux ; ses feuilles sont ovales, ovales-oblon-
gues, ou obovales, un peu aiguës à leurs
deux extrémités, réticulées à leur face infé-
LAU
LAU
257
rieure , qui est pubescente et glauque ; les
divisions de son périanlhe sont presque éga-
les entre elles et oblongues; son fruit est
gros, pyriforme, allongé, longuement pé-
doncule. Sous une sorte d'écorce mince,
mais résistante, verte ou violette, il présente
une pulpe abondante, d'une saveur particu-
lière, fondante et à peu près butyreuse. Ce
fruit est très estimé en Amérique; mais les
Européens qui en mangent pour la première
fois le trouvent fade et sont obligés d'y
ajouter du sucre , de l'assaisonner avec du
citron ou des aromates.
5. Sassafras, Nées. Pour ce genre, comme
pour le précédent, nous renverrons l'exposé
des caractères génériques au nom du genre
lui-même {voy . sassafras), et nous nous arrê-
terons seulement un instant sur une espèce
qui présente de l'intérêt. Cette espèce est le
Sassafras officinal, Sassafras officinaleNees
(Laurus sassafras Lin.). C'est un arbre qui
croît spontanément dans l'Amérique septen-
trionale, depuis le Canada jusqu'à la Floride,
dans les forêts et sur le bord des rivières;
dans les parties méridionales de cette vaste
étendue de terre, il forme un arbre de 7 à
10 mètres de hauteur, tandis que, dans les
parties plus septentrionales et froides, il
reste à l'état d'arbrisseau d'environ 3 mètres
de hauteur. Ses feuilles tombent chaque an-
née; elles sont en coin à leur base, ovales-
entières ou élargies vers le sommet et trilo-
bées ; leur face inférieure est marquée de
grosses nervures et pubescente, ainsi que les
bourgeons; ses fleurs sont petites, jaunes,
réunies en grappes lâches; les fruits qui
leur succèdent sont bacciformes, violets, en-
tourés à leur base d'une sorte de cupule
rouge formée par le périanthe persistant.
En France, cette espèce se cultive en pleine
terre de bruyère; on la multiplie par ses
rejetons ou par boutures de racines.
Le Sassafras a occupé en médecine un
rang important qu'il a perdu en partie de
nos jours. La partie employée ordinairement
sous ce nom est la racine et principalement
son ccorce, ainsi que celle des jeunes bran-
ches. Cette écorceestd'un rouge ferrugineux,
mince, d'une odeur forte, d'une saveur
amèie et piquante. Le bois de Sassafras a
lui-même de l'importance, comme consti-
tuant un bon sudorifique; il est grisâtre,
léger, d'une odeur aromatique faible, pres-
que insipide; il donne une infusion et une
décoction rouges; c'est aussi la couleur qu'il
prend lui-même, lorsqu'on le traite par l'A-
cide nitrique. Aujourd'hui, le Sassafras est
principalement employé dans les maladies
de la peau et syphilitiques; il entre aussi
quelquefois dans le traitement des rhuma-
tismes et de la goutte.
6. Benjoin. Benzoin, Nées. Ce genre a des
fleurs did*iques. Les mâles ont un périanthe
6-parti, persistant; 9 étamines fertiles, en
trois rangées, dont les anthères sont à deux
logettes, s'ouvrant, du côté intérieur, par
autant de valvules qui se relèvent; ces éta-
mines sont entremêlées de six ou neuf glan-
des en deux ou trois rangées. Les femelles
présentent des filaments stériles (12?) entre-
mêlés de staminodes spathulés; un pistil
petit, à stigmate distinct, 2-lobé. Le fruit
est une baie embrassée à sa base par le pé-
rianthe persistant. L'espèce de ce genre que
nous croyons devoir mentionner ici est le
Benjoin odqrant, Benzoin odoriferum Nées
{Laurus benzoin Lin.), arbrisseau de 3 mè-
tres environ, qui habite les lieux bas et les
bords des ruisseaux dans l'Amérique du
Nord, du Canada à la Floride. Ses feuilles
tombent chaque année; elles sont oblongues
ou elliptiques-cunéiformes, aiguës; ses fleurs
se développent en mars et avril; elles sont
en petites ombelles agrégées, pédonculées;
ses baies sont d'abord d'un rouge vif, puis
noirâtres. Ses feuilles et son bois ont une
odeur balsamique très prononcée. Pendant
longtemps, on a pensé que cette espèce four-
nissait le Benjoin; d'où est venu le nom
qu'elle a porté comme espèce, et qui a été
conservé pour le genre; mais il a été re-
connu que cette substance est fournie au
commerce par le Styrax benzoin.
Il est encore quelques espèces de l'ancien
genre Laurier qui , quoique moins impor-
tantes à connaître que les précédentes, ne
manquent pourtant pas d'intérêt; mais
nous les passerons sous silence, pour ne pas
prolonger davantage cet article. (P. D.)
Le nom de Laurier a été encore appliqué
à divers végétaux présentant, par la consis-
tance op. la forme de leurs feuilles , quel-
ques rapports avec les vrais Lauriers. Ainsi
l'on a appelé :
Laurier- Amandier , le Prunus lauro-ce-
rasus ;
£3
258
LAU
Laurier aromatique, le Brésillet ;
Laurier épineux, une variété de Houx ;
Laurier épurge, le Daphne laureola;
Laurier grec , le Melia azedarach;
Laurier - Cerise , Laurier au lait , Lau-
rier d'Espagne. Voy. laurier- amandier;
Laurier des Iroquois, le Laurus Sas-
safras;
Laurier de mer, une espèce de Phyl-
lanthus;
Laurier de Portugal, le Prunus lusi-
tanica ;
Laurier rose , le Nerium oleander et VE-
pilobium spicatum ;
Laurier rose des Alpes, le Rhododen-
drum alpinum ;
Laurier rouge ou odorant, le Plumeria
rubra;
Laurier tin, le Viburnum tinus;
Laurier tulipier, les Magnoliers.
LAURINE. bot. ph. — Variété d'Olive.
Voy. ce mot.
LAURINÉES , LAURÉACÉES. Lauri-
neœ , Laureaceœ. bot. ph. — Famille de
plantes dicotylédones, apétales , périgynes ,
ainsi caractérisée : Fleurs hermaphrodites
ou unisexuelles par avortement. Calice mo-
nophylle, à 4-6 divisions alternant sur deux
rangs , quelquefois tronqué , doublé à sa
base d'un disque charnu qui persiste avec
lui. Étamines insérées sur le bord de ce
disque et par conséquent périgynes, formant
un, deux, trois ou jusqu'à six verticilles, et
dans chacun opposées aux divisions calici-
nales, à filets libres, souvent dans les inté-
rieures munis inférieurement de deux glan-
des ; à anthères adnées remarquables parce
que leurs deux loges parallèles se partagent
quelquefois en deux logettes superposées;
que loges et logettes s'ouvrent de la base au
sommet par une valve longitudinale qui
reste attachée en haut, et qu'enfin souvent
ces ouvertures regardent en sens inverse
dans les divers rangs d'étamines , dans les
extérieures en dedans , en dehors dans les
intérieures. Ovaire libre , surmonté d'un
style court épais, que termine un stigmate
obtusément 2-3-lobé, uniloculaire avec un
seul ovule pendant latéralement vers le som-
met de la loge, ou plus rarement avec deux
collatéraux. Il devient une baie ou une
drupe , que la base du calice persistant et
accrescent entoure sous la forme d'une cu-
LAU
pule cylindrique, que d'autres fois il enve-
loppe complètement en se flétrissant, ou qui
enfin ne s'appuie que sur le sommet du pé-
dicelle, souvent alors épaissi. La graine, tou-
jours solitaire, esè renversée , et, sous un
test chartacé doublé d'une membrane mince,
montre immédiatement un embryon à co-
tylédons planes-convexes , gros , cachant
entre eux la radicule courte et supère qui
se lie par conséquent à eux un peu plus bas
en se continuant avec une gemmule biBb-
liée, de manière qu'on peut les dire peltés.
Les Laurinées sont des arbres répandus
sous les tropiques dans les deux hémisphè-
res, mais surtout dans les régions monta-
gneuses et boisées. Quelques unes s'avancent
plus au nord, et notamment le Laurier des
poètes jusqu'en Europe. Leurs feuilles sont
alternes, quelquefois rapprochées en verti-
cilles imparfaits, simples, très entières,
marquées souvent de nervures saillantes en
réseau, coriaces, persistantes, quelquefois
glanduleuses et ponctuées en dessous , tou-
jours dépourvues de stipules. Leurs fleurs
se groupent en grappes, en panicules, en
ombelles axillaires , très rarement en épis.
C'est l'écorce de diverses espèces, notam-
mentdu Cinnamomum aromaticum,q\ii four-
nit un épice précieux, la Cannelle ; et elle doit
sa propriété à une huile volatile répandue
aussi , quoique moins abondamment, dans
d'autres parties, ainsi que dans d'autres vé-
gétaux de la même famille. On y trouve
aussi un autre produit, le Camphre, fourni
surtout par le Laurus camphora ou Cam-
phrier. Il existe concurremment dans le
tissu des Laurinées une autre huile fixe,
quelquefois assez acre , mais douce et très
abondante dans un des fruits les plus re-
nommés des tropiques, celui de l'Avocatier.
Pour la division et l'ordre des genres ,
nous suivrons, avec la plupart des auteurs
modernes , le travail qui en a été traité le
plus récemment et le plus complètement,
celui de M. Nées d'Esenbeck.
genres.
Tribu I. — Cinnamomées.
Fleurs hermaphrodites ou polygames.
Limbe du calice se désarticulant. Glandes
étaminiformes. Anthères à 4 logettes, les
intérieures extrorses. Bourgeons incomplets.
LÀU
Ï.AU
'259
Cinnamomum, Burm. { Malabathrum ,
Burm.)
Tribu II. — Camphorées.
Fleurs hermaphrodites. Limbe du calice
désarticulant. Glandes staminiformes. An-
thères à 4 logettes, les intérieures extrorses.
Bourgeons complets.
Camphora, Nées.
Tribu III. — Phcebées.
Fleurs hermaphrodites. Limbe du calice
persistant. Glandes staminiformes. Anthè-
res à 2 ou 4 loges, les intérieures extrorses.
Bourgeons incomplets.
Apollonias, Nées. — Phœbe, Nées.
Tribu IV. — Persées.
Fleurs hermaphrodites ou plus rarement
diclines. Limbe du calice persistant ou se
désarticulant. Glandes staminiformes. An-
thères à 2-4 loges, les intérieures extrorses.
Pédicelles fructifères épaissis et charnus.
Bourgeons incomplets.
Persea, Gaertn. (Gnesiopersea et Erio-
daphne, Nées). — Machilus, Nées. — Boldu,
Feuill. (Peumus et Boldus , Molina). — Al-
seodaphne, Nées. — Hufelandia , Née?. —
Dehaasia, Blum. (Haasia, Nées).
Tribu V. — Cryptocaryées.
Fleurs hermaphrodites. Limbe du calice
persistant ou se désarticulant. Glandes sta-
minales quelquefois nulles. Anthères à
2-4 loges, les intérieures extrorses. Fruit
sec ou charnu enfermé dans le tube calici-
nal charnu ou endurci. Bourgeons incom-
plets.
Endiandra, R. Br. — Beilschmiedia, Nées.
— Cecidodaphne, Nées. — Cryptocarya , R.
Br. (Gomortega , R. Pav. — Adenoslemon ,
Pers. — Keulia, Mol.) — Caryodaphne, Bl.
— Agatophylium, J. (Evodia, Gœrtn.— Ra-
vensara, Sonner.) — Mespilodaphne, Ntes.
Tribu VI. — Acrodiclidiées.
Fleurs hermaphrodites. Limbe du calice
[persistant ou caduc. Glandes staminales nul-
les ou dentiformes. Anthères presque ses-
siles , à 2 loges s'ouvrant au sommet en
forme de pores, les intérieures quelquefois
extrorses. Baie d'abord enveloppée par le
calice, qui, plus tard, forme autour d'elle
une cupule épaisse.
Aydendron, Nées et Mart. — Evonymo-
daphne , Nées. — Acrodiclidium , Nées. —
Misanthcca, Schl.
Tribu VII. — Nectandrées.
Fleurs hermaphrodites. Limbe du calice
à divisions larges et caduques. Glandes den-
tiformes. Neuf étamines fertiles. Anthères
à 4 logettes disposées en arcs vers le bas,
les intérieures extrorses. Baie sur une cu-
pule profonde et tronquée. Bourgeons in-
complets.
Neclandra, Rottb, (Pomatia, Nées .— Po-
rostema, Schreb.)
Tribu VIN. — Dicypelliées.
Fleurs dioïques ou polygames. Glandes
staminales nulles dans les mâles, caliei-
formes dans les femelles. Anthères inté-
rieures 3-6, sessiles, à 4 pores. Baie. Bour-
geons incomplets.
Dicypellium, Nées (? Licania, Aubl.). —
Petalanthera, NQes.—Pleuroihyrium, Necs.
Tribu IX. — Oréodaphnées.
Fleurs dioïques ou polygames. Calice
campanule ou rotacé, à divisions étroites,
6-9, quelquefois 12 étamines, toutes fer-
tiles ou les intérieures stériles. Anthères
4 logettes superposées par paires, les inté-
rieures extrorses. Calice persistant sans
changement à la base de la baie , ou l'en-
tourant en manière de cupule. Bourgeons
incomplets.
Teîeiandra , Nées. — Leptodaphne , Nées.
— Ajovea, Aubl. (Douglassia , Schreb. —
Colomandra, Neck. — Ehrarâia, Scop. ) —
Goepperlia , Nées (Endlicheria et Schauera,
Nées). — Oreodaphne, Nées. — Camphoro-
mea, Nées. — Ocotea, Aubl. ( Strychnoda-
phne, Nées).— Gymnobalanus, Nées.
Tribu X. — Flaviflores.
Fleurs dioïques ou polygames. Calice en
roue, mince, jaune. 9 étamines fertiles, pas
de stériles. Anthères à 2-4 loges, toutes in -
trorses. Baie sur le pédicelle nu, quelquefois
épaissi. Bourgeons complets.
Sassafras, Nées. — Benzoin, Nées.
Tribu XI. — Tétranthérées.
Fleurs dioïques. Calice à divisions dimi-
nuées ou nulles. 9-18 étamines fertiles, pas
de stériles. Anthères à 4-2 loges, toutes ordi-
260
LAU
nullement introrses. Baie portée sur le tube
du calice étalé. Bourgeons incomplets. —
Cylicodaphne, Nées. — Tetranthera, Jacq. —
(Tomex, Thunb. — Borrija, Klein. — Seot-
fera et Hexanthus , Lour. — Glabraria , L.
— Fiwa, Gmel. ) — Polyadenia, Nées. —
Laurus, Tourn. — Lepidadenid, Nées.
Tribu XII. — Daphnidiées.
Divisions du calice égales, caduques.
9-19 étamines fertiles, sans stériles. An-
thères à 2-4 loges toutes introrses. Baie
portée sur le pédicelle nu ou sur le tube du
calice discoïde. Bourgeons complets.
Dodecadenia, Nées. — Aclinodaphne, Nées.
(Jojoste, Nées) — Daphnidium, Nées. — Lit-
sœa, J. (Darwinia, Dennst.)
Tribu XIII. — Cassythées.
Fleurs hermaphrodites. Glandes calici-
nales staminiformes. 9 étamines, les inté-
rieures extrorses. Caryopse enfermé dans le
calice dont le tube est devenu charnu. Her-
bes parasites, sans feuilles, présentant le
port de la Cuscute.
Cassytha , L. (Volulella , Forsk. — Calo-
dium, Lour.)
Cette dernière tribu est séparée comme
famille distincte par quelques auteurs, à
cause de son port et de sa végétation tout-
à-fait insolites parmi les Laurinées. On
pourrait y ajouter son habitation , puisque
c'est la seule qui se rencontre sur le conti-
nent africain et au nord de l'Asie. Mais du
reste, l'ensemble de ses caractères ne paraît
pas devoir l'en séparer. (Ad. J.)
LAUIIOPHYLLUS, Thunb. bot. ph.—
Syn. de Botryceras, Willd.
LAURUS. bot. ph. — Voy. laurier.
LAUVINES. géol. — Voy. avalanches.
LAUXANIA. ins. — Genre de l'ordre des
Diptères , famille des Musciens , tribu des
Muscides, groupe des LauxaniJes, établi par
Latreille, et généralement adopté. Il est
caractérisé principalement par des antennes
écartées , à style velu , à troisième article
long.
On n'en connaît encore qu'une seule es-
pèce , nommée par l'auteur Lauxania lu-
pulina.
LAUXANIDES ou LAUXANITES.
Lauxanides vel Lauxaniles. ins. — Groupe
de la tribu des Muscides , caractérisé par
LAV
un corps glabre , assez large; une tête dé-
primée; des antennes ayant leur troisième
article allongé; des pattes glabres ; un ab-
domen ovalaire, déprimé.
Ce groupe renferme trois genres, nom-
més : Lauxania, Lonchœa, Celyphus.
LAVAGNON , Cuv. moll Voy. tbi-
GONELLE , d'ACÛSt.
LAVANDE. Lavandula (de lavare, la-
ver; plusieurs espèces du genre étant usi-
tées en lotions , en bains , etc.). bot. ph. —
Genre de plantes de la famille des Labiées,
de la didynamie gymnospermie , dans le
système sexuel, auquel appartiennent plu-
sieurs espèces intéressantes par leurs ap-
plications. Il se compose de végétaux her-
bacés vivaces, de sous-arbrisseaux ou de
petits arbrisseaux qui croissent à partir des
Canaries , en Portugal , dans les contrées
qui bordent la Méditerranée , jusqu'en
Grèce d'un côté, en Egypte de l'autre; de
là elles s'étendent jusque dans l'Inde, en
passant par la Perse. Ces plantes ont leurs
fleurs en faux épis terminaux , simples ou
rameux à leur base, souvent accompagnées
de bractées, et de plus, de bractées à l'ais-
selle desquelles elles se développent au
nombre de 1 à 5. Chacune de ces fleurs
présente un calice ovale tubulé, à nervures
longitudinales , terminé par 5 dents , dont
les inférieures sont presque égales entre
elles , dont la supérieure se termine sou-
vent par une sorte d'appendice élargi ; une
corolle dont le tube est saillant, la gorge
légèrement renflée, le limbe oblique, bi-
labié , à 5 lobes étalés , presque égaux entre
eux; 4 étamines didynames, incluses, dé-
clinées; un disque concave, portant à son
bord des écailles charnues auxquelles sont
adnés , par leur face interne, les achaines,
qui sont glabres et lisses.
Les Lavandes forment un petit groupe
très naturel et bien distinct des autres gen-
res de la famille des Labiées. Elles ont été
l'objet d'un travail monographique deM.de
Gingins Lassaraz (Hist. nat. des Lavandes,
par le baron de Gingins Lassaraz , Genève,
in-8°, 1826). Parmi elles, il en est trois
sur lesquelles nous croyons devoir nous ar-
rêter quelques instants.
1. Lavande st^chas, Lavandula stœchas
Linn. Cette espèce forme un petit sous-
arbrisseau de 3 ou 4 décimètres de hauteur,
Î,AV
LAV
261
dont la tige est ligneuse à sa partie infé-
rieure ; dont les feuilles sont oblongues,
lancéolées , blanchâtres ; dont les fleurs
sont petites, de couleur pourpre foncé, dé-
pourvues de bractéoles, réunies en faux
épi serré, quadrangulaire, à bractées im-
briquées, surmonté d'une touffe de feuilles
florales ovales , violacées. Ses graines sont
ovales, réticulées. Elle croît abondamment
dans nos départements méditerranéens ,
dans les parties sèches et chaudes, particu-
lièrement dans ces vastes surfaces de ter-
rains incultes , peuplés surtout de Cistes,
auxquels on donne le nom de Garrigues.
Elle a une odeur très forte et camphrée.
On l'emploie en médecine, notamment dans
les asthmes humides , dans les affections
pulmonaires avec atonie. Alibert l'a recom-
mandée comme un bon antispasmodique.
Dans ces divers cas , on fait usage de l'infu-
sion théiforme de ses sommités fleuries. On
la cultivequelquefois dans les jardins comme
plante d'ornement ; elle est alors d'orange
rie dans le nord de la France; on la mul-
tiplie de graines et de boutures.
2. Lavande spic , Lavandula spica DC.
Cette espèce, vulgairement connue sous les
noms de Spic , Aspic , forme un sous-ar-
brisseau dont la tige ligneuse , dure et très
rameuse dans sa partie inférieure, est nue
dans sa partie supérieure ; ses feuilles sont
linéaires-lancéolées , plus ou moins élargies
vers le haut, revêtues d'un duvet court et
blanchâtre , légèrement roulées en dessous
par leurs bords; ses fleurs sont bleues-vio-
lacées, quelquefois blanches; les bractées
qui les accompagnent sont linéaires, velou-
tées ; l'appendice calicinal est rhomboïdal-
ovale. La Lavande spic croît dans les lieux
secs et pierreux du littoral de la Méditerra-
née ; on la cultive fréquemment dans les
jardins, ainsi que l'espèce suivante, dont
elle a du reste les propriétés à un degré plus
élevé; ainsi son odeur est plus forte et
moins douce; cette odeur tient sensiblement
de celle du camphre , qui , selon Proust , y
existe en forte proportion. C'est avec elle
qu'on prépare l'eau spiritueuse de Lavande,
et surtout l'huile essentielle de Spic ou d'As-
pic. Cette huile est jaunâtre, acre, aroma-
tique, douée d'une odeur forte et péné-
trante qui tient de la térébenthine. Elle est
fabriquée en grand en Provence, auprès
d'Avignon , et à Murcie , en Espagne , par
les pâtres, qui font cette opération en plein
air. Le département de Yaucluse est , en
France, le centre principal de cette fabri-
cation ; il en exporte, dit-on, annuellement
de 3 à 4,000 kilogrammes. L'huile de Spic
est employée dans l'art vétérinaire , en mé-
decine et pour la préparation de certains
vernis.
3 . Lavande véritable , Lavandula * vera
DC. Cette espèce , malgré sa ressemblance
avec la précédente, s'en distingue sans peine
par ses feuilles non spathulées , de teinte
plus verdâtre ; par ses bractées en cœur à
leur base, acumiuées au sommet, scarieu-
ses, plus courtes que le calice des fleurs,
par son calice bleuâtre vers son extrémité,
cotonneux, dont l'appendice est de forme
ovale. Elle croît naturellement sur les col-
lines , dans les parties montueuses du midi
de la France ; elle monte jusqu'à Lyon. Elle
est plus rustique que la Lavande spic ; aussi
est-elle cultivée plus habituellement que
cette dernière dans les pays septentrionaux.
Son odeur est, du reste, plus agréable et
moins forte que celle du Spic, ce qui la fait
préférer par les parfumeurs. C'est presque
uniquement avec elle qu'on prépare plu-
sieurs liquides aromatiques très employés,
tels que l'esprit de Lavande, l'essence de
Lavande, l'eau de Lavande, qui consiste
en uneinfusion de celte plante dans l'alcool,
ou, comme étaitcelle de Treinel, la plus esti-
mée de toutes, dans un mélange de bonne es-
sence de Lavande avec de l'alcool pur. On
prépare encore un vinaigre de Lavande en
distillant les fleurs fraîches de cette plante
dans de bon vinaigre puriflé. On fait aussi
une conserve de Lavande véritable; enfin
cette même espèce entre dans la composition
de plusieurs médicaments , tels que le vi-
naigre antiseptique, le baume nerval , etc.
L'odeur aromatique des deux Lavandes spic
et véritable , se conservant longtemps après
leur dessiccation , on en fait des sachets
odoriférants; on en fait aussi des bottes ,
qu'on place dans les garde-robes et dans les
lieux où se dégage constamment une mau-
vaise odeur, que la leur est destinée à mas-
quer.
Considérées en général , les diverses es-
pèces de Lavandes participent aux proprié-
tés générales des Labiées ; mais comme,
■2>>Y
LAV
LAY
■■liez les trois que nous ayons examinées, le
principe aromatique prédomine sur l'amer,
il en résulte pour elles les propriétés qui
déterminent leur emploi dans le plus grand
nombre des cas. D'un autre côté, le principe
.imer qui existe chez elles les rend toniques
et stomachiques ; enCn l'union de ces deux
principes les rend fortifiantes : c'est pour
ce dernier motif qu'on les emploie en bains,
en lotions , pour ranimer l'énergie des or-
gues. (P. D.)
LAVANDIÈRE, ois. — Nom vulgaire
que l'on donne à la plupart des espèces du
genre Bergeronnette. (Z. G.)
LAVANDULA. bot. ph.— Vog. lavande.
LAVANGA, Meisn. bot. ph. — Syn. de
luvanga, Hamilt.
LAVARET. Coregonus. poiss. — Artédi
réunissait les Ombres et les Lavarets sous
la dénomination de Coregonus; Cuvier a
séparé les seconds des premiers , et il leur
a donné à chacun une désignation particu-
lière , laissant aux Lavarets exclusivement
le nom de Coregonus.
Les Lavarets forment actuellement un
genre distinct dans l'ordre des Malacoptéry-
giens abdominaux, famille des Salmonoïdes.
Ils ont à peu près la même organisation que
les Truites; ils en diffèrent seulement par
une bouche très peu fendue et souvent dé-
pourvue de dents; par leurs écailles qui
sont beaucoup plus grandes, et leur dorsale
moins longue qu'elle n'est haute de l'avant.
Quelques espèces de ce genre sont assez
répandues. Nous citerons principalement :
le Houtin ou Hautin des Belges {Salmo oxy-
rhynchus), remarquable par une proémi-
nence molle qu'il porte au bout du museau;
ce poisson habite surtout la mer du Nord et
la Baltique, où il poursuit les bandes de Ha-
rengs.— La Grande marène (SaZmomarœwa),
transportée par ordre du grand Frédéric du
lac Bourget dans les lacs de la Poméranie,
où elle s'est abondamment multipliée ; sa
chair, blanche, savoureuse, sans aucune pe-
tite arête, constitue un mets très délicat. —
Le Lavaret (Salmo Wartemanni), indigène
des lacs de Bourget, de Constance, du
Rhin, etc. Son museau est tronqué au ni-
veau du devant de la bouche; sa tête est
moins longue à proportion, et sa forme plus
effilée. — Le Lavaret nilotique ( Coregonus
niloticus) , jolie petite espèce, longue de 5
à 6 centimètres seulement, et trouvée par
M. de Joannis, dans le Nil, à Thèbes.
Toutes les espèces de ce genre sont l'ob-
jet d'une pêche assez considérable, à cause
de la délicatesse de leur chair. (J.)
LAVATÈRE. Lavatera ( nom propre ).
bot. ph. —Genre de la famille des Malva-
cées-Malvées, établi par Linné(Gen.,n. 842),
et présentant les caractères suivants : Invo-
Jucelle 3-6-fide, persistant ou décidu. Ca-
lice à 5 divisions ; corolle à 5 pétales hy-
pogynes, oblongs, soudés par leur base au
tube staminal : celui-ci dilaté à la base,
resserré dans la partie supérieure, formant
une sorte de colonne ; filaments des étamines
nombreux, filiformes ; anthères réniformes,
bivalves. Ovaires nombreux, uniloculaires,
verticillés à la base du réceptacle , ou éta-
lés à la partie supérieure en un disque ar-
rondi. Style soudé au réceptacle ; stigmates
nombreux, filiformes. Capsules nombreuses,
réniformes, indéhiscentes, monospermes.
Les Lavatères sont des herbes , ou des
arbrisseaux, ou des arbres, croissant dans
presque toute l'Europe, surtout dans la par-
tie occidentale. Elles ont des feuilles alter-
nes , pétiolées , 3-7-lobées ou anguleuses ;
les stipules pétiolaires géminés; les fleurs
axillaires, solitaires, disposées en grappe ou
en corymbe.
On connaît 26 espèces de ce genre , que
De Candolle répartit en 4 sections (Prodr.,
I, 428). Endlicher n'en admet que 3 {Gen.
pi. , p. 980 , n. 5269 ), basées sur l'aspect
du réceptacle :
1. Âxolopha, DC. : Réceptacle tronqué.
— La Lavatère arborée, Lavatera arborea.
Linn., type de cette section, a le port d'un
arbre, avec des feuilles plissées, à 7 angles,
des pédicelles axillaires uniflores groupés;
des fleurs petites et de couleur violette. Elle
croît dans presque toute l'Europe, dans
l'Afrique boréale et aux Canaries.
2. Olbia , DC. : Réceptacle conique. —
Dans cette section , on remarque la Lava-
tère a feuilles pointues, Lavatera olbia
Linn. Sa tige est haute de 1 mètre 1/2 à 2;
ses rameaux portent des feuilles cotonneuses
et blanchâtres: les inférieures 5-lobées, les
supérieures 3-lobées , avec des fleurs soli-
taires sessiles , d'une couleur purpurine.
Elle croît en France, où on la cultive pour
l'ornement des jardins.
LAX
LAZ
263
S. Stegia, DC. : Réceptacle columnaire.
— La Lavatère a grandes fledrs, Lavatera
trimestris Linn., est le représentant de cette
section. C'est une espèce à tige herbacée, à
feuilles glabres, arrondies en cœur : les su-
périeures étroites. Les fleurs sont d'un rose
foncé , quelquefois blanches , et sillonnées
de veines purpurines. (J)
LAVE NIA, Swartz. bot. ph.— Syn. d'4-
denostemma, Forst.
LAVES, géol. — Voy. volcans.
*LAVIA. mam. — Groupe de Chéiroptères
d'après M. Gray(ilfa0. zool. et bot., II,
1838). (E. D.)
L AVIGNON, moll. — Voy. lavagnon,
LUTRAIRE et TRIGONELLE.
*LAVOISIERA (nom propre), bot.ph. —
Genre de la famille des Mélastomacées-La-
voisiérées, établi par De Candolle ( Prodr.,
III, 102). Arbrisseaux du Brésil. Voy. mé-
LASTOMACÉES.
*LAVOISÉRIÉES. Lavoiserieœ. bot.ph.
— Tribu de la famille des Mélastomacées ,
ayant pour type le genre Lavoisiera.
(Ad. J.)
LAVRADIA ( nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Sauvagésiées, établi
par Vellozo (ex Vandelli in Rœmer script.,
88 , t. VI , fig. 6). Arbrisseaux du Brésil.
Voy. SAUVAGÉSIÉES.
LAWSONIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Lythrariées-Euly-
thrariées , établi par Linné (Gen., n. 482).
Arbrisseaux de l'Asie tropicale et de l'Afri-
que boréale. Voy. lythrariées.
*LAXENECERA. ins. — Genre de
l'ordre des Diptères brachocères , famille
des Tanystomes, tribu des Asiliques, éta-
bli par M. Macquart (Dipt. exot. , t. I,
2e partie, p. 77 ), et principalement carac-
térisé par des antennes à troisième article
velu. M. Macquart rapporte à ce genre 2 es-
pèces, qu'il nomme L. flavibarbis, albibar-
bis, toutes deux du Bengale.
LAXMANNIA (nom propre), bot. ph.
— Fisch., syn. de Coluria , R. Br. —
Sm., syn. à'Acronychia , Forst. — Forst.,
syn. de Petrobium, R. Br. — Gmel., syn.
de Crucianella, Lin. — Genre de la famille
des Liliacées, établi par R. Brown (Prodr.,
285) pour des herbes vivaces croissant dans
toute l'étendue de la Nouvelle-Hollande et
4ans l'île de Timor.
*LAYA , Hook. et Arnott. bot. ph. —
Syn. de Macrotropis, DC.
*LAYIA. bot. ph. — Genre de la famille
des Composées -Sénécionidées, établi par
Hooker et Arnott ( ad Beechey, 148). Her-
bes originaires de la Californie. Voy. com-
posées.
*LAZAROLUS, Medik. bot. ph.— Syn.
de Pyrus , Lindl.
LAZELITE. min. — Syn.: Outremer ;La-
pis-Lazuli ; Pierre d'azur ; Lazurstein,W. —
Substance minérale d'un bleu d'azur, ap-
partenant à l'ordre des Silicates alumineux,
opaque, fusible en verre blanc, et soluble
dans les acides en perdant sa couleur. Elle
est disséminée sous forme de cristaux ou de
grains, ou en veines dans les terrains gra-
nitiques, et particulièrement au milieu des
calcaires grenus en Sibérie, et dans plusieurs
parties de l'Asie centrale. Elle cristallise en
dodécaèdres rhomboïdaux, et, par sa cris-
tallisation comme par sa composition chi-
mique , elle paraît avoir les plus grandes
analogies avec la Hatiyne. Elle est formée
de Silice, d'Alumine, de Soude et de Chaux,
et l'analyse a donné de plus quelques cen-
tièmes d'acide sulfurique; on attribue sa
coloration à une petite quantité d'un sul-
fure métallique, dont la décomposition au-
rait lieu par l'action des acides; et la chi-
mie est parvenue à obtenir de l'Outremer
artificiel , dont la teinte rivalise avec celle
du minéral dont il s'agit.
Le Lazulite est souvent entremêlé de vei-
nes blanches de calcaire, et parsemé de
veinules de pyrite. Lorsqu'il est d'un beau
bleu, et exempt de taches blanches, il est
recherché parles lapidaires, qui en font
des coupes, des tabatières , ou des plaques
d'ornement ; mais son principal usage est
de fournir à la peinture cette belle cou-
leur bleue , connue sous le nom d'Outre-
mer, et qui est remarquable par son inal-
térabilité. Pour la préparer , on broie la
pierre; on mêle sa poussière avec de la ré->
sine pour en former une pâte ; puis , à
l'aide de lavages, on extrait de ce mélange:
une poudre fine, qui, étant séchée, donn.;
l'Outre-mer.
Sous le nom de Lazulith , les Allemands
désignent une autre pierre bleue, la Kla-
prothite, qui est un phosphate d'Alumine et
de Magnésie. Voy. klaprothite. (Del.)
264
LEB
LEC
LEACHIA.crust.— Syn.d'Arcturus.Voy.
ce mot. (H. L.)
LE.4EBA, Forsk. bot. ph.— -Syn. deCoc-
culus, DC.
LE A IV DR A (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Mélastomacées-Mi-
coniées , établi par Raddi ( in Mem. Soc.
ital. , 1820 , p. 6). Arbrisseaux du Brésil.
Voy. MÉLASTOMACÉES.
*LEATHESIA. bot. cr. — Genre de la
grande famiHe des Phycées, tribu des Chor-
dariées, établi par Gray (Brit. plant. , I ,
301 ). Algues marines. Voy. chordariées et
PHYCÉES.
*LEAVENWORTHIA (nom propre). bot.
ph. — Genre de la famille des Crucifères-
Arabidées, établi par Torrey (in Annal.
Lyc. New-York, 111, 87 , t. 5). Herbes de
l'Amérique boréale. Voy. crucifères.
LEBEGKIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Papilionacées-Lo-
tées, établi par Thunberg ( Prodr., 2). Ar-
brisseaux du Cap.
Ce genre renferme 11 espèces , réparties
par Walpers (in Linnœa, XIII, 476) en
4 sections, qu'il nomme: Phyllodium, Phyl-
lodiastrum, CalobotaetAcanthobotrya. Voy.
PAPILTONACÉES.
LEBERKISE, Beud. min. — Syn. de
Pyrite magnétique, espèce de Fer sulfuré.
Voy. FER.
LÉBÉROPAL. min. — Syn. de Ménilite.
*LEBETANTHUS (^yjç, urne; âv6oç,
fleur), bot. ph. — Genre de la famille des
ÉpacridéesÉpacrées , établi par Endlicher
(Gen. plant, suppl., t. I, p. 1411, n. 4283).
Arbrisseaux de l'Amérique antarctique.
Voy. ÉPACR1DÉES.
LEBETINA (Wriov, petite urne), bot.
ph. — Genre de la famille des Composées-
Sénécionidées , établi par Cassini (in Dict.
se. nat., XXV, 394 ; LIX , 68). Herbes de
l'Amérique. Voy. composées.
LEBIA ( XéSr^? urne), ins. — Genre de
Coléoptères pentamères , famille des Ca-
râbiques, tribu des Troncatipennes, créé
par La treille (Gen. Crust. et Insect., I, 191)
et adopté par Dejean. Le nombre des espèces
décrites et rapportées à ce genre s'élève à
plus de 160. Quelques unes ont donné lieu
à l'établissement des genres Lamprias, Lia
(Lhelonodema), qui n'ont pas été reconnus
par le dernier de ces auteurs. Mais ces gen-
res devront nécessairement, par suite, être
admis, lorsqu'on aura étudié avec plus de
soin l'organisation de ces petits Insectes, qui
tous sont ornés de couleurs variées et bril-
lantes. Nous citerons , parmi les espèces de
France, les Lebiapubipenni; (qui est réelle-
ment distincte de la L. falvicolus de Fab.,
espèce d'Algérie) de Léon Dufour, Crux
minor, turcica, hœmorrhoidalis de Fab.,
cyathigera Rossi, nigripes, maculata et hu-
rneralis de Dejean. Les vraies Lebia habitent
sous les écorces ; elles ont le pénultième
article des tarses bilobé; leurs élytres sont
en carré long. (C.)
LEBIA, Less. ois. — Genre de la sous-
famille des Trochilinées. Voy. ce motet co-
libri. (Z. G.)
LEBIAS. potss. — Genre de l'ordre des
Malacoptérygiens abdominaux , famille des
Cyprinoïdes, établi par G. Cuvier (Règn.
anim., t. II, p. 280). Ces Poissons ressem-
blent beaucoup aux Pœcilies, si ce n'est que
leurs dents, non seulement sont très fines,
mais sont encore dentelées.
On ne connaît qu'une seule espèce de ce
genre, la Pœcilia calaritana Bonn., qui vit
sur les côtes de la Sardaigne. C'est un très
petit poisson marqué de petites raies noirâ-
tres sur les flancs.
*LÉBIITES. Lebules. ins. — Tribu de
l'ordre des Coléoptères, de la famille des
Carabiques, formée par de Castelnau ( Hisl.
nat. des anim. articulés, 1. 1, p. 41). L'au-
teur lui donne pour caractères : Tête non
rétrécie en arrière en forme de coji ; crochets
des tarses dentelés en dessous ; palpes labiaux
à dernier article non sécuriforme. Cette
tribu renferme les genres: Onypterygia,
Demelrias, Dromius, Lebia, Coptodera,
Orthogonius et Hexagonia. (C.)
LECANACTIS (Aexavvj, bassin; oéxti's,
rayon), bot. ph. — Genre de Lichens, de la
tribu des Graphidées, établi par Eschwei-
ler (Syst., 14, f. 7). Lichens croissant sur
les écorces des arbres, rarement sur les ro-
chers. Voy. graphidées et lichens.
LECANANTTÎUS (hxdvn, bassin; Sy-
Goç, fleur), bot. ph. — Genre de la famille
des Rubiacées (tribu incertaine), établi par
Jack ( in Malay. mise, II). Arbrisseaux tfe
l'Inde. Voy. rdbiacées.
*LECANE. helm.— Genre de Vers tré-
matodes signalé par Nitzsch. (P. G.)
LEG
LÈG
265
•UËCANIA (Xcxsvmv, petit bassin), ins. —
Genre de Tordre des Diptères brachocères,
famille des Tanystomes, tribu des Asiliques,
établi par M. Macquart ( Dipt. exot., t. I,
2e partie, p. 131), et distingué surtout par
des antennes à style très long , terminé en
palette.
Il renferme 2 espèces, nommées par l'au-
teur L. rufipes et femorata. La première est
du Brésil ; on ignore la patrie de la seconde.
*LECAIVIUM (>sxav:ov, petit bassin), ins.
—Genre de la tribu des Cocciniens, de Tor-
dre des Hémiptères, section des Homoptères,
établi par Illiger aux dépens des Chermès
de Linné, et adopté par la plupart des ento-
mologistes. Les Lecanium paraissent différer
très peu des Cochenilles proprement dites.
Le corps des femelles est plus aplati, et ses
anneaux demeurent distincts, même après
la ponte. Ce genre renferme un assez grand
nombre d'espèces, vivant sur divers végé-
taux. On doit en considérer comme le type
Tespèce désignée dans le commerce sous le
nom de Kermès , et dont on s'est servi pen-
dant longtemps pour la teinture en cra-
moisi : c'est la Cochenille du Chêne vert (L.
iîicis, Coccusilicis Lin.), qui vit sur les Chê-
nes de l'Europe méridionale , Quercus coc
cifera. Voyez notre article cochenille.
Parmi les Lecanium les plus répandus, on
compte encore les L. hesperidum Lin. , vi-
vant sur les Myrtes, les Orangers, les Citron-
niers ; L. persicœ Schrank , vivant sur les
Pêchers ( Amygdalus persica ) ; L. coryli
Lin., vivant sur les Coudriers (Corylus stel-
lana), etc. Voy. aussi Tart. kermès. (Bl.)
LECANOCARPES (Uxxv*, bassin ; xaP-
tto'ç, fruit), bot. ph. — Genre de la famille
des Chénopodées ( Atriplicées)-Kochiées ,
établi par Nées {Amœnit. Bonn., II, 4, t. 2).
Herbes du Népaul. Voy. atriplicées.
*LÉC ANOCÉPH ALE .LecanocephalusÇ) t-
xk'vï) , patelle, capsule; xv-pc/.).-^ , tête), helm.
— Genre d'Helminthes nématoïdes, institué
par M. Diesing dans les Ann. du Mus. de
Vienne, pour un Ver long de 18 à 27 mil-
limètres , et large de 2m,25 environ, vivant
dans l'estomac d'un poisson du Brésil ( Su-
rfis gigas). Les Lécanocéphales sont des Ver?
à corps cylindrique, oblus en avant, acu-
rniné en arrière, tout couvert de petites
épines simples en séries transverses; leur
tète, en forme de patelle , avec trois angles
t. VII.
obtus peu marqués , est séparée du corps
par un léger étranglement, et la bouche est
munie de trois lèvres ; le mâle a la queue
infléchie en crochet , et porte deux spicules
égaux ; la femelle a sa queue droite et su-
bulée. (Duj.)
*LECANOPTERIS (Wvv), bassin ; ^tc-
pt'ç, fougère), bot. cr. — Genre de Fougères
Polypodiacées , établi par Reinwardt (in
Flora, 1825). Fougères de Java. Voy. fou-
gères et polypodiacées.
LECANOPUS. bot. ph. — Faute typo-
graphique. Voy. LECANOCARPUS.
LECANORA. bot. cr. — Achar., syn. de
Parmelia, Fr. — Reich., syn. de Lecanactis,
Eschw.
*LECANOTïS. bot. cr.— Genre de Li-
chens de la tribu des Graphidées, établi par
Eschweiler ( Syst. , 14 , f. 7 ) pour des Li-
chens croissant sur les écorces d'arbres, ra-
rement sur les rochers. Voy. lichens et gra-
phidées.
LECHE A. bot. ph. — Cass., syn. de Coreop*
sis, Linn. — Genre de la famille des Cis-
tinées, établi par Linné (Gen., n. 142). Her-
bes vivaces de l'Amérique boréale. On en
connaît 6 espèces réparties en 2 sections,
nommées par M. Spach {in Bot. mag. comp.,
II, 282 et 286 ) Lechea et Lecheoides. Voy.
C1STINÉES.
LECHE\AIJLTIA (nom propre), bot.
ph. — Genre de la famille des Goodénfa-
cées - Goodéniées , établi par R. Brown
(Prodr., 581). Arbrisseaux de la Nouvelle-
Hollande. Voy. GOODÉNIACÉES.
*LECHIDIUM , Spach. bot. ph.— Syn.
de Lechea, Linn.
*LECHRIOPS O'xp'oç, oblique; aty,œil).
ins. — Genre de Coléoptères tétramères, fa-
mille des Curculionides gonatocères, division
des Apostasimérides cryptorhynchides, créé
par Schœnherr (Disp. method., p. 306; Gen.
et sp. Curcul. t. IV, p. 261-8), et qui ne ren-
ferme qu'une espèce : le L. sciurus Fab., ori-
ginaire de l'Amérique méridionale. (C.)
EECIDEA ().£xc?, plat), bot. cr.— Genre
de Lichens hyménothalames, tribu des Lé-
cidinées, établi par Acharius {Synops., 32).
Lichens croissant sur les arbres et les ro-
chers. Voy. LICHENS.
LÉC1DIISÉES. Lecidineœ. bot. cr. —
Tribu de la grande famille des Lichens.
Voy. ce mot.
26ô
LED
LED
*JLECOKIA ( nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Ombellifères-Smyr-
nées, établi par De Candolle (Afe'm., V, 67,
t. 2). Herbes vivaces de l'île de Crète. Voy.
OMBELLIFÈRES.
*LECO\'TEA ( nom propre), dot. ru.
— Genre de la famille des Rubiacées-Pae-
dériées , établi par A. Richard (in M cm.
Soc. h. ». Paris, V, 195, t. 20, f. 1,2).
Arbrisseaux de Madagascar. Voy. rubia-
cées.
*LECOSTEMON (a«oS, plat; <jtijj*«v,
filament), bot. ph. — Genre dont la place,
dans la méthode , n'est pas encore fixée ;
Endlicher le rapproche desChrysobalanées,
mais avec doute. Il a été établi par Moçino
etSessé (Flor. mexic.) pour des arbrisseaux
du Mexique.
*LECTICOLES. Leclicolœ. ins.—
MM. Amyot et Serville nomment ainsi un
groupe ne renfermant que le genre Punaise
(Cimex) : c'est le groupe desCimites pour les
autres entomologistes. (Bl.)
LÉCYTHÏDÉES. Lecythideœ. bot. ph.—
Le groupe des Myrtacées en contient plu-
sieurs secondaires , considérés par les uns
comme de simples tribus , par les autres
comme des familles distinctes; et parmi
celles-ci serait celle des Lécythidées, que
nous traiterons avec le groupe général au-
quel elles se rapportent, quel quesoitle nom
qu'on lui donne. Voy. myrtacées. (Ad. J.)
LECYTHIS (HxvQoç, flacon), bot. ph.—
Genre de la famille des Myrtacées (Lécythi-
dées), établi par Lceffling (/*., 189). Arbres
ou arbrisseaux de l'Amérique tropicale. Les
fruits du Lecylhis, durs et volumineux, ser-
vent aux indigènes délasses et de vases qu'on
Appelle marmites de Singes.
♦LECYTHOPSIS, Schr. bot. ph.— Syn.
de Couratari, Aubl.
LEDA ( nom mythologique ). moll. —
Parmi les Nucules, on en remarque quel-
ques unes qui, au lieu d'avoir le liga-
ment dans des cuillerons intérieurs , ont
cette partie fixée au dehors dans une petite
fossette triangulaire, assez semblable à celle
de quelques Pétoncles. Ces espèces, dont
YArcà rostrata de Chemnitz peut donner
une idée, sont devenues pour M. Schu-
macher le type d'un nouveau genre, au-
quel il a imposé le nom de Leda. Dans
notre opinion, ce g. n'a point de caractères
suffisants , et doit rentrer dans les Nucules
à titre de section. Voy. nucule. (Desh.)
*LEDEBOURIA (nom propre), bot. ph.
— Genre de la famille des Mélanthacées-
Vératrées, établi 'par Roth (Nov. sp., 195).
Herbes des Indes orientales. Voy. mélan-
THACÉES.
*LÉDÉRÉRITE, Jackson. min.— Sorte de
Zéolithe, trouvée au cap Blomidon, dans la
Nouvelle-Ecosse, et qui n'est probablement
qu'une variété de la Gmélinite. (Del.)
*LÉDOCARPÉES. Ledocarpeœ. bot. ph.
— Le genre Ledocarpum se rapproche des
Géraniacées (voy. ce mot) par plusieurs ca-
ractères, mais s'en éloigne assez par d'autres
pour que, tout en le laissant à la suite , on
ait cru devoir le considérer comme le type
d'une famille à établir plus tard si l'on
trouve d'autres genres qui viennent se grou-
per autour de lui. Ce sera celle des Lédo-
carpées. (Ad. J.)
LEDOCARPON (ledum , lédon ; xapitoç,
fruit), bot. ph. — Genre de la petite famille
des Lédocarpées, détachée par Endlicher
des Géraniacées. Il a été établi par Desfon-
taines (in Mem. Mus., IV, 250) pour des
sous-arbrisseaux du Pérou et du Chili. Voy.
lédocarfées et géraniacées.
LÉDON. Ledum. bot. ph. — Genre de la
famille des Éricacées-Rhododendrées, établi
par Linné (Gen., n. 546), et présentant
pour caractères principaux : Calice 5-denté.
Corolle à 5 pétales hypogynes , très déve-
loppés. Étamines 10, ou rarement 5, hypo-
gynes. Ovaire 5-loculaire, à loges multi-
ovulées. Style simple; stigmate annelé ,
formant un disque 5-radié. Les Lédons
sont des arbustes des régions marécageuses
de l'hémisphère boréal, à feuilles alternes,
coriaces, linéaires ou elliptiques, tomen-
teuses et d'une couleur de rouille en des-
sous; à fleurs blanches, terminales, dispo-
sées en ombelle.
On ne connaît que 2 espèces de ce genre :
les LÉDONS A FEUILLES ÉTROITES et A LARGES
feuilles, L. palustre et latifolium Linn . On
les cultive en pleine terre, dans les lieux
frais et humides. Leurs feuilles sont quel-
quefois employées comme infusion astrin-
gente et aromatique, ce qui a valu à ces
plantes le nom vulgaire de Thé du Labra-
dor. Le Labrador est le pays où elles crois-
sent le plus abondamment.
LEG
LEG
267
LEDRA. ins. — Genre de la famille des
Cereopides, de l'ordre des Hémiptères, sec-
tion des Homoptères , établi par Fabricius
et adopté par tous les entomologistes. Les
Ledra se font remarquer par leur tête ex-
trêmement large, avancée et arrondie ; par
leurs ocelles rapprochées sur le vertex; leurs
jambes postérieures ciliées , etc.
On connaît urr très petit nombre d'espè-
ces de ce genre. Le type , la Ledra aurita
Lin. , Fabr. , se rencontre sur les Chênes ,
les Coudriers, etc. Nous en avons décrit
(Hist. des anim. art. , Ins. , t. III) deux autres :
l'une de Madagascar, L. marmorata; l'autre
de la Tasmanie, L. giadiata. MM. Amyot
et Serv. (Ins. hémipt., p. 577) en ont men-
tionné une quatrième de l'Amérique du
Nord , L. perdita. (Bl.)
LEDUM. bot. ph. — Voy. lédon.
LEEA. bot. ph. — Genre de la famille
des Ampélidées-Lééacées, établi par Linné
[Mantiss., 124). Sous-arbrisseaux ou arbris-
seaux de l'Asie tropicale et du cap de Bonne-
Espérance. Voy. ÀMPÉLIDÉES.
LÉÉACÉES. Leeaceœ. bot. ph. — Sous
ce nom ou sous celui d'Aquiliciées on con-
naît une tribu de la famille des Ampéli-
dées. Voy. ce mot. (Ad. J.)
LÉÉLITE , Clarke. min. — Minéral de
couleur rouge, qui pourrait bien n'être qu'un
Feldspath impur, et qu'on a trouvé à Gry-
phytta, en Westmannie. (Del.)
LEERSIA, Hedw. bot. cr.— Syn. de Cos-
cinodon, Spreng., et Eucalypta, Hedw.
LEERSIA (nom propre), bot. th. —
Genre de la famille des Graminées-Oryzées,
établi par Solander (Msc). Gramens abon-
dants dans l'Amérique tropicale, très rares
dans l'Europe. Voy. graminées.
*LEEUWENHOECKIA, E. Meg. bot. ph.
— Syn. de Xeropelalum, Del.
*LEGGADA.mam.— Nom donné parGray
à une subdivision du grand genre Rat. Voy.
ce mot. (E. D.)
LEGNOTIS, Sw. bot. ph. — Syn. de
Cassipourea, Aubl.
LÉGUME ou GOUSSE, bot. ph. — Voy.
FRUIT.
*LÉGUMINAIRE.Ie0ummana.MOLL.—
Le g. Solen, tel qu'il a été institué par
Linné et réformé par Lamarck , contient
plusieurs groupes d'espèces bien distinctes.
M. Schumacher a élevé ces divers groupes
au titre de genre , et pour ce naturaliste ,
le g. Solen est réduit aux seules espèces
dont la charnière est tout-à-fait terminale.
Le Solen legumcn, dont la charnière est mé-
diane, est devenu pour lui le type d'un
g. nouveau ; mais, d'après les observations
nombreuses sur l'animal de cette espèce,
celle-ci ne saurait être séparée du g. Solen
auquel nous renvoyons. (Desu.)
LÉGUMINEUSES. Leguminosœ . bot. ph.
— Le vaste groupe de plantes ainsi nommé
forme plutôt une classe qu'une de ces as-
sociations qu'on est convenu de désigner
sous un nom moins général , et les affinités
qui rapprochent la plupart de ses genres
sont tellement évidentes qu'elles n'ont pas
échappé à la plupart des classificateurs, et
que presque tous les systèmes, soit natu-
rels , soit même artificiels , nous les mon-
trent réunis pour la plus grande partie. Les
Papilionacées de Tournefort, les Genislœ d'A-
danson, sans citer tous les autres auteurs
qui les ont rapprochés sous d'autres noms,
nous en offrent des exemples. A.-L. de Jus-
sieu , tant dans les noms qu'il assigna aux
familles de son oncle Bernard que dans son
propre ouvrage, leur donna celui de Légu-
mineuses , emprunté à l'un des caractères
les plus importants du groupe, celui qui se
tire du fruit; et il a été presque unanime-
ment adopté, quoique plus récemment, et
pour se conformer à la règle établie, on en
ait proposé quelques autres , comme celui
de Fabacées. Ce changement est devenu, au
reste , peu important aujourd'hui qu'on est
convenu de partager le groupe en plusieurs,
dont chacun en particulier porte un nom
tiré d'un de ses principaux genres , et que
celui de chacune de ces familles se trouve
ainsi rentrer dans la loi générale.
La grande majorité des plantes que com-
prend la totalité du groupe appartient aux
Dicotylédonées polypétales périgynes, et à
ces caractères viennent se joindre: un calice
libre , à préfloraison le plus ordinairement
imbriquée; des pétales en nombre égal aux
divisions calicinales , alternant avec elles,
inégaux entre eux et imbriqués, ou égaux
et valvaires , plus rarement réduits en nom-
bre , ou même quelquefois manquant tout-
à-fait ; des étamines en nombre double ou
indéfini ; un carpelle unique qui devient
plus tard une gousse ou un fruit lomentacé,
«68
LEG
, graines presque constamment dépourvues
de périsperme, dont l'embryon est droit ou
courbé; une tige herbacée, frutescente ou
arborescente; des feuilles alternes, presque
toujours composées , constamment accom-
pagnées de stipules.
On a proposé à diverses époques diverses
divisions ; nous nous arrêterons aux plus
modernes, les trois qu'on a appelées Papi-
lionacées, Cœsalpiniées et Mimosées , dont
îious exposerons les caractères avec quelques
détails en traçant aussi ceux des tribus.
Pour les sous-tribus , nous nous contente-
rons de les nommer, de peur de trop allon-
ger cet article.
I. PAPILIONACÉES. PAPILIONACEM.
Calice monophylle à cinq divisions égales
ou inégales , et , dans ce cas , groupées sou-
vent en deux lèvres , la supérieure de trois,
l'inférieure de deux parties. Pétales presque
constamment au complet, c'est-à-dire au
nombre de cinq , insérés sur une lame qui
tapisse le fond du calice, et le plus souvent
ia paroi de son tube à une hauteur plus ou
moins grande ; un supérieur, c'est-à-dire
tourné du côté de l'axe, plus grand et ordi-
nairement plié sur lui-même, embrassant
les quatre autres : on le nomme Yéi&ndard
{uexillum); deux latéraux qu'on appelle les
ailes (alœ) recouvrant eux-mêmes les deux
suférieurs, qui, rapprochés et souvent même
soudés par leurs bords, forment par leur
réunion une pièce en forme de nacelle, la
carène (carina). Étamines insérées avec les
pétales , en nombre ordinairement double ,
rarement moindre par avortement, à an-
thères introrses , biloculaires , à filets libres
ou plus souvent soudés en un tube , ou en-
tier, ou fendu, rarement en deux moitiés
symétriques, ordinairement par une seule
Tente du côté externe où la dixième éta-
rnine se montre détachée des neuf autres
réunies : de là l'association de la plupart
des genres dans la classe de la Diadelphie
du système linnéen. Ovaire lisse, sessile ou
siipité , formé d'une seule feuille carpellaire
qui tourne sa suture du côté de l'axe, et, à
l'intérieur, offre des ovules ordinairement
disposés sur double rang en nombre plus ou
ïnoins grand, quelquefois fort réduit et
même, rarement, à l'unité, anatropes ou
plus communément campulitropes.
LKG
Une gousse ou légume, tantôt entièrement
d'accord avec la définition qu'on donne de
cette modification du fruit, tantôt interrom-
pue à l'intérieur, entre les graines, par des
replis qui séparent la loge en autant de lo-
gettes qu'il y a de graines, tantôt enfin , se
coupant à la maturité, à chacun de ces replis,
en autant d'articles séparés et indéhiscents,
de manière à former un fruit lomentacé (lo-
mentum), très rarement indéhiscente en to-
talité et alors polysperme ou monosperme,
et présentant alors une transition au fruit
de certaines Rosacées. Graines plus ou moins
réniformes, portées par un funicule plus ou
moins distinct, quelquefois dilaté en caron-
cule vers le point d'attache, à tégument dou-
ble , l'extérieur lisse, l'intérieur membra-
neux ou quelquefois gonflé, au point même
de simuler un périsperme, et au dedans un
embryon ordinairementeourbé, droit rare-
ment, et seulement dans les derniers genres
qui forment ainsi le passage à la famille sui-
vante, à cotylédons plus ou moins épais, s'é-
levant, dans la germination, au-dessus delà
terre en expansion foliacée, ou restant ca-
chés au-dessous et charnus. Feuilles oppo-
sées au-dessus des cotylédons, puis alternes,
pennées avec ou sans impaire, trifoliées lors-
qu'elles sont dans le premier cas réduites à
une paire unique, unifoliées lorsque, dans le
second, toutes les paires latérales avortent ,
quelquefois même manquant toutes et
remplacées par le pétiole métamorphosé en
vrille, métamorphose assez fréquente dans
tous les cas. Stipules plus ou moins déve-
loppées, souvent foliacées, quelquefois spi-
niformes, persistantes ou caduques. Quel-
quefois aussi des stipelles à l'origine des fo-
lioles. Fleurs de couleurs variées , en épis,
grappes ou capitules, plus rarement pani-
culées ou solitaires, nues ou munies d'une
bractée à la base du pédicelle, et souvent
aussi de deux bractéoles opposées immédia-
tement au-dessous du calice.
GENRES.
Tribu I. — Podalyriées.
Dix étamines libres. Légume bivalve, très
rarement indéhiscent, et alors plus court
que le calice. Cotylédons foliacés dans la
germination, et radicule courbée sur leur
commissure. Feuilles 1-3-foliolées, très ra-
rement pennées avec impaire»
LEG
LEG
269
i. Podalyriées.
Cistropicales. Anagyris, L. (Piptanthus,
Sweet.)— Pickeringia, Nutt.— Thermopsis,
R. Br. {Thermia, Nutt.) — Scolobus, Raf.—
Baptisia, Vent. {Podalyria, Rich. — Crota-
lopsis, Mich.)
Du Cap. Cyclopia , Vent. — Podaîyria ,
Lam. non Rich. (Aphora, Neck.).
Topicales. Dalhousica, Wall. (IDelaria,
Desv. ).
Australiennes. Brachysema, R. Br. —
Callistachys, Vent. — Oxylobium, Andr. —
Podolobyum , R. Br. — Isotropis , Benth.
(Callistachya , Sm. ) — Orlhotropis , Benth.
— CAorosema , Labill. — Gowp/io/obiww ,
Smith.
2. Pulténées.— Burtonia, R, Br. — Jack-
sonia, R. Br. — Daviesia, Sm. — Ftmina-
rt'a , Sm. — Sphœrolobium , Sm. — iîceca ,
Hug. — Phyllota, VC.— Aotus, Sm.—Dill-
wijnia , Sm. — Eutaxia, R. Br. — Gastro-
lobium, R. Br. — Euchilus, R. Br. — Spa-
dostyles , Benth. —Pultenœa , Sm. ( PwJte-
ncja, Hoffms. — Hymenota, DC.) — Scle-
roUiamnus, R. Br.
3. Mirbéliées . — Mirbelia , Sm . — Dicho-
serna, Benth. — Leptosema, Benth*
Tribu II. — Lotées.
Dix étamines monadelphes ou diadel-
phes. Légume bivalve, continu sans étran-
glements. Cotylédons foliacés dans la germi-
nation et radicule courbée. Feuilles 1-3-
plurifoliolées , très souvent pennées avec
paire.
i. Génistées. — Hovea, R. Br. (Poiretia,
Sm. — Physicarpos, Poir.). — Plagiolobium,
Sweet. — Lalage , Lindl. (? Platychilum ,
Dela.un.) — Platylobium, Sm. (Cheilococca,
Salisb.) — Bossiœa, Vent. — Goodia, Salisb.
— Templetonia, R. Br. — Scoltia, R. Br. —
Rafnia, Thunb. (OEdmarmia, Thunb.). —
Pelecynthis, E. Mey.— Borbonia,~L.— Achy-
ronia, Wendl. — Liparia, L.— Priestleya,
3C. ( Xiphotheca, Eckl. et Zeyh. ) — Amphi-
ïalea, Eckl. et Zeyh. (Cryphiantha , Eckl.
et Zeyh. — Ingenhoussia , E. Mey.) — La-
ihriogyney Eckl. et Zeyh. ( Heudusa , E.
Mey.) — Cœlidium , Vogel. — Epistemum ,
Walp. — Hallia, Thunb.— Heylandia, DC.
— Requienia, DC. — Crotalaria, L. {Chry-
socalyx, Guill. Perrot. —Cyrlolobus, R.
Br. — Clavalium, Desv. — Priotropis , Wight
et Arn. — ? Amphinomia, DC. ) — Lupinus,
Tourn. — Xerocarpus , Guill. Perrot. —
Westonia, Spreng. (Rothia, Pers. — Dillwy-
nia , Roth. — Harpelema, Jacq. F. — Goet-
zea, Reichenb.) — Loddigesia, Sims. — Hy-
pocalyptus , Thunb. — Lebeckia , Thunb.
(Calobota, Eckl. et Zeyh. — Stiza, E. Mey.)
— Viborgia, Thunb. (Acanthobotrya, Eckl.
et Zeyh. — ? Acropodium , Desv.) — Dichi-
lus, DC. — Colobotus, E. Mey. — ^ispaia-
tfms , L. (Eriocalyx, Neck. — Scaligera?
Adans. — Buchenroedera, Eckl. et Zeyh. —
Aulacinthus, E. Mey.) — Sarcocalyx, Walp.
— Euchlora , Eckl. et Zehy. (Microtropis ,
E. Mey.)— MeZto&mm, Eckl. et Zeyh. (Sphin-
gium , E. Mey.) — le^t's , E. Mey. — (Li-
pozygis, E. Mey.) — Lotononis , Eckl. et
Zeyh. — Polylobium, Eckl. et Zeyh.— Leo-
bordea, Del. (Copnitis, E. Mey.) — Krebsia,
Eckl. et Zeyh. ( Telina, E. Mey.) — Lisffa ,
E. Mey. — i4denocarpws, DC. — Ononis , L.
( Anonis , Tourn. ) — Erinacea , Boiss. —
f/ter, L. — Stauracanthus, Link. — Spar-
tium, DC. (Sparlianthus , Link) — Sarco-
phyllum, Thunb. — Sarothamnus, Wimm.
— Genista, Lam. (Scorpiws , Genistoides et
Genistella , Mœnch. — VTo^era et Salzwe-
delia, FI. Wett.) — Rétama, Boiss. — 3V»-
chosma, Walp. — Gamochilum , Walp. —
Argyrolobium , Eckl. et Zeyh. (Chasmone,
E. Mey.) — Cytisus, L. (Fi&orflrta, Mœnch.
— Chamœcytisus, Link. — Calycotome, Link.
— Calycotomon , Hoffms. ) — Diotolotus,
Tausch. — Anlhyllis , L. ( Vulneraria et
Barba- jovis, Mœnch. — Pogonitis, Reichenb.
— Physanthyllis , Boiss. — Hymenocarpus,
Savi ).
2. Trifoliées. — Medicago , L. — ? Dipto-
pnon, Vis. — Trigonella,, L. (Fœnam-Grœ-
cum, Tourn. — Falcatula, Brot.) — Pococ-
fcia, Ser. — Melilolus, Tourn. — Trifolium,
Tourn. (Calycomorphum, Galcaria, Mistyl-
lus, Lupinasler, Amoria, Amarenus et Pa-
ramesus, Presl. — Irichocephalum, Koch. —
Pentaphyllum, Pers. — Daclyphyilum, Raf.
— Brachijdontium et Lolophyllum, Reich.(
— Dorycnium, Tourn.— Dorycnopsis, Boiss
— Zohis, L. (Krokeria , Mœnch. — Lotea,
Med.)— Tetragonolobus, Scop. {Scandalida,
Neck.) — Bonjeania, Reichenb. — Hosacltia,
Dougl. (4msotoh($, Bernh.) — Syrmatium,
Vogel. — Parochetus, Hnmilt. — Podolotus,
270
LÉG
lieu th. — Melinospermum , Waip. (Calyco-
tome, E. Mey.).
3. Galégées. — Petaloslemon, Mich. (Kuh~
nistra, Lam. — - Cylipogon, Raf.) — Dalea,
L. (Parosella , Cav.) — Amorpha , L. (Bo-
nafidia, Neck.) — Eysenhardiia, Kunth.—
Psoralea, L. (Dorychnium, Mœnch. — iîit-
teria, Mœnch. ~Poikadenia, Eli.) — Oto-
tropis, Benth. (Oustropis, Don ) — Hydro-
sia, E. Mey. — Pycnospora, R. Br. —Indi-
gofera, L. (Sphœridiophorum, Desv.—Hemis-
padon, Endl. —ÏDiplonyx, Raf.) — (tey-
rampis, Wall. — Glycyrhiza, Tourn. (Lt-
quiritia , Mœnch) — ? Neristrotopis , Fisch.
et Mey. — Galega, Tourn. — Cyclogyne,
Benth. — .dccorom&ona, Endl. (Catofropis,
Don , non R. Br.) — Polytropia, Presl. —
Chœtocalyx, DC. (Bœnmn0/iausta, Spreng.)
— Apodynomene, E. Mey. — Tephrosia,
Pers. (Cracca , L. — Needhamia , Scop. —
iîetnena, Mœnch. — Brissonia , Neck. —
Erebinlhus , Mitch. ) — Crafordia , Raf. —
Brongniartia , Kunth. — Peraltea, Kunth.
— Xiphocarpus, Presl. — Harpalyce, Sess.
Moc. ( ÏMegastegia , Don ) — GJtn'ddia ,
Kunth.— Robinia, L (Pseudacacia, Tourn.)
— Lennea, Klotsch. — Poitœa, Vent.— Sa-
fcmea, DC. — Coursetia, DC. — Glottidium,
Desv. — Sesbania, Pers. (Sesban , Poir. —
Emerus, Schumach.) — Herminiera, Guill.
Perr. —Agati, Rheed. — Daubentonia , DC.
— Diphysa, Jacq. — CoryneHa, DC. (Co-
rymrts , Spreng. ) — Caragana, Lam. —
Chesneya, Lindl. — Halimodendron , Fisch.
{Halodendron, DC. )— Calophaca, Fisch. —
— Colutca, L. — Swainsona, Salisb. — Zes-
ser/ta, DC. (SuWra , Mœnch.) — Phyllolo-
bium, Fisch. — Sylitra, E. Mey. — Swf/ier-
tandia, R. Br. (CoiM(êa, Mœnch. ) — CJian-
t/ius,Sol. (Steblorhiza, Endl.)— Carmichae-
lia, R. Br.
4. Astragalées. — Sphœrophysa , DC. —
Eremosparton , Fisch. et Mey. — GuZdœns-
tatoa, Fisch. — P/iaca, L. {ÏErophaca,
Boiss.) — Oxytropis, DC. (Sp«esta,Neck.)—
4s*rao/aJus, DC. — Biserrula, L. (Pefecmus,
Tourn. ) — Homalobus , Nutt. — UTenfro--
2>/iy*a, Nutt.
Tribu III. — Viciées.
Dix étamines diadelphes. Légume bivalve,
continu sans étranglements. Cotylédons
épais, hypogés, et radicule courbée. Feuilles
LEG
souvent pennées sans impaire, et dont le
pétiole se prolonge en pointe ou en vrille.
Cicer, L. — Pisum, Tourn. — Ervum, L.
(LenSy Tourn. — Ervilia, Link.) — Vicia,
L. (Faba , Tourn. — Wiggersia , FI. Wett.
— Vicioides , Mœnch. — Oxypogon , Raf. )
— Lathyrus, L. ( Aphaca , Ochrus , Clyme-
num et Nissolia, Tourn.— Cicerella, Mœnch.
—ÏAstrophia, Nutt.)— Orobus, Tourn. (Pla-
tystylis, Sweet.).
Tribu IV. — Hédysarées.
Dix étamines monadelphesou diadelphes.
Fruit lomentacé. Cotylédons foliacés et ra-
dicule courbée. Feuilles 1-3-foliolées ou
pennées avec impaire , souvent munies de
stipelles.
i.Coronillées. — Scorpiurus, L. [Scorpioi-
des, Tourn.— Scorpius, Lour. )—Coronilla,
L. (Emerus, Tourn.) — Arthrolobium, Desv.
(Astrolobium, DC.) — Antopetitia, A. Rich.
— Ornithopus, L. (Ornithopodium , Tourn.)
— Hammatolobium , Fenzl — Hippocrepis ,
L. (Ferrum-equinum, Tourn.) — Bonaveria,
Scop. (Securigera , DC. — Securilla, Pers.
— Securidaca, Tourn. non auct.).
2. Hédysarées. — Diphaca, Lour. — Picte-
tia y DC. — Brya, P. Br. — Omocarpon,
Beauv. — Amicia , Kunth. ( Zygomeris ,
Sess. Moç. ) — Poirelia, Vent. ( Turpinia ,
Pers.) — Myriadenus , Desv. — Geissaspis ,
Wight et Arn. — Phylacium, Benn. —
Zornia, Gmel. — Stylosanthes , L. — i4ra-
cfct's, L. (Jmc/inida, Plum. — Arachnidoides,
Niss. — Chamœbalanus , Rumph. — ilfun-
dubi, Marcg.) — Chapmannia, Torr. Gray.
— Adesmia, DC. ( Patagonium, Schrank. —
Heteroloma, Desv. — Loudonia, Bertero) —
Rathkea, Schum. — JEschynomene , L. —
Sœmmeringia, Mart. — Kotschya, Endl. —
Smithia, Ait. (Pelagnana, G m.) — Lourea,
Neck. (Christia, Mœnch.) — Uraria, Desv.
(Doodia, Roxb.) — Mecopus , Benn. — ZVt-
colsonia, DC. (Perrotetia, DC.) — Anarlhro-
syne, E. Mey. — Dollinera, Endl. (Ototro-
pis, Schauer.) — Desmodium, DC. (Dendro-
lobium , Wight. et Arn. — Codoriocalyx ,
Hase.) — Dicerma, DC. (Phyllodium, Desv.)
— Taverniera, DC. — Hedysarum, Jeaum.
( Echinolobium , Desv. ) — Evcrsmannia ,
Bung. — Onobrychis , Tourn. — Eleiotis ,
DC. — Oxydium , Benn. — Campylotropis ,
Bung. — Lcspedeza, Rich. — Ebcnus, L.
LEG
3. Alhagées.— Alaghi, Tourn. (Manna ,
Don. ) — Alysicarpus , Neck. — Hallia ,
Jeaum. — Fabricia, Scop. — Bremontiera,
DC. — Hegetschweilera, Heer. —Rhadino-
carpus, Vogel. — Nissolia, Jacq. (ATt'sso-
/ana, DC).
Tribu V. — Puaséolées.
Diiétamines monadelphes. Légume bi-
valve , continu ou interrompu par des
étranglements de distance en distance,
mais sans se séparer en autant d'articles.
Cotylédons épais , hypogés ou épigés , et
radicule courbée. Feuilles à trois folioles
ou plus rarement à plusieurs paires, ac-
compagnées très souvent de stipelles.
1. Clitériées. — Atnphicarpœa, Eli. (Savia
et Xypherus, Raf. — Cryptolobus , Spreng.
— FaJcata , Gmel.)— Dumasia, DC. — Pue-
raria , DC. — Cologania, Kunth. — Am-
phodus , Lindl. — Clitoria, L. (Clitorius,
Petiv.— Nauchea, Desc. — Ternatea, Tourn.)
— Neurocarpum, Desv. (Rhombifolium, Rich.
— Marlia, Leandro. — Martiusia, Sch.) —
Vexillaria, Benth. (Pilanthus, Poit.) — Cen-
trosema,T)C. {Steganatropis, Lehm.— ÏPlec-
trotropis , Schum. ) — Pcriandra, Mart. —
Platysema, Bent.
2. Kennédyées. — Kennedya, Vent. (Cauli-
nia, Mœnch , non W.) — Zichya, Htig. —
Physolobium, Benth. — Hardenbergia,Benlh.
— Leplocyamus , Benth. ( Leptolobium ,
Benih.).
3. Glycinées.—Iohnia,'W.etkrn. (Noto-
nia, W. et Arn.) — Cyamopsis, DC. ( Cor-
dœa , Spreng. ) — Stenolobium , Benth. —
Soya, Mœnch. — Glycine, L. (Bujacia, E.
Mey. — Teramnus, P. Br.) — Retencourlia,
St-Hil. — Shutcria, W. et Arn. —Galac-
tia, P. Br. {Bradburya, Raf. — Sweetia ,
DC. — Odonia, Bertol. — Grona, Lour.) —
Kiesera, Reinw. — Vilmorinia, DC. — Bar-
bier ia, DC.
A.Dioclées. — Collœa, DC. — Bionia, Mart.
— Camptc$ema, Hook. et Arn. — Cleobulia,
Mart. — Cratylia, Mart. — Dioclea, Kunth.
( Hymenospron , Spreng. ) — Cymbosema ,
Benth. — Canavalia, DC. (Canavali, Ad. —
Maiocchia, Sav. — Nattamame , Banks. —
Clcmentea, Cav.) — Chloryllis, E. Mey.
5. Erylhrinées. — Mucurina, Ad. [Stizolo-
lium et Zoophthalmum , P. Br. — Hornera,
LÊG
271
Neck. — Negretia, R. Pav. — Citta, Lour.
— Labradia, Swed. — Carpopogon, Roxb.
— Macroceratides, Raddi.) — Wenderotftta,
Schlecht. — Erythrina, L. (CoraModendron,
Tourn. — Jlfoun'cou , Ad. —Xiphanthus ,
Raf.) — Slrongylodon, Vog. — Rudolphia ,
W. —Bulea, Kœn. (P/aso, Rééd.).
6. Wïstén'ces. — Wïsfma, Nutt. {Thyrsan-
thus, EU. — Kraunhia, Raf.) — Cyrlotropis,
Wahl. — ^pios, Boerh.
T.Phaséolées vraies.— Pïiaseolus, L. (P/ia-
sioZuset Phasellus, Mœnch.— Sïrophostyles,
EU. ) — Vi^a, Savi ( Scytalis , E. Mey. —
? Otoptera, DC.) — Dolichos , L. —Lablab ,
Ad.—Sphonostylis, E. Mey. — Pachyrrhi-
zus, Rich. (Cacara, Pet. -Th. — Psophocar-
pus, Neck. (Bofor, Ad.) — Diesingia, Endl.
— Dunbaria, W. et Arn. — Tœniocarpon,
Desv. — Foandseia, Pet.-Th. (Foancteoit,
Flac. ).
8. Cajanées —Fagelia, Neck.— Cajanus,
DC. (Cajan, Ad.) — Aiylosia, W. et Arn.
Cantharospermum, W. et Arn. — Pseudar-
thria, W. et Arn.
9. Bhynchosiées.—Orlhodanum, E. Mey.
— Eriosema, DC. (Euryosma,T)esy. — Pyr-
rhotrichia, W. et Arn.) — Bhynchosia, DC.
{Copisma, E. Mey. — Arcyphyllum, EU. —
Pitcheria, Nutt.) — Nomismia, W. et Arn.
— Cylista, Ait. — Cyanospermum , W. et
Arn. — Chrysoscias, E. Mey. — Flemingia,
Roxb. (Oslryodium, Lour.) — Lourea et il/o-
ghania, Jeaum.
10. Abrinées. — J&rws, L.
11. Genres douteux. Macranlhus, Lour.
— Calopogonmm , Desv. — Cruminium ,
Desv.
Tribu VI. — Dalbergiées.
Dix étamines monadelphes ou diadelphes.
Légume indéhiscent, souvent interrompu
par des étranglements. Cotylédons épais,
charnus; radicule courbée ou plus rarement
droite. Feuilles pennées, à folioles souvent
alternes, plus rarement réduites à une.
Cyclolobium, Benth. — Amerimnum, g.
Br. — Corytholobium, Benth.— Hecaslophk),'
lum, Kunth. (Ecastophyllum, P. Br.— Acou-
roa, Aubl. — DrakenUcinia, Neck.) — Mmk'
touchia, Aubl. (Grieselinia, Neck.) — Piero-
carpus, L. — Sanlalaria, DC.) — Echinodis-
eus, Benth. ( Weinrcichia, Reiohenb ) —
Centrolobium , Benth. — Amphymemuni 9
272
LEG
Kunth (Apalatoa, Aubl.) — Ancylocalyx,
Tul. — Drepanocarpus, W. Mey. {Nephro-
sis, Rich. — Sommerfeldtia, Schum.— Oru-
caria, Clus.) — Machœrium , Pers. — Ate-
leia, Moç. Sess.— Brachyterum, W. etArn.
Pongamia, Lam. (Guadehipa, Lam.) —
SpWnctotoWum » Vog. — lonc/iocarpus ,
Kunth. — Neuroscapha, Tu\. -—Milletia, W.
et Arn. — Endospermum, Blum. — Dalber-
gia, L. (SoZon , Ad.)— Triptolemea, Mart.
(?Semeionotis, Schott.) — Miscolobium, Vog.
— Spatholobus , Hassc. — Platymiscium ,
Vog. — Caliisewi'CBa, Benth. ( Platypodium ,
Vog.) — Discoto&ium, Benth. —Piscidia, L.
(Piscipuîa, Lœfn.— Ichthyomethia > P. Br.)
— P/ieMocarjms, Benth. — Geoffroy a, Jacq.
(ï/man, Marcg.) — Andira, Lam. (Lww6n-
cidia, FI. FI. — Foucapoua, Aubl.) — £u-
cftresfa , Benn. — Crepidotropis , Walp. —
Cowmarouna, Aubl. (Cumaruna, Lam.—
Dipterix , Schreb. — Baryosma, Grcrtn. —
Heinzia, Scop. — Taralea, Aubl. — Botàw-
cia, Neck.) — Commilobium, Benth. — Ple-
rodon , Vog. — Podiopetalum , Hochst. —
Aplopanesia , Presl. —Derris, Lour. — De-
guelia , Aubl . ( Cylizoma , Neck. ) — Muel-
iera, L. f. [Coublandia, Aubl.).
Tribu VII. — Sophorées.
Dix, plus rarement 9-8, étamines libres.
Légume indéhiscent ou bivalve. Cotylédons
foliacés ou un peu épais ; radicule recour-
bée ou droite. Feuilles pennées avec impaire
ou simples.
Myrospermum , Jacq. (Toluifera, L. —
Myroxylon, Mut. — Calusia, Bert.)— Ed-
warsia, Salisb. — Sophora, L. (Broussone-
lia , Orteg. — Patrinia, Raf.) — Ammoden-
dron, Fisch. — Calpurnia, E. Mey. — Vir-
gilia , L. — Cladrastis , Raf. — Styphnolo-
hlum , Schott. — Macrotropis, DC. ( Laya ,
Hook. Arn.) — Castanopermum , Cunning.
— Gourliea, Gill. — Ormosia, Jacks. (Tou-
lichiba, Ad.) — Diplotropis, Benth. — Dibra-
chion, Tul. — Spirotropis , Tul. — Bowdi-
diia, Kunth. (Sebipira, Mart.).
IL— C^ISALPINIÉES. C2ESALPINIEJE.
De Candolle donnait ce nom à un groupe
de Légumineuses où les fleurs, encore irré-
sulières, tendent à la forme papilionacée
ou rosacée , où les étamines, au nombre de
dix, sont le plus souvent libres, et où l'em-
LEG
bryon est droit; et il en distinguait un autre
fort peu étendu , celui des Swartziées , où
les pétales se réduisent en nombre ou même
manquent tout-à-fait, où le nombre des éta-
mines dépasse souvent dix et où l'embryon se
remontre courbé. Endlicher, en conservant
lesSwartziées,réunitlesCœsalpiniéesauxPa-
pilionacées , comme une simple tribu. Plus
récemment, Bentham les a confondus en un
seul groupe dont les Swartziées ne forment
plus qu'une des tribus. C'est son travail que
nous suivrons ici, et, par conséquent, les
Caesalpiniées seront caractérisées et subdivi-
sées de la manière suivante :
Calice à cinq divisions réunies ensemble à
divers degrés, à préfloraison imbriquée ou
valvaire, souvent fendu jusqu'àla base. Péta-
les égaux ou moindres en nombre, ou même
manquant quelquefois, à préfloraison imbri-
quée et souvent carénée, c'est-à-dire telle-
ment disposée que les deux extérieurs re-
couvrent latéralement les latéraux, qui em-
brassent eux-mêmes le cinquième placé du
côté de l'axe. Étamines souvent non symé-
triques aux autres parties de la fleur ou très
inégales, tantôt très nombreuses, tantôt au
contraire avortant en partie, plus rarement
régulières, très souvent libres ou légèrement
soudées entre elles seulement à la base.
Ovaires exhaussés sur un support libre ou
soudé en partie avec le calice, et devenant
un légume qui présente quelques unes des
modifications décrites dans le groupe précé-
dent, et, danscertains cas, ne renferme qu'un
ovule unique ou double, et dont le péricarpe
peut avoir une consistance charnue. Graines
également dépourvues de périsperme, à em-
bryon souvent droit. Tige arborescente ou
frutescente, grimpante quelquefois. Feuilles
simples ou plus souvent composées et, dans
ce dernier cas, fréquemment bipennées.
GENRES.
Tribu I. Leptolobiées.
Calice ordinairement campanule, 5 fide.
5 pétales un peu inégaux. 10 étamines fer-
tiles, un peu inégales, déclinées ou diver-
gentes. Support de l'ovaire libre. Feuilles
une fois pennées avec ou sans impaire, à
folioles tendant souvent à l'alternance.
Leplolobium, Vog. — Thalesia, Mart. —
Sclerolobium, Yog.—Diptychandra, Tul.—
LEG
Acosmium, Schott (Sweetia, Spreng.) —
Zuccagma, Cav.— Hœmatoxylon, L.—Pœp-
pigia, Presl {Ramizezia, A. R ich. )— Cadia,
Forsk. (Spœondoncea, Desf. — Panciatica,
Picciv.)— Parkinsonia, P\um.—Cercidium,
Tul.
Tribu II. — Cjesalpiniées vraies.
Calice 5-fide ou plus souvent 5-parti. 5
pëtalesun peu inégaux. 10 étamines fertiles,
à peine déclinées. Support de l'ovaire libre.
Feuilles bipennées.
Gymnocladus , L. — ?Gleditschia, L. —
Guilandina, J. (Bon duc, Plum.) — Poin-
ciana, L. (Poincia, Neck.) — Cenostigma,
Tul. — Coulteria, Kunt. (Adenocalyx, Bert.
—Tara, Mol i n. ) — Cœsalpinia, L. (Tikanto
et Campecia, Ad.) — Callerya, Endl. (il/ac-
guartia,Vog.)— PeMop/iorum, Vog.— Schizo-
lobium, Vog.—Mezonevrum, Desf. — JPtero-
fobium, R.Br. (/teicAardta,RoLh. — Kanluffa,
Bruce. — Quartinia, — A. Rien.) Pterogyne,
Tul. — Colvillea, Boj. — Cladothricium, Vog.
— Hoffmanseggia, Cav. — Pomaria, Cav. —
Melanosticta, DC. — Moldenhauera, Schrad.
(Dolt'c/ionema , Nées).
Tribu III. — Cassiées.
Calice 5-parti. 5 pétales. Étamines au
nombre de 10 ou moins, à peine périgynes,
quelques unes souvent difformes ou man-
quant. Anthères grandes, oblongues ou
quadrangulaires, s'ouvrant par un pore api-
rilaire ou plus rarement basilaire. Support
de l'ovaire libre. Feuilles pennées sans im-
paire ou, plus rarement, à folioles alternant
légèrement avec une impaire terminale.
Cassia, L. (Cathartocarpus,Pers. — Bacty-
rilobium, W. — Chamœcassia et Chamœ-
crista, Breyn. — Senna, Tourn. — Grimaîdia,
Schrank.) — Labicfiea, Gaudich. — Dicory-
nia, Ben th.
Tribu IV. — Swartziées.
Calice à déhiscence valvaire, tantôt se
rompant irrégulièrement, tantôt fendu jus-
qu'à la base en 4-5 segments presque égaux.
Pétales au nombre de 5 ou moins, quelque-
fois réduits à un seul ou même manquant
tous. Étaminesindéfinies, plus ou moins nom-
breuses, à peine ou très inégales, dissembla-
bles, insérées avec les pétales sur le récepta-
ie ou distinctement, mais, plus rarement,
T. VII.
LEG
273
sur le calice. Feuilles pennées avec impaire,
à plusieurs ou aune seule foliole. Bractéoles
le plus souvent nulles.
Bracteolaria, Hochst. — Baphia, Afz. —
Martiusia, Benth. — Zollernia, Nées (Aci-
dandra, Mart. — Coqueberlia, Brongn.) —
Swartzia, W. (Tounatea, Aubl. — Gynan-
thislrophe, Poit.) — Allania, Benth. (Aldina,
Endl.) — Cordyla, Lour. [Cordylia, Pers. —
Calycandra, A. Rich.) — Trischidium, Tul.
Tribu V, — Amherstiées.
Calice tubuleux inférieurement et persis-
tant, à 4-5-divisions concaves , imbriquées,
réfléchies dans la fleur ou caduques. Pétales
au nombre de 5 ou moins, ou réduits souvent
à un seul. 10 étamines ou moins ou plus,
toutes ou quelques unes seulement souvent
très longues et pliées dans le bouton. Sup-
port de l'ovaire soudé le plus souvent d'un
côté avec le tube calicinal. Feuilles pennées
à plusieurs paires de folioles, sans ou très
rarement avec impaire.
Thylacanthus , Tul. — Brownea, Jacq.
(Hermesias, Lœffl.) — Elisabetha, Schomb.
— Helerostemon , Desf. — Amherstia, Wall.
— Jonesia, Roxb. (Saraca, Burm.)—Hum-
boldtia,Vfah\. (Batschia, Wah\.)—Schottia,
Jacq. (Omphalobium , Jacq. f.) — Theodora,
Med.' — Afzelia, Sm. (? Pankovia, W.) —
Eperua, Aubl. (Rotmannia, Neck. — Pan-
zera, W.) — Parivoa, Aubl. (Adleria, Neck.
— Dimorpha, W.) — Campsiandra, Benth.
Tachigalia, Aubl. (Tachia, Pers. — Valenty-
nia, Neck. — Tassia, Rich.) — Exoslyles ,
Schott. — Melanoxylon, Schott. — Tamarin-
dus, Tourn. — Phyllocarpus, Tul. — Outea,
Aubl. — Anthonota, Beauv. {? Westia, Vahl.
— Intsia, Pet.-Th. — Vouapa, Aubl! (Ma-
crolobium, Vahl. — Kruegeria , Neck.) —
Phylacanthus , Tul. — Peltogyne, Vog. —
Trachylobium, Hayne. — Hymenœa,L. (Cour-
baril, Plum.)
Tribu VI. — Bauhiniées.
Calice inférieurement tubuleux , persis-
tant , à divisions tantôt courtes et dentifor-
mes, tantôt allongées etvalvaires. 5 pétales.
10 étamines ou moins. Support de l'ovaire
libre ou soudé. Feuilles composées d'une
seule paire de folioles distinctes ou soudées
entre elles par leurs bords en regard, plus
rarement réduites à une foliole unique.
274
LÉG
Casparea, Kunth. — Bauhinia, L. (Pau-
lelia, Cay. — Phanera, Lour.) — Schnella,
Radd. {CaulotreluSyRich.)— Etàballia, Bent.
Cfercw, L. (Siliquastrum, Tourn.).
Tribu VII. — Cynométrées.
Calice 4-5-parti, à divisions imbriquées,
refléchies dans la floraison. Pétales 4-5 à
peu près égaux, plus souvent nuls. Étamines,
10 ou moins, égales ou légèrement inégales.
Support de l'ovaire libre , extrêmement
court. Ovule unique ou double. Feuilles
composées d'une ou plusieurs paires de fo-
lioles tendant souvent à l'alternance, avec
ou plus ordinairement sans impaire.
Cynometra, L. (Cynomorium, Rumph. non
Auct.) — Hardwickia, Roxb. — Copaifera,
L. (Copaiva, Jacq. — Coapoiba Marcg.) —
Dialium, L. {Codarium, Sol. —Arouna, Aubl.
—Cleyria, Neck.)— Apuleia, Mart.— Deta-
rium, J. — Crudya, W. (Crudia, Schreb.
— Touchiroa, ApalatoaetVouarana, Aubl.
— Waldschmidtia, Neck.).
Tribu VIII. — Dimorphandrées.
Calice campanule, régulier, 5-denté. Cinq
pétales presque égaux. Étamines 5, fertiles,
presque égales, alternant avec autant de
stériles. Feuilles une ou deux fois pen-
nées.
Mora, Benth. — Pentaclethra , Bentta. —
Dimorphandra, Schott.
IX. Genres dont la place est encore in-
certaine.
Acrocarpus, Arn. — Ceratonia , L. (Sili-
qua, Tourn. )
X. Genres douteux.
Palovea, Aubl. (Ginnania, Scop.) — Vatai-
rea, Aubl.— Amaria, Mutis. — Metrocynia,
Pet. -Th. — Anémia y Lour. — Baryxylum ,
Lour. — Aloexylum, Lour.
III. — MIMOSÉES. MMOSEJE.
Fleurs à peu près régulières. Calice 4-5-
fideou parti, à préfloraison le plus souvent
valvaire. Pétales en nombre égal et alternes,
insérés à sa base ou au réceptacle, libres,
à préfloraison valvaire, ou inférieurement
soudés en un tube plus ou moins long, et
dans ce cas assez rare, imbriqués au sommet
d;ns le bouton. Étamines insérées de
LEG
même, en nombre symétrique aux pétales,
double ou multiple, rarement égal, sou-
vent indéfinies, à filets libres ou réunis en
tube. Carpelle unique et semblable à celui
des Papilionacéesy( plusieurs dans un très
petit nombre d'exceptions), sessile ou sti-
pité, devenant une gousse bivalve ou un
fruit lomentacé. Graines à embryon droit ,
dépourvu de périsperme, excepté dtfns un
très petit nombre de cas; à cotylédons
grands et charnus, ordinairement épigés
dans la germination. Tige arborescente ou
frutescente, rarement herbacée, assez fré-
quemment armée d'aiguillons ou d'épines.
Feuilles le plus souvent deux ou trois fois
pennées, plus rarement une seule fois avec
impaire, etquelquefois enfin réduites à un
phyllode, accompagnées de stipules libres
souvent spinescentes. Fleurs en épis ou en
capitules, plus rarement en panicules ou en
corymbes.
genres.
Tribu I. — Parkiées.
Préfloraison du calice et de la coioîle im-
briquée.
Erythrophlœum, Afz. — Parkia, R. Br.
Tribu II. — Acaciées.
Préfloraison du calice et de la corolle
valvaire.
Adenanthera, L. (Clypearia, Rumph). —
Prosopis , L. — Lagonychium, Bieb. — Al"
garobia, Benth. — Fillœa, Guiïl. PerroU
— Cailïea, Guill. Perr. - Dichrostachys ,
Wightet Arn. — Leptoglottis , DC. — Dtes-
manthus, W. (Neptunia, Lour.) — Schran-
kia , W. — Darlingtonia , DC. — Mimosa,
Ad. — Entada , Ad. (Gigalobium, P. Br.—
Pursœtha, L.)— Gagnebina, Neck. — Aca-
cia, Neck. (Stachychrysum, Boj.) — Air
bizzia, Duraz. — Vachelia , W. et Ara.
(Farncsia, Gasp.)— Zygia, P. Br.— Inga,
Plum. {Amosa, Neck.) —Affonsea, St-HH.
Les espèces de Légumineuses habitent
presque toutes les régions du globe, excepté
les glaciales, soit en latitude, soit eu hau-
teur. Suivant la loi ordinaire, la forme
herbacée qui abonde dans les latitudes tem-
pérées devient relativement de plus en plus
rare dans les tropicales. Le nombre total
va en augmentant des pôles à l'équateur
dans une telle proportion que, suhant les
LEG
LÉG
275
tables de M. de Humboldt, calculées, il est
vrai, à uneépoque où la totalité des plantes
connues était bien loin du chiffre qu'elle
atteint aujourd'hui , le rapport des Légumi-
neuses à la masse entière des phanéro-
games serait à peu près 1/10 dans la zone
équatoriale, 1/18 dans la tempérée, 1/35
dans la glaciale. Si nous examinons sépa-
rément les divers groupes, nous voyons que
les Cœsalpiniées , très abondantes entre les
tropiques, dépassent à peine celui du can-
cer dans l'ancien continent, un peu da-
vantage dans le nouveau; que les Mimosées
sont nombreuses, surtout dans l'Amérique
ëquatoriaie, ainsi que dans l'Afrique,
beaucoup moins dans l'Asie ; que, dans la
Nouvelle-Hollande, on les trouve en quan-
tités considérables, notamment au-delà du
tropique, représentées presque exclusive-
ment par des espèces du genre Acacia ap-
partenant presque toutes à cette section où
la feuille est réduite à un phyllode , c'est-à-
dire une dilatation du pétiole foliiforme,
verticale et assez raide, et par ce caractère
qui leur donne un port particulier, impri-
mant au paysage une partie de son singu-
lier caractère. Pour les Papilionacées, c'est
aux Lotées , Viciées, Hédysarées , Phaséolées,
qu'appartiennent celles de nos climats tem-
pérés; mais les deux dernières tribus y sont
faiblement représentées et prennent au con-
traire un accroissement considérable à me-
sure qu'on avance vers l'équateur; la pre-
mière est presque également abondan te dans
les deux zones, surtout à cause du nombre
prodigieux des espèces de certains genres,
comme les Trèfles en Europe et les Astraga-
les dans l'Asie septentrionale. Les Podaly-
riées habitent principalement l'hémisphère
austral au-delà du tropique; les Dalbergiées
sont presque toutes intertropicales, eten plus
grande proportion américaines; les Sophorées
disposées sur tout le globe, dans les régions
chaudes et surtout tempérées.
Parmi les végétaux, les Légumineuses
sont ceux où l'on remarque le plus évi-
demment cette propriété singulière de l'ir-
ritabilité de laquelle résultent des mouve-
ments vifs ou lents, soit continus, soit sous
l'influence de la lumière, soit sous celle des
agents extérieurs. Il n'est pas besoin de nom-
mer la Sensitive, où ce phénomène a été
*i souvent signalé et étudié, d'une esocre
de Sainfoin ( Desmodium gyrans ) où l'os-
cillation perpétuelle des deux petites folioles
latérales a également appelé l'attention et
l'admiration. Mais des phénomènes ana-
logues paraissent se produire sur beaucoup
d'autres espèces, quoiqu'ils échappent fa-
cilement à l'observation , parce que chez
elles l'excitabilité est beaucoup plus faible
et plus lente, et parce que l'excitation doit
être beaucoup plus forte pour produire des
résultats beaucoup moins apparents. Mais
il en est qu'il est aisé de constater, ce sont
ceux du sommeil, c'est-à-dire la position
que les folioles prennent sur leurs pétioles
pendant la nuit, plus ou moins différente
de celle qu'elles avaient pendant le jour.
Quand on réfléchit au nombre si grand
d'espèces contenues dans le groupe des Lé-
gumineuses, qui comprend des plantes de
toutes dimensions et du port le plus varié,
depuis les arbres les plus élevés jusqu'aux
herbes les plus humbles, on doit s'attendre
à y rencontrer en même temps une grande
variété de produits et de propriétés. Les
passer en revue serait une tâche beaucoup
trop longue, et nous nous contenterons de
signaler ici les plus remarquables.
Beaucoup d'arbres de cette famille sont
employés pour la charpente dans les pays
où ils croissent, et on peut citer dans le
nôtre le Faux-Acacia , excellent par sa du-
rée et par sa résistance à l'humidité. Le
grain serré , les teintes foncées que prend
le cœur dans un grand nombre, les font
rechercher pour l'ébénisterie et les ont
rendus un objet de commerce plus ou moins
considérable. Citons le bois de Palissandre,
dont l'origine, longtemps inconnue, est
rapportée maintenant à une Légumineuse
(une espèce de Dalbergia), le bois de Fer-
nambouc {Cœsalpinia echinata), de Brésil
(C. brasiliensis), de Sappan (C. sappari), un
bois de fer (Swartzia tomentosa), celui de
Baphia, et tant d'autres, parmi lesquels ua
arbre indigène, le Faux-Ébénier (Cytisus
laburnum), pourrait être mentionné.
Beaucoup d'espèces herbacées de Papilio-
nacées sont riches en principes nutritifs,
cultivées comme fourragères , et ce sonô
elles dont on forme les prairies artificielles:
les Trèfles, les Luzernes, les Sainfoins, etc.,
etc. Elles abondent, en effet, en produits
azotés, et les expériences récentes de
276
LÊG
M. Boussaingault ont prouvé qu'elles peu-
vent prendre direetementdans l'atmosphère
une certaine proportion d'azote.
Cette propriété se retrouve souvent dans
le péricarpe foliacé des fruits, et c'est ce qui
permet de manger les cosses de plusieurs de
ces gousses encore jeunes.
Quant aux graines, elles sont de plu-
sieurs sortes : les unes à cotylédons minces
et foliacés, non alimentaires; les autres à
cotylédons épais, qui le sont fréquemment:
ce sont celles qui, en mûrissant, seremplis-
sent d'une abondante fécule, comme les hari-
cots, fèves, lentilles, petits-pois, vesces,etc,
et beaucoup d'autres moins communes ou
exotiques, dont les noms ne nous rappelle-
raient pas des objets aussi familiers. Remar-
quons que cette fécule est mêlée de prin-
cipes azotés très abondants et qui en font
encore un aliment beaucoup plus substan-
tiel; remarquons aussi qu'elle ne se forme
et ne s'accumule que graduellement dans la
graine, qui, dans son premier âge, bornée
pour sa plus grande partie à ses téguments,
offrait des cellules remplies de ces principes
et d'un mucilage sucré, et , par conséquent,
donnait à cette époque une nourriture
différente de celle qu'elle doit donner plus
tard. Dans d'autres, les cotylédons sont
charnus- oléagineux , comme, par exemple,
dans ÏArachis hypogœa (vulgairement Pis-
tache d» terre), qui peut fournir une grande
proportion d'huile; et, sous ce rapport,
est devenue, dans ces derniers temps, un
objet de spéculation. D'autres fois c'est une
huile essentielle qui aromatise la graine, et
c'est ainsi que celle du Coumarouna odorata
(vulgairement la fève de Tonka) sert à par-
fumer le tabac. Des graines à cotylédons
foliacés ont souvent des propriétés toutes
contraires et deviennent purgatives ; par
exemple, celles du Baguenaudier, de plu-
sieurs Genêts et Cytises, etc., etc. Il faut
donc user de précautions dans les essais
auxquels on serait tenté de se livrer, par
la ressemblance extérieure des fruits avec
nos légumes les plus familiers.
Mais ces propriétés purgatives se retrou-
vent dans d'autres parties : dans les feuil-
les,dans leà péricarpes, surtout dans ceux qui
sont foliacés. Le médicament le plus connu
sous ce rapport est le Séné (feuilles et prin-
cipalement fruits des Cassia senna et acuti-
LEG
folia, qui nous viennent de l'Orient) : on
en extrait une substance particulière, la
Cathartine, qui paraît être là le principe
actif; mais c'en est sans doute un différent
qui contient la pulpe qui remplit la cavité
du fruit dans la Casse en bâton ( Cassia
fistula), dans le Tamarin, le Caroubier,
et dont l'action est infiniment plus douce.
Les propriétés précédentes s'observent sur-
tout dans les Caesalpiniées. Dans IcsMimo-
sées, c'en sont d'autres, toniques et as-
tringentes, dont nous ne citerons qu'un
exemple, le Cachou, suc d'un Acacia (A.
cathecu) qu'on obtient par extrait, c'est-à-
dire en faisant bouillir le cœur de son bois,
puis laissant évaporer, épaissir et sécher la
dissolution obtenue. La présence abondante
du tannin rend compte de ces propriétés, et
donne à l'écorce de plusieurs autres de ces
plantes une grande valeur pour la prépara-
tion des cuirs.
Parmi d'autres produits de certaines Lé-
gumineuses , on en trouve de sucrés comme
la réglisse, suc extrait de la racine du Gly-
cyrhiza glabra et d'autres espèces encore;
comme la manne de Perse, qui coule par
incision de VAlaghi Maurorum, et présente
des propriétés analogues à celle qu'on
obtient du Frêne. On trouve aussi plusieurs
résines, comme l'une de celles qu'on ap-
pelle sang- dragon, extraite ici du Pterocar-
pusdraco; quelques unes, encore liquides,
parce qu'elles retiennent une portion de
l'huile volatile qui les tenait en dissolution
dans le végétal , comme le Baume de Copahu
(fourni par plusieurs espèces de Copaifera,
notamment Vofficinalis); quelques autres,
associées à de l'acide benzoïque, et consti-
tuant par conséquent de véritables baumes,
comme ceux du Pérou ( Myrospermum
peruiferum), de Tolu(M. toluiferum).
C'est encore cette famille qui produit les
gommes les plus estimées : V arabique (fournie
par divers Acacias, et surtout le nilotica) ;
celle du Sénégal (fournie par d'autres
Acacias); Vadragante faussement attribuée
à un sous-arbrisseau du midi de l'Europe,
YAstragalus tragacantha, mais provenant
d'espèces orientales du même genre : les
A. gumnifer, verus , crelicus.
Enfin la teinture emprunte aux Légumi-
neuses plusieurs matières précieuses, comme
le bois do Campêchs (Hœmatoxylum cam*
LEI
LEI
277
pechianum) d'un rouge brun , cédant faci-
lement à l'eau et à l'alcool sa couleur, due
à un principe particulier qu'on appelle
Miématine, et surtout Y Indigo, dont le prin-
cipe colorant ou indigotine n'existe pas ex-
clusivement dans les plantes de la famille
. que nous traitons, mais néanmoins s'extrait
principalement de plusieurs d'entre elles,
surtout des espèces du genre Indigo fera.
' Nous nous sommes contenté de citer ra-
pidement les usages et les produits les plus
' connus des Légumineuses ; mais ils sont
I loin d'être bornés à ceux que nous avons
1 signalés, et il nous eût été facile de multi-
plier les exemples, surtout en les prenant
dans les végétaux exotiques, dont beaucoup
jouissent de propriétés mises à profit dans
les pays qu'ils habitent, et dont plusieurs,
outre ceux que nous avons nommés, sont
recherchés au dehors et deviennent ainsi
une source de richesse commerciale.
(Ad. de Jussrsu.)
*LEHMAIVIVIIA (nom propre), bot. ph. —
6enre de la famille des Solanacées-Nicotia-
nées , établi par Sprengel [Arleit., II, 458).
Arbrisseaux du Pérou. Voy. solanacées.
*LEIA ().e~a, lisse), ins. — Genre de l'or-
dre des Diptères némocères, famille des Ti-
pulaires, Latr. , tribu des Tipulaires fongi-
coles, id., créé par Meigen et adopté par
Latreille et M. Macquart. Ce dernier (Dipt.
exot., t. I, lrc partie, p. 77) y rapporte
2 espèces : les L. bilunula Wied., et ven-
tralis Say. La première est du Brésil ; la
deuxième de la Pensylvanie.
*LEIBLINIA. bot. cr. — Genre d'Algues
de la famille des Phycées , tribu des Ecto-
carpées, établi par Endlicher ( Gen. pi,
n° 57). Algues marines. Voy. ectocarpées
et PHYCÉES.
LEIBMTZIA, Gass. bot. pb. — Syn.
û'Anandria, Siegesb.
LEICHE. Scymnus. poiss. — Genre de
l'ordre des Chondroptérygiens , famille des
Sélaciens , établi par G. Cuvier aux dépens
des Squales. Ces poissons ont tous les carac-
tères des Centrines (voy. ce mot), excepté
les épines aux dorsales.
î Le type de ce genre est le Leicbe ou Licbe,
qui vit sur nos côtes , et que Broussonnet a
/nommée sans doute par erreur Squalus
Americanus.
♦LEICBENUM f>x*j cal qui se forme
aux jambes), ins. — Genre de Coléoptères
hétérornères , famille des Mélasomes , tribu
des Ténébrionites , formé par Dejean , dans
son Catalogue. L'auteur en mentionne 3 es-
pèces, les Opatrum pictum de Fab., pul-
chellum de Klug , et L. variegatum de De-
jean. La première est originaire d'Autriche,
la deuxième du midi de la France et de l'I-
talie, et la troisième du Sénégal. (C.)
*LEIESTES ouEEIOTES Unôtvjç, lisse).
ins. — Genre de Coléoptères subtétramères,
trimères de Latreille, famille des Fongicoles,
formé par nous et adopté par M. Dejean
dans son Catalogue. L'espèce que nous avons
fait entrer dans ce genre est la Lycoperdina
seminigra de Gyllenhal (ruficollis Dej.).
Elle est originaire de Finlande , de Styrie
et de France. (C.)
LEIGHIA ( nom propre ). bot. ph. —
Genre de la famille des Composées-Sénécio-
nidées, établi par Cassini (in Dict. se. nat.,
XXV, 435). Herbes ou sous-arbrisseaux do
l'Amérique tropicale. Voy. composées.
*LEIMADOPHIS (Xe^wv, prairie ; Zr.;,
serpent ). rept. — Genre établi par M. Fit-
zinger (Syst. Rept., 1843) aux dépens du
groupe des Couleuvres. (E. D.)
LEIMANTHIUM (kipw'v, prairie ; â'vQoç,
fleur), bot. ph. — Genre de la famille des
Mélanthacées-Vératrées, établi par Willde-
now (in Bert. Magaz., II, 24). Herbes de
l'Amérique boréale. Voy. mélanthacées.
*LEIMOI\IPTERA , Kaup. ois. —Genre
établi sur YAnthus arboreus. Voy. pipit.
LEIMONITES. Leimonites. ois. — Fa-
mille peu naturelle, établie par Vieillot dans
l'ordre des Passereaux, et de laquelle font
partie les genres Stournelle , Étourneau et
Pique-Bœuf. (Z. G.)
LEINKERIA, Scop. bot. ph. — Syn. de
Rhopala, Schreb.
LEIOCAMPA ()i£îoç, lisse; xa^vî, che-
nille), ins. — Genre de l'ordre des Lépidop-
tères établi par Stephens, et réuni aux No-
todonta, Ochs. Voy. ce mot.
*LEIOCARPUS ( lûoç , lisse ; x«P7roç ,
fruit), bot. ph. — Genre de la famille des
Euphorbiacées-Phyllanthées , établi par
Blume(Bij'dr., 581). Arbres ou arbrisseaux
de Java. Voy. euphorbiacées. — DC, syn.
(YAnogcissus , Wall.
*LEIOCEPHALUS (Xtfoç , lisse ; xvpaM,
tête), rept. — Groupe des Stellions (voy.
278
LEI
LEI
ce mot) d'après M. Gray (Philos. Mag. II,
1837). (E. D.)
LÉIOCÈRE. mam. — Subdivision du
genre Antilope. Voy. ce mot. (E. D.)
♦LEIOCHÎTON, Curtis. ms. — Syn. de
Misodera d'Eschscholtz. Voy. ce mot. (G.)
*LEIOCNEMIS (ieroç, lisse; xvu(*i»,
jambe), ms. — Genre de Coléoptères pen-
tamères, famille desCarabiques, tribu des
Féroniens, établi par Zimmermann. La
seule espèce que nous sachions avoir été rap-
portée à ce genre, est du Caucase : la L.
cordicollis de Ménétriés. (G.)
*LEIODACTÏLES ( À£?o; , lisse ; 3d*~
™>oç , doigt), bept. — Division des Sau-
riens, de la famille des Lacertiens , propo-
sée par MM. Duméril et Bibron (Erp. gen.
V, 1839). (E. D.)
LÉIODERMES. rept. — M. Bory de
Saint-Vincent ( Tabl. erp. et die. class. )
a créé sous ce nom une famille de Reptiles ,
caractérisée par la peau non écailleuse, ne
comprenant que le genre Caecilie , et placée
par l'auteur entre les Ophidiens et les Ba-
traciens. (E. D.)
LEIODES (Xrfoç, lisse), ins.— Genre de
Coléoptères hétéromères, famille des Taxi-
cornes , tribu des Diapériales , créé par La-
treille (Gêner. Crustaceor. et Insect., t. 4,
p. 379), réuni par Dejean comme synonyme
aux Anisotoma de Fab., mais rétabli comme
genre propre par Schmidt (Zeitschrift fur
die entomologie von Germar, 1841, p. 130,
133 ). Ce dernier auteur y introduit les L.
glabra Pz., humeralis , seminulum de F.,
axillaris de Gyll., castanea de Herbst, et
orbicularis de Kugel. La plupart de ces es-
pèces sont propres au centre et au nord de
l'Europe. Les Léiodes ont pour caractères :
Un chaperon séparé de la tête; des mandi-
bules épaisses, presque cachées, légèrement
dentées sur le bord intérieur; des palpes
maxillaires à dernier article ovalaire , acu-
miné; des labiaux à article terminal oblong,
pointu. Le bord postérieur du corselet est
lisse; le mésosternum horizontal, large, et
les tarses antérieurs des mâles sont hétéro-
mères. (C.)
LEIODINA Otfoç, lisse), inf.? syst.? —
Genre établi par M. Bory de Saint-Vincent
pour trois espèces d'Infusoires de Mûller
appartenant au genre Cercaria de ce der-
nier. L'une d'elles, Cercaria crumenula,
est la Furcocerque bourse de Lamarck; les
deux autres, C. vermicularis et C. forcipatay
sont des Trichocerques de Lamarck et des
Dekiniade M. Morren; la dernière espèce a
été placée, par M. Ehrenberg, dans son
genre Distemma. M. Bory de Saint-Vincent
avait voulu caractériser son genre Léiodine
par l'absence des cils vibratiles; aussi le
laissait-il dans son ordre des Gymnodés. Il
lui attribuait aussi une queue bifide , com-
posée d'une sorte de fourreau lâche et comme
musculaire , se contractant ou s'allongeant
au moyen d'anneaux peu distincts. M. Mor
ren, ayant, au contraire, constaté la pré-
sence des cils vibratiles chez les deux der-
nières espèces, en fit son genre Dekinia,
caractérisé d'ailleurs par une trompe pro-
tractile armée de deux pinces mobiles. Une
étude plus complète de ces animaux doit les
faire classer parmi les Rotateurs ou Systo-
lides, avec les Furculaires. Voy. ce mot.
,(Duj.)
*LEIODOMUS. moll. — Genre inutile ,
proposé par M. Swainson , dans son Traité
de malacologie , pour un petit groupe de
Buccins, auquel il donne pour type le Buc-
cinum achatinum des auteurs. Voy. buc-
cin. (Desh.)
*LEIODON (>£îoç, lisse; ISovç, dent).
rept. foss. — Genre de Lacertiens fossiles,
établi par M. Owen pour des dents très voi-
sines de celles du Mosasaurus, provenant
de la chaux de Norfolk. Leur face externe
est aussi convexe que leur face interne , et
leur coupe transversale donne une ellipse
dont les extrémités du grand axe correspon-
dent à deux arêtes tranchantes opposées,
longitudinales, qui séparent la face externe
de la face interne de la dent. (L...D.)
*LEIOLEPIS (;ur0ç, lisse; Wç, écaille).
rept. — G. Cuvier ( Règ. anim. II, 1839)
désigne sous cette dénomination un groupe
de Sauriens qu'il distingue génériquement
des Stellions. Voy. ce mot. (E. D.)
*LEIOLOPISMA (>£?oç, lisse; W<™«,
enveloppe), rept. — Genre de Sauriens de
la famille des Scincoïdiens, établi par
MM. Duméril et Bibron [Erp. gen. V, 1839).
Une seule espèce entre dans ce groupe , c'est
le Leiolopisma Telfairi Dum. et Bibr. (loco
citato), qui se trouve dans les petits îlots de
Coui, de Mire, etc., voisins de l'Ile de
France (E. D.)
LEI
LEI
279
*LEIO"ïYZA ( *eîa , lisse ; myza pour
fjLwîa, mouche), ins. — Genre de Tordre des
Diptères brachocères, famille des Musciens,
tribu des Muscides, établi par M. Macquart
( Hist. des Dipt. , suites à Buffon, tom. II ,
pag. 605) pour une seule espèce, Leiomyza
glabriuscula, qui habite l'Allemagne.
*LEIO.\OTA, Dej. ins. — Syn. d'Holo-
îepta de Paykul et d'Erichson. Voy. ce mot.
*LEIOKOTUS (Atroç, lisse; v£Toç, dos).
ins. — Genre de Coléoptères pentamères,
famille des Hydrocanthares , tribu des Dy-
tiscides, établi par Kirby (Fauna boreali
americana, 1837, p. 77) avec une espèce
du nord de l'Amérique, le L. Franldini de
l'auteur. . (G.)
*EEI01VOTUS. rept.— Groupe établi aux
dépens des Couleuvres. Voy. ce mot.
*LEIOPA, Gould. ois.— Division du g.
Mégapode. Voy. ce mot. (Z. G.)
TEIOPHRON. ins. — Genre de la fa-
mille des Braconides , de l'ordre des Hymé-
noptères, établi par M. Nées von Esenbeck
(Ichn. aflin., 1. 1 ). L'espèce type, Leiophron
ater, se trouve dans plusieurs contrées de
l'Europe. (Bl.)
LEIOPHYLLUM ( Ae?o« , lisse ; <p^°v f
feuille), bot. ph. — Genre de la famille des
Éricacées-Rhododendrées, établi par Persoon
( Encheit. , 1 , 497 ). Arbrisseaux de l'Amé-
rique boréale. Voy. éricacées.
*LEIOPLACIS (tooç, lisse; *>otë,croûte).
ins. — Genre de Coléoptères subpentamères,
famille des Cycliques, tribu des Chrysomé-
lines , formé par Dejean dans son Catalo-
gue , où il en cite deux espèces de l'Améri-
que méridionale, les L. Klugii et consobrina.
Voy. CHRYSOMÉLINES. (C.)
*LEIOPOMIS (A»oç, lisse; «5^, gobe-
let), ins. — Genre de Coléoptères subpen-
tamères, famille des Cycliques, tribu des
Alticites (Chrysomélines de Latreille), établi
par Dejean dans son Catalogue avec une es-
pèce de Cayenne qu'il a nommée L. cro-
cea. (C.)
*LEIOPTERUS, Sch. ins.— Syn. du g.
Otidocephalus. Voy. ce mot. (C.)
*JLEIOPUS (tob;, lisse; ttoûç, pied), ins.
— Genre de Coléoptères subpentamères, fa-
mille des Longicornes , tribu des Lamiaires,
créé par Serville (Ann. de la Soc. ent. de
Fr., t. IV, p. 86), et adopté par MM. Mul-
sant et Dejean. Ce dernier auteur en énumère
dans son Catalogue 40 espèces : 38 appar-
tiennent à l'Amérique et 2 à l'Europe; ces
dernières sont les Cerambyx nebulosus de
Lin., et punctulatus de Paykul. Les types,
L, griseo fasciatus Dej.-Serv., et seniculus
Germ., sont originaires du Brésil. Le nom-
bre des espèces aujourd'hui connues dépasse
60. Les Leiopus se distinguent des Pogono-
cherus par des antennes glabres, par la lon-
gueur du premier article des antennes, et
par la face antérieure de la tête, qui est
longue, plane ou légèrement bombée. (C.)
LEIORREUMA, Eschw. bot. cr.— Syn.
de Graphis, Fr.
*LEIOSAURUS (UToq, lisse; cwîpoç, lé-
zard), rept. — Division des Stellions pro-
posée par MM. Duméril et Bibron ( Erp.
gen. IV, 1837), et ne comprenant que deux
espèces caractérisées par leur tête courte ,
déprimée, revêtue de très petites écailles;
par leur queue courte, arrondie, etc. Les
deux espèces connues sont indiquées sous
les noms deL. Bellii Dum. et Bibr., et de L.
fasciatus Aie. d'Orb. (Voy. Amer, mérid.);
la première a été prise au Mexique et la
seconde à Buénos-Ayres. (E. D.)
*LEIOSELASMA (^oç, lisse; <r Accroc,
lumière) rept. — Lacépède ( Ann. Mus.
IV, 1806) indique sous ce nom un groupe
d'Ophidiens Hydridiens qui ne renferme
qu'une seule espèce , le Leioselasma striatus
Lacép. [loco citato) , qui se trouve à la Nou-
velle-Hollande. (E. D.)
*LEIOSOMA, Chevrolat. ins.— Syn. d7-
somalus, Erichson. Voy. ce mot. (C.)
*LEIOSOM€S(Àeroç,glabre;aw//«>corps).
ins. — Genre de Coléoptères tétramères,
famille des Curculionides gonatocères, di-
vision des Molytides , proposé par Kirby,
publié par Stephens (British Entomology )
sous le nom de Leiosorna, et adopté par
Schcenherr (Syn. gen. et sp. Cnrcul., t. 6,
2e part., p. 315) avec la terminaison mas-
culine. 5 espèces d'Europe font partie du
genre: les L. ovatulus Clairv., cribrum et
concinnus Gr., oblongus et impressus Schr.
Elles faisaient autrefois partie des Liparus
ou Molytes. Leur taille est petite et leur
corps dur à l'égal de la pierre. II est noir
et bisphérique. On trouve ces insectes dans
l'herbe et sur les plantes basses de nos prai-
ries. (C.)
*JLEK)SPERMUM f>~o5, lisse; aniouy,
2S0
LEI
LEJ
graine), bot. ph. — Genre de la famille des
Saxifragacées-Cunoniées, établi par Don (in
Edinb. new philosoph. Journ., IX, 91). Ar-
bres ou arbrisseaux de la Nouvelle-Zélande.
Voy. saxifragacées. — Wall., syn. de Psi-
lotrichum, Blum.
*LEIOSTOMA(*£?oç, lisse; crréf**, ouver-
ture), moll. — Une coquille fossile, extrê-
mement commune dans le calcaire grossier
des environs de Paris, ainsi que dans l'ar-
gile de Londres, le Fusus bulbiformis, est
devenue pour M. Swainson le type d'un g.
nouveau auquel il donne le nom de Leios-
toma. Voy. fuseau.
M. Swainson , oubliant sans doute qu'il
avait déjà appliqué ce nom à un g. extrait
des Fuseaux, l'emploie de nouveau dans le
même ouvrage pour un autre g. extrait du
grand type des Hélices, VHelix %jesicalis. Ce
g., comme on le voit , n'est pas plus utile
que le premier. Voy. hélice. (Desh.)
LÉIOSTOME. Leiostomus {lt~oç, lisse;
«Topa , bouche), poiss. — Genre de l'ordre
des Acanthoptérygiens, famille des Sciénoï-
des, établi par Lacépède, et adopté par
MM. Cuvier et Valenciennes ( Hist. des
Poiss., V, 140). Ces Poissons sont principa-
lement caractérisés par des dents tellement
fines, qu'elles avaient échappé à l'œil de
divers observateurs. On connaît 2 espèces
de ce genre : les Léiostomes a épaule noire
et a queue jaune, l,. humeralis Cuv. et Val.,
et xanthurus Lacép., qui paraissent habiter
Us deux Amériques.
LEIOSTROMA. bot. cr. — Voy. thélé-
PHORE.
*LEIOTHECA, Brid. bot. CR.— Syn.
û'Ulota, Mœhr.
LÉIOTHRICINÉES. Leiothricinœ. ois.
— Section établie dans la famille des Bac-
civoridées, et ayant pour type le genre Leio-
thrix. Voy. baccivoridées et leiothrix.
*LEIOTHRIX, Swains. ois. —Voy. mé-
sange.
*LEIOTULUS. bot. ph.— Genre de la fa-
mille des Ombellifères-Peucédanées, établi
par Ehrenberg (m Linnœa , IV, 400). Her-
bes de l'Egypte. Voy. ombellifères.
*LE1RL3 , Mégerle. ins.— Syn. de Cur-
îonotus de Stephens. (C.)
LEISTES, Vig. ois. —Section de la fa-
mille des Troupiales. Voy. ce mot.
(Z. G.)
*LEISTOTROPIUJS, Perty. ins— Syn.
d'Osorius. Voy. ce mot. (C.)
LE1STUS (XeToç, uni), ins.— Genre de
Coléoptères pentamères, famille des Cara-
biques, tribu des Patellimanes, établi par
Frœhlich et adopté par Dejean, et par La-
treille dans ses derniers ouvrages. 16 espèces
rentrent dans ce genre : 14 appartiennent à
l'Europe et 2 à l'Amérique du Nord. Parmi
les premières, sont les L. spinibarbis, spini-
labris de Fab. et fulvibarbis d'Hoffmansegg,
Dej. Toutes trois se rencontrent aux envi-
rons de Paris, dans les parties montueuses,
sous les pierres, sous les écorces ou au pied
des arbres, et parmi les mousses et les feuil-
les sèches. Les Leistus sont agiles et se dis-
tinguent de tous les autres genres de Cara-
biques par des mâchoires garnies, sur le côté
extérieur, desoies raides, fortes etépineuses.
Ce caractère unique leur avait fait donner
par Latreille le nom générique de Pogono-
phorus , qui n'a pas prévalu. Leur corselet
est cordiforme, et leurs élytres sont ova-
laires.
On doit rapporter à ce genre la Nebria
palpes de Say et de Dejean, qui est originaire
des États-Unis. (C.)
*LEIUPERUS (Aêfoç, lisse; w7T£Pu«,
palais), rept. — Genre d'Amphibiens delà
famille des Crapauds, créé par MM. Du-
méril et Bibron {Erp. gen. VIII, 1840) et
très voisin des Cystignathes , dont il se
distingue par son palais entièrement lisse.
Par leur forme concave, les Leiuperus ont
également quelques rapports avec les Son-
neurs. Une seule espèce entre dans ce groupe,
c'est le L. marmoratus Dum. et Bibr., de
l'Amérique du Sud. (E. D.)
*LEJA (>aa, butin), ins.— Sous-genre de
Coléoptères pentamères, famille des Cara-
biques, tribu des Subulipalpes, proposé par
Mégerle et adopté par Dejean , comme for-
mant une des divisions du grand genre Bem-
bidium. 28 espèces y sont rapportées par ce
dernier auteur:25 appartiennent à l'Europe, ;
et 3 à l'Amérique. Parmi les espèces de
notre pays, nous citerons lesCar.pygmœus, "'■
celer, minutus, gutlula et bi-guttatus de Fab.
Les Leja sont petits, vifs, verts, noirs et
brillants; leurs élytres sont souvent mar-
quées, vers l'extrémité, d'une tache pâle »u
rouge. Ils fréquentent les endroits maréca-
geux. (C)
LEM
LELIA. Lœlia. bot. ph. — Genre de la
famille des Orchidées -Épidendrées , établi
par Lindley (Bot. reg., t. 1947), et pré-
sentant pour caractères principaux : Divi-
sions du périgone étalées : les extérieures
lancéolées, égales ; les intérieures plus gran-
des, charnues. Labelle 3-parti, lamelle, s'en-
roulant autour du gynostème ; celui-ci est
charnu, dépourvu d'ailes, canaliculé. An-
thères Pollinies 8, caudicules 4. Les
lias sont des herbes du Mexique, croissant
sur les arbres , à rhizome pseudobulbifère ;
a feuilles charnues ; à fleurs peu nombreu-
ses, apparentes , odoriférantes, et disposées
en scapes terminaux.
Nous avons figuré dans l'Atlas de ce Dic-
tionnaire , Botanique, Monocotylédones ,
pi. 19 , une belle espèce de ce genre, le
LÉLIA FAUX CATTLEYA.
LEMA (iatpw, voracité), ins. — Genre
de Coléoptères subpentamères , famille
desEupodes, tribu des Criocérides, créé
par Fabricius ( Entomologia systematica
supp., p. 90), et adopté par M. Th. Lacor-
daire (Monographie des Coléoptères subpen-
tamères phytophages, p. 303), qui y établit
6 divisions , et y comprend les Petauristes
de Latreille et de Guérin. M. Lacordaireen
conservant les g. Lema etCrioceris, dont le
second n'était regardé que comme syno-
nyme du premier, distingue les premiers des
seconds, par les tarses qui, chez ceux-là,
ont des crochets soudés à la base dans le
tiers , la moitié ou les deux tiers de leur
longueur. Ces tarses sont simplement divisés
dans les Crioceris. Les espèces qui consti-
tuent ce g. (273) sont réparties sur tout le
globe. Les larves de ces Insectes traînent
avec elles, sur les plantes qui les nourrissent,
un fourreau formé des excréments humides
qu'elles rendent, et qui doit les préserver
de l'action trop vive de l'air et de l'avidité
des oiseaux. (C.)
LEMAKEA. bot. cr. — Genre d'Algues,
famille des Phycées , tribu des Lémanées ,
établi par M. Bory de Saint-Vincent (Dict.
cîaiS.f IX, 274 ). Algues d'eau douce, de
couleur olivâtre. Voy. phycées.
LÉMANÉES. Lemaneœ. bot. cr. — Tribu
des'Phycées. Voy. cemot.
LEMAMNA, Bor. bot. cb. — Syn. de
Batrachospermum, Roth.
LÉ3IAMTE. min.— Le Jade de Saussure,
T. VII.
LEM
281
qu'on trouve en morceaux roulés, sur les
bords du lac Léman. (Del.)
*LEMBOSIA (A«>ffoç, barque), bot. cr.
— Genre de Champignons de la classe des
Thécasporés , que j'ai décrit {Ann. se. nat.,
1845 , p. 58^, et qui a quelques rapports
avec les Asteroma de De Candolle. Il se pré-
sente sous la forme de petites taches noires
formées par un subiculum composé de fila-
ments rameux, très petits, adhérents à la
surface des feuilles. Ces filaments suppor-
tent çà et là des petits réceptacles ovales ou
allongés qui s'ouvrent par une fente longi-
tudinale ; ils renferment une petite masse
charnue, formée de thèques presque globu-
leuses , dans lesquelles on voit de 6 à 12
spores ovales divisées en deux par une cloi-
son médiane. On n'en connaît encore que
quelques espèces , qui sont toutes exotiques
et épiphylles. (Lév.)
*JLEMBUEUS (tipSoç , barque), moll.—
M. Leach, en examinant les espèces du g.
Nucule, reconnut u»n certain nombre d'es-
pèces portant un ligament sur un cuilleron,
à l'intérieur de la charnière , tandis que
d'autres l'ont à l'extérieur. C'est avec ces
espèces à ligament interne que M. Leach a
fait le g. mentionné; et £i on l'adoptait,
ainsi que le Leda de M. Schumacher, il en
résulterait la disparition complète du g.
Nucule de Lamarck. Ce g. ne peut donc
être adopté. Voy. nucule. (Desh.)
*LEMIDIA. ins.— Genre de Coléoptères
tétramères, famille desMalacodermes, tribu
des Clairones, établi par M. Spinola (Essai
monographique sur les Clérites, 1844, t. II,
p. 32-35), qui le comprend parmi ses Clé-
rites hydnocéroïdes. Ce genre ne renferme
qu'une espèce, la L. nitens de Newm., qui
est originaire de la Nouvelle-Hollande. (C.)
LEML\G. mam. — Voy. lemming.
*LEMMATIUM. bot. ph.— Genre de la
famille des Composées -Sénécionidées, établi
par De Candolle (Prodr., V, 669). Arbris-
seaux du Brésil. Voy. composées.
*LEAIMATOPHILA(V£>va, lentille d'eau;
9caoî, qui aime), ins. — Genre de l'ordre
des Lépidoptères nocturnes , famille des
Pyraliens, tribu des Tinéides, établi par
Teitschke, et distingué des autres genres
de la même famille par des palpes falqués ,
à dernier article très grêle, et par des an-
tennes pectinées dans les mâles. M. Dupon-
3G
28*2
LEM
LEM
chel (Hist. des Lépid. d'Europe, tom. XI,
pag. 47) en décrit 3 espèces, dont le type
est la Lemmatophila phryganella, commune
en France, surtout aux environs de Paris.
LEMMERGEYER. ois. — Nom vul-
gaire que porte dans les Alpes le Gypaète
barbu. (Z. G.)
*LEMMINA. mam. — Division des Ron-
geurs comprenant plusieurs groupes dont le
principal est celui des Lemmings. (;E. D.)
LEMMING. mam. — Espèce et sous-genre
de Campagnols. Voy. ce mot.
*LEMM0M1'S {Lemmus, Lemming; fiç,
rat), mam. — Genre de Mammifères de l'or-
dre des Rongeurs , proposé par M. Lesson
(Nouv. Tab. Mamm., 1842), et formé aux
dépens des Bathyergus. Ce groupe ne com-
prend qu'une seule espèce, décrite par Pal-
las sous le nom de Mus talpinus, indiqué
par Erxleben sous la dénomination de Spa-
îax minor, et qui se trouve dans les step-
pes d'Astracan. (E. D.)
LEMMUS. mam. — Voy. campagnol.
LEMNA. bot.ph. — Voy. lenticule.
*LEMNACÉES. Zemnaceœ. bot. ph.— -Fa-
mille monocotylédone qui se compose d'un
nombre peu considérable de végétaux très
petits, remarquables sous plusieurs rap-
ports. Leurs diverses espèces connues jus-
qu'à ce jour vivent dans les eaux douces et
stagnantes , sur toute la surface du globe,
mais surtout dans les parties tempérées de
l'hémisphère nord. Elles s'y multiplient si
facilement et en si grande abondance , que
souvent elles cachent absolument la sur-
face de l'eau sous une couche continue d'un
vert gai. L'organisation de ces petites plan-
tes , vulgairement connues sous le nom de
lentilles d'eau , à cause de la forme sous
laquelle elles se présentent le plus habi-
tuellement, a été étudiée avec soin par plu-
sieurs observateurs, parmi lesquels nous
citerons particulièrement MM. L. C. Ri-
chard {tieliquiœ Richardianœ, etc. Archiv.
de Botan., t. I, p. 200, plane. 7), Ad.
Brongniart (Note sur la structure du fruit
des Lemna, Archiv. de Botan., t. II, p. 97,
plane. 12), Schleiden (Prodromus mono-
graphiœ Lemnacearum, etc. Linnaea, 1839,
p. 383-392). C'est en grande partie d'a-
près ces célèbres observateurs que nous
«lions exposer les caractères et la struc-
ture des Lemnacées.
Ce sont de petites herbes entièrement
libres qui nagent à la surface des eaux
douces ou qui y sont parfois submergées;
elles présentent une ou plusieurs racines
qui s'enfoncent "verticalement dans l'eau
et dont chacune porte, à son extrémité, une
sorte de coiffe ou de petit étui lâche ; cette
coiffe ou gaîne est formée d'un tissu cellu-
laire assez consistant, dans l'intérieur du-
quel Meyen a observé le phénomène de la
rotation; elle donne à l'extrémité de ïa
racine des Lemnacées un diamètre nota-
blement plus considérable que dans le,
reste de son étendue. Elle a été envisagée;
de diverses manières depuis Wolf, qui le
premier l'a observée avec soin; les uns
l'ont regardée comme une portion de l'é-
piderme de la racine qui se serait déta-
chée; M. Treviranus a même dit qu'elle
pouvait se reproduire après avoir été enle-
vée , ce que Meyen affirme n'avoir jamais
pu observer; d'autres ont pensé que c'est
une modification de la spongiole de la ra-
dicule; enfin M. Schleiden, rejetant l'une
et l'autre de ces opinions , y voit un organe
propre qui existe déjà lorsque la racine
n'a pas encore fait saillie hors du tissu
même de la plante. Le corps même du vé-
gétal est formé, chez les Lemnacées, de
petites expansions le plus souvent de la
forme et de la grosseur des lentilles, dont
la première, formée à la germination, donne
naissance aune seconde, une troisième, etc.,
qui sortent de fentes creusées au bord
même de l'expansion lenticulaire. Ces ex-
pansions sont désignées sous le nom de
fronde; elles représentent à la fois la tige
et les feuilles de ces petites plantes. C'est
également des fentes latérales de la fronde
que sortent les fleurs. Ces fleurs sont dif-
ficiles à rencontrer à cause de leurs petites
dimensions et parce qu'elles paraissent rie
se développer que rarement. Cependant
M. Schleiden assure que toutes les fois qu'il
les a cherchées en temps convenable, au
premier printemps, il les a observées en
abondance sur la plupart des espèces. Ces
fleurs sont monoïques, pourvues pour toute
enveloppe d'une spathe d'abord fermée,
membraneuse , qui se déchire irrégulière-
ment pour laisser sortir les organes sexuels^
Les mâles renfermées dans cette spathe,
au nombre de 1 ou 2, présentent chacune
LEM
IEM
233
une étamine dont le filet est nniorme,
allongé, dont l'anthère est à deux loges
presque globuleuses, très écartées Tune de
l'autre à la base, contiguës au sommet,
subdivisées en deux logettes, s'ouvrant par
une fente longitudinale. Le pollen est glo-
buleux, hérissé. La fleur femelle est uni-
que, renfermée dans la même spathe; elle
se compose d'un pistil sessile, dont l'ovaire
est uniloculaire, à un ou plusieurs ovules
anatropes, demi-anatropes ou orthotropes,
pourvus de deux téguments; le style est
terminal et continua l'ovaire, dilaté à son
extrémité en un stigmate infundibuliforme.
Le fruit qui succède à ces fleurs est un
utricule indéhiscent mono- ou polysperme,
ou bien une capsule qui s'ouvre transver-
salement. La graine est pourvue de deux
téguments, dont l'extérieur est assez épais,
l'intérieur membraneux. L'embryon a été
décrit dans les sens les plus divergents par
M. Brongniart d'un côté, par M. Schleiden
de l'autre. Selon le premier de ces savants
(loc. cit., p. 99), il est dépourvu de péri-
sperme ou d'albumen, presque cylindrique,
de forme analogue à celle de la graine; sa
radicule (ou plutôt la base de sa tigelle)
répondant au sommet libre du nucléus,
enfermée dans la fente du cotylédon, est
comprimée, lunulée, adhérente au corps
cotylédonaire par un pédicelle étroit; son
cotylédon est épais, farineux, verdâtre
vers sa base , creusé inférieurement d'une
cavité où est renfermée la radicule , enve-
loppant, plus bas que son point central , une
petite gemmule ovoïde, presque globuleuse,
percé dans le sens de son axe, depuis la
gemmule jusqu'à la chalaze, d'une cavité
allongée, occupée par un tube membra-
! neux , sinueux , rempli de globules denses,
j Au contraire , la description de M. Schlei-
; den ne signale absolument aucune de ces
particularités singulières ; selon lui , l'em-
bryon est droit, logé dans l'axe d'un albu-
men charnu; il est monocotylédone; sa
! gemmule regarde en dehors ; sa radicule
, est supère , ou infère, ou vague. Entre ces
deux descriptions si discordantes , ducs à
deux observateurs d'une exactitude recon-
nue, il serait très difficile de se prononcer;
mais nous savons de bonne source que
M. Ad. Brongniart, ayant eu occasion,
l'an dernier, de revenir sur ses premières
observations, qui remontent à 1826, n'a
pas retrouvé l'organisation singulière qu'il
avait d'abord signalés. Il en résulterait
donc que la description donnée par
M. Schleiden devrait être regardée comme
plus conforme à la nature.
La place des Lemnacées parmi les fa-
milles monocotylédones n'est pas parfai-
tement déterminée; M. Schleiden en fait
une simple tribu dans la famille des Aroï-
dées, tandis que la plupart des botanistes
y voient une famille distincte qu'ils pla-
cent parmi les monocotylédones aquati-
ques , à la suite des Naïadées. Mais si l'on
admet avec M. Schleiden que leur embryon
est pourvu d'un albumen, elles formeront
une exception remarquable parmi les mo-
nocotylédones aquatiques, dont la graine
est dépourvue d'albumen.
Dans sa monographie des Lemnacées,
M. Schleiden a subdivisé le genre Lemna,
L., qui seul constituait la famille, en
quatre genres distincts.
Wolfia, Horkel ( Lemna hyalena Delile)
Lemna, Schleid. — Telmatophace, Schleid.
(Lemna Gibba Lin.) — Spirodela, Schleid.
(Lemna polyrhiza Lin.). (P. D.)
LEMN1SCIA, Schreb. bot, ph.— Syn. de
Lantanea, Aubl.
*LEM1VISQUE. Lemniscus (Uii.vlaxoq, co-
rymbe). acal. — Genre de l'ordre des Bé-
roïdes , proposé par MM. Quoy et Gaimard
pour un Acalèphe large de 60 centimètres
sur 4 centimètres de hauteur, hyalin, bordé
de rose , trouvé dans les mers équatoriales ,
près de la Nouvelle-Guinée. Son corps est
gélatineux, en forme de ruban , lisse , ho-
mogène , sans ouverture ni canal dans son
intérieur, sans cils ni franges sur ses bords.
D'après ces caractères vagues ou négatifs ,
on ne peut donc l'inscrire qu'avec doute
parmi les Acalèphes, auprès des Cestes.
Peut-être est-ce un amas d'eeufs de Mollus-
ques, comme ceux des Doris. (Duj.)
LEMMSQUE. rept. — Espèce du genre
Couleuvre.
LEMONIA. bot. ph.— Genre de la famille
des Diosmées, établi par Lindley (in Bot.
reg., 1840, t. 59). Arbrisseau des Antilles.
Voy. diosmées. — Pers. , syn.de Gladiolus,
Linn.
LEMOSTHENUS. ins. — Voy. l/oios-
THENUS.
284
LEN
LEN
*L£MPHUS (Tcpyoç, simplicité), ins.—
Genre de Coléoptères pentamères, famille
des Malacodermes, tribu des Malachiens,
créé par Erichson (Entomographien, 1840,
p. 132), pour une espèce de la Guyara,
nommée par l'auteur L. mancus. (C.)
LÉMUR. mam. — Voy. maki.
LÉMURIENS. Lemuridœ, Gray. mam.—
Famille de Tordre des Quadrumanes , éta-
blie par M. E. Geoffroy-Sain t-Hilaire et
adoptée par tous les zoologistes. Les Lému-
riens , qui sont vulgairement désignés sous
le nom de Faux-Singes, à cause de leurs
nombreux rapports avec les Singes propre-
ment dits, sont principalement caractérisés
par leurs incisives , au nombre de quatre
à chaque mâchoire ; par l'ongle de leur
deuxième doigt des pieds de derrière en
alêne , et par leurs narines terminales et
sinueuses.
Ces Quadrumanes, désignés par Linné
sous le nom de Lémur (Maki ) , compren-
nent les genres Indri , Maki, Loris, Nyc-
ticèbe, Galago , Tarsier, etc., d'après G.
Cuvier et la plupart des zoologistes. Dans
ces derniers temps, M. Lesson (Nouv. Tab.
du Règ. anim. Mamm., 1842) les a subdi-
visés en deux familles distinctes , celles des
Lemuridœ et des Pseudolemuridœ , et il a
créé un grand nombre de genres qui n'ont
pas encore été caractérisés : dans les Lemu-
IUDJ2 , il place les g. Pithelemur , Semnoce-
buSy Cebugale , Myscebus, Gliccbus , Mioxi-
cebus, Propitheous, Lemur, Potto , Bradij-
lemur, Arachnocebus , Galago , Taisius et
Hypsicebus; dans les Pseudolemuridœ, il
met les g. Galeopithecus , Galeolemur, Mys-
pithccus, Pithecheir, Bradypus et Cerco-
leptes. (E. D.)
LEMURIN.E, Gray. mam. — Syn. de
Lémuriens.
LEMURINI, Bonaparte, mam. — Syn.
de Lémuriens.
*LENDïX. moll.— Humphrey, dans le
Muséum calonnianum, a proposé sous ce nom
un g. correspondant à celui de Pupa, éta-
bli par Lamarck. Voy. maillot. (Desh.)
LEMDÏA, Th. bot. ph. —Syn. àeWor-
mia, Rottb.
*LENNOA, Llav. et Lex. bot. ph.— Syn.
de Corallophyllum, H. B. K.
LEftTAGINE. bot. ph. — Voy. viorne.
LENTE, ins. — Voy. pou.
LENTIBULARÏA, Vaill. bot. pu. -Syn1
d' Urliculariar Linn.
LENTIBULARIÉES. Lentibularieœ. sot.
ph. — Vaillant avait établi sous le nom de
Lentibularia le genre pour lequel on a, de-
puis Linné, adopté généralement le nom
d'Utriculaire, nom dû aux petites utricules
dont sont chargées ses feuilles cachées sous
l'eau, où elles se soutiennent par ce moyen ;
et la forme de ces utricules, assez semblable
à celle d'une lentille, avait déterminé le
choix du nom de Vaillant. Ceux qui l'ont
conservé d'après lui, comme L.-C. Richard,
ont dû appeler Lentibulariées la famille à
laquelle ce genre sert de type , et qui est
plus communément admise sous celui d'U-
tricularinées. Voy. ce mot. (Ad. J.)
EENTICELLE. bot. — De Candolle a
donné ce nom à des sortes de petites taches
ou plutôt de petites verrues qui se trouvent
à la surface de l'écorce chez un très grand
nombre de végétaux , et particulièrement
chez nos arbres dicotylédones. Examinées
sur une tige jeune ou vers l'extrémité d'une
branche, les Lenticelles se montrent sous la
forme de points saillants, inégaux à leur
surface , ovales ou arrondis ; de là leur est
venu leur nom, qui indique leur ressem-
blance avec une petite lentille qui serait
appliquée à la surface de l'écorce. Plus
tard, et à mesure que la tige ou la branche
avance en âge , généralement leur forme
change; cédant au tiraillement qui s'exerce
sur elles par suite du grossissement des
parties qui les portent, elles s'allongent dans
le sens horizontal, et elles finissent souvent
par prendre l'apparence de lignes transver-
sales plus ou moins longues. L'un des ar-
bres sur lesquels on peut le plus aisément
observer ces modifications de forme par
suite des progrès de l'âge , est notre Aune
commun (Alnus glutinosa Gaertn.).
Que sont ces petits organes? Quelle est
leur structure, et à quelles fonctions ont-
ils été destinés? Ce sont là des questions qu;
ont beaucoup occupé les botanistes, et sur
lesquelles il a été écrit d'importants mé-
moires. Nous ne pouvons dès lors nous dis-
penser de présenter ici un résumé succinc
des principales opinions qui ont été émis&3
à ce sujet.
Le premier observateur qui ait porté son
attention sur les Lenticelles est Guettard,
Lr:^
285
qui vit en elles des organes glanduleux, et
qui leur donna, par suite de cette manière
de voir et en raison de leur forme, le nom
de glandes lenticulaires. Il est inutile de
faire observer que cette opinion et ce nom
ont été reconnus depuis longtemps absolu-
mentdépourvus de fondement. Auneépoque
peu éloignée de nous, De Candolle fit diver-
ses expériences pour reconnaître la nature
et les fonctions de ces mêmes organes ; il
consigna les résultats de ses recherches et
l'expression de sa manière de voir dans un
Mémoire (1) intitulé : Premier Mémoire sur
les Lenticelles des arbres et le développement
des racines qui en sortent (Ann. des se. nat.,
vol. VII, 1826, pag. 5). Le titre seul de ce
travail indique l'opinion de cet auteur. En
mettant dans l'eau des boutures de Saule
ou d'autres végétaux ligneux, il avait cru
reconnaître que les racines qui se dévelop-
paient sur ces branches se formaient tou-
jours aux points occupés par les Lenticelles,
et il en avait conclu que celles-ci ne sont
autre chose que des sortes de bourgeons de
racines. Ainsi, selon De Candolle, « les Len-
» ticelles sont, relativement aux racines, ce
» que sont les bourgeons relativement aux
«jeunes branches, c'est-à-dire des points
» ae la tige où le développement des racines
» est préparé d'avance , et d'où naissent
» celles qui se développent le long des bran-
» ches des arbres, soit à l'air, soit dans l'eau
« ou dans la terre. »
L'opinion de De Candolle fut d'abord
adoptée par la plupart des botanistes ; même
M. Ern. Meyer établit {Linnœa , tom. VII,
pag. 447 ) pour elles une classification pa-
rallèle à celle qu'il adoptait pour les bour-
geons, et il distingua des Lenticelles princi-
pales ou fondamentales (Hauptlinsen), qu'il
comparait aux bourgeons axillaires ; desLen-
iicelles accessoires (Beilinsen) analogues aux
bourgeons accessoires ; enfin des Lenticelles
éparses (Zerstreute Linsen) , comparables aux
bourgeons adventifs. Il alla jusqu'à admet-
tre l'existence de ces bourgeons de racines,
même chez les monocotylédons et chez les
(i) Dans son Mémoire sur les Lenticelles, De Ondolle en
«nnonre un serond écrit sur le même objet. Cependant ce se-
cond travail n'existe pas; du moins je n'.ii pu le découvrir
en le cherchant avec soin, etil n'est pas cité clans les list.s
les plus complètes des ouvrages du célèbre botaniste gène-
végétaux herbacés où De Candolle ne les
avait pas observés.
D'un autre côté, M. Hugo Mohl combat-
tit, et, peut-on dire, renversa, dès 1832,
l'opinion de De Candolle. Dans un premier
écrit portant le titre suivant : Les Lenticelles
doivent-elles être considérées comme des bour-
geons de racines? (Sind die Lenlicellen als
Wurzelknospen zubelrachten? Flora, 1832,
I; Vermischle Schriften, pag. 229) , il prouva
que la théorie de De Candolle reposait sur
une erreur d'observation; il vit que lors-
qu'on met dans l'eau une branche de Salix
viminalis, par exemple, les Lenticelles se
gonflent, la peau brune qui les recouvrait
d'abord se rompt, et par la déchirure , on
voit une masse de cellules blanches; que
cette masse celluleuse grossit , se divise en
lambeaux irréguliers, fait saillie à la surface
de la branche; mais que jamais on n'en voit
sortir des racines, si ce n'est peut-être dans
un très petit nombre de cas exceptionnels;
que, d'un autre côté , sur des points indé-
terminés et épars de la surface corticale
submergée, on voit paraître de petites émi-
nences qui soulèvent d'abord l'épiderme, le
crèvent ensuite, mettant ainsi à découvert
le parenchyme vert sous-jacent, et qu'enfin
de cette ouverture percée dans l'épiderme
sort bientôt la jeune racine, qui n'a dès lors
aucun rapport avec les Lenticelles. Dans un
second Mémoire plus étendu , et portant le
litre de : Recherches sur les Lenticelles ( Un-
tersuchungen uber die Lenlicellen , dissert,
de 1836; Vermischle schriften,\>. 233-244),
il acheva de renverser l'opinion du botaniste
de Genève; et, après avoir fait connaître
l'organisation de ces petits organes, il pro-
posa lui-même une nouvelle théorie à leur
égard. Le savant Allemand reconnut qu'une
Lenticelle n'est autre chose qu'un amas de
cellules blanches , arrondies ou allongées,
disposées en séries perpendiculaires à l'é-
corce ; que la portion supérieure de cette
masse celluleuse est desséchée, et forme la
peau brune de la Lenticelle; que celle-ci
repose dans un petit enfoncement que pré-
sente la couche extérieure du parenchyme
vert de l'écorce; que là les cellules des cou
ches corticales extérieures sont perpendicu-
laires à l'épiderme, tandis que partout ail-
leurs elles sont dirigées dans le sens trans-
versal ; enfin que la partie sous-jacente da
286
LEN
l'écorce n'a pas subi d'altération appréciable.
Envisageant ensuite les Lenticelles sous le
point de vue théorique, M. Hugo Mohl émit
l'opinion que leur formation est analogue à
la production du Liège ; qu'une Lenticelle
n'est qu'une production subéreuse partielle
qui ne provient pas , comme le vrai Liège ,
de la surface du parenchyme cortical ex-
terne, mais qui doit son existence à une hy-
pertrophie ( Wucherung ) du parenchyme
cortical interne.
L'année même de la publication du der-
nier écrit de M. H. Mohl , M. Unger publia
dans le Flora un Mémoire étendu sur les
Lenticelles (Ueber die Bedeutung der Lenti-
cellen. Flora, 1836, p. 577-592 et 593-606).
Il fît connaître un fait remarquable qui
avait échappé à M. H. Mohl lui-même, sa-
voir : que les Lenticelles ne se développent
sur les branches qu'aux points où se trou-
vent les Stomates. Il les regardait alors,
d'un côté, comme des organes respiratoires
oblitérés; de l'autre, comme des organes
reproducteurs , analogues aux bulbilles des
Jongermannes, etc., qui n'auraient pas at-
teint leur état de développement parfait.
M. Unger paraît avoir changé de manière
de voir depuis la publication de son grand
Mémoire ; car, dans les Éléments de bota-
nique , qu'il a publiés en commun avec
M. Endlicher ( Grundziige der Botanik ,
1843 , § 251 , pag. 99 ) , il s'est rangé à la
théorie de M. H. Mohl.
On voit donc, par l'exposé rapide que nous
venons de faire , que l'opinion de De Can-
dolle est absolument dépourvue de fonde-
ment, et que celle qui paraît avoir pour elle
le plus de probabilité est celle de M. H.
Mohl , qu'appuient l'observation microsco-
pique et l'expérience; que, par suite, les
Lenticelles sont des productions analogues à
celle du Liège , mais très restreintes et ré-
duites à des points peu étendus, et qu'elles
sont absolument sans relation avec les ra-
cines , qui apparaissent sur de tout autres
points et se forment de tout autre ma-
nière. (P. D.)
LENTICULAIRES ou PIERRES LEN-
TICULAIRES. — Voy. LENTICULITES.
LENTICULE. Lemna. bot. ph. — Ce
genre, qui correspondait à la famille entière
des Lemnacées,aété restreint par M. Schlei-
den , et réduit par ce botaniste aux Lemna
LEN
minor et trisulca de Linné. Voy. lemna-
cées. (P. D.)
LENTICULITES ou LENTICULINES.
polyp.— Corps fossiles analogues aux Num-
mulites (voy. ce mot), dont ils diffèrent par
ce que les cloisons intérieures s'étendent
jusqu'au centre, et parceque l'ouverture est
toujours visible. (Duj.)
*LENTIDIUM. moll.— MM.Jan et Cris-
tofori ont proposé sous ce nom un petit g.
pour le Corbula mediterranea ; mais il ne
saurait être adopté, car l'animal que nous
avons vu ne diffère pas de celui des autres
Corbules. Voy. corbule. (Desh.)
LENTILIER. poiss. — Syn. d'Achire.
*LENTILLAIRE. Lentillaria. moll.—-
M. Schumacher avait reconnu , parmi les
Cythérées de Lamarck, quelques espèces qui
s'en distinguent assez facilement. Ces espè-
ces, en effet, appartiennent réellement au
genre Lucwie, ce que nous avons démontré
de la manière la plus évidente en discu-
tant leurs caractères. M. Schumacher ne
reconnut pas leur véritable genre, ce qui le
conduisit à en proposer un particulier, qui
ne saurait être adopté. Voy. cythérée et
lucine. (Desh.)
LENTILLE. Ervum. bot. ph. — Genre
de la famille des Papilionacées, de la dia-
delphie-décandrie dans le système sexuel.
Il se compose de plantes herbacées annuelles,
qui croissent naturellement dans les parties
tempérées de l'hémisphère nord; leur feuil-
les sont pennées, à folioles nombreuses, ter-
minées par une vrille, accompagnées de sti-
pules demi-ovales ou demi-sagittées. Leurs
fleurs sont portées sur des pédoncules axil-
laires allongés ; elles se composent d'un ca-
lice à 5 divisions linéaires, acuminées, pres-
que égales entre elles; d'une corolle papii-
lonacée qui dépasse à peine le calice; de 10
étamines diadelphes ; d'un ovaire sessile ,
renfermant un petit nombre d'ovules, sur-
monté d'un style filiforme, ascendant, ren-
flé au-dessous de son extrémité stigmatique;
le légume qui succède à ces fleurs estoblong,
comprimé, à 2-4-6 graines. Parmi les es-
pèces de ce genre, il en est deux sur les-
quelles nous devons nous arrêterun instant.
1. Lentille commune , Ervum Lens Lin.,
nommée aussi vulgairement grosse Lentille,
Lentille blonde ou rouge, selon les variétés,
ou simplement Lentille. Sa tige est rameuse
LEN
et anguleuse, légèrement velue, peu élevée;
ses feuilles sont formées de 8-10 folioles
oblongues , un peu obtuses au sommet,
presque glabres; la vrille qui termine le pé-
tiole commun est courte; les pédoncules
portent 2-3 fleurs blanchâtres , à étendard
•égarement rayé de violet , et ils égalent en
longueur les feuilles ; le légume est large et
court, presque tronqué à son extrémité,
glabre; il renferme 2 ou 3 graines arron-
dies §t comprimées. Cette plante croît spon-
tanément parmi'les blés; on la cultive fré-
quemment, surtout aux environs de Paris,
pour ses graines dont on fait une consom-
mation considérable. On en cultive deux
variétés principales, qui se distinguentl'une
de l'aulre par la largeur et la couleur de
leurs graines : Tune est la grosse Lentille
blonde, remarquable par ses graines larges
et de couleur claire, qui entre dans les cul-
tures pour la plus grande partie, principa-
lement dans nos départements du centre et
du nord ; l'autre est la Lentille à la reine ,
ou la Lentille rouge, dont la graine est beau-
coup plus petite, plus convexe proportion-
nellement à sa largeur, et qui est la plus cul-
tivée dans certains de nos départements mé-
ridionaux. On a de l'avantage à cultiver la
Lentille dans les terrains secs et sablon-
neux, dans lesquels elle fructifie plus abon-
damment que dans les sols gras où elle de-
vient plus haute, mais où elle produit moins.
On la sème au commencement du printemps.
Tout le monde connaît l'importance des
usages économiques de la Lentille. On a
aussi quelquefois recours à elle en méde-
cine. Ainsi sa farine est regardée comme
résolutive, ce qui la fait employer dans cer-
tains cas en cataplasmes; on a même dit
que, préparée en guise de café, elle agit
comme un puissant diurétique. Depuis quel-
ques années, la farine de Lentilles est de-
venue l'objet d'une grande exploitation de
la part d'un M. Warton, qui l'a érigée en un
médicament de la plus heureuse efficacité.
2. Lentille ervilier, Ervum ervilia Lin.,
vulgairement nommée Ers, Alliez, Comin.
ilette espèce est glabre dans toutes ses par-
ties. Sa tige est faible, très rameuse, et s'é-
lève un peu plus haut que chez la précé-
dente; ses feuilles sont formées de i2-l6
folioles oblongues, munies à leur sommet
i'une très petite pointe ; leur pétiole se ter-
LEN
287
mine en une petite vrille simple , très
courte. Les pédoncules sont plus courts
que les feuilles, et portent ordinairement
deux fleurs pendantes , blanchâtres,
légèrement rayées de violet. Les divi-
sions du calice sont très étroites, beaucoup
plus longues que le tube. Le légume est
toruleux, à 4 graines arrondies et anguleu-
ses. Cette espèce croît naturellement dans
les champs; elle est cultivée comme four-
rage dans diverses contrées; cependant son
herbe ne doit être donnée aux animaux
qu'en quantité modérée , parce qu'elle les
échauffe, et peut leur devenir nuisible.
Quant à sa graine, on la donne aux Pigeons
et à la volaille, mais elle les échauffe aussi,
lorsqu'ils la mangent en trop grande quan-
tité; il paraît même qu'elle peut les faire
périr lorsqu'ils s'en gorgent. Sa farine est
résolutive, et s'emploie assez souvent en ca-
taplasmes ; mêlée au pain, elle devient nui-
sible; l'on assure qu'elle donne des fai-
blesses dans les jambes et même des para-
lysies. Cultivé à titre de fourrage, l'Ers se
recommande particulièrement comme réus-
sissant très bien dans les terres sèches et
calcaires. Dans les départements méridio-
naux, on le sème surtout en automne; mais
dans les parties plus septentrionales de la
France, il est beaucoup plus avantageux
d'en faire les semailles au printemps. Cette
plante enterrée toute fraîche, et à l'époque
de la floraison, est regardée comme un ex-
cellent engrais végétal. (P. D.)
*LENTINUS (lentus, souple, flexible).
bot. cr. — Genre établi par le professeur
Fries , en raison de sa consistance : c'est le
plus beau de la nombreuse famille des Aga-
ricinés. Quoiqu'on reconnaisse au premier
coup d'œil les individus qui appartiennent
à ce genre, il est cependant difficile de lui
assigner des caractères qui conviennent à
tous. Ce sont des Agarics proprement dits,
mais dont la consistance est coriace, souple
et flexible , qui croissent lentement, et qui
persistent longtemps; comme ceux-ci, on
les trouve isolés ou groupés en plus ou moins
grand nombre. Le mycélium d'où ils nais-
sent est nématoïde , caché dans le bois dé-
composé ou dans la terre ; le L. Tuber re-
gium seul , jusqu'à ce jour, a présenté uo
énorme sclerotium à sa base. Le pédicule est
central, excentrique, latéral ou nul, plein,
288
LEN
LEO
rarement fistuleux, coriace, souple, élasti-
que , quelquefois d'une consistance presque
ligneuse; il est cylindrique ou atténué à
l'une de ses extrémités , terminé en pointe,
arrondi ou dilaté en forme de disque. Gé-
néralement il ne tient au chapeau par
aucune partie accessoire ; dans quelques es-
pèces , il existe un léger voile ûlamenteui ,
et dans le L. daclyliophorus, il y a un véri-
table anneau; sa surface est lisse, écail-
leuse , tomenteuse ou hérissée de poils. Le
chapeau ressemble quelquefois à un enton-
noir parfait; le plus ordinairement il est
convexe et plus ou moins déprimé au cen-
tre ; la marge est, surtout dans le jeune âge,
fortement repliée en dessous. Les lames
adhèrent constamment au pédicule ; presque
toujours très aiguës aux deux extrémités,
généralement minces et très rapprochées,
elles sont décurrentes depuis le plus petit
jusqu'au plus haut degré; leur marge est
tantôt entière , tantôt finement denticulée.
Dans quelques espèces, elles sont égales,
comme dans les Russula , mais le plus sou-
vent d'inégale longueur (polydynames), et
quelquefois dichotomes. Leur couleur varie;
il y en a de blanches , de safranées , de
rousses, et même qui sont presque noires ;
elles sont souvent chatoyantes ( lamelles vi-
brantes, ludentes ) ; les L. Decaisneanus et
polychrous en présentent les plus jolis exem-
ples. La disposition des spores n'a pas en-
core été étudiée sur le vivant; mais la
conformité de structure que les Lentinus
ont avec les Agarics ne permet pas de sup-
poser qu'elle puisse être différente; elles
sont blanches ou jaunes. De tous les Aga-
ricinés, ce sont les Lentinus qui se conser-
vent le mieux; par la dessiccation , ils ne
perdent que la vivacité de leurs couleurs,
et à l'aide d'un peu d'humidité, on les ré-
tablit si facilement qu'ils peuvent être des-
sinés avec autant de fidélité que s'ils étaient
frais et nouvellement recueillis.
Jusqu'à ce jour, les Lentinus ne sont guère
que l'ornement des herbiers. Rumphius dit
que, dans plusieurs îles des Indes occiden-
tales, on emploie contre la dysenterie
le sclérotium du L. tuber regium. M. Mon-
tagne rapporte également , d'après M. Le-
duc , que le L. djamor est fort bon et re-
cherché comme nourriture par les habi-
tants de l'île de Galega.
Les Dentinus se rencontrent principale-
ment dans les pays chauds; l'Amérique bo-
réale en produit quelques espèces ; on en
trouve aussi en Europe; mais leurs formes
et leurs couleurs sont si différentes des es-
pèces tropicales , que l'on pourrait douter,
si ce n'était leur consistance, qu'elles appar-
tiennent à ce genre. (Lév.)
LENTISQUE. bot. ph. — Voij. pista-
chier.
*LEO. mam. — Voy. LION.
LEOBORDEA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille desPapilionacées-Lotées,
établi parDelile(ût Léon de Laborde Voyage,
t. I). Herbes du cap de Bonne-Espérance et
des régions méditerranéennes. Voy. légu-
mineuses.
*LEOCHJ3TA, mal à propos écrit LEO-
C/ETA (),£6>v, lion; xa^» toison), ins. —
Genre de Coléoptères pentamères , famille
des Lamellicornes, tribu des Scarabëides
phyllophages, formé par Dejean, dans son
Catalogue, avec une espèce du cap de Bonne-
Espérance , la Melolontha alopex Fa b. (C.)
LEODICE , Sav. annél. — Syn. d'Jîw-
nice, Cuv., et Néréidonte, Blainv. (P. G.)
LEOiWA (nom propre), bot. ph. — Genre
rapproché par Endlicher, mais avec doute,
de la famille des Myrsinées. Il a été établi
par Ruiz et Pavon (Flor. peruv., II, 69, t.
222 ) pour des arbres originaires du Pérou
et du Brésil.
LEONICENIA, Scop. bot. ph.— Syn. de
Diplochiton, DC.
LEONOTIS (X«ov, lion; ovç, wroç,
oreille), bot. ph. — Genre de la famille des
•Labiées- Stachydées, établi par Persoon
(Euch., II, 127). Herbes ou arbrisseaux du
Cap et de la Guya"ne. Voy. labiées.
LEONTICE. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Berbéridées, établi par Linné (Géra.,
n° 423). Herbes de l'Europe, de l'Asie et de
l'Amérique. On en connaît 5 espèces répar-
ties en 2 sections nommées parDeCandolIe
(Prodr., I, 109) Leontopetalum et Caulo-
phyllum.
LEONTODON, Adans. bot. ph — Syn.
de Taraxacum, Juss.
LEONTODONTOIDES, Michel, bot. ph.
— Syn. d'Aposeris, Neck.
LEOMONYX (>/wv, lion; fcvÇ, ongle).
hot. m. — (îonre de la famille de? Ce po-
sées Sénéciouidées, établi par Cassioi (ira
LEO
Ihcl. se. nat., XXV, 466). Herbes ou ar-
brisseaux du Cap. Voy. composées.
*LEONTOPITHECUS ( Uov , lion ; «f-
Onxoç, singe), mam. — M. Wagner (Schreber
sangth. suppl. , 1839) indique sous cette
dénomination un groupe de Singes platyr-
ihinins. (E. D.)
LEONTOPODIUM (**»», lion; «ov5,
wc<îo;, pied), bot. ph. — Genre de la famille
des Composés-Sénécionidées, établi par R.
Brown (in Linn. Transact., XII, 124). Her-
bes des montagnes de l'Asie et de l'Europe.
Voy. COMPOSÉES.
LEONURE. Leonurus ()u«v , lion ; oipa,
queue), bot. ph.— Genre de la famille des La-
biées Stachydées, établi par Linné (Gen.,
n° 722), et caractérisé de la manière suivante :
Calice turbiné, à 5 angles et à 5 dents; co-
rolle à limbe bilabié; lèvre supérieure oblon-
gue, très entière; la lèvre inférieure divisée en
trois lobes, celui du milieu en forme de cœur.
Etamines 4, ascendantes; les inférieures les
plus longues ; anthères rapprochées par pai-
res, biloculaires, à loges parallèles transver-
sales, rarement divergentes. Style bifide au
sommet; stigmates terminaux. Le fruit est
un akène très lisse, triquètre, à angles aigus
et tronqué au sommet.
Mœnch (Method., 400) a réparti les espè-
ces (10 environ) du genre Léonure en trois sec-
tions basées sur quelques variétés de forme de
la corolle. Il les nomme : Cardiaca, Chaiturus
et Panzeria. Ce sont des herbes à feuilles op-
posées, souvent incisées-lobées, les inférieu-
res arrondies, les florales plus étroites, tou-
tes dépassant de beaucoup les fleurs; celles-
ci, ordinairement d'un rouge clair, sont
disposées en verticillastresaxillaires, épais, à
bractées subulées.
La principale espèce de ce genre est l'A-
gripaume, L. cardiaca, employée autrefois
comme cardialgique. On la trouve en Europe
et dans les contrées boréales et centrales de
l'Asie.
LEONURUS, Tourn. bot. ph.— Syn. de
Leonotis, Pers.
LEOPARD, mam. — Espèce du genre
Chat. Voy. ce mot.
LEOPOLDINIA (nom propre), bot. ph.
— Genre de la famille des Palmiers, tribu
des Arécinées, établi parMartius(Pa!m., 58
et 165, t. 52, 53). Palmiers croissant sur les
bordsdu fleuve des Amazones. Voy. palmiers,
t. vu.
LEP
289
LEORIS. mam. — Voy. LORIS.
LEPACH1S, Lessing. bot. ph. — Synon.
d'Obeliscaria, Cass.
LÉPADELLE. Lepadella (>cirâç, espèce
de coquille), infus. — Genre de Brachioniens
établi par M. Bory de Saint-Vincent dans son
ordre des Crustacés, et comprenantplusieurs
espèces de Brachions de O.-F. Muller. M. Eh-
renberg a adopté en partie ce genre en le
restreignant aux espèces qui n'ont aucun
point oculiforme rouge ; mais, comme nous
l'avons dit dans notre Hist. nat. des Infus.,
ce caractère est variable et tout-à-fait sans
importance ; car une seule espèce , à ses
différents âges , peut montrer des points
oculiformes ou en être dépourvue.
Les Lépadelles ont une cuirasse membra-
neuse , résistante , ovale , déprimée ou len-
ticulaire , convexe en dessus, presque plane
en dessous, ouverte et plus ou moins échan-
crée aux deux extrémités pour le passage de
la tête et de la queue. La tête est entourée
de cils vibratiles ne formant pas deux roues
distinctes; elle est ordinairement surmon-
tée par une écaille diaphane. La queue est
formée de trois segments ou articles mobiles
et terminés par deux stylets. Les mâchoi-
res, assez larges, sont armées de deux ou
trois dents peu marquées. Les Lépadelles
se trouvent assez communément dans les
eaux douces marécageuses , parmi les her-
bes aquatiques. La plus connue est longue
de 12 à 14 centièmes de millimètre : c'est
la Lepadella palella , que M. Ehrenberg
nomme L. ovalis , quand elle n'a pas de
points oculiformes , et qui est son Stepha-
nops muticus quand , plus grande ou plus
développée, elle montre ces points oculi-
formes. Les Squamella et Metopidia, du
même auteur, sont également pour nous des
Lépadelles à différents degrés de développe-
ment. La L. lamellaris , longue seulement
de 1 10 de millimètre , est un Stephanops
pour M. Ehrenberg, ainsi que la L. cirrata,
dont M. Bory a fait le type de son genre
Squatinella. (Duj.)
LÉ PADOG ASTRE. Lepadogaster (Unâç,
bassin ; yaaxvîp, ventre), poiss. — Genre de
l'ordre des Malacoptérygiens subbrachiens,
famille des Discoboles, établi par Gouan et
adopté par tous les Ichthyologistes. Leur ca-
ractère principal consiste dans la forme des
nageoires ventrales, qui représentent un
37
290
LEP
large disque ou bassin : de là leur nom vul-
gaire de Porte-Écuelle. D'un autre côté, les
os de l'épaule forment en arrière une légère
saillie qui complète un second disque , avec
la membrane qui unit les pectorales.
Les mers d'Europe renferment plusieurs
espèces de ce genre : la principale est le Lé-
padogastre de Gouan , Lepadogaster Gouan.
C'est un poisson long de 5 à 6 centimètres,
de couleur brune ponctuée de blanc. Sa
chair ne peut servir d'aliment. (J.)
LEPANTHES (Xenaç, espèce de coquille ;
avôoç, fleur), bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Orchidées-PIeurothallées, établi
par Swartz(m Ad. Acad. Upsal, VI, p. 85).
Herbes des Antilles. Voy. orchidées.
*LEPARGYREIA, Rabin, bot. ph.— Syn.
de Shepherdia, Nutt.
LEPAS. moll. — Les anciens conchylio-
logistes consacraient ce nom à toutes les co-
quilles patelliformes , régulières ou non.
Adanson, dans son Voyage au Sénégal, ap-
plique cette dénomination à un genre parti-
culier, dans lequel se rassemblent non seu-
lement les Patelles , mais encore les Crépi-
dules, les Calyptrées, les Oscabrions et même
les Siphonaires. Ce g., qui ne pouvait être
adopté, contient, comme on s'en aperçoit,
des coquilles appartenant aujourd'hui à di-
verses familles. Voy. les noms de g. mention-
nés plus haut. (Desh.)
LEPECHINIA. bot. ph.— Genre de la fa-
mille des Labiées-Stachydées, établi par Will-
denow (Hort. berol, I, 21, t. 12). Herbes
du Mexique. Voy. labiées.
*LEPERIZA, Herb. bot. ph.— Syn. de
Chrysiphiala, Ker.
*LEPESOPHTHEIRUS. crust. — Syn.
de Caligus. Voy. ce mot. (H. L.)
LEPIA, Desv. bot. ph.— Syn. de Lepi-
dium, R. Br.
LÉPICÈNE. bot.— Syn. de Glume. Voy.
ce mot.
*LEPICEPHALIJS, Lagasc. bot. ph.—
Syn. de Cephalaria, Schrad.
*LEPICLINE,Cass. bot. ph.— Syn.d'tfe-
Uchrysum, DC.
^ *LEPIDADENIA ( Wç , tèoç, écaille;
a&iv, glande), bot. ph. — Genre de la famille
des Laurinées-Tétranthérées, établi par Nées
(inEdinb. nov. phil.journ., 1833, p. 379).
Arbres de l'Inde. Voy. ladrinées.
LEPIDAGATHIS (W5 , écaille ; ày«0tç,
LEP
pelote), bot. ph. — Genre de la famille des
Acanthacées-Echmatacanthées , établi par
Willdenow ( Spec, III, 400) . Herbes de
l'Asie, de l'Afrique tropicale et des Antilles.
Voy. ACANTHACÉES.
♦LEPIDANTHUS (Wç, écaille; Sv«
0oç , fleur), bot. ph. — Genre de la famille
des Restiacées , établi par Nées ( in Lin-
nœa, V, 665). Plantes du Cap. Voy. res-
tiacées.
*LEPIDEILEMA, Trin. bot. ph.— Syn.
de Streptochœta, Nées.
LEPIDIA. annél. — Genre d'Annélides
de l'ordre des Néréidées, créé par M. Savigny
(Syst. des anim.) pour le Nereis stellifera
Mull., qui fait partie des Lepidonereis ou
Néréiphylles de M. de Blainville. (P. G.)
LÉPIDIER. Lepidium ( leniSiov , nom
grec de la Passerage). bot. ph. — Genre
de la famille des Crucifères-Lépidinées, éta-
bli par R. Brown {in Ait. hort. Kew. , édit.
2, IV, 85), et présentant pour caractères
principaux : Calice à quatre divisions égales,
corolle à quatre pétales hypogynes, entiers;
étamines six, hypogynes , tétradynames, li-
bres, à filets non dentelés ; silicule compri-
mée sur les côtés, ovale, entière ou plus ou
moins échancrée au sommet, déhiscente , à
valves carénées ; style presque nul ou fili-
forme. Les graines sont solitaires dans cha-
que loge ou, très rarement, géminées, tri-
quètres ou comprimées.
Les Lépidiers sont des herbes ou de pe-
tits arbrisseaux dispersés sur toute la sur-
face du globe; ils croissent cependant avec
plus d'abondance dans les contrées méditer-
ranéennes et orientales de l'Europe et sur
les confins de l'Asie. Ce sont des végétaux à
tiges cylindriques , rameuses , à feuilles de
diverses formes ; à fleurs petites, blanches,
disposées en grappes terminales, droites et
supportées par des pédicelles filiformes ,
ébractéés.
De Candolle (Prodr., I, 203) énumère 58
espèces de ce genre (dont 50 bien détermi-
nées) qu'il répartit en 7 sections basées sur
l'aspect de la silicule. Ces sections ont été
généralement adoptées.
1. Cardaria: Silicule cordiforme, aiguë,
subdéprimée; valves concaves, sans ailes;
style filiforme, allongé. — Une seule espèce,
L. Draba (Cochlearia Draba Lin.).
2. Ellipsaria: Silicule elliptique, entière;
LEP
LEP
291
valves carénées, sans ailes; style filiforme,
long. — 4 espèces.
3. Bradypiptum : Silicule elliptique ; val-
ves carénées, sans ailes; style court. — 3
espèces.
4. Cardamon : Silicule presque orbicu-
laire, échancrée au sommet; valves carénées-
naviculaires, un peu ailées; style très court.
— 2 espèces.
5. Lepia: Style presque orbiculaire, échan-
cré au sommet; valves naviculaires, ailées;
les ailes adnées au style , qui est très court.
— 5 espèces.
6. Dileptium : Silicule presque elliptique,
très brièvement échancrée au sommet; val-
ves carénées, sans ailes ; style presque nul.
— 22 espèces.
7. Lepidiastrum : Silicule presque ellipti-
que, très entière; valves carénées, sans ai-
les; style très court. — 13 espèces. (J.)
LÉPIDINÉES. Lepidineœ. Bot. ph. —
Tribu de la famille des Crucifères. Voy. ce
mot.
*LEPIDIOTA (Xïir«î»To'ç, écailleux). ms.
— Genre de Coléoptères pentamères, famille
des Lamellicornes, tribu des Scarabéides
phyllophages, proposé par Kirby et adopté
par M. Hope {Coleopterist's Manual, 1837,
p. 39, 98). Les espèces qui composent ce
genre sont les Melolatha stigma , tomen-
tosa et candida de Fabricius. Elles provien-
nent des Indes orientales. (C.)
LEPIDOCARPODENDRON, Boerh.BOT.
ph. — Syn. de Protea, Linn.
*LÉPID0CAR1NÉES. Lepidocaryneœ.
bot. ph. — Tribu de la famille des Palmiers
Voy. ce mot.
LEPIDOCARYUM {hn'lç, écaille; x«'P-
uov, noix), bot.ph. — Genre de la famille des
Palmiers, tribu des Lépidocarynées , établi
parMartius(Paîm., 50, t. 45). Palmiers bas
et élégants des rives du fleuve des Ama-
zones. Voy. PALMIERS.
*LEPIDOCHELYS ( >£u,'ç , écaille ;
X^vç , tortue), rept. — M. Fitzinger (Syst.
Rept. 1843) a indiqué sous ce nom un
groupe de Reptiles de la division des Ché-
loniens. (E. D.)
*LÉPIDOCYRTE. Lepidocyrtus (Wç,
écaille; xvpxoç, bossu), hexap. — Genre de
l'ordre des Thysanures, de la famille des Po-
durelles, établi par M. l'abbé Bourlet. Les es-
pèces qui composent cette coupe générique
ont le corps composé de huit segments écail-
leux, peu velu , rendu comme bossu par le
premier, qui est aussi long que les deux sui-
vants, et avancé en dessus et en avant pour
recouvrir le cou et souvent aussi une partie
de la tête. Le sixième segment est aussi long
ou plus long que les trois précédents pris
ensemble ; les deux derniers sont très courts;
la tête est très inclinée , insérée sur la ca-
vité du rebord antérieur du mésothorax; le
prothorax est très petit; les antennes sont
moins longues que la tête et le corselet pris
ensemble ; elles sont de quatre articles iné-
gaux et non composés ; les yeux sont au
nombre de huit paires; la queue est assez
longue, à pièce basilaire formant plus de
la moitié de son étendue. Ce genre renferme
une quinzaine d'espèces qui sont toutes pro-
pres à l'Europe. Le Lépidocyrte curvicole,
Lepidocyrtus curvicollis Bourl., peut être
considéré comme le type de cette nouvelle
coupe générique ; cette espèce habite le nord
de la France, vit en famille peu nombreuse
sur les pierres ou sous le vieux bois ; elle
habite aussi les environs de Paris. (H.L.)
LEPIDODACTÏLUS (Wç, écaille;
Joc'xtuaoç, doigt). rept. —Division des Gec-
kos d'après M. Fitzinger {Syst. Rept., 1843).
(E. D.)
*LÉPIDODENDRÉES. Lepidodendreœ.
bot. ph. — Famille établie aux dépens des
Lycopodiacées. Les genres qu'elle renferme
offrant de grands rapports avec les vrais
Lycopodes, nous renvoyons à l'article lyco-
fodiacées, où il sera fait mention des diffé-
rences d'organisation que présentent les Lé-
pidodendrées.
*LEPIDODENDRON (tarfc, écaille; &'v-
Jpov, arbre), bot. foss. — Genre de végétaux
fossiles de la famille des Lépidodendrées,
établi par M. Ad. Brongniart (Prodr., 84>>
qui le caractérise ainsi : Tiges dichotomes,
couvertes, vers leurs extrémités, de feuilles
simples, linéaires ou lancéolées, insérées sur
des mamelons rhomboïdaux; partie infé-
rieure des tiges dépourvue de feuilles; mame-
lons marqués, vers leur partie supérieure,
d'une cicatrice plus large dans le sens trans-
versal, à trois angles, deux latéraux aigus,
un inférieur obtus; ce dernier manque
quelquefois.
M. Brongniart [lococitato) cite 34 espèces
de ce genre qui, toutes, appartiennent au
292
LEP
terrain houiller. M. Sternberg a réparti ces
espèces [Tent.) en deux sections, qu'il nomme :
Lepidodendron : cicatrices rhomboïdes ; Le-
dopifloyos: cicatrices orbiculées. (J.)
*LEPIDOGENYS,J.-E.Gray.ois — Syn.
de Baza, Hodgs., et de Lophotes, Less. Voy.
fadcon. (Z. G.)
*LEPIDOGLOSSUS0Ut»'ç, écaille; y>5<x-
aac, langue), rept. — Th. Cocteau (Compt.
rend. Acad. se., 1827) indique sous ce nom
une division du groupe des Scincoïdiens
Voy. ce mot. (E. D.)
LÉPIDOKROITE. min. — Syn. de Gœ-
thite. Voy. fer.
LËPIDOLÈPRE. Lepidoleprus ( Ws ,
écaille; fonpôç, rude), poiss. — Genre de
l'ordre des Malacoptérygiens , famille des
Gadoïdes, établi par Risso et adopté par G.
Cuvier (Règ. anim., II, 336), qui le carac-
térise ainsi : Museau déprimé, formé par la
réunion des sous-orbitaires et des os du
nez ; corps garni d'écaillés dures et héris-
sées de petites épines; ventrales petites et
un peu jugulaires ; pectorales médiocres ;
première dorsale courte et haute ; deuxième
dorsale et anale très longues, s'unissant en
pointe à la caudale ; mâchoires à dents très
fines et très courtes.
Ces poissons habitent les mers d'Europe,
où ils se tiennent à de grandes profondeurs ;
ils rendent un son très bruyant lorsqu'on les
tire de l'eau.
On en connaît 2 espèces : les Lepidoleprus
cϔorhynchus et trachyrhynchus Risso. Sur
nos côtes, on les nomme vulgairement Gre-
nadiers, (j.)
LEPIDOMA, Achar. bot. cr. — Syn. de
Patellaria, Pers.
*LEPIDONEMA, Fisch. bot. PH.*-Syn.
de Microseris, Don.
*LEPIDONEREIS {Unlç, écaille; nereis,
néréide), annél. — Genre de Néréides indi-
qué par M, de Blainville en 1818 ( Bull, de
la Société philom. de Paris), et répondant
à celui qu'il a depuis appelé Nereiphylla. Il
comprend les g. Phyllodoca, Eulalia, Eleone
et Lepidia, Sav. (P. G.)
LEPIDONOTUS, Leach. annél. —Syn.
iïÈumolpus, Oken.
*LEPIDOPAPPUS, Flor. mesic.BOT. ph.
— Syn. de Florestina, Cass.
T.ÉPIDOPE. Lepidopus (W5, écaille;
«owS, pied), poiss. — Genre de l'ordre des
LEP
Acanthoptérygiens , famille des Scombéroî-
des , remarquable par l'éclat et la forme
singulière des poissons qu'il renferme. Ce
sont de grands et larges rubans d'argent na-
geant par ondulations, et jetant dans leurs
mouvements de beaux reflets de lumière.
Le corps des Lépidopes, allongé, mince, a,
en dessus, une dorsale qui règne sur toute
sa longueur, en dessous une anale basse,
et se termine par une caudale bien formée;
les ventrales sont réduites à deux petites
pièces écailleuses, ce qui constitue leur ca-
ractère principal.
La seule espèce que renferme ce genre
est le Lépidope argenté , Lepidopus argyreus
Cuv., long souvent de 1 mètre 65 centimè-
tres, et qui habite les mers d'Europe.
Selon M. Risso, la chair de ce poisson est
ferme et délicate , et M. Rafinesque pense
que l'on pourrait employer la poussière ar-
gentée qui le recouvre pour colorer les faus-
ses perles ; il assure même en avoir tiré une
encre de couleur d'argent.
La forme des Lépidopes les a fait appeler
Jarretières par les pêcheurs des côtes de
France. (J.)
*LEPIDOPHORA ( Xewt's, écaille ; «po'peç,
qui porte), ins. — Genre de l'ordre des Dip-
tères brachocères, famille des Brachystomes,
tribu des Bombyliers, établi par Westwood
et adopté par M. Macquart, qui(Dipt. exot.,
t. II, lre partie, p. 119) n'en cite qu'une
espèce, L. œgeriiformis, de la Géorgie d'A-
mérique.
LEPIDOPHORUM (Wç, écaille; y0-
poç, qui porte), bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Composées-Senécionidées , établi
par Necker (Elem., 22). Herbes delaLusi-
tanie. Voy. composées.
*LEPIDOPHORUS (Wç, écaille; ?o-
poç, qui porte), ins. — Genre de Coléoptères
tétramères, famille des Curculionides gona-
tocères, division des Cléonides, créé par
Kirby (Fauna bor. amer., p. 201) et adopté
par Schœnherr ( Syn. gen. et sp. Curcuh,
t. VI, part. 2, p. 256). Ce genre ne renferme
qu'une espèce, le L. lineatocollis , qui est
originaire du Canada. (C.)
LEPIDOPHYLLUM (hniç, écaille; yuA-
>ov, feuille), bot. ph. — Genre de la famille
des Composées-Senécionidées, établi par Cas-
sini (in Bullet. Soc. philom., 1816, p. 199).
Arbrisseau de Magellan. Voy. composées.
LEP
LEP
293
♦LEPID0PH1LLUM (Wç, écaille ; Vv'X-
>ov, feuille), bot. foss. — Genre de végétaux
fossiles de la famille des Lépidodendrées,
établi par M. Ad. Brongniart (Prodr., 87),
qui le caractérise ainsi: Feuilles simples,
sessiles, très entières, lancéolées ou linéaires,
traversées par une seule nervure simple,
ou par trois nervures parallèles; pas de ner-
vures secondaires.
Ce genre renferme A espèces qui appar-
tiennent au terrain houiller.
LEPIDOPILUM (W;, écaille; *Âo$,
laine), bot. cr. — Genre de Mousses brya-
cées, établi par Bridel (Mant., 141). Mousses
vivaces d'Amérique. Voy. mousses et brya-
CÉES.
*LEPID0PLEURUS(^7rt'ç, «0ç, écaille;
Tr>evpa, flanc), moll. — M. Risso, dans son
Hist. nat. des prod. de l'Europe méridionale,
a proposé ce g. pour un petit groupe d'Osca-
brions, chez lesquels le bord du manteau
est couvert de petites écailles. Ce genre,
sans aucune valeur, n'a point été adopté.
(Desh.)
*LEPIDOPOGON,Lamk,B0T.PH.— Syn.
de Cylindrocline , Cass.
LÉPIDOPTÈRES Lepidoptera ( hnU ,
écaille; wpôv , aile), ins. — L'ordre des
Lépidoptères , l'un des plus naturels de tous
ceux de la classe des Insectes, a été créé par
Linné, et comprend tous les animaux arti-
culés qui présentent les caractères suivants :
Quatre ailes recouvertes, sur les deux sur-
faces, de petites écailles colorées semblables
à une poussière farineuse; une trompe plus
ou moins longue, roulée en spirale ; deux
palpes plus ou moins relevés , composés de
trois articles et insérés sur une lèvre fixe;
deux antennes de forme variable et toujours
composées d'un grand nombre d'articles;
une pièce assez développée, appelée ptéry-
gode ou épaulette, située à la base des ailes
supérieures en dessus ; un abdomen dé-
pourvu de tarière; jamais que deux sortes
d'individus, des mâles et des femelles.
Les Lépidoptères sont des insectes à mé-
tamorphoses complètes : aussi allons-nous
étudier ces animaux sous leurs trois états
d'insecte parfait, de larve, qui chez eux
porte le nom de chenille, et de chrysalide
ou nymphe.
Comme chez tous les autres Insectes, le
corps des Lépidoptères, à Y état d'insecte par-
fait, offre trois choses à considérer, la télé,
le thorax et Yabdomen.
La tête, en général arrondie , comprimée
en avant, plus large que longue, légèrement
plus étroite que le thorax, est quelquefois
grande, saillante, comme dans les Diurnes,
et d'autres fois très petite, comme chez les
Crépusculaires et surtout chez les Nocturnes;
la partie antérieure du front porte le nom de
chaperon.
Les yeux sont grands , bordés de poils
qui remplacent probablement les paupiè-
res, et ils varient beaucoup relativement
à leur coloration. Les stemmates ou yeux
lisses, qui ne se rencontrent pas dans toutes
les espèces, sont situés sur le vertex; ils
sont cachés entre les écailles, et ne devien-
nent visibles qu'après qu'on a dénudé le
dessus de la tête.
Les antennes , placées près du bord in-
terne de chaque œil, sont en général plus
courtes que le tronc et composées d'un
grand nombre d'articles ; leur forme est
très variable: dans les Diurnes, qui ont
pour cela reçu de MM. Duméril etBoisduval
le nom de Rhopalocères (porrcJov , massue ;
x/paç , antenne ) , elles sont filiformes jus-
que près de l'extrémité , et terminées par
un bouton ou massue plus ou moins al-
longé, et variant de forme et de grosseur;
dans les Crépusculaires et les Nocturnes ,
que M. Boisduval a nommés Hétérocères
(êrepoToç, variable; x/paç, antenne), on
ne retrouve plus d'antennes en massue ,
excepté toutefois chez les Castniaires.
M. Duméril (ZooJ. anal.) a basé sa classi-
fication des Lépidoptères sur la forme des
antennes, et il établit les divisions des Rho-
palocères ou Globulicornes ; Clostérocères
ou Fusicornes; Nématocères ou Filicorner,
et Chétocères ou Séticornes. Les antennes
peuvent être prismatiques ( Sphingides);
linéaires ( Sésiaires) ; en corne de bélier
( Zygaena) ; arquées de dedans en dehors
(OEgocérides); filiformes (Bombyx); pec-
tinées ou plumeuses (Géomètres), etc.
Les paipes son tau nombredequatre : deux
maxillaires, situés à la base de la spiri-
trompe : ils ont la forme d'un tubercule;
sont très petits, et ne peuvent se voir qu'à
l'aide d'une forte loupe , et deux labiaux,
qui, au contraire, sont très apparents, re-
dressés, cylindriques ou coniques, couverts
294
LEP
d'écaillés ou velus, formés de trois articles ;
le dernier article étant très petit ou nul
dans les Rhopalocères, et souvent très grand
dans les Hétérocères.
La trompe, qui porte généralement le
nom de spiritrompe, se compose de deux
filets plus ou moins longs , cornés , con-
caves à leur face interne, engrenés sur
les bords. Dans l'inaction, elle est toujours
roulée en spirale entre les palpes ; elle sert
à l'insecte pour puiser les sucs dans l'inté-
rieur des fleurs. La spiritrompe est en
général longue dans les Rhopalocères, et
elle est d'une longueur très variable dans
les Hétérocères ; trois ou quatre fois plus
longue que le corps dans les Sphinx ,
elle n'est plus qu'à l'état rudimentaire dans
les Bombyx. Cette trompe n'est autre chose
que la langue, comme l'a montré M. Savi-
gny (Mem. sur les anim. articulés). La
disposition de cette langue est un des faits
caractéristiques que nous présentent les Lé-
pidoptères, et c'est pour cela que Fabricius
leur avait appliqué le nom de Glossates
(yàwffcja, langue.)
Les mandibules se retrouvent chez les Lé-
pidoptères, comme chez les autres Insectes,
mais elles sont à l'état tout-à-fait rudimen-
taire et rejetées sur les côtés. La lèvre su-
périeure existe également , mais elle est
presque imperceptible.
Le thorax ou corselet est la partie située
entre la tête et l'abdomen, et sert de point
d'attache aux ailes et aux pattes. Le thorax
est formé de trois segments intimement
unis, dont l'antérieur très court et en forme
de collier porte le nom de prothorax; les
deux autres , ou le mésothorax et le méta-
thorax , sont toujours soudés ensemble et
semblent ne former qu'un tout unique. Le
thorax estgénéralement ovale; il varie pour
la grosseur : très gros et assez long dans les
Sphinx, il est grêle et allongé dans les Sa-
tyrus. Sa couleur est variable et semble
participer de la teinte générale des ailes.
La partie supérieure du thorax est le
dos ; et l'inférieure la poitrine. Le dernier
segment thoracique se termine en dessus
par une petite pièce triangulaire dont le
sommet regarde la tête, et qui est Yécusson.
Les aites sont attachées à la partie latérale
supérieure du thorax; elles sont toujours
au nombre de quatre, excepté dans quel-
LEP
ques femelles, chez lesquelles elles avortent
ou sont réduites à de simples rudiments
impropres au vol. Chaque aile consiste en
deux lames membraneuses intimement
unies entre elles par leur face interne , et
divisées en plusieurs parties distinctes par
des filets cornés plus ou moins saillants
nommés nervures. Ces deux lames sont re-
couvertes d'une poussière farineuse qui
s'enlève par le toucher. Lorsqu'on étudie
cette poussière au microscope, on voit
qu'elle est composée d'un assemblage de
petites écailles colorées, implantées sur la
partie membraneuse au moyen d'un pédi-
cule et disposées avec la même symétrie
que les tuiles d'un toit. Ces écailles, qui
ont valu aux Insectes qui nous occupent le
nom qu'ils portent (Aîmç, écaille; «repov,
aile), ont une forme très variable, non seu-
lement dans des espèces différentes, mais
aussi dans les diverses parties du corps d'un
même papillon. C'est aux écailles que sont
dues les brillantes couleurs que nous pré-
sentent les Lépidoptères. Les écailles sont
quelquefois tellement rares sur certaines
ailes de papillons, que cet organe devient
transparent, comme vitré; c'est ce qui a lieu
dans les Macroglossa. De nombreux et im-
portants travaux ont été faits sur les écailles
des Lépidoptères, et nous citerons particu-
lièrement un mémoire de M. Bernard-
Deschamps (Ann.sc. waf.,1837). Les nervu-
res des ailes sont des organes fîstuleux , fi-
liformes, qui paraissent destinés à suppor-
ter les lames membraneuses et forment la
charpente de l'aile. Le nombre des nervu-
res varie beaucoup , ainsi que le point de
l'aile d'où elles partent; elles se ramifient
plus ou moins, et forment entre elles des
espaces , dont la forme diffère suivant les
espèces. Les entomologistes ont étudié avec
soin les nervures des ailes des Lépidoptères,
dont ils ont, dans ces derniers temps, tiré
de bons caractères génériques; ils leur ont
appliqué des noms particuliers, ainsi
qu'aux espaces qu'elles forment. Des fi-
gures étant indispensables pour faire bien
comprendre les divers noms et la position
de ces nervures, nous ne croyons pas devoir
entrer ici dans plus de détails, renvoyant
nos lecteurs aux travaux de MM. Duponchel,
Boisduval, Guénée, Lacordaire , Ram-
bur, etc., et surtout à un mémoire de
LEP
M. Alexandre Lefebvre sur la Ptéroîogie des
Lépidoptères (Ann. Soc. ent. de France,
lre série, t. XI, 1842). Les ailes supérieures
sont toujours plus grandes que les inférieu-
res ; les ailes inférieures sont souvent plis-
sées à leur bord interne, et semblent former
un canal propre à recevoir et à garantir l'ab-
domen. Les quatre ailes sont quelquefois re-
levées perpendiculairement dans le repos :
c'est ce qui a lieu dans les Diurnes ; dans les
autres, elles sont horizontales ou inclinées en
manière de toit: c'est ce que l'on observe
chez les Crépusculaires et Nocturnes. Dans
ce dernier cas , les papillons sont pourvus
d'un organe propre à retenir les ailes dans
cette situation : c'est une espèce de frein ou
crochet attaché aux ailes inférieures et passant
dans une boucle des supérieures. Cette dispo-
sition toute particulière a servi à M. E. Blan-
chard, pour la création des deux divisions
primaires de l'ordre des Lépidoptères, qu'il
nomme Achalinoptères (àxofttvoç sans frein ;
irT£pov,aile): ce sont les Rhopalocères des au-
teurs , et des Chalinoptères (xa^voç , frein ;
«Tspov, aile)i. c'est-à-dire les Hétérocères. Re-
lativement à leur coloration générale, les
ailes peuvent présenter les couleurs les plus
vives, les plus brillantes Les Rhopalocères
ont en général une coloration plus vive
que les Hétérocères. Quelquefois des groupes
entiers ont une même couleur : les Pieris
sont blanches, les Colias jaunes, les Po-
lyommatus fauves, etc. Le dessin est un ca-
ractère plus constant et peut servir pour
la formation des genres ; c'est ainsi que
les Thais ont les ailes tachées de noir et de
rouge ; les Satyrus ont des taches oculaires;
les Plusia, des taches d'or et d'argent aux
ailes supérieures, etc.
Enfin les pattes, dont il nous reste à par-
ler, sont composées, comme celles des autres
insectes, de hanche, trochanter , cuisse ,
ïambe et tarse. Ce dernier a cinq articles
distincts, non compris les crochets termi-
naux, parfois très développés. Dans pres-
que tous les Lépidoptères, les six pattes
sont d'égale longueur. Dans quelques uns,
les Nymphalides par exemple, les pattes
antérieures sont très petites. Les pattes sont
velues ou écailleuses ; assez grêles en général.
Les jambes postérieures sont tantôt deux,
tantôt quatre petites pointes nommées
éperons.
LEP
295
Uabdomen est en ovale allongé ou pres-
que cylindrique. Il est composé de sept an-
neaux, formés chacun d'un arceau supérieur
et d'un arceau inférieur, unis par une mem-
brane. A l'extrémité , il y a une ouverture
servant d'issue aux organes reproducteurs et
au canal intestinal ; cette ouverture est plus
prononcée dans les mâles que dans les fe-
melles. L'abdomen ne présente jamais de
tarière proprement dite; mais, dans quel-
ques espèces, les derniers anneaux de la fe-
melle peuvent s'allonger et former un ovi-
ducte pointu et très apparent à l'extérieur,
comme cela a lieu dans les espèces dont les
chenilles vivent dans l'intérieur du bois.
La couleur de l'abdomen varie; il présente
souvent la même coloration que les ailes
inférieures ; il est généralement cependant
d'une couleur sombre.
L'organisation des Lépidoptères, à l'état
parfait, a été étudiée par plusieurs zoologistes;
mais cependant son étude n'a pas été faite avec
autan t de soin que celle des Insectes des ordres
des Coléoptères, des Hyménoptères, des Dip-
tères , etc. L'espace ne nous permet pas de
nous étendre sur ce sujet; nous nous
bornerons à dire que leur intestin est assez
court, et cela d'après leur genre de vie,
qu'il se compose d'un jabot, d'un estomac
dilaté, d'un intestin grêle assez long et d'un
cloaque, auprès duquel s'insère un cœcum.
Pour plus de détails, nous renvoyons au mot
insectes et aux articles d'anatomie, ainsi
qu'aux ouvrages de Réaumur, de Lyonnet,
de M. Th. Lacordaire, etc.
Chez les Lépidoptères à l'état parfait,
la femelle est, en général, un peu plus
grande que le mâle, et les couleurs qu'elle
présente sont moins brillantes; toutefois,
dans beaucoup d'espèces, il n'y a de diffé-
rence que dans l'abdomen, qui, chez les fe-
melles, est distendu par les œufs, tandis qu'il
est plat chez les mâles. Sous le rapport
de la forme des ailes, il existe aussi quelque-
fois une grande différence entre les deux
sexes : dans les Nymphalides , les ailes infé-
rieures des mâles se terminent par une queue
très prononcée, tandis qu'elles sont arron-
dies dans les femelles, etc.. Relativement à
la couleur, la différence entre les mâles et
les femelles est parfois si grande qu'on pren-
drait les deux sexes d'une même espèce pour
deux espèces distinctes: ainsi, dans le genre
29G
LEP
LEP
Argus, les femelles sont presque toutes bru-
nes, et les mâles bleus, etc. Le dessin est
presque toujours le même pour les deux
sexes.
On rencontre quelquefois , mais très ra-
rement , des Lépidoptères hermaphrodites ,
qui ont tout un côté mâle et l'autre femelle ;
mais on n'a pas encore observé d'individus
chez lesquelsil y ait fusion complète des carac-
tères du mâle et de ceux de la femelle. L'on
voit parfois le mâle d'une espèce accouplé
avec la femelle d'une autre , mais toujours
très voisine, et il en résulte des hybrides; on
en cite des exemples nombreux dans le genre
Zygœna.
L'existence est de courte durée, chez les
Lépidoptères à l'état parfait; le mâle périt
presque immédiatement après l'accouple-
ment, et la femelle après la ponte ; la vie est
seulement prolongée de quelques jours, lors-
que le hasard fait que deux individus de sexe
différent d'une même espèce ne se sont pas
rencontrés pour consommer l'acte de la re-
production. On a souventvu des femelles de
Bombyx pondre, quoique n'étant pas fécon-
dées : il n'est pas besoin de dire que ces
œufs ne produisent pas déjeunes chenilles.
L'accouplement, en général très court chez
les Diurnes, peut au contraire durer près
de vingt-quatre heures chez quelques Noc-
turnes. On a vu le même mâle de Bom-
byx s'accoupler plusieurs fois avec diverses
femelles; mais on présume que ce fait, qui
a été produit en captivité, n'a pas lieu lors-
que l'insecte est libre, et qu'en général les
Lépidoptères ne peuvent chacun s'accoupler
qu'une seule fois. Les mâles sont très ar-
dents et poursuivent très vivement leurs
femelles. Chez quelques Nocturnes, ils savent
les découvrir au moyen d'un sens très dé-
veloppé chez eux , et qui ne peut être que
l'odorat : ces mâles trouvent les femelles
jusque dans les appartements où on les
élève.
La plupart des Papillons se nourrissent en
pompant avec leur spiritrompe le suc miel-
leux des fleurs; ceux qui n'ont pas cet organe
périssent sans prendre de nourriture. Quel-
ques espèce? se nourrissent du liquide sécrété
par les plaies des arbres ; d'autres recherchent
les excréments des animaux, etc.
La femelle vient déposer ses œufs sur la
plante qui doit nourrir les jeunes chenilles.
Les œufs ont une forme sphéroïdale al-
longée. La coque offre des cannelures plus
ou moins marquées. Au moment où ils vien-
nent d'être pondus , les œufs sont enduits
d'une matière gluante, insoluble dans l'eau,
qui sert à les fixer sur leur végétal nourricier.
Chez quelques espèces, les œufs sont déposés
sur les troncs des arbres , et la femelle prend
soin de les recouvrir de duvet qu'elle arra-
che de son abdomen. Le volume des œufs
varie beaucoup. La fécondité des Lépidoptè-
res est grande; certaines pontes, toutefois,
ne comprennent qu'une quarantaine d'œufs,
tandis que d'autres en donnent plusieurs
milliers. L'action du chaud ou du froid est
peu sensible sur les œufs : une température
de 60° Réaumur de chaleur ne leur ôte pas
leur force vitale, et les plus grands froids
de la Sibérie n'empêchent pas la reproduc-
tion des œufs , même des espèces des pays
chauds, telles que celles du Ver à soie.
La chenille qui provient de l'œuf, et que
nous devons maintenant étudier, nous pré-
sente une tête et un corps.
La tête, formée de deux espèces de ca-
lottes arrondies et écailleuses, offre de cha-
que côté des points noirs saillants, sembla-
bles à des yeux lisses, mais qui ne parais-
sent pas servir pour la vision. La bouche
ressemble à celle des Insectes broyeurs; elle
se compose de deux mandibules cornées, de
deux mâchoires latérales portant chacune
un palpe très petit, d'une lèvre inférieure
munie de deux palpes assez grands, et
d'un petit mamelon ou filière qui doit don-
ner issue à la soie que file la chenille.
Le corps est assez allongé, et présente sur
les côtés, près de la base des pattes, les stig-
mates ou organes respiratoires qui sont très
petits , de forme oblongue , et qui se re-
trouvent dans l'Insecte à l'état parfait.
Les pattes, qui s'attachent au corps, sont
de deux sortes : les pattes écailleuses ou
vraies pattes, qui doivent rester lorsque la
chenille passera à l'état de Papillon; et les
pattes membraneuses ou fausses pattes , qui
disparaîtront dans l'Insecte parfait. Les pat-
tes vraies ne servent à la chenille que pour
marcher ; tandis que les fausses pattes, qui
ont la forme de mamelons plus ou moins
allongés, lui servent aussi à se cramponner
aux branches des arbres : leur nombre varie
de quatre à dix, et leur longueur peut éga-
LEP
LEP
297
lement n'être pas la même pour toutes.
D'après te nombre des fausses pattes, les
chenilles ont été divisées en Fausses Arpen-
teuses , Demi-Arpenteuses et Arpenteuses.
Les chenilles sont plus ou moins vives ,
selon les espèces, et d'après la disposition de
leurs pattes. La locomotion de ces larves a
lieu presque toujours d'arrière en avant;
quelques unes cependant ( Tortrix ) mar-
chent à reculons avec une très grande agi-
lité. Chez \esCatocala, les chenilles cour-
bent en arc un des côtés de leur corps, et
le débandent brusquement comme un res-
sort, de sorte qu'elles font de véritables
sauts de carpe : le même mécanisme a lieu
dans un assez grand nombre de chenilles.
La valve qui termine le dernier anneau du
corps porte le nom de chaperon. Certains
appendices se voient dans diverses chenilles:
ce sont des espèces de cornes et des aiguil-
lons. Les chenilles sont couvertes de poils
dans un assez grand nombre de cas, dans
d'autres elles en sont entièrement dépour-
vues ; et d'après leur vestiture on dit qu'el-
les sont rares, pubescentes , velues, poilues,
hispides, épineuses, calleuses, etc.; cer-
taines chenilles présentent même de véri-
tables épines que l'on regarde comme une
transformation des poils ; ces épines se
trouvent sur tout le corps ou seulement
sur quelques parties. Il semble que les
chenilles aient reçu une coloration propre
à les dérober aux recherches de leurs nom-
breux ennemis : celles qui se tiennent col-
lées sur les tiges ont la couleur des écorces
et des lichens ; celles qui vivent sur les feuil-
les en ont en général la couleur. Dans une
même espèce la chenille présente presque
toujours la même couleur, à de très légères
nuances près. La couleur varie dans les dif-
férents âges, et la chenille adulte ne res-
semble quelquefois pas à la jeune. Le dessin
est plus constant que les couleurs; il peut
varier pour la teinte; mais les taches ou
les raies qui le constituent occupent tou-
jours la même place, ou, si elles viennent
à s'effacer ou à être absorbées par la couleur
du fond, il reste toujours certains traits ca-
ractéristiques.
Les chenilles subissent différents change-
ments de peau ou mues avant de se transfor-
mer en chrysalides : ces mues sont au nom-
bre de trois au moins et de sept au plus
T. vu.
pour le même individu. La chenille qui va
muer s'y prépare par la diète ; pour se dé-
barrasser de son ancienne peau , elle dégage
d'abord la partie antérieure de son corps ,
puis la partie postérieure. La couleur d'une
chenille qui vient de muer est toujours beau-
coup plus fraîche que celle d'une chenille
qui va muer.
L'accroissement des chenilles est plus ou
moins rapide selon les espèces, la nourriture
qu'elles prennent et l'époque de l'année.
Celles qui se nourrissent de plantes succu-
lentes se développent plus vite que celles qui
ne mangent que des plantes sèches, comme
les graminées. Laplupartmangentlanuitet
restent immobiles le jonr. Presque toutes
nos espèces européennes sortent de l'œuf à
l'automne ou à la fin de l'été, mangent jus-
qu'à l'approche de la mauvaise saison, pas-
sent l'hiver engourdies, se réveillent aux
premiers jours du printemps et se méta-
morphosent au commencement de l'été.,
Cependant ce fait est loin d'être général.
Beaucoup de chenilles vivent solitaires sur
différentes plantes; mais quelques unes
vivent en sociétés plus ou moins nombreu-
ses , soit pendant leur jeunesse , soit pen-
dant toute leur vie.
A l'exception d'un grand nombre deTinéi-
tes qui vivent aux dépens des pelleteries, des
étoffes de laine, des matières grasses, etc.,
les chenilles se nourrissent exclusivement
de végétaux , et depuis la racine jusqu'aux
graines, aucune partie de la plante n'est à
l'abri de leurs attaques; cependant la plu-
part des espèces préfèrent les feuilles. Les plan-
tes les plus acres, les plus vénéneuses , ser-
vent de nourriture à quelques chenilles. La
même espèce de papillon vit souvent sur plu-
sieurs arbres différents, et le même arbre
nourrit parfois plusieurs chenilles différen-
tes. Cependant, dans une infinité de cas, on
voit l'histoire des Lépidoptères se lier inti-
mement à celle des végétaux ; ainsi certains
groupes, certains genres correspondent à
telle famille, à tel genre de plantes. Il ne
suffit pas néanmoins qu'une plante propre à
telle espèce croisse dans un pays pour que
le Lépidoptère correspondant s'y trouve ; il
faut aussi que le climat convienne à ce
dernier.
L'anatomie des chenilles a été faite par
plusieurs entomologistes; leur intestin con-
38
298
ÏJEP
LEP
siste en un gros canal sans inflexion, dont
la partie antérieure est quelquefois un peu
séparée en manière d'estomac et dont la par-
tie postérieure forme un cloaque ridé; les
vaisseaux biliaires, au nombre de quatre, sont
très longs et s'insèrent fort en arrière. Nous
renvoyons , pour plus de détails , aux tra-
vaux de Lyonnet, publiés dans les Mémoi^
res du Muséum ; au mémoire de Malpighi
sur l'anatomie de la Chenille du Ver à
soie, etc.
Nous devons maintenant parler de la
Chrysalide ou Pupe. La chenille se renferme
dans une enveloppe particulière ; elle ne
mange plus ; la vie semble arrêtée, et elle y
éprouve sa dernière métamorphose, qui doit
la transformer en papillon. Les chrysalides
sont coniques, en général, et plus rarement
légèrement anguleuses ; la forme en varie
beaucoup et fournit des caractères généri-
ques. Les chrysalides des Diurnes offrent
des couleurs plus ou moins brillantes ; des
points d'or ou d'argent ; celles des Crépus-
culaires et des Nocturnes ont, presque tou-
jours, des couleurs sombres et brunes. La du-
rée de l'état de chrysalide varie suivant les es-
pèces et est subordonnée à la grosseur rela-
tive, à l'époque de l'année, à la température ;
les petites espèces restent en général moins
longtemps dans cet état que les grosses. Dans
nos climats l'évolution des Diurnes a lieu
au bout de 12 à 25 jours; de 7 à 14 dans
les régions tropicales : celles des Nocturnes
est plus variable , elles peut avoir lieu au
bout de 8 jours ou durer 4 à 5 mois; enfin,
dans un grand nombre de cas , les papillons
passent l'hiver à l'état de chrysalide et ne
se transforment qu'au printemps.
La manière dont les chenilles se changent
en chrysalide varie beaucoup suivant les
espèces : les unes filent des coques pour
envelopper leur pupe, ce quia lieu dans la
plupart des Nocturnes; les Diurnes n'ont,
en général, pas de coque, et lachenille qui
va se transformer en chrysalide est placée
dans une espèce de membrane, elle est
comme emmaillotée, etc'estee qui luia valu
le nom de pupe, du latin pupa, maillot. Les
chrysalides des Diurnes sont retenues aux
corps sur lesquels elles s'attachent de trois
manières différentes : chez certaines che-
nilles , que M. Boisduval nomme suc-
cinles, la chrysalide est fixée par la queue
et par un lien transversal en forme de cein-
ture ; chez les autres , appelées suspendues,
elle est pendante et fixée seulement par la
queue; enfin, dans les troisièmes, que l'on
appelle enroulées, elle est enveloppée entre
les feuilles ou dans un léger tissu, et main-
tenue en outre par plusieurs fils transver-
saux. Les chrysalides sont tantôt enfoncées
dans la terre; d'autres fois elles sont à la
surface et se présentent enveloppées d'une
coque filée par la chenille. La forme et la
composition de ces coques sont très varia-
bles. On sait le parti que l'industrie a su
tirer des cocons du Ver à soie : nous
pouvons entrer ici dans des détails qui
sont donnés avec soin aux articles bombyx,
soie, vers a soie. En général, on peut
dire que toutes les chenilles poilues font
des coques, et, parmi ces dernières,
les espèces à tubercules produisent beau-
coup plus de matière soyeuse que celles qui
sont simplement velues. La coque ne sert
pas seulement à envelopper la chrysalide
pour la mettre à l'abri de ses ennemis et
des injures du temps, elle a un autre but
d'utilité , c'est de favoriser le développe-
ment de l'insecte parfait au moment de
son évolution : pour sortir de la chrysalide,
celui-ci a besoin de trouver un point d'ap-
pui qui lui aide à se débarrasser de son
fourreau; sans cela, lorsque la partie anté-
rieure de ce dernier est ouverte et que les
pattes sont dégagées de leur étui, il serait
exposé à rester emmailloté et à traîner
après lui son enveloppe.
Lorsque l'éclosion doit avoir lieu , le pa-
pillon fend sa chrysalide Iongitudinalement
sur le corselet, et il en sort. Il est d'abord
très faible; toutes ses parties sont molles,
sans consistance et imprégnées d'humidité;
ses ailes sont pendantes, ouvertes et comme
chiffonnées. Le papillon s'étend , se sèche, et
bientôt il prend son vol, elle but de sa vie
est désormais la reproduction de son espèce.
Le développement des organes dans la
chrysalide et le papillon a été étudié avec
soin par Herold , dans son Histoire du
développement des papillons, Cassel , 1813,
et nous y renvoyons le lecteur.
Ainsi que nous l'avons dit plus haut, on
sait de quelle utilité sont pour l'industrie
certains Lépidoptères; on sait aussi qu'à
leur état de chenilles , ils sont fort nuisibles
I-EP
LEP
299
s notre agriculture; que certains arbres
sont quelquefois entièrement dépouillés de
leurs feuilles en très peu de temps; que
souvent, lorsque l'année a été favorable
pour les chenilles, la récolte des fruits est
entièrement détruite par une multitude
de ces larves : enfin on connaît ces petits
papillons qui détruisent la vigne et dont il
sera question à l'article pyrale. Une loi
est venue obliger les cultivateurs à faire
l'échenillage dans leurs propriétés ; mais
malgré tous les efforts on n'est pas encore
parvenu d'une manière efficace à se débar-
rasser des chenilles qui détruisent nos
cultures; espérons que les travaux des
hommes instruits qui, comme M. Ratzc-
burg, se livrent à l'étude de l'entomologie
appliquée à l'agriculture, parviendront à
empêcher ou tout au moins à diminuer ces
dégâts. La nature a heureusement remé-
dié en partie au mal que les chenilles font
aux cultures en leur créant des ennemis
acharnés et nombreux : c'est ainsi que les
larves des Ichneumonides, des Chalcidites,
de beaucoup de Diptères, etc., détruisent
un nombre immense de chenilles.
Nous devrions ici donner des détails sur
les mœurs et les habitudes des Lépidoptè-
res , et montrer leur instinct quelquefois
si merveilleux ; mais l'espace nous manque,
et nous craindrions de répéter ce qui a déjà
été dit dans plusieurs articles de ce Diction-
naire : aussi renvoyons-nous pour ce sujet
aux diverses tribus ou familles de l'ordre
des Lépidoptères , ainsi qu'aux articles sur
les genres principaux.
On connaît un très grand nombre de Lé-
pidoptères; on en a indiqué plus de 6,000
dans toutes les parties du monde; l'Europe
en présente près de 4,000, et la France en
possède bien 2,000 à elle seule. La beauté
de ces Insectes, l'étude si attrayante de
leurs chenilles et de leurs mœurs, ont dû at-
tirer l'attention depuis très longtemps: aussi
en existe-t-il un grand nombre de collec-
tions. Les deux plus belles qui soient à Paris
sont celles de MM. Boisduval et Pierret :
dans la première, il y a des Lépidoptères
de toutes les parties du monde; tandis que
la seconde , remarquable par la fraîcheur
et le choix des espèces qui la composent, ne
comprend uniquement que des espèces eu-
ropéennes.
Les Lépidoptères sont répandus dans
toutes les régions du globe ; mais c'est sur-
tout dans les pays chauds et humides qu'on
en trouve davantage ; c'est aussi dans ces
régions qu'habitent les plus belles espèces
de Diurnes ; l'Europe , surtout la France
et l'Allemagne, produisent un très grand
nombre de Crépusculaires et de Nocturnes.
Nous ne nous étendrons pas davantage sur
la géographie des Lépidoptères , renvoyant
le lecteur aux détails donnés à l'article géo-
graphie ZOOLOGIQUE.
Un grand nombre de naturalistes se sont
occupés des Lépidoptères ; les chenilles ont
été étudiées avec soin , et beaucoup de
travaux iconographiques ont été publiés.
Nous ne pouvons citer ici tous les ouvrages
qu'un Lépidoptériste doit connaître ; nous
indiquerons cependant: 1° sur les Lépido-
ptères européens , les travaux d'Esper ,
d'Hubner, d'Engramelle , de Godart et Du-
ponchel, de MM. Boisduval, Guénée,
Rambur, Alexandre Lefebvre , Pierret,
Lucas, etc., et 2° sur les Lépidoptères exo-
tiques , ceux de Fabricius, Cramer, Sloll,
Donovan, Harris , Godard, Ochsenheimer,
de MM. Boisduval, Guérin -Méneville , E.
Blanchard , etc.
Il ne nous reste plus qu'à nous occuper
des classifications qui ont été proposées en
lépidoptérologie. Ces classifications sont de
trois sortes : les unes sont entièrement ba-
sées sur les caractères tirés de l'Insecte par-
fait; dans d'autres classifications, les carac-
tères sonttirés exclusivement des chenilles ;
enfin, dans un autre genre de classification,
l'Insecte parfait fournit bien les caractères
principaux; mais à ceux-ci viennent se
joindre les caractères que l'on peut tirer de
l'étude de la chenille et de la chrysalide ;
cette dernière méthodesemblela meilleure, et
c'estla seule qui, par lasuite, devra prévaloir
dans la science. Du reste, nous ne pouvons
ici discuter la valeur de ces diverses classifi-
cations; nous indiquons seulement la série
de mémoires qui a été publiée sur ce sujet
dans les Annales de la Société entomologique
de France, par notre savant collaborateur et
ami Duponchel, que la science vient de per-
dre tout récemment; et par M. Guérite; le
premier soutenant le principe que toulo
bonne classification en lépidoptérologie doit
être basée sur les caractères tirés de l'insecla
300 LEP
parfait, et le second croyant que les carac-
tères doivent être exclusivement tirés de la
chenille.
Linné partageait les Lépidoptères en
trois genres distincts : ceux des Papillon,
Sphinx et Phalène; les auteurs qui le sui-
virent, comme Geoffroy, Degéer, Scopoli,
Fabricius, augmentèrent considérablement
le nombre des divisions génériques. La-
treille établit plus d'ordre dans les divisions
proposées parmi les Lépidoptères, et c'est
à lui que Ton doit la création des gran-
des familles des Diurnes, Crépusculaires et
Nocturnes, qui sont devenues des divi-
sions classiques, et qui ont été adoptées
dans presque tous les ouvrages. Lamarck ,
M. Duméril, Dalmann, présentèrent de nou-
velles classifications. Godart et surtout Du-
ponchel,dans leur bel ouvrage sur les Lépidop-
tères de France , adoptèrent la méthode de
Latreille , qu'ils modifièrent toutefois assez
profondément. Tous les classificateurs que
nous venons de citer tirèrent leurs caractè-
res presque uniquement de l'étude de l'In-
secte parfait; d'autres, ainsi que nous l'avons
déjà dit, prirent pour base de leurs classi-
fications les caractères de la chenille : nous
devons indiquer principalement MM. Denis
et Schiflermuller , Ochsenheimer , Treit-
schke, Stephens , Curtis, et surtout M. le
docteur Boisduval , qui , dans sa classifi-
cation, donne dans son Gênera et index me-
thodicus europœorum Lepidopterorum, et,
dans le Ier volume (le seul publié) des Lé-
pidoptères des Suites à Buffon de l'éditeur
Roret, modifie considérablement la méthode
de Latreille, crée un grand nombre de gen-
res nouveaux, et divise les Lépidoptères en
deux légions : les Rhopalocères (Diurnes des
auteurs) et les Hélérocères (Crépusculaires
etNoctures). Enfin, tout récemment, notre
collègue, M. E. Blanchard (Histoire des
Insectes, 1845 ), a donné une classification
des Lépidoptères, qui se rapproche de celles
de Latreille et de M. Boisduval.
La méthode qui a été suivie dans ce Dic-
tionnaire est celle adoptée par Duponchel
dans son Catalogue méthodique des Lépidop-
tères d'Europe, qui fait suite à VHistoire
naturelle des Lépidoptères de France de Go-
dart et Duponchel. Cette classification a
pour base celle de Latreille, mais modifiée
d'après les ouvrages de MM. Treitschke et
LÉP
Boisduval , et surtout d'après les travaux
de Duponchel. Nous croyons devoir l'indi-
quer ici.
1" Famille.— Diurnes. Diurna, Latr.
Antennes en forme de massue , c'est-à-
dire plus ou moins renflées à l'extrémité.
Corps généralement peu velu, petit relati-
vement aux ailes , et présentant un rétré-
cissement notable entre le corselet et l'ab-
domen. Les quatre ailes, d'égale consistance,
non retenues ensemble par un frein , et se
relevant perpendiculairement l'une contre
l'autre dans l'état de repos, à quelques ex-
ceptions près. Vol diurne. Chenilles à seize
patte», se métamorphosant à l'air libre, sans
se renfermer dans une coque, excepté dans
les genres Parnassius , Zegris , et dans la
tribu des Hespérides} où elles s'enveloppent
d'un léger réseau.
Tribus : Danaides , Argynnides , Vanes-
sides , Libythéides , Nyraphalides , Saty-
rides, Papillonides, Parnassides, Piérides,
Rhodocéridcs, Lycénides, Érycinides et Hes-
pérides.
2e famille. — Crépuscul aires. Crepuscularia,
Latr.
Antennes plus ou moins renflées au mi-
lieu ou avant l'extrémité , et, indépendam-
ment de cela, tantôt prismatiques , tantôt
cylindriques, et tantôt pectinées ou dentées.
Corps généralement très gros relativement
aux ailes, et ne présentant jamais d'étran-
glement entre le corselet et l'abdomen. Les
six pattes propres à la marche ; les jambes
postérieures armées de deux paires d'ergots.
Ailes étroites en toit horizontal, ou légère-
ment inclinées dans le repos : les supérieu-
res recouvrant alors les inférieures, qui
sont généralement très courtes, et retenues
par un frein aux premières, dans les mâles
seulement. Vol nocturne ou crépusculaire
dans un grand nombre d'espèces, diurne
dans quelques unes. Chenilles à seize pat-
tes, glabres, demi-velues ou pubescentes:
les métamorphoses ont lieu dans la terre
ou à sa surface , sous quelque abri , sous
forme de coque , tantôt dans l'intérieur des
tiges , tantôt sous une coque grossière.
Chrysalides mutiques; généralement conico-
cylindriques.
LEP
LEP
3C1
Tribus : Sphingides , Sésiéides et Zygé-
nides.
3e famille. — Nocturnes. Nocturno, Latr.
Antennes en forme de soie , c'est-à-dire
dont la tige diminue de grosseur de la base
à la pointe, abstraction faite des dents,
barbes, poils ou cils dont elle peut être gar-
nie. Corps tantôt grand , tantôt petit rela-
tivement aux ailes , mais ne présentant ja-
mais d'étranglement entre le corselet et
l'abdomen. les quatre ailes d'égale consis-
tance, quand les supérieures ne servent pas
de couverture aux inférieures ; celles-ci plus
minces et moins solides dans le cas con-
traire : les unes et les autres retenues en-
semble par un frein dans les mâles seule-
ment, et jamais relevées perpendiculairement
dans le repos, mais tantôt horizontales, tan-
tôt en toit plus ou moins incliné, tantôt en-
fin en fourreau enveloppant le corps. Les
Chenilles ont de dix à seize pattes ; elles
sont glabres, plus ou moins velues, jamais
épineuses, du moins dans l'âge adulte. Elles
se métamorphosent, soit sous terre, soit
dans l'intérieur des tiges ou des racines dont
elles se nourrissent, soit dans des coques de
soie pure ou mêlée d'autres matières. Les
Chrysalides ne sont jamais suspendues dans
l'air, à peu d'exceptions près ; elles sont en
général mutiques , et quelques unes seule-
ment garnies de poils.
Tribus : Lithosides, Chélonides, Psychi-
des, Liparides, Lasiocampides, Bombycides,
Attaccides, Endromides, Hépialides, Enda-
grides, Limacodides, Platyptérides, Dicra-
nurides, Notodontides , Pygérides, Bomby-
coïdes, Noctuo-Bombycites, Orthosides, Gor-
tynides, Nonagrides, Leucanides, Caradri-
nides, Apamides , Hadénides , Noctuélides ,
Amphipyrides, Xylinides , Héliothides, Cal-
pides, Plusides , Catocalides, Ophiusides ,
Àuthophilides , Agrophilides , Anomalides ,
Phalénoïdes, Goniatides, Acontides, Noctuo-
Phalénides, Pyralides, Phalénides, Platyo-
mides, Schénobides, Crambides, Yponomeu-
lides, Tinéides et Ptérophorides.
Pour les espèces exotiques qui ne sont pas
placées dans le Catalogue de Duponchel ,
elles ont été classées d'après Latreille (Règne
animal et Familles naturelles), et d'après
M. Boisduval (Index methodicum). Nous ren-
voyons à tous les mots indiqués plus haut,
et principalement aux articles diurnes, cré-
pusculaires, SPHINX et NOCTURNES.
En terminant cet article , nous donnons
en quelques mots la classification proposée
par M. E. Blanchard.
lre section. ACHALINOPTÈRES ( Diurnes
des auteurs, Rhopalocères de Boisduval.)
Ailes dépourvues de frein pour les main-
tenir. Antennes toujours renflées en mas-
sue vers l'extrémité.
Tribus : Papilioniens, Nymphaliens, Éry-
ciniens, Hespériens et Cydimoniens.
2e sect. CHALINOPTÈRES ( Crépusculaires
et Nocturnes des auteurs, Hétérocères.
Boisduval.)
Ailes presque toujours munies d'un frein
pour les retenir dans une position horizon-
tale. Antennes renflées en massue, fusifor-
mes , plus souvent sétacées, quelquefois
pectinées dans les mâles.
Tribus : Castniens , Sésiens , Zyzéniens,
Sphingiens, Bombyciens, Noctuéliens, Ira-
niens, Phaléniens, Pyraliens.
(E. Desmarest.)
*LEPIDOPTERYX, Hope.ms.— Syn. de
Gymnocheilis de Gray, publié sous le nom de
Gymnochila parErichson. Voy. ce mot. (C.)
* LÉPIDOSAURES (Wç, écaille; <rav-
poç, lézard), rept. — Synonyme de Scincoï-
diens (voy. ce mot), d'après MM. Duméril
et Bibron (Erp. gén., V, 1839). (E. D.)
*LEPIDOSIREN (Wç, écaille; oupnç,
sirène), rept. ? — Singulier genre d'animaux
découvert dans ces derniers temps, et que
quelques zoologistes placent dans la classe
des Reptiles ichthyoïdes, tandis que d'autres
le mettent avec les Poissons anguilliformes.
C'est à M. Natterer (Annales d'histoire na-
turelle de Vienne, t. II, 1837) que l'on
doit la descriptiou de ce genre; ce zoolo-
giste place les Lepidosiren à côté du groupe
des Sirènes, dans la classe des Reptiles am-
phibiens; M. Owen, au contraire, en fait
un groupe de la classe des Poissons. Depuis
les travaux de ces deux auteurs, les natura-
listes ne se sont pas encore mis d'accord sur la
place que ce groupe doit occuper dans la série
zoologique. Pour nous, nous croyons qu'il
doit être placé à côté des Cécilies, dans la
division des Reptiles amphibiens, et qu'il
302
LEP
établit ainsi le passnge entre les Replilcs et
les Poissons.
M. Natterer a donné avec soin la des-
cription d'une seule espèce de ce genre, la
Lepidosiren paradoxa, et nous croyons devoir
la reproduire ici en entier. Le corps est
long de près d'un pied, très allongé, plus
fort que chez aucun des Reptiles ichthyoïdes
connus; la tête est pyramidale, courte et
obtuse; la bouche est petite, garnie en haut
et en bas de lèvres molles en forme de bour-
relet ; la langue est molle, épaisse, charnue ;
elle est adhérente au plancher de la bouche
et libre seulement sur les côtés et un peu
en avant; les mâchoires sont garnies, de
chaque côté, de deux dents soudées au bord
dentaire, grandes, plates, comprimées de
dehors en dedans; leur sommet offre un
bord droit et tranchant; leurs faces exter-
nes et internes sont marquées d'un sillon
qui, se prolongeant jusqu'au bord libre des
dents, donne à ce bord un aspect bidenté,
disposition qui rappelle celle des dents des
Mammifères et des Congres; au-devant des
d^nts de la mâchoire supérieure, sont deux
petites dents coniques, dirigées obliquement
en dehors; les narines s'ouvrent immédia-
tement derrière le bord de la mâchoire ; il
n'existe pas de dents palatines ; on n'aperçoit
aucune trace de tympan à l'extérieur, et
l'œil est caché par la peau. En arrière de la
tête, on aperçoit une ouverture ovale, assez
grande , dans laquelle on voit quatre arcs
branchiaux articulés; le cou n'est pas dis-
tinct de la tête et du tronc. Immédiatement
à la suite de l'ouverture branchiale, on trouve
de chaque côté un appendice conique sou-
tenu par une tige cartilagineuse; ce sont des
sortes de membres impropres à la locomo-
tion et à la natation ; une paire d'appendices
analogues saille en arrière sur les côtés de
l'anus ; ils sont un peu plus forts seulement
que les appendices antérieurs; il arrive
quelquefois que l'un des appendices de la
paire antérieure ou postérieure est un peu
plus gros d'un côté que de l'autre. Le dos
est marqué en avant d'un léger sillon qui,
vers la partie moyenne, donne naissance à
une crête membraneuse droite, analogue à
la nageoire dorsale des Murénoïdes ; elle s'é-
tend , en conservant une hauteur de 6 à 8
lignes, jusqu'à l'extrémité delà queue, se
poursuit sur la face inférieure de cet organe,
LEP
et vient aboutir en décroissant au-devant de
l'anus. La queue est conique, légèrement
comprimée. Suc les côtés du corps , on ob-
serve une ligne longitudinale, qui rappelle
la ligne latérale des Poissons; elle commence
sur les côtés du museau, en ligne onduleuse,
et donne, en haut et en bas, de légères ra-
mifications pour les mâchoires supérieure et
inférieure. Au-delà de l'ouverture branchiale,
elle se poursuit en ligne droite jusqu'à l'ex-
trémité de la queue. Parmi les ramifications
qu'elle donne à la partie postérieure et du
côté inférieur, il en est une qui, de chaque
côté , se porte sur les parties latérales de
l'abdomen, et se prolonge sur la partie in-
férieure du corps, en donnant plusieurs ra-
meaux, qui se distribuent à la surface des
parois abdominales. Tout le corps est cou-
vert d'écaillés fines, minces et arrondies à
leur bord postérieur, qui est confondu avec
les écailles voisines par un épiderme com-
mun, mais qui cependant paraît libre lors-
que l'épiderme est enlevé; chacune des
écailles est composée de petits compartiments
polygones plats. L'anus n'est pas médian,
mais placé légèrement sur le côté gauche du
corps ; il est rond et légèrement froncé. A la
suite du larynx et d'une trachée-artère fort
courts, naissent de chaque côté des poumons
vésiculeux très étendus, qui se prolongent
jusqu'aux environs de l'anus. Le canal intes-
tinal est presque de même grosseur dans
toute son étendue; il n'existe pas de renfle-
ment stomacal , seulement on voit à l'inté-
rieur un léger canal spiroïde analogue à celui
des Perches. Il y a une sorte de vessie na-
tatoire. Les vertèbres dorsales paraissent
supporter toutes des côtes rudimentaires.
La Lepidosiren paradoxa, d'une couleur noi-
râtre avec des taches blanches, a été trouvée
dansl'Amériquedu Sud, dans les flaques d'eau
et les fossés des environs de Bahia: les ha-
bitants de ce pays lui donnent le nom de
Caraucuru. On croit que cet animal se nour-
rit de matières végétales, car on a trouvé
dans le tube digestif d'un individu des dé-
bris de racines féculentes.
M. Owen, dans un mémoire publié à Lon-
dres, en 1839, a décrit une seconde espèce
de ce genre sous le nom de Lepidosiren an-
nectens, et il rapproche cet animal, comme
nous l'avons dit, de la classe des Poissons.
Un nouveau travail a été publié réeem-
LEP
ment, en Allemagne, sur les Lépidosirènes»
(E. D.)
♦LEPIDOSOMA, Wagl. rept.— Syn. de
Pantodactylus, Dum. et Bibr. (E. D.)
LEPIDOSPERMA (Wç, écaille ; «m/p-
p.ea , semence), bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Cypéracées-Rhynchosporées , éta-
bli par Labillardière (Nov. HolL, I, 14 ).
Végétaux de I'Australasie extra-tropicale et
du cap de Bonne-Espérance. Voy. cypéra-
CÉES.
*LEPIDOSTACHIS (tarf«, écaille ; <rra-
Xus y éP> )• b°t. ph. — Genre de la famille
des Scépacées , détachée par Endlicher de
celle des Antidesmées. Il a été établi par
Wallich (Catal., n. 6816) pour un arbre
de l'Inde. Voy. scépacées.
*LEPIDOSTEPHANUS (tarte, écaille;
<rre'y avo; , couronne ). bot. ph. — Genre de
la famille des Composées -Sénécionidées ,
établi par Bartling (Ind. sem. hort. Gœlting,
1837). Herbes de la Californie. Voy. com-
posées.
* LEPIDOSTERNON (tari's, écaille;
arepvov , poitrine ). rept. — M. Wagler
[Icon. amphib.) a proposé sous cette déno-
mination un genre de Lacertiens qui a été
adopté par MM. Duméril etBibron. LesLe-
pidostemon sont des Reptiles à peau nue, à
tubercules quadrillés; les lèvres de leur
cloaque n'offrent pas de pores; leurs dents
sont isolées, et enfin ils présentent des pla-
ques stermiles.
On connaît 3 espèces de c°, groupe : ce
sont les Lepidosternon microcephalum Wa-
gler, et scutigerum Dum. et Bibr., qui ha-
bitent le Brésil ; et le L. phocœna Dum. et
Bibr., qui se trouve a Buénos-Ayres. (E.D.)
*LEPIDOSTROBUS (tarfc, écaille; <jtPo-
6°; , strobile). bot. foss. — Genre de végé-
taux fossiles, de la famille des Lépido-
dendrées, établi par M. Ad. Brongniart
(Prodr., 87), et caractérisé comme il suit:
Cônes cylindriques, composés d'écaillés ai-
lées sur leurs deux côtés , creusées d'une
cavité infundibuliforme , et se terminant
par des disques rhomboïdaux, imbriqués de
haut en bas.
Ce genre renferme 4 espèces qui font
partie des terrains houillers. (J.)
LEPIDOSTROBUS, Lindl. bot. ph. —
Syn. d' Ulodendron , Rhod.
JLEPIDOTUS. poiss. — Voy. bynki.
LÊP
303
*LEPIDOTUS, Hope. ins. —Syn. d\4-
grypnus. Voy. ce mot. (C.)
♦LEPIDURUS. crust.— Synonyme d'4-
pus. Voy. ce mot. (H. L.)
LEPIGONUM, Fr. bot. ph. — Syn. de
Spergularia, Pers.
*LEPIONURUS (Ws, écaille; ov'p*',
tige), bot. ph. —Genre de la famille des
Olacinées, établi par Blume {Bijdr., 1143).
Arbrisseaux de Java. Voy. olacinées.
LÉPIPTÈRE. Lepipterus (Wç, écaille;
TrTîpov, aile), poiss. — Genre de l'ordre des
Acanthoptérygiens, famille des Sciénoïdes ,
établi par MM. CuvieretValenciennes (Hist.
des Poiss., t. V, p. 151), et différant prin-
cipalement des autres genres de la même
famille par des nageoires verticales fort
écailleuses.
On n'en connaît qu'une espèce, le Lépip-
tère de Saint - François , Lepipterus Fran-
cisci Cuv. et Val. , pris dans la rivière de
Saint-François au Brésil. (J.)
LEPIROIMIA (k'nvpov, cosse), bot.ph. —
Genre de la famille des Cypéracées-Chrysi-
trichées, établi par L.-C. Richard (in Pers.
ench.y 1 , 70). Herbes marécageuses de l'A-
frique et de la Nouvelle-Hollande. Voy. cy-
PÉRACÉES.
LEPISACANTHE, Lepisacanthus (W$,
écaille; ax«vO«, épine), poiss. — Genre de
l'ordre des Acanthoptérygiens, famille des
Joues cuirassées, établi par Lacépède et
adopté par G. Cuvier ( Règ. anim. , t. Il,
p. 169). Ces poissons sont remarquables par
leur « corps gros et court, entièrement cui-
rassé d'énormes écailles anguleuses , âpres
et carénées , où quatre ou cinq grosses épi-
ne? libres remplacent la première dorsale ,
et où les ventrales sont composées chacune
d'une énorme épine, dans l'angle de laquelle
se cachent quelques rayons mous , presque
imperceptibles; leur tête est grosse, cui-
rassée; leur front bombé; leur bouche as-
sez grande ; leurs mâchoires et leurs pala-
tins ont des dents en velours ras, et leur vo-
mer en manque. Il y a huit rayons à leurs
branchies. »
On ne connaît encore qu'une seule espèce
de ce genre, le Lépisacanthe japonais de
Lacép. ( Monocentris Japonica Sch.), qui
habite les mers du Japon. C'est un poisson
long de 15 à 16 centimètres, et d'un blanc
argenté. (J.)
301
LEP
*LEPISANTHES (Xw'ç, écaille; a/9o; ,
fleur), bot. ph. — Genre de la famille des
Sapindacées - Sapindées, établi par Blume
(Bijdr.y 237). Arbres de Java. Voy. sapin-
dacées.
LEPISELAGA ( Umtç , écaille ; «layift ,
briller), ins. — Genre de l'ordre des Diptè-
res brachocères, famille des Tabaniens, éta-
bli par M. Macquart ( Dipt . exot. , tom. I,
lre partie, pag. 153) aux dépens des Taons.
Il ne renferme qu'une seule espèce, Lepise-
laga lepidota ( Tabanus lepidotus Wied. ),
indigène de l'Amérique méridionale.
*LEPISIA (W5, écaille), ins.— Genre
de Coléoptères pentamères , famille des La-
mellicornes, tribu des Scarabéides phyllo-
phages , créé par MM. Lepeletier de Saint-
Fargeau et Serville ( Encyclopédie méthodi-
que, 1825, tom. X, p. 374 ), qui y rappor-
tent 3 espèces : les L. rupicola F., militaris
etferrugata de Gyllenhal. Les Lepisia ont
les tarses antérieurs et intermédiaires bi-
fides ; les postérieurs sont entiers. (C.)
LÉPISMATIDES. Lepismatidœ. ins.—
Synonyme de Lépismes. Voy. ce mot.
LÉP1SME. Lepisma (Wi'Çw, écailler). ins.
— Genre de l'ordre des Thysanures, de la fa-
mille des Lépismées, et qui peut être ainsi
caractérisé : Corps écailleux, aplati, allongé,
non cordiforme ; antennes et filets terminaux
de l'abdomen fort longs; des bouquets de
poils aux parties latérales de l'abdomen. Les
Lépismes , dont on connaît environ une di-
zaine d'espèces, sont de petits animaux qu'Al-
drovande et Geoffroy avaient nommés For-
bicines, et que l'on compare à de petits Pois-
sons, à raison de la manière dont ils se glis-
sent en courant, et des couleurs brillantes
de quelques espèces; ils se cachent ordinai-
rement dans les boiseries, les fentes des
châssis qu'on n'ouvre que rarement, ou sous
les planches humides, etc.; d'autres se tien-
nent sous les pierres, et pendant mon séjour
en Algérie, j'en ai rencontré une fort jolie
petite espèce qui est nouvelle, et dont les ha-
bitudes sont de se tenir sous les écorces des
arbres. Ces petits animaux courent très vite,
et il est difficile de les saisir sans enlever les
écailles dont leur corps est revêtu ; ils parais-
sent fuir la lumière, et ce n'est réellement
que pendant la nuit qu'on les voit errer çà et
là. La mollesse des organes masticateurs de
ces Insectes annonce qu'ils ne peuvent rcn-
LEP
ger des matières dures : cependant Linné et
Fabricius ont dit que l'espèce commune se
nourrit de sucre et de bois pourri ; suivant
le premier , elle ronge les livres et les ha-
bits de laine ; Geoffroy pense qu'elle mange
des individus du Psoque pulsateur, connu
vulgairement sous le nom de Pou de bois.
Parmi les 10 espèces que ce genre singu-
lier renferme, le plus grand nombre habite
l'Europe; quelques unes se trouvent en
Egypte, au Sénégal, en Chine et aux An-
tilles. Le Lépisme saccharin, Lepisma sac-
charina Linn., peut être considéré comme
le type de cette coupe générique. Cette es-
pèce est commune dans toute l'Europe; on
la trouve dans les maisons, sur les planches
des armoires où l'on conserve des comesti-
bles , sur les marches des escaliers en bois
ou dans les fissures des fenêtres, soit dans
le bois , soit dans le vieux plâtre. On dit
qu'elle se nourrit de sucre , de substances
végétales , et probablement aussi de petits
insectes. C'est à tort sans doute que Linné ,
qui ne connaissait que cette espèce du véri-
table genre Lépisme, l'a supposée originaire
d'Amérique. (H. L.)
♦LÉPISMÉES. Lepismœ. ins. — Nom
employé par M. P. Gervais pour désigner,
dans l'ordre des Thysanures, la famille qui
déjà portait les,noms de Lepismenœ et de Le-
pismatidœ. Les animaux qui composent cette
famille ont leur corps composé de quatorze
articles, un pour la tête, trois pour le tho-
rax, portant chacun une paire de pattes, et
dix pour l'abdomen. Leur tête , bien dis-
tincte du thorax, est quelquefois cependant
un peu enfouie sous le premier article de
cet organe. Elle porte des antennes longues,
sétacées, et composées d'un grand nombre
d'articles; le plus souvent, on y reconnaît
des yeux , et toujours la bouche est com-
plète, à deux paires de palpes multi-articu-
lés et plus ou moins longs. Les trois an-
neaux du thorax sont distincts les uns des
autres, tantôt égaux , tantôt inégaux entre
eux ; ils portent chacun une paire de pattes
composées des parties ordinaires aux Insec-
tes, les tarses étant multi- articulés et bi-
onguiculés. L'abdomen est terminé par des
filets multi-articulés, en nombre variable,
suivant les genres, et dont trois, habituel-
lement plus développés que les autres, exis-
tent seuls dans les Nicoléties (voy. ce mot);
LEP
le médian, que Latreille a nommé tarière,
manque dans les Campodées (voy. ce mot).
Huit ou neuf des anneaux de l'abdomen pré-
sentent latéralement, à la face inférieure,
un appendice triangulaire mobile, qui sem-
ble porter à plus de trois paires le nombre
des pattes chez ces animaux. C'est à ces or-
ganes , sans doute , que Linné faisait allu-
sion, en appelant Polypoda une des espèces
de son genre Lépisme, aujourd'hui Machy-
lis polypoda. Latreille a été beaucoup plus
loin en considérant ces appendices comme
de vraies pattes abdominales rudimentaires,
et en disant que les Machyles seraient des
Thysanures munis de douze paires de pat-
tes, dont trois thoraciques et neuf ventrales,
mais rudimentaires, et en ajoutant: Ces In-
sectes doivent donc , dans une série natu-
relle, venir immédiatement après les Myria-
podes. M. Guérin-Méneville, dans une note
présentée à l'Académie des sciences, sou-
tient la même opinion ; mais ne pourrait-on
pas dire que les fausses pattes des Lépismes
se comprennent bien mieux, quand on les
compare aux appendices branchiformes et
respirateurs de certaines larves de Névrop ■
tères? Cette manière de voir, qui a été pro-
posée peu de temps après par M. P. Gervais,
rend également compte de l'absence des
trachées, déjà constatée par plusieurs obser-
vateurs chez les véritables Thysanures ,
c'est-à-dire chez la famille des Lépismées.
Plusieurs espèces ont, comme les Podures ,
le corps plus ou moins couvert de petites
écailles , et c'est même à ce caractère que
tout le groupe doit son nom linnéen. Il y
en a cependant qui ont de petites villosités :
tels sont les genres Nicoletia et Campodea.
Voy. ces mots.
Les espèces qui composent cette famille
sont entièrement couvertes d'écaillés bril-
lantes , se tiennent cachées dans les lieux
où la lumière du jour ne pénètre pas;' ils
sont connus vulgairement sous le nom de
Poissons argentés. Les genres que cette fa-
mille renferme sont ceux désignés sous les
noms de Machylis, Lepisma, Lepismina, Ni-
coletia et Campodea. Voy. ces mots. (H. L.)
LÉPISMÈNES. Lepismenœ. ins. — Sy-
nonyme de Lépismes. Voy. ce mot. (H. L.)
*LÉPISMINE. Lepismina. ins. — Genre
de l'ordre des Thysanures, de la famille des
Lépismées, établi Dar M. P. Gervais dans
t. vu.
LEP
305
VHist. nat. des Ins. api. parM. Walckenaër.
Ce genre renferme 4 espèces , dont 2 sont
propres à l'Europe, et les autres à l'Egypte.
La Lkpismine dorée , Lepismina aurata L.
Duf., peut être considérée comme le type
de ce genre : elle a été rencontrée en Espa-
gne sous les pierres. (H. L.)
LÉPISOSTÉE. Lepisosteus {\entc,
écaille; out/ov, os), poiss. — Genre de l'or-
dre des Malacoptérygiens, famille des CIu-
péoïdes , établi par Lacépède et adopté par
G. Cuvier (Règ. anim., t. H, p. 328), qui
les décrit ainsi : « Ils ont un museau
formé par la réunion des intermaxillai-
res, des maxillaires et des palatins, au vo-
mer et à l'ethmoïde ; la mâchoire infé-
rieure l'égale en longueur; et l'un et
l'autre hérissés, sur toute leur surface inté-
rieure, de dents en râpe, ont le long de leur
bord une série de longues dents pointues.
Leurs ouïes sont réunies sous la gorge par
une membrane commune qui a trois rayons
de chaque côté. Ils sont revêtus d'écaillés
d'une dureté pierreuse ; la dorsale et l'anale
sont vis-à-vis l'une de l'autre et fort en ar-
rière. Les deux rayons extrêmes de la queue
et les premiers de toutes les autres nageoi-
res sont garnis d'écaillés, qui les font pa-
raître dentelés.
Les Poissons de ce genre habitent les ri-
vières et les lacs des parties chaudes de l'A-
mérique, et lorsqu'ils ont atteint toute leur
taille, ils sont bons à manger. On en con-
naît 3 espèces : le Caïman ou Gavial , Esox
osseus Bl. ; la Spatule , Lepisosteus spatula
Lacép. ; et' le Roblo, L. roblo Lacép. Les
écailles dont ils sont revêtus sont, pour ces
Poissons, les armes défensives les plus sûres.
A l'abri sous cette cuirasse impénétrable ,
ils ne craignent pas de s'attaquer aux ani-
maux marins les plus redoutables. Leur lon-
gueur est de 65 à 70 centimètres, et leur
corps est ordinairement d'une teinte ver-
dâtre en dessus, violette en dessous. (J.) ,
*LEPISTEMON (Wc'ç, écaille ; «rrvfcwv,
filament), bot. ph. — Genre de la famille
des Convolvulacées, établi par Blume (By'dr.,
722). Herhes de l'Inde. Voy. convolvulacées.
*LEPISTOMA (amm's, écaille; jto'/j.cc,
ouverture), bot. ph. — Genre de la famille
des Asclépiadées, établi par Blume (Flor.
jm\ yrœfat., VII). Arbrisseaux de Java
Voy. ASCLÉPIADÉES.
3*
SC6
LEP
LEP
♦IiEPIX. . : Ç:~i,, écaille ; Gwpéôv ,
bête sauvage), iuïpt. — Groupe de Sauriens
fossiles proposé par E. GeotTroy-Saint-Hi-
laire. (E. D.)
LEPITRIX ().c7rcç , écaille ; rp^i'aç, velu).
iNS. — Genre de Coléoptères pentamères,
famille des Lamellicornes, tribu des Sca-
rabéides anthobies, créé par MM. Lepele-
lier de Saint-Fargeau et Serville {Encyclo-
pédie méthodique, 1825, t. X, p. 301) et
adopté par Latreille et Dejean. Ce dernier
auteur, dans son Catalogue, en mentionne
12 espères, toutes propres à l'Afrique aus-
trale. Nous citerons, comme types, les Tri-
chius lineatus , abbreviatus , nig ripes de F.,
et cinereus d'Ol. Leurs tarses offrent l'or-
ganisation suivante : les quatre antérieurs
sont inégalement bi6des, et les postérieurs
n'ont qu'un crochet, qui est entier. (C.)
LÉPOCÈRE. Lepocera ( àc*oç , écorce ,
écaille; x/pag, corne), polyp. — Genre éta-
bli par M. Rafinesque pour des Polypiers
pierreux a écorce distincte, et dont les os-
cules sont à peine radiés. On le suppose
voisin des Caryophyllies, mais la description
n'en a pas encore été donnée. (Duj.)
*LEPORIDtE, Gray. mam. — Syn. de
Léporins. Voy. ce mot. (E. D.)
EÉPORINS. Leporina. mam. ~ Famille
de Rongeurs formée par A.-G. Demarest
{Tab. des Mam., Dict. d'hist. nat. de Déter-
ville, t. XXV) pour les genres Lièvre et
Pika. Voy. ces mots. (E. D.)
*LEPOSMA, Bl. bot. ph.— Syn. de Le-
pistoma, Bl.
*JLEPOSOMA OVoç, peau; tâpm, corps).
hept.— M. Spix (Lacert. Bras., 1826) a créé
sous ce nom un groupe deScincoïdiens rap-
porté par MM. Duméril et Bibron à leur
genre Tropidophorus. Voy. ce mot. (E. D.)
LEPRA, Hall. bot. cr.— Syn. de Pulve-
raria, Ach.
LEPRANTHA, Duf. bot. cr. — Syn. de
Pyrenothea, Fr.
LEPRARIA, Ach. bot. cr. —Syn. de
Piiiveraria, id.
*EEPRODERA (hnP6;, rude; hrf ,
cou ). ins. — Genre de Coléoptères subpen-
tamères ( tétramères de Latreille), famille
des Lougieornes, tribu des Lamiaires,
formé par Dejean, dans son Catalogue, avec
2 espèces de l'Ile de Java ; les L. pleuri-
causta et trimaculata de l'auteur. La pre-
mière a été publiée par M. Guérin-Mène-
ville sous le nom de Lamia Carcelii. On
doit rapporter à ce genre deux autres espè-
ces : les Lam. mamillata de Sch. et Swon-
sonii de Hope. L'une est propre à la Guinée,
l'autre provient d'Assam. (C.)
*LE PRONOTA (tarpo'«j rude; vSToç,dos).
ins. — Genre de Coléoptères subpentamères
(tétramères de Latreille), famille des Cycli-
ques, tribu des Colaspides (Chrysomélines
de Latreille), établi par nous et adopté par
Dejean, qui, dans son Catalogue, en énumère
14 espèces originaires deCayenneetdu Bré-
sil. Les types sont lesL. maculicornis et la-
timana Chv. Ces insectes sont ovalaires, de
couleur métallique obscure. Leurs élytres
offrent des tubercules quelquefois oblongs,
disposés en lignes longitudinales. (C.)
*LEPROPTERUS (hnpé^ rude; *t£-
p6v, aile), ins. — Genre de Coléoptères sub-
pentamères (tétramères de Latreille), famille
des Cycliques, tribu des Colaspides (Chryso-
mélines), formé par Dejean, dans son Cata-
logue, avec une espèce du Brésil , nommée
L. monstrosus par l'auteur. (C.)
*LEPROSOMA (Jieitpoç, rude; cwp.a,
corps), ins. — Genre de Coléoptères subpen-
tamères (tétramères de Latreille), famille
des Lougieornes, tribu des Lamiaires, établi
par Dejean, dans son Catalogue, avec une
espèce de l'île de Ténériffe, qu'il nomme
L. asperatum. (C.)
LEPTA (Xetttsç, grêle), bot. ph. — Genre
de la famille des Célastrinées?, établi par
Loureiro (Flor. cochin., 103). Arbustes de
la Cochinchine. Voy. célastrinées.
*LEPTACANTHUS (Ittnéç , grêle ; â«w-
9«, épine), bot. ph. — Genre de la famille
des Acanthacées-Echmatacanthées, établi
par Nées {in Vallich Plant, as. rarior., III,
90). Herbes de l'Inde. Voy. acanthacées.
LEPTADENIA (àiwtaç, mince; «^v,
glande), bot. ph. — Genre de la famille des
Asclépiadées-Pergulariées, établi par R.
Brown (w Mem. Werner. Soc., I, 24). Ar-
brisseaux des Indes orientales et des con-
trées tropicales et boréales de l'Afrique. Voy.
ASCLÉPIADÉES.
*LEPTyENA. moll.— M. Dalmann,dans
un travail assez considérable sur le g. Téré-
bratule, a proposé ce g. pour des coquilles
très singulières, auxquelles M. Defrance a
imposé le nom deTrigonocéphale.Ceg., fondé
LEP
sur la structure de l'appareil apophysairequi
est dans l'intérieur des valves, ne semble pas
suffisamment motivé, comme nous le verrons
aux articles productus et térébratule , aux-
quels nous renvoyons. (Desh.)
LEPTALEUM ( iewratfos , grêle), bot.
pu. — Genre de la famille des Crucifères-
Sisymbriées, établi par De Candolle (Syst.,
If, 510). Herbes de la Sibérie et de la Perse.
Voy. CRUCIFÈRES.
*LEPTALIS f>«TaAeoç, grêle). INS.—
Genre de l'ordre des Lépidoptères diurnes ,
famille des Papilloniens, groupe des Piéri-
des, établi par M. Boisduval (Hist. des Dipt.,
Suites à Buffori), et distingué principalement
par des antennes longues, à massue grêle,
allongée ; par des palpes très courts, poin-
tus, et des ailes étroites, lancéolées.
M, Boisduval décrit (loco citato) 19 espè-
ces de ce genre; elles se trouvent depuis les
Antilles jusque dans le Brésil méridional,
et ont à peu près les mêmes mœurs que les
Heliconia. Nous citerons principalement la
Leptalisamphione, dont la chenille, suivant
Stoll, vit sur le Cacaoyer.
LEPTANDRA, Nutt. bot. ph.— Syn. de
Pœderota, Linn.
*LEPTARRHENA (),£tcto'ç, grêle; S^vjv,
mâle), bot. ph. — Genre de la famille des
Saxifragacées, établi par R. Brown (in Par-
ry's, I, voy. supplem. 273). Herbes de l'A-
mérique arctique. Voy. saxifragacées.
*LEPTARTHRUS , Steph. ois.— Syn.
de Dasypogon , Fabr.
LEPTASPIS. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Graminées-Phalaridées, établi par
R. Brown (Prodr. , 211). Gramens de l'Aus-
tralasie tropicale. Voy. graminées.
LEPTE. IepJws(ÀeiTToç, grêle), arachn. —
Genre de l'ordre des Acarides, établi par La-
trsille et ainsi caractérisé par ce savant : An-
tennules coniques, de quatre articles; celui de
la base trèsgros. Un tube obtus, presqueconi-
que, avancé. L'espèce qui peut être considérée
comme type de ce genre est le Lepte du
Faucheur , Leptus phalangii , Degéer. Cette
espèce, qui est d'un beau rouge orange, passe
son premier ège en parasite sur les Fau-
cheurs; il tourmente surtout les femelles, et
se place principalement derrière leurs han-
ches postérieures, là où ne peuvent attein-
dre les palpes, beaucoup plus courts dans ce
sexe que chez !e mâle. Dures a observé que,
LEP
307
détachées spontanément du corps de ces
Arachnides, les larves meurent si elles tom-
bent dans l'eau, bien qu'elles n'aient pas été
noyées, si on les y a laissées quelques heu-
res seulement; c'est la terre qu'elles cher-
chent. L'observateur cité les a vues se ca-
cher plus ou moins profondément dans les
interstices des plus petites mottes, devenir
immobiles et rester ainsi pendant vingt
jours; elles représentent alors une nymphe
ovoïde, lisse, semblable à un petit œuf dua
jaune rouge et de laquelle sortira le petiv
Lepte octopode et écarlate dont nous avons
plus haut indiqué la couleur.
M. P. Gervais, dans son Hist. nat. des Ins.
apt. par M. le baron Walckenaër, n'adopte
pas le genre Leptus, qu'il rapporte au Trom~
bidium des auteurs. (H. L.)
LEPTEMON, Raf. bot. ph. — Syn. de
Crotonopsisy L.-C. Rich.
*LEPTEUS (Aêtctoç, mince), ins.— Genre
de Coléoptères tétramères, famille des Cur-
culionides, cité par Motschouski {Bull, de la
Soc. imp. de Moscou, 1836 à 1840) , et qui
avoisine les Plinthus. (C.)
*LEPTHIXA,Dum. et Bibr. rept.— Syn.
de Litoria. (E. D.)
*LEPTIA(Xe7r<roç, menu, grêle), ins.—
Genre de Coléoptères pentamères, famille
des Sternoxes , tribu desBuprestides, formé
par Dejean , dans son Catalogue , avec 4 es-
pèces d'Amérique : les Leptia pulverea, ca-
cica, viridipuncta et erythropus de Fauteur.
Les deux premiers sont originaires du Bré-
sil , le troisième se trouve à Cayenne , et le
quatrième aux États-Unis. (C.)
*LEPTIDEA (Wto'ç, grêle; IK*, forme).
ins. — Genre de Coléoptères subpentamères,
famille des Longicornes , tribu des Céram-
bycins, créé par Mulsant (Hist. nat. des
Longic. de France, 1839, p. 105), qui le fait
entrer dans la branche de ses Graciliaires.
L'espèce type : le L. brevipennis ( mâle ) ou
thoracica (femelle) est originaire du midi de
la France. Ce très petit insecte a été trouvé
assez abondamment sortant du bois d'un
vieux panier. (G.)
*LEPTIDES. Leplides. ins.— Tribu de la
famille des Brachystomes , dans l'ordre des
Diptères brachocères , et qui renferme les
genres Leptis, Psammorycter, Chrysopila,
Atherix , Clinocera , Lampromyia et Da-
syomma. Voy. l'article brachystomes pour les
303
LEP
LEP
caractères essentiels de cette tribu , et les
détails de mœurs et d'organisation des In-
sectes qu'elle comprend.
*JLEPTIDES. Leptides. arach. — Nom
employé par M. Sundeval pour désigner une
famille dans l'ordre des Acarides ; cette fa-
mille, qui comprend les genres Caris, Lep-
tus, Ocypeta, Astoma etAchlysia, n'a pas été
adoptée par M. P. Gervais dans son Hist.
nat. des Ins. apt. parM.Walckenaër. (H. L.)
LEPTIÏIELLA (Wto'ç, grêle), bot. pu.—
Genre de la famille des Composées-Sénécio-
/nidées, établi par Cassini {in Bullet. Soc.
philom., 1822, p. 127). Herbes de l'Amé-
rique. Voy. COMPOSÉES.
*LEPTI]\ODEIlUS (JleitTo'ç, grêle; 3e-
pvî, cou), ins.— Genre de Coléoptères hété-
romères, famille des Mélasomes, tribu des
Scotobides, proposé par Solier (Ann. de la
Soc. entom. de France, 1838, t. VI, p. 44)
pour une espèce du Chili et des environs de
Buénos-Ayres : le Scotobius varicosus de
Germar. (C.)
LEPTINOTARSA. ins. — Voy. lepty-
NOTARSA.
*LEPTINUS(Wro'ç,menu, grêle), ins.
— Genre de Coléoptères pentamères, famille
desClavicornes, tribu des Scaphidites , créé
par Germar (Fauna Europœa), et composé
de deux espèces : L. testaceus Gr. et cauca-
siens Motschoulski. (C;.
LEPTIS (Wt0'ç, chétif). ins. — Genre de
l'ordre des Diptères brachocères , famille
des Brachystomes, tribu des Leptides, établi
par Fabricius, et généralement adopté. Ses
caractères essentiels sont : Antennes à 2e
article unique; le 3e court, terminé par le
style. Tête déprimée. Thorax tubercule.
M. Macquart ( Hist. des Dipt., Suites à
Buffon, et Dipt. exot., t. II, Impartie, p. 29)
rapporte à ce genre 9 espèces indigènes, et
15 à 20 d'exotiques. Nous citerons principa-
lement, parmi les premières, la Leptis stri-
gosa, commune en France et en Allemagne.
Les femelles des Leptis déposent leurs œufs
dans la terre ou dans la mousse.
*LEPTIS (/étcts'ç, grêle), bot. ph. —
Genre de la famille des Papilionacées-Lotées,
établi par E. Meyer ( Msc. ex Ecklon et
Zcyherenum., 174). Arbustes du Cap. Voy.
LÉGUMINEUSES.
*LEPTOCALLIS,G.Don.BOT.Pii.— Syn.
de Quamoclit, Tournef.
♦LEPTOCARPHA ( JUirroç, grêle; **>
<poç, fétu), bot. ph. — Genre de la famille des
Composées-Astéroïdées, établi par De Can-
dolle {Prodr., V, 495). Arbustes du Chili.
Voy. COMPOSÉES.
LEPTOCARPUS {hmoç, mince; x«p-
iroç, fruit), bot. ph. — Genre de la famille
des Restiacées, établi par R. Brown (Prodr.,
250). Herbes de la Nouvelle-Hollande. Voy.
restiacées.
LEPTOCARYON. bot. ph. — Voy. noi-
sette.
*LEPTOCAlJLIS ().*7ctoç, grêle; wmùéç,
tige), bot. ph. — Genre ds la famille des Om-
bellifères-Acuminées, établi par Nuttall {ex
DC. Mem., V, 39, t. 10). Herbes de l'Amé-
rique boréale. Voy. ombellifères.
LEPTOCÉPIIALE. Leptocephalus (àbtc-
to; , grêle ; x£<paÀvj, tête), poiss. — Genre de
l'ordre des Malacoptérygiens , famille des
Anguilliformes , établi par Pennant , et
adopté par G. Cuvier {Règ. anim., II, 358).
Ces Poissons ont le corps comprimé comme
un ruban, et une tête extrêmement petite ,
avec un museau court et pointu.
On n'en connaît qu'une espèce des côtes
de France et d'Angleterre, le Leptocephalus
Marisii Grn.
EEPTOCERA()i£*to'ç, grêle; x/paç, «n-
tenne). ins. — Genre de Coléoptères penta-
mères , famille des Longicornes, tribu des
Cérambycins , formé par Dejean , qui, dans
son Catalogue, en mentionne 3 espèces : les
L. scripta de F. (cœlata d'Ol. ) graphica de
Boisduval et humeralis de Buquet. La pre-
mière est originaire des îles Maurice et de
Bourbon, la seconde delà Nouvelle Gui-
née , et la troisième de Madagascar. (C.)
LEPTOCERIM). ins. — Synonyme de
Mystacidites. (Bl.)
LEPTOCERUS. ins. — Synonyme de
Mystacide. (Bl.)
*LEPTOCHIRUS (hn*i<; , grêle; Xa'p,
main), ins. — Genre de Coléoptères pentamè-
res, famille des Brachélytres, tribu desPies-
tiniens, créé par Germar (Species Insecto-
rum, p. 25, pi. 1, fig. 1) et adopté par
Erichson (Syn. gen. etsp. Staphyl.,^. 824),
quienénumère 9 espèces; 5 sont originaires
de l'île de Java, 3 de l'Amérique équinoxiale
et 1 est propre à Madagascar. Les types sont
les L. maxillosus F., et scoriaceus Gr. (C.)
LEPTOCIILOA (Wto'î, frêle; x2mit
LEP
LEP
309
herbe), sct. ph. — Genre de la famille des
Graminées-Chloridées, établi par Palisot de
Beauvois {Agrost., 71, t. 15, fig. 1). Gra-
mens de l'Amérique tropicale. Voy. grami-
nées.
LEPTOCÏRQUE . Leptocircus (Xmttoç, dé-
icat; x/pxoç, queue ). ins.— Genre de l'ordre
des Lépidoptères diurnes ( Achalinoptères,
Blanch.), familledesPapilloniens, groupe des
Papillonites , établi par Swainson (ZooL il-
lustr. , 2e pi . 1 06) , aux dépens du grand genre
Papilio, dont il diffère par les ailes infé-
rieures plissées longitudinalement, et termi-
nées insensiblement en une queue extrême-
ment longue et recourbée à l'extrémité ,
avec leur bord abdominal droit, légèrement
replié en dessus.
On ne connaît qu'une seule espèce de ce
genre, le Leptocircus curius (Papilio curius,
Fabr. ) figuré dans l'atlas de ce Dictionnaire,
Insectes lépidoptères, pi. 5, fig. 1. Le
corps de ce Papillon a environ 1 centimètre
de longueur; son envergure est de 4 à 5
centimètres. Le corps est noir; les antennes
sont de la même couleur, avec leur partie
inférieure roussâtre; les ailes sont noires
aussi , mais traversées entre la base et le
milieu par une bande d'un vert blanchâtre
dans le mâle, et entièrement blanche dans
la femelle; les ailes supérieures ont en ou-
tre, vers leur extrémité, un grand espace
triangulaire transparent, traversé par des
nervures; les postérieures ont leur queue
blanche à l'extrémité; l'abdomen est noir
en dessus et blanchâtre en dessous , avec
deux rangées de points noirs de chaque côté.
Cette belle espèce provient de l'île de
Java. (j.)
*LEPTOCLINUM. tunic— Genre d'As-
cidies composées, de la famille des Didem-
niens, établi par M. Milne-Edwards. Voy.
DIDEMNIENS.
♦LEPTOCNEMUS ( Wo's , grêle ; xv„'-
pj, jambe), arach. — Sous ce nom est
désignée par M. Koch, dans ses Die Arachni-
den, une nouvelle coupe générique qui n'a
pas été adoptée par M. P. Gervais , et
que ce dernier, dans son Hist. nat. des
Ins. apt., par M. le baron Walckenaër,
rapporte au genre des Goniosoma ( voy.
ce mot). Le Gon. ferrugineum serait le type
de ce nouveau genre. (H. L.)
*LEPTOCXEMUS (Ukt6ç, grêle; xv„yo,
jambe), ins. — Genre de Colcoptères subpcn-
tamères (tétramères de Latreille), famille
des Longicornes, tribu des Cérambycins,
formé par Dejean, dans son Catalogue, avec
deux insectes du Mexique; L. costipennis et
tripunclatus de l'auteur, qui ne sont proba-
blement que le mâle et la femelle d'une
même espèce, bien que l'une soit d'un jaune
pâle et l'autre noirâtre. (C.)
*LEPTOCOMA()l£7rroç, frêle; xou-/,, che-
velure), bot. ph. — Genre de la famille des
Composées-Astéroïdées, établi par Lessing
(in Linnea, VI, 130). Herbes du Népaul.
Voy. COMPOSÉES,
*LEPTOCOIVCHUS ().£tcto'ç, grêle ; *o'r
xoç, coquille), moll. — M. Ruppel, dans un
petit mémoire, publié parmi ceux des cu-
rieux de la nature, a signalé à l'attention des
naturalistes une coquille fort singulière, sa
rapprochant fort des Magiles, et semblant en
effet le premier âge d'une coquille de ce der-
nier g.; l'illusion à cet égard est d'autant
plus complète que le Leptoconque vit dans
des conditions à peu près semblables à celles
des Magiles. La coquille est ovale-oblongue,
blanche, mince , à spire obtuse , composée
d'un petit nombre de tours conjoints. L'ou-
verture est assez grande, ovale, oblongue;
la columelle médiocrement aplatie et sub-
tronquée à la base. Le bord droit est mince,
simple; il tombe perpendiculairement dans
le plan de l'ouverture; et il présente dans
sa longueur une sinuosité large et peu pro-
fonde ; cette ouverture est fermée par un
opercule semblable à celui des Pourpres.
La permanence des caractères que nous
venons de rapporter fait toute la valeur du
g. Leptoconque; car si la coquille, dans ses
accroissements, finissait par s'épaissir et se
prolonger en un tube irrégulier, elle appar-
tiendrait incontestablement au g. Magilc.
Quoique les caractères du g. en question
soient relativement d'une faible importance,
néanmoins, dans l'état des observations, ils
doivent suffire pour faire admettre le genre
proposé par M. Ruppel; mais tout nous
porte à croire qu'aussitôt que l'on sera par-
venu à examiner les animaux, et à compa-
rer avec ceux des Pourpres et des Magiles
les caractères principaux, on leur trouvera
une ressemblance assez considérable pour
être rapportés à l'un ou à l'autre de ces ty-
pes.
310
LEJL*
LEP
On ne connaît jusqu'ici qu'un très petit
nombre d'espèces dépendant du g. Lepto-
conque; elles vivent dans les madrépores,
quelquefois attachées à leur surface, et cette
manière de vivre emporte quelquefois des
irrégularités plus ou moins considérables
dans la coquille. Jusqu'ici nous ne connais-
sons aucune espèce fossile. (Desh.)
*LEPTOCONUS ().£7tToç, mince ; conus,
cône ). moll. — Genre inutile proposé par
M. Swainson, dans son Traité de malacologie,
pour les espèces de Cônes d'une forme cy-
lindrique. Voy. cône. (Desh.)
LEPTOCORISA (Wtoç, grêle; *oP«ç ,
punaise), ins. — Genre de la famille des
Goréides, groupe des Anisoscélites , de l'or-
dre des Hémiptères , établi par Latreille et
adopté par tous les entomologistes. Les
Leptocorises ont le corps grêle, la tête al-
longée, terminée en pointe bifide; ils ha-
bitent les régions chaudes du globe. Le type
est la L. varicornis (Gerris varicornis F ab.)
des Indes orientales. (Bl.)
*LEPTOCORYPHIUM,Nees. bot . ph.—
Syn. de Milium, Linn.
LEPTOCYANUS (WWç , grêle ; *4<x»<x,
bleuet), bot. ph. — Genre de la famille des
Papilionacées-Phaséolées, établi par Ben-
tham (in Linn. Transact. XVIII, 209 ).
Herbes ou arbustes de la Nouvelle-Hol-
lande. Voy. PAPILIONACÉES.
*LEPTODACTYLA (AetttÔç, grêle ; 3**-
Tv>o;, doigt), ins. — Genre de Coléoptères
pentamères, famille des Carabiques, tribu
des Troncatipennes, créé par MM. Audouin
ctBrullé (Hist. nat. des Ins., t. IV, p. 130),
et qui a pour type une espèce de Java, qu'ils
nomment L. apicalis (Miscelus javanus de
Klug.).Dejean a réuni à tort cette espèce au
genre Cy minais. (C.)
LEPTODACTYLES. Leptodactylœ. mam.
— Nom donné par Illiger à la famille des
Chiromyens. Voy. ce mot. (E. D.)
*LEPTODACT\LUS, Fitz. rept.— Syn.
de Cystignathus, Dum. et Bibr.
*LEPTODAPM\E (Wto'ç, frêle; J<fyv„,
laurier), bot. ph. — Genre de la famille des
Laurinées-Oréodaphnées, établi par Nées
(Prodr., I, 6). Arbres du Brésil. Voy. lau-
RINÉCS.
*LEPTODÈRE.Iep«odera ().£ Tir oç, étroit;
Stp-h, cou), helm.— Genre établi par M. Du-
jardin {Histoire des Helminthes) pour une es-
pèce de Nématoïde, trouvée assez abondam-
ment dans le conduit déférent d'une Limace
grise à Rennes. Ce sont des Vers filiformes,
renflés au milieu, très amincis vers les ex-
trémités, longs de 3 à 4 millimètres. La
bouche est très petite, nue ; l'œsophage est
très long, filiforme, renflé et musculeux en
arrière. Le mâle a une queue longue, très
fine, droite et nue, précédée par un renfle-
ment d'où sortent deux spicules fascicules,
égaux, entre deux ailes membraneuses cour-
tes. La femelle a la queue droite , très
longue; sa vulve est située au milieu de la
longueur , et deux oviductes égaux partent
de cet orifice pour se replier vers leur ex-
trémité. Les œufs, longs de 8 millièmes de
millimètres, éclosent dans le corps de la fe-
melle. (Duj.)
LEPTODERMÏS (amtw'ç, mince ; MP*a,
peau), bot. ph. — Genre de la famille des
Rubiacées-Guttardées, établi par Wallich
(in Roxburgh Flor. ind., 11,101). Arbris-
seaux du Népaul. Voy. rubiacées.
*LEPTODES (XfewoTnç, ténuité), bot.
ph. — Genre de la famille des Orchidées-
Épidendrées, établi par Lindley {in Bot. reg.
t. 1625). Herbes du Brésil. Voy. orchidées.
*LEPTODES (),£7TTOTy)ç, ténuité). ins. —
Genre de Coléoptères hétéromères , fa-
mille des Mélasomes , formé par Dejean et
adopté par M. Hope et M. Solier. Ce der-
nier auteur classe ce genre parmi ses Col-
laptérides et dans sa tribu des Scaurites
(Ann. de la Soc. entom. de Fr., t. VII, p.
191). L'espèce type, le L. Boisduvalii Dej.,
Sol., estoriginaire de la Turcommanie. (C.)
*LEPTODON, Sundev. ois.— Syn. de
Cymindis, Cuv. (Z. G.)
LEPTODON (^ttto';, grêle; hiovç, dent).
bot. cr. — Genre de Mousses Bryâcées, éta-
bli par Webb (in Mohr obs., 27 ). Mousses
épidendres,vivaces,croissantdans les régions
tempérées de l'hémisphère boréal. Voy.
MOUSSES.
LEPTOGASTER , Meig. ins. —Syn. de
Gonype, Latr.
LEPTOGLOSSUS, Swains. ois. — Voy.
philédûn et SOUÏMANGA. (Z. G.)
*LEPTOGLOTTIS (Ae-icroç, grêle; yX»T-
tc, langue), bot. ph. — Genre de la famille
des Mimosées-Parkiées, établi par De Can-
dolle (Mem. Legum., 451). Herbes de l'A-
mérique boréale. Voy. mimosées.
LEP
•LEPT0H1MEKIUM ( Aeirro'ç , mince;
vpyiv, membrane), bot. cr. -Genre de Mous-
ses Bryacées, établi par Schw aegrichen (Sup-
p/., t. 246). Mousses du Népaul, vivant sur
les troncs d'arbres. Voy. mousses et brya-
LEPTOLjENA ()i£«toç, mince; >«~va, en-
veioppe). bot. ph. — Genre de la famille des
Chlénacées, établi par Dupetit-Thouars
[Ilist. veg. afr. aust., 41, t. 11). Arbus-
tes de Madagascar. Voy. chlénacées.
*LEPTOLOBIUM ( acktoç , mince; ).o-
So;, gousse), bot. ph.— Benth., syn. de Lep-
tocyanus, Benth. — Genre de la famille des
Papilionacées-Césalpiniées, établi par Vogel
(Linnea, XI, 388). Arbres ou arbrisseaux
de l'Amérique tropicale Voy. papilionacées.
*LEPTOLOPHUS, Swains. ois. — Genre
de la famille des Psittacidées. Voy. perro-
quet. (Z. G.)
*LEPTOLYMMEA (Xsirto'ç, allongé;
lymnea, lymnée). moll. — Ce g. a été proposé
par M. Swainson, dans son Traité de mala-
cologie, pour les espèces allongées de Lym-
nées , telles que le Lymnea elongata par
exemple. Voy. lymnée. (Desh.)
LEPTOMERA (h*ro«, grêle; ^poç ,
jambe), crust. — Genre de l'ordre des
Laemodipodes , de la famille des Caprel-
liens, établi par Latreille sur un Crustacé
caractérisé par l'existence de pattes à tous
les anneaux du thorax; le nombre de ces or-
ganes est de sept paires. On en connaît deux
espèces; celle qui peut être considérée
comme type de ce genre est le Leptomera
pedata Mul 1 . Cette espèce a été rencon trée sur
les côtes du Danemark. (H. L.)
LEPTOMERIA ( àeictoç , frêle; pvjoo'ç,
tige), bot. ph. — Genre de la famille des
Santalacées , établi par R. Brown [Prodr.,
353). Arbrisseaux de la Nouvelle-Hollande.
Endlicher (Gen. pi., 326, n. 2075) ré-
partit les espèces de ce genre en trois sec-
tions qu'il nomme : Xeromeria , Omphaco-
meria et Oxymeria. Voy. santalacées.
LEPTOMITUS (amtto'ç, grêle ; f*fror, fil).
rot. cr. — Genre de Phycées, tribu des Bys-
soïdées, établi par Agarrih (Syst., XXIII), et
caractérisé principalement par des filaments
hyalins ou peu colorés, arachnoïdes, libres,
droits et non entrelacés.
LEPTOMORPHA (Wto'ç, grêle; p>P-
rn, forme), ins. — Genre de Coléoptères sub-
LEP
311
pentamères(tétramères de Latreille), famille
des Cycliques , tribu des Cassidaires t créé
par nous et adopté par Dejean, dans son
Catalogue. L'espèce type appartient à l'Eu-
rope, et est originaire de la Sicile. L'infor-
tuné Helfer, qui, le premier, l'a découverte,
lui a donné le nom de L. Donacis ( fllifor-
wmDahl.) de la plante sur laquelle elle
vit. (C.)
*LEPTOMYZA (aetttÔç, grêle; psvfo, mou-
che), ins. — Genre de l'ordre des Diptères
brachocères, famille des Musciens, tribu des
Muscides, établi par M. Macquart pour une
seule espèce , Leptomyza frontalis , qui ha -
bite l'Europe.
LEPTON. moll. — M. Turton a insti-
tué ce g. dans ses Testacés bivalves de la
Grande-Bretagne , pour une petite coquille
appartenant évidemment au g. Érycine de
Lamarck. Voy. érycine. (Desh.)
LEPTONEMA (Acirtoç, grêle; v35u«, fila-
ment), bot. ph. — Genre de la famille des
Euphorbiacées-Phyllanthées, établi par Ad.
de Jussieu (Euphorb., 19, t. IV, f. 12).
Arbrisseaux de Madagascar. Voy. euphor-
biacées.
*LEPTONEMUS (Woç, grêle; v~<x«,
tissu), ins. — Genre de Coléoptères tétramè-
res, famille des Curculionides orthocères,
division des Anthribides, créé par Dejean,
dans son Catalogue. Une dizaine d'espèces,
originaires des îles de France, de Bourbon
et de Madagascar, rentrent dans ce genre.
Les types sont: lesL. filiformis et annulipes
Lat. (C.)
*LEPTONYCHUS Qeicxoç, grêle; ovvf,
ongle), ins. — Genre de Coléoptères hétéro-
mères, famille des Mélasomes, tribu des
Érodites, créé par nous (Revue entomologique
de Silbermann, 1833, t. I, p. 25, 26, pi. 1)
et adopté par MM. Dejean, Hope,Laporteet
Solier. Ce genre renferme deux espèces du
Sénégal : les L. erodioides de Chv., et Maillei
de Sol. (C)
*LEPTONYX ( actttoç , gracieux ; ow$ ,
ongle), mam. — Division proposée par
M. Gray {Mag. n. h. I. 1837) dans le genre
des Phoques. Voy. ce mot. (E. D.)
*LEPTONYX, Swains. ois.— Syn. de
Megalonyx, Less. (Z. G.)
*LEPïOPETALUM (Aetttoç, frêle ; w/xac-
aov, pétale), bot. ph. — Genre de la famille
des Rubiacées, établi par Hooker (ad Bee*
312
LEP
LEP
chey, 293, t. 61). Arbrisseaux du Mexique.
Voy. RUBIACÉE3.
*LEPTOPEZA(lewTo5, grêle; ire'Ça,pied).
Ins. — Genre de i'ordre des Diptères bracho-
cères, famille des Tanystomes, tribu des
Hybotides, établi par M. Macquart(Di]?£. du
Nord) pour une seule espèce nommée flavi-
pes par l'auteur.
*LEPTOPHIS (Wto'ç, grêle; oy.ç,
serpent), rept.— Sous-genre de Couleuvres,
d'après M. Bell (Zool. journ. 1825). Voy.
couleuvre. (E. D.)
*LEPTOPHTHHUUM (tarro'ç, grêle;
yQeîp, pou), hexap. — Ehrenberg désigne sous
ce nom, dans ses Symbolœ physicœ, une nou-
velle coupe générique queM. P. Gervais place
dans l'ordre des Epizoïques. Les caractères de
ce nouveau genre peuvent être ainsi présen-
tés : Antennes filiformes, remarquables par
le grand nombre de leurs articles (1 5 environ);
des palpes maxillaires et labiaux; ceux-ci al-
longés,de cinq articles; tarses de trois articles,
bi onguiculés. La seule espèce connue est le
Leplophthirium longicorne Ehrenb. L'au-
teur de cette nouvelle coupe générique n'en
a eu qu'un seul exemplaire, trouvé par lui
sur le Daman de Syrie ( Hyrax syriacus
Hempr.et Ehrenb.). M. Ehrenberg en a fait
un genre aVOrthoptères aptères. (H. L.)
*LEPTOPLANA. helm.— Ce genre ne
comprend qu'une espèce, recueillie à Tor,
sur la mer Rouge (L. hyalina). Aux carac-
tères communs des Leptoplanea {voy . cemot),
il joint quatre groupes d'yeux sessiles. (P. G.)
*LEPT0PLA1\EA. helm.— Petit groupe
d'Helminthes aquatiques, voisin des Déro-
stomes, établi par M. Ehrenberg {Symbolœ
physicœ), et entrant dans la famille qu'il
nomme Amphislerea. Les Leptoplanea ont le
corps membraniforme et rappelant celui des
Planaires. Leur lobe intestinal est simple.
Ni l'une ni l'autre de ses ouvertures n'est
terminale. M. Ehrenberg établit deux gen-
res pour ces animaux , les Eurylepta et les
Leptoplana. (P. G.)
*LEPTOPLIA, Dejean. ins. — - Syn.de
Microplia. Voy. ce mot. (C).
LEPTOPODA ( hiTTo't , mince; ttoÛç ,
pied), bot. ph. — Genre de la famille des
Composées-Sénécionidées, établi parNuttall
(Gen., II, 174). Herbes de l'Amérique bo-
réale. Voy. COMPOSÉES.
*LEPTOPODES().£ttto'ç, mince; *ovÇ,
pied), moll. — Dans sa classification des
Mollusques, publiée en 1821, M. Gray a
proposé d'établir sous ce nom un 3e ordre
de sa classe des Conchophores, dans lequel
il réunit deux genres , n'ayant entre eux
qu'une analogie très éloignée: ce sont les
Mactres et les Nucules. Les progrès de la
science ne permettent pas d'adopter ce rap-
prochement,caron sait aujourd'hui que l'ani-
mal des Nucules appartient bien à la famille
des Arcacées de Lamarck , tandis que les
Mactres, prolongées en arrière par de longs
siphons, dépendent d'un autre type, rappro-
ché des Myes et de ceux des Mollusques dont
le manteau est plus ou moins fermé : aussi
cet arrangement de M. Gray n'a point été
adopté des zoologistes. (Desh.)
LEPTOPODIE (Woç, mince; ttoîç,
pied ). crust. — Genre de l'ordre des Dé-
capodes brachyures, de la famille des Oxy-
rhynques , établi par Leach aux dépens des
Inachus de Fabricius , et des Maia de Bosc.
Deux espèces composent cegenre; elles n'ont
encore été rencontrées que dans les mers du
Nouveau-Monde. La Leptopodia sagittaria
Leach peut être considérée comme le type
de ce genre singulier, et a pour patrie le
golfe du Mexique et la mer des Antilles;
cependant je ferai aussi observer que cette
curieuse espèce a été aussi rencontrée près
des îles Canaries par MM. Webb et Berthe-
lot. (H. L.)
*LEPTOPODIENS. Leptopodii. ins. —
M. Brullé et nous ensuite avons désigné, sous
cette dénomination, une petite famille de la
tribu des Réduviens, dans l'ordre des Hé-
miptères; c'est la famille des Saldides de nos
derniers ouvrages. Voy. ce mot. (Bl.)
*LEPTOPS (Wto'ç, grêle; ety, aspect). ins.
— Genre de Coléoptères tétramères, famille
des Curculionides gonatocères, division des
Cléonides, créé parSchœnherr {Syn. gen. et
sp. Curculion. t. II, p. 297, tab. 627, part.
221 ), et composé de 14 espèces toutes de la
Nouvelle-Hollande. Le type est \eCurc. ro-
bustus d'Olivier. (C.)
*LEPTOPTERIX, Horsf. ois. — Syn. de
Langraien. (Z. G.)
*LEPTOPTTILA, Swains.ois.— Syn. de
Goura. Voy. pigeon. (Z. G.)
*LEPTOPTILOS, Less. ois.— Division
du g. Cigogne, établie sur la C. Marabou
Tem m. (Z. G.)
LEP
*LEPTOPUS (Ivmvéç, grêle; ™Z<;,
pied). Ins. — Genre de la famille des Sal-
dides, de l'ordre des Hémiptères, établi
par Latreille sur quelques petites espèces
dont le bec est très court et épineux, les
ocelles au nombre de deux, portés sur une
élévation, etc.
Les Leptopus habitent généralement sur le
bord des mers , des étangs , sur les rivages
couverts de cailloux et exposés à l'ardeur du
soleil. On en trouve plusieurs espèces dans
le midi de la France (L. littoralis , lanosus
echinops L. Dufour ). (Bl.)
*LEPTOPUS (ktnxiç, grêle; ttoOç, pied)'.
ins. — Genre de Coléoptères pentamères, fa-
mille des Lamellicornes, tribu des Scarabéi-
des phyllophages, créé par Dejean (Cat.) avec
deux espèces d'Espagne : les Melolontha den-
ticornis et Bedeau Duf. (C.)
♦LEPTOPUS ( Unréi , grêle ; ttovç, pied).
rept. — Division des Pipas ( v oy. ce mot)
d'après M. Meyer. (E. D.)
LEPTOPUS. crust. — Syn. d'Égérie.
Voy. ce mot. (H. L.)
*LEPTOPYRUM , Raf. bot. ph— Syn.
d'Avena, Linn.
LEPTORAMPHES.Leptoramp/u. ois.—
M. Duméril a créé sous ce nom une famille
de Passereaux à bec long, étroit, sans échan -
crure , souvent flexible, dont font partie les
genres Martin-Pêcheur, Todier, Sittelle,
Orthorynque, Guêpier, Colibri, Grimpe-
reau et Huppe. Cette famille, sauf les
deux premiers genres, correspond aux Té-
nuirostres de G. Cuvier. (Z. G.)
♦LEPTORHWCHUS. Leptorhynchus ,.
Ménétr. ois. — Section du g. Fourmilier.
— Swains. , section du g. Ara. — Dubus ,
section du g. Avocette. (Z. G.)
*LEPTORH¥i\CHUS (tamg, grêle; pvy-
Xo; , bec), bot. ph. — Genre de la famille
des Composées-Sénécionidées, établi parLes-
sing (Synops., 273). Herbes de la Nouvelle -
Hollande. Les espèces de ce genre ont été
réparties en deux sections nommées : Apha-
norhynchus, Less.; Marna, Lindl. Voy. com-
posées.
♦LEPTORHYNCHUS (kt«Ç( grêle;
pvyXo;, rostre), ins.— Genre de Coléoptères
pentamères, famille des Curculionides Or-
thocères, division des Brenthides, créé par
M. Guérin-Ménevine (Voy. autour du 3/onde,
de la Coquille, *ool., p. 318). L'espèce type,
T. VII.
LEP
313
le L. acnminatus de l'auteur, est originaire
de la Nouvelle-Guinée. (C.)
LEPTORIME. Leptorima Çavkt6s, étroit;
rima, fente), pouyp. — Genre proposé par
Rafinesque pour des corps marins encroû-
tant les Zoslères et les Fucus, et qui parais-
sent devoir se rapprocher beaucoup de cer-
taines Éponges friables. L'auteur en a trouvé
trois espèces dans la Méditerranée , sur les
côtes de la Sicile. (Duj.)
*LEPTOSAURUS (lWç, gracieux;
(jaûpoç, lézard), rept. — M. Fitzinger
{Syst. Rept. 1843) propose sous ce nom une
division dans le grand genre Lézard. Voy.
ce mot. (E. D.)
*LEPTOSCELIS, Dej. ins.— Syn. d'Ani-
sopus, Serv. Le nom proposé par Dejean doif
être préféré, celui d'Anisopus ayant déjà été
employé pour désigner un genre de Crus-
tacés. (C.)
*LEPTOSCELIS ().mctoç, grêle; oxûiç,
jambe), ins. — Genre de la famille des
Anisoscélides, de Tordre des Hémiptères,
établi par M. Laporte de Casteînau (Essai
hémipt. ) et adopté par MM. Amyot et Ser-
vi 1 le. Les Leploscelis diffèrent à peine des
vrais Anisoscelis. M. Burmeister et nous ,
dans nos divers ouvrages, n'avons pas cru
devoir les en séparer génériquement. Le
type de cette division est le L.hœmorrhous
(Cimex hœmorrhous Lin. ), assez com:nun
à la Guiane. (Bi..)
LEPTOSCHOINUS (knx^, mince;
axoTvoq, jonc), ins. — Genre de Coléoptères
tétramères, famille des Curculionides go-
natocères , division des Apostasimérides Ba-
ridides, proposé par M. Klug et adopté par
Dejean et Schœnherr ( Synon. gcn. et sp.
Curcul., t. S, part. I, pag. 264). Ce der-
nier n'en mentionne qu'une espèce du Bré-
sil, le L. maculatus Kl. etSch. (C.)
♦LEPTOSEMA. ,bot. ph.— Genre de la
famille des Papilionacées-Podalyriées, éta-
bli par Bentham(m Annal. Wiener Mus.,
II, Si). Arbrisseaux de la Nouvelle-Hol-
lande. Voy. LÉGUMINEUSES.
*LEPTOSOLEI\A (hitfifc, grêle; (wùw'v,
tuyau), dot. pu. — Genre de la famille des
Zingibéracées-Alpiniées, établi par Presl
(Reliq. Hœnîc, I, 111, t. XVIII). Herbes de
l'île Luçon. Voy. zingibéracées.
LEPTOSOMA. crust. — Syn. d'Idotéc.
Vi.y. ce mot. (H- L-)
40
r>i4
LEP
LEP
*LEPTOSOiUUM ou LEPTOSOMA (i6ff-
toç, grêle; owp.« , corps), ins. — Genre de
Tordre des Lépidoptères nocturnes établi
par M. Boisduval (Faune de Madagascar, p.
84), qui lui donne pour type le Leptosomum
msulare, fréquent à Madagascar. M. Blan-
chard, qui adopte ce genre (Hist. des Ins.,
faisant suite au Buffon-Dume'nil), le place
(ians la famille des Bombyciens, tribu des
Bombycides.
LEPTOSOMUS, Yieill. ois. — Syn. de
Coural. Voy. ce mot. (Z. G.)
LEPTOSOMUS, Schœnherr. ins.— Syn.
de Rhudinosomus. Voy. ce mot. (G.)
*LEPTOSPERME Leplospermum [Ukv-oç,
mince et menu; <«reppx, graine), bot. pu.
— Ce genre de plantes appartient à la fa-
mille des Myrtacées et à l'icosandrie mono-
gynie, dans le système sexuel. Il se compose
de végétaux frutescents ou arborescents ,
qui croissent spontanément à la Nouvelle-
Hollande et à la Nouvelle-Zélande; leurs
feuilles sont alternes, très entières, dépour-
vues de stipules, ponctuées; leurs fleurs
sont solitaires, axillaires, nues ou accompa-
gnées de petites bractées scarieuses, blan-
ches. Chacune d'elles se compose d'un ca-
lice à tube campanule, adhérent , à limbe
5-fide, persistant parfois après la floraison;
d'une corolle à 5 pétales insérés à la gorge
du calice, orbiculaires, à onglet court; d'é-
lamines en nombre indéterminé, insérées à
l'extrémité du tube calicinal; d'un ovaire
infère ou demi-supère, à 4 5 loges, conte-
nant de nombreux ovules; d'un style fili-
forme que termine un stigmate capité. Le
fruit qui succède à ces fleurs est une cap-
sule infère entièrement ou à demi, à 4-5
ioges qui s'ouvrent à leur sommet par dé-
hiscence loculicide. Les graines sont nom-
breuses, très petites et comprimées. On en
connaît aujourd'hui environ 30 espèces,
parmi lesquelles il en est plusieurs qu'on
trouve assez souvent cultivées comme plan-
tes d'agrément. La plus connue et la plus
remarquable de ces espèces est le Lepto-
sperme jaunâtre , Leplospermum flaves-
cens Smilh ( L. Thea Willd ). C'est un
petit arbuste de la Nouvelle-Hollande, dont
les feuilles sont linéaires-lancéolées, obtu-
ses, uninervées , ponctuées ; dont les fleurs
sont petites, et ont leur calice glabre, à
dents membraneuses, tombant après la flo-
raison. Ses feuilles ont une saveur et une
odeur aromatiques et agréables. A la Nou-
velle-Hollande , on en fait , ainsi que des
sommités fleuries, une infusion théiforme
agréable, quoique un peu amère. Pendant
l'un de ses voyages, le capitaine Cook em-
ploya avec succès cette infusion pour com-
battre le scorbut.
Parmi les autres espèces de ce genre ,
celles qu'on cultive le plus habituellement
sont les Leplospermum scoparium Smith, tri-
loculare Vent., juniperinum Vent., etc. Ils
sont tous d'orangerie. Ils demandent la
terre de bruyère soit pure, soit mélangée.
On les multiplie soit par graines semées en
terre de bruyère , et sur couche tiède sous l
châssis , soit de boutures faites également
sur couche et sous châssis, soit enfin de
marcottes. (P.D.)
*LEPTOSPERMÉES.Lepfospermeœ.BOT.
ph. — C'est un des groupes secondaires ou
tribus établies dans celui des Myrtacées
( voyez ce mot), et ainsi nommé du genre
Leptospermum, qui lui sert de type. (Ad. J.)
*LEPTOSPIRA (Ae*Toç, allongé; spira,
spire), moll. — Mauvais g. proposé par
M. Swainson , dans son Traité de malacolo-
gie, pour quelques espèces de Bulimes à
spire allongée. (Desh.)
LEPTOSTACHYA (Aeirroç; , frêle; a**-
X^ç, épi), bot. ph. — Genre de la famille
des Acanthacées-Echmatacanthées, établi par
Nées (in Wallich plant, as. rar., III, 105).
Arbrisseaux de l'Asie et de l'Amérique tro-
picale. V6y. ACANTHACÉES.
LEPTOSTACHYS , Mey. bot. ph. —
Syn. de Leptochloa, Palis.
*LEPTOSTEGIA , Don. bot. ph.— Syn.
tfOnychium, Kaulf.
*LEPTOSTEMMA (Wto'ç, frêle; cteV-
f*a, couronne), bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Asclépiadées-Pergulariées, établi
par Blume (Bijdr., 1057). Herbes de Java.
Voy. ASCLÉPIADÉES.
*LEPTOSTOMA, Swains. ois.— Syn. de
Saurolhera, Vieill. Voy. tacco. (Z. G.)
LEPTOSTOMUM (hnrk, mince ; atôfxa,
ouverture), bot. cr. — Genre de Mousses
bryacées , établi par R. Brown (m Trans.
Linn. Soc, X, 130). Mousses vivaces et
terrestres des contrées extra-tropicales de
l'hémisphère austral et des îles de l'archi-
pel Sandwich.
LEP
LEP
3i5
•LEPTOSYNE. bot. ph.— Genre de ia
famille des Composées-Sénécionidées, établi
par De Candolle (Prodr.,Y. 531). Herbes de
la Californie. Voy. composées.
*LEPTOT,ENA. ins.— Genre de l'ordre
des Diptères brachocères, famille des Orni-
thomyens (tribu des Coriaces de Latreille),
groupe des Ornithomyites, établi par Nitzsch
et généralement adopté. Le type est le Lep-
tonema Cervi , qui vit sur les Cerfs et les
Daims.
*LEPTOTARSIS, Gould. ois.— Genrede
la sous-famille des Anatinées de G.-R. Gray.
Voy. canard. (Z. G.)
*LEPTOTHAM!VUS (Wto'ç , frêle ; 0ap.-
vov, buisson), bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Composées-Astéroïdées, établi par
De Candolle (Prodr., V, 367). Arbrisseaux
du Cap. Voy. composées.
LEPTOTHECA ( Wto'ç , grêle ; 0^ ,
boîte), bot. cr. — Genre de Mousses brya-
cées, établi par Schwœgrichen (Suppl. II,
135, t. 137). Mousses vivaces, épigées, de
la Nouvelle-Hollande.
*LEPTOTHERIUM (U«x&q , gracieux ;
0*îptov, bête sauvage), mam. — M. Lund
(Ann. se. nat. XI, 1839) désigne sous ce
nom un groupe de Ruminants fossiles . (E.D.)
LEPTOTHRIUMCWo'ç, grêle; 0pc'ov,
feuille ). bot. ph.— Genre de la famille des
Graminées - Andropogonées , établi par
Kunth {Gram., 156). Gramensdel'Amérique
tropicale. Voy. graminées.
*LEPTOTRACHELUS ( h*x{ç , grêle ;
TpaXy)).0î) cou), ins. — Genrede Coléop-
tères pentamères, famille des Carabiques,
tribu des Troncatipennes, créé par Latreille
( Règne animal , tom. 4, pag. 370) et
adopté par Dejean. 6 espèces, toutes d'Amé-
rique, sont rapportées à ce genre. Nous ci-
terons comme types : les L. dorsalis , Bra-
siliensis et testaceus de Dejean. Le 1er est
originaire des États-Unis, le 2e du Brésil
et le 3e de la Colombie. (C.)
LEPTOXIS, Rafln. moll.— Syn. deLym-
née, Lam. (Desh.)
LEPTUBERIA, Raf. bot. cr.— Syn.de
Pulveraria, Ach.
LEPTURA (Utttoç, mince; ovp <', queue).
**«• — Genre de Coléoptères subpentamè-
rcs , tétramères de Latreille, famille des
Longicornes, tribu des T.epturètes, créé
par Fabricius ( Syrt . Eleuth. t. 2, p. 354)
et adopté par Olivier, Latreille , mais res-
treint à un petit nombre d'espèces par
MM. Dejean, Serville et Mulsant. Nous
citerons comme faisant partie de ce genre
les Lept . virens , testacea, scutellata hastata,
canadensis, etc., etc., de Fabricius. (C.)
LEPTURÈTES. Leptureles. ins. —Qua-
trième tribu de Coléoptères subpentamères,
de la famille des Longicornes, établie par
Latreille et adoptée par Serville (Ann. de la
Soc. entom. de Fr., t. IV, p. 197), qui la ca-
ractérise ainsi : Yeux arrondis, entiers, ou
à peine échancrés; antennes insérées en
avant des yeux, ou tout au plus à l'extrémité
antérieure de leur faible échancrure ; tête
prolongée postérieument en arrière , ou ré-
trécie brusquement en manière de cou à sa
jonction avec le corselet; mandibules de
grandeur ordinaire, semblables ou peu
différentes dans les deux sexes.
Serville établit deux' sous-tribus : celle
des Laticerves et des Angusticerves. Il com-
prend, dans la première, les genres : Desmo*
cerus, Vesperus , Rhamnusium , Rhagium ;
et dans la seconde , les genres Distenia, Co-
mètes, Stenoderus, Toxotus, Pachyta, Gram-
moptera, Leptura, Strangalia et Euryptera.
Dejean, qui a suivi cette méthode, crée avec
des espèces exotiques les genres Ophistomis,
OEdecnema et Trigonarthris ; et Mulsant,
son g. Anoplodera, qui ne se compose jusqu'à
présent que d'espèces européennes. (C.)
LEPTURUS, Mœhr. ois. — Synon. de
Phaéton. — M. Swainson a aussi donné le
nom de Lepturus à un genre de la famille
des Gobe -Mouches, dont le type est le
Lep. ruficeps. (Z. G.)
LEPTURUS (^ttto'ç, grêle; ovpa', tige).
bot. ph. — Genre de la famille des Grami-
nées-Rothœlliacées , établi par R. Brown
(Prodr., 207). Gramens très abondants dans
l'Europe centrale, l'Asie, l'Amérique tropi-
cale et la Nouvelle-Hollande. Voy .gramineiïs .
LEPTUS. arach. — Voy. lepte.
LEPTYMTE (Wtvvw, atténuer), min.
— Sorte de roche formée d'un feldspath
grenu, et dont le grain est tellement atté
nué , que cette roche a souvent un aspec'
analogue à celui du grès. C'est le Weissein
des minéralogistes allemands. Ses teintes
sont ordinairement blanches , jaunâtres ou
verdâtres. Elle a des rapports avec la Pejr-
maiitc, et d'un autre côté ellepssseàrEurile
316
LER
LER
ou au Pétrosilex. Elle est composée essen-
tiellement d'une matière feldspathique, qui
est de TOligoclase ou de l'Orthose , dans
laquelle sont disséminés fréquemment des
grains de Mica; plus rarement du Corindon
et de l'Amphibole. (Del.)
EEPUROPETALUM (Xe«vPo'«, écail-
leux; nero^ov, pétale), bot. ph. — Genre
de la famille des Saiifragacées, établi par
Elliott (Carolin., I, 370). Herbes de l'Amé-
rique boréale et du Chili. Voy. saxifraga-
CÉES.
LEPUS. mam. — Nom scientifique du g.
Lièvre. Voy. ce mot. (E. D.)
LEPUSCULUS. mam. — Syn. du Lapin
d'après Klein. (E. D.)
IiEPYRODIA(AE7rvp«&rc; semblable à
une cosse), bot. ph. — Genre de la famille
des Restiacées, établi par R. Brown (Prodr.,
247). Herbes de la Nouvelle-Hollande.
Voy. RESTIACÉES.
*LEPYRODICLIS. bot. ph,— Genre de
la famille des Caryophyllées-Sabulinées ,
établi par Fenzl (Monogr. alsin., inédit.).
Herbes des montagnes de l'Asie centrale.
Voy. CARYOPHYLLÉES.
*LEPYRONIA ( Ji/icupo», écaille d'oeuf).
ïns. — MM. Amyot et Serville (Ins. lié-
mipt. suites à Buff. ) désignent ainsi une de
leurs coupes génériques détachées des Aphro^
phora. Ces entomologistes y rapportent
trois espèces dont une seule européenne, la
L. coleoptrata (Cicada coleoptrata Lin., Cer-
copis angulatafabr.) (Bl.)
*LEPYRUS ( AETrupoç, écailleux). ras. —
Genre de Coléoptères tétramères, famille des
Curculionides gonatocères, division des Mo-
lytides, créé par Germar et adopté par
Schœnherr {Disposit. méth., pag. 167 ; Syn.
gen. etsp. Curcul., t. II, pag. 329). Ce genre
est formé de cinq espèces , dont deux sont
originaires d'Europe, deux de l'Amérique
septentrionale, et une est propre à l'Asie
(Sibérie). Ses types sont : les Cure, colon,
etbinotatus de Fabr.; ils se rencontrent assez
communément aux environs de Paris , sur
les feuilles et les tiges des jeunes plants
d'osier. (C.)
LERCHEA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Rubiacées, établi par Linné (Mant.,
153). Arbrisseaux de Java. Voy. rubiacées.
*LERCHIA , Halli. bot. ph. — Syn. de
Suœda, Forsk.
LER1A. bot. ph. — Genre de la famille
des Composées-Mutisiacées , établi par De
Candolle (in Ann. Mus., XIX, 68). Herbes
des Antilles. Voy. composées.
*LERISTA. rept. — Genre de Sauriens
de la division des Scincoïdiens, créé par
M. Bell (Lond. and Edinb. Phil. Mag.) et
adopté par MM. Duméril et Bibron (Erp. gen.
V). Une seule espèce entre dans ce genre :
c'est la Lerista lineata Bell, Dum. et Bibr.,
qui se trouvée la Nouvelle-Hollande. (E. D.)
LERNACANTHUS. crust. — Synon. de
Chondracanthus. Voy. ce mot. (H. L.)
LERNANTHROPUS. crust. — Genre
de l'ordre des Lernéides, de la famille des
Chondracanthiens, établi par M. Ducrotay
deBlainville (Dict. des se. nat. XXVI). Deux
espèces composent ce genre, dont le Lernan-
thropus pupa Burm. peut être considéré
comme le type. Cette espèce a été trouvée
sur les branchies d'un Platax du Brésil.
(H. L.)
LERNÉE. Lernœa (nom mythologique).
crust. — Genre de l'ordre des Lernéides,
de la famille des Chondracanthiens, établi
par Linné et adopté par tous les carcinolo-
gistes avec de grandes modifications cepen-
dant. Ce genre ne comprend plus aujour-
d'hui que les Lernéocériens, dépourvus de
pattes rudimentaires, dont l'extrémité cé-
phalique porte des cornes irrégulièrement
ramifiées, et dont les lobes ovifères sont
ramassés en peloton sous la partie posté-
rieure du corps. On connaît cinq espèces de
ce genre , qui toutes vivent sur les Pois-
sons. La Lernée branchiale, Lernea bran-
chialis Lin. , peut être regardée comme le
type de ce genre linnéen; cette espèce,
qui habite les mers du Nord, a été rencon-
trée sur les branchies de diverses espèces de
Gades. (H. L.)
*LERNÉIDES. Lernéides. crust. —
M. Milne-Edwards, dans son Hist. nat. sur
les Crust., désigne sous ce nom le huitième
ordre de la classe des Crustacés. Toutes les
espèces que renferme cet ordre se distin-
guent principalement des Siphonostomes par
l'état rudimentaire de tout le système ap
pendiculaire, qui ne se trouve représenté
que par des vestiges de membres ou par de
simples lobes tégumentaircs sans articula-
tions , et propres seulement à servir pour
>- accrocher l'animal sur la proie aux dépens
•LER
LER
317
de laquelle il vit. ils se font aussi remar-
quer par la bizarrerie de leur forme, qui en
général s'éloigne beaucoup de toutes celles
ordinaires dans cette clas<e, et semble être
le résultat d'un développement monstrueux.
Dans le jeune âge, ils offrent un mode de
conformation normale, et ressemblent ex-
trêmement à de jeunes Cyclopes (voy. ce
mot); ils sont alors pourvus d'un œil fron-
tal et de lames natatoires qui lui permettent
de se mouvoir avec agilité ; mais après avoir
éprouvé un certain nombre de mues , ils
cessent de mener une vie errante; les fe-
melles se fixent sur quelque autre animal,
le plus souvent sur un Poisson, et les mâles
s'accrochent en général sous l'abdomen de
leur femelle. Les organes de la locomotion,
devenus alors inutiles, s'atropbient ou se
déforment de façon à devenir impropres aux
usages qu'ils étaient primitivement desti-
nés à remplir, l'œil disparaît presque tou*
jours, et la configuration générale de l'ani-
mal se change au point de rendre celui-ci
méconnaissable. Ce sont les femelles surtout
qui acquièrent ainsi les formes les plus sin-
gulières; elles grossissent beaucoup, et, en
général , se soudent pour ainsi dire sur leur
proie à l'aide de simples appendices cutanés
ou de certains membres transformés en bras
immobiles. Les rnâles restent extrêmement
petits, et s'éloignent moins de leur mode de
conformation primitive : seulement, la tête
devient très grosse, et les pattes-mâchoires,
transformées en instruments de préhen-
sion et destinées à fixer l'animal sur la par-
tie qu'il doit habiter, acquièrent un grand
développementrelatif. Jusqu'en ces dernières
années, les zoologistes ont méconnu la na-
ture véritable des Lernéides, et les ont éloi-
gnés des Crustacés pour les ranger parmi
les Vers. Desmarest est un des premiers au-
teurs qui aient réellement indiqué les rap-
ports naturels qu'ils ont avec les Crustacés
ordinaires; mais c'est depuis que l'on con-
naît les formes transitoires affectées par ces
parasites dans les premiers temps de leur vie
que l'on a pu leur assigner définitivement
une place dans la série naturelle des Crus-
tacés; et la connaissance de ces change-
ments est due principalement à M. de Nord-
mann , observateur d'une grande habileté,
et duquel la science est en droit d'attendre
des services encore plus considérables. Il
n'est aucune branche de l'histoire naturelle
des Crustacés qui soit aussi peu avancée que
celle relative aux Lernéides; presque tout le
reste est à faire , et l'on doit espérer que
M. Nordmann n'abandonnera pas une voie
qui l'a déjà conduite des résultats si impor-
tants pour la science. Les Lernéides, dit
M. Milne-Edwards , me paraissent devoir
être divisés en trois familles reconnaissables
à la manière dont ces parasites s'attachent
à leur proie; les uns s'y fixent à l'aide de
grands appendices branchiformes réunis en-
tre eux vers le bout, et terminés par un bou-
ton corné médian ; d'autres par leurs pattes-
mâchoires armées de crochets très forts ; et
d'autres encore par toute la tête , qui est
garnie à cet effet de prolongements cornés
de formes variées ; ces premières correspon-
dent à peu près à la division générique des
Lernéopodes de M. de Blainville, et peu-
vent être désignés sous le nom de Lernéo-
podiens ; les seconds ont pour type le genre
Chondracanthe, et forment la famille des
Chondracanthiens; enfin les derniers peuvent
être appelés Lernéocériens, parce que le g.
Lernéocère y rentre, et parce que ce nom
rappelle un de leurs principaux caractères.
Quant à l'établissement des divisions géné-
riques et à la caractérisation des espèces,
on ne peut, dans la plupart des cas, avoir
égard au mode d'organisation des femelles,
car les mâles sont presque toujours incon-
nus. Cet ordre renferme donc trois familles,
désignées sous les noms de Lernéopodiens,
de Chondracanthiens et de Lernéocériens.
Voy. ces mots. (H. L.)
*LERNÉIFORMES.Lernœi/brmes. crust.
— Latreille, dans ses Cours d'entomologie,
désigne ainsi une famille de Crustacés , qui
n'a pas été adoptée, et qui correspond d'une
part aux Ergasiliens, et de l'autre aux Di-
chélasiens de M. Milne-Edwards. Voy. er-
gasiliens et DICHÉLASIENS. (H. L.)
LERNENTOMEA. crust. — Synonyme
de Chondracanthus. (H. L)
LERNEOCERA (Lernea, lernée; «oaç,
antenne ). crust. — Genre de l'ordre des
Lernéides, de la famille des Lernéocériens,
établi par M. de Blainville aux dépens des
Lernea de Linné. Ce genre renferme 4 ou
5 espèces, dont le Lernéocère cyprin, Ler<
neocera cyprinacea Lin., peut en être con-
sidéré comme le type. Cette espèce a été
LER
LER
trouvée en Suède sur le Cyprinus cara-
nus. (H. L.)
♦LERNÉOCÉRIENS. Zemeocarii. crust.
— Ce nom, employé par M. Milne-Edwards,
désigne, dans l'Histoire naturelle des Crus-
tacés par ce savant zoologiste, une famille
qui appartient à l'ordre des Lernéides. Les
Lernéocériens femelles , comme chez les
Chondracanthiens , se fixent à leur proie
par l'extrémité antérieure de leur corps seu-
lement, et n'ont point d'appendices thora-
ciques brachiformes servant à cet usage,
comme cela se voit chez les Lernéopodiens;
mais l'armature de leur bouche est loin
d'avoir la forme que cet appareil offre chez
les Chondracanthiens, et la tête tout en-
tière du parasite s'enfonce dans les sinus
de l'animal sur lequel il établit sa demeure,
et y est retenu par des prolongements cor-
nés , de forme variée, qui naissent de la
partie postérieure ou occipitale. En générai,
la tête est peu distincte du thorax, et paraît
être complètement dépourvue d'antennes;
la bouche n'est armée que d'une seule paire
de pattes-mâchoires simples et cunéiformes.
Les pattes sont d'une petitesse extrême lors-
qu'elles existent, et quelquefois on n'en
aperçoit aucune trace; enfin, la portion du
tronc, qui est rétréci en arrière du point où
naissent les tubes ovifères, et qui repré-
sente l'abdomen , est en général beaucoup
plus développé que dans les autres femelles
du même ordre. Le mâle n'est connu que
chez très peu de Lernéocériens, et paraît
être plus imparfait que celui des Chondra-
canthiens; son corps est globuleux , n'offre
pas de thorax distinct , et ne porte pas de
rudiments de pattes en arrière des appen-
dices qui représentent les pattes-mâchoires.
Les métamorphoses que subissent les jeunes
sont analogues à celles des autres Lernéo-
cériens. Cette petite famille renferme quatre
genres, désignés sous les noms de Penellus,
Lerneonema, Lerneocera eiLemœa. (H. L.)
LERNEOMYZE. Lerneomyzon. grust.
— Synonyme d'Anchorella. Voy. ce mot.
LERNÉONÈME. Lerneonema. crust.—
Ce genre, qui a été établi par M. Milne-
Edwards, appartient à l'ordre des Lernéides
et à la famille des Lernéocériens. Trois es-
pèces composent cette nouvelle coupe géné-
rique, dont le Lernéomène de Lesueur, Ler-
neonema Lesvcurii Edw. , peut être con-
sidéré comme le type. Cette espèce a élé
trouvée dans les mers d'Amérique sur un
Exoeœus volitans. (H. L.)
LERNÉOPENNE. Lerneopenna. crust.
— Synonyme de Penelle. Voyez ce mot.
(H. L.)
LERNEOPODA (lernœa, lernée ; ttoù^
pied). crust. — Cegenre,qui apparlientà l'or-
dre des Lernéides et à la famille des Lernéo-
cériens , a été établi par M. Kroyeraux dé-
pens du SGrnœa des auteurs. Les Crustacés
qui composent ce genre se rapprochent ex-
trêmement des Brachielles, et ne devraient
pas probablement en être séparés. Le carac-
tère qui les en distingue se tire de la forme
de la portion céphalique du corps , qui est ici
courte et trapue, au lieu de s'allonger en ma-
nière de cou comme dans les Brachielles {voy.
ce mot). Cinq ou six espèces composent
ce genre, dont la Lernéopode étoilée , Ler-
neopoda slellala Mayer, peut en être con-
sidérée comme le type. Cette espèce a été
rencontrée sur les nageoires d'un Sterlet en
Norwége. (H. L.)
♦LERNÉOPODIENS.Zerneopodu. crust.
— Ce nom est employé par M. Milne Ed-
wards pour désigner, dans l'ordre des Ler-
néides, un groupe de Crustacés dont les in-
dividus femelles ont la tête conformée à peu
près de même que chez les Chondracan-
thiens, c'est-à-dire distincte du thorax, gar-
nie d'une paire d'antennes, et armée de deux
paires de pattes-mâchoires ancreuses; mais
les pattes-mâchoires antérieures sont moins
propres à servir à ces petits Crustacés pour
s'accrocher à leur proie , et le thorax , qui
ne porte plus de pattes ni d'appendices
charnus, semblables à ceux qui représentent
les deux premières paires de membres tho-
raciques dans la division précédente, donne
naissance à une paire de prolongements
brachiformes très grands qui se réunissent
entre eux, tantôt dès leur base, tantôt vers
leur extrémité seulement , et se terminent
par un bouton corné, à l'aide duquel le pa-
rasite adhère fortement à l'animal sur le-
quel il a établi sa demeure. Ces organes
d'adhésion paraissent remplacer la première
paire de membres thoraciques. Le mâle
n'est connu que chez un très petit nombre
de Lernéopodiens, et diffère extrêmement
de la femelle; il a le corps divisé en deux
parties bien distinctes : une antérieure ce*
LES
LES
319
phalique qui porte les antennes, une paire
de pattcs^màchoires antérieures unciformes,
le suçoir, et plus en arrière deux paires
d'appendices très développés qui représen-
tent les pattes-niàchoires postérieures et les
bras de la femelle , mais qui ont la forme
de grosses mains portées sur un pédoncule
cylindrique, et terminées par un pied mal
conformé. Les jeunes subissent les méta-
morphoses ordinaires. Les Lernéopodiens
renferment six genres, désignés sous les
noms de T> acheliastes , Basanistes, Achthe-
res y Brachiella , Lerneopoda et Anchorella.
(H. L.)
LEïlOT. mam. — Espèce de Rongeurs ap-
partenant au genre Loir. Voy. ce mot.
LERYVA , Hodgs. ois. — Division de la
famille des Perdrix. Voy. ce mot. (Z. G.)
LES;EA. moll. — Ce genre, proposé par
Leach , est encore incertain pour nous, car
il a pour type le Venus minuta de Fabricius,
que nous ne connaissons point en nature, et
dont la description est insuffisante pour en
déterminer les caractères. (Desh.)
LESBL4, Less. ois. — Genre de la sous-
famille des Trochilinées. Voy. ce mot et co-
libri.
LESCHE DE MER. annél. — L'Aréni-
cole (voy. ce mot) porte ce nom sur nos
cotes. (E. D.)
LESKEAouLESKIA (nom propre), bot.
ni. — Genre de Mousses bryacées, établi
par Hedwig (Fund., II, 93) pour des Mous-
ses vivaces, rameuses, épigées ou troncico-
les, et croissant dans toutes les régions du
globe.
Bridel , qui a adopté ce genre (Bryolog.,
11, 283, t. X) en répartit les espèces en 3
sections qu'il nomme : Leskia, Omalia, He-
in ira gis.
LESPEDEZA. bot. ph. — Genre de la
famille des Papilionacées-Hédysarées , éta-
bli par L. G. Richard [in Michaux Flor. Bot.
amer, II, 70, t. 39-40). Herbes ou sous-
arbrisseaux de l'Amérique boréale. Voy. PA--
pilionacées.
LESSERTIA (nom propre), bot. pu. —
Genre de la famille des Papilionacées-Lotées,
établi par De Candolle (Astrogal., 37). Her-
bes du cap de Bonne-Espérance. Voy. papi-
LIONACÉES.
*LESSEMGIA ( nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Composées-Astéroï-
dées, établi par Chanutso (in Linnœa, IV,
203). Herbes de la Californie. Voy. compo-
sées.
LESSONIA, Bert. bot. ph. — Syn. ù'Ë-
ryngium, Tournef.; — bot. cr. — Bor., syn.
de Laminaria, Lamk.
LESSONIA, Swains. ois. — Syn. de Mus-
cisaxicola, d'Orb. et Lafr. (Z. G.)
*LESTADIA. bot. ph.— Genre de la fa-
mille des Composées - Asléroïdées , établi
par Kunth (in Lessing synops., 203). Ar-
brisseaux de l'Amérique australe. Voy. com-
posées.
*LESTES. ins.— M. Rambur (Ins. Né-
vrop., suites àBuff.) a établi sous cette dé-
nomination, dans la tribu des Libelluliens,
ordre des Névroptères, une division généri-
que aux dépens du genre Libellula. Voy.
libelluliens. (Bl.)
LESTEVA. ms. —Genre de Coléoptè-
res pentamères , famille des Brachélytres,
tribu des Omaliniens , créé par Latreille
(Hist. nat. des Crus t. et des Ins., t. IX,
p. 369), et adopté parErichson dans sa mo-
nographie des Staphyliniens , où 6 espèces
d'Europe sont énumérées. Le type, la L.
bicolor de F., se trouve quelquefois aux en-
virons de Paris, près des eaux. (C.)
LESTIBUDESIA (nom propre), bot. pu.
— Genre de la famille des Amarantacées,
établi par Dupetit-Thouars ( Gen. Madag.,
n. 17). Arbrisseaux de Madagascar. Voy.
amarantacées.
*LESTICUS ( Wrrfxoç , brigand), ins.—
Genre de Coléoptères pentamères , famille
des Carabiques , tribu des Féroniens, créé
par D-ejean (Species général des Carabiques ,
t. III, p. 189). L'espèce type et unique , le
L. Janthinus (De Haan) Dejean , est origi-
naire de l'île de Java. (C.)
*LESTIGNATHUS (Wtîi'oc, brigandage ;
yva'Ooç, mâchoire), ins. — Genre de Coléop-
tères pentamères, famille des Carabiques ,
créé par Erichson ( Archiv. fw Naturge-
schechte, 1842, p. 132, f. 3, a , b ), qui le
comprend dans sa tribu des Anchoménides.
L'espèce type et unique , le L. cursor de
l'auteur , est originaire de la Nouvelle-Hol-
lande. (C.)
*LESTIS(À*icrr775, ravisseur), ins.— Genre
de la tribu des Apiens ( Mellifères de La-
treille), de l'ordre des Hyménoptères, établi
par M. Lepeletier de Saint-Fargeau sur
320
LET
quelques espèces de la T.isrnanie, dont les
couieurssont très brillantes et généralement
méi-illiques. Les Leslis, que nous rangeons
dans le groupe des Xylocopites, se font re-
m.nquer par leurs antennes bidentées. Le
type est le L. muscaria, Centris muscaria et
Bcmbylon Fabr. (Bl.)
LESTOMERUS (àyjjt^ç, voleur ; f«jpo'ç,
cuisse), ins. — MM. Amyot et Serville dé-
sia îent sous celte dénomination un de leurs
genres appartenant à la famille des Rédu-
viides, dans l'ordre des Hémiptères. Ils y
rapportent deux espèces. Les L. spinipes
Serv. , du Sénégal et L. affinis Serv., de
Java. (Bl.)
*LESTREMIA. ins. — Genre de l'ordre
des Diptères brachocères, famille des Tipu-
laires, tribu des Tipulaires gallicoles, établi
par M. Macquart (Dtpt. du Nord), qui n'y
rapporte que deux espèces, les Lestremia
cinerea Macq., et leucophcea Meig. La pre-
mière se trouve en France et en Allemagne;
la seconde, en Allemagne seulement.
LESTïUGON. Lestrigonus. crust. —
Genre de l'ordre des Amphipodes, de la fa-
mille des Hypérines et de la tribu des Hy-
pérines ordinaires, établi par M. Milne-Ed-
wards. L'organisation des Crustacés de ce
genre est, sous beaucoup de rapports, la même
«;ue celle des Hypérines, et ce qui a porté
M. Milne-Edwards à les en distinguer, c'est
la disposition du thorax. Chez les Hypérines,
cette partie du corps est beaucoup plus grande
que l'abdomen, et se divise en sept anneaux,
lindis qu'ici elle n'est pas plus volumineuse
<iue l'abdomen, et n'est formée que de six
. .gments frrès resserrés. On ne connaît en-
>re qu'une seule espèce dans ce genre:
est le Lestrigon de Fabre , Lestrigonus Fa-
ri Edvv. (Hist. nat. des Crust., t. IV, p. 81,
pi. 50, fig. 18). Cette espèce a été rencon-
•..ee dans la mer des Indes. (H. L.)
LESÏRIS, Linn. ois. — Nom latin du
g. Labbe. Voy. ce mot.
LESUEURIE. Lesueuria ( nom propre).
acal. — M. Milne-Edwards a décrit sous
ce nom (Ann. se. nat., 2" série) un g. d'A-
calèpbes voisin des Caliianires et des Alci-
uoës. Ce g. comprend une espèce de la
Méditerranée (baie de Nice), que l'auteur
appelle Lesueuria virœa. (P. G.)
liEXIIEFERE. rept. — Nom donné par
M. tie Biaiuville à une des cinq subdivisions
LEr
du genre Vipère , comprenant l'espèce con-
nue sous le nom d'Haie. (E. D.)
*LETHRINUS. poiss.— Genre de l'ordre
des Acanthoptérygiens, famille des Spa-
roïdes, établi par MM. Cuvier et Valen-
ciennes {Hist. des Poiss. , t. VU, p. 272)
aux dépens des Dentés, dont ils diffèrent
d'abord par le nu de la plus grande portion
de la tête (l'opercule et le sous-opercule
seuls sont couverts d'écaillés ; les autres
parties de la face, depuis l'extrémité du mu-
seau jusqu'à la nuque , les joues , la mâ-
choire inférieure, n'ont qu'une peau sans
écailles , épaisse , et presque toujours cri-
blée d'une infinité de pores), et par la forme
de leurs dents latérales; celles-ci, vers l'ar-
rière, sont le plus souvent tuberculeuses,
arrondies, et sur une seule rangée.
Ce genre est très nombreux en espèces.
M. Valenciennes {loco citato) en décrit 44 ,
dont une seule de l'océan Atlantique ; les
autres habitent toutes l'océan Indien. Nous
citerons, comme une des plus remarquables,
le LÉTHRINUS DE L' ATLANTIQUE , L. AtlaMicUS
Cuv. et Val. ; le Jardin des Plantes en pos-
sède un individu qui a 35 centimètres de
long.
Tous ces Poissons se nourrissent de co-
quillages , qu'ils brisent facilement avec
leurs dents arrondies. (J.)
LETHRUS. ins.— Genre de Coléoptères
pentamères, famille des Lamellicornes, tribu
des Scarabéides arénicoles , établi par Sco-
poli ( Introd. in hist.nat., p. 439, n° 195),
et adopté par tous les entomologistes sub-
séquents. Deux espèces font partie de ce
genre; les L. cephalotesF., et Longimanus
Fischer.
L'organisation de ces Insectes est assez
curieuse. Le prothorax et les étuis forment sé-
parémen t un hémisphère presque égal . La tête
est arrondie, et munie, surtout chez le mâle,
de fortes mandibules aplaties et cintrées;
leurs pattes, assez longues, sont implantées
l'une pies de l'autre, et les antennes se ter-
minent par une sorte de cône renversé.
(C)
LETTSOUIIA, Roxb. bot. ph. — Syn.
à'Argyreia, Lour. — Genre de la famille
des Ïernstiœmiacées-Ternstrœmiées , éta-
bli par Ruiz et Pavon {Prodr., 772, t. XIV).
Arbrisseaux du Pérou. Voy. tisrnsirqe-
MIACIiEb.
LEU
LEU
321
*LEICACANTHA, Gr. bot. fu.— Syn.
de Centaurca , Less.
LEUCADENDRON (i«vxô« , blanc ; #v-
Spov , arbre), bot. pu. — Genre de la famille
des Protéacées-Protéinées , établi par Her-
raann (ex Pluchen phyt., t. 200 , f. 1). Ar-
bres ou arbrisseaux du Cap. Voy. protka-
cées.
LEUCADENDRON, Linn. bot. ph.— Syn.
de Protea, Linn.
*LEUCANIA(Acvxo;, blanc), ins. — Genre
, de l'ordre des Lépidoptères nocturnes, fa-
mille des Nocluéliens, groupe des Orthosi-
tes, établi par Ochseinheimer (Schm. von
Europ.). Il est principalement caractérisé
par des palpes velus, à dernier article très
petit; par des pattes glabres et des anten-
nes simples. Les chenilles, cylindriques,
glabres, se métamorphosent dans la terre.
Les espèces de ce genre sont assez nom-
breuses, et toutes sont d'une couleur pâle,
d'un gris ou jaunâtre blanc. Nous citerons,
comme espèce type, la Leucania pallens
(Noctuaid. Linn.), très commune en Europe,
et qui vit, à l'état de chenille, sur les
Oseilles.
♦LEUCEICA. crust.— Genre de l'ordre
des Décapodes brachyures, établi par M. Mac-
Leay, dans le t. III des Illuslr. zool. dans le
sud de l'Afrique. (H. L.)
LEUCERIA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Composées-Nassauviacées , établi
par Lagasca {Amen. nat.y I, 32). Herbes du
Chili.
De Candolle répartit les espèces de ce g.
(Prodr.t VII, 56) en deux sections, qu'il
nomme Eubuceria et Macrobolrys. Voy.
composées.
LEUCILERIA, Less. bot. ph. — Syn. de
Lcuceria , Lagasc.
*LEUCIFER.Lcud/er. crust.— Ce genre,
qui appartient à l'ordre des Stomapodes, à
la famille des Caridioïdes et à la tribu des
Leucifériens, a été établi par M. Thompson,
et adopté par Latreille dans son Cours d'en-
tomologie. L'un des traits les plus remar-
quables de l'organisation de ce genre est
la longueur excessive de la portion anté-
rieure de la tête, la brièveté extrême de la
partie du corps occupée par la bouche et
constituant le thorax , et le grand dévelop-
pement de l'abdomen.
Ce genre ne renferme que 2 espèces, dont
i. vu.
leLEUciFERDEREYNAUD, Leucifcv Reynaudii,
peut en être considéré comme le type; cetta
espèce a été trouvée dans l'océan Indien.
(H. L.)
♦LEUCIFERIENS. Leuciferii. crust. —
Tribu de l'ordre des Stomapodes, de la fa-
mille des Caridioïdes, établie par M. Thomp-
son, et adoptée par M. Milne-Edwards dans
son Histoire naturelle des Crustacés. Le genre
des Leucifer est un des plus singuliers que
l'on connaisse; il ne se laisserait que diffici-
lement ranger dans aucun des ordres déjà
établis: aussi, quoique son histoire soitencorc
très incomplète, a-ton cru devoir le prendre
pour type d'une tribu particulière. C'est aussi
à cette tribu que paraissent devoir se rap-
porter quelques uns des Crustacés figurés
d'une manière grossière dans l'atias du
Voyage de Krusenstem. Cette tribu ne ren-
ferme qu'un seul genre, qui est celui de Leu-
cifer. Voy. ce mot. (H. L.)
LEUCIFÉRITES. Leuciferiles. crust. —
Syn. de Leucifériens. Voy. ce mot. (H. L.)
*LEUCIPPA(nom mythologique), crust.
— Ce genre, qui a été établi par M. Milne-
Edwards, appartient à l'ordre des Décapodes
brachyures, à la famille des Oxyrhynques et
à la tribu des Maïens. La Leucippa penta-
gona Latr. peut être considérée comme le
représentant de cette coupe générique Cette
espèce a été rencontrée sur les côtes du
Chili. Dans le Voyage de l'Amérique méri-
dionale, par M. A. d'Orbigny, nous avons
fait connaître, M. Milne-Edwards et moi,
une seconde espèce, à laquelle nous avons
donné le nom de Leucippa Ensenadœ Edw.
et Luc. Cette espèce a été rencontrée sur les
côtes de la Patagonie. (H. L.)
LEUCISCUS. poiss. — Voy. able.
LEUCITE {tevxii , blanc), min. — Syn.
d'Amphigène. Voy. ce mot. (Del.)
*LEUCOCARPON, A. Rien.— bot. ph.
— Syn. de Denhamia, Meisn.
*LEUCOCARPUS (itvxo's, blanc; x«P7roÇ,
fruit), bot. ph. — Genre de la famille des
Scrophularinées-Gratiolées, établi par Don
(in Sweet FI. gard., II, t. 124). Herbes du
Mexique. Voy. scrophularinées.
*LELTCOCERA (hvxo's, blanc; xepaç, an-
tenne), ms. — Genre de Coléoptères sub-
pentamères, tétramèresde Latreille, famine
des Cycliques, tribu des Chrysomélines,
créé par nous, et adopté par M. Dejcan
41
322
LEU
(Cat., 3eédit.,p. 428). 7 à 8 espèces, toutes
originaires des Antilles , rentrent dans ce
ce g.; nous citerons comme types la Chrys.
10 -pustulataûe F.,Poyei et apicicornis Che~
vrolat. (G.)
*LEUCOCERCA , Swains. ois. — Genre
de la sous famille des Muscicapinées de
G.-R. Gray. Voy. gobe-mouche. (Z. G.)
*LEUCOCHLOKIDIUHl. helm.— Para-
site de PAmbrette décrit par M. Carus ; il a
quelque analogie avec certaines larves de
Diptères. « 11 se meut , dit M. Dujardin ,
assez vivement entre les viscères et jusque
dans les tentacules du Mollusque , où il se
laisse voir à travers les téguments; mais si
on yeut chercher quelques traces d'organi-
sation interne , on voit que ce n'est qu'un
grand Sporocyste contenant de jeunes Tré-
matodes analjgues aux Distomes, ainsi que
des Sporocys'es et Ci \caires. » (P. G.)
LEUCOCHRYSOS (Xevxb'ç , blanc; XP»-
aoç, or), min. — Sorte de gomme, ainsi
nommée par Pline, et qui pouvait être un
Quartz hyalin ou une Topaze. On est incer-
tain sur sa véritable nature. (Del.)
*LEUCOCORYNE()£vxoç, blanc; xopvvvj,
massue), bot. ph. — Genre de la famille des
Liliacées-Agapanthées, établi par Lindley
(in Bot. Reg.y t. 1293). Herbes du Chili.
Voy. L1LIACÉES.
*LEUCOCRINUM, Sw. bot. ph.— Syn.
de Weldenia , Schult.
*LEUCOCYCLITE (Wb'ç, blanc; *v-
xXoç, cercle), min. — Brewster a donné ce
nom à une variété d'Apophyllite , du mont
Cipit en Tyrol , dans laquelle les anneaux
polarisés circulaires, qui se montrent au-
tour de l'axe optique, ne présentent point
les nuances ordinaires, mais paraissent al-
ternativement noirs et blancs, ce qui tient
à ce que, dans cette substance, les diamètres
des anneaux sont à peu près les mêmes pour
toutes les couleurs du spectre. (Del.)
LEUCODON (W.b'ç, blanc ; ôôouç, dent).
bot. cr. — Genre de Mousses Bryacées, éta-
bli par Schwaegrichen (SuppL,I, 2, p. I,
II, t. 125, 133). Mousses vivaces, croissant
ordinairement sur les arbres des régions
tempérées des deux hémisphères.
*LEUCODORE. annél.— Genred'Anné-
lides de la famille dos Anciens , décrit par
M. Johnston , dans le Mag. zool. and Bo-
tany pour 1833. (P. G.)
LEU
LEUCOIUM. bot. ph. Voy. nivéole.
LEUCOIUM , Mœnch. bot. ph. — Syn.
de Matthiola, R. Brown.
LEUCOLjElVA(X£yxoç, blanc; >a7va, en-
veloppe) bot. ph. — Genre de la famille
des Ombellifères-Hydrocotylées , établi par
R. Brown (in Flinders Voy., II, 557). Herbes
ou sous -arbrisseaux de la Nouvelle-Hol-
lande.
Les espèces de ce genre ont été réparties
par Endlicher (Gen. pi., p. 766, n. 4364)
en 3 sections qu'il a nommées : Xanthosia ,
Cruciella, Pentapeltis.
LEUCOLITIÎE. min. — Voy. dipyre.
*LEUCOLOMA (Àtuxo'ç, blanc; >»p.a, bor-
dure), bot. cr. — Genre de Mousses bryacées,
établi par Bridel ( Bryol., II, 218 et 751).
Mousses vivaces et grêles des îles tropicales
de l'Afrique australe.
*LEUCOLOPHUS, Dejean. ins.— Syn.
d'JEgorhinus, d 'Eublepharus et de Lophotus.
Voy. ces mots. (G.)
*LEUCOLYTES (W<Jç, blanc; tô«, dis-
soudre), min. — Nom donné par M. Beudant,
dans sa méthode, à une classe de minéraux
qui renferme les substances dont l'élément
fondamental, celui qui détermine le genre,
ne donne lieu qu'à des solutions blanches.
(Del.)
LEUCOMERIS (Woç , blanc; pepfç ,
tige), bot. ph. — Genredela familledesCom-
posées-Mutisiacées , établi par Don (Népal,
169). Arbrisseaux du Népaul. Voy. compo-
sées.
*LEUCONERPES, Swains. ois.— Genre
de la famille des Pics. Voy. pic. (Z. G.)
LEUCOIMOTIS (>£vxoÇ, blanc; vwtoç,
dos), bot. ph. — Genre de la famille des
Apocynées , établi par Jack \ in Linn.,
Transact.,XlV, 121). Arbrisseaux de Su-
matra Voy. APOCYNACÉES.
LEUCONYMPIIiEA , Boerh. bot. ph. —
Syn. de Nymphœa, Neck.
*LEUCOPHANES (Aewxoç, blanc; çai'vw,
paraître) bot. cr. — Genre de Mousses brya-
cées, établi parBridel(Bn/oL, I, 763). Mous-
ses épigées , couvertes d'un duvet blanchâ-
tre, et croissant dans les lies de l'océan
Indien.
*LEUCOPHASïA (>euxoç, blanc; f«atÇt
aspect), ins. — Genre de l'ordre des Lépidop-
tères diurnes, famille des Papillonicns,
groupe tics Piéiitcs, établi par Stephens
LEU
LEU
(Cat. of Brit. «us., p. 5) aux dépens des
Pieris.
On en connaît 2 espèces, les Leucophasia
Sinapis et Lalhyri. Toutes deux sont com-
munes en Europe; elles vivent sur les Lé-
gumineuses herbacées des bois.
*LELC0P1I0L1S (Wo'ç, blanc; 9o)..'ç,
écaille), ins. — Genre de Coléoptères penta-
mères, famille des Lamellicornes, tribu des
Scarabéides phyllophages, formé par Dejean
{Cat. t 5e édit., p. 177), quien énumère 7 es-
pèces : 5 appartiennent à l'Asie (îles de Java
et Philippines), et 2 à l'Afrique (Madagascar
et Cafrerie ). Les types sont les Mel. alba,
stigma et rorida de Fabr. Ils sont originaires
des Indes orientales. (G.).
LEUCOPHRE. Leucophrys{\tvxh, blanc;
ôypuç , sourcil ). iinfus. — Genre d'Infusoires
caractérisés par l'absence de bouche et par
les cils vibratiles très abondants et unifor-
mes dont ils sont revêtus. Leur corps, blan-
châtre, est ovale ou oblong, déprimé, et les
cils forment des séries longitudinales à la
surface. On les trouve dans le corps des
Lombrics et de quelques autres annélides,
entre l'intestin et la couche musculaire ex-
terne; leur longueur est de 8 a 12 centiè-
mes de millimètre; placés dans l'eau pure,
ils se décomposent assez promptement en
se creusant des vacuoles et en laissant ex-
suder des globules ou des expansions dis-
coïdes d'une substance glutineuse homo-
gène , qui est du sarcode , et qui se creuse
elle-même de vacuoles ou cavités sphériques
de plus en plus grandes. Dans aucun cas on
n'a pu colorer artificiellement les Leucophres
en leur faisant avaler du carmin. O.-F.
Mtiller avait le premier institué un genre
Leucophre ; mais il y comprenait avec quel-
ques vraies Leucophres beaucoup de Para-
méciens , des Bursaires et des fragments de
la branchie des Moules, lesquels , au moyen
des cils vibratiles dont ils sont couverts,
continuent à se mouvoir assez longtemps
dans l'eau.
Une Leucophra heteroclita de Mttller n'est
•utre chose qu'une jeune Alcyonelle nageant
dans les eaux avant de se fixer. M. Bory de
Saint -Vincent a conservé presque sans
changement le genre de Mùller. M. Ehren-
berg a admis un genre Leucophre faisant
partie de sa famille des Enchéliens, mais
caractérisé par une large bouche oblique-
ment tronquée, et par conséquent beaucoup
plus voisin des Bursaires. (Duj.)
*EEUCOPHRYENS. info». — FfMille
d'Infusoires ciliés, dépourvus de bouche et vi-
vant pour la plupart dans l'intestin des Ba-
traciens ou dans la cavité viscérale de di-
vers Annélides (voy. l'article infusoires).
Les Leucophryens se multiplient par divi-
sion spontanée transverse ; ils constitue;
trois genres : les Leucophres , dont le cor,
oblong est également arrondi aux deux ex-
trémités, et sans aucun indice de bouche:
les Spathidies , dont le corps est élargi et
tronqué en avant; les Opulines , dont le
corps oblong présente en avant une fente
oblique qui paraît indiquer une bouche.
(Dm.)
LEUCOPHRYS, Swains. ois. — Syn. de
Ploceus. Voy. tisserin. (Z. G.)
LEUCOPHYLLUM ( Wo<, blanc; p&-
\ov, feuille), bot. fh. — Genre de la famille
des Scrophularinées, établi par Humboldt et
Bonpland (Plant. œquinoct.,\l, 95, t. 109)
Arbrisseaux du Mexique. Voy. scrophula-
rinées.
LEUCOPHYTA ( acvxoç , blanc ; v4VOv ,
plante), bot. ph. — Genre de la famille
des Composées -Sénécionidées, établi par
R. Brown (in Linn. Transact. , XII, 106).
Herbes de la Nouvelle Hollande. Voy. com-
posées.
* LEUCOPIS ( >evxoç , blanc ; &$ , as-
pect), ins. — Genre de l'ordre des Diptères
brachocères, famille des Musciens, tribu des
Muscides, établi par Meigen, et dont le type
est la Leucopis grisecla , qui provient de
l'Allemagne.
*LEUCOPSIDIUM (Woç, blanc; etytç,
aspect), bot. ph. — Genre de la famille des
Composées-Sénécionidées , établi par De
Candolle (Prodr., VI, 43). Herbes de l'A-
mérique boréale. Voy. composées.
*LEECOPYGIA , Swains. ois. — Sy-
nonyme de Cypsnagra, Less. Voy. tan-
gara. (Z. G.)
*LEECOPYRiTE (W0'ç, blanc; wvpt-
Tr)ç, pyrite), min. — C'est la Pyrite arseni-
cale, l'Arséniure de fer sans soufre deRei*
chenstein. Voy. arsénidres. (Del.)
* LEUCORIIYNCHLS ()W;, blanc;
pu/X0?» museau), mam. — M. Kaup (Enlw.
g. eur., tab. 1, 1829) donne ce nom à un
groupe d'Insectivores. (E. D.)
354
LEU
*LEUCOSCELIS , Burm. ins. — Syn.
6'Oxylhcrea, Muls. (G.)
LEUCOSIA, Th. bot. pu. — Syn. de
Chaillclia, DC.
LEUCOSIA (nom propre), crust.— Ce g.,
qui appartient à l'ordre des Décapodes bra-
<;hyures et à la famille des Oxyslomes , a
»té établi par Fabricius aux dépens du Can-
cer de Linné et de Herbst, et adopté par
tous les carcinologistes. Ce genre renferme
3 espèces, dont 2 vivantes habitent les mers
<ie la Nouvelle-Guinée et les côtes de l'Inde ;
la 3e n'est connue qu'à l'état fossile. La
Leucosie uranie , Leucosia urania Rumph ,
peut être considérée comme le type de ce
genre singulier, et a pour patrie la mer de
la Nouvelle-Guinée. (H. L.)
LEUCOSIDEA (Wo';, blanc; r&ci, as-
pect), bot. pu. — Genre de la famille des Ro-
sacées-Dryadées, établi par EcklonetZeyher
( Enum. plant. Cap., 2G5 ). Arbrisseaux du
Cap. Voy. rosacées.
*LEUCOSIDEA. crust. — Syn. de Leu-
cosiens. Voy. ce mot. (H. L.)
*LELCOSÏENS. Leucosiœ. crust. — Ce
nom est donné par M. Milne-Edwards à une
tribu de l'ordre des Décapodes brachyures,
de la famille des Oxystomes , et dont les
Crustacés qui la composent ont leur cara-
pace en général circulaire, et présente an-
térieurement une saillie assez forte, à l'ex-
trémité de laquelle se trouvent le front et
les orbites. Le front est étroit, et les cavi-
tés orbitaires sont très petites et à peu près
circulaires. Les antennes internes se re-
ploient presque toujours transversalement
ou très obliquement sous le front; et les
antennes externes, insérées dans une échan-
crure profonde, mais étroite, de l'angle or-
bitaire interne, sont presque rudimemaires.
Le cadre buccal est en général bien réguliè-
rement triangulaire, et les pattes-mâchoires
externes, de même forme, ne montrent pas
à découvert la tigelle qui supporte leur troi-
sièmearlide ; le palpe, ou la branche latérale
de ces organes , est très grand, et leur base
est séparée de celles des pattes antérieures
par un prolongement de la région ptérygos-
tornienne, qui ne se soude pas au plastron
Rternal; il en résulte que l'ouverture située
d'ordinaire dans ce point, et servant a Tcn-
liée de l'eau dans la cavité respiratoire ,
manque ici, et ce liquide n'arrive aux bran-
LEU
chies que dans deux canaux creusés de cha-
que côté de l'espace prélabial , et parallèle
aux canaux efférents de la cavité respira-
toire. Les pattes-mâchoires de la seconde
paire ne présentent rien de remarquable ;
mais celles de la première paire ont l'article
terminal de leur tige interne lamelleux, et
assez long pour arriver jusqu'à l'extrémité
antérieure du cadre buccal. Le plastron ster-
nal est à peu près circulaire , et les pattes
grêles. Enfin le nombre des articles de l'ab-
domen est de trois ou quatre. Cette tiibu
renferme les genres suivants : Arcania ,
Phylira, Myra, Ilia, Guaia, Leucosia, Per-
sepho, Nursia, Ebalia, Oreophorus, Iphis et
Ixa. Voy. ces mots. (H. L.)
*LELCOSlïES.Lcucosi<cs.CROST.— Dans
notre Hist. nat. des Crust., des Arachn., etc.,
nous avons donné ce nom à un groupe de
Crustacés qui correspond entièrement a ce-
lui des Leucosiens de M. Milne-Edwards.
Voy. LEUCOSIENS. (H. L.)
LEUCOSPERMUM (Woç, blanc; *nta-
p«, graine), bot. ph. — Genre de la famille
des Protéacées-Protéinées, établi par R.
Brown (in Linn. Transact., XI, 95). Arbris-
seaux du Cap. Voy. protéacées.
*LEUCOSPïDES.Leucospidaî.iNS.— Nous
avons établi sous cette dénomination {Hist.
des Ins., t. I , p. 134) une petite famille de
la tribu des Chalcidiens , dans l'ordre des
Hyménoptères. Cette famille ne comprend,
jusqu'à présent, qu'un seul genre; mais
ses caractères- sont assez importants pour
rendre nécessaire sa séparation des au-
tres Chalcidiens. En effet , les Leucospides
femelles ont une tarière presque aussi lon-
gue que l'abdomen, qui vient se recourber
exactement à sa partie dorsale, caractère
unique dans l'ordre des Hyménoptères. En
outre, ces insectes , pendant le repos, ont
leurs ailes pliées longitudinalement, comme
chez les Guêpes.
Les Leucospides habitent les parties mé-
ridionales de l'Europe, l'Afrique et une
partie de l'Asie. Toutes les espèces connues
sont ornées de taches jaunes ou rougeàtres
sur un fond noir. On eonnaît peu encore
leurs habitudes. Plusieurs observateurs as-
surent cependant quelles déposent leurs
œufs dans les nids de certaines Guêpes et
des Abeilles maçonnes (Osmiides). ( Bu)
LELCOSPIS (
blanc:
, œil,
LEU
LEU
325
•spect). ins. — Genre unique de la famille
des Leucospides, tribu des Chalcidiens, de
l'ordre des Hyménoptères , établi par Fa-
bricius et adopté par tous les entomologis-
tes. Les espèces de ce genre ne sont pas fort
nombreuses. Elles sont généralement de
moyenne taille. MM. Nées, Von Escnbeck
( Hymcnopt. ichn. aflînia) , Klug {Symb.
phys.), Spinola (Ann. de la Soc. ent. de Fr.)
ont surtout contribué à les faire connaître.
Les Leucospis les plus répandus dans le
midi de la France sont les L. gigas Fab., et
L. dorsigera Fab. ( Bl.)
*LEUCOSPORA, Nutt. bot. pu.— Syn.
de Sutera, Rotb.
LEUCOSPORE (>£uxo'ç, blanc; anôpa,
spore), bot. cr.— Nom que l'on a donné à
quelques divisions des Agarics, des Bolets
et des Clavaires, parce qu'elles ont les spo-
res blanches. (Lév.)
*LEL"COSTEGIA, Presl. bot. fu.— Syn.
û'Acrophorus, Presl.
*LEUCOSTICTE. ois. —Genre établi
aux dépens du g. Pyrrhula , pour une es-
pèce que M. Swainson nomme L. tephroco-
tis. (Z. G.)
LEUCOSTINE (Àevxo'ç, blanc), min. —
C'est-à-dire roche à petits points blancs.
M. Cordier applique ce nom, créé par La-
métherie, aux roches volcaniques pétrosi-
liceuses, composées de cristaux microscopi-
ques entrelacés, d'un égal volume, réunis
par juxtaposition , et offrant entre eux des
vacuoles plus ou moins rares. Il en distin-
gue trois variétés : la Leucostine compacte, ou
Phonolite ; la Leucostine écailleuse , ou Do-
lérite; et la Leucostine granulaire , ou Do-
mite. Voy. BOCHES. (DEL.)
*LEUGOSTOMA (Icvxo'ç, blanc; *«>«,
ouverture), moll. — M. Swainson a établi
ce g. pour une coquille singulière apparte-
nant au g. Planaxe, mais qui s'en distin-
guerait facilement par un pli columellaire.
D'après les observations de MM. Quoy et
Gaimard, ranimai qui construit celte co-
quille ne diffère en rien de celui des autres
espèces de Planaxes. Voy. ce mot.
(Desh.)
*LEUCOTHAMNUS (Jtcvxo*, blanc ; écri-
ve; , buisson ). bot. pu. — Genre de la fa-
mille des Byttnériacées, établi par Lindley
(Svsan River, XIX). Arbrisseaux de la Nou-
velle Hollande. Voy. MALYACÉES.
*LEUCOTHEA, Moc. etSess. bot. ph.—
Syn. de Saurauja, Willd.
LEUCOTHOE. Leucothoe (nom mytholo-
gique), crust. — Genre de l'ordre des Amphi-
podes, de la famille des Crevettines, de la
tribu des Crevettines sauteuses, établi
par Leach et adopté par M. Milne-Edwards.
La forme générale des Leucothoés est assez
semblable à celle des Crevettes. On ne con-
naît encore qu'une seule espèce de ce genre,
c'est le Leucothoe furine , Leucothoe furina
Savig. Cette espèce a été rencontrée sur les
côtes d'Egypte. (H. L.)
* LEUCOTHOE (nom mythologique).
acal. — Mertens, dans son travail sur les Bé-
roës, a fait connaître sous ce nom un genre
voisin des Callianires ,dont les caractères ont
paru assez tranchés à M. Lesson pour en faire
une famille, qu'il place entre les Callianires
et les Calymnes. La seule espèce connue de
Leucothoe est des parages des Açores. Mer-
tens l'a nommée L. formosa. (P. G.)
*LEUCOTHYREUS (JUuxôç, blanc; 6v>,
porte, ouverture). ins. —Genre de Coléoptè-
res pentarnères, famille des Lamellicornes,
tribu des Scarabéides phyllophages, créé par
Mac-Leay {Annulosa javanica, édit.Lequien,
Paris, 1833, p. 78), qu'il rapporte à sa fa-
mille des Anoplognathides. L'espèce type, L.
kirbyanus de l'auteur, est originaire du Bré-
sil. Dejean, qui a adopté ce genre, en men-
tionnedansson Catalogue 35espèces, qui tou-
tes sont propres à l'Amérique équinoxiale;
mais il paraît y avoir compris des espèces qui
ren tren t dans îes g. Aulacoderus et Bolax.{C. )
*LEUCOTIS. moll.— Ce genre a été pro-
posé par M. Swainson pour le Sigarelus
cancellatus des auteurs. Voyez sigaret.
(Desh.)
*LEUCOXYLON ( Aevxôç , blanc ; tflov ,
bois), bot. pu. — Genre dont la place, dans
la méthode, n'est pas encore fixée; Endli-
cher le rapproche des Ternstrœmiacées. Il
a été établi par Blume (Bijdr. , 1169) pour
un arbre de Java.
LEUKERIA. bot. ph. — Voy. leuceria.
*LEUKOPHANE (A«/»!ç, blanc; ?<x<'y«,
paraître), min. — Silicate de chaux et de
glucine, à poussière blanche, d'un vert ou
d'un jaune pâle en masse, clivable en prisme
quadrangulairede53°,24/, et qu'on a trouvé
en petites masses cristallines dans uneSyé-
niie, à Lammoen, sur les côtes de Norwégc.
326
LEV
La James minces paraissent incolores ,
quand elles sont vues par transparence. Ce
minéral est vitreux, phosphorescent, et pyro-
électrique. Sa densité est de 2,97; sa du-
reté de 3,5. Il a été analysé par Erdmann,
qui, outre les trois principes composants in-
diqués plus haut, y a trouvé de la soude,
et reconnu la présence du fluor. (Del.)
LEUZEA. bot. ph. — Genre de la famille
des Composées-Cynarées, établi par De Can-
dolle (FI. fr., IV, 109; Prodr., VI, 665).
îîerbes des régions méditerranéennes, de la
Sibérie et de l'Australasie.
Ce genre renferme 7 à 8 espèces, répar-
ties par M. De Gandolle (Prodr. , VI, 665)
en 3 sections, fondées principalement sur
!a forme de l'akène. Ce sont: Rhacoma,
akène subtuberculé; Fornicium, akène lisse ;
Cynaroides, akène strié.
LEVANTINES, moll. — Les anciens
onchyliologistes donnaient ce nom à plu-
sieurs espèces de coquilles provenant des
mers du Levant. Lamarck a conservé cette
dénomination pour une belle espèce de Vé-
nus, Venus leventina. Voy. Vénus. (Desh.)
LEVENHOOKIA(nom propre), bot.ph.—
Oenrede la famille des Stylidées, établi parR.
Brown (Prodr., 572). Herbes de la Nouvelle-
Hollande méridionale. Voy. stylidées.
*LÉVIPÈDES. Lœvipedes. ins.— Division
établie par MM. Amyot et Serville (Ins. hé-
mipt. suites à Buff. ) dans la famille des Cer-
copides , de l'ordre des Hémiptères. (Bl.)
*LÉVIROSTRES. Levirostres. ois. —
M. Duméril a établi sous ce nom, dans l'or-
dre des Oiseaux grimpeurs , une famille que
caractérise un bec gros à sa base , souvent
dentelé , et d'une contexture excessivement
celluleuse, ce qui le rend léger, malgré sa
grosseur notable. Les genres Toucan, Muso-
phage , Couroucou , Touraco, Barbu , Ara,
Cacatoès et Perroquet en font partie. (Z. G.)
LEV1SAMJS, Schreb. bot. ph. — Syn.
de Staavia, Thunb.
LEVISILEX. min. — Le Silex nectique ,
variété remarquable par sa légèreté appa-
rente. Voy. silex. (Del.)
LEVRAUT, mam. — Nom donné au jeune
Lièvre. ^E. D.)
LEVRE, zool., bot. — Voy. bouche. —
C'est aussi le nom que l'on donne, en bo-
tanique , aux deux lobes principaux de la
corolle dos Lnbiées.
LEZ
LEVRETTE. mam.— Femelle du Lévrier.
LÉVRIER. Canis graius. mam. — Espèce
du genre Chien. Voy. ce mot. (E. D.)
LÉVRIERSïPoiss.— Nom vulgaire donné
par les pêcheurs aux Brochets mâles, plus
allongés que les femelles.
LEWISIA (nom propre), bot.ph. —Genre
placé par Endlicher à la un des Portulaca-
cées. Il a été établi par Pursh (Flor. bor.
amer., II, 368) pour une herbe de l'Amé-
rique boréale encore peu connue.
LÉVYNE (dédié à Lévy). min. — M. Brew-
ster ayant examiné une Zéolithe , qui avait
été trouvée dans une Amygdaloïde à Dals-
nypen, dans l'île Sandoë, une des Feroë, y
reconnut des caractères optiques particu-
liers, ce qui le porta à en faire une espèce
à part, qu'il dédia au savant minéralogiste
et cristallographe Lévy. Elle paraît avoir de
grands rapports avec la Chabasie par sa
forme et sa composition. Elle cristallise en
rhomboèdres aigus de 79° 29', mais déri-
vables de celui de la Chabasie ordinaire;
ses cristaux sont toujours groupés par pé-
nétration, et ils présentent une face perpen-
diculaire à l'axe , qui ne se rencontre pas
dans la Chabasie. Voy. chabasie. (Del.)
LE1CESTRIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Caprifoliacées (Lo-
nicérées), établi par Wallich (in Roxburgh.
Flor. Ind. or., II, 181). Arbrisseaux du
Népaul. Voy. caprifoliacées.
LEYSSERA (nom propre ). bot. ph. —
Genre de la famille des Composées-Sénécio-
nidées, établi par Linné (Sp., 249). Herbes
ou sous-arbrisseaux de l'Afrique australe et
boréale. Voy. composées.
LÉZARD. Lacerta, Linn. (lacertosus, bien
musclé), rept. — Les Lézards forment dans
l'ordre des Sauriens un des groupes les plus
naturels ; ce sont des animaux à corps très
effilé ; leur colonne vertébrale est composée
d'un grand nombre de vertèbres dont les
articulations permettent des mouvements
prompts et variés; leurs pattes, articulées
à angle droit sur l'estomac, sont assez for-
tes, bien que grêles, trop courtes pour sup-
porter la masse entière du corps : aussi
laissent-ils traîner sur le sol leur ventre et
leur queue et même quelquefois la tête : •
la queue est longue et élastique.
Leur agilité est très grande; on sait avec
ra milité ils s'élancent d'un point à
LEZ
un autre , et comment ils peuvent se
cramponner aux murs et aux rochers, au
moyen de leurs ongles longs et crochus :
dans les régions intertropicales ils sont beau-
coup plus agiles que dans nos pays tempé-
rés, et dès que le froid se fait sentir, leurs
mouvements deviennent de plus en plus
lents, et ils finissent, en hiver, par tomber
dans une léthargie complète.
Les Lézards sont des animaux très doux,
et l'on n'ignore pas que les enfants s'en font
généralement un jouet : les anciens avaient
nommé le Lézard, à cause de sa vie pres-
que commune avec nous, l'ami del'homme.
Malgré leur douceur habituelle, ces animaux
cherchent parfois à mordre lorsqu'on les
saisit ; et l'on dit que certaines espèces ne
craignent pas de se battre contre des Chiens
et même contre des Serpents, et que s'ils
ne sortent pas vainqueurs du combat, du
moins ils font de graves blessures à leurs
ennemis. Leur morsure n'est pas veni-
meuse , ainsi qu'on l'a cru pendant long-
temps; toutefois elle est à craindre en raison
de l'acharnement avec lequel l'animal la
fait : il n'est pas rare qu'avec ses dents ai-
guës, placées en séries linéaires, qu'il fait
agir à la manière d'une scie, il n'enlève la
peau qu'il a saisie. Leur force et leur cou-
rage semblent en rapportintime avec la cha-
leur atmosphérique: sous les tropiques, ils
sont dangereux et intrépides , et leur taille
est considérable; dans les contrées septen-
trionales, leur taille est moindre, et leur
force et leur énergie diminuent également. Le
manque de nourriture, la captivité, dimi-
nuent aussi leur vigueur. Dans nos contrées,
le Lézard, plus timide parce qu'il est plus
faible, n'est pas stupidement craintif; s'il
fuit, c'est après s'être assuré de la réalité
•lu danger; un petit bruit vient-il frapper
ton oreille, un objet inaccoutumé se pré-
sente-t-il à sa vue , aussitôt il se relève sur
les pattes, redresse la tête et, dans cette
position , tout prêt à fuir au moindre bruit,
il regarde attentivement autour de lui. Si
une feuille vient à tomber, au léger bruit
qu'elle fait , il s'apprête toujours à prendre
la fuite; mais on le voit parfois fixant ses
regards sur l'objet qui vient de troubler son
repos, se rassurer par son immobilité,
étendre le cou en avant, faire un pas, puis
deux, puis trois, et arriver près de la feuille,
LEZ
327
en faire le tour, l'explorer dans tous les
sens, et après s'être assuré qu'il ne court
aucun danger, revenir avec précaution re-
prendre la place qu'il occupait et s'étendre
de nouveau aux rayons du soleil , qu'il re-
cherche toujours avec ardeur.
La demeure des Lézards consiste dans un
terrier qu'ils se creusent dans la terre ou
dans le sable; c'est un cul-de-sac qui a
quelquefois un pied de profondeur. Dans
beaucoup de cas ces animaux ne se construi-
sent même pas de demeure , et ils se réfu-
gient dans des creux de rocher, dans des
crevasses de vieux murs , etc., qu'ils ont
toujours soin de choisir exposés au midi.
Les Lézards aiment leurs terriers, et au
moindre danger ils viennent s'y réfugier. Ils
vivent isolés; le mâle et la femelle habitent
seuls le même terrier; ils ont peu d'instinct
de sociabilité, et on ne les voit guère se prê-
ter main-forte, soit pour l'attaque, soit
pour la défense; le besoin de nourriture ,
l'instinct de la reproduction , les portent
seuls à se rechercher et à vivre momenta-
nément ensemble. La température atmo-
sphérique a plus d'influence que toute autre
cause sur la sensibilité du Lézard : le froid
ainsi que l'excessive chaleur l'engourdissent,
causent une suspension presque totale de
toutes les fonctions de ses organes; il n'y
a plus de respiration, de circulation, et on
peut le soumettre à toutes sortes de mutila-
tions sans qu'il paraisse en ressentir la
moindre douleur et sans qu'il sorte de son
sommeil hibe.nal : mais dès que l'action
du froid ne se fait plus sentir, le Lézard
se réveille en quelque sorte, il se meut
de nouveau, il s'empare des insectes dont
il fait sa proie, et bientôt il a repris toute son
agilité ordinaire : les couleurs de la peau
deviennent brillantes , de ternes qu'elles
étaient, et il revient tout-à-fait à la vie. Cet
animal mue plusieurs fois pendant le cours
de sa vie.
Ces Reptiles se nourrissent de proie vi-
vante : ils font une chasse active aux Insec-
tes, aux Lombrics, à quelques Mollusques
et à presque tous les petits animaux qu'ils
rencontrent. Lorsque l'un deux veut s'em-
parer d'un Insecte ou d'un Ver, il ne se
jette pas inconsidérément sur lui, mais il
suit attentivement ses mouvements; im-
mobile, le cou tendu en avant, il épie la
3^3
LEZ
LEZ
moment favorable pour agir; plusieurs fois
il avance et recule la tête, comme pour
bien mesurer ses coups; quand toutes ses
précautions sont prises, par un mouvement
brusque il lance la tête en même temps
qu'il ouvre tout entière sa gueule, dans la-
quelle la proie s'engouffre et se trouve
retenue par les nombreuses petites dents
qui la garnissent. Les Lézards mangent
aussi , dit-on , les œufs qu'ils rencontrent
dans les nids; et d'après M. Dugès, ils dé-
vorent même leurs propres œufs lorsqu'ils
sont pressés par la faim*. Du reste, le Lé-
zard est très sobre, il mange rarement et
digère difflcilement; perdant peu par la
transpiration , il peut supporter de très
longs jeûnes, comme l'indique son engour-
dissement hiémal. On a dit pendant long-
temps que les Lézards ne buvaient pas ,
mais il est bien reconnu aujourd'hui qu'ils
boivent en lapant, à la manière des Chiens,
avec leur petite langue. La voix , chez les
Lézards, est faible et réduite à un simple
grognement.
Les différences de sexe ne sont guère sen-
sibles à l'extérieur ; les organes générateurs,
qui sont doubles chez les mâles , ne parais-
sent au dehors que pour l'accomplissement
de l'acte copulateur ; les seuls caractères
extérieurs des sexes se trouvent dans la
forme de l'origine de la queue, qui, chez
le mâle, est aplatie, large, sillonnée Ion-
gitudinalement par une espèce de gouttière ;
tandis que dans la femelle, au contraire ,
elle estarrondie et étroite; en outre, la cou-
leur des mâles est plus brillante que celle
des femelles, et celles-ci semblent conserver
plus longtemps la livrée du jeune âge. L'ac-
couplement est long et intime ; les deux
sexes s'étreignent si fortement pendant l'acte
de la copulation, que l'on ne distingue plus
le mâle de la femelle; leurs deux corps sem-
blent n'en plus former qu'un. Les femelles
pondentde 7à 9 œufs; chacune les dépose
dans un trou séparé, mais quelquefois
elles les placent en commun : car on
en trouve jusqu'à 30 dans le même nid.
Ces œufs, recouverts d'une coque poreuse
dontla grosseur varie, sont déposés dans des
trous et éclosent par la seule action de la
chaleur atmosphérique; les femelles les
abandonnent et n'en prennent pas soin ,
ainsi que cela a lieu pour tous les animaux
à sang froid. Quelques Lézards sont vivi-
pares , c'est-à-dire qu'ils produisent des pe-
tits vivants ; ce fait , annoncé par Jacquin
dès 1787, n'a étéconfirmé que dans ces der-
niers temps par les observations de MM.Gué-
rin-MénevilIe, Cocteau et Bibron.
La durée de la vie des Lézards est assez
considérable ; Bonnaterre rapporte que pen-
dant plus de 20 ans, on vit chaque jour un
Lézard sortir de son terrier pour aller s'éten-
dre aux rayons du soleil. L'accroissement
total du corps des Lézards se fait lentement;
celui de la queue, au contraire, lorsqu'elle
a été rompue, marche avec une très grande
rapidité. On sait avec quelle facilité se brise
la queue de ces Reptiles ; cette rupture est
si fréquente que l'on trouve peut-être plus
de Lézards dont la queue a été brisée et s'est
renouvelée qu'on n'en rencontre avec une
queue intacte. Le moindre effort suffit pour
la détacher, et il arrive souvent, lorsqu'on
a pris l'un de ces petits Sauriens par cet or-
gane , de le voir fuir en le laissant dans les
mains de celui qui l'a saisi , sans paraître
nullement s'inquiéter de la perte qu'il vient
de faire. Le fragment de queue détaché du
corps est doué de la faculté de se contracter
pendant un certain temps. La queue ainsi
détruite se reproduit bien vite, et au bout de
quelques jours, en été surtout, l'animal est
pourvu de nouveau de l'organe qui lui a
été enlevé. Un Lézard peut vivre encore
quelques jours, marcher même avec assez de
vivacité, éprouver des sensations, après
avoir été décapité.
L'organisation des Lézards a été étudiée
avec soin, et l'on connaît assez bien aujour-
d'hui leur anatomie ; ne pouvant pas en-
trer dans de nombreux détails sur ce point,
nous n'indiquerons que quelques uns des
faits principaux.
Le crâne s'articule avec l'occipital à
l'aide d'un seul condyle , ce qui ne permet
qu'un mouvement peu sensible de la tête.
Le nombre des vertèbres est considérable
et variable, aussi bien que leur mode d'ar-
ticulation. Le bassin est généralement formé
de deux vertèbres sacrées ; les lombes, d'une
ou deux; la région cervicale, de huit; la
queue en a un nombre plus variable et plus
considérable. Les côtes sont mobiles. Les
muscles sont assez forts , et l'on a étudié
leur formation dans la reproduction de
LEZ
la queue des Lézards qui avait été brisée
Les muscles des membres sont forts , et
«est probablement d'après cela, selon
M. Duméril, que leur est venu le nom qu'ils
portent ( de lacertosus , bien musclé). Les
différents viscères, le cœur, l'organe respi-
ratoire , le tube digestif, les organes repro-
ducteurs, sont contenus dans une même
cavité ; aucune séparation n'existe entre
l'abdomen et la poitrine. La structure du
cœur et la disposition générale des vaisseaux
est telle que l'acte respiratoire peut être
suspendu sans interrompre le cours du sang.
La respiration est quelquefois très active.
Les parois de l'estomac jouissent d'une
grande dilatabilité. Le sternum , les côtes,
ieurs cartilages, les vertèbres elles-mêmes,
sont susceptibles d'une grande mobilité qui
aide la respiration. Le canal intestinal est
peu étendu en longueur; l'estomac, allongé,
pyriforme, se confond presque entièrement
avec l'œsophage, qui est large , plissé, di-
latable, parce qu'il doit donner passage à
des aliments qui ont à peine été divisés; il
semble ne pas y avoir de cardia. Il n'y a
pas de véritable pharynx. Le voile du palais
paraît manquer entièrement. L'intestin grêle
présente quelques circonvolutions; le gros
intestin se renfle brusquement en une sorte
de cloaque, dans lequel débouchent l'urine,
les matières excrémentitielles et les canaux
de la génération dans les deux sexes. Les
^Tt.% (|»i i?Vnt p»s ()e véritables racines,
ne servent qu'à retenir la proie dont ils
s'emparent, etelles n'agissent pas pour la dé-
chirer, comme cela a lieu dans les animaux
supérieurs. L'œil est conformé de telle
sorte que le Lézard peut voir à une grande
distance. L'ouïe offre beaucoup de dévelop-
pement. L'odorat n'est pas très fin chez ces
Reptiles. La langue est molle, couverte de
papilles nerveuses, continuellement hu-
mectée, terminée par des filaments en forme
de pique, et ne doit venir que peu en aide
à l'organe du goût. La disposition générale
du système nerveux est à peu de chose près
ce que l'on retrouve chez tous les Reptiles;
le cerveau remplit exactement la cavité crâ-
nienne , et ne se trouve pas divisé en deux
hémisphères; sa surface est à peu près lisse
et sans circonvolutions : il est divisé par
lobes dont la première paire donne naissance
aux nerfs oiractifs; le nerf optique part de
T. vu.
LEZ
329
deux lobes , qui , placés après la masse
moyenne, forment une grande partie de
l'encéphale.
Un grand nombre d'auteurs se sont occu-
pés des Lézards; dans l'antiquité , Aristote
leur a consacré un chapitre de son immortel
ouvrage; Pline les a également cités. Des
monographies de ce groupe important de
Reptiles ont été publiées; nous devons citer
principalement les travaux de MM. Milne-
Edwards (Ann. se. nat., 1827), Dugès (Ann.
se. netf., 1827), DumériletBibron(Erp. gen.,
V, 1839, etc.). La classification des Lézards
a donné lieu à des observations du plus
haut intérêt; indiquons les auteurs princi-
paux qui se sont occupés de ce sujet. Linné
avait placé dans son genre Lacerta presque
toutes les espèces de Reptiles que l'on com-
prend aujourd'hui dans l'ordre des Sauriens,
excepté toutefois celles des genres Dragon
et Caméléon, qu'il avait distinguées. Gme-
lin forma des groupes particuliers avec les>
espèces les plus notables , et ces groupes ,
adoptés par la plupart des zoologistes, fu-
rent tous admis par Lacépède dans son
Histoire naturelle des Quadrupèdes ovipares
et des Serpents. Laurenti les accepta égale-
ment: seulement, il appliqua le nom de Seps
aux véritables Lézards. Les zoologistes qui
suivirent, tels que MM. Al. Brongniart,
Daudin, Oppel, G. Cuvier, Merrem, Fitzin-
ger, Wagler, Wiegmann, Ch. Bonaparte,
Duméril et Bibron , etc., restreignirent de
plus en plus le genre Lézard ; ils formèrent
un grand nombre de genres qui , comme
ceux des Neusticurus, Dum. et Bibr.; Apo-
romera, Dum. et Bibr.; Tupinambis, Daud.
Cuv. (Salvator, Dum. et Bibr.); Ameiva
Cuv.; Cnemidophores , Wagl. ; Dicrodon,
Dum. et Bibr. ; Acrantus, Wagl.; Centro-
phyx , Spix ; Tachydromus, Daud.; Tropi-
dosaura , Boié; Lacerta, Auct.'; Psammo-
dromus , Fitz. ; Ophiops , Ménétries ; Calos-
aura, Dum. et Bibr.; Acanthodaclylus, Fitz.;
Scrapteira, Fitz.; Eremias, Fitz.; Zonurus,
Merrem ; Cordylus , Klein , etc., furent
adoptés ; tandis que d'autres , et non
indiquerons les groupes des Podinemc ,
Wagl.; Ctenodon, Wagl.; Tejus, Gray; Ta-
chygaster, Wagl.; Pseudo-ameiva, Wagl.;
Algira, Cuv.; Psammuros, Wagl.; Lacerta,
looloca et Podarcis , Wagl., Wiedrn.,
Bonap., etc.; Algircidcs, Bibr. et Bory;
42
G30
LEZ
LÉZ
Nolopholis , Wagl.; Aspistus , Wagl., etc.,
ne le furent généralement pas.
Nous adopterons , dans ce Dictionnaire,
le genre Lézard, Lacerta , tel qu'il a été
établi par MM. Duméril et Bibron {Erp.
gén., t. V, 1839), et comprenant tous les
Sauriens ayant pour caractères : Langue à
base non engainante, médiocrement longue,
échancrée au bout, couverte de papilles
squamiformes , imbriquées ; palais denté ou
non denté; dents intermaxillaires coniques,
simples; dents maxillaires un peu compri-
mées , droites; les premières simples, les
suivantes obtusémcnt tricuspides; narines
s'ouvrant latéralement sous le sommet du
canlhus rostralis , dans une seule plaque,
la naso-rostrale, qui n'est pas renflée; des
paupières; membrane du tympan distincte,
tendue en dedans du trou auriculaire; un
collier squameux sous le cou ; ventre garni
de scutelles quadrilatères, plates , lisses ,
en quinconce; des pores fémoraux; pattes
terminées chacune par cinq doigts légère-
ment comprimés ; queue conique ou cyclo-
tétragone.
Le genre Lézard reste, pour MM. Dumé-
ril et Bibron, à peu près tel qu'il avait été
conçu par G. Cuvier: il comprend 16 espè-
ces, qui sont placées dans 4 groupes distincts,
et qui sont caractérisées principalement par
la forme et la position des écailles et des
plaques; car le système de coloration, qui
avait servi pendant longtemps de caracté-
ristique, varie quelquefois considérablement
dans la même espèce, ainsi que la propor-
tion relative entre la longueur du corps et
celle de la queue. La plupart des espèces
de Lézards se trouvent dans l'Europe et
même en France : quelques unes habitent
l'Afrique et l'Asie.
1° Espèces à écailles dorsales grandes,
rhomboïdales , carénées, très distinctement
entuilées.
i . Le Lézard de Fitzinger , Lacerta FUzin-
geri Dum. ctBibr. {Erp. gen., V), Nolopholis
Fitzingeri Wiegm. {Herpet.mexic. pars. I),
Lacerta nigra {Mus. Vindob. ) Écailles dorsales
rhomboïdales, imbriquées, carénées, à peine
un peu plus grandes que celles des flancs,
qui sont de couleur olivâtre, comme celles
du dos. GeLézardestuniformémentpeintde
gris olivâtre sur toutes les parties supérieures,
tandis qu'en dessous il présente une teinte
blanche, glacée de vert, excepté toutefois à
la face inférieure de la queue, où règne la
môme couleur que sur le dos. Sa longueur
totale est de près de 12 centimètres, sur les-
quels sa queue en occupe plus de 7.
Il habite la Sardaigne, où on ne le trouve
que rarement.
2. Le Lézard moréotique, Algiroidesmore-
olicus Bibron et Bory ( Exped. se. Morée,
Rept., pi. 10, fig. 5). Écailles dorsales rhom-
boïdales, imbriquées, carénées, à peine un
peu plus grandes que celles des flancs, qui
sont de couleur noire tachetée de blanc. Le
dessus de la tête, les régions cervicale et
dorsale, le dessus des membres et la queue
sont d'un olivâtre uniforme ; une raie jaune
se voit sur l'oreille, le cou et le dos ; les cô-
tés du cou et des flancs sont noirs, tachés
de blanc; les parties inférieures sont blan-
ches. De la taille du précédent.
Cette espèce, découverte en Morée, avait
servi de type à la création d'un genre par-
ticulier, celui des Algiroides; mais elle doit
être réunie aux Lacerta, dont elle ne diffère
que par la forme rhomboïdale et par la dispo-
sition entuiléede ses écailles.
3. Le Lézard ponctué de noir, Lacertanigro-
punctata Dum. et Bibr. {loco citato). Écailles
dorsales rhomboïdales, imbriquées, carénées,
beaucoup plus grandes que celles des flancs.
En dessus, il est d'un vert olive, piqueté de
noir; en dessous, d'un blanc glacé de bleu
verdâtre: sa longueur est de 2 décimètres,
dont la queue occupe près de 12 centimètres.
Il habite l'île de Gorfou.
2° Espèces à écailles dorsales, plus ou
moins oblongues, étroites , hexagones, tecti-
formes ou en dos d'âne, non imbriquées.
4. Lézard des souches, Lacerta slirpium
Daud. {Hist. nat. Rept.), Dugès, Milne-Ed-
wards, Dum. et Bibr. Écailles dorsales hexa-
gones, oblongues, en dos d'âne, non imbri-
quées: deux plaques naso-frénales super-
posées, l'inférieure un peu en arrière de la
supérieure. Le système de coloration de ce
Lézard varie beaucoup: aussi plusieurs au-
teurs ont-ils décrit cette espèce sous des
noms différents; Daudin en a fait ses Lacerta
slirpium, Laurentii, arenicola; Laurenli,
les Seps varius, cœrulescens, argus , ru-
ber, etc.; et d'autres zoologistes l'ont, au
contraire , réuni au Lézard commun.
Le mâle a le dos brun ou couleur de brique
LEZ
LEZ
331
uniformément, ou tacheté, ou ocellé de noi-
râtre; les côtés du corps, verts, ocellés de
brun; le ventre blanc ou piqueté de noir;
la femelle a le dessus et les côtés du corps
d'un brun clair ou fauve; le dos marqué
d'une suite de taches noirâtres ; une ou deux
séries de taches noires , papillées de blanc
se voit le long des flancs. La longueur to-
tale est d'environ 21 centimètres, sur les-
quels la queue en occupe 12.
Le Lézard des souches habite les plaines
et les collines ; il se trouve de préférence
sur la lisière des bois, dans les baies, les
jardins et les vignes. Sa demeure est un
trou étroit, plus ou moins profond, creusé
sous une touffe d'herbes ou entre les racines
d'un arbre; il s'y tient caché tout l'hiver,
après avoir bouché l'entrée avec un peu de
terre ou quelques feuilles sèches; il n'en
sort plus que dans la belle saison ou lorsque
le temps est favorable à la chasse des insectes
dont il fait sa nourriture, tels que des Mou-
ches , de petits Orthoptères , et quelquefois
même des chenilles. Il est agile, peu crain-
tif, et se glisse parmi les feuilles sèches lors-
qu'on veut le prendre.
Il se trouve dans toute l'Europe, excepté
tout-à-fait au nord , où il ne s'avance pas
autant que le Lézard des murailles; on le
rencontre en Crimée, sur les bords de la
mer Caspienne, dans le Caucase, etc. Il est
commun aux environs de Paris.
5. Le Lézard vivipare, Lacerta viviparia
Jacquin (Nov. act. helvet.), Dum. et Bibr.,
( loco citato ) Lacerta vulgaris et agilis Auct.
L. crocea Wolf., Fitz., Evers. L. praticola,
Fitz. L. montana Mik., Schinz. Lacerta
SchreibersianaMi\ne-E(lwards(Ann. sc.nat. ,
1829), Dugès, Cocteau, etc. Écailles dorsales
hexagones, oblongues, en dos d'âne, non
imbriquées: une seule plaque naso-frénale.
Le dos est brun, olivâtre ou roussâtre, of-
frant de chaque côté une bande noire, lisc-
rce de blanc en haut et en bas; une raie
noire le long de la région rachidienne : le
ventre est tacheté de noir sur un fond jaune
orangé. Long de près de 2 décimètres , la
queue occupant plus de la moitié de cette
ïongueur.
Ce Lézard ne se rencontre guère que dans
les montagnes; on le trouve en Suisse dans
les bois de Sapins secs , où il se creuse des
trous sous les feuilles tombées : on le voit
aussi quelquefois dans les forêts som-
bres et humides. 11 se nourrit d'Insectes
de différents ordres, mais principalemenj
de Diptères. La femelle fait, vers le mois de
juin, cinq à sept œufs, d'où, quelques mi-
nutes après qu'ils sont pondus, les peti;:
sortent parfaitement développés. Ce fait,
observé pour la première fois par Jacquin,
a été vérifié depuis par Leuckart, Coc-
teau, etc.
Le Lézard vivipare se trouve en France,
en Italie, en Suisse, en Allemagne, en
Ecosse, en Irlande, en Russie, et même dans
quelques provinces de l'Asie. Il est rare en
France, mais on en a rencontré des indi-
vidus dans les Pyrénées, au Mont-Dorc,
dans la forêt d'Eu, etc.
6. Le Lézard vert, Lacerta viridis Daurîiu
(Hist. nat. Rept.), Dum. et Bibr. {loco citato),
Seps terrestris Laur.; le Lézard vert piqueté
et le Lézard a deux eandes Cuvier, La-
certa bilineataLaud., Ménétries, Lacerta
exigua, shugala, g racilis Eichw., Lacerta
smaragdina, bistriata, Ménétries, etc. Écail-
les dorsales hexagones, oblongues, en cjos
d'âne, non imbriquées; deux plaques nnso-
frénales superposées bien régulièrement. Il
est en dessus, soit uniformément vert, ou
brun piqueté de vert, ou vert piqueté de
jaune; soit d'une teinte brune marquée de
taches vertes ou blanches, ondées de noir,
ou bien de raies longitudinales blanches,
liserées de noir, au nombre de deux à cinq;
le ventre est jaune. Du reste, on connaît
un grand nombre de variétés de cette espèce,
et toutes ont été formées par leur système
de coloration différent, et en outre, comme
ce Reptile, dans son jeune âge, ne ressemble
pas à ce qu'il sera plus tard , il en résulte
des variations telles que plusieurs zoologistes
ont fait des espèces particulières avec de
simples variétés, ainsi qu'on a pu le voit-
dans la synonymie que nous en avons donnée
plus haut. La taille de ce Lézard est d'en-
viron 40 centimètres de longueur, sur les-
quels la queue entre à peu près pour les deux
tiers.
Cette espèce habite les lieux peu élevés,
boisés, mais où le soleil pénètre aisément;
on le trouve aussi dans les prairies au milieu
des herbes et des fleurs; ce Lézard se nourrit
de petits Insectes, et l'on dit que, lorsqu'il
rencontre quelques nids sur son passage, il
332
LEZ
mange les œufs qu'il y trouve; mais ce fait
n'est pas prouvé ; en domesticité, on lui
donne des Lombrics, des larves de Téné-
brions, etc., et il semble s'en nourrir avec
plaisir. La présence de l'homme ne paraît
pas lui causer beaucoup d'effroi; il s'arrête
pour le regarder. L'approche d'un Serpent
semble, au contraire, lui inspirer beaucoup
de crainte : à sa vue , il se meut vivement,
fait entendre des soufflements violents, et
cherche à se cacher; mais, si la fuite est im-
possible, il combat son ennemi avec cou-
rage. Sa chair ne paraît pas désagréable;
les habitants de l'Afrique s'en nourrissent,
dit-on, volontiers.
On trouve ce Saurien dans presque toute
l'Europe; c'est surtout dans les contrées les
plus chaudes que sa parure brille de tout
son éclat, qu'il jouit de toute sa légèreté et
atteint tout son développement. Les régions
du nord de l'Europe ne possèdent pas cette
espèce : aussi ne l'a-t-on pas encore rencon-
trée en Angleterre, en Irlande et en Ecosse.
Les côtes méditerranéennes de l'Afrique le
produisent ainsi que la plupart des contrées
situées à l'occident de l'Asie.
3° Espèces à écailles dorsales distinctement
granuleuses , juxtaposées. Paupière infé-
rieure squameuse.
7. Le Lézard ocellé, Lacerta ocellata Daud.
(Hist. nat. Rept.), Dum. et Bibr. (lococilato),
le grand Lézard vert Lacépède, Lacerta ja-
maicensis , lepida Daud., Lacerta mar g a-
ritata Schinz. Écailles dorsales circulaires,
granuleuses, juxtaposées; tempes revêtues
de squames polygonales, inégales , légère-
ment tectiformes; paupière inférieure opa-
que, squameuse. Le dessus du corps est
vert, varié, tacheté , réticulé ou ocellé de
noir; de grandes taches bleues arrondies se
remarquent sur les flancs; le dessous du
corps est blanc, glacé de vert : le système de
coloration diffère avec l'âge de l'individu,
et il est bien reconnu que le Lézanl gentil
de Daudin n'est pas une espèce distincte,
mais seulement le jeune âge du Lézard
ocellé. Cette espèce atteint une grande
taille; on en a vu des individus ayant plus
de 43 centimètres de longueur totale et
chez lesquels la queue avait 26 centimètres
de long.
Cette espèce, lorsqu'elle est jeune, se
creuFC Un terrier en bov«u le Jonc des fos-
LEZ
ses d'une terre labourable , et surtout un
peu sablonneuse; à l'âge adulte, elle s'éta-
blit dans un sable dur, souvent entre deux
couches d'une roche calcaire et sur une
pente rapide, abrupte, exposée plus ou
moins directement au midi ou au sud-
est : on le trouve aussi entre les racines
des vieilles souiehes , soit dans les haies ,
soit dans les vignes. On le rencontre quel-
quefois sous de grosses pierres, et on l'a vu
grimper sur des arbres. Il se nourrit pres-
que exclusivement de vers et d'insectes des
ordres des Coléoptères et des Orthoptères ;
on dit qu'il peut avaler aussi des Gre-
nouilles, des Souris, des Musaraignes, et
qu'il ne répugne pas à attaquer des Ser-
pents. On l'élève en domesticité, et on peut
le nourrir presque exclusivement avec du
lait, ainsi que je l'ai vu faire.
Ce Lézard habite l'Europe et l'Afrique ,
dans la première de ces parties du monde,
on le trouve dans le midi de la France et
en Espagne ; dans la seconde , il n'a encore
été pris qu'en Algérie. Il se trouve assez
fréquemment dans la forêt de Fontai-
nebleau, où l'on voit tant de productions
naturelles qui semblent propres à la Pro-
vence. On avait dit qu'il se trouvait en
Suède et au Kamtschatka , mais ce fait est
loin d'être prouvé, et ce qui semble le dé-
mentir, c'est que ce Reptile redoute beau-
coup le froid etqu'il périt aisément lorsqu'il
est soumis à une température de quelque?
degrés au-dessous de zéro.
8. Le Lézard du Taurus, Lacerta taurica
Pallas (Zcogr. Ross, asiatic), Lacerta pe-
loponesiaca, muralis Bibr. et Bory, Lacerta
agilis Ménétries. Écailles dorsales circu
laires, granuleuses, juxtaposées; tem-
pes revêtues desquames polygonales, inéga-
les, plates, parmi lesquelles une subcircu-
laire; paupière inférieure opaque, squa-
meuse. Les parties supérieures du corps
sont olivâtres, avec deux raies blanches de
chaque côté du dos, entre lesquelles, dans
la femelle, est un semis de gouttelettes
noirâtres; les flancs sont marqués de zig-
zags noirs chez le mâle; en dessous règne
une teinte blanche, glacée de vert ou de
bleu. Sa longueur totale n'est que de 20
centimètres, sur lesquels la queue en oc-
cupe 13.
Les mœurs de cette espèce sont les mêmes
LÉZ
LEZ
>33
que celles du Lézard de murailles. On l'a
trouvée en Crimée, àCorfou, en Sicile;
mais c'est principalement en Morée qu'on
la rencontre plus communément.
9. Le Lézard des murailles, Lacerta mura-
lis Laurenti (Synop. Rept.), Milne-Edwards,
Dugès , Guérin, Dum. et Bibr. (loco cit.),
Lézard gris, Daub., Lacép., Latr., Cuv.,
L . agilis Wolf, Risso, Griff., L. Brongniar-
tii, maculata, triliguerta, Daud., L. saxicola
Eversm., etc. Écailles dorsales circulaires,
granuleuses , juxtaposées; tempes revêtues
de petites écailles, parmi lesquelles une
plaque circulaire; 6 ou 8 séries de plaques
ventrales; tête peu déprimée; paupière in-
férieure opaque , squameuse. Le système
de coloration de cette espèce est très varia-
ble ; c'est ce qui a fait établir par plusieurs
zoologistes un assez grand nombre d'espè-
ces, avec de simples variétés : en général, il
a le dessus de la tête d'un gris cendré, ainsi
que le dos, qui est en outre régulièrement
marqué de points et de traits brunâtres ;
il présente sur les flancs, depuis l'angle
postérieur de chaque œil jusqu'à la base
des cuisses, une large bande brune, for-
mée de traits réticulés et finement dentelée
sur les bords, qui sont blanchâtres; son
ventre et le dessous de la queue sont d'un
blanc luisant, verdâtre, et quelquefois pi-
queté de noir. Sa longueur totale peut
atteindre 20 centimètres, sur lesquels la
queue entre pour 14.
Le Lézard gris est l'espèce la plus com-
mune du genre; c'est surtout en été qu'on
le voit fréquemment sur les vieux murs ou
sur les arbres , où il grimpe avec une
grande facilité. La vivacité de ses mouve-
ments, la grâce de sa démarche, sa forme
agréable et déliée , le font généralement re-
marquer. Il passe l'hiver au fond d'une re-
traite qu'il se creuse dans la terre; il s'y
engourdit, et s'accouple dans le commence-
ment du printemps ; il est monogame et
ne vit que par paires ; le mâle et la femelle
demeurent, dit-on, dans une parfaite union
pendant plusieurs années, se partagent les
arrangements du ménage, le soin de faire
éclore les œufs, de les porter au soleil et de
les mettre à l'abri du froid et de l'humi-
dité. On sait que le Lézard gris peut s'ap-
privoiser aisément et qu'il semble se plaire
en captivité. A l'état de liberté, lorsque
quelque danger le menace, il fuit avec ra-
pidité, mais sans discernement et comme
au hasard. Tout le monde a vu que lors-
qu'on cherche à le saisir sur le mur où il
marche , il se laisse tombera terre et y reste
quelques instants immobile avant de pren-
dre de nouveau la fuite. Il se nourrit d'in-
sectes, principalement de Fourmis et de
Mouches. Sa chair est bonne à manger; elle
est saine et appétissante; et on peut la faire
cuire ou frire, comme celle de petits poissons.
Laurenti, qui s'est étendu sur ce sujet, dit
qu'aux environs de Vienne il est tellement
commun, qu'on pourrait s'en servir, durant
tout l'été, pour la nourriture d'un grand
nombre de pauvres. Autrefois la chair de?
Lézards a été beaucoup vantée pour ses pro-
priétés contre les maladies cutanées et lym-
phatiques, contre les cancers, la syphi-
lis, etc.; mais l'usage en est aujourd'hui
tout-à-fait abandonné.
Cette espèce se trouve très communément
dans toute l'Europe et dans la partie occi-
dentale de l'Asie; il se rencontre fréquem-
ment en France, et principalement aux en-
virons de Paris.
10. Le Lézard oxycéphale, Lacerta oxyce-
phala Schlegel {Mus. Ludg. Balav.), Dum. et
Bibr. {loco cit. ). Très voisin du Lézard des
murailles : il en diffère par la dépression de
sa tête, qui est beaucoup plus grande; par
sa coloration, plus roussâtre ou plus bleuâtre
en dessus , et par sa longueur, un peu
moindre.
Ce Lézard habite exclusivement les par-
ties les plus élevées des montagnes, où il se
tient toujours dans les rochers.
On l'a pris en Corse et en Dalmatie.
11. Le Lézard de Dugès, Lacerla Dugesn
Milne-Edw. {Ann. se. nat., 1827), Dum. et
Bibr. {loco cit.). Écailles dorsales, circulai-
res, granuleuses, juxtaposées; tempes revê-
tues de petites écailles toutes semblables;
deux plaques naso-frénales; jambes de lon-
gueur ordinaire; dessus du corps noir, pi-
queté de jaune; paupière inférieure opaque,
squameuse. Tout le corps est noirâtre en
dessus, plus foncé sur les flancs, et piqueté
de jaune; en dessous il est blanc. Sa lon-
gueur totale n'atteint pas 20 centimètres.
Il habite l'île de Madère et celle de Té-
nériffe.
12. Le Lézard de Gallot, Lace; la Galloti
334
LÈZ
LEZ
Gerv. (Hist. nat. des Canaries), Dum. etBiDr.
(loc. cit.). Écailles dorsales circulaires, gra-
nuleuses, juxtaposées; tempes revêtues de
petites écailles, parmi lesquelles une plaque
circulaire; quatorze séries de plaques ven-
trales; paupière inférieure opaque. Il est en
dessus d'un gris olivâtre, avec quatre séries
de taches presque quadrilatères, noires ; en
dessous il est blanc, ou d'un bleu légère-
ment verdâtre. Sa longueur est de 20 cen-
timètres.
Comme l'espèce précédente, il habile Té-
nériffe et Madère.
1 3. Le Lézard de Delalande, Lacerta Dela-
landii Milne-Edw. (Ann. se. nat., J827),
Dum. et Bibr. (loc. cit.), Lacerla intertexta
Smith. Écailles dorsales circulaires, granu
leuses, juxtaposées; tempes revêtues de pe-
tites écailles toutes semblables; deux pla-
ques fréno- nasales; jambes extrêmement
courtes; paupière inférieure opaque. Il est
noir en dessus, avec des taches blanches en-
tourées de noir plus foncé sur le dos, et
d'autres également noires sur la tête et la
queue; en dessous il est d'un blanc fauve
pointillé de noir. Sa longueur est de 34 cen-
timètres.
Ce Lézard se trouve dans l'Afrique aus-
trale ; il est commun au cap de Bonne-Es-
pérance.
14. Le Lézard marqueté, Lacerla tessellala
Smith (Contrib. lo the nalur. Hist. ofSoulh.,
Africa), Dum. et Bibr. (Ipc. cit.), L. livida et
clegans Smith. Écailles dorsales circulaires,
granuleuses, juxtaposées; tempes revêtues
de petites écailles toutes semblables; deux
plaques naso-frénales; jambes de longueur
ordinaire; paupière inférieure opaque. Le
corps, long, y compris la queue, de plus de
20 centimètres, est en dessus zébré d'une
ou deux teintes, brune, blanchâtre ou mar-
ron , claires, uniformes; en dessous il est
blanc.
11 habite plusieurs points de la colonie du
cap de Bonne- Espérance; on l'a rencontré
assez avant dans l'intérieur des terres dans
les. pays des petits Namaquois.
1 5. Le Lézarda bandelettes, Lacerla tœnio-
lala Smilh (Contrib. nalur., etc.), Dum. et
Bibr. (loc. cit.). Écailles dorsales, circulaires,
granuleuses, juxtaposées; tempes revêtues
de petites écailles toutes semblables; une
seule plaque naso-frénale; paupière infé-
rieure opaque. En dessus il est fauve, avec
des taches marron; il est blanchâtre en
dessous. Sa longueur est de 16 centimètres,
la queue en occupant 10.
Cette espèce habite, comme les deux pré-
cédentes, le cap de Bonne-Espérance.
4° Espèce à écailles dorsales distinctement
granuleuses, juxtaposées; paupière infé-
rieure transparente ouperspicillée.
16. Le Lézard a lunettes, La certa perspi-
cillata Dum. et Bibr. (lococit.). Le meilleur
caractère de cette espèce est fourni par sa
paupière inférieure, qui est transparente,
ce qui n'a lieu dans aucun Lézard connu.
Les parties supérieures offrent une teinti
brune, avec un reflet bleu vers la queue; la
gorge est blanchâtre et le ventre noirâtre.
Sa longueur totale n'est que de 5 centimè-
tres, la queue en ayant seulement 2 1/2.
On n'a encore étudié qu'un seul individu
de cette espèce , et il était évidemment très
jeune.
Il provenait de l'Algérie.
Un grand nombre de Reptiles avaient été
autrefois compris dans le genre Lézard;
mais ces animaux, mjeux étudiés , ont dû
former des groupes distincts. Nous allons
indiquer les espèces principales , en ren-
voyant aux mots où il en sera parlé.
Lacerta bicarinata Linné. Voy. neusti-
curus.
Lacerta teguixin Linné , le Sauvegarde
des auteurs. Voy. sauvegarde.
Lacerta americana Seba , Klein. Voy,
A M El VA.
Lacerla amciva Daud., Ameiva, G. Cuv.
Voy. cnemidophorus.
Lacerta teyou Daud. Voy. aciiantus.
Lacerta striata Daud. Voy. centropyx.
Lacerta algira Lin., Algire, Daud. Voy.
TR0P1D0SAURA et ALGIRE.
Lacerta Edwardsiana Dugès. Voy. tsam-
moduomus.
Lacerta Leschenaullii Milne Edwards. Voy.
calosaura.
Lacerta velox Dugès , Lézard gris d'Es-
pagne Daubenton. — Lacerta scutellata Au-
dou in. —Lacerta Savignyi Audouin. — La-
certa boskiana Daud. Voy. acanthodac-
TYLUS.
Lacerta grammica Lichtenst. Voy. scap-
TEIRA.
Lacerla arguta Pallas. —Lacerla argulut
LUE
LIA
335
Eichw. — Lacerla Knoxii Milne-Edwards.
— Lacerla capensis Smith. — Lacerla Oli-
vieri Audouin. — Lacerta pardalis Lichst.
Voy. EREMIAS.
Lacerla cordylus , le Cordyle. Voy. cor-
DYLDS et ZONURUS.
Lacerla apus Gm. Voy. pseudopus, etc.
(E. DliSMAREST.)
LÉZARDELLE. Saururus (craOpoç, lé-
7;ird; ovpa, queue), bot. ph. — Genre de la
famille des Saururées , établi par Linné
[Gen.y n° 464), et ainsi caractérisé : Fleurs
formant des rameaux très épais ; calice nul ;
clamines 6 (quelquefois 4, 7, 8), hypogy-
nes; ovaire 3-4-loculaire, 3-4-lobé, se ter-
minant en un stigmate; ovules 2-4, ascen-
dants , orthotropes, fixés dans l'axe central
«les loges; baie à 4 loges, renfermant cha-
cune une ou deux graines.
Les Lézardelles sont des herbes croissant
dans les parties marécageuses de l'Amé-
rique boréale, à racines rampantes; à tiges
rylindriques; à feuilles alternes, pétiolées,
cordiformes, nerveuses; à pétiole presque
ailé et amplexicaule; à fleurs petites, blan-
ches, disposées en grappes droites, opposi-
tifoliées, solitaires, dépourvues d'involucre
et inclinées au sommet.
La principale espèce de ce genre est la
Lézardelle inclinée, S. cernuus ; elle fleurit
à la fin de l'été, et décore très bien les jar-
dins paysagers , où on la cultive principa-
lement.
* LÉZARDIFORMES. Le zardi formes.
aracii. — M. Walckenaër désigne sous ce
nom , dans son Hist. nat. des Ins. apt., une
famille du genre des Telragnalha (voy. ce
mot ). Dans cette famille, l'humerai et le cu-
bital des palpes sont renflés, avec le digi-
tal mince et sétacé dans les femelles; les
mandibules sont courtes, coniques et non
divergentes; l'abdomen est allongé, renflé
dans son milieu, et se termine en pointe
recourbée. La Telragnalha lacerla est la
seule représentante de cette famille. (H. L.)
LHERZOLITIIE (nom de pays), min.—
LePyroxènc en roche , Charp. Roche verte,
composée de Pyroxène grenu ou lamellaire,
que l'on trouve aux Pyrénées, près de l'étang
de Lherz, dans la vallée de Vicdessoi. Cette
roche, quand elle devient compacte, ressem-
ble à la Serpentine; elle en diffère en ce
qu'elle est plus dure , et ne contient point
les minéraux qui se rencontrent ordinai-
rement dans cette dernière. (Del.)
* LIIOTSKYA (nom propre), bot. ph.—
Genre de la famille des Myrtacées-Chamœ-
lauciées, établi par Schauer (in Lindl. In-
troduct. edit.y II, 493). Arbrisseaux de la
Nouvelle-Hollande. Voy. hyrtacées.
*LÏA, Esch. ins.— Syn. de Chelonadema,
Casteln.
EIABUM. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Composées-Vernoniacées , établi
par Adanson (Fam. ,11, 131). Herbes de
l'Amérique tropicale. Voy. composées.
Les espèces de ce genre ont été réparties
en deux sections, nommées : Chrysactinium,
Kunth; et Slarkea, Willd.
LIAGORE. Liagora(nom mythologique).
polvp., algues calcifères. — Genre établi par
Lamouroux dans sa division des Polypiers
flexibles, ordre des Tubulariées. Il lui assi-
gne une tige rameuse, fistuleuse, lichéni-
forme, encroûtée d'une légère couche de
matière crétacée. Gmelinet Esperen avaient
déjà fait des Tubulaires, et Lamarek les
classa également parmi les Polypiers, dans
son genre Dichotomaire ; mais, d'un autre
côté , Turner, Desfontaines, Roth , et plus
récemment Agardh, en ont fait des Fucus.
M. Decaisne enfin les a classés parmi les Al-
gues aplosporées, avec les Batrachospermes.
Les Liagores se trouvent assez nombreuses
dans les mers des pays chauds. (Duj.)
*JLIAGORE. Liagore (nom mythologique).
crust. — Genre de l'ordre des Décapodes bra-
chyures, établi par M. Dehaan, dans la Faune
japonaise, pour un Crustacé rencontré dans
les mers du Japon, et dont la seule espèce con-
nue est le Liagore rubromaculalus Deh.,
pi. 5,fig. 1. (H. L.)
LIAIS (pierre de), min. — Nom techni-
que d'une variété de Calcaire compacte à
grain fin , qui se trouve en couche peu
épaisse dans les terrains des environs de
Paris , et que l'on recherche comme très
propre à être employée pour les moulures
dans l'art de la bâtisse. (Del.)
*LIAL1S. rept. — Division des Scinques,
d'après M. Gray (Syst. brit. Mus., 1840).
La seule espèce de ce groupe est le Lialis
Burtonii Gray, qui provient de la Nouvelle-
Hollande. (E. D.)
*LIALISID.E , Gray. rept. — Division
des Scincoïdiens, comprenant le genre Lialis.
33;
LIA
LIA
LIANE (du nom français lien), bot. ph.
— On désigne sous ce nom tous les végétaux
sarrnenteux qui choisissent d'autres vé-
gétaux pour support, grimpent le long
de leurs tiges, et se confondent avec leurs
rameaux (le Lierre, la Clématite, etc.).
Cette dénomination a été appliquée à une
ouïe de plantes herbacées et ligneuses qui
ippartiennent à des genres de diverses fa-
milles ; nous nous contenterons de citer ici
les plus vulgairement connues. Ainsi Ton
a appelé:
Liane a l'Ail, le Bignonia alliacea;
Liane amère, VAbula caudicans ;
Liane a laine, YOmphalea diandra,
Liane avancaré , une espèce de Pha-
seolus ;
Liane a barrique , le Rivinia octandra et
YEcastophyllum Brownii ;
Liane a batate , le Convolvulus batatas ;
Liane a bauduit , le Convolvulus brasi-
Hensis ;
Liane blanche, le Rivinia lœvis;
Liane de Boeuf, V Acacia scandons;
Liane bondieu , VAbrus precatorius;
Liane brûlante, une espèce de Dracon-
tium et le Tragia volubilis;
Liane brûlée, le Gouania domingensis ;
Liane a cabrit, un Tabernœmontana et
une Eupatoire;
Liane a caleçon, les Bauhinia, le Muru-
cuja, l'Aristoloche bilobée, et quelques es-
pèces de Passiflores;
Liane carrée, le Paullinia pinnata et un
Serjania ;
Liane a cercle, le Petrœa volubilis ;
Liane de Chat, le Bignonia unguis cati ;
Liane a chiques, le Tourne fort ia nilida ;
Liane a Cochon, quelques espèces ou va-
riétés de Dioscorea, et un Cissampelos ;
Liane en coeur, le Cissampelos pareiraet
les grandes espèces de Liserons ;
Liane contre -poison, la Feuillée grim-
pante ;
Liane corail, un C issus et le Poivrœa;
Liane a cordes, le Bignonia viminca ;
Liane a Couleuvre, voy. liane contre-
poison ;
Liane coupante, YArundo [racla;
Liane a Crabes, le Bignonia œquinoctialis
et le Convolvulus pes caprœ ;
Liane croc de Chien, le Zizyphus igua-
neus ;
Liane a crochets, YOurouparia;
Liane a eau, une espèce de Gouet;
Liane a enivrer le poisson, le Robinia
nicou ;
Liane épineuse , le Pisonia aculeata et le
Paullinia asiatica ;
Liane franche, le Securidaca volubilis,
le Dracontium pertusum, le Bignonia Ité-
rer a et un Smilax;
Liane a geler ou a glacer, un Cissam-
pelos ;
Liane jaune, le Bignonia viminea et 17-
pomœa tuberosa;
Liane a lait, YOrelia;
Liane laiteuse , quelques Apocyns et le
Cynanchum hirsulum;
Liane a malingre, le Convolvulus umbel-
lalus;
Liane mince , le Rajania scandens;
Liane malabare , une variété de Dios-
corea;
Liane palétuvier, YEchiles biflora;
Liane a panier, le Bignonia œquinoc-
tialis ;
Liane papaye, YOmphalea diandra;
Liane de Pâques , le Securidaca volu-
bilis ;
Liane de la Passion, diverses Passion-
naires;
Liane a Patates ou a Raves, l'Igname;
Liane percée, le Dracontium pertusum;
Liane a Persil, le Serjania tritemata, et
le Kœlreutera triphylla,
Liane a pisser, un Rivinia et nn Smi«* ;
Liane a Raisins, un Coccoloba et les Ri-
vinia;
Liane a râpe, le Bignonia echinata ;
Liane a Réglisse, Y Abrus precatorius ;
Liane rouge, le Bignonia alliacea, le
Zizyphus volubilis, et le Tetracera aspera;
Liane rude ou de Saint-Jean , le Petrœa
volubilis;
Liane a savon, le Momordica operculala ,
le Gouania domingensis, et un Banisteria;
Liane a savonnettes , la Feuillée grim-
pante ;
Liane a scie , le Paullinia curassavica ,
Liane a Serpent, diverses Aristoloches;
Liane de sirop, le Columnea scandens ;
Liane a tonnelles, les Quamoclits et les
Ipomées;
Liane a Tulipes, une Passiflore;
Liane a Vers, le Cactus triangularis ;
LID
LIB
337
Liane vulnéraire, le Telrapteris inœ~
qualis. (J.)
LIAS. GÉOL. — Voy. TEERAINS.
*LIASIS. rept. — Groupe d'Ophidiens,
*ormé par M. Gray (Syst. Brit. Mus., 1840)
jux dépens de l'ancien genre Python.
Quatre espèces entrent dans ce groupe;
!e type est le Boa amethyslinus Schneid.,
Daud. , dont on ignore la patrie; nous ci-
terons aussi le Liasis Mackloli Dum. et Bibr.
(Erp. gén., VI, 1844), qui provient de l'Ile
de Timor. (E. D.)
LIATRIS. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Composées-Eupatoriacées, établi
par Schreber (Gen., n. 1263), et présentant
pour principaux caractères : Capitule 5-mul-
tiflore , homogame. Involucre paucisérié ,
imbriqué ; réceptacle nu; corolle tubuleuse,
élargie à la gorge; à limbe divisé en 5 lo-
bes allongés. Stigmate exsert , cylindracé ;
akène subcylindrique, à 10 côtes.
Les Lialris sont des herbes, rarement
des arbrisseaux , indigènes de l'Amérique
boréale, à racines tubéreuses, résineuses;
à tiges allongées, simples; à feuilles alter-
nes , très entières , ou bordées de très pe-
tites dents; à fleurs pourpres, ou roses, ou
tachetées de blanc, disposées en capitules ,
en grappes, en panicules ou en corymbes.
De Candolle ( Prodr. , V, 128 ) énumère
et décrit 25 espèces de ce genre , réparties
en 3 sections , qui sont : Euliatris , DC. ;
Suprago, Gaertn. ; Trilisa, Cass. Nous cite-
rons, comme type du g., la Liât, squarrosa
Willd.
LIBAXOTISCA^avwrfç). BOT. PH.— Scop.,
syn.de r«r6t^,Tausch.— Genre de la famille
des Omhellifères-Sésélinées, établi par Crantz
(Stirp. austr., 222) pour des herbes indigè-
nes de l'Europe et des régions australes de
l'Asie. De Candolle {Prodr.., IV, 149) en dé-
crit 8 espèces réparties en 2 sections qu'il
nomme Eriolis et Eulïbanotis .
*LIBANUS, Colebrook. bot. ph.— Syn. de
Boswellia, Roxb.
LIBELLULE. Libelluîa. ins. — Genre
de la tribu des Libelluliens, de Tordre des
Névroptères, et adopté par tous les entomo-
logistes avec de plus ou moins grandes res-
trictions. Les Libellules sont nombreuses en
espèces dispersées dans presque toutes les
régions du monde. Nous en considérons
romme le typela L. depressa Lin., commune
t. vu.
dans toute l'Europe. Voy. pour tous lc^
détails de mœurs, d'organisation, etc., notre
article libelluliens. (Bl.)
LIBELLULIDES. ins. — Synonyme de
Libelluliens ou de Libellulites. (Bl.) /
LIBELLULIENS. Libcllulii. ins.— Nous'
désignons sous cette dénomination une des*
tribus les plus considérables de l'ordre des '
Névroptères. On reconnaît facilement tous
ses représentants à leurs ailes très réticu-
lées, les postérieures étant aussi longues ou
presque aussi longues que les antérieures;
aux pièces de leur bouche très développées,
ayant cependant des palpes très rudirnen-
taires. Leur tête, très grosse, supportant de
petites antennes styliformes, et leurs tarses,
composés seulement de trois articles, ser-
vent encore à les distinguer des autres Né-
vroptères. Il n'est personne qui ne con-
naisse parfaitement les insectes désignés
par les zoologistes sous le nom de Libellu-
liens. Leur grande taille, leur extrême
agilité, l'admirable élégance de leurs formes,
la variété et souvent l'éclat de leurs cou-
leurs , l'abondance des espèces et des indi-
vidus dans le voisinage des eaux pendant
les belles journées de l'été, ont rendu leur
connaissance vulgaire. Tout le monde les
appelle les Demoiselles. Linné, qui savait
si bien appliquer les noms aux choses, a
nommé Libellule vierge, Libelluîa virgo,
l'une des plus belles espèces de notre pays;
il en a appelé une autre plus frêle, plus
délicate et peut-être non moins jolie, la
Libellule jeune fille, Libelluîa puella.
Les Libelluliensont, comme on lésait très
généralement, un corps fort allongé dont
les téguments sont assez solides. Leurs
yeux sont énormes et occupent presque
toujours la plus grande partie de la tête.
Les facettes de ces yeux ou plutôt les mil-
liers d'yeux simples constituant ces yeux
composés , sont assez distincts pour être
souvent aperçus comme un réseau à l'œil
nu, ou avec l'aide d'un très faible grossis-
sement. Ces yeux, pendant la vie de l'ani-
mal, sont d'une belle couleur brillante, le
plus ordinairement verdâtre , parfois dorée
ou bleuâtre, et offrant diverses nuances
selon le degré d'intensité de la lumière.
Ces Névroptères, déjà si bien partagés sous !<^
rapport de leurs yeux composés, ont encore
néanmoins trois ocelles ou petits yeux lisse*
43
335
L1B
LIB
places sur le sommet de la tête. Les Libel-
luliens sont pourvus de très petites antennes
insérées sur le front, derrière une éléva-
tion vésiculeuse. Leur dernier article est
tout-à-fait styliforme; c'est simplement
une petite soie. C'est ce caractère assez re-
marquable qui avait engagé Latreille à
donner à ces insectes le nom de Subuli-
cornes. Entre cette famille des Subuli-
cornes et notre tribu des Libellulicns il y
a cette différence, que le célèbre entomolo-
giste rangeait dans cette même famille les
Éphémères, que nous considérons avec beau-
coup d'entomologistes comme formant une
tribu particulière Les Éphémères ne res-
semblent en effet aux Libelluliens que par
leurs antennes. Ils s'en éloignent au con-
traire par la forme et la réticulation de
leurs ailes; par l'état rudimenlaire des
pièces de leur bouche; parle nombre des
articles de leurs tarses; par les appendices
de leur abdomen, et enfin par la plupart des
caractères de leur organisation.
Les Libelluliens ont une bouche munie
de pièces robustes et armée de dents et de
crochets redoutables pour les autres in-
sectes. Leur lèvre supérieure est fort large;
leurs mandibules sont très grandes et pour-
vues de dents acérées; leurs mâchoires le
sont également, et le palpe qu'elles sup-
portent consiste en un seul article; leur
lèvre inférieure, très grande et à palpes
rudimentaires, vient clore exactement la
bouche. Ces Névroptères ont des ailes très
développées, réticulées de toutes parts,
entre les nervures longitudinales , par de
petites nervures transversales extrêmement
nombreuses. Ces ailes délicates, toujours
parfaitement lisses et brillantes, sont sou-
vent parées de belles couleurs. Quelquefois
au contraire ces membranes sont totalement
transparentes, etdeviennent agréablement
irisée» sous l'influence de la lumière. Les
pattes de ces insectes sont très grêles et
cependant assez longues; elles ne leur ser-
vent du reste que pour se poser. Leur ab-
domen est terminé par de petits appen-
dices , on des folioles dont la forme et la
dimension étant très variables ont servi
à divers entomologistes pour caractériser
des divisions génériques.
L'organisation intérieure des Libellu-
liens a été un peu étudiée par M. Léon
Dufour. Leur canal intestinal est assez
court; le système nerveux consiste en une
longue chaîne de petits ganglions dont le
nombre toutefois n'a pas été bien déter-
miné. Les ovaires chez les femelles, et les
organes générateurs chez les mâles , occu-
pent toutela longueur de l'abdomen. Chez
ces derniers, il existe, à la partie inférieure
du second anneau , une petite ouverture
qui a été considérée, par certains observa-
teurs, comme l'orifice des organes repro-
ducteurs, et par d'autres comme un simple
organe excitateur.
Les Libelluliens sont fort nombreux en
espèces. On en a décrit déjà près de quatre
cents espèces. Elles sont dispersées dans
toutes les régions du monde. Pendant tout
l'été, on les rencontre aux bords des mares,
des étangs, des rivières, surtout dans les
endroits où croissent les joues et en géné-
ral beaucoup de plantes aquatiques. Elles
volent avec une extrême rapidité; par in-
tervalles elles rasent le liquide, et fréquem-
ment elles planent pendant fort longtemps.
Elles échappent aussi très facilement quand
on veut les saisir. Si elles sont posées, elles
s'envolent brusquement et instantanément
quand on approche.
Les Libelluliens sont extrêmement car-
nassiers. Ils se jettent sur les insectes qu'ils
veulent saisir, avec la promptitude des
oiseaux de proie. La rapidité de leur vol et
l'extrême agilité de leurs mouvements les
rendent très propres à ce genre de chasse.
Ces habitudes voraces ont fait appliquera
ces Névroptères le nom vulgaire de mou-
ches-dragons. C'est sous cette dénomina-
tion qu'ils sont habituellement désignés en
Angleterre (Dragon Aies). Ce nom en effet
caractérise assez bien l'un des traits de leurs
mœurs. EnFrance, où l'on s'attache plus fa-
cilement à ce qui séduit les yeux tout d'a-
bord, on leur a donné plus ordinairement
un nom qui rappelle leurs formes gra-
cieuses et élégantes: ce sont les Demoiselles.
Les Libelluliens paraissent avoir une vie
assez longue à l'état d'insecte parfait; c'est
au moins ce qui a été remarqué par plu-
sieurs entomologistes. En effet, depuis le
commencement de l'été jusqu'à la fin de
l'automne, on ne cesse de rencontrer les
mêmes espèces. 11 faut remarquer néan-
moins que tous les individus ne vivent pas
LIB
L1D
3:i9
l'espace entier delà belle saison. Ils éclo-
sent certainemeiit à des intervalles plus ou
moins éloignés.
A certaines époques, on voit les mâles
voltigeant autour des femelles , les pour-
suivant sans relâche , et enfin les saisissant
entre la tête et le corselet à l'aide des pin-
ces qui terminent leur abdomen. Le mâle
entraîne ainsi sa femelle captive, jusqu'à
ce qu'elle se prête à ses désirs en venant
recourber son abdomen et en placer l'ex-
trémité à la base du sien, exactement sur
l'orifice placé au deuxième anneau. C'est ce
manège, qu'il est facile de voir dans les en-
droits où l'on rencontre habituellement les
Libelluliens , qui avait fait croire que l'ac-
couplement s'opérait ainsi. Mais, d'après
plusieurs observateurs , c'est là simplement
un prélude; l'accouplement aurait lieu en-
suite, comme chez les autres insectes.
On ne doit pas s'étonner de voir les Li-
belluliens affectionner le voisinage des eaux.
Ils y vivent pendant leurs premiers états;
leurs larves sont aquatiques. Les femelles
pondent leurs oeufs dans l'eau , soit en les
faisant tomber au fond, lorsqu'elles volent
en planant au-dessus des mares et des
étangs, soit en les déposant sur des plantes
immergées. Les larves, paraît-il, ne tar-
dent pas à éclore ; elles vivent pendant près
d'une année sans quitter l'eau. Autant les
insectes parfaits, ornés de couleurs vives et
métalliques, qui en général ne le cèdent
pas en beauté à celles des Lépidoptères, sont
élégants, autant leurs larves ont un as-
pect repoussant. Cependant elles ressem-
blent un peu aux insectes parfaits par la
saillie de ieurs yeux , qui toutefois sont
moins grands et plus écartés.
Les larves des Libelluliens, marchant dans
la vase, sont ordinairement toutes couvertes
de limon quand on les retire de l'eau. Leur
corps est souvent ramassé, mais il existe à
cet égard des différences considérables, sui-
vant les genres et même les espèces. Les
nymphes ne se distinguent des Larves que
par la présence des rudiments d'ailes et par
l'allongement du corps; du reste, elles sont
tout aussi actives; leur genre de vie est
exactement le même. Les unes et les autres
marchent lentement, se traînent comme avec
peine dans la vase du fond des étangs ou
sur les plantes aquatiques.
Les Libelluliens, pendant leurs premiers
états, sont non moins carnassiers que les
insectes parfaits; ils s'attaquent à divers
insectes , à de petits mollusques , même à
de très petits poissons. La lenteur de leur
marche, le manque d'agilité au contraire
de ce qui existe chez la plupart des ani-
maux carnassiers, semblent, au premier
abord , devoir leur nuire considérablement
pour s'emparer de leur proie; il n'en est
rien cependant. Chez ces Névroptères, la
nature a suppléé à ce qui manquait sous ce
rapport, en donnant à un organe des usages
qui ne lui sont pas dévolus chez les autres
types de la classe des insectes. Les larves et
les nymphes des Libelluliens sont pourvues
d'une lèvre inférieure qui acquiert un dé-
veloppement énorme. Cette lèvre articulée
sur le menton, qui lui-même a une longueur
extrême , forme un coude et se rabat sous
le prothorax. De la sorte, cette lèvre, de
forme concave, terminée par une paire de
palpes triangulaires dentés en scie, et rem-
plissant l'usage d'une pince, vient clore
exactement la bouche pendant l'état de re-
pos ; mais, à la volonté de l'cnimal, cette
lèvre s'étend brusquement ; sa longueur
alors égale presque celle du corps ; avec ses
palpes, il saisit et retient sa proie; en re-
pliant sa lèvre, il la porte naturellement à
sa bouche.
On comprend sans peine comment une
telle disposition supplée au défaut d'agilité.
Ces larves, si lentes, peuvent rester encore
à une assez grande distance des animaux
dont elles cherchent à s'emparer, pour ne
point les effrayer; car déjà elles sont assez
rapprochées pour les saisir en étendant ra-
pidement leur lèvre, dont la mobilité est
extrême.
Les Libelluliens , dans leurs premiers
états, ont des antennes; mais ces appen-
dices sont fort petits. Leur abdomen pré-
sente ordinairement des épines , et son ex-
trémité est terminée par cinq appendices,
dont les trois intermédiaires plus grands que
les autres. Leur couleur est en général d'un
gris brunâtre ou verdàtre; mais la vase re-
couvre souvent leurs téguments et les fait
paraître fort sales. Chez quelques unes de
ces larves, les téguments sont assez minces
et assez transparents pour permettre de dis-
tinguer au travers le mouvement circula-
3W)
LIB
LIB
toire. Sous un grossissement peu considé-
rable , on voit les globules du sang sortir du
vaisseau dorsal par les ouvertures antérieu-
res, et y rentrer, portés par le liquide san-
guin , par les ouvertures postérieures.
Ces animaux nous offrent encore quel-
ques particularités dignes d'être mention-
nées en ce qui concerne leur mode de res-
piration. N'ayant point de pattes ni d'autres
.appendices conformés pour la nage, elles ne
: peuvent venir par intervalle, comme norn-
i bre d'autres insectes, respirer l'air à la sur-
lace de l'eau. Une disposition particulière
était donc devenue nécessaire. L'extrémité
de l'abdomen présente deux ouvertures si-
tuées entre les appendices terminaux; à la
volonté de l'animal , ces appendices s'écar-
tent ou se rapprochent; quand il les écarte,
une certaine quantité d'eau pénètre par ces
ouvertures; bientôt après, l'eau est rejetée
au dehors ; mais l'air qu'elle contenait s'est
trouvé absorbé au moyen d'organes commu-
niquant avec les trachées.
A l'époque à laquelle les nymphes doivent
se transformer, elles quittent l'eau, grim-
pent sur les plantes d'alentour et s'y fixent
fortement à l'aide des crochets de leurs pat-
tes. Sous 1 influence du soleil, leur peau se
durcit , puis se dessèche complètement; elle
ne tarde pas alors à se fendre longitudina-
lementsur le dos; cette ouverture va don-
ner passage à l'insecte parfait ; celui-ci
se dégage peu à peu et parvient à se débar-
rasser complètement de cette enveloppe. Il
est d'abord très mou ; ses ailes, imprégnées
encore de parties liquides, ne peuvent se
soutenir et retombent sur le corps; cepen-
dant tous ses téguments , par la chaleur
d'un beau jour d'été, prennent plus de con-
sistance au bout de quelques heures, et
l'insecte peut alors prendre son essor.
Malgré le grand nombre d'espèces consti-
tuant la tribu des Libelluliens , les ento-
mologistes n'ont admis, pour la plupart,
qu'un petit nombre de genres. Toutes étaient
comprises , par Linné, dans son genre Li-
bellule. Plus tard, Fabricius en proposa
deux autres, JEschna et Agrion, qui fuient
généralement adoptés seuls jusque dans ces
derniers temps.
Cependant, il y a déjà un certain nombre
d'années, un zoologiste anglais, Leach, avait
indiqué trois nouvelles coupes génériques
fondées sur quelques caractères de médiocre
importance, tirés surtout de la forme des ap-
pendices de l'abdomen et des réticulations
des ailes.
Dans notre Histoire des Insectes , nous
avons cru pouvoir rattacher tous les Libel-
luliens à trois groupes comprenant en tout
six genres. Le tableau suivant indique cette
division :
de trois articles; corps assez épais LiBELLULlTES. . Gcure Zibellula, Lia
très çros, peu écarte's ou
Palpes *
tbiaiUL]
| de " trois articles ;
V corps grêle, yeux
JEschnitf.s. . . Genres Gomplius , Leach.
Fetalura , Leacb.
jEschna, Fubr.
petits , écartes et comme
pcdicelles Agiuonites. . Genres Caloplevyx , Leach.
Agrion , Fabr.
Nous avons cru devoir repousser les nou-
veaux genres établis aux dépens de ceux-ci
par M. Rambur (Hist. nat. des Ins. nevropt.,
suites à Buffon). Cet entomologiste , qui a
décrit a*ec soin la plupart des Libelluliens
conservés dans nos collections, a admis dans
cette tribu quatre familles, Lïbellulides, Gom-
phides, JEschnides et Agrionides , et trente-
trois genres basés en général sur des modi-
fications souvent difficiles à saisir, tant elles
sont peu tranchées. (E. Blanchard.)
JLIBELLULITES. Libcllnlita. INS. —
Groupe de la tribu des Libelluliens , de l'or-
dre des Névroptères , comprenant le genre
Libellule et ceux qui en ont été séparés par
quelques auteurs. Voy. libelluliens. (Bl).
LIBER, bot. — Voy. accroissement et
ÉCORCE.
EIBERTELLA, Demar. bot. cr. — Syn.
de Nemaspora, Pers.
LIBERTIA (dédié à mademoiselle Libert
de i'almédy). bot. ph. — Dumort., syn. de
Funlcia, Spreng.— Lejeune,syn. de Bromus,
Linn. — Genre de la famille des Ii idées, éta-
bli par Sprengel (Syst., I, 168). Herbes
croissant dans les forêts des régions extra-
tropicales de l'hémisphère austral. Voy.
IR1DÉES.
L113
LIC
341
♦LIBÉTHÉNITE. min. Syn. de Cuivre
phosphaté vert-olive. Voy. cuivre.
*LIBIDOCL.4GA. crust. — Nous avons
établi, M. Milne-Edwards et moi, sous
ce nom, unenouvelle coupe générique, que
nous plaçons dans la famille desOxyrhyn-
«jues et dans la tribu des Maïens. La seule
espèce connue dans ce genre est la Libido-
clœa granaria Edw. et Luc. (Voy . d' Orbigny
dans l'Amer, merid , tom. VI, Crust., p. 8,
pi. 3, fig. 1 , et pi. 4, fig. 1) rencontrée sur
les côtes de Valparaiso. (H. L.)
LIBLME. Libinia. crust. — Genre de
l'ordre des Décapodes brachyures , établi
par Leach, et rangé par M. Milne-Edwards
dans sa famille des Oxyrhynques et dans sa
tribu des Maïens. Ce genre renferme 3 es-
pèces, qui toutes sont propres aux mers d'A-
mérique. La Libinia canaliculata, Say, peut
être considérée comme le type de cette coupe
générique. Cette espèce habite les côtes des
États-Unis. (H. L.)
LIBITIIVE. Libilina (nom mythologique).
moll. — M. Schumacher a institué ce genre,
dans son Essai d'un nouveau système de con-
chyliologie, pour une coquille comprise depuis
longtemps parLamarck dans son genreCypri-
carde. Le genre de M. Schumacher ne peut
donc être accepté, Voy. cypricarde. (Desii.)
LIBOT. moll. — Tout nous porte à croire
que la Patelle, nommée ainsi par Adanson
(Voyage au Sénégal, pi. 2), est voisine , si
ce n'est semblable, du Patella cœrulea des
auteurs. Gmelin, cependant pour n'en avoir
pas lu la description , rapporte l'espèce au
Patella umbella de Linné. Voy. patelle.
(Desh.)
LIBRE. Liber. zool.,bot.— En ornithologie,
on nomme doigts libres ceux qui sont entière-
ment séparés jusqu'à leur articulation avec
le tarse. — En botanique, on donne cette
épithète à tout organe qui n'adhère à aucun
autre, si ce n'est par son point d'insertion ;
ainsi , l'ovaire est libre quand il n'est pas
soudé au calice; les étamines sont libres
quand elles n'ont entre elles aucun point
d'adhérence , etc.
LIBVTIIEA. ins. — Genre de l'ordre des
Lépidoptères diurnes, tribu desLibythéides,
établi par Latreille et ne renfermant qu'une
seule espèce, la L. celtis Fabr., qui vit sur le
Micocoulier, et que l'on trouve assez abon-
damment dans le midi de la France.
*LIBlTHÉIDES.£t62/i/ieides.iNS.— Tribu
de la famille des Diurnes, de l'ordre des Lé-
pidoptères, et caractérisée de la manière
suivante par M. Duponchel (Hist. nat. des
Lépid. d'Europe): Massue des antennes peu
distincte de la tige, qui va en grossissant
insensiblement de la base au sommet. Pal-
pes très longs et formant une espèce de bec
au-dessus de la tête. Pattes antérieures de la
femelle munies de crochets; cellule discoï-
dale des ailes inférieures ouverte, et leur
gouttière ovale très prononcée. Chenilles
allongées, sans épines. Chrysalides non an-
guleuses, sans taches métalliques.
Celte tribu ne renferme jusqu'à présent
que le seul genre Libythea, Lalr.
LICAMA. bot. ph. — Genre de la famille
des Chrysobalanées , établi par Aublet
(Guian., I, 119, t. 45). Arbres ou arbris-
seaux de l'Amérique tropicale. Voy\ chryso-
balanées.
LICE. mam. — On donne ce nom à la
Chienne de chasse qui porte et nourrit des
petits. (E. D.)
LICEA. bot. cr. — GenredeChampignons
appartenant aux Myxogasteres de Frics, éta-
bli par Schrader et modifié ensuite par Per-
soon et Fries. Il est caractérisé par un péri-
dium simple, membraneux et glabre, s'ou-
vrant irrégulièrement; son intérieur est
rempli de spores sans le moindre vestige de
filaments ni de membranes. Sous ce rapport,
il s'éloigne de ses congénères. Comme les
spores doivent être fixées à quelque support,
il serait important d'étudier les espèces dans
tous les âges. Il se développe comme lesTri-
chiacées, dont il diffère encore par l'absence
de membrane mucilagineuse. (Lév.)
* LICHANOTINA. mam. — Famille des
Quadrumanes comprenant le genre Indri ,
indiquée par M. Gray (Ann. ofPhil., 26,
1825). (E. D.)
LICIIANOTUS (AtXavoÇ, doigt indica-
teur), mam. — Illiger (Prodr. syst. Mam. et
Av. , 1811) a donné ce nom à un genre do
Quadrumanes ayant pour type l'Indri. Voy.
ce mot. (E. D.)
LICHE. Lichia (lix^y friandise), poiss.—
Genre de l'ordre des Acanthoptérygiens, fa-
mille des Scombéroïdes, établi par G. Cwvier
(Rég. anim., t. II, p. 203 ). Les Liches ont
le corps oblong, comprimé, sans carène laté-
rale, sans crêtes saillantes au côté de la queue
342
LIC
Sur le dos sont fixées des épines libres;
deux semblables se trouvent aussi devant
l'anale. En avant des épines du dos, en est
une couchée et dirigée en avant.
On connaît trois espèces de ce genre, qui
vivent dans la Méditerranée; la principale
est la Liche amie, L. amia Cuv. et Val.
[Scomber amia L.), longue de 1 mètre 50
centimètres, etd'uneteinteargentée. A Nice,
on l'appelle vulgairement Lica, et c'est un
poisson assez recherché pour la délicatesse
de sa chair.
LICHENÉES. ins. — Nom vulgaire des
espèces du genre Catocala.
LICHÉNOPORE. Lichenopora {hxw ,
lichen; 7r°Poç , pore), polvp. — Genre pro-
posé par M. Defrance pour de petits Po-
lypiers fossiles, orbiculaires, sessilesou fixés
par un pédoncule court qui part de la face
dorsale lisse. La face supérieure présente
des pores ou alvéoles saillants disposés en
séries rayonnantes formant quelquefois au-
tant de petites crêtes. La dimension de ces
Polypiers est de 4 à 7 millimètres ; une es-
pèce des terrains marins tertiaires a reçu le
nom de Lichénopore turbiné à cause de sa
forme analogue à celle d'un verre à patte;
deux autres espèces fossiles , l'une des mê-
mes terrains, l'autre de la craie, sont fixées
par toute la face dorsale sur des Oursins ou
sur d'autres Polypiers. On a trouvé dans la
mer des Polypiers frais qui doivent apparte-
nir au même genre; mais on n'a pas étudié
leurs animaux. M. Deshayes a décrit sous le
nom de Lichénopore de Lamouroux une es-
pèce adhérente, mais dont le bord est relevé
autour de la portion poreuse. M. de Blain-
ville pense que les Lichénopores sont de
jeunes Rétipores; cette opinion nous paraît
en effet fort vraisemblable pour quelques
uns; d'autres, au contraire, et notamment
la dernière espèce, ne diffèrent pas assez
Ces Tubulipores. (Duj.)
LICHEIVOPS,Coinni. ois. — Syn . VAda,
Less- (Z. G.)
*LICIIENS. Lichenes ( XeeXnv, dartre,
exanthème), bot. cr. — Les Lichens sont
tics végélaux agames, très avides d'humi-
dité, vivaces, mais dont la vie, qui se passe
à l'air libre , est interrompue par la séche-
resse , composés d'un thalle crustacé, foliacé
ou cylindrique, et se reproduisant soit par
des sporidies contenues dans des récepta-
LIC
cies qu'on nomme apothécies, soit par des
gonidies ou des espèces de gemmes répan-
dues sous l'épiderme du thalle.
On voit, par cette définition , qu'un Li-
chen pourrait , à la rigueur, être considéré
comme une algue émergée. Ces plantes, qui
forment aujourd'hui une très nombreuse
famille, se lient d'un côté aux Phycées par
le Lichina, comparable au Sphérophore, et
de l'autre aux Hépatiques , par les Endo-
carpes (l). L'affinité est encore plus étroite
avec la grande famille des Hypoxylées ou
Pyrénomycètes, à laquelle servent de tran-
sition les Verrucaires et les Opégraphes.
Mais c'est surtout par leurs organes de vé-
gétation que les Lichens sont liésassez étroi-
tement aux Algues , les différences qui les
en séparent étant pour la plupart le résultat
des circonstances extérieures et des milieux
dans lesquels vivent ces végétaux.
A l'exception de quelques espèces enre-
; istrées sous le nom de Muscks par les Bau-
hin , Morison , Ray, etc., les anciens au-
teurs, jusqu'à Tournefort et Vaillant, se
sont peu occupés de ces plantes , et il faut
descendre jusqu'à Micheli pour l'analyse mi-
croscopique de la fructification et la germi-
nation des sporidies , et jusqu'à Dillen pour
trouver une ébauche de disposition systéma-
tique des espèces. Le nombre fort limité
des Lichens connus à cette époque n'exi-
geait pas plus de perfection dans la méthode
qui devait servir à leur arrangement , et,
quelque imparfaite que fût cette disposi-
tion , Linné n'en admit pas d'autre dans
son Species planlarum. Mais ce nombre étant
devenu très grand, il a bien fallu, pour s'y
reconnaître , établir de nouvelles divisions
plus méthodiques, fondées tantôt sur les
formes du thalle , tantôt sur l'organisation
du fruit. 11 serait trop long , et ce n'est
d'ailleurs pas ici le lieu, dépasser en revue
toutes les modifications aux différents sys-
tèmes lichénologlques qui se sont succédé
depuis Acharius , le fondateur de cette fa-
mille, jusqu'à Fries, son compatriote, qui,
dans ces derniers temps, s'en est ajuste titre
constitué le réformateur. Qu'il nous suffise
de citer parmi les botanistes qui ont bieo
mérité de la lichénographie, après les noms
qui précèdent, ceux de Dickson, Hagen,
(i) Les anciens donnaient le même nom de ^ttyyjy
» quelques hépatiques. V. dioscoridb.
uc
Swartz , Smith , Wulfen , Hedwig, Adan-
son, Weber, Willdenow , Hoffmann , Per-
soon, Schrader, Flœrke , Ramond , De
Candolle, Eschweiler, Delise, Cheval-
lier et Sommet felt, qui to s ont plus ou
moins contribué aux progrès de cette partie
de la botanique. La science ne doit pas
moins aux travaux des auteurs et des liché-
uologistes vivants dont les noms suivent;
ce sont MM. Borrer, Bory, De Notaris, Léon
Dufoiir, Fée, de Flotow, Fries, Garovaglio,
Hocfastetter, Hooker, de Humboldt, de Mar-
tius, Meyer, Schœrer, Taylor, Tuckermann
et Wallroth.
Après cet exposé historique bien abrégé,
trop abrégé sans doute, mais le seul que
comporte un article de Dictionnaire de la
nature de celui-ci, nous allons faire connaî-
tre aussi succinctement qu'il nous sera pos-
sible les différentes formes que revêtent et le
thalle desLichens et leur fructification. Nous
terminerons par la disposition méthodique
des genres généralement admis aujourd'hui.
ORGANES DE NUTRITION
Du Thalle. On nomme thalle (thallus),
dans les Lichens , cette partie qui supporte
ou contient les organes de la reproduction.
Le thalle est centrifuge, c'est-à-dire horizon-
tal (crustacé ou foliacé), ou centripète, c'est-
à-dire vertical ( fruticuleux). Quelquefois,
comme dans les genres Cladonia et Slereo-
caulon, on rencontre réunies les deux formes
de thalle. Le thalle foliacé a encore reçu le
nom de fronde. Cet organe est, en général,
composé de deux couches distinctes, l'une
corticale, l'autre médullaire, lesquelles,
comme nous l'avons vu, sont confondues
dans les Collémacées. Voy. byssacees. La
couche corticale ou extérieure, homogène,
raide et décolorée, dansl'étatde dessiccation,
molle et nuancée d'un vert plus ou moins
intense par l'humidité, est surtout remar-
quable par la présence d'un ordre de cellu-
les sphériques, le plus souvent vertes, qu'on
n'aperçoit bien, dans certains cas, qu'en en-
tamant Pépiderme qui les recouvre. Ces
cellules , dans lesquelles parait résider
toute la puissance végétathe, ont reçu
le nom de gonidies (gonidia) et forment
une couche non interrompue, qui prend le
nom de couche gonimique. Elles jouent un
très grand rôle dans l'économie de ces plan-
LIG
343
tes, puisque l'on retrouve en elles la faculté
insigne de continuer ou de reproduire le
Lichen, à la manière des gemmes prolifères
des Mousses et des Hépatiques. Au-dessous
de ces gonidies, se rencontrent d'autres
cellules incolores, arides. C'est à leur hyper-
trophie que sont dues la plupart des ana-
morphoses auxquelles les Lichens sont su-
jets, dans des lieux trop humides et privés
de lumière. Ainsi, les Variolaires, les Isidium,
les Lèpres., les éruptions soriformes, dont,
avant d'avoir étudié physiologiquement ces
plantes, on avait fait autant d'êtres distincts,
classés sous les noms génériques de Vario-
laria, Isidium, Lepraria, ne sont effective-
ment que des états anomaux ou pathologi-
ques d'autres Lichens bien connus et bien
déterminés.
La couche médullaire, inférieure à la pre-
mière dans les Lichens centrifuges, en est
environnée de toutes parts dans les centri-
pètes, c'est-à-dire qu'elle y est intérieure ou
centrale. Elle est ordinairement formée de
cellules allongées, filamenteuses, plus ou
moins abondantes, plus ou moins denses,
quelquefois libres (ex. : Usnea) et distinctes,
quelquefois confondues et intimement unies
avec la couche corticale (ex. : Evernia, Roc-
cella). Outre les deux couches dont nous
venons de parler, il en est une autre qu'on
n'observe guère, dans quelques Lichens, que
dans le premier âge, et qui est propre sur-
tout aux formes crustacées et foliacées , c'est
l'hypothalle (protothallus Meyer, Sprengel),
composé de cellules cylindriques, allongées,
comme confervoides dans les premières,
réunies en plus ou moins grand nombre et
prolongées en rhizines dans les secondes.
L'hypothalle est l'état primitif de tout
Lichen né d'une sporidie, et ne peut être
regardé que comme le système végétatif ru-
dirnentaire. On peut le comparer au mycé-
lium des Champignons, d'où s'élèvent les
réceptacles de la fructification, qui, à nos
yeux, semblent constituer la plante entière.
Ce qu'on serait tenté de prendre pour de
vraies radicelles, dans les Lichens foliacés,
n'est donc, en effet, que l'hypothalle, dont
les fibres allongées forment, par leur réu-
nion, soit un duvet abondant (ex. : Parme-
lia plumbea), soit des faisceaux ou crampons
au moyen desquels la plante se fixe sur les
corps qui lui servent de matrice ou support
su
LIC
LIG
(ex : Peîligera canina). Dans les Collémacées
(voy. notre article byssacées, dans ce Dic-
tionnaire), les couches corticale et médul-
laire sont confondues et nagent dans une
substance gélatiniforme qui les relie entre
elles.
Le thalle horizontal des Lichens est ou
crustacé (crusta) (ex. : Lecidea parasema) ou
foliacé (ex.: Parmelia parietina). Dans le
premier cas, il est entièrement uni à la ma-
trice sur laquelle le Lichen s'est développé.
Là prédominent les cellules arrondies, rem-
plies d'une matière granuleuse, qui rend ce
thalle ordinairement friable. Celui-ci est
épiphléode ou hypophléode, uniforme ou
figuré, contigu ou aréole, quelquefois com-
plètement granuleux ou même composé de
petites écailles imbriquées. On entend par
croûte épiphléode d'un Lichen (lhallus epi-
phloeodes) celle qui se développe sur l'épi-
derme des écorces végétales ou même des
feuilles coriaces et persistantes , et Ton donne
le nom d'hypophléode (lhallus hypophlœodes)
à celle qui, primitivement formée sous l'é-
piderme, soulève cet organe en y adhérant,
et subit avec lui toutes ses métamorphoses,
ou bien finit par le rompre et se montrer au
dehors de manière qu'il soit difficile de
remontera son origine. Ainsi le thalle d'un
Lichen crustacé peut primitivement être
hypophléode, et devenir, avec l'âge, du moins
apparemment, épiphléode.
Dans quelques cas, le thalle appliqué re-
vêt une forme intermédiaire entre la forme
crustacée et la foliacée, c'est-à-dire que,
comme dans les Placodium, par exemple, il
est crustacé au centre, et découpé en folioles
rayonnantes et appliquées dans toute sa
circonférence (ex. : P. murorum).
Le thalle foliacé est remarquable d'abord
par sa composition intime, dans laquelle
l'excessif développement des cellules cylin-
driques de la couche médullaire a obli-
téré en grande partie les cellules sphéri-
ques qui forment presque en totalité le
thalle crustacé. De là la souplesse et la
flexibilité du tissu des feuilles. Au reste,
ce thalle, quelquefois réduit à de simples
squames, ce qui rend sa diagnose assez dif-
ficile, est le plus souvent formé de folioles
linéaires, planes, qui rayonnent d'un cen-
tre commun (ex.: Parmelia slellaris), ou
bien il est monophylle (ex.: Endocarpon
miniatum), et plus ou moins découpé en la-
nières étalées et diversement conformées.
Dans ce dernier cas , il adhère beaucoup
moins intimement à son support, et quel-
quefois n'y est fixé que par le centre (ex.:
Umbilicaria pustulala).
Le thalle est ou comprimé , comme dans
certaines Ramalines, ou cylindrique et fru-
ticuleux, comme dans les Stéréocaulons et
les Usnées. Dans les Cladonies ( Voy. ce
mot) , le thalle est à la fois horizontal, fo-
liacé et vertical , fruticuleux.
ORGANES DE REPRODUCTION.
Les organes chargés de cette importante
fonction dans les Lichens se composent de
deux parties bien distinctes, le Thalamium
etVExcipulum, lesquelles réunies consti-
tuent l'apothécie.
Du Thalamium. Le thalamium ou autre-
ment le nucléus renferme les thèques (Asci);
ce sont des cellules verticales, cylindroïdes,
claviformes ou elliptiques, qui contiennent
dans leur cavité, sur une ou deux rangées,
d'autres cellules globuleuses, ellipsoidesou
en navette, auxquelles on donne générale-
ment le nom de sporidies. Les thèques et les
sporidies sont placées entre des cellules al-
longées, simples ou rameuses, qu'on nomme
paraphyses, et qui sont probablement, dans
la plupart des cas, des thèques avortées et
stériles. Dans le genre Myriangium, Berlt.
et Montg., au lieu de paraphyses on ren-
contre un tissu fibroso-spongieux, qui forme
autant de loges distinctes qu'il y a de thèques.
Ces différents ordres de cellules, dont nous
avons parlé plus haut, sont unis au moyen
d'une petite quantité de matière mucilagi-
niforme très avide d'humidité. Eschwci-
ler, qui a le premier donné de bonnes ana-
lyses du fruitdes Lichens, a encore distingué
dans le thalamium , et figuré dans les Icô-
nes selectœ cryptogamicœ , de la Flore du
Brésil de M. de Martius , ce qu'il nomme
l'hypothèce ( hypothecium ) , c'est-à-dire
une couche simple ou double de cellules
arrondies sur laquelle repose cet organe.
Enfin, le thalamium ou sporophore offre
deux formes principales , selon qu'il ap-
partient aux Lichens gymnocarpes ou aux
angiocarpes. Soumis à l'action de l'air et de
la lumière dans les premiers, il est persis-
tant et sous forme de disque orbiculaire
LIG
dans les Parméliacées, les Lécidinées , etc.,
ou indurescent et placé dans des espèces de
fentes linéaires, allongées, simples ou ra-
meuses {Lirellœ) , qui distinguent les Gra-
phidées, cas dans lesquels il prend le nom
de lame proligère (Lamina proligera). Dans
les seconds, renfermé dans le thalle, soit
médiatement comme chez les Verrucaires,
soit immédiatement comme chez les Sphé-
rophores, il est ordinairement déliquescent,
et conserve plus spécialement le nom de
nucléus. Mais ce nucléus lui-même contient
des ihèques dont la direction varie, et qui
sont dressées dans les Verrucaires et conver-
gentes dans les Endocarpes.
De VExcipulum. L'excipulum ou spo-
range est de deux sortes, ou homogène, et
conséquemment concolore {excipulum thal-
lodes), ou hétérogène , d'une nature parti-
culière ( excip. proprium) , ordinairement
carbonacé et discolore. Quelquefois il est
double, c'est-à-dire composé d'un excipu-
lum propre , bordé ou revêtu d'un excipu-
lum thallodique (ex.: Graphis Afzelii). En-
fin dans les genres Coccocarpia, Pers. [Voy.
ce mot) , et Abrothallus, DNtrs. , il n'y a
point d'excipulum, et la lame proligère,
après son éruption du thalle, s'étale en dis-
que sur lui. Soit qu'il tire son origine du
thalle, soit qu'il lui soit étranger et jouisse
d'une nature propre, l'excipulum revêt des
formes variées et reçoit des noms différents.
Il est orbiculaire($cute//a) dans les Parmé-
liacées et les Lécidinées, linéaire, simple ou
rameux (Lirella) dans les Graphidées, ovoïde
ou sphérique et creux ( Périt hecium) dans les
Verrucariées et les Trypéthéliées. Il peut
encore se faire que plusieurs excipulum
confluents se soudent ensemble, et produi-
sent, surtout dans les Cladonies, ces apothé-
cies symphycarpiennes (Apolhecia symphy-
carpea) , qui ont une grande ressemblance
et même une grande analogie de formation
avec le chou-fleur. Les apothécies des Us-
nées ont encore reçu le nom particulier
d'Orbilles {Orbilli).
MORPHOLOGIE DES LICHENS.
Pour compléter ces généralités sommaires,
je dois dire aussi quelques mots sur la gé-
nération des Lichens , sur leur métamor-
phose ou l'évolution successive des organes
aux différentes époques de leur existence, i
t. vu.
LIG
345
enfin sur leur anamorphose ou les dégéné-
rescences auxquelles ils sont sujets dans
certaines circonstances appréciables. Tout
cela constitue ce qu'on nomme Morphologio
d'un être naturel quelconque.
Genèse des Lichens. Ainsi qu'on a déjà pu
le voir dans notre définition des Lichens,
leur mode de propagation est double ,
comme dans la plupart des autres agames,
les Champignons, peut-être, exceptés. Il a
lieu ou par la germination de la sporidie
(elongalio) ou par l'évolution continuée
d'une gonidie qui, dans ce cas , fait l'office
d'une gemme prolifère. Meyer et Fries, par
des expériences directes , et bien avant eux
l'immortel Mnheli , ont mis hors de doute
le premier moyen de propagation. Fries in-
dique les précautions à prendre pour faire
réussir L'opération. Comme celles de toutes
les autres Agames, les sporidies des Lichens
en état de germination se prolongent en un
[mononemea) ou deux filaments opposés (di-
nemea) qui , réunis à plusieurs autres dans
des circonstances favorables à leur dévelop-
pement, reproduisent une nouvelle plante.
11 est facile de se convaincre de la réalité
de l'autre mode de propagation , nié par
Esehweiler, en observant révolution des fo-
lioles qui a lieu, soit à la surface de
certaines Parmélies, soit autour des sup-
ports (Podelia) des Cladonies, folioles évi-
demment produites par la végétation con-
tinuée de la couche gonimique du Lichen.
On remarque néanmoins cette différence
entre les individus provenus de sporidies, et
ceux qui résultent de l'évolution des goni-
dies , que les premiers commencent par un
hypothalle, et que les seconds, qui en sont
dépourvus, consistent en plusieurs gonidie..
rapprochées, agglutinées et simultanément
développées selon la loi qui préside à la
multiplication des cellules.
Anamorphoses des Lichens. Les états atypi-
ques ( Anamorphosis ) des Lichens ou leur
aberration du type dont ils proviennent,
peuveutse ranger sousdeuxehefs principaux:
ou leur évolution normale a été empêchée
ou retardée, ou bien elle a été précipitée et
accélérée. Mais selon les circonstances qui
ont agi, c'est tantôt un organe, tantôt un
autre qui subit la dégénérescence ou l'alté-
ration d'où naît l'état atypique. C'est ainsi
que, selon uue le lieu où il végète est hu<*
44
346
LIG
LIC
mide ou exposé aux rayons d'un soleil ar-
dent, l'hypothalle s'allonge en flocons variés
qui simulent des Confervées, ou s'oblitère
complètement, comme dans le Lepra anti-
quitalis. Le thalle subit encore bien d'au-
tres variations. Sa dégénérescence pulvéru-
lente produit les Lepraria d'Acharius , où
sont confondus ensemble les gonidies et tous
les autres éléments organiques du Lichen.
Lorsque l'excroissance lépreuse a lieu par
pulvinules discrets sur un thalle foliacé,
elle constitue ce que l'on nomme des Sori-
dies (Soredia); si elle existe sur un thalle
crustacé , elle donne lieu à un état vario-
loïde (Variolaria) . Ce sont surtout les Per-
tusaires qui présentent ordinairement cette
dernière altération. Les croûtes ou les fron-
des des Lichens offrent encore certaines ex-
croissances cylindriques ou coralloïdes qui
déterminent l'état isidiophore, dont Acha-
rius avait fait son genre Isidium. Une chose
digne de remarque pourtant, c'est que ce
célèbre lichénographe avait restreint ce g.
aux espèces à thalle crustacé, quoiqu'on
observé la même sorte d'anamorphose sur
toutes les autres formes de thalle. Dans les
états atypiques que nous venons d'exami-
ner, l'on trouve rarement des apothécies ;
le Lichen ainsi dégénéré reste ordinaire-
ment stérile. Mais il arrive aussi quelque-
fois que le thalle s'oblitère entièrement, et
qu'une apothécie solitaire constitue tout le
Lichen; bien plus encore, on peut rencon-
trer la scutelle d'une Parméliacée sur le
thalle d'une autre espèce de la même tribu,
quelquefois même d'une tribu éloignée
(ex.: Endocarpon saxorum devenant ainsi
le Parmelia Schœreri Pries). Au reste, que
cette scutelle soit sur une autre fronde , ou
bien qu'elle se soit développée sur un autre
corps quelconque, comme dans l'un et
l'autre cas elle est pourvue de son excipu-
lum thallodique, il est évident que, quoi-
que fort restreint, le thalle n'est pas ab-
solument nul. Quand le même cas se pré-
sente dans les Lécidinécs, quijouissent d'un
excipulum propre, il est probable que la
scuteile ou l'apothécie s'est développée sur
un hypothalle peu apparent.
Les anamorphoses des apothéoies méri-
tent encore plus d'attention en ce qu'elles
ont donné lieu à la création d'une foule de
genres faux et insoutenables. Certains ob-
servateurs s'en sont même laissé imposer
au point de les considérer comme des Cham-
pignons. En thèse générale , plus le Lichen
est parfait, c'est-à-dire élevé dans la série,
plus l'apothécie est imparfaite, plus la lame
proligère est mince, plus les thèques sont
petites et menues, et vice versa (ex.: Usnea
et Pertusaria ). Ces dernières acquièrent
même un volume extraordinaire dans quel-
ques Lichens atypiques, comme les Vario-
laires, etc. Et d'abord nous observons les
états angiocarpiens des Lichens gymnocar-
pes, états dans lesquels s'est arrêtée l'évo-
lution normale de l'apothécie ou du nu-
cléus , et qui peuvent simuler des Verru-
caires ou des Endocarpes. Les Céphalodes
( Cephalodia) sont une autre espèce d'ana-
morphose dans laquelle le thalamium des
Parrnéliacées se développe seul outre me-
sure sans être accompagné du rebord ou
excipulum thallodique, et arrive ainsi à
former une forte protubérance hémisphé-
rique immarginée. Il faut bien toutefois se
garder de confondre avec cette dégénéres-
cence un état normal analogue de quelques
Lécidinées dont le disque devient convexe
avec l'âge, et oblitère, en le renversant ou
le surmontant , le rebord de l'excipulum
propre. Viennent enGn les états arthonioïdes
et spilomoïdes (Arthonia Ach. pro parte et
Spiloma Ejusd.); dans le premier, l'apo-
thécie des Graphidées , des Verrucaires ,
est tellement dégénérée qu'elle est réduite
à un disque difforme ou même à une sim-
ple tache par la confusion de tous les élé-
ments de l'excipulum et du nucléus ; dans
le second, la scutelle tout entière est ré-
duite à un état pulvérulent où se retrouvent
des sporidies nues.
Végétation des Lichens. Les conditions
favorables à la végétation de ces plantes
sont l'air, la lumière, la chaleur et l'humi-
dité. Elles ne se développent point dans une
obscurité complète; dans les lieux où pé-
nètre peu de lumière , elles n'arrivent point
à leur état normal. De là la plupart des
anamorphoses signalées tout-à-1'heure , et
surtout l'état lépreux du thalle. Comme les
Lichens ne végètent qu'en absorbant l'hu-
midité répandue dans l'atmosphère, et que,
pendant la sécheresse , leur vie est suspen-
due, il en résulte que cette humidité est la
cause essentielle, la condition sine quâ non
LIC
LIC
347
de leur accroissement. La chaleur, quoique
moins indispensable , joue néanmoins aussi
un très grand rôle dans l'histoire de leur
développement. Tempérée, elle favorise leur
évolution ; excessive, elle l'empêche, la re-
tarde ou l'arrête, quand surtout elle est ac-
compagnée de sécheresse. Les Lichens con-
servent longtemps en eux-mêmes la faculté
de végéter; la vie y est, pour ainsi dire,
en puissance, et ils sont capables de la re-
couvrer après une longue période de mort
apparente. C'est ainsi que Pries cite l'exem-
ple d'un individu de Parmelia ciliaris , le-
quel , recueilli et conservé en herbier pen-
dant plus d'un an , a recommencé à végé-
ter dès qu'il a été replacé dans des conditions
favorables à un nouvel accroissement. La
vie de ces plantes est donc presque indéfi-
nie , et leur mort ou plutôt leur destruction
dépendante des seules causes extérieures,
Station des Lichens. Les Lichens croissent
sur tous les corps de la nature : les arbres,
la terre, les rochers, les pierres, tout leur
est bon , pourvu qu'ils y trouvent un point
d'appui, car ce sont de faux parasites, qui
ne vivent point aux dépens de leurs supports.
On en rencontre même sur le fer ou les au-
tres métaux. Les uns vivent indifféremment
sur les pierres, la terre ou les écorces ; les
autres affectionnent une station unique, et
ne vivent que là. Sous les tropiques, ils at-
teignent leur développement normal jusque
sur les feuilles. Dans nos climats septentrio-
naux , nous avons trouvé une Opégraphe
(0. herbarum) sur des tiges de plantes her-
bacées , ce qui est très remarquable sous le
point de vue physiologique. La même es-
pèce a été aussi recueillie par mademoiselle
Libert sur le chaume des céréales.
De même qu'il y a des Lichens propres à
tel ou tel habitat, de même aussi il y a des
régions et des stations particulières à tel ou
tel Lichen. Quand, par hasard, il arrive
que ce Lichen croît dans une région moins
favorable à sa parfaite évolution, il demeure
stérile et se reproduit probablement alors
au moyen de ses gonidies. C'est le cas où se
trouvent les Sticta limbata et aurata , le
Leptogium Drebissonii , etc., qu'on n'a ja-
mais rencontrés avec des apothécies dans
nos départements de l'Ouest , où pourtant
ces Lichens sont assez communs. Le char-
mant Verrucaria pulchella Borr., qui vient
en Angleterre , ne fructifie pas non plus
chez nous, et ce sont ses squames qui,
vues stériles par Delise , ont servi de type à
son genre Lenormandia. Ainsi de mille
autres.
Statistique des Lichens. Le nombre des
Lichens connus est fort variable, selon le
point de vue où l'on se place et la manière
d'apprécier les genres et les espèces. Ainsi ,
pour ne citer qu'un seul exemple, Delise
énumérait 53 Cladonies dans le Bolanicon
Gallicum, tandis que Pries , venu après lui,
n'en compte que 23 espèces seulement pour
toute l'Europe, rejetant toutes les autres
comme des variétés ou de simples formes.
S'il nous était permis d'indiquer ici d'une
façon approximative le nombre des espèces
de Lichens publiées jusqu'ici , car le relevé
exact de ce qui a été décrit depuis le Syno-
psis d'Acharius serait un long travail , nous
le porterions de 1,000 à 1,200, réparties
dans 90 genres en y comprenant les Collé-
macées. Ce total ne s'écarte pas de beau-
coup, en effet, de la loi générale qui a été
déduite des faits, etqui donne, terme moyen,
10 à 12 espèces par genre. Toutes les tribus
connues de la famille des Lichens, à peu
d'exceptions près , comptent des représen-
tants dans les diverses régions du globe;
mais il est faux que les plantes cellulaires
ou agames en général , et en particulier les
Lichens, soient plus nombreux vers les pôles
que sous les tropiques. Si l'on entend parler
du nombre des individus comparés aux au-
tres plantes vasculaires , on a sans doute
raison; mais absolument parlant, c'est tout
l'opposé (1). Le nombre des espèces croît en
effet avec la chaleur, qui favorise et provo-
que leur développement. Il est bon dénoter
toutefois que ce sont principalement les Li-
chens angiocarpes qui prédominent dans les
régions les plus chaudes du globe. Les nom-
breuses espèces que nous a envoyées dans
le temps , de la Guiane, notre ami M. Lc-
prieur, et que nous avons publiées dans no-
tre Seconde Centurie de Plantes cellulaires
exotiques, appartenaient en effet, pour la
plupart, aux tribus des Trypéthéliées , des
Verrucariées et des Graphidées. A l'appui
de l'opinion énoncée plus haut, nous rap-
porterons les propres termes de la lettre de
(i) Summa est specicrum accumuUitio Frifs, Lichen rtform
p. HXXIV.
348
LîC
M. Leprieur, qui accompagnait ces plantes:
« Une chose fort surprenante, dit-il, c'est
» Vhabitat de ces belles cryptogames. Pour
» qu'elles se propagent, il faut de l'air et
» de la lumière en abondance. Ce n'est que
» sur les arbres des prairies naturelles que
» vivent toutes ces espèces. Là où le vent ne
» se fait pas sentir, là où le soleil ne darde
» pas ses rayons de feu, on ne doit pas s'at-
» tendre à en rencontrer. »
Les Stictes, les Verrucaires, les Graphis
et en général les Lichens corticoles ou épi-
phylles ( Myco-Lichenes Pries) ont donc leur
centre géographique dans les zones les plus
rapprochées de l'équateur. Quelques espèces
isolées viennent bien faire acte de présence
dans les régions australes ou occidentales de
l'Europe , mais elles y fructifient rarement,
ou même elles restent constamment stériles;
ce sont les Chiodecton myrticola, Myrian-
gium Duriœi, Dirina Ceratoniœ et repanda ,
Sticta aurala , Leptogium Brebissonii , etc.
Les Peliigères , les Cladonies et les Parmé-
îiacées (Phyco-Lichenes Fries) sont, au con-
traire, plus nombreuses dans les pays tem-
pérés , et s'élèvent davantage dans les ré-
gions alpines ou polaires. Parmi les espèces
cosmopolites, on peut citer les suivantes :
Usnea barbata, Parmelia subfusca, Clado-
nia rangiferina , Biatora vernaîis , Opegra-
pha scripta et Verrucaria nitida. Fries fait
remarquer qu'on ne trouve point de Cali-
cium entre les tropiques. Il ajoute que, dans
le Nord , certains Lichens corticoles propres
à telle ou telle espèce d'arbre cessent de se
montrer dès que cette espèce disparaît , et
qu'ainsi les Biatora rosdla, Perlusaria
Wulfen'd a , Thelotrema lepadinum , dispa-
raissent avec le Hêtre , VOpegrapha herpe-
tica et le Coniocarpon cinnabarinum avec le
Charme, VOpegrapha scripta avec le Cou-
drier, VOpegrapha varia avec le Frêne et
TErable , et enfin le Verrucaria gemmata
avec le Chêne. Quant aux Lichens terrestres
ou saxicoles , il existe une immense diffé-
rence entre ceux qui vivent dans les régions
granitiques et ceux qui habitent les terrains
calcaires. Celte différence est même plus
marquée que relie qu'on rencontre ordinai-
rement entre les Lichens des régions méri-
dionales et septentrionales de l'Europe. On
pourrait faire un livre sur cette matière;
mais nous nous arrêterons là. et nous ren-
LIC
verrons les personnes qui désireraient plu»
de détails, à la Lichenographia europœa de
Fries, et à l'ouvrage de M. Unger, intitulé :
Uber den Einfluss des Bodens auf die Ver-
theilung der Gewachse etc.
Usages des Lichens. Ces usages ont rap-
port soit à l'économie domestique ou à Fa
médecine, soit aux arts industriels. Le Li-
chen d'Islande ( Cetraria islandica) est non
seulement employé comme aliment dans cer-
taines contrées où les céréales ne peuvent
prospérer, mais on en fait usage avec un
grand succès en tout pays pour remédier
aux affections chroniques du poumon. Il
fournit, par la décoction , un mucilage qui
peut servir comme aliment doux et restau-
rant tout à la fois dans les convalescences.
Tout le monde connaît l'importance du Li«
chen des Rennes (Cladonia rangiferina),
sans lequel la Laponie serait condamnée à
la plus affreuse solitude; nous en avons
parlé au mot cladonie , et nous y renver-
rons le lecteur. I! est une autre plante du
même genre qu'on emploie avec avantage
au Brésil contre la maladie aphtheuse des
nouveaux-nés , c'est le Cladonia sanguinea
Eschw.
Sous le point de vue industriel , les Li-
chens ne sont pas moins importants, puis-
qu'ils produisent Vorcine, ce principe tinc-
torial qu'en a retiré M. Robiquet. Quoique
Yon connût depuis les temps les plus recu-
lés les propriétés colorantes de plusieurs es-
pèces de cette famille, il est toutefois équi-
table de reconnaître que c'est aux savantes
recherches de cet habile chimiste que Ton
doit ce produit à l'état cristallin. On le retire
surtout des Roccella tinctoria , fuciformis ,
Montagnei, mais aussi des Lecanora parella
et de plusieurs autres Lichens,
Classification des Lichens. Malgré les nom-
breux et excellents travaux dus aux efforts
d'Acharius , de Meyer et Wallroth , d'Esch-
weiler, de Fée et de Fries, nous ne pensons
pas que l'état actuel de la science permette
de classer d'une façon suffisamment métho-
dique les plantes de cette vaste famille. Si
l'on veut bien se rappeler le mode d'évolu-
tion des apothécies , on se persuadera faci-
lement que la division première en Lichens
gymnocarpes et en Lichens angiocarpes est
plus spécieuse que solide , puisque ces or-
ganes offrent le plus souvent les. sî.eux états^
ne
L1C
349
selon l'époque de leur développement à la-
quelle on les observe. Il est en effet des Li-
chens , les Endocarpes , par exemple, qui,
par la disposition de leur lame proligère,
sont bien plus rapprochés des Gymnocarpes
que des Angiocarpes, où ils ont été placés.
Les thèques et les paraphyses y sont fixées
par une de leurs extrémités à la paroi de la
loge, et convergent par l'autre vers le centre
de celle-ci , et si vous supposez une évolu-
tion plus avancée de l'apothécie, comme
nous en avons des exemples dans notre En-
docarpon Dufourei DR. et Montg. (Par-
melia Endocarpea Fries), et dans VEndocar-
pon saxorum Chaill. ( Parmelia Schœreri
Fries), vous aurez, au lieu d'une loge ostior
lée , un disque plus ou moins concave. Nous
trouvons ici la même différence que présente,
parmi les Pyrénomycètes, le g. Diplodia
Fries (Sporocadus, Corda) , lequel est bien
plus rapproché des g. Hysterium , Phaci-
dium et Rhytisma que des vraies Sphéria-
cées. Sans nous dissimuler que quelques
anomalies en pourraient encore résulter,
car quelle méthode en est exempte? nous
croyons donc qu'une classification dont les
premières divisions reposeraient sur l'érec-
tion , la divergence ou la convergence des
thèques, puis sur la présence ou l'absence
d'un excipulum propre ou de tout excipu-
lum, fournirait le moyen d'arriver peut-être
à une disposition plus naturelle des genres
de cette famille. En faisant concourir en-
suite avec ces données primordiales les for-
mes si variées du thalle, sa composition,
les formes des thèques et des sporidies (I),
on trouverait peut-être une somme de ca-
ractères propres à différencier les genres
entre eux.
Tout en reconnaissant que la tâche est
bien ardue , peut-être même au-dessus de
nos forces , les nombreux matériaux dont
nous disposons, nos études antérieures et
celles que nous nous proposons de faire en-
core dans ce but, les conseils des premiers
iichénographes de l'Europe, avec lesquels
nous sommes en relation, enQn le concours
qui nous est promis par la communication
(i) Nous avons déjà exprimé ailleurs (Annales des sciences
naturelles. 2" série, t IX, p 25o; l'opinion que cetle forme,
indépendamment de ses relations aver le thalle, ne pouvait
fervir à fonder <1< s genres solides. De nouvelles observations,
que nous ferons connaître en leur lieu, viennent confirmer
encore ce que nous disions à cette époque déjà loin de
des immenses richesses contenues dans les
herbiers de MM. Bory de Saint-Vincent,
Lenormand et Delise , Léon Dufour, qui a
entretenu si longtemps des communications
avec Acharius, Fée, et d'autres encore,
tout nous encourage à consacrer nos efforts
à la publication d'un Synopsis Lichenum.
Cet ouvrage manque à la science, et il en
faut chercher les éléments épars dans une
foule de livres rares ou chers. Nous tente-
rons donc de mener à fin cette longue et
difficile entreprise dès que sera terminée
la Cryptogamie de la Flore chilienne, dont
nous sommes occupé en cet instant.
Nous nous servirons en attendant de la
classification admise par Fries, la meilleure,
selon nous, qui ait encore été proposée jus-
qu'ici. Seulement, nous pensons qu'il est
opportun de faire revivre plusieurs des gen-
res d'Acharius et de De Candolle, que l'il-
lustre auteur de la Lichenographia Europœa
ne considère que comme des sous -genres,
et que Eschweiler a tout-à-fait négligés.
Ordre I.— GYMNOCARPES, Schrad.
Apothécies ouvertes et étalées sous forme
de disque.
Tribu I. — Parméltacées, Fries.
Lame proligère arrondie, persistante,
marginée par le thalle.
Sous-tribu 1. — Usnéées, Fries.
Disque primitivement ouvert. Thalle cen-
tripète , similaire, le plus souvent vertical
ou sarmenteux , toujours privé d'hypo-
thalle.
Genres : Usnea, Hoffm.; Evernia, Ach.;
Comicularia, Ach.; Bryopogon, Nées; Neu-
ropogon, Nées et Ftw.; Ramalina, Ach.; Thy-
sanothecium , Berk. et Montg.; Alectoria,
Ach. exparte; Roccella,DC; Cetraria, Ach.
Sous-Tribu 2. — Parmeliées, Fries.
Disque d'abord clos, puis étalé, ouvert et
marginé par le thalle. Thalle horizontal,
centrifuge, pourvu d'un hypothalle.
Genres iSticla, Ach.; Parmelia, Ach. (1);
Zeora, Fries ; Placodium, DC. ; Lecanora ,
Ach.; Urceolaria, Ach.; Dirina, Fries; Gas-
sicurtia , Fée; Gyalecta, Ach.
(i) Ce genre devra certainement être un jour divisé de
nouveau; mais sur quelles bases, c'est ce qu'une longu»
étude peut seule apprendre.
350
LIC
Sous-tribu 3.— Peltigérées, Montg.
Disque étalé, arrondi ou réniforme, pri-
mitivement revêtu d'un vélum, dont les dé-
bris persistent souvent autour de l'apothé-
cie. Thalle foliacé.
Genres : Peltigera, HofTm. ; Eriodcnna ,
Fée ; Nephroma, Ach.; Solorina, Ach.
Tribu II. — Lécidinées, Frics.
Disque arrondi, persistant, contenu dans
un excipulum propre, ouvert dès le jeune
âge et souvent oblitéré dans l'âge adulte
ou la vieillesse par le développcmeiu centri-
fuge de la lame proligère, d'où apothécies
céphaloïdes. Thalle fruticuleux ou horizon-
tal , foliacé ou crustacé.
Genres : Stereocaulon, Schreb. ; Sphyri-
dium, Ftw. (?); Pycnothelia, Duf. (P. reti-
rera); Cladonia, Hoffm.; Bœomyces, Pers.;
Biatora, Fries ; Megalospora, Ftw.; Lecidea,
Ach.
Tribu III. — Coccocarpées, Montg.
Disque étalé, arrondi, né entre les fila-
ments de la couche médullaire , persistant
et privé de tout excipulum, soit propre, soit
thallodique. Thalle foliacé.
Genres : Coccocarpia, Pers.; Abrothallus,
De Notar.
Tribu IV. — Pyxinées, Fries.
Disque arrondi. Excipulum propre, d'a-
bord clos, superficiel, adné à un thalle ho-
rizontal, foliacé, le plus souvent fixé par le
centre.
Genres : Gyrophora, Ach.; Umbilicaria,
HolTm.; Omphalodium, Mey. et Ftw.
Tribu V. — Grapiiidées , Fries.
Disque oblong ou allongé (rarement or-
biculaire), simple ou rameux, lirelliforme,
pourvu ou dépourvu d'excipulum propre.
Thalle crustacé.
Genres : Opegrapha, Humb. ; Graphis,
Fries; Aulaxina, Fée ,Lecanactis, Eschw. ;
Sclerop hy ton, Eschw.; Ustalia, Fries; Artho-
nia, Eschw. ! Ach. ex part.; Fissurina, Fée;
Coniangium, Fries; Coniocarpon, DG.
Tribu VI. — Glyphidées, Fries.
Disque difforme, variable, coloré, primi-
tivement niché dans la couche médullaire
d'un thalle crustacé, puis dénudé et enchâssé
LIG
dans ce même thalle soulevé en pustules ou
en plaques.
Genres : Glyphis, Ach. ; Aclinoglyphis,
Montg. ; Medumla, Eschw.; Chiodeclon, Ach.
Tribu VII. — Caliciées, Fries.
Disque globuleux ou orbiculaire d'abord
recouvert d'une membranule (vélum), pui.-.
pulvérulent, contenu dans un excipulum
sessile ou pédicellé.
Genres : Calicium (1), Pers. ; Coniocybc,
Ach.; Trachylia , Frics,
Ordre II.— ANGIOCARPES, Schrad.
Apothécies closes ou nucléifères.
Tribu I. — Sphérophorées, Fries.
Excipulum fourni par le thalle , d';ibord
clos, puis s'ouvrant par déchirure. Thalle
vertical, dressé, fruticuleux.
Genres : Sphœrophoron, Pers. ; Siphula,
Fries.
Tribu II. — Endocarpées, Fries.
Excipulum simple ou double, et, dans ce
dernier cas , le plus intérieur membraneux
fourni, comme l'extérieur, par le thalle,
d'abord clos, et plus tard ostiolé. Thalle ho-
rizontal, libre ou adné.
Genres : Endocarpon , Fries ; Sagedia,
Fries; Porina, Ach., proparte; Perlusaria,
DG. ; Stegobolus, Montg.; Thelotrema, Ach.;
Ascidium, Fée (Myriotrema, Fée?).
Tribu III. — Verrucariées , Frics.
Excipulum propre clos (Périthèce), percé
d'un pore ou d'un ostiole par où s'échappent
les sporidies d'un nucléus déliquescent.
Thalle crustacé.
Genres : Verrucaria, Pers.; Pyrenastrum,
Eschw.
Tribu IV. — Trypéthéliées, Fries.
Excipulum double, l'extérieur formé par
une verrue du thalle ostiolée, et contenant,
soit immédiatement, soit médiatement ,
dans un ou plusieurs excipulums intérieurs
(Périthèce), un nucléus déliquescent. Thalle
pustuleux ou verruqueux par hypertrophie
de sa couche médullaire souvent colorée.
Genres : Porodolhion , Fries; Sphœi'om-
(i) V. les mots calicium et contocybb de ce Diction-
naire; si vous voulez connaître la structure de la Urne pro»
i'àre mal comprise jusqu'ici.
LÏC
LIG
351
phalc, Rcich.; Astrolhelium, Eschw.; Trype-
thelium, Spreng.
Tribu V. — Limboriées, Fries.
Excipulum propre carbonacé clos ( Péri-
thèce), s'ouvrant ensuite d'une manière fort
irrégulière. Thalle crustacé.
Genres: Pyrcnothea, Fries ; Gyrostomum,
Fries ; Clioslomum, Fries; Limboria, Fries ;
Strigula, Fr.
Lichens dégénérés,
et genres anomaux qui en résultent.
Lepraria, L.; Pulveraria, Ach.; Incillaria,
Fries; Arllironaria, Fries ; Variolaria, Ach.;
Spiloma, Ach. ; Isidium, Ach. ; Arthonia,
Ach. ex part.; Protonema, Ag. ex part.
Sous- famille. — COLLÉMACÉES, Montg.
(Byssace'es, Fries).
Le nom sous lequel Fries désignait cette
famille ou sous-famille, comme on voudra,
alliée étroitement, d'un côté, aux Lichens,
et , de l'autre , aux Algues , et dont nous
avons déjà traité au mot byssacées ( voy. ce
mot) de ce Dictionnaire, n'ayant pas clé
admis, sans doute à cause de son étymolo-
gie qui rappelle trop à l'esprit l'idée de
Champignons ou de Bysse, force nous a été
de reprendre et de lui préférer celui de Col-
lémacées , bien que comme l'autre il ne
puisse s'appliquerconvenablement qu'à l'une
des trois tribus dont se compose la famille
entière. Comme cette famille s'est considé-
rablement accrue depuis la publication de
notre premier article, nous pensons qu'on
nous saura gré de donner ici un nouveau
tableau des genres qui la composent.
Tribu I. — Collémacées vraies, Fries.
Genres: Collcma, Hoffm. ; Mallotium,
Ftw.; Leptogiwniy Fries; Stephanophorus,
Ftw. ; Omphalaria, Gir. et Dun. ; Myrian-
gium , Berk. et Montg. ; Myxopunlia,
Montg. (Nosloc? Fries).
Tribu II. — Cénogoniées , Fries.
Genres : Cœnogonium, Ehrenb. ; Cilicia,
Fries , emend. ; Ephebe, Fries ; Micarœa,
Fries; Thermutis, Fries (Rhacodium? Pers.).
Tribu III. — Lichinées, Montg.
Genres : Lichina, Aç.;Paulia, Fée.
(Camille Montagne.)
LICHINÉES. Lichineœ. bot. cr.— Tribrt
de la famille ou sous-famille des Colléma-
cées. Voy. lichens.
*LICIINIA ()£<xY'v» dartre vive), ins. —
Genre de Coléoptères pentamères, famillede*
Lamellicornes, tribu des Scarabéides phyll»
phages,créé par Erichson (Archiv. Wieg., 1. 1,
p. 269). L'espèce type et unique, L. limbata
de l'auteur, est originaire du Chili. (C.)
LICRTENSTEINIA (nom propre) bot. ph. *
— Genre de la famille des Ombellifères-Sé-
sélinées, établi par Chamisso et Schlechten-
dalt (in Linn., I, 394). Herbes vivaces ori-
ginaires du Cap. Foi/.ombellifères. — Willd.,
syn. d'Ornithoglossum, Salisb.
LICINUS ( licinus , qui est tourné en
haut?), ins. — Genre de Coléoptères pen-
tamères, famille des Carabiques , tribu des
Patellimanes, créé par Latreille (les Crusta-
cés, les Arachnides, les Insectes, 1. 1, p. 405),
et adopté par Dejean. 15 espèces, la plupart
européennes ou du nord de l'Afrique, ren-
trent dans ce g. Trois se trouvent aux en-
virons de Paris : les L. sylphoides, cassi-
deus de F., et depressus Pk. Les deux pre-
mières vivent sous les pierres, dans les lieux
montueux, crétacés, et la dernière ne se ren-
contre que sous la mousse, dans les bois. (C.)
*LICMETIS, Wagl. ois.— Syn. de Ca-
catua , Less. Voy. perroquet. (Z. G.)
LICIUM, Rumph. moll. — Syn. d'Ovule,
Lamk. . (Desh.)
LICOPHRE. Licophris. polyp. —Genre
établi par Denis de Montfort pour des corps
fossiles qu'il classait parmi les Mollusques.
M. Deshayes a démontré que c'est simple-
ment un degré de développement plus
avancé des Orbitolites. Voy. ce mot. (Duj.)
LICORNE. Monoceros. mam. — Les zoolo-
gistes modernes placent aujourd'hui, en gé-
néral, la Licorne ou le Monoceros au rang de
ces êtres fabuleux que l'imagination des poè-
tes s'est plu à créer, et ne lui croient pas une
existence plus réelle que celle du Griffon ,
de l'Hippogriffe, de la Sirène, etc. En effet,
la Licorne n'a étévue par aucun naturaliste ,
par aucun voyageur dont l'instruction et la
bonne foi puissent mettre le témoignagehors
de doute; les récits qui attestent son exis-
tence n'ont pour la plupart aucune authen-
ticité ; les cornes données à ce prétendu ani-
mal nesontautrechosequedes cornes delMn-
tilope oryx; et enGn les nombreuses et ac«
352
L1C
LIC
tives recherches qui ont été faites, à plusieurs
reprises, pour trouver ce Mammifère, n'ont
produit aucun résultat. Néanmoins cette
question n'est pas entièrement tranchée; et
Somme certains naturalistes admettent la
Licorne comme un animal qui existe réel-
lement, nous en dirons quelques mots.
Du reste, anatomiquement , l'existence
d'un animal pourvu d'une seule corne sur
la ligne médiane de la tête n'est pas impos-
sible , et l'on peut citer certaine espèce de
Rhinocéros qui n'offre qu'une seule corne.
Tous les anciens admettent l'existence de
la Licorne, et Pline la définit ainsi : un ani-
mal ayant la tête du Cerf, les pieds de l'É-
léphant, la queue du Sanglier, la forme gé-
nérale du Cheval, et présentant une corne
noire, longue de 2 coudées, placée au mi-
lieu du front ; la Licorne habiterait le pays
des Indiens-Orséens , et en outre l'Afrique
centrale. On croit généralement dans une
grande partie de l'Afrique , comme le dit
Sparmann dans son Voyage au Cap , à
l'existence d'un animal unicorne qui res-
semble assez au Cheval. Le naturaliste sué-
dois ajoute même, d'après un voyageur qu'il
représente comme instruit et comme très
digne de foi , qu'il existe dans une plaine
du pays des Hottentots-Chinois, sur la sur-
face unie d'un rocher, un dessin grossière-
ment tracé, il est vrai, et tel, dit il, qu'on
peut l'attendre d'un peuple sauvage et sans
arts ; mais où l'on reconnaît cependant sans
peine la Licorne. Enfin les habitants du
pays auraient donné au même voyageur des
détails sur la chasse de cet animal fort rare,
extrêmement léger à la course, méchant et
furieux.
Barthéma (Itineratio de L. de Barthema ,
1517 ), voyageur italien, dit avoir vu à la
Mecque, dans une cour murée, deux Licor-
nes qu'on lui montra comme de grandes ra-
retés, et qui provenaient d'Ethiopie. D'après
un Hollandais nommé Cloete, une Licorne
fut tuée, en 1791 , par une troupe de Hot-
tentots, à seize journées de Cambado et à
trente journées (en voyageant avec un cha-
riot de Bœufs) de la ville du Cap. Ce même
voyageur ajoutait que la figure de cet ani-
mal se trouve gravée sur plusieurs centaines
de rochers par les Hoitentots qui habitent
les bois. Le fait rapporté par Sparmann se
trouve ainsi confirmé : il est également vé-
rifié par Barrow, et MM. Delalande et Ver-
reaux l'ont pareillement rapporté. Ils ont vu
la Licorne figurée en manière d'ornement
sur un manche de poignard avec un Singe
et un autre Quadrupède; en outre, plu-
sieurs Hottentots leur ont assur^ qu'ils
avaient eux - mêmes observé l'animal singu-
lier qui nous occupe.
Plusieurs observations tendent encore à
constater l'existence de la Licorne. Riippel,
d'après le récit d'un esclave, dit qu'un ani-
mal delà grandeur d'uneVache, mais avec
la forme svelte d'une Gazelle, et dont le
mâle porte sur le front une longue corne
droite , se trouve à Koldaji, où il porte le
nom de Nilukma. Le major Lottar avait
vérifié l'existence de la Licorne dans l'in-
térieur du Thibet; enfin l'on a envoyé à
la Société de Calcutta une grande corne en
spirale provenant d'une Licorne, avec le
dessin, la description et des observations
sur les mœurs de ce Mammifère, dont tous
les habitants de B'hote attestent unani-
mement l'existence, et auquel ils appliquent
la dénomination de Chiro.
D après toutes les observations que nous
venons de présenter, on ne peut pas nier
entièrement l'existence de la Licorne, ainsi
que l'ont fait quelques zoologistes; on doit
croire qu'il existe un animal à peu près
constitué comme celui que nous indiquent
les anciens et quelques voyageurs modernes.
Plusieurs conjectures ont été faites au sujet
de la Licorne, et nous devons en parler.
On remarque sur des monuments égyp-
tiens des figures d'Oryx dessinées si exacte-
ment de profil , qu'une seule corne est ap-
parente, la seconde se trouvant entièrement
cachée par celle qui est placée du côté de
celui qui la regarde. N'est-il pas possible
que la vue d'une semblable figure ait donné
l'idée de la Licorne ? Cette conjecture a d'au-
tant plus de vraisemblance que les formes
et les proportions qu'on lui attribue sont à
peu près celles de l'Oryx, et que ses cornes
sont parfaitement semblables à celles de
cette espèce d'Antilope. Pallas (Spicilegia
zool.fasc, 12) ayant remarqué que le nom-
bre des cornes n'était pas constamment le
même chez les Antilopes, et ayant vu dans
la même espèce des individus qui en avaient
trois, et d'autres qui n'en avaient qu'une
seule., fut conduit a penser que la Licorne
LIE
pourrait bien n'être qu'une variété uni-
corne de quelque espèce de ce genre, et
probablement de l'Oryx. A l'appui de cette
opinion , on doit dire que l'Oryx habite les
pays où l'on indique l'existence de la Li-
corne; que le pelage de l'Oryx est à peu
près le même que celui attribué à la Li-
corne , etc.
En résumé, disons que très probablement
la Licorne , telle que les anciens l'imagi-
naient, n'existe pas dans la nature, et qu'il
est possible que cet animal ne soit qu'une
simple espèce d'Antilope. (E. D.)
LICORNE. Monoceros. moll. — Lamarck
a institué ce genre à une époque où la science
ne possédait qu'un petit nombre de bons
travaux sur les formes extérieures des Mol-
lusques et leurs caractères zoologiques. On
ignorait alors si les animaux des Pourpres,
pourvus d'une dent à la lèvre droite, diffé-
raient des autres espèces, et dès lors le genre
Licorne pouvait rester provisoirement dans
la méthode. Aujourd'hui il peut être sup-
primé, puisque l'on connaît l'entière res-
semblance entre les animaux des Pourpres
et des Licornes. Voy. pourpre. (Desh.)
LICORNE DE MER. mam. — Nom vul-
gaire du Narval. Voy. ce mot. (E. D.)
LÏCUALA. bot. ph. — Genre de la famille
des Palmiers, tribu des Coryphinées, établi
par Rumph {Amboin., I, 44, t. 9). Palmiers
de l'Asie tropicale. Voy. palmiers.
LIDBECKIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Composées-Sénécio-
nidées, établi parBergius {FI. cap., 307, t. 5,
fig. 9). Herbes du Cap. Voy. composées.
LIEBERKL'HNIA (nom propre), bot.
ph. — Genre de la famille des Composées-
Mutisiacées , établi par Cassini (in Dict. se.
nat., XXVI , 206). Herbes de Montevideo.
Voy. COMPOSÉES.
LlEBIGIA(nom propre), bot. ph.— Genre
de la famille des Gesnéracées, établi par
Blume {Bijdr., 766). Arbrisseaux de Java.
Voy. GESNÉRACÉES.
LIÈGE, bot. — Voy. chêne.
LIÈGE FOSSILE, min.— L'un des noms
vulgaires de l'Asbeste. (Del.)
LIERRE. Hedera. bot. ph. — Genre rap-
porté d'abord à la famille des Caprifoîia-
cées, et rangé aujourd'hui dans celie des Ara-
Hacées; il appartient à la pentandrie mo- :
nogynie dans le système lionéen. Dans ces i
T. VII.
LIE
353
dernières années, le nombre des espèces
qui le composent a été accru considérable-
ment, au point que De Candolle en a décrit
42 dans le Prodromus, vol. IV, pag. 261 ,
tandis quePersoon dans son Synopsis (1805)
n'en signalait que 4. Ces diverses espèces
habitent, en grande majorité, les régions
intertropicales; un petit nombre d'entre
elles s'élèvent jusque dans les régions tem ♦
pérées de l'hémisphère boréal. Ce sont des
végétaux ligneux, grimpants ou formant des
arbrisseaux droits, parfois même des arbres;
leurs feuilles sont le plus souvent simples ,
quelquefois composées. Leurs fleurs sont
réunies en ombelles ou en têtes ; elles pré-
sentent les caractères suivants : Le tube du
calice est adhérent à l'ovaire ; son limbe
est supère , très court, entier ou à cinq
dents; la corolle est formée de 5-10 pétales
distincts , étalés , insérés au bord d'un dis-
que épigyne; les étamines , au nombre de
5-10, ont la même insertion que les péta-
les , auxquels elles sont alternes ou oppo-
sées; le pistil se compose d'un ovaire adhé-
rent, présentante son intérieur 510 loges
dont chacune renferme un seul ovule sus-
pendu ; cet ovaire supporte 5-10 styles li-
bres ou soudés en un seul corps. Le fruit qui
succède à ces fleurs est une baie couronnée
parle limbe du calice et par les styles, à
5-10 loges monospermes.
L'espèce la plus connue et la plus inté-
ressante de ce genre est notre Lierre grim-
pant, Hedera hélix Lin., qui croît sponta-
nément dans les bois , les haies , contre les
vieux murs et les rochers de presque toute
l'Europe. C'est un arbrisseau dont la tige
grimpe sur le tronc des arbres, sur les murs,
en s'y accrochant au moyen de fibrilles ra-
diciformes ou de crampons; elle s'élève
ainsi communément jusqu'à une hauteur
de 10 à ISmètres ; mais, dans certaines cir-
constances, elle acquiert un développement
beaucoup plus considérable etatteint jusqu'à
30 mètres de hauteur. Dans un âge avancé ,
pour les variétés les plus communes, et
constamment pour une autre variété (//.
arborescens ) , cette tige peut se soutenir
elle-même, et prend alors la forme arbores-
cente. Les feuilles sont pétiolées , coriaces,
luisantes , à 5 angles ou 5 lobes sur la plus
grande partie de la plante , plus ou moins
oviilci dans le voisinage des fleurs. Les fleura
45
354
LIE
forment une ombelle simple; elles sont jau-
nâtres ou verdàtres , odorantes , sécrétant
en abondance un liquide sucré qui attire
les insectes; elles se développent vers la fin
du mois de septembre, et restent ouvertes
pendant ceux d'octobre et de novembre. Le
fruit qui leur succède se forme et se développé
pendant l'hiver ; il a atteint son développe-
ment complet au mois de février et sa ma-
turité en avril ; alors il est charnu et ren-
ferme un suc rouge abondant ; mais plus
tard ce suc diminue, disparaît, et le fruit
devient sec et coriace. De Candolle a dis-
tingué, dans son Prodrome, 3 variétés du
Lierre grimpant, dont Tune {H. H. vulgaris)
se distingue par les pédicelles de son om-
belle revêtus d'un duvet formé de poils
étalés , par ses feuilles florales ovales, par
son fruit noir. C'est celle de nos contrées.
Dans les jardins elle a donné des sous-va-
riétés d'un très joli effet , à feuilles pana-
chées de blanc ou de jaune, ainsi qu'une
autre à feuilles plus grandes que celles du
type , que les horticulteurs connaissent sous
la dénomination de H. H. hibemica. La
seconde de ces variétés {H. H. canariensis)
est caractérisée par ses pédicelles revêtus
d*un duvet écailleui, par ses feuilles florales
presque en cœur, et par son fruit, qui paraît
être rouge; elle habile les Canaries. Enfin
la troisième (H. H. chrysocarpa) se dis lift ^
gue des précédentes par une taille plus
élevée, par ses pédicelles couverts de poils
écailleux, par ses feuilles florales ellipti-
ques , plus ou moins en coin à leur base ,
surtout par son fruit jaune doré. Celle-ci
est indiquée comme se trouvant dans les
parties septentrionales de l'Inde.
Le Lierre a une durée extrêmement lon-
gue; sa tige finit par acquérir 2 et 3 déci-
mètres de diamètre ; on peut alors tirer
quelque parti de son bois : c'est ainsi qu'en
Suisse et dans le midi de l'Europe on l'uti-
lise pour la confection de divers objets tra-
vaillés au tour. Au reste, ce bois est mou et
poreux à tel point que, réduit en plaques
minces, il sert à filtrer les liquides. Les an*
riens lui attribuaient la propriété singu-
lière de séparer l'eau du vin lorsqu'on fai-
sait passer ainsi à travers ses pores un mé-
lange de ces deux liquides. Mais il a été re-
connu que c'était là une supposition dénuée
de fondement. Dans les parties chaudes de
LIE
l'Europe , il exsude des vieilles tiges de
Lierre une matière noirâtre, formée de
fragments irréguliers , sans saveur pronon-
cée, brûlant avec une odeur d'encens, à la-
quelle on donne les noms de gomme de
Lierre, à'Hédérine ou Hédérée. Cette sub-
stance est employée pour la fabrication de
certains vernis ; elle entre également dans
la composition de quelques médicaments ,
comme le baume de Fioravanti. Les feuilles
du Lierre sont amères et nauséeuses; leur
décoction est employée parfois contre les
ulcères sanieux, la gale, etc.; on lui attri-
bue la propriété de teindre les cheveux en
noir. Tout le monde connaît l'usage qu'on
fait journellement de ses feuilles pour pan-
ser les cautères, qu'elles maintiennent cons-
tamment frais. Enfin les baies du Lierre
ont elles-mêmes des propriétés médicinales;
elles sont amères, émétiques et purgatives.
En dernier lieu le Lierre joue un rôle assez
important dans les jardins paysagers; on
l'emploie surtout pour couvrir d'un beau ri-
deau vert les murs, les rochers, etc. On le
multiplie de graines, de boutures ou de
branches enracinées. Il s'accommode de tou-
tes les natures de terre et de toutes les ex-
positions. (P. D.)
LIÈVRE. Lepus. ha*. — Linné a dési-
gné sous ce nom l'un des groupes les plus
naturels de l'ordre des Rongeurs, ayant pour
type notre Lièvre commun ; les naturalistes
modernes ont tous adopté cette division ,
et ils en ont seulement séparé quelques es-
pèces, qu'ils ont distinguées génériquement
sous les noms de Lagomys ( voy. ce mot).
Les Lièvres ont tous des caractères bien
marqués, pris dans la forme générale
de leur corps , dans leurs habitudes as-
sez bien connues, et surtout dans leur
système dentaire tout spécial : mais tous ces
caractères sont en quelque sorte secondaires
ou spécifiques; et c'est ce qui fait que, si
l'on peut distinguer aisément le genre, il
n'en est pas de même des espèces , qui ne
diffèrent que très peu entre elles.
Chez les Lièvres, les incisives, au nombre
de quatre pour la mâchoire supérieure,
sont placées parallèlement , et par paires ,
les unes derrière les autres; les antérieures,
convexes et sillonnées sur leur face externe,
sont plus larges et plus longues que les pos-
térieures, qu'elles cachent entièrement, et
LIE
LIÉ
355
qui semblent n'être là que pour servir d'arc-
boutant aux deux incisives de la mâchoire
inférieure. On a remarqué que, durant une
période de deux à cinq jours , les Lièvres
ont six incisives toujours situées derrière
les autres, et cette particularité a conduit
E. Geoffroy Saint-Hilaire à considérer ces
Mammifères comme très voisins des Kan-
guroos,dont ils se rapprocheraient encore par
leurs membres postérieurs , beaucoup plus
longs que les antérieurs. Les molaires, au
nombre de vingt-deux , douze pour la mâ-
choire supérieure et dix pour l'inférieure ,
sont formées de lames verticales soudées
ensemble : ces dents sont ciselées sur le sens
de leur extrémité libre et dans le sens de
leur axe latéral. La forme générale du corps
est toute particulière à ce groupe : la tête
est assez grosse; le museau épais, recou-
vert de poils courts et soyeux; les yeux sont
grands , saillants , latéraux , à membranes
clignotantes; les oreilles sont longues, mol-
les, revêtues de poils en dehors, et presque
nues en dedans ; la lèvre supérieure est fen-
due jusqu'aux narines , qui sont étroites,
et susceptibles d'être bouchées par une
sorte de pincement transversal de la peau ;
l'intérieur de la bouche est garni de poils.
Les pieds antérieurs sont assez courts et
grêles, à cinq doigts ; les postérieurs fort
longs, à quatre seulement; tous les doigts
sont serrés les uns contre les autres, et ar-
més d'ongles médiocres , peu arqués ; les
plantes et palmes des pieds sont velues.
La couleur du pelage est à peu près la
même dans toutes les espèces, et ne diffère
que par plus ou moins de blanc, de noir
et de roux; des poils assez longs, doux au
toucher, couvrent le corps de ces animaux,
tandis que des poils longs et rudes , for-
mant une sorte de bourrelet destiné sans
doute à modérer l'impression du sol dans
l'action de la course , se remarquent au-
dessous des pieds, et même dans toute l'é-
tendue des tarses postérieurs. La queue,
courte et presque nulle, est générale-
ment relevée. Les Lièvres ont de six à dix
mamelles.
L'anatomie des Lièvres est aujourd'hui
assez bien connue; nous n'en dirons que
quelques mots. Leur cœcum est énorme et
boursouflé; il présente une lame spirale
qui en parcourt la longueur. Chez la fe-
melle, la vulve est peu apparente , et le
gland de son clitoris est presque aussi gros
que celui du pénis du mâle ; la matrice est
double, ou, pour mieux dire, elle a deux
cornes, toutes deux ayant un orifice parti-
culier, ce qui explique les superfétations si
fréquentes dans ces animaux. La verge du
mâle est petite et dirigée en arrière.
Les Lièvres sont des animaux doux et ti-
mides : le plus léger bruit les effraie, le plus
petit mouvement les fait dévier de la route
qu'ils suivent. Le sens de l'ouïe, qui est très
développé chez les Lièvres, supplée à la dispo-
sition de leurs yeux, peu favorable pour voir,
et les met en garde contre ce qui se passe au-
tour d'eux. Ils ne s'attaquent entre eux
que rarement; cependant, dans la saison des
amours , il y a quelques combats de mâle
contre mâle. Ils ne courent jamais le jour ,
à moins qu'une cause quelconque ne les
ait forcés de quitter leur gîte : ce n'est que
le soir qu'ils abandonnent leur retraite, et
qu'ils vont pâturer. Leur nourriture est toute
de matières végétales; ils mangent déjeu-
nes pousses d'arbrisseaux , des écorces d'ar-
bres , des racines, de l'herbe nouvellement
germée, etc. Soit qu'ils marchent, soit qu'ils
courent, leur mode de progression est le
saut ; ce qui tient à la grande longueur de
leurs membres postérieurs , relativement
aux antérieurs. Plusieurs ennemis détrui-
sent un grand nombre de Lièvres ; tels
sont les Mammifères carnassiers, comme le
Renard, le Chat sauvage, etc.; en outre,
l'homme leur fait une chasse active, et en
détruit beaucoup. Sans ces motifs de des-
truction, leur nombre croîtrait tellement,
qu'ils détruiraient, en grande partie, nos
bois et nos cultures.
Les Lièvres se rencontrent partout; ils se
trouvent communément dans l'ancien et le
nouveau continent, sous des latitudes bien
différentes, depuis les régions polaires, le
Groenland, par exemple, jusqu'à l'équateur.
Partout les Lièvres se montrent avec des
caractères génériques si constants, qu'il est
très difficile de distinguer nettement leurs
espèces; on peut cependant, en s'aidant
de l'examen de têtes osseuses , trouver des
caractères assez certains, quoique en géné-
ral peu saillants, et l'on est parvenu ainsi
à en caractériser une vingtaine d'espèces ,
mais il est probable qu'il en reste encore
356
LIE
beaucoup d'inconnues. En effet, M. Les-
son (Nouv. tab. du Règne animal, Mammi-
fères, 1842) en indique 30 espèces distinc-
tes. Nous ne parlerons ici que des princi-
pales, etàl'exemple deM.Is. Geoffroy Saint-
Hilaire (Dict. class. d'Hist. nat.), et surtout de
notre collaborateur et ami M. Z. Gerbe (Dict.
pitt. d'Hist. nat., article Lièvre, 1826), nous
partagerons le genre Lièvre en deux subdi-
visions particulières.
I. Lièvres proprement dits. Lepus.
Tous les individus de ce sous-genre sont
éminemment coureurs; ils ne terrent ja-
mais, c'est-à-dire qu'ils ne se creusent pas de
demeures souterraines; leurcorps estélancé;
leurs jambes sont longues et déliées, surtout
les antérieures ; les oreilles sont très grandes,
et elles sont, en général, toujours d'un pouce
au moins plus longues que la tête.
Un grand nombre d'espèces entrent dans
ce sous-genre ; le Lièvre, qui en est l'espèce
type, est la seule sur laquelle nous devons
entrer dans de nombreux détails.
Le Lièvre commun, Lepus timidus Linn.,
Erleb.,Guv. ,Desm.,etc; X«yu, .-Elien; Lepus,
Piine; le Lièvre deBuffon (Hïsl.nat., t. VI,
pi. 38). Le pelage du Lièvre est composé d'un
duvet traversé par de longs poils, seuls appa-
rents au dehors, d'un gris plus ou moins fauve,
ou roux , selon les localités , selon l'âge , et
selon les saisons dans lesquelles on le trouve.
La couleur grise du pelage résulte du mé-
lange des couleurs qui sont distribuées par
anneaux sur ces poils, savoir : le grisa la
base, le noir au milieu , le fauve et le
roux à la pointe. Le dessous de la mâchoire
inférieure et le ventre sont blancs; le bout
des oreilles noir, la queue blanche, avec
une ligne longitudinale noire en dessus ; les
pieds sont d'un gris fauve, et les poils de la
plante des pieds sont roux. Chez le jeune,
Je noir et le roux dominent; chez les vieux,
au contraire, le pelage blanchit, et l'on a
même vu quelques individus atteints d'al-
binisme, et avec lesquels on avait fait une
espèce particulière, sous le nom de Lepus
albus. Le mâle se distingue de la femelle
par son derrière tout blanc, sa tête plus ar-
rondie, ses oreilles plus courtes, et sa queue
pius longue et plus blanche. La longueur
moyenne du corps du Lièvre est de 16 à
18 pouces.
LIE
Les mœurs des Lièvres ne sont pas aussi
parfaitement connues qu'on pourrait le
croire, puisqu'il s'agit d'un animal qui vit,
pour ainsi dire, au milieu de nous. Cepen-
dant un grand nombre de faits , relative-
ment à ses habitudes, ont été indiqués, et
nous en rapporterons quelques uns. Le
Lièvre vit sur la terre entre quelques mot-
tes ou dans un sillon, et il ne se creuse pas
de terriers comme le fait le Lapin. C'est
pendant la nuit qu'il recherche sa nourri-
ture et qu'il s'accouple; il abandonne sa
demeure aucoucher du soleil, et n'y revient
qu'une heure ou deux avant son lever. On
a dit que les Lièvres étaient erratiques : ce
fait, quoique probable , n'est pas prouvé.
La raison que l'on donne pour appuyer
cette assertion est qu'à certaines époques
ce gibier est très abondant dans certains
pays : ce fait est vrai, et si l'on avait remar-
qué qu'en général ce sont des mâles, que les
chasseurs nomment des bouquins, que l'on
rencontre alors , on se serait facilement ex-
pliqué cette surabondance de Lièvres, d'au-
tant mieux que leur apparition coïncide avec
l'époque du rut. Les deux sexes se rappro-
chent de décembre à mars. Alors les mâles
traversent des terrains immenses; ils font,
pour ainsi dire , des marches forcées , rô-
dant de toutes parts. Les chasseurs savent
reconnaître ces nouveaux arrivés , surtout
lorsqu'ils ne sont pas encore cantonnés, car
alors il est rare qu'ils retournent au lieu
d'où ils ont été lancés; au contraire ils vont
toujours droit devant eux; quand on voit
ainsi un Lièvre filer, on peut être assuré que
c'est un mâle voyageur. Les femelles, nom-
mées hases en vénerie, sont ordinairement
sédentaires : cependant, dans le midi de la
France, lorsque l'hiver est très rigoureux,
on en voit arriver un grand nombre, les
froids et les neiges les chassant des Alpes.
Les femelles, en général, se choisissent des
lieux qui puissent leur fournir une nourri-
ture suffisante, et elles ne s'en écartent plus.
On avait dit qu'elles étaienlhermaphrodites;
la fausseté de ce fait est bien démontrée
aujourd'hui, et la raison qui avait fait croire
à leur hermaphrodisme vient de ce qu'on
avait cru voir dans leur clitoris, qui est
d'une grosseur presque égale à la verge du
mâle, un organe qui les rendait propres à
se suffire à elles-mêmes. On rapporte que ces
LIE
LIE
357
lemelles sont très lascives et que leur fé-
condité est très grande; on croit qu'elles
reçoivent en tout temps le mâle, même pen-
dant la gestation : leur double matrice a
donné naissance à cette opinion ; il est vrai
que, dans certains cas, la fécondation
n'ayant porté que sur une des deux cornes
de la matrice, la femelle chez qui cette
particularité se présente peut redevenir
en chaleur et recevoir de nouveau le mâle,
ce qui explique les superfétations ; mais
le plus ordinairement la fécondation a lieu
des deux côtés, et la gestation suit son cours
naturel. La gestation estde trente à quarante
jours. La portée nese compose généralement
que de trois ou quatre petits, mis bas en rase
campagne, à côté d'une pierre, sous une
touffe d'herbe, ou dans un buisson. On
prétend que ces petits naissent avec les yeux
ouverts et le corps couvert de poils; on
ajoute même que lorsqu'il y a plusieurs
petits ou Levrauts dans une même portée,
ils naissent marqués d'une étoile au front
et qu'elle manque lorsqu'il n'y en a qu'un;
ce fait, comme on le pense, n'est pas exact.
L'allaitement est de vingts jours, après les-
quels les jeunes se séparent et vivent iso-
lément à des distances quelquefois assez
grandes. Le gîte qu'ils adoptent n'est pas
longtemps fréquenté par eux; ils l'aban-
donnent pour un autre , choisi à quelque
distance. L'été, c'est toujours dans les
bruyères, dans les vignes, sous les arbustes
qu'ils vont se reposer; l'hiver, au contraire,
ils recherchent les lieux exposés au midi,
découverts et à l'abri du vent : ils ne s'en-
foncent jamais bien avant dans les bois,
et fréquentent rarement les grandes fo-
rêts.
Leurs mœurs sont douces et taciturnes;
leur isolement les explique. On connaît leur
timidité, qui est devenue proverbiale. Us ne
sont pas cependant aussi stupides que quel-
ques auteurs l'ont dit, et comme preuve de
leur sagacité, on peut citer les ruses qu'ils
emploient pour échapper aux chiens et aux
autres animaux qui les poursuivent; on
en a vu qui, pressés par leurs ennemis,
ont traversé des rivières, des troupeaux de
brebis; se sont élancés sur une pierre, sur
un mur, un buisson, etc.; enfin ne peut-on
pas encore citer comme preuve de leur in-
stinct les tours de force qu'on leur fait
faire , comme , par exemple , de battre le
tambour, de danser, etc.? Nous devons
indiquer un dernier fait relatif aux mœurs
du Lièvre : on a dit qu'il dormait les yeux
ouverts ; ce fait est basé sur ce que, lors-
qu'on surprend cet animal au gîte , on le
voit toujours immobile, dans l'attitude du
repos, et les yeux grandement ouverts.
Mais de cela, comme l'a fort bien prouvé
M. Gerbe, il ne faut pas conclure que le
Lièvre, au contraire de ce qui a lieu chez
tous les animaux, puisse dormir les yeux
ouverts : seulement, on doit croire qu'averti
du danger au moindre bruit par son ouïe,
qui est très fine, il ouvre les yeux, et retenu
par la paresse, il reste dans la position du
sommeil et cherche à deviner le danger qui
vient le menacer.
Les Lièvres se nourrissent d'herbes, de
racines, de feuilles, de fruits et de grains.
Us préfèrent, dit-on , les plantes dont le
suc est laiteux; ils rongent même l'écorce
des arbres pendant l'hiver , et il n'y a guère
que l'aune et le tilleul auxquels ils ne
touchent pas, assure-t-on.
La chasse au Lièvre est bien simple de-
puis qu'on a cessé d'employer en vénerie les
oiseaux de proie : aujourd'hui on ne la fait
plus qu'au fusil, avec des chiens courants,
ou en restant à l'affût ; dans le nord de la
France, au milieu de vastes plaines , on se
donne pourtant encore quelquefois le plaisir
de faire forcer le Lièvre par des chiens.
La peau des Lièvres servait beaucoup
autrefois dans l'art du fourreur; son usage,
quoique restreint de nos jours , a encore
lieu cependant dans la pelleterie moderne.
L'art culinaire et la gastronomie donnent la
chair du Lièvre comme un mets savoureux
et excitant; mais ici il y a encore des
exceptions dues à des influences climatéri-
ques et au genre de nourriture : les Lièvres
qui vivent dans les pays chauds ont une
chair coriace, excessivement noirâtre,
d'un goût désagréable; et parmi ceux des
pays tempérés , les Lièvres qui vivent libres
au milieu des plaines montagneuses, sur
des coteaux, dans les terrains secs et fer-
tiles en Thym, Serpolet, etc., sont,
sans contredit, préférables à ceux qui ha-
bitent les plaines basses et marécageuses, à
ceux surtout qu'or élève dans des parcs ou
dans des garennes. La chair du Lièvre était
358
LIE
LIE
rit fendue au peuple juif; et il est probable
que cette défense, dictée par l'hygiène, n'a-
vait été provoquée que pour les espèces
d'Orient, dont la chair est un mets trop
excitant pour les peuples de ces contrées.
Mahomet avait aussi dicté des ordonnan-
tes qui proscrivaient ces animaux comme
nourriture.
Enfin disons que l'ancienne médecine
employait diverses parties du Lièvre pour le
traitement de certaines maladies. Ainsi leur
graisse était réputée excellente pour enlever
les taies qui recouvrent les yeux ; leur sang
était regardé comme un bon tonique, et il
était en usage pour la guérison des éry-
sipèles, etc. Est-il besoin de dire, en ter-
minant, que la médecine moderne a rejeté
avec juste raison toutes les préparations
dans lesquelles le Lièvre entrait comme mé-
dicament?
Le Lièvre commun se trouve en abon-
dance dans presque toute l'Europe tempé-
rée, et même dans l' Asie-Mineure et la Sy-
rie : il s'étend plus au nord que le Lapin,
En France on le rencontre partout.
Citons maintenant, parmi les espèces les
mieux connues du sous-genre Lièvre :
Le Lièvre a queue rousse, Lepus ruficau^
daiwslsid. Geof. St-Hilaire ( Mag. de Zoo/.,
1832 ), qui ne diffère de notre Lièvre com-
mun que par sa queue rousse en dessous,
par sa tache oculaire moins prononcée , par
sa taille un peu moins grande et son poil
plus rude.
11 habite le Bengale.
LeMoussEL, Lepus nigricollis Fr. Cuv.
{Dict.sc. nat.), Lièvre a nuque noire G. Cuv.
(Rég. anim.). Il estd'un roux général, tiqueté
en dessus, roussâtre en dessous; un collier
d'un noir brunâtre lui couvre tout le dessus
du cou et se prolonge un peu sur le dos.
Découvert à Mathabor par Leschenault,
on l'a trouvé dans plusieurs parties de
l'Inde, et principalement à Java.
Le Tolaï, Lepus tolai Pall., Lepus dau-
ricus Erleb., le Tolaï Buffon , Lapin de Si-
bérie G. Cuv. (Règ. anim.). Chez ce Lièvre
la tête et le dos sont mêlés de gris pâle et
de brun ; le dessous du cou et la gorge sont
blancs ; la poitrine, la nuque et les oreil-
les sont jaunâtres; la queue, noire en des-
sus, est blanche en dessous; il est plus petit
que le Lièvre.
II habite la Sibérie, la Mongolie, la Tar-
tane, et se trouve jusqu'au Thibet.
Le Lièvre d'Egypte, Lepus œgyptius
E. Geoffr. St-Hir. [Exp. d'Egypt. ). Son pe-
lage est entièrement roux-grisâtre en dessus,
blanc en dessous ; la tache oculaire qui va de
l'œil à la narine est d'un fauve très clair ;
il a la taille du Lapin, et est surtout remar-
quable par ses oreilles très développées.
Comme presque tous les animaux de
l'Egypte , ce Lièvre est devenu le sujet de
nombreuses effigies , et il a trouvé place
parmi les hiéroglyphes : d'après Champol-
lion, en effet, le Lièvre avait la valeur de la
lettre S.
Le Lièvre d'Egypte se trouve en abondance
dans la Libye depuis Alexandrie jusqu'à Ge-
bel-Kbir; d'après Ehrenberg , il serait très
commun en Egypte, et ce serait même la
seule espèce de Lièvre qu'on y rencon-
trerait.
A côté du Lièvre d'Egypte viennent se
placer le Lepus isabellinus Riipp., Fischer
{Synop. Mam.), qui habite la Nubie, et les
Lepus capensis Linn., et Lepus saxalilis F.
Cuv., que quelques auteurs y réunissent
même.
Toutes les espèces que nous venons d'in-
diquer conservent constamment la même
couleur, du moins ne diffèrent-elles, selon
la saison, que par une teinte plus ou moins
foncée ; quelques autres , au contraire , re-
vêtent annuellement deux robes, une l'été,
l'autre l'hiver; et nous citerons particuliè-
rement :
Le Lièvre variable , Lepus variabilis Pal-
las , Linn. , Lepus hybridus Pallas. C'est la
plus grande espèce du genre; son pelage
varie de couleur, suivant les saisons ; il est
blanc en hiver, et d'un gris fauve en été;
le bout de ses oreilles est toujours noir. Un
fait important à remarquer, c'est la ma-
nière irrégulière dont les changements pé-
riodiques de couleur paraissents'opérer, quel-
ques poils étant déjà en partie blancs sur le
corps, tandis que d'autres sont encore roux
sur les pattes, et réciproquement; d'où il ré-
sulte que ces animaux présentent , sous le
rapport de leur coloration , une multitude
de variations.
Les mœurs de cette espèce sont les mê-
mes , à peu de chose près , que celles du
Lièvre commun. 11 est erratique, et fait sa
LIÉ
LIÉ
359
nourriture d'Agaric et de semences du Pinus
cembra. Sa chair n'est pas estimée; mais
sa fourrure, au contraire , est très recher-
chée.
Il habite le nord de l'ancien monde ; on
en a même trouvé quelques individus dans
e Groenland. On l'a signalé comme ayant
été pris dans les Alpes ; mais ce fait n'est
pas encore prouvé.
Près du Lièvre variable viennent se pla-
cer des espèces dont le pelage change de
couleur suivant les saisons; ce sont les Le-
pus glacialis Leach, qui habite le Groenland,
et probablement le Lepus virginianus Hor-
lau , qui se trouve dans le midi des États-
Unis.
Nous n'indiquerons pas les autres espè-
ces , assez nombreuses , du sous - genre
Lièvre.
IL Lapins. Cuniculus.
Dans ce sous-genre, les jambes sont plus
courtes que chez les Lièvres proprement
dits, et la disproportion entre les antérieu-
res et les postérieures est moins marquée;
les oreilles sont légèrement plus longues
que la tête dans les premières espèces, mais
égales ou plus courtes dans les dernières, et
Ton voit ces animaux passer aux Agoutis.
Le corps est plus ramassé que celui des
Lièvres. Toutes les espèces se creusent
des terriers , ou se servent de ceux qu'elles
rencontrent; en général, elles sont peu cou-
reuses.
Le Lapin est le type de cette subdivision,
qui comprend en outre un certain nombre
d'espèces.
Le Lapin , Lepus cuniculus Linn., le La-
pin, Buffon (Hist. nat., t. VI, pi. 38). La
couleur du pelage du Lapin est d'un brun
cendré en dessus , blanchâtre à la gorge et
sous le ventre; sa nuque est rousse; ses
oreilles , à peu près de la longueur de la
,ëte, sont noires au bout; cette couleur se
emarque également au-dessus de la queue,
qui est blanche en dessous; sa longueur
totale est d'un peu plus d'un pied , et en
général le Lapin sauvage est moins grand
que le Lapin domestique. Le pelage du La-
pin varie assez notablement, et on distingue
plusieurs variétés de cette espèce qui peu-
vent être caractérisées par la couleur de
leur robe; les principales sont : 1° le La-
pin DOMESTIQUE OU CLAVIER , LepUS CUniCUluS
domesticus, dont la couleur du pelage est
variée, blanche, noire, grise, rousse, quel-
quefois semblable en tout point à celle du
Lapin sauvage; 2° le Lapin riche, Lepus eu-
niculus argenteusy en partie d'un gris-ar-
genté, en partie de couleur d'ardoise plus
ou moins foncée ; et 3° le Lapin d'Angora ,
Lepus cuniculus angorensis, dont les poils
sont longs, très soyeux , ondoyants et comme
frisés, blancs, gris-cendrés, jaunes ou variés
de ces différentes couleurs par taches ou pla-
ques plus ou moins grandes.
Le Lapin paraît avoir un instinct de so-
ciabilité plus grand que celui du Lièvre ; il
n'est pas rare d'en trouver plusieurs ensem-
ble dans la même demeure. Il n'habite pas
les plaines ; c'est toujours dans les pays
montagneux, sur les petits coteaux, dans
les bois, qu'il vit de préférence. Comme le
Lièvre , il se nourrit de plantes et d'écorce
d'arbres, et il a également une vie nocturne.
En raison de sa fécondité , le Lapin est
répandu en abondance partout où l'homme
ne s'est pas déclaré son ennemi; les Mam-
mifères carnassiers et les Oiseaux de proie
en détruisent aussi un assez grand nombre;
mais cette destruction n'a rien de compa-
rable à la chasse que l'homme lui fait.
Lorsque le Lapin est effrayé , il frappe vi-
vement le sol avec son pied de derrière,
afin d'avertir du danger les autres animaux
de son espèce.
Les portées, composées de quatre à huit
petits, sont assez fréquentes; car chaque
femelle peut en faire sept ou huit cha-
que année. Les petits ne sont pas sim-
plement déposés au pied d'un buisson ou
dans une touffe d'herbe , comme le sont
ceux des Lièvres; mais la mère creuse ex-
près pour eux un terrier. Quelques jours
avant de mettre bas, la femelle fait en
pleine terre , au pied d'un mur ou d'un ar-
bre , un trou de trois pieds à peu près de
profondeur, tantôt droit, tantôt coudé , et
toujours obliquement vers le bas; le fond
de ce trou est évasé, circulaire et garni
d'une couche d'herbes sèches , au-dessus de
laquelle se trouve une autre couche de poils
duveteux , que la femelle elle-même arra-
che de dessous son ventre: c'est là-dessus
qu'elle dépose ses petits. Après qu'elle *.
mis bas, elle ne reste pas dans le nid deux
360
LIE
LIE
jours de suite , comme on l'a dit; mais elle
l'abandonne presque immédiatement, et a le
soin d'en boucher l'entrée ; pour cela , elle
pousse au-devant du trou une grande quantité
de la terre provenant du terrier lui-même.
Tant que les petits sont faibles et n'y voient
pas, l'entrée du nid est fermée dans tous les
points; mais lorsqu'ils commencent à voir,
alors on remarque vers son bord supérieur
une petiteouverture par laquelle lejour pénè-
tre, etqui s'agrandit de plus en plus à mesure
que les jeunes deviennent plus forts. L'allai-
tement dure tout au plus une vingtaine de
jours ; mais l'on ignore , malgré toutes les
expériences qui ont été faites à ce sujet,
l'heure à laquelle la mère se rend auprès
de ses petits. On a cru que la femelle ne
cachait ainsi les jeunes ou Lapereaux que
pour les dérober à la fureur du mâle; mais
il serait plus raisonnable de supposer qu'elle
redoute plutôt de les voir devenir la proie
des autres animaux, et que son instinct
maternel la porte à les mettre à l'abri. Les
jeunes , après leur sortie du gîte maternel ,
restent réunis quelque temps ; puis ils se
creusent une retraite dans les environs. On
comprend dès lors que si l'on ne détruisait
pas activement ces animaux , le terrain sur
lequel serait venue s'établir une famille se-
rait bientôt excavé de toute part. Leur vie
est de huit à neuf ans.
On sait que les Lapins peuvent très bien
être élevés en domesticité ; et à cet état ils
deviennent beaucoup plus féconds , et sont
d'une grande utilité pour l'économie domes-
tique et pour leur pelage, dont on fabrique
le feutre et dont il se fait une très grande
consommation. Les Lapins sont plus que
les Lièvres susceptibles d'éducation. Leur
chair, dont les qualités dépendent du genre
de nourriture , est blanche. Ceux qu'on ré-
duit en domesticité, que l'on lient à l'é-
troit, et auxquels on fait manger des herbes
potagères, ont un goût fade et désagréable;
quelle que soit , au reste , la nature de la
substance dont on les nourrit, la chair de
ces Lapins rendus domestiques n'a jamais
le fumet de celle des individus qui vivent
dans les champs. Quoiqu'il y ait entre eux
les plus grands rapports, les Lièvres et
les Lapins ne peuvent produire ensemble,
et ils paraissent même avoir l'un pour l'au-
tre un éloignement, tel qu'on ne trouve pas
ou presque pas de Lapins dans les lieux où
les Lièvres se sont établis, et que ces derniers
évitent les cantons peuplés par les La-
pins.
Nous ne pouvons entrer ici dans des dé-
tails sur la manière de faire la chasse aux
Lapins; nous croyons que ce serait sortir de
notre sujet : disons seulement qu'on les
chasse généralement au fusil. Nous ne par-
lerons pas non plus des moyens que l'on a
employés pour conserver les Lapins en do-
mesticité; nous ne dirons donc rien des ga-
rennes diverses dans lesquelles on conserve
ces Rongeurs.
Les Lapins, originaires de l'Afrique, ont
été introduits en Espagne, et de là ils se
sont répandus en France, en Italie, etc.
Maintenant ils se trouvent dans tous les
pays chauds et tempérés de l'Europe; on
les rencontre en Italie, en Grèce, en France,
en Allemagne, en Angleterre, etc. Dans
l'Asie, celte espèce existe en Natolie, en Ca-
ramanie et en Perse. En Afrique, on le
trouve dans les déserts de l'Egypte, en Bar-
barie, au Sénégal, en Guinée, à Ténériffe.
Le Lapin, au reste, a été transporté dans
tous les lieux où les Européens ont fondé
des colonies. Il ne se trouve cependant pas
vers le Nord ; et la Suède, la Norwége , le
nord de l'Asie ne le possèdent pas, surtout
à l'état sauvage.
Parmi les autres espèces du sous-genre
Lapin, nous citerons :
Le Lapin des sables, Lepus arenarius Is.
Geoffr.-St-Hilaire (Dict. class. d'hist. nat.,
Mag. de zool., 1832). Il est d'un gris cendré
tiqueté, avec les membres, la gorge, les
flancs, le tour de l'œil et le bout du museau
roux ; d'un quart plus petit que le Lapin. Il
se rapproche beaucoup du Lièvre du Cap.
li a été trouvé dans les sables du pays des
Hottentots par Delalande.
Le Lapin de Magellanie, Lepus magella-
nicus Lesson et Garnot {Bull. se. nal.,VU).
11 est d'un noir violacé, offrant çà et là des
taches blanches : ses oreilles sont d'un brun
roux.
Découvert par Magellan, en 1520, dans
le détroit qui porte son nom , il n'a été dé-
crit que par MM. Lesson et Garnot.
LeTAPETi, Lepus brasiliensis Linné. Plus
petit que notre Lapin ; son pelage est varié
de brun noir et de roux en dessus; une
LIG
LlG
361
tache blanche, en forme de calice, se remar-
que sur le cou; il se distingue surtout du
Lièvre des sables, avec lequel il a beaucoup
de rapport, par la brièveté de sa queue.
11 se trouve au Brésil, où il vit dans les bois
et se réfugie dans le creux des arbres.
Le Lapin d'Amérique , Lepus hudsonius
Pallas, Lepus americanus Gar. Assez sem-
blable au Tapeti, il s'en distingue par ses
oreilles et sa queue, qui sont plus longues;
on croit que son pelage varie de couleur
suivant les saisons, et qu'il blanchit en
hiver.
Il est assez répandu dans l'Amérique
septentrionale.
D'autres espèces du sous-genre Lapin sont
indiquées, mais elles ne sont pas assez bien
connues pour que nous nous en occupions
ici.
On a découvert dans la caverne de Kirk-
dale et dans les brèches osseuses de Cette,
de Gibraltar et d'Uliveto, près de Pise, des
os fossiles appartenant à quelques espèces
de Lièvres, et l'on a rapporté ces ossements
à deux espèces vivantes, au Lièvre commun
et au Lapin. Voy. rongeurs fossiles.
Le nom générique de Lièvre était autre-
fois appliqué à plusieurs espèces qui en ont
été séparées; nous citerons ici les princi-
pales :
La Viscache , Lepus viscaccius. — Voy.
VISCACHE et CHINCHILLA.
J> &jwiAMr Lepus pusillus Pallas. — Le
Vi*Av Lepus alpinus Pallas. — L'Ogoton,
Lepus ogotona Pallas. — Voy. le mot lago-
ïivs. (E. Desmarest.)
LIÈVRE, moll. — Nom vulgaire d'une
belle et grande espèce de Porcelaine, Cyprœa
tntudinaria Lin. Voy. porcelaine. (Desh.)
LIÈVRE MARIN, moll.— Nom vulgaire
<];:e l'on donne sur nos côtes aux diverses
espèces d'Aplysies. Voy. ce mot. (Desh.)
LIÉVRITE. min.— Syn. : Ilvaïte, Yénite.
Espèce de Fer silicate. Voy. fer.
LIGAMENT, moll. — On donne ce nom
à cette partie cornée et élastique qui sert à
réunir les deux valves d'une coquille bivalve.
Nous verrons à l'article mollusques le parti
que les classificateurs ont tiré des modifica-
tions du Ligament. (Desh. )
LIGAR. moll. — Le Ligar d'Adanson
{Voy. au Sénégal, pi. 10) est une belle et
grande espèce de Turritelle, que Lamarck
t. vu.
confondait avec le T. terebra de Linné. Cette
espèce d'Adanson, étant très distincte, mé-
rite d'être conservée dans les Catalogues.
Voy. turritelle. (Desh.)
LIGHTFOOTIA (nom propre), bot. rn.
— Schreb., syn. de Rondeletia, Blum. —
Genre de la famille des Campanulacëes-
Wahlenbergiées, établi par L'Héritier(Serf .
angl., 3, t. 4, 5). Herbes ou sous-arbris-
seaux de Madagascar. Voyez campanula-
CÉES.
*LIGIA (nom d'une sirène), ins. — Genre
de l'ordre des Lépidoptères nocturnes, tribu
des Phalénides , établi par Duponchel {Pa-
pill. de France, t. VII), qui y rapporte 2 es-
pèces : L. jourdanaria et opacaria, de la
France méridionale.
LIGNEUX, bot., chim. — Le Ligneux est,
selon M. Payen, cette substance dure, cas-
sante, amorphe, déposée en couches plus ou
moins épaisses et irrégulières dans les cel-
lules allongées des tissus ligneux , et con-
stituant cette partie du bois qui, plus abon-
dante dans le cœur que dans l'aubier, en
accroît la dureté et la densité. Sou-
vent colorée en diverses nuances jaunes,
brunes ou rougeâtres, elle est en plus grande
proportion dans les bois désignés par les
différentes épithètes de gris, bruns, lourds,
durs, que dans les bois appelés blancs, lé-
gers et tendres.
Plus riche en carbone et en hydrogène
que la Cellulose, avec laquelle il a été con-
fondu longtemps, le Ligneux produit plus
de chaleur par sa combustion , en raison
même du carbone et de l'hydrogène qui s'y
trouvent en excès. La composition en varie,
en effet, dans les différents bois et matières
ligneuses , de 0,52 à 0,54 de carbone, de
0,062 à 0,065 d'hydrogène,de 0,395 à 0,408
d'oxygène, tandis que la Cellulose, dont la
composition est toujours identique, ne
renferme que : carbone 0,448 , hydrogène
0,062, oxygène 0,50. Cette composition de
la Cellulose est, du reste, précisément celle
du sucre de canne, de l'amidon, de la dex-
trine, de la gomme arabique elle-même
{Voy. dans ce Dictionn. l'art, bois, et, pour
plus de détails, les beaux travaux de M.
Payen , consignés dans les Comptes-rendus
deVAcad. des scienc, dans le Recueil des
Savants étrangers, et dans les Annales de*
Sciences naturelles). (A. D.)
46
362
LIG
MGXfDIUHI. bot. cr.— Syn. de Reticu-
laria, Bull.
LIGNITE (lignum, bois), min. — Le
Braunkohle ou charbon brun des Allemands,
un des combustibles charbonneux, d'origine
végétale, que l'on trouve à l'état fossile
dans les terrains sédimentaires, et que l'on
a nommé ainsi parce qu'il provient de tiges
de végétaux ligneux , et qu'il présente fré-
quemment, dans son tissu fibreux, des traces
de son organisation primitive. C'est une ma-
tière noire ou brune qui s'allume et brûle
avec facilité, sans boursouflement, et avec
flamme, fumée noire et odeur bitumineuse;
elle donne, par la distillation, le même acide
que le bois , plus de l'eau et des matières
bitumineuses, et, par la combustion, un char-
bon semblable à la braise, avec une cendre
terreuse analogue à celle de nos foyers. A
la calcination en plein air, elle dégage de
oO à 70 pour 100 de matières volatiles. Elle
est composée, comme la Houille, de Carbone,
d'Hydrogène et d'Oxygène ; la proportion
d'Hydrogène est a peu près la même que
dans les Houilles, mais celle de l'Oxygène
prédomine relie s'élève de 18 à 30 pour 100.
C'est avec les Houilles sèches à longues
flammes, et surtout avec les Stipites du ter-
rain de Lias, que les Lignites ont le plus de
ressemblance; mais ils renferment moins
de Carbone, et par conséquent produisent
moins de chaleur : ils différent encore de la
Houille sèche par l'Acide acétique qu'ils dé-
gagent, et par la propriété de former une
solution brune avec la Potasse. Le Lignite
est un combustible intermédiaire entre la
Houille sèche et la Tourbe, comme la Houille
sèche en est un entre la Houille grasse et le
Lignite.
On distingue plusieurs variétés de Lignite :
1° le Lignite compacte piciforme (Pechkohle,
Wr), d'un noir luisant, et d'un aspeet de
Poix ou de Résine. C'est à cette variété que
se rapporte le Jais ou le Jayet, qui est sus-
ceptible de poli, et que l'on emploie pour
faire des objets d'ornement , tels que des
boutons, des pendants d'oreilles, des colliers,
et en général des parures de deuil. On le
travaille principalement à Sainte-Colombe,
sur l'Hers, dans le département de l'Aude.
11 ressemble beaucoup au Cannel-coal, ou
Charbon-Chandelle des Anglais, que l'on
trouve à New-Haven dans le terrain houil-
LIG
1er; et à cause de cela, quelques minéralo-
gistes ont rapporté au Lignite cette variété
compacte de Houille, qui est employée dans
quelques endroit» par le peuple pour pro-
duire de la lumière.
2° Le Lignite compacte terne , noir ou
brun , sans aucune apparence de tissu orga-
nique.
3° Le Lignite fibreux ou xyloïde, brun ou
noirâtre, laissant voir la forme extérieure
de tiges ou branches ligneuses , et le tissu
intérieur des arbres dicotylédons.
4° Le Lignite bacillaire ( Stangenkohlc ),
en petites baguettes polyédriques, produites
par retrait , et que l'on trouve au mont
Meisner, en Hesse , en contact avec le Ba-
salte.
5° Le Lignite terreux, en masses grenues
et friables, d'un noir brunâtre, souillé quel-
quefois par des sables ou des matières ter-
reuses, et souvent chargé de Pyrites. Les
variétés pyriteuses, par l'exposition à un air
humide, s'effleurissent, s'enflamment, don-
nent naissance à des sulfates de Fer et d'A-
lumine, que l'on enlève par des lessives, et
se réduisent en cendres rouges, que l'on
peut répandre sur les terres pour les amen-
der. Une variété pulvérulente, d'un brun
noir, que l'on trouve principalement à
Brûhl, près de Cologne, et connue sous les
noms de terre d'Ombre , terre de Cologne ou
deCassel, est employée dans les peintures
grossières.
Indépendamment des usages particuliers
que nous avons déjà mentionnés , et aux-
quels se prêtent certaines variétés de Li-
gnite, ce minéral est encore un combustible
précieux, et que l'on peut employer dans un
grand nombre de circonstances, pour les
évaporations, pour la cuisson de ia Chaux
et des poteries communes, et pour le chauf-
fage des appartements. 11 donne une cha-
leur plus forte que celle du bois, mais
moins forte que celle des Houilles, ce qui
fait qu'on ne l'emploie guère dans les fon-
deries. On a essayé de carboniser le Lignite,
mais on n'en a obtenu qu'un assez mauvais
combustible.
Les Lignites commencent à se montrer
dans les terrains secondaires moyens et su-
périeurs, à partir du Grès bigarre; mais ils
sont rares dans le sol secondaire moyen,
surtout si l'on restreint la dénomination de
LIG
Lignites aux dépôts de comoustibles qui ne
renferment que des débris de plantes dico-
tylédones , et si Ton en sépare ceux qui ont
été décrits sous les noms de Houilles sèches
du Keuper et du Lias, Houille des Cycadées,
et que M. Al. Brongniart distingue sous le
nom de Stipitcs , parce qu'ils lui paraissent
dus à une végétation toute différente, com-
posée principalement de Cycadées. Les Li-
gnites proprement dits n'apparaissent en
quantité notable que dans les terrains cré-
tacés inférieurs , et ils sont presque exclusi-
vement propres aux formations tertiaires in-
férieures et moyennes. En comprenant ici
]es Stipites sous la dénomination générale
de Lignites, on peut dire que ces combusti-
bles sont répandus dans tous les dépôts ar-
gileux ou marneux, qui s'étendent depuis îe
Trias jusqu'à la Molasse, et qu'ils y sont gé-
néralement accompagnés de débris organi-
ques végétaux, différents de ceux du terrain
houiller, les plantes monocotylédones ayant
complètement disparu; on trouve de plus,
dans les matières terreuses environnantes,
des débris de coquilles analogues à celles
qui vivent dans les eaux douces, et quelque-
fois aussi (mais seulement dans les étages ter-
tiaires ) des restes d'animaux mammifères.
On peut distinguer cinq gisements prin-
cipaux de Lignites : 1° Le Lignite du Trias,
ou Lignite des Vosges, dans le Grès bigarré
àWasselonne, dans les marnes irisées à
Mirecourt (Vosges) et à Corcelle ( Haute -
Saône); 2° Le Lignite du Lias, dans les
marnes et calcaires marneux à bélemnites,
des départements du Tarn et de la Lozère;
3" le Lignite des sables ferrugineux ou des
terrains crétacés inférieurs : Lignite de
ï'île d'Aix (Charente -Inférieure), Lignite
Wealdiers avec Succinite; presque toutes les
liges reconnaissables dans ce gisement an-
noncent des végétaux dicotylédones, dont
quelques uns, au milieu même de la masse
carbonneuse, ont été changés en Silex;
4° le Lignite de l'Argile plastique , ou Li-
gnite soissonnais, avec lequel se rencontrent
le Succin proprement dit, la Pyrite et même
de la Blende, et qui donne lieu à de nom-
breuses exploitations dans les vallées de
l'Aisne, aux environs de Soissons, deLaon,
de Château-Thierry, d'Epernay; on peut y
rapporter tous les petits dépôts de combus-
tible du bassin de Paris, que l'on a décou-
LIG
363
verts à Marly, Auteuil , Bagneux , etc.;
5° le Lignite de la Molasse ou Lignite suisse,
Lignite du midi de la France, qui renferme
souvent du Mellite et du Pétrole, et au mi-
lieu duquel on a trouvé des os de Masto-
donte et d'Anthracotherium ; tels sont ceux
des départements de i'Ardèche , de l'Hé-
rault, des Bouches-du-Rhône, des Basses-
Alpes , de l'Isère ; les Lignites de Lobsann ,
en Alsace ; ceux des environs de Lausanne
et de Vevey, en Suisse , etc. ; 4e Cadibona ,
près de Gênes; d'OEningeia, près du lac da
Constance , et de nombreux points du Ty-
roî et de l'Allemagne.
On exploite des Lignites, en France,
dans quatorze départements, et principale-
ment dans ceux des Bouches-du-Rhône, de
l'Hérault, du Gard , de l'Aisne, des Vosges
et du Bas-Rhin. Cette industrie occupe un
assez grand nombre d'ouvriers , et le pro-
duit total des exploitations représente une
valeur de plus de 500,000 fr. (Del.)
LIGNIVORESou XYLOPHAGES.ins.—
Syn. de Longicornes.
LIGNUM. bot. — Voy. bois.
*LIGN10DES OtyvutooV, qui est decou-
leur de suie), ins. — Genre de Coléoptères
tétramères, famille des Curculionides gona-
tocères , division des Érirhinides, créé par
Schœnherr ( Gen. et sp. Curcul. Synon.,
t. 3, p. 323-7, 2e part., p. 108). L'espèce
type, le L. enucleator Pz. (tricolor 01.,
Ency.) se trouve dans le centre de l'Europe,
où elle est généralement rare ; une 2e espèce,
L. triophori Schr., est éclose en Europe , des
semences de la plante brésilienne dont elle
porte le nom. (C.)
*LIGULA. moll. — Humphrey, dans le
Muséum calonnianum, a établi ce genre pour
un petit groupe de Coquilles univalves ap-
partenant au genre Cerilhium de Bruguière.
Voy. CÉRITE. (Desh.)
LIGULARIA ( ligula, lien ). bot. ph. -#
Genre de la famille des Composées-Séné-
cionidées, établi par Cassini (in Bullet. Soc.
philom., 1816 , p. 198 ). Herbes vivacesde
l'Asie et de l'Europe. Voy. composées.
LIGULE. Ligula (ligula, lien), moll. —
La plupart des conchy liologistes anglais de la
fin du dernier siècleet du commencement de
celui-ci rangeaient dans le genre Mya de
Linné un certain nombre de coquilles bival-
ves des côtes d'Angleterre, chez lesquelles le
n64
LIG
UG
:.gament est reçu sur un cuilleron interne.
Dans ses Coquilles de la Grande-Bretagne ,
Mon tagu, ce consciencieux naturaliste, recon-
nut que ces coquilles n'étaient point des
Myes, et il créa pour elles un genre Ligule au-
quel il imposa des caractères qui malheureu-
sement ne purent avoir toute la netteté dé-
sirable, par cette raison que les diverses es-
pèces sont loin d'offrir des caractères identi-
ques.Cette confusion entraîna les naturalistes
qui s'occupèrent du genre Liguleà le modifier
selon les espèces qu'ils eurent sous les yeux :
aussi le genre Ligule de Leach n'est pas le
même que celui de Montagu; celui de
M. Gray diffère de l'un et de l'autre; et cela
était inévitable, puisque le genre Ligule de
Montagu contient les espèces de trois bons
genres, et les auteurs dont nous venons de
parler ont choisi arbitrairement le type du
genre auquel ils ont voulu conserver ce nom
de Ligule. Il était presque impossible qu'ils
se rencontrassent. Cette divergence d'opi-
nions fut encore augmentée par Turton, qui
plaça une partie des coquilles en question
dans le genre Anatine, et par Flemming,
qui les joignit aux Amphidesmes de La-
marck. Si, à toutes ces incertitudes, on ajoute
des figures médiocres ou mauvaises de ces
coquilles , on concevra sans peine comment
il se fit que le genre Ligule ne fut point cité
par les auteurs qui aiment la netteté dans les
caractères génériques, ou comment il devint
la source d'erreurs multipliées. Un naturaliste
plein d'érudition, dans une dissertation sa-
vante publiée dans la Revue zoologique
(1845), M. Recluz, crut pouvoir réhabiliter
le genre Ligule en choisissant pour type,
non le groupe le plus nombreux en espèces,
mais celui dont les caractères s'accordent le
mieux avec ceux donnés autrefois par Mon-
tagu lui-même. Cette opinion est excellente,
et nous nous empresserions de l'adopter, si
elle mettait désormais les Ligules à l'abri
de toute discussion. Nous croyons que cela
est impossible; on ne peut, en effet, empê-
cher les naturalistes, dans des circonstances
douteuses, de choisir à leur gré. Ce qui à
nos yeux est de beaucoup préférable , est la
suppression radicale et définitive d'un genre
qui peut être interprété de trois manières
différentes, et cette suppression nous paraît
d'autant plus nécessaire que le type choisi
par M. Recluz pour lui conserver le nom de
Ligule doit rentrer, selon nous, dans le
genre Thracie de Leach.
Voyez TRIGONFXLE , ÏBBACIE et SYNDOSMYE,
genres dans lesquels se distribuent les es-
pèces de l'ancien genre Ligule de Montagu.
(Desh.)
LIGULE. Ligula {ligula, lien), helm. —
Genre de Vers intestinaux cestoïdes . dési-
gné d'abord sous ce nom par Bloch , puis
adopté par Zeder, Rudolphi, Bremser, etc.,
mais que Linné et après lui Goeze avaient
nommé Fasciola. Les Ligules sont des Vers
blancs, mous ou parenebymateux , très al-
longés , et aplatis en forme de bandelette ,
sans articulations distinctes , et souvent
même sans tête et sans organes distincts ,
mais quelquefois traversés longitudinale-
ment par un sillon correspondante des ori-
fices génitaux. On les trouve plus simples et
sans organes dans la cavité viscérale des
poissons d'eau douce du genre Cyprin ; ils
y sont même si abondants, dans certains
lacs d'Italie, par exemple, que les habitants
en ont fait un mets recherché. D'autre part,
les divers oiseaux qui ont dévoré ces mêmes
poissons d'eau douce contiennent des Li-
gules dont la tête devient un peu plus dis-
tincte , et qui présentent , suivant la ligne
médiane, une série simple ou double d'o-
vaires et d'organes génitaux mâles , pénis
oulemnisques courts et filiformes. On a dû
en conclure que les Ligules , de même que
le Schistocéphale , prennent naissance dans
les Poissons, et atteignent un autre degré de
développement dans l'intestin des Oiseaux.
M. Creplin a même rencontré à la fois les
deux degrés de développement dans l'intes-
tin des Plongeons. Rudolphi avait définiti-
vement réuni en une seule espèce , sous le
nom de Ligula simplicissima , toutes les Li-
gules des Poissons qu'il avait distinguées
d'abord comme devant former 4 ou 5 es-
pèces. M. Creplin a caractérisé une autre
Ligule (L. digramma), qui, trouvée dans le
Cyprinus carassius, est pourvue d'un dou-
ble sillon longitudinal, et doit se transfor-
mer en une des Ligules à double série d'o-
vaires dans l'intestin des Oiseaux.
Les Ligules des Oiseaux présentent une
têle amincie en avant, avec deux fossettes
latérales en forme de fentes longitudinales.
On les a distinguées comme espèces, d'après
la disposition des ovaires, en une seule se-
LIL
LIL
365
rie, ou en deux séries alternes ou opposées.
La L. uniserialis, qui n'a qu'une seule série
o ovaires, a été trouvée dans l'intestin des
Oiseaux de proie diurnes : elle est longue
de 3 à 7 décimètres, et large de 8 à 12 mil-
limètres; la L. alternans, dont les ovaires
forment une double série alterne, se trouve
dans l'intestin des Mouettes (Larus) : elle
est longue de 3 à 5 décimètres ; la L. inter-
rupta , longue de 2 à 3 décimètres , a ses
ovaires blancs opposés , en deux séries in-
terrompues : on la trouve dans les Plon-
geons, dans le Grèbe cornu et dans les Har-
les ; la L. sparsa a une série d'ovaires soli-
taires ou alternes : elle est indiquée dans la
Cigogne, dans des Hérons , des Chevaliers ,
des Plongeons, des Grèbes, etc. (Duj.)
LIGULE, bot Appendice lamellaire qui,
dans les Graminées, nait au sommet de la
gaine de la feuille. Voy. graminées.
*LIGUMIA. moll. —Sous-genre inadmis-
sible proposé par M. Swainson, dans son
Petit Traité de Malacologie, pour quelques
espèces deMulettes droites et étroites telles
que VUnio recta de Lamarck.Foî/. mulette.
(Desh.)
♦LIGURINUS, Koch. ois.— Syn.de Can-
nabina , Brehm. , et Chlorospiza, Bonap.
Voy. LINOTTE. (Z. G.)
LIGUJRITE. min. — Substance verte- vi-
treuse, trouvée par Viviani dans une roche
talqueuse des bords de la Stura, en Ligurie,
et qui n'est qu'une variété de Sphène, d'a-
près l'analyse que Vauquelin en a faite.
Voy. sphène. (Del.)
LIGUSTICUM. bot. ph.— Nom scientifi-
que du genre Livêche. Voy. ce mot.
LIGUSTRUM. bot. ph. — Nom scientifi-
que du genre Troène. Voy. ce mot.
LILAC, Tournef. bot. ph. — Syn. de Sy-
ringa, Linn. Voy. lilas.
LIL^EA. bot. ph. — Genre de la famille
des Alismacées-Joncaginées, établi par Hum-
boldt et Boupland (PL œquinoct. , 1 , 222 ,
t. 63 ). Herbes des marais de la Nouvelle-
Grenade.
LILALITHE. min. —Variété de Mica.
Voy. ce mot.
LILAS. Syringa, Lin. (nom tiré de
la mythologie, transporté par Linné des
vrais Syringa aux Lilas ). bot. ph. —
Genre important et remarquable de la fa-
mille des Oléacées, section des Fraxinées, de
la diandriemonogyniedans le système lin-
néen.U se compose d'arbrisseaux ou de petits
arbres qui croissent naturellement dans les
parties moyennes et occidentales de l'Asie,ou
même sur quelques points en Europe. Leurs
feuilles sont opposées, pétiolées, en cœur ou
ovales-lancéolées , très entières; leurs fleurs
sont réunies en thyrses terminaux d'un très
bel effet; elles ont une odeur agréable. Ces
fleurs se composent d'un calice libre en tube
court terminé par quatre dents, persistant;
d'une corolle infundibuliforme , dont le
tube, très allongé, dépasse beaucoup le ca-
lice, dont le limbe est divisé en quatre lo-
bes à préfloraison valvaire ; dans le tube de
la corolle s'insèrent deux étamines incluses.
L'ovaire présente deux loges, dont chacune
renferme deux ovules collatéraux , suspen-
dus au sommet de la cloison ; il est sur-
monté d'un style filiforme, inclus, que ter-
mine un stigmate bifide. Le fruit est une
capsule ovale-lancéolée, un peu comprimée,
à parois coriaces, s'ouvranten deux valves
par une déhiscence loculicide, renfermant,
dans chacune de ses deux loges, deux grai-
nes suspendues, un peu comprimées, entou-
rées d'une aile membraneuse, étroite.
Deux espèces de ce genre sont répandues
aujourd'hui dans tous les jardins, et méri-
tent d'être comptées parmi les plantes d'or-
nement les plus belles et les plus communes.
1. Le Lilas commun, Syringa vulgaris
Lin. Ce bel arbuste a été longtemps regardé
comme originaire du Levant seulement;
mais il y a peu d'années qu'il a été trouvé
par Baumgarten croissant spontanément en
Transylvanie ( Loudon ). C'est de l'Orient
qu'il a été introduit dans les cultures eu-
ropéennes. L'ambassadeur Busbequius en
transporta un pied à Vienne, de Constan-
tinople, à la fin du xvie siècle; de là sa rus-
ticité et sa multiplication facile le firent
répandre rapidement en Europe, et aujour-
d'hui il y est tellement commun qu'il est
devenu presque spontané en plusieurs loca-
lités. Le Lilas commun s'élève ordinaire-
ment à 3-4 mètres ; mais, dans les bonnes
terres, il atteint jusqu'à 6 et 7 mètres. Son
développement est très rapide, mais aussi
sa durée est peu considérable, et ne dé-
passe guère trente ou quarante ans. Seg
feuilles sont en cœur, aiguës au sommet,
parfaitement alabreç, un peu épaisses ; dans
LIL
LIL
certaines variétés cultivées, elles sont pa-
nachées de blanc ou de jaune. Ses fleurs ,
dans le type, sont d'une nuance violacée, à
laquelle la plante a donné son nom; mais
leur couleur se modifie dans les diverses
variétés cultivées, et elles deviennent blan-
ches, bleuâtres ou rougeàtres. La plus re-
marquable de ces variétés est celle à la-
quelle on donne dans les jardins le nom de
Lilas Varin , et qui a été décrite par plu-
sieurs auteurs comme une espèce distincte
sous le nom de Syringa Rothomagensis ;
elle paraît n'être qu'une hybride donnée
par le Lilas commun et celui de Perse;
elle se distingue par ses feuilles plus pe-
tites que celles du premier, quoique de
même forme, ainsi que par son thyrse al-
longé, formé de fleurs plus grandes , plus
colorées que celles du second, à limbe peu
concave; on ne la multiplie que par greffe
et par marcottes. Le Lilas commun est de
pleine terre; sa culture n'offre aucune dif-
ficulté : il se multiplie aisément , soit par
graines, soit par marcottes et par greffe,
soit enfin par division des pieds.
2. Le Lilas de Perse , Syringa persica
Lin. , est originaire de Perse , comme l'in-
dique son nom ; il a été introduit en Europe
en 1640. Il est plus bas que le précédent,
et ne s'élève que de 1 à 2 mètres ; son port
est plus grêle ; ses feuilles plus petites, lan-
céolées, aiguës au sommet, entières ou pin-
natiûdes dans une variété connue dans les
jardins sous le nom de Lilas à feuilles de
Persil. Ses fleurs ont le tube de leur corolle
proportionnellement plus grêle. Lorsque la
plante a été cultivée à l'air libre, elles ont
une odeur agréable qui ne se développe
presque pas dans celles cultivées dedans.
Leur couleur est purpurine; elle devient
blanche dans une variété. Le Lilas de Perse
peut aisément être forcé, et il fleurit dans
ce cas dès la fin du mois de décembre; mais
ses fleurs sont alors à peu près inodores.
On a proposé récemment de torréûer les
graines du Lilas commun, et de les em-
ployer en guise de café ; mais il ne paraît
pas qu'on en ait encore tiré le moindre parti
sous ce rapport. (P. D.)
*LILENIA, Bert.BOT.PH.— Syn. d'Azara,
Ruiz et Pav.
ÏJLIACEES. Liliaceœ. bot. ph. — Grande
et belle famille de plantes monocotylédones ,
qui emprunte son nom à l'un des plus beaux
genres qu'elle renferme, le Lis {Lilium). Les
végétaux qui la composentsont très rarement
annuels et presque toujours vivaces , tantôt
pourvus de bulbes ou de racines fasciculées-
tubéreuses, tantôt frutescents ou même
arborescents. Parmi ces derniers, il en est
(Dracœna) dont la tige, après être restée
simple pendant un certain nombre d'années,
se ramifie et commence aussitôt à grossir
dans des proportions qui peuvent devenir
énormes par les progrès de l'âge. Il suffit,
pour donner une idée des dimensions qu'el-
les peuvent acquérir, de citer le gigantesque
Dragonnier d'Orotava , l'un des géants du
règne végétal. Les feuilles des Liliacées
sont simples, entières, engainantes ou em-
brassantes à leur base, souvent ramassées
en grande majorité à la partie inférieure de
la plante, de manière à recevoir dans les
descriptions la dénomination de radicales;
les caulinaires sont presque toujours moins
développées, sessiles, le plus souvent planes,
quelquefois aussi charnues (ex. : Aloe), et
prennent alors des formes diverses. Les fleurs
sont, dans la plupart de ces plantes, remar-
quables par leur développement et leur
beauté, qui leur donnent un des premiers
rangs parmi celles des plantes d'ornement.
Elles sont solitaires ou réunies en inflores-
cences diverses, accompagnées de bractées,
qui souvent constituent une spathe. Leur
périantheestle plus souvent pétaloide, coloré
de teintes très diverses et brillantes; il pos-
sède ce caractère, commun à cette famille et
à un petit nombre de celles qui l'avoisinent,
de ne présenter que de très légères différen-
ces entre les six pièces qui forment ses deux
rangées; ces différences consistent en ce que
les trois extérieures sont un peu plus étroites,
à nervures parallèles, à préfloraison val-
vaire, tandis que les trois intérieures sont
un peu plus larges, que leurs nervures vont
en s'épanouissant vers le sommet, et que
leur préfloraison diffère de celle de la rangée
externe; ces six pièces du périanthe sont
distinctes et séparées les unes des autres ou
soudées plus ou moins à leur base en un
tube que termine un limbe à six lobes. Les
étamines sont presque toujours au nombre
de six, hypogynes, soit immédiatement,
c'est-à-dire insérées sur le réceptacle, sous
l'ovaire, soit médiatement, ou fixées sur la
LIL
LIL
307
Tace interne du périanthe; leurs anthères
sont introrses, à deux loges, dans certains
cas, attachées à l'extrémité du filet par le
milieu de leur connectif, plus souvent pré-
sentant à leur base une sorte de tubulure
conique dans laquelle entre le sommet du
filet ; leur déhiscence s'opère par deux lignes
longitudinales. Le pistil présente un ovaire
à trois loges distinctes formées par autant
de carpelles dont les bords sont repliés en
dedans jusqu'à atteindre la ligne centrale
axile; cet ovaire est surmonté d'un style
simple, que terminent trois stigmates plus
ou moins distincts. Les ovules sont fixés sur
deux séries longitudinales, à l'angle interne
de chaque loge ; le plus souvent ils sont très
nombreux, mais quelquefois on n'en observe
qu'un petit nombre, même un seul par loge
(Dracœna) ou deux (vrais Allium). Ces va-
riations dans le nombre des ovules parais-
sent être en rapport avec les divisions géné-
riques. Les cloisons qui séparent les trois
loges de l'ovaire chez les Liliacées présen-
tent une particularité de structure fort cu-
rieuse. On sait que dans le fond de la fleur
de ces plantes se produit une sécrétion su-
crée parfois abondante; cette sécrétion su-
crée est due quelquefois au tissu glanduleux
qui se montre sur la face interne et vers la
base des parties du périanthe, comme chez
les Fritillaires ; mais ailleurs elle existe sans
qu'on distingue dans la fleur aucun organe
de nature glanduleuse; or, en examinant
l'ovaire, on remarque à sa surface externe
et vis-à-vis des cloisons trois petits points
déprimés, qu'on reconnaît sans peine pour
des orifices d'autant de petits canaux ; en
poussant plus loin l'examen, on reconnaît
qu'en elTet, vis-à-vis de ces trois points dé-
primés, la cloison est dédoublée de manière
à former ainsi autant de petites cavités oc-
cupées par un tissu glanduleux dont le pro-
duit est la liqueur sucrée qui vient se ré-
pandre à l'extérieur et se ramasser au fond
de la fleur. Cette organisation remarquable
ne se retrouve que chez les Amaryllidées;
on ne l'observe dans aucune dicotylédone.
Le fruit des Liliacées est le plus souvent
une capsule à trois valves sèches ou épaissies,
s'ouvrant par déhiscence loculicide, parfois
septicide; quelquefois ce fruit devient bac-
ciforme. Les graines qu'il renferme sont or-
dinairement nombreuses, revêtues d'un té-
gument de consistance variable, et de plus,
dans quelques genres (Aloe, Asphodelus),
d'une production postérieure à la fécondation
et analogue à un arille. Elles renfermentun
albumen charnu dont l'embryon occupe
presque toujours l'axe.
Les espèces de la famille des Liliacées
sont répandues sur presque toute la surface
du globe; mais elles habitent surtout les
régions tempérées et sous-tropicales, prin-
cipalement dans l'ancien continent ; elles
manquent dans les régions glacées duNord.
Si , au lieu de les envisager dans leur en-
semble, nous considérons, sous le rapport
de leur distribution géographique, les divers
sous-ordres qu'elles constituent, nousvoyons
que les Tulipacées habitent les parties tem-
pérées de l'hémisphère nord ; que les Aga-
panthées se trouvent surtout au-delà du
tropique du Capricorne; que les Aloïnées
son t réunies pour la plupart au cap de Bonne-
Espérance, et n'ont qu'un petit nombre de
représentants en Asie et en Amérique ; enfin
que les Asphodélées, les plus nombreuses de
toutes, croissent principalement, d'un côté
iJans les régions tempérées de l'hémisphère
boréal, particulièrement dans la région mé-
diterranéenne, de l'autre au cap de Bonne-
Espérance et à la Nouvelle-Hollande.
La famille des Liliacées renferme un grand
nombre de plantes intéressantes par leur
utilité, par leurs propriétés médicinales, par
leur emploi comme plantes d'ornement.
Certaines de ces plantes fournissent des
aliments ou des condiments très fréquem-
ment usités; telles sont diverses espèces du
genre Allium, comme l'Oignon , Allium cepa
L. ; le Poireau, A. porrum L. ; l'Ail com-
mun , A. sativumh.; l'Échalote, A. asca-
lonicum L. ; la Civette, A. schœnoprasum
L. , etc. ; telles sont encore les Asperges, dont
on mange les jeunes pousses ou les turions
chez l' Asparagus officinalisL., qui est l'objet
de cultures étendues et très soignées; chez
VA. acutifolius L., qu'on recueille pour le
manger dans le midi de l'Europe, où il croît
communément. Tel est encore le Cordy-
line Ti Schott, qui, dans les îles Sandwich,
fournit une racine charnue comestible, et
avec laquelle on prépare de plus une liqueur
spiritueuse.
Quant aux propriétés médicinales des
Liliacées, elles sont dues à ce qu'il existe
368
LIL
LIL
chez elles un mucilage abondant, des sub-
stances résineuses amères, une huile vola-
tile acre , et un principe extractif acre. On
conçoit dès lors que les propriétés de ces
plantes doivent varier suivant qu'elles ren-
ferment l'une ou l'autre de ces substances
diverses, et aussi suivant que celles-ci s'y
trouvent mélangées en diverses proportions.
Nous nous bornerons à citer ici les plus
connues et les plus usitées de ces Liliacées
officinales. Parmi les Aloïnées, le genre Aloe
est très connu pour la substance résineuse
et très amère que fournissent quelques unes
<ie ses espèces , particulièrement les Aloe
soccotrina Lin., spicata Thunb. , arbores-
cens Mill., etc. Dans le même sous-ordre,
les Yucca, qui habitent l'Amérique, don-
nent une capsule charnue purgative, et une
racine saponifiante. Parmi les Asphodélées,
la Scille maritime, Scilla maritima Lin..
(Urginea maritima Steinh.), contient dans
son kmlbe une substance fréquemment em-
ployée en médecine. Plusieurs espèces du
genre Allium ont encore une certaine im-
portance comme plantes médicinales. Parmi
les Asparagées, V Asparagus officinalis Lin.
avait autrefois une grande réputation , à
cause de son rhizome , qui était regardé
comme apéritif, de ses fruits et de ses
graines, qui passaient pour d'excellents
diurétiques; dans ces dernières années, on
lui a donné une nouvelle importance en
préconisant les effets de ses jeunes pousses
ou turions sur les organes de la circulation ;
ces turions ont fourni aux chimistes un
acide organique distinct, l'acide asparagi-
(}ue. Enfin le Dracœna Draco, Lin., est très
connu comme laissant exsuder de son tronc
une substance résineuse qui est versée dans
le commerce sous le nom de Sang-Dragon
qu'elle partage avec quelques autres four-
nies par des végétaux différents.
Une Liliacée de la Nouvelle-Zélande, le
Phormium tenax , connu sous le nom vul-
gaire de Lin de la Nouvelle-Zélande , serait
pour nos cultures une conquête très impor-
tante, à cause de la finesse et de la ténacité
des filaments qu'elle fournit, et qui pour-
raientservir à la fabrication de belles et excel-
lentes étoffes; cette espèce réussit au reste
et fleurit même en pleine terre dans le midi
de la France, ainsi que nous l'avons vu
nous-même dans le département de l'Hé-
rault. V Agave americana, L., vulgairement
connu sous le nom A' Aloe pitte, fournit
aussi des filaments résistants, mais beau-
coup plus grossiers. On a fait tout récem-
ment des essais assez heureux pour faire
servir cette plante à la fabrication du papier.
Pour donner une idée du rôle majeur
que les Liliacées jouent dans nos jardins
comme plantes d'ornement, il suffit de citer
parmi elles les Tulipes, dont une espèce, la
Tulipe de Gesner, est devenue la souche de
si nombreuses et si belles variétés ; les Ja-
cinthes, dont une, la Jacinthe d'Orient, est
cultivée partout, jusque dans nos apparte-
ments; les Lis, les Fritillaires, les Hémé-
rocalles, les Agapanthes, les Polyanthes
vulgairement nommés Tubéreuses, les As-
phodèles, etc. Ces noms rappellent à la mé-
moire tant et de si belles plantes qu'il suffit
de les énoncer pour prouver que la famille
des Liliacées est l'une des plus importantes
pour nos cultures d'agrément.
Voici le tableau des divisions et des gen-
res que comprend la famille des Liliacées.
Sous-ordre I. — Tulipacées.
Erythronium, Lin. {Dens canis, Tourn. )
— Tulipa , Tourn. — Orithya, Don. — Ga-
gea, Salisb. — Lloydia, Salisb. (Rhabdocri-
num, Rchb. — Nectaribothrium, Ledeb.) —
Calochortus , Pursh. — Fritillaria, Lin. —
Rhinopelalum, Fisch. — Lilium, Lia. — Me-
thonica, Herm. (Glorioîa» Us. )
Sous-ordre II. — Agàpantbèes.
Funkia, Spr. ( Hosta , Tratt. — Bryocld^
Salisb.— Niobe, Salisb. — Saussurea, Salisb.
— Libertia, Dumort.) — Phormium, Forst.
(Chlamidia, Banks.) — Agapanthus, Herit.
(Abumon, Adans.) — Polyanthes , Lin. —
Blandfordia, Smith. — Leucocoryne, Lindl
— Brodiœa, Smith. (Hookeria, Salisb.) — Tri-
teleja, Hook. — Tristagma, Poepp. — Milla,
Cav. — Eesperoscordum, Lindl — Càlliprora,
Lindl. — Bessera, Schutt. (Pharium, W.
Herbert)
Sous-ordre III. — Aloïnées.
Sanseviera, Thunb. (Acyntha,Commé\. —
Salmia, Cav . ) — Kniphofia , Mœnch. (2Vi-
toma , Ker. — Tritomanthe, Lk. — Trito-
mium , Lk. ) — Aloë , Tourn. — Lomato-
phyllum , Willd. — Yucca, Lin.
LIM
LIM
369
Sous-ordre IV. — Asphodélées.
Tribu lrc. — Hyacinthées.
Muscari, Tourn. -- Bellevalia , Lapeyr.
Hyacinthus, Lin. — Yelthcimia , Gled. —
Uropetalum, Ker. (Pollemannia, Berg.— Zwc-
cagnia, Thunb. — Dipeadi, Mœncb.) — iétfra-
phis, Link. — Lachenalia, Jacq. — Drimia,
Jacq. — Massonia, Lin. — Daubenya, Lindl.
Eucomis, Hérit. {Basilœa, Juss.) — Camas-
sia, Lindl. (Cyanotris, Raf.) — SciMa, Lin.
— Urginea , Steinh. ( Stellaris, Mœnch ) —
Omiihogalum, Lk. — ,4Z6uca, Lin. — il/t/o-
galum, Lk. (Albucca , Rchb. — Honorius,
Gray ) — Puschkinia , Adams ( i4damsm ,
Wi 1 1 d. ) — Barnardia, Lindl.— Allium, Lin.
— Nectar oscordum, Lindl.
Tribu 2e. — Anthéricées.
Sowerbœa, Smith. — Anemarrhena, Bung.
— Eremurus, Bieberst. — .4sj)/iodeZMs, Lin.
(Asphodeloides, Mœnch) — Asphodeline, Rchb.
— Hemerocallis , Lin. — Cyanella, Lin. —
Anthericum, Lin. — .4rf/iropodmm , R. Br.
— Chlorophytum, Ker ( Hartwegia , Nées ).
— Trichopetalum, Lindl. (Bottionœa, Colla)
— Stypandra, R. Br. — Thysanotus, R. Br.
[Chlamysporum , Salisb. ) — Cœsia, R. Br.
— Chloopsis, Blume. — Tricoryne , R. Br.
Tribu 3e. — Asparagées.
Dianella, Lara. (Diana, Commers. — JFic-
cremts, Willd.) — Wuchekia, Kostel. — Rhua-
cophila, Blume. — Eustrephus, R. Br. (Gei-
tonoplesium, A. Cunn. (Luzuriaga, R. Br.)
— Asparagus, Lin. — Myrsiphyllum, Willd.
— Cordyline , Commers. ( Charlwoodia ,
Sweet) — Dracœna, Vandel. {Sloerkia,
Cr. — OEdera, Cr. — Taetsia, Medik.).
(P. D.)
LILIO-ASPHODELUS , Tourn. bot. ph.
— Syn. d' Hemerocallis, Linn.
LILIO-lSlARClSSUS, Tournef. bot. ph.
— Syn. d'Amaryllis, Linn.
LILIUM . bot. ph. — Voy. us.
LILIUM LAPIDEUM. échin. — Nom
donné par Ellis à l'Encrine lis de mer (En-
crinus liliiformis), que Miller a nommé En-
crinites moniliformis.
LIMACE. Umax. moll. — Répandues
presque partout à la surface du continent,
les Limaces ont dû être connues de tout
temps , surtout à cause des dégâts qu'elles
occasionnent dans les terrains cultivés.
t. vu.
Quoique l'on ait cru pendant assez long-
temps que ce genre de Mollusques n'exis-
tait pas dans les régions chaudes des an-
ciens continents, ils y vivent cependant; seu-
lement il faut savoir les y chercher durant la
saison des pluies, dont ils profitent pour se
montrer, sans courir le danger d'être promp-
tement desséchés par l'ardeur du soleil. II
ne faut pas s'étonner dès lors si Aristote
et d'autres écrivains grecs ont parlé des Li-
maces , et l'on ne peut douter aujourd'hui
qu'il en existe dans les lieux qu'ont habi-
tés ces anciens observateurs. Pline , Dios-
coride , et beaucoup d'autres auteurs la-
tins, ont également parlé des Limaces ; mais
il serait trop long, dans un ouvrage de la
nature de celui-ci , de tracer avec détail
l'histoire d'un genre qui a été successive-
ment mentionné par un très grand nombre
de naturalistes. M. de Férussac , au grand
ouvrage duquel nous renvoyons , a pu à
peine épuiser cette matière en une centaine
de pages, d'un grand intérêt sans doute,
mais dont nous ne pouvons même présenter
l'analyse. Qu'il nous suffise de rappeler que
Linné le premier institua le genre Limace,
et le plaça parmi les Mollusques nus, avec
un certain nombre d'autres animaux appar-
tenant à diverses classes des animaux in-
vertébrés; ajoutons encore que Cuvier est
également le premier qui , dans son tableau
élémentaire de zoologie, se fondant sur les
rapports de l'organisation, détruisit l'arran-
gement linnéen et rapprocha les Limaces des
Hélices, quoique les premiers de ces Mollus-
ques n'aient point de coquille à l'extérieur,
tandis que les seconds en portent une assez
grande pour y être contenus en entier. Enfin
nous ne devons pas passer sous silence la
division du genre Limace, proposée par M. de
Férussac, fondée sur un caractère de peu
d'importance , selon nous , puisqu'il n'en-
traîne à sa suite aucune modification pro-
fonde dans l'ensemble de l'organisation.
M. de Férussac, en effet, propose un genre
Arion pour celles des Limaces qui ont un
crypte muqueux à l'extrémité du corps, ré-
servant le nom de Limaces aux espèces dé-
pourvues de ce crypte.
Les auteurs systématiques, depuis Linné,
ont proposé des classifications pour les Mol-
lusques terrestres; après avoir adopté exclu-
sivement la méthode linnéenne, à la suite
47
370
L1M
LIM
de quelques variations, ils ont Gnî par l'aban-
donner pour adopter en principe celle de Cu-
vier. Cependant Lamarck , le célèbre auteur
de VHist. nat. des an. sans vert., ayant voulu
séparer les Mollusques qui rampent sur toute
la surface inférieure du corps (Gastéropodes)
de ceux qui, pourvus d'une coquille, ont le
pied ûxé à un pédicule qui porte également la
tête (Trachélipodes), s'est trouvé dans l'obli-
gation de laisser les Limaces et plusieurs
autres genres avoisinants dans le premier
groupe, tandis que les Hélices sont dans le
second; de sorte que l'une des grandes divi-
sions méthodiques de Lamarck vient juste-
ment se placer entre ceux des Mollusques qui
ont entre eux le plus de rapports. Ceci est
l'une des preuves que cette partie de la mé-
thode de Lamarck est artificielle ; aussi il est
très peu de zoologistes qui l'aient adoptée.
La Limace est un Mollusque gastéropode,
allongé, variable dans sa forme, à cause de
son extrême contractilité; mais qui, obser-
vée au moment où elle rampe à la surface
du sol, présente assez exactement la forme
d'une ellipsoïde très allongée, dont la tête
est à l'une des extrémités. La surface par
laquelle elle est en contact avec le sol est
plane , et porte le nom de pied ; l'autre sur-
face est convexe, formée par la peau, qui
constitue la face dorsale de l'animal; elle
se termine en pointe à l'extrémité posté-
rieure. Vers l'extrémité antérieure, on re-
marque , sur le milieu du dos , une partie de
la peau saillante, comme détachée, sous
laquelle l'animal peut ordinairement cacher
sa tête lorsqu'il la contracte. Cette partie de
ja surface cutanée est ornée de stries trans-
versales diversement contournées ; on lui a
donné le nom particulier de cuirasse. La tête
est à peine distincte du reste de l'animal par
un étranglement qui ressemble à un col.
Cette tête est généralement petite, obtuse,
séparée du pied par un sillon peu profond ,
et présentant en avant une ouverture trans-
verse, qui est celle de !a bouche; quatre ten-
tacules la surmontent. Ces tentacules sont
cylindracés et terminés en avant par une pe-
tite dilatation spliérique , sur laquelle la
peau est très amincie ; deux de ces tentacules
sont plus courts ; ils sont antérieurs et in-
férieurs; les deux autres, plus allongés, se
rapprochent par leur base; ils sont supé-
rieurs et postérieurs, par rapport aux pre-
miers. A l'extrémité de ceux-ci, on re-
marque un point noir qui , d'après les ob-
servations de Swarnmerdam, présente les par-
ties constituantes d'un organe de vision. Ces
tentacules sont évidemment une prolonga-
tion de la peau : ils sont creux en dedans ,
formés principalement de muscles annulai-
res , au moyen desquels ils peuvent opérer
l'un de leurs mouvements principaux ; car
ces organes peuvent rentrer sur eux-mêmes
et sortir de l'intérieur du corps de la même
manière qu'un doigt de gant que l'on re-
tourne. Si l'on porte sur la Limace un re-
gard plus attentif, on observe , au-dessous
de la base du grand tentacule droit, un
mamelon très obtus, percé au centre d'une
ouverture peu apparente. Cette ouverture
donne issue aux organes de la génération au
moment de l'accouplement. Sur le côté droit
du bouclier, et creusée dans l'épaisseur de
son bord, se montre une ouverture assez
grande, très contractile, et dont la con-
tractilité peut se comparer à celle de l'iris
de l'œil. Cette ouverture donne accès à l'air
dans une cavité assez grande, destinée à la
respiration. Enfin , tout près de celle-ci, et
un peu en arrière , se trouve une troisième
ouverture; elle termine l'intestin et donne
issue aux excréments. Pour terminer tout ce
qui a rapport à la surface extérieure de la
Limace , nous devons ajouter quelques ob-
servations relatives à la constitution de l'en-
veloppe générale. Cette enveloppe a été com-
parée à une membrane muqueuse. On voit,
en effet, s'établir à la surface cutanée une
abondante sécrétion , qui quelquefois ruis-
selle dans les sillons dont elle est creusée, et
c'est elle qui, en fournissant une matière mu-
queuse gluante, permet à l'animal de ramper
sur les corps les plus lisses , et de s'y atta-
cher avec assez de solidité; c'est elle enfin
qui , abandonnée par l'animal en une cou-
che mince partout où il passe, laisse une
trace luisante qui décèle la route qu'il a par-
courue. Si l'on coupe diverses portions de
l'enveloppe générale de la Limace , on s'a-
perçoit qu'elle est fort épaisse, très coriace,
et si , par la macération , on la débarrasse
des matières muqueuses qu'elle renferme,
on la trouve composée de fibres musculaires
diversement entrelacées et dirigées dans tous
les sens ; cependant les fibres qui constituent
le plan locomoteur sont plutôt longitudinales,
LIM
L1M
371
et c'est au moyen de leur ondulation suc-
cessive que l'animal peut ramper. Ce phé-
nomène s'observe avec facilité en faisant
ramper une Limace à la surface d'un verre.
Nous allons actuellement examiner d'une
manière rapide l'organisation intérieure des
Limaces , en nous appuyant principalement
sur les travaux de Swammerdam et de Cu-
vier. Ces deux naturalistes ne sont pas les
seuls qui se soient occupés de l'organisation
des Limaces. Avant eux, Redi, Monro, Ar-
der, et Lister surtout, avaient fait également
des efforts pour la dévoiler ; mais tous avaient
laissé échapper de graves erreurs, non seule-
ment sur la détermination des organes ,
mais encore sur les rapports qu'ils ont
entre eux. Swammerdam rectifia plusieurs
de ces erreurs ; et lui-même en laissa quel-
ques unes encore que Cuvier rectifia. Il
faut dire que tous ces naturalistes éprou-
vèrent des .difficultés invincibles dans leurs
dissections , difficultés dont Cuvier sut se
rendre maître , en disséquant dans l'eau
des animaux dont les organes, excessive-
ment mous, se présentent habituellement
sous l'apparence d'amas de matières mu-
queuses diversement colorées. Il a fallu
toute l'habileté de Swammerdam et sa pa-
tience pour vaincre de telles difficultés et
reconnaître la forme , les usages et les rap-
ports d'un grand nombre d'organes.
1° Organes digestifs. Ces organes com-
mencent par une bouche assez grande , un
peu infundibuliforme , entourée de deux
lèvres, et contenant dans son intérieur une
dent cornée, taillée en croissant, dont
le bord est tranchant. A cette dent s'oppose
une langue assez épaisse, convexe, charnue,
et dont les mouvements facilitent la déglu-
tition; dans les parois de la bouche aboutit
obliquement de chaque côté un petit canal
provenant d'une glande qui occupe le som-
met de l'estomac et destiné à la sécrétion de
la salive. En arrière de la langue , la cavité
buccale se change en un canal œsophagien,
allongé, cylindrique, qui occupe la ligne
médiane et presque centrale de ranimai.
Après être parvenu dans la partie épaisse
du corps , cet œsophage se dilate en une
grande poche stomacale, mince et membra-
neuse , irrégulièrement boursouflée , et ter-
minée en arrière par un cul-de-sac arrondi,
au-dessus duquel commence l'intestin. Au
point de jonction de l'intestin et de l'esto-
mac viennent aboutir les vaisseaux biliaires,
qui, étant considérables, produisent, dans
les parois de l'estomac, deux grandes ouver
tures subcirculaires. L'intestin fait plusieurs
circonvolutions dans l'épaisseur du foie, des-
cend ainsi jusque vers l'extrémité postérieure
de l'animal , puis remonte obliquement sur
le dos pour gagner le côté droit de l'animal
et se terminer, comme nous l'avons vu, par
une ouverture spéciale placée au-dessous et
en arrière de celle de la respiration. Le foie
est divisé en deux lobes principaux : le pos-
térieur, qui est aussi le plus petit , se pro-
longe jusqu'à l'arrière du corps, où il ren-
contre une partie des organes de la généra-
tion , avec lesquels il contracte de l'adhé-
rence, sans cependant se confondre avec eux.
2° Organes de la génération, — Ces or-
ganes diffèrent peu , en général , de ceux
des Hélices; cependant ceux-ci ont déplus
les vésicules multifides et la poche du dard.
Les organes générateurs de la Limace se
composent : 1° d'un ovaire situé dans le
lobe postérieur du foie, dans lequel il est
presque entièrement caché; il est granu-
leux , et on en voit naître par des radicules
un canal ou oviducte , d'abord très mince
et très étroit , reployé sur lui-même un très
grand nombre de fois ; son diamètre aug-
mente insensiblement en se rapprochant de
l'organe que Cuvier nomme matrice.
2° Cette matrice, dont les parois sont
épaisses, est boursouflée, composée inté-
rieurement de cellules assez régulières, rem-
plies d'une abondante viscosité. Après plu-
sieurs inflexions , elle se change en un ca-
nal plus étroit, cylindrique, à parois lisses,
épaisses, et qui se renfle un peu avant de se
terminer dans le cloaque; 3° une sorte de
vessie ou sac à une seule ouverture se voit
à côté du canal du second oviducte; ses pa-
rois sont épaisses, elles se rétrécissent en
un col très court , qui s'insère sur le vagin,
un peu avant qu'il entre dans la cavité com-
mune de la génération : cette petite poche,
que Ton retrouve dans les Hélices , les Am-
brettes et plusieurs autres Mollusques, pour-
rait bien être comparée à la vésicule copula-
tive des Insectes ; elle est habituellement
remplie d'un fluide jaunâtre et épais. Ces
différentes parties constituent l'appareil fe-
| melle de la génération. Nous ferons remar-
372
L1M
LIM
quer que l'organe que Cuvier nomme
matrice est désigné par M. deBlainvillesous
Je nom de seconde partie de l'oviducte.
L'appareil mâle est composé d'un testi-
cule peu différent de celui des Hélices ; il
est pourvu d'un canal déférent qui, au point
où la matrice et l'oviducte se réunissent, se
joint intimement à eux , ainsi que le testi-
cule. Un organe granuleux, en forme de
bande blanche, se remarque le long de la
matrice , et l'accompagne en grossissant.
Cette partie, que M. de Blainville compare
à l'épididyme, se prolonge au-delà de la
portion boursouflée de l'oviducte ; c'est seu-
lement de cet endroit qu'on en voit naître
un canal, d'après M. de Blainville, qui se
recourbe en se prolongeant assez loin pour
aboutir à la base de la verge. La verge est
plus courte que dans l'Hélice; elle est plus
large en arrière qu'en avant , où elle s'a-
mincit peu à peu; elle est creuse dans toute
sa longueur; elle forme par conséquent un
long sac, dont les parois assez épaisses sont
musculaires; les fibres qu'on y remarque
sont annulaires; elles ont le même usage
que celles des tentacules, c'est-à-dire que
lorsque le pénis entre en action , il sort en
se renversant et se retournant comme les
tentacules; il est fixé à sa base par un
muscle épais, assez court, qui, lorsque les
organes delà génération, et surtout la verge,
ont rempli leurs fonctions, la retire en de-
dans, et en la retournant agit de même
que le muscle rétracteur des tentacules. Ce
muscle s'insère postérieurement sur la cloi-
son charnue que nous avons vue précédem-
ment séparer la cavité respiratrice de la
cavité viscérale.
3° Organes de la circulation. — En dé-
tachant le bouclier par sa circonférence ,
on pénètre dans une cavité d'une médiocre
étendue, dans laquelle l'organe central de
, la circulation est contenu. Cette cavité, ova-
•Jaire, membraneuse, est le péricarde. Le
cœur se compose d'un ventricule et d'une
oreillette. Ces organes sont disposés à peu
près de la même manière que dans les Hé-
lices. La pointe du ventricule est dirigée
en arrière; l'oreillette ayant la forme d'un
croissant, dont les pointes sont dirigées en
avant, est posée sur le ventricule, et com-
munique avec lui par sa face dorsale ; de la
pointe du ventricule naît une aorte qui va
se ramifier pour se distribuer à tous les or-
ganes. Le système veineux est considérable ;
le sang est rassemblé par deux troncs prin-
cipaux , venant ramper sur les parties la-
térales du corps; "mais avant de se terminer
aux oreillettes, elles viennent s'ouvrir dans
la cavité générale des viscères, d'après les
observations récentes de M. Milne-Edwards.
Les veines pulmonaires auraieut , d'après
le même observateur, de grandes ouvertures
béantes dans cette même cavité viscérale ,
pour recueillir le sang et le porter ensuite
dans un organe respiratoire dont la dispo-
sition est spéciale chez tous les Pulmonés
terrestres.
Organes de la respiration.— Ils sont situés,
comme le cœur, au-dessous du bouclier. Ce
bouclier contient, dans son épaisseur, un ru-
diment testacé calcaire, plus ou moins épais,
sous lequel se trouvent abrités tout à la fois
le cœur et l'organe de la respiration. Cet
organe consiste, comme nous le disions, en
une cavité assez grande , dans laquelle vien-
nent se ramifier d'une manière élégante les
artères branchiales, qui bientôt se chan-
gent en veines branchiales, offrant une dis-
position très analogue à celle des artères.
Ces veines aboutissent à l'oreillette, qui
transmet au cœur le sang régénéré par la
respiration. Une cloison membraneuse as-
sez épaisse sert à séparer la cavité de la
respiration de celle des viscères ; Cuvier lui
a donné le nom de diaphragme, quoique en
réalité elle n'en ait ni la place, ni la struc-
ture, ni la fonction.
4° Système nerveux. — Ce système est
très analogue à celui des Hélices , et ses
principales dispositions sont tout-à-fait con-
formes à ce qui est connu dans les autres
Mollusques. Un anneau nerveux , composé
de deux ganglions et de deux branches la-
térales de commissures , embrassent dans
sa circonférence l'œsophage et les glandes
salivaires. Le ganglion supérieur donne
des nerfs optiques qui se dirigent vers les
grands tentacules , des filets pour la masse
buccale , et les organes de la génération,
pour lesquels existe un petit ganglion spé-
cial. Le ganglion œsophagien inférieur donne
en rayonnant un très grand nombre de bran-
ches nerveuses , dont les unes sont destinées
aux viscères, et les autres aux organes du
mouvement. Ce système nerveux, comme on
LDI
ïe voit, diffère à peine de celui des Hélices,
et nous aurons occasion de revenir sur la
distribution générale de ce système à l'ar-
ticle MOLLUSQUES.
Indépendamment des muscles répandus
•dans l'épaisseur de la peau , il y en a quel-
ques autres propres à certaines fonctions, et
qui doivent être mentionnés, pour que l'on
puisse comprendre le mécanisme des mou-
vements de l'animal. Nous avons vu que
l'enveloppe cutanée des tentacules était com-
posée de fibres annulaires , ce qui explique
la facilité dont jouit l'animal de faire sor-
tir ces parties de l'intérieur, lorsqu'elles ont
été contractées. Mais pour qu'elles se con-
tractent , elles ont besoin de muscles parti-
culiers, et c'est en effet ce que l'on trouve
de chaque côté du corps. Les muscles ré-
tracteurs des tentacules se présentent sous
la forme de rubans fibreux divisés en deux
à leur sommet, chacune des divisions se
rendant à l'un des tentacules. La masse
buccale a également des muscles qui lui sont
propres. Quelques uns de ces muscles sont
subannulaires, d'autres sont obliques, d'au-
tres enfin sont longitudinaux; tous s'entre-
croisent, et sont fixés les uns aux autres par
un tissu cellulaire assez serré. Enfin la tête
est retirée en arrière au moyen d'un muscle
qui représente le muscle columellaire des
Hélices, et qui se dirige obliquement vers
la cloison membraneuse, séparant la cavité
respiratrice de la masse des viscères. Ce
muscle s'attache à cette espèce de dia-
phragme, au-dessus duquel, comme nous
le savons déjà, est situé le rudiment testacé
qui représente la coquille des Hélices.
Si nous examinons actuellement les or-
ganes des sens chez les Limaces , nous les
trouverons généralement obtus , et en cela,
tout-à-fait semblables à ce que nous avons
fait remarquer chez les Hélices. Aussi nous
ne croyons pas nécessaire de reproduire ce
que nous avons déjà dit à l'article hélice ,
auquel nous renvoyons.
Les Limaces sont des animaux qui aiment
les lieux frais et humides. Dans les climats
tempérés, elles s'enfoncent dans la terre
pour y passer l'hiver, dans un engourdisse-
ment complet; elles reparaissent au prin-
temps et en été, tandis que dans les climats
chauds, elles se cachent pendant la durée
des grandes chaleurs, et ne se montrent
1JM
373
qu'en automne et en hiver. Ces animaux se
nourrissent de préférence de matières vé-
gétales, surtout lorsque ces matières ont
déjà subi un certain degré de putréfaction.
On les voit également dévorer des matières
animales, principalement des Lombrics,
lorsque ceux-ci sont morts et en partie dé-
composés. Dans les forêts humides, elles at-
taquent les champignons, et en dévorent
quelquefois de grandes quantités. On a sup-
posé pendant longtemps que les Limaces
étaient propres à l'ancien continent; mais
depuis que des observateurs instruits ont
porté leurs recherches jusque dans les par-
ties les plus chaudes de l'Amérique méri-
dionale, on sait que des Limaces existent
dans ces régions de la terre , mais il faut les
y chercher dans la saison favorable.
Le nombre des espèces actuellement con-
nues est peu considérable, si on le compare
au nombre immense des Hélices. M. de Fé-
russac, dans son grand travail, en comptait
une quinzaine d'espèces; à peine s'il y en a
le double de connues aujourd'hui. (Desh.)
LIMACELLE. Limacella. moll. — Genre
encore incertain proposé depuis longtemps
par M. de Blainville dans le Journal de Phy-
sique, et reproduit dans ïe Traité de mala-
cologie. L'animal pour lequel le genre a élé
établi offrirait une combinaison très singu-
lière de caractères. Que l'on s'imagine en
effet une Limace ayant l'ouverture pulmo-
naire très antérieure, mais, ce qui est bien
plus étonnant , ayant l'issue de l'organe
mâle de la génération sous le tentacule
droit, et l'organe femelle à l'extrémité pos-
térieure du côté droit , tous deux se com-
muniquant par un sillon parcourant le bord
droit du pied. M. de Blainville lui-même
doute d'avoir bien vu les caractères de ce
genre, tant ils sortent de ceux qui distin-
guent tous les autres Mollusques terrestres
pulmonés. (Desh.)
LIMACIA. bot. ph.— Lour., syn. deGoo
culus, DC. — Dietr., syn. de Roumea, Poit.
LL\f ACIENS. moll. — Lamarck a pro-
posé cette famille pour y rassembler ceux
des Mollusques terrestres pulmobranches ,
qui, depuis les Limaces, établissent un pas-
sage bien évident avec le type des Hélices.
On voit, en effet, la coquille intérieure des
Limaces sortir peu à peu du manteau . se
développer successivement, et devenir eu fin
374
LIM
LIM
assez grande pour contenir l'animal entier,
comme cela a lieu dans les Hélices. Ce phé-
nomène se manifeste dans les genres Li-
mace , Parmacelle , Testacelle et Vitrine ,
auxquels nous renvoyons. (Desh.)
*LIMACINyE.MOLL. — M. Swainson,dans
son Traite de malacologie , a rassemblé
dans cette sous-famille la plupart des gen-
res que Lamarck réunit dans sa famille
des Limaciens. Cependant il existe de grandes
différences dans les rapports des genres entre
eux et dans leurs divisions en sous -genres.
C'est ainsi que M. Swainson admet dans la
sous- famille en question un genre Herpa,
qui n'est pas même un Mollusque. Quant
au genre Limax, il le partage en cinq sous-
genres, dans Tordre suivant : Limax, Arion,
Vaginula , Parmacella , Testacella. Les au-
tres genres de cette sous-famille sont ceux
connus sous le nom de Vitrina et Succinea,
auxquels il ajoute encore celui nommé Che-
nopus par M. Guilding ; ce dernier doit ren-
trer dans le type des Hélices. (Desh.)
LIMACINÉS. moll. —M. de Blainville,
dans son Traité de malacologie , n'a point
adopté la séparation profonde jetée par La-
marck entre deux groupes d'animaux mol-
lusques qui ont entre eux la plus grande
ressemblance. En conséquence des faits con-
nus sur l'organisation du type des Lima-
riens, de celui des Hélices, M. de Blainville
léunit en une seule famille, sous le nom de
Limacinés , tous les animaux qui respirent
l'air en nature, et qui vivent à la surface
des terres. M. de Blainville a disposé ces
taures dans l'ordre suivant : dans un pre-
mier groupe , sont les Ambrettes, les Buli-
tnes, les Agatbines, les Clausilies, les Mail^
lots , les Tomogères, et enfin les Hélices.
Dans le 2e groupe, se trouvent les genres
Vitrine, Testacelle, Parmacelle, Limacelle,
Limace et Onchidie. (Desh.)
LIMACIUM, Fr. bot. cr. — Voy. aga-
mcus. (LÉV.)
LIMACODES. ins. — Genre de l'ordre
des Lépidoptères nocturnes , tribu des Co-
chliopodes, établi par Latreille, et ne com-
prenant que 2 espèces (L. asellus et testudo),
qui habitent l'Europe , principalement la
France et l'Allemagne, où elles vivent sur
le Chêne et le Hêtre.
LIMACODIDES. Limacodides, Dup. ms.
— Syn. de Cochliopodes, Boisd.
LIMAÇON, moll. — Pour Adanson , ce
g. a beaucoup plus d'étendue que dans La-
marck et d'autres naturalistes modernes ;
car il réunit tous ceux des Mollusques ter-
restres qui ont une coquille plus ou moins
enroulée. (Desh.)
LIMANDE, poiss. — Espèce du genre
Pleuronecte. Voy. ce mot.
*LIMATODES. bot. pb.— Genre de la fa-
mille des Orchidées-Vandées , établi par
Blume {Bijdr., 375, flg. 62). Herbes de
Java. Voy. orchidées.
*LIMATULA. moll.— Quelques espèces
de Peigne ont été détachées sous ce nom
par Wood , sans que ce nouveau genre soi!
justifié par des caractères suffisants. Voy.
peigne. (Desh.)
LIMAX. moll. — Voy. limace.
LIMBE, bot. — Voy. calice et corolle.
LIMBILITE. min. — Voy. chusite et pé«
ridot.
LIMBORIA. bot.cr.— Genre de Lichens,
de la tribu des Limboriées, établi par Acha-
rius (Excl. sp.). Lichens des tropiques,
croissant sur les écorces d'arbres.
LIMBORIÉES. Limborieœ. bot. cr.—
Tribu de la grande famille des Lichens. Voy.
ce mot.
LIME. Lima. moll. — Linné avait partagé
son genre Huître en plusieurs groupes. L'un
d'eux, consacré à des coquilles régulières,
libres, à charnières auriculées , en a été sé-
paré sous le nom de Pecten , et c'est dans
cette section que Bruguière a trouvé un cer-
tain nombre d'espèces qu'il a réunies sous le
nom de Lime dans les planches de YEncy-
clopédie. Ce genre , indiqué d'une manière
précise par ce savant conchyliologiste, fut
adopté par Lamarck et caractérisé définiti-
vement par lui, dans son premier travail pu-
blié sur les coquilles. Depuis ce moment, le
genre Lime a été adopté dans toutes les
méthodes, mais tous les auteurs n'ont pas été
d'accord sur les rapports à lui imposer.
Quelques uns, s'attachant davantage à l'opi-
nion de Linné, voulurent conserver les Li-
mes dans la famille des Ostracés ; quelques
autres, Lamarck est du nombre, firent des
Peignes une famille particulière, sous le nom
de Pectinides, et y entraînèrent les Limes,
lesHoulettes,lesSpondyleset les Plicatules.
Cet arrangement est certainement préfé-
rable, car il met en rapport des animaui
LI1V
LIM
375
qui ont entre eux une très grande analogie,
tandis qu'ils diffèrent beaucoup plus des
Huîtres et des autres genres delà famille
des Ostracés. Toutes les méthodes aujour-
d'hui admettent sans exception le genre Lime
dans la famille des Pectinides.
Dans les premiers fascicules de son Mi-
nerai conchology, M. Sowerby proposa un g.
Plagiostome pour des coquilles fossiles, dont
h ne reconnut pas exactement les caractères.
i le genre , adopté et en partie rectifié par
Lamarck, dans le sixième volume de son
Histoire naturelle des animaux sans vertèbres,
a été successivement reproduit par tous les
conchyliologistes, jusqu'au moment où, par
de nouvelles observations, nous avons donné
la démonstration évidente que tous lesPla-
giostomes ont les caractères des Limes, ca-
ractères restés inaperçus par suite de cir-
constances fortuites, dépendant du mode de
fossilisation et de l'état spécial des premiers
échantillons examinés. M. Sowerby intro-
duisit, parmi lesPlagiostomes, une coquille
épineuse provenant du terrain crétacé; mais
un examen ultérieur nous a fait voir que
cette espèce dépendait du genre Spondyle
et en présentait tous les caractères. Il résulte
des observations que nous venons de rap-
porter, que le genre Plagiostome doit dispa-
raître complètement, et que la plus grande
partie de ces espèces rentrent dans le genre
Lime, d'autres dans le genre Spondyle.
Les Limes sont des Mollusques acéphales,
appartenant à la classe des Monomyaires;
leur coquille est longitudinale, très souvent
oblique. Quelques espèces, plus courtes, sont
subcirculaires ; leur forme se rapproche de
celle des Peignes ; presque toutes sont ornées
de côtes ou de stries longitudinales , hérissées
d'écaillés. Quelques espèces sont presque sy-
métriques, c'est-à-dire que les valves, étant
coupées longitudinalement, se trouveraient
composées de deux parties semblables. Géné-
ralement ces coquilles sont aplaties; le côté
supérieur ou dorsal est très court et il est
terminé par des crochets petits, aplatis,
triangulaires et opposés. En dedans, ces cro-
chets présententune surface cardinale, apla-
tie, plus ou moins prolongée, selon l'âge des
individus, formant deux plans obliques lors-
que les valves sont réunies. Le bord inférieur
est tout-à-fait lisse, simple, et il constitue le
bord cardinal; les valves sont réunies au
moyen d'un ligament assez épais, dont la
partie principale est logée dans une fossette
triangulaire qui commence au sommet des
crochets et se termine sur le bord cardinal.
Lorsque les valves d'une Lime sont encore
jointes par leur ligament, on s'aperçoit qu'el-
les ne sont point complètement fermées. Le
côté antérieur, souvent aplati, quelquefois
creusé et refoulé en dedans, est circonscrit.
en une sorte de lunule, au centre de laquelle
existe un bâillement pour le passage d'un
byssus ou celui du pied. Du côté postérieur,
les valves offrent aussi, dans la plupart des
espèces, un bâillement à peu près semblable
au premier, mais plus étroit. Dans celles des
Limes qui sont presque symétriques, les
valves sont plus rapprochées, plus exactement
fermées, et le bâillementantérieur est à peine
sensible; tandis que, dans un autre groupe
à valves très obliques, les bâillements sont
très grands. La surface intérieure est lisse,
polie, brillante, et l'on y aperçoit difficile-
ment les impressions que l'animal y a lais-
sées. Ces impressions consistent en une ligne
simple et circulaire , située très haut dans
l'intérieur des valves, et qui indique le point
d'attache du manteau. En arrière et en haut
se montre une impression musculaire circu-
laire ; vers les crochets existent quelques
petites impressions musculaires inégales,
donnant attache aux muscles transverses de
la masse viscérale.
Pendant longtemps l'animal de ce g. est
resté inconnu. MM. Quoy et Gaimard sont les
premiers qui en aient donné une figure pas-
sable dans le Voyage de l'Astrolabe. Depuis,
M. Délie Ghiaje, dans son Histoire des Inver-
tébrés de Naples, en a également fait figurer
une espèce de la Méditerranée, mais trop
imparfaitement pour valoir la peine d'en
parler. Ces animaux sont fort remarquables;
ils ressemblent a certains égards aux Peignes:
mais ils conservent des caractères propres,
à l'aide desquels le genre devra toujours être
conservé. Le manteau est très ample et son
bord est divisé en deux parties bien distinc-
tes : l'une,externe,vientdéborder la coquille ;
l'autre, interne, forme une espèce de large
voile, derrière lequel l'animal peut se cacher
presque entièrement. Sur la première partie
du bord s'attachent, en très grand nombre,
des tentacules flexibles, composés d'anneaux
assez larges , superposés et comparables au
376
LIM
LDI
tirage d'une lunette, comparaison d'autant
plus exacte que, dans leur allongement et
leur raccourcissement, il semble que ces di-
vers anneaux rentrent les uns dans les au-
nes, exactement comme on le fait d'une lu-
nette qu'on veut remettre dans son étui. La
bouche est située sur la face antérieure du
muscle adducteur des valves; elle n'est point
constituée de la même manière que dans les
Peignes et autres Mollusques de la même fa-
mille. En effet, les lèvres sont soudées entre
elles dans une grande partie deleur longueur,
et ne laissent d'ouverture que par les com-
missures, de sorte que la bouche est réelle-
ment fermée en avant et ouverte sur les côtés.
De chaque côté du corps, et toujours soutenu
par le muscle central, l'animal est pourvu
dune paire de grand feuillets branchiaux
très épais et très élégamment striés. C'est
entre ces feuillets, et attaché aune masse ab-
dominale peu considérable, que se trouve un
pied grêle et flexible qui, étant coudé vers
son extrémité, ne manque pas de ressem-
blance avec un pied de botte. On pourrait
aussi comparer ce pied avec celui des Lou-
pes, à cause de sa forme et de sa longueur.
Rien n'est plus singulier que la manière
de nager des Limes; elles ne vivent pas en-
foncées dans le sable; elles aiment les en-
droits rocailleux, les anfractuosités des ro-
chers, ou les cavités que laissent entre eux
les zoophytes ; elles nagent avec une grande
rapidité, en battant leurs valves l'une con-
tre l'autre, ce qui leur donne un mouve-
ment incertain , irrégulier, que l'on peut
comparer au vol des Papillons.
Les Limes habitent presque toutes les
mers; mais le nombre des espèces vivantes
actuellement connues est encore peu consi-
dérable. Lamarck en comptait six ; M. So-
werby, dans son Thésaurus conchyliorum ,
en a donné dix-huit. Sans exception, toutes
ces espèces sont blanches, à moins qu'elles
ne soient revêtues de leur épiderme jau-
nâtre. Les espèces fossiles sont infiniment
plus nombreuses, et sont répandues dans
presque tous les terrains de sédiment, de-
puis le terrain tertiaire jusque dans les ter-
rains de transition les plus anciens. Déjà
cent six sont inscrites dans les Catalogues,
et ce nombre s'accroîtra encore par les re-
cherches assidues des paléontologistes.
(Desh.)
*LIMEA. moll. — M. Brown , dans son
Catalogue des terrains tertiaires de V Italie ,
a proposé ce g.^ pour quelques espèces de
Peignes, mais il n'a point été adopté. Voy.
peigne. (Desh.)
LIME-BOIS. ins. — Nom vulgaire des
espèces du genre Lymexylon.
♦LIMÉES. Limeœ. bot. ph. — Tribu de la
famille des Phytolaccacées. Voy. ce mot.
LIMENITIS. ins. — Genre de l'ordre des
Lépidoptères diurnes , tribu des Nympha-
lides, établi par M. Boisduval aux dépens
des Nymphales. II renferme 4 espèces, ré-
parties en deux sections ainsi caractérisées :
1° ailes oblongues , gouttière anale peu pro-
noncée (g. Neptis, Fabr.) ; 2° ailes de forme
ordinaire , gouttière anale très prononcée
(g. Limenitis, Fabr.).
Les Limenitis ont reçu le nom vulgaire
de Sylvain (sylva, forêt), par suite de leur
séjour prolongé dans les allées sombres des
bois. On les trouve fréquemment dans tou-
tes les contrées de l'Europe. (J.)
LIMÉOLE. Limeum. bot. ph. — Genre
de la famille des Phytolaccacées, tribu des
Limées, établi par Linné (Gen. , n. 463).
Herbes ou sous-arbrisseaux de l'Afrique tro-
picale et du Cap. Voy. phytolaccacées.
LIMETTIER. bot. ph.— Voy. orangeu.
LIMEUM. bot. ph. — Voy. liméole.
*LIMICOLA, Leach. ois. —Genre établi
sur le Tôt. glottis , espèce du genre Cheva-
lier. (Z. G.)
*LIMICOLAIRE. Limicolaria. moll. —
M. Schumacher a proposé ce g. dans son
Essai d'une classification des coquilles, pour
quelques espèces de Bulimes , dont le kam-
beul d'Adanson peut donner une idée. Ce
groupe, intermédiaire entre les Agathines
et les Bulimes, ne peut être considéré comme
genre, ainsi qu'il a été dit aux articles bu-
lime et agathine, auxquels nous renvoyons.
(Desh.)
LIMICOLES. Limicolœ. ois. — Famille de
l'ordre des Échassiers établie par Illiger pour
des espèces à bec long, grêle, un peu arrondi,
droit ou arqué , à doigt postérieur court ou
élevé de terre, et n'y posant que sur le bout.
Cette division, qui renferme, pour Illiger,
les genres Courlis, Bécasse, Tringa et Tourne-
Pierre, comprend une portion des éléments
dont G. Cuvier a composé sa famille des
Longirostres. (Z. G.)
LIM
LIi\ÎICULA,Vieill.ois.— Syn.de Limosa.
VoiJ. BARGE. (Z. G.)
LIMIER, mam.— Nom particulier du Chien
qui sert au veneur à découvrir ou à détour-
ner le Cerf. Voy. chien. (E. D.)
LIMNACÉS , Blainv. moll. — Syn. de
Lymnéens, Lamk.
♦LIMNACIIME. moll.— Sous cette déno-
mination , M. Swainson a circonscrit la 5e
sous-famille de ses Helicidœ, qui correspond
à celle des Lymnéens de Lamarck , à la-
quelle M. Swainson a fait subir quelques
changements. Il y a introduit cinq genres :
Planorbis, Lymnœa, Physa, Potamophylla et
Ancillus. Voy. ces mots. (Desh.)
LIMNADIE. Limnadia (nom mythologi-
que), cbdst. — Genre de l'ordre desPhyllo-
podes, de la famille des Apusiens , établi
par M. Adolphe Brongniart , et adopté
par tous lescarcinologistes. Le test est com-
posé de deui valves ovalaires et transparen-
tes, réunies sur le dos, libres dans le reste
de leur contour, et formé par un grand pli
delà membrane tégumen taire. Le corps,
renfermé dans cette enveloppe , est allongé
et cylindracé ; la tête adhère à la carapace,
et présente, à sa partie antérieure, une pro-
tubérance contenant deux yeux très rappro-
chés l'un de l'autre. Les antennes sont au
nombre de quatre; celles de la première
paire, insérées de chaque côté d'une petite
crête frontale, sont simples, très petites, sé-
tacées, un peu renflées vers le bout et obscu-
rément multi-articulées; celles de la seconde
paire, insérées en dehors des précédentes,
sont, au contraire, très grandes, et se com-
posent chacune d'un gros pédoncule cylin-
drique, portant àses extrémités deux longues
branches sétacées et multi-artirmlées. La
bouche a la forme d'un bec dirigé en bas ,
et est armée de mandibules arquées et de
mâchoires foliacées. Le tronc est divisé en un
grand nombre d'anneaux (20 à 30), dont le
dernier forme une espèce de queue terminée
par deux filets divergents, et dont les autres
portent chacun une paire de pattes. Ces
pattes, au nombre de 18 à 27 paires, sont
membraneuses, étroites et allongées ; les
premières sont grandes, mais, vers l'extré-
mité postérieure du corps, elles deviennent
très petites. Chacune d'elles se compose de
trois branches: la branche interne, qui est
la plus développée et qui donne insertion aux
T. VII.
LIM
377
deux autres branches par sa partie basilaire,
est lamelleuse, divisée le long de son bord
interne en quatre lobes à bords ciliés et ter-
minés par une lanière également à bords ci-
liés ; la branche moyenne se compose d'une
foliole membraneuse recourbée vers le dos,
et la branche externe est représentée par un
appendice filiforme qui, aux pattes des on-
zième, douzième et treizième paires, devient
très long, et s'étend dans la cavité située
entre la face dorsale du thorax et le dessous du
test, et qui sert à donner attache aux cenfr.
Toutes les Limnadies observées jusqu'en
ces derniers temps étaient des femelles;
mais un naturaliste russe, M. Krynicki, vient
de découvrir des individus mâles et d'obser-
ver l'accouplement de ces animaux. Les
Limnadies se rencontrent dans les mares
d'eau douce; elles nagent sur le dos et d'une
manière continue en se servant de leurs
grandes antennes comme de rames. Ce genre
renferme trois espèces, dont la Limnadie
d'Hermann, Limnadia Hermannii Ad. Brong.,
peut être considérée comme le type de cette
singulière coupe générique. Cette espèce ha-
bite les petites flaques d'eau de la forêt de
Fontainebleau, et paraît être maintenant
assez rare. (H. L.)
*LIMNADIIDES. Limnadiidœ. chust. —
Nom employé par M. Burrneister ( Die or-
gan. der Tril.) pour désigner une famille de
l'ordre des Branchiopodes. (H. L.)
*LIMNL<ETES, Vig. ois.— Syn. de Mor-
phnus, Cuv. (Z. G.)
*l;mnai\thacées, limnanthêes.
Limnanthaceœ , Limnantheœ . bot. ph. —
Cette petite famille de plantes paraît se rap-
procher des Tropœolées , malgré la diffé-
rence de l'insertion, qui tend ici à la périgy-
nie. On peut en juger par ses caractères, qui
sont les suivants : Calice 3-5-parti, à pré-
floraison valvaire. Pétales en nombre égal
et alternes , à préfloraison tordue. Étamines
en nombre double , les oppositipétales plus
courtes et extérieures , filets libres , légè-
rement aplatis; anthères introrses , bilo-
culaires, s'ouvrant longitudinalement. Car-
pelles en nombre égal aux divisions calici-
nales, placés devant elles, contenant chacun
un ovule anatrope et dressé, liés entre eux
à la base par le style gynobasique; celui-ci
s'élevant du centre du réceptacle, simple,
excepté au sommet, au» se partage en 3-5
48
378
L1M
L1M
branches terminées chacune par un stigmate
aigu ou capité. Akènes quelquefois réduits
dans leur nombre par suite d'avortements,
à péricarpe coriace, légèrement charnu,
iisse ou tuberculeux. Dans chacun une
graine dressée, à test membraneux parcouru
par un raphé dorsal linéaire, à embryon
droit sans périsperme, dont les cotylédons
sont charnus, convexes-plans, la radicule
très courte et infère, la gemmule partagée
en deux folioles. Les espèces se rapportent
à deux genres seulement, le Floerlcea, W.,
et le Limnanthes, R. Br.; ce sont des plantes
herbacées et annuelles, habitant les marais
des régions tempérées de l'Amérique septen-
trionale; à saveur un peu acide; à feuilles
bnguement pétiolées, une ou deux fois pin-
naliûdes , dépourvues de stipules; à fleurs
solitaires à l'extrémité de pédoncules axil-
laires , de couleur blanche. Ce pédoncule ,
à son sommet, s'épaissit et s'évase en une
cupule qui semble former la base du calice,
et comme à cette base se soude l'anneau
court et fugace qui porte les pétales et les
ctamines, on peut conserver quelques doutes
sur la véritable nature de l'insertion. (Ad. J.)
LIMNANTHEMUM. bot. ph. — Syn. de
Limnanlhes.
LIMNANTHES ( Xljm , marais ; 5v6oç ,
fleur ). bot. pu. — Genre de la famille deé
Limnanthacées , établi par R. Brown (in
Lond. et Edinb. philosoph. Mad. et Journ.
July, 1833). Herbes marécageuses de la
Californie. Voy. limnanthacées.
*LIMNAS (At>vyj, marais), bot. ph. —
Genre de la famille des Graminées -Phala-
ridées, établi par Trinius (Fund., 116, t. 6).
Gramens de Kamtschatka. Voy. graminées.
*LIMNATIS , Moq. Tand. annél.— Syn.
de Bdella , Sav.
L1MNÉBIAIRES. ms. — Branche de la
famille des Hydrophiliens de Mul sa n t (Hist.
nat.des Coléopt. deFr.y Palpicornes, 1844,
p. 88) , ainsi caractérisée par l'auteur: Seg-
ments abdominaux au nombre de 7, dont
les deux derniers peu distinctement séparés
chez les mâles ; élytres tronquées à l'extré-
mité, débordées , du moins pendant la vie
de l'Insecte, par l'extrémité de l'abdomen.
(C)
*LIMNEBIUS OVvv), étang ; ff,o», je vis).
ins. — Genre de Coléoptères pentamères,
famille des Palpicornes, tribu des Limné •
biaires, créé par Leach ( Miscellany, t. III,
p. 93), et adopté parMulsant, qui le com-
pose de 4 espèces propres à la France, sa-
voir: L. truncatelius Th., papposus Muls.,
nitidus Marsh., et atomus Duf. (C.)
LIMNÉE. moll. — Voy. lymnée.
LIMNÉENS. moll. — Voy. lymnéens.
*LIMNEPHILUS (X/ftw», marais ; yftoç ,
qui aime), ins. — Genre de la tribu des
Phryganiens, de l'ordre des Névroptères ,
établi par Leach sur quelques espèces, dont
les jambes intermédiaires sont pourvues
d'un seul éperon vers le milieu. Les espèces
les plus répandues sont les L. vittatus Fabr. ,
rhombius Lin., aternarius Fabr., etc. (Bl.)
*LIMNESIA {lîpy/i, marais), aracu. —
M. Koch, dans son Système des Arachnides,
désigne sous ce nom un genre de l'ordre
des Ascarides qui comprend 30 espèces , et
qui n'apas été adopté par M. P. Gervaisdans
son Histoire naturelle des Insectes aptères ; ce
naturaliste semble, dans son travail, rappor-
ter cette nouvelle coupe générique à celle
des Hydrachna. Voy. ce mot. (H. L.)
LIMNETIS, Rich. bot. ph. — Syn. de
Spartina, Schreb.
LIMMA, Lin. bot. ph. —Syn. de Clay-
tonia, Lin.
*LIMl\IAS.Liînnias(),tVvyj,niarais).iNFDS.,
syst. — Genre proposé par Schrank et adopté
par M. Ehrenberg, en 1838 , pour une es-
pèce de Mélicerte ( M. biloba)t qui se dis-
tingue par le nombre des lobes ciliés de son
limbe, et par la structure du tube qu'elle
se fait en agglutinant des parcelles de ma-
tières terreuses. M. Dutrochet l'avait nom-
mée Rotifer confervicola , et M. Ehrenberg
l'avait laissée avec les Mélicertes avant de
reprendre le premier nom de Limnias cerato-
phylli,que lui avait imposé Schrank. Les tubes
ou fourreaux qu'habite ce Systolide sont
longs de 3/4 à 5/4 de millimètre, et sont en
conséquence bien visibles à l'œil nu sur les
feuilles des Cératophylles, des Myriophylles,
et des autres plantes aquatiques flottantes.
(DUJ.)
LIMNICHUS (AcVvvj, étang; ^eu'o, re-
chercher), ins. — Genre de Coléoptères penta-
mères , famille des Clavicornes , tribu des
Dermestins, proposé parZiegler, et adopté
par la plupart des entomologistes modernes.
7 à 8 espèces rentrent dans ce g.; 3 ou 4
appartiennent à l'Europe, 2 ou 3 à l'Ame-
LIM
LTM
379
rique septentrionale, et une est originaire
de la Nouvelle -Hollande. Nous citerons
comme en faisant partie les L. riparius, ame-
ricanusDej., sericeusDuf. etauslralis Erich.
Ce sont de très petits Insectes soyeux, qu'on
trouve au bord des eaux sur les plages sa-
blonneuses. (C.)
L1MNIUS, Illiger. ins. — Syn. d'Elmis.
Voy. ce mot. (C.)
*LIHI\OBATES,Burm.ms.— Syn.d'ify-
dromelra. (Bl.)
LIMNOBIA ( li'pvïj , marais ; 6ioq , vie ).
ins. — Genre de l'ordre des Diptères-Némo-
cères , famille des Tipulaires, Latr., établi
par Meigen et adopté par M. Macquart (7ns.
Dipt. , t. I, p. 101). Il est principalement
caractérisé par des antennes généralement
de seize articles ; ces articles sont globuleux
à partir du troisième , les derniers oblongs.
M. Macquart (loco citato) en décrit 29 es-
pèces d'Europe et ( Dipt. exot. ) 7 exoti-
ques. Nous citerons, parmi les premières ,
la Limnobia lutea, commune en France et
en Allemagne. (J.)
LIMNOBIUM (K,m), marais; ffi'oç, vie).
bot. ph. — Genre de la famille des Hydro-
charidées-Stratiotidées, établi par L.-G. Ri-
chard [in Mem. del'Inst., 1811). Herbes de
l'Amérique boréale. Voy. hydrochaiudées.
LIMNOCHABE. Limnocharis (lipy*,
marais; xap^'-- » Qui se plaît), abach. —
Genre de l'ordre des Acarides, établi par
Latreille, et dont les caractères peuvent être
ainsi présentés : Palpes faibles , filiformes,
à cinquième article unguiforme, petit; bec
cylindrique, allongé ; corps mou ; yeux rap-
prochés; hanches cachées sous la peau;
pieds ambulatoires, les antérieurs plus forts
que les postérieurs; larves terrestres, pa-
rasites, différant des adultes.
L'espèce type de ce genre est le Limno-
chare satiné, Limnocharis hoîosericea Roes.,
Acarus aquaticus Linné. Cette espèce , à
l'état de larve, va chercher sa subsistance
sur le Gerris lacuslris, Hémiptère fort com-
mun à la surface des eaux tranquilles. Ces
larves, très petites et d'un rouge vif, res-
semblent beaucoup à celle du Trombidium
phalangium. Parvenue à la grosseur de la
tête d'un camion , chaque larve se détache
et tombe dans l'eau, y marche comme au-
paravant, bien que ses pieds soient devenus
plus courts relativement à l'ampleur du
corps, et s'enfonce dans quelque anfractuo-
sité de pierre submergée, devient une nym-
phe immobile , et, au bout de seize jours ,
laisse éclore un fort petit Limnochare d'un
rouge éclatant, à huit pattes, et avec toutes
les formes apparentes de l'adulte. Celte es-
pèce n'est pas très rare en France, et sur-
tout dans les environs de Paris. (H. L.)
*LIMNOCHARIS (li'pvvi, étang; Xapi'etç,
qui se plaît ). rept. — Genre de G renouilles
proposé récemment par M. Bell (Voy. Bea~
gle, 1843). (E. D.)
LIMNOCHARIS (A^vu, marais; j^apûiç,
qui se plaît), bot. ph. — Genre de la famille
des Butomacées , établi par Humboldt et
Bonpland (PI. œquinoct., I, 116 , t. 34.)
Herbes de l'Amérique tropicale. Voy. buto-
macées.
*LIMNOCOCHLIDES.moll.— Latreille,
dans ses Familles naturelles , a partagé les
Gastéropodes pulmonés en plusieurs famil-
les. Celle-ci est du nombre , mais elle a le
désavantage de rassembler des animaux qui
n'ont pas entre eux l'analogie nécessaire
pour en constituer un groupe naturel. En
effet, dans cette famille, on trouve les gen-
res de la famille des Auriculés de M. de
Blainville, et ceux de la famille des Lym-
néens de Lamarck. Nous pensons qu'il est
préférable d'adopter les deux familles que
nous venons de mentionner. Voy. auricu-
lés et LYMNÉENS. (DESH.)
* LIMNODYTES ( %u , étang ; W-
tyjç , qui plonge ). rept. — Genre de Batra-
ciens anoures, de la famille des Hylœformes,
créé par MM. Duméril et Bibron (Erp. gen.,
VIII, 1841), et correspondant au groupe
des Hylarana de M. Tschudi. Les Limno-
dytes ne diffèrent des Grenouilles que par
le dessous de l'extrémité de leurs doigts et
de leurs orteils, dilaté en un disque circu-
laire, comme chez les Rainettes.
On ne connaît que 3 espèces de ce genre ;
2 proviennent de Java : ce sont les L. ery-
thrœus Dum. etBibr., et chalconotus Dum .
et Bibr. ; et une, le L. Waigiensis Dum. et
Bibr., a été trouvée par MM. Garnot et Les-
son dans l'île Waigiou. (E. D.)
LIMNOPEUCE , Taill. bot. ph. — Syn.
(VHippuris , Linn.
LIMNOPIHLA (Aip,wïf marais; 9l\oç,
qui aime), bot. ph. — Genre de la famille
des Scrophularinées-Gratiolées , établi par
380
LIM
LIM
R. Brown (Prodr., 442). Herbes de l'Asie
et de la Nouvelle-Hollande. Voy. scrophu-
LARÏNÉES.
*LÏMN0PHILA ( Vipv-n , marais ; <p?>a ,
qui aime), ins. — Genre de l'ordre des Di-
ptères némocères, famille des Tipulaires de
Latreille, établi par M. Macquart (Ins. dipt.,
t. I , p. 97) aux dépens des Limnobies de
Meigen, dont il se distingue principalement
par les antennes ayant leur premier article
allongé au lieu d'être cylindrique et court.
M. Macquart ( îoco citato ) en décrit
21 espèces d'Europe et (Dipt. exot. ) 2
exotiques, une du Bengale, l'autre de la
Caroline. Nous citerons , parmi les premiè-
res, la L. picta ( Tipula id. Fabr., Limno-
bia id. Meig.) , très commune en France,
dans les endroits marécageux. (J.)
*LIM1\0PHILE. Limnophila. moll. —
Troisième sous -ordre des Mollusques pul-
monés, proposé par M. Menke, dans son Sy-
nopsis molluscorum, pour une seule famille
correspondant aux Lymnéeus de Lamarck.
Déjà quelques zoologistes , et M. de Férus-
sac, entre autres, avaient senti la nécessité
de diviser les Mollusques pulmonés en plu-
sieurs grands groupes ; mais peut-être est-
il plus simple et par conséquent préférable
«le les partager en familles, sans élever d'un
degré de plus la valeur des divisions mé-
thodiques. Voy. PULMONÉS TERRESTRES et MOL-
LUSQUES. (Desh.)
LÏMNOPHILUS. ins.— Rectification or-
thographique du nom de Limnephilus, faite
par M. Burmeister (Handb. der entomol.).
(Bl.)
* LIMN0PH1IXS OVvvj, étang; cpQoç,
ami), rept. — Groupe formé par M. Gray
(Syst. rept., 1843) aux dépens des Grenouil-
les. Voy. ce mot. (E. D.)
♦LUMINOPHORE ()u'nvv>, marais ; yopo'ç,
penchant), ins. — Genrede l'ordre des Diptè-
res brachocères, famille des Musciens , tribu
des Muscides, établi par M. Macquart ( Ins.
dipt. t t. II , p. 309) , et différant des autres
genres de la même tribu par des antennes à
style cotonneux et un abdomen long.
L'auteur de ce genre y rapporte 13 espè-
ces , toutes d'Europe ; nous citerons prin-
cipalement la L. palustris, commune en
France, sur le bord des marais.
LIMNORÉE. polyp. — Voy. lymnorée.
LIMNORIE. Limnoria (nom mythologi-
que), crust. — Genre de l'ordre des Isopodes,
de la famille des Asellotes , de la tribu des
Asellotes homopodes , établi par Leach , et
généralement adopté. Le corps des Limnories
est allongé , convexe en dessus, et peu ré-
tréci vers les extrémités. La tête est large,
courte et bombée; les yeux sont petits, si-
tués sur les côtés, et dirigés en dehors. Les
antennes sont petites, cylindriques, courtes
et presque égales entre elles. La bouche est
proéminente, et armée de mandibules gar-
nies d'un appendice palpiforme; quant aux
mâchoires et aux pattes - mâchoires , leur
forme n'est pas bien connue. Le thorax se
compose de sept anneaux, dont les premier»
sont les plus grands. L'abdomen est de
même longueur que le thorax , et se com-
pose de six segments mobiles, dont les qua-
tre premiers sont très courts , et les deux
derniers très grands. Les pattes sont grêles,
cylindriques , et armées d'un ongle simple
et légèrement courbé , mais faible et peu
mobile. Chez la femelle, il existe à leur base
des appendices lamelleux , qui se relèvent
contre la face inférieure du thorax pour
constituer une poche ovifère. Les fausses
pattes branchiales sont disposées comme chez
les Cirolanes et les ^gas (voyez ces mots).
Les membres abdominaux de la dernière
paire portent chacun deux appendices styli-
formes, dont l'interne se compose de deux
articles, et l'externe de trois ou quatre. On
ne connaît encore qu'une seule espèce de ce
genre : c'est la Limnorie perforante, Limno-
ria terebrans Leach. Ce petit Crustacé a été
aperçu pour la première fois par un ingé-
nieur anglais, M. Stevenson, chargé de la
construction du phare de Bell -Rock. La
charpente provisoire, fixée au rocher et bai-
gnée par la mer , fut , dans l'espace d'une
seule saison , criblée de trous produits par
les Limnories; et de grosses poutres de
10 pouces d'équarrissage, employées dans la
même localité pour soutenir un chemin de
fer provisoire, furent, dans l'espace de trois
ans, réduites à 7 pouces par les ravages de
ces mêmes animaux. Depuis cette époque ,
on a constaté des dégâts analogues occasion-
nés par les Limnories sur plusieurs points
du littoral de la Grande-Bretagne, et no-
tamment au pont de Montrose, aux écluses
du canal deCrinan, à Leith, à Portpatrick,
à Dublin, etc. ; mais on n'a pas encore si»
LUI
LTM
381
gnalé Ta présence de cet animal sur nos cô-
tes. Les trous qu'il perce ont ordinaire-
ment un vingtième à un quinzième de pouce
anglais en diamètre, et près de 2 pouces de
profondeur; ces galeries sont cylindriques,
parfaitement lisses en dedans, et en général
tortueuses : elles peuvent être dirigées dans
tous les sens , mais le plus souvent elles se
portent de bas en haut. C'est avec ses man-
dibules que l'animal paraît ronger de la
sorte le bois dans lequel il se loge , car on
trouve son estomac rempli de matières li-
gneuses. Les bois les plus durs ne sont pas
à l'abri de ses attaques ; mais cependant il
détruit de préférence les couches les plus
tendres. (H. L.)
*LIMNORNIS. ois.— Genre de la famille
des Grimpereaux établi par Gould (Voy.
Beagle Zool. Birds, pi. 23) pour une espèce
qu'il nomme L. curvirostris. (Z. G.)
LIMOBIUS (>£c>a?, pré ; Sco'o, je vis ).
ins. — Genre de Coléoptères tétramères, fa-
mille des Curculionides gonatocères, division
c'es Molytides , créé par Schœnherr avec le
Phytonomus dissimilis de Herbst (Curculio)
duquel g. il se distingue par le funicule de
l'antenne, qui n'est composé que de 6 ar-
ticles seulement. (C.)
LIMODORUM (Wuv, prairie; Siïpov ,
don), bot. fh. — Genre de la famille des Or-
chidées-Ophrydées , établi par Tournefort
(Instit., 437). Herbes des régions centrales et
australes de l'Europe. Voy. orchidées.
LIMON, bot. ph. — Fruit du Limonier.
Voy. ORANGER.
LIMON, géol. — Voy. matière et ter-
rains.
*LIMONÉES. Limoneœ. bot. ph.— Tribu
<lela famille des Aurantiacées, qui comprend
le g. Limonia, et en reçoit son nom. (Ad. J.)
% LIMONIA (Utawvtoç, de prairie), bot. ph.
— Genre de la famille des Aurantiacées-Li-
monées, établi par Linné (Gen., n. 524). Ar-
bres ou arbrisseaux de l'Asie tropicale. Voy.
aurantiacées. — Gaertn., syn. de Phoberos,
Lour.
LIMONIER, bot. ph. — Voy. oranger.
LIMONITE. min.— Voy. ferhydroxtdé.
LIMONIUS ( àEipomoç , de prairie), ins.
— Genre de Coléoptères pentamères , fa-
mille des Sternoxes, tribu des Élatérides,
créé par Eschscho\li(Entomologisches archiv . ,
v. Th. Thon.; Iena, 1829, p. 83), et adopté
par Dejean ( Catat., 3e éd., p. 102), qui
en énumère24 espèces; 12 appartiennent à
l'Europe et 12 à l'Amérique septentrionale.
Parmi les premières, nous citerons comme
en faisant partie les El. minutus, Bructeri,
de F . , cylindricus et serraticornis de Pay-
kul. (C.)
*LIMOPSIS (lima, lime; &[»(;, aspect).
moll.— M. Sassi a proposé ce g. pour quel-
ques espèces de Pétoncles, qui, au lieu d'a-
voir le ligament sur toute la surface des cro-
chets, sont pourvus d'une fossette triangu-
laire comparable à celle des Limes. Rien ne
prouve que ce g. doive être adopté ; il fau-
drait que ces caractères de peu 'd'impor-
tance fussent appuyés sur ceux de l'animal.
Voy. pétoncle. (Desh.)
LIMOSA. ois.— Nom latin du g. Barge.
LIMOSELLA (limosa, limoneuse), bot. ph.
— Genre de la famille des Scrophularinées-
Véronicées, établi par Linné (Gen., n. 776).
Herbes de l'Europe. Voy. scrophularinées.
*LIMOSINÉES. Limosinœ. ois. — Sous-
famille de la famille des Scolopacidées, dans
laquelle G.-R. Gray (a List of the gen. )
réunit les genres Numenius (Courlis), Phœo-
pus (Corlieu), Limosa (Barge), Terekia,
Erolia (Erolie), Ibidorhyncha (Ibidorhyn-
que). (Z. G.)
LIMULE. Limulus (limus, limon). crust.
—Ce genre, qui a été établi par Muller, est
rangé par M. Mil ne-Edwards dans son His-
toire naturelle sur les Crustacés dans sa sous-
classe dec Xyphosures (voyezce mot). Leacta,
en adoptant ce genre, a réservé ce nom aux
espèces dont toutes les pattes sont chéli-
formes , et a formé un nouveau genre sous
le nom de Tachypleus, pour celles dont les
pieds antérieurs sont monodactyles; mais
on sait aujourd'hui que ce dernier caractère
ne se rencontre que chez les mâles de cer-
tains Limules, et ne coïncide pas avec d'au-
tres particularités de structure de quelque
importance, en sorte qu'il ne paraît pas
être une base suffisante pour l'établisse-
ment d'une division générique. Les espèces
qui composent ce genre sont au nombre
de 5, habitent la mer, et viennent quel-
quefois sur les plages sablonneuses; elles se
nourrissent de substances animales , et lors-
qu'elles sont à terre, elles s'enfoncent sou-
vent dans le sable pour se soustraire à l'in-
fluence de la chaleur du soleil qui les fait
382
LIN
LIN
périr promptement. On les trouve dans les
mers de l'Inde, du Japon, et dans l'Atlan-
tique, sur les côtes de l'Amérique septen-
trionale; mais elles ne paraissent pas s'éle-
ver au-delà du 44e degré de latitude Nord,
et semblent confinées à l'hémisphère boréal.
Le Limule des Moluques, Limulus molucca-
nus Clus. , peut être considéré comme le
type de ce genre singulier. (H. L.)
LIN. Linum. bot. ph. — Grand et beau
genre que l'on rangeait d'abord à la suite
des Caryophyllées , et pour lequel De Can-
dolle a établi plus tard la famille des Li-
nées, dans laquelle il se trouve encore seul
avec le très petit genre Radiola. Dans le
système sexuel de Linné , il appartient à la
pentandrie pentagynie. Le nombre des es-
pèces qui le composent aujourd'hui s'élève
à 100 environ. En effet, De Candolle en
avait décrit 54 dans le 1er volume du Pro-
dromus (pag. 423), et depuis cette époque,
Walpers en avait déjà relevé 38 nouvelles
dans ses deux premiers suppléments. Ce
sont des plantes herbacées ou sous-frutes-
centes qui se trouvent dans les parties tem-
pérées de toute la surface du globe, et quel-
ques unes, mais en petit nombre, dans les
régions intertropicales. Leurs feuilles sont
alternes, opposées ou verticillées, entières;
leurs fleurs sont jaunes, bleues, couleur de
chair ou blanches ; elles présentent l'organi-
sation suivante : leur symétrie est quinaire,
ce qui distingue du premier coup les Lins
du genre Radiola; le calice est à 5 sépales
■entiers ; la corolle à 5 pétales unguiculés ; les
staminés sont hypogynes, réunies entre elles
à leur base ou un peu monadelphes; sur
les 10 qui entrent dans l'organisation de
ia fleur, les 5 qui alternent avec les péta-
les sont seules fertiles ; elles présentent deux
glandes à leur base; les 5 autres qui sont
opposées aux pétales, sont dépourvues d'an-
thère, et réduites à l'état de simples dents ;
dans les 5 fertiles, le filet est aplati vers sa
base et subulé au sommet; l'anthère est in-
trorse et bi-loculaire. L'ovaire est à 3ou 5 lo-
ges,renfermant chacune deux ovules suspen-
dus.Les loges sontsubdiviséesendeux, d'une
manière plus ou moins complète , par une
fausse cloison verticale qui , partant de la
paroi ovarienne, vis-à-vis du style, s'avance
plus ou moins vers l'axe qu'elle atteint dans
certaines espèces du genre. Cet ovaire est
surmonté de 5 styles, fort rarement de 3-
Le fruit est une capsule plus ou moins glo-
buleuse, dont l'organisation intérieure et la
déhiscence varient assez , suivant le plus ou
moins de développement des fausses cloi-
sons ; en effet, quand celles-ci sont peu dé-
veloppées , il présente, comme l'ovaire , 3
ou 5 loges à deux graines ; il s'ouvre alors
par le sommet en 3-5 valves par déhiscence
septicide; mais quand les fausses cloisons
atteignent l'axe, et subdivisent chaque logo
en deux logettes , la capsule présente dix
cavités renfermant chacune une seule graine,
et se séparant à la maturité comme une co-
que indéhiscente.
Parmi les diverses espèces du genre Lin,
il en est une sur laquelle nous ne pouvons
nous dispenser de nous arrêter quelque
temps, à cause des produits importants
qu'elle fournit, et qui en font l'une des
plantes les plus utiles que nous possédions.
Cette espèce est le Lin commun, Linum usi-
tatissimum Lin. Sa tige est droite, cylin-
drique, glabre, rameuse dans sa partie su-
périeure seulement, haute de 5 ou 6 déci-
mètres; ses feuilles sont alternes, linéaires-
lancéolées , aiguës, un peu glauques; ses
fleurs sont d'un bleu clair, un peu grisâtre;
elles terminent les rameaux; leurs sépales
sont ovales, aigus, membraneux à leur bord,
marqués de trois nervures; leurs pétales
sont trois fois plus longs que le calice, légè-
rement crénelés. Le Lin commun est annuel :
il croît spontanément dans nos champs, mais
il est l'objet de cultures très importantes »
surtout dans le nord de la France , en Bel-
gique, dans certaines parties de l'Allema-
gne et de la Russie. Sa culture n'offre que
peu de difficultés. On le sème presque tou-
jours au printemps, excepté dans quelques
cas, et dans un petit nombre de localités où
les semis se font en automne avec la graine
de la variété connue sous le nom de Lm
d'hiver. Lorsqu'on désire surtout obtenir de.
bonnes graines , on sème clair et dans une
terre forte; lorsque le but qu'on se propose
est seulement d'obtenir de bonne filasse , on
choisit une terre légère, préalablement bien
préparée et ameublie , et le semis se fait
beaucoup plus dru. Les proportions de
graine employée dans ces divers cas varient
de 100 à 175 kilogrammes par hectare.
Après avoir hersé et passé le rouleau , ou
LIN
n'a plus d'autres soins à donner que quel-
ques sarclages, pendant que le plan est en-
core assez jeune pour le permettre. La ré-
colte se fait par arrachage, lorsque les tiges
et les capsules ont jauni ; on fait alors avec
les plantes de petites bottes qu'on dispose de
la manière la plus favorable pour leur des-
siccation; on sépare la graine soit en frois-
sant les extrémités des tiges avec la main, soit
en les battant avec précaution, soit enfin en
les faisant passer dans une sorte de râteau;
.jprès cela , pour obtenir la filasse , on pro-
cède à l'opération du rouissage
La filasse du Lin est fournie par les fibres
de son écorce , dissociées et isolées à l'aide
des opérations successives du rouissage , du
teillage et du peignage. C'est dans les ou-
vrages spéciaux qu'on doit chercher les dé-
tails relatifs à ces diverses opérations; nous
nous bornerons à rappeler ici que le rouis-
sage consiste dans la séjour des tiges du Lin
dans l'eau pure ou mêlée de diverses sub-
stances, ou bien sur un pré. Ce n'est là,
tomme on le voit, qu'une macération pro-
longée pendant assez longtemps pour ame-
ner, soit la séparation de l'écorce d'avec la
portion ligneuse, soit la désagrégation des
fibres qui constituent cette écorce elle-même.
Le teillage a pour objet d'enlever en le bri-
sant l'axe ligneux des tiges, de manière à
laisser isolée l'écorce ou la filasse, qui, sou-
mise plusieurs fois successivement à l'action
de peignes à dents de fer, de plus en plus
lins, isole de plus en plus ses fibres, et
donne ainsi des qualités de plus en plus fi-
nes. On distingue dans le commerce plusieurs
qualités de Lins préparés , caractérisées par
la finesse, la longueur et la nuance de leurs
brins. Les plus estimés sont ceux qu'on ob-
tient dans les environs de Lokeren , dont la
couleur est grise , dont le brin est très fin ,
doux et soyeux; au second rang se classent
les Lins blancs , qui viennent des environs
de Valenciennes ; ils proviennent des varié-
tés qu'on nomme Lins rames , qu'on est
obligé de soutenir, pendant qu'ils sont sur
1 ied, par des palissades à claire-voie; ceux-
ci sont moins fins et moins soyeux que la
qualité précédente; mais, en revanche, ils
sont plus résistants, à brins plus longs; leur
premier choix donne ce que l'on verse dans
le commerce sous le nom de Lin fin.
Quant aux Lins de Russie, ils forment une
LÏN
383
qualité inférieure qu'on n'emploie que pour
la fabrication des grosses toiles et des cor-
dages. Dans le commerce, on classe les di-
vers degrés de finesse du Lin par numéros
de 1 à 12 , dont les supérieurs répondent
aux plus beaux, ou par les lettres correspon-
dantes de A jusqu'à L, dont l'ordre alpha-
bétique indique l'ordre d'élévation des qua
lités. Toutle monde saitquelles sommes con • I
sidérables représentent pour certains pays,
particulièrement pour la Belgique et pour
nos départements du Nord et de la Bretagne,
la production des filasses du Lin et leur mise
en œuvre. On sait aussi que la filature de
cette précieuse matière textile, après avoir
été opérée seulement à la main , se fait au-
jourd'hui presque aussi bien à l'aide de l'in-
génieux procédé mécanique que le monde
industriel doit à Philippe de Girard.
La graine du Lin a également une grande
importance sous des points de vue et par des
produits entièrement divers. Tout entière,
elle sert, dans les pharmacies , pour conser-
ver le nitrate d'argent calciné ou la pierre
infernale; plusieurs observations ont même
montré que , par suite de ce simple contact,
elle se pénètre de cette substance énergi-
que, au point d'avoir produit des accidents
funestes sur des personnes qui l'avaient em-
ployée après qu'elle avait servi à cet usage.
Son tégument renferme en forte proportion
un mucilage usité dans un grand nombre de
circonstances; son amande contient environ
un cinquième de son poids d'une huile grasse
dont les usages industriels, économiques et
même médicinaux, sont nombreux et im-
portants; enfin cette même graine, réduite
en farine , joue encore en médecine un rôle
important.
Le mucilage existe dans la graine de Lin
dans la proportion d'environ l/6e du poids;
c'est un excellent émollient et adoucissant,
qu'on emploie, sous forme de décoction plus
ou moins chargée , en gargarismes, collyres,
injections, etc., pour toutes les inflamma-
tions du canal intestinal , des voies urinai-
rcs, etc. C'est encore un diurétique très
fréquemment employé. Sa décoction chargée
est épaisse et visqueuse. Sa composition a
été étudiée d'abord par Vauquelin, et plus
récemment par Meyer de Kœnigsberg; le
premier de ces chimistes avait reconnu
comme entrant dans sa composition : uoe
384
LIN
LIN
substance gommeuse , une substance ani-
male, de l'acide acétique libre, de l'acétate
de potasse et de chaux, du sulfate et de
Phydrochlorate de potasse , du phosphate de
potasse et de chaux , enfin une très petite
quantité de silice. Meyer lui a trouvé, de
son côté, la composition suivante : Mucus
avec acide acétique libre, acétate de chaux ,
phosphate de magnésie et de chaux, sulfate
et hydrochlorate de potasse,— 151,20;— ex-
tractif doux avec acide malique libre , ma-
late et sulfate de potasse , hydrochlorate de
soude , = 10S,84; — amidon avec hydro-
chlorate de chaux, sulfate de chaux et si-
lice, = 14,80; — cire, = 1,46; résine
molle, = 24,88; — matière colorante jaune-
orangée, analogue au tannin , = 6,26 ; —
id. avec hydrochlorate de chaux et de po-
tasse, nitrate de potasse,= 9,91 ; — gomme
avec beaucoup de chaux , s= 61,54 ; — al-
bumine végétale , = 27,88 ; — gluten, =
29,32; — huile grasse, =112,65; — ma-
tière colorante résineuse, = 5,50; — émul-
sion et coque , = 443,82. Total , 1000.
L'huile de Lin s'emploie en quantité pour
la peinture à l'huile; elle est modérément
siccative ; mais on la rend beaucoup plus
siccative par l'ébullition avec de la litharge
ou oxyde de plomb ; elle donne alors ce
qu'on nomme huile grasse, dont la dénomi-
nation est absolument impropre. Elle sert
à la fabrication de l'encre d'imprimerie.
Lorsqu'on en imprègne des tissus , elle les
revêt, en séchant, d'une couche qui les rend
imperméables à l'eau, ou, comme on le dit,
cirés; telles sont les toiles cirées. Si l'on
passe des couches successives de cette huile,
en les laissant sécher l'une après l'autre ,
sur un moule quelconque qu'on enlève en-
suite , on obtient les divers objets employés
en chirurgie, tels que sondes, etc., aux-
quels on donne fort improprement le nom
^d'instruments de caoutchouc. Dans quelques
jcas, on emploie l'huile de Lin en médecine;
'elle agit alors comme relâchante et même
purgative. Enfin elle est employée pour l'é-
clairage, et même, dans le nord de la
France , comme condiment dans la prépara-
tion des aliments. Pour obtenir cette huile,
on abandonne la graine de Lin pendant trois
ou quatre mois dans un lieu sec; on a re-
connu , en effet, qu'après avoir été ainsi
conservée quelque temps elle donne plus
d'huile que lorsqu'elle est encore toute fraî-
che. Cette graine est ensuite soumise à une
légère torréfaction dans des vases de terre ou
de cuivre , afin tle faire disparaître le mu-
cilage sec qui encroûte sa surface , et dont
l'effet serait d'empêcher la sortie de l'huile
et de faciliter son altération. Après ces opé-
rations préliminaires, on réduit la graine en
farine par l'action de la meule; après quoi
on soumet cette farine à une forte pression
enl'enfermantdansdessacs de toile. L'huile,
chassée par l'action de la presse , est reçue
dans des jarres , où elle se clarifie spontané-
ment par le repos.
La farine de graine de Lin est encore em-
ployée en quantité sous la forme de cata-
plasmes. Dans les laboratoires de chimie ,
elle sert à la préparation d'un lut ; enfin ,
dans certaines parties de l'Asie, on la mange
en la mêlant avec du miel. Elle est, du reste,
quelque peu nutritive, et elle a quelquefois
servi d'aliment pendant de grandes famines.
Parmi les autres espèces de Lin qui pré-
sentent encore quelque intérêt , nous nous
bornerons à mentionner les suivantes : Le
Lin vivace ou Lin de Sibérie, Linum perenne
Linn., dont on a essayé la culture dans ces
dernières années , et qui paraît devoir offrir
des avantages sous le rapport de sa durée ,
et aussi parce qu'il réussit assez bien dans
les terres maigres et sablonneuses; le Lin
c ath article , L. catharticum Linn., petite
espèce dont les diverses parties , et particu-
lièrement la graine, agissent comme purga-
tives. Elle est aujourd'hui inusitée en France ;
mais elle entre encore dans la pharmacopée
anglaise et danoise ; enfin quelques espèces
qu'on rencontre dans les jardins, cultivées
comme plantes d'ornement, comme les Lins
campanule et trigyne, l'un et l'autre à gran-
des fleurs jaunes , et le Lin sous-frutescent,
à jolies fleurs rosées. (P. D.)
On a donné vulgairement le nom de Lin
à des plantes bien différentes de celle dont
il vient d'être question. Ainsi l'on a fip-
pelé :
Lin d'Amérique, Y Agave americana;
Lin étoile , le Lysimachia stellata;
Lin de Lierre ou maudit , la Cuscute ;
Lin de marais ou de prés, lesÉriophores;
Lin de la Nouvelle-Zélande, le Phor-
mium tenax;
Lin maritime, les Fucus;
LIN
LIN
335
Lin sauvage, YAntirrhinwn pellisseria-
num.
LIN INCOMBUSTIBLE, min. —Un des
noms vulgaires de l'Asbeste ou Amianthe.
*LINA (lina, filets), ins. — Genre de Co-
léoptères subpentamères, tétramères de La-
treille, famille des Cycliques, tribu des
Chrysomélines, proposé par Mégerle, et
adopté par Dabi et Dejean, dans leurs Ca-
talogues respectifs. Le nombre d'espèces
rapportées à ce genre est de 25. 15 appar-
tiennent à l'Europe, 6 à l'Amérique, 3 à
l'Asie, et une est originaire d'Afrique (du
cap de Bonne-Espérance). Parmi les espèces
qu'on y comprend , nous citerons les sui-
vantes: Chrys. populi Lin., tremulœ , cu-
prea, œnea, Bulgharensis , Laponica, inter-
rupta , scripta , 20-punctata et collaris de
Fabr. (C.)
LINACÉES, LINÉES. Linaceœ, Lineœ.
bot. ph. — Famille de plantes dicotylédo-
nées , polypétales , hypogynes, réunie pri-
mitivement à la suite des Caryophyllées ,
dont on l'a depuis éloignée pour la rappro-
cher avec plus de raison des Géraniacées ,
dont M. A. de Saint-Hilaire l'a même con-
sidérée comme une simple tribu. Ses carac-
tères sont les suivants : Calice partagé jus-
que près de sa base en 4 divisions, plus
ordinairement jusqu'à sa base en 5 folioles
distinctes, imbriquées. Pétales en nombre
égal et alternes , plus longs que le calice ,
rétrécis en onglet inférieurement, à préflo-
raison tordue. Étamines en nombre égal, et
alternant avec les pétales, à filets tantôt li-
bres , tantôt et le plus ordinairement réu-
nis par leur base élargie en un petit anneau
hypogin, montrant souvent dans l'intervalle
de ces filets autant de petites dents, qui
sont les étamines oppositipétales avortées.
Anthères plus ou moins allongées, introrses,
à deux loges parallèles , s'ouvrant par une
fente longitudinale. Ovaire partagé intérieu-
rement en autant de loges qu'il y a de pé-
tales, plus rarement réduit à trois, surmonté
d'autant de styles filiformes terminés chacun
par un stigmate simple, allongé ou en tête;
dans chaque loge deux ovules pendants, col-
latéraux , séparés par l'interposition d'une
cloison s'avançant du dos de la loge. Cap-
sule à 3-5 loges, divisées chacune par ces
cloisons plus ou moins complètes en deux
logettes monospermes, se séparant par le
T. VII.
décollement latéral des carpelles en coques
bivalves. Graines pendantes , comprimées,
à test coriace et luisant, doublé d'une mem-
brane épaissequ'on décrit quelquefois comme
un périsperme, et qui enveloppe un embryon
droit ou légèrement arqué, à cotylédons
plans, à radicule courte et supère. Les es-
pèces sont des herbes annuelles ou vivaces
ou des sous-arbrisseaux, répandus dans les
régions tempérées de l'hémisphère boréal ,
en Europe, surtout autour de la Méditerra-
née et en Asie, rares dans l'hémisphère aus-
tral ou sous les tropiques. Leurs feuilles sont
alternes ou opposées, plus rarement verticil-
lées, simples, sessiles, linéaires, très en-
tières, sans stipules; leurs fleurs jaunes,
bleues, rosâtres ou blanches, simulant des co-
rymbesou des panicules terminales, mais of-
frant en réalité une inflorescence définie. Les
Lins sont utiles par leurs graines, dont le té-
gument, couvert d'un enduit mucilagineux,
se gonfle par l'eau et fournit un topique
émollient fréquemment employé ; ils le sont
surtout par la ténacité de leurs fibres cor-
ticales, dont on fait des fils et des tissus si
estimés. De là la culture du Lin usuel ( Li-
num usitatissimum) répandue si générale-
ment. La famille ne comprend que deux
genres : le Lintun, Dill. ( Reinwardtia , Du-
mort.), et le Radiola, Dill., tous deux con-
fondus dans un seul par Linné et les an-
ciens auteurs. (Ad. J.) ,
LINAGROSTIS , Lam. bot. ph. — Syn.
d' Eriophorum , Linn.
LINAIRE. Linaria {linearis, linéaire). bot.
ph. — Beau genre très nombreux de la famille
des Scrophularinées, tribu des Antirrhinées,
de la didynamie angiospermie dans le sys-
tème sexuel de Linné. Établi d'abord par
Tournefort, il avait été supprimé par Linné,
qui l'avait réuni aux Antirrhinum ; mais il a
été rétabli par A. L. de Jussieu, et adopté par
tous les botanistes modernes. Les plantes qui
le composent sont herbacées, rarement li-
gneuses, annuelles ou vivaces; leurs feuilles
sont alternes, soit sur toute la plante, soità sa
partie supérieure seulement, les inférieures
étant opposées et verticillées; leurs fleurs
sont accompagnées de bractées, tantôt so-
litaires à l'aisselle des feuilles, tantôt réu-
nies en épis; leur couleur est souvent jaune,
plus rarement blanche, purpurine, viola-
cée ou bleue. Chacune d'elles présente un
49
386
LIN
calice à 5 divisions profondes, dont les deux
inférieures sont écartées ; une corolle per-
sonée, dont le tube est renflé, et se prolonge
à sa base en un éperon qui va passer entre
les divisions inférieures et écartées du calice ;
dont le limbe a la lèvre supérieure bifide,
l'inférieure à trois lobes. Les étamines sont
au nombre de 4 , didynames. Le fruit est
une capsule ovoïde ou globuleuse, à 2 lo-
ges, s'ouvrant au sommet par deux trous,
renfermant des graines nombreuses, entou-
rées d'un rebord membraneux. Les Linaires
sont pour la plupart indigènes des parties
tempérées de l'hémisphère boréal, particu-
lièrement du bassin de la Méditerranée ; un
petit nombre se trouve aussi dans les ré-
gions tempérées de l'Amérique méridionale.
La Flore française en possède seule environ
30 espèces.
Les Linaires présentent accidentellement
un phénomène des plus remarquables, et
que nous ne pouvons nous dispenser de
rappeler ici; nous voulons parler de la ré-
gularisation de leur corolle, à laquelle Linné
a donné le nom de Peloriay pélorie (de ««-
)wp, monstre). Ce fait a été observé d'abord
en 1742 , en Suède , par Ziœberg ; il a été
l'objet d'une dissertation de Linné, qui se
trouve dans ses Amœnitates academicœ. Il
consiste en ce que la corolle des Linaires
devient régulière, tubulée, un peu resserrée
à l'orifice du tube ; qu'elle présente un limbe
plan, à 5 lobes égaux, et vers sa base, 5
éperons égaux entre eux, et semblables à
celui que présente la fleur ordinaire. Les
étamines ont subi également l'influence de
ce retour à la régularité; car au lieu de
4 didynames, on en observe 5 distinctes de
la corolle. Au milieu de cette étrange mo-
dification , Linné reconnut qu'il n'y avait
là autre chose qu'une monstruosité, ou pour
parler plus exactement, une régularisation
de la fleur ordinairement irrégulière de la
Linaire commune , et les raisons sur les-
quelles il appuya cette explication ont été
parfaitement justifiées par de nouvelles ob-
servations. Une particularité bien digne de
remarque, c'est que, lorsque les Linaires
péloriées donnent des graines fertiles, ce qui
n'a lieu que rarement, ces graines produi-
sent des plantes à fleurs également pélo-
riées , ainsi que l'a reconnu Wildenow. La
pélorie n'est quelquefois que partielle , c'est-
LIN
à-dire qu'elle ne se produit que sur quel-
ques-unes des fleurs d'un épi, de sorte que
celui-ci présente alors en même temps des
fleurs ordinaires irfégulières et des fleurs ré-
gularisées. Le phénomène remarquable de
la pélorie, observé d'abord chez la Linaire
commune, a été signalé chez des plantes ap-
partenant à d'autres genres.
L'espèce la plus connue et la plus com-
mune de ce genre est la Linaire commune ,
Linaria vulgaris Mœnch (Antirrhinum li-
naria Lin. ) , qui croît communément dans
les terrains incultes de presque toute l'Eu-
rope. Sa tige s'élève à 5-6 décimètres; elle
est droite, le plus souvent simple, portant
dans toute sa longueur des feuilles linéaires-
lancéolées, aiguës, glauques, nombreuses et
rapprochées ; ses fleurs sont grandes , d'un
jaune pâle, safranées à leur palais, réunies
en épis terminaux, allongés et assez grêles ;
les divisions du calice sont linéaires, aiguës,
plus courtes que la capsule; l'éperon est
aigu, presque droit.
Quelques autres espèces, soit indigènes,
soit étrangères à la France, sont cultivées
plus ou moins fréquemment pour l'orne-
ment des jardins; l'une des plus jolies est
la Linaire des Alpes, si commune dans les
Alpes et les Pyrénées, et qui se couvre pres-
que de fleurs d'un bleu violet dont le palais
est orangé. (P. D.)
LINARIA, Briss. ois.— Nom latin du g.
Linotte.
*LINARIA. helm. — Syn. de Lineus et
de Nemeites employé par Sowerby. (P. G.)
*LH\ARITE, Brooke. min.— Sulfate bleu
de Plomb et de Cuivre , de Linarès en Es-
pagne. Voy. PLOMB SULFATÉ. (DEL.)
LINCKIE. Linckia (nom propre), échin.
— Genre d'Astéroïdes établi d'abord par
M. Nardo , en 1834 , pour les espèces
à corps en étoile , à rayons tuberculeux
et allongés, montrant la peau poreuse dans
les intervalles des tubercules, telles sont les
Astéries variolée et milléporelle. MM. Mûl-
1er et Troschel ont d'abord adopté ce genre, \
enle réduisant à ne contenir que les espèces i
dont les bras sont aplatis et entièrement re-
vêtus de plaques granulées, lesquelles for-
ment deux rangées sur les bords, et laissent
voir des pores isolés dans les intervalles. Les
Linckies ont un anus subcentral et sont dé-
pourvues de pédicellaires; elles font partie de
LIN
LIN
387
la deuxième famille des Astéries, ayant deux
rangées de tentacules le long du sillon ven-
tral. Le genre Lincltia a cependant été dif-
féremment circonscrit par M. Gray, et les
précédentes Linclcia ont été nommées Scy-
taster. Voy. ce mot. (Duj.)
LINCONÏA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Bruniacées , établi par Linné
(Mant., 148). Sous-arbrisseaux du Cap. Voy.
BRUNIACÉES.
*LINDAKERIA (nom propre), bot. ph.
— Genre de la famille des Bixacées-Bixinées
établi par Presl (in Reliq. Hœnk., II, 89,
t. 65). Arbres ou arbrisseaux du Mexique.
Voy. BIXACÉES.
*LINDENBERGIA (nom propre), bot. ph.
— Genre de la famille des Scropbularinées-
Gratiolées, établi par Link et Otto (le. sé-
lect., 95). Herbes de l'Asie tropicale et sub-
tropicale. Voy. SCROPHULARINÉES.
*LINDENIUS. ins. — Genre de la tribu
des Crabroniens, de l'ordre des Hyménoptè-
res, établi aux dépens du genre Crabro par
MM. Lepeletier de Saint-Fargeau et Brullé.
Le type de cette division est leL. armatus
St-Farg. et Brull., assez commun aux envi-
rons de Paris. (Bl.)
LINDERNIA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Scrophularinées-Gratiolées, établi
par Allioni ( Pedemont. , III , 178 , t. 5 ).
Herbes de l'Europe centrale. Voy. scropho-
LARINÉES.
LINDLEYA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Rosacées-Quillajées,
établi parH.-B. Kunth (inHumb. et Bonpl.
Nov. gen. et sp., VI, 240, t. 562). Arbres
du Mexique. Voy. rosacées. — Nées, syn.
de Laplacea, H. B. K.
LINDS.EA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Polypodiacées-Poly-
podiées, établi par Dryander (inLinn. Tran-
sact.y III, 39, t. 7). Fougères croissant dans
les régions tropicales du globe. Voy. poly-
podiacees.
LINÉAIRE. Linearis. zool. , bot. — On
applique généralement ce nom à toute partie
d'un animal ou d'une plante disposée en
1 forme de ligne (Ex. : antennes linéaires,
leuilles linéaires , etc. ).
LINEES. bot. ph. — Voy. linacées.
LINETTE. poiss. — Nom vulgaire d'une
espèce de Trigle , le T. hirundo. Voyez
trigle,
EINEUS , Dav. et Sow. helm. — Syn. de
Nemerles, Cuv.
LINGUATULE. Lingualula. helm. —
Voy. pentastome.
LINGUELLE, Blainv. moll.— Syn. d«
Diphyllie, Cuv. (Desh.)
LINGULE. Linyula(lingula, languette). '
moll. — Avant l'institution de ce genre par
Bruguière, dans les planches de l'Encyclopé-
die, ces coquilles avaient été mentionnées et
figurées dans plusieurs ouvrages antérieurs.
Seba, par exemple, en donne une figure com-
plète dans son Muséum ; mais cette figure,
sans doute oubliée , n'a pas empêché que la
plupartdes naturalistes méconnussent les vé-
ritables caractères de ces coquilles. En effet,
Linné, qui probablement ne connut qu'une
valve détachée, la range parmi les Patelles,
sous le nom de Patella unguis. Schroeter,
Gmelin et quelques autres auteurs métho-
distes ont adopté sans examen l'opinion lin-
néenne. Chemnitz , dans le Naturforschere,
ainsi que dans son grand ouvrage de conchy-
liologie, ayant vu la Lingule complète, dé-
montra la fausseté de l'opinion de Linné et
proposa de placer la coquille bivalve en
question dans le g. Pinna. Cet arrangement
de Chemnitz était sans doute préférable à
celui de Linné ; mais il ne pouvait être dé-
finitif, puisque la coquille de la Lingule est
portée sur un pédicule qui n'existe point
dans les espèces du g. Pinna. Nous ne par-
lerons pas de l'opinion de Meuschen , qui
range les Lingules parmi les Anatifes , et
nous arriverons au moment de la publica-
tion des planches de l'Encyclopédie , dans
lesquelles Bruguière propose le g. Lingule
pour la première fois , sans le caractériser.
Dès ses premiers travaux, Lamarck , en
adoptant ce genre , le caractérisa et le mit
en rapport avec les Calcéoles, les Orbicules
et les Térébratules. Jusqu'alors on ne con-
naissait pas l'organisation de l'animal de ce
genre ; Cuvier, le premier, publia à son su-
jet un mémoire anatomique très intéressant,
que l'on trouve dans les premiers volumes
des Mémoires du Muséum. Comme consé-
quence de ses recherches , Cuvier fait voir
la nécessité de créer une classe à part pour
ce Mollusque bivalve , d'une organisation
très différente de celle des autres acéphales.
Bientôt après, dans sa Philosophie zoologi-
que, Lamarck, suivant les indications de
383
LIN
Cuvier, proposa la famille des Brachiopodes
{voy. ce mot), dans laquelle il fît entrer les
trois genres Orbicule , Lingule et Térébra-
tule. Les Brachiopodes furent introduits
dans toutes les méthodes , où ils subirent
quelques changements rendus nécessaires
par les progrès de la science ; mais le genre
Lingule resta tel qu'il avait été institué par
Lamarck , et ses caractères peuvent être ex-
primés de la manière suivante :
Coquille longitudinale, équivalve, équi-
latérale, mince, fragile, tronquée à l'extré-
mité antérieure , terminée postérieurement
en crochets pointus, droits, médians, embras-
sés par un pédicule tendineux, cylindracé-co-
nique, plus long que la coquille, et se fixant
aux corps sous-marins ; en dedans, les val-
ves présentent une impression palléale peu
nette , à l'intérieur de laquelle il existe trois
impressions musculaires sur la valve droite
et quatre sur la gauche ; l'une de ces im-
pressions est dans la profondeur des cro-
chets.
L'animal est pair et symétrique dans
presque toutes ses parties; le manteau est
divisé en deux lobes égaux ; l'un de ces lo-
bes couvre le côté dorsal , et l'autre le côté
ventral de l'animal ; ils contiennent dans
leur épaisseur les organes branchiaux, sous
formes de stries obliques, aboutissant aux
quatre vaisseaux branchiaux. En soulevant
et en renversant en arrière l'un des lobes du
manteau , on trouve au-dessous de lui et au
centre de l'animal une sorte de mu ffle court,
percé au centre par l'ouverture de la bou-
che. Cette partie est garnie en dessus et
en dessous de lèvres ciliées transverses, qui,
au lieu de se continuer en palpes labiaux ,
comme dans les autres Mollusques acépha-
les, se prolongent en deux longs bras ciliés,
que l'animal fait sortir de sa coquille , et
qu'il y fait rentrer en spirale. Comme il
n'existe aucune trace du pied des Mollus-
ques acéphales proprement dits , la plupart
des zoologistes ont considéré les bras ciliés
dont nous venons de parler comme des or-
ganes de mouvement, ce qui a valu aux
animaux en question le nom de Brachiopo-
des, qui leur est consacré. De la bouche
part un œsophage court, quibientôtse dilate
à peine en un estomac allongé qui se con-
tinue sans interruption avec l'intestin; ce-
lui-ci reste à peu près uniforme dans son
LIN
diamètre ; il fait plusieurs circonvolutions
dans le foie , en se plaçant dans les inter-
valles des muscles des valves, et vient abou-
tir au côté gauche de l'animal, descend jus-
qu'à la commissure du manteau, où il se
termine en une petite perforation. Les or-
ganes de la circulation sont doubles, c'est-
à-dire qu'un cœur existe de chaque côté ,
qu'il reçoit par son extrémité des vaisseaux
branchiaux , pour répartir ensuite le fluide
nourricier dans la masse des viscères , au
moyen des artères. D'après les observations
récemment publiées par M. Owen, les vei-
nes ne seraient point en continuité avec les
artères ; les deux systèmes vasculaires lais-
seraient entre eux des lacunes étendues,
dans lesquelles le sang viendrait s'épancher
pour favoriser la nutrition des organes. Les
muscles sont plus nombreux que dans les
autres acéphales ; ils se rendent oblique-
ment d'une valve à l'autre, et sont ras-
semblés vers leur centre; le muscle qui
s'insère sur le côté droit de la valve gau-
che, par exemple , se dirige obliquement
pour se fixer au côté gauche de la valve
droite. Les deux muscles fixés dans les cro-
chets sont destinés à soutenir le pédicule
corné, auquel les valves sont attachées; ce
pédicule est creux, et chez ceux des indivi-
dus que nous avons vus , il nous a paru
contenir des parties considérables de l'o-
vaire. Cuvier avait considéré comme une
glande salivaire une portion glanduleuse
couvrant l'estomac; d'après M. Owen , Cu-
vier aurait été trompé par une différence de
couleur, et la glande en question serait une
dépendance du foie.
L'animal des Lingules n'est pas placé en-
tre les valves de la même manière que les
autres Mollusques acéphales ; il n'a pas une
valve droite et une gauche , car le dos de
l'animal est dans l'une de ces valves, le
ventre dans l'autre. En cela, il ressemble à
l'animal des Térébratules et des autres Bra-
chiopodes : seulement, comme les valves
sont parfaitement égales , il est difficile de
distinguer la supérieure de l'inférieure.
Les Lingules sont des Mollusques propres
aux mers chaudes de l'Inde et de l'Amérique
méridionale ; on a cru longtemps qu'ils vi-
vaient attachés par groupes aux rochers, à
peu près de la même manière que les Ana-
tifes ; mais, d'après les observations récen-
LIN
LIN
389
tes de M. Cuming, les Lingulessont enfon-
cées dans le sable des rivages, à une faible
profondeur dans la mer : elles peuvent même
habiter dans des sables découverts par la
marée , ce qui permet de les rechercher et
de les recueillir quelquefois avec assez d'a-
bondance pour être vendues sur les mar-
chés. Pendant longtemps , on n'en connut
qu'une seule espèce. La monographie, ré-
cemment publiée par M. Sowerby, dans le
Thésaurus conchyliorum, porte à 7 le nom-
bre des espèces actuellement connues. Ce
g. est également répandu à l'état fossile
dans différents terrains, et ce qui est re-
marquable, c'est qu'il n'a point été men-
tionné jusqu'ici dans les terrains tertiaires;
les terrains secondaires sont ceux qui en
contiennent le plus, et l'on en cite jusqu'à
10 espèces; mais aucune n'est aussi grande
que la plupart de celles qui vivent actuelle-
ment. (Desh.)
*LINGl)LES. moll.— M. Rang, dans son
Manuel de conchyliologie , a établi sous ce
nom une famille pour le seul genre Lin-
gule. Déjà Latreille, dans ses Familles natu-
relles du règne animal, avait proposé un
groupe semblable parmi les Brachiopodes,
sous le nom de Pédoncules équivalves. Voy.
DRACHI0P0DES, LINGULE et MOLLUSQUES. (DESH.)
*LINISCUS (W<rxoç, fil), helm. — Genre
d'Helminthes parasites établi par M. Dujar-
din ( Helminthes , p. 29 ) pour une espèce
voisine des Trichosomes , qui est parasite
de la Musaraigne carrelet : c'est leLiniscus
exilis. (P. G.)
LIXKIA, Cavan. bot. ph. — Syn. de
Persoonia, Smith. — Pers., syn. de Des-
fontainea , Ruiz et Pav.
LINN-EA (nom propre), bot. ph. — Genre
de la famille desLonicérées(Gaprifoliacées),
établi par Gronovius (in Linn. gen.,n. 774).
Herbes des régions boréales du globe. Voy.
CAPRIFOLIACÉES.
LIIVOCIERA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Oléacées - Oléinées , établi par
Swartz (Flor. Ind. occident., I, 74). Arbres
ou arbrisseaux de l'Amérique et de l'Asie
tropicale. Voy. oléacées.
*LINOPODE O'vov, fil; wov«, pied).
abacu. — Genre de l'ordre des Acarides et
delà famille des Trombidides, établi par
M. Koch ; cette nouvelle coupe générique ,
qui comprend une douzaine d'espèces, n'a
pas été adoptée par M. P. Gervais dans son
Histoire naturelle des Insectes aptères ; il
la rapporte à celle des Trombidium. Voy. ce
mot. (H. L.)
*LINOSTIGMA (Kvov , fil; «Ti'y/ut, stig-
mate), bot. ph. — Genre de la famille des
Géraniacées? , établi par Klotsch {inLinnœa,
X, 438). Herbes du Brésil méridional.
*LII\OSTOMA (Xivov, lin; »«>(*, ou-
verture), bot. ph. — Genre de la famille des
Daphnoïdées, établi par Wallich (Catalog.,
n" 4203). Arbrisseaux de l'Inde. Voy. daph-
noïdées.
LIKOSI'RIS (Xtvov, fil; ovpot, tige), bot.
ph. — Genre de la famille des Composées-
Astéroïdées, établi par Lobel (Histor., 223).
Herbes de l'Europe et de l'Asie boréale.
Voy. COMPOSÉES.
*LINOTRITO]V. rept. — M. Bell dési-
gne sous celte dénomination une division
du genre Salamandre. Voy. ce mot. (E. D.)
LINOTTE. Linaria (qui aime la graine de
lin), ois. — Par suite des réformes introduites
dans les méthodes ornithologiques, réformes
dont un des principaux résultats a été la
création d'un nombre considérable de genres
nouveaux, beaucoup de noms d'espèces sont
devenus des dénominations génériques :
ainsi le mot Linotte , que l'on avait toujours
affecté à l'une des nombreuses espèces des
Fringillœ de Linné, a pris chez les auteurs
modernes une signification plus étendue, en
devenant le titre d'un genre particulier, qui
a pour type l'espèce même à laquelle ce nom
de L'notte était spécialement donné.
Bechstein, si je ne me trompe, est le pre-
mier qui ait proposé d'introduire cette coupe
dans le genre Fringilla. Quelques ornitholo-
gistes, après lui, voulant rester fidèles à la
classification de Linné, ont repoussé les mo-
difications qui tendaient à altérer cette clas-
sification ; mais bon nombre d'autres auteurs,
parmi lesquels je citerai G. Cuvier, se sont
empressés de reconnaître la distinction que
Bechstein avait établie entre les Linottes et
les autres espèces avec lesquelles on les avait
confondues. Aujourd'hui ce genre paraît dé-
finitivement admis et accepté. Boié, Brehm ,
Ch. Bonaparte, G.-R. Gray, et beaucoup
d'autres naturalistes l'ont inséré dans leurs
divers travaux ornithologiques.
On reconnaît aux Linottes un bec parfaite-
ment conique, court, sans renflement à la
390
LIN
LIN
base ni sur aucun point de son étendue. Ces
caractères physiques, les seuls que l'on puisse
mettre en relief, seraient, il faut en conve-
nir, très insuffisants pour autoriser la distinc-
tion que l'on a voulu établir entre ces oiseaux
et les autres espèces de la famille des Frin-
gilles (Conirostres de G. Cuvier), si ici on
n'avait pris en considération les circonstances
de mœurs et d'habitudes. En effet, sous ce
rapport, les Linottes se distinguent assuré-
ment des Moineaux, des Veuves, des Pinsons,
dont elles étaient les congénères.
Les Linottes , comme les Chardonnerets,
avec lesquels elles ont les plus grandes affi-
nités , ont un instinct de sociabilité déve-
loppé à un très haut degré. Elles ne vivent
dans l'isolement qu'à l'époque de la repro
duction , c'est-à-dire depuis avril jusqu'à la
fin de juillet. Le reste de l'année , on les
rencontre rassemblées par troupes plus ou
moins nombreuses. Non seulement tous les
individus provenant de la même nichée de-
meurent réunis, mais encore toutes les fa-
milles que nourrit un canton s'attroupent
vers la fin de l'été, en septembre ordinaire-
ment , pour voyager en compagnie les unes
des autres. Après l'époque des migrations,
lorsqu'elles se sont cantonnées, c'est-à-dire
lorsqu'elles ont fait choix d'une localité qui
puisse leur offrir pendant quelque temps
une nourriture facile et appropriée à leurs
goûts, les Linottes forment alors des bandes
vraiment prodigieuses. L'été, ces oiseaux se
tiennent sur les lisières des bois, des gran-
des forêts, et généralement dans les halliers,
les haies et les buissons ; l'hiver, ils descen-
dent dans les plaines et les lieux découverts
et cultivés. Les Linottes offrent ceci de parti-
culier que l'hiver, et surtout s'il fait grand
froid , elles volent très serrées , très rap-
prochées les unes des autres ; elles se pe-
lotonnent , comme on dit en terme d'oisel-
lerie. Elles ont aussi pour habitudes com-
munes de s'abattre, de s'élever toutes en-
semble , et de se poser, lorsqu'elles le peu-
vent , à la cime du même arbre. La nuit ,
elles gagnent les bois , et choisissent pour
asile les arbres dont les feuilles, quoique
sèches , ne sont pas encore tombées. Leur vol
est suivi, et ne s'exécute pas par élans répétés,
comme celui des Moineaux. Posçes à terre ,
elles avancent au moyen de petits sauts.
Les Linottes, qu'un besoin commun avait
réunies , se séparent par couples , quand
vient le printemps. Biles vont vaquer aux
soins de la reproduction. Ordinairement
elles font deux pontes par an , quelquefois
trois. Les mâles ne partagent ni le travail
de la nidification , ni les fonctions pénibles
de l'incubation; mais ils sont remplis d'at-
tention pour leurs femelles, et leur appor-
tent à manger. Les petits sont nourris dans
le nid jusqu'à ce qu'ils aient acquis assez
de forces pour prendre leur volée : le père
et la mère leur dégorgent dans le bec des
graines préalablement triturées et en voie
de décomposition par suite du séjour que
ces graines font dans leur jabot.
La plupart des Linottes chantent très
agréablement, et le printemps est l'époque
où leur chant a le plus d'éclat ; mais de
toutes, celle qui a servi de type au genre,
est, sans contredit, l'espèce la plus recom-
mandable par la beauté de sa voix. Le chant
de celle-ci ne cesse qu'à la mue; il est écla-
tant, flûte, varié, et son gosier se ploie fa-
cilement aux différents airs qu'on veut lui
enseigner. Ces brillantes qualités, réunies a
un naturel docile et susceptible d'attache-
ment, la fon* rechercher comme oiseau de
volière. Elle s'habitue si bien à la capti-
vité qu'on peut la conserver dix ou douze
ans en cage : Sonnini cite un individu qui
vécut ainsi quatorze ans.
Les Linottes font leur principale nourri-
ture de jeunes graines de Lin, de Navette,
de Chanvre. Ce régime n'est pourtant pas
exclusif, car pendant l'hiver ces oiseaux s'at-
taquent à toutes les graines qui peuvent leur
fournir un aliment quelconque; ils ébour-
geonnent même, ainsi que le font la plupart
des Fringilles, tels que les Bouvreuils, les
Tarins, etc., les Peupliers, les Tilleuls et les
Bouleaux.
Le genre Linotte a des représentants dans
les deux continents, mais l'Europe paraît en
posséder plus que l'Amérique; du moins des
espèces actuellement connues, le plus grand
nombre appartient à l'ancien continent.
Le plumage de ces oiseaux est susceptible
de varier accidentellement : le mélanisme et
l'albinisme total ou partiel sont les variétés
les plus fréquentes que l'on ait observées.
On trouve encore des individus à plumage
isabelle; mais, indépendamment de ces va-
riétés accidentelles, les Linottes, et surtout
LIN
l'espèce type, se présentent encore sous une
livrée différente, selon les saisons; ce qui a
occasionné des erreurs, en donnant lieu à de
doubles emplois.
Parmi les espèces du genre Linotte, nous
nous bornerons à mentionner ici celles qui
sont parfaitement connues et déterminées,
et plus particulièrement les espèces d'Eu-
rope.
1 . La Linotte ordinaire ou des vignes ,
Lin. cannabina , Fr. cannabina Lin. (Buff.,
pi. enl., 485 et 151, fig. 1, 2). Frontet poi-
trine rouges au printemps; gorge blanchâ-
tre grivelée; bec noirâtre; rémiges primaires
largement bordées de blanc; tectrices alaires
unicolores. — Habite la France, l'Angleterre,
l'Italie, l'Allemagne, les provinces méridio-
nales de la Russie et la Grèce. Partout elle
est commune.
2. La Linotte de montagne ou a bec jaune,
L. montium, Fr. montium Linn. , flaviros-
tris Pallas (Vieill., Faun. fr., pi. 39, fig. 1).
Bec jaune; croupion d'un brun rouge dans
le mâle; une seule bande blanche à l'extré-
mité des grandes tectrices alaires. — Habite
les contrées arctiques de l'ancien continent.
Commun en Ecosse, en Norwége et en Suède ;
de passage annuel en Allemagne et en
France.
3. La Linotte cabaret, L. rufescens, Fr.
Unaria Linn. Plumage généralement rous-
sâtre; dessus de la tête d'un rouge cramoisi;
gorge noire; poitrine et croupion d'un rouge
clair; sur cette dernière partie se mon-
trent des traits bruns. — Habite les con-
trées du cercle arctique , les pays tempérés
de l'Europe et l'Amérique du Nord. De
passage régulier en France.
4. La Linotte sizerin ou boréale, L. ca-
nescens, Fr. borealis Temm.(Gould, Birds
of Europe, vol. III). Plumage généralement
blanchâtre; dessus de la tête et front d'un
rouge sanguin ; croupion d'un rouge rose au
printemps, d'un blanc pur l'hiver. — Habite
le nord de l'Europe et l'Amérique septen-
trionale; très accidentellement de passage
en France.
Savi, d'après Ch. Bonaparte (Birds of
Europe and North America), aurait reconnu,
sous le nom de Fr. borealis, une espèce dis-
tincte du Fr. canescens. Il nous est difficile
de dire jusqu'à quel point cette distinc-
tion est fondée. Peut-être bien le Fr. bo-
LIN
m
realis de Savi n'a-t-il été créé que sur un
Fr. canescens en plumage de noces.
Il est également difficile de dire si l'espèce
du nord de l'Europe dont Gould a fait une
Linotte, sous le nom de Lin. brevirostris ,
se rapporte réellement à ce genre.
Des espèces étrangères à l'ancien conti-
nent, la seule que l'on ait considérée jus-
qu'à ce jour avec certitude, comme étant
une Linotte, est la Fr. pusilla de Wilson ,
oiseau qui habite les États-Unis. (Z. G.)
♦LIIXSANG. mam. — Groupe de Carnivo-
res Viverriens, d'après M. Mûller ( Verhandl. ,
I, 1829). (E. D.)
LIASCOTIA, Adans. bot. ph. — Syn. de
Limeum, Linn.
LINTHURIE. moll. —Ce g. a été pro-
posé par Denys de Montfort, dans le 1er vo-
lume de sa Conchyliologie systématique, pour
une petite coquille appartenant à la classe
des Rhizopodes de M. Dujardin, et dépen-
dant évidemment du g. Cristellaire de La-
marck. Voy. cristellaire. (Desh.)
*LINUCHE. acal. — Genre de Méduses
établi par Eschscholtz pour une espèce des
côtes de la Jamaïque. (P. G.)
LIIMUM. bot. ph. — Voy. lin.
*LINYPHIDES. Linyphidœ. arach. —
C'est une famille du genre des Linyphia
établie par M. Walckenaër, et dont les es-
pèces qui la composent ont les mâchoires
droites et très écartées , l'abomen ellipsoïde
ou ovalaire, à dos bombé , et le céphalo-
thorax grand. Les espèces portant les noms
de Linyphia montana, triangularis , resu-
pina, emphana , frutetorum, pratensis, pas-
cuensis, multiguttata, pelleta, domestica,
tenebricola, elegans , reticulata, phrygianaf
pyramitela, radiata, lemniscata , longidens
et crocea, appartiennent à cette famille.
(H. L.)
LINYPHIE. Linyphia (linyphio , tisse-
rand), arach. — Genre de l'ordre des Ara-
néides , de la tribu des Araignées , établi
par M. Walckenaër sur des Araignées dont
les yeux sont au nombre de huit, presque
égaux entre eux, les intermédiaires pos-
térieurs plus écartés entre eux que ne le
sont les intermédiaires antérieurs; les
yeux latéraux sont rapprochés. La lèvre
est triangulaire et large à sa base; les
mâchoires sont droites, carrées, écar-
tées entre elles ou s'inclinant légèrement
392
LIN
LIO
sur la lèvre. Les pattes sont allongées, fines;
la première paire est la plus longue, la se-
conde ensuite, la troisième est la plus
courte.
Les Àranéides qui composent ce genre
sont sédentaires, forment une toile à tissu
serré, horizontale, surmontée d'une autre
toile à réseaux irréguliers, formés par des
fils tendus sur plusieurs plans différents,
et qui se croisent en tous sens. Ces Ara-
néides se tiennent le plus souvent sous la
toile horizontale, dans une position ren-
versée, les pattes allongées en avant et en
arrière.
Ce genre renferme une quarantaine d'es-
pèces, dont la plus grande partie est propre
à l'Europe; cependant on en trouve quel-
ques unes dans le Nouveau-Monde, particu-
lièrement dans l'Amérique du Nord. La
Linyphie montagnarde , Linyphia montana
Walck., peut être regardée comme le type
de ce genre singulier; cette espèce est très
commune en France, et particulièrement
dans les environs de Paris. (H. L.)
LINZA. iNFus.—Nom donné parSchrank
à TOphrydie. Voy. ce mot. (Duj.)
LINZE. polvp. — Genre de Spongiaires
proposé par Guettard en 1786. (Duj.)
*LIODEIRA(^r0ç, lisse; ^£tpa, cou). rept.
— Groupe formé par M. Fitzinger (Syst.
rept., 1843) aux dépens des Stellions. Voy.
ce mot. (E. D.)
*JLIODE. Liodes (nom mythologique).
arach. — Sous ce nom , M. Stephens dé-
signe , dans le journal VIsis , une nouvelle
coupe générique d'Arachnides. Ce nouveau
genre, que M. P. Gervais place dans l'ordre
des Acarides , a pour type le Notaspis thele-
proctus Herm. Voy. notaspis. (H. L.)
*LIOGENYS 0«îoç, nu; y&v€, mentotf).
iNS. — Genre de Coléoptères pentamères,
famille des Lamellicornes, tribu des Scara-
béides phyllophages , créé par M. Guérin-
Méneville {Voyage autour du monde de la
Coquille, Zoologie, p. 84, pi. 3, f. 6). L'es-
pèce type et unique, L. caslaneus, est de la
Conception (Chili). Ce g. a été placé à côté
des Amphir.rania de Dejean. (C.)
LION. mam. — Espèce du genre Cbat :
la femelle porte le nom de Lionne , et les
jeunes celui de Lionceaux. Voy. chat. (E. D.)
LION, crust. — Nom donné par Ronde-
let, dans le tome 11 de son Histoire des Pois-
sons, et adopté par Aldrovande, à la Gala~
thœa rugosa. Voy. galathée. (H. L.)
LIONIA ou LYONIA, Elliott. bot. pu.
— Syn. de Scutera, Reichenb.
LIONNE, mam. — Femelle du Lion. Voy,
chat.
*LIOPELTIS (Àt?oç, lisse; «Atu, bou-
clier), rept. — Division des Couleuvres, d'a-
près M. Fitzinger {Syst. rept., 1843).
(E. D.)
*LIOPHIS (Xtîoç, lisse; fyiç, serpent).
rept. — M. Wagler ( Syst. amphib., 1820)
indique ainsi l'une des divisions du grand
genre Couleuvre. (E. D.)
LIOPHLOEUS(^~oç, lisse ;<p/oioç,écorce).
ins. — Genre de Coléoptères tétramères, fa-
mille des Cucurlionides gonatocères, division
des Cléonides, créé par Germar, et adopté
par Schœnherr {Dispos, method., p. 159;
Gen. etsp. Curculion., t. II, p. 1, p. 302-6,
2e part., p. 237). 10 espèces d'Europe ren-
trent dans ce genre. Le type , Curcul. nu-
bilus de Linn., habite une grande partie de
l'Europe. (C.)
*LIOPHOLIS (ittoç, lisse; yoAt'ç, écaille).
REPT# — Groupe de Scincoïdiens, d'après
M. Fitzinger {Syst. rept., 1843). (E. D.)
*LIOPTERUS (à«oç, lisse ; irrcpov, aile).
ins. — Genre de Coléoptères pentamères ,
famille des Hydrocanthares, tribu des Dytis-
cides, formé par Eschscholtz, mais qui ne
constitue pour M. Aube, dans sa Monogra-
phie ( Species général des Hydrocanthares ,
1838, p. 289), que la division b du genre
Agabus, ayant pour caractères les trois pre-
miers articles des tarses antérieurs des
mâles dilatés transversalement. L'espèce
type, le D. oblongus d'IIliger, est répandue
dans toutes les eaux de l'Europe. (C.)
LIORHYNQUE. Liorhynchus (AsTos, lisse;
pvyXoç, trompe), helm. — Rudolphi a désigné
ainsi, dans les Archives de Wiedemann pour
1801 et dans ses ouvrages, un genre de Vers
Nématoïdes, dont il indique 3 espèces pa-
rasites du Blaireau, du Phoque et de l'An-
guille. Voici comment il le caractérise : Ver
à corps cylindrique, élastique, à tête obtuse,
sans valves, laissant sortir un tube lisse,
rétractile comme une trompe.
M. Dujardin décrit une quatrième espèce
de Liorhynque parasite du Renard. (P. G.)
*LIOSOMA {h~oq , lisse; <rw/*a, corps).
échin. — Genre d'Holothurides apodes éta-
no
bli par M. Brandt , pour une seule es-
pèce que Mertens avait trouvée près de
l'île Sitcha, dans l'Océanie. Cette espèce ,
longue de 4 centimètres, demi-transpa-
rente, est brunâtre, toute couverte de pe-
tits points noirs. Les caractères du genre
Liosome sont d'avoir le corps cylindrique,
convexe, peu allongé, avec douze tenta-
cules peltés autour de la bouche, et des or-
ganes respiratoires , quinquéfides , presque
arborescents, fixés par un mésentère dans
l'intervalle des faisceaux musculaires longi-
tudinaux. (Dcj.)
*LIOSOMA (>U~oç, lisse; <7«p.a, corps).
rept. — M. Fitzinger indique, sous le nom
de Liosoma, un groupe formé aux dépens
des Scinques. Voy. ce mot. (E. D.)
*LIOSTEIRA (X£roç, lisse; crrapa, ca-
rène), rept. — Division des Couleuvres,
d'après M. Fitzinger {Syst. rept.y 1840).
(E. D.)
*LIOSTRACA 0«?oç, lisse; oarpaxov ,
écaille), ins. — Gen re de Coléoptères pen taniè-
res,famille des Lamellicornes, tribu des Scara-
béides mélithophiles, créé par M. Burmeis-
ter. Ce genre ne renferme que 2 espèces: les
C. bina et iota de MM . Gory et Percheron ;
elles ont pour patrie l'Ile de Madagascar. (C.)
*LIOTHÉ. Liotheum. bexap. — Genre de
l'ordre des Epizoïques établi par Nitzsch et
ainsi caractérisé : Tête déprimée, scutiforme,
horizontale; bouche infère, plus rapprochée
du b:' antérieur du front. Mandibules
bidenîées, dures, courtes. Des mâchoires;
lèvres supérieure et inférieure sub-échan-
crées à leur bord libre. Palpes maxillaires
les plus longs, filiformes, quadri-articulés,
mobiles. Palpes labiaux très courts, bi-arti-
culés. Antennes quadri-articulées, insérées
sous le bord latéral de la tête, le plus sou-
vent cachées dans une fossette et invisibles;
leur dernier article ovale ou subarrondi,
formant capitule ou bouton avec le dernier,
qui est subpédiculé. Yeux sous le bdtd la-
téral de la tête, derrière les antennes, le
plus souvent invisibles. Thorax biparti ou
triparti; mésothorax ordinairement grêle,
peu distinct et peu mobile, nul dans quel-
ques espèces ; prothorax plus ou moins an-
guleux bilatéralement. Abdomen composé
de neuf ou dix anneaux. Tarses droits, cou-
reurs, bi-articulés; chaque article pourvu
de pelotes; deux ongles divariqués, à peu
t. VII.
LIO
393
près droits, courbés à la pointe; un prolon-
gement entre les ongles.
Nitzsch ne signale qu'une vingtaine d'es-
pèces parmi celles qu'il avait observées.
Toutes sont parasites des oiseaux et vivent
dans leurs plumes, en société des Philoptères
(voyez ce mot), avec lesquels on les classait
précédemment. Les Liothés ont plusieurs
des caractères des Trichodectes (voyez ce
mot), et ce qui les distingue surtout des Phi-
loptères, c'est leur extrême agilité. Ils mar-
chent avec vitesse sur le corps des oiseaux,
le quittent dès que la mort a commencé à en
diminuer la chaleur : c'est ainsi que les
chasseurs sont souvent très incommodés par
ces parasites, et que , dans les laboratoires
de zoologie, lorsqu'on touche à des oiseaux
nouvellement morts, on attrape aisément
des Liothés. Ils courent sur les mains avec
agilité, et s'introduisent dans les vêtemenls;
ils ont en peu de temps gagné tout le corps
et même la tête, où ils occasionnent des dé-
mangeaisons assez vives. Il est, du reste,
très facile de s'en débarasser, et probable-
ment ils mourraient naturellement après un
temps assez court.
D'après Nitzsch, les Liothés ont le jabot
symétrique et non déjeté sur l'un des côtés;
leurs vaisseaux biliaires, au nombre de qua-
tre et libres, sont renflés sur le milieu de leur
longueur. Les mâles ont trois paires de tes-
ticules, et les femelles trois follicules ova-
riennes ; mais toutes les espèces n'ont pas été
étudiées sous ce rapport. Pendant l'accou-
plement le mâle est sur la femelle. Il n'y a
pas de métamorphose bien distincte; la
larve a les habitudes et la vivacité des
adultes.
Ce genre renferme un assez grand nom-
bre d'espèces dont le Liothé zébré, Lt'o-
theum zébra Nitzsch , peut être regardé
comme le type de cette coupe générique;
cette espèce vit parasite sur la Cigogne
blanche (Ciconia alba). (H. L.)
* LIOTHÉIDES. Liotheidœ. kexap. —
M. Henri Denny, dans les Hexapodes para-
sites des Mammifères et des Oiseaux de l'An-
gleterre , désigne sous ce nom une famille
de l'ordre des Epizoïques, qui renferme les
genres Colpocephalnm, Menopon, Nitzschiaf
Trinoton, Eureum, Lœmobolhrium, Physos-
tomum, établis aux dépens des Liotheum et
des Gyropus. Voy. ces mots. (H. L.)
50
LIP
LIP
LIPAiVGUS, Boié. ois.— Section du genre
Gobe-Mouche. Voy. ce mot. (Z. G.)
*LIPARETHRUSouLlPARETRLS (Xi-
wapoç, gras; -nrpov, ventre), ins. — Genre de
Coléoptères pentamères, famille des Lamel-
licornes, tribu des Scarabéides phyllophages,
attribué à Mac-Leay, mais dont les caractè-
res ont été publiés par M. Guérin (Voyage
de la Coquille, Zoologie, p. 90, pi. 3, fig. 10).
6 espèces, toutes originaires de la Nouvelle-
Hollande, font partie de ce genre; savoir :
L. convexus M.-L., discipennis Guér., sylvi-
cola , monticola? de Fab., concolor d'E-
richson. (C.)
*LIPARETRA. ins. —Genrede Coléoptè-
res pentamères , famille des Lamellicornes,
attribué à Kirby par M. Hope, et qui est
probablement le même que celui de Lipa-
rethrus. Voy. ce mot. (C.)
LIPARIA (nom de pays?), bot. ph. —
Genre de la famille des Papilionacées-Lo-
tées, établi par Linné {Mant., 156), mais
considérablement modifié par les botanistes
actuels, qui n'y rapportent qu'une seule
espèce, L. sphœrica , et placent les autres
dans le genre Priestleya. Les Liparia sont
des arbrisseaux du Cap , glabres , à feuil-
les alternes, simples, lancéolées, multi-
nervées ; à fleurs disposées en capitules sub-
sphériques et d'une teinte jaunâtre , deve-
nant noire par la dessiccation.
*LIPARIDES. Liparides. ms.— Tribu de
la famille des Nocturnes , dans l'ordre des
Lépidoptères , établie par M. Boisduval , et
caractérisée ainsi (Calai. desLépid. d'Eur.):
Antennes fortement pectinées dans les mâ-
les , faiblement ou seulement dentées dans
les femelles. Corps plus ou moins grêle dans
les mâles, et très gros dans les femelles.
Ailes à demi inclinées dans le repos , tou-
jours bien développées, et propres au vol
dans les mâles, et souvent rudimentaires ou
avortées dans les femelles.
Chenilles à poils raides et divergents, im-
plantés sur des tubercules, ou à poils sépa-
rés par faisceaux ayant tantôt la forme de
brosses , tantôt celle de pinceaux. Chrysa-
lides souvent velues.
Cette tribu comprend les genres Pentho-
phera, Liparis, Leucoma, Lœlia, Dasychira,
Orygia, Colocasia et Clidia. (J.)
LIPARIS (Atîrapôç, gras), poiss. — Genre de
l'ordre des Malacoptérygiens subbrachiens.
établi par Artédi aux dépens des Cycloptères,
et adopté par Cuvier (Règn. an., t. XII,
p. 346). Il ne renferme qu'une seule es-
pèce , Cycl. Liparis L. , qui vit sur nos cô-
tes. Elle n'a qu'une seule dorsale assez lon-
gue , ainsi que l'anale ; son corps est lisse,
allongé et comprimé en arrière.
LIPARIS (Xtitapc;, brillant), ins.— Genre
de l'ordre des Lépidoptères nocturnes, trihu
des Liparides , établi par Ochseinheimer
(Schm. vonEur., t. 111, p. 202), et diffé-
rant des autres genres de la même tribu par
des antennes assez longues , pectinées , à
rameaux assez courts.
Duponchel (Cat. des Lépid. d'Eur.) men-
tionne 8 espèces de ce genre réparties en
3 sections , nommées : Hypogymna ( Psi-
lura), Steph. : ailes marquées de lignes trans-
verses; Porthesia, Steph. : ailes blanches;
anus jaune; Leucoma, Steph. : ailes blan-
ches; anus de la même couleur.
Les Liparis sont répandues dans toute
l'Europe, principalement en France. Nous
citerons, comme la plus commune, la Lipa-
ris chrysorrhœa (Bombyx id. Linn. ), vul-
gairement nommée Bombyx cul-brun. Elle
a les ailes d'un blanc très pur, avec l'ex-
trémité de l'abdomen brune et garnie de
poils d'un fauve ferrugineux. La Chenille ,
noirâtre, velue, tachetée de rouge, vit par
masses sur les arbres fruitiers , Pommiers ,
Poiriers, etc., auxquels elle fait un dom-
mage considérable en détruisant prompte-
ment les feuilles et les bourgeons de ces ar-
bres. Ces Chenilles passent l'hiver réunies
dans une toile commune; ce n'est qu'au
printemps qu'elles se séparent pour entre-
prendre leurs ravages. C'est principalement
pour elles que la loi sur l'échenillage a été
établie. (J.)
LIPARIS ( Wocco'ç, visqueux), bot. ph.
— Genre de la famille des Orchidées-Pleu-
rolhallées , établi parL. C. Richard ( Orchid.
Europ., 30 , f. 10), pour des herbes terres-
tres ou épiphytes qui croissent principale-
ment dans les Indes orientales.
L'aspect des feuilles a servi de base à la
répartition des espèces de ce genre en deux
sections , nommées : Sturmia , Reichenb ;
feuilles membraneuses, plissées (plantes ter-
restres); Cestichis, Thouars : feuilles pres-
que coriaces , non plissées (espèces épiphy-
tes).
LIP
LIP
395
♦LIPARUS , Olivier, ins. — Syn. dé Mo-
ntes. (G.)
*LIPARUS. MAM.— Voy. KOALA.
*LIPEURE. Lipeurus ( Miroupoç , sans
queue), hexap. — Genre de l'ordre des Épi-
zoïques, établi par Nitzsch , et dont les ca-
ractères peuvent être ainsi présentés : Corps
plus ou moins étroit, allongé. Tête médiocre,
le plus souvent étroite , à joues arrondies
ou obtuses; point de trabécules. Antennes
des mâles ayant le premier article plus long
et plus épais que les autres; le troisième ra-
migère , et , par suite , plus ou moins chéli-
forme. Dernier anneau de l'abdomen échan-
cré en arrière chez les mâles , ou tronqué ,
ou presque entièrement fendu.
M. Nitzsch a observé plusieurs espèces de
ce sous-genre sur des Gallinacés, des Échas-
siers , des Palmipèdes et des Accipitres
diurnes de grande taille. Il en cite 11 seu-
lement; M. Denny, dans sa Monographia
anoplurorum Britanniœ , en a porté le
nombre à 19. Le Lipedre changeant, Lipeu-
rus versicolor Linn., Denny, peut être con-
sidéré comme le type de ce genre. Cette es-
pèce vit parasite sur la Cigogne ordinaire
(Ciconia alba). (H. L.)
LIPIX. moll. — Nom sous lequel Swain-
son , dans son Voyage au Sénégal, décrit
«ne espèce de Fuseau, inscrit par Linné sous
le nom de Murex afer, et par Lamarck sous
celui de Fusus afer. Voy. fdseau. (Desh.)
LIPOCARPHA p.iTroxapyrj, chaume sans
nœuds), bot. pn. — Genre de la famille
des Cypéracécs-Hypolytrées, établi par R.
Brown (Congo, p. 459). Herbes croissant
assez abondamment dans les régions tropi-
cales du globe.
*LIPOCILETA (K7roXatTY), qui perd ses
poils), bot. ph. — Genre de la famille
des Composées-Sénécionidées, établi par De
€andolle (Prodr., t. V, p. 610). Herbes
ou sous-arbrisseaux du Mexique et des îles
Sandwich. Voy. composées.
LIPOMX, Vieill. ois.— Syn. de Crypto-
nix, Temm. Voy. roucoul. (Z. G.)
*LÏPOSTOMUS. bot. po.— Genre de la
famille des Rubiacées-Hédyotidées, établi
par Don (m Edinb. new. philos. Magaz.,
1830). Herbes du Brésil. Voy. rubiacées.
*LIPOSTOME (Aefww, manquer; «ripa,
bouche), arach. — Genre de l'ordre des Acari-
des, établi par M. Kochsur des larves deTrom-
bidiens, et rapporté par M. P. Gervais au
genre Trombidium. (H. L.)
LÏPOTRICHE, Less. bot. ph. — Syn.
de Lipochœta, DC.
LIPPIA. bot. pu. — Genre de la famillo
des Verbénacées-Lippiées, établi par Linné
[Gen.y n. 781). Herbes, arbrisseaux ou sous-
arbrisseaux croissant dans toutes les con-
trées tropicales du globe , principalement en
Amérique.
Les espèces de ce genre ont été réparties
en deux sections , nommées : Zaprania ,
Juss. ; Aloysia, Orteg.
*LIPPIÉES. Lippieœ. bot. ph. — Tribu
de la famille des Verbénacées. Voy. ce mot. ;
LIPPISTE. Lippistes, Montf. moll. — j
Une coquille fort singulière , et excessive-!
ment rare jusqu'ici dans les collections , a'
été figurée par Fichtel , dans ses Teslacés
microscopiques t sous le nom (VArgonauta
cornu. Cette coquille, d'un médiocre vo-
lume , présente les principaux caractères
des Ricinules ; mais, comme elle est trans-
parente et vitrée , il serait possible qu'elle
appartînt à la classe des Ptéropodes, et vien-
drait avoisiner les Limacines de Cuvier, ou
peut-être rentrer dans ce genre. (Desh.)
LIPURA ( ht™ , je manque ; ovpx ,
queue), mam. — Illiger (Prodr. syst. Mam.
et Av., 1811) a créé sous ce nom un genre
de Pachydermes , dans lequel il ne place
que VHyrax hudsonius Schreb. Voy. daman.
(E. D.)
*LIPURE» Lipura (Ymovpoq, qui n'a pas
de queue), ins. — Genre de l'ordre des
Thysanures , de la famille des Podurelles ,
établi par Burmeisteraux dépens des Pidura
des auteurs. Dans cette coupe générique, les
antennes sont, au nombre de quatre, iné-
gales, subclavellées; les yeux sont peu visi-
bles, et au nombre de 13 à 28, placés sur les
côtés de la tête ; le corps est divisé en neuf
segments inégaux; les pattes sont courtes; il
n'y a point d'appendice saltatoire; il y a deux,
crochets au dernier article de l'abdomen eU
une rainure ventrale; l'organe rétractile du
ventre est très court; il y a des mandibules
et des mâchoires, et tout le corps paraît dé-
pourvu d'écaillés. Ce genre, propre au nord
de l'Europe, se compose de trois espèces,
dont la Lipure marcheuse, Lipura ambu-
lans Degeer (Gerv., Ilist. nat. des Ins.
apt., t. 111, 441, n. 87, pi. 50, fig. 2,
396
LIQ
peut être regardé comme le type de cette
coupe générique. Cette espèce, qui n'est pas
rare dans les environs de Paris, vit sur la
terre végétale, un peu humide, sous les
plantes et les pierres , ne saute pas. Lors-
qu'on l'inquiète , elle se roule en boule en
rapprochant l'extrémité de son abdomen de
la tête. On voit alors ses deux petites pointes
terminales, dont elle semble vouloir se
faire un moyen de défense. (H. L.)
* LIPURUS (Xciiru , je manque; ovpa,
queue), mam. — Groupe de Marsupiaux in-
diqué par M. Goldfuss (Isis, 1819). (E. D.)
LIQUIDAMBAR. Liquidambar ( liquida
ambar, ambre liquide), bot. ph. — Ce genre
appartenait d'abord à la grande famille des
Amentacéesde Jussieu; dans le démembre-
ment de ce vaste groupe, il est devenu le
type de la petite famille des Balsamifluées
de M. Blume, qu'il constitue encore à lui
seul; il est rangé dans la monœcie polyan-
drie, dans le système sexuel de Linné. Les
végétaux qui le composent sont des arbres
de taille moyenne, à feuilles alternes , pé-
tiolées, entières ou lobées, accompagnées
de stipules; leurs fleurs sont réunies en
chatons, dont les mâles sont plus ou moins
coniques, dont les femelles sont plus courts
et globuleux, situés plus bas, portés par des
pédoncules plus longs, à l'extrémité desquels
ils pendent; les uns et les autres sont en-
tourés à leur base par un involucre caduc,
de quatre folioles. Les chatons mâles se com-
posent d'un grand nombre d'étamines, in-
sérées sur un axe commun, formées d'une
anthère presque sessile ; les fleurs qui con-
stituent le chaton femelle présentent une
sorte de calice formé de petites écailles qui
entourent l'ovaire, soudées les unes aux
autres, prenant de l'accroissement après la
floraison; leur ovaire est à deux loges, qui
contiennent des ovules nombreux; il se ter-
mine par deux styles subulés. Les fruits
qui leur succèdent sont des capsules bilo-
bées, à 2 loges, réunies en une sorte de
cône, s'ouvrant entre les deux styles pour
laisser sortir les graines, qui sont en petit
nombre.
L'espèce la plus connue de ce genre est le
Ziqdidambar résineux, Liquidambar styraci-
flua Lin. C'est un arbre de l'Amérique sep-
tentrionale, que l'on trouve de la Nouvelle-
Angleterre à la Floride. Il s'élève en moyenne
LIQ
de 12 à 15 mètres; son tronc est générale-
ment fort, proportionnellement à sa hauteur,
et il acquiert souvent des dimensions consi-
dérables; il est formé d'un bois blanc, dur,
à grain fin, qui est propre à la menuiserie.
Ses feuilles ont un pétiole allongé, arrondi,
accompagné à sa base de deux petites stipu-
les caduques ; elles sont en cœur à leur base,
divisées en cinq grands lobes aigus, dentées
en scie sur leurs bords, portant à leur face
inférieure quelques poils blancs aux points
de bifurcation des nervures. Les chatons
mâles sont globuleux, à étamines courtes,
ramassées au sommet des branches; les fe-
melles sont également globuleux , pendants
à l'extrémité de longs pédoncules axillaires.
Les bourgeons et les jeunes branches de cet
arbre ont une odeur agréable qu'on retrouve
dans ses feuilles en les froissant entre les
doigts. Cette odeur est due à une substance
balsamique connue sous les noms de Styrax,
Styrax liquide, Baume copalrne, Copalme
liquide, Storax fluide, etc. Cette substance
coule spontanément par les incisions qu'on
fait à l'écorce. Elle est alors très odorante,
en consistance de miel, peu colorée, et porte
plus particulièrement le nom de Liquidam-
bar blanc; son odeur est celle de l'acide
benzoïque; sa saveur est amère et acre;
mais celle qu'on se procure ainsi est très
rare et ne se trouve même plus dans le
commerce. Plus habituellement on l'obtient
en faisant bouillir les jeunes branches, dans
lesquelles elle existe en plus grande quan-
tité que dans les autres parties; dans ce
dernier cas, elle est moins odorante et plus
colorée; c'est dans cet état qu'on la trouve
dans le commerce, et qu'on lui donne les
divers noms que nous avons rapportés. Cette
substance était fréquemment employée au-
trefois pour la parfumerie; mais elle est
presque abandonnée aujourd'hui. Quant à
ses propriétés médicinales, elle est regardée
comme cordiale, stomachique, diaphoréti-
que; on l'administre assez rarement aujour-
d'hui à l'intérieur, mais plus fréquemment
à l'extérieur.
M. Blume a fait connaître dans ces der-
nières années, et décrit, sous le nom de Li-
quidambar allingiana, une autre espèce du
même genre dont les feuilles sont en cœur
à leur base, ovales-lancéolées, dentées sur
leurs bords, qui croît à une hauteur de 70U
L1R
LIS
397
à 1000 mètres dans l'île de Java, où elle
porte le nom de Rosa malla; cet arbre four-
nit également un suc balsamique, qui con-
stitue le vrai Slorax liquide d'Orient, qu'on
emploie fréquemment dans l'Inde. A l'état
frais, cette substance a la consistance et la
couleur du miel; elle devient ensuite plus
blanche et transparente. Il parait qu'elle
arrive d'abord, de Java et de l'Inde, en Perse
tt en Arabie , et que de là on en transporte
fine certaine quantité en Europe. (P. D.)
LIQLIRITIA, Mœnch. bot. ph. — Syn.
de Glycyrhiza, Tournef.
LIRCEUS. crust. — Ce genre , qui ap-
partient à Tordre des Isopodes, a été établi
ipar Rafinesque d'après un petit Crustacé
Ad'eau douce qui se trouve aux États-Unis
d'Amérique , et qui paraît appartenir à la
tribu des Asellotes homopodes. Mais ce
genre parait être trop imparfaitement connu
pour qu'on puisse l'adopter. (H. L.)
LIRELLE. Lirella. bot. cb. — Voy. tha-
lamilm à l'article lichens.
Lllil. moll. — Adanson nomme ainsi
une petite coquille qu'il range dans son g.
Lepa. Gmelin l'a inscrite dans la 13e édi-
tion du Systema naturœ, sous le nom de
Patella perversa; mais cette coquille étant
irrégulière ne peut rester parmi les Patelles,
et elle doit faire partie, soit des Cabochons,
soit des Siphonaires. Voy. ces mots.
(Desh.)
*LIIUA. moll.— M. Gray ayant reconuu
au Liri d'Adanson des caractères qui l'éloi-
gnent des autres genres connus , a proposé
pour lui le g. Liria, dans lequel il ajoute
aussi le Pileopsis garnotide M. Payraudeau.
D'après cela, le g. Liria ne serait qu'un
double emploi des Siphonaires, car nous
avons vu l'animal que la dernière espèce
mentionnait, et il ne diffère en rien de ce-
lui des Siphonaires. Voy. ce mot. (Desh.)
*LIRIANTHE , Sp. bot. ph. — Syn. de
Magnolia, Linn.
LIRICOMTE, James, min. — Voy. liro-
CONITE.
LIRIODENDRON. bot. ph. — Voy. tu-
lipier.
*LIRIOPE(nom mythologique), acal. —
Genre de Médusaires établi par M. Lesson
dans son Hist. des Acalèph.,y. 331. Il com-
prend deux espèces de la Méditerranée.
(P. G.)
*LIRIOPE (nom mythologique), cri i.
— Genre de l'ordre des Amphipodes, éta-
bli par M. Rathke dans le tom. XX (1843)
des Nov. act. Curios., p. 60, et dont la
seule espèce connue est le Liriope pygmœa
Rath. (H. L.)
*LIRIOPSIS, Sp. bot. ph.— Syn. deilfa-
gnolia, Linn.
LIRIOZOA. polyp. — Voy. tulipaire.
L1ROCONITE ouLIROKOMTE (Xetpo'ç,
pâle ; xo'vcs, poussière), min. — Cuivre arsé-
niaté bleu ou vert, en octaèdre rectangu-
laire obtus ; le Linsenerz des minéralogistes
allemands. Voy. cuivre arséniaté. (Del.)
LIRON. mam. — Synonyme de Lérot.
Voy. loir.
LIS. Lilium ( On a cherché l'étymologie
de Lilium dans le mot celtique li, qui si-
gnifle blanc, à cause de la blancheur des
fleurs de l'espèce la plus anciennement con-
nue), bot. ph. — Beau genre de la famille
des Liliacées, à laquelle il donne son nom,
de lhexandrie monogynie dans le système
sexuel de Linné. Les végétaux qui le com-
posent sont pourvus d'un bulbe écailleux ,
d'une tige simple, droite, feuillée , por-
tant au sommet une ou plusieurs fleurs
toujours remarquables par leur beauté ,
et le plus souvent par leur grandeur. Ces
fleurs présentent un périanthe corollin ,
formé de 6 pièces distinctes, souvent rétré-
cies à leur base en un long onglet, étalées
à leur partie supérieure ou même révolu-
tées, creusées, à leur face interne et dans
leur partie inférieure, d'un sillon médian où
s'opère une sécrétion de matière sucrée ; ce
sillon est nu ou cilié, et comme frangé sur
ses bords. Sixétamines s'insèrent à la base
du périanthe; leurs filets sont subulés au
sommet; leurs anthères sont linéaires, ob-
tuses ou échancrées à leur extrémité; elles
s'ouvrent par deux fentes longitudinales.
Leur pistil se compose d'un ovaire libre ,
prismatique, généralement à trois angles,
à trois loges, renfermant chacune de nom-
breux ovules en deux séries longitudinales ;
d'un style terminal, cylindrique, surmonté
d'un stigmate épais, trilobé. Le fruit qui suc-
cède à ces fleurs est une capsule presque co-
riace, à 6 angles longitudinaux, obtuse et
déprimée au sommet, un peu resserrée à sa
base, à 3 loges, s'ouvrant en trois valves
par déhiscence loculicide, sans laisser déco-
398
LIS
LIS
lumelle à son centre; les graines qu'elle ren-
ferme sont nombreuses, bordées d'une aile
large.
La révision la plus récente du genre Lis,
celle de M. Kunth (Enumer. plantai'., t. IV,
p. 256), renferme la description de 34 es-
pèces. Ces plantes sont tellement remar-
quables par la beauté de leurs fleurs , que
toutes, sans exception, mériteraient d'être
cultivées comme plantes d'ornement; il ne
faut donc s'étonner nullement d'en rencon-
trer fréquemment dans les jardins environ
ïa moitié de ce nombre. Nous ne pouvons
«lès lors nous dispenser de faire connaître
ici les plus connues de ces espèces en les
rapportant aux divisions qui ont été établies
dans ce genre.
A. Martagon.
Folioles du périanthe sessiles ou non ré-
trécies en onglet à leur base , révolutées.
1. Lis Martagon, Lilium martagon Lin.
Cette espèce, qui a donné par la culture
plusieurs belles variétés très répandues ,
croît spontanément dans les montagnes de
l'Europe moyenne et méridionale, ainsi que
dans l'Altaï. Sa tige est droite, simple, lui-
sante, généralement tachetée, haute d'en-
viron 1 mètre; ses feuilles sont verticillées,
ovales-lancéolées, aiguës au sommet; ses
fleurs se développent en juillet et août ; elles
forment une grappe lâche; elles sont pen-
chées; leur périanthe, ordinairement pu-
bescent à sa face externe , est tacheté de
points pourpre foncé ou noirs ; sa couleur
est rougeâtre dans le type; mais, par la
culture, elle est devenue, dans certaines va-
riétés, blanchâtre ou tachetée de pourpre ;
on en possède aussi une variété à fleurs dou-
bles. L'odeur de ces fleurs est peu agréable.
La capsule qui leur succède est obovée , à
6 angles bordés supérieurement d'une pe-
tite crête membraneuse. On cultive le Lis
martagon en terre de bruyère. Dans le nord
de la France, il est bon de le couvrir pen-
dant l'hiver.
2. Lis superbe, Lilium superbum Linn.
Cette belie espèce , qui porte aussi, dans les
jardins, le nom de Lis martagon du Canada,
croît spontanément dans les parties argileu-
ses, humides, de l'Amérique septentrionale,
depuis le Canada jusqu'à la Virginie. Sa
tige s'élève à 2 mètres, et quelquefois plus ;
elle est droite et de couleur violacée ; ses
feuilles inférieures sont verticillées , les su-
périeures éparsqs et plus grandes; elles
sont lancéolées , acuminées , marquées de
trois nervures , glabres. Ses fleurs sont ren-
versées , d'un bel orangé rouge , tachetées
de points pourpres-bruns , à périanthe ré-
voluté; elles sont de grandeur moyenne',
souvent réunies au nombre de trente à qua-
rante en une magnifique grappe pyramidale.
Cette belle espèce se cultive en terre de
bruyère; elle passe l'hiver en plein air; ce-
pendant on recommande de la garantir des
grands froids. On la multiplie , soit par ses
cayeux, qu'on détache tous les trois ou qua-
tre ans , soit par les écailles de son bulbe.
3. Lis tigré , Lilium tigrinum Gawl.
Cette espèce est originaire de Chine et du
Japon. Sa tige s'élève de 1 mètre à 1 mètre
1/2; elle est de couleur violacée et revêtue
de poils laineux; ses feuilles sont éparses,
lancéolées-étroites, et portent des bulbilles
noirâtres à leur aisselle; ses fleurs , qui se
développent au mois de juillet , sont très
grandes , réunies, en nombre qui s'élève
quelquefois jusqu'à quarante, en une grappe
paniculée; leur couleur est rouge-minium,
parsemée intérieurement de points noirs et
pourpre foncé ; leur périanthe présente à sa
face interne , vers sa base , des caroncules
ou papilles jaunâtres; ses folioles sont ré-
volutées. Cette belle plante réussit très bien
dans nos climats , en pleine terre légère.
4. Lis pompon, Lilium pomponium Linn.
Cette espèce est également connue sous le
nom de Lis turban ; elle croît naturellement
en Sibérie, dans l'Orient; on l'a indiquée
comme croissant près de Nice, en Provence,
et même dans les Pyrénées , où elle n'a été
pourtant rencontrée, à notre connaissance,
par aucun botaniste moderne. Sa tige est
haute de 5 ou 6 décimètres , droite , abon-
damment chargée de feuilles éparses , éta-
lées , lancéolées-linéaires , aiguës , ciliées ,
diminuant peu à peu vers le haut de la
plante. Ses fleurs sont pendantes, de gran-
deur moyenne, à périanthe révoluté , d'un
rouge ponceau très beau , généralement au
nombre de trois ou quatre. La capsule est
bordée à ses angles , dans sa partie supé-
rieure , d'une membrane fort étroite. Le
Lis pompon se cultive en pleine terre légère
et dans une exposition un peu couverte.
LIS
5. Lis des Pïbénées, Lilium pijrenaicum
Gouan. Cette plante ressemble assez à la
précédente, dont elle se distingue par ses
feuilles bordées de blanc; par ses fleurs
jaunâtres, parsemées de points noirâtres,
à anthères d'un rouge vif. Ces fleurs exha-
lent une odeur de bouc très forte et très
désagréable. Cette espèce croît dans les Py-
rénées. On la cultive en pleine terre ou en
terre de bruyère mélangée.
B. Pseudolîrion.
Périanthe campanule à folioles rétrécies
en onglet à leur base, conniventes.
6. Lis de Philadelphie, Lilium philadel-
hicum Lin. Jolie espèce qui croît dans les
forêts et dans les prés de l'Amérique septen-
trionale, du Canada jusqu'à la Caroline. Sa
tige s'élève à environ 6-7 décimètres ; elle
porte des feuilles verticillées par quatre ou
cinq, ovales-oblongues ; elle se termine par
une ou plusieurs fleurs dressées, de forme
campanulée, de couleur rouge-orangée; leur
fond jaune parsemé de points noirs. On la
cultive en terre de bruyère mélangée et
dans des pots enterrés, afin de retrouver les
cayeuï, qui sont fort petits.
C. Eulirion.
Périanthe à folioles sessiles, campanule.
7. Lis bulbifère, Lilium bulbiferum Lin.
Cette espèce croît dans les parties moyennes
et méridionales de l'Europe ; elle est aujour-
d'hui très répandue dans les jardins, où elle
réussit avec la plus grande facilité dans
toute terre et à toute exposition. Sa tige s'é-
lève jusqu'à 1 mètre; elle est brunâtre, et
porte des feuilles éparses , linéaires-lancéo-
lées, à l'aisselle desquelles se développent le
plus souvent des bulbilles d'un vert foncé et
sessiles. Ses fleurs se montrent vers la fin du
mois de mai; elles sont peu nombreuses,
grandes, de couleur rouge-orangé, pubescen-
tes à leur face externe, présentant à leur face
interne des caroncules ou des papilles sail-
lantes et plus colorées. Sa capsule est oblon-
gue, à sixangles , obtuse et déprimée au som-
met, rétrécie et turbinée à la base ; ses angles
sont bordés à leur partie supérieure d'une
membrane étroite. On en possède quelques
variétés à fleurs doubles, à feuilles panachées.
Od peut la multiplier par ses bulbilles; les
LIS
399
pieds qui en proviennent fleurissent la qua-
trième année.
8. Lis orangé, Lilium croceum Chaix. La
patrie de cette espèce , aujourd'hui fort ré-
pandue dans nos jardins, paraît être l'Italie.
Sa culture est également sans difficultés. Ses
feuilles sont éparses, marquées de cinq ner-
vures, jamais accompagnées de bulbilles. Ses
fleurs, de couleur orangée, sont marquées in-
térieurement de taches noires. Sa capsule
est pyriforme, ailée à ses six angles, courte
proportionnellement à sa longueur. Cette
plante ressemble à la précédente, de laquelle
eile se distingue par la forme et les caractè-
res de sa capsule, par sa fleur plus petite et
plus pâle, plus ouverte, à folioles plus étroi-
tes, plus rétrécies à leur base.
9. Lis blanc, Lilium candidum Lin. Cette
espèce, la plus connue et la plus répandue
! de toutes, est originaire du Levant; on l'in-
dique aussi comme croissant spontanément
dans quelques parties de l'Europe, comme la
Morée , la Sardaigne, même la Suisse et le
Jura; il est cependant très probable qu'elle
n'est que naturalisée dans ces deux dernières
localités. Sa tige s'élève à environ 1 mètre;
elle va régulièrement en diminuant de gros-
seur de la base au sommet; ses feuilles sont
éparses, ondulées sur leurs bords, diminuant
progressivement de grandeur du bas vers le
haut; elles sont lancéolées en coin dans le
bas, linéaires-lancéolées vers le haut, ovales-
lancéolées dans la partie supérieure de la
tige; ses fleurs, que tout le monde connaît,
sont campanulées, lisses et glabres à leur
surface interne; le style présente trois sil-
lons au-dessous du stigmate. On possède
quelques variétés de cette belle espèce ; l'une
à fleurs marquées extérieurement de lignes
rouges, ce qui lui fait donner vulgairement
le nom de Lis ensanglanté ; une seconde, fort
remarquable, à fleurs imparfaites, et présen-
tant à la partie supérieure de sa tige une
grande quantité de folioles pétaloïdes ; une
troisième, à feuilles panachées, etc. Le Lis
blanc ou Lis commun réussit sans peine en
pleine terre dans les jardins; on le multiplie
par ses cayeux qu'on sépare tous les trois ou
quatre ans lorsque les feuilles sont dessé-
chées, et qu'on remet aussitôt en terre. Son
bulbe a une saveur légèrement piquante et
amère, qui disparaît par la cuisson; cuit, il
devient comme pulpeux, doux et sucré ; sous
400
LIS
LIS
ce dernier état, il est utilisé comme aliment
dans quelques parties de l'Asie , ainsi que
celui de quelques autres espèces du même
genre. Cuit sous la cendre ou après avoir
bouilli longtemps, soit dans l'eau, soit dans
le lait, il est employé comme émollient et
maturatif. Avec les folioles du périanthe, on
prépare une huile qui a quelques usages en
médecine, comme adoucissant; on l'obtient
en faisant macérer ces folioles dansde l'huile
d'amandes douces ou d'olive. Tout le monde
connaît l'odeur des fleurs de cette plante ;
les parfumeurs réussissent à recueillir l'arôme
qui la produit, et ils s'en servent pour di-
verses préparations.
D. Cardiocrinum.
Périanthe campanule, à folioles conniven-
tes, non rétrécies en onglet, présentant leur
sillon nectarifère presque élargi en sac à leur
10. A cette section se rapporte leLilium
giganteum Wall., sur lequel nous ne dirons
que quelques mots. C'est une magnifique
espèce du Népaul à tige très élevée, à gran-
des feuilles ovales , qui portent huit ou dix
fleurs blanches, teintées de vert en dehors ,
roussâtres en dedans, d'une odeur agréable,
longues d'environ 2 décimètres. Ce serait
une très belle acquisition pour nos cultures
européennes. (P. D.)
On a encore donné le nom de Lis à des
plantes de genres et de familles différents;
nous citerons les principales. Ainsi l'on a
appelé :
Lis asphodèle, les Hémérocalles et leCrt-
num americanum ;
Lis épineux , le Catesbœa spinosa;
Lis d'étang , le Nymphœa alba;
Lis des Incas, YAlstrœmeria lichtu;
Lis Jacinthe, le Scilla lilio-hyacinthus;
Lis dd Japon, Y Amaryllis sarniensis et
YUvaria Japonica;
Lis de mai , le Convallaria majalis,
Lis des marais , les Iris ;
Lis de Mathiole , le Pancratium mariti-
mum;
Lis du Mexique, Y Amaryllis belladona;
Lis Narcisse , Y Amaryllis atamasco et le
Pancratium marilimum ;
Lis orangé, Y Hemerocallis fulva;
Lis de Perse , le Fritillaria Persica;
Lis de Saint-Bruno, le Phalangium lilias-
trum ;
Li« de Saint-Jacques, Y Amaryllis formo-
sissima ;
Lis de Saint-Jean, le Glayeul commun ;
Lis de Surate, Y Hibiscus suratensis;
Lis des teinturiers, la Gaude et la Lysi-
machie vulgaire;
Lis turc, l'Ixie de la Chine;
Lis des vallées , le Convallaria majalis ,
Lis vermeil, les Hémérocalles;
Lis vert , le Colchicum autumnale.
LISEROLLE. bot. ph. — Nom vulgaire
des espèces du g. Evolvulus.
LISERON, bot. ph. — Pris dans son
application la plus exacte, ce mot corres-
pond au grand genre Convolvulus de Tour-
nefort et de Linné ; mais, dans l'usage ordi-
naire, il a une signification encore plus éten-
due, puisqu'on le donne vulgairement à
une espèce du genre Ipomœade Tournefort
et de Linné, espèce aujourd'hui cultivée par-
tout dans les jardins , sur les fenêtres, etc.,
que M. Choisy range maintenant dans son
genre Pharbitis, sous le nom de Pharbitis
hispida Choisy. Cette espèce est le Volubilis
des jardiniers. Voy. pharbitis.
Le genre Convolvulus, Tourn., Lin. , au-
quel appartient proprement la dénomination
française de Liseron , formait un groupe
extrêmement considérable que les travaux
des botanistes modernes, et particulière-
ment de M. Choisy, ont beaucoup modifié
et subdivisé. Des genres nombreux ont été
établis à ses dépens, et, par suite, le groupe
des Convolvulus proprement dits s'est trouvé
fortement restreint. Certains de ces genres
avaient déjà été proposés et adoptés lorsque
les premiers volumes de ce Dictionnaire om
été publiés; cependant ils ont été entière-
ment passés sous silence, ou ont été l'objet
d'articles évidemment insuffisants; d'au-
tres n'ont été établis définitivement que
dans le travail monographique relatif à la
famille des Convolvulacées, que M. Choisy
a publié dans le volume IX du Prodromus.
Pour ces motifs, nous croyons devoir don-
ner ici, sous la dénomination générale de
Liseron, un article général sur le grand
genre Convolvulus pris dans son acception
linnéenne, en nous arrêtant aux genres qui
auraient dû trouver place dans les parties
déjà publiées de cet ouvrage, et qui mériten t
LIS
•ne attention particulière à cause de cer-
taines des espèces qu'ils renferment.
A. Liseron. Convolvulus, Lin. (Choisy,
Prodr., tom. IX, pag. 399).
Ce genre, quoiqu'ayant fourni récem-
ment à l'établissement de plusieurs autres,
et restreint dès-lors dans des limites beau-
coup plus étroites, renferme cependant en-
core au moins 120 espèces. Il se compose
de plantes herbacées ou frutescentes , dont
la fleur présente un calice à cinq sépales
soudés entre eux à leur base; une corolle
campanulée; un pistil formé d'un ovaire à
deux loges renfermant chacune deux ovules,
d'un seul style et de deux stigmates linéai-
res-cylindriques. A cet ovaire succède une
capsule à deux loges. Parmi les espèces de
Convolvulus , il en est quelques unes qui
méritent de fixer quelques instants l'atten-
tion ; ce sont les suivantes :
I. Liseron scammonée, Convolvulus scam-
monia Lin. Cette espèce habite la région
méditerranéenne et l'Asie-Mineure. Sa tige
est glabre, voluble; ses feuilles sont has-
tées , tronquées j leur partie postérieure ,
présentant deux oreillettes entières ou laci-
niées ; ses fleurs sont jaunes, marquées ex-
térieurement de cinq bandes purpurines,
larges d'environ 3 centimètres : elles sont
portées au nombre de trois ou davantage
sur un long pédoncule; leur calice est co-
loré , à sépales ovales , obtus et légèrement
mucronés au sommet , les extérieurs étant
un peu plus petits que les autres.
Le Liseron scammonée fournit une
gomme-résine connue sous le nom de Scam-
monée. C'est surtout dans l'Asie méditerra-
néenne qu'on l'obtient en assez grande
quantité pour en faire un objet de com-
merce. Pour l'obtenir, on emploie deux
procédés dont l'un donne la qualité supé-
rieure qui n'arrive guère en Europe et qui
est consommée sur place, dont l'autre
donne les qualités ordinaires qu'on emploie
en médecine; dans le premier de ces pro-
cédés, on coupe, dit-on , la tige un peu au-
dessus du collet, et l'on creuse une cavité
dans la substance même de la racine qui
est longue et assez volumineuse; dans cette
cavité vient se ramasser un suc laiteux, qui
•'est autre que la gomme-résine; ce suc
t. vu.
LIS
401
est recueilli et desséché; il donne la Scam-
monée de premier choix ou de première
goutte. Dans le second procédé, on écrase
et Ton presse la racine pour en obtenir le
suc, qu'on fait ensuite évaporer à une douce
chaleur; on obtient ainsi la Scammonée de
deuxième choix ou de deuxième goutte, qui
est connue dans le commerce sous le nom de
Scammonée d'Alep. Les analyses de Vogel et
deBouillon-Lagrangeont montréquela Scam-
monée d'Alep renferme, sur 100 parties,
60 de résine , 3 de gomme , 2 d'extrait et
35 de débris végétaux. La Scammonée a des
propriétés médicinales qui la faisaient esti-
mer des anciens à un très haut degré; au-
jourd'hui elle est moins fréquemment em-
ployée; elle constitue un purgatif drastique
dont l'action se prononce en très peu de
temps, et qui, pris à haute dose, irrite for-
tement la muqueuse intestinale; aussi
l'emploie-t-on le plus souvent à faibles
doses, excepté dans certains cas particu-
liers.
2. Liseron des champs , Convolvulus ar-
vensis Lin. Cette espèce abonde dans nos
champs et dans les lieux cultivés. Sa tige
est anguleuse, glabre, voluble; ses feuilles
sont sagittées et ne présentent qu'un com-
mencement d'oreillettes; ses fleurs sont
blanches ou rosées, le plus souvent soli-
taires sur des pédoncules anguleux, glabres,
plus longs que les feuilles ; leur calice est
membraneux, à lobes obtus. Cette jolie
plante est regardée comme vulnéraire; on
l'emploie aussi toutentièrecommepurgative.
3. Liseron tricolore , Convolvulus trico-
îor Lin. Cette jolie espèce croît naturelle-
ment en Portugal, en Espagne, en Italie,
en Sicile, et dans l'Afrique septentrionale;
elle est aujourd'hui extrêmement répandue
dans les jardins où elle porte le nom de
Belle-de-jour. Sa tige est ascendante, cy-
lindrique, velue, haute d'environ 3-4 dé-
cimètres; ses feuilles sont lancéolées-oho-
vées, presque spathulées, sessiles, ciliées à
leur base; ses fleurs se succèdent en grand
nombre ; elles sont solitaires sur des pédon-
cules velus, d'un bleu clair sur le limbe,
blanches à la gorge, jaunes sur le tube :
leur calice est velu, à sépales ovales-lan-
céolés , aigus. La capsule est velue. On en
possède une variété à fleurs blanches et una
autre à fleurs panachées. On sème ordi»
SI
402
LIS
nairement cette espèce en pleine terre et
sur place , au mois d'avril.
Nous nous bornerons à mentionner,
parmi les autres espèces du même genre :
le Convolvulus althœoides Lin., jolie espèce
qui croît sur les rochers et les murs, le long
de la Méditerranée, et dans laquelle M. Loi-
seleur-Deslongchamps a reconnu et démon-
tré l'existence de propriétés purgatives
assez prononcées pour pouvoir être avanta-
geusement mises à profit; et le Convolvulus
cneorum Lin., ou le Liseron satiné, joli
arbuste d'Espagne, que l'on cultive fré-
quemment pour son feuillage couvert d'un
duvet soyeux argenté , et pour ses fleurs
blanches légèrement teintées de rose qui
se succèdent pendant tout l'été.
B. Calystégie. Calystegia, Rob. Brown.
Les caractères de ce g. consistent dans
deux bractées opposées situées dans le
calice et enveloppant la fleur pendant sa
jeunesse; dans un calice à 5 parties
égales ; dans un ovaire dont deux loges se
réunissent au sommet à cause de la briè-
veté de la cloison qui les sépare dans le bas
seulement. Deux belles espèces de France
se rapportent à ce genre, savoir: 1° notre
grand Liseron des haies, Calystegia sepium
Rob. Br. {Convolvulus sepium Lin.), à
longues tiges volubiles, anguleuses, à feuilles
sagittées, presque en cœur, à grandes
fleurs blanches, solitaires sur un pédon-
cule quadrangulaire; sa tige est purgative,
comme la plupart de celles des anciens
Convolvulus; 2° Le Calystegia soldanella
Rob. Br. (Convolvulus soldanella Lin.), qui
croît abondamment dans nos sables mari-
times, dont la tige est couchée, lisse; dont
les feuilles sont réniformes, très obtuses ou
même quelquefois échancrées au sommet,
rappelant très bien par leur (orme celles
de la Soldanelle des Alpes, ce qui a valu à
la plante le nom qu'elle porte; ses fleurs
sont grandes, purpurines, solitaires à l'ex-
trémité de pédoncules axillaires plus longs
que les feuilles. Les expériences de M. Loi-
seleur-Deslongchamps ont prouvé que la
racine de cette espèce est purgative à un
degré assez prononcé pour pouvoir être sub-
stituée sans désavantage à celle du Jalap.
On l'a recommandée également comme pou-
LIS
vant être employée avec avantage dans
l'hydropisie, contre le scorbut, et même
comme anthelmintbique.
C. Batate. Batatas, Rumph., Choisy.
Ce genre doit son nom à la plus impor-
tante des espèces qu'il renferme; il se com-
pose de plantes herbacées ou sous-frutes-
centes, pour la plupart originaires de l'A-
mérique, et il se distingue particulièrement
par des étamines incluses; par un stigmate
capité, bilobé; par un ovaire qui présente
à son intérieur quatre loges, ou, par l'effet
d'un avortement, seulement trois ou même
deux. Deux de ses espèces ont une grande
importance; mais l'une d'elles nous a déjà
occupé; c'est le Jalap (voy. Jalap), Batatas Ja-
Japa Choisy (Convolvulus Jalapa Lin.). C'est
à cette espèce que M. Choisy rapporte comme
synonyme une plante qui avait été toujours
décrite comme distincte et séparée, sous le
nom de Mechoacan, Convolvulus Mechoacana
Lin., et dont la racine, faiblement purgative,
avait fait donner à la plante elle-même les
noms de Patate purgative, Rhubarbe blanche.
L'autre espèce est la suivante :
Batate comestible, Batatas edulis Choisy
(Convolvulus Batatas Lin.). C'est une
plante originaire de l'Inde , mais qui
est cultivée aujourd'hui dans presque toutes
les contrées intertropicales ; sa tige est ram-
pante, rarement volubile; ses feuilles, de
forme assez variable , sont le plus souvent
anguleuses ou même lobées , longues de 1
ou 2 décimètres, aiguës, en cœur, pétiolées;
les fleurs sont portées au nombre de 3 ou
4 , sur un pédoncule à peu près de même
longueur que le pétiole; les sépales de leur
calice sont acuminés-mucronés , les exté-
rieurs un peu plus courts; leur corolle est
purpurine. La racine de celte plante est très
féculente et sucrée; elle fournit un aliment
très sain et abondant, qui joue un rôle im-
portant dans l'alimentation des habitants
des contrées chaudes. C'est en vue des nom-
breux avantages qu'elle peut présenter qu'on
a fait, depuis quelques années, de nombreux
essais pour introduire sa culture en France;
ces essais n'ont pas été d'abord très heu-
reux ; mais tout récemment quelques agro-
nomes sont arrivés à des résultats entière-
ment décisifs , et qui prouvent tout ce qui
LIS
LIS
403
l'introduction de !a Batate ou Patate dans
nos cultures pourrait amener d'avantages.
Ainsi tout récemment, M. de Gasparin a
fait connaître à la Société centrale d'agri-
culture, dans la séance du 17 décembre
1845, le succès complet qu'il a obtenu pour
la culture de cette plante, dans le midi de
la France, pendant l'été de 1845. Ce succès
a été tel que, malgré les circonstances atmo-
sphériques extrêmement défavorables qui ont
signalé cet été, ses champs de Bâtâtes lui
ont donné une moyenne de 1 kilogramme
de tubercules par plante, ce qui , à raison
de 25,000 pieds par hectare, élève le pro-
duit à 250 quintaux métriques, quantité
supérieure à ce que la Pomme de terre peut
donner sous notre climat.
La racine tubéreuse de la Batate varie de
couleur; on en possède des variétés rouges
ou violacées , jaunes et blanches : l'une de
ces dernières , connue sous le nom de Ba-
tate igname, donne des tubercules d'un vo-
lume très considérable, et qu'on a vus peser
jusqu'à 4 kilogrammes. Le seul défaut que
l'on trouve en elle, relativement à son em-
ploi comme aliment, consiste dans sa saveur
sucrée qui lui a valu le nom vulgaire de Pa-
tate douce, par opposition au nom de Patate
proprement dite qu'on donne souvent à la
Pomme de terre dans nos départements mé-
ridionaux. Or ce défaut même, si c'en est un,
peut être facilement corrigé dans la prépa-
ration des aliments ; et de plus, il paraîtrait
certainement une qualité dans certaines
circonstances et pour certaines personnes.
Nous ne pouvons entrer ici dans les dé-
tails de la culture de la Batate, d'autant
moins que plusieurs méthodes sont em-
ployées en divers lieux et par divers agro-
nomes qui, tous, vantent les résultats avan-
tageux qu'ils en obtiennent. Nous nous bor-
nerons à indiquer à grands traits la marche
générale à laquelle on peut ramener ces mé-
thodes différentes. Dans nos climats, et même
dans le midi de la France, on emploie des
couches pour produire la première végéta-
tion de la plante. Pour cela, on plante sur
ces couches les tubercules de la Batate qu'on
couvre d'environ un décimètre de terre;
cette plantation se fait en mars ou en avril,
même au commencement de mai; dans le
premier cas, il est indispensable de couvrir
de châssis vitrés. Les tubercules ne tardent
pas à donner des pousses qu'on laisse s'éle-
ver au-dessus de terre de 1 ou 2 décimer
très; ce sont ces pousses qui servent da
plant. On les enlève soit en les détachante
la main , soit, comme l'a fait avec succès
M. Vallet, de Fréjus, en laissant tenir à leur
base un petit fragment du tubercule; après
quoi, les uns les plantent d'abord en pépi-
nière pour les faire enraciner, et les mettre
ensuite en place, les autres les plantent di-
rectement, en formant des rangs espacés de
7 ou 8 décimètres, quelquefois davantage. II
est avantageux de planter ces boutures dans
une direction oblique; en effet , elles sont
alors enterrées sur une plus grande lon-
gueur ; or, comme elles s'enracinent à cha-
que nœud, et qu'elles donnent des tuber-
cules sur tous ces points , il est évident
qu'on obtient ainsi des produits plus abon-
dants. On a même cru reconnaître que les
tubercules qui en proviennent sont d'autant
plus volumineux qu'ils se forment à un
nœud placé plus haut. Quant aux tubercules*
mères qui ont fourni ces premières pousses,
ils continuent à en produire de nouvelles
en grand nombre , de manière à pouvoir
donner encore de nouvelles boutures pour
des plantations plus tardives. Dès la fin du
mois d'août, les pieds qui ont été bien con-
duits ont déjà des tubercules bons à man-
ger ; mais ce n'est qu'au mois d'octobre que
se fait la récolte générale, pour laquelle on
arrache les pieds tout entiers , par un jour
beau et sec, autant qu'il est possible. On
laisse ensuite pendant quelque temps les tu-
bercules à l'air et au soleil , après quoi on
conserve dans un lieu sec ceux que l'on
destine à la consommation ; quant à ceux
qui doivent être employés à la reproduc-
tion, on les stratifié dans des caisses avec du
sable sec ou de la mousse qu'on a préala-
blement séchée avec soin.
La Batate fleurit et fructi6e très rare-
ment; il en est même des variétés qui ne
donnent jamais de graines. Cependant d'au-
tres variétés fructifient plus facilement, et
quelques cultivateurs , notamment M. Sa-
geret, en ont même obtenu des graines à Pa-
ris. Cette production de graines est très im-
portante, parce que c'est là le seul moyen
par lequel on puisse s'occuper d'obtenir des
variétés ou meilleures ou plus hâtives.
La Batate est utile non seulement pour
4()4
LIS
LIS
«es tubercules, mais encore pour ses fanes,
que les bestiaux maDgent sans difficulté.
(P. D.)
*LISIAS (nom mythologique). ins.— Genre
de Coléoptères subpentamères , famille des
Cycliques, tribu des Colaspides(Chrysoméli-
nes deLatreille), formé par Dejean (Catal.,
3e édit., p. 434) avec 2 espèces de Colom-
bie, nommées par l'auteur L. rufo-œnea et
marginata. (C.)
LISOR. moll. — Dans son Voyage au
Sénégal, Adanson donne ce nom à une co-
quille bivalve du g. Mactre. La plupart des
conchyliologistes rapportent le Lisor au Mac-
tra stultorum de Linné ; mais il serait pos-
sible que l'espèce du Sénégal restât diffé-
rente, et dût être mentionnée à part dans
les Catalogues. Voy. mactre. (Desh.)
LISPE. moll.— Le Lispe d'Adanson n'est
autre chose qu'une agglomération assez com-
pacte de tubes irrégulièrement contournés,
qui appartiennent au g. Vermet. Linné
comprenait tous ces tubes calcaires parmi
les Serpules, et il a donné aux Lispes le nom
de Serpula glomeraia. Voy. vermet. (Desh.)
LISPE (À-ffTio;, grêle). ins. — Genrede l'or-
dre des Diptères brachocères, famille des Mus-
ciens, tribu des Muscides, établi par Latreille
et adopté par M. Macquart {Ins. dipt., t. II.
p. 313), qui en décrit 9 espèces, dont 8
d'Europe et 1 des Indes orientales. Nous
citerons, comme type du genre, la L. ten-
taculata , commune en France , sur le bord
des rivières.
*LÎSPIIVUS (X'kjtzoç, ras, maigre), ins.—
Genre de Coléoptères pentamères, famille
des Brachélytres, tribu des Piestiniens, créé
par Erichson (Gen. et sp. Staphylin., 1840,
p. 828). 7 espèces sont rapportées par l'au-
teur au genre; 6 sont propres à l'Amérique,
et 1 est originaire de Madagascar. Le type,
L. attenuatus, se trouve à Porto-Ricco.
(C.)
LISSA (),t(T!7o;, lisse), crust. — Genre de
l'ordre des Décapodes brachyures, de la fa-
mille des Oxyrhynques et de la tribu des
Maïens , établi par Leach aux dépens du
Cancer de Herbst et des Inachus de Fabri-
uus. La seule espèce connue dans ce genre,
et qui paraît être propre à la Méditerranée,
est la Lissa goutteuse , Lissa chiragra
Herbst, pi. 17, fig. 96. Ce Crustacé, qui
n'est pas rare dans la rade de Toulon et
dans la mer de Sicile, habite aussi les cô-
tes françaises du nord de l'Afrique ; car,
pendant mon séjour en Algérie, j'en ai ren-
contré plusieurs individus dans la rade
d'Alger. (H. L.)
*LISSA (Xîctctoç, lisse), ins. — Genre de l'or-
dre des Diptères brachocères , famille des
Musciens , tribu des Muscides , établi par
Meigen pour une seule espèce, L. loxocerina
(Chyliza id. Fall.), de l'Allemagne.
L1SSANTHE (Wo'ç, lisse; avSoç, fleur).
bot. pu. — Genre de la famille des Épacri-
dées-Styphéliées , établi par R. Brown
(Prodr., 540). Arbustes de la Nouvelle-Hol-
lande et de l'île de Diemen. Voy. épacri-
dées.
*LISSAUCHEN1US (Woç, lisse ; «fy*,
le derrière du cou), ins. — Genre de Coléop-
tères pentamères, famille des Carabiques,
tribu des Patellimanes , créé par Mac-Leay
(Annulosa javanica , éd. Lequien , Paris ,
1833, p. 108, t. 4, fig. 1), qui le place dans
sa famille des Carabiques. Ce genre ne ren-
ferme jusqu'à présent que 2 espèces, le L.
rufifemoratus de l'auteur et le Car. porticus
de F. Elles appartiennent aux Indes orien-
tales. (C.)
LISSOCHILUS (At<7<ioç, lisse; X£?>oç, lè-
vre), bot. ph. — Genre de la famille des
Orchidées- Vandées, établi par R. Brown (m
Bot. reg. t. 573). Herbes de l'Afrique.
Voy. orchidées.
*LISSODEMA, Blanch. ins.— Syn. de
Lissa, Meig.
*LISSÔGENIUS (Woç, lisse; ymtov ,
menton), ins. — Genre de Coléoptères pen-
tamères , famille des Lamellicornes , tribu
des Scarabéides - Mélitophiles , créé par
Schaum, avec une espèce de Guinée, nom-
mée par l'auteur L. planicollis. (C.)
*LlSSOMUS(Woç, lisse; a5^, corps).
ins. — Genre de Coléoptères pentamères, fa-
mille des Sternoxes, tribu des Élatérides, créé
par Dalmann (Éphémérides entomologiques,
1824), et adopté par Latreille , Dejean et
Germar. Quelques auteurs y comprennent
les Drapeles de Megerle , ce qui porte le
nombre des espèces, pour ces deux genres, à
35. Nous citerons, comme faisant partie du
premier, les L. lœvigatus de F., foveolatus
Daim., et bicolor Chv. ; et du second, VEl.
equestris de F. Les trois premiers sont amé-
ricains, et le dernier se trouve en Autriche.
LIS
Latreille avait employé, pour désigner géné-
riquement ces Insectes, le nom de Lissodes,
qui n'a pu être adopté. (C.)
LISSOKOTUS (Wéç, lisse; v5t0ç, dos).
ins. — Genre de Coléoptères subpentamères,
tétramères de Latreille, famille des Longi-
eornes, tribu desCérambycins, des Trachy-
dérides de M. II. Dupont, créé par Dalmann
{Synon. Ins. Sch. app., p. 159, t. 6, f. 4)
et adopté par Serville et par Dejean (Ann.
Soc.ent. deFr. t. III, p. 57). 12 ou 13 espè-
ces, toutes d'Amérique, font partie du genre.
Nous citerons, comme types, les L.equestris
de Linné et bigutlatus de Daim. (G.)
*LISSOPTEKUS (Wo';, lisse; nnpôv,
aile), ins. — Genre de Coléoptères pentamères,
famille des Carabiques, tribu des Féroniens,
créé par Waterhouse (4rm. andMagaz. nat.
hist., 1843, p. 1). L'espèce type , L. quadri-
notatus de l'auteur, est originaire des lies
Falkland. (C.)
*LISS0RHI1\US ( Wo'ç, lisse; pw, nez).
ins. — Genre de Coléoptères tétramères, fa-
mille des Curculionides gonatocères, division
des Brachydérides, créé par Scbœnherr (Disp.
melh., p. 131; Gen. et sp. Curcul. syn., t. 2,
93 6, p. 252). L'espèce type et unique , le
L. eryx de l'auteur, est originaire de la côte
de Guinée. (C.)
*LISSOTARSUS (Wôç, lisse; r«pa*$ ,
tarse), ins. — Genre de Coléoptères penta-
mères, famille des Carabiques, tribu des
Féroniens, établi par M. de Chaudoir (Ta-
bl. d'une nouv. subd. du g. Feronia de De-
jean, p. 10 et 17). L'unique espèce de ce
genre est VArgutor depressus de Dej. , qui
se trouve, en France, dans les terrains cré-
tacés. (C.)
LISTERA, bot. pu. — Genre de la fa-
mille des Orchidées-Néottiées , établi par R.
Brown (in Hort. kew., t. V, 201). Herbes
de l'Europe , de l'Amérique et de l'Asie bo-
réale. Voy. ORCHIDÉES.
*LISTERA. moll.— M.Turton, dans ses
Coquilles bivalves d'Angleterre, a proposé
sous ce nom un genre nouveau pour une co-
quille connue depuis très longtemps sous le
nom de Chama piperata. Cuvier l'avait dé-
signée , dès la lr* édition du Règne animal,
sous le nom de Lavignon, et ce nom , par
antériorité, devrait prévaloir sur celui de
M. Turton , si lui-même n'avait été depuis
longtemps précédé par celui de Trigonella,
LIS
4o,'
proposé par d'Acosla dans sa Conchyl. brit.,
publiée en 1778. Voy. trigonelle. (Desii.)
*LISTIA. bot. ph. — Genre de la famille
des Papilionacées-Lotécs, établi par E. Meyer
{Comment., 80). Herbes du Cap. Voy. papi-
LIONACÉES.
*LISTRODERES (ikrpov , pelle ; S/Pnt
cou), ins. — Genre de Coléoptères tétra-
mères, famille des Curculionides gonato-
cères, division des Cléonides, créé par
Schœnherr [Disp. melh., p. 158; Gen. et sp.
Curcul. syn., t. II, p. 277-6, 2e part., p.
287). Près de 50 espèces rentrent dans ce
genre, et habitent l'extrémité méridionale et
septentrionale de l'Amérique. Nous citerons,
comme en faisant partie, lesL. bimaculatus
Chev., Sch. et porcellus Say. Le premier est
originaire du Chili, et le second des États-
Unis. (C.)
*LISTRONYX {Itazpov, râteau ; 3vuÇ, on-
gle ). ins. — Genre de Coléoptères pentamè-
res , famille des Lamellicornes, tribu des
Scarabéides phyllophages, créé par M. Gué-
rin-MénevilIe ( Revue zoologique, 1839,
pag. 302). L'espèce type, laL. nigriceps de
l'auteur, est originaire du détroit de Magel-
lan. La Mel. testacea de F. , de la terre do
Feu, rentre aussi dans ce genre. (C.)
*LISTROPTERA (Ikrpov, râteau ; tttî-
pov, aile), ins. — Genre de Coléoptères sub-
pentamères, tétramères de Latreille, fa-
mille des Longicornes, tribu des Céramby-
cins, établi par Serville (Annales de la Soc.
ent. de France, t. III, p. 71) qui y rapporte
quatre espèces : les Callid. tenebricoswm
F., Callichroma aterrima G., Cer. col-
laris Klug. et L. atra Dup. La première est
originaire de Cayenne, et les trois autres
habitent le Brésil. (C.)
*LISTROSCELIS ( Xt'arpov, râteau ; erxe-
ioç, jambe), ins. — Genre de la tribu des
Locustiens, de l'ordre des Orthoptères, éta-
bli par M. Serville ( Essai Ins. orth. ), et
que nous rangeons dans le groupe des Gryl-
lacrites. Toutes les espèces de ce genre sont
étrangères à l'Europe. L'esp. type , Lislr.
peclinata Serv., est des Moluques. (Bl.)
LISYANTHUS. bot. ph. — Genre de la
famille des Gentianées, établi par Aublet
(Guian., I, 210). Griesebach, qui l'a adopté
(Gent., 173), en a réparti les espèces en
quatre sections , qu'il nomme : Macrocar-
pœa, Sphœricarpœa, Choriophyllum et Chc*
406
LIT
lonanthus. Herbes ou sous-arbrisseaux de
l'Amérique. Voy. gentiànées.
*LITA (>ctôç, petit), ins. — Genre de l'or-
dre des Lépidoptères nocturnes , tribu des
Tinéides, établi par Treitscbke, et différant
des autres genres de la même tribu par des
palpes très redressés , à dernier article nu ,
subulé; par des ailes étroites, prolongées en
pointe.
Duponcbel {Catal. des Lépid. d'Eur.) men-
tionne 83 espèces de ce genre, toutes d'Eu-
rope. Ce sont de très petits Papillons; leurs
chenilles se métamorphosent entre des feuil-
les roulées et retenues par des fils , ou dans
les Champignons et le bois pourri.
Parmi les espèces les plus communes en
France, nous citerons les L. betulinella, proxi-
mella, bicolorella, etc. (J.)
LITCHI, Sonner, bot. ph. — Syn. de
Nephelium, Linn.
LITHACNE , Palis, bot. ph.— Syn. d'O-
lyra , Linn.
*LITHACTINIA ( JiiOoç, pierre ; actinia,
actinie), polyp. — Genre établi par M. Les-
son (Illust. de zool., pi. 6) pour un Po-
lype des côtes de la Nouvelle-Irlande. Ce
Polype se compose d'une membrane charnue
enveloppant un disque calcaire recouvert de
petites lames crénelées , auxquelles corres-
pondent un grand nombre de gros appen-
dices tentaculiformes entourant la bouche.
La Lithactinie paraît avoir beaucoup de rap-
ports avec les Cyclolites et les Fongies. (Duj.)
LITHAGROSTIS, Ga$rtn. bot. ph. —
Syn. de Coix, Linn.
LITHARGE. min. — Protoxyde de Plomb
fondu et cristallisé en lames jaunes par le
refroidissement. Voy. plomb.
LITHINE, LITHIUM, chim.— La Lithine,
oxyde de Lithium, fut trouvée en 1817 par
Àrfverdson , unie à de la silice et à de l'alu-
mine dans le pételite, pierre des mines
d'Uto, en Suède.
Davy ayant soumis cet oxyde hydraté à
l'action de la pile galvanique, en sépara le
métal (Lithium) , qui, par ses propriétés phy-
siques, présente une grande analogie avec le
Sodium (voy. ce mot).
La Lithine hydratée est blanche, d'une
saveur acre et caustique, rappelant à un
faible degré celle de la potasse; elle verdit
les teintures bleues végétales ; beaucoup
moins soluble que la Potasse et que la
LIT
Soude , elle n'absorbe pas l'humidité de
l'air, mais elle se combine peu à peu
avec l'acide carbonique qu'il contient;
chauffée au rouge dans un creuset de pla-
tine, elle agit fortement sur le métal au-
quel elle s'unit.
La formule I, t'O de la Lithine démontri
que cet oxyde contient plus d'oxygène qui
toutes les autres bases salifiables alcalines.
L'équivalent du Lithium = 80,37. (A. D.)
*L1THI!\US (Ai'Gtvoç, de pierre). ïns.—
Genre de Coléoptères tétramères , famille
des Curculionides gonatocères, division des
Cléonides , créé par Klug (Insectenvon Ma-
dagascar, p. 106 , t. IV, fig. 9), et adopté
parSchœnherr (Gen.etsp. Curculion., t. VI,
2e part., p. 233). Deux espèces de Mada-
gascar rentrent dans ce genre, L. pipa
Guér. (superciliosus Kl., Scb.), et le ludiosus
de Schr. (C.)
*LITHOBATES ( UQoq , rivage; &*-
tcûi, je marche), rept. — Division du
grand genre Grenouille proposée par M. Fit-
zinger (Syst. rept., 1843). (E. D.)
LITHOB4E. Lithobius Oi'Qo? , pierre;
Stoç , vie ). mvriap. — Genre de l'ordre
des Chilopodes, de la famille des Sco-
lopendrites, établi par Leach aux dépens
des Scolopendra de Linné. Dans ce genre ,
les segments du corps , dans l'âge adulte ,
sont au nombre de dix-sept, imbriqués en
dessus , inégaux. Les pieds sont au nom-
bre de quinze paires de chaque côté, les
postérieurs étant les plus allongés. Les
antennes varient suivant l'âge ; elles ont de
trente à quarante articles, sétacés ; ces der-
niers décroissent du premier au dernier; le
premier et le second étant beaucoup plus
grand que tous les autres. Les yeux sont
granuleux , distribués en deux groupes de
chaque côté, et varient aussi, comme les
antennes , suivant l'âge. Ce genre renferme
sept ou huit espèces, dont la plus grande
partie est propre à l'Europe ; les autres ha-
bitent le nord de l'Afrique et l'Amérique.
Le Lithobie fourchu, Lithobius forcipatus
Linn., peut être considéré comme le type
de ce genre. Cette espèce est connue dans
toute l'Europe; on l'a signalée en France ,
en Italie , en Allemagne , en Belgique et en
Angleterre. On la rencontre ordinairement
sous les pierres , les écorces , dans les lieux
humides. M. Léon Dufour en a donné une
LIT
LIT
407
bonne anatomie dans le tom. II des Ann. des
se. nat., pi. 5, fig. 1 à 3. (H. L.)
*LHHOBIUM ( XiSoç, pierre ; fcôç, vie).
bot. ph. — Genre de la famille des Mélasto-
macées, établi par Bongard (in Mem. acad.
St-Petersb., VI). Herbes du Brésil. Voyez
HÉLASTOMACÉES.
*LITI10CARPUS (Àt'Qoç, pierre; xapiroç ,
fruit), bot. ph. — Genre de la famille des
Cupulifères, établi par Blume (Flor.jav.,
fasc. 13-14, p. 34, t. XX). Arbres de
Java. Voy. cupulifères.
*LITHOCHAI\IS ( it'Ooç, pierre; x*'P»,
aimer), ins. — Genre de Coléoptères penta-
mères, famille des Brachélytres, tribu des
Pœdériniens, créé par Dejean (Catal., 3e éd.,
p. 74), et adopté par Erichson (Gênera et sp.
Staphylinor., p. 610), qui comprend 30 es-
pèces; 19 sont d'Amérique et 11 d'Europe.
Les types appartenant à notre pays sont les
L. melanocephala F. (Stap. ), ochracea
Grav., et castanea, Er. On les trouve aux
environs de Paris , dans les lieux boisés et
humides. (C.)
LITIIODE. Lithodes (XiOuôyjç, pierreux).
grust. — Ce genre, qui appartient à la section
des Décapodes anomoures, a été établi par
La treille aux dépens des Cancer de Linné, et
rangé, par M. Milne-Edwards, dans sa tribu
des Homoliens. Ces Crustacés ont été jus-
qu'ici placés parmi lesOxyrhynques, à cause
de la forme de leur rostre; mais ce n'est point
là leur place, et c'est évidemment à la divi-
sion des Anomoures qu'elles appartiennent.
C'est avec les Aptérures, et surtout avec les
Homoles, qu'elles ont plus d'analogie; mais
elles établissent le passage entre ces Crus-
tacés et les Birgus (voy. ce mot). Ce genre
est représenté par trois espèces distinctes
dans la région Scandinave, dans les mers
du Kamtschatka et à l'extrémité australe dé
l'Amérique , mais ne paraît pas exister dans
toute la partie chaude du globe intermé-
diaire, entre ces points si éloignés géogra-
phiquement, mais si analogues sous le rap-
port du climat. La. Lithode arctique, Litho-
des arctica Lamk., peut être considérée
comme le type de ce genre singulier ; cette
espèce habite les mers du Nord. Dans le
tome II des Archives du Muséum d'histoire na-
turelle, nous avons faiteonnaître, M. Milne-
Edwards et moi , une nouvelle espèce de
Lithodes, à laquelle nous avons donné le
nom de L. brevipes, et que nous avons figu-
rée dans l'ouvrage ci-dessus cité , pi. 34
à 37. (H. L.)
LITHODENDRON. Lithodendron (îufloç,
pierre; 3tv3pov , arbre), polyp. — Genre éta-
bli par Schweigger, et adopté par M. Gold-
fuss pour des Polypiers calcaires, rameux ,
portant des cellules étoilées ou cyathiformes,
lamelleuses, éparses ou terminales. Ce genre
correspond en partie aux Caryophyllies et
aux Oculines rameuses; il comprend surtout
un grand nombre d'espèces fossiles. (Duj.)
*LITHODERME. Lithoderma (>f8oç ,
pierre; &pp.a, peau), échin. — Genre d'É-
chinodermes apodes , établi par Cuvier pour
une espèce longue de 5 à 6 centimètres, et
noirâtre , vivant dans la mer des Indes. Le
corps est ovale, comprimé en arrière , et sa
surface est comme incrustée d'une couche
de petits grains pierreux qui y forment une
croûte très dure; la bouche est entourée
de tentacules, et les intestins paraissent
avoir des rapports avec ceux des Holothu-
ries ; cependant Cuvier n'y put reconnaître
un orifice anal. (Duj.)
LITHODOME. Lithodomus (>t'9oç, pierre;
<îo/xoç, demeure), moll. — Lamarck avait
déjà partagé le g. Mytilus de Linné en
deux parties presque égales , d'après un ca-
ractère artificiel , tiré de la position des cro-
chets. Dans son g. Modiole, Lamarck a en-
traîné le Mytilus lithophagus de Linné et des
autres espèces perforantes du même genre.
Cuvier a proposé de retirer des Modioles ces
espèces perforantes pour en faire un g. à
part sous le nom de Lithodome ; mais ce g.
n'a point été adopté, non seulement parce
qu'il y a une transition entre ces espèces et
les autres , mais encore parce que l'animal
ne diffère pas sensiblement des Modioles et
des Moules. Voy. modiole et moule. (Desb.)
*LITHODUS ().i9wcÎyj5, très pierreux), ins.
— Genre de Coléoptères tétramères, famille
des Curculionides gonatocères, division des
Byrsopsides , proposé par Germar, et adopté
par Schœnherr (Gêner, et sp. Curcul. Syn.,
t. VI, 2e part., p. 389). L'espèce type et
unique a été publiée antérieurement par
Say (Descrip. of Curcul. of New. Am., p. 8)
sous les noms générique et spécifique de
Thecesternus humeralis. (C.)
*EITHODYTES (\lQoit rivage ; ittnt, qui
navigue), rept. — M. Fi tz i n ger (Syst. repl.%
408
LIT
1843) indique sous ce nom un des groupes
du grand genre des Rainettes. Voy. ce
mot. (E. D.)
*LITHONOMA(Xi9oç, pierre; vo^oç, de-
meure), ins. — Genre de Coléoptères sub-
pentamères, tétramères de Latreille, famille
des Cycliques , tribu des Alticites (Chryso-
mélines de Lat.), créé par nous , et adopté
par Dejean (Catalogue, 3e édit., p. 408).
Deux espèces rentrent dans ce genre , la
Gallerucamarginellade F., et la L. andalu-
saca de Rambur. La première est originaire
d'Espagne et de Portugal , et la deuxième a
été trouvée aux environs de Valence. Les
Lithonoma sont aptères , et se rapprochent
des OEdionychis. Voy. galérucites. (C.)
L1THOPHAGES. moll. — Lamarck a
créé cette famille pour y réunir plusieurs
genres de Mollusques acéphales dimyaires
siphonés, jouissant de la propriété de creu-
ser la pierre pour s'y loger. Ces g. sont les
suivants : Saxicave , Pétricole , Vénérupe ,
auxquels nous renvoyons. C'est à l'un de
ces genres que nous nous proposons de trai-
ter de la question curieuse et importante
de la perforation des pierres par les Mol-
lusques. (Desh.)
LITHOPHAGUS, Még. moll. — Syn. de
Lithodome, Cuv.
LITHOPHILA ().i'9oç , pierre; ?«>.oç, qui
aime), bot. ph. — Genre de la famille des
Caryophyllées, établi par Swartz (Flor. ind.
occid.y 1, 47, t. I). Herbes croissant sur les
roches désertes d'une petite île des An-
tilles.
LITHOPHILES. Lithophilœ. arach. —
C'est une famille du genre des Drassus ,
établie par M. Walckenaër, et dont les Ara-
néides qui la composent ont les yeux sur
deux lignes divergentes ou courbées , en
sens contraire ou parallèle. Les mâchoires
sont dilatées dans leur milieu. La lèvre est
allongée, arrondie à son extrémité. Les
pattes sont courtes , renflées; la quatrième
paireestlaplus longue; la première ensuite,
la troisième estla plus courte. Le céphalotho-
rax est ordinairement terminé en pointe. Les
Drassus , désignés sous les noms de lucifu-
gus, nyctalopes, appartiennent à cette fa-
mille. Ces Aranéides se tiennent derrière les
pierres ou les cavités des marais. ( H. L.)
♦LITIIOPIHLUS (At'Ooç , pierre ; yttoç ,
qui aime), ins.— Genre de Coléoptères hété-
LIT
romères , famille des Diapériales , proposé
par Mégerle , et adopté par Dahl et Dejean
dans leurs Catalogues respectifs. L'espèce
type et unique, he L. Populi de Még., habite
la France , l'Autriche et l'Angleterre. Cur-
tis a décrit depuis cet Insecte sous les noms
générique et spécifique de Alphitophagus
quadripustulalus. (C.)
LITHOPHYTES. Lithophyta. polyp. —
Deuxième tribu de la famille des Polypes
corticaux de Cuvier, comprenant ceux dont
le Polypier a un axe intérieur de substance
pierreuse et fixé. Cette tribu contient
pour cet auteur trois genres principaux :
les Isis , les Madrépores et les Millépores
(voyez ces mots). Les deux premiers sont
de vrais Polypes, mais appartenant à deux
types différents. En effet, les Isis, comme
le Corail , ont des Polypes à huit tentacules
pinnés comme les autres Alcyoniens, et les Po-
lypes des Madrépores ont des tentacules au
nombre de douze ou en nombre indéfini
comme les Actinies, dont ils ne diffèrent que
par la faculté de sécréter un support calcaire
à l'intérieur. Les Millépores, au contraire,
comprennent les Bryozoaires,que leur organi-
sation rapproche bien davantage des Mollus-
ques; et leur Polypier, au lieu d'être un
axe intérieur, est le résultat de la soudure
des têts partiels de chaque animal , succes-
sivement produit par gemmation. (Duj.)
LITHOPUS (AiOoç, pierre; iro3ç, pied).
ins. — Genre de Coléoptères pentamères,
famille des Carabiques, tribu des Bipartis ,
proposé par Audouin et adopté par De-
jean (Catalog., 2e éd., p. 17). L'espèce type,
L. brcvicornis Aud., est originaire de la Bo-
livie, d'où elle a été rapportée par M. Aie.
d'Orbigny. (C.)
*LiTHOSANTHES(a:9oç, pierre ; av9oç,
fleur), bot. ph. — Genre de la famille des
Rubiacées-Guettardées , établi par Blume
(in Flora, 1825, p. 187). Arbrisseaux du
Java. Voy. rubiacées.
*LITHOSIDES, Lithosides. ins.— Tribu
établie par M. Boisduval dans la famille des
Nocturnes de l'ordre des Lépidoptères. Elle
est ainsi caractérisée : Corps grêle, allongé ;
ailes supérieures en sautoir , toujours plus
étroites que les inférieures, qui sont ordi-
nairement plissées en éventail sous les pre-
mières, les unes et les autres enveloppant
l'abdomen lorsqu'elles sont fermées.
Chenilles à seize pattes, garnies de petits
faisceaux de poils implantés ordinairement
sur des tubercules. Chrysalides plus ou moins
courtes, ovoïdes, à segments abdominaux
inflexibles, et contenues dans des coques d'un
tissu lâche et entremêlé de poils.
La tribu des Lithosides comprend huit
genres, nommés : Nadia, Melasina , Emy-
dia, Dejopeia, Lithosia, Calligenia, Setina et
Nudaria.
LITHOSIE. Lithosia (Xi'Ooç , pierre pré-
cieuse). iNS. — Genre de l'ordre des Lépi-
doptères Nocturnes, tribu des Lithosides ,
établi par Latreille, et caractérisé principale-
ment par des antennes sétacées , très grê-
les ; par des ailes longues et étroites, sur-
tout les antérieures.
Duponchel ( Catal. des Lépid. d'Eur. ) en
cite 18 espèces , toutes d'Europe, principa-
lement de la France. Elles sont générale-
ment de petite taille, et leurs Chenilles vi-
vent des lichens des pierres ou des arbres.
Nous citerons comme une des plus répan-
dues en France, la L. rubricollis L.
LITHOSPERMUM. bot. ph. — Voy.
GREMIL.
LiriIOSTIUTlON. 'polyp. — Voy. co-
LUMNAIRE.
*LITIIOXYLOIV (Mos, pierre; ÇuXov ,
bois), bot. ph. — Genre de la famille des
Euphorbiacées-Buxées, établi par Endlicher
{Gen. pi, p. 1122 , n. 5863). Arbres de
Taiti. Voy. euphorbiacées.
*LITHRJSA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Anacardiacées , établi par Miers
( Travels in Chili, II, 529). Arbrisseaux du
Chili et de la Californie. Une chose à remar-
quer dans ce genre , c'est que les étamines
sont au nombre de 10 dans les espèces qui
appartiennent au Chili , et de 5 seulement
dans celles propres à la Californie, ce qui a
déterminé Endlicher à diviser le genre en
deux sections , qu'il nomme Llithi (espèces
du Chili ) et Malosma (esp. de la Californie).
*LITHURGLS ( Moupyo* , qui perce la
pierre), ins. — Genre de la tribu des Apiens
( Mellifères de Latreille), de l'ordre des Hy-
ménoptères, famille des Osmiides. Les Li-
thurgus , détachés par Latreille des Centris
de Fabricius, sont peu nombreux en espèces.
Toutes celles connues habitent le midi de
l'Europe et le nord de l'Afrique. Le type
est le L. cornutus Fabr. (Bl.)
T. Vil.
LIT
409
*LITÏOPE. moll. — Ce petit genre a été
établi par M. Rang, dans son Manuel de con-
chyliologie, pour un petit Mollusque gasté-
ropode, à coquille spirale et turriculée,
dont les mœurs singulières ont été obser-
vées pour la première fois par le capitaine
de vaisseau, M. Bélanger. La coquille res-
semble par ses formes extérieures à celles
d'un très petit Buccin, dont l'ouverture se-
rait à peine échancrée à la base ; la spire
est courte, obtuse; l'ouverture est un peu
moins longue que la spire; elle est ovale,
subsemi-lunaire, un peu oblique sur l'axe
longitudinal ; son bord droit est mince ,
tranchant, et il se joint à la base de la co-
lumelle en formant une légère dépression,
que l'on pourrait comparer à celle des Ris-
soa. La columelle est simple, sans piis, ar-
rondie, subcylindracce ; le plan général de
l'ouverture est un peu incliné d'arrière en
avantsur l'axe longitudinal. L'animal rampe
sur un pied allongé , étroit , bifurqué en ar-
rière. Sur son extrémité antérieure, ce pied
peut se ployer en une espèce de canal ; nous
verrons tout-à-1'heure de quelle utilité lui
est cette disposition. La tête est médiocre,
un peu proboscidiforme , et elle porte en
arrière deux tentacules cylindriques, tron-
qués, et obtus au sommet. L'œil est placé
sur la partie externe et un peu antérieure
de la base du tentacule. Ce qui rend parti-
culièrement ce petit Mollusque digne d'at-
tention , c'est sa manière de vivre, et sur-
tout la propriété dont il jouit de se suspendre
dans l'eau à un Cl muqueux qu'il a préala-
blement attaché à la plante sur laquelle il
vit habituellement. En cela le Liliope res-
semble à ces Chenilles qui, inquiétées ou
poursuivies, se laissent tomber en filant un
fil qui les tient suspendues. On ne devait
guère s'attendre à rencontrer un Mollusque
marin doué d'une aussi singulière pro-
priété; car on doit supposer qu'une matière
muqueuse, sécrétée par l'animal, doit offrir
une singulière résistance pour le tenir dans
l'eau, et lui permettre de se servir de ce fil
pour regagner le point de départ d'où il est
tombé. Cependant le fait existe, et nous
avons eu occasion d'en vérifier l'exactitude
sur une belle petite espèce de Litiope de la
Méditerranée. Voici , à ce sujet , ce que
nous avons observé. Notre Litiope rampait
sur une feuille de Zostère; aussitôt que l'oi>
410
LIT
imprimait une secousse à cette feuille, l'a- j
nimal, effrayé, se laissait tomber; mais
comme le Mollusque , en rampant , avait
laissé sa mucosité attachée derrière lui , il
continuait à la sécréter dans sa chute , ou
plutôt elle sortait d'un petit crypte muqueux
situé à la troncature postérieure du pied, à
peu près de la même manière que celui d'un
assez grand nombre de Limaces. Le fil pro-
duit par la chute de l'animal pouvait acqué-
rir jusqu'à 15 ou 18 centimètres de lon-
' gueur. Lorsque l'animal suppose le danger
passé , il saisit son fil muqueux par le mi-
lieu du pied; l'extrémité antérieure de cet
organe se reploie en canal cylindrique , de
manière à forcer le fil à se présenter tou-
jours sur le milieu du pied, et à mesure
que l'animal remonte, la portion du fil mu-
queux, devenue inutile, se place en tortil-
lons irréguliers dans la bifurcation de l'ex-
trémité postérieure du pied. L'animal rampe
assez rapidement sur son fil muqueux, et
bientôt il a regagné la plante sur laquelle
il vit. En essayant la force du fil muqueux
produit par le Litiope , nous avons été sur-
pris de lui trouver plus de ténacité que nous
ne nous y étions attendu, et nous avons
compris dès lors comment l'animal peut res-
ter suspendu à un support qui échappe fa-
cilement à l'observation autant par sa trans-
parence que par sco extrême finesse.
Le nombre des espèces jusqu'à présent
connues dans ce genre est peu considérable;
nous en connaissons trois seulement, et,
jusqu'ici , aucune n'a été signalée à l'état
fossile. ( Desh.)
*LlTOCERL-S (>tToç, mince; xipaç, an-
tenne). Ins. — Genre de Coléoptères tétra-
mères, famille des Curculionidcs orthocères,
division des Anthribides, créé par Schœnherr
(Gênera et sp. Curculion., t. I, p. 125 ,
5e part., p. 186) avec 3 espèces des Indes
orientales, le L. histrio Schr. , et les Macroce-
phalus maculatus et fuliginosus d'Oliv. (G.)
*LITOMERUS ( àiTb's , mince ; pipo* >
cuisse), ins. — Genre de Coléoptères tétra-
mères , famille des Curculionides gonatocè-
res , division des Apostasimérides cholides ,
créé par Schœnherr (Gêner, et sp. Curculion. ,
tom. III , p. 573 ; VIII , lre part., p. 17),
avec une espèce du Brésil , qu'il nomme L.
Uneatus. Perty l'a décrite antérieurement
sous les noms générique et spécifique de
LIT
Desmosomus longipes (Delect. an. art. , p. S I ,
tab. 16, fig. 11). (C.)
*LITOPUS (Wç , mince ; «o3ç , pied).
ins. — Genre de Coléoptères subpentamères,
tétramères de Latreille , famille des Longi-
cornes, tribu des Cérambycins, créé par
Serville ( Ann. de la Soc. ent. de Fr., t. II ,
p. 563). 6 espèces sont comprises dans ce
genre, et proviennent la plupart du cap de
Bonne-Espérance. Le type a reçu, de la part
de Fabricius , les noms de Cerambyx ater
(individu mâle) , et de Saperda latipes ( in-
dividu femelle). (C.)
*LITORHYNCHUS(Wo'ç, simple; pv7Xo<,
rostre), bot. ph. — Genre de l'ordre des
Diptères brachocères, famille des Tanysto-
mes , tribu des Bombyliens , établi par
M. Macquart (Dipt. exot., t. III, lre part.,
p. 78), qui y rapporte 3 espèces du cap de
Bonne- Espérance.
*LITORIA. reit.— Genre de Batraciens
anoures de la famille des Hylaeformes , pro-
posé par M. Tschudi (Class. Batrac, 1838),
qui y rapporte deux espèces : la Liloria
Freycineti Dum. et Bibr. (Erp. gén., VIII,
pi. 88, f. 2), qui se trouve au port
Jackson ; et la Litoria americana Dum. et
Bibr. (lococit.), qui provient de la Nouvelle-
Orléans. (E. D.)
LITORNE. ois.— Nom d'une espèce eu-
ropéenne de la famille des Merles. (Z. G.)
^ITOSONYCHA ( Xitoç , simple ; ovvÇ ,
ongle), ins. — Genre de Coléoptères subpen-
tamères, tétramères de Latreille, famille des
Cycliques , tribu des Alticides ( des Chryso-
mélines de Lat. ), créé par nous et adopté
par Dejean (Catalogue, 3e éd.), qui y com-
prend 2 espèces du Brésil : les L. decipiens
et calceata Dej. (C.)
LITSvEA. bot. ph. —Genre de la famille
desLaurinées-Daphnidiées, établi par Jus-
sieu(Dic*. sc.nat., t. XXVII, p. 79). Arbres
de l'Inde. Voy. laurinées. — Lam., Syn.
de Tetranthera, Jacq.
LITTORALES, Illig. ois. — Syn. de Li-
micoles.
LITTORELLA ( littoralis, de rivage).
bot. ph. — Genre de la famille des Planta -
ginées, établi par Linné ( Gen., n. 1328).
Herbes aquatiques de l'Europe boréale. Voy.
PLANTAGINÉES.
LITTORINE. Littorina (littoralis, de ri-
vage), moll. — On doit la création de ce g. à
LIT
LIT
411
M. de Férussac, qui l'a proposé pour la pre-
mière fois , dans ses Tàbl. systém. L'arran-
gement de ce naturaliste consistait à partager
le g. Paludine en cinq sous-genres : celui des
Littorines s'y rencontre. Il a pour type le
Turbo littoreus de Linné, et il rassemble au-
jourd'hui un assez grand nombre d'espèces,
parmi lesquelles on en remarque plusieurs
connueset figurées par les anciens conchylio-
logistes. Parmi ces espèces , on remarque
le Turbo littoreus de Linné, et encore quel-
ques autres plus aplaties, qui ont été en-
traînées dans le g. Nérite. Les auteurs systé-
matiques conservèrent presque toutes ces
coquilles dans le g. Turbo ou dans celui
des Trochus, et Lamarck lui-même suivit
l'exemple de ses prédécesseurs , quoiqu'il
connût la figure du Turbo littoreus donnée
par Cuvier, dans les Annales du Muséum.
Lamarck distribua les espèces , non seule-
ment parmi les Turbos, mais encore parmi
les Phasianelles ; on en rencontre même
quelques unes parmi les Monodentes. La
création du g. Littorine a donc eu le grand
avantage de faire cesser cette confusion, et
de réunir en un seul groupe naturel des ani-
maux, avant cela disséminés dans quatre ou
cinq genres. Tous les zoologistes aujourd'hui
sont d'accord pour admettre le genre qui
nous occupe ; mais il s'agit actuellement d'en
déterminer les rapports avec les g. con-
nus. Il est évident que les Littorines s'é-
loignent beaucoup de la famille des Tur-
bos et des Troques , ainsi que des Néri-
tes , des Lacunes, et plus encore des Pha-
sianelles. Ce qui caractérise les animaux de
la famille des Turbinacés , ce sont les ten-
tacules plus ou moins nombreux implantés
sur les parties latérales du pied. Jamais on
n'a retrouvé la moindre trace de ces organes
| dans les Littorines ; aussi nous pensons
| qu'il conviendra d'adopter l'opinion de Fé-
jrussac, et de rapprocher les Littorines des
:Paludines, sans cependant les comprendre
I dans la même famille. Nous pensons aussi
< que les g. Scalaire et Turritelle ne doivent
j pas en être très éloignés. Enfin, nous voyons
j dans le g. Planax une modification des Lit-
• torines comparable à celle des Mélanopsides,
par rapport aux Mélanies.
Les coquilles du g. Littorine sont géné-
ralement ovales, subglobuleuses. La spire
est rarement élancée, et presque jamais sa
longueur ne dépasse celle du dernier tour.
L'ouverture est généralement semi-lunaire.
Chez quelques espèces, elle est ovale, quel-
quefois subcirculaire. Le plan de cette ou-
verture est toujours obliquement incliné sur
l'axe longitudinal de la coquille. Le bord
droit est simple, tranchant, plus ou moins
épais à l'extérieur, selon les espèces; il s'ar-
rondit à sa base; il reste parfaitement en-
tier, et se joint insensiblement à la colu-
melle. Celle-ci est assez courte, presque tou-
jours un peu élargie à la base, et si elle est
arrondie au sommet dans un grand nom-
bre d'espèces, elle s'aplatit et devient un
peu tranchante à son extrémité antérieure.
La base du dernier tour est toujours très
convexe, et très rarement on trouve une pe*
tite perforation ombilicale. Dans les espèces
rapportées par Lamarck au g. Monodonte,
on voit, à l'extrémité de la columelle, une
petite troncature dentiforme, caractère sans
importance , qui en a imposé au zoologiste
dont nous parlons.
L'animal présente des caractères parti-
culiers qui viennent confirmer ceux de la
coquille. Il rampe sur un pied arrondi, ova-
laire, court, entièrement caché par sa co-
quille; l'extrémité antérieure estséparée en-
tièrement d'une grosse tête proboscidiformc
ridée transversalement, et fendue en avant
dans toute sa longueur par une bouche gar-
nie de chaque côté d'une lèvre longitudinale.
En arrière de la tête , et sur les parties la-
térales, s'élèvent deux tentacules fort allon-
gés, coniques, très pointus au sommet,
élargis à la base, et y portant, au côté ex-
terne, un œil assez grand et plus proémi-
nent. Sur l'extrémité postérieure du pied
est attaché un opercule corné qui affecte la
forme de l'ouverture de la coquille, et qui
est paucispirée. La spire de cet opercule est
tantôt subcentrale, tantôt latérale, et l'on
y compte rarement plus de 2 à 3 tours. Si
l'on pénètre dans la cavité cervicale de l'a-
nimal, on trouve à droite l'anus et les or-
ganes de la génération r et dans le fond ,
vers la gauche , un peigne branchial assez
considérable.
Il est évident, d'après ce que nous venons
de dire, que le genre Littorine se distingue
complètement de tous ceux avec lesquels il
a été confondu, et, pour s'en convaincre, il
suffit de consulter les art. Turbo, Troque,
M2
LIT
Phasianelle , Monodonte', Nerite et Lacune. |
Les Littorines sont des Mollusques marins
ayant une manière de vivre spéciale. Ils s'at-
tachent aux rochers au-dessus du niveau des
eaux, et sont seulement mouillés par les va-
gues qui viennent battre les rivages. Nous
avons vu pendant toute Tannée des Littorines
sur les rochers du rivage de l'Algérie, sup-
portant sans presque se déranger toutes les
influences des saisons, recevant alternative-*
ment les eaux torrentielles de l'automne et
du printemps, les vagues de la mer pendant
les tempêtes, et supportant l'ardeur du soleil
dans une saison où les roches qui y sont
exposées peuvent à peine être saisies par la
mer. Cesanimaux sont en grande abondance,
et on en connaît maintenant de presque
toutes les mers. Nous en connaissons plus
de 80 espèces vivantes, auxquelles on peut
ajouter une quinzaine de fossiles, distribuées
en partie dans les terrains tertiaires et en
partie dans les terrains secondaires; ce sont
les terrains oolitiques qui en contiennent le
plus. (Desh.)
LITUACÉS. Lituaceœ. moll. — M. de
Blainville, dans son Traité de Malacologie., a
institué cette famille pour y ranger un cer-
tain nombre de genres de Céphalopodes. Il
les distribue en deux groupes : dans le pre-
mier, sont ceux dont la coquille est à cloi-
sons simples, tels que les genres Ichthyosar-
colite, Lituoleet Spirule; dans le deuxième
groupe sont les genres dont la coquille a les
cloisons sinueuses, tels que les g. Amite et
Ammonocéraiite. Cettefamillenepeut rester
comme son auteur l'a instituée; car on sait
aujourd'hui que les Ichthyosarcolites sont 1 es
débris d'une coquille bivalve, et que les Li-
tuoles se rapprochent plus des Nautiles que
des Spirules. Enûn tous les zoologistes ont
réuni dans la famille des Ammonées toutes
les coquilles à siphon dorsal et à cloisons pro-
fondément découpées, comme les Amites, et
tous aussi ont abandonné le genre Ammo-
nocérate établi pour une Ammonite incom-
plète. V. CÉPHALOPODES et MOLLUSQUES. (DESH.)
LITUITE. Limites (lituus, crosse), moll.
— Ces coquilles, d'une forme très singulière,
ont depuis très longtemps attiré l'attention
des oryctographes et des amateurs de pétrifi-
cations. Figurées dans plusieurs ouvrages ,
ces coquilles, restées rares jusqu'ici dans les
collections , ont été le sujet de diverses opi-
LIT
nions et de plusieurs discussions , à la suite
desquelles leur véritable nature a été enfin as-
sez bien connue pour permettre à un homme
d'un mérite peu commun de les rapprocher
des Nautiles , des Orthocères et des autres
Céphalopodes à coquille cloisonnée. Breyne ,
en effet, dans sa dissertation sur les Poly-
thalames, est conduit par une appréciation
très exacte des caractères à rapprocher sans
confusion les Lituites des Orthocères, des
Nautiles, et même des Spirules. Linné con-
sacra l'opinion de Breyne en la modifiant;
car dès les premières éditions du Systema
naturœ, il comprend la Lituite dans le
genre Nautile , sous le nom de Naulilus li-
luus. Lorsque, au commencement de ce
siècle , on découvrit à l'état fossile des co-
quilles microscopiques cloisonnées, on vou-
lut les classer et les rapprocher de celles des
Céphalopodes proprement dits. Linné, dans
ses classifications , avait commencé cette
confusion pour les espèces vivantes obser-
vées par Gualtieri , et elle se continua , en
s'aggravant, à mesure que de nouveaux ob-
servateurs ajoutèrent des faits nouveaux
dans ce monde si intéressant des coquilles
microscopiques. Lamarck, entraîné par des
rapports de formes, réunit dans un seul
genre, celui des Lituoles, non seulement
les Lituites , mais encore les petites co-
quilles de Grignon et d'autres localités, qui
présentent des formes à peu près sembla-
bles. Il résulta de cette confusion que le genre
Lituite lui-même fut évincé de la méthode
et remplacé par les coquilles qui n'appar-
tiennent même pas à la classe des Mollus-
ques. Les découvertes de M. Dujardin et l'é-
tablissement de la classe des Rhizopodes
mirent un terme à la confusion que nous
venons de signaler, et aujourd'hui le genre
Lituite, débarrassé de toutes les coquilles
microscopiques qui l'encombraient inutile-
ment, se trouve à la vérité réduit à un
petit nombre d'espèces , mais qui toutes
présentent des caractères uniformes, au
moyen desquels le genre reprend toute la
valeur que Breyne lui avait d'abord accordée.
Les Lituites sont des coquilles très singu-
lières. Leur sommet, tourné en spirale régu-
lière, symétrique , est composé d'un nombre
détours plus ou moins considérable, en-
roulés sur un plan horizontal, ordinaire-
ment désunis ou se touchant à peine. Le
LIT
L1V
413
dernier tour, au lieu de s'enrouler comme
les précédents , se continue en ligne droite ,
de sorte que, dans son ensemble, la co-
quille ressemble en petit à la crosse d'un
évêque. Tous les tours de la spire sont rem-
plis par des cloisons simples, concaves d'un
côté, convexes de l'autre, et toutes sont per-
cées d'un siphon petit, circulaire, subYen-
tral et se continuantsans interruption d'une
loge à l'autre. Dans les individus bien en-
tiers et parvenus à l'état adulte, ce dernier
tour reçoit encore un petit nombre de cloi-
sons, mais presque toute sa partie droite
constitue une grande cavité simple, ter-
minée par une ouverture circulaire , à bords
à peine obliques, sans sinuosité et dégarnis
de bourrelet. Cette longue cavité était des-
tinée à contenir l'animal, et son existence
dans le genre Lituite est une grande valeur
pour déterminer à quelle famille il doit ap-
partenir. Les spirules, en effet, étant con-
tenues à l'intérieur du sac de l'animal, n'ont
point de cavité propre pour le recevoir, et
leur dernière cloison n'a pas plus d'étendue
que les précédentes. Dans les Nautiles au
contraire et dans tous les genres qui appar-
tiennent à la famille des Nautilacés, la co-
quille est complètement extérieure : aussi
se termine-t-elle toujours par un long étui
dans lequel l'animal est en quelque sorte
engaîné. Il devient évident par là que le
genre Lituile doit appartenir à la famille
des Nautilacés et non à celle des Spirules.
Au reste, la connaissance que l'on a actuel-
lement de l'animal du Nautile, ne permet
plus de rapprocher les Spirules des Nauti-
lacés , et malgré l'apparence, il faut sé-
parer des genres qui semblent avoir entre
eux beaucoup de rapports. Le genre Lituite
doit donc se ranger dans la méthode parmi
les Céphalopodes cloisonnés, dans la famille
des Nautilacés, dans le voisinage des Gom-
phocéras, des Campulites et des Clymenia.
D'après ce que nous venons d'exposer, il
est facile de résumer les caractères généri-
ques de la manière suivante:
Animal inconnu; coquille cloisonnée
transversalement, à cloisons simples, per-
cées d'un siphon subventral ; sommet tourné
en spirale, atours distincts et contigus;
dernière loge grande, engainante, propre à
contenir l'animal, et terminée par une ou-
verture simple et circulaire.
Le nombre des espèces actuellement con-
nues est peu considérable ; toutes sont fos-
siles et appartiennent à une race entière-
ment éteinte à la surface de la terre. Sans
exception , les Lituites se trouvent dans les
couches de sédiment les plus anciennement
déposées à la surface de la terre, et appar-
tiennent par conséquente cette période re-
marquable pendant laquelle existait, parmi
les animaux Céphalopodes, la seule famille
des Nautilacés qui, à cette époque reculée,
a subi toutes les modifications actuellement
connues. (Desh.)
LITUOLACÉES , Lamk. moll. — Syn.
de Lituotées, id. (Desh.)
LITUOLE. Lituoîa. moll. — Genre insti-
tué par Lamarck pour de petites coquilles
microscopiques appartenant à la classe des
Rhizopodes, et parfaitement caractérisées
par leur forme générale. En effet, la spire
est discoïde, composée d'un petit nombre
de tours conjoints, dont le dernier se pro-
longe en ligne droite. Ces coquilles sont di-
visées par de nombreuses cloisons convexes
en avant et percées de trois à six trous. (Desh.)
JLITUOLÉES. Lituolœ. moll.— Lamarck
a institué cette famille parmi les Mollusques
céphalopodes pour réunir toutes les coquilles
à sommet tourné en spirale , et ayant le
dernier tour projeté en ligne droite. Il y
réunit les trois genres Spirule, Spiroline et
Lituole. Le genre Spirule doit rester actuel-
lement dans la classe des Céphalopodes ;
mais les deux autres doivent passer dans
celle des Rhizopodes. Voy. ces mots. (Desh.)
LÏTUUS, Humph. moll. — Syn. de Cy-
clostome, Lamk. (Desh.)
*LIUS().£t'oç, lisse), ins. — Genre de Co-
léoptères pentamères, famille des Sternoxes,
tribu des Buprestides, proposé par Eschscholtz
et adopté par Dejean ( Catalogue , 3e édit. ,
p. 94 ), qui en énumère 14 espèces : 8 sont
originaires de Cayenne, 3 de Colombie, 2 de»
États-Unis, et 1 est indigène du Brésil. Le
type, le L. dilatatus Eschs., est propre à ce
dernier pays. Les Lius rentrent dans le g.
Brachys de M. Solier, adopté par MM. Gory
et de Laporte ; ces derniers auteurs en ont
connu 38 espèces, qui appartiennent toutes
à l'Amérique. (C.)
LIVÈCHE. Ligusticum. bot. ph. — Genre
de la famille des Ombellifères , établi par
Linné (Gen.y n° 346). Herbes originaires de
114
LIV
L1X
l'Europe, de l'Amérique boréale et de l'A-
sie centrale. Voy. ombellifères.
L1VIA (nom mythologique), ins. — Genre
de la famille des Psyllides , tribu des
Aphidiens, de l'ordre des Hémiptères, éta-
bli par Latreille et adopté par tous les en-
tomologistes. Les Livia se reconnaissent ai-
sément à leurs antennes beaucoup plus cour-
tes que le corps, à premier article très gros,
le second fort grand, et les suivants larges
et courts.
On a décrit une seule espèce de ce genre :
c'est la Livie des joncs (L. juncorum Latr.),
qui vit et dépose ses œufs dans les fleurs
des joncs. Souvent ces Insectes y occasion-
nent des excroissances en absorbant la sève,
et sans doute en sécrétant un liquide irri-
tant. (Bl.)
LIVISTONA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Palmiers, tribu des Goryphinées,
établi par R. Brown (Prodr., t. III, p. 123).
Palmiers de la Nouvelle-Hollande et de l'A-
sie tropicale.
LIVON. moll. — La coquille nommée
ainsi par Adanson est une belle espèce de
Troque que Linné comprenait dans son g.
Turbo sous le nom de Turbo pica. Voy.
troque. (Desh.)
LIVONÈCE. Livoneca. crust. — Genre
de l'ordre des Isopodes , de la famille des
Cymothoadiens, de la tribu des Cymothoa-
diens parasites, établi par Leach, et adopté
par les carcinologistes. Chez ces Crustacés ,
la tête est petite, et les yeux bien apparents,
mais sans granulations bien distinctes. Le
front est avancé, arrondi, et recourbé en bas,
mais ne se prolonge que peu ou point entre
la base des antennes et la face inférieure de
la tête. Les antennes sont très petites, et
composées d'articles à peu près de même
forme. La bouche n'offre rien de remarqua-
ble. Le thorax est plus bombé et s'élargit
beaucoup, mais très graduellement jusqu'au
cinquième segment, puis se rétrécit de la
même manière. Les pièces épimériennes oc-
cupent la face dorsale du thorax, elles sont
étroites, et dépassent à peine les angles cor-
respondants de la pièce sternale. L'abdomen
est très large à sa base avec les angles laté-
raux des cinq premiers anneaux se prolon-
geant en une petite dent obtuse. Les pattes
sont généralement courtes. Les espèces qui
composent ce genre se tiennent fixées sur
les branchies ou sur d'autres points du corps
de divers Poissons, et quelquefois se défor-
ment en grandissant, de façon que la ligne
médiane, au lieu d'être droite, décrit une
courbe très forte. Toutes les espèces con-
nues proviennent des mers de l'Amérique
ou de l'Inde ; parmi les cinq qui sont con-
nues, nous citerons le Livonèce de Redmann,
Livoneca Redmannii Leach ( Edw., Règ.
anim. de Cuv., Crust., pi. 66, fig. 4). Cette
espèce habite la mer des Antilles. (H. L.)
LIVRÉE, mam. — On donne générale-
ment ce nom au pelage de la première an-
née de plusieurs animaux de l'ordre des Ru-
minants, à celui des jeunes Lions, etc. Ce
pelage qui, chez les Ruminants, présente des
mouchetures ou des bandes régulièrement
disposées, d'une teinte différente du fond,
et ordinairement plus claire, offre chez les
Lionceaux une disposition de bandes trans-
versales , noirâtres sur les flancs , partant
d'une ligne dorsale de la même couleur.
Les couleurs d'un jeune animal en livrée
rappellent constamment celles que présen-
tent d'une manière permanente d'autres es-
pèces du même genre, et on pourrait même
pour celles-ci, au lieu de dire comme on le
fait ordinairement, qu'elles n'ont pas de
livrée dans leur jeune âge, admettre qu'elles
la conservent pendant toute la durée de leur
vie; c'eit ainsi que diverses espèces du g.
Chat ont un pelage qui rappelle la livrée des
Lionceaux, que l'Axis, parmi les Cerfs, con-
serve toute sa vie ces taches blanches , qui
ne sont dans le Cerf ordinaire qu'un carac-
tère du jeune âge.
On a, par extension, employé le mot Li-
vrée pour exprimer la disposition des cou-
leurs chez les animaux adultes; mais il vaut
mieux alors préférer la dénomination de
robe. (E. D.)
LIVRÉE, ois. — Voy. oiseaux.
LIVRÉE, moll. — Nom vulgaire que les
anciens conchyliologistes employaient pour
désigner nos deux espèces les plus commu-
nes d'Hélices, Hélix harvensis et nemoralis
de Linné. Voy. hélice. (Desh.)
LIXUS ( nom mythologique), ins. —
Genre de Coléoptères pentamères , famille
des Curculionides gonatocères , division des
Érirhinides , créé par Fabricius ( Systema
| Eleutheratorum , t. II, p. 498), et adopté
I par tous les auteurs subséquents. Schœnherr
LOA
en men tion ne [Gênera et sp . Curculion. , t. VII,
p. 419) 180 espèces, qui sont réparties sur
tout le globe. Cet auteur a établi des divi-
sions basées sur la simplicité ou la dentelure
des cuisses, sur les étuis arrondis ou épi-
neux à l'extrémité. Parmi les espèces qui
habitent la France ou les environs de Paris,
nous désignerons les suivantes : L. paraplec-
ticus, cylindricus, ascanii, angustatus, fer-
rugatus , filiformis de F. , iridis , mucrona-
lus, spartii et bicolor d'Olivier. La lre vit
sur la Phellandrie , la 4e sur la Mauve , la
6e sur le Chardon, et la 9e sur le Genêt épi-
neux. Les Lixus ont l'épiderme excessive-
ment dur, et couvert d'une poussière ou
pollen de couleur jaune ou rouge, et qui se
détache au moindre attouchement. (C.)
LLAGUIVOA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Sapidancées-Dodo-
néacées, établi par Ruiz et Pavon [Prodr.,
126, t. 28). Arbres du Pérou. Voy. sapin-
DACÉS.
LLAMA. mam. — Pour Lama. Voy. l'ar-
ticle CHAMEAU. (E. D.)
*LLOYDIA, Neck, bot. ph. — Syn. de
Prentzia, Cass.
LOASA. bot. ph. — Genre de la famille
des Loasacées , établi par Adanson (Fam.y
II, 50 ). Herbes du Pérou et du Chili. Voy.
LOASACÉES.
LOASACÉES, LOASÉES , Loaseœ, Loa-
mceœ. bot. ph. — Famille de plantes dico-
tylédonées, polypétales, périgynes, ainsi ca-
ractérisée : Calice adhérent avec l'ovaire par
sa partie inférieure tubuleuse , et relevé de
côtes quelquefois dirigées en spirale , divisé
au-dessus de lui en 4 ou 5 segments imbri-
quésou tordus dans la préfloraison, ordinai-
rement persistants. Pétales en nombre égal,
alternes, insérés à l'entrée du tube calici-
nal, à préfloraison tordue , caducs. Étamines
nombreuses, insérées comme les pétales, dis-
posées sur trois cercles : celles de l'extérieur,
le plus souvent métamorphosées , offrent
elles-mêmes la forme d'autant de pétales ou
d'écaillés opposées au calice , mais leur
nature, indiquée par leur situation, l'est
encore plus clairement dans certains cas,
par la présence de plusieurs anthères portées
vers le sommet : les étamines des deux rangs
intérieurs, opposées alternativement aux pé-
tales et au calice , leur sont rarement égales
en nombre , mais plus ordinairement mul-
LOA
415
tiplcs, et alors les oppositipétales groupées
par faisceaux où les filets sont libres ou sou-
dés, les plus intérieures elles-mêmes transfor-
mées et stériles, réunies par groupes de 2, 3
ou 4. Les anthères des fertiles sont introrses,
à deux loges s'ouvrant longitudinalement,
que remplit un pollen à grains globuleux
et lisses. L'ovaire adhérent surmonté d'un
style simple , que termine un stigmate in-
divis ou 3-4 fide, offre à l'intérieur une seule
cavité avec 3 ou 5, ou rarement 4 placentas
pariétaux, qui unissent les bords juxtaposés
des feuilles carpellaires, et portent des ovu-
les, en général très nombreux, pendants,
anatropes. Il devient une capsule également
adhérente, quoique dans quelques cas cette
adhérence soit incomplète, et n'ait lieu que
le long des nervures, couronnée par le limbe
calicinal persistant, se séparant en autant
de valves qu'il y a de placentas ou dans
toute sa longueur, ou le plus ordinaire-
ment à son sommet seulement : très rare-
ment le fruit est charnu et indéhiscent. Les
graines pendantes, sous un test lâche, réti-
culé ou hérissé de petites pointes, et dou-
blé d'une membrane ténue, offrent un
périsperme charnu, et, dans son axe, un
embryon droit, à radicule supère et cylin-
drique plus longue que les cotylédons qui
sont plans et foliacés.
Les espèces , toutes originaires de l'Amé-
rique , surtout de la zone qui borde l'océan
Pacifique, entre les tropiques, et plus encore
au-delà, jusqu'à une certaine distance, sont
des herbes dressées ou grimpantes, souvent
ramifiées par dichotomies, et ordinairement
hérissées de poils raides et piquants. Les feuil-
les, sans stipules ni vrilles, sont opposées ou
alternes, simples, mais souvent découpées en
lobes palmés; les fleurs élégantes, blanches,
jaunes ou plus rarement rouges, solitaires
ou plusieurs réunies sur des pédoncules axil-
laires ou terminaux ou oppositifoliés, sou-
vent munies de deux bractées opposées.
GENRES.
Acrolasidy Presl. — Mentzelia, L. —
Bartonia , Sims. — Klaprothia, Kunth. —
Sclerothrix , Presl. — Grammatocarpus ,
Presl. ( Scyphanthus , Don.) — Loasa,
Adans. (Ortigay Feuill.). — Cajophora ,
Presl. — Blumenbachia, Schrad.
On rapproche à la suite le Cevallia, Lag.
[Petalanthera, Torr \ (Ad. J.)
416
LOB
LOB
*LOBAIRE, Blainv. moll.— Syn. de Do-
ridie, Meck. Voy. ce mot.
LOBE et LOBÉ. Lobus , Lobatus. bot.
— On donne le norr de Lobe à des divisions
plus ou moins profondes dont sont affectés
quelquefois les organes floraux ou quelques
autres parties d'une plante ; ainsi un pétale,
une corolle, une feuille peuvent être parta-
gés en un certain nombre de lobes ; dans ce
cas, ces parties sont dites lobées. On appelle,
par exemple, une feuille bilobée, trilobée, etc.,
enfin multilobée, selon qu'elle présente deux,
trois ou un plus grand nombre de Lobes.
LOBELIA. bot. ph. — Voy. lobélie.
LOBÉLIACÉES. Lobeliaceœ. bot. ph.—
Famille de plantes dicotylédones, monopé-
tales, périgynes, réunie primitivement aux
Campanulacées, dont on la distingue main-
tenant par sa corolle inégale et ses anthères
soudées entre elles. Ses caractères sont les
suivants: Calice adhérent à l'ovaire, par-
tagé au-dessus de lui en 5 lobes égaux ou
inégaux. Corolle monopétale, à préfloraison
valvaire, persistante, à 5 lobes alternantavec
ceux du calice , ordinairement disposés en
deux lèvres ou en une seule, ou présentant
2 pétales libres , tandis que les 3 autres
sont soudés entre eux , à tube entier, ou
partagé par une fente qui regarde en dehors
dans le bouton, en dedans dans la fleur qui
s'est retournée par la torsion de son pédi-
celle. Autant d'étamines alternant avec les
lobes de la corolle; à filets adhérents à son
tube ou indépendants ; libres ou soudés en-
tre eux , principalement au sommet; à an-
thères soudées par leurs bords en un tube
biloculaire, s'ouvrant longitudinalement en
dedans. Ovaire complètement ou à demi
adhérent, à 2 loges avec placenlation axile,
ou à une seule avec placenlation pariétale.
Ovules en nombre indéfini. Style simple.
Stigmate bilobé ou plus rarement indivis,
entouré par un cercle de poils. Fruit indé-
hiscent ou s'ouvrant en deux ou trois val-
ves , qui portent sur leur milieu les cloisons
ou les placentas, ou par un opercule apici-
laire. Embryon droit dans l'axe d'un péri-
sperme charnu, l'égalant presque en lon-
gueur , à radicule tournée du côté du hile
basilaire. Les espèces abondent souvent en-
tre les tropiques ou dans les zones voisines;
quelques unes, en petit nombre, au-delà et
jusque dans des régions tempérées ou même
froides. Ce sont des herbes ou des arbris-
seaux , plus rarement des arbustes , à suc
laiteux; à feuilles alternes, simples, entiè-
res, dentées ou lobées, dépourvues de sti-
pules; à fleurs solitaires et axillaires, plus
souvent groupées en grappes ou épis axil-
laires ou terminaux, assez communément
bleues. Leur sucre acre et narcotique a des
propriétés énergiques qui en a fait employer
plusieurs comme médicaments, mais qui au-
jourd'hui les fait exclure en général de ïa
matière médicale et rejeter dans la toxi-
cologie.
GENRES.
Tribu I. — Delltsséacées.
Frjiït indéhiscent, sec ou charnu.
Pratia , Gaud. — Piddingtonia , A. DC.
— Macrochilus, Presl. — Clermontia, Gaud.
— Delissea, Gaud. — Cyanea, Gaud. — Rol-
landiaf Gaud. — Centropogon, Presl.
Tribu II. — Clintoniées.
Capsule 1-loculaire, à trois valves, dont
deux placentifères.
Clintonia, Dougl. — Grammatotheca, Presl.
Tribu III. — Lysipomiées.
Capsule 1-loculaire, s'ouvrant transver-
salement par un opercule.
Lysipomia, Kunth (Hypsela, Presl.).
Tribu IV. — Lobéliées.
Capsule 2-loculaire , s'ouvrant par deux
valves, ou plus rarement par deux pores.
Heterosoma, Zucc. {Myopsia , Presl.) —
Mezleria, Presl. — Monopsis, Salisb. — Ho*
lostigma , G. Don. — Isolobus , A. DC. —
Parastranthus , G. Don. — Dobrowskia,
Presl. — Sclerotheca, A. DC — Lobelia, L.
(Rapuntium, Tourn. — Dortmanna, Rudb.
— Trimeris, Presl.) — Tupa, G. Don. {Ty-
lomium, Presl.) — Rhynchopetalum, Fres. —
Siphocampylus, Pohl. — Byrsanthes, Presl.
— Enchysia, Presl. — Laurentia, Mich. — Iso-
toma, Lindl. (Hippobroma, G. Don). (Ad. J.)
LOBÉLIE. Lobelia ( dédié au botaniste
Lobel). bot. ph. — Grand genre de la fa-
mille des Lobéliacées à laquelle il donne son
nom. Il a été placé dans le système sexuel
de Linné de diverses manières: ainsi Linné
lui-même le rangeait dans la syngénésie mo-
nogamie ; mais, après lui, la syngénésie ayant
été réduite aux seules Composées, et l'ordre
de la monogamie ayant été supprimé par la
LOB
LOB
417
plupart des botanistes, les uns, comme Per-
soon, Pont classé dans la monadelphie pen-
tandrie, tandis que les autres, en plus grand
nombre, l'ont confondu avec les plantes à
fleurs non composées et à cinq étamines, et
font rangé dans la pentandrie monogynie.
Dans la révision qu'en a présentée M. Alph.
De Candolle, dans le septième volume du
Prodromus, p. 357-387, le genre Lobélie
comprend 173 espèces. Ces plantes sont her-
bacées, rarement sous-frutescentes, à feuilles
alternes; leurs fleurs sont de couleurs très
diverses, souvent brillantes, bleues, blan-
ches, violettes, rouges, etc ; elles présentent :
un calice à cinq divisions, une corolle divi-
sée à son côté supérieur par une fente lon-
gitudinale, à tube droit, cylindrique ou en
entonnoir, à deux lèvres dont la supérieure
est ordinairement plus courte et dressée,
dont l'inférieure est le plus souvent étalée,
plus large, ordinairement à cinq lobes; cinq
étamines dont le tube et les anthères sont
soudés en un seul corps; les deux inférieu-
res, rarement toutes, ont les anthères bar-
bues au sommet. L'ovaire présente des va-
riations importantes; on le voit, en effet,
tantôt adhérent et infère, tantôt à moitié
libre et demi-supère , tantôt enfin presque
entièrement libre et supère, et ces variations,
généralement si importantes partout ailleurs,
se rencontrent ici chez des espèces très voisi-
nes l'une de l'autre. Parmi les nombreuses
espèces de Lobélies il en est quelques unes
qui présentent de l'intérêt, soit comme cul-
tivées fréquemment dans les jardins à titre
de plantes d'ornement, soit comme espèces
officinales. Nous nous bornerons à décrire
ici les plus intéressantes d'entre elles.
1. Lobélie brûlante, Lobelia urens Lin.
Sa tige est droite, simple, anguleuse, et s'é-
lève à 3 ou 4 décimètres de hauteur; ses
feuilles inférieures sont oblongues, obtuses,
crénelées , rétrécies en pétiole à leur base ;
celles du milieu de la plante sont lancéolées,
dentées, aiguës, sessiles; les bractées sont
linéaires, acuminées, presque entières, plus
courtes que la fleur qui se développe à leur
aisselle. Ses fleurs sont bleues, marquées à
la gorge de deux taches blanchâtres; elles
sont presque sessiles, réunies en grappe ter-
minale; le tube de leur calice est en cône
renversé, allongé, et ses lobes linéaires,
acuminés, n'atteignent que le milieu du
i. vu.
tube de la corolle; celle-ci est velue, de
même que les anthères, dont les deux infé-
rieures portent de plus un pinceau de poils
à leur extrémité. Cette espèce est annuelle;
elle croît dans les lieux humides et maréca-
geux du sud de l'Angleterre, de l'ouest et
du centre de la France, de l'Espagne et de
Madère. Elle renferme un suc acre et caus-
tique, comme presque toutes ses congénères,
parmi lesquelles même il en est un grand
nombre de vénéneuses. Ce suc, chez l'espèce ;
qui nous occupe, pris à l'intérieur, cause des
vomissements et des évacuations alvines, ac-
compagnées de douleurs intestinales; cepen-
dant on assure que, dans certains cas, il a
guéri la fièvre.
2. Lobélie syphilitique , Lobelia syphili"
tica Lin. Toute la plante est légèrement
velue; sa tige s'élève à 5 décimètres envi-
ron; elle est droite et simple; ses feuilles
sont ovales, aiguës à leurs deux extrémités,
irrégulièrement denticulées. Ses fleurs sont
bleues et violacées sur le tube , rarement
blanches, réunies en grappe terminale; leur
calice est hérissé, à tube hémisphérique, à
lobes lancéolés, acuminés, auriculés à leur
base, de moitié plus courts que la corolle.
Cette Lobélie est vivace; elle croît dans les
lieux humides des États-Unis d'Amérique;
on la cultive assez souvent dans les jardins
comme plante d'ornement ; on la place alors
à une exposition méridionale, le long des
eaux, où elle produit de l'effet par ses touffes,
et où elle se ressème d'elle-même. Elle doit
son nom à la vertu antisyphilitique qu'on a
attribuée pendant longtemps à sa racine, et
pour laquelle les sauvages de l'Amérique
l'employaient, dit-on, avant même l'arrivée
des Européens dans le Nouveau Monde. Cette
vertu spéciale a été surtout préconisée par
Kalm, qui a écrit à ce sujet un Mémoire que
l'on trouve parmi ceux de l'Académie de
Stockholm pour l'année 1750. Aujourd'hui
cette plante n'est à peu près plus employée
comme antisyphilitique , mais bien comme
sudorifique, et dans ce cas, on l'administre *
à faibles doses, ou comme émétique et pur-
gative, et alors on l'administre à hautes
doses. Sonsuc est, au reste, moins acre et
moins énergique que celui de la plupart de
ses congénères. D'après l'analyse que Bois-
sel en a faite , la Lobélie syphilitique ren-
ferme : 1° une matière grasse, de cousistance
53
418
LOB
LOB
butyreuse ; 2° du sucre incristallisable et
infermentescible; 3° une matière mucila-
gineuse; 4° du malate acide de chaux ; 5° du
malate de potasse ; 6° des traces d'une ma-
tière amère très facilement altérable; 7° du
chlorhydrate et du sulfate de potasse ; enfin
du ligneux.
3. Lobélie brillante, Lobelia fulgens
Wild. Cette belle plante est aujourd'hui
très répandue dans les jardins. Elle est pu-
bescente dans ses diverses parties; sa tige
est droite et simple; ses feuilles sont ses-
siles, lancéolées, acuminées, marquées à des
intervalles assez grands de dents peu pro-
noncées; ses fleurs sont d'un rouge très vif,
réunies en grappes terminales ; elles se dé-
veloppent à l'aisselle de bractées foliacées,
lancéolées, longuement acuminées, dente-
lées sur leurs bords; le tube de leur calice
est ovoïde, presque hémisphérique; ses lo-
bes sont linéaires, acuminés, presque aussi
longs que le tube de la corolle; celui-ci est
pubescent; les anthères sont toutes velues,
et les deux inférieures sont barbues à leur
sommet. Cette espèce est vivace ; elle croît
dans les parties tempérées du Mexique. Dans
nos jardins , on la multiplie très facilement
soit de graines, soit surtout de boutures
îju'on fait au printemps ou d'éclats qu'on
détache en automne; elle est d'orangerie.
4. Lobélie cardinale, Lobelia cardinalis
Linn. Cette espèce est encore très fréquem-
ment cultivée, comme plante d'ornement.
Le duvet qui la couvre est moins prononcé
que chez la précédente ; sa tige est égale-
ment droite, simple, haute d'environ 8 à 10
décimètres ; ses feuilles sont oblongues-
lancéolées, plus larges que celles de la Lobé-
lie brillante, aiguës à leurs deux extrémi-
tés, à dents irrégulières; ses fleurs sont
grandes, d'un beau rouge, réunies en une
longue et belle grappe terminale , presque
unilatérale; les bractées à l'aisselle des-
quelles elles se développent sont lancéolées,
bordées de dentelures glanduleuses; le ca-
lice est presque glabre; son tube est hémi-
sphérique et court; ses lobes sont linéaires,
lancéolés, acuminés, allongés, et. égalent
presque en longueur le tube de la corolle ;
les anthères sont saillantes, les inférieures
barbues. Cette espèce est vivace; elle croît
dans les lieux humides des États-Unis. Dans
nos jardins on la cultive ordinairement en
pleine terre, en ayant le soin de la couvrir
pendant l'hiver. On la multiplie facilement
soit par graines , soit par boutures et par
éclats. On en cultive une variété à fleurs
roses. M. Alph. De Candolle rapporte à cette
espèce comme variété une hybride entre les
Lobélies cardinale et syphilitique qui a été
obtenue par Miller, dont il lui a donné le
nom (L. c. Milleri Alp. DC. ). Elle se dis-
tingue du type par ses dimensions plus for-
tes, par son calice pubescent, par sa corolle
violacée-purpurine, par ses anthères épais-
ses. Le suc de la Lobélie cardinale est acre
et vénéneux; cependant on assure que sa
racine est employée à titre de vermifuge
par les sauvages de l'Amérique septentrio-
nale. (P. D.)
LOBÉLIÉES. Lobelieœ. bot. ph.— Tribu
de la famille des Lobéliacées , ainsi nommée
du genre Lobelia , qui donne aussi son nom
au groupe tout entier. (Ad. J.)
*LOBETORUS (kûS-n , dégât ; Top«ç, qui
creuse), ins. — Genre de Coléoptères tétra-
mères, famille des .Curculionides gonato-
cères , division des Cyclomides , établi par
Schœnherr (Gen.etsp. Curcul. syn.t t. VII,
part. 1, p. 155). L'espèce type et unique,
le L. verecundus de l'auteur, est originaire
du cap de Bonne-Espérance. (C.)
LOBILABRUM (lobus, lobe; labrum, la-
bre), helm. — M. de Blainville (Dict. sc.nat.,
LV1I, 575) a établi sous ce nom un genre
d'Helminthes aquatiques dont l'espèce type
{L. ostrearum) est dans un tube incomplet,
composé de grains de sable que l'on trouve
souvent appliqué à la surface externe des Huî-
tres comestibles de la Manche. Ce Ver a 2 ou
3 pouces de longueur; il est d'un gris sale,
et ressemble assez aux Némertes ou Bor-
lases par ses principaux caractères. Il s'en
distingue néanmoins par sa bouche, qui est
grandement ouverte entre deux lèvres ho-
rizontales, l'une et l'autre bilobée, et dont
la supérieure est beaucoup plus profondé-
ment échancrée que l'autre. (P. G.)
LOBIPÈDE. ois. — Voy. phalarope.
*LOBIPÈDES. Lobipedes. ois.— Uliger a
réuni sous ce nom de famille les oiseaux
Échassiers à bec médiocre, épais, droit, ra-
rement fléchi à sa pointe ; à tarses médiocres
ou courts et à pieds lobés, qui font partie
des genres Foulque, Grebi-Foulque et Pha-
larope. —M. Lesson a également établi une
LOB
LOB
419
famille de Lobipèdes, qui se caractérise par
un bec allongé, à mandibule supérieure
sillonnée et à doigts bordés d'une membrane.
Pour M. Lesson , cette famille renferme les
genres Phalarope, Eurinorhynque, Lobipède
et Holopode. (Z. G.)
*LOBIPES (lobus, lobe; pes, pied), rept.
— Sous-genre de Rainettes d'après M. Fit-
zinger (Syst. Rept., 1843). (E. D.)
*LOBIVANELLUS,Strickl ois.— Section
de la famille des Charadridées. Voy. van-
neau. (Z. G.)
*LOBODERES Qo£o';, lobe; <J/pv>, cou).
ins. — Genre de Coléoptères tétramères, fa-
mille des Curculionides gonatocères , divi-
sion des Apostasimérides cryptorhynchides,
créé parSchœnherr(Gen. etsp. Curcul. syn.,
t. III, p. 796 ). Deux espèces du Brésil ren-
trent dans ce g.: les L. citriventris et flavi-
cornis de l'auteur. (C.)
♦LOBODERUS (AoSo'ç, lobe; J/P„,cou).
ins. — Genre de Coléoptères pentamères, fa-
mille des Sternoxes, tribu des Élatérides,
créé par M. G uérin-Méneville (Ma g. de zoo-
log.t 1831, clas. 9, p. et pi. 9). L'espèce
type , L. monilicornis, est originaire du Bré-
sil. Elle a été décrite depuis par M. Perty
sous le nom d'Etaler appendiculatus. (C.)
*LOBODONTUS (>offoÇ, lobe; SJovç,
dent), ins. —Genre de Coléoptères penta-
mères, famille des Carabiques, tribu des
Troncatipennes , établi par M. de Chaudoir
(Mémoires de la Soc. Imp. des nal. de Mos-
cou). L'espèce type et unique, L. trisigna-
tus de l'auteur, est originaire du cap de
Bonne-Espérance. (C.)
LOBOITE. min. — Voy. idocrase.
*LOBOPHORA (lo6oç, lobe; <p/pu, je
porte), ins. — Genre de la famille des Forfi-
culiens, de l'ordre des Orthoptères, établi par
M. kuâ.Ser'ûUç (Hist. nat. des Ins. orthopt.).
Il est réuni par les autres entomologistes au
genre Forflcula. (Bl.)
*LOBOPHORA().oÇoç, lobe; 9oPô;, qui
porte), ins. — Genre de l'ordre des Lépidop-
tères nocturnes, tribu des Phalénides, éta-
bli par Stephens et adopté par Duponchel
i ( fllsf. des Papill. d'Europe), qui en men-
tionne 6 espèces, dont 5 de France, et une
de Casan en Russie.
LOBOPHORA ( aoSoç , lobe ; ?r'p* , je
porte), échin. — Un des genres établis par
M. Agnssizaux dépens des Scutelles, et com-
prenant les Scutella bifora et Se. bifissa de
Lamarck, et une variété de chacune d'elles
dont cet auteur fait 4 espèces distinctes.
Voy. scutelle. (Duj.)
*LOBOPHYLLIE. Lobophyllia (aoSoç ,
lobe; (puAAov, feuille), polyp. — Genre établi
par M. de Blainville aux dépens des Caryo-
phyllies; il comprend les espèces dont les
Polypes en forme d'Actinies sont pourvus
d'un grand nombre de tentacules cylindri-
ques plus ou moins longs, et sortent de lo-
ges coniques terminales, à ouverture presque
circulaire, ou allongée et sinueuse, partagée
en un grand nombre de sillons par des la-
melles tranchantes laciniées. Le Polypier,
peu rameux , fascicule , est strié en dehors
et très lacuneux à l'intérieur. Les Madre-
pora fastigiata de Linné et corymbosa de
Forskal font partie de ce genre, ainsi que
les Caryophyllia sinuosa et carduus de La-
marck. Elles vivent dans les mers de l'Inde.
On rapporte aussi au genre Lobophyllie
plusieurs Polypiers fossiles du terrain ju-
rassique. (Dcj.)
*LOBOPODUS (aoSo'ç, lobe; ttovç, pied).
ins. — Genre de Coléoptères hétéromères ,
famille des Sténélytres, tribu des Cistéli-
des, créé par Solier {Ann. de la Soc. ent. de
Fr., t. IV, p. 233), qui le comprend dans
sa famille des Xystropides. Ce genre ren-
ferme quatre espèces originaires de r Amé-
rique. (C.)
*LOBOPS (aoSo'î, lobe ; ty » œil )• INS'—
Genre de Coléoptères tétramères, famille
des Curculionides gonatocères, division des
Apostasimérides cryptorhynchides, créé par
Schœnherr (Gênera et sp. Curculio. syn.,
tom. VIII, 2 part., pag. 116). L'espèce type
et unique, L. setosus de l'auteur, est du
Brésil. (C.)
*LOBORHYNCHUS,Mégerle.iNS.— Syn.
(VOtiorhynchus. Voy. ce mot. (C.)
*LOBOSTEMON ( Aogo; , lobe ; at^wv ,
filament ). bot. ph. — Genre de la famille
des Aspérifoliées-Anchusées, établi par Leh-
mann (in Linnœa, 378, t. 5, f. 1). Arbris-
seaux du Cap. Voy. aspérifoliées.
*LOBOSTOMA ( USéç, lobe; ctoV<x ,
bouche ). mam. — Groupe de Chéiroptères
indiqué par M. Gundlach (Wiegm. Arch. ,
VI, 1840). (E. D.)
*LOBOSTOMA. belm.— M. de Blainville
(Traduction française de Bremser, p. 518)
420
LOC
LOG
a distingué génériquement, par ce nom, le
Fasciola clavata. (P. G.)
LOBOTE. Lobotes (>o£«tyjç, divisé par
iobes). poiss. — Genre de Tordre des Acan-
thoptérygiens , famille des Sciénoides, éta-
bli par Cuvier {Règ. anim.j t. II, p. 177),
qui le range parmi les Sciénoides à dorsale
unique, à moins de sept rayons aux bran-
chies, et dont la ligne latérale continue jus-
qu'à la caudale. On en connaît 4 espèces
ou variétés, dont la principale est le Lobote
de Surinam, Lob. Surinamensis Cuv.
*LOBOTRACHELUS (loS6q, lobe ; tp«-
X^oç, cou ). ins. — Genre de Coléoptères
tétramères, famille des Curculionides gona-
tocères, division des Apotasimérides , créé
par Schœnherr {Gênera et sp. Curcul. syn.,
t. IV, p. 711-7, 2e part., pag.127). L'au-
teur en décrit huit espèces; six sont origi-
naires d'Afrique et deux d'Asie. C.)
LOBULAIRE. Lobularia. polyp. — Voy.
ALCYON.
LOBULARIA, Desv. bot. ph. — Syn. de
Kœniga, Adans.
LOCANDI, Adans. bot. ph.— Syn. de
Simadera, Gœrtn.
LOCHE. Cobitis. poiss. — Genre de l'or-
dre des Malacoptérygiens abdominaux , fa-
mille des Cyprinoïdes , établi par Linné et
adopté par Cuvier (Règ. anim. , tom. Il,
pag. 277). Ses principaux caractères sont :
Tête petite, aplatie; corps cylindrique, très
raccourci , et revêtu de petites écailles en-
duites d'une matière gluante ; les ventrales
fort en arrière , et au-dessus d'elles une
seule petite dorsale ; la bouche au bout du
museau, peu fendue, sans dents, mais
entourée de lèvres propres à sucer et de bar-
billons; les ouïes peu ouvertes, à trois
rayons seulement.
Les Loches sont abondantes dans nos
ruisseaux, nos étangs et nos rivières. On en
connaît 3 espèces : la Loche franche , Co-
bitis barbalula L. ; elle porte six barbillons
à la lèvre supérieure, et sa taille est de 8 à
9 centimètres. Elle est commune dans nos
ruisseaux , et sa chair est de fort bon goût.
La Loche d'étang , Cobitis fossilis L. , qui
présente six barbillons à la lèvre supérieure
et quatre à l'inférieure. Cette espèce abonde
surtout dans les étangs , où elle se main-
tient longtemps enfoncée dans la vase, même
lorsque ces étangs sont gelés ou desséchés, ,
sans manger et sans remuer. Elle atteint
une taille de 35 à 40 centimètres. Sa chair
est molle et sent la vase. La Loche de ri-
vière , Cobitis tomia L. , a six barbillons ,
dont deux à la lèvre supérieure. Elle a , de
plus que les précédentes, une épine fourchue
auprès de chaque œil. Elle atteint rarement
15 centimètres de longueur, et sa chair est
peu recherchée. Toutes ces espèces ont le
corps généralement d'un brun jaunâtre. (J.)
LOCHE, moll. — Nom vulgaire des es-
pèces du g. Limace.
*LOCHEMIA, Arnott.BOT. ph.— Syn. de
Riedlea, Venten.
LOCHERIA, Neck. bot. ph. —Syn. de
Verbesina, Less.
*LOCHMIAS, Swains. ois.— Syn. de Pi-
certhie. Voy. ce mot. (Z. G.)
LOCHNERA. bot. ph. —Genre de la fa-
mille des Apocynacées-Plumériées , établi
par Reichenbach (Consp. , n. 2353). Sous-
arbrisseaux des régions tropicales de l'Asie
et de l'Amérique. Voy. apocynacées.
*LOCKHARTIA, Ruizet Pav.BOT. ph.—
Syn. de Fernandezia, id.
LOCOMOTION, physiol. — La Locomo-
tion , qu'on appelle aussi mouvement spon-
tané ou volontaire, est la faculté dont jouit
un animal de changer en tout ou en partie
ses rapports avec les corps existant dans
l'espace.
Cette faculté a particulièrement son siège
dans l'enveloppe générale de l'animal , et
repose essentiellement sur la propriété con-
tractile et irritable de la fibre musculaire.
On ne saurait nier que la Locomotion
n'ait été donnée aux animaux dans un but
de conservation, et au même titre que la
sensibilité. De ces deux facultés, l'une exé-
cute ce que l'autre perçoit et ordonne. Si
la sensibilité donne à l'animal la notion des
corps dont il doit faire usage ou qu'il doit
repousser; si elle lui fait distinguer les
agents qui peuvent lui être utiles de ceux
qui lui sont nuisibles , c'est au moyen de
la faculté locomotrice dont il est doué qu'il
va au-devant des uns et qu'il fuit la pré-
sence des autres. Ces deux fonctions, la lo-
comotilité et la sensibilité , se lient donc
nécessairement; l'une est indispensable à
l'autre, et toute disposition contraire serait
un trouble , un bouleversement complet
dans l'ensemble siharmonique des êtres.
LOC
LOG
421
L'appareil à la faveur duquel la Loco-
motion s'exécute offre des différences selon
qu'on l'examine chez les animaux supérieurs
ou chez ceux qui sont placés au bas de l'é-
chelle animale. Chez ces derniers l'animalité,
si l'on peut se servir de cette expression ,
se manifestant sous sa forme la plus simple,
celle de corps homogène dans toutes ses par-
ties et sans distinction d'organe exclusive-
ment propreà telle ou telle fonction, la Loco-
motion n'a plus, comme dans les animaux su-
périeurs, un appareil distinct : c'est à la masse
totale de l'individu qu'est dévolue la faculté
locomotrice. A mesure qu'on s'élève, la sen-
sibilité et surtout la sensibilité réfléchie de-
venant plus étendue, la Locomotion devient
plus active, se spécialise, en d'autres ter-
mes, s'exécute au moyen d'un appareil par-
ticulier, appareil qui, lui-même, se compli-
que de l'évolution d'organes distincts, d'ap-
pendices libres lorsque des classes inférieures
on remonte vers celle dans laquelle l'homme
se trouve compris. Ainsi, dans la classe des
Vers, dans ceIIedesMollusques,etc.,la plu-
part des espèces offrent un appareil locomo-
teur uniquementcomposé de l'élément mus-
culaire et de son moteur indispensable, l'élé-
ment nerveux; mais dans la classe des Insec-
tes et dans celle des Vertébrés , à ces deux
éléments vient s'en joindre un troisième,
constitué par des pièces en général solides,
dont l'ensemble forme ce que, chez les pre-
miers, on a nommé un sclerette , et dans les
seconds un squelette. Ce sont ces organes
que quelques physiologistes ont distingués
sous le nom de parties accessoires ou de per-
fectionnement, parties passives de l'appareil
locomoteur, les muscles étant pour eux la
partie essentielle ou active de ce même ap-
pareil.
Ce n'est point ici le lieu d'entrer dans
des considérations étendues sur les organes
passifs du mouvement dans les animaux;
cependant nous ne pouvons nous dispenser
de dire qu'ils varient beaucoup quanta leur
position, à leur disposition et à leur forme.
Sous le rapport delà position, à laquelle
nous aurons seulement égard , nous ferons
remarquer que chez certaines classes, et par-
ticulièrement chez les articulés extérieure-
ment, ces organes sont situés dans la peau
dont ils dépendent, et que chez les Vertébrés,
ces mêmes organes sont enveloppés par les
chairs. De cette disposition résulte une
grande différence dans les mouvements.
Ainsi , dans le premier cas, les parties pas-
sives de l'appareil locomoteur étant à l'exté-
rieur, et formant par leur réunion une sorte
d'étui dans lequel se trouve renfermé l'élé-
ment actif ou musculaire, ne peuvent servir
qu'à des mouvements bornés ; dans le se-
cond cas, au contraire, les leviers étant in-
térieurs , et les puissances se fixant sur eux
dans tous les points et sur toutes les faces,
les mouvements deviennent plus étendus,
plus variés et plus actifs.
Quant à la partie active de l'appareil lo-
comoteur, nous nous bornerons également
à dire que la fibre musculaire, qui, dans les
animaux les plus inférieurs, tels que les
Éponges, etc., est tellement difficile à con-
stater qu'on a pu la nier, se distingue aussi-
tôt qu'on arrive à des animaux qui exécu-
tent des mouvements d'une certaine éten-
due ; qu'elle se fascicule, et constitue alors
ce qu'on nomme un muscle. La fibre mus-
culaire affecte généralement une disposition
qui correspond à la forme de l'animal , et
sa direction est toujours dans le sens des
mouvements qui se produisent.
Ces mouvements, selon les milieux dans
lesquels ils ont lieu, selon la forme sous la-
quelle ils se manifestent, ont reçu les noms
particuliers de marche, de vol, de natation
et de reptation. Ces quatre modes de Loco-
motion se rencontrent à peu près dans tou-
tes les classes d'animaux, et quelquefois
plusieurs de ces modes locomoteurs se trou-
vent réunis dans la même espèce ; ainsi ,
il y a des Mammifères qui jouissent de la
faculté de marcher et de voler; la plupart
des oiseaux peuvent indifféremment mar-
cher, voler ou nager, etc.; mais en général,
chaque type a un mode de Locomotion qui
lui est plus particulier. (Z. G.)
LOCUSTA. ins. — Voy. sauterelle.
LOCUSTAIRES, Latr. ins. — Syn. de
Locustiens.
LOCUSTE. Locusta. crust. —Nom em-
ployé par Suétone, Belon et Rondelet pour
désigner les Langoustes. V. ce mot. (H, L.)
LOCUSTELLA,Kamp. ois. — Genre de
la famille des Fauvettes. Voy. sylvie. (Z. G. )
LOCUSTELLE. ois. — Espèce de la fa-
mille des Fauvettes, qui a donné son nom
au g. dont elle est le type. V. sylvie. (Z. G.)
422
LOD
LOCUSTIDES. ins.— Syn. de Locustiens
ou Locustites. (Bl.)
LOCUSTIENS. Locustii. ins. — Nous
désignons ainsi une tribu de l'ordre des Or-
thoptères , caractérisée par de longues an-
tennes sétacées; des cuisses postérieures
longues, renflées et propres au saut; des
tarses de quatre articles, et un abdomen ter-
miné, dans les deux sexes, par une paire de
petits appendices articulés, et muni, dans
les femelles, d'une longue et robuste tarière.
Nous divisons les Locustiens en cinq groupes;
je sont: les Prochilites, Plérochrozites, Lo-
custites, Bradypérites et Gryllacrites. Cette
tribu a pour type le genre Sauterelle, bien
connu de tout le monde. Pour cette raison,
nous renvoyons à ce mot pour les particu-
larités de mœurs et d'organisation. (Bl.)
LOCUSTINA, Burm. ins. — Syn. de Lo-
custiens. (Bl.)
*LOCUSTITES. Locustitœ. ins.— Groupe
de la tribu des Locustiens, de l'ordre des
Orthoptères, caractérisé par des palpes assez
courts et des antennes insérées au sommet
du front. Ce groupe comprend le plus grand
nombre des genres de la tribu des Locustiens.
Voy. SAUTERELLE. (Bl.)
LODDE. Mallotus, poiss. — Genre de
l'ordre des Malacoptérygiens abdominaux ,
famille des Salmones, établi par Cuvier {Règ.
anim., t. II, p. 305) aux dépens des Sau-
mons, et qui ne renferme qu'une seule es-
pèce , Salmo groenlandicus , qui habite les
mers septentrionales.
LODDIGESIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Papilionacées-Lo-
tées, établi par Sims ( Bot. Mag., 1 , 964 ).
Sous- arbrisseaux du Cap. Voy. papilio-
NACÉES.
LODICULARIA, Pal.-Beauv. bot. ph.—
Syn. d' Hemarthria, R. Br.
LODICULE. bot. ph. — Voy. graminées.
LODOICÉE. Lodoicea. bot. ph. — Genre
établi parCommerson dans ses manuscrits,
et publié sous le même nom par Labillar-
dière pour une des plus belles espèces de la
famille des Palmiers; ce genre appartient à
la diœcle polyandrie, dans le système sexuel
de Linné. Il présente les caractères suivants:
Fleurs dioïques; les mâles réunies en spa-
dice: qui ressemble à un chaton , accompa-
gna d'une spathe à sa base, allongé et cy-
lîndracé, rétréci à ses deux extrémités; les
LOD
fleurs sont plongées dans les cavités qui
restent dans l'intervalle des écailles soudées
entre elles ; ces cavités se présentent sur une
coupe transversale du spadice, sous la forme
ovale; elles rayonnent de l'axe vers la cir-
conférence; chacune d'elles renfermo des
fleurs nombreuses, réunies en une masse
presque réniforme et très étroitementserrées
sur deux rangs opposés. Ces fleurs présen-
tent un périanthe à 6 folioles distinctes sur
deux rangs , et des étamines nombreuses t
monadelphes par la soudure de leurs filets
à leur base. Les fleurs femelles forment
aussi un spadice accompagné d'une spathe
à sa base , et dans lequel l'axe et la base
des fleurs sont recouverts de larges écailles
concaves irrégulièrement crénelées ou comme
rongées à leur bord. Ces fleurs présentent
un périanthe à 6 folioles sur deux rangi et
un pistil dont l'ovaire est ovoïde, élargi dans
sa partie inférieure, où il est creusé de trois
loges, et qui se termine par un petit stigmate
percé, au centre , d'une ouverture dont le
bord est trilobé. Le fruit est une drupe très
volumineuse , fibreuse , renfermant le plus
souvent un seul noyau, rarement deux,
trois ou même quatre; ce noyau est très
gros , terminé par deux grands lobes arron-
dis, entre lesquels se trouve un faisceau de
sortes de gros poils ; quelquefois la con-
fluence des noyaux et l'avortement de quel-
ques uns des lobes donne une masse unique
trilobée au sommet.
La seule espèce de ce genre est le beau
Palmier connu vulgairement sous les noms
impropres de Coco des Maldives, Coco de
mer. Coco de Salomon , ou le Lodoicée des
Séchelles , Lodoicea Sechellarum. C'est un
bel arbre dont le tronc parfaitement simple
et cylindrique, marqué, à des intervalles
d'environ 12 centimètres , de cicatrices an-
nulaires laissées par les feuilles tombées ,
s'élève à 15, 20, quelquefois à 30 et 33 mè-
tres , sur environ 3 décimètres de diamètre;
ce tronc se termine par une touffe de 12
à 20 feuilles très grandes, dont la forme
générale est ovale , en coin à la base , qui
présentent une côte médiane et des plis di-
vergeant à partir de celle-ci; leurs bords
sont plus ou moins profondément déchirés
et fendus ; elles ont généralement 3 o«a 4
mètres de long; mais quelquefois aussi on
en voit qui atteignent une longueur de 6 ou
LOD
LOEM
423
7 mètres sur 3 ou 4 de largeur; leur pé-
tiole est à peu près de même longueur que
leur limbe. Il s'en développe une chaque
année.
Les spadices mâles existent au nombre de
plusieurs à la fois sur un même pied ; leur
longueur varie de 7 à 14 décimètres sur 10
ou 12 centimètres de diamètre ; dans cha-
cune de leurs cavités se trouve une masse
de 50 ou 60 fleurs mâles , longues d'envi-
ron 3 centimètres, qui viennent successi-
I vement, des plus hautes aux plus basses ,
répandre leur pollen par l'ouverture termi-
nale. Les spadices femelles ont également
de 7 à 14 décimètres de longueur; ils" sont
tortueux; les fleurs qui les composent sont
à la fois de plusieurs âges différents et écar-
tées l'une de l'autre ; les folioles qui for-
ment leur périanthe sont très épaisses;
elles croissent avec le fruit, et finissent par
aYoirprèsde2 décimètres de diamètre; dans
la fleur, elles cachent presque l'ovaire, qui
constitue une masse à peu près de la forme
et du volume d'une petite poire, seulement
plus courte et plus large à la partie infé-
rieure. Chaque spadice conserve et mûrit
généralement cinq ou six fruits d'un volume
considérable ; chacun d'eux atteint, en effet,
jusqu'à 5 décimètres de long, et pèse 10 ou
12 kilogrammes; ce fruit est ovoïde, arrondi,
comprimé sur l'un de ses côtés ; sa base est
embrassée par le périanthe persistant et ac-
cru ; son péricarpe ressemble , pour la cou-
leur et la consistance de son tissu, au brou
de la noix ; c'est le volumineux noyau , le
plus souvent unique, contenu dans son
épaisseur qui constitue le fameux Coco au-
quel l'arbre a dû sa célébrité. Avant sa ma-
turité, il renferme jusque 3 pintes d'un
liquide laiteux agréable à boire, mais qui
rancit et se gâte en quelques jours; son
amande est blanche, cornée, et d'une dureté
telle qu'on a peine à l'entamer avec un in-
strument tranchant. Le fruit n'atteint sa ma-
turité qu'après un an , et il reste suspendu
à l'arbre pendant un temps beaucoup pkis
long, quelquefois pendant trois années en-
tières; ordinairement un même pied en
porte à la fois de 20 à 30 entièrement mûrs.
Ce bel arbre ne croît naturellement que
dans l'archipel des Séchelles ou Mahé , et
seulement dans l'île Praslin ou Curieuse, et
dans l'île Ronde; il y existe, dans le voi-
sinage de la mer, en quantité extrêmement
considérable. Les détails que nous venons
de donner à son sujet sont puisés en ma-
jeure partie dans une notice étendue de sir
W. Hooker, insérée dans le Botanical Ma-
gazine , tab. 2734, 2735, 2736,2737 et
2738. Cette notice a été rédigée , par le bo-
taniste anglais , d'après les renseignements
et les échantillons pris sur les lieux mêmes,
avec le plus grand soin , par M. Harrison ,
et communiqués par M. Telfair.
Le volumineux Coco du Lodoicea, après
sa chute de l'arbre, est souvent entraîné par
les flots de la mer à des distances très consi-
dérables ; ainsi, avant la découverte des Sé-
chelles , on ne possédait guère que ceux qui
avaient été jetés sur la côte des Maldives,
et de là était venue la dénomination de
Coco des Maldives. D'un autre côté, comme
il était jeté sur la côte par les flots , sans
que l'on connût le moins du monde ni son
origine, ni l'arbre qui le produisait, les
contes les plus absurdes s'étaient répandus
et accrédités à cet égard. Celui de ces contes
qui semblait le moins ridicule consistait à
y voir le fruit d'une sorte de Cocotier qui
végétait dans les profondeurs de la mer, de
manière à n'avoir jamais pu être observé.
Le mystère qui entourait l'origine de ce fruit
en avait fait un objet d'un très haut prix,
et lui avait fait supposer des vertus médici-
nales précieuses. Les Chinois surtout le re-
cherchaient comme une sorte de panacée
universelle. Tout ce merveilleux s'évanouit
lorsque Sonnerai, ayant abordé à l'île Pras-
lin, décrivit et figura ce bel arbre, qu'il
importa même à lIle-de-France. Aujourd'hui
le Coco des Séchelles n'est plus qu'un objet
de curiosité , qu'on trouve habituellement
dans les collections , où il se fait toujours
remarquer par son volume , et le plus sou-
vent par sa forme. Dans les deux îles où il
croît naturellement, on emploie ses énormes
feuilles, dont le tissu est sec et résistant ,
pour en couvrir les habitations. (P. D.)
LOEFLINGIA (nom propre), bot. ph.—
Genre de la famille des Caryophyllées-Po-
lycarpées, établi par Linné (m Act. Holm.,
1758, pag. 15, t. 1, f. 1). Herbes des ré-
gions méditerranéennes et de l'Amérique
boréale. Voy. caryophyllées.
LOEMIPODES. Lœmipoda. crdst. —
Voy. L^MODIPODES. (H. L.)
4-24
LGG
LOG
*LOEMOBOTHlUON. Lœmobothrium
(loipoç, fléau; GôQptov, bothrion ). hexap.
— Genre de l'ordre des Épizoïques, établi
par Nitzsch et caractérisé ainsi par cet au-
teur : Tête oblongue. Tempes petites, à an-
gle rétroverse. Antennes toujours cachées.
Gorge excayée. Mésothorax et abdomen
marginés.
Les Lœmobothrions n'ont fourni à Nitzsch
qu'un petit nombre d'espèces , en général
de grande taille. 11 en cite sur les Faucons ,
Vautours et Foulques , ainsi que sur l'Au-
truche , mais en accompagnant d'un signe
dubitatif l'indication de leur existence sur
ce dernier oiseau. Le Loemobothrion géant ,
Lœmobothrium giganteum Nitzsch , peut
être considéré comme le type de ce genre.
Cette espèce vit parasite sur les Falco albi-
cillay œruginosus et buteo. (H. L.)
LOEMODIPODES. Lœmodipoda. crust.
— Voy. LjEmodipodes. (H. L.)
LOG AN IA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Loganiacées-Loganiées , établi
par R. Brown {Prodr., 454). Herbes ou ar-
brisseaux de la Nouvelle-Hollande. Voy. lo-
GANIACÉES.
LOGANIACÉES. Loganiaceœ. bot. ph.
— M. Rob. Brown a appelé l'attention des
botanistes sur l'affinité de deux groupes ex-
trêmement naturels : celui des Apocynées,
d'une part, de l'autre celui des Rubiacées;
le premier à ovaire libre et à feuilles dé-
pourvues de stipules ; le second à ovaire
adhérent et à stipules interpétiolaires. Mais
un certain nombre de genres pourvus de
stipules, quoique leur ovaire soit parfaite-
ment libre , forment le passage de l'une de
ces familles à l'autre , et c'est de leur réu-
nion qu'on a proposé d'en former une à
part sous le nom de Loganiacées , famille
qui, par les diverses modifications de son
péricarpe, répond à la fois à diverses tribus
de Rubiacées, et suit en quelque sorte une
marche parallèle. Elle appartient donc aux
dicotylédones monopétales hypogynes , et
peut être ainsi caractérisée : Galice de 4-5
folioles distinctes avec préfloraison imbri-
quée, ou soudées dans leur plus grande
longueur avec préfloraison valvaire. Corolle
hypogynique à limbe 4-5-fide, dont les di-
visions sont de même valvaires ou imbri-
quées. Étamines insérées sur son tube, en
nombre égal et alternes, ou réduites quel-
quefois même à l'unité. Anthères introrses,
biloculaires, s'ouvrant longitudinalement.
Ovaire libre , à deux loges quelquefois sub-
divisées chacune' en deux autres par la ré-
flexion de leurs parois, renfermant chacune
un ou plusieurs ovules fixés à l'angle in-
terne, ascendants ou plus souvent peltés.
Style simple terminé par un stigmate indi-
vis ou plus rarement bilobé. Fruit charnu
ou capsulaire à déhiscence septicide, ou rare-
ment septifrage. Graines souvent ailées, pel-
tées ou dressées, présentant, dans l'axe ou
vers la base d'un périsperme charnu ou car-
tilagineux, un embryon à cotylédons plans-
convexes ou foliacés, à radicule cylin-
drique tournée vers le hile ou parallèle. Les
espèces, presque toutes tropicales, sont dis-
persées sur toute cette zone. Ce sont des ar-
bres ou des arbrisseaux, très rarement des
herbes , à suc aqueux qui les distingue des
Apocynées , ainsi que les stipules qui lient
ordinairement les pétioles de leurs feuilles
opposées et simples. Les fleurs sont solitaires
à l'aisselle de ces feuilles, ou bien se grou-
pent en corymbes, en panicules axillaires ou
terminales.
GENRES,
Tribu I. — Strychnées.
Préfloraison de la corolle ovalaire.
* Fruit charnu.
Strychnos, L. — Rouhamon, Aubl. {La-
siostoma , Schreb. — Curare , Humb. ) —
Drehmia , Harv. ( Kaniram , Pet. -Th. ) —
Ignatia, L.-f. — Pagamea, Aubl. — Gardne-
ria, Wall.
** Fruit capsulaire.
Antonia, Pohl. — Labordia, Gaudich. —
Spigelia, L. {Arapabaca, Plum. — Mitreola,
L. — Mitrasacme, Labill. — Polypremum,
L. — Canola, Pohl.) — Cœlostylis, Torr. et
Gray.
Tribu II. — Loganiées.
Préfloraison de la corolle imbriquée.
* Fruit capsulaire.
Logania, R. Br. (Euosma, Andr.) — Ge-
niostoma, Forst. (Anasser, J. — Aspilotum,
Banks et Sol. — Hœmospermum , Reinw.)
— Usteria , W. (Monodynamis , Gmel. ) —
Lochnopylis , Hochst. — Gelsemium , L. —
Fagrœaf Thunb.
LOG •
LOI
42.')
** Fruit charnu.
Kuhlia, Reinw. — Utania, Don. — Cyr-
tophyllum, Reinw. — Picrophlœus, Blum. —
Gœrtnera, Larn. {Andersonia, W. — Fru-
tesca , DG. ) — Sykesia , Arn. — ? Codonan-
thus , Don. — Anabata, W. (Sulzeria,
Rœm. Sch.).
M. Endlicher a considéré chacune de ces
tribus comme une sous-famille qu'il a sub-
divisée elle-même en tribus, caractérisées
par les diverses modifications de leur fruit
et de leurs graines, mais représentées cha-
cune par un très petit nombre de genres ou
même par un seul , ce qui réduit presque
leurs caractères aux génériques. D'autres
auteurs admettaient d'autres divisions, re-
jetant les premiers genres parmi les Apo-
cynées , ou en séparant plusieurs des sui-
vants (Pigelia, MUreola, Mitrasacme, Poly-
premum) pour former une petite famille des
Spigéliacées. Nous avons cru devoir conser-
ver encore celle des Potaliacées , composée
des deui genres Potalia , Aubl. ( Nicandra,
Schreb. non auct.), et Anthocleista , Afz. ,
qui offrent une corolle à dix lobes avec au-
tant d'étamines opposées, sans rapport par
conséquent avec le nombre quaternaire
des divisions calicinales, et qui néanmoins
sont placées parmi les Loganiées par Endli-
cher.
Ces Potaliées sont remarquables par la
présence de sucs résineux auxquels elles
doivent une extrême amertume. Cette même
propriété se retrouve dans l'écorce d'un
Strychnos dn Brésil (S. peudoquina) , qui
lui doit son emploi comme succédanée du
Quinquina; mais en général , les espèces de
ce dernier genre sont extrêmement dange-
reuses par la présence d'alcaloïdes célèbres
entre les médicaments ou les poisons les
plus énergiques , la Strychnine et la Bru-
cine. Ils déterminent , sans doute en agis-
sant sur la moelle épinière, des contractions
dans les muscles telles, qu'à quelques con-
vulsions succèdent bientôt la raideur et l'im-
mobilité, puis l'asphyxie par la suppression
des mouvements respiratoires. C'est ce qu'on
a l'occasion d'observer quelquefois sur les
Chiens vagabonds empoisonnés par les bou-
lettes jetées à cet effet dans nos promenades
publiques et préparées avec la noix ro-
mique. C'est de celle-ci (périsperme corné de
la graine du Strychnos nwc-vomica) el
Fève oe ï>t-Ignace (Ignatia amara) qu'on
extrait la Strychnine , qui donne aussi de*
propriétés à Vécorce de Fausse- Angusture ,
laquelle paraît provenir également d'un
Strychnos, peut-être du Nux-vomica lui-
môme, ainsi qu'au suc de la racine du S.
tieulé, poison célèbre sous le nom d'Upas
tieulé , dont les Javanais enveniment leurs
flèches. Mais la médecine a su appliquer ces
propriétés formidables à un emploi salu-
taire , et s'est servie de la Strychnine dans
les cas où la contraction musculaire para-
lysée a besoin d'être réveillée par un agent
très énergique : seulement, elle l'administre
à très faible dose, celle d'une petite fraction
de grain. (Ad. J.)
LOGE. Loculus. bot. — Voy. fruit,
ovaire , etc.
*LOHITA, Am. et Serv. (mot sanscrit si-
gnifiant rouge ). ins. — Synonyme de Ma-
crocheraia. (Bl.)
LOIR. Myoxus. mam. — Genre de Ron-
geurs formé par Schreber , aux dépens der
Mus de Linné et des Glis de Brisson , e
adopté par tous les zoologistes. Les Loin
font partie de la grande division des Rats;
mais cependant, par quelques uns d*
leurs caractères , ils se rapprochent égale-
ment des Écureuils, et viennent ainsi éta
blir un passage entre ces deux groupes na
turels de Tordre des Rongeurs
Les Loirs ont pour caractères : deux inci
sives à chaque mâchoire, longues, fortes,
plates à leur partie antérieure, anguleuse
et comprimées à la partie postérieure : les
supérieures coupées carrément, et les Infé-
rieures poîo tues; quatre molaires de ch.-.
que côté, se divisant dès leur base en raci
nés; des lignes transverses, saillantes et
creuses se faisant remarquer sur la cou-
ronne de ces dernières dents ; les membres
antérieurs, un peu plus courts que les pos-
térieurs, terminés par une main divisée en
quatre doigts, libres ou seulement réunis à
leur base par une légère membrane, et ar-
més d'ongles arqués, comprimés et pointus ;
à la partie interne du carpe, on remarque
un gros tubercule allongé, garni à sa base
d'un rudiment d'ongle plat, etque l'on re-
garde comme un vestige de pouce. Aux mem-
bres postérieurs, les pieds sont terminés par
cinq doigts, simplement réunis à la base paf
une légère membrane; tous ces doigts son»
54
42G
LOI
LOI
armés d'ongles arqués, aigus et comprimés,
et le pouce, quoique petit, peut s'éloigner
légèrement des autres doigls. La queue est
allongée et lâche. La pupille est ronde ,
et susceptible de se contracter comme un
point. Le mufle est divisé en deux parties
par un sillon profond. L'oreille est demi-
membraneuse. La langue est longue, épaisse,
charnue et couverte de petites papilles mol-
les et coniques. La lèvre supérieure est
épaisse et velue ; les bords de l'inférieure
se soudent l'un à l'autre en arrière de la
base des dents incisives, et forment anté-
rieurement une gaîne de laquelle sortent
ces dents. La paume des mains et la plante
des pieds, ainsi que le dessous des doigts,
sont recouverts d'une peau très douce ; la
paume est entièrement nue, et présente cinq
tubercules; la plante , également nue, en
offre six.
Quelques points de l'organisation interne
des Loirs sont connus. Les testicules ne sont
pas apparents au dehors; la verge est très
courte, cylindrique, et terminée par un
gland beaucoup plus grand qu'elle, à demi
cartilagineux , étroit, très pointu et en fer
de lance. La vulve, placée en avant de l'a-
nus, est percée, au fond de la partie posté-
rieure, d'une large ouverture, à la partie
antérieure de laquelle est une petite cavité
aveugle. Les mamelles sont au nombre de
huit, quatre pectorales et quatre ventrales.
Chez ces animaux il n'y a pas, assure-ton,
de ccecum, et ce fait est d'autant plus im-
portant que cette portion de l'intestin est
presque toujours très développée chez les
Rongeurs.
Les Loirs sont des Rongeurs nocturnes de
petite taille, que leur robe, garnie d'une
épaisse fourrure , et revêtue de couleurs
douces et harmonieuses, leur queue entiè-
rement velue, et leur genre de vie ont fait
comparer aux Écureuils. Ils habitent les fo-
rêts, vivent de faînes, de châtaignes, de
noisettes et d'autres fruits sauvages; ils
mangent aussi des œufs et même de jeunes
oiseaux; quelques uns font de grands ra-
vages dans nos vergers, en y dévorant nos
plus beaux fruits. lisse font un nid de mousse
dans le tronc des arbres creux ou dans les
fentes des rochers ou des murs; ils recher-
chent de préférence les lieux secs; ils boi-
vent peu et descendent rarement à terre.
Ils s'accouplent sur la fin du printemps, et
font leurs petits en été ; leurs portées sont
ordinairement de quatre ou cinq petits qui
croissent vite. Les Loirs sont courageux; ils
défendent leur vie jusqu'à la dernière ex-
trémité ; plusieurs animaux , et particuliè-
rement les Chats sauvages et les Martes, en
détruisent un grand nombre. A l'approche
de l'hiver, les Loirs font dans leurs retraites
des provisions de fruits pour servir à leur
nourriture jusqu'au moment de l'engour-
dissement, qui a lieu quand la température
tombe à environ 7 degrés au-dessous de 0.
Cet engourdissement dure autant que la
cause qui le produit , et cesse avec le froid.
Quelques degrés de chaleur au-dessus du
terme que nous venons d'indiquer sufflsent
pour ranimer ces animaux , et si on les tient
l'hiver dans un lieu bien chaud , ils ne s'en-
gourdissent pas toujours; mais cependant
nous avons observé un Lérot qui, dans une
pièce dont la température moyenne était
d'environ 12 degrés, s'engourdissait par-
fois , et dans d'autres cas, remuait comme
en été. A l'état sauvage , les Loirs se rani-
ment si, pendant la saison du froid , la tem-
pérature s'élève, et alors ils consomment les
provisions qu'ils ont réunies. Lorsqu'ils sen-
tent le froid, ils se serrent et se mettent en
boule pour offrir moins de surface à l'air;
c'est ainsi qu'on les trouve en hiver dans les
arbres creux et dans des trous de mur exposés
au midi; ils gisent là sans aucun mouve-
ment sur de la mousse ou des feuilles sè-
ches ; on peut les prendre et les rouler sans
qu'ils remuent ni s'étendent; on ne par-
vient à les ramener à la vie qu'en les sou-
mettant à une chaleur douce et graduée ,
car ils meurent si on les approche tout-à-
coup d'un feu un peu trop vif: néanmoins,
dans cet état de torpeur, la sensibilité existe,
ainsi que plusieurs observateurs ont pu s'en
assurer. Les Loirs, et principalement le Lé-
rot , peuvent assez bien être apprivoisés ,
surtout lorsqu'on les prend jeunes, et ils
peuvent vivre plusieurs années dans les
cages où on les conserve.
On désigne huit espèces comme apparte*
nant au genre des Loirs et à celui des Gra-
phiures, qui en est, au moins, très voisin p
si même il ne doit pas lui être réuni; mai»
quatre espèces seulement sont bien connues
et doivent nous occuper principalement.
LOI
1. Le Loir, Musglis G m., le Loir de Buflon
(t. VIII, pi. 24). C'est l'espèce type du genre;
sa longueur totale du museau à l'anus est
d'environ 5 pouces 1/2; elle est d'un gris
cendré en dessus, avec les parties inférieures
d'un blanc légèrement roussàtre; un cercle
d'un gris noirâtre entoure les yeux; la queue
est d'un cendré pur, et le dessus des pieds
d'un brun noirâtre; ses oreilles sont courtes
et rondes; sa queue, distique et aussi longue
que le corps, est entièrement couverte de
poils longs et épais; elle est très touffue et
plus forte à l'extrémité qu'à la base.
La chair des Loirs est bonne à manger, et
elle a le goût de celle du Cochon d'Inde;
c'est cette espèce que les Romains élevaient
et quils prenaient soin d'engraisser pour
leur table; on mange encore ce Rongeur
dans quelques parties de l'Italie, mais on
ne les nourrit plus pour cela en domesticité.
Le Loir habite les contrées méridionales
de l'Europe; il vit dans les grandes forêts,
où il se pratique dans le creux des arbres et
des rochers une retraite qu'il garnit de
mousse, et où il passe l'hiver, après avoir
préalablement fait une provision de nourri-
ture propre à le sustenter à son réveil.
2. Le Lérot, Myoxus nitela Gm., le Lérot
de Buflon (t. VIII, pi. 25). A peu près de la
même taille que le Loir, quoiqu'un peu plus
petit, il est en dessus d'un beau gris roux
vineux, tandis que les parties inférieures du
corps et le bas des membres antérieurs sont
d'un blanc jaunâtre; le dessus de la tête est
fauve isabelle; une large bande noire, pre-
nant en arrière du museau, passe sur l'oeil
et sous l'oreille, et se termine en arrière de
celle-ci; la queue, d'abord d'un fauve roux,
puis noire en dessus, est blanche aux parties
inférieures et sur presque toute son extré-
mité, qui est terminée par de longs poils;
l'oreille est allongée, oblongue; telle est la
couleur des adultes , les jeunes sontsimple-
ment gris.
Moins sauvage que le Loir, le Lérot fixe
sa retraite auprès des lieux habités; il fré-
quente les espaliers, se retire dans les cavi-
tés des murs, etse nourrit presque exclusive-
ment de fruit et principalement de pêches ,
de raisins, de pommes, etc.; aussi fait-il
de grands dégâts dans les vergers. Sa chair
n'est pas bonne à manger comme celle du
Loir.
LOI
427
Le Lérot se trouve dans presque toute
l'Europe, en France, en Allemagne, en Ita-
lie , en Suisse, etc.
Le Myoxus dryas Schreb., qui a été pris
en Géorgie, ne semble à Fr. Cuvier qu'une
variété du Lérot.
3. Le Muscardin , Myoxus avelîanarius
Gm. , le Muscardin de Buflon (t. VIII, pi. 26).
II n'a pas 3 pouces de longueur du bout du
museau à l'origine de la queue ; ses parties
supérieures sont d'un beau blond fauve, et
les inférieures sont plus pâles et presque
blanches ; la queue est fauve , couverte de
poils courts, distiques et peu nombreux;
les oreilles sont courtes, larges et elliptiques.
Le Muscardin habite la lisière des bois ,
les taillis et les haies, et, comme l'Écu-
reuil , il se fait un lit de mousse pour l'hi-
ver. Sa chair est désagréable au goût.
Cette espèce est répandue dans presque
toute l'Europe méridionale et tempérée;
mais elle est moins nombreuse que celle du
Lérot.
Le Myoxus murinus Desm., Myoxus La-
landianus Schinz, Myoxus crylhrobran-
chus Sm., Myoxus africanus Shaw, d'une
taille de 3 pouces , d'un gris de souris en
dessus et un peu plus clair en dessous.
Cette espèce habite le cap de Bonne-Es-
pérance.
4. Le Loir du Sénégal, Myoxus Coupei Fr.
Cuvier (Mam., t. III). De la taille du pré-
cédent. Il est d'un gris clair légèrement jau-
nâtre en dessus, et il est au contraire blan-
châtre en dessous.
Il se trouve au Sénégal.
Le Myoxus lineatus Temm. est une es-
pèce assez voisine du Lérot, et qui a été ren-
contrée à Yesso au Japon.
Deux autres espèces qui semblent appar-
tenir à ce groupe , que l'on a distinguées
génériquement sous le nom de Graphiurus,
proposé par Fr. Cuvier, sont les :
Loir du Cap, Graphiurus Capensis F. Cuv.
(Nouv. Ann. Mus.), Myoxus Catoirii F. Cuv.
(Dict. se. nat. ), de la taille du Loir; d'un
gris brunâtre foncé en dessus, et d'un blanc
roussàtre en dessous, avec une large bande
d'un noir brun sur les yeux.
Habite le cap de Bonne-Espérance.
Et le Graphiurus elegans Ogilby {Proceed.,
1838), qui se trouve sur la côte occidentale
du cap de Bonne-Espérance.
428
LOM
LOBI
On a trouvé des Loirs à l'état fossile.
M. Marcel de Serres a découvert dans les
cavernes deLunel-Viel des Muscardins fos-
siles, et G. Cuvier, dans les plâtres de Paris,
a i encon tré des Loirs qu'il a nom mes Myoxus
:pœleusetparisiensis. Voy. l'article rongeurs
fossiles. (E. D.)
LOIROT. mam. — Nom du Lérot (voy.
loir) dans quelques contrées de la France.
LOISELEURIA, Desv. bot. ph. — Syn.
iïAzaledy Linn.
LOLIGIDÉES. Loligideœ. moll. — Fa-
i.ille de l'ordre des Céphalopodes-Acétabu-
lifères, établie par M Aie. d'Orbigny, et
comprenant les genres Loligo , Sepioteuthis
et Teudopsis. Voy. céphalopodes.
LOLIGO. moll. — Voy. calmar.
*LOLIGOPSIDÉES. Loligopsideœ. moll.
— Famille de l'ordre des Céphalopodes-Acé-
tabulifères, établie par M. Alcide d'Orbigny
et comprenant les genres Loligopsis, Histio-
icuthis et Chiroteuthis. Voy. céphalopodes.
LOLIGOPSIS. moll. — Voy. calmaret.
LOLIUM. bot. ph. — Voy. ivraie
LOLOTIER. bot. ph. — Voy. papayer.
LOMAN. moll. — Adanson donne ce nom
{Voy. auSénég.) à une espèce très commune
de Cône , le Conus texlilis. (Desh.)
LOMANDRA, Labill. bot. ph.— Syn. de
Xerotes, R. Br.
LOMANOTUS. moll. — Genre de Mol-
lusques gastéropodes nus provisoirementéta-
bli par M. Verani, dans la Revue zoologique
1844, pour un animal qui paraît voisin des
Tritonies, et même des Plocamocères, d'a-
près quelques caractères. Nous reproduisons
ici les caractères génériques , tels que l'au-
teur les a présentés :
Corps allongé, cunéiforme, gastéropode;
tête aussi large que le corps, munie d'un
voile frontal portant de chaque côté de pe-
tits prolongements tentaculiformes ; deux
tentacules dorsaux, rétractiles, terminés en
massue , et logés chacun dans une espèce
d'étui caliciforme ; organes de la respiration
formés par deux membranes minces et fran-
gées, fixées de chaque côté entre la face dor-
sale de l'animal et les faces latérales ; orifices
de l'anus et des organes génitaux comme
dans les Tritonies. (Desh.)
*LOMAPTERA (^«, frange; v^pév,
aile), ins. — Genre de Coléoptères pentamè-
res, famille des Scarabéides mélitophiles,
créé par MM. Gory et Percheron (Monogra-
phie des Mélitophiles, 1833, t. I, p. 19, 67,
43; II, p. 307) et a.iopté par MM. Burmeis-
ter et Schaum. Ce dernier auteur (Ann. de
la Soc. entom. de Fr.y 1845, p. 43, Catalo-
gue) en énumère 10 esp.; 2 sont originaires
de la Nouvelle-Guinée, 1 est indigène delà
Nouvelle-Hollande, 4 de la Nouvelle-Zélande,
et les autres appartiennent à Java et aux
Philippines. Le type est la L. fasciata Burm.
(biviltataG. P.). (C.)
LOMASTOMA, Rafin. moll. —F. lymnée.
*LOMATIA(XwfxaTcov, petite frange), ins.
— Genre de l'ordre des Diptères brachocè-
res , famille des Asiliens, tribu des Anthra-
ciens , établi par Meigen (Eur. lvo.y t. II).
L'espèce type, L. lateralis, habite principa-
lement la France.
LOMATIA (Wârtov, petite frange), bot.
ph. — Genre de la famille des Protéacées-
Grevillées, établi par R. Brown (in Linn.
Transact., X, 199). Arbrisseaux de la Nou-
velle-Hollande et de l'Amérique australe.
Voy. PROTÉACÉES.
*LOMATOLEPIS (aS^*, frange; Xmlu
écaille), bot. ph. — Genre de la famille des
Composées-Cichoracées, établi par Cassini
(in Dict. se. nat.t XLVI1I, 422). Herbes de
l'Egypte. Voy. composées.
LOMATOPHYLLUMa5|(,a, frange; 9&-
*ov, feuille), bot. ph. — Genre de la famille
des Liliacées, établi par Willdenow (in Berl.
Magaz., V, 166). Plantes indigènes de l'île
Bourbon. Voy. liliacées.
LOMBRIC, rept. — Dans Y Encyclopé-
die méthodique , on a figuré sous ce nom un
Ophidien que l'on rapporte généralement a
l'Orvet. Voy. ce mot. (E.D.)
LOMBRIC. Lumbricus. annél. — Ce
nom est depuis longtemps appliqué par les
naturalistes à un genre d'Annélides bien
connues du public sous la dénomination de
Ver de terre. Beaucoup d'auteurs se sont oc-
cupés de ces animaux, et leur étude a donné
lieu à des remarques également intéres-
santes pour la physiologie et pour la zoolo-
gie proprement dite. Les Lombrics appar-
tiennent aux Annélides chétopodes ou séti-
gères, c'est-à-dire pourvues de soies, et ils
prennent place parmi celles qui manquent
de branchies (les Abranches de Cuvier).
Dugès, qui a publié à leur sujet un mémoire
intéressant inséré dans les Ann. des se. nat.
LOM
LOM
429
pour 1828, résume ainsi leurs principaux
caractères :
Annélides sans branchies , à corps géné-
ralement arrondi dans son quart antérieur,
dont les anneaux sont beaucoup plus grands
et plus renflés , souvent anguleux dans le
reste de son étendue, terminé par deux ex-
trémités atténuées, la postérieure assez
brusquement, l'antérieure d'une façon plus
graduelle. Chacun de leurs anneaux porte
en dessous huit soies raides , courtes , cro-
chues et dirigées en arrière, et en dessus,
un pore médian ; les anneaux les plus an-
térieurs ont deux de ces pores. La bouche
est infère , munie d'une lèvre supérieure ou
antérieure qui constitue le premier segment
du corps et se prolonge plus ou moins en
forme de trompe , tandis que la lèvre infé-
rieure est formée par le bord du deuxième
segment. L'anus est terminal en arrière et
bordé par deux lèvres latérales. Les organes
génitaux , visibles au dehors , consistent
surtout en deux fentes transversales ou val-
vules bilabiées (Willis), situées sur le qua-
torzième ou le seizième anneau (Mûller), et
il existe de plus quelques mamelons , soit
devant , soit derrière les valvules ; enfin un
renflement comme charnu , convexe en
dessus , plat et souvent poreux en dessous,
occupe un espace un peu plus postérieur et
variable en étendue. C'est à ce renflement
qu'on a donné les noms de selle ou bât
{Bardella Redi) et de ceinture.
Auprès des Lombrics et dans la même
famille , ou tout au moins dans le même or-
dre qu'eux , se groupent un certain nombre
<ie genres auxquels cette caractéristique ne
convient pas d'une manière absolue. La
ceinture manque à plusieurs; le nombre et
la disposition des séries de soies ne sont pas
les mêmes , et dans beaucoup de cas il est
bien difficile de distinguer si Ton a affaire
à un animal de la famille des Lombrics ou
de celle des Nais. Quelques Lombrics sont
aquatiques, comme les Nais. Il en sera ques-
tion ailleurs.
Les espèces terrestres de ce genre vivent
de préférence dans les lieux humides; elles
sont inoffensives, viventd'humus, et ne sont
guère recherchées que par les pêcheurs, qui
s'en servent comme d'appâts; quelques
unes sont phosphorescentes.
Les Lombrics réunissent les deux sexes,
mais ils s'accouplent néanmoins. Willis l'a
très bien aperçu et déterminé. Dugès en a
donné une description nouvelle et plus com-
plète , ainsi que de leurs organes circulatoi-
res. Rédi , Bosc, Montègre et beaucoup d'au-
tres ont dit qu'ils étaient vivipares ; mais
les observations de M. Léon Dufour, de
Dugès et de plusieurs naturalistes encore
ont rois leur oviparité hors de doute. Leurs
œufs sont des vésicules à coques cornées ,
ovalaires ou allongées. Ils ne renferment
qu'un ou deux fœtus.
Les observations de Mûller avaient depuis
assez longtemps démontré la multiplicité
des espèces du genre Lombric. Plusieurs de
celles qu'il distingue ont en effet été accep-
tées par les zoologistes qui sont venus après
lui; mais quelques unes de celles qu'il in-
dique et plusieurs autres publiées par Othon
Fabricius, etc., appartiennent à d'autres
groupes d'Annélides. En 1821, M. Savigny
présenta à l'Académie des sciences un mé-
moire ayant pour objet de démontrer que,
sous le nom de Lumbricus lerrestris ou Ver
de terre , Mûller et tous les auteurs qui sont
venus après lui avaient confondu un assez
grand nombre d'espèces que l'analyse zoo-
logique permettait néanmoins de distinguer.
Malheureusement ce mémoire de M. Savi-
gny n'est encore connu que par un extrait
fort abrégé qu'en a publié G. Cuvier dans
son Analyse des travaux de V Académie des
sciences pour la même année. Le célèbre se-
crétaire perpétuel de l'Académie en parle
dans des termes fort élogieux que nous re-
produirons :
« L'une des découvertes les plus surpre-
nantes qui aient été faites en zoologie, c'est,
dit Cuvier, celle de la multiplicité des es-
pèces de Vers de terre, observée par M. Sa-
vigny. Qui aurait jamais pu croire que des
animaux si connus, que l'on foule aux pieds
tous les jours, et dont on n'avait jamais
soupçonné les différences , en offraient ce-
pendant de telles qu'en se bornant à ceux
des environs de Paris, on pouvait en comp-
ter jusqu'à vingt espèces? Cependant cette
multiplicité est aujourd'hui certaine, selon
l'auteur ; et comme ces espèces se trouvent
toutes dans nos jardins, et que la plupart
y sont communes, chacun peut s'assurer
par ses yeux de la réalité et de la constance
de leurs caractères. Il n'est même besoin,
430
LOM
pour les distinguer avec certitude et les or-
donner entre elles , que de faire attention
à trois sortes d'organes parmi ceux qu'elles
présentent à l'extérieur, toutes trois , il est
vrai , très importantes , puisque l'une sert
au mouvement progressif, et que les deux
autres concourent à la génération. Ces or-
ganes sont : 1° les soies; 2° les deux grands
pores découverts sous le ventre par Mûller,
et que l'auteur nommerait volontiers pores
copulatoires , parce qu'il les croit le siège
d'une sensation particulière que certains ap-
pendices qui s'y introduisent dans l'accou-
plement sont propres à exciter; 3° la cein-
ture ou le renflement situé en arrière des
grands pores, avec chacun desquels il com-
munique par un double sillon , et surtout
les petites fossettes ou petits pores rangés à
chacun de ses côtés. » Cuvier rapporte aussi,
d'après M. Savigny, que les espèces étudiées
parce dernier peuvent être partagées en deux
divisions principales, suivant que les grands
pores sont placés sous le quinzième anneau
ou sous le treizième. La deuxième de ces
divisions ne comprend qu'une seule espèce
nommée Enterion tetraedrum par ce natu-
raliste. La première , dont il signale dix-
neuf espèces, est partagée en huit tribus
dont il est indispensable que nous donnions
ici les caractères abrégés.
1° Les soies sont rapprochées par paires ;
la ceinture a de chaque côté deux pores qui
correspondent chacun à un seul segment, et
qui, si l'on compte celui qui les sépare, com-
prennent les trois pénultièmes. Les glandes
séminales, rapprochées du ventre, sont au
nombre de deux paires. Les pores dorsaux
ne laissent point écouler de liqueur colorée :
Enterion terrestris , E. caliginosum , E.
carneum.
2* Les soies sont rapprochées par paires ;
la ceinture a, de chaque côté, des pores qui
correspondent chacun à deux segments; ces
corps occupent les quatre segments intermé-
diaires que la bandelette dans laquelle ils
sont compris ne dépasse point. Il y a trois
paires d'ovaires ; point de liqueur colorée :
Enterion festivum, E. herculeum, E, tyr«
tœum , E. castaneum , E. pumilum.
3° Les soies sont disposées par paires ,
mais peu rapprochées; la ceinture a de cha-
que côté deux pores contigus qui corres-
LOM
pondent chacun à un seul segment; ils oc-
cupent les deux segments intermédiaires
que la bandelette dans laquelle ils sont dé-
passe à ses deux bouts. Les glandes sémina-
les , rapprochées du ventre , sont au nom-
bre de deux paires. Il y a trois paires d'o-
vaires ; point de liqueur colorée : j
Enterion mammaîe.
4° Les soies sont disposées par paires,
mais peu rapprochées. La ceinture a de
chaque côté deux pores qui correspondent
chacun à deux segments , et qui occupent
les quatre segments intermédiaires ; la ban-
delette charnue dans laquelle ils sont com-
pris s'étend d'un bout à l'autre de cette cein-
ture. Les glandes séminales, rapprochées du
ventre , sont au nombre de deux paires. Il
y a quatre paires d'ovaires. Les pores du
dos répandent une liqueur d'un jaune clair,
dont le réservoir antérieur forme un demi-
collier au quatorzième segment :
Enterion cyaneum.
5° Les soies sont disposées par paires. La
ceinture a de chaque côté deux pores con-
tigus qui correspondent chacun à un seul
segment; ils occupent les deux antépénul-
tièmes , que la bandelette dans laquelle ils
sont compris dépasse aux deux bouts. Les
glandes séminales, rapprochées du dos, sont
au nombre de deux paires. Les pores dor-
saux laissent échapper une liqueur colorée
plus ou moins fétide :
Enterion roseum, E. fetidum, E. rubidum.
6° Les soies sont rapprochées par paires.
La ceinture a de chaque côté trois pores qui
correspondent chacun à un seul segment ,
et qui , si l'on compte ceux qui les séparent,
comprennent les cinq segments intermé-
diaires. Les glandes séminales , rapprochées
du ventre , sont au nombre de trois paires.
Il y a quatre paires d'ovaires. Les pores du
dos laissent écouler une liqueur verte ou
d'un jaune de soufre, dont le réservoir an-
térieur forme un demi-collier au quator-
zième anneau :
Enterion chloroticum , E. virescens.
7° Les soies sont disposées par paires. La
ceinture a de chaque côté quatre pores qui
correspondent chacun à deux segments , et
occupent les huit intermédiaires. Les glan-
des séminales, rapprochées du ventre, sont
LOM
LOM
431
au nombre de quatre paires. Il y a quatre
paires d'ovaires. Les pores du dos répandent
une liqueur d'un jaune clair, dont le réser-
voir antérieur forme un demi-collier au
quatorzième segment :
Enterion icterium , E. opimum.
8° Les soies sont également espacées, très
écartées. La ceinture a de chaque côté trois
pores contigus qui correspondent chacun à
un seul segment , et occupent ses trois der-
niers. Les glandes séminales, rapprochées
du dos , sont au nombre de trois paires. Il
y a trois paires d'ovaires ; point de liqueur
colorée :
Enterion octaedrum , E. pygmœum.
Depuis que cette analyse du travail de
M. Savigny a été imprimée , Dugès a fait
connaître , dans le t. XV des Ânn. des se.
nat., publiées en 1828 , quelques observa-
tions également relatives aux espèces de
Lombrics les plus rapprochées du L. terres-
tris, mais qui vivent aux environs de Mont-
pellier. Il en a distingué six, sans pouvoir
cependant affirmer qu'elles soient précisé-
ment différentes de celles des environs de
Paris , dont il vient d'être question. Voici
comment il les appelle : Lumbricus gigas,
L. trapezoides , L. anatomicus , L. compla-
natus (peut-être YE. octaedrum Sav.?),
L. amphisbœna ( peut-être YE. tetraedrum
Sav.?), L. teres. Dugès a remarqué que le
£. gigas atteignait quelquefois 18 pouces
de longueur et une grosseur égale à celle
du petit doigt.
M. Savigny, dans son Système des Anné-
lides, avait proposé de nommer Enterion le
genre de Lombrics qui réunit les L. terres-
Iris et les espèces confondues sous ce nom.
Voy. ce mot.
Le même savant a encore établi (loco
citato) deux genres de Lombrics sous les
noms de Hypogœon et Clitellio. Voici d'abord
les caractères du premier :
Hypoceon. Bouche petite , à deux lèvres ;
la lèvre supérieure avancée en trompe, un
peu lancéolée , fendue en dessous; l'infé-
rieure très courte. Soies longues , épineu-
ses, très aiguës, au nombre de neuf à tous
les segments , une impaire et quatre de
chaque côté réunies par paires; formant
toutes ensemble , par leur distribution sur
le corps, neuf rangs longitudinaux, savoir:
un supérieur ou dorsal , quatre exactement
latéraux et quatre inférieurs. Corps cylin-
drique , obtus à son bout postérieur, al-
longé , composé de segments courts et nom-
breux , moins serrés et plus saillants vers la
bouche que vers l'anus ; dix des segments
compris entre le vingt-sixième et le trente-
neuvième renflés , s'unissant pour former
à la partie antérieure du corps une cein-
ture. Le dernier segment pourvu d'un anus
longitudinal.
L'espèce type de ce genre , Hyp. hirlum
Sav., p. 104, est des environs de Phila-
delphie.
Clitellio. Le Lumbricus arenarius d'O-
thon Fabricius et son L. minutus n'ont que
deux rangs de soies. « Ce caractère me pa-
raît, dit M. Savigny, suffire pour les faire
distinguer génériquement sous ce nom. »
C'est auprès des Clitellio qu'il faut placer
les Enchylrœus de M. Henle, dont l'espèce
type a été très bien décrite et figurée par
ce naturaliste dans les Archives de Muller
pour l'année 1837. Cette espèce est de fort
petite taille.
M. Johnston (ZooL journ., III, 326) dé-
crit trois espèces de Lombrics d'Angleterre;
mais les espèces européennes de ce genre
sont loin d'être encore suffisamment con-
nues , et celles des autres parties du monde
le sont encore beaucoup moins ; on ne pos-
sède même à leur égard que des renseigne-
ments à peu près insignifiants. On sait ce-
pendant qu'il en existe d'assez grandes, et
l'on en a rapporté des parties chaudes de
l'Amérique qui n'ont pas moins d'un mètre
de longueur. Il en existe de semblables
dans l'Inde, et il a été trouvé dans l'île de
Ceylan une grande espèce de Ver de terre
dont on a proposé de faire un genre sous le
nom de Megascolex. (P. G.)
LQMRRICINÉS. Lumbricinœ. annél.—
M. Savigny, dans son Système des Annélides,
désigne ainsi l'ordre dans lequel prend place
le genre Lombric, et celui des Échiures,
formant chacun une famille distincte. (P. G.)
LOMBRICS. Lumbrici. annél.— M. Sa-
vigny donne ce nom à la famille d'Annélides
qui comprend les Lombrics, animaux vulgai-
rement appelés Vers de terre. Voy. lombric.
♦L01MBRIKÈRE. Lumbrineris. annél. —
Genre de la famille des Eunices , établi par
M. deBlainville (Did. se. nat., t. LVIII ,
432
LOM
LON
p. 486 , 1828 ) , et qui comprend actuelle-
ment une douzaine d'espèces.
Les Lombrinères ont le corps lombrici-
forme , la bouche multidentée et les appen-
dices parfaitement similaires, ne différant
que de grandeur, composés d'un faisceau
de soies simples disposées en éventail , et
sortant d'une gaîne pédonculée pourvue de
deux mamelons subsquameux , le postérieur
au moins double de l'antérieur. (P. G.)
LOMECHUSA (A»j*a, frange; jc&hç, ac-
tion de répandre), ins. — Genre de Coléoptè-
res pentamères, famille des Brachélytres,
tribu des Aléochariniens, créé par Graven-
horst ( Monographia , p. 178) et générale-
ment adopté. Ce genre ne se compose que
de 4 espèces européennes : L. strumosa F.$
emarginata Pk., paradoxa Grav. et inflata
Zetlersted. Toutes vivent en société avec
diverses espèces de Fourmis, et, depuis que
le hasard nous a fait découvrir une nichée
de la paradoxa en compagnie de ces hymé-
noptères, nous avons eu occasion d'y rencon-
trer aussi les trois premières espèces en
nombre assez considérable. Ce fait que nous
avons consigné le premier a amené la dé-
couverte d'autres espèces de la famille
des Brachélytres vivant parmi ces Fourmis,
et qui jusqu'alors étaient inconnues ou pa-
raissaient être fort rares. Mais on ignore
encore si les Lomechusa, aussi bien, du reste,
que les autres Brachélytres, sont nuisibles
ou utiles aux Fourmis. La faculté qu'ont ces
Insectes de répandre des gouttelettes par les
franges de leurs poils (d'où le nom de genre
a été tiré), aurait-t-elle quelque analogie
avec les observations faites sur les Clavi-
ger? Cela serait un fait intéressant à con-
stater. (C.)
LOMENTACÉES. Lomentaceœ. bot. ph.
— Linné, dans son second Catalogue des Fa-
milles naturelles, où il a donné à chacun un
nom particulier, emprunté tantôt à l'un de
ses genres, tantôt à quelqu'un de ses carac-
tères les plus saillants, a désigné sous celui-
ci un assemblage de genres de Légumineuses
correspondant en partieauxCaesalpiniees.il
se trouve donc en contenir un certain nom-
bre où le fruit ne se partage pas en une sé-
rie d'articles monospermes, tandis qu'au
contraire plusieursde la famille voisine, qu'il
nomme Papilionacées, offrent ce caractère,
de telle sorte que le fruit lomentacé" 'en est
pas un exclusif ni général pour ce groupe,
quoiqu'il serve à le désigner. (Ad. J.)
LOMENTARIA (lomentum, farine), bot
cr. — Genre d'Algues Floridées établi pa;
Lyngbye(ffydrop/i?/f., 101) pour des Algue.*
marines cylindrinques, celluleuses, articu
lées ou caulescentes à la partie inférieure,
souvent couvertes d'un enduit mucilagineux
hyalin, à reflets d'or ou de pourpre. On en
connaît 11 espèces, réparties par Endlicher
(Gen. pi. suppl., t. III, p. 42) en 2 sections,
qu'il nomme : Chondria et Eucladia. Ces
plantes croissent en grande partie dans les
contrées extratropicales.
*LOMIE.Lomts.CRusT. — Genre de la sec-
tion des Décapodes anomoures, de la famille
des Aptérures, de la tribu des Homoliens,
établi par M. Milne-Edwards sur un petit
Crustacé confondu jusqu'ici avec les Porcel-
lanes, auxquelles il ressemble en effet beau-
coup par la forme générale, mais dont il
diffère par plusieurs caractères très impor-
tants, tels que la conformation de la queue,
des antennes, etc., etc. La seule espèce con-
nue est la Lomie uérissée, Lomis hirta Lamk.
(Edw., Hist. nat. des Crust., t. II, p. 188).
Cette espèce a été rencontrée dans les mers
de l'Australasie. (H. L.)
LOMONITE. min. — Voy. laumonite.
LOMPE ou LUMP, poiss. — Genre de
l'ordre des Malacoptérygiens subbrachiens,
famille des Discoboles, établi par Cuvier
(Règ. anim., t. II, p. 346) aux dépens des
Cycloptères, dont il diffère par un corps plus
épais, par une première dorsale plus ou
moins visible, à rayons simples, et une se-
conde à rayons branchus vis-à-vis l'anale.
On n'en connaît qu'une espèce, le Lump
(Cyclopterus lumpus L. ) , vulgairement^
nommé Gros-Mollet. Il vit, surtout dans les;
mers du Nord , de Méduses et autres ani-!
maux gélatineux.
*L0MV1A. ois.— Sous-genre établi par
Brandt sur le Guillemot à capuchon ( Uria
Troile). (Z. G.)
LONAS. bot. ph. — Genre de la famille
des Composées -Sénécionidées, établi par
Adanson (Fam., II, 118). Herbes des bords
de la Méditerranée. Voy. composées.
*LONCHjEA (Xo>x*>, lance), ins.— Genre
de l'ordre des Diptères brachocères, famille
des Musciens, tribu des Muscides, établi par
Fallen , qui lui donne pour espèce type fa
LON
LON
433
L. chorea, indigène de France et d'Alle-
magne.
LONCHERES. màm. — Genre de Ron-
geurs créé par llliger, et comprenant des es-
pèces placées généralement dans les genres
Echimys et Nelomys. Voy. ces mots. (E. D.)
LONCHITIS ( XoyX~Ttç , nom grec de la
plante), bot. cr. — Genre de la famille des
Polypodiacées-Polypodiées, établi par Linné
{Gen., n. 1177). Fougères des régions tro-
picales du globe. Voy. polypodiacées.
LONCHiURE. poiss. — Voy. lonchure.
LONCHOCARPUS (Aoyxvj, lance; xaP-
•jroç, fruit), bot. ph. — Genre de la famille
des Papilionacées-Lotées , établi par H. B.
Kunth ( in Humb. et Bonpl. Nov. gen. et sp.,
VI, 383). Arbres de l'Amérique tropicale.
Voy. PAPILIONACÉES.
*LONCHOPHORUS,Germar.iNs.— Syn.
de Phanœus, Mac-Leay. (C.)
*LONCHOPHORUS ( AoyXoyopoç » Qui
porte une lance), ms. — Genre de Coléoptères
tétramères, famille des Curculionides gonato-
cères , division des Érirhinides , établi par
nous (Annales de la Soc. entom. de France ,
tom. I, pag. 21 ), et adopté par Dejean et
Schœnherr (Gen. et sp. Curculion. syn.,
t. III, p. 391 ; VII, 2e part. , pag. 293). Ce
genre est composé de 5 espèces toutes amé-
ricaines. (C.)
*LONCHOPTERA (Xo'yx», lance ; nxtp&v ,
aile), ins. — Genre de l'ordre des Diptères
brachocères, famille des Musciens, tribu des
Platypézides, établi par Meigen (tome IV,
pag. 107). Ce g. renferme un assez grand
nombre de petites espèces, vivant dans les
lieux aquatiques. La L. lutea, espèce type ,
«st commune dans toute l'Europe.
*LONCHOPTERIS (>oyx*j, lance; nvfcs,
fougère), bot. ph. — Genre de Fougères fos-
siles, établi par M. Ad. Brongniart (Prodr.,
59), qui le caractérise ainsi : Fronde plu-
sieurs fois pinnatifide ; pinnules plus ou
moins adhérentes entre elles à leur base ,
traversées par une nervure moyenne; ner-
vures secondaires réticulées.
Ce genre renferme 3 espèces ( L. Bricii,
rugosa et Mandelli ) , qui font partie des
terrains houillers.
*LOXCHOSTOMA (Ao'yX*>, lance ; errfyu* ,
ouverture), bot. ph. — Genre de la pe-
tite famille des Retziacées, établi par Will-
«tr«m (in Act. Holm., 1818, p. 3*3,
ItYII.
t. X). Arbrisseaux du Cap. Voy. retzia-
cées.
*LONCHURE. Lonchura (Aoyxvj, lance;
ovpâ, queue), ois. — Genre de la famille des
Fringillidées, dans l'ordre des Passereaux,
établi par Sykes sur des espèces qui ont un
bec robuste, court, large, aussi haut que large
àsabase; à mandibule supérieure entamant
les plumes du front en formant un angle, et
décrivant un arc vers le crâne ; à queue éta-
gée et lancéolée , et à tarses grêles.
Les Lonchures se trouvent dispersés dans
les g. Fringilla, Loxia et Emberiza de la
plupart des auteurs. Ces oiseaux ont les ha-
bitudes sociales de la plupart des espèces de
la famille à laquelle ils appartiennent; ils
se nourrissent d'herbes et de semences. Le
Lonchure cheet s'empare fréquemment , dit-
on, des nids du Tisserin des Philippines,
pour s'y loger , et compose le sien de Gra-
minées.
Les Lonchures habitent principalement
les montagnes des grandes îles de la Sonde ;
une seule est africaine. On en connaît huit :
1 . Le Lonchure leuconote , L. leuconota
Syk. , Fr. leuconota Tem., à baguettes des
plumes du dos blanches. Habite le Bengale.
2. Le Lonchure Épervier, L. nisoria
Syk., Fr. nisoria Temm. (pi. col., 500,
f. 2). Croupion marbré de gris et de brun.
Même habitation.
3. Le Lonchure cheet, L. cheet Syk.
Croupion blanc. Habite les Philippines.
4. Le Lonchure quinticolore , L. quinti-
color Syk. , Loxia quinlicolor Vieil 1. ( Ois.
ch. , pi. 54). Croupion orangé pur. Habite
les Moluques.
5. Le Lonchure vermiculé , L. variegata
Syk. , Lox. variegata Vieill. ( Ois. ch. ,
pi. 51 ). Croupion finement vermiculé de
noir. Même habitation.
6. Le Lonchure gris, Lox. cantans Vieill.
(Ois. ch., pi. 57). Plumage d'un blanc roux.
Habite le Sénégal.
7. Le Lonchure binglis, Fring. prasina
Horsf. (Trans., XIII , 161). Croupion écar-
late. Habite Sumatra.
8. Le Lonchure longicône, Fring. sphe-
cura Temm. (Buff.,pJ. enl., 101, f. 2). Ha-
bite Java et le continent indien. (Z. G.)
*LONCHURE. Lonchurus (AoyXv) , lance ;
cupa, queue), poiss. — Genre de l'ordre des
Acanthoptérygiens, famille des Sciénoïde»,
55
434
LON
LON
établi par Bloch, et adopté par MM. Cuvier
et Valenciennes ( Hist. des Poiss. , t. V,
p. 192). Ces Poissons sont très voisins des
Ombrines, dont ils ne diffèrent que par un
barbillon double. On en connaît 2 espèces:
L. barbatus et depressus Bl.
*LONDESIA. bot. ph.— Genre de la fa-
mille des Atriplicées (Chénopodiées)-Chéno-
podées, établi par Fischer et Meyer (Index
sem. hort. petropol., 1835, p. 40). Herbes
des bords de la mer Caspienne. Voy. atri-
plicées.
*LONDRA , Sykes. ois.— Syn. de Calan<
dra, Less. Voy. ce mot et alouette. (Z. G.)
LONGIBANDE. mam. — Nom d'une es-
pèce de Chat. Voy. ce mot.
LONG1CAUDES. ois. — Famille de l'or-
dre des Gallinacés, établi par M. de Blain-
ville (Tabl. du Règ. anim.), pour des espèces
de cet ordre, qui ont, comme les Faisans,
une queue plus longue que le corps. (Z. G.)
LOiXGICONES. ois. — Section établie
par M. Temminck, dans son genre Gros-
Bec (Fringilla), pour les espèces qui ont un
bec en cône droit, long, comprimé et à pointe
aiguë. Cette section renferme les Tarins,
les Chardonnerets et les Sénégalis. (Z. G.)
LONGICORNES. Longicornes, ins. —
Famille de Coléoptères subpentamères (té-
tramères des auteurs), établie par La treille.
Ils ont le dessous des trois premiers arti-
cles des tarses garni de brosses ; les deuxième
et troisième en cœur, le quatrième profon-
dément bilobé, et un petit nodule simulant
un article à l'origine du dernier. La lan-
guette, portée par un menton court et trans-
versal, est ordinairement membraneuse, en
forme de cœur, échancrée ou bifide, cornée
et en segment de cercle très court, et trans-
versal dans d'autres. Les antennes sont fili-
formes ou sétacées, le plus souvent delà
longueur du corps au moins, tantôt simples
dans les deux sexes , tantôt en scie, pecti-
nées ou en éventail dans les mâles. Les yeux
d'un grand nombre sont réniformes, et en-
tourent ces antennes à leur base. Le corse-
let est en forme de trapèze , ou rétréci en
uvant dans ceux chez qui les yeux sont ar-
rondis , entiers ou peu échancrés. Dans
ce cas, les pieds sont longs et grêles, les
tarses allongés. Le corps est long ou ova-
laire. Les femelles ont l'abdomen terminé
par un oviducte tubulaire et corné. Les
Longicornes produisent un petit son aigu
(ceux-ci appartiennent ordinairement à la
tribu des Cérambycins) par le frottement
du pédicule de la base de leur abdomen
contre la paroi intérieure du corselet.
M. Serville, qui a fait une étude toute
particulière des insectes de cette famille
(Ann. de la Soc. ent. de France, t. 1 , 1832,
pag. 118-201; t. II, 1833, pag. 528-573;
t. III, 1834, p. 1-109; t. IV, 1835, pag.
1-99, 197-228), a donné les caractères d'un
bon nombre de genres qu'il a fondés, ou
de ceux qu'il a adoptés, tout en maintenant
les quatre tribus de Latreille , celles des
Prioniens, Cérambycins, Lamiaires et Leptu-
RÈTES.
Dans la première section rentrent les
Prioniens , les Cérambycins et les Lamiai-
res, dont les yeux sont échancrés ou réni-
formes, et reçoivent la base des antennes;
la tête est enfoncée jusqu'aux yeux dans le
corselet, sans rétrécissement nixou distinct;
La deuxième section comprend les Lepturètes.
qui ont les yeux arrondis, entiers ou à peine
échancrés, et les antennes insérées en avant,
ou tout au plus à l'extrémité antérieure de
leur faible échancrure, et la tête prolongée
postérieurement derrière les yeux, ou ré-
trécie brusquement en manière de cou, à la
jonction avec le corselet.
M. Mulsant, qui , dans son Hist. nat. des
Coléopt. de France, Longicornes, 1839, ou-
vrage d'un grand mérite , s'est occupé de
cette famille, partage les Longicornes en
trois groupes, savoir : les Procéphalides ,
dont la tête est penchée en avant; les Cli-
nocéphalides , à tête verticale ou inclinée ,
et les Dérécéphaudes , à tête séparée, par
une sorte de cou, du prothorax, qui est ré-
tréci en avant.
L'auteur introduit dans les Procéphalides
trois familles : celles des Spondyliens , des
Prioniens et des Cérambycins ; dans les Cli-
nocéphalides, deux familles : celles des La-
miens et Saperdins , et dans les Dérécépha-
lides, encore deux familles : celles des Hha-
giens et Lepluriens. Il dispose ensuite ses
familles par branches, lesquelles renferment
les genres.
Dans la méthode de Linné , ces insectes
forment les genres Cerambyx, Leptura, Ne-
cydalis.
Fabricius , Olivier, Latrei>' \Dalmann.
LOIN
Mulsant, etc., etc., ont créé successivement
des genres qui aujourd'hui sont générale-
ment adoptés. Dejean, dans ia 3e édition de
son Catalogue, a formé, avec des espèces exo-
tiques, de nouvelles coupes qui lui ont paru
ne pouvoir rentrer dans celles déjà établies.
Depuis, M. Newman ( The Entomologiste
Entomological Magazine) créa, avec des es-
pèces de la Nouvelle-Hollande, des Philip-
pines, etc., etc., un assez grand nombre
d'autres genres. Le relevé des genres dé-
crits ou indiqués dépasse aujourd'hui 520 ,
et celui des espèces est de 4.000 à 4,500.
Les Longicornes sont les pms grands, les
plus gracieux des Coléoptères. Leurs couleurs
sont variées, quelquefois très vives. Le Ti-
tanus giganteus F. , Remphan serripes F.
{Prionus HayesiUope), Macrodontacervicor-
nis , Acrocinus longimanus , ont plus de
130 millimètres de longueur sur 50 de lar-
geur ; le plus petit n'a pas moins de 2 mil-
limètres sur 1 de largeur.
Leurs larves sont molles, allongées, blan-
châtres. Le corps est presque quadrilatère,
dilaté et déprimé à la partie antérieure. Il
se compose, outre la tête, de douze seg-
ments ; le premier (prothorax) surpasse les
suivants en grandeur. Quelques unes de ces
larves sont apodes, ayant des mamelons ou
élévations tuberculeuses rétractiles, qui va-
rient par le nombre et la position, et servent
à la progression. D'autres sont pourvues de
six pieds écailleux, très courts , disposés par
paire à la partie inférieure des trois pre-
miers anneaux ; dans la plupart de ces der-
niers , la brièveté des organes du mouve-
ment est encore suppléée par divers mame-
lons. De chaque côté du corps sont neuf
stigmates. Le premier, le plus grand de tous,
situé sur le deuxième segment, est presque
sur le point de jonction de celui-ci avec le
précédent; les autres existent sur les qua-
trième, cinquième, sixième, septième, hui-
tième, neuvième , dixième et onzième seg-
ments.
Tête plus étroite que l'anneau prothora-
cique , sinueusement découpée sur le bord
antérieur, armée de mandibules cornées ou
dentées, de manière à perforer le bois le
plus dur. Labre presque coriace, membra-
neux, transversal, semi-circulaire ou cordi-
forme; mâchoires terminées par un seul
lobe , munies chacune d'un palpe composé
LON
435
de trois à quatre articles , en cône droit ou
renversé, cylindriques ou filiformes; lan-
guette portant également deux palpes, et
formée de deux ou trois pièces; antennes peu
apparentes ou rudimentaires dans plusieurs,
composées dans d'autres de deux à quatre
articles contigus, décroissant successivement
de grosseur, plus ou moins rétractiles , sus-
ceptibles, suivant la volonté de l'animal ,
de s'engaîner les uns dans les autres. Près
du côté extérieur, on aperçoit un à trois
points globuleux brillants, enchâssés dans
les bords de la tête; ils semblent représen-
ter l'organe de la vue.
Ces larves , désignées par Duméril sous
le nom de Lignivores ou de Xylophages, vi-
vent toutes aux dépens des végétaux; elles
habitent l'intérieur des arbres ou des plan-
tes dont la durée est assez longue pour en-
tretenir leur existence.
Plusieurs se contentent de ronger l'écorce
en rampant sur l'aubier; la plupart enta-
ment les couches ligneuses ou s'y enfoncent
profondément; d'autres s'attachent exclu-
sivement à la substance médullaire. Les
unes creusent les branches ou les rameaux;
les autres le tronc et les racines, ou ron-
gent, jusqu'à les mettreen poussière, les sou-
ches abandonnées dans la terre. Elles ré-
duisent souvent à une très faible épaisseur
la couche qui les sépare de l'extérieur, et
au lieu de rejeter au dehors le détritus de
leurs aliments , elles en garnissent les ga-
leries qu'en avançant elles laissent derrière
elles. Si la matière est ligneuse ou solide,
la vermoulure produite remplit à peu près
ces canaux. Si la substance doit , comme la
moelle , être réduite, par le travail de la di-
gestion, en un volume peu considérable, ils
restent plus ou moins vides , et leur four-
nissent, en cas de besoin, une sorte de
moyen d'échapper à leurs ennemis, en leur
permettant de chercher un refuge du côté
opposé à celui de l'attaque.
Quelquefois ces larves vivent solitaires
dans les tiges de certaines plantes; mais
elles habitent toujours en nombre plus ou
moins grand un voisinage rapproché. Leur
éloignement réciproque sur le même végé-
tal n'est soumis à aucune règle; ordinaire-
ment, les distances qui les séparent sont
proportionnées à la nourriture nécessaire à
chaque individu, jusqu'à son accroissement,
436
LON
LON
Cependant cette loi semble quelquefois mise
en oubli , et quand la matière à ronger de-
vient moins abondante, et que les larves ,
trop nombreuses, traversent des conduits
contigus aux leurs , des combats ont lieu ,
dont la suite est la mort pour l'un des cham-
pions. Elles se déciment ainsi jusqu'à ce que
leur nombre soit réduit à des proportions
convenables.
Avant d'arriver à l'état de nymphes , ces
larves changent plusieurs fois de peau. La
durée de leur vie, sous leur première forme,
est ordinairement d'un à trois ans ; mais
cette durée est variable jusque chez les in-
dividus d'une même ponte, soit par suite de
leur position individuelle, d'accidents im-
prévus , de causes atmosphériques , ou dans
un but secret de la nature pour conserver
et perpétuer chaque espèce.
Avant de quitter leur figure vermiforme,
la plupart agrandissent leur demeure, se
pratiquent une sorte de niche ovoïde; celles
qui habitent les tiges des plantes ferment,
avec un bouchon serré , les deux extrémités
du tuyau où elles doivent s'arrêter. Certai-
nes espèces désertent les écorces et se creu-
sent une couche dans les parties ligneuses;
d'autres , qui avaient poursuivi leurs tra-
vaux jusqu'au cœur des arbres, se rappro-
chent au contraire de l'extérieur.
Sous la forme de Nymphes, elles présen-
tent toutes les parties propres à l'insecte
parfait; mais plusieurs n'ont pas le dévelop-
pement dont elles sont susceptibles. Les
élytres sont raccourcies et déhiscentes; la
tête est infléchie; les antennes sont couchées
et recourbées sous la poitrine; les pieds re-
courbés en dessous ou saillant anguleuse-
ment sur les côtés. Quelquefois l'abdomen
est terminé par des espèces de crochets des-
tinés à donner, plus tard , à l'animal la fa-
culté de se cramponner, afin de se dépouil-
ler avec plus de facilité de son enveloppe. Ces
nymphes restent dans une sorte de léthargie.
Cependant, si on les inquiète, elles font
mouvoir avec facilité leurs segments abdo-
minaux. Huit ou quinze jours suffisent à la
plupart pour se transformer en insectes par-
faits.
Quand ces insectes s'occupent à se frayer
un chemin pour arriver au jour, il arrive
quelquefois que la sécheresse a durci telle-
ment les parties qu'ils ont à perforer qu'ils
s'épuisent en efforts et périssent dans leur
trou. D'autres, éclos trop tard dans l'au-
tomne, attendent le retour du printemps
pour sortir. Lesespèces nocturnes rentrent,
pendant le jour, dans les trous où elles ont
pris naissance ; les autres les quittent pour '
toujours.
Quelques Longicornes exhalent des odeurs
suaves; telles sont, chez nous, les Aromia
moschata , rosarum , suaveolens , etc.; en;
Amérique , les Callichroma , et en Austra- ;
lie , le Bardistus cibarius. Cet insecte est
recherché des naturels de l'île du Roi-Geor-
ges comme un mets exquis. On cite aussi
comme tel plusieurs espèces de Prioniens
d'Amérique , tels que le Stenodontes dami-
cornis F., à l'île de Cuba; le Trichoderes
pini Chev., au Mexique , et la Macrodontia
cervicornis F.-Serv., au Brésil et à Cayenne.
M. Léon Dufour remarque que , par leur
tube alimentaire , ainsi que par la disposi-
tion des vaisseaux hépatiques , ces insectes
ressemblent aux Mélasomes ; contre l'opinion
de M. Marcel de Serres, il nie l'existence
d'un gésier. Le tube alimentaire, le plus
souvent hérissé de papilles, est précédé d'un
jabot, mais moins ou peu prononcé dans les
Lamiaires ou Lepturètes, qui, dans la mé-
thode de Latreille, terminent cette famille.
Les testicules sont constitués par des cap-
sules ou des sachets spermatiques, distincts,
pédicellés, assez gros, et dont le nombre
varie suivant les genres. (C.)
*LOi\.GICOXES. Longicoxi. ins.—
MM. Amyot et Serville (Ins. hémipt., Suit,
à Buff.) désignent ainsi un petit groupe de
la famille des Réduviides correspondant à
notre groupe des Émérides , et comprenant
seulement les genres Emera, Emerodema et
Ploiaria. (Bl.)
*LONGILABRES. Longilàbri. arach.—
C'est une race du g. des Clubiona (voy. ce
mot), établi par M. Walckenaër, et dont la
seule espèce qui la compose est remarquable
par la lèvre allongée, coupée en ligne droite
à son extrémité , et à côtes presque paral-
lèles. La Clubiona sœva, Walck., est le seul
représentant de cette race. (H. L.)
*LONGIMANES. Longimanœ. arach. —
M. Walckenaër emploie ce nom pour dési-
gner dans le genre des Attus une famille
dont les principaux caractères sont d'avoir les
pattes allongées, égalant près de trois fois
LON
LOP
437
toute la longueur du corps ; dont les arti-
cles se replient les uns sur les autres, et
dont le fémoral est dilaté en forme de
rame. VAltus phrynoides Walck. est le seul
représentant de cette famille. (H. L.)
*LONGINA. ins.— Genre de l'ordre des
| Diptères brachocères, famille desMusciens ,
i tribu des Muscides , établi par Wiedmann
: [Âuss. Zw.y t. II, p. 554). L'espèce type ,
• L. abdominalis, habite le Brésil.
i LONGIPENNES. Longipennes. ois. —
• G. Cuvier et M. Duméril ont établi sous ce
• nom, dans l'ordre des Palmipèdes, une fa-
• mille qui comprend les oiseaux de haute
mer, c'est-à-dire ceux qui, doués d'un vol
étendu, ont la faculté de s'avancer en mer
à des distances excessivement éloignées des
plages. Leurs ailes sont très longues, leur
pouce est libre ou nul , et leur bec est sans
dentelure. Cette famille renferme les genres
Pétrel, Puffin, Pélicanoïde, Prions, Albatros,
Mouette, Goéland, Stercoraire, Sterne,
Noddi et Bec-en-Ciseaux. M. Lesson s'est
également servi du nom de Longipennes
pour l'appliquer à une tribu qui comprend
trois familles, celle des Syphorhiniens ou
Procellaires, celle des Hydrochélidons ou
Sternes, et celle des Pélagiens ou Phaétons.
Abstraction faite de cette dernière, la tribu
des Longipennes de M. Lesson n'est que la
reproduction de la famille établie sous le
même nom par Illiger et G. Cuvier. (Z. G.)
LONGIROSTRE. Longirostris. rept. —
Sous-genre de Crocodiles ainsi nommé par
Cuvier. Voy. crocodile.
LONGIROSTRES Longirostri. ois. —
Famille de l'ordre des Échassiers créée par G.
Cuvier et composéed'unefouled'oiseaux de ri-
vage, que Linné rangeait dans les genres Sco-
lopax, Tringaet Vanellus. Tous les Longiros-
tres de G. Cuvier ont à peu près les mêmes
formes, les mêmes habitudes et souvent les
mêmes distributions de couleurs. Ils se ca-
ractérisent en général par un bec grêle, long
et faible, qui ne leur permet guère que de
fouiller dans la vase pour y chercher les
Vers et les petits Insectes. Les genres Ibis,
Courlis, Bécasse, Rhynchée, Barge, Maubè-
che , Sanderling , Pélidne ou Alouette de
mer, Cocorli, Falcinelle , Combattant, Eu-
rinorhynque,Phalarope,Tourne-Pierre,Che-
valier, Lobipède, Échasse et Avocette, com-
posent cette famille. M. de Blainville a aussi
établi une famille des Longirostres dont le
genre Turdus est le type. (Z. G.)
*LONGISACTES. Longisacti, Am. et
Serv.ms. — Synonyme deScutellériens. (Bl.)
*LONGITARSUS , Latreille. ins.— Syn.
de Teinodactyla y Chevrolat , et Thyamis ,
Stephens. Voy. ces mots. (C.)
*LONGITRONCS. Longitronci. arachn.
— Ce nom désigne, dans le tome Ier des
Ins. apt. par M. Walckenaër, une race dans
le genre des Dolomèdes, et dont la seule es-
pèce qui la compose a les yeux latéraux de
la ligne antérieure égalant ou surpassant en
grosseur ceux de la ligne du milieu. La lèvre
est carrée. Le céphalothorax est ovale, al-
longé et convexe. L'abdomen est ovale, étroit
et peu allongé. La Dolomède de Dufour, Do-
lomèdes Dufourii, est la seule représentante
de cette race. (H. L.)
LONG-NEZ. mam. — Nom vulgaire du
Nasique. Voy. ce mot. (E. D.)
LONG-NEZ. rept.— Un Serpent du genre
Typhlops (voy. ce mot) porte vulgairement
ce nom. (E. D.)
LONICERA. bot. ph. — Voy. chèvre-
feuille.
*LONICÉRÉES. Lonicereœ. bot. ph.—
Plusieurs auteurs ont donné ce nom à la
famille des Capri foliacées (voy. ce mot);
d'autres , comme nous l'avons fait , le ré-
servent pour désigner l'une des deux tribus
dans lesquelles on la partage. (Ad. J.)
LONIER. moll. — Adanson (Voyage au
Sénégal ) désigne ainsi une coquille rangée
par Gmelin dans le g. Troque, sous le nom
de Trochus griseus. (Desh.)
LONTARUS, Rumph. bot. ph. — Syn.
de Borassus , Linné.
LOOSA. bot. ph. — Voy. loasa.
LOPEZIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des OEnothérées-Lopé-
ziées , établi par Cavanilles (le. I, 12,
t. XVIII). Herbes ou sous -arbrisseaux du
Mexique. Voy. œnothérées.
*LOPÉZlÉES. Lopezieœ. bot. vu.— Tribu
des Onagrariées (voy. ce mot) , ainsi nom-
mée du genre Lopezia, qui lui sert de type.
(Ad. J.)
LOPHA (Xb'yo;, crête), ins.— Sous ce nom
de genre, fondé par Megerle, Dejean a éta-
bli sa neuvième division du grand genre
Bembidium. Les espèces qui s'y rapportent
sont au nombre de six. Cinq sont propres à
438
LOP
l'Europe, et une est originaire des États-
Unis. (G.)
LOPHANTHUS (ao?o$, aigrette; <xv8o;,
fleur), bot. ph. — Genre de la famille des
Labiées-Népétées , établi par Bentbam (in
Bot. Reg , n. 1282). Herbes de l'Amérique
boréale et de la Sibérie orientale. Voy. la-
biées.— Forst., syn. de Waltheria, Linn.
*LOPHATHERUM ( >oVoç , aigrette;
«Q/jp, épi), bot. pb. — Genre de la famille des
Graminées- Festùcacées , établi par M. Ad.
Brongniart (in Duperr. Voy., 49, t. VIII).
Gramens d'Amboine. Voy. graminées.
*LOPHIA,Desv. bot.ph. — Syn. d'Allo-
pleclus , Mart.
LOPHIDIUM, Rien, bot. ph. — Syn. de
Schizœa, Smith.
*LOPHIDIUS (Xo<ptfiov, petite crête), ms.
— Genre de Coléoptères pentamères, famille
des Carabiques, tribu des Féroniens, créé
par Dejean (Species général des Coléoptères ,
t. V, p. 801). Deux espèces rentrent dans ce
genre: les L. testaceus et brevicollis Dej.,
originaires de Sierra-Leone. (C.)
*LOPMOCEPHALA. annél. — Genre
d'Annélides à soies qui paraît avoisiner la
famille des Lombrics et des Nais. Il a été
établi par M. Costa (Ànn. se. nat., t. XVI,
4841) pour une espèce de la baie de Naples,
que l'auteur appelle L. Edwardsii. (P. G.)
LOPHIOBON (>o<poç, crête; bSovç ,
dent), mam. foss. — Genre de Pachydermes
fossiles, voisin du genre Tapir, dont les dé-
pouilles se rencontrent dans les terrains
tertiaires moyens et supérieurs, établi par
M. Cuvier dans le 2e vol. de ses Recherches
sur les ossements fossiles.
La dentition des Lophiodons se compose,
comme celle des Tapirs, de 6 incisives et
2 canines à chaque mâchoire; de 7 molaires
de chaque côté à la mâchoire supérieure et
6 à l'inférieure. Il existe un espace vide
assez étendu dans quelques espèces entre la
canine et la première molaire.
Les molaires offrent aussi , comme dans
les Tapirs, des collines ou des crêtes trans-
versales d'où le nom générique de Lophio-
donsi été tiré; mais elles diffèrent de celles
de ces derniers par la plus grande obliquité
de leurs collines , par l'absence d'une se-
conde colline dans les premières molaires
supérieures, et par la présence d'une troi-
sième à la dernière molaire d'en bas.
LOP
Tous les os connus du reste du squelette
annoncent des rapports sensibles avec les
Tapirs, les Rhinocéros, et à quelques égards
avec les Hippopotames.
Il a été trouvé des ossements de ces ani-
maux dans un grand nombre de collines ter-
tiaires de France , aux environs d'Issel ,
département de l'Aude, dans une espèce de
poudingue; aux environs d'Argenton, dé-
partement de l'Indre , dans une espèce de
marne ; au Bastley, près Buchsweiler , dé-
partement du Bas-Rhin , dans un calcaire
compacte; aux environs de Soissons, dépar-
tement de l'Aisne, dans une sablière; à
Montabusard , département du Loiret»
dans une pierre marneuse; aux environs de
Montpellier; aux environs de Laon; dans
la montagne des Éparmailles à Provins;
dans le calcaire grossier des environs de
Paris et dans la colline de Sansan, départe-
ment du Gers.
Les espèces de Lophiodon sont nombreu-
ses ; Cuvier en compte trois à Issel , qui
sont: le Loph. Isselense, d'un tiers plus grand
que le Tapir des Indes; cette espèce se ren-
contrait aussi à Argenton et à Soissons; le
Loph. tapirolherium , de la taille du Tapir
d'Amérique ; on la trouve aussi à Eppel-
sheim; le Loph. occitanum, moindre d'un
tiers que le précédent.
Il en compte à Argenton, outre une
semblable à celle d'Issel, quatre autres
différentes : le Loph. médium, delà taille du
Tapir des Indes; le Loph. minutum, d'un
tiers moindre que le Tapir d'Amérique ; le
Loph. minimum, dont la taille était moitié
moindre de celle du Tapir d'Amérique ; le
Loph. parvulum, dont les dimensions longi-
tudinales n'ont que le tiers de celle du Tapir
d'Amérique.
Cuvier en compte deux espèces à Buchs-
weiler, c'est-à-dire le Loph. tapiroides9
à peu près de la grandeur du Loph. isse-
lense, dont il ne différait que par de légères
modifications dans la forme des molaires et
par la grandeur des canines; XeLoph. buxo-
villianum, à peu près de la grandeur du
Tapir des Indes.
Le même auteur établit encore un Loph.
aurelianense,de Montabusard; mais il pense
que cette espèce est peut-être la même que
le Loph. tapirolherium.
Quant à la grande espèce de ce même lieu
LOP
que l'on a nommée Loph. giganteum , nous
ne l'inscrirons pas ici, parce que nous croyons
que le fragment de mâchoire et l'astragale
qui ont servi à l'établir appartiennent à une
espèce de Rhinocéros.
Le Loph. monspessuîanum , établi sur
quelques molaires trouvées à Boutonnet,
près Montpellier. Ses dents ressemblent beau-
coup à celles du Loph. buxovillianum.
Il est bien probable que lorsqu'on aura
rassemblé un plus grand nombre de ces os-
sements dans chaque localité, on trouvera
quelques espèces à supprimer ; mais , d'un
autre côté, on en découvrira peut-être aussi
qui ne sont point mentionnées dans ce ca-
talogue: ainsi l'espèce qu'a trouvée M. Lar-
tet dans la colline de Sansan nous paraît
différer de toutes les autres et se rapprocher
du Cheval par ses incisives. Celle dont les
os ont été trouvés par M. Félix Robert dans
le calcaire grossier marin de Nanterre n'est
point encore déterminée spécifiquement, et
doit peut-être faire aussi une espèce à part.
(L...D.)
LOPHIOLA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Hœmodoracées, établi par Ker (m
Bot. mag., t. 1596). Herbes de l'Amérique
boréale. Voy. hœmodoracées.
LOPHIOLEPIS, Cass. bot. ph. — Syn.
de Cirsium, Tourn.
LOPHIRA. bot. ph. — Genre de la famille
des Diplérocarpées, et considéré par quelques
auteurs comme devant constituer le type
d'unenouvelle famille, celle des Lophiracées.
Il a été établi par Banks (apud Gœrtn. f. III,
52, t. 188) pour des arbres de l'Afrique
tropicale. Voy. diptérocarpées.
*LOPHIROS, Targion.BOT. cr.— Syn. de
Rhodomela, Ag.
LOPHILM (Xo'^oç, crête), bot.cr. — Genre
de Champignons de l'ordre des Pyrénomy-
cètes, établi par Fries et caractérisé par des
réceptacles verticaux, comprimés, membra-
neux et fragiles, s'ouvrantlongitudinalement
1 leur partie supérieure; la pulpe qu'ils ren-
. ment est composée de paraphyses rameu-
I très Ones et de thèques dressées, avec huit
petites spores dans leur intérieur, qui se ré-
duisent en poussière brune floconneuse. Ces
Champignons se développent sur le bois et
même sur les feuilles des Pins. LeLophium
viytilinum Fr., Hysterium ostraceum Bull.,
est très commun dans les forêts de Pins, et
LOP
4?<9
ressemble, comme son nom l'indique, à une
coquille bivalve. (Lév.)
LOPHIUS. poiss. — Voy. baudroie.
LOPIIOBRANCIIES (»oç, aigrette;
(>payx''a , branchies), poiss. — Ordre établi
par Cuvier dans la classe des Poissons à
squelette osseux ou fibreux, et qu'il carac-
térise ainsi (liég. anim., t. II, p. 361) :
« Mâchoires complètes et libres; branchies
divisées en petites houppes rondes disposées
par paires le long des arcs branchiaux. Elles
sont enfermées sous un grand opercule at-
taché de toutes parts par une membrane
qui ne laisse qu'un petit trou pour la sor-
tie de l'eau , et ne montre , dans son épais-
seur, que quelques vestiges de rayons. Ces
Poissons se reconnaissent en outre à leur
corps cuirassé d'une extrémité à l'autre par
des écussons qui le rendent presque tou-
jours anguleux. Ils sont généralement de
petite taille et presque sans chair. »
Cet ordre renferme 4 genres nommés :
Syngnathe, Hippocampe, Solénostome et
Pégase. Voy. ces mots. (J.)
*LOPHOCEPHALA ( Ao>oç , crête; xe-
<paH, tête), ins. — Genre de la famille des
Réduviides, de l'ordre des Hémiptères, éta-
bli par M. Laporte de Castelnau {Essai Hé-
rnipt. héLéropt.), et adopté par tous les en-
tomologistes. Les Lophocéphales se font re-
marquer par leur tête prolongée entre les
yeux , et supportant des antennes dont le
premier article est allongé, et les deux der-
niers aussi épais que les précédents. Ces
Hémiptères ont été trouvés aux Indes orien-
tales. Le type est le L. Guerini Lap. de
Cast. (Bl.)
LOPHOCERUS, Swains. 018. — Syn. de
Pauxi. Voy. ce mot. (Z. G.)
*LOPHOCiTTA, G. R. Gray. ois.— Sec-
tion du g. Pie. Voy. ce mot. (Z. G.)
*LOPHODERES, Chevrolat. lus.— Syn.
de Cyphorhynchus, Schr. (C.)
*LOPHODES. ins.— Dejean attribue à
Schœnherr ce genre, et lui donne pour type
le Lophodes nodipennis, qui est originaire du
Chili. Maison ne le trouve pas mentionné
dans le Gênera et species Curcul. de l'auteur
cité. (C.)
*LOPHOFERA , Flem. on.— Syn. de
Lophophorus, Temm. (Z. G.)
*LOPHOL,ENA (Xwpoç, aigrette; Aaîva,
enveloppe), bot. ph. — Genre de la famille
440
LOP
fies Composées-Sénécionidées, établi par De
Candolle (Prodr., VI, 335). Sous-arbrisseaux
du Cap. Voy. composées.
*LOPHOMA(>o>oç, crête; ufxoç, épaule).
Ins. — Genre de Coléoptères hétéromères ,
famille des Mélasomes, créé parSolier {Ann.
de la Soc. ent. de Fr., t. IV, p. 285). Ce
genre fait partie des Collaptérides de l'au-
teur et rentre dans sa tribu des Tentyrites;
il ne renferme qu'une espèce, la L. punc-
tata Sol., qui a été trouvée en Barbarie et
aux environs de Tanger (C.)
LOPHONOCERUS f»oç, crinière; «-
p«ç, antenne), ins. — Genre de Coléoptères
subpentamères, tétramères de Latreille, fa-
mille des Longicornes, tribu des Céramby-
cins, proposé par Latreille et adopté par
Serville(ilnn. delà Soc. entom. de Fr., t. III,
p. 33). Deux espèces font partie du genre *
lesCer. speciosus Lin., Vœt. (barbicornisY.)
et hirticornis de Schœnh. La première est
originaire de Cayenne, et la deuxième du
Brésil. (C.)
*LOPHONOTA. ànnél.— Genre d'Anné-
lides à soies décrit par M. Costa ( Ann. se.
nat., 1841) pour une espèce du golfe de
Naples, qu'il appelle L. Audouinii. (P. G.)
*EOPHONOTUS ( lotpoç , aigrette; vù-
toç , dos), ms. — Genre de l'ordre des Dip-
tères brachocères, famille des Asiliens, tribu
des Asilides, établi par M. Macquart (Dipt.
exot.) aux dépens des Asilus de Linné, dont
il diffère principalement par l'espèce de crête
qui s'élève sur le thorax. L'auteur de ce g.
y rapporte 11 espèces originaires d'Afrique,
à l'exception d'une seule qui est d'Europe.
LOPHOPHANES. Kaup. ois. — Voy,
MÉSANGE
LOPHOPHORE , Lophophorus (Ao>oç,
aigrette; «p°p°'ç, qui porte), ois. — Genre de
Sa sous-famille des Lophophorinées dans
Tordre des Gallinacés. Caractères : Bec
long, fort, très courbé, large à sa base,
à bords saillants, à mandibule supérieure
large , tranchante à son extrémité et dépas-
sant de beaucoup l'inférieure; narines si-
tuées à la base du bec, recouvertes en ar-
rière par une membrane revêtue de plumes;
tarses courts ornés d'un fort éperon ; queue
droite , horizontale , arrondie à son extré-
mité.
M. Temminck est le créateur de ce genre.
11 l'établit sur une espèce que Latharn pla-
LOP
çait, sous le nom de Phasianus impeyanus,
parmi les Faisans, dont elle se sépare cepen-
dant par quelques caractères extérieurs. En
effet, si les Lophophores ont, comme les
Faisans et même comme les Coqs et les
Paons, un plumage généralement peint des
plus riches couleurs, s'ils ont encore, comme
les premiers, toute la circonférence de l'œil
recouverte d'une peau nue, et, comme les
Paons, une belle huppe, ils se distinguent
totalement des uns et des autres par leui
queue, qui n'est point composée de pennes
disposées sur deux plans différents et qu'il*
ne peuvent relever.
Depuis son établissement, ce genre a
subi plusieurs modifications peu importan -
tes. Vieillot a changé son nom en celui de
Monaul, M. Flemming en celui de Lopho-
fera; enfin M. Lesson a distingué, sous le
nom iïlmpey, l'espèce type de ce genre
et a conservé celui de Lophophore à une
deuxième espèce qu'on y avait introduite
sous le nom de Lop. Cuvierii , espèce qui a
été rapportée depuis par quelques ornitho-
logistes aux Houppifères.
Les mœurs des Lophophores nous sont
entièrement inconnues ou à peu près ; tout
ce qu'on en sait, c'est que ces oiseaux pré-
fèrent les climats froids aux climats chauds,
et que le mâle fait entendre un glousse-
ment rauque, fort et semblable à celui du
Dindon mâle. On les apporte quelquefois à
Calcutta comme objets de curiosité. F. Cu-
vier pense qu'en raison de la préférence que
ces oiseaux accordent aux climats froids, on
pourrait les acclimater facilement en Eu-
rope et en enrichir nos basses-cours ou du
moins nos volières, comme nous les avons
enrichies du Faisan doré et du Faisan ar-
genté. Lady Impey avait fait des tentati-
ves pour transporter plusieurs Lophophores
vivants en Angleterre; mais ils moururent
en mer après deux mois de traversée.
Les montagnes du nord de l'Indostan sont
les contrées natales des Lophophores.
L'espèce type de ce genre est le Lopho-;
phore resplendissant, L. refulgens Temm. (re-
présenté dans l'atlas de ce Dictionnaire, oi-
seaux, pi. 5 ter); c'est un des plus beaux Galli-
nacés que l'on connaisse. La tête du mâle est
ornée d'un panache élégant composé de
plumes à tige mince et terminées par une
palette oblongue dorée. En outre, il a tout
LOP
le dessus du corps d'un beau vert à reflets
à la fois dorés, pourprés et azurés, et le des-
sous noir à reflets verdâtres. L'éclat de son
plumage lui a valu dans quelques parties de
l'Inde le nom d'Oiseau d'or.
La femelle n'offreaucune trace de ces cou-
leurs métalliques qui sont répandues avec
tant de profusion sur le plumage du mâle;
die est d'un brun terne, avec des raies et
les taches irrégulières fauves et rousses.
Le Lophopbore resplendissant habite les
..onts Himalaya et le Népaul.
MM. Jardine et Selby ont introduit dans
ce genre une deuxième espèce dont M. G.-
R. Gray a fait le type de son genre Tetrao-
gallus, et qu'il nomme Tet. nigellii. Voy.
TÉTRAOGALLE. (Z. G.)
* LOPHOPHORINÉES. Lophophorinœ.
ois. — Sous-famille établie par G.-R. Gray,
dans la famille des Faisans (Phasianidées),
pour les genres Lophophorus , Tetraogallus
etEulophus. (Z. G.)
*LOPHOPHYTÉES. Lophophyteœ. bot.
ph. — Tribu des Balanophorées. Voy. ce
mot.
*LOPHOPHYTUM (Xoyoç, aigrette; <pv-
tov , plante), bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Balanophorées-Lophophytées, éta-
bli par Schott et Endlicher(Mete£., I, t. 1).
Herbes du Brésil tropical. Voy. balanopho-
rées.
*LOPHOPODE. Lophopus f»o«, crête,
crinière; ttovç, «o<îo;, pied), polyp. — Genre
de Bryozoaires d'eau douce , proposé par
M. Dumortier , qui lui attribue des tenta-
cules non pourvus de cils vibratiles. M. Ger-
vais pense avec raison que ce caractère
négatif repose sur une observation incom-
plète, et regarde le Lophopode comme
une Plumatelle. Voyez ce mot et alcyo-
nelle. (Duj.)
*LOPHOPS (Voyoç, crête; <ty, face), ras.
— Genre de la famille des Fulgorides , de
l'ordre des Hémiptères, établi par M. Spi-
nola (Ann. de la Soc. ent. de France, t. 8)
sur une espèce d'Afrique : le L. Servillœi
Spin. (Bl.)
LOPHOPTERYS (>'<poç, aigrette; *x/-
pw$ , aile), bot. ph. — Genre de la famille
des Malpighiacées-Notoptérygiées, établi
par Adr. de Jussieu (in Delessert. le. sélect.
III, 18, 29). Arbres et arbrisseaux de la
Guiane. Voy. malpighiacees.
t. vu.
LOP
441
*LOPHOPTERYX(AoVoç, aigrette; «W»
pv£, aile), ins. — Genre de l'ordre des Lé-
pidoptères nocturnes, tribu des Notodon-
tides , établi par Stephens aux dépens des
Notodontes. Il y rapporte 3 espèces, qui ha-
bitent la France et l'Allemagne.
LOPHORHYNCHUS , Swains. ois. —
Division établie aux dépens du g. Colombe.
Voy. pigeon. (Z. G.)
LOPHORINA, Vieill. ois. — Division du
g. Paradisier. Voy. ce mot. (Z. G.)
*LOPIIORNIS, Less. ois.— C'est, dans le
Traité d'ornithologie de M. Lesson , le nom
que porte une des races dans lesquelles il
place les Oiseaux Mouches. ( Z. G.)
*LOPIIORTYX, Bonap. ois. — Genre
de la famille des Perdrix. Voyez ce mot.
(Z. G.)
LOPHOSCÏADIUM (Âo'yoç, aigrette;
ffxia&ov , ombelle), bot. ph. — Genre de
la famille des Ombellifères-Thapsiées, établi
par De Candolle {Mem. V, 57, t. 2). Her-
bes des bords de la Mer Noire. Voy. om-
BELLIFÈRES.
*LOPHOSIA (À'ooç, aigrette), ins. —
Genre de l'ordre des Diptères Brachocères ,
famille des Musciens, tribu des Muscides,
établi par Meigen, qui n'y rapporte qu'une
seule espèce r L. fasciata, indigène d'Al-
lemagne.
*LOPHOSPERMUM OV>5 , aigrette;
ffTrepfjia , graine), bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Scrophularinées-Antirrhinées, éta-
bli par Don (in Linn. transact., XV, 349).
Herbes indigènes du Mexique. Voy. scro-
PHULAR1NÉES.
LOPHOSTACHYS (Xo«poç , aigrette ; axa-
xuç, épi), bot. ph. — Genre de la famille
des Acanthacées-Echmatacanthées, établi par
Pohl (Plant. Brasil, II, 93, t. 161-163).
Sous-arbrisseaux du Brésil. Voy. acantha-
CÉES.
*LOPHOSTEMON f»?, aigrette; emf-
(A«v , filament), bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Myrtacées -Leptospermées , établi
par Schott (in Wiener Zeitschrift, 1830, III,
772). Arbrisseaux de la Nouvelle-Hollande.
Voy. MYRTACÉES.
*LOPHOSTERNUS f»oç, crête; ax/p-
vov , sternum), ins.— Genre de Coléoptères
subpentamères, tétramères de Latreille, fa-
mille des Longicornes, tribu des Prioniens,
créé par M. Guérin-Méneville ( Iconog. du
56
442
LOP
LOP
ïièg. anim., teite , t. II, p. 209). L'espèce
type et unique, L. Buquetii , est originaire
de Java. (C.)
*LOPHOSTOMA ( Ao<poç, crête; aroVa,
bouche), mam. — Groupe de Chéiroptères in-
diqué par MM. Alcide d'Orbigny et Gervais
(Voy. dans l'Amer, mérid., 1836), et ne
comprenant qu'une seule espèce décrite sous
le nom de Loph. sylvicola d'Orb. et Gerv.
(Iccocit., Mammif., pi. 6). (E. D.)
*LOPI10STRIX, Less. ois. — Section
du g. Chouette. Voy. ce mot. (Z. G.)
LOPHOTE. Lophotes (lo<p<azéç, qui porte
une huppe), ois. — Sous-genre de l'ordre
des Rapaces , sous-famille des Falconinées ,
établi par M. Lesson pour le Hobereau hup •
part (Falco lophotes). Voy. faucon. (Z. G.)
LOPHOTE. Lophotes (ao^wtoç, qui porte
une crête), poiss. — Genre de l'ordre des
Acanthoptérygiens , famille des Tœnioïdes,
établi par M. Giorna et adopté par MM. Cu-
vier et Valenciennes {Hist. des Poiss., t. X,
p. 405). Le caractère le plus frappant de la
physionomie de ce Poisson consiste dans la
crête tranchante, en triangle à peu près ver-
tical, qui surmonte sa tête, et au sommet
de laquelle s'articule une longue épine com-
primée, arquée, pointue, représentant une
véritable corne.
On ne connaît encore qu'une espèce de ce
genre : le Lophote Lacépède (Giorna, Mém.
de l'Acad. imp. deTurin, 1805-1808, p. 19,
pi. 2). C'est un des plus grands Poissons
qui habitent la Méditerranée, puisque sa
taille atteint environ 1 mètre 50 centimè-
tres; mais il y est si rare qu'on ne sait en-
core rien ni de ses mœurs ni de la qualité
de sa chair.
*LOPHOTUS f>y»Toç, qui a une crête).
ins.— Genre de Coléoptères tétramères ,
famille des Curculionides gonatocères, divi-
sion des Cléonides, créé par Schœnherr (Gen.
et sp. Curculion. syn., t. II, p. 314). 13
espèces décrites rentrent dans ce genre, et
sont, pour la plupart, originaires du Chili.
Nous citerons comme en faisant partie le L.
Eschscholtzii Sch. , fascialus Esc, vilulus F.,
etphaleratus Erichson. (C.)
LOPHURA, Flem. ois. — Syn. du g.
Ilouppifère.
*LOPHYRE. Lophyrus. ois. — Division
établie par Vieillot aux dépens du g. Pi-
geon. Voy. ce mot. (Z. G.)
LOPHYROPES. Lophyropa, Latr.CRUST.
—Syn. de Copépodes, Mil.-Edw. ( H. L.)
LOPHYROPODES. Lophyropoda. crust.
— Syn. de Copépodes. Fby..ce mot. (H.L.)
LOPHYRUS (>o>oÇ, aigrette; ovpa,
queue), ins. — Genre de la tribu des Ten-
thrédiniens , de l'ordre des Hyménoptères,
établi par Latreille et adopté par tous les
entomologistes. Les Lophyres se distinguent
des genres voisins par leurs antennes multi-
articulées , avec deux rangs de prolonge-
ments en forme de peignes chez les mâles,
et en dents de scie chez les femelles. Ce
genre renferme un petit nombre d'espèces
qui habitent les régions froides et tempé-
rées de l'Europe et de l'Amérique du Nord.
Le type du genre est le Lophyre du Pin ,
Lophyrus pini (Tenthredo pini Linn.), espèce
souvent très nuisible aux Pins.
De nouvelles plantations dans plusieurs
départements de la France, principalement
dans ceux de la Marne et de la Haute-Marne,
ont éprouvé des dégâts très considérables
par l'abondance des larves de Lophyres. En
Franconie, selon plusieurs auteurs alle-
mands , plusieurs milliers d'acres de Pins
furent détruits par les Lophyres du Pin et
par quelques autres espèces voisines ( les L.
pinastri , juniperi , erythrocephala , etc.).
(Bl.)
LOPHYRUS (>o?oç, aigrette; oûpa,
queue), rept. — Genre de Sauriens formé
par M. C. Duméril aux dépens des Agames
de Daudin, et qui a été adopté par tous les
auteurs. Les Lophyrus ont pour caractères
principaux : Dos garni d'une crête sans
rayons osseux, et couvert d'écaillés sem-
blables et égales ; queue comprimée.
On ne connaît qu'un petit nombre d'es-
pèces dece groupe; nous neciterons que : 1° le
Lophyre a casque fourchu , Lacerta scutata
Linn. ( Iguana clamosa Laurenti , Agama
scutata Daud. ), dont le corps, long de plus
d'un pied, est d'un jaune pâle , nuancé de
bleu clair et parsemé de tubercules blancs
et ronds ; il se trouve à Amboine ; 2° le
Lophyre sourcilleux, Lacerta supercillosa
Linné, un peu plus grand que le précédent,
avec une teinte d'un noir de poix plus ou
moins foncé , plus claire sur la tête et les
joues. Cette espèce se rencontre à Ceylan et à
Amboine. (E. D.)
*LOPUS. ins. — Hahn (Wanzenart In-
LOR
LOR
443
sekt ) a établi sous cette dénomination un
^enre de la famille des Mirides dans Tordre
des Hyménoptères, qui n'est pas séparé des
Phytocores par la plupart des autres ento-
mologistes. (Bl.)
LORANTHACÉES. Loranthaceœ. bot.
ph. — La place de cette famille singulière
de plantes dicotylédonées est encore incer-
taine, car elle présente des fleurs dépour-
vues d'enveloppe, d'autres réduites à une
seule , d'autres enfin avec une double enve-
loppe, l'intérieure corol li forme , et celle-ci
à pétales tantôt libres , tantôt soudés en
tube ; de sorte que les uns l'ont classée
parmi les polypétales auprès des Cornacées,
les autres parmi les monopétales auprès des
Caprifoliacées, les autres parmi les apétales
auprès des Santalacées et des Protéacées.
C'est cette dernière place que paraissent jus-
tifier le plus grand nombre de ses rapports et
l'étude récemment plus approfondie de son
organisation. On devrait alors considérer
certaines parties sous un autre point de vue
qu'on ne l'avait généralement fait et chan-
ger leur nom, en admettant qu'il n'y existe
pas de véritable corolle, mais un calice
quelquefois coloré et doublé d'un involucre
qui manque d'autres fois. En adoptant ce
dernier système , on pourra tracer ainsi les
caractères des Loranthacées : Fleurs uni-
sexuelles ouhermaphrodites. Périanthe soudé
avec l'ovaire, à 3-8 divisions, souvent dou-
blé extérieurement d'une cupule , que ter-
mine un rebord entier ou lebé ou à peine
visible, et qu'on décrit généralement comme
un calice, dans ce cas coloré , et ayant jus-
qu'à un certain point l'apparence d'une co-
rolle dont il reçoit le nom ; dans les autres,
vert et ayant l'apparence de calice , man-
quant quelquefois complètement dans les
fleurs unisexuelles. Étamines en nombre
égal aux divisions du périanthe, opposées et
insérées à leur milieu ; anthères portées à
l'extrémité d'un filet, plus rarement sessiles
ou même accolées au périanthe, à deux loges
ou à une seule , s'ouvrant par deux fentes
longitudinales introrses ou par une seule
transversale, quelquefois multicellulaires et
s'ouvrant par autant de pores. Ovaire con-
fondu avec le périanthe, souvent surmonté
d'un disque charnu qui environne la base
d'un style simple, terminé par un stigmate
le plus souvent indivis, longtemps plein à
l'intérieur, et ne laissant apercevoir de loge
et d'ovule qu'après la floraison. Alors il se
creuse, et présente un ou plusieurs ovules
très petits dressés du fond de la loge unique,
ou portés sur une petite colonne centrale :
c'est donc dans tous les cas une placentation
centrale , avec arrêt ou développement du
placenta. Ces ovules sont réduits au nucelle
dans lequel se forme un périsperme charnu,
quelquefois remarquable par sa coloration
en vert , entourant un embryon à radicule
épaissie, supère, souvent saillante à son ex-
trémité , à cotylédons plus courts , à peine
plus larges, quelquefois soudés entre eux en
partie. Cette graine se soude avec la paroi
correspondante du péricarpe , qui semble
ainsi former ses téguments , et qui est
charnu , ordinairement converti dans sa
couche moyenne en une substance visqueuse
qui est la glu. On ne trouve qu'une graine
unique développée , mais dans certains cas
renfermant deux ou trois embryons, et alors
on doit admettre la soudure et la confusion
de deux ou trois ovules. La germination de
cette graine est en général fort singulière ,
et par la marche de la radicule qui, s'éloi-
gnant de la verticale, se dirige toujours vers
l'obscurité, et conséquemment vers les corps
opaques situés dans son voisinage, et par la
manière dont elle s'implante à la surface des
autres plantes ligneuses dicotylédonées. La
radicule élargie à son extrémité perce l'é-
corce, et vient former un empâtement à la
surface de la couche ligneuse, qui, quelque-
fois, se dilate à ce point en une tumeur cor-
respondante à la surface de laquelle s'accole
celle de la base de la plante parasite , qui ,
peut-être plus tard recouverte par les cou-
ches du bois formées ultérieurement, le plus
souvent est dépourvue de racines, rarement
en émet qui rampent au-dessous de l'écorce.
L'union des deux plantes peut être aussi
fortifiée par des branches latérales, qui, s'al-
longeant parallèlement à la surface exté-
rieure de l'écorce, émettent de distance en
distance des prolongements ou suçoirs au
moyen desquels elles lui adhèrent. Telle est
la végétation de la plupart des Loranthacées,
qui sont donc des arbrisseaux parasites sur
le bois d'autres végétaux arborescents , et
variant suivant les espèces; mais il en est
aussi quelques unes exceptionnelles , qui
s'enracinent en terre à la manière ordi-
444
LOR
LOR
naire. Presque toutes se ramifient par di-
chotomies , et leurs rameaux, articulés aux
nœuds, sont cylindriques, tétragones ou
aplatis, remarquables par leur structure
intérieure, qui présente, au lieu de vais-
seaux, de longues cellules ou fibres striées.
Les feuilles sont ordinairement opposées ou
verticilléesà ces nœuds, quelquefois alter-
nes , très entières, coriaces; quelquefois ré-
duites à des écailles stipuliformes, ou même
elles manquent entièrement. Les fleurs sont
hermaphrodites ou unisexuelles , et alors
monoïques ou dioïques, en cymes triflores,
en épis, en panicules, plus rarement en
têtes ou ombelles, ordinairement accompa-
gnées de bractées , et vertes ou autrement
colorées. Les espèces habitent presque toutes
la région intertropicale du nouveau ainsi
que de l'ancien continent, mais s'avancent
aussi au-delà des tropiques dans la région
tempérée; quelques unes, comme le Gui
commun, représentent seules la famillesous
notre latitude plus froide. La glu ne se
trouve pas seulement dans les fruits, mais
plus abondante encore dans l'écorce d'un
grand nombre d'espèces et en proportion
variable dans la même, suivant la nature
fie l'arbre où elle vit en parasite.
GENRES.
Misodendron, Banks. — Antidaphne, Poep.
— Arceuthobium , Bieberst. — Viscum , L.
— Tupeia , Cham. Schlecht. — Ginalloa ,
Korth. — Loranthus , L. ( Helixanthera ,
Lour. — Scurrula, Notanthera et Gaioden-
dron, Pon. — Lichtensteinia , Wendl. —
Moquinia , Spreng. — Spirostyles , Schult.
— Slrutanthus , Phtirusa , Psittacanthus ,
Tristerix et Dendrophtoe, Mart. — Lepeoste-
geres, Elytranthe et Loxanthera, Blum.) —
Nuytsia, R. Br. — ? Schôpfla, Schreb. {Co~
donia, Vahl — Hœnkea, R. Pav.) — IDia-
cœcarpium, Blum. (Ad. J.)
LORANTHE. Loranthus (>SPov, lanière;
«vGo:, fleur), bot. ph. — Grand genre qui
donne son nom à la petite famille des Lo-
ranthacées, à laquelle il appartient; il a été
rangé par Linné dans l'hexandrie monogy-
nie. Le nombre des espèces qui le composent
«si très considérable; il s'élevait déjà à 251,
lors de la révision qui en fut publiée dans
le t. IV du Prodrome ; mais parmi ce grand
nombre de plantes, une seule arrive en Eu-
rope, et aucune ne se distingue par une
utilité réelle. Les Loranthes sont tous des
arbrisseaux rameuxetdichotomes, qui crois-
sent pour la plupart dans les régions tropi-
cales et sous-tropicales, dont un très petit
nombre arrive jusque dans les contrées tem-
pérées; le plus souvent ces végétaux s'im-
plantent sur la tige et les branches d'autres
végétaux, aux dépens desquels ils vivent, à
la manière du Gui, et par suite, en para-
sites ; plus rarement ils s'accrochent simple-
ment comme le Lierre à l'écorce du tronc ei
des branches de vieux arbres ; enfin, dans
un très petit nombre de cas , ils végètent
dans la terre isolément et par eux seuls.
Leurs feuilles sont opposées ou alternes»
entières, presque toujours épaisses, plus on
moins coriaces ; leurs fleurs, réunies en in-
florescences diverses, sont de couleur verte,
jaune ou orangée, le plus ordinairement
rouge. Elles sont presque toujours herma-
phrodites, mais quelquefois aussi unisexuées
par l'effet d'un avortement; chacune d'elles
est accompagnée de 1-3 bractées. La nature
de leurs enveloppes florales peut être inter-
prétée de diverses manières; mais ordinai-
rement on les décrit comme consistant : en
un calice dont le tube, adhérent à l'ovaire,
est de forme ovoïde ou parfois turlwnée,
dont le limbe est court et réduit à une sorte
de léger rebord circulaire, entier ou denté;
en une corolle insérée à l'extrémité du ca-
lice, tubulée, formée de 4 à 8 pétales dis-
tincts ou plus ou moins soudés entre eux.
Les étamines de ces fleurs sont en même
nombreque les pétales, et leur sont opposées.
L'ovaire est infère, uni-loculaire; il ren-
ferme un seul ovule; il est surmonté d'un
seul style, que termine un stigmate simple.
Le fruit est une baie dont le sommet est nu
ou couronné parle limbe du calice qui per-
siste.
La seule espèce sur laquelle nous croyons
devoir dire quelques mots est le Loranthb
d'Europe, Loranthus europœus Linn. , qui
croît sur les Châtaigniers et sur les Chênes,
dans l'Autriche, la Hongrie, l'Italie, la Si-
bérie, etc. Il forme un arbrisseau très rameui
et glabre dans ses diverses parties, dont le
port ressemble beaucoup à celui du Gui ;
dont les feuilles sont opposées, pétiolées,
ovales-oblongues, obtuses, un peu rétrécies
à leur base, légèrement veinées; dont les
fleurs sont dioïques, verdàtres. Les mâles
LOR
LOR
445
forment des grappes terminales ; les femelles
sont presque en épi. Ces fleurs présentent 6
pétales et 6 étamines dont les anthères sont
adnées. Les baies de cette espèce sont ovoï-
des, de couleur blanchâtre. (P. D.)
*LORAX. arachn. — M. Heyden désigne
sous ce nom, dans le journal Ylsis, une nou-
velle coupe générique de l'ordre des Aca-
riens, et dont les caractères n'ont pas encore
été publiés. (H. L.)
*LORDOPS (lopjo'ç, courbe; ^, œil), ins.
— Genre de Coléoptères tétramères, famille
des Curculionides gonatocères, division des
Cléonides, établi par Schœnherr (Disp. rneth. ,
pag. 153; Gen. et sp. Curculion., tom. II,
pag. 268 ; VI, 2e part. , pag. 17 3). L'auteur
énumère 18 espèces, qui toutes sont origi-
naires du Brésil. Nous citerons seulement
les suivantes : L. Schœnherri, Gyllenhalii ,
Daim., et navicularis Germ. (C.)
LORENTEA. bot. pu. — Lagasc, syn.
de Pectis , Linn. — Orteg., syn. de Santi-
valia, Gualt. —Genre de la famille des
Ccinposées-Vernoniaeées, établi par Lessing
[in Linnœa, VI, 717). Herbes de l'Améri-
que tropicale. Voy. composées.
*LOREYA (nom propre), bot. ph. — Genre
de la famille des Mélastomacées-Miconiées ,
établi par De Candolle ( Prodr., III , 178).
Arbres de la Guiane. Voy. mélastomacées.
LORI. ois. — Voy. perroquet.
LORiCAÏRE. Loricaria. polyp. — Voy.
GÉMICELLAIRE.
LORICAÏRE. Loricaria {lorum, plaque).
poiss. — Genre de l'ordre des Malacoptéry-
giens abdominaux, famille des Siluroïdes ,
établi par Linné, et remarquable par les
plaques anguleuses et dures qui couvrent
entièrement leur corps et leur tête. Il se
distingue, de plus, des autres Silures cui-
rassés (Callichtes, Doras) par la bouche per-
cée sous le museau.
Lacépède a réparti les diverses espèces de
ce genre en deux sections ( ou sous-genres)
fondées sur quelques différences d'organisa-
lion extérieure. La première comprend les
ï or'.caires proprement dites , qui présentent
pour caractère principal une seule dorsale
en avant. De plus, leur voile labial est garni
sur les bords de plusieurs barbillons, et
quelquefois hérissé de villosités; leur ventre
est garni de plaques.
Ce sous-genre renferme 9 espèces, dont
la principale est la Loricaire cuirassée , L.
cataphracta Linn., d'un brun olivâtre clair,
et d'environ 0,30 centimètres de longueur.
Elle habite la Guiane.
Le second sous genre, que Lacépède
nomme Hypostome, est essentiellement ca-
ractérisé par une deuxième petite dorsale. Le
voile labial est simplement papilleux , avec
un petit barbillon de chaque côté, et le ven-
tre est dépourvu de plaques. Quatre espèces
composent cette seconde section ; la plus
commune est I'Hypostome plécostome (Lori-
caria plecostomus Linn.) , d'un fauve plus
ou moins vif, et de 35 à 40 centimètres de
longueur. Elle habite la Guiane et la Co-
lombie. Les créoles de cette dernière contrée
l'appellent Armadillo. (J.)
LORICERA (Xwpov , lanière; xepaç , an-
tenne), ins. — Genre de Coléoptères penta-
mères , famille des Carabiques , tribu des
Patellimanes ( des Callistites de Castelnau ),
créé par Latreille {Gen. Crust. et Ins., t. I ,
pag. 224) et adopté par Dejean. Ce genre ne
renferme qu'une seule espèce : la L. pili-
cornis de Fab., Carabus [L. œneade Lat.),
qui est répandue par toute l'Europe, et qui
se trouve plus particulièrement dans les bois
où l'eau a séjourné pendant une partie de
l'année. Les antennes de cet insecte sont
assez robustes à la base , minces à l'extré-
mité : elles sont couvertes de longs poils
raides ou pubescents. (C.)
*LORIDINA. mam.— Famille de Quadru-
manes indiquée par M. Gray, et comprenant
les genres Loris , Nycticebus, etc. Voy. ces
mots. (E. D.)
LORIOT. Oriolus. ois. — Genre de l'or-
dre des Passereaux, placé par les uns parmi
les Dentirostres; par les autres, parmi les
Conirostres; par d'autres enfin, parmi les
Omnivores. Linné, Gmelin et Latham com-
prenaientsous le nom d'Oriolus (Loriot) une
foule d'espèces qui aujourd'hui sont disper-
sées dans neuf sous-familles appartenante
trois tribus différentes (celles des Coniros-
tres, des Dentirostres et des Ténuirostres) ,
et qui sont devenues des types ou des re-
présentants de dix-sept genres distincts.
Cependant la dénomination particulière de
Loriot a été conservée à celles de ces espèces
qui ont pour caractères : un bec allongé, con-
vexe, robuste, comprimé vers le bout, qui
estéchancré de chaque côté, à arête enta-
446
LOR
LOR
mant les plumes du front; des narines ova-
les, percées dans une membrane; des tarses
courts, robustes , fortement dentelés , et une
queue moyenne, échancrée.
Les Loriots ont quelques rapports avec les
Merles, dont ils se distinguent pourtant par
un bec plus fort , des tarses plus courts,
des ailes plus longues en proportion, et sur-
tout par leurs mœurs. Sous ce dernier rap-
port, et surtout eu égard à leur système de
coloration, ils paraissent se rapprocher da-
vantage des Tisserins , des Garouges , des
Troupiales, etc., à côté desquels Vieillot
tes a rangés dans la même famille.
Les mœurs et les habitudes de la plupart
des Loriots exotiques nous sont peu ou point
connues; mais, à en juger par analogie, il
est probable qu'ils ont le même genre de
vie que l'espèce que nous avons en Europe.
Or, faire l'histoire de cette dernière sera
en quelque sorte faire celle du genre.
Le Loriot d'Europe, que l'on trouve ré-
pandu dans toutes les contrées chaudes de
l'ancien continent, mais qui n'est fixé nulle
part, vit particulièrement sur les lisières des
grands bois, et fréquente le bord des eaux,
surtout là où se trouvent de grands arbres.
On a remarqué qu'à son arrivée au printemps
il voyage isolément , et que son départ se
fait en familles. C'est à peu près vers la fin
d'avril qu'il commence à paraître , et c'est
en août qu'il nous quitte. On dirait qu'il
vient chez nous uniquement pour se repro
duire, car il n'y reste que le temps néces-
saire à l'accomplissement de cet acte. Cet
Oiseau, singulier déjà sous ce rapport, l'est
encore plus par la manière dont il fait son
nid. Ce nid, l'un des plus curieux que nous
rencontrions en Europe, n'est point posé,
comme le sont en général ceux des autres
Oiseaux, à l'enfourchure des branches qui
ont une direction verticale ; il est au con-
traire construit à l'extrémité de celles qui
divergent horizontalement, et il est con-
struit de façon que son fond ne repose
absolument sur rien. On ne saurait mieux
le comparer qu'à une coupe qui serait
fixée, dans une certaine étendue de ses
bords , à la bifurcation d'une branche.
C'est ordinairement sur les grands arbres,
tels que les Chênes, les Peupliers, etc., que
le Loriot établit son nid. Sa ponte est de
quatre à six œufs blancs , tachés de quel-
ques gros points d'un brun noirâtre. Le
terme de l'incubation est de douze à quinze
jours. On a prétendu que l'attachement de
cet oiseau pour ses petits était tel, qu'il les
défendait avec intrépidité contre l'homme
même, ce qui est un peu empreint d'exagé-
ration.
Le Loriot vit en famille jusqu'à son dé-
part. Dans quelques pays, on croit assez gé-
néralement que son apparition au printemps
est un indice de la cessation des gelées.
Sa nourriture consiste en insectes, en
larves, en chenilles et en fruits de plusieurs
sortes. Ceux qu'il affectionne beaucoup sont
les cerises, les mûres et les figues. Cette
dernière nourriture donne à sa chair un
goût fin et délicat : aussi est-il recherché
comme gibier à l'époque où ces fruits sont
en maturité. Dans l'Archipel et en Egypte,
on fait la chasse au Loriot au moment de ses
migrations d'automne. En France,on en tue
beaucoup au moment où les cerises sont
mûres. Attiré par ces fruits, dont il est très
friand, il devient aisément la proie du
chasseur. On peut encore attirer cet oiseau
à soi et à portée de l'abattre, en imitant
son chant; mais pour cela il faut que l'imi-
tation soit parfaite; car le Loriot, étant très
farouche et fés défiant de son naturel, fuit
le cri d'appel mal rendu qui lui cache un
piège. Ce cri est un sifflement deux ou trois
fois répété qui semble exprimer : o hyou,
hyou, hyou. Parfois aussi il fait entendre des
sons durs, qui n'ont rien de bien agréable, et
qui ressemblent plutôt au miaulement du
Chat qu'au cri d'un oiseau.
Il est très difficile de pouvoir conserver
longtemps le Loriot en captivité. Bechstein
prétend qu'il n'y vit pas plus de trois ou
quatre mois : cependant on cite des indivi-
dus qui ont vécu en cage au-delà d'une
année.
Le genre Loriot n'a point de représen-
tant en Amérique; du moins aucune des es-
pèces actuellement connues n'appartient à
cette partie du monde. L'Europe, l'Afrique,
les Grandes-Indes et l'Australasie sont jus-
qu'ici les seules contrées où on ait rencontré
des Loriots. Tous sont remarquables par les
couleurs franches et agréables qui les pa-
rent.
Quelques auteurs ont retiré vers ces der-
niers temps quelques unes des espèces qu«
LOR
les ornithologistes modernes plaçaient dans
le g. Loriot, pour en faire les sujets de di-
visions nouvelles. De ce nombre sont l'Or.
aureus et l'Or, rigens, pour lesquels Swain-
son a fondé le g. Séricule, etVOr.viridis,
dont MM. Vigors et Horsfield ont fait leur
g. Mimeta (Mimetes, King). Pour ne pas trop
multiplier, sans utilité reconnue, le nombre
«les coupes dont un groupe d'oiseaux est
susceptible, nous rendrons ces espèces au g.
Loriot, dont ils ont fait partie, et dont ils
font encore partie pour quelques métho-
distes.
1. Le type du g. Oriolus est le Loriot
d'Europe, Or. galbula Linn. (Buff., pi. enl.f
26 ). Tout le plumage des vieux mâles d'un
beau jaune, avec une tache entre l'œil et le
bec, les ailes et la queue noires; femelles
d'un vert olivâtre en dessus, d'un blanc sale,
avec des taches brunes en dessous. Habite
l'Europe et l'Inde , où il est connu sous le
nom de Mandgel-Sitou.
2. Le Loriot couliavan, Or. chinensis
Gmel., Or. hippocrepis Wagl. 5 (Buff., pi.
enl.t 570, sous le nom de Couliavan). Front
et ailes noirs, tout le reste du plumage
jaune. Habite la Chine, la Cochinchine et
les îles de la Sonde.
3. Le Loriot bicolore ou Loridor, Or. bi-
color Temm. , Or. auratus Vieill. (Levaill.,
Ois. d'Afr., p. 260). Ne diffère du Loriot
d'Europe que par un trait noir qui passe sur
l'œil et s'avance vers l'occiput. Habite la
Sénégambie, le cap de Bonne -Espérance, la
Gafrerie et probablement la Chine.
4. Le Loriot a masque noir , Or. mona-
chus Wagl. 7 , Or. radiatus Gm. (Temm.,
pi. col. , livr. 54). Tête et devant du cou
jusqu'à la poitrine noirs ; dessus du corps
d'un jaune verdâtre, dessous jaune ; grandes
couvertures des ailes terminées de blanc.
Habite le cap de Bonne-Espérance, la Séné-
gambie et l'Abyssinie.
5. Le Loriot a tète noire, Or. melanoce-
phalus Gmel. ( Buff. , pi. enl. , 79 , sous le
nom de Loriot de la Chine, et Levaill., Ois.
d'Afr., pi. 263 , sous celui de Loriot rieur).
Tête et gorge noirs ; dessus du corps jaune ;
grandes couvertures des ailes unicolores.
Habite l'Inde orientale , le cap de Bonne-
Espérance, le Bengale et la Chine.
6. Le Loriot a ventre blanc, Or. xantho-
notus Horsf. , Or. leucogaster Temm. {pi.
LOR
447
col. , 214, f. 1). Tête , cou , ailes et queue
noirs ; ventre blanchâtre tacheté de noir ;
tout le reste du plumage jaune. Habite Java, j
7. Le Loriot verdâtre, Or. viridis Vieil.,
Wagl., esp. 6. Tout le dessus du corps d'un ;
gris verdâtre strié de noir; tout le dessous
blanc, également strié de noir. Habite la 1
Nouvelle-Hollande. j.
Cette espèce est le type du g. Mimeta de^
MM. Vigors et Horsfield.
Les deux espèces suivantes ont été distin-
guées des Loriots sous le nom de Séricule
(Sericulus). Elles sont remarquables par les
plumes veloutées du dessus de la tête, ce
qui leur donne, si je puis ainsi dire, un air
de famille avec les Oiseaux de Paradis.
8. Le Loriot prince-régent , Or. regens
Quoy et Gaim. ( ZooL de l'Ur., pi. 22),
Série, chrysocephalus Swains. Ce bel oiseau,
représenté dans l'Atlas de ce Dictionnaire ,
oiseaux, pi. 20, est d'un noir soyeux ma-
gnifique , avec des plumes veloutées et bril-
lantes d'un beau jaune orangé sur la tête et
le cou, et une grande tache de même cou-
leur sur l'aile. Habite la Nouvelle-Galles du
Sud.
9. Le Loriot de Paradis, Or. aureus Gm.
Ser. aurantiacus Less. (Levaill., Ois. de Pa-
radis, pi. 18). Cou et poitrine orangé vif;
dessus et dessous du corps d'un beau jaune
d'or; gorge d'un noir intense ; ailes et queue
noires. Habite la Nouvelle-Guinée. (Z. G.)
LORIOTS, ois. — M. Lesson a établi
sous ce nom, dans l'ordre des Passereaux,
une famille à. laquelle il donne pour unique
représentant le genre Loriot. (Z. G )
LORIPÈDE. Loripes (lorum, plaque;
pes , pied), moll. — Poli a proposé ce genre
dans son grand ouvrage (Testacés des Deux-
Siciles) pour un Mollusque bivalve fort re-
marquable par la forme de son pied. Depuis,
les zoologistes, Lamarck et nous-même avons
reconnu dans le Mollusque en question une
espèce de Lucine. Voy. ce mot. (Desh.)
LORIS. Loris, mam. — Genre de Qua-
drumanes de la famille des Lémuriens, créé
par Et. Geoffroy~Saint-Hilaire(Ma#. ency.,
VII, 1796) et ne comprenant qu'une espèce
bien distincte qui avait été placée ancien-
nement avec les Makis sous la dénomination
de Lemur gracilis ; d'autres espèces avaient
été également réunies au Loris grêle, mais
Et. Geoffroy-Saint-Hilaire les en a distin-
448
LOR
LOR
guées génériquement sous ie nom de Nycti-
cebus {voy. ce mot).
Daubenton,dans l'Histoire naturelle géné-
rale et particulière de Buffon (t. XII, pi.
30, 31 et 32), a le premier fait connaître les
Loris et a donné des détails intéressants sur
leur organisation; Audebert (Hist. nat. des
Loris), Seba (Thés. t. I, f. 25), Fischer
(Anat. des Makis, pi. 7, 8, 9 et 18), Fr. Cu-
vier (Dents des Mamm. et Dict. se. nat) ,
MM. Geoffroy-Saint-Hilaire père et fils
(Mag. encycl. et Dict. clas.), et enfinM.de
Blainville (Ostéographie, fascicule des Lémur).
ont donné des matériaux nombreux tant sur
l'histoire naturelle que sur l'organisation du
groupe des animaux qui nous occupe.
Les Loris ressemblent aux Makis par
les formes générales du corps, mais leurs
proportions sont plus sveltes , plus grê-
les ; la tête des Loris est plus ronde que
celle des Makis; le museau des premiers
est moins saillant que celui des seconds, et
enfin ils sont tout-à-fait privés de queue,
tandis qu'il y en a encore une chez les Le-
mur proprement dits. Les dents des Loris
ressemblent beaucoup à celles des Galagos,
et elles sont au nombre de trente-six en
tout : quatre incisives supérieures, pointues
et rudimentaires, séparées en deux faisceaux
par un espace vide, et trois incisives infé-
rieures longues et couchées en avant: les
canines sont en même nombre que chez les
autres Lémuriens; la canine inférieure
reste en arrière de la supérieure au lieu de
passer en avant, comme cela a lieu d'ordi-
naire; mais ce fait se remarque aussi chez
quelques espèces de Lémuriens; il y a six
molaires de chaque côté à la mâchoire su-
périeure et cinq à l'inférieure. Les membres
sont très longs et très grêles; ils sont tous
pentadactyles et terminés par une véritable
main , c'est-à-dire qu'ils ont tous le pouce
distinct et opposable aux autres doigts. Les
ongles sont tous larges et plats, excepté
celui du second doigt du membre postérieur,
qui est étroit, pointu et arqué, caractère
que l'on retrouve chez les Makis. Les yeux
sont grards , les narines ouvertes sur les
deux côtés d'un mufle glanduleux et relevé;
l'oreille externe a dans son intérieur trois
oreillons, deux dans son milieu , l'un au-
dessus de l'autre, et le troisième près de son
bord postérieur.
L'organisation interne des Loris est assez
bien connue aujourd'hui. Les vertèbres dor-
sales sont au nombre de quinze, et les
lombaires de neuf. Les mamelles sont au
nombre de quatre: deux pectorales et deux
inguinales. Ce fait est à signaler, car au-
cun autre quadrumane n'a de mamelles
inguinales. Une particularité remarquable,
observée d'abord par Daubenton, et quia été
revue dans ces derniers temps, en Angle-
terre, par MM. Martin et Carliste, existe
dans les organes génitourinaires de la fe-
melle ; en effet, le clitoris est très allongé,
velu à son extrémité, et perforé dans toute
sa longueur par le canal de l'urètre, comme
l'est le pénis.
Une seule espèce, comme nous l'avons dit,
entre dans ce groupe: c'est le Loris grêle,
Lemur gracilis Auct., le Loris de Buffon, Au-
debert; Tardigradus, Séba. Le poil est doux,
fin et d'une apparence laineuse, comme le
poil des Makis. Le tour des yeux est roux ; les
côtés du front, le sommet de la tête, les
oreilles, le dessus et les côtés du cou, le
garrot, les épaules , la face externe du bras
et du coude, le dos, la croupe, les côtés
du corps, la face externe des cuisses et des
jambes, sont roussâtres, l'extrémité des
poils étant de cette couleur, tandis que le
reste est cendré jaunâtre. On remarque au
milieu du front une tache blanche qui s'é-
tend sur le chanfrein entre les deux yeux ;
le bout du museau, les côtés de la tête,
la mâchoire inférieure, le dessous du cou,
sont blanchâtres; la poitrine et le ventre
sont d'un gris blanc, ainsi que la face in-
terne des membres, où le gris est mélangé
d'une légère teinte jaunâtre. La taille du
Loris , depuis le bout du museau jusqu'à
l'anus, est de 7 pouces et demi, et la lon-
geur de sa tête, de l'occiput au haut du
museau , est d'environ 2 pouces.
Le Loris est un animal nocturne ; ce n'est
que le soir et la nuit qu'il sort de sa re-
traite, tandis qu'il se repose pendantlejour.
Sa démarche est lente. Il se nourrit deeufs,
d'insectes et de fruits.
11 habite l'île deCeylan.
M. Fischer a désigné sous ce nom de Loris
ceylanicus un autre mammifère du même
pays que le Loris grêle, et qui n'en diffère
que très peu et n'en est très probablement
qu'une variété. (E.D.)
LOT
LOT
449
LOROGLOSSUM , L.-C. Rich. bot. ph.
— Syn. d'Aceras , R. Br.
LORUM. ois. — Nom donné par Illiger
à une bande dépourvue de plumes ou colo-
rée , qui, chez certains oiseaux, s'étend de-
puis la racine du bec jusqu'à l'œil.
LOSET. moll. — Le Loset d'Adanson est
une petite coquille subfusiforme dont le
genre nous paraît incertain. Cependant c'est
des Fuseaux qu'elle se rapproche le plus.
Gmelin l'a inscrite sous le nom de Murex
fusifnrmis. Voy. fuseau. (Desh.)
LOTE. Lola, roiss. — Genre de l'ordre
(\es Malacoptérygiens subbrachiens , famille
des Gadoïdes, établi par Cuvier {Règ. anim.y
t. II, p. 333), et qui, aux caractères des
Gades proprement dits {voy. ce mot), joi-
gnent deux nageoires dorsales, une anale,
et des barbillons plus ou moins nombreux.
Deux espèces entrent dans ce genre : la Lin-
gue ou Morue longue ( Gadus molua L. ) ,
aussi abondante que la Morue , et qui se
conserve aussi facilement. C'est un poisson
de 1 mètre à 1 mètre 50 centimètres de lon-
gueur, d'une couleur olivâtre en dessus, ar-
gentée en dessous. La Lote commune ou de
iuvière {Gadus lola L.), longue de 35 à 65
centimètres , jaune, marbrée de brun. C'est
le seul poisson de ce genre qui remonte assez
avant dans les eaux douces. On estime fort
sa chair et surtout son foie, qui est singu-
lièrement volumineux. (J.)
LOTÉES. Loteœ. bot. ph. — Tribu des
Papilionacées, dans les Légumineuses. Voy.
ce mot, (Ad. J.)
LOTIER. Lolus. bot. th. — Genre de
plantes de la famille des Légumineuses-Pa-
pilionacées, de la diadelphie décandrie, dans
le système sexuel de Linné. 11 comprend au-
jourd'hui plus de 50 espèces , qui habitent
pour la plupart les parties tempérées de
l'ancien continent. Ce sont des plantes her-
bacées ou sous- frutescentes, dont les feuilles
sont corn posées-trifoliolées, accompagnées de
stipules foliacées. Leurs fleurs sont portées,
au nombre de i-10, à l'extrémité d'un pé-
doncule axillairc , et accompagnées d'une
feuille florale; leur couleur est ordinaire-
ment jaune, quelquefois blanche ou rose,
très rarement brune. Elles présentent un
calice tubuleux, 5-fide; une corolle papi-
lionacée dont les ailes égalent presque en
longueur l'étendard, dont la carène se ter-
t. vu.
mine en bec ; leur style est droit ; leur stig-
mate subulé. Le fruit est un légume cylin-
drique ou comprimé sur les côtés, mais tou-
jours dépourvu de membranes marginales
ou d'ailes. Tel qu'il vient d'être caractérisa,
le genre Lotier ne correspond qu'à une por
tion du genre établi par Linné sous le nom
de Lotus; en effet, celles des espèces lin-
néennes dont le légume est bordé de quatre
membranes longitudinales ou de quatre
ailes, ont été détachées par Scopoli pour
former le genre Tetragonolobus : tels sont
nos Lotus tetragonolobus, siliquosus eteonju-
galus Lin., qui forment aujourd'hui les Te-
tragonolobus purpureus Mœnch , siliquosus
Roth , et conjugatus Seringe. D'un autre
côté, les espèces distinguées surtout par des
ailes notablement plus courtes que l'éten-
dard, par une carène non prolongée en bec,
par un stigmate capité, constituent le genre
Dorycnium , qui avait été proposé primiti-
vement par Tournefort {voy. dorycnium).
Tels sont entre autres nos Lotus Dorycnium ,
rectus, hirsutus, etc., Lin., qui forment au-
jourd'hui les Dor. suffruticosum V 'ill., rec-
tum Ser. , et hirsutum Ser. Parmi les espèces
qui restent dans le g. Lotus ainsi restreint,
nous ne signalerons que les deux suivantes :
1. Lotier corniculé, Lotus corniculatus
Linn. L'une des plantes les plus vulgaires
dans les lieux herbeux et dans les prés. Sa
tige est couchée , rameuse ; ses folioles sont
obovales ou linéaires , glabres ou pileuses ;
ses stipules sont ovales; ses bractées lan-
céolées ou linéaires; ses pédoncules, beau-
coup plus longs que les feuilles, portent à
leur extrémité 8 ou 10 fleurs. Celles-ci,
d'un jaune doré, prennent, parla dessicca-
tion, une teinte verte. Les légumes qui leur '
succèdent sont raides, droits, cylindriques.
Cette espèce est très polymorphe , et forme
ainsi plusieurs variétés distinctes qui sont .
généralement en rapport avec les divers
lieux où la plante s'est développée. C'est
ainsi, par exemple, que dans les endroits
secs des bords de la mer, ses feuilles devien-
nent presque charnues et pileuses, prenant
par là les caractères généraux qui distin-
guent la végétation littorale; que, sur les
montagnes, ses tiges et ses feuilles se rédui-
sent à de très faibles dimensions , etc. Le
Lotier corniculé fournirait un fourrage ex-
cellent, et devrait occuper une place distin*
57
450
LOT
guée dans la culture fourragère, si sa graine
était plus abondante et plus facile à recueil-
lir; les bestiaux le mangent avec plaisir;
de plus , sa facilité à croître dans des sols
très divers, et même dans des lieux secs ,
lui donnerait un nouveau prix ; mais la dif-
ficulté que nous venons de signaler ne per-
mettra guère , selon toute apparence, de le
cultiver avantageusement.
2. Lotier de Saint- Jacques , Lolus Jaco-
oœus Linn. Cette jolie espèce est originaire
de l'île de Saint-Jacques (Afrique) ; on la
cultive souvent dans les jardins à cause de
ses jolies fleurs brunes. Sa tige est sous-
frutescente, et s'élève à 8 ou 10 décimètres ;
ses feuilles et ses stipules sont légèrement
glauques , linéaires ou linéaires-spathulées,
pubescentes , mucronées au sommet; ses
fleurs se développent pendant tout l'été et
une partie de l'automne; elles sont réunies
au nombre de 3 à 5 à l'extrémité d'un pé-
doncule commun plus long que la feuille, à
l'aisselle de laquelle il se trouve. Le légume
qui leur succède est cylindrique et glabre.
Cette espèce demande une terre légère et
une exposition chaude; elle est d'orangerie.
On en possède une variété à fleurs mordorées.
Une espèce annuelle des parties les plus
méridionales de l'Europe et d'Egypte, le
Lotier comestible, Lotus edulis Linn., donne
des légumes tendres , d'une saveur douce
qui ressemble à celle des petits Pois ; ils
servent d'aliment dans certains pays. Bosc
avait conseillé de la cultiver pour la nour-
riture des bestiaux. (P. D.)
LOTOIRE. Lotorium. moll. — Genre inu-
tile proposé par Montfort, dans sa Conchy-
liologie systématique, pour quelques espèces
de Tritons, tels que \e Lotorium, etc. Voy.
triton. (Dbsh.)
LOTOIVONIS. bot. pu. — Genre de la fa-
mille des Papilionacées-Lotées, établi par
E. Meyer (Msc. ex Ecklon et Zeyher Enum.
plant., 174). Arbrisseaux du Cap. Voy. pa-
pi lion a ce es.
LOTOR. MAM. — Voy. BATON.
LOTOS, bot. — Les anciens désignaient
sous ce nom quelques espèces de plantes,
dont la plupart ont pu être déterminées de
nos jours d'une manière positive. Ainsi le Lo-
tos des Lotophages a été reconnu pour le Zi-
syphus Lotus La m. {voy. jujubier), et les
trois Lotos du Nil ont été retrouvés dans le
LOU
Nelumbium speciosum Willd. , et dans les
Nymphœa Lotus Lin. et cœrulea Savig. Voy.,
pour ces trois derniers, les mots nelumbo el
NYMPILEA. (P. D.)
LOTTE, poiss. — Voy. lote.
LOTTTA, Gr. moll. — Syn. de Patel-
Ioïde, Quoy et Gaim.
LOTUS, bot. ph. — Voy. lotier.
LOUICIIEA , Hérit. bot. pu. — Syn. de
Pteranihus, Forsk.
LOUP, mam. — Espèce du g. Chien. Voy.
ce mot. (E. D.)
LOUP MARIN, mam.— Nom donné quel-
quefois au Phoque. Voy. ce mot. (E. D.)
LOUREA. bot. pu. — Genre de la fa-
mille des Papilionacées-Hédysarées , établi
par Necker ( Elém. Dot., n. 1318). Plantes
de la Cochinchine et des lies de l'archipel
Indien. Voy. papilionacées.
L0URE1RA (nom propre), bot. ph. —
Caran., syn. de Moginna, Orteg. — Genre
delà famille des Burséracées?, établi par
Meisner (Gen. comm., 53). Arbustes de la
Cochinchine.
LOUTRE. Luira, mam. — La Loutre et
quelques Mammifères ayant avec elle de
grandes analogies ont formé depuis Bris-
son l'un des genres les plus naturels de l'or-
dre des Carnassiers, tribu des Digitigrades,
famille des Musteliens. Les Loutres sont
des carnassiers qu'on distingue facilement
de tous les autres : outre leur naturel aqua-
tique, ils tirent de leur tête large et plate,
de leur corps épais et écrasé, de leurs
jambes courtes , de leurs pieds palmés, une
physionomie générale qui ne permet de les
confondre avec aucune des espèces que leur
organisation en rapproche le plus.
Les principaux caractères des Loutres
sont les suivants. Leur système dentaire est
celui des Muslela, modifié par le grand dé-
veloppement de la partie de ce système qui
a pour objet de triturer les aliments et non
de les couper, c'est-à-dire que ce dévelop-
pement caractérise des animaux moins car-
nas.«>iers et plus frugivores que les Martes :
les Loutres ont six incisives à chaque mâ-
choire; les fausses molaires sont au nom-
bre de trois supérieurement et de quatre
inférieurement ; en avant et à chaque mâ-
choire il y a une carnassière, dont la su-
périeurea un fort talon, etl'inférieure un tu-
bercule à la face interne, et enfin une tuber.
LOU
LOU
4SI
culeuse de la mâchoire supérieure estremar-
quable par sa longueur. Les membres sont
d'une extrême brièveté; les pieds ont
cinq doigts allongés, armés d'ongles courts,
reployés en gouttières et réunis jusqu'aux
ongles par une large et forte membrane,
qui , aux pieds postérieurs, déborde un peu
le bord du doigt externe ; la paume est nue,
garnie au milieu d'un large tubercule à
quatre lobes: la plante, aux membres pos-
térieurs, est nue à sa partie antérieure, et le
talon est entièrement recouvert de poils. La
queue est revêtue de poils; elle est courte,
cylindrique et terminée en pointe. Le corps
est très allongé, et l'animal est comme ver-
miforme. Les poils sont de deux sortes: les
uns rugueux, luisants, assez longs, de couleur
brune en général ; les autres laineux, plus
courts, plus abondants, plus Ons, ordi-
nairement de couleur grise. Chez quelques
espèces le pelage est rude; mais dans !e
plus grand nombre la fourrure est douce,
fine, et pour cela est recherchée dans l'art
de la pelleterie. Quelques poils longs,
blanchâtres, forment les moustaches. Les
sens, excepté celui de l'odorat, paraissent
être obtus. La langue est douce.
L'ostéologie des Loutres a occupé plu-
sieurs zoologistes, et nous citerons particu-
lièrement Daubenton , dans l'histoire natu-
relle de Buffon , G. Cuvier, Steller, Everard
Home et M. Martin ; et enfin assez récem-
ment M. de Blainville (Osléographie, fasci-
<ule des Mustela) a donné la monographie os-
Géologique complète de ces animaux. Les
vertèbres sont au nombre de 56, savoir : 7
cervicales, 14 dorsales, 6 lombaires, 3 sa-
crées et 26 coceygiennes. Les vertèbres cer-
vicales sont en général plus courtes que
dans la Fouine; les coceygiennes, également
plus courtes , décroissent moins rapidement;
en outre elles sont beaucoup plus épaisses
et plus robustes. L'os hyoïde a son corps
large et plat. Le sternum n'est formé que
de dix sternèbres. Les côtes, au nombre de
16, sont presque contournées en S, fort
! allongées, très plaies inférieurement. Les
membres sont courts et distants. Les anté-
rieurs sont pourvus d'une clavicule très
grêle, d'une omoplate courte et large, d'un
humérus robuste, court, fortement courbé
en deux sens contraires; d'un radius et d'un
cubitus également fort courts, robustes,
tourmentés, accentués par des crêtes d'inser-
tions musculaires très prononcées; d'une main
égale en longueur à l'humérus etqui présente
un carpe formé d'os très petits, surtout
le pisiforme, ainsi que les métacarpiens e
les phalanges. Les membres postérieurs sont
aussi robustes, du moins dans les deux
premières parties; l'os innominé est mé-
diocre; le fémur, un peu plus long:
l'humérus est court et large à ses deux
extrémités; le tibia est plus long, un
peu tordu; le péroné est grêle et terminé
en spatule presque également à ses deux
extrémités; le pied, un peu plus long que
la main, est large et épais, surtout 1$
tarse. Quelques différences dans le système
ostéologique de diverses espèces de Loutres
ont été signalées par M. de Blainville. La
forme du crâne varie un peu ; mais , en
général , la tête, osseuse, est large, la face
est très courbe et la boîte crânienne très
déprimée. Les vertèbres dorsales, au nom-
bre de 14 dans la Loutre commune, ne sont
plus qu'à celui del3dansla Loutre marine,
et les côtes ne sont également qu'au même
nombre de 13. D'autres différences dans le
nombre relatif des diverses vertèbres ont
été observées dans les Loutres sans ongles
du Brésil, du Kamtschatka , etc.
L'appareil générateur du mâle et celui de
la femelle ont été étudiés. L'os pénial est
assez développé chez les mâles ; et le clitoris
contient aussi un os peu développé, chez
la femelle.
La Loutre est un animal essentiellement
aquatique, comme l'indiquent l'allongement
du corps, l'aplatissement de la tête, la
palmature de ses pattes, etc. Cet ani-
mal ne marche que difficilement sur la
terre, et c'est l'eau qui est son véritable do-
micile. La Loutre se nourrit de préférence
de poissons et en détruit un grand nombre ;
elle mange également les autres animaux
aquatiques qu'elle rencontre, et aussi, dit-
on , quelquefois des herbes marines. Elle
se retire dans un gîte qu'elle se forme soit
dans la fente d'un rocher ou dans la cavité
d'un arbre, mais toujours très près de la
rivière qu'elle habite.
On a vu quelques Loutres apprivoisées
et dressées par leur maître de telle sorte
qu'elles allaient à la pêche pour lui; mais
ces cas sont rares, et la Loutre est un animal
452
LOU
LOU
naturellement sauvage, intraitable et peu
apte à être conservé en domesticité.
On fait à la Loutre une chasse assez
suivie, car sa fourrure est employée dans l'art
de la pelleterie.
Toutes les Loutres ont à peu près le même
pelage ; toutes sont d'un brun plus ou moins
foncé en dessus, d'un brun plus clair en
dessous, et surtout à la gorge, qui est même
quelquefois presque blanche : aussi la dis-
tinction des espèces du genre est-elle très
difficile. Pendant longtemps on a cru qu'il
n'existait que trois espèces de Loutres; mais
on en a découvert un assez grand nombre ,
dans ces derniers temps, au cap de Bonne-
Espérance, dans l'Inde et dans les deux
Amériques, et le nombre en est porté au-
jourd'hui à vingt; mais toutefois on est
loin cependant d'être bien certain de l'exis-
tence d'un aussi grand nombre d'espèces:
tout au plus si l'on en connaît complète-
ment la moitié.
Plusieurs sous-genres ont été formés dans
le groupe des Loutres, et nous indiquerons
«eux que M. Lesson a adoptés dans son
Nouveau tableau des Mammifères.
I. Latax, Gloger [Pusa, Ok.; Enhydris,
Flem. ; Enhydra, Richardson).
1. La Loutre de Kamtschaïka Buffon ,
Luira marina Steller , Mustela tons Lin.,
Scbreb.,E. Geoffr., Enhydris Slelleri Flem-
ming. Elle a un peu plus d'un mètre de
longueur; sa queue n'a que 35 centimètres.
Sa couleur générale est un beau brun-mar-
ron lustré, dont la nuance varie suivant la
disposition des poils; avec la tête, la gorge,
le dessous du corps et le bas des membres
antérieurs d'un gris brunâtre argenté.
Les voyageurs rapportent que dans cette
espèce, qui vit par couple, la femelle ne
met bas qu'un seul petit, après une ges-
tation de huit à neuf mois. Sa fourrure,
composée principalement de poils laineux,
surtout à la partie supérieure du corps, est
remarquable par sa douceur, son moelleux
et son éclat. La peau de ces Loutres est très
recherchée dans la Chine et dans le Japon ,
où les Russes et les Anglais en transportent
annuellement un grand nombre.
Cette espèce habite non seulement le
Kamtschatka, mais aussi la partie la plus
septentrionale de l'Amérique et plusieurs
lies; elle se tient le plus souvent sur le
bord de la mer , et non pas, comme les
autres espèces, à portée des eaux douces.
II. Pteronurus, Gray.
2. Une seule espèce entredans ce groupe :
c'est la Luira Sandbacltii Gray, qui se trouve
dans l'Amérique du Nord et n'est pas en-
core bien connue.
III. Aonyx, Lesson.
3. Loutre du Cap, Luira inunguis Fr.
Cuv., Luira capensis Rupp., Aonyx Dela-
landii Lesson. Plus grande que la Loutre
d'Europe, elle lui ressemble par son pelage,
qui est d'un brun châtain, avec l'extrémité
du museau et de la gorge blanche. Les
pieds présentent une particularité fort re-
marquable : les doigts, gros et courts, sont
très peu palmés, surtout aux membres an-
térieurs; ils sont de grandeur fort inégale,
et les deux plus longs, le second et le
troisième, ont leur première phalange réunie;
enfin les ongles manquent partout, si ce
n'est aux deux grands doigts du membre
postérieur, où même ils ne sont que rudi-
mentaires. Les membres sont moins allon-
gés , et le corps un peu plus raccourci pro-
portionnellement que dans les autres espèces;
en outre, l'imperfection de la palmature
rend cette espèce plus terrestre que les
autres.
Elle vit à peu près à la manière de notre
Loutre d'Europe , et se nourrit de poissons
et de crustacés.
Elle se rencontre au cap de Bonne-Es-
pérance, où M, Delalandc l'a étudiée avec
soin.
IV. Saricovia, Lesson.
4. La Loutue d'Amérique G. Cuv. ( Iieg.
anim. ) , Luira brasiliensis Ray , E. Geof-
froy-Saint-Hil., Muslela lulris brasiliensis
Grn. ; la Saricovienne, E. Geoffroy. Plus
grande que notre Loutre d'Europe; son
pelage est généralement d'un beau fauve,
un peu plus clair sur la tête et le cou, plus
foncé vers l'cAtrémité des membres et de la
queue, avec la gorge et l'extrémité du mu-
seau d'un blanc jaunâtre. Elle n'a pas de
véritable mufle: seulement, les narines sont
nues sur leurs contours.
Cette espèce habite l'Amérique méridio-
nale et paraît exister aussi dans le sud de
l'Amérique septentrionale. On n'a pas de
LOU
LOU
453
détails sur ses mœurs; car ce qu'on en a
dit peut aussi bien se rapporter à elle qu'à
d'autres espèces.
V. Leptontx , Lesson.
5. La Loutre Barang, Luira barang
Fr. Cuv., Lutra leptonix Horsf., Luira cine-
rea Illig. Cette espèce, à laquelle on réunit
avec quelque doute le Simung , Lutra pers-
picillata Isid. Geoffroy-Saint-Hilaire, est
de petite taille; car sa longueur est au plus
de 65 centim.,et sa queue a 18 à 20 centim.;
son pelage est rude, brun sale en dessus ,
avec la gorge d'un gris brunâtre qui se
fond avec le brun du reste du corps ; les
poils laineux sont d'un gris brun sale.
Le Barang se trouve dans l'Inde, et par-
ticulièrement à Java et à Sumatra , où il
a été observé par MM. Diard et Duvaucel.
VI. Lutra, Auctorum.
a. Espèces d'Europe.
6. Loutre d'Europe, Buffon, pi. 11, Lutra
vulgaris Erxl., Mustela lutra Linn., I'En-
hydkis des Grecs. La longueur de la Loutre
d'Europe est environ de 70 centim. du bout
du museau à l'origine de la queue, et celle-
ci a de 30 à 35 centimètres. Elle est en
dessus d'un brun foncé, en dessous d'un
gris brunâtre, avec la gorge et l'extrémité du
museau d'un grisâtre clair : la couleur de
la gorge se fond insensiblement et se
nuance avec celle de dessus le corps. La
Loutre peut varier dans son pelage, et l'on
a appliqué la dénomination de variegata
aux variétés qui présentent de petites taches
blanches.
C'est en hiver que la Loutre entre en
rut, et elle met bas trois ou quatre petits
au mois de mars. Ceux-ci, qui restent au-
près de la mère deux ou trois mois au plus,
ont acquis toute leur taille et toutes leurs
forces à la deuxième année. La Loutre vit
au bord des étangs , des fleuves et des ruis-
seaux, et s'y pratique, entre les rochers ou
sous quelques racines, une retraite garnie
d'herbes sèches, où elle passe presque tout
le jour, ne sortant que le soir, pour cher-
cher sa nourriture, qui consiste le plus sou-
vent en poissons, en reptiles aquatiques,
en crustacés , etc. Sa chair se mange en
maigre; mais elle est peu estimée, parce
qu'elle conserve un goût désagréable de
poisson; sa fourrure, employée à divers
usages , l'est surtout dans le commerce de
la chapellerie. La chasse à la Loutre est
assez compliquée, mais on cherche toujours
à faire arriver l'animal que l'on poursuit
dans un endroit où il n'y a que peu d'eau
et où l'on peut le saisir, tandis qu'on no
peut pas le faire dans un lieu où l'eau est
plus haute.
La Loutre était connue des anciens,
comme on peut le voir par divers passages
d'Hérodote etd'Aristote ; les Grecs lui don-
naient le nom d'Enhydris, ainsi qu'on a pu
s'en assurer depuis la découverte de la mo-
saïque de Palestine.
Cette espèce se trouve généralement ré-
pandue dans toute l'Europe.
Parmi les espèces de Loutres d'Europe
nous devons indiquer les Lutra claveri et
antiqua Croizet etJobert, qui ont été trou-
vées à l'état fossile, dans plusieurs terrains
de l'Auvergne.
b. Espèce d'Afrique.
7. Lutra Poensis Waterhouse (Proceed.,
1833), espèce découverte récemment à Fei-
nando-Po.
c. Espèces d'Asie,
8. La Loutre nirnaier , Lutra nair Fr.
Cuv. Elle a 75 centimètres , sans compter
la queue , qui a 45 centimètres. Son pelape
est d'un châtain foncé en dessus, plus clair
sur les côtés du corps, d'un bleu rous-
sâtre en dessous , sur la gorge, les côtés
de la tête, du cou et le tour des lèvres.
Le bout du museau est roussâtre, et deux
taches à peu près de la même couleur sont
placées l'une en dessus, l'autre en dessons
de l'œil.
Le Nair habite Pondichéry, d'où il a é(é
envoyé par Leschenault.
9. Lutra indica Gray : se trouve aux
Indes orientales.
10. Lutra chinensis Gray, qui, comme
l'indique son nom , se rencontre en Chine.
d. Espèces d'Amérique.
11. Loutre de la Guiane, Lutra enhydris
Fr. Cuv. Elle a plus d'un mètre avec sa
queue, qui entre pour plus d'un tiers de
celte longueur. Elle est d'un brun très clair,
surtout en dessous, avec la gorge et les côtéi
de la face presque blancs.
Habite la Guiane.
454
LOU
LOX
12. Là Loutre de la Trinité, Luira insu-
larisFr. Cuv. Elle a 75 centimètres, et la
queue 50 centimètres. Ses poils sont courts
et très lisses; sa robe, d'un brun clair en des-
sus , est blanc-jaunâtre en dessous , sur les
cofis de la tête, la gorge et la poitrine.
Un individu de cette espèce a été envoyé
de l'île de la Trinité par M. Robin.
13. La Loutre du Pérou, Luira peru-
viensis Gervais ( Voyage de la Bonite de
MM.Eydoux et Souleyet.pl. 3,f. 4, 5 et 6).
Cette espèce est fondée sur une portion de
crâne qui a été trouvée à San Lorenzo au
Prro u.
14. Luira plalensis Waterh. Beagl.; ha-
bite la Plata.
15. Luira paroensis Renyger, trouvée au
Paraguay.
1 6. Luira chilensis Bennett (Proc, 1832) .
Cette espèce, à laquelle on doit probablement
rapporter la Luira felina de Shaw, se re-
trouve au Chili.
17. Luira Californiœ Gray (1827); ha-
bite la Californie.
18. La Louthe de la Caroline, Luira la-
taxina Fr. Cuv. Plus grande que la Loutre
commune, elle est d'un brun noirâtre en
dessus, d'un brun moins foncé en dessous,
avec la gorge, l'extrémité du museau et
les côtés de la tête grisâtres.
Se trouve à la Caroline, d'où M. Lher-
minier en a envoyé plusieurs individus au
Muséum.
19. La Loutre du Canada Buffon, Luira
canadensis Fr. Cuv., Luira brasiliensis Har-
lan, n'est connue que par sa tête osseuse,
qui ressemble beaucoup à celle de la Loutre
de l'Europe, dont elle diffère cependant à
quelques égards , et surtout en ce que, vue
de profil , elle suit une ligne plus inclinée,
surtout dans sa partie antérieure.
A été trouvée au Canada.
On a rapproché des Loutres des animaux
qui ont dû en être éloignés, tels que : 1° le
Yapock, qui est un Didelphe, et 2° La Loutre
d'Egypte, qui appartient au genre Ichneu-
mon, (E. D.)
LOUVARLOU. Luvarus. poiss. —Genre
de l'ordre des Acanthoptérygiens, famille
des Scombéroïdes , établi par Rafinesque
(Caract. de quelques nouveaux genres, etc.),
et qui diffère des autres genres de la même
famille par la présence, à l'extrémité du
bassin , d'une petite écaille qui sert comme
d'opercule à l'anus.
Jusqu'à présent on n'en connaît bien
qu'une espèce , Luvarus imperialis Rafin. ,
dont la chair est, dit-on, d'un goût exquis.
Ce poisson est d'une couleur argentée rou-
geâtre, plus obscure vers le dos ; sa taille
est d'environ 2 mètres.
LOUVE, mam. — Femelle du Loup.
LOUVETEAU, mam. — Nom donné au
petit du Loup et de la Louve.
LOWEA, Lind. bot. fh. — Syn. à'Hul-
themia , Dumort.
*LOXANTIIUS ( aoÇo'ç , oblique ; £v9oç ,
fleur), bot. ph. — Genre de la famille des»
Acanthacées-Echmatacanthées , établi par
Nées (in Wallich Plantar. as. rar., III,
89). Arbrisseaux de l'Inde. Voy. acantha-
cées.
LOXIE. Loxia. ois. — L'étude mieux
faite des mœurs des Oiseaux et de leurs ca-
ractères physiques devait nécessairement
conduire à des réformes profondes dans la
méthode et la nomenclature ornilhologiques
de Linné et de Latham. La plupart des gen-
res créés par ces auteurs, vu la limite des
caractères qu'ils leur avaient assignés, pou-
vaient en quelque sorte être considérés
comme autant d'inccrlœ sedis, dans lesquels
venaient prendre rang des Oiseaux qui de-
vaient plus tard en être retirés. De ce nom-
bre était le g. Loxia, composé d'espèces qui,
bien qu'ayant des affinités rapprochées , ne
pouvaient cependant rester dans la même
division. Aussi, avec les tendances de notre
époque à la décomposition poussée à l'ex-
trême, les Loxia de Linné et de Latham ont-
ils été dispersés dans huit familles différen-
tes. Quant aux coupes génériques auxquelles
ils ont donné lieu, leur nombre est vrai-
ment considérable. Les g. Ploceus, Pyrome-
lana, Phililairus, Spermophaga, Cardinalist
Guiraca, Pyrenestes, Coccothraustes, Pily-
tus, Estrelda, Paroaria, ligurinus , Ery-
thrina, Crilhagra, Spermophila, Pyrrhula,
Strobilophaga, Uragus, Loxia, Psillirostrat
Flyreus et Colius , sont autant de démem-
brements des Loxiœ du Systema nalurœ.
Comme on peut le voir, un seul de ces
groupes a conservé le nom donné par Linné,
et ce groupe est celui qui comprend les
Becs-Croisés : à eux seuls, en effet, a été
réservée la dénomination de Loxia. (Z. G.)
!0X
LOX
455
LOXIGELLA, Lcss. ois. — Syn. û'Es-
trekhi. Voy. amadina. (Z. G.)
*LO\lSÉE$.Loxinœ.o\s.— Sous-famille
établie par G. R. Gray (a List of the gen.)
dans la famille des Fringillidées, pour les
genres Cruciroslra (Bec-Croisé), Psittirostra
(Psiltacin) et Paradoxoins. (Z. G.)
*LOXOCARPUS ( }•*•< , oblique; x«p-
*o< , fruit), bot. ph. — Genre delà famille
des Gesnéracées , établi par R. Brown ( in
Horsfield Plant. Jav. rar., 120). Herbes de
l'Inde. Voy. gesnéracées.
LOXOCARYA ( \0^ , oblique ; x«pvov ,
noix ). bot. pn. — Genre de la famille des
Restiacées, établi par R. Brown (Prodr.,
2i9). Herbes de la Nouvelle -Hollande. Voy.
RESTIACKKS.
LOXOCERA (),o|o';, oblique; x/P«ç, an-
tenne), ins. — Genre de Tordre des Diptères
brachocères, famille des Musciens, tribu de»
Muscides, établi par Meigen. La L. ichneu-
monea, espèce type du g., est originaire
de la France.
LOXOCREPIS f>!oç, oblique; xpn*lç,
chaussure), ins.— Genre de Coléoptères pen-
tamères, famille des Carabiques , tribu des
Brachinides de Mac-Leay, des Anchoménites
de Castelnau, créé par Eschscholtz et adopté
par Castelnau (Hist. nat. des animaux ar-
ticulés, tom. I, pag. 126). L'espèce type et
unique est le L. ruficeps M.-L. (Lamprias)
Esch. (G.)
*LOXODE . Loxodes (>.o|o\:, oblique) .infus.
— Genre institué en 1830 par M. Ehren-
berg, qui y comprenait alors plusieurs In-
fusoires appartenant à d'autres genres, et
notamment un des Kolpodes de Muller (K.
cucullulus) qu'il prenait pour type, et dont
il fit en 1833 le genre Euodon , et en 1838
îe genre Chilodon. Les Loxodes, que nous
limitons un peu différemment, sont des In-
fusoires très communs, mais dont la 'struc-
ture est peu distincte en raison de leur
transparence et de leur exiguïté, car leur
longueur n'est que de 5 à 6 centièmes de
millimètre. Leur corps est plat, membra-
neux, et semble revêtu d'une enveloppe
flexible non contractile. Il est renflé en des-
sus, souvent concave en dessous, irréguliè-
rement ovale ou sinueux, et obliquement
prolongé en avant; il montre des cils vibra-
tiles au bord antérieur seulement. Leur
forme sinueuse les fit prendre par O.-F.
Muller pour des Kolpodes; mais l'absence
de cils vibratiles sur la plus grande partie
de la surface , et surtout l'apparence d'une
cuirasse membraneuse, doivent les rappro-
cher davantage des Plœsconies, avec les-
quels nous les plaçons provisoirement dans
la famille des Plœsconiens. Les Loxodes se
montrent fréquemment dans les infusions
et dans les eaux de marais déjà altérées par
la putréfaction ; quelques uns se voient aussi
dans l'eau de mer. Le Loxodes cucullulus ,
qui vit dans l'eau douce et qui est le type
de ce genre, a été rangé par Muller avec les
Kolpodes; et M. Ehrenberg Fa confondu
avec le Chilodon cucullulus, qui est d'un
d'un tiers plus grand , et qui se distingue
par sa bouche armée d'un faisceau de
dents. (Duj.)
LOXODON (loÇoç, oblique; è<Jov';,dent).
bot. pu. — Genre de la famille des Compo-
sées-Nassauviacées , établi par Cassini (in
Dict. se. nat., XXVII, 254). Herbes de l'A-
mérique australe. Voy. composées.
*LOX01\EMA, Phil.. moll. — Syn. de
Chemnitzia , Aie. d'Orb.
*LOXOXEVRA f>Çoç , oblique ; yevpec ,
nervure), ins. — Genre de l'ordre des Dip-
tères brachocères, famille des Musciens,
tribu des Muscides, établi par M. Macquart
(Ins. dipt., t. II, p. 446). La seule espèce
connue est la L. décora, de l'île de Java.
LOXONIA. bot. pu. — Genre de la fa-
mille des Gesnéracées, établi par Jack [in
Linn. Transact., XIV, 40). Herbes des Mo-
luques. Voy. gesnéracées.
*L0X0PI1YIXE. Loxophyllum (JloÇeç,
oblique ;cpuÀ),ov, feuille), infus. — Genre d'In-
fusoires ciliés de la famille des Paraméciens,
ayant pour type le L. pintade (L. melea-
gris), qui est le Kolpoda meleagris de Mul-
ler, dont M. Bory fit ses K. meleagris, K.
zygœna et K. hirundinacea. M. Ehrenberg
le nomme Amphileptus meleagris, mais il
nous a paru devoir constituer un genre par-
ticulier, caractérisé par son corps très dé-
primé, lamelliforme ou en forme de feuille,
oblique, très flexible et sinueux ou ondulé,
ou même festonné sur les bords, et revêtu
de cils vibratiles en séries parallèles, écar-
tées. La bouche est située latéralement. Le
Loxophylle pintade se trouve assez souvent
dans l'eau des marais autour des plantes
aquatiques. 11 est long de 3 à 4 dixièmes de
456
LUC
LUC
millimètre, et par conséquent visible à l'œil
nu. C'est, comme dit Muller, un Infusoire
des plus grands et des plus remarquables ;
c'est une membrane transparente, suscepti-
ble de se plier très délicatement, présentant
a chaque instant des flexions et des plisse-
ments variés. Son bord latéral antérieur est
diversement sinueux, et présente tantôt trois
ou quatre dentelures, tantôt de nombreuses
crénelures. On voit en outre près du bord
postérieur une rangée de dix à douze globu-
les égaux diaphanes. Il se meut lentement à
la manière des Planaires. (Duj.)
*LOXOPHYLLUM, Bl. bot. ph. — Syn.
de Loxonia , Jack. — bot. cr. — Klotsch ,
syn. de Cyclomyces, Kunz-e.
*LOXOPYGA, Westw. ins. — Syn. de
Dolax, Zoubkoff. Voy. ce mot. (C.)
*LOXOSTOMA , Biv. MOLL.—Syn. VAl-
vinia, Risso.
*LOXOSTYLIS (>o£o'ç , oblique ; axvlot ,
style), bot. ph. — Genre de la famille des
Anacardiées , établi par Sprengel (in Itei-
çhenb. le. exot., t. 205). Arbrisseaux du
Gap. Voy. anacardiées.
*LOXOTIS (IoÇotijç, obliquité), bot. ph.
— Genre de la famille des Gesnéracées ,
établi par R. Brown (in Wallich Plant, as.
rar. , III , 65 ). Herbes de l'Asie tropicale.
Voy. GESNÉRACÉES.
*LOXURA (ÀoÇo'ç, oblique; ovpa, queue).
ins. — Genre de l'ordre des Lépidoptères
Diurnes, famille des Éryciniens, groupe ou
tribu des Lycénides, établi par M. Bois-
duval, qui lui donne pour type le L. aïeules
(Hesperia alcides Fabr. ), qui appartient à
l'Afrique occidentale.
*LOZAIVTIA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Vochysiacées?, établi par Seba et
Mutis (in Seman. Nov. gran., 1810, p. 20).
Arbres de la Nouvelle-Grenade.
LUBINIA (nom propre), bot. ph. — Genre
delà famille des Primulacées-Primulées ,
établi par Commerson ( ex Venten. Cels.
t. G9). Herbes de la Mauritanie. Voy. pri-
MULACÉES.
*LUCjEA, Kunth. bot. ph. —Syn. d\4r-
thraxon , Palis.
*LUCANAIRES. ins.— Mulsant (Histoire
naturelle des Coléoptères de France, 1842 ,
pag. 581) établit sous ce nom une branche
dans laquelle il fait entrer les genres
Hexaphyllus , Muls.; Lucanus, Scopol., et
Dorcus, M.-L. , et qui a pour caractères :
Yeux , en partie au moins , coupés par les
joues; languette saillante, pénicillée. (C.)
LUCANIDE&. ins. — Sous ce nom, Mac-
Leay (Annulosa javanica, éd. Lequien, Paris,
1842, p. 11) a formé une famille dans la-
quelle il comprend les genres : Figidius, Fi-
guluSy Dorcus, JEgus, Lucanus et Ceruchus.
Les deux premiers offrent des mâchoires à
bord interne épais, et ces mâchoires sont
membraneuses dans les quatre derniers
de ces genres. (C.)
LUCANIENS. Lucanii. ins. — Mulsant
(Hist. nat. des Coléopt. de Fr., 1842, p. 581 )
a créé sous ce nom une famille qu'il subdivise
en deux branches suivantes : les Lucanaires
et les Platycéraires. Elle a pour caractères :
Métasternum uni ou soudé au mésosternum,
et formantaveclui une bande de séparation
entre les pieds intermédiaires à leur nais-
sance; prosternum nidilatéen demi-cercleà
la partie antérieure, ni prolongé postérieure-
ment en une saillie dont l'extrémité est des-
tinée à se cacher sous l'avancement du mé-
tasternum, quand l'insecte incline la partie
antérieure du corps; mandibules saillantes
au-devant de la tête, au moins de la moitié
de la ongueur de celle-ci, dentées au bord
incisif; mâchoires terminées par un lobe pé-
nicillé; épistome inerme; tête presque hori-
zontale; pieds allongés, grêles; corps légè-
rement déprimé. (G.)
LUCANUS (nom de pays), iss.— Genre
de Coléoptères pentamères, famille des
Lamellicornes , tribu des Lucanides , créé
par Scopoli ( Entomologia carniolica, p. 1),
et adopté par Fabricius , Olivier, De-
jean. Le dernier de ces auteurs (Catalogue,
3eédit., p. 193) en mentionne les espèces
suivantes : L. cervus, capreolus , Elephus,
Dama de F., lenlus Say, t etraodon Th., et vit u-
lus Dej.; trois sont propres à l'Europe ,
trois à l'Amérique , et le dernier est origi-
naire de Java. Le premier et le second sont
connus sous les noms vulgaires de Cerf-
Volant , comme mâles , et de Biche comme
femelles. (G.)
LUCERNA. moll. — Institué par Hum-
phrey dans le Muséum Calonnianum , ce
genre correspond à celui des Carocollus de
Lamarck, qui lui-même se confond avec les
Hélices. Voy. ce mot. (Desh.)
LUCERNAIRE. Lucernaria (lucerna.
LUC
lampe), zooph. — Genre encore incomplète-
ment observé d'animaux marins des côtes
-d'Europe. On n'en a signalé qu'un petit nom-
bre d'espèces, et les naturalistes n'ont point
encore fixé d'une manière définitive la place
qu'elles doivent occuper dans la méthode zoo-
logique. G. Guvieret M. de Blainville lesont
réunies aux Actinies; Lamarck les rappro-
chait, au contraire, des Béroës et des Médu-
saires, et il se pourrait bien qu'elles eussent
avec ces dernières plus d'analogie qu'on ne
l'avait supposé. Les nouvelles recherches des
zoologistes sur la transformation en Méduses
de certains Zoophytes polypiformes pour-
raient faire croire que les Lucernaires ne
sont qu'un Age de Méduses dont on n'aurait
pas encore déterminé l'espèce. Quoi qu'il en
soit, voici comment le genre Lucernaire a
été jusqu'à présent caractérisé :
Corps libre ou adhérent , comme gélati-
neux, transparent, cylindrique, élargi an-
térieurement en une sorte d'entonnoir, di-
visé plus ou moins profondément en lobes
rayonnes , garnis à leur extrémité de tuber-
cules papilliformes , et postérieurement en
une espèce de pied ou de ventouse propre à
le fixer. Bouche centrale, un peu infundi-
buliforme, à lèvre quadrilobée.
MuIIer, dans sa Zoologie danoise; Monta-
gne, dans les Actes de la Société linnéenne,
et Lamouroux , dans les Mémoires du Mu-
séum, sont les auteurs qui ont donné le plus
de renseignements sur les Lucernaires.
M. de Blainville a retiré de ce groupe ,
pour en faire un nouveau genre qu'il place
auprès des Siponiles, sous le nom de Can-
delabrum , le Lucemaria phrygia de Linné,
établi d'après la description d'Othon Fa-
bricius.
Le genre Eleulheria , décrit avec détails
par M. de Quairefages, paraît, au contraire,
se rapprocher des Lucernaires par plusieurs
caractères importants, et comme on a con-
staté que c'est une des formes que présen-
tent les Méduses, ce fait et quelques autres
établissent une nouvelle affinité entre les
Lucernaires et les Méduses. ( P. G.)
*LL'CERI\ELLA. moll. — M. Swainson ,
dans sa Malacologie, a proposé ce genre pour
celles des Carocolles qui ont des dents à
l'ouverture. Ce genre ne peut être adopté.
Voy. Hiif.icE. (Desh.)
*LL( F'.Vt>ME. MOll. Deuxième sous-
t. vu.
LUC
4;>7
famille des Tlelicidœ, instituée par M. Swain
son dans sa Malacologie. Elle est divisée en
cinq genres, qui eux-mêmes sont part." ïiés
en sous-genres; les genres sont les suivant:
Leiostoma , Lucerna , Lucernella , Vimodon
et Thelidomus. Voy. ces mots. (Desh.)
*LUCERNUTA(àvXvoç, flambeau), ins.—
Genre de Coléoptères pentamères, famille
des Malacodermes , tribu des Lampyrides,
créé par M. de Laporte {Ann. de laSoc. ent.
de Fr.y t. II, p. 143). L'auteur comprend
dans ce g. les espèces suivantes : Lamp. /'<?-
nestrata Gr., Savignyi Ky., IhoracicusOi.,
bicolor et laticornis de Fab.; la quatrième
est originaire de Java, et toutes les autres
sont américaines. (C.)
*LUCIIÉLIE. Luchelia ( nom propre).
polyp. — Nom de genre proposé par
M. Grant pour des Éponges raides ou fria-
bles remplies de spicules calcaires et qui ont
été nommées Grantia par M. Flemming, et
Calcéponge par M. de Blainville. (Duj.)
*LUClDOTA ( lucidarium , qui sert de
flambeau pour découvrir), ins. — Genre de
Coléoptères pentamères, famille des Mala-
codermes, tribu des Lampyrides, créé par
M. de Laporte (Ann. de la Soc, ent. de Fr.y
t. II, p. 136). Ce genre, qui correspond aux
Lychnuris de Dejean, renferme environ 30
espèces américaines. Nous citerons, parmi
celles qui en font partie, les Lamp. fla-
bellicornis, compressicornis de F., etappev-
diculala de Gr. (C.)
LUCIFER, Less. ois.— Section de la fa-
mille des Oiseaux-Mouches. Voy. colibri.
(Z. G.)
LUCIFUGES. Duméril.ms.— Voy. pho-
T0PI1YGES.
*LUCILÏA. ins.— Genre de l'ordre des
Diptères brachocères, famille des Musciens,
tribu des Muscides, établi par M. Macquart
( 7ns. Dipt., t. II, p. 250), et différant des
autres genres du même groupe par des an
tennes à troisième article long ; par un stj ta
plumeux; par une tête déprimée, et l'épi-
stome peu saillant. M. Macquart décrit 35e;;-
pèces de ce genre. Elles vivent toutes sur
les substances animales ou végétales en d<; •
composition.
Nous citerons comme type du genre la
Lucilia cœsar Rob.-Desv. , d'un vert doré,
et très commune dans toute l'Europe.
LUCILIA ( nom propre ). dot. pu. —
58
-&S
LUC
IX c
Genre de la famille des Composées-Nassau-
viacées, établi par Gassini {in Dict. sc.nal.,
XXVII, 263). Herbes du Brésil méridional.
Voy. COMPOSÉES.
*LUGL\/EA (nom mythologique), bot. ph.
— Genre de la famille des Rubiacées-Gar-
déniées, établi par De Candolle (Prodr., IV,
368). Arbrisseaux des Indes orientales. Voy.
B-UBIACÉES.
LUCIDE. Lucina ( nom mythologique ).
moll. — Le genre Lutine est l'un des plus
naturels de la classe des Mollusques acépha-
les dimyaires ; il rassemble un grand nombre
de coquilles dont les caractères sont assez
variables , mais qui néanmoins conservent
dans leur ensemble le cachet d'un groupe na-
turel. Institué par Bruguière dans les plan-
ches de l'Encyclopédie, le g. Lucine était,
avantcelteépoque, confondu par Linné dans
son grand genre Telline, ou avecd'autres co-
quilles bivalves d'une forme orbiculaire. De-
puis la création du genre , il a été conservé
dans toutes les méthodes; seulement, les
zoologistes ont varié au sujet des rapports
dans lesquels les Lucines devaient être en-
chaînées dans la méthode naturelle. Ces va-
riations ont eu leur source dans l'ignorance
où l'on était des caractères des animaux, à
ce point que l'on trouve dans Cuvier, par
exemple , en même temps les deux genres
Loripèdes et Lucine, parce que Poli, en don-
nant la description de son Loripèdes, n'avait
pas reconnu en lui les caractères du genre
Lucine de Bruguière ; et comme le Loripèdes
a été établi d'après l'animal , Cuvier ne le
reconnut pas pour être celui des Lucines.
Lamarck ne commit pas cette erreur; il rap-
porte au genre Lucine le Loripèdes de Poli ,
ce qui ne l'empêche pas de mettre une es-
pèce très analogue dans son genre Amphi-
desme. Nous avons contribué à faire éviter
dans la méthode les erreurs que nous ve-
nons de signaler par les diverses observa-
tions que nous avons successivemen t publiées,
tant dans Y Encyclopédie que dans notre His-
toire des Fossiles des environs de Paris. A
l'exemple de Linné et de beaucoup d'autres
auteurs , Lamarck avait compris parmi les
Cythérées plusieurs grandes coquilles qui,
examinées avec plus de soin , nous ont offert
tous les caractères des Lucines. Des person-
nes qui ont sous les yeux un petit nombre
d'espèces appartenant au genre qui nous oc-
cupe ont une tendance à les diviser en plu-
sieurs autres g. C'est ainsi que M. Schu-
macher a proposé un genre Lentillaire pour
les espèces aplaties et orbiculaires ; c'est
ainsi que l'on a proposé successivement les
genres Cryplodon, par M. Thompson; Di-
plodonte, par M. Brown ; Hirtea , par
M. Turton; P 'ly china , par M. Philippi , et
Dulnaria , par M. Hartman. Mais quand
on a sous les yeux un très grand nombre
d'espèces, soit vivantes, soit fossiles, de
Lucines, les caractères qui paraissaient d'a-
bord nets et tranchés se fondent de mille
manières , et deviennent insaisissables dans
leur limite.
Presque toutes les Lucines sont des co-
quilles suborbiculaires, plus ou moins con-
vexes , généralement blanches ou peu colo-
rées ; elles sont striées et lamelleuses trans-
versalement; très rarement elles ont des
stries ou des côtes longitudinales. Presque
toutes sont subéquilatérales ; elles se distin-
guent éminemment par les impressions mus-
culaires et du manteau, plus que par leur
charnière très variable, dont il fauteependant
tenir compte; car, de leur association avec
les caractères de l'intérieur des valves , ré-
sulte la certitude qu'une coquille appartient
au genre Lucine. Il faut donc examiner avec
la plus grande attention les modifications
principales de la charnière. D'abord nous
remarquerons un certain nombre d'espèces
dans lesquelles il n'existe aucune dent à la
charnière; le bord cardinal est simple, mais
la position du ligament varie; on peut dire
d'une manière générale que le ligament des
Lucines est extérieur; cependant il arrive
qu'il est couvert par les bords saillants du
corselet, et qu'il ne se montre que très fai-
blement au dehors ; dans ce cas, les nym-
phes sont fortement rentrées vers l'inté-
rieur, et elles se présentent sous la
forme de cicatrices étroites , allongées le
long du bord postérieur. A mesure que le
ligament sort de l'intérieur de la coquille,
les nymphes deviennent de plus en plus
proéminentes , les bords du corselet s'écar-
tent , et enfin le ligament apparaît au de-
hors de la même manière que dans les Vé-
nus, les Cythérées, etc. Quelquefois le liga-
ment s'enfonce profondément derrière des
nymphes très aplaties, et il en résulte qu'à
son extrémité postérieure il s'étale en une
LUC
LUC
459
expansion mince et luisante, comme on le
voit dans un très grand nombre deMuIettes,
par exemple. Cette disposition du ligament
des Lucines a trompé Lamarck, et lui a fait
croire que, dans les espèces où elle se pré-
sente, il existait deux ligaments, un interne
et un externe; le genre Onguline a été
fondé d'après ce caractère , mais il suffit de
bien analyser tous les caractères du genre
en question pour reconnaître qu'il vient se
fondre encore dans le grand genre des Lu-
cines. Un certain nombre de Lucines , di-
sions-nous, ont la charnière simple. La plu-
part de ces espèces ont un test mince et
fragile ; cependant cette règle n'est pas sans
exception. Bientôt, comme dans le Loripède
de Poli, on voit surgir au centre de la char-
nière une petite proéminence sur chaque
valve; c'est là l'origine des dents cardinales.
Si l'on range les espèces de manière à for-
mer une série, sous le rapport de l'accrois-
sement de la charnière, on voit les dents
cardinales s'accroître insensiblement : il y
en a une d'abord sur chaque valve, puis
deux sur l'une et une sur l'autre , et enfin
deux sur chacune d'elles. Dans la série gé-
nérale des espèces , tant vivantes que fossi-
les , cet accroissement se fait par des varia-
tions fort remarquables , des nuances très
nombreuses , dont il serait difficile de don-
ner une description, et qu'il faut voir dans
une grande collection pour se rendre compte
du phénomène dans son ensemble. Relati-
vement aux dents latérales , on les voit ap-
paraître d'une manière aussi insensible que
ics dents cardinales elles-mêmes. Dans un
petit nombre d'espèces , les dents latérales
apparaissentet s'accroissent lorsque les dents
cardinales ne se montrent point encore ;
elles sont généralement courtes; l'antérieure
est rapprochée de la charnière ; la posté-
rieure en est toujours plus éloignée ; toutes
deux ne paraissent pas toujours en même
temps. Dans certaines espèces, la dent la-
térale antérieure se montre d'abord; dans
l'autre , c'est la postérieure. On peut donc
dire , pour résumer tout ce qui précède,
que la charnière des Lucines est des plus
variables, puisqu'on la trouve d'abord sans
dents, et qu'on lui voit ensuite deux dents
cardinales et deux dents latérales survenant
par tontes les nuances imaginables.
Malgré ces variations, la charnière des Luci-
nes peut cependantservir à faire reconnaître
le genre, car on doit remarquer qu'elle ne
dépasse jamais certaines limites, phénomène
qui se retrouve dans un certain nombre d'au-
tres genres , tels que les Cardium , les Mu-
lettes, etc. Si nous portons nos regards dan:-,
l'intérieur des valves, nous y trouverons des
caractères beaucoup plus constants , au
moyen desquels on pourra toujours grouper
facilement les espèces du genre. On remar-
que d'abord deux impressions musculaires
et unepalléale, mais ces impressions n'ont
pas une disposition semblable à celles des
autres coquilles. Ainsi, le muscle antérieur
laisse une impression très allongée, étroite,
s'avançant obliquement de haut en bas, d'a-
vant en arrière. Ordinairement l'impression
palléale commence à l'extrémité inférieure
de l'impression du muscle ; dans les Luci-
nes , l'impression du muscle est en partie!
en dedans de celle du manteau. Il n'en est
pas de même de l'impression musculaire
postérieure; quoiqu'elle soit beaucoup plus
allongée que dans les autres genres, et en
général beaucoup plus près des bords des
valves, néanmoins elle nerentre jamais dans
l'intérieur de l'impression palléale, ce qui
sert à la distinguer facilement de l'impres-
sion antérieure. Quant à l'impression pal-
léale, elle reste toujours simple; le disque
intérieur des valves n'est pas toujours lisse ;
dans la plupart des espèces, il est chargé de
petites verrues ou de ponctuations plus ou
moins grosses, et souvent elle est parcourue
par une ligne oblique et onduleuse. Il existe
même des espèces fossiles dans lesquelles ce
disque intérieur est pour ainsi dire profon-
dément haché par des stries fines, pro-
fondes et divergentes.
L'animal des Lucines n'est réellement
connu que depuis la publication de l'ou-
vrage de Poli, qui en a donné une descrip-
tion sommaire, sous le nom de Loripède. Cet
animal , comme tous ceux de la famille à la-
quelle il appartient, est enveloppé dans un
manteau dont les lobes sont égaux, à bords
épaissis et présentant au bord ventral trois
ouvertures : l'une fort grande, pour le pas-
sage du pied ; la seconde est médiocre, c'est
une simple perforation, sans aucun prolon-
gement, soit intérieur soit externe; elle re-
présente le siphon branchial ; la troisième
est plus petite encore; elle est tout à fait
460
LUC
en arrière de l'animal , et elle se présente
sous la forme d'un tube cylindrique, à pa-
rois très minces, que l'animal peut faire
rentrer complètement à l'intérieur, en le
retournant sur lui-même comme un doigt
de gant. On conçoit que, dans une disposition
organique comme celle-là, un muscle adduc-
teur des siphons devenait inutile, puisqu'en
réalité, le siphon anal, très court, seul sub-
siste. Si l'on écarte les bords du manteau,
on trouve en avant et recouvrant toute l'ex-
trémité antérieure de l'animal, un muscle
plat et large, qui s'avance, comme nous l'a-
vons dit, jusque dans l'intérieur des val-
ves ; en arrière, un autre muscle, un peu
plus court que le premier; tous deux s'atta-
chent aux valves et servent à les fermer. Il
faut détacher le manteau et renverser en
dehors le muscle antérieur pour découvrir
au-dessus de lui une petite ouverture buc-
cale, garnie de deux petites lèvres, mais en-
tièrement dépourvue de palpes labiaux, fait
fort remarquable, et qui ne se rencontre
plus dans les autres Mollusques acéphales.
L'œsophage est très court; il se dilate bien-
tôt en un estomac subpyriforme, se termi-
nant en arrière en un intestin grêle , très
court, faisant dans la masse abdominale une
seule anse, se dirigeant d'avant en srrière ,
pour sortir sur le dos, où il est embrassé par
le cœur, d'où il sort pour se continuer der-
rière le muscle adducteur postérieur, et se
terminer en un petit anus, au-dessous du
bord inférieur de ce muscle. La masse ab-
dominale est ordinairement comprimée à
son extrémité antérieure; elle se prolonge
en un pied cylindrique, en forme de lanière
très allongée. Ce pied ne conserve pas la
même forme dans toutes les espèces; il a
une tendance à se raccourcir, à s'élargir et
à prendre les caractères de cet organe dans
les autres Mollusques ténuipèdes. Les bran-
chies ont une disposition toute spéciale;
elles sont larges et épaisses, elles semblent
formées d'un seul feuillet, mais que l'on par-
vient facilement à dédoubler, et l'on ac-
quiert ainsi la preuve que cette branchie,
qui semble unique, est réellement composée
dedeux feuillets soudés entre eux. Le cœur est
fort petit ; il est subglobuleux, contenu dans
un péricarde médiocre , dans lequel sont
également renfermées deux oreillettes trian-
gulaires qui se rendent à la base des bran-
LTD
chies. L'aorte antérieure se dirige en avant,
en pénétrant dans la masse abdominale par
l'ouverture qui donne passage à l'intestin.
L'aorte postérieure se détache très haut du
tube intestinal, et on la voit s'avancer le long
de la face interne du muscle postérieur pour
se distribuer ensuite à tout le côté postérieur
de l'animal. L'ovaire est énorme; il envahit
presque toute la masse abdominale; Tintes-
tin, la plus grande partie de l'estomac, s'y
trouvent plongés, car le foie est réduit à un
très petit volume qui occupe seulement le
bord antérieur de la masse abdominale. L'a-
nimal des Ludnes constitue, comme on le
voit, un type tout particulier dans la grande
série des Mollusques acéphales dirnyaires;
il est essentiellement caractérisé par la gran-
deur des muscles, par une bouche très pe-
tite et dépourvue de palpes labiaux , par un
pied vermiforme , et enûn par la présence
d'un seul siphon, l'autre étant représenté
par une ouverture simple.
Si nous examinons le genre sous le rap-
port de sa distribution géographique, nous en
trouverons des espèces dans toutes les mers;
les plus grandes sont propres aux climats
chauds; on en compte de nombreuses espè-
ces à l'état fossile, et ce qui est remarquable,
c'est qu'elles se distribuent dans presque
tous les terrains de sédiment, depuis les plus
récents jusqu'aux plus anciens. On en compte
33 vivantes, et une centaine environ à l'é-
tat fossile. (Desh.)
LUCINIUM, Pluckn. bot. ph. — Syn.
d'Amyris , Linn.
LUCIOLA , Smith, bot. ph. — Syn. de
Luzula, DC.
LUCIOPERCA. poiss. — Voy. sandre.
*LUCULIA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Rubiacées-Cinchonées , établi par
Sweet ( FI. gard., I, t. 145). Arbustes du
Népaul. Voy. rubiacées.
LUCUMA. bot. ph.— Genre de la famille
des Sapotacées, établi par Jussieu ( Gen.,
152). Arbres originaires de l'Amérique mé-
ridionale. Voy. sapotacées.
LUDIA. bot. ph. — Genre de lafamdle
des Bixacées-Prockiées, établi par Lamarck
{Dict., III, 612, t. 466). Arbrisseaux de la
Mauritanie. Voy. bixacées.
*LUDIUS (ludius , danseur), ins. —
Genre de Coléoptères pentamères, famille
des Sternoxes, tribu des Élatérides, attri-
LTJL
LUM
46 f
bué à Latreille par Dejean {Calai. % 3e cdit.,
p. 106, 107), mais qui n'a pas été conservé.
Des 65 espèces mentionnées par ce dernier
auteur , une partie rentre dans les genres
Corymbites {Ctenicerus, Hope), Diacanthus
( Seletosomus , Stephens ; Apholistus ) et
Campsoslernus de Latreille, qui ont tous été
adopté par Germar dans les monographies
partielles qu'il a publiées dans son Journal
d'entomologie. (C.)
LUDOLFIA, Willd. bot. ph. — Syn.
d'Arundinaria, Rich.
LUDOVIA (nom propre), bot. fh. —
Genre de la famille des Pandanées-Cyclan-
thées, établi par Persoon (Ench., II. 576).
Herbes ou arbrisseaux de l'Amérique tropi-
cale. Voy. PANDANEES.
LUDWIGIA (nom propre), bot. pn. —
Genre de la famille des OEnothérées-Jus-
sieuées , établi par Roxburgh (Flor. ind.,
cdit. Wallich, I, 440). Herbes de l'Inde.
Voy. c*;.\othêrées.
LUFFA. bot. ph. — Genre de la famille
des Cucurbitacées-Cucurbitées , établi par
Tourneront. R. S., 107). Heibesde l'Asie
et de l'Afrique tropicale. V. cucurbitacées.
*LUGOA. bot. ph. — Genre de la famille
des Composées-Sénécionidées, établi par De
Candolle (Prodr., VI, 14). Sous-arbrisseaux
des Canaries. Voy. composées.
LUHEA (nom propre), bot. ph. — Genre
de la famille des Tiliacés-Grewiées , établi
par Willdenow (in Verhandl. Berlin nat.
Freund, III, 409, t. V). Arbres de l'Améri-
que tropicale. Voy. liliacées. — Scbmidt,
syn. de Stilbe, Berg.
*LUIDIE. Luidia (Luid , nom d'un natu •
raliste). ÉctiiN. — Genre d'Astérides , établi
par M. Forbes et adopté par MM. Mûller et
Troschel , qui l'avaient d'abord nommé
Kemicnemis. Jl comprend les Astéries sans
;i;ius , ayant les ambulacres pourvus d'une
double rangée de pieds tentaculaires , et
i'une rangée de plaques marginales à la
«e ventrale seulement, avec des piquants;
i face dorsale est hérissée de piquants sé-
icés. On n'y voit pas de pédicellaires.
(Duj.)
LUISANTE, moll. — Nom vulgaire adopté
narGeoffroy, dans les coquilles des en virons de
i'aris, pour V Hélix cellaria de Linné. (Desh.)
LULAT. moll. — Nom donné par Adanson
wpèee fort commune de Modiole, que
la plupart des auteurs rapportent au Myli-
lus modiolus de Linné; mais nous pensons
que cette espèce doit être séparée decelle dont
nous venons de parler. Voy. modiole. (Desh.)
LULU. ois. — Nom d'une espèce euro-
péenne du genre Alouette.
*LUMBRICA1\IA.poiss.— M. de Munster
a désigné sous cette dénomination , comme
devantconstituer un nouveau genre de Vers,
des corps vermiforrnes connus à l'état fos-
sile. M. Agassiz [Poissons fossiles, tom. III,
pag. 295) s'est assuré que ce sont les em-
preintes d'intestins de Poissons des genres
Leptolepis et Thrissops. (P. G.)
LUMBRICONEKEIS, Grube. annel. —
Voy. LOMRIUNÈKE. (P. G.)
LUMBKICUS. annél. — Voy. lombric.
LUMIÈRE, phys. — On désigne ainsi le
principe à Laide duquel la forme et la cou-
leur des corps sont rendues perceptibles à
l'organe de la vue. Ce principe, émané des
corps lumineux, se propage en ligne droite
dans tous les sens , quand le milieu qu'il
traverse est homogène , et change de direc-
tion dans un milieu hétérogène. On appelle
rayon lumineux la direction suivie par la
Lumière, et faisceau la réunion de plusieurs
rayons. Toutes les fois quele point lumineux
est très éloigné de nous, comme l'est le Soleil
à l'égard de la Terre, le faisceau est consi-
déré comme formé de rayons parallèles. De-
puis Aristote, les opinionsont bien varié sur
la nature de la Lumière. Ce grand philosophe,
qui voulait tout expliquer à l'aide de prin-
cipes généraux , pensait que les corps trans-
parents, comme l'air, l'eau, le verre, etc.,
ne laissaient voir les objets placés derrière
eux qu'en raison d'une puissance propre,
mise en action par le passage de la Lumière
à travers les corps. Suivant lui , la Lumière
n'était point le feu; elle n'avait rien de ma-
tériel, rayonnait des corps lumineux, et se
transmettait à travers les corps transpa-
rents; elle était due à la présence du feu
dans les corps. Tels étaient les principes
très obscurs de métaphysique qui, jusqu'à
Grimaldi et Descaries, servirent de règle
pour expliquer les phénomènes lumineux.
Grimaldi, né à Bologne, en 1518, paraît
être le premier qui ait essayé d'expliquer
les phénomènes lumineux dans le système
des ondes. Descartes posa en principe que
la Lumière consiste dans un mouvement
462
LUM
vibratoire des molécules des corps lumi-
neux, au moyen duquel ces molécules peu-
vent imprimer un mouvement d'impulsion
dans tous les sens aux globules d'un fluide
très subtil répandu dans l'univers et péné-
trant tous les corps. Ces globules étant ma-
tériels et en contact immédiat, la transmis-
sion de la Lumière devait être instantanée.
Cette théorie fut repoussée et déOnitivement
abandonnée dès que Rœmer, en 1675, et
plus tard Bradley, en 1728, eurent décou-
vert que la transmission de la Lumière n'é-
tait pas instantanée, et que l'on eut ob-
jecté à Descartes que la Lumière ne serait
pas réfléchie si les globules de la matière
éthérée n'étaient pas doués d'élasticité.
Le P. Malebranche établit une analogie
entre la Lumière et le son, en substituant
aux globules matériels de Descartes de pe-
tits tourbillons de matière subtile.
Huyghens imagina le système des ondu-
lations, dont il posa les principes mathéma-
tiques avec cette haute supériorité de gé-
nie qu'on retrouve dans tousses travaux.
Ce principe , grâce aux recherches de Th.
Young, qui a découvert le principe des in-
terférences ; de Malus, auquel on doit la dé-
couverte de la polarisation de la Lumière
au moyen de la réflexion ; de Fresnel, qui a
établi le système des ondulations sur des ba-
ses solides en faisant concourir au même but
les recherches analytiques et les recherches
expérimentales ; ce système disons-nous,
permet d'expliquer aujourd'hui les phéno-
mènes lumineux, sans recourir sans cesse
a des hypothèses nouvelles. Huyghens
admit, comme Descartes, l'existence d'un
fluide très subtil , d'une nature éthérée, ré-
pandu dans l'espace et pénétrant dans les
corps, mais éminemment élastique, et dont
ia densité variait suivant la nature des
corps. Il supposa en outre que les molécules
des corps lumineux étaient dans un état
continuel de vibration , que leur mouve-
ment vibratoire était transmis à la rétine
par l'intermédiaire de la matière éthérée,
qui entrait elle-même en vibration. Huy-
ghens compara la propagation de la Lu-
mière dans l'étherà celle du son dans l'air,
ou d'un mouvement vibratoire imprimé à
un fluide pondérable , avec cette différence,
néanmoins, que la vitesse des oscillations
de l'éther était infiniment, grande, relati-
LUM
vement à celle des molécules de l'air, qui
transmettent le son, ou des molécules d'un
fluide pondérable.
Newton n'adopta pas cette manière de
voir. Suivant ce grand philosophe , les
objets lumineux projettent dans tous les
sens des molécules d'une ténuité extrême,
dont les différentes faces ne jouissent pas
des mêmes propriétés. Si leur ténuité n'était
pas telle, les molécules mettraient en pièces
les objets qu'elles frappent. Il admit encore
que les molécules obéissaient à l'action de
forces attractives et répulsives, résidant
dans tous les corps, et ne se manifestant
qu'à une très petite distance de leur sur-
face. Telles sont les bases de la théorie de
l'émission, qui a eu longtemps de nombreux
partisans.
En soumettant ces données au calcul ,
Newton parvint à une explication juste et
claire des phénomènes lumineux connus de
son temps. Une discussion s'éleva entre les
partisans de la théorie des ondes et ceux
de la théorie de l'émission. Huyghens cher-
cha à prouver que sa théorie rendait aussi
bien compte que celle de Newton des phé-
nomènes lumineux, et en particulier de la
réflexion et de la réfraction. Depuis lors,
les physiciens sont partagés d'opinion sur
la cause de la Lumière; mais, hâtons-nous
de le dire, la théorie des ondes compte au-
jourd'hui un bien plus grand nombre de
partisans que celle de l'émission.
Quelques faits particuliers avaient paru
d'abord ne pouvoir être expliqués dans
aucune des deux théories ; entre autres
la diffraction découverte par Grimaldi; on
en conclut sur-le-champ que les rayons
lumineux se déviaient de leur direction
rectiligne quand ils passaient près d'un
corps de nature quelconque. Newton attri-
bua ce phénomène à l'action des forces ré-
pulsives dont il avait admis l'existence dans
sa théorie. L'hypothèse d'Huyghens ne put
d'abord expliquer ce fait, mais Fresnel en
donna une explication complète dans la
théorie des ondes.
Enfin on a essayé d'expliquer la Lumière
en la considérant comme le résultat de dé-
charges électriques continues, produites dans
le passage de l'électricité à travers les corps,
la transmission ne pouvant s'opérer que
par des décompositions et recompositions de
LUM
fluide naturel dans les espaces moléculaires.
Mais les faits sur lesquels on s'appuie ne
sont pas assez nombreux pour que cette
manière de voir soit prise sérieusement en
considération. Passons actuellement aux
propriétés de la Lumière.
Vitesse de la Lumière. On a cru pendant
longtemps que la Lumière se transmettait
instantanément de l'objet éclairé à l'œil.
Mais cette erreur fut rectifiée aussitôt que
Bœmer eut observé les éclipses du premier
satellite de Jupiter. Il fut démontré alors
que la Lumière employait près de 7 minutes
pour nous parvenir du Soleil. Sa vitesse était
donc de 70,000 lieues par seconde. En com-
binant le mouvement progressif de la Lu-
mière avec celui de la terre dans son or-
bite, on est parvenu à expliquer l'aberration
des étoiles, c'est-à-dire le mouvement ap-
parent qui les écarte du point auquel nous
devrions les rapporter dans le ciel. La vi-
tesse de la Lumière déduite de l'aberration
des étoiles fixes est la même que celle dé-
duite de l'observation de l'éclipsé du pre-
mier satellite de Jupiter.
Les corps ont été partagés en trois classes,
relativement à leurs propriétés lumineuses;
on a appelé corps opaques ceux qui ne sont
pas lumineux par eux-mêmes; corps dia-
phanes ou transparents ceux qui laissent
passer la Lumière et permettent d'aperce-
voir au travers les objets placés derrière ;
corps translucides ceux qui laissent passer
une quantité plus ou moins faible de Lu-
mière, qui ne permet de distinguer ni la
forme des objets, ni leur couleur, ni leur
distance.
L'absence de Lumière étant l'obscurité,
il en résulte que, lorsqu'un corps opaque est
éclairé par un seul point lumineux , il en
résulte une ombre et une pénombre sur les
surfaces qui reçoivent les faisceaux lumi-
neux enveloppant le corps.
Photomélrie. Cette partie, qui est la moins
avancée de l'optique, comprend tout ce qui
concerne la mesure de l'intensité de la Lu-
mière. Les procédés employés jusqu'ici per-
mettent bien de comparer ensemble, par
approximation, les intensités de deux Lu-
mières de même couleur, mais non de
couleur différente. Ces procédés reposent
sur cette loi fondamentale, que l'intensité de
la Lumière émanée d'un jjoint lumineux
LUM
463
décroît comme le carré de la distance aug-
mente, loi qui se déduit immédiatement du
rapport des sections faites dans un cône
droit perpendiculairement à l'axe, puisqu'un
faisceau lumineux peut être considéré lui-
même comme un cône droit. Bouguer , en
1760, proposa l'emploi de deux feuilles de pa-
pier de même grandeur, prises dans la même
main, l'une éclairée par la Lumière dont on
veut mesurer l'intensité, l'autre par une
Lumière dont on fait varier à volonté la
distance à cette feuille, et à laquelle on com-
pare la première. Quand les intensités sont
égales, on calcule celle de l'une en fonction
de l'autre au moyen de la loi des intensités.
Rumford a imaginé un autre procédé ,
fondé sur l'égalité des ombres projetées sur
une feuille de papier blanc par un corps
opaque , situé entre la feuille de papier et
les deux Lumières dont on varie la distance
à celle-ci jusqu'à ce qu'on ait atteint cette
égalité. Le rapport des carrés des distances
des Lumières à la feuille de papier donne
celui de leurs intensités. Ce procédé a en
outre l'avantage de faire connaître les rap-
ports des teintes prédominantes dans cha-
cune des Lumières; car chaque ombre est
éclairée par l'autre Lumière, et par consé-
quent l'ombre d'une des Lumières est co-
lorée de la teinte prédominante de la se-
conde.
Ritchie a conseillé de faire réfléchir les
deux Lumières que l'on veut comparer , par
deux miroirs , sur une feuille de papier
huilé, puis d'éloigner ou de rapprocher ces
Lumières , jusqu'à ce que les deux images
soient d'égale intensité. On en déduit en-
suite, au moyen de la loi précédemment
citée, les intensités relatives.
M. Arago a proposé plusieurs procédés
plus exacts que les précédents, et qui sont
fondés sur l'emploi des anneaux colorés et
des phénomènes de polarisation.
Réflexion de la Lumière ou catoptrique.
— Lorsqu'un rayon de Lumière tombe su:
une surface polie, telle que celle d'un mi-
roir, il se réfléchit en faisant un angle de
réflexion égal a l'angle d'incidence; le
rayon incident et le rayon réfléchi sont si-
tués dans un plan normal à la surface ré-
fléchissante au point de réflexion. La ré-
flexion a été expliquée dans la théorie des
ondulations et dans celle de l'émission.
464
LUM
LUM
Newton fut obligé d'admettre que la ré-
flexion était due à l'effet de certaines forces
répulsives exercées sur les molécules lumi-
neuses par les particules pondérables du
corps réfléchissant. Huyghens, pour expli-
quer le phénomène, admit simplement que
lorsque le mouvement ondulatoire des mo-
lécules de l'éther arrive à la surface d'un
corps réfléchissant, qui est également la
surface de séparation de deux portions de
l'éther n'ayant pas la même densité, une
portion de ce mouvement revient du même
côté de la surface, et produit la réflexion de
la Lumière.
Bouguer a comparé l'intensité de la Lu-
mière réfléchie , sous diverses inclinaisons
Les résultats auxquels il est parvenu sont
conformes à ceux trouvés par M. Fresuel et
M. Arago, qui ont fait usage d'une autre
méthode conduisant à cette conclusion :
que, pour une même surface réfléchissante,
îa quantité de Lumière refléchie diminue à
mesure que le faisceau incident, ayant tou-
jours la même intensité , s'approche de la
normale; et que pour une même incidence,
des surfaces de nature différente réfléchis-
sent des portions très différentes de ce même
faisceau.
Lorsque les surfaces sont planes et polies,
elles constituent les miroirs plans, qui jouis-
sent de la propriété de fa>re voir les images"
des objets d'une manière symétrique les
unes par rapport aux autres. Les lois de la
réflexion de la Lumière permettent d'ex-
pliquer les effets produits. Si les rayons,
avant leur incidence, sont parallèles, ils res-
tent parallèles après leur réflexion. S'ils
sont convergents ou divergents, ils conser-
vent après leur réflexion le même degré de
convergence ou de divergence. Il résulte de
là que, dans la réflexion sur des surfaces
planes, les rayons ne font que changer de
direction, sans que leur position respective
soit changée; il n'en est pas de même a l'é-
gard des surfaces courbes. Pour rendre
compte de ce qui passe, il fout partir de ce
principe, que la réflexion de la Lumière en
un point quelconque d'une surface s'opère
de la même manière que sur un plan tan-
cent à la surface en ce point. La question se
trouve ainsi ramenée à une question de ma-
thématiques ; l'expérience confirme toutes
tes déductions géométriques.
En optique, on considère des miroirs
sphériques, concaves ou convexes, qui ne
sont que des portions d'une sphère d'un
diamètre plus qu moins grand , et des mi-
roirs cylindriques et coniques. On distingua
dans les miroirs sphériques l'ouverture, le
diamètre, l'axe, le centre de figure, le cen-
tre de courbure et le foyer. L'ouverture est
l'angle mené du centre de la sphère aur.
deux bords opposés du miroir; le diamètre,
la ligne qui joint ces deux bords; l'axe, la
ligne menée du centre de la sphère au cen-
tre du miroir; le centre de figure est re
centre du miroir, et le centre de courbure
celui de la sphère; le foyer est le point va-
riable de l'axe où viennent se réunir tous
les rayons de Lumière émanant d'un point
quelconque de cet axe et réfléchi par le
miroir. On appelle foyer principal le foyer
des rayons parallèles situé à la moitié du
rayon.
Toutes les fois que l'ouverture du miroir
dépasse 20 ou 30°, les rayons tombant au-
delà n'aboutissent plus au même point de
l'axe, l'image n'a plus de netteté, et il y a
alors aberration de sphéricité.
On conçoit, à la simple inspection d'un
miroir sphérique concave, que, lorsque le
point lumineux s'éloigne de la surface ré-
fléchissante, le foyer s'en approche, et réci-
proquement. La théorie des miroirs repose
sur une formule qui renferme le rayon de
courbure du miroir, la distance du point
lumineux au miroir, la dislance du foyer ou
de l'image au miroir.
Nous ne pouvons ici nous livrer à la dis-
cussion de cette formule, en raison de la
trop grande extension que nous serions
obligé de donner à cet article; nous dirons
seulement que si l'on place la flamme d'une
bougie dans une chambre noire, à diverses
distances du miroir, en la maintenant sur
l'axe ou hors de Taxe , on vérifie tous les
résultats fournis par la formule. L'image de
cette bougie est reçue sur du verre dépoli
ou une feuille de carton. Si le point lumi-
neux varie d'une distance très grande du
miroir au centre même du miroir, le foyer
varie depuis le foyer principal jusqu'au cen-
tre. La lumière venant occuper diverses po-
sitions depuis le centre jusqu'au foyer prin-
cipal , le foyer prend alors les positions
qu'occupaient auparavant les points lumi-
LUM
LUM
465
neux, et varie du centre à l'infini ; mais si
le point lumineux est placé entre le foyer
principal et le centre de figure, le foyer est
virtuel et placé derrière le miroir.
Nous ajouterons encore que la réflexion
sur les miroirs concaves sphériques rend
convergents les rayons qui étaient parallèles
avant leur incidence, et qu'elle augmente
la convergence de ceux qui convergeaient
déjà; que la réflexion sur les miroirs con-
vexes rend divergents les rayons qui étaient
parallèles avantleur incidence, et augmente
la divergence de ceux qui divergeaient déjà.
Nous pouvons maintenant indiquer la for-
mation des images sur les miroirs plans,
concaves ou convexes.
Les images formées sur un miroir plan
sont absolument les mêmes que si les ob-
jets n'avaient fait que changer de position;
l'œil les voit aux points où concourent les
rayons réfléchis vers l'œil, parla surface ré-
fléchissante.
Le miroir concave produit des effets qui
d'abord paraissent très singuliers. Pour une
certaine position de l'œil , l'image paraît
droite, très amplifiée et située derrière le
miroir ; éloigne-t-on par degré l'objet du
miroir, l'image disparaît ou ne présente plus
qu'une masse confuse ; à une grande dis-
tance, elle reprend sa forme, se renverse
*t semble venir vers le spectateur. Tous ces
effets s'expliquent parfaitement au moyen
des principes précédemment donnés.
Le miroir convexe ne présente pas des
effets aussi variés, l'image est vue seule-
ment derrière le miroir, plus rapprochée de
la surface réfléchissante et avec des dimen-
sions plus petites que l'objet.
Les miroirs cylindriques ou coniques pro-
duisent des effets très curieux. Leur base
est placée au milieu de dessins bizarres,
dont leur réflexion sur les miroirs mêmes
donne des images régulières. La géométrie
donne les moyens de combiner les traits du
dessin avec la courbure du miroir, de ma-
nière à produire l'effet que l'on a en vue.
On se propose ainsi de rectifier une image
vicieuse.
Les miroirs concaves et convexes ont un
emploi spécial en optique. Les premiers
entrent dans la construction des télescopes ;
on les prend ordinairement de métal, parce
qu'ils ne donnent qu'une seule image de
t. vu.
l'objet. On les fabrique avec un alliage blanc,
afin qu'ils réfléchissent le plus possible de
lumière incolore: seulement, ils ont l'incon-
vénient de se ternir assez promptement.Ccs
miroirs, pour atteindre le but qu'on se pro-
pose, doivent représenter très exactement ,
une portion de sphère et avoir un poli très
parfait , sans quoi les images sont confuses.
La réflexion de la lumière sur une surface
courbe donne lieu encore à des effets par-
ticuliers que nous devons mentionner :
quand un point lumineux projette des rayons
sur une surface continue et que ces rayons
ne se réunissent pas en un même foyer, la
rencontre de tous les rayons voisins pro-
duit des foyers partiels dont l'ensemble
forme une surface appelée caustique par
réflexion. Si la réflexion s'effectue sur une
ligne, la caustique est une simple ligne.
La détermination de la forme des caus-
tiques est du ressort de la géométrie.
La propriété réfléchissante des miroirs
concaves a été mise à profit, dit-on, par
Archimède, pour incendier la flotte des Ro-
mains devant Syracuse; il composa proba-
blement à cet effet un système de miroirs
plans pour remplacer un miroir courbe ;
du moins on doit le supposer, puisque Buf-
fon construisit un miroir de ce genre , dont
la distance focale était de 25a\98, avec
lequel il obtint de grands effets de com-
bustion.
La réflexion de la lumière sert encore pour
mesurer avec une très grande précision les
angles des cristaux et surtout ceux de très
petites dimensions. On appelle goniomètres
à réflexion les instruments destinés à cet
usage.
Le premier goniomètre de ce genre a été
construit par Wollaston; puis il a été très
perfectionné par M. Mitscherlich.
Les lois de la réflexion de la lumière ont
été mises à profit pour la construction de
l'héliostat, instrument destiné à rendre
fixe un rayon solaire réfléchi , malgré le
mouvementapparent du soleil. On sait que,
lorsqu'on reçoit un rayon lumineux dans
une chambre obscure, le rayon change
bientôt de place en raison de ce mouvement.
Le but de Théliostat est de faire mouvoir
une surface réfléchissante, de telle sorte
que, malgré le mouvement apparent du
soleil, les rayons qui tombent sur le miroif
53
466
LUM
tUM
soient constamment réfléchis suivant la
même direction. Ce problème a été résolu
au moyen d'un mécanisme mû par le
moyen d'un mouvement d'horloge.
De la réfraction. — Toutes les fois qu'un
rayon de lumière passe d'un milieu dans un
autre, il est dévié de sa direction; on dit
alors qu'il est réfracté. La déviation dépend
de la densité plus ou moins grande du nou-
veau milieu dans lequel passe le rayon , de
la nature du corps réfringent et du degré
d'obliquité d'incidence du rayon. Descartes
a découvert les lois de ce phénomène, dont
voici l'énoncé :
Le rayon réfracté et le rayon incident
sont dans un plan perpendiculaire à la
surface; le sinus de l'angle d'incidence
et le sinus de l'angle de réfraction sont dans
un rapport constant pour la même substance
réfringente et quelle que soit l'incidence.
Ce rapport a été appelé indice de ré-
fraction.
La détermination de l'indice de réfrac-
tion des corps a beaucoup occupé les phy-
siciens. Pour simplifier la question ils ont
d'abord supposé que, pour un rayon inci-
dent, il n'y avait qu'un seul rayon réfracté :
autrement ils auraient été obligés de tenir
compte des effets de la dispersion de la lu-
mière , c'est-à-dire , de la différence de ré-
frangibilité des différents rayons qui com-
posent le faisceau.
Newton est le premier qui ait déterminé
avec exactitude les indices de réfraction de
diverses substances solides et liquides.
Ayant rangé les corps suivant leur puissance
réfractive, il remarqua que le diamant et
l'eau se trouvaient à côté des huiles , c'est-
à-dire à côté de corps contenant un prin-
cipe combustible; il en tira aussitôt la con-
séquence que les deux corps devaient con-
tenir également un principe combustible;
hypothèse que les expériences de Lavoisier
ont changée en vérité. Mais quel est le prin-
cipe commun aux huiles et aux résines qui
leur permet d'agir si puissamment sur la
lumière quand elle les traverse? MM. Biot
et Arago ont répondu à cette question en
déterminant avec une grande exactitude les
pouvoirs réfringents des substances gazeu-
ses et en particulier celui du gaz hydrogène,
qui surpasse de beaucoup le pouvoir des
autres gaz et même des autres substances
observées jusqu'ici. Or, comme le principe
combustible, le gaz hydrogène , existe en
grande quantité dans les résines, les huiles,
ainsi que dans l'eau, c'est donc à lui qu'il
faut rapprter la grande force réfringente
observée par Newton dans les substances
combustibles. Les expériences de MM. Biot
et Arago ont permis d'établir le principe
suivant :
Les puissantes réfractives d'un gaz sont
proportionnelles à sa densité, c'est-à-dire
que le pouvoir réfringent d'un gaz est con-
stant à toute température et à toute pres-
sion.
On entend par puissance réfractive d'une
substance le carré de son indice diminué
de l'unité; et par pouvoir réfringent , le
quotient de la puissance réfractive par la
densité du corps. Ce principe s'applique
également au mélange des gaz. En effet, la
puissance réfractive d'un gaz est égale à la
puissance réfractive de ses éléments, pourvu
qu'ils ne se combinent pas ensemble.
M. Dulong, dans un travail entrepris
dans le but de comparer entre elles les puis-
sances réfractives des gaz, à la même tem-
pérature et sous la même pression, a été
conduit aux conséquences suivantes :
1° Il n'y a aucun rapport entre les nom-
bres qui représentent la puissance réfractive
des gaz et ceux qui représentent leurs den-
sités; car ces nombrescroissent tantôt dans
un sens, tantôt dans un autre, et dépendent
de leur nature.
2" La puissance réfractive d'un mélange
est égale à la somme des puissances réfrac-
tives de ces éléments. L'air étant dans ce
cas, on en a conclu que ces principes étaient
à l'état de mélange et non à celui de com-
binaison.
3° La puissance réfractive d'un composé
gazeux est tantôt plus grande, tantôt plus
petite que la somme des puissances réfrac-
tives des composants.
4° Le pouvoir réfringent d'une substance
à l'état liquide est plus grand que le pou-
voir réfringent de la même substance à l'é-
tat gazeux.
On a déterminé également les indices de
réfraction des corps solides transparents ou
opaques, et des liquides transparents. Les
corps solides transparents 'sont taillés en
prisme, et l'on mesure leur angle réfrin-
LUM
LUM
467
gent avec un goniomètre à réflexion ; puis
en les disposant convenablement, on dé-
termine pour chaque prisme la déviation
miniraun. Cette déviation, l'angle réfrin-
gent et l'indice de réfraction, entrent dans
une formule dont on tire facilement l'ex-
pression de l'indice.
Quant au liquide, ou suit absolument le
même procédé, si ce n'est que l'on opère
avec un prisme de verre percé hori-
zontalement de part en part, on ferme le
canal avec deux lames de verre à faces
bien parallèles, et l'on introduit le liquide
dans la cavité au moyen d'une ouverture
pratiquée à cet effet.
Wollaston a indiqué le procédé suivant
dans le cas où le liquide sur lequel on
opère est en très petite quantité.
On place celte petite portion de liquide
sur un prisme de verre, dont l'angle ré-
fringent est droit; puis on observe l'angle
de reflexion totale à la surfacedesdeux corps.
Cet angle entre dans une formule au moyen
de laquelle on calcule l'indice de réfraction.
Si l'on ne peut disposer que de quelques
gouttes, on les place entre un verre bien
plan et l'objectif d'un microscope auquel le
verre est tangent. Au moyen de la compa-
raison des distances auxquelles on voit un
objet au microscope avec et sans l'interpo-
sition du liquide, on en déduit l'indice de
réfraction de ce dernier. Ce même pro-
cédé peut s'appliquer à une parcelle de
corps solide; et toutes les fois que cet indice
ne dépasse pas celui du verre, il suffltd'en
coller les fragments sur lafaced'un prisme.
Dans le cas où l'indice de réfraction du
corps dont on n'a qu'une portion est plus
grande que le verre, pour le déterminer
on cherche l'angle de polarisation du corps.
On déduit facilement l'indice de réfraction
au moyen de la loi de Brewster, savoir,
que la tangente de l'angle qui forme le
rayon polarisé avec la normale est égale à
l'indice de réfraction.
Wollaston est parvenue déterminer l'in-
dice de réfraction des corps opaques, au
moyen du phénomène de la réflexion totale
qui a lieu quand la lumière, pour sortir de
l'eau dans l'air, se présente sous un angle
plus grand que l'angle limite.
Les lois de la réfraction servent à expli-
quer un grand nombre de phénomènes lu-
mineux; nous citerons particulièrement le
mirage et la réfraction astronomique.
Le mirage est observé fréquemment en
! Egypte et sur mer.
Le sol de la Basse-Egypte forme une
vaste plaine sur laquelle se répandent les
!>aux du Nil au temps de l'inondation. Sur
des bords du fleuve, et jusqu'à une grande
distance vers les déserts , soit à l'orient., soit
à l'occident, on aperçoit de loin en loin de
petites éminences sur lesquelles s'élèvent
les édifices et les villages. Dans les temps
ordinaires, l'air est calme et très pur. Au
lever du soleil, les objets éloignés se distin-
guent avec une netteté parfaite; l'observa-
teur peut embrasser alors un vaste horizon ,
qui n'a rien de monotone, malgré son uni-
formité; mais quand la chaleur du jour se
fait sentir, quand la terre est réchauffée
par le soleil, les couches inférieures de l'air
participent à la haute température du sol;
de nombreux courants s'établissent avec
plus ou moins de régularité. Il en résulte
dans l'air une espèce de tremblement ondu-
latoire très sensible à l'œil, et tous les ob-
jets éloignés ne donnent plus que des ima-
ges mal définies, qui semblent se briser et
se recomposer à chaque instant.
Ce phénomène, qui s'observe aussi dans
nos climats pendant les chaleurs de l'été,
n'est pas encore le mirage; si le vent ne
souffle pas, et si les couches d'air qui repo-
sent sur la plaine restent parfaitement
immobiles pendant qu'elles s'échauffent au
contact de la terre, alors ce phénomène se
développe dans toute sa magnificence. L'ob-
servateur qui regarde au loin distingue en-
core l'image directe des éminences, des vil-
lages et de tous les objets un peu élevés;
mais au-dessous de ces objets il voit leur
image renversée, et cesse par conséquent
de voir le sol lui-même sur lequel ils re-
posent.
Ainsi tous les objets élevés paraissent
comme s'ils étaient au milieu d'un lac im-
mense, et l'apect du ciel vient compléter
cette illusion, car on le voit aussi comme
on le verrait par réflexion sur la surface
d'une eau tranquille. A mesure que l'on
avance, on découvre le sol et la terre brû-
lante, au même lieu où l'on croyait voir
l'image du ciel ou de quelque autre objet;
puis au loin, devant soi, l'on retrouve en-
468
LU M
core le même tableau sous un autre aspect.
Ce phénomène, qui a été souvent observé
pendant l'expédition de l'armée française
en Egypte, a été expliqué d'une manière
très satisfaisante parMonge, en s'appuyant
sur les principes suivants :
Quand le soleil est vers son zénith, il
échauffe tellement la surface du sol, que la
couche d'air en contact avec elle acquiert
une température très élevée, et ne tarde
pas à avoir une densité sensiblement plus
petite que celle de la couche qui est au-des-
sus.' D'un autre côté, l'on sait que, lorsque
la lumière passe d'un milieu plus dense
dans un milieu qui l'est moins, il y a un
angle d'incidence pour lequel l'angle de ré-
fraction est droit, c'est-à dire parallèle à
la surface; au-delà de cette incidence, les
rayons incidents ne sont plus réfractés, mais
réfléchis intérieurement. Cela posé, les
rayons qui arrivent d'objets situés à la sur-
face du sol ou qui en sont peu éloignés,
après avoir traversé la couche dense, for-
ment avec la surface de séparation de celle-
ci avec la couche dilatée des angles assez
petits pour échapper à la réfraction, et sont
réfléchis par cette même surface. Ces
rayons réfléchis portent donc à un œil qui
se trouve dans la couche dense l'image ren-
versée des objets , de manière à faire voir
celle-ei au-dessous de l'horizon.
Le mirage en mer est dû à une cause un
peu différente de celle qui produit le mirage
sur terre, mais elle agit de la même ma-
nière. On sait que les rayons lumineux pé-
nètrent dans l'eau de la mer jusqu'à une
certaine profondeur; sa surface, quand elle
est exposée à un soleil ardent, ne s'échauffe
pas à beaucoup près autant que le ferait
un sol dénudé. Elle ne peut donc, en raison
de cela, que communiquer peu de chaleur à
3a couche d'air contiguë. Mais l'évaporation,
devenant plus considérable, y supplée. La
vapeur qui se mêle à la couche d'air diminue
nécessairement la densité de celle-ci. lien
résulte que la surface de cette même couche
devient susceptible de réfléchir les rayons
lumineux sous l'angle dont dépend le mi-
rage. La différence entre les deux espèces
est maintenant facile à expliquer. Le mirage
à la terre est dû à la diminution de densité
de l'air en raison de son échauffement par
le sol, tandis que, dans le mirage à la mer,
LUM
la dilatation de l'air est due à la présence de
la vapeur aqueuse.
L'étude de la réfraction astronomique a
particulièrement occupé et occupe encore les
astronomes , attendu que les rayons émanés
des astres éprouvent une déviation telle, en
passant dans notre atmosphère, que ces astres
paraissent plus élevés au-dessus de l'hori-
zon qu'ils ne le sont en effet. L'angle de
déviation qui nous les fait voir dans une
position qui n'est pas la leur, est appelé ré-
fraction astronomique.
Tycho-Brahé est le premier qui ait déduit
de l'observation la réfraction du soleil , de
la lune et de quelques étoiles fixes : il trouva,
pour le premier , des valeurs plus grandes
que pour les étoiles; et pour la seconde, des
valeurs quelquefois plus grandes, quelque-
fois plus petites que celles des étoiles.
On doit à Snellius une théorie de la réfrac-
tion astronomique; à La Hire,une table de ré-
fraction fondée sur des observations précises,
laquelle fut modifiée par Bouguer, et subira
de nouvelles modifications tant que l'on
n'aura pas déterminé avec la dernière exac-
titude tous les éléments qui concourent à la
production de la réfraction astronomique.
Cette détermination ne pourra être faite
qu'autant que l'on connaîtra comment la
température , la densité et l'état hygromé-
trique de l'air interviennent dans la pro-
duction du phénomène.
La Place, qui s'est occupé de ces diverses
questions, a trouvé que l'influence de l'hu-
midité sur la réfraction est tout-à-fait in-
sensible; que toutes les lois proposées jus-
qu'ici pour déterminer la diminution qu'é-
prouve la chaleur, à mesure que l'on s'élève
dans l'atmosphère , sont inexactes. L'illustre
géomètre leur en substitua une autre, dans
laquelle il s'assujettit à représenter à la fois
des observations de réfraction , celles du ba-
romètre sur les montagnes, et les expé-
riences faites directement sur cette diminu-
tion, dans les ascensions aérostatiques.
Il considéra d'abord la réfraction , lors-
que la hauteur apparente des astres excédait
12", et prouva qu'elle ne dépendait alors
que de l'état du baromètre et du thermo-
mètre dans le lieu de l'observation, d'où il
déduisit une méthode simple pour con-
struire une table de réfraction, depuis 12°
de hauteur apparente jusqu'au zénith; enfin
LUM
LUM
469
il fit voir qu'au-dessous de 12° de hauteur
apparente, il était nécessaire d'avoir égard
aux variations de densité et de température
des diverses couches atmosphériques que le
rayon traverse.
Des lentilles. On appelle ainsi des corps
diaphanes qui jouissent de la propriété d'aug-
menter ou de diminuer la divergence des
faisceaux lumineux qui les traversent. On
ne considère ordinairement en optique que
des lentilles sphériques, c'est-à-dire des
lentilles terminées par des portions de
sphère ou par des plans; on en compte six
espèces différentes :
La lentille bi-convexe: les deux surfaces
terminales sont convexes;
La lentille plan convexe,
La lentille à deux surfaces sphériques,
l'une concave et l'autre convexe;
La lentille bi-concave ;
La lentille plan-concave;
La lentille à surfaces concaves ou convexes.
Les trois premières sont convergentes, les
trois dernières divergentes.
On distingue dans une lentille l'axe, qui
est la ligne mathématique joignant les deux
centres de courbure des deux surfaces ; le
foyer, le point variable où aboutissent tous
les rayons réfractés émanés d'un même
point de l'axe. Le foyer principal est le foyer
de rayons parallèles , et la distance focale
la distance qui sépare le foyer du centre de
figure. Le foyer peut être réel ou virtuel.
Considérons d'abord deux milieux séparés
par une surface courbe convexe et dont
la convexité est tournée vers un point lumi-
neux placé sur l'axe. Dans ce cas, tous les
rayons émanés de ce point, en tombant sur
la lentille, viendront après la réfraction se
réunir en un point de l'axe qui est le foyer
par réfraction s'il est réellement le point
de concours des rayons , et virtuel quand il
n'est seulement que celui de leur prolon-
gement. En discutant la formule qui ex-
prime les relations existant entre tous les
éléments d'une lentille de verre, on trouve
que , lorsque le point lumineux est placé à
une distance infinie sur l'axe, ce qui ad-
met le parallélisme de ces rayons, le foyer
qui est réel est situé à une distance triple
du rayon de courbure de la lentille; que si
le point lumineux se rapproche depuis l'in-
fini jusqu'à deux fois la distance du sommet
au centre de courbure, le foyer s'éloigne
depuis trois fois cette distance jusqu'à l'in-
fini. Quand la distance du point lumineux
au sommet est plus petite que deux fois le
rayon de courbure, le foyer est virtuel, et
la lentille ne rend plus convergents ces rayons
dans son intérieur. Dans ce cas, ils sont di-
vergents , et leurs prolongements vont so
réunir sur l'axe en dehors de la surface de
séparation.
La même formule, d'où l'on a déduit ces
conséquences, qui sont vérifiées par l'expé-
rience, s'applique au cas d'une lentille con-
cave; il suffit pour cela de changer de ligne
le rayon de courbure.
Dans les lentilles ordinaires à deux sur-
faces courbes , et dont l'épaisseur peut être
négligée, le calcul montre que le foyer
peut être réel ou virtuel ; que l'on obtient
pour les rayons parallèles une distance fo-
cale principale qui est toujours positive
pour les lentilles convergentes , et tou-
jours négative ou virtuelle pour les lentilles
divergentes. Tous ces résultats peuvent être
vérifiés par expérience, comme avec les mi-
roirs, au moyen de la lumière solaire ou de
celle d'une bougie. Les formules supposent
que les points lumineux sont situés sur l'axe
de la lentille, mais elles s'appliquent au
cas où ces points sont situés hors de l'axe,
en admettant toutefois que les axes secon-
daires ne fassent que de très petits angles
avec l'axe principal. L'axe secondaire est
la ligne menée par le centre de la lentille
et le point lumineux. Le champ de la len-
tille est l'angle que peuvent former les axes
secondaires sans cesser de donner des ima-
ges suffisamment exactes ; l'ouverture est
l'angle sous lequel on la voit de son foyer
principal; cet angle ne doit pas dépasser 10
à 12°: s'il est plus grand , les rayons qui
viennent tomber sur les bords de la lentille
ne concourent plus avec ceux qui passent
près du centre, et dans ce cas on dit qu'il
y a aberration de sphéricité.
Fresnel a fait une heureuse application
des lentilles de diverses formes à la construc-
tion des phares qui projettent à des distances
de 10 ou 15 lieues en mer une lumière as-
sez vive pour indiquer aux navigateurs leur
position précise.
Pour donner une idée de ce mode d'é-
clairage, il faut se représenter une lentillo
470
LUM
annulaire, composée d'un segment de sphère
autour duquel sont disposés plusieurs an-
neaux jont la courbe est calculée pour que
chacu j d'eux ait le nême foyer que le seg-
ment principal ; i! s'ensuit qu'un fanal
étani placé au foyer, toute la Lumière émise
sur ]a lentille par chaque point forme après
i'a' oir traversé vu large faisceau presque
pt;allèle.
D'après la loi qui régit l'intensité de la
Lumière, son affaiblissement n'a lieu qu'en
raison de la divergente des rayons d'un même
faisceau; mais dans le cas actuel, les rayons
étant sensiblement parallèles, cette loi ne
peut s'y appliquer. Si l'on imprime en outre
à ce système de lentilles des mouvements de
rotation réguliers , on a alors le meilleur
mode d'éclairage en mer qui ait encore été
imaginé.
Pour terminer ce qui concerne les géné-
ralités relatives à la réfraction, nous dirons
deux mots des caustiques par réfraction.
On a vu précédemment que parmi les
rayons parallèles à l'axe, et qui tombent sur
la surface d'un verre lenticulaire, les rayons
voisins de l'axe, après avoir subi une réfrac-
tion dans le verre et dans l'air, concourent
en un point qu'on a appelé foyer des rayons
parallèles. Si l'on place en ce foyer un point
lumineux , ceux des rayons qui en émanent
et qui s'écartent peu de l'axe sortiront du
côté opposé parallèlement à cet axe; quant
aux rayons les plus éloignés, et qui ne sor-
tent plus parallèles en repassant dans l'air,
ils sortiront suivant des directions qui di-
vergeront soit entre elles, soit relativement
à l'axe. Leur divergence sera moindre néan-
moins que celle des rayons incidents. En pro-
longeant les rayons convergents, leurs pro-
longements vont se couper en deux points,
tels que les intersections forment une caus-
tique comme celle que l'on obtient avec la
réflexion de la Lumière sur la surface des
miroirs concaves ou convexes. Les lentilles
sont employées encore à enflammer des corps
au moyen de la chaleur qui accompagne la
Lumière solaire. Toutes les fois que l'on pré-
sente aux rayons solaires une lentille dont
l'axe coïncide avec leur direction, les rayons,
après une double réfraction, se rendent au
foyer où la chaleur est des plus intenses. On
a appelé verre ardent les lentilles destinées
à cet usajre; on en a construit qui avaient
LUM
lm,33 de diamètre. En donnant ainsi uni
grande étendue à la lentille, on rassemble
un plus grand nombre de rayons; mais
alors, en raison de l'aberration de sphéri-
cité, le foyer n'est plus qu'un assemblage
d'une infinité de foyers dont la dispersion
sur différents points de l'axe fait perdre aux
rayons une grande partie de leur activité :
on remédie à cet inconvénient en les faisant
passer par une seconde lentille plus petite et
d'une forme très convexe. Cet assemblage
de lentilles réunit tous les avantages que
l'on peut désirer.
De la décomposition et de la recomposition
de la Lumière. — Dans tout ce qui précède,
il a été question des différentes propriétés
de la Lumière , abstraction faite de la colo-
ration des corps; mais , dans l'acte de la ré-
fraction, les rayons éprouvent des modifica-
tions particulières dont nous allons parler.
Si l'on introduit , par l'ouverture d'une
chambre obscure , un faisceau de rayons lu-
mineux , et qu'on reçoive ce faisceau sur un
carton , il y forme une image ronde blan-
che. Mais si , avant de le recevoir sur ce
carton , on le fait tomber obliquement sur
la face d'un prisme triangulaire en verre,
les phénomènes sont changés : le faisceau
paraît brisé par le prisme, rejeté vers la
base , et au lieu de donner une image circu-
laire blanche, il présente une image oblon-
gue, perpendiculaire aux arêtes du prisme,
de même largeur que l'image primitive, et
colorée des belles couleurs de l'arc-en-ciel.
Cette image, appelée spectre solaire, est
due à ce que, d'après Newton , un faisceau
de rayons de lumière blanche peut être
considéré comme formé par la réunion de
rayons différemment colorés. Les rayons ,
quand ils agissent simultanément sur la ré-
tine , produisent la sensation de blanc; ré-
fractés différemment par les corps , ils sont
séparés et donnent lieu à ces couleurs di-
verses. Le spectre solaire paraît formé de
sept teintes principales, qui sont: le rouge,
Vorangé, le jaune, le vert, le bleu, Vindigo,
le violet. Le rouge est la couleur produite par
les rayons les moins réfrangibles , et le vio-
let par les rayons les plus réfrangibles. La
réunion de toutes les couleurs forme le
blanc; pour ie prouver, il suffit de réunir
avec un miroir courbe toutes les parties de
limage du spectre en un seul point. En ex»
LUM
LUM
471
périmentant avec des prismes de différentes
substances incolores , les couleurs se succè-
dent toujours dans le même ordre ; mais
elles n'occupent pas, dans le spectre, des es-
paces proportionnels. Newton , à qui est
due l'analyse complète du spectre solaire,
a admis sept couleurs principales ou sept
teintes primitives ; mais plusieurs physi-
ciens ont montré qu'on pouvait expliquer
les phénomènes en admettant simplement
trois couleurs fondamentales : Mayer, le
rouge, le jaune et le bleu; Young a choisi
le rouge, le vert et le violet; et M. Brewster,
en partant de l'hypothèse de Mayer, a fait
concevoir la possibilité d'expliquer toutes
les teintes du spectre solaire par la super-
position de trois spectres, chacun de cou-
leur homogène, de même étendue, mais
dans lesquels le maximum d'intensité n'est
pas placé de la même manière. Quant à la
couleur des corps , elle résulte d'une dispo-
sition particulière des molécules , qui les
rend propres à réfléchir en plus grande
abondance les rayons d'une même couleur,
et à transmettre, à éteindre ou à absorber
les autres.
Dans la théorie des ondes , le nombre de»
oscillations des molécules de l'éther déter-
mine la couleur, comme le nombre de vibra-
tions sonores détermine la note musicale ou
acoustique , et l'intensité lumineuse dé-
pend de l'amplitude des vibrations.
Comme la vitesse de la Lumière, d'après ce
que nous avons vu, est de soixante-dix mille
lieues par seconde , il est facile de trouver
le nombre de vibrations des molécules de
l'éther pour chaque couleur. Ce nombre est
immense; pour en donner un exemple, nous
citerons le cas de la Lumière jaune, qui est
la teinte moyenne du spectre. Le nombre
de vibrations des molécules de Lumière est,
pour cette couleur, de cinq cent soixante-
quatre mille dans un millionième de se-
conde.
Le spectre solaire présente encore d'au-
tres phénomènes qui ont été aperçus
la première fois par Wollaston et étudiés
avec beaucoup de soin par Fraunhofer. Voici
en quoi ils consistent : Lorsqu'on forme un
spectre en introduisant le faisceau de rayons
solaires dans l'intérieur d'une chambre ob-
scure, à l'aide d'une ouverture longitudi-
nale parallèle à l'arête du prisme, qui doit
briser le rayon solaire, puis, qu'on examine
le spectre avec une lunette, on reconnaît
qu'il est sillonné transversalement ou paral-
lèlement à l'arête du prisme, par un très
grand nombre de raies ou de bandes noires
très étroites; ces raies sont inégalement ré-
parties dans l'intérieur du spectre , et on
n'en compte pas moins de six cents , parmi
lesquelles on en distingue sept plus faciles
à reconnaître qued'autres, une dans chaque
couleur primitive pour la même espèce de Lu-
mière. Le nombre des raies, leurs formes et
leurs dispositions sont tout-à-fait indépen-
dants de l'angle réfringent du prisme; les Lu-
mières artificielles n'en donnent pas , ou du
moins ne présentent que des lignes brillan-
tes ; mais lorsque les Lumières traversent
des milieux gazeux colorés, tels que du gaz
nitreux, de l'iode , alors elles donnent nais-
sance à des raies analogues aux précédentes,
et qui dépendent de la nature de ces gaz.
On est donc porté à croire que les raies du
spectre solaire sont dues à l'absorption de
certains rayons dans le passage de la Lu-
mière à travers l'air, l'atmosphère du soleil,
ou bien divers milieux gazeux.
Si l'on examine avec soin, comme l'a fait
Fraunhofer, les raies obtenues à l'aide de
la Lumière solaire, de la Lumière de la lune
et des planètes, on trouve qu'elles sont les
mêmes et semblablement placées, comme
on devait le supposer, puisque tous les corps
empruntent leur Lumière au soleil. Avec la
Lumière des étoiles fixes, on obtient des ré-
sultats différents : Sirius donne deux raies
plus foncées dans le vert, etc.; il n'y a plus
identité de Lumière, ou du moins identité
des milieux traversés par cet agent.
La décomposition de la Lumière, la ré-
flexion et la réfraction , sont la cause de la
production de l'arc-en-ciel, des parhélies, etc.
Nous y reviendrons en parlant des météores
lumineux.
De V achromatisme et de la vision. — La
construction de tous les instruments d'op-
tique repose sur les lois générales de la ré-
flexion et de la réfraction ; mais comme, lors
de la réfraction , la Lumière se décompose
et ne reste pas blanche, il faut pouvoir con-
struire des lentilles et des prismes qui dé*
vient les rayons de Lumière sans les décom-
poser; c'est le but de l'achromatisme. New-
ton ne crut pas la question soluble; mais un
472
LUM
LUM
nommé Hall trouva le premier, et Dollond
publia que l'on pouvait obtenir des prismes
et des lentilles achromatiques en les com-
posant avec des prismes et des lentilles d'iné-
gal pouvoir dispersif. Pour obtenir des len-
tilles qui ne donnassent pas d'auréoles
colorées autour des images , il faudrait sept
lentilles de divers indices de réfraction,
afin de faire coïncider les sept images colo-
rées depuis le jaune jusqu'au violet; mais
comme ces deux lentilles feraient perdre
une trop grande quantité de lumière, on se
borne à faire coïncider les rayons jaunes et
bleus, et il n'y a pas sensiblement d'auréo-
les colorées autour des images. Grâce à la
découverte de l'achromatisme, la construc-
tion des lunettes astronomiques et celle du
microscope ont pu être portées à un très
haut degré de perfection. Les premières
remplacent complètement les télescopes à
reflexion ou catadioptriques , qui n'avaient
été imaginés que pour parer au défaut d'a-
chromatisme que l'on n'avait pu corriger,
avant Dollond, dans les lunettes ou téles-
copes dioptriques.
Il est inutile de donner ici la description
des instruments tels que la chambre obscure,
le microscope solaire, la caméra lucida ou
chambre claire, lemégascope, la lanterne
magique, etc. , qui sont fondés sur la réflexion
régulière et la réfraction simple, comme les
lunettes et les microscopes.
La vision est due à l'action de la Lumière
sur la rétine, qui communique un ébranle-
ment au nerf optique, d'où résulte la sensa-
tion de Lumière. L'explication du phéno-
mène de la vision repose donc sur la connais-
sance parfaite de la structure de l'œil ; nous
renverrons, quant à cette description, à l'ar-
ticle oeil, et nous dirons seulement que les
lois générales de la réflexion et de la réfrac-
tion donnent une explication des effets pro-
duits. Effectivement , quand des rayons
émanés des corps tombent sur la cornée
transparente, ils la traversent en conver-
geant; les rayons qui ont trop d'obliquité
sont rejetés par l'iris, membrane opaque,
variable de couleur, située derrière la cor-
née transparente, et percée à son centre
d'une petite ouverture appelée pupille, qui
peut se dilater ou se contracter. Les rayons
qui ont traversé la pupille convergent de
nouveau en traversant le cristallin, corps
lenticulaire et achromatique, puis se réunis,
sent sur la rétine, et viennent peindre les
objets extérieurs sur cette membrane , sans
qu'ils soient environnés des couleurs du
spectre et sans que la netteté des images
soit dépendante de la distance des objets.
Les images des corps se peignent donc sur
la rétine comme sur le tableau d'une cham-
bre obscure, et nous nous reportons naturel-
lement de la sensation à la cause qui les
produit. L'habitude et l'éducation nous ac-
coutument, du reste, à juger de la position et
de la grandeur relatives des objets. Il y a
d'autres questions qui ont rapport à la vision,,
qu'on ne pourra résoudre que lorsqu'on
connaîtra parfaitement les courbures de
toutes les substances que la Lumière parcourt
dans l'œil, ainsi que leur indice de réfrac-
tion. La sensation de la Lumière sur la rétine
n'est pas instantanée; elle a une certaine
durée, et l'expérience bien connue du cercle
lumineux que l'on aperçoit quand on fait
tourner rapidement un morceau de charboo
enflammé attaché à l'extrémité d'une corde,
montre bien que la sensation persiste pen-
dant quelque temps. M. Plateau a trouvé,
par des mesures directes, que la durée totale
des impressions lumineuses était la même
pour tous les rayons lumineux, et égale à
0ra,34, c'est-à-dire à 7 de seconde.
Il existe une autre classe de phénomènes
très remarquables qui ont été étudiés par
différents physiciens, et dus à l'action de la
Lumière sur la rétine ; cette classe comprend
les images accidentelles et les effets de con-
traste. Pour en avoir une idée, il faut re-
garder fixement un objet coloré, placé sur
un fond noir : en tenant l'œil dirigé vers le
même point, on voit l'objet perdre peu à peu
de son éclat; mais si alors on porte rapide-
ment l'œil sur une surface blanche, on voit
apparaître une image complémentaire. Si
l'objet est vert, l'image est rouge, c'est-à-
dire que le rouge et le vert reforment du
blanc. Si l'objet est blanc, l'image est
noire. Ces phénomènes sont dus à des modi-
fications physiques de l'organe de la vue, la
rétine. Ces phénomènes non seulement se
manifestent quand on reporte les yeux sur
un fond blanc ou coloré, mais encore quand
on vient à fermer les yeux; dans ce dernier
cas, l'image accidentelle change plusieurs
fois de teinte, et passe de la couleur primi*
LUIYi
LVM
473
tive à la teinte complémentaire avant de
disparaître. Non seulement l'impulsion lu-
mineuse persiste pendant quelque temps,
mais encore l'impulsion peut s'étendre au-
delà du point frappé ; c'est à un phénomène
de ce genre que l'on doit rapporter les effets
de contraste qui consistent dans l'influence
mutuelle qui résulte de la juxtaposition des
deux couleurs. Le fait le plus général est le
suivant : lorsque deux objets colorés se
trouvent dans le voisinage l'un de l'autre,
à chacune des couleurs s'ajoute la couleur
complémentaire de l'autre. Ainsi en pla-
çante côté l'un de l'autre un objet jaune et
un rouge, le premier semblera tirer sur le
vert, le deuxième sur le violet. Il résulte
de là que si les deux couleurs sont complé-
mentaires, elles s'avivent par leur juxta-
position et acquièrent une pureté et un éclat
remarquable. Si l'on juxtapose une couleur
quelconque avec du blanc, ce dernier se
teint légèrement d'une couleur complémen-
taire, et la première parait plus claire et plus
brillante.
Ces effets , nous le répétons, tiennent à
la transmission de l'excitation de la rétine
aux points voisins de ceux qui sont frappés
par la Lumière.
Diffraction et interférences. — Lorsqu'on
reçoit, dans une chambre noire, un faisceau
deLumièresolaire réfléchie horizontalement,
après lui avoir fait traverser une lentille à
court foyer placée à l'ouverture du volet, si
l'on place à quelque distance de ce foyer un
écran pour intercepter une partie du cône de
Lumière, et que l'on reçoive l'autre sur une
glace légèrement dépolie par derrière, on
voit que la trace de l'ombre géométrique
n'est pas réellement la séparation de l'ombre
etdela Lumière; dans l'ombre, ou du côté de
l'écran, la giace est éclairée d'une lueur
très sensible, qui s'affaiblit continuellement
jusqu'à une assez grande distance, tandis
que, de l'autre côté, on aperçoit une alter-
native de franges obscures et lumineuses.
Le phénomène se produit encore avec toutes
les couleurs du spectre, mais avec cette par-
ticularité cependant qu'en passant des rayons
rouges aux rayons violets, les franges obscu-
res et lumineuses diminuent graduellement
de largeur, et deviennent par conséquent de
plus en plus serrées. Ce phénomène est un de
ceux qui sont connus sous le nom de phé-
t. vu .
nomène de diffraction; il se manifeste avec
toute espèce de Lumière. Non seulement on
obtient des franges lumineuses à l'aide des
bords des écrans , mais encore avec des ou-
vertures étroites , et de corps étroits et
rectilignes. Dans ce cas, on ne peut dire que
les rayons de Lumière se meuvent mathé-
matiquement en ligne droite, puisqu'ils
dévient en passant près de la surface des
corps.
Pour expliquer ces effets, dans le système
de l'émission, on avait supposé que les mo-
lécules lumineuses, en passant près des bords
d'un corps quelconque, étaient détournées
par un pouvoir répulsif, et que celles qui
s'en approchaient le plus étaient les plus dé-
tournées, de telle sorte qu'il se formait des
séries de caustique, lesquelles, coupées par
un plan, produisaient les franges observées.
Cette explication rendait bien compte des
franges extérieures, mais non des franges
intérieures. Il n'en est pas ainsi dans le sys-
tème des ondes, dont il a été question au
commencement de cet article, et qui rend
compte complètement des phénomènes de
diffraction. Dans cette théorie, la Lumière
est due à un mouvement vibratoire qui se
transmet du corps lumineux à la rétine par
l'intermédiaire de l'éther, pénètre tous les
corps, et dont la densité dans l'intérieur de
ceux-ci dépend de leur nature. Ce mouve-
ment vibratoire fait donc entrer successive-
ment en mouvement les particules d'éther
placées dans la direction du rayonnement,
de telle sorte qu'à un instant déterminé il
existe sur toute la longueur de ses rayons
des molécules dans toutes les phases de mou-
vement. De même que, lorsqu'une onde se
transmet à la surface de l'eau, en projetant
dans celle-ci une pierre , si on suppose qu'à
un instant donné toute cette eau se solidifie
en masse, il existera à sa surface, là où
l'onde a été arrêtée et prise pour ainsi dire
sur le fait, il existera, dis-je, des molécules
dans toutes les phases possibles de mouve-
ment ondulatoire, les unes au-dessus de la
surfaeede l'eau, lesautres au-dessous. Si l'on
se reporte maintenant au rayon de Lumière,
et que l'on considère un second rayon sem-
blable dirigé dans le même sens, dans une
direction parallèle et coïncidant avec lui; si
les deux rayons ont même origine et que les
mouvements qu'ils tendent à imprimer aux
60
474
LUM
mêmes molécules de l'éther aient même di-
rection , c'est-à-dire si les phases des molé-
cules de réther agité par les rayons sont
les mêmes, au même instant, pour les mê-
mes portions, alors les actions s'ajouteront ;
les molécules d'éther auront alors un mou-
vement plus rapide, et l'intensité lumineuse
de l'ensemble des deux rayons sera double.
Si, au contraire, les Lumières ayant même
origine, un rayon est un peu en retard sur
l'autre, de façon que les actions se contra-
rient, et que, tandis que l'éther est sollicité
d'un côté par une des phases d'un rayon, il
le soit dans un sens inverse, par la phase
contraire de l'autre rayon , alors les actions
se détruisent et l'intensité lumineuse est
nulle. On conçoit donc, dans ce système , et
c'en est une conséquence immédiate, que
de la Lumière ajoutée à de la Lumière
puisse produire de l'obscurité; c'est là le
point de départ des interférences et la base
delà théorie des phénomènes de diffraction.
Les franges brillantes sont dues à des rayons
dont les actions sont concordantes, et les
franges obscures à des rayons dont les ac-
tions sont discordantes.
On a appelé, dans ce système, longueur
d'ondulation, la distance qui sépare deux
molécules d'éther, qui sont au même instant
dans une même phase de leur mouvement
vibratoire, sur la direction d'un rayon lu-
mineux. On voit d'après cela que, si deux
rayons cheminent parallèlement dans le
même sens, et que l'un, dans sa marche, soit
en retard sur l'autre d'un nombre impair
de demi-ondulation , alors leur action se dé-
truira, et on aura l'obscurité. Si, au con-
traire, le retard est au nombre pair de demi-
ondulation, alors ils s'ajouteront, et l'intensité
lumineuse sera double. Voilà ce qui arrive,
en opérant avec de la lumière colorée, ho-
mogène, rouge, orangée, jaune, ou enfln
d'une couleur quelconque du spectre solaire ;
en effet, dans cette circonstance, on n'ob-
serve que des franges obscures ou brillantes.
Mais, si l'on ne fait usage que de rayons de
Lumière blanche, il n'y a que des rayons de
couleur homogène qui puissent interférer,
les rayons rouges avec les rayons rouges, les
rayons bleus avec les rayons bleus, et on doit
voir simultanément sur l'écran , qui reçoit
les impressions lumineuses, toutes les séries
ce franges des diverses couleurs; elles sont
LUM
plus ou moins serrées, suivant leur réfran-
gibilité, et donnent lieu à des franges co-
lorées des diverses couleurs de l'iris.
Les interférences ou les actions récipro-
ques des rayons lumineux ont démontré que
les phénomènes étaient inconciliables avec
le système de l'émission , étaient , au con-
traire, une conséquence immédiate de la
théorie des ondes.
Les spectres des réseaux rentrent dans les
effets de diffraction et d'interférence. Si l'on
fait tomber sur une plaque de verre, sur la-
quelle on a tracé au diamant des lignes pa-
rallèles très serrées, un rayon de Lumière
solaire, passant par une fente très étroite, et
que l'image soit reçue sur un écran, on voit
d'abord l'image de la fente, qui paraît éclai-
rée au milieu d'une Lumière blanche , avec
des bords très tranchés; de chaque côté de
l'image de la fente, il y a obscurité com-
plète; puis après, un spectre brillant ayant
le violet au dedans et le rouge au dehors;
vient ensuite un espace obscur; au-delà,
viennent à la suite les uns des autres des
spectres de diverses intensités. L'explication
de ces phénomènes est une déduction rigou-
reuse de la théorie des ondes.
Couleurs produites par les lames minces et
les lames épaisses. Les corps diaphanes, ré-
duits en lames minces, se présentent à nous
colorés des nuances les plus vives , comme
les bulles de savon, les boules de verre souf-
flées à la lampe et les lames de mica, en
sont des exemples; l'air, les vapeurs et les
gaz produisent des effets semblables. Poui
s'en convaincre, il suffît de poser une len-
tille de verre biconvexe sur une lame de
verre plan; la couche d'air est alors entre les
verres d'une épaisseur variable depuis 0 jus-
qu'au plus grand écartement de ces deux
verres; en faisant arriver sur ce système un
faisceau de rayons solaires, on voit une série
d'anneaux lumineux autour du point de con-
tact, comme centre, et celui-ci paraît noir par
réflexion. Ces anneaux sont colorés des plus
vives nuances du spectre. En se servant
d'une lumière homogène, on n'obtient que
des anneaux alternativement obscurs et lu-
mineux; pour ces anneaux vus par réflexion,
les épaisseurs de la couche d'air correspon-
dant aux anneaux brillants sont entre eux
comme la série des nombres impairs 1, 3,
5, 7, 9, etc., tandis que les épaisseurs de la
LUM
LLM
475
couche d'air correspondant aux anneaux
obscurs suivent la série des nombres pairs
2, 4, 6, 8, 10, etc. Avec les différentes cou-
leurs du spectre, les anneaux d'un même
ordre sont plus larges pour les rayons les
moins réfrangibles; non seulement on a des
anneaux colorés par réflexion, mais on en
observe aussi par transmission : seulement,
ceux-ci sont complémentaires des premiers,
et sont à centre blanc. Les lames minces de
divers gaz, de différents liquides substitués
à Pair, donnent lieu à des phénomènes ana-
logues: seulement, les diamètres varient
avec la nature des substances interposées.
Newton a reconnu que les épaisseurs corres-
pondant à un même anneau, dans différents
milieux, sont en raison inverse des indices
de réfraction des milieux. Pour expliquer
ces phénomènes, il avait imaginé une théo-
rie qui a été célèbre sous le nom de théorie
des accès de facile réflexion et de facile
transmission. Les molécules de Lumière,
suivant ce grand physicien, possédaient,
pour ainsi dire, une polarité contraire sur
deux faces différentes, de telle sorte que,
lorsqu'elles se présentaient à une surface
avec un accès de facile réflexion, elles se ré-
fléchissaient; tandis que, lorsqu'elles se
présentaient avec un accès de facile trans-
mission, elles traversaient la substance. En
pénétrant alors dans la lame mince, avant
l'épaisseur de celle-ci , elles arrivaient à la
seconde surface avec un accès de facile ré-
flexion ou de facile réfraction, et traversaient
ou se réfléchissaient à des épaisseurs fixes ,
de façon à produire des anneaux lumineux
ou obscurs. Ce principe a servi de base au
système de l'émission. Dans la théorie des
ondes , on explique les anneaux colorés par
les interférences des rayons réfléchis sur les
deux surfaces des lames minces. Ainsi il faut
considérer les rayons réfléchis sur la pre-
mière surface et les rayons presque parallè-
les, qui proviennent de la réflexion sur la
seconde surface, et chercher quelles sont les
différences de route nécessaires pour qu'il y
ait obscurité ou lumière, de prime abord.
Il semble qu'il suffit de doubler l'épaisseur
de la lame mince au point que l'on consi-
dère pour avoir cette différence; mais alors,
comme toutes les fois que la différence de
1 3
route est - dt - d.
il y a obscurité'
toutes les fois que l'épaisseur de la lame se-
1 3
rait - d, 7 d, etc., étant la longueur d'on-
4 4
dulation, il y aurait obscurité. C'est précisé-
ment l'inverse que l'on observe; car les
anneaux réfléchis seraient à centre blanc,
tandis qu'ils sont à centre noir. Cela tient à
ce que, dans l'acte de la réflexion, quand la
Lumière passe dans un milieu où l'éther a
une densité moins considérable, dans un
milieu où il est plus dense, alors une partie
de la vitesse de la molécule d'éther lui est
rendue en sens inverse. On dit, dans ce cas-
là, qu'il y a perte d'une demi- ondulation ;
de même que, lorsqu'une bille d'ivoire vient
en choquer une de plus forte masse, la pre-
mière a une certaine vitesse en sens inverse;
tandis que si c'est la seconde qui choque la
première, elles se meuvent toutes deux
1
dans le même sens. Il faut donc ajouter ^ a
à l'épaisseur, et, toutes les fois que cette
épaisseur sera jdt^df-d9 etc., les diffe-
0 1 2 1
rencesde route seront-d -|--d, 2 -d-f--d,
2| d +| *, etc., ou -d,-d, - d, etc..
Il y aura obscurité : ainsi cette supposition
hardie de la perte d'une demi-ondulation,
qui a été faite d'abord par Young et démon-
trée plus tard, explique complètement ces
phénomènes. La preuve en est que si, dans
l'expérience des anneaux colorés, on prend
pour lame mince un corps tel que l'huile
de cassia, pour lentille une lentille de flint-
glass, et pour lame de verre, sur laquelle on
pose la lentille, une lame de crown, alors
l'indice de réfraction de l'huile de cassia
est intermédiaire entre celui du flint et ce-
lui du crown ; il doit en être de même des
densités de l'éther dans ces trois substances,
et il ne doit pas y avoir perte d'une demi-
ondulation au passage de l'une dans
l'autre, ou du moins, s'il en existe une,
elle doit être compensée. On doit alors
avoir des anneaux colorés réfléchis à cen-
tre blanc, qui sont l'inverse des anneaux
ordinaires; c'est effectivement ce que l'on
observe.
On peut aussi avoir des anneaux colorés
oroduits par les plaques épaisses des mi-
476
LUM
LUM
roirs courbes; il suffît, à cet effet, d'intro-
duire un rayon solaire dans une chambre
noire par une petite ouverture, et de le faire
tomber sur un miroir concave de verre
ëtamé, de manière à te renvoyer exactement
dans la direction d'incidence; on voit alors
autour de l'ouverture, sur un carton blanc
placé à cet effet, une série d'anneaux colo-
rés très éclatants, qui sont dus aussi à l'in-
terférence des rayons réfléchis sur les deux
surfaces du miroir étamé; les diamètres de
ces anneaux sont soumis aux mêmes lois que
les diamètres des anneaux des lames min-
ces. Du reste, les brillantes couleurs que
présentent les plumes des oiseaux, les ailes
et le corps des insectes, sont dues à des
phénomènes de diffraction, à des couleurs
de réseau, à des teintes de lames minces,
c'est-à-dire à l'interférence des rayons lu-
mineux.
Double réfraction et polarisation. — Quand
la lumière se réfracte à travers le verre ,
l'eau , les liquides et les corps amorphes, un
seul rayon incident homogène ne donne
lieu qu'à un seul rayon réfracté , abstrac-
tion faite, bien entendu, de la décompo-
sition de la Lumière et de la formation du
spectre solaire. Il en est encore de même
quand la réfraction a lieu à travers les cris-
taux qui dérivent du cube et d'un polyèdre
régulier; mais si le faisceau de Lumière
tombe sur la surface d'un cristal qui diffère
du cube et des polyèdres réguliers, il se
partage en deux , et donne lieu ainsi à la
double réfraction. On peut s'en convaincre
en examinant un objet à travers un rhom-
boèdre de chaux carbonatée ou un cristal
de soufre; on voit en général deux images
de cet objet. Il existe cependant , dans ces
cristaux , une ou deux directions , suivant
lesquelles un rayon de Lumière ne se bi-
furque pas : ces directions ont été nommées
axes; de là la dénomination de cristaux à
un axe ou à deux axes.
Dans les cristaux à un axe optique , cet
axe coïncide toujours avec l'axe cristallogra-
phique. Dans ces cristaux, un des deux
rayons suit toujours les lois ordinaires de la
réfraction simple, c'est-à-dire que le rayon
réfracté est toujours dans un même plan
avec le rayon incident normal à sa surface,
et le rapport des sinus des angles d'inci-
dence et de réfraction est constante. Ce
rayon , en raison de cette propriété , a été
appelé rayon ordinaire, et l'autre rayon ex-
traordinaire ; ce dernier ne suit pas, en gé-
néral, ces deux^lois; il existe cependant
deux positions dans lesquelles les lois qui
régissent la marche du rayon extraordi-
naire sont plus simples ; ces positions sont
celles, quand le rayon est situé dans la sec-
tion principale ou perpendiculairement à
cette section : 1° Dans la section principale»
le rayon extraordinaire suit la première loi
de Descartes , c'est-à-dire que le rayon ré-
fracté et le rayon incident sont dans un
même plan normal à la surface; la deuxième
loi, le rapport des sinus n'est pas constant,
c'est le rapport des tangentes. On a appelé
section principale tout plan mené par Taxe
perpendiculairement à une face ; ainsi cha-
que face a sa section principale. 2° Dan»
une section perpendiculaire à l'axe, le rayon
extraordinaire suit les deux lois de la ré-
fraction de Descartes.
Dans les cristaux à deux axes , il n'y a
plus, à proprement parler, de rayon ordi-
naire ni de rayon extraordinaire, puisqu'ils
ne suivent plus en général la loi de Descar-
tes. Mais dans deux positions la question se
simplifie : 1° Dans la coupe perpendiculaire
à la ligne moyenne , qui est bisectrice des
deux axes , un des rayons suit les deux lois
ordinaires ; 2° dans la coupe perpendicu-
laire à la ligne supplémentaire ou qui di-
vise en deux parties égales le supplément de
l'angle des axes, l'autre rayon suit les deux
lois ordinaires.
A l'aide des prismes biréfringents, on
a construit des lunettes qui donnent immé-
diatement l'angle visuel sous lequel on voit
uu objet, et par conséquent la grandeur de
l'objet lui-même , quand on connaît sa
distance.
Polarisation. — Le phénomène de la
double réfraction a conduit à la découverte
d'une classe de faits qui ont montré que
les rayons de Lumière peuvent acquérir par
la réflexion et la réfraction des propriétés
particulières qui les distinguent des rayons
parvenus directement des sources lumi-
neuses. Lorsque l'on fait traverser un rayon
lumineux à un prisme biréfringent, il se
produit deux images qui conservent la même
intensité quand on fait tourner le prisme
autour du rayon lumineux comme axe sup-
LUM
LUM
477
posé perpendiculaire à la face aentice eu
cristal. Mais si on reçoit les deux images qui
proviennent du premier prisme sur un se-
cond prisme biréfringent, on voit, en gé-
néral , quatre images , mais qui n'ont p?s
la même intensité dans toutes les positions
relatives des deux prismes; si, le premier
restant fixe, le second tourne autour du
rayon incident comme axe, alors l'intensité
des quatre images change, et dans deux
portions, quand les sections principales
sont parallèles , deux images sont réduites
à 0 , et on n'en voit que deux ; si , au con-
traire , les sections principales sont per-
pendiculaires , les deux images qui étaient
anéanties ont leur maximum d'intensité et
les deux autres ont disparu. Ainsi les rayons
qui ont déjà éprouvé la double réfraction
ne se comportent plus comme de la Lumière
naturelle, puisque celle-ci donne toujours
deux images d'égale intensité en traversant
les cristaux biréfringents, et qu'il n'en est
pas demême des premiers rayons. Huyghens,
qui avait étudié ce phénomène, en avait
conclu que les rayons réfractés dans ces
cristaux avaient éprouvé une modification
profonde dans leur constitution. Cette ex-
périence, comme, du reste, la théorie d'Huy-
ghens , qui peut être considéré comme le
fondateur du système des ondes , fut ou-
bliée, et pendant un siècle et demi la dou-
ble réfraction resta stationnaire : mais
Malus, en 1810, observant un jour l'image
du soleil réfléchi sur les vitres du Luxem-
bourg, et regardant cette image à travers
un prisme biréfringent, vit que les deux
images n'avaient pas la même intensité
dans toutes les positions du prisme.
Il varia cette expérience , examina les
images réfléchies sous différentes incidences
sur du verre, et parvint à démontrer que,
sous certaines conditions, on pouvait don-
ner aux rayons réfléchis la même propriété
qu'aux rayons qui ont traversé un prisme
biréfringent dans l'expérience des rhom-
boèdres superposés. Et en effet, dans ces
deux circonstances, ils sont ce que l'on
nomme polarisés.
Quand la réflexion a lieu sur une lame
de verre sous un angle de 35°, 25' avec la
surface, le rayon réfléchi jouit des proprié-
tés suivantes :
1° Il ne donne qu'une seule image en
passant à travers un prisme biréfringent,
quand la section principale est parallèle ou
perpendiculaire au plan d'incidence ou de
réflexion, tandis qu'il donne deux images
plus ou moins intenses dans les autres po-
sitions. Le plan de réflexion ou d'incidence,
qui est le même, a été nommé plan de po-
larisation.
2° Ce rayon n'éprouve aucune réflexion
en tombant sur une seconde lame de verre,
sous le même angle de 35", 25', quand le
plan d'incidence sur cette seconde lame est
perpendiculaire au plan d'incidence sur la
première , tandis qu'il se réfléchit partiel-
lement sous d'autres incidences.
3° Il est incapable de se transmettre per-
pendiculairement au travers d'une plaque
de tourmaline dont l'axe est parallèle au
plan de réflexion , tandis qu'il se transmet
avec une certaine intensité à mesure que
l'axe de la tourmaline approche d'être per-
pendiculaire au plan de réflexion.
Le nom de polarisation a été donné à la
faculté que possède la Lumière d'être ainsi
modifiée, parce que, dans le système de
l'émission qui dominait à l'époque de la dé-
couverte de Malus, on supposait que les
axes des molécules lumineuses étaient di-
rigés de la même manière dans le plan du
rayon qui manifestait ces propriétés.
Lorsque la Lumière tombe sous une in-
cidence différente sur du verre , toute la
Lumière réfléchie n'est pas polarisée ; il n'y
en a qu'une portion, qui augmente à me-
sure que l'angle approche de 35°, 25' avec
la surface ; c'est donc un maximum. Toutes
les substances ne polarisent pas la Lumière
sous le même angle; le diamant la polarise
sous un angle de 22°. Les métaux ne la po-
larisent pas complètement; mais il y a un
angle qui donne aussi un maximum de po-
larisation. En comparant entre eux tous
les résultats obtenus avec les angles de po-
larisation, Brewster a été conduit à la
loi remarquable et simple dont voici l'é-
noncé :
La tangente de l'angle de polarisation
avec la normale est égale à l'indice de ré-
fraction ; ou bien, l'angle de polarisation est
celui dans lequel le rayon réfléchi est per-
pendiculaire au rayon réfracté.
Non seulement la réflexion polarise la Lu-
mière et lui donne les propriétés dont on a
A78
LUM
parié plus haut, mais la réfraction sij.iple
jouit de cette même faculté.
Quand un rayon tombe sur une surface
sous un angle d'incidence égal à l'angle de
polarisation, une partie pénètre dans la
masse par réfraction , et cette partie-là est
aussi polarisée, mais dans un plan perpen-
diculaire au plan d'incidence.
Une série de réflexions ou de réfractions
successives peuvent polariser un rayon in-
cident.
Lorsqu'un rayon de Lumière polarisée est
réfléchi sur une surface polie, sous diver-
ses obliquités , la portion réfléchie se trouve
encore polarisée; mais il arrive, en général,
que son plan de polarisation change de di-
rection : on appelle ce changement mou-
vement du plan de polarisation. Ce plan se
rapproche de celui d'incidence à mesure
que l'on approche de l'angle de polarisation.
La réfraction peut aussi imprimer un mou-
vement au plan de polarisation; mais,
dans ce cas, c'est l'inverse de ce qui se passe
dans la réflexion ; le plan de polarisation du
rayon réfracté s'éloigne de plus eu plus du
plan de polarisation du rayon primitif.
On observe encore que lorsqu'un rayon de
Lumière naturelle tombe sur une surface
sous une obliquité quelconque, une portion
de Lumière réfléchie est polarisée ; mais ,
en outre, une égale portion de la Lumière
réfractée se trouve polarisée.
Enfin, comme l'expérience des rhomboè-
dres superposés avait dû le faire pressentir,
un rayon de Lumière naturelle bifurqué
par un prisme biréfringent est complète-
ment polarisé ; le rayon ordinaire est pola-
risé dans le plan d'émergence, le rayon ex-
traordinaire perpendiculairement à ce plan.
Il faut maintenant définir ce qu'on en-
tend par rayon polarisé dans le système des
ondes. En acoustique, dans la propagation
des ondes sonores dans l'air, les mouve-
ments vibratoires des molécules se font pa-
rallèlement à la direction du rayon sonore
par condensation et par dilatation de l'air;
mais, dans la Lumière, la direction des vi-
brations de l'éther n'est pas la même. Les
vibrations se font à la surface des ondes per-
pendiculairement au rayon lumineux, sans
changement de densité dans l'éther ; il est
facile de concevoir qu'un mouvement pareil
puisse se transmettre de molécule à molé-
LUM
cule , car la propagation des ondes à la sur-
face de l'eau en est un exemple; en effet, dang
ce cas, les molécules d'eau oscillentverticale-
ment, et les ondes s'étendent horizontale-
ment à la surface. On définit alors le rayon
de la Lumière naturelle par des vibrations
qui se font perpendiculairement à la direc-
tion du faisceau , dans tous les sens, autour
de cette direction ; et la Lumière polarisée
par un faisceau dans lequel toutes ces direc-
tions sont parallèles, le plan de polarisation
étant perpendiculaire à la direction du mou-
vement des molécules. Ainsi la nappe d'eau
sur laquelle se meut une onde peut repré-
senter grossièrement le plan de polarisation,
le mouvement vertical des molécules de Peau
indiquant les vibrations de l'éther, tangen-
tes à la surface des ondulations lumineuses.
Cette manière de voir a été vérifiée par une
expérience très remarquable de MM. Fresnel
et Arago , qui a montré que les rayons po-
larisés à angle droit n'interfèrent plus et ne
peuvent plus donner de franges; en effet,
les vibrations de l'éther étant perpendicu-
laires dans les deux rayons , les actions ne
peuvent plus se détruire, malgré la diffé-
rence de route des rayons.
Fresnel , en partant de cette théorie, a
donné des formules pour exprimer l'inten-
sité lumineuse des rayons réfléchis dans
tous les azimuts possibles.
Couleur des lames minces biréfringentes
parallèles à l'axe. — La Lumière polarisée,
en traversant des corps doués de la double
réfraction, peut donner naissance à des cou-
leurs aussi belles et plus vives que celles
que Newton a trouvées dans des couches*
minces, gazeuses ou liquides. Ces couleurs se
manifestent lorsque des substances douées
de la double réfraction et parallèles à l'axe,
en lames plus ou moins minces, sont traver-
sées par de la Lumière polarisée. Une lame
de mica, par exemple, est incolore et dia-
phane quand on la regarde à l'œil nu ; mais
si, pour la regarder, on place devant l'œil
un prisme biréfringent , et que la Lumière
qui éclaire cette lame soit polarisée , on la
voit, en général, prendre des teintes colorées,
uniformes et brillantes ; le prisme la fait pa-
raître double, et ses deux images colorées
sont toujours d'une couleur complémentaire
l'une de l'autre.
Quand la section principale du prisme
LUM
biréfringeut est dans le plan primitif de po-
larisation, si l'on fait tourner la lame mince
autour du rayon incident, on ne voit qu'une
seule image blanche dans quatre positions:
image ordinaire, quand la section principale
de la lame mince coïncide avec celle du prisme
biréfringent; image extraordinaire, quand
elle lui devient perpendiculaire. Dans toutes
les autres positions, il y a deux images tou-
jours colorées des mêmes nuances et exacte-
ment complémentaires, car elles donnentdu
blanc quand elles se superposent. Ces deux
images ont le plus vif éclat dans les positions
moyennes entre les sections principales.
Quand la section principale du prisme est
perpendiculaire au plan primitif de polari-
sation, on observe des phénomènes analo-
gues, mais l'image ordinaire prend la place
de l'image extraordinaire. Enfin, dans les
autres positions du plan de polarisation, on
observe des effets analogues.
Toutes les lames cristallisées présentent
des phénomènes semblables , lorsqu'elles
proviennent d'un cristal biréfringent à un
ou à deux axes; mais les teintes sont d'au-
tant plus vives que les lames sont plus min-
ces, et il y a toujours une épaisseur au-delà
de laquelle tous les phénomènes de couleur
disparaissent. Ainsi, les lames de cristal de
roche, plus épaisses qu'un demi-millimètre
environ , ne donnent plus que des teintes
très affaiblies. On a de même ici q«t pour
les lames minces, des anneaux colorés, des
teintes de différents ordres, qui se repro-
duisent pour des épaisseurs qui sont mul-
tiples les unes des autres ou qui suivent la
série des nombres naturels 1, 2, 3
Les divers cristaux à un axe offrent de
très grandes différences, quant à l'épaisseur
nécessaire pour obtenir une teinte du même
ordre. Ainsi, par exemple, une lame de chaux
carbonatée devrait être dix-huit fois plus
mince qu'une lame de cristal de roche, pour
donner la couleur du même ordre.
Ces phénomènes s'expliquent très bien
dans la section des ondes, et Fresnel en a
donné la théorie complète. En effet, le rayon
polarisé se bifurque dans l'intérieur de la
lame cristallisée, non pas pour que cette bi-
furcation soit apparente, mais assez pour
quela vitesse des deux rayons qui en résulte
soit changée ; ensuite chaque rayon se bifur-
que encore dans le prisme biréfringent, de
LUM
479
sorte que les images vues dans ce dernier
prisme sont formées chacune de deux fais-
ceaux parallèles. Mais il résulte du passage
dans la lame mince une avance ou un re-
tard de l'un des faisceaux élémentaires sur
l'autre, et, par conséquent, interférence en-
tre quelques uns des éléments des rayons,
interférence qui produit les couleurs obte-
nues.
Anneaux colorés des lames cristallines. —
Les phénomènes de coloration dont nous
venons de parler ne sont pas les seuls que
présente la lumière polarisée; elle donne
lieu encore à des phénomènes extrêmement
brillants d'anneaux colorés, quand elle tra-
verse une lame de cristal biréfringent taille
perpendiculairement à l'axe. Si l'on regarde,
par exemple, une lame de spath d'Irlande
perpendiculaire à l'axe, avec une plaque de
tourmaline , et que la lumière qui éclaire
cette lame soit polarisée à l'aide d'une au-
tre tourmaline ou dans une glace de verre,
on aperçoit une série d'anneaux ronds con-
centriques et très vivement colorés ; les ef-
fets changent d'aspect avec la position de la
tourmaline. Quand l'axe de cette dernière
se trouve dans le plan primitif de polarisa-
tion, les anneaux sont traversés par une
belle croix noire qui s'étend à une grande
distance ; au contraire, la croix est blanche
quand l'axe de la tourmaline est perpendi-
culaire au plan de polarisation.
En étudiant ce phénomène dans les cris-
taux à un axe, on a été conduit aux lois
suivantes:
« Dans une même lame, les carrés des dia-
» mètres des anneaux de divers ordres sui-
» vent la série des nombres 0, 1, 2, 3, 4
» Dans les lames d'épaisseur différente,
» les carrés des diamètres des anneaux du
» même ordre sont en raison inverse des
» racines carrées des épaisseurs des la-
» mes. »
Quant à l'épaisseur que doit avoir une
lame pour produire des anneaux de gran-
deur déterminée, elle dépend du rapport
de vitesse des rayons dans l'intérieur du
cristal.
Les cristaux à un axe , tels que le cristal
de roche, la tourmaline, le zircon, le nitrate
de soude, le mica, l'hyposulfate de chaux,
l'apophyllite, donnent lieu à des phénomè-
nes analogues : seulement, dans le cristal de
480
LXJM
LUM
roche, la croix noire disparaît par l'action
de la polarisation circulaire, dont il va être
question plus loin.
Tous ces phénomènes sont encore dus à
l'interférence des rayons, qui, en traversant
a plaque un peu obliquement, donne lieu
à des rayons ordinaires et extraordinaires
qui suivent la même route, mais qui n'ont
pas la même vitesse.
Les cristaux à deux axes présentent des
phénomènes analogues : seulement, il y a des
systèmes d'anneaux colorés autour de chaque
axe.
Lorsque l'angle des deux axes est assez
petit, on peut, par une coupe perpendiculaire
à la ligne moyenne, avoir en même temps
ces deux systèmes d'anneaux; quand il est
trop grand, comme dans le plomb carbonate,
alors on ne voit plus à la fin qu'un même
système d'anneaux.
La théorie de tous ces phénomènes serait
fort compliquée et est loin d'être complète;
car il est bien difficile de tenir compte de
toutes les circonstances des phénomènes;
mais on s'en rend compte, comme on le voit
dans les cas les plus simples, par les inter-
férences des rayons lumineux.
On s'est basé sur ces phénomènes pour for-
mer ce que l'on nomme des polariscopes ,
c'est-à-dire des appareils qui indiquent lors-
qu'il y a de la Lumière polarisée dans un fais-
ceau de rayons lumineux qui traverse l'appa-
reil. Nous citerons, par exemple, le polari-
scope de M. Savart, composé de deux quarts
obliques et croisés, sur lesquels on ajuste une
tourmaline dont l'axe divise en deux l'angle
des deux axes des quarts. Dès que la Lumière
qui traverse ce système est polarisée , on
voit des bandes colorées parallèles. La di
rection de ces bandes montre la direction du
plan de polarisation; une peau de baudru-
che, mise devant les quarts, rend les franges
plus apparentes.
. Polarisation circulaire. — On donne le nom
de polarisation circulaire à un phénomène
observé pour la première fois dans le quartz
par M. Arago. Si, par exemple, on fait tom-
ber un rayon polarisé sur une lame de quartz,
avant de le recevoir sur un prisme biréfrin-
gent, les deux images obtenues par le pas-
sage du rayon dans le prisme, au lieu d'être
blanches et d'inégale intensité, en faisant
tourner le prisme autour de la direction du
rayon, sont colorées toutes deux de couleur
complémentaire, puisque leur superposition
produit de la Lumière blanche; de sorte
que, dans le cours d'une demi-révolution du
prisme, si l'image ordinaire était d'abord
rouge , elle devient successivement orangée,
jaune, verte, bleue, indigo, violette ; l'image
extraordinaire donne toujours la teinte com-
plémentaire, et les phénomènes se repro-
duisent dans le même ordre en continuant
le mouvement de rotation du prisme.
Si, au lieu d'opérer avec la Lumière blan-
che, on fait usage d'uneLumière homogène,
alors les images sont seulement plus ou
moins lumineuses, et le résultat final est
que le plan de polarisation primitif est dé-
vié, soit à droite, soit à gauche de l'obser-
vateur, d'un angle proportionnel à l'épais-
seur de la plaque, lequel aussi est différent
pour chaque couleur simple, et va en crois-
sant avec la réfrangibilité, de telle sorte
que cette rotation est « sensiblement réci-
» proque au carré de la longueur des ondu-
» lations propres à chaque espèce de rayon
» coloré. » Ce mouvement angulaire ne peut
être que le résultat d'une véritable rota-
tion imprimée au plan de polarisation pri-
mitif. Chaque rayon ainsi dévié se com-
porte dans son nouveau plan de polarisa-
tion réel ou apparent, comme s'il avait été
primitivement polarisé par la réflexion dans
ce plan.
Le quartz est la seule substance minérale
cristallisée qui donne lieu à ce phénomène;
mais seulement on n'observe ce résultat cu-
rieux que suivant les variétés de quartz ; la
rotation des lames perpendiculaires à l'axe
a lieu tantôt dans un sens, tantôt dans un
autre; dans chaque cas, les rotations sont
soumises aux mêmes lois , elles sont les
mêmes à égalité d'épaisseur; car si l'on in-
terpose dans le trajet d'un rayon lumineux
deux plaques douées de propriétés contrai-
res, l'une défait ce que l'autre produit, et,
suivant que l'une est plus épaisse que l'au-
tre, il reste un excès de la rotation primitive
en faveur de l'un ou de l'autre. Ce phéno-
mène n'est pas inhérent aux particules d'a-
cide silicique, car le quartz fondu n'a au-
cune action, mais il dépend de leur groupe-
ment et de leur mode de cristallisation.
M. Biot a découvert que certains liquides
et même des gaz possédaient aussi la pro-
LU M
priété remarquable d'agir à la façon du
quartz et de faire tourner le plan de pola-
risation, comme ce cristal.
Parmi les substances qui font tourner le
plan de polarisation à gauche, nous citerons
l'essence de térébenthine, la gomme arabi-
que, et, parmi les substances qui tournent à
droite, l'essence de citron, le sirop de sucre,
la solution alcoolique de camphre, la dex-
trine et l'acide tartrique. L'essence de téré-
benthine porte son pouvoir de rotation dans
diverses combinaisons, et même, quand elle
est en vapeurs, elle donne encore une ac-
tion. La rotation des liquides est moins con-
sidérable que celle du quartz; car le plus
efficace d'entre les liquides donne uneaction
trente à quarante fuis moins forte que le
cristal de roche. Dans les substances amor-
phes, comme dans le quartz, la rotation
augmente en général avec la réfrangibilité,
suivant la loi énoncée plus haut. Cependant
il y a des exceptions, particulièrement pour
l'acide tartrique dissous dans l'eau, qui
imprime une rotation plus considérable aux
rayons verts et une moins forte aux rayons
rouges. Du reste, on a pu étudier à l'aide
de ces phénomènes les arrangements des
atomes dans diverses combinaisons, soit dans
l'acte de leur combinaison même, soit après
qu'elle est effectuée. On a aussi appliqué
l'élude de ces phénomènes à la détermination
de la quantité de sucre qui se trouve dans
l'urine des diabétiques , et la rotation a
servi de moyen très précis d'analyse indi-
quant avec une très grande exactitude la
quantité de sucre renfermée dans l'urine du
malade. Fresnel a donné une théorie ingé-
nieuse des effets de la rotation, et a fait ren-
trer ces phénomènes dans la théorie des
ondes.
On observe encore d'autres effets dus à
l'action des rayons polarisés, comme les ef-
fets du dichroïsme, la polarisation produite
dans les cristaux superposés, colorés, dans
le verre trempé, chauffé, comprimé ou dont
les moléculesexécutentdes vibrations; mais
ce que nous avons dit de l'action de la Lu-
mière polarisée suffit pour donner uneidéede
Cette branche importante de ktptique.
De l'aclion calorifique, chimique et phos-
phorogémque de la lumière. — Un faisceau
de rayons solaires introduit dans une cham-
bre obscure n'a pas pour unique fonction
T. VU.
LUM
481
d'éclairer les corps, et par conséquent d'a-
gir sur la rétine; il possède encore d'autres
propriétés. Si l'on place sur sa route un
thermomètre dont la boule soit entourée de
noir de fumée pour que son action soit plus
marquée, on voit sur-le-champ ce thermo-
mètre indiquer une élévation de tempéra-
ture. Si on projette aussi ce rayon solaire
sur du chlorure d'argent nouvellement pré-
cipité et naturellement blanc, le chlorure
noient aussitôt et est décomposé, phéno-
mène qui n'a pas lieu sous l'influence de la
chaleur. Enfin vient-on à recevoir ce même
faisceau sur des coquilles d'Huîtres calci-
nées, et ferme- t-on l'ouverture de la cham-
bre obscure , on voit alors les coquilles
d'Huîtres briller et devenir lumineuses par
elles-mêmes, ou bien phosphorescentes; on
doit donc reconnaître au faisceau de rayons
solaires un pouvoir éclairant, un pouvoir
calorifique, un pouvoir chimique , et enfii?
un pouvoir phosphorogénique. Ces diverses
actions sont-elles dues à des rayonnements
particuliers, à des rayons distincts compris
dans le faisceau solaire , ou bien sont-elles
dues à un seul et même rayonnement dont
l'action est modifiée, suivant la nature des
substances sur lesquelles il agit? Nous al-
lons essayer de résoudre cette question en
examinant chaque classe de phénomènes en
particulier, et les comparant entre eux.
Action calorifique. — La combustion qui
a lieu au foyer des miroirs ardents et des
lentilles montre bien que les rayons calori-
fiques s* on peut les nommer ainsi, ont les
mêmes propriétés physiques que les rayons
lumineux; mais pour bien connaître la re-
lation qui existe entre ces deux classes de
rayons, il faut opérer sur le spectre solaire,
et chercher la distribution de la chaleur
dans l'image oblongue colorée que l'on ob-
tient quand on réfracte un faisceau de rayons
solaires à travers un prisme. Lorsqu'on
opère avec un thermomètre sans aucune
précaution préalable , et avec un spectre
obtenu par la réfraction d'un rayon lumi-
neux qui a traversé une petite ouverture
circulaire d'un volet, puis un prisme de
flint, on trouve qu'il n'y a aucune éléva-
tion de température dans le violet, qu'elle
commence à être sensible dans le bleu ,
augmente à mesure qu'on s'approche du
rouge, puis atteint son maximum un peu
61
A82
LUAI
LUM
en dehors du rouge, dans l'espace obscur ;
au-delà elle va en diminuant, de sorte qu'à
une certaine distance l'action cesse de nou-
veau comme vers l'extrémité violette.
On a donc une action calorifique au-delà
du rouge dans un espace qui n'est pas
éclairé. Si on opère à l'aide de prismes de
crown , d'eau, d'acide sulfurique, avec le
même faisceau , on voit que le maximum
d'action se déplace, et pénètre dans le rouge
et même le jaune; mais, en opérant d'une
manière plus exacte en prenant pour fais-
ceau de lumière un faisceau qui traverse
une fente longitudinale d'un volet d'une
chambre obscure, pour éviter la superposi-
tion des couleurs dans le spectre, si l'on
fait usage d'une pile thermo-électrique au
lieu de thermomètre, on trouve que le maxi-
mum se voit sensiblement au dehors du
rouge avec tous les prismes incolores, et
que l'action absorbante des milieux dont se
composent les prismes sur l'action caloriGque
du spectre ne se fait sentir qu'au-delà du
rouge dans l'espace obscur. Là où il existe
des rayonslumineux, les élévations de tem-
pérature restent proportionnelles. On peut
en inférer d'abord qu'il peut se faire que
les actions calorifiques et lumineuses soient
dues à un seul et même agent; mais que
d'une part l'organe sensible, de l'autre les
corps soumis à l'action du faisceau, ne soient
pas impressionnés entre les mêmes limites
de rayonnement. Nous allons retrouver les
mêmes effets dans l'action chimique.
Action chimique de la Lumière. — Nous
avons cité plus haut pour exemple le chlo-
rure d'argent, sur lequel les rayons so-
laires ont un pouvoir chimique assez éner-
gique. Mais ce composé n'est pas le seul
corps qui jouisse de cette propriété ; une
grande quantité de sels d'argent, des sels
d'or, de platine et de plomb, des mélanges
gazeux, sont également altérés dans leur
constitution chimique; le mélange de chlore
et d'hydrogène détone instantanément, le
chlore tend à enlever l'hydrogène à un
grand nombre de matières organiques sous
l'action puissante de ces rayons; enfin la
coloration des végétaux, les couleurs si
belles et si variées des fleurs, témoignent
en faveur de leur intervention comme agent
chimique. Lorsque les plantes ne sont p;is
soumises à leur influence, leurs tiges et
leurs feuilles prennent une teinte jat.nâtïe
annonçant un état de langueur et de dé-
périssement; elles s'étiolent enfin. Les ani-
maux privés de Lumière languissent et pé-
rissent également par suite de l'affaiblisse-
ment de tous leurs organes. Enfin, la dé-
composition de l'acide carbonique contenu
dans l'air par les végétaux, dans l'acte de
la respiration, est due aussi à l'action chi-
mique de la Lumière.
11 faut examiner maintenant l'action des
différentes parties du spectre solaire sur les
substances qui changent chimiquement d'é-
tat, pour voir comment l'action se modifie
avec la nature de ces substances. Ici l'ac-
tion est plus complexe que celle provenant
des rayons calorifiques ; car il n'y a pas de
substance pour l'action chimique analogue
au noir de fumée pour les rayons calorifi-
ques, c'est-à-dire absorbant également bien
tous les rayons actifs. On est obligé d'em-
ployer chaque substance impressionnable,
comme un instrument particulier.
Si ces substances changent de couleur, on
peut les étendre sur du papier, et former
ce que l'on nomme des papiers sensibles.
Indiquons d'abord ce qui se passe sur le
chlorure d'argent, les sels d'argent donnant
presque tous les mêmes résultats, mais a
un degré plus ou moins marqué.
Si l'on projette un spectre solaire sur
une feuille de papier enduite de chlorure
d'argent, et qu'on laisse continuer l'action
pendant quelque temps, on s'aperçoit bien-
tôt que la partie du papier qui se trouve
dans le violet commence à noircir peu à
peu : cette coloration s'étend au-delà du
violet d'un côté, et jusqu'au vert de l'autre.
Ainsi les rayons qui donnent naissance à
ce phénomène sont en partie plus réfrangi-
bles que les rayons lumineux. Il existe en
outre une seconde classe de phénomènes
très remarquables découverts par M. Ed.
Becquerel , et qui consistent en ceci : si la
matière a été impressionnée primitivement,
non seulement la coloration se manifeste
comme avant dans le violet et au-delà, mais
encore l'action a lieu et très vivement, de-
puis le bleu jusqu'au rouge , là où on n'a-
vait pas observé d'action auparavant. On
doit donc distinguer des rayons qui com-
mcncentctcontinuent l'action, et des rayons
qui continuent seuls. La plupart des sels
LUM
LUM
483
d'argent donnent lieu aux mêmes effets.
Si on projette un spectre solaire sur du
chlorure d'or , l'action commence dans le
vert, et s'étend au-delà du violet.
La résine de gayac est bleuie par les
rayons situés au-delà du violet visible ; et
les rayons compris depuis le violet jusqu'au
rouge agissent en sens inverse, et ramènent
le gayac bleui au blanc.
La décomposition de l'acide carbonique
de l'air par les feuilles a lieu principale-
ment dans la partie moyenne, vers le jaune.
Enfin les couleurs végétales qui sont in-
fluencées par les rayons solaires sont dé-
truites dans des portions différentes du
spectre; les rayons actifs, dans ce cas, ne
sont compris qu'entre le rouge et le violet,
et on a remarqué qu'en général les rayons
qui sont efficaces pour la destruction d'une
matière végétale d'une couleur quelconque
sont, dans un grand nombre de cas , ceux
qui accompagnent les rayons lumineux qui ,
par leur couleur, sont complémentaires de
la couleur de la matière végétale détruite.
C'est ainsi que les matières végétales d'une
couleur jaune ou orangée sont détruites
avec plus d'énergie par la partie bleue du
spectre ; les parties bleues par les portions
rouges, orangées et jaunes du spectre.
D'autres exemples montreraient que, pour
chaque substance impressionnable, l'action
des rayons solaires est différente , c'est-à-
dire que ces substances ne sont pas impres-
sionnées entre les mêmes limites de réfran-
gibilité, et que les portions des maxima et
minima d'action ne sont pas les mêmes dans
chaque circonstance. Aussi , nous le répé-
tons, chaque substance est un appareil par-
ticulier à l'aide duquel on doit interroger
1 action chimique de la Lumière.
Il existe une autre série de phénomènes
produits sous l'influence de l'action chimique
lie la Lumière : ce sont les effets électri-
ques qui se manifestent toujours quand les
molécules des corps éprouvent des déran-
gements dans leur position d'équilibre, se
combinent ou se désunissent. Il suffit pour
les rendre sensibles de couvrir une lame de
platine, plongeant dans de l'eau rendue con-
ductrice de l'électricité, de chlorure d'argent;
«le plonger une secondelame dans cette eau,
mais sans chlorure sur sa surface; de faire
communiquer les deux lames avec un gal-
vanomètre très sensible, et d'exposer le
chlorure à l'action de la Lumière : aussitôt
un courant électrique se manifeste. Le bro-
mure d'argent donne aussi lieu à ce phéno-
mène. On peut, en couvrant les lames de
ces substances, ou bien en prenant une
lame d'argent recouverte d'iodure , avoir
les intensités relatives des actions exercées
dans le spectre solaire; on arrive à l'aide
de ce procédé au même résultat qu'avec la
coloration , si ce n'est que l'on mesure les
actions.
En étudiant l'influence que les écrans
incolores et colorés exercent sur les diffé-
rentes portions du spectre solaire, on a été
conduit aux conséquences suivantes : lors-
qu'une substance agit par absorption sur
une portion du spectre lumineux, elle se
comporte aussi de la même manière sur la
portion de même réfrangibilité du spectre
chimique qui influence une substance sen-
sible; les différences qui paraissent exister
ne proviennent que de ce que l'on n'a pas
égard à l'intensité relative d'action de ces
parties des deux spectres par rapport à leur
maxima et à l'étendue du spectre actif.
Tous les faits observés jusqu'ici servent
donc à montrer que les réactions chimiques
et les phénomènes lumineux sont engendrés
par un seul et même rayonnement, dont les
effets sont modifiés suivant la nature du
corps sur lequel il agit.
Nous ne devons pas oublier de dire ici
que c'est à l'aide d'une substance sensible,
l'iodure d'argent, que MM. Niepce et Da-
guerre sont parvenus avec cette admirable
précision à fixer les images de la chambre
obscure.
Action phosphorogénique de la lumière. —
Nous avons dit que lorsqu'un faisceau de
rayons solaires tombait sur des écailles
d'huîtres calcinées, celles-ci acquéraient la
faculté d'émettre de la lumière dans l'ob-
scurité, d'être, en un mot, lumineuses par
elles-mêmes. Les écailles d'huîtres doivent
cette faculté au sulfure de calcium, qui
partage avec d'autres sulfures la propriété
de manifester à un haut degré le phéno-
mène de phosphorescence. Bon nombre de
corps jouissent de la propriété de devenir
lumineux par insolation, et ces effets pa-
raissent dépendre d'un changement mo-
mentané dans l'équilibre des particules.
484
LUM
Nous traiterons ce sujet à l 'article phos-
phorescence; mais il faut examiner les dif-
férentes parties du spectre qui donnent
lieu à cet effet. Sur le sulfure de calcium ,
on reconnaît que c'est dans l'extrême violet
qu'il devient lumineux; il y a deux maxima
d'action. Il existe en outre depuis le
violet jusqu'au rouge des rayons qui étei-
gnent la phosphorescence. Le sulfure de
Baryum donne lieu à des effets analogues,
mais dans le violet on ne trouve qu'un
maximum. Du reste, dans cesspectres comme
dans les spectres chimiques , on ohserve
des raies obscures semblables aux raies du
spectre lumineux, et placées dans les mêmes
positions :on a conclu que, dans les parties où
il n'existe pas de lumière, la cause qui a
produit la perte de ces rayons lumineux
est aussi celle qui amène la disparition des
effets chimiques et phosphorogéniques.
On voit donc qu'il est très probable que
les divers effets de lumière, de chaleur,
d'action chimique, et de phosphorescence
produits par l'action des rayons solaires,
sont dus à un seul et même rayonnement
qui se modi6e suivant la nature des sub-
stances qu'il impressionne, et que la diver-
sité des effets provient d'une différence
entre les matières ou organes sensibles, et
non de la modification de l'agent producteur.
Ce seraient donc, dans cette hypothèse,
des vibrations qui, sur la rétine, entre cer-
taines limites, donneraient la sensation lu-
mineuse, et en se transmettant aux corps
entre d'autres limites, produiraient de la
chaleur et de nouveaux arrangements entre
les molécules; enfin ce seraient encore des
vibrations qui, transmises aux molécules
des corps, les rendraient momentanément
lumineux par eux-mêmes ou phosphores-
cents.
Des météores lumineux. — Il existe plu-
sieurs météores lumineux qui sont dus à la
réflexion, à la réfraction et aux phénomènes
d'interférence; nous en avons déjà donné
un exemple dans le mirage. Nous citerons
l'arc-en-ciel , les couronnes , les halos , les
parhélies et la scintillation des étoiles.
L'arc-en-ciel se manifestée l'observateur
lorsqu'il se trouve à une certaine distance
d'un nuage qui déverse de l'eau entre le so-
leil et le nuage; ce phénomène est dû à la
réfraction des rayons du soleil à travers les
LUM
gouttes d'eau. En effet , si l'on se place der-
rière un jet d'eau dont l'eau retombe en
gouttes, entre ces gouttes et le soleil , on
voit apparaîtrexun arc lumineux analogue
à l'arc-en-ciel. Or, comme il faut que les
rayons soient renvoyés du nuage à l'obser-
vateur, on ne doit chercher à expliquer
le phénomène qu'à l'aide des rayons qui
ont pénétré dans la goutte d'eau, et qui
ont éprouvé au moins une réflexion dans
son intérieur. Si l'on suit la marche
d'un rayon lumineux à travers une sphère
d'eau, en s'appuyant sur les lois de la
réflexion et de la réfraction, on recon-
naît qu'il existe une certaine position du
rayon pour laquelle les rayons voisins se
réfléchissent entièrement au même point
et ressortent parallèles entre eux; l'œil
placé dans la direction de ces derniers
reçoit donc uneimpression lumineuse beau-
coup plus forte que dans toute autre posi-
tion, ou une impression qui efface toutes les
autres. Ces rayons ont été nommés rayons
efGcaces; leur position par rapport à la
goutte d'eau dépend de la couleur de la lu-
mière incidente; car la puissance de ré-
fraction n'est pas la même pour les diffé-
rentes couleurs du spectre. Si l'on conçoit
une ligne menée par l'œil de l'observateur
et le centre du soleil, la direction des rayons
efficaces rouges fera un angle de 42° l' avec
cette ligne; celle des rayons violets un angle
de 40° 17'; mais, comme toutes les gouttes
d'eau qui se trouvent dans cette condition
donnent lieu à des rayons efficaces, il en ré-
sulte que l'observateur doit apercevoir un
arc coloré de toutes les couleurs du prisme,
dont le centre sera sur la ligne passant par
l'observateur et le soleil, éloigné de cette
ligne des angles dont nous venons de parler
et d'une largeur de 42° 1' — 40 19' = 1*
45'. Le rouge dans cet arc est en dehors, le
violet en dedans, et entre ces deux couleurs
toutes les autres couleurs du prisme, orangé,
jaune, vert, bleu, indigo. On voit, d'après
cela , que plus le soleil est bas sur l'horizon,
plus est grande la portion de l'arc que l'on
voit.
On aperçoit ordinairement un second
arc-en-ciel que l'on nomme extérieur, parce
qu'il enveloppe le premier; il est produit
par des rayons efficaces qui ont subi deux
réflexions dans l'intérieur des gouttes d'eau.
LUM
Dans cet arc, le violet est en dehors et le
rouge en dedans; la position des couleurs
est inverse de ce qu'elle est dans le premier
ras. L'intensité lumineuse est déjà moins
forte que dans le premier arc. Il paraîtque
dans des circonstances extrêmement favo-
bles , on parvient quelquefois à observer un
troisième arc-en-ciel, dont la lumière, qui a
déjà subi plusieurs réflexions, est excessi-
vement faible; ce phénomène est très rare.
II y a aussi des arts secondaires ou surnu-
méraires qui paraissent résulter de l'interfé-
rence des rayons qui traversent les gouttes
d'eau.
La lune peut donner aussi quelquefois
des arcs-en-ciel comme le soleil , surtout
quand elle en pleine et qu'elle brille de
tout son éclat; mais les couleurs en sont
toujours pâles.
On donne quelquefois mal à propos le
nom d'arc-en-cicl lunaire au phénomène
des couronnes qu2 l'on observe autour de
la lune, et aussi parfois autour du soleil,
quand l'air n'est pas pur et qu'il se trouve
delà vapeur ou des gouttelettes d'eau ex-
trêmement petites. Ce phénomène est tout-
à-fait différent du précédent, en ce que les
arcs-en-ciel sont toujours à l'opposite de
l'astre, tandis que les couronnes ont tou-
jours l'astre pour centre. Elles sont, en gé-
néral , au nombre de trois, quatre, et sont
plus ou moins brillantes suivant l'état de
l'atmosphère ; le rouge est en dehors et le
violet en dedans, comme les couleurs des
interférences. Les déviations des mêmes
couleurs pour les anneaux différents suivent
les nombres 1, 2, 3, 4, excepté pour le
premier arc.
Cet effet est dû à l'interférence des rayons
qui rasent les vésicules contenues dans
l'air, de même que les spectres ou réseaux
sont dus à l'interférence des rayons qui tra-
versent lesintervallesdecesréseaux.Ce phé-
nomène est absolument semblable et peut
être facilement reproduit en mettant une
couche mince de lycopode entre deux verres
et examinant l'astre à travers ce système.
Des halos et des parhélies. — Les halos
sont deux cercles colorés qui se montrent
autour du soleil ou de la lune, ayant pour
demi-angle visuel 22 à 23° Dour le nlus
petit, et 46° pour le plus grand; il arrive
rarement que l'on aperçoive les deux. Le
LUM
485
rouge de ces cercles est en dedans et le
violet en dehors; cette disposition les dis-
tingue des couronnes. On les attribue à la
réfraction de la lumière à travers des
prismes déglace de 60°, dont les bases sont
perpendiculaires aux faces. Chacun des
angles de 60 et 90° donne des rayons effi-
caces, comme les gouttes d'eau de l'arc -en-
ciel, mais sans réflexion intérieure, et les
déviations sont de 23 et 46°, comme le
montre l'expérience. Quelquefois, mais
très rarement, les halos se compliquent de
plusieurs phénomènes; on voit un cercle
blanc horizontal passant par le soleil,
ayant la même largeur que lui, et quelque-
fois aussi un cercle vertical blanc qui coupe
le premier angle droit et fait une croix
dont le point de croisement est au soleil.
On explique ces cercles en admettant que ,
parmi les prismes déglace, il en existe qui
sont très longs, d'autres très courts; ces
deux espèces de prismes tombent suivant
leur moins grande résistance , les premiers
verticaux, les autres horizontaux, et les
faces de ces prismes doivent réfléchir régu-
lièrement la lumière de façon à donner lieu
aux deux cercles blancs, qui, ne donnant pas
de coloration , annoncent de la lumière ré-
fléchie.
Enfin, dans les halos, on voit aussi sur
le cercle parhélique, un peu en dehors des
halos, des images colorées du soleil. Ce sont
des parhélies ou faux soleils et quelquefois
une image à l'opposite du soleil, appelée
anthélie. L'explication de ces derniers effets
laisse encore quelque chose à désirer, comme
aussi celle de certains cercles tangents aux
halos ; mais ce phénomène complet est ex-
cessivement rare.
Il existe un autre phénomène connu de
tout le monde, la scintillation des étoiles,
ou le changement de couleurs rapide que
présentent les étoiles fixes, le passage du bleu
au rouge, du vert au jaune, passage qui si;
renouvelle plusieurs fois par seconde. Ce
phénomène, longtemps inexpliqué, dépend
des interférences, comme l'a démontn-
M. Arago. Suivant lui, les rayons parallèles
venant du soleil et qui tombent sur une
lentille pour donner lieu à l'image d'une
étoile, ne traversent pas des couches d'air
dont la densité reste la même; l'air étant
agité continuellement change d'état ; les
486
LUIVl
LUM
rayons voisins peuvent interférer du moins
les rayons colorés, dont la différence de route
se trouve être en nombre impair de demi-
ondulation. Alors , à l'instant que l'on con-
sidère, l'image de l'étoile est due à l'action
de tous les rayons qui n'ont pas interféré.
Comme l'état de l'atmosphère change con-
tinuellement, la couleur des points lumi-
neux doit changer en même temps.
De la lumière des comètes. — Ces astres
sont formés ordinairement d'une masse de
lumière plus ou moins éclatante mal ter-
minée, présentant une tête el une queue.
A la tête se trouve souvent un noyau beau-
coup plus brillant, semblable à une étoile
ou à une planète. On considère ces astres
comme un grand amas de vapeurs subtiles,
se laissant traverser par les rayons solaires,
et pouvant les réfléchir de toutes parts. On
attribue ce grand développement des at-
mosphères des comètes à la très faible ré-
sistance qu'oppose l'attraction exercée par
une masse aussi petite que celle du noyau
et l'élasticité des parties gazeuses.
Cette matière lumineuse, cette atmosphère
des comètes, a quelqufois 60 millions
de lieues de longueur , 1 million de lieues
de large. On se demande depuis long-
temps si les comètes sont lumineuses par
elles-mêmes, ou bien si, de même que
les planètes , elles réfléchissent les rayons
solaires. Cette question a occupé à diverses
reprises les physiciens et les astronomes.
Nous nous bornerons à rapporter les ob-
servations faites à cet égard par M. Arago,
en s'aidant des propriétés de la lumière po-
larisée. Lorsque la lumière est réfléchie
sous certains angles, elle acquiert des pro-
priétés qui la distinguent de la lumière di-
recte : or , dans la lumière de la queue des
comètes, on a reconnu des traces de lu-
mière polarisée, caractère propre à la lu-
mière réfléchie et non directe. Cette ob-
servation tranche la difficulté de la lu-
mière des étoiles. Ces corps sont situés à
une distance de nous qui n'est pas au-des-
sous de 6,720,000,000,000 de lieues. Or,
comme la vitesse de la lumière est de 7,000
lieues par seconde, la lumière des étoiles
doit donc employer plus de 96,000,000
de secondes pour arriver jusqu'à nous, c'est-
à-dire plus de 3 ans. Quant aux étoiles té-
lescopiques , si nombreuses , les astrono-
mes pensent qu'il y en a dont la lumière,
en raison de leur dislance, doit mettre
mille ans pour parvenir jusqu'à nous.
La cause de leur lumière est inconnue;
nous savons seulement que les étoiles
constituent autant de soleils. Pour les
reconnaître et en faciliter l'étude, on
les classe d'après leur éclat apparent, et
le rang qu'on leur assigne aussi sert à les
désigner sous les dénominations de première,
de deuxième grandeur. On a établi sept
ordres de grandeur, le dernier comprenant
les étoiles les plus petites que l'on puisse à
peine voir à l'œil nu. Outre les étoiles
de diverses grandeurs vues au télescope
ou à l'œil nu , il existe encore des amas
d'étoiles appelées nébuleuses, en raison
de l'aspect sous lequel elles se présentent à
nous. Les nébuleuses sont très probable-
ment formées d'un amas d'étoiles qui, en
raison de leur grand éloignement de nous
ou de leur faible éclat, ne peuvent être dis-
tinguées, de sorte qu'elles se présentent à
nous comme une masse lumineuse. Peut-
être aussi sont-elles une matière lumineuse
et plus phosphorescente, disséminées dans
l'immensité de l'espace, comme un nuage ou
un brouillard, tantôt revêtant des formes
capricieuses comme les nuages chassés par
les vents, tantôt se concentrant autour de
certaines étoiles à la manière des atmo-
sphères des comètes. Mais quelle est la des-
tination de cette matière nébuleuse? Sert-
elle en se condensant à fonder de nouveaux
systèmes stellaires ou des étoiles isolées?
Outre les étoiles fixes, il existe encore
des étoiles qui, sans se distinguer des autres
par un déplacement apparent ni par une
différence d'aspect, sont sujettes à des
accroissements périodiques d'éclat qui, dans
un ou deux cas, sont l'extinction et la révi-
viûcation complète : ce sont les étoiles pé-
riodiques.
De la lumière zodiacale. — La lumière
ainsi nommée est celle que l'on aperçoit
dans les beaux temps, aussitôt après le
coucher du soleil, vers le mois d'avril ou
de mai, ou avant le lever du soleil dans la
saison opposée. Elle a la forme de cône ou
de lentille, dont la direction est en général
celle de l'écliptique, ou mieux celle de
l'équateur solaire. Cette lumière est extrê-
mement faible, au moins dans nos climats,
mais on la voit mieux dans les régions in-
tertropicales, où elle ne peut être confondue
LUM
LUM
487
avec une aurore boréale. Elle s'annonce
évidemment comme une atmosphère rare et
de forme lenticulaire qui entoure le soleil,
et s'étend au delà des orbites de Mercure et
même de Vénus.
De la lumière des étoiles doubles. — On
s*est demandé s'il existait ou non des astres
émettant plusieurs des couleurs du spectre
et même une seule; les étoiles doubles sont
dans ce cas. On appelle ainsi des étoiles qui
se résolvent en deux et quelquefois en
trois autres très rapprochées; elles obéis-
sent à la même loi dynamique qui régit
notre système. La lumière de ces astres
présente des combinaisons binaires de rouge
et de bleu verdâtre, de jaune et de bleu.
La teinte bleue ou verte de la plus petite
étoile est- elle due ou non à un effet de
contraste? C'est une question qui a été ré-
solue par M. Arago, comme il suit: une
faible lumière blanche paraît verte à l'égard
d'une forte couleur rouge, et passe au
bleu quand la lumière vive environnante est
jaunâtre. On observe précisément un effet
de ce genre entre la partie brillante et la
partie faible des étoiles doubles, ce qui ten-
drait à faire croire que la cause est la
même. Il y a cependant des exceptions ; car
une petite étoile bleue accompagne souvent
une grande étoile blanche sans apparence
de couleur ronge, et dans ce cas on ne peut
admettre des effets de contrastes. La couleur
bleue, ne pouvant être attribuée à une illu-
sion, doit être réellement celle de la lumière
de certaines étoiles; c'est ce que M. Arago
a effectivement constaté.
Il existe donc par conséquent un grand
nombre d'étoiles doubles, émettant, les unes
une couleur bleue, les autres une couleur
verte. D'où peuvent donc provenir ces cou-
leurs uniques? Doit-on les considérer comme
le résultat rie la décomposition d'une lu-
mière analogue à celle du soleil, à travers
les milieux qu'elle a pu traverser, la cou-
leur complémentaire ou seulement une
portion ayant été absorbée par ces milieux?
Sont elles dues encore à des étoiles qui s'é-
teignent, ou à un état de combustion de
l'étoile semblable à celui decertains corps qui
brûlent en n'émettant qu'un petit nombre
de couleurs et même une seule? C'est ce
qu'on ne saurait dire.
DR LA LUMIÈRE ÉLFXTMQUE.
Toutes les fois que deux corps chargé»
d'électricité contraire sont placés à une dis-
tance convenable, les deux électricités s'é-
lancent l'une vers l'autre pour reformer du
fluide neutre, en produisant une étincelle
plus ou moins brillante. La tension néces-
saire pour que cette production ait lieu, ainsi
que la couleur de la Lumière , dépend de
la forme des corps, de la pression des milieux
gazeux que traverse la décharge, ainsi que
de leur nature.
La Lumière électrique esc d'autant plus
brillante que les corps entre lesquels elle se
manifeste sont meilleurs conducteurs; sui-
vant la nature de ces corps, elle prend des
teintes violacées, puis rouges comme les corps
combustibles qui brûlent plus ou moins len-
tement.
La Lumière devient blanche et brillante
quand la décharge a lieu dans un milieu
condensé , et prend une teinte rougeâtre
quand il est raréfié. Dans le premier cas,
il faut une plus grande tension que dans le
second ; dans le vide, la Lumière est naturel-
lement diffuse et très pâle.
La présence de particules matérielles dans
le milieu traversé par la décharge modifie
la couleur de la Lumière électrique.
Lorsqu'on élève la température du mer-
cure dans le vide barométrique, la Lumière
électrique qui traverse ce vide se montre
d'une couleur verte, en raison des vapeurs
mercurielles qui s'y trouvent en plus ou
moins grande quantité. En élevant graduel-
lement la température jusqu'à l'ébullition
du mercure, la décharge de quelques bo-
caux y produit une Lumière très éclatante,
due à ce que toutes les molécules de mercure
deviennent incandescentes, tandis qu'en re-
froidissant le mercure, elle s'affaiblit peu à
peu , et tellement, qu'à 20° au-dessous de
zéro, elle est à peine sensible. Elle n'est vi-
sible que dans une obscurité très profonde.
Cet effet ne dépend, comme il est facile de
le concevoir, que de la distance qui doit être
parcourue par l'électricité. Quand on opère
avec une batterie très énergique, et que les
boules de l'excitateur sont très rapprochées,
on peut avoir dans le vide une Lumière vive
et éclatante. En introduisant dans le vido
mercuriel la plus petite quantité d'air pos-
sible, la couleur change du vert au vert
488
LUM
LUM
de mer. Par de nouvelles additions, elle
passe au bleu et au pourpre. En faisant le
vide au-dessus de l'alliage fusible, aGn de
ne pas avoir sensiblement de matières pon-
dérables, la Lumière est pâle et d'un jaune
paille. Tous les faits observés jusqu'ici ten-
dent à prouver que les propriétés lumineu-
ses de l'électricité appartiennentà la matière
pondérable à travers laquelle les décharges
sont transmises; néanmoins l'espace dans
lequel il n'y a pas de quantités appréciables
de cette matière est apte à transmettre les
effets lumineux, pourvu toutefois que l'in-
tensité de la décharge soit suffisante; mais
il est probable que, dans ce cas, les parties
matérielles des corps entre lesquels éclate
la décharge interviennent dans la produc-
tion de la Lumière : cet effet est analogue
à celui qui a lieu quand on brûle du gaz
hydrogène pur et du gaz hydrogène carboné;
dans ce dernier, les corpuscules de carbone
en ignition ou en combustion donnent plus
d'éclat à la Lumière.
Nous avons dit que la Lumière électrique,
quand la décharge traverse du gaz, dépend
principalement, du moins sa couleur et son
intensité, de la tension de l'électricité ; mais
cette cause n'tst pas la seule, car la nature
propre du gaz exerce aussi une influence
sur la production du phénomène. A pression
égale , dans l'air, les étincelles ont cette lu-
mière intense et cette couleur bleue que
nous leur connaissons. Elles ont souvent des
parties claires et obscures dans leur trajet,
c'est-à-dire qu'elles montrent des solutions
de continuité quand la quantité d'électricité
est plus considérable. Dans l'azote , elles
ont la même apparence que dans l'air, si ce
n'est que la couleur bleue ou pourpre est
plus prononcée. Dans l'oxygène, les étincelles
sont plus blanches que dans l'air uu dans
l'azote, mais non aussi brillantes. Dans l'hy-
drogène, elles présentent une belle couleur
cramoisie, qui n'est pas due à sa faible den-
sité, puisqu'elle disparaît quand on raréfie
le gaz. Dans le gaz acide carbonique, la
couleur est semblable à ce! e de l'étincelle
dans l'air, mais avec un peu de couleur
verte. Dans le gaz chlorhydrique, l'étincelle
est presque toujours blanche, sans parties ob-
scures, probablement en raison d'une bonne
conductibilité. Dans l'oxyde de carbone, elle
est Yerte, rouge, tantôt l'une, tantôt l'autre.
Pour bien étudier le développement de
l'étincelle dans l'air, à mesure que la dis-
tance augmente entre deux boules chargées
d'électricité contraire, on opère de la ma-
nière suivante avec la machine de Nairne,
qui fournit en même temps les deux élec-
tricités. Cette machine est tellemtnt dispo-
sée que l'on peut approcher à volonté deux
boules de métal en relation chacune avec un
des deux conducteurs. Lorsque les deux
boules sont placées de 4 à 6 millim. de dis-
tance, l'étincelle a la constitution suivante:
Du côté négatif, on aperçoit un point lu-
mineux bien prononcé; du côté positif, il y
a également un point lumineux moins fort.
Dans l'intervalle, on aperçoit une partie
sombre violacée. Si l'on écarte peu à peu
les deux conducteurs , la partie lumineuse
négative se sépare en deux parties qui s'é-
loitment de plus en plus. L'étincelle se
trouve alors composée de trois parties lu-
mineuses et de deux parties somBres viola-
cées. En continuant à écarter les boules, la
partie lumineuse qui s'est détachée du con-
ducteur négatif se rapproche de la lueur
positive, et finit par se joindre à elle. Il ne
reste plus qu'une très faible lueur du côté
négatif, tandis qu'il y a une lueur très forte
du côté positir. Les étincelles acquièrent
alors une telle intensité qu'il est difficile de
les analyser.
Pour obtenir l'aigrette électrique, il suffit
de fixera l'angle droit, sur le conducteur
positif d'une machine électrique, une tige
métallique de quelques lignes de diamètre,
arrondie par le bout extérieur, et d'ap-
procher ensuite la main ou toute autre sur-
face conductrice. Quand on opère avec une
puissante machine électrique, une petite
boule métallique d'environ 18 millimètres
de diamètre, fixée à l'une des extrémités
d'une longue tige en cuivre, l'aigrette pré-
sente l'apparence suivante : une petite par-
tie conique brillante paraît au milieu de la
balle , laquelle se projette loin d'elle direc-
tement, à une petite distance; elle se brise
soudainement en une large aigrette de pâles
ramifications ayant un mouvement tremblé,
et est accompagnée en même temps d'un
claquement sourd et faible , dû à des dé-
charges successives et intermittentes.
Avec une balle plus petite, l'aigrette est
plus faible, et le son, quoique plus marqué,
um
LUM
489
est plus continu. Avec un fil à bout ar-
rondi, l'aigrette est encore plus faible, mais
séparable. Le son , quoique moins intense,
est plus élevé et rend une note musicale
distincte. Ce son est dû aux décharges suc-
cessives , qui, arrivant chacune à des inter-
valles presque égaux , font entendre une
note définie dont le ton monte avec l'ac-
croissement de rapidité , la régularité et la
rapidité de décharges intermittentes.
De la composition de la Lumière électrique.
— On analyse la Lumière électrique, comme
les autres Lumières, au moyen d'un prisme.
On obtient un spectre dont la composition
n'est pas la même que celle du spectre so-
laire. Celte différence se manifeste princi-
palement dans le rapport des raies et des
bandes. On distingue , dans le spectre élec-
trique , plusieurs lignes en partie très clai-
res , dont l'une , qui se trouve dans le vert,
est d'une clarté pour ainsi dire brillante,
«n comparaison du reste du spectre. L'o-
rangé renferme une autre ligne moins lu-
mineuse, dont la couleur paraît être la
même que celle de la ligne claire du spectre
de la flamme de lampe. A peu de distance
de l'extrémité du spectre, on remarque une
ligne qui n'est pas très claire, et dont la
Lumière est aussi fortement réfractée que
celle de la Lumière claire de la lampe dans
le reste du spectre. On distingue encore fa-
cilement dans diverses parties quatre lignes
bien claires. Fraunhofer attribue la présence
de ces lignes claires à une portion de la Lu-
mière qui n'a pas été décomposée par les
prismes.
M. Weathstone a étudié la composition
du spectre de la Lumière électrique avec un
télescope muni d'un micromètre. 11 s'est
servi d'un appareil électro-magnétique dis-
posé de manière à donner une étincelle ne
variant pas de position. Voici les princi-
paux résultats qu'il a obtenus :
Le spectre de l'étincelle tirée du mercure
consiste en sept bandes définies, séparées
les unes des autres par des intervalles ob-
scurs ; elles sont composées de deux bandes
orangées rapprochées l'une de l'autre, d'une
bande vert-brillant, de deux bandes vert-
bleuâtre très rapprochées , d'une bande
pourpre très brillante, et enfin d'une bande
\iolptte.
En étudiant la composition du spectre
t. vu.
provenant des étincelles tirées du zinc, du
cadmium, du bismuth, du plomb en fusion,
Weathstone a trouvé que le nombre, la po-
sition et la couleur varient dans chaque cas.
Le spectredu zinc et du cadmium donne la
bande rouge, qu'on ne trouve pas dans les
autres spectres. Les résultats ont été les
mêmes en employant l'étincelle d'une pile
voltaïque , nouvelle preuve de l'identité de
la Lumière électrique provenant des ma-
chines ordinaires ou des appareils vol laïques.
L'influence des métaux est tellement mar-
quée que, lorsqu'on tire l'étincelle d'allia-
ges, on aperçoit simultanément les lignes
qui appartiennent à chacun de ces métaux.
L'intervention de la matière pondérable du
conducteur, qui est volatilisée, est donc
complètement démontrée. D'un autre côté,
on sait que l'étincelle qui traverse l'air, en
sortant d'un conducteur métallique ou au-
tre , emporte toujours avec elle des particu-
les matérielles, et que dès lors la Lumière
électrique n'est pas formée seulement de la
réunion des deux fluides , mais provient
encore de l'ignition et même delà combus-
tion des matières pondérables transportées,
effet analogue à celui que l'on observe dans
les flammes résultant de la combustion du
gaz composé.
En résumé , nous voyons que réellement
la Lumière électrique peut naître de la réu-
nion des deux électricités, mais qu'elle a
besoin , pour se manifester à nos yeux avec
plus ou moins d'éclat , de la présence de
particules matérielles insaisissables, et qui
modifient ces propriétés , comme nous l'at-
testent les raies différentes que nous retrou-
vons dans les spectres obtenus avec la Lu-
mière électrique provenant des étincelle.1?
tirées de diverses substances.
Lumière de l'aurore boréale. — On appelle
ainsi le phénomène lumineux qui apparaît
quelquefois après le coucher du soleil vers le
nord, rarement vers le couchant, et plus ra-
rement encore vers le midi : tantôt il se
présente près de l'horizon comme une lueur
vague ressemblant à celle de l'aurore qui pré-
cède le lever du soleil ; d'autres fois, sous la
forme d'une nuée sombre , d'où partent des
fusées lumineuses, quelquefois vivement
colorées , et qui éclairent alors toute l'at-
mosphère. Telles sont les apparences prin-
cipales qu'on observe dans ce météore, qui
02
490
LU\Î
LUN
prend diverses formes ; son apparition est
toujours accompagnée d'un dérangement
dans la marche des variations diurnes de
l'aiguille aimantée, non seulement dans les
lieux où l'aurore boréale est visible, mais
encore dans les contrées qui en sont éloi-
gnées. La supposition la plus admissible pour
expliquer ce phénomène est de lui attribuer
une origine électrique. On sait effectivement
que l'électricité qui passe dans le vide s'y
montre avec les mêmes apparences lumi-
neuses que celle de l'aurore boréale. Or,
l'air devenant moins dense à mesure qu'il
s'élève au-dessus de la terre, si l'aurore
est due à des décharges électriques ayant
lieu dans des régions supérieures , ces dé-
charges doivent présenter les mêmes appa-
rences que dans des tubes remplis d'air plus
ou moins raréfié. La présence d'une cer-
taine quantité d'électricité dans l'atmo-
sphère vient encore à l'appui de l'identité
entre la Lumière électrique et celle des au-
rores.
Tous les faits observés montrent bien que
les colonnes de l'aurore boréale obéissent à
l'action du magnétisme terrestre, etdoivent,
par conséquent , être considérées comme
analogues à ces jets lumineux produits en-
tre deux pointes de charbon , dans le vide,
au moyen d'une très forte batterie vol taïque.
Tout tend donc à prouver que les rayons
lumineux de l'aurore boréale sont dus à des
décharges électriques qui s'opèrent dans les
parties supérieures , ou très probablement
au-delà de notre atmosphère. Nous renvoyons
pour plus amples développements à l'article
AURORE BORÉALE.
Lumière des étoiles filantes. — Ces météores
sont encore très obscurs ; on les explique en
admettant l'existence d'une zone composée
de milliers de petits corps dont les orbites ren-
contrent le plan de l'écliptique vers le point
que la terre va occuper tous les ans du 11
au 13 novembre. Ces petits corps sont com-
posés très probablement de matières oxyda-
bles qui s'échauffent , puis s'enflamment
quand elles sont dans notre atmosphère, et
donnent lieu, par là, aux effets lumineux
observés. (Becquerel.)
LUMNITZERA. bot. ph. — Jacq. F.,
syn. de Moschosma , Reichenb. — Genre
de la famille des Combrétacées-Combré-
tées , établi par Wildenow (m Berl, n. fr.,
IV, 186). Arbres ou arbrisseaux de l'Asie
tropicale. Voy. combrétacées.
LUMP, poiss. — Voy. lompe.
LUNA. moll.' — Ce mauvais genre de
Klein a été fondé pour une espèce de Calyp
trée, probablement le Calyptrœa trochifor-
mis. Ce genre est tombé dans l'oubli. (Desh.)
LUENIAIRE. Lunaria. bot. pu. — Genre
de la famille des Crucifères, tribu des Alys-
sinées, établi par Linné ( Gen. , n. 809).
Herbes des contrées centrales et australes
de l'Europe, bisannuelles ou vivaces, gran-
des, légèrement velues ; à tiges cylindriques,
droites, rameuses; à feuilles alternes ou
opposées , pétiolées , cordées, acuminées,
dentées en scie; à fleurs d'un rose clair,
quelquefois couvert d'une teinte argentée,
et disposées en grappe terminale.
Deux espèces seulement rentrent dans ce
genre : la Lunaire vivace, L. rediviva L., et
la Lunaire bisannuelle, L. biennis Mœnch.
L'éclat argentin des fleurs de cette dernière
espèce lui a valu les noms de Satinée et
Passe-satin. Dans certaines localités , elle
porte encore les noms de Grande Lunaire ,
Médaille et Dulbonac.
LUNANEA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Térébinthacées. éta-
bli par De Candolle {Prodr., Il, 92). Herbes
de la Guinée. Voy. térébinthacées.
LUNATUS. moll. — Humphrey, dans le
Muséum calonnianum, a proposé ce g. pour
y rassembler un certain nombre de Natices.
Voy. ce mot. (Desh.)
LUNE. astr. — C'est ainsi qu'on ap-
pelle l'astre qui accompagne la Terre dans
sa révolution annuelle autour du Soleil.
Cette aptitude à suivre constamment les
mouvements de translation de notre pla-
nète, lui a valu le surnom de satellite de
la Terre. Voy. terre.
LUNETTE, mam. — Nom vulgaire d'une
espèce de Phyllostome. Voy. ce mot. (E.D.)
LU ROT. moll. — Le Lunot d'Adanson
est une assez belle espèce de Vénus, à la-
quelle Gmelin a imposé le nom de Venus
senegalensis. Voy. venus. (Desh.)
*LUNULACARDIUM. moll. — M. de
Munsters (Pélrif. de l'Allemagne) a proposé
ce genre pour quelques coquilles fossiles,
qui, d'après leurs formes générales, sem-
blent avoisiner les Opis Defr. (Desh.)
LUNULARIA. bot. cr.— Genre de la fa-
LUP
LUP
491
mille des Hépatiques , tribu des Marchan-
tiées, établi par M icheli (Nov. gen.y 4, t. IV)
pour de petites espèces d'Hépatiques très
répandues en Europe.
LUNULE, moll. — Voy. coquilles au
mot MOLLUSQUES.
LUNULINE. Lunulina. infos?, algues.
— Voy. CLOSTÉME.
LUNULITE.LunwWes (diminutif defuna,
lune), polyp. — Genre de Bryozoaires, établi
par Lamarck peur des Polypiers fossiles en
forme de disque concave, ou de cupule, ou
de dé à coudre, et présentant, sur la face
convexe seulement , des cellules régulières
comme celles des Flustres, et disposées en
quinconce ou en stries rayonnantes et lon-
gitudinales dans les diverses espèces. La
face concave est lisse ou marquée de rides
et de sillons divergents. Plusieurs espèces
fossiles des terrains secondaires et tertiaires
étaient déjà connues quand M. Gray a décrit
une Lunulite recueillie à l'état vivant sur
les côtes d'Afrique: c'est la L.Owenii. (Duj.)
LUPÉE. Lupa. crust. — Ce genre, qui ap-
partient à l'ordre des Décapodes brachyures
et à la famille des Portuniens, a été établi
par Leach aux dépens des Ponunus de Fa-
bricius. Les Crustacés qui composent cette
coupe générique ont la carapace générale-
ment beaucoup plus large que longue, avec
ses bords antérieurs armés chacun de neuf
dents plus ou moints saillantes et spinifor-
mes. Les orbites sont ovalaires , et dirigées
obliquement en avant et en haut. Les fos-
settes qui logent les internes sont peu pro-
fondes, et l'article basilaire des antennes
externes se soude au bord inférieur de l'an-
gle supérieur du front. L'épistome est très
étroit, avec le cadre buccal à peu pris carré.
Le troisième article des pattes -mâchoires
externes est assez fortement tronqué en
avant, et le plastron sternal, très large et à
peine resserré postérieurement, est toujours
assez bombé longitudinalement. Les pattes
de la première paire sont très grandes; les
suivantes sont beaucoup moins longues, et
toutes à peu près de même grandeur, avec
les deux derniers articles des pattes de la
cinquième paire constituant par leur élar-
gissement des rames puissantes, et aidant
beaucoup ces Crustacés dans leur natation.
L'abdomen ne présente rien de remarqua-
ble. Les Lupées sont des Crustacés essen-
tiellement pélagiens, et se rencontrent sou-
vent en pleine mer. Plusieurs voyageurs en
ont vu au milieu de l'Océan , n'ayant pour
lieu de repos que des fucus flottants. La fa-
cilité avec laquelle ils nagent est extrême;
et, d'après les observations de Bosc, il pa-
raîtrait même qu'ils ont la faculté de se
soutenir à la surface de l'eau dans un état
stationnaire et sans exécuter aucun mouve-
ment. Cette coupe générique, que M. Milne-
Edwards a divisée en trois sous genres sous
les noms de Lupées convexes, nageuses et
marcheuses y renferme 13 espèces répandues
dans les mers des Indes et d'Amérique; une
seule habite la Méditerranée : c'est la Lupa
lactata Linn. Dans notre Atlas, Crustacés,
pi. 2, nous avons représenté la Lupée péla-
gique, Lupa pelagica Linn. , qui peut être
considérée comme le type de ce genre. Cette
espèce est commune dans la mer Bouge et
dans tout l'océan Indien. (H. L.)
*LUPERINA. ins — Genre de l'ordre des
Lépidoptères nocturnes, tribu des Apamides,
établi par M. Boisduval , et dont l'espèce
type est le L. polyodon (Noclua id. Linn.),
commun dans toute l'Europe.
LUPERUS f>«ï)péç, triste), ins.— Genre
de Coléoptères subpentamères, famille des
Cycliques, tribu des Galérucites, créé par
Geoffroy {Hist. abr. des Ins., t. I, p. 230).
Le type, Chrys. flavipes Linn., a pour fe-
melle le L. rufipes de F. Dejean, qui adopte ce
genre, en mentionne (Catal., 3e éd., p. 406)
36 espèces de tous les points du globe; mais
il est possible que ce nombre soit moins
élevé , car beaucoup de mâles noirs ont
des femelles à corselet rouge ou jaune qui
auront été prises séparément pour des es-
pèces. On doit encore rapporter au g. Lupe-
rus le Ptinus longicornis Fab., qui vit sur le
Bouleau. Geoffroy dit que les larves du type
sont assez grosses , courtes, de forme ovale :
elles ont 6 pattes et une petite tête écail-
leuse. Le reste de leur corps est mou et d'un
blanc sale. On trouve ces larves sur l'Orme,
dont elles mangent les feuilles. (C.)
LUPIN. Lupinus. bot. pu. — Genre de la
famille des Légumineuses -Papilionacées ,
tribu des Lotées ; c'est l'un de ceux que
Linné a rangés dans la diadelphie-décandrie,
pour ne pas rompre des afûnités naturelles
évidentes, quoique leur place dût être dans
la monadelphie. 11 se compose de plantes
492
LUP
LUP
herbacées, sous-frutescentes ou frutescentes,
qui croissent pour la plupart dans les parties
tempérées et sous-tropicales de presque toute
la surface du globe, surtout dans l'Améri-
que septentrionale, dont un petit nombre
habitent aussi la zone intertropicale. Leurs
feuilles sont digitées, le plus souvent à 5 fo-
lioles, quelquefois à 3 ou à un plus grand
nombre; parfois même elles deviennent sim-
ples par l'effet d'un avortement; leurs sti-
pules sont adnées au pétiole; leurs fleurs
sont assez grandes, réunies en épis ou en
grappes, le plus souvent terminales, accom-
pagnées d'une bractée, très souvent aussi de
deux bractéoles. Elles présentent l'organi-
sation suivante : Calice divisé profondément
en deux lèvres, dont la supérieure est plus
courte et biGde, dont l'inférieure est triûde ;
corolle papiiionacée, dont l'étendard est ré-
fléchi sur les côtés, dont la carène est acumi-
née et présente deux onglets distincts; 10
étamines monadelphes dont les anthères sont
alternativement oblongues et presque réni-
formes; style filiforme, courbé en dedans;
stigmate terminal, presque arrondi, barbu;
légume coriace, oblong, plus ou moins com-
primé, renfermant deux ou plusieurs grai-
nes qui produisent extérieurement des ren-
flements transversaux et obliques. Quelques
espèces de Lupins méritent d'être signalées
ici, parce qu'on les cultive soit comme four-
rages , soit comme plantes d'ornement.
1. Lupin blanc, Lupinus albus Linn. Cette
espèce, la plus importante du genre, est ori-
ginaire du Levant. Sa tige est droite, un peu
velue, haute de 3-5 décimètres; ses feuilles
sont digitées, à 5-7 folioles obovales-oblon-
gues, entières, glabres en dessus, revêtues
en dessous et à leurs bords de longs poils
soyeux; ses fleurs sont blanches, ainsi que
l'indique son nom , alternes , pédicellées,
dépourvues de bractéoles , réunies en une
grappe terminale; la lèvre supérieure de
leur calice est entière, l'inférieure tridentée.
Son légume est hérissé; il renferme 5 ou 6
graines aplaties , orbiculaires. Le Lupin
blanc est cultivé fréquemment dans nos dé-
partements méridionaux, et généralement
dans les parties méridionales de l'Europe,
surtout en Italie. Il présente divers avan-
tages qui donnent à sa culture une assez
grande importance: la plante encore jeune
fournit un fourrage qu'on donne particuliè-
rement aux Moutons ; ses graines , dépouil-
lées en partie de leur amertume naturelle
par une macération de vingt-quatre heures,
constituent un bon aliment pour les Bœufs ;
c'était même jadis un mets fort estimé des
anciens, et ce goût s'est conservé jusqu'à
nos jours en Egypte et dans quelques par-
ties de l'Italie; néanmoins, comme la cuis-
son ne leur enlève qu'en partie leur amer-
tume, etque, de plus, elles sont toujours dif-
ficiles à digérer, elles ne forment jamais
qu'un aliment fort médiocre. En médecine,
on a longtemps classé la farine de Lupin
parmi les farines résolutives; mais aujour-
d'hui , son emploi est entièrement aban-
donné. L'usage le plus important du Lupin
blanc est celui qui consiste à l'employer
comme engrais, en l'enfouissant tout entier
pendant qu'il est en fleur ; à ce titre, il offre
d'autant plus d'avantage, que, prospérant
dans les plus mauvaises terres, dans des sols
sablonneux où toute autre plante végéterait
fort mal ou pas du tout, il fournit un moyen
commode de les améliorer. La culture de
cette plante ne s'élève guère dans le nord,
à cause de sa sensibilité au froid.
2. Lupin termis , Lupinus lerrnis ForsV .
Cette espèce, originaire de TÉgypte, présente
la plupart des caractères de la précédente ,
de laquelle elle se distingue surtout par
les bractéoles qui accompagnent ses fleurs,
et par les trois dents très peu marquée-
de la lèvre inférieure de son calice. Ses
fleurs sont blanches et blanchâtres au som-
met. On la cultive dans le royaume de Na-
ples comme un bon fourrage vert pour les
chevaux.
Parmi les espèces de Lupins qu'on cultive
comme plantes d'ornement, nous nous bor-
nerons à mentionner les suivantes: Le Lu*-
pin changeant, Lupinus mutabilis Sweet
originaire de la Colombie, où il forme un
arbuste toujours vert, dont les fleurs bleues
et jaunes à la fois sont remarquables par
leur beauté et par leur odeur suave ; le Lu-
pin de Cruckshanks, Lupinus Cruckshanksii
Hook., dont les fleurs ont une très belle
couleur bleue et une odeur agréable ; le Lu-
pin bigarré, Lupinus varius Linn., qui croît
spontanément parmi les moissons dans le
midi de l'Europe, etc., etc. (P. D.)
LUPINELLE. bot. ph. —Nom vulgaire
du Trèfle et du Sainfoin.
LUS
LIT
LUPIXUS. bot. ph. — Voy. lipin.
LUPOX. moll. — Sous ce nom, Adanson
a décrit une petite espèce de Porcelaine ,
qui, d'après M. de Blainville, serait le Cy-
prœa Iota de Linné. Voy. porcelaine.
(Di:su.)
*LUPOXIA. moll. — Genre proposé par
M. Gray , dans sa Monographie de la famille
des Cypre'es, pour un groupe de Porcelaines
qui se distinguent des autres par les stries
Iransverses qui couvrent leur surface; mais
ce genre n'est point admissible. Voy. porce-
laine. (Desh.)
LUPULIXE. bot. ph. — Espèce du g.
Luzerne.
LUPULIXE. cum. — Voy. houblon.
LUPULUS, Tournef. bot. ph. — Syn.
d'Humulus, Linn. Voy. houblon.
LUPUS, mam.— Nom latin du Loup. Voy,
l'article chien. (E. D.)
LURHXE. bot. ph. — Linné , dans ses Es-
sais de familles natur., donnait ce nom à un
assemblage de genres qui maintenant sont
rapportés à plusieurs familles différentes,
principaIementauxSolanées,auxScrophu!a-
rinées , aux Apocynées , et qui pour la plu-
part présentent des propriétés vénéneuses,
ce qui leur a valu sans doute ce nom de
mauvais augure, quoique toutes soient loin
de présenter cette coloration livide (Iwidus)
par laquelle il les caractérise. (Ad. J.)
LUSCIXIA. ois. — Nom latin du Rossi-
gnol et du genre dont il est le type. (Z. G.)
*LUSCIXIDÉES. Luscinidœ. ois. — Fa-
mille de la tribu des Passereaux dentirostres,
établie par G.-R. Gray dans sa liste des g.
ornilhologiques, et qui embrasse la presque
totalité des espèces que Linné et Latham
introduisaient dans leurs g. Motacilla, Pa-
rus et Sylvia. Cette famille est décomposée
dans l'ouvrage de G.-R. Gray en plusieurs
sous-familles : celle des Malurinées {Malu-
rinœ), qui comprend les g. Orihotomus, Pri-
nia, Drymoica, Bradyplerus, Melizophylus,
Malurus, Stipilurus, Cysticola, Hemipteryx,
Praticola, Amylis , Sphenœacus, Dasyoï^nis,
Sphenura , Cinclorhamphus et Megalurus;
telle des LusciNiNÉEs(Luscmir?ce),de laquelle
font partie les g. Celtia, Pseudo- Luscinia
(Luscinopsis), Locuslella, JEdon, Lusciniola
(Calamodyla), Hippolais, Cyanotis, Regulus,
Phyllopneuste, Sylvia, Curruca, Nisoria et
Luscinia; celle des Saxicolinées {Saxicqr
linœ), qui se cou. pose des g. Copsychus
Rulicula, Niitava, Siphia, Cyanecula, Cal.
liope, Erythacus, Sialia, Pelroica, Hy Iodes f
Symmorphus, Origma, Thamnobia, Canu
picola, Saxicola et Fruticicola; celle des
Accentorinées (Accenlorinœ), qui réunit les
g. Accentor, Enicocichla, Trichas, Sericor-
nis , Acanthiza, Pyrrholœmus , Xerophila ,
Psilopus, Jora et Crataionyx ; celle des Pa-
rinles (Parinœ), composée des g. JEgithalus,
Melanochlora, Parus, Megislina, Tyrannu-
lus , Sphenosloma , Calamophilus , Oriles ,
Parisoma, Psallria, JEgilhina et Hylophilus ;
celle des Sylvicolinées (Sylvicolinœ ) , que
concourent à former les g. Dumecola, Syl-
vicola, Parula, Wilsonia, Vermivora, Mnio-
tila, Sylvietta et Zosterops; enfin celle des
Motacillinées ( MotacilUnœ ) , qui renferme
les g. Muscisaxicola , Motacilla , Budyles ,
Dahila , Enicurus, Grallina , Acanthiza,
Anthus et Corydalla.
A l'exception de la sous- famille des Pa-
rinées, et de quelques g. dispersés dans les
autres sous- familles , les Luscinidées de
G.-R. Gray correspondent à la famille des
Becs-Fins de G. Cuvier.
Nous examinerons aux articles mérion,
mésange, sylvie et traquet, quelle est la
valeur de ces divers g. , quels sont ceux pat-
conséquent qui devront être maintenus; et
nous examinerons aussi si les rapports natu-
rels qui unissent les uns aux autres doivent
rester tels que les établit G.-R. Gray. (Z.G .)
LUSCIXIXÉES. Luscininœ, G.-R. Gray.
ois. — Voy. luscinidées. (Z.G.)
*LUSCIXIOLA, G.-R. Gray. ois. — Syn.
de Calamoherpe. Voy. sylvie. (Z. G.)
*LUSCIXOIDES, Bonap. ois.— Genre de
la famille des Fauvettes. Voy. sylvie. (Z. G.)
*LUSCIOLA, Keys et Blas. ois. —Syn.
de Luscinia. Voy. sylvie. (Z. G.)
*LUSIE.Lwsia (nom mythologique). polyp.
- Genre proposé par M. Milne-Edwards
pour des Polypes nus pédicules qui, par leur
forme générale , se rapprochent un peu de
certaines Vorticelles, mais qui ont le bord
antérieur du corps garni d'une couronne
de tentacules ciliés, et qui, par leur orga-
nisation intérieure, se rapprochent beaucoup
des Flustres. Les Lusies ont été trouvées
fixées sur les plantes marines aux iles
Chausey. (Du.)
LUTH. rept. — Espèce de Chclunicn
4M
LUT
du groupe des Tortues de mer. Voy. chélo-
kér. (E. D.)
*EUTHERA, Schultz. bot. ph. — Syn. de
Tro.rimon, Gœrtn.
LUTJAN. Lutjanus. poiss. — Cette déno-
mination avait été primitivement appliquée
par Bloch à un genre particulier de Pois-
sons. Ce genre n'ayant pas été adopté , le
nom de Lutjan a été réservé à quelques es-
pèces des genres Mésoprion , Centropiste,
Prislipome, Crénilabre et Sublet.
♦LUTKEA.bot. ph.— Genre de la famille
des Saxifragacées-Saxifragées , établi par
Bongard (in Mem. acad. St.-Pelersb., VI,
sér. II, 130, t. II). Herbes de l'Amérique
arctique. Voy. saxifragacées.
*LUTODEIRA. poiss.— Genre établi sur
le Mugil Chanos de Forskal, qu'Ebrenberg
a reconnu pour un poisson de la famille des
Cyprins. Voy. chanos et mugil.
LUTRA mam. — Nom latin du genre Lou-
tre. Voy, ce mot. (E. D.)
LUTRAIRE. Lutraria. moll. — Une
grande coquille bivalve, commune sur nos
côtes de l'Océan et non moins abondante
sur différents points du littoral méditerra-
néen, a été nommée Chama peloris par Ron-
delet et tous les autres naturalistes de la
même époque. Cette coquille, figurée par
Lister, Gualtieri et d'autres iconographes, a
été inscrite par Linné dans son genre Mac-
tra , et, en cela, il a été imité par le plus
grand nombre des naturalistes modernes.
Cependant Linné, avant de se fixer défini-
tivement à l'opinion que nous venons de
signaler, en avait professé une autre; car
nous trouvons le type des Lutraires parmi
les Myes , aussi bien dans la 16e édition du
Syslema naturœ que dans le Muséum Ulricœ
Reginœ. Lorsque Lamarck, dans ses pre-
miers essais de conchyliologie, tenta la ré-
forme des méthodes de classification, il re-
connut à la coquille dont nous venons de
parler des caractères propres à la distinguer
de tous les genres où on l'avait placée jus-
qu'alors. C'est ainsi qu'il fut conduit à l'é-
tablissement du genre Lutraire, qui, bientôt
après, fut introduit dans la plupart des clas-
sifications, soit comme genre, en suivant
scrupuleusement l'opinion de Lamarck, soit
comme sous-genre, en adoptant celle de
Cuvier. Au reste, pendant fort longtemps,
la composition du genre Lutraire resta assez
LUT
incertaine, et les zoologistes ne furent fixés
à cetégard qu'au moment où parut, en 1818,
le cinquième volume des Animaux sans
vertèbres. C'esralors que l'on put juger de
l'importance du genre et de sa composition.
L'examen des onze espèces inscrites dans
l'ouvrage de Lamarck prouve que ce natu-
raliste confondait dans le genre Lutraire
deux types bien distincts de Mollusques acé-
phales : l'un représenté par les espèces de
la première section du genre, l'autre compre-
nant la première espèce de la seconde sec-
tion. Ce second type a été séparé sous le
nom de Lavignon par Cuvier, dans le Règne
animal, mais plus anciennement sous celui
de Trigonella par d'Acosta, dans sa Conchy*
liologie britannique. Cette réforme une fois
admise, les Lutraires se réduisent à un plus
petit nombre d'espèces ; mais aussi ce genre
présente des caractères beaucoup plus natu-
rels. Cependant nous nous sommes plusieurs
fois demandé si les Lutraires devaient être
séparés génériquement des Mactres. Pour
répondre à cette question , nous avons em-
ployé un moyen qui nous a réussi souvent,
et qui consiste à comparer minutieusement
les caractères des deux genres et à constater
leur ressemblance et leurs diuérences. Par
cet examen minutieux et en observant uni-
quement les coquilles(car jusqu'ici l'animal
est resté inconnu), nous avons été conduite
regarder les Lutraires comme une simple
section des Mactres. En effet, il s'établit
entre les deux genres un passage insensible
non seulement dans la forme extérieure,
mais encore pour tous les caractères de la
charnière.
Ainsi, dans les Mactres, les coquilles sont
généralement triangulaires; mais déjà, dans
la Mactre du Brésil et quelques autres es-
pèces, la forme devient beaucoup plus trans-
verse ; et à mesure que la coquille s'allonge,
elle devient plus bâillante à ses extrémités; au
reste , le bâillement des valves ne se montre
pas seulement dans les espèces allongées ,
on le retrouve à divers degrés dans presque
toutes les espèces. Si nous prenons la char-
nière , on sait que dans les Mactres elle est
constituée d'abord par un cuilleron médian,
intérieur, sur lequel s'attache un ligament
fort épais. Sur le côté antérieur s'élève un::
dent cardinale, tout à- fait spéciale aux Mac-
tres, et qui conserve constamment la forme
LUT
LUT
49;
d'un V; de chaque côté de cette charnière
se montre une dent latérale, saillante et
sublamelleuse. Tel est le développement le
plus habituel de la charnière dans les Mac-
tres ; mais si on a sous les yeux un grand
nombre d'espèces, tant fossiles que vivan-
tes , ces caractères ne se conservent pas
identiquement les mêmes. C'est ainsi que
les deux parties constituant la dent en V se
rapprochent peu à peu en formant un angle
plus aigu , et ont une tendance à se con-
fondre ; les dents latérales elles-mêmes s'é-
paississent et s'abaissent en même temps,
et finissent par être réduites à l'état rudi-
mentaire , de sorte que l'on voit ainsi par
gradation s'établir la charnière des Lutrai-
res. Cette charnière consiste en un cuilleron
saillant, horizontal, destiné à recevoir le
ligament. En avant se trouve la dent en V,
telle que la montrent les Mactres, et enfin de
chaque côté, dans la Lutraria rugosa, par
exemple, on remarquedcs dents latérales as-
sez saillantes, et dans les autres espèces, de
simples plis, derniers vestiges de ces dents
latérales. C'est ainsi que se démontre toute
l'analogie qui existe entre les deux genres
dont il est ici question. Tout nous porte à
croire que les animaux eux-mêmes présen-
teront des modifications analogues , ce dont
il ne sera possible de juger qu'au moment
où l'on aura pu comparer les animaux des
espèces de Mactres les plus rapprochées des
Lutraires. Si nous prenons les Mactres de
nos mer.c, et si nous les comparons à nos
Lutraires, nous trouvons entre ces espèces
des différences considérables propres à main-
tenir ces deux genres. Mais si l'on pouvait
joindre à l'observation de ces animaux celle
des espèces transitoires en quelque sorte,
peut-être alors se trouverait justiûée l'opi-
nion que nous avons adoptée autrefois, d'a-
près laquelle les Lutraires devraient rentrer
dans les Mactres à titre de sous-genre. Quoi
qu'il en soit , nous ne voyons aucun incon-
vénient à conserver le genre Lutraire dans
l'état actuel de la science, sauf à le réunir
plus tard aux Mactres.
Toutes les Lutraires sont des coquilles al-
longées, transverses, équivalves , inéquila-
térales, bâillantes aux deux extrémités. Leur
test est généralement solide et épais ; il
existe cependant des espèces minces et fra-
giles ; presque toutes sont couvertes d'un
épiderme assez épais qui se prolonge sur les
parties exserliles de l'animal, telles que les
siphons et le manteau. Sur le bord cardinal
se montre un grand cuilleron saillant dans
l'intérieur, et en avant une dent comprimée
en V ; les impressions musculaires sont assez
grandes; l'impression palléale, parvenue
vers l'extrémité postérieure des valves , re-
vient en avant en formant une longue e
profonde sinuosité horizontale , et rejoin
enfin l'impression musculaire postérieure
L'animal a exactement la forme de la co-
quille dans laquelle il est contenu; il est
revêtu d'un ample manteau dont les lobes
égaux tapissent l'intérieur des valves. Un
bord musculaire, épais, forme sa circonfé-
rence, et laisse sur la coquille l'impression
dont nous avons parlé. En arrière, ce man-
teau se prolonge en une masse cylindrique
très allongée et fort épaisse, résultant de la
réunion des deux siphons. Ces siphons sont
séparés à l'intérieur par une cloison mem-
braneuse , et à leur extrémité libre existe
une ouverture pour chacun deux. Le siphon
anal est un peu plus petit; son bord se pro-
longe en une membrane fort mince, en de-
hors de laquelle s'élèvent, en grand nombre
et sur plusieurs rangs, des tentacules sim-
ples et très fins. L'ouverture du siphon bran-
chial est tout-à-fait différente ; son bord ex-
térieur présente un petit nombre de tenta-
cules simples, mais en dedans s'en élèvent
de très grands, disposés d'une manièresymé-
trique, et découpés sur leur bord en nom-
breuses lanières : ils s'élèvent en voûte au-
dessus de l'ouverture du siphon, et leur di-
gitation souvent entrecroisée constitue une
espèce de tamis à mailles irrégulières, à
travers lequel l'eau est obligée de passer
avant de pénétrer dans la cavité du man-
teau. Les bords du manteau sont réunis
entre eux dans presque toute leur lon-
gueur; ils laissent en avant une fente pour
le passage d'un pied triangulaire, aplati
de chaque côté, et tout-à-fait comparable
à celui des Mactres. Entre ce pied et le
muscle adducteur antérieur, on trouve l'ou-
verture de la bouche, sous la forme d'une
fente transverse, entre deux lèvres larges et
membraneuses. Ces lèvres se continuent à
droite et à gauche en une paire de grands
palpes labiaux, étroits et très allongés;
leur surface interne est couverte de lames
A9Ô
LUT
LUZ
membraneuses d'une grande finesse et d'une
parfaite régularité. De chaque côté d'une
masse abdominale peu considérable se re-
marque une paire de grands feuillets bran-
chiaux, dont l'extrémité antérieure vient
s'interposer entre les palpes labiaux. Ces
feuillets parvenus en arrière de l'abdomen
se joignent entre eux, et viennent s'appli-
quer sur le pourtour de l'ouverture interne
du siphon anal, de sorte que la cavité de ce
siphon est constamment séparée de celle du
manteau. Le cœur est placé, comme à l'or-
dinaire, sur le dos de l'animal, au point qui
correspond à la charnière de la coquille; il
est subfusiforme , et il embrasse l'intestin
au moment où il sort de la masse abdomi-
nale; il est pourvu, de chaque côté, d'une
oreillette triangulaire dont la cavité com-
munique directement avec les vaisseaux
branchiaux. L'ovaire occupe une place con-
sidérable dans la masse abdominale; au
moment de la ponte cet organe est turges-
cent, d'un blanc laiteux, et au moyen de
deux oviductes cachés sous les branchies, il
laisse échapper une énorme quantité d'oeufs,
qui viennent se loger dans les lacunes des
feuillets branchiaux.
Les Lutraires sont des Mollusques litto-
raux qui ont l'habitude de s'enfoncer per-
pendiculairement dans le sable vaseux , de
s'y creuser un trou , au haut duquel vient
s'ouvrir l'extrémité postérieure des siphons.
Ces animaux sont particulièrement répan-
dus dans les mers tempérées ; cependant
il en existe aussi dans les mers chaudes,
et les espèces de ces mers sont minces
et fragiles. Le nombre des véritables Lu-
traires est peu considérable ; nous en con-
naissons 12 vivantes et 6 fossiles, prove-
nant des terrains tertiaires des étages moyens
et supérieurs ; nous n'en connaissons au-
cune dans le bassin de Paris, et toutes
celles qui jusqu'ici ont été mentionnées dans
les terrains secondaires , examinées avec
plus d'attention, doivent se distribuer dans
d'autres genres. (Desh.)
liUTRlCOLE. Lutricola. moi.l. — Après
avoir adopté le genre Lutraire de Lamarck
dans le Dict. des se. nat., M. de Blainville,
dans son Traité de Malacologie , change le
nom du genre pour celui de Lutricole, tout
en y admettant les mêmes espèces que dans
celui des Lutraires de Lamarck. Il est évi-
dent <»ue la dénomination proposeeparM.de
Blainville devient un double emploi qu'il
faut abandonner. Voy. lutraicl:. (Desh.)
*LU1T«0STYLIS , G. Don. dot. ph. —
Syn. d'Ehrelia, Linn.
LUVARUS. poiss. — Voy. louvareoo.
*LUVUNGA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Aurantiacées-Clausénécs, établi
parHamilton (ex Wallich Catalog. n. 6382).
Arbrisseaux de l'Inde. Voy. aurantiacées.
LUXEMBURGIA (nom propre), bot. pd.
— Genre de la famille des Sauvagésiées,
établi par Saint-llilaire {inMem. il/us,, IX,
351). Arbrisseaux du Brésil. Voy. sauva-
gésiées.
LUZERNE. Medicago. bot. ph. — Grand
genre de la famille des Légumineuses-Papi-
lionacées, tribu des Lotées, de la diadclphic-
décandrie, dans le système sexuel de Linné.
Il comprend aujourd'hui au moins 90 espè-
ces; on en trouve, en effet, 76 décrites dans
le Prodrome (vol. II, p. 171 et suiv.) (en
retranchant les deux espèces de la première
section, qui sont rapportées maintenant aux
Anthyllis); et, depuis la publication de ce
volume, M. Walpers en a relevé 16 nouvel-
les. Ces plantes sont herbacées, sous fru-
tescentes; elles croissentspontanémentdans
les parties moyennes et méridionales de
l'Europe; leurs feuilles sont presque toujours
pennées-trifoliolées, dans des cas très rares,
pennées avec foliole impaire, elles sont ac-
compagnées de stipules adnées au pétiole;
leurs fleurs sont petites, ordinairement réu-
nies en petites têtes ou en épis axillaires,
presque toujours jaunes; elles présentent
les caractères suivants: Calice campanule,
5-fide, dont les divisions sont égales entre
elles ou légèrement inégales, les deux supé-
rieures étant plus courtes; corolle papilio-
nacée, dont l'étendard dépasse les ailes et
la carène; cette dernière est un peu écartée
de l'étendard, obtuse, marquée au-dessus
de l'onglet de deux enfoncements latéraux;
dix étamines diadelphes; ovaire à un ou
plusieurs ovuIps; style glabre; stigmate ca-
pité. Le légume qui succède a ces fleurs est
courbé en faucille ou plus souvent contourné
en spirale, et fournit par là le caractère dis-
tinctif du genre. Parmi les espèces de Luzer-
nes, la plupart sont de petites plantes qui
abondent dans le midi de l'Europe, et qui
offrent souvent de grandes difûcultés pour
LUZ
LUZ
497
la détermination. Parmi elles, il n'en est
qu'une sur laquelle nous ayons à dire ici
quelques mots ; mais avec ces plantes de
peu d'intérêt direct, il en est une qui mérite
de fixer particulièrement l'attention par sa
grande utilité, et sur laquelle aussi nous
nous arrêterons plus longtemps. Cette espèce
est la suivante.
1 . Luzerne cultivée , Medicago sativa
Lin. Cette espèce est vulgairement désignée
sous la seule dénomination de Luzerne;
dans quelques départements méridionaux ,
particulièrement dans ceux formés par le
Haut-Languedoc, on lui donne fort impro-
prement le nom de Sainfoin, qui appartient
à VOnobrychis sativa, tandis que, par l'ef-
fet d'un renversement fort bizarre, cette
dernière plante reçoit le nom de Luzerne ,
qui ne lui convient nullement. La racine de
la Luzerne cultivée est vivace , très longue
et très volumineuse , proportionnellement
aux dimensions de la partie aérienne de la
plante; en effet , sa tige ne s'élève guère
qu'à 5 ou 6 décimètres; elle est droite, gla-
bre et rameuse; les folioles de ses feuilles
sont obovales-oblongues , dentées , mucro-
nées; ses stipules lancéolées; ses fleurs, de
couleur violacée, sont réunies en grappes
axillaires; les légumes qui leur succèdent
sont lisses et très finement réticulés à leur
surface , tortillés en spirale à un ou deux
tours ; les graines sont jaunes et ovoïdes, ou
presque en cœur. L'importance majeure de
la Luzerne , cultivée comme plante fourra-
gère , est connue de tout le monde ; sa cul-
ture occupe une surface de terrain considé-
rable , et la préférence qu'on lui donne sur
les autres espèces fourragères s'explique très
bien par la bonté et l'abondance supérieures
des produits qu'elle fournit. Quoiqu'elle
réussisse assez bien dans des terres de diver-
ses natures, à la seule condition qu'elles ne
soient pas humides et qu'elles aient été préa-
lablement préparées avec soin , elle préfère
cependant une bonne terre profonde. Dans
ce cas, ses longues racines, pénétrant plus
profondément, amènent une augmentation
très notable dans la durée de la plante et
dans les produits qu'elle fournit. Les semis
se font de diverses manières et à des épo-
ques différentes , principalement au prin-
temps , mais quelquefois aussi en été ; très
louvent on jette la graine dans une terre qui
T. VII.
I doit donner une autre récolte , mais d'au-
tres fois aussi on la sème isolément ; le suc-
cès paraît même être plus certain dans ce
dernier cas. Les proportions qu'on en em-
ploie le plus ordinairement sont de 20 kilo-
grammes par hectare. Cette culture est d'au-
tant plus avantageuse que, quoique très
productive , elle n'exige que fort peu de
soins. 11 suffit en effet, pour entretenir en
très bon état une luzernière et pour aug-
menter sa durée , d'y répandre vers la fin
de l'hiver un engrais bien consommé , des
cendres de tourbe ou de houille, ou surtout
du plâtre calciné, dont on connaît les excel-
lents effets sur les diverses espèces de Papi-
lionacées cultivées en fourrages; quelques
hersages donnés à la fin de l'hiver produi-
sent également de très bons effets. Une lu-
zernière menée avec ces précautions et dans
un bon fonds donne généralement trois cou-
pes principales, et une dernière, souvent
assez productive encore , qu'on nomme re-
gain. Dans certains de nos départements
méridionaux, particulièrement dans celui de
l'Hérault , la récolte de la graine , obtenue
après une première coupe de fourrage, donne
des résultats très avantageux, le prix moyeu
de cette graine étant en moyenne de 60 fr.
l'hectolitre.
On sait que la Luzerne cultivée a un en-
nemi fort dangereux dans la Cuscute , qui,
l'enlaçant de ses filaments nombreux, et
appliquant sur elle ses suçoirs, ne tarde
pas à l'affamer et à la faire périr. Le seul
moyen vraiment efficace qu'on ait trouvé jus-
qu'à ce jour pour débarrasser les Luzerniè-
res de ce parasite dangereux consiste à brû-
ler les places attaquées ; l'action du feu
n'empêche pas la plante de repousser avec
Vigueur.
La Luzerne sèche constitue un fourrage
excellent et très nutritif; mais, à l'état frais,
elle ne doit être donnée qu'avec modération ;
on doit surtout se garder de la donner hu-
mide; car, dans ce cas, elle détermine chc^
les bestiaux des gonflements qui deviennent
souvent mortels.
2. Luzerne houelon, Medicago lupulin a
Linn. Cette petite espèce est désignée vul-
gairement sous le nom de Minette dorée ,
ou simplement Minette, quelquefois aussi
sous celui de Trèfle jaune: sa tige est cou-
chée, grêle; ses folioles sont en coin à leur
63
498
LUZ
LYC
base , élargies au sommet , qui présente de
petites dents; ses stipules sont lancéolées ,
aiguës; ses fleurs sont petites, d'un jaune
doré , réunies en épi court à l'extrémité de
pédoncules aiillaires plus longs que les
feuilles ; il leur succède des légumes réni-
formes, pubescents, réticulés à leur surface,
renfermant une seule graine presque réni-
forme. Elle est très commune dans les
champs; elle commence à présenter un in-
térêt réel aujourd'hui que sa culture, après
être restée longtemps confinée dans un pe-
tit nombre de points , a commencé de se ré-
pandre en France. Elle donne un fourrage
de bonne qualité, et elle peut offrir d'au-
tant plus d'avantages qu'elle réussit très
bien dans des terres de qualité fort médio-
cre; elle est de plus très précoce.
3. Luzerne en arbre , Medicago arborea
Linn. Cette espèce est ligneuse et forme un
joli arbrisseau toujours vert. Ses folioles
sont obovées-cordées , presque entières; ses
stipules sont linéaires , aiguës , entières ;
ses fleurs sont jaunes , en grappes ; elles se
succèdent pendant presque tout l'été ; ses
légumes sont tortillés en limaçon , marqués
de nervures transversales réticulées, à 2-3
graines. Elle est originaire d'Italie , où on
la regarde comme fournissant un bon four-
rage. Gleditsch a montré que c'était elle qui
avait reçu des anciens , et particulièrement
de Virgile , le nom de Cytise. Dans nos con-
trées , elle est fréquemment cultivée comme
planted'ornement; elle pousse en pleine terre
dans nos départements du midi; elle est
d'orangerie à Paris. On la multiplie de se-
mis, de marcottes et de boutures. Elle a
été transportée à la Guiane , où , d'après
Aublet , on emploie ses feuilles comme
purgatives, et ses fleurs comme pectorales.
(P. D.)
LUZIOLA. bot. pu. — Genre de la fa-
mille des Graminées-Oryzées, établi par
Jussieu (Gen. 33 ). Gramens de l'Amérique
tropicale. Voy. graminées.
LUZULA. bot. ph. — Genre de la famille
des Joncacées, établi par De Candolle ( FI.
fr:t III, 158). Herbes des montagnes boisées
de l'hémisphère boréal , fréquentes surtout
en Europe. Voy. joncacées.
LUZURIAGA. bot. ph. — Genre de la
famille des Smilacées-Convallariées , établi
pa: Ruiz et Pavon (FI. peruv., III, 6ti ,
t. 29b). Sous-arbrisseaux du Chili et du
Pérou. Voy. smilacées.
*LYBAS(nom mythologique). ins. — Genre
de Coléoptères ^subpentamères , tétramères
de Latreille , famille des Clavipalpes, créé
par nous, et adopté par Dejean (Catal. , 3e
édit., p. 453 ) et par M. Th. Lacordaire,
dans sa Monographh des Érotyliens. Ce der-
nier auteur en décrit 18 espèces américai-
nes. Les Er. ferrugineus et thoracicus d'Ol.,
originaires de Cayenne, font l'une et l'autre
partie de deux divisions établies par ce
professeur. (C.)
LYBIE. Lybia. crust. — Syn. de Mélie.
Voy. ce mot. (H. L.)
*LYCAON (nom mythologique), mam. —
Cette dénomination a été appliquée : 1° par
M. Smith ( Griff. anim. kind., 1827) à un
genre de Carnivores de la famille des Chiens,
et 2° par M. Wagler (Syst. d'amphib., 1820)
à un groupe de Marsupiaux. (E. D.)
Ll'C ASTIS, annél.-— Genre de Néréides
établi par M. Savigny (Syst. des Annél.,
p. 45) pour une espèce des mers du Nord
décrite par M. Millier sous les noms de Ne-
reis armillaris. (P. G.)
*LYCÈNE. Lycœna. ins.— Genre de l'or-
dre des Lépidoptères diurnes , tribu des
Lycénides , établi par Fabricius, et présen-
tant pour caractères essentiels : Antennes
en massue ovalaire ; palpes avancés, à der-
nier article long, très grêle ; ailes arrondies.
Duponchel {Catalogue des Lépidoptères,
pag. 30) cite 52 espèces de ce genre,
qu'il répartit en deux sections fondées sur
la présence ou l'absence d'une queue aux
ailes inférieures. Nous citerons comme une
des belles espèces de ce genre la Lvcène
adonis, Lycœna Adonis Fabr. (Argus bleu
céleste Eng.), très petit Papillon dont les
ailes sont d'un beau bleu dans le mâle et
d'un brun foncé dans la femelle, couvertes
de nombreuses petites taches noires , et or-
nées d'une bande marginale de taches fau-
ves , avec la frange blanche , entrecoupée
de noir dans les deux sexes. Cette espèce est
répandue dans une grande partie de l'Europe.
Nous l'avons représentée dans l'Atlas de ce
Dictionnaire, insectes lépidoptères, pi. 5, f.5.
*LYCÉNIDES. Lycénides. ins. — Tribu
de la famille des Diurnes , dans l'ordre
des Lépidoptères , et caractérisée de la ma-
nière suivante par Duponchel (Catal. des
LYC
LYC
409
Lépid. , p. 28) : Antennes droites, dont la tige
est toujours annelée de blanc, et terminée
par une massue allongée de forme un peu va-
riable. Palpes dépassant de beaucoup la tête,
et dont le dernier article est toujours grêle
et bien distinct des deux autres. Yeux
oblongs , cernés de blanc. Corselet robuste.
Abdomen plus ou moins court, et caché
presque en entier par les deux bords inter-
nes des ailes inférieures , qui se rejoignent
en dessous, et forment gouttière dans l'état
de repos. Cellulediscoïdaledes mêmes ailes ou-
verte. Crochets du bout des tarses très petits.
Les chenilles sont en forme de Cloportes,
pubescentes, à tête petite et rétractile, avec
les pattes extrêmement courtes.
Cette tribu renferme 3 genres , nommés
Thecla , Polyommatus et Lycœna. Voy. ces
mots. (J.)
*LYCESTE. Lycesta. crust. — Syn. de
Leucolhoe. Voy. ce mot. (H. L.)
LYCniVANTHUS , Gmel. BOT.PH.-Syn.
de Cucubdlus , Tournef.
LYCHMDE. Lychnis. bot. ph. — Beau
genre de la famille des Caryophyllées, tribu
des Silénées , de la décandrie pentagynie
dans le système sexuel de Linné. 11 com-
prend aujourd'hui environ 30 espèces, dont
plus d'un tiers appartiennent à la Flore
française, et qui habitent toutes les parties
de l'hémisphère boréal situées en deçà du
tropique du Cancer. Ce sont des plantes
herbacées vivaces , rarement annuelles , à
feuilles simples , opposées , dont les fleurs ,
ordinairement grandes et belles , sont dis-
posées en inflorescences diverses, et présen-
tent l'organisation suivante : Calice non ac-
compagné de bractées, tubuleux et de forme
variable, campanulé-ovoïde , turbiné, en
massue , ou presque cylindrique ; corolle à
5 pétales égaux, dont l'onglet est linéaire et
allongé, dont la lame est entière ou bifide ,
ou même laciniée, presque toujours accom-
pagnée d'un appendice à sa base; 10 éta-
mines; ovaire (dans la fleur adulte) à une
taule loge renfermant des ovules nombreux,
r"»rtés sur un placentaire central, surmonté
de cinq styles , que couvrent à leur côté in-
terne les papilles stigmatiques. Le fruit qui
leur succède est une capsule uniloculaire ,
qui s'ouvre au sommet en formant cinq dents
qui répondent aux cinq styles. Plusieurs es-
pèces de Lychnides, la plupart empruntées à
notre Flore, mais embellies parla culture,
figurent dans les jardins au nombre des
plantes d'ornement les plus répandues et
les plus remarquables ; de plus il en est une
qui infeste nos moissons, et qui mérite aussi
une mention particulière.
A. Githago, Desf. Calice cylindrique-cam-
panule coriace, à divisions très longues;
capsule uniloculaire ; anthophore, ou support
commun des organes floraux plus intérieurs
que le calice, nul.
1. Lycunide nielle, Lychnis Githago Lam.
(Agrostemma Githago Un., Githago segetum
Desf. ). Cette espèce est annuelle; elle est
très connue sous le nom vulgaire de Nielle;
elle est beaucoup trop commune dans les
champs parmi les moissons. Elle est hérissée
de longs poils dans ses diverses parties ; sa
tige est droite, presque simple ou rameuse
vers le haut, et s'élève à 6 ou 7 décimètres
de hauteur; ses feuilles sont linéaires-allon-
gées, aiguës au sommet; ses fleurs sont
grandes, purpurines, solitaires, longue-
ment pédonculées et terminales, leurs pé-
tales sont échancrés au sommet, dépourvus
d'appendice; ses graines sont noirâtres,
chagrinées ; leur mélange presque inévitable
avec les grains des céréales altère la qualité
de la farine de ces dernières; de plus, les
agriculteurs ont cru remarquer que la pré-
sence de cette plante dans un champ de blé
nuisait à la végétation de cette graminée :
aussi prennent-ils des soins pour empêcher
sa multiplication dans leurs récoltes.
B. Agrostemma, DC. Calice ovoïde, à dents
courtes; capsule uniloculaire; anthophore
très court ou nul.
2. Lychnide coquelourde, lychni' coro-
naria Lam. (Agrostemma coronaria Lin. ).
Cette espèce croît spontanément dans les
Alpes de Suisse et du Piémont, dans les Py-
rénées, où nous l'avons trouvée près de Ba-
gnères-de-Luchon , en Italie. Elle est fré-
quemment cultivée dans les jardins. Elle
est couverte dans toutes ses parties de longs
poils blancs , cotonneux, serrés ; sa tige est
droite, dichotome, de même hauteur que la
précédente; ses feuilles sont entières, ovales-
lancéolées; ses fleurs sont grandes, blan-
ches, avec le centre purpurin ou rosé , soli-
taires à l'extrémité de pédoncules allongés;
leur calice est campanule, marqué de cotes
saillantes ; leurs pétales sont échancrés ,
500
LYC
dentés en scie , appendiculés. Dans les jar-
dins on possède des variétés de cette plante,
à fleurs simples et doubles, de couleur uni-
forme, blanche ou pourpre, ou rouge écar-
late. On lui donne vulgairement les noms de
Passe-Fleur , OEillet-de-Dieu. Elle demande
une terre légère; on la multiplie de graines
qu'on sème immédiatement après leur ma-
turité, et, pour les variétés à fleurs doubles,
par éclats que l'on fait en automne.
3 et 4. Lychnide des bois, Lychnis sylves-
tris Hoppe ; Lychnide dioïque, Lychnis dioica
Lin. Ces deux espèces sont très voisines l'une
de l'autre et d'un port analogue , mais la
première est chargée de poils plus longs et
plus nombreux ; leur tige s'élève de 5 à 7
décimètres ; leurs feuilles sont ovales ou lan-
céolées; leurs différences principales consis-
tent : l° dans les fleurs , qui , dans la pre-
mière, sont rouges, inodores, presque ses-
siles, assez souvent hermaphrodites, à pé-
tales divisés en deux lobes divergents, étroits,
tandis que, dans la seconde, elles sont blan-
ches, odorantes, pédonculées, toujours dioï-
ques, à pétales divisés en deux lobes rap-
prochés et larges ; 2° dans les capsules, qui
sont presque arrondies et s'ouvrent en val-
ves recourbées chez la Lychnide des bois ;
qui sont coniques et s'ouvrent par des dents
droites chez la Lychnide dioïque. Nous réu-
nissons ici comparativement ces deux plan-
tes , que beaucoup de botanistes et tous les
jardiniers confondent encore, et que des
champs et des lieux ombragés où elles crois-
sent, la dernière très communément, sont
passées dans nos jardins, où elles sont con-
nues sous les noms vulgaires de Jacée, Ro-
binet. Leurs fleurs, doublées par la culture,
sont d'un très joli effet, surtout pour la pre-
mière des deux. On les multiplie par les re-
jets qu'on les oblige à produire en leur sup-
primant presque toute leur partie extérieure.
Ces plantes sont, du reste, un peu délicates,
et elles redoutent le froid et les grandes
pluies.
5. Lychnide fleur de coucou, Lychnis flos
Cuculi Lin. Cette jolie plante croît commu-
nément dans les prairies humides, d'où elle
a été introduite dans les jardins. Sa tige est
ascendante, presque glabre, un peu visqueuse
vers son extrémité, et s'élève à 5-6 décimè-
tres; ses feuilles sont lancéolées-linéaires,
aiguës; ses fleurs sont purpurines, réunies
LYC
en cyme assez serrée ; leurs calices sont mar*
qués de dix côtes longitudinales; leurs pé-
tales sont divisés profondément en 4-5 lo-
bes étroits, appendiculés. Par la culture,
cette plante a donné une très jolie variété à
fleurs doubles qu'on rencontre fréquemment
dans les jardins, où elle est connue sous le
nom vulgaire et fort impropre de Véronique
des jardiniers. On en possède aussi une va-
riété naine qu'on plante en bordures. Cette
plante est délicate, d'une conservation assez
difficile ; on la multiplie de la même manière
que la précédente.
C. Eulychnis, DC. Calice cylindrique,
renflé vers son extrémité, à dents courtes;
capsule uniloculaire ; anthophore le plus
souvent allongé.
6. Lychnide de Chalcédoine, Lychnis Chal-
cedonica Lin. Cette belle espèce , originaire
des parties méridionales de la Russie, est
l'une des plus répandues et des plus remar-
quables parmi les plantes d'ornement. Elle
est généralement connue sous les noms de
Croix de Jérusalem, Croix de Malte. Sa tige
s'élève à 8-10 décimètres de hauteur; ses
feuilles sont lancéolées, en cœur et embras-
santes à leur base, légèrement velues; ses
fleurs sont d'un beau rouge-minium, réunies
en une cyme serrée ; leurs pétales sont échan-
crés profondément, appendiculés; leur an-
thophore est allongé. Par la culture, on en
a obtenu des variétés de couleurs diverses ,
blanches, roses, safranées, écarlates, souvent
doubles. Ces dernières sont plus délicates et
redoutent le froid. Cette plante demande
une terre légère et une exposition méridio-
nale ; on la multiplie par graines, par bou-
tures ou par éclats.
7. Lychnide a grandes fleurs, Lychnis
grandiflora Jacq. Cette espèce , originaire
de la Chine, commence à se répandre as-
sez dans les jardins , où elle se fait remar-
quer par ses fleurs plus grandes que celles
de toutes ses congénères, d'un beau rouge-
minium. On la multiplie comme la précé-
dente, mais surtout par graines semées
sur couche au printemps. Elle redoute le
froid.
D. Viscaria, DC. Calice cylindrique, renflé
vers son extrémité; capsule demi-quinqué-
loculaire; ce caractère de cloisons incomplè-
tes, qui divisent à moitié la cavité de la
capsule, est un reste de l'organisation primi-
LYC
LYC
501
tive de l'ovaire jeune qui a persisté chez les
plantes de cette section; en effet, l'ovaire
jeune des Caryopbyllées est divisé par des
cloisons complètes en autant de loges que le
pistil compte de carpelles; mais, à propor-
tion que l'accroissement s'opère, .ces cloisons
s'amincissent, elles ne tardent pas à se rom-
pre , et de là résulte pour ces ovaires l'ap-
parence d'un placenta central libre, qui
cependant, comme on le voit, ne doit nul-
lement être comparé à celui des Primulacées
et des familles organisées sur le même type.
L'anthophore est allongé.
8. Lychnide visqueuse, Lychnis viscaria
Lin. Cette plante croît naturellement dans
les prairies sèches. Elle est cultivée dans les
jardins, où l'on en possède une variété à
fleurs doubles. Sa tige est haute d'environ 3
décimètres, droite et simple, visqueuse au-
dessous des nœuds; ses feuilles sont linéaires,
presque spathulées, glabres; ses fleurs sont
purpurines , à pétales légèrement échancrés
au sommet.
On cultive encore dans les jardins quelques
autres espèces de Lychnides, soit indigènes,
soit exotiques; mais, comme elles y sont
beaucoup moins répandues que les précé-
dentes, nous les passerons sous silence.
(P. D.)
♦LYCHNIDEES. Lychnideœ. bot. ph. -—
M. Fenzl partage le groupe des Caryophyi-
lees en plusieurs sous-familles et celles-ci
en tribu. Les Lychnidées en forment une
dans la sous-famille des Silénées. (Ad. J.)
♦LYCHIVOCEPHALUS (Xv^voç, lampe;
xt^ol-n , tête), bot. ph. — Genre de la famille
des Composées - Vernoniacées , établi par
Martius {exDC. Prodr.,V, 83). Arbrisseaux
du Brésil. Voy. composées.
*LYCHNOPHORA (»oç , lampe; yo-
p-j; , qui porte), bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Composées- Vernoniacées, établi
par Martius (in Regensb. Denkschrift., II,
149). Arbustes du Brésil. Voy. composées.
*LYCHMRIS, Dejean. ins. — Syn. de
Lucidota, Laporte. (C.)
♦LYCIDIUS, Leach. ins.— Syn. de Pino-
philus, Gravenhorst. Voy. ce mot. (C.)
LYCIET. Lycium. bot. ph. — Genre de la
famille des Solanacées, de la pentandrie
monogynie dans le système sexuel de Linné.
Il se compose d'environ 40 espèces de plan-
tes frutescentes ou arborescentes, qui crois-
sent dans la région méditerranéenne et dans
les parties de l'Amérique tropicale situées
au-delà de la chaîne des Andes. Ces végé-
taux ont des feuilles alternes , entières ,
quelquefois fasciculées ; leurs fleurs sont de
diverses couleurs, blanchâtres, jaunâtres,
rosées, purpurines ou rouges-coccinées , so-
litaires ou groupées de diverses manières,
portées sur des pédoncules extra-axillaires
ou terminaux. Ces fleurs présentent: un
calice urcéolé, à 5 dents égales ou à 3-5 di-
visions irrégulières ; une corolle en enton-
noir ou tubuleuse; 5 étamines insérées au
milieu ou vers le fond du tube delà corolle;
un ovaire à deux loges renfermant de nom-
breux ovules portés sur deux placentaires
adhérents à la cloison ; le style est simple,
surmonté d'un stigmate en tête, déprimé ou
2-lobé. Le fruit qui succède à ces fleurs est
une baie embrassée à sa base par le calice,
à deux loges et renfermant des graines nom-
breuses. Quelques espèces de ce genre se
rencontrent fréquemment en buissons, en
haies, en tonnelles; l'une d'elles croit
spontanément dans nos départements méri-
dionaux, une autre est aujourd'hui natura-
lisée dans presque toute la France ; ce sont
les deux seules sur lesquelles nous nous
proposions de dire ici quelques mots.
1 . Lyciet d'Europe , Lycium europœum
Linn. C'est un arbrisseau d'un aspect triste
et maigre, très épineux, dont la tige est
droite, les rameaux irrégulièrement flexueux,
épineux au sommet, plus ou moins penchés
vers le sol ; dont les feuilles sont en coin
vers leur base , élargies ou spathulées vers
leur sommet, glabres, fléchies obliquement,
alternes et solitaires à l'extrémité des bran-
ches, fasciculées par trois ou quatre dans
les parties plus âgées. Ses fleurs sont solitai-
res ou réunies par deux ou trois, à pédon-
cule court. Leur calice est très court, mar-
qué à son bord de cinq dents ciliées; le tube
de la corolle est blanchâtre à sa base, puis
d'une teinte violacée sombre ; le limbe est à
cinq lobes ovales, obtus, de couleur plus
pâle. Ses étamines sont glabres. Le fruit est
rouge dans une variété, jaune ou fauve dans
une autre. Cette espèce croît naturellement
dans les parties méridionales de l'Europe ,
dans les îles de la Grèce et dans le nord de
l'Afrique.
2. Lyciet de Barbarie, Lycium barbarum
i.ïc
LYG
; in. Cette espèce est connue vulgairement
sous le nom de Jasminoïde; elle forme un
arbrisseau un peu moins épineux que le pré-
cédent, dont les rameaux sont anguleux,
longs et pendants; ses feuilles sont lancéo-
lées, aiguës, glabres; ses fleurs sont d'une
couleur purpurine ou violacée terne, plus
foncée que chez le précédent, géminées, por-
tées sur des pédoncules extra-axillaires ; leur
calice est divisé en deux lèvres; les étamines
sont velues à leur partie inférieure et sail-
lantes. Le fruit est jaune ou rouge-jaunâtre.
Ce Lyciet est indiqué comme croissant spon-
tanément en Asie, dans l'Afrique septentrio-
nale et dans les parties méridionales de
l'Europe; mais il est depuis longtemps cul-
tivé dans presque tous les jardins, en haies
ou pour couvrir des tonnelles, et, comme il
est fort peu délicat et qu'il réussit sans la
moindre difficulté dans toutes sortes de terre
et à toutes les expositions, il s'est naturalisé
dans presque toute la France.
On cultive encore fréquemment d'autres
espèces du même genre, surtout les Lycium
sinenseLam.etafrumLin. (P. D.)
*LYCODÈRES O'xoç, loup ; êépn, cou).
ins. — Genre de la famille des Membracides,
tribu des Fulgoriens , de Tordre des Hé-
miptères, établi par M. Germar et adopté
par MM. Amyot et Serville. Les Lycodères
sont très voisins des Bocydies; ils n'en diffè-
rent guère que par les éminences de leur
corselet et les membranes foliacées de leurs
pattes. Le type est le L. fuscus Am. et Serv.
(Bl.)
*LYCODON O'xoç, loup ; SJovç, dent).
rept.— M. Boié (Isis, 1827) donne ce nom à
une des nombreuses divisions du grand g.
Couleuvre. Voy. ce mot. (E. D.)
*LYCODOIVOiMORPHlJS (Lycodon, Ly-
codon ; p.op<pvî, forme), rept. — Groupe
d'Ophidiens formé par M. Fitzinger [Syst.
rept., 1842 ) et voisin de celle des Lyco-
dons. (E. D.)
LYCOGALA Ov'xoç, loup; y«Xoc, lait).
bot. cr. — Genre de Champignons de la nom-
breuse famille des Lycoperdacées, établi par
Micheli, réuni aux Lycoperdon par Linné,
et rétabli plus tard parPersoon.Lepéridium
est sessile, composé de deux membranes,
l'extérieure papyracée, persistante, le plus
ordinairement couverte de très petites ver-
rues qui disparaissent avec l'âge; l'intérieure,
pius ténue , renferme le capillitium et les
spores. Dans les premiers moments ces
Champignons sont mous, s'écrasent comme
de la bouillie; ils prennent ensuite plus de
consistance et, de rosés ou rouges qu'ils
étaient, ils deviennent cuivrés, ferrugineux.
Enfin le péridium se déchire irrégulièrement
au sommet, et laisse échapper les spores.
Le capillitium est très rare, composé de fila-
ments rameux, cylindriques, quelquefois
renflés dans différents points; leur surface
est lisse dans quelques uns , verruqueuse
dans d'autres. Ces verrues, selon M. Corda,
représentent les basides , et supportent des
spores globuleuses et glabres. Le L. epiden-
drumYr. est très commun sur le vieux bois; sa
belle couleur rouge attire toujours l'atten-
tion de ceux qui le rencontrent. (Lev.)
*LYCOMEDES (nom mythologique), ms.
— Genre de Coléoptères pentamères , fa-
mille des Lamellicornes, tribu des Scara-
béides xylophiles , établi par M. de Brème
(Annal, de la Soc. entomol. de Fr., 1844 ,
t. II , 2e série, p. 298 , pi. 8 , fig. 1). L'es-
pèce type et unique , le Ly. Reichei de l'au-
teur, est originaire de la Nouvelle - Gre-
nade. (C.)
LYCOPERDACÉES , LYCOPERDA-
CÉS, LYCOPERDINÉES. Lycoperdaceœ ,
Lycoperdineœ. bot. cr. — Famille de Cham-
pignons probablement aussi anciennement
connue que celle des Agaricinés, soit en rai-
son de la fréquence des individus, soit en rai-
son du phénomène qu'ils présentent de lan-
cer un nuage de poussière quand on vient à
les comprimer, etd'oùleurestvenulenomde
Vesses de Loup. Les auteurs , en créant cette
famille, y ont réuni un tropgrand nombre de
genres; d'autres, au contraire, ne l'ont peut-
être pas assez divisée. Malgré les progrès
réels de la science, nous ne connaissons en-
core bien la structure que de quelques
genres, et si nous établissons des rappro-
chements par analogie, nous ne devons le
faire qu'avec circonspection , car souvent il
est arrivé qu'un examen attentif a singu-
lièrement modifié les conséquences que nous
en avions déduites.
J'ai cherché dans cet article à établir
une classification d'après les caractères con-
nus des organes reproducteurs, et, au lieu
de plusieurs familles, j'en ai formé une seule,
que j'ai divisée en tribus dont les caractères
LYG
LYC
503
reposent sur la structure, la forme du récep-
tacle et des parties accessoires. Tous les
Champignons qu'elle comprend appartien-
nent à la classe des Basidiosporés, dont les
basides sont renfermés dans un réceptacle
clos.
Les Lycoperdacés se divisent naturelle-
ment en deux grandes sections, en prenant
pour point de départ leur mycélium. Dans
la première, il a la forme de raeines, de
filaments blancs plus ou moins gros, qui se
ramifient presque horizontalement à très peu
de profondeur dans la terre. Les réceptacles,
que l'on désigne généralement sous le nom
depéridium , naissent sur différents points
de ce mycélium, et se montrent à la
surface du sol, auquel ils paraissent adhérer
par une espèce de funicule. Dans la seconde,
au contraire, le mycélium naît à la surface
des corps et se présente sous la forme de
filaments ou de membranes mucilagineuses.
Souvent il avorte dans cetétat: alors il prend
uneconsistanceplusgrandeetdevient charnu.
Trompés par l'apparence, Tode etPersoonen
ont fait les genres MesentericaetPhlebomor-
2)ha, selon qu'il était membraneux ou veiné;
mais, quand les circonstances sont favora-
bles, la surface libre se couvre de petits ré-
ceptacles qui, comme les précédents, se ré-
duisent en filaments et en poussière. C'est
à cette forme qu'appartiennent les Myxo*
gasteres de Fries (voy. ce mot). Je ne m'oc-
cuperai pour le moment que des premiers
ou Gastéromycètes.
Chez ceux-ci les réceptacles sont isolés ou
groupés; ils sont globuleux, ovoïdes ou pyri-
formes, simples ou composés, nus ou renfer-
més dans une volve. Dans les genres Lyco-
perdon et Mycenastrum, ils sont aussi sim-
plesque possible, charnus, membraneuxdans
le premier et subéreux dansle second, la sur-
face seulement recouverte d'une légère écorce
verruqueuse ou tomenteuse qui disparaît
avec la plus grande facilité. Dans le genre
Bovisla, ce cortex, d'abord plus épais que le
réceptacle lui-même, perd son eau de vé-
gétation et se détache en lambeaux membra-
neux. Les réceptacles n'ont qu'une seule
ouverture; le genre Myriostoma nous en
présente un grand nombre, comme si plu-
sieurs individus avaient été réunis. Cette
ouverture, le plus ordinairement, n'est
qu'une déchirure irrégulière, sans forme
constante, tandis que, dans quelques Tulos-
toma et Geaster , elle se prolonge en tube
ou en cône. Les réceptacles sont nus dans
les genres Lycoperdon, Mycenastrum ; mais,
dans les Batarrea , Geaster et Disciseda, ils
ont une véritable volve. Les Batarrea, qui
ont tant d'analogie avec les Phalloïdes ,
sont primitivement renfermés dans une
volve lâche, membraneuse, qui se déchire
au sommet irrégulièrement , tandis que
dans les Géastrés elle est coriace, et se
rompt en rayons qui, ens'étalant, ressem-
blent à une étoile. De plus elle est très hy-
grométrique , ce qui lui permet selon la
saison de revenir sur elle-même, de s'étaler,
et même de se renverser entièrement.
La chair, la substance et mieux encore le
parenchyme, que quelques auteurs dési-
gnent sous le nom de Glèbe, fournit le ca-
ractère principal des Lycoperdacés. Quand
on l'examine dans le premier âge, on voit,
après l'avoir coupé , qu'il forme une masse
homogène blanche, rarement colorée, com-
posée des cavités et des cloisons semblables à
celle-! que présente une éponge très fine. C'est
en mettant une tranche très mince de ce pa-
renchyme sous le microscope que MM. Vit-
tadini et Berkeley ont découvert la struc-
ture des organes reproducteurs. Comme
dans les Agarics , les Clavaires, les Thélé-
phores, etc., identiquesaveccelles des Bolets,
des Polypores, dans lesquels on voit les pa-
rois de ces petites cavités recouvertes de
basides terminés par quatre pointes ou
stérigmates qui supportent une spore à leurs
extrémités. Ces caractères positifs et incon-
;estables prouvent évidemment que le genre
Scleroderma, dont le parenchyme est ferme
et compacte, dont les basides sont accu-
mulés et pressés les unes contre les autres,
doit former une famille à part et dis-
tincte de celle des Lycoperdacés , malgré
les apparences nombreuses qui paraissent
les rapprocher. Les belles recherches de
MM. Tulasne ne laissent aucun doute à
cet égard.
A mesure que ces Champignons avan-
cent en âge, ils éprouvent de grandes mo-
difications. Dans leur adolescence, si je
puis employer cette expression , on ne voit
déjà plus les spores; elles sont détachées,
les bnsides déformés , et ce qu'on voit ne
peut donner qu'une idée fausse de leur
504
LYC
structure. C'est probablement pour les avoir
examinés à cet âge quel'on a eu des notions
si vagues sur la place que les spores occu-
paient. Plus tard , quand ils ont acquis
tout leur développement , on les voit chan-
ger de couleur et devenir bruns; de fer-
mes qu'ils étaient, ils sont mous, s'écra-
sent avec la plus grande facilité et déga-
gent une odeur forte et désagréable ; ils
ressemblent à des fruits blets. Dans cet état
ils paraissent éprouver une fermentation
ou une décomposition pendant laquelle leur
température m'a paru sensiblement aug-
mentée; quelques jours s'écoulent, et alors
on les trouve secs et souvent recouverts de
petits cristaux aciculaires qui attirent for-
tement l'humidité , qui paraissent et dispa-
raissent du jour au lendemain suivant l'hu-
midité de l'atmosphère, même dans les her-
biers. Lorsque ce mouvement de décomposi-
tion est opéré , les Lycoperdacés s'ouvrent
au sommet, montrent des filaments bruns
très fins, et lancent, à la plus légère pres-
sion , un nuage de poussière ou plutôt de
spores : c'est de là qu'ils tirent leur nom.
Les auteurs , en fixant les yeux sur ce der-
nier état des Lycoperdacés, ont introduit dans
la science des caractères erronés. Ce capil-
litium auquel ils attachent tant d'impor-
tance n'existe pas; c'est un être imaginaire
produit par la dissociation des tissus. En
effet, quand on l'examine au microscope,
on voit qu'il est composé de cellules allon-
gées , cloisonnées, rameuses , anastomosées
et réduites à leur plus simple expression ; il
n'y a plus de basides, de tissus ni d'orga-
nisation. Enfin la partie supérieure disparaît
à son tour, et il ne reste plus que la base du
champignon, qui persiste assez longtemps, et
qui représente une espèce de coupe à bord
large et irrégulier. Dodonœus, Sterbeck,
Bulliard, Bosc, l'ont figurée, et Desfontaines
a décrit et figuré dans sa Flore atlantique,
sous le nom de Lycoperdon complanalum,
la base d'une espèce que le capitaine Du-
rieu a retrouvée très abondamment en Al-
gérie.
« Les spores des Lycoperdacés sont fines et
très nombreuses. Leur forme est ronde, et
-leur surface lisse et hérissée. Palisot de
Beauvois les méconnaissait, et ne regardait
comme dignes de ce nom que des globules
arrondis, noirs, visibles à l'œil nu, qui sont
LYC
mélangés avec les filaments et qui ne sont
que des excréments d'insectes.
La couleur des spores et des filaments est
d'un grand secours pour la distinction des
espèces; mais comme ces champignons, quand
on les récolte, ne parcourent pas toujours
toutes les périodes de la végétation , il en
résulte que dans une même espèce la cou-
leur n'est pas constante. M. le professeur
Fries a parfaitement saisi cette circonstance,
et il n'attache d'importance à la couleur que
lorsque le champignon a pu se développer
entièrement et librement. Leur volume est
également très variable. Le Lycoperdon gi-
ganteum, la plus grosse espèce de nos pays,
m'a présenté des individus dont le diamètre
était de 40 à 45 centimètres. M. Czerniaiew
en a rencontré en Crimée une nouvelle es-
pèce, le Lycoperdon horrendum , dont le
diamètre dépasse quelquefois 1 mètre. « Ce
» champignon, dit-il, peut effectivement ef-
» frayer dans une forêt sombre , où tout
» d'un coup on croit apercevoir un fan-
» tome courbé en robe blanche ou bru-
» nâtre. »
Les usages des Lycoperdacés sont peu
nombreux; quand ils sont jeunes et que leur
parenchyme est ferme, on en mange quel-
ques uns, particulièrement en Italie; mais
leur odeur, qui est toujours assez prononcée,
même à cet âge , ne permet guère de les re-
garder comme un mets délicieux. J'ai dit,
d'après Zippelius , qu'à Java on employait
contre les flatuosités la poussière du Lyco-
perdon Kakavu. Bosc nous apprend que l'on
peut avec leur base préparer un bon ama-
dou en le trempant dans une solution d'azo-
tate de potasse , et pour qu'il brûle moins
vite il conseille d'y ajouter un peu de
farine.
M. Czerniaiew rapporte que dans la Rus-
sie méridionale on emploie le Lycoperdon
horrendum et VEndoneuron suberosum pour
enivrer les abeilles quand on veut recueil-
lir leur miel. De temps immémorial,
d'après Bocconi et Micheli, le Polysaccum
crassipes sert à teindre les fils, les étoffes
eu Italie, et Saint-Amans rapporte que
dans les environs d'Agen on s'en sert éga-
lement pour le même usage. Comme l'ama-
dou, le Lycoperdon giganteum, divisé par
morceaux et appliqué sur les plaies, arrêfe
les hémorrhagies; en Allemagne même, et
LYC
LYC
505
il n'y a pas longtemps, les barbiers en avaient
toujours dans leur boutique pour réparer
<>n même temps leur maladresse et les in-
sultes du rasoir.
Enfin quelques auteurs regardent les Ly-
( perdacés comme vénéneux ; l'usage qu'on
en fait en Italie, comme je l'ai dit, prouve
le contraire : on ne pourrait cependant pas
carder chez soi pendant longtemps un Ly-
operdon giganteum sans être incommodé
par l'odeur qu'il dégage; l'expérience sem-
ble également avoir prouvé qu'on ne peut
pas en recevoir impunément les nuages de
spores dans les yeux, mais il est proba-
ble qu'elles agissent ici comme corps étran-
gers.
Les Lycoperdacés se divisent en huit
tribus.
Tribu I. — Batarrés.
Réceptacle campanule, recouvert d'une
écorce qui se déchire en lambeaux irrégu-
liers ; pédicule allongé, fibreux ; volve mem-
braneuse , persistante , s'ouvrant irréguliè-
rement.
Batarrea, Pers.
Tribu H. — Podaxinés.
Réceptacle allongé ou déprimé, charnu ,
traversé en tout ou en partie par un axe
central qui est la continuation du pédicule.
Podaxon , Desv. ; Cauloglossum , Grev.;
Hyperrhiza, Bosc ; Cycloderma, Klotzsch
Tribu III. — Tulostomés.
Réceptacle globuleux papyracé , déprimé
en dessous; ouverture irrégulière ou en
tube; pédicule fibreux résistant; volve fu-
ace, membraneuse, persistant quelquefois
a la base du pédicule.
Tulostoma, Pers.; Schizostoma, Ehrenb.;
Calostoma, Desv.?; Mitremyces, Nées.?
Tribu IV. — Polysaccés.
Réceptacle charnu , sessile ou pédicule ,
divisé à l'intérieur en plusieurs loges qui
renferment chacune un sporange.
Polysaccum, DC; Scoleiocarp us, Berk.
Tribu V. — Geastré^.
Réceptacle membraneux , papyracé , ses-
sile ou pédicule, s'ouvrant irrégulièrement
ou en cône; volve persistante à la base, co-
riace, élastique, s'ouvrant en étoile ou en
forme de soucoupe.
Geasler, Mien.; Plecostoma, Desv.; My-
i. vu.
riostoma, Desv.; Disciseda, Czern.; Acti-
nodermium, Nées?; Diploderma, Lk.?
Tribu VI. — Broomviés.
Réceptacles membraneux , sessiles , s'ou-
vrant irrégulièrement , plongés en partie
dans une base commune.
Broomeia, Berk.
Tribu VII. — Lycoperdés.
Réceptacles ebarnus , puis membraneux,
recouverts d'une écorce verruqueuse ou to-
menteuse plus ou moins durable, s'ouvrant
irrégulièrement au sommet.
Lycoperdon, Mien.; Hippoperdon, Mntg.;
Bovista, Pers.
Tribu VIII. — Phellorinés.
Réceptacle coriace subéreux , recouvert
d'une écorce fugace, s'ouvrant au sommet
en lambeaux.
Phellorina, Berk.; Mycenastrum, Desv.;
Endoneuron, Czern.
Je crois devoir terminer cet article en
donnant la description de quelques genres
qui ont été découverts depuis peu , et qui
ne pourraient être décrits nulle part.
Broomeia (nom d'homme). Genredecham-
pignons que je regarde comme le type d'une
nouvelle tribu de la famille des Lycoperda-
cés, et dont nous devons la découverte à
M. Berkeley. Il présente pour caractères
un grand nombre de réceptacles arrondis
papyracés, dont l'ouverture située au
sommet est frangée; par leur partie in-
férieure ils plongent dans une base com-
mune à laquelle ils n'adhèrent que par un
seul point , et qui leur sert en quelqne
sorte de volve. Le capillitium est lâche,
adhérent à tous les points du réceptacle;
les filaments qui le composent sont noueux
de temps en temps et les spores couvertes
d'aspérités. Le Broomeia congregata, la
seule espèce connue, croît dans le district
d'Albany sur le bois mort,
Disciseda (discus, disque; sedere, asseoir).
M. Czerniaiew a décrit sous ce nom (Bull.
Soc. imp. nat. Moscou, 1843, p. 138) un
genre de Champignons de la tribu des Géas-
trés, caractérisé par un réceptacle sphérique
membraneux, sessile, s'ouvrant irrégulière-
ment au sommet, dont la volve se dilate en
forme de soucoupe , au lieu de se déchirer
64
506
LYC
LYC
en rayons comme une étoile. L'auteur en a
décrit trois espèces qui croissent dans les
steppes de la Russie méridionale.
Endoneuron (É'vcîov, en dedans; vevpov,
nervure). Le même auteur, dans le même
ouvrage, a décrit un champignon delà tribu
des Phellorinés, dont le réceptacle est épais,
coriace , très dur et élastique , marqué de
nervures à la face interne et qui se déchire
en étoile. Son écorce est membraneuse; le
capillitium dense, spongieux, composé de
filaments courts et rameux. Les spores sont
sessiles. V Endoneuron suberosum est la
seule espèce connue; elle croît également
dans les steppes de la Russie méridionale.
Hippoperdon (IWoç, cheval; -nipSu, crepi-
iare). Genre de champignons de la tribu des
Lycoperdés, décrit par M. Montagne dans
V Histoire physique, politique et naturelle de
Vile de Cuba (édit. franc., p. 319). Ce sont
des champignons presque globuleux, d'un
assez gros volume, qui diffèrent des Lyco-
perdon en ce que leur parenchyme conserve,
même dans le plus grand état de vétusté,
sa structure et son apparence spongieuse.
Le réceptacle est papy racé et recouvert
d'une écorce lisse qui se sépare rarement;
il ne s'ouvre pas, et quand le funicule qui
le retenait au sol est rompu, il devient le
jouet du vent : alors sa surface se détruit , et
les spores sont disséminées. On en connaît
trois espèces : l'une de Cuba, la seconde de
Madagascar, et la troisième, de Rio de
Janeiro. (Léveillé.)
LYCOPERDASTRUM O'xoç, loup;
Tre'p^û), crepitare; àVrpov, étoile), bot. cr. —
Nom assez impropre sous lequel Micheli
{Nov. pi. gen., p. 219, t. 99) désignait les
individus appartenant au genre Scleroderma.
Le Sel. geaster Fr. est le seul auquel il con-
vienne. Ce nom est maintenant abandonné.
Voy. SCLERODERMA et SCLERODERMIS. (LÉV.)
LYCOPERDINA (/luxoç, loup; iziPê<o ,
crepitare). ins. — Genre de Coléoptères sub-
tétramères, trimèresdeLatreille, famille des
Fongicoles, créé par Latreille (Gêner. Crust.
ellnsect., t. III, p. 73) et adopté par Dejean
(Catal.y 3e édit. p. 464), qui en mentionne
5 espèces ; 3 appartiennent à l'Europe et 2 à
l'Amérique (États-Unis). Parmi les premiè-
res sont les Endomychus crucialus , fascia-
tus et bovistœ de F. Les deux dernières ,
ainsi que leurs larves , se trouvent aux en-
virons de Paris, aux époques du printemps
et de l'automne, dans l'intérieur des Lyco-
perdons mûrs. (C.)
LYCOPERDOIDES()vxoç, loup; w/P-
<îû>, crepitare; tîîoç, semblable), bot. cr. —
Micheli (Nov. pi. gen., p. 219, t. 98), lors-
que la nomenclature en botanique n'était
pas encore établie sur des bases solides , a
employé ce mot pour désigner le genre Po-
lysaccum, qui ne comprend qu'un petit nom-
bre d'espèces. Voy. polysaccum. (Lév.)
LYCOPERDON O'xo;, loup; >n<?So>t
crepitare). bot. cr. — Ce g. de Champignons
peut être considéré comme le type de la fa-
mille des Lycoperdacées. Les réceptacles sont
sessiles ou pédicules, d'une forme arrondie,
pyriforme ou ovoïde. Ils sont formés d'une
double membrane; l'extérieure ou corticale
est d'abord charnue, puis se détache en
écailles; elle est tomenteuse à sa surface
ou recouverte de verrues plus ou moins
prononcées. L'interne est membraneuse, pa-
pyracée, se déchire irrégulièrement au som-
metà l'époque de la maturité. Le parenchyme
qu'elle renferme présente une masse parse-
mée de cellules sur les parois desquelles on
peut voir dans le jeune âge des basides
tétraspores. Les spores sont rondes, glabres
ou verruqueuses , et ne conservent jamais
de pédicelles comme les Bovista. Il résulte
de ces caractères que ce sont les champi-
gnons les plus simples de la famille, puis-
qu'ils n'ont ni volve , ni pédicule distinct
du réceptacle, nicolumelle,nisporanges, etc.
Le Lycoperdon horrendum, qui a plus d'un
mètre de diamètre, paraît être le plus vo-
lumineux des champignons connus jusqu'à
ce jour. Voy. lycoperdacées. (Lév.)
LYCOPERSICUM. bot. pb. — Voy. to-
mate.
LYCOPODE. Lycopodium (Xvxoç, loup;
Trous, wéJoï, pied: pied de loup), bot. cr.—
Genre principal de la famille des Lycopo •
diacées, à laquelle il a donné son nom. Il
comprend des végétaux quelquefois annuels,
plus souvent vivaces, quelquefois sous-fru-
tescents, dont la fructification se compose
de capsules (sporocarpes), tantôt uniformes,
tantôt de deux formes différentes, les unes
ovales ou presque réniformes, s'ouvrant en
deux valves, renfermant une poussière fine;
ce sont celles qui existent souvent seules ;
les autres sont tri ou quadri-lobées, ets'ou-
LYC
LYC
507
vrenten trois ou quatre valves; elles ren-
ferment un même nombre de corps globu-
leux. Les caractères, tirés de l'uniformité des
capsules ou delà réunion de leurs deux formes
différentes sur un même pied, ainsi que de
certaines modifications dans leur groupement,
ont fait proposer pour ces plantes divers gen-
res qui cependant n'ont pas été adoptés
généralement ou n'ont été conservés qu'en
qualité de sous-genres. Nous nous bornerons
à quelques mots sur deux espèces de ce genre
qui sont très connues et qui méritent de fixer
un instant l'attention par leurs propriétés;
elles appartiennent l'une et l'autre à la ca-
tégorie des espèces chez lesquelles on ne
trouve pour toute fructification que des
capsules bivalves, remplies d'une poussière
fine.
1. Lycopode a massue, Lycopodium clava-
tum Linn. Sa tige est rampante, allongée
et résistante; elle porte des feuilles rappro-
chées, étroites, aiguës à leur sommet, que
termine un poil assez long; celles qui por-
tent les* capsules à leur base et sur leur face
supérieure sont élargies inférieurement et
membraneuses ; les rameaux fertiles ne por-
tent que de très petites écailles écartées;
vers leur extrémité, ils se divisent en deux,
et portent ainsi deux épis serrés et dont le
diamètre, plus considérable que celui de la
portion inférieure du rameau, produit l'ap-
parence d'une massue, qui a valu àla plante
le nom qu'elle porte. Le Lycopode en mas-
sue croît abondamment dans les forêts et
dans les lieux couverts de montagnes. A leur
maturité, ses capsules répandent en abon-
dance leur poussière, qu'on connaît vulgai-
rement sous le nom de soufre végétal. En
Suisse et en Allemagne, on recueille cette
poussière pour la verser dans le commerce;
elle a, en effet, quelques usages pour lesquels
on en consomme une quantité considérable.
Ainsi elle entre dans la composition de beau-
coup de pièces d'artifice ; de plus, son extrême
inflammabilité et la vive lueur qu'elle pro-
jette en brûlant instantanément la font em-
ployer dans les théâtres pour simuler des
éclairs. En médecine , on en saupoudre les
excoriations déterminées chez les enfants et
chez les personnes douées de beaucoup d'em-
bonpoint, soit par le frottement, soit par
l'action et par le contact prolongé d'une
humidité irritante; elle absorbe les suinte-
ments qui s'opèrent dans ces parties exco-
riées, et souvent elle amène leur guérison.
On s'en sert en pharmacie pour rouler les pi
Iules. On a dit que le Lycopode en massue lui-
mêmeagissaitài'intérieurcommeémétique;
mais cette propriété n'est pas bien reconnue.
2. Lycopode sélagine , Lycopodium selago
Linn. Cette espèce a la tige droite, haute
d'environ 2 décimètres, rameuse et fastigiée;
ses feuilles sont lancéolées, aiguës, mutiques,
très nombreuses et imbriquées sur huit lignes
longitudinales; ses capsules sont portées
simplement àla base des feuilles. Elle croît
dans les forêts, dans les bruyères un peu
humides et dans les parties montagneuses.
Elle possède des propriétés énergiques:
ainsi, même à faible dose, elle agit comme
un purgatif drastique ; à dose assez forte,
elle devient vénéneuse à la manière des
poisons narcotiques. Elle n'est guère usitée,
du reste, si ce n'est dans les parties septen-
trionales de l'Europe, où l'on emploie sa dé-
coction pour détruire la vermine des bes-
tiaux. (P. D.)
LYCOPODIACÉES. Lycopodiaceœ. bot.
cr. — Famille de plantes acotylédones, que
Jussieu comprenait parmi les Mousses , dans
une section particulière qu'il nommait Mwsci
spurii, et qui, ayant été plus tard détachée
comme groupe distinct, a reçu de L.-C. Ri-
chard la dénomination sous laquelle elle
est maintenant désignée. Les végétaux qui
la composent sont très rarement annuels ,
presque toujours vivaces ; ils présentent des
caractères fort remarquables sous le rapport
des organes soit de la végétation , soit delà
reproduction. Leur tige acquiert un haut
degré de développement relativement aux
feuilles; elle est fort rarement simple, pres-
que toujours rameuse; sa ramification
s'opère toujours par bifurcation de l'extré-
mité, d'où résulte une dichotomie dans la-
quelle les deux branches sont tantôt égales
entre elles et tantôt inégales, l'une d'elles
prenant alors l'apparence d'un simple ra-
meau latéral , tandis que l'autre semble être
la continuation directe de la tige elle-même.
Avec ce mode de ramification concourt l'ab-
sence constante de bourgeons axillaires. Exa-
minée à l'intérieur, la tige desLycopodiacées
présente, ainsi que l'a montré M. Ad.
Brongniart [Hist. des végét. foss., vol. II;
observ. sur le Sigillaria clegans, Archiv. du
5o:>
LYC
IYC
Muséum, 1839), un axe formé de plusieurs
lames diversement unies entre elles, com-
posées de fibres très allongées et d'un plus
grand calibre que les cellules voisines, à pa-
rois épaisses, marquées de séries longitudi-
nales de fentes transversales ; ces fibres for-
ment de faux vaisseaux (scalariformes) dont
îes cavités ne communiquent pas entre elles,
mais seulement par le moyen des fentes la-
térales. Autour de cet axe se trouve une
large zone cellulaire, dont les parois sont
parfois épaisses et ponctuées. Les racines de
ces plantes sont toutes adventives; elles
sortent aux points de bifurcation de la tige;
elles se divisent elles-mêmes par dichotomie
régulière; dans les grandes espèces, avant
de faire saillie à l'extérieur, elles rampent
sur une longueur variable dans l'épaisseur
delà zone cellulaire périphérique ; elles ont,
au reste, une structure semblable à celle
de la tige, c'est-à-dire un axe ligneux et
une zone cellulaire périphérique. Les feuilles
des Lycopodiacées sont petites, insérées sui-
vant une spirale qui résulterait, d'après
M, Ad. Brongniart, deverticilles nombreux
modifiés; elles sont sessiles oudécurrentes,
jamais articulées sur la tige, subulées ou
planes-lancéolées; leur structure est entiè-
rement celluleuse ; elles présentent use ner-
vure médiane, mais formée seulement de
cellules plus allongées que les autres; à leur
surface inférieure sont épars quelques sto-
mates en petit nombre.
Les organes reproducteurs des Lycopo-
diacées consistent en capsules ou coques
membraneuses, non pas axillaires, comme
le disent la plupart des auteurs, mais in-
sérées à la base des feuilles ou à quelque
distance de cette base et toujours sur leur
face supérieure. Ces feuilles fructifères con-
servent quelquefois la forme et les dimen-
sions des feuilles normales, ou bien elles se
modifient plus ou moins et finissent par de-
venir des bractées dont les dimensions sont
plus ou moins réduites. Les coques se mon-
trent dans toute la lige ou seulement vers
l'extrémité des branches, où elles se grou-
pent même en des sortes de chatons. Elles
.sont de deux sortes : les unes sont ovales,
s'ouvrent en deux valves et contiennent
dans leur intérieur une poussière dont les
grains très fins sont d'abord groupés par
quatre, comme ceux du pollen ordinaire;
les autres sont plus volumineuses, creusées
intérieurement de trois ou quatre loges,
s'ouvrant par autant de valves, renfermant
un égal n ombre tie corps arrondis, hérissés;
considérée dans son ensemble, la forme or-
dinaire de ces dernières coques est celle de
quatre globules qui se seraient groupés en
tétraèdre. Ces corps ont été regardés par di-
vers botanistes comme des organes femelles;
en effet, lorsqu'ils existent en même temps
que les capsules à poussière fine , ce sont
eux qui reproduisent la plante; dans ce
cas, les capsules à poussière fine, ou les
Anthéridies , pourraient être considérées
comme des organes mâles, et leur poussière
serait analogue au pollen; mais lorsque ces
derniers existent seuls, on serait obligé de
les regarder comme femelles , puisque leurs
granules remplissent les fonctions de spores,
et qu'on a pu observer leur germination.
On voit donc qu'il règne beaucoup d'incer-
titude relativement à la nature réelle et à
la sexualité des deux sortes de capsules des
Lycopodiacées.
Les seuls genres de Lycopodiacées qui
soient généralement admis aujourd'hui sont
les suivants :
Psilolum, R. Br. — Lycopodium, Lin.
Les Lycopodiacées comparées aux familles
voisines se distinguent de toutes par des ca-
ractères tranchés et présentent seulement
une certaine analogie avec les Isoétées sous
le rapport de leur fructification; quant à
leur structure, elles ont quelques points de
contact avec les Fougères , notamment pour
leurs vaisseaux scalariformes ; mais elles
s'en éloignent entièrement par la position
centrale de ces mêmes vaisseaux et par leur
fructification , portée sur la face supérieure
des feuilles. Leur analogie la plus marquée
est avec les plantes fossiles pour lesquelles
on a créé la petite famille des Lépidoden-
drées, que, parce motif, nous réunirons
ici dans le même article.
Lépidodendrées. Lepidodendreœ (bot. foss.).
Ces végétaux fossiles, qui appartiennent au
terrain houiller , ont été étudiés avec beau-
coup de soin par M. Ad. Brongniart, aux ou-
vrages duquel nous emprunterons les détails
relatifs à leur histoire. Ils ont toutes les
formes extérieures des Lycopodiacées , avec
des dimensions beaucoup plus fortes et quel-
quefois gigantesques. Leur tige est tantôt
T.YC
I.YC
5<-9
régulièrement etsyinéiriquementdichotome,
tantôt leurs bifurcations principales sont iné-
gales entre elles, et il résulte de cette inéga-
lité l'apparence d'une tige presque droite,
de laquelle partiraient latéralement des ra-
meaux dichotomes. Cette ramification dicho-
tomique a dû s'opérer chez eux de la même
manière que chez les Lycopodiacées , ainsi
que le montrent les séries longitudinales de
feuilles qui, de la tige principale, se portent
sur les deux rameaux de la bifurcation sui-
vante, en se partageant également entre
eux. Les feuilles sont très nombreuses , al-
longées, entières, sessiles, à une seule ner-
vure médiane, disposées en spirale très ré-
gulière; leur base légèrement décurrente a
donné naissance à des sortes de mamelons
rhomboïdaux , sur lesquels s'est conservée
la cicatrice que la feuille a laissée en tom-
bant. Ces cicatrices des feuilles et les ma-
melons rhomboïdaux sur lesquels on les ob-
serve, varient de grandeur et de forme sur
la tige principale et sur les rameaux; mais
il arrive souvent qu'elles se montrent aussi
nettement limitées sur des tiges volumi-
neuses que sur les jeunes rameaux : ce qui
prouve, dit M. Ad. Brongniart, que la par-
tie inférieure de ces tiges a pu acquérir un
diamètre considérable, et qui va jusqu'à un
mètre en peu de temps, tant que cette partie
était encore succulente , et probablement
avant la chute des feuilles.
La structure intérieure des tiges des Lé-
pidodendrées présente un cercle continu de
gros vaisseaux scalariformes entourant un
cylindre central de moelle ; cette organisa-
tion est un caractère qui distingue ces plan-
tes des Lycopodiacées , à l'exception des Psi-
lotum. Quant à la fructification de ces vé-
gétaux, elle consiste en épis terminant di-
rectement les rameaux, formés d'écaillés
parfaitement égales entre elles et presque
perpendiculaires sur l'axe, présentant sous
leur disque terminal une cavité qui paraît
renfermer une capsule remplie de séminules,
et se prolongeant souvent en un appendice
foliacé.
On rapporte à la famille des Lépidoden-
drées les genres suivants :
Lepidodendron, Brong. — Bothrodendron,
Lindl.— Lepidophyllum , Brong. (Poaciies,
Brong.) — Ulodendron, Rhode {Lepidoslro-
bus, Lindl.) — Megaphyton , Lindl. — Ha-
lonia , Lindl. — Lepidostrobus , Brong. —
Cardiocarpon, Brong. (P. D.)
LYCOPODITES. bot. foss. — Genre de
Végétaux fossiles établi par M. Àd. Bron-
gniart (Prodr., 83), qui le décrit ainsi : Ra-
meaux pinnés ; feuilles insérées tout autour
de la tige ou sur deux rangs opposés , ne
laissant pas de cicatrices nettes et bien limi-
tées. M. Ad. Brongniart y rapporte 13 es-
pèces appartenant en grande partie aux ter-
rains houillers.
LYCOPODIUM. — Voy. lycopode.
LYCOPSIS (Avxoç, loup; fytÇ, œil), bot.
ph. — Lehm., syn. d' 'Exarrhena , R. — Br.
Rauv., syn. de Caccinia , Sav. — Genre de
la famille des Aspérifoliées-Anchusées , éta-
bli par Linné (Gen., n. 190). Herbes de
l'hémisphère boréal. Voy. aspérifolié£s.
LYCOPUS (Xuxoç, loup; ttoSç , pied).
bot. ph. — Genre de la famille des Labiées-
Menthoïdées, établi par Linné (Gen., n. 15).
Herbes marécageuses abondantes en Europe,
en Asie , dans l'Amérique boréale et même
dans la Nouvelle-Hollande. Voy. labiées.
LYCORIS. annél. — Genre de Néréides
distingué par M. Savigny (Système des An-
nélides), qui en résume ainsi les caractères :
Trompe sans tentacules à son orifice; an-
tennes extérieures plus grosses que les mi-
toyennes ; première et seconde paire de pieds
converties en quatre paires de cirrhes tenta-
culaires ; les branchies distinctes des cirrhes.
On en connaît une quinzaine d'espèces.
(P. G.)
LYCOSE. Lycosa (/vxo;, araignée-loup).
arach. — Genre de l'ordre des Aranéides, de
la tribu des Araignées, établi par Walckenaër
et adopté par tous les aptérologistes. Chez ce
genre, les yeux sont au nombre de huit, iné-
gaux entre eux, formantun parallélogramme
allongé , placés sur le devant et les côtés du
céphalothorax , sur trois lignes transverses
presque égales en longueur. La lèvre est
carrée, avec les mâchoires droites, écartées
et plus hautes que larges. Les pattes sont
allongées , fortes , avec la quatrième paire
sensiblement plus longue que les autres. Les
espèces qui composent ce genre courent très
vite; elles habitent presque toutes à terre,
car elles pratiquent des trous qu'elles agran-
dissent avec l'âge, et dont elles fortifient
les parois avec une sorte de soie, afin d'em-
pêcher les éboulements. D'autres s'établis-
10
LYC
LYC
sent dans les fenles des murs, les cavités
des pierres , etc. ; quelques unes y font un
tuyau de soie composé d'une toile fine, long
d'environ 5 centimètres, et recouvert à l'ex-
térieur de parcelles de terre ; elles forment
ce tuyau au temps de la ponte. Toutes se
tiennent près de leur demeure , et y guet-
tent leur proie, sur laquelle elles s'élancent
avec une rapidité étonnante. Ces Aranéides
passent l'hiver dans ces trous, et, suivant
plusieurs auteurs, la Lycose tarentule a soin
d'en boucher exactement l'ouverture pendant
cette saison. Les Lycoses sortent de leurs
retraites dès les premiers jours du prin-
temps , et elles cherchent bientôt à remplir
le vœu de la nature en s'accouplant; suivant
les espèces et suivant la température du
printemps, l'accouplement a lieu depuis le
mois de mai jusqu'à la mi-juillet. Les Ly-
coses pondent ordinairement des œufs sphé-
riques et variant en nombre, suivant les es-
pèces, depuis 20, à peu près, jusqu'à 180.
Ces œufs , à leur naissance , sont libres ;
mais la mère les renferme dans un cocon
circulaire , globuleux , aplati, et formé de
deux calottes réunies par leurs bords. Ce
cocon ou sac à œufs est toujours attaché sous
le ventre de la femelle , près des filières, au
moyen d'une petite pelote ou d'un lien de
soie. La femelle porte partout cette posté-
rité future, et court avec célérité, malgré
cette charge; si on l'en sépare, elle entre
en fureur, et ne quitte le lieu où elle a fait
cette perte qu'après avoir cherché longtemps
et être revenue souvent sur ses pas ; si elle
a le bonheur de retrouver son cocon, elle le
saisit avec ses mandibules, et prend la fuite
avec précipitation. Les œufs des Lycoses
éclosent en juin et en juillet. Les petits
restent encore longtemps dans leur coque
générale, et ce n'est qu'après le premier
changement de peau qu'ils abandonnent
îeur demeure, et marchent sur le corps de
leur mère, où ils se cramponnent; c'est
surtout sur l'abdomen et sur le dos qu'ils
s'établissent de préférence, en s'y arran-
geant en gros pelotons, qui donnent à la
mère une figure hideuse et extraordinaire.
Par un temps serein , et vers la mi-octobre,
Lister a observé une grande quantité de
jeunes Lycoses voltigeant dans l'air; pour
se soutenir ainsi, elles faisaient sortir de
eurs filières, comme par éjaculation, plu-
sieurs fils simples en forme de rayons. Ces
petites Araignées faisaient mouvoir leurs
pattes avec rapidité et en rond au-dessus de
leur tête , de manière à rompre leurs fils
ou à les rassembler en petites pelotes
d'un blanc de neige. C'est soutenues par
ce petit ballon que les jeunes Lycoses s'a-
bandonnent dans l'air et sont transportées
à des hauteurs considérables. Quelquefois
ces longs fils aériens sont réunis en forme
de cordes embrouillées et inégales, et de-
viennent un filet avec lequel ces jeunes Ara-
néides prennent de petites Mouches et d'au-
tres Insectes de petite taille.
Le genre des Lycoses se compose d'un
très grand nombre d'espèces répandues dans
toutes les parties du monde. M. Walcke-
naër, dans son Histoire naturelle des Insectes
aptères , en décrit 63 espèces , nombre que
j'ai augmenté de 15 espèces nouvelles, et
que j'ai découvertes pendant mon séjour en
Algérie. M. Walckenaër, afin de rendre ce
genre plus facile à l'étude, a divisé ces nom-
breuses espèces en trois grands groupes dési-
gnés sous les noms de Terricoles, de Corsaires
et de Porte-Queues. L'espèce qui peut être
considérée comme le type de ce genre, un des
plus naturels de la tribu des Araignées , est
la Lycose tarentule , Lycosa tarentula Latr.
Cette Lycose, étant très célèbre, a été figu-
rée par une foule d'auteurs, mais si mal
qu'il semble que plusieurs d'entre eux se
soient plu à exagérer ses formes hideuses,
afin d'inspirer plus d'horreur pour elle , et
d'accréditer, par ce moyen, les absurdités
qu'ils ont débitées sur les propriétés de son
venin. Il serait trop long de mentionner ici les
noms des auteurs qui ont parlé de la Taren-
tule , et qui l'ont figurée. Nous dirons seu-
lement que , selon les uns , son venin pro-
duit des symptômes qui approchent de la
fièvre maligne ; selon d'autres , il ne pro-
cure que quelques taches érysipélateuses ,
et des crampes légères ou des fourmille-
ments. La maladie que le vulgaire croit que
la Tarentule produit par sa morsure a reçu
le nom de Tarentismet et il ne peut se gué-
rir que par les secours de la musique. Quel-
ques auteurs ont poussé la naïveté jusqu'à
indiquer les airs qu'ils croient convenir le
plus aux Tarentolati: c'est ainsi qu'ils appel-
lent les malades. Samuel Hafenreffer, pro-
fesseur d'Ulm , les a notés dans un traité
LYG
des maladies de la peau; Baglivi a aussi
écrit sur les Tarentules du midi delà France;
mais on est bien revenu de la frayeur
qu'elles inspiraient dans son temps, et au-
jourd'hui il est bien reconnu que le venin
de ces Araignées n'est dangereui que pour
les insectes dont la Tarentule fait sa nour-
riture.
Si cette espèce a été célèbre par les fables
dont elle a été l'objet, elle ne l'est pas
moins par ses mœurs , qui sont vraiment
curieuses. Nous emprunterons à M. L. Du-
four, qui a été à même de l'observer en Es-
pagne, les observations suivantes. La Ly-
cose tarentule , dit cet auteur, habite de
préférence les lieux découverts, secs, arides,
incultes, exposés au soleil. Elle se tient or-
dinairement, au moins quand elle est adulte,
dans les conduits souterrains , dans de vé-
ritables clapiers qu'elle se creuse elle-même.
Ces clapiers, signalés par plusieurs auteurs,
ont été imparfaitement saisis et mal décrits.
Cylindriques et souvent d'un pouce de dia-
mètre, ils s'enfoncent jusqu'à plus d'un
pied dans la profondeur du sol; mais ils ne
sont pas perpendiculaires, ainsi qu'on l'a
avancé. L'habitant de ce boyau prouve qu'il
est en même temps chasseur adroit et in-
génieur habile. Il ne s'agissait pas seulement
pour lui de construire un réduit profond
qui pût le dérober aux poursuites de ses en-
nemis ; il fallait encore qu'il établît là son
observatoire pour épier sa proie et s'élancer
sur elle comme un trait. La Lycose taren-
tule a tout prévu. Le conduit souterrain a
effectivement une direction d'abord verti-
cale; mais, à 4 ou 5 pouces du sol, il se
fléchit en angle obtus, forme un coude ho-
rizontal, puis redevient perpendiculaire.
C'est à l'origine de ce coude que la Lycose s'é-
tablit en sentinelle vigilante, ne perdant pas
un instant de vue la porte de sa demeure ;
c'est là qu'à l'époque où je lui faisais la
chasse , j'apercevais ses yeux étincelanis
comme des diamants, lumineux comme
ceux du Chat dans l'obscurité.
L'ori6ce extérieur du terrier de la Taren-
tule est ordinairement terminé par un tuyau
construit de toutes pièces par elle-même et
dont les auteurs ne font pas mention. Ce
tuyau, véritable ouvrage d'architecture, s'é-
lève jusqu'à 1 pouce au-dessus du sol et a
parfois 2 pouces de diamètre, en sorte qu'il
LYC
511
est plus large que le terrier lui-même. Cette
dernière circonstance, qui semble avoir été
calculée par l'industrieuse Àranéide, se prête
à merveille au développement obligé des
pattes au moment où il faut saisir la proie.
Ce tuyau est principalement composé de
fragments de bois sec unis avec un peu de
terre glaise et si artistement disposés les uns
au-dessus des autres qu'ils forment un écha-
faudage en colonne droite, dont l'intérieur
est un cylindre creux. Ce qui établit surtout
la solidité de cet édifice tubuleux de ce bas-
tion avancé, c'est qu'il est revêtu, tapissé
en dedans d'un tissu ourdi par les filières
de la Lycose et qui continue dans tout l'in-
térieur du terrier. Il est facile de concevoir
combien ce revêtement si habilement fabri-
qué doit être utile, et pour prévenir les
éboulements,les déformations, et pour l'en-
tretien de la propreté, et pour faciliter aux
griffes de la Tarentule l'escalade de la forte-
resse. J'ai laissé entrevoir que ce bastion du
terrier n'existait pas toujours; en effet, j'ai
souvent rencontré des trous de Tarentule
où il n'y en avait pas. Ce qu'il y a de cer-
tain, c'est que j'ai eu de nombreuses oc-
casions de constater ces tuyaux, ces ouvra-
ges avancés de la demeure de la Tarentule.
Ils me représentaient les fourreaux de quel-
ques Phryganides (voy. ce mot). Cette Ara-
néide a voulu atteindre plusieurs buts en les
construisant. Elle met son réduit à l'abri
des inondations; elle le prémunit contre les
corps étrangers qui, balayés par les vents,
finiraient par l'obstruer; enfin elle s'en sert
comme d'une embûche, en offrant aux mou-
ches et autres insectes dont elle se nourrit
un point d'appui pour s'y poser. Qui nous
dira toutes les ruses employées par cet adroit
et intrépide chasseur? Disons maintenant
quelque chose sur la chasse assez curieuse
de la Tarentule. Les mois de mai et de juin
sont la saison la plus favorable pour la faire.
La première fois que je découvris Jes clapiers
de cette Aranéide et que je constatai qu'ils
étaient habités en l'apercevant en arrêt au
premier étage de sa demeure, qui est le
coude dont j'ai parlé, je crus, pour m'en
rendre maître, devoir l'attaquer de vive
force et la poursuivre à outrance. Je passai
des heures entières à ouvrir la tranchée avec
un couteau pour investir son domicile. Je
creusai à une profondeur de plus de 1 pied
512
LYC
LYC
sur 2 de largeur, sans rencontrer la Ta-
rentule. Je recommençai cette opération
dans d'autres clapiers, et toujours avec aussi
peu de succès. Je fus donc obligé de chan-
ger mon plan d'attaque, et je recourus à la
ruse. La nécessité est, dit-on, la mère de
l'industrie. J'eus idée, pour imiter un ap-
pât, de prendre un chaume de graminée
surmonté d'un épillet, et de frotter, d'agiter
doucement celui-ci à l'orifice du clapier. Je
no tardai pas à m'apercevoir que l'attention
et les désirs de la Lycose étaient éveillés.
Se luite par cette amorce, elle s'avançait à
pas mesurés et en tâtonnant vers l'épillet,
et, en relevant à propos celui-ci un peu en
dehors du trou, pour ne pas laisser le temps
<!o la réflexion, elle s'élançait souvent d'un
soûl trait hors de sa demeure, dont je m'em-
pressais de lui fermer l'entrée. Alors la Ta-
rentule, déconcertée d'avoir perdu sa liberté,
était fort gauche à éluder mes poursuites, et
je l'obligeais à entrer dans un cornet de
'■apier que je fermais aussitôt. Quelquefois,
se doutant du piège , ou moins pressée peut-
être par la faim, elle se tenait sur la réserve,
immobile, à une petite distance de sa porte,
qu'elle lne jugeait pas à propos de franchir.
Sa patience lassait la mienne; dans ce cas,
voici la tactique que j'employais: après avoir
reconnu la direction du boyau et la position
de la Lycose, j'enfonçais avec force et obli-
quement une lame de couteau de manière
à surprendre l'animal par derrière et à lui
'•ouper la retraite en lui barrant le clapier.
Je manquais rarement mon coup, surtout
('ans les terrains qui étaient peu pierreux.
Hans cette situation critique, ou bien la Ta-
rentule effrayée quittait sa demeure pour
magner le large, ou bien elle s'obstinait à de-
neurer acculée contre la lame du couteau,
•lors, en faisant exécuter à celle-ci un mou-
cment de bascule assez brusque, on lançait
au loin et la terre et la Lycose, et on s'em-
parait de celle-ci. En employant ce procédé
'le chasse, je prenais parfois jusqu'à une
■i-inzaine de Tarentules dans l'espace d'une
s'ure. Dans quelques circonstances où la
Tarentuleetait tout à-fait désabusée du piège
'lue je lui tendais , je n'ai pas été peu sur-
pris, lorsque j'enfonçai l'épillet jusqu'à la
toucher dans son gîte, de lavoir jouer avec
une espère de dédain avec cet épillet et le
repousser à coup de pattes, sans se donner
la peine de gagner son réduit. Les paysans
de la Pouille, au rapport de Baglivi, font
aussi la chasse à la Tarentule, en imitant, à
l'orifice de leur, terrier, le bourdonnement
d'un insecte au moyen d'un chaume d'a-
voine. Ruricolœ nostri, dit-il, quando eas
captare volant, ad Ularumlatibula accedunt,
tenuisque avenaceœ flstulœ sonum apum mur-
mûri non absimilem modulantur, quo audito
foras exil Tarentula ut muscas vel alia hu-
jusmodi insecta, quorum murmur esse putat,
captât ; captalur tamen ista à rustico insidia-
tore.
La Tarentule, si hideuse au premier as-
pect, surtout lorsqu'on est frappé de l'idée
du danger de sa piqûre, si sauvage en ap-
parence, est cependant très susceptible de
s'apprivoiser, ainsi que M. L. Dufour en a
fait plusieurs fois l'expérience.
Ce que je viens de rapporter au sujet des
mœurs de la Lycosa tarentula est entière-
ment identique avec ce que j'ai observé sur
la Lycosa narbonensis Walck., espèce assez
répandue dans les environs de Narbonne, et
que j'ai trouvée très communément dans l'est
et dans l'ouest de nos possessions du nord
de l'Afrique. (H. Lucas.)
*LYCOSERIS(>vxo; , loup ; at'piç , espèce
de chicorée), bot. ph. — Genre de la famille
des Gomposées-Mutisiacées , établi par Cas-
sini {Opusc. phyt., II, 96 et 112). Herbes
de la Nouvelle- Grenade. Voy. composées.
LYCTUS (nom mythologique), ins. —
Genre de Coléoptères tétramères, famille
des Xylophages, tribu des Lyctides, créé par
Fabricius (Systema eleutheratorum, t. II,
p. 560). L'auteur y introduit un certain
nombre d'espèces qui ont formé depuis des
types de genres. Dejean, en l'adoptant, n'y
rapporte que 6 espèces: 4 sont originaires
d'Europe; 1 est indigène d'Amérique(États-
Unis), et 1 d'Afrique (cap de Bonne-Espé-
rance). Nous citerons, parmi les espèces du
pays , le L. canaliculatus F., pubescens Pz.,
BJwi Boud., glycyrrhzœ Ch. La larve de la
première attaque les boiseries de chêne de
nos appartements, et les réduit prompte-
ment en poussière; celles des troisième et
quatrième espèces vivent, ainsi que l'indi-
quent leurs noms, dans la Rhubarbe et la
Réglisse. (C.)
LYCURUS (>vxo; , loup ; oipoc , queue).
bot. ph. — Genre de la famille des Grami-
LYD
nées-Agrostidées , établi par H.-B. Kunth
(in Humb. et Bonpl. Nov. gen. et sp., I, 142,
t. 45). Gramens du Mexique. Voy. grami-
nées. •
LYCUS (luxoç, loup), ins. — Genre de
Coléoptères pentamères , famille des Mala-
eodermes, tribu des Lycusites, créé par Fa-
bricius (Systema entomologiœ, t. I, p. 202)
et adopté par Latreille et Dejean. Ces auteurs
n'ont maintenu dans ce genre que les espè-
ces dont le museau a au moins la longueur
<!c la tête. Tel qu'il est constitué actuelle-
ment, ce genre renferme plus de 50 espèces ,
elles appartiennent à l'Afrique (cap de
Bonne-Espérance, Sénégal), à l'Amérique
(Mexique, Colombie), à l'Asie (Indes orien-
tales), et à l'Australasie (Nouvelle-Hollande).
Nous citerons parmi elles les Lampyris la"
tissima Lin., Lyc. palliatus, rostratus, pro-
boscideus, prœustus, ferrugineus, inœqualis
de Fab., Schœnherri, lineicollis Ch. (C.)
*LYCLSITES. Lycusites. ins.— Tribu de
Coléoptères pentamères , de la famille des
Malacodermes, établie par de Castelnau {His-
toire des animaux articulés, t. I, p. 261),
qui lui assigne les caractères suivants: An-
tennes très rapprochées à leur base ; tête
découverte, souvent prolongée en museau ;
yeux petits; point de segments abdominaux
phosphorescents. Genres : Dyclioptera, Ca-
lopteron(Charactus, Dej.), Lycus, Omalisus,
Lygistropterus, Eurycerus , etc., etc. Les
Lycusites sont Je beaux insectes, de couleurs
ternes mais variées , et souvent de formes
bizarres; les plus belles espèces sont étran-
gères à l'Europe; celles de cette dernière
partie du monde sont généralement rouges.
Lorsqu'on les saisit, elles se raidissent im-
mobiles, en repliant leurs pattes et l'abdo-
men, et répandent abondamment parleurs
pores des gouttelettes d'un blanc laiteux qui
ont une odeur acre. (C.)
LYDA. ins. — Genre de la tribu des Ten-
thrédiniens , de l'ordre des Hyménoptères,
établi par Fabricius sur un petit nombre
d'espèces, la plupart européennes, caracté-
risées par des antennes sétacées , composées
d'un grand nombre d'articles variant envi-
ron de 28 à 30. On a rencontré des Lydas
dans diverses régions du monde ; mais par-
tout elles sont peu abondantes. Leurs larves
habitent par groupes d'individus sur les ar-
bres, dont elles dévorent les feuilles Cha-
t. vu.
LYG
513
que larve se file une loge particulière ; mais
elles sont toujours réunies sous des feuilles
retenues par des fils. Ces larves ont en gé-
néral acquis toute leur croissance vers la fin
de Tété ; elles descendent alors des feuilles,
et s'enfoncent dans la terre , où elles se fi-
lent une coque soyeuse pour y subir leur
métamorphose en nymphe. On peut consi-
dérer comme type du genre la Lyda des fo-
rêts , L. sylvatica¥a.bv., dont la larve vit
ordinairement sur les Poiriers. (Bl.)
*LYDjEA, Molin. bot. ph.— Syn. de Ka-
geneckia, Ruiz et Pav.
LYDIENNE (nom de pays), géol. —
M. Cordier donne ce nom à une espèce de ro-
che composée de schiste argileux ou d'argile
endurcie avec des matières phylladiennes, et
quelques grains de quartz et de mica, le tout
consolidé par un ciment quartzeux invisible.
Cette roche, tendre et très fusible , renferme
un grand nombre de petites veines blanches
quartzeuses : c est la vraie pierre de touche.
On la trouve dans tous les terrains phyl-
ladiens. La variété noire étant la seule qui
puisse être employée dans la bijouterie, est
la seule qui soit recherchée. (C. d'O.)
*LYDITES. Lydites. ins. — Nous avons
établi (Hist. des Ins., 1. 1, p. 187) sous cette
dénomination un petit groupe, dans la tribu
des Tenthrédiniens , de l'ordre des Hymé-
noptères, caractérisé principalement par des
antennes longues et multi-articulées. Nous.
rattachons au groupe des Lydites les genres
Lyda , Tarpa et Lophyrus. ( Bl.)
LYDUS (nom mythologique), ins.— Genre
de Coléoptères hétéromères, famille des Tra-
chélides, tribu des Vésicants, formé par
Mégerle et adopté par Latreille et Dejean. Ce
dernier auteur (Catalogue, 3e édit., p. 245)
y comprend 6 espèces: 3 appartiennent a
l'Europe, et 3 à l'Asie. Le type, la Meloe al-
girus Linné, se trouve dans les contrées que
baigne la Méditerranée en Europe et en
Barbarie. (C.)
LYELLIA (nom propre), bot. cr. —
Genre de Mousses bryacées, établi par R.
Brown (in Transact. Linn. Soc, XII, 561).
Mousses du Népaul.
*LYG^E1DES. Lygœidœ. ins. — Famille
de la tribu des Lygéens, de l'ordre des Hé-
miptères , caractérisée par des antennes in-
sérées au-dessous des yeux, à dernier article
fusiforme, par l'absence d'appendices entre
65
514
LYG
les crochets des tarses , etc. Nous divisons
cette famille en trois groupes , les Myodo-
chites, reconnaissables à leur tête étranglée
en arrière; les Astemmites et les Lygaeites,
à tête courte , sans étranglement , les pre-
miers dépourvus d'ocelles , les seconds en
offrant de très distincts. ( Bl.)
*LYGjEITES. Lygœiteœ. ms.— Groupe de
la famille des Lygaeides, auquel nous ratta-
chons les genres Lygœus , Cymus , Hetero-
gaster, Aphanus , Anthocoris et Ophthalmi-
cusy dont quelques uns sont très subdivisés
dans l'ouvrage de MM. Amyot et Serville.
(Bl.)
LYG.EODES, Burm. ms. — Syn. de Ly-
gaeides. (Bl.)
*LlGiEOMORPHUS(Ayyaroç, genre d'in-
sectes ; popcpvj, forme), ms. — Genre de la fa-
mille des Coréides , de l'ordre des Hémip-
tères, établi par M. Blanchard (Hist. des Ins.
orth.fhémipt., etc., t. III), sur quelques es-
pèces exotiques, dont l'aspect rappelle celui
des Lygées. Les Lygœomorphus ont une tête
courte, des antennes grêles à dernier article
pointu et plus long que les précédents, etc.
Les espèces les plus répandues sont les L.
abdominalis {Lygœus abdominalis Fabr.), de
l'Amérique méridionale; L. augur Fabr.
(Lygœus augur Fabr.), d'Afrique.
Ce genre porte le nom de Leptocorisa dans
les ouvrages de MM. Hahn ( Wanzenart.
JnseîU) etBurmeister (Handb. der entom.).
Cette dénomination ayant été employée pré-
cédemment pour désigner un autre genre
d'Hémiptère, nous avons dû nécessairement
la changer. (Bl.)
LYGÉE. Lygœus (kvy<x~oç, noirâtre), ms.
— Genre delà famille des Lygaeides, de l'or-
dre des Hémiptères , établi par Fabricius et
adopté par tous les entomologistes avec de
plus ou moins grandes restrictions. Tel qu'il
est considéré par la plupart des auteurs, les
Lygées se distinguent des genres voisins, prin-
cipalement par leurs antennes, dont les ar-
ticles sont courts , avec le dernier grêle ; la
tête courte et un peu conique.
Ce genre est fort nombreux en espèces ;
un grand nombre d'entre elles habitent l'Eu-
rope. On les trouve fréquemment réunies en
très grand nombre sur certaines plantes,
particulièrement sur les Crucifères, les Asclé-
pias, etc. La plupart de ces Hémiptères sont
d'une couleur rouge plus ou moins vive et
LYG
relevée par des taches noires. Leur corps
est aplati et de forme ovalaire ; leurs pattes
sont grêles et assez longues. Les Lygées aussi
sont agiles et courent avec rapidité quand
on veut les saisir. Les espèces de ce genre
les plus répandues dans notre pays sont les
L. militaris Fabr., equestris Linn., saxatilis
Fabr., familiaris Fabr., etc. (Bl.)
*LYGÉENS. Lygœii. ins. —Tribu de l'or-
dre des Hémiptères , caractérisée par une
tête courte , n'étant pas ordinairement ré-
trécie en arrière en forme de cou ; par des
antennes toujours libres, longues et assez
épaisses ; par l'écusson petit , etc. Les Ly-
géens constituent une tribu fort nombreuse,
composée des espèces ayant un bec assez
court, des pattes simples et propres à la
course. Toutes sont phytophages, fort abon-
damment répandues en Europe et dans la
plupart des régions du globe. Leurs habi-
tudes n'ont rien de remarquable. On les
rencontre sur les plantes, dont ils se nour-
rissent. Les femelles déposent leurs œufs en
paquets sur les plantes.
On divise les Lygéens en trois familles ,
qui se distinguent les unes des autres par
le point d'insertion des antennes, et par la
présence ou l'absence d'appendices entre les
crochets des tarses.
à la partie antérieure de\ au
la tète , sur la même I nom. f
ligne que lesyeux. Ap- > bre d*e V CoaÉiDBj.
pendicrs entre les cro- \ ,jeux \
chets destirses . . . ./
Antennes
insérées
au-dessous des yeux, à
dernier article fusi-
forme. Appendices en-
tre les crocliets des
tarses
au-dessous des yeux , à
dernier article fil
forme Appendices en-
tre les crochets des
Ltojbidbs.
tarses.
Ces trois familles ont été regardées par
plusieurs entomologistes comme devant
constituer des tribus distinctes ; mais elles
ont réellement des caractères qui les rap-
prochent trop manifestement pour motiver
cette séparation. Du reste, l'organisation de
ces insectes n'est pas suffisamment connue
pour que l'on ait une opinion parfaitement
arrêtée sur la valeur de leurs affinités na-
turelles. (Bl.)
LYGEUM. bot. pu. — Genre de la fa-
mille des Graminées-Phalaridées , établi par
Linné (Lœffl. IL, 285, t. 2). Gramens de
la Méditerranée. Voy. graminées.
LYG
LYM
515
*LYGIDIE. Ly g idium (Lygia, Lygie ; ISt»,
forme), crust. — Genre de l'ordre des Iso -
podes , de la famille des Cloportides , établi
par Brandt aux dépens des Lygia de La-
treille. Ce genre diffère des Lygia par l'ar-
ticle basilaire des dernières fausses pattes
abdominales, qui, au lieu d'être tronqué au
bout transversalement et de donner inser-
tion aux appendices terminaux par cette
structure, est en forme de fourche à deux
branches d'inégale longueur, et porte les ap-
pendices filiformes fixes à l'extrémité de
chacune de ces branches. Ce genre ne ren-
ferme qu'une seule espèce, qui est le Lygi-
dium Personii Brandt. (H. L.)
*LYGIE. Lygia (>vya?oç, noir), crust. —
Genre de l'ordre des Isopodes , de la section
des Isopodes marcheurs , de la famille des
Cloportides , et de la tribu des Cloportides
maritimes , établi par Fabricius aux dépens
des Oniscus de Linné, et adopté par tous les
carcinologistes. Les principaux caractères de
cette coupe générique consistent dans l'inser-
tion tout près l'un de l'autre, sur l'extrémité
tronquée de l'article basilaire, des deux ap-
pendices styliformes des dernières fausses
pattes. Ces Crustacés vivent près des bords
de la mer, et se trouvent en général dans des
endroits pierreux au-dessus de la limite des
hautes eaux. Ce genre renferme six espèces,
dont deux habitent nos côtes océaniques et
méditerranéennes, deux les mers du Chili,
une la mer Noire; quant à la sixième, sa
patrie est inconnue. La Lygie océanique,
Lygia oceanica Linn., peut être considérée
comme le représentant de cette coupe géné-
rique; cette espèce n'est pas rare sur les
côtes de l'Océan. (H. L.)
LYGINIA. bot. ph. — Genre de la famille
des Restiacées, établi par R. Brown (Prodr.y
248). Herbes de la Nouvelle-Hollande. Voy.
RESTIACÉES.
^YGISTROPTERUSCXuytcrTo^plié ; ttts-
pc'v , aile ). ins. — Genre de Coléoptères
penlamères, familledesMalacodermes, tribu
des Lycusites, créé par Dejean (Catalogue ,
3e édit., p. 111), qui en mentionne 7 espè-
ces : 6 sont américaines et 1 est propre à toute
l'Europe. Cette dernière, type du genre, est
le Lampyris sanguineus de Linné. On la
trouve souvent en nombre sur les fleurs des
Chardons. (C.)
LYGODIUM (XvywJu*, flexible), bot. en.
— Genre de Fougères de la famille des
Schizéacées, établi par Swartz {in Schrad.
Journ., 1801, II, t. 2, f. 2). Fougères crois-
sant en abondance dans les régions tropica-
les du globe. Voy. schizéacées.
*LYGODYSODEA. bot. fh.— Genre de
la famille des Rubiacées-Pœdériées (Lygody-
sodéacées, Bartl.), établi par Ruiz et Pavon
(Prodr., 3, t. V). Arbrisseaux du Pérou et du
Mexique. Voy. rubiacées et lygodysodéacées.
*L YGOD YSODÉ ACÉES . Lygodysodeacœ.
bot. ph. — Le genre Lygodysodea est classé
par la plupart des auteurs parmi les Rubia-
cées (voy. ce mot). M. Bartling , ayant cru
reconnaître dans son fruit une structure
particulière, avait proposé de le séparer
comme type d'une petite famille particulière
à laquelle il avait donné son nom. (Ad. J.)
* LYGOSOMA ( Jivyo;, baguette ; a5P.«,
corps). rept.— Sous-genre de Scinques proposé
par M. Gray(ZooL journ., 1827). (E. D.)
LYGUS. ins. — Genre de la famille des
Mirides , de l'ordre des Hémiptères , établi
par Hahn ( Wanz.-Ins.) et réuni par Bur-
meister aux Phytocoris. Voy. ce mot. (Bl.)
*LYMANTES(AupavT>jç, destructeur), ins.
— Genre de Coléoptères tétramères , famille
des Curculionides gonatocères, division des
Cossonides, créé par Schœnherr (Gen. et sp.
Cucurl. syn., t. IV, p. 1085 8, 2e part., p.
287). L'espèce type et unique, L. scrobicollis
de l'auteur, est originaire des États-Unis. (C.)
LYMEXYLON (/«>•/, , fléau; $«âov,
arbre ). ins. — Genre de Coléoptères pen-
tamères , famille des Térédyles, créé par
Fabricius (Systema entomologiœ, p. 204) et
adopté depuis par tous les auteurs. L'espèce
type et unique, le Cantharis navalis de
Linné, se trouve en Europe, dans le bois du
Chêne, auquel elle porte, ainsi que la larve,
untortimmense. C'estsurtoutauxmatériaux
destinés à la construction des navires que
cette dernière s'attaque. (C.)
*LYM1VADEA. moll.— Ce g. a été proposé
par M. Swainson dans son Traité de Mala-
cologie, pour quelques espèces de Mulettes
faisant partie des Symphy notes, mais de-
vant rester dans le genre Unio. Voy. mo-
lette. (Desh.)
LYMNAETUS. ois. — Voy. limnaetus.
*LYMN,EUM Qiuvyj, étang), ins.— Genre
de Coléoptères pentamères, famille des Ca-
rabiques, tribu des Subulipalpes, créé par
516
LYM
LYM
Stephens (a System, calai. of Brilish Insecte,
p 36), qui y comprend 2 espèces d'Angle-
terre : les L. nigro-piceum Mart. et depres-
sum G. Ce genre fait partie de la famille
des Bembidiides de l'auteur. (G.)
*LYA1NAS ()u'{/.vvj, marais), ms. — Genre
de l'ordre des Lépidoptères diurnes, tribu
des Érycinides , établi par M. Boisduval.
L'espèce type a été nommée par l'auteur
Lymnas électron, papillon indigène de la
Guiane et du Brésil.
LYAÏNE. poiss. — Espèce du genre Raie.
Voy. ce mot.
LY AÎNÉE. Lymnœa(\'j.'j-n, marais). moll.
— Si nous voulions tracer avec quelque soin
l'histoire de ce genre, il faudrait en chercher
les premières figures dans les ouvrages d'Al-
drovande, de Petiver, de Lister et Bonanni,
et de plusieurs autres naturalistes qui , les
confondant avec des coquilles d'autres gen-
res, les ont désignées par des dénominations
diverses. Lister, qui jeta les premiers fon-
dements de l'anatomie des Mollusques, es-
saya de faire connaître la structure organi-
que des Lymnées dans son Exercitatioanato-
mica altéra. Ce travail incomplet peut être
cependant consulté avec avantage, quand ce
ne serait que pour y constater le peu de
moyens dont les anatomistes disposaient à
cette époque. Nous mentionnerons aussi un
autre travail anatomique , mais beaucoup
plus complet , entrepris par Swammerdam
dans son Biblianaturœ. Quoique Linné con-
nût les travaux en question , et pût appré-
cier la différence d'organisation qui existe
entre des animaux aquatiques et des ani-
maux terrestres, il introduisit cependant les
Lymnées dans son grand g. Hélice, opinion
dans laquelle il persista jusque dans les der-
nières éditions du Systema, quoique Guet-
tard , dans un Mémoire très remarquable
publié parmi ceux de l'Académie en 1756 ,
eût caractérisé les Hélices et les Lymnées,
d'après leurs animaux et leurs coquilles ,
d'une manière tellement précise , que les
caractères imposés par cet excellent obser-
vateur pourraient être conservés dans nos
ouvrages modernes. Plus tard, Muller, dans
son Histoire des coquilles terrestres , recon-
nut aussi dans les Lymnées un genre parti-
culier auquel il donna le nom deBuccinum,
quoique cette dénomination fût consacrée
depuis longtemps à un g. de coquilles ma-
rines. Il faut ajouter cependant que ce g.
Buccinum de Muller n'était point exempt
d'erreurs, car il y avait introduit plus d'une
espèce terrestre. Nous ne mentionnerons pas
les auteurs linnéens qui adoptèrent sans
restriction les opinions du maître , et nous
arrivons à Bruguière, qui voulut tenter aussi
la réforme du g. Hélice, en entraînant dans
ses Bulimes toutes les espèces qui ont l'ou-
verture plus haute que large. Cette réforme,
il faut l'avouer, était peu importante, puis-
qu'elle laissait régner dans les deux genres
une confusion qu'il aurait fallu éviter , car
les Bulimes contiennent à la fois des co-
quilles terrestres et fluviatiles. Lamarck com-
prit qu'il fallait enfin séparer des Bulimes
et des Hélices toutes les coquilles aquatiques,
et en constituer des genres selon leurs ca-
ractères naturels; et par la création de ce-
lui des Lymnées, il prouva qu'il avait com-
pris et généralisé les grands principes de
classification posés par les grands natura-
listes qui l'avaient précédé. Bientôt après
avoir été fondé , ce g. fut consacré par l'ou-
vrage de Draparnaud, et ensuite successive-
ment adopté dans toutes les méthodes de
conchyliologie. En établissant ses familles
dans sa Philosophie zoologique , Lamarck
proposa celle des Auriculacées, dans laquelle
se trouvent rangés les 4 genres Auricule ,
Mélanopside, Mélanie et Lymnée. On voit,
par cet arrangement, que l'auteur de l'ou-
vrage que nous citons rapprochait des Mol-
lusques pectinibrancb.es des Mollusques pul-
monés, ce qui prouve combien pouvait être
utile à la science le Mémoire anatomique de
Cuvier sur les Lymnées et les Planorbes ,
publié dans les Annales du Muséum. Ce Mé-
moire eut pour résultat, relativement à la
classification, la création par Lamarck de sa
famille des Lymnéens, et d'autres change-
ments importants que l'on peut apprécier
en comparant la classification des Mollusques
de la Philosophie zoologique et de YExlrait
du cours. Cette famille des Lymnéens con-
tient 4 genres : Lymnée, Physe, Planorbe,
Conovule , et ce dernier avec un point de
doute , d'autant mieux appliqué qu'en effet
il devient un double emploi des Auricules ,
comme Lamarck lui-même l'a reconnu. Tous
les naturalistes n'ont point adopté la famille
des Lymnéens de Lamarck ; mais tous ont
été dans la nécessité de ranger les animauï
LYM
LYM
517
dont il est question dans des rapports sem-
blables, car ils sont seuls naturels, puisqu'ils
découlent de la connaissance des caractères
exacts, empruntés aux formes extérieures et
à l'organisation intime.
En 1812, M. Nilson , dans son petit ou-
vrage des coquilles terrestres etfluviatiles de
la Suède , proposa de démembrer sous le
nom d'Âmphipeplea un petit genre pour une
espèce de Lymnée des auteurs , le Lymnœa
glutinosa, d'après ce caractère d'une coquille
toujours lisse, polie, sur laquelle l'animal
renverse une portion de son manteau. De-
puis, un naturaliste recommandable par de
nombreuses observations zoologiques et ana-
tomiques, M. Van Beneden, tenta de justi-
fier la création du genre en question, en se
fondant sur des caractères anatomiques plu-
tôt que zoologiques. En examinant les faits
allégués par M. Nilson et Van Beneden,
nous en concluons que le g. Amphipeplea
doit rester parmi les Lymnées à titre de
sous-division , et nous pensons qu'il en sera
de même d'un autre genre proposé plus ré-
cemment, sous le nom de Chilina, par
M. Gray, pour des coquilles des eaux douces
de l'Amérique méridionale, et dont une
espèce a été rapportée par Lamarck au
g. Auricule, sous le nom d'Auricula dom-
beyana. Depuis longtemps nous avons fait
remarquer que cette coquille n'appartient
pas au g. Auricule, et qu'elle présente tous
les caractères des Lymnées ; et notre opinion
s'est trouvée justifiée par les figures des ani-
maux publiées par M. Aie. d'Orbigny, dans
son Voyage en Amérique; néanmoins, ce g.
Chilina mérite aussi déformer une section à
part dans le genre des Lymnées.
Les Lymnées sont des Mollusques aqua-
tiques, répandus dans les eaux douces des
deux mondes, mais plus particulièrement
dans celles des régions tempérées. Cependant
ces animaux ne peuvent rester longtemps
plongés sous l'eau , car ils respirent l'air
élastique, et ils sont obligés de remonter
souvent à la surface de l'eau pour respirer.
Ils rampent sur un pied large et assez épais,
ovalaire, plus court que la coquille et com-
plètement dénué d'opercule. En avant,
ils portent une tête aplatie, large, de chaque
côté de laquelle s'élève un tentacule trian-
gulaire, large à la base et portant un œil
«ans saillie, au côté interne. La partie la plus
considérable du corps, comprenant la masse»
viscérale, est tournée en spirale , et contenue
dans une coquille mince, diaphane, dont
les tours de spire sont généralement allon-
gés, et le dernier plus grand que tous les
autres. L'ouverture qui termine le dernier
tour est entière, à peine versante à la base ,
ovale-oblongue ; son bord droit est mince,
tranchant, simple, et la columelle , assez
épaisse, est toujours tordue sur elle-même,
et forme un véritable pli avant de se con-
fondre insensiblement avec l'extrémité an-
térieure du bord droit. L'intérieur du der-
nier tour est occupé par une grande ca-
vité du manteau dans laquelle est contenu
l'organe de la respiration. Sur le bord, et à
droite, est percée une ouverture que l'on
peut comparer à celle qui existe dans les
Hélices et dans les Limaces. Cette ouverture
peut se dilater et se contracter de manière
à recevoir l'air dans la cavité respiratoire ,
et à empêcher l'eau d'y avoir accès lorsque
l'animal cherche sa nourriture au-dessous
de la surface du milieu dans lequel il vit.
La bouche se présente ordinairement sous
la forme d'une fente transverse entre deux
lèvres peu épaisses. Si l'animal la fait sail-
lir, elle acquiert un peu de la forme d'une
trompe très courte, au centre de laquelle so
trouvent trois petites dents cornées , dont la
supérieure est assez semblable à celledes Li-
maces. Au milieu de ces trois dents se re-
marque une ouverture , celle de l'œsophage.
Cet œsophage est grêle, assez long, s'élargit
en une poche stomacale, trilobée, d'où il
s'échappe un intestin grêle, à l'origine du-
quel se verse la bile, au moyen de plusieurs
canaux biliaires provenant d'un foie con-
sidérable divisé en 3 lobes. Après avoir fai*
plusieurs circonvolutions dans le foie et les
organes de la génération . l'intestin gagne le
côté droit du corps, et il vient s'ouvrir au
dehors, à côté de l'ouverture de la cavité pul-
monaire. Les Lymnées sont, comme les Hé-
lices , pourvues des deux sortes d'organes de
la génération. Les organes mâles sont com-
posés d'un testicule fort gros placé en tra-
vers du corps, derrière la cavité de la respi-
ration; il est blanchâtre, donne naissance à
un canal déférent, court etlarge, aboutissant
aune poche plissée assez grande, dans la-
quelle doit s'accumuler une assez grande
quantité de liquide fécondateur; de cette
513
LYM
LYM
poche part le véritable canal défèrent qui,
après avoir rejoint la terminaison des or-
ganes femelles, se détache, fait de nombreux
replis, et vient se terminer à l'extrémité pos-
térieure ée l'organe excitateur. Ce dernier
est charnu , cylindracé ; on le trouve à côté
de l'œsophage, et il est retiré en arrière, au
moyen de trois petits muscles ; il a son issue
naturelle au-dessous du tentacule droit. Les
organes femelles consistent en un ovaire fort
gros, embrassé dans le dernier lobe du foie,
vers l'extrémité de la coquille. Un oviducte
mince, très tortueux, se renfle en une pre-
mière poche , à laquelle en succède une se-
conde , de sorte que chez ces animaux la ma-
trice est composée de deux cavités. Un col
assez long vient aboutir au fond du repli
qui sépare le corps du limbe du manteau;
à l'extrémité de ce col , vient s'insérer le pé-
dicule d'une vésicule copulatrice peu consi-
dérable. Chez les Lyrnnées, comme on le
voit, les deux organes de la génération sont
rlus séparés que ceux des Hélices, et ceci
explique un fait remarquable observé de-
puis longtemps : c'est qu'une même Lym-
née sert à la fois de mâle à un individu et
de femelle à un second, ce qui permet à ces
animaux, dans le temps de la copulation,
de rormer de longues chaînes d'individus ,
dont le rapprochement ne dure que le mo-
ment de la génération.
Comme nous l'avons vu , la cavité de la
respiration s'ouvre sur le côté droit de l'a-
nimal; elle est construite à peu près de la
même manière que dans les Hélices: seule-
ment , le réseau vasculaire mis en contact
avec l'air est moins apparent. Un organe des
viscosités occupe une place considérable dans
la cavité pulmonaire, et c'est en arrière que se
trouve la cavité du péricarde, contenant un
cœur composé d'un ventricule et d'une orei'-
lette. La circulation, du reste, d'après Cuvier,
ressemble beaucoup à celle du Colimaçon;
elle a lieu par deux artères postérieures as-
sez grandes, dont les branches se distribuent
aux principaux viscères et par une seule
artère antérieure, dont les rameaux se por-
tent vers la tète à l'extrémité antérieure de
Van i mal.
Les Lyrnnées ont souvent l'habitude de
Venir à la surface de l'eau , se renversent
de manière à présenter la face inférieure
de leur pied. Dans cette position, HIes
se meuvent lentement, en exécutant le»
mouvements musculaires de la reptation.
Nous nous sommes souvent demandé com-
ment la couche d'eau excessivement mobile
sur laquelle l'animal agit peut offrir assez
de résistance pour lui permettre de ramper
comme sur un corps solide ; et nous avouons
que ce problème pour nous est resté inso-
luble, puisqu'il faudrait admettre, contre
tous les principes, qu'un corps à molécules
aussi libres que celles de l'eau peut servir
de point d'appui à un corps beaucoup plus
solide, les muscles du pied de l'animal. Si
ces muscles agissaient par des mouvements
très rapides , le phénomène s'expliquerait ;
mais il n'en est rien; les mouvements de
reptation, dans les Lyrnnées, sont sembla-
bles à ceux des Hélices et des autres Mollus-
ques; si l'animal rampe au moyen d'une
couche d'eau excessivement mince, il faut
que cette natation toute spéciale s'exécute
par des moyens que n'ont point encore dé-
couverts les observateurs. Si nous comparons
les animaux du genre Chilina à ceux des
Lyrnnées, nous trouvons leur organisation
lout-à-fait semblable: seulement, les tenta-
cules deviennent encore plus larges à la base,
plus courtes en proportion, et présentent
souvent la forme d'un triangle équilatéral;
mais ce caractère a réellement peu de valeur,
lorsque l'on voit certaines espèces de nos
Lyrnnées, telles que Yauricularis , par
exemple, avoir les tentacules d'une forme à
peu près semblable.
Les Lyrnnées sont éminemment des co-
quilles d'eau douce; aussi leur présence à
l'état fossile, dans certaines couches des
environs de Paris, a depuis longtemps éveillé
l'attention des géologues, et leur a donné la
preuve que, dans le bassin au centre duquel
se trouve Paris, il y avait eu de grands amas
d'eaux douces dont nous pouvons comparer
la population à celle des eaux actuelles. Ce
qui a dû étonner le plus les observateurs de
ce fait important, c'est que l'on retrouve les
couches de Lyrnnées à diverses hauteurs in-
tercalées entre d'autres couches remplies de
coquilles marines. Ce fait, d'un grand inté-
rêt, a d'abord été expliqué par le retour al-
ternatif de la mer et des eaux douces sur les
mêmes points du continent. Cette idée, qui
parut d'abord plausible, était celle de Cu-
vier et de M. Brongniart; mais, en obser-
LYM.
vant les faits d'une manière plus complète,
M. Prévost leur a donné une explication plus
naturelle et plus simple. Il suffit d'admettre
que dans le bassin de Paris se rendaient des
cours d'eau douce y apportant périodique-
ment les matériaui qu'ils charriaient, et
dans lesquels se trouvaient en plus ou moins
grande quantité des coquilles terrestres et
lacustres. Ces dépôts venaient s'intercaler
presque au centre du bassin parisien parmi
ceux formés par les eaux marines, et c'est
ainsi que se sont produites ces alternances
nombreuses entre des matériaux provenant
de sources très différentes.
Le nombre des Lymnées connues à l'état
vivantn'estpas très considérable. Oncompte,
dans les Catalogues les plus récents, 46 es-
pèces, auxquelles il faut joindre 14 Chilina.
Les espèces fossiles sont moins nombreuses;
elles sont répandues dans les terrains ter-
tiaires seulement, et on en connaît dans les
trois étages qui constituent ces terrains.
(Desh.)
LYMNÉENS. moll. — Famille proposée
par Lamarck dans VExtrait du cours , et
conservée par lui dans son Histoire des ani-
maux sans vertèbres , pour les genres Pla-
norbe,Physe et Lymnée, qui, en effet,
ont entre eux beaucoup d'analogie. Voy. ces
mots. (Desh.)
LYMNIAS. — Voy. limmas. (Duj.)
*LYMNIUM. moll. — Nom sous lequel
M. Ocken a désigné le g. Unio des auteurs.
Voy. MULETTE. (DESH.)
*LYMNODROMUS, Pr. Max. ois .— Syn.
de Macroramphus. Voy. bécasse. (Z. G.)
LYM1VOREA (nom mythologique), acal.
— Genre de Méduses distingué par Péron et
M. Lesueur pour une espèce du détroit de
Bass, entre la Nouvelle-Hollande et la terre
de Diémen. (P. G.)
LYMKORÉE. Lymnorea ( nom mytho-
logique), polyp. — Genre d'Épongés fossiles,
établi par Lamouroux pour de petites mas-
ses plus ou moins globuleuses, cupulifor-
mes et ridées en dessous, terminées en des-
sus par des mamelons ayant chacun un
oscille. Les Lymnoréesont été trouvées dans
le calcaire jurassique des environs de Caen.
Goldfuss avait rapporté ces fossiles à son
genre Cnemidium, mais ensuite il les a réu-
. nis au genre Tragos. Voy. ces mots et l'ar-
ticle ÉPONGE. (Dl'J.)
LYN
5li)
LYMPHE (vvfxcpn, eau, en changeant w
en l). physiol. — La Lymphe est le liquide
qui circule dans les vaisseaux lymphati-
ques ; elle est limpide, d'un jaune clair,
sans teinte rougeâtre, à moins qu'elle ne
renferme accidentellement des globules
sanguins; elle est inodore, d'une saveur
un peu salée, et présente une réaction lé-
gèrement alcaline. Comme le chyle , elle
tient en dissolution de la fibrine et l'albu-
mine. Elle concourt à la formation du sang.
Voy. ce mot. (A. D.)
*LYNCEA , Cham. et Schlec. bot. ph.~
Syn. de Melasma , Berg.
LYNCÉE. Lynceus (nom mythologique).
crust. — Genre de l'ordre des Daphnoïdes,
établi par Millier aux dépens des nlono-
culus de Fabricius. Ce genre a une très
grande analogie avec les Daphnies, et n'en
diffère que par les valves de la carapace,
qui sont très grandes et peu distinctes de
la tête, qui est fort peiite, se recourbe en
bas en forme de bec, et se prolonge très
loin en arrière du dos. En général, il existe
au-devant de l'œil une tache oculiforme
d'un noir foncé : il est aussi à noter que
l'intestin , au lieu de se porter en ligne
directe vers l'anus , comme chez les Daphnies
{voyez ce mot), décrit une ou deux cir-
convolutions. Ces petits Crustacés ont pres-
que les mêmes mœurs que les Daphnies,
mais ne produisent qu'un très petit nom-
bre d'œufs à chaque ponte, et au lieu de
nager par bonds irt éguliers , ils se diri-
gent tout droit vers le point où ils veu-
lent se rendre. On connaît 3 espèces dans
ce genre , toutes propres aux eaux douces
de l'Europe. Le Lyncée sphérique , Lynceus
sphericus Jurin., peut être regardé comme
le type de ce genre. Cette espèce habite les
environs de Genève. (H. L.)
*LYNCORMS, Gould. ois. — Genre de
la sous-famille des Caprimulginées. Voy.
engoulevent. (Z. G.)
♦LYNCLS (Avy£, lynx), mam. - M. Gray
(Ann. ofphil., XXVI, 1825) a séparé, sous
ce nom, le Lynx des autres espèces du groupe
des Chats. (E. D.)
LYNGRYA (nom propre), bot. cr. —
Genre d'Algues de la famille des Conferva*
cées, établi par Agardh (Syst.y XXV), qui
lui donne pour caractères principaux : Fi-
laments membraneux dépourvus d'un strate
520
LYO
LYO
muqueux, «impies, sans mouvement oscil-
latoire; tube renfermant un endochrome
annulaire.
Les Lyngbya sont des Algues marines ;
quelques unes cependant croissent dans les
eaux douces et les marais. On en connaît
14 espèces. — Gaillon., syn. d'Ectocarpus,
Agardh.
LYNGBYELLA, Bory. bot. cr. —Syn.
de Sphacelaria , Lyngb.
LYNX. mam. — Espèce du genre Chat.
Voy. ce mot. (E. D.)
LYONIA (nom propre), bot. ph. — Genre
de la famille des Éricacées-Andromédées,
établi par Nuttall(Gen., 1,266). Arbrisseaux
de l'Amérique boréale. Voy. éricacées.
*LYONNETIA (nom propre), bot. pu. —
Genre delà famille des Composées Sénécio-
nidées , établi par Cassini [in Dict. se. nat.,
XXXIV, 106 ). Petites herbes des bords de
la Méditerranée. Voy. composées.
*JLYQ1VSIA. moll. — Ce genre appartient
à la classe des Mollusques acéphales dimyai-
res et à notre famille des Ostéodesmes. Il a
été proposé par M. Turton, dans ses Coquil-
les bivalves de la Grande-Bretagne, pour une
coquille connue déjà depuis longtemps par
tous les naturalistes sous le nom de Mya
norwegica. Il suffit de l'examiner avec quel-
que attention pour reconnaître facilement
qu'elle n'appartient pas au genre Mye, et
qu'elle doit, en effet, constituer un genre
particulier. Quelques années après la pu-
blication de l'ouvrage de M. Turton et
avant d'en avoir eu connaissance, nous
avions caractériséun genre Ostéodesmeayant
également pour type la Mya norwe-
gica des auteurs. Mais, depuis, nous avons
adopté le nom du zoologiste anglais, ce qui
ne nous a pas empêché de conserver un g.
Osléodesme pour quelques espèces rapportées
soit aux Anatines, soit aux Lyonsia , mais
qui ont des caractères génériques faciles à
reconnaître. Les coquilles du genre Lyonsia
se distinguent facilement par l'ensemble de
leurs caractères. Toutes sont ovales, étroites,
transverses , régulières, subéquilatérales et
inéquivalves; leur test est mince, transpa-
rent, nacré en dedans, d'un blanc grisâtre
en dehors, recouvert sur les bords d'un épi-
derme écailleux, mince et grisâtre. Des stries
très fines et souvent granuleuses descendent
des crochets vers les bords. Les crochets sont
gonflés, mais peu saillants. Le côté posté-
rieur est tronqué transversalement et bâil-
lant dans toute la largeur de la tronca-
ture ; le côté antérieur, arrondi, est à
peine bâillant. La charnière est fort re-
marquable. A partir des sommets, on
voit s'enfoncer obliquement en arrière, au-
dessous du bord dorsal, un petit cuilleron
peu saillant dans chaque valve, et dont l'é-
cartement est beaucoup plus grand en ar-
rière qu'en avant. Les valves étant réunies,
ces cuillerons sont en V. Ils contiennent un
ligament large, qui s'étend d'une valve à
l'autre, et dans l'épaisseur duquel se trouve
compris un petit osselet aplati, triangulaire,
complètement séparé des valves et retenu
seulement par le ligament. Cet osselet caduc
avait échappé aux observateurs jusqu'à
M. Turton et à nous, et, comme nous l'a-
vons retrouvé avec des modifications parti-
culières dans plusieurs autres genres, nous
avons réuni ces genres dans une seule fa-
mille, à laquelle nous avons consacré le nom
d'Ostéodesmes. M. Turton n'a donné aucun
renseignement sur l'animal de son genre
Lyonsia. On doit à M. Scacchi les premières
observations à son sujet, publiées plus tard
par M. Philippi, dans les Annales des scien-
ces naturelles de Londres, ainsi que dans le
second volume de son Enumeratio Mollusco-
rum Siciliœ. Depuis, nous avons eu occasion
de trouver le même animal sur les côtes de
l'Algérie, et nous avons reconnu qu'il ne
manquait pas d'analogie avec celui des Pan-
dores. En effet, il est enveloppé dans un
manteau dont les bords sont réunis dans
presque toute leur circonférence; ils laissent
en avant une fente d'une médiocre étendue
pour le passage d'un pied triangulaire, 6ub-
lancéolé, portant à sa base un byssus gros-
sier assez considérable. La bouche est assez
grande, transverse entre deux lèvres assez
larges, qui, de chaque côté du corps, se
changent en une grande paire de palpes la-
biaux, étroits, à surface interne lamelleuse.
Les branchies sont très longues, situées
obliquement de chaque côté du corps et dis-
posées comme deux feuillets d'un livre ou-
vert. En arrière, l'animal est terminé par
deux siphons très courts, garnis à la base
d'un seul rang de tentacules. Si nous com-
parons cet animal à celui des Pandores,
nous trouvons entre ces genres un petit
LYO
LYR
521
nombre de caractères communs ; c'est ainsi
que le manteau, dans les Pandores, pré-
sente aussi une fente courte et antérieure
pour le passage d'un pied triangulaire et
lancéolé. Les siphons des Pandores sont très
courts et garnis aussi d'un seul rang de
tentacules; mais ils offrent quelques carac-
tères qui ne se montrent pas dans les Lyon-
sia. Si nous comparons ensuite l'animal qui
nous occupe avec celui des Anatines, décrit
et figuré par M. Mittre dans le Magasin de
zoologie, la ressemblance entre ces genres
s'établit par les organes branchiaux, chez
lesquels se trouvent des dispositions tout à-
fait semblables. Il résulte des observations
précédentes que le genre Lyonsia appar-
tient réellement à la famille des Ostéo-
desmes, et prouve que la famille des Pan-
dores ne peut en être éloignée; ses caractères
peuvent être exposés de la manière sui-
vante :
Animal ovalairc, ayant les lobes du man-
teau réunis dans presque toute leur circon-
férence, et laissant en avant et en dessous
une petite fente pour le passage du pied.
Pied petit, triangulaire, subcylindracé ,
portant un byssus à la base. Siphons très
courts, réunis, si ce n'est au sommet, et
garnis à la base d'un seul rang de tenta-
cules. Impression palléale, à peine sinueuse
postérieurement. Coquille ovale-oblongue,
transverse, inéquivalve, inéquilatérale, ré-
gulière, très mince et nacrée. Cuilleron
étroit, appliqué contre le bord dorsal , re-
cevant un ligament interne , large, aplati,
contenant dons son épaisseur un osselet
mince et triangulaire.
Les Lyonsia sont des coquilles marines,
vivant à la manière des Byssomies, attachées
sous les pierres à une profondeur peu consi-
dérable sous l'eau. On n'en connaît encore
que trois ou quatre espèces, dont deux ap-
partiennent aux mers d'Eorope, et les au-
tres aux mers de l'Amérique septentrionale.
Nous n'en connaissons pas de fossiles, car
les espèces que M. Aie. d'Orbigny a rappor-
tées à ce genre dans sa Paléontologie fran-
çaise nous paraissent bien plutôt des Ana-
tines ou des Thracies. (Desh.)
LYOSSIA. bot. pu. — Genre de la fa-
mille des Apocynacées-Échitces , établi par
R. Broun (in Mem. Werner. Soc, I, 66).
Arbrisseaux de la Nouvelle-Hollande. On
T. VII.
n'en connaît qu'une seule espèce , L. stra-
minea R. Br. Voy. apocynacées.
L Y P E R A NTII U S ( Xv n-npéç , fâcheux ;
«v0oç, fleur), bot. ph. — Genre de la famille
des Orchidées- Aréthusées , établi par R.
Brown (Prodr., 325). Herbes de la Nouvelle
Hollande. Voy. orchidées.
♦LYPERIA (Xunvjpôç, fâcheux ). bot. ph.
— Genre de la famille des Scrophularinées-
Buchnérées, établi par Bentham (in Bot.
Mag. Comp., I, 377). Herbes, arbrisseaux
ou sous-arbrisseaux du Cap. Voy. scrophu-
LARINÉES.
*LYPERUS (>TrY)p0'ç , triste), ins. —
Genre de Coléoptères pentamères, famille
des Carabiques , tribu des Féroniens , éta-
bli par M. de Chaudoir (Tableau d'une nou-
velle subdivision du g. Feronia de Dejean).
L'auteur introduit dans ce genre quatre es-
pèces d'Europe. (C.)
*LYPORNIX, Wagl. ois.— Syn. de Mo-
nasa. Voy. barbacou. (Z. G.)
*LYPROPS ( Ivnpêç , grêle; <ty, œil).
ins. — Genre de Coléoptères hétéromères ,
famille des Sténélytres, tribu des Hélopiens,
créé par M. Hope ( Trans. Soc. zool. Lon-
don , 4833 , t. I , p. 101). L'espèce type ,
le L. chrysophthalmus de l'auteur, est ori-
ginaire des Indes orientales. (C.)
*LYPRUS (Iv-npéç , maigre , grêle), ins.
— Genre de Coléoptères tétramères, familie
des Curculionides gonatocères, division (ka
Appstasimérides cryptorhynchides, créé par
Schcenherr (Disposit. melhod., p. 288 ).
L'espèce type et unique, L. cylindrus Gyll.,
est répandue par toute l'Europe , où elle vit
sur les petites plantes marécageuses. (C.)
*LYPSYMENA (Avirpoç, grêle; W ,
membrane). ins. — Genre de Coléoptères su! -
pentamères, tétramères de Latreille, famille
des Longicornes, tribu des Lamiaires, formô
par Dejean (Catal., 3e éd., p. 374), avec
une espèce des États-Unis, nommée L. fuy
cala par l'auteur. (C.)
• *LYR.E A (lyra, lyre), bot. pu. — Genre
de la famille des Orchidces-Dendrobiées ,
établi par Lindley (Orchid., 46). Herbes de
la Mauritanie. Voy. orchidées.
LYRE, poiss. — Espèce de Trigle. Voy.
ce mot.
LYRE. ois. — Voy. mknure.
LYRE DE DAVID, moll. — Nom vul-
gaire que les marchanda consacraient au-
66
LYS
LYS
trefois aux coquilles du g. Harpe. Voy. ce
mot. (Desh.)
*LYRÉIDE. Lyreidus (Xvpoc, lyre; «îtfoç ,
forme), crust. — M. Dehaan désigne sous
ce nom , dans sa Faunajaponica , un genre
de Crustacés de l'ordre des Décapodes ano-
moures, et dont la seule espèce connue est le
Lyréide tridenté , Lyreidus tridenlatus De-
haan. Cette espèce a été rencontrée dans les
mers du Japon. (H. L.)
LYRIFERÏ. ois. — Voy. porte-lyre.
*LYROCEPRALUS (XvP«, lyre; xeyaÀ*,',
tête), rept. — Groupe de Stellions indiqué
par M. Merrem (Tent. syst. ampli., 1820).
(E. D.)
*LYROPKORUS (î.u,o«, lyre; o/p», por-
ter). Ins. — Genrede Coléoptères pentamères,
famille des Carabiques, tribu des Féroniens,
créé par M. de Chaudoir. L'auteur y rap-
porte V ' Anchomerus angusticollis Dej. (Cur-
cul. F.), qui se trouve par toute l'Europe et
aussi dans le nord de l'Amérique. (C.)
LYROPS (Àupa, lyre; aty, aspect, ins. —
Genre de l'ordre des Hyménoptères-Porte-
Aiguillon , tribu des Crabroniens, famille
des Larrides, établi par Illiger. Il lui donne
pour espèce type le Lyrops etruscus , qui se
trouve en Allemagne et en Italie.
*LYROTIiORAX (Avpoc, lyre; GoîpaÇ, cor-
selet), ins. — Genre de Coléoptères penta-
mères, famille des Carabiques, tribu des
l'éroniens, établi par M. de Chaudoir (Ta-
bleau d'une nouvelle subdivision du genre
Feronia). L'espèce type et unique est le
Platysma Caspium. (C.)
*LYRURUS, Swains. ois. — Syn. de Te-
trao. Voy. tétras. (Z. G.)
LYS. lot. pu. — Voy. lis.
*LYSÏA NASSE. Lysianassa (nom mytho-
logique), crust. — Genre de l'ordre des Am-
phipodes, rie la famille des Crevettines, delà
tribu ries Crevettines sauteuses, établi par
M. Milne-Edwards. Les Crustacés qui for-
ment cette nouvelle coupe générique établis-
sent à plusieurs égards le passage entre les
Talytres et les Crevettes; ils ressemblent à
ces dernières par la structure de leurs mandi-
bules, quiportent une longue branche palpi-
forrne ; par ia forme de leurs pattes-mâchoires
et par la conformation desantennes de la pre-
mière paire, qui sont toujours plus longues
que le pédoncule des antennes inférieures ,
et sont pourvues d'un filet terminal acces-
soire. D'un autre côté , ces Amphipodes se
rapprochent des Talytres par la forme tra-
pue de leur corps, la brièveté de leurs an-
tennes et la conformation des pattes, dont'
aucune n'est organisée pour la préhension.
On connaît 5 espèces de ce genre singulier,
dont trois habitent les mers du Groenland,
une les côtes de Naples, et enfin la cinquième
l'océan Atlantique. La Lysianasse de Costa,
Lysianassa Costœ Edw. (Hist. nat. des Crust.,
t. III, f. 21 , n. 1 ), peut être considérée
comme le type de ce genre. Pendant mon
séjour en Algérie, j'en ai trouvé une sixième
espèce, à laquelle j'ai donné le nom de Ly-
sianassa long icornis Luc. (H. L.)
LYSIDICE (nom mythologique), annél.
— Savigny (Système des Annélides) donne ce
nom à un genre de la famille des Eunices,
qu'il caractérise ainsi : Trompe armée de sept
mâchoires, trois du côté droit, quatre du côté
gauche; les deux mâchoires intérieures et
inférieures très simples ; antennes décou-
vertes : les extérieures nulles ; les mitoyennes
très courtes; l'impaire de même; branchies
non distinctes; front arrondi. Telles sont les
Lysidice valentine, olympienne et galathine ;
la première, des côtes de la Méditerranée,
les deux autres de celles de l'Océan. M. de
Blainville (Dict. se. nat. , t. LVII, p. 474)
donne à ce genre le nom de Nereidice.
MM. Audouin et Milne-Edwards en ont dé-
crit une nouvelle espèce des îles Cbausey,
sous le nom de Nereis ninelta. (P. G.)
LYSïMACHÏÉES. Lysimachieœ. bot. ph.
— C'était primitivement le nom de la fa-
mille qu'on désigne plus généralement main-
tenant sous celui de Primulacées (voy. ce
mot), et l'on ne s'en sert que pour désigner
Tune de ses subdivisions. (Ad. J.)
LYSÏMAQUE. Lysimachia (Àvw, apai-
ser; pa^v), combat), bot. ph. — Genre de
plantes de la famille des Primulacées, de
la pentandrie monogynie dans le système
sexuel de Linné. Il se compose de plantes
herbacées vivaces , qui habitent les par-
ties tempérées de l'hémisphère boréal ; leur
tige est droite ou couchée; leurs feuilles
sont alternes, opposées ou verticillées , en-
tières, quelquefois marquées de points glan-
duleux ; leurs fleurs sont jaunes, d'un blanc
rosé ou purpurines ; elles présentent l'orga-
nisation suivante : Calice quinquéparti; co-
rolle à tube très court, à limbe quinqué-
LYS
LYS
523
parti; 5 étamines fertiles opposées aux lo-
bes de la corolle à la gorge de laquelle elles
s'insèrent; dans un certain nombre d'es-
pèces on trouve les rudiments de 5 autres
étamines qui alternent avec les premières,
ci qui , par suite , alternent avec les lobes
de la corolle. Ces 5 étamines rudimentaires
nous paraissent mettre en évidence le type
normal et la symétrie réelle de la fleur des
Lysimaques , et , par conséquent, celle des
Primulacées. En effet, chez ces plantes, on
n'observe presque toujours que 5 étamines
opposées aux lobes de la corolle, tandis que
ïa symétrie de la fleur exigerait qu'elles fus-
sent alternes avec ces mêmes lobes ; mais en
nous appuyant sur les espèces de Lysima-
ques à 10 étamines , dont 5 stériles et plus
ou moins rudimentaires, alternes, et 5 fer-
tiles opposées à la corolle, nous voyons que
îeverticille d'étamines normales est repré-
senté par les 5 rudiments staminaux qui
disparaissent dans le plus grand nombre des
plantes de la famille, et que dès lors les
5 étamines fertiles proviennent d'un dédou-
blement des 5 pétales organiques ou des lo-
bes de la corolle. C'est au reste ce que l'ob-
servation des phénomènes organogéniques
nous a semblé démontrer. Le pistil des Ly-
simaques se compose d'un ovaire unilocu-
iaire renfermant de nombreux ovules portés
sur un placenta central libre , d'un style fi-
liforme terminé par un stigmate obtus. Le
fruit est une capsule surmontée parle style
persistant. L'espèce la plus connue de ce
genre est la suivante :
1 . Lysimaque commune , Lysimachia vul-
garis Lin. On lui donne vulgairement les
noms de Corneille, Chasse - Bosse ; elle est
commune dans les lieux humides et le long
des ruisseaux. Sa tige est droite et simple :
elle atteint 8-10 décimètres de hauteur;
ses feuilles sont opposées ouverticillées-ter-
nées , ovales-lancéolées, aiguës, presque ses-
siles ; ses fleurs sont jaunes, disposées au
sommet de la tige, sur des pédoncules op-
posés et multiflores, en une grappe rameuse
paniculée; les lobes de leur calice sontovales-
Inncéolés, ceux de la corolle sont ovales-
obtus. Selon l'observation de Léman rappor-
tée par De Candolle (FI. franc., t. III,
p. 434), cette plante pousse quelquefois de
«on collet des jets cylindriques , grêles et
nus, qui atteignent jusqu'à un mètre de lon-
gueur, et qui, s'enracinant à leur extrémité,
donnent naissance à une nouvelle plante.
2. Une espèce également très commune
et très connue du même genre est la Ly-
simaque nummulaire , Lysimachia nummu-
laria Lin. , vulgairement nommée Herbe aux
e'eus, qui croît communément dans les prai-
ries humides, dans les lieux herbeux et frais.
Sa tige est rampante; ses feuilles , ovales ,
presque arrondies , légèrement en cœur à
leur base, obtuses au sommet, lui ont valu
le nom vulgaire qu'elle porte ; ses fleurs ,
jaunes, grandes, sont solitaires sur des pé-
doncules axillaires plus longs que la feuille
à l'aisselle de laquelle ils viennent; les lo-
bes, de leur calice sont ovales-lancéolés, ai-
gus, deux fois plus courts que la corolle.
On regarde cette espèce comme astringente;
mais cette propriété est si peu prononcée en
elle qu'on n'a guère recours à elle dans la
médecine moderne. (P. D)
LYSINEMA (Ww/xoa, filaments épars).
bot. pe. — Genre de la famille des Épa-
cridées - Épacrées, établi par R. Crown
(Prodr., 652). Arbrisseaux delà Nouvelle-
Hollande. Voy. ÉPACRIDÉES.
*LYSIONOTUS. bot. ph. -— Genre delà
famille des Gesnéracées-Cyrtandrées , établi
par Don (in Edinb. philosoph. journ., VII,
861). Herbes du Népaul. Voy. gesnêracées.
LYSIPOMA (/v<ytoç, qui ouvre; wS/xa,
opercule), bot. ph. — Genre de la famille des
Lobéliacées-Lysipomées , établi par H.-B.
Kunth (in Humb. et Bonpl. Nov. gen. ctsp.,
III, 319, t. 266 , f. 2 ). Herbes des Andes.
Voy. LOBÉLIACÉES.
LYSIPOMEES. Lysipomeœ. bot. piï. —
Tribu de la famille des Lobéliacées, établie
par A. De Candolle, et ainsi nommée du
genre Lysipoma, le seul qu'elle renferme
jusqu'à présent. (An. J )
LYSMATE. Lysmata. crust.— Genre de
l'ordre des Décapodes macroures, de la fa-
mille des Salicoques, établi par Risso, et
rangé, par M. Milne-Edwards, dans sa tribu
des Palémoniens. Le genre des Lysmata
ressemble beaucoup à celui des Palemon, et
établit le passage entre ces Crustacés et les
Hippolytes (voy. ce mot). Ils en ont la forme
générale, et leur carapace est également
armée d'un rostre allongé, comprimé et
dentelé; mais il s'en distingue par les pattes
de la deuxième paire, qui sont filiformes,
524
LYS
LYT
et dont le corps est multi-articulé. On ne
connaît qu'une seule espèce de ce genre ,
qui est la Lysmate a queue soyeuse, Lysmata
seticauda Risso (Edw., Histoire nalur. des
Crust., t. II, f. 386, pi. 25, fîg. 10). Cette
espèce habite la Méditerranée , et je l'ai
rencontrée assez abondamment sur les côtes
est et ouest des possessions françaises, dans
le nord de l'Afrique. (H. L.)
LYSTRA. ms. — Genre de la famille des
Fulgorides, de l'ordre des Hémiptères, éta-
bli par Fabricius sur quelques espèces amé-
ricaines, reconnaissables à leur front pres-
que carré, creusé dans son milieu, et à leurs
ély très réticulées. Les espèces de ce g. suppor-
tent toujours à l'extrémité de leur abdomen
les produits d'une sécrétion cireuse extrême-
ment blanche et comme floconneuse. Le type
du g. est la L. pulverulenta Fab., très com-
mune dans l'Amérique méridionale. (Bl.)
LYSTROÏMYCHUS , Latr. ins. — Syn.
de Prostenus du même auteur. (C.)
*LYSUROIDÉES, Corda ; LYSERÉES ,
Lév. bot. cr. — Famille de Champignons
de la classe des Basidiosporées , établi par
Corda (Anleit zum Stud., Myc, p. 116),
et présentant pour caractères : un récep-
tacle charnu un peu coriace, divisé du som-
met à la base en rayons qui donnent l'idée
d'une Actinie, et qui se continue avec un
pédicule plus ou moins long et spongieux
dans quelques genres. A la base et à la par-
tie interne de ces rayons on voit une sub-
stance charnue , couverte de rugosités et qui
est composée de basides polyspores appli-
qués les uns contre les autres. Le pédicule
et le chapeau , qui semble être une conti-
nuation de celui-ci, sont renfermés primi-
tivement dans une volve épaisse qui se dé-
chire irrégulièrement, dont la cavité est
remplie de matière mucilagineuse. Les
champignons qui composent cette petite
famille sont fétides comme les Phalloïdes.
i-On n'en connaît encore que quatre genres,
qui sont le Lysurus , Fries; Aseroë , Labil-
lard.; Calathiscus, Mnt . et Staurophallus .
Ce dernier est très imparfaitement connu.
(Lév.)
LYSURLSp.vcrcoç, libre; oùp*', pédicule).
bot. cr. — Genre de Champignons de la fa-
mille des Lysuroïdces de Corda , caractérisé
par une volve membraneuse fixée à sa base
par un mycélium filamenteux, renfermant
dans son intérieur une couche épaisse de mu-
cilage qui entoure le pédicule et le chapeau.
Comme dans les Phalloïdes, ces parties se dé-
veloppent avec Une rapidité extraordinaire
après la rupture de la volve. Le chapeau, sup-
porté par un pédicule de 12 à 15 centim. de
haut, se compose de cinq rayons coniques ar-
rondis et convergents au sommet ; plus tard ,
ils s'éloignent et forment une étoile. Les orga-
nes de la fructification recouvrent leur face
externe. On ne connaît encore qu'une seule
espèce de ce genre ; elle croît en Chine, dans
les lieux ombragés, sur les racines de Mû-
riers. Libot (Ad. Petrop., XIX, 1775, t. 5),
qui l'a fait connaître le premier, dit qu'on
l'appelle Mokusin. Linné en a fait un Phal-
lus, et M. Fries un genre particulier. Peut-
être n'est-ce qu'une espèce du genre Aseroè
à rayons simples et non bifides. Si le stratum
sporidifère est à la partie interne des divi-
sions, il appartient manifestement à ce genre ;
mais, s'il est à la face externe, il doit être
conservé; l'observation que je fais ici se
rapporte également au genre Staurophallus,
que mon ami, M. Montagne, vient de publier
dans les Annales des sciences naturelles (mai
1844).
Le Lysurus mokusin est extrêmement fé~
tide, promptement dévoré par les insectes,
et passe pour être vénéneux; malgré ces
graves inconvénients, Cibot dit que les Chi-
nois le mangent, et qu'ils emploient ses
cendres pour remédier à des ulcères cancé-
reux. (Lév.)
LYTHRARÏÉES. Lythrarieœ. bot. pu.
— Famille de plantes dicotylédones, poly-
pétales, périgynes , établie primitivement
par Jussieu sous le nom de Salicarie'es ,
qu'on a changé en rejetant celui du genre
Salicaria qui lui servait de type, genre qui,
généralement adopté sous le nom de Ly-
thrum, a fait donner à la famille entière celui
de Lythrariées ou de Lythracées. Ventenat la
nommait Calycanthémées. Quel que soit ce-
lui que l'on conserve , elle sera caractérisée
de la manière suivante : Cclice persistant,
tubuleuxou campanule, régulier, ou irrégu-
lier, avec une bosse ou un éperon latéral a
sa base , découpé supérieurement en dents
plus ou moins profondes, au nombre de trois
ou davantage , à préfloraison valvaire, avec
lesquelles alternent assez souvent d'autres
dents plus étroites et plus courtes formant
LYT
LYT
525
un cercle extérieur. Pétales alternant avec
les dents intérieures en nombre égal, égaux
ou plus rarement inégaux, sessiles ou ongui-
culés , insérés à la gorge du tube calicinal ,
caduques. Étamines insérées sur ce même
tube plus ou moins baut, en nombre égal
aux pétales et alors alternes, ou double, ou
au contraire eh nombre moindre , incluses
ou saillantes, égales ou inégales, toutes fer-
tiles, ou quelquefois quelques unes stériles :
filets filiformes , libres ; anthères introrses,
biloculaires , s'ouvrant longitudinalement.
Ovaire libre, partagé en 2-6 loges, commu-
niquant quelquefois ensemble vers le som-
met par suite du rétrécissement des cloisons
incomplètes , terminé par un style simple
plus ou moins long , avec un stigmate gé-
néralement simple. Ovules ordinairement
nombreux , anatropes, ascendants ou hori-
zontaux , portés sur des placentaires qui
s'accolent à l'angle interne de chaque loge,
ou au milieu des cloisons, ou liant les bases
decescloisons incomplètes. Fruit capsulaire,
membraneux ou plus rarement coriace, son-
vent uniloculaire par l'oblitération des cloi-
sons, qui laissent les placentaires libres vers
le centre du fruit, et simulant ainsi une pla-
centation centrale; à déhiscence circoncise
ou régulièrement loculicide, ou d'autres fois
se rompant irrégulièrement. Graines plus
ou moins nombreuses, souvent anguleuses,
à tégument coriace, bordé ou non d'une aile
membraneuse, sous lequel se présente im-
médiatement l'embryon à cotylédons plans-
convexes, ordinairement presque orbiculai-
res et munis d'une double oreillette à leur
base, à radicule courte tournée vers le hile.
Les espèces sont des plantes arborescen-
tes , frutescentes ou herbacées , celles-ci les
seules qu'on rencontre dans les régions
tempérées. C'est surtout entre les tropiques
qu'elles abondent, moins en Afrique qu'en
Asie, mais principalement en Amérique.
Beaucoup recherchent les marais et le bord
des eaux. Leurs feuilles sont opposées ou
verticillées, quelquefois alternes, et même
sur une seule et même plante, entières,
pétiolées ou sessiles, parsemées dans quel-
ques unes de points glanduleux , toujours
dépourvues de stipules. Leurs fleurs soli-
taires, ou réunies par pelotons ou cymes à
l'aisselle des feuilles, par le passage de celles-
ci à l'état de bractées, forment souvent des
épis ou des grappes simples ou composées :
l'existence fréquente de deux bractéoles op-
posées à chaque pédicelle indique une inflo-
rescence réellement définie.
GENRES.
Tribu I. — Lythrées.
Graines dépourvues d'ailes.
Cryptotheca, Blum. — Suffrenia, Bell.
— Rotala, L. — Hypobrichia, Curt. (Pti*
lina, Nutt. — Didiplis, Raf . ) — Peplis , L.
(Glaucoides , Michel. — Chabrœa , Ad. ) —
Ameletia, DC. — Ammania, Houst. — Ne-
sœa, Comm. (Tolypeuma, E. Mey. — Déco-
don, Gmel. — Heimia, Link. et Ott. — Chry-
soliga, Hoffmans). — Pemphist Forst. — Ly-
thrum, L. (Salicaria, Tourn. — Hyssopifo-
lia , G. Bauh. — Pythagorea et Mosula, Raf.
— Pentaglossum, Forsk. — Anisotes, Lindl.)
— Pleurophora, Don. — Cuphea, Jacq. (Afe-
lanium et Parsonsia, P. Br. — Balsamona,
Vand. — Melvilla, Anders.) — Acisanthera,
P. Br. — Crenea , Aubl. — Dodecas , L. —
Ginoria, Jacq. (Ginora, L. — Genoria, Pers.)
— Grislea, Lœffl. ( Woodfordia, Salisb. ) —
Adenaria, Kunth. — Antherylium, Rohr. —
Lawsonia, L. (Alcanna, Gœrtn.) — Abatia,
R. Pav.
Tribu IL — Lagerstrcemiées.
Graines ailées.
Diplusodon , Pohl ( Diplodon , Spreng. —
Friedlandia, Cham. Schl. — Dubyœa, DC.)
— Lafœnsia, Vand. (Calyplectus, R. Pav.)
— Physocalymna , Pohl. — Lagerslrœmia ,
L. (Sibi, Kœmpf. — Munchausia, L. — Ba-
nava, Camell. — Adambea, Lam. — Arjuna,
Jones.) — Duabanga, Hamilt.— Fatioa, DG.
On place encore à la suite, mais avec doute,
deux autres genres : le Symmetria, Blum. ,
et le Physopodium, Desv. Un dernier, le Psy-
loxylon, Ner.,cité dans cette famille, n'est
encore connu que par son nom. (Ad. J.)
L1THRUM. bot. ph. — Voy. salicaire.
LYTTA. ins. — Voy. cantharidk.
*LYTUS (Ws, délié), ins. — Genre de
la tribu des Proctotrupiens, famille des My-
marides, de l'ordre des Hyménoptères, établi
par Haliday {Ent. Mag.), pour quelques pe-
tites espèces dont les tarses ont cinq articles
très distincts, et les antennes composées de
neuf articles au moins, chez les femelles. On
peut considérer comme type du genre le L,
cvnivseus Halid.
M
*MA AGONI, Adans. bot. ph. — Syn. de
Swietenia, Lin.
MABA. bot. ph. — Genre de la famille des
Ébénacées, établi par Forster (Char. gen.
61). Arbres ou arbrisseaux de l'Asie et de
la Nouvelle-Hollande. Voy. ébénacées.
MABEA. bot. ph. — Genre de la famille
«iesEuphorbiacées-Crotonées, établi par Au-
biet (Guian., II, 867). Arbustes delaGuiane
et du Brésil. Voy. euphorbiacées.
MABOUYA, Fitzing. rept. — Syn. û'Eu-
prcpes,Wag]. (E. D.)
MABUB1MIA, Th. bot. ph. — Syn. de
Burmannia, Linn.
MACACO. man. — Voy. maki.
MACACUS. mam. — Voy. macaque.
MACAGLIA, Vahl. bot. ph.— Syn. dMs-
pidosperma, Mart. et Zucc.
*MACAGUA. Herpetotheres. ois.— Genre
de la famille des Faucons dans Tordre des
Oiseaux de proie, caractérisé par un bec très
fort, épais, très comprimé latéralement, à
mandibule supérieure crochue, amincie à son
extrémité, qui est reçue dans une échancrure
que présente le bout de la mandibule infé-
rieure ; par des narines orbiculaires, tuber-
culées dans le milieu; des tarses courts, ro-
bustes, nus, réticulés; des doigts courts et
forts, et une queue médiocre.
Ce genre a été établi par Vieillot sur une
espèce que d'Azara, dans son Histoire natu-
relle du Paraguay, avait fait connaître sous
le nom de Macagua.
Comme nos Buzards, dont ils diffèrent
cependant par plusieurs de leurs caractères,
les Macaguas fréquentent les lieux humides
et marécageux plutôt que l'intérieur des fo-
rêts. Ils vivent dans les bois qui bordent les
savanes noyées, et aiment, ainsi que tous les
oiseaux de proie, à se percher sur les bran-
ches sèches et élevées des arbres , de façon
que leur vue puisse embrasser de grands
espaces. Leur naturel est doux et un peu in-
dolent, comme celui des Buses. Ils font la
chasse, en général, aux poissons, à tous les
reptiles, mais plus particulièrement aux
serpents, et les moyens qu'ils emploient;
pour les vaincre rappellent un peu ceux que
met en usage le Secrétaire ou Messager pour^
dompter les mêmes animaux. C'est à coup
d'ailes que les Macaguas tuent les serpents
dont ils veulent faire leur proie. Ces oiseaux
ont cela de commun avec quelques autres
Rapaces , tels que les Vautours et les Cara-
caras, que, lorsqu'ils sont repus, leur jabot
saille d'entre les plumes.
Les Macaguas ne sont point muets. Ainsi
que toutes les espèces de leur ordre, ils
poussent des cris rauques. Ceux que l'espèce
type du genre fait entendre, aigus, succes-
sifs et précipités, surtout à l'aspect d'un
objet qui l'offusque, ressemblent tellement
à des éclats de rire, qu'on a cru devoir lui
donner un nom spécifique en rapport avec
cette particularité.
Cette espèce est le Macagua ricaneur ,
Herp. cachinnans Vieill. (Gai. des Ois., pi.
47), Falco cachinnans Lin. Il a le dessus de
la tête et toutes les parties inférieures
blancs; les joues, la région parotique et la
nuque, noires; tout le reste du plumage
brun, avec quelques taches blanches en forme
de croissant. — Habite le Paraguay et
Cayenne.
M. Lesson a adjoint à cette espèce, sous
le nom de Macagua a tête noire, Herp. rne-
lanops Less., l'oiseau que M. Temminck a
décrit sous celui d'Autour mélanope (pi. col.
105). Celle-ci se distingue de la précédente
par l'absence, chez elle, de calotte blanche
et par une tache noire à l'occiput : les ailes
et le manteau sont de cette couleur. — Ha-
bite Cayenne. (Z. G.)
MACAHANEA, Aubl. bot. ph. — Syn. de
Macanea, Juss.
MACANEA. bot. ph.— Genre de la famille
des Guttifères? établi par Jussieu (Gen.,
257). Arbrisseaux de Guinée.
MACAQUE. Macacus. mam. — Genre de
Quadrumanes de la tribu des Singes de
l'ancien continent ouCatarrhinins, compre-
nant des espèces intermédiaires par leur»
IMAC
MAC
527
formes et par leurs habitudes aux Guenons
et aux Cynocéphales. C'est Lacépède {Tabl.,
1802) qui a créé le genre Macaque; ce
groupe a été adopté par tous les naturalistes,
mais ils n'y ont pas compris toujours les
mêmes espèces; et cela se conçoit, car ce
genre renferme des espèces très voisines des
Cercopithecus et des Cynocephalus. Plusieurs
genres ont été formés aux dépens des Maca-
ques: tels sont ceux des Cercocèbes, des
Magots, etc. A l'exemple de M. Isidore Geof-
froy-Sain t-Hilaife nous ne les adopterons
pas ici, et nous comprendrons le groupe des
Macaques comme l'ont admis A. -G. Des-
marest et Fr. Cuvier, en y ajoutant toutefois
les espèces qui ont été découvertes depuis la
mort de ces deux zoologistes.
Les Macaques sont des Singes de taille
moyenne , dont le museau est plus gros et
plus prolongé que celui des Guenons et
moins que celui des Cynocéphales. L'angle
facial est de 40 degrés, terme moyen ; mais
il se trouve plus ouvert dans certaines es-
pèces et moins dans d'autres. Le système
dentaire est très développé, et ne diffère
guère de celui des Guenons qu'en ce qu'un
talon termine les dernières molaires, et que
les canines supérieures sont arrondies et
non aplaties à leur face interne, et tran-
chantes sur le bord postérieur; cette forme,
du reste, est à peu près semblable dans les
Cynocéphales. Les dents sont au nombre de
32, comme chez tous les Singes. La tête est
plus ou moins forte, et présente sur les or-
bites un rebord élevé et échancré. Le front
a peu d'étendue; les yeux sont très rappro-
chés ; les lèvres minces ; les oreilles sont
nues, assez grandes, aplaties contre la tête,
avec les bords supérieur et postérieur an-
guleux. La bouche est pourvue d'abajoues.
Le corps est plus ou moins trapu et épais;
les bras, proportionnés aux jambes, sont ro-
bustes ; les quatre mains sont pentadactyles.
Les fesses sont pourvues de fortes callosités.
La queue varie en longueur suivant les es-
pèces, et dans l'une d'elles, chez le Magot,
elle est réduite à un simple tubercule. Du
R 3te, lorsque cette partie est assez dévelop-
pée, elle ne devient jamais un organe de
préhension, comme cela a lieu chez les Sin-
ges du nouveau continent.
L'anatomie des Macaques a été étudiée
par plusieurs naturalistes. On sait qu'à une
époque où la religion ne permettait pas de
disséquer l'homme, on avait fait l'anatomie
de différents Singes pour éclairer notre mé-
decine; c'est principalement le Magot qui
était l'objet de cette opération. L'ostéologie
des Macaques a été étudiée avec soin , surtout
par M. de Blainville [Ostéographie , fascicule
des Primates, 1842). Chez les Macaques pro-
ment dits, le squelette est à peu près sem-
blable à celui des Guenons; toutefois il y a
plus d'élévation et d'épaisseur dans les crê-
tes sourcilières; le rebord orbitaire présente,
vers son tiers interne , une échancrure avec
crochet pour le passage du nerf sourcilierv
et cette échancrure n'existait qu'à peine
chez les Guenons; le nombre des vertèbres
est de sept cervicales, douze dorsales, sept
lombaires, trois sacrées et vingt-deux à dix-
neuf coccygiennes; en effet, la queue dimi-
nue de plus en plus en longueur dans la
série des espèces ; le nombre et la dimen-
sion des vertèbres qui la composent décrois-
sent également avec rapidité ; les sternèbres
sont au nombre de huit ; les côtes de douze,
dont huit sternales et quatre asternales; il
y a neuf os au carpe. Chez les Magots, on
remarque de plus en plus les caractères de
dégradation ; la queue étant réduite à l'ex-
térieur à un petit rudiment, le sacrum se
termine assez brusquement, et le coccyx ne
comprend plus qu'un petit nombre de ver-
tèbres plus ou moins déformées, très plates,
pourvues d'apophyses transverses encore as-
sez longues, mais irrégulières ; toutefois,
chez ces Singes, le nombre des pièces du
squelette est à peu près le même que dans
les Macaques proprement dits.
Les Macaques sont en général plus doux,
plus susceptibles d'éducation que les Cyno-
céphales; ils sont beaucoup plus méchants,
plus indociles et surtout plus lascifs que les
Guenons; quelques espèces ont, du reste,
plutôt les habitudes et le naturel de ces
dernières, et d'autres se rapprochent au
contraire davantage desCynocéphales ; enfin,
il en est qui, pour les mœurs, sont inter-
médiaires entre ces deux genres. Ce sont les
adultes, et principalement les mâles, qui
montrent surtout un caractère presque in-
traitable ; car les jeunes et même les femel-
les sont plus doux et plus susceptibles d'être
apprivoisés. Les Macaques ont assez d'intel-
ligence et d'adresse, et l'on sait l'éducation
528
3JAC
que les bateleurs donnent aux Magots. Ce
sont principalement des Macaques que l'on
conserve dans les appartements. Tant qu'ils
sont jeunes, ils se montrent assez dociles;
mais lorsqu'ils ont acquis toutes leurs for-
ces, ils deviennent presque toujours très
méchants. Ces Singes ont plusieurs fois pro-
duit dans nos climats; on en a vu naître
dans la ménagerie du Muséum, à diverses
époques, et l'on a pu même en élever quel-
ques uns. Fr. Cuvier et M. Isidore Geoffroy-
Saint-Hilaire ont étudié avec soin deux jeu-
nes Macaques nés au Muséum en 1824, et
ils ont publié d'intéressants détails à ce su-
jet. La gestation dure environ sept mois.
Le jeune individu a, en naissant, la même
couleur, seulement plus pâle, que l'adulte.
Il s'attache avec ses quatre mains aux poils
de la poitrine et du ventre de la mère, et il
s'empare de la mamelle avec sa bouche. La
mère paraît peu gênée de ce fardeau et mar-
che comme à l'ordinaire, en retenant son
petit avec l'une de ses mains antérieures.
Elle lui prodigue les soins les plus empres-
sés, les plus tendres, pendant tout le temps
qu'ils lui sont nécessaires. Néanmoins, dès
que le petit, devenu un peu plus âgé, com-
mence à vouloir prendre une autre nourri-
ture que le lait de sa mère, celle-ci, sans
jamais cesser d'ailleurs de le soigner avec le
même zèle, ne souffre pas qu'il satisfasse
son désir; elle lui arrache le peu de nourri-
ture qu'il vient à saisir, remplit ses aba-
joues, et s'empare de tout pour elle-même ;
mais le jeune, dès lors plein d'intelligence
y et d'adresse, sait cependant bien prendre de
temps en temps un peu de la nourriture
que sa mère lui refuse. Du reste, la femelle
continue encore les soins maternels à son
petit, alors même qu'il a acquis tout son
développement.
Les Macaques habitent l'Afrique, l'Inde
et les îles de l'archipel indien,; une espèce,
le Magot , se trouve en Europe sur le ro-
cher de Gibraltar, et à ce sujet nous croyons
devoir entrer ici dans quelques détails. Iinrïe
(Mém. de la Soc. royale d'Edimbourg, 1798)
a dit le premier qu'il existait des Magots
(Macacus tnuus) sur le rocher de Gibraltar,
et il a attribué à cette espèce deux têtes que
l'on a trouvées dans les brèches calcaires
sur lesquelles la forteresse est construite.
M. de Blainville a longtemps nié l'existence
HfÂt
1 de ces Singes en Europe, et il s'appuyait sur
le témoignage de MM. Corancez et le doc-
teur Rambur, qui ont longtemps séjourné à
Gibraltar, et ont herborisé sur le rocher et
n'avaient jamais observé de Magots; mais
MM. de Freycinet, Quoy, Guyon et Fo-
ville assurent au contraire en avoir vu plu-
sieurs fois. L'existence de Singes à Gibraltar
est donc bien constatée; meis faut-il en
conclure avec quelques naturalistes qu'au-
trefois l'Afrique et l'Europe étaient réunies,
et que dès lors le même Magot a dû se trou-
ver des deux côtés du détroit? Nous ne le
pensons pas, et comme M. de Blainville ,
nous croyons que ces Magots sont des Sin-
ges marrons, échappés des maisons de Gi-
braltar, et qui se sont quelquefois propa-
gés pendant quelque temps, lorsque les cir-
constances se sont montrées et continuées
favorables, qui auront disparu dans le cas
contraire, pour se montrer ensuite de nou-
veau par suite d'une nouvelle émigration.
Qui sait même, et nous laissons ici parler
M. de Blainville (Ostéographie , fascicule
des Primates), qui sait même si les Anglais,
détenteurs de cette partie de l'Espagne, M
lâchent pas de temps en temps de nouveaux
individus quand le nombre en est trop di-
minué ou qu'il n'en existe plus? Enfin,
ajoute le savant professeur, on ne peut
croire aux récits des Anglais, qui disent
qu'il y a à Gibraltar trois ou quatre troupes
de Singes composées de trente et cinquante
individus : de quoi vivraient cent cinquante
à deux cents singes sur l'aride rocher de
Gibraltar? De racines et d'herbes aromati-
tiques , disent les uns. Mais comment sup-
poser, lors même qu'il yen aurait assez,
que ces Magots puissent vivre d'herbes aro-
matiques, quand aucun autre Singe ne
prend cette nourriture? Des fruits qu'ils
volent dans les jardins, disent les autres.
Mais quand un ou deux cents de marau-
deurs pareils se portent pour dévaster des
jardins aussi rares et aussi précieux que
ceux de Gibraltar, pourrait-on empêcher
les propriétaires de les tuer, ainsi que le
font les Anglais? Et d'ailleurs, si le Magot
était réellement là dans sa terre natale,
pourquoi n'aurait-il pas pénétré dans le
reste de l'Espagne? Pour nous résumer, di-
sons que les Macaques n'habitent que l'Afri-
que et l'Asie, et que le Magot est à Gibnil»
MAC
MAC
>29
tar ce que le Porc-Epic est sur la côte de
Naples, ce que les Macaques eux-mêmes
sont à l'île Bourbon, un animal importé.
De simples différences de proportions
constituent presque uniquement les carac-
tères du genre Macaque ; dès lors l'on con-
çoit facilement que certaines espèces ont dû
être rapportées avec doute, soit dans ce
groupe , soit dans ceux des Cercopithèques
et Cynocéphales, qui en sont très voisins.
Toutefois la division des Macaques est en-
core assez naturelle : comme elle comprend
un assez grand nombre d'espèces, elle a
été subdivisée en plusieurs genres distincts
par les zoologistes modernes. Pour nous ,
a l'exemple de M. Isidore Geoffroy -Saint-
Hilaire, nous ne nous servirons que comme
de simples subdivisions des trois principaux
d'entre eux, ceux des Cercocèbes, Mairnons
et Magots.
PREMIER GROUPE.
CERCOCÈBE. Cercocebus, Et. Geoffr.-St-Hil.
Chez les Singes de cette division, la queue
est encore plus longue que le corps; la face
est en général étroite et allongée ; le front
nu; dans plusieurs espèces, les poils de la
tête sont divergents, et leur ensemble forme
une sorte de calotte. Les Cercocèbes sem-
blent, à beaucoup d'égards, être intermé-
diaires entre les Guenons ou Cercopithèques
et les Macaques proprement dits. Nous in-
diquerons sept espèces de ce groupe.
1. Le Macaque toque, Et. Geoffr. -Saint-
Hilaire {Ann. Mus., t. IX); Macacus radia-
lus A. -G. Desm. (Mamm.), Cercocebus radia-
nts Et. Geoffr. {loco cit.), Fr. Cuv. (Hist. des
Mam. du Muséum ). Ce Singe a environ 50
centim. de longueur depuis le bout du nez
jusqu'à l'origine de la queue, et cet organe,
très grêle, est à peu près aussi long. La tête
et le museau sont minces et étroits , et le
front est aplati, nu et ridé transversalement.
Le pelage est d'un gris verdâtre en dessus,
avec le dessous du corps et de la queue et
la partie interne des membres de couleur
blanche ; le dessus de la queue est gris-ver-
dâtre, comme le dessus du corps; les poils
divergents qui garnissent le sommet de la
tête n'ont qu'une étendue médiocre.
Quelques zoologistes ont supposé que le
Macaque toque pourrait bien n'êfrc qu'une
6imp!e variété du Bonnet chinois , avec le-
quel il a en effet beaucoup de ressemblance;
mais il est bien certain qu'il forme une es-
pèce réellement distincte, comme i'a mon-
tré l'examen attentif de plusieurs individus
amenés vivants en Europe. Les mœurs de
cette espèce sont tout-à fait analogues à
celles des Guenons. Ces Singes sont doux,
peu vifs, et semblent s'apprivoiser facile-
ment.
Le Macaque toque habite l'Inde , et par-
ticulièrement le Malabar.
2. Le Macaque bonnet chinois, Buffon
(Hist. nat., XIV, pi. 30), Audebert (Hist.
des Singes); Macacus sinicus A. -G. Desm.
(Mamm.), Simia sinica Linné , Gm., Cer-
copithecus sinicus Et. Geoffr. Saint-Hil. (loco
citato). La longueur du corps est d'environ
33 centim. ; la queue, double de longueur,
est très mince. Le pelage est d'un fauve
brillant en dessus , avec la queue un peu
plus brune ; les favoris , la face interne des
membres et le dessous du corps sont blan-
châtres ; les mains , les pieds et les oreilles
sont noirâtres; la face est couleur de chair;
les poils sont gris à leur base, avec leur par-
tie terminale annelée de noir et de jaune ,
disposition qui se retrouve chez le plus
grand nombre des Macaques , et surtout
chez le Macaque toque ; mais , dans le Bon-
net chinois , c'est le jaune qui domine ; de
là la teinte généralement fauve, et non pas
verdâtre de son pelage; les poils du sommet
de la tête sont longs , divergents du centre
à la circonférence, et disposés en forme de
calotte.
Les mœurs de cette espèce doivent être
analogues à celles des Guenons.
Elle habite particulièrement le Bengale.
3. Le Macaque ordinaire, Buffon (t. XIV,
pi. 20), Fr. Cuv. (Hist. nat. des Mamm.);
Aigrette, Buffon (id., pi. 21); Macacus
cynomGÏgos A. -G. Desm. (loco citato ); Si-
mia cynomolgos et cynocephalus Linn., Ma-
cacus irus Fr. Cuv. ( ilfem. du Mus., t. IV) ;
Cercocèbe aigrette et Macaque, Et. Geoffr.
(Ann. Mus., t. XIX). Il a environ 52 centim.
du bout du museau jusqu'à l'origine delà
queue, qui est aussi à peu près de cette lon-
gueur. Le pelage est verdâtre en dessus, avec
le dessous du corps et la fare internedes mem-
bres d'un gris blanchâtre; les favoris sont
courts et de couleur verdâtre; la queue et
les piods sont noirâtres et la face a peu près
530
MAC
nue, est de couleur de chair livide, avec
une partie plus blanche entre les yeux; le
sommet de la tête est de la même couleur
que le dos, et les poils n'y sont point re-
levés en aigrette chez les mâles. La femelle,
considérée pendant longtemps comme ap-
partenant à une espèce particulière , sous le
nom d'Aigrette, diffère du mâle par une
taille plus petite, la tête moins grosse, et
surtout par la présence d'une aigrette de
poils convergents , relevés par leur pointe
sur le haut du front. Les jeunes ont le pelage
brunâtre , et ce n'est que vers la seconde
année qu'il prend une teinte verdâtre.
Le Macaque est plus pétulant, moins
docile et plus lubrique que les Guenons ,
mais il n'approche en rien sous ces rapports
des Cynocéphales. Sa démarche est très vive
et il saule avec beaucoup de vigueur. Il fait
entendre souvent un petit sifflement assez
doux; mais lorsqu'il est irrité, sa voix
devient très forte et rauque. Il tient ordi-
nairement la queue relevée en arc près de
sa base et tombante vers le bout ; ce que Ton
remarque également chez le Papion. Sa nour-
riture se compose de racines et de fruits.
Cette espèce est très souvent amenée vi-
vante en Europe et on la voit communément
dans les ménageries. Le Macaque a produit
plusieurs fois a Paris et particulièrementau
Muséum d'histoire naturelle.
Cette espèce est originaire de la côte de
Guinée et de l'intérieur de l'Afrique , d'où
on la transporte quelquefois en Egypte.
4. Le Macaque roux doré, Macacus au-
reus Is. Geoff. Saint-Hilaire ( Zool. du voy.
de Bélanger, 1830), Gervais (Voy.delaBo-
nite, tom. I). Il est un peu plus petit que
le précédent; le dessous du corps est d'un
beau roux tiqueté de noir ; la face externe
des membres est d'un gris clair ; le dessous
du corps , de la queue et la face interne des
membres, ainsi que les longs poils des joues,
sont gris; la face supérieure de la queue
est noirâtre vers la base et gris dans sa por-
tion terminale.
II habite le Bengale, le Pérou, Sumatra
et probablement Java.
:>. Le Macaque a face noire, Macacus
carbonarius Fr. Cuvier (Mamm. liïnogr.,
1825). Cette espèce est très voisine de la
précédente et doit peut-être même lui être
ïéunie. Elle est généralement d'un vert gri-
MAC
sâtre sur le dessus du corps et sur la face
externe des membres, avec leur face interne,
les parties inférieures du corps, les favoris,
les joues et la queue gris-blanchâtre; une
légère bande noire est placée au-dessus de
l'œil et la face est aussi de cette couleur.
Nous n'avons pas cru devoir réunir cette
espèce aux Magots , comme l'a fait M. Is.
Geoffroy Saint-Hilaire.
Ce Macaque habite Sumatra.
6. Le Macaque des Philippines, Macacus
Philippinensis Is. Geoff. Saint-Hilaire (Archi-
ves du Mus. d'hist. nat., tom. II, 184i,
pi. 5). M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire.a
formé, sous ce nom, une espèce de Macaque
basée sur un individu qui a longtemps vécu
à la ménagerie du Muséum et qui était tout-
à-fait à l'état d'albinisme : ce Singe, tou-
tefois , est très voisin des Macaques ordi-
naire et roux doré, et l'on ne sera bien
certain , comme le fait observer M. Isidore
Geoffroy, que c'est une espèce distincte que
lorsqu'on aura pu l'observer à son état ha-
bituel. En effet, l'individu qui a vécu à
Paris offrait un exemple d'albinisme com-
plet; la couleur de ses poils était d'un blanc
légèrement jaunâtre.
11 était originaire de Manille.
Ce Macaque albinos évitait constamment
l'éclat de la lumière ; ses yeux ne pouvaient
supporter un jour un peu vif, sinon sans
souffrance, au moins sans fatigue et sans
gêne. On le voyait se tenir habituellement
triste et mélancolique dans un coin de sa
loge, et lors même qu'il prenait ses ébats,
c'était presque toujours avec une gravité et
une lenteur qui contrastaient avec la vivacité
turbulente des autres Singes. Il n'avait pas
entièrement le naturel et les mœurs des
Macaques. Dans les rares occasions où cet
albinos s'est hasardé à sortir au milieu de
ses congénères, dans la partie la moins
éclairée de la cour des Singes, sa couleur
exceptionnelle, sa physionomie singulière,
sa démarche embarrassée et incertaine , en
faisaient l'objet d'abord de la curiosité trè*
marquée, puis des mauvais traitements des
autres Singes. Ainsi, après quelques sorties,
dont chacune lui a valu des contusions ou
des morsures , s'est-il confiné dans sa loge
intérieure, fuyante la fois, comme le font
les albinos humains , la lumière et ses sem-
blables.
MAC
7. Le Macaque d'Assam , Macacus Assa-
menas Mac-Glell. (Proceed., 1839) , Less.
(Nouv. tabl. du Règ. anim. Mamm., 1842).
Nous nous bornerons à citer cette espèce en-
«ore peu connue, et qui habite l'Assam.
DEUXIÈME GROUPE.
MA1MON, Is. Geoffr.; Macacus, Auct. ;
Silenus et Rhésus, Lesson.
Les Singes de cette division se distinguent
par leur queue beaucoup plus courte que le
corps, et quelquefois même d'une extrême
brièveté. On indique 8 espèces de ce groupe.
8. L'Ouanderou, Buffon (t. XIV, pi. 18),
Fr. Cuv. (Mamm.), le Lowanoo, Buffon (ib.)t
Macacus silenus A. -G. Desm. (loco citato) t
Simia silenus et leonina Linné et Gmelin,
Macaque a crinière, G. Cuv. (Règne anim.);
division des Silenus Lesson (Nouv. lab. des
Mamm., 1842). Il a 50 centimètres de lon-
gueur, depuis le bout du nez jusqu'à l'ori-
gine de la queue, et cette partie n'en a que
27. Son pelage est généralement noir, avec
l'abdomen et la poitrine blancs; sa tête est
entourée d'une longue barbe blanchâtre et
d'une crinière cendrée ; le visage et les mains
sont noirs, tandis que les callosités sont
rougeâtres; la queue est terminée par une
mèche de longs poils.
Cette espèce est tout-à-fait indocile et in-
traitable : cependant on en a observé une
femelle à la ménagerie du Muséum qui était
douce et même caressante.
Ce Singe habite Ceylan et les Indes orien-
tales , où il porte les noms de Nil-Bandar,
Lowando et Elwanda , et non pas celui
é'Ouanderou que Buffon lui a imposé.
9. Le Rhésus, Audebert, Macacus rhésus
A. -G. Desm. (ibid.), Macaque a queue courte
et Patas a queue courte , Buffon ( Suppl. ,
t. VII, pi. 13 et 14); Maimon ou Rhésus, Fr.
Cuv. ( Mamm. ), Simia erythrœa Schreb. Il
a 40 centim. environ de longueur du bout
du museau jusqu'à l'origine de la queue,
et cette dernière partie n'a guère moins de
15 centim. Il est en dessus d'un beau vert
roussâtre, avec les membres antérieurs
et les jambes plus grises , et les cuisses plus
jaines à leur partie externe; le dessous du
corps et la face interne des membres sont
b! ncs ; la queue est grise en dessous et d'un
vei t roussâtre en dessus ; la face est de cou-
leur de chair livide; il y a , au milieu du
MAC
53l
front, entre les yeux, un petit tubercule
dont l'apparence est celle d'une loupe , et
qui grossit à l'approche du rut.
Les mœurs des Rhésus sont analogues à
celles des Macaques, c'est-à-dire qu'ils sont
dociles et même familiers dans la jeunesse ,
mais qu'avec l'âge ils deviennent très mé-
chants.
Ce Singe se trouve dans l'Inde , et son
espèce est particulièrement abondante dans
les forêts des bords du Gange.
Fr. Cuvier a décrit (Mamm.) sous le nom
de Rhésus à face brune un Singe qui ne dif-
fère guère du Rhésus ordinaire que par la
couleur brune de la face et de toutes les
parties nues, et qui doit probablement lui
être réuni.
10. Le Maimon, Buffon (Hist.nat., t. XIV,
pi. 19 ), Audebert , Macacus nemestrinus
A. -G. Desm. (loco citato), Simia nemestrina
Linn., le Singe a museau de Cochon, Ed-
wards (Gleanurus, pi. 214); Singe a queue de
Cochon, Fr. Cuv. (Mammif.). Ce Singe, plus
grand que le précédent, a quelquefois plus
de 65 centim. du bout du museau à l'origine
de la queue, et cette dernière est courte et
grêle. Il est en dessus d'un fauve verdâtre,
avec le milieu du sommet de la tête noir;
cette tache descend sur le cou , le dos et
la queue en prenant une teinte verdâtre ;
les joues et toutes les parties inférieures du
corps sont d'un blanc roussâtre.
Les Singes de cette espèce, et surtout les
mâles, deviennent avec l'âge excessivement
mécnants. On en garde en domesticité; un
mâle et une femelle, conservés dans la mé-
nagerie du Muséum, ont même produit des
petits, mais on n'a pu les élever.
Le Maimon habite Java et Sumatra , où
on lui donne le nom de Barou.
11. Le Macaque lascif , Macacus libidi-
nosus Fr. Cuv. (Dict. se. nat. , Atlas), Is.-
Geoffr.-St-Hil. (Dict. class., t. IX ), Maca-
cus nemestrinus A. -G. Desm. 11 diffère du
Maimon par ses joues d'un fauve légèrement
olivâtre, comme les épaules et les membres
antérieurs, et non pas blanches ou blanchâ-
tres; il a de même une calotte noire sur la
tête ; la face interne des membres est grise,
le dessous du corps est blanchâtre. Ce qui
rend cette espèce extrêmement remarquable,
c'est l'énorme turgescence de toutes les par-
ties sexuelles pendant le rut.
32
IMAC
12. Le Macaque a face rouge, Macacus
speciosus Fr. Cuv. (Mamm. lith.). Il se
distingue facilement par sa queue excessi-
vement courte , sa face d'un beau rouge, et
qui se trouve entourée de poils noirs; son
pelage d'un gris vineux, avec les parties in-
férieures blanchâtres. Cette espèce est trop
peu connue pour pouvoir être placée avec
certitude avec les Magots , ainsi que l'a fait
M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire.
Se trouve aux Indes orientales.
13. Le Macaque ursin, Macacus arctoides
Is. Geoffr. (Zool. du voy. de Bélanger, 1830,
et Mag. de zool. ) , Pithecus arctoideus
Blainville (Ostéographie, fasc.,1, 1842). Le
pelage de ce Singe est brun, tiqueté de
roux ; les poils sont longs, plusieurs fois an-
nelés de brun et de roux-clair; la queue est
excessivement courte.
Il habite la Cochinchine.
14. Le Macaque de l'Inde, Macacus mau-
rusYr. Cuv. (Mamm. lithogr., 1823) , Les-
son (Manuel ) , Simia Cuvieri Fischer ( Sy-
nopsis). Ce Singe est principalement carac-
térisé par son pelage uniformément brun ,
et surtout par sa face noire ; ce dernier ca-
ractère ne se retrouve pas dans le Macacus
arctoides ; cependant il est probable que ces
deux espèces doivent être réunies, et l'on
peut supposer que les prétendus caractères
du Macacus maurus peuvent être attribués
à des erreurs commises dans le dessin peu
soigné d'après lequel seul Fr. Cuvier a dé-
crit cette espèce. Du reste, les Macacus arc-
toides et maurus habitent le même pays.
15. Le Macaque de Madras, Macacus
melanolus Less. (Nouv. lab. des Mamm.,
1842) , Papio melanotus Ogilby (Proced.,
1829). Nous ne ferons qu'indiquer cette es-
pèce, qui a été dernièrement découverte à
Madras.
Enfin nous devons dire que, dans ces
derniers temps , MM. Falconer et Cautley
ont fait connaître des débris fossiles, prove-
nant de Sivalick , d'un Macaque assez voi-
sin du Rhésus. Il en sera parlé à l'article
singes fossiles de ce Dictionnaire.
troisième groupe.
MAGOT. Inuus, E. Geoffr.; Pithecus, G.
Cuv.; Magus, Lesson.
Chez les Magots , la queue manque entiè-
rement, et elle est remplacée par un petit
MAC
tubercule. Une seule espèce entre dans ce
groupe ; toutefois faisons observer que les
Macacus carbonarius , speciosus et maurus
ont été également placés dans cette subdivi-
sion par M. Is. Geoffroy Saint-Hilaire (Zool.
du Voy. de Bélanger).
16. Le Magot, Buffon (t. XIV, pi. 8 et
9 ) , Fr. Cuy. (Mamm.) ; Pithèque , Buffon
( loco citato, suppl, VIII , pi. 2, 3, 4 et 5);
Macacus inuus A. -G. Desm. (Mammalogie) ,
Simia inuus, silvanus et pithecus Linné,
Gmelin; ntôrjxoç , Aristote et Galien ; Cy~
nocephalus, Brisson. 11 atteint quelquefois
80 à 85 centimètres de longueur totale,
mesuré depuis le bout du museau jusqu'à
l'extrémité postérieure du corps ; il est en-
tièrement privé de queue. Le pelage est gé-
néralement d'un gris jaunâtre , avec les
parties inférieures du corps et la région in-
terne des membres de couleur blanchâtre ;
la face est couleur de chair livide.
Le Magot est le Singe le plus ancienne-
ment connu, et c'est aussi le plus commun
de tous ceux qu'on amène en Europe. C'est
le Ilcôvjxoç des anciens, et celui dont Galien
a fait l'anatomie. Le Magot apprend facile-
ment , lorsqu'il est jeune , à exécuter diffé-
rents tours de force ou d'adresse; mais il
est très capricieux , et ce n'est que le fouet
à la main que les jongleurs et les charlatans,
qui s'en servent pour attirer la foule, peu-
vent s'en faire obéir. Il grimace beaucoup ,
et fait souvent grincer ses dents lorsqu'il est
contrarié; devenu vieux , il est comme les
autres Macaques , taciturne , méchant et
même indomptable.
Les Singes de cette espèce habitent toute
la côte septentrionale de l'Afrique , depuis
l'Egypte , l'Arabie , l'Ethiopie , jusqu'en
Barbarie ; et il paraît , ainsi que nous l'a-
vons déjà dit dans cet article , que quelques
individus échappés sur le rocher de Gibral-
tar s'y sont acclimatés.
Quelques Singes , tels que les Simia pla-
lypygos Schreber (Quadr., tab. 56) Brotvn
babooa Pennant, Simia fusca Shaw(Ge».
zool., t. I, part, i , pi. 13), ou Babouin a
longues jambes, Buffon , ont été placés dans
le genre Macaque par certains naturalistes,
tandis que d'autres , au contraire , les en
ont éloignés. (E. Desmarest.)
MACARAGA. mam. — Syn. d'Ocelot.
Voy. CHAT.
MAC
MAC
MACARAXGA. dot. pu. —Genre de la
famille des Euphorbiacées-Acalyphées, éta-
bli par Dupetit-Thouars (Gen. Madagasc,
n. 88). Arbres ou arbrisseaux résineux de
Madagascar et de la Mauritanie. Voy. eu-
puorbiacées.
MACAREUX. Fratercula. ois. — Genre
de la famille des Alcidées, dans l'ordre des
Palmipèdes, caractérisé par un bec robuste,
très comprimé latéralement, plus court que
la tête, aussi haut que long, garni à sa base
d'une peau plissée, à mandibule supérieure
crochue à la pointe et marquée par des sil-
lons profonds, l'inférieure offrant en dessous
un angle prononcé; des narines marginales,
oblongues, très étroites, presque entièrement
fermées par une membrane nue ; des tarses
courts situés très en arrière du corps ; un
pouce nul, et des ailes étroites et courtes.
Pour Linné, les Macareux étaient des
Pingouins, ou mieux, il confondait sous le
nom d'Alca, dans un même genre, les uns
et les autres de ces oiseaux. Brisson distin-
gua les premiers sous la dénomination gé-
nérique de Fratercula. Cette distinction est
aujourd'hui généralement admise par les
ornithologistes ; seulement quelques auteurs
ont préféré, au nom imposé par Brisson,
celui de Mormon, qu'Illiger lui a substitué.
Si, par leur organisation, par leurs ca-
ractères extérieurs, les Macareux ont avec
les Pingouins assez d'analogie pour qu'on
ait pu les comprendre dans un même genre,
on conçoit aisément que, sous le rapport des
mœurs, ils puissent également offrir fort peu
de différences. D'ailleurs, tous les oiseaux
chez lesquels les ailes sont très ingratement
organisées pour le vol, en même temps que
leurs pieds, par leur position et leur forme,
deviennent impropres à la station et à la
progression terrestres, tous ces oiseaux con-
finés sur l'eau, seul élément qui convienne
à leur nature, ont dans l'ensemble de leurs
habitudes, de leur manière de vivre, de nom-
breux points de ressemblance. On les ren-
contre presque toujours nageant au sein de
la mer dont ils sillonnent en tous sens la
surface; rarement les surprend -on hors
de leur élément favori. Ainsi sont les Maca-
reux. Le besoin de prendre du repos, les
circonstances de nidification et la nécessité
de trouver un abri contre les tempêtes qui
bouleversent trop violemment les eaux sont
les seuls cas qui amènent ces oiseaux sur
les rochers; car encore faut-il que le point
sur lequel ils viennent ou se reposer, ou faire
leur ponte, ou chercher un abri, soitun peu
élevé et à portée de la mer, afin qu'ils puis-
sent s'y jeter promptement lorsque les cir-
constances l'exigent.
Les Macareux nagent et plongent avec une
rare facilité; mais, par contre, ils march ent
avec une gaucherie sans égale. Quelques au-
teurs, pour exprimer combien leur démar che
est embarrassée, lente et peu assurée, Ton t.
comparée à celle d'un chien debout sur ses
jambes de derrière. Cependant la comparai-
son n'est pas heureuse en ce sens qu'elle
n'est pas juste. Leur corps, dans la progres-
sion, n'affecte point une position verticale ;
ils rampent plutôt qu'ils ne marchent réel-
lement.
Le vol est, comme la marche, un mode de
locomotion que les Macareux mettent peu
souvent en usage; pourtant ils ne sont point
privés de cette faculté; ils volent même as-
sez rapidement, mais leur vol n'est jamais
de fort longue durée, et, quoiqu'ils puissent
s'élever à une certaine hauteur et s'y soute-
nir avec aisance, l'on peut dire qu'en géné-
ral ils ont pour habitude de voler tellement
bas que leurs pieds effleurent quelquefois
l'eau.
Les Macareux sont des oiseaux migrateurs,
comme toutes les espèces du même ordre qui
habitent le cercle arctique. Leur départ des
contrées où ils sont originaires se fait en
automne, et leur retour a lieu au printemps.
Ces deux époques leur sont funestes. Comme
ils tiennent difficilement la mer si elle n'est
calme, il arrive très souvent que, surpris
pendant leur voyage par une tempête, ils
sont jetés en grand nombre sur les côtes où
ils périssent. On a remarqué que ces oiseaux
se plaisent sur les mers glacées du pôle nord
plus que partout ailleurs, et on les y rencon-
tre confondus avec les Pingouins et les Guil-
lemots. Rarement les Macareux visitent les
rivages tempérés de l'Europe; pourtant l'es-
pèce la plus commune, le Macareux moine,
se montre pendant l'hiver sur nos côtes, et
niche même quelquefois sur celles de l'An-
gleterre.
La nourriture des Macareux consiste en
Mollusques, en petits Crustacés, en Insectes
et Végétaux marins de toute sorte, et même
534
MAC
MAC
en ; j lits Poissons, qu'ils saisissent en plon-
ge;, t. Leur ponte est loin d'être fort nom-
breuse; car elle est souvent d'un seul œuf
ou de deux au plus. La femelle, dit-on, fait
un nid en forme de terrier, ou choisit, pour
pondre, les creux et les fentes de rochers.
Le genre Macareux n'est pas riche en espè-
ces : il n'en compte que trois ; encore devons-
nous dire que l'une d'elles n'est pas admise
par tous les ornithologistes, et que l'autre a
été prise pour type d'un genre distinct. Ces
trois espèces sont:
1. Le Macareux moine, Fr. arctica Cuv.
(Buff., pi. ml. 275), à plumage noir en
dessus, blanc sur les parties inférieures. —
Habite le pôle nord; de passage périodique,
en hiver et au printemps, sur les côtes de
Norwége, d'Angleterre de Hollande et de
France.
2. Le Macareux glacial, Fr. glacialis
Degl., Mormon glacialis Leach. Semblable
pour les couleurs du plumage au précédent,
mais en différant par un bec beaucoup plus
fort, coloré d'une seule teinte orange, et par
la mandibule inférieure qui est plus arquée.
Quelques auteurs considèrent cette espèce
comme une simple variété de Macareux
moine; cependant elle paraît en différer. —
Habite le Kamlschatka, le Groenland, la
Norwége et l'Amérique du Nord.
3. Le Macareux huppé , Fr. cirrhata
Vieill. {Gai. des Ois., pi. 296, et Buff. pi.
enl. 761). Cette espèce, établie par Pallas
sous le titre générique de Lunda, est, sous
tous les rapports, un vrai Macareux. Elle a
pour caractères distinctifs la face, les joues
et les tempes blanches, et, de chaque côté
de la tête, de longues plumes jaunes en
forme de huppe.— Habite le Kamtschatka et
quelques autres points des régions septen-
trionales de l'Asie et de l'Amérique. (Z. G.)
*MACARIA. arach.— M. Koch, dans ses
Die Arachniden , désigne sous ce nom un
genre d'Aranéides , qui n'a pas été adopté
par M. Walckenaër, qui rapporte cette coupe
générique à celle des Drassus. Voy. ce
mofc- (H. L.)
*MACARÏA (fWptoç , fortuné), ins. —
Genre de Coléoptères subtétramères, trimè-
resde Latreille, famille denosCoccinellides,
des Aphidiphages, formé par Dejean {Calai.,
3eédit., p. 458). L'auteur mentionne deux
espèces américaines : les M. serraticornis Dej.
et dilata Lat. La première est originaire du
Brésil, et la seconde de Cayenne. (C.)
MACARISIA. bot, ph. — Voy. machà-
risia.
MACARTNEY. Macartneya, Less. ois.
— Syn. de Houppifère.Foy. ce mot. (Z. G.)
MACBRIDEA. bot. ph. — Genre de la
famille des Labiées -Stachydées, établi par
EllioU {Carolin., Il, 86). Herbes de la Caro-
line. Voy. LABIÉES.
*MACD01VALDIA (nom propre), bot. ph.
— Genre de la famille des Orchidées, établi
par R. Gunn (ilfsc). Herbes de la Nouvelle-
Hollande. Voy. ORCHIDÉES.
MACERON. Smyrnium (étymologie dé-
rivée du nom de la ville de Smyrne).
bot. ph. — Genre de plantes de la famille
des Ombellifèies, tribu des Smyrnées, de
la pentandrie-digynie dans le système de
Linné. Il se compose de plantes herbacées
bisannuelles qui croissent spontanément
dans les parties moyennes et méridionales
de l'Europe, dont la racine est charnue,
dont les feuilles varient de forme, dont
les fleurs sont jaunes ou jaune-verdâtre ,
souvent polygames, en ombelle terminale
munie d'une involucre; ces fleurs présen-
tent les caractères suivants : Limbe du ca-
lice non apparent; pétales lancéolés ou el-
liptiques, entiers, acuminés, à sommet in-
fléchi; fruit resserré par les côtés, didyme,
chacun de ses carpelles étant presque glo-
buleux ou réniforme, et présentant les trois
côtes dorsales saillantes, aiguës, les deux
latérales bordantes, presque oblitérées; le
carpophore ou le support commun des car-
pelles est biparti ; la graine est involutée.
A ce genre se rapporte l'espèce suivante:
Maceron commun , Smyrnium olus a-
trum Lin. Elle croît spontanément dans les
pâturages humides de nos déparlements
méridionaux ; elle a même été indiquée aux
environs de Paris. Sa tige est striée , ra-
meuse et s'élève jusqu'à un mètre; ses
feuilles sont glabres et luisantes, biternées
et ternées, formées de folioles (segments)
ovales, arrondies, en coin à leur base,
crénelées-dentées. Cette plante a eu autre-
fois, soit comme médicinale, soit comme
potagère, une importance qu'elle a presque
entièrement perdue de nos jours: sa racine
était usitée comme potagère; on la man-
geait après l'avoir tenue quelque temps à la
MAC
cave pour lui faire perdre ou du moins pour
diminuer beaucoup son amertume; toutes
ses parties vertes, qui sont aromatiques,
étaient employées aux usages pour lesquels
on a maintenant recours presque exclusive-
ment au Persil et aux jeunes pousses du
Céleri. On regarde ses feuilles comme anti-
scorbutiques, et ses fruits comme diuréti-
ques , cordiaux et carminatifs. (P. D.)
MACHERINA (px'xaipa, glaive) . bot. pb.
— Genre de la famille desCypéracées-Rhyn-
chosporées , établi par Vahl (Enum. , II ,
238). Herbes des Antilles. Voy. cypéracées.
JUAGIIdilULM (aaxoupiov, couteau).BOT.
ph. — Genre de la famille des Légumi-
neuses - Papilionacées-Dalbergiées , établi
par Persoon {Encheir. , II, 276). Arbres
de l'Amérique tropicale. Voy. légumineuses.
MACII/EROTA (paxaipwcoç,qui a la forme
d'un sabre). ins. — Genre établi par M. Bur-
meister (Handb. derentom.) et que nous rap-
portons avec doute à la famille des Membra-
cidesde l'ordre des Hémiptères. Ce type fort
singulier est représenté par une seule espèce
découverte à Manille (M. ensifera). (Bl.)
*MACHjERUS (aaxacpa, glaive) .CRUST. —
Nom proposé par Leach (in Tuck., expedit.
Congo, 1818), pour désigner dans l'ordre des
Décapodes un genre de Crustacés. (H. L.)
* MACIIAIRODUS ( f*âx«ipa , glaive;
è5oyç , dent), mam. — Groupe de Chats fos-
siles indiqués par M. Kaup (Ossem. foss. ,
H, 1833). (E. D.)
MACHAONIA.^bot. ph. — Genre de la
famille des Rubiacées Spermacocées, établi
par Humbold t et Bonpland {Plant, œquinoct. ,
I, 101, t. 29). Arbres ou arbrisseaux de
l'Amérique tropicale. Voy. rubiacées.
MACIIARISIA. bot. ph.— Genre dont la
place dans les méthodes n'est pas encore
fixée. Il a été établi par Dupetit-Thouars
(Hist. veg. afr. auslr. , 49, t. 14) pour des
arbustes de Madagascar.
MACHE, bot. ph. — Nom vulgaire de la
Valerianella olitoria, dont on mange les
feuilles en salade. Voy. valérianelle.
MACHETES. ois. — Nom scientifique
du genre Combattant. Voy. ce mot.
*MACHETORNISG*»x*r/î's, combattant;
cpvtç , oiseau), ois. — Nom substitué par
G.-R. Gray à ceux de Chrysolophus et Pc-
poara,primitivementdonnés,run par Swain-
son, l'autre par MM. Aie. d'Orbigny et La-
MAG
535
fresnaye à un petit genre qui fait partie de
la famille des Tyrans. Voy. tyran. (Z. G.)
MACHILUS. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Laurinées-Perséées, établi par Nées
(in Wallich PI. as. rar., II, 61). Arbres des
montagnes de l'Inde. Voy. laurinées.
*MACHLA(pe»xAoç, lubrique), ins Genre
de Coléoptères hétéromères, tribu des Blapsï-
des, créé par Herbst (Naturstem., t. VIII,
p. 152, pi. 126, fig. 8, 9) et adopté par La-
treille, Dejean, Solier. Ce dernier auteur fait
entrer ce genre dans ses Collaptérides et
dans la tribu de ses Asidites. Les espèces
qui en font partie sont toutes originaires du
cap de Bonne-Espérance. Nous allons les
énumérer : M. nodulosa Hst., villosa Oliv.,
rauca, serrata Fabr., Duponti Sol., coarctata
Dej. Ces insectes ont l'aspect des Asides. Leur
corps est dur, velu, et leur corselet offre sur
les côtés un rebord épais. (C.)
*MACHLIS. bot.ph. — Genre de la famille
des Composées-Sénécionidées, établi par De
Candolle (Prodr., VI, 140). Herbes de l'Inde.
Voy. COMPOSÉES.
MACHLIS. mam. —Nom appliqué quel-
quefois à l'Élan. Voy. ce mot. (E. D.)
MACHOIRES, zool. — On nomme ainsi
la charpente osseuse qui supporte les dents
chez les animaux vertébrés. Cet organe
varie suivant les diverses classes d'animaux.
Voyez, en conséquence, les articles mammi-
fères, oiseaux, poissons, reptiles, etc., et
aussi les mots bouche et dent.
MACIGNO. géol. — Nom donné au Grès
quartzeux avec Marne endurcie. Voy. grès.
*MACIPUS, Stéven. ins.— Syn. de Meci-
nus, Germar.
MACLE. min. — Syn. : Chiastolithe ,
Hohlspath, Stanzaite, Andalousite. — Espèce
de l'ordre des Silicates alumineux, qui, d'a-
près les analyses de Bucholz, de Jackson,
et de Bunsen, paraît être un silicate simple
d'alurnine , dans lequel la quantité d'oxy-
gène de l'acide serait les trois quarts de
celle de la base. C'est une substance de
couleur grise ou rougeâtre, vitreuse, trans-
lucide, ou plus ou moins transparente, et
cristallisée en prismes rhombiques droits
de 91° 1/2. Elle est infusible, insoluble
dans les acides , et assez dure pour rayer le
quartz. Lorsqu'elle est transparente, elle
oITre, surtout dans les variétés du Brésil, un
bel exemple de trichroïsme, manifestant par
536
MAC
MAC
transparence trois couleurs dans les di-
rections de trois axes différents, savoir le
rouge- hyacinthe, le vert-jaunâtre, et le
vert d'olive.
Cette espèce comprend deux variétés
principales, qui ont été longtemps regardées
comme des minéraux distincts , et séparées
dans la méthode sous les noms d'Andalou-
site et de Macle. M. Bernhardi paraît avoir
remarqué le premier les analogies qui exis-
tent entre ces deux minéraux, et leur iden-
tité a été admise par M. Beudant et plu-
sieurs autres minéralogistes.
1° Andalousite. En prismes rhomboïdaux,
presque carrés, simples, ou modifiés légè-
rement sur deux angles solides par des fa-
cettes, dont la rencontre formerait un coin
à arête horizontale de 109° 30'. C'est la
substance qu'Hatty avait d'abord désignée
sous le nom de Feldspath apyre. Elle est
ordinairement d'an rouge violet ou d'un
gris de perle, et recouverte souvent d'une
espèce de Mica blanc qui pénètre quel-
quefois l'intérieur de la masse. Elle se trouve
en cristaux disséminés ou implantés dans
les terrains anciens de cristallisation, notam-
ment dans les granités et gneiss du Tyrol ,
de la Bavière, de la Saxe. On l'a découverte
pour la première fois dans l'Andalousie.
2° Macle ou Chiastolithe. Variété mon-
trant sur la coupe transverse de ses prismes
une croix noire en forme de X (ou x) >
ou plus généralement un dessin en forme
de mosaïque, due à une matière noire qui
en occupe le centre, les diagonales et les
angles, et qui est ordinairement de même
nature que la roche au milieu de laquelle
le Macle a cristallisé. Cette matière étrangère
affecte la forme d'un rhombe au centre et
aux extrémités, et quelquefois les lignes
noires, situées diagonalement, se ramifient
en lignes parallèles aux côtés delà base, en
sorte que le cristal paraît composé de plu-
sieurs couches d'Andalousite séparées par
des couches de matière étrangère.
Cette singulière disposition paraît être le
résultat d'un groupement régulier de quatre
1 cristaux simples , joints deux à deux par
des plans parallèles aux sections diagonales,
et formant par leur réunion un prisme sem-
blable au prisme fondamental. Les quatre
individus laissent entre eux vers le centre
un espace creux, et vers les extrémités
quatre angles rentrants , que remplit la ma-
tière de la roche (Macle pentarhombique);
souvent aussi cette matière étrangère se
montre entre les faces de jonction (Macle
tétragramme); et quelquefois, chacun des
individus est lui-même composé de lames
parallèles, alternant avec des couches min-
ces de matière noire (Macle polygramme).
Tous les minéralogistes cependant n'attri-
buent point le phénomène de la Macle à
des effets de groupement régulier ; ils ob-
jectent contre cette manière de voir que,
dans certains cas, la matière noire forme à
l'intérieur des prismes d'Andalousite des
pyramides à base rhombe, en sorte que la
tache centrale varie progressivement de
grandeur, quand la section du cristal se
fait à des hauteurs successivement différen-
tes. On cite de plus quelques exemples de
Macles, où la matière colorante paraissait
être tout simplement une matière charbon-
neuse, que le feu a fait disparaître, en lais-
sant voir un cristal unique, dans un état
parfait de pureté et d'intégrité. On sait par
un grand nombre d'observations faites sur
les cristaux naturels , ou sur ceux des labo-
ratoires, que les matières accidentelles que
le cristal a retenues dans sa masse n'y
sont pas toujours disséminées uniformément,
mais qu'elles s'y montrent, soit vers le
centre, soit disposées par couches régulières,
parallèles tantôt aux pans d'un prisme ou à
ses sections diagonales, tantôt aux faces
d'une forme octaédrique. Haiiy a considéré
la Macle comme un cristal simple, souillé
d'une substance étrangère, qui s'y était
déposée d'une manière régulière et symé-
trique, et cette opinion a été partagée par
M. Beudant. — La Macle ou Chiastolithe se
trouve disséminée dans le schiste argileux,
surtout dans les parties de cette roche qui
avoisinent les roches granitoïdes, en France
dans le département des Côtes-du-Nord près
de St-Brieux ; à St- Jacques de Compostelle
en Galice; dans la Serra de Marao en Por-
tugal ; en Amérique, à Sterling et Lancas-
ter , dans le Massachussets; en Allemagne,
près de Gefrees dans le Fichtelgebirge. On
l'a observée aussi dans les micaschistes pas-
sant au schiste argileux, en plusieurs points
des Pyrénées , et dans un calcaire noirâtre,
à Couledoux, Haute-Garonne. On la cite en-
core dans une Dolomie, au Simplon. (Del.)
MAC
MACLEAMA (nom propre), eot. ph.—
Genre de la famille desÉricacées-Vacciniées,
établi par Hooker (/c, t. 109). Arbrisseaux
du Pérou. Voy. vacciniées.
MACLES. crist. — Nom donné par Ro-
me de l'Isle à cette sorte particulière de
groupement qui résulte de la réunion en
sens contraire de deux cristaux semblables ,
et qu'Hauy a appelée hémitropie. On l'a
étendu depuis à toute espèce de groupement
régulier, et c'est dans ce sens général que
dous considérons le mot dans cet article. La
connaissance exacte des Macles est d'autant
plus importante que quelques unes d'elles
présentent l'apparence de cristaux simples ,
et pourraient être prises pour telles, non
sans inconvénient , si l'on n'y regardait de
près. Il faut donc avoir des moyens sûrs
pour discerner les cas où les cristaux sont
réellement simples , et ceux où il y a grou-
pement ou agrégation de plusieurs indi-
vidus.
Les groupements réguliers n'ont lieu le
plus ordinairement qu'entre des cristaux de
même espèce, de même structure et de même
forme : cependant cette généralité souffre
quelques exceptions. L'on connaît aujour-
d'hui des groupements réguliers de cristaux de
même nature, mais de formes inversement
semblables, circonstance rare, qui ne se
montre que dans tes espèces à formes hé-
miédriques , et il en est même qui résultent
d'individus appartenant à des espèces dif-
férentes, maisquise rapprochent cependant
par leur forme ou par leur composition :
tels sont les groupements réguliers des pris-
mes de Staurotide et de Disthène, des cris-
taux de Rutile et d'Oligiste, etc. Nous nous
bornerons à considérer ici le cas le plus gé-
néral, les groupements réguliers d'individus
en tout point identiques ; ce sont les plus
communs, et ceux dont l'étude offre le plus
d'intérêt. On en distingue de plusieurs
sortes, mais qui sont toutes soumises à une
règle fort remarquable, consistant en ce
que les plans de jonction des individus sont
toujours parallèles à des faces de modifica-
tion , existantes ou possibles sur chacun
d'eux, et dont le signe est ordinairement
des plus simples. On peut distinguer deux
classes principales de groupements , parmi
ceux qui sont soumis à cette loi cristallo-
graphique.
MAC
537
Dans la première, les cristaux groupés
sont en position directe ou parallèle, c'est-
à-dire que les axes, les lignes et les faces
sont homologues (groupement direct, Beud.);
dans la seconde, les cristaux sont groupés
dans des positions inverses les unes relati-
vement aux autres, en sorte qu'il n'y a plus
de parallélisme entre leurs axes, ni entre
leurs faces homologues (groupement inverse,
Beud.). — Le premier cas est fort simple à
concevoir; il a lieu fréquemment dans la
nature entre un très grand nombre de cris-
taux de même forme, qui se combinent de
manière à produire un tout régulier. Tan-
tôt la configuration résultante est une sim-
ple forme imitative (arborisation, réseau,
tricot, etc.), tantôt elle représente une
forme cristalline, semblable à celle des cris-
taux élémentaires , ou bien une forme diffé-
rente , mais se rapportant au même système
cristallin.
Lorsque le groupement a lieu avec in-
version, ou sans parallélisme des individus,
on peut distinguer deux cas : celui de deux
cristaux seulement, et celui d'un nombre
quelconque de cristaux, mais avec répéti-
tion constante de la même loi entre deux
individus adjacents.
Dans le cas de deux cristaux, il y a deux
choses à considérer : 1° la position relative
des deux individus ; 2° leur mode de réunion
par simple apposition , ou par enchevêtre-
ment. La position relative des deux indi-
vidus se détermine en les supposant d'a-
bord parallèles, et en faisant tourner l'un
des deux autour d'un certain axe et d'une
certaine quantité angulaire. L'axe de révo-
lution est ordinairement perpendiculaire au
plan de jonction; quelquefois cependant
il lui est parallèle, comme c'est le cas des
"cristaux d'orthose , d'Elbogen et de Caiis-
bad en Bavière. L'angle de révolution est de
180°, de 90° ou de 60°. Toutes les fois que
l'angle est alors de 180°, l'un des cris-
taux est renversé par rapport à l'autre :
c'est une hémitropie {voy . ce mot); lorsque
l'angle de révolution est plus petit que 180",
c'est une simple transposition.
L'indication de la position relative des
cristaux géminés ne suffit pas pour déter-
miner le caractère du groupement : il faut
encore faire connaître si les individus sont
réunis l'un à l'autre par juxtaposition seu-
68
538
MAC
MAC
lement, ou bien par enchevêtrement, et
dans ce cas en se croisant ou paraissant se
pénétrer mutuellement d'une manière plus
ou moins complète.
Dans le cas de simple juxtaposition, il n'y a
qu'un seul plan de jonction. Les individus
paraissent presque toujours incomplets, et
comme s'ils avaient été tronqués par un
bout. Ils sont placés l'un sur l'autre, ou
l'un à côté de l'autre, la masse de chacun
d'eux se trouvant tout entière d'un seul
côté par rapport au plan de jonction. Ces
groupements sont ceux que l'on nomme
vulgairement groupes en cœur, en genou,
en gouttière , etc.
Dans les cas d'entrecroisement, il y a
toujours plusieurs plans de jonction de di-
rections différentes; les individus se sont
formés autour d'un axe ou d'un centre
commun ; ils paraissent échancrés par le
milieu, et placés l'un dans l'autre, de ma-
nière à combler le vide produit par les
crhancrures (ex. : cristaux de Staurotide).
Ces groupements sont ceux que l'on nomme
vulgairement groupes en croix.
Ces mêmes lois de groupement peuvent
se répéter un très grand nombre de fois
entre beaucoup d'individus semblables.
Tantôt les faces successives de jonction sont
toutes parallèles entre elles ; dans ce cas les
individus s'amincissent en forme de tables,
et forment un arrangement linéaire, une
superposition de lames disposées alternati-
vement en sens contraires (cristaux d'ara-
gonite, d'albite, de labrador). Tantôt les
faces de jonction sont inclinées , et les in-
dividus en nombre limité forment un ar-
rangement circulaire, et composent des
étoiles régulières, des rosaces, des couron-
nes , etc. (cristaux de céruse , de sperkise,
de rutile, etc.).
Nous avons admis que les plans de jonc-
tion étaient toujours déterminablcs d'après
une loi cristallographiqne. Peut-être faudra-
t-il admettre une autre classe de groupe-
ments, qui seraient réglés, non plus par
loi cristallographique, mais par une rela-
tion purement géométrique, à laquelle ne
répondrait aucune des lois ordinaires de
«lérivation. C'est ce qui semble résulter des
observations de M. Scacchi, qui a vu plu-
sieurs cristaux de même forme groupés
entre eux, dans des positions en quelque
sorte concertées , de manière que le tout re-
présentait une forme d'un système diffé-
rent. Suivant lui, des rhomboèdres basés
de feroligiste, réduits à la forme tabulaire,
pourraient se grouper régulièrement , de
façon à produire des configurations repré-
sentant un octaèdre régulier. (Del.)
*MACLEYA (nom propre), bot. fh. —
Genre de la famille des Papavéracées-Argé-
monées, établi par R. Rrown {in Denh. et
Clappert. Narrât., 218). Herbes vivaces de
la Chine. Voy. papavéracées.
*MACLINE. géol. — M. Cordier a donné
ce nom à une espèce de roche noirâtre, com-
posée de mica et de macle , presque exclu-
sivement. Les prismes de macle enchevêtrés
entre eux y jouent le rôle des grains de
quartz dans le micacite. La contexture n'est
ni granitique ni lamellaire, mais grenue-
mixte. Cette roche appartient à la partie su-
périeure des terrains primordiaux et aux
terrains siluriens. (C. d'O.)
MACLURA. bot. ph. — Genre de la famille
des Morées, établi par Nuttall (Gen., II,
234). Arbres de l'Amérique boréale. Voy.
MORÉES.
MACLURÉITE. min.— Syn. de Chon-
drodite.
MACOUBEA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Guttifères , établi par Aublet
(Guian. suppl. 17. t. 378). Arbres de la
Guiane.
MACOUCOUA, Aubl. bot. ph. — Syn.
û'Ilex, Linn.
*MACRADENIA ( pecxpo'ç , long ; âJvjv ,
glande), bot. pu. — Genre de la famille des
Orchidées-Vandées, établi par R. Brown [in
Bot. reg., t. 612). Herbes des Antilles. Voy.
ORCHIDÉES.
*MACRjEA, Lindl. bot. ph.— Syn. de Fi-
viania, Cav.
*MACRA1\THERA (p.apxoç, long; àvÔ^px,
anthère), bot. ph. — Genre de la famille des
Scrophularinées-Gérardiécs, établi par Tor-
rey {ex Benth. in Bot. Mag. comp., II, 203).
Herbes de l'Amérique boréale. Voy. scrofhu-
LARINÉES.
MACRANTHUS (p-«xpoç, long; «v0aç,
fleur), bot. ph. — Genre de la famille des
Légumineuses-Papilionacées, tribu incer-
taine, établi par Loureiro (Flor. cochinch.,
563). Herbes de la Cochinchine. Voy. lé-
gumineuses.
IMAC
MAC
539
♦MACRASPIDES.ins.— Tribu formée par
Burmeister {Handbuch der Entomologie, 1 844,
p. 330). Elle a pour caractères: Labre en-
tier, acuminé au milieu; chaperon arrondi,
édenté. Les genres dont elle est composée
sont les suivants: Macraspis, Chlorota, Dia-
basis, Thyridium. (C.)
MACRASPIS Oxaxpo'ç, grand; à?™';, écus-
son), ins. — Genre de Coléoptères pentamères,
famille des Lamellicornes, tribu des Scara-
béides phyllophages, créé par Mac-Leay
(Horœ entomologicœ,l,p. 157; édit. Lequien,
Paris, 1833, p. 92) et adopté par Burmeister
(Handbuch der Entomologie, 1844, p. 157),
qui en mentionne 30 espèces américaines.
Nous citerons les suivantes : M. tetradactyla
Lin. ,chry sis, splendida, lucida, fucata,clavata
de Fab., lateralis, bicolor et splendensCh.Ce
genre est remarquable par l'excessive am-
pleur de l'écusson. (C.)
*MACRAUCHENIA (p.axpo'î, long; avX*îv,
cou ). mam. foss. — Genre de Mammifères
fossiles, établi par M. Owen, pour des osse-
ments trouvés en Patagonie, par M. Darwin,
dans un lit irrégulier de sol sablonneux re-
couvrant une accumulation horizontale de
gravier sur la côte sud du port Saint-Julien.
Ce genre appartient à l'ordre des Pachyder-
mes, et montre par ses trois doigts aux
pieds de devant comme à ceux de derrière,
aussi bien que par quelques détails de for-
mes des os longs, de grandes affinités avec
les Palœotherium ; mais on reconnaît, d'un
autre côté, par la soudure des os de l'avant-
bras et de la jambe, une tendance vers les
Ruminants , et particulièrement vers les
Chameaux, par la disposition du canal
artériel des vertèbres cervicales. Ainsi ,
comme les Anoplotherium , le Macrauche-
nia lie les Pachydermes aux Ruminants,
mais non pas par les mêmes parties du
squelette, car c'est principalement par les
pieds que les Anoplothères ont quelque res-
semblance avec les Chameaux ; tandis que
dans le Mac. patachonica , car M. Owen
nomme ainsi cette espèce, c'est surtout par
les vertèbres. Cet animal, dont les dents ne
sont point encore connues , était de la gran-
deur de l'Hippopotame ou d'un Rhinocéros
de moyenne taille. (L...D.)
MACRE. Trapa. bot. ph. — La place de
ce genre dans la méthode naturelle n'est pas
encore parfaitement déterminée; A.-L. de
Jussieu le plaçait dans sa famille des Hydro-
charides , groupe assez hétérogène; mais il
faisait suivre l'exposé de ses caractères d'ob-
servations qui montraient que cette place
n'était à ses yeux que provisoire, et que plu-
sieurs caractères lui paraissaient devoir faire
ranger ce genre parmi les Onagraires. C'est
en effet» dans cette dernière famille que la
plupart des botanistes postérieurs à Jussieu
ont rangé leïYapa. Plus récemment, M. En-
dlicher a proposé de former avec ce genre
une petite famille à laquelle il a donné le
nom de Trapées, et qu'il a placée en quelque
sorte comme appendice à la suite de celle
des Haloragées. Dans le système sexuel de
Linné, les Macres appartiennent à la té-
trandrie monogynie. Ces plantes sont fort
remarquables par leur organisation. Ce sont
des herbes qui nagent dans l'eau des marais
et des lacs dans les parties moyennes de
l'Europe, et surtout dans les régions tropi-
cales et centrales de l'Asie. Leurs feuilles
sont dépourvues de stipules ; les inférieures,
qui restent sous l'eau, sont opposées, ré-
duites à leurs nervures, devenues capillai-
res et ressemblant assez à des racines très
rameuses; au contraire, les supérieures,
qui flottent en rosette à la surface du li-
quide, sont alternes ; leur limbe est rhom-
boidal, porté sur un pétiole qui se renfle,
vers le milieu de sa longueur, en une sorte
de vésicule remplie d'air, qui remplit assez
bien les fonctions d'une vessie natatoire.
Les fleurs sont axillaires, solitaires; le ca-
lice adhère à l'ovaire par la base de son
tube; son limbe est demi-supère , divisé
profondément en quatre lobes qui persistent
et dégénèrent en épines; la corolle est à 4
pétales insérés au-dessous du disque annu-
laire charnu qui entoure le sommet de l'o-
vaire ; 4 étamines alternent avec ces pétales,
et présentent la même insertion qu'eux ;
l'ovaire est demi-adhérent, creusé intérieu-
rement de deux loges qui contiennent cha-
cune un seul ovule suspendu à la cloison ,
au-dessous de son extrémité supérieure. Le
fruit qui succède à ces fleurs est une sorte
de noix dure et presque cornée , accompa-
gnée de 2 ou 4 pointes épineuses formées
par les lobes du calice , qui ont persisté et
se sont endurcis ; par suite de l'avortenicnt
d'un ovule et de l'oblitération d'une des
deux loges , il est uniloculaire, et renferme
540
MAC
MAC
une seule graine volumineuse, sans albu-
men , à cotylédons extrêmement inégaux ,
dont l'un remplit presque toute la graine et
se compose d'une masse très épaisse de tissu
féculent, dont l'autre est au contraire très
petit , et ne ressemble guère qu'à une pe-
tite écaille que des botanistes ont regardée
comme n'étant que la base pétiolaire du
second cotylédon avorté. A la germination ,
la radicule perce le sommet du fruit et vient
faire saillie au dehors; le gros cotylédon
reste caché dans la noix , tandis que le pe-
tit cotylédon rudimentaire en est écarté par
toute la longueur qu'acquiert le pétiole du
premier, et qu'à son aisselle se cache la plu-
mule sous la forme d'un petit mamelon.
Parmi les espèces, au nombre seulement
de 5 ou 6 , que renferme le genre Macre, il
en est une qui nous arrêtera quelques in-
stants: c'est la Macre flottante, Trapana-
tans Lin., qui est plus connue sous les
noms vulgaires de Châtaigne d'eau , Truffe
d'eau y Noix d'eau, Corniolle, Tribule d'eau,
Saligot, etc. Sa tige s'allonge dans l'eau, et
élève à la surface de ce liquide une grande
Josette de feuilles flottantes, rhomboïdales,
dentées à leur bord , à long pétiole renflé
vers son milieu. Ses fleurs se développent
de juin en août; elles sont petites , asilai-
res et presque sessiles, d'un blanc verdâtre;
elles donnent des fruits de la couleur et
presque du volume d'une châtaigne moyenne,
armés de quatre fortes cornes aiguës, oppo-
sées en croix, dont les deux supérieures sont
étalées horizontalement, dont les deux in-
férieures sont un peu ascendantes. Cette
plante se trouve dans les lacs et dans les
eaux douces stagnantes , mais non croupis-
santes, de l'Europe centrale et méridionale,
et d'une grande partie de l'Asie. Son fruit
ressemble , pour le goût , à celui de la châ-
taigne; mais il est plus fade. Dans quelques
contrées , il fournit un aliment utile , et il
est , sous ce rapport , d'autant plus avanta-
geux qu'on le récolle dans des lieux entiè-
rement perdus pour l'agriculture. On le
mange tantôt crû , tantôt, et plus habituel-
lement , rôti ou cuit sous la cendre. On doit
avoir le soin d'en faire la récolte aussitôt
qu'arrive la maturité; sans cela, il se déta-
che et tombe au fond de l'eau. La Macre
flottante permettrait d'utiliser un grand
nombre de marais et de pièces d'eau , et de-
vrait dès lors être plus répandue qu'elle ne
l'est encore , surtout dans les pays pauvres
et marécageux, où elle deviendrait une res-
source précieuse pour le peuple des campa-
gnes. Elle serait très avantageuse encore
sous ce rapport qu'elle n'exige absolument
aucun soin , et que , pour la multiplier, il
suffît d'en jeter les fruits mûrs dans l'eau.
Autrefois on regardait et on employait les
fruits de la Macre flottante comme astrin-
gents, et ses feuilles comme résolutives;
mais aujourd'hui les uns et les autres sont
tout-à-fait abandonnés sous ce rapport.
Dans la Chine et dans la Cochinchine, les
Macres sont l'objet de cultures assidues ; le»
espèces qu'on y cultive sont la Trapa bicor-
nis Lin., dans le premier de ces pays, et
le T. Cochinchinensis Lour., probablement
simple variété du T. bicornis , dans le se-
cond. (P. D.)
MACRÉE. géol. — Nom donné quel-
quefois au phénomène connu sous le nom
de Barre. Voy. ce mot.
MACREUSE. Oidemia. ois.— Delà nom-
breuse famille des Canards, dont Linné,
Latham et une foule d'autres ornithologistes
ne formaient qu'un seul genre, sont succes-
sivement sorties plus de trente divisions gé-
nériques. De ce nombre est celle que com-
posent les Macreuses, espèces qui , par leur
bec large, renflé, élevé, gibbeux à la ba<e
et près du front; par leur plumage unifor-
mément coloré d'une teinte sombre, se dis-
tinguent assez bien, en effet, des autres
Anatidées.
Au reste , quelques unes de leurs habi-
tudes naturelles, à défaut de caractères phy-
siques appréciables, pourraient, à la rigueur,
servir à les différencier. Tout ce qui a été
dit de la sociabilité des Canards , de leur
mode de reproduction et des circonstances
qui s'y rattachent, de leur disposition à se
plier à la domesticité , se pourrait dire des
Macreuses; elles ont donc, si l'on peut dire,
les mœurs générales des Canards, mais elles
ont en outre des habitudes qui leur sont
particulières.
On ne trouverait peut-être pas dans
toute la famille à laquelle elles appartien-
nent d'espèces qui volent aussi mollement
et moins longtemps. Elles ne se transpor-
tent ordinairement, au moyen de leurs ailes,
qu'à de faibles distances , et leur yoI est si
MAC
MAC
541
peu élevé qu'elles paraissent toujours raser,
en volant, la surface de l'eau. Il est rare de
les voir abandonner la mer pour gagner les
lacs intérieurs. Leur démarche, comme celle
de tous les oiseaux à tarses très reculés, est
peu gracieuse, lente et balancée; en un
mot, ce ne sont des oiseaux organisés ni pour
le vol ni pour la marche; mais, par com-
pensation, la faculté de nager et surtout
celle de plonger sont, chez les Macreuses, à
un très haut degré de développement. Elles
peuvent rester longtemps sous l'eau, et des-
cendre, en plongeant, à plus de 30 pieds de
profondeur. On a même observé qu'elles
ont, comme les Pétrels, ce singulier pouvoir
de courir sur les vagues , ce qui paraît bien
extraordinaire pour des oiseaux aussi lourds.
Lorsqu'elles pèchent, on les voit alternati-
vement paraître et disparaître; et ce qu'il
y a de curieux, c'est que dès qu'un individu
de la bande plonge, tous les autres l'imi-
tent. Elles vont ainsi chercher au fond de
l'eau, et enfouis dans le sable, les Mollusques
dont elles se nourrissent. L'espèce qu'elles
paraissent surtout préférer est un petit bi-
valve du genre Vénus; toutes , ou presque
toutes les Macreuses qui arrivent sur les
marchés de Paris, ont l'œsophage rempli de
cette espèce de Mollusque. Sur les côtes de
la Picardie, où ces oiseaux sont très abon-
dants pendant l'hiver, on leur fait une
chasse fort destructive , au moyen de filets
que Ton tend horizontalement à quelques
pieds au-dessus des bancs du coquillage dont
ils font leur nourriture. Les Macreuses, en
plongeant pour saisir leur proie, demeurent
empêtrées dans les mailles de ces filets.
C'est par les vents du nord et du nord-
ouest que les Macreuses arrivent chez nous,
depuis novembre jusqu'en février, par trou-
pes prodigieuses ; elles nous quittent en
mars et avril, pour regagner les régions du
cercle arctique, où elles vont se reproduire.
Les Macreuses ont été l'occasion de tant
de fables; leur nom seul, aujourd'hui en-
core, éveille l'idée d'un si grand préjugé,
qu'il ne sera pas hors de propos d'entrer
dans quelques considérations qui auront
pour objet l'histoire même de ce préjugé.
Il est peu de personnes qui ne sachent de
quel énorme privilège jouissait autrefois la
chair des Macreuses : on en permettait l'u-
eage en carême. Lorsqu'on cherche ce qui
avait pu faire tolérer cet usage , dans un
temps surtout où les lois d-2 l'Église con-
damnent toutes les autres viandes, on trouve
que cela tient à une erreur des plus bizar-
res, ou tout au moins que cette erreur en a
été le principal et le premier motif. Ainsi ,
depuis le xuie , et même avant, jusqu'au xvie
siècle, les naturalistes, les médecins, les phi-
losophes, etc., se sont beaucoup occupés de
l'origine des Macreuses. On voyait ces Oiseaux
apparaître spontanément en nombre consi-
dérable, et on ne pouvait dire en quel lieu,
sous quel ciel ils se reproduisaient. On con-
çoit que les esprits furent naturellement
portés à faire des conjectures. Les uns pen-
sèrent qu'ils naissaient du fruit d'un arbre
sur la nature duquel on n'était pas bien
d'accord , arbre qui croissait aux Orcades ,
disait-on ; d'autres voulurent que ce fût du
bois de Sapin pourri et flottant dans la mer,
des Champignons ou Mousses marines, d'une
sorte de coquillage qu'on nomme Anatife;
enfin des diverses matières végétales qui
s'attachent aux débris des navires. Une troi-
sième opinion, depuis longtemps émise par
Aristote pour d'autres animaux , tels , par
exemple, que les Rats, était que les Ma-
creuses s'engendraient de pourriture. Ces
opinions , que l'on trouve produites dans
beaucoup d'écrits d'alors, devenaient même
quelquefois le thème des poètes. On trouve,
par exemple, dans le poëme sur la Création
du monde, publié par Dubartas , en 1578,
des vers dans lesquels la genèse des Ma-
creuses est parfaitement tracée selon l'esprit
du temps. On ne saurait disconvenir que ce
ne soit, en très grande partie du moins, à
de pareilles idées qu'il faille rattacher cette
coutume ancienne de manger des Macreuses
aux jours dits maigres, c'est-à-dire durant
le carême. En effet , la croyance générale
étant qu'elles ne naissaient point par accou-
plement ni d'un œuf, mais plutôt de végé-
taux, les consciences se trouvant par ce fait
dégagées de tout scrupule, les conciles du-
rent en permettre l'usage. Le pape Inno-
cent III fut le premier à s'élever contre une
pareille tolérance; mais la coutume était
déjà trop invétérée pour qu'on tînt compte
de ses défenses. Bien plus, lorsque plus tard
on sut, par Gérard de Veer, qui venaitde faire
une troisième navigation vers le Nord , que
les Macreuses avaient la même origine que
542
MAC
MAC
tous les autres Canards, et qu elles nichaient
dans des contrées que Gérard de Veer croyait
être le Groenland, on dut chercher d'autres
raisons pour motiver une autorisation que
les rapports du voyageur venaient détruire.
Ces raisons, comme on le pense, furent bien-
tôt trouvées. On insinua que les plumes des
Macreuses étaient d'une nature bien diffé-
rente de celles des autres oiseaux ; que leur
sang était froid ; qu'il ne se condensait point
quand on le répandait, et que leur graisse
avait, comme celle des poissons, la propriété
de ne jamais se figer. Dès qu'on eut inventé
l'analogie qui existait entre ces derniers et
les Macreuses , et qu'on l'eut fait accepter,
ce qui avait été fait par les conciles persista.
Voilà d'où vient que l'on mangeait, et que,
dans quelques parties de la France, on mange
encore ces oiseaux en carême, en qualité de
chair maigre. Il est bon de dire que les pre-
miers écrivains qui nous ont laissé des dis-
sertations touchant l'origine des Macreuses,
ont été, en général, peu d'accord entre eux
sur les caractères de l'espèce. Les uns attri-
buaient le mode fabuleux de reproduction
dont nous avons parlé à l'Oie bernache, les
autres à l'Oie cravant ; ceux-ci aux vraies
Macreuses, ceux-là à d'autres espèces étran-
gères au genre Canard. Il en est résulté que,
sous le nom de Macreuses , on mangeait de
plusieurs espèces d'oiseaux. Du reste, cette
confusion existe encore de nos jours ; ainsi,
tandis que sur les côtes de l'Océan le vul-
gaire connaît; sous le nom de Macreuse,
des espèces de la famille des Canards , les
habitants des côtes de la Méditerranée et de
tout le midi de la France appliquent cette
dénomination à la Foulque macroule ( Fu-
lica atra)y et c'est sur elle, par conséquent,
qu'ils transportent la tolérance de l'Église.
On rapporte au g. Macreuse les espèces
suivantes :
1. La Macreuse double, Oi. fusca, Anas
fusca Un. (B\ifï.,pl. enl., 758). Tout le plu-
mage noir, avec un miroir blanc sur l'aile.
Habite les mers arctiques des deux mondes ;
de passage périodique sur les côtes de France,
de l'Angleterre et de la Hollande.
2. La Macreuse commune, Oi. nigra,An.
nigra Lin. (Buff. , pi. enl., 978). Toute
noire , sans miroir blanc sur l'aile. Habite
les régions du cercle arctique , et passe en
très grand nombre sur les côtes de France.
S. La Macreuse a large bec, Oi. perspi*
cillala , An. perspicillata Wils. ( Buff. , pi.
enl. , 995). Noire, sans miroir sur l'aile;
deux protubérances osseuses à la partie la-
térale du bec. Habite la baie d'Hudson et
de Baffin ; se montre accidentellement dans
les Orcades.
4. La Macreuse a face blanche, Oi. leu'
cocephala , An. leucocephala Lalh. Front,
joues, gorge et occiput d'un blanc pur ; som-
met de la tête d'un noir profond. Habite les
lacs salés des contrées orientales de l'Eu-
rope.
On a encore introduit dans ce g. , sous le
nom de Petite Macreuse , une espèce d'un
noir fuligineux, que MM. Milbert et La-
pylnie ont rencontrée à Terre-Neuve.
(Z. Gerbe.)
*MACROBIOTUS(^axpôç, long; St'os,vie).
■«- Nom proposé par M. Schultze pour des
animaux microscopiques nommés précé-
demment Tardigrades, et vivant dans la
mousse ou dans la poussière des toits.
M. Doyère , dans un travail approfondi sur
ces animaux , les a divisés en trois genres
bien définis, et il a adopté le nom de Ma-
crobiotus pour un de ces groupes. Ce genre,
qui contient toutes les espèces anciennement
connues, est caractérisé ainsi: « Tête sans
appendices; bouche terminée par une ven-
touse dépourvue de palpes. Peau molle, di-
visée seulement par des rides variables. Qua-
tre paires de pattes. » Les Macrobiotus ne
présentent d'ailleurs aucune trace de méta-
morphoses. L'espèce la plus connue est le
Macrobiotus Hufelandii, nommée aussi Arc-
tiscon Hufelandii, par Perty et Nitzsch ; son
corps, de forme cylindrique, transparent et
incolore, est long de 3 à 6 dixièmes de
millimètre. Ses œufs sont ronds, larges
de 7 centièmes de millimètre. On trouve
cette espèce dans toutes les mousses qui
croissent sur les toits , les murs, les pierres
isolées ou les arbres, ainsi que dans le sable
des gouttières. De même que les autres Tar-
digrades, les Rotifères et les divers habitants
des touffes de mousses qui croissent sur les
toits, les Macrobiotesont la faculté de s'en-
gourdir et de résister, sans périr, à la dessic-
cation la plus prolongée , pour recommen-
cer à vivre quand la pluie vient de nouveau
humecter et ramollir leurs organes. Voy,
tardigrades. (Duj.)
MAC
MAC
m;
MACROCARPUS, Bonnem. eot. cr. —
Syn. d'Ectocarpus, Agardh.
&1ACROCEPIIALUS, Oliv. ins. — Voy.
AKTHUBB.
MACROCEPHALUS (aaxpoç, gros; xs-
ycîk-n, tête), ins. — Genre de l'ordre des Hé-
miptères hétéroptères, tribu des Réduviens,
famille des Aradides, établi par Swederus
{Acad. des se. de Stockholm, 1837, p. 181,
pi. 8). L'espèce type de ce genre, le M. ci-
m ico ïdes Sw éd., se trouve dans l'Amérique du
Nord, en Colombie et au Brésil.
MACROCERA (/xaxpoç, long; x/pa;, an-
tenne), ins. — Genre de Tordre des Diptè-
res némocères , famille des Tipulaires , éta-
bli par Meigen et adopté par Latreille (Fam.
nat.). L'espèce type,MJutea, habite l'Europe.
MACROCERA G*«xpoç, long ; xepaç, an-
tenne), ins. — Genre de l'ordre des Hymé-
noptères Porte-Aiguillon , famille des Melli-
ficiens, établi par Spinola et différant des
Ewcères , dont il est voisin , par les palpes
maxillaires, qui n'ont que 5 articles au lieu
de 6. Ce genre renferme plusieurs espèces
d'Eucères, entre autres VEucera antennata
Panz.
*MACROCERATITES , Radd. eot. ph.
— Syn. de Mucuna, Adans.
MACROCERATIUM , DC. bot. ph. —
Syn. d'Andrsejowslcia, Reichenb.
*MACROCERCUS , Vieillot, ois.— Syn.
(l'Ara, Briss.
MACROCERCUS. infus.— Nom proposé
autrefois par Hill, pour des Vorticelles, et
plus spécialement pour celle qu'on nomme
aujourd'hui Epistylis plicalilis. Le pédon-
cule de ces Infusoires avait été pris pour une
queue par l'auteur anglais. (Duj.)
MACROCÈRE. Macrocera (p-oxpiç, long;
x/pa;, antenne), crust. — Nom proposé par
Mac-Leay, dans les Illusbr. zool., sud Afr.f
t. III, 1828, pour désigner un g. de Crusta-
cés dans l'ordre des Décapodes brachyures.
(H.L.)
*MACROCHEILUS (paxpôç, grand ; X" •
àoç, lèvre), ins. — Genre de Coléoptères pen-
tamères, famille des Carabiques, tribu des
îlelluonides deHope, attribué par cet auteur
à Kirby. Le type, le M. Bensoni de Kirby,
est originaire des Indes orientales. (C.)
MACROCHEIRUS fj*«xpoç, long;X£(>,
pied antérieur ). ins. — Genre de Co-
léoptères tétramères, famille des Curculio-
nidesgonatocères, division desRhynchopho-
rides, proposé par Dehaan et publié par
Schœnherr (Si/non. gen. et sp. Cucurl, t.
V, part. 8, p. 831). L'espèce type et uni-
que, le M. protor Schœnh., est de l'île de
Java. (C.)
*MACROCHILA(p.axpo';, Iongjx^oç, lè-
vre), ins. — Genre de l'ordre des Lépidop-
tères nocturnes, tribu des Tinéides, établi
par Stephens. L'unique espèce de ce genre,
M. rostrella, habite l'Allemagne et l'Aus-
tralie.
*MACROCHILUS (p«xpo«, long ; x£r>oç ,
lèvre), bot. ph. — Genre de la famille des
Lobéliacées-Délisséacées , établi par Presl
(Monogr. , 47). Arbres des îles Sandwich.
Voy. LOBÉLIACÉES.
*MACROCHLOA (p.axPo;, long;x>°«,
herbe), bot. ph. — Genre de la famille des
Graminées - Stipacées , établi par Kunth
(Gram., 58). Gramens des régions méditer-
ranéennes et occidentales de l'Europe. Voy.
graminées.
*MACROCNEMA , Még., Curtis. ins. —
Syn. de Psylliodes, Latreille. (G.)
MACROCNEMUM (f*«xpc's, long; xvf
pwj, rayon), bot. ph. — Genre de la famille
des Rubiacées-Hédyotidées , établi par P.
Brown (Jam., 165). Arbustes de la Ja-
maïque. Voy. rubiacées. — Welloz., syn. de
Remijia, DC.
*MACROCORYNUS ( paxpâç , long ; xo-
p-jv/j, massue), ins. — Genre de Coléop-
tères tétramères, famille des Curculionides
gonatocères, division des Phyllobides, créé
par Schœnherr (Dispositio meth. pag. 179 ;
Syn. gen. et sp. Curculion., t. II, p. 433,
7, p. 12). L'espèce type et unique, le M.
discoideus d'Olivier, est indiquée comme ori-
ginaire de l'Inde orientale. (C.)
MACROCYSTIS (p.axp9'ç, grand; xvV
tcç , vessie ). bot. cr. — Genre de la fa-
mille des Phycées-Laminariées , établi par
Agardh (Spec., I, 46). Algues gigantesques
croissant en abondance dans les régions de
l'hémisphère austral. Voy. phycées.
MACRODACTTLES. Macrodactyîa. ins.
— Tribu de Coléoptères pentamères, établie
par Latreille dans la famille des Clavicorncs
{Règne animal de Cuvier, t. IV, p. 516), et
qui renferme des insectes à jambes simples,
étroites, à tarses longs, de cinq articles dis-
tincts, dont le dernier est terminé par deux
644
MAC
MAC
forts crochets. Le corps est épais, convexe;
le corselet est arrondi, et se termine le plus
souvent de chaque côté par des angles aigus.
Cette tribu se compose des genres Potamo-
philus, Dryops (Parnus, F.), Elmis, Stenel-
mis, Macronychus et Georissus.
Latreille a changé, à l'errata de son ou-
vrage, le nom de Macrodactyles en Lepto-
dactyles. (C.)
MACRODACTYLES. Macrodactyli. ois.
— G. Cuvier (Règne animal) a établi sous ce
nom, dans l'ordre desÉchassiers, une famille
composée d'espèces qui doivent à leurs doigts
entièrement fendus et surtout fort longs la
faculté de pouvoir marcher sur les herbes
des marais. Ces espèces sont en outre remar-
quables par un corps singulièrement com-
primé, conformation qui est déterminée par
l'étroitesse du sternum. Leurs ailes sont mé-
diocres et leur vol faible. G. Cuvier compose
cette famille des genres Jacana, Kamichi,
Mégapode, Ralle, Poule d'eau, Talève et
Foulque. Vieillot a également admis une fa-
mille de Macrodactyles; mais, pour lui, les
seuls genres Ralle, Poule d'eau et Porphy-
rion ou Talève en font partie. EnGn Illiger
a, de son côté, établi sous le nom de Ma-
crodactyli une famille qui renferme les gen-
res Jacana, Ralle et Poule d'eau. (Z. G.)
MACRODACTYLUS (p«xpo?, long; êx*~
tuXoç, doigt), ms. — Genre de Coléoptères
pentamères, famille des Lamellicornes, tribu
dos Scarabéides phyllophages , créé par La-
treille (Règne animal de Cuvier, t. V, p. 562)
et adopté par Dejean. Ce genre renferme plus
de 20 espèces, qui toutes sont propres aux
deux Amériques. Nous citerons parmi celles
décrites les suivantes: M. lineatus Ch., lon-
gicollis, angustalus Lat., subspinosus F.,
hœmorrhous P. (saluralis Lap. ). Ces Insec-
tes ont le corselet long, presque hexagonal;
tous les articles des tarses sont semblables
dans les deux sexes, allongés et simplement
velus. (C.)
*MACRODES (f*oxPoç , grand ). ins. —
Genre de Coléoptères pentamères, famille des
Sternoxes, tribu des Élatérides, proposé par
Dejean, qui , dans son Catalogue, 3e édit.,
p. 106, y rapporte une seule espèce origi-
naire de la partie méridionale de l'Espagne.
Il la nomme M. slriatus. (C.)
*MACRODIPTERYX ( p.axpo; , long ;
Si: , deux; tctc/jov, aile), ois. — Swainson
a créé sous ce nom, dans la famille des En-
goulevents, un genre qui a pour type une
espèce que Shaw avait désignée depuis fort
longtemps sous le nom de Capr. longipen-
nis. (Z. G.)
MACRODOX, Arnott. bot. cr.— Syn. de
Daltonia, Hook.
*MACROD01\TIA (paxpo'ç, long; Mov'ç,
dent), ins. — Genre de Coléoptères subpen-
tamères (tétramères de Latreille), famille
des Longicornes , tribu des Prioniens , établi
par Serville (Annales de la Société entomol.
de Fr., tom. I, pag. 125, 139). Ce genre
renferme les 5 espèces suivantes, qui toutes
appartiennent à l'Amérique méridionale,
savoir : M. cervicornis Lin., Dejeanii Gy.
(Acteon Dj.), flavipennis Chvt. , serridens
Dj., crenata 01. (quadrispinosa Schr.,Ser-
villei Gy. ). Ce sont de grands et beaux in-
sectes; les mâles ont les mandibules plus
grandes que celles des femelles, et plus
longues que n'est leur tête. La M. cervi-
cornis vit sur le Fromager (Bombax, Lin.).
La larve est recherchée par les indigènes
comme un mets délicat. (C.)
MACROGASTER (p.«xpoç, long ; yowttfp ,
ventre ). ins. — Genre de l'ordre des Lépi-
doptères Nocturnes , tribu des Hépialides ,
établi par Duponchel ( Cat. des Lépidopt.
d'Eur., p. 81). L'unique espèce de ce genre,
M. arundinis, habite le nord de la France et
l'Allemagne.
MACROGASTER, Thunberg. ins. —
Syn. d'Atractocerus, Palisot-Beauvois. (C.)
*MACROGASTRES Jtf acrogastri. ms.—
Latreilledésignait ainsi autrefois une famille
de l'ordre des Coléoptères hétéromères. Elle
n'était composée que de 2 genres : Pyro-
chroa et Calopus , dont le premier rentre
maintenant dans la tribu des Sténélytres,et
l'autre dans celle des Tracbélydes. (C.)
*MACROGLENES (jxaxpoç , grand ;
vv) , œil), ins — Genre de l'ordre des Hymé-
noptères, tribu des Chalcidiens , établi par
Westwood (Lond. andEdinb. phil. mag., 3e
série, t. I, n° 2, p. 127). L'espèce type de
ce genre est le M. oculatus, trouvé aux
environs de Londres.
MACROGLOSSES. Macroglossi. ois. —
Famille établie par Vieillot, dans l'ordre
des Passereaux grimpeurs, pour des espèces
qui sont caractérisées par unelangue très lon-
gue, lombriciforme. Les seuls genres Pic et
MAC
MAC
545
Torcol font partie de cette famille. (Z. G.)
MAGROGLOSSUM (p-ocxpôç, long ; yXS»-
aa, langue), ins. — Genre de Tordre des
Lépidoptères Crépusculaires, tribu des Sphin-
gides, établi par Scopoli , aux dépens des
Sphinx. La principale espèce , M. stellata-
rum, est répandue dans une grande partie
de l'Europe.
MACROGLOSSUS (f*cwpoç, long ; y>«<r-
<r«, langue), mam. — Genre de Chéirop-
tères créé par Fr. Cuvier (Mamm., 38e liv.,
1822) et adopté par tous les zoologistes. Les
Macroglosses, qui appartiennent à la division
des Roussettes, se distinguent par leur mu-
seau très allongé, très menu, cylindrique,
acuminé, et assez semblable pour la forme à
celui des Fourmiliers ; par leur langue très
longue, cylindrique, et, dit-on, un peu
extensible , et par leurs dents , qui sont très
petites , quoique en même nombre que dans
les autres groupes de Roussettes.
On ne connaît qu'une espèce de ce genre :
c'est la Roussette kiodote , Pteropus mini-
mus E. Geoff. , Pteropus rostratus Horsf.
{Zool. ), qui est en dessus d'un roux clair,
en dessous d'un fauve roussâtre, et habite
Sumatra et Java. (E. D.)
MACROGNATHE. Macrognathus. poiss.
Voy. B.HYNCHOBDELLE.
*MACROGYl\E,Link etOtt. bot. ph.—
Syn. û'Aspidistra, Ker.
*MACROLENES (u.axpôç, grand; AUnf
l'avant-bras). ins. — Genre de Coléoptères
subpentamères (tétramères de quelques au-
teurs), tribu de nos Tubifères ( des Chry-
somélines de Latreille ) , créé par nous et
adopté par Dejean, qui {Catalogue, 3'édit.,
pag. 443)en mentionne 15 espèces : 10 ap-
partiennent à l'Afrique et 5 à l'Europe. Nous
indiquerons les suivantes : Clytra sexma-
culata , octopunctata, maxillosa de F., sex-
punctata et ruficoliis d'Olivier. Les mâles
ont les pattes antérieures excessivement lon-
gues. (C.)
*MACROLEPIS ( paxpo'ç , long ; Intiç ,
écaille), bot. ph. — Genre de la famille des
Orchidées-Dendrobiées , établi par A. Ri-
chard {Sert. Astrolabe 25, t. 19). Herbes
de l'île Vanikoro. Voy. orchidées.
MACROLOBIUM fcowpSç, long; >ogeov,
gousse), bot. ph. — Genre de la famille
des Légumineuses -Papilionacées - Caesalpi-
niées, établi par Schreber {Gen., n. 62).
t. VII.
Arbres de l'Amérique tropicale. Voyez lé-
gumineuses.
*MACROLOCERA (^axp0'5, grand; Fa-
>°'ç, velu; x/paç, antenne), ins. — Genre
de Coléoptères pentamères, famille des
Sternoxes , tribu des Élatérides, proposé par
Westwood et publié par M.Hope {the Trans-
actions of the Entomolog ical Society of Lond . ,
vol. I, pag. 13, pi. 1, f. 3). L'auteur décrit
2 espèces de la Nouvelle-Hollande : les M.
ceramboides et cœnosa. (C.)
*MACROMA(uaxpoç,grand;wpoç, épaule).
ins. — Genre de Coléoptères pentamères ,
famille des Lamellicornes , tribu des Scara-
béides Mélitophiles , proposé par Kirby, pu-
blié par MM. Gory et Percheron {Monogra-
phie des Cétoines , t. I, pag. 19, 53, 148).
Ce genre renferme 10 espèces d'Asie et d'A-
frique. L'espèce type, la M. sculellala F.,
est originaire de la Sénégambie. (C.)
*MACROMELEA (p.«xpo'ç, long,>sV,
membre), ins. — Genre de Coléoptères té-
tramères, famille ou tribu des Clavipalpes ,
établi par M. Hope {Coîeopterist 's manual ,
1840, p. 190). L'espèce type est la M. Wie-
demanni de l'auteur ; elle provient des In-
des orientales. (C.)
*MACROMERIA p.«xPo;, long; p.ep^,
tige), bot. ph. — Genre de la famille des As-
périfoliacées (Borraginées)-Anchusées, établi
par Don (in Edinb. new philosoph. journ. ,
XIII, 209). Herbes du Mexique. Voy. bor-
RAGINÉES.
*MACROMERIS (p-«xPoç, long; pfpoç,
cuisse), ins. — Genre de l'ordre des Hymé-
noptères Porte-aiguillon, tribu des Sphégiens,
famille des Sphégides, établi par Lepeletier
de Saint-Fargeau (Mag. zool., t. I, p. 29,
pi. 29), et renfermant 2 espèces {M. splen-
dida etviolacea) des Indes orientales.
*MACKOMERUM, Burchell. bot. ph.—
Syn. de Schepperia, Neck.
*MACROMERUS (f^xpo'ç, long; p.v)po5,
cuisse), ins. — Genre de Coléoptères tétra-
mères , famille des Curculionides gonato-
cères, division des Apostasimérides-Crypto-
rhynchides , créé par Schœnherr (Dispositio
methodica , pag. 285 ; Syn. gen. et sp. Cur-
culion., tom. IV, p. 183). Ce genre est
composé de 10 espèces américaines , parmi
lesquelles sont les M. chimaridis¥. {lanipes
01. ), crinilarsis Gr. et innoxius de Herbst.
Les pattes antérieures sont longues chez le.;
69
546
MAC
MAC
mâles , et les tarses , dans ce sexe , sont
ordinairement velus. (C.)
*MACROMi:RUS, Andr. Smith, mam.—
Syn. de Propithecus, Bennett. Voy. propi-
THÈQUE au mot INDRI.
*MACROMIA. ins.— M.Rambur (Insect.
névropt. Suites à Buffon) a désigné sous cette
dénomination, dans la tribu desLibelluliens,
groupe des Libellulites, une de ses divisions
génériques, dont il décrit 5 espèces exoti-
ques : M. cingulata Ramb., de l'Amérique
méridionale, M. trifasciata Ramb., de Ma-
dagascar, etc. (Bl.)
MACROMITRIUM (p.axpo's, long; iu'-
Tpa, coiffe), bot. cr. — Genre de la famille
des Mousses -Bryacées, établi par Bridel
(Mant., 132). Mousses des régions tropicales
et subtropicales croissant sur les arbres.
Voy. MOUSSES.
MACRONAX, Raf. bot. ph.— Syn. d'4-
rundinaria, Rich.
*MACRONEMA (pocxpoç, long; »%«,
fil), ins. — Genre de la tribu des Phry-
ganiens, de l'ordre des Névroptères , établi
par M. Pictet et adopté par M. Rambur. Les
Macronèmes se font remarquer par leurs
antennes très grêles et d'une longueur ex-
trême ; par leurs jambes intermédiaires et
postérieures munies d'éperons très dévelop-
pés, etc. (Bl.)
*MACRONEMUS (paxpo's, long; v^aotj
fil), ins. — Genre de Coléoptères subpenta-
mères, famille des Longicornes , tribu des
Lamiaires, proposé par Dejean (Catalogue,
3e édit. , pag. 363). Trois espèces font
partie du genre , les M . antennator , fili-
formis , Dej., et une nouvelle espèce , toutes
originaires de l'Amérique méridionale. (G.)
*MACROIMES (paxpuv, qui a une longue
tête), ins. — Genre de Coléoptères subpenta-
mères (tétramères de Lat.), famille des Lon-
gicornes, tribu desLepturètes, créé parNew-
mann (The Entomologist, pag. 34). L'espèce
unique, M. exilis, est originaire de la Nou-
velle-Hollande. (C.)
*MACRONEVRA fcaxpo';, long; vsvpa,
nervure), ins. — Genre de l'ordre des Dip-
tères némocères, famille des Tipuliciens
(Tipulaires, Latr.), groupe des Mycétophi-
lites, établi par M. Boisduval, qui n'y rap-
porte qu'une seule espèce d'Allemagne,
M. Winthenii.
*MACRONEVRA(p.«Xpoî, long; vcvpa',
nervure), ins. — Genre de l'ordre des Hymé-
noptères, tribu des Chalcidiens, famille
des Chlacidides, établi par Walker (Ent.
Mag.y t. IV, p. 354). L'espèce type, M. ma~
culipes , a été trouVée aux environs de Lon-
dres.
*MACRONOTA (paxpSç, long; v«toçv
dos), ins. — Genre de Coléoptères penta-
mères , famille des Scarabéides Mélito-
philes, créé par Wiedemann (Analectœ
Entomologicœ ) , adopté par MM. Gory et
Percheron ( Monographie des Cétoines , 1. 1 ,
pag. 19, 44). M. le docteur Schaum (An-
nales de la Société entom. de Fr., 1845, t. III,
2e série, pag. 43) y rapporte 24 espèces
rentrant dans 4 sections ; 2 de ces sections
se rapportent aux genres Chalcotheca et
Tœniodera de Burmeister; 23 sont origi-
naires d'Asie (Indes orientales), et 1 est pro-
pre à la Sénégambie. Nous citerons les 4 sui-
vantes, qui rentrent chacune dans l'une de
ces sections : M. smaragdula G.- P. (Java),
M. Diardi G. -P. (Bornéo) , monacha G. -P.
(Java)etajn'caZisG.-P. (Sénégambie). (C.)
*MACRONUS. ois. — Genre établi par
Jardine et Selby sur le Tirnalia trichorrhos
de Temminck. Voy. timalie. (Z. G.)
MACRONYCHES. Macronyches. ois. —
Sous ce nom Vieillot a établi, dans Tordre
des Échassiers , une famille qui a pour ca-
ractères : Bec médiocre, un peu renflé
vers la pointe ; ongles longs , presque droits,
aigus. Cette famille est uniquement compo-
sée du genre Jacana. (Z. G.)
MACRONYCHUS (paxpo'ç, grand; SwÇ,
ongle), ins. — Genre de Coléoptères penta-
mères, famille des Macrodactyles (Lepto-
dactyles), créé par Muller (Illiger, Mag.,
1806, t. V, p. 215) et adopté par Latreille
(Gênera Crust. et Ins., II, 258). Ce genre
est composé d'espèces vivant dans les eaux
courantes, n'y nageant pas, mais se tenant
accrochées par leurs ongles très robustes
aux mousses et aux pierres. Deux sont ori-
ginaires d'Europe, deux de l'Amérique du
Nord, et une est indigène du cap de Bonne-
Espérance. Nous citerons, parmi celles des
deux premières parties du monde, les
M. quadrituberculatus Mul. , caucasiens
Motsch. et variegatus St. (C.)
*MACRONYX. Macronyx fcaxpo'ç, long ,
Sw£, ongle), ois. — Genre de la famille
des Alouettes dans l'ordre des Passereaux t
MAC
MAC
547
caractérisé par un .bec médiocre, droit, à
arête légèrement recourbée; des narines
imes , grandes, oblongues; des ailes très
courtes ; des tarses allongés, à squamelles
latérales entières ; un pouce muni d'un
ongle très long et fortement recourbé.
Le type de ce g., dont Swainson est le
créateur, le seul oiseau, du reste, qu'on
puisse y rapporter , est I'Alouette du Gap ,
Al. capensis Lin. , M. flavicollis Swains.
(Levaill., Ois. tfAf., pi. 195), espèce assez
remarquable par la vive coloration de son
plumage. Elle a la gorge aurore encadrée
par une sorte de hausse-col noir, et au-des-
sus des yeux un trait orangé en forme de
sourcil.
Levaillant, dans son Histoire des Oiseaux
d'Afrique, a donné à cette Alouette le nom
spéciflque de Sentinelle , parce que son cri
exprime de la manière la plus précise les
mots : qui vive? qui viucPetquececri, elle
semble surtout se plaire à le répéter lors •
qu'elle voit passer près d'elle un homme
ou un animal quelconque. On rencontre
cette espèce seulement sur la côte orientale
d'Afrique , et très abondamment surtout
dans les prairies et sur le bord des rivières
qui sont aux environs du Cap. Les colons l'ap-
pellent Calkoentje, petit Dindon, et la recher-
chent beaucoup comme gibier. (Z. G.)
MACROPA , MACROPODIA , MA-
CROPUS. crust. — Syn. de Leptopodia et de
Stenorhynchus. Voy. ces mots. (H. L.)
MACROPE. Macropus. crust. — Voy.
MÉGALOPE. (H. L.)
MACROPÉDITES. ins. — Voy. màcro-
fODITES.
*MACROPELMUS, Mégerle, Dabi. ins.
— Syn. de Bagous, Germ., Sch. (C.)
MAGROPEZA (^axpo'ç, long ; ^/Ça, plante
du pied), ins. — Genre de l'ordre des Dip-
tères Némocères, famille des Tipuliciens (Ti-
pulaires, Latr.), établi par Meigen ( 1. 1,
p. 87). La seule espèce connue, M. albitar-
fts, habite l'Europe.
MACROPIITHALME. Macrophthalmus
(ftaxpôç, grand ; h^il^oq, œil), crust. — C'est
on genre de l'ordre des Décapodes brachyu-
■tes, de la famille des Catométopes, de la
tribu des Gonoplaciens, qui a été établi par
Latreille aux dépens du Cancer de Herbst,
et adopté par tous les carcinologistes. Les
Crustacés qui composent ce genre sont re-
marquables par les pédoncules oculaires, qui
sont très longs et grêles ; par le front, qui
est très étroit, n'occupant qu'environ le cin-
quième du diamètre transversal de la cara-
pace, et par le troisième article des pattes-
mâchoires externes, qui est beaucoup moins
grand que le précédent. Les espèces qui com-
posent ce genre sont au nombre de 7, et gé-
néralement répandues dans la mer des Indes :
cependant on en rencontre une espèce sur
les côtes de l'Ile de France. Sur ces 7 espè •
ces , il y en a 2 qui sont à l'état fossile. Le
Macrophthalme transversal , Macrophthal-
mus transversalis Lat., peut être considéré
comme le type de ce g. remarquable. (H. L.)
MACROPHTHALMUS, Lap. ins— Syn.
de Macrops, Burm.
*MACROPIlYLLA(F«xpoç, long ; yvttov,
feuille), ins. — Genre de Coléoptères pen-
tamères , famille des Lamellicornes , tribu
des Scarabéides phyllophages , créé par
M. Hope (Coleopterist's Manual, 1837, pag.
103), et qui a pour type la Melolontha lon-
gicornis de F., espèce indigène du cap de
Bonne-Espérance. (C.)
*MACROPHYLLUM(paxPo'ç, long ; <p«X-
Aov , feuille), mam. — Genre de Chéirop-
tères créé par M. Gray (Mag. zooï. etbot.,
II , 1838), et ne comprenant qu'une espèce,
M. Neuwiedii Gray {Phyllostoma macrophyl-
lum Neuw.), du Brésil. (E. D.)
*MACROPLEA, Hoffmans. ins.— Syn.
d'Hœmonia, Még. (C.)
MACROPODA(fxaxPoç, long; ttovç, pied).
mam. — Illiger ( Prodr. syst. Mam. et Av.,
1811 ) indique sous ce nom une famille
de l'ordre des Rongeurs , qui comprend les
genres Gerboise , Hélamys et Gerbille ,
ayant pour caractère commun des longues
jambes. (E. D.)
*MACROPODA (paxpoç, long; «ovç,
pied), ins.— Genre de Coléoptères hétéromè-
res , famille des Mélasomes, créé par Solier
(Ann. de laSoc.ent. deFr., t. IV, pag. 515),et
que l'auteur a placé parmi ses Collaptérides,
et dans sa tribu des Macropodites. Les trois
espèces suivantes, toutes originaires du Sé-
négal, font partie de ce genre, savoir : M. va-
riolaris (01. Pimelia) t Boyeri et rivula*
ris Sol. (C)
MACROPODE. Macropodus (paxpo'ç, long;
■ttoûç, itéSoç , pied), poiss. — Genre de l'or-
dre des Acanthoptérygiens, famille des Pha-
548
MAC
MAC
ryngiens labyrinthiformes, établi par Lacé-
pède , et adopté par MM. Cuvier et Valen-
ciennes (Hist. des Poiss., t. VII, p. 372).
Les Poissons ne diffèrent des Polyacanthes
(Voy. ce mot) que par une dorsale moins
étendue, qui se termine, ainsi que la ven-
trale et la caudale, par une pointe grêle et
plus ou moins allongée. On en connaît deux
espèces, nommées : Macrop. vert -doré,
\M. viridi-auratus Lac), et Beau-Macro-
à)de(1/. venustus Cuv. et Val.); toutes
deux habitent la Chine et les Indes. Leur
taille n'excède pas 15 centimètres.
*MACROPODIENS. Macropodii. crust.
— C'est une tribu de Tordre des Décapodes
brachyures, qui appartient à la famille des
Oxyrhynques,e t qui a été établie par M.Milne-
Edwards. Les Crustacés de cette tribu, qui
correspond à peu près au genre Macrope, tel
que Latreille l'avait d'abord établi, sont re-
marquables par la longueur démesurée de
leurs pattes: aussi les désigne-t-on souvent
sous le nom vulgaire d'Araignées de mer. La
forme de la carapace varie; mais en général
elle est triangulaire, et en quelque sorte re-
jetée en avant; très souvent elle ne s'étend
pas sur le dernier anneau thoracique. Les
pattes antérieures sont courtes et presque
toujours très grêles; celles des paires sui-
vantes sont toujours plus ou moins filifor-
mes; la longueur de celles de la seconde
paire égale quelquefois neuf ou dix fois la
longueur de la portion post- frontale de la
carapace, et excède toujours de beaucoup le
double de cette dernière mesure ; en général,
les pattes suivantes sont également très lon-
gues. Presque toujours l'article basilaire des
antennes externes constitue la majeure par-
tie de la paroi inférieure de l'orbite, et va
se souder au front. Enfin , chez la plupart
des Macropodiens , le troisième article des
pattes-mâchoires externes est ovalaire ou
triangulaire, plus long que large, et ne
porte pas l'article suivant à son angle anté-
rieur et interne, comme chez les autres
Oxyrhynques.
Ces Crustacés vivent ordinairement à d'as-
sez grandes profondeurs dans la mer, et s'y
cachent parmi les Algues ; on e«i trouve sou-
vent sur les bancs d'Huîtres. Leur démarche
est lente et paraît comme mal assurée. La
faiblesse de leurs pinces doit les rendre peu
redoutables aux autres animaux marins, et
il paraît probable qu'ils vivent principale"
ment d'Annélides, de Planaires et de petits
Mollusques. Cette tribu renferme une di-
zaine de genres , désignés sous les noms de
Stenorhynchus, Latreillia, Compilica, Lepto-
podia, Achœus, Inachus, Amathia, Eurypoda,
Egeria et Dioclœa. (H. L.)
M ACROPODINES etMACROPO-
DITES. crust. — Syn. de Macropodiens.
Voy. ce mot. (H. L.)
*MACROPODITES . Macropodit es. ins . —
Tribu de Coléoptères hétéromères , formée
par Solier [Ann. de la Soc. eut. de Fr.t t. IV,
p. 509), et faisantpartie de ses Collaptérides.
Elle est ainsi caractérisée : Écusson entière-
ment couché sous le prothorax ; cuisses posté-
rieures généralement allongées, dépassant
l'abdomen dans le mâle, et l'égalant en lon-
gueur dans l'autre sexe; tarses filiformes,
munis en dessous d'une rangée de cils épi-
neux sur chaque côté, etc., etc. L'auteur
rapporte à cette tribu les genres Megage-
nius , Macropoda , Adesmia , Stenocara et
Melropius. (C.)
MACROPODIUM (p.axp0'ç, grand; *oûç,
pied), bot. ph. — Genre de la famille des
Crucifères- Arabidées, établi par R. Brown
(m Alton Hort. Kew. edit., t. IV, 108). Her-
bes vivaces des Alpes altaïques. Voy. cru-
cifères.
*MACROPRION (paxpoç, long; wpiwv ,
scie), ins. — Genre de Coléoptères penta-
mères , famille des Clavicornes , tribu des
Byrrhides , établi par M. Hope ( Coleopte-
rist's Manual 1830, p. 108), avec les Anthre-
nus serraticornis et denticornis de Fab., pris
aux environs de Santa-Cruz. (C.)
*MACROPS (jutxpo'ç, long; &J, , œil).
rept. — M. Wagler ( Syst. amphib. , 1830 )
donne ce nom à l'une des nombreuses divi-
sions de l'ancien genre Coluber. Voy. cou-
leuvre. (E. D.)
*MACROPS(p.axPôç, long; S^a^oç, œil).
ins. — Genre de Coléoptères tétramères,
famille des Curculionides gonatocères, di-
vision des Phyllobides , établi par Kirby
(Fauna boreali Americana, pag. 199, pi. 8).
Ce genre, adopté par Schœnherr, renferme
deux espèces du Canada : M. maculicollis et
vitticollis Kirb. (C.)
*MACROPS 0*«xpoç, long ; <S\J,, œil), ins.
— Genre de l'ordre des Hémiptères hété-
roptères, tribu des Réduviens, famille des
MAC
MAC
549
Réduviides , établi par Burmeister (Handb.
der ent. , t. II , p. 233 ). On n'en connaît
qu'une espèce, M. pollens, du Brésil.
MACROPTÈRES, Dum. ois. — Syn. de
Longipennes ( voy. ce mot). Pour M. de
Blainville ( Tableaux du Règne animal) , la
famille des Macroptères ne comprend que le
g. Larus de Linné. (Z. G.)
MACROPTÉRONOTE. poiss. — Voyez
SILURE.
*MACROPTERUS(f*axpoç, long ; nxepèv,
aile), ins. — Genre de Coléoptères tétra-
mères, famille des Gurculionides gonato-
cères , division des Brachydérides , créé par
Boheman [Schœnherr Gêner, et sp. Curcu-
lion. syn., tom. 6 , pag. 419). Les 4 espèces
suivantes, toutes originaires du Brésil , y
ont été rapportées par les auteurs, savoir :
M. longipennis , acuminatus , semicostatus
et chlorostomus. (C.)
MACROPTERIX , Swains. ois. — Di-
?ision du genre Hirondelle. Voy. ce mot.
MACROPUS. mam. — Voy. kanguroo.
MACROPUS , Spix. ois. — Synon. de
Diploplerus, Boié. ( Z. G.)
*MACROPUS Oxaxpoç, long; «oûç, pied).
ins. — Genre de Coléoptères subpentamères,
tétramères de Latreille , famille des Lon-
gicornes , tribu des Lamiaires , attribué à
Thunberg par Serville , et dont les carac-
tères ont été publiés par ce dernier auteur
{Ann. de la Soc. ent: de Fr., t. IV, pag. 18).
Deux espèces en font partie : les Cerambyx
trochlearis Linn., et accentifer 01. (tuber-
culatus F.) ; la première est originaire de
Cayenne, et la seconde du Brésil. Dejean les
réunit aux Acrocinus. (C.)
*MACROPYGIA. ois.— Genre établi par
Swainson dans la famille des Pigeons. Voy.
ce mot. (Z. G,)
MACRORAMPHE. Macroramphus,
Leach. ois. — Division du genre Bécasse.
Voy. ce mot. (Z. G.)
MACRORAMPHOSE. poiss. — Voyez
SILURE.
* MACRORHIMJS ( paxpôç , long ; p,'v ,
îez). mam. — Fr. Cuvier (Dict. se. nat.,
XXXIX, 1826) désigne sous ce nom un
groupe formé aui dépens de l'ancien genre
Phoque. Voy. ce mot. (E. D.)
*MACRORHINUS, Latreille. ins.— Syn.
û'Eurhinus, Sch. Voy. ce mot. (C.)
♦MACRORHYNCHIUIW, Reichenb, bot.
ph. — Syn. de Trochoseris , Pœpp. etEndl.
*MACRORHÏNCHUS, Less. bot. ph.—
Syn. de Trochoseris, Pœpp. et Endl.
* MACRORHYNCHUS (fxaxpoç, long;
puyx0?» rostre), rept. — Division générique
de l'ordre des Sauriens, d'après M. Dunker
(Jahreb. F. min., 1844). (E. D.)
MACRORHYNQUE. poiss. — Voy. syn-
gnathe.
MACROSCÉLIDE. Macroscelides ( P«-
xpoç, grand ; axelo;, cuisse), mam. — Genre de
Carnivores insectivores proposé par M.Smith
(S. afr. quart. J., 1829) et généralement
adopté. Les Macroscelides ont un museau
allongé en forme de petite trompe assez
semblable à celle du Desman, mais plus ar-
rondie ; ils ont le système dentaire des Insec-
tivores ; il y a vingt dents à chaque mâchoire,
et les molaires sont hérissées de pointes; les
yeux sont médiocres ; les oreilles grandes, et
les pieds plantigrades et à doigts onguicu-
lés; les ongles sont à demi réticulés; leur
queue est allongée; leurs jambes postérieu-
res sont de beaucoup plus longues que les
antérieures. D'après ce dernier caractère,
les Macroscelides représentent, parmi les In-
sectivores, les Gerboises, qui appartiennent
à l'ordre des Rongeurs, et, si l'on veut, les
Kanguroos , qui sont de la grande division
des Didelphes : ils ont le port extérieur des
uns et des autres ; mais la nature de leurs
organes génitaux les éloigne considérable-
ment des Didelphes, tandis que la forme et
la disposition de leurs dents ne permettent
pas de les placer avec les Rongeurs, mais au
contraire parmi les Insectivores.
Les Macroscelides habitent l'Afrique; on
en connaît aujourd'hui 3 espèces, 2 du cap
de Bonne-Espérance, et l'autre de Bar-
barie.
Macroscélide type, Macroscelides typus
Smith. Petiver (Opéra historiam naturalem
spectantia, pi. 23, fig. 9) avait, il y a déjà
longtemps, indiqué et même représenté cette
espèce sous le nom de Sorex araneus maxi-
mus Capensis; mais la figure de Petiver n'a-
vait pas inspiré une confiance suffisante aux
zoologistes, et l'on n'avait pas admis cette
espèce. Ce n'est que dans ces derniers temps
que M. Smith a véritablement fait connaî-
tre ces animaux, et, depuis, plusieurs indi-
vidus en sont arrivés dans diverses collec-
tions mammalogiques.
650
MAC
LeMacroscélide type a la partie supérieure
du corps revêtue de poils d'un gris noirâtre
dans la plus grande partie de leur longueur,
puis noirs et enfin fauves à leur pointe, et
paraissant dans son ensemble d'un fauve
varié de brun, couleur qui diffère peu de
celle du Lièvre commun; les poils de la face
concave des oreilles sont blanchâtres; ceux,
moins nombreux encore, de la face convexe,
sont d'un fauve roussâtre; le dessous du
corps, dont les poils sont noirs à la racine,
blancs à la pointe, la face interne des avant-
bras et des jambes, ainsi que les mains et
les pieds, sont blancs; la queue, variée de
roux brunâtre et de blanchâtre à son origine,
est noire dans le reste de son étendue. La
longueur totalede l'animal est de25centim.,
sur lesquels la queue est pour 10 à 11 cen-
tim., et la tête , y compris la trompe, pour
5 à 6 centimètres à peu près.
Cette espèce habite le cap de Bonne-Es-
pérance.
Une autre espèce du même pays a été dé-
crite également par M. Smith sous le nom
de Macroscelides rupestris (Proceedings of
the zoological Society of London, I, 1830).
Enfin, la dernière espèce est le Macroscé-
lide de Rozet, Macroscelides Rozeti Duver-
noy (Me'm. de la Soc. d'hist. nat. de Stras-
bourg). Cette espèce ressemble beaucoup au
Macroscélide type ; elle est seulement un peu
plus grande. Son pelage, sur tout le corps, la
tête, les cuisses et les bras, est gris de sou-
ris, plus fauve en dessus qu'en dessous, et
varié d'un peu de jaune et de brun, comme
on le voit chez les Rats; les moustaches sont
longues et composées de poils dont la couleur
est jaune, grise ou noire ; les oreilles sont
couvertes d'un épiderme sale, ayant très peu
de poils ; la queue paraît formée de petits an-
neaux écailleux et imbriqués, ce qui tient à la
disposition de l'épiderme ; elle porte des poils
raides, peu nombreux. Ses mœurs sont dou-
ces, et on peut, dans certaines circonstan-
ces, le tenir en captivité, comme on le fait
pour plusieurs Rongeurs. Il se nourrit de
graines de plusieurs sortes ; mais il pré-
fère à tout autre aliment les Insectes , et ,
lorsqu'on lui en présente, il les saisit avec
avidité.
Le Macroscélide de Rozet habite la Bar-
barie; fl se trouve dans plusieurs points de
nos possessions africaines: à Bone, àOran,
MAC
où on le connaît sous le nom de Rat à trompe;
on assure même qu'on le rencontre aux en-
virons d'Alger. (E. D.)
MACROSCEPIS (puxxpoç, long; a*/™,,
abri), bot. ph, — Genre de la famille des
Asclépiadées-Cynanchées , établi par H.-B. l,
Kunth (in Humb. et Bonpl. Nov. gen. et
sp. III, 200, t. 233). Sous-arbrisseaux de
l'Amérique tropicale. Voy. asclépiadées.
*MACROSOMA ( p.ocxpoç , long ; oSp* ,
corps), ins. — Genre de Coléoptères pen-
tamères, famille des Lamellicornes, tribu
des Scarabéides phyllophages , créé par
M. Hope (Coleopterist's Manual, 1837,
pag. 109). 4 espèces font partie de ce genre:
les Mac. glaciale, striatum, testaceum et
lurida de Fab. (Melolonthà) ; les 3 premières
sont originaires de la Terre-de-Feu, et la
4e, de patrie inconnue , provient sans doute
des contrées voisines. (C.)
* MACROSPONDYLUS ( fxaxpoç, long;
ctttovcîvAoç, mâchoire), rept. — M. Hermann
von Meyer ( Palœolog. , 1832) désigne ainsi
un groupe de Sauriens. (E. D.)
*MACROSPORIUM (uaxpoç, long ; cno-
pa, spore), bot. cr. — Genre de Champi-
gnons appartenant à la classe des Trichospo-
rés, caractérisé par un mycélium rampant
visible à la loupe seulement, duquel s'élèvent
des spores allongées , obtuses à l'extrémité,
libres et terminées par un pédicelle plus ou
moins long; elles sont divisées par cloisons
longitudinales et verticales, et ne renfer-
ment dans leur intérieur aucune apparence
de sporidioles. On observe les espèces de ce
genre , qui a la plus grande analogie avec
l' Helminthosporium , sur les feuilles et les
tiges des plantes qui commencent à se dé-
composer. (LÉv.)
*MACROSPORUM, DC.bot. ph.— Syn.
de Sobolewskia, Bieberst.
MACROSTEMA, Pers. bot. ph. — Syn.
de Quamoclit , Tournef.
*MACROSTEMJS (fxaxpoç , long ; crevoc,
étroit), ins. — Genre de Coléoptères pen-
tamères, famille des Brachélytres , propose
par Dejean (Catalogue, 3e édit., pag. 73),
qui ne mentionne que le M. Lacordairei:
espèce originaire du Brésil. (C.)
MACROSTOMES. Macrosomata. moll.
— Famille établie par Lamarck (Anim. sans
vert., 2e édit., t. IX, p. 6) et caractérisée
principalement par une coquille auriforme.
MAC
MAC
5.M
à ouverture très évasée, et à bords désunis;
point de columelle ni d'opercule. Cette fa-
mille qui, par ses rapports, semble avoisiner
celle des Turbinacés , renferme les genres
Sigaret , Stomatelle, Stomate et Haliotide.
*MACR0ST0MIUM (paxpoç, grand;
«topa , ouverture), bot. ph. — Genre de
la famille des Orchidées-Dendrobiée9, établi
par Blume (Bijdr., 335, fig. 37). Herbes
de Java. Voy. orchidées.
MACROSTYLIS (fxaxpo'ç, grand; <rn5Àoç,
style ). bot. ph. — Genre de la famille des
Diosmées-Eudiosmées, établi par Bartlinget
Wendland f. {Diosm. 191 , t. 3, f. 8). Ar-
brisseaux originaires du Cap. Voy. ruta-
CÉES.
*MACROSTïLUS(m.ocxPoç, long ; <ttwXoç,
appui, tige), ins. — Genre de Coléoptères
tétramères, famille des Curculionides gona-
tocères, division des Brachydérides, créé par
Schœnherr (Gen. et sp. Curculion. synony.,
tom. V, 2e part., pag. 921 ). L'espèce type
et unique, le M. crinius Schr., est origi-
naire du Brésil. (C.)
MACROTARSII. mam. — Illiger (Prodr.
syst. Mam. et Av. , 1811 ) a formé sous le
nom de Macrotarsii une famille de Mammi-
fères comprenant les genres Tarsier et Ga-
lago. Voy. ces mots. (E. D.)
MACROTARSUS. mam. — Voy. tarsier.
MACROTARSUS, Lacép. ois. — Synon.
é'Himantopus, Briss. — Voy. échasse. (Z.G.)
*MACROTARSUS 0*<xxpoç, long; rapjo'ç,
tarse ). ins. — Genre de Coléoptères tétra-
mères , famille des Curculionides gonato-
cères , division des Molytides , créé par
Schœnherr ( Gen. et sp. Curculion. synony.,
tom. 6, 2e part. pag. 337). L'auteur dé-
crit les M. Falderrnanni, Balthelsii et Mots-
choulskii; le premier est originaire de la
Mongolie, le second, des bords de la mer
Caspienne, et le troisième delà Sibérie. (C.)
*MACROTELUS (p.axP°ç, long; xfaç$
fin), ins. — Genre de Coléoptères penta-
mères , famille des Malacodermes , tribu des
Clairones, établi par Klug (Versuch einer
systematichen Bestimmung, etc., 1842 ) et
considéré par Spinola {Monographie des Clé-
rites , tom. I, pag. 125) comme tétramère
et se rapportante son genre Monophylla,
qui est cependant postérieur de publication.
Les Macrotelus n'ont que 10 articles aux an-
tennes, et le dernier est à lui seul aussi long
que les autres pris ensemble. L'espèce type,
le M. terminatus Say, KL, est originaire de»
États-Unis. (C.)
*MACROTnECnJM, Brid. bot. cr.—
Syn. de Megalangium, Brid.
* MACROTHERIUM (p-axpo'ç, long;
Guptov, bête féroce), mam.— M. Lartet (Insti-
tut, 1837) désigne ainsi un groupe d'Éden-
tés fossiles. Voy. mégathérioides. (E. D.)
*MACROTHRIX(p.axpo'ç, long; ePt'Ç,poil).
crust. — Genre de Crustacés, de la famille
des Daphnidées, établi par M. Baird, aux dé-
pens des Daphnia des auteurs, et dont l'es-
pèce type est le Macrothrix laticornisBàird
(Mag. of natur. Hist., t. II, p. 37, pi. II,
fig. 9àl0; LynceuslaticornisDesm.).(H.L.)
*MACROTIS (jxaxpoç, long; oSç, «to'ç ,
oreille), ins. — Genre de Coléoptères hété-
romères , famille des Mélasomes , tribu des
Asidites, formé par Dejean (Catal., 3e éd.,
pag. 207). L'espèce type et unique, la M.
dilaticollis de l'auteur, est originaire du
Mexique. (C.)
MACROTOMA. ins. — Voy. tomoce-
rus. (H. L.j
* MACROTOMA (pwcxpoç, long; top»,
coupure), ins. — Genre de Coléoptères sub-
pentamères, tétramères de Latreille , fa-
mille des Longicornes, tribu des Prioniens,
proposé par Dejean et publié par Serville
(Annales de la soc. ent. de Fr., tom. I,
pag. 124 , 1 37 ). Ce genre est composé d'une
vingtaine d'espèces propres à l'Afrique et à
l'Asie. Nous citerons comme en faisant par-
tie les M. palmala , Lugonum , serripes Def.
et castanea 01.; le 3e est l'un des plus grands
Coléoptères connus. Ces insectes ont les
antennes filiformes, et leurs articles sont
très allongés. (C.)
*MACROTOPS (p.«xpoç,long; &J>, œil).
ins. — Genre de Coléoptères pentamères,
famille des Lamellicornes , tribu des Scara-
béides phyllophages, établi par Mac-Leay et
adopté par Dejean (Catalogue, 3e édit.,
pag. 181), qui en mentionne 4 espèces,
toutes originaires de la Nouvelle-Hollande;
les M. mausta , Mb., rufipennis, australis et
masta Dej. et Delaporte. (C.)
*MACROTRICHUM, Grev. bot. cr. —
Syn. de Trichothecium, Lnk.
MACR0TR0P1S (paxpoç, grand; Tpo'*
iciç, carène), bot. ph. — Genre de la famille
des Légumineuses-Papilionacées-Sophoiées,
552
MAC
établi par de Candolle (Prodr. II, 183).
Arbrisseaux de la Chine. Voy. légumineuses.
MACROTYS, Rafin. bot. ph. — Syn. de
Botrophis, Rafin.
MACROURE. Macrourus , Bloch. poiss.
— Syn. de Lépidolèpre. Voy. ce mot.
MACROURES. Macrouri. crust. — Ce
nom désigne, dans la classe des Crustacés,
une grande division de l'ordre des Décapo-
des, qui a pour type l'Écrevisse {voy. ce
mot), et comprend tous les Crustacés à
branchies thoraciques internes les mieux or-
ganisés pour la nage. On les reconnaît faci-
lement au grand développement de leur ab-
domen et à la grande nageoire , en forme
d'éventail , qui termine postérieurement
leur corps.
La carapace des Macroures est presque
toujours plus longue que large, et en géné-
ral ne se prolonge que peu ou point latéra-
lement au-dessus de la base des pattes; d'or-
dinaire, il n'y a point de ligne de démarca-
tion entre les pièces supérieures et latérales
de ce bouclier, et ces régions branchiales se
réunissent presque sur la ligne médiane du
dos, mais restent séparées de la région sto-
macale par un sillon. Le front est en géné-
ral toujours armé d'un rostre qui recouvre
l'anneau ophthalmique. Les divers anneaux
du thorax sont en général soudés entre eUx ;
quelquefois cependant le dernier segment
est mobile. Le sternum est très étroit en
avant, linéaire chez la plupart de ces ani-
maux , et ne constitue pas un plastron ven-
tral. Les flancs sont à peu près verticaux,
et les cloisons apodémiennes se réunissent
de manière à former un canal sternal mé-
dian, qui loge le système nerveux, l'artère
sternale, etc., etc. Les antennes sont géné-
ralement très développées ; celles de la pre-
mière paire ne se reploient jamais dans une
fossette , comme chez la plupart des Bra-
chyures et des Anomuures ; leur pédoncule
est allongé, et elles portent en général deux
ou quelquefois même trois filets terminaux,
grêles, sétacés et très longs. Les antennes
externes présentent presque toujours au-
dessus de leur base un appendice qui repré-
sente le palpe de ces membres. Le cadre
buccal est en général à peu près carré , et
n'est pas distinctement séparé de l'épistome.
Les pattes-mâchoires externes ne sont pres-
que jamais operculiformes, et sont en géné-
MAC
rai dépourvues d'appendices flabelliformes.
Les mandibules sont robustes , mais man-
quent quelquefois d'appendice palpiforme.
Les pattes thoraciques sont en général lon-
gues et grêles. Celles de la première paire,
ou des deux premières paires , se terminent
le plus souvent par une pince didactyle.
L'abdomen est presque toujours plus grand
que le thorax, et présente une épaisseui
considérable ; les sept anneaux qui le com-
posent sont mobiles; les cinq premiers por-
tent d'ordinaire chacun une paire de fausses
pattes natatoires et deux pattes terminales,
longues et ciliées sur les bords. Les appen-
dices du sixième anneau sont beaucoup plus
grands , avec leur article basilaire court ,
mais portant deux lames très grandes , qui
constituent , avec la pièce médiane formée
par le septième anneau, une grande nageoire
caudale à cinq feuillets disposés en éventail.
L'organisation intérieure des Macroures dif-
fère également de celle des Brachyures , et
même de celle des Anomoures. Leur système
nerveux se compose deganglionsdontla con-
centration est bien moindre; les centres
nerveux du thorax sont souvent tous distincts,
et il existe une série de six ganglions dans
l'abdomen. La disposition du système circu-
latoire, et surtout du sinus veineux, présente
des particularités qui ont déjà été signalées
à l'article crustacés (voy. ce mot). Les bran-
chies sont en général beaucoup plus nom-
breuses que chez les Brachyures , et sont
insérées , comme chez la plupart des Ano-
moures , par groupes de deux , de trois ou
de quatre au-dessus des diverses pattes ;
presque toujours il en existe jusque sur le
dernier anneau thoracique , et souvent ces
organes, au lieu d'être composés de lamelles
parallèles, sont formés d'une multitude de
petits cylindres disposés comme les poils
d'une brosse. Enfin il n'existe pas de poches
copulatrices , et les ouvertures des oviduc-
tes sont toujours situées sur l'article basi-
laire des pattes thoraciques de la troisième
paire.
Ces Crustacés sont essentiellement na-
geurs ; ils ne marchent que peu et ne sor-
tent pas de l'eau. L'abdomen et la grande
nageoire caudale qui le termine sont leurs
principaux organes de locomotion , et c'est
à reculons qu'ils nagent toutes les fois qu'ils
veulent se mouvoir avec vitesse , car alors
MAC
ils frappent l'eau en reployant en bas et en
avant cette espèce de rame terminale. On
peut diviser ce groupe de Crustacés en qua-
tre familles naturelles désignées sous les
noms de Macroures cuirassés, Thalassiniens,
AstaciensetSalicoques.Foy. ces mots. (H. L.)
MACROURES CUIRASSÉS, crust. —
C'est une famille de la section des Décapo-
des macroures établie par M. Milne-Ed-
wards, dans son Histoire naturelle sur les
Crustacés. Cette famille se compose princi-
palement de Macroures remarquables par
l'épaisseur et la dureté de leur squelette
tégumentaire. et dont la face inférieure du
thorax est revêtue d'un plastron très large
vers la partie postérieure, quoique étroit en
avant. La carapace est, en général, plus large
et plus déprimée que dans les autres familles
de la même section. La conformation des an-
tennes varie, mais il est à noter que celles
de la deuxième paire ne portent jamais au-
dessus de leur portion basilaire une écaille
mobile, comme cela se voit toujours chez les
Salicoques. La conformation des pattes varie:
les fausses pattes abdominales sont moins
développées que dans les familles suivantes,
et ne présentent souvent qu'une seule lame
terminale foliacée. Enfin, nous ajouterons
que, dans ce groupe, la centralisation des
ganglions nerveux du thorax paraît être por-
tée «lus loin que dans aucun autre Crustacé
macroure.
Cette famille renferme 5 tribus désignées
sous les noms deGalathéides, Éryons, Scyl-
larideset Langoustiens. V. ces mots. (H. L.)
MACROXUS. mam. — Voy. guerlinguet
au mot écureuil.
MACRURES. Macrura. crust. — Syn.
de Macroures. Voy. ce mot. (H. L.)
MACTRACÉES. Mactraceœ. moll. —
Famille établie par Lamarck dans le groupe
des Conchifères ténuipèdes ( Animaux
sans vertèbres , 2e édit., t. VI, p. 86), et
dont les caractères principaux sont : Co-
quille équivalve, le plus souvent bâillante
aux extrémités latérales; ligament inté-
rieur avec ou sans complication de ligament
externe.
Les Mactracées ont de grands rapports
avec les Myaïres , mais elles en diffèrent
par l'animal, qui a le pied petit, comprimé,
et propre à ramper ou changer de lieu. Cette
'famille renferme sept genres, nommés Lu-
T. VII.
MAD
553
traire, Mactre, Crassatelle, Érycine, Ongu-
line, Solémye, Amphidesme.
MACTRE. Mactra (uaxrpa, vase). moll.—
Genre de Mollusques de la famille des Mactra-
cées de Lamarck, établi parLinné, qui y réu-
nissait des coquilles offrant entre elles une
certaine ressemblance extérieure. Ce genre,
étudié avec soin par les naturalistes moder-
nes, a été débarrassé de toutes les espèces qui
pouvaient rendre ses caractères inexacts ; ces
espèces ont été dispersées : les unes dans les
Lutraires , d'autres dans les Crassatelles ou
dans les Lucines, et ainsi modifié, le g. Mac-
tre a été généralement adopté avec les carac-
tères suivants (Lam., 4mm. sansvert. , 2e éd. ,
t. VI, p. 96) : Coquille transverse, inéquilaté-
rale, subtrigone, un peu bâillante sur les cô-
tés, à crochets protubérants; une dent cardi-
nale comprimée, pliéeen gouttière sur cha-
que valve, et auprès une fossette en saillie;
deux dents latérales rapprochées de la char-
nière, comprimées, intrantes; ligament in-
térieur inséré dans la fossette cardinale.
L'animal est très voisin de celui des Vé-
nus; par le côté postérieur de la coquille,
i! fait sortir deux tubes qu'il forme avec son
manteau, et par l'autre un pied musculeux
comprimé.
Le genre Mactre renferme un assez grand
nombre d'espèces qui vivent dans toutes les
mers , enfoncées dans le sable à une petite
distance des rivages; elles sont générale-
ment trigones, d'un blanc fauve ou d'un
blanc pur , lisses ou ridées , ou sillonnées
transversalement. On en connaît aussi quel-
ques unes à l'état fossile qui se trouvent dans
les couches postérieures à la craie.
MACUSSON ou MARCUSSON. bot. ph.
— Nom vulgaire de la Gesse tubéreuse. Voy.
GESSE.
MADABLOTA , Sonner, bot. ph. —Syn.
â'Hiptage, Gœrtn.
*MADARACTIS (^«poç, sans poils ; âx-
Tt'ç, rayon), bot. ph. — Genre de la famille
des Composées-Sénécionidées, établi par De
Candolle (Prodr. VI, 439). Herbes de l'Inde
Voy. COMPOSÉES.
*MADARIA(/*a<?apo?, sans poils), bot. pb.
— Genre de la famille des Composées-Sé-
nécionidées, établi par De Candolle {in Mem.
Soc. hist. nat. gcnev., VII, 280, 691). Her-
bes de la Californie. Voy. composées.
*MADARQGLOSSA faixSxpée, sans poils;
70
551
MAD
MAD
yliïsea, langue), bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Composées-Sénécionidées, établi
par De Candolle (Prodr., V, 694). Herbes
de la Californie. Voy. composées.
*MADARUS (fiaSapéç, glabre, lisse).
ins. — Genre de Coléoptères pentamères,
famille des Curculionides gonatocères , di-
vision des Apostasimérides Baridides , créé
parSchœnherr (Dispositio methodica, p. 273;
Gêner, et sp. Curculion. synonyn., tom. 3,
pag. 8, 1, 105 et 626). 14 espèces, toutes
d'Amérique, rentrent dans ce genre; nous
citerons comme ayant été anciennement dé-
crites, les suivantes : M. quadripustulatus ,
corvinus et ebenus de Fabricius. (C.)
*MADEA, Soland. bot. ph.— Syn. de
Boltonia, Hérit.
MADIA. bot. ph. — Genre de la famille
des Composées-Sénécionidées, établi par
Molina (Chil, 113). Herbes du Chili, an-
nuelles, droites, villeuses, chargées de poils
au sommet; à feuilles inférieures opposées,
les supérieures alternes, semi-amplexicaules,
oblongues , très entières; à fleurs jaunes se
montrant à l'aisselle des feuilles ou au som-
met des rameaux; à semences oléagineuses.
On ne connaît encore que deux espèces
de ce genre; l'une sauvage, le Madiamel-
losa; l'autre cultivée , le Madia sativa. On
retire de cette dernière, soit par expression,
soit par la simple coction , une huile très
douce que l'on peut comparer à l'huile d'o-
live, et qui lui est peut-être même préféra-
ble par le goût. Elle peut être employée
avantageusement dans les préparations phar-
maceutiques.
*MADOPA. ins. — Genre de l'ordre des
Lépidoptères nocturnes, tribu des Pyrali-
des, établi par Stephens, qui n'y rapporte
qu'une seule espèce , M. salicalis, de l'Eu-
rope méridionale.
*MADOPTERUS ( ^SSç , glabre;
TTTEpov , aile), ins. — Genre de Coléoptères
tétramères, famille des Curculionides go-
natocères , division des Apostasimérides-
Cholides, créé par Schœnherr (Gen. et sp.
Curculion. synony., tom. 3, p. 734-8, 1, 76).
L'auteur donne pour type à ce genre une
espèce de Cayenne que nous avons nommée
M. talpa; une seconde, M. aterrimus , in-
digène du Mexique , est décrite dans le sup-
plément de l'ouvrage cité plus haut. (C.)
MADOQUA. mam. —Genre établi aux
dépens des Antilopes, et comprenant l'An-
tilope de Sait, Artt. saltiana Blainv. Voy.
antilope
*MADOTHECA (|*«<îoç, glabre; 6^, boi-
te), bot. cr. — Genre de la famille des Hé-
patiques Jongermanniacées - Platyphyllées,
établi par Dumortier {Comment. ,1 1 1). Petites
herbes croissant sur les pierres ou les troncs
d'arbre. Voy. hépatiques.
MADRÉPORE. Madreporus. polyp. —
Dénomination commune d'abord à tous les
Polypiers pierreux, dont Lamarck et les au-
tres zoologistes ont fait plus tard les genres
Caryophyllie, Anthophyllie, Dendrophyllie,
Oculine, Lobophyllie, Turbinolic, Cyclolite,
Fongie, Agaricie, Pavonie, Tridacophyllie,
Méandrine, Monticulaire, Explanaire, As-
trée, Cyathophyllie, Porite, Madrépore, etc.
Ce sont ces Polypiers qui, dans les mers in-
tertropicales aujourd'hui , comme jadis sur
toute la surface du globe, forment des bancs,
des récifs, des îles, par leur accroissement
successif et par l'accumulation de leurs dé-
bris. Ce sont eux qui, dans les périodes an-
térieures, infiltrés de carbonate de chaux,
sont devenus les marbres et les divers cal-
caires madréporiques.
Tous sont produits par des Polypes agré-
gés, pourvus de douze tentacules ou da-
vantage, et recouvrant, par leur partie char-
nue et vivante , le Polypier calcaire, sé-
crété à l'intérieur de leur corps. Les pores
ou orifices de ces Polypiers sont ordinaire-
ment en forme d'étoile ou garnis de lames
rayonnantes qui correspondent aux cloisons
charnues portant les ovaires, et entre les-
quelles se trouvent les tentacules.
Le nom de Madrépore est réservé aujour-
d'hui par les zoologistes à un genre assez
restreint, présentant un Polypier pierreux,
fixe, subdendroïde, c'est-à-dire divisé en
rameaux plus ou moins distincts, et dont la
surface est garnie de tous côtés de cellules
saillantes à interstices poreux. Les cellules
éparses, distinctes, tubuleuses et saillantes,
présentent douze lames très étroites à l'in-
térieur. Les Polypes, en forme d'Actinie, sont
assez courts et pourvus de douze tentacules
simples. L'espèce la plus connue est le Ma-
drépore abrotanoïde, dont le développement
est si rapide qu'il produit en peu d'années
des récifs considérables au voisinage des îles
de l'océan Pacifique. On en voit dans les
MAG
MAG
555
collection», des touffes hautes de 4 à 6 déci-
mètres et formées de rameaux épais de 1
centimètre environ et d'une blancheur re-
marquable. Une autre belle espèce est le Ma-
drépore palmé, qu'on nomme vulgairement
le Char de Neptune, et qui vient des mers
d'Àwérique; ses expansions sont aplaties,
profondément divisées, laciniées et presque
palmées. On connaît 9 espèces de Madré-
pores à l'état vivant et 7 à l'état fossile.
M. Ehrenberg a changé le nom de ces Po-
lypiers en celui d'Heteropora. (Duj.)
MJ3ANDRINE.— Voy. méandrine.
*MAEMACTES ( fjiatfxâxTvjç , furieux).
ins. — Genre de Coléoptères tétramères ,
famille des Curculionides gonatocères, di-
vision des Apostasimérides-Cryptorhynchi-
des , créé par Schœnherr {Gen. et sp. Cur-
culion. synony., tom. 4, pag. 277-8,1,
392 ) avec une espèce du Mexique, nommée
par nous M. ruficornis. (C.)
ULENURA. ois. — Voy. ménure.
M.ERUA. bot. ph. — Genre de la famille
des Capparidées-Capparées, établi par Forskal
{tâgypt., 104). Arbustes de l'Afrique tropi-
cale. Voy. CAPPARIDÉES.
IVLESA. bot. ph. — Genre de la famille
des Myrsinées-Maesées, établi par Forskal
{Descript. , 66). Arbres ou arbrisseaux de
l'Asie et de l'Afrique. Voy. myrsinées.
*M^ESÉES. Mœseœ. bot. ph.—- Le genre
Mœsa, qui sans aucun doute appartient à la
famille des Myrsinées, mais présente une
exception remarquable à ses caractères par
l'adhérence du calice à l'ovaire, a paru en
conséquence devoir y constituer une tribu
distincte à laquelle il a donné son nom.
(Ad. J.)
MAGALLANA (nom propre), bot. pu.—
Commers., syn. de Drimys, Forst. — Genre
de la famille des Tropaeolées , établi par
Cavanilles (Je, IV, 50 , t. 344). Herbes de
l'Amérique antarctique. Voy. tropaeolées.
MAGAS. moll. — Genre proposé par So-
werby (Minerai conchology , pi. 119), et
considéré par M. de Blainville comme une
subdivision du g. Térébratule. Voy. ce mot,
MAGDALIS ou MAGDALINUS (mag-
dalia, emplâtres cylindriques), ins. — Genre
de Coléoptères tétramères, famille des Cur-
culionides gonatocères , division des Éri-
rhinides, créé par Germar ( Species Insec-
lorum, pag. 191 ) et adopté par Schœnherr
(Gen. et sp.curcul, 7, 2, pag. 135). 29 es-
pèces d'Europe , d'Asie et d'Amérique ren-
trent dans ce genre; parmi les espèces,
nous désignerons principalement les sui-
vantes : M. violaceuSy carbonarius, pruni
F., cerasi etalliariœ Lin. La plupart sont
petites et d'un noir plus ou moins foncé. Les
noms de Thamnophilus , Schr. et Rhinodes,
Dej., que ces auteurs leur avaient donnés ,
ont été abandonnés pour celui de Magdalis;
et sous ce dernier nom , Germar a compris
des espèces du Brésil , qui font actuellement
partie des Lœmosaccus de Schœnherr. (C.)
*MAGILA. crust. — Munster, dans son
Beitrage zur PetrefKund., etc., désigne sous
ce nom un genre de Crustacés de Tordre des
Décapodes macroures. (H. L.)
M AGILE. Magilus. moll. —Genre d'a-
nimaux dont la place dans les méthodes a
été longtemps incertaine. Les uns les pla-
çaient parmi les Annélides à côté des Ser-
pules ; les autres dans les Mollusques, avec
lesquels ils présentaient de très grands rap-
ports. Cette dernière place est celle qui leur
a été définitivement fixée; actuellement les
Magiles constituent un genre de Mollusques
gastéropodes , que l'on peut caractériser
ainsi : Animal de forme conique , un peu
en spirale , et terminé particulièrement en
mamelon ; sa tête est garnie d'une trompe
cylindrique, courte ; ses tentacules sont co-
niques, au nombre de deux, et portent les
yeux au côté interne de leur base ; le pied
est assez grand, musculeux, et sillonné lon-
gitudinalement à sa face inférieure ; il porte
à sa partie postérieure un opercule corné oe
forme elliptique , mince , à sommet margi-
nal. Le manteau a sa surface lisse ; son bord
est renflé, surtout du côté droit, et se pro-
longe à gauche en une espèce de siphon
échancré, qui forme, au moyen de deu?i
arêtes longitudinales, un tube qui se loge
dans la gouttière du bord columellaire de
la coquille.
La coquille a sa base contournée en une
spirale courte, ovale, héliciforme; la spire
est composée de quatre tours contigus, con-
vexes, dont le dernier est plus grand, et se
prolonge en un tube dirigé en ligne droite
ondée, et un peu comprimé latéralement.
Les Magiles s'établissent dans les excava-
tions de certains Madrépores , qui , venant
à grossir, obligent l'animal des Magiles à sa
556
MAG
MAG
former un tube qu'il maintient toujours au
niveau de la surface du Polypier qu'il ha-
bite , et par lequel il peut abandonner la
partie spirale de son habitation. On ne con-
naît encore bien qu'une seule espèce de ce
genre, trouvée dans la mer Rouge, et qui a
été nommée Magile antique , M . antiquus.
Nous l'avons représentée dans l'atlas de ce
Dictionnaire, Mollusques, pi. 11, fig. 2.
MAGNÉSIE, min. — Dans les classifica-
tions minéralogiques où les genres sont
établis d'après les bases, la Magnésie est le
type d'un genre composé de plusieurs espè-
ces, qui sont : la Magnésie native ou Péri-
clase, la Magnésie hydratée ou Brucite, la
Magnésie hydro-silicatée ou Magnésite, la
Magnésie boratée ou Boracite , la Magnésie
carbonatée ou Giobertite , et la Magnésie
sulfatée ou Epsomite. Ces espèces ont pour
caractère commun de donner par l'Ammo-
niaque , lorsqu'elles sont en solution dans
l'eau ou dans l'acide azotique, un précipité
blanc qui devient rosé quand on le chauffe
au chalumeau , après l'avoir humecté d'azo-
tate de cobalt. Nous avons déjà décrit la
Boracite au mot borates, la Giobertite au
mot carbonates ; nous parlerons de l'Epso-
mite en traitant des sulfates en général. Il
nous reste donc à examiner ici les trois pre-
mières espèces.
1° Périclase (Scacchi). Magnésie pure
cristalline , accidentellement colorée par du
protoxyde de fer. Substance vitreuse , trans-
parente, d'un vert foncé, infusible au cha-
lumeau, cristallisant dans le système régu-
lier et se clivant en cube , ayant une dureté
= 6, et une densité = 3,75. Analysée par
M. Scacchi, elle lui a donné 89,04 de Ma-
gnésie; 8,56 d'oxydule de fer, avec une
perte de 2,40. Elle est disséminée dans les
roches cristallines du mont Somma au
Vésuve.
2° Brucite. Hydrate de Magnésie; ancien-
nement Magnésie native; composée d'un
atome de Magnésie et d'un atome d'eau , ou
en poids, de Magnésie 69,67, et d'eau
30,33. Substance blanche , demi-transpa-
rente , nacrée , tendre et douce au toucher,
cristallisée en masses laminaires ou fibreu-
ses, ou en tables hexagonales, appartenant
au système dihexaédrique, et ayant un axe
unique de double réfraction. Elle se clive
facilement dans un sens perpendiculaire à
l'axe , et les faces de clivage manifestent
l'éclat perlé à un degré très marqué. Elle
est infusible par elle-même, et soluble dans
les acides, quand elle est réduite en pous-
sière. Cette substance se trouve en petites
veines dans des roches serpentineuses à
Hoboken , dans le New-Jersey, aux États-
Unis; à Swinaness, dans l'île d'Unst , une
des Schetland ; et à Pyschminsk , près de
Béresof, dans l'Oural.
3° Magnésite, Brongn.; Hydrosilicate de
Magnésie. Substance blanche non cristalli-
sée , mais en masse terreuse, ayant souvent
une teinte rosâtre , tendre et sèche au tou-
cher, infusible; se ramollissant dans l'eau;
ayant une densité de 2,6 à 3,4. Elle paraît
composée d'un atome de trisilicate de Ma-
gnésie et de 5 atomes d'eau. Elle appar-
tient aux terrains de sédiment secondaires
et tertiaires , et se trouve en Anatolie, près
de la ville de Brousse , dans un calcaire
compactée rognons de silex ; à Vailecas,
près de Madrid, en Espagne, dans des cou-
ches superposées aux argiles salifères; en
France, à Salinelle, dans le département
du Gard; à Saint-Ouen et à Coulommiers,
dans le sol parisien , au milieu du terrain
d'eau douce inférieur au gypse. La varie.
d'Asie, dite Écume de mert remarquable
par sa grande légèreté, est employée dans
l'Orient à la fabrication des pipes turques,
dont il se fait un grand commerce à Cons-
tantinople. (Del.)
MAGNÉSIE , MAGNÉSIUM, chim.— La
Magnésie ou Oxyde de Magnésium, jadis
confondue avec la Chaux, ne fut entrevue
pour la première fois qu'en 1722 par Fré-
déric Hoffmann. Trois ans plus tard, Black
la distingua réellement comme une sub-
stance particulière ; elle fut ensuite exami-
née par Margraff , Bergmann et d'autres
chimistes, et regardée comme corps simple
jusqu'à l'époque de la découverte du Potas-
sium et du Sodium. L'analogie lui fit alors
donner parmi les oxydes une place qu'elle
ne tarda point à occuper définitivement,
quand Davy, s'aidant de la pile galvanique,
parvint à en séparer le métal.
La Magnésie, à l'état de pureté, et telle
qu'on se la procure dans les laboratoires ,
se présente sous forme d'une poudre blan-
che , légère , douce au toucher , insoluble ,
inodore, d'une saveur alcaline et légèrement
MAG
MAG
557
âpre ; elle verdit le sirop de violettes, et ra-
mène au bleu la teinture de tournesol rou-
gie ; elle est infusible au feu de forge, inat-
taquable par l'Oxygène, mais décomposable
par le Chlore à l'aide de la chaleur; elle
absorbe le gaz acide carbonique de l'air à la
température ordinaire. Elle est formée d'un
atome de Magnésium, 61,29, et d'un atome
d'Oxygène, 38,71 ; sa formule = MgO.
La Magnésie est fort employée en méde-
cine comme laxatif doux ; c'est le meilleur
antidote dans l'empoisonnement par les
acides.
On ne rencontre la Magnésie dans la na-
ture qu'à l'état de combinaison avec les
Acides sulfurique, azotique, phosphorique ,
borique, carbonique, silicique, etc., et for-
mant ainsi un grand nombre de minéraux
qui sont l'objet d'un examen particulier.
Le Sulfate de Magnésie, dont l'emploi est
si fréquent en médecine comme purgatif,
existe en solution dans les eaux minérales
dEpsom, d'Egra , de Sedlitz , de Seidchutz ,
dans les eaux delà mer, etc. ; on le rencontre
parfois effleuri dans certains terrains schis-
teux. Pur, ce sel est blanc, très amer, cris-
tallisé en prismes rectangulaires , à quatre
pans , terminés par des pyramides à quatre
faces, et contenant jusqu'à 51,41 pour 100
d'eau de cristallisation. Il s'effleurit lente-
ment à l'air, et éprouve, lorsqu'on le chauffe,
la fusion aqueuse. L'eau à -|- 15* dissout
£h de ce sel, et ^ à -J- 97°. Le sulfate de
Magnésie est composé d'un atome de l la-
gnésie ou 34,02, et d'un atome d'Acide ou
95,60.
Le Phosphate de Magnésie se rencontre v\n
petite quantité dans les os , dans l'urine ds
certains animaux, dans quelques graines cé-
réales ; uni au phosphate d'Ammoniaque, il
forme un sel double (phosphate ammoniaco-
magnésien), qui se rencontre fréquemment
dans les calculs vésicaux de l'Homme et de
quelques animaux, du Cheval, par exemple.
Ce fut, comme nous l'avons dit au com-
mencement de cet article, Davy qui, le
premier, parvint, au moyen d'une forte pile,
à extraire le Magnésium de la Magnésie, son
oxyde. Cette découverte eut lieu peu de
temps après celle du Potassium et du So-
dium; mais les petites quantités de métal
obtenues par ce procédé n'avaient point
permis de l'étudier suffisamment, lorsqu'en
1830 , M. Bussy put s'en procurer des
quantités notables en décomposant, à l'aide
de la chaleur, le chlorure de Magnésium
par le Potassium. Dans cette réaction, ce
dernier métal s'empare du Chlore et laisse
en liberté le Magnésium, qui, quand on lave
la masse calcinée, se précipite sous forme de
globules très brillants.
Le Magnésium est solide, blanc argentin,
plus pesant que l'eau, dur, attaquable à la
lime, assez malléable pour être forgé ; inal-
térable à l'air sec , il perd son éclat à l'air
humide, et se recouvre d'une couche blan-
che d'oxyde ; les acides étendus le dissolvent
avec dégagement d'Hydrogène. Son équiva-
lent est représenté par 158,36. (A. D.)
MAGNÉSITE. min.— Voy. magnésie
MAGNÉTISME, phys. — Il existe dans
le sein de la terre un minerai de fer qui
possède la faculté d'attirer le fer, et de sup-
porter même quelquefois des morceaux assez
pesants de ce métal. Ce minerai constitue
ce que l'on nomme pierre d'aimant ou ai-
mant naturel. Cette substance n'est pas la
seule qui jouisse de cette propriété, car les
morceaux de fer qui sont restés longtemps
exposés aux influences atmosphériques, ou
bien qui ont été limés, martelés ou passés à
la filière, acquièrent aussi cette faculté. On
a donné le nom de Magnétisme à l'ensem-
ble des propriétés des aimants.
Pour rendre évidente l'attraction qui
s'exerce entre le fer et l'aimant, et en ob-
server les effets, on roule dans de la limaille
de fer un barreau de fer aimanté ; toutes les
parcelles de cette limaille s'attachent iné-
galement à sa surface et forment des fila-
ments qui se dressent perpendiculairement
à celle-ci. L'effet est plus sensible vers les
extrémités; les filaments deviennent plus
courts en s'en éloignant, et s'inclinent
comme s'ils les fuyaient; dans la partie
moyenne, il n'y en a pas. Les régions de l'ai-
mant où l'attraction est la plus forte ont reçu
le nom de pôles de l'aimant ; mais on désigne
également ainsi les points géométriques par
lesquels passent les résultantes des at-
tractions magnétiqnes.des deux portions du
barreau aimanté. Ce point est, par rapport
au magnétisme, ce que le centre de gravité
est relativement à la pesanteur. Le phéno-
mène des limailles nous montre donc que,
dans tout aimant naturel , il existe deux
558
MAG
MAG
pôles et une ligne moyenne où l'action est
nulle. On peut aussi, en suspendant une pe-
tite boule de fer à un fil de soie , manifester
l'action attractive exercée par un aimant
qu'on lui présente. La déviation de ce pen-
dule de la verticale indique l'action attrac-
tive de l'aimant qui a lieu malgré l'inter-
position des substances gazeuses, liquides,
solides ; cette attraction se transmet donc
au travers les corps. Si l'on remplace la pe-
tite balle de fer doux par un petit barreau
aimanté , ou bien par une aiguille qui a
acquis, comme nous le montrerons plus loin,
toutes les propriétés des aimants naturels,
et qu'on vienne à lui présenter l'aimant
naturel qui attirait le morceau de fer
doux , on reconnaît alors qu'une des moi-
tiés du petit barreau suspendu est attirée
par une des extrémités de l'aimant et re-
poussée par l'autre, tandis que l'autre moi-
tié éprouve des effets semblables, mais con-
traires; on voit donc , d'après cela , qu'une
même portion d'un aimant naturel attire la
moitié d'un autre aimant et repousse la
partie opposée. Les portions repoussées sont
celles possédant les pôles de même nom, et les
parties attirées, celles ayant des pôles de nom
contraire. Les deux parties de l'aimant qui
avaient paru identiques , quant à la faculté
d'attirer le fer , possèdent donc deux forces
antagonistes , et une ligne moyenne qui en
est la ligne de démarcation.
Quelquefois il arrive que, de chaque côté
d'un barreau aimanté, il existe des alternati-
ves de Magnétisme contraire, et par suite .
plus de deux pôles. On a donné à ces der-
niers le nom de points conséquents ; ils sont
dus a des causes accidentelles, et on peut les
faire disparaître, comme nous le verrons
plus loin en parlant de l'aimantation. Pour
l'instant, supposons que la distribution du
Magnétisme soit régulière , et que les ai-
mants ne possèdent que deux pôles.
Nous avons vu qu'une petite boule de
fer suspendue à un fil de soie était attirée
par un aimant ; mais si on lui substitue un
petit barreau de fer doux recuit, et qu'on
en approche un aimant, on voit aussitôt le
petit barreau de fer se placer de façon que
sa direction passe par le pôle le plus voisin
de l'aimant, et revenir dans sa position,
aussitôt qu'on l'en écarte, par une suite
d'oscillations. Si l'on approche de ce petit
barreau suspendu de la limaille de fer,
celle-ci s'y attache comme autour d'un ai-
mant; ce barreau est donc devenu un ai-
mant sous l'influence de l'aimant naturel ,
et possède, comme lui, une ligne moyenne
et deux pôles; mais vient-on à enlever l'ai-
mant naturel, le petit barreau de fer doux
rentre instantanément dans son état primi-
tif, et cesse d'être aimant. Le fer ordinaire
forgé et recuit devient donc un aimant sous
l'influence d'un aimant naturel, et cesse de
l'être aussitôt qu'il est hors de sa sphère
d'activité.
Si on fait la même expérience avec un
morceau d'acier trempé ou un morceau
de ferécroui, il n'en est plus de même,
l'action est très lente alors à se manifester,
et d'autant plus que l'acier est trempé plus
raide ; mais aussi, lors même que l'aimant
naturel est enlevé, le barreau reste aimanté
d'une manière permanente, comme les ai-
mants naturels. Il existe donc dans le fer
écroui, ainsi que dans l'acier trempé, une
cause qui s'oppose au développement de la
vertu magnétique, ainsi qu'au retour à l'é-
tat primitif. Celte cause est rapportée à
l'action d'une force coercitive , résultant
soit de l'arrangement des molécules , soit
de l'interposition entre elles de molécules
étrangères.
Une expérience très remarquable mon-
tre la différence caractéristique existant en-
tre le Magnétisme et l'électricité: le Ma-
gnéfjsme peut bien se développer par in-
fluence, d'une molécule à une autre , mais
ne passe point de cette molécule à la sui-
vante, tandis que l'électricité, comme on
sut, peut passer d'un corps sur un autre,
et s'accumuler sur différents points.
Si l'on prend un barreau aimanté en
acier ou en fer trempé possédant deux pôles
et une ligne moyenne, et que l'on brise ce
barreau suivant cette dernière , on trouve
que chaque partie est un véritable aimant
possédant aussi une ligne neutre et deux
pôles; les pôles de nom contraire dans les
deux portions séparées se trouvant là où les
parties formaient par leur réunion la ligne
moyenne dans l'aimant primitif; en bri-
sant de nouveau ces portions , on trouve que
les fragments sont encore des aimants, et
qu'il en est encore de même, quelque loin
que l'on pousse la division. On doit donc
MAG
MAG
559
admettre que les molécules elles-mêmes
sont de petits aimants dont tous les pôles
de même nom et les axes sont dirigés
dans le même sens, un pôle d'une molécule
étant neutralisé par le pôle de nom con-
traire de la molécule suivante qui est en
contact avec lui. Le Magnétisme ne passe
donc pas d'une molécule à l'autre , mais
se développe par influence. Ce principe
peut encore être démontré par ce fait,
qu'on peut, avec un aimant naturel , sans
lui faire perdre de sa force , aimanter au-
tant de morceaux d'acier que l'on voudra.
Pour interpréter avec facilité les phéno-
mènes magnétiques, on lésa rapportés à
l'action de deux fluides doués de propriétés
contraires , résidant autour des molécules
du fer, ne pouvant passer d'une molécule à
une autre, et dont la réunion forme le
fluide magnétique naturel. On admet donc
que le fluide magnétique naturel se compose,
comme le fluide électrique naturel, de deux
fluides, dont les molécules de chacun d'eux
se repoussent, tandis qu'elles attirent celles
de l'autre fluide. M. Ampère a envisagé
s jus un autre point de vue les phénomènes
magnétiques ; il les a fait dépendre de cou-
rants électriques circulant autour des mo-
lécules dans des plans perpendiculaires à la
ligne des pôles. Nous donnerons ces théo-
ries, après avoir exposé les principaux phé-
nomènes dépendant du Magnétisme, et sans
lesquels ils serait impossible de bien les
comprendre.
Des lois des attractions et répulsions
magnétiques.
Avant de donner les méthodes d'obser-
vations et les lois des attractions magnéti-
ques, nous dirons quelques mots de l'ac-
tion du globe terrestre sur les barreaux
et les aiguilles aimantés. Uue aiguille ai-
mantée, librement suspendue et abandonnée
à elle-même, ne tourne pas indifféremment
dans toutes les directions ; elle se place, après
un certain nombre d'oscillations plus ou
moins rapides, dans une direction détermi-
née, à laquelle elle revient toujours, quand
on l'en écarte. Cette direction, en Europe,
est à peu près N.-N.-O. , S.-S.-E. Le plan
vertical qui passe par cette direction est le
méridien magnétique du lieu où l'on ob-
serve. On le croyait jadis peu différent du |
méridien astronomique , mais on sait par-
faitement aujourd'hui que l'angle compris
entre ces deux places varie non seulement
d'un lieu dans un autre, mais encore dans
le même lieu, avec le temps et d'une ma-
nière régulière toutes les vingt-quatre heu-
res. Cet angle est la déclinaison de l'aiguille
aimantée. Nous parlerons de ce phénomène
en traitant du magnétisme terrestre. Il en
a été fait mention seulement ici , pour
montrer qu'on doit tenir compte des effets,
de l'action terrestre dans les expériences
magnétiques. Nous avons dit que le fer de-
venait un aimant sous l'influence d'un autre
aimant: or, comme la terre peut être re-
gardée elle-même comme un aimant , on
doit pouvoir aimanter du fer sous son in-
fluence. C'est, en effet, ce qui arrive si, pen-
dant que le fer doux est soumis à son action,
on change la position d'équilibre de ses par-
ticules. On en a un exemple dans les outils
de fer ou d'acier qui ne tardent pas à s'ai-
manter quand on s'en sert; de même si
l'on frappe légèrement avec un marteau,
par un de ses bouts , un barreau tenu ver-
ticalement, on le rend magnétique; en le
retournant pour frapper l'extrémité oppo-
sée, on change la polarité.
Les attractions et répulsions magnétiques
étant bien constatées, voyons quelles sont
les lois qui les régissent. Coulomb a dé-
montré qu'elles sont les mêmes que celles
relatives à l'électricité et aux mouvements
planétaires, c'est-à-dire en raison inverse
du carré de la distance et en raison directe
oes quantités de Magnétisme développé dans
les barreaux. 11 a déterminé ces lois à
l'aide de deux méthodes: en faisant d'a-
bord osciller une aiguille aimantée à di-
verses distances d'un des pôles d'un fort
barreau, puis en employant la balance de
torsion , fondée sur les lois de la torsion,
et à l'aide de laquelle on peut apprécier avec
la plus grande exactitude des forces très pe-
tites. Cette balance est un des instrumenta
les plus précieux de la physique; pour l'ap-
pliquer au Magnétisme, il suffit de suspendre
horizontalement à un fil de torsion une ai-
guille aimantée, à approcher d'un des pôles
de cette aiguille le pôle de même nom
d'un autre barreau; alors il y a répulsion;
en tordant le fil de torsion, on ramène les
deux pôles à des distances angulaire» que
560
MAG
MAG
Ton peut mesurer. Les forces étant propor-
tionnelles aux angles de torsion , il est fa-
cile d'établir une comparaison entre les ré-
pulsions et les distances, en tenant compte
bien entendu, de l'action du globe terrestre.
C'est à l'aide de ces deux méthodes qu'on est
parvenu aux lois dont nous venons de don-
ner l'énoncé.
Des divers procédés d'aimantation et des
aimants artificiels.
Nous avons vu que, lorsqu'on approche
d'un aimant naturel du fer écroui ou de l'a-
cier, l'aimantation est très lente à s'opérer ;
mais elle a lieu presque aussitôt en passant
avec frottement sur le barreau, toujours
dans le même sens et sur toute la longueur,
l'un des pôles d'un aimant; quelques fric-
tions suffisent. On a dû rechercher quels
sont les moyens les plus efficaces pour don-
ner à ces barreaux artificiels le maximum
d'effet, appelé l'état de saturation ; ce point
est atteint lorsque les résultantes des forces
attractives et répulsives exercées par tous
les points du barreau sur une molécule font
équilibre à la force coercitive; il est impos-
sible d'aller au-delà , attendu que le barreau
retomberait à cette limite aussitôt que l'ai-
mant qui aurait développé cette action ces-
serait d'exercer son influence.
Pendant longtemps on s'est borné à pas-
ser un des pôles d'un aimant sur toute la
longueur du barreau, comme nous venons
de le dire. Cette méthode, qui est celle du
contact successif, ne présente aucun incon-
vénient quand le barreau est court et que
l'aimant est puissant; mais il n'en est plus
de même lorsqu'il est très long et fortement
trempé; il peut arriver dans ce cas que l'ai-
mantation ne s'étende pas régulièrement
jusqu'à l'extrémité opposée. De là des points
conséquents dont on ne saurait trop se
garantir dans la construction des aiguilles
aimantées.
Knight a fait connaître un perfection-
nement dans le mode d'aimantation par
simple contact. Ayant placé bouta bout par
les pôles de nom contraire deux barreaux
fortement aimantés, il posait dessus dans
le sens de leur longueur un petit barreau
d'acier trempé , cerise clair , de manière que
son milieu correspondait aux.points de jonc-
tion des deux barreaux; puis il séparait
ceux-ci en les faisant glisser dans un sens
opposé jusqu'aux extrémités du petit bar •
reau, qui se trouvait avoir acquis un Magné-
tisme plus fort que celui qu'on lui aurait
communiqué par le moyen alors en usage, le
contact successif. Peu de temps après cette
découverte, Duhamel et Antheaume indiquè-
rent une méthode meilleure pour les gros
barreaux, et qui consiste à placer parallèle-
ment, à côté l'un de l'autre, à une certaine
distance, les deux barreaux que l'on veut
aimanter, et de joindre leurs extrémités par
de petits morceaux de fer doux ; puis on
prend deux barreaux aimantés que l'on in-
cline de 25 à 30° sur la direction des pre-
miers en les posant d'abord au milieu d'un
de ceux-ci, les pôles inverses en regard, et
on les fait glisser un certain nombre de fois
en sens contraire jusqu'à l'extrémité d'un
des barreaux à aimanter. On fait subir la
même opération à l'autre barreau, mais en
sens contraire.
L'application des petits morceaux de fer
doux à l'extrémité des barreaux que l'on
aimante est un perfectionnement important.
En effet, dès que les barreaux ont acquis
un certain degré de magnétisme, les fers
doux s'aimantent par influence, et réagis-
sent ensuite sur les barreaux pour augmen-
ter leur magnétisme.
En substituant deux aimants aux barreaux
de fer doux, on devait encore accroître le
développement du magnétisme : c'est ce
qu'a fait OEpinus ; néanmoins la méthode
de Duhamel est excellente pour les aiguilles
de boussole et les lames qui n'ont que quel-
ques millimètres d'épaisseur. Mitchell et
Canton se sont occupés, à la même époque
que Duhamel, de l'aimantation. Le premier
a imaginé le procédé de la double touche,
qui consiste à lier deux barreaux fortement
aimantés, parallèlement entre euxdans une
position verticale, les pôles inverses en
regard, aune distance de 7 à 8 millimètres
l'un de l'autre; après avoir placé en con-
tact plusieurs barreaux égaux à la suite les
uns des autres sur une même ligne droite,
on fait glisser le double barreau à angle
droit, par l'une de ses extrémités, le long
cette ligne; les barreaux intermédiaires
acquièrent alors une grande force magnéti-
que. Pour être assuré que le développement
du Magnétisme est le même, au signe près,
IVIAG
dans chacune des moitiés, il faut avoir l'at-
tention d'appliquer le double barreau au
centre de celui que Ton veut aimanter, et
de faire sur chacune des deux moitiés un
, nombre égal de frictions. Quand les barreaux
sont revenus au centre, on les enlève per-
pendiculairement. OEpinus a fait une mo-
dification heureuse au procédé de la double
touche : au lieu de maintenir les deux bar-
reaux glissant toujours parallèlement l'un
à l'autre, il les a inclinés en sens contraire
comme Duhamel l'avait fait. Une inclinai-
son de 15 à 20° sur la surface donne sensi-
blement le maximum d'effet. Cette méthode
a l'inconvénient de ne pas produire un dé-
veloppement de Magnétisme égal dans cha-
cune des moitiés du barreau et de faire
naître plus facilement des points consé-
quen ts que par la méthode de Duhamel : aussi
ne doit-on pas aimanter par ce procédé des
aiguilles de boussole; on ne s'en sert ordi-
nairement que pour les gros barreaux aux-
quels on veut donner un fort degré de Ma-
gnétisme , sans qu'il soit nécessaire d'avoir
une égale distribution. Coulomb a adopté
ces méthodes en y faisant des additions im-
portantes.
Nous avons vu que lorsqu'un pôle d'un
aimant est en contact avec l'une des extré-
mités d'un barreau d'acier, il y développe
peu à peu un Magnétisme de nom contraire
au sien , lequel réagit à son tour sur le Ma-
gnétisme naturel de l'aimant pour opérer
sa décomposition. Ce nouvel accroissement
réagit de nouveau sur le barreau, et ainsi de
suite jusqu'à une certaine limite qui est
déterminée par l'état de saturation de l'ai-
mant et du barreau et la constitution molé-
culaire de l'acier. Cette propriété a été mise
à profit pour augmenter la force des ai-
mants naturels ou artificiels, au moyen des
armures ou armatures dont nous allons
parler.
Si à l'un des pôles d'un aimant on appli-
que un morceau de fer doux auquel est at-
taché un plateau de balance, dans lequel
on met successivement différents poids,
jusqu'à ce qu'on ne puisse plus ajouter une
nouvelle charge sans séparer le fer doux de
l'aimant, on trouve que, le lendemain et les
jours suivants , on peut augmenter la charge
sans opérer la séparation; mais si, au bout
d'un certain temps, on détache forcément
t. vu
iuaxj, 56!
le fer doux, l'aimant n'est plus capable de
porter toute la charge qu'il portait avant;
l'aimant sous l'influence du fer avait donc
acquis un excès d'énergie que sa force coër-
citive ne lui permet pas de garder. Si or;
place des morceaux de fer doux sur les pôles
des aimants naturels, on pourra concentre;
leur action magnétique sur quelques point.:,
de ces appendices; c'est pour cela qu'on a
donné à ces morceaux de fer le nom d'ar-
mure.
Nous avons dit comment , au moyen de
barreaux aimantés , on pouvait aimanter le
fer et l'acier ; mais à l'aide de l'action seule
de la terre , on arrive au même but ; il suffit
de placer un morceau de fer dans une po-
sition verticale, et de lui faire subir un
changement physique quelconque, afin de
lui donner une force coërcitive capable de
faire un aimant permanent. Mais ces procé-
dés, ainsi que celui par influence d'un autre
aimant, ne sont pas les seuls à l'aide des-
quels on puisse développer la faculté ma-
gnétique dans le fer doux et l'acier ; l'élec-
tricité , soit libre , soit sous forme du cou-
rant circulant dans des fils ou dans des hé-
lices, est capable de conduire au même but ;
nous parlerons de ces phénomènes en trai-
tant de la théorie de M. Ampère.
De la distribution du Magnétisme dans les
barreaux aimantés.
Lorsqu'on essaie de faire supporter à un
aimant de plusieurs décimètres de longueur
et de quelques millimètres de diamètre, en
divers points, des poids en fer, on trouve
que ces poids vont en augmentant à partir
des extrémités jusqu'à une distance de 8 ou
10 millimètres, et qu'ils diminuent ensuite
rapidement, de telle sorte que les points
qui sont situés au-delà de 6 ou 8 centimètre.-;
ne supportent plus aucun poids. On re-
connaît , en outre , que les points situés à
la même distance des extrémités supportent
des poids égaux. On voit donc que la quan-
tité de magnétisme libre depuis certains
points proches des extrémités va en dimi-
nuant jusqu'au centre de l'aimant.
Ce procédé d'expérimentation n'est sus-
ceptible d'aucune précision : aussi Coulomb
lui en a-t-il substitué deux autres, qui con-
sistent, le premier, à faire osciller une très
petite aiguille aimantée vis-à-vis des divers
. '- - 71
562
MAG
points du barreau; le second, à déterminer à
l'aide de la balance de torsion quelle est la
force de torsion nécessaire pour équilibrer
la répulsion produite entre tous les points
d'une moitié d'un barreau et le pôle d'un
autre barreau. Une fois les valeurs qui expri-
ment l'intensité magnétique des divers points
du barreau obtenues, on construit ce que l'on
nomme la courbe des intensités, en prenant
pour axe des abscisses le barreau , et pour
ordonnées les intensités magnétiques. On re-
connaît ainsi que, vers 13 ou 14 centimètres,
à partir des extrémités d'un barreau , l'ac-
tion magnétique est nulle , et que, vers les
deux extrémités, elle est en sens contraire:
ainsi, toute l'action se porte sur les 14 pre-
miers centimètres de chaque extrémité, et
au-delà de 26 ou 27 centimètres à section
égale, la longueur n'a plus d'influence sur
l'intensité magnétique d'un barreau , la
courbe des intensités est la même, et ne fait
que de se transporter vers les extrémités en
laissant vers le milieu un espace plus ou
moins grand où l'intensité est presque nulle.
Les pôles des aimants sont situés au centre de
gravité des surfaces situées entre les courbes
magnétiques et le barreau. En supposant
que la longueur l'emporte de beaucoup sur
les diamètres d'une aiguille ou des fils ai-
mantés, les distances qui séparent les pôles
des extrémités, d'après Coulomb, sont sensi-
blement comme les diamètres des aiguilles.
Dans un fil de 4 millimètres et demi de dia-
mètre, la distance des pôles aux extrémités
est de 4 centimètres. Cette loi ne peut être
Vraie qu'entre certaines limites.
Dans les aimants très courts, les pôles se
rapprochent des extrémités sans pouvoir dé-
passer le y delà demi-longueur. M. Biot, en
cherchant la relation qui existe entre les
abcisses et les ordonnées de la courbe des
intensités, a trouvé qu'elle est analogue à
vCelIe que donne la densité électrique des
piles électriques formées avec des petits
carreaux magiques. La distribution de l'é-
lectricité dans ces derniers et celle du Ma-
gnétisme dans les barreaux aimantés suit la
même loi. Enfin dans des fils de fer d'un
très petit diamètre, de 77 de millimètre, et
dont la longueur l'emporte beaucoup sur
les autres dimensions , la distribution du
Magnétisme suit la même Joi que dans les
gros barreaux , et les pôles ne sont pas aussi
MAG
près des extrémités qu'on aurait pu le sup-
poser de prime-abord vu la petitesse du
diamètre, puisqu'ils sont à 8mm,5 des ex-
trémités.
Du Magnétisme des corps en mouvement.
Nous avons dit plus haut que lorsqu'une
aiguille aimantée est abandonnée à elle-
même , elle se dirige par l'action terrestre ,
de telle sorte que lorsqu'on la dérange de sa
position d'équilibre, elle y revient par une
suite d'oscillations isochrones ou d'égale du-
rée, quand l'amplitude de ces oscillations
n'est pas très considérable. Si l'aiguille est
suspendue horizontalement, et est disposée
de manière qu'on puisse approcher de sa
surface inférieure un liquide ou des pla-
ques de diverses substances , alors on ob-
serve les phénomènes suivants, dont la dé-
couverte est due à M. Arago.
Si l'aiguille oscille seule , et que le mode
de suspension soit tel qu'elle puisse osciller
librement, alors elle fait un très grand
nombre d'oscillations avant de revenir à sa
position d'équilibre ; mais vient-on à l'ap-
procher au-dessous de l'eau ou du métal ,
et à l'écarter de nouveau de sa position
d'équilibre, alors elle oscille dans des arcs
de moins en moins étendus , comme si elle
se trouvait dans un milieu résistant. Ce
qu'il y a de remarquable dans ce mode d'ac-
tion , c'est que la diminution dans l'ampli-
tude des oscillations ne change pas leur nom-
bre dans le même temps. L'action est d'au-
tant plus forte pour un même corps qu'il est
plus près de l'aiguille , et à la même dis-
tance elle est différente pour les différents
corps. Les métaux agissent avec plus d'éner-
gie que l'eau , le verre , le bois , etc.
Mais si une plaque de cuivre ou de toute
autre substance solide, placée au-dessous
dune aiguille aimantée , jouit de la pro-
priété de diminuer l'amplitude des oscilla-
tions sans changer sensiblement leur durée,
il s'ensuit que cette même aiguille doit être
entraînée par une plaque en mouvement.
C'est , en effet, ce que l'expérience a mon-
tré. Si l'on fait tourner une plaque de cuivre,
avec une vitesse déterminée, sous une ai-
guille aimantée, aussitôt que le mouvement
de rotation commence, l'aiguille est chassée
du méridien magnétique avec d'autant plus
de force que le mouvement est plus rapide.
MAG
MAG
563
La force d'entraînement étant balancée par
l'action de la terre, qui tend à maintenir
l'aiguille dans le méridien magnétique , il
en résulte une nouvelle position d'équilibre
qui dépend du rapport de ces deux forces ;
mais quand le mouvement est très rapide ,
l'aiguille ne s'arrête pas , et continue à
tourner.
L'action que reçoit l'aiguille du disque en
mouvement décroît , pour la même vitesse,
à mesure que leur distance diminue : ainsi,
si l'aiguille tourne d'un mouvement con-
tinu, quand les deux corps ne sont séparés
que par une feuille de papier, en augmen-
tant la distance , elle prend une position
fixe , et la déviation devient toujours moin-
dre à mesure que l'on élève l'aiguille au-
dessus du disque.
M. Arago , après avoir observé le phéno-
mène, a cherché les composantes de la force
qui le produit, suivant trois axes : l'un per
pendiculaire au plan du disque, le deuxième
perpendiculaire au rayon et dans le plan du
disque, et le troisième parallèle au rayon et
dans le même plan.
La première composante est une force ré-
pulsive rendue sensible au moyen d'un ai-
mant fort long, suspendu à un fil dans une
direction verticale à l'extrémité du fléau
d'une balance maintenue en équilibre. Dès
l'instant que le plateau commence à tour-
ner, l'aimant est repoussé , et le fléau de la
balance penche de l'autre côté.
La seconde composante est horizontale et
perpendiculaireau plan vertical qui contient
le rayon aboutissant à la projection du pôle
de l'aiguille. Cette force est celle qui im-
prime le mouvement de rotation à l'aiguille;
elle agit tangentiellement au cercle, et son
effet est connu immédiatement par l'expé-
rience.
La troisième composante est dirigée pa-
rallèlement au rayon qui aboutit à la pro-
jection du pôle de l'aiguille. On la déter-
mine avec une aiguille d'inclinaison que
l'on place verticalement, de manière que
son axe de rotation soit contenu dans un
plan perpendiculaire à l'un des rayons du
disque. Une semblable aiguille placée au
centre du disque n'éprouve aucune action ;
il existe également un second point plus voi-
sin du bord que du centre, où elle n'é-
prouve non plus aucun changement dans sa
position ; mais , entre ces deux points , le
pôle inférieur est constamment attiré vers le
centre, tandis qu'il est repoussé au-delà du
point.
Lorsque les plaques sont évidées dans la
direction des rayons, l'effet est moindre que
quand elles sont pleines ; mais si on rem-
plit les interstices avec une substance con-
ductrice de l'électricité , ou qu'on les soude
avec un autre métal, alors la plaque recouvre
presque toute son action , mais pas aussi
grande qu'avant d'être coupée.
Le phénomène du Magnétisme en mouve-
ment est dû aux courants électriques par
induction qui se développent sous l'influence
de l'aimant et de la terre, et qui réagissent
ensuite sur l'aimant lui-même. Nous re-
viendrons sur ce sujet en donnant les théo-
ries imaginées pour expliquer le Magnétisme.
Des substances magnétiques.
Non seulement le fer, ses carbures, et Tua
de ses oxydes que l'on a nommé oiyde ma-
gnétique, agissent fortement sur l'aiguille ai-
mantée, mais deux autres métaux, le nickel
et le cobalt, ont une énergie d'action aussi
considérable que le fer. Si ces métaux sont
alliés, et surtout le cobalt, avec l'arsenic, ils
peuvent perdre complètement cette faculté.
Si l'on compare le nickel doux malléable
et le fer doux , on trouve que des aiguilles
semblables de ces deux substances oscillent
dans le même temps. On a, par d'autres
considérations , trouvé le même résultat
pour le cobalt, c'est-à-dire qu'à la tempéra-
ture ordinaire les trois métaux ont le même
Magnétisme spécifique. Ainsi les résultats
obtenus à cette température avec le fer sont
les mêmes pour les deux autres métaux.
Si l'on approche, à une certaine distance
d'un des pôles d'un aimant, des aiguilles de
fer, de fonte, d'acier, les résultats sont très
différents ; si c'est du fer malléable, il s'y
développe un Magnétisme momentané bien
plus fort que dans le fer écroui et dans l'a-
cier ; mais si l'on soustrait les aiguilles à
l'influence de l'aimant , le fer doux malléa-
ble aura peu ou point conservé de Magné-
tisme , tandis qu'il n'en sera pas ainsi avec
le fer écroui et l'acier, qui constituent alors
de véritables aimants permanents. Ainsi les
aiguilles de fer doux oscillent plus vite sous
l'influence d'un aimant que des aiguilles
564
MAG
d'acier et de fonte. C'est à l'aide de la mé-
thode dès oscillations qu'on a comparé ce
qu'on appelle le Magnétisme spécifique.
Si l'on fait usage d'une substance inerte,
c'est-à-dire qui n'exerce aucune action sur
l'aiguille aimantée, et que l'on fasse des
mélanges de cette substance et de limaille
d'un des trois métaux magnétiques cités
plus haut, alors on observe que si les parti-
cules magnétiques sont très rapprochées, la
force qui fait osciller une fibre élémentaire
du barreau est proportionnelle au carré de
la densité magnétique. Si , au contraire, on
dépasse une certaine limite , et que les par-
ticules actives soient très éloignées, alors
ces particules ne peuvent plus réagir l'une
sur l'autre , et l'action élémentaire est pro-
portionnelle simplement à la densité magné-
tique. En ayant égard à ce principe, on re-
connaît que l'action exercée par un aimant
sur les métaux magnétiques reste la même,
soit lorsqu'ils sont à l'état de poudre impal-
pable, soit lorsqu'ils constituent une masse
malléable.
Action de la chaleur sur les métaux ma-
gnétiques.— L'action du fer, du nickel et du
cobalt sur une aiguille aimantée varie avec
la température , de sorte que l'on peut ar-
river à un point où ces métaux n'exercent
plus aucune action. Si, par exemple, on fait
chauffer une barre de fer doux placée à peu
de distance d'une aiguille aimantée, on
observe que l'action varie peu à mesure que
l'on élève la température. Au rouge sombre,
elle est encore magnétique ; mais, au rouge-
cerise, elle a perdu toute sa faculté, qu'elle
ne recouvre que lorsqu'on la laisse refroidir.
Si l'on soumet la fonte à la même action,
au rouge sombre, elle a son maximum de
force, et, au rouge brillant, elle n'agit plus
de même sur le fer. Quand on opère ainsi
en élevant d'abord les barreaux de fer ou
de fonte au rouge blanc, et les laissant re-
froidir, en arrivant au point où le fer de-
vient magnétique, quelquefois l'attraction
qui se manifeste atteint immédiatement son
maximum ; d'autres fois, elle augmente gra-
duellement.
La chaleur agit de la même manière sur
le nickel et le cobalt; seulement les tempé-
ratures auxquelles ces deux métaux perdent
la faculté d'agir sur l'aiguille aimantée sont
différentes. Pour le nickel , cette tempéra-
MAG
ture est à peu près 400° centigrades; et
pour le cobalt, la température blanche du
feu de forge.
Pour comparer le Magnétisme spécifique
de ces trois métaux et de leurs carbures à
des températures élevées, on forme une ba-
lance de torsion avec un long fil de pla-
tine d'un petit diamètre, et on suspend le
petit barreau à un étrier en platine. Alors
on peut chauffer le barreau soumis à l'ex-
périence jusqu'au rouge brillant, maintenir
la température stationnaire à l'aide de la
flamme d'une lampe à alcool, et par les os-
cillations du barreau sous l'influence d'ai-
mant, trouver le Magnétisme spéc. tique.
On est conduit ainsi aux conséquences
suivantes :
1° Le Magnétisme spécifique du fer doux
ne varie que très peu entre la température
ordinaire et celle du rouge sombre où il
perd tout son pouvoir. Seulement, au rouge
sombre, il augmente de ^- à peu près, ce
qui montre qu'à la température ordinaire
ce métal se comporte comme ayant une fai-
ble force coërcitive.
2° Le Magnétisme spécifique de la fonte
de 1er augmente avec la température, de
sorte qu'au rouge naissant il est à son maxi-
mum. Dans la fonte et l'acier, le Magnétisme
spécifique, qui est plus faible que celui du
fer à la température ordinaire , augmente
à mesure que celle-ci s'élève, de manière
qu'avant de s'anéantir, il est égal à celui du
fer doux.
3° Pour les fontes de nickel et de cobalt,
on observe les mêmes effets; ainsi, vers
400° pour le nickel et au rouge blanc pour
le cobalt, l'action des carbures devient égale
à l'action de ces métaux malléables, et à la
température ordinaire.
On voit donc que le Magnétisme des trois
métaux ne varie que dans de faibles limites
entre la température ordinaire et celle où
ils cessent d'être magnétiques. On voit en
outre qu'il serait avantageux de tenter des
essais pour faire des aiguilles de boussole
en cobalt; car il est possible que les varia-
tions de la force coërcitive, par suite de la
température, soient plus faibles pour ce mé-
tal que pour les deux autres.
Action de la chaleur sur les barreaux ai-
mantés.—Coulomb est le premier qui se soit
occupé de l'influence de la chaleur sur la
JMAG
MAG
565
distribution du Magnétisme libre dans les
aiguilles aimantées. Ayant pris des bar-
reaux d'acier recuits et aimantés à satura-
tion, il éleva de nouveau leur température ;
après avoir compté avant chaque expérience
le temps des oscillations , il trouva que ce
temps augmente de telle soi te que l'inten-
sité magnétique diminue à mesure qu'on
élève la température. Or, comme les voya-
geurs, en parcourant les diverses parties du
globe, observent des localités qui présentent
des différences de température entre 12 et
40°, on doit en conclure que les aiguilles
aimantées dont ils font usage doivent éprou-
ver des changements dans leur magnétisme,
changements qui empêchent que les résultats
soientcomparables entre eux. MM. Kuppfer,
Gauss, Weber et Goldsmith se sont aussi oc-
cupés de cette question. M. Kuppfer a été
conduit à une loi très simple, qui peut s'ex-
primer ainsi : l'intensité magnétique de l'ai-
guillediminuantà mesureque la température
s'élève, le temps d'une oscillation augmente
d'un nombre proportionnel aux augmenta-
tions de température, pour de faibles varia-
tions de température bien entendu. Ainsi,
quand il s'agit de déterminer les oscillations
à une même température , il suffit de déter-
miner combien, pour chaque degré de cha-
leur, augmente la durée d'un certain nom-
bre d'oscillations de l'aiguille, et de faire
la correction en conséquence d'après une
formule. M. Gauss a été conduit à conclure
que les variations du Magnétisme du bar-
reau, quand la température monte, sont
soumises àd'autreslois que lorsqu'elle baisse,
et qu'un même barreau se comporte diffé-
remment suivant l'intensité magnétique qu'il
possède; quand celle-ci est très grande, ce
barreau la retient opiniâtrement, et le chan-
gement de température ne produit que de
petites augmentations ou diminutions. Si,
au contraire, son intensité est faible, la
température agit plus fortement sur lui.
L'élévation de température agit donc en
diminuant la force coërcitive de l'acier et
laissant recomposer une partie du Magné-
tisme. Lorsqu'on arrive vers 650 ou 700°,
toute trace de Magnétisme disparait.
Des métaux auxquels on avait attribué
une action magnétique On avait placé parmi
les métaux magnétiques, en outre du fer,
du nickel et du cobalt, le chrome et le man-
ganèse; mais, par la méthode des oscilla-
tions, on a trouvé que l'action d'un échan-
tillon de chrome, par rapport au fer, était
de 7 de millième, et celle d'un échantillon
de manganèse de 1 millième. Était-on assez
sûr de la pureté de ces métaux pour assurer
qu'ils ne continssent pas une si faible pro-
portion de fer? C'est ce que des expériences
ultérieures établiront.
D'après ce mode d'action de la chaleur
sur les métaux magnétiques, il est tout na-
turel de supposer qu'en abaissant convena-
blement la température de certains métaux
qui n'ont pas cette propriété à la tempéra-
ture ordinaire, on parviendrait à la leur
donner; mais jusqu'ici les tentatives ont
été vaines , et on n'a pas pu manifester
d'action même à — 100° centigrades avec
les froids intenses que l'on peut produire
maintenant. II ne reste plus à parler main-
tenant, comme substance assez fortement
magnétique, quede l'aimant naturel, c'est-à-
dire du fer oxydulé. Cette substance est une
combinaison de protoxyde et de peroxyde de
fer. Un cristal octaédrique et taillé en bar-
reau a donné une action représentée par ~
centième à peu près, celle du fer étant 1 ;
mais aussi la force coërcitive était considé-
rable ; car une fois le petit barreau aimanté,
il est devenuun aimant permanent assez éner-
gique; aussi presque tous les échantillons
qu'on retire de la terre sont-ils des aimants
permanents. Du reste, l'action de la chaleur
sur les oxydes est aussi facile à étudier que
sur les métaux magnétiques. On trouve
qu'au-dessous du rouge l'oxyde magnétique
cesse d'être attiré par les barreaux aimantés.
Nous renvoyons à l'article aimant pour de
plus amples détails touchant l'oxyde magné-
tique naturel.
De l'action du Magnétisme sur tous les corps
Coulomb est le premier qui ait annoncé
que non seulement le fer, le nickel et le
cobalt, et quelques autres métaux qui peu-
vent être mélangés de fer, sont influencés
par un aimant , mais encore que de petites
aiguilles de toutes les substances métalli-
ques ou végétales, telles que du bois, du
verre, oscillent sous l'influence de forts bar-
reaux comme de petites aiguilles aimantées.
11 a donné le rapport des forces exercées sur
de petites aiguilles d'or, d'argent, de plomb,
566
MAG
MAG
de cuivre, eu égard à la faiDie torsion d un
fil de cocon. Il a cherché, en faisant des mé-
langes de cire et de fer, quelle était la faible
proportion de métal ou de particules ma-
gnétiques nécessaires pour produire ces ré-
sultats. Il a trouvé qu'il suffisait de la pré-
sence de 1tlW de fer dans ces métaux pour
leur donner une force directrice sensible
entre les pôles de deux forts aimants. Ce
sont làdes quantités tellement minimes, que
l'analyse chimique la plus parfaite est im-
puissante pour en déceler la présence.
Il est nécessaire, quand on opère avec des
petites aiguilles de ces substances , de les
prendre d'une longueur de 1 ou 2 centimètres
seulement, et du poids de 50 ou 100 mil-
ligrammes; car, sans cela , il pourrait se
faire une distribution transversale de Ma-
gnétisme, et les aiguilles se placeraient per-
pendiculairement à la ligne des pôles au
lieu de se placer dans la direction même.
Plusieurs physiciens se sont occupés de
cette question, et ont été conduits à cette
conséquence, que des petites aiguilles de
tous les corps oscillent entre les pôles de
barreaux qui même ne sont pas très#éner-
giques : la silice cristallisée, la chaux sulfa-
tée limpide , le soufre cristallisé , le spath
d'Islande très pur, sont toujours influencés;
mais dans une même substance cet effet ne
reste pas le même pour des échantillons dif-
férents, et le Magnétisme spécifique est va-
riable d'un échantillon à l'autre. En prenant
de la silice fondue au chalumeau à gaz, l'ac-
tion diminue, et même s'anéantit presque
dans certains échantillons.
L'iode ordinaire éprouve une forte action
de la part des aimants; mais en le volatili-
sant, on obtient des fragments qui oscillent
presque aussi vite entre les aimants qu'au
dehors des aimants. Le camphre est dans le
même cas. Ainsi on peut donc en conclure
que toutes les substances cristallisées et
transparentes que l'on trouve à la surface
de la terre, et les matières végétales, obéis-
sent à l'action des barreaux aimantés , et
que pour certaines distances, à mesure qu'on
les purifie, l'action exercée de la part des
aimants diminue de façon à s'anéantir pres-
que dans quelques cas. Ces effets sont dus
à des actions de Magnétisme ordinaire, et
non à des effets de Magnétisme en mouve-
ment. On voit que ce phénomème a toute
l'apparence d'un mélange de matières iner-
tes et de particules actives, puisqu'il change
avec les échantillons. Mais il peut se faire
qu'il y ait deux actions distinctes : l'une
provenant de l'action moléculaire exercée
de la part du Magnétisme sur les particules
elles-mêmes et qui serait très petite ; l'autre
provenant de l'action exercée sur les par-
ticules de fer, ou les particules magnétiques
renfermées dans le corps.
On a comparé les résultats donnés par
les différentes substances que nous avons
indiquées avec le fer métallique, c'est-à dire
qu'on a cherché le Magnétisme spéciûque de
ces substances, ou, si l'on veut, la quan-
tité de fer qu'il faudrait mélanger à ces
substances supposées inertes pour donner
lieu aux mêmes résultats. Pour cela on a
d'abord comparé un mélange de cire et de
fer en poudre impalpable, avec un petit bar-
reau d'or pris comme unité; et on a trouvé
que l'action du fer étant représentée par
1000000 , celle de l'or est 8,8 , c'est-à-dire
qu'il faudrait en poids n\-iTÏ de fer métal-
lique pour donner lieu au même effet, en
supposant l'or pur inerte. Ce nombre se
rapproche de Tihïô donné Par Coulomb
pour l'argent. Avec des aimants très éner-
giques, on pourrait rendre sensible une ac-
tion dix fois et même cent fois plus faible ,
c'est-à-dire — ofoïinr de fer. Pour exprimer
cela en d'autres termes , on peut dire qu'il
suffirait d'un gramme de fer métallique
pour donner cette faculté à 10 quintaux mé-
triques d'un métal supposé inactif. Ce sont
des traces que l'analyse chimique la plus
parfaite ne peut indiquer.
Les matières organiques manifestent une
action beaucoup plus énergique ; nous cite-
rons, par exemple, la cire blanche. On a com-
paré ensuite l'or, pris pour unité , avec les
différents minéraux et les diverses roches
qui se trouvent à la surface de la terre , et
on a obtenu leur Magnétisme spécifique. On
trouve encore dans ce cas que quelquefois
deux échantillons identiques en apparence
donnent des actions très différentes.
Sans vouloir préjuger en rien la question
de l'origine du magnétisme terrestre, il est
évident que, sous son influence, les diffé-
rentes roches dont se compose l'écorce se
sont constituées en aimant, et que la résul-
tante de toutes ces actions forme une partie
MAG
MAG
567
plus ou moins grande de ce Magnétisme. ïl
peut même se faire, comme Ta annoncé Fu-
sinieri , que des particules ferrugineuses se
trouvent dans l'air , et aient une influence
sur l'aiguille aimantée. Ces questions ne
doivent être traitées qu'avec beaucoup de
réserve : cependant on ne doit rien omettre
de ce qui peut éclairer sur les recherches
relatives à l'origine du Magnétisme du
globe, sur lequel nous reviendrons à la fin
de cet article.
On voit , d'après ce que nous avons dit ,
que les substances minérales et autres se
comportent comme des mélanges de sub-
stances qui ont peu ou point d'action, et de
particules magnétiques. Cependant il peut
se faire que le Magnétisme agisse aussi sur
les molécules; mais cette action serait ex-
cessivement faible par rapport à celle qui a
lieu sur le fer, et ces deux actions agissent
simultanément pour donner lieu aux effets
observés.
Théories du Magnétisme . Électro-Magnétisme.
Induction.
Nous avons dit plus haut que Ton a cher-
ché à expliquer tous les phénomènes magné-
tiques, soit en admettant l'existence de deux
fluides, soit en supposant qu'il circule au-
tour des molécules des courants électriques
dans des plans perpendiculaires à l'axe des
aimants. La première théorie a été proposée
par Coulomb. M. Poisson l'a développée, et
en a fait une application mathématique à
la distribution du Magnétisme sur des sphè-
res et des ellipsoïdes. On admet dans cette
hypothèse qu'il existe deux fluides : l'un aus-
tral, l'autre boréal, qui, dans leur état de
combinaison, forment le fluide neutre. L'acte
de l'aimantation sépare ces deux fluides, qui
ne s'écartent que très peu autour de chaque
molécule, et ne passent pas d'une molécule
à une autre. On ne sait pas si les parties des
corps aimantés dans lesquelles la décompo-
sition du fluide neutre peut s'effectuer sont
les molécules mêmes de ces corps ; on sup-
pose seulement que leurs dimensions sont
très petites, et on appelle élément magné-
tique chacune de ces parties dont la pro-
priété caractéristique consiste en ce que les
quantités des deux fluides y sont égales en-
tre elles , dans l'état d'aimantation comme
dans l'état neutre.
Cette hypothèse de Coulomb sur deux
fluides magnétiques est d'une grande sim-
plicité, et rend bien compte des phénomènes
de Magnétisme proprement dit; mais elle
ne lie aucunement le Magnétisme à l'élec-
tricité.
Après que M. OErsted eut découvert l'ac-
tion d'un courant sur un aimant , M. Am-
père conçut l'idée d'une nouvelle théorie
sur la constitution des aimants, qui le con-
duisit à la découverte de l'action des cou-
rants entre eux. Les principes qui servent
de base à cette théorie sont les suivants:
1° L'action exercée de la part d'un cou-
rant électrique sur un aimant est telle que
l'aimant tend à se mettre perpendiculaire-
ment à la direction du courant, comme s'il
était sollicité par un couple de deux forces
directrices appliquées à ses pôles. Le pôle
austral est rejeté vers la gauche du cou-
rant (la gauche du courant est la gauche
d'une personne qui serait couchée dans le
sens du courant, l'électricité positive entrant
par les pieds, et la personne regardant tou-
jours l'aimant).
2» L'action d'un courant rectiligne sur
un aimant placé dans un plan perpendicu-
laire au courant varie en raison inverse de
la simple distance du fil à l'aimant. On en
conclut que l'action élémentaire exercée par
un élément de courant sur un élément ma-
gnétique, varie en raison inverse du carré de
la distance, et proportionnellement au sinus
de l'angle que fait avec la direction du cou-
rant la ligne qui joint les centres des élé-
ments.
3° Deux courants rectilignes parallèles
s'attirent lorsqu'ils sont dirigés dans le
même sens, et se repoussent lorsqu'ils sont
dirigés en sens contraire; s'ils font entre
eux un angle, ils tendent à se mettre paral-
lèles et dirigés dans le même sens.
D'après ces principes, M. Ampère a trouvé
qu'en transmettant un courant à travers un
fil conducteur enroulé en hélice autour d'un
cylindre de façon à former un grand nom-
bre de spires , et ramené dans l'axe du cy-
lindre afin que cette dernière partie du fil
détruisît les composantes horizontales du
courant de l'hélice, c'est-à-dire, pour s'ex-
primer autrement, en ayant une suite de
courants circulaires égaux dirigés dans le
même sens, et dont les plans soient perpen-
568
MAG
diculaires à une même ligne droite , cette
série de courants circulaires à laquelle on a
donné le nom de soîénoïde se conduit comme
un aimant, lorsqu'on le soumet, soit à l'in-
fluence d'un aimant, soit à celle d'un cou-
rant. Un soîénoïde se dirige dans le méridien
magnétique, et ses extrémités sont successi-
vement attirées et repoussées par les pôles
d'un aimant comme un aimant lui-même.
Deux solénoïdes agissent l'un sur l'autre
comme deux aimants. Enfin un soîénoïde se
conduit comme un aimant ayant même axe,
dont le pôle austral serait à la gauche d'un
observateur couché sur une des spires de
l'hélice, l'électricité positive allant des pieds
à la tête, et la figure regardant l'axe du cy-
lindre.
D'après cela, M. Ampère, au lieu de sup-
poser que le Magnétisme est dû à l'action
de deux fluides particuliers, attribue les phé-
nomènes auxquels il donne naissance à des
courants électriques qui se meuvent autour
des particules des corps.
Ces courants existeraient donc dans tous
les corps sensibles à l'action du Magnétisme.
Dans les corps à l'état naturel, les courants
électriques circuleraient dans tous les azi-
muts possibles autour des molécules, et l'ef-
,fet de l'aimantation serait de donnera ces
courants des directions tendant toutes à de-
venir parallèles, et dont les actions sur des
courants extérieurs expliqueraient les at-
tractions et les répulsions.
Dans l'hypothèse de M. Ampère, un ai-
mant ne serait pas un seul soîénoïde, mais
une réunion de solénoïdes.
Plus on étudie l'électro-magnétisme, plus
on est frappé du rapport qui existe entre les
phénomènes magnétiques et les phénomènes
électriques; d'un autre côté, la théorie de
M. Ampère , quoique plus compliquée que
celle de Coulomb, a cela de remarquable,
qu'elle lie les deux parties de la physique.
On voit donc que jusqu'à présent, cette der-
nière est celle qui comprend le plus grand
nombre de faits, et à laquelle on doit s'ar-
rêter. Du reste , les phénomènes d'induc-
tion sur lesquels reposait l'explication du
magnétisme par rotation, viennent donner
une nouvelle preuve à l'appui de la théorie
d'Ampère.
Nous venons de dire quelle est l'action ré-
ciproque des courants et des aimants ; mais
MAG
tes courants possèdent aussi la faculté
de développer le Magnétisme dans le fer
doux et l'acier, et de rendre permanent ce
Magnétisme, tant que dure l'action du cou-
rant, et de ne laisser d'action après le pas-
sage du courant que ce que la force coërci-
tive permet.
M. Faraday partant du principe que le
courant électrique développe une aimanta-
tion dans les métaux magnétiques, a voulu
s'assurer si réciproquement un aimant pou-
vait faire naître un courant électrique dans
un circuit métallique ; le succès a répondu à
son attente , et il est parvenu à développer
des courants électriques à l'aide des aimants,
et même à l'aide des courants électriques
eux-mêmes. Tous les phénomènes qui ren-
trent dans ces actions réciproques des ai-
mants et des courants ont reçu le nom de
phénomènes d'induction.
Si l'on forme une hélice métallique avec
un fil de cuivre enroulé autour d'un cylindre
creux en carton ou en verre , que l'on at-
tache les deux extrémités du fil conducteur
aux extrémités d'un galvanomètre , et que
l'on introduise dans l'intérieur un barreau
aimanté, l'aiguille du multiplicateur est di-
visée, et indique dans l'hélice un courant
inverse, c'est-à-dire opposé à celui qui eût
pu donner à l'aimant la polarité qu'il pos-
sède , si le fil eût été parcouru par un cou-
rant. La direction de l'aiguille indique, au
contraire, un courant direct quand on retire
rapidement le barreau.
Ainsi, lorsqu'un aimant s'approche d'un
fil conducteur de l'électricité placé à angle
droit, il s'y développe un courant, de même
que lorsqu'il s'en éloigne; mais ces deux
courants sont inverses. Lorsque l'aimant
reste en repos , le fil étant fixe, rien ne se'
manifeste; il n'y a que lorsque l'un des
deux , l'aimant ou le fil, est mobile ; l'effet
est le même lorsque, l'aimant restant en re-
pos, l'état magnétique de l'aimant change.
On voit donc que non seulement les cou-
rants électriques développent une aimanta-
tion permanente dans les métaux magnéti-
ques, mais encore que les aimants peuvent
développer des courants. La différence qui
existe entre ces deux genres de phénomènes,
c'est que , dans le premier cas , le Magné-
tisme persiste tant que le courant dure;
tandis que, dans le second, le courant ne se
MAG
IY1AG
569
manifeste que lorsque l'aimant est en mou-
vement par rapport au fil, ou que son Ma-
gnétisme varie. Or, dans l'état de repos, il
ne se manifeste aucun effet dans le fil.
D'après cela , on peut expliquer comme
il suit les phénomènes de Magnétisme par
rotation dont on a parlé plus haut.
Lorsqu'un disque de cuivre tourne au-
dessous d'une aiguille aimantée mobile au-
tour de son centre, il doit se manifester
des courants d'induction en différents sens
dans cette plaque; car dans les parties qui
s'éloignent des pôles , les courants sont di-
rects, et dans celles qui se rapprochent ils
sont inverses : seulement les actions sont
très compliquées, puisqu'il doit y avoir des
courants dans un grand nombre de direc-
tions. L'action combinée de ceux-ci sur l'ai-
guille mobile doit tendre à lui donner un
mouvement que l'expérience a montré de-
voir être dans la direction du mouvement
du disque. On a reconnu, en effet , qu'il y
avait des courants électriques dans le sens
des rayons du disque et dans plusieurs di-
rections.
On conçoit d'après cela, pourquoi les so-
lutions de continuité dans le disque tour-
nant diminuent sa puissance magnétique,
et comment il se fait que l'action soit aug-
mentée quand les entaillures sont remplies
par des substances métalliques conductrices
de l'électricité.
Magnétisme terrestre.
Toutes les fois qu'une aiguille aimantée,
librement suspendue par son centre de gra-
vité, et libre de se mouvoir dans un plan
vertical , passant par la direction de l'ai-
guille de déclinaison , est abandonnée à l'ac-
tion du globe terrestre, elle se fixe, après
quelques oscillations , dans une direction
faisant un angle qui varie de 0 à 90", sui-
vant la latitude du lieu, avec l'horizontale
située dans le plan vertical de l'aiguille.
En supposant que le globe soit un aimant
dont les deux pôles soient situés à peu de
distance de celui de la terre, la direction
de l'aiguille aimantée, telle qu'elle vient
d'être déterminée, est précisément celle de
la résultante des forces magnétiques terres-
tres , attendu que cette résultante peut être
représentée par deux forces égales dirigées
en sens contraire , suivant la direction de
I. VII.
l'aiguille, et appliquées à chacun de ces
pôles.
Or, trois éléments sont nécessaires pour
déterminer une force: la direction, l'in-
tensité et le point d'application. La direc-
tion serait celle de l'aiguille aimantée libre-
ment suspendue par son centre de gravité;
l'intensité est donnée par l'action magné-
tique terrestre. Quant au point d'applica-
tion , il faut des éléments dont nous avons
déjà parlé.
Pour la facilité des observations, on fait
usage de deux aiguilles, dont l'une peut se
mouvoir seulement dans un plan horizontal,
et l'autre dans un plan vertical.
Chacune des résultantes terrestres agis-
sant en sens contraire, suivant sa direction,
et ayant pour point d'application un des
deux pôles de l'aiguille, peut être décom-
posée par la pensée en deux autres forces ,
l'une dirigée suivant l'horizontale , située
dans le plan vertical d'équilibre, l'autre
suivant la verticale. Si donc on peut avoir
la direction et l'intensité de la composante
horizontale, ainsi que l'angle formé par la
direction de l'aiguille avec l'horizontale , on
pourra en déduire la direction et l'intensité
de la résultante.
Or, rien n'est plus simple que d'avoir ces
deux éléments. Lorsqu'une aiguille aiman-
tée suspendue à un fil sans torsion est libre
de se mouvoir dans un plan horizontal, elle
se fixe, avons-nous dit, après un certain
nombre d'oscillations , dans une direction
qui fait un certain angle avec la méridienne
du lieu où l'on se trouve. Vient-on à la dé-
ranger de sa position d'équilibre d'un petit
nombre de degrés, elle y revient en effec-
tuant des oscillations isochrones, dont la
durée dépend de son état magnétique et de
l'intensité des forces magnétiques terrestres.
Cette aiguille peut donc servir à déterminer
en intensité et en direction la composante
horizontale.
Maintenant, si l'on prend une autre ai-
guille aimantée suspendue librement par
son centre de gravité, et ne pouvant se
mouvoir que dans le plan vertical , elle ne
conservera pas son horizontalité, lors même
que ces deux moitiés auraient été parfaite-
ment équilibrées avant l'aimantation; elle
s'inclinera, comme on l'a vu précédemment,
par rapport à l'horizon, d'un angle qui va-
72
570
MAG
MAG
riera en allant de chaque pôle à l'équateur.
Cet angle devient nul dans certaines zones
qui s'écartent peu de l'équateur terrestre.
De l'équateur au pôle nord , l'extrémité de
l'aiguille tournée vers le nord s'incline de
plus en plus au-dessous de l'horizon; dans
l'hémisphère sud, c'est l'inverse. L'angle
qu'elle forme avec l'horizontale, joint aux
deux éléments de la composante horizontale,
sert à déterminer complètement la résul-
tante terrestre , à part les points d'applica-
tion de cette résultante.
La déclinaison est l'angle formé par l'ai-
guille horizontale avec le méridien du lieu
où l'on observe; l'inclinaison, l'angle formé
par l'aiguille se mouvant dans le plan
vertical du méridien magnétique avec l'ho-
rizontale. Les appareils destinés à donner
ces deux éléments ont été appelés boussoles
de déclinaison et d'inclinaison.
En écartant de sa position d'équilibre ,
d'un petit nombre de degrés, l'aiguille hori-
zontale, elle revient, en effectuant des oscil-
lations isochrones dont la durée dépend de
son Magnétisme propre et de l'intensité des
forces magnétiques terrestres du lieu de
l'observation : or, si cette aiguille conserve
constamment son Magnétisme , et qu'on la
transporte à différents points du globe, le
nombre d'oscillations qu'elle effectuera dans
le même temps pourra servir à mesurer l'in-
tensité des forces magnétiques en ces diffé-
rents points, attendu qu'elle oscille sous l'in-
fluence des forces magnétiques, comme le fait
un pendule sous l'action de la pesanteur.
En se transportant donc en divers points
du globe avec une aiguille de déclinaison et
une aiguille d'inclinaison conservant l'une
et l'autre leur puissance magnétique , on
aura la direction et l'intensité des résultan-
tes terrestres en ces points; ces forces sont
entre elles comme les carrés des nombres
d'oscillations exécutées dans le même temps.
Les observations magnétiques, pour être
comparables, exigent des précautions indis-
pensables. La chaleur exerçantune influence
sur le Magnétisme des aiguilles , comme
nous l'avons déjà dit, on a dû chercher les
moyens de rapporter les effets magnétiques
observés à la même température ; des lois
ont été données pour rendre les observations
comparables.
Quand on est en mer, l'attraction lo-
cale des masses de fer qui se trouvent à
bord des vaisseaux apporte des perturbations
dans les observations : aussi a ton dû
chercher les moyens de s'en préserver; di-
vers procédés sont employés à cet effet. La
méthode la plus directe est celle dont la
découverte est due à M. Barlow. Pour cor-
riger les effets de l'attraction locale, ce
physicien est parti du principe incontestable
que les diverses masses de fer qui se trou-
vent à bord des bâtiments acquièrent la po-
larité magnétique sous l'influence de l'ac-
tion du globe , et qu'elles agissent ensuite
sur les boussoles, comme pourraient le
faire de véritables aimants. Ce principe posé,
il admet que si l'on fait varier en même
temps la distance et l'élévation d'une plaque !
de fer doux, par rapport à une aiguille ai-
mantée horizontale, on peut trouver une
position où cette plaque exerce la même ac-
tion que les pièces de fer qui se trouvent
sur un bâtiment. Dès lors cette plaque,
placée d'un certain côté de l'aiguille, doit
détruire les effets de l'attraction locale.
La plaque et les masses ferrugineuses
perturbatrices étant modifiées de la même
manière, suivant la latitude magnétique
des lieux où l'on observe, ce mode de com-
pensation n'a donc pas besoin d'être changé.
Avant de rapporter les résultats généraux
obtenus , nous devons dire quelques mots
des observations magnétiques simultanées
faites en différents points du globe, d'après
le plan proposé par MM. de Humboldt et
Gauss, observations qui sont d'une grande
importance pour la solution d'une des gran-
des questions de la physique terrestre.
M. de Humboldt s'est servi de sa haute
influence scientifique pour faire élever des
observatoires magnétiques partout où il
existe des savants avec lesquels il pouvait
entrer en relation. Il fut arrêté que dans les
diverses localités , à des jours convenus, on
ferait des observations régulières des varia-
tions de l'aiguille aimantée; on fixa, en
outre , huit termes dans l'année, de 44 heu-
res chacun, pendant lesquels l'aiguille de-
vait être observée d'heure en heure. Dans
plusieurs endroits , les intervalles sont plus
rapprochés encore, de demi-heure en demi-
heure, de vingt minutes en vingt minutes,
et même de cinq minutes en cinq minutes ,
comme à Gcettingue.
MAG
Des observations de déclinaison faites sur
différents points du globe.
Les premiers observateurs ayant négligé,
à bord des vaisseaux , les effets de l'attrac-
tion des masses métalliques, leurs résultats
sont donc entachés d'erreurs.
Halley est le premier qui ait essayé de
réunir et de coordonner ensemble le grand
nombre d'observations de déclinaison faites
jusqu'à lui; en 1700, il publia une carte
marine dans laquelle sont tracées les lignes
d'égale déclinaison de 5 en 5°.
Cette carte, à l'époque où elle parut, fit
sensation, parce qu'elle permettait de
saisir d'un seul coup d'œil la marche de la
déclinaison, depuis l'équateur jusqu'aux
parties les plus septentrionales où les voya-
geurs étaient parvenus.
Des changements étant survenus dans la
déclinaison , et les méthodes d'observation
ayant été perfectionnées, on sentit de jour
en jour combien les indications de la carte
d'Halley devenaient défectueuses.
En 1745 et 1746, Mountain et Dodson,
ayant eu à leur disposition les registres de
l'amirauté anglaise et les mémoires de
plusieurs officiers de marine, publièrent
une nouvelle carte de déclinaison.
Churchman fit paraître en 1794 un
atlas magnétique, dans lequel il essaya de
donner les lois de la déclinaison, en s'ap-
puyant sur l'existence de deux pôles ma-
gnétiques, dont l'un était placé, pour 1800,
sous la latitude de 58° nord et sous la lon-
gitude de 134° ouest de Greenwich, très
près du cap Fairweather, et l'autre sous la
latitude de 58° sud et sous la longitude de
165°. Churchman avança en outre que le
pôle nord effectuait sa révolution en 1096
ans , et le pôle sud en 2289 ; de sorte qu'a-
près ces deux laps de temps les pôles se-
raient revenus dans leur position respective.
Cet ouvrage avait été précédé d'un autre
plus remarquable, qui parut en 1787", et
dans lequel son auteur , M. Hansteen ,
donna le tableau le plus complet qu'on ait
encore eu des observations de déclinaison.
Cet ouvrage est accompagné d'un atlas ma-
gnétique où se trouvent toutes les lignes
d'égale déclinaison. Le défaut de symétrie
de ces lignes était tel , qu'on dut en con-
clure que les causes d'où dépend le Magné-
MAG
571
tisme terrestre étaient réparties irrégulière-
ment sur la surface du globe.
Mais le capitaine Duperrey publia en
1836 de nouvelles cartes, dans lesquelles
la déclinaison de l'aiguille aimantée se trouve
employée selon sa véritable destination, qui
est de faire connaître la direction du méri-
dien magnétique en chaque point du globe «
où elle a été observée , et , par suite , la fi- '
gure générale de courbes qui ont la pro- 1
priété d'être , d'un pôle magnétique à l'autre,
les méridiens magnétiques de tous les lieux
où elles passent.
Nous donnerons plus loin le tracé des
principales lignes d'égale déclinaison.
Des variations séculaires et annuelles de la
déclinaison.
La déclinaison de l'aiguille aimantée est
soumise à des variations séculaires, annuel-
les , mensuelles et diurnes , qu'on peut
considérer comme régulières, et à des va-
riations irrégulières qui se montrent dans
certaines circonstances atmosphériques,
telles que les aurores boréales , les trem-
blements de terre, les éruptions volcaniques.
Faute d'observations , on ne peut remonter
au-delà de 1580. A cette époque, à Paris ,
l'extrémité nord de l'aiguille déviait à l'est
de 11* 30'; en 1663, l'aiguille se trouvait
dans le méridien terrestre; depuis lors, la
déclinaison est devenue occidentale; en
1814, elle avait atteint son maximum, et
depuis elle a continué à diminuer.
En comparant les observations de décli-
naison faites à Paris depuis 1800 jusqu'en
1826 , et celles de Londres depuis 1576 jus-
qu'en 1821, on voit que le maximum de
déclinaison à l'ouest a eu lieu à Londres en
1815, et à Paris en 1814. Ainsi, les deux
maxima ont eu lieu à l'est et à l'ouest sen-
siblement aux mêmes époques, à Paris et à
Londres.
Si l'on rapproche de ces observations
celles faites au cap de Bonne-Espérance, on
trouve que, dans l'hémisphère sud , comme
dans l'hémisphère nord, la déclinaison est
soumise à une marche semblable; on la voi'
légèrement à l'est en 1605; de 1605 à 1609,
elle devient nulle, puis passe à l'ouest,
atteint son maximum vers 1791, et rétro-
grade vers l'est.
Outre ces variations , l'aiguille est soumise
572
MAG
MAG
à des variations qui paraissent se rattacher
à la position du soleil à l'époque des équi-
noxes et des solstices, comme Cassini l'a dé-
couvert. Voici les conséquences déduites des
observations de cet astronome.
Dans Tintervalle du mois de janvier au
mois d'avril , l'aiguille aimantée s'éloigne
du pôle nord , en sorte que la déclinaison
occidentale augmente.
A partir du mois d'avril, et jusqu'au
commencement du mois de juillet, c'est-à-
dire durant tout le temps qui s'écoule entre
l'équinoxe du printemps et le solstice d'été,
la déclinaison diminue.
Après le solstice d'été et jusqu'à l'équi-
noxe du printemps suivant, l'aiguille reprend
son chemin vers l'ouest , de manière qu'en
octobre elle se retrouve, à fort peu près,
dans la même direction qu'en mai; entre
octobre et mars , le mouvement occidental
est plus petit que dans les trois mois pré-
cédents.
Il résulte de là que pendant les trois
mois qui se sont écoulés entre l'équinoxe du
printemps et le solstice d'été, l'aiguille a ré-
trogradé vers l'est, et que dans les neuf
mois suivants, sa marche générale, au con-
traire , s'est dirigée vers l'ouest.
M. Arago, voulant discuter les observa-
tions faites dans divers lieux, a pris la dé-
clinaison moyennedechaque jour, qui estla
demi-somme de deux déclinaisons, maximum
et minimum; puis la déclinaison moyenne
de chaque mois, qui est la somme des
moyennes de tous les jours du mois , divisée
par le nombre de ces jours. En comparant
tous les résultats obtenus , il a trouvé un
maximum de déclinaison vers l'équinoxe du
printemps , et un minimum au solstice
d'été ; avec cette différence toutefois que
l'amplitude de l'oscillation est moindre à
Londres qu'à Paris.
Des variations diurnes de V aiguille aimantée.
En Europe, l'extrémité boréale de l'ai-
guille aimantée marche tous les jours de
l'est à l'ouest, depuis le lever du soleil jus-
que vers une heure de l'après-midi , et re-
tourne ensuite vers l'est par un mouvement
rétrograde , de manière à reprendre à très
peu près , vers dix heures du soir, la posi-
tion qu'elle occupait le matin ; pendant la
nuit, l'aiguille est presque stationnaire , et
recommence le lendemain ses excursions
périodiques.
La position géographique du lieu où l'on
observe exerce-t-elle une influence sur le
phénomène? Ce phénomène est-il moins
marqué près de l'équateur terrestre que
dans nos climats? Nous répondrons plus loin
à ces deux questions,
A Paris , la moyenne de la variation
diurne est, pour avril , mai, juin, juillet
et septembre, de 13 à 15', et pour les
autres mois de 8 à 10'. Il y a des jours où
elle s'élève à 25', et d'autres où elle ne
dépasse pas 5 à 6'.
Le maximum de déviation n'a pas lieu
à la même heure sur les différents points
du globe , comme l'ont constaté divers ob-
servateurs. Si l'on compare toutes ces obser-
vations, on est porté à admettre que les
variations de l'aiguille aimantée, soit an-
nuelles, soit diurnes, doivent être attri-
buées à l'action de la chaleur solaire.
Des variations irrégulières de la déclinaison.
Une feule d'observations faites sur diffé-
rents points du globe prouvent que la mar-
che régulière de l'aiguille aimantée, lors de
l'apparition de l'aurore boréale, est subite-
ment dérangée, non seulement dans les lieux
où elle est visible , mais encore dans des
contrées qui en sont éloignées; il en résulte
alors des variations irrégulières dont nous
allons parler.
Parmi les physiciens qui se sont le plus
occupés de constater l'influence qu'exercent
les aurores boréales sur des aiguilles ai-
mantées placées dans les régions où les mé-
téores ne sont pas visibles , nous citerons
M. Arago, qui, outre ses observations pro-
pres, a réuni encore un grand nombre de
faits tendant à mettre hors de doute cette
influence, niée d'abord par quelques per-
sonnes.
M. Farquharson a cru remarquer que les
dérangements de l'aiguille aimantée ne se
manifestent qu'à l'époque où, dans leur
mouvement ascendant, les parties lumineu-
ses de l'aurore atteignent le plan perpendicu-
laire au méridien magnétique; mais M. Arago
ne regarde pas cette supposition comme
applicable dans nos climats. En effet , pres-
que toujours l'aurore qui, à son apparition,
le soir, déviera la pointe nord de l'aiguille
MAG
3VIAG
573
vers l'orient , a déjà produit le matin un
dérangement en sens opposé. M. Arago a
remarqué en outre qu'il arrive que l'au-
rore agit à Paris , lors même qu'elle ne s'é-
lève point au-dessus de l'horizon.
Voici quelques observations faites à Bos-
sekop , dans la partie la plus septentrionale
de l'Europe , là où les aurores paraissent
dans tout leur éclat. Quand celles-ci n'of-
frent que des vapeurs diffuses, disposées en
arcs ou en plaques éparses, la perturbation
de l'aiguille aimantée est généralement
faible et souvent nulle; mais lorsque les
arcs rayonnants ou les faisceaux de rayons
isolés deviennent vifs et colorés, l'action se
fait sentir de 1 à 3' après leur apparition ,
et alors il est difficile de suivre les grandes
oscillations de l'aiguille, qui souvent sont de
plusieurs degrés.
Les plus grands écarts de l'aiguille se ma-
nifestent quand les couronnes boréales,
formées par les rayons qui convergent au
zénith magnétique, effacent l'éclatdes étoiles
de première grandeur, et dont les bases
inégales , colorées d'admirables teintes rou-
ges et vertes , dardent et ondulent avec ra-
pidité.
MM. les membres de la commission scien-
tifique dans le Nord ont encore remarqué
que parfois l'aiguille reste parfaitement tran-
quille, jusqu'au moment de l'apparition de
l'aurore, même pendant une partie du temps
de sa présence sur l'horizon. Il arrive sou-
vent aussi qu'elle prédit l'aurore, pour ainsi
dire, par sa marche anormale vers l'ouest
durant toute la journée.
En général, la déclinaison augmente avant
l'aurore, et souvent même jusqu'à ce que le
phénomène ait atteint un certain degré d'in-
tensité: alors les grandes oscillations com-
mencent ; puis l'aiguille revient vers l'est
très régulièrement , elle dépasse sa position
normale, qu'elle ne reprend que quelques
heures après, si une nouvelle aurore ne
vient pas troubler sa marche.
M. Lottin, qui a étudié avec le plus grand
soin les phénomènes qui accompagnent l'au-
rore boréale, a remarqué que les faits pré-
cédents ne sont pas sans exception; qu'ils
ne laissent néanmoins aucun doute touchant
l'action exercée par les aurores boréales
sur les aiguilles aimantées, placées non seu-
ement dans les régions où ces phénomènes
apparaissent, mais encore dans celles où ils
ne sont pas visibles.
Des variations de l'aiguille aimantée observées
par MM. Gauss et Weber.
Les méthodes adoptées par M. Gauss pour
étudier les phénomènes magnétiques consti
tuent une nouvelle ère d'observation , aussi
doit-on en faire une classe à part. C'est ce
motif qui nous engage à exposer séparément
tout ce qui concerne les variations de l'ai-
guille aimantée , étudiées, d'après les nou-
velles méthodes d'observation , pendant les
années 1836, 1837 et 1838.
Ces résultats montrent : 1° que chaque
année, au mois de décembre, la différence
est un minimum, ce qui paraît naturel, at-
tendu que les changements variant selon les
différentes heures de la journée, ne peuvent
être attribuées , suivant toutes les apparen-
ces , qu'à l'influence exercée par le soleil ;
2° que les déclinaisons sont plus fortes vers
une heure de l'après-midi que le matin,
comme on le savait déjà ; que les différences
n'atteignent pas leur maximum à l'époque
du solstice d'été, puisqu'en juin, juillet, elles
sont plus petites qu'en avril , mai et août.
Cassini avait déjà reconnu une période à peu
près semblable. Ces effets paraissent être
dus également à l'influence du soleil.
MM. Gauss et Weber ont reconnu encore
que, pendant la dernière année, la diffé-
rence a été beaucoup plus grande dans tous
les mois pris isolément que pendant la pre-
mière, et que dans la troisième , cette dif-
férence est encore plus grande que dans la
précédente. Ces différences sont beaucoup
trop fortes pour que l'on puisse y voir l'in-
dice d'un accroissement séculaire. Les ob-
servations sont faites depuis trop peu d'an-
nées pour que l'on en tire cette induction.
Au surplus, si cela est, comment faire ca-
drer ce résultat avec le fait bien constaté
que la déclinaison est maintenant dans sa
période de décroissement? 11 pourrait se faire
cependant que l'influence exercée par le so-
leil sur le Magnétisme terrestre fût, selon
les années, plus ou moins marquée, de même
que la température diffère souvent d'une
année à l'autre.
Les précédents résultats nous montrent
bien que les différences qui existent entre
574
MAG
MAG
les variations de la déclinaison du matin
et celles de l'après-midi, présentent des par-
ticularités tout opposées à celles qu'elles of-
frent dans la marche normale ou régulière.
Ces exceptions, à la vérité, sont rares, et il
ne s'est présenté que 14 cas, dont un seul
pour 79 jours, dans l'espace de trois ans,
où là déclinaison a été plus forte le matin
que le soir.
Pour reconnaître les variations séculaires,
on a comparé les moyennes mensuelles de
première année avec celles des mois des
deuxième et troisième années qui leur cor-
respondent. Sur 48 observations, 47 don-
nent des diminutions et une seule de l'aug-
mentation.
MM. Gauss et Weber ont tracé sur des
cartes particulières , les observations rela
tives aux variations des six termes de cha-
leur des années 1836, 1837 et 1838. En
comparant tous les résultats, on voit qu'en
général , les vents les plus violents restent
sans influence sur l'aiguille aimantée. Il en
est de même des orages. Dans les six der-
niers termes de 1836, on trouve que , dans
les trois premiers termes d'été , au milieu
de toutes les grandes anomalies, le mouve-
ment de chaque jour est régulier, en ce sens,
que les courbes montent dans les heures de
l'après-midi , et descendent dans celles de
la matinée. Dans les trois termes d'hiver,
le tracé régulier est envahi par le tracé ir-
régulier, où il se perd entièrement. Mais ce
qui rend les mouvements anormaux si re-
marquables , c'est le grand accord que l'on
trouve jusqu'aux plus faibles nuances en dif-
férents endroits ; accord qui se montre même
dans tous les lieux d'observation, seulement
avec des valeurs différentes.
MM. Gauss et Weber appellent ces divers
effets des hiéroglyphes de la nature.
Suivant eux, les anomalies ne sont que de
légers changements dans la grande force
magnétique terrestre , dus probablement à
dés effets magnétiques du globe , ou qui ont
lieu peut-être en dehors de notre atmo-
sphère. Ils n'abandonnent pas néanmoins
pour. cela l'ancienne idée, que la force ma-
gnétique principale a son siège dans la par-
tie solide du globe. Si, d'après l'opinion de
quelques physiciens , l'intérieur de la terre
était encore dans un état liquide, la solidifi-
cation progressive offrirait alors l'explication
la plus naturelle des changements séculaires
de la force magnétique.
M. Gauss a remarqué que la plupart des
anomalies sont plus petites à beaucoup près,
dans les lieux d'observation situés au sud,
que dans ceux placés au nord. Les régions
les plus septentrionales paraîtraient donc-
être, en général, suivant lui, le foyer prin-
cipal d'où partent les plus fréquentes et les
plus grandes actions perturbatrices.
Des observations d'inclinaison faites en
différents points du globe.
Les observations relatives à l'inclinaison
ont occupé les voyageurs non moins autant
que celles de la déclinaison. En étudiant la
marche de l'inclinaison, en partant de Paris
et se rendant vers le nord, on a trouvé que
le pôle austral de l'aiguille s'abaisse de plus
en plus au-dessous de l'horizon; que l'incli-
naison augmente en même temps que la la-
titude, et que dans les régions polaires il
existe des points où elle est de 90°.
En se dirigeant, au contraire, dans l'hé-
misphère austral , on a reconnu que l'in-
clinaison diminue avec la latitude, et qu'il
existe non loin de l'équateur des points où
l'aiguille est sans inclinaison. Au-delà de
ces points , l'inclinaison recommence, mais
dans un sens inverse, et continue à augmen-
ter jusque vers le pôle, où elle est de 90°.
La courbe comprenant tous les points où
l'aiguille aimantée est sans inclinaison, a
été nommée équateur magnétique, et les
points où l'aiguille est verticale pôle magné-
tique. Les observations d'inclinaison ont
pour but de trouver la position de cet équa-
teur et des pôles, dont nous parlerons ci-
après.
L'inclinaison de l'aiguille aimantée est
soumise, comme la déclinaison, à dés varia-
tions continuelles. On a trouvé qu'elle a tou-
jours été en diminuant, depuis 1671 jusqu'à
1829 à Paris , et jusqu'en 1831 à Londres.
M. Hansteen a observé de son côté
que l'inclinaison est d'environ 15' plus forte
pendant l'été que pendant l'hiver , et d'en-
viron 4 ou 5; plus grande avant midi qu'a-
près.
De l'intensité magnétique du globe en divers
points de sa surface.
Cette intensité a été étudiée pour la pre-
MAG
mière fois, par Graham, celui-là même qui a
découvert les variations diurnes de l'aiguille
aimantée, puis elle a été étudiée par un grand
nombre de physiciens et de voyageurs, et en
outre par M. de Humboldt, qui a mis en évi-
dence ce fait important entrevu avant lui,
que l'intensité de la force magnétique du
globe est variable en différents poiuts. Il s'est
attaché à déterminer la loi suivant laquelle
varie l'intensité des forces magnétiques à
diverses latitudes. Il découvrit en se rendant
au haut Orénoque et au Pico-Negro , pen-
dant l'été de 1800, que cette intensité al-
lait en croissant des basses latitudes aux
pôles.
En comparant la valeur de l'intensité en
divers points du globe, M. de Humboldt a
découvert un autre point très important ,
c'est le défaut de parallélisme des lignes
isodynamiques et d'égale inclinaison.
Nous ne pouvons rentrer ici dans des dé-
tails sur les observations relatives aux ob-
servations d'intensité, en raison de leur
grand nombre; néanmoins nous citerons les
principaux résultats.
M. Hansteen a publié en 1819 un ou-
vrage sur le Magnétisme terrestre, dans le-
quel on trouve cette conséquence, qu'il doit
exister un pôle magnétique dans le nord de
la Sibérie, moins puissant, mais semblable à
celui du nord de l'Amérique , et que les li-
gnes d'égale intensité se disposent d'elles-
mêmes autour du centre en Sibérie , de la
même manière qu'autour du centre d'une
force plus grande en Amérique. Cette idée
de l'existence de deux pôles dans chaque hé-
misphère , fut admise par MM. Due et Er-
man , d'après les observations qu'ils firent
dans un voyage en Sibérie, en 1818.
Des variations de l'intensité.
Il est probable que l'action magnétique du
globes'étend dans l'espace à des distances con-
sidérables, comme l'ont constaté MM. Gay-
Lussac et Biot dans leur voyage aérostatique ;
<:ar ils ont trouvé qu'elle décroissait très len-
tement à mesure que l'on s'éloigne de la terre.
Il est probable que cette diminution suit la
loi inverse du carré de la distance. Il y a
quelques probabilités à supposer que les as-
tres, la lune, le soleil, etc., sontégalement
doués de la puissance magnétique; s'il en
est ainsi, leur action doit réagir sur nos ai-
MAG
575
guillesen raison de leur distance et de leur
position par rapport à nous. Mais comme
ces derniers éléments changent par suite des
mouvements de la terre et des planètes, il
doit en résulter des variations diurnes et
annuelles. Néanmoins on est loin d'attribuer
à de semblables causes toutes les variations
observées dans la marche de l'aiguille de la
boussole. Elles y contribuent probablement
pour une partie ; mais il y a d'autres causes
dont on ne saurait nier la coopération.
M. Hansteen paraît être un des premiers
qui se soient occupés de rechercher les varia-
tions diurnes et annuelles de l'intensité. Ces
observations l'ont conduit aux conséquences
suivantes: 1° l'intensité magnétique est
soumise à des variations diurnes; 2° le mi-
nimum de cette intensité a lieu entre dix et
onze heures du matin, et le maximum entre
quatre et cinq heures de l'après-midi ; 3° les
intensités moyennes mensuelles sont elles-
mêmes variables; 4° l'intensité moyenne vers
le solstice d'hiver surpasse beaucoup l'inten-
sité moyenne donnée par des jours sembla-
blement placés relativementausolsticed'été;
5° les variations d'intensité moyenne d'un
mois à l'autre sont à leur minimum en mai et
juin, et à leur maximum vers les équinoxes ;
6° enfin les moyennes variations journaliè-
res sont plus grandes en été qu'en hiver.
M. Hansteen, qui a étudié également les va-
riations diurnes de l'inclinaison, lesquelles,
suivant lui, sont plus grandes d'environ 15'
en été qu'en hiver, et de 4 ou 5' plus gran-
des le matin que dans l'après-midi, en a
conclu que les variations d'intensité devaient
être attribuées à des changements dans l'in-
clinaison.
MM. Gauss et Weber ont également étu-
dié les variations de l'intensité avec leurs
nouveaux appareils. Les résultats qu'ils ont
obtenus indiquent également des variations
régulières dépendantes du temps de la jour-
née et qui peuvent se confondre, comme
pour la déclinaison, avec des variations ir-
régulières, et qu'on ne pourra distinguer les
unes des autres qu'après des observations con-
tinuées pendant nombre d'années. M. Gauss
pense néanmoins que l'intensité décroît pen-
dant les heures de la matinée, de telle sorte
qu'elle atteint son minimum une ou deux
heures avant midi, et qu'elle augmente de
nouveau à partir de ce temps; suivant
576
MAG
M. Hansteen, ce mouvement a lieu entre dix
et onze heures.
Nous ajouterons que M. Weber a reconnu
que des variations irrégulières, quelquefois
très considérables, se montrent à de courts
intervalles et ne sont pas moins fréquentes
que dans la déclinaison. Les tracés graphi-
ques montrent que les courbes représentent
les variations de l'intensité, et celles de la
déclinaison ont des mouvements dans cha-
que terme d'observations qui n'ont aucune
ressemblance; néanmoins l'on voit que là
où la déclinaison est fortement troublée, il
y a également perturbation dans l'intensité.
Des lignes sans inclinaison et des lignes
d'égale déclinaison.
Dans l'atlas magnétique, publié en 1787
par M. Hansteen , on voit qu'il existe deux
lignes sans déclinaison , l'une située dans
l'océan Atlantique, entre l'ancien et le nou-
veau monde, laquelle commence sous le 60°
de latitude, à l'ouest de la baie d'Hudson ,
s'avance dans la direction sud-est, à travers
les lacs de l'Amérique du Nord, traverse les
Antilles et le cap Saint-Roch, jusqu'à ce
qu'elle atteigne l'océan Atlantique du Sud,
où elle coupe le méridien de Greenwich par
65° de latitude sud. Cette ligne est à peu
près droite jusque près de la partie orientale
de l'Amérique du Sud, qù elle se courbe un
peu au-dessus de l'équateur.
La seconde ligne sans déclinaison, qui est
remplie d'inflexions, commence au 60° de
latitude sud au-dessous de la Nouvelle-Hol-
lande, traverse cette île, s'étend dans l'ar-
chipel Indien en se partageant en deux
branches qui coupent trois fois l'équateur.
Elle passe d'abord au nord de ce dernier, à
l'est de Bornéo; elle revient ensuite et passe
au sud entre Sumatra et Bornéo, et, tra-
versant de nouveau l'équateur au-dessus de
Ceylan, d'où elle passe à l'est au milieu de
la mer Jaune, elle se dirige ensuite le long
de la côte de la Chine, puis atteint la lati-
tude de 71°, redescend de nouveau au nord
en décrivant une courbe demi-circulaire qui
se termine à la mer Blanche.
Cook avança qu'il existait encore une
troisième ligne sans déclinaison vers le point
de la plus grande inflexion magnétique ;
mais elle n'a pas été suivie dans le Nord ,
de sorte que l'on ne connaît pas son cours. I
MAG
Les voyageurs ont cherché aussi la série des
points où ils pensaient que la déclinaison
était la plus grande. Cook a trouvé une ligne
de ce genre dans l'hémisphère austral , à
60° 49' de latitude et 93° 45' de longitude
occidentale, comptés du méridien de Paris.
Outre les lignes de non - déclinaison ,
M. Hansteen en a tracé d'autres qui les sui-
vent, et dont la déclinaison est de 5 , 10
et 15°, etc. Ces dernières présentant une
courbure sur elles-mêmes à leurs extrémi-
tés , il en a tiré la conséquence qu'il exis-
tait, comme nous l'avons déjà dit, deux
pôles magnétiques dans chaque hémisphère,
dont l'un avait une intensité plus grande
que l'autre , et que ces quatre pôles avaient
un mouvement régulier autour des pôles
terrestres , les deux pôles du nord allant de
l'ouest à l'est dans une direction oblique, et
les deux autres de l'est à l'ouest aussi obli-
quement.
Il a assigné à ces révolutions, d'après les
observations faites antérieurement à 1817,
les durées suivantes :
Au N#> pôle dont l'intens. est la plus forte. 1740 ans*
Au S. . . . id. . . . id. . . . 4609
AuN. . . . id. . . la plus faible. 860
Au S. . . . id. , , . id. . . . 1304
M. Hansteen, en s'appuyant, d'autre
part, sur les observations des voyageurs
français et anglais, a obtenu, pour la posi-
tion du pôle fort au nord , les résultats sui-
vants :
Latitude du pôle. Longitude ouest du pôle.
1730. . 70o45'. . . . 108o 6'.
1769. . 70 17 ... . 100 2 .
1813. . 67 10. . . . 92 24.
On voit donc que le mouvement du pôle
à l'est, de 1730 à 1769, a été de 8° 4', ou
de 12' 44" par année ; de 1769 à 1813 , de
7° 38', ou de 10' 41" par année.
Moyen mouvement : 11' 42'', 25.
Période de la révolution complète : 1890
ans.
Le capitaine Ross, qui a été sur le pôle
même, a trouvé qu'il était situé par les 70»
5" de latitude nord, et les 99" 5' 48" de lon-
gitude ouest , à compter du méridien de
Greenwich.
Pôle fort au sud. M. Hansteen , en com-
binant les observations de Cook en 1773
et 1777 , avec celles de Furneaux en 1773,
et les comparant avec les observations de
MAG
Tasman en 1642, a trouvé, pour la position
de ce pôle :
1642, latit. Nord, 7lo 5'; long. Est, 146o 57'.
1773, ici. 69o26'5"; ici. 136o 15' 4".
Le déplacement de ce pôle , en 131 ans ,
est de 10° 14', ou de 4' 67" par an; ce
qui donne 4605 ans pour la révolution
complète.
Pôle faible au Nord. M. Hansteen , en
comparant les observations faites en 1770
et 1805. àToboIsk, Taran etUdinsk, en
Sibérie, a trouvé, pour sa position à ces
deux époques :
Latitude Nord. Longit. Est. I Mouv. en 35 ans. Mouv. ann.
17T0,S5o46', 9Io29'ÔO" I 14°33" 35" 128.
Ainsi ce pôle achèverait sa révolution de
"est à l'ouest en 860 ans.
Pôle le plus faible au sud dont la position
a été déterminée au moyen des observations
de Cook et de Fourneaux en 1774 et de
Halley en 1760 :
MAG
577
Latit. Sud. Long. Ouest.
1070, G't°7\ W4° 53' 1/2
1774, 77 17. 123 17
Mouv. en io4 ans. Mouv. ann.
28o 43" 1/2. 16" 57.
Ce pôle accomplirait donc sa révolution
en 1303 ans.
M. Barlow n'admet pas deux pôles dans
chaque hémisphère.
On lui doit une carte de lignes d'égale dé-
clinaison tracées au moyen des observations
les plus importantes faites dans les voyages
récents, en écartant toutes vues théoriques:
ainsi dans les parties où il y avait solution
de continuité faute d'observations , comme
vers le pôle sud, il a laissé des blancs.
En jetant les yeux sur cette carte, qui
est à peu près celle de M. Hansteen , à part
cependant les nombreuses additions , on re-
connaît qu'abstraction faite des portions qui
offrent des courbures extraordinaires , ces
, lignes d'égale déclinaison doivent dépendre
:' de lois que nous ne connaissons pas
encore.
Dans l'océan Indien , on trouve une ligne
sans déclinaison qui coupe l'équateur ter-
restre et dont la courbure est extraordi-
naire; les lignes d'égale déclinaison , si-
tuées à gauche de celles-ci, ont une décli-
naison occidentale, celles à droite une dé-
clinaison orientale. Dans ce même océan
pendant 40°, la ligne sans déclinaison court
i. vu.
presque parallèlement à l'équateur, et pen-
dant 40 autres degrés elle revient dans le
méridien. Mais comme, dans le cas de non-
déclinaison , le pôle magnétique doit se
trouver dans le méridien du lieu, il s'en-
suit que le pôle doit aussi courir pendant
40° ou coïncider avec le pôle du globe. Ces
faits sont incompatibles avec l'existence de
quatre pôles magnétiques ou même d'un
plus grand nombre.
Les courbes remarquables du grand océan
Pacifique n'indiquent en rien l'influence de
causes locales. Ces lignes, au lieu de s'éten-
dre vers les pôles , comme dans les autres
parties du globe, retournent sur elles-mêmes,
de manière à former des figures semblables
quoique irrégulières. Cette disposition n'est
pas compatible non plus avec l'existence de
quatre pôles.
Les lignes sans déclinaison éprouvent des
changements progressifs de situation et de
configuration , conséquence des variations
auxquelles est soumise la déclinaison. C'est
vers l'an 1660 que la ligne sans déclinaison
a dû traverser l'océan Atlantique presque
à angle droit avec les méridiens de nos con-
trées. Depuis cette époque, elle a été gra-
duellement en descendant vers le sud et
l'ouest , et aujourd'hui elle traverse la par-
tie orientale de l'Amérique du Sud. Cette
ligne sans déclinaison traverse l'Australie;
mais il paraîtque s'il y a eu depuis soixante
ans quelque changement, il a dû être très
faible.
La déclinaison, dans cette localité, pa-
raîtrait donc aussi fixe que sur la côte d'A-
mérique. Ce qu'il y a de particulier dans
cette presque constance dans la déclinaison,
c'est qu'on n'a rien vu de semblable dans
notre hémisphère.
M. Barlow a remarqué que , partout où
l'on a observé les déclinaisons et où le dé-
placement a été considérable, on a toujours
pu réduire le mouvement de déplacement à
la rotation circulaire d'un certain pôle ma-
gnétique situé vers le pôle de la terre. Les
courbes tracées sur la carte de M. Barlow
présentent cette particularité remarquable,
que le véritable lieu où le capitaine Ross a
trouvé que l'aiguille d'inclinaison était per-
pendiculaire est précisément le point où ,
en admettant que toutes les lignes se ren-
contrent, celles-ci conservent mieux leur
73
578
3VIAG
caractère d'unité , soit qu'on les considère
séparément ou dans leur ensemble.
Des lignes d'égale inclinaison et de l'équateur
magnétique.
Différentes cartes représentant les lignes
d'égale inclinaison ont été dressées ; nous
citerons particulièrement celle que M. Hans-
teen a publiée en 1819.
Les lignes d'égale inclinaison sont analo-
gues aux parallèles terrestres qu'elles cou-
pent obliquement, mais elles n'en ont pas
toutes la régularité, et sont d'ailleurs d'au-
tant moins parallèles entre elles qu'elles se
rapprochent davantage des régions polaires,
où elles circonscrivent les pôles magnéti-
ques de toutes parts. Ces pôles , qu'il ne
faut pas confondre, dit M. Duperrey, avec les
centres d'action intérieure, qui sont les vrais
pôles magnétiques de la terre, sont tout
simplement les points de la surface où l'ai-
guille aimantée, suspendue par son centre
de gravité, prend la direction de la
verticale.
M. Hansteen croit pouvoir déduire encore
de la figure des lignes d'égaie inclinaison ,
qu'il existe deux pôles magnétiques dans
chaque région polaire; M. Duperrey, juge
très compétent, partage à cet égard l'opi-
nion de M. Barlow ; il pense qu'il est inutile
de recourir à plusieurs pôles magnétiques
à la surface de la terre, comme à plus de
deux centres d'action dans l'intérieur de
sa masse, pour concevoir la position res-
pective des lignes d'égale déclinaison, d'égale
inclinaison, d'égale intensité , comme aussi
des méridiens et des parallèles magnétiques.
Suivant lui, il suffit d'examiner d'abord
quelle est la véritable condition de ces dif-
férentes courbes sur un corps magnétique
de forme sphérique , et de faire varier en-
suite à volonté, soit l'un des pôles magné-
tiques de la surface, soit la position des cen-
tres d'action , pour résoudre immédiate-
ment une foule de questions que les théories
du magnétisme terrestre ont laissées jus-
qu'à ce jour sans solution définitive.
Selon M. Duperrey, les lignes d'égale in-
clinaison ont, comme les lignes d'égale dé-
clinaison, l'inconvénient de ne pas être
l'expression d'un faituniquement dépendant
de l'action du magnétisme. Chaque incli-
MAG
naison est la mesure de l'angle que fait
l'aiguille avec le plan de l'horizon , ou, si
l'on veut, avec la verticale du lieu de l'ob-
servation. Si la ligne d'égale inclinaison
était un cercle parfait de la sphère, les ver-
ticales de tous les points de ce cercle au-
raient, dans la direction des plans des
méridiens magnétiques , une direction qui
lui serait commune, en sorte que toutes les
aiguilles suspendues le long de ce cercle
suivraient elles mêmes une même direction.
Mais du moment où la ligne d'égale incli-
naison se présente sous la forme d'unecourbe
à double courbure, les inclinaisons n'étant
plus comptées à partir d'une direction uni-
que des verticales , expriment deux faits a
la fois : l'un qui dépend uniquement de
l'action du magnétisme , l'autre de la di-
rection particulière que suit chaque verti-
cale ; l'on conçoit alors que la relation que
nous établissons par nos courbes entre les
valeurs égales de l'inclinaison n'a plus de
rapport avec la relation que les directions
des aiguilles ont entre elles.
Cette appréciation des lignes d'égale in-
clinaison s'applique aussi à l'équateur ma-
gnétique, dont nous allons parler.
De l'équateur magnétique ou ligne sans
inclinaison.
Cette ligne est celle dont les physiciens
se sont le plus occupés. Wilcke en a donné
une figure en 1768. MM. Hansteen et Mor-
let l'ont reproduite à des époques beaucoup
plus récentes, en se fondant sur les nom-
breuses observations consignées dans les
voyages de Cook, d'Eckberg, dePanton,
de La Pérouse , etc. M. Morlet a donné un
moyen facile de faire concourir à la déter-
mination de cette courbe les observations
voisines des lieux qu'elle parcourt. On sait
que M. Biot, résumant toutes les actions
australes et boréales du Magnétisme ter-
restre en deux centres d'actions qu'il
place à une très petite distance du centre
du globe, est arrivé à une formule à l'aide
de laquelle on obtiendrait la latitude ma-
gnétique d'un point de la surface de la
terre, en fonction de l'inclinaison de l'ai-
guille observée en ce point, si la terre était
parfaitement homogène. Cette formule a été
ransformée par MM. Bodwich , Mahveide
MAC-
MAG
579
et Kraft, en celle-ci, qui est d'une simpli-
cité remarquable :
« tane. 1
tang. X = 2 — .
Cette formule est celle dont M. Morlet a
fait usage, après avoir reconnu par de
nombreux essais qu'elle pouvait toujours
être appliquée aux inclinaisons qui ne dé-
passent pas 30o, et après s'être assuré que
la latitude magnétique \ du lieu de l'ob-
servation devait être comptée sur le méri-
dien magnétique, et non pas sur le méri-
dien terrestre du lieu dont il s'agit , étant
l'inclinaison.
Les résultats obtenus par MM. Hansteen
et Morlet se rapportent à l'équateur magné-
tique de 1780. M. Arago les a comparés et
en a déduit les faits suivants.
MM. Hansteen et Morlet placent l'équa-
teur magnétique, en totalité, au-dessus de
l'équateur terrestre, entre l'Afrique et l'A-
mérique. Le plus grand écartement de ces
courbes correspond à environ 25° de longi-
tude occidentale; il est de 13 ou de 14°
dans la carte de M. Hansteen ; on trouve
dans celle-ci un nœud en Afrique, par 22°
de longitude orientale; M. Morlet le place
4° plus à l'occident.
Suivant l'un et l'autre, si l'on part de ce
nœud, en s'avançant du côté de la mer
des Indes, la ligne sans inclinaison s'éloigne
rapidement vers le nord de l'équateur ma-
gnétique , sort de l'Afrique , un peu au-
dessus du cap GardaGni , et parvient dans
la mer d'Arabie à son maximum d'excur-
sion boréale (environ 12°), par 62° de lon-
gitude orientale. Entre le méridien et le
174° de longitude , l'équateur magnétique
se maintient constamment dans l'hémi-
sphère boréal; il coupe la presqu'île de
l'Inde , un peu au nord du cap Comorin ;
traverse le golfe de Bengale , en se rappro-
chant légèrement de l'équateur terrestre,
dont il n'est éloigné que de 8°, à l'entrée
du golfe deSiam; remonte ensuite un tant
soit peu au nord; est presque tangent à
la pointe septentrionale de Bornéo, traverse
l'Ile Paragua, le détroit qui sépare la plus
méridionale des Philippines de l'île Minda-
nao , et, sous le méridien de Waigiou , se
trouve de nouveau placé à 9° de latitude
nord.
De là , après avoir passé dans l'archipel
des Carolines , l'équateur magnétique des-
cend rapidement vers l'équateur terrestre ,
et le coupe, d'après M. Morlet, par 174°, et
suivant M. Hansteen, par 187° longitude
orientale. Il y a beaucoup moins d'incer-
titude sur la position d'un second nœud si-
tué aussi dans l'océan Pacifique, dont la
longitude occidentale doit être de 120o en-
viron. M. Morlet admet que l'équateur
magnétique, après avoir touché l'équateur
terrestre, s'infléchit aussitôt vers le sud.
M. Hansteen suppose, au contraire, que
celte courbe passe dans l'hémisphère nord*
sur une étendue d'environ 158° de longitude,
revient ensuite couper de nouveau la ligne
équinoxiale, à 23° de distance de la côte
occidentale d'Amérique. On ne doit pas
exagérer cette discordance, attendu que,
dans son excursion boréale, la courbe sans
inclinaison, telle que l'envisage M. Hansteen,
ne s'éloigne pas de l'équateur terrestre de
plus de 1° 1/2, et que les deux lignes dont
nous venons de parler ne sont nulle part à
2° de distance l'une de l'autre, dans les cas
des cercles de latitudes.
Des observations faites avec soin sem-
blent annoncer que les nœuds éprouvent
un mouvement de translation d'année en
année. M. Duperrey , durant le voyage de
la corvette la Coquille, a fait de nom-
breuses observations qui l'ont mis à même
de déterminer pour 1824 l'équateur ma-
gnétique dans la presque totalité de son
cours. La Coquille ayant coupé six fois l'é-
quateur magnétique , il a pu déterminer di-
rectement la position de deux des points
d'intersection situés dans l'océan Atlanti-
que. Il semble résulter de là, en rapportant
sur la carte de M. Morlet les observations
du capitaine Duperrey , que l'équateur ma-
gnétique s'est rapproché de l'équateur ter-
restre.
Des lignes isodynamiques.
En 1836, M. Hansteen a publié une
autre carte sur laquelle étaient tracées les
lignes d'égale intensité magnétique appelées
lignes isodynamiques. Depuis on a publié
des cartes plus complètes. Les lignes isody-
namiques telles qu'elles ont été conçues par
M. Hansteen ont cela de commun avec les
lignes d'égale inclinaison , que les unes et
les autres sont analogues à des parallèles de
580
IVIAG
MAG
J.i sphère. Elles sont irréguliéres et ne
coïncident pas entre elles.
Les observations recueillies et discu-
tées par M. Hansteen sont celles qui sont
dues à MM. de Rossel , de Humboldt,
Gay-Lussac, Sabine, OErsted , Erikson ,
Keilhau, Breck, Abel, Lutké, King, Due,
Erman et Kupffer. Ces observations sont
sufGsarnment nombreuses pour donner une
idée du système d'intensité magnétique de
l'hémisphère boréal. Quant à l'hémisphère
austral, M. Hansteen, étant privé des ob-
servations que MM. de Freycinet et Duper-
rey avaient faites dans cette partie du globe,
n'a pu étendre ses lignes isodynamiques
au-delà des côtes de l'Amérique méridio-
nale. Il disposa, il est vrai , des observations
faites, de 1790 à 1794, par M. de Rossel ;
mais alors ces observations, commencées
à Brest et terminées à Sourabaya , n'avaient
point été corrigées, comme elles l'ont été
depuis, par M. Duperrey, qui en a sensible-
ment modifié les résultats.
On doit aussi à M. Duperrey une carte
de lignes isodynamiques. 'Celles de l'hémi-
sphère nord sont à peu près telles que
M. Flansteen les avait déjà tracées ; mais
celles de la zone intertropicale et de l'hé-
misphère sud ont éprouvé des modifications
considérables. Les observations faites à
Payta, à OfTak, à Soura-baya , à l'Ile de
France , au Port Jackson et à Van-Diémen ,
ont fait remonter les lignes d'égale intensité
vers le nord, de 8 à 10° en latitude selon
les localités, et la ligne 1 , 6 , qui passait
sur la partie méridionale de la terre de Van-
Diémen, est remplacée par la ligne 1, 8,
qui ne permet pas d'admettre la différence
que M. Hansteen croyait pouvoir établir
entre les intensités des deux hémisphères.
C'est en faisant dépendre des observations
de M. de Humboldt ses propres observations
et celles que M. de Rossel avait faites durant
le voyage de l'amiral d'Entrecastcaux, que
M. Duperrey est parvenu à fixer la valeur
de l'intensité magnétique dans les îles Mo-
luques, à la Nouvelle-Hollande, à la terre
de Van-D;émen et dans la mer des Indes.
Les résultats qu'il a obtenus, et dont l'exac-
titude se trouve aujourd'hui parfaitement
confirmée par Iesobservations toutes récentes
du capitaine Fitz-Roy, ont suffi pour don-
ner une idée approximative de la forme gé-
nérale des lignes isodynamiques dans l'hé-
misphère austral, et compléter ainsi le tra-
vail que M. Hansteen avait si bien com-
mencé , et qu'il aurait sans doute achevé de
la même manière, s'il avait eu connaissance
des observations de M. Duperrey et des
moyens de rectification dont les observa-
tions de M. de Rossel étaient susceptibles.
A l'époque où M. Duperrey publia ses
cartes isodynamiques, tout portait à croire
que la ligne sans inclinaison était, sinon
une ligne d'égale intensité magnétique , du
moins la ligne des plus petites intensités
observées dans les méridiens. Cette hypo-
thèse semblait, en effet, résulter des obser-
vations qui avaient été faites entre les tro-
piques par MM. de Rossel , de Humboldt ,
Sabine, Duperrey, Lutké et Erman. M. Du-
perrey adoptant cette hypothèse, la ligne
sans inclinaison fut considérée par lui, à
cette époque , comme devant être la limite
des intensités magnétiques des deux hémi-
sphères, en sorte que les espaces où la valeur
de l'intensité est plus petite que partout
ailleurs le long de cette courbe se trouvent
renfermés entre deux lignes isodynamiques
de dénominations contraires qui viennent
y aboutir obliquement, sans passer outre.
Nous devons ajouter que M. Duperrey n'a
présenté ses cartes de lignes isodynamiques
qu'avec une extrême réserve, attendu, sui-
vant lui, que les observations d'intensité
magnétique paraissent assujetties à des er-
reurs dont il n'est pas encore possible de
les débarrasser d'une manière complète.
Quoi qu'il en soit, M. Duperrey a comparé
l'ensemble de toutes les observations faites
jusqu'à ce jour avec la théorie, relative-
ment à la loi suivant laquelle l'intensité
des forces magnétiques varie à différentes
latitudes de l'équateur au pôle. Il a trouvé
que la formule de M. Biot employée à cette
détermination serait l'expression véritable
de l'intensité magnétique de la terre, si la
terre était parfaitement homogène, ou régu-
lièrement magnétique sur chaque parallèle.
M. Duperrey n'admet point les deux pôles
magnétiques dans chaque hémisphère.
Comme nous l'avons déjà dit, suivant lui
les déclinaisons de 11 à 15° nord-est, ob-
servées par le baron Wrangel autour de la
Nouvelle-Sibérie, lui prouvent d'une ma-
nière incontestable qu'il n'y a point de pôle
MAG
3MAG
5SI
magnétique à l'ouest de ces îles, dans la
partie septentrionale de l'Asie.
M. Sabine a publié également, en 1838,
de nouvelles cartes de lignes isodynamiques,
en s'appuyantsur les observations recueillies
depuis 1790 jusqu'en 1830. Il a pu disposer
des observations du voyage de YUranie, dont
M. Duperrey avait été privé, et il ajoute à
ces dernières, en outre d'observations ré-
centes qui lui sont propres , toutes celles
que MM. Quetelet, Douglas, Fitz-Roy,
Estcourt, Rudbrg et Lloyd venaient de faire
dans différentes parties du globe.
Les nouvelles observations ajoutées ne
paraissent pas avoir fait varier sensiblement
la forme des courbes que MM. Hansteen et
Duperrey ont tracées, l'un dans l'hémisphère
nord, l'autre dans l'hémisphère sud.
Des méridiens et des parallèles magné-
tiques.
Les méridiens magnétiques, tels que les
considère M. Duperrey, ne sont pas des lignes
hypothétiques; ils résultent de la direction
de l'aiguille aimantée en chaque point du
globe. Supposons que l'on parte d'un point
quelconque, et que, cheminant toujours dans
le sens de la direction de l'aiguille aimantée,
d'abord vers le pôle nord , ensuite vers le
pôle sud, on relève tous les points par les-
quels on aura passé, la courbe qui les réu-
nira tous formera un méridien magnétique.
Si l'on prend un autre point de départ voi-
sin du premier , et que l'on trace de la même
manière un méridien magnétique, ce mé-
ridien rencontre le premier en deux points
situés , l'un vers le pôle nord, l'autre vers
le pôle sud. En traçant sur le globe un cer-
tain nombre de ces méridiens et prenant
les points d'intersection de deux méridiens
voisins, on aura alors dans chaque hémi-
sphère une courbe fermée, résultant de la
réunion de tous les points d'intersection :
il est naturel d'admettre que le pôle ma-
gnétique de chaque hémisphère se trouve
au centre de l'aire renfermée par des courbes.
Outre les méridiens magnétiques ,, M. Du-
perrey a tracé sur ses cartes des courbes
normales au méridien, et que pour ce mo-
tif il a appelées parallèles magnétiques ,
en raison de leur analogie avec les paral-
lèles terrestres. Ces parallèles magnétiques
et Içs méridiens correspondants jouissent
de propriétés remarquables que M. le capi-
taine Duperrey n'a point encore fait con*
naître.
Théories des phénomènes magnétiques
terrestres.
La représentation graphique des obser-
vations magnétiques considérées isolément
ou groupées ensemble, de manière à nous
représenter les méridiens magnétiques, les
lignes d'égales déclinaisons, d'égales incli-
naisons et d'égales intensités, peut être con-
sidérée comme le premier pas vers la solu-
tion de la grande question du Magnétisme
terrestre. A la vérité, la forme et la position
de ces diverses lignes variant avec le temps,
il en résulte qu'une même carte ne repré-
sente l'état du Magnétisme terrestre que
pour une époque déterminée. S'il était pos-
sible d'avoir des formules générales qui
exprimassent, en y introduisant les données
nécessaires , l'action magnétique exercée
par la terre sur une aiguille aimantée en un
point donné de sa surface , et à une époque
déterminée, il est évident que la question
du Magnétisme terrestre serait complète-
ment résolue; mais cette question est d'un
ordre tellement complexe, que le mathé-
maticien ne saurait trop consulter les ob-
servations et les conséquences qui en résul-
tent, s'il veut établir des formules qui
soient la représentation exacte des phéno-
mènes.
Nous allons passer en revue les principales
théories qui ont été données du Magné-
tisme terrestre, afin que l'on puisse em-
brasser d'un seul coup d'œil toutes les ten-
tatives faites jusqu'ici pour la solution
d'une des plus grandes questions de la phy-
sique terrestre.
Les anciennes théories considéraient la
terre comme un véritable aimant agis-
sant à distance ; mais quelques mathé-
maticiens les ont regardées comme défec-
tueuses en ce que , au lieu de déterminer à
posteriori , à l'aide des observations , quelle
aurait dû être la grandeur réelle de l'aimant
auquel ces théories comparaient la terre,
elles donnent, à priori, à cet aimant une
forme et une position particulières, exami-
nant ensuite si l'hypothèse s'accorde avec
les faits. Néanmoins cette méthode peut
conduire à la solution de la question, si
582
IMAG
MAG
tous les faits peuvent être exactement re-
présentés par des formules.
La plus simple des théories de ce genre
est celle qui admet un seul aimant infini-
ment petit, placé au centre de la terre; ce
qui revient à supposer que les forces ma-
gnétiques sont tellement distribuées dans
toute la masse de la terre, que la résultante
de toutes leurs actions peut être représentée
par l'action de cet aimant central inûniment
petit, de même que l'attraction exercée par
un globe homogène est la même que si toute
sa masse était réunie à son centre. Suivant
cette hypothèse, Taxe du petit aimant, étant
prolongé , coupe la surface de la terre en
deux points qu'on nomme pôles magnéti-
ques. A ces points , l'aiguille d'inclinaison
est verticale, et! l'intensité magnétique est à
son maximum. D'après cette même théorie,
le grand cercle perpendiculaire à la ligne
des pôles est l'équateur magnétique, courbe
formée de tous les points où l'inclinaison
est nulle et où l'intensité magnétique est
moitié de ce qu'elle est au pôle. Entre l'é-
quateur et le pôle, l'inclinaison et l'inten-
sité magnétiques dépendent uniquement de
la distance du point que l'on considère à
l'équateur , ou de la latitude magnétique de
ce point, latitude qui n'a pu être définie
que lorsque M. Duperrey eut indiqué les
moyens de tracer les méridiens magnétiques ;
avant lui , cette latitude était comptée sur
de grands cercles, ce qui introduisait de
graves erreurs dans les évaluations. Il ré-
sultait encore de la théorie dont nous par-
lons, que l'aiguille horizontale, en un point
quelconque, coïncidait toujours en direc-
tion avec l'arc du grand cercle mené de ce
point au pôle magnétique situé vers le pôle
nord ou le pôle sud , suivant que l'on se
trouvait dans l'hémisphère septentrional ou
l'hémisphère boréal. L'observation n'a pas
sanctionné toutes ces déductions , comme on
l'a pu voir précédemment.
Tobie Mayer , il y a près de quatre-vingts
ans, s'empara de cette hypothèse et la soumit
au calcul; il supposa que le petit aimant
coïncidait, non avec le centre de la terre,
mais avec un point situé à une distance de ce
centre égal au septième du rayon terrestre;
il en déduisit, par le calcul, des inclinai-
sons, des déclinaisons, qui s'accordaient
avec les observations, pour un petit nombre
de lieux seulement. Sa théorie était défec-
tueuse pour toutes les autres localités.
M.Hansteen fit plus, il substitua à l'ac-
tion magnétique de la terre celle de deux
aimants, différents totalement déposition
et d'intensité. Mais lorsqu'il voulut comparev
sa théorie avec les observations faites ee
quatre-vingts lieux différents, les trois été*
ments calculés ne s'accordèrent que six fois
avec les éléments observés; il trouva mêm^
dans les inclinaisons des différences qui
allaient jusqu'à 13°.
M. Biot, sans avoir connaissance des re-
cherches analytiques de TobieJMayer , partit
delà même hypothèse que lui, et parvint
à découvrir la loi dont nous avons déjà parlé,
entre la latitude magnétique d'un point et
l'inclinaison en ce point; loi qui sert au-
jourd'hui dans un grand nombre de circon-
stances et dont voici l'expression : La tan-
gente de l'inclinaison est égale au double de
la tangente de la latitude magnétique. Voici
les circonstances qui l'ont conduit à s'occu-
per de cette question.
M. de Humboldt, à son retour d'Améri-
que , où il avait /ait plus de trois cents ob-
servations sur l'inclinaison de l'aiguille ai-
mantée et sur l'intensité des forces magné-
tiques , offrit à M. Biot de réunir ses obser-
vations , ainsi que celles qu'il avait faites en
Europe avant son départ, à celles que ce
célèbre physicien avait faites dans les Alpes,
afin de mettre tous les faits en ordre, et
de pouvoir en tirer des conséquences utiles
à la théorie générale du magnétisme terres-
tre. Cette proposition ayant été acceptée,
MM. de Humboldt et Biot s'occupèrent d'un
travail sur les variations du Magnétisme
terrestre à différentes latitudes.
Pour suivre ce résultat général avec faci-
lité, MM. de Humboldt et Biot sont partis
d'un terme fixe, et ont choisi pour cela les
points où l'inclinaison de l'aiguille aiman-
tée est nulle, parce qu'ils semblent indi-
quer les lieux où les actions des deux hé-
misphères sont égales entre elles. La suite
de ces points forme , comme on l'a déjà vu,
l'équateur magnétique.
Les observations recueilies furent parta-
gées par zones parallèles à l'équateur, afin
de faire mieux ressortir l'accroissement de
l'intensité à partir de l'équateur , et de ren-
dreladémonstrationindépendantedepciite
MAG
anomalies qui, étant quelquefois assez
sensibles et assez fréquentes , ne pourraient
être attribuées entièrement aux erreurs des
observations. Il paraissait, en effet, plus
naturel de les attribuer à l'influence de
causes locales. A l'appui de cette opinion ,
M. Biot cite un fait que je dois mentionner.
Dans le voyage qu'il fit dans les Alpes, il
avait emporté avec lui l'aiguille aimantée
dont il s'était servi dans une ascension aé-
rostatique avec M. Gay-Lussac; cette ai-
guille avait une tendance plus forte à reve-
nir au méridien magnétique dans ces mon-
tagnes qu'à Paris. Les résultats suivants ne
laissent aucun doute à cet égard.
Nombre des oscillations
en io h de temps.
Paris, avant le départ. . . . 85,9
Turin 87,2
Sur le mont Genèvre. . . . 88,2
Grenoble 87,4
Lyou 87,3
Genève • « • • 86,5
Dijon 84,5
Paris, au reiour 83,9
M. de Humboldt a observé des effets ana-
logues à Perpignan , au pied des Pyrénées.
Dans les exemples que je viens de citer, il
n'a nullement été tenu compte des effets
provenant des différences de température
qui influent d'une manière sensible sur la
durée d'une oscillation. Nous nous bornons
à présenter cette observation, afin que l'on
n'admette pas sans nouvel examen que
l'action des Alpes influe sensiblement sur
l'intensité des forces magnétiques.
MM. de Humboldt et Biot ont été con-
duits à considérer l'intensitédu magnétisme
terrestre, sur les différents points du globe,
comme soumise à deux sortes d'influences;
les unes dépendantes de la situation des
lieux par rapport à l'équateur magnétique,
les autres dues à des circonstances locales.
Passant de là à l'inclinaison de l'aiguille
aimantée, par rapport au plan horizontal ,
ils ont cherché la loi à laquelle est soumis
un accroissement quand on s'éloigne de l'é-
quateur magnétique.
M. Biot a commencé par déterminer la
position de l'équateur, en supposant qu'il
soit un grand cercle de la sphère terrestre,
puis il a donné la forme et la figure de cet
équateur.
Pour utiliser les observations sur l'incli-
MAG
583
naison faites par M. de Humboldt dans le
cours de son voyage , les longitudes et les
latitudes terrestres ont été réduites en la-
titudes et longitudes rapportées à l'équateur
magnétique. Pour représenter la série des
inclinaisons observées, M. Biot est parti de
l'hypothèse qu'il existait sur l'axe de l'équa-
teur magnétique, et à égale distance du
centre de la terre , deux centres de force
attractive, l'un austral et l'autre boréal;
puis i! a calculé les faits qui devaient ré-
sulter de l'action de ces centres sur un point
quelconque de la surface de la terre, en
faisant varier leur force attractive en raison
inverse du carré de la distance; il a obtenu
ainsi la direction de la résultante de leurs
forces, laquelle devait être précisément
celle de l'aiguille aimantée au point d'ob-
servation.
Par là M. Biot a été conduit à des équa-
tions qui déterminent la direction de l'ai-
guille aimantée relativement à un point
dont on connaît la distance à l'équateur
magnétique, direction dépendante d'une
quantité qui exprime la distance des centres
magnétiques au centre de la terre , cette
distance étant exprimée, bien entendu, en
parties du rayon terrestre ; cette quantité a
été déterminée par les observations. En
examinant ce qui arriverait en lui donnant
successivement diverses valeurs, M. Biot
a déduit de son analyse qu'en général les
résultats approchent de plus en plus de la
vérité à mesure que les deux centres d'ac-
tion de la force magnétique approchent
davantage du centre de la terre. M. Biot,
en calculant, d'après la formule basée sur
cette hypothèse, les inclinaisons à diffé-
rentes latitudes, a trouvé les mêmes nom-
bres que M. de Humboldt avait obtenus
dans ses observations en Europe et en Amé-
rique, à quelques différences près, cepen-
dant. La marche de ces différences montre
que les nombres donnés par le calcul sont
un peu trop faibles, en Amérique , pour les
basses latitudes , et un peu trop forts pou»
les latitudes élevées. M. Biot a cherché aussi
si l'hypothèse d'où il était parti, et qui lui
avait servi à représenter les inclinaisons de
la boussole, ne pourrait pas s'appliquer
aux intensités de M. de Humboldt; mais il
a reconnu qu'elle ne pouvait satisfaire à
celte application.
534
MAG
MAG
SuivantM. Biot, la loi des tangentes, qui est
très simple, a besoin d'être modifiée quand
on considère les points du globe qui sont in-
fluencés par les inflexions de l'équateur ma-
gnétique. En essayant d'appliquer le rap-
port des tangentes à quelques unes des îles
australes de la mer du Sud , telles que
O-Taïti, où Cook a souvent observé,
M. Biot a trouvé des inclinaisons beaucoup
trop fortes , tandis qu'elles sont plus faibles
pour les lieux situés au nord de l'Amérique,
à peu près sous la même longitude. 11 a at-
tribué ces écarts à l'inflexion de l'équateur
magnétique vers le pôle austral. La formule
ne peut non plus être appliquée, par la
même raison , aux observations faites dans
l'Inde.
Pour expliquer les écarts de la loi des
tangentes, M. Biot pense qu'il faut admettre
que, dans les archipels de la mer du Sud, il
existe un centre d'action qui influe particu-
lièrement dans cet hémisphère, et cause
ainsi des perturbations dans la marche des
inclinaisons. Au moyen de cette supposition,
et en n'accordant qu'une force très faible à
ce centre particulier d'action , M. Biot a
trouvé que les résultats de l'observation
s'accordent avec ceux déduits du calcul.
D'après cette manière de voir, il faudrait
supposer des centres d'action dans tous les
endroits du globe où la loi des tangentes
est en défaut; ce quicompliqueraitbeaucoup
la question théorique du magnétisme ter-
restre.
Avant de calculer les effets de ces centres
d'action particuliers , M. Biot veut qu'on les
détermine par l'observation avec une grande
précision. Abstraction faite de toute hypo-
thèse sur la nature et la cause du magné-
tisme terrestre, ces centres d'action ne sont
que des causes d'attraction locale , qui mo-
difient la résultante des forces magnétiques
terrestres.
MM. Poisson et Gauss ont donné chacun
une théorie mathématique du magnétisme.
Le premier s'est proposé de déterminer en
grandeur et en direction la résultante des at-
tractions ou répulsions exercées par tous les
éléments magnétiques d'un corps aimanté,
de forme quelconque , sur un corps pris à
l'extérieur ou dans son intérieur. Envisa-
geant la question sous un point de vue gé-
néral , il n'a point cherché à faire une ap-
plication directe de sa théorie aux effets du
magnétisme terrestre, de manière à pouvoir
comparer les résultats de l'observation avec
ceux de l'analyse.
M. Gauss a fait plus , il a donné une
théone mathématique des phénomènes ma-
gnétiques terrestres; il a commencé par
faire observer que la représentation gra-
phique des lignes magnétiques, c'est-à-dire
des lignes d'égale déclinaison et d'égale
intensité, ne devait être considérée que
comme un premier pas vers la grande ques-
tion du magnétisme terrestre. Sa théorie
est indépendante de toute hypothèse, sur
la distribution du fluide magnétique dans
l'intérieur de la terre. Les premiers résul-
tats qu'il en a déduits ne sont pas consi-
dérés par lui comme complets , mais seu-
lement comme devant servir de guide aux
géomètres qui s'occuperont de nouveau de
cette question. Supposons que la cause qui
agit sur l'aiguille aimantée quelle qu'elle
soit ait son siège dans le sein de la terre,
la force magnétique terrestre sera celle qui ,
en chaque lieu, dirige une aiguille sus-
pendue par son centre de gravité et sous-
traite à l'influence de toute action étran-
gère, magnétique ou électro-magnétique.
Quant aux variations diurnes, régulières
ou irrégulières, auxquelles cette aiguille
est soumise , M. Gauss pense, comme beau-
coup de physiciens, que cette cause est
étrangère au globe terrestre. Ces variations
sont, en tout cas, très faibles, comparées à
la force magnétiqueellemême. lien résulte
que cette dernière force est réellement une
action exercée par le globe terrestre ; d'après
cela , quand il s'agira d'évaluer cette force,
il ne faudra employer évidemment que des
moyennes prises entre des observations très
nombreuses , afin de les rendre indépen-
dantes des anomalies et des perturbations
particulières. On conçoit, en effet , que si
l'on ne suivait pas cette marche, les faits
présenteraient une différence entre le calcul
et l'observation.
Les recherches analytiques de M. Gauss
reposent sur cette hypothèse fondamentale,
que l'action magnétique du globe est la ré-
sultante des actions de toutes les parties ma-
gnétiques renfermées dans sa masse ; qu'un
aimant naturel est un corps dans lequel les
deux fluides sont séparés ; que les attraction»
MAG
MAG
585
et les répulsions magnétiques s'exercent en
raison inverse du carré de la distance. On
arriverait aux mêmes résultats analytiques,
si l'on substituait à cette hypothèse celle de
M. Ampère, qui consiste à regarder les
forces magnétiques existantes dans un ai-
mant, comme dues à des courants électri-
ques, circulant autour des molécules, dans
des plans perpendiculaires à l'axe de ces ai-
mants. On pourrait même, si l'on voulait,
adopter une hypothèse miite, et considérer
les forces magnétiques terrestre? comme pro-
duites en partie par la séparation des flui-
des magnétiques, en partie par des courants,
attendu qu'il est toujours possible de sub-
stituer à un courant donné une certaine
quantité de fluides séparés, distribués sur
une surface déterminée et qui produisent
sur tous les points environnants le même
effet que le courant aurait pu faire naître.
Opinions émises touchant la cause probable
des phénomènes magnétiques terrestres.
On ne doit pas se borner à donner une
théorie des phénomènes magnétiques du
globe; il faut encore tâcher d'en découvrir
la cause. Gilbert est le premier qui ait avancé
que la terre était un aimant puissant dont
l'axe coïncidait sensiblement avec l'axe ter-
restre. D'après cette hypothèse, les deux
pôles magnétiques seraient à peu de distance
des pôles de la terre.
M. Hansteen a cherché à prouver qu'il
devait y avoir un second pôle magnétique
dans les régions boréales, sans lequel on ne
pouvait rendre compte de tous les phénomè-
nes magnétiques observés. Il faudrait donc
admettre qu'un second aimant traversât le
globe dans la direction d'un diamètre dont
le pôle coïnciderait avec le pôle magnétique
de Sibérie.
M. Barlow a émis l'opinion que le Ma-
gnétisme de la terre ne serait pas celui d'un
aimant, mais bien celui d'une sphère de fer
aimantée par induction.
Il existe une très grande différence entre
ces deux états magnétiques: dans les aimants
ordinaires, les centres d'actions ou pôles sont
placés à peu de distance de leur extrémité,
tandis que dans les masses de fer creuses ou
solides, régulières ou non, les centres d'ac-
tion coïncident toujours avec le centre d'ac-
tion de la surface de la masse.
T. VII.
Quelles que soient les bases d'où l'on parte
pour expliquer ces phénomènes, on se de-
mande en vertu de quelle cause la terre est
magnétique. Voici comment M. Hansteen a
répondu à cette question : Cette cause existe
dans le soleil , source de toute activité;
cette conjecture acquiert plus de probabilité,
quand on la rapproche des variations diurnes
de l'aiguille. D'après ce principe , le soleil
possède un ou plusieurs axes magnétiques,
qui, en distribuant la force, occasionnent
une différence magnétique dans la terre, la
lune et toutes les planètes dont la structure
interne admet une différence semblable.
Cependant, en adoptant cette hypothèse, la
principale difficulté ne paraît pas vaincue,
mais seulement éloignée ; car on est en droit
de demander avec raison d'où le soleil tire
sa force magnétique ; et si, du soleil, on a
recours à un soleil central, et de celui-ci à
une direction magnétique générale, on ne
fait qu'allonger une chaîne sans fin, dont
chaque anneau est suspendu au précédent
sans qu'aucun d'eux repose sur une base
quelconque.
M. Barlow a cherché à prouver que le
Magnétisme pourrait bien avoir une origine
électrique, c'est-à-dire être attribué à l'ac-
tion de courants électriques circulant au-
tour du globe, comme M. Ampère l'avait
supposé.
Ayant prouvé que le pouvoir magnétique
d'une sphère de fer réside seulement à sa
surface, il conçut l'idée de distribuer sur la
surface d'un globe artificiel une série de
courants électriques disposés de manière
que leur action tangentielle pût donner
partout à l'aiguille une direction correspon-
dante; l'expérience vint confirmer ses pré-
visions: ce globe produisit sur une aiguille
aimantée, soustraite à l'influence terrestre
et placée dans diverses positions , le même
genre d'action que la terre lui imprimait
dans des dispositions analogues.
M. Barlow , en rendant compte de cette
expérience intéressante, fait remarquer qu'il
résulte des lois obtenues par M. Biot que,
ni la position d'un seul aimant, ni l'arran-
gement de plusieursaimantsdans l'intérieur
du globe, ne pourraient produire les mêmes
phénomènes en rapport avec l'intensité de
l'aiguille. Ces faits tendraient donc à dé-
montrer que les phénomènes magnétiques
74
5SG
IUAG
MAG
terrestres pourraient être attribués à de l'é-
lectricité en mouvement.
M. Barlow ne s'est pas dissimulé les
difficultés que l'on rencontre à expliquer
l'existence de courants électriques à la sur-
face du globe; mettant de côté les courants
ayant une origine voltaïque, dont la pro-
duction serait difficile à concevoir, il a donné
la préférence à des courants thermo-électri-
ques dus à l'influence solaire.
Si l'on part de l'hypothèse que le Magné-
tisme terrestre est dû à des courants thermo-
électriques qui circulent continuellement
autour de la surface de la terre, on se de-
mande sur-le-champ en quoi consiste l'ap-
pareil thermo-électrique que le soleil met
en action. Si la chaleur solaire pouvait con-
duire des courants dans les matières qui
forment la couche superficielle du globe,
toutes les difGcultés seraient levées; mais il
n'en est pas ainsi : en effet, on sait qu'une
différence de température entre deux substan-
ces métalliques en contact, formant un cir-
cuit fermé, suffit pour mettre en mouvement
le fluide électrique dans ce circuit. On peut
également produire des courants dans un
barreau de bismuth, d'antimoine ou de zinc,
dont toutes les parties n'ont pas la même
température; mais ces corps sont conduc-
teurs de l'électricité , car jusqu'ici on n'a
pu réussir à l'obtenir dans les fragments de
roche ou autres subtances qui composent la
croûte superficielle de notre globe, en raison
de leur mauvaise conductibilité. D'après cela,
il est difficile de concevoir l'existence de
courants électriques à la surface du globe
par suite de l'action solaire. La difficulté
était la même quand on a voulu établir que
le Magnétisme terrestre provenait de la dif-
férence de température entre le noyau cen-
tral de la terre et la croûte superficielle, qui
est dans un état de refroidissement.
Nous sommes disposé néanmoins à ad-
mettre que les variations diurnes et annuel-
les de l'aiguille aimantée sont dues à la pré-
sence du soleil au-dessus de l'horizon ; on
est porté à croire que toutes les parties ma-
térielles de la terre sont douées de Magné-
tisme, et que ce Magnétisme éprouve des
variations selon que les parties participent
aux influences calorifiques de l'atmosphère
par suite de la présence ou de l'absence du
soleil au-dessus de l'horizon. Nous savons,
en effet, que la chaleur modifie le Magné-
tisme des métaux qui en sont doués; que le
refroidissement augmente son intensité,
tandis que réchauffement la diminue: or,
comme toutes les parties de la terre parais-
sent posséder un Magnétisme propre, on
peut supposer raisonnablement que ce Ma-
gnétisme subit les mêmes modifications que
les corps conducteurs par l'effet de réchauf-
fement et du refroidissement; de sorte que
les effets peuvent être les mêmes que s'il
existait des courants thermo-électriques à la
surface du globe.
Examinons actuellement la question rela-
tive à l'existence des courants hydro-électri-
ques terrestres, comme cause principale ou
perturbatrice du Magnétisme de la terre.
M. Ampère supposait qu'il existait dans l'in-
térieur du globe des courants électriques
dirigés de l'est à l'ouest, provenant de ce
que son noyau est formé d'un bain métalli-
que recouvert d'une croûte lui servant d'en-
veloppe. L'eau et autres agents, arrivant sur
la couche non oxydée de ce noyau, y produi-
sent des actions chimiques , causes de ces
courants. On ne voit pas, il faut l'avouer,
comment de semblables réactions pourraient
produire des courants électriques dirigés de
l'est à l'ouest. Il ne suffit pas, en effet, pour
qu'il y ait courant, qu'un corps réagisse chi-
miquement sur un autre, il faut encore que
ces deux corps soienten communication avec
un troisième également conducteur. Or, dans
le cas actuel, il est facile de prouver que
tous les courants produits de cette manière
ne sauraient avoir une direction déterminée
de l'est à l'ouest. En effet , on admet aujour-
d'hui généralement que la terre, dans l'ori-
gine , était primitivement à l'état gazeux,
c'est-à-dire que toutes les substances solides
qui la composent se trouvaient disséminées
dans un espace beaucoup plus étendu que
celui qu'elle occupe aujourd'hui. Par suite
d'un rayonnement dans les espaces célestes,
la température de cet amas de vapeur se sera
successivement abaissée, les corps les plus
réfractaires se seront refroidis les premiers,
puis ceux qui l'étaient moins. Les réactions
chimiques qui avaient lieu entre les couches
de nature contraire, et qui se déposaient suc-
cessivement, devaient être accompagnées de
puissants effets électriques; toutes les fois
que quelques unes des substances formées
MAG
MAG
587
n'entraieut pas en vapeur, il y avait recom-
position immédiate des deux électricités dé-
gagées, dans les points mêmes où la réaction
chimique s'effectuait; mais lorsque plu-
sieurs de ces substances, ou môme l'une
d'elles, se gazéQaient, elles emportaient avec
elles l'une des deux électricités dégagées.
La foudre devait alors sillonner conti-
nuellement les amas de vapeurs qui entou-
raient le noyau primitif, comme les éruptions
volcaniques nous en offrent aujourd'hui un
exemple. Il résulterait de là que, dans les
premiers âges du monde, les courants élec-
triques devaient être peu sensibles, parce
que les deux électricités dégagées ne trou-
vaient pas de corps intermédiaires pour ser-
vir à leur recomposition , et produire ainsi
des courants. Mais, dès l'instant que deux
couches contiguès n'exerçant aucune action
l'une sur l'autre ont été recouvertes par une
troisième qui pénétrait, par des fissures,
jusqu'à l'une des deux autres, sur laquelle
elle réagissait, il a dû se produire des cou-
rants électriques toutes les fois que ces dif-
férents dépôts étaient conducteurs de l'é-
lectricité, comme, suivant toute probabilité,
devaient l'être les substances en contact
avec le noyau. De semblables effets ont dû
avoir lieu quand , par suite du boursoufle-
ment de la croûte et de son refroidissement,
des vides se sont formés entre les diverses
couches déjà déposées; ces vides, donnant
passage à des liquides qui réagissaient sur
les substances dont ces couches étaient com-
posées, servaient à la circulation des cou-
rants électriques. De nos jours , nous avons
des exemples de cette communication entre
l'intérieur de la terre et sa surface : en effet,
dans toutes les régions volcaniques, les eaux
de la mer s'infiltrent par de nombreuses
fissures jusqu'au point où se trouvent les
métaux, des terres et des alcalis, ou leurs
chlorures , sur lesquels elles réagissent; du
moins , c'est une supposition assez admis-
sible. Il résulte de là des effets électriques
tels que les métaux prennent l'électricité
négative ; la vapeur d'eau, due à la grande
quantité de chaleur produite dans ces réac-
tions , et les gaz s'emparant de l'électricité
positive , une partie de cette dernière se
rend dans l'atmosphère avec les déjections
volcaniques, et sa présence nous est rendue
sensible par la foudre qui sillonne dans tous
les sens l'amas de fumée et de matières pul-
vérulentes qui sortent par le cratère; l'au-
tre partie tend à se combiner avec l'électri-
cité négative des bases qui établissent la
communication entre les métaux ou leurs
chlorures, et les substances solides , liqui-
des ou gazeuses, qui remplissent les fissu-
res. Dès lors, on conçoit qu'il doit circuler
dans l'intérieur de la terre, en toutes sortes
de directions , une foule de courants élec-
triques partiels qui certainement peuven
agir sur l'aiguille aimantée. Mais dire qu(
la résultante de tous les courants est la
cause du Magnétisme terrestre, c'est avan-
cer un fait peu probable , attendu que les
courants partiels changeant continuellement
de direction , leurs résultantes doivent par-
ticiper à ces mutations.
Voyons jusqu'à quel point les courants
dans les grandes mers exercentune influence
sur la direction de l'aiguille aimantée. Nul
doute que le mélange de l'eau chaude avec
l'eau froide ne produise des effets électri-
ques ; mais, pour qu'il en résultât des cou-
rants électriques, il faudrait que l'eau froide
qui traverse l'eau chaude , comme nous en
avons un exemple dans la mer Pacifique, où
un courant d'eau froide vient se briser sur
les côtes du Chili , et se partage en deux
autres, l'un qui remonte vers les régions
équatoriales, l'autre qui descend vers le
cap Horn; il faudrait, dis-je, que les élec-
tricités dégagées par le mélange pussent
trouver un corps intermédiaire capable de
leur livrer passage. Nous ne voyons dans les
eaux de la mer que les substances qu'elles
tiennent en dissolution, ou qui s'y trouvent
en suspension , qui puissent servir à la re-
composition des deux électricités ; mais il
résulterait de là une foule de petits courants
partiels dirigés dans tous les sens , et dont
la résultante changerait à chaque instant,
en raison du mouvement des eaux. Nous ne
chercherons pas à examiner jusqu'à quel
point est fondée l'ancienne hypothèse, qui
admet que le Magnétisme terrestre est l'effet
de matières magnétiques ou ferrugineuses
disséminées à travers la masse de la terre,
attendu que les faits manquent également
pour donner à cette hypothèse l'apparence
d'une vérité. On ne saurait admettre non
plus l'hypothèse qui place la cause des phé-
nomènes dans l'atmosphère : la présenco
5b8
MAG
MAG
d'électricité et les variations qu'elle éprouve
dans l'espace de vingt-quatre heures ne sau-
raient servir de base à cette hypothèse, ainsi
que la présence des métaux et du fer. Ainsi,
jusqu'à présent il n'y a pas d'hypothèse qui
puisse nous faire concevoir, d'une manière
plausible , à quelle cause le globe terrestre
doit sa faculté magnétique. (Becquerel.)
MAGNOLIA, bot. ph. — Voy. magno-
lier.
MAGNOLIACÉES. Magnoliaceœ. bot.
ph. — Famille de plantes dicotylédonées,
polype taies, hypogynes, ainsi caractérisée :
Calice composé de 3 , plus rarement de 6,4
ou 2 folioles, souvent de la même appa-
rence que les pétales , à préfloraison le plus
ordinairement convolutive. Pétales en nom-
bre double ou plus grand , insérés sur plu-
sieurs rangs à la base d'un axe qui porte
toutes les parties de la fleur, s'enveloppent
de dehors en dedans comme les folioles cali-
cinales. Étamines en nombre indéfini, insé-
rées en spirale sur ce même axe un peu plus
haut, dont les filets, ordinairement courts
et élargis, portent adossées sur leur côté ou
leur face antérieure , les deux loges, le plus
souvent linéaires, de l'anthères'ouvrant par
une fente longitudinale. Ovaires le plus sou-
vent en nombre indéfini et s'insèrent sui-
vant une série également spirale vers le
sommet de l'axe, sessiles ou stipités , dis-
tincts ou soudés en partie , d'autres fois ré-
duits à un nombre défini , et même très
rarement à l'unité, quelquefois verticillés
au sommet de l'axe , dans tous les cas uni-
loculaires avec deux ou plusieurs ovules
anatropes insérés à l'angle interne, très ra-
rement avec un seul dressé, continués cha-
cun alors souvent en un style dont le som-
met du côté interne est tapissé par un stig-
mate papilleux. Le fruit varie comme le pis-
til, etsescarpelles, lorsqu'ils sont nombreux,
lui donnent souvent l'apparence d'un cône
ou strobile. Us s'ouvrent en deux valves ou
restent indéhiscents , et leur consistance
capsulaire, ou coriace, ou ligneuse, ou
même quelquefois charnue, varie suivant les
espèces. Les graines sont sessiles, ou quelque-
fois pendent hors du fruit à l'extrémité d'un
long funicule; en dehors "de leur test crus-
tacé , elles présentent le plus souvent une
enveloppe charnue qui manque d'autres fois;
en dedans un gros périsperme charnu, lisse ;
à la surface de celui-ci , du côté du hile, un
petit embryon droit , à cotylédons extrême-
ment courts. Les Magnoliacées sont des ar-
bres ou des arbrisseaux souvent remarqua-
bles par leur élégance , pénétrés dans toutes
leurs parties , mais surtout dans leur écorce
et leur fruit, d'un principe acre aromati-
que et amer. Leurs feuilles sont alternes,
simples , coriaces , très entières ou très ra-
rement lobées , souvent parsemées de petits
points transparents, enroulées dans le bour-
geon , qu'enveloppe à l'extrémité du rameau
une double stipule allongée en cornet ren-
versé, tombant plus tard, d'autres fois ré-
duite à une écaille ou même manquant tout-
à-fait. Les fleurs, souvent extrêmementgran-
des, odorantes, blanches ou mêlées de teintes
rougeâtres , jaunâtres ou verdâtres, sont
axillaires ou terminales , solitaires ou plus
rarement groupées en grappes ou en fais-
ceaux , enveloppées chacune dans le prin-
cipe par une large bractée enroulée en forme
de spathe. Leur beauté en fait cultiver plu-
sieurs dans nos parcs et nos jardins ; car
beaucoup appartiennent aux régions chau-
des-tempérées, notamment à l'Amérique
septentrionale, où elles forment un trait ca-
ractéristique de la végétation. Elles sont plus
rares dans la méridionale, à la Nouvelle-
Hollande , à la Nouvelle-Zélande , au Japon ;
mais abondent sous les tropiques, dans les
deux continents. Plusieurs espèces sont em-
ployées dans les pays où elles naissent , à
cause de leurs principes excitants et aro-
matiques , et le commerce en apporte chez
nous diverses parties, comme l'écorce de
divers Drimys, vulgairement connue sous le
nom d'Écorce de Winter, et les fruits de la
Badiane ou Illicium , qui le sont sous celui
d'unis étoile.
GENRES.
Tribu I. — Magnoliées.
Carpelles disposés comme en épi sur
l'axe. Feuilles non ou à peine ponctuées.
Talauma, J. (Blumia, Nées). — Aroma-
dendrum, Blum. — Magnolia, L. (Gwilli-
miat Rott. — Liriopsis, Yulania, Tulipas-
trum et Lirianthe , Spach). — Manglietia ,
Blum. — Michelia, L. (Champaca , Rheed.
— Sampaca, Rumph.). — Liriodendron9
L. {Tulipifera, Herm.).
MAG
MAG
589
Tribu II. — Illiciées.
Carpelles verticillés. Feuilles parsemées
de points transparents.
Tasmannia, R. Br. — Drimysy Forst.
(Wintera , Murr. — Winterana , Sol. —
Magallana, Comm. — Canella, Domb. —
Boique, Molina). — Illicium, L. (Skimmi,
Kaempf. — Badianifera, L. — Cymboste-
mon, Spach.)
A la suite on place encore le genre Tro-
chodendron, Siebold, quoique à fleur nue
et à capsule 5-8-locuIaire. (Ad. J.)
MAGNOLIÉES. Magnolieœ. bot. ph. —
Ce nom , réservé aujourd'hui à une tribu
des Magnoliacées, a été donné par quelques
auteurs à la famille entière. (Ad. J.)
MAGNOLIER. Magnolia (du nom du
botaniste français Magnol). bot. ph. — Ma-
gnifique genre de la famille des Magnolia-
cées, sous-ordre des Magnoliées, de la po-
lyandrie-polygynie dans le système sexuel de
Linné. Il se compose d'arbres tous remar-
quables par la beauté de leur feuillage et de
leurs fleurs, dont les uns habitent les par-
ties chaudes de l'Amérique septentrionale ,
dont les autres croissent spontanément dans
l'Asie tropicale. Leurs feuilles sont alternes,
entières, accompagnées de deux stipules qui,
lorsque la feuille est encore jeune , lui for-
ment une enveloppe complète , mais qui se
détachent et tombent de bonne heure. Leurs
fleurs sont solitaires à l'extrémité des bran-
ches, enveloppées, dans leur jeunesse, d'une
ou de deux bractées très fugaces ; elles sont
remarquables par leur grandeur et souvent
par leur odeur suave. Elles présentent les
caractères suivants : Calice à 3 sépales plus
ou moins colorés; corolle formée de 2-4
verticillés, chacun à trois pétales étalés
ou redressés ; étamines nombreuses , hypo-
gynes, portées sur un prolongement du ré-
ceptacle , sur lequel elles s'insèrent selon
des lignes spirales. Ce même prolongement
du réceptacle porte à sa partie supérieure
un grand nombre de pistils également spi-
rales, sessiles, libres et distincts, unilocu-
laires, contenant cbacun deux ovules super-
posés. A ces fleurs succède une sorte de cône
formé par la réunion d'un grand nombre de
capsules coriaces , s' ouvrant par leur suture
dorsale, renfermant deux graines, ou une
seule par suite de l'avortement de la seconde,
qui , à la déhiscence , restent quelquefois
suspendues à l'extrémité d'un long funicule
extensible ; ces graines sont revêtues d'un
test dur et rouge.
La beauté du feuillage des Magnoliers et
la grandeur de leurs fleurs leur donnent le
premier rang parmi les végétaux d'orne-
ment ; aussi le nombre de ceux qu'on ren-
contre fréquemment aujourd'hui dans les
jardins et les parcs est-il déjà grand et s'ac-
croît-il tous les jours. Nous ne pouvons dès
lors nous dispenser de faire connaître les
plus répandues et les plus belles de ces es-
pèces.
A. Magnoliastnm , DC.
Espèces toutes de l'Amérique du Nord;
bouton de fleur enveloppé par une seule
bractée ; anthères extrorses ; ovaires rap-
prochés.
1 . Magnolier a grandes fleurs , Magnolia
grandiflora Linn. Cette magnifique espèce,
la plus répaudue aujourd'hui dans nos cul-
tures , peut être regardée comme le plus
beau des végétaux connus; elle réunit en
effet la majesté du port à la beauté du feuil-
lage , à la grandeur et à l'abondance des
fleurs. Dans son pays natal , elle s'élève or-
dinairement de 20 à 25 mètres ; quelquefois
même elle atteint jusqu'à 30 ou 35 mètres,
avec un tronc d'un mètre de diamètre. Ce
tronc est droit, uni , nu dans une grande
hauteur, et se termine par une belle cime
conique; il est revêtu d'une écorce lisse,
grisâtre, que Michaux compare à celle du
Hêtre. Ses feuilles sont persistantes , gran-
des, ovales-oblongues , coriaces, luisantes
en dessus , souvent de couleur ferrugineuse
en dessous. La ressemblance assez marquée
de ses feuilles avec celles du Laurier-Aman-
dier lui a fait donner, en Amérique , le
nom de Big Laurel {Grand Laurier). Les
fleurs sont d'un blanc pur, de 16 à 25 cen-
timètres de diamètre, d'une odeur agréable,
mais très forte; en Amérique, elles parais-
sent en mai , et continuent à se succéder
jusqu'en automne; sur les individus isolés,
elles se développent en très grand nombre,
et rien ne pourrait alors, dit-on, dépeindre
le magnifique effet que produisent ces ar- j
bres. Ces fleurs présentent 9-12 pétales j
étalés. Les fruits qui leur succèdent forment '
des cônes de 12 centimètres de long. Dans
son pays natal, le Magnolier à grandes fleurs
590
MAG
croît dans les lieux frais etomDragés, dont
le sol, de couleur brune, meuble et pro-
fond, est d'une grande fertilité. Presque
toujours il y est accompagné par le Magno-
lier parasol. Dans nos climats, il réussit
surtout dans une terre franche, proronde,
substantielle et à une exposition abritée
contre les vents du nord-est. Au reste, il
pousse très bien en pleine terre, même sous
Te climat de Paris , mais surtout dans le
midi de la France et dans le nord et le mi-
lieu de l'Italie ; dans les parties méridionales
de ce dernier pays, il souffre souvent de la
chaleur. On le multiplie de graines semées
immédiatement après leur maturité dans de
la terre de bruyère , sur couche tiède et
sous châssis ; on repique ensuite le jeune
plant dans des pots qu'on rentre dans l'o-
rangerie pendant l'hiver, et, après deux
ans , on plante en pleine terre.
Cette magnifique espèce, aujourd'hui fort
répandue dans les jardins et les parcs, a été
introduite en Europe vers le commencement
du siècle dernier ; un pied en fut transporté,
en 1732, des bords du Mississipi à Maillar-
dière , près de Nantes ; mais il fut entière-
ment négligé et abandonné après avoir été
soigné pendant quelques années. En Angle-
terre, il en existait également un pied à
Exeter en 1737; mais là, comme en France,
ce beau végétal attira peu l'attention. Ce ne
fut guère que vers la fin du siècle dernier que
l'on reconnuteombien il méritait d'être mul-
tiplié et répandu; et aujourd'hui l'on en pos-
sède plusieurs variétés, dont les principales
sont: exoniensis, obovata,prœcox, angustifo-
lia, ferruginea, etc. Parmi ces variétés, la pre-
mière est recommandée pour sa floraison et
pour sa croissance rapide; la seconde, pour
la beauté de son feuillage; la troisième,
pour la grandeur de ses fleurs, qui com-
mencent à paraître de bonne heure , et qui
se succèdent pendant longtemps ; la qua-
trième, pour ses feuilles étroites, etc. Ces
variétés se propagent par la greffe en appro-
che sur le type, et par marcotte. Le bois du
Magnolier à grandes fleurs est tendre, peu
durable lorsqu'il est exposé à l'air, et ne
peut dès lors cire employé qu'à la confection
des meubles et des objets renfermés dans
l'intérieur des maisons ; il est au reste très
blanc, même lorsqu'il est parfaitement sec.
2. Magnolier glauque , Magnolia glauca
MAG
Linn. Cette espèce s'avance, en Amérique,
jusqu'à plus de 45° de latitude N. ; elle es'
très commune dans les parties méridionales
de l'Amérique du Nord , mais seulemen
dans les marais fangeux qui longent l'Océan,
jusqu'à une distance assez peu considérable,
et on ne la voit jamais pénétrer bien avant
dans l'intérieur des terres. Elle forme un
arbre dont la taille moyenne n'est que do
7 à 10 mètres, mais qui quelquefois s'élève
jusqu'à 12-13 mètres; dans les parties plus
septentrionales , près de New York et de
Philadelphie , elle ne dépasse guère 2 ou 3
mètres de hauteur. Son tronc est tortueux
et rameux ; ses branches sont divariquées ;
ses feuilles sont elliptiques, obtuses, lisses
et d'un vert foncé en dessus , glauques en
dessous , tombantes. Ses fleurs sont blan-
ches, larges de 6-9 centimètres; elles se
développent, en Amérique, au mois de mai,
et dans nos climats, de juillet en septembre ;
elles présentent 9-12 pétales ovales, conca-
ves, resserrées. Cette espèce a été introduite
en Angleterre , dès 1688 , par Banisler ; de
là elle s'est répandue en Europe antérieure-
ment à toutes les autres. Elle demande une
terre légère et humide. Les graines qui
servent à la multiplier doivent être semées
aussitôt après leur maturité, parce que,
comme chez ses congénères, elles rancissent
très vite, et perdent ainsi la propriété ger-
minative. En Amérique, le bois du Magno-
lier glauque ne peut être employé à aucun
usage ; mais l'écorce de sa racine est em-
ployée pour la teinture; on la regarde aussi
comme sudorifiqué; de plus, on fait infuser
ses fruits dans de l'eau-de-vic , à laquelle
ils communiquent une amertume très pro-
noncée, et l'on use de cette teinture pour
prévenir et combattre les fièvres intermit-
tentes. Cette espèce résiste à des froids,
même rigoureux.
3. Magnolier parasol, Magnolia umbrella
Lam. (M. tripetala Linn.). Cette espèce
s'élève quelquefois à 10-12 mètres de hau-
teur ; mais cette taille est pour elle excep-
tionnelle ; ses feuilles sont très grandes, et
atteignent , dans les jeunes individus , jus-
qu'à 5-6 décimètres de long sur 21-24 cen-
timètres de large ; elles sont réunies ordi-
nairement à l'extrémité des branches de
manière à y former une sorte d'ombrelle ,
d'où est venu le nom de la plante ; elles
MAG
MAG
591
sont lancéolées , très étalées , glabres à l'é-
tat adulte, pubescentes en dessous à l'état
jeune, tombantes ; les fleurs sont blanches,
larges de 21-24 centimètres, d'une odeur
peu agréable; leurs trois sépales sont pen-
dants. Les cônes qui succèdent à ces fleurs
sont roses à leur maturité ; les graines sont
d'un rouge pâle. Ce Magnolier a été intro-
duit en Angleterre vers 1752 ; de là il s'est
répandu sur le continent. Il supporte, sans
en souffrir, les plus grands froids de nos
contrées.
4. Magnolier acuminé , Magnolia acumi-
nata Linn. Ce bel arbre porte , en Améri-
que , le nom vulgaire de Cucumber Tree, ou
d'Arbre à Concombre; sa taille égale celle
du Magnolier à grandes fleurs ; son tronc
s'élève droit et nu, et se termine par une
cime large et régulière ; ses feuilles sont
d'un tissu peu consistant, ovales , acumi-
nées au somme!, pubescentes en dessous,
longues de 18-21 centimètres sur 9-12,
tombantes; ses fleurs sont larges de 9-12
centimètres , ordinairement un peu bleuâ-
tres , peu odorantes; il leur succède des
cônes cylindriques et étroits , un peu cour-
bés , qui , avant leur maturité , ressemblent
assez à un cornichon , ce qui a valu à l'es-
pèce son nom vulgaire ; c'est dans cet état
qu'on les fait infuser dans de l'eau-de-vie
pour en obtenir une liqueur très amère ,
qu'on emploie contre les fièvres d'automne;
à !'état de développement complet , ils ont
une couleur rouge-cerise vive. Ce beau Ma-
gnolier s'avance dans l'Amérique septentrio-
nale jusqu'au 43e degré de lalit. N.; aussi
résiste-t-il aisément au froid de nos hivers.
II est très abondant dans les parties peu éle-
vées des Alleghanys; mais il ne descend ja-
mais vers les bords de la mer, et reste tou-
jours confiné très avant dans les terres.
Son bois, quoique tendre, est susceptible
de recevoir un beau poli ; aussi l'emploie-
t-on pour la menuiserie intérieure ; celui du
cœur est d'un jaune brun ; comme il est
très léger, les naturels en font de grandes
pirogues.
Pour abréger cet article , nous nous bor-
nerons à mentionner, malgré l'importance
qu'il y aurait à les faire connaître, quelques
autres espèces de la même section , comme
le Magnolier a feuilles en coeur , Magnolia
cor data Mich., dont les feuilles sont plus
souvent ovales que cordiformes , et un peu
glauques et pubescentes en dessous , tom-
bantes; dont les fleurs sont de grandeur
moyenne et de couleur jauneverdâtre; le
Magnolier auriculé , Magnolia auriculata
Lam., dontles feuilles sont grandes, glabres,
un peu glauques en dessous , auriculées à
leur base , tombantes; dont les fleurs, lar-
ges de 9-12 centimètres, sont blanches et
très odorantes ; le Magnolier a grandes
feuilles, Magnolia macrophylla Mich., re-
marquable par la grandeur de ses feuilles,
qui ont quelquefois près d'un mètre de lon-
gueur, et par ses fleurs blanches , les plus
grandes du genre, qui ont 27-30 centimè-
tres de large, etc.
B. Gwillimia, Rolller.
Espèces toutes d'Asie ; bouton de fleur
enveloppé le plus souvent de deux bractées
opposées ; anthères introrses ; ovaires peu
serrés.
5. Magnolier Yulan , Magnolia Yulan
Desf. (M. conspicua Salisb.). Cette jolie es-
pèce , qui commence à être fort répandue
en Europe, est originaire des provinces mé-
ridionales de la Chine, où elle forme, dit-
on, un arbre de 12 à 15 mètres de haut.
Ce chiffre ne paraît pas exagéré , puisque
Loudon en cite un individu existant en An-
gleterre, dans le comté de Kent, qui avait
déjà.10 mètres de hauteur, il y a quelques
années. Le tronc de cet arbre porte un grand
nombre de branches redressées ; ses feuilles
sont obovales , de grandeur moyenne, acu-
minées, pubescentes dans leur jeunesse,
tombantes; ces feuilles se développent plus
tard que les fleurs. Celles-ci sont très pré-
coces et se montrent dès le commencement
du printemps; elles sont blanches, à 1-9
pétales , et tellement abondantes que l'ar-
bre semble quelquefois en être couvert;
leur odeur est agréable et douce; leur style
est dressé. Le Magnolier Yulan a été intro-
duit de Chine en Angleterre, en 1789, par
Joseph Banks; mais il y a été négligé pen-
dant plusieurs années, et ce n'est que de-
puis le commencement de ce siècle qu'il a
commencé de se répandre autant qu'il le
mérite par la beauté de sa floraison printa-
nière. Dans la Chine, c'est l'un des arbres
d'ornement les plus répandus et les plus es-
timés ; on y en possède même des indivi-
592
MAH
MAI
dus nains que l'on cultive en pots, et qu'on
réussit à forcer de manière à en avoir en
fleur pendant presque toute l'année. On en
conserve toujours de tels dans le palais de
l'empereur, et le prix qu'on y attache est
tel qu'un Yulan nain bien fleuri est l'un des
dons les plus précieux qu'il soit possible de
faire. Dans ce même pays, cette espèce est
de plus regardée comme médicinale; on
emploie ses graines, réduites en poudre,
comme stomachiques, et aussi contre les
rhumes et les inflammations de poitrine..
Enfin , dans cette même section , se trou-
vent encore deux espèces assez fréquemment
cultivées : le Magnolier obové ou disco-
lore, Magnolia obovata Thunb. (M. discolor
Yent., M. purpurea Hortul.), originaire de
la Chine, à feuilles tombantes, obovées ,
aiguës, marquées de veines réticulées, dont
les fleurs sont grandes, d'un blanc pur en
dedans , purpurines en dehors , de forme
campanulée. M. Soulange a réussi à croiser
cette espèce avec la précédente. Le Magno-
lier brun, Magnolia fuscata, Andr., égale-
ment originaire de la Chine, dont les feuilles
sont persistantes, ovales oblongues, glabres
dans leur vieillesse , et revêtues dans leur
jeunesse , ainsi que les jeunes rameaux ,
d'un duvet épais de couleur brune; dont les
fleurs sont petites, d'un blanc soufré, bor-
dées d'une ligne de rouge sombre. (P. D.)
*MAGO]\IA. bot. ph.— Flor. Aura., syn.
de Triplaris, Linn. — Genre de la famille
des Sapindacées ? établi par St.-Hilaire
{Mem. mus., XII, 336, t. 12 et 13). Arbres
du Brésil.
MAGOT, mam. -— Espèce du genre Ma-
caque. Voy. ce mot.
*MAGYDARIS. bot. ph. — Genre de la
famille des Ombellifères-Smyrnées , établi
par Koch (Msc). Herbes des régions occi-
dentales de la Méditerranée. Voy. ombm.li-
FÈRES.
MAHERNIA. bot. ph.— Genre de la fa-
mille des Byttnériacées-Hermanniées, établi
par Linné (Mant., 59). Herbes ou sous-ar-
brisseaux du Cap. Voy. malvacées.
*MAHOMETA, DC. bot. ph. Syn. de
Monarrhenus , Cass.
MAHONIA, Nutt. bot. ph. — Voy. ber-
beris.
MAHUREA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Ternstrœmiacées-Laplacées, établi
par Aublet (Guian., I, 558, t. 122), Ar-
bres de la Guiane. Voy. ternstrqemiacées.
MAIA. Màia. (nom mythologique), crust.
— Ce genre, qui appartient à l'ordre des Dé-
capodes, à la famille des Oxyrhynques et à la
tribu des Maïens, a été établi par Lamarck aux
dépens des Cancer de Herbst et des Inachus de
Fabricius. Cette coupe générique cependant
n'a été conservée qu'en restreignant singu-
lièrement les limites ; il ne renferme plus
aujourd'hui qu'un très petit nombre d'es-
pèces qui viennent se grouper autour du
Maïa squinado de nos côtes. Les caractères
principaux de cette coupe générique sont
d'avoir !a tige mobile des antennes externes
insérée dans le canthus interne de l'or-
bite, et à découvert. Les pinces sont poin-
tues.
Les espèces qui composent ce genre pa-
raissent propres aux mers d'Europe et re-
présentent des Décapodes, les plus grands
que nous ayons sur nos côtes. Le Maïa squi-
nade , Maïa squinado Herbst , peut être
considéré comme le type de ce genre ; le
corps de cette espèce est couvert de poils
crochus et sa longueur égale ordinairement
10 à 12 centimètres; elle est commune
dans la Manche, dans l'Océan et dans la
Méditerranée, et elle se trouve jusque sur
les côtes des possessions françaises dans le
nord de l'Afrique. On prend ce Crustacé dans
les filets traînants , et les pêcheurs le man-
gent, mais sa chair est peu estimée. Les
anciens le regardaient comme doué dérai-
son et le représentaient suspendu au cou
de Diane d'Éphèse, comme un emblème de
la sagesse. On le voit aussi figurer sur quel-
ques unes de leurs médailles.
Une autre espèce, aussi commune que la
précédente , mais qui est plus petite, est le
Maïa verruqueux, Moiia verrucosa (Edw.
Hist. nat. des Crust., tom. I, p. 328, n. 2,
pi. 3, fig. 1 à 14). Ce Crustacé est très
commun dans la Méditerranée, et je l'ai
rencontré aussi assez abondamment sur les
côtes est et ouest de nos possessions dans le
nord de l'Afrique. (H. L.)
*MAIACÉS. Maiacea. crust. — Sous ce
nom, est désigné dans la Faune japonaise,
par M. Dehaan , une famille de Crusta-
cés, qui correspond en grande partie à celle
des Maïens de M. Milne- Edwards. Voy.
HAÏKNS. (H. L.)
MAI
MAT
593
MAIDES. tfaidœ. crust. — Syn. de
Maïens. Voy. ce mot. (H. L.)
*MAIENS. Màiœ. crust. — M. Milne-
Edwards, dans son Histoire naturelle des
Crustacés, désigne sous ce nom une tribu
qui appartient à l'ordre des Décapodes bra-
chyures et à la famille des Oxyrhynques.
Cette tribu se compose de Crustacés dont la
carapace, presque toujours très épineuse,
est, à quelques exceptions près , beaucoup
plus longue que large, et plus ou moins
triangulaire. Le rostre est en général formé
de deux cornes allongées. Le premier article
des antennes internes est peu développé;
celui des antennes externes, au contraire,
est extrêmement grand , et soudé avec les
parties voisines de manière à se confondre
presque avec elles ; son bord externe con-
stitue toujours une portion considérable de
la paroi inférieure de l'orbite, et son extré-
mité antérieure s'unit au front au-devant
du niveau du canthus interne des yeux.
Quant à la tige mobile de ces antennes,
elle est toujours assez longue. En général ,
l'épistome est notablement plus large que
long, tandis que le cadre buccal est plus
long que large. Le troisième article des pat-
tes-mâchoires externes est aussi large que
long, plus ou moins dilaté du côté externe,
et tronqué ou échancré à son angle anté-
rieur interne, par lequel il s'articule avec
ie quatrième article, qui est très petit. Les
pattes antérieures de la femelle ne sont en
général guère plus grosses ni plus longues
que les suivantes ; quelquefois elles sont plus
courtes ; il en est à peu près de même chez
les mâles; mais, en général , chez ces der-
niers , elles sont plus longues et beaucoup
plus grosses que celles de la seconde paire.
Les pattes suivantes sont, en général, de lon-
gueur médiocre. L'abdomen se compose or-
dinairement de sept articles distincts dans
l'un et l'autre sexe , mais quelquefois ce
nombre varie dans les différentes espèces
d'un même genre.
Cette tribu renferme une vingtaine de
coupes génériques désignées sous les noms
de : Libinia , Herbstia , Naxia , Chorina ,
Pisa y Lissa , Hyades , Paranithrax , illt-
thrax , Mdia, Micippe, Criocarcinus Para-
micippa , Stenocinops , Pericera , Menœthia,
Halimus , Acanthonyx, Epialtus et Leucippa.
(H. L.)
T. VII.
MAIGRE, poiss. — On désigne sous ce
nom les Sciènes proprement dites. Voy.
SCIÈNE.
MAILLOT. Pupa. moll. — Genre établi
par Draparnaud aux dépens des Bulimes de
Bruguière, qui, eux-mêmes, faisaient partie
des genres Hélix et Turbo de O.-F. Mill-
ier, de Linné, et des autres zoologistes du
xvme siècle. Lamarck adopta ce genre, et le
rangea dans sa famille des Colimacées;
M. de Blainville l'adopta également, ainsi
que M. Deshayes; mais ce dernier natura-
liste reconnut ensuite la nécessité de le réu-
nir avec un autre genre de Draparnaud ,
également adopté par Lamarck, avec le genre
Clausilie. Ces deux genres, en effet, ne dif-
fèrent que par des caractères d'une trop
faible importance, et tendent à se fondre
l'un dans l'autre sans qu'une limite précise
puisse être indiquée.
L'animal des Maillots paraît avoir une
organisation semblable à celui des Hélices ;
mais les tentacules inférieurs ou antérieurs
sont proportionnellement plus courts, et ils
sont même peu distincts dans certaines pe-
tites espèces. La masse viscérale occupant
la spire est en même temps beaucoup plus
considérable ; de sorte que la spire a dû con-
séquemment devenir plus longue et plus
développée. De là résulte la forme allongée,
cylindroïde, en général, de la coquille, avec
des modifications d'âge ou d'espèce qui lui
donnent la forme d'un maillot, ou d'un pe-
tit baril , ou d'un fuseau , ou d'un grain
d'Orge ou d'Avoine. En effet , dans la co-
quille adulte, le dernier tour est ordinaire-
ment plus étroit que la partie moyenne plus
renflée, et cela seul suffirait déjà pour em- S
pêcher que de jeunes individus pussent
être rapportés à l'espèce dont ils provien-
nent. Mais une autre différence non moins
sensible provient du développement du bord
de la coquille adulte; ce bord, primitive-
ment très mince et tranchant, devient enfin
plus épais, élargi et réfléchi , ou replié en
dehors ; en même temps , des plis ou sail-
lies dentiformes plus ou moins prononcées ,
plus ou moins nombreuses, se forment à
l'intérieur de cette ouverture chez plusieurs
espèces ; chez quelques autres aussi dont on
avait fait le type du genre Clausilie, une
sécrétion calcaire analogue se fait le long de
la columelle, mais le produit de cette sécré-
75
594
MAI
tion n'y est pas soudé comme les plis ou
dents que nous avons mentionnés : il en ré-
sulte donc une petite pièce mobile qui vient
Obstruer ou boucber en partie l'endroit le
plus rétréci de l'avant -dernier tour quand
l'animal se retire complètement dans sa co-
quille. Les mêmes espèces dont on formait
d'abord le genre Clausilie ont le bord con-
tinu et libre dans tout son pourtour, tandis
que le bord de la coquille des Maillots pro-
prement dits est disjoint et interrompu par
une lame columellaire. Mais, comme nous
l'avons déjà dit, à mesure que le nombre
des espèces connues est devenu plus consi-
dérable , le passage d'un genre à l'autre a
dû se faire par des nuances moins pronon-
cées quant à ce caractère tiré de la forme
extérieure. La coquille est quelquefois pres-
que lisse, mais le plus souvent elle présente
des stries longitudinales, c'est-à-dire dans
le sens de l'axe ou un peu inclinées. Ces
stries sent plus ou moins prononcées, et sont
même , pour certaines espèces , remplacées
par des côtes longitudinales.
Le nombre des espèces connues est au-
jourd'hui tellement considérable, qu'on sera
forcé de subdiviser le genre Maillot en plu-
sieurs sections, dont l'une, en partie au
moins, doit correspondre à l'ancien genre
Clausilie ; d'autres sections seront basées
sur la présence des dents de l'ouverture de
la coquille.
Plusieurs espèces des Antilles et des Indes
sont longues de 27 à 38 millimètres, très
épaisses, avec des côtes longitudinales ou un
peu obliques très saillantes ; tels sont : le
Maillot momie (Pupa mumia), le Maillot
grisâtre (Pupa uva), le Maillot bombé (Pupa
sulcata), etc. Les espèces indigènes sont beau-
coup plus petites, et proportionnellement
plus minces; parmi les espèces à bouche
dentée, on peut citer les Maillots cendré et
a trois dents, longs de 10 à 11 millimètres,
et le Maillot avoine, long de 6 à 7 millimè-
tres; parmi les espèces sans dents, sont le
Maillot ombiliqué et le Maillot mousseron
(Pupa muscorum), longs de 2 millimètres.
Une autre espèce, Pupa fragilis, est remar-
quable par la ténuité de la coquille et par
la direction inverse de la spire, qui est plus
effilée et tournée à gauche ; sa longueur est
de 9 millimètres.
Les espèces de l'ancien genre Clausilie
MAI
sont aussi ordinairement inverses ; leur der-
nier tour est rétréci et souvent anguleux ,
comme s'il était tordu ; l'espèce la plus
commune dans la France centrale est la
Clausilie rugueuse , que Geoffroy nommait
la Nonpareille, et qu'on trouve dans les
fentes des vieux arbres : elle est longue de
10 millimètres environ. (Duj.)
MAIMON. mam. — Espèce du genre Ma-
caque. Voy. ce mot. (E. D.)
MAIN. — Voy. membres.
MAINA, Hodgson. ois. — Syn. de Gra-
cula, Lin. Voy. mainate. (Z. G.)
MAINATE. Gracula. ois. — Genre de la
famille des Sturnidées, de l'ordre des Passe-
reaux, caractérisé par un bec fort, comprimé,
élevé, un peu arqué; des narines rondes, en
partie recouvertes de plumes soyeuses, et
percées près du front; deux larges lambeaux
charnus qui partent de l'occiput et se diri-
gent sur les côtés de la tête ; des joues nues
et des tarses de médiocre longueur, ro-
bustes.
Le genre Gracula ne pouvait rester tel
que l'auteur du Systema naturœ et Latbam
l'avaient fait. Il était difficile, en effet, que
des Merles, des Quiscales, des Coracines,
des Picucules, etc., pussent demeurer réu-
nis sous la même caractéristique. Il fallait
donc rendre chaque espèce à son genre, et
de plus créer des coupes pour celles des es-
pèces qu'on ne pouvait rapporter à aucune
des divisions connues. C'est ce qu'ont fait
les divers naturalistes qui, après Linné et
Latham, se sont occupés de classification
des oiseaux. Aujourd'hui, les Graculœ des
méthodistes anciens sont dispersés dans
quinze genres différents. A celui que forment
les Mainates, les auteurs ont, en général,
conservé le nom imposé par Linné: cepen-
dant Brisson lui a substitué celui de Mai-
natus; G. Cuvier lui a donné celui tfEula-
bes, et Hodgson celui de Maina.
Les Mainates, au rapport des voyageurs,
sont des oiseaux qui se font distinguer et
même rechercher par les habitants des pays
d'où ils sont originaires, à cause de la dou-
ceur de leur caractère, de la facilité avec la-
quelle ils acceptent l'esclavage, de l'aptitude
qu'ils montrent à retenir les airs, les mots
et les phrases qu'on veut leur apprendre, et
de la complaisance qu'ils semblent mettre
à les répéter au moindre désir du maître. Il
MAI
MAI
595
paraît même qu'ils poussent le talent de l'i-
mitation à un degré supérieur à celui que
l'on observe chez les Perroquets. Ainsi les
Mainates, dit-on, sont de tous les oiseaux
ceux qui reproduisent le mieux le langage
de l'homme.
Dans les îles de Java et de Sumatra, où
les Mainates sont communs, on voit ces oi-
seaux réunis en troupes se répandre dans
les plaines, visiter tour à tour les jardins et
les forêts pour y chercher leur nourriture.
Leur régime est à la fois animal et végétal ;
car il consiste en vers, en insectes, en
graines, en fruits, et surtout en bananes. Le
chant qu'ils font entendre en liberté est fort
agréable. Les mâles, chez ces espèces, té-
moignent à leur femelle un grand attache-
ment, et participent comme elle à l'œuvre
de la nidification. Leur nid, assez grossière-
ment fait, tapissé à l'intérieur d'un duvet
très abondant, est placé ordinairement près
du sol, entre les tiges accumulées d'une
souche épaisse. Leur ponte est de trois ou
quatre œufs grisâtres, tachetés de vert-olive.
Le vol des Mainates est assez rapide, quoi-
que peu soutenu ; il a beaucoup d'analogie
avec celui du Merle.
Legenre Mainate, en y comprenant, comme
Wagler l'a fait, l'oiseau que M. Lesson a in-
troduit dans son genre Mino, ne renferme de
bien déterminées que les espèces suivantes :
1. Le Mainate religieux, Gr. religiosa
Vieill. [Gai. des Ois., pi. 95, etBuff.,]}*.
enl. 2G8). Plumage d'un noir bleuâtre, avec
une tache blanche sur l'aile ; le bec élevé et
très comprimé vers son extrémité. — Habite
l'île de Sumatra.
Les Javanais se procurent, par la naviga-
tion, des Mainates religieux, qu'ils estiment
à un haut prix, et dont ils se défont diffici-
lement. Le nom distinctif que lui ont donné
les Européens provient, non pas de ce que
cet oiseau serait pour les Javanais l'objet de
quelque culte, mais bien parce qu'une
femme musulmane se refusa par scrupule
religieux, dit Bontius, à laisser peindre un
individu de cette espèce qu'elle nourrissait
en captivité.
2. Le Mainate de Java, Gr. JavanaLess.
Même plumage que le précédent, mais de
taille plus petite, et en différant encore par
un bec mx>ins haut et moins comprimé. —
Habite nie de Java.
3. Le Mainate Dumont, G. Dumont iï Wagl.,
Mino Dumonlii Less. (Zool. delà Coquille,
pi. 26). Plumage vert.— Habite la Nouvelle-
Guinée.
Cette espèce fait partie du genre Mino de
M. Lesson ; G. Cuvier la place dans son g.
Gymnops (Goulin). (Z. G.)
*MAINATES. ois.— M. Lesson, dans son
Traité d'ornithologie , a établi sous ce nom
une famille qui correspond à celle des Ca-
roncules (Caruncnlati) de Vieillot, et dans
laquelle il place les genres Mainate, Mino
et Créadion. (Z. G.)
*MAI1\EA, Flor. flumin. bot. pu. — Syn.
de Trigonia, Aubl.
MAINOTTE. bot. ce. — Nom que l'on
donne, dans quelques contrées de la France,
aux Clavaires en raison des divisions qu'elles
présentent et qui rappellent grossièrement
les doigts de la main. (Lév.)
MAIRAMA , Neck. bot. ph. — Synon.
d' Arctostaphylos , Adans.
MAIRERIA, Scop. bot. ph. — Syn. de
Mouroucoa , Aubl.
*MAIRIA. bot. ph. — Genre de la famille
des Composées-Astéroïdées , établi par De
Candolle (Prodr., V, 217). Herbes ou sous-
arbrisseaux du cap de Bonne-Espérance. Ce
genre renferme 7 espèces réparties en deux
sections nommées Pteropappus , Less., et
Zyrphelis, Cass. Voy. composées.
MAÏS, lea (Ça<o, je vis), bot. ph. —
Genre de plantes monocotylédones de la fa-
mille des Graminées, de la monœcie trian-
drie dans le système sexuel de Linné. 11 se
compose de plantes annuelles, à tige droite,
pleine intérieurement et épaisse, simple; à
feuilles planes , larges et grandes , munies
d'une ligule courte. Leurs fleurs sont mo-
noïques : les mâles forment une grappe ra-
meuse, terminale ; les femelles sont sessiles,
réunies en un épi simple, dans lequel les
épillets sont rangés en séries nombreuses ,
rapprochées par paires; cet épi est muni
d'une enveloppe serrée, formée par des gaî-
nes de feuilles dont le limbe a avorté ; il est
surmonté d'une sorte de houppe soyeuse ,
formée par les stigmates très longs et sail-
lants. Les fleurs mâles sont réunies en épil-
lets géminés, pédicules (excepté chez le Zea
hirta Bonaf.), biflores ; chaque fleur présente
deux glumes presque égales entre elles,
herbacées, mutiques; deux glumelles un
506
MAT
MAI
peu plus courtes, mutiques, transparentes,
dont la supérieure est à deux nervures, l'in-
férieure à trois ; deux glumellules collaté-
rales , en coin , tronquées obliquement ,
charnues, glabres ; trois étamines. Les fleurs
femellessontégalementréunies, dans chaque
cpillet, par deux, dont l'inférieure est stérile
et à deux glumelles, tandis que la supérieure
en possède deux ou trois ; cet épillet présente
deux glumes un peu charnues , très larges,
ciliées, dont l'inférieure est échancrée et
presque bilobée ; des glumelles également
un peu charnues , concaves, mutiques , gla-
bres ; pas de glumellules ni d'étamines ; un
ovaire oblique, sessile, convexe du côté ex-
térieur, presque plan du côté intérieur,
glabre. Le fruit qui succède à ces dernières
fleurs est un caryopse presque réniforme,
entouré à sa base par les glumes et les glu-
melles persistantes , renfermant un em-
bryon épais, presque aussi long que l'al-
bumen.
Le nom vulgaire de Maïs avait été con-
servé par Tournefort pour désigner ce genre;
mais plus tard Linné substitua à ce nom gé-
nérique celui de Zea, qui a été généralement
adopté, et que nous n'employons ici nous-
même que pour nous conformer à un usage
général, assez peu motivé, il est vrai. Pour
la plupart des botanistes, ce groupe ne ren-
ferme qu'une seule espèce , qui mérite cer-
tainement d'être regardée comme l'une des
plus importantes du règne végétal. Cette
espèce est le Maïs cultivé, Zea maïs Lin.
{Maïs Zea Gaertn.), plus connue sous les
noms vulgaires et plus ou moins impropres
de Blé de Turquie , Blé d'Inde , Blé d'Espa-
gne , et même sous ceux de Millet et de gros
Millet, dans les départements formés par le
Languedoc et la Guyenne. Les caractères
qui viennent d'être exposés plus haut dis-
tinguent suffisamment cette belle et utile
graminée , pour que nous soyons dispensé
d'en tracer ici une description détaillée.
Nous ajouterons seulement que ses feuilles
sont très entières. Sa haute importance
comme céréale l'a rendue l'objet de plu-
sieurs ouvrages et traités spéciaux, dont le
plus récent et le plus remarquable en même
temps est celui de M. Bonafous ( Histoire
naturelle , agricole et économique du Maïs ,
par Mathieu Bonafous, in-fol. de 182 pag.
et 19 pîanch. color., Paris, 1836), auquel
nuus empruntons quelques uns des détails
qui suivent.
On a beaucoup écrit relativement à la pa-
trie du Mais. Des faits nombreux, des auto-
rités imposantes , ont fait admettre par la
plupart des botanistes que nous en sommes
redevables à l'Amérique : c'est même là l'o-
pinion généralement régnante. Ainsi non
seulement les botanistes descripteurs indi-
quent, presque sans exception, le Nouveau-
Monde comme la patrie de cette précieuse
céréale; mais encore nous lisons, dans le
rapport de Meyen sur les travaux botaniques
de 1834 , cette phrase qui semblerait déci-
sive : « II n'y a aujourd'hui rien de plus
» certain en géographie botanique que ce
» fait que le Mais est originaire du Nouveau-
» Monde » (voy. la traduction de ce rapport
dans les Ann. des se. nat., 2e sér., vol. IV,
pag. 242). Cependant, et malgré toutes ces
autorités, la question n'est peut-être pas
définitivement résolue. Ce qui le prouve
clairement, c'est que M. Bonafous , après
avoir positivement admis l'origine améri-
caine du Mais , et son acclimatation en Eu-
rope depuis le xvie siècle (voy. Note sur une
nouvelle espèce de Mais, Ann. des se. nat. ,
lre sér., vol. XVII, pag. 156), a été conduit,
par des recherches nouvelles et plus appro-
fondies, à une conclusion entièrement diffé-
rente. Ainsi, dans le premier chapitre de son
grand ouvrage monographique , après une
longue et savante discussion sur ce sujet, il
s'exprime dans des termes que nous croyons
devoir rapporter textuellement : « S'il est
» certain, comme les historiens l'attestent,
» que le Maïs était cultivé en Amérique
» lorsque les Européens y arrivèrent à la
» fin du xve siècle, il paraît également vrai
» que cette céréale était en pleine culture
» dans l'Inde à une époque antérieure. Le
» Traité d'histoire naturelle de Li-tchi-tchin,
» écrit vers le milieu du xvie siècle , fixe
» l'existence du Maïs chez les Chinois à une
» époque si rapprochée de celle de la décou-
» verte de l'Amérique, que l'on ne doit pas
» rapporter à cet événement l'introduction
» de cette plante en Asie. Enfin le Mais
» trouvé à Thèbes dans le cercueil d'une
» momie (par M. Rifaud, en 1819) après 30
» ou 40 siècles, serait une relique précieuse.
» mais unique , qui prouverait qu'il existe
» en Afriaue dès les temps les plus reculés.
MAI
MAI
597
» Ces différents points admis, c'en est assez
» pour conclure que le Mais était connu
» dans l'ancien monde avant la découverte
» du nouveau ; qu'il n'est pas improbable
» que les Arabes ou les croisés l'aient intro-
» duit les premiers en Europe, et que, plus
> tard , la découverte de l'Amérique ait
» donné lieu à une nouvelle introduction
» et à une culture plus étendue de cette cé-
» réale, renfermée jusqu'alors dans d'étroi-
» tes limites. »
Quoi qu'il en soit de cette question d'ori-
gine si difficile à résoudre, le Mais se trouve
aujourd'hui à l'état cultivé sur une grande
partie de la surface du globe ; il y est même
plus répandu que le Blé lui-même. Il occupe
de vastes étendues de terrain dans la zone
torride et dans la zone tempérée chaude.
Vers sa limite septentrionale, sa culture
marche d'abord concurremment avec ceile
du Blé ; plus au sud, elle se mêle à celle du
Riz, ou bien elle reste seule. Elle atteint son
plus grand développement en Amérique, où
celle du Riz est proportionnellement moins
répandue , tandis que l'inverse a lieu pour
l'une et l'autre dans l'ancien continent.
Dans les contrées intertropicales, le Maïs
s'étend des bords de l'Océan jusqu'à une
hauteur de 2,400 mètres ; mais il domine
surtout sur les montagnes entre 1,000 et
2,000 mètres de hauteur , et c'est là qu'il
acquiert des dimensions souvent doubles ou
même triples de celles sous lesquelles il se
présente dans nos climats. En Amérique on
peut lui assigner pour limites extrêmes 42"
de latitude S. et 45° de latitude N. En Eu-
rope, et plus particulièrement en France,
Arthur Young avait cru reconnaître que sa
circonscription était bornée au nord par une
ligne oblique qui, partant de l'embouchure
de la Gironde, passerait à travers le Berri,
le Nivernais, la Champagne, la Lorraine, et
'viendrait aboutir au Rhin, près de Landau,
c'est-à-dire qui, prenant pour point de dé-
part 45° de latitude à l'ouest, arriverait à
la hauteur de 49° à l'est. C'est cette ligne
qui a été tracée sur la carte botanique de la
France qui accompagne la Flore française de
De Candolle ; mais la détermination de cette
limite septentrionale est inexacte sur plu-
sieurs points, la culture du Mais s'élevant ,
dans plusieurs de nos départements , nota-
blement au-delà de ses bornes supposées.
Au reste, on trouve le Mais cultivé dans des
parties avancées vers le nord sans qu'on
puisse faire entrer cette donnée en ligne de
compte, la plante n'étant plus alors consi-
dérée et employée que comme fourrage,
parce qu'elle ne mûrit plus son grain.
Comme céréale, le Maïs présente des avan-
tages inappréciables à cause de l'abondance
de ses produits et de leurs divers usages
pour la nourriture de l'homme et des ani-
maux : aussi est-il surtout une ressource
précieuse pour le peuple des campagnes qui,
en divers lieux, en fait la partie fondamen-
tale de sa nourriture. Son produit peut s'é-
lever jusqu'à 40 hectolitres de grains par
hectare. En même temps ses extrémités
fleuries, coupées après la fécondation, même
ses feuilles, constituent un fourrage utile
pour les bestiaux; de plus , les larges enve-
loppes de son épi , détachées à la maturité
du fruit, sont employées fréquemment pour
les lits, dans lesquels elles remplacent avec
beaucoup d'avantage la paille de seigle ;
on en obtient même un papier à écrire de
bonne qualité , mais qui, pour la blancheur,
n'égale jamais celui de chiffons. Ses épis
encore jeunes et tendres se confisent au vi-
naigre comme les cornichons. Les rafles qui
restent après qu'on a enlevé le grain ser-
vent comme combustible, et sont très utiles
sous ce rapport dans les pays où le bois est
rare et cher. Enfin , un autre avantage qui
peut acquérir une haute importance, est ce-
lui de fournir du sucre en assez forte pro-
portion pour que l'exploitation en soit fruc-
tueuse. Depuis longtemps déjà, on avait re-
connu que le parenchyme qui remplit le
chaume du Maïs renferme une certaine pro-
portion de matière sucrée , et quelques ob-
servateurs en avaient même extrait du sucre
parfaitement analogue, pour la nature et
pour la beauté, à celui fourni par la Canne
à sucre; mais dans ces dernières années,
M. Pallas a reconnu que ce sucre , dont la
quantité est peu considérable , lorsqu'on
laisse la plante passer par toutes les phases
de la végétation, s'accumule dans son tissu
en quantité beaucoup plus forte lorsqu'on
enlève les inflorescences sans leur laisser le
temps de se développer ; à l'aide de cette cas-
tration , le Maïs peut , selon lui , remplacer
sans désavantage la Canne à sucre. Dana
une communication faite récemment par lui
598 MAI
à l'Académie des sciences, M. Pallas assure
que les avantages de cette nouvelle exploi-
tation ont été reconnus tellement évidents
qu'elle a fait abondonner la Canne à sucre
dans les environs de la Nouvelle-Orléans. Ce
rapide exposé suffit pour faire comprendre
toute l'importance que présente la culture
du Maïs, et pour rendre raison du haut prix,
et en quelque sorte de la vénération que les
Incas accordaient à cette plante.
Le grain du Maïs est employé en nature
pour la nourriture de nos animaux domes-
tiques ; il sert particulièrement à nourrir
et engraisser la volaille; on en cultive assez
fréquemment pour ce dernier usage une va-
riété nommée vulgairement Maïs à poulet,
dont le grain est très petit. Une observation
populaire , que nous rappellerons, est que la
couleur blanche ou jaune de son grain se
communique dans ce cas à la graisse de l'oi-
seau qui en a été nourri. Ce grain fournit
une farine abondante , de couleur plus ou
moins jaune, suivant la variété, que l'on
mange, soit sous forme de bouillie très
épaisse, soit sous celle de pain. Pour ce der-
nier usage, on la mêle ordinairement d'un
quart ou de moitié de farine de Froment.
Cette farine a même un usage médical ; on
en fait des cataplasmes émollients qui pa-
raissent être préférables à ceux de farine de
Lin, parce qu'ils sèchent plus lentement et
ne rancissent pas. On se rappelle que les
observations récentes de quelques médecins
tendent à faire regarder l'alimentation ex-
clusive par le Maïs comme la source de la
pellagre , maladie qui règne à peu près
constamment en certains lieux, particuliè-
rement en Lombardie. L'examen chimique
de la farine de Maïs a été fait par Lespez et
Mercadien, qui y ont reconnu la compo-
sition suivante :
Fécule 75,35
Matière sucrée et animalisée. 4,30
Mucilage 2,50
Albumine 0,50
Son. ....... 3,25
Eau, 12,00
Perte 1,90
100
Le Maïs est rustique de sa nature; re-
pendant il est plus sensible au froid que le
Blé : aussi s'avance-t-il moins vers le nord.
MAI
On peut cependant dépasser pour la cul-
ture les limites que semblerait devoir lui
assigner la température moyenne de l'an-
née , en recourant à certaines de ses va-
riétés dont la végétation est très rapide,
particulièrement à celle qu'on connaît sous
le nom de Maïs quarantain. On peut alors
le semer plus tard , et profiter ainsi des deux
mois les plus chauds de l'année. Il réussit
dans presque toutes les terres, pourvu qu'el-
les aient été soigneusement préparées et en-
graissées ; néanmoins il préfère les bons ter-
rains. Il aime assez l'humidité, et il résiste
même à la submersion plus que nos autres
céréales. On le sème, soit en avril ou en
mai, lorsqu'il doit donner la récolte prin-
cipale, soit plus tard , avec des variétés hâ-
tives, lorsqu'il succède à une autre récolte;
le semis se fait généralement en lignes di-
versement espacées, suivant les usages lo-
caux; et on éclaircit le plant de manière à
laisser les pieds séparés d'environ 50 ou 60
centimètres. On bine deux ou trois fois, en
rechaussant chaque fois, et en buttant tout-
à-fait en dernier lieu. Lorsque la féconda-
tion a eu lieu, ce qu'indique le dessèche-
ment des stigmates, on coupe l'inflorescence
mâle avec l'extrémité de la tige, au-dessus
des épis femelles. On cueille les épis lorsque
leur enveloppe desséchée indique queleur ma-
turité est arrivée ; après quoi on les faitsécher,
soit en les étalant par couches peu épaisses,
soit en les réunissant en paquets qu'on sus-
pend dans un lieu bien aéré. On détache
ensuite les grains à la main, ou mieux à
l'aide d'une plate-forme verticale hérissée
de petites saillies.
Le Maïs a donné par la culture un grand
nombre de variétés qui se distinguent, soit
par la rapidité de leur végétation, comme
le Maïs quarantain , soit par l'époque à la-
quelle ils mûrissent, comme leMdis d'été ou
d'août et celui d'automne , soit par la peti-
tesse de leur grain, comme le Maïs à poulet,
soit enfin, et surtout, par la couleur de leur
grain , qui est le plus souvent d'un jaune
doré, fréquemment aussi blanc, plus rare-
ment rouge, brun ou même panaché. De là
de nombreuses dénominations qu'il nous est
impossible d'exposer ici.
Nous avons dit plus haut que la plupart
des botanistes n'admettent qu'une seule
espèce de Maïs; cependant Molina en avait
MAI
déjà proposé une seconde, à laquelle il avait
donné le nom de Maïs cdragua ou cdrabda,
Zea curagua Molina, qu'il avait observée
dans le Chili. Cette espèce était indiquée par
les botanistes avec doute; mais M. Bonafous
en ayant obtenu des grains , et ayant pu
dès lors la cultiver, a cru devoir l'admettre
comme différente de celle du Zea Maïs Lin.,
de laquelle elle se distingue par ses feuilles
constamment dentelées à leur bord. Il l'a
figurée dans son grand ouvrage déjà cité
(pl. 3).
D'un autre côté , M. Aug. de Saint-Hi-
laire a fait connaître , par une note publiée
dans les Ann. des se. nat. (lre sér., t. XVI,
pag. 143), une plante du Paraguay, qu'il a
regardée comme une simple variété du Zea
Mais Lin., et qui se distingue parce que
« ses grains sont revêtus d'enveloppes comme
ceux des autres Graminées. » Il pensait que
la culture avait pour effet de faire perdre en
peu de temps à ces grains leur enveloppe. Il
avait nommé cette plante : Zea Mais , var.
tunicata. M. Bonafous, l'ayant cultivée, a re-
connu que les enveloppes de ces grains se
conservent malgré la culture; pour ce mo-
tif, il l'a regardée comme constituant une
espèce distincte à laquelle il a donné le
nom de Zea cryptosperma Bonaf., et que
caractérisent essentiellement les glumes re-
vêtant entièrement le grain {Id.t loc. cit.,
pl. 5 bis).
Déjà, depuis plusieurs années, ce dernier
botaniste avait proposé comme nouvelle es-
pèce un Maïs de la Californie, dont les feuil-
les et les glumes sont hérissées, dont les épil-
lets sont pour la plupart sessiles dans l'épi
mâle, et non pédicules comme dans ses con-
génères. Dans son grand ouvrage, il a con-
servé et figuré cette même espèce à laquelle
il a donné le nom de Zea hirta Bonaf. (loc.
cit., pl.4).
Enfin, dans ce dernier ouvrage, M. Bo-
nafous a proposé également, comme espèce
distincte et séparée, un Mais qu'on cultive
en Amérique sur les rives du Missouri, et
que caractérisent des grains aplatis, et sur-
tout la coloration rouge, constante, des glu-
mes et des glumelles de l'épi femelle. Il lui
a donné le nom de Zea erythrolepis Bonaf.,
et il l'a figurée comme les précédentes (/d.,
loc. cit., pl. 5).
On voit par ce qui précède que si, comme
MAK
599
Ta reconnu M. Bonafous, les caractères que
nous avo ns indiqués résistent à l'épreuve
de la culture, le genre Zea renfermerait au-
jourd'hui 5 espèces distinctes et séparées.
Dans le cas contraire, les quatre dernières
plantes dont nous venons de parler rentre-
raient dans le Zea Mais Lin., comme des
variétés extrêmement remarquables. (P. i .)
MAITEN , Feuil. bot. ph. — Synon. de
Maytenus , Juss.
MAITES, Luc. crdst. — Syn. de Maïei s,
Milne-Edwards. (H. L.)
MAJA, Linn. crdst. — - Syn. de Maia.
MA JAT. moll. — Adanson ( Voyage au
Sénégal) nomme ainsi une espèce très com-
mune de Porcelaine , Cyprœa stercoraria
Lamk.
*MAJETA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Mélastomacées-Miconiées , établi
par Aublet ( Guian., I, 443, t. 176 ). Ar-
brisseaux de l'Amérique tropicale. Voy. mé-
LASTOMACÉES.
MAJORANA. bot. ph. — Voy. marjo-
laine.
MAKAIRA. poiss. — Genre de l'ordre des
Acanthoptérygiens , famille des Scombéroï-
des, établi par Lacépède et adopté par Cuvier
(Règne animal, t. II, p. 202). Les Makaira
diffèrent des Espadons proprement dits par
la pointe en forme de stylet qui termine
leur museau, par les deux petites crêtes
saillantes qui garnissent la base delà cau-
dale, et par l'absence des ventrales.
On ne connaît qu'une seule espèce de ce
genre; elle a été prise à l'Ile de Ré, et
nommée Makaira noirâtre, Lacép. (Xiphias
makaira Sh.).
MAKI. Lemur. mam. — Le genre Maki,
Lemur de Linné , Prosimia de Brisson , a été
beaucoup restreint par les naturalistes mo-
dernes, et pris dans son ensemble, il est
devenu la famille des Primates désignée
sous la dénomination de Lémuriens.
Les Makis proprement dits ont encore
quelques uns des caractères des Singes , mais
ils en diffèrent principalement sous le rap-
port de leur système dentaire. Les Maiiis ont
36 dents, savoir : 4 incisives supérieures et
6 inférieures, 4 canines, 6 molaires supé-
rieures de chaque côté, et seulement 5 in-
férieures r les deux incisives intermédiaires
supérieures sont très écartées entre elles, plus
petites que les latérales, et terminées par une
coo
MAK
ligne droite transversale; les latérales sont
coupées obliquement d'arrière en avant , et
placées presque Tune devant l'autre; les 4
incisives intermédiaires inférieures sont très
minces, très longues, couchées en avant, et
rapprochées de manière à figurer les dents
d'un peigne; les latérales sont plus grandes,
coupées obliquement du côté de la canine,
et couchées en avant comme les autres. Les
canines supérieures sont minces, larges,
arquées, tranchantes en avant et en arrière,
aplaties à la face citerne et renfermées à la
face interne par une saillie qui les rend
triangulaires ; les inférieures se croisent
en arrière avec les supérieures , elles sont
triangulaires et semblables à de fausses
molaires. Trois fausses molaires suivent la
canine supérieure après un intervalle vide;
elles présentent une pointe assez aiguë,
triangulaire et un large talon ; 3 vraies
molaires viennent après, la première est la
plus grande, et la troisième beaucoup plus
petite; à la mâchoire inférieure il n'y a que
2 fausses molaires et 3 vraies, et toutes
ont à peu près la même forme que les su-
périeures. Les formes générales des Makis
sont sveltes; leur tête est longue, triangu-
laire, à museau effilé, et elle a été souvent
comparée à celle des Renards. Le pelage est
en général laineux, très touffu et abondant.
Les oreilles sont courtes et velues; les na-
rines terminales et sinueuses. Les yeux sont
placés, non pas antérieurement, comme
chez l'Homme, ni latéralement, comme chez
les Singes, mais dans une position inter-
médiaire. Les membres des Makis , et sur-
tout les postérieurs, sont longs, et les pouces,
bien séparés des autres doigts et bien op-
posables, font de leurs mains des instru-
ments assez parfaits de préhension ; tous les
doigts sont terminés par des ongles plats,
vu du moins aplatis, à l'exception d'un seul ;
le second des pieds de derrière , qui est as-
sez court, est remarquable par sa phalange
onguéale fort amincie , que termine un
ongle subulé, long et relevé. La queue est
plus longue que le corps; mais ce n'est pas
un organe de préhension. Les mamelles sont
pectorales , et au nombre de deux. Le gland
est conique, et sa surface est couverte de
papilles cornées dirigées en arrière.
L'organisation des Makis a été étudiée, et
l'on a vu que, sous ce rapport, ces animaux J
MAK
se rapprochaient beaucoup des Singes. Les
parties molles ont offert à peu près les mêmes
dispositions; le foie n'a que deux grands
lobes et un petit; l'estomac, approchant de
la forme sphéroïdale , a ses deux issues , le
cardia et le pylore , très rapprochées l'une
de l'autre. Leur squelette a donné lieu à
divers travaux; mais c'est surtout M. de
Blainville (Ostéographie, fascicule des Pri-
mates, 1842) qui l'a étudié avec soin. L'en-
semble des pièces qui composent le sque-
lette indique des mouvements de préhen-
sion et de saut. Les os de ces animaux
ont quelque chose de ceux des oiseaux;
ils sont plus légers, plus fistuleux et moins
épais que ceux des Singes. Le nombre des
os du squelette des Makis , ainsi que leur
disposition générale n'offre rien de particu-
lier, si ce n'est dans l'absence assez fré-
quente de la queue. La colonne vertébrale
des Makis, et en particulier celle du Lemur
catta, pris pour type par M. de Blainville,
a beaucoup de ressemblance avec celle des
quadrumanes ordinaires : il y a 59 vertèbres,
4 céphaliques, 7 cervicales, 13 dorsales, 6
lombaires, 3 sacrées et 26 coccygiennes.
L'hyoïde a un corps étroit en travers, un peu
arqué , ce qui indique la dégradation vers les
Carnassiers. Le sternum étroit, surtout an-
térieurement, comme celui des Carnassiers ,
est composé de 7 sternèbres. Les côtes sont
au nombre de 13 : savoir, 8 vraies et 5
fausses. Les membres antérieurs, plus courts
que les postérieurs, sont composés : d'une
omoplate plus petite que celle des Sapajous;
d'une clavicule très peu développée, droite;
d'un humérus plus grêle et plus allongé que
chez les Singes; d'os de l'avant-bras assez
grêle , et d'une main , plus longue que dans
les Sajous, et presque égale en longueur au
radius. Les membres postérieurs ont un en-
semble plus grêle ; ils sont plus longs que chez
les Singes ; le bassin est assez faible et étroit ;
le fémun est long, un peu grêle; son corps
est presque droit; la jambe ressemble à celle
des Guenons; le pied en totalité offre à peu
près la même proportion , par rapport à la
jambe, que chez les Cercopithèques; il est
néanmoins plus étroit, et la partie tar-
sienne est proportionnellement un peu plus
longue.
Dans leur pays natal, les Makis vivent en
troupes sur les arbres, et ils se nourrissent
MAK
de fruits. Ces Lémuriens s'apprivoisent fa-
cilement, et vivent très bien en captivité:
dans nos ménageries, ils font preuve d'une
grande agilité, et se comportent à peu près
comme les Singes , mais toutefois leur ca-
ractère est beaucoup moins impétueux, et
même est empreint d'une espèce de taci-
turnité. Un individu de l'espèce du Mo-
coco, qui a été étudié par Fr. Cuvier, se
portait encore très bien aif bout de dix-neuf
ans de domesticité, quoique, depuis son
m arrivée en France, il eût toujours paru fort
incommodé du froid ; il cherchait à s'en
garantir en se ramassant en boule, les jam-
bes rapprochées du ventre, et en se couvrant
le dos avec sa queue; il s'asseyait l'hiver à
portée d'un foyer, et tenait ses mains et
même son visage aussi près du feu qu'il le
pouvait ; il lui arrivait quelquefois de se
laisser ainsi brûler les moustaches, et alors
même il se contentait de tourner la tête, au
lieu de s'éloigner du feu. Les mâles sont
ardents en amour, et les femelles portent
environ quatre mois leurs petits, qui nais-
sent ordinairement au nombre de deux, et
tettent pendant six mois. Ils recherchent,
même en été, les rayons du soleil. Pour
dormir, ils se placent dans des lieux d'un
difficile accès, et lorsqu'ils sont accouplés
par paire, ils se rapprochent ventre contre
ventre, s'enlacent avec leurs bras et leur
queue, et dirigent leurs têtes de façon que
chacun d'eux peut apercevoir ce qui se
passe derrière le dos de l'autre. Ils ont
grand soin d'entretenir la propreté de leur
robe et de leur queue, qu'ils tiennent le plus
souvent relevée lorsqu'ils marchent à terre,
et au contraire, qu'ils laissent pendre toute
droite lorsqu'ils sont placés sur un point
élevé. On les nourrit de fruits , de carottes
et de quelques autres racines, et l'on y
joint même de la chair cuite et du poisson
cru , qu'ils ne dédaignent pas : ils mangent
aussi des insectes.
Les Makis habitent Madagascar et quel-
ques petites îles très rapprochées de cette
terre, telles que celle d'Anjouan.
Plusieurs naturalistes se sont occupés du
genre Maki; nous citerons les principaux,
tels que Audebcrt (Hist. nat. des Makis) ,
Buffon et Daubenton {Hist. nat. gén. et
part.), Et. Geoffroy Saint-Hilaire {Annales
du Muséum et Mag. encyclop.), Fr. Cuvier
T. VII.
MAK
601
(Mamm. de la ménagerie) , A. -G. Desmarest
{Mammalogie) et M. Lesson > qui, dans un
ouvrage récent (Nouv. tab. desMam., 1842),
a proposé la création de divers genres, ceux
des Cebugale, Myscebus, Gliscebus , Mioxi-
cebus, etc., formés aux dépens de l'ancien
genre Lemur, etc.
On connaît une quinzaine d'espèces de
ce genre; nous ne décrirons que les princi-
pales et nous nous bornerons à citer seu-
lement les autres.
1. Le Maki vari, Buffon (Hist. natur.,
t. XIII, pi. 27), Et. GecSTr. (Mag. encyclo-
pédique, t. I, et Ann. du Muséum, t. XIX) ,
Lemurmacaco Linné. Il a 55 centimètres de
long. Son pelage est varié de grandes ta-
ches blanches et noires: le mâle a les côtés
du nez, les coins de la bouche, les oreilles,
le dessus du cou, le dos et les flancs, de
couleur blanche, avec le dessus de la tête,
le ventre, la queue et la face externe des
avant-bras et des cuisses de couleur noire:
la femelle diffère du mâle en ce qu'elle a
beaucoup moins de blanc, et particulière-
ment en ce que son dos est tout noir, à
l'exception d'une bande blanche placée
transversalement à son milieu : les jeunes
des deux sexes ont le dos blanc.
Cet animal porte à Madagascar, d'après
Flaccourt , le nom de Vari cossi, et les voya-
geurs lui attribuent des mœurs sauvages et
furibondes qu'on ne lui reconnaît nulle-
ment à l'état de captivité. On dit qu'il fait
retentir les forêts de cris très élevés et très
perçants.
2. Le Maki mococo, Buffon (Hist. nat.,
t. XIII, pi. 22), Et. Geoffr. (Ménag.), Fr.
Cuvier (Mam. lithogr.), Lemur calla Linné,
Gmelin. Sa longueur, du bout du nez à
l'origine de la queue , est de 40 à 42 centi-
mètres , et la queue a 50 centimètres. Le
pelage est cendré roussàtre en dessus, cen-
dré sur les membres et les flancs , et blanc
en dessous; la queue est colorée d'anneaux
alternativement blancs et noirs.
A Madagascar, ces Makis errent dans les
forêts, par troupes composées de trente à
quarante individus. Cette espèce est très fré-
quemment apportée en Europe. Elle est fort
agile et grimpe avec la plus grande légèreté
sur les points du plus difficile accès. Son
caractère est très doux et fort curieux , et il #
montre quelque affection pour les personnes
76
602
MAK
qui ont soin de lui. Avant de dormir, il
se livre à un exercice violent qu'il prolonge
assez longtemps , comme pour se fatiguer ;
ensuite il choisit un endroit très élevé , et
s'y accroupit en inclinant son museau sur
sa poitrine, et s'enveloppant de sa longue
queue.
3. Le Maki a front blanc, Et. Geoffr. {Mag.
encycl, 1. 1 ; Ann. Mus., t. XIX), Audebert,
Fr. Cuvier; le Maki d'Anjouan, Et. Geoffr.
(loco citato), Lemur albifrons Et. Geoffr. -St-
Hil. II est roux-brunâtre en dessus, gris à
l'occiput et sur les épaules, gris-roussâtre
en dessous. La face est noire depuis les
yeux; le mâle a sur le dessus de la tête et
sur le front un bandeau blanc qui n'existe
pas chez la femelle : aussi celle-ci avait-elle
été considérée comme une espèce distincte
sous le nom de Maki d'Anjouan. La Ména-
gerie du Muséum ayant réuni à la fois les
deux sexes, on est parvenu à les faire accou-
pler; la femelle a mis bas au bout de quatre
mois de gestation. Les petits, qui n'avaient
en naissant que la grosseur d'un rat, pou-
vaient déjà manger seuls au bout de six
semaines. C'est Fr. Cuvier qui a démontré
que les Makis d'Anjouan et à front blanc ne
formaient qu'une seule et même espèce; et
il est possible que d'autres observations fis-
sent de même, dans la suite, diminuer le
nombre des espèces de ce genre, en mon-
trant à l'égard de quelques unes de celles
admises aujourd'hui qu'elles ne sont pareil-
lement que de simples variétés d'âge ou de
sexe.
Le Maki à front blanc a été trouvé à Ma-
dagascar et à Anjouan.
4. Le Maki mongous, Buffon (Hist. nat.,
t. XIII, pi. 26), Et. Geoffr., Lemur mongos
Linné. Le pelage est gris en dessus, blanc
en dessous; le tour des yeux et le chanfrein
sont noirs; il a une tache noirâtre sur le
sommet de la tête; les parties nues des pieds
etdes mains sont de couleur brune. Du reste
le nom de Mongous a été généralement appli-
qué aux espèces de Makis à pelage plus ou
moins brun ou gris, et n'offrent point de
grandes taches de couleur, déterminées,
comme le Vari et le Maki rouge , ou d'an-
neaux sur la queue, comme le Mococo. Ces
espèces , créées par Et. Geoffroy-Saint-Hi-
laire, pour être admises , doivent être exa-
minées de nouveau.
MAK
Le Lbttiur mongos est moins familier que
le Mococo; cependant il présente à peu près
les mêmes habitudes naturelles. Il habite
Madagascar.
5. Le Maki a fraise, Et. Geoffr.; le Mon-
gous, Fr. Cuv. {Mam. lithogr.), Lemur colla-
ris) Et. Geoffr. (loco citato). Son pelage est
brun-roux en dessus, fauve en dessous; il
offre une sorte de collerette de poils roux; sa
face est plombée ; les poils de la queue sont
dirigés latéralement. La femelle est plus pe-
tite que le mâle, et elle a le sommet de la
tête gris, et le pelage généralement jaunâtre.
Il se trouve à Madagascar. En domesticité,
il est timide et peu intelligent; il dort en
boule, enveloppé dans sa queue, boit en
humant, peigne son poil avec ses incisives
inférieures : on le nourrit de racines, de
pain , de lait.
6. Le petit Maki, Buffon (Suppl., VII,
pi. 84); le Griset, Audebert (Hist. nat. des
Makis, pi. 7); Lemur cinereus Et. Geoffr.
(Mag. encycl.). C'est la plus petite espèce du
genre, car elle n'a environ que 28 centim. de
longueur. Sa tête est un peu moins allongée
proportionnellement à celle des autres es-
pèces, et ce caractère , ainsi que celui de sa
petite taille, l'a fait longtemps considérer
comme le jeune âge d'une espèce connue;
mais on ne doute plus aujourd'hui de sa dis-
tinction spécifique. Son pelage est généra-
lement gris en dessus et blanc-grisâtre en
dessous : les poils de sa queue sont un peu
longs et d'un gris uniforme.
Habite Madagascar, comme ses congé-
nères.
Les autres espèces de ce groupe, que
nous nous bornerons à citer, sont : Le Maki
rouge, Et. Geoffr.; Maki roux , Fr. Cuvier,
Lemur ruber Péron et Lesueur , le Maki
noir, Edwards; Lemur niger Et. Geoffr., le
Maki brun , Grand Mongous, Buffon ; Lemur
fulvus Et. Geoffr., le Maki aux pieds blancs,
Audebert; Lemur albimanus Brisson, Et.
Geoffr. ; le Maki a front noir, Et. Geoffr.;
Lemur simiasciurus Petiver, Lemur nigri-
frons Et. Geoffr. etc. M. Lesson, dans son
Tableau des Mammifères, a indiqué plusieurs
espèces nouvelles dont il n'a pas publié les
caractères ; et il n'est pas facile de savoir
quelles sont ces nouvelles espèces, car,
dans la division des Lémuriens surtout ,
l'auteur ayant cru devoir changer plusieurs
MAL
MAL
613
noms pour en appliquer de nouveaux et
n'ayant pas donné de synonymie, on ne
sait pas au juste quelles sont les espèces
anciennement connues et celles indiquées
pour la première fois.
D'après Fr. Cuvier et Desmoulins, on de-
vrait joindre au genre Maki le Galago de
Madagascar ou Maki nain, Lemur murinus ,
qui aie museau court, la tête ronde, les
yeux grands et dont le pelage est épais,
d'un gris fauve uniforme en dessus et blanc
en dessous : mais, comme le fait observer
M. Isidore Geoffroy -Saint-Hilaire, il est
probable que cette espèce ne doit être pla-
cée ni avec les Makis ni avec les Galages,
et c'est avec raison que M. Lesson {loco ci-
tato) a créé pour elle et pour un autre Le-
mur du nom de rufus , Less. , un genre
particulier sous la dénomination de Glisce-
bus. (E. Desmarest.)
MALABAILA. bot. ph. — Genre de la
famille des Ombellifères-Smyrnées, établi
par Tausch [in Flora, 1834, p. 356). Her-
bes de l'Illyrie. Voy. ombellifères.
MALABATHRUM , Burm. bot. ph. —
Syn. de Cinnamomum, Burm.
*MAL ACANTHE. Malacanthus (ucdaxoç,
mou ; axav9a , épine), poiss. — Genre de
l'ordre des Acanthoptérygiens , famille des
Labroïdes , établi par Bloch et adopté par
Cuvier (Règ. an., t. II, p. 264). Le carac-
tère le plus apparent des Poissons de ce
genre consiste dans leur longue nageoire
dorsale, où, parmi de très nombreux rayons,
il n'en est que trois ou quatre en avant qui
soient simples : encore sont-ils quelquefois
tout-à-fait flexibles. Us ont d'ailleurs le
corps allongé, peu comprimé; les écailles
petites ; l'anale presque aussi longue que
la dorsale; les autres nageoires médiocres;
la tête oblongue ; le front peu convexe ;
'.l'œil médiocre et placé en arrière ; la bou-
che assez fendue; les lèvres charnues.
j Ce genre renferme 2 espèces : l'une, le Ma-
jLacanthe de Plumier , M. Plumieri Cuv. et
iVal., habite les mers d'Amérique; l'autre,
Ile Malacanthe a larges raies , ou Tubleu
de l'Ile de France, M. tœniatus Cuv. et
Val., vit dans les mers des Indes. Leur taille
varie de 45 à 50 centimètres. Leur couleur
générale est le jaune nuancé de violet. (J.)
*MALACHADENIA (pxAxx*. mauve;
Mrs» , glande), bot. ph.— Genre de la famille
des Orchidées, établi par Lindley (m Bol.
reg., 1 339). Herbes du Brésil. Voy. orchidées.
*MALACHIÉES. Malachiœ. bot. ph. —
C'est une des tribus établies dans les Ca-
ryophyllées par M. Fenzl, qui a proposé une
nouvelle circonscription et de nouvelles di-
visions pour ce groupe. Il caractérise cette
tribu , composée jusqu'ici du seul genre
Malachium, par des pétales bipartis , 5 sty-
les alternant avec les segments du calice,
une capsule s'ouvrant en autant de valves
opposées à ces mêmes segments et bidentées
au sommet. (Ad. J.)
*MALACHIENS. Malachii. ins. —Tribu
formée par Erichson (Entomographien ,1840,
p.44-131)danslafamilledesMaIacodermes,
ordre des Coléoptères pentamères. Us sont
voisins desTéléphores, et s'en distinguent par
une taille plus petite, trapue, presque carrée,
et par des couleurs vives et agréables. On les
trouve sur les plantes et les fleurs. Si l'on
vient à les saisir, ils font paraître sur les
côtés du corps des membranes charnues, ré-
tractiles, susceptibles de se dilater, et aux-
quelles on a donné le nom de cocardes.
Cette particularité n'existe que chez ces In-
sectes. On les trouve répartis sur tous les
points du globe. 200 espèces environ sont
décrites. Leurs larves vivent dans l'intérieur
du bois mort; on les suppose carnassières.
Genres rentrant dans la tribu : Apalo-
chrus, Collops, Laïus, Malachius, Illops,
Altalus , Hedybius , Anthocomus , Elœus ,
Cheropus, Atelestus , Chalicorus, Troglops,
Colotes, Lemphus, Carphurus. (C.)
MALACHITE (^a^n, mauve : pierre
couleur de mauve), min. — C'est le nom du
Cuivre carbonate vert. Voy. cuivre. (Del.)
*MALACHIUM ( t**UXYi , mauve ). bot.
ph. — Genre de la famille des Caryophyllées-
Malachiées, établi par Fries (Flor. holl.,
77). Herbes de l'Europe et de l'Asie cen-
trale. Voy. caryophyllées.
*MALACHIUS (><xAaX*j, mauve), ins.
— Genre de Coléoptères pentamères , fa-
mille des Malacodermes, tribu des Mala-
chiens (des Mélyrides de Latreille), créé par
Fabricius (Systema eleutherathorum, I, 306),
et restreint par Erichson (Entomographien,
p. 65-87) à 32 espèces. 28 appartiennent à
l'Europe et 4 à l'Asie. Les antennes des
Malachius sont insérées entre les yeux et
composées de onze articles distincts. Leurs
604
MAL
MAL
palpes sont filiformes; le ctiaperon est tra-
pézoïde , corné , et le lobe presque carré.
Nous citerons les espèces les plus connues
de France: M. œneus , bipustulatus Linn.,
viridis, rufus, marginellus, pulicarius, rufi-
collis F. et elegans 01. La plupart des mâles
ont un appendice en forme de crochet au
bout de chaque étui. Latreille dit que la fe-
melle saisit par derrière avec ses mandibules
les appendices du mâle pour l'arrêter lors-
qu'il fuit ou qu'il court trop vite. Les pre-
miers articles des antennes de ces mêmes
mâles sont souvent irrégulièrement dila-
tés. (G.)
MALACHRA. bot. ph.— Genre de la fa-
mille des Malvacées Sidées, établi par Linné
(Gen., 1266). Herbes ou sous-arbrisseaux de
l'Amérique tropicale. Voy. malvacées.
*MALACM.>EA, Grieseb. bot. ph.— Syn.
de Bunchosia, L.-G. Rich.
*MALACOBDELLA ( fiaWç , mou ;
Ç$éï\* , sangsue ). annél. — Genre d'Anné-
lides de la famille des Hirudinées , créé par
M. de Blainville (Dict. se. nat., article Vers,
t. LV1I, 1828 ) , et ayant pour caractères :
Corps ovale, très déprimé, continu ou sans
articulations visibles; tête non distincte,
avec une simple bifurcation antérieure , et
sans aucun indice de points oculaires; dis-
que d'adhérence beaucoup plus étroit que le
corps; bouche antérieure; anus bien évi-
dent à la racine dorsale de la ventouse pos-
térieure ; orifices des organes de la généra-
tion situés au tiers antérieur du ventre.
L'espèce type de ce genre c'est la Mala-
cobdelle des Myes , Malacobdella grossa
Lin., Gm., Mul., Bl. On doit probable-
ment rapporter à cette espèce l'animal que
M. E. Blanchard {Académie des sciences,
mai 1845) a fait connaître sous le nom de
Xenistum Valenciennœi ( voyez ce mot ),
M. E. Blanchard a donné de nombreux dé-
tails sur l'organisation de cette espèce, et y
a remarqué que le système nerveux ne res-
semble en rien à celui des Hirudinées ordi-
naires ; en effet, les centres nerveux se trou-
vent le long des flancs, à droite et à gauche
du tube digestif. Vers l'extrémité antérieure
du corps , on voit, de chaque côté de l'œso-
phage , un ganglion arrondi qui peut être
considéré comme le représentant d'une moi-
tié de la masse médullaire située dans la
tête des animaux articulés, et désignée sous
le nom de cerveau. Une commissure longue
et étroite unit entre eux ces ganglions , en
passant au-dessus du canal digestif; mais
les cordons qui partent de ces mêmes gan-
glions pour se diriger en arrière ne se réu-1
nissent pas en dessous de ce tube, et ne for-
ment pas un collier autour de l'œsophage :|
ils restent éloignés l'un de l'autre jusqu'à
l'extrémité postérieure du corps, et parais-
sent même ne pas être unis au moyen de
commissures; enfin ils ne présentent, dans
la plus grande partie de leur longueur, que
des vestiges de ganglions, et c'est seulement
dans la partie correspondante à la ventouse
anale que ces centres nerveux se montrent
de nouveau d'une manière bien distincte.
D'autres détails sur les appareils digestif,
circulatoire , respiratoire et générateur, sont
donnés par M. E. Blanchard; mais nous ne
croyons pas devoir en parler ici, renvoyant
au Mémoire que notre collègue vient de pu-
blier à ce sujet dans les Annales des sciences
naturelles, décembre 1845. (E. D.)
*MALACOCERCUS, Swainson. ois. —
Division du g. Timalie. Foy.ce mot. (Z. G.)
MALACODERMES. Malacodermi ( f*oùa-
xoç, mou; Sspacc, cuir), ins. — Famille de
Coléoptères pentamères, formée par La-
treille (Les Crustacés, les Arachnides et les
Insectes, 1829, t. I, p. 457-484). L'auteur
l'a composée des cinq tribus suivantes: Cé-
brionides, Lampyrides, Mélyrides, Clairones
et Ptiniores. Voyez ces divers mots.
Laporte de Castelnau {Hist. naturelle des
anim. articulés, t. I, p. 252-297), tout en
adoptant ces cinq tribus, y a établi quelques
subdivisions : dans la première rentrent ses
Rhipicérites , Atopites, Cyphonites ; dans la
seconde, les Lycusites, Lampyrites, Télépho-
nies; dans la troisième, ses Malachites, Da-
sydites ; dans la quatrième, ses Tillites, Prio-
nocérites, Notoxites et Corynétites; dans la
cinquième, les Ptinites; mais il ajoute une
sixième tribu, celle des Xylotrogues, qu'il
partage en Atractocérites et Rhysodites.
Cette famille a pour caractères généraux:
Corps presque toujours de consistance molle.
Presternum point dilaté ni avancé antérieu-
rement en forme de mentonnière, et très ra-
rement prolongé en pointe reçue dans une
cavité ou l'extrémité antérieure du mésoster-
num. Tête inclinée en avant. Antennes nese
logeant pas dans uhe fossette sous le corselet.
MAL
MAL
605
Les Malacodermes sont nombreux en es-
pèces, peu remarquables sous le rapport de
la taille ou des couleurs; cependant quel-
ques unes sont assez brillantes et métalli-
ques. Ces insectes fréquentent les fleurs , les
végétaux, le bois mort; quelques uns vivent
à terre. Presque tous sont pourvus d'ailes et
sont carnassiers au plus haut degré , mais
plus particulièrement à l'état de larves.
Le tube alimentaire de ces insectes est plus
long que le corps; le jabot court; le ven-
tricule chylifique allongé; l'intestin grêle,
presque toujours filiforme; le rectum long.
(C)
*M AL ACOG ASTER, Casteln. ins. —
Syn. de Ctenidion, Dej.
MALACOLITHE et mieux MALACHO-
LITI1E ( paX^Y} , mauve), min. — Nom
donné par Abildgaard à une espèce de Py-
roxène d'un vert de Mauve. Voy. pyroxène.
(Del.)
MALACOLOGIE ( .u«Wç , mou ; XSyoç,
discours), zool. — Histoire des animaux
mous ou Mollusques. Dénomination em-
ployée par M. de Blainville pour désigner
cette branche de l'histoire naturelle. (Duj.)
MALACOLOPHUS, Sw. (u.xlxxiç, mou ;
)o«poç, aigrette), ois. — Syn. deCeleus, Boié,
g. de la famille des Picidées. Voy. pic. (Z. G.)
*MALACOMYZA, Wesm. ins. — Syn.
de Gonioptérygides. Voy. psociens. (Bl.)
*MALACONOTLTS , Swainson. ois. —
Syn. de Laniarius , Vieill. (Z. G.)
*MALACOPTERA,Hope. ins. — Syn.
de Malacosoma, Chv. Voy. ce mot. (C.)
*MALACOPTERON (paXaxo'ç, mou ; *t«-
pov, aile), ois. — Genre créé par Eyton pour
un oiseau voisin des Turdoïdes , apparte-
nant à la même famille, et spécifiquement
désignée sous le nom de M. maguam. (Z. G.)
MALACOPTERUS (p.aWç, mou ; «*«'-
pov, aile), ins. — Genre de Coléoptères sub-
pentamères, tétramères deLatreille , famille
des Longicornes , tribu des Cérambycins ,
créé par Serville (Ânn. de la Soc. eut. de Fr.t
t. II, pag. 565). Ce genre est composé des
quatre espèces suivantes : M. pavidus ,
apex Germ. , lineatus Guér., et scutella-
ris Ch., originaires de l'Amérique méridio-
nale. (C.)
MALACOPTÉRYGIENS. Malacoptery-
gii (jxaXaexoi;, mou; Ttr/puÇ, nageoire), poiss.
— Grande division établie dans la classe des
Poissons , et renfermant tous ceux qui ont
les rayons composés de pièces osseuses arti-
culées par synchondrose , qui rendent le
rayon flexible quand les pièces ont de la lon-
gueur, et lui donnent au contraire de la
raideur et de la solidité quand les articula-
tions sont très rapprochées, à cause du peu
d'épaisseur des pièces réunies. Cuvier, qui
a adopté cette division, y a établi trois or-
dres, fondés sur la position des ventrales ou
leur absence :
1. MALACOPTÉRYGIENS ABDOMINAUX. Ici les
ventrales sont suspendues sous l'abdomen
et en arrière des pectorales, sans être atta-
chées aux os de l'épaule.
Cet ordre est subdivisé en cinq familles,
nommées : Cyprénoïdes, Ésoces, Siluroïdes,
Salmonoides et Clupéoïdes.
2. Malacoptérygiens sdbbrachiens. Carac-
tères : Ventrales attachées sous les pectora-
les ; le bassin est immédiatement suspendu
aux os de l'épaule.
On y compte trois familles , nommées :
Gadoïdes, Poissons plats et Discoboles.
3. Malacoptérygiens apodes. Cet ordre ,
caractérisé par l'absence des nageoires ven-
trales, ne renferme qu'une seule famille,
celle des Anguilliformes. Voy. tous les noms
de familles cités dans cet article , pour les
détails d'organisation relatifs à chacune
d'elles. (J.
*MALACOPTILA , G. R. Gray. ois. —
Syn. de Lypornix, Wagl. Voy. barbacou.
*MALACORHY!\QUE. Malacorhynchus
{ p.aWoç , mou; ptyxor, bec), ois. — Nom
générique employé par Ménétrier pour des
espèces de la famille des Fourmiliers (voy.
ce mot), mais dont antérieurement Swain-
son avait fait le titre d'une division de la
famille des Canards , division qui a pour
type Y An. membranacea de Latham. (Z. G.)
MALACOSOMA (paWo;, mou; aSpa,
corps), ras. — Genre de Coléoptères subpen-
tamères , tétramères de Latreille , famille
des Cycliques, tribu des Galérucites , formé
par nous, et adopté par Dejean (Catalogue,
3e édit., pag. 503), qui en énumère 8 es-
pèces; 4 sont originaires d'Afrique ( cap de
Bonne-Espérance), 2 d'Asie (Java) et 2
d'Europe. Ces deux dernières sont: les M.
lusitanica 01. (testaceaF., cistela) et fulvi-
collis Gebl. La première est excessivement
commune dans les provinces méridionales
600
MAL
de France , et la seconde a été trouvée en
Podolie, en Sibérie et en Syrie. (C.)
MALACOSTRACÉS. Malacostracœa.
crust. — Latreille désignait ainsi dans les
ouvrages antérieurs au Règne animal de Cu-
vier, et formait sous ce nom un ordre de
Crustacés correspondant au genre Cancer de
Linné, et il donnait le nom d'Entomostra-
cés aux Crustacés qui forment aujourd'hui
les ordres des Lophyropodes et des Phyllo-
podes. Dans le Règne animal, et dans les Fa-
milles naturelles, cet entomologiste n'a plus
partagé les Crustacés en Entomostracés et
Malacostracés , et ceux qui formaient ce der-
nier ordre ou cette légion ont été divisés
<>n cinq ordres. Voyez les mots décapodes,
STOMAPODES, LOEMODIPODES , AMPHIPODES et ISO-
podes, et surtout l'article crustacés.
(H. L.)
*MALACOTHRIX (paWç, souple ; QpiÇ,
poil), bot. ph. — Genre de la famille des
Composées-Cichoracées, établi par De Can-
dolle ( Prodr., VII , 192 ). Herbes de la Ca-
lifornie. Voy. composées.
MALACOZOAIBES. Malacozoaria ,
Blainv. zool. — Syn. de Mollusques.
MALANEA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Rubiacées-Guettardées, établi par
Aublet (Guian., 1 , 106, t. 41). Arbrisseaux
de la Guiane. Voy. rubiacées.
MAL APTÈRE. Malapterus (p.aAocxo?,
mou ; Trr/pov , nageoire), poiss. — Genre de
l'ordre des Acanthoptérygiens , famille des
Labroïdes, établi par M. Valenciennes (Hist.
des Poiss. , t. XIII , p. 355). Ses caractères
tiennent à la fois de ceux des Cheilions et
des Malacanthes. Il a les rayons flexibles des
premiers sans en avoir les dents, et les oper-
cules écailleux des seconds , sans l'épine
operculaire qu'ils possèdent. On n'en con-
naît qu'une seule espèce , le Malaptère ré-
ticulé, M. reticulatus Val., long d'environ
15 centimètres ; il habite les îles Juan-Fer-
nandez. Sa couleur est brune sur tout le
corps, avec un réseau noir dont la maille en-
toure chaque écaille. (J.)
MALAPTÉRURE. Malapterurus (p.a-
î.ocxo'sj mou; wWpov, nageoire ; ovpâ, queue).
poiss. — Genre de l'ordre des Malacoptéry-
giens abdominaux, famille des Ésoces, établi
par Lacépède aux dépens des Silures et adopté
par Cuvier {Règne animal, t. II, p. 298), qui
lui donne pour caractères distinctifs . Nageoire
MAL
dorsale nulle, une petite adipeuse seulement
sur la queue; les pectorales sont entière-
ment dépourvues d'épines, et leurs rayons
sont mous. La tète de ces poissons est re-
couverte, comme leur corps, d'une peau
lisse. Leurs dents sont en velours et dispo-
sées , tant en haut qu'en bas , sur un large
croissant. Leurs mâchoires et leurs viscères
ressemblent à ceux des Silures.
Le Malaptérure électrique (Silurus elec-
tricus L.) est la seule espèce de ce genre. Il
habite le Nil et le Sénégal, et possède, comme
le Gymnote, le Trichiure, etc., des proprié-
tés électriques ; ce qui l'a fait appeler par
les Arabes Raasch ou Tonnerre. C'est un
poisson long d'environ 40 centimètres. Sa
couleur est d'un brun grisâtre couvert de
petites taches noires peu nombreuses et
éparses sur la surface de son corps. Nous
renvoyons à l'article poissons électriques
pour l'explication des organes ou appareils
auxquels le Malaptérure doit sa faculté élec-
trique. (J-)
MALARMAT. Peristedion. poiss.— Genre
de l'ordre des Acanthoptérygiens, famille des
Joues cuirassées, établi par Lacépède et adopté
par Cuvier (Règne animal, t. II, p. 161).
Les Malarmats diffèrent des Trigles propre-
ment dits, par leur corps cuirassé de grandes
écailles hexagones, qui y forment des arêtes
longitudinales; par leur museau divisé en
deux pointes , et surmonté de barbillons
branchus; par leur bouche dépourvue de
dents.
On n'en connaît bien qu'une espèce, le
Malarmat (Trigla cataphracla L.), qui ha-
bite toutes les parties occidentales de la Mé-
diterranée. Son corps est d'un beau rouge,
couvert sur les flancs d'une teinte dorée et,
sous le ventre, d'un blanc plus ou moins
argenté.
*MALASPIIMEA,Presl. bot. ph. — Syn.
à'JEgiceras, Gaertn.
MALAXIS (fAoclafo, amollissement), bot.
ph. _ Genre de la famille des Orchidées-
Pleurothallées , établi par Swartz (Act.
Holm., 1800, p. 233, t. 3). Herbes des
marais de l'Europe centrale et boréale. Voy.
ORCHIDÉES.
MALBRANCIA, Neck. bot. ph. — Syn.
de Connarus, Linn.
MALBROL'K. mam. — Espèce du genre
Cercopithèque. Voy. ce mot. (E. D.) •
MAL
MAL
607
MALCOHA. Phœnicophaus. ois. — Genre
de la famille des Cuculidées, de Tordre des
Grimpeurs de G, Cuvier (tribu des Zygodac-
tyles de Vieillot), caractérisé par un bec
plus long que la tête , garni à sa base de
soies divergentes, épais, arrondi, arqué vers
le bout; des narines orbiculaires, latérales,
situées près du front; un large espace nu
autour des yeux ; des tarses minces, annclés,
et des ongles faibles.
Les Malcohas sont un démembrement du
g. Cuculus de Linné. Levaillant les en sé-
para sous le nom qu'ils portent actuelle-
ment dans les méthodes , et à ce nom Vieil-
lot donna pour synonyme latin celui de
Phœnicophaus, auquel Gloger a substitué la
dénomination de Melias (Nymphe des bois).
Quelques auteurs , sans avoir égard à la
priorité, ont adopté ce dernier comme étant
plus euphonique.
Les îles indiennes de l'est sont la patrie
des Malcohas. On ne connaît jusqu'ici abso-
lument rien des moeurs de ces oiseaux , et
fort peu de chose de leur genre de vie. On
les dit cependant frugivores, et quelques
renseignements donnés par M. de la Giron-
mère à MM. Eydoux et Souleyet, qui, dans
leur Voyage autour du monde de la Bonite,
ont décrit une fort belle espèce de ce genre,
feraient supposer que ce sont des oiseaux
qui vivent retirés et toujours cachés au plus
épais des forêts.
Le nombre des espèces aujourd'hui bien
déterminées dont se compose ce g. est de 6.
1. LeMALcoHA a tête rouge, Ph. pyrrho-
cephalus Vieill. (Gai. des Ois., pi. 37), type
du genre. Sommet de la tête et joues d'un
rouge de feu entouré d'une bande blanche ;
queue terminée de blanc. Habite l'île de
Ceylan et le Bengale.
2. Le Malcoha rouverdin, Ph. viridis
Vieill. (Levaill., Ois. d'Af., pi. 225). Joues
d'un gris cendré; tour des yeux rouge;
queue très longue , bleue , les rectrices ex-
ternes rousses. Habite le Bengale et Java.
3. Le Malcoha a bec peint , Ph. calyo-
rhynchus Temm. (pi. cùl., 349). Mandibule
supérieure jaune , puis noire, et ensuite
LIanche à la pointe; l'inférieure d'un rouge
cerise; dessus de la tête cendré bleuâtre.
Habite les Moluques.
4. Le Malcoha a sourcils rouges, Ph. su-
perciliosus Cuv. Tour des yeux jaune; plu-
mes de la tête étroites et d'un rouge de feu.
Habite les îles Philippines.
5. Le Malcoha sombre , Ph. Irislis Less.
Tour des yeux rouge ; queue très longue ,
très étagée, d'un bleu indigo, terminée de
blanc. Habite Sumatra.
6. Le Malcoha de Barrot, Ph, Barrolii
Eyd. et Souley. (Voy. de la Bonite, pi. 6) ,
Malcoha Cumingii Fraser. Espèce très remar-
quable par le caractère particulier des plu-
mes de la huppe et de la gorge. Ces plumes
portent à leur extrémité une lamelle cornée
ovoïde, d'un noir luisant, très faiblement
creusée en gouttière et recourbée sur elle
même. Habite Lucon (îles Philippines).
(Z. G.)
MALCOLMIA (nom propre), bot. fh. —
Genre de la famille des Crucifères - Sisym-
briées, établi par R. Brown (in Aiton Hort.
Kew., édit. 2 , IV, 121). Herbes des régions
méditerranéennes et de l'Asie centrale. Voy.
crucifères.
MALDANIES. Maldaniœ. annél. — Fa-
mille d'Annélides de l'ordre des Serpules
créé par M. Savigny ( Syst . des Annél. ), et
ne comprenant que le genre Clymene, et
trois Lombrics (les Lumbricus tubicola Mul-
ler, sabellaris Muller , et aqualicus Othon
Fabricius), qui ne sont pas encore suffisam-
ment connus.
Les Maldanies ont pour principal caractère
d'être privées de branchies. En outre, leur
bouche , formée de deux lèvres extérieures,
est sans tentacules ; les pieds sont dissembla-
bles : ceux du premier segment nuls ou ano-
maux; ceux des segments suivants ambula-
toires, de plusieurs sortes ; la première paire
et les deux paires suivantes sont constam-
ment dépourvues de rames ventrales et de
soies à crochets. L'intestin est grêle , sans
boursouflures sensibles, dépourvu de cœcum
et tout droit. (E. D.)
MALESHERBIA (nom propre), bot. ph.
— Genre type de la famille des Maleshcr-
biacées , établi par Ruiz et Pavon ( Prodr. ,
43). Sous-arbrisseaux du Pérou. Voy. ma-
lesherbiacées.
*MALESHERBÏACÉES. Malesherbiaceœ.
bot. ph. — Petite famille de plantes con-
fondue primitivement avec les Passiflorées,
dont elle se distingue par plusieurs carac-
tères, et notamment par celui du port. Elle
présente les suivants : Calice membraneux,
608
MAL
MAL
coloré, à tube campanule qui se partage su-
périeurement en cinq segments imbriqués ,
avec lesquels alternent autant d'autres di-
visions naissant intérieurement à la même
hauteur, et qu'on peut considérer comme
autant de pétales. Couronne membraneuse
plus courte, insérée à la gorge du calice, an-
nulaire ou profondément divisée en dix lo-
bes placés alternativement, les plus grands
devant les segments calicinaux, les plus pe-
tits devant les pétales. Étamines au nombre
de cinq, exhaussées sur un gynophore cen-
tral, que concourent à former les filets sou-
dés à leur base, du reste libres et filiformes,
alternant avec les pétales, saillantes, à an-
thères introrses , biloculaires , s'ouvrant
longitudinalement. Ovaire au sommet de ce
support, libre, émettant au-dessous de son
sommet trois styles verticillés, filiformes,
plus longs que les étamines , terminés cha-
cun par un stigmate capité, à une loge uni-
que , avec trois placentaires pariétaux alter-
nant avec les styles, et qui portent de nom-
breux ovules ascendants ou autrement diri-
gés. Capsule se séparant au sommet seule-
ment en trois valves alternant avec les styles,
et par conséquent placentifères à leur mi-
lieu. Graines dressées ou pendantes sur un
court funicule qui s'insère un peu au-dessus
de leur base ; à test crustacé relevé d'angles
longitudinaux et marqué de stries transver-
sales ; à périsperme charnu, au centre du-
quel se trouve un embryon à peu près égal
en longueur; à cotylédons orbiculaires ; à
radicule cylindrique, éloignée du hile. Les
espèces peu nombreuses, originaires du Pé-
rou et du Chili, sont herbacées, à feuilles
alternes, sessiles , pinnatifides, dépourvues
de stipules ; à fleurs jaunâtres , rougeâtres
m bleuâtres, solitaires à l'aisselle des su-
périeures, ou formant par le raccourcisse-
ment de celles-ci des grappes ou des pani-
cules terminales. Elles se rapportent jus-
qu'ici à deux genres seulement : le Maies»
herbia , R. Pav. , et le Gynopleura, Cav.
(Ad. J.)
MALIMBË. Malimbus, ois. — Vieillot ,
dans son ouvrage sur les Oiseaux chanteurs
d'Amérique , a réuni sous ce nom de genre
quelques espèces que G. Cuvier ne sépare pas
des Tisserins. Voy. tisserin. (Z. G.)
MALIQUE (acide). (Malum, Pomme),
cuiu. — L'Acide malique se produit dans
un grand nombre de plantes pendant le
cours de la végétation, et semble former dans
les plantes comme une transition avec d'au-
tres acides qui, v comme l'Acide citrique,
l'Acide tartrique, l'Acide paratartrique, s'en
rapprochent beaucoup, et se rencontrent
conjointement avec lui dans le raisin, par
exemple, en proportions qui varient sui-
vant le degré de maturité du grain.
Découvert par Schéele dans le suc de
pomme aigre, l'Acide malique fut retrouvé
depuis (en 1814) , par Donovan, dans les
baies de Sorbier (Sorb. aucuparia). Comme
il fut extrait de ce fruit à un élat de pureté
parfaite, il fut considéré comme un Acide
particulier , et reçut le nom d'Acide sorbi-
que, jusqu'au moment où MM. Braconnot
et Labillardière démontrèrent, chacun de
son côté, que l'Acide sorbique ne différait
en rien de l'Acide malique.
L'Acide malique existe, soit libre, soit
combiné , dans presque tous les fruits , et
surtout dans les fruits rouges ; on le rencon-
tre souvent aussi dans d'autres parties des
plantes ; Thomas Everitt est même parvenu
à le retirer, en quantité notable, des tiges
de Rhubarbe.
Pur et tel qu'on l'extrait des baies de Sor-
bier, à l'aide d'un procédé dû au professeur
Liebig, l'Acide malique se présente sous
forme de mamelons; incolore, il est sans
odeur , d'une grande acidité, déliquescent,
très soluble dans l'eau et dans l'alcool.
Chauffé, il entre en fusion vers -f- 81°, et
se décompose à -f- 176° en eau, et en deux
acides pyrogénés auxquels le professeur Pe-
louze a donné les noms d'Acides maléique
et paramaléique. Traité à chaud par l'Acide
azotique, l'Acide malique est transformé en
Acide oxalique; il forme avec les alcalis des
sels neutres trèssolubleset incristal lisables,
et des sels acides susceptibles de cristalliser;
il s'unit au protoiyde de plomb pour don-
ner naissance à un sel peu soluble dans l'eau
froide, et cristallisant en aiguilles brillantes
et nacrées.
L'Acide malique reste toujours hydraté
quand il n'est pas combiné avec les bases.
Sa composition, suivant M. Liebig, est exac-
tement celle de l'Acide citrique; on a donc
C8H40*, pour l'Acideanhydre etC8il404H2O,
pour l'Acide hydraté. (A. D.)
MALKOnA. ois. — Voy. màlcoha.
MAL
MAL
G09
*AlALLASPlS(,uaUô;, laine ; <W;, ccus-
son). ins. — Genre de Coléoptères subpenta-
mères de Latreiile, famille des Longicornes,
tribu des Prioniens, créé par Serville {Ann. de
la Soc. ent. de F/\, t. I, p. 429, 188). Ce g.
renferme cinq espèces de l'Amérique méri-
dionale, parmi lesquelles sont les Mail,
scutellaris 01. (Prionus) , leucaspis et xan-
thaspis Dej. et Guérin. (C.)
*MALLEA. bot. ph. — Genrede la famille
des Méliacées-Méliées, établi par Adr. de
Jussieu (in Mem. Mus., XIX, 221 , t. 13 ,
f. 6). Arbrisseaux de l'Inde. Foi/.méliacées.
MALLÉACÉS. moll. — Nom d'une fa-
mille de Mollusques établie par Lamarck, et
correspondant à la famille des Margaritacés
de M. de Blainville. Voy. ce mot. (Duj.)
MALLEUS. moll. — Voy. marteau.
*MALLOCERA ( ficùAoç , toison ; xepa; ,
antenne), ins. — Genre de Coléoptères sub-
pentameres, tétramères de Latreiile, famille
des Longicornes, tribu des Cérambycins ,
élabii par Serville ( Ann. de la Soc. ent. de
Fr., t. 2.. p. 567). Ce genre est composé de
sept espèces américaines, parmi lesquelles
figurent les M. glauca, obliqua Dej.-Serv.,
auriflua Kl., sericata et opulenta Newm.;
toutes cinq sont originaires du Brésil. (C.)
*MALLODERES ( ^aAAoç , toison ; Sép*,,
cou), ins. — Genre de Coléoptères subpenta-
mères, tétramères de Latreiile , famille des
Prioniens , proposé par M. H. Dupont (Mag.
sool., 1S35, cl. 9, pag. et pi. 125). L'espèce
type et unique, le M. microcephalus de l'au-
teur, est originaire du Chili; elle offre de
grands rapports avec les Ancistrotus. (C.)
*MALLODOîV(uaAÀo„ laine; bSoiç, dent).
ins. — Genre de Coléoptères subpenta-
inères, tétramères de Latreiile, famille des
Longicornes, tribu des Prioniens, créé par
Serville {Ann. de la Soc. ent. de Fr.t t. I,
p. 128, 176). 22 espèces rentrent dans ce
genre , 15 sont originaires d'Amérique, 3
d'Asie, 2 d'Afrique et 2 d'Australie. Nous
citerons comme en faisant partie , les M.
maxillosum mâle (aculum femelle) spini-
barbe, melanopus F. Les mâles ont des man-
dibules très robustes, plus longues que celles
des femelles, et garnies intérieurement d'un
duvet jaunâtre. La surface de leur corps
est aplatie, et le prothorax, de forme carré,
dentelé sur les côtés, est couvert en dessus
de plaques luisantes et en relief. La couleur
t. vu.
de ces insectes est d'un châtain marron. Ils
ont de 50 à 100 millim. de longueur. (C.)
*MALLOGASTER, Dejean. ins. — Syn.
de Rhinaspis, Perty. (C.)
*MALLOGONUM, Fenzl. bot. pu.— Syn.
de Psammotropha , Eckl. et Zeyh.
*MALLOPHORA (aalld;, laine; yepo'ç,
qui porte), ins. — Genre de l'ordre des Dip-
tères Brachocères , famille des Asiliens ,
tribu des Asilides, établi par M. Macquart
(Ins. Dipt., t. I, p. 301). Les espèces de ce
genre, au nombre de 16 , et toutes exoti-
ques , ont beaucoup de ressemblance avec
les Bourdons par leur corps très épais et
velu. L'espèce type , M. infernalis, habite le
Brésil.
*MALLOPHORA (uloAAoç, laine; «pb'poç ,
qui porte), bot. ph. — Genre de la famille
des Verbénacées , établi par Endlicher (in
Annal. Wiener Mus., II, 206). Arbrisseaux
de la Nouvelle-Hollande. Voy. verbénacées.
*MALLOSOMA ( paAASç , laine ; aSpa. ,
corps), ins. — Genre de Coléoptères sub-
pentamères, tétramères de Latreiile, fa-
mille des Longicornes, tribu des Céramby-
cins, créé par Serville (Ann. de la Soc. ent.
de Fr., t. III, p. 68). Six espèces améri-
caines rentrent dans ce genre ; nous citerons
principalement les suivantes: M. zonatum
Sahlb. (elegans Dej.-Serv.), fuligineum
New., et tricolor Perty. Toutes trois sont du
Brésil. (C.)
MALLOTUS, poiss. — Voy. lodde.
MALLOTUS, Lour. bot. ph. — Syn. de
Roulera , Roxb.
*MALOCCHÏA, Sav. bot. ph — Syn.
de Canavalia, DC.
MALOPE. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Malvacées-Malopées , établi par
Linné (Gen., n. 843). Herbes de la Médi-
terranée. Voy. MALVACÉES.
*MALOPÉES. Malopeœ. bot. ph. —Tribu
de la famille des Malvacées. Voy. ce mot.
MALPlGHlAGÉES.Malpighiaceœ. bot.
ph. — Famille de plantes dicotylédonées,
polypétalcs, hypogynes, qui offre les carac-
tères suivants : Calice 5-parti, dont souvent
plusieurs folioles (4 en général) portent ex-
térieurementdeux glandes. Autant de pétales
alternes, plus longs, à onglets filiformes, à
limbes entiers ou frangés, à préfloraison
convolutive. Étamines le plus souvent en
nombre double, quelquefois plusieurs de
77
610
MAL
celles qui sont opposées aux pétales man-
quant; filets le plus ordinairement soudés à
leur base, très rarement libres; anthères
biloculaires, introrses, avec un connectif
plus ou moins développé; quelques unes,
dans certains genres, stériles ou déformées.
Ovaires au nombre de 3 le plus souvent,
rarement 2, très rarement 4, distincts ou
plus ordinairement soudés en tout ou en
partie, contenant chacun un ovule ascendant
sur un funicule large et pendant. Autant
de styles distincts ou soudés dans une éten-
due plus ou moins grande, quelquefois un ou
deui rudimentaires. Stigmates terminaux
ou latéraux vers leur extrémité. Carpelles en
nombre égal ou souvent réduits en nombre
par avortement, tantôt confondus en un seul
fruit drupacé ou ligneux, tantôt distincts dès
le principe ou se séparant seulement à la
maturité, le plus souvent marqués de ner-
vures et d'angles saillants qui s'étendent en
crêtes ou en ailes membraneuses, marginales
ou dorsales, dont la proportion relative va-
rie suivant les genres. Graine suspendue
obliquement à un funicule court et large, et
marquée immédiatement au-dessus du hile
d'une large chalaze, présentant sous un té-
gument membraneux double un embryon à
radicule droite, supère, très courte; à coty-
lédons plus longs, droits et égaux ou sou-
vent, au contraire, inégaux, recourbés ou
plies transversalement, ou même enroulés en
spirale, épais ou foliacés. Les espèces qui
habitent les tropiques ou les régions tempé-
rées voisines, sans s'avancer au-delà du 36e
(iegré de latitude, et qui, sur les montagnes
des pays les plus chauds, ne dépassent guère
2,000 mètres d'élévation , abondent surtout
en Amérique, et ne se montrent pas dans
î'Australasie ni la Polynésie. Ce sont des
orbres ou arbrisseaux, ou très fréquemment
«les lianes remarquables par les découpures
de leur système ligneux partagé en plusieurs
lobes auxquels s'interpose l'écorce, ou finis-
sant même par se fractionner en plusieurs
gros faisceaux qui simulent autant de bran-
ches tordues ensemble. Leurs feuilles sont,
à très peu d'exceptions près, opposées, sim-
ples, ordinairement entières, lobées très ra-
rement, souvent munies de glandes sur les
parties ou sur leur face inférieure, accom-
pagnées de stipules tantôt petites, tantôt
assez développées, et pouvant se souder deux
MAL
à deux en une seule interpétiolaire ou axil-
Iaire. Les poils, disséminés sur ces diverses
parties , sont ordinairement attachés par le
milieu et fourchus ou couchés sur les sur-
faces. L'inflorescence est indéfinie, axillaire
ou terminale, en grappes, en corymbes, plus
communément en ombelles, le plus souvent
4-flores ; chaque fleur sur un pédicelle ar-
ticulé , avec deux bractéoles opposées en
dessous de l'articulation. Ces fleurs sont
rouges et très souvent jaunes, plus rarement
blanches, presque jamais bleues, et on re-
marque cette singularité, que, dans plusieurs
genres, on en trouve en même temps d'au-
tres vertes , très petites , incomplètes , dé-
pourvues d'étaminesetde styles. L'existence
de ces fleurs anormales se lie, en général,
avec l'avortement de plusieurs styles etéta-
mines dans les normales, et donne une va-
leur à ce caractère qui permet de séparer la
famille en deux groupes.
GENRES.
Section I. Bïalpighiacées Diplostémonées.
Étamines toujours en nombre double des
pétales, dont quelques unes peuvent être
stériles. Le plus ordinairement 2-3 styles.
Autant d'ovaires soudés entre eux. Fleurs
d'une seule forme.
Tribu I. — Aptérygiées ou Màlpighiées.
Fruit dépourvu d'ailes.
Malpighia, Plum. — Byrsonima, Rich. —
Burdachia, Ad. J. (Carusia, Mart.) — Co-
leostachys, Ad. J. — Lophanthera, Ad. J. —
Pterandra, Ad. J. — Verrucularia , Ad. J.
— Galphimia, Cav. — Spachea, Ad. J. —
Bunchosia, Rich. — Echinopterys, Ad. J. —
Dicella, Griseb.— Heladena, Ad. J.— Thryal-
lis, Mart.
Tribu II. — Notoptérygiées ou Bàmstériées.
Carpelles munis d'ailes; la dorsale seule
ou plus développée.
Lophopterys, Ad. J. — Brachypterys, Ad.
J. — Stigmaphyllon, Ad. J. — Ryssopterys,
Blum. — Banisleria , Kunth. — Peixotoa ,
Ad. J. — Heleropterys, Kunth. — Tricorna-
ria, Hook. — Acridocarpus , Guill. Perr.
Tribu III. — Pleuroptérygiées ou Hirjeées.
Carpelles munis d'ailes; les marginales
seules ou plus développées.
Tristellateia, Pct.-Th. {Zimum, Norh.)—
IVÎAL
Iliptage, Gœrtn. (Gœrlncra, Schreb. — Mo-
lina, Cav. — Succowia, Dennst.) — Trias-
pis , Burch. (Flabellaria , Cav.) — Aspidop-
terys, Ad. J. — Triopterys, L. — Telrapte-
rys, Cav. — Hirœa, Jacq. (Mascagnia, Bert.)
— Diplopterys , Ad. J. — Jubelina, Ad. J.
— Dinemandra, Ad. J. — Dinemagonum ,
Ad. J.
Section II. Malpighiacées xnéiostémonées.
La totalité ou une partie des étamines
alternipétales manquent. Un seul style, par
l'avortement des deux autres. Ovaires dis-
tincts. Fleurs de deux formes différentes sur
la même plante.
Tribu IV. — Gaudichaudiées.
Carpelles dépourvus ou munis d'ailes.
Gaudichaudia, Kunth. — Aspicarpa, Lag.
(Acosmus , Desv. ) — Camarea , St-Hil. —
Janusia, Ad. J. — Schwannia, Endl. (Fim-
briaria, St-Hil.).
GENRES IMPARFAITEMENT CONNUS.
Caucanthus, Forsk. — Platynema , W.
Arn. — Bembix, Lour. (Ad. J.)
MALPIGHIER. Malpighia (dédié au cé-
lèbre Malpighi). boï. ph. — Genre de la fa-
mille des Malpighiacées, à laquelle il donne
son nom, de la décandrie trigynie dans le
système sexuel. Tel qu'il a été limité au-
jourd'hui par les botanistes, et particulière-
ment par M. A. de Jussieu, dans sa belle
Monographie des Malpighiacées, il ne ré-
pond plus qu'à une faible portion du grand
groupe désigné sous le même nom par Linné
et par les botanistes postérieurs. En effet ,
le nom de Malpighia a été donné par divers
auteurs, soit à des plantes pour lesquelles
ont été établis plus récemment les genres
Byrsonima, L.-C. Ricb.; Bunchosia, L.-C.
Rich.; Galphimia, Cav.; Spachea, A. Juss.;
soit à des espèces qui ne rentrent seulement
pas dans la même tribu, soit même à quel-
ques unes qui n'appartiennent pas a la fa-
mille des Malpighiacées. Débarrassé de ces
espèces hétérogènes , le genre Malpighier se
compose de petits arbres et d'arbrisseaux qui
habitent l'Amérique, dont les feuilles sont
opposées , entières ou bordées de dents épi-
neuses, portées sur un court pétiole; ce3
feuilles présentent, chez quelques espèce»,
des poils en navette, c'est-à-dire piquants
à leurs deux extrémités, libres et plus épais
MAL
ru
vers leur milieu, par lequel ils s'attachent ;
ces feuilles sont accompagnées de deux pe-
tites stipules tombantes. Les fleurs de ces
plantes sont rouges , rosées ou blanchâtres,
sessiles ou pédiculées, réunies le plus sou-
vent en ombelles ou en corymbes , pour la
plupart axillaires ; elles sont portées sur un
pédicelle articulé sur un pédoncule, et au
point marqué par cette articulation se trou-
vent deux bractéoles; chaque fleur considé-
rée en particulier présente un calice profon-
dément 2-flde, muni de 10-8-6 glandes;
suivant le nombre de ces glandes , on en
trouve 2 sur chacune des 5 divisions calici-
nales, ou seulement sur les 4 supérieures;
enfin, lorsqu'il n'en existe que 6 en tout,
on en observe 2 sur chacune des 2 divisions
supérieures, etseulementunesurchacunedes
divisions latérales et sur son côté supérieur;
une corolle de 5 pétales à long onglet, a
limbe denticulé; 10 étamines toutes fertiles,
dont les filaments se réunissent en tube à
leur partie inférieure ; 3 styles tronqués à
leur extrémité; un ovaire glabre, à 3 lo-
ges. Le fruit est charnu et renferme un en-
docarpe osseux partagé en 3 noyaux faible-
ment réunis entre eux le long de l'axe cen-
tral, présentant à leur côté externe 3-5 ailes
ou crêtes.
M. A. de Jussieu décrit 20 espèces de
Malpighiers , parmi lesquelles il en est deux
sur lesquelles nous croyons devoir dire quel-
ques mots.
1. Malpighier glabre , Malpighia glabra
Linn. Cette espèce croît dans les parties
chaudes de l'Amérique, où on lui donne le
nom de Cerisier des Antilles. C'est un arbris-
seau toujours vert , de 4 ou 5 mètres de
hauteur, dont les feuilles sont ovales , ai-
guës, très entières, coriaces, glabres et lui-
santes , portées sur un pétiole court ; ses
fleurs sont purpurines , petites , réunies en
ombelle ; le fruit qui leur succède est une
sorte de drupe rouge , de la forme et de la
grosseur d'une cerise , d'une saveur aigre-
lette ; on le mange soit seul , soit avec du
sucre. Cette espèce est cultivée dans nos
jardins comme plante d'ornement; elle dé-
veloppe ses fleurs de janvier à juillet. Elle
demande la serre chaude pendant l'hiver et
une exposition méridionale pendant l'été.
On la multiplie de graines ou de boutures,
sur couche chaude et sous châssis.
en
MAL
2. Malpighier brûlant, Malpighia urens
Linn. Il croît naturellement dans les Antil-
les ; il a été aussi indiqué par Aublet comme
se trouvant dans la Guiane ; mais il est dou-
teux qu'il y soit spontané. Il est connu en
Amérique sous les noms de Bois capitaine ,
Cerisier de Courwith , etc. Il forme un ar-
brisseau peu élevé, dont les rameaux sont
glabres, dont les feuilles sont oblongues-
ovales , à pétiole court, glabres à leur face
supérieure, hérissées à leur face inférieure
de poils en navette qui sécrètent une humeur
caustique , grâce à laquelle ils produisent
un effet analogue à celui que tout le monde
connaît chez l'Ortie, ce qui a valu à l'espèce
le nom qu'elle porte. Ses fleurs sont blan-
ches et purpurines ; elles se développent,
dans nos climats , de juillet à octobre ; elles
sont portées sur des pédoncules uniflores ou
corymbifères , deux fois plus courts que les
feuilles; elles donnent de petites drupes
globuleuses, de la couleur et de la grosseur
d'une cerise, que l'on mange aux Antilles,
surtout confîtes au sucre , et que leur vertu
astringente assez prononcée fait employer à
titre de remède contre la diarrhée, les hé-
morrhagies , etc. L'écorce du Malpighier
brûlant est également astringente, et s'em-
ploie dans les mêmes circonstances. Cette
espèce est cultivée comme la précédente.
(P. D.)
*MALTEBRUNIA, Kunlh. bot. ph. —
Syn. d'Orysa, Linn.
*MALTHACUS (paMaxoç, mou, délicat).
ins. — Genre de Coléoptères pentamères ,
famille des Malacodermes , tribu des Télé-
phorides , créé par Kirby ( Fauna boreali
Americana), qui y rapporte trois espèces,
M. puncticollis , lœvicollis et mandibularis ,
du nord de l'Amérique. (C.)
M ALTHE. min. — Variété noire de Pé-
trole ou de Poix minérale. V. bitumes. (Del.)
MALTHÉE. MaUhea(FA)fi-r>, cire molle).
poiss. — Genre de l'ordre des Acanthoptcry-
giens à pectorales pédiculées, établi parCu-
vier {Règne animal, t. II, p. 252) aux dépens
des Baudroies. « Les Malthées ont, comme
les Baudroies, la partie antérieure du corps
aplatie et élargie, les pectorales portées sur
des pédicules , l'orifice de la branchie caché
dans l'aisselle; mais elles manquent entiè-
rement de première dorsale. Leur corps est
ouvert en dessus d'une peau dure et tu-
MAL
berculeuse, et garni tout autour de filaments
charnus; leur museau est proéminent; leur
bouche est petite, ouverte sous le museau,
mais assez protractileç un pédicule parti-
culier attaché à leur museau, et terminé par
un pinceau de filets charnus, représente
seul les rayons libres de la Baudroie (Cuv. et
Val., Hist. des Poiss., t. XII, p. 438). »
On connaît six espèces de ce genre, qui
toutes vivent en Amérique. La plus com-
mune est la Malthée vespertilion, M. ves-
perlilio Cuv. et Val.; son nom spécifique
lui vient de la forme étrange de son corps
qui l'a fait comparer à une Chauve-Souris.
Ce poisson est d'un gris brun, pâle en des-
sus, d'un rouge pâle en dessous, et sa taille
atteint quelquefois 50 centimètres de lon-
gueur. Suivant M. Plée , la Malthée porte
à la Martinique les noms de Sourissole, pe-
tite Licorne de mer (sans doute à cause de
son museau excessivement pointu) et Chau-
ve-Souris. (J.)
MALTHINUS (f*âÀ0*j, mou, délicat).
ins. — Genre de Coléoptères pentamères,
famille des Malacodermes , tribu des Lara -
pyrides, des Téléphorides de Laporte de
Cast., établi par Latreille (Gênera crusta-
ceorum et insectorum, t. I, p. 261), Dejeau,
qui a adopté ce genre, en mentionne {Catal,
3e édit., p. 121 ) 30 espèces. 21 sont pro-
pres à l'Europe et 9 à l'Amérique. Parmi
les premières sont les Jlf. biguttatus Lin.,
flaveolus, bigutlulus, brevicollis Paykul, et
fasciatus 01. Ces insectes se tiennent sur
les feuilles des arbrisseaux; ils ont pour en-
nemis les Téléphores, qui, beaucoup pl;;s
grands et plus vifs qu'eux, les saisissent par
le cou et leur brisent la tête. (C.)
*MALURÏ0. ois. — Sous ce nom, M. Les-
son , dans un travail intitulé : Cadre spéci-
fique des Oiseaux de la famille d^s Myio-
ihcres (Revue zoologique, août 1839), a fondé
un genre sur une espèce qu'il nomme M.
myiothera. (Z. G.)
MALURUS, Vieillot, ois. — Synon. de
Mérion.
MALUS, bot. pu. — Voy. pommier.
MALVA. bot. ph. — Voy. mauve.
MALVACÉES. Malvaceœ. bot. ph. —
La famille établie sous ce nom par Jussieu
dans la classe desdicotylédonces polypétales
hypogynes , a été divisée plus récemment
en plusieurs autres, celle qui a conservé ce
MAL
MAL
613
nom et les Byttnériacccs, Sterculiacecs ,
Dombeyacées , Hermanniées , Bombacées. Ces
groupes sont tous admis aujourd'hui parles
botanistes comme autant d'associations na-
turelles , mais à des titres différents , les uns
comme des familles , les autres comme de
simples tribus. Mais malgré ces dissidences
dans la classification , on est généralement
d'accord que tous se lient intimement dans
l'ordre naturel, et que leur ensemble peut
être considéré comme un de ces grands
groupes du règne végétal, qui, ainsi que les
Légumineuses, Rosacées, etc., restent unis
sous le nom de classe, ou d'alliance, ou de
famille, quelles que soient les subdivisions
à l'aide desquelles on cherche à simplifier
etéclaircir leur étude en les partageant en
plusieurs groupes secondaires , chacun plus
nettement défini. La définition générale à
l'aide de caractères qui soient communs à
tous se trouve nécessairement plus vague et
réduite à un petit nombre. Ceux des Mal-
vacées ou Columnifères, nom que M. En-
ficher a employé plus récemment en l'em-
pruntant aux essais de méthode naturelle
proposés autrefois par Linné, seront les
suivants : Tige ligneuse ou herbacée, à suc
aqueux ou mucilagineux. Feuilles alternes,
simples ou composées , toujours accompa-
gnées de stipules libres assez grandes à la
base des pétioles. Calice libre , à préfloraison
valvaire. Pétales en nombre égal aux divi-
sions de ce calice, à préfloraison ordinaire-
ment tordue, manquant entièrement quel-
quefois. Étamines en nombre égal ou mul-
tiple, manifestant toujours une double ten-
dance, celle de s'opposer aux pétales, soit
isolées, soit par faisceaux, suivant leur
nombre, la place ordinaire entre les pétales
étant ocupée par des appendices stériles ou
restant vide, et celle de s'unir par la base
de leurs filets en gaîne monadelphe. Car-
pelles distincts ou soudés entre eux,etsou-
vent verticillés autour d'une colonne cen-
trale qui devient libre par suite de la dé-
hiscence, et qui a fournie Linné le nom que
nous venons de citer. Graines variant par
leur structure dans les divers groupes se-
condaires, mais le plus généralement pres-
que dépourvues de périsperme , et présen-
tant alors des cotylédons foliacés, recourbés
vl plissés de diverses manières. Les poils, épars
«ur les diverses parties, sont eux-mêmes
caractéristiques par leur forme générale en
étoile ou en pinceaux, et forment ainsi sou-
vent un enduit tomenteux.
Passons maintenant à l'exposition de ces
groupes secondaires , que les écrivains les
plus modernes réduisent à trois : les Malva-
cées proprement dites, les Sterculiacées et
les Byttnériacées , mais qui nous semblent
devoir être portés à quatre par la division
du second en deux , dont l'un porte le nom
de Bombacées. Nous allons examiner suc-
cessivement ces groupes en exposant leur?
caractères et énuméran ta la suite de chacun
d'eux les genres qui les composent.
MALVACÉES proprement dites.
Calice à 5 divisions plus ou moins pro-
fondes, le plus souvent accompagné d'un ca-
licule ou involucelle extérieur. 5 pétales on-
guiculés, ordinairement obliques et inéquila-
téraux. Étamines monadelphes , dont les
filets forment un tube qui lie inférieurement
les onglets des pétales soudés avec lui, et se
divise supérieurement quelquefois par cinq
dents alternant avec les pétales toujours
et plus en dehors, en un nombre plus ou
moins grand de branches terminées chacune
par une anthère réniforme, uniloculaire,
s'ouvrant en deux valves par une fente lon-
gitudinale supérieure et remplie par un
pollen à grains globuleux et hérissés : tous
ces filets anthérifèressont plus ou moins ma-
nifestement agencés en cinq groupes oppositi-
pétales. Carpelles sessiles, en nombre égal
aux pétales, quelquefois moindre, souvent
plus grand, tantôt distincts, tantôt réunis
par leurs faces latérales en un ovaire mul-
tiloculaire renfermant dans chaque loge un
ou plusieurs ovules campulitropes attachés
à l'angle interne, verticillés ou amoncelés
autour d'un axe central plus ou moins dé-
veloppé que semblent continuer les styles
en nombre égal aux carpelles ou double,
mais inférieurement en colonne, séparés
seulement à leur extrémité ou plus bas et
terminés chacun par un stigmate souvent en
tête et papilleux. Fruit se séparant en au-
tant de coques par une déhiscence septicide,
ou au contraire par une déhiscence loculicide
en autant de valves, dont chacune emporte
la cloison sur son milieu. Graines rénifor-
mes , attachées de leur côté concave, qui c*t
marqué par une chalaze assez large et voi-
614
MAL
MAL
sine du hile, à test crustacé, doublé par une
membrane internequi forme un repli saillant
du côté concave et recouvre immédiatement
l'embryon arqué , à cotylédons foliacés et
ployés , embrassant dans leur repli la radi-
cule recourbée en sens inverse et dirigée
vers le hile. Le périsperme est représenté
seulement par quelques flocons ou par une
lame mince et mucilagineuse qui pénètre
entre les divers replis de l'embryon. Les
espèces sont des herbes, des sous-arbris-
seaux, des arbrisseaux, ou plus rarement des
arbres; à feuilles simples, souvent palmi-
nervées , entières ou lobées plus ou moins
profondément, à fleurs régulières, solitaires
ou groupées à l'aisselle des feuilles , mais
souvent aussi , par suite de l'avortement de
celles-ci qui passent à l'état de bractées ,
formant des grappes , des corymbes ou des
panicules terminales. Elles abondent sous
les tropiques, en Amérique particulièrement;
puis leur nombre va en diminuant à me-
sure qu'on s'en éloigne, de manière que
dans nos climats tempérés la famille n'est
déjà plus représentée que par un petit nom-
bre d'espèces, et qu'elle disparaît complète-
ment vers les pôles. Néanmoins on en ob-
serve quelques-unes à une élévation consi-
dérable dans les Andes. En général, les di-
verses parties de ces plantes sont tout im-
prégnées d'une substance mucilagineuse
qui leur donne les propriétés émollientes
pour lesquelles elles sont renommées. C'est à
cette famille qu'appartiennent les Gossy-
pium, dont les graines sont recouvertes de
ce lacis de filaments fins qui constituent
le coton, si important pour l'industrie.
GENP.ES.
Tribu I. — Malopées.
Calice simple ou caliculé. Carpelles nom-
breux, 1-spermes, groupés en capitules.
Kilaibelia , W. — Malope , L. — Palava ,
Cav. {Palavia, Mœnch).
Tribu II. — Sidées.
Calice simple. Carpelles verticillés, se sé-
parant en autant de coques ou autant de
valves septifères.
Wissadula, Medik. — Lagunea, Cav. (So-
landra, Murr. — Triguera, C&s.) — Bastar-
dia, Kunth. — Abutilon, Gaertn. — Gaya,
Kunth. — Sida, Kunlh {Napœa, L. — Mal-
vinda, Medik. — Diclyocarpus, Wighl) —
Hoheria, A. Cunningh. — Plagianthus ,
Forst. — ? Ingenhouzia , Moc. Sess. — Cris-
taria,C&y. — Anoda, Cav. — Malachra, L.
Tribu III. — Malvées.
Calice accompagné d'un caliculé. Car-
pelles verticillés, distincts, ou se séparant
définitivement en autant de coques.
Urena , L. — Pavonia , Cav. ( Malache ,
Trew. — Thornthonia, Reicbenb. — Lopi-
mia et Gœthea , Nées , Mart. — Lebretonia ,
Schrank. — Schouwia, Schrad.) — Modiola,
Mœnch (Haynea, Reichenb.) — Sphœralcea,
Ad. J. (Phymosia, Desv. — Meliphlea, Zucc.)
— Malva, L. (Nuttalia, Dicks. Bart. — Cal-
lirhoe , Nutt. — Anthema , Med.) — Allhœa,
Cav. (Ferberia, Scop. — Alcea, L.) — Lava-
tera, L. (Olbia, Med. — Savinionia et Na-
vœaf Webb. Berth. — Stegia, Mœncb).
Tribu IV. — Hibiscées.
Calice accompagné d'un caliculé. Capsule
s'ouvrant par 3-5, rarement 10 valves sep-
tifères, quelquefois indéhiscente.
Kosteletzkya, Presl. — Hibiscus, L. (Ket-
mia, Tourn. — Trionum , Med.) — Malva-
viscus, Dill. (Achania, Sw.) — Fugosia, J.
(Cienfugosia, Cav. — Cienfuegia, W. — Re-
doutea , Vent.) — Gossypium , L. ( Xylon ,
Tourn.)— Serrœa, Decaisne (Senra, Cav.
Senrœa, W.—Dumreichera, Steud., Hochst).
— Abelmoschus, Med. (Hymenocalyx, Zenk.)
— Lagunaria, Don. — Paritium, Ad. J. (Pa-
riti , Rheed. — Parita , Scop. — Azanza,
Moc. Sess. ) — Thespesia, Corr. — Deca-
schistia, Wight, Arn.
BOMBACÉES. Bombaceœ.
Calice à 5 divisions, quelquefois irrégu-
lières, d'autres fois presque nulles, et le fai-
sant alors paraître comme tronqué. Autant
de pétales plans, ordinairement très grands,
manquant très rarement. Étamines en nom-
bre défini ou indéfini, à filets soudés en un
tube qui se partage supérieurement en 5 ou
plus de divisions portant chacune une ou
plusieurs anthères linéaires , réniformes ou
tortueuses, 1-loculaires, bivalves, remplies
d'un pollen à grains lisses et ordinairement
trièdres. Ovaire partagé complètement ou
incomplètement en 5 loges, quelquefois
plus, rarement moins, renfermant chacune
2 ou plusieurs ovules attachés à l'angle in-
terne ou aux bords libres des cloisons in-
MAL
ÎNJAL
615
complètes. Style simple terminé par un stig-
mate simple également , ou partagé en au-
tant de lobes qu'il y a de loges. Fruit indé-
hiscent, ou plus généralement s'ouvrant par
ne déhiscence ordinairement loculicide,
rarement septicide, rempli de pulpe à l'in-
térieur des loges, dont la paroi est d'autres
fois toute couverte de longs poils laineux.
Graine à test coriace doublé d'une mem-
brane, à embryon dont les cotylédons plis-
sés sont à peine tapissés d'une laine muci-
lagineuse, ou épais et charnus, se sou-
dent entre eux, ou, d'autres fois, moins
développés, sont entourés d'un vérita-
ble périsperme charnu. Les espèces sont
presque sans exception tropicales. Ce sont
toutes des arbres , et , parmi eux , les plus
énormes qu'on connaisse. Leurs feuilles sont
simples, ou plus souvent composées et pal»
mées ; leurs fleurs régulières ou quelquefois
irrégulières, solitaires ou réunies en grappes
et panicules. Cette famille , que beaucoup
d'auteurs réunissent à la suivante, se lie
au moins aussi intimement à la précédente,
et forme réellement le passage de l'une à
l'autre, plus rapprochée des Malvacées par
sa première tribu , des Sterculiacées par la
dernière.
GENRES.
Tribu I. — Adansoniées.
Anthères 1-loculaires (quelquefois gémi-
nées). Fruit sessile , le plus souvent à dé-
hiscence loculicide , rarement indéhiscent.
Périsperme ordinairement presque nul.
Adansonia, L. (Baobab, P. Alp. — Ophe*
lus , Lour.) — Pachira , Aubl. ( Carolinea ,
Lœf.) — Chorisia, Kunth. — Bombax, L.—
Eriotheca, Schott. Endl. — Eriodendron ,
DC. (Ceiba, Plum. — Gossampinus, Rumph.
— Erione , Schott. Endl.) — Salmalia ,
Schott, Endl. — Cavanillesia,R. Pav. [Pour-
retia, W.) — Durio, Rumph. — Ochroma,
Sw. — Cheirostemon, Humb. BonpI. (Chei-
ranthodendron , Larreat. ) — Montezuma ,
Moc. Sess. — Neesia, Bl. — Myrodia, Schreb.
{Lexarza, Llav.) — Quararibea, Aubl. (Ger-
beria, Scop.) — Malisia, Humb. Bonpl.
Tribu II. — Hélictérées.
Anthères 2-Ioculaires (manifestement
dans le bouton). Fruit longuement stipité ,
déhiscent souvent par le décollement des
cloisons. Périsperme charnu et épais.
Methorium, Schott, Endl. — Helicleres ,
L. (Isora et Orthothecium, Schott, Endl. —
Âlicteres, Neck.) — Ungeria, Schott, Endl.
— Heevesia, Lindl.
STERCULIACÉES. Sterculiaceœ.
Fleurs diclines , monoïques : les mâles
avec un pistil rudimen taire ; les femelles
avec des étamines anthérifères et même pol-
linifères, mais toujours stériles. Calice à 5,
rarement à 4 ou 6 divisions plus ou moins
profondes, égales, colorées. Pas de pétales.
Gynostème partant du centre de la fleur ,
s'élevant plus ou moins haut, et portant 15,
10, quelquefois 20 , rarement 5 anthères
biloculaires , sessiles sur le bord d'un tube
court cyathiforme , ou groupées , soit en
5 faisceaux , soit sans ordre en capitule :
pollen à grains lisses, sphéroïdes. Ovaires
portés au sommet du gynostème au nombre
de 5, ou rarement de 4-6 , ou plus rare-
ment encore de 6-12, légèrement cohérents,
renfermant chacun un ou ordinairement
plusieurs ovules attachés à l'angle interne,
terminés par autant de styles bientôt rap-
prochés et même soudés en un seul , qui
finit par un stigmate 5-lobé ou par 5 stig-
mates distincts. Fruit composé d'autant de
follicules ligneux coriaces ou foliacés, rare-
ment de carpelles indéhiscents. Graines tan-
tôt dépourvues de périsperme , et revêtues
alors d'un tégument simple; tantôt et gé-
néralement périspermées , et revêtues d'un
tégument triple : l'extérieur crustacé, le
moyen cartilagineux, l'intérieur membra-
neux. Embryon droit, à cotylédons épais,
ou membraneux lorsqu'il y a un périsperme,
accolés alors à celui-ci, qui se partage en
deux lobes, et peut facilement être pris pour
eux ; à radicule le plus souvent contraire au
hile. Les espèces sont des arbres presque
toujours originaires des régions tropicales,
et néanmoins perdant chaque année leurs
feuilles. Leurs feuilles sont simples ou lo-
bées, ou même rarement composées et pal-
mées; leurs fleurs en panicules ou grappes
pendantes , quelquefois en faisceaux axil-
laires ou terminaux, chacun sur un pédicelle
articulé vers son sommet ou son milieu.
Sterculia, R. Br. {Triphaca, Lour.— Chi-
chœa, Presl. — Ivira, Aubl. — Southwellia,
Salisb.) — Telradia, R. Br. — Brachychilon,
616
MAL
MAL
R. Br. (Pœcilodermis et Trichosiphon, Endl.)
— Vlerïgota, Endl. — Hildegardia, R. Dr.
— Firmiana, Marsil. (Erythropsis, Endl.)—
Scaphium, Eudl. — Pterocymbium, R. Br.
— Courtenia, R. Br. — Cola, Endl. ( Lu-
nania, DC.) — Heritiera, Dryand.
BYTTNÉRIACÉES. Byttneriaceœ.
Galice à 4-5 divisions plus ou moins pro-
fondes. Pétales en nombre égal, manquant
quelquefois. Étamines monadelphes, en
nombre égal ou multiple, les anthérifères
opposées aux pétales par une ou par trois ,
alternant souvent avec des languettec sté-
riles; anthères biloculaires dont le pollen
est ii grains ovoïdes ou globuleux, lisses ou
quelquefois hérissés. Ovaire sessile ou con-
stamment slipité , à 4-5 loges , rarement
moins , quelquefois 10 , contenant chacune
2 eu plusieurs ovules attachés à l'angle in-
terne. Styles soudés en un seul terminé par
autant de stigmates qu'il y a de loges. Fruit
le plus souvent capsulaire, à déhiscence lo-
(ulicide ou septicide. Graines à tégument
crustacé ou membraneux, quelquefois muni
auprès du hile de strophioles ou appendices
de forme diverse, quelquefois aussi aminci
eu aile à l'extrémité opposée. Embryon le
plus communément enveloppé d'un péri-
sperme charnu qui manque dans quelques
genres , à cotylédons foliacés ou épais sui-
vant l'un ou l'autre cas , entiers ou bipar-
tis , plans ou plissés ou enroulés , à radi-
cule droite ou courbe tournée du côté du
hile, infère le plus souvent. Les espèces ré-
pandues dans les régions tropicales et dans
la partie des zones tempérées qui les avoi-
sine , sur toute la terre , sont des arbres ou
des arbrisseaux, rarement des herbes. Leurs
feuilles sont simples, penninervées ou pal-
matinervées , présentant souvent des inci-
sions ou des lobes en rapport avec ces ner-
vations; les inflorescences axillaires ou op-
positifoliées ou terminales, en panicules,en
épis ou en glomérules, quelquefois accom-
pagnées d'un involucre général, plus souvent
d'un involucelle particulier pour chaque
fleur. Les diverses parties, par l'abondance
du principe mucilagineux contenu, partici-
pen t aux propriétés générales des Malvacées ;
mais elles sont modifiées par le mélange
d'une substance extractive, amère et astrin-
gente. Les graines sont huileuses. L'une
d'elles, celle du Theobroma, est célèbre par
l'usage de la matière fournie par son em-
bryon, et si généralement connue sous le
nom de Cacao, matière qui , torréfiée, sert
à la fabrication du chocolat , en tempérant
par le mucilage du sucre son amertume très
intense.
GENRES.
Tribu I. — Lasiopétalées.
Calice pétaloïde. Pétales réduits à de
courtes écailles ou nuls. Cinq filets anthé-
rifères alternant quelquefois avec autant de
stériles, du reste semblables, libres ou sou-
dés. Embryon droit à cotylédons foliacés,
dans un périsperme épais. Plantes austra-
liennes.
Seringia , Gay (Gaya , Spreng.) — Gui-
chenotia, Gay. — Thomasia, Gay. — Leuco-
thamnus , Lindl. — Lasiopetalum , Sm. —
Corethrostylis , Endl. — Kcraudrenia, Gay.
— Sarotes, Lindl.
Tribu II. — Byttnériées.
Pétales concaves ou voûtés, souvent pro-
longés au sommet en un appendice ligu-
liforme. Tube staminal partagé supérieure-
ment en dix lanières alternativement sté-
riles , et portant 1-3 anthères. Embryon à
cotylédons tantôt foliacés dans un périsperme
épais, tantôt plissés ou convolutés sans pé-
risperme. Plantes appartenant aux deui
continents.
Rulingia , R. Br. — Commersonia, Forsfc.
(Jurgensia, Spreng. — t Médusa, Lour.) —
Abroma, Jacq. (Ambmma, L. F. — Hastin-
gia , Kœn. ) — Byltneria , Lceffl. ( Ckœtea ,
Jacq. — Heterophyllum , Boj. — Telfairia,
Newm. ) — Ayenia, L. (Dayenia, Mill. ) —
Theobroma, L. (Cacao, Tourn. )—Guazuma1
Plum. (Bubroma, Schreb. ) — Kleinhovia ,
L. — Actinophora , Wall. — Pentagloltis ,
Wall.
Tribu III. — Hermanniées.
Pétales plans. 5 étamines monadelphes,
fertiles. Embryon à cotylédons foliacés ,
droit ou arqué dans un périsperme charnu.
Plantes communes aux deux continents ,
abondantes notamment à l'extrémité aus-
trale de l'Afrique.
Waltheria, L. (Lophanthus, Forst. — As-
Iropus, Spreng.) — Melochia, L. — Riedleia,
DC. {liiedlea, Vent. — Altheria, Pet.-Th.—
MAL
MAM
617
Lochemia , Arn. ) — Physodium , Presl. —
Hermannia, L. — Mahernia, L. — Viseniaf
Houtt. ( Wisenia , Gra. — Aleurodendron ,
Reinw. — Glossospermum, Wall.)
Tribu IV. — Dombeyàcées.
Pétales plans. 15-40 étamines , les oppo-
sitipétales ordinairement stériles et liguli-
formes. Embryon à cotylédons foliacés, sou-
vent bifides et plissés, dans un périsperme
mince.
Ruizia, Cav. — Pentapetes, L. (Moranda,
Scop.) — Broiera, Cav. (Sprengelia, Schult.)
— Assonia, Cav. (Kœnigia, Comm. — Vah-
lia , Dahl.) — Dombeya , Cav. — Acropeta-
lum, Delil. (Leeuwenhœckia, E.Mey). — Me-
Ihania, Forsk. — Astrapœa, Lindl. (Hilsen-
bergia, Boj.) — Glossostemon , Desf. — Tro-
chetia, DC. — Plerospermum, Schreb. (Ve-
laga, Ad.) — Kydia, Roxb.
Tribu V. — Ériol^nées.
Pétales plans. Étamines nombreuses ,
toutes anthérifères, soudées en une colonne.
Embryon à cotylédons plissés, bilobés, dans
un périsperme charnu. Plantes asiatiques.
Eriolœna , DC. — Schillera , Reichenb.
(Wallichia, DC. — Microlœna, Wall. — Jac-
kia, Spreng. ) — Exitelia, Blum. (Maran-
thes, Bl.)
Ajoutons à l'énumération précédente deui
genres qui rentrent dans le groupe général,
mais qu'on ne connaît pas assez à fond pour
pouvoir y préciser leur place : le Philippo-
dendron , Poit., et le Biassolettia , Presl, et
signalons les affinités de ce même groupe
avec la famille des Tiliacées, qui s'y rattache
presque aussi évidemment que les précé-
dentes, mais que néanmoins nous traiterons
séparément. (Ad. de Jossirl.)
MALVAVISCUS. bot. ph. — Genre de la
famille des Malvacées-Hibiscées, établi par
Dillen [EUh.3 210, 1. 170, f. 208). Arbustes
de l'Amérique tropicale, à feuilles alternes,
pétiolées, entières ou lobées ; stipules pétio-
laires géminées; à pédoncules uniflores, à
fleurs axillaires ou terminales, solitaires,
géminées ou ternées, à corolles de couleur
sanguine.
On connaît une quinzaine d'espèces de ce
genre; la principale est le Malvariscus arbo-
reus. Cette plante fleurit toute l'année, et se
multiplie de graines ou de boutures.
t. vu.
MAMANDRITE. polyp. — Nom donné
autrefois à des Spongiaires fossiles, qu'on a
regardés plus tard comme des Alcyons.
MAMELLES. Mamma. anat. phys. —
Ces glandes forment le caractère distinctif
de la classe d'animaux à la tête desquels
se trouve l'Homme , et qui ont reçu , en rai-
son de cet organe que seuls ils possèdent, le
nom de Mammifères.
Dans l'espèce humaine, les Mamelles sont
deux corps hémisphériques situés à la partie
supérieure et antérieure de la poitrine , et
séparés l'un de l'autre par un sillon plus ou
moins profond. Au centre de la surface hé-
misphérique s'élève le mamelon, petite émi-
nence conoide d'un rouge plus ou moins
foncé , susceptible d'érection , et dans la-
quelle viennent aboutir les vaisseaux îacti-*
[ères. La base du mamelon, ou auréole, pré-
sente les orifices d'un certain nombre de fol-
licules sébacés. La forme hémisphérique des
Mamelles, chez la Femme, est due à un tissu
adipeux, abondant, sous-jacentà la peau, et
entourant de toutes parts les glandes mam-
maires , organes spéciaux de la sécrétion
lactée.
Les glandes mammaires, considérées d'une
manière générale, présentent deux modes
différents de structure; elles se composent,
soit d'un amas de tubes terminés en cul-de-
sac, soit de canaux ramifiés (conduits lacti-
fères), dont les ramifications les plus déliées
supportent des grappes de vésicules (cellules
laclipares), visibles au microscope. Le pre-
mier mode de structure ne se rencontre que
chez l'Ornithorhynque; l'autre disposition
est commune à la Femme et aux femelles
de tous les autres Mammifères.
Les Mamelles , toujours apparentes chez
la Femme, bien qu'elles présentent un sur-
croît de turgescence dès les premiers temps
de la conception, les Mamelles, dépourvues
de graisse chez les animaux , ne se dévelop-
pent qu'à l'époque de l'allaitement (voy. ce
mot). Le mamelon, ordinairement creux, et
dans lequel aboutissent un ou deux réser-
voirs dans lesquels les vaisseaux lactifères
versent le lait, n'est percé que d'un ou de
deux orifices.
La position et le nombre des Mamelles va-
rient, suivant les familles. Les Singes et les
Chauves-Souris ont deux Mamelles pecto-
rales , ainsi que les Édentés tardigrades ,
78
GIS
MAM
3MA?.l
l'Éléphant et le Lamantin; les Galéopithè-
ques ont deux paires de mamelles pectorales;
l'externe est presque axillaire. Chez les Soli-
pèdes et chez les Ruminants, elles sontingui-
nales ; la Jument en offre deux ainsi placées ;
la Vache en présente quatre, qui consti-
tuent une masse unique appelée pis , com-
posée de deux parties symétriques accolées
l'une à l'autre, et donnant naissance à qua-
tre principaux mamelons nommés trayons
ou tétines. Chez ceux des Mammifères où le
nombre des Mamelles est plus considérable,
elles sont rangées sur deux lignes parallèles
s'étendant de la région inguinale à la ré-
gion pectorale : ainsi sont disposées les huit
Mamelles de la Chatte, les dix de la Chienne,
de la Truie, de la Musaraigne, de la Lapine ,
les douze de la femelle du Rat , et les qua-
torze de celle de l'Agouti. Nous avons dit
Mamelles , nous aurions mieux fait de dire
mamelon; car il arrive souvent que les
glandes se confondent pour ne former qu'une
seule masse. Le nombre des mamelons est
ordinairement en rapport avec celui des pe-
tits de chaque portée , sans que cependant
cette proportion présente une exactitude
mathématique.
Chez les Marsupiaux (voy. ce mot), les
Mamelles affectent une disposition toute
particulière, rendue nécessaire par l'état in-
forme et à peine ébauché des petits au mo-
ment de leur expulsion de l'utérus. Au lieu
de jouir, dès ce moment, d'une vie indépen-
dante, ces embryons sont reçus dans une
poche profonde (marsupium) dont est pour-
vue la mère, et qui est formée par un pro-
longement de la peau du ventre au-devant
des Mamelles; parvenus dans cette poche,
les jeunes animaux y subissent comme une
seconde gestation et y achèvent leur déve-
loppement, suspendus chacun à une tétine
qui , pénétrant au fond de la bouche, y verse
incessamment le lait exprimé par la contrac-
tion qu'exerce sur les glandes mammaires
un appareil musculaire particulier. (A. D.)
MAMILLARÏA, Haw. bot. pu. — Voy.
OPCNTIACÉES.
MAMILLÎFERA {mamilla, mamelon ,
fevo, je porte), polyp. — Genre d'Actinies
agrégées établi par M. Lesueur pour deux
espèces qu'il a observées vivantes dans la
mer des Antilles, et qui avaient été confon-
dues avec les Alcyons par les anciens natu-
ralistes. Les Mamillifères naissent plus ou
moins nombreuses à la surface d'une expan-
sion membraneuse commune; leur corps
est coriace, court, en forme de mamelon,
terminé par la bouche, qui est élargie et
bordée de plusieurs rangées de tentacules.
Lamouroux avait formé son genre Polythoe
avec les Alcyonium mamillosum et ocellalum
de Solander et Lamarck, que tous ces natu-
ralistes ont vus seulement desséchés dans
les collections, et qui sont de vrais Mamilli-
fères. (Duj.)
MAMILLOPORA (mamilla, mamelon;
porus, pore), polyp. — Genre de Spongiaires
fossiles proposé par M. Persoon, et correspon-
dant en partie aux genres Lymnorea, Lamx,
et Cnemidium, Golf. Voy. ces mots. (Duj.)
MAMMALÏA. mam. — Linné (Syst. nàt.,
X, 1753) a désigné sous ce nom la classe
des Mammifères. Voy. ce mot. (E. D.)
MAMMARIA. acal.? polyp.? — Genre
établi par Mûller pour 3 espèces de corps
globuleux ou ovoïdes, flottants, de la mer
du Nord. Ces corps, larges de 3 à 4 millimè-
tres, sont terminés au sommet par une seule
ouverture sans tentacules visibles. Millier les
rapprochait des Actinies; Lamarck les place
à la fin de son deuxième ordre des Tuniciers
libres. On pourrait supposer que ces corps
peu connus ont, au contraire, quelque rap-
port avec la Noctiluque. (Duj.)
MAMMALOGIE . Mammalogia {mamma,
mamelle; >oyoç, discours), zool. — On
donne généralement ce nom à la partie de
l'histoire naturelle qui a pour objet l'étude
des Mammifères. Voy. ce mot.
MAMMEA. bot. pu. — Genre de la fa-
mille des Clusiacées-Garciniées , établi par
Linné [Gen. , n. 1156). Arbres de l'Améri-
que tropicale. Voy. clusiacées.
MAMMIFÈRES. Mammalia. zoql.— Les
animaux désignés sous le nom commun de
Mammifères forment la première classe du
grand type des Vertébrés, et occupent ainsi
le premier rang dans la création zoologique.
A leur tête se place l'Homme, si semblable
à eux par le plan général de son organisation,
si supérieur par cette intelligence qui lui per
met de contempler et de comprendre la lon-
gue chaîne du Règne Animal qui se développe
au-dessous de lui. La dénomination de Mam-
mifères introduite par Linné et définie par
lui avec une exactitude qui semble avoir
MAM
MAM
619
suivi, plutôt que devancé les découvertes
récentes, est une de celles qui ont été le plus
heureusement choisies dans la langue zoolo-
gique. En indiquant que les animaux aux-
quels elle convient portent des Mamelles,
elle rappelle implicitement les rapports qui
existent entre les Parents et les Jeunes, l'é-
tat d'imperfection et de dépendance dans
lequel naissent ces derniers, la qualité de
I aliment qu'ils reçoivent, après être sortis
vivants du sein de la mère. Par la nature
même de leurs fonctions, les Mamelles sont
en outre des organes tellement spéciaux,
que, signaler ieur existence, c'est présenter
immédiatement à l'esprit l'idée d'une orga-
nisation particulière et concordante, c'est
résumer a la fois, par un trait saillant, les
caractères de l'adulte et ceux du jeune ani-
mal. Le nom de Pilifères, proposé par M. de
niainville pour remplacer celui de Mammi-
fères, n'a paru ni assez précis ni assez ex-
clusif pour qu'on ait , en général , accepté
de préférence cette substitution. Si ce nom
a l'avantage de former, avec ceux de Penni-
feres et de Squamifèrcs , une série de dé-
nominations dans laquelle l'opposition des
termes fait ressortir l'opposition des carac-
tères, et traduit d'une manière brève cette
phrase de Linné: Les Mammifères ont des
poils, les Oiseaux des plumes, et les Poissons
«les écailles, il ne saurait représenter d'une
manière aussi logique la classe d'animaux
auxquels il s'applique, le fait de l'exis-
tence des poils n'ayant point lavaleur du fait
si caractéristique de l'allaitement. Quand
on plaçait dans une autre classe ces ani-
maux marins que leurs formes et leurs ha-
bitudes semblent rapprocher des Poissons ,
ctquiont reçu des naturalistes le nom de Cé-
tacés, la dénomination de Quadrupèdes Vivi-
pares pouvait être appliquée à l'ensemble des
-Mammifères et servir à les distinguer des Rep-
tiles quadrupèdes; mais depuis que Bernard
de Jussieu, Brisson et Linné ont fait com-
prendre les rapports qui unissent les Céta-
cés aux autres Mammifères, et que l'illustre
naturaliste suédois en a fait un groupe de
sa grande classe des Animaux à mamelles,
le nom de Quadrupèdes est une épithète gé-
nérale , sans signification zoologique, à
moins que , dans la classe même dos Mam-
mifères, on ne l'oppose au mot Bipèdes ,
comme le fait M. Isidore G eoffrov- Sain t-Hi- I
laire, qui applique ce dernier nom à l'ancien
ordre des Cétacés.
En rapprochant, comme nous venons de
le faire, les différentes appellations qui ont
servi à distinguer les animaux que nous nous
proposons d'étudier, nous avons pour but,
moins de faire apprécier la valeur du mo!
Mammifères, que de rappeler d'une manière
succincte les caractères les plus généraux,
les plus extérieurs, les plus saisissables, que
chacune de ces dénominations représente
Nous pourrions compléter cette indication
sommaire par la définition classique du
groupe des Mammifères ; mais il nous sem
bleque cette définition sera mieux placée à
la fin de ce travail, auquel elle servira de
résumé et de conclusion.
Pour faire connaître l'organisation dej
Mammifères aussi complètement que cela
nous est possible, nous prendrons l'animai
à son début, dans l'œuf, et nous parcourrons
successivement les périodes diverses du dé-
veloppement de ses grands appareils. Ainsi
guidés par la nature, depuis l'origine de l'ê-
tre jusqu'à la perfection de son état adulte,
nous trouverons dans cette marche le moyen
de caractériser d'une manière plus précise
le plan organique suivant lequel les Mam-
mifères sont constitués, de présenter en
même temps l'état actuel de la science sur
chacun des grands points de l'organisation,
etd'indiquer les résultats importants que les
études embryologiques ont déjà fournis à la
Zoologie, pour l'appréciation des affinités.
L'ordre suivant lequel nous étudierons le;
divers appareils est l'ordre même dans le-
quel ils se montrent chez l'embryon. Cette
succession de formation est assez difficile
à comprendre d'une manière rigoureuse ,
le travail génésique ayantlieu dans plusieurs
directions simultanément; néanmoins nous
pourrons la saisir pour les parties essentiel-
les, en adoptant comme principe rationne!
de cette détermination que le moment de
l'apparition d'un appareil .l'est pas celui où
deviennent saisissables les parties élémentai-
res qui doivent fournir des matériaux à sa
formation, mais bien celui où se montrent
les premiers linéaments d'un organe ou d'une
portion d'organe appartenant à cet appareil,
c'est-à-dire que nous laisserons de côté les
phénomènes histogéniques, et que nous
commencerons notre étude au moment où
620
MAM
les phénomènes organogéniques se déve-
loppent. Cette connaissance générale de l'or-
ganisation des Mammifères nous permettra
de comprendre les idées qui ont tour à tour
guidé les naturalistes dans le groupement
zoologique de ces animaux, et nous termi-
nerons par l'examen des classifications prin-
cipales qui ont été la traduction de ces vues
diverses.
Embryon des Mammifères.
Quand l'œuf fécondé des Mammifères est
arrivé dans la matrice, et qu'il jouit encore
de son entière liberté, à une époque qui va-
rie suivant les animaux, il se compose de
deux vésicules , une externe et une interne.
La vésicule externe est formée par la zone
transparente de l'œuf ovarique, avec laquelle
s'est confondue la couche d'albumen dont
l'œuf est revêtu chez certains animaux ,
quand il s'engage dans la trompe, et qui va
toujours s'amincissant à mesure que l'œuf
grossit. La vésicule interne s'est développée
aux dépens de la masse du jaune ou vitellus ;
en effet, cette masse vitelline s'est précé-
demment fragmentée en sphères nombreu-
ses; ces sphères se sont couvertes de cellu-
les; et plus tardées cellules se sont réunies
ensemble pour constituer la fine membrane
de la vésicule interne, nommée vésicule
blastodermique. L'œuf peut donc être figuré
à cette période comme deux sphères emboî-
tées l'une dans l'autre, ayant chacune une
tunique d'enveloppe, à savoir : la zone
transparente, et la vésicule blastodermique.
En cheminant dans la matrice, l'œuf ac-
quiert un volume plus considérable , et ,
quoique toujours libre, arrive au point où
il doit se fixer. A cette époque , on aperçoit
sur la vésicule blastodermique une tache de
forme circulaire, uniformément obscure,
déterminée par l'accumulation de matériaux
plastiques, et nommée cumulus proligère
par Baër, tache embryonnaire ou aire germi-
native par d'autres observateurs. Dans toute
l'étendue de l'aire germinative , et même
au-delà, on reconnaît qu'il s'est opéré une
sorte de dédoublement de la vésicule blasto-
dermique : une couche de cellules s'est dé-
j tachée intérieurement de cette vésicule , et
j constitue un feuillet qui va toujours s'éten-
dant à la périphérie interne de la tunique
la plus ancienne. La vésicule blastodermique
MAM
est donc maintenant formée par deux feuil-
lets , qui sont , de l'extérieur à l'intérieur,
le feuillet séreux ou animal , et le feuillet
muqueux ou végétatif. Le premier est l'en-
veloppe primordiale de la vésicule blasto-
dermique ; le second est celui dont nous ve-
nons d'indiquer la formation postérieure, et
qui n'acquerra que plus tard la forme vé-
siculaire. Les modifications subséquentes
qu'on observe dans l'œuf, et qui se succè-
dent avec une si étonnante rapidité, consis-
tent dans le développement des parties déjà
existantes , dans l'extension du feuillet mu-
queux, dans l'allongement d'un diamètre
de l'œuf qui devient elliptique , dans le
changement de forme de l'aire germinative,
qui se montre ovale d'abord , pyriforme en-
suite. Bientôt il se fait, dans l'aire germi-
native , une sorte de départ des matériaux
plastiques : son cercle obscur devient un an-
neau où s'accumulent les cellules, et qui
renferme un espace plus clair dans lequel
les cellules sont moins condensées. Au mi-
lieu de cet espace, parallèlement au grand
axe de l'aire ovale , et transversalement a
l'axe longitudinal de l'œuf et de la matrice,
se montre une ligne claire , de chaque côté
de laquelle se dessinent deux amas plus obs-
curs. Cette portion centrale du blastoderme
représente ainsi un ovale que la ligne claire
divise en deux moitiés symétriques ; les
amas cellulaires sont les matériaux du corps
de l'embryon; la ligne claire qui les par-
tage indique la place où vont se former les
premiers linéaments de l'axe cérébro-spi-
nal de l'adulte, et a reçu le nom de ligne
primitive , ou , mieux , de gouttière primi-
tive. C'est dans le feuillet animal que s'opère
ce premier travail de formation. Le feuillet
muqueux présente bien aussi une ligne claire
dans la longueur de laquelle il adhère da-
vantage au feuillet animal , et qui corres-
pond à la ligne claire de celui-ci; mais la
ligne du feuillet muqueux n'est qu'une sorte
de moule , une empreinte de la ligne du
feuillet animal.
Ainsi, le premier phénomène organogéni -
que produit par l'emploi des cellules élémen-
taires du feuillet séreux est l'apparition du
système rachidien , propre aux animaux ver-
tébrés, et dont le rôle domine dans l'organisa-
tion de ces êtres. Ainsi , au début de sa for-
mation, le Mammifère se constitue tout d'à-
MAM
MAM
€21
bord comme Vertébré, et ne rappelle en au-
cune manière un des types inférieurs , car
jamais un Annelé, un Mollusque ou un Zoo-
phyte n'offre des faits comparables. On ne
peut donc pas dire que les animaux infé-
rieurs représentent d'une manière perma-
nente les états transitoires de l'embryon des
animaui supérieurs, puisqu'on ne trouve
rien dans l'organisation des animaui infé-
rieurs qui puisse se comparer à la gout-
tière primitive , première ébauche d'un
appareil fondamental qui se complétera
successivement, en passant par des états
divers qui n'ont point d'analogue ailleurs
que parmi les Vertébrés. En examinant les
détails particuliers que présente le dévelop-
pement des appareils principaux de l'écono-
mie , nous trouverons encore des faits qui
serviront de preuves à cette manière de
voir; nous voulons seulement insister ici
sur la vérité de ce principe , que l'ani-
mal porté, dès les premiers moments
de sa vie embryonnaire, le cachet du type
zoologique auquel il appartient, et sur l'é-
vidence de ce fait, que le type Vertébré,
auquel les Mammifères appartiennent, est
empreint dans leur organisation, à l'ori-
gine même de leur développement.
Les phénomènes que nous allons observer
dans les évolutions subséquentes de l'em-
bryon vont nous servir aussi à caractériser
les types secondaire , tertiaire et autres ,
dont les Mammifères présentent successive-
ment l'empreinte, de la même manière que
les phénomènes primitifs de la formation
organogénique viennent de nous montrer le
cachet du type primaire, du type Vertébré,
évidemment imprimé tout d'abord dans
l'embryon. L'exposé de ces faits est la con-
firmation des idées émises par M. Milne
Edwards dans son enseignement public et
dans ses écrits; il reproduit les vues philo-
sophiques de ce savant zoologiste sur les
principes qui doivent guider dans l'appré-
ciation des affinités pour la classiûcalion na-
turelle des animaux (1).
Nous continuerons plus loin , en parlant
du système nerveux des Mammifères , à ex-
poser la série des formes successives que
présente la gouttière primitive, premier in-
dice de l'axe nerveux cérébro-spinal et des
parties annexes. Après que se sont accomplis
-i Ann. des se. nat , 3e série, 1. 1, p. 65.
plusieurs phénomènes qui se rapportent au
développement de cette portion centrale,
l'extrémité céphalique de l'embryon devient
distincte par le dépôt d'une masse nerveuse
qui sera le cerveau. Cette partie céphalique
se soulève au-dessus du plan de la vésicule
blastodermique, dont elle se détache peu à
peu, ets'infléchiten dedans. Précédemment,
le rapprochement des amas cellulaires , qui
bordaient auparavant la gouttière primitive,
a déterminé la formation d'une cavité anté-
rieure ou céphalique : or, comme le feuil-
let muqueux revêt intérieurement le feuillet
séreux, et ne s'en détache pas pendant que
s'opère cette convergence des bords des li-
néaments embryonnaires , il en résulte
qu'une portion du feuillet muqueux tapisse
maintenant la face interne de la cavité cé-
phalique, et se continue, en dehors de cette
cavité, avec le reste du feuillet muqueux
non engagé dans l'embryon. Ainsi le feuillet
séreux, tout en restant continu extérieure-
ment autour de la vésicule blastodermique,
a fourni au développement de l'embryon par
sa portion centrale ; l'extrémité céphalique
de cet embryon s'est détachée ; elle présente
une cavité dans laquelle s'est avancé un pro-
longement du feuillet muqueux. Pendant
que s'opèrent ces phénomènes, une sorte de
membrane, un troisième feuillet, se déve-
loppe entre les deux autres, dans l'intérieur
et à la périphérie de l'embryon , et seule-
ment dans l'étendue de l'aire transparente ,
dont il ne dépasse pas les bords. C'est dans
l'épaisseur celluleuse de cette troisième cou-
che que se montre bientôt le cœur, et que
prendront naissance le sang et les vaisseaux;
on la nomme, en conséquence, feuillet vas-
culaire. Nous tracerons la succession des
phénomènes que ce développement présente,
en nous occupant de l'appareil de la circu-
lation.
Après que la portion centrale du feuillet
séreux est entrée , comme nous venons de
le voir, dans la constitution ne l'embryon ,
on voit ce même feuillet se soulever tout au-
tour et former un pli , qui s'étend et finit par
envelopper le jeune être. Celui-ci, n'ayant
pas encore beaucoup d'épaisseur, se confond
avec le feuillet mince de ce pli, et n'en
peut être distingué qu'avec peine; niais
ensuite un liquide s'amasse entre l'em-
bryon et l'enveloppe fournie par le pli;
622
MAM
MAM
l'embryon se trouve plongé dans ce liquide,
et enfermé dans cette enveloppe, qui porte
je nom à'amnios; le liquide reçoit, en con-
séquence, le nom de liquide amniotique. Les
nords du pli amniotique, qui s'étaient d'a-
bord rencontrés sur le dos de l'embryon ,
adhèrent encore pendant quelque temps à
la portion périphérique du feuillet séreux ;
bientôt la communication entre ces deux
parties du même feuillet devient filiforme
et disparaît plus tard complètement. Par la
rupture de ce dernier lien entre la portion
du feuillet séreux développée en amnios, et
la portion de ce même feuillet qui sert
d'enveloppe à la vésicule blatodermique ,
cette portion périphérique est tout-à-fait dé-
tachée , indépendante de l'embryon. Alors
elle s'applique dans toute son étendue à la
zone transparente, qui formait seule, comme
nous l'avons vu plus haut, la tunique ex-
terne de l'œuf jusqu'à cette époque ; et de
l'union de ces deux vésicules résulte l'enve-
loppe dernière de l'œuf, le chorion.
Tous les phénomènes que nous venons
d'indiquer, et qui devront être exposés plus
en détail à l'article oeuf, s'opèrent avec une ex-
trême rapidité ; ils se sont accomplis, en géné-
ral, dans l'espace des vingt-quatre premières
heures qui ont suivi l'apparition de la gout-
tière primitive. Ceux qui suivent marchent
aussi avec une étonnante vitesse. L'extrémité
inférieure ou caudale se soulève comme l'a fait
l'extrémité céphalique; une cavité se forme
aussi à cette extrémité par le rapproche-
ment et la soudure des bords externes des
amas cellulaires , comme cela a eu lieu à la
partie antérieure; et la portion centrale des
feuillets muqueux et vasculaire engagée
dans cette cavité forme le tube intestinal.
Nous suivrons les phases diverses du déve-
loppement de cette cavité en parlant de l'ap-
pareil digestif. Cependant les bords latéraux
«lu corps de l'embryon s'inclinent l'un vers
l'autre , et la clôture que détermine leur
rapprochement marche progressivement et
simultanément des deux extrémités vers le
milieu. Il en résulte que la vésicule muco-
vasculaire qui est en continuité avec l'inté-
rieur de l'embryon par le tube intestinal,
s'abouche d'abord par une large ouverture
en gouttière qui se ferme bientôt et s'allonge
en un canal s'ouvrant dans les parties de
l'intestin formées en haut et en bas. La vé-
sicule constituée ainsi par les deux feuillets
muqueux et vasculaire , et en rapport avec
l'intestin, se nomme vésicule ombilicale. Puis-
que le feuillet muqueux avait précédemment
enveloppé la vésicule blastodermique en s'é-
tendant au-dessous du feuillet séreux, il est
clair que la vésicule ombilicale , transfor-
mation de la portion extra- embryonnaire
de la vésicule blastodermique, enveloppe
maintenant toute la masse du vitellus. Nous
examinerons, à propos de la circulation, les
phénomènes que présente le feuillet vascu-
laire de cette vésicule ombilicale, et nous
indiquerons plus loin les particularités qu'of-
fre cette vésicule dans les différents ordres
de Mammifères.
Au milieu de tous ces phénomènes de for-
mation rapide, apparaît une dernière vési-
cule, dont le rôle, transitoire comme celui
de l'amnios et de la vésicule ombilicale , est
néanmoins d'une extrême importance dans
la vie de l'embryon. Cette vésicule est Val-
lantoïde. Elle se montre dans ses premiers
linéaments à l'extrémité caudale de l'em-
bryon avant la formation de l'intestin, sail-
lit ensuite sous forme vésiculaire, se met
plus tard en communication avec l'intestin,
et reçoit des vaisseaux qui se ramifient à sa
surface; ce sont les vaisseaux ombilicaux.
Nous parlerons de ces vaisseaux en traitant
de la circulation.
Les phénomènes principaux qui se sont
manifestés jusqu'à la période de la vie em-
bryonnaire à laquelle nous venons de nous
arrêter, peuvent donc se résumer de la ma-
nière suivante : la portion centrale du feuil-
let séreux a été mise en œuvre pour la con-
stitution de l'embryon ; un développement
particulier de cette membrane a formé l'am-
nios; sa portion périphérique s'est appliquée
à la zone transparente pour constituer le
chorion ; la vésicule allantoïdienne s'est
produite. Comparés à la série des phéno-
mènes embryonnaires chez les autres Verté-
brés , c'est-à-dire chez les animaux qui pré-
sentent aussi tout d'abord une gouttière pri-
mitive, les phénomènes que nous observons
chez les Mammifères offrent des ressem-
blances et des différences fondamentales,
propres à caractériser des types secondaires,
dérivés du grand type Vertébré. En effet,
l'embryon des Oiseaux et celui des Reptiles
proprement dits , c'est-à-dire des Vertébrés
MAM
IMAM
023
dont la respiration est, comme celles des
Mammifères , essentiellement aérienne et
pulmonaire, suit, dans son développement,
une marche analogue àcelle que nous venons
de signaler dans la succession des phéno-
mènes organogéniques chez l'embryon des
Mammifères : chez ceux-là, comme chez
ceux-ci , le feuillet séreux est mis en œuvre
de la même manière; dès les premiers mo-
ments de son existence, l'embryon est
pourvu, dans les deux premières classes
comme dans la dernière, des deux vésicules
appendiculaires, Amnios et Allantoïde, qui se
produisent suivant le même mode etau milieu
des mêmes circonstances. Au contraire, nous
ne trouvons plus ni Amnios ni Allantoïde
chez les Batraciens et chez les Poissons, c'est-
à-dire chez les Vertébrés qui , pendant une
certaine période de leur existence ou même
pendant leur existence entière, vivent dans
l'eau et respirent à l'aide de branchies; le
feuillet séreux entre tout entier comme par-
tie constituante dans la formation de l'em-
bryon et de ses annexes; l'embryon reste,
en quelque sorte, à nu sous la tunique ex-
terne de l'œuf. Ainsi, immédiatement après
que l'embryon des Vertébrés a reçu, par la
formation de la gouttière primitive, le ca-
ractère fondamental du type primaire au-
quel il appartient, deux voies s'ouvrent ,
en quelque manière, devant lui, pour le dé-
veloppement subséquent de son organisation.
En suivant la première, il appartiendra au
groupe formé par les Mammifères , les Oi-
seaux et les Reptiles; en suivant la seconde,
il fera partie du groupe composé des Batra-
ciens et des Poissons; en d'autres termes, il
prendra , dans le premier cas , un Amnios
et une Allantoïde ; il ne prendra ni Amnios
ni Allantoïde, dans le second cas; ou, pour
caractériser, avec M. Milne Edwards, cha-
cun de ces deux types par un seul mot, il
sera Allantoïdien ou Anallanloïdien. Les
Mammifères sont donc des Vertébrés Allan-
toïdien s.
Les vésicules appendiculaires dont la pré-
sence ou l'absence vient de nous servir à
caractériser d'une manière si nette les deux
types secondaires qui se prononcent, à l'ori-
gine du développement embryonnaire, dans
le grand type primaire des Vertébrés, ne
sont pas destinées à jouer un même rôle
dans le groupe des Vertébrés Allantoïdiens;
et les modifications que subit à cet égard la
marche des phénomènes embryologiques se
rapportent à deux ordres de faits distincts,
qui caractérisent deux types nouveaux. Tan-
tôt, en effet, la superficie de la tunique
externe de l'œuf reste lisse et ne présente
aucune trace d'appendices organiques, c'est
ce que nous voyons chez les Oiseaux et les
Reptiles; tantôt, au contraire , cette face
externe de l'œuf se couvre de nombreuses
villosités, comme nous l'observons chez les
Mammifères. La formation de ces villosités
sur l'œuf coïncide avec l'existence d'un uté-
rus chez la mère; et tandis que, chez les
Oiseaux et les Reptiles , le jeune animal
trouve dans la masse du vitellus la nourri-
ture qui suffit à son développement , on voit
s'établir, chez les Mammifères , par les vé-
gétations absorbantes de la surface de l'œuf
et la face interne de la chambre d'incuba-
tion , des rapports plus ou moins intimes,
plus ou moins prolongés , entre l'enfant et
la mère. A ce moment les Mammifères sont
donc profondément distincts des autres Al-
lantoïdiens ; ils reçoivent, de la présence de
ces villosités, un caractère tout particulier qui
semble appeler d'autres développements cor-
rélatifs, q.ui se lie d'une manière intime avec
l'existence des mamelles chez les parents, et
qui imprime à leur organisation le sceau
d'un type spécial. Ce type des Mammifères
s'éloigne ainsi du groupe formé d'autre part
par les Oiseaux el les Reptiles , qui conser-
vent entre eux des affinités très étroites et
constituent un autre type, que nous devons
signaler, mais dont nous ne pouvons suivre
ici les développements embryonnaires carac-
téristiques.
Le groupe des Mammifères se trouve donc
clairement circonscrit dans ses limites par
les phénomènes propres, définis, que nous
fournit l'observation de l'œuf; il comprend
tous les Vertébrés Allantoïdiens chez les-
quels le chorion se revêt devillosilés, à l'aide
desquelles s'opère, de la mère à l'embryoïv
le passage des matériaux nécessaires à la nu-
trition de celui-ci et au travail de formation
dont il est le siège. Les vaisseaux de la vési-
cule ombilicale interviennent aussi comme
organes d'absorption, et les connexions si re-
marquables entre l'embryon et l'utérus se
trouvent de la sorte établies. Chez certains
Mammifères, ces connexions semblent ne pas
624
MAIVI
MAM
aller au-delà; chez d'autres, au contraire,
la vésicule allantoïdienne vient les compléter
en les rendant plus intimes ; cette vésicule, en
effet, croît rapidement, gagne la membrane
externe de l'œuf, s'y applique, se soude avec
elle, et le développement extraordinaire des
vaisseaux allantoïdiens qui pénètrent dans
les villosités, amène, entre le chorion et l'al-
lantoïde, des rapports vasculaires d'une na-
ture particulière, d'où naît un placenta.
Ainsi, deux formes distinctes résultent de
cette divergence qui se manifeste, parmi les
Mammifères, immédiatement après qu'ils
ont reçu l'empreinte de leur type. Chez les
uns, on n'a pu découvrir aucune trace de
véritables appendices placentaires; ces ani-
maux s'engagent dans une voie particu-
lière, dans laquelle ils prendront des carac-
tères propres, tout-à-fait spéciaux, qui,
néanmoins, coïncident toujours avec les ca-
ractères mammalogiques essentiels de l'a-
dulte, tels que la présence des mamelles et
l'allaitement des jeunes, que nous avons in-
diqués plus haut comme une sorte de con-
séquence, un complément nécessaire des
rapports utérins qui s'établissent entre l'œuf
et la mère. Les autres présentent un placenta
qui, multipliant les connexions vasculaires
en même temps qu'il les rend plus intimes,
assure à l'embryon des moyens de nutrition
plus abondants, et lui permet ainsi de pro-
longer pendant plus longtemps sa vie intra-
utérine. Les premiers sont désignés sous le
nom d3 Dideiphiens , et sous celui de Mam-
mifères avec os Marsupiaux ; nous abandon-
nerons ici l'examen de leur développement
et du plan organique suivent lequel ils sont
constitués, pour le reprendre à l'article qui
leur est spécialement consacré dans cet ou-
vrage (voy. marsupiaux). Les seconds ont
reçu les noms de Monodelphiens , Mammi-
fères ordinaires , Mammifères placentaires;
c'est à l'étude de leur organisation que nous
allons exclusivement nous arrêter désormais.
A mesure que se produisent les parois
thoraciques et abdominales de l'embryon,
elles réduisent de plus en plus l'ouverture par
laquelle la vésicule ombilicale pénètre dans
l'intestin , et se resserrent autour du canal
de communication, longet filiforme, nommé
conduit omphalo-mésentérique ; l'orifice par
lequel ce conduit semble alors s'introduire
dans le corps forme V ombilic. Par la forma-
tion de cette clôture viscérale, l'allantoïde
se trouve partagée en deux portions, l'une
enfermée dans le corps de l'embryon, où elle
se métamorphose en vessie urinaire, et l'au-
tre restée libre en dehors de l'embryon, con-
stituant la vésicule allantoïdienne, dont nous
allons examiner le rôle dans la constitution
du placenta. De l'une à l'autre de ces deux
portions vésiculaires , s'étend une partie
moyenne qui traverse l'ombilic, et qui,
d'abord en forme de canal , devient plus
tard un cordon ligamenteux ; on la nomme
ouraque. Le pédicule de la vésicule ombili-
cale avec ses vaisseaux , l'ouraque accom-
pagnée des vaisseaux ombilicaux , forment
un cordon autour duquel l'amnios fournit
une gaîne , et qui sort du corps de l'embryon
par l'ombilic : c'est le cordon ombilical.
Nous savons qu'après la formation du
chorion par l'accollement du feuillet séreux
à la zone transparente des temps primitifs,
des villosités nombreuses couvrent toute la
surface de l'œuf, et que les vaisseaux ombi-
licaux, c'est-à-dire les vaisseaux de l'allan-
toïde, viennent puiser par absorption dans
ces villosités les matériaux plastiques que la
mère fournit au fœtus. En corrélation avec
le développement de ce lacis placentaire, et
pour ainsi dire en face de lui s l'utérus de la
mère entre aussi dans une activité particu-
lière dont nous examinerons les résultats en
parlant plus bas des organes de la repro-
duction chez la femelle. Si les fonctions du
placenta sont identiques dans tout le groupe
des Mammifères placentaires, et si les élé-
ments qui concourent à sa formation sont
les mêmes, on remarque néanmoins des
modifications importantes dans la manière
dont les vaisseaux allantoïdiens se mettent
en rapport avec les villosités du chorion.
Ces modifications entraînent de grandes dif-
férences dans la constitution de l'œuf, et
déterminent les caractères de plusieurs ca-
tégories de placentas. Des différences carac-
téristiques dans des parties aussi importantes
que le sont les appendices placentaires, doi-
vent indiquer que les animaux qui les pré-
sentent subiront dans leur organisation des
modifications essentielles, appartiendront
à des groupes différents; et les conséquences
que nous tirerons des phénomènes embryo-
géniques de cette nature, nous serviront à
déterminer des types zoologiques distincts.
IMAM
Trois formes générales semblent résumer
foutes les variétés de configuration de l'or-
gane placentaire, et caractériser, d'après les
principes que nous développons, trois grou-
pes différents dans les Mammifères ordi-
naires. Tantôt l'AUantoïde envahit toute la
face interne du chorion , la dépasse même
quelquefois , la force alors d'éclater à ses
deux extrémités pour lui livrer passage , et
se développe ainsi en dehors des deux pôles
de l'œuf. Dans ce cas, les vaisseaux ombili-
caux se répandent dans un grand nombre
de villosités, sur toute l'étendue de l'œuf, et
ces villosités peuvent être également distri-
buées, ou bien se grouper en divers points,
se réunir par place en pinceaux, en houppes
vasculaires qui ont reçu le nom de cotylé-
dons. Ce premier mode de disposition des
appendices placentaires a été désigné par
M. Milne Edwards sous le nom de placenta,
diffus. Tantôt l'AUantoïde ne s'étend pas
jusqu'aux pôles de l'œuf, où les villosités ne
se sont pas développées ; elle distribue seu-
lement ses vaisseaux à la portion moyenne
de l'œuf, tout au pourtour du chorion ; et de
cette espèce d'enroulement de la vésicule
allantoïdienne, naît un placenta continu en
forme de ceinture, un placenta zônaire.
Tantôt enfin l'AUantoïde gagne un point dé-
terminé de la membrane du chorion, s'étale
ensuite circulairement, et envoie ses vais-
seaux sur cette surface circonscrite , où se
forme ainsi un placenta discoïde. Le pla-
centa diffus se rencontre chez les Rumi-
nants , les Pachydermes , les Édentés et les
Cétacés; le placenta zônaire, chez les Car-
nivores et les Amphibiens; le placenta dis-
coïde, chez les Bimanes, les Quadrumanes,
les Chéiroptères, les Insectivores et les Ron-
geurs. Nous verrons , en traitant de la clas-
sification , que les trois types , ainsi carac-
térisés par la forme de leur placenta, con-
stituent trois groupes également distincts par
leurs affinités zoologiques.
Des subdivisions peuvent être indiquées
dans l'état placentaire propre à chacun des
trois types que nous venons de nommer;
elles correspondent à certains ordres com-
pris dans chacun de ces trois groupes.
Ainsi, parmi les Mammifères à placenta
diffus, les Pachydermes présentent une plus
grande diffusion que les Ruminants, puis-
que, chez eux. les villosités formées sur
t. vu.
MAM
Gf>
toute la superficie de l'œuf, n'offrent nulle
part de points servant en quelque sorte de
noyaux, de centres vasculaires autour des-
quels elles se groupent, comme cela a lieu
pour les cotylédons des Ruminants : ou
pourrait représenter ces différences en di-
sant que le placenta est vague chez les Pa-
chydermes, et cotylédonaire chez les Rumi-
nants. Dans le groupe des Mammifères à
placenta discoïde , l'ordre des Bimanes et
celui des Quadrumanes paraissent présenter;
un phénomène très remarquable, la promptei
disparition de la vésicule allantoïdienne ,\
qui persisterait au contraire dans l'œuf des
trois autres ordres. Mais bien que l'Homme
et les Singes semblent se rapprocher par la
similitude de ce fait, ils se distinguent
néanmoins par la configuration de leur or-
gane placentaire. Chez l'Homme, en effet,
tous les vaisseaux allantoïdiens se concen-
trent sur une seule étendue circulaire; chez
les Singes, au contraire, après que les vais-
seaux de l'AUantoïde se sont portés vers une
surface unique , il se fait une sorte de dé-
viation latérale de ces vaisseaux', et le pla-
centa, essentiellement un, paraît double.
On pourrait donc dire que le placenta est
simple chez l'Homme , et qu'il est bipartit
chez les Singes. Nous signalerons aussi le
placenta pédoncule des Rongeurs. Mais les
recherches entreprises dans la voie que nous
indiquons sommairement ici ne sont pas
assez nombreuses pour qu'il nous soit per-
mis de présenter une classification complète
à cet égard ; nous avons voulu seulement
grouper, selon des vues aussi intéressantes
qu'elles nous semblent vraies , les faits ac-
tuellement acquis à la science.
Plusieurs auteurs ont appelé l'attention
sur les formes diverses que présente le pla-
centa. Fabricius d'Aquapendente, qui avait
examiné un grand nombre d'oeufs de Mam-
mifères, distingua fort bien le placenta de
l'Homme du placenta multiple des Pachy-
dermes et des Ruminants , et du placenta
en ceinture des Carnivores (1). Sir Ev.
Home proposa une classification des placen-
tas d'après leur conformation extérieure, et
fondée surtout sur le nombre plus ou moins
considérable des lobes qu'ils présentent : il
en distingue sept ordres différents. Dans le
(/) ///. Fabricii ab Aquaptndtntt , oper. omit. anat. tt
phyu'ol ; T.ngd. Datav., 173g.
79
626
MAM
premier, le placenta est lobuleux : c'est ce-
lui de l'Homme ; dans le second, il est sub-
divisé : c'est celui des Singes. Le troisième
ordre comprend les placentas en ceinture :
la ceinture est épaisse chez les Lions, et
mince chez les Chiens. Le placenta à plu-
sieurs divisions forme le quatrième ordre;
on le rencontre dans la tribu des Lièvres.
Le cinquième ordre est formé du placenta
cotyloïde qui est simple (Hérisson), uni
( Taupe), épais ( Chauve - Souris ) , pédicule
{Cochon d'Inde), ou pédoncule (Rat). Le
sixième ordre comprend le placenta avec de
nombreux cotylédons , dans lequel les artè-
res se terminent par des branches latérales
comme chez la Vache; par des filets déliés
comme chez le Daim; par des villosités
comme chez la Brebis; par une surface ve
loutée ou pelucheuse, comme chez la Chèvre
Enfin le septième ordre se compose du cho
rion sans placenta proprement dit, et pré-
sente quatre genres : dans le premier, le
chorion se montre avec des plexus vascu-
laires, qui sont épais chez la Jument et
minces chez l'Anesse; dans le second, le cho-
rion est étoile, comme chez la Truie; dans
le troisième, il est en membrane vasculaire,
comme chez le Chameau ; dans le quatrième,
il présente des touffes, comme chez la Ba-
leine (1). On voit que l'auteur, ayant mal
choisi le caractère qui a servi de point de
départ à sa classification , et ayant mal in-
terprété la constitution intime du placenta,
a été conduit à des distinctions minutieuses
sans utilité, et à des rapprochements sans
fondement. Guidé par des expériences faites
au moyen d'injections , M. Flourens a éta-
bli, dans l'ensemble de la classe des Mam-
mifères, deux catégories distinctes , savoir :
celle des animaux à placenta unique compre-
nant les deux formes que nous appelons dis-
coïde et zônaire, et celle des animaux à pla-
centas multiples. Dans la première division,
il existerait, suivant ce savant distingué,
une communication vasculaire directe de la
mère au fœtus; il n'en existerait pas dans
la seconde. Ces deux modes se compense-
raient mutuellement, puisque, dans le cas
d'un placenta unique, l'énergie du mode de
communication suppléerait au peu d'étendue
de la surface placentaire, et que , dans le
(i) Philosoph. transact., 1822, p. 401. —Lectures on com-
parative anatomy, vol. III, p. 46 1, Londres, 1823,
MAM
cas de placentas multiples , l'étendue de la
surface absorbante suppléerait au peu d'é-
nergie du mode de communication (1). En.
examinant les rapports de l'utérus avec ie
placenta, nous indiquerons la manière dont
il faut interpréter la marche des injections
dans les appendices placentaires, et nous
discuterons la question du mode de com-
munication du système vasculaire de la mère
avec le système vasculaire de l'embryon. Au
reste, au point de vue de l'anatomie compa-
rée , on trouve toutes les transitions dans
le mode de distribution des vaisseaux al-
Iantoïdiens, depuis le placenta vague des
Pachydermes jusqu'au placenta simple de
l'Homme.
La vésicule ombilicale présente aussi, dans
les différents ordres de Mammifères, des phé-
nomènes particuliers, concernant les rapports
qui s'établissent ultérieurement entre elle,
l'œuf et l'embryon. Chez les Pachydermes et
les Ruminants, après avoirsuivi l'œuf danssa
croissance rapide, et s'être allongée des deux
côtés, elle s'arrête dans son développement,
meurt par ses extrémités, et finit par ne plus
communiquer avec l'intestin que par un fi-
lament grêle; plus tard, elle disparaît com-
plètement, et l'on n'en trouve plus de trace.
Dans l'espèce humaine , et chez les Singes ,
la vésicule ombilicale ne prend qu'un faible
développement, perd bientôt toute impor-
tance à l'égard de l'embryon et de l'œuf,
s'atrophie et disparaît, ou du moins ne laisse
que des* vestiges. Mayer l'a rencontrée sur
l'arrière-faix de la femme , sous forme de
filet, s'étendant jusque dans le cordon om-
bilical, et Breschet affirme que, sur des pla-
centas à terme, il n'est presque jamais dif-
ficile de mettre à découvert les débris de
cette vésicule. Dans l'ordre des Rongeurs
et dans celui des Carnivores, le sac vitellin
persiste comme tel pendant toute la durée
de la vie intra-utérine, et chez les premiers,
il s'unit au chorion , en distribuant ses vais-
seaux omphalo-mésentériques sur tous les
points oùl'allantoïde ne s'est pas appliquée,
c'est-à-dire, en dehors de l'espace placen-
taire.
Par la formation des vésicules appendi-
culaires dont nous venons de parler, toutes
les parties essentielles de l'œuf sont pro-
duites. Les phénomènes qui vont mainte-
(i) Ann. des se. nat., a* série, t. V, p 6S.
MAM
MAM
£27
nantse manifester consistent dans le gros-
sissement de l'œuf et le développement de
l'embryon ; le placenta fournit les principes
nutritifs qu'exigent les besoins nouveaux de
ce travail ultérieur. A l'époque où nous
sommes arrivés, les organes dont nous avons
indiqué l'apparition se sont plus ou moins
complétés ; à côté d'eux se sont montrés d'au-
tresorganes appartenant à un même appareil,
ou à des appareils dont les premières traces
ne se rencontraient pas encore dans l'écono-
mie de l'embryon. Ainsi, les couches des amas
cellulaires qui représentent les rudiments
histogéniques de l'embryon se sont métamor-
phosées en masse nerveuse dans la partie
qui limite la gouttière primitive; de cette
portion ainsi transformée, naît bientôt le
tube médullaire, comme nous l'explique-
rons en parlant du système nerveux. Les
deux portions de la masse embryonnaire
placées de chaque côté du tube médullaire,
et nommées lames dorsales , se distinguent
de plus en plus, par leur structure, du tube
médullaire, et dans la partie la plus voisine
de celui-ci, on remarque bientôt un épais-
sissement où se développent les rudiments
des vertèbres. Pour suivre le plan que nous
nous sommes tracé, ce sera donc après l'é-
tude du système nerveux que nous place-
rons celle du système osseux, dont le pre-
mier indice apparaît dans les vertèbres,
avant que se soient formés les premiers li-
néaments du cœur , et que le tube intesti-
nal ait été indiqué.
En partant du centre du blastoderme,
on trouve donc, à l'époque où nous nous
sommes arrêtés: la gouttière primitive le long
de laquelle s'est formé le tube médullaire;
puis, de chaque côté, les lames dorsales où.
se montrent les premières traces des vertè-
bres. En dehors de chacune de ces lames
dorsales, la portion périphérique restante
du blastoderme forme à droite et à gauche
les lames ventrales ou viscérales d'où pro-
viennent les parois antérieures du corps.
Nous avons vu plus haut comment ces lames
ventrales convergent pour former la cavité
abdominale, et comment celle-ci se met en
rapport avec la vésicule ombilicale et l'al-
lantoïde. Plusieurs organes des sens appa-
raissent cependant, et le système vasculaire
continue de se développer. La colonne ver-
tébrale et le crâne prennent naissance dans
les évolutions successives des lames dorsales;
la face, les côtes et les membres, dans celles
des lames ventrales. La formation des os de
la face est due au développement de lan-
guettes transversales qui se trouvent à peu
près dans la région du cou , au nombre de
quatre. Ces languettes de substance forma-
trice ont été nommées, par quelques embryo-
logistes , arcs branchiaux ou viscéraux ; les
fentes parallèles que ces arcs laissent entre
eux ont reçu le nom de fentes branchiales
ou viscérales. Nous verrons, quand il sera
question du développement de la face, à
quel rapprochement la présence de ces fen-
tes branchiales a conduit certains anato-
mistes.
Après la formation du tube intestinal,
on voit s'élever à sa surface deux expan-
sions tuberculeuses, qui en sont, en quel-
que sorte , un bourgeonnement, et d'où naî-
tront les poumons. A la région inférieure
du corps et de la cavité abdominale, sur
les côtés de la colonne vertébrale, se mon-
tre ensuite un organe pair, dont le rôle est
extrêmement important , bien qu'il soit
transitoire et qu'il n'existe que pendant
les premières phases de la vie embryonnaire.
Cet organe est nommé Corps de Wolff, du
nom de l'anatomiste qui en a le premier
compris les fonctions; il est destiné à former
plus tard les organes urinaires et génitaux.
Enfin, de la séparation histologique qui s'o-
père dans la masse primordiale des lames
dorsales et des lames ventrales , se forment
les muscles , la peau et tous les appendices
tégumentaires.
Pour résumer cet aperçu rapide de la mar-
che générale des phénomènesorganogéniques,
on peut dire que chaque appareil se mani-
feste presque tout d'abord par l'organe dans
lequel se centralise et se personnifie en quel-
que sorte son action : le système nerveux,
par l'axe rachidien ; le système osseux , par
les vertèbres ; le système circulatoire, par
le cœur; le système digestif, par la cavité
intestinale; le système respiratoire , par les
poumons. En présentant les faits sous cette
forme , nous ne voulons pas dire que le dé-
veloppement d'un appareil marche du cen-
tre à la circonférence, en procédant du prin-
cipal organe aux organes secondaires, c'est-
à-dire d'une manière centrifuge; nous ne
croyons pas davantage à un développement
f^S
MAM
MAM
centripète. Il nous paraît que chaque portion
ri an tissu , chaque partie d'un organe se
produit au lieu même où on l'observe , et
résulte d'un départ histogénique , qui dis
tingue ce qui d'abord était confus, sépare
ce qui était confondu, différencie ce qui était
similaire. Les parties centrales, par l'éner-
gie de leurs fonctions, par l'intensité de
1 ur action vitale, servent de lien nécessaire
entre les parties périphériques; mais celles-
ci ne procèdent pas de celles-là. Destinées
les unes et les autres à former un ensemble
complet, elles sont d'abord indépendantes;
elles ne s'engendrent pas: elles se relient.
La puissance formatrice n'est pas ici plutôt
que là , et ne marche pas dans une direc-
tion plutôt que dans une autre; elle est
partout présente: elle réside dans chaque
cellule.
Quant aux parties constitutives, source
première des éléments plastiques qui servent
à la formation et au développement des or-
ganes, on a souvent voulu les trouver exclu-
sivement dans les trois feuillets que présente
l'aire germinative. On a prétendu que tous
les organes de la vie animale, nerfs, os,
muscles, etc., procèdent directement du
développement de la couche supérieure du
blastoderme, à laquelle on a donné, en
conséquence, le nom de feuillet animal, et
aussi , à cause de son aspect, celui de feuil-
let séreux. On vit, dans la couche inférieure
du blastoderme , la matière primitive de
tous les organes de la nutrition , et de là le
nom de feuillet végétatif ou muqueux que
reçut cette membrane. Enfin on admit que
le système circulatoire trouvait tous les élé-
ments de sa formation dans le feuillet inter-
médiaire , qu'on distingua, pour cette rai-
son , sous le nom de feuillet vasculaire.
Suivant cette manière de voir trop exclusive,
les organes ne sont que des métamorphoses,
des évolutions de parties préformées dans le
blastoderme; l'organisme entier est une
sorte d'épanouissement des feuillets séreux,
muqueux et vasculaire. Ce qui paraît cer-
tain, c'est que le système nerveux central
et les parois du corps tirent leur première
origine du feuillet séreux ; que l'intestin doit
sa formation première au feuillet muqueux,
et que le feuillet vasculaire fournit les pre-
miers matériaux des vaisseaux avec lesquels
le cœur se met en rapport. Mais ensuite les
éléments organiques , en vertu des forera
propres qu'ils possèdent , tirent des fluides
nourriciers les créations nouvelles qui se
produisent jusqu'à ce que l'organisation soit
complète, et les matériaux qui doivent en
même temps entretenir les parties qui ont
acquis leur développement définitif; de fa-
çon quelles organes différents, vaisseaux,
os, nerfs, muscles, peuvent être produits
par chacune des parties différentes, sans que
pour cela le feuillet vasculaire, le feuillet
séreux ou le feuillet muqueux envoie des
prolongements dans ces parties, comme le
font les racines des plantes qui s'enfoncent
dans la terre.
La rapidité avec laquelle s'accomplissent
les phénomènes de la formation embryon-
naire est d'autant plus grande que l'on ob-
serve l'oeuf à une époque plus rapprochée de
son origine. La durée de ce développement
complet diffère suivant les animaux , et est
mesurée par le temps de la gestation, très va-
riable , comme chacun le sait. 11 ne nous est
pas possible de présenter ici un tableau chro-
nologique des formations qui se succèdent
dans l'œuf de tous les Mammifères ; la science
ne possède pas à ce sujet assez de renseigne-
ments positifs. Mais il nous semble intéres-
sant d'indiquer, autant que les observations
certaines nous permettront de le faire, l'é-
poque approchée à laquelle devient visible
chaque organe principal dans l'embryon hu-
main.
Ce n'est guère que sur des embryons âgés
de trois semaines que les observations ont
pu se faire avec quelque certitude. A cette
époque , les ovules, enveloppés de leur cho-
rion , ont à peu près Om,OH ; l'embryon
mesure environ 0ni>0045. Les phénomènes
qu'il présente jusqu'au deuxième mois sont :
la formation de l'amnios, de la vésicule om-
bilicale et de l'allantoïde; l'incurvation de
ses deux extrémités; le développement des
parties centrales du système rachidien ; l'ap-
parition des premiers rudiments de l'œil et
de l'oreille, et des fentes branchiales. Le
cœur se montre alors composé de deux cavi-
tés ; l'abdomen est ouvert dans une grande
étendue; l'intestin est en rapport avec la
vésicule ombilicale ; on voit le foie, un mé-
sentère et le corps de Wolff. L'embryon de
quatre semaines a une longueur d'environ
0,a,008 ; c'est une croissance des huit dixie*
MARI
MAM
029
mes à peu près de la longueur qu'il présen-
tait une semaine auparavant. Au dévelop-
pement des parties déjà existantes, s'ajoute
la formation des membres antérieurs et pos-
térieurs , et la distinction mieux prononcée
des vertèbres. A cause de la courbure de
l'embryon, l'extrémité antérieure est très
rapprochée de l'extrémité caudale.
Au deuxième mois, le cordon ombilical
se forme complètement; les rapports entre
l'embryon et Je chorion s'établissent; les
villosités de celui-ci se multiplient et se ra-
mifient ; le placenta commence à s'organiser.
A cinq semaines, l'embryon étendu mesure
0m,011 à 0m,0135. Le développement des
membres et celui des yeux marche rapide-
ment; la tête devient distincte; les narines
se montrent ; la bouche , à peine indiquée ,
est largement béante et comprise dans un es-
pace où s'ouvre aussi la cavité nasale future ;
le coccyx apparaît comme une petite queue ,
recourbée en avant; l'abdomen se ferme, en
laissant toujours libre la communication de
l'ombilic. Dans la sixième semaine, l'em-
bryon a 0m,016 environ; tous les organes à
peu près se voient dans leurs rudiments, et
déjà se dessinent les formes définitives. Le
front se bombe; la moelle épinière et le cer-
veau grandissent et se complètent; le cer-
velet est indiqué par deux petites lames. On
remarque, dans la septième semaine, la
formation des côtes, celle du diaphragme,
le développement complémentaire des cavi-
tés du cœur, la naissance de l'aorte et des
gros vaisseaux; les poumons, mieux déve-
loppés, mais ne recevant aucun vaisseau,
sont en rapport avec les parties annexes ;
les parois du tronc sont encore minces; la
cavité de l'estomac se prononce; l'abdomen
est proéminent; l'anus est encore fermé; les
reins et les organes de la reproduction com-
mencent leur développement. La tête, ar-
rondie, est très volumineuse; le nez se
prononce sous forme d'un petit renflement;
une large cloison sépare ses deux fossettes.
Toutes ces parties se perfectionnent davan-
tage dans la huitième semaine , qui nous
présente l'embryon à peu près avec sa forme
définitive ; il a une longueur de 0m,0225 à
0*,027.
Pendant les mois suivants, le travail em-
bryogénique consiste dans un développement
plus considérable des organes qui sont, en
quelque sorte, restés en arrière pendant les
périodes précédentes, et dans un rapproche-
ment de plus en plus marqué vers la forme
que le jeune présentera à sa naissance. Le
détail de ces transformations trouvera sa
place à chacun des paragraphes dans lesquels
nous examinerons chaque appareil. A la fin
du cinquième mois, l'embryon a une lon-
gueur de 0"',32. C'est au commencement
du sixième mois que la mère ressent de fai-
bles secousses, premiers indices des mouve-
ments de l'embryon. Au septième mois,
l'embryon est long de 0m,43, et pèse environ
1 kilogr.; les appendices épidermiques se
caractérisent. Enfin le dixième mois lunaire,
ou la quarantième semaine, est l'époque de
la naissance; la longueur du fœtus varie en
général de 0m,49 à 0m,54 ; son poids diffère
de 3 à 5 kilogr.
La série de phénomènes que présente le
développement des Mammifères est essen-
tiellement la même que celle dont nous ve-
nons de suivre les phases principales chez
l'Homme. De ces différences dans le nombre
des organes formés et dans leurs rapports
mutuels, résultent des différences succes-
sives de formes par lesquelles passe l'em-
bryon ; nous en parlerons en examinant les
formes générales dans la classe des Mam-
mifères, après avoir étudié leur organi-
sation.
SYSTÈME NERVEUX DES MAMMIFÈRES; ORGAHES
DES SENS.
L'appareil nerveux des Mammifères ,
comme celui des autres Vertébrés , se com-
pose de deux systèmes , dont l'un préside
plus spécialement aux fonctions de la vie de
relation , et l'autre presque exclusivement
aux fonctions de la vie de nutrition. Le pre-
mier est le système cérébro-spinal ; le se-
cond est le système ganglionnaire, ou grand
sympathique.
Le centre commun de ces deux systèmes
est l'axe cérébro-spinal, composé de la moelle
épinière contenue dans le rachis„ et de l'en-
céphale enfermé dans le crâne. A cet axe
central se rattachent les rameaux nerveux
qui portent la sensation extérieure, de la cir-
conférence au centre , ou transmettent les
déterminations de la volonté, du centre à la
circonférence, et les nerfs du grand sympa-
thique qui se distribuent aux viscères, en
G30
MAM
formant çà et là des masses arrondies plus
ou moins volumineuses qu'on nomme gan-
glions.
On sait que deux substances particulières
composent les organes de l'appareil nerveux:
la substance blanche et la substance grise;
que la matière blanche est formée de fibres
rectilignes et cylindriques , creusées d'un
petit canal rempli par une matière demi-
liquide ; que ces fibres se réunissent, sans
jamais se confondre , en faisceaux d'où peu-
vent se détacher un certain nombre de fi-
bres primitives qui forment une anastomose,
ou qui se combinent par juxtaposition , se
concentrant dans une partie de leur par-
cours , pour donner naissance à un plexus.
Ces fibres primitives doivent probablement
leur origine à l'alignement de cellules, qui
auraient été unies bout à bout par une ma-
tière finement grenue , et dont les cloisons
se seraient perforées dans les points de con-
tact ; la cavité commune ainsi formée serait
le canal de la fibre, les enveloppes des cel-
lules en seraient la paroi.
La matière grise ne paraît pas avoir une
véritable structure fibreuse ; elle se présente
comme une masse composée de globules
grenus très rapprochés, qui ne sont peut-
être autre chose que les cellules primaires
de la substance nerveuse. Cependant quel-
ques observateurs admettent des fibres ca-
naliculées dans la matière grise , et M. Eh-
renberg considère les cylindres de la sub-
stance blanche comme une continuation
immédiate des cylindres de la matière grise.
Cette dernière assertion mérite d'être con-
firmée; car c'est une des plus importantes
pour les conséquences qu'on en pourrait
tirer sur la structure de la matière nerveuse
et sur le rôle des deux substances.
De ces deux substances , la matière grise
est celle qui se montre la dernière , et ainsi
se trouve renversée l'opinion de Gall , qui
considérait la matière grise comme la ma-
trice , Vorigine , V aliment de la matière
blanche.
Fidèle au plan que nous nous sommes
tracé, nous allons prendre le système ner-
veux à son origine dans l'embryon ; nous
en suivrons le développement dans l'axe cé-
rébro-spinal d'abord , puis dans les nerfs
périphériques et le grand sympathique. No-
tre but ne peut êire de discuter les rapports
MAM
des différentes parties entre elles, ni d'ex-
pliquer leurs fonctions en détail ; nous exa-
minerons seulement l'harmonie de ces par-
ties chez l'adulte, et nous chercherons les
caractères que présentent, dans leur centre
nerveux, les animaux des divers groupes que
nous avons précédemment établis.
Souvent , pour faire comprendre les pro-
grès du développement et les connexions que
ce développement amène, nous serons forcé
d'employer des mots qui indiquent le mou-
vement, un point de départ et un point d'ar-
rivée ; ce sont là des expressions figurées,
qu'il ne faut pas comprendre dans le sens
exact d'une progression mécanique , dont
l'idée est bien loin de notre esprit.
Développement et constitution de l'encéphale.
Nous avons vu que les Mammifères se
constituentcomme Vertébrés, dès les premiers
instants de leur formation embryonnaire;
qu'ils reçoivent le cachet de ce grand type
de l'apparition primitive du système ra-
chidien ; que cet axe central se montre,
dans le diamètre longitudinal de l'aire ger-
minative , comme une ligne plus claire,
accompagnée de chaque côté d'un amas cel-
lulaire qui n'est autre chose que l'indication
élémentaire du corps futur de l'embryon.
Cette masse embryonnaire primitive prend
successivement des formes diverses, pendant
que les formes de l'aire germinative subis-
sent aussi des modifications correspondantes.
Se présentant d'abord comme un anneau
obscur, elle s'allonge ensuite en ovale, de-
vient plus tard pyriforme, et lyriforme en
dernier lieu. La ligne claire médiane paraît
être produite par une sorte de retrait des
matériaux plastiques, qui s'accumulent la-
téralement; elle se termine à une de ses ex-
trémités par un bourrelet arrondi, et à l'autre
par une pointe lancéolée. L'accumulation
graduelle de substance le long de la ligne
primitive décide un enfoncement, et déter-
mine la formation d'une gouttière. Bientôt
les couches les plus rapprochées de cette
gouttière se transforment en masse nerveuse,
dont le développement procède du fond et
des côtés; les lamelles ainsi fermées mar-
chent au-devant l'une de l'autre des deux
côtés vers la ligne médiane postérieure, se
rencontrent, s'accolent l'une à l'autre, for-
ment ainsi une suture médiane, et conver-
MAM
tissent la gouttière primitive en un canal.
Cette convergence des bords de la gouttière
n'a lieu d'abord que dans le milieu, et se
produit plus tard en haut et en bas. Remar-
quons que ces changements se passent ex-
clusivement dans le feuillet séreux, et que le
feuillet muqueux de l'aire germinative n'y
prend point de part. Le tube qui résulte de
la réunion des couches nerveuses dont nous
tenons d'indiquer l'origine est le tube mé-
dullaire de Baèr; la gouttière primitive,
i. ansformée en canal, devient la cavité de la
moelle épinière. Ce canal médullaire, qu'on
trouve chez les adultes des Oiseaux, des
Reptiles et des Poissons, se rencontre chez
les Mammifères, non seulement pendant
leur vie intra-utérine, comme le veut Tie-
demann et d'autres anatomistes; il persiste
chez tous les Mammifères et chez l'Homme,
quand ils ont atteint leur complet dévelop-
pement; il est seulement beaucoup plus
rétréci.
Fermé d'abord à sa portion moyenne seu-
lement, comme nous venons de le dire, le ca«
nal du tube médullaire s'écarte à sa partie su-
périeure de manière à former successivement
trois dilatations placées l'une à la suite de
l'autre, et qu'on a nommées cellules céré-
brales, parce que c'est d'elles que naîtront les
parties principales de l'encéphale. La cavité
de ces dilatations est continue avec le canal
de la moelle , et doit former les ventricules
du cerveau quand la substance nerveuse du
tube médullaire aura clos chacune des cel-
lules cérébrales. Au-dessous de cette partie
supérieure ainsi dilatée, le tube médullaire
présente les mêmes dimensions dans toute
sa longueur , et se termine inférieurement
en pointe. Un renflement rhomboïdal ne
tarde pas à se montrer à cette extrémité infé-
rieure ; il correspond à la naissance des nerfs
des membres inférieurs, et au point d'où
divergeront les filaments nerveux à l'en-
semble desquels on a donné le nom de queue
de cheval.
A l'endroit de ce renflement, le tube mé-
dullaire se ferme plus tard qu'aux parties
voisines, de sorte qu'il présente une fente
ellipsoïde très allongée, une espèce de bou
tonnière qui est en communication avec le
canal de la moelle, et qui, par la clôture
complète du tube médullaire, disparaît en-
suite , sans qu'on en trouve de trace chez le
MAM
631
Mammifère adulte. Au contraire, chez l'oi-
seau adulte , on observe , dans la région des
vertèbres sacrées , une dépression longitu-
dinale, en forme de nacelle, dont on pour-
rait se représenter la formation comme le
résultat de l'écartement des bords d'un sil-
lon qui se rétrécirait ensuite pour s'effacer
insensiblement et se perdre en une ligne mé-
diane au-dessus et au-dessous : cette excava-
tion naviculaire est désignée sous le nom assez
impropre de sinus rhomboïdal. Certains ana-
tomistes admettent à tort que ce sinus est
en communication directe avec le canal de
l'intérieur de la moelle épinière; cette
hypothèse leur permet de le comparer au
sinus que nous venons de décrire chez l'em-
bryon des Mammifères ; et ils trouvent
ainsi un fait nouveau à l'appui de la doc-
trine des transitions successives du sys-
tème nerveux de l'Homme et des Verté-
brés supérieurs, à travers toutes les phases
dont nous rencontrons la représentation
permanente chez les animaux des dernières
classes. Le sinus rhomboïdal des Oiseaux
n'est point un prolongement, une sorte de
soupirail du canal médullaire; il est, sur
toutes ses parois , tapissé d'une couche de
substance nerveuse qui le sépare de cette
cavité; il n'est donc point l'analogue du
sinus des embryons des Mammifères, au
moment où ce sinus est une ouverture
béante, en continuité avec le canal de la
moelle.
A sa partie antérieure , le tube médul-
laire reste largement ouvert, comme nous
l'avons dit; trois dilatations, trois cellules
cérébrales se montrent successivement. La
cellule antérieure est celle qui est indiquée
la première; la moyenne apparaît ensuite,
et est suivie de la cellule postérieure. L'ordre
dans lequel s'achève le développement de ces
cellules est le même que celui dans lequel
elles se produisent. Les lames dorsales se re-
plient autour d'elles et se rejoignent; et, tan-
dis que la substance nerveuse complète d'a-
bord le tube médullaire à la partie antérieure,
en fermant les deux premières cellules, les la-
mes dorsales seules forment parois au-des
sus de la cellule postérieure , en face de la-
quelle le tube médullaire se montre alors
comme fendu. Avantcette époque, le corps de
l'embryon était situétoutentierdansle plan
de la vésicule blastodermique. Mais déjà t
63-2
MAM
comme nous le savons, son extrémité cépha-
lique s'est soulevée au-dessus de ce niveau,
et décrit deux courbures principales, pres-
que à angle droit, qui impriment à la tête
une très forte flexion en avant. Une de ces
courbures se prononce à la hauteur de la
cellule moyenne ; l'autre se dessine au point
où la cellule postérieure se continue avec le
tube médullaire. Cette inflexion de la par-
tie céphalique de l'embryon se rencontre
chez les Mammifères et dans les autres classes
de Vertébrés allantoïdiens : on ne l'observe
pas chez les Batraciens et les Poissons, c'est-
à-dire chez les Vertébrés anallantoïdiens.
La distinction de ces deux grands groupes
de Vertébrés se prononce donc de plus en
plus , et cette flexion présente un carac-
tère propre à distinguer profondément l'é-
tat primitif de l'encéphale des Mammi-
fères, de l'état primitif et permanent de
l'encéphale des Poissons. Remarquons de
plus que ces courbures s'effacent ensuite
chez les Mammifères par le développe-
ment des parties diverses de l'encéphale, et
que c'est au moment où la masse cérébrale
a atteint son parfait développement que tou-
tes ces parties sont disposées sur un même
plan, tandis que cela a lieu primitivement
chez l'embryon de Poisson.
La subdivision des trois cellules céré-
brales primitives est présentée de manières
différentes par les auteurs. Tous admettent
que, du développement ultérieur de l'encé-
phale, résultent en définitive cinq cellules,
et que la cellule postérieure primitive four-
nit deux de ces subdivisions. Mais tous ne
sont pas d'accord sur la question de savoir
quelle est celle des deux premières cellules
qui se scinde. Les uns croient que la cellule
antérieure se divise en deux cellules, tan-
dis que la seconde reste indivise: parmi eux
se range Bischoff. Les autres pensent, au
contraire, que la cellule antérieure ne se
subdivise pas , et que la seconde cellule se
partage en deux vésicules distinctes : cette
opinion est celle que nos observations nous
font admettre (1).
Immédiatement derrière la première cel-
lule, sur 'e côté de la portion antérieure de
la seconde, deux saillies ne tardent pas à se
(<) L'étude d'un grand nombre d'œufs que M Vogt a bien
voulu examiner avec nous, nous confirme dans cette ina-
nitic de voir.
MAM
montrer. Le développement de la portion
encéphalique à laquelle elles sont liées, les
rejette de plus en plus sur les côtés. Ces
deux petites dilatations ne sont autre chose
que les rudiments des yeux, dont nous sui-
vrons plus loin le développement. La portion
antérieure de la seconde cellule, où se voient
ces vésicules oculaires , forme une proémi-
nence qui se détache progressivement de la
partie postérieure de la même cellule; de
plus , un compartiment vient séparer nette-
ment ces deux portions l'une de l'autre; et
la seconde cellule se trouve de la sorte divisée
en deux chambres , que Baër a distinguées
l'une de l'autre par les noms de cerveau in-
termédiaire et de cerveau moyen. La première
cellule primitive, qui a pris cependant un
accroissement considérable, ne se subdivise
pas et forme le cerveau antérieur. La troi-
sième cellule se divise plus tard en deux por-
tions : l'une antérieure, plus courte, que
nous désignerons sous le nom de cellule cé-
rébelleuse; l'autre postérieure, plus allon-
gée, et appointie en se continuant avec la
moelle épinière ; nous la nommerons cellule
encéphalique postérieure.
Par suite de la croissance de sa paroi su-
périeure de chaque côté de la ligne mé-
diane , le cerveau antérieur représente bien-
tôt une cellule divisée en deux moitiés la-
térales par une légère dépression. Ces deux
saillies vésiculeuses sont les premiers rudi-
ments des hémisphères cérébraux , qui de-
viennent par conséquent reconnaissables de
très bonne heure, et qui sont constitués par
deux lamelles médullaires, enveloppant,
sous forme de voûte, la cavité qu'elles ren-
ferment. Peu à peu les hémisphères se déve-
loppent, montrent bientôt les premiers in-
dices des circonvolutions dans les Mammi-
fères qui en possèdent , et s'étendent d'avant
en arrière sur les parties qui se forment du
cerveau intermédiaire et des vésicules sui-
vantes; cette extension varie dans les diffé-
rents ordres des Mammifères, comme nous
l'indiquerons plus loin. L'affaissement mé-
dian qui se forme entre les deux lobes cé-
rébraux se prononce de plus en plus, mais
il ne descend d'abord qu'à une petite pro-
fondeur, et ne sépare jamais complètement
ces deux lobes l'un de l'autre. Les deux hé-
misphères restent donc unis ensemble à leur
partie antérieure; en arrière, ils s'isolent
MAM
MAM
G33
du cerveau intermédiaire. De leurs bords
Internes, résultant de cette séparation , aussi
bien que de la formation du sillon médian,
naissent diverses parties dont nous allons
parler.
De la distinction histologique qui s'opère
à leur bord antérieur, là où les lobes sont
demeurés unis, se produit une petite lame
médullaire verticale , qui croît d'abord de
bas en haut, s'infléchit ensuite d'avant en
arrière, et se prolonge, suivant cette direc-
tion , dans la même proportion que la voûte
des hémisphères s'étend sur les parties pos-
térieures. Cette formation médiane et trans-
verse sert donc de lien entre les deux hé-
misphères ; en conséquence, elle a été
nommée grande commissure du cerveau par
Sœmmerring; eu égard à la place qu'elle
occupe, Chaussier lui a donné le nom de
tnésolobe; on la nomme plus généralement
corps calleux, à cause de la densité de son
tissu. Le corps calleux, d'après cette des-
cription, présente donc la forme d'une
voûte, dont la direction est presque parallèle
à la ligne qui dessine le contour des hémi-
sphères; on observe à sa partie antérieure
une courbure que Reil appelle le genou, et
à sa partie postérieure , plus large , un ren-
flement que le même anatomiste a nomme
bourrelet. Son ensemble figure assez bien la
lettre C couchée horizontalement, la con-
vexité tournée en haut.
Par la formation du corps calleux, le cer-
veau des Mammifères placentaires prend un
caractère propre, qui distingue ces animaux
de tous les autres Vertébrés, et qui les dis-
tingue aussi des Mammifères aplacentaires,
chez lesquels on ne trouve plus cette grande
commissure; c'est ainsi que se prononcent
de plus en plus les différences fondamen-
tales dont nous avons trouvé le premier de-
gré dans la présence ou dans l'absence du
placenta.
Au-dessous du corps calleux se produit ,
suivant la même marche, et aussi dans la
ligne médiane, une lame blanche, convexe
supérieurement, et nommée voûte à t7*ois
piliers ou trigone ce'rébral. Les piliers ou
colonnes sont formés par des cordons ner-
veux, et se présentent, en avant et en ar-
rière, comme une bifurcation du cordon
principal qui constitue la voûte. Les piliers
antérieurs prennent naissance dans la sub-
T. VII.
stance nerveuse qui se produit au lieu même
où apparaît d'abord le corps calleux, c'est-
à-dire au point où les vésicules des hémi-
sphères sont réunies. Antérieurement, ces
piliers aboutissent à un petit tubercule qui
se montre, un peu avant eux, à la face
inférieure du cerveau, et qui, d'abord
unique, se partage plus tard en deux ma-
melons qui portent le nom d'éminencesma-
millaires. Les piliers postérieurs de la voûle
doivent leur formation au renflement des
bords internes des vésicules des lobes céré-
braux. En arrière, la voûte se confond avec
le bourrelet du corps calleux; mais, à sa
partie antérieure , elle se sépare du corps
calleux, probablement parce que, en cet
endroit, celui-ci s'élève davantage de bas
en haut avant de se courber en arrière
pour suivre le mouvement de développe-
ment des hémisphères. Bien qu'éloignés ainsi
l'un de l'autre, en avant, le corps calleux
et la voûte restent cependant unis par une
petite lame médiane qui s'étend verticale-
ment entre eux, de la face supérieure de la
voûte à la face inférieure du corps calleux,
et qui est produite par la substance qui leur
servait naguère de lien immédiat : cette
lame déliée est la cloison transparente , ou
septum lucidum; elle est formée de deux
petits feuillets verticaux, entre lesquels
existe un sinus, désigné sous les noms de
premier ou de cinquième ventricule , de fosse
de Sylvius et de sinus du septum.
La voûte est un organe propre au cerveau
des Mammifères ; on ne la trouve plus dans
les autres classes de Vertébrés.
Avant que la couche des hémisphères se
soit épaissie tout au pourtour du cerveau
antérieur; que le corps calleux unisse trans-
versalement l'un et l'autre lobe cérébral ,
en se développant d'avant en arrière au fond
du sillon qui les sépare; que la voûte se
ferme au-dessous du corps calleux, et que
la cloison transparente se tende verticale-
ment de l'un à l'autre sur la ligne mé-
diane, on voit deux renflements s'élever
de bonne heure du fond et des parois ex-
ternes des deux vésicules des hémisphères.
Ces deux renflements se caractérisent bien-
tôt comme corps striés, et par conséquent
ne se forment pas d'abord à nu, comme
certaines descriptions pourraient le faire
supposer; à toute époque, ils sont cou-
80
634
IMAM
MAM
verts par les vésicules du cerveau antérieur,
puisqu'ils apparaissent dans leur intérieur
et non avant elles. De l'un à l'autre des
deux corps stries, au-devant des piliers an-
térieurs de la voûte, s'étend un cordon
blanc, qui leur sert de commissure, et qui
porte le nom de commissure cérébrale anté-
rieure.
Quand les vésicules cérébrales se sont pri-
mitivement formées à la région supérieure
c'a tube médullaire, elles ont enfermé en-
tre leurs parois une portion de la cavité gé-
nérale de ce tube. La cavité du cerveau an-
térieur, relativement moindre par suite des
développements que nous venons d'indi-
quer, subsiste néanmoins, mais elle a subi
dans sa forme plusieurs modifications im-
portantes qui sont la conséquence de ces
développements mêmes. Simple d'abord,
elle se scinde peu à peu en deux moitiés,
à mesure que les vésicules des hémisphères
deviennent distinctes; le corps calleux lui
sert de paroi supérieure; la voûte et la
cloison transparente, productions des bords
libres des hémisphères séparés, achèvent de
la partager, sur la ligne médiane, en deux
cavités latérales , qui sont de la sorte en-
fermées chacune dans un hémisphère; on
les a désignées sous le nom de ventricules
latéraux. L'accumulation de substance ner-
veuse, qui constitue chacun des corps striés,
forme une saillie semi-circulaire au fond
et sur le côté de chaque ventricule. La ca-
vité ventriculaire prend donc, autour de
chaque corps strié, la forme d'un croissant,
dont l'arc antérieur et l'arc postérieur de-
viennent, l'un la corne antérieure du ven-
tricule cérébral , l'autre sa corne inférieure,
moyenne ou descendante ; elle acquiert plus
tard, chez les Bimanes et les Quadrumanes ,
une corne postérieure ou cavité digitale, ré-
sultant de ce que l'hémisphère qui la con-
tient subit une flexion de dedans en dehors
par suite de son développement plus consi-
dérable en arrière.
Du bord libre des piliers postérieurs naît
la bandelette mince du corps bordé ou
frangé, et de leur extrémité renflée se forme
une éminence recourbée sur elle-même , qui
saille dans la corne descendante du ventri-
cule latéral , et qu'on a nommée grand hip-
pocampe, pied d'hippocampe, ou bien en-
core corne d'Ammon , à cause de la ressem-
blance qu'on lui a trouvée avec la coquille
fossile qui porte ce nom : c'est encore là une
partie propre au cerveau des Mammifères.
Une sorte de pli rentrant de l'hémisphère,
forme, dans la corne postérieure du ventri-
cule latéral , la proéminence du petit pied
d'hippocampe ou ergot de coq.
Ainsi , des évolutions successives de la vé-
sicule du cerveau antérieur, se forment les
deux hémisphères et les parties qu'ils ren-
ferment. Antérieurement et supérieure-
ment, les hémisphères sont séparés l'un de
l'autre par la grande scissure médiane ou
inter-lobaire. Au fond de cette scissure, s'é-
tend transversalement la lame plus dense
de la grande commissure, ou corps calleux.
Du corps calleux , descend sur la ligne mé-
diane le double voile vertical de la cloison
transparente qui s'attache sur la face su-
périeure de la voûte à trois piliers, et com-
prend un ventricule. Cette cloison partage
la cavité primitive du cerveau antérieur en
deux cavités ou ventricules droit et gauche,
dans l'intérieur desquels plusieurs organes
font saillie. Sur le plancher de ces ventri-
cules , se montrent les corps striés réunis en
avant sur la ligne médiane par la commis-
sure cérébrale antérieure. Cependant deux
petits renflements vésiculaires de la partie
antérieure et inférieure des hémisphères,
ont indiqué le premier rudiment de l'appa-
reil olfactif.
Pendant que les hémisphères cérébraux
et leurs parties annexes naissent des trans-
formations successives de la vésicule encépha-
lique antérieure, la vésicule du cerveau in-
termédiaire se convertit en couches optiques,
renflements volumineux situés, en raison
même de leur origine, en arrière des corps
striés, et qui doivent leur nom à ce que le
nerf optique se forme, sinon en totalité, du
moins en partie, d'un prolongement creux
de la portion externe du plancher de leur
vésicule. Primitivement simple et contenant
une cavité unique, le cerveau intermédiaire
se sépare peu à peu de la vésicule des hé-
misphères en avant, suivant le mode que
nous avons indiqué, et reste en communica-
tion avec la cellule cérébrale moyenne en
arrière. Visible dans le principe à la face su-
périeure de l'encéphale, il est peu à peu re-
couvert par les hémisphères qui enveloppen t,
d'avant en arrière, les parties résultant do
MAM
IMAM
C35
son évolution. Du fond , des côtés et de la
partie postérieure de cette vésicule intermé-
diaire, croissent des masses de substance
nerveuse qui la solidifient latéralement et
par l'arrière, et rétrécissent de plus en plus
la cavité qu'elle contient. Supérieurement,
elle se fend d'avant en arrière, et se partage
en deux lobes solides, qui sont complètement
séparés à leur partie antérieure, et qui restent
encore unis postérieurement par une sorte
de cordon qui se développe dans la profon-
deur et qu'on nomme commissure cérébrale
postérieure. Beaucoup plus tard se montre,
en avant de cette commissure , un petit lien
nerveux jeté comme un pont d'une face in-
terne à l'autre, et dont la présence n'est pas
constante; il porte le nom de commissure
molle. Entre les deux lobes ainsi formés,
aboutit le canal du tube médullaire qui, en
cet endroit, déboucherait à la surface, si,
dans le même temps, les hémisphères ne
s'avançaient par dessus, et ne fournissaient
ainsi une voûte à cette cavité, qu'on désigne
alors sous le nom de troisième ventricule. Il ré-
sulte du mode même de sa formation que ce
ventricule des couches optiques estoblong,
étroit, et situé sur la ligne médiane. Le mou-
vement de réflexion des piliers postérieurs du
trigone qui se courbent d'arrière' en avant,
et celui des hémisphères qui se prolonge au-
dessus des couches optiques, amènent ces der-
niers organes à faire saillie, l'un à droite et
l'autre à gauche, dans la cavité du ventricule
latéral correspondant. Un peu au-dessus de la
commissure antérieure, derrière les piliers
antérieurs de la voûte qui contournent chaque
couche optique en avant, on voit deux orifices
nommés trous de Monro , par lesquels le troi-
sième ventricule est mis en communication
avec les ventricules latéraux des hémisphères.
En avant, le troisième ventricule s'abouche
aussi avec le ventricule de la cloison trans-
parente par une ouverture fort étroite que
plusieurs anatomistes ont appelée vulve, et
dont plusieurs autres ont nié, à tort, l'exis-
tence. L'extrémité postérieure de chaque
couche optique présente deux renflements
qui portent le nom de corps gcnouillés, l'un
interne , l'autre externe ; le premier, en gé-
néral , moins volumineux que le second.
La base du cerveau antérieur et du cer-
veau intermédiaire ne subit pas de scission
semblable à celle qui partage leur face su-
périeure en lobes cérébraux et en couches
optiques. On y observe de très bonne heure
une proéminence qu'on désigne sous le nom
de tubercule cendré ( tuber cinereum ) , et
dont le développement est, suivant Valen-
tin , en rapport avec celui des éminences
mamillaircs , qui se trouvent plus tard pla-
cées derrière lui. La masse nerveuse du tu-
bercule cendré s'étend sur les parois du
troisième ventricule, et concourt à le clore
en bas. A sa face inférieure, il semble ser-
vir de base à une tige creuse , conique, ap-
pelée entonnoir (infundibulum) , et considé-
rée par Baër comme l'extrémité antérieure
du tube médullaire primitif, qui , fortement
courbé et refoulé en arrière par le dévelop-
pement des lobes cérébraux, se montre au-
dessous du cerveau intermédiaire, dont il
paraît être un prolongement.
Au bord postérieur du cerveau intermé-
diaire , apparaît encore un petit corps rond et
aplati, qui, plus tard, devient conique, et
qu'on nomme glande pinéale , à cause de sa
ressemblance avec une Pomme de Pin. Cette
glande serait produite, suivant Baër, par
la portion postérieure du cerveau intermé-
diaire qui ne se fend pas; elle devrait peut-
être son origine au développement delà pic-
mère, suivant Bischoff. On la voit derrière le
troisième ventricule, au-dessous de la com-
missure cérébrale postérieure : de petits pé-
doncules l'assujettissent dans cette position.
Pendant la durée de la vie fœtale, on ne
rencontre pas à la surface, et même dans
la substance de cette glande, les petits cor-
puscules cristallins qui s'y trouvent chez le
nouveau-né, ou même , à une époque plus
ou moins éloignée de la naissance, comme
l'indiquent les observations de certains ana-
tomistes.
Enfin, à une époque très ancienne du
développement du cerveau intermédiaire,
on voit l'infundibulum en connexion avec
une vésicule qui se change en une masse
molle , et repose plus tard dans la selle tur-
cique du sphénoïde. Cet organe, à l'aide de
l'infundibulum , communique donc en haut
avec le tubercule cendré et le troisième ven-
tricule; on le désigne sous le nom de glande
pituitaire. L'origine de cette glande n'est
pas encore bien connue. Suivant Reichert,
elle serait un débris de l'extrémité anté-
rieure de la corde dorsale ; d'après l'opinion
636
MAM
MAM
plus probable de Rathke , elle se présente-
rait d'abord comme un enfoncement de la
membrane buccale dans le fond de la ca-
vité pharyngienne; cet enfoncement, en se
creusant davantage, formerait ensuite une
sorte de cœcum, dont le fond s'élèverait
jusqu'à l'infundibulum , et s'unirait à l'ex-
trémité obtuse de ce dernier par un pédi-
cule grêle; irne valvule s'étendrait progres-
sivement au-devant de l'ouverture de ce
cœcum, jusqu'à ce qu'il fût enfin clos; le
cœcum , transformé de la sorte en vésicule ,
se détacherait enfin de la cavité d'où il tire
son origine pour appartenir à la cavité crâ-
nienne.
Les couches optiques, le troisième ven-
tricule, le tubercule cendré, l'unfundibu-
lum, la glande pinéale, la glande pitui-
taire , la commissure cérébrale postérieure,
et la commissure molle, sont donc les par-
ties principales produites immédiatement
des métamorphoses du cerveau intermé-
diaire, ou rattachées à cette portion de l'en-
céphale par les résultats de leur développe-
ment.
Les changements que subit le cerveau
moyen ne sont pas aussi considérables que
ceux dont nous venons de tracer la succes-
sion pour les deux premières vésicules; leur
résultat est la formation des tubercules qua-
drijumeaux ou lobes optiques. Nous avons
vu qu'en cet endroit le tube médullaire pré-
sente la première courbure caractéristique
qui distingue primitivement l'encéphale des
Mammifères de celui des Anallantoïdiens, et
d'où il résulte que le cerveau moyen occupe la
région la plus élevée de la tête. Creusé d'a-
bord d'une cavité, comme l'étaient aussi
les deux vésicules qui le précèdent , le cer-
veau moyen se solidifie peu à peu par le dé-
veloppement de substance nerveuse dont
l'accroissement a lieu principalement à sa
base et de bas en haut, comme dans tout
l'encéphale en général. La masse qui le
remplitainsi, forme d'abord une saillie dans
son intérieur , s'élève ensuite en forme de
mamelon, gagne insensiblement la voûte su-
périeure, la rencontre, se soude avec elle;
et la vésicu'3 serait complètement pleine,
s'il n'était resté par le bas, sur la ligne
médiane, un petit canal, dernier vestige
de la cavité primitive, et connu sous le
nom d'aqueduc de Sylvius. Ce canal commu-
nique , en avant, avec le troisième ventri-
cule, ou ventricule des couches optiques;
nous verrons qu'il est en continuité avec une
autre cavité postérieure. Le couvercle du
cerveau moyen reste d'abord parfaitement
lisse , et ne se fend point , comme cela a lieu
pour celui des deux vésicules des hémisphères
et des couches optiques ; mais il se développe
ensuite sur sa surface un sillon longitudi-
nal , coupé plus tard par un sillon trans-
versal. Cet affaissement cruciforme partage
donc superficiellement le cerveau moyen en
quatre éminences ou tubercules; les deux
tubercules antérieurs sont nommés nates,
les deux postérieurs testes; leur volume re-
latif et leur forme varient dans les divers
groupes d'animaux, et il est à remarquer
qu'en général les Herbivores ont les nate$
arrondis et plus grands que les testes. La plus
grande partie de la masse nerveuse qui a so-
lidifié par le bas le cerveau moyen, se re-
courbe en avant pour se continuer avec les
couches optiques, et constitue les pédoncules
cérébraux. Dans certains ordres de Mammi-
fères , les hémisphères recouvrent complè-
tement les tubercules quadrijumeaux; dans
d'autres, au contraire, ils ne le recouvrent
qu'en partie, et les tubercules se montrent
à nu. Nous reviendrons sur ces parties en
étudiant comparativement l'organisation de
l'encéphale; nous indiquons seulement ici
leur origine et leur situation.
Nous avons dit plus haut que la troisième
cellule cérébrale primitive, dont la subdi-
vision donne naissance à la cellule cérébel-
leuse et à la cellule encéphalique postérieure,
restait ouverte à sa partie supérieure plus
longtemps que les autres cellules, et que la
cavité du tube médullaire s'ouvrait librement
à sa surface , close seulement par les la-
mes dorsales. Peu à peu cependant la cel-
lule cérébelleuse se ferme sur ce point, par
le dépôt d'un blastème nerveux qui s'accu-
mule progressivement de bas en haut sur
les parois latérales du tube des lames dor-
sales ; ce dépôt produit une lamelle médul-
laire , qui s'avance de chaque côté vers la
ligne médiane supérieure, et se soude sur
cette ligne; de là résulte une cellule dont
le développement ultérieur donne naissance
au cervelet. On peut donc représenter l'état
originel du cervelet , comme celui des di-
vers lobes de l'encéphale ,, sous la forme de
MAM
MAM
637
deux petites lames minces qui convergent
de dehors en dedans, suivant le mode de
formation que nous venons d'indiquer, mais
non sous la forme de deux lamelles qui s'é-
lèveraient des bords d'une fente produite
par la fissure du tube médullaire qui aurait
été primitivement fermé en cet endroit.
L'épaississement de la lamelle du cerve-
let est le seul phénomène qui indique dans
les premiers temps l'activité dont elle est le
siège; les parties qui constituent l'organe
complet ne se dégagent que plus tard des
couches médullaires. A la face inférieure se
montre d'abord un léger renflement, pre-
mier indice de la petite masse irrégulière-
ment ovoïde, qui sert, en quelque sorte,
de noyau à chaque moitié du cervelet, et
que G a 11 considérait comme le ganglion de
cet organe; les anatomistes le désignent
sous le nom de corps rhomboïdal ou dentelé.
La surface élargie de la cellule cérébelleuse
présente ensuite quatre sillons ou anfractuo-
sités transverses, qui partagent l'organe en
cinq lobes , dans chacun desquels ne s'ob-
serve encore aucune ramification. Par les
progrès du développement, les lobes se mul-
tiplient avec les sillons ; aux lobules et aux
dentelures qui en découpent alors la surface,
correspondent des branches, des rameaux,
des ramuscules intérieurs du même ordre;
et de cette disposition rameuse se forme
V arbre de vie que met en évidence une coupe
verticale du cervelet. La portion centrale pri-
mitivement formée est le lobe médian. Ce-
pendant les parties latérales ont pris un ac-
croissement plus considérable que cette par-
tie moyenne ; on les voit bientôt sous forme
de deux proéminences qui se caractérisent
de plus en plus comme hémisphères cérébel-
leux, et donnent au cervelet des Mammi-
fères un caractère tout spécial , puisque l'on
ne retrouve plus ces lobes latéraux au ccr.
velet des autres Vertébrés. Le lobe médian
représente deux éminences vermiformes,
qu'on distingue par les noms d'éminences
vermiformes supérieure ou inférieure, d'a-
près leur situation par rapport au cervelet.
Les diverses parties annexes du lobe mé-
dian se dessinent d'une manière de plus en
plus distincte; l'extrémité antérieure du ver-
mis inferior se prononce en un petit pro-
longement qui a la forme d'une lancette, et
qu'on nomme luette; de chaque côté de la
luette se détachent deux replis médullaires,
les valvules de Tarin, qui interceptent deux
cavités. sigmoïdes , et qui, comparés aux pi-
liers du voile palatin, ont valu à l'appen-
dice précédent le nom de luette. Ces valvules
aboutissent à deux petits lobes appendicu-
laires, placés à la face inférieure du cerve-
let, en arrière et en dedans de chaque hé-
misphère cérébelleux, qu'ils terminent et
qu'ils séparent des organes voisins. Reil a
désigné ces lobes sous le nom de touffes;
suivant Tiedemann, ils seraient produits,
aussi bien que les valvules de Tarin, par un
renversement du bord postérieur du cerve-
let, de dehors en dedans.
Au point où la cellule encéphalique pos-
térieure se continue avec le tube médullaire,
s'est produite , comme nous le savons , une
forte courbure qui imprime à la tête une
flexion à angle droit d'arrière en avant. Mais
entre la cellule cérébelleuse et la cellule
postérieure , se montre une autre incurva-
tion à angle aigu d'avant en arrière, qui
corrige un peu le mouvement trop prononcé
de la première, et par suite de laquelle les
parties qui se forment du développement de
la cellule postérieure se trouvent naturel-
lement situées au-dessous de celles qui nais-
sent de la cellule cérébelleuse. A l'endroit
de ce genouillement , se dépose de bonne
heure de la substance nerveuse, sous forme
de bourrelet transverse et saillant, qui sert
de commissure entre les deux hémisphères
du cervelet, et sous lequel passent les cor-
dons médullaires qui , des parties posté-
rieures, s'unissent aux parties antérieures;
ce renflement reçoit, en conséquence, les
noms de protubérance annulaire ou de pont
de Varole, bien que ce dernier nom ait été
donné par Varole, seulement à la couche
la plus superficielle de la protubérance.
En même temps que naissent et se déve-
loppent ces parties du cervelet, on voit ap-
paraître et se compléter d'autres formations
destinées à mettre cet organe en rapport avec
les autres parties du système nerveux cen-
tral. Ces connexions s'établissent de chaque
côté par trois pédoncules , distingués en in-
férieur, moyen et supérieur; l'ordre de leur
formation est celui dans lequel nous ve-
nons de les nommer. Les pédoncules infé-
rieurs ou corps resliformes unissent la la-
melle médullaire du cervelet avec la col-
G°>8
MAM
IMAM
Iule encéphalique postérieure, et, par con-
séquent , avec la moelle épinière ; plus tard,
iis passent, en avant, au-dessous des tu-
bercules quadrijumaux, et se placent au-
dessus du pédoncule cérébral correspondant.
Les pédoncules moyens se montrent en même
temps que le pont de Varole, avec lequel ils
se continuent latéralement pour former cette
commissure cérébelleuse. Les pédoncules su-
périeurs, ou processus cerebelli ad testes, sont
situés au-dessus de la protubérance ; ils sem-
blent émerger du lobe médian du cervelet,
s'engagent au-dessous des tubercules quadri-
jumeaux , et se prolongent dans les pédon-
cules cérébraux. Entre les deux processus
cerebelli ad testes , l'intervalle est rempli par
une lame médullaire, demi-transparente,
dont l'apparition est liée à celle des pédon-
cules qu'elle réunit, et avec lesquels elle se
confond : c'est la valvule de Vieussens.
Pour compléter l'exposé des transforma-
tions successives que présentent les cellules
cérébrales dans la constitution de l'encé-
phale des Mammifères , il ne nous reste plus
qu'à parler de la cellule encéphalique posté-
rieure. De son développement se forme le
hulbe rachidien, ou moelle allongée de Haller;
mais comme, sous ce dernier nom, les analo-
mistes ont compris un plus ou moins grand
nombre de parties encéphaliques, nous em-
ploierons l'expression de bulbe rachidien ,
dont la signification est mieux définie; nous
lui préférerions encore celle de bulbe crâ-
nien. Dans cette dernière portion de la troi-
sième cellule cérébrale primitive , le tube
médullaire ne se ferme jamais à sa partie su-
périeure ; et, comme le cervelet s'étend au-
dessus de cette cellule^ par suite de la cour-
bure que nous avons décrite et du déve-
loppement dont nous venons de parcourir
les phases diverses, il en résulte que le ca-
nal médullaire vient s'ouvrir entre la face
supérieure du bulbe rachidien et la face in-
férieure du cervelet; la cavité ainsi formée
prend le nom de ventricule du cervelet ou
quatrième ventricule. Tiedemann propose de
l'appeler premier ventricule , parce qu'il se
rencontre chez tous les Vertébrés, et aussi,
parce qu'il est plus tôt formé que les autres.
Cette dernière interprétation ne nous paraît
pas exacte : le cervelet arrive plus tard que
le cerveau au terme de sa perfection, et
d'ailleurs les ventricules, d'après leur ori-
gine même, sont, dans l'encéphale, des par-
ties en quelque façon préexistantes , qui se
rétrécissent, se distribuent de manières di-
verses , se délimitent enfin , mais qui ne se
forment pas à proprement parler, l'expres-
sion de formation laissant supposer qu'elles
prennent naissance dans la masse d'un or-
gane qui, primitivement plein, se creuserait
ensuite. De plus, le mot de formation , in-
exact pour représenter la simple délimitation
des autres ventricules, devient tout-à-fait
impropre pour le ventricule du cervelet ,
qui n'est autre chose originellement qu'un
vide permanent en dehors même du tube
médullaire
Quoi qu'il en soit, ce quatrième ventri-
cule communique en avant avec le troisième,
par l'aqueduc de Sylvius, et en arrière avec
le canal médullaire. Sa paroi supérieure
est constituée par les éminences mamelon-
nées de la base du cervelet, par le vermis
inferior, la valvule de Vieussens, et une por-
tion des pédoncules cérébelleux supérieurs
(processus cerebelli ad testes) ; sa paroi infé-
rieure est la face supérieure du bulbe. Les
parties principales qui constituent le bulbe
sont : les corps restiformes, dont nous avons
déjà parlé, et qui se montrent en même
temps que le cervelet; les pyramides, les
cordons olivaireset les corps olivaires, qui de-
viennent successivement distincts, et dont
nous allons indiquer la position respective
sur le bulbe complètement développé.
Sur la ligne médiane, la face supérieure
du bulbe est parcourue par un sillon qui
fait suite en avant à l'aqueduc de Sylvius,
et, en arrière, à une dépression linéaire mé-
diane, qui règne sur toute la longueur de la
face postérieure de la moelle. Ce sillon tra-
verse, d'avant en arrière, un espace triangu-
laire dont les côtés sont formés par les corps
restiformes, ou mieux, par la portion la
plus interne des corps restiformes nommée
pyramide postérieure par quelques anato-
mistes , et dont le sommet , dirigé en arrière
et désigné sous le nom de calamus scripto-
rius, s'enfonce en un angle où s'ouvre le
canal de la moelle.
La face inférieure du bulbe se termine à
la protubérance annulaire; on y voit un sil-
lon qui se continue avec le sillon médian
antérieur de la moelle. En partant de ce
sillon , à droite et à gauche, on rencontre:
MAM
1° une bande longitudinale, d'abord apla-
tie, puis renflée, parallèle à celle de l'au-
tre côté, et nommée pyramide antérieure;
2° une saillie oblongue , placée sur Ja face
latérale du bulbe, et désignée sous le nom
de corps olivaire; 3° un faisceau médullaire
intermédiaire ou latéral , appelé cordon- oli-
vaire par Tiedemann , parce que l'olive se
forme à sa surface; son apparition précède,
par conséquent, celle du corps olivaire ; 4° Ja
portion du pédoncule cérébelleux inférieure
laquelle est réservé le nom de corps resliforme
proprement dit. On arrive ainsi à la pyramide
postérieure que nous avons décrite, et le ren-
flement conique du bulbe rachidiense trouve
de la sorte complété. Chacune des parties
que nous venons de nommer est séparée de
la partie voisine par un sillon plus ou moins
accusé. En arrière, le bulbe s'amincit et se
continue avec la moelle épinière.
Développement et constitution de la moelle
épinière.
Pendant que se succèdent toutes ces for-
mations de l'encéphale, la moelle épinière
s'est développée et complétée. La substance
nerveuse, en se déposant au fond et sur les
côtés de la gouttière primitive, s'est peu à
peu élevée jusqu'à la ligne médiane supé-
rieure , et le tube médullaire s'est ainsi
fermé, d'abord à sa partie moyenne, comme
nous l'avons déjà indiqué , puis en avant et
en arrière de cette partie. Le mode suivant
lequel se dépose la substance nerveuse ex-
plique pourquoi la partie inférieure du tube
médullaire est à toutes les époques plus
épaisse que sur les autres points.
En conséquence de la clôture du tube mé-
dullaire, le sinus rhomboïdal a disparu, se-
lon que nous l'avons exposé plus haut; un
renflement s'est prononcé à la partie infé-
rieure, au point qui correspond à l'insertion
des nerfs des membres inférieurs ; on le dé-
signe, pour cette raison, sous le nom de
bulbe crural; on lui donne aussi la déno-
mination de bulbe lombaire, bien qu'il se
trouve le plus souvent à la région dor-
sale. Un renflement s'aperçoit aussi dans la
région du cou, et correspond au point où
s'implantent les nerfs des membres thoraci-
ques; il reçoit, à cause de sa situation^ le
nom de bulbe cervical; on le nomme bulbe
"brachial, à cause de ses connexions. De la
MAM
639
pointe que nous avons observée à l'extré-
mité postérieure du tube médullaire, se dé-
veloppe la queue de cheval , qui vient plus
lard terminer inférieuremeut la moelle épi-
nière.
La formation de la queue de cheval est
différemment expliquée par les embryolo-
gistes.
Tous les observateurs s'accordent à dire
que, dans les premiers temps de la vie em-
bryonnaire, la moelle épinière occupe toute
la longueur du canal des vertèbres, s'allonge
dans le sacrum et le tubercule coccygien ;
qu'en conséquence il n'existe pas alors de
queue de cheval ; puis , qu'à une époque du
développement plus ou moins avancée et va-
riable suivant les animaux, un intervalle se
prononce entre l'extrémité du canal rachi-
dien et l'extrémité de la moelle, de sorte
que la queue de cheval devient de plus en
plus distincte, à mesure que ces deux or-
ganes s'éloignent l'un de l'autre pour pren-
dre ia position qu'ils doivent conserver à
l'état adulte. Mais tous les observateurs
n'expliquent pas de la même manière cette
différence de hauteur de la moelle épinière
dans le canal vertébral. Quelques uns ad-
mettent que la moelle s'atrophie dans sa
partie inférieure, et supposent que la pie-
mère, affaissée sur elle-même par suite de
cette disparition de la moelle, se transforme
en ligament coccygien. Cette atrophie de la
moelle, à une période de formation aussi ac-
tive, ne nous semble guère naturelle, et,
quanta la production du ligament coccygien,
elle a lieu nécessairement quand la moelle
épinière ne se trouve plus au fond du canal
des vertèbres; mais il nous paraît qu'elle est
due , comme toutes les autres formations, à
un développement histogénique particulier
dont on aura confondu les éléments avec la
gaîne fournie par la pie-mère. Parmi les au-
tres auteurs, les uns, adoptant l'opinion de
M. Serres, affirment que c'est la moelle qui
abandonne l'extrémité du canal vertébral par
un mouvement propre d'ascension; les au-
tres pensent, avec Tiedemann, que c'est l'ex-
trémité du canal vertébral qui s'éloigne de
l'extrémité de la moelle, par suite de la
croissance plus rapide des vertèbres. Cette
dernière opinion, à laquelle un grand nom-
bre d'embryologistes se rattachent, nous
semble plus conforme à tout ce que nouf
610
MAM
observons dans la marche générale du dé-
veloppement; elle explique d'ailleurs com-
ment la moelle peut paraître se retirer sur
elle-même dans le canal du rachis.
A V ascension de la moelle serait liée
aussi, suivant l'anatomiste distingué qui
admet ce phénomène , la disparition du
prolongement caudal. Ce prolongement exis-
terait primitivement chez l'Homme aussi
bien que chez tous les animaux qui ne le
présentent plus à une époque plus avancée
de leur développement; il serait le résultat
de l'extension de la moelle dans les dernières
vertèbres; puis la moelle remonterait suc-
cessivement jusqu'au milieu du coccyx, à la
fln du sacrum, au haut du canal sacré, au
Diveau des vertèbres lombaires ou même
plus haut, selon les animaux, et la diminu-
tion du prolongement caudal suivrait degré
à degré chaque phase de l'ascension de la
moelle. C'est par une succession de phéno-
mènes identiques que disparaîtrait la queue
du têtard des Batraciens , ce rapport néces-
saire entre l'ascension de la moelle et la per-
sistance d'un prolongement caudal étant,
d'après M. Serres , une loi générale d'em-
bryogénie. La conséquence de cette loi, c'est
que , dans les espèces dont la queue prend
une longueur considérable, la moelle épinière
doit se trouver beaucoup plus bas dans le ca-
nal rachidien, et que le contraire doit avoir
lieu chez les animaux dont la queue est moins
prolongée. L'observation est bien loin de con-
firmer cette hypothèse. En effet, chez les Oi-
seaux, qui ont une queue si courte, la moelle
descend jusque dans la dernière vertèbre
coccygienne; chez le Poisson-Lune {Tetrodon
mola), la moelle épinière est extrêmement
raccourcie, quoique la queue soit très allon-
gée. Et, pour ne pas sortir de la classe des
Mammifères, chez la Nodule, la Musaraigne,
le Rat, le Kanguroo, qui ont une longue
queue, la moelle se termine dans les vertè-
bres lombaires, comme chez l'Homme ; tandis
que chez le Lapin, dont '•» queue est très
courte, la moelle se continue au-delà des
vertèbres sacrées. Quant à la disparition de
la queue chez les Batraciens anoures, qui
sont munii de cet organe à l'état de têtards,
elle a lieu par l'atrophie de la moelle, aussi
bien que par celle des autres nerfs, du ra-
chis et des muscles.
Sur la face antérieure de la moelle épinière
MAM
se montre un sillon médian longitudinal, qui
doit sa formation à un prolongement que la
pie-mère envoie et qui s'enfonce jusqu'au
tiers environ de l'épaisseur de l'organe. Un
semblable sillon médian s'observe aussi sur
la face postérieure; il tire son origine de la
fente longitudinale qui règne dans toute
l'étendue de la gouttière médullaire, avant
que celle-ci soit transformée en tube; la pie-
mère ne s'y prolonge qu'en un mince repli.
Beaucoup d'anatomistes, tels que Bartholin,
Huber, Keuffel, Arnold, nient l'existence de
ce dernier sillon: d'autres, avec Haller et
Chaussier, le croient moins profond que l'an-
térieur; d'autres, enfin, Blaes, Vicq-d'A-
zyr, Gall, par exemple, le considèrent comme
étant plus profond, quoique ses bords soient
plus rapprochés.
Par le sillon médian antérieur et le sillon
médian postérieur, la moelle est donc parta-
gée en deux cordons latéraux. Ces deux moi-
tiés longitudinales ne sont pas immédiate-
ment accolées l'une à l'autre par leur face
interne; elles sont réunies -dans toute leur
longueur, en avant par une lame mince, qui
a reçu le nom de commissure blanche ou
antérieure; en arrière, par une lame plus
mince que la précédente, appelée commissure
grise. Les deux noms distinctifs de ces com-
missures viennent de ce qu'on considère la
première comme unissant les faisceaux de
matière blanche, et la seconde comme unis-
sant les faisceaux de matière grise de la
moelle. Cependant M. Natalis Guillot (1)
trouve au fond du sillon postérieur, comme
au fond du sillon antérieur, une lame de
matière blanche; il appelle l'une axe mé-
dian des stratifications antérieures , et l'au-
tre, axe médian des stratifications posté-
rieures.
Le développement de la moelle épinière
n'offre plus aucun phénomène qui puisse
nous porter à admettre des subdivisions dans
les deux grandes moitiés que distinguent les
deux sillons médians. L'anatomie ne saurait
d'ailleurs trouver, dans l'examen de la moelle
épinière fraîche d'un Mammifère ou de
l'Homme, une démonstration de la présence
d'autres cordons longitudinaux. Aussi beau-
coup d'auteurs rejettent-ils les faisceaux dont
(i) Exposition anatomique de l'organisation du centre net*
veux dans les quatre classes d'animaux vertébrés , par Natali»
Guillot . i844.
MAM
MAM
G4l
d'autres ont tant multiplié le nombre, parce
qu'ils les considèrent comme n'existant pas
dans la nature, etcomme résultant de l'action
de l'alcool ou de l'adresse d'un observateur
prévenu. La facilité qui résulte d'une pareille
division pour expliquer les phénomènes di-
vers de l'action du centre nerveux, n'est pas
un motir suffisant pour admettre un fait que
l'observation scrupuleuse peut contester à
l'habileté. On a compté souvent trois sillons
sur chaque moitié de la moelle. En partant
du sillon médian postérieur, le premier sillon
à droite et à gauche a été nommé sillon pos-
térieur intermédiaire; le second, sillon colla-
téral-postérieur; le troisième, sillon collatéral
antérieur. Barlholin, Scemmerring, Meckel,
admettent une fissure latérale entre les deux
collatéraux. Les anatomistes ont aussi admis
un nombre variable de co:dons médullaires.
Suivant les uns, il en existe deux: un posté-
rieur, compris entre le sillon médian posté-
rieur et le sillon collatéral postérieur; et un
antéro-latéral , compris entre ce dernier sil-
lon et le sillon médian antérieur. Suivant
les autres, on peut en reconnaître trois : un
postérieur; un latéral ou moyen, entre les
deux sillons collatéraux, et un antérieur.
Les sillons que nous avons nommés plus
haut indiquent encore, pour d'autres ana-
tomistes, des subdivisions dans ces fais-
ceaux.
S'il est impossible d'apporter des preuves
anatomiques à l'appui d'une distinction évi-
dente des sillons et des cordons médul-
laires, il nous semble néanmoins que l'on
peut considérer, à la surface de la moelle,
deux lignes dessinées , l'une par l'inser-
tion des racines antérieures des nerfs ra-
chidiens, l'autre par l'insertion des filets
postérieurs des mêmes nerfs; l'une collaté-
rale antérieure, l'autre collatérale posté-
rieure. Quant aux faisceaux , on peut ad-
mettre , avec M. Natalis Guillot , deux caté-
gories de stratifications, qu'une coupe trans-
versale de la moelle met en évidence. Les
unes antérieures, comprenant les deux por-
tions que sépare le sillon. médian en avant,
et que réunit l'axe antérieur des stratifica-
tions; les autres postérieures, comprenant
les deux portions que sépare le sillon mé-
dian en arrière et que réunit l'axe posté-
rieur; les unes et les autres possédant une
matière grise dans leur partie centrale; les
t. vu.
unes séparées des autres par un prolonge-
ment de cette matière grise et par les in-
sertions des racines postérieures des nerf*
rachidiens. Cette distinction paraît encore
plus fondée quand on tient compte du rôle
de ces deux portions médullaires, si diffé-
rent , comme l'ont démontré les expériences
d'un grand nombre de physiologistes, et,
plus récemment, celles de M. Longet (l). En
effet, les faisceaux antérieurs, de même que
les filets antérieurs des nerfs rachidiens,
sont insensibles et exclusivement relatifs au
mouvement, tandis que les faisceaux posté-
rieurs, ainsi que les filets correspondants,
sont très sensibles et n'ont point de rapport
avec le mouvement. Cette manière d'envi-
sager la moelle épinière a l'avantage de
n'affirmer rien que l'observation ne puisse
démontrer; elle s'appuie sur les résultats
les plus intéressants qu'aient produit les
travaux entrepris récemment en France sur
le système nerveux , au point de vue anato-
mique et au point de vue physiologique.
Les mêmes doutes ne peuvent exister sur
la présence de cordons distincts à la portion
intra-crânienne de la moelle épinière, c'est-
à-dire au bulbe rachidien. Dès le moment
où les éléments nerveux constitutifs ont pris
leur forme caractéristique définitive, ils se
disposent en faisceaux auxquels se ratta-
chent les fibres de la moelle. Ces faisceaux
sont ceux dont nous avons indiqué plus
haut la situation relative à la surface du
bulbe.
Enveloppes de Vaxe cérébro-spinal.
L'axe cérébro-spinal, dont nous venons
de suivre le développement, est entouré de
trois membranes, désignées collectivement
sous le nom des méninges. Ces enveloppes
sont produites , comme le sont d'ailleurs tou-
tes les formations embryonnaires , par une
séparation des divers éléments histogéni-
ques primitivement confondus. Le blastème
général d'où dérivent les méninges se mon-
tre dans le canal des lames dorsales, avant
que se soient rapprochées les lamelles qui
doivent clore les cellules cérébrales; et ce
sont elles qui ferment le canal de la moelle,
sur tous les points où le tube médullaire
tarde à se compléter, à la cellule cérébel-
(i ) Analomie et physiologie du système nerveux de l'hommi
etdes animaux vcrtéli**' . par F. -A. Lnnget, it>,?.
81
642
IMAM
leuse et à fa cellule postérieure , par exem-
ple. Au-dessus de cette dernière, elles recou-
vrent même toujours seules l'ouverture du
canal de la moelle , puisque ce canal y reste
toujours ouvert. Du départ qui s'accomplit
dans les éléments destinés à former les mem-
branes d'enveloppes de l'axe cérébro-spinal,
naissent la pie-mère , V arachnoïde et la
dure-mère. La pie-mère est celle qui se
montre la première; la dure-mère ne tarde
pas à devenir distincte; l'arachnoïde ne
peut être aperçue que plus tard.
La pie-mère est l'enveloppe la plus in-
terne; elle se superpose immédiatement à
la substance nerveuse, et supporte de nom-
breux vaisseaux qui se ramifient sur elle :
cette membrane est cellulo-vasculaire dans
le crâne, fibro-vasculaire dans le canal ra-
chidien. A l'extrémité inférieuredelamoelle,
elle se termine en un cordon grêle, le li-
gament coccygien ou caudal , qui se place
au centre du faisceau des nerfs qui com-
posent la queue de cheval. Nous avons dit
plus haut, à propos de la moelle épinière,
comment nous comprenions la formation de
ce ligament. Entre les racines antérieures
et postérieures des nerfs spinaux, la pie-
mère s'élargit en une bandelette mince, dé-
coupée sur ses bords externes en denticules,
dont les pointes vont s'implanter sur la dure-
mère : cette bandelette est le ligament den-
telé. Dans sa portion crânienne , la pie-mère
recouvre les hémisphères du cerveau et ceux
du cervelet, s'enfonce dans les sillons tracés
sur leur surface , sans cesser d'être continue
avec elle-même, de sorte qu'elle émet un
double feuillet dans chaque anfractuosité.
Elle pénètre aussi dans les cavités du cer-
veau , sans s'attacher à leurs parois , forme
la toile choroïdienne , qui, par sa face su-
périeure, correspond au trigone cérébral,
et donne , par sa face inférieure, une paroi
supérieure au troisième ventricule. Dans les
ventricules latéraux , elle produit les plexus
choroïdes qui en parcourent toute l'étendue
et semblent comme pelotonnés sur eux-
mêmes ; elle s'avance aussi dans le quatrième
ventricule pour y donner naissance à deux
plexus choroïdes. Suivant Tiedemann , Des-
moulins et autres observateurs, ces replis
intérieurs de la pie-mère devraient leur ori-
gine à ce que cette membrane, tapissant
intérieurement et extérieurement les la-
MAM
nielles médullaires cérébrales avant que
celles-ci se fussent rapprochées pour consti-
tuer des cellules, aurait été enveloppée en-
suite dans les cavités closes; la capacité des
ventricules diminuant à mesure que la sub-
stance médullaire s'épaissit, la pie-mère se
serait plissée sur elle-même pour s'accom-
moder à l'étendue des cavités où elle est
enfermée; elle se serait atrophiée ou rétrac-
tée entre les plis de la paroi ventriculaire.
Nous croyons que ces plexus se forment des
progrès ultérieurs du développement, et que
la pie-mère n'atteint pas tout d'abord l'é-
tendue qu'elle doit présenter, pour se pe-
letonner ensuite dans les ventricules. En ef-
fet, les plexus choroïdes sont en continuité
de tissu avec la membrane lisse qui revêt
toute la paroi interne des ventricules; il
faudrait donc admettre que la partie de la
pie-mère enfermée primitivement dans les
cellules cérébrales se serait ensuite parta-
gée en deux portions; que l'une se serait
plissée par suite de la diminution de la ca-
vité, tandis que l'autre serait restée lisse,
bien qu'elle dût aussi se plisser pour la même
raison. Jl est vrai qu'on peut dire aussi que
le retrait même qui s'opère dans les plexus
tend fortement la membrane ventriculaire,
et est précisément la cause qui rend cette
membrane unie. Mais toutes ces hypothèses
de mécanique embryonnaire nous sédui-
sent peu, parce qu'elles ne sont pas la con-
séquence d'observations directes; l'observa-
tion ne nous donne que la succession de
formations qui deviennent distinctes après
avoir été confondues.
La dure-mère est une membrane fibreuse,
la plus extérieure des enveloppes de l'axe
cérébro-spinal. Par sa face externe , elle est
en rapport avec les os, s'unit par de nom-
breux prolongements fibreux et vasculaires
avec les os du crâne , auxquels elle sert de
périoste interne; contracte des adhérences
beaucoup moins intimes avec les vertèbres.
Dans le canal formé par ces dernières, elle
constitue un long étui cylindrique , qui s'at-
tache fortement en haut au pourtour du
trou occipital, et s'étend en bas jusqu'au
coccyx. Les nerfs et les vaisseaux qui tra-
versent les os du crâne reçoivent, de la dure-
mère, une gaine qui cesse de les accompa-
gner au point où ils quittent les canaux os-
seux, et qui se continue ensuite avec le
MTAM
MAM
043
périoste externe. Il faut cependant excepter
de cette disposition générale la gaine que la
dure-mère fournit au nerf optique , et qui
forme un double prolongement: l'un cons-
titue le périoste des os de l'orbite; l'autre
enveloppe le nerf optique jusqu'au globe de
l'oeil , et se continue avec la membrane ex-
terne de cet organe, la sclérotique.
Deux feuillets, très intimement adhérents
l'un à l'autre, constituent la dure-mère; et
leur distinction peut, surtout dans certains
points, être rendue évidente. Ces points
sont ceux où le feuillet interne se détache
du feuillet externe pour former des cloisons
ou des sinus. Dans les uns et dans les au-
tres, le feuillet interne, après s'être en-
foncé directement vers l'encéphale, se ré-
fléchit sur lui-même et regagne le feuillet
externe; mais, dans les cloisons, les deux
portions s'accolent l'une à l'autre , tandis
que, dans les sinus, elles laissent entre
elles un intervalle que tapisse à l'intérieur
la membrane des veines. Les sinus, en
nombre variable, reçoivent le sang veineux
de l'encéphale, de ses enveloppes et de ses
os, et le portent, directement ou par des
branches intermédiaires , dans la veine ju-
gulaire interne. Les cloisons principales sont
la tenle du cervelet , sorte de voûte membra-
neuse qui sépare le cerveau du cervelet; la
faux du cerveau , lame fibreuse verticale ,
perpendiculaire à la tente du cervelet, avec
laquelle elle se continue en arrière, et pla-
cée sur la ligne médiane au dessus du corps
calleux, entre les deux hémisphères céré-
braux; enfin, la faux du cervelet, située en-
tre les hémisphères cérébelleux, et implantée
en avant sur la tente du cervelet. Cette der-
nière cloison est la moins constante; elle dis-
paraît chez les Mammifères dont le lobe mé-
dian du cervelet fait plus de saillie que les
lobes latéraux. Au contraire, la tente du cer-
velet, destinée à garantir les deux principales
porlious de l'encéphale de tout contact qui
pourrait les froisser, prend une grande so-
lidité chez tous les Mammifères, et se ren-
force même d'une lame osseuse chez pres-
que tous les Carnivores prompts à la course.
Entre la pie-mère et la dure-mère, et après
ces tuniques, se développe Varachnoïde,
membrane séreuse, dont le nom vient de la
délicatesse et de la transparence de sa tex-
ture. Comme la plupart des séreuses , l'a-
rachnoïde forme un sac à double paroi , sans
ouverture; son feuillet externe ou pariétal
adhère fortement à la face interne de la dure-
mère , et lui donne un aspect nacré et bril-
lant; son feuillet interne ou viscéral est ap-
pliqué contre la face externe de la pie-mère.
Elle s'enfonce au-dessous de la dure-mère,
partout où celle-ci forme des cloisons dani
l'encéphale. Au contraire, elle ne pénètre pa
avec la pie-mère dans les enfoncements où
celle-ci se replie; elle se tend seulement au-
dessus , en formant une sorte de pont. Le
feuillet viscéral fournit aux nerfs et aux
vaisseaux qui émergent de l'axe cérébro-spi-
nal ou qui y pénètrent, une gaine qui les
accompagne jusqu'à la rencontre du feuillet
pariétal, se réfléchit ensuite et se continue
avec ce même feuillet; c'est de la sorte que
la continuité entre les deux feuillets arach-
noïdiens n'est jamais interrompue. Ces deux
feuillets sont partout en contact médiat l'un
avec l'autre au moyen de petits filaments.
La moelle épinière, l'encéphale et leurs
enveloppes ne remplissent pas toute la cavité
du canal rachidien et du crâne. Entre la
pie-mère et le feuillet viscéral de l'arach-
noïde, existe une couche de liquide alcalin,
d'une saveur salée, nommé liquide céphalo-
rachidien; il est en communication avec le
liquide contenu dans les cavités ventriculai-
res, et baigne tous les nerfs jusqu'à leur
sortie du crâne ou jusqu'aux trous de con-
jugaison des vertèbres.
Nerfs qui émanent de Vaxe cérébro-spinal.
Grand sympathique.
L'axe cérébro-spinal , dont nous venons
d'étudier la composition , se complète par
les nerfs qui s'y rattachent immédiatement,
et qui établissent une communication entre
cette portion centrale et les divers organes.
Ces nerfs peuvenl se diviser en nerfs crâ-
niens et en nerfs rachidiens, selon que le
lieu de leur émergence est à l'encéphale ou
à la moelle épinière. Le nombre des pre-
miers est de douze paires chez tous les Mam-
mifères, à très peu d'exceptions près; le
nombre des seconds varie avec le nombre
des vertèbres , auquel il correspond en gé-
néral.
Les nerfs crâniens sont, d'avant en ar-
rière : l'olfactif, l'optique, le moteur ocu-
laire commun , le pathétique , le trijumeau.
644
MAM
MAM
le moteur oculaire externe, le facial , l'au-
ditif, le glosso-pharyngien , le pneumogas-
trique, le spinal et le grand hypoglosse.
Nous indiquerons plus loin le point d'ori-
gine de chacun d'eui.
Ces nerfs forment deux catégories , dont
nous tirons les caractères, des particularités
que présente leur développement. La pre-
mière catégorie comprend les nerfs des trois
appareils sensoriels supérieurs , de l'œil , de
l'oreille et de l'organe olfactif; le second
renferme les autres paires nerveuses. En ef-
fet, les trois premiers ordres d'organes sen-
soriels se présentent sous forme de vési-
cules qui procèdent des cellules encépha-
liques, et leur développement est telle-
ment lié avec le développement de ces cel-
lules elles-mêmes, comme nous le dirons
bientôt, que ce rapport tout particulier est
un caractère important, qui mérite de ser-
vir de base à une classification des nerfs de
l'encéphale. Ajoutons qu'ils se distinguent
encore par la nature même de leur ac-
tion , et que leur rôle physiologique spécial
vient appuyer la division que nous établis-
sons ici d'après leur mode d'origine. Il ré-
sulte en effet des expériences d'observateurs
habiles, et en particulier de MM. Magendie,
Muller et Longet, qu'on peut exercer toute
espèce d'action sur les nerfs optiques , ol-
factifs et auditifs, et même les détruire,
sans causer la moindre douleur; tandis que
des excitations mécaniques ou galvaniques
éveillent la sensation propre à chacun de
ces nerfs, la vision, l'olfaction ou l'audi-
tion. Le nom de nerfs sensoriaux ou de sen-
sation spéciale peut être employé pour dési-
gner ces trois espèces de nerfs , comme le
propose le dernier des anatomistes que nous
venons de citer.
Quant aux nerfs crâniens de la seconde
catégorie, on en distingue deux ordres : le
premier est celui des nerfs de sensibilité
générale, assimilables aux racines posté-
rieures des nerfs rachidiens, parce que,
comme ceux-ci, ils président exclusive-
ment à l'exercice de la sensibilité à leur
origine, et s'unissent, au-delà de leur gan-
glion, aux filets des nerfs moteurs, de fa-
çon à constituer un tronc mixte; le second
est celui des nerfs du mouvement , présidant
a la fois aux mouvements volontaires et res-
piratoires, et analogues aux filets antérieurs
des nerfs spinaux, parce que, comme eux,
ils sont exclusivement moteurs et ne sont
point sensibles. Les nerfs de sensibilité gé-
nérale sont au nombre de trois : la portion
ganglionnaire du trijumeau , le glosso-pha-
ryngien et le pneumo-gastrique. Les nerfs
du mouvement sont au nombre de sept : le
moteur oculaire commun, le pathétique, le
masticateur (racine motrice de trijumeau),
le moteur oculaire externe, le facial , le spi-
nal et le grand hypoglosse.
Quant aux nerfs rachidiens , on sait
qu'ils s'attachent à la moelle épinière par
deux racines: une postérieure, présentant
un renflement ganglionnaire, et spéciale-
ment destinée à porter les sensations1, de la
périphérie du corps au centre nerveux; l'au-
tre antérieure, sans ganglion, exclusive-
ment propre à conduire les ordres de la
volonté, du centre à la périphérie, et à dé-
terminer ainsi les mouvements. Les nerfs
rachidiens se divisent en cervicaux , dor-
saux , lombaires et sacrés , d'après la région
des vertèbres d'où ils émanent. A diffé-
rentes hauteurs, les branches antérieurs de
plusieurs nerfs s'anastomosent entre elles,
se séparent, se réunissent, et donnent ainsi
naissance à des réseaux , à des plexus dans
lesquels les filets nerveux s'accolent sans
jamais se confondre. Les plexus principaux
sont: le cervical et le brachial, formés par
les nerfs cervicaux et les premiers nerfs dor-
saux; le lombaire et le sacré , constitués par
les nerfs de même nom.
Le système nerveux des Mammifères,
comme celui de tous les 'Vertébrés , se com-
pose enfin d'une autre portion , le nerf
grand sympathique , appelé encore système
ganglionnaire , à cause des petites masses
nerveuses qu'il présente en grand nombre ,
et système de la vie organique , parce qu'il
se distribue spécialement aux organes de la
nutrition. Par sa portion cépbalique, com-
posée de plusieurs ganglions , et par les
filets qui émanent de son ganglion cervical
supérieur , le grand sympathique est en rap-
port avec plusieurs nerfs crâniens , et no-
tamment avec le trijumeau. Au-dessous du
crâne, il se présente comme un double cor-
don noueux , placé de chaque côté de la co-
lonne vertébrale, depuis la première ver-
tèbre cervicale jusqu'à la dernière vertèbre
sacrée; la chaîne, d'un côté, communique
MAM
MAM
045
avec celle de l'autre côté, dans le crâne et
à la base du coccyx; de sorte que l'ensem-
ble constitue en définitive une sorte de cha-
pelet. Les nœuds sont formés par de petits
ganglions reliés entre eui par des filets, et
recevant de chaque nerf rachidien voisin,
après la réunion de ses branches sensitive
et motrice, un petit rameau qui lui apporte
les mêmes éléments. Le cordon cervical du
grand sympathique s'engage en bas dans la
poitrine après s'être bifurqué, et présente
généralement deui ganglions, quelquefois
trois ; ce sont : le cervical supérieur , qui ,
comme nous venons de le dire, communique
avec plusieurs nerfs crâniens, avec les mu-
queuses de la trachée, du larynx, du pha-
rynx , etc.; le cervical inférieur, qui s'anasto-
mose avec plusieurs paires vertébrales ; et le
cervical moyen, dont l'existence n'est pas
constante. Ces trois ganglions cervicaux
fournissent trois nerfs, qui se réunissent en
un plexus, d'où partent tous les filets destinés
au cœur. Des derniers ganglions de la ré-
gion thoracique naissent des rameaux dont
le plus remarquable est le nerf grand
splanchnique , qui se porte en bas , pénètre
dans l'abdomen à travers le diaphragme ,
s'aplatit ensuite, au-devant de l'aorte , en
un ganglion que sa forme a fait nommer
semi-lunaire , et se joint inférieurement à
celui du côté opposé. Les deux ganglions
semi-lunaires appartiennent à un groupe
nombreux de petits ganglions placés au-
dessus du pancréas et entre les reins, et dé-
signés sous le nom collectif de ganglions
solaires. Des filets innombrables irradient
de ces ganglions, forment, par leur ensem-
ble , les plexus solaire et épigastrique , et
enlacent les artères qui naissent de l'aorte
abdominale. Ces ramifications du plexus
sont supportées par les artères cœliaque,
hépatique, mésentérique , etc., et prennent
leur nom de cette situation. Dans la région
lombaire, le nombre des ganglions est va-
riable; ils émettent aussi des filets nerveux
qui forment deux plexus : le plexus mé-
sentérique inférieur, qui distribue des ra-
meaux au canal intestinal , et le plexus aor-
tique, qui se porte en bas sur le rectum et
la vessie. Parvenu enfin dans le bassin, le
cordon droit du grand sympathique s'ana-
stomose avec le cordon gauche; et c'est ainsi
que se termine, comme nous l'avons vu en
commençant, la chaîne de ce nerf impor-
tant. On compte sur le trajet de chaque cor-
don sacré un plus ou moins grand nombre
de ganglions, dont les rameaux antérieurs
forment le plexus remarquable nomme hy-
pogastrique , et qui prête des nerfs à la ves-
sie, aux testicules, aux ovaires, à la pro-
state, aux vésicules séminales , au vagin.
Marche du développement des organes
du système nerveux.
L'apparition et le développement du grand
sympathique ont lieu indépendamment des
nerfs du système de la vie animale, comme
le prouve l'existence de ganglions nerveux
dans les cas d'amyélencéphalie, où les mons-
tres sont dépourvus de moelle épinière et de
cerveau, et comme doit aussi le faire admet-
tre cette loi que nous avons tant de fois
invoquée, et suivant laquelle toutes les par-
ties se forment et se développent au lieu
même où on les aperçoit, pour se rattacher
ensuite, par des formations nouvelles, aux
parties avec lesquelles elles doivent être en
connexion. Si le grand sympathique n'est pas
engendré par le système nerveux central, il
ne procède pas davantage du cœur, comme
le voulait Ackermann, et n'est point une
expansion de ses principaux ganglions, comme
le pensaient d'autres auteurs.
La portion thoracique est celle qui se dé-
veloppe la première et plus que les autres
parties; les ganglions semi-lunaires parais-
sent atteindre plus tard que les autres le
terme de leur développement. Quant au mo-
ment précis où se montre chacune des por-
tions de ce système, si difficile à étudier même
à l'état adulte, les recherches intéressantes
de Lobstein , de Kiesselbach et de Valentin
ne nous ont rien appris de bien positif. Mais
une observation certaine est celle du déve-
loppement précoce de la chaîne ganglion-
naire, relativement au développement de la
moelle; et un fait important par sa signifi-
cation est le volume plus considérable que
présentent primitivement les ganglions tho-
raciques, proportionnellement au corps
entier. En effet, plus on remonte vers les
époques reculées du développement em-
bryonnaire, plus les dimensions du cordon
ganglionnaire sont considérables ; cette gros-
seur relative va ensuite en diminuant; le sys-
tème atteint ses proportions définitives vers
646
I\iAM
3VIAM
Je milieu de la vie fœtale. Pour le grand sym-
pathique, comme pour les autres parties de
son organisation, l'embryon des Mammifè-
res ne passe donc pas par un état dont nous
trouvons la représentation permanente chez
les vertébrés inférieurs; car on sait que ce
nerf perd de son volume à mesure qu'on
s'éloigne des Mammifères, et que, dans les
Poissons, il atteint une ténuité qu'il ne pré-
sente jamais même chez l'Homme adulte.
L'indépendance primitive que conservent
dans leur développement les diverses portions
de l'appareil nerveux est attestée aussi par des
observations nombreuses, pour l'axe cérébro-
spinal, pour les nerfs de la périphérie et pour
les parties mêmes de l'axe central. Ainsi,
dans les monstres acéphales, réduits au tho-
rax ou à l'abdomen, on rencontre un tron-
çon nerveux dont on ne peut évidemment
rapporter l'origine à l'encéphale, qui n'existe
pas, ni à la moelle allongée, qui ne s'est point
formée , et que Rolando considérait à tort
comme le centre d'irradiation de tout le sys-
tème nerveux. M. Lallemand a vu, dans un
cas d'amyélencéphalie, des ganglions inter-
vertébraux où aboutissaient les nerfs du cou,
du dos et des lombes. Il est vrai que cet ob-
servateur croit, avec Brunner et Morgagni ,
que la moelle et l'encéphale avaient d'abord
existé, et c'est ce qui doit paraître évident,
puisque nous savons que l'axe cérébro-spi-
nal se montre à une époque tout-à-fait pri-
mitive chez l'embryon, mais il ne reste pas
moins démontré que le développement des
nerfs n'avait point été arrêté par l'absence
de Taxe nerveux central, qui, selon toute
apparence, avait disparu lorsqu'il n'existait
encore que dans ses éléments histogéniques.
Dans des embryons d'Homme , de Chat, de
Lapin, de Brebis, entièrement privés de tête
et de bulbe rachidien, M. Serres a aperçu
sur le cœur les petits filets nerveux du
pneumo gastrique. Chez les monstres anen-
céphales, le même anatomiste trouve toujours
les nerfs hypoglosses et glosso-pharyn^iens
dans la langue et le pharynx; l'accessoire de
Willis, dans les muscles où ce nerf se mon-
tre ordinairement. Il rencontre aussi le nerf
optique dans l'œil, sans communication avec
l'encéphale, alors que celui-ci est encore
fluide, et cette observation est confirmée par
des faits analogues rapportés par Morgagni
et Buitner. D'ailleurs, les nerfs latéraux de
la tête et du tronc sont les premiers formés,
comme l'attestent encore les observations de
M. Serres; ils ne sont en aucune façon sous
la dépendance de la moelle ou du cerveau,
et ils atteignent leur entier développement
avant que les portions centrales aient revêtu
encore leurs premières formes.
La conséquence immédiate de tous ces
faits, et d'une foule d'autres observations que
nous ne pouvons rapporter ici, c'est que la
formation de la moelle épinière ne dérive
pas du cerveau; que l'axe cérébro-spinal n'est
point sous la dépendance des nerfs périphé-
riques, et que ceux-ci ne dépendent pas de
l'axe cérébro-spinal. On peut aussi conclure
de cette indépendance complète des parties et
de leur état relatif, que le développement ne
procède pas du centre à la circonférence;
mais est-on en droit d'y trouver la preuve
que le développement marche de la circon-
férence au centre? Nous ne le croyons pas.
Si l'on entend par marche du développement
l'irradiation de parties qui tirent leur ori-
gine d'un centre d'évolution où elles trouvent
leur cause formatrice, i! est clair que l'ob-
servation ne nous montre jamais cette espèce
de végétation, suivant laquelle les nerfs pous-
seraient de la périphérie vers le centre, pas
plus qu'elle ne nous montre ces même nerfs
s'allongeant du centre vers la périphérie. Si la
marche du développement n'est au contraire
que l'ordre chronologique suivant lequel se
succèdent, ou plutôt deviennent apparentes
len parties d'un organe ou les organes d'un
appareil, nous ne pouvons formuler aucune
loi, en nous en tenant rigoureusement aux
faits que nous donnent nos moyens actuels
d'observation. En effet, admettons que l'ex-
trémité périphérique de la plupart des nerfs
soit celle qui se montre à nos yeux la pre-
mière formée; nous voyons, d'autre part, les
nerfs de sensations spéciales se montrer ori-
ginairement comme des prolongements des
cellules encéphaliques. Si la convergence des
côtés du tube médullaire sur la ligne mé-
diane peut, jusqu'à un certain point, être
considérée comme un développement centri-
pète, ce même tube ne commence - 1— il pas à
se compléter vers sa partie moyenne? De
toutes les parties du système nerveux, n'est-
ce pas, en outre, le cordon de la moelle qui se
montre le premier , quoiqu'il atteigne peut-
être plus tard le terme de son développement
MAM
MAM
647
complet? Nous ne citerons pas ici la corde
dorsale , qui apparaît toujours simple dans
la ligne médiane; la formation du cœur, qui
résulte du contournement d'un canal primi-
tivement médian et unique; le développe-
ment de la colonne rachidienne, dont les
vertèbres se montrent d'abord vers la région
moyenne du rachis, là où le tube médullaire
commence à se fermer. Nous indiquerons tous
ces faits en passant en revue les principaux
appareils. D'ailleurs, de ce que deux parties,
situées à droite et à gauche de la ligne mé-
diane, se rencontrent ensuite sur cette ligne,
et se soudent pour constituer un organe uni-
que , il ne s'ensuit pas que le développement
soit essentiellement centripète. Nous conce-
vons très bien qu'autour d'un noyau central,
d'abord formé dans chacune de ces deux
parties isolées, une première couche se dé-
pose, puis une seconde, et ainsi de suite;
que le nombre croissant de ces couches aug-
mente les dimensions de ces parties, au point
qu'elles deviennent d'abord tangentes, se
soudent ensuite, se confondent en dernier
lieu, et que le résultat final d'une formation
essentiellement centrifuge paraisse être un
développement centripète.
Nous concluons donc que les nerfs, comme
les autres organes, naissent partout, mais ne
deviennent perceptibles qu'au moment où la
séparation histologique est assez avancée
pour qu'ils se distinguent des parties voisines;
que cette séparation commence tantôt à la
périphérie, et tantôt au centre, sans que pour
cela le centre ni la périphérie soit le point
de départ de la formation.
La conséquence de cette vérité, c'est qu'un
organe périphérique peut être bien conformé,
alors que le centre nerveux est encore à l'é-
tat rudimentaire, comme le démontrent les
observations de Morgagni et de Butiner, ci-
tées plus haut; c'est encore qu'un organe
peut se former sans que son nerf existe,
comme le prouve l'observation de Nuhn, qui
a vu l'appareil auditif d'un sourd-muet par-
faitement développé, bien qu'il n'y eût au-
cune trace de nerf auditif, et celle de Klin-
kosch, qui a trouvé les premiers rudiments
du globe oculaire sans nerf optique et sans
les parties principales de l'œil ; c'est qu'enfin
le nerf peut se montrer sans l'organe auquel
il devait se distribuer, comme l'atteste l'ob-
servation de Rudolphi, qui a rencontré le
rudiment du nerf optique droit, bien que
l'œil de ce côté manquât. Sans doute, dans
le plus grand nombre de cas, le nerf et son
organe manquent tous deux, puisque la
cause qui vient troubler le départ histogé-
nique d'où l'un et l'autre doivent naître,
agit sur la masse homogène qui contient
l'un et l'autre en germe; mais on s'est trop
hâté, en général, de rejeter comme fausses
des observations qui nous montraient l'in-
dépendance primitive des diverses parties de
l'organisme.
L'erreur qui a fait croire à la dépendance
réciproque des parties dans les premiers
temps de la vie embryonnaire est venue,
pour beaucoup d'observateurs, de ce qu'ils
ont assimilé la vie de l'embryon à la vie de
l'adulte, et qu'ils ont admis , pour la forma-
tion du premier, les mêmes conditions que
pour l'existence du second. Cette fausse idée
les a conduits aussi à placer dans tel ou tel
appareil, système nerveux, système de la
circulation, et autre, la cause nécessaire de
la formation de tous les organes. Or, tous
les faits de l'embryogénie nous prouvent
que, jusqu'à une certaine époque du déve-
loppement embryonnaire, la vie est en quel-
que sorte diffuse, qu'elle n'est point liée à
l'action une et déterminée d'un tout dont le
jeu dépend de l'harmonie de ses détails; si
bien que, dans de certaines limites difficiles
à préciser, l'embryon peut vivre, c'est-à-
dire se développer sans tête, sans cœur, sans
moelle épinière, bien que l'adulte ne puisse
conserver son existence sans ces parties es-
sentielles. Une seule force préexiste à l'or-
gane: c'est la fonction, la vie.
Indépendantes les unes des autres pen-
dant la formation embryonnaire, et indé-
pendantes aussi de tout autre appareil, les
diverses parties du système nerveux se re-
lient ensuite les unes aux autres pour con-
stituer un ensemble dans lequel la physiolo-
gie comprend, chez l'adulte, l'unité et la
réciprocité d'action, bien mieux que l'ana-
tomie ne démontre la continuité des fibres.
Cependant, sauf quelques points encore mal
expliqués et d'une observation difficile, cette
continuité a été reconnue dans toivte l'éten-
due de l'axecérébro-spinal. Les fibres nerveu-
ses des deux faiceaux qui forment la moelle,
et dont nous avons indiqué plus haut la po-
sition, s'épanouissent dans l'encéphale et se
G48
MAM
mettent en communication avec les diverses
parties qui le composent, soit directement,
soit en s'entre-croisant, comme cela a lieu
dans le bulbe rachidien à la hauteur des py-
ramides. Or, comme nous le savons, les ra-
cines postérieures des nerfs spinaux, en
rapport avec les cordons postérieurs de la
moelle, président à la sensibilité, tandis que
les racines antérieures des mêmes nerfs, en
rapport avec les cordons antéro-latéraux,
sont consacrés au mouvement ; on peut donc
pressentir que le bulbe, le cervelet, la pro-
tubérance, les tubercules quadrijumeaux, les
couches optiques, les corps striés, les lobes
cérébraux, c'est-à-dire les parties constitu-
tives de l'encéphale , reçoivent les faisceaux
sensitifs et les faisceaux moteurs de la moelle
épinière. Nous indiquerons seulement que
c'est d'après les rapports des nerfs de l'en-
céphale avec ces faisceaux qu'a été établie
la classification des nerfs crâniens telle que
nous l'avons donnée plus haut; l'examen du
mode de distribution des fibres de la moelle
dans l'encéphale nous entraînerait hors des
limites étroites de cet article.
Distribution de la matière blanche et de la
matière grise.
Mais une étude indispensable pour l'intel-
ligence de la constitution même du centre
nerveux, est celle de la répartition de la ma-
tière grise et de la matière blanche dans ses
diverses parties.
Dans la moelle épinière, la substance grise
est placée à l'intérieur, et la substance blan-
che forme un tube cylindroïde qui enveloppe
la première de toutes parts, même au fond
de chaque sillon médian, où cependant la
couche blanche est beaucoup plus mince,
surtout pour le sillon postérieur. La colonne
grise est creusée du canal médullaire qui
s'ouvre au calamus scriptorius, point où dis-
paraît la substance grise elle même. Sa
forme n'est pas la même dans toute la lon-
gueur de la moelle, comme le prouvent des
coupes transversales faites à différentes hau-
teurs. La figure la plus générale que donnent
ces coupes peut être représentée par deux
croissants adossés par leur partie convexe
et unis par une barre transverse, qui n'est
autre chose que la commissure grise. Les
croissants sont dirigés d'arrière en avant,
de sorte qu'ils ont chacun une corne dans le
MAM
cordon postérieur et une dans le cordon an-
téro-latéral. L'extrémité de ces cornes cor-
respond aux lignes d'insertion des racines
antérieures et postérieures des nerfs rachi-
diens, et semblent même, principalement
sur la ligne collatérale postérieure, entrer en
contact avec les origines de ces filets ner-
veux.
Dans l'encéphale, la substance grise est
placée à l'extérieur des hémisphères céré-
braux et cérébelleux, et doit à cette situation
le nom de substance corticale. Mais elle est
aussi disséminée dans presque toutes les par-
ties, entre les différents faisceaux blancs;
forme des noyaux plus ou moins volumineux
dans la protubérance, les tubercules quadri-
jumeaux, la glande pinéale, les éminences
mamillaires; et se présente en masses plus
considérables dans les corps striés, les cou-
ches optiques, le tubercule cendré et Tin-
fundibulum qui est en continuité avec ce
dernier.
Résumé des caractères particuliers du système
nerveux des Mammifères.
Nous avons maintenant passé en revue
toutes les parties qui concourent à la consti-
tution du système nerveux chez les Mammi-
fères placentaires ; nous en résumerons l'en-
semble de la manière suivante:
L'axe spinal se compose de deux paires de
cordons, une postérieure etuneantéro-laté-
rale, séparées l'une de l'autre par la ligne
d'insertion des racines postérieures des nerfs
rachidiens. Cet axe renferme une colonne de
substance grise , qui paraît être en commu-
nication avec les origines des nerfs de la péri-
phérie , et ne se continue pas dans l'encé-
phale, du moins en conservant sa forme.
Les cordons blancs de la moelle se sépa-
rent à la hauteur du bulbe, et se prolongent
pour constituer les différentes parties de
l'encéphale. Les cordons postérieurs se dis-
tribuent surtout, mais non exclusivement,
au cervelet; les cordons antéro-latéraux s'é-
panouissent presque entièrement dans le
cerveau.
Le cervelet présente un lobe médian et
des hémisphères latéraux, réunis en dessous
par la protubérance annulaire; il est en
communication avec les diverses parties de
l'encéphale par trois pédoncules. Le lobe
médian se voit chez tous les Vertébrés; les
MAIM
MAM
649
hémisphères latéraux développés donnent au
cervelet des Mammifères un caractère tout
spécial. La protubérance annulaire appar-
tient en propre aux Mammifères.
Le cerveau, dont les pédoncules provien-
nent principalement des faisceaux antéro-
latéraux qui ont passé sous le pont de Va-
role, présente quatre organes principaux :
tes hémisphères, sorte d'irradiation des pé-
doncules cérébraux, les corps striés, les
couches optiques, et les tubercules quadri-
jumeaux. Ces derniers corps ont, chez les
Mammifères,xce caractère tout particulier de
:ie point être creusés de ventricules. C'est
aussi chez les Mammifères seulement qu'on
trouve dans l'intérieur des corps striés des
lignes alternativement blanches et grises.
Des parties impaires el médianes réunissent
les portions gauche et droite de l'axe céré-
bro-spinal. Dans la moelle, la commissure
antérieure, ou axe médian antérieur, unit
les faisceaux antéro-latéraux; la commissure
postérieure, ou axe médian postérieur, unit
les faisceaux postérieurs. Dans l'encéphale,
se trouve le corps calleux entre les hémi-
sphères; la commissure cérébrale antérieure,
entre les corps striés; la commissure céré-
brale postérieure et aussi la commissure
molle, entre les couches optiques. Nous
avons dit que la protubérance annulaire
peut être considérée comme la commissure
des hémisphères cérébelleux. Le corps cal-
leux appartient exclusivement aux Mammi-
fères placentaires, et entraîne nécessaire-
ment l'existence de la cloison transparente.
De l'axe cérébro-spinal ainsi composé,
naissent des nerfs crâniens et des nerfs ra-
chidiens. Les nerfs crâniens sont au nombre
de douze paires. Le nombre de paires des
nerfs rachidiens varie avec le nombre des
vertèbres. Des douze paires crâniennes, trois
sont destinées a la perception des sensations
spéciales; les autres appartiennent à la sen-
sibilité ou au mouvement. Les nerfs rachi-
diens ont deux racines: une sensitive et
une motrice.
A ce système nerveux cérébro-spinal, se
rattache le système ganglionnaire, qui reçoit
aussi des filets sensitifs et des filets moteurs.
L'intérieur de la portion centrale du sys-
tème cérébro-spinal est creusé de cavités
qui sont en continuité les unes avec les au-
tres. Le tube médullaire débouche dans le
T. vu.
quatrième ventricule; celui-ci communique,
par l'aqueduc de Sylvius, avec le troisième
ventricule dans lequel s'ouvrent les ventri-
cules latéraux et le ventricule de la cloison.
Avant de constituer l'ensemble parfait du
système nerveux de l'adulte, toutes les par-
ties que nous venons de nommer parcourent
des phases successives d'évolutions indépen-
dantes, dont nous allons aussi présenter l'a-
brégé, en indiquant l'époque où chacune
d'elles apparaît chez l'embryon humain.
Primitivement, l'axe central a la fora
d'une gouttière dont les bords convergea
progressivement vers la ligne médiane pos-
térieure. Cette gouttière est renflée en avant,
apointie en arrière, et ne tarde pas à oflïi;
trois dilatations , trois cellules encépha-
liques. De la première naissent les hémi-
sphères cérébraux et les corps striés; de !..
seconde, les couches optiques et les tuber
cules quadrijumeaux; de la troisième, lé
cervelet et le bulbe rachidien.
La gouttière de l'axe médullaire est cou-
verte , dans toute sa longueur, par la pie
mère, dont la séparation histogénique a lien
de très bonne heure. On peut constate
l'existence de la dure-mère au deuxième
mois; celle de l'arachnoïde, vers le cii;
quième.
A la fin du premier mois, l'embryon, foi
tement courbé, présente, avec les trois cel-
lules encéphaliques, des rudiments de l'œil
et de la vésicule auditive. Les tubercule .
quadrijumeaux, plus volumineux que les
autres masses encéphaliques, forment le
vertex très élevé de la tête. La gouttière
médullaire a commencé à se clore à peu
près à la hauteur de la région thoracique.
Le travail de formation est fort actif pen-
dantle deuxième mois, etdes différences con-
sidérables se prononcent chaque semaine;
néanmoins, la gouttière ne se ferme pas en-
core complètement, et la substance grise
n'existe pas; elle n'apparaît que vers le
sixième mois. — Dans la cinquième semaine,
les hémisphères encore petits se développent ;
on aperçoit les rudiments des corps striés.
Les tubercules quadrijumeaux s'élèvent en-
core en un vertex conique. — Dans la sixième
semaine, le front se bombe par l'agrandis-
sement des héînisphères ; la moelle épiniére
descend jusque dans le coccyx, où elle se ter-
mine en pointe mousse: les tubercules qua*
82
C50
3VIAM
MAM
drijumeaux forment deux demi-sphères, au-
dessous desquelles passent les pédoncules
eérébraux. Les couches optiques et les corps
striés ont pris plus de croissance, et sont re-
couverts en avant par les hémisphères. Les
lames du cervelet ne sont pas encore réunies.
— Dans la septième et dans la huitième se-
maine, le vertex formé par les tubercules
quadrijumeaux diminue, et le volume de ces
tubercules se subordonne à celui des hémi-
sphères. La pie-mère s'enfonce encore dans
la scissure longitudinale postérieure de la
moelle.
Dans le troisième mois , le cervelet est
formé de la réunion de ses lames médul-
laires; on découvre ses pédoncules supé-
rieurs. Les hémisphères cérébraux se sont
avancés au-dessus des corps striés et des
couches optiques, et laissent encore à dé-
couvert, les tubercules quadrijumeaux. Les
premières traces de circonvolutions s'aper-
çoivent, ainsi que celles du corps calleux,
des eminences mamillaires et de la glande
pituitaire. La moelle présente les renfle-
ments de ses bulbes ; elle ne se termine pas
encore en queue de cheval.
C'est au quatrième mois que les fibres de-
viennent reconnaissables , que la protubé-
rance annulaire se forme, que le cervelet
prend son corps rhomboïdal, et que se mon-
tre la glande pinéale.
Au cinquième mois, les tubercules qua-
drijumeaux sont tout-à-fait couverts par les
hémisphères qui s'étendent aussi un peu sur
le cervelet. La cloison transparente est ten-
due entre les ventricules latéraux. Le cer-
velet commence à présenter des sillons. La
moelle a quitté le sacrum.
Pendant le sixième et le septième mois ,
la queue de Cheval se forme; la substance
grise se montre; les hémisphères couvrent
d'abord entièrement les tubercules quadri-
jumeaux, puis le cervelet. Le développement
de l'axe cérébro-spinal est complet.
Est-il vrai qu'il y ait dans le développe-
ment, que nous venons de suivre pas à pas,
un état transitoire, image d'un état perma-
nent du système nerveux des vertébrés in-
férieurs ; et, pour comparer le Mammifère le
plus élevé avec les derniers vertébrés, est-il
vrai que le système nerveux de l'Homme
corresponde, par une de ses phases embryon-
naires, à l'état parfait du système nerveux des
Poissons? Cet état transitoire serait-il celui
de la fin du premier mois? Mais l'embryon de
l'Homme à cette époque est fortement courbé
dans la cavité de la vésicule blastodermique,
comme nous l'avons déjà répété, tandis que
l'embryon de Poisson se continue avec le
plan de cette vésicule ; de plus, les lames du
cervelet ne se sont point rapprochées chez le
premier, la moelle épinière est ouverte, elle
ne commence à se compléter qu'à sa portion
moyenne , et l'on ne voit ni substance grise,
ni fibres; tandis que le cervelet est bien
formé chez le second, sa moelle épinière est
close, la substance grise est partout présente
aussi bien que les fibres. La comparaison
devient-elle possible dans la période de dé-
veloppement du second mois? Encore moins.
Plus nous avançons dans la vie embryonnaire,
plus le cachet propre du type s'empreint dans
l'organisation, plus le Mammifère s'éloigne
du Poisson. En effet, outre l'existence du ver-
tex si caractéristique formé par les tubercu-
les quadrijumeaux, la clôture imparfaite du
cervelet, la scissure postérieure de la moelle
épinière , et l'absence des fibres etde la sub-
stance grise, nous venons de voir que, chez
le Mammifère, les hémisphères se dévelop-
pentantérieurement,etcommencent à s'éten-
dre d'avant en arrière sur les corps striés et
les couches optiques; or, suivant les partisans
de l'opinion que nous combattons ici, il n'y a
pas de corps striés chez le Poisson, et c'est
seulement chez quelques Poissons cartilagi-
neux qu'on a trouvé des traces de couches op-
tiques. D'ailleurs, les lobes du cerveau des
Poissons qu'on assimile aux hémisphères
sont des masses solides et sans ventricule,
tandis que les hémisphères des Mammifères
sont essentiellement et primitivement creux.
Nous ne pousserons pas ce parallèle jus-
que dans les mois suivants; le progrès des
hémisphères en arrière , la formation du
corps calleux, la disposition des organes»
toutes les parties enfin , nous offrent des ca-
ractères tellement spéciaux , que tout rap-
prochement est impossible.
Ainsi, à chacune des périodes de son déve-
loppement, le système nerveux des Mammi-
fères présente des caractères particuliers qui
constituent un ensemble propre au type,
et ne donnent à aucun moment l'image du
système nerveux d'une autre classe. Sans
doute le développement de certaines parties
MAM
IMAM
G51
considérées isolément a lieu de la même ma-
nière; ainsi, les tubercules quadrijumeaux
sont d'abord doubles chez les Mammifères,
comme ils le sont chez les Poissons ; les émi-
nences mamillaires, avant de se scinder chez
les premiers', forment une masse unique
comme chez les seconds. Mais ce sont là des
conséquences des mêmes lois de formation ,
qui ne sauraient constituer des. termes de
développement primitif parallèles , encore
moins des identités, comme le démontrent
les rapprochements que nous venons de faire,
et que nous pourrions multiplier encore. Ce
n'est guère qu'au début même de la forma-
lion du tube médullaire et des cellules encé-
phaliques , que le système nerveux du Mam-
mifère pourrait être comparé au système
nerveux du Poisson : l'un et l'autre offrent
alors les traits les plus simples et les plus gé-
néraux du type Vertébré ; mais cette analogie
ne dépasse pas celle que tous les animaux de
ce type ont entre eux. Encore faudrait-il ne
pas tenir compte des caractères profonds
par lesquels les allantoïdiens se distinguent
des anallantoïdicns, et oublier cette cour-
bure particulière que ne subit jamais l'en-
céphale de l'embryon du Poisson.
Constitué suivant le plan commun que
nous avons essayé de faire comprendre, le
cerveau des Mammifères placentaires offre
cependant des différences importantes, qui
vont nous servir à caractériser des groupes
particuliers dans les groupes d'un ordre su-
périeur que nous avons établis , suivant
M. Milne Edwards, d'après la conGguration
du placenta. Ces différences dépendent prin-
cipalement du volume relatif des parties
encéphaliques, de l'extension plus ou moins
considérable des hémisphères cérébraux au-
dessus des organes postérieurs, de la présence
ou de l'absence des circonvolutions céré-
brales.
C'est à tort qu'on a voulu trouver le
moyen d'apprécier le développement de l'in-
telligence par les résultats de pondérations
diverses, qui ont eu pour but d'établir une
proportion entre l'encéphale et le corps en-
tier, entre le cerveau et le cervelet, entre le
cerveau et le bulbe rachidien. Les faits dé-
mentent une pareille assertion. En effet, il
est impossible de comparer le poids de l'en-
céphale à celui du corps; l'âge, la santé,
l'état de maigreur ou d'embonpoint de celui-
ci, et beaucoup d'autres circonstances, font
varier considérablement son poids , tandis
que celui de l'encéphale demeure le même;
d'ailleurs, même d'après ce mode imparfait
d'appréciation, les Mulots l'emporteraient
sur l'Homme, le Lapin sur le Renard, etc.
La comparaison du poids du cervelet avec
celui du cerveau , place l'Homme à côté du
Bœuf et au-dessous du Saimiri ; celle du cer-
veau avec le bulbe rachidien donne le pre-
mier rang au Dauphin, et le second à
l'Homme.
Le nombre, l'étendue, le relief des cir-
convolutions ne sauraient non plus, à nos
yeux, servir de moyen d'appréciation pour
le développement intellectuel. La comparai-
son attentive du cerveau d'un Papion avec
celui de l'Homme, ne nous a jamais présenté
des différences aussi considérables que celles
qu'on a signalées ; et d'ailleurs, ces différen-
ces fussent-elles aussi profondes qu'elles
nous semblent légères, il resterait encore
à nous expliquer la valeur et le sens d'un
tel caractère comme signe du développe-
ment de l'intelligence. Au point de vue de
l'anatomie comparée, l'étude des circonvo-
lutions est des plus curieuses , et elle a déjà
donné des résultats pleins d'intérêt dans
la main des hommes habiles qui s'y sont li-
vrés; mais elles ne nous paraît pas capable
de fournir les éléments mathématiques de
l'estimation de l'intelligence. Une sembla-
ble appréciation ne peut être obtenue que
par la physiologie, si toutefois il nous est
donné de l'obtenir. Ainsi, en raisonnant
d'après les expériences nombreuses sur les
facultés actives des différentes parties du
corps, nous savons qu'un organe manifeste
sa vie avec d'autant plus d'énergie et qu'il a
en quelque sorte une initiative d'autant
plus marquée, qu'il est soumis plus immé-
diatement à l'action du sang et parcouru
par un plus grand nombre de branches ar-
térielles. Or, il résulte des belles observa-
tions de M. Natalis Guillot que la matière,
grise du cerveau reçoit une quantité innom-
brable de ramifications des artères, dont les
extrémités se terminent dans les masses dif-
férentes de cette matière même , tandis que
la substance blanche est presque dépourvue
de ces vaisseaux. De plus, le nombre croissant
de ces artères encéphaliques est indépendant
de l'épaisseur de la couche corticale. Dans la
652
MAM
cerveau du Cheval et dans celui du Mouton,
par exemple, la matière grise est plus con-
sidérable que dans le cerveau de l'Homme;
mais les vaisseaux artériels sont multipliés
à l'infini dans la substance grise de ce der-
nier , comparativement aux premiers , et
comparativement à l'encéphale des autres
Mammifères. Si nous ajoutons à ces considé-
rations celles que nous fournissent la science
pathologique et les expériences de physiolo-
gie, nous croyons qu'on pourra conclure avec
nous que la vie de l'encéphale réside essen-
tiellement dans la matière grise, et que l'in-
tensité de cette vie, mesurée par le nombre
des ramifications artérielles, est liée d'une
manière très intime avec le développement
mystérieux de l'intelligence. La substance
blanche ne paraît être que la matière de
support, le substratum de la matière grise.
Aussi il nous semble que pour connaître la
constitution du système nerveux, avant de
raisonner sur son influence, il faut surtout
s'attacher à étudier les différentes disposi-
tions de la matière grise , et les rapports des
origines des nerfs avec cette matière. L'a
natomie et l'embryogénie doivent unir leurs
efforts pour atteindre ce but.
Bien que l'encéphale des Mammifères ne
soit pas encore complètement connu à ce
point de vue, il présente néanmoins, dans
sa configuration , des particularités remar-
quables, qui sont sans doute en rapport
avec sa constitution et son rôle, et qui ca-
ractérisent certains ordres. L'examen de ces
particularités dans chacun des trois groupes
de Mammifères que nous avons établis d'a-
près la nature du placenta , nous montrera
que les animaux atteignent à des états plus
ou moins avancés de développement, indices
de leurs affinités.
Dans le groupe des Mammifères à pla-
centa discoïde, nous pouvons établir deux
catégories , distinguées par la présence ou
l'absence de circonvolutions , et par le déve-
loppement des hémisphères cérébraux. Dans
la première se placent les Bimanes et les
Quadrumanes, qui nous ont déjà présenté
des points de rapprochement très remarqua-
1 blés dans l'étude des vésicules appendicu-
laires primitives de l'œuf; dans la seconde
se rangent les Chéiroptères, les Insecti-
vores et les Rongeurs, qui nous ont aussi
offert, sous le même rapport , des caractères
MAM
d'affinité. Chez l'Homme et chez les Singes
la forme générale du cerveau est ovalaire;
chaque hémisphère présente deux lobes , sé-
parés l'un de l'autre par un sillon qui con-
tourne l'hémisphère, et qu'on nomme sets-
sure de Sylvius. La masse du second lobe se
prolonge en arrière au-dessus des parties pos-
térieures de l'encéphale; et c'est à cette por-
tion, qui ne représente qu'un développement
plus considérable du second lobe, que les
anatomistes ont donné le nom de lobe posté-
rieur, bien qu'aucune limite ne le distingue
réellement de la portion antérieure qu'on
a appelée lobe moyen. A l'existence de ce
développement postérieur du second lobe ,
se rattache celle de la cavité digitale qui le
creuse et forme un enfoncement dans les
ventricules latéraux. Dans le groupe qui
nous occupe, les lobes sont relevés de cir-
convolutions plus ou moins nombreuses.
Quelques exceptions peuvent à peine être
citées , et encore elles ne portent jamais à
la fois sur le développement du second lobe
et sur les circonvolutions. Ainsi, le déve-
loppement du second lobe manque chez les
Makis, de façon à laisser à découvert une
grande partie du cervelet, mais on trouve
des circonvolutions ; ainsi , les Ouistitis et
leGalago manquent de circonvolutions, mais
ils présentent le développement postérieur
du second lobe. D'ailleurs ces exceptions
mêmes sont des caractères qui indiquent les
affinités des animaux de la première caté-
gorie avec les animaux de la seconde. Chez
ces derniers, Chéiroptères, Insectivores et
Rongeurs, le cerveau se rétrécit en avant,
et devient cordiforme ou triangulaire. Il
n'existe plus de développement postérieur du
second lobe, par conséquent plus de cavité
digitale ; les hémisphères laissent le cervelet
plus ou moins visible, et même, dans cer-
taines Chauves-Souris, découvrent les tuber-
cules quadrijumeaux. De plus, la surface
des hémisphères est entièrement lisse, ou ne
présente que de légères dépressions.
Chez tous les Mammifères à placenta zo-
naire , les hémisphères sont marqués de cir-
convolutions ; les différences qu'ils présen-
tent, dépendent de leur forme et de leur
étendue au-dessus du cervelet. Les Carni-
vores ont un cerveau de forme ovalaire,
dont la partie antérieure et moyenne a pris
un développement plus considérable, et les
MAM
MAjM
653
hémisphères ne recouvrent ie cerveau qu'en
partie. Chez les Amphibiens, le couioux du
cerveau est circulaire, le cervelet est pres-
que entièrement caché par les hémisphères,
et les circonvolutions deviennent extrême-
ment nombreuses et sinueuses. La Loutre,
parmi les Carnivores, se rapproche beau-
coup du Phoque par la configuration de son
cerveau, et établit ainsi un lien entre les
deux groupes de Mammifères à placenta zo-
naire. Remarquons ici que le Daman, dont
le placenta est zonaire, et qui semble le re-
présentant des Pachydermes dans ce groupe,
a un cerveau de forme ovale , mais élargi
en arrière comme celui des Pachydermes et
marqué de circonvolutions.
Deux catégories peuvent aussi être établies
dans le groupe des Mammifères à placenta
diffus. La première comprend les Cétacés,
les Pachydermes, les Solipèdes et les Ru-
minants, dont le cerveau présente des cir-
convolutions et un contour arrondi. Les
animaux qui composent les trois derniers
ordres ont le cerveau ovalaire, plus large
eu arrière qu'en avant, et laissant le cerve-
let en grande partie découvert. Les Cétacés
se font remarquer par la forme ronde de
leur cerveau , qui devient chez le Dauphin
presque du double plus large que long; par
l'épaisseur et le prolongement de leurs hé-
misphères qui recouvrent le cervelet; par
leurs circonvolutions extrêmement nom-
breuses et profondes , et qui rappellent celles
des Bimanes. Il est extrêmement intéressant
de voir que ces conditions de l'encéphale des
animaux aquatiques appartenant au groupe
des Mammifères à placenta diffus, corres-
pondent à des conditions identiques de l'en-
céphale des animaux aquatiques du groupe
des Mammifères à placenta zonaire. Les
Édentés forment la seconde catégorie, et
se caractérisent par le contour anguleux de
leur cerveau , qui est triangulaire chez les
Tatous, les Fourmiliers et autres, ou qua-
drilatère allongé chez l'Unau, et par l'ab-
sence presque complète de circonvolutions.
Nous n'entrons pas ici dans les détails
des différences que les parties intérieures du
cerveau peuvent présenter , parce qu'elles
sont, au fond, peu importantes, et varient
«l'espèce à espèce; nous avons d'ailleurs
indiqué les principales en parlant de ces
parties. En examinant les nerfs qui naissent
de la face inférieure du cerveau , et qui se
distribuent aux différents organes des sens,
nous aurons l'occasion de signaler encore
quelques particularités.
Organes des s*ens chez les Mammifères;
distribution des nerfs.
En classant précédemment les nerfs céré-
braux , nous avons dit que trois d'entre eux
doivent être considérés comme constituant
un groupe particulier, à cause de leur mode
de formation , et nous avons vu que les ob-
servations anatomiques et expérimentales
confirment cette distinction. Ces trois nerfs
de sensations spéciales sont Y optique, qui se
distribue à l'œil; V auditif, qui se distribue
à l'oreille; Volfactif, qui se distribue à l'or-
gane de l'odorat. On sait que chacun de ces
organes reçoit aussi un rameau du nerf tri-
jumeau, et que plusieurs anatomistes ont
considéré ce rameau comme un nerf acces-
soire qui pouvait suppléer le nerf propre ou
principal. Le concours de ces deux ordres de
nerfs serait même nécessaire , suivant cer-
tains observateurs, pour que la fonction spé-
ciale s'exerçât dans sa plénitude. La doctrine
de la transposition des sens repose sur quel-
ques faits qu'on s'est trop hâté de tenir pour
certains, comme l'absence de nerfs optiques
chez les Taupes , de nerfs olfactifs chez les
Cétacés, de nerfs auditifs chez les Poissons.
D'un autre côté , en attribuant la perte im-
médiate de la vue , de l'ouïe ou de l'odorat
à la section de la branche du trijumeau, qui
se distribue à chacun des organes de ces sens,
on a considéré comme principal le phéno-
mène secondaire, et l'on n'a pas vu que l'abo-
lition du sens est consécutive aux altérations
qui surviennent dans ses parties, au trouble
de leurs actes nutritifs et sécrétoires. De
toutes les expériences physiologiques qui ont
rapporta ce sujet, et qu'on a de la sorte
mal interprétées , il résulte que le nerf tri-
jumeau a un rôle fort important , mais non
un rôle de nerf spécial, dans la vision , l'au-
dition et l'olfaction.
C'est par l'étude des trois appareils sen-
soriels supérieurs que nous allons commen-
cer : l'histoire de leur développement les
rattache immédiatement à l'encéphale. Nous
dirons ensuite quelques mots du goût et du
toucher.
De la vue. — L'étude du développement
654
MAM
IMAM
des cellules cérébrales nous a appris déjà
que deux petites dilations se montrent pri-
mitivement sur le côté de la portion anté-
rieure de la seconde cellule primitive, c'est-
à-dire sur le côté du cerveau intermédiaire
d'où naissent les couches optiques. Ces deux
petites exsertions creuses , s'allongent peu
â peu; leur portion antérieure, arrondie et
volumineuse , formera , par une séparation
histologique , la rétine, la choroïde et la
sclérotique; leur portion postérieure, cylin-
drique, donnera naissance au nerf optique,
qui, d'abord creux comme la vésicule à
laquelle il aboutit, met celle-ci en commu-
nication avec le cerveau. Par le développe-
ment d'une masse nerveuse et la formation
des fibres, les tubes des nerfs optiques s'em-
plissent, deviennent solides, et font corps
avec la rétine , qui semble en être un épa-
nouissement vésiculeux. Au devant de cette
vésicule de la rétine , les téguments de la
tête s'avancent sous la forme d'un enfonce-
ment en cul-de-sac, dont le sommet ren-
contre d'abord la surface convexe de la vé-
sicule, la repousse devant lui, et s'enchâsse
enQn dans le sinus qu'il s'est ainsi creusé.
La paroi de la vésicule, refoulée de la sorte
sur elle-même d'avant en arrière, se replie
à la façon des séreuses , et deux feuillets se
trouvent ainsi formés ; l'interne , celui qui
s'est réfléchi, devient la rétine; l'externe est
la membrane de Jacob. La dépression sacci-
forme que nous venons de décrire, et qui
reste d'abord ouverte en avant , s'étrangle
peu à peu à son ouverture, et finit par se
détacher des téguments. Enfermée dans l'œil,
elle forme la capsule du cristallin , dans la-
quelle se développe le cristallin lui-même.
Entre la rétine et la capsule du cristallin ,
la portion du liquide primitivement contenu
dans la saillie vésiculeuse de l'œil se trans-
forme en corps vitré, qui se revêt d'une fine
tunique , la membrane hyaloïde. Il est clair
que le corps vitré est d'autant plus petit que
l'embryon est plus jeune. La partie anté-
rieure du globe oculaire , dont l'occlusion a
iieu de la manière que nous venons de dé-
crire, est transparente , et forme la cornée.
11 résulte de ce mode de développement que
le cristallin conserve d'abord des rapports
intimes avec la cornée, et ne s'en éloigne
que progressivement.
A mesure que la capsule du cristallin
quitte ainsi la face interne de îa cornée
pour se porter plus en dedans , elle est dé-
passée tout à son pourtour par une mem-
brane quia enveloppé la rétine, et dont les
bords se courbent légèrement au-devant de
la capsule elle-même , sans cependant en-
vahir jamais sa surface; cette membrane est
la choroïde; le voile annulaire qu'elle en-
voie entre la cornée et le cristallin porte le
nom d'uvée; il est percé dans son milieu du
trou de la pupille. Sur ce repli antérieur se
place Viris , dont le développement a lieu
plus tard, et qui n'est sans doute qu'un pro-
longement immédiat de la choroïde. L'iris ,
comme l'uvée sur laquelle il s'applique,
forme un anneau étroit, transparent, inco-
lore , et est aussi percé du trou pupillaire;
plus tard, sa face postérieure, l'uvée, prend
une couche de pigment, aussi bien que la
choroïde elle-même, et l'iris lui-même se co-
lore diversement; il est le plus souvent brun
ou d'un fauve foncé. Le voile formé par l'iris
distingue la chambre antérieure de la cham-
bre postérieure de l'œil, toutes deux remplies
par l'humeur aqueuse. La lame interne de
la choroïde , à la surface de laquelle surtout
repose le pigment, est d'un tissu plus ferme
et porte le nom de ruischienne. Peu visible
chez l'Homme, les Singes et les petits Mam-
mifères , la ruischienne devient très appa-
rente chez les grands animaux, et notam-
ment chez la Baleine. Au bord antérieur de
la choroïde , sur les points où cette mem-
brane entoure la capsule du cristallin , se
montrent dé petits plis , les procès ciliaires,
dont la couronne se complète peu à peu ;
leurs bords libres, légèrement dentelés en
général , se découpent en franges chez les
grands Mammifères, comme le Rhinocéros,
le Cheval, le Bœuf, la Baleine. Ces procès
ciliaires ne sont que les extrémités de petites
îames formées par les plis qui se prononcent
ensuite plus haut dans la choroïde, et dont
l'ensemble constitue le corps ciliaire.
De la portion périphérique de la vésicule
oculaire se forme enfin la tunique la plus
externe de l'œil , la sclérotique , qui s'unit
en avant et se continue avec la cornée; une
ligne indique dans les premiers temps la
limite de ces deux segments de la sphère
oculaire, et s'efface plus tard sans que ce-
pendant on cesse de pouvoir la distinguer.
L'union de ces deux calottes extérieures de
MAM
MAM
655
l'œil se fait de plusieurs manières : tantôt ,
comme cher la Baleine et le Rhinocéros,
leurs bords, restant droits, se pénètrent ré-
ciproquement; tantôt , comme chez le Liè-
vre et le Phoque, le bord de la sclérotique
forme une rainure dans laquelle s'enchâsse
le bord de la cornée; tantôt enfin , comme
c'est le cas pour l'Homme , le Bœuf et la
plupart des Mammifères , ces bords sont
taillés en biseau, et celui de la cornée s'ap-
plique sous celui de la sclérotique. L'épais-
seur de la sclérotique est considérable;
mais chez aucun Mammifère elle n'atteint
celle qu'on observe chez les Cétacés , et
principalement chez la Baleine, où sa struc-
ture fibro-cellulaire est évidente sans au-
cune préparation. La choroïde tapisse inté-
rieurement toute la concavité de la scléro-
tique, et à leur partie antérieure et voisine
de la cornée, ces deux tuniques s'unissent
plus intimement au moyen d'un cercle cel-
lulaire, comme cotonneux, nommé cercle
ou ligament ciliaire.
Entre la sclérotique et la choroïde se dé-
veloppe plus tard une mince membrane,
beaucoup plus apparente chez l'embryon que
chez l'adulte, et qu'on regarde généralement
comme formée de deux feuillets, dont la
partie postérieure a reçu le nom de lamina
fusca scleroticœ , et l'antérieure celui de
membrane de l'humeur aqueuse, de Wrisberg,
de Descemel , de Demours. Beaucoup d'ana-
tomistes considèrent cette formation comme
une arachnoïde oculaire, analogue à l'a-
rachnoïde cérébrale ; la sclérotique serait
l'analogue de la dure-mère ; la choroïde, de
la pie-mcre ; la rétine représenterait la sub-
stance cérébrale.
La formation du globe de l'œil n'est pas
présentée , par tous les embryologistes , dé
la manière que nous venons de le faire.
Bischoff, entre autres , n'est pas disposé à
admettre l'invagination des téguments d'où
naît la capsule du cristallin, et considère
toutes les parties de l'œil comme dérivées
de séparations histologiques dans la vésicule
oculaire elle-même.
11 existe aussi, chez tous les embryons de
Vertébrés, à l'angle interne et inférieur de
l'œil , une ligne incolore dontla nature et le
mode de formation ne sont pas expliqués de
la même manière par tous les observateurs.
Le plus grand nombre d'auteurs la consi-
dèrent comme une fente , et c'est sous le nom
de fente choroidienne que ce phénomène est
désigné généralement. Elle intéresse à la fois
la sclérotique, la rétine, la choroïde, et
par conséquent l'iris, que nous considérons
comme un prolongement de cette dernière
tunique. Mais les avis ont été parages sur
l'origine de cette fente.
Walther, croyant que l'œil, comme d'au-
tres organes, se compose de deux moitiés
d'abord distinctes , puis confondues , re-
garde la fente choroidienne comme la der-
nière trace de la séparation primitive , opi-
nion que l'observation a depuis longtemps
renversée. Huschke , trompé sans doute par
le rapprochement des deux vésicules oculai-
res qui est dû à la courbure du cerveau, con-
sidère les deux globes des yeux comme ré-
sultant de la division d'un germe unique, et
trouve dans la ligne de séparation des deux
globes l'origine de la fente choroidienne.
Nous venons d'indiquer la cause probable de
l'erreur de Huschke ; l'observation la plus
attentive nous montre les vésicules oculaires
primitivement distinctes.
11 nous semble beaucoup plus rationnel
d'expliquer la formation de cette fente par
la formation même de l'œil. En effet, le
prolongement des téguments, destiné à for-
mer la capsule du cristallin, ne s'allonge pas
dans l'axe même de la vésicule oculaire,
mais bien sur la ligne médiane inférieure,
de manière à produire un petit sillon longi-
tudinal, dont les bords sont formés par les
plis des membranes qu'il refoule. Suivant
cette explication, la fente choroidienne ne
serait autre chose que le bâillement de ces
bords. Le coloboma de l'iris ne serait qu'un
arrêt de développement dans cette période
de formation.
Baër ne croit pas à l'existence d'une fente,
d'une solution de continuité; il soutient que
la rétine forme en cet endroitun pli au-des-
sous duquel passe la choroïde sans s'y engager
et sans prendre de pigment ; la tache jaune
et le trou central qu'on observe sur la rétine
de l'Homme et des Singes seraient les débris
de ce pli primitif. Chez les Oiseaux, au con-
traire, le choroïde s'engagerait dans ce pli
de la rétine, et formerait le peigne, qu'on
ne trouve pas chez les Mammifères. Bischoff,
qui n'admet pas non plus une véritable fente,
pense qu'au moment où le pédicule creux
656
MAM
MAM
d'où naît le nerf optique, se sépare de la vé-
sicule, ses deux bords s'affaissent l'un sur
l'autre latéralement et dessinent de la sorte
une ligne; le pigment ne se dépose pas d'a-
bord sur cette ligne d'insertion du nerf op-
tique; mais lorsque cette insertion se dé-
place, et est portée en arrière par le progrès
du développement, le pigment a continué de
se déposer d'avant en arrière dans la choroïde,
et la ligne blanche a de la sorte disparu. L'ex-
plication que nous avons adoptée nous paraît
être la plus probable.
Un phénomène propre à l'œil des Mam-
mifères et de l'Homme est l'existence, pen-
dant la vie fœtale, de deux membranes
vasculaires d'une grande finesse, dont les
vaisseaux'sont en communication avec ceux
de l'iris et entre eux. L'une, appliquée sur
la face antérieure de l'iris, clôt la pupille et
est nommée membrane pupillaire ; l'autre
appliquée sur la face postérieure du cristal-
lin, dépasse la capsule, traverse la chambre
postérieure et va rejoindre la membrane
pupillaire; elle est désignée sous le nom de
membrane capsulo -pupillaire. Primitive-
ment, quand la capsule du cristallin était en
contact avec la cornée, ces deux membranes
en formaient probablement une seule conti-
nue, qui enveloppait toute la capsule, et
constituait le sac capsulo-pupillaire. La
capsule, en s'enfonçant vers l'intérieur de
l'œil, s'appliqua sur la paroi postérieure de
ce sac; puis, quand la choroïde émit son
voile circulaire de la périphérie vers le
centre du globe oculaire , et que l'iris se
forma, la membrane du sac capsulo-pupil-
laire fut repliée sur elle-même; la partie
antérieure, restée adhérente à l'iris, se déta-
cha de la partie postérieure et constitua la
membiane pupillaire; la partie postérieure,
traversant la chambre postérieure et acco-
lée à la capsule du cristallin , devient la
membrane capsulo-pupillaire. L'iris est dé-
barrassé de ce voile à une époque plus ou
moins avancée, selon les individus; on l'a
trouvé encore à la naissance.
Primitivement, en raison même de leur
mode de formation , les yeux sont situés la-
téralement; mais chez l'Homme elles Qua-
drumanes, ils prennent peu à peu une autre
direction et se portent en avant; chez ces
derniers même ils se rapprochent davan-
tage de la ligne médiane, et le Tarsier est
celui chez lequel ils sont le plus rapprochés.
Dans les autres ordres , ils restent latéraux,
et s'écartent même de plus en plus l'un de
l'autre, ce qui tient probablement au plus
grand développement de la face en avant;
chez les Cétacés, ils se dirigent un peu
en bas.
Le globe oculaire de tous les Mammifères
présente dans sa formation les phéno-
mènes que nous venons de décrire , il se
compose essentiellement chez tous des mê-
mes parties ; on rencontre néanmoins chez
les adultes quelques particularités que nous
allons signaler avant de parler du nerf op-
tique.
En général , les yeux sont proportionnel-
lement plus gros chez les Mammifères noc-
turnes, et leur pupille , en se contractant
sous l'influence de la lumière, prend ordi-
nairement la forme d'une fente, au lieu de
rester circulaire. Les Chéiroptères ne peu-
vent pas être considérés comme une excep-
tion à cette loi ; car c'est par le sens du tou-
cher, et non par la vue, qu'ils semblent se
diriger pendant l'obscurité. Chez les Mam-
mifères que leur vie souterraine condamne
à une obscurité complète , les yeux devien-
nent, au contraire, extrêmement petits et
rudimentaires, comme chez les Taupes, les
Musaraignes , etc. Ceuxqui, comme l'Homme,
se tiennent à la surface de la terre, ont le
globe oculaire presque sphérique; la cornée
forme cependant, en général J|ine légère sail-
lie au devant de la sclérotique, parce qu'elle
représente un segment appartenant à une
sphère d'un plus petit rayon. Cette différence
s'efface chez plusieurs Rongeurs, le Castor,
le Porc-Épic , etc. Chez les Cétacés, la cornée
s'aplatit à peu près comme chez les Poissons ;\
mais le cristallin devient plus sphérique que?
chez les Mammifères terrestres : disposition)
que rend nécessaire le besoin d'une réfrin-;
gence plus considérable, et qui dépend duj
milieu dans lequel vit l'animal ; aussi le ren-
contre-t-on chez les Phoques, qui ont l'habi-
tude de plonger.
Le pigment qui recouvre la ruïschienne
ne se dépose souvent sur le fond qu'en cou-
che extrêmement légère , et laisse voir ainsi
la couleur de la membrane comme une sorte
de tache diversement colorée, et nommée
tapis. Cette tache, dont on ignore l'usage,
ne s'observe que chez les Mammifères. Pla-
MAiU
MAM
657
cée au fond de l'œil , sur le côté opposé à
celui où s'implante le nerf optique, elle est
souvent très éclatante; et c'est la réflexion
«le la lumière extérieure sur le tapis qui pro-
duit cet éclat particulier aux yeux de cer-
tains Mammifères, et notamment du Chat,
quand ils sont placés dans une demi-obscu-
rité. Le tapis est de couleur sombre , brun ,
noirâtre ou chocolat, chez l'Homme, les
Blaireaux, les Singes, les Rongeurs; il est
vivement coloré chez les Carnivores, les
Ruminants, les Pachydermes, les Cétacés.
Blanc bordé de bleu, chez le Chien, le
Loup, le Blaireau, il est d'un jaune doré
pâle, chez les Felis, l'Ours, le Dauphin, et
se rapproche en général du vert et du bleu
argenté chatoyants.
Nous avons vu comment se forme le nerf
optique; nous savons qu'il se rattache pri-
mitivement à la seconde cellule cérébrale.
Mais par suite du développement successif de
cette cellule il prend des connexions particu-
lières, et son origine à la base du cerveau
est un point assez difûcile à établir. Primi-
tivement, quand les corps géniculés ne sont
point encore développés, on voit les nerfs
optiques dans l'intérieur des tubercules qua-
«Jrijumeaux; puis, lorsque les couches op-
tiques ont acquis leur développement, ces
nerfs sont en rapport, par une racine plus
grosse , avec le corps genouillé externe , et ,
par une racine plus grêle, avec le corps ge-
nouillé interne. Les nerfs optiques ont donc
leur origine dans les tubercules quadriju-
ineaux et dans les couches optiques , princi-
palement dans les nates et les corps genouillés
externes. On sait que le nerf optique d'un
côté , s'unit au nerf optique de l'autre côté ,
pour former le chiasma qui repose sur le sphé-
noïde, en avant de la glande pituitaire; cha-
cun d'eux embrasse ainsi le tuber cincreum,
dont il reçoit quelques filets radiculaires;
traversant le trou optique, il va percer la
sclérotique et s'épanouit dans la rétine.
Quelques anatomistes ont pensé que le
nerf optique manque à certains Mammi-
fères, la Taupe, le Rat-Taupe du Cap, la
Chrysochlore du Cap , la Musaraigne , le
Zemni , et ils ont supposé que la branche
ophihalmique et les rameaux orbitaires du
trijumeau le remplacen,. Nous avons déjà
dit ce qu'il faut penser de l'action du nerf tri-
jumeau comme nerf spécial ; quant à l'exis-
T. vu.
tence d'un nerf optique chez les Mammifères
que nous venons de nommer, elle a été at-
testée par un grand nombre d'observateurs,
Carus, Tréviranus, Gall, Dugès , Muller,
MM. de Blainville, Longet, et autres.
L'insertion du nerf optique varie un peu :
chez presque tous les Mammifères, et prin-
cipalement chez les Ruminants et les Soîi
pèdes, il se place tout-à-fait en bas et en
dehors; dans l'Homme et les Singes , il pé- j
nètre le globe oculaire à sa partie posté-
rieure interne et un peu inférieure; dans
les Felis et le Phoque , il s'insère presqu'au
centre
En suivant le développement du globe
oculaire, nous avons vu que jusqu'ici il reste
libre ; la peau qui passe à plat sur sa par-
tie antérieure , s'amincit peu à peu en même
temps qu'elle devient plus transparente, et
forme la conjonctive. Bientôt se montrent en
haut et en bas deux bourrelets qui se déve-
loppent en replis cutanés et deviennent les
paupières; ces replis envahissent progressi-
vement toute la surface antérieure de l'œil,
se rencontrent et s'unissent ensemble. Cette
adhérence des paupières est plus complète
chez les animaux que chez l'Homme ; et l'on
trouve même une espèce de Rat, le Zemni
(mus lyphlus) , chez lequel cet état primor-
dial persiste, si bien que son œil, extrê-
mement petit, est caché tout-à-fait par la
peau qui se couvre de poils en cet endroit
comme ailleurs. Dans l'angle interne des pau-
pières, on voit, chez l'Homme et les Quadru-
manes, un petit repli en forme de croissant,
indice d'une troisième paupière qui se déve-
loppe davantage chez d'autres Mammifères,
surtout chez les Ruminants, les Pachyder-
mes, les Édcntés , sans pouvoir cependant
jamais jouer indépendamment de ï'œil.
Les Cétacés ne présentent aucun vestige de
ce troisième voile palpébral; et leurs deux
paupières sont tellement épaissies par la
graisse, qu'elles demeurent presque immo-
biles. L'union primitive des paupières dis-
paraît plus ou moins vite, suivant les es-
' pèces; on sait, en effet, que certains ani-
maux naissent les yeux ouverts , tandis que
d'autres naissent les yeux fermés. Les cils
se forment à des époques différentes.
Le globe de l'œil , appuyé dans l'orbite
sur une couche de graisse qui lui sert de
coussinet, est mis en mouvement par des
83
658
MAM
MA3M
muscles obliques et des muscles droits. Les
premiers sont au nombre de deux chez tous
les Mammifères ; les seconds sont au nombre
de quatre chez l'Homme et les Singes. Dans
les autres ordres, on voit un cinquième
muscle droit, le suspenseur ou choanoïde ,
dont quelques anatomistes trouvent des tra-
ces même chez les Quadrumanes, et qui se
divise en deux chez les Rhinocéros, en qua-
tre chez les Carnassiers et les Cétacés. Dans
l'embryon , les muscles droits deviennent vi-
sibles avant les muscles obliques. Ces mus-
cles reçoivent leurs filets moteurs du nerf
moteur oculaire commun, du pathétique,
et du moteur oculaire externe.
On connaît mal le mode de formation
de la glande lacrymale ; peut-être son dé-
veloppement la rattache-t-il à la cavité pha-
ryngienne. Cette glande acquiert un grand
volume chez les Lièvres ; elle se subdivise
en deux ou trois portions chez les Rumi-
nants; chez les Cétacés, elle est remplacée
par des lacunes d'où s'échappe une humeur
mucilagineuse. Plusieurs Mammifères, les
Ruminants, les Carnassiers, les Pachyder-
mes, les Lièvres, les Paresseux, etc., pos-
sèdent une glande particulière qui manque
à l'Homme, et qu'on nomme glande de
Harderus; elle est située à l'angle nasal, et
verse sous la troisième paupière une hu-
meur épaisse et blanchâtre.
De l'ouïe. — L'oreille des Mammifères est
composée de deux portions distinctes : l'une,
fondamentale, dans laquelle se distribue les
nerfs de l'audition ; l'autre, complémentaire,
destinée à recueillir et à renforcer les sons.
La première est l'oreille interne ou le laby-
rinthe; la seconde se compose de l'oreille
moyenne ou caisse, et de l'oreille externe.
La première se développe tout-à-fait indé-
pendamment de la seconde, et suivant le
type primitif des organes de sensation spé-
ciale, comme nous Talions voir. La forma-
tion de la seconde se rattache aux évolutions
des parties que nous avons déjà indiquées
sous le nom d'arcs branchiaux ou viscéraux;
nous en parlerons plus loin en examinant le
développement de la face et du crâne.
Suivant le même mode de formation que
l'œil, mais après ce dernier organe, le laby-
rinthe se montre d'abord comme une saillie
vésiculeuse des cellules cérébrales, entre la
cellule cérébelleuse et la cellule encéphali-
que postérieure. Cette vésicule, communi-
quant primitivement avec la cavité médul-
laire par une large ouverture, s'allonge peu
à peu et s'effile ensuite à sa partie postérieure
en un pédicule d'abord creux, puis solide.
Ce pédicule produit le nerf auditif; la por-
tion vésiculeuse devient le labyrinthe.
Au-dessous de cette vésicule, et bientôt
autour d'elle, se montre une capsule qui
s'est progressivement formée et qui s'étend
peu à peu jusqu'au point où la vésicule se
continue avec l'encéphale. Les parois de cette
enveloppe deviennent épaisses , et sont les
parties du système osseux qui se cartilagi-
niûent et s'ossifient les premières ; elles
constituent alors le rocher qui, par consé-
quent, est d'abord indépendant du tempo-
ral. Elles donnent aussi naissance au laby-
rinthe osseux en s'en roulant successivement
autour de toutes les parties nées de la vési-
cule , qui n'est elle-même que le labyrinthe
membraneux.
Cette vésiculelabyrinthique, d'abord sphé-
roïdale, prend ensuite la forme d'un triangle,
dont les côtés se renflent en plis convexes;
les parois de ces plis se rapprochent par leurs
bords, se soudent, et constituent ainsi des
canaux qui, à leur partie moyenne, se sépa-
rent partiellement du corps même du trian-
gle, tout en restant en communication avec
lui par leurs extrémités. Le corps vésiculeux
du triangle forme alors le vestibule; les ca-
naux qui s'y abouchent sont les canaux semi-
circulaires qui, d'abord courts, larges et ap-
pliquées sur les parois du vestibule, s'en
éloignent peu à peu, et se rétrécissent dans
leur milieu, en même temps qu'ils se ren-
flent à leur orifice, de manière à former les
ampoules. Les canaux semi -circulaires sont
au nombre de trois chez les Mammifères,
comme chez les autres Vertébrés à l'excep-
tion des derniers Cartilagineux; on les dis-
tingue, d'après leur situation relative, en
vertical supérieur, vertical inférieur, et ho-
rizontal ; les deux premiers se rapprochent
par une de leurs extrémités et se confondent
dans une ouverture commune ; de sorte qu'on
ne trouve que cinq orifices dans le vestibule
au lieu de six. Dans la pulpe du vestibule se
trouvent de petites concrétions calcaires,
cristallines , analogues aux otolithes et aux
otoconies que l'on rencontre chez les Pois-
sons.
MAM
Cette première période du développement
de l'oreille interne s'observe chez tous les
Vertébrés , et est en quelque sorte le point
de départ commun pour la formation de l'or-
gane auditifdans tous les embryons de ce type.
Ce n'est pas à dire quelle soit, chez le Mam-
mifère, l'image transitoire d'un état perma-
nent chez le Poisson; car si le labyrinthe
du premier présente originairement une
ressemblance avec le labyrinthe du second,
et en général avec celui des Anallantoïdiens,
cette ressemblance ne va pas au-delà d'une
analogie de type, et n'empêche pas que des
caractères distinctifs ne se prononcent en
même temps de manière à indiquer la dif-
férence des classes. Tels sont l'ossification
rapide du rocher, la formation d'une ouver-
ture, la fenêtre ovale, par laquelle le vesti-
bule communique avec l'oreille interne ; tels
sont encore les phénomènes que présente si-
multanément le développement des autres
parties de l'organe auditif, et que nous exa-
minerons plus loin; telle est surtout la for-
mation d'une vésicule cochléenne, contem-
poraine de l'apparition des canaux semi-cir-
culaires, et qui ne peut se rencontrer chez
les Poissons , puisque ces animaux n'ont
point de limaçon. De plus, bien que le laby-
rinthe des Poissons soit au fond , et d'une
manière tout-à-fait générale , analogue au
labyrinthe primitif des Mammifères , il
prend aussi des caractères propres que ne
présente pas ce dernier. La seule consé-
quence que la physiologie comparée puisse
tirer du rapprochement du labyrinthe des
Poissons de celui des Mammifères, c'est que
l'existence d'un vestibule et de canaux plus
ou moins développés est la condition de l'au-
dition chez les Vertébfés; cette condition se
simplifie chez les animaux des autres types,
et arrive même à ne plus consister que dans
l'existence d'une pulpe mobile et tremblo-
tante.
Nous venons de dire qu'à l'époque où les
canaux semi-circulaires commencent à se
former, se montre aussi la vésicule co-
chléenne, d'où naît le limaçon. En effet,
cette partie du labyrinthe est produite par
une dilatation de la vésicule vestibulaire :
les parois de cette dilatation vésiculiforme
deviennent plus épaisses, et se creusent, de
dedans en dehors, d'un sillon profond qui
l'élève en spirale; les bords de ce sillon se
MAM
6,9
rapprochent peu à peu, et, quand ils se
sont soudés, représentent de la sorte un
axe autour duquel semblent s'être enroulées
les circonvolutions d'un tube spiral. Un pli
qui ne tarde pas à devenir une cloison com-
plète, se forme dans toute la longueur du
tube ainsi constitué. Une lame, fournie par
la capsule osseuse qui environne le laby-
rinthe membraneux , s'est enfoncée dans ce
pli , et la cavité du limaçon se trouve ainsi
divisée en deux rampes , dont l'une vient
s'ouvrir dans le vestibule, et communique,
par conséquent, avec la caisse au moyen de
la fenêtre ovale; tandis que l'autre s'ouvre
directement dans la caisse par la fenêtre
ronde, au-dessous d'une saillie de la caisse
nommée promontoire; la fenêtre ovale est
située au-dessus. Cette constitution du lima-
çon est propre aux Mammifères; la partie
du labyrinthe qui porte ce nom chez les Oi-
seaux et les Reptiles proprement dits , n'est
guère qu'un cornet partagé en deux loge?
par une cloison , et dont nous ne retrouvon
l'analogue à aucune période connue du dé
veloppement du limaçon des Mammifères.
C'est du pourtour de la fenêtre ronde que
l'ossification commence; elle se continue en
suite dans les canaux semi-circulaires. Un
point osseux apparaît d'abord au canal ver-
tical supérieur, d'où l'ossification marche en
arrière et en bas pour former le plancher du
labyrinthe; un autre point se montre au
canal vertical inférieur, et l'ossification s'é-
tendant sur !a face interne du rocher, pro-
duit le plancher du limaçon. Le canal ho-
rizontal s'ossifie ensuite, par l'envahisse-
ment de l'ossification émanée du premier et
du second point osseux.
Cette ossification du rocher atteint son
maximum de dureté chez les Cétacés, dans
lesquels il ne s'articule pas avec les os du
crâne, mais reste suspendu par des ligaments
à une voûte formée sous l'occipital. Chez les
Taupes au contraire et les Chauves-Souris,
diverses parties du labyrinthe se montrent
libres et visibles dans l'intérieur du crâne ,
sans être enveloppées par le rocher. Du
reste, chez tous les Mammifères , le laby-
rinthe communique avec le crâne par deux
canaux, nommés aqueducs, qui ont leur
orifice, l'un dans le vestibule, l'autre dans
le limaçon ; ils sont très larges dans le Dau-
phin spécialement.
cco
MAM
Chez le plus grand nombre de Mammifè-
res , le limaçon fait deux tours et demi,
comme celui de l'Homme; il en fait trois et
demi chez les Chauves-Souris et quelques
Rongeurs, tels que le Cabiai, le Cochon
d'Inde , le Porc-Épic. C'est chez les Cétacés
qu'il atteint les plus grandes proportions , et
cette circonstance , jointe à ce qu'il s'en-
roule dans un même plan , et à la constitu-
tion particulière du rocher, distingue le la-
byrinthe de ces animaux de celui des autres
Mammifères , de même que leur oreille
moyenne prend aussi des caractères particu-
liers , comme nous le verrons en examinant
cette portion de l'organe auditif. En outre,
si l'on rapproche cette indépendance du ro-
cher de son mode de formation , on en
pourra tirer la conséquence que cet os doit
être considéré comme une pièce osseuse spé-
ciale, qui ne fait pas essentiellement partie
du crâne, mais appartient à l'organe audi-
tif, et se met seulement en connexion avec
la boîte crânienne d'une manière variable.
Le pédicule primitif, qui rattachait à l'en-
céphale la vésicule auditive dont nous venons
de suivre les transformations, s'est cepen-
dant converti en nerf auditif, qui a pris ses
connexions définitives. Ce nerf paraît naî-
tre, dans l'épaisseur de la substance grise
qui revêt la face postérieure du bulbe rachi-
dien , par deux racines ; l'une élargie en ru-
ban et grisâtre, l'autre arrondie et plus
dense. Ces deux racines embrassent le corps
restiforme et s'unissent en un tronc qui se
creuse d'une gouttière pour recevoir le nerf
facial. Des fibres blanches, en nombre va-
riable, et qui se voient sur le plancher du
quatrième ventricule , ont des rapports dou-
teux avec l'origine du nerf auditif. Arrivé
dans le conduit auditif interne , ce nerf se
divise en deux branches: l'une, la co-
chléenne ou antérieure , se distribue au
limaçon, et se divise en filets ténus qui
s'épanouissent sur la lame spirale de cet or-
gane; l'autre, la vestibulaire , se partage
en trois grands rameaux qui se subdivisent
eux-mêmes, et sont destinés aux diverses
parties du vestibule et des canaux semi-cir-
culaires. C'est chez les Cétacés que le nerf
auditif acquiert un plus grand volume, pro-
portionnel au volume considérable des par-
ties de l'oreille interne.
De l'odorat. — Un peu plus tard que les
MAM
deux vésicules d'où naissent l'œil et le laby-
rinthe, apparaissent, suivant le même modo
que les précédentes, deux petites vésicules
destinées à former le nerf olfactif. Elles sont
produites par une saillie du cerveau anté-
rieur et s'appliquent contre la paroi de la
tête; à leur rencontre s'avance de dehors en
dedans une dépression de cette paroi , d'où
se formeront les fosses nasales. On voit que
les vésicules olfactives présentent originaire-
ment la forme qu'affectent les vésicules ocu-
laires et auditives.
Les petites fossettes, qui représentent pri-
mitivement les fosses nasales , constituent
seules le nez à une époque où les os ne se
sont point développés , et elles se montrent
comme deux petites ouvertures séparées par
une cloison épaisse. Chez tous les Mammi-
fères, même après la formation des os, les na-
rines présentent à peu près cette disposition ;
mais , chez l'Homme et chez quelques Sin-
ges, elles s'ouvrent en dessous. Elles s'ou-
vrent sur le sommet de la tête chez les Céta-
cés. Les narines se complètent par l'appari-
tion de différentes parties que nous décrirons
à propos du développement du crâne et de
la face, et se revêtent intérieurement de la
membrane pituitaire, siège de la sensation
des odeurs. Chez les Cétacés ordinaires , la
membrane pituitaire est mince , sèche , sans
organes glandulaires, sans saillie, et cette
structure particulière, si peu favorable à la
perception des odeurs , coïncide avec l'ab-
sence totale ou l'existence rudimentaire du
nerf olfactif. L'organe de l'olfaction est
complet chez les Siréniens.
La disposition primitive du nerf olfactif,
formant une sorte de tubercule creux en
continuité avec le ventricule latéral, s'ob-
serve chez la Taupe , où l'on voit comme
deux lobes en avant des hémisphères. Chez
les autres Mammifères , excepté l'Homme ,
les Singes et les Phoques, ce nerf présente
une éminence cendrée, ou caroncule mamil-
laire , appuyée sur la lame criblée de l'eth-
moïde , et creusée aussi d'une cavité qui
communique avec le ventricule cérébral.
Dans l'Homme, les Singes et les Phoques,
l'éminence mamillaire est très réduite, sans
cavité, et se rattache au cerveau par un pé-
doncule détaché de sa base et logé dans un
sillon. Ce pédoncule , ou tronc olfactif, ré-
sulte de l'union de trois racines : une grise,
MÀM
qui naît de l'extrémité postérieure du sillon
où le tronc olfactif est reçu ; les deux au-
tres blanches, dont une externe, qui part du
fond de la scissure de Sylvius , et , chez les
Carnassiers au moins, de la corne d'Ammon
et de la commissure cérébrale antérieure;
l'autre, interne, naît de l'extrémité posté-
rieure du lobe antérieur, en ayant de la
substance perforée. Arrivé sur la lame cri-
blée , le ganglion mamillaire se divise en un
grand nombre de filets qui se distribuent à
la membrane pituitaire.
Un organe particulier aux Mammifères,
et lié à la membrane pituitaire, est l'organe
de Jacobson , sorte de long sac étroit , plus
ou moins glanduleux, revêtu d'un étui car-
tilagineux et couché de chaque côté sur le
plancher de la narine. Cet organe, dont on
ignore l'usage , reçoit des nerfs des caron-
cules mamillaires et aussi du ganglion naso-
palatin. Il manque chez l'Homme, est peu
apparent chez les Quadrumanes, acquiert
un très grand volume chez les Ruminants,
et surtout chez les Rongeurs.
L'étude du développement des autres par-
ties qui constituent les fosses nasales com-
plétera ce que nous avons à dire de l'organe
olfactif.
Du goût. — C'est aussi en décrivant les
divers organes qui sont produits par le dé-
veloppement des arcs viscéraux que nous
indiquerons le mode de formation de la lan-
gue. Nous en avons précédemment étudié la
structure, décrit les téguments et les papilles,
et passé en revue les particularités princi-
pales aussi bien que les fonctions diverses
{voy. langue). La sensibilité gustative ne
ne réside pas également sur toute la surface
de la langue, et toute la muqueuse de la
bouche n'est pas apte à percevoir les saveurs,
comme le pensaient les anciens physiologis-
tes. Dans les expériences les plus récentes
tentées pour déterminer le siège du goût, la
voûte palatine, la luette, les lèvres, les joues
et les gencives, n'ont donné aucun signe de
sensation savoureuse. La pointe, la base et
la face inférieure de la langue, le voile du
palais et des piliers avec une certaine étendue
du pharynx, c'est-à-dire les parties où se dis-
tribuent le rameau lingual du trijumeau et
le nerf glosso-pharyngien, possèdent exclu-
sivement la sensibilité gustative. Il résulte
de ces faits qu'il n'existe pas de nerf spécial
MAM
661
et unique de la gustation. De plus, toutes le*
parties qui humectent la langue, sont essen-
tielles pour la transmission des impressions
sapides, et le grand sympathique exerce aussi
une influence nécessaire au complet exercice
delà faculté gustative.
Le nerf trijumeau naît par deux racines ;
l'une, plus grosse, se nomme ganglionnaire
ou sensitive ; l'autre est appelée racine mo-
trice. La première semble confondue à son
origine avec le corps restiforme; la seconde
émerge, au-dessous et en arrière de la pre-
mière, sans doute de la portion du faisceau
antérieur de la moelle qui passe en dedans.
Ces deux parties, réunies en un tronc, surgis-
sent de la base du cerveau à la limite qui sé-
pare le pédoncule cérébelleux moyen de la
protubérance annulaire. Se pelotonnant
bientôt en un ganglion, les fibres de ce nerf se
partagent ensuite en trois branches ; l'oph-
thalmique, la maxillaire supérieure et la
maxillaire inférieure. C'est du rameau sen-
sitif de cette dernière branche que naît le
lingual. Le glosso-pharyngien prend son
origine, par quatre ou cinq filets, à la face
latérale du bulbe rachidien, en arrière de
l'éminence olivaire, au-dessus des nombreux
filaments du pneumo-gastrique; il émet des
rameaux linguaux, pharyngiens et tonsillai-
res, qui animent la muqueuse de la base
de la langue , du pharynx et des piliers du
voile du palais.
Les mouvements de la langue et des mus-
cles de l'appareil hyoïdien ont pour agent le
nerf grand hypoglosse, qui naît , par une sé-
rie de filets superposés, du sillon intermé-
diaire aux éminences pyramidale et olivaire.
Le volume de ce nerf paraît en rapport avec
la rapidité et l'étendue des mouvements
qu'exigent, dans la langue, la préhension des
aliments et des boissons, la mastication, etc.
Il est plus gros chez les Carnivores que chez
les Rongeurs, et cette circonstance concor-
dant avec une organisation spéciale, est un
caractère de plus à ajouter à ceux qui dis-
tinguent ces deux ordres.
Du toucher. — Nous ne voulons pas exa-
miner ici la portion des téguments qui est
destinée à percevoir les impressions du de-
hors, à exercer la faculté passive du tact, ni
les organes divers, tels que les mains, la
queue, la trompe de l'Éléphant, qui peuvent
entrer en contact volontaire avec les ob-
662
WAM
MAM
jets extérieurs , et mettre en jeu la faculté
active du toucher. En étudiant l'histoire
du développement de ces diverses parties,
nous montrerons leur appropriation à leur
fonction. Nous voulons seulement indiquer
ici les nerfs qui préside a t à la sensibilité
tactile, leur origine, leur distribution, et
compléter ainsi cette esquisse du système
nerveux des Mammifères.
La peau qui recouvre la partie antérieure
de la tête , celle qui forme le pourtour des
orifices sensoriaux, oculaire , nasal , buccal
et auriculaire; la muqueuse linguale, ex-
cepté à sa base; la palatine, excepté le voile
du palais; la pituitaire et là conjonctive; en
un mot, les téguments cutanés et muqueux
de la tête, avec les dents, les glandes lacry-
males , salivaires et autres , reçoivent leurs
filets sensitifs de la portion ganglionnaire
du nerf trijumeau, dont l'autre portion
est le nerf moteur. C'est aussi de ce nerf
que proviennent les filaments qui se distri-
buent à tous les organes de toucher qui s'é-
lèvent de la face des Mammifères, la trompe
de l'Éléphant, le museau allongé de cer-
tains animaux, les bulbes des moustaches
du Lièvre, du Chat, du Phoque, etc. La peau
qui revêt la partie postérieure de la tête
emprunte ses filets sensitifs aux deuxième
et troisième paires cervicales. Des filets éma-
nés de rameaux du plexus cervical animent
aussi les parties inférieures et latérales de
la face. Quant aux mouvements des muscles
qui entourent les orifices sensoriaux et des
muscles sous-cutanés de la face, ils sont sous
la dépendance du nerf facial, qui émane du
faisceau antéro latéral de la moelle, au point
où ce faisceau s'engage dans la protubérance
annulaire. C'est aussi ce nerf qui préside aux
mouvements de l'appareil de l'évent, si re-
marquable chez les Cétacés souffleurs. Les
muqueuses de la base de la langue , des pi-
liers du voile du palais, d'une portion du
pharynx, de la trompe d'Eustache et de l'o-
reille moyenne, c'est-à-dire les muqueuses
céphaliques auxquelles ne se distribuent pas
les rameaux du trijumeau, doivent leur sen-
sibilité tactile aux filets du glosso-pharyn-
gien,. dont l'action semble partout être com-
plémentaire de celle du trijumeau.
C'est le pneumo -gastrique qui préside à
la sensibilité générale des muqueuses qui
tapissent une partie du pharynx, l'œsophage,
l'estomac, le larynx , la trachée et les bron-
ches. Ce nerf prend son origine au bulbe
rachidien, par une série de filets qui appar-
tiennent au faisceau postérieur de la moelle;
il est donc sensftif, et a pour nerf moteur le
spinal , qui se distribue aux mêmes parties,
et naît , dans la région cervicale ou à la
hauteur du bulbe, des faisceaux antéro-la-
téraux de la moelle.
Le tronc et les membres reçoivent leurs
filets sensitifs des racines postérieures des
nerfs rachidiens, et leurs filets moteurs des
racines antérieures des mêmes nerfs. En gé-
néral, le nom de la région où ces nerfs pren-
nent leur origine, et celui des plexus qu'ils
forment, indiquent aussi la région où ils se
distribuent; néanmoins, les anastomoses
qu'ils forment entre eux amènent quelques
modifications, dont le détail ne peut trouver
place dans cet article.
SYSTÈME OSSEUX ; MEMBRES DES MAMMIFÈRES.
Après que se sont dessinés les linéaments
primitifs du tube médullaire, le système qui
montre le premier quelque indice d'un de
ses organes , est le système osseux ; c'est
pour cette raison que nous commençons son
étude après celle de l'appareil nerveux. La
partie du système osseux qui apparaît la pre-
mière est la colonne vertébrale, dont les ru-
diments deviennent visibles de bonne heure.
Le squelette se complète successivement par
l'apparition des côtes et du sternum ; par la
formation des os du crâne et des os de la
face; et enfin par le développement des ex-
trémités thoraciques et abdominales.
Au point de vue de leur rôle physiologi-
que , les os sont des parties protectrices
pour les organes qu'enveloppent les lames
dorsales ou les lames viscérales ; ils servent
aussi de leviers pour les mouvements. Par
rapport à leur origine , ils peuvent se dis-
tinguer en deux catégories : l'une compre-
nant les os qui se forment dans les lames
dorsales, c'est-à-dire la colonne spinale et la
boîte crânienne; l'autre renfermant les os
qui doivent naissance aux lames viscérales,
à savoir : la face , les côtes , le sternum et
les os des membres.
Chacun sait que les os ne se présentent
pas d'abord comme parties solides, tels que
nous les rencontrons chez l'adulte : ils exis-
tent d'abord avec leur forme définitive à
MAM
l'état de cartilages , et résultent de la méta-
morphose de cette base cartilagineuse en
masse calcaire. Cette ossification se fait pro-
gressivement, procède de certains points
qu'on désigne sous le nom de points d'ossi-
fications, et ne suit pas toujours l'ordre de
formation successive des cartilages. Chez les
Mammifères , elle ne s'achève qu'après la
naissance; elle ne paraît être complète,
chez l'Homme, que vers l'âge de trente ans.
Le nombre et la situation de ces points d'os-
sification semble varier, non seulement sui-
vant les divers os, mais aussi suivant les in-
dividus; nous indiquerons, en parlant de
chacune des portions du squelette, les par-
ticularités que l'ossification présente. En
général, dans les os courts, on trouve deux
points d'ossification symétriquement placés.
Dans les os plats, l'ossification rayonne en
tous sens d'un point situé vers le milieu de
leur base cartilagineuse. Dans les os longs,
le corps est séparé des épiphyses , et ces
parties s'ossifient séparément pour se con-
fondre ensuite; l'ossification du corps de
l'os procède d'un point médian placé dans
l'axe, et s'étend vers la surface et les extré-
mités; celle des épiphyses a lieu ordinaire-
ment plus tard par plusieurs points spé-
ciaux. Remarquons que tantôt l'ossification
a pour effet de réunir en un seul os plusieurs
parties cartilagineuses, comme cela a lieu
dans la formation du sacrum et de l'hyoïde ;
que tantôt, au contraire, elle divise les car-
tilages en plusieurs parties , comme on l'ob-
serve pour le sternum et les os du crâne;
que tantôt enfin, un cartilage primitivement
unique se réduit, par l'ossification, en plu-
sieurs pièces , qui se soudent ensuite ensem-
ble : c'est ce que nous montrent les os coxaux.
Bien que l'ossification des différentes par-
ties du squelette se succède dans un ordre
sujet à varier , on peut dire qu'en général
elle attaque les organes dans l'ordre suivant :
rocher, côtes, clavicule , mâchoire, bras,
cuisse, avant-bras, jambe, vertèbres, crâne,
rotule , os du carpe et os du tarse. On voit
donc que l'ossification ne suit pas néces-
sairement la succession de formation des
cartilages. Le tissu osseux n'atteint pas non
plus le même degré de finesse chez tous les
Mammifères : il est plus grossier, plus lâche
dans les animaux de l'ordre des Cétacés ,
chez lesquels, en général, le système osseux
IMAM
663
semble rester à son degré le moins élevé de
développement.
Des vertèbres; des côtes; du sternum.
Chez tous les animaux vertébrés, la co-
lonne du rachis a pour rudiment un mince
cordon de substance gélatineuse cellulaire,
qui s'enveloppe plus tard d'une gaine mem-
braneuse, devient enfin fibreux, et porte le
nom de corde dorsale ou vertébrale. Cette pe-
tite colonne, essentiellement simple et im-
paire, est située sur la ligne médiane, immé-
diatement au-dessous du tube médullaire;
elle s'apointit à ses deux extrémités, atteint
en arrière jusqu'à l'extrémité caudale de
l'embryon, et s'étend en avant sous l'encé-
phale jusqu'au niveau des vésicules auditives
entre lesquelles elle se termine. Si nous ex-
ceptons certains Poissons des derniers ordres,
chez lesquels la corde dorsale constitue seule
ou presque seule Ira colonne rachidienne,
nous pouvons dire que cette corde ne con-
court pas en quelque sorte directement par
sa masse à la formation des vertèbres; chez
aucun animal elle ne se scinde en parties
distinctes; elle sert plutôt d'une matrice
autour de laquelle viennent se modeler les
arcs osseux destinés à former le corps des
vertèbres; son existence est d'autant plu»
fugace, son rôle d'autant plus accessoire,
qu'on l'observe chez les Vertébrés plus éle-
vés en organisation. Une distinction impor-
tante peut-être établie à cet égard entre les
Vertébrés anallantoïdiens et les Vertébrés
allantoïdiens. Chez les premiers, Poissons et
Batraciens, la corde dorsale , plus ou moins
modifiée, se retrouve à la naissance dans les
cavités du corps des vertèbres ; chez les se-
conds, elle n'existe absolument que dans
l'état embryonnaire; et chez les Mammifè-
res , elle disparaît de si bonne heure qu'elle
ne laisse déjà plus de trace chez de très
jeunes embryons.
Les deux grands groupes que nous recon-
naissons dans l'embranchement des Verté-
brés , semblent aussi offrir chacun un type
particulier pour le mode de production des
vertèbres dans leur état cartilagineux. Chez
les Anallantoïdiens, il se montre toujours
une paire de rudiments située à la partie
supérieure de la gaîne de la corde , et des-
tinée à former les arcs vertébraux. Une au-
tre paire d'élément», placée à la partie infé-
064
MAM
rieure, et devenant ensuite apophyses trans-
verses , s'observe chez les Poissons et à la
<;ncue des Batraciens. La cartilaginification,
puis l'ossification de la gaine entre ces deux
parties , ou au-dessous de la paire de rudi-
ments supérieurs quand ceux-ci eiistent
seuls , concourt à compléter le corps des ver-
tèbres.
Chez les Allantoïdiens , le mode de for-
mation et de développement des vertèbres
cartilagineuses paraît être différent. Au côté
droit et au côté gauche de la corde appa-
raît d'abord le blastème, destiné à la pro-
duction de la base cartilagineuse des vertè-
bres ; de l'un et de l'autre de ces points , la
substance formatrice s'étend en haut et en
bas de manière à enfermer la corde, et bien-
tôt, s'épaississant de chaque côté dans cha-
cun de ces points primordiaux , elle forme
un rudiment qui se montre comme une pe-
tite plaque quadrilatère. Chaque vertèbre
naît donc ici d'une seule paire d'éléments
latéraux : chaque rudiment , en se dévelop-
pant, entoure la corde dorsale , émet en haut
dans les lames dorsales des prolongements
ou arcs qui doivent envelopper la moelle
épinière, et constitue ainsi le corps et l'arc
vertébral de son côté. Devenus l'un et l'au-
tre cartilagineux, les deux éléments d'une
même paire s'unissent inférieurement , et
s'ossiOent ensuite indépendamment l'un de
l'autre. C'est d'abord dans la région thora-
<-iquc que se montrent les petites plaques
vertébrales; elles se multiplient prompte-
ment vers la partie céphalique et vers la
partie caudale de l'embryon , et se disposent
ainsi en une série gauche et droite , dont
chaque plaque est séparée de la suivante
par un intervalle plus clair.
La portion de chaque plaque vertébrale ,
qui se développe autour de la corde dorsale
et qui l'enferme, la resserre de plus en plus,
et forme enfin , comme nous l'avons indi-
qué, le corps plein de la vertèbre; la corde
dorsale disparaît donc peu à peu , et, chez
les Mammifères, plus tôt que chez les au-
tres Vertébrés. Les prolongements laté-
raux qui s'étendent dans l'intérieur des
lames dorsales finissent par se rencontrer
au-dessus de la moelle, se soudent par pai-
res , et constituent les arcs vertébraux. Le
trou qui se forme ainsi à la partie posté-
rieure de chaque vertèbre correspond aux
MAM
trous des vertèbres voisines, et il résulte de
la superposition des vertèbres un canal con-
tinu qui loge la moelle épinière.
De chaque côté de la masse blastématique
déposée autour de la corde, rayonnentaussi
des prolongements latéraux qui, dans les
vertèbres dorsales , se divisent à quelque
distance de l'axe rachidien , de manière à
constituer des apophyses transverses et des
côles; tandis que, dans les autres vertèbres,
ces mêmes prolongements donnent seule-
ment naissance à des apophyses transverses.
Enfin se produisent les deux petites apo-
physes articulaires sur chaque face de la ver
tèbre, et l'apophyse épineuse, impaire, à la
région dorsale.
L'ossification de toutes les parties dont se
compose la vertèbre cartilagineuse, procède
de points dont les différents observateurs
ont plus ou moins multiplié le nombre. Ce-
pendant, suivant la plupart des auteurs,
chaque vertèbre présente d'abord deux points
d'ossification qui se confondent ensemble,
à l'endroit où les deux éléments du corps de
la vertèbre se sont unis inférieurement;
chaque moitié de l'arc vertébral, chaque
apophyse transverse et l'apophyse épineuse,
possèdent aussi un point particulier d'ossi-
fication.
Dans la première vertèbre cervicale ou
Vallas , qui consiste seulement en un an-
neau sans corps de vertèbre développé ,
chaque moitié de cet anneau vertébral offre,
d'après le plus grand nombre des anato-
mistes, deux points distincts d'ossification.
La deuxième cervicale, Vaxis ou épistrophee,
présente un point d'ossification spécial pour
l'apophyse odontoïde , qui s'élève en avant
du corps de cette vertèbre. Les autres vertè-
bres cervicales ont généralement, «à l'apo-
physe transverse, un point d'ossification de
plus, qu'il faut considérer comme un rudi-
ment aborlif de côte; celui de la cervicale
inférieure se développe plus que les autres
de manière à former une pièce osseuse qui
demeure assez longtemps isolée chez l'en-
fant et les jeunes Mammifères. Les vertèbres
lombaires ne paraissent pas, en général, pos-
séder ce point d'ossification à leurs apophyses
transverses; cependant, on peut l'observer
de très bonne heure chez le fœtus du Cochon.
Dans les vertèbres sacrées, qui toutes sont
d'abord isolées, on rencontre aussi, du moin»
MÀM
dans les supérieures, deux points d'ossifica-
tion analogues, qui unissent le sacrum aux
os des iles ; ces vertèbres pelviennes supé-
rieures ont généralement cinq points d'ossi-
fication; les inférieures n'en ont que trois.
Les vertèbres coccygiennes présentent à peu
près le même nombre de noyaux osseux que
les vertèbres dont elles représentent toutes
les parties; ce nombre diminue nécessaire-
ment dans celles qui n'ont pas d'anneau
vertébral.
Suivant Cuvier, M. J. Weber et autres
observateurs , les points d'ossification se-
raient bien plus nombreux; on en pourrait
compter, chez les Mammifères, jusqu'à vingt
dans une vertèbre dorsale. Nous avons déjà
dit que les différences, à cet égard, dépen-
dent quelquefois des individus; elles varient
surtout suivant les vertèbres et suivant les
espèces. Il est donc impossible de donner
une énumération exacte de tous les points
d'ossification qu'on peut observer succes-
sivement dans le développement des os;
nous avons indiqué seulement ce qu'on
peut considérer comme une disposition gé-
nérale et fondamentale autour de laquelle se
multiplient les modifications de nombre et
d'arrangement. Aussi, à moins de choisir
arbitrairement telle ou telle époque de la
vie embryonnaire, il ne nous semble pas
qu'il soit possible de ramener la composition
des os à un type défini, suivant lequel les
noyaux osseux de l'embryon du Vertébré
supérieur représenteraient autant de pièces
isolées qu'on peut compterd'os distincts chez
l'adulte du Vertébré inférieur.
L'ossification de la colonne vertébrale
n'est pas complète à la naissance du jeune
animal; le coccyx est entièrement cartilagi-
neux, et les autres vertèbres n'ont point en-
core achevé leur transformation. Ce sont les
vertèbres cervicales, moins l'atlas, qui s'os-
sifient les premières; les vertèbres dorsales
commencent ensuite, et les lombaires en
troisième lieu ; l'atlas ne s'ossifie que vers
la fin de la vie embryonnaire. Quant à la
partie de la vertèbre où se montre d'abord
un point d'ossification, il paraît, suivant
Baër, que ce travail s'accomplit dans le
corps, plus tôt que dans les arcs.
Nous avons dit plus haut que les prolon-
gements latéraux primitifs des vertèbres
se séparent à quelque distance de la colonne
MAM
665
vertébrale en apophyses transverses et en
côtes. Les rudiments de ces derniers os s'iso-
lent du corps des vertèbres par une distinc-
tion historique, se courbent de plus en
plus de chaque côté dans les lames ven-
trales dont elles suivent le mouvement de
convergence , et se réunissent enfin sur la
ligne médiane. Avant de se rencontrer ainsi
à la partie inférieure du corps, les vraies côtes
d'un même côté sont unies ensemble par une
mince languette qui s'étend de la première
à la dernière; et, par suite delà marche des
parties gauche et droite au-devant l'une de
l'autre , ces deux languettes d'abord large-
mentdistantes se rapprochent, se touchent,
se soudent et forment ainsi le sternum.
C'est par le haut que se rencontrent d'abord
les deux moitiés du sternum, et cette cir-
constance explique l'absence de l'appendice
xiphoïde dans les premières périodes de la
vie du fœtus. Cette formation et ce déve-
loppement des côtes et du sternum, observés
par Rathke sur des embryons de Cochon ,
présentent à l'esprit l'idée d'une progression
toute mécanique qui n'est peut être que
l'expression d'une interprétation théorique
des faits; beaucoup d'observateurs, et nous
sommes disposés à adopter leur opinion,
considèrent les côtes, le sternum et toutes
les parties des parois thoraciques, comme
résultant d'une métamorphose des éléments
blastématiques nés des lames ventrales.
Quel que soit, au reste, le mode de pro-
duction du sternum, il est certain qu'il se <
forme après les côtes. Le nombre des points
d'ossification qu'il présente varie beaucoup
d'individu à individu, et d'espèce à espèce,
comme cela a lieu d'ailleurs pour la plupart
des os; et la disposition de ces pièces, que
certains anatomistes ont considérées comme
étant toujours paires, offre aussi de grandes
irrégularités. Le sternum du fœtus humain à
terme contient généralement six pièces os-
seuses : une supérieure, une inférieure et
quatre intermédiaires. Le sternum est un
des éléments du squelette qui s'ossifient le
plus tard; les côtes, au contraire, sont, après
le rocher, les os qui s'ossifient les premiers.
Du sternum à la colonne des vertèbres, les
arcs des côtes forment les parois d'une cage
osseuse, dont la capacité peut légèrement
augmenter ou diminuer, par suite des mou-
vements d'élévation ou d'abaissement que
84
666
MAM
les côtes exécutent à leur point d'attache sur
le rachis. Les vertèbres, quoique solide-
ment unies entre elles, accomplissent de pe-
tits mouvements, soit en s'appuyant sur la
partie antérieure du corps de chacune d'el-
les, soit en se fléchissant sur leurs apophyses
épineuses, soit en glissant sur leurs apophyses
articulaires. Ajoutés les uns aux autres, ces
mouvements, quoique peu marqués, donnent
néanmoins à la colonne une flexibilité totale
assez considérable, et dont l'étendue dépend
de récartement des apophyses épineuses aussi
Lien que de la solidité de la couche fibro-
cartilagineuse interposée et des ligaments
qui se prêtent à ces déplacements. Le liga-
ment intervertébral n'est autre chose que la
portion de la corde dorsale qui est demeurée
entre chaque couple d'anneaux destinés à
former le corps de la vertèbre; et, lorsque
les corps se sont convertis en cartilage, les
ligaments intervertébraux ont été tapissés
par la masse intermédiaire devenue mem-
braneuse, et qui semble continuer le périoste
de la colonne rachidienne.
Les parties dont nous venons de suivre les
phases générales d'évolution chez tous les
Mammifères, présentent des différences im-
portantes, quand on les examiue arrivées au
terme de leur développement chez l'adulte.
Ces différences portent sur le nombre, la
forme et les rapports de ces parties entre elles.
Le nombre et la forme influent principale-
ment sur la taille et la forme même de l'a-
nimal; les rapports divers de ces parties
modifient surtout les mouvements. Nous
pouvons souvent expliquer les variétés de
l'orme et de rapports mutuels de ces parties
par la diversité de leur rôle physiologique
approprié à certaines conditions de la vie
d'un animal ou dépendant des proportions
relatives de ses membres; mais il ne nous
est pas également possible de trouver une
., raison des différences qu'elles offrent dans
y leur nombre. Aussi nous ne saurions, pour
ces parties, tracer des caractères propres aux
divers groupes que nousavons précédemment
définis, la taille de l'animal et ses habitudes
biologiques n'étant point des faits généraux
qui puissent en aucune manière indiquer les
affinités.
Un de ces faits pour lesquels nous n entre-
voyons aucune explication, est la présence
constante de sept vertèbres cervicales chez
MAM
tous les Mammifères, à l'exception de l'Aï,
qui en a neuf, et du Lamentin, qui en a six.
Cependant la constance du nombre de ces
vertèbres n'entraîne pas comme conséquence
l'uniformité de longueur du cou, et chacun
peut citer des animaux dont le rapproche-
ment est propre à faire sentir les extrêmes
de variation. Les dimensions différentes des
vertèbres cervicales sont donc la seule cause
de laquelle dépend la longueur du cou.
Chez la Girafe et chez les Caméliens, elles
sont très longues; chez les Cétacés, au con-
traire, elles deviennent extrêmement minces,
au point qu'elles présentent à peu près l'é-
paisseur d'une feuille de papier, chez quel-
ques Dauphins. C'est aussi dans l'ordre des
Cétacés que les vertèbres cervicales perdent
pour la plupart cette mobilité si remarquable
chez les autres Mammifères. Dans les Ba-
leines proprement dites, elles sont toutes
soudées ensemble, et la première dorsale
s'unit même quelquefois à la septième cer-
vicale; dans les Cachalots, l'atlas seul reste
libre, et les six autres cervicales se soudent ;
dans les Dauphins, les cinq dernières cervi-
cales, très minces, comme nous venons de le
dire, sont séparées l'une de l'autre, tandis
que l'atlas se soude à l'axis.
Chez les Mammifères à long cou, les apo-
physes épineuses des vertèbres cervicales
sont peu développées, afin de ne point gêner
les mouvements de flexion en arrière ; c'est
ce qu'on observe chez les Chameaux et la
Girafe. Elles disparaissent chez les Chéirop-
tères et dans beaucoup d'espèces d'Insecti-
vores ; elles deviennent au contraire très lon-
gues chez les Carnivores , les Solipèdes , le»
Proboscidiens , chez quelques espèces d'In-
sectivores , aussi bien que chez l'Orang-Ou-
tang, et donnent insertion au ligament cer-
vical, destiné à supporter le poids de la tête.
Ce ligament est donc d'autant plus considé-
rable que la tête est plus lourde, et que la
position du trou occipital est plus reculée en
arrière du crâne. L'Homme le possède aussi;
mais réduit à un état rudimentaire, puisque
son état habituel de station verticale, et la
position antérieure du trou occipital , don-
dent à la tête une stabilité qu'augmente en-
core son propre poids , et qui rend inutile
l'existence du ligament cervical.
C'est principalement sur les apophyses
épineuses des vertèbres dorsales que le liga.
MAM
MAM
667
ment cervical trouve un appui solide; aussi
voyons-nous la longueur de ces apophyses
croître avec la longueur du cou et la gros-
seur de la tête. Elles atteignent un dévelop-
pement considérable chez les Caméliens, la
Girafe , les Ruminants , les Pachydermes ;
elles manquent chez les Chéiroptères, et sont
remplacées, chez quelques espèces, par de pe-
tits tubercules. Chez l'Homme, les apophyses
sont dirigées en bas ; il en est de même de
celles des Singes, chez lesquels elles s'allon-
gent cependant davantage et se redressent.
Dans les Cétacés , les premières apophyses
épineuses des dorsales sont les plus courtes;
c'est le contraire, dans les autres ordres de
Mammifères.
Mais c'est surtout dans leur nombre que
les vertèbres dorsales présentent le plus de
variations; et ces variations ont une grande
importance, puisqu'elles coïncident avec des
modiûcations correspondantes dans le nom-
bre des côtes, par conséquent, dans la capa-
cité relative de la cavité thoracique et l'éten-
duedel'appareil respiratoire. Chezl'Homme,
on compte douze côtes qu'on distingue en
vraies côtes ou côtes sternales, et en fausses
côles ou côtes vertébrales, suivant qu'elles
s'étendent du rachis au sternum, ou qu'elles
n'atteignent pas jusqu'à ce dernier os. En
général , le nombre des côtes est de douze à
quatorze chez les Quadrumanes , si l'on
excepte le Bonnet-Chinois, qui en a onze, et
le Loris paresseux, qui en a seize. Ce sont
aussi ces nombres que l'on rencontre chez
les Rongeurs, à l'exception du Porc-Épic à
queue prenante et du Houtia, qui en ont cha-
cun seize; ce sont ceux que nous présentent
également les Ruminants, chez lesquels le
nombre treize est le plus commun. Dans
l'ordre des Chéiroptères, on trouve généra-
lement de onze à treize vertèbres dorsales;
on en trouve de douze à quinze dans celui
des Insectivores, parmi lesquels la Chryso-
chlore du Cap en présente cependant dix-
neuf. Chez les Carnivores, le nombre des
côtes varie de treize à quinze ; mais il est de
douze chez le Chat ordinaire, et de seize
chez la Hyène rayée. Ce sont les Pachyder-
mes qui ont, en général, le plus grand nom-
bre de côtes : s'il n'est que de treize chez le
Phacochœre, de quatorze chez les Sangliers
et les Cochons, de quinze chez l'Hippopotame,
il s'élève à dix-huit dans le genre Equus, à
dix-neuf chez le Tapir des Indes et les Rhi-
nocéros des Indes et de Java, à vingt chez le
Rhinocéros d'Afrique, chez l'Éléphantetchez
le Tapir d'Amérique, à vingt et une chez le
Daman du Cap. Il est un Mammifère qui en
présente un plus grand nombre encore, c'est
TUnau, qui en a vingt-quatre, et cette par-
ticularité est d'autant plus singulière que,
dans le même ordre des Édenlés, on trouve
aussi le Mammifère dont le nombre des côtes
est le moindre, le Tatou noir d'Azzara, qui
n'en a que dix. Du reste, ces deux animaux,
qui se distinguent ainsi dans la classe des
Mammifères, font aussi exception dans l'or-
dre des Édentés , qui , comme celui des Pa-
chydermes, présente une grande variété à
cet égard, sans que le nombre des côtes s'é-
lève cependant au-dessus de dix-sept.
Il ne peut entrer dans notre cadre d'exa-
miner ici les différences qu'offrent les côtes
dans la constitution de la cavité thoracique,
suivant qu'elles sont plus ou moins étroites,
qu'elles élargissent plus ou moins les flancs;
c'est à l'article destiné à chacun des genres
de Mammifères qu'il faut aller chercher ces
détails.
Les vertèbres lombaires sont loin de se
présenter non plus en nombre constant dans
la classe des Mammifères; le grand ou le
petit nombre de ces vertèbres détermine la
longueur des lombes d'où dépend la graci-
lité ou l'épaisseur de la taille. C'est à la
présence de neuf vertèbres lombaires que le
Loris grêle doit le caractère distinctif qui
lui a valu son nom spécifique; et ce nom-
bre est le plus élevé que nous observions
dans la classe des Mammifères, car l'absence
du sacrum, chez les Cétacés , ou du moins
les considérations théoriques auxquelles ou
est obligé d'avoir recours pour en déterminer
l'eiistence, nous font considérer à peu près
comme arbitraire la distinction des os de
l'épine en lombaires, sacrées et coccygiennes
chez les Mammifères pisciformes, et regarder,
par conséquent, comme douteux les nombres
de treize ou de dix-huit vertèbres lombaires
assignées aux Dauphins. L'Hommea cinq ver-
tèbres lombaires; lesQuadrumanes, quatre,
cinq, six, et plus communément sept. Ce
dernier nombre est aussi le plus général
dans l'ordre des Carnivores, tandis que le
nombre six se rencontre chez la plupart dcn
Ruminants et chez beaucoup de Rongeurs.
668
MAM
MAM
C'est parmi les Édentfs que les vertèbres
lombaires sont le moins nombreuses; et bien
qu'on en trouve quatre et même trois chez
un très petit nombre de Chéiroptères ou
d'Insectivores, c'est seulement chez le Tatou
encoubert et chez le Tamanoir qu'on n'en
compte que deux.
Les vertèbres post-dorsales des Cétacés ne
présentent pas trace d'une soudure sembla-
ble à celle qui caractérise le sacrum des au-
tres Mammifères; nous venons de dire qu'il
est impossible de les distinguer en lombai-
res, sacrées et coccygiennes. Ces vertèbres
sont, en général, très nombreuses, et les
premières présententdes apophysesépineuses
très fortes qui donnent attache aux muscles
coccygiens, dont l'action est si énergique
chez ces animaux aquatiques. C'est aux con-
ditions biologiques dans lesquelles sont pla-
cés ces aiiimaux que sont dus, et l'absence du
sacrum, et le développement considérable
des muscles coccygiens, et l'appropriation des
membres à la natation, et la forme générale
du corps, qui rappellent, en général, le type
ichthyologique, sans en prendre cependant
aucun caractère et sans cesser de réaliser le
type marnrnalogique fondamental.
Les autres Mammifères ont un sacrum,
résultat de la soudure intime des vertèbres
sacrées, qui sont au nombre de cinq chez
l'Homme, au nombre de deux chez beau-
coup de Quadrumanes, et qui ne dépassent
jamais le nombre de neuf qu'on observe
seulement chez le Tatou mulet. C'est chez
l'Homme que le sacrum est, en général, le
plus large; chez les autres Mammifères, il
continue la colonne vertébrale en une ligne
étroite, et s'élargit davantage chez les ani-
maux qui, comme les Singes, lesTartigrades
et les Ours, se tiennent souvent dans une
situation verticale.
II est inutile de dire que le nombre des
vertèbres coccygiennes est très variable dans
la classe des Mammifères; chacun peut citer
des exemples d'animaux remarquables par
un développement considérable ou par l'ab-
sence de la queue. Tantôt, en effet, les ver-
tèbres caudales manquenttout-à-fait, comme
dans les Roussettes ; tantôt elles sont en pe-
tit nombre et complètement cachées sous les
téguments , comme chez l'Homme , qui en a
quatre, chez les Orangs, le Magot, le Loris,
l'Aï et autres Mammifères , qui en ont de
trois à onze; tantôt enfin elles soutiennent
un prolongement caudal, dont la longueur
n'est pas directement proportionnée au
nombre des coccygiennes. On en compte ,
en effet, neuf seulement chez l'Ours, dont
la queue, bien que courte, est visible à l'exté-
rieur , tandis qu'on en trouve onze chez l'Aï ,
qui ne montre pas de queue. Le Pangolin à
longue queue (Manis longicaudata G eoff. -St-
Hil.)estceluidetous les Mammifères qui pos-
sède le plus grand nombre de vertèbres coccy-
giennes : il en a quarante-six. Nous pouvons
citer après lui, encore parmi les Édentés, le
Fourmilier didactyle, qui en a quarante;
parmi les Rongeurs, le Pilori, qui en a
trente-six; parmi les Carnivores, le Para-
doxure, qui en a trente-quatre; parmi les
Quadrumanes , le Cimepaye et le Lago-
thryx, qui en ont chacun trente et une.
La forme , les proportions , les usages de
la queue des Mammifères, ne nous présen-
tent pas des variations moins nombreuses
que celles que nous observons dans le déve-
loppement de cet organe. Chez les Cétacés ,
la queue constitue un des principaux moyens
de locomotion ; chez beaucoup de Quadru-
manes et de Mammifères appartenant à
d'autres ordres, elle devient un organe , de
préhension en s'enroulant autour des ob-
jets; chez les Gerboises et les autres ani-
maux qui se tiennent ordinairement élevés
sur les pattes postérieures , ellejournit un
troisième point d'appui, assure de la sorte
la position verticale , et prévient la fatigue
qui résulterait de cette position si elle était
prolongée trop longtemps.
Des vertèbres de la queue, les unes con-
tinuent le canal vertébral pour le passage
de la moelle épinière; les autres ne conser-
vent plus ce canal, et ne présentent plug
que des traces d'apophyses , qui se mon-
trent, au contraire, d'autant plus dévelop-
pées chez les premières, que l'animal meut
sa queue avec plus de rapidité ou plus de
force. Chez les Mammifères dont la queue
est longue, mobile et d'un usage fréquent,
on trouve au point d'union de chaque cou-
ple de vertèbres, à la face inférieure de la
région caudale, un petit os en forme do V,
dont les branches sont quelquefois séparées,
et donnent attache aux muscles de la put lie
inférieure de la queue; on désigne ces os
sous le nom d'os en V ou furcéaux. 11 est
MAM
IMAM
(369
rare que ces os accompagnent toutes les ver-
tèbres caudales, et c'est pour cette raison
qu'il nous parait peu logique de considérer
comme vertèbres coccygiennes les vertèbres
qui portent de ces petits os chez les Cétacés.
Du reste, les furcéaux sont très développés
dans ce dernier ordre; ils sont aussi très
forts chez le Castor, très nombreux chez les
Porcs-épics.
Nous avons discuté plus haut la valeur de
l'opinion qui attribue la formation et le dé-
veloppement plus ou moins considérable du
prolongement caudal , à la persistance et à
l'ascension plus ou moins complète de la
moelle épinière dans le canal vertébral.
Nous ne rappellerons pas ici les faits qui
nous démontrent qu'il n'existe aucune re-
lation nécessaire entre la longueur de la
queue et la hauteur de la moelle. Nous
ajouterons seulement que le développement
si variable de la queue, et les modifications
de toute sorte qu'elle présente dans un
même ordre naturel , nous avertissent du
peu d'importance que cet organe doit avoir
a nos yeux comme caractère zoologique.
Nous avons dit déjà que l'on ne peut as-
signer au sternum un nombre déterminé de
pièces osseuses ; que ce nombre varie avec les
espèces, et varie aussi pour des individus
différents d'une même espèce. Chez l'Homme
adulte, le sternum finit par constituer un
seul os aplati et allongé, se terminant infé-
rieurement par un appendice xyphoïde, et
donnant latéralement attache aux vraies côtes
qui s'unissent à lui à l'aide de pièces cartila-
gineuses. Quelquefois cependant il arrive que
ces cartilages s'ossifient chez l'Homme; et,
chez plusieurs Mammifères, ils se conver-
tissent constamment en os. Cette ossifica-
tion accidentelle des cartilages costaux ne
saurait établir un terme de comparaison en-
tre l'état du sternum des Oiseaux et celui
des Mammifères , puisque chez les Mammi-
fères la métamorphose du cartilage en os est
la conséquence tardive d'une loi de déve-
loppement qui souvent ne trouve pas son
application , tandis que chez les Oiseaux
cette transformation est primitive et géné-
rale. Pour les cartilages costaux, les Oiseaux
atteignent donc beaucoup plus vite que les
Mammifères un terme plus avancé de déve-
loppement, l'ossification étant postérieure
à la cartilaginification; et c'est le contraire
qui devrait exister s'il était vrai que les états
transitoires du développement de tout ap-
pareil dussent se rencontrer chez les Verté-
brés inférieurs, pour arriver à leur dernier
degré de perfection chez les Mammifères.
La longueur et la disposition des pièces
osseuses qui constituent le sternum présen-
tent autant d'irrégularités que leur nom-
bre. Le sternum le plus court se rencontre
chez les Cétacés; les Édentés ont en géné-
ral le plus long ; et cette élongation plus
considérable dépend surtout du prolonge-
ment de l'appendice xiphoïde.
Les particularités les plus curieuses du
sternum des Mammifères, sont celles qui
nous sont offertes par les Chauves-Souris et
par les Taupes. On observe chez ces ani-
maux une saillie en forme de crête longitu-
dinale, destinée à donner attache à des pec-
toraux vigoureux, et qui rappelle le bré-
chet des oiseaux, sans être cependant con-
stitué de la même manière. Nous retrouvons
ici l'application d'une loi importante que la
nature observe toujours fidèlement. En ef-
fet, pour atteindre un même résultat phy-
siologique, elle ne crée pas de prime abord
des éléments organiques nouveaux , elle
adapte de préférence les organes préexistants
à un rôle spécial. Ainsi , pour des buts diffé-
rents, les Chauves-Souris, les Taupes, les
Oiseaux, ont besoin de muscles puissants
auxquels il faut une attache solide; et c'est
en modifiant légèrement le sternum des
Mammifères, en donnant une crête aux di-
verses pièces osseuses qui le constituent,
que la nature y introduit un caractère qui
ne rappelle le type ornithologique par la
forme, que parce qu'il résulte d'une analogie
dans la fonction. Ici, comme partout, c'est
la fonction qui domine l'organe : une fonc-
tion identique amène une disposition ana-
logue ; et c'est pour avoir méconnu cette
influence primitive de la fonction , qui in-
dique une analogie et non une affinité,
qu'on a considéré comme un parallélisme
dans l'organisation ce qui n'était, en queN
que sorte , qu'un terme de rappel , une cor-
respondance. Nous reviendrons sur les faits
de cette nature , à propos de la classifica-
tion , et nous nous servirons dorénavant de
l'expression de termes correspondants pour
les représenter.
670
MAM
Du crâne.
De toutes les parties du squelette, la
boîte crânienne est, après la face, la plus
complexe par le nombre et l'agencement de
ses pièces ; c'est aussi celle dont la compo-
sition a donné lieu aux théories les plus
nombreuses et les plus diverses. De même
qu'on voyait dans l'encéphale la continua-
tion de la moelle épinière un peu plus dé-
veloppée , on vit aussi dans le crâne un
prolongement de la colonne rachidienne,
dont les éléments vertébraux , plus ou moins
modifiés et diversement groupés , se re-
trouvent dans les os crâniens. La dénomi-
nation de vertèbres crâniennes fut donc em-
ployée pour désigner l'ensemble des cein-
tures osseuses qui enferment l'encéphale,
comme les noms de vertèbres cervicales ,
dorsales et autres , servaient à rappeler les
régions correspondantes du rachis qui en-
veloppent la moelle épinière. Mais les mo-
difications considérables que présentent les
os du crâne , quand on les compare aux os
des vertèbres, rendirent difficiles le rappro-
chement des parties analogues , et la signi-
fication des pièces osseuses fut alors diver-
sement interprétée par les partisans de cette
doctrine. Tantôt on ne vit dans le crâne en-
tier qu'une seule vertèbre; tantôt on en
trouva trois, quatre, six, sept et même
davantage. Quelques anatomistes crurent
même que les vertèbres crâniennes sont tout
aussi complètes que les vertèbres du corps;
que le nombre d'éléments vertébraux est
normalement fixé, et se retrouve invaria-
blement sur toutes les tètes des animaux
vertébrés, à une époque plus ou moins re-
culée du développement; que la vertèbre est
la forme primitive et typique de toute com-
position osseuse. Cette divergence d'opinions
parmi les écrivains qui cependant ont un
même but, prouve que la constitution du
crâne ne s'offre pas avec toute la simplicité
que l'énoncé de la doctrine semble pro-
mettre; elle prouve surtout l'absence d'un
principe commun qui pût guider dans la
détermination de la nature vertébrale des
pièces crâniennes. Ce principe , il nous sem-
ble qu'il faut le chercher dans l'étude même
des vertèbres, dans l'examen des condi-
tions nécessaires à la formation et au déve-
loppement des vertèbres, comme M. Agassiz
MAM
l'a fait pour le crâne des Poissons. Or, celte
étude nous a appris que la condition fon-
damentale de la formation des vertèbres est
l'existence d'une corde dorsale , autour de
kquelie se forment les anneaux du corps de
la vertèbre, et de laquelle naissent les arcs
qui doivent embrasser la moelle épinière.
L'exposé suivant du développement des
os crâniens nous montrera si ces os rem-
plissent les conditions de la formation ver-
tébrale , et nous permettra de comprendre
la composition du crâne , sans théorie pré-
conçue, et dans la limite rigoureuse des
faits fournis par l'observation.
Nous avons vu que les lames dorsales
forment primitivement à leur partie anté-
rieure trois dilatations qui se ferment en-
suite autour des trois cellules encéphaliques,
et que la corde dorsale se prolonge au-des-
sous de cette capsule cérébrale , non pas
jusqu'à son extrémité antérieure, mais seu-
lement jusqu'au niveau des vésicules audi-
tives , entre lesquelles elle se termine en
pointe. Cette portion encéphalique de la
corde dorsale présente les mêmes phéno-
mènes que sa portion rachidienne : elle se
revêt aussi d'une gaine, et montre égale-
ment sur chaque côté un amas plus consi-
dérable de blastème. La masse blastématique
qui enveloppe la corde se cartilaginifie en-
suite, et devient le corps ou apophyse basi-
lah'e de l'os occipital, enfermant l'extrémité
antérieure de la corde dorsale. Par son ori-
gine, par son mode de développement, par
ses rapports avec la corde dorsale, le corps
de l'occipital est donc réellement un corps
de vertèbre. Latéralement il envoie des pro-
longements arqués qui se recourbent sur la
moelle épinière, et limitent le trou occipital
par lequel la moelle pénètre dans la cavité
encéphalique. Des apophyses articulaires se
développent aussi de chaque côté du trou
occipital , et servent à l'insertion du crâne
sur l'atlas : ce sont les condyles occipitaux.
Tout, dans la formation de la portion basi-
laire de l'occipital, nous rappelle donc évi-
demment les conditions et les phases di-
verses de la formation d'une vertèbre.
En avant de l'extrémilé effilée de la corde
dorsale, la masse blastématique s'est un
peu prolongée en s'élargissant, puis s'est di-
visée en deux prolongements latéraux ou
anses , que Rathke nomme les poutres du
IMAM
IMAM
671
crâne. Ces anses latérales s'écartent, cir-
conscrivent un espace qui va toujours en
se rétrécissant, et dans lequel viendra se
placer la glande pituitaire ; ils se rapprochent
en une petite plaque vers l'extrémité an-
térieure de la capsule cérébrale. Une pièce
osseuse, le corps postérieur duspénoïde, naît
de la petite masse tabulaire située au-de-
vant de la corde dorsale; d'abord distante
du corps de l'occipital, elle se soude ensuite
avec lui d'une manière si intime que plu-
sieurs anatomistes désignent, avec Scemmcr-
ring, l'ensemble de ces deux pièces sous le
nom d'os basilaire. Les deux poutres du
crâne vont toujours en se rapprochant, se
«oudent de bonne heure, et donnent nais-
sance à la selle lurcique dans laquelle se loge la
glande pituitaire, aux grandes et aux petites
ailes du sphénoïde. Entre les deux petites ailes
ou ailes antérieures, une masse blastématique
spéciale produit le corps antérieur du sphé-
noïde, que l'on retrouve chez tous les Mam-
mifères. Un petit prolongement impair se
montre aussi entre les deux poutres , sans
s'avancer aussi loin qu'elles, et disparaît
ensuite sans se métamorphoser en aucun os
permanent. L'histoire du développement du
sphénoïde ue nous présente donc plus aucun
phénomène qui rappelle en quelque chose
Ja formation de l'occipital , et par consé-
quent celle des vertèbres : jamais il n'em-
brasse la corde dorsale , ne prend pas un
corps vertébral proprement dit, ne se courbe
pas autour de la moelle; et il faudrait nier
les lois du développement des vertèbres, ou
se contenter d'un simple rapprochement de
mots, pour considérer les anses latérales
comme les analogues des arcs vertébraux.
De la partie antérieure des poutres crâ-
niennes réunies en une petite plaque, nais-
sent les différents éléments de Velhmoïde,
qui ne rappelle plus, en aucune façon , la
formation vertébrale. La partie moyenne se
développe en une lame perpendiculaire, qui
forme, en s'ossiûant, la cloison des fosses
-nasales. Sur le bord postérieur de cette lame
pose une petite plaque à peu près hori-
zontale, qui se cartilaginiGe, et constitue, à
sa portion médiane, une tablette osseuse
qui se trouve ainsi placée de champ sur la
lame perpendiculaire, et qu'on désigne sous
le nom de lame criblée. Située au-devant du
nerf olfactif, la lame criblée se perce de
trous pour lui livrer passage hors du crâne.
Elle est dépassée , à sa partie antérienre ,
par un prolongement de la cloison perpen-
diculaire qui fait saillie dans l'intérieur du
crâne , et constitue l'apophyse crista galli.
Par son bord externe , la mince plaque ho-
rizontale, qui s'est convertie en lame cri-
blée dans son milieu, se recourbe autour de
la membrane olfactive , et projette, dans la
cavité nasale, des renflements lamelleux qui
forment les cornets du nez. Pour une autre
portion elle produit l'os lisse et poli, qu'on
désigne sous le nom d'os planum ou lame
papyracée, et les lamelles transversales, ir-
régulières, plus ou moins nombreuses, for-
mant les cellules elhmoïdales.
Ne devant exposer ici que l'organisation
des Mammifères, il nous est interdit d'en-
trer dans des détails d'anatomie comparée,
et de chercher la correspondance des divers
os du crâne dans toutes les classes de Ver-
tébrés. Nous ferons seulement cette remar-
que, que les différences que présente la
base du crâne des Anallantoïdiens consis-
tent principalement en ce que les éléments
osseux sont plus étirés, et placés aussi à une
distance plus considérable les uns des au-
tres. Ainsi, pour ne prendre qu'un exemple,
la plaque osseuse que Guvier désigne , chez
les Poissons, sous le nom de corps antérieur
du sphénoïde, et que M. Agassiz appelle eth-
moïde crânien, nous paraît représenter la
lame criblée de l'ethmoïde, puisqu'elle est
placée au-devant des nerfs olfactifs, et per-
cée de trous pour leur livrer passage. De
cette portion crânienne de l'ethmoïde s'é-
tend une lame moyenne qui forme cloison
aux orbites, le long de laquelle continuent
à marcher les nerfs olfactifs , et qui se ter-
mine à la portion faciale de l'ethmoïde.
Chez les Mammifères toutes ces parties sont
rapprochées , condensées en quelque sorte ;
et ces particularités dérivent sans aucun
doute de la différence primordiale que pré-
sente l'encéphale , qui est courbé sur lui-
môme chez les Mammifères , tandis qu'il
s'étend sur un même plan chez les Poissons.
Voilà une des raisons pour lesquelles nous
avons attaché de l'importance à ce carac-
tère primitif de l'encéphale, dans nos grands
groupes de Vertébrés.
Sur la base du crâne, constituée de la
manière que nous venons d'exposer, est por-
672
MAM
MAM
tée la capsule cérébrale de laquelle vont se
développer les plaques osseuses destinées à
compléter la boîte crânienne.
À la portion basilaire de Voccipital se
rattache la portion squameuse , qui ferme
en arrière la cavité du crâne , et complète ,
comme une sorte de développement apo-
physaire, la vertèbre constituée par l'occi-
pital. C'est dans des enfoncements de la face
interne de cet os que sont logés les lobes
cérébelleux et la portion postérieure des
lobes cérébraux. Vers le milieu de la plaque
squameuse de l'occipital, à la région nom-
mée protubérance externe, se montrent, en
général, deux points d'ossiûcation , qui se
confondent ensuite, et au-dessus desquels
en apparaissent encore deux. On en voit sou-
vent aussi deux au sommet et deux aux cô-
tés, soudés promptement avec les autres. Il
arrive cependant assez souvent qu'un nom-
bre plus ou moins considérable de ces pièces
osseuses restent isolées; elles constituent
alors les os wormiens, placés dans la suture
angulaire de l'occipital avec le pariétal ,
la suture lambdoïde. On trouve générale-
ment un point d'ossification pour la partie
basilaire de l'occipital, et un pour chaque
apophyse articulaire. La portion écailleuse
commence la première à s'ossifier ; c'est la
portion basilaire qui s'ossifie en dernier
lieu. A la naissance, l'occipital présente en
général quatre pièces , qui ne sont tout- à-
fait soudées qu'après l'accroissement com-
plet : l'une compose la partie postérieure et
supérieure de l'occiput; une autre forme le
corps occipital; les deux dernières, laté-
rales , enveloppent les côtés du trou occipi-
tal et comprennent les condyles. L'occipital
supérieur s'unit d'abord avec les pièces la-
térales , de sorte que la partie basilaire est
celle qui reste le plus longtemps distincte.
Au moment de la naissance et plusieurs
années encore après , le sphénoïde est divisé
en trois pièces : les deux grandes ailes , et
le corps auquel sont unies les petites ailes.
Quelquefois, cependant, les petites ailes res-
tent longtemps distinctes. Mais dans le fœ-
tus, le sphénoïde est l'os crânien qui pré-
sente le plus grand nombre de noyaux iso-
lés ; on en compte généralement seize , qui
ne coexistent cependant pas en même temps,
des soudures partielles ayant lieu avant que
de nouvelles pièces apparaissent.
Avec la grande aile du sphénoïde s'arti-
cule de chaque côté un temporal , dans le-
quel on peut considérer trois parties : la
portion squameuse, le cadre du tympan, et
le rocher avec l'apophyse mastoïdienne. En
général, on admet que l'apophyse mastoïde
forme primitivement une pièce distincte de
la portion pétrée avec laquelle elle se con-
fond de très bonne heure. La portion squa-
meuse naît par un point osseux placé à son
extrémité inférieure , et d'où rayonne l'os-
sification. Quant au rocher et au cadre du
tympan, nous avons parlé du premier en
faisant l'histoire du développement de l'or-
gane auditif; nous parlerons du second en
étudiant les arcs branchiaux. De la face ex-
terne de la portion squameuse du temporal,
naît une apophyse qui doit rencontrer une
autre apophyse de l'os jugal , et former avec
elle V arcade zy g omatique, qui se courbe plus
ou moins en anse, et est plus ou moins apla-
tie. Le temporal des Mammifères se distingue
surtout de celui des trois dernières classes de
Vertébrés, par la large surface de sa portion
squameuse, et de celui des quatre dernières
par l'absence de l'os carré ou tympanique ,
qui porte l'articulation de la mâchoire infé-
rieure.
Au-dessus des temporaux s'élèvent les
pariétaux, sous forme de lames qui ferment
la voûte du ci âne. Leur ossification procède
d'un point unique , situé vers leur milieu ,
et d'où elle s'étend sous forme de rayons.
D'après cette marche du travail de l'ossifi-
cation, les bords des pariétaux sont les der-
nières parties converties en os; aussi reste-
t-il longtemps, entre ces os et les os voisins,
des intervalles vides, des fontanelles. Les
deux pariétaux se confondent ensemble, par
la suture sagittale, avant de s'unir à l'occi-
pital par la suture lambdoïde; au frontal,
par la suture coronale; aux temporaux, par
la suture écailleuse. Cette dernière suture
indique une sorte de tendance des tempo-
raux à glisser sur les pariétaux, et à sortir
du crâne quand celui-ci se rapetisse; c'est
ainsi que dans les Ruminants, le temporal
se colle en dehors du pariétal.
L'ossification de l'ethmoïde a lieu d'a-
bord^dans les parties latérales : dans les cor-
nets du nez, elle commence par le moyen ,
et finit par le supérieur; elle attaque ensuite
les cellules ethmoïdales, et enfin la lame
IMAM
papyracée. A la naissance , ces lames laté-
rales sont distinctes de la lame perpendicu-
laire, qui, avec l'apophyse crista galli, ne
se développe en partie et ne s'ossifie que
dans la première année. La lame criblée pa-
raît être la dernière à prendre la nature
osseuse , et ne termine son entière ossifica-
tion que vers la cinquième année chez
l'Homme.
Chez les Bimanes et chez les Singes, l'eth-
moïde apparaît dans l'orbite, tandis que
chez presque tous les autres Mammifères ,
il est enveloppé par le sphénoïde et le fron-
tal. Dans le Phoque, la lame perpendicu-
laire se montre à l'extrémité du museau.
La cloison des fosses nasales est complétée
sur la ligne médiane par le vomer, qui s'ar-
ticule en arrière avec la lame perpendicu-
laire de l'cthmoïde. Il présente d'abord deux
lames minces, unies par leur bord inférieur
et postérieur, et qui ne se confondent com-
plètement, chez l'Homme, qu'après la dou-
zième année. Le vomer ne paraît pas avoir
plusieurs points d'ossification.
La paroi supérieure et antérieure de là
cage osseuse du nez est formée par les deux
os propres du nez, qui naissent chacun d'un
seul point d'ossification , et qui varient chez
les Mammifères par la promptitude avec la-
quelle ils se réunissent en un seul os.
La partie antérieure du crâne est occupée
par le frontal, dont l'ossification commence
par deux noyaux qui correspondent aux
points où se montreront plus tard les émi-
nences désignées sous le nom de bosses fron-
tales. L'ossification se propage en rayonnant,
et il en résulte deux os qui se soudent inti-
mement sur la ligne médiane par la suture
frontale, pendant les premières années de la
vie, et qui restent quelquefois distincts.
De la paroi frontale du crâne descend un
prolongement nasal dont la substance donne
naissance aux inter-maxillaires. Très petits et
soudésde très bonne heure chez l'Homme, ces
os prennent plus de développement chez les
autres Mammifères, sans cependant acqué-
rir l'importance qu'ils ont chez les derniers
Vertébrés où ils constituent seuls presque
toute la face. Toutetois l'origine des inter-
maxillaires n'est pas parfaitement démon-
trée; il paraît probable qu'à la masse blas-
tématique fournie par le prolongement na-
sal , s'ajoute une autre masse de substance
t. vu.
MAM
673
formatrice provenant du premier arc vis-
céral.
Les os que nous venons de décrire se
trouvent dans le crâne de tous les Mammi-
fères, conservant les mêmes connexions, pré-
sentant à peu près les mêmes dispositions
dans leur arrangement. Il nous est impos-
sible de citer ici les particularités qui résul-
tent de différences dans leurs proportions re-
latives, et d'ailleurs, les formes caractéristi-
ques que la tête prend , suivant les ordres ,
proviennent bien plus des os de la face que
des os du crâne. Nous aurons tout-à-1'heure
l'occasion d'apprécier ces divers caractères.
Mais outre les os, en quelque sorte fonda-
mentaux et communs qui constituent le
crâne de tous les Mammifères , on en ren-
contre un particulier à quelques uns de ces
animaux , et que sa situation à fait nommer
inter-pariélal ; il est en effet intercalé entre
l'occipital et les deux pariétaux. Il n'existe
ni chez l'Homme , ni chez les Singes , deux
ordres que nous avons toujours vus jusqu'ici
suivre la même marche dans le développe-
ment de leurs appareils; il se rencontre chez
les Chéiroptères , les Rongeurs , les Rumi-
nants, les Cétacés, les Solipèdes, la plupart
des Pachydermes; manque chez les Insecti-
vores , les Amphibiens et chez les Carnivo-
res, à l'exception du genre Chat. Disons ce-
pendant qu'il est nécessaire de faire encore
des observations sur cet os, dont les sutu-
res disparaissent en général de très bonne
heure et dont on pourrait bien nier l'exis-
fence faute d'avoir étudié l'animal dans
une époque assez reculée de son dévelop-
pement.
Entre les os propres du nez, on rencontre,
chez VUnau, un petit os de la forme d'un
losange, qui reste longtemps distinct, et se
soude plus tard avec les naseaux. Nous pou-
vons encore citer, comme os spécial, l'os
du groin des Sangliers. C'est aux articles
consacrés aux Ruminants qu'il faut chercher
les détails sur les productions osseuses que
le plus grand nombre de ces animaux pré-
sentent dans la région frontale, et qui con-
stituent les cornes.
Pour résumer les faits que présente le
crâne des Mammifères dans sa formation et
son développement, on peut distinguer pri-
mitivement deux parties : l'une basilairc,
comprenant la portion crânienne de la cordo
674
1VJAM
MAM
dorsale , les poutres et les diverses plaques
crâniennes ; l'autre supérieure , constituée
par la capsule cérébrale et supportée par la
première. De l'évolution des pièces basilai-
res naissent l'occipital moins sa partie squa-
meuse, le sphénoïde et l'ethmoïde; du dé-
veloppement de la capsule supérieure se
forment la portion squameuse de l'occipital
et des temporaux, les pariétaux, le frontal,
les nasaux, les inter-maxillaires en tout ou
en partie , et le vomer. La portion pétrée
des temporaux doit son origine à l'ossifica-
tion de la capsule qui enveloppe la vésicule
auditive. Tous ces os naissent par un nombre
plus ou moins considérable de noyaux ou élé-
ments osseux , et restent isolés ou se soudent
entre eux plus ou moins rapidement, sui-
vant les ordres différents. Ces variations,
qui sont souvent très sensibles chçz l'adulte,
tendent d'autant plus à s'effacer qu'on re-
monte plus loin dans l'examen du crâne du
fœtus. Il s'en faut beaucoup cependant qu'on
Tetrouve dans tous les ordres de Mammifè-
res le même nombre d'éléments osseux; en-
core moins peut-on établir un nombre nor-
mal et invariable de ces éléments pour toutes
les classes de Vertébrés. Le seul rapproche-
ment que permette l'étude comparée du
crâne est l'existence d'un certain nombre de
systèmes de pièces osseuses , dans chacun
desquels la quantité des éléments peut va-
rier, soit par la disparition de l'un d'eux,
soit par l'introduction d'un élément spécial
pour une fonction nouvelle, mais dont l'en-
semble présente le même groupement géné-
ral et les mêmes connexions principales.
C'est dans ces limites que nous comprenons
la comparaison que l'on peut faire du crâne
des différentes classes de Vertébrés , soit à
l'état embryonnaire, soit à l'état adulte. Ce
n'est pas ici le lieu de développer cette idée,
à l'appui de laquelle nous pourrons citer
quelques exemples dans la suite.
Quant à la composition vertébrale du
crâne, si nous avons bien exposé les condi-
tions de la formation d'une vertèbre, et les
phénomènes que présentent les os crâniens
dans leur développement, on a pu voir que
l'occipital seul peut être réellement assimilé
à une vertèbre que nous appellerions vo-
lontiers la vertèbre occipitale; mais que
toute analogie se borne là, et qu'il n'est pas
juste de comparer à des vertèbres, ni le
sphénoïde, ni l'ethmoïde, avec les os an-
nexes, puisque nous n'observons plus pour
aucun d'eux les phénomènes caractéristiques
que nous présentent les vertèbres dans leur
formation. Malgré la séduction de la doc-
trine philosophique qui a voulu retrouver
dans la composition du crâne l'unité de plan
et l'unité de matériaux, il faut bien avouer
que la nature ne s'est pas renfermée dans
les limites étroites d'une création qui se ré-
péterait et se copierait sans cesse, et qui se-
rait commandée par l'organe sans pouvoir
rien faire pour la fonction. Nous avons déjà
eu occasion de Caire ces réflexions à propos
d'autres parties du squelette , nous ne les
répéterons pas en nous occupant des autres
appareils ; mais elles nous semblent résulter
naturellement de l'observation simple des
faits. Tout au plus pourrait -on , en regar-
dant de haut et d'une manière tout-à-fait
générale, trouver dans l'association des piè-
ces du crâne séparées ou diversement com-
binées, des traces décomposition vertébrale;
tout au plus pourrait-on induire, des fonc-
tions des os crâniens, qu'ils rappellent aussi
les vertèbres ; mais la question ramenée a
ces termes ne nous donne plus qu'une com-
position vertébrale vague et, en quelque
sorte, virtuelle, qui n'est plus assez rigou-
reuse pour être scientifique.
Comparé au crâne des Vertébrés des trois
dernières classes , le crâne des Mammifères
se distingue , dans son ensemble , par un
nombre plus petit de pièces à l'état adulte;
comparé à celui des Oiseaux, dont le nom-
bre de pièces élémentaires est à peu près le
même , il se distingue parce que ces pièces
se soudent beaucoup moins vite. Chez les
Oiseaux, en effet, comme nous avons déjà eu
occasion de le remarquer en parlant des
côtes, le travail de l'ossification et de la fu-
sion des os s'étend plusloin,s'accomplitbeau-
coup plus tôt et plus rapidement que chez£
les Mammifères, et, sous ce rapport, leur*
développement présente un caractère de su- j*
périorité sur lequel on n'a peut-être pas^
assez insisté.
De la fac$*
La face présente beaucoup plus de varia-
tions que le crâne dans l'agencement et les
proportions de ses parties, et c'est de ces va-
riations, combinées avec des différences dans
MAM
MAM
(7j
la situation relative de la face et du crâne,
que naissent toutes les formes si caractéris-
tiques que nous observons dans les tètes
des Mammifères. Siège d'organes des sens
aussi importants que le sont ceux de la vue,
de l'odorat et du goût, la face a subi ces
modifications en raison de l'énergie des ap-
pétits impérieux de la vie végétative, et aussi
en raison du mode suivant lequel chaque
animal doit satisfaire à ces besoins. Aussi
trouve-t-on, dans l'observation du jeu delà
face, dans la physionomie, l'indice des fa-
cultés etdes instincts de l'individu, et, dans
l'étude de l'organisation qui est en rapport
avec ces instincts, des caractères zoologiques
d'une grande importance.
Le développement de la face offre aussi
des phénomènes particuliers dont l'exposé
nous permettra d'apprécier la valeur des opi-
nions qui veulent trouver dans les différentes
pièces faciales les analogues des côtes ou des
membres, et, dans le nombre primitif de
ces pièces , la représentation typique de la
composition de la face dans toutes les classes
de Vertébrés.
Les lames ventrales, en convergeant l'une
vers l'autre , et en se réunissant à la partie
céphalique de l'embryon, déterminent au-
dessous du crâne une sorte d'enfoncement
en cul-de-sac dont le fond est formé par la
base du crâne. Cette cavité, différemment
coupée dans la suite par les pièces de la face,
et par d'autres organes qui la rétrécissent
et en modifient l'étendue, formera les fosses
nasales , le canal de la trompe d'Eustache
avec la caisse du tympan , la bouche et le
pharynx. Les pièces qui doivent délimiter
ces diverses cavités prennent naissance du
blastème des lames ventrales, et se pré-
sentent primitivement sous la forme de li-
gnes ou de languettes qui partent de la
capsule cérébrale et se courbent, en sui-
vant le mouvement même des lames ven-
trales, pour marcher l'une au-devant de
l'autre, et se rencontrer sur la ligne médiane
inférieure. L'épaisseur de ces languettes
dépasse bientôt celle des lames ventrales;
celles-ci disparaissent, et la cavité qu'elles
circonscrivaient précédemment n'est plus
close que par les languettes arquées qui ne
se touchent pas dans toute leur longueur,
mais laissent entre elles des fentes. De sorte
qu'en regardant l'embryon par la face anté-
rieure, on voit au-dessous de l'encéphale,
dans la région que l'on a improprement ap-
pelée le cou, des bandes étroites de substance
formatrice qui descendent du crâne vers la
ligne médiane et se terminent à droite et à
gauche par des extrémités arrondies , avant
que leurs deux moitiés se soient rencontrées
et soudées. Ces bandes s'observent chez tous
les Vertébrés, et leur nombre varie dans le
grandes divisions de cet embranchement.
Chez les Mammifères, on en compte quatre
qui ne se développent pas simultanément,
mais bien d'avant en arrière, et se complè-
tent dans le même ordre.
Guidés par l'opinion que les embryons
des Mammifères présentent successivement
les formes qui caractérisent les Vertébrés
inférieurs à l'état adulte, certains observa
teurs virent dans les arcs que nous venons
de décrire une analogie avec les arcs qui
portent les branchies chez les Poissons, as-
similèrent même ces deux ordres d'organes,
les uns transitoires, les autres permanents,
et donnèrent aux premiers comme aux se-
conds le nom d'arcs branchiaux. Quelques
observateurs crurent même qu'il ne serait
pas impossible que ces arcs servissent aussi
chez l'embryon des Mammifères à une res-
piration aquatique dans le liquide de l'am-
nios , et que la fonction comme l'organe fît
de cet embryon une sorte de Poisson. Pour
ne pas employer un nom qui représentât
une idée aussi fausse, Reichert lui substitua
la dénomination d'arcs viscéraux; les fentes
qui distinguent ces arcs furent appelées,
suivant les auteurs, fentes branchiales ou
fentes viscérales. Il est inutile de dire ici
qu'aucun observateur ne vit jamais de fran-
ges branchiales se développer sur ces arcs,
et que c'est en cédant à une idée précon-
çue et systématique qu'on put aller jusqu'à
formuler une opinion aussi extraordinaire. Il
en est de ces languettes primitives comme
de beaucoup d'autres formations : elles ne
sont autre chose que l'indice d'un type
général commun, du type Vertébré, ne dé-
passent jamais les limites d'une vague res-
semblance histogénique, et se différencient
aussitôt qu'elles commencent leur évolution .
Encore faut-il remarquer que cette lointain?
analogie que nous observons primitivement
pour beaucoup d'appareils chez les Verté-
brés, n'existe pas réellement entre les arc*
676
IMAM
qui sont destinés à produire les branchies
chez les Poissons, et ceux dont nous allons
suivre le développement chez les Mammi-
fères. C'est ce qui résultera de la comparai-
son que nous établirons pour les deux clas-
ses entre les différents arcs, après les avoir
d'abord étudiés chez les Mammifères.
Des quatre arcs branchiaux des Mammi-
fères, le premier, par ses évolutions succes-
sives, produit les os palatins, les apophyses
ptérygoïdes, le maxillaire supérieur, le ju-
gal, la mâchoire inférieure, le marteau,
l'enclume et la langue. Le second arc donne
naissance à l'étrier et à son muscle , à l'a-
pophyse styloïde , à l'éminence papillaire du
tympan , au ligament stylo-hyoïdien ou aux
os qui le représentent, et à la petite corne
de l'hyoïde. Le troisième arc forme le
corps de l'hyoïde et ses cornes postérieures;
il est en rapport avec le développement de
l'épiglotte , du larynx et de la trachée. De
la masse qui constitue le quatrième arc,
proviennent les parties molles du cou. La
première fente branchiale , celle qui sé-
pare le premier arc du second , subit des
métamorphoses importantes d'où résultent
le conduit auditif, l'oreille , la caisse du
tympan, la trompe d'Eustache , la mem-
brane du tympan et le cadre tympanique.
Les trois fentes branchiales suivantes s'obli-
tèrent debonne heure par le dépôt de masses
plastiques, dont le développement produit
des parties molles, muscles, nerfs, etc., qui
appartiennent aux régions correspondantes
et dans le détail desquelles nous ne pouvons
entrer.
De l'énumération que nous venons de
donner, il résulte que le premier arc bran-
chial est le plus important par le nombre
de pièces osseuses auxquelles il donne nais-
sance; son développement est aussi le plus
complexe. Eu égard aux os qui résultent de
son développement, nous le désignerons
sous le nom d'arc facial. Au point où ses
deux moitiés prennent leur origine sur la
capsule cérébrale pour se courber au-devant
de la cavité viscérale supérieure , on le voit
émettre en avant, de chaque côté, un prolon-
gement qui s'étend dans un plan parallèle
à la base du crâne, et se soude avec celle-ci,
c'çst- à-dire avec les parties dont le dévelop-
pement produira le sphénoïde antérieur,
l'ethmoïde, le vomer et les inter-maxillaires. |
MAM
La région antérieure où ce prolongement
atteint celui du côté opposé , porte le nom
de capuchon frontal. Les os qui résultent
des métamorphoses de cette première partie
du premier arc branchial sont les os pala-
tins et les apophyses ptérygoïdes. Les pre-
miers naissent par un seul noyau osseux et
se présentent comme une lame courbée, dont ^
la partie horizontale complète la voûte pa-
latine en formant son bord postérieur, et
dont la petite lame verticale monte le long
de la paroi interne de la fosse nasale ; ils
pénètrent plus ou moins profondément dans
la bouche, et paraissent plus ou moins com-
plètement dans l'orbite. Chez les Carnassiers
spécialement, les palatins sont très allongés
et constituent une partie considérable de la
paroi interne de l'orbite, remplaçant ainsi
l'ethmoïde, qui ne s'y montre pas. Chez les
Fourmiliers, les palatins se joignent l'un à
l'autre en dessous dans toute leur longueur.
Ces os croissent des côtés vers le milieu, et
se soudent de très bonne heure: cependant,
chez les Siréniens, une suture indique en-
core leur partage primitif en deux piècer.
Les apophyses ptérygoïdes qui, chez beau-
coup de Mammifères adultes, s'attachent au
sphénoïde, au point où la grande aile se sé-
pare du corps de cet os, constituent dans
l'embryon, et même chez certains Mammi-
fères développés, des os distincts qui ne se
soudent pas au sphénoïde. Chacune de ces
apophyses s'allonge plus ou moins de cha-
que côté, et se divise généralement en deux
lames nommées ailes internes et externes.
La lame interne se termine par un crochet
de forme arrondie, et c'est elle principale-
ment que l'embryologie et l'anatomie com-
parée nous portent à considérer comme un
os distinct. En effet, les ailes internes ne
manquent à aucun Mammifère, tandis que
les ailes externes peuvent ne point exister,
comme chez les Tatous et les Pangolins, ou
bien s'effacent et se réduisent à un tuber-
cule, comme chez les Carnivores. Déplus,
les ailes internes sont celles qui restent le
plus longtemps distinctes, comme on l'ob-
serve en général chez les Chéiroptères, chez
le Daman, le Tapir, l'Oryctérope; et enfin,
ces mêmes ailes peuvent ne jamais se sou-
der avec le corps du sphénoïde, comme c'est
le cas pour le Morse, les Cochons, le Rhino-
céros, le Cheval, le Lama, le Dauphin. Le§
MAM
MAM
G77
particularités que les ptérygoïdiens présen-
tent sont peu importantes et ont rapport à
leur plus ou moins grand écartement, à leur
soudure plusou moins rapide, aux connexions
qu'ils contractent avec la caisse, comme dans
la plupart des Rongeurs, les Makis et les
Tarsiers. Mais ces os offrent une disposition
intéressante chez beaucoup d'Édentés et
chez les Dauphins. Chez l'Unau, les ptéry-
goïdiens sont renflés et creusés de cellules
qui sont en communication avec les sinus
du sphénoïde, et ainsi avec les arrière-na-
rines. Une organisation analoguese rencontre
chez l'Aï à collier, où la communication est
devenue plus complète par l'existence , à la
face interne de ces os, d'un large sillon qui
aboutit dans le sinus du sphénoïde par un
trou du palatin. Chez les Fourmiliers, les
ailes internes se rencontrent et s'accolent
tout-à-fait l'une à l'autre en dessous, comme
l'ont fait les palatins avec lesquels elles s'u-
nissent, pour constituer ainsi un tube qui
continue le tube osseux des arrière-narines.
Dans les Dauphins, on trouve quelque chose
de semblable : les ailes ptérygoïdiennes in-
ternes, qui restent toujours distinctes, pren-
nent un grand développement, se replient
sur elles-mêmes et composent tout le bord
de Panière-narine, où se montre seulement
le vomer.
En remontant à la situation primordiale
des prolongements de l'arc facial, d'où nais-
sent les palatins et les ptérygoïdiens, on
comprendra facilement que la soudure de
la face avec le crâne s'opère à l'aide de
ces os.
En dehors de ces prolongements et du
point où ils commencent à s'étendre sous la
base du crâne, le blastème de l'arc facial se
cartilaginiGe bientôt , et c'est de ce cartilage
«me se produisent l'os maxillaire supérieur et
kjiigal.[Lts os maxillaires supérieurs, aussi
bien que les prolongements dont nous ve-
nons de parler, croissent des côtés vers le
milieu, de sorte que c'est par degré qu'ils
se rapprochent l'un de l'autre et de Tinter-
maxillaire. Le nombre des points d'ossifi-
cation paraît être de sept, qui se soudent
rapidement entre eux. Par suite des progrès
du développement, le maxillaire devient un
os large, plus ou moins bombé et allongé
d'arrière en avant, s'unissant au frontal par
une apophyse moulante ou nasale; au pala-
tin, par son bord postérieur, et à d'autrei
os, le vomer, l'ethmoïde, l'unguis, suivant
que son développement le met en rapport
avec eux. Vers sa partie moyenne, il pré-
sente l'apophyse jugale ou malaire, par la-
quelle il s'articule avec le jugal. Ce qui ca-
ractérise essentiellement cet os chez les
Mammifères, c'est sa complète immobilité ,
car il est plus ou moins mobile dans le plus
grand nombre des animaux des autres clas-
ses. L'os maxillaire supérieur, par son vo-
lume et par sa situation au milieu des au-
tres os, est un de ceux qui contribuent
principalement à donner à la face sa forme
et son étendue. A mesure qu'on s'éloigne
de l'Homme, il se porte davantage en avant,
s'effile plus ou moins, et détermine de la
sorte ces formes si différentes que présente
l'étude du museau chez les Mammifères.
Les deux extrêmes, sous ce rapport, nous
sont offerts d'une part par les Singes et par
les Paresseux, qui ont la face extrêmement
courte, et de l'autre par le Tamanoir, chez
lequel le museau est excessivement long,
cylindrique, étroit, s'évasant à sa base pour
s'unir au crâne. Ces différences et toutes
celles que nous observons entre ces deux
limites, sont généralement en rapport avec
le développement qu'acquièrent les organes
de l'odorat et du goût , quoiqu'il soit sou-
vent difficile d'expliquer l'allongement des
mâchoires autrement que par une particula-
rité dépendant du type.
Tout au pourtour de son extrémité infé-
rieure, l'os maxillaire présente un rebord
dentaire renflé qui, de bonne heure, prend
une assez grande épaisseur et montre les
gonflements qui correspondent aux alvéoles.
Nous indiquerons les particularités que pré-
sentent les dents, en parlant de la mâchoire
inférieure. C'est en appuyant sur la saillie
déterminée par les incisives supérieures, une
ligne qui toucherait, en haut, au point le plus
proéminent du frontal, qu'on a essayé d'ap-
précier le développement relatif de la face
et du crâne, et, par suite, le développement
intellectuel. Les raisons que nous avons ap-
portées en parlant du système nerveux ne
nous permettent pas de regarder la masse plus
ou moins considérable de l'encéphale comme
l'indice absolu d'une intelligence plus ou
moinséIevée;parconséquentnousnecroyons
pas que cette ligne faciale de Camper, don-
67 8
MAM
MAM
Dât-elle exactement le rapport de la face au
cerveau, puisse donner par cela même la
mesure de l'intelligence d'un animal. Mais,
de plus, cette ligne ne peut servir de guide
sincère, même pour l'appréciation du déve-
loppement relatif de la face etdu crâne, puis-
que, d'une part, les sinus frontaux peuvent
donner une grande proéminence au front,
comme cela a lieu chez l'Éléphant , et re-
lever par conséquent la ligne faciale , sans
qu'on puisse en induire le développement
de l'encéphale; et que, d'autre part, la face
peut prendre une position tellement avan-
cée qu'il ne soit plus possible d'appuyer la
ligne faciale à la fois sur le frontal et le
maxillaire. 11 nous semble qu'on s'est trompé
en attribuant aux anciens la connaissance
des relations de ce genre, et en considérant
comme une preuve de leur science à ce sujet
l'habitude où étaient les artistes d'exagérer
l'ouverture de l'angle facial, quand ils vou-
laient imprimer à une tête le caractère de
l'intelligence et de la majesté. Cette prati-
que nous paraît impliquer seulement l'é-
tude du visage de l'Homme comparée à
celle de la tête des animaux. Pour les an-
ciens, le type de la beauté était l'Homme
de la race caucasique à laquelle ils appar-
tenaient, et dont ils trouvaient encore des
traits purs et primitifs; reproduire les ca-
ractères de ce type en l'éloignant du type
des animaux, devait donc être le but des
artistes. En exagérant la proéminence du
front, ils n'avaient pas deviné l'angle facial
de Camper; ils évitaient seulement le mu-
seau des animaux.
La face s'allonge d'autant plus au-devant
du crâne que l'on observe l'animal à une
époque plus éloignée de son développement.
Primitivement l'arc facial descend, comme
nous l'avons dit, au-dessous de la capsule
cérébrale, et c'est à peu près dans cette po-
sition qu'il persiste chez l'Homme; c'est
aussi celle qu'il offre chez les jeunes Singes.
Mais, successivement, il s'avance au-devant
du crâne, et l'angle facial qui, par exemple,
est de 65" chez le jeune Orang-Outang, n'est
plus que de 40u chez le même animal
adulte.
L'os jugal, qui s'articule avec l'apophyse
malaire du maxillaire supérieur, sert à unir
le crâne avec la face, au moyen d'une apo-
physe montante qui s'attache au frontal, et
de l'arcade zygomatique qui joint l'apophyse
zygomatique du temporal. 11 s'ossifie de
bonne heure très probablement par un seul
noyau osseux. * Quelques Mammifères, le
Tenrec, les Musaraignes, les Pangolins n'ont
pas de jugal; d'autres, comme les Fourmi-
liers, en ont un extrêmement petit ; d'autres,
au contraire, comme le Sanglier, le Pécari,
ont un jugal assez large pour composer une
partie de la face. Dans les Taupes et beau-
boup de Chéiroptères insectivores, l'arcade
zygomatique ne consiste qu'en un filet os-
seux plus ou moins droit, sans suture; dans
le plus grand nombre des Mammifères, elle
est forte et peut être composée de l'os jugal
pour sa partie moyenne , de l'apophyse du
temporal et du maxillaire supérieur pour
ses deux extrémités. Dans l'Homme, les
Quadrumanes , la plupart des Chéiroptères
et des Insectivores , les Carnivores , pres-
que tous les Amphibiens , les Édentés ,
les Ruminants et les Siréniens, l'arcade zy-
gomatique se forme seulement par l'apophyse
zygomatique du temporal et l'os jugal, qui
s'avancent plus ou moins l'un sur l'autre ,
et donnent ainsi naissance à une suture
plus ou moins longue et oblique. Chez les
Solipèdes, le temporal forme presque seul
l'arcade zygomatique, le jugal y contri-
bue peu, et l'on observe une apophyse post-
orbitaire que le temporal fournit au frontal
postérieur. Chez les Cétacés ordinaires, cette
apophyse post-orbitaire et l'apophyse du
temporal, constituent l'arcade zygomatique
dans la composition de laquelle le jugal
n'entre pas. Au contraire, dans les Ron-
geurs, les Proboscidiens et les Pachydermes
ordinaires, l'arcade zygomatique est formée
par le jugal, l'apophyse zygomatique du
temporal et une apophyse du sus-maxillaire.
L'absence des dents et de la mastication
coïncide, chez les Édentés , avec des parti-
cularités curieuses de l'arcade zygomatique.
Ainsi, dans les Tardigrades, le jugal monte
plus haut que l'apophyse du temporal, de
sorte que ces deux os ne se rencontrent pas,
et que l'arcade est brisée; dans les Fourmi-
liers, le jugal n'atteint pas l'apophyse du
temporal, et l'arcade se complète par un li-
gament, comme chez les Pangolins.
L'arcade zygomatique s'éloigne d'autant
plus du crâne horizontalement que le mus-
cle masséter, le plus puissant releveur de
IMAM
MAIM
G79
la mâchoire inférieure, est plus développé,
ou, en d'autres termes, que l'animal doit
faire plus d'efforts pour séparer une portion
de l'aliment dont il se nourrit. Sous ce rap-
port, les Chéiroptères, les Insectivores, les.
Rongeurs, et surtout les Carnivores, sont
les Mammifères chez lesquels l'arcade se
porte le plus en dehors, et c'est cette or-
ganisation qui élargit leur tête latéralement.
Chez l'Homme et les Quadrumanes, l'arcade
se courbe un peu en dehors; elle est plus
ou moins droite, dans les autres ordres,
très peu saillante chez les Édentés qui l'ont
complète, et un peu rentrante chez le Prio-
donte géant.
Quant à la forme que prend l'arcade zy-
gomatique dans le sens vertical , elle paraît
être en rapport avec la résistance qu'elle
doit opposer à l'action du masséter. Chez
l'Homme, l'arcade est presque droite; elle
reste aussi dans un même plan plus ou moins
incliné chez les Édentés, la plupart des
Pachydermes ordinaires, les Cétacés ordi-
naires; elle se courbe, de manière à présen-
ter plus ou moins complètement la forme
d'une ce couchée horizontalement, dans les
Quadrumanes, quelques Pachydermes, les
Solipèdes, les Ruminants, les Siréniens en
général ; elle est convexe en dessus, chez les
Chéiroptères, les Insectivores, les Carnivores
et les Amphibiens ; et, au contraire, convexe
en dessous, chez les Rongeurs.
Les particularités que présente la face des
Mammifères, suivant les conditions de leur
genre de vie, sont surtout remarquables dans
la mâchoire inférieure, dont nous allons
suivre maintenant le développement.
Ce n'est pas du premier arc viscéral di-
rectement que naît la mâchoire inférieure,
mais d'un blastème qui se dépose autour de
la face externe de cet arc, et qui l'enve-
loppe progressivement comme d'une gaîne.
La mâchoire supérieure étant bientôt plus
avancée dans son développement que l'in-
férieure, fait primitivement une saillie au-
devant de celle-ci , qui n'arrive que suc-
cessivement à prendre une position parallèle
au-dessous de la première dont elle répète
le contour. C'est d'abord le rebord alvéolaire
qui, chez les Mammifères pourvus de dents,
constitue la plus grande partie du maxillaire
inférieur, parce que déjà existent les germes
des dents de lait et même ceux de quelques
dents permanentes. La forme des dents, leur
grandeur ou leur absence sont, en effet, les
conditions qui déterminent la force et l'é-
paisseur des maxillaires inférieurs; ces os
restent grêles chez les Pangolins et les Four-
miliers, qui sont dépourvus de dents; ils
acquièrent un volume considérable chez
l'Éléphant, où ils doivent loger d'énormes
molaires. Dans l'embryon, les os de la mâ-
choire inférieure, en raison même de leur
mode de formation, enferment un angle
d'autant plus obtus qu'ils sont moins avan-
cés dans leur développement ; de là cette
forme arrondie de la face qu'on observe chez
les fœtus et qui persiste plus longtemps chez
les jeunes Singes et chez les enfants. Mais,
peu à peu, la mâchoire s'allonge, s'effile,
suivant les animaux, et prend ses caractères
spécifiques.
La mâchoire inférieure s'ossifie de bonne
heure et consiste primitivement en deux
moitiés qui se développent chacune par un
point d'ossification; du moins cette opinion
est-elle celle de la plupart des observateurs.
Ces deux moitiés, séparées d'abord par du
cartilage, peuvent s'unir ensuite l'une à
l'autre ou rester distinctes, même chez l'a-
dulte. Dans la Baleine , elles ne se soudent
pas et sont seulement reliées l'une à l'autre
par des ligaments, ce qui est, en quelque
sorte, l'état le plus imparfait de leur déve
loppement. Chez les Insectivores et les Ron-
geurs, chez les Carnivores moins le Morse,
chezles Ruminants moinslesCaméliens, chez
les Édentés moins les Pangolins, chez le
Dugong et chez les Cétacés , les deux pièces
de la mâchoire inférieure demeurent dis-
tinctes. Elles sont, au contraire, soudées de
bonne heure, dans le fœtus ou le jeune ani-
mal, chez l'Homme, les Quadrumanes, les
Chéiroptères, les Pachydermes, les Pango-
lins, les Chameaux, le Morse et le Lamentin.
L'arc blastématique qui produit la mâ-
choire inférieure est d'abord attaché à la
capsule cérébrale. Peu à peu, par séparation
histogénique, l'os maxillaire inférieur se dé-
tache du crâne et prend une surface articu-
laire à l'aide deWaquelle il peut se mouvoir
sur le temporal. Cette surface articulaire est
le condyle sur lequel nous allons faire tout-
à-l'heure quelques remarques; la portion
du temporal qui le reçoitest la fosse glénoïde.
Par suite aussi de sa formation primitive,
G80
MAM
MAM
la mâchoire inférieure est d'abord droite ;
mais, en raison du développement des os de
la face, elle est forcée de se couder plus ou
moins selon l'allongement du museau pour
conserver son point d'appui sur le crâne;
elle prend alors une branche montante qui
fait avec la branche horizontale un angle
d'autant plus obtus que la face est placée
plus en avant du crâne ou que cette bran-
che horizontale elle-même est plus courte.
Les divers degrés de ce développement sont
en rapportavecla force mandibulairequ'exige
le régime nutritif des animaux ; ils trouvent
leur explication dans les lois de la mécani-
que qui régissent les leviers , en même temps
qu'ils nous retracent quelques phases du
développement de la mâchoire inférieure.
Ainsi» la branche montante est nulle chez
les Tatous, les Fourmiliers, les Pangolins et
les Cétacés; elle est presque nulle chez les
Rongeurs «n général ; courte chez les Car-
nassiers ; longue chez l'Homme , les Quadru-
manes , les Pachydermes ordinaires et les
Proboscidiens; très longue chez les Rumi-
nants et les Solipèdes. L'angle de la mâchoire
est à peu près droit chez l'Homme; il est
très ouvert chez les Carnassiers et beaucoup
de Rongeurs.
La branche montante se bifurque en deux
apophyses, dont l'antérieure est appelée co-
ronoïde, et la postérieure condyloïdienne ;
c'est sur la première que s'attachent les
muscles, la force de la mâchoire; c'est la
seconde qui porte la surface articulaire, le
point d'appui de ce levier. La nature et
l'étendue des mouvements de la mâchoire
inférieure dépendent nécessairement de la
forme du condyle et de celle de la cavité
glénoide qui le reçoit; elles sont en rapport
avec le régime diététique de l'animal , et
varient par conséquent beaucoup. Les dé-
tails sur cette corrélation importante, très
remarquable, ne peuvent être étudiés que
dans les articles destinés à chacun des or-
•Ires de Mammifères. Nous citons seulement
ici quelques observations générales. Chez
l'Homme, les Quadrumanes, les Chéiroptè-
res, les Insectivores, l'articulation est assez
lâche pour permettre des mouvements plus
ou moins étendus de haut en bas , d'avant
en arrière, de droite à gauche, et réciproque-
ment. Chez les Ruminants, le condyle n'est
pas reçu dans une fosse, mais sur une sur- j
face lisse et bombée qui lui permet de glis-
ser librement d'arrière en avant et sur les
côtés; cette disposition, favorable au mou-
vement horizontal, aide, par conséquent, à
la trituration des aliments. Chez les Carni-
vores, le condyle est élargi transversalement
et logé dans une fosse glénoide profonde;
son articulation serrée ne lui permet de se
mouvoir que verticalement, de manière à
amener les dents l'une contre l'autre, comme
des branches de ciseaux; les mouvements
lâches de protraction, de rétraction et de
latéralité auraient fatigué inutilement les
mâchoires et ne leur auraient point donné
la précision nécessaire pour diviser, c'est-
à-dire pour couper la chair. Les Rongeurs,
au contraire , ont un condyle allongé d'avant
en arrière, pouvant se mouvoir dans le sens
de la longueur de la tête, avancer et reculer
alternativement leurs dents inférieures sur
celles du haut, et, de la sorte, user, limer
avec leurs incisives les substances dures,
qu'ils broient ensuite du même mouvement
avec leurs molaires. Ce mouvement plus
prononcé d'avant en arrière, qui n'empêche
pas le jeu latéral des mâchoires, rapproche
les Rongeurs des autres ordres que nous
comprenons dans le groupe des Mammifères
à placenta discoïde, elles distingue des Car-
nivores , chez lesquels la disposition des sur-
faces articulaires est toute spéciale.
A chacune de ces dispositions de la mâ-
choire inférieure, et pour en compléter
l'action, se rapporte une forme de dents
particulière. Les différences de forme, le
développement des dents, leurs diverses es-
pèces, et leur nombre dans les ordres des
Mammifères , font l'objet d'un article spé-
cial {voy. dents). Nous ne nous arrêterons
donc pas sur ces particularités; nous ferons
seulement remarquer, comme caractère pro-
pre des Mammifères, que ces Vertébrés ont
toutes leurs dents implantées dans les bords
alvéolaires des mâchoires, et n'en ont ja-
mais de palatines, de linguales ou autres.
Nous signalerons aussi la structure excep-
tionnelle des dents de l'Oryctérope, compo-
sées d'une infinité de petits tubes, droits et
parallèles, unis les uns des autres, et clos
seulement à leur surface triturante: struc-
ture qui rappelle celle des dents composées
de plusieurs poissons, des Raies entre au-
tres. Nous rappellerons enfin ce que nous
MAM
MAM
681
avons dit (voy. hémsson) sur la distinction
ries dents en incisives , canines et mo-
laires. L'application de l'un ou de l'autre de
<es trois noms , conventionnellement défi-
nis , doit dépendre , selon nous , de la fonc-
tion de ces organes ; et cette fonction est
indiquée par leur forme et par leur situa-
tion relativement à l'ouverture buccale. C'est
aussi par les nécessités de la fonction , par
l'étendue que doit avoir le jeu de telle ou
telle dent, qu'il faut eipliquer les vides qui
se prononcent cà et là dans les mâchoires
de certains animaux , et qu'on a voulu con-
sidérer comme l'indice de l'absence de dents
qui se retrouveraient dans une autre mâ-
choire prise arbitrairement pour type. Du
reste, l'articulation de la mâchoire infé-
rieure, la longueur de cette mâchoire, la
force des muscles, la forme des molaires,
sont autant de conditions toujours concor-
dantes, constituant un ensemble dans le-
quel il est facile de reconnaître la nature du
régime de 1 animal , et qui est en harmonie
avec le reste de son organisation. Entre les
Fourmiliers et les Pangolins qui n'ont au-
cune espèce de dents, les Baleines qui ont
des fanons , et les Dauphins qui ont des
dents toutes uniformes, au nombre de cin-
quante-six à soixante chez le Dauphin longi-
rostre, on rencontre un certain nombre de
types dont les caractères physiologiques gé-
néraux sont bien définis par l'association
des diverses dents. Aussi, l'étude du sys-
tème dentaire a-t-elle eu une grande impor-
tance pour la détermination des groupes
principaux des Mammifères; et cette impor-
tance est légitime , pourvu qu'elle ne soit
pas exclusive, et qu'elle prenne rang après
les caractères d'une plus grande valeur qui
nous révèlent les affinités premières des ani-
maux. C'est en accordant au système den-
taire une prépondérance absolue que Cuvier
plaçait d'abord les Péramèles, les Sarigues et
autres de Didelphes , à côté des Placentaires
insectivores, bien que des caractères pri-
mordiaux distinguent essentiellement ces
Mammifères, qui appartiennent, comme on
le sait, à un type différent. Sans doute il
n'en est pas moins vrai que, dans l'un et
dans l'autre type, on peut rencontrer des
systèmes dentaires analogues, concordant
avec des régimes diatétiques semblables;
mais ce sont là des termes correspondants ,
t. vu.
et non pas des caractères indicatifs d'affinités
zoologiques , qui s'établissent ainsi d'un type
à l'autre, comme il peut d'ailleurs s'en établir
pour d'autres points de l'organisation, même
entre les divers ordres d'un même type. L'é-
tude comparée du système dentaire des In-
sectivores et des Rongeurs a depuis long-
temps conduit les zoologistes à reconnaître
les affinités qui rapprochent ces deux or-
dres, et qui ont été parfaitement mises en
évidence par M. Isidore Geoffroy-Saint-Hi-
laire. Nous ajouterons que dans les Ron-
geurs, comme dans les Insectivores, les
Chéiroptères , les Quadrumanes et l'Homme,
les dents de remplacement, quand il existe
deux dentitions, sont en nombre égal aux
dents de lait auxquelles elles succèdent;
tandis que chez les Carnivores , en général,
entre les fausses molaires permanentes qui
viennent remplacer les fausses molaires de
lait, s'intercalent, en plus, d'autres fausses
molaires qui rendent ainsi l'appareil per-
manent plus nombreux que l'appareil de
lait. Tous ces caractères , et ceux dont nous
allons avoir occasion de parler en exami-
nant les membres , viennent confirmer les
affinités que représente si bien le groupe des
Mammifères à placenta discoïde. Il est néan-
moins un ordre de ce groupe qui, bien que
lié étroitement par ses affinités aux autres
ordres , est loin d'être homogène, comme
on l'a, déjà remarqué, et présente, notam-
ment dans son appareil dentaire, des diffé-
rences considérables : nous voulons parler de
l'ordre des Quadrumanes. Parmi eux, nous
appellerons l'attention sur les Ouistitis,
dont les molaires pointues et armées de tu-
bercules aigus, rappellent la dentition des
Insectivores, et nous ferons remarquer la!
singulière coïncidence de ce caractère avec ,
l'absence de circonvolutions au cerveau. î
Cette dernière particularité, qui les rappro-
che encore des Insectivores, n'est pas la seule
qui les éloigne des Singes ; on sait que leur
membre antérieur n'est pas terminé par
une main , et que tous leurs doigts, à l'ex-
ception seulement du pouce des membre*
postérieurs, sont armés de griffes. Les Ga-
lagos, chez lesquels nous avons aussi si-
gnalé l'absence de circonvolutions, présen-
tent un système dentaire analogue à celui
des Ouistitis; et, sans doute, il y a dans
cette coïncidence de caractères quelque in-
86
C82
MAlvf
dice d'affinités dont toute la valeur nous se-
rait révélée par l'examen des enveloppes
fœtales.
Avant le développement complet de la
mâchoire inférieure, et à sa face interne,
se forme aussi, de blastème général de l'arc
facial , une petite languette dont la direction
est la même que celle de l'arc lui-même, et
qui est destinée à donner naissance à une
partie des osselets de l'ouïe. Cette petite lan-
guette se cartilaginifîe, et se scinde bien-
tôt de chaque côté en deux portions, Tune
antérieure, qui devient le marteau, l'autre
postérieure, placée au-dessus, qui devient
V enclume. Par suite des progrès du déve-
loppement, le prolongement antérieur qui
appartient à la portion d'où naît le mar-
teau , forme, à la tête de ce petit osselet ,
une apophyse cartilagineuse qui , logée dans
une petite gouttière de la face interne de la
mâchoire inférieure, s'accommode aux con-
tours et au développement de cet os; il en
résulte une sorte de petite anse qui, s'atta-
chant à droite et à gauche, par ses extrémi-
tés, à la tête de chaque marteau, répète la
forme de la mâchoire inférieure. Cette por-
tion apophysaire, la plus considérable du
cartilage qui produit le marteau, ne s'ossifie
pas et disparaît de bonne heure; peut-être
pourrait-on considérer la longue apophyse
ou apophyse grêle du marteau , comme la
partie supérieure de l'apophyse cartilagi-
neuse primitive, dont la partie antérieure
s'atrophie. Le volume des deux osselets de
l'ouïe, dont nous venons de décrire le sin-
gulier développement , la longueur et la
grosseur relative de leurs apophyses , la
forme du manche du marteau, présentent
quelques différences peu remarquables dans
la classe des Mammifères; nous rapproche-
rons seulement de l'histoire de sa formation,
le marteau du Dauphin et celui des Cétacés
en général , chez lesquels l'absence du man-
che, la longueur et la courbure de l'apo-
physe, rappellent quelque chose de l'état
primitif de cet osselet.
Enfin, du premier arc viscéral naît en-
core la langue. Elle se montre au bord in-
terne des extrémités de cet arc, quand ces
extrémités se sont soudées l'une à l'autre.
D'abord angulaire, elle s'arrondit et s'al-
longe en cône charnu, dont la base se place
entre les deux premiers arcs viscéraux de
IMAM
plus en plus distants. Nous avons indiqué,
dans l'article consacré à cet organe, les prin-
cipales modifications qu'il présente dans la
classe des Mammifères, en même temps que
nous avons signalé ses principales fonctions.
(Voy. LANGUE.)
La cavité supérieure comprise entre le
premier arc viscéral et la base du crâne , a
été diversement coupée par les parties de la
face, dont nous venons de suivre le déve-
loppement. Cette cavité, qu'on appelle à
tort la bouche, et à laquelle conviendrait le
nom d'antre hypocéphalique , n'est qu'une
large ouverture, comprenant la fosse nasale
et la cavité buccale; par le rapprochement
des os maxillaires supérieurs et des palatins,
la cavité nasale se trouve séparée de la ca-
vité buccale que la mâchoire inférieure limite
en dessous. C'est alors seulement que se
montre une véritable bouche, bordée de
bourrelets qui forment les lèvres, et conti-
nuée en arrière par la cavité pharyngienne.
Nous retrouverons ce vestibule antérieur de
la cavité intestinale en examinant l'appa-
reil de la digestion. Si la cavité buccale des
embryons de Mammifères présentait transi-
toirement les états permanents de la cavité
buccale des Vertébrés inférieurs, il est clair
que chez les Poissons cette cavité devrait
communiquer largement avec la cavité na-
sale , comme cela a lieu primitivement chez
les Mammifères: c'est tout le contraire qui
a lieu; chez aucun Poisson, excepté les
Lamproies, la cavité buccale n'a de com-
munication avec les narines.
La première fente viscérale s'oblitère à
sa partie antérieure, par le dépôt d'une
masse blastématique, et, par suite d'un
autre dépôt, se partage, à sa partie posté-
rieure, en deux portions ; l'une interne,
s'allongeant en forme de canal, marche au-
devant du labyrinthe de l'oreille, se dilate
en caisse du tympan à la partie supérieure,
et se rétrécit en trompe d'Eustache à sa par-
tie inférieure; l'autre externe donne nais-
sance au conduit auditif et à V oreille. La
masse blastématique qui opère cette divi-
sion de la première fente viscérale, se con-
vertit en cadre tympanique et en membrane
du tympan, qui sépare l'une de l'autre les
deux cavités auriculaires. L'espèce de recu-
lernent que subit la fente viscérale, se por-
tant d'avant en arrière pour former Vo-
MAM
1VIAM
es;
Teille , est le résultat du développement des
os maxillaires qui envahissent la portion
moyenne et antérieure. L'oreille externe ne
se forme donc pas par invagination de té-
guments extérieurs, comme l'ont pensé cer-
tains embryologistes ; mais quand elle s'est
produite, suivant le mode que nous venons
de décrire , deux systèmes cutanés viennent,
l'un du dedans, l'autre du dehors, se met-
tre en contact avec la membrane tympa-
nique , ce sont le système cutané externe et
la muqueuse orale qui monte par la trompe
d'Eustache.
Le cadre tympanique destiné à tenir le
tympan tendu , est , de toutes ces parties ,
celle qui s'ossifie la première; il se montre
d'abord comme une ligne osseuse indépen-
dante du crâne, grandit ensuite, prend des
connexions, et se convertit progressivement
en conduit auditif externe osseux; si ce n'est
chez les Cétacés , dont le méat externe reste
un canal cartilagineux, très petit, sinueux,
et aboutissant à la surface de la peau par
un trou extrêmement fin. Le conduit externe
n'existant pas primitivement , on comprend
que la membrane du tympan est d'abord plus
rapprochée de la surface ; et l'on trouve chez
les Mammifères tous les degrés d'élargisse-
ment, de contournement et de profondeur
dans ce méat. L'ossification de la caisse tym-
panique part du pourtour du trou ovale ;
elle s'avance peu à peu , et gagne ainsi la
partie supérieure de la trompe d'Eustache,
qui reste fibro-cartilagineuse et fibreuse in-
férieurement. Quant à la conque de l'o-
reille, elle se montre d'abord comme un
bourrelet triangulaire entourant la fente,
excepté chez les Cétacés , où elle manque
tout-à-fait; le tragus et V hélix deviennent
bientôt distincts sur ce bourrelet plus sail-
lant; Vantitragus et Vanthélix apparaissent
ensuite comme deux élévations isolées ; le lo-
bule est la portion qui se forme la dernière;
il est plus petit chez les Quadrumanes que
chez l'Homme ; et comme le lobule est formé
de peau et de tissu graisseux chez ce dernier,
le cartilage de l'oreille humaine ressemble
beaucoup à celui de l'oreille des Singes ,
parmi lesquels l'Orang-Outang se fait re-
marquer par la petitesse de son oreille. En
général, les Mammifères timides ont les
oreilles les plus longues , et douées d'une as-
sez grande mobilité pour pouvoir se diriger
en avant 041 en arrière, de manière à saisir
le bruit de quelque côté qu'il vienne. Cepen-
dant chez certains Chéiroptères , tels que les
Molosses, les Mégadermes, les Oreillards,
qui ont de très grandes oreilles, cette mo-
bilité n'est plus possible , parce que les deux
oreilles sont réunies par leur bord interne.
Une des particularités remarquables que
nous présentent les immenses oreilles des
Chéiroptères, est le développement considé-
rable du tragus qui prend des formes bi-
zarres et peut servir à fermer l'oreille de
manière à empêcher l'accès de l'air. Leur
antitragus se prolonge quelquefois jusqu'au
coin de la bouche , comme on le voit chez
le Molosse. Quelques Musaraignes possèdent
aussi une sorte d'opercule auriculaire; mais
il est formé par l'antitragus. Chez les Mam-
mifères dont Poreille est très mobile , on
trouve plusieurs cartilages distincts , fendus
longitudinalement, et pouvant, en consé-
quence , exécuter des mouvements de rétré-
cissement, de dilatation, de rétraction et
d'élongation que cette indépendance ex-
plique.
Pour résumer les phénomènes que présente
successivement le développement du premier
Arc viscéral ou arc facial , on peut ratta-
cher les formations qui en sont le résultat
à quatre arcs secondaires et en quelque sorte
dérivés. Ces quatre arcs, que nous désigne-
rons chacun par le nom du principal système
auquel il donne naissance , sont , de dedans
en dehors : Varo palatin, parallèle à la base
du crâne et d'où proviennent les os palatins
et ptérygoïdiens; Y arc maxillaire, qui pro-
duit les os sus-maxillaires et jugaux; l'arc
malléen, d'où se forment le marteau et l'en-
clume; et Varcmandibulaire, quidevientla
mâchoire inférieure.
Le second arc viscéral doit former l'étrier
et l'appareil suspenseur de l'hyoïde ; on in-
diquerait cette destination en le désignant
sous le nom d'arc stylo-slapédien. Cet arc, en;
se cartilaginifiant d'arrière en avant, se di*
vise en trois segments. Le premier disparaît,,
refoulé par le labyrinthe, et prive ainsi le
second arc de toute connexion avec le crâne ;
le second est reçu dans une petite fosse de
la caisse, et se métamorphose en élrier; le
troisième produit l'appareil suspenseur de
l'hyoïde. Dans l'angle que forme ce troisième
segment avec le second, s'accumule mio
681
MAM
masse*de substance d'où naît le muscle de
l'étrier. L'appareil suspenseur de l'hyoïde
présente plusieurs modifications importan-
tes : chez l'Homme, il se compose de deux
portions osseuses : l'unesupérieure, d'où nais-
sent l'éminence papillaire du tympan et Va-
pophy se styloïde: cette portion, d'abord isolée,
s'unitensuiteau temporal; l'autreinférieure,
la petite corne, corne antérieure ou styloïde ,
qui s'attache au corps de l'hyoïde dont nous
allons suivre tout-a-l'heure le développe-
ment. Entre ces deux portions osseuses s'é-
tend une portion ligamenteuse, le ligament
stylo-hyoïdien, qui peut s'ossifier avec l'âge
et former ainsi l'osselet moyen d'une chaîne
osseuse rattachant l'hyoïde au crâne. Cet
état exceptionnel chez l'Homme devient l'é-
tat général dans les autres Mammifères, chez
lesquels on peut trouver aussi les liaisons avec
le crâne rompues par suite de l'absence de l'os
styloïde ou de ligament; leur corne anté-
rieure est généralement composée de plu-
sieurs segments. Les Marsupiaux, qui se dis-
tinguent des Mammifères placentaires par
des caractères profondément différents, s'en
distinguent encore par la composition de leur
appareil hyoïdien dans lequel la corne anté-
rieure ne comprend qu'un seul os large et
court, effilé, et suspendu au crâne par un
mince ligament.
Quelques embryologistes croient , avec
Reichert, que Vétrier est d'abord un carti-
lage plein, dont la portion moyenne dispa-
raît par l'ossiûcation ; du reste , on le trouve
plein chez le Phoque; il est solide, et percé
seulement d'un petit trou dans les Cétacés.
Sa platine, d'épaisseur et de grandeur va-
riable suivant les différents Mammifères, est
convexe ou concave sur sa face vestibulaire
qui s'applique sur la fenêtre ovale.
Le troisième arc viscéral , ou arc hyoï-
dien, descend au-dessous du crâne , sous un
angle dirigé en arrière; par la carlilaginifi-
cation , il se divise en quatre pièces , dont
la supérieure de chaque côté, s'atrophie
bientôt et disparaît. 11 ne reste plus ainsi
que trois pièces pour chaque moitié de l'arc ;
une inférieure, une médiane, une latérale.
La pièce inférieure, d'un côté, se soude à
la pièce inférieure de l'autre côté , sur la
ligne médiane, et de leur réunion naît Vé-
piglotle, d'abord sous forme d'une petite
éminence arrondie, qui <c relie à la langue
MAM
par une languette étroite, derrière la pièce
terminale de l'arc stylo-stapédien, et qui se
développe davantage en courbant son som-
met en arrière. Les pièces médianes droite
et gauche se soudent aussi ensemble, et for-
ment le corps de l'hyoïde en prenant plus
de largeur. Les dernières pièces , les laté-
rales, situées, de chaque côté, au-dessus des
précédentes , produisent les grandes cornes,
cornes thyroïdes ou postérieures de l'hyoïde.
Ces cornes paraissent s'ossifier avant le
corps; et ces deux parties sont déjà con-
verties en os que les cornes antérieures sont
encore cartilagineuses. La signification des
diverses pièces de l'hyoïde, étudiées dans les
Vertébrés, a fourni à Geoffroy-Saint-Hi-
laire la matière d'un article fort remar-
quable auquel nous devons renvoyer. Nous
signalerons, comme une particularité sin-
gulière, l'existence d'une poche ou caisse
osseuse, chez les Alouates, que la force
de leur voix a fait surnommer Singes hur-
leurs. Nous étudierons les fonctions de
l'hyoïde dans la formation de la voix, à l'ar-
ticle consacré à ce sujet (voy. voix). Les
formes et les proportions du corps de
l'hyoïde , aussi bien que celles de ses cornes
postérieures, présentent des variations qui
fournissent des caractères importants , et
qui ne peuvent être indiquées que dans les
articles consacrés aux différents ordres de
Mammifères.
De la masse plastique même dont une
portion produit l'épiglotte, mais au-dessous
de cet organe, c'est-à-dire au point où les
deux moitiés du quatrième arc viscéral s'u-
nissent ensemble, se montre le larynx,
dont les cartilages aryténoïdes sont les pre-
miers distincts. Par les progrès du dévelop-
pement, le larynx acquiert bientôt un vo-
lume relativement plus considérable que
chez l'adulte, et se complète par l'appari-
tion de ses cartilages thyroïde et cricoïde; il
ge met cependant en rapport avec la tra-
chée, dont nous examinerons plus loin la
formation. C'est en étudiant ce dernier or-
gane et la production de la voix, dans des
articles spéciaux (voy. trachée-artère et
voix), que nous pourrons faire connaître la
composition du larynx, les modifications
qu'il présente, et ses fonctions.
Aucune partie remarquable, autre que
des vaisseaux, des muscles, des nerfs , des
IMAM
MAM
685
parties molles, ne doit son développement
aux seconde, troisième, et quatrième fentes
viscérales , non plus qu'au quatrième arc
lui-même.
En résumant tous les faits qui précèdent,
on peut rattacher la formation des parties
produites par le développement des masses
blastématiques qui constituent les arcs vis-
céraux, à sept arcs, dont les uns sont pri-
mitifs et les autres secondaires. Ces sept
arcs sont, en partant de la base du crâne:
1* l'arc palatin ; 2° l'arc maxillaire ; 3° l'arc
malléen ; 4° l'arc mandibulaire; 5° l'arc
stylo-stapédien ; 6° Parc hyoïdien; 7° le
quatrième arc viscéral : les trois derniers
de ces arcs sont les trois derniers arcs vis-
céraux. Nous avons vu plus haut que les
quatre premiers dérivent du premier arc
viscéral.
Rapprochons de ce mode de développe-
ment le développement des parties de même
nom chez les Poissons , et nous verrons si
nous avions raison de dire, en commençant
l'étude de la face , qu'il n'y a pas de com-
paraison possible à faire entre les arcs qu'on
a nommés branchiaux chez les Mammifères
et ceux qui méritent ce nom chez les Pois-
sons.
Chez les Poissons, il faut distinguer parmi
les arcs viscéraux, ceux qui se présentent en
nombre constant, et ceux dont le nombre
peut varier. Les premiers ont leurs ana-
logues dans les arcs viscéraux des Mammi-
fères, comme nous allons le voir; les seconds
appartiennent en propre aux Poissons, et
leur variabilité dépend du nombre des bran-
chies que doit posséder l'adulte. On sait,
en effet, que tous \eè Poissons n'ont pas un
nombre égal de branchies; or, comme cha-
que branchie procède du développement d'un
arc particulier, il est clair que le nombre
plus ou moins considérable des branchies
sera primitivement indiqué chez l'embryon
pour un nombre plus ou moins grand d'arcs
destinés à la formation de ces branchies.
Chez les Poissons osseux, dont le dévelop-
pement a été mieux étudié, on peut compter,
en général, neuf arcs viscéraux, qui ont reçu
chacun un nom en rapport avec leur destina-
tion; ce sont, d'avant en arrière: 1° l'arc pa-
latin , d'où paraissent se former les os pala-
tins, ptérygoïdiens, et probablement l'os
ira -verse , qui unit, du côté externe , l'arc
palatin à l'arc mandibulaire ; 2° l'arc maxil-
laire, dont le développement se rattache à
la formation du sus-maxillaire, de l'os jugal
et de l'intermaxillaire; 3° l'arc mandibu-
laire, qui est lié à la formation de la mâ-
choire inférieure , de l'os carré , de la caisse
du temporal et de l'os tympano-malléal ;
4° l'arc hyoïdien , qui produit l'os hyoïde ,
l'os lingual, l'os styloïde, le préopercule,
le mastoïdien; 5°, 6°, 7° et 8° les arcs bran-
chiaux, destinés aux branchies; et 9° l'arc
pharyngien , qui doit former la pièce uni-
que, enfermée dans la paroi latérale de
l'œsophage, et souvent armée de dents.
Les six derniers arcs portent des bran-
chies chez l'embryon ; mais chez l'adulte,
l'arc hyoïdien et l'arc pharyngien ont perdu
leurs franges branchiales. Le rapproche-
ment de ces différents arcs avec les arcs des
Mammifères est facile. L'arc palatin des
Poissons correspond évidemment à celui au-
quel nous avons donné le même nom chez
les Mammifères, et s'en distingue par la
production d'un os particulier, l'os trans-
verse. L'arc maxillaire est l'analogue de l'are
du même nom, qui, chez les Mammifères,
produit les sus-maxillaires, et se rattache,
pour une portion de son blastème, à la for-
mation des inter-maxillaires. L'os , ou plu-
tôt l'ensemble des os , que nous appelons ici
jugal avec M. Agassiz, est désigné, par Cu-
vier, sous le nom d'os sous-orbitaires ; c'est
un des exemples à l'appui de l'opinion que
nous avons précédemment émise , à savoir,
qu'il n'existe pas une correspondance abso-
lue des différentes pièces du squelette entre
elles, qu'un os ne trouve pas rigoureuse-
ment son représentant dans toutes les orga-
nisations , et que souvent la comparaison
ne peut avoir lieu qu'entre des systèmes
composés d'éléments plus ou moins nom-
breux. Ainsi, l'os jugal unique des Main
mifères est représenté, chez les Poissons,
par les pièces multiples sous-orbitaires.
L'arc mandibulaire des Poissons paraît cor-
respondre à la fois aux deux arcs que nous
avons nommés malléen et mandibulaire
chez les Mammifères , et au blastème de la
première fente branchiale. L'arc qui porte
le nom d'hyoïdien chez les Poissons sem-
ble être en même temps l'analogue des
deux arcs stylo-stopédien et hyoïdien des
Mammifères; mais, chez les. Poissons, les
686
MAM
MAM
fonctions de cet arc sont de prime abord
spécialisées en quelque sorte , par la forma-
tion de franges branchiales à ses bords; ces
franges disparaissent ensuite , et l'arc hyoï-
dien se distingue ainsi des arcs suivants, les
seuls qui gardent des branchies, à l'excep-
tion du dernier, Tare pharyngien, qui ne
les conserve pas non plus.
Nous voudrions pouvoir développer ici les
rapports intéressants qui naissent de la com-
paraison de ces différents arcs chez les
Poissons et les Mammifères ; cette digres-
sion nous est interdite. Nous avons voulu
seulement indiquer tout ce qu'aurait d'in-
téressant pour la zoologie l'étude comparée
du développement des divers appareils ; étude
d'où ressortiraient les caractères d'affinité
des différentes pièces de ces appareils , tout
comme l'observation des phases embryon-
naires semblables indique les affinités zoo-
logiques fondamentales des types. La simple
énumération que nous venons de donner
des différentes pièces qui résultent du dé-
veloppement des arcs viscéraux chez les Pois-
sons , apporte aussi une preuve nouvelle à
l'appui de l'opinion que nous avons tant de
fois formulée, que le développement des
animaux supérieurs ne représente pas l'état
adulte des animaux inférieurs, et que la
fonction introduit des différences dans la
disposition des parties comme dans leur
nombre.
Notre but est surtout de montrer combien
est faux le rapport qu'on a voulu rappeler
en donnant le nom d'arcs branchiaux aux
languettes de substance formatrice que pré-
sente l'embryon des Mammifères. Il n'y a de
véritables arcs branchiaux, c'est-à-dire d'arcs
destinés à porter des branchies, que chez les
Poissons, et aucune partie de l'embryon des
Mammifères ne peut leur être comparée :
ces arcs branchiaux sont une création toute
spéciale au type ichthyologique. Mais cette
création, qui n'a pas d'analogue chez les
Mammifères , n'empêche pas que l'em-
bryon des Poissons possède aussi des arcs
destinés , comme ceux des Mammifères , à
la formation des os de la face et de l'ap-
pareil hyoïdien. Ceux-ci se trouvent en
plus ou moins grand nombre chez tous
les Vertébrés; les arcs branchiaux ne se
rencontrent que chez les Anallantoïdiens.
C'est à la désignation de ces derniers arcs
qu'il faut dorénavant restreindre l'applica-
tion du nom d'arcs branchiaux. Sous le
nom d'arcs viscéraux on pourrait comprendre
l'ensemble des languettes arquées que pré-
sentent tous les Vertébrés; nous avons pro-
posé des dénominations spéciales pour les
arcs propres de la face et de l'appareil hyoï-
dien.
Quant à la comparaison que l'on pourrait
établir entre le squelette et les pièces osseuses
qui résultent du développement des arcs
viscéraux, nous ne croyons pas qu'il soit plus
exact de rapporter les os de la face à la for-
mation costale, qu'il n'est exact de rappor-
ter les os du crâne à la formation vertébrale.
Sans doute les os de la face, comme les cô-
tes, naissent des lames ventrales; sans
doute, les arcs qui les forment embrassent
une portion de la cavité viscérale et se rat-
tachent au crâne , de la même manière que
les côtes ou les arcs antérieurs des vertèbres
enceignent une autre portion de la cavité
générale et procèdent des vertèbres; mais
le rapprochement fondé sur l'origine histo-
logique de ces parties est si vague qu'il pour-
rait tout aussi bien s'appliquer à toute autre
partie, elle mode de production organogé-
nique des arcs viscéraux est si spécial qu'il
ne peut être comparé à celui des côtes. De
plus , toutes les pièces de la face ne procè-
dent pas directement de la boîte crânienne,
c'est même le plus petit nombre d'entre
elles qui se présente dans cette condition.
D'ailleurs, le développement amène ensuite
des différences si profondes, qu'ici encore
nous ne pouvons reconnaître qu'une ana-
logie lointaine, virtuelle, sans fondement.
Nous croyons que la face est une créa-
tion osseuse spéciale , comme le crâne en
est une, comme les vertèbres et les membres
en constituent aussi deux autres. La com-
paraison de la mâchoire inférieure à un
membre ne peut être justifiée ni par l'étude
du développement, ni par celle de l'ossifica-
tion, ni par celle de la composition osseuse.
On s'est trompé quand on a cru le justifier
par l'anatomie comparée, par les métamor-
phoses que subissent les appendices chez les
animaux invertébrés, chez les Crustacés pat
exemple. On a confondu, dans ce rapproche-
ment, deux faits distincts: l'introduction
d'un organe nouveau dans l'économie, et
l'appropriation d'un organe préexistant à
MAM
MAIM
087
une fonction nouvelle. La mâchoire des
Vertébrés est une création spéciale; la patte-
mâchoire des Crustacés n'indique qu'un
changement de rôle.
Des membres.
Ce n'est qu'après l'apparition des parties
osseuses destinées à enfermer l'axe cérébro-
spinal, et à circonscrire la cavité générale
du corps, que se montrent les premiers ru-
diments des membres; ils prennent donc
naissance après que les viscères sont déjà
indiqués dans leurs linéaments primitifs; et
les os qui les composent sont les pièces du
squelette qui se dessinent les dernières.
Des deux extrémités thoracique et abdo-
minale, la première est celle dont le déve-
loppement avance d'abord avec plus de ra-
pidité; mais toutes les deux suivent, en
général , la même marche, et présentent la
même succession de phénomènes. Elles s'of-
frent primitivement comme deux languettes
étroites, en saillie sur les côtés du corps ,
composées d'une substance homogène , et
prenant progressivement la forme d'une pe-
tite plaque arrondie, liée au corps par un
mince pédicule: c'est de ce pédicule que se
produiront les parties supérieures du mem-
bre; c'est de la petite plaque que naîtront
les rudiments de la main et ceux du pied.
Bientôt, par suite d'une séparation histolo-
gique, les pièces destinées à unir chaque
membre au tronc commencent à se former,
Vépaule pour le membre thoracique, le tas-
sin pour le membre pelvien. De cette extré-
mité articulaire du membre , le travail de
formation se porte à l'extrémité libre : les
doigts de la main et ceux du pied devien-
nent distincts. Remarquons ici que chez les
Cétacés, le travail génésique pour le mem-
bre postérieur s'arrête à la formation d'un
bassin rudimentaire, et que cette particula-
rité d'organisation nous donne ainsi l'image
d'une phase primitive du développement de
ce membre chez les Mammifères. Dès les
premiers instants de leur vie embryonnaire,
les Cétacés se distinguent donc, pour la ge-
nèse des membres, dans le groupe d'ani-
maux auquel les rattachent les premiers
phénomènes de leur développement.
Après que les deux extrémités de chaque
membre se sont montrées , on voit appa-
raître les parties qui s'appuient sur l'épaule
et celles qui s'articulent au bassin, le bras
avec VhuméruSy la cuisse avec le fémur,
enfin , se développent l'avant-bras avec le
radius et le cubitus , la jambe avec le tibia
et le péroné. Un os particulier au membre
pelvien, la rotule, se forme de bonne heure
comme cartilage, et n'atteint que très tard
le terme de son développement.
Beaucoup d'anatomistes, depuis Vicq-
d'Azyr, ont comparé les deux membres l'un
à l'autre, et ont cherché quelles sont les
parties qui se correspondent. Pour les os
principaux, le rapprochement est facile si
l'on s'en tient à une ressemblance générale,
conséquence de l'emploi de matériaux ana-
logues; des différences fondamentales se
prononcent, dès qu'on veut arriver à une
comparaison rigoureuse. Ainsi Vicq-d'Azyr,
embarrassé par ce fait que les deux extré-
mités se ploient en sens contraire, compa-
rait le membre droit d'une paire avec le
membre gauche de l'autre paire. M. Flou-
rens, pour franchir cette même difficulté,
considère le membre supérieur dans l'état
de pronation , et rapproche ainsi l'humérus
du fémur, le radius du tibia, le cubitus du
péroné, etc. Mais la nature des articula-
tions , la forme et la composition des os , la
présence d'une rotule au membre inférieur
à laquelle on ne saurait raisonnablement
trouver un analogue dans l'apophyse olécrâno
du cubitus , bien que celle-ci forme d'abord
une pièce osseuse, tout nous montre que la
répétition de parties semblables n'a pas été
le but de la création ; que souvent la nature a
approprié un système général d'éléments ana-
logues à des fonctions diverses, et qu'elle ;i
introduit des éléments nouveaux quand le
travail physiologique l'a exigé. La comparai-
son de l'épaule et du bassin a surtout offert
beaucoup de difficultés, et les anatomistes ont
présenté plusieurs solutions fort différentes
du problème. Un des obstacles à une com*
paraison scientifique était le nombre diffé-
rent des os huméraux et des os pelviens ; eu
ne trouvait que trois pièces osseuses dans le
bassin , l'iléon , l'ischion et le pubis , tandis
qu'on en comptait quatre dans l'épaule , l'o-
moplate, l'acromial, le coracoïde et la cla-
vicule. Quelques observateurs crurent enfin
pouvoir lever toutes les difficultés, par la
découverte d'un petit os caché dans la ca-
vité cotyloïde , entre les trois os du bassin.
688
MAM
MAM
Ils considérèrent même ce petit os comme
l'analogue de l'os marsupial des Mammifères
aplacentaires, et trouvèrent ainsi en même
temps un moyen d'établir la relation numé-
rique des pièces de l'épaule avec les pièces
du bassin , et une preuve nouvelle de l'unité
de composition organique. Mais, d'une part,
ce petit os cotyloïdien ne s'est pas rencontré
chez tous les Mammifères, et, d'autre part,
des observations postérieures en démon-
trèrent l'existence chez les Marsupiaux eux-
mêmes, et confirmèrent ainsi, par un fait
nouveau , ce que nous disions tout-à-l'heure
sur les tendances de la nature.
Est-il vrai aussi que les membres du
Mammifère passent par un état qui repré-
sente la constitution des membres, c'est-
à-dire des nageoires d'un Poisson? Nous
venons de voir qu'aussitôt que s'opère le
départ histologique, les extrémités des mem-
bres se caractérisent comme main ou comme
pied, et ne peuvent par conséquent rap-
peler en rien la nageoire d'un Poisson. Si
l'on veut établir la comparaison à une épo-
que où la formation organique n'est pas
encore commencée , l'analogie même n'est
plus possible; car, à ce moment, on ne
peut pas dire que la masse blastématique
soit déjà une nageoire ; on peut seule-
ment affirmer qu'elle n'est pas encore une
main. Les différences vont toujours en se
prononçant davantage , et ici , encore plus
que pour les autres organes , le type de la
classe s'imprime de bonne heure dans l'or-
ganisation. D'ailleurs ce n'est que d'une
manière tout à- fait vague et douteuse qu'on
peut comparer la nageoire pectorale des Pois-
sons au membre pectoral des Mammifères.
Tout ce qu'on peut dire de l'un et de l'au-
tre, c'est que ce sont des organes de loco-
motion ; le type , les connexions , la forme
sont tout-à-fait différents.
L'étude rapide des membres, dans la
classe des Mammifères, va nous montrer les
principales particularités qu'ils présentent
dans leur constitution.
Vépaule se compose généralement de deux
os réunis en levier brisé, et mobiles au point
de leur jonction ; ce sont Y omoplate ti la cla-
vicule. Nous avons déjà dit que ce dernier os
est un de ceux qui apparaissent et s'ossifient
les premiers, de sorte que les Mammifères
qui en sont privés se distinguent de très
bonne heure de ceux qui le possèdent , et
accusent ainsi leurs affinités. Or, les Bima-
nes, les Quadrumanes, les Chéiroptères, les
Insectivores et la plupart des Rongeurs, rap«
proches par tant d'autres caractères com-
muns, se ressemblent aussi par l'existence
d'une clavicule, qu'on ne trouve plus ou dont
on ne trouve que des vestiges chez les Car-
nivores, les Pachydermes , les Solipèdes , les
Ruminants , les Cétacés. Chez ces Mammi-
fères sans clavicule, l'omoplate reste sans
liaison avec les parties centrales, et le mem-
bre antérieur se trouve ainsi séparé du sque-
lette. La clavicule possède un point d'ossi-
fication ; l'omoplate en présente plusieurs et
en nombre variable, qui concourent à la
formation de trois pièces osseuses élémen-
taires: le corps de l'omoplate, l'apophyse
coracoïde et l'acromion, d'abord isolées, puis
soudées à une époque plus ou moins avan-
cée. Chez l'Homme, l'apophyse coracoïde ne
s'unit au corps de l'os que vers quinze ou
setee ans; l'acromion , qui reste longtemps
cartilagineux et s'ossifie vers quinze ans, ne
se confond avec l'omoplate qu'à vingt-deux
ou vingt-trois ans.
Les différences que l'on remarque dans la
Constitution de l'épaule, outre l'absence ou
l'étatrudimentaire de la clavicule, dépendent
des formes particulières que cet os a reçues
en raison des fonctions à l'accomplissement
desquelles il devait concourir; nous signa-
lerons les Chéiroptères, les Taupes et les
Cétacés comme présentant des modifications
remarquables dont l'explication se trouve
dans les besoins divers de ces animaux, des-
tinés, les premiers à exécuter les mouvements
énergiques du vol, les seconds à fouir, les
derniers à s'avancer dans les eaux à l'aide
de leurs extrémités antérieures.
La ceinture osseuse où s'attache le membre
postérieur, se compose, chez l'embryon et
pendant la jeunesse des animaux, de trois
pièces osseuses qui concourent à la forma-,
tion de la cavité cotyloïde dans laquelle?,
est reçue la tête du fémur. Ces trois os3
sont : Yiléon ou os des iles, qui se soude
au sacrum , et dont la forme et surtout les
dimensions varient chez les Mammifères',
le pubis, sorte de barre transversale qui en-
ceint par devant la cavité pelvienne et se
réunit sur la ligne médiane, par un fibro-car-
tilage, à l'os du même nom du côté opposé;
MAM
Yischion, dont la forme peut être représentée
par celle d'un V dont la pointe serait tournée
en bas, et qui s'unirait par une de ses bran-
ches à l'iléon , et par l'autre au pubis. Cette
pointe, où se rencontrent les deux branches
de l'ischion , est la tubérosité ischiatique sur
laquelle nous posons quand nous sommes
assis , et qui devient très grosse dans les
espèces qui ont des callosités aux fesses. De
la réunion de l'ischion et du pubis résulte
une espèce d'anneau irrégulier, entourant
une ouverture nommée trou ovale ou obtu^
râleur. Des trois os que nous venons de
nommer, l'iléon est celui qui apparaît en
général le premier; on aperçoit ensuite l'is-
chion, et en dernier lieu le pubis; leur réu-
nion constitue le bassin. Parmi les Cétacés,
quelques uns, comme le Dauphin, ont pour
bassin deux petits os suspendus dans les
chairs; d'autres, comme les Baleines, en
présentent de plus un troisième. La dispari-
tion du membre postérieur chez ces animaux
explique l'absence du bassin, dont la fonc-
tion est de fournir un point d'appui solide
à l'articulation de l'extrémité pelvienne.
Mais l'état rudimentaire de cette portion du
squelette est intéressant à remarquer, parce
qu'il nous offre l'image d'un état primitif du
développement embryonnaire par lequel
passent les Mammifères du même groupe,
et aussi parce qu'il nous donne en quelque
sorte la preuve de la marche que suit la for-
mation des membres , et dont nous avons
parlé plus haut. L'Homme a pour caractère
distinctif la largeur de son bassin, qui de-
vient surtout très considérable chez la Femme;
conditions qu'expliquent la nécessité d'une
base solide pour la station verticale, et celle
d'une large ouverture pour l'accouchement,
vu la grosseur de la tête du fœtus. Quelques
Singes et les Paresseux sont aussi remarqua-
bles par la grande dimension des os et de la
cavité du bassin. La Taupe , au contraire, a
un bassin beaucoup plus étroit qu'aucun
autre Mammifère, et ce rétrécissement est
dû au rapprochement des os coxaux qui
sont tellement serrés contre l'épine, qu'ils
ne laissent plus qu'une ouverture presque
linéaire , trop étroite pour le passage des
. viscères du bas-ventre ; aussi l'oriGce des
organes de la génération s'ouvre au-devant
du pubis , et le fœtus , qui est énorme chez
cet animal , puisqu'il égale presque la moi'
t, vu.
MAM
G89
tié du corps de la mère , ne traverse pas le
bassin en naissant. On observe une dispo-
sition analogue chez quelques Chauves-
Souris.
Le 6ms et la cuisse sont formés chacun
par un seul os: le premier par Vhumérus,
le second par le fémur , qui , tous deux , se
développent à la manière des os longs. Les
modes différents d'articulation de chacun
de ces os avec l'épaule ou avec le bassin sont
très variés , et ne peuvent être indiqués qu'à
chacun des articles consacrés spécialement
à l'étude des différents genres. L'humérus
est très long chez l'Homme, chez certains
Singes, chez les Chauves-Souris et chez les
Paresseux. Il devient, au contraire, très
court chez les Cétacés, chez les Phoques,
et, en général, chez tous les Mammifères
destinés à vivre dans l'eau ; et c'est cette
ressemblance, exagérée dans sa valeur, qui
a fait longtemps considérer comme voisins
les Amphibiens et les Cétacés. En général,
on peut dire que le bras devient d'autant
plus court que le métacarpe s'allonge da-
vantage, comme on le voit dans les ani-
maux à canon , chez lesquels l'humérus est
caché tout entier sous la peau. La disposi-
tion la plus singulière, et en même temps
la plus rationnelle , nous est offerte par la
Taupe, dont l'humérus fort et court, s'ar-
ticule solidement avec l'omoplate et aussi
avec la clavicule , se courbe vers le haut
de manière à porter le coude en l'air et à
prendre ainsi une position qui , combinée
avec la forme de l'avant-bras et la situation
particulière de la main dont la paume re-
garde en dehors, fournit à l'animal les
moyens les plus propres à se frayer rapide-
ment et sans fatigue un large chemin dans:
le sol. La Chrysochlore nous offre à peu!
près la même organisation.
Le fémur présente aussi des modifications
dans sa longueur, sa forme et son articula-
tion. Il est très court chez le Phoque et chez
les Singes à longs bras ; chez les Ruminants
et les Solipèdes, il acquiert une si petite di-
mension qu'il reste caché par les chairs. A sa
partie inférieure se trouve la rotule, dont
l'ossification ne commence qu'après la nais-
sance, par un seul point osseux, et n'est
complète que vers l'âge de vingt ans chez
l'Homme.
Il est probable que les os de l'avant-bras,
690
MAM
MAM
le radius et le cubitus, ne constituent pri-
mitivement qu'un seul cartilage qui se di-
vise ensuite en deux os par un sillon lon-
gitudinal. Les Chameaux nous offrent en
quelque sorte une image de cet état pri-
mitif, puisque chez eux le cubitus et le
radius, soudés dans toute leur longueur,
ne laissent pas entre eux de fente de sépa-
ration.Chez les autres Ruminants, on observe
un état un peu plus avancé : les deux os de
l'avant-bras se séparent un peu ; en haut
seulement, chez les Bœufs et les Moutons ;
en haut et en bas, chez la Girafe, les Cerfs
et quelques Gazelles. Les Solipèdes présen-
tent une fente en haut et un sillon longitu-
dinal. Les Chéiroptères n'ont pour cubitus
qu'un stylet grêle qui reste distinct jusque
vers le quart inférieur. Dans tous les ani-
maux que nous venons de nommer, la rota-
tion de la main est impossible, et cet organe
ne peut servir à la préhension. Mais les
mouvements libres du cubitus et du radius
deviennent plus prononcés à mesure qu'on
approche des Mammifères qui doivent se ser-
vir de leurs mains comme organes de pré-
hension, et ils acquièrent le plus d'étendue
possible chez les animaux grimpeurs, les
Singes , les Paresseux. L'apopyse de l'olé-
crâne prend différentes formes et un déve-
loppement plus ou moins considérable.
La jambe, comme l'avant-bras, se com-
pose de deux os , le tibia et le péroné. Ce
dernier os peut n'exister qu'à l'état tout-à-
fait rudimentaire, comme on le voit chez
les Ruminants, où il est représenté par une
petite pièce osseuse; et chez les Solipèdes ,
où il ne forme qu'un petit os styloïde , très
court, suspendu à la tête supérieure du ti-
bia. Chez les Pachydermes , les deux os de
la jambe , bien que distincts , restent très
rapprochés , tandis qu'au contraire ils s'é-
cartent beaucoup l'un de l'autre chez les Pa-
resseux. Le péroné des Chauves-Souris est
très grêle ; celui des Taupes et des Musa-
raignes se soude au tibia vers son bord in-
férieur. Chez les Chiens , les Protèles , les
Hyènes , le péroné marche à côté du tibia ,
ou même se soude avec lui dans une plus
ou moins grande portion de sa moitié infé-
rieure , tandis que chez les Civettes ces deux
os s'écartent l'un de l'autre et ne se tou-
chent que par leurs extrémités.
Le membre antérieur se termine par la
main, qui, chez tous les Mammifères, se
compose de trois parties : le carpe , le mé-
tacarpe et les phalanges ; la première partie
constitue, chez l'Homme , le poignet; la se-
conde , la paume de la main ; la troisième ,
les doigts. Chacune deces parties se compose
d'un nombre plus ou moins considérable
de pièces osseuses, qui prennent aussi un
développement très différent, selon les ani-
maux. Chez l'Homme , les os du carpe sont
au nombre de huit ,- disposés sur deux ran-
gées, qui en comprennent quatre chacune.
La première rangée s'articule avec le radius
par une facette beaucoup plus grande que
celle du cubitus. Les deux osselets qui, dans
cette première rangée , s'articulent avec le
radius , sont le scaphoïde et le semi-lunaire ;
le troisième, nommé pyramidal ou cunéi-
forme, touche à la facette articulaire du cu-
bitus , et porte le quatrième petit os ap-
pelé pisiforme. Les quatre osselets du se-
cond rang sont le trapèze , qui porte la
première phalange du pouce ; le trapézoïde,
sur lequel s'articule l'os métacarpien de l'in-
dex ; le grand os , qui porte l'os métacar-
pien du médius , et une petite portion de
celui de l'annulaire; Yunciforme, sur le-
quel sont posés l'annulaire et le petit doigt.
Chez les Singes, on trouve un petit os sup-
plémentaire situé entre le scaphoïde , le tra-
pèze et le grand os ; et souvent on ren-
contre aussi quelques points ossifiés dans les
tendons des muscles. Chez la Taupe , cha-
que rangée carpienne contient cinq os ; et
on trouve de plus un grand os en fer da
faux , qui donne à la main de cet animal sa
forme en pelle ou en pioche. L'Aï n'a que
six os au carpe , comme le Phacochœre ; et
l'on observe encore une foule de différences,
sous ce rapport, dans tous les ordres d'ani-
maux. On en observe aussi quant à la divi-
sion ou à la soudure de quelques uns de ces
osselets; ainsi, chez la plupart des Ron-
geurs le grand os est divisé en deux ; et chez
un grand nombre de ces animaux , aussi
bien que chez les Carnivores , le scaphoïde
et le semi-lunaire sont confondus. Chez les
Cétacés ordinaires , les os du carpe sont
très aplatis , et leur réunion forme une es-
pèce de pavé. Chacun des os carpiens pos-
sède un cartilage propre , dont l'ossification
ne commence, en général , qu'après la nais-
sance.
IMAM
MAM
691
Les os du métacarpe sont généralement
en nombre égal à celui des doigts, et subis-
sent d'importantes modifications. Chez les
Cétacés en général, on compte cinq os méta-
carpiens tout-à-fait aplatis , et ne différant
pas des phalanges. Chez les Chauves-Souris,
ces os, également semblables aux phalanges,
ont été extrêmement allongés , et contri-
buent à former, avec ces dernières, les ba-
guettes osseuses qui tendent et soutiennent
la membrane alaire. Chez l'Homme, les os
du métacarpe sont enveloppés par la peau ,
et peu mobiles, à l'exception de celui du
pouce. Chez les Carnassiers digitigrades, ils
s'allongent, se relèvent, et forment ce qu'on
appelle vulgairement la jambe dans le
Chien ; c'est donc seulement par les doigts
que ces animaux touchent au sol. Les trois os
métacarpiens de l'Aï se soudent par la base,
et la soudure entre ces os est complète chez
les Mammifères à canon. Sous ce dernier
nom , on a cru désigner d'abord une partie
toute spéciale des membres du Cheval et des
Ruminants ; mais par l'étude comparée des
extrémités de ces animaux et de celles des
autres Mammifères, on a retrouvé les os mé-
tacarpiens qu'un développement très consi-
dérable avait pu faire méconnaître. Chez les
Ruminants les deux os du métacarpe se sou-
dent de très bonne heure, et ne laissent
qu'un léger sillon comme signe de la dis-
tinction primitive; on voit aussi deux autres
rudiments fort grêles des deux autres méta-
carpiens, qui soutiennent les deux doigts ru-
dirnentaires.
Les doigts forment la partie la plus mo-
bile de l'appendice, chez les animaux où ils
n'ont pas été tout-àfait enveloppés. On ne
rencontre jamais moins de trois doigts , ni
plus de cinq chez les Mammifères, si l'on
compte les rudiments imparfaits qui restent
souvent cachés sous la peau ; et de tous les
doigts le pouce est celui qui disparaît le pre-
mier. Les doigts parfaitement développés
ont trois phalanges, à l'exception du pouce
qui n'en a jamais que deux, et à l'exception
des doigts des Cétacés, chez lesquels le nom-
bre des phalanges peut devenir plus considé-
rable , et s'élever à sept ou même à neuf.
Dans cet ordre , la peau enveloppe les pha-
langes aussi bien que le métacarpe , et la
main compose ainsi une rame dans laquelle
la présence de quelques ongles est souvent le
seul indice des doigts. Dans les Chauves-
Souris les phalanges sont excessivement dé-
veloppées , et au nombre de cinq ; le pouce
seul conserve un ongle. Les doigts sont aussi
au nombre de cinq , en général , chez tous
les Unguiculés. Le Tapir et l'Hippopotame
en ont quatre complets, et chez l'Hippopo-
tame , ils sont entièrement cachés sous une
peau épaisse; les Ruminants en ont deux
complets et deux incomplets , comme nous
venons de le voir ; le Rhinocéros en a trois
complets ; les Solipèdes n'en ont qu'un par-
fait et deux rudimentaires. Les trois pha-
langes du doigt unique des Solipèdes portent
les noms de paturon, de couronne et d'os du
petit pied. Cette dernière forme un sabot.
Le pouce, comme nous l'avons indiqué, est
le doigt qui disparaît le premier ; chez quel-
ques animaux , comme les Hyènes et les
Suricates, il n'existe que dans son métacarpe
styloïde; chez d'autres il est complètement
oblitéré, comme nous le voyons dans l'Aï;
ou oblitéré de ses deux phalanges, comme
dans les Écureuils et les Rats ; d'une pha-
lange seulement , comme dans la Mar-
motte, etc. Parmi les animaux chez lesquels
il persiste , tantôt il demeure parallèle aux
autres doigts , comme dans les Carnivores ;
tantôt au contraire, il devient mobile et op-
posable, et constitue ce qu'on nomme spé-
cialement une main.
En faisant l'application de cette définition
générale de la main, on a confondu sous une
même dénomination des organes très diffé-
rents, et l'on est arrivé à comprendre dans
une même catégorie l'extrémité antérieure
de l'Homme, l'extrémité antérieure et posté-
rieure des Singes, ou l'extrémité postérieure
des Atèles, de l'Aye-Aye, de la Sarigue, etc.
Or, il n'est pas nécessaire de comparer pen-
dant longtemps la main de l'Homme à celle
du Singe, pour comprendre la supériorité de
la première, dans laquelle des doigts effilés et
mobiles peuvent tous s'opposer parfaitement
à un pouce dont la longueur relative est beau-
coup plus considérable que dans la seconde.
L'absence de poils, la finesse de la peau qu'a-
niment des houppes nerveuses en grand
nombre, et que n'altère point le contact du
sol, l'indépendance de tout le bras et la li-
berté que lui donne la position verticale,
l'existence de muscles extenseur et fléchisseur
propre, qui permettent de mouvoir les doigts
602
MAM
séparément, sont en outre des conditions qui
indiquentévidernment un organe de toucher.
Cette perfection de la main de l'Homme n'em-
pêche pas qu'elle reproduise le type essentiel
de la main des Mammifères : ici, comme par-
tout, la nature a employé de préférence les
matériaux que lui fournissait le type pour con-
stituer un instrument spécial, et a obtenu la
perfection en divisant le travail physiologique.
La main du Singe, au contraire, et celle des
Mammifères que nous avons cités, ne donne
à ces animaux que des notions tout-à-fait
insuffisantes , qu'ils se hâtent de compléter
en interrogeant leurs autres sens, et n'est
autre chose que l'organe de locomotion d'un
animal grimpeur, organe dont la spécialisa-
tion fonctionnelle est obtenue dans tout le
règne animal , à peu près avec les mêmes
procédés, c'est-à-dire en opposant deux por-
tions Tune à l'autre , de manière que ces
deux parties en se rapprochant embrassent
le point d'appui.
Cette destination des mains et la distinc-
tion essentielle que nous venons d'établir
devient bien évidente, quand on étudie le
rôle des membres dans le mode général de
locomotion propre au type des Quadru-
pèdes. Chez les Oiseaux et les Poissons ,
c'est le membre antérieur qui exécute les
efforts nécessaires aux mouvements carac-
téristiques de la locomotion aquatique ou aé-
rienne; chez les Quadrupèdes, au contraire,
c'est le membre postérieur qui est l'organe
d'impulsion ; le membre antérieur ne fait
qu'aider à la progression en fournissant un
point d appui au corps, pendant que le mem-
bre postérieur le pousse en avant. Aussi est-ce
le membre postérieur qui, chez ces mêmes
animaux, est le plus solidement attaché au
tronc , tandis que toutes les précautions de
solidité ont été prises pour le membre an-
térieur dans les types ornithologique et
ichtyologique. Aussi est-ce encore le mem-
bre postérieur que la nature a modifié chez
les Mammifères terrestres suivant le mode
de progression particulier à l'animal. Ainsi,
pour les Mammifères sauteurs, elle a allongé
les membres pelviens , quelquefois même
d'une manière en quelque sorte exagérée,
commechezlaGerboiseouleKanguroo; pour
les grimpeurs, elle a approprié les mêmes
membres à la préhension, en donnant à leur
extrémité un doigt opposable, comme à
MAM
l'Aye-Aye ou à la Sarigue ; ou bien , comma
chez l'Aï, en articulant le pied avec la
jambe de telle manière qu'il pût exécuter
seulement des mouvements latéraux d'ad-
duction et d'abduction à l'aide desquels il
embrassât la tige des arbres; pour l'Homme,
qui devait seul jouir de la faculté de mar-
cher debout , elle a combiné toutes les con-
ditions de solidité avec toutes les conditions
de force, pour faire un pied de l'extrémité
du membre postérieur. L'Homme est le seul
qui possède une main et un pied , et c'est à
cette division remarquable du travail phy-
siologique qu'il doit une partie de sa supé-
riorité organique.
De cette observation sur la valeur spé-
ciale du membre postérieur, il résulte que,
dans un animal grimpeur, c'est au mem-
bre postérieur que la main ne devra pas
manquer; et c'est en effet* ce que nous
observons chez les Mammifères auxquels
convient Tépithète de pédimanes. Quant à
ceux que l'on peut appeler quadrumanes,
l'existence d'une main au membre antérieur
n'implique aucune autre supériorité que
celle qui résulte de la possession de deux
organes pour l'accomplissement d'une même
fonction : ce sont seulement des grimpeurs
plus parfaits. Sans doute le membre anté-
rieur terminé par une main, peut devenir
un organe pour la préhension des aliments,
par cela même que c'est un organe spécial de
préhension ; mais on ne doit voir là que la
pratique d'un acte pour l'accomplissement
quel nous trouvons les différents degrés d'une
perfection croissante chez le Chien , l'Écu-
reuil et le Singe. Aussi il nous semble qu'on
s'est abusé quand on a voulu voir dans
l'existence des mains un caractère qui rap-
proche les Quadrumanes des Bimanes; le
rang élevé que doivent occuper les premiers
est justifié par d'autres caractères beaucoup
plus importants, qui ont besoin d'être
mieux analysés qu'on ne l'a fait jusqu'ici ; et
parmi les Mammifères qu'on n'a placés à
côté les uns des autres et au sommet de la
création zoologique que parce qu'ils possè-
dent des mains, il en est plusieurs, selon
nous, qui ne méritent pas ce premier rang.
Nous aurons occasion de faire l'application
de ces idées en parlant de la classification.
Le pied se compose, comme la main, da
trois parties, qui sont: le tarse, le mêla-
IMAM
MAM
693
tarse, et les phalanges qui forment les orteils
ou doigts. Le tarse se compose d'os qui sont
plus forts que ceux du carpe, et présentent
moins de variations que ceux-ci dans leur
nombre. Chez l'Homme et la plupart des
Unguiculés, on en compte sept : Vaslragale,
le calcanéum, qui se développe le premier
et forme le talon dans l'espèce humaine ; le
scaphoïde , le cuboïde et les trois cunéifor-
mes. De ces os , le calcanéum est celui qui
prend ordinairement le plus de développe-
ment ; chez le Tarsier et le Galago, la grande
épiphyse de cet os et le scaphoïde sont si ex-
cessivement allongés que le pied prend une
longueur disproportionnée, et possède ainsi
une sorte de canon formé, non pas par le
métatarse comme cela a lieu chez la Ger-
boise, mais par les deux os du tarse que
nous avons nommés. Le métatarse, dont
nous venons de rappeler la variation la plus
remarquable dans la Gerboise, offre en gé-
néral des modifications semblables à celle
que subit le métacarpe, surtout chez les
animaux chez lesquels les deux membres
remplissent les mêmes fonctions.
SYSTÈME DE LA CIRCULATION CHEZ LES MAMMIFÈRES .
GLANDES SANGUINES.
Quand les linéaments primitifs du système
nerveux et du système osseux ont été indi-
qués , les premiers par l'apparition de la
gouttière médullaire , les seconds par celle
«ies rudiments vertébraux, nous savons que
les lames viscérales se courbent rapidement
au-devant de la portion céphalique de l'em-
bryon , qui s'est soulevée au-dessus du plan
de la membrane blastodermique. De la posi-
tion que les deux feuillets primitifs de l'œuf
occupent l'un par rapport à l'autre, il ré-
sulte alors que le feuillet séreux forme la pa-
roi antérieure de cette petite cavité, et que le
feuillet muqueux en forme la paroi interne.
Entre ces deux feuillets s'amasse une couche
d'éléments plastiques, réunis bientôt en une
lamelle membraneuse parcourue par les vais-
seaux, et que nous avons déjà indiquée sous
le nom de feuillet vasculaire. On sait que le
sang préexiste aux vaisseaux dont les parois se
forment plus tard; que le réseau vasculaire
consiste d'abord en un système de lacunes
qui semblent se creuser dans le tissu du
blastoderme, et qui communiquent entre
elles par des sinuosités irrégulières; que ces
cavités, espèces de lacs de grandeur diffé-
rente, réunis entre eux par des goulets tor-
tueux, se canalisent peu à peu par l'élargis-
sement des détroits primitifs et le rétrécis-
sement des lacs plus vastes; et qu'enfin, ce
canaux se convertissent en vaisseaux dont la
tunique se développe et se perfectionne pro-
gressivement, sans doute sous l'influence de
l'action irritante du sang. Tous ces phéno-
mènes de la formation des vaisseaux s'obser-
vent avec les mêmes circonstances, dans les
états pathologiques de l'économie, et sem-
blent être les conditions générales de la
composition du système vasculaire dans le
règne animal, comme l'a parfaitement établi
M. Milne Edwards dans son beau mémoire
sur la circulation (1). Ainsi, pour l'appareil
de la circulation, comme pour tous les appa-
reils en voie de formation, il n'y a pas pro-
gression d'un point vers un autre, mais
seulement rapprochement et réunion de
parties formées sur tous les points de l'é-
conomie, indépendamment les unes des au-
tres. Nous ne répéterons pas, à propos de la
circulation, les considérations qui nous em-
pêchent d'admettre la théorie des représen-
tations évolutives; nous avons suffisament
indiqué quels sont les principes qui président
à la formation des types dans le règne ani-
mal pour qu'on puisse facilement en faire
l'application. Quant aux détails intéressants
que comporte l'étude physiologique du sys-
tème de la circulation, on devra les chercher
aux articles consacrés aux diverses fondions
de ce grand appareil. C'est à l'article spécia-
lement destiné à faire connaître le sang ,
qu'il faut demander l'exposé de la nature
de ce fluide nourricier, de sa composition et
de son rôle.
Le feuillet vasculaire ne se développe pas
sur toute l'étendue de la vésicule blastoder-
mique ; il s'arrête à une petite distance de la
périphérie de l'embryon, et se distingue par
une teinte plus obscure. L'espace circonscrit
par cette ligne extrême du feuillet vasculaire,
est nommé aire vasculaire , et présente
bientôt les phénomènes généraux que nous
venons de décrire dans la constitution de
son réseau de vaisseaux sanguins. La vési-
cule blastodermique présente donc à cette
époque trois champs concentriques qui sont,
du centre à la périphérie : l'aire transparente
(i) Ann. dtê M. nat., 3e série, t. III, p Jà?; •"*«
694
MA3VI
MAM
(area pellucida), l'aire vasculaire (area vas-
culosa) et l'aire vitelline (area vitellina) .
A la limite extrême de l'aire vasculaire,
les carrières que le sang s'est creusées for-
ment, suivant le mode que nous avons dé-
crit, d'abord des lacunes, puis un sinus, et
enfin une veine , appelés sinus terminal ,
veine terminale. Ce sinus s'interrompt dans le
point de son parcours qui répond à l'extré-
mité céphalique de l'embryon, ou plutôt la
ligne dessinée par le canal terminal, au lieu
de se fermer en cet endroit, s'infléchit vers
l'embryon en formant deux troncs princi-
paux qui marchent vers le cœur. En effet, en
même temps que se manifestait le canal ter-
minal de l'aire vasculaire, ou même un peu
avant lui, s'est montré, au-dessous de la partie
céphaliquede l'embryon, entreles deux feuil-
lets séreux et muqueux, et par conséquent
dans la portion embryonnaire du feuillet vas-
culaire, un cylindre oblong, droit, qui n'est
autre chose que le premier indice du cœur.
La formation du cœur a lieu aux mêmes con -
ditions que celles des vaisseaux; seulement
ses parois sont les premières à s'isoler de la
masse environnante, avec laquelle les autres
vaisseaux, moins avancés alors dans leur dé-
veloppement, se continuent et s'effacent; ou,
pour parler plus exactement, c'est au cœur
que le sang forme d'abord les parois qui le
doivent circonscrire, tandis que son action,
moins énergique sur les autres points du
germe, n'a pas encore produit partout le
même résultat.
La puissance formatrice dont l'influence
vient de se manifester au cœur avec une
plus grande énergie que dans les autres por-
tions du système vasculaire, continue de se
montrer plus active dans la constitution de
cet organe qui, prenant ainsi un développe-
ment plus considérable que les parties voi-
sines, est forcé de s'infléchir et de se plier
sur lui-même. Dans le principe, le cylindre
ou canal cardiaque encore droit, se termine
par deux branches supérieures et deux bran-
ches inférieures; les deux premières se per-
dent dans les parois de la portion cépha-
lique; les deux autres marchent de l'em-
bryon Vers la vésicule blastodermique. Plus
tard , les deux branches antérieures se dé-
veloppent en deux arcs vasculaires, appelés
arcs aortiques, se courbent, puis se rencon-
trent au-devant de la future colonne verté-
brale, et constituent par leur réunion un
tronc unique qui porte le sang du cœur dans
l'embryon, et qu'on a nommé aorte. Les
deux branches inférieures se sont cependant
développées et ont formé deux troncs qui,
s'abouchant avec les deux branches émanées
du sinus terminal, et recevant la plupart-des
autres carrières sanguines du blastoderme,
ramènent le sang au cœur, et constituent
les veines omphalo-mésentériques. De la par-
tie inférieure de l'aire vasculaire se dévelop-
pent encore un ou deux troncs qui viennent
aussi s'unir aux branches inférieures du
cœur.
Le tronc unique que nous avons vu formé
par la réunion des deux branches supérieu-
res du cylindre cardiaque, ou, en un mot,
Yaorte marche le long de la colonne rachi-
dienne en voie de développement, puis se
divise en deux branches nommées par Baër
artères vertébrales postérieures. Celles-cides-
cendentjusqu'à l'extrémité caudale de l'em-
bryon, et émettent, à droite et à gauche,
des rameaux qui sortent de l'aire embryon-
naire, passent dans le plan de la vésicule
blastodermique, s'y ramifient et s'anasto-
mosent avec les ramuscules émanés de la
veine terminale. Bientôt, parmi les rameaux
latéraux» formés ainsi par l'aorte et répandus
dans la vésicule blastodermique , il en est
un de chaque côté qui devient plus fort que
les autres, et plus volumineux même que
la branche dont il n'était qu'un rameau :
il constitue le tronc de V artère omphalo-
mésentérique. En remontant à l'origine de
cette artère, on voit qu'elle porte le sang de
l'embryon dans le blastoderme.
Ainsi, dans ce premier état du dévelop-
pementdel'appareil circulatoire, lesang,par
les contractions du canal cardiaque dont
nous suivrons tout-à-1'heure les métamor-
phoses , est poussé vers le haut, dans les
aortes, leurs ramifications, les deux artères
omphalo-mésentériques, et arrive dans l'aire
vasculaire. Des ramifications des artères
omphalo-mésentériques , il est reçu par les
ramifications de la veine terminale , et ra-
mené au cœur par les veines omphalo-mé-
sentériques.
Mais bientôt ces dispositions se compli-
quent par l'apparition de divers organes,
et notamment de l'intestin et du foie. Les
deux branches qui forment les artères om-
MAM
MAM
695
phalo-mésentériques ne tendent pas à ne
plus constituer qu'un tronc commun, ou une
seule artère omphalo-mésentérique, dont une
petite branche devient l'artère mésentéri-
que. Cette dernière prend bientôt une pré-
pondérance considérable, lors du dévelop-
pement de Tinsestin; l'artère omphalo-mé-
sentérique est alors tout-à-fait secondaire
pour le volume, et ne forme plus à son tour
qu'une branche de la mésentérique. Des
modifications plus considérables ont lieu
pour les veines omphalo-mésentériques dont
toutes les veines du corps n'étaient naguère
que de petites branches. A mesure que celles-
ci acquièrent un volume plus considérable,
le tronc de la veine omphalo-mésentérique
prend le caractère de veine cave inférieure,
tandis que le reste, auquel on conserve le
nom déveine omphalo-mésentérique, sem-
ble n'être plus qu'une simple branche de la
veine cave. Sur le parcours de la veine
omphalo-mésentérique ainsi diminuée d'im-
portance, se développe le foie dans lequel elle
plonge un grand nombre de ramifications;
de sorte que le sang arrive au cœur, non plus
directement par la veine omphalo-mésenté-
rique , mais après avoir passé en partie dans
le foie. Bientôt même il passera en totalité
dans cet organe , d'où les veines hépatiques
le porteront dans la veine cave inférieure,
et celle-ci, dans le cœur. Il arrive aussi
pour les modifications de la veine omphalo-
mésentérique quelque chose d'analogue à
ce que nous avons observé dans les trans-
formations de l'artère omphalo-mésenté-
rique. La veine mésentérique, simple bran-
che d'abord de la veine omphalo-mésentéri-
que, dans laquelle elle versait le sang avant
que celle-ci plongeât ses ramifications dans
le foie, surpasse bientôt en volume ce tronc
lui-même, et le réduit au rôle de veine
porte. Cette première circulation, circulation
blastodermique ou ombilicale, est alors
complète, après avoir passé par deux phases
dont l'apparition des viscères intestinaux
est le point de séparation; elle persiste plus
ou moins longtemps, suivant les différences
que nous avons signalées dans la persistance
même de la vésicule ombilicale.
Dans la seconde période, celle de la se-
conde circulation , les courbures du canal
cardiaque, dont nous avons indiqué la cause
apparente , se prononcent pour la cons-
titution du cœur , et des progrès rapides
se manifestent dans tout le système vascu-
laire. Nous dirons tout-à -l'heure un mot
sur le développement et l'état définitif du
cœur, des artères et des veines chez les
Mammifères; nous voulons présenter d'a-
bord dans son ensemble l'histoire de l'ap-
pareil vasculaire. La seconde circulation
s'établit entre le cœur , l'allantoïde et le
placenta. Nous savons que lorsque la vé-
sicule allantoïdienne naît à l'extrémité in-
férieure de l'embryon , elle se couvre de
vaisseaux qui portent le nom de vaisseaux
ombilicaux , les uns artères, les autres vei-
nes. Les artères ombilicales ne sont autre
chose que deux petites branches des artères
vertébrales inférieures dont nous avons vu
plus haut la formation , et que l'allantoïde
entraîne avec elle en quittant l'embryon. Il
serait même plus exact de dire que les ar-
tères ombilicales sont des branches des ar-
tères iliaques, puisque celles-ci dérivent
immédiatement des artères vertébrales in-
férieures. L'allantoïde porte les artères om-
bilicales à la surface de la vésicule blasto-
dermique où elle constitue le placenta, et
distribue les ramifications arborescentes de
ce système artériel aux villosités placentaires.
Arrivées ainsi à la périphérie de l'œuf, ces
ramifications se courbent en arcades , et se
transforment de la sorte immédiatement en
veines, qui. confluant de tous les points
à droite et à gauche, se réunissent en deux
troncs , les veines ombilicales. De celles-ci
naît un tronc unique dans l'embryon; et
même chez l'Homme, il n'existe plus de
très bonne heure qu'une seule veine ombi-
licale amenant le sang du placenta à l'em-
bryon ; cette veine s'abouche daiw la veine
omphalo-mésentérique, transformée, comme
nous venons de le dire , en veine cave infé-
rieure. Quelques branches de la veine om-
bilicale versent le sang dans le foie; une
communication s'établit entre la veine porte
et la veine ombilicale réduite à n'être plus
qu'un canal anastomotique , nommé canal
veineux d'Aranzi. Par cette disposition , et
par suite du développement du cœur aussi
bien que des poumons, le courant sanguin
prend une direction particulière qui per-
siste jusqu'à la naissance, et sur laquelle
on trouvera des détails dans cet ouvrage à
l'article circulation.
C95
IMAM
MAM
A la naissance , la veine ombilicale se
convertit en ligament rond du foie, la di-
rection de certains vaisseaux change , les
diverses cavités du cœur se complètent, la
troisième circulation apparaît pour conti-
nuer pendant toute la vie. C'est aussi à l'ar-
ticle que nous venons de citer que sont
exposés le mécanisme et le caractère parti-
culier de cette circulation définitive.
Du cœur. — Formant primitivement un
canal simple et droit, le cœur, comme nous
le savons, subit plusieurs torsions qui l'a-
mènent à prendre la figure qu'on lui connaît
chez l'adulte. D'abord recourbé en fer à
cheval, il se dilate bientôt sur trois points;
et ces trois dilatations sont séparées l'une
de l'autre par un étranglement. La pre-
mière dilatation, située à droite et en haut,
l'embryon étant supposé couché sur le dos,
forme un sac veineux ou oreillette simple;
la seconde , placée à la grande courbure du
fer à cheval , est le ventricule , cavité simple
comme la première; la troisième, formant
la branche gauche du fer à cheval, se dirige
en haut , et se nomme bulbe de l'aorte ,
parce que c'est de ce renflement que l'aorte
tire son origine. L'étranglement situé entre
l'oreillette et le ventricule est appelé canal
auriculaire; celui qui sépare le ventricule du
bulbe est le détroit de Haller. La courbure
extérieure ou grande courbure du fera che-
val se développant beaucoup plus que la
petite courbure intérieure , l'oreillette est
ainsi rapprochée du bulbe, et la forme du
ventricule se prononce davantage.
Les parois du ventricule s'épaississent,
un sillon se développe sur sa surface, pre-
mier indice du partage qu'il va bientôt su-
bir par le développement d'une cloison in-
térieure correspondant au sillon extérieur.
Cette cloison, qui se montre d'abord comme
une fine membrane semi-lunaire, franchit
peu à peu l'espace d'une paroi du ventricule
à l'autre, et la cavité ventriculaire devient
bientôt double , aussi bien que son orifice
auriculo-ventriculaire. Cependant le bulbe
de l'aorte et l'oreillette se sont rencontrés
et accolés.
A l'endroit où l'oreillette touche au ven-
tricule , et après que celui-ci s'est partagé
en deux moitiés , on voit aussi naître une
cloison qui divise la cavité auriculaire en
deux parties, et qui, s'allongeant davan-
tage par le haut et par le bas, laisse dans
son milieu une échancrure semi-lunaire, le
trou ovale. Cette séparation des deux oreil-
lettes se complète par la formation de deux
valvules, nées de l'orifice de la veine cave
inférieure: la valvule d'Eustache et la val-
vule du trou ovale , dont on peut voir le
rôle à l'article circulation. Pendant ces
transformations, les orifices des deux veines
caves, d'abord confondus, se distinguent
et s'éloignent de plus en plus l'un de l'au-
tre; ce n'est qu'après la naissance que la
cloison des oreillettes est complétementclose.
Quant au bulbe aortique, il s'allonge de
manière à former une crosse qui se tord en
spirale; puis, dans son intérieur se déve-
loppe une cloison qui le partage en deux
canaux, débouchant, l'un dans le ventri-
cule droit, l'autre dans le ventricule gau-
che. La séparation intérieure devient bien-
tôt sensible à l'extérieur, et l'on voit enfin
deux aortes qui naissent isolément l'une à
droite et l'autre à gauche.
D'après la place que nous avons assignée
au cœur dans l'embryon , il résulte que cet
organe occupe la région du cou, immédia-
tement au-dessous de l'encéphale ; mais ,
par suite du progrès de toutes les parties
qui doivent constituer la tête , le cou et le
thorax, il se trouve amené à sa position dé-
finitive dans la poitrine. Formé, comme nous
le savons, dans le feuillet vasculaire , inter-
médiaire au feuillet séreux d'où nous avons
vu naître les côtés, et au feuillet muqueux
d'où se forme le tube intestinal, le cœur se
trouve enfin placé au-devant de l'appareil
digestif, dans la cavité thoracique. On ne
sait rien de positif sur la formation du péri-
carde , membrane séreuse qui enveloppe le
cœur.
La structure , les connexions et les fonc-
tions du cœur sont identiques chez l'Homme
et les Mammifères ; nous ne répéterons pas
ici ce qu'on peut trouver sur ce sujet aux
articles circulation , coeur , muscle. Il faut
remarquer qu'en général les parois du ven-
tricule gauche sont beaucoup plus épaisses
que celles du ventricule droit, ce qui s'ex-
plique par l'énergie des contractions qui
doivent chasser le sang dans toutes les par-
ties du corps; que la capacité du ventricule
droit est un peu plus considérable que celle
du ventricule gauche , et que l'étendue pro-
1UAM
MAM
697
portionnelle des oreillettes et des ventricules
varie peu chez les Mammifères. Dans la cloi-
son interventriculaire, près de l'origine de
l'aorte , on trouve accidentellement un ou
deux os, plus souvent chez les mâles que
chez les femelles , et plulôt chez les herbi-
vores, Pachydermes, Solipèdes et Ruminants,
que chez les Carnassiers. La forme même du
cœur présente quelques modifications-dans
la classe que nous étudions; la plus remar-
quable est celle que nous offre le Lamantin,
chez lequel le cœur, plus large que long, est
fortement échancré à sa pointe, comme si
la division dont nous avons vu les progrès
dans le partage des deux ventricules avait
continué de se prononcer davantage, et jus-
qu'à leur moitié postérieure ; chez le Dugong,
cette division s'est même prononcée au-delà
de la moitié des ventricules. Quanta sa si-
tuation , le cœur est placé plus obliquement
chez l'Homme que chez les autres Mammi-
fères , et il touche au diaphragme par une
portion plus considérable. A l'exception
même de quelques Singes, le cœur, chez les
autres Mammifères , est en général presque
sur la ligne médiane , et à une certaine dis-
tance du diaphragme.
Des artères. — Nous avons déjà indiqué
les premiers phénomènes que présente la
formation du système artériel dans la consti-
tution des arcs aortiques , des artères ilia-
ques, des artères ornphalo-mésentériques,
ombilicales et mésentériques. Les arcs aor-
tiques ne restent pas simples , et leur mul-
tiplication parait être en rapport avec les
arcs branchiaux dont nous avons examiné
le développement en parlant de la face. Il
parait qu'on en compte en général cinq, qui
ne paraissent pas tous simultanément, et se
développent, d'avant en arrière, comme les
arcs viscéraux auxquels ils correspondent.
De bonne heure les arcs aortiques se rédui-
sent à trois paires , suivant Baër ; les deux
antérieurs se convertissent en carotides et
sous-clavières; le second de droite s'obli-
tère, et le second de gauche devient V aorte
permanente, ce qui est le contraire de ce qui
se passe chez les Oiseaux ; le troisième de-
vient de chaque côté V artère pulmonaire.
C'est à l'article consacré aux vaisseaux que
peuvent être seulement présentés les détails
intéressants que nous voudrions pouvoir pla-
cer ici sur les transformations des artères
T. VII.
primitives, dont les états transitoires, chez
les Mammifères les plus élevés d'un type,
correspondent à certaines particularités que
nous observons chez d'autres Mammifères
moins élevés du même type; ces rapports
devront être indiqués dans chacun des ar-
ticles consacrés aux genres nombreux des
Mammifères. Quant à l'époque de l'appari-
tion relative des différentes artères , les
principes qui nous ont démontré que les
diverses parties d'un organe résultent d'une
différenciation histogénique dans une masse
blastématique commune, nous feront con-
clure que les vaisseaux se montrent évi-
demment d'autant plus tôt que l'organe au-
quel ils appartiennent se distingue plus tôt
lui-même. Ainsi , les artères du cerveau et
de l'œil apparaissent de très bonne heure,
ainsi que l'artère vertébrale, les artères in-
tercostales, etc.
Pour résumer ici l'ensemble général du
système artériel chez les Mammifères, dont
le tableau doit être complété par les détails
que l'on trouvera sous d'autres titres , nous
dirons que Vaorte , née du ventricule gau-
che, après avoir monté vers la base du cou,
se recourbe en bas derrière le cœur, et forme
ainsi la crosse aortique, puis descend verti-
calement au-devant de l'épine jusqu'à la
partie inférieure du ventre, prenant dans ce
trajet les noms d'aorte pectorale et abdomi-
nale. De sa portion ascendante naissent les
carotides, qui marchent le long du cou et
portent le sang à la tête; les artères des
membres supérieurs, qui prennent successi-
vement les noms d'artères sous-clavicre ,
axillaire, brachiale, etc. , suivant qu'elles
passent sous la clavicule , traversent l'ais-
selle ou se distribuent au bras. L'aorte pec-
torale fournit les branches bronchique, œso-
phagienne, médiastine , intercostale, dont les
noms indiquent la marche. L'aorte abdomi-
nale donne l'artère cœliaque, qui se distri-
bue à l'estomac, au foie, à la rate ; les artè-
res mésentériques, qui se rendent aux intes-
tins; les artères rénales, qui nourrissent les
reins; les artères iliaques, qui portent le
sang aux membres inférieurs, et terminent
l'aorte.
Des veines. — A une époque très reculée
de la vie embryonnaire , on aperçoit deux
troncs veineux antérieurs , les veines jugu-
laires , et deux troncs veineux postérieurs
83
698
MA3VI
les veines cardinales , placées symétrique-
ment de chaque côté de l'embryon ; ces deux
paires veineuses reçoivent presque toutes les
veinules des parties qui existent alors. Les
veines jugulaires descendent de l'extrémité
céphalique vers le cœur; les veines cardi-
nales montent de l'extrémité caudale vers
le cœur; et la veine jugulaire d'un côté
s'unit à la veine cardinale du même côté
par un canal anastomotique , le canal de
Cuvier. Les deux canaux de Cuvier se réu-
nissent eux-mêmes, au-dessous de l'œso-
phage, en un tronc plus court, qui débouche
dans l'oreillette simple; puis, quand la
cloison s'est formée dans l'oreillette , ce
tronc commun est absorbé, et chaque canal
s'ouvre à part dans l'oreille droite, où il re-
présente deux veines caves supérieures, que
l'on retrouve chez le Porc-Épic et l'Éléphant,
mais dont la droite seule persiste en géné-
ral. C'est entre les canaux de Cuvier qu'a-
boutit la veine otnphalo-mésentérique dont
nous avons indiqué les transformations. Les
veines cardinales reçoivent principalement
le sang des corps de Wolff, et disparaissent
avec ces organes. On sait , par ce qui pré-
cède, comment se forment la veine cave in-
férieure et la veine porte.
Cette dernière veine avec ses affluents
constitue un petit système particulier, le
système portai , formé par les veines des
intestins réunies en un tronc commun qui
pénètre dans la substance du foie , s'y ra-
mifie, de sorte que le sang circule dans les
capillaires de cette glande avant d'être re-
pris par les vaisseaux qui en sortent et qui
le versent dans la veine cave inférieure.
Les autres canaux veineux marchent sous
la peau, ou accompagnent les artères, dont
elles prennent en général le nom, et débou-
chent dans l'oreillette droite par les deux
grands troncs des veines caves.
Nous neparlerons pasici des vaisseaux de la
petite circulation, dont on a indiqué le rôle
dans l'article consacré à cette fonction ; et
nous nous réservons de signaler les particu-
larités que présente le système vasculaire
chez les Marsupiaux , en étudiant à part ce
groupe si intéressant du grand type Mammi-
fère. Nous devons renvoyer également aux
articles spéciaux pour la composition des
parois des Artères et des Veines, pour la
nature et le développement des Capillaires.
MAM
C'est au mot digestion seulement que peut
être étudié le système lymphatique^
De la Rate; du Thymus; de la glande Thy-
roïde ; des Capsules surrénales.
On réunit en général ces glandes sous le
nom commun de glandes sanguines, parce
que leurs fonctions, encore mal connues,
semblent néanmoins pour la plupart se rap-
porter à l'hématose et à la chylification.
Parmi ces glandes , le thymus et les capsu-
les surrénales sont fort remarquables chez
le fœtus par le volume considérable qu'elles
acquièrent relativement aux autres organes,
et cette circonstance leur a fait attribuer une
influence spéciale et une importance réelle
pendant la vie fœtale seulement. Tantôt on
a considéré le thymus comme étant en rap-
port avec le système nerveux; tantôt, au
contraire, on lui a attribué des fonctions
relatives à l'assimilation, au développement
des organes génitaux, etc. 11 se pourrait
qu'il fût chez le fœtus l'organe de la for-
mation des globules du sang , comme la rate
semble l'être chez l'adulte, bien que le sang
et ses globules préexistent chez le premier à
la formation du thymus, et continuent de
se former chez le second après l'ablation
de la rate. La quantitéconsidérable de nerfs
que l'on trouvedans les capsules surrénales ,
la ressemblance de leurs éléments microsco-
piques axec les globules ganglionnaires, et
l'analogie que la couleur de ces organes pré-
sente avec la substance corticale du cerveau,
indiquent peut-être quelque relation entre
eux et le système nerveux; mais aujourd'hui
nous ne pouvons nous faire aucune idée de
cette relation , à laquelle des hypothèses seules
font croire, et qui , si elle était réelle, établi-
rait une différence essentielle entre les cap-
sules surrénales et les trois autres glandes
dont nous nous occupons ici. Quant à la
glande thyroïde, elle paraît être un gan-
glion sanguin lié à la grande circulation et
en rapport avec l'appareil pulmonaire.
La Raie paraît être confondue d'abord,
chez l'embryon , avec le pancréas dont nous
parlerons plus bas. Elle apparaît quand
l'intestin et l'estomac, avec lesquels elle
est plus tard en rapport, se sont déjà
montrés avec leurs caractères essentiels.
Bien que formant une masse commune avec
le pancréas, comme nous venons de l'ia-
MAM
diquer, elle provient d'un blastème fourni
par la grande courbure de l'estomac, tandis
que le blastème du pancréas naît du duodé-
num. Quand la transformation de ces blas-
tèmes ainsi accolés l'un à l'autre est complè-
tement achevée, les deux glandes se sépa-
rent, et, chez l'adulte, la rate se trouve très
rapprochée du canal intestinal ou de la grande
courbure de l'estomac, et surtout du cul-de-
sac cardiaque ; elle est maintenue dans cette
position par des vaisseaui sanguins et des pro-
longements du péritoine. Ces connexions
sont celles que l'on rencontre en général
chez tous les Mammifères à estomac simple;
chez ceux qui ont plusieurs estomacs, la rate
prend des positions diverses. Ainsi elle est
située au côté gauche de la panse chez les Ru-
minants; sur le troisième estomac chez les
Édentés. Une disposition remarquable est
celle que nous présente la famille des Dau-
phins, chez quelques uns desquels on trouve
une rate principale et plusieurs rates plus
petites, en quelque sorte accessoires , collées
au premier estomac , et quelquefois au nom-
bre de sept. Peut-être cette disposition est-
elle accidentelle et tout individuelle. La
forme et le volume de cette glande sont d'ail-
leurs assez variables.
Le thymus est une glande transitoire que
l'on trouve chez tous les fœtus, à l'exception
des Acéphales et autres monstres par défaut,
et dont la croissance continue encore après
la naissance, pour s'arrêter, chez l'Homme,
à peu près vers l'âge de deux ans. Le thy-
mus disparaît ensuite à une époque plus ou
moins avancée de la vie adulte. Peut-être
procède-t-il de la muqueuse des organes
respiratoires , avec lesquels il est en con-
nexion; mais on ne peut rien affirmer de
positif sur son origine. Enfermé dans une
capsule , il se partage naturellement en deux
moitiés quand on le débarrasse de cette en-
veloppe , et c'est sous la forme de deux pe-
tites languettes accolées l'une à l'autre sur le
milieu de la trachée qu'on le rencontre chez
l'embryon. Les anatomistes ne sont pas d'ac-
cord sur l'existence ou l'absence de cavités
dans les deux moitiés du thymus; il paraît
certain seulement que cette glande n'a pas
de canal excréteur.
La glande thyroïde n'a été trouvée que
chez les Mammifères , et peut-être chez les
Ophidiens ; elle procède probablement de la
MAM
C99
trachée-artère membraneuse, au point où le
larynx prend naissance : les uns lui ont ac-
cordé, les autres lui ont refusé un canal ex-
créteur. Elle se compose de deux lobes laté-
raux plus ou moins séparés , et quelquefois
réunis par une partie plus mince nommée
isthme. Sa forme, très variable, est le plus
souvent allongée, et le tissu qui l'attache au
larynx est moins ferme chez les autres Mam-
mifères que chez l'Homme et les Singes.
Chez l'Éléphant, chaque lobe se subdivise en
une trentaine de petits lobules, enfermés
chacun dans un sac formé d'une membrane
très mince. C'est à tort qu'on en a nié l'exis-
tence chez les Cétacés. La structure cellu-
leuse de cet organe s'observe facilement chez
l'Éléphant, à cause de son volume, et dans
les états pathologiques connus sous le nom
de goitres , que son développement excessif
occasionne.
Les capsules surrénales, ou reins succen-
turie's, acquièrent un volume considérable
chez le fœtus, et semblent avoir des rela-
tions intimes , mais inconnues , avec la vie
embryonnaire. Le blastème qui doit pro-
duire ces organes se confondant d'abord avec
le blastème des corps de Wolff, on a pu
croire qu'ils avaient une origine commune
avec les reins ; mais il paraît qu'ils naissent
d'une masse particulière, d'abord simple, et
bientôt divisée en deux moitiés symétriques.
Comme les reins, ils se composent de deux
substances , du moins chez les Mammifères
dont les reins possèdent une substance cor-
ticale et une substance médullaire ; ils sem-
blent être formés d'une seule substance,
quand les reins eux-mêmes n'en présentent
qu'une. Dans l'adulte, ces capsules surmon-
tent l'extrémité supérieure des reins, un
peu en dedans et au-dessus du sinus de ces
derniers organes. C'est chez le Phoque que
les capsules surrénales ont été trouvées le
plus petites ; c'est chez les Rongeurs qu'elles
paraissent atteindre leur plus grand volume.
Celles du Phoque et celles des Cétacés sont
divisées en un grand nombre de lobules;
celles de l'Éléphant ont leur base partagée
en deux lobes arrondis. Souvent elles ont la
forme que prennent les reins dans l'animal
chez lequel on les étudie.
700
MAM
SYSTÈME DIGESTIF DES MAMMIFÈRES. GLANDES AN-
NEXES.
Bien que les premiers phénomènes qui
indiquent la formation du canal intestinal
soient postérieurs à l'apparition des rudi-
ments des trois systèmes que nous venons
d'étudier, ils n'en sont pas moins fort recu-
lés dans la vie embryonnaire, et remontent
à l'époque où l'embryon vient de soulever
ses extrémités céphalique et caudale au-
dessus du plan de la vésicule blastodermi-
que. A ce moment, comme nous l'avons
déjà dit plusieurs fois, les lames viscérales,
inclinées l'une vers l'autre et réunies ensem-
ble aux deux extrémités de l'embryon seu-
lement, ont déterminé deux petites excava-
tions ou enfoncements. Le fond de la cavité
supérieure est formé par la base future du
crâne , et l'entrée de cette cavité a été ap-
pelée fosse cardiaque (fovea cardiaca) par
Wolff; Baër l'a nommée entrée antérieure
de l'intestin. Il est inutile de faire obser-
ver ici que cette ouverture ne répond pas à
la bouche future , puisque nous avons vu
que la formation de celle-ci se, rapporte aux
phénomènes d'évolution des arcs viscéraux.
L'entrée de la cavité postérieure a été nom-
mée fosse inférieure {fovea inferior) par Wol ff,
et entrée postérieure de V intestin par Baër.
La partie moyenne de l'embryon reste de la
sorte ouverte , se creuse légèrement, et tout
le corps du jeune être représente assez bien
alors la forme d'une nacelle. C'est en regar-
dant l'embryon par cette ouverture béante,
c'est-à-dire par sa face ventrale, que nous
allons suivre le développement de l'intestin.
Jusqu'au moment où nous venons de nous
arrêter, les trois feuillets de l'œuf sont en-
core appliqués l'un à l'autre ; mais bientôt
les feuillets vasculaires et muqueux com-
mencent de se détacher du feuillet séreux,
sans cesser néanmoins de lui rester intime-
ment unis sur la ligne médiane , c'est-à-
dire le long de la colonne vertébrale. Les
bords libres de ces deux feuillets convergent
l'un vers l'autre et forment ainsi une gout-
tière. Avant qu'ils se rencontrent, le feuillet
muqueux -e détache du feuillet vasculaire,
s'éloigne ainsi de la colonne vertébrale, de
sorte que les deux moitiés Iamelleuses du
feuillet vasculaire s'atteignent les premières
et se soudent ensemble en une languette,
MAM
premier rudiment du mésentère; entre ces
deux lamelles de la languette mésentérique
reste un petit vide, le vide du mésentère.
Cependant les bords" du feuillet muqueux,
convergents, mais non rapprochés, laissent
encore entre eux une gouttière, la gouttière
intestinale , qui va se convertir progressive-
ment en un canal , puis en un tube , le tube
intestinal, attaché à la colonne vertébrale
par le mésentère, que les lamelles du feuillet
vasculaire ont produit au-dessous de lui.
L'attache mésentérique , dont nous venons
d'expliquer l'origine, croît à mesure que le
tube intestinal se développe, en suit les cir-
convolutions, et produit ainsi tous les replis
que l'on trouve chez l'adulte. Les replis
connus sous le nom d'épiploons ont une ori-
gine analogue , et procèdent de la portion
des lamelles mésentériques qui attache à
la colonne vertébrale la partie du tube intes-
tinal correspondant à l'estomac futur.
La clôture du tube intestinal procède de
l'extrémité céphalique de l'embryon à son
extrémité caudale, et de son extrémité cau-
dale à son extrémité céphalique, de sorte
que c'est la partie moyenne du corps qui
reste le plus longtemps ouverte; résultat in-
verse de ce que nous avons observé dans le
tube médullaire qui se complète d'abord à
sa partie moyenne. Les parois du tube in-
testinal se continuent, dans leur partie
moyenne, avec la vésicule blastodermique; il
en résulte que la communication entre l'in-
testin de l'embryon et cette vésicule est d'a-
bord très large ; mais peu à peu elle se ré-
trécit et ne consiste bientôt plus qu'en une
ouverture étroite, nommée ombilic intestinal.
Nous savons qu'en ce point les parties s'é-
tirent en un canal , le canal omphalo-mésen,'
térique, qui fait communiquer l'intestin avec
la vésicule blastodermique, devenue alors
vésicule ombilicale.
Le canal intestinal consiste donc primiti-
vement en un tube droit, attaché à la co-
lonne vertébrale par la languette mésenté-
rique. Par les progrès successifs du dévelop-
pement, ce tube s'éloigne de la colonne
vertébrale dans sa partie moyenne corres-
pondant à l'ombilic, et se ploie en anse ,
sans cesser toutefois de rester uni à la colonne
vertébrale par le mésentère. Le sommet de
cette anse se dirige vers le conduitomphalo-
mésentérique et s'y engage, tandis que les
MAM
MAM
'01
portions situées au-dessus et au-dessous res-
tent droites. La portion supérieure est alors
désignée sous le nom d'intestin oral; la portion
inférieure, sous celui d'intestin anal; l'anse
intermédiaire , sous celui d'intestin moyen.
Au sommet de Vinteslin oral se trouve la
grande cavité à laquelle nous avons appliqué
Je nom d'attiré hypocéphalique, et que nous
avons vue partagée en cavité nasale et ca-
vité buccale par suite du développement des
arcs viscéraux. Nous avons aussi parlé de la
bouche et de la langue en étudiant ces der-
niers arcs. Nous renverrons à l'art, langue
pour ce qui regarde ce dernier organe; et
nous mentionnerons seulement, par rapport
à la bouche, l'existence de poches accessoires
ou abajoues chez certains animaux qui en
font un réservoir d'aliments. Ces abajoues
se rencontrent chez la plupart des Singes de
l'ancien continent, chez un grand nombre
de Rongeurs. Une sorte de transition entre
l'existence et l'absence de ces poches nous
est offerte par les joues extensibles de quel-
ques Chauves-Souris. La portion du tube
intestinal qui fait suite à la cavité buccale
comprend d'abord l'œsophage et la trachée-
artère ; mais ces deux conduits ne tardent pas
à se séparer et à s'ouvrir isolément dans la
cavité pharyngienne qui devient de plus en
plus distincte (voy. pharynx). Chez les Mam-
mifères, l'œsophage devient membraneux et
ne présente pas de renflement dans toute sa
longueur. A l'extrémité inférieure de l'in-
testin oral se montre enfin Yestomac sous la
forme d'une dilatation ; on aperçoit bientôt
sa grande courbure dans une bosselure con-
vexe tournée à gauche. Sa petite courbure,
tournée à droite, est d'abord plane , puis
concave. Ce n'est que progressivement qu'il
prend sa position horizontale et que se dis-
tinguent nettement ses portions cardiaque et
pylorique. Chez les Mammifères à estomac
multiple, la cavité stomacale est d'abord
simple, puis subit ses subdivisions par des
échancrures dont on peut suivre les progrès.
Ce n'est que d'une manière tout-à-fait gé-
nérale qu'on peut dire que l'estomac est
d'autant moins compliqué que les animaux
ont un régime plus essentiellement Carni-
vore; aucune loi exclusive ne doit être for-
mulée à cet égard , puisqu'on rencontre des
estomacs multiples chez les Cétacés ordinai-
res qui vive-ntde proie. On le trouve simple
chez les Carnassiers, de plus en plus compli-
qué chez les Rongeurs, les Pachydermes, les
Cétacés, les Syréniens, les Ruminants. Au-
dessous de l'estomac , la portion terminale do
l'intestin oral forme le duodénum.
L'anse du tube intestinal qui traverse
l'ombilic et que l'on distingue par le nom
d'intestin moyen., s'allonge beaucoup dans sa
portion supérieure, décrit des circonvolu-
tions et se transforme en intestin grêle ,
jéjunum et iléon , dans la constitution des-
quels est aussi entraînée une partie de la
portion inférieure de l'anse. Le reste de
cette portion inférieure se développe moins
que la supérieure et devient le colon. Mais
par suite de mouvements de torsion , ce
gros intestin arrive à se placer au dessus de
l'intestin grêle qui se glisse en dessous, et
la partie inférieure de l'anse intestinale pri-
mitive est devenue la partie supérieure de
l'intestin , quand son développement est
complet, et qu'elle décrit la courbe dont
les divers arcs portent les noms de colon
ascendant, colon transverse et colon des-
cendant. Au point de jonction de l'intestin
grêle et du gros intestin , se forme , chez
beaucoup de Mammifères , un enfoncement
en cul-de-sac, le cœcum , d'où peut se dé-
velopper aussi un appendice, nommé ap-
pendice vermiforme. Le cœcum et l'appendice
manquent chez les Chauves-Souris, chez les
Insectivores, dans les Loirs, dans les Martres,
dans lesTardigrades , la plupartdes Tatous,
les Sangliers , et beaucoup de Cétacés. Outre
le cœcum ordinaire, le Daman présente une
paire de cœcumsplus rapprochée de l'anus,
et on trouve aussi cette paire rudimentaire
chez le Fourmilier didactyle.
Les métamorphoses de V intestin anal sont
peu considérables : il conserve sa direction
primitive, forme le rectum, et se termine
par un cul-de-sac, à rencontre duquel l'anus
s'avance de l'extérieur. II en résulte que l'o-
rifice anal est d'abord fermé, e*. qu'il s'ouvre
ensuite d'une manière permanente. On sait
déjà que c'est de l'intestin anal que l'allan-
toïde tire son origine.
La masse des intestins est enveloppée par
le péritoine, membrane séreuse qui tapisse
la cavité abdominale , se replie autour des
viscères qu'elle doit contenir, s'adapte à leur
forme et les assujétit.
Les différences de calibre qui servent à
702
MAM
MAM
distinguer les diverses parties de l'intestin
que nous venons de nommer ne s'obser-
vent pas chez tous les Mammifères. Il en est,
et ce sont principalement ceux qui man-
quent de cœcum,chez lesquels l'intestin
conserve le même diamètre dans toute sa
longueur , et représente, en quelque sorte ,
l'état primitif du tube intestinal. Les fonc-
tions, aussi bien que la structure de l'intestin
et de l'estomac, ne peuvent être étudiées
que dans les articles consacrés à ces organes.
Des Glandes salivaires ; du Pancréas ;
du Foie.
Ces organes, liés intimement au déve-
loppement de l'intestin , ont été d'abord
considérés comme des exsertions creuses du
tube intestinal , avec lequel elles auraient
par conséquent communiqué librement par
une large ouverture, qui se serait rétrécie
ensuite en canal excréteur. Mais il semble
plus certain qu'elles sont produites par un
bourgeonnement de la tunique externe du
tube intestinal, bourgeonnement qui, d'a-
bord plein , se creuse ensuite , et dans le-
quel s'engage la tunique interne d'où ré-
sulte le canal excréteur de la glande.
Les Glandes salivaires peuvent être, chez
les Mammifères , au nombre de trois paires,
qui sont, suivant leur ordre de grandeur
chez l'Homme : les parotides , situées entre
le conduit auditif et la branche montante de
la mâchoire inférieure, et s'ouvrant dans la
bouche par le canal de Sténon,vers les grosses
molaires supérieures; — les sous -maxil-
laires , placées derrière l'angle de la mâ-
choire , et débouchant dans la cavité orale,
vers le freinde la base de la langue , par le ca-
nal de Wharton ; — les sublinguales, cachées
sous la membrane buccale , sur les côtés du
frein de la langue, où elles s'ouvrent par
plusieurs canaux, dont quelques uns s'ana-
stomosent avec le conduit de Wharton. La
glande sous maxillaire est celle qui se déve-
loppe la première, la sublinguale se montre
ensuite, et la parotide en dernier lieu. Il
paraît que les Cétacés manquent tout-à-
fait de glandes salivaires. Le Phoque et le
Fourmilier sont les seuls , parmi les autres
Mammifères placentaires , qui soient dé-
pourvus de glandes parotides. Chez ce der-
nier animal s'observe une glande particu-
lière, destinée probablement à fournir à la
langue la viscosité à l'aide de laquelle elle
retient les fourmis. En général, le dévelop-
pement des glandes salivaires paraît être en
rapport avec le régime de l'animal ; elles
sonttrès considérables chez les Pachydermes,
les Ruminants , et surtout les Solipèdes ,
animaux qui doivent broyer leurs aliments
et les conserver longtemps dans la bouche de
manière qu'ils puissent être imbibés par la
salive. Nous avons déjà dit que les Cétacés,
qui avalent leur proie sans mastication préa-
lable, paraissent en être privés.
Le pancréas ressemble beaucoup aux
glandes salivaires par sa structure et ses
fonctions , comme par son développement.
Il se montre au côté droit de l'intestin, et,
comme nous l'avons dit en parlant des glan-
des sanguines, son blastème est confondu
avec le blastème de la rate. Le pancréas s'é-
tend, en général, chez les Mammifères adul-
tes, de ce dernier organe au duodénum , et
présente quelques variations dans sa forme,
sa couleur, sa consistance; il sécrète le suc
pancréatique , qui est versé dans le duodé-
num ainsi que la bile. Quelquefois il est di-
visé en plusieurs lobes , assez souvent en
deux, comme chez les Ruminants, et les
deux lobes, quand ils s'unissent en formant
un angle , le rendent fourchu , comme on
l'observe chez les Carnassiers en général, les
Tatous , le Lamantin. Toutes les petites ra-
cines qui naissent de sa substance se grou-
pent en un plus ou moins grand nombre de
branches, qui peuvent se réunir en un tronc
commun, comme chez l'Homme, le Castor,
le Lièvre , ou former deux troncs , comme
chez l'Éléphant, etc. Ce canal ou ces canaux
pancréatiques offrent aussi des différences
quant au lieu où ils débouchent : tantôt,
comme chez l'Unau , les Pangolins, c'est
dans un orifice particulier, éloigné de l'ori-
fice du cholédoque , ce qui rappelle l'état
primitif de ces deux canaux; tantôt, comme
chez l'Homme , c'est dans l'orifice même du
cholédoque qui amène la bile dans le duodé*
num; tantôt enfin, comme chez beaucoup
de Carnivores, les Tatous, c'est dans le canal
cholédoque lui-même.
Le Foie se développe avec une grande ra-
pidité chez les Mammifères , et prend une
prépondérance telle, que pendant toute la
vie embryonnaire il est le viscère le plus
considérable du corps. Ses nombreuses con-
MAM
MAM
703
nexions vasculaires que nous avons signalées
en parlant de l'appareil de la circulation ,
et en particulier celles du système portai,
sont peut-être la cause de ce développement
considérable, aussi bien que celle de sa cou-
leur rouge foncé. Cette glande se montre
après les corps de WollT et l'allantoïde, alors
que l'intestin communique encore largement
avec la vésicule blastodermiquc. De tous les
points de la masse du foie naissent une
foule de petits canaux, qui vont sans cesse
grossissant, et se réunissent enfin en un
tronc commun, le canal hépatique, ou en
plusieurs branches hépatiques principales.
Suivant quelques embryologistes, une de ces
branches donnerait naissance au réservoir
biliaire, ou vésicule du fiel; suivant quelques
autres, cette vésicule naîtrait dans l'excava-
tion du foie où elle doit se loger. Le canal
excréteur de la vésicule biliaire , ou canal
cystique , s'unit avec le canal hépatique, et
leur tronc commun, le canal cholédoque,
conduit la bile dans le duodénum.
Le foie, la vésicule biliaire et leurs con-
duits présentent, dans la classe des Mam-
mifères, un grand nombre de variations qui
portent sur la forme et les dimensions de la
giande, sur l'existence ou l'absence de la
vésicule, sur les communications des conduits
entre eux. Ainsi, le foie est très développé
et divisé en lobes nombreux chez la plupart
des Rongeurs, des Insectivores, des Carni-
vores, des Amphibiens; il est au contraire
très peu divisé chez les Pachydermes, les
Siréniens, les Cétacés ordinaires, et surtout
les Ruminants. On ne trouve pas de vésicule
du fiel chez les Solipèdes, l'Eléphant, le Pé-
cari, le Tapir, le Daman, le Rhinocéros, les
Cerfs , les Chameaux, les Cétacés ordinaires,
îe Steller, l'Aï, etc. Du reste, l'absence de
cette vésicule n'a rien de caractéristique;
*lle manque à beaucoup de Rats , tandis
qu'on la trouve chez beaucoup de Rongeurs
du même groupe ; les Porcs-Épics propre-
ment dits en sont privés, tandis que l'Urson
■en est pourvu; nous venons de voir qu'elle
n'existe pas chez l'Ai, et elle se rencontre
chez l'Unau.
SYSTÈME DE LA RESPIRATION CHEZ LES MAM-
MIFÈRES.
Les Poumons des Mammifères se forment
d'un bourgeonnement de la couche externe
du tube intestinal, comme les glandes dont
nous venons d'indiquer les métamorphoses,
et il est probable que la trachée- artère elle-
même provient d'un semblable bourgeonne-
ment qui s'étend des poumons à la cavité
orale , et se sépare peu à peu du tube intes-
tinal. A l'entrée de la trachée se montrent
deux renflements qui laissent entre eux une
fente linéaire, et qui sont les premiers ru-
diments des cartilages arylénoïdes , par con-
séquent du larynx. Presque aussitôt que le
larynx devient ainsi reconnaissable, on ne
tarde pas à distinguer les cartilages cricoïde
et thyroïde. L'épiglotte ne se montre qu'en
dernier lieu. La description et l'agencement
de ces pièces laryngiennes doivent être pré-
sentés à l'article où l'on étudiera la trachée-
artère ; les différences qu'elles offrent ,
aussi bien que leur rôle et les fonctions de
tout l'appareil dont nous allons suivre ra-
pidement la formation , seront exposées aux
articles respiration , voix. Nous ferons seu-
lement ici observer que la respiration est
toujours simple chez les Mammifères, c'est-
à-dire que l'air ne traverse pas les cavités
pulmonaires pour se répandre dans toutes
les parties du corps, et que son action sur le
sang s'exerce exclusivement dans les pou-
mons.
La longueur de la trachée-artère est en
général proportionnelle à la longueur du
cou , et est par conséquent peu considérable
chez les Cétacés ; une exception nous est of-
ferte par l'Ai, chez lequel la trachée, après
être descendue à droite de l'œsophage, et
sur le poumon droit , jusqu'au fond de la
cavité thoracique , se coude ensuite à partir
du diaphragme pour gagner le poumon ,
puis se coude une seconde fois en bas, et se
bifurque. Chez tous les autres Mammifères,
la trachée, après un trajet direct, se bifur-
que immédiatement en d«ux troncs ou bron-
ches qui se dirigent Tune à droite et l'autre
à gauche, et qui se subdivisent à leur tour
un grand nombre de fois. La trachée-artère
et les bronches sont formées d'arceaux car-
tilagineux qui ne sont complets que dans un
petit nombre de Mammifères , les Cétacés
entre autres. Ces arceaux se rencontrent
aussi aux principales ramifications bronchi-
ques ; mais à mesure que le calibre de ces
ramuscules diminue, les arceaux deviennent
plus étroits , finissent par disparaître com-
704
MA>1
MAM
plétement , et les dernières divisions des
bronches ne sont plus que musculo-mem-
braneuses. Chez les Mammifères aquatiques,
les bronches sont plus solides , les arceaux
deviennent souvent osseux , et des rameaux
bronchiques très petits en sont encore gar-
nis; les arceaux sont au contraire presque
souples comme une membrane chez la plu-
part des petits Mammifères rongeurs. Tou-
tes les ramifications extrêmes des bronches
se terminent en culs-de-sac et forment de
petites vésicules, réunies entre elles en un
certain nombre et groupées de manière à
former des lobules. Ce sont toutes ces vé-
sicules aussi bien que tous les capillaires
pulmonaires qui viennent se mettre en rap-
port avec elles , qui constituent, à propre-
ment parler, le tissu inextricabledu poumon.
Chez les Mammifères , les poumons sont
partagés en plusieurs lobes par des scissures
profondes , et le poumon droit est toujours
plus divisé que le gauche , ce qui dépend
peut-être de la gêne que le cœur fait éprou-
ver à ce dernier poumon dans son dévelop-
pement. On compte en général trois ou qua-
tre lobes à droite, et deux ou trois à gau-
che. Cependant chez les Cétacés , aussi bien
que chez la plupart des Pachydermes et
quelques Chauves-Souris, les poumons ne
présentent aucune division ; le droit con-
serve toutefois un volume plus considérable
que le gauche.
Les poumons sont enveloppés dans une
membrane séreuse , la plèvre, dont les por-
tions droite et gauche en se rencontrant sur
la ligne médiane forment une sorte de cloi-
son nommée médiastin. La face pariétale de
cette enveloppe adhère à la cage thoracique,
et, de même que sa face viscérale, elle est
rendue un peu rugueuse par le tissu cellu-
laire qui la fixe. Chez les grands Mammi-
fères , la plèvre prend quelquefois une
épaisseur considérable.
On ne sait rien de bien positif sur le dé-
veloppement du diaphragme, dont le rôle est
si important dans l'acte respiratoire chez les
Mammifères : seulement, Baër a observé que
plus on remonte vers les premiers temps du
développement, plus ce muscle est rappro-
ché de la paroi antérieure du corps.
C'est à tort que plusieurs observateurs
prétendent avoir saisi des mouvements qui
indiqueraient une respiration chez le fœtus
pendant qu'il est encore renfermé dans la
membrane de l'œuf; ce n'est qu'à la nais-
sance, après que les organes respiratoires
ont été débarrassés de, la pression qu'ils sup-
portent pendant l'accouchement, que l'en-
fant indique par un cri l'action de l'air
sur son organisme. La seconde circulation
s'arrête, les poumons se dilatent, les rap-
ports intimes et nécessaires du sang avec
l'air atmosphérique sont établis , la petite
circulation commence avec énergie.
Nous ferons une remarque , qui nous sem-
ble intéressante, sur l'époque à laquelle
apparaissent les organes respiratoires dans
les deux grands types que nous avons dis-
tingués sous les noms d'Allantoïdiens et
d'Anallantoïdiens. Comme l'indique l'ordre
que nous suivons dans l'étude des appareils,
les premiers indices du système respiratoire
ne se montrent chez les Allantoïdiens qu'a-
près l'apparition des systèmes nerveux, os-
seux , vasculaire et digestif, puisqu'ils pro-
cèdent de ce dernier; chez les Anallantoï-
diens, au contraire, les rudiments du sys-
tème respiratoire apparaissent dans les vrais
arcs branchiaux, avant le système de la di-
gestion , en même temps que le système de la
circulation , ou même un peu avant lui, et
celte différence primordiale dans l'ordre de
succession des phénomènes génésiques dont
l'origine se trouve dans la différence du plan
organique primitif, est un caractère de la
plus haute importance : il s'ajoute à ceux qui
nous ont déjà montré la divergence fonda-
mentale des deux types secondaires que nous
venons de nommer, et jelteune grande lu-
mière sur les affinités de ces êtres.
SYSTÈME DE LA REPRODUCTION CHEZ LES MAMMI-
FÈRES*, accouplement; gestation; appareil
URINAIRE.
Immédiatement après la formation du tube
intestinal, et quand celui-ci est encore large-
ment en communication avec la vésicule
blastodermique, on voit apparaître, de cha-
que côté de la colonne vertébrale, un organe
glandulaire qui s'étend de la région du cœur
jusqu'à l'extrémité caudale de l'embryon,
n'occupe bientôt plus que la cavité abdomi-
nale et la région postérieure, et finit enfin
par appartenir exclusivement à la région du
bas-ventre. Cet organe pair, exclusivement
propre au fœtus, ne se métamorphose en
IMAM
IMAM
7(>5
aucun autre organe permanent et dispa-
raît d'autant plus vile que le Mammifère
appartient à un type plus élevé; il a été
nommé corps de Wolff. Primitivement il
se montre, à droite et à gauche, près de
la ligne médiane, comme une petite lan-
guette placée dans le sinus angulaire que
forment les lamelles mésentériques, le corps
de l'embryon et l'allantoide; il se trouve
donc situe au-dessus de la vésicule allan-
toïdienne, dont l'existence est antérieure;
qui procède, comme nous l'avons vu , de
l'extrémité postérieure de l'intestin anal , et
n'est pas une conséquence d'un produit du
développement du corps de Wolff, comme
le pensent quelques observateurs. Du blas-
tème de la languette primitive du corps
de Wolff se forme une multitude de ca-
nalicules parallèles , placés transversale-
ment, et terminés en cul-de-sac. Le fond de
ces petits cœcums regarde la ligne médiane,
et leur ouverture aboutit dans un canal ou
conduit excréteur qui descend, par consé-
quent, le long de leur bord externe; le con-
duit excréteur de chacune des deux glandes
se met ensuite en communication par le bas
avec l'allantoide, dans laquelle il débouche
isolément par une fente, sans se confondre
avec son voisin dans une embouchure com-
mune. La disparition de ces organes se fait
graduellement, et à mesure que les reins se
développent; on en a trouvé quelquefois des
traces vers la fin de la vie fœtale et même
après la naissance.
L'existence transitoire de ces corps de
Wolff qui précèdent l'apparition des organes
génitaux et urinaires, est un des phénomènes
embryologiques les plus remarquables, sous
le rapport de la constitution anatomique de
l'embryon; elle n'est pas moins extraordi-
naire au point de vue physiologique. En ef-
fet ces singulières glandes fournissent une
sécrétion qui se rend dans l'allantoide par le
conduit excréteur que nous venons de dé-
crire, et cette sécrétion ressemble parfaite-
ment à l'urine. Or, en ajoutant cette cir-
constance à celle de l'analogie qui existe
entre la structure des corps de Wolff et celle
des reins, à la présence des granulations de
Malpighi dans les premiers comme dans les
seconds, et au développement inverse que
subissent ces deux corps glandulaires, si
bien que les premiers s'eiïacent dans la
T. VII.
même proportion que les seconds croissent,
on arrive à reconnaître que les corps de
Wolff sont des organes de dépuration, ana-
logues aux reins, tenant lieu de ces der-
niers, et jouant, par rapportaux reins, le rôle
que jouent les branchies des têtards de Ba-
traciens, relativement aux poumons que ces
animaux prennent plus tard. Les noms de
faux reins , de 7-eins primordiaux, de 7-cins
primitifs leur conviennent donc parfaite-
ment, ce dernier nom surtout. Mais c'est à
cela que se bornent les relations qui existent
entre les corps de Wolff et les reins; les
premiers, bien qu'existant longtemps avant
les seconds, ne forment pas ceux-ci, comme
on l'a quelquefois prétendu; ils ne produi-
sent pas davantage les organes génitaux aux-
quels ils se trouvent seulement accolés. On
peut résumer leur histoire en disant qu'ils
apparaissent avant les organes génito-uri-
naires et après les autres systèmes organi-
ques; qu'ils remplacent physiologiquement
les reins, et ne les engendrent pas; qu'ils
ne forment pas non plus les organes de la
reproduction avec lesquels ils n'ont que des
rapports de connexion.
Remarquons que l'analogie que les corps
de Wolff des Mammifères présentent avec
les reins des Poissons, ne sauraient conduire
à considérer ces derniers organes comme
une image permanente d'un état transi-
toire chez les premiers; nous ne voyons
dans cette circonstance que le résultat de la
tendance de la nature à opérer des mo-
difications correspondantes dans des types
différents. Ainsi, chez les Poissons, les reins
offrent dans leur développement primitif
une disposition analogue à celle des corps
de Wolff; mais ils ne peuvent être assimi-
lés à ces derniers, parce que, d'une part , ils
persistent, et sont bien réellement les reins
permanents, et que, d'autre part, ils ne
sont pas en communication avec une allan-
toïde, puisque cette vésicule manque. C'est
donc vraiment avec les reins des Mammifè-
res qu'il faut les comparer, bien qu'ils pré-
sentent la forme primitive des corps de
Wolff de ceux-ci; mais, d'un autre côté, il
faut dire que la nature , pour doter les Al-
lantoïdiens de reins en quelque sorte provi-
soires , a emprunté la forme générale des
reins des Poissons, tandis que c'est par une
création spéciale qu'elle a produit les reins
89
706
MAM
MAM
permanents des premiers. C'est de la con-
fusion de ces idées si distinctes que résul-
tent les divergences d'opinions entre les em-
bryologistes qui refusent des corps de Wolff
aux Poissons, et ceux qui leur en accordent.
Après que les corps de Wolff ont fait de
grands progrès dans leur développement,
un blastème particulier se dépose le long de
leur bord interne , et donne naissance aux
organes qui doivent élaborer la semence
chez le mâle, le germe chez la femelle : au
testicule et à Y ovaire. Ces organes apparais-
sent un peu plus tôt que les reins, bien
qu'ils achèvent plus tard leur développe-
ment, et nous en parcourrons d'abord l'his-
toire, ainsi que celle des parties qui les com-
plètent. Les reins naissent aussi d'une masse
plastique spéciale , indépendante des corps
de Wolff, derrière lesquels ils sont situés et
tachés pendant longtemps. Nous suivrons
les phénomènes que présente leur dévelop-
pement, aussi bien que celui de tout l'appa-
reil urinaire, après avoir étudié les organes
reproducteurs.
f Des organes génitaux.
Un premier fait remarquable à signaler
dans l'histoire des organes de la génération,
est celui de leur apparition tardive; un se-
cond, est celui de la similitude que présen-
tent d'abord les organes mâles et les organes
femelles dans leur forme, dans leur situa-
tion, dans leur texture, similitude qui fe-
rait dire que l'embryon n'a pas d'abord de
sexe, si l'on pouvait oublier qu'un principe
spécial , une vie spéciale réside primitive-
ment là où des différences si considérables
vont se prononcer dans la suite.
Nous allons étudier d'abord l'organe pré-
parateur de l'élément reproducteur dans les
deux sexes; nous examinerons ensuite les
organes qui sont destinés à recevoir ce pro-
duit ; puis les organes externes de l'appa-
reil. Quelques mots sur l'accouplement et
la gestation compléteront les notions géné-
rales que peuvent contenir les articles géné-
raux qui ont rapport à la fonction dont nous
décrivons les organes.
Comme nous venons de le dire, le testi-
cule du mâle et Y ovaire de la femelle sont
situés dans le principe au bord interne du
corps de Wolff, le long de la colonne ver-
tt'brule. Cette position change bientôt pour
le testicule, et plus ou moins suivant les
Mammifères, en raison d'une tendance en
vertu de laquelle ces organes se portent ,
chez ces animaux, de, la partie antérieure à
la partie postérieure du corps. Ainsi , chez
l'Éléphant, le Daman, les Amphibiens, les
Cétacés , les testicules restent fixés dans la
partie postérieure de l'abdomen, à côté des
reins. Ils descendent un peu plus bas chez
les Chéiroptères, les Taupes, les Hérissons,
les Musaraignes et un grand nombre de
Rongeurs, dans lesquels ils restent cachés
dans le bas-ventre, hors l'époque du rut,
et peuvent, à cette époque, paraître à l'ex-
térieur. Chez les Loutres et les Chameaux,
ils sont logés dans un pli de l'aine; chez les
Pachydermes et les Civettes , ils sont serrés
sous la peau, entre l'anus et le pubis. En-
fin , chez l'Homme , les Quadrumanes , la
plupart des Carnivores et des Ruminants,
les Lièvres et les Solipèdes, le testicule,
après avoir fait hernie à travers l'anneau
inguinal, tombe dans une poche formée par
la peau et suspendue à la portion inférieure
du bassin; cette poche, dont nous verrons
plus loin le mode de formation , est dési-
gné sous le nom de scrotum. Il arrive quel-
quefois que le testicule n'est pas encore
descendu dans cette poche à la naissance, ou
même n'y descend jamais, et c'est cet ar-
rêt de développement qui a été considéré à
tort comme un cas d'hermaphrodisme , les
sexes étant toujours distincts chez les Mam-
mifères.
Avant que l'organe mâle se déplace pour
s'arrêter à des degrés différents de cette
descente des testicules , il a changé de forme,
s'est allongé, comme on le trouve encore
chez les Amphibiens et les Cétacés, puis s'est
arrondi , comme nous le présentent l'Élé-
phant et le Blaireau, et a pris enfin une
forme ovalaire , comme c'est le cas le plus
général. Toute sa masse se métamorphose
bientôt en canalicules séminifères qui pren-
dront des dimensions variables, plus consi-
dérables chez les Rongeurs en général et
chez les Insectivores. Ces canaux, après
s'être pelotonnés et anastomosés entre eux,
se réunissent en un certain nombre de troncs
ou canaux efférents qui débouchent dans un
conduit unique. En se repliant mille fois sur
lui-même, ce conduit forme un appen«
dice irrégulier placé au côté supérieur et ex-
TAU
MAM
707
terne du testicule, et connu sous le nom
iVépididyme. Après avoir constitué l'épidi-
dyme , le canal excréteur du testicule se
détache, s'isole, va gagner l'extérieur en
marchant suivant une ligne plus ou moins
ondulée, et prend le nom de canal déférent.
Dans l'Homme et la plupart des Mammi-
fères, l'épididyme est collé au testicule;
chez la plupart des Rongeurs, il est libre,
éloigné de cette glande, à laquelle il est uni
par deux cordons dont l'un est un ligament,
tandis que l'autre contient les vaisseaux sé-
minifères.
Quand il repose encore sur le côté interne
du corps de Wolff, le testicule se revêt d'une
tunique propre, blanchâtre, d'une texture
fibreuse, nommée albuginée, et il est recou-
vert par le péritoine. Un pli de cette der-
nière membrane, dans lequel se dépose de
la matière plastique , descend du testicule
jusqu'au scrotum, à travers l'anneau ingui-
nal , et forme un cordon connu sous le nom
de gouvernail du testicule (ou de Hunier),
parce que c'est le long de ce cordon , dont
les fonctions n'ont pas encore été suffisam-
ment étudiées, que le testicule opère sa
descente. Par ce mouvement, la portion de
la tunique péritonéale qui servait de gaîne
au testicule est entraînée, et se sépare de sa
portion abdominale à l'étranglement de
l'anneau inguinal ; quelques fibres muscu-
laires suivent aussi le testicule et descen-
dent avec lui. L'ouverture qui résulte de
la séparation du prolongement vaginal et
du péritoine s'oblitère peu à peu , et le tes-
ticule prend ainsi une enveloppe séreuse
entourant l'albuginée , et nommée tunique
vaginale. Les fibres musculaires qui ont
accompagné cette tunique forment le cré-
master, destiné à soulever le testicnle. De
la tunique albuginée s'étendent des cloi-
sons intérieures dont le point de départ ou
de convergence paraît être vis-à-vis de l'é-
pididyme, et qui divisent la masse testicu-
aire en un certain nombre de lobes. Au
point de réunion dont nous venons d'indi-
quer la position , un de ces prolongements
s'enrichit de vaisseaux et s'étend de manière
î former une cloison médiane; on le dis-
tingue sous le nom de corps d'Highmore.
L'origine de cette lame est surtout évidente
chez le Sanglier. C'est elle que traversent
es canaux séminifères en se rendant dans
l'épididyme, après s'être anastomosés ei
avoir formé une espèce de tissu réticulé , le
rele testis. La face interne du scrotum esi
tapissée d'une membrane très contractile,
le dartos , qui forme deux poches adossées
Tune à l'autre et séparées par une cloison.
C'est en raison de la contractilité de cette
couche adhérente à la peau du scrotum que
celui-ci se fronce en rides nombreuses.
Nous ne parlerons pas ici du produit de
la glande testiculaire chez les Mammifères ,
de sa composition, de son rôle dans l'acte
delà reproduction ; nous devons examiner la
liqueur fécondante dans un article général
(voy. sperme). C'est aussi dans un article
spécial que sera étudié le produit de la
glande ovarienne, dont nous indiquerons
seulement la composition, et dont nous
examinerons plus bas les rapports avec l'u-
térus (voy. oeuf).
Vovaire, placé d'abord dans une situation
absolument semblable à celle du testicule,
subit aussi un mouvement de descente, mais
beaucoup moins considérable, et ne quitte
jamais la cavité abdominale, où il est fixé par
des replis de la membrane péritonéale. De
bonne heure , il prend une situation obli-
que, puis transversale , et cette circonstance
suffit d'abord pour le faire distinguer du
testicule. Quanta lacomposition primitivede
l'ovaire, on ne sait pas encore d'une manière
positive s'il n'est pas d'abord formé de ca-
nalicules comme le testicule, ou si le tissu
vasculo-cellulairequi constituera la gangue,
le stroma dans lequel se développeront les
vésicules de Graaf , n'est pas la partie qui
apparaît la première , ou si enfin ces vési-
cules ne se montrent pas même avant le
stroma. Quoi qu'il en soit, les vésicules ou
follicules de Graaf apparaissent de très bonne
heure, plus tôt chez les Vaches et les Truies,
par exemple, que chez les Chiennes et les
Lapines, et aussi plus tôt ou plus tard, sui-
vant les individus. Le développement des
testicules devance en général le développe-
ment des ovaires. Ceux-ci sont revêtus ex-
térieurement par le péritoine, et prennent
aussi une enveloppe propre, analogue à l'al-
buginée du testicule, et intimement unie
avec le feuillet péritonéal.
Lorsqu'ils sont complètement formés, les
follicules de Graaf consistent en une tu-
nique extérieure, adhérente au stroma da
'08
MAIM
MAM
l'ovaire, et sont d'autant plus rapprochés
de la surface de cette glande , qu'ils sont
dans un état de maturité plus avancé. A la
lace interne de la vésicule de Graaf est ap-
pliquée une membrane délicate, nommée
par Baër membrane granuleuse, et qui con-
tient un liquide albumineux, limpide. Quand
la vésicule de Graaf est mûre , elle fait bour-
relet à la surface de l'ovaire, et sur la par-
tie de la membrane granuleuse qui répond
au point où la vésicule émerge ainsi du
stroma se montre Vovule. S'avançant lou-
eurs de plus en plus vers la surface , l'o-
vule brise bientôt la vésicule de Graaf, et
perce les tuniques de l'ovaire pour tomber
dans l'oviducte. La rupture d'un follicule
de Graaf est suivie ou même précédée quel-
que peu de la formation d'une masse glan-
duleuse qui procède de la face interne du
follicule, et qu'on nomme corps jaune. En
quittant la vésicule de Graaf, l'ovule en-
traîne avec lui une petite portion de la mem-
brane granuleuse qui lui était intimement
unie, et qui forme alors le disque proligère.
A cette époque l'ovule se compose d'une tu-
nique d'enveloppe, la zone transparente,
lontenant la masse du jaune ou vitellus;
celui-ci renferme une petite vésicule déli-
cate, la vésicule germinative ou de Pur-
Icinjc, sur la paroi de laquelle se montre
une tache obscure, arrondie, la tache ger-
minative ou de Wagner. Plus tard , et pro-
bablement après la fécondation , la vésicule
germinative disparaît , le jaune se seg-
mente, et alors commencent les phéno-
mènes du développement , que nous avons
présentés en commençant l'étude de l'em-
bryon des Mammifères. On ne sait pas plus
quelle est la partie du follicule de Graaf
qui se forme la première, que l'on ne sait
quelle est la partie de l'ovaire qui apparaît
d'abord.
Chez les Mammifères placentaires, l'o-
vaire est en général ovalaire ou arrondi,
et les follicules de Graaf sont comme en-
fouis dans son stroma, principalement chez
la Femme; mais chez les Civettes, les folli-
cules font une saillie considérable et bos-
suent sa surface ; et chez les Hérissons , l'in-
dépendance plus grande encore de ces fol-
licules donne à l'ovaire l'apparence d'une
grappe. Nous verrons que cette apparence
devient plus complète chez les Aplacentaires.
Le produit des testicules est amené vers
l'extérieur parle canal déférent , dont nous
avons déjà indiqué le rapport avec l'épidi-
dyme; le produit des ovaires a pour conduit
excréteur, la trompe ou oviducle. Des opi-
nions diverses ont été émises sur l'origine de
ces organes. Suivant divers observateurs , le
conduit déférent et la trompe résulteraient
d'une transformation du canal excréteur des
corps deWolff, dont la communication avee
la glande testiculaire ou ovarienne s'établi-
rait ensuite. Suivant Bischoff , un épaissis-
sement qu'on remarque de bonne heure le
long du canal du corps de Wolff, serait
l'indice du conduit déférent chez le mâle,
de la trompe chez la femelle. Cet épaissis-
sement ou cordon deviendrait bientôt un
canal qui s'ouvrirait à son extrémité supé-
rieure, celle par laquelle il regarde la glande;
cette ouverture persisterait chez la femelle,
de sorte que la trompe serait indépendante
de l'ovaire chez l'embryon comme elle l'est
chez l'adulte; au contraire, cette ouverture
s'oblitérerait chez le mâle et se convertirait
en épididyme.
A leur sommet, les trompes de Fallope ,
trompes utérines ou oviductes s'évasent vers
la glande ovarienne, et présentent mille
découpures et replis qui composent le corps
frangé; la partie évasée elle-même porte le
nom de pavillon. Chez la plupart des Mam-
mifères, et chez la Femme, le pavillon est
éloigné de l'ovaire , et la chute des œufs en
dehors de ce réceptacle explique certaines
grossesses extra-utérines. Chez les Carnivo-
res , les Phoques , les Chauves-Souris , le pa-
villon embrasse étroitement l'ovaire comme
dans une poche.
Quelle que soit la manière dont se dé-
veloppent les canaux déférents et les ovi-
ductes, il paraît certain qu'ils ont d'abord
chacun leur embouchure dans l'allantoïde.
Or, nous avons vu plus haut que la portion
de l'allantoïde enfermée dans le corps de
l'embryon par la clôture des lames viscé-
rales produit la vessie, et que l'allantoïde
est en communication avec l'intestin ; on a
donc pu dire, au point de vue physiolo-
gique bien mieux qu'au point de vue ana-
tomique , que les Mammifères ont dans
l'origine un cloaque semblable à celui que
possèdent le plus grand nombre des Verté-
brés. Bientôt la vessie se sépare de l'intestin,
MAM
MAI\1
7C9
qui prend un oriGce particulier , Yanus , au-
devant duquel les organes génitaux et uri-
naires ont une issue commune, le sinus
uro-génital. Chez le mâle, cette issue de-
meure toujours commune, et s'allonge en
un canal qui forme, le col de la vessie et le
commencement de l'urètre. Chez la femelle
il s'opère une séparation qui ne s'étend pas
jusqu'à l'extérieur, mais distingue profon-
dément l'ouverture du vagin de celle de
l'urètre, toutes deux débouchant dans la
portion antérieure du sinus uro-génital,
convertie ainsi en vestibule ou vulve.
A la partie inférieure des canaux défé-
rents se développent les vésicules séminales
ou spermatiques , destinées à tenir en réserve
la semence distillée par les testicules, et aussi
à sécréter un liquide qui doit délayer cettese-
mence, désagréger les faisceaux encore com-
pactes de spermatozoïdes. Le plus souvent
ces vésicules débouchent sur le canal défé-
rent, avant que celui-ci ouvre dans l'urètre ;
quelquefois elles débouchent directement
dans l'urètre. Tantôt ces vésicules ne cons-
tituent que de simples poches, de simples
cavités , comme chez le Lièvre et quelques
Rongeurs ; tantôt elles sont formées par des
canaux de dimension considérable, se divi-
sant en plusieurs branches qui se réunis-
sent sous forme de vessies ovoïdes , après
s'être repliées plusieurs fois sur elles-mêmes,
comme chez l'Homme; tantôt elles con-
sistent en tubes très ramifiés , comme chez
les Singes; tantôt enfin, ce sont des masses
énormes, subdivisées en quatre ou cinq lobes
qui sont formés par un canal rameux , replié
mille et mille fois sur lui-même, comme
chez le Hérisson. Les vésicules séminales
existent, en général, sous des formes di-
verses , chez les Quadrumanes , les Chéi-
roptères, les Taupes, les Rongeurs, les Pa-
chydermes , les Solipèdes, les Lamantins,
les Insectivores; elles paraissent manquer
chez les Ruminants, les Carnivores, les
Phoques, les Cétacés. Du moins on n'a pas
toujours donné le même nom aux glandes
qui se rencontrent chez tous ces animaux ;
et celles que nous venons d'appeler vési-
cules séminales chez le Hérisson , ont été
rangées par quelques auteurs au nombre
des vésicules accessoires.
On voit souvent, en effet, d'autres or-
ganes glandulaires formés par des tubes
ramifiés , déboucher dans l'urètre , à la ma-
nière des canaux déférents; on les a distin-
gués sous le nom de vésicules accessoires,
bien qu'on en puisse composer une catégo-
rie particulière des glandes prostates tubu-
leuses, puisqu'elles semblent remplacer phy-
siologiquement les véritables prostates ou
prostates celluleuses. Celles-ci sont, en gé-
néral, appliquées sur le col de la vessie, à
l'extrémité postérieure du canal de l'urètre,
avec lequel elles communiquent par plu-
sieurs orifices. Chez l'Homme et la plupart
des Mammifères, la prostate est simple;
quelquefois, comme chez les Ruminants , il
existe deux prostates. Cette glande est une
poche celluleuse chez l'Éléphant; elle a la
structure tubulaire chez le Cochon d'Inde.
Cette dernière structure est une sorte de tran-
sition qui peut établir la fusion anatomique
des vésicules accessoires et des prostates ,
comme le rôle de ces deux espèces de glandes
semble indiquer leur analogie physiologique.
Il existe encore quelquefois deux petites
glandes débouchant dans l'urètre, vers l'o-
rigine du bulbe de ce canal , et fournissant
un liquide qui se mêle au sperme, mais
dont la fonction est peu connue. Ces glan-
des, dites glandes de Cowper , peuvent
coexister avec celles que nous venons de dé-
crire chez l'Homme , les Quadrumanes , les
Chéiroptères, les Insectivores, les Rongeurs,
les Pachydermes, etc.; elles existent seules
chez les Marsupiaux , chez lesquels elles
remplacent physiologiquement les vésicules
séminales et autres.
Au point où les canaux déférents , et en
général les canaux excréteurs des glandes
séminales, accessoires et prostatiques, s'ou-
vrent dans le canal de l'urètre, se trouve un
renflement m. ?li longitudinal de la mem-
brane interne, appelé verumontanum ; il ren-
ferme quelquefois «sd profond cul-de-sac ,
comme chez TÉléphoSS. Toutes les glandes
que nous venons de décret, paraissent déri-
ver d'épaississements blasteai*«.'0ues des ca-
naux déférents.
Dans la femelle, la portion inférieure de
chaque trompe se renfle, chez l'embryon, en
une cavité qui devient la matrice ou utérus,
forte de chambre d'incubation qui tend à
s'individualiser et à se centraliser de plus
en plus. Ainsi, par la nature même du
mode de formation des oviductes ou trom-
710
MAM
pes , la matrice est primitivement double,
et c'est ce que nous retrouvons à l'état
adulte chez les Lièvres ; un commencement
de fusion a lieu ensuite entre les deux uté-
rus, et c'est ce qui s'observe dans le Paca ,
le Cochon d'Inde , chez lesquels un simple
anneau réunit inférieurement les deux or-
ganes qui restent distincts dans toute leur
hauteur; par un progrès du développe-
ment, les deux matrices se conjuguent et se
confondent complètement dans leur partie
inférieure seulement, comme on le voit
chez les Carnivores , la plupart des Ron-
geurs , les Pachydermes, les Ruminants, les
Solipèdes , les Cétacés , et on distingue alors
un corps et des cornes de l'utérus. Par suite
d'une fusion plus intime, ces cornes devien-
nent encore moins distinctes du corps de l'u-
térus qui paraît simplement bilobé , comme
cela existe chez le Cheval , le Maki; enfin ,
ces deux utérus ne forment plus qu'une ca-
vité simple, au sommet de laquelle les cor-
nes ne sont représentées quepar des enfon^
céments angulaires, chez les Singes, le$
Édentés, les Tardigrades; les angles sont
encore plus effacés chez la Femme.
L'utérus est situé entre la vessie et le
rectum, et fixé dans cette position par les
ligaments antérieurs et postérieurs que four-
nit le péritoine; latéralement, il est attaché
aux côtés du bassin par les ligaments larges;
le ligament rond, formé de vaisseaux et d'un
tissu serré, s'attache en avant de la matrice,
traverse l'anneau sus-pubien, et se perd au-
delà.
L'extrémité inférieure de l'utérus ouvre
dans un tube extensible résultant de la di-
latation de la partie inférieure de la trompe
primitive et du sinus uro-génital; ce tube
estleva^m. Sa cavité est toujours simple;
mais il existe une trace de sa duplicité pri-
mitive, ou plutôt de la structure double qui
est générale parmi les animaux que nous
étudions; cette trace se trouve dans une
petite cloison semi-lunaire, incomplète, qui
divise la portion inférieure en deux parties
et la sépare de la vulve. On donne à cette
membrane le nom d'hymen; elle disparaît
quand la femelle a été fécondée. La partie
supérieure du vagin ne se continue pas en
général d'une manière directe avec l'utérus ;
au point d'union, l'utérus se rétrécit, forme
un col qu'embrnsse le vagin, et se continue
MAM
dans la cavité de celui-ci par une saillie qu'on
nomme museau de tanche. Cette saillie est
très effacée chez le Porc-Épic ; elle manque
chez les Édentés, les tardigrades.
Après l'apparition des parties génitales
internes, les parties externes commencent
leur développement. Avant que le cloaque
ait été séparé de l'orifice uro-génital, on voit
s'élever, au-devant de cette cavité, un petit
bourrelet qui devient bientôt plus saillant,
se creuse en gouttière à sa face inférieure, et
indique le pénis ou verge chez le mâle, le
clitoris chez la femelle. A l'extrémité de l'un
et de l'autre de ces organes se produit un
renflement en bouton , le gland. Bientôt, par
la formation du périnée , l'orifice anal se
distingue de l'orifice urétro-sexuel, et celui-
ci ne tarde pas à être limité par deux plis
de la peau. A ce moment l'embryon , quel
que doive être son sexe, présente tous les
caractères du sexe féminin ; mais les déve-
loppements ultérieurs viennent bientôt dis-
tinguer le mâle et la femelle. Les bords ou
sillon qui marche le long du pénis se ferment
et constituent ainsi Vurètrc; tandis que, chez
la femelle, les bords du sillon inférieur du
clitoris s'écartent et constituent les petites
lèvres. Les replis cutanés qui bordent l'ori-
fice uro-génital se rapprochent chez le mâle
et se soudent sur la ligne médiane pour for-
mer le scrotum , sur lequel une ligne sail-
lante, le raphé, indique la division primi-
tive. Les mêmes replis cutanés deviennent
les grandes lèvres chez la femelle. Le gland,
qui reste d'abord imperforé , prend ensuite
un orifice pour l'urètre, et se recouvre du
prépuce, dont on retrouve aussi l'analogue,
sur le clitoris ; il s'entoure encore de glandes
sébacées , qui sont quelquefois aussi déve-
loppées chez la femelle que chez le mâle.
Plus la vie embryonnaire avance, plus le cli-
toris s'efface; plus, au contraire, le pénis
devient apparent. Chez la femelle, la divi-
sion primordiale persiste; chez le mâle, au
contraire , elle disparaît.
Dans le parallèle que nous venons de sui-
vre entre les organes mâles et les organes
femelles en voie de développement, nous
retrouvons cette tendance de la nature que
nous avons signalée, et qui consiste à em-
ployer de préférence des matériaux sembla-
bles et des procédés identiques pour obtenir
enfin des résultats anatomiques ou physiolo-
MAM
giques différents. Cette correspondance des
deux appareils se manifeste encore dans les
artères , les veines, les nerfs , qui sont les
mômes , et dont la distribution est généra-
lement analogue.
Le tissu principal de la verge est fibreux,
épais, capable d'acquérir une grande rigidité,
et a été nommé tissu érectile; il naît des bran-
ches de l'ischion par deux colonnes qui se
conjuguent sur la ligne médiane pour former
le corps de la verge ou le corps caverneux,
dont ces deux colonnes sont appelées les ra-
cines. La même disposition se retrouve dans
le clitoris. Chez quelques Mammifères , l'A-
gouti, le Paca, le canal de l'urètre s'ouvre
sur la base du clitoris; chez quelques autres,
les Makis, les Loris, ce canal se prolonge
sur le dos du clitoris et a son oriflce près de
la pointe de cet organe, de sorte que la fe-
melle possède presque un pénis. C'est chez
les Singes que le clitoris atteint le plus grand
développement, et sa ressemblance avec un
pénis a pu quelquefois faire prendre les fe-
melles pour des mâles. Les Carnassiers et les
Rongeurs ont aussi un clitoris très développé.
On trouve dans le corps caverneux d'un cer-
tain nombre de Mammifères un os pénial
qui s'étend même quelquefois jusque dans
le gland , et qui se présente ordinairement
aussi dans le clitoris de la femelle. Les Qua-
drumanes possèdent cet os, aussi bien que
les Chéiroptères, les Rongeurs, les Phoques,
les Baleines, les Carnivores excepté l'Hyène.
Quant à la position du pénis , elle varie
beaucoup et paraît être en rapport avec le
mode d'accouplement propre aux différents
animaux. Tantôt il se dirige directement en
avant et reste libre en dehors du corps, comme
onlevoitchezl'Homme, lesQuadrumanes,les
Chéiroptères; tantôt il s'avance jusqu'auprès
de l'ombilic , retenu dans une extension de
la peau en forme de fourreau , comme c'est
le cas pour les Carnassiers, les Amphibiens,
les Pachydermes , les Solipèdes , les Rumi-
nants; tantôt encore il s'avance jusqu'à la
partie antérieure du pubis, puis se replie
sur lui-même et se rapproche de l'anus , au-
près duquel se trouve alors situé l'orifice du
prépuce : c'est la disposition que nous of-
frent le Cochon d'Inde, l'Agouti; tantôt
aussi il se porte de suite en arrière jusqu'au-
près de l'anus, comme on l'observe dans les
Lièvres et beaucoup d'autres Rongeurs.
MAM
711
Le gland constitue le plus généralement
un corps gros et vasculaire, de forme ovale,
et placé obliquement par rapport au pénis,
comme chez l'Homme ; il forme un bourre-
let en champignon, chez les Sapajous ; il est
pointu, allongé, grêle, et le corps caverneux
se prolonge jusqu'à son extrémité, comme
chez la Taupe, le Lagomys, le Marsouin; il
est conique, pointu et soutenu par l'os pénial
qui fait saillie à sa pointe, comme dans le
Chat; il est en grande partie formé par l'os
pénial, comme chez l'Ours, le Phoque, le
Blaireau, les Martres; il est enfin tout entier
constituépar cet os, comme chez la Marmotte,
les Loirs. La surface du gland présente,
comme sa forme, un grand nombre de mo-
difications : elle est unie dans la plupart des
cas; elle est couverte de poils fins, chez le
Hamster ; de poils rudes, chez les Galéopi-
thèques ; de petites aspérités , chez le Des-
man de Russie; de papilles dures, chez le
Castor; d'écaillés, chez le Cochon d'Inde;
de scies cartilagineuses, chez l'Agouti; de
fortes épines cornées, chez le Mococo, le
Chat. Le gland est muni latéralement d'ap-
pendices cartilagineux qui font saillie en
forme d'aileron , chez le Rat; il possède de
fortes cornes retirées dans une poche, pen-
dant l'état de repos, et qui peuvent se dé-
rouler, chez le Cochon d'Ind?.
Les appareils mâle et femelle étant consti-
tués comme nous venons de le dire, ne sont
aptes à remplir leurs fonctions que s'ils se
trouvent dans des conditions déterminées
d'âge et d'excitation, dont nous examinerons
l'influence aux mots puberté, rut, sperme.
Nous renvoyons à l'article mamelle pour la
description de ces organes caractéristiques ,
dont nous compléterons l'histoire en étu-
diant les Marsupiaux (voy. ce mot). C'est
dans des articles spéciaux qu'il faut chercher
des détails sur le croisement des races (voy.
métis, mulet) , sur l'influence de l'état do-
mestique et la prédisposition à la domesti-
cité {voy. sociabilité ). Nous devons ajouter
ici quelques lignes sur les phénomènes qui ont
rapport à l'accouplement et à la gestation.
Chez les Mammifères l'accouplement est
simple {voy. accouplement), et ne féconde
qu'une seule portée; il cesse en général
après l'émission de la semence , mais chez
les Chiens il subsiste encore après I'éjacula-
tion. Parmi les animaux sauvages . il n'a
712
MAM
lieu généralement qu'une fois l'année , à
une époque fixe : en hiver, pour les Loups;
en automne, pour les Cerfs; au printemps
et en été pour le plus grand nombre. Les
animaux réduits en domesticité acquièrent
la faculté de s'accoupler en toute saison.
Certaines femelles de Mammifères , comme
la Jument , l'Anesse , la Vache , refusent le
mâle quand elles ont été fécondées; d'au-
tres, comme les Chiennes, le souffrent pen-
dant tout le temps que dure le rut. Ces der-
niers animaux reçoivent aussi indistincte-
ment tous les mâles pendant leur chaleur;
mais il est des Mammifères, surtout les Car-
nassiers, qui s'unissent par couple pour tout
le temps que dure l'éducation des petits; il
en est même, comme les Chevreuils, qui ne
se quittent point pendant toute la vie. Une
seule femelle suffit en général à un mâle ; mais
quelques Mammifères, comme les Phoques,
ont un nombreux sérail qui les accompagne,
et qu'ils entretiennent et défendent. On sait
quels combats se livrent les Taureaux , les
Cerfs, les Chevaux, les Phoques, pour s'as-
surer la possession de leur femelle. En gé-
néral , l'accouplement est accompagné de
vives jouissances; mais il semble qu'il n'en
peut être de même pour les femelles dont le
mâle porte un gland hérissé d'épines ou
d'aspérités, comme on en trouve chez le
Chat, l'Agouti. Les hésitations de la fe-
melle indiquent ses appréhensions; ses cris
perçants témoignent des douleurs qu'elle
éprouve : elle cède plutôt au besoin qu'à
l'attrait du plaisir. Dans le plus grand nom-
bre de Mammifères , la femelle, debout ou
accroupie, reçoit le mâle sur son dos, et il
n'en est pas autrement pour le Hérisson et
le Porc-Épic.
Quand l'œuf, après avoir rompu la véhi-
cule de Graaf , a traversé la trompe et ar*
rive dans l'utérus, celui-ci ne prend pas
part , en général , ou du moins ne prend
qu'une part assez faible au travail de déve-
loppement qui s'accomplit avec si grande
activité dans l'œuf pour la formation de l'em-
bryon. Mais chez la Femme et peut-être chez
le Singe, il se fait dans la matrice un tra-
vail préparatoire très considérable; une es-
.' pèce de nid se forme, destiné à recevoir
l'œuf à son arrivée. Ainsi, préalablement
à la présence de l'œuf, on trouve dans l'uté-
rus une matière tomenteuse, molle, assez
MAM
épaisse, qui en revêt les parois internes.
Cette couche, décrite par Hunter, a été
nommée par lui membrane caduque ; elle se
perce ou reste continue avec elle-même au-
devant des orifices des trompes, et doit être
expulsée par l'accouchement; le col de l'uté-
rus n'est pas fermé par la caduque , et n'est
rempli que par un bouchon muqueux. Un
liquide est contenu dans la cavité de cette
membrane, etquand l'œuf débouchedans l'u-
térus, il rencontre nécessairement la caduque
qui , étant extensible , fuit en quelque sorte
sous la pression de l'œuf, et se décolle de
l'utérus pour obéir à cette pression. La ca-
duque devient ainsi double; le feuillet ren-
versé vers la cavité de la caduque est nomme
caduque réfléchie ; le feuillet qui reste ad-
hérent à l'utérus forme la caduque vraie.
Plus tard , ces deux feuillets se soudent,
sont confondus en une seule membrane
épaissie, et le vide qui s'est formé par la
retraite de la caduque fuyant devant l'œuf,
est rempli par une membrane analogue qui
fait corps avec elle , et qu'on appelle caduque
secondaire.
Dans cette théorie, qui est celle de Hunter,
la caduque serait une fausse membrane
sécrétée par l'utérus, et entièrement sem-
blable aux autres fausses membranes qui se
forment dans toute autre partie de l'orga-
nisation. Mais cette théorie de Hunter est
contredite par l'observation qu'on a faite de
canaux communiquant de la caduque à la
face interne de l'utérus et établissant un
rapport vital très intime. De sorte que la
caduque ne serait pas une fausse membrane,
mais un développement de la face interne
de l'utérus, un épaississement de l'utérus.
Pendant la grossesse, en effet, la structure
de l'utérus et son travail se compliquent
beaucoup; des rapports nombreux se mul-
tiplient entre lui et l'œuf; la masse vite! -
Une, insuffisante pour nourrir ce dernier,
est remplacée dans ce but par l'utérus et
les appendices vésiculaires dont nous avons
expliqué le rôle dans la constitution du pla-
centa.
Nous avons vu que la surface de l'œuf,
d'abord lisse, se couvre ensuite de villosi-
tés peu nombreuses et peu saillantes, qui
augmentent par la suite en nombre et en
développement. Bientôt elles adhèrent à l'u«
térus quand l'animal n'a pas de caduque,
V3I
ou à la caduque si l'animal en possède une ,
et l'embryon reçoit la nourriture de la mère.
Quant à la manière dont s'opère la com-
munication entre le système vasculaire de
la mère etlesystèmevasculairede l'embryon,
on sait aujourd'hui qu'il n'y a pas échange
direct de matériaux entre eux; que les ar-
tères utérines se continuent avec les veines
eu formant des espèces de sinus sanguins
et non pas un réseau capillaire; que les vais-
teaui des villosités du chorion pénètrent
dans ces sinus, en recevant une petite gaîne
de la paroi délicate des veines. Ce n'est que
par extravasation que l'injection passe du
fa:ius à la mère ou réciproquement; et si les
notions que nous possédons sur l'absorption
nous permettent de comprendre la trans-
mission du sang sans ouverture béante, des
faits physiologiques démontrent suffisam-
ment la non-communication directe. Ainsi
le rhythme des battements du cœur est très
différent chez la mère et le fœtus; chez ce
dernier, les globules sanguins sont aussi
plus volumineux; et l'on a vu la circulation
placentaire continuer chez un fœtus sorti du
sein de la mère , sans qu'il s'échappât une
goutte de sang au dehors.
Pendant que l'embryon se constitue dans
l'œuf à l'aide des aliments fournis par le pla-
centa, l'utérus lui-même présente des modi-
fications particulières dans sa constitution.
Après la fécondation, les phénomènes d'ac-
tivité périodique , comme la menstruation ,
<e«sent. En raison de la présence de l'œuf
dans l'utérus et des masses liquides qui en
remplissent la cavité, l'utérus acquiert une
plus grande capacité, et cette augmentation
de capacité ne se fait pas aux dépens de l'é-
paisseur de ses parois , comme on pourrait
le croire en comparant ce phénomène à ceux
de la dilatation ; elle est produite par un excès
de nutrition, et ies parois elles-mêmes pren-
nent plus d'épaisseur. Outre cette augmenta-
tion dans son épaisseur, ses vaisseaux sanguins
prennent aussi un grand développement,
forment une foule de sinuosités. Les nerfs
même de l'utérus acquièrent plus de puis-
sance, et il se forme des fibres musculaires vo-
lumineuses, dont il existe à peine trace dans
l'utérus à l'état ordinaire. Ces fibres jouent
un grand rôle dans l'expulsion du fœtus.
La durée de la gestation, fixe pour chaque
espèce, est très variable si l'on compare
T. Vil.
MAM
713
les espèces entre elles. Cette durée n'est ce-
pendant pas ou ne paraît pas être d'une
fixité rigoureuse, et il se fait souvent quel-
que retard ou quelque avance de peu de
jours. Ces différences , constatées par plu-
sieurs observateurs sur différents animaux,
tiennent peut-être à ce que l'on compte le
temps de la gestation depuis le coït , et que
l'on considère ce moment comme celui de la
fécondation. Or, nous savons aujourd'hui
que la fécondation a lieu au moment où
l'œuf rencontre le sperme; il est donc fa-
cile de comprendre que l'époque où com-
mence le travail de reproduction ne coïn-
cide pas nécessairement avec celle du coït;
qu'elle la suit de plus ou moins près, se-
lon que le sperme rencontre l'ovule en un
point plus ou moins éloigné de l'ovaire; et
qu'il peut arriver que l'œuf n'étant pas mûr,
ne soit fécondé que lorsqu'il tombe dans le
réservoir sperrnatique déposé par le coït. Les
variations de la gestation peuvent donc te-
nir à l'une de ces circonstances cachées, et la
durée de la gestation être néanmoins fixe.
Pour l'Éléphant , la gestation dure 2 ans ;
pour le Chameau, 1 an; pour le Cheval,
l'Ane, le Zèbre, 11 mois; pour le Bœuf,
9 mois 1/2 ; pour les Cerfs, 8 mois et quel-
ques jours; pour les Moutons, les Chè-
vres, 5 mois ; pour les Cochons, 4 mois ; pour
le Loup, 3 mois 1/2; pour le Chien, 9 se-
maines; pour le Chat, 8 semaines; pour
le Furet, 6 semaines; pour le Lièvre, la
Souris , 4 semaines ; pour le Cochon d'Inde ,
3 semaines. 11 n'y a pas de coïncidence ri-
goureuse entre la taille que doit avoir l'ani-
mal parfait et la durée de sa gestation ; il y
a plutôt coïncidence entre cette durée et la
plus ou moins grande rapidité avec laquelle
le jeune achève son développement.
L'expulsion du fœtus s'effectue à l'aide
des contractions des fibres musculaires que
nous avons vues se développer dans l'uté-
rus. Ces contractions se succèdent en laissant
entre elles des intervalles de repos , et aug-
mentent d'intensité à mesure que la parturi-
tion avance. Ces contractions appartiennentà
la catégorie des mouvements involontaires;
aussi est-il arrivé quelquefois que des accou-
chements ont eu lieu après la mort de la mère.
Les contractions des fibres musculaires
de l'utérus amènent des contractions sym-
pathiques des muscles de l'abdomen, qui,
90
u
MAM
agissant sur les viscères de celte cavité, les
pressent contre l'utérus et déterminent ainsi
un effort expulsif qui se communique àl'œuf.
La pression que l'œuf supporte alors est
considérable, et explique la nécessité du li-
quide amniotique; en effet, la pression
exercée sur un liquide se répartit également;
tandis qu'elle est inégale , et détermine par
conséquent des résultats fâcheux, si elle se
fait sur des parties solides. Des difficul-
tés dépendant de conditions diverses peu-
vent encore augmenter la pression , en exi-
geant des efforts plus considérables. Ainsi,
chez les animaux qui ont une position verti-
cale, il faut que l'œuf soit plus solidement
attaché, puisqu'en raison de cette position ,
la pesanteur pourrait déterminer un avortc-
ment. Chez les animaux qui ont une posi-
tion horizontale, le même danger n'est pas
à redouter : le poids du fœtus distend l'ab-
domen, mais il n'est pas à craindre qu'il
amène l'avortement. La parturition sera
donc plus laborieuse chez les premiers que
chez les seconds.
Aces conditions particulières, s'ajoutent
encore les obstacles qu'opposent les par-
ties que le fœtus doit franchir lors de son
expulsion , le ecl de l'utérus, le vagin , les
os du bassin. Les liquides de l'œuf contri-
buent à faciliter ce passage en adoucissant
le frottement, et en faisant coin quand le
fœtus arrive aux parties les plus étroites.
La partie la plus volumineuse du fœtus est
la tête ; et c'est par la tête qu'il est expulsé.
Or, ifr doit franchir le détroit des os pel-
viens, détroit si juste et quelquefois si res-
serré, comme nous l'avons vu en parlant
plus haut de la constitution du bassin.
La grande longueur du cordon ombilical
et les différences dans cette longueur tien-
nent aux difficultés du part et aux accidents
plus ou moins imminents qui pourraient en
résulter. En effet, la circulation placentaire
tient lieu du travail de respiration qui doit
s'établir après la parturition : or , quand
l'accouchement est long, dès que le fœtus
est arrivé au passage difficile du bassin , il
tirerait sur son cordon s'il était trop court,
le briserais peut-être, et pourrait être as-
phyxié, étant privé delà respiration pla-
centaire , et ne pouvant encore accomplir la
respiration aérienne.
Après l'expulsion du fœtus, celle du pla-
MAM
centa a lieu; elle est déterminée par une
série de contractions spéciales. On nomme
secondines ces appendices organiques qui sui-
vent la naissance du jeune. Par un instinct
bien remarquable, les mères dévorent ces
secondines; en effet, ces matières devant se
séparer du fœtus , la séparation pourrait
être dangereuse, si elle se faisait par putré-
faction. La mère, en dévorant le placenta,
débarrasse le fœtus de ces appendices in-
commodes et inutiles, et agit à la manière
de l'instrument qui tranche le cordon dans
les mains de l'accoucheur. Par une aberra-
tion de cet instinct, surtout chez les animaux
en domesticité, chez qui la faculté de la
nutrition est exaltée, la mère quelquefois
ne s'arrête pas à ces parties inutiles , et dé-
vore même le jeune.
L'état dans lequel naît le jeune diffère
suivant les animaux, et il y a corrélation
entre le degré de ce développement et la fa-
culté qu'a l'animal de produire de la chaleur.
En général, les Herbivores , les Ruminants,
sont assez forts; les Carnassiers sont faibles,
quelques uns aveugles. Tous ont besoin de
recevoir une nourriture de leur mère , et la
nature a fourni à celle-ci un appareil mam-
maire dont l'existence est une conséquence
même de l'état dans lequel naît le jeune.
Appareil urinaire.
Nous avons vu précédemment que Ic>
reins ne résultent pas d'une métamorphose
des corps deWolff, et qu'ils se forment der-
rière ces corps auxquels ils adhèrent d'abord
intimement. Primitivement ils sont tout-à-
fait cachés par les faux reins; puis ils s'é-
lèvent peu à peu de manière à faire saillie
au-dessus de ces derniers organes, qui se
trouvent enfin à leur bord inférieur et ex-
terne. Quand ils ont pris leur position dé-
finitive, ils sont placés dans l'abdomen , de
chaque côté de la colonne vertébrale, entre
les muscles de la région lombaire du dos et
la poitrine; ils sont le plus ordinairement
entourés de graisse, et de couleur rouge
brun. La forme des reins est d'abord ovale,
et leur surface est lisse; mais par suite do
leur développement intérieur, et probable-
ment en raison du volume plus considérable
qu'ils acquièrent, ils sont divisés par des sil-
lons qui deviennent de plus en plus pro-
fonds, et qui partagent la glande en plu-.
IMAÎM
MAM
715
sieurs lobes. Ainsi chez l'Homme, on compte
successivement de 9 à 15 lobules qu'on voit
encore à la naissance , et qui s'effacent à
l'âge adulte. Chez les Chats , les traces de
division primitive consistent en quelques bos-
selures; mais chez le Bœuf, l'Éléphant, les
lobes sont bien séparés , au nombre de 26 à
30 chez le premier, de 4 chez le second ; et
les lobules sont si nombreux chez les Ours ,
les Loutres , les Amphibiens , les Cétacés ,
que lo rein prend la forme d'une grappe,
qui serait composée d'une dizaine de grains
dans le Loutre; de 45 à 56 grains dans
l'Ours; de 120 à 140 chez le Phoque; de
plus de 200 dans le Marsouin, le Dauphin.
Du blastème primitif qui représente les
reins, se développent de petits renflements
claviformes terminés en cul-dc-sac, et tour-
nant leur fond vers la périphérie de l'or-
gane; le nombre de ces corps augmente ra-
pidement; ils se juxtaposent, et, en raison
de leur forme , forcent le rein à se courber
sur lui-même par son bord externe qui s'al-
longe plus que l'interne. De là résulte la
forme en haricot que présentent les reins
dans la plupart des Mammifères , et chez
l'Homme. Chez le Chat, le Coati, les Tatous,
ils restent à peu près globuleux ; ils s'allon-
gent extrêmement chez le Paca , le Cochon ,
lePorc-Épic; ils deviennent presque cylin-
driques chez le Lama; courts et triangulaires
chez le Cheval.
Tous les petits cœcums qui composent
primitivement le rein ne sont autre chose
que les canalicules urinifères , qui se grou-
pent en pinceaux, et forment ainsi un nom-
bre plus ou moinsconsidérablc de mamelons
coniques, dont les sommets convergent vers
le hile du rein. A la périphérie, ces canali-
cules se pelotonnent en tous sens sur eux-
mêmes, et constituent de la sorte ce qu'on
appelle la substance corticale; mais en s'ap-
prochant du hile ils demeurent droits, pla-
cés les uns à côté des autres dans chaque
mamelon, et forment ainsi la substance tu-
buleuse ou médullaire. Chez l'Éléphant les
limites entre ces deux substances ne sont pas
tranchées , ainsi que nous venons de le dire
et comme cela se rencontre dans le plus
grand nombre de Mammifères. Au-devant
des mamelons coniques que nous venons de
décrire, se présente le sommet du canal de
Y uretère, destiné à conduire dans la vessie
la sécrétion des glandes rénales. Ce conduit
se renfle à sa partie supérieure, et se partage
en quelques branches larges et courtes qui
s'écartent en rayonnant, pour s'aboucher
avec le sommet des mamelons urinifères ;
chacune de ces branches forme ainsi un ca-
nal excréteur comme à tous les canalicules
d'un même mamelon, et constitue un calice.
La réunion de tous les calices à l'entrée de
l'uretère a lieu dans une sorte de poche nom-
mée bassinet, qui n'existe pas en général
chez les Mammifères à reins multilobés. Chez
ces derniers animaux, il faut aussi observer
que l'artère rénale ne pénètre pas tout en-
tière dans le sinus du rein , mais commu-
nique directement par plusieurs branches
avec chaque lobe.
On ne sait pas si les uretères sont d'abord
isolés du blastème des reins ou s'ils com-
muniquent primitivement avec ces organes.
Ils débouchent à droite et à gauche dans la
vessie, dont ils percent le bas-fond oblique-
ment. Nous savons déjà que la vessie n'est
qu'une portion de l'allantoïde , et qu'elle se
continue inférieurement par le canal de Yu-
rètre, dont nous avons indiqué les rapports
avec les parties terminales des conduits ex-
créteurs des testicules et des ovaires. Nous
savons aussi que ce canal se trouve à la par-
tie inférieure du pénis chez les mâles, et
qu'il traverse même quelquefois le clitoris
chez les femelles.
DES MUSCLES ; DE LA PEAU ET DES PARTIES ANNEXES.
FORME GÉNÉRALE DES MAMMIFÈRES.
Pour compléter l'étude des divers appa-
reils qui composent l'organisation des Mam-
mifères, il nous resterait à parler des mus-
cles et des téguments; mais l'histoire du
développement de ces parties roule tout en-
tière sur l'histogénie, dont nous ne pouvons
ici suivre le travail, et des articles spéciaux
sont en outre destinés, dans cet ouvrage, à
faire connaître les particularités que le sys-
tème musculaire et le système dermique, ave<
leurs appendices r présentent dans le régna
animal au point de vue anatomique et au
point de vue physiologique. Nous n'anticipe-
rons donc pas sur les articles qui doivent trai-
ter de ce sujet, et nous ne répéterons pas ce
qui peut déjà en avoir été dit. Voy. graisse,
IRRITABILITÉ, LOCOMOTION, MOUVEMENT, MUSCLE,
ONGLE, PEAU, POIL, SUEUR, CtC.
16
3VIAM
MAI\I
II est inutile de comparer ici les diverses
espècesdeMammifèresarrivésàl'étatadulte,
pour faire apprécier les différences qu'elles
présentent dans la taille •* aans la propor-
tion du corps. JJ "uiflt de citer les Musarai-
gnes, dont la taille surpasse à peine celle des
Oiseaux Mouches, et la Baleine qui est le plus
grand des animaux vivants dans nos mers
actuelles, pour donner une idée des varia-
tions que présentent, pour le volume, les ani-
maux de la classe des Mammifères. En rap-
prochant les uns des autres, le Singe, la
Chauve-Souris, le Lièvre, le Lion, la Loutre,
le Phoque, le Cheval, l'Éléphant, la Girafe, la
Baleine, on peut aussi se faire une idée des
modifications sans nombre qu'a subies le plan
du type pour s'approprier à la station, au vol,
à la natation; pour constituer un grimpeur
ou un sauteur ; pour s'accommoder à toutes
les conditions physiologiques et biologiques.
Cependant, nous l'avons vu, toutes ces
différences si considérables s'effacent d'au-
tant plus que l'on remonte à une époque
plus rapprochée de la première formation
organique, et elles sont plutôt apparentes
que profondes. Jamais néanmoins l'empreinte
du type n'est assez effacée pour qu'on puisse,
sous aucun rapport, comparer les états transi-
toires des Mammifères aux états permanents
des Vertébrés inférieurs, et nous espérons
avoir fait voir que pour l'ensemble de chaque
appareil, comme pour chaqueorgane, le Mam-
mifère se constitue suivant un mode déter-
miné, pour arriver à prendre le cachet de
son type spécial. Nous répéterons donc pour
l'ensemble ce que nous avons dit pour les
détails : jamais l'embryon de Mammifère
ne réalise complètement l'état permanent
du Poisson. Il faudrait confondre les phases
diverses du développement, ne point te-
nir compte de l'harmonie de l'ensemble,
comparer des parties formées à des organes
qui n'existeraient que dans leur ébauche
histologique , et poser le tout sur une
silhouette de convention, pour arriver à trou-
ver que l'embryon humain représente, à
une époque quelconque de son existence ,
la forme parmanente, même extérieure, du
Poisson. L'Homme et les Mammifères n'en
subissent pas moins des métamorphoses
réelles, comme nous l'exposerons en compa-
rant le développement des divers types zoo-
logiques {voy. métamorphoses). Les métamor-
phoses sont, en effet, la conséquence d'une
loi générale pour les organismes en voie <!e
formation , et traduisent dans tout le règne
animal la phrase classique de Harvey, omnç
Animal ex ovo.
DÉFINITION DES MAMMIFÈRES PLACENTAIRES.
Un groupe d'animaux est suffisamment et
rigoureusement défini, si, à l'aide de quel-
ques mots, préalablement définis eux-mêmes
et expliqués, onindique les affinitésgénéralef
de ce groupe et les traits particuliers qui U
distinguent dans la création zoologique. Or,
pour atteindre ce but, il suffit de présenter
les caractères des types de degrés différents
dont le groupe a successivement pris les
empreintes, depuis le type primaire, le pins
général et par conséquent le plus compré-
hensif , jusqu'au type spécial auquel il s'est
arrêté dans sa marche. Nous pourrions donc,
pour résumer notre travail par la définition
des Mammifères Placentaires, les seuls que
nous ayons étudiés, nous contenter de dire
que ces animaux sont :
Vertébrés, parce qu'ils portent, dès le
début de leur existence, le cachet de ce type
qui réside dans l'existence de la gouttière
primitive, indice de l'axe rachidien et de ses
annexes; caractère commun aux Oiseaux, aux
Reptiles proprement dits, aux Batraciens et
aux Poissons ;
Allantoïdiens, parce qu'ils sont pour-
vus des deux organes appendiculaires, am-
nios etallantoïde; caractère qui les isole des
Batraciens et des Poissons, et qu'ils parta-
gent avec les Oiseaux et les Reptiles propre-
ment dits;
Mammifères, parce que la vésicule
ombilicale s'unit à la tunique de l'œuf pour
former le chorion, dont la surface se couvre
de villosités organiques à l'aide desquelles
s'établit une communication vasculairc de la
mère au fœtus; caractère que ne présen ten t ni
les Oiseaux , ni les Reptiles proprement dits ;
Placentaires, parce que les con-
nexions vasculairesétablies parles vaisseaux
vitellins, se complètent par le développe-
ment de vaisseaux allantoïdiens, et la forma-
tion d'un placenta, qui en est la consé-
quence ; caractère qui les dislingue des Mam-
mifères Aplacentaires. Voy. marsupiaux.
Cependant, pour ne pas nous en tenir à
cette détermination trop laconique, bien
A1AM
717
qu'elle contienne implicitement la caracté-
ristique complète des Placentaires et rende,
en quelque sorte, raison des divergences que
manifeste leur organisation quand on la
compare avec celle des autres animaux, nous
allons rappeler les particularités principales
que présente chacun de leurs grands appa-
reils, étudiés dans chacun des chapitres de
cet article dans Tordre où ils apparaissent
chez l'embryon.
Système nerveux : Encéphale très déve-
loppé ; un corps calleux, une voûte à trois
piliers, un pont de Varole; des lobes laté-
raux au cervelet. Sens complets.
Système osseux : Mâchoire supérieure
complètement immobile ; mâchoire infé-
rieure immédiatement articulée au crâne
par son condyle; point d'os carré. Dents
portées par les maxillaires seulement. Sept
vertèbres cervicales (excepté l'Ai, qui en a
neuf, et le Lamantin , qui en a six).
Système de la circulation : Une circulation
vitelline, puis une circulation allantoïdienne,
et enfin une circulation complète. Cœur à
quatre loges ; crosse aortique courbée à gau-
che. Sang chaud , à globules circulaires
(eicepté les Caméliens).
Système digestif : Viscères abdominaux
séparés de la cavité thoracique par le dia-
phragme , et n'exerçant aucune pression sur
les organes de la respiration.
Système de la respiration : Des poumons
libres dans le thorax, à cellules très nom-
breuses, recevant l'air par une trachée assez
longue; ramifications bronchiques se termi-
nant toutes dans le tissu du poumon et ne tra-
versant pas cet organe. Côtes et diaphragme
servant au mécanisme de la respiration.
Système de la reproduction : Une chambre
d'incubation ou matrice, dans laquelle le
fœtus contracte une liaison organique avec
sa mère; un placenta. Petits vivants; ma-
melles, allaitement.
Peau garnie de poils.
CLASSIFICATION DES MAMMIFÈRES.
Le plan que nous avons choisi pour ex-
poser l'organisation des Mammifères , et
l'application que nous avons successivement
faite des principaux phénomènes embryogé-
niques au groupement de ces animaux, in-
diquent assez quel est le principe qui nous
semble devoir guider le zoologiste dans l'ap-
préciation des affinités. A côté de ce prin-
cipe fondamental , nous avons pu çà et là
en formuler d'autres, comme résultats de
l'observation des faits qui nous étaient of-
ferts par le développement de l'organisa-
tion , ou comme conséquences de la discus-
sion de théories diverses à propos de ce*
mêmes faits. Nous ne chercherons donc pas
à justifier ici nos opinions , dont le fonde-
ment et la preuve se trouvent à chaque pas
dans l'étude que nous venons de faire sur
l'organisation des Mammifères ; nous les
coordonnerons seulement , et nous en pré-
senterons le résumé succinct, afin de nous
donner un point de départ et un moyen de
contrôle pour juger quelques unes des clas-
sifications principales que la mammalogie a
vues éclore jusqu'aujourd'hui.
Nous croyons que le germe d'un animal ,
lorsqu'il est capable de se développer, pos-
sède une énergie vitale particulière , une
nature de vie toute spéciale, s'il est permis
de s'exprimer ainsi; que cette vie lui a été
transmise par des parents telle qu'ils la pos-
sédaient eux-mêmes , de telle sorte que les
évolutions successives du jeune être ne sont
que la manifestation de plus en plus déter-
minée , de mieux en mieux accusée, de cette
force vitale qui lui est propre. Les germes
d'où se développent les animaux , affectas-
sent-ils tous la même forme au premier mo-
ment de leur formation , comme cela paraît
avoir lieu , qu'il ne serait pas permis de
dire que la cellule d'où se développera l'em-
bryon du Chien , par exemple, soit iden-
tique à celle qui donnera naissance au Pou-
let, à la Grenouille, au Mollusque, etc.
Chacune de ces cellules possède en elle un
principe spécial inaccessible à nos observa-
tions, mais dont la présence originelle est
bien démontrée par les différences fonda-
mentales qui se prononcent ensuite sou«
l'influence de conditions identiques. Or ces
différences se manifestent à des époques plus
ou moins avancées de la vie de l'embryon;
et il est clair qu'elles sont d'autant plus
profondes, c'est-à-dire qu'elles dérivent d'un
principe d'autant plus différent, qu'elles se
montrent plus tôt dans le germe. Il en ré-
sulte que deux ou plusieurs embryons , chez
lesquels les phénomènes génésiques , étu-
diés à leur début, suivront la même mar-
che, posséderont aussi un principe de dé-
7JS
MAM
MAM
veloppement, une vie zoologique semblable ;
que cette similitude sera d'autant plus com-
plète, que les parents étaient eux-mêmes
plus voisins; et qu'enfin cette similitude
arrivera à une parfaite identité, si les pa-
rents possédaient une existence identique.
Ce sont précisément ces degrés plus ou moins
élevés de ressemblance dans ce que nous
venons d'appeler la vie zoologique, dont le
principe se trouve dans la faculté reproduc-
trice des parents, et dont la mesure nous
est donnée par la durée plus ou moins pro-
longée d'un développement semblable; ce
sont ces degrés qui constituent les affinités
zoologiques. Ces affinités sont nulles quand
deux germes, dès le commencement même
de leur vie, n'offrent aucun trait de pa-
renté; elles sont le plus profondes possible,
quand deux germes, depuis leur origine
jusqu'à leur état parfait d'adulte, passent
par une série absolument identique de dé-
veloppements successifs. Entre ces extrêmes,
dont le premier indique deux types tout-à-
fait différents, et dont le second caractérise
l'espèce, s'échelonnent tous les degrés de
parenté que nos classifications désignent
sous les noms de sous embranchements,
<îc classes, de sous-classes, d'ordres, de
sous-ordres, de familles et de genres.
Ainsi, au moment même où les animaux
commencent leur développement organogé-
nique, ils reçoivent l'empreinte d'un type,
qui est le premier par son importance comme
il l'est chronologiquement, en même temps
qu'il est le plus compréhensif dans son éten-
due. Tous les animaux qui porteront lecachet
du type primaire auront entre eux une af-
finité générale; ils seront tous Vertébrés ,
par exemple. Mais après avoir marchéensem-
ble dans une même voie, c'est-à-dire après
avoir présenté une série de phénomènes gé-
uésiques semblables, ils subissent des mo-
difications diverses, qui caractérisent deux
ou plusieurs types secondaires; ainsi les
Vertébrés deviendront Allantoïdiens ou
Anallantoïdiens. Les types secondaires par-
courant chacun de leur côté un nombre plus
ou moins considérable de phases particuliè-
res , pourront ensuite diverger par l'appari-
tion de phénomènes spéciaux dans la con-
stitution du jeune être et former des types
tertiaires; les Allantoïdiens se distingueront
alors en Mammifères d'une part, Oiseaux et
Reptiles proprement dits de l'autre. Des
différences se prononçant encore dans le type
tertiaire, dans celui des Mammifères par
exemple, il se formera des types quaternai-
res : celui des Mammifères placentaires, et
celui des Mammifères aplacentaires. Le pre-
mier pourra, suivant la même marche, se
subdiviser en groupes quinaires : celui des
Mammifères à placenta discoïde, celui des
Mammifères à placenta zonaire, et celui des
Mammifères à placenta diffus. La même
méthode appliquée à ces derniers groupes
pourra encore y trouver des types d'un ordre
inférieur. Quant aux affinités que les types
secondaires dérivés d'un type plus élevé ont
entre eux, il est clair qu'elles nous sont in-
diquées par la durée de la progression dans
une même voie, ou, en d'autres termes, par
la durée d'un état génésique commun.
Ces idées ne sont pas seulement logiques ;
nous espérons avoir fait comprendre leur
importance pratique dans l'application que
nous venons d'en faire à l'étude des Mam-
mifères ; elles ont d'ailleurs été exposées et
justifiées avec une grande autorité par
M. Milne Edwards dans ses considérations
sur la classification des animaux (1).
D'après ces principes, on ne peut admettre
la théorie des zoologistes qui, examinant les
êtres parvenus à leur forme définitive, les
disposent en une série linéaire dans laquelle
s'effacent les différences profondes du type,
et qui, pour conserver ses harmonies, doit
craindre qu'une espèce nouvelle vienne s'in-
tercaler entredeux espèces don telle a mesuré
l'intervalle , ou espérer qu'une découverte
heureuse viendra lui fournir le lien qu'elle
attend entre deux espèces trop distancées.
Il ne nous semble pas possible d'adopter non
plus les vues d'autres observateurs, qui,
étudiant les êtres dans leur état embryon-
naire, trouvent une similitude complète entre
les formes permanentes des organismes infé-
rieurs et les états transitoires des organismes
supérieurs en voie de développement. Nous
avons eu souvent l'occasion de réfuter, dans
le cours de notre travail, cette dernière opi-
nion, qui n'est en quelque sorte que la con-
firmation de la première , en ce sens qu'elle
établit sur des caractères embryologiques une
série animale, que celle-ci fonde sur des ca-
ractères observés chez l'adulte. Mais, en outre,
(1) Ann. des se. nat., 3e série, t. 1, p. 65, i S-i 4.
M\M
MAM
719
la doctrine de la représentation évolutive
s'appuie sur l'unitédecomposilion organique
dans tout le règne animal, et les faits nous ont
fourni la preuve que les différences de type
et les nécessités de la fonction introduisent
souvent dans l'économie un élément nouveau,
spécial, sans analogue; tel est l'os marsu-
pial des Mammifères aplacentaires; tels sont
les vrais arcs branchiaux des Poissons.
Toutefois, les philosophes qui ont formule
ces théories ont rendu un éminent service
à la zoologie, en appelant l'attention des
observateurs sur l'histoire du développement
des animaux, et même plusieurs erreurs de
leur doctrine reposent sur des faits certains
détournés de leur sens véritable. C'est ainsi
que la théorie des arrêts du développement,
erronée quand on veut l'employer pour ex-
pliquer la constitution de tous les organis-
mes inférieurs par des temps d'arrêt dans le
développement d'un organisme unique et
typique, de l'organisme humain, peut au
contraire représenter une idée très juste, si
.l'on ne veut en faire que l'expression des
faits bien constatés. Un arrêt de développe-
ment n'est autre chose que la permanence
d'un état organique qui ne doit être que
transitoire chez les dérivés supérieurs d'un
même type.
C'est ainsi qu'après la divergence de dé-
veloppement d'où résulte la différenciation
des types, on voit des animaux appartenant
à un même groupe représenter, dans une
portion de leur organisation, des états par
lesquels ont passé les animaux chez lesquels
l'organisation a atteint la perfection typique
du groupe. Les Cétacés, par exemple, dont
les membres antérieurs seuls se développent,
nous offrent une image de ce que nous ob-
servons chez l'embryon des Mammifères ter-
restres à l'époque où les extrémités pelviennes
ne sont encore que tout-à-fait rudimentai-
res. L'indépendance de l'olécrâne , consti-
tuant une sorte de rotule bronchiale chez
certains Chéiroptères, est un fait du même
ordre, et nos exemples porteraient sur des
portions considérables d'appareil , si nous
voulions les chercher dans des classes infé-
rieures dont le type a été plus diversifié. C'est
par une divergence dans le développement
que tous les Vertébrés , après avoir reçu le
cachet de leur type par l'apparition de l'axe
rachidien et de ses annexes, prennent les
uns les caractères des Allantoïdiens, les nu«
très ceux des Anallantoïdiens; et que, parmi
les premiers, les Mammifères se distinguent
ensuite par les connexions vasculaires qui
s'établissent entre la mère et le fœtus, pour
se diviser enfin en Placentaires et en Apla-
centaires.
Cette distinction entre les Mammifères à
parturition ordinaire et les Marsupiaux, a
depuis longtemps été établie par M. de
Blainville , suivant la marche ordinaire des
études zoologiques, avec cette sûreté de vue
qui a conduit l'illustre savantà séparer aussi
les Batraciens des Reptiles, et à distinguer
les rapports qui existèrent entre les Pachy-
dermes et les Cétacés herbivores. La méthode
embryologique trouve la raison de ces rap-
ports ou de ces différences dans la marche
des phénomènesgénésiques, dont ces affinités
naturelles ne sont que la conséquence.
Il se pourrait que les vésicules primitives de
l'œuf et le placenta n'eussent pas ici toute la
valeur que semble leur accorder le savant zoo-
logiste dont nous adoptons la doctrine, bien
que l'importance du rôle de ces organes et
la concordance qu'ils offrent dans leurs ca-
ractères avec les autres considérations zoo-
logiques, soient des présomptions puissantes
en faveur de l'opinion que nous soutenons :
c'est à l'embryologie à confirmer ou à mo-
difier ces prémisses. Mais ce que nous es-
sayons surtout de faire prévaloir, après
l'observation des faits, c'est le principe de
l'existence primitive de types différents sur
lequel doit se fonder l'édifice de nos métho-
des, parce qu'il conduit à la représentation
exacte des affinités.
L'application de ce principe, après nous
avoir montré qu'il faut séparer les Mammi-
fères placentaires des Marsupiaux, nous a con-
duits àétablir parmi les premiers trois groupes
distincts , d'après sa constitution de l'organe
placentairequi est discoïde, zonaire ou diffus.
En suivant la même marche, nous avons
connu deux groupes d'un ordre inférieur
dans le groupe des Mammifères à placenta
discoïde; le premier de ces deux groupes
comprend le» Bimanes et les Quadrumanes:
le second est composé des Chéiroptères, <!c>s
Insectivores et des Rongeurs. La disparition
rapide de la vésicule ombilicale, l'existence
de circonvolutions au cerveau , l'ensemble
du système osseux, de l'appareil dentaire,
720
MAM
MAM
3t des nombreuses particularités d'organisa-
tion que nous avons indiquées en exami-
nant chaque appareil, suffisent pour justi-
cier la distinction du premier groupe dans
lequel nous rapprochons les Bimanes et les
Quadrumanes. Ces deux ordres , qui suivent
une marché si longtemps semblable dans le
développement de leurs appareils, pour-
raient cependant être distingués primitive-
ment par leur placenta , que nous avons
nommé simple chez les premiers , bipartit
chez les seconds. Au reste, en parlant ici des
Quadrumanes, nous n'entendons guère indi-
quer que les premiers animaux de cet ordre,
nous sommes loin de considérer ce groupe
comme parfaitement homogène et définiti-
vement établi : nous avons même signalé
quelques modifications nécessaires , celles
qui ont rapport aux Ouistitis par exemple.
Le groupe composé des Chéiroptères, des
Insectivores et des Rongeurs , est nettement
caractérisé par la persistance de la vésicule
ombilicale , la surface à peu près lisse du
cerveau, la composition de l'appareil den-
taire. En outre, il se relie au groupe précé-
dent par des caractères importants , dont les
principaux sont, outre la constitution sem-
blable du placenta, un mode analogue d'ar-
ticulation dans la mâchoire inférieure , la
présence générale d'une clavicule, etc. Par
la structure de leurs organes de repro-
duction , les trois ordres que nous venons
de nommer ont quelques points de res-
semblance avec les Lémuriens. Les Ouis-
titis, quelle que soit la place qu'on leur as-
signe, touchent aux Quadrumanes et aux
Insectivores. Des Lémuriens aux Chauves-
Souris, et des Quadrumanes aux Insecti-
vores, les Galéopithèques établissent un
passage par l'ensemble de leurs caractères
extérieurs. Des Insectivores aux Rongeurs
une transition naturelle nous est offerte par
les Musaraignes et les Rats. Le groupe des
Mammifères à placenta discoïde constitue
donc un groupe naturel, composé d'animaux
entre lesquels les affinités sont étroites et
directes.
Deux groupes doivent aussi être établis
dans le type des Mammifères à placenta
zonaire : celui des Carnivores et celui des
Amphibiens. L'encéphale de ces derniers ani-
maux , leur système dentaire , les modifica-
tions qu'ont reçues leurs membres, les dis-
tinguent en effet des premiers. Mais un lien
entre ces deux ordres nous est offert par les
Loutres, que leur système nerveux, leur ap-
pareil urinaire, la forme de leur tête et de
leur corps, aussi bien que leurs habitudes,
rapprochent des Phoques. Remarquons aussi
dans ce groupe la présence du Daman , qui
y représente le type des Pachydermes ap-
partenant à la série des Mammifères à pla-
centa diffus, et le type des Rongeurs qui fait
partie de la série des Mammifères à pla-*
centa discoïde.
Dans le groupe des Mammifères à pla-
centa diffus, nous reconnaissons trois types
de second ordre : le premier constitué par
les Pachydermes , les Solipèdes et les Ru-
minants; le second formé par les Cétacés;
le troisième comprenant les Édentés. Les
animaux qui composent les deux premiers
de ces groupes se distinguent des Édentés
par leur encéphale plus développé, et par
leur cerveau marqué de circonvolutions nom-
breuses. Le groupe des Cétacés est caracté-
risé par l'absence de membres abdominaux
et l'imperfection générale du système os-
seux. Entre le premier groupe et le second,
des rapports remarquables sont établis par
les Siréniens ou Cétacés herbivores. Les
Édentés, que leur système nerveux sépare
des deux groupes précédents, se rappro-
chent des Cétacés par l'imperfection de leur
système dentaire, l'imperfection de leur
système osseux, et plusieurs points de leur
organisation. L'estomac des Bradypes établit
aussi quelque analogie entre ces animaux et
les Ruminants.
Les naturalistes ont, selon nous, atta-
ché souvent trop d'importance à certaines
particularités du système osseux, qui éta-
bliraient quelque lien entre les Bradypes et
les Quadrumanes. La tête arrondie de ces
animaux, qui offre au premier abord quel-
que analogie avec la tête des Singes, s'en
distingue profondément, quand on étudie les
différentes pièces osseuses qui la constituent:
l'imperfection de ces pièces chez les Brady-
pes est si évidente, que nous serions tentés
de considérer la face de ces animaux comme
une sorte d'arrêt de développement dans la
formation de cette partie de la tête, tandis
que la perfection générale du système osseux
desQuadrumanes indique un développement
typique complet. Nous ne pouvons non plus
MAM
MAM
721
\oir des mains dans les extrémités des Bra-
dypes, auxquelles des ongles puissants et
fouisseurs donnent un caractère tout spécial
et dont le pouce n'est pas opposable; nous
avons d'ailleurs exposé les raisons qui nous
portent à ne pas attacher à la présence de
.bras et de mains, chez les animaux, une im-
portance de premier ordre. Nnous discute-
rons plus loin la valeur des rapports qui
existent entre les Singes et les Paresseux.
L'existence de mamelles pectorales ne sau-
rait constituer un autre point de rapproche-
ment; car nous pourrions invoquer ce carac-
tère comme l'indice d'un rapport entre les
Edentés et les Siréniens. En un mot, il n'existe
entre les Quadrumanes et les Paresseux
qu'une analogie lointained'organisation, né-
cessitée par des habitudes semblables, les uns
et les autres étant des animaux grimpeurs.
Néanmoins, sans sortir du groupe des
Mammifères à placenta diffus, nous con-
sidérons les Bradypes comme devant consti-
tuer, dans le groupe des Édentés, un groupe
d'un ordre inférieur, celui des Tardigrades.
Quant aux affinités des trois grands grou-
pes entre eux, la division des Mammifères à
placenta discoïde est supérieure aux deux
.v.itres, par l'ordre des Bimanes et des pre-
miers Singes; elle se place à peu près de
niveau avec la division des Mammifères à
placenta zonaire, pour les Lémuriens, les
Chéiroptères et les Insectivores; et, par les
Rongeurs, elle touche au dernier terme de
la série des Mammifères à placenta diffus ,
représenté par les Édentés. En outre, le
groupe des Mammifères à placenta discoïde
est plus éloigné des deux autres que ceux-
ci ne le sont l'un de l'autre. En effet, les
Amphibiens, par leur système nerveux, la
forme et les circonvolutions de leur cerveau,
se rattachent aux Cétacés aussi bien que
par la forme générale de leur corps et les
modifications analogues que leur organisa-
tion a subies en raison du milieu où ils ha-
bitent. Ces Amphibiens ont des points do
rapport avec les Carnivores, qui se lient
eux-mêmes avec la série formée par les Pa-
chydermes , les Solipcdcs et les Ruminants.
Nous avons déjà signalé la transition qu'éta-
blit le Daman.
Nous ne pouvons développer ici tous les
rapports que nous indiquons; les faits sur
lesquels nous les appuyons ont été préscu-
t. vu.
lés et expliqués dans le courant de notre
article , et leur discussion détaillée ne pour-
rait être entreprise que dans un travail spé-
cial sur chaque ordre. Notre but sera atteint
si nous avons fait comprendre la compo-
sition de la classe des Mammifères , ses
harmonies et ses affinités; si nous avons
pu en même temps faire apprécier de quelle
importance peuvent être pour la zoologie
les résultats des études embryologiques.
La méthode qu'ont suivie les natura-
listes dans le groupement des animaux, et
le principe de cette méthode, n'ont pas tou-
jours été les mêmes, comme nous Talions
voir en parcourant les principaux systèmes
de classification qui se sont succédé en mam-
malogie. Mais pour fixer le point de départ
de ces systèmes, et apprécier convenable-
ment leur valeur, nous devons expliquer
d'abord ce que nous entendons par termes
correspondants , et faire sentir la distinction
profonde qu'il faut établir entre les analo-
gies et les affinités.
Souvent deux animaux appartenant à deux
types différents, après s'être engagés chacun
dans la voie propre de leur type, et avoir
parcouru pour leur développement un cer-
tain nombre de phases distinctes, prennent
ensuite des caractères communs dans la
constitution d'une portion plus ou moins
considérable d'un ou de plusieurs de leurs
appareils; ce sont ces caractères communs
à des types différents que nous désignons
sous le nom de termes correspondants. Iso-
lés , et en quelque sorte étrangers au milieu
des caractères primitifs et fondamentaux,
ils ne sauraient altérer l'empreinte du type,
et ne doivent pas , par conséquent, être pris
pour base de la détermination des affinités;
c'est ce que nous voulons exprimer, en di-
sant qu'ils sont seulement les indices d'a-
nalogies. Pour représenter le sens et la va-
leur rie ces analogies, on peut en recon-
naître trois catégories principales.
Celles qui composent la première catégo-
rie indiquent un rôle physiologique sem-
blable, et dérivent de l'application de lois
générales que suit la nature quand elle
adapte un organe à une fonction détermi-
née. On pourrait distinguer ces analogies
sous le nom d'analogies physiologiques.
Toiles sont celles qui ont rapport à la cons*
litution du système dentaire, concordant
91
722
MAM
MAM
avec un régime diatétique spécial , et à l'aide
desquelles nous reconnaissons immédiate-
ment une mâchoire de frugivore, d'insec-
tivore, de Carnivore, d'herbivore, etc. C'est
ainsi que les Sarigues, les Péramèles, les
Dasyures, qui font partie du type des Mar-
supiaux , ont un appareil dentaire analogue
à celui des Insectivores du type des Mam-
mifères placentaires; et que les Phasco-
lornes, qui appartiennent au premier type,
ont un appareil dentaire analogue à celui
des Rongeurs du second type. L'absence de
dents, et l'existence d'une langue vermi-
forme , glutineuse, protractile chez le Ta-
manoir, l'Oryctérope , le Pangolin , Mammi-
fères placentaires, d'une part, et l'Échidné,
Mammifère aplacentaire, de l'autre, sont
aussi des analogies du même ordre.
Dans la seconde catégorie, nous plaçons
les analogies qui reposent sur certaines con-
ditions extérieures , certaines habitudes sem-
blables dans l'existence des animaux ; nous
les nommons, en conséquence, analogies
biologiques. Parmi ces analogies , il en est
qui dépendent du milieu dans lequel vit l'a-
nimal. Ainsi , l'appareil sternal des Chauves-
Souris rappelle par sa disposition le type
ornithologique; l'élongation du corps, et
l'appropriation des membres à la natation
chez les Amphibiens, Mammifères à pla-
centa zonaire, et les Cétacés, Mammifères
à placenta diffus , parmi lesquels plusieurs
même portent une nageoire dorsale, sont
des caractères qui touchent au type ichtbyo-
logique. 11 faut encore rapprocher de ces
analogies qu'expliquent la nature du milieu
dans lequel l'animal est destiné à vivre, les
pieds palmés des Castors , des Loutres, des
Oçnithorhynques , Mammifères-de types dif-
férents, comme l'on sait. D'autres analo-
gies biologiques tiennent au mode de pro-
gression des animaux; telle est l'existence
d'une main plus ou moins complète, qui,
comme nous l'avons déjà dit, n'implique
aucune prérogative intellectuelle, mais in-
dique seulement un animal grimpeur; les
Singes, l'Aye-Aye (Cheiromys), les Bra-
dypes, les Sarigues, appartenant à des ty-
pes différents , nous en offrent des exem-
ples. Telle est aussi la disproportion entre
les membres antérieurs et les membres ab-
dominaux, que nous observons chez les ani-
maux sauteurs , chez la Gerboise et le Kan-
guroo, par exemple. Telle est enfin l'exis-
tence d'une sorte de parachute fermé par
une extension de la peau des flancs chez les
Galéopilhèques , les'Polatouches , les Pha-
langers. Nous signalerons encore une troi-
sième sorte d'analogies biologiques, celles
qui résultent d'une ressemblance dans cer-
taines particularités de mœurs. Ainsi, les
animaux nocturnes ont, en général, les
yeux très grands et les conques auditives
très développées; ainsi, l'Échidné, comme
beaucoup d'Insectivores, possède des ongles
propres à creuser la terre; l'Ornithorhynque
présente des abajoues profondes, comme
beaucoup de Singes de l'ancien continent,
et beaucoup de Rongeurs; l'Échidné, aussi
bien que le Hérisson et le Tenrec, a le corps
armé de piquants, et ces animaux peu-
vent sepeletonner plus ou moins complète-
ment, etc.
La troisième catégorie d'analogies se com-
pose de celles pour lesquelles nous n'en-
trevoyons aujourd'hui aucune espèce d'ex-
plication, et que nous appellerons indéter-
minées. Nous en trouvons des exemples dans
les poches stomacales mukiples que nous
présentent beaucoup de Rongeurs et- de Pa-
chydermes , les Ruminants, les Cétacés or-
dinaires, les Tardigrades ; dans l'estomac
boursouflé et multiloculaire des Semnopi-
thèques etdes Kanguroos; dans la structure
des dents de l'Oryctérope, qui rappelle celle
des dents des Poissons; dans la double cla-
vicule et le bec de l'Ornithorhynque, qui
rappellent le type ornithologique, etc.
La différence essentielle qui existe entre
les analogies et les affinités , consiste donc,
on le voit, en ce que celles-ci reposent sur
des caractères typiques fondamentaux qui
impriment un sceau spécial à toute ^orga-
nisation de l'être, et constituent, en quel-
que sorte, un fond invariable et permanent
dans son ensemble; tandis que les analo-
gies résultent de certaines modifications plus
ou moins individuelles, qui peuvent mas-
quer, mais non changer le type, et qui ont
leur cause dans l'application de certaines
lois générales que s'est imposée la nature
pour opérer ces modifications. S'il nous était
permis d'exagérer l'expression de notre pen-
sée pour en mieux faire saisir le sens, nous
dirions que les affinités , les types , sont des
créations primordiales que la nature s'est
MAM
MAM
723
inierdit d'altérer, mais qu'elle s'est réservé
d'approprier, suivant son caprice, à certains
besoins dont elle-même a fixé les conditions.
Des trois classes d'analogies que nous ve-
nons de nommer, celle des analogies phy-
siologiques est la première par son impor-
tance, puisque les nécessités d'une fonction
aussi essentielle que l'est celle de la nutri-
tion, par exemple, exigent un certain con-
cours d'organes d'où résulte un ensemble
défini. Les faits sur lesquels reposent les af-
finités biologiques sont ceux d'où dépend la
forme du corps ; et l'on peut juger, par la va-
leur même de ces faits, de la valeur des dé-
terminations que les naturalistes ont fondées
exclusivement sur l'étude de la forme exté-
rieure. Cependant, c'est précisément en pre-
nant pour point de départ ces caractères de
moindre valeur que la science des classifi-
cations a débuté , et cette marche était né-
lessaire : la connaissance de l'organisation
des animaux ne pouvant être acquise que
progressivement, celle de leurs rapports ne
devait être entrevue que lorsque la science
aurait fait naître la critique.
Aristote, qu'on a coutume d'appeler le
Père de l'Histoire Naturelle, sanscompreuiire
peut-être tout ce que ce titre a de légitime,
distinguesousle nom de Vivipares la plupart
des animaux que Linné a plus tard appelés
Mammifères. Toutefois la classification du
philosophe grec ne caractérise pas ces ani-
maux avec toute l'autorité de la classification
du naturaliste suédois; elle repose sur l'ob-
servation d'analogies biologiques ou physio-
logiques non justifiées en principe; elle est
plutôt un pressentiment du génie qu'un ré-
sultat de la science. Tirant ses premières
divi>ionsdela forme des animaux, du nombre
des organes de locomotion, Aristote établit
les deux grands groupes des Tétrapodes et des
Apodes. Le dernier comprend, sous le nom
de Baleines (Kêloda), les Mammifères ap-
pelés depuis Cétacés; le premier se subdi-
vise lui même en deux groupes, fondés sur
les modifications que les membres présen-
tent dans la plus ou moins grande liberté
de leur action. Dans l'un de ces groupes,
les doigts sont indépendants l'un de l'autre,
et armés d'ongles ou dégriffés ; dans l'autre,
les doigts sont enfermés dans un sabot. Le
premier de ces deux groupes secondaires
comprend trois familles , dont les caractères
sont tirés du système dentaire. Dans la pre-
mière, les dents de devant ont un bord
tranchant, et les dents de derrière une sur-
face élargie, triturante comme dans les Singes
{Pithecoïda) et les Cbauves-Souris (Der~
moptera); dans la seconde, les dents sont
pointues, et propres à manger de la chair,
et les ongles acérés; lesanimaux qu'elleren-
ferme reçoivent en conséquence les noms
de Karcharodonta (dents aiguës), et de
G a mpsonucha (ongles crochus). Les animaux
qui forment la troisième famille correspon-
dent à nos Rongeurs, et sont caractérisés
par l'absence de canines. Quant au grand
groupe des animaux à sabots, c'est encore
par des considérations tirées des membres
qu'Aristote le subdivise en trois familles:
celles des animaux à plusieurs sabots ( Polys-
chidai), comme l'Éléphant; celle des ani-
maux à deux sabots (Bischidai) , qui com-
prend les Ruminants (Merykozonla); et
celle des animaux à un sabot, ou solipèdes
(Aschidai), comme le Cheval.
Bien qu'établie sur des caractères tout-à-
fait extérieurs, on voit que cette classification
d'Aristote a saisi quelques rapports fort re-
marquables. Elle réunit certaines familles
naturelles , bien qu'elle ne les détermine pas
rigoureusement et n'en marque pas les har-
monies : elle place, à quelques égards, les
Chauves-Souris à côté des Singes, les Baleines
auprès des quadrupèdes vivipares, bien
qu'elle se laisse encore guider par les ana-
logies superficielles qui ont fait longtemps
assimiler les premières aux Oiseaux, et les
secondes aux Poissons. Depuis Aristote, on
a défini le type Mammifère, mieux li-
mité et déterminé les groupes qu'il con-
tient; a-t-on toujours apporté autant de
critique dans l'examen des animaux nou-
vaux qui n'avaient pu être connus du natu-
raliste grec? A-t-on déplacé notablement la
base des groupements de second ordre? A-t-
on rapporté à Aristote les emprunts qu'on
lui a faits? N'a-t-on pas même quelquefois
abandonné ses traces pour s'engager dans
des routes beaucoup moins scientifiques?
Gesner, surnommé le restaurateur de
l'histoire naturelle, donna, après la renais-
sance des lettres , le premier essai de Mam-
malogic (lool), recueil érudit de faits
classés alphabétiquement , où les animaux
sont réunis en groupes qui représentent
724
IMAM
MAM
grossièrement des familles ou des genres.
Aldrovande (1616-1637) travailla , dans son
tabinet , à une classification qui reproduit en
partie celle d'Aristote, et qui tombe dans des
erreurs qu'avait évitées le naturaliste grec,
en étudiant sur la nature; c'est ainsi qu'Al-
drovande considère l'Éléphant comme un So-
lipèdc. Il faut laisser derrière nous les tra-
vaux deJonston (1652), et ceux de Carleton
(1668), pour arriver à un ouvrage scienti-
fique et vraiment remarquable, le Synopsis
Methodi Anim. Quadrupedum et Serpcntini
generis de Jean Ray (1693).
Comme clas^ificateur, Jean Ray est le
disciple d'Aristote; comme zoologiste, il
ouvre une ère nouvelle, en cherchant dans
l'étude de l'organisation la raison des rap-
ports qu'il établit. Ray, comme Aristote,
reconnaît de prime abord les Vivipares et
les] Ovipares; mais, mieux que son maître,
il distingue chez les premiers une respiration
pulmonaire et un cœur à double ventricule.
Puis, prenant en considération la nature
du milieu dans lequel vivent les animaux,
il divise ces Vivipares en deux catégories : les
aquatiques, et les terrestres ou quadrupèdes.
Ces Quadrupèdes vivipares, à respiration
pulmonaire, à cœur double, il les distingue
encore par l'existence de poils ; caractère que
Linné mettra plus en relief en l'opposant au
caractère des téguments chez les autres Ver-
tébrés , et que M. de Blainville traduira plus
tard par le mot de Pilifères. Empruntant la
base de sa classification à Aristote, Ray di-
vise les Quadrupèdes en deux groupes : les
Ungulés, qui ont des sabots , et les Ungui-
culés, qui ont des ongles. 11 subdivise les
premiers en trois sections : 1° celle des So-
lipèdes, comme le Cheval, l'Ane; 2° celle
des Bisulces , ou pieds fourchus, parmi les-
quels il distingue ceux qui ruminent et qui
ont des cornes persistantes , comme le Bœuf,
le Mouton , ou des cornes caduques , comme
le Cerf, et ceux qui ne ruminent pas , comme
le Cochon; 3° enfin celle des Quadrisulces,
ou animaux dont le pied est divisé en plus
de deux parties, comme le Rhinocéros,
l'Hippopotame. LesUnguiculés forment deux
sections, '•elle des animaux à pied biGde,
comme le Chameau , et celle des animaux à
pied multifide, ou Fissipèdes. Chez ces der-
niers, les doigts sont adhérents et recouverts
par les téguments communs, comme chez
les Éléphants, ou bien les doigts sont plus
ou moins distincts et séparables. Dans les
animaux de cette dernière catégorie , les on-
gles sont déprimés,' c'est-à-dire larges et
plats, comme chez les Singes, ou compri-
més, c'est-à-dire étroits et pointus; et les
animaux qui offrent ce dernier caractère ont
deux dents incisives, très grandes, comme
le Lièvre, ou des dents incisives nombreuses.
Ces derniers , qui sont des animaux carni-
vores, insectivores, ou dont la nourriture
se compose à la fois d'insectes et d'autres
matières, forment deux catégories : ceux qui
ont une petite taille, le corps long et les
extrémités courtes, comme les Belettes et
la tribu des Vermiformes; et ceux qui ont
une plus grande taille , parmi lesquels on en
distingue à museau court, comme \esFclis,
et à museau long, comme les Chiens. La
grande section des Fissipèdes comprend en-
fin les quadrupèdes Anomaux, le Hérisson,
le Tatou, la Taupe, la Musaraigne, le
Tamandua, la Chauve-Souris et le Pares-
seux. Les cinq premières espèces ont quelques
rapports avec les Chiens et les Vermiformes
par leur museau plus allongé; mais ils en
diffèrent par la disposition de leurs dents,
dont le Tamandua est tout-à-fait privé ; les
deux dernières espèces, au contraire, ont
le museau court.
La classification de Jean Ray repose donc,
comme on le voit, sur des analogies tout-
à-fait extérieures et de l'ordre de celles que
nous avons appelées biologiques ; ce n'est
qu'après avoir épuisé toutes les ressources
que la forme des membres lui présente qu'il
cherche des caractères dans le système den-
taire, pour revenir ensuite à la forme du
corps et du museau. Cependant les essais
de Ray pour définir l'organisation des Qua-
drupèdes indiquent une voie nouvelle, dans
laquelle Linné va engager la science avec
lui. C'est en 1735 que paraît la première
édition du Systema Naturœ ; dans treize édi-
tions successives, dont la dernière parut en
1767, Linné détermine et subdivise de plus
en plus les genres qu'il a établis ou em-
pruntés à Ray, en fondant ses détermina-
tions sur la considération d'un plus grand
nombre d'organes que ne l'avait fait le na-
turaliste anglais. La forme exacte qu'il
donne à l'étude des animaux, la précision ,
l'exactitude de sa méthode, et surtout la
MAM
MARI
7-25
langue nouvelle qu'il applique à une ne-
menclature claire , sont des litres qui im-
mortaliseront le génie de T. inné. Supérieur à
tous les naturalistes qui l'ont précédé par la
merveilleuse intelligence des rapports des
êtres, Linné, par la netteté de ses vues et
la rigueur de sa formule, arriva à un dog-
matisme qu'on lui a reproché à tort, parce
qu'il contribua puissamment aux progrès
des sciences naturelles en constatant les ré-
sultats acquis et en fixant un point de dé-
part pour les progrès à faire. Toutefois la
classification de Linné est arbitraire et ne
s'éclaire guère que des analogies extérieures ;
il place encore les Cétacés parmi les Pois-
sons, et, abandonnant les traces d'Aristote
pour suivre Jean Ray, il considère l'Eléphant
comme un unguiculé. Plus tard cependant,
à la suite de Bernard de Jussieu et de Bris-
son , il reconnaît les affinités des Cétacés,
puis, les réunissant aux Quadrupèdes de
Ray, il fonde et définit la classe des Mammi-
fères; et c'est là sans doute un des résultats
les plus scientifiques et les plus glorieux
qu'ait obtenus l'illustre Suédois. Il faut re-
connaître aussi qu'après avoir employé les
caractères fournis par les membres, il prend
de suite en considération le système den-
taire, c'est-à-dire des analogies d'un ordre
supérieur, des analogies physiologiques , et
que cette méthode le conduit à établir sept
ordres que les travaux modernes ont peu
modiGés, mais qu'ils ont mieux déterminés,
mieux justifiés et mieux coordonnés.
Linné reconnaît trois grandes divisions
dans la classe des Mammifères : les Ibgui-
culés, les Ungulés et les Mammifères piaci-
formes. Quatre ordres distingués par leurs
incisives composent les Unguiculés ; ce sont:
les Primates , qui ont quatre incisives à cha-
que mâchoire; les Brutœ, qui n'en ont pas;
les Fcrœ, dont les dents incisives, coniques,
font au nombre de deux, de six ou de dix
à chaque mâchoire, et les G lires , qui ont à
chaque mâchoire deux incisives seulement.
Li's Ungulés comprennent deux ordres : les
Pecora , qui n'ont point d'incisives à la mâ-
choire supérieure, et les Belluœ, qui en ont
aux deux mâchoires. La troisième division
des Mammifères est formée par les Céta-
cés (Cete). Quarante genres sont répartis
entre ces sept ordres, cl dans la distinction
de quelques uns on retrouve encore le génie
du législateur des sciences naturelles ; nous
citerons seulement le genre Simia et le
genre Lemur , dont les observateurs ont de-
puis fait deux familles de l'ordre des Pri-
mates.
Frappé de l'arbitraire des principes sur
lesquels est fondée la classification de Linné,
et ne croyant guère à la sincérité de ces
rapports que l'on découvre à la première
vue, Buflon ne chercha pas à perfectionner
la méthode, et n'adopta ni plan ni nomen-
clature. Dans son Histoire naturelle des Qua-
drupèdes (1749), il oppose, en quelque sorte,
la richesse des faits à la sécheresse de la dé-
termination spécifique, la magnificence des
descriptions à la précision systématique, et
sa langue , abondante et brillante, le rend
aussi populaire en France que la langue so-
bre et exacte de Linné avait rendu populaires
en Europe les principes du Systema. Consi-
déré d'abord comme un grand écrivain plu-
tôt que comme un grand naturaliste, Buf-
fon a cependant rendu à la science d'im-
menses services en appelant les esprits à la
méditation de ses grandes vues philosophi-
ques, et en attirant à l'étude approfondie des
êtres par l'attrait des tableaux de leur his-
toire et de leurs mœurs. D'ailleurs, â côté de
la partie en quelque sorte littéraire de son
histoire, il a donné place aux descriptions de
Daubenton , si précises et si exactes , mais
trop isolées et n'appréciant aucun rapport.
C'est presque uniquement sous l'influence
de Linné et de Buffon que furent entrepris
tous les travaux qui se succèdent en mam-
malogic , jusqu'au moment où apparaît Cu-
vier. Mais avant d'exposer la classification
de notre illustre zoologiste , citons cepen-
dant quelques uns des ouvrages les plus re-
marquables de cette époque intermédiaire.
Brisson , dans sa Distribution du Règne
animal en neuf classes (17 56), et Klein, dan;
son Quadrupedum disquisilio brevisque histo-
ria naturalis (1751), se rapprochent plus ou
moins de Linné, mais choisissent des carac-
tères encore plus artificiels ; Brisson cepen-
dant accorde une importance prépondérante
aux dents, dont les diverses modifications
lui fournissent les combinaisons principales
de sa méthode. Le Systema Regni animalis
d'ErxIeben (1777) n'est qu'une nouvelle
édition du Systema de Linné. Le Prodromns
methodi Animalium dcStorr (1780), et VE~
726
MAM
IMAM
lenchus animalium de Boddacrt (i785j, t«-
produisent les principaux ordres de Linné, et
les rattachent à peu près aux mêmes divi-
sions générales. Gmelin revoit une édition
du Systema natures (1788) ; Vicq -d'Azyr
donne , dans le Système anatomiquè des
Quadrupèdes (1792), une classification pres-
que linnéenne, due à Daubenton ; et Blu-
menbach , dans son Manuel d'Histoire natu-
relle (1796), ne fait guère qu'ajouter trois
ordres aux sept ordres du Systema de Linné.
Allamand , Vosmaër, Bernardin de Saint-
Pierre suivent de loin les traces de Buffon.
Pallas seul cherche à fonder les rapports des
animaux sur l'étude de l'anatomie; recon-
naît les affinités de beaucoup de Mammi-
fères , et entre autres celles des Insectivores
avec les Chéiroptères et les Quadrumanes ,
bien qu'il emploie en général la nomencla-
ture de Linné, légèrement modifiée. Les
travaux anatomiques , de plus en plus nom-
breux, conduisirent ainsi peu à peu à mieux
reconnaître les liens véritables qui existent
entre les animaux , et la coordination systé-
matique de ces observations multipliées fut
tentée par Cuvier à l'aide du principe de la
subordination des caractères.
Ce fut en 1797 que Cuvier et Geoffroy
publièrent une nouvelle classification de
Mammifères , en adoptant les trois divisions
de Linné : les Unguiculés, les Unguléset les
espèces dont les pieds sont en nageoires. Ces
grands embranchements étaient subdivisés
en quatre ordres, dont nous donnerons ici
les noms seulement, sans en donner la ca-
ractéristique , parce qu'ils ont été à peu près
conservés comme ordres ou comme familles,
et qu'on en trouvera la détermination dans
ce Dictionnaire à l'article consacré à chacun
d'eux. Les Unguiculés comprenaient neuf
ordres : les Quadrumanes, les Chéiroptères,
les Plantigrades, les Pédimanes, les Ver-
miformes , les Bêtes féroces, les Rongeurs ,
les Édcntés , et les Tardigrades; les TJngulés
se composaient de trois ordres : les Pachy-
dermes , les Ruminants et les Solipèdes ; les
Mammifères dont les pieds sont en nageoires
formaient deux ordres : les Amphibies et les
Cétacés. C'est principalement sur la nature
des dents etr les modifications des membres
qwe ces coupes sont établies ; elles sont pour
la plupart naturelles , mais on voit qu'elles
replient encore sur des analogies lointaines,
et que la base première de la classification,
fondée sur la forme des extrémités, conduit
à méconnaître les affinités des Amphibies
avec les Carnivores $ qui ne seront même
nettement distingués que plus tard par Cu-
vier. En effet, Geoffroy abandonne alors les
travaux de méthode pour se livrer exclusi-
vement aux études monographiques et è
celle des lois générales qui ont présidé à la
création zoologique.
Dans son Tableau d'Histoire naturelle
(1798) Cuvier supprime l'ordre des Vermi-
formes , considère les Chéiroptères, les Plan-
tigrades et lesPédimanes comme des subdivi-
sions d'un seul ordre, celui des Carnassiers,
et réunit les Tardigrades aux Édentés. Son
Anatomie comparée , et plus tard son Règne
Animal (1817), indiquent encore d'autres
modifications. C'est dans ce dernier ouvrage
qu'il supprime la tribu des Pédimanes, di-
vise ses Carnassiers en Chéiroptères, Insec-
tivores, Carnivores et Marsupiaux ; et réunit
les Solipèdes aux Pachydermes, comme
l'avait indiqué Linné.
Dans la famille des Marsupiaux, l'auteur
comprend les Mammifères à bourse, c'est-
à-dire la tribu supprimée des Pédimanes et
d'autres animaux qui avaient été placés
dans l'ordre des Rongeurs. L'Homme forme
Tordre des Bimanes. Ainsi les huit ordres
qui composent la méthode de Cuvier cor-
respondent en général à ceux qu'avait ad-
mis Linné, et sont établis à peu près sur
la même base. Cependant Cuvier saisit les
affinités des animaux beaucoup mieux que
ne l'avait fait Linné, et c'est le choix de
ses signes représentatifs qu'il faut blâmer,
plutôt que la valeur même qu'il leur attri-
bue. Les analogies sur lesquelles se fonde
l'expression de ces affinités empêchèrent
néanmoins Cuvier de reconnaître parmi l«s
Mammifères le type des Marsupiaux ; c'est à
M. de Blainville qu'appartient L'honneur de
cette détermination scientifique, que Cuvier
adopta dans la suite.
Dans un Prodrome d'une nouvelle distri-
bution systématique du Règne animal , et
dans son Traité de l'organisation des ani-
maux, le savant distingué que nous ve-
nons de nommer divise les Mammifères en
deux sous-classes : les Monodelphes et les
Didelphes. Les Monodelphes renferment sept
ordres : L'Homme ; — les Quadrumanes; —
MAM
MAM
727
les Carnassiers; — les Edentés; — les Ron-
geurs ou Célérigrades; — les Gravigrades
ou Bidentés, — et les Ongulogrades. Le
huitième ordre est composé des Didelphes.
Dans chacun de ces ordres, l'auteur recon-
naît des animaux normaux et des animaux
anomaux. Ces subdivisions devront être in-
diquées dans les articles destinés à expli-
quer chacune des dénominations que nous
venons de faire connaître.
Les auteurs systématiques dont nous
pourrions maintenant citer les noms, ont
ious adopté , et plus ou moins modifié , Tune
ou l'autre des classifications de Guvier, ou
bien ont essayé de concilier la méthode de
Cuvier avec celle de M. de Blainville. Nous
mentionnerons cependant Fr. Cuvier et La-
treille. La classification du premier peut
être citée comme un exemple de l'abus dans
l'emploi d'un caractère considéré comme
dominateur; pour Fr. Cuvier, ce caractère
est pris dans le système dentaire. Il divise
les Marsupiaux en insectivores et en fru-
givores, sans cependant les éloigner des Car-
nassiers et des Rongeurs ; Latreille considère
les Chéiroptères comme devant former un
ordre intermédiaireà celui des Quadrumanes
et des Carnassiers. A l'exemple de Geoffroy,
Latreille sépare les Monotrèmes des Édentés
et en fait une classe à part. Nous nommerons
encore Illiger, dont le Prodromus systematis
Mammalium (1811) contient beaucoup plus
de mots nouveaux que de faits ou de vues
importantes, et Oken, qui considère le Règne
animal comme s'étant développé dans le
même ordre que les organes du corps , et se
rapproche ainsi, au point de vue philosophi-
que, delà théorie des représentations évolu-
tives qu'il exagère beaucoup.
La dernière classification dont nous de-
vons parler est celle de M. Isidore Geoffroy-
Saint-Hilaire, publiée en 1845, la plus
complète de celles qui ont été proposées jus-
qu'ici. Comme Aristote , M. Isidore Geoffroy
fonde sa première subdivision des Mammi-
fères sur le nombre des membres, et dis-
tingue ainsi les Quadrupèdes et les Bipèdes;
les premiers ayant un bassin bien déve-
loppé, les seconds ayant un bassin rudi-
mentaire ou nul. Avec la plupart des Mam-
malogistes contemporains, il admet ensuite,
parmi les Quadrupèdes, les deux groupes des
Monodelphes et des Didelphes, dont il trouve
le caractère distinctif dans la présence ou
dans l'absence des os marsupiaux. Les or-
dres, les tribus, les familles établies dan»
chacun de ces grands groupes , sont ensuite
caractérisés d'après le système dentaire, les
modifications que présentent les extrémités,
la forme du corps , et toutes les particulari-
tés extérieures. L'économie de cette classi-
fication remarquable sera facilement saisie
à l'aide du tableau que nous donnons ci-
après; nous essaierons seulement ici de
faire comprendre le principe philosophique
qui sert de fondement aux modifications
essentielles introduites par Fauteur, et que
nous voudrions mettre en relief à l'aide de
moyens graphiques, si la dimension du for-
mat de cet ouvrage nous le permettait. Ce
principe est le Parallélisme des organisa-
tions, et M. Isidore Geoffroy donne lui-même
à son système le nom de Classification paraïlé-
lique. Appliqué aux deux divisions secondaires
des Mammifères sans os marsupiaux , et des
Mammifères avec os marsupiaux , ce prin-
cipe nous présente les premiers d'une part
et les seconds de l'autre, comme se déve-
loppant les uns à côté des autres , et subis-
sant dans leur organisation des modifica-
tions de même nature, portant sur les mê-
mes organes, principalement sur le système
dentaire; en un mot, des modifications pa-
rallèles. Appliqué aux deux grands groupes
des Quadrupèdes et des Bipèdes , le même
principe nous montre ces animaux marchant
à côté les uns des autres, de sorte que la classe
entière des Mammifères se trouve représen-
tée par trois lignes distinctes et parallèles :
celle des Mammifères avec os marsupiaux,
celle des Mammifères sans os marsupiaux ,
et celle de Bipèdes. Le parallélisme de la
seconde ligne avec la première est établi par
les Marsupiaux Carnassiers, qui répondent
aux Carnassiers ordinaires; par les Marsu-
piaux frugivores, qui répondent aux Ron-
geurs; et par les Monotrèmes, qui répon-
dent aux Édentés. De la troisième ligne à
la première, le parallélisme est établi par
les Sirénides, qui répondent aux Pachyder-
mes; et par les Cétacés, dont les genres,
échelonnés de la famille des Delphinidés à
celle des Balénidés , répondent, les plus
élevés, aux Ruminants; les moins élevés,
aux Édentés, et par conséquent aux Mono-
trèmes. C'est donc seulement par leur ex-
7-28
IMAM
trérnité inférieure, par les Édentés, les
Monotrèmcs et lesBalénidés, que se touchent
les trois lignes à l'aide desquelles nous cher-
chons à faire comprendre l'idée principale
du savant zoologiste.
On voit que les faits sur lesquels M. Isi-
dore Geoffroy fonde ce qu'il nomme lepa-
ralléiisme, sont pour la plupart de l'ordre de
ceux que nous avons appelés termes corres-
pondants , et à l'aide desquels nous recon-
naissons, non des affinités, mais des analo-
gies. Ici les analogies sont de la nature la
plus importante; ce sont des analogies phy-
siologiques pour la plupart, et nous avons
eu plus haut l'occasion d'en établir la con-
cordance dans les groupes dont nous expli-
quions la valeur. Compris ainsi, le parallé-
lisme ne saurait être pris comme une mé-
thode générale de classification : seulement,
il mettrait en saillie d'unemanière heureuse
cette loi, en vertu de laquelle une fonction
semblable appelle une organisation appro-
priée, et cette tendance générale que montre
la nature à varier des types différents par des
modifications correspondantes. C'est sur ce
même principe que Macleay établit sa théorie
des représentants zoologiques , adoptée et
développée par M. Swainson.
Mais si le parallélisme ne s'arrêtait pas
h la représentation de ces termes correspon-
dants , et devait servir de point de départ à
la distinction des types primitifs eux-mêmes,
il nous semble qu'il ne conduirait pas sûre-
ment au but. D'après les exemples que nous
avons cités, et les principes qui en décou-
lent, il est clair qu'il n'existe pas réellement
de types naturels parallèles. Les Marsupiaux,
à aucune époque de leur existence, ne mar-
chent parallèlement avec lesPlacentaires; les
uns et les autres sont d'abord Vertébrés,
puisAllantoïdiens, et alors ils ne suivent pas
deux voies collatérales, mais bien la même
voie : ils ne se correspondent pas, ils sont
semblables. Ensuite ils se séparent pour
prendre des caractères propres, et s'enga-
gent ainsi, pour la formation de chacun de
leurs appareils typiques, dans des routes tel-
lement spéciales , qu'ils sont toujours diver-
gents sans se rapprocher ni se rencontrer.
Ce que nous disons de ces deux grands types,
nous le répétons pour les types dérivés , et
surtout à propos des Bipèdes, que la classi-
fication parollélique distingue beaucoup trop,
MAM
ce nous semble, du type des Mammifères
sans os marsupiaux, auquel ils appartiennent
en réalité. Nous aurions préféré, en effet,
que la première coupe de la classe des Mam-
mifères , au lieu d'être fondée sur le nombre
des membres, fût établie sur la présence ou
l'absence des os marsupiaux pris comme
symbole des deux types des Monodelphes et
des Didelphes. La division synthétique y au-
rait perdu de sa généralité, à cause de la répé-
tition que l'on aurait été contraint de faire
du mot quadrupède pour le groupe des Mono-
delphes et pour celui des Didelphes ; mais la
physiologie zoologique y aurait peut-être ga-
gné. Remarquons aussi que c'est par les ani-
maux les moins parfaits de chaque groupe
que les séries parallèles se correspondent;
nouvelle preuve de la divergence des types.
Cette classification, si remarquable à tant
de titres , et contre laquelle nous osons éle-
ver quelques objections, parce qu'elle peut
se passer de nos éloges, est celle qu'on a
adoptée dans ce Dictionnaire. Nous allons
en suivre le tableau jusqu'aux tribus; nous
nommerons seulement les genres que chaque
groupe contient, renvoyant pour leur ca-
ractéristique aux articles qui leur sont con-
sacrés. Les signes dubitatifs dont plusieurs
noms sont suivis ont été indiqués par l'au-
teur lui-même. Pour ne pas détruire l'en-
semble de cette classification , et conserver
autant que possible les rapprochements que
M Isidore Geoffroy a voulu indiquer, nous
donnerons aussi le tableau de la distribu-
tion des Marsupiaux.
CLASSE DES MAMMIFÈRES.
QUADRUPEDES SANS OS MAESU
PIAUX.
(Bassin bien développé.)
Ordre I. — IPriatattSes.
Dents dissimilaires. Membres antérieurs
terminés par des bras. Extrémités formées
par des mains.
Famille I. — SINGES.
Dents de trois sortes ; 4 incisives conti-
guës opposées, entre 2 canines verticales.
Ongles similaires , le pouce excepté.
Tribu I. — PlTHÉCIENS.
Semi-bipèdes ; 5 molaires de chaque côté
de chaque mâchoire.
Troglodyte. Orang. Gibbon.
MAM
MAM
729
Tribu II. — Cynopithéciens.
Quadrupèdes. Ongles courts. 5 molaires.
Nasique. Semnopithèque. Colobe. Miopi-
thèque. Cercopithèque. Macaque. Magot. Cy-
nopitkèque. Théropilhèque. Cynocéphale.
Tribu III. — Cébiens.
Quadrupèdes. Ongles courts. 6 molaires.
Saïmiri. Callitriche. NyctipUhèque. Sajou.
Lagotriche. Eriode. Atèle. Hurleur. Saki.
Brachyure.
Tribu IV. — Hapaliens.
Quadrupèdes. Ongles en griffes. 5 mo-
laires.
Ouistiti.
Famille II. — LÉMURIDÉS.
Dents de trois sortes. 2 ou 4 incisives su-
périeures par paires; 4 incisives et canines
inférieures proclives. Deuxième doigt posté-
rieur à ongle subulé.
Tribu I. — Indrisiens.
Incisives inférieures au nombre de 2.
Avahi. Propithèque. Indri.
Tribu II. — Lémuriens.
Incisives inférieures au nombre de 4.
Tarses ordinaires.
Nycticèbe. Loris. Pérodictique. Chéirogale.
Maki.
Tribu III. — Galagiens.
Incisives inférieures au nombre de 4.
Tarses allongés.
Microcèbe. Galago.
Famille III. — TARSIDÉS.
Dents de trois sortes. Dents antérieures
eontiguës, verticales ; première paire supé-
rieure très grande. Deuxième et troisième
doigts postérieurs à ongles subulés.
Tarsier.
Famille IV. — CI1ÉIROMYDÉ3.
Dents de deux sortes. Une barre.
Chéiromys.
Ordre II. — Tartïigraeles.
Dents dissimilaires. Membres antérieurs
*:-r minés par des bras. Extrémités formées
; sr des crochets.
Famille V. — BRADYPODÉS.
Bradype. Cholèpe.
Ordre III. — Chéiroptères.
Dents dissimilaires. Membres antérieurs
terminés par des ailes.
t. vu.
Famille VI. — GALÉOPITHECIDÉS.
Expansions membraneuses latérales con-
stituant de simples parachutes.
Galéopithèque.
Famille VII. — PTÉROPODÉS.
Expansions membraneuses latérales con-
stituant de véritables ailes. Phalange o::
guéaleexistant au doigt indicateur de l'aile.
Tribu I. — Ptékopodiens.
Ailes insérées sur les côtés du dos.
Roussette. Pachysome. Macroglosse. Cé-
phalote.
Tribu II. — Hypodermiens.
Ailes insérées sur la ligne médiane du dos.
Hypoderme.
Famille VIII. — VESPERTILIONIDÉS.
Expansions membraneuses latérales con-
stituant de véritables ailes. Phalange on-
guéale manquant à tous les doigts de l'aile.
Lèvres offrant la disposition ordinaire.
Tribu I. — Taphozoïens.
Nez simple. Membrane interfémorale peu
développée. Queue courte.
Taphien. Emballonure.
Tribu II. — Molossiens.
Nez simple. Membrane interfémorale peu
développée. Queue longue , à demi enve-
loppée.
Chéiromèle. Myoplère. Molosse. Nycli-
nome. Dinope.
Tribu III. — Vespertiliens.
Nez simple. Membrane interfémorale peu
développée. Queue très développée.
Vespertilion. Nycticée. Lasyure. Oreillard.
Tribu IV. — Nyctériens.
Nez creusé d'une cavité.
, Nyclère.
Tribu V. — Rhinolophiens.
Nez surmonté d'une feuille.
Rhinopome. Rhinolophe. Mégaderme.
Famille IX. — Noctilionidés.
Expansions membraneuses latérales con-
stituant de véritables ailes. Phalange on-
guéale manquant à tous les doigts de l'aile.
Une double Assure labiale.
Xoclilion.
Famille X. — VAMPIRIDÉS.
Expansions membraneuses latérales con-
730
MAM
MAM
6tituant de véritables ailes. Phalange on-
guéalc existant au doigt médius de l'aile.
Dents offrant la disposition ordinaire.
Tribu I. — Sténodeumiens.
Nez simple.
Slénoderme.
Tribu II. — Phyllostomiens.
Nez surmonté d'une feuille.
Glossophagc. Vampire. Phyllostome.
Famille XI. — DESMODIDÉS.
Expansions membraneuses latérales con-
stituant de véritables ailes. Phalange on-
guéale existant au doigt médius de l'aile.
Dents de la mâchoire supérieure très grandes
et fortement comprimées.
Desmode.
Ordre IV. — Carnassiers.
Dents dissimilaires. Membres antérieurs
terminés par des pattes. Dents plus ou moins
en série continue.
Section I. — Carnivores.
Non empêtrés. Molaires alternes, à cou-
ronnes au moins en partie tranchantes. Cir-
convolutions cérébrales plus ou moins déve-
loppées.
Famille XII. — POTIDÉS.
Doigts profondément divisés.
Kinkajou.
Famille XIII. — VIVERRIDÉS.
Doigts peu profondément divisés.
Tribu I. — Ursiens.
Plantigrades. Membres courts. Macheliè-
res toutes tuberculeuses.
Ours. Mélours. Raton. Coati.
Tribu II. — Mcstéliens.
Plantigrades ou semi-digitigrades. Mem-
bres courts. Corps allongé. Une tuberculeuse
en haut.
Blaireau. Taxidée. Mydas. Thiosme. lia-
tel. Glouton. Iluron. Mélogalc. Moufette.
Zorille. Martre. Putois. Aomjx. Loutre. Lu-
ride. Enhydre.
Tribu III. — Viverïuens.
Plantigrades ou semi-digitigrades. Mem-
bres courts ou moyens. Deux tuberculeuses
en haut et une en bas.
Ictidc. Varadoxure. IJcmigaîe. Cynogale.
Mcvirousle. Cvossarquc. G ait die. Galidictis.
Suricale. Ailure. Civette. Genclle. Bassaride.
Ichneumie. Cyniclis.
Tribu IV. — Caniens.
Digitigrades. Membres plus ou moins al-
longés. Deux tuberculeuses au moins en haut
et en bas.
Otocyon. Fennec. Renard. Chien. Hyéno-
pode. Cyon.
Tribu V. — Hyéniens.
Digitigrades. Membres plus ou moins al-
longés. Corps surbaissé en arrière. Tubercu-
leuses nulles ou rudimentaires.
Hyène. Protèle.
Tribu VI. — Féliens.
Digitigrades. Membres plus ou moins al-
longés , les postérieurs plus développés que
les antérieurs. Tuberculeuses nulles ou ru-
dimentaires.
Guépard. Chat. Tigre. Lynx".
Section II. — Amphibies.
Empêtrés. Circonvolutions cérébrales plus
ou moins développées.
Famille XIV. — PHOCIDÉS.
Mâchelières comprimées ; point de dé-
fenses.
Phoque. Pelage. Stemmatope. Sténorhyn-
que. Otarie.
Famille XV. — TRICHÉCHIDÉS.
Molaires cylindriques. Deux défenses à
la mâchoire supérieure.
Morse.
Section III. — Insectivores.
Non empêtrés. Molaires opposées, à cou-
ronnes en partie hérissées de pointes. Lobes
cérébraux lisses.
Famille XVI. — EUPLÉRIDÉS (?)
Plantes velues.
Euplère (?)
Famille XVII. — TUPAIDÉS.
Plantes nues. Corps couvert de poils. Yeux
bien développés. Membres postérieurs bien
développés. Queue touffue.
Tupaïa.
Famille XVIII. — GYMNUR1DÉS (?)
Plantes nues. Corps couvert de poils. Yeux
bien développés. Membres postérieurs bieu
développés. Queue écailleuse.
Gimnure (?)
MAINT
Famille XIX.— MACROSCÉLIDÉS.
Piaules nues. Corps couvert de poils. Yeux
bien développés. Membres postérieurs ex-
trêmement allongés.
Macroscéiide.
Famille XX. — SORICIDÉS.
Plantes nues. Corps couvert de poils. Yeux
très petits. Pattes antérieures établies sur le
môme type que les postérieures.
Musaraigne. Urotriquc. Mygalinc. Dcs-
man.
Famille XXI. — TALPIDÉS.
Plantes nues Corps couvert de poils. Yeux
tris petits. Pattes antérieures converties en
polies ou pioches.
Tribu I. — Talpiens.
Membres antérieurs pentadactyles , en
forme de pelle.
Taupe. Scalope. Condylure.
Tribu II. — Chuysoculoriens.
Membres antérieurs tridactyles, en forma
de pioche.
Chrysochlore.
Famille XXII. — ÉRINACÉ1DÉS.
Corps couvert de piquants.
Tanne. Éricule. Hérisson.
Ordre V. — Rongeurs.
Dents dissimilaires. Membres antérieurs
terminés par des pattes. Dents en série in-
terrompue par une large barre.
Famille XXIII. —SCIURIDÉS.
Fortement clavicules. Cinq molaires à la
mâchoire supérieure.
Tribu I. — Sciunir.NS.
Membres postérieurs beaucoup plus longs
que les antérieurs.
Ptéromys. Polalouchc. Écureuil. Tamie.
Tribu II. — Arctomvens.
Membres postérieurs presque égaux aux
Extérieurs.
Spcrmophile. Marmotte.
Famille XXIV. — MURIDÉS.
Fortement clavicules. Quatre molaires au
plus. Yeux de grandeur ordinaire. Point
d'abajoues extérieures.
IMAM 731
Tribu I. — Castor iens.
Membres postérieurs seulement un peu
plus longs que les antérieurs. Pattes posté-
rieures entièrement palmées. Queue plate.
Quatre molaires.
Castor.
Tribu II. — Muriens.
Membres postérieurs seulement un peu
plus longs que les antérieurs. Pattes posté-
rieures non palmées ou palmées en partie
seulement. Queue arrondie ou comprimée.
Deux, trois ou quatre molaires.
Myopotame. Ilydromys. Ondatra. Cam-
pagnol. Lemming. Otomys. Rat. Acomys.
Hamster. Clénomys. Péphagomys. Aulacode.
Capromys. Daclylomys. Nélomys. Échimys.
Tribu III. — Gliriens.
Membres postérieurs beaucoup plus longs
que les antérieurs. Ongles très courts, très
recourbés, acérés.
Loir.
Tribu IV. — Dipodiens.
Membres postérieurs beaucoup plus longs
que les antérieurs. Ongles allongés, peu re-
courbés. Pouce antérieur rudimentaire.
Gerbille. Mcrione. Gerboise. Gerbo.
Tribu V. — IIélamyess.
Membres postérieurs beaucoup plus longs
que les antérieurs. Ongles allongés, peu re-
courbés. Pouce antérieur bien développé.
Ilélamys.
Famille XXV. — PSEUDOSTOMIDÉS.
Fortement clavicules. Quatre molaires au
plus. Yeux de grandeur ordinaire. Des aba-
joues extérieures.
Pseudoslome. Diploslome.
Famille XXVI.— SPALACIDÉS.
Fortement clavicules. Quatre molaires au
plus. Yeux excessivement petits.
Dathyergue. Géoryque. Nycloclepte. Spa-
lax.
Famille XXVII. — HYSTRICIDÉS.
Imparfaitement clavicules. Corps recou-
vert dépiquants.
Porc-Épic. Erélhizon. Athérure. Coen*
doit.
732 MAM
Famille XXVIII. — LÉPORIDÉS.
Imparfaitement clavicules. Corps recou-
vert de poils. Dents antérieures au nombre
de quatre à la mâchoire supérieure.
Lièvre. Lagomys.
Famille XXIX. — CAVIDÉS.
Imparfaitement clavicules. Corps recou-
vert de poils. Dents antérieures au nombre
de deux en haut comme en bas.
Tribu I. — Viscaciens.
Queue longue.
Flapalotis. Chinchilla. Lagotis. Viscache.
Tribu II. — Caviens.
Queue courte ou nulle.
Dolichotis. Agouti. Cobaye. Kérodon,
Cabiai. Paca.
Ordre VI. — Pachydermes.
Dents dissimilaires. Membres antérieurs
terminés par des colonnes. Estomac simple
ou divisé en poches placées bout à bout, dont
la première seule communique avec l'œso-
phage.
Famille XXX. — HYRACIDÉS.
Ongles dissimilaires.
Daman.
Famille XXXI. — ÉLÉPHANTIDÉS.
Ongles similaires. Trompe bien dévelop-
pée.
Éléphant.
Famille XXXII. — TAPIRIDÉS.
Famille XXXIII. — RHINOCÉRIDÉS.
Famille XXXIV. — HIPPOPOTAMIDÉS.
Ongles similaires. Trompe rudimentaire
ou nulle. Plusieurs sabots de forme symé-
trique.
Tapir. — Rhinocéros. — Hippopotame.
Famille XXXV. — SUIDÉS.
Ongles similaires. Trompe nulle. Deux
sabots principaux aplatis en dedans.
Phacochère. Sanglier. Dabiroussa. Pécari.
Famille XXXVI. — ÉQJUIDÉS.
Ongles similaires. Trompe nulle. Un seul
sabot.
Cheval.
MAM
Ordre VII. — Kumiiiailts.
Dents dissimilaires. Membres antérieurs
terminés par des colonnes. Estomac très
compliqué; œsophage communiquant à la
fois avec trois poches stomacales.
Famille XXXVII. — CAMÉLIDÉS.
Semelles calleuses; sabots moyens et d
forme symétrique. 6 incisives inférieures et
2 supérieures.
Chameau. Lama.
Famille XXXVIII. — ANTILOPIDÉS.
Sans semelles calleuses; sabots très
grands, convexes en dehors , aplatis en de-
dans. 8 incisives en bas ; point en haut.
Tribu I.
MOSCHIENS.
Prolongements frontaux nuls.
Musc. Chevrotain.
Tribu II. — Camélopardaliens.
Prolongements frontaux subsistant au
moins chez le mâle , et consistant en des
bois permanents non ramifiés.
Girafe.
Tribu III. — Cerviens.
Prolongements frontaux subsistant au
moins chez le mâle , et consistant en des
bois caducs, ordinairement ramifiés.
Renne. Elan. Cerf. Cervule.
Tribu IV. — Antilopiens.
Prolongements frontaux subsistant au
moins chez le mâle, et consistant en des
cornes à noyau osseux.
Antilope. Gazelle. Alcélaphe. Chamois.
Bosélaphe. Bouquetin. Mouflon. Ovibos.
Bœuf.
Ordre VIII. — Éclentcs.
Dents similaires ou nulles.
Famille XXXIX. — DASYPODÉS.
Corps couvert de plaques cornées , dispo-
sées par bandes transversales.
Apar. Cachicame. Tatou. Tatusie. Prio-
donte. Chlamyphore.
Famille XL. — MYRMÉCOPHAGIDÉS.
Corps couvert de poils.
Oryctércpe. Myrmécophage. Taman-
\ âua. Dionyx.
MAM
MAM
733
Famille XU. — MAN1DES.
Corps couvert d'écaillés imbriquées.
Pangolin.
QUADRUPÈDES AVEC OS MAR-
SUPIAUX.
(Bassin bien développé.)
Ordre I. — Marsiip. carnassiers.
{Parallèles aux Carnassiers des Mammifères
sans os marsupiaux.)
Section Première.
Famille I. — DASYURIDÉS.
De grandes canines, entre lesquelles sont
8 incisives supérieures et 6 inférieures.
Pouces postérieurs médiocres ou rudimen-
taires.
Thylacine. Sarcophile. Dasyure. Phasco-
gale.
Famille II. — DIDELPHÏDÉS.
De grandes canines, entre lesquelles sont
10 incisives supérieures et 8 inférieures.
Pouces postérieurs très développés et bien
opposables.
Didelphe. Micouré. Hémiure. Chironecte.
Famille III. — PÉRAMÉLIDÉS.
De grandes canines, entre lesquelles sont
10 incisives supérieures et 6 inférieures.
Membres postérieurs très développés , à
pouces courts.
Péramèle.
Section Deuxième.
Famille IV. — MYRMÉCOBIDÉS.
Point de grandes canines de forme ordi-
naire. Dents nombreuses. Pieds postérieurs
tétradaetyles.
Myrmécobe.
Famille V. — TARSIPÉDIDÉS.
Point de grandes canines de forme ordi-
naire. Dents en très petit nombre. Pieds
postérieurs penladactyles, à pouces oppo-
sables.
Tarsipède.
Ordre II. — Marsaiji. frugivores.
(Parallèles aux Rongeurs des Mammifères
sans os marsupiaux.)
Section Première. — Semi-Rongeurs.
Famille VI. — PHALANGIDÉS.
6 incisives à la mâchoire supérieure. Pou-
ces postérieurs bien développés et opposables.
Une longue queue.
Couscous. Phalanger. Acrobate. Acropète.
Pétaurisle.
Famille VII. — PHASCOLARCTIDÉS.
6 incisives à la mâchoire supérieure. Pou-
ces postérieurs bien développés et opposables.
Point de queue.
Phascolarcte.
Famille VIII. — MACROPODÉS.
6 incisives à la mâchoire supérieure. Pou-
ces postérieurs non existants. Membres pos-
térieurs très développés.
Dendrolague. Poloroo. Hélérope. Kan-
guroo.
Section II. — Rongeurs.
Famille IX. — PHASGOLOMIDÉS.
A chaque mâchoire, 2 grandes dents an-
térieures suivies d'une barre.
Phascolome.
Ordre III. — Monotrèines.
(Parallèles aux Édentés des Mammifères sans
os marsupiaux.)
Famille X. — ORNITHORHYNCHIDÉS.
Bec corné élargi , aplati ; quelques dents.
Ornithorhynque.
Famille XI. — ÉCHIDNIDÉS.
Bec corné allongé; point de dents.
Échidné.
MAMMIFERES BIPÈDES.
(Bassin rudimenlaire ou nul ).
Ordre I. — Syréiiiiïes.
(Parallèles aux Pachydermes des Quadru*
pèdes cans os marsupiaux.)
Famille I. — MANATIDÉS.
Queue large et arrondie.
Lamantin.
73 i
MAM
MAM
Famille II. — IIALICORIDES.
Queue terminée par une nageoire trian-
gulaire. Des défenses à la mâchoire supé-
rieure.
Dugong.
Famille III. — RYTINIDÉS.
Queue terminée par une nageoire trian-
gulaire. Point de défenses.
liytine.
Ordre II. — Cétacés.
(Parallèles aux Ruminants et aux Édentés
des Quadrupèdes sans os marsupiaux ; les
deux dernières familles , parallèles aussi
aux Monolrèmes des Marsupiaux.)
Famille IV. — DELPHINIDÉS.
Tête moyenne. Dents coniques, ou bien
une ou deux défenses.
Marsouin. Delphinaptère. Dauphin. In te.
Plalaniste. Delphinorhynque. Hélcrodon.
Narval.
Famille V. — PHYSÉTÉRIDÉS.
Tôle extrêmement grande. Mâchoire in-
férieure garnie de dents; la supérieure dé-
pourvue de fanons.
Physétère. Cachalot.
Famille VI. — BALÉNIDÉS.
Tète extrêmement grande. Mâchoire in-
férieure dépourvue de dents; la supérieure
garnie de fanons.
lialcnoplère. Baleine.
Quelques remarques compléteront nos
observations sur la classification générale
des Mammifères. Elles porteront sur la ca-
ractéristique qu'ont reçue les deux premiers
ordres de la méthode dont nous venons de
donner le tableau, et sur la place qu'occupe,
dans cette méthode, la section des Carni-
vores.
L'existence de bras est le caractère com-
mun qui , dans le système précédent , dis-
tingue les Primates et les Tardigrades des
autres ordres dont les membres antérieurs
constituent des ailes, des pattes ou des co-
lonnes. Quant aux caractères distinctifs de
ces deux ordres eux-mêmes , ils reposent sur
la disposition des extrémités, qui forment
tics mains chez les Primates , des crochets
chez les Tardigrades. Nous avons déjà indi-
qué par quels caractères il nous semble que
les Tardigrades doivent être éloignés des
Quadrumanes, avec lesquels ils n'ont guère
que (Iqs analogies biojogiques. En effet, chez
les Paresseux, la forme quadrilatère du ter-
veau qui ne recouvre pas le cervelet et ne
présente que des traces de circonvolutions,
lie rappelle aucun état de l'encéphale des
Quadrumanes. Des différences considérables
nous sont aussi présentées dans la constitu-
tion de la tête des animaux de ces deux or-
dres, à cause de l'espèce d'imperfection que
nous avons signalée chez les Tardigrades , et
dont nous voyons des exemples dans les
crêtes temporales qui ne s'unissent pas à la
crête occipitale; dans l'arcade zygomatique,
qui reste imcomplèle, parce que l'apophyse
du jugal ne rencontre pas celle du tempo-
ral ; dans la confusion des deux fosses orbi-
taires et temporales ; dans l'absence d'enfon-
cement cérébelleux, etc. Les membres eux-
mêmes sont constitués, chez les Tardigrades,
sur le plan général de ceux des Édentés,
plutôt que sur le plan de ceux des Quadru-
manes, et fournissent encore des preuves à
l'appui de cette opinion que le système os-
seux de ces animaux serait à certains égards
une sorte d'arrêt de développement. Ainsi
la tête supérieure de l'humérus est à peine
distincte du corps de l'os , les tubérosités
sont peu saillantes, l'olécrane est tout-à-fait
rudimentaire ; et si la tête presque ronde du
radius rappelle une disposition semblable de
cet os chez l'Homme et les Quadrumanes ,
on la trouve, d'un autre côté, avec le même
caractère chez les Fourmiliers. Au carpe
comme au tarse des Paresseux , le nombre
des os est inférieur à celui que l'on observe
chez les Quadrumanes ; l'Aï n'a que six os
carpiens , l'Unau n'en a que sept, tandis que
chez les Quadrumanes il y en a un de plus
que chez l'Homme, c'est-à-dire neuf, et que
souvent on rencontre même quelques points
ossifiés dans les tendons , indice de cette
tendance à une perfection plus complète du
système osseux, sur laquelle nous insistons.
Les os du métacarpe et ceux du métatarse
sont aussi moins nombreux chez les Tardi-
grades, et se soudent entre eux par la base;
l'Ai n'a que deux phalanges aux doigts
comme aux orteils; l'Unau, qui conserve la
première phalange, l'a courte, tandis que
c'est celle qui acquiert le plus de dévelop-
pement cnez les Singes ; et ce qui est surtout
MAM
MAM
735
remarquable, c'est que ces particularités se
retrouvent chez les Edentés, parmi lesquels
leTatou géant n'a quedcuxphalangescomme
l'Aï , et les Fourmiliers trois phalanges, dont
la première plus courte, comme l'Unau. Ces
derniers animaux, aussi bien que les Pares-
seux , ont aussi pour caractère commun une
gaine pour l'ongle à la dernière phalange.
Dans les Tardigrades, le fémur est aplati,
tandis qu'il est complètement cylindrique
chez les Quadrumanes; dans cet os, comme
dans celui du bras, les extrémités sont peu
différentes du corps par leur longueur; le
col du fémur est cuurt. Les deux os de la
jambe des Tardigrades, en se courbant, l'un
en dehors et l'autre en dedans, laissent en-
tre eux un espace considérable, que l'on re-
trouve chez les Tatous, l'Oryclcrope et les
Édenlés. La largeur même des os iléons,
nécessitée par les conditions biologiques du
Paresseux, n'empêche pas que ces os présen-
tent encore des particularités que l'on re-
trouve chez les Éilentés, l'existence d'un
trou au lieu d'une échancrure ischiatique,
par exemple. On trouve chez les Quadru-
manes un os pënial, tandis que la verge des
Tardigrades, comme celle des Edentés , ne
présente pas cet os. Si l'utérus est simple
chez les Singes et les Tardigrades , il offre
aussi ce caractère chez les Edentés; et de
plus, chez les Tardigrades comme chez
les Edentés, il ne présente pas le museau
<e tanche que possède l'utérus des Quadru-
manes. Les Tardigrades, comme la plupart
des Tatous, n'ont ni cœcum , ni appendices
Termiformes, et ceux des Edentés qui pos-
sèdent un cœcum l'ont très rudimentaire;
tandis que les Quadrumanes ont au moins
un cœcum. Restent, comme caractères com-
muns aux Tardigrades et aux Primates,
la longueur considérable de l'humérus dont
nous trouvons la raison dans le mode de
progression de ces animaux grimpeurs; et
l'existence de mamelles pectorales qu'on
observe aussi chez les Cétacés. Quant au
sysième dentaire, il est inutile d'en faire
observer la différence profonde dans les deux
ordres dont nous examinons les rapports.
Tien que dissimilaires, comme l'indique la
classification précédente , les dents sont en
eflet tellement différentes par leur forme,
leur nature, leur position, leur ensemble,
ijue nous ne pensons pas qu'on puisse éta-
blir sur cette dissimilitude même un point
de rapprochement entre les Tardigrades et
les Primates. Nous préférons, sans sortir du
groupe des Mammifères à placenta diffus, les
rapprocher des Cétacés, comme cela est in-
dique d'ailleurs daijs la classification paral-
lélique. Il nous semble, en effet, que les
Bradypes ont leur place marquée dans !e
groupe des Mammifères a placenta diffus où
ils représentent le type Singe , et que leurs
affinités, appréciées par les procédés ordi-
naires de la zoologie, sont confirmées par
l'observation des phénomènes embryolo-
giques , ou plutôt trouvent leur raison dans
ces phénomènes mêmes.
Quant à l'ordre desPrimatcs, fondé sur la
nature des extrémités en forme de mains ,
nous avons déjà dit quelle valeur il faut ac-
corder à ce caractère, et combien il est arbi-
traire dans son application. Mais nous ap-
pellerons l'attention sur la quatriàme famille
de ce premier ordre, celle des Chéiromydés,
formée par une seule espèce, l'Aye-Ayc, et
distinguée des trois précédentes par l'exis-
tence d'une barre entre des dents de deux
sortes. Ces dents sont de longues incisives et
des molaires, et composent ainsi un appa-
reil dentaire de Rongeurs. C'est en effet parmi
ces derniers Mammifères que Ginelin, Et.
Geoffroy et Cuvier plaçaient ce singulier
animal, tandis que Schrebcr, MM. deBlain-
villc et Isid. Geoffroy le rapprochèrent des
Lémuriens, et que le dernier de ces zoolo-
gistes en fit même une famille distincte,
comme on vient de le voir. D'après l'impor-
tance secondaire qu'il faut attribuer aux
analogies biologiques, et l'observation des
extrémités de l'Aye-Aye, chez lequel le pouce
du membre postérieur est seul opposable,
nous sommes disposé à adopter l'opinion
de Geoffroy et de Cuvier, et à rapprocher
l'Aye-Aye des Rongeurs. Cet animal repré-
senterait ainsi, dans le groupe des Rongeurs,
le type des Primates, et d'ailleurs, quelle
que soit la place qu'on lui donne, il ne
forme pas moins un lien très remarquable
entre les ordres qui composent la série m na-
turelle des Mammifères à placenta discoïde.
L'étude du système nerveux et des envelop-
pes fœtales de l'Aye-Ayc jetterait un grand
jour sur ces questions; im.is nous ne con«
naissons jusqu'ici qu'un seul individu em*
paillé de celle espèce rare.
736
MAM
tfAN
Nous avons jusqu'ici présenté !a série des
Mammifères à placenta discoïde comme étant
naturelle, et nous avons vu que cette opi-
nion est justifiée par l'étude de ces Mammi-
fères , quel que soit le mode d'investiga-
tion que l'on emploie. Cependant, pour éta-
blir cette série, il faut éloigner des ordres
qui la composent le groupe des Carnivores
qui en a toujours été plus ou moins rappro-
ché , bien qu'il ait occupé une place diffé-
rente dans toutes les classifications. Ainsi,
placé par Cuvier dans l'ordre des Car-
nassiers, entre les Insectivores et les Ron-
geurs , le groupe des Carnivores devient in-
termédiaire aux Chéiroptères et aux Insec-
tivores dans la classification de M. Isidore
Geoffroy, et se trouve rangé en partie entre
les Quadrumanes et les Insectivores par
M. de Blainville. Cette dernière place a été
adoptée par d'autres auteurs , qui ont diffé-
remment échelonné les autres ordres. Il ré-
sulte de ces divergences d'opinions que les
Carnivores, toujours classés après les Qua-
drumanes, ont été tour à tour désignés
comme supérieurs et inférieurs aux Chéi-
roptères et aux Insectivores, suivant le point
de départ que l'on prenait. Mais toutes ces
incertitudes cessent, et les diverses opinions
sont conciliées, si, retirant les Carnivores
de la série dont ils troublent les affinités,
on en fait un groupe distinct, celui des Mam-
mifères à placenta zonaire.
Quelle que soit la question d'affinité qu'il
s'agisse de résoudre , iïous trouvons donc
un guide certain dans l'étude des phéno-
mènes embryonnaires , manifestations pri
mitives de la différenciation des types orga-
niques. Aussi nous croyons qu'une place est
réservée , dans l'histoire de la philosophie
zoologique , à cette idée si féconde de l'ap-
plication de l'embryogénie à la détermina-
tion des rapports naturels des êtres. Les ré-
sultats de l'étude des formes extérieures ,
ceux de l'Anatomie et de la Physiologie, sur
lesquels on a cherché tour à tour à fonder
les systèmes, se trouvent, par cette idée,
reliés entre eux dans les limites de leur va-
leur, coordonnés et en quelque sorte ex-
pliqués ; une direction nouvelle est indiquée
à l'Embryologie dont la plus petite obser-
vation peut acquérir une haute importance
loologique ; et toutes les sciences , celles
qui étudient l'adulte comme celles qui étu-
dient l'embryon , sont appelées ainsi à four-
nir leurs matériaux pour l'édification com-
plète de cette belle science de la Zoologie.
(Emile Baudement.)
MAMMIFÈRES FOSSILES — Voy. pa-
léontologie.
MAMMOUTH, paléont. — Voy. élé-
phant fossile.
MANABEA, Aubl. bot. ph. — Syn. d'yîs-
giphila, Jacq.
MAIVACUS, Brisson. ois. — Syn. de
Manakin.
MAIVAKIN. Pipra. ois. — Genre de la
famille des Pipradées , dans Tordre des Pas-
sereaux, caractérisé par un bec court, assez
profondément ouvert, déprimé , trigone à
sa base qui est un peu élargie , à mandibule
supérieure voûtée, échancrée vers la pointe;
des narines situées à la base du bec, trian-
gulaires; des ailes médiocres ; une queue
très courte ; des tarses grêles, allongés, scu-
tellés , et des doigts faibles à ongles très
petits.
La place que doivent occuper les Mana-
kins dans une méthodeomitbologique parait
avoir beaucoup embarrassé les naturalistes,
puisque les uns les ont rapportés aux Cotin-
gas, les autres aux Mésanges; ceux-ci les
ont rangés dans le voisinage des Bec-fins,
ceux-là au contraire les ont placés tout près
des Calaos , etc. Il est en effet difficile de
dire de quelle famille ou de quel genre ces
oiseaux se rapprochent le plus. Malgré l'opi-
nion de Buffon, que les Manakins ne sau-
raient demeurer réunis dans la même sec-
tion que les Coqs-de-roche , comme le vou-
lait Brisson, qui cependant les distinguait et
donnait aux premiers le nom de Manacus et
aux seconds celui de Rupicoîa , comme le
voulaient encore Gmelin et Latham qui con-
fondaient les uns et les autres sous le nom
de Pipra ; malgré le sentiment de Buffon , il
est aujourd'hui généralement admis que ces
différents oiseaux appartiennent non plus
au même genre, mais à la même famille.
C'est ce qu'ont reconnu MM. Is. GeoîT.
Saint-Hilaire et Lesson. On peut dire éga-
lement que c'est ce qu'a reconnu G. Cuvier
qui* tout en adoptant l'ancien genre Pipra
de Linné, l'a cependant subdivisé en Coqs-
de-roche, en Calyptomènes et en Vrais-
Manakins. Nous n'avons à nous occuper ici
que de ces derniers.
MAN
Les habitudes naturelles de toutes les es-
pèces du genre Manakin sont trop peu con-
nues pour qu'on puisse en déduire quelque
chose de général. On peut dire que l'histoire
de ces Oiseaux est à peu près restée au point
où l'a laissée Buffon. Tout ce qu'on sait sur
les espèces les plus connues, c'est que dans
l'Amérique méridionale, leur patrie, elles
habitent les grands bois, d'où elles ne sor-
tent jamais pour aller dans les lieux décou-
verts ou pour se répandre dans les campa-
gnes voisines des habitations. Le matin , les
Manakins se réunissent par petites troupes
de huit à dix , se confondent souvent avec
d'autres petites troupes d'espèces différentes
et cherchent ensemble leur nourriture, qui
consiste en petits fruits sauvages et en in-
jectés. Ces sortes de réunions durent jus-
qu'à neuf ou dix heures du matin , après
quoi les individus se séparent pour vivre
isolés , tout le reste de la journée, dans les
endroits les plus ombragés des forêts. Les
lieux que les Manakins préfèrent sont ceux
qui leur offrent de la fraîcheur et de l'hu-
midité; ils ne fréquentent cependant
ni les marécages ni le bord de l'eau. Leur
chant consiste en un gazouillement faible,
mais assez agréable ; ils ne le font entendre
qu'au moment des réunions. Leur vol est
bas, assez rapide, mais peu soutenu. Us éta-
blissent leur nid dans les broussailles, etleur
ponte est de 5 ou 6 œufs. Quelques soins que
l'on donne aux jeunes pris au nid, ils ne peu-
vent supporter la captivité et meurent
bientôt.
En général les Manakins ont un plumage
assez richement et surtout assez franche-
ment coloré ; les espèces en sont nombreu-
ses; on en compte environ 40, mais il est
vrai de dire que quelques unes d'entre elles
sont loin d'être parfaitement déterminées.
Buffon n'en connaissait que 8. Parmi celles
qui sont bien connues nous indiquerons :
1. Le Manakin tué ou grand Manakin,
Pt, pareola Lin. (Buff., pi. enl. 677, fig. 2
et 302, f. 2) : d'un beau noir velouté, avec
une calotte bleue chez le mâle, rouge chez
la femelle. — Habite le Brésil.
2. LeMAN. tijoïde, Pi. pareoïides d'Orb.
et la Fres.: même plumage que le précédent,
mais les plumes médianes de la queue pro-
longées en filet. —Habite Carthagène.
3. Le Man. militaire Pi. mililaris Shaw
T. Vil.
MAN 737
(Less. Illustr. zool, pi. 25) : front et crou-
pion rouges; manteau noir; gorge , devant
du cou d'un gris bleuâtre. — Habite le
Brésil.
^ 4. LeMAN. longipenne , Pi. caudata Lath.
(Shaw. nat. mus., pi. 153) : bleu, avec le
sommet de la tête rouge , les ailes et la
queue noires. — Habite le Paraguay et lo
Brésil.
5. Le Man. a tête rouge, Pi. rubroca-
pilla Briss. (Temm., pi. col. 54, f. 3) : d'un
beau noir luisant, avec la tête rouge. —Ha-
bite le Brésil.
6. Le Man. a tête d'or, Pi. aurocapilla
Lichst.: noir, tête d'un jaune d'or.— Habite
le Brésil , la Guiane.
7. Le Man. a tête blanche, Pi. leuco-
capilla Gmel. ( Buff. pi. enl., 34, fig. 2 ) :
noir, avec la tête blanche. — Habite les
mêmes contrées que les deux précédents.
8. Le Man. a tête bleue, Pt. cyanocephala
Vieill.: vert-olive en dessus, jaune en des-
sous , avec le sinciput azur. — Habite l'Ile
de la Trinité.
9. Le Man. rubis , Pi. strigilata Wied
(Temm., pi. col., 54, fig. 1 et 2): dessus
du corps d'un vert-pré uniforme, sommet
de la tête couleur de feu. — Habite le
Brésil.
10. Le Man. chaperonné, Pi. pileala
Natt. (Temm.,pL col., 172, fig. 1): man-
teau d'un roux-cannelle fort vif, sommet dt
la tête d'un noir profond. — Habite le
Brésil.
11. Le Man. bleu, Pi. cœrulea Lath.
bleu en dessus, jaune en dessous , ailes e
queue noirâtres.— Patrie inconnue.
12. LeMAN. GoÎTREuXjPi. gutturosaDesm
( Tang. pi. 10) : noir sur le corps, d'un blanc
de neige dessous. — Habite la Guiane.
13. LeMAN. superbe, Pi. superbaPaW.
(Spicil.,pl. 3, f. 1): tout le plumage d'un
noir intense, avec une tache d'un bleu clair
sur le milieu du dos et le sommet de la tête
rouge de feu. — Patrie inconnue.
14. LeMAN. a gorge noire, Pi. nigricol-
îis Lath.: dessus du corps bleuâtre, gorge et
anus noirs. — Patrie inconnue.
15. Le Man. Laplace, Pi. Laplacei Ger-
vais etEydoux (Voy. de la Favorite) : plu-
mage en dessus brun-roux ; croupion blanc ;
sur les flancs une touffe de plumes violettes.
— Habite la Guiane.
93
73S
MAN
MAN
16. Le Man. filifère, Pi. filifera Less. :
belle espèce qui a le front et le dessous du
corps rouge-safran; la tête, le cou et le
manteau rouge de feu; le dos, les ailes et
la queue noirs et les rectrices filiformes.
— Habite le Pérou.
Enfin nous citerons encore sans les dé-
crire, le Man. rouge, Pi. auréola Gm. (BufT.
enl.y 34, f. 5 et 302); le M. a gorge blan-
che, Pi. gulluralis Gmel. ( Buff. enl. 324,
f. 1); le M. casse-noisette , P. manacus
Gmel. (Buff. enl. 302, f. 1 et 303, f. 1);
le M. gris, P. grisea Lin.; le M. a huppe
ivouge, P. erythrolophos Vieill.; leM. a tête
rayée, P. slriata Lath. (Vieill. Ency., pi.
99 , f . 5) ; le M. a ventre rouge , P. hemor-
rhoa Lath.; le M. cendré, P. cinerea Lath.;
le M. a capuchon blanc, P. leucocephala Lin.;
le M. plombé, P. plumbea Vieill.; le M. a
poitrine dorée, P. pectoralis Lath.; le M.
verdin, P. chloris Natt. (Temm. pi. col.,
172, f. 2); le M. a casque, P. galeata
Lichst.; le M. de la Trinité, P. melanoce-
phala Vieill.
Quelques espèces des genres Euphone,
Conopophage, Ictérie, Pithys, Pardalote
et Cotinga, que l'on considérait comme des
Manakins, ont été rapportées , par suite des
progrès faits en ornithologie, chacune à leur
genre respectif. (Z. G.)
MANATE, MANATIet MANATUS (dé-
rivé du mot main), mam. — On désigne sous
ces noms, dans les langages vulgaire et scien-
tifique , le groupe des Lamantins. Voy. ce
mot. (E. D.)
MANCAMLLA, Plum. bot. ph. — Syn.
à' Hippomane, Linn.
MANGE MILLIER. Hippomane (?««oç,
cheval; p.ou'vu, mettre en fureur), bot. ph. — ■
Genre de la famille des Euphorbiacées, de la
monœcie monadelphie , dans le système
sexuel de Linné , qui se distingue par les ca-
ractères suivants : Ses fleurs sont monoïques ;
les mâles sont réunies par petits groupes en
un faux épi interrompu ; chacune d'elles pré-
sente un calice turbiné, bifide, et un fila-
ment court, terminé par deux anthères ad-
nées, extrorses. Les femelles sont solitaires ;
elles se composent d'un calice triparti; d'un
ovaire sessile, creusé généralement de sept
loges uni-ovulées, surmonté d'un style court
et épais, que terminent sept stigmates aigus
et étalés. Le fruit qui succède à ces fleurs
est charnu; il renferme plusieurs coques
ligneuses, indéhiscentes, monospermes, qui
se réunissent en une noix inégale et sinueuse
à sa surface; quelques unes d'entre elles
avortent assez souvent.
Ce genre ne renferme qu'une espèce qui
a acquis une triste célébrité , le Mancenil-
lier vénéneux , Hippomane Mancenilla Lin.
C'est un arbre très analogue de dimensions
et de port à notre Poirier, qui croît sur le
bord de la mer , aux Antilles , dans l'Amé-
rique méridionale. D'après la description
qu'en donne Tussac, il n'est que de hauteur
moyenne, sa hauteur dépassant rarement
5-7 mètres, et son tronc n'ayant guère que
3 ou 4 décimètres de diamètre; ce tronc est
couvert d'une écorce épaisse, grisâtre , lais-
sant couler à la moindre incision le suc
laiteux qui abonde dans toutes les parties
de l'arbre. Les feuilles sont alternes, pétio-
lées, ovales, dentelées en scie sur leurs bords,
glabres et luisantes, veinées; leur pétiole est
accompagné à sa base de deux stipules , et
il porte deux glandes à son sommet. Les glo-
mérules de fleurs mâles sont embrassés à
leur base par une bractée qui porte une
glande de chaque côté de sa base ; les fleurs
femelles sont solitaires à la base de l'épi
mâle. Le fruit ressemble pour la couleur et
la forme à une petite Pomme d'api ; c'est
même de cette ressemblance que vient le
nom deMancenillier (en espagnol, Manzana,
Pomme, Manzanilla , petite Pomme). Il est
produit en si grande abondance qu'il couvre
souvent la terre au-dessous de l'arbre. Il
exhale une odeur particulière , que certains
observateurs ont comparée à celle du Citron.
Le Mancenillier est devenu célèbre par
ses effets délétères, qui, quoique très éner-
giques , ont été encore exagérés sous plu-
sieurs rapports ; aussi a-t-il été l'objet de
plusieurs mémoires spéciaux , tels que ceux
de Tussac (Observations botaniques et me'di-
cales sur le Mancenillier, Jour, de botan. de
Desvaux, 1813, p. 112) , de M. Ricord-Ma-
diana (Mém. sur le Mancenillier vénéneux,
Bordeaux, 1826), et d'expériences suivies,
comme celles de MM. Orfila et Olivier. En
premier lieu , on a dit que son atmosphère
était mortelle, et que les hommes qui s'ar-
rêtaient, surtout qui s'endormaient sous son
ombrage , périssaient promptement. Mais
déjà Jaciuin [Stirp amer, hist., p. 250-252)
MAN
rapporte qu'il s'est arrêté pendant trois heu-
res avec ses compagnons de voyage sous un
Mancenillier sans en éprouver le moindre
mal. Tussac lui-même, quoique convaincu
des fâcheux effets de l'atmosphère de cet
arbre , n'en a rien éprouvé après être resté
sous son feuillage pendant une heure; enfin
M. Ricord dit avoir répété souvent cette ex-
périence , l'avoir prolongée pendant long-
temps , s'être même endormi sous ce feuil-
lage qu'on disait si funeste , sans en avoir
été incommodé. Il semble donc assez naturel
de conclure que les fâcheux effets de l'atmo-
sphère du Mancenillier ont été tout au moins
fort exagérés; cependant, comme s'ils exis-
tent à un degré ou dans des circonstances
quelconques , ils ne peuvent être dus qu'à
l'exhalaison d'une matière volatile, il se
pourrait que ces exhalaisons ne manifestas-
sent plus leurs effets lorsque le vent les em-
porterait à mesurequ'ellesseraientproduites.
11 est néanmoins bien peu probable que les
trois observateurs que nous avons cités se
soient toujours trouvés dans des circonstan-
ces telles qu'ils ne pussent en reconnaître
l'action, quoique réelle du reste.
On a dit encore que la pluie qui a lavé le
feuillage du Mancenillier devient très nui-
sible lorsqu'elle Yient mouiller la peau;
mais Jacquin n'en a éprouvé aucun effet, et
il pense que l'opinion qui existe à cet égard,
a, peut-être, pris naissance dans des cas où
les vents et la pluie avaient brisé des ra-
meaux et des feuilles , et avaient par suite
amené la chute d'une certaine quantité de
suc laiteux qui tombait avec l'eau.
C'est, en effet, dans ce suc laiteux que
réside essentiellement la propriété vénéneuse
du Mancenillier. A l'état frais et au moment
où il coule de l'arbre, il agit avec une grande
énergie , comme le prouve une observation
de Tussac. Ce botaniste en ayant mis quel-
ques gouttes sur la main, et n'en éprouvant
d'abord aucun effet , les essuya au bout de
quelque temps; mais une heure plus tard ,
il ressentit , sur les points qu'elles avaient
mouillés, une douleur vive qu'accompagna
bientôt la formation d'ampoules et d'ulcè-
res malins, qui ne furent guéris qu'après
plusieurs mois. Il est facile de concevoir dès
lors avec quelle force il détermine l'empoi-
sonnement. Castera et d'autres, après lui ,
ont dit que les sauvages s'en servent pour
MAN
739
empoisonner leurs flèches, ce dont M. Ricord
conteste la possibilité. Le même suc laiteux,
transporté en Europe, a été l'objet des ex-
périences de MM. Orfila et Olivier. Dans l'é-
tat où ils l'observèrent, il exhalait une odeur
qui,respiréepareux pendant quelque temps,
détermina des picotements aux yeux, aux
lèvres , autour des ailes du nez; sa saveur
était d'abord fade , et devenait ensuite très
acre; quelques gouttes, mises sur le visage,
produisirent une très vive démangeaison et
une inflammation érysipélateuse ; il s'en-
suivit une éruption de très petites pustules.
Ses effets vénéneux furent expérimentés sur
des Chiens. Un gros de cette substance ayant
été ingéré dans l'estomac de ces animaux
amena leur mort en neuf ou dix heures sans
convulsions; dans une autre expérience,
une quantité de 1 gros à 1 gros 1,2 ayant
été introduite dans le tissu cellulaire de la
cuisse d'un gros Chien, le fit périr, sans con-
vulsions, après vingt-quatre heures ; enfin
1/2 gros, injecté dans les veines d'un autre
Chien, suffit pour amener la mort en deux
minutes. A l'état frais ce suc est encore
bien plus actif, puisque M. Ricord l'a vu
tuer un Chien à la dose de 20 grains. Ces
expériences prouvent que le suc du Mance-
nillier est l'un des poisons acres végétaux
les plus énergiques.
Le fruit du Mancenillier participe des
propriétés vénéneuses du suc laiteux ; il est
cependant moins dangereux que ne l'ont
dit certains observateurs ; ainsi un seul
n'empoisonne pas, quoi qu'on en ait dit, et
même lorsqu'on en a mangé plusieurs , le
vomissement suffit pour faire disparaître les
symptômes de l'empoisonnement. M. Ricord
en a essayé les effets sur lui-même ; en ayant
mâché un sans l'avaler, il ressentit dans la
bouche, après deux minutes, une impression
de chaleur très vive , et , au bout de douze
heures, sa langue et ses lèvres se couvrirent
de petits boutons qui guérirent après quel-
ques jours.
Le Mancenillier est devenu très rare dans
les pays où il croît naturellement, par suite
de la précaution que prennent les habitants
d'arracher tous ceux qu'ils découvrent. Au
reste, il est à peu près inutile. Son bois est
mou, filandreux, et trop facilement décom-
posable pour être employé à des ouvrages de
charpente ou de menuiserie; ceux qui ont
40
MAN
MAN
dit qu'il est dur et propre à l'ébénisterie
l'ont confondu avec celui d'un Rhus, auquel
on donne vulgairement et à tort , dans les
Antilles , le nom de Mancenillier de mon-
tagne. Il n'est pas même bon à brûler, car
on assure que sa fumée est très malfaisante.
Lorsqu'on veut abattre un Mancenillier, on
commence par allumer du feu autour de son
tronc afin de brûler son écorce, qui, sans
cette précaution , laisserait couler une grande
quantité de suc laiteux , et ne manquerait
pas ainsi de causer des accidents graves.
On a essayé d'introduire le Mancenillier
dans la matière médicale. Ainsi de son écorce
découla spontanément une gomme- résine
jaunâtre, opaque , friable, qu'on a vantée
comme vermifuge et comme un bon diuré-
tique. M. Ricord a également attribué cette
dernière propriété à son fruit séché et pul-
vérisé, ainsi qu'à ses graines; mais, au to-
tal, ces substances ne paraissent pas appelées
à rendre de bien grands services.
Divers observateurs, et en particulier Tus-
sac, ont dit que le meilleur antidote dans
les cas d'empoisonnement par le Mancenil-
lier, est l'eau de mer, ou, au besoin, l'eau
salée; mais cette assertion a été démontrée
inexacte. Il a été reconnu que l'eau de mer
aggrave les symptômes de cet empoisonne-
ment au lieu de les faire disparaître, et que
le véritable antidote qu'on doit lui substi-
tuer est une décoction de la graine deNhan-
diroba {Fevillea scandens). (P. D.)
MANCHETTE DE NEPTUNE, polyp.
— Un des noms vulgaires du Rétépore com-
mun, Retepora cellulosa, qui, par la délica-
tesse de sa structure, ressemble en effet à
une dentelle de pierre. (Duj.)
MANCHOT. Aptenodyles (à«T„'v, ?îvoç,
sans ailes; 0vttjç, plongeur), ois. — Genre
appartenant à l'ordre des Palmipèdes, et à
la famille des Impennes ( Inailés de Blain-
ville ; Sphenisci, Vieillot; Spheniscinœ, G. R.
Gray). On lui donne pour caractères : Bec
robuste ou grêle , convexe en dessus, dilaté
et renflé à la base de la mandibule infé-
rieure; des ailes tout-à fait impropres au
vol, réduites à de simples moignons aplatis
en forme de nageoires, et n'ayant plus que
des vestiges de plumes d'apparence squa-
meuse ; des tarses excessivement portés en
arrière, très gros, très courts, fort élargis, ce
qui les fait ressembler à la plante du pieu
d'un Mammifère; des doigts au nombre de
quatre, trois devant, réunis par une mem-
brane entière, et un pouce petit collé à la
partie inférieure du bord.
Les Manchots ont une si grande analogie
de forme et de structure avec les Pingouins»
que la plupart des voyageurs du siècle der-
nier les confondaient sous le même nom.
En effet , dans les relations qu'ils nous ont
laissées de leurs voyages, il n'est question
que de Pingouins, et cependant, assez sou-
vent , les espèces qu'ils nommaient ainsi
étaient bien positivement des Manchots ,
comme on l'a depuis longtemps reconnu
d'après les descriptions qu'ils en ont faites,
quelque imparfaites que soient généralement
ces descriptions. Ces oiseaux sont assez bien
connus pour qu'on ne puisse plus les con-
fondre; d'ailleurs, ils se distinguent non
seulement par des caractères qui sont pro-
pres au genre, mais aussi par la différence
d'habitat. Ainsi , tandis que les Manchots
n'ont plus de pennes aux ailes , que tout
leur corps n'est revêtu que d'une espèce de
duvet serré , offrant plutôt l'apparence de
poils que de plumes; que chez eux le pouce,
tant petit soit-il, existe cependant, les Pin-
gouins, au contraire, ont le corps couvertde
véritables plumes; leurs ailes sont pourvues
de rémiges, fort courtes à la vérité, et leurs
pieds n'offrent plus de vestige de pouce. En
outre, la nature semble avoir voulu établir
entre eux une ligne de démarcation d'un
autre genre : elle a confiné les premiers
exclusivement dans l'hémisphère austral (on
ne les a jamais rencontrés que dans les mers
du Sud), et elle a fait les seconds habitants
de l'hémisphère boréal, des mers les plus sep-
tentrionales.
Les Manchots sont peut-être, de toutes les
espèces ornithologiques , celles qui offrent
l'organisation la plus exceptionnelle. Comme
l'a dit depuis fort longtemps Buffon : « Ils
sont le moins oiseaux possible, » et, en ef-
fet, ils offrent au minimum quelques uns
des traits qui font le caractère principal de
la classe à laquelle ils appartiennent.
Leurs mœurs ne sont pas moins curieuse*
que leur organisation. Grâce aux faits, aux
documents nombreux fournis par les naviga-
teurs, tant anciens que modernes, l'histoire
naturelle des Manchots peut être considérée
comme complète. Tout, chez ces oiseaux, a été
IMAN
MAN
41
disposé pour une vie essentiellement aqua-
tique: aussi restent-ils près de huit mois
de l'année dans la mer, errants à l'aven-
ture, et souvent loin des côte«. C'est ce qui
leur arrive lorsque, gîtes sur un glaçon, ils
s'abandonnent aux vents et aux courants
sous-marins. Ce n'est pas qu'en nageant ils
ne puissent également se transporter à de
très grandes distances et gagner la haute
mer ; car on en a rencontré à 1 30 lieues loin
de toute côte, et dans des parages où ils n'a-
vaient pu être portés par les glaces. Ce fait,
que plusieurs voyageurs s'accordent à ad-
mettre, est en outre la preuve que les Man-
chots peuvent, ainsi que le dit Cook, passer
plusieurs jours de suite à la mer sans pren-
dre terre nulle part : la mer est donc le seul
élément qui convienne à leur nature.
Les mouvements qu'ils exécutent dans
l'eau sont vifs. Lorsqu'ils nagent, tout leur
corps est submergé ; leur tête seule est appa-
rente à la surface. Ils peuvent plonger à de
très grandes profondeurs, et surtout ils ont
la faculté de rester très longtemps sous l'eau.
Us nagent et plongent avec une vitesse vrai-
ment prodigieuse. Quelques voyageurs ont
même écrit qu'aucun poisson ne pourrait le
suivre, ce qui est sans doute un peu exa-
géré. Lorsque sur leur trajet ils rencontrent
quelque obstacle, au lieu de le tourner, ils
le franchissent en s'élevant avec rapidité à
4 ou 5 pieds hors de l'eau, et en retombant
par-delà l'objet qui les bornait. L'une des
espèces de ce singulier genre a même tiré
son nom de cette habitude qui lui est plus
particulièrement familière. On la voit très
fréquemment bondir à la surface de la mer,
plonger, rebondir de nouveau, et toujours
exécuter ses sauts en décrivant uu arc de
cercle.
Mais autant les mouvements des Man-
chots sont prestes et faciles lorsque ces oi-
seaux sont au sein de l'eau, autant ils sont
pesants et gauches lorsqu'ils sont à terre :
aussi n'y viennent-ils que momentanément,
et lorsqu'ils y sont appelés par le besoin de
pondre. Le sol est pour eux un milieu inso-
lite, où ils sont livrés sans défen e à la
merci de tous leurs ennemis ; de là vient
que leur nombre a considérablement dimi-
nué sur tous les points où l'homme a fait
de trop fréquentes apparitions et un trop
long séjour. Dans quelques lieux même ces
oiseaux ont presque entièrement disparu.
Il est probable que les espèces actuelle-
ment existantes uniraient par s'éteindre,
comme nous avons vu le Dronte disparaître
de l'île Maurice, comme nous verrons sans
aucun doute VAplerix austral disparaître de
la Nouvelle-Hollande , si la nature n'avait
étendu leur demeure jusqu'aux extrêmes
zones polaires, dernière retraite où l'homme
ne pourra probablement jamais les at-
teindre.
En raison de la position et de la disposition
de leurs tarses, on conçoit que la marche
des Manchots doive être lourde etlente. Pour
avancer et se soutenir sur leurs pieds courts
et posés à l'arrière de l'abdomen , il faut
qu'ils se tiennent debout, leur corps re-
dressé en ligne perpendiculaire avec le cou
et la tète, et ayant pour point d'appui non
plus seulement le pied, mais tout le tarse.
Pans cette attitude, on les prendrait de loin,
selon Narborough, pour de petits enfants
avec des tabliers blancs; Pernetty, se ser-
vant d'expressions plus pittoresques , dit
qu'on croirait voir des enfants de chœur en
surplis et en camail noir. Ces comparaisons
devaient naturellement venir à l'esprit des
observateurs à la vue de bandes d'oiseaux
marchant lentement, debout à la file les
uns des autres, et parés de couleurs qui
prêtaient singulièrement à l'illusion.
Comme tous les oiseaux qui ne peuvent
trouver ni dans la course ni dans le vol uu
moyen de se soustraire aux atteintes d'un
ennemi, les Manchots, lorsqu'ils sont à
terre, paraissent très indolents, et semblent
avoir une confiance extrême. Ils se laissent
ordinairement approcher de fort près. C
n'est pas qu'à la vue de l'homme, ils ne
cherchent à prendre la fuite, mais leur im-
puissance est telle qu'il faut qu'ils soie::
réellement pressés de fuir pour s'y détermi-
ner. « A mesure qu'on avance vers eu:,,
Pernetty, ils vous regardent en penchant la
tête sur un côté, puis sur l'autre, comme
s'ils se moquaient de vous; quelquefois,
cependant, ils fuient quand on n'en est plus
qu'a 5 ou 6 pieds de distance. S'ils sont sur-
pris et que vous les attaquiez, ils s'élancent
sur vous, et tâchent de se défendre en vous
donnant des coups de bec aux jambes ; ils
rusent même pour y réussir, et feignant de
fuir de côté, ils se retournent promptement»
742
MAN
MAN
et pincent si serré, qu'ils emportent la chair
quand on a les jambes nues. On les voit com-
munément en troupes, quelquefois au nom-
bre de quarante, rangés en bataille, qui vous
regardent passer à une vingtaine de pas. »
La plupart des navigateurs qui ont des-
cendu sur les îles que ces oiseaux fréquen-
tent momentanément ont été frappés de ces
mœurs singulières; tous s'accordent égale-
ment à dire que le cri des Manchots imite,
à s'y méprendre, le braiment de l'Ane.
M. P. Garnot raconte que pendant leur sé-
jour aux îles Malouines, ils entendaient sou-
vent dans les soirées calmes un bruit ana-
logue à celui d'une populace un jour de
fête. L'illusion était telle , qu'on aurait pu
croire que les îles d'où partaient ce bruit
étaient habitées , et cependant il n'y avait
là que des Manchots.
C'est ordinairement vers la fin de sep-
tembre ou au commencement d'octobre que
ces oiseaux font leur ponte, et c'est aussi,
comme nous l'avons dit, particulièrement à
cette époque qu'on les rencontre à terre.
Leur mode de nidification est assez singu-
lier ; ils creusent dans les dunes de sable
des trous ou plutôt des terriers profonds, et
c'est dans la partie la plus reculée de ces
nids d'espèce nouvelle, assez vastes pour lo-
ger à l'aise la famille, que la femelle dépose
ses œufs au nombre de deux; assez souvent
cependant elle n'en pond qu'un seul. Le
terrain dans lequel les Manchots creusent
leurs terriers est parfois tellement criblé,
tellement miné, qu'on ne peut y faire un pas
sans le voir s'affaisser , et sans s'y enfoncer
jusqu'aux genoux. Il paraîtrait pourtant que
ce genre d'industrie n'est pas commun à
toutes les espèces, et que toutes ne ca-
chent pas leurs œufs dans des trous; car, au
rapport d'Anderson , les Manchots que le
capitaine Cook trouva dans son troisième
voyage, sur la terre de Kerguelen, avaient
pondu sur la pierre sèche.
En présence d'un fait aussi positif que ce-
lui du peu de fécondité des Manchots, puis-
que leur ponte est d'un et au plus de deux
œufs, on est tenté de se demander si ce
qu'ont dit les navigateurs de la prodigieuse
multiplicité de ces oiseaux n'était pas trop
exagéré. Ainsi, Narborough rapporte qu'é-
tant descendu dans une île, en vue du port
Désiré , sur la côte des Patagons, on prit
300 Manchots dans l'espace d'un quart
d'heure, et qu'on aurait pu en prendre tout
aussi facilement 3,000. « On les chassait
devant soi, dit- il, comme des troupeaux, et
chaque coup de bâton en abattait un. »
Une autre fois, l'équipage ramassa sur le
même lieu 100,000 œufs. D'une autre
part, on lit dans les relations d'un voyage
au détroit de Magellan , qu'on trouva sur
une île une quantité si considérable de Man-
chots, qu'il y aurait eu de quoi en pourvoir
25 navires, et qu'on en prit 900 en deux heu-
res. C'est dans les mêmes parages que les
équipages des vaisseaux du capitaine Drake
en tuèrent pour leur provision 3,000 en un
jour. Enfin, Cook en parlant des espèces de
ce genre qu'il vit juchées sur les terres aus-
trales de Sandwich, avance qu'elles y étaient
en nombre tellement considérable , qu'elles
paraissaient former une croûte sur le ro-
cher. Si l'on veut bien considérer que les
points du globe sur lesquels les navigateurs
dont nous venons de parler ont rencontré
des Manchots, étaient des lieux pour ainsi
dire vierges, en ce sens, que l'homme en
avait rarement troublé la solitude et la paix ;
que par conséquent les oiseaux qui les ha-
bitaient, s'y propageant en toute sécurité,
et n'étant soumis à d'autres causes de des-
truction que celle d'une mort naturelle,
devaient de génération en génération s'y
multiplier à un tel point, que le nombre en
devint incalculable , on concevra sans peine,
tout en admettant que les espèces soient par
elles-mêmes peu fécondes, qu'il ne doive, et
qu'il n'y ait en effet rien d'exagéré dans
ce qu'ont rapporté Narborough , Drake ,
Cook , etc., des chasses phénoménales de
Manchots. Ces oiseaux étaient à peu près le
seul élément de subsistance de l'équipage du
capitaine Cook sur la terre de Kerguelen.
Les navigateurs ne sont pas parfaitement
d'accord sur la qualité et le goût de la chair
des Manchots. Tous conviennent unanime-
ment qu'elle offre une ressource des plus
abondantes dans les climats désolés et tristes
que ces oiseaux habitent; mais les uns veu-
lent qu'elle soit aussi bonne à manger que
celle des Oies ; les autres la disent d'un mé-
diocre manger ; d'autres, enfin, lui trouvent
une odeur musquée et un goût de poisson
trop prononcé pour qu'elle soit un mets pas-
sable. Il est de fait que les Manchots ne vi-
MAN
MAN
743
vant presque que de poissons, leur chair doit
en contracter le goût , aussi bien que l'é-
norme quantité de graisse dont leur corps
est couvert.
Les Manchots se rencontrent non seule-
ment dans toutes les mers australes, et sur
toutes les terres qui y sont éparses , mais
on les voit aussi à des latitudes moins éle-
vées , dans le grand Océan et dans l'océan
Atlantique. Le tropique du Sud paraît ce-
pendant être une limite que ces oiseaux
n'ont guère franchie.
Les 6 ou 7 espèces de Manchots que l'on
connaît avaient été réunies par Forster sous
la dénomination unique d'Aptenodyles; au-
jourd'hui elles sont distribuées dans quatre
genres distincts, établis sur des particula-
rités différentielles que présente le bec. De
ce nombre est le g. Gorfou, dont on a déjà
fait l'objet d'un article particulier auquel
nous renvoyons ; nous n'avons donc à nous
occuper ici que des Manchots proprement
dits, des Sphénisques et des Pygoscelis, que
nous considérerons avec les méthodistes
comme formant autant de divisions d'une
même famille ou sous-famille.
Les MANCHOTS proprement dits
(Aplenodyles , Forster).
Mandibule supérieure couverte de plu-
mes jusqu'au tiers de sa longueur, où s'ou-
vrent les narines, et d'où part de chaque
côté un sillon qui s'étend jusqu'à l'extrémité
du bec. — Espèce unique :
Le Grand Manchot , Apt. patagonicd
Forst. (Buff., pi. enl.f 975), d'un blanc ar-
doisé en dessus, blanc satiné dessous, avec
un masque noir entouré d'une cravate jaune
dorée. —Habite le détroit de Magellan , la
Terre-de-Feu, les Malouines et la Nouvelle-
juinée.
Les SPHÉNISQUES (Spheniscus, Brisson).
Bec irrégulièrement sillonné à sa base;
les narines découvertes et percées au mi-
lieu de la mandibule supérieure, qui est
crochue au bout; mandibule inférieure tron-
quée au bout. — Espèce unique:
Le Sphénisque du Cap, Sph. demersus,
Apt. demersa Gmel. (Buff., pi. ml., 382
et 1005 ) , d'un noir brun en dessus , blanc
aux parties inférieures; une bande blanche
au milieu du bec.
îles Malouines.
Habite le Cap et les
Les PYGOSCELIS (Pygoscelis, Wagler).
Bec plus long que la tête, cylindrique,
grêle, sans sillons; la mandibule inférieure
pointue et plus courte que la supérieure.
— Espèce unique:
Le Pygoscelis papou, P. papua Wagl.
( Vieill., Gai. des Ois., pi. 299 ). Tête et cou
d'un noir sombre inclinant au bleu; un
trait blanc au-dessus de l'œil; parties supé-
rieures d'un noir bleuâtre, les inférieures
blanches. — Habite les îles des Papous et
de Falkland. (Z. Gerbe.)
*MANCHOTS. Sphenisci. ois. — Vieillot
a établi sous ce nom , dans l'ordre des Pal-
mipèdes, une famille qui est caractérisée par
des ailes impropres au vol , courtes , com-
primées en forme de nageoires, dépourvues
de pennes proprement dites , et garnies de
plumes qui ont l'apparence d'écaillés. Cette
famille , qui correspond au g. Aplenodytes
de Forster (Manchots de G. Cuvier), et à la
sous-famille des Sphe'niscinées de G .-R. G ray,
comprend pour Vieillot deux divisions seu-
lement : celle des Gorfous et celle des Apté-
nodytes. \7.. G.)
*MANDALOTUS (fxav^oç, vei. u).ins.
— Genre de Coléoptères tétramères, ïamillc
des Curculionides gonatocères, division des
Apostasimérides-Cryptorhynchides, créé par
Erichson (Naturgeschichte , 1842, p. 193,
g. 20). L'auteur a décrit les quatre espèces
suivantes, qui toutes sont originaires de la
Nouvelle-Hollande : erudus , rigidus , sleri-
lis et velulus. Ce genre rentre dans sa tribu
des Otiorhynchides. (C.)
MANDAR. mam. — Voy. oryctérope,
MANDELSTEIN (c'est-à-dire pierre d'a-
mandes), min. — Nom donné par les Alle-
mands à des roches plutoniques caverneuses,
dont les cavités sont remplies de géodes ou
dedtuses, le plus ordinairement siliceuses,
calcaires ou zéolithiques, lesquelles figurent
des espèces de noyaux ou d'amandes au mi-
lieu d'une pâte terreuse. Voy. amygdaloïde.
*MANDIBULATA. rept. — -M. Fitzin-
ger {Syst. rept., 1813) a désigné sous co
nom , dans l'ordre des Reptiles chéloniens ,
un groupe d'Émydes. (E. D.)
MANDIBULES, zool.— On nomme ainsi,
en ornithologie v les deux parties du bec
744
.MAN
MAN
qu'on distingue en mauuibule supérieure et
mandibule inférieure. Ce nom est aussi
donné, chez les Insectes, à une paire de mâ-
choires, la première de toutes, qui offre
d'ordinaire une plus grande consistance , et
semble plus particulièrement destinée à re-
cevoir les aliments. Voy. insectes.
MANDIHOCA, Pit. bot. ph. — Syn. de
Manihot, Plum.
MANDIJBA, Marcg. bot. ph. —Syn. de
Manihot, Plum.
MANDIOCCA, Link. bot. ph.— Syn. de
Manihot, Plum.
MANDRAGORE. Mandragora (^avfya ,
étable; ayvpoç, nuisible: nuisible aux bes-
tiaux), bot. ph. — Genre de plantes de la
famille des Solanacées, de la pentandrie
monogynie dans le système sexuel de Linné.
Séparées par Tournefort comme groupe gé-
nérique distinct, et conservées d'abord comme
telles par Linné, les Mandragores avaient
ti:é ensuite réunies aux Atropa par ce der-
i.er et par la plupart des botanistes qui lui
(Mit succédé ; mais dans ces derniers temps,
ie genre primitif créé pour elles a été réta-
bli et généralement adopté. Il se compose
% d'un petit nombre d'espèces herbacées viva-
ces , qui croissent dans les parties méridio-
nales de l'Europe. Ces plantes ont une ra-
cine charnue, épaisse, en cône allongé, sou-
vent bifurquée en deux grosses branches vo-
lumineuses, égales entre elles, qu'on a quel-
quefois comparées aux deux cuisses d'un
homme, et cette ressemblance grossière avait
fait donner autrefois à l'espèce la plus con-
nue un nom qui la rappelait {Anthropomor-
phon). La tige reste rudinientaire, ce qui,
dans le langage descriptif, fait dire que ces
plantes sont acaules et leurs feuilles radi-
cales; celles-ci sont nombreuses, réunies
en une touffe serrée , longues souvent d'un
pied ou plus , entières ; les fleurs sont por-
tées sur des pédoncules radicaux ; elles pré-
sentent les caractères suivants : Calice tur-
biné, quinquéfide ; corolle campanulée, dont
le limbe est divisé en cinq lobes plissés ;
cinq étamines fixées au fond du tube de la
corolle, ayant leur filet dilaté à sa base;
ovaire à deux loges, renfermant de nom-
breux ovules portés sur des placentas adhé-
rents à la cloison ; le style est simple , ter-
miné par un stigmate presque capité. Le
fruit qui succède à ces fleurs est une baie
entourée à sa base par le calice un peu ac-
cru, dans laquelle on n'observe plus qu'une
seule loge par suite de l'oblitération de la
cloison ; il renferme de nombreuses graines
un peu réniformes. Ce genre a été l'objet
d'un mémoire spécial de M. Bertoloni. La
plus connue des espèces qui la composent
est la suivante.
1 . Mandragore officinale , Mandragora
oflicinarumL'm. {Atropa Mandragora Lin.).
Elle est vulgairement désignée sous le nom
de Mandragore femelle, et c'est même sous
cette dénomination éminemment impropre
qu'elle est figurée par Bulliard {Atropa Man-
dragora fœmina Bull., Herb. de la Fr. ,
tab. 146 ). Sa racine est grosse, charnue,
noirâtre à l'extérieur, blanchâtre à l'inté-
rieur; ses feuilles sont grandes : les pre-
mières développées sont obtuses au sommet,
les autres acuminées ; elles sont d'un vert
un peu glauque , luisantes en dessus , plus
pâles en dessous , plus ou moins hérissées ,
ciliées à leur bord , longuement pétiolées.
Les pédoncules de ses fleurs sont légèrement
pentagones, rougeâtres. Le calice est hérissé,
à lobes lancéolés, acuminés. La corolle, près
de trois fois plus grande que le calice, est
de couleur violacée , légèrement hérissée à
l'extérieur, à divisions oblongues-obovées.
Les étamines sont barbues au sommet; elles
portent à leur base une grande quantité de
poils blancs qui ferment la gorge de la co-
rolle. Le fruit est médiocrement volumineux,
de forme ovoïde oblongue, obtuse à son som-
met, que surmonte une petite pointe, de la
longueur du calice, d'un jaune roussâfre,
d'une odeur forte et vireuse. Cette espèce
habite les parties méridionales de l'Europe;
elle est commune, notamment dans la Cala-
bre et dans la Sicile ; elle fleurit en automne,
et quelquefois elle a une seconde floraison
au printemps. On la cultive comme plante
officinale, de même que la suivante.
2. Mandragore printanière, Mandragora
vernalis Bertol. {Atropa Mandragora mas
Bull., loc. cit. y tab.). Cette espèce, quoique
longtemps confondue avec la précédente,
s'en distingue suffisamment par plusieurs
caractères. Sa racine est plus épaisse, d'une
couleur blanchâtre sale à l'extérieur , plus
blanche à l'intérieur. Ses premières feuilles
sont presque arrondies, très obtuses, ridées,
crépues et boursouflées ; les suivantes de plus
JUAN
en plus grandes, ovales, moins obtuses ; enfin
les dernières développées sont les plus gran-
des de toutes , aiguës : toutes sont ondulées
sur leurs bords , glabres ou très légèrement
pileuses, d'un vert gai, décurrentes à leur
base sur leur pétiole qui est court, d'une
odeur nauséeuse et désagréable. Les pédon-
cules radicaux sont nombreux et uniflores ,
nus, d'un vert pâle, velus, très légèrement
pentagones à leur extrémité. Les fleurs se
succèdent pendant longtemps ; elles ont une
odeur faible et désagréable. Le calice a ses
lobes ovales ou ovales -lancéolés, aigus, dres-
sés; la corolle est petite, à peine plus lon-
gue que le calice, d'un blanc verdàtre, à di-
visions oblongues , obtuses , ou presque ai-
guës. Les filets des étamines sont très barbus
à leur base. Le fruit est beaucoup plus gros
que celui de la Mandragore officinale , du
volume d'une petite pomme, globuleux, ob-
tus, lisse, glabre, beaucoup plus long que
le calice, jaune à sa maturité, d'une odeur
qui n'est pas tout-à-fait désagréable. Celte
espèce monte plus au nord que la précé-
dente; elfe fleurit aux mois de mars et d'avril.
Les deux espèces de Mandragores dont il
vient d'être question se ressemblent absolu-
ment par leurs propriétés. Ce sont des plan-
tes narcotiques et stupéfiantes. Ces proprié-
tés existent dans leurs diverses parties, mais
surtout dans leur racine dont on fait un
extrait, qui était autrefois employé dans un
grand nombre de maladies différentes , mais
dont l'importance a singulièrementdiminué
dans la médecine moderne. On employait
également leurs feuilles fraîches pour com-
battre certaines ophthalmies , et leur fruit
comme soporifique et sédatif. ; mais leur
emploi devait être entouré de nombreuses
précautions. On sait aussi que la racine de
ces plantes jouait un rôle important dans la
sorcellerie du moyen-âge. Aujourd'hui, le
seul usage qui leur reste est d'être quelque-
fois employées à l'extérieur, en cataplasmes
qu'on applique sur les tumeurs squirreuses.
(P. D.)
MANDRILL, mam. — Espèce du genre
Cynocéphale. A. -G. Desmarest (Dict. d'hist.
nat., XXIV, 180G) avait proposé de former
avec cette espèce, sous la dénomination de
Mandrilla , un petit groupe de Quadru-
manes catarrhiniens. Voy. l'article cynocé-
phale. (E. D.)
T. VII.
MAN
745
MANE. polyp. — Genre de Spongiaires
proposé par Guettard pour des espèces d'É-
ponges formées de fibres longitudinales,
simples ou ramifiées, et ne présentant ni
cavités, ni oscules distincts. (Du.)
MANETTIA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Rubiacées-Cinchonées , établi par
Mutis (in Linn. Mantiss., 556) et présentant
pour principaux caractères : Calice à tube
turbiné, soudé à l'ovaire; limbe supère, à 4
ou 5 divisions linéaires lancéolées, etsouvent
accompagnées d'un égal nombre de dents
placées entre les lobes ; corolle supère, infun-
dibuliforme, à tube cylindrique ou à 4 ou 5
pans; limbe à 4 ou 5 divisions obtuses, éta-
lées ou roulées. Étamines 4 ou 5 , insérées
à la gorge de la corolle ; filaments filiformes,
un peu saillants. Anthères ovales, incom-
bantes. Ovaire infère, 2-loculaire; style fili-
forme; stigmate bilobé. Le fruit est une
capsule membraneuse, couronnée par le
limbe du calice, 2-loculaire, septicide-bi-
valve.
Les Maneltia sont des herbes ou des sous-
arbrisseaux grimpants de l'Amérique tropi-
cale, à rameaux grêles, à feuilles opposées,
portées par un très court pétiole, ovales-
oblongues ou subcordiformes, à pédoncules
axillaires uni- ou multiflores. On connaît
plus de 20 espèces de ce genre, présentant
des fleurs de couleurs variées; nous cite-
rons , comme une des plus remarquables ,
la Maneltia bicolor, figurée dans l'atlas de
ce Dictionnaire , botanique , dicotylédones ,
pi. 18.
MA1VGA, Rumph. bot. ph. — Syn. de
Mangifera, Linn.
MANGABEY. mam, — Espèce du genre
Guenon, Cercopithecus . Voy. cercopithèque.
*MANGAIBA, Marcg. bot. ph. — Syn.
à'Hancornia , Gomez.
MANGANÈSE, min. — Ce métal forma
la base d'un genre minéralogique dans lei
méthodes qui admettent une cîasse de mé-
taux autopsides, comme celles d'Haiïy et de
M. Brongniart. Les espèces de ce genre ont
pour caractère commun de donner, avec la
soude, une fritte verte qui, par le refroi-
dissement , devient vert- bleuâtre ; et avec
le borax, au feu d'oxydation, un vert
violet ou rouge améthyste. Les espèces de ce
genre peuvent se ranger sous les cinq litres
suivants ■ Manganèses sulfurés, Mang.oxy*
94
745
MAN
AIAN
des, Mang. carbonates, Mang. silicates et
Mang. phosphatés.
I. Manganèses sulfurés. On en connaît
une seule espèce, qui est VAlabandine (le
Manganglanz ou Manganblende des Alle-
mands). Substance légèrement métalloïde,
d'un noir brunâtre , à poussière verte , se
présentant en petites masses cristallines ,
en veines ou en enduits, et quand elle est
lamelleuse, se prêtant assez facilement à
un clivage cubique. Pesant, spécif. = 3,9.
C'est un monosulfure qui contient 37 £ de
soufre. Elle se trouve en petites veines dans
les Manganèses roses, les spaths brunissants
et les minerais de tellure, à Nagy-ag en
Transylvanie.
II. Manganèses oxydés. Cette catégorie
comprend toutes les espèces que les arts ont
pu mettre à proflt; car le Manganèse ne
peut être utilisé qu'à l'état d'oxyde. Indé-
pendamment des caractères que nous avons
assignés au genre, elles possèdent encore
la propriété de donner plus ou moins de
chlore par leur action sur l'acide chlorhy-
drique. On distingue cinq espèces principales
de Manganèse oxydé : la Pyrolusite f la
Braunite, YAcerdèse, la Hausmannite et la
Psilomélane.
1° Pyrolusite. Manganèse peroxyde; Man-
ganèse gris ou noir de fer, à poussière d'un
noir foncé; le plus souvent cristallisé en ai-
guilles , qui se réunissent en concrétions ,
en rognons , en masses compactes ou ter-
reuses , noires , pesantes , très tendres et
tachant fortement les doigts. Comme son
nom l'indique, il se décompose facilement
par l'action du feu, en se convertissant d'a-
bord en Braunite, puis finalement en Haus-
mannite, ou oxyde rouge. Dans le premier
cas, il perd le quart de son oxygène, et dans
le second , le tiers. La Pyrolusite est un
bi-oxyde de Manganèse, contenant 37 £ d'oxy-
gène. Elle cristallise dans le système rhom-
bique, en prismes droits d'environ 93° 40'.
Elle est rayée par le calcaire, et produit une
vive effervescence avec le verre de borax.
C'est le minerai de Manganèse le plus
utile. et l'un des plus communs; il se trouve
dans les terrains de cristallisation et dans les
roches de sédiment qui les avoisinent, no-
tamment dans les arkoses , y formant des dé-
pôts plus ou moins considérables. On trouve
cette espèce assez abondamment en France;
mais elle est rarement pure, et le plus sou-
vent elle est mélangée avec la Psilomélane
ou l'Acerdèse (mine de Romanèche , près de
Mâcon ; Thiviers , Périgueux , et Excideuil ,
dans la Dordogne; Calvéron, département
de l'Aude); ou bien elle est à l'état d'hydrate
(à Groroi, dans la Mayenne, et à Vicdessos,
dans l'Ariége). Dans ce dernier cas, elle
constitue , à proprement parler, une nou-
velle espèce , à laquelle on a donné le nom
de Groroilite; sa poussière n'est plus noire,
mais d'un brun de chocolat. Les variétés de
Manganèse en enduits écailleux et argentins,
qui viennent des mines de fer de Vicdessos,
et les masses terreuses et légères, de cou-
leur brune, connues sous le nom de Wad,
peuvent être rapportées à cette dernière es-
pèce. On peut en rapprocher également les
substances désignées sous les noms de War-
vicite et de Neukirchite.
2° Braunite. Sesqui-oxyde de Manganèse,
ainsi nommé en l'honneur du docteur Braun.
C'est un minerai noir, d'une assez grande
dureté, d'une pesanteur spécifique =4,8;
dont la poussière est d'un noir fuligineux.
11 cristallise en octaèdres à base carrée de
108° 39' à la base, et de 109° 53' sur les
arêtes culminantes. Des traces de clivage ont
lieu parallèlement aux faces de cet octaèdre,
mais non parallèlement à la base. Elle est
légèrement effervescente , quand on la fond
avec le verre de borax, ce qui dénote qu'elle
est capable de donner de l'oxygène par l'ac-
tion de la chaleur; elle en contient environ
30 £. On la trouve en masses lamellaires ou
compactes, associées souvent à la Hausman-
nite, àElgersburg en Thuringe, et à Wun-
siedel en Bayreuth, et aussi en d'autres
pays , notamment à Saint-Marcel en Pié
mont, où se voient des cristaux de Braunite,
qui sont des combinaisons d'octaèdres et de
di-octaèdres. La Braunite de Saint-Marcel est
mélangée de silice , ce qui est cause qu'on
l'a considérée comme un silicate de Manga-
nèse , et décrite sous le nom particulier de
Marceline.
3° Acerdèse (Mangani te des Allemands ).
C'est de la Braunite hydratée , et l'une des
plus communes du genre, celle à laquelle se
rapportent la plus grande partie des échan-
tillons des collections; elle accompagne sou-
vent la Pyrolusite, et lui ressemble telle-
ment par les caractères extérieurs , que les
IMAN
minéralogistes les ont longtemps confondues
sous le nom de Manganèse métalloïde. Il est
important de la distinguer de cette espèce,
comme aussi de la Braunite, en ce que, ren-
fermant moins d'oxygène, elle est beaucoup
moins profitable dans l'industrie, ce qu'in-
dique le nom d'Acenlèse, que M. Beudant
lui a donné. On la distingue de la Pyrolu-
site en ce qu'elle dégage de l'eau par la cal-
cination, qu'elle est plus dure, moins ta-
chante, et surtout en ce que sa poussière,
au lieu d'être noire , est d'un brun hépati-
que clair ; elle perd 10 £ d'eau quand on la
chaufTe. Elle cristallise dans le système
rhombique, en prisme droit de 134" 14',
surmonté fréquemment d'un sommet cunéi-
forme de 114° 19' ; elle est isomorphe avec
la Gœthite , et , comme celle-ci , formée
d'un atome de sesqui-oxyde combiné avec un
seul atome d'eau. Ses cristaux se clivent pa-
rallèlement à la petite diagonale; leurs pans
sont striés verticalement, et leurs sommets,
quand ils se composent de faces pyramidales,
manifestent une tendance à l'hémiédrie té-
traédrique. Les variétés les plus communes
sont celles qui sont dues aux structures ba-
cillaire, aciculaire et fibreuse radiée, ou aux
formes stalactitiques. L'Acerdèse forme des
gîtes assez considérables dans les terrains de
cristallisation ou dans les terrains de sédi-
ment rapprochés des terrains anciens ; elle
accompagne souvent les dépôts d'Hématite
(mines de Rancié, Ariége; Lavoulte, Ardè-
che; Laveline , près Saint-Dié, dans les
Vosges ; Ihlefeld , au Harz , etc.)
4° Hausmannite. Manganèse oxydé salin ;
oxyde intermédiaire ou oxyde rouge de Man-
ganèse , formé d'un atome de sesquioxyde et
d'un atome de protoxyde; c'est donc un
Manganite de Manganèse, analogue , par sa
composition , au fer magnétique, et comme
celui-ci d'un noir de fer en masse compacte;
mais sa poussière est d'un rouge brunâtre
ou brun de châtaigne II appartient, comme
l-a Braunite, au système quadratique; mais
il cristallise en octaèdres plus aigus, de
117° 54' à la base , et ces octaèdres présen-
tent en outre un clivage basique que n'offrent
pas ceux de la première espèce. P. 5=4, 8.
Contenant 28 £ d'oxygène. Ne faisant point
effervescence avec le borax. La Hausmannite
se présente en cristaux ou en masses com-
pactes , avec la Braunite, dans plusieurs des
MAN
747
mines du Harz et de la Thuringe (Ihlefeld,
Ilmenau). Mais c'est un minerai fort rare,
et dont la rareté n'est guère à regretter ;
car c'est le plus mauvais ou le moins avan-
tageux de tous les minerais, ainsi que nous
Je verrons dans un instant.
5° Psilomélane. Manganèse oxydé baryti-
fère; en masses concrétionnées d'un noir
bleuâtre, à cassure conchoïde et mate; plus
dure que la Pyrolusite. Sa nature chimique
n'est pas encore bien connue. On la suppose
formée d'un Manganite de baryte , mêlé de
Pyrolusite ou de Groroilite. Elle produit,
comme ces dernières espèces, une vive effer-
vescence avec le verre de borax ; et au point
de vue industriel , elle peut être considérée
comme une Pyrolusite impure. Son carac-
tère distinctif consiste en ce que sa solution
par l'acide chlorhydrique donne un précipité
par l'acide sulfurique. La Psilomélane se
rencontre en France avec la Pyrolusite ,
dans les mines de Thiviers et de la Roma-
nèche.
Les usages auxquels on peut employer les
minerais de Manganèse oxydé sont de trois
sortes : ils peuvent servir à la préparation
du Chlore, au moyen de l'acide chlorhydri-
que ; à la préparation de l'oxygène par l'ac-
tion de la chaleur, et à la décoloration ou
purification du verre dans les verreries.
Tous peuvent être recherchés pour le pre-
mier emploi; mais comme, par la calcina-
tion , les différents minerais se ramènent à
l'état d'oxyde rouge ou de Hausmannite en
perdant leur excès d'oxygène, il en résulte
que les seuls minerais capables de fournir
de l'oxygène à une température élevée sont
la Pyrolusite et la Psilomélane , la Braunite
et l'Acerdèse, et les plus avantageux sous ce
rapport sont la Pyrolusite et la Braunite.
Ce sont donc là les seules espèces que l'on
puisse utiliser dans les laboratoires de chi-
mie pour l'extraction de l'oxygène, et dans
les verreries pour la fabrication du verre
blanc. L'oxyde de Manganèse a été appelé le
Savon des verriers, parce que l'oxygène,
qu'il perd à une haute température, sert a
brûler le charbon ou à suroxyder le protoxyde
de fer, qui peuvent se trouver mélangés
avec la pâte vitreuse. L'oxyde ferreux lui
communiquerait une teinte verdâtre ; on le
fait passer à l'état de peroxyde pendant que
le Maneanèse se réduit de son côté à l'état
748
MAN
MAN
d'oxyde manganeux. Les deux oxydes sont
alors dans l'état le plus convenable pour
colorer le verre le moins possible.
III. Manganèses carbonates. Il n'en existe
qu'une seule espèce , qui est la Diallogite.
Voy. CARBONATE DE MANGANÈSE.
IV. Manganèses silicates. On en connaît
plusieurs espèces , dont la principale est le
Rhodonite, ou bisilicate rose de Manganèse,
isomorphe avec le Pyroxène, que Ton trouve
à Langbansbyttan en Suède , à Saint-Mar-
cel en Piémont , et à Kapnik en Transylva-
nie, en masses laminaires, clivables en
prisme de 87° 5'.
Le silicate noir de Manganèse , que l'on
trouve à Saint-Marcel en Piémont, paraît
n'être qu'un produit d'altération du silicate
rose, un état intermédiaire entre ce silicate
et la Braunite proprement dite. Il en est de
même, très vraisemblablement, des sub-
stances qu'on a décrites sous les noms
d'Opsimose , de Téphroïte , d'Hétérokline ,
de Dyssnite. La Bustamite du Mexique n'est
qu'un mélange de bisilicate rose de Manga-
nèse avec du bisilicate de chaux. Les miné-
raux désignés sous les noms de Photizite ,
d'Allagite, û'Hydropite, sont des mélanges
de Diallogite et de Rhodonite. D'autres sub-
stances enfin, comme la Knébélite et cer-
tains silicates de la mine de Franklin , ne
sont que des grenats ou des péridots à bases
de Manganèse et de Fer.
V. Manganèses phosphatés. Les seules es-
pèces connues sont des phosphates doubles
de Manganèse et de Fer, dont l'une, la Tri-
plite, est anhydre , et les autres (Hureaulite,
Hétérosite, Triphyline, etc.) sont hydratées.
La première espèce cristallise dans le sys-
tème rhombique; les autres, dans le sys-
tème klinorhombique. La Triplite est une
substanced'un brun noirâtre, quise présente
en masses clivables dans trois sens rectan-
gulaires, au milieu des granités du Limou-
sin. L'Hureaulite est une substance vitreuse
d'un jaune rougeâtre, que l'on trouve en
petites masses cristallines dans les pegma-
tites des environs de Limoges. L'Hétérosite,
qui accompagne la précédente, est une sub-
stance lamelleuse , d'un gris bleuâtre , et
d'un éclat gras, qui devient terne et d'un
beau violet dans les parties altérées. Toutes
ces matières sont sans usages. ( Del.)
MANGANÈSE, chim. — Ce métal , in-
connu des anciens, fut extrait, pour la
première fois, de son bi-oxyde par Gahn, peu
de temps après que Schèele, en 1771 , eut
décrit cet oxyde alors connu sous le nom de
Magnésie noire.
Le Manganèse, tel qu'on l'obtient de la
décomposition du bi-oxyde par le charbon ,
est solide, d'un gris blanc, d'une texturo
grenue , d'une densité de 3,013 , très cas-
sant, très dur, mais attaquable à la lime;
in fusible au plus haut feu des forges ordi-
naires, il ne le devient qu'à 160° du pyro-
mètre de Wegvood. L'air et l'oxygène secs
sont sans action sur le Manganèse à la tem-
pérature ordinaire ; mais ces deux corps ,
s'ils sont humides, le ternissent et le trans-
forment en oxyde; l'oxydation est favorisée
par la chaleur. L'eau, à la température or-
dinaire, mise en contact avec ce métal, le
décompose peu à peu, et le convertit par-
tiellement en un oxyde de couleur verte ;
cette décomposition est rapide à la chaleur
rouge. L'équivalent du Manganèse est repré-
senté par 355,78.
Le Manganèse s'unit en cinq proportions
avec l'oxygène, pour former : un protoxyde,
MnO, qui est une base énergique; un ses-
quioxyde , Mn'O3, qui est une base faible ;
un peroxyde , MnO2, qui ne joue ni le rôle
de base, ni celui d'acide; enfin deux acides,
manganique , MnO3, et hypermanganique ,
Mn'O-.
Le protoxyde se trouve dans la nature ,
uni à l'acide carbonique et à l'acide phos-
phorique; il est le seul qui produise des
combinaisons permanentes avec les acides.
Le sesquioxyde se rencontre aussi dans
la nature à l'état d'hydrate d'un noir mé-
tallique , donnant une poudre brune.
Le peroxyde enfin , le plus commun des
trois, se présente quelquefois en aiguilles
douées de l'éclat métallique , mais le plus
souvent en masses amorphes , friables , ta-
chant les doigts en noir; il est anhydre ou
hydraté. Les anciens , qui le connaissaient
tout en en ignorant la nature, car ils le pre-
naient pour un oxyde de fer, l'avaient dé-
signé sous le nom de Magnésie noire , nom
que justifie l'analogie de quelques unes de
ses propriétés avec l'oxyde de Magnésium
{Magnésie blanche). Chauffé au rouge, U
peroxyde de Manganèse perd une partie de
son oxygène , et se transforme en une pou-
MAN
MAN
749
dre brunâtre de peroxyde non décomposé, et
de protoxyde ; cette décomposition partielle
du peroxyde est mise à profit dans les labo-
ratoires pour obtenir en abondance le Gaz
oxygène.
V Acide manganique s'obtient par la cal-
cination au contact de l'air du peroxyde de
Manganèse et de la potasse; il se forme un
Manganate de potasse. Schèele , qui le pre-
mier observa la réaction mutuelle de ces
deux substances , donna au produit qui en
résulte le nom de Caméléon minéral, en rai-
son de la variété de couleurs qu'en présente
la solution. La nature de ce composé et la
théorie de ses changements de couleur ont
clé mises en évidence, il y a peu de temps,
par If. Mitscherlick , au mémoire duquel
nous renvoyons le lecteur, ainsi qu'aux ou-
vrages spéciaux de chimie.
L'acide manganique ne semble pas pou-
voir se séparer des bases auxquelles il est uni;
il se décompose immédiatement en protoxyde
et en acide hypermanganique plus stable.
Le Manganèse s'unit au Chlore, à l'Iode, au
Soufre, au Phosphore. A l'état de protoxyde,
il forme avec les acides des sels blancs lors-
qu'ils sont purs, et légèrement rosés quand
ils contiennent une certaine quantité de
sesquioxyde.
Les acides manganique et hypermanga-
nique s'unissent aux bases pour former des
Manganales et des Hy permanganates, parmi
lesquels on remarque ceux de potasse , qui
constituent le caméléon vert et le caméléon
rouge.
L'emploi qu'on fait depuis longtemps,
dans les verreries , du peroxyde pour blan-
chir le verre fondu en projetant de petites
quantités de ce minéral dans la matière en
fusion , lui a fait donner le nom de Savon
des verriers; lorsque la proportion d'oxyde
est trop grande , le verre , au contraire ,
prend une belle teinte violette, qu'on utilise
parfois. Mais le peroxyde a un usage bien plus
important et bien plus étendu; il sert à
préparer en grand le chlore et les hypochlo-
rites alcalins , à l'aide de procédés que nous
n'avons point à examiner ici. (A. D.)
MANGE -TOUT. bot. pu. —Nom vul-
gaire d'une variété de Pois cultivé, dont la
cosse se mange aussi bien que les grains.
M ANGHAS , Burm. bot. ph. — Syn. de
Ccrbe, a , Linn.
MANGIFERA. bot. ph.— Voy. manguier.
MANGIUM, Rumph. bot. ph.— Syn. de
Bruguiera, Lam.
MANGLE. bot. ph. — Fruit du Manglier.
*MANGLESIA. bot. ph. — Genre de la
famille des Élœagnées, établi par Endlicber
( Nov. stirp. Mus. vindob. Dec, n. 31). Ar-
brisseaux de la Nouvelle-Hollande. Voy.
élœagnées. — Lindl., syn. de Schizopleura,
Lindl.
MANGLIER. bot. ph. — V. palétuvier.
MANGLIETIA. bot. ph. — Genre de la
famille des Magnoliacées-Magnoliées , établi
par Blume (Bijdr., 8 ; Flor.jav., XIX, 20,
t. 6). Arbres du Népaul et de Java. Voy.
MAGNOLIACÉES.
MANGLILLA , Juss. bot. ph. — Syn.
de Myrsine , Linn.
MANGOUSTAN. Garcinia (nom du na-
turaliste voyageur Garcin ). bot. ph. —
Genre de la famille des Clusiacées ou
Guttifères , de la dodécandrie monogy-
nie, dans le système sexuel de Linné. Il se
compose de végétaux arborescents, qui,
comme la plupart des autres espèces de la
même famille, renferment un suc jaune
qu'ils laissent couler lorsqu'on incise leur
tronc. Leurs feuilles sont simples, portées
ordinairement sur un pétiole court et ren-
flé; leurs fleurs sont hermaphrodites ou
unisexuelles , et présentent l'organisation
suivante: Calice persistant, à 4 sépales;
corolle à 4 pétales; étamines au nombre de
16 ou davantage , à filets libres et distincts
ou réunis à leur base en plusieurs fais-
ceaux , à anthères ovales ou presque arron-
dies; pas de style; stigmate à 4-8 lobes. A
ces fleurs succède un fruit arrondi, sur-
monté par le stigmate, renfermant, sous
une couche extérieure coriace, une chair
succulente, et divisé en 4-8 loges. Les grai-
nes sont anguleuses, velues, munies d'une
arille.
La seule espèce de ce genre sur laquelle
nous croyions devoir nous arrêter, est le
Garcinia mangostana Lin., bien connu sous
le seul nom de Mangoustan, et que Gœrtner
a considéré comme devant former le type
d'un genre à part, auquel il a conservé,
comme générique , la dénomination de Man-
gostana. C'est un très bel arbre, qui croît
naturellement dans les Moluques, mais qui
s'est répandu de là dans l'Inde et dan»
750
MAN
MAN
une grande partie des régions intertropi-
cales, où il est cultivé à cause de la bonté
de son fruit. Ses feuilles sont ovales , ai-
guës au sommet, veinées; ses fleurs sont
belles , de couleur rouge , terminales et so-
litaires; leurs étamines sont libres; leur
stigmate est à 6-8 lobes. Son fruit égale
h peu près en volume une orange moyenne;
i! est regardé comme l'un des plus agréa-
bles que produisent les contrées intertropi-
cales. Son péricarpe est de couleur foncée à
l'extérieur, plus pâle à l'intérieur; il forme
une sorte d'écorce spongieuse qu'on regarde
comme astringente et vermifage; la pre-
mière de ces propriétés le fait employer
dans la Chine pour la teinture en noir. La
chair renfermée sous cette écorce est blan-
che, molle et très fondante, d'une saveur
sucrée , accompagnée d'une légère acidité,
d'une odeur qui rappelle celle de la fram-
boise. On mange cette chair après avoir en-
levé l'écorce péricarpienne ; elle est très
rafraîchissante et un peu laxative; on lui
attribue quelques effets avantageux dans le
traitement des fièvres, du scorbut, des in-
flammations, etc. (P. D.)
MANGOUSTE. Herpestes. mam. — Linné
avait formé, sous le nom de Viverra, un
groupe naturel de Carnassiers digitigrades,
qui comprenait les Mangoustes et un grand
nombre d'autres espèces qui en ont été sé-
parées pour former les genres Civette, Ge-
nette, Suricate, Paradoxure, Coati, Kinka-
jou, Glouton, etc. G. Cuvier (Tabl. élém. du
Bèg. anim.y 1797) le premier distingua les
Mangoustes, auxquelles il laissa le nom géné-
rique de Viverra. Illiger les désigna sous le
nom d' Herpestes ; Lacépède et Et. Geoffroy-
Saint-Hilaire leur appliquèrent la dénomi-
nation d' Ichneumon , et Olivier celle de
Mangousta.
Le genre Mangouste, qui est très voisin de
celui des Civettes, créé plus anciennement, et
de ceux beaucoup plus nouveaux des Mangues
etdeslchneumiesjcomprenddes espèces dont
la taille est moyenne , le corps fort allongé ;
les pattes courtes, terminées par cinq doigts ,
le pouce étant très court, et dont les ongles
sont aigus c» à demi rétractiles. La tête est
petite , terminée par un museau fin qui
présente un petit mufle , et qui est pourvu
de quelques moustaches; les oreilles sont
larges, courtes et arrondies ; les yeux assez
grands, à pupilles allongés transversalement
et recouverts presque entièrement par une
grande paupière clignotante; la langue est
hérissée de papilles cornées. Le nombre des
dents est de quarante en totalité: à la mâ-
choire supérieure, six incisives moyennes,
simples et bien rangées ; une canine de cha-
que côté, conique et non tranchante à sa
partie postérieure; trois fausses molaires,
dont la première est peu éloignée de la ca-
nine; une carnassière fort élargie particu-
lièrement par le développement du tubercule
interne; deux tuberculeuses, dont la pre-
mière présente deux tubercules pointus,
mais peu saillants à son bord externe, et
dont la seconde, de même forme, ne peut
guère être considérée que comme rudimen-
taire : à la mâchoire inférieure, six incisives
dont la seconde, de chaque côté, est un peu
rentrée; une canine, de chaque côté, sem-
blable à la canine supérieure; quatre faus-
ses molaires, dont la première est très pe-
tite; une carnassière composée en avant de
trois pointes très élevées, disposées en trian-
gle, et en arrière d'un talon assez bas, sur
le bord duquel sont trois petites élévations ;
enfin une tuberculeuse peu volumineuse,
plus grande d'avant en arrière que d'un
côté à l'autre, et pourvue de trois tubercu-
les. Dans les individus adultes, la première
fausse molaire manque ordinairement aux
deux mâchoires. La queue est grosse à fa
base, très longue et poilue ; elle est dans la
direction générale du corps et non prenante.
L'anus est situé au fond d'une poche assez
vaste, simple, dont l'ouverture peut se dila-
ter plus ou moins, et se placer de façon que
les excréments sont expulsés sans y faire
aucun séjour. Les mamelles sont ventrales
et pectorales. Le pelage est assez dur, et les
poils offrent des couleurs variées, disposées
par anneaux, de manière que la robe est en
général tiquetée.
Le squelette de la Mangouste d'Egypte,
que M. de Blainville (Ostéographie , fascicule
des Viverras) a étudié et qu'il a pris pour
type du genre qui nous occupe, est plus
vermiforme que celui de la Civette. Le nom-
bre des vertèbres est de quatre céphaliques,
sept cervicales, quatorze dorsales, trois sa-
crées et trente et une caudales , nombre plus
considérable que dans les Mustela. La tête
est moins allongée que celle des Civettes;
MAN
IMAN
751
l'orbite est plus petit; l'arcade zygomatique
est plus large, mais surtout plus courte;
la mâchoire supérieure est courte, et l'infé-
rieure robuste. Les vertèbres cervicales res-
semblent à celles de la Fouine; les dorsales
ont leur apophyse épineuse haute et inclinée
en arrière; les coccygiennes ont l'apophyse
épineuse très petite. L'hyoïde est robuste.
Le sternum est formé de huit pièces. Les
côtes ont des cartilages fort longs. Aux mem-
bres antérieurs, l'omoplate est grande, large ;
il n'y a pas de rudiment de clavicule; l'hu-
mérus est court, fortement arqué en S; le
cubitus et le radius sont aussi très arqués,
serrés et tourmentés; la main égale le ra-
dius en longueur. Dans les membres posté-
rieurs, le bassin est plus long et plus étroit
que dans la Civette et la Marte; le fémur
est court, comprimé dans son corps, presque
tranchant au bord externe ; le tibia et le
péroné ont la même longueur que le fémur ;
le premier est large et comprimé, et l'autre
très grêle; le pied est d'un cinquième plus
long que le tibia. Il y a un os dans le pénis,
et sa forme, variable suivant les espèces,
ressemble quelquefois à celle d'un sabot.
Peu de différences ostéologiques se remar-
quent dans les espèces du même groupe.
Les Mangoustes se distinguent des genres
qui en sont les plus rapprochés par leur
système dentaire; mais , en outre , cer-
tains autres caractères les en éloignent éga-
lement.
Les mœurs de ces animaux sont très ana-
logues à celles des Martes. Ils vivent de
rapine, et leur nourriture consiste princi-
palement en petite proie vivante et en œufs.
Ils se tiennent ordinairement à terre, dans
les endroits découverts, et ils ont un pen-
chant déterminé pour la chasse aux Reptiles.
On peut facilement les réduire en domesti-
cité, et ils montrent alors assez d'intelli-
gence.
Les Mangoustes habitent les contrées
chaudes de l'ancien continent.
On connaît une quinzaine d'espèces de
Mangoustes, et on y a formé dans cette di-
vision deux genres distincts, ceux des Mongo,
Ogilby, et Herpestes, Illiger. Un autre genre,
celui des Ichneumia (voy. ce mot), doit éga-
lement être rapproché des Mangoustes. Nous
décrirons les principales espèces, nous in-
diquerons simplement les autres, et nous
nous servirons des genres Mongo et Herpes-
tes comme de simples groupes.
1. MONGO, Ogilby.
La Mangouste a bandes, A. -G. Desm.;
Mangouste de l'Inde, Buffon (t. XIII, pi. 19)
et Geoffroy (Me'm. sur l'Egypte); Mangouste
de Buffon , Fr. Cuvier ; Herpestes fasciatus
A. -G. Desm. (Mamm.), Viverra mungos Lin.
De la taille de la Fouine. Son corps a 27 à
28 centim. de longueur, et sa queue près de
20. Elle est généralement brune; le dos et
les flancs sont recouverts de longs poils blan-
châtres, terminés de roux et marqués , dans
leur milieu, d'un large anneau brun, bien
tranché; l'arrangement de ces poils est
tel, que les anneaux bruns d'un certain
nombre d'entre eux, arrivant à la même
hauteur, forment sur le dos des bandes
transversales de cette couleur, au nombre de
douze à treize, lesquelles sont séparées entre
elles par autant de bandes rousses formées
par les extrémités des mêmes poils.
Cette espèce est particulière aux Indes
orientales. Les habitants du pays qu'elle
habite la regardent commeun ennemi acharné
des Reptiles, et prétendent que, lorsqu'elle
a été mordue par quelques serpents veni-
meux, elle sait se guérir en mangeant la ra-
cine de YOphioriza mongos Linné.
La Mangouste de Touranne, Herpestes
exilisT*. Gerv. ( Zoologie du Voyage de la
Bonite de MM. Eydoux et Souleyet , Mamm.
pi. 3, fig. 9 et 10). Dans cette espèce, les
poils sont marqués de plusieurs anneaux al-
ternativement jaune clair et noirs, ce qui
leur donne un aspect tiqueté; le jaunâtre
est remplacé par du roux cannelle à la tête
et presque tout le long de l'épine dorsale;
les pattes passent au noir; le dessous de la
gorge et le ventre n'ont presque pas de poils
tiquetés; ceux de la gorge sont roux clair,
et le ventre les a de couleur pâle, brun en-
fumé à la base. La queue présente la cou-
leur et le tiqueté des flancs; elle est bien
velue et en balai, mais non pénicellée.
Cette espèce habite la Tourrane dans la
Cochinchine.
D'autres espèces ont été placées dans ce
genre ; mais elles sont peu connues : ce sont
les Mangouste de Java, Geoffr , Fr. Cuv. ;
Herpestes javanicus A. -G. Desm., G. Cuv.,
qui se trouve à Java; Mangouste fauve ,
752
MAN
MAN
Mongo fusca Waterhouse, habite Madras
(Indes orientales) ; Mangouste a queuecourte,
Herpestes brachyurus Gray, des Indes orien-
tales ; Mangouste de Malacca, Herpestes ma-
laccensis Fr. Cuv ., Herpestes Frederici A. -G .
Desm., de Pondichéry et de Malacca; Man-
gouste d'Edwards , Et. Geoffr.; Herpestes
Edwardsii A. -G. Desm., des Indes orienta-
les, etc.
2. HERPESTES, Illiger.
La Mangouste d'Egypte, ou Rat de Pha-
raon, Necus des Égyptiens modernes, Ichneu-
mon Hérodote, Mangouste, Buffon (Suppl.,
t. III, pi. 26), Et. Geoffr. (Ménag. du Mus.),
Fr. Cuv. {Mamm. lithogr.), Herpestes Pha-
raonis A. -G. Desm. , Viverra ichneumon Lin.
Ichneumon PharaonisÉl. Geoff. Sa longueur,
mesurée depuis le bout du museau jusqu'à
l'origine de la queue, est de 50 centimètres,
et celle de cet organe est à peu près égale. La
hauteur du corps ne dépasse pas 20 centi-
mètres. Le pelage est d'un brun foncé ti-
queté de blanc sale, et composé de poils secs
etcassants, courts sur la tête et les membres,
longs sur les flancs, le ventre et la queue,
qui se termine par un pinceau en éventail.
Le ventre est plus clair que le dos, et, au
contraire, la tête et les pattes sont d'une
teinte plus foncée.
Cette espèce semble confinée maintenant
dans la Basse-Egypte, entre la mer Méditer-
ranée et la ville de Siout.
L'Ichneumon était placé par les Égyptiens
au rang des animaux qu'ils adoraient, parce
qu'ils le considéraient comme un destructeur
actif des Reptiles qui abondent dans ce pays.
Ils croyaient que les Mangoustes pénétraient
dans le corps des Crocodiles endormis la
gueule béante; ce fait est fabuleux; mais
elles nuisent aux Crocodiles en détruisant
leurs œufs, dont elles se nourrissent.
Les Mangoustes se tiennent dans les cam-
pagnes au voisinage des habitations, etsou-
vent sur les bords des rigoles qui servent
aux irrigations. Lorsqu'elles pénètrent dans
les basses-cours, elles mettent à mort toutes
les volailles qu'elles rencontrent, et se con-
tentent d'en manger la cervelle et d'en sucer
le sang. Dans la campagne, elles font la
guerre aux Rats, aux Oiseaux et aux petits
Reptiles ; elles recherchent aussi les œufs des
Oiseaux qui nichent à terre et ceux des Rep-
tiles qu'elles savent trouver dans le sable.
Leur démarche est très circonspecte, et elles
ne font point un seul pas sans avoir examiné
avec soin l'état des lieux où elles se trouvent.
Le moindre bruit les fait arrêter et rétro-
grader. Quand elles se sont assurées de n'a-
voir à craindre aucun danger, elles se jettent
brusquement sur l'objet qu'elles guettent.
Du temps de Prosper Alpin, les Mangous-
tes étaient domestiques en Egypte; mais il
n'en est pas de même aujourd'hui. Il est très
facile de les apprivoiser; et celles qu'on a
observées en captivité avaient des allures très
analogues à celles des Chats ; elles montraient
quelque affection pour les personnes qui en
prenaientsoin, mais les méconnaissaient lors-
qu'elles avaient une proie en leur possession :
alors elles se cachaient dans les lieux les
plus reculés en- faisant entendre une sorte
de grognement.
Les Mangoustes ont l'habitude singulière
de frotter le fond de leur poche anale contre
des corps durs, lisses et froids, et semblent
éprouver une sorte de jouissance dans cette
action. Elles lappent en buvant comme le
Chien, et aussi, comme lui, lèvent une
de leurs jambes de derrière pour pisser.
L'homme leur fait souvent la chasse; en ou-
tre, les Mangoustes ont deux autres enne-
mis acharnés , le Chacal et le Tupinambis.
Les autres espèces de ce groupe que nous
ne croyons devoir qu'indiquer ici, car elles
ne sont pas encore bien caractérisées, sont :
la Mangouste numique , Mangusla numicus
Fr. Cuv., d'Algérie; Y Herpestes sanguineus
Ruppell (pi. 8, f. 1), deKordofau; l'Fer-
pestes musgigella Ruppell (pi. 9, f. 1), de
Simen en Abyssinie; Herpestes zébra Rupp.
(pi. 9, f. 2), de Kordofau; Mangouste nems
Buffon (t. XIII, pi. 27), Et. Geoffr., Herpestes
griseus A. -G. Desm., Viverra cafra G m.,
Viverra grisea Thunb. , de la Cafrerie ;
Mangouste des marais, Herpestes paludinosus
G. Cuv., Mangusta urinator Smith (Zool.
journ., IV), et, enfin, deux espèces dont la
patrie est inconnue: les Mangouste rouge,
Herpestes ruber A. -G. Desm., Ichneumon
ruber Et. Geoffr., et la granpe Mangouste,
Buffon (t. XIII, pi. 26), Herpestes major
A.-G. Desm., Ichneumon major Et. Geof-
froy, etc.
Quant à l'espèce indiquée sous le nom de
Mangouste vausire, Herpestes galera, et qui
WAN
habite Madagascar, nous nous en occupe-
rons au mot Vausire de ce Dictionnaire.
(E. Desmarest.)
MANGUE. C7-ossarchus. mam. — Genre
de Carnassiers voisin des Mangoustes et des
Suricates, établi par Fr. Cuvier {Mammi-
fères litogr., liv. 47), et adopté par tous les
zoologistes. Chez les Mangues , le museau
se prolonge de beaucoup au-delà des mâ-
choires, et il jouit d'une extrême mobilité;
il est terminé par un mufle sur le bord du-
quel s'ouvrent les narines ; ce mufle est mo-
bile , et par sa forme il rappelle celui des
Coatis. Les dents sont en même nombre que
chez le Suricate, mais elles ressemblent par
leurs formes générales à celles des Man-
goustes. Les oreilles sont assez petites , ar-
rondies, et la conque présente dans son mi-
lieu deux lobes très saillants situés l'un au-
dessus de l'autre. La pupille est ronde, et
la langue, couverte dans son milieu de pa--
pilles cornées, est douce sur ses bords. Les
pieds sont pentadactyles , comme chez les
Mangoustes , mais il n'y a aucune trace de
!a petite membrane interdigitale qui existe
«hez celle-ci : le doigt du milieu est le plus
^ong de tous, et le pouce le plus court. La
plante du pied, qui pose tout entière sur le
sol dans la marche , présente cinq tuber-
cules , dont trois sont placés à la commis-
sure des quatre grands doigts, et les deux
autres plus en arrière : à la paume il y a le
même nombre de tubercules, et ces organes
sont disposés à peu près de la même ma-
nière. La queue est comprimée et d'un tiers
moins longue que le corps.
Le squelette des Mangues, qui a été étu-
dié par M. de Blainville (Osléographie, fas*
cicule des Viverras), n'offre rien qui puisse
le moins du monde le distinguer de celui de
la Mangouste d'Egypte ; c'est toujours à peu
près le même nombre d'os au tronc comme
aux membres , sauf à la queue, où il n'y a
que vingt-deux vertèbres : seulement cha-
cun de ces os est en général plus ramassé
ou plus court proportionnellement, ce qui
rend les apophyses épineuses des vertèbres
plus serrées ; les pouces sont peut-être aussi
un peu plus développés, et surtout les pha-
langes onguéales ; les autres différences os-
téologiques ne peuvent guère être rendues
que par l'iconographie , et nous renvoyons
aux planches de M. Werner qui accompa-
T. vu.
MAN
753
gnent l'ouvrage de M. de Blainville. Les tes-
ticules ne se voient pas à l'extérieur, et la
verge est dirigée en avant; le gland, ter-
miné en cône, est aplati sur les côtés. L'a-
nus est situé à la partie inférieure de la
poche anale, c'est-à-dire que celle-ci se
rapproche de la base de la queue : elle se
forme par une sorte de sphincter , de sorte
que dans cet état, elle semble n'être que
l'orifice de l'anus ; mais dès qu'on l'ouvre
et qu'on la développe, elle présente une sorte
de fraise, qui, en se déplissant, finit par pré-
senter une surface très considérable : cette
poche sécrète une matière onctueuse très
puante, dont l'animal se débarrasse en se
frottant contre les corps durs qu'il ren-
contre.
Une seule espèce entre dans ce genre : c'est
la Mangue obscure, Crossarchus obscurus
Fr. Cuvier (loco citato); sa longueur est d'un
peu moins d'un pied, depuis le bout du mu-
seau jusqu'à l'origine de la queue, qui a
7 pouces; son pelage est d'un brun uni-
forme , seulement avec une teinte un peu
plus pâle sur la tête ; chaque poil étant brun
avec la pointe jaune.
La Mangue habite les côtes occidentales
de l'Afrique , et principalement Sierra-
Leone.
Un individu a vécu à la Ménagerie du Mu-
séum, et ses mœurs ont été étudiées avec soin
parFr. Cuvier et M. Isidore Geoffroy-Saint-
Hilairc. Cet animal était d'une extrême pro-
preté; il déposait toujours ses excréments
dans le même coin de sa cage, et avait au
contraire bien soin de ne jamais salir celui où
il avait coutume de se coucher. 11 était doux
et très apprivoisé , et aimait être caressé; et
quand on approchait de sa cage, il venait
présenter immédiatement sa gorge ou son
dos. Lorsqu'on s'éloignait de lui , il faisait
entendre de petits sifflements ou cris aigus,
semblables à ceux d'un Sajou. Il avait l'ha-
bitude d'élever de temps en temps son corps
sur ses pattes antérieures , et d'appliquer
son anus contre la partie supérieure de sa
cage. Il buvait en lappant, et faisait alors un
bruit semblable à celui que produit le frot-
tement du doigt sur un marbre mouillé, ft
se nourrissait habituellement de viande,
mais il mangeait aussi volontiers du pain ,
des carottes, des fruits desséchés, etc. (E. D.)
MANGUE, bot. ru.— Fruit du Manguier.
95
754
MAN
MaN
Ma" . Mangifera. bot. ph. —
Genre de la famille des Anacardiacées, de
la pentandrie monogynie dans le système
sexuel de Linné. Les végétaux qui le com-
posent sont des arbres originaires de l'Inde,
dont les feuilles sont simples , entières, à
nervures pennées, dépourvues de stipules,
alternes; dont les fleurs sont petites, de
couleur blanche ou rougeâtre, réunies en
panicules terminales, et présentent l'orga-
nisation suivante: Calice régulier, quinqué-
parti, dont les lobes se détachent et tom-
bent de bonne heure; corolle à 5 pétales
étalés, plus longs que le calice; 5 étami-
nes, dont 4 sont ordinairement plus courtes,
peu développées ou stériles ; pistil formé
d'un ovaire libre , sessile , sur le côté du-
quel s'attache le style. Le fruit qui succède
à ces fleurs est un drupe quelquefois très
volumineux, plus ou moins comprimeront
la chair est molle et pulpeuse, dont le noyau
est ovale-oblong , presque réniforme , com-
primé, de consistance dure et crustacée,
uni-loculaire ; la surface externe de ce noyau
est sillonnée, rugueuse, revêtue en entier
de sortes de fibres ligneuses , assez sembla-
bles à des poils; sa surface interne est au
contraire glabre et lisse. La graine renfer-
mée dans ce noyau est grosse , dépourvue
d'albumen ; son embryon a les deux cotylé-
dons charnus et la radicule courte.
L'espèce la plus connue et la plus intéres-
sante de ce genre est le Manguier des Indes,
Mangifera indica Lin., originaire des In-
des orientales, cultivé également aujourd'hui
à l'Ile de France et dans l'Amérique inter-
tropicale, particulièrement aux Antilles. Le
Manguier des Indes est un bel arbre dont
le tronc est revêtu d'une écorce épaisse, ra-
boteuse, brune, et se termine par une cime
formée de rameaux di- ou trichotomes ; ses
feuilles sont oblongues, lancéolées, aiguës
à leurs deux extrémités, ondulées sur leurs
bords, glabres à leur surface; ses fleurs
sont très petites , réunies au sommet des
rameaux en longues grappes paniculées;
leur pédicule est rougeâtre; leurs pétales
sont aigus, de couleur rougeâtre, marqués
â leur base d'une tache rouge-foncé; elles
ont une seule étamine fertile, beaucoup
plus développée que les quatre autres. Le
fruit du Manguier des Indes est vulgaire-
ment désigné aux Antilles sous les noms de
mangue ou mango. Il varie beaucoup de
couleur ; ainsi on en possède des variétés
jaunes, vertes et rouges; son volume est
celui d'un petit melon et son poids d'envi-
ron un demi-kilogramme; mais il acquiert,
dit-on , quatre et six fois ce poids dans cer-
taines variétés , comme dans celle de Java;
sa forme approche de celle d'un rein; sa
chair est jaune , un peu filandreuse, de sa-
veur sucrée et fondante, très agréable; il
est très estimé dans les contrées intertropi-
cales, où il constitue un aliment aussi sain
qu'abondant. Le Manguier fleurit et fructi-
fie en avril , mai , juin et juillet ; alors , et
particulièrement pendant deux mois, son
fruit est si abondant et son prix si peu élevé,
qu'il fournit exclusivement à l'alimentation
des gens du peuple et des nègres , qui le
mangent en nature et sans préparation;
dans quelques pays, on le mange cuit ou
salé ; mais le mode de préparation le plus
estimé consiste à le peler, à le couper par
tranches et à l'assaisonner avec du vin , du
sucre et des aromates. On en fait encore des
compotes et des confitures au sucre très es-
timées. Cueilli encore jeune, et confit au
vinaigre, il remplace sans désavantage les
cornichons. Outre ces nombreux usages éco-
nomiques , qui lui donnent une grande im-
portance, le fruit du Manguier des Indes se
recommande encore par des propriétés mé-
dicinales, particulièrement une de ses va-
riétés, qui a une odeur très prononcée de
térébenthine, et qui agit comme un dépu-
ratif excellent. Un médecin de la Jamaïque
a assuré qu'il lui avait suffi d'en nourrir ex-
clusivement pendant deux ans des nègres
chez lesquels le scorbut était arrivé à son
dernier période pour les guérir entière-
ment. En général , ce fruit est rafraî-
chissant, nourrissant et adoucissant. Par
suite de la culture, il varie beaucoup de
saveur, de couleur, de forme, de volume,
au point qu'on en distingue environ 80 va-
riétés.
Ce n'est pas seulement pour son fruit que
ce Manguier des Indes a de l'intérêt. Son
bois , quoique blanc, mou, et ne pouvant
guère être utilisé que pour des ouvrages de
peu d'importance, a néanmoins beaucoup
de prix au Malabar, où on l'emploie pour
brûler le corps des grands personnages. Sou
écorce renferme un suc résineux brunâtre,
MAN
MAN
amer et acre , qui en découle lorsqu'on fait
des incisions au tronc, et qui passe pour un
excellent remède contre les diarrhées chro-
niques. L'écorce elle-même, desséchée et
pulvérisée, est regardée comme très efficace
pour les contusions. D'un autre côté, les
feuilles de cet arbre sont estimées, à l'état
adulte, comme anti-odontalgiques, et dans
l'état jeune, elles sont employées avec suc-
cès contre l'asthme et la toux. Enfin la
graine elle-même a une certaine importance
comme anthelminthique. Ainsi l'on voit au
total que le Manguier des Indes mérite d'ê-
tre regardé comme l'un des arbres les plus
intéressants et les plus utiles que possèdent
les contrées chaudes du globe.
Deux autres espèces du même genre mé-
ritent d'être mentionnées en passant; ce
sont : 1° le Mangifera fœlida Lour., grand
arbre de la Cochinchine et des Moluques ,
dont le fruit est en forme de cœur et pubes-
cent à sa surface ; 2° le Mangifera laxiflora
Desrous., de l'île Maurice, dont le drupe est
presque globuleux. L'un et l'autre de ces
fruits sont comestibles. (P. D.)
*MAIVIA. ins. — Genre de l'ordre des Lé-
pidoptères nocturnes, tribu des Amphipy-
rides , établi par Treitschke. Ce genre ne
renferme que deux espèces : M . maura et
typica, qui habitent l'Europe. Les chenilles
vivent de plantes basses, et se cachent sous
les feuilles pendant le jour.
MANICARIA (manica, manche), bot.
pu. — Genre de la famille des Palmiers,
tribu des Borassinées-Pinnatifrondes, établi
parGœrtner (II, 468, t. 176). Palmiers des
forêts marécageuses de l'Amérique. Voy . pal-
miers.
*MANICIIVA (manica, manche), polyp. —
Genre établi par M. Ehrenberg aux dépens
desMéandrines et des Pavoniesde Lamarck.
Il comprend les espèces dont le Polypier
présente des stolons dressés et distincts, et
des étoiles non enveloppantes, mais de forme
turbinée; comme dans les autres Méandri-
nes, le disque de sa bouche est incomplète-
ment circonscrit. Ce genre comprend les
Méandrines pectinée, aréolée et ondoyante
(M. gyrosa), et la Pavonie laitue. Ce sont,
en quelque sorte, des Caryophyllies incom-
plètement divisées; on les trouve dans les
mers iniertropicales. (Duj.)
aiAI'.nCOU. mam. — Espèce du genre Di-
delphe, désignée scientifiquement sous le
nom de Didelphis virginiana. (E. D.)
MANIHOT. Manihot, Plum. bot. pu. —
Le nom générique de Manihot, que nous
adoptons ici avec M. Endlicher, qui corres-
pond à celui de Janipha , proposé par
M. Kunth , et adopté par M. de Jussieu dans
sa Monographie des Euphorbiacees , se rap-
porte à un petit nombre de végétaux amé-
ricains, que Linné rangeait dans son genre
Jatropha (Médicinier). Le genre Manihot
appartient à la famille des Euphorbiacees,
et, dans le système sexuel de Linné, à la
monœcie décandrie. Il se compose d'arbres
et d'arbrisseaux à suc laiteux , abondant ,
dont les feuilles sont alternes et palmées;
dont les fleurs, généralement d'un brun jau-
nâtre, sont réunies en grappes paniculées,
axillaires ou terminales ; ces fleurs sont mo-
noïques, et présentent un périanthe simple
ou un calice campanule, divisé profondé-
ment en cinq lobes; dans les mâles, on
trouve dix étamines dont les filets , libres et
distincts les uns des autres , sont alternati-
vement longs et courts, et s'insèrent sur le
bord d'un disque charnu et comme fes-
tonné; quant aux fleurs femelles, leur
ovaire repose sur un disque charnu ; il est
creusé de 3 loges uni-ovulées , et il supporte ,
à son extrémité, un style court, terminé
par trois stigmates à plusieurs lobes, réunis
en une masse comme rugueuse; à ce pistil
succède un fruit qui se partage , à la ma-
turité , en trois coques bivalves.
A ce genre appartient une espèce très in-
téressante, qui occupe un rang important
parmi les plantes alimentaires de l'Amé-
rique. Cette espèce est le Manihot comes-
tible, Manihot utilissima Pohl (Janipha Ma-
nihot Kunth , Jatropha Manihot Lin.) , très
connu sous les noms vulgaires de Manioc ,
Magnioc , Manioque. C'est un sous-arbris-
seau qui croît spontanément dans l'Amérique
méridionale, mais qui, plus généralement,
est cultivé dans toutes les parties chaudes
du Nouveau-Monde. Ses feuilles sont pal-
mées, à lobes lancéolés, lisses, très en-
tiers. La partie utile de cette plante est sa
racine qui acquiert un volume considérable,
et dont le tissu renferme une grande quan-
tité de fécule. A l'état frais , elle contient en
même temps, en grande abondance , un suc
laiteux vénéneux ; mais la substance qui lui
756
MAN
MAN
donne ces propriétés délétères est très vola-
tile , car elle disparaît par l'effet de la cuis-
son , ou même par suite dune simple ex-
position à l'air pendant vingt-quatre heures,
laissant ainsi le résidu du suc laiteux en-
tièrement inolTensif. D'un autre côté, en dis-
tillant ce même suc frais , on en obtient un
liquide extrêmement vénéneux, dont quel-
ques gouttes appliquées sur la langue d'un
Chien le font périr en quelques minutes.
Pour employer la racine de Manioc comme
aliment, on commence nécessairement par
la débarrasser de son principe délétère ; pour
cela, on la lave, on la pèle, on la râpe, et
on la soumet à une pression assez forte pour
en extraire le suc; la matière qui reste
alors constitue la farine de Manioc; pen-
dant l'opération du râpage il s'écoule un li-
quide qui laisse déposer une fécule très es-
timée pour sa blancheur, sa légèreté, pour
ses qualités nutritives, et dont on fait des
gâteaux et lies pâtisseries. Quant à la fa-
rine elle-même, immédiatement après qu'elle
a été retirée du pressoir , on la fait sécher
sur une plaque chaude en la remuant, et
l'on en obtient par là ce qu'on nomme la
couaque ,' avec laquelle on fait une sorte de
pain, que l'on cuit légèrement, et qu'on
nomme Pain de Cassave. La fécule de Ma-
nihot est très nourrissante; on assure qu'un
demi kilogramme fournit un aliment suffi-
sant pour un homme pendant un jour; sa
couleur est un blanc un peu jaunâtre; sa
saveur est douce et fade; sa consistance est
un peu grenue. Lorsqu'on dessèche cette fé-
cule sur des plaques chaudes , on en obtient
le Tapioka ou Sagou blanc, qui se présente
sous la forme de grains irréguliers et durs,
qui se réduisent aisément en gelée par l'ac-
tion de l'eau bouillante. Le Tapioka est au
nombre des fécules auxquelles la facilité avec
laquelle elles se digèrent donne de l'impor-
tance en médecine. (P. D.)
.; MAIMKUP, Less. ois. — Syn. de Pithys.
iVoy. ce mot. (Z. G.)
i *MANINA. mam. ~ Division de l'ordre
des Édentés ayant pour type le genre Pan-
golin , et proposé par M. Gray (Arch. of
vhil.y XXVI, 1825). (E. D.)
MANINA (manus, main), bot. cr. — Sco-
poli , dans son Histoire des plantes souter-
raines , donne ce nom à des Champignons
qui, privés de lumière, ont végété d'une j
manière monstrueuse , comme VHydnum
crinaceus et muscoides. (Lév.)
MANIOC et MANIOQUE. bot. pu. —
Noms vulgaires du Manihot. Voy. ce mot.
MANIS. mam. — Nom latin du Pango-
lin. Voy. ce nom. (E. D.)
MANÏSU&IS (,uavô;, mince; ovpa, tige).
bot. ph. — Genre de la famille des Grami-
nées-Rottbœlliacées, établi par Linné {Gen.,
n. 1334). Gramens des régions tropicales du
globe. Voy. graminées.
MANNA, Don. bot. pu. — Syn. d'Alhagi,
Tournef.
MANNE, MANNITE. Manna. bot., cimr.
— On donne ce nom à la matière concrète
et sucrée qui exsude de plusieurs espèces de
Frênes (voy. ce mot), et principalement du
Frêne à fleurs (Fraxinns ornus) et du Frêne
à feuilles rondes (F. rotundifolià), arbres qui
croissent spontanément en Italie, en Sicile,
et très probablement dans toute la région
orientale méditerranéenne.
La Manne s'écoule naturellement par les
pores de l'épiderme et par les fentes de l'é-
corce; mais comme ce procédé delà nature
n'en fournit point assez abondamment pour
les besoins de l'homme, on pratique à la
partie supérieure et sur l'un des côtés du
tronc de l'arbre que l'on veut exploiter , des
incisions longitudinales profondes par les-
quelles s'échappe le suc propre de la sève
élaborée qui, en se concrétant, forme la
Manne.
La Manne offre de grandes variétés de
couleur, depureté, de saveur, d'odeur, etc.,
et ces variétés dépendent non seulement des
procédés d'extraction, mais encore de la sai-
son pendant laquelle se fait la récolte. On
distingue dans le commerce trois sortes de
Manne:
La Manne en larmes: c'est la plus pure
de toutes ; elle se recueille aux mois de juillet
et d'août; elle est en morceaux irréguliers,
secs, blanchâtres, d'un aspect cristallisé ou
granuleux, d'une saveur douce et sucrée.
Fraîche, elle est employée par les habitants
du pays aux mêmes usages que le sucre ;
elle n'acquiert de saveur nauséabonde et do
propriétés laxatives qu'avec le temps, qui
semble y déterminer une sorte de fermenta-
tion.
La Manne en sorte est récoltée aux mois
de septembre et d'octobre; la température
MAN
MAN
étant moins élevée, elle se dessèche moins
promptement, coule le long de l'arbre, s'y
salit, el y subit probablement déjà un com-
mencement de décomposition. La Manne en
sorte se compose d'une grande quantité de
petites lames agglutinées au moyen d'un li-
quide sirupeux; la saveur en est plus sucrée
que celle de la précédente, mais aussi plus
nauséabonde; c'est la plus usitée en méde-
cine.
La Manne grasse se récolte à une époque
encore plus avancée de l'année; elle vient
se ramasser dans de petites fosses pratiquées
au pied de l'arbre , et forme ainsi des masses
poisseuses, plus ou moins mêlées d'impure-
tés, et dans lesquelles on distingue à peine
quelques larmes en grumeaux. Sa saveur
sucrée est néanmoins désagréable, et l'odeur
en est nauséabonde au plus haut degré.
La Manne en larmes, analysée par M. Thé-
nard, a donné pour résultats : 1° un principe
sucré cristallisable qui a reçu le nom de
Marmite; 2° du sucre incristallisable en très
petite quantité; 3° enfin une matière mu-
queuse, également incristallisable, d'odeur
et de saveur nauséabondes, et dans laquelle
paraît résider la propriété purgative de la
Manne; et, en effet, cette matière est en
plus grande proportion dans la Manne en
sorte et dans la Manne grasse, qui renferment
moins de Mannite.
La Mannite ne se rencontre pas seulement
dans la Manne ; on la trouve encore dans
les sucs exsudés par certains Cerisiers et
Pommiers, dans quelques espèces de Cham-
pignons, dans le suc des Oignons , dans le
Céleri , dans les Asperges , enfin dans l'au-
bier de plusieurs espèces de Pins et particu-
lièrement du Larix. On l'a aussi rencontrée
dans les racines de Chiendent et dans quel-
ques Algues marines; on la trouve en outre
dans des sucs végétaux sucrés où elle ne
préexiste pas, mais où elle se forme lorsqu'ils
viennent à subir la fermentation dite vis-
queuse.
La Mannite s'extrait facilement de la
Manne par l'intermédiaire de l'alcool chaud,
dans lequel elle est très soluble. Obtenue à
l'état de pureté, elle se présente cristallisée
sous forme de prismes quadrangulaires, an-
hydres, minces, incolores, transparents et
doués d'un éclat soyeux; elle est légèrement
sucrée, très soluble dans l'eau et dans l'al-
cool chaud. Mise en présence du ferment, la
dissolution de Mannite n'éprouve pas de
fermentation. Sous l'influence d'une tempé-
rature élevée, elle se décompose en donnant
les mêmes produits que le sucre de canne.
L'acide nitrique la convertit en acide oxali-
que. La Mannite est représentée par la for-
mule suivante: C'2 H'* O6 (Dumas).
La Manne de Briançon, ainsi nommée parce
qu'on la récolte aux environs de cette ville
sur les feuilles du Mélèze {Pinus Larix), est
sous forme de petits grains arrondis, jaunâ-
tres; elle est légèrement purgative.
On rencontre dans les déserts de l'Arabie
et de la Perse un arbrisseau rabougri, épi-
neux (Hedysarum alhagi Linn., Alhagi Mau-
rorum Dec.) sur lequel se récolte un suc
blanc, concret, qui a reçu le nom de Manne
alhagi. Olivier, au retour de son voyage en
Turquie, rapporta en France plusieurs livres
de cette substance, qui, d'après Niebuhr, est
employée dans la Perse en guise de sucre
pour les pâtisseries et d'autres mets de fan-
taisie. Les commentateurs, qui s'attachent à
l'esprit et non à la lettre des livres saints,
pensent que la Manne dont se nourrirent les
Hébreux dans le désert n'était autre chose
que cette Manne alhagi. (A. D.)
MANON (pavoç, mou), polvp. — Genre
de Spongiaires établi par Schweigger, et
ayant pour type l'Éponge oculée de Lamarck
ou Spongia oculata de Solander , qui est
très rameuse , molle, et dont les rameaux
dressés, presque cylindriques, sont pourvus
de petits oscules formant quelquefois une
ou deux séries. Ce genre comprend les Epon-
ges non tubuleuses , dont la masse lacu-
neuse est réticulée à la surface et pourvue
d'oscules bien distincts. M. Goldfuss a dé-
crit, comme appartenant à ce genre, plu-
sieurs Spongiaires fossiles de la craie et des
terrains plus anciens. (Duj.)
MANOOROA, ois. —V. paille-en-queue.
*MANOPUS(y.avoç, mince; tto3;, pied).
ins. — Genre de Coléoptères pentamères ,
famille des Lamellicornes, tribu des Scara-
béides phyllophages, proposé par Laporte de
Castelnau ( Hist. nat. des An. artic.f t. Il,
p. 147). L'espèce type est la Philochlœna
bigutta'.a Dej. Elle est originaire de Co-
lombie. (C)
MANORHINE. 3fanorftma(aavôç, mince;
p.'v, nez), ois. — Genre créé par Vieillot, et
758
MAN
MAN
placé par lui à côté des Martins dans sa fa-
mille des Chanteurs, manière de voir qui,
au reste, a été partagée par G. Guvier.
G. • R. Gray, au contraire , l'éloigné de cette
famille, et le range dans celle des Philé-
dons. Quoi qu'il en soit, ce g. a pour carac-
tères : Bec très comprimé , peu arqué , fai-
blement échancré; des fosses nasales larges,
fermées par une membrane dans laquelle
sont percées des narines linéaires ; les plu-
mes du front veloutées , et s'avançant en
partie sur les fosses nasales; le tour de
l'œil nu.
Ce g. ne renferme jusqu'à ce jour que
l'espèce suivante :
La Manouhine verte, M. viridis Vieill.
{Gai. des Ois., pi. 149). Elle a tout le plu-
mage d'un vert olivâtre, les joues jaunâtres,
et deux moustaches noires à la base du bec.
Habite la Nouvelle-Hollande. (Z. G.)
MANOUL ou MANUL. mam. — Espèce
de Lynx. Voy. ce mot à l'article chat.
MANS. ins. — Nom vulgaire de la larve
du Hanneton. Voy. ce mot.
*MANSOA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Bignoniacées , établi par De Can-
dolle (Revis. Bignon., 12). Arbrisseaux du
Brésil. Voy. bignoniacées.
MANTE. Mantis ( pdcrnc, devin ). ins. —
Genre de la tribu des Mantiens, groupe des
Mantites, de l'ordre des Orthoptères, carac-
térisé par un prothorax plus long ou au
moins aussi long que le mésothorax et le me-
ta thorax; par des yeux arrondis ; des cuisses
simples, etc.
Linné, établissant le genre Mantis dans
son Systema naturœ, y comprenait non seu-
lement tous les types de notre tribu des Man-
tiens , mais encore ceux de la tribu des
Phasmiens. De plus en plus restreint par les
entomologistes, il ne constitue maintenant
qu'un petit genre de cette tribu. Les espèces
de notre pays sont les Mantis religiosa et
oratoriaLm. Voy. pour les détails de mœurs,
d'organisation, de classification, etc., notre
article mantiens. (Bl.)
MANTEAU. MOLL. — Voy. COQUILLES,
à l'article mollusques.
MANTELET. moll. — Adanson [Voy. au
Sénég.) donne ce nom à un genre qu'il a
formé aux dépens des Porcelaines , adopté
par quelques auteurs et rejeté par d'autres.
Voy. porcelaine.
♦MANTELLIA (nom propre), bot. foss.
— Genre de végétaux fossiles de la famille
des Cycadées , établi par M. Ad. Brongniart
(Prodr., 96), qui lé décrit ainsi : Tiges cy-
lindriques ou presque sphéroïdales , sans
axe central dis'/nct, couvertes de cicatrices
rhomboïdales , dont le diamètre horizontal
est plus grand que le diamètre vertical.
On n'en connaît que deux espèces : l'une
(M. nidiformis), du calcaire de Portland ;
l'autre (M. cylindrica), du calcaire conchy-
lien. (J.)
*MANTEYLES. ins. — Nom employé gé-
nériquement par Schœnherr pour un Co-
léoptère tétramère de la famille des Curcu-
lionides, mais que l'auteur a abandonné
ensuite pour en faire la quatrième division
de ses Geonemus, uniquement composée
d'espèces de l'Amérique méridionale; le G.
S-tuberculatus de F. en était le type. (C.)
MANTICORA , ou mieux MANTICHO-
RA {Mantichora , animal fabuleux, suivant
Pline, à figure humaine), ins. — Genre de
Coléoptères pentamères, famille des Cara-
biques , tribu des Cicindélètes , créé par Fa-
bricius (Systema eleutheratorum , t. I , XIX,
167), et généralement adopté depuis. Deux
espèces de l'Afrique méridionale en font
partie: les M. tuberculata Dej. (giganlea
Th., maxillosa F.), et lalipennis Water-
house. (C.)
*MANTICORIDES. Manticoridœ. ins.—
M. Th. Lacordaire, en adoptant à peu près
la même manière de voir de MM. Audouin
et Brullé, a établi une tribu de Coléoptères
pentamères qui dépend de la famille de ses
Cicindélides , Cicindelidœ (Révision de la fa-
mille des Cicindélides, 1842, p. 11). Voici
comment l'auteur la caractérise :
Tête grosse. Palpes égaux en longueur;
le premier article des labiaux ne dépassant
pas, ou très légèrement, l'échancrure du
menton : celle-ci munie d'une forte dent.
Yeux petits, arrondis. Les trois premiers ar-
ticles des tarses antérieurs, tantôt simples
dans les deux sexes , tantôt dilatés chez les
mâles. Jamais d'ailes sous les élyties.
I. Tarses antérieurs simples dans les deux
sexes Manticoiu.
II. Les trois premiers articles des tarses
antérieurs dilatés cbez les mâles.
A. Angl -s du prothorax saillants , surtout
les postérieurs. . . • Peatscbu*
MAN
MAN
759
B. Ces mêmes angles nuls.
Labre dentelé en avant Amblychkila.
— simplement sinué en avant. . . Omus.
(C.)
*MA\TICORïE\S. ins. — Famille de
Coléoptères pentamères carnassiers , groupe
des Cieindélètes, établie par MM. Audouin
et Brullé ( Hist. nat. des Ins., 1834 , t. IV,
p. 20), et ainsi caractérisée par ces au-
teurs : Tête très grosse ; yeux petits , labre
court; mandibules très saillantes. Les gen-
res rapportés à cette famille sont : Manti-
cora, Omus, Plalychile et Megacephala. (C.)
MAIVTIDES. Mantidœ. ms.—Voy. nan-
tîtes et surtout mantiens. (Bl.)
MANTIEIVS. Mantii. ins.— Tribu de l'or-
dre des Orthoptères, caractérisée par une tête
libre, un prothorax beaucoup plus long que
les deux autres parties du thorax, méso et
métathorax; par des pattes antérieures ra-
visseuses, c'est-à-dire en crochets et armées
de fortes épines, les autres seulement
propres à la marche ; des tarses de cinq ar-
ticles et un abdomen muni de filets arti-
culés.
La tribu des Mantiens, telle que nous la
considérons, telle que la considèrent aujour-
d'hui tous les entomologistes, ne correspond
pas même au genre Mantis de Linné, mais
seulementàune portion de cegenre. L'auteur
du Systema naturœ comprenait encore sous
la même dénomination générique les espèces
connues sous le nom vulgaire de Spectres,
espèces qui aujourd'hui composent notre
tribu des Phasmiens. Fabricius ne modifia
d'abord en aucune manière les limites que
Linné avait imposées à son genre Mantis.
Illiger vint ensuite, et proposa plusieurs
nouvelles divisions génériques. Ces coupes
furent adoptées par Latreille; mais, néan-
moins, ce célèbre entomologiste conserva
dans une même famille, dans un même pe-
tit groupe, et les Mantes et les Spectres.
Depuis cette époque encore bien peu
éloignée de nous, tous les naturalistes qui
se sont occupés de l'ordre des Orthoptères ,
soit sous le rapport anatomique, soit seule-
ment sous le rapport des caractères zoologi-
ques , ont complètement séparé ces deux
types.
Le genre de vie des Mantiens et des Phas-
miens est si différent, les caractères des uns
et des autres sont si parfaitement tranchés,
qu'il y avait tout avantage à établir cette
distinction.
Les Mantiens présentent un ensemble de
caractères et offrent un aspect particulier
qui les font reconnaître au premier abord.
Leur corps est toujours étroit et plus ou
moins élancé. Leurs élytres , parcourues par
de nombreuses nervures, embrassent les
côtés du corps. Leurs pattes antérieures, ad-
mirablement disposées pour saisir une proie,
ont une conformation qui ne se retrouve
point chez des Orthoptères d'une autre tribu,
mais qu'on remarque cependant chez de pe-
tits Névroptères du genre Mantispa et chez
les Crustacés composant l'ordre des Stoma-
podes. Ces pattes antérieures ont un déve-
loppement considérable. Les cuisses sont
épaisses et garnies en dessous d'épines acé-
rées ; les jambes, un peu arquées et égale-
ment munies de fortes épines, se replient
contre les cuisses, de manière à constituer
une pince préhensile retenant avec force
les insectes que la Mante a pu saisir.
L'anatomie de ces curieux insectes a été
faite surtout par M. Léon Dufour. Ce savant
a donné des détails assez étendus sur l'appa-
reil digestif et sur les organes de la généra-
tion chez ces Orthoptères. De notre côté,
nous en avons examiné le système nerveux.
Comme chez les animaux carnassiers en
général, le tube digestif est assez court. Sa
longueur dépasse peu celle du corps. L'œso-
phage consiste en un tube long, grêle, con-
tenu en entier dans le thorax. Le jabot, si-
tué dans le métathorax, est peu renflé,
oblong et strié extérieurement. Au-delà de
ce jabot, on remarque un gésier un peu
contourné, qui, à l'intérieur, renferme un
appareil de trituration consistant en six
rangées longitudinales de petites lames d'ap-
parence cornée. A son extrémité, on observe
huit bourses ventriculaires, cylindriques H
plus ou moins contournées sur elles-mêmes.
Le ventricule chylifique est oblong et presque
droit. L'intestin grêle qui lui succède est
courbé en forme d'anse; mais, avant son
extrémité, il se renfle en un rectum ovoïde
offrant six bandelettes longitudinales. Les
vaisseaux biliaires des Mantes sont simples,
assez longs, et au nombre d'une centaine
environ.
L'appareil salivaire est très développé chez
les Orthoptères ; il consiste en deux gre*?es
760
MAN
glandes situées de chaque côté de l'œsophage.
On y distingue un organe sécréteur composé
d'un nombre très considérable de petits sa-
chets oblongs et semi-diaphanes, un réservoir
salivaire ayant l'apparence d'une petite po-
che ou d'une petite bourse, et enfin un con-
duit excréteur qui se réunit à celui de la
glande opposée de manière à former un seul
canal s'ouvrant dans la bouche de l'insecte.
Les ovaires des Mantiens sont constitués
chacun par une quarantaine dégaines mul-
tiloculaires. Les œufs de ces insectes sont
pondus tous ensemble, rangés régulièrement
dans une coque presque lisse et luisante. Ce
fait coïncide avec l'existence, chez les Man-
tiens, d'un appareil sérifique, se composant
d'un grand nombre de vaisseaux sécréteurs,
les uns longs, flottants, et les autres très
courts, s'insérant sur le tronc commun des
premiers.
Le système nerveux de ces insectes n'a
point encore été représenté ; mais nous avons
eu l'occasion de l'observer. Il consiste en une
chaîne dont les ganglions sont petits et très
espacés.
Presque tous les Orthoptères vivent de
matières végétales ou de matières desséchées.
Dans cet ordre, les Mantiens seuls, sans ex-
ception , sont carnassiers. En cela, comme
on le voit, ils diffèrent encore beaucoup des
Phasmiens, auxquels les premiers zoologistes
les réunissaient; car ceux-ci sont tous phy-
tophages. Les mouvements des Mantiens
sont extrêmement lents. Ces insectes se traî-
nent comme avec peine sur les arbrisseaux
et les broussailles. Pendant des heures en-
tières , on les voit se tenir au soleil sur la
même tige ou sur la même feuille, attendant
qu'un Insecte vienne à passer. C'est alors
qu'ils jettent en avant une de leurs pattes
antérieures, qui, comme nous l'avons vu,
sont admirablement conformées pour saisir
une proie et pour ne point la laisser échap-
per. Si une Mante est parvenue à s'emparer
d'un Insecte, elle le suce aussitôt et rejette
ensuite sa dépouille; si elle a cherché en
vain à s'emparer d'une proie, elle se remet
aussitôt dans la même position qu'aupara-
vant, en demeurant dans un état d'immo-
bilité complète. Dans le midi de l'Europe,
nous avons eu fréquemment l'occasion d'en
observer diverses espèces ; toutes se compor-
tent, à cet égard, exactement de la même
MAN
manière. En Sicile, comme en Afrique, il
n'est pas rare de les rencontrer sur les Cac-
tus. Quand on les inquiète, parfois elles se
laissent choir, mais, le plus ordinairement,
elles s'envolent brusquement pour aller se
poser sur une autre plante. Leur vol, en
général, est lourd, droit et assez rapide,
mais il ne paraît pouvoir être de très longue
durée, surtout pour les femelles dont le
corps est quelquefois plus ramassé, dont
l'abdomen est toujours beaucoup plus volu-
mineux.
Cette attitude singulière des Mantiens ,
dont le corps se trouve posé seulement sur
les quatre pattes postérieures avec le pro-
thorax et la tête relevés, avec les pattes an-
térieures redressées, se croisant parfois, ont
depuis fort longtemps attiré l'attention des
habitants des régions où. l'on rencontre ces
animaux. On a comparé leur maintien à
celui d'un priant, ou même l'on a cru qu'ils
priaient réellement. Le nom de Prega-Diou
(Prie-Dieu), qu'on leur donne dans le midi
de la France et en Italie, est très générale-
ment connu. A une époque assez éloignée
de nous, des idées des plus singulières ont
pu s'accréditer à l'égard de ces Insectes. Ils
étaient regardés comme ayant quelque chose
de divin. Mouflet, ce naturaliste du xvne siè-
cle , qui a décrit et représenté la Mante com-
mune du midi de la France, rapporte, avec
l'accent de la conviction , que si un enfant
s'adressant à une Mante lui demande le
chemin , elle le lui enseigne en étendant
une de ses pattes; et il ajoute gravement :
Elle se trompe rarement ou jamais.
« Tarn divina censelur bestiola , ut puero
interroganti de via , aîtero pede extento rec-
tam monstret , atque raro vel nunquam [al-
lât. »
Il existe encore une sorte de vénération
et diverses superstitions à l'égard des Man-
tiens sur plusieurs points de l'Afrique.
M. Caillaud, bien connu par ses voyages à
Méroë et au fleuve Blanc , a trouvé une es-
pèce de Mante qui est , chez ces Africains ,
l'objet d'un véritable culte. Au rapport de
Sparmann , un Mantien , propre à l'Afrique
australe, est adoré par les Hottentots; et s'il
lui arrive de se poser sur une personne,
celle-ci est considérée comme ayant reçu une
faveur particulière du ciel , et regardée
comme un saint.
M AN
JUAN
■61
Les naturalistes ont donné du reste aussi
à beaucoup d'espèces de Mantiens des dé-
nonciations qui rappellent ces idées singu-
lière.^. Le nom de Mantis lui-même, qui
nous vient du grec, signifie devin. L'espèce
la plus commune en France a reçu le nom
de Mante religieuse (Mantis reiigiosa Lin.) ;
une autre plus petite, également propre à
l'Europe, a été appelée la Mante prêcheuse
(Mantis oralovia Fabr.) ; une autre la Mante
sainte (Mantis sancta), etc.
Ces Orthoptères sont d'une voracité ex-
trême. Quand on enferme plusieurs indivi-
dus dans la même boîte, ils s'entre-dévorent
bientôt. Les mâles, étant plus petits que les
femelles, sont ordinairement victimes de ces
dernières. Rœsel est l'auteur souvent cité
comme ayant observé les habitudes des Man-
tes ; il a remarqué que l'espèce du midi de
la France ne dévorait pas moins de cinq à
six Mouches chaque jour.
Nous en avons nous-même observé quel-
ques espèces en Sicile pendant plusieurs mois.
Nuus avons nourri ainsi avec des Mouches
la Mantis reiigiosa et YEmpusa pauperata.
Elles pouvaient supporter un jeûne fort
long; quand on leur donnait une certaine
quantité de Mouches après les avoir privées
de nourriture pendant plusieurs jours , elles
en dévoraient sept ou huit en très peu d'ins-
tants, et ne cherchaient plus à inquiéter les
autres, au moins jusqu'au lendemain.
Les Mantes pondent leurs œufs vers la fin
de l'été , en accrochant la capsule qui les
contient à quelque plante. Cette capsule,
pour la Mantis reiigiosa , est environ de la
grosseur d'unepetitenoix.Dansson intérieur,
les œufs sont rangés régulièrement, et sépa-
rés les uns des autres par de petites cloisons.
La matière gommeuse des vaisseaux sérifi-
ques venant à imprégner d'abord chaque
œuf constitue ainsi ces cloisons, qui sont
ensuite toutes recouvertes par une enveloppe
générale. D'après quelques observateurs, les
œufs de ces Orthoptères, déposés au mois de
septembre, ne viendraient à éclore qu'au
mois de juin. Il y a probablement à cet
égard des différences coïncidant avec le cli-
mat ; car , dans le midi de l'Europe , nous
avons rencontré de jeunes Mantes dès le
mois d'avril. Les jeunes ressemblent tout •
à-fait aux adultes, sauf l'absence des ailes.
Elles sont à l'état de nymphe quand elles
t- vu.
présentent des rudiments de ces appendices.
Nous avons observé qu'elles demeuraient
sous cette forme souvent pendant plus de
deux mois.
Les Mantiens sont souvent attaqués par
de petits Chalcidiens, dont les larves vivent
aux dépens de leur tissu adipeux. Ce fait a
été observé particulièrement sur une espèce
de l'île de France.
Les Mantiens sont de beaux insectes de
grande taille, parés généralement de cou-
leurs vives , ayant souvent des taches bril-
lantes qui en relèvent l'éclat. Dans plusieurs
espèces , on remarque des taches ocellées de
diverses couleurs sur leurs ailes postérieures.
Ces Orthoptères habitent toutes les régions
un peu chaudes du globe. On les rencontre
dans tout le midi de l'Europe, mais ils ne dé-
passent guère le 42° de latitude; cependant
deux espèces, la Mantis reiigiosa et la Man-
tis oratoria, Qnt été trouvées dans la forêt de
Fontainebleau.
On trouve les Mantiens dans toute l'A-
frique, dans toute l'Amérique méridionale,
dans la partie sud de l'Amérique septentrio-
nale , dans la plus grande partie de l'Asie ,
et jusqu'à la Nouvelle-Hollande.
Nous avons admis (Histoire des Insectes ,
publiée par Firmin Didot, Paris, 1845) treize
genres seulement dans la tribu des Man-
tiens, en les rattachant à trois groupes qu'on
peut distinguer d'une manière précise de la
manière suivante:
.. / courtes, ne couvrant pas
ramasse, / VMomen * . Er
Corps
plus
ou moins 1
élancé,
élancé,
élytres
et ailes
l'abdome
î Eremophili
TES.
/ longues, se-
tacées. . . MantiTES.
couvrant
totalement
l'abdomen.
Antennes
i courtes,
' bipectmées
. dans
| 1rs mâles,
sétaréei
dans les
\ femelles. . Empcsitcs.
Au premier de ces groupes nous ratta-
chons le seul genre Eremophila ou Eremia-
phila, en regardant, au moins jusqu'à une
connaissance plus complète des espèces, le
genre Heteronytarsus comme une simple di-
vision de ce genre. Tous ces Eremophilit.es
sont de petits Mantiens, d'une couleur gri-
sâtre en dessus , dont la démarche est très
lente, et qui \i\ent au milieu des déserts de
l'Egypte et de l'Arabie, en se traînant sur
le sable. Au groupe des Mantites, nous rat-
tachons les genres Metalleutica , propre à
9G
762
MAN
l'île de Java; Mantis, dispersé dans les di-
verses parties du monde; Schizocephala ,
Acanthops, Oxypilus , Harpax, Hymeno-
pus, Toxodera, Vates , dont les espèces sont
généralement peu nombreuses.
Au groupe des Empusites , dont beaucoup
d'espèces sont remarquables par les expan-
sions foliacées de leurs euisses et de leurs
jambes, nous rattachons seulement les trois
genres Empusa , Blepharis , Phyllocrania
(voyez chacune de ces dénominations pour
les détails qui les concernent spécialement).
M. Serville admet dans la tribu des Man-
liens quatorze genres , mais nous avons con-
sidéré le genre Theoclytes comme ne devant
pas être séparé du genre Thespis. M. Bur-
meister a également opéré cette réunion.
Mais celui-ci admettant en outre deux nou-
veaux genres, on porte ainsi le nombre à
quinze pour la tribu des Mantiens. Au reste ,
comme on le voit, les naturalistes s'accor-
dent, en général , pour la plupart des divi-
sions. Il n'y a divergence que pour quel-
ques unes des moins importantes établies
ordinairement sur une ou deux espèces. (Bl.)
*MANTIS. crust. — Petiver, dans sa Pe-
trigraphia americana, tab. 20, fig. 10,
donne ce nom au Gonodac'ylus chiragra.
Voy. gonodactylus. (H. L.)
MANTIS. INS. — Voy. MANTE.
MANTISALCA, Cass. bot. ph. — - Voy.
MICROLONCHUS.
MANTISIA, Curt. bot. ph. — Syn. de
Globba , Linn,
MANTISPA. Ins. — Genre unique de la
famille des Mantides, tribu des Raphidiens,
de l'ordre des Névroptères , établi par Illi-
ger et adopté par tous les entomologistes.
Ce genre est parfaitement caractérisé par
des pattes antérieures ravisseuses; les jam-
bes très renflées et armées d'épines; les
tarses pouvant se replier sur la jambe , et
former une pince préhensile.
Les Mantispes sont des Insectes très sin-
guliers , auxquels la conformation de leurs
pattes antérieures donne l'aspect de petites
Mantes. Ils furent, en effet, confondus avec
ces dernières par Fabrîcius et plusieurs au-
tres auteurs. M. Brullé (Voyage scientif. en
Morée), de son côté, a cru aussi, à une cer-
taine époque , devoir les placer parmi les
Orthoptères ; mais , depuis longtemps, tous
les naturalistes n'ont plus hésité à les con-
MAN
sidérer comme de véritables Névroplcrev
Leurs ailes diaphanes à réseau assez lâche,
leur prothorax allongé et plus étroit que la
tête, nous les montrent aussi comme extrê-
mement voisins des Raphidies. La tête de ces
Névroptères est large, et leurs antennes sont
courtes et un peu moniliformes. Les pre-
miers états des Mantispes ne sont pas con-
nus; on a voulu cependant, par analogie,
rapporter à une espèce de ce genre une larve
assez semblable à celle des Raphidies , mais
un peu plus large. Comme on le voit, ceci
n'a rien de concluant.
Les Mantispes sont peu nombreuses en
espèces ; elles sont dispersées dans des ré-
gions du globe très éloignées les unes des
autres. Le type est la M. pagana, qui se
trouve en France , et principalement dans
le midi. On en connaît en outre une de la
Russie méridionale et de l'Orient (M. perla
Pall. ); une du Cap (M. pusilla Pall.);
une des îles de l'océan Pacifique (M. gran-
dis Guér. ); une de Colombie (M. gracilis
Ramb. ) ; une du Brésil ( M. semihyalina
Ramb.), et enfin une de patrie inconnue
(M. virescens Ramb.). (Bl.)
MANTISPIDES. Mantispidœ. ins. — Fa-
mille de la tribu des Raphidiens, de l'ordre
des Névroptères, ne comprenant que le seul
genre Mantispa. Voy. ce mot. (Bl.)
MANTITES. Mantitœ. ins. — Groupe
de la tribu des Mantiens , de l'ordre des
Orthoptères, caractérisé par un corps plus
ou moins élancé ; des élytres et des ailes
couvrant totalement l'abdomen , et des an-
tennes longues et sétacées. Ce groupe com-
prend le plus grand nombre des genres de
la tribu des Mantiens. (Bl.)
*MANTODEA. ins. — Syn. de Mantides,
employé par M. Burmeister (Handb. der
Entomol. ). (Bl.)
*MANTURA, Stephens, Hope. ins. —
Syn. de Balanomorpha , Chevrolat, Dejean.
Voy. ce mot. (C.)
MANUCODE. ois. — Nom d'une espèce
de Paradisier dont Vieillot a fait le type de
son g. Cicinnurus. Voy. paradisier. (Z. G.)
MANUCODIATA, Briss. ois. — Syn. de
Paradisea, Linn. Voy. paradisier. (Z. G.)
MANUCODIATES. Paradisei. ois. —
Sous ce nom , Vieillot a établi dans l'ordre
des Passereaux une famille qui réunit des
oiseaux chez lesquels les plumes cervicales
MAP
et hypocondriales sont longues et de diverses
formes, et dont le bec est totalement em-
plumé à la base. Les genres Manucode, Si-
silet , Lophorine et Smalie composent cette
famille. (Z. G.)
MANUET. mam. — Voy. les articles la-
GOTIS et HELAMYS. (E. D.)
MAIMULÉE. Manulea. bot. ph. — Genre
de la famille des Scrophularinées-Buchné-
rées, établi par Linné (Gen., n° 1244), et
caractérisé ainsi : Calice 5-parti , à divisions
linéaires ou subulées ; corolle hypogyne , dé-
cidue, à tube allongé, glabre ou tomenteux,
à limbe 5-fide. Étamines 4, insérées au tube
de la corolle, didynames , incluses; an-
thères uniloculaires, conformes; ovaire 2-
loculaire, multi-ovulé; style simple; stig-
mate presque en massue. Capsule bilocu-
laire, septicide-bivalve , à valves bifides au
sommet.
Les Manulées sont des herbes ou des sous-
arbrisseaux du Cap , à feuilles souvent rap-
prochées vers la base de la tige, les florales
petites, bractéiformes ; fleurs souvent d'un
jaune orange; grappes quelquefois simples,
nues ou bractéées , quelquefois composées ,
à pédicelles multiflores»
On connaît une trentaine d'espèces de ce
genre; quelques unes sont cultivées, soit
dans les jardins de botanique, soit dans les
jardins d'agrément. Parmi ces dernières ,
nous citerons principalement la Manulée
a feuilles opposées , Manulea oppositifolia
Vent. , arbrisseau atteignant quelquefois
plus d'un mètre de hauteur. Il porte des ra-
meaux grêles et nombreux , avec des feuilles
ovales renversées, et des fleurs rose-lilas ou
blanches qui s'épanouissent tout l'été.
*MANUI\GALA, Man. Blanc, bot. fh. —
Syn. de Samadcra , Gaertn.
MAPOURIA. bot. pu.— Genre de la fa-
mille des Rubiacées -Psychotriées , établi
par A. Richard (in Mem. Soc. hist. n. Paris,
V, 173). Arbres ou arbrisseaux de la Guiane
et des Antilles. Voy. rubiacées.
MAPPA. bot. ph. — Genre de la famille
des Euphorbiacées-Acalyphées , établi par
Adr. Jussieu (Euphorb., 44, t. XIX). Ar-
bres ou arbrisseaux de l'Asie tropicale. Voy.
EUPHORBIACÉES.
MAPPIA, Schreb. bot. ph. — Syn. de
Doliocarpus , Soland.
MAPROUNEA. bot. ph. — Genre de la
MAQ
7G3
famille des Euphorbiacées- Hippomanées ,
établi par Aublet (Guian., II, 895, t. 342).
Arbres de la Guiane et du Brésil. Voy. eu-
phorbiacées.
MAQUARIE. Macquaria (nom d'une ri-
vière), poiss. — Genre de l'ordre des Acan-
thoptérygiens, famille des Sciénoïdes, établi
par MM. Cuvier et Valenciennes (Hist. des
Poiss. t t. V, p. 377) pour un poisson qui
présente le port de la Gremille, mais qui en
diffère surtout par l'absence des dents et le
nombre des rayons branchiaux réduit à
cinq.
On n'en connaît encore qu'une seule espèce,
la Maquarie de la Nouvelle - Hollande ,
Macquaria australasica Cuv. et Val., dont
la chair est, dit-on, très délicate. La couleur
de ce poisson est le brun roussâtre ou ver-
dâtre, à part la gorge et la poitrine qui sont
blanchâtres. Les individus ordinaires ont
environ 15 centimètres de long; quelques
uns, cependant, atteignent une plus grande
taille,
MAQUEREAU.Scom&er,Lin.POiss.-Nom
désignant un genre de poissons appartenant
à l'ordre des Acanthoptérygiens et à la fa-
mille des Scombéroïdes de Cuvier et Valen-
ciennes. Tous les poissons de cette famille
ont les écailles petites , quelquefois même
imperceptibles, excepté vers la fin de la ligne
latérale, où elles forment quelquefois une
carène saillante. D'autres fois cette carène est
formée par la peau même, indépendamment
de la grandeur des écailles, et soutenue par
les apophyses transverses d'une ou deux ver-
tèbres. Les pièces de leurs opercules sonî;
sans dentelures. La partie molle de leur na-
geoire dorsale et de l'anale est quelquefois
un peu épaissie en avant par des écailles,
mais jamais complètement encroûtée par
elles; au contraire, la membrane qui en unit
les rayons, en arrière, est le plus souvent
très frêle et manque même entièrement dans
quelques genres où ces rayons , étant alors
isolés, prennent le titre de fausses nageoires
ou fausses pinnules. Les intestins sont am-
ples, l'estomac en cul-de-sac et les cœcums
généralement nombreux. Tels sont les ca-
ractères attribués par Cuvier à cette famille
très nombreuse en genres, en sous-genres et
en espèces, qui se rencontrent dans toutes
les mers , et d'une étude fort difficile.
Cette famille se divise en trois grandes
'64
MAQ
tribus et en plusieurs petits groupes qui s'y
rattachent par des caractères moins géné-
raux. La première grande tribu, celle des
Scombres, a deux dorsales dont l'épineuse
n'est point divisée; elle a une carène sail-
lante à chacun des côtés de la queue , des
petites écailles partout , et une rangée de
dents pointues à chaque mâchoire. L'anale
de ces poissons, et leur seconde dorsale,
ont toujours la partie postérieure divisée en
fausses pinnules; leur ligne latérale n'est ja-
mais armée de boucliers; leur corps affecte
la forme d'un fuseau, et leur queue, fort
rétrécie, est plus ou moins carénée.
Parmi ceux-ci , les Maquereaux, Scomber,
Valcnc, forment le premier genre. Ils se dis-
tinguent des autres en ce que, outre leurs
fausses pinnules, leur première dorsale est
séparée de la seconde par un grand inter-
valle , et que leur queue n'a point de carène
sur les côtés , mais seulement deux petites
crêtes.
Les Maquereaux , au nombre de douze es-
pèces plus ou moins bien tranchées, offrent,
dans leur anatomie, une anomalie qui de-
vrait désoler les méthodistes de bonne foi
et sans opinion préconçue. On sait que beau-
coup de poissons portent immédiatement
sous l'épine dorsale un organe d'une haute
importance physiologique : c'est la vessie
natatoire, pleine d'air, qui, en se compri-
mant ou en se dilatant, fait varier la pe-
santeur spécifique de l'animal, et, selon G.
Cuvier, l'aide à monter ou à descendre dans
le liquide qu'il habite. Or, il semblerait que
toutes les espèces du même genre , surtout
quand elles n'offrent aucune différence dans
les habitudes et la manière de vivre, des
différences si légères dans les formes et les
couleurs qu'à peine peut-on les distinguer
les unes des autres, il semblerait, dis-je,
que toutes devraient manquer d'un organe
aussi important que la vessie natatoire, ou
toutes avoir cet organe; et cependant il n'en
est rien. La nature semble se plaire à don-
ner souvent des démentis à nos faiseurs de
systèmes et de méthodes naturelles; mais ja-
mais un de ces démentis n'a été aussi for-
mel, aussi contrariant que dans les Maque-
reaux , car les uns ont une vessie natatoire
quand les espèces les plus voisines n'en of-
frent pas le moindre vestige; et l'on sait
combien les classificateurs d'aujourd'hui at-
IMAQ
tachent d'importance aux caractères anato-
miques.
Les Maquereaux , selon Anderson et d'au-
tres observateurs, seraient des poissons
voyageurs dont une espèce au moins , notre
Maquereau commun , ne le céderait en rien
au Hareng sous ce rapport. C'est ce que nous
discuterons à son article. Tous vivent en
grandes troupes ou bancs, et paraissent à
certaines époques déterminées dans chaque
parage. Comme leur chair est généralement
estimée, ils donnent lieu à des pêches qui,
sous le rapport de leur importance commer-
ciale, ne le cèdent guère qu'à celle de la
Morue, du Hareng et du Thon.
1. Le Maquereau commun , Scomber scom-
brus Lin.; le Macarello des Romains ; le
Scombro des Vénitiens; leLacerto des Napoli-
tains; leCavallo des Espagnols; le Pisaro des
Sardes ; le Mackrell ou Macarell des Anglais;
le Makril des Suédois ; le Kalios-baluk des
Turcs, et enfin le Berhel, Brehel , Bresel ou
Brill des Gallois et des Bas-Bretons , est
extrêmement remarquable par l'éclat de ses
couleurs, mais qui se ternissent rapidement
peu de temps après avoir été sorti de la mer.
Son corps est fusiforme , sa tête en cône
comprimé , et sa queue se rétrécit en pointe
jusqu'à la naissance delà nageoire caudale.
Les ouïes sont fendues jusque sous le bord
antérieur de l'œil, où leurs membranes se
croisent un peu; les dents, toutes en forme
de petits cônes pointus et un peu courbés
en dedans, sont, en raison de l'âge de l'ani-
mal , au nombre de 28 à 40 de chaque côté,
à chaque mâchoire. Il a en outre quelque»
autres petites dents au bord externe de cha-
que palatin et à chaque angle du devant du
vomer. La première dorsale a douze rayons
dont le second est le plus long; quelquefois
il n'y en a que dix ou onze. La seconde dor-
sale en a également douze , dont le premier
seul est épineux. L'espace entre elle et la <
caudale est occupé par cinq fausses nageoi-
res, dont la dernière fourchue. L'anale a
douze rayons, et elle est précédée immédia-
tement derrière l'anus , d'une petite épine
libre. La caudale est fourchue presque jus-
qu'à sa base et composée de dix-sept rayons
entiers. Les pectorales sont petites, à dix-neuf
rayons dont les premiers sont simples. Les
ventrales sont un peu plus courtes, très
rapprochées, triangulaires, à six rayons, dont
MAQ
le premier est épineux; entre elles est une
petite écaille triangulaire.
En sortant de l'eau, le Maquereau a le
dos d'un beau bleu métallique, changeant
en vert irisé et reflétant l'or et le pourpre ;
tes couleurs sont séparées par des raies on-
dulées noires , se portant un peu en avant
depuis le milieu du dos jusque un peu au-
dessous de la ligne latérale. Le nombre de
ces ondes est de trente ou environ. Parallè-
lement à la ligne latérale sont deux lignes
noirâtres, quelquefois une seule, s'étendant
avec des interruptions , et presque effacées
vers la queue. Le dessus de la tête est bleu,
lâcheté de noir. Tout le reste du corps est
d'un blanc argenté ou nacré, à reflets plus
ou moins rougeâtres ou dorés. EnOn , il n'a
pas de vessie natatoire.
Cet excellent poisson est connu sous dif-
férents noms par les pêcheurs de nos côtes,
et ces noms varient quelquefois en raison
des localités, d'autres fois en raison de l'état
ou de l'âge de l'animal quand on le pêche.
Dans quelques endroits de la Provence, on
le nomme Aurion ou Auriol; en Languedoc,
principalement à Narbonne, Veirat ou Voi-
rai; à Tréguier, à Lannion et dans quel-
ques parties de la Bretagne , Brelel. Au-
près de Marseille et sur les côtes d'Espagne ,
on prend un Maquereau d'assez forte taille,
mais dont la chair gluante est assez peu
estimée, auquel on donne le nom de Co-
guoil.
On dit qu'un Maquereau est chevillé lors-
qu'il cesse d'être plein après avoir déposé
ses œufs; sa chair, alors devenue huileuse,
a perdu une grande partie de ses qualités.
A Paris on nomme Sansonnet, et en Nor-
mandie Roblot , un petit Maquereau de la
grosseur d'un Hareng, qui est assez estimé
quoique vide d'œufs et de laitance. Enfin
on rencontre quelquefois un Maquereau un
peu moins long , mais plus charnu que les
autres, dont la chair est délicate et de très
bon goût; on l'appelle jaspé, à cause de sa
couleur, et quand il est vide ou chevillé, les
pêcheurs le nomment bréan. Le Maquereau
commun , tel qu'on le vend sur nos mar-
chés, a 33 à 38 centim. de longueur, ra-
rement 50; mais à l'entrée de la Man-
che, entre lesSorlingues et l'île de Bas, on
en prend beaucoup qui ont près de 2 pieds
de longueur ; on ne les pêche guère que pour
MAQ
/oa
les saler, parce que leur chair a peu de dé-
licatesse.
Il paraît à peu près certain que notre
Maquereau commun était le Scomber des
anciens ; mais il n'en est pas de mêmequand
on dit que leur Cordylla et leur Colias
étaient également des poissons de ce genre,
et je regarde comme tout- à-fait hasardée
l'opinion des naturalistes qui ont appliqué
ces noms à deux autres espèces du genre Ma-
quereau qu'ils ont cru reconnaître pour les
poissons cités par les anciens auteurs. Quoi
qu'il en soit, si l'on s'en rapporte à Pline,
c'était avec leScombre que l'on préparait,
à Carthagène, à Pompéia, à Clazom+Mie et
à Leptes , le fameux Garum sociorum, la
plus chère de toutes les liqueurs avec les-
quelles les gastronomes romains détruisaient
leur santé. Voici comment se préparait ce
mets détestable. On jetait dans un vase pro-
fond des Scombres que l'on péchait dans
l'Océan le long des côtes de la Bétique et de
la Mauritanie, et on y ajoutait des intestins
de Thons, de Sardines et autres poissons;
on écrasait grossièrement le tout et on y
jetait une certaine quantité de sel assez con-
sidérable. On exposait le vase à l'ardeur du
soleil , et , avec une grande spatule de bois,
on remuait de temps à autre, afin de hâter
la décomposition. Après plus ou moins long-
temps, environ deux mois, au moment où
la fermentation était arrivée au point con-
venable, on enfonçait dans le vase un long
panier d'osier d'un tissu serré; la portion
liquide du mélange passait à travers le tissu
du panier, était recueillie avec grand soin ,
et se vendait jusqu'à quinze et vingt francs
le litre : c'était le véritable Garum. Quant
à la partie ferme qui restait dans le vase,
elle avait beaucoup moins de valeur, ne ser-
vait guère qu'à l'assaisonnement de quelques
ragoûts et se vendait sous le nom d'Alec.
Le Garum, ce liquide à demi putréfié, sou-
lèverait le cœur et empoisonnerait le plus
déterminé de nos Apicius modernes; autre-
fois il n'en était pas de même, et cette li-
queur, acre et nauséabonde, ayant la pro-
priété de réveiller l'appétit et de stimule:-
l'estomac , était fort recherchée par les ri-
ches. Sénèqueen parle comme étant une des
principales causes qui ruinaient la santé des
gourmands.
Mais ce qu'il y a de plus singulier, c'est
766
MAQ
que l'usage de cet abominable Garum s'est
conservé pendant nombre de siècles et s'est
transmis jusqu'à une époque bien près de
la nôtre. Belon prétend que de son temps
« il était , en Turquie , en aussi grand cours
qu'il fut jamais , et qu'il n'y avait boutique
de poissonnier, à Constantinople , qui n'en
eût à vendre. » D'autre part, Rondelet dit
en avoir mangé d'excellent chez Guillaume
Pelicier, évêque de Montpellier.
De nos jours on ne fait plus de garum
avec les Maquereaux ; on se contente de les
manger le plus frais possible , cuits sur le
gril et relevés avec une sauce acide pré-
parée avec de grosses groseilles vertes qui ,
de là , ont pris le nom de groseilles à Ma-
quereaux.
On prétend que les Maquereaux péchés
sur les côtes de France sont meilleurs que
ceux pris sur les côtes d'Angleterre , ce qui
est positivement le contraire pour les Ha-
rengs. Ce qu'il y a de bien certain, c'est que
ceux que l'on prend sur les côtes de Nor-
mandie sont plus petits , mais plus délicats
que ceux que l'on pêche en Bretagne et à
l'île de Bas. Les premiers qui arrivent sur
nos côtes, par la Manche , et que l'on prend
souvent avec les Harengs , au commence-
ment du mois de mai , sont des Sansonnets
sans œufs ni laitance ; vers la fin du mois ,
ils sont pleins et délicieux. A la fin de juil-
let, et même en août, on en pêche encore,
mais ils sont chevillés, et alors beaucoup
moins estimés. Quelquefois , dans le mois
d'octobre, on prend de très petits Maque-
reaux , qui n'ont que 8 à 10 centim. de lon-
gueur, provenant sans doute du frai que les
gros ont jeté sur nos côtes. Ils disparaissent
en hiver et reviennent en avril, mai etjuin :
alors ils sont pleins et fort bons.
Mais la grande question est, pour les na-
turalistes, de savoir où se retirent pendant
l'hiver ces poissons voyageurs , et quelle est
la marche de leurs migrations. Selon Duha-
mel et Anderson , les Maquereaux passent
l'hiver dans les mers du Nord. Au prin-
temps ils côtoient l'Islande et le Hitland,
puis l'Ecosse et l'Irlande, et ils se rendent
dans l'océan Atlantique , où leur troupe im-
mense se divise. Une partie passe devant
l'Espagne et le Portugal et entre dans la
Méditerranée, pendant qu'une autre entre
ans la Manche. Us paraissent en mai sur
MAQ
les côtes de France et d'Angleterre; en juin
sur celles de Hollande et de la Frise. En
juillet, une partie se rend dans la Baltique et
une autre côtoie la Norwége pour retourner
dans le Nord.
Telle est leur marche générale; mais il
paraît que, depuis quelques années surtout,
elle a subi quelque perturbation par des
causes restées jusqu'ici inconnues , quoique
de certains écrivains les attribuent à des
tempêtes. Ce qu'il y a de bien certain, c'est
que , sur les côtes de France , on pêche des
Maquereaux tous les mois de l'année, et on
en voit sur les marchés de Paris, même
en novembre , décembre et janvier. De ce
fait nous ne tirerons pas la même consé-
quence que M. Valenciennes, qui doute
des grands voyages des Maquereaux dans le
Nord ; nous croyons que le plus grand nom-
bre effectue ces voyages, mais que beaucoup
restent sur nos côtes pendant l'hiver. En
effet, ces poissons ne nagent pas en bandes
aussi serrées que les autres poissons migra-
teurs, et ils s'embarrassent peu de voyager
avec des individus de leur espèce ou d'une
autre. Ceux que l'on prend en grand nom-
bre les premiers, au printemps , se trouvent
toujours pêle-mêle avec des bancs de Ha-
rengs, et dans d'autres saisons avec des Rou-
gets, des Merlans, etc.
Les Maquereaux étant très voraces, on en
prend beaucoup avec des haims ou hame-
çons, comme on fait pour les Merlans, etc.,
et ils se jettent volontiers sur toutes sortes
d'appâts et donnent facilement dans les
parcs et les étentes. On se sert le plus sou-
vent, dans les grands passages, demanets
dont les mailles doivent être calculées sur la
grosseur de la tête de ces poissons, qui doi-
vent s'y prendre par les ouïes. Ces grandes
nappes de filets, que l'on tend verticalement
dans la mer, où cependant elles restent flot-
tantes entre deux eaux , plus ou moins près
de la surface, ont 2 brasses de largeur
et jusqu'à 2,000 brasses de longueur.
Lorsque le temps est convenable, on les tend
tout près de la surface des eaux , parce qu'a-
lors les Maquereaux s'assemblent très près
de la superficie de la mer.
Les pêcheurs pensent qu'ils feront une
bonne pêche quand les eaux, qui ordinaire-
ment sont claires, deviennent grasses et cou-
vertes d'une espèce d'écume blanchâtre,
MAQ
changement qui présage le plus souvent de
l'orage. Dans cette circonstance les poissons
sont agites, et les Maquereaux surtout s'ap-
prochentde la surface, ce qui est avantageux
pour toutes sortes de pêches. Quand l'air
est froid, que l'eau est claire et la mer calme,
on est obligé d'aller les chercher entre deux
eaux, et dans ce cas on en prend peu.
Sur les côtes de Normandie, aussitôt que
les Maquereaux arrivent, on va les pêcher
dans les anses et les petites criques, en ba-
tclets, avec des lignes à canne, au bout des-
quelles sont trois empiles et trois hameçons
amorcés avec des Vers de mer, des Crevettes
ou des lambeaux de chair de quelque pois-
son. Cette petite pêche est tout-à-fait bour-
geoise , et se fait plus par partie de plaisir
que par intérêt. Quelquefois on se contente
de pêcher avec la ligne au doigt, c'est-à-
dire sans canne. On en prend aussi aux cor-
des, aulibouret, à la senne, aux tramaux ,
enfin de toutes les manières employées avec
des haims , et ceux que l'on pêche ainsi
sont plus estimés que ceux qu'on trouve
dans les filets, parce qu'ils sont toujours
plus frais et moins froissés. Mais la pêche en
grand ne se fait guère qu'aux manets , soit
près des côtes, ce que les pêcheurs appellent
faire le petit métier, soit à 30 ou 40 lieues
en mer, et alors c'est faire le grand métier.
2. Le Maquereau pneumatophore, Scom-
ber pneumalophorus Laroche , ressemble tel-
lement au Maquereau commun pour les for-
mes, la taille et les couleurs, qu'on n'aurait
peut-être jamais pensé à en faire une espèce
distincte, s'il n'avait pas une vessie nata-
toire qui manque au premier. Cependant on
ne lui compte que neuf rayons apparents à
la première dorsale, et un dixième à peu
près perdu dans les chairs. Son œil est plus
grand , et il a sur le front , entre les yeux ,
un espace blanchâtre. Ses dents, plus fines
et plus serrées, sont, à chaque mâchoire et
de chaque côté, au nombre de 50 à 52. Sa
couleur est plus verdâtre et ne tire pas sur
le bleu. Rarement il a plus de 22 à 27 cen-
timètres de longueur. 11 se trouve sur les
rôtes des îles Baléares, où il est connu sous
le nom de Cavallo.
3. Le Maquereau colias , Scomber colias
Valenc, a une vessie natatoire. Sa taille
est d'environ 15 pouces. Il ressemble au
précédent, mais ses dents sont au nombre
MAQ
767
de 60 à 66 de chaque côté ; les traits noirs
du dos forment des sortes de mailles ayant
souvent un point ou des petites taches noires
au milieu. Enfin il a des écailles plus gran-
des, surtout sur la région pectorale, où elles
lui forment une espèce de corselet, mais
beaucoup moins apparent que celui du Thon.
On le trouve à Naples, à Messine et à Mar-
seille, où il est connu sous le nom de Aour»
neou-Dias. Il est beaucoup moins estimé que
le Maquereau commun. Nous l'avons figuré
dans notre Atlas, poissons, pi. 9, fig. 1.
4. Le petit Maquereau, Scomber grex
Mitch., ressemble beaucoup au Pneumato-
phore , et a une vessie natatoire. Sa lon-
gueur ordinaire est de 27 centim. Les lignes
foncées du dos sont moins régulières, plus
tortueuses et plus mêlées les unes aux au-
tres; il est d'un vert pâle, avec des lignes
d'un vert plus foncé , et, selon M. Valen-
ciennes , il offrirait quelques légères autres
différences anatomiques. On le pêche sur les
côtes de New-York, où, de certaines an-
nées, il arrive en troupes si nombreuses,
que les criques et les baies en sont littéra-
lement comblées.
5. Le Maquereau printanier, Scomber ver-
nalis Mitch., ne diffère du Pneumatophore
que par sa taille, qui alteintjusqu'à 50 cen-
tim.; par son dos d'un bleu pâle nuancé de
brun rougeâti e, traversé par des lignes d'un
bleu foncé ; enfin par des taches noires, qu'il
a près de la base des pectorales et des ven-
trales. II se prend abondamment sur les
côtes de New-York.
6. Le Maquereau australien, Scomber aus-
traliens Valenc, a une vessie natatoire et
ressemble au Pneumatophore. Le limbe du
prcopercule est marqué, autour de l'angle,
de stries en rayons; son dos plombé paraît
manquer de taches; et enfin il n'aurait que
20 centim. de longueur si tous les individus
ressemblaient à l'échantillon sur lequel
M. Valenciennes l'a décrit. Il est de la Nou-
velle-Hollande.
7. Le Maquereau kanagurta, Scomber ka-
nagurlaV alenc, \eKananka jouté de Pondi-
chéry, a une vessie natatoire. Il ne dépasse
pas 27 à 28 centim. de longueur, et a le corps
plus haut, proportionnellement, que le Ma-
quereau commun. Sun opercule et son sous-
opercule sont beaucoup plus étroits d'avant
en arrière; ses dents sont presque imper-
768
MAR
IMAR
ceptibles à l'œil ; ses écailles sont plus gran-
des même que celles du Colias. Il a le dos
vert, reflétant l'or, le bleu et la nacre , et
il manque de bandes noires. II se trouve
sur les côtes de Pondichéry , du Malabar , et
dans la mer Rouge. Sa chair est assez es-
timée.
8 . Le Maquereau loo, Scomber loo Valenc. ,
ressemble au Kanagurta; mais il est plus
gros que le Maquereau d'Europe, et son dos
vert est nuancé d'une suite de taches et de
deux lignes jaunes, dorées, à reflets irisés.
On le trouve en bandes nombreuses dans la
baie de Praslin, et au havre Dorey de la
Nouvelle-Guinée.
Les autres espèces, qui ne sont guère con-
nues que par des descriptions très incom-
plètes, sont: les Scomber delphinalis Comm.,
des côlcs de Madagascar; Scomber japoni-
eus Houtt. , du Japon ; Scomber auratus
Houtt., du Japon; Scomber capensis Valenc.
Ce dernier n'est connu que par un squelette
! apporté du cap de Bonne -Espérance par
Delalande. (Boitard.)
MAQUIRA, Aubl. bot. ph.— Syn. d'OJ-
ïïiedia , Ruiz et Pav.
*MARA. mam. — M. Lesson (Complément
de Buffon, t. V, 1836) a créé sous ce nom
un genre de Rongeurs de la division des
Caviens et qui ne comprend qu'une espèce,
voisine des Cobayes et des Agoutis, et qui
était désignée depuis longtemps sous la dé-
nomination de Mara.
Les Maras ont le même système dentaire
que les Kérodons : les molaires sont au nom-
bre de huit à chaque mâchoire, et elles re-
présentent chacune un double cœur lamel-
ïeux , ce qui éloigne beaucoup ces animaux
des Chloromys, dont la dentition des molai-
res est toute différente ; il n'y a pas de ca-
nines , et les incisives sont au nombre de
quatre, deux à chaque mâchoire. Les oreilles
sont assez saillantes. Les jambes sont éle-
vées, grêles, d'égale longueur, n'ayant,
comme les Agoutis, que trois doigts aux
pieds de derrière et quatre à ceux de devant;
les doigts antérieurs sont petits, courts, bien
que les deux moyens dépassent les latéraux;
les trois postérieurs sont médiocres, celui
du milieu déborde les externes; les ongles
ont une forme triquètre. La queue est ru-
dimentaire et nue.
Une seule espèce entre dans ce genre : le
Mara Lièvre pampa d'Azara, Mara magella-
nique (loco citato) Lesson, Dasyprocta pata-
gonica A. -G. Desm. (Mamm.), Maramagel-
lanica Lesson (Centwrie zool. , pi. 42 ). Sa
taille, à l'âge adulte, est de 80 centim. , et
sa hauteur de 35 centim. au train de devant
et de 55 à celui de derrière; la queue n'a
que 3 centimètres. Son pelage est doux ,
soyeux, très fourni, de couleur brune sur le
dos et sur la région externe des membres ,
tandis que les poils sont annelés de blanc et
de roux clair sur les flancs , le cou , les joues
et derrière les extrémités, ce qui leur donne
une teinte jaune-cannelle ou fauve ; les poils
du dessous du corps et du dedans des mem-
bres sont blancs : la bourre n'existe pas ; une
tache d'un noir violâtre occupe toute la ré-
gion lombaire à l'extrémité du dos, tandis
qu'immédiatement en dessous la région sa-
crée est neigeuse : les poils de ces parties
sont beaucoup plus longs qu'ailleurs ; les
moustaches sont noires, très luisantes; les
oreilles sont bordées de poils qui forment
un léger pinceau à leur sommet.
Cette espèce se trouve dans les Pampas
de la Patagonie et dans toute la partie aus-
trale de l'Amérique. Elle est surtout com-
mune vers les rivages du détroit de Ma-
gellan.
Les Maras vivent par paires : le mâle et
la femelle vont de concert et courent avec
beaucoup de rapidité; mais ils se fatiguent
bientôt, et un chasseur à cheval peut les
prendre au laço. Leur voix est élevée et très
aiguë. Pris jeunes ces animaux s'apprivoi-
sent aisément , se laissent toucher avec la
main , et peuvent même errer en liberté
dans la maison et aux alentours sans qu'on
puisse craindre qu'ils ne s'échappent. Les
Indiens mangent la chair des Maras, et ils
se servent de leur peau pour faire des ta-
pis. (E. D.)
MARABOU. ois. — Voy. cigogne.
MARACAYA. mam.— Syn. d'Ocelot. Voy.
CHAT.
MARACOAM. crust. — Nom vulgaire
donné par Marcgrave, dans son Hist. rerum
nat. Brasiliœ, p. 174, au Gelasimus mara*
coani. Voy. gelasimus. (H. L.)
MARAIL. ois. — Syn. de Pénélope. Voy.
ce mot. (Z. G.)
MARALÎA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Araliacées , établi par Dupetit-
IMAR
MAR
760
Thouars(GeM. Madagasc., n. 43). Arbustes
de Madagascar. Voy. araliacées.
MARANTA. Maranta. bot. pu. — Genre
de la famille des Cannées, delà monandrie
monogynie dans le système sexuel de Linné.
Il se compose de végétaux qui croissent prin-
cipalement dans l'Amérique tropicale , et
quelquefois, mais rarement, en Asie. Ces vé-
gétaux ont un rhizome plus ou moins dé-
veloppé dont le tissu renferme beaucoup de
fécule; une tige herbacée ou sous- frutes-
cente, terminée par des fleurs disposées en
épis ou en grappes. Ces fleurs présentent
une structure très remarquable , qu'il sem-
ble très difficile de rattacher au plan géné-
ral de l'organisation florale des Monocoty-
lédons, et pour l'exposé de laquelle nous
suivrons M. Lestiboudois (Observations sur
les Musacées , les Scitaminées , les Cannées
et les Orchidées, Ann. des se. nat., 2e série-,
t. XVII, 1842, p. 212). Selon ce botaniste,
ces fleurs présentent un calice formé de
deux rangs de sépales dont les trois exté-
rieurs sont plus petits, herbacés et verts,
distincts et séparés, dont les trois intérieurs
sont plus longs , pétaloïdes, plus ou moins
soudés à leur base en un tube qui porte les
parties plus intérieures de la fleur; plus en
dedans, on observe deux staminodes péta-
loïdes, placés du côté supérieur de la fleur ;
un staminode interne inférieur, dressé,
émarginé et auriculé, enveloppant un autre
staminode interne et l'étamine. Ces divers
staminodes , provenus de la transformation
des étamines qui entraient dans le plan nor-
mal de la fleur, sont épanouis en lames pé-
taloïdes, plus développées que les six pièces
du périanthe proprement dit, et ils consti-
tuent les parties les plus apparentes de la
fleur. Le second staminode interne est soudé
plus ou moins haut avec l'étamine unique,
et il est toujours muni, sur le bord qui ne
correspond pas à ce dernier organe, d'une
< oreillette descendante. Cette fleur singulière
est décrite par d'autres botanistes , particu-
lièrement par M. Endlicher, comme ayant
un calice de 3 sépales seulement, et une co-
rolle de 6 pétales, dont les trois extérieurs
égaux entre eux, et les trois intérieurs (sta-
minodes) inégaux, l'un d'eux formant un
labelle bifide. L'ovaire est adhérent ou in-
fère, creusé d'une seule loge dans laquelle se
trouve un seul ovule; il est surmonté d'un
T. vir.
style recourbé au sommet, et embrassé par
le Olet pétaloïde de l'étamine qui lui form«
comme une gaîne. Le fruit est charnu ; il
renferme une seule graine, à tégument dur
et rugueux.
L'espèce la plus intéressante de ce genre,
est le Maranta a feuilles de Balisier , Ma-
ranta arundinacea Lin. , plante qui est l'ob-
jet d'une culture importante aux Antilles,
aux parties méridionales des États-Unis et
à l'île de France , à cause de la fécule qu'elle
fournit, et qui est très connue sous le nom
d' Arrow -root. Cette espèce est aussi cultivée
quelquefois dans les serres. Sa partie sou-
terraine est de forme très singulière: en
effet , le bas de sa tige descend à peu près
verticalement, et va en se rétrécissant jus-
qu'à son point d'attache à un tubercule al-
longe, horizontal , charnu, blanc, dont le
tissu renferme beaucoup de fécule, et qui
paraît être un rhizome; c'est pour ce tuber-
cule qu'on cultive la plante. De cette partie
souterraine partent des jets allongés, qui se
renflent vers l'extrémité par laquelle ils sor-
tent de terre, après un trajet souterrain de
2 ou 3 décimètres. La tige de ce Maranta
s'élève à environ 1 mètre de hauteur; elle
est herbacée, rameuse vers le haut, renflée
à ses nœuds. Ses feuilles inférieures présen-
tent une longue gaîne large, dressée contre
la tige qu'elle entoure, se terminant par un
court pétiole et par une lame grande, ovale-
lancéolée; vers le haut de la tige, la lame
va en décroissant progressivement, et finit
par disparaître tout-à-fait, tandis que 1<?.
gaîne persiste et reste seule. Les fleurs sonj
blanches , très délicates, assez petites, por-
tées par deux sur chaque rameau de l'in-
florescence. Comme nous l'avons déjà dit,
c'est le tubercule du Maranta arundinacea
qui fournit la fécule connue dans le com-
merce sous le nom d" Arrow -root; il paraît
cependant qu'une portion de celle qui se
consomme provient aussi d'une autre plante
du même genre, le Maranta de l'Inde. Cette
fécule est recommandée en médecine comme
étant très facile à digérer; elle ressemble
beaucoup à celle de l'amidon ; mais elle est
moins blanche, en poudre plus fine et plus
douce au toucher. A Cayenne, on mange les
tubercules du Maranta arundinacea, après
les avoir cuits sous la cendre, à litre de re-
mède contre les fièvres intermittentes. On
97
770
MAR
MAR
écrase aussi ces tubercules sur les blessures,
et on les regarde même comme un bon spé-
cifique contre celles qui ont été faites pai-
ries flèches empoisonnées , d'où est venu le
nom de plante à flèches , racine à flèches,
Arrow-root. (P. D.)
*MARANTHES , Bl. bot. ph. — Synon.
à'Exitelia, Blume.
*MARASMODES. bot. ph. — Genre de
la famille des Gomposécs-Sénécionidées, éta-
bli par De Candolle (Prodr., VI, 136).
Sous-arbrisseaux du Gap. Voy. composées.
MARATHRUM , H. B. K. — Voy. mou-
RERA.
MARATTIA. bot. cr.— Genre de la fa-
mille des Fougères-Marattiées, établi par
Swartz (Synops., 168). Fougères de l'Amé-
rique, de l'Afrique et de l'Océanie. Voy.
FOUGÈRES.
MARATTÉES. Marattieœ. bot. cr. —
Tribu de la famille des Fougères. Voy. ce
mot.
MARBRE. Marmor. min. — Les anciens
nommaient ainsi , et de nos jours encore
hs artistes et les gens du monde désignent
sous ce nom, toute espèce de roche suscep-
tible de poli , et qui, par sa blancheur ou
par les couleurs plus ou moins vives qui la
distinguent, peut être employée dans la
sculpture ou dans la décoration des édifices.
Les minéralogistes ont restreint cette ex-
pression aux seules pierres calcaires qui
jouissent de cette propriété , mais qui , de
plus, sont assez tendres pour se laisser rayer
par une pointe de fer, et qui font effer-
vescence avec l'acide nitrique. Ils séparent
des Marbres proprement dits toutes les ma-
tières dures, telles que les granités, les por-
phyres, les jaspes et les poudingues siliceux.
Les Marbres, ainsi compris, sont tantôt unis
ou d'une seule couleur, tantôt veinés ou ba-
riolés de diverses nuances; ils sont grenus,
saccharoïdes ou à grain salin ( les Marbres
statuaires), compactes ou sublamellaires (les
Marbres de décoration). Ceux qui sont cris-
tallins ne renferment point de corps orga-
nisés apparents ; les Marbres à texture com-
pacte paraissent le plus souvent comme pé-
tris de coquilles, ou de fragments d'Encrines
et de Madrépores. Il peut en exister dans
toutes les formations sédimentaires; et l'on
trouve, par exemple, dans les terrains
tertiaires des environs de Paris, au-dessus
du calcaire grossier, des calcaires lacustres,
tels que la pierre de Château-Landon , qui
sont quelquefois employés comme Marbres;
mais c'est là une posiiion presque exception-
nelle, et généralement les Marbres ne se
montrent que dans les formations secondai-
res et primaires , depuis les dépôts juras-
siques jusqu'aux terrains cambriens ; et c'est
dans les portions de ces terrains de sédi-
ment, qui avoisinent les roches de cristalli-
sation , que se trouvent principalement les
Marbres veinés, et les variétés les plus ri-
ches en couleur.
Le nombre des variétés de Marbre , qui
ont reçu dans le commerce des noms parti-
culiers, est considérable. Nous nous borne-
rons à définir ici quelques termes génériques
dont l'usage est assez fréquent.
On nomme Marbres antiques ceux qui ont
été employés par les anciens , et dont les
carrières sont perdues ou épuisées ; ces Mar-
bres, par cela même qu'ils sont rares, sont
très recherchés; mais on applique aussi ce
nom à des Marbres encore exploités , lors-
que par leurs belles qualités ils peuvent ri-
valiser avec ceux des anciens. Les Marbres
brèches sont ceux qui sont composés de frag-
ments anguleux, différemment colorés, réu-
nis par une pâte plus ou moins distincte. Ce
ne sont le plus souvent que de fausses brè-
ches , de simples variétés de Marbres vei-
nés, dont les veines sont coupées transver-
salement par la surface de la roche, en sorte
que celle-ci paraît formée de fragments réu-
nis. Les Marbres lumachelles sont ceux qui
contiennent des fragments minces de co-
quilles , très nombreux et très apparents ,
dont la coupe se dessine ordinairement en
blanc sur un fond gris ou noir.
Dans les Marbres veinés , les couleurs se!
combinent souvent et se nuancent entre>
elles, comme celles des savons particuliers!
qu'on nomme marbrés ; on dirait qu'au mo-
ment de leur formation, des sédiments de
diverses teintes se sont déposés simultané-
ment sans se mélanger, ou bien qu'une pâte
sédimentaire et poreuse a été inégalement
pénétrée par des solutions colorées. Cepen-
dant, dans un grand nombre de cas, les
veines, surtout celles qui sont blanches, pa-
raissent être des fentes qui, après coup, ont
été remplies par des infiltrations de calcaire
spathique.
MAR
M A il
?7l
Comme exemples de Marbres unicolores ,
nous citerons : les Marbres blancs ou sta-
tuaires employés par les anciens , tels que
ceux de Paros (la Vénus de Médicis) ; du
mont Pentélès et du mont Hymetle près
Athènes (le Torse et le Bacchus indien); de
Luni en Toscane (l'Antinous du Capitole ,
l'Apollon du Belvédère) ; les marbres sta-
tuaires des modernes (Carrare , sur la côte
de Gênes; Saint-Béat, dans les Pyrénées) ;
le rouge antique de l'Egypte; la griotte, à
fond d'un rouge foncé, avec des taches ovales
dues à des coquilles du genre Nautile , de
Caunes, près Narbonne; \e jaune antique ou
jaune de Sienne; les Marbres noirs de Di-
uan, de Namur, en Belgique.
Parmi les Marbres veinés, simples ou mé-
langés de matières étrangères, nous cite-
rons : le Sainte-Anne, d'un gris foncé, veiné
de blanc, très employé en France, et veuant
de la Flandre; le Languedoc, d'un rouge de
feu, rubanné de blanc, exploité aux car-
rières de Caunes, près Narbonne ; \eportor,
à fond noir et veines jaunes; le bleu-tur-
quin , à fond bleuâtre , avec des veines gri-
ses; le Cipolin de la côte de Gênes, à fond
blanc, mêlé de veines verdâtres de mica ou
de talc; le vert antique, Marbre saccharoïde,
blanc ou gris, entremêlé de veines serpenti-
neuses ; le campan, à veines ondulées et en-
trelacées , d'une nuance foncée , dans une
pâte d'une teinte différente : il s'exploite
dans la vallée de Campan, Hautes-Pyrénées.
Les plus renommés, parmi les Marbres
brèches, sont : le grand deuil, à taches blan-
ches sur fond noir; la brèche violette, de Sa-
ravezza en Italie; et la brèche d'Aix en Pro-
vence, qui sont à fragments blancs sur fond
violet;
Enfin , parmi les lumachelles, nous cite-
rons : le drap mortuaire, qui est d'un noir
foncé, parsemé de coquilles blanches, co-
niques , de 2 à 3 centimètres de long.
(Del.)
MARBRÉ. Polychrus. mam. — L'une des
sections du genre Agame de Daudin, dési-
gnée par cet auteur {Bis t. natur. des Iiept.)
sous le nom de Lézardet , et devenue pour
G. Cuvier (Règ. anim.) un genre particulier
sous la dénomination de Marbré.
Les Marbrés sont intermédiaires entre les
Iguanes et les Anolis; ils diffèrent des pre-
miers parce qu'ils n'ont pas de crête dor-
sale , et des seconds parce que leurs doigts
ne sont pas dilatés.
Une seule espèce entre dans ce genre :
c'est le Marbré, Lacerla marmorata Linné,
Agama marmorata Daudin (Guerin, Icon.
du règne animal, Reptiles, pi. 11, f. 3), dont
les couleurs sont brunâtres, cendrées ou de
vert de-gris, mais tellement variées qu'on
les a comparées aux nuances que présente
le marbre. Il habite l'Amérique méridionale
et est très commun à Surinam : c'est à tort
qu'on a dit qu'il se trouvait en Espagne.
(E. D.)
MARCASSIN, mam. — Nom du très jeune
Sanglier. (E. D.)
MARCASSITE. min. — Nom donné au-
trefois à une espèce de fer sulfuré, connue
sous le nom de Pyrite cubique. Voy. fers
SULFURÉS.
MARCEAU, bot. ph. — Nom vulgaire
d'une espèce du genre Saule. Voy. ce mot.
MARCESCENT. Marcescens. bot. — On
donne ce nom aux organes foliacés qui des-
sèchent sur la plante avant de s'en déta-
cher.
MARCETÏA. bot. pu. — Genre de la fa-
mille des Mélastomacées-Rhexiées, établi
par De Candolle {Prodr. III, 124). Arbris-
seaux ou sous-arbrisseaux du Brésil. Voy.
mélastomacées.
MARCGRAVIA (nom propre), bot. ph.
— Genre de la famille des Marcgraviacées,
établi par Plumier ( Gen. 7, tom. 29). Ar-
brisseaux de l'Amérique tropicale. Voy.
MARCGRAVIACÉES.
MARCGRAVIACÉES. Marcgraviaceœ.
bot. ph. — Famille de plantes dicotylédonées,
polypétales, hypogynes, ainsi caractérisée :
Calice de 2 4-6-5 folioles, distinctes et im-
briquées ou légèrement soudées à leur base,
coriaces, souvent colorées. Autant de pétales
alternes, libres ou inférieurement réunis ou
même entièrement soudés en un opercule qui
tombe d'une seule pièce en se fendant circu-
lairement vers sa base. Étaminescn nombre
égal et alternes, plus ordinairement indéfi-
nies; à filets libres ou soudés entre eux à la
base et même avec celle des pétales, élargis du
sommet à la base; àanthères introrses, bilocu-
laires, oblongues. Ovaire sessile, quelquefois
sur un disque stami'iifère, à 3-5 loges ou
davantage, dont les cloisons viennent s'unir
à un gros placentaire central portant de nom-
772
MAR
breux ovules ascendants , couronné par un
stigmate indivis ou lobé, marqué d'autant de
rayons qu'il y a de loges, sessile ou sur un
style court. Fruit (qu'en n'a pu observer que
dans un petit nombre d'espèces) à déhiscence
septifrage par laquelle les valves, en nombre
égal aux loges, s'écartent en emportant cha-
cune leur cloison sur leur milieu, du placen-
taire charnu qui persiste au centre et dans
lequel nichent quelques graines réduites ainsi
en nombre par l'avortement de la plupart,
ascendantes, oblongues, obtuses à leurs deux
'extrémités, droites ou courbées, renfermant
sous un test dur, que double une membrane,
un embryon en massue, à radicule conique,
longue, infère, à cotylédons très courts.
Les espèces sont des arbres, des arbrisseaux
ou des lianes, habitant l'Amérique tropicale,
à feuilles alternes, simples, pétiolées ou ses-
siles, penni-nerYées , très entières ou quel-
quefois légèrement dentées, très glabres,
luisantes , articulées avec les rameaux , dé-
pourvues de stipules. Leurs fleurs sont dis-
posées en ombelles , en grappes ou en épis
terminaux, les pédicelles articulés et munis
d'une stipule qui souvent présente une forme
singulière, celle d'un sac ou d'un capuchon.
GENRES.
* Isostémones.
Ruyschia, Jacq. (Souroubea, Aubl. — Su-
rubea, Mey. — Loghania, Scop.).
** Polystémones.
Norantea, Aubl. (Ascium, Schreb. —
Schwarzia, FI. fl.) — Marcgravia, Plum.
On y joint avec beaucoup de doute lMn-
tholoma , Labill. , genre imparfaitement
connu, qui, par son long style que termine
un stigmate aigu , paraît s'éloigner des pré-
cédents, ainsi que par sa patrie, la Nouvelle-
Calédonie. (Ad. J.)
MARCHAIS, poiss. — Voy. hareng.
MARCHANTIA (nom propre), bot. cr.
— Genre d'Hépatiques-Marchantiacées , éta-
bli par Marchant fils (in act. Paris , 1713 ,
t. V). Les espèces de ce genre croissent sur
presque tous les_points du globe. Voy. hépa-
tiques.
MARCHANDÉES. Marchantieœ. bot. cr.
— Tribu de la famille des Hépatiques. Voy.
ce mot.
*MARCHEURS. Ambulatores. ois. —
M. Lesson a établi sous ce nom (Traité
MAR
d'ornithologie), dans l'ordre des Passereaux,
un sous-ordre auquel il rapporte toutes les
espèces qui ont trois doigts, ou très rare-
ment deux, toujours dirigés en avant, un
pouce en arrière , rarement versatile. Ce
sous -ordre correspond à l'ordre des Passe-
reaux de G. Cuvier , à la tribu des Aniso-
dactyles de Vieillot, aux Ambulatores d'-Illi-
ger, et aux Insessores de Vigors. (Z. G.)
MARCKEA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Solanacées, étabM
par L. C. Richard (in Act. soc. hist. nat.
Paris, 107). Arbrisseaux de la Guiane.
Voy. SOLANACÉES.
MARCOTTE et MARCOTTAGE, bot.
— On donne le nom de Marcottage ou mul-
tiplication par Marcottes à un procédé de
multiplication très employé en horticulture,
et qui repose uniquement sur la production
de racines adventives par des branches en-
terrées avec certaines précautions. Tout le
monde sait que la tige , les branches , quel-
quefois même les feuilles des plantes , lors-
qu'elles sont plongées dans de la terre hu-
mide, sont généralement susceptibles de
produire des racines adventives ; seulement,
cette propriété est plus ou moins développée
chez certaines espèces , et dans une même
espèce en certains endroits particuliers.
Ainsi, chez plusieurs plantes, la production
de ces racines adventives est si facile, qu'on
les voit se développer spontanément à l'air,
et même à une hauteur quelquefois assez
considérable au-dessus du sol ; chez d'au-
tres elle ne s'opère jamais de la sorte, mais
sur de simples rameaux détachés et mis en
♦erre, qui fournissent un moyen très com-
mode pour multiplier ces espèces , et aux-
quels on donne le nom de boutures; enfin,
chez d'autres, l'enracinement est encore
plus difficile, et assez lent pour que, si
l'on en mettait dans la terre des rameaux
détachés du pied, il n'eût pas lieu assez tôt
pour empêcher ces rameaux de se flétrir et
de périr. C'est dans ce dernier cas qu'on a
recours aux Marcottes. Laissant alors tenir
au pied-mère la branche qui doit servir à
la multiplication, on la courbe avec pré-
caution et on l'enfonce dans la terre humide
sur une certaine longueur qu'on a préalable-
ment dépouillée de ses feuilles ; à l'aide d'un
petit crochet ou par tout autre moyen, on
maintient cette portion ainsi enterrée, et
3MAR
MAR
73
l'on redresse l'extrémité qui reste ainsi à
l'air. On conçoit que dans ce cas, la bran-
che recevant encore du pied-mère auquel
elle tient la sève qui lui est nécessaire, con-
tinuera à végéter comme elle le faisait au-
paravant; mais en même temps, sa portion
enterrée , se trouvant entourée de terre hu-
mide, pourra développer des racines adven-
tives ; lorsqu'on reconnaîtra que cet enraci-
nement a eu lieu en effet, on coupera la
branche entre sa portion enracinée et la
tige, et l'on obtiendra ainsi un nouveau
pied distinct et séparé du premier ; on aura
de la sorte multiplié la plante par Mar-
cotte.
Tel est , en effet, le Marcottage réduit à
sa plus grande simplicité, et ce que nous ve-
nons de dire suffit pour faire comprendre
qu'on l'emploie toutes les fois qu'on veut
multiplier des plantes qui s'enracinent len-
tement. Quelquefois même, sa réussite ne
peut être obtenue qu'à l'aide de certaines
précautions que nous n'exposerons pas en
détail , mais sur lesquelles néanmoins nous
ne pouvons nous dispenser de dire quel-
ques mots.
Comme nous l'avions fait pressentir plus
haut, les racines adventives, qui seules amè-
nent la réussite de l'opération, se dévelop-
pent plus fatilement sur les renflements,
sur les bourrelets, sur les points où une
section partielle delà tige se trouve en con-
tact avec la terre humide. Dès lors, dans les
cas où une Marcotte simple comme celle
que nous avons décrite ne réussirait pas,
on fait à la portion de branche enterrée une
ligature ou une incision annulaire, ou une
torsion qui déchire l'écorce , ou enfin des
entailles plus ou moins compliquées. Dans
ces divers cas, les bourrelets qui se forment
au-dessus de la ligature, de l'incision circu-
laire, etc., donnent plus facilement nais-
sance à des racines, et facilitent dès lors le
succès de l'opération. Ces Marcottes plus ou
moins compliquées reçoivent dans la prati-
que des dénominations particulières qui les
distinguent de la Marcotte simple dont nous
nous sommes d'abord occupé; on les nomme
Marcottes par strangulation dans le cas d'une
ligature, par circoncision dans celui d'une
incision circulaire, par torsion , lorsqu'on
tord la branche , enfin , en talon et compli-
quées dans les derniers cas. Lorsque l'enra-
cinement de la Marcotte a eu lieu, on ne In
sépare pas toujours du pied-mère brusque-
ment et en la coupant d'un seul coup, car
ce serait souvent l'affamer et la faire périr, en
lui supprimant ainsi instantanément toutes
les matières nutritives qu'elle recevait et
qu'elle ne peut encore absorber elle-même
en quantité suffisante; mais on la sèvref
comme le disent les horticulteurs, c'est-à-
dire qu'on coupe d'abord la branche sur une
portion seulement de son épaisseur pour
arriver progressivement à la détacher tout-
à-fait. Par ce moyen , la Marcotte s'habitue
peu à peu, si l'on peut s'exprimer ainsi, à
se suffire à elle-même en quantité suffi-
sante. Au reste, pour les détails relatifs à
cette opération importante, qui rend de si
grands services à l'horticulture, nous ren-
verrons aux ouvrages spéciaux, les seuls
dans lesquels ils puissent trouver place.
(P. D.)
MARECA, StepLens. ois. — Division du
g. Canard. Voy. ce mot. (Z. G.)
MARÉCHAL, ins. — Nom vulgaire don ne
aux espèces indigènes de l'ancien genre Tau-
pin (Élatérides), et qui est dû sans doute
aux soubresauts qu'elles exécutent avec bruit
et mesure. (C.)
MARÉES. — Oscillations régulières et
périodiques des eaux de l'Océan , produites
par l'attraction des corps célestes, princi-
palement par celle du soleil et de la lune.
On a émis une foule d'hypothèses pour
expliquer les fluctuations de l'Océan , et
quoique leur relation avec les mouvements
de la lune ait été remarquée dès la plus
haute antiquité, les anciens s'arrêtèrent peu
à ce phénomène. Cependant, quand ils eu-
rent l'occasion d'observer les Marées sur les
bords de l'Océan , ils se montrèrent curieux
d'en connaître la cause. Pline soupçonna
l'influence simultanée du soleil et de la
lune; mais ses aperçus vagues et obscurs
sont loin d'être satisfaisants. Kepler, en
soulevant une partie du voile , reconnut le
premier que l'attraction exercée par la lune
est la principale cause qui produit ces fluc-
tuations. Mais il était encore réservé au gé-
nie de Newton de démontrer que celte opi-
nion est en harmonie avec les lois de la gra-
vitation. En déduisant les conséquences du
principe posé par Kepler , il expliqua com-
ment les Marées se forment sur les deux cô-
774
MAR
MAR
tés de la terre diamétralement opposés à la
lune. Cette belle théorie est au-dessus de
toute contestation.
Les eaux de la mer jouissent d'une mobi-
lité qui les fait céder aux plus légères ira-
pressions. L'Océan est ouvert de toutes parts
et les grandes mers communiquent entre
elles; ces circonstances contribuent à la
production des Marées, dont la cause prin-
cipale est l'action attractive du soleil et sur-
tout de la lune. Si l'on considère isolément
l'action de la lune, il devient évident que
l'est l'inégalité de cette action qui produit
les Marées, et qu'il n'y en aurait pas si la
lune agissait d'une manière uniforme sur
toute l'étendue de l'Océan, c'est-à-dire si elle
imprimait des forces égales et parallèles au
centre de gravité de la terre et à toutes les
molécules de la mer; car alors, le système
entier du globe étant animé d'un mouve-
ment commun, l'équilibre de toutes les par-
ties serait maintenu. Cet équilibre n'est donc
troublé que par l'inégalité et le non-paral-
lélisme des attractions exercées par la lune.
L'attraction s'exerçant en raison inverse du
carré des distances, on conçoit, en effet,
que les molécules de la mer les plus rappro-
chées de la lune seront plus fortement atti-
rées que celles qui sont en quadrature avec
elle , dont la direction oblique se décom-
pose; les premières seront plus légères et
les dernières plus pesantes. Il faut donc ,
pour que l'équilibre se rétablisse, que les
eaux s'élèvent sous la lune, aûn que la dif-
férence de poids soit compensée par une
plus grande hauteur. Les molécules de la
mer situées dans le point correspondant de
l'hémisphère opposé , moins attirées par la
lune que par le centre de la terre, à cause
de leur plus grande distance, se porteront
moins vers la lune que le centre de la
terre : celui-ci tendra donc à s'écarter des
molécules, qui seront dès lors à une plus
grande distance de ce centre, et qui seront
encore soutenues à cette hauteur par l'aug-
mentation de pesanteur des colonnes placées
en quadrature et qui communiquent avec
elles. Ainsi il se formera sur la terre deux
ménisques d'eaux, l'un du côté de la lune
et l'autre du côté diamétralement opposé,
ce qui donnera à notre globe la forme d'un
sphéroïde allongé, dont le grand axe passera
par le centre de la terre et par celui de la
lune. Cependant, par suite du mouvement
de rotation de la terre sur son axe, la par-
tie la plus élevée de Veau est portée au-delà
dans la direction du mouvement diurne;
mais l'eau obéit encore à l'attraction qu'elle
a reçue, et continue à s'élever après qu'elle
a quitté sa position directe sous la lune,
quoique l'action immédiate de cet astre ne
soit plus aussi forte. Il en résulte que la Ma-
rée n'atteint sa plus grande élévation qu'a-
près que la lune a cessé d'être au méridien
du lieu où elle se forme.
La lune passant tous les jours au méri-
dien supérieur et au méridien inférieur de
chaque lieu en vertu du mouvement de ro-
tation de la terre , elle y produira donc deux
élévations et deux dépressions des eaux , ce
qui a lieu effectivement.
Nous n'avons parlé dans l'explication pré-
cédente que de l'attraction exercée par la
lune sur les eaux du globe; mais nous devons
dire que celle du soleil la modifie soit eu
s'y ajoutant, soit en s'y opposant. En effet,
la force attractive exercée par le soleil sur
la terre est de beaucoup supérieure à celle
que déploie la lune ; mais comme la dis-
tance à laquelle se trouve le soleil est à peu
près quatre cents fois plus grande que celle
où est la lune, les forces déployées par le
soleil sur les différentes parties de notre
planète se rapprochent beaucoup plus du
parallélisme, et par conséquent de l'éga-
lité que celles de la lune. Comme nous
avons vu que les marées ne sont produites
que par l'inégalité d'action de la lune,
l'action du soleil, beaucoup plus égale,
doit être moins propre à produire le même
effet. On a calculé que son influence est
d'environ 2 fois 1/2 plus faible que celle de
la lune, mais elle est pourtant assez intense
pour produire un flux et un reflux ; de sorte
qu'il y a en réalité deux Marées, une lu-
naire et l'autre solaire, dont les effets s'ajou-
tent ou se retranchent suivant la direction
des forces qui les produisent. Ainsi, quand
la lune est pleine ou nouvelle, c'est-à-dire
dans les sizygies , les deux astres se trou-
vent dans le même méridien , leurs efforts
concourent, et l'effet doit être le plus grand
possible. Quand , au contraire, la lune est
en quadrature , elle tend à élever les eaux
que le soleil tend à abaisser, et réciproque-
ment, de sorte que les efforts des deux as-
MAR
très se combattant, l'effet doit être le plus
faible possible.
Il semble que la mer devrait être pleine
à l'instant où la force résultante des attrac-
tions du soleil et de la lune est parvenue à
sa plus grande intensité ; mais il n'en est pas
ainsi, comme nous l'avons déjà remarqué.
En effet, les jours de la nouvelle lune, où
les deui astres exercent leur action suivant
une même direction, l'instant de la plus
grande intensité de cette action est celui de
leur passage simultané au méridien , ou
celui de midi. Cependaut la mer n'est ordi-
nairement pleine que quelque temps après
midi. L'expérience a fait connaître que la
Marée qui a lieu les jours de nouvelle lune
est celle quia été produite 36 heures aupa-
ravant par l'action du soleil et de la lune;
on a remarqué de plus qu'à cette époque la
mer arrive toujours à la même heure. On en
a conclu quel'intervalle de temps qui s'écoule
entre le moment de la pleine lune et celui
où les deux astres exercent leur plus grande
action est constamment le même, et que
l'action de la force du soleil et de la lune se
fait sentir dans les ports et sur les côtes par
la communication successive des ondes et
des courants.
Nous avons dit que, les jours de nouvelle
et de pleine lune, l'instant où les deux as-
tres exercent la plus grande action est celui
du passage de la lune au méridien ; il en est
de même lors du premier et du dernier quar-
tier. Les autres jours , cet instant précède
quelquefois le passage, et d'autres fois il le
suit; mais il ne s'en écarte jamais beaucoup,
parce que la force attractive de la lune agit
avec plus d'intensité que celle du soleil. Ces
forces et le retard ou l'avance de la Marée
sur l'heure du passage de la lune au méri-
dien varient suivant que les deux astres
s'écartent ou se rapprochent de la terre,
suivant que leurs déclinaisons augmentent
ou diminuent. Les flux sont les plus hauts
et les reflux sont les plus bas au temps des
équinoxes en mars et septembre, parce que,
à cette époque, toutes les circonstances qui
influent sur l'élévation des eaux concourent
pour produire le plus grand effet.
Voici maintenant les principales circon-
stances du phénomène des Marées. La mer
monte pendant environ 6 heures en s'en-
flant par degrés (flot) ; puis elle reste à peu
MAR
775
près un quart d'heure stationnaire {pleine
mer ), et se retire ensuite pendant 6 autres
heures (jutant). Après un second repos d'un
quart d'heure (basse mer) , elle recommence
le même mouvement, et ainsi de suite.
Le temps du flux et du reflux est, terme
moyen , d'environ 12 heures 25 minutes;
c'est la moitié du jour lunaire, qui est de
24 heures 50 minutes, temps qui s'écoule
entre deux retours successifs de la lune au
méridien. Ainsi la mer éprouve le flux et le
reflux en un lieu aussi souvent que la lune
passe au méridien , soit supérieur, soit infé-
rieur de ce lieu , c'est-à-dire deux fois en
24 heures 50 minutes.
Ces lois du flux et du reflux seraient par-
faitement d'accord avec les phénomènes , si
les eaux de la mer recouvraient toute la sur-
face du globe ; il n'en est pas ainsi, et il n'y
a guère que la pleine mer qui les présente,
tels que nous les avons décrits, parce que
l'Océan a assez d'étendue pour que l'action
du soleil et de la lune puisse s'y exercer en
liberté. Maïs ces phénomènes sont nécessai-
rement modifiés dans le voisinage des côtes
par la direction des vents et des courants,
la disposition particulière des plages , des
falaises, des détroits et une foule d'acci-
dents de terrain.
Les lacs n'éprouvent pas de Marées, parce
qu'ils sont trop petits pour que la lune y
fasse sentir son action d'une manière iné-
gale. Elle passe, d'ailleurs, si rapidement
sur leur surface que l'équilibre n'aurait pas
le temps de se troubler. Si l'on ne remarque
pas non plus de Marées sensibles dans la
Méditerranée et dans la Baltique, c'est que
les ouvertures par lesquelles ces deux petites
mers communiquent avec l'Océan sont si
étroites qu'elles ne peuvent, dans un temps
si court, recevoir assez d'eau pour que leur
niveau en soit sensiblement élevé.
Quoique la cause qui détermine le mou-
vement des eaux de la mer soit la même
partout, les circonstances locales qui modi-
fient ce phénomène sont telles qu'on remar-
que une différence d'élévation dans les Ma-
rées, qui varie depuis quelques centimètres
jusqu'à 20 à 25 mètres. On observe aussi que
dans tel port la mer est haute plusieurs
heures plus tôt ou plus tardquedans un autre
port voisin. Dans quelques localités la mer
s'avance lentement et se retire de même ;
776
MAR
MAR
dans d'autres, au contraire , elle s'avance
et se retire avec une rapidité extrême.
Dans les Antilles, les Marées sont fort
basses : rarement elles s'élèvent au-dessus
de 33 à 40 centim. Cette anomalie peut pa-
raître d'autant plus remarquable , que ces
parages, voisins de l'équateur, doivent être
soumis à une force attractive très énergi-
que. Mais on concevra facilement que les
eaux ne doivent pas s'élever beaucoup dans
le voisinage de ces îles , si l'on songe que ,
la terre tournant de l'ouest à l'est, le flux
se fait en sens contraire, et vient, comme
une vague immense, se briser contre la côte
d'Amérique, qui l'arrête là, et l'empêche de
passer avec la lune dans le grand Océan.
Les vents alises , d'ailleurs, qui soufflent
continuellement de l'est à l'ouest, s'oppo-
sent au reflux qui vient du couchant. Ces
deux causes forment un courant remarqua-
ble dans le golfe des Florides.
Puisque l'air est doué , plus encore que
l'eau, de légèreté et de mobilité, il doit
aussi obéir à l'action combinée du soleil et
de la lune, et il doit y avoir des Marées at-
mosphériques. Cependant un fait semble
d'abord infirmer cette conclusion , c'est que
le baromètre n'accuse ni les élévations ni
les dépressions de l'atmosphère résultant du
mouvement de l'air. Mais il est facile de
comprendre que le baromètre doit, en effet,
rester insensible à ces variations; car les
colonnes d'air , bien que de hauteur dif-
férentes, doivent avoir partout le même
poids , puisque l'effet direct des Marées est,
comme nous l'avons fait voir, de maintenir
l'équilibre en compensant par la hauteur la
diminution de la pesanteur. Ainsi il n'y a
aucun doute à cet égard , le phénomène qui
élève les eaux doit aussi élever la couche
atmosphérique qui enveloppe notre globe,
et il doit être d'autant plus régulier qu'au-
cune circonstance ne vient contrarier ce
mouvement. Voy. mer. (C. d'O.)
MARÉKAN1TE. min. —Nom d'une va-
riété globuliforme d'Obsidienne , venant
d'une colline volcanique, appelé Marekan ,
du port d'Okhotsk , au Kamtschatka. (Del.)
MARENTERIA, Noronh. bot. ph. —
Syn. d'Unona, Bl.
*MARGARANTHUS ( f«tpyapov , perle ;
av8o-, fleur), bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Solanacées, établi par Schlechten-
dalt (Index sem. hort. hallens. 1838). Her-
bes du Mexique. Voy. solanacées.
*MARGARIS (,uapy«pc\ , perle), bot. ph.
— Genre de la famille des Rubiacées-Psy-
chotriées, établi par De Candolle (Prodr. IV,
483). Arbrisseaux du Mexique. Voy., rubia-
cées.
MARGARITA , Gaud. bot. ph. — Syn.
de Bellidiastrum, Tournef.
MARGARITA. min. — Voy. nacrite.
MARGAR1TACÉS. Margaritacea. moll. '
— Famille de Mollusques bivalves ou acé- [
phales , proposée par M. de Blainville, et
correspondant à celle des Malléacés de La-
marck , sauf l'addition de quelques genres
nouveaux et du genre Vulselle, que Lamarck
avait, au contraire , rapproché des Huîtres.
Cette famille est ainsi composée des genres
Vulselle, Marteau, Perne, Crénatule, Ino-
cérame, Catille, Pulvinite, Gervilie et Ayî-
cule. Cette même famille a reçu de M. Menke
le nom û'Aviculacea. (Duj.)
MARGARITARÏA (margarila, perle).
bot. ph. — Genre de la famille des Euphor-
biacées?, établi par Linné fils (Suppl, 428).
Arbres de Surinam.
M AB.G AB1TE. Margarita, Leach. moll.
— Syn. de Pintadine, Lamk.
MARGAY. mam. — Espèce du genre Chat.
Voy. ce mot. (E. D.)
MARGINARIA, A. Rich. bot. cr. —
Syn. û'Ecldonia, Horn.
MARGINELLE. Marginella (diminutif
de rnargo , marginis, bord ). moll. — Genre
de Mollusques gastéropodes, à coquille uni-
valve , lisse, revêtus par le manteau et ca-
ractérisés par un bord renflé, arrondi ; il a
été établi d'abord par Adanson sous le nom
de Porcelaine, mais circonscrit plus exacte- I
ment par Lamarck, qui le rangea dans sa j
famille des Columellaires , et lui donna le j
nom sous lequel il est généralement connu j<
aujourd'hui. Cuvier admit aussi le genre 1
Marginelle, et le plaça parmi ses Pectini- j
branches buccinoïdes. Linné, et après lui
Bruguière , l'avait confondu avec les Volu-
tes. L'animal des Marginelles a beaucoup
d'analogie avec celui des Porcelaines , et
n'en diffère guère que par les lobes de son
manteau , moins amples. La coquille est
ovale-oblongue , lisse, à spire courte ou
même non saillante, suivant les espèces; le
bord droit , chez l'adulte , est toujours garni
MAR
MAR
d'un bourrelet en dehors, et le bord gauche
est muni de pli* presque égaux; la base de
l'ouverture est à peine échancrée. Les Mar»
ginelles habitent les mers équatoriales ; leurs
coquilles sont petites ou moyennes, lisses
et en général agréablement colorées, et d'un
aspect qui leur a mérité d'abord le nom de
Porcelaines. (Duj.)
*MARGINOPORA ( mar go , marginis ,
bord; porus, pore), polyp. — Genre établi
par MM. Quoy et Gaimard pour un petit
Polypier calcaire extrêmement poreux et
léger, libre, discoïde, concave ou concentri-
quement strié en dessus comme en dessous,
et plus épais sur les bords. Les Polypes sont
logés dans des cellules rondes très petites et
très rapprochées, sans ordre, dans les sinuo-
sités très fines dont le bord du Polypier est
orné. (Duj.)
*MARGH\ULI\A. foram. — Genre de
Foraminifères, de l'ordre des Stichostègues,
famille des ^Equilateralideœ , établi par
M. Aie. d'Orbigny, et caractérisé principale-
ment par la coquille en crosse postérieure.
Voy. FORAMINIFÈRES.
*MARGOTIA. bot. ph.— Genre de la fa-
illie des Ombellifères-Elœosélinées, établi
par Boissier (Elench. plant. Hisp. austr.,
52). Voy. OMBELL1FÈRES.
MARGUERITE, bot. ph — Nom vul-
gaire de la Pâquerette , Bellis perennis. On
a encore appelé:
Grande Marguerite ou Marguerite des
champs, le Chrysanthemum leucanthemum ;
Marguerite jaune , le Chrysanthemum co-
ronarium;
Reine Marguerite, Y Aster chinensis;
IsIarguerite de Saint-Michel, l'Astère an-
nuelle , etc.
*MARGUS (f/.apyoç, fou), ins. — Genre de
Coléoptères hétéromères , famille des Taxi-
cornes, tribu des Diapériales, formé par De -
jean (Catalogue, 3e éd., p. 222) avec le Tro-
gosita ferruginea de F. (Tenebrio castaneus
Schœnherr) qui est réparti sur beaucoup de
points du globe. (G.)
MARG1RICARPUS. bot. ph. — Genre
de la famille des Rosacées-Dryadées, éta-
bli par Ruiz et Pavon (Prodr. 7, t. 33). Ar-
brisseaux des montagnes de l'Amérique tro-
picale. Voy. rosacées.
MARIALVA, Vandell.BOT. pu. — Syn.
de Tovomita, Aubl.
t. vu.
MARIALVEA, Mart. bot. PH.— Syn. de
Tovomita, Aubl.
*MARIANTIIUS. bot. pu.— Genre de la
famille des Pittosporées , établi par Hugel
(A/sc). Sous-arbrisseaux de la Nouvelle-
Hollande. Voy. pittosporées.
MARICA, Schreb. bot. ph. — Syn. de
Cipura, Aubl.
MARIGNIA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Burséracées, établi par Commerson
(ex Kunth in Annal, se. nat., II, 350). Ar-
bres de la Mauritanie. Voy. burséracées.
MARIKINA. mam. — Espèce du genre
Ouistiti. Voy. ce mot. (E. D.)
MARILA. bot. ph. — Genre de la famille
des Ternstrœmiacées-Laplacées , établi pa:
Swartz ( Prodr. 84 ). Arbres des Antilles.
Voy. ternstroemiacées.
MARINGOUINS. ins. — Nom donné aux
Cousins dans diverses contrées de l'Amé-
rique, et surtout dans les Antilles. Voy.
cousin.
MARIPA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Convolvulacées-Convolvulées , éta-
bli par Aublet (Guian., I, 230, t. 91 ). Ar-
brisseaux delaGuiane. Voy. convolvulacées.
*MARIUS. ins. — Syn. de Megalura, em-
ployé par M. Swainson (Zool. illustr.) (Bl.)
MARJOLAINE. Majorana. bot. ph. —
Tournefort avait proposé sous ce nom un
genre distinct et séparé pour des plantes de
la famille des Labiées, et de la didynamie
gymnospermie dans le système sexuel de
Linné. Ce genre a été considéré par la plu-
part des botanistes comme formant simple-
ment une section dans celui des Origans ;
mais dans ces derniers temps il a été rétabli
et adopté dans des ouvrages très importants,
particulièrement par Mœnch et par M. End-
licher dans son Gênera. Les végétaux qui
le composent se distinguent des Origans
(voy. ce mot) par leur calice nu pendant la
maturation , et non fermé de poils comme
chez ces derniers, divisé en deux lèvres,
dont la supérieure est grande, et présente
seulement trois petites dents à son bord ,
tandis que l'inférieure, plus courte, est pro-
fondément bilobée; chez les Origans, il est
cylindrique et à cinq dents égales. De plus ,
les épis de fleurs sont plus courts chez les
Marjolaines que chez les Origans. Parmi
les espèces peu nombreuses qui composent
ce genre, il en est une très répandue dans
93
778
MAP».
les jardins et généralement connue. C'est la
suivante:
Marjolaine commune , Majorana crassa
Mœnch (Origanum ma j or anoides Wild.),
vulgairement désignée sous le nom de il/ar-
, jolaine. Cette plante est originaire de l'A-
frique septentrionale; elle est cultivée dans
'.. tous les jardins. Sa tige est sous-frutescente;
ses feuilles sont pétiolées , ovales, obtuses
■" au sommet, entières sur leurs bords, cou-
vertes de poils cotonneux blanchâtres ; ses
fleurs sont petites, blanches, réunies en pe-
tits épis serrés , tétragones , agglomérés et
pédoncules. Cette plante est estimée pour
l'odeur agréable qu'exhalent toutes ses par-
ties ; sa saveur est chaude ; elle est usi-
tée comme plante médicinale, soit à l'in-
térieur en infusion, soit à l'extérieur en lo-
tions et en fumigations ; elle est de plus em-
ployée en diverses parties de l'Europe comme
condiment dans la préparation de la plupart
des mets; enfin son odeur aromatique la
fait cultiver très fréquemment pour elle-
même , et indépendamment de l'utilité di-
recte qu'elle peut avoir; on la met alors or-
dinairement en bordures. Elle se multiplie
sans difficulté par éclats ; mais on peut éga-
lement l'obtenir avantageusement de semis
que l'on fait au premier printemps, soit
en pots , soit dans une plate-bande de terre
douce; la transplantation et la mise en
place du plant qui en provient se font dans
les mois d'avril et de mai.
Linné a décrit sous le nom â'Origanum
majorana une plante qui rentre évidemment
dans le même genre que celle que nous ve-
nons de décrire, et qui a été confondue plu-
Sieurs fois avec elle, mais qui s'en distingue
parce qu'elle est annuelle et que ses feuilles
sont presque glabres; déplus, elle est origi-
naire de la Palestine et du Portugal ; elle
n'est pas cultivée dans les jardins, et nous
ne la signalons ici que pour la distinguer de
la Marjolaine commune. (P. D.)
*MARLEA. bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Alangiées, établi par Roxburgh
(Plant. Corom. III, t. 283). Arbustes de
l'Inde. Voy. alangiées.
*MARLIEREA. bot. ph.— Genre delà fa-
mille des Myrtacées Myrlées, établi par St-
Hilaire {Flor. brasil., II, 373, t. 156). Ar-
bres ou arbrisseaux du Brésil. Voy. myr-
tacées.
MAR
*MARMAROPUS (y.ap,uaporroç, dont les
yeux sont brillants), ins. — Genre de Co-
léoptères tétramères, famille des Curculio-
nides gonatocères, division des Apostasimé-
rides cryptorhynchides, créé par Schœnherr
(Gen. et Spec. Curcul, syn., t. IV, p. 310).
L'espèce type et unique , le M. Besseri de
l'auteur, a été trouvée seulement en Po-
logne. (C.)
MARMATITE. min. — Blende de Mar-
mato, en Colombie. Voy. zinc sulfuré. (Del.)
MARMOLITE. min. — Variété de Ser-
pentine, à texture foliée, d'un vert jaunâtre-
pâle, d'Hoboken, près de Baltimore, en
Amérique. (Del.)
MARMOR. min. — Voy. marbre.
*MARMORITIS. bot. pk. — Genre de la
famille des Labiées-Népétées , établi par
Bentham ( in HooTccr Bot. Miscell. III, 377).
Herbes de l'Himalaya. Voy. labiées.
MARMOSE. mam. — Espèce du genre
Didelphe. Voy. ce mot. (E. D.)
MARMOTTE. Arctomys, Gmel.MAM. —
Ce genre de Mammifères appartient à l'or-
dre des Rongeurs, et se trouve aujourd'hui
le type d'une famille renfermant les g. li-
pura, Aplodontia, Arctomys , Citillus, Sper-
mopkilus et Cynomys , qui tous ont la tête
grosse, la queue courte ou moyenne ; dix mâ-
chelières supérieures et huit inférieures, tou-
tes tuberculées; les incisives sont pointues.
Les vraies Marmottes, Arctomys, ont vingt-
deux dents, savoir: quatre incisives, dix
molaires supérieures et huit inférieures ;
point de canines. Parmi les molaires supé-
rieures, la première est beaucoup plus pe-
tite que les autres, ne présente qu'un seul
tubercule et une seule racine; les quatre
suivantes ont trois racines dont deux exter-
nes et une interne , divisées transversale-
ment en trois collines par deux sillons pro-
fonds, les deux collines postérieures formant
par leur réunion un petit talon peu élevé.
Les quatre molaires postérieures sont échan-
gées sur leur côté externe. Les incisives
sont très fortes, très longues, et taillées en
biseau à leur face interne. Les membres
sont courts, ce qui donne à ces animaux une
démarche lourde et embarrassée. La dispo-
sition de leurs clavicules les force à tenir
leurs membres antérieurs un peu en de-
dans ; mais comme les deux doigts sont ar-
més d'ongles robustes, ils n'en sont que
3IAR
UAR
79
mieux organisés pour creuser la terre. Ces
doigts, au nombre de quatre en devant et
de cinq aux pieds de derrière , sont réunis
par une membrane jusqu'à la première pha-
lange. Leur corps est gros et trapu , et ses
formes sont lourdes comme celles d'un Ours,
d'où le nom de ce genre (Arcto-Mys , Rat-
Ours). Les yeux sont latéraux, à pupille
ronde ; la lèvre supérieure est fendue et di-
visée en deux parties par un sillon. Les
oreilles, très courtes, sont presque entière-
ment cachées dans les poils. Chez la Mar-
motte des Alpes, et peut-être chez toutes,
il y a cinq mamelles de chaque côté, dont
trois ventrales et deux pectorales.
1. La Marmotte commune ou des Alpes
(Arctomys Marmotta Gml. , Arctomy s alpina
Blum.) a plus d'un pied de longueur (0m,335)
sans comprendre la queue, qui est assez
courte et noirâtre à son extrémité. Son pe-
lage est d'un gris jaunâtre, teinté de cendré
vers la tête, dont le dessus est noirâtre; les
pieds sont blanchâtres , et le tour du mu-
seau d'un blanc grisâtre.
La Marmotte se trouve sur le sommet de
toutes les montagnes élevées de l'Europe,
près des glaciers, et, en France, dans les Al-
pes et les Pyrénées. Elle vit en petites so-
ciétés, composées d'une à trois familles, et
partout elle a de la célébrité à cause de son
sommeil léthargique. Mangili, dans un Mé-
moire sur la léthargie des Marmottes (Ann.
Mus., t. IX), dit que l'engourdissement de
ces Rongeurs commence dès que la tem-
pérature n'est plus qu'à 8 ou 9 degrés,
et ceci est une première erreur; j'ai vu et
tué des Marmottes, hors de leur terrier, par
des températures beaucoup plus basses, et
même elles en sortent jusqu'aux premières,
gelées blanches , dans le milieu du jour ,
lorsqu'il fait du soleil. Lorsqu'elles s'hiber-
nent, elles sont ordinairement très grasses,
et leur épiploon est chargé d'une grande
abondance de feuillets graisseux; tandis que,
au contraire, elles sont très maigres, et pè-
sent sensiblement moins quand elles sor-
tent de leur terrier au printemps. Mangili
dit à ce sujet : « Cette différence de poids
nous prouve évidemment que la graisse dont
elles sont pourvues leur est infiniment utile ;
non seulement il s'en consomme une partie
pendant le sommeil léthargique, mais elles en
sont encore nourries pendant les intervalles
de veilles auxquelles elles peuvent être ex-
posées par relèvement ou l'abaissement de
la température. » La léthargie des Mar-
mottes , pas plus que celle de tous les ani-
maux hibernants, n'est point du tout un
sommeil, mais une suspension plus ou moins
complète de toute circulation ; dans ce cas,
aucun genre de nutrition ne peut s'opérer ,
la graisse leur devient donc parfaitement
inutile pendant leur engourdissement. D'ail-
leurs, quand on déterre des Marmottes à lai
fin de l'automne, on en trouve de grasses ,
mais on en prend aussi de très maigres ; de
quoi se nourriraient ces dernières? Cette
graisse, quand elles en ont, ne leur peut
donc être utile qu'au printemps, lorsqu'elles
sortent de leur trou, et qu'elles ne trouvent
alors qu'une nourriture peu abondante.
A l'état sauvage, la Marmotte, sans avoir
une intelligence bien remarquable, montre
assez d'industrie. Sur les montagnes , elle
établit son domicile le long des pentes un
peu raides tournées au midi ou au levant.
Comme je l'ai dit, elles se réunissent deux
à trois familles ensemble pour se creuser
une habitation commune, et elles donnent
à leur terrier la forme invariable d'un <<
grec couché. La branche d'en haut a une
ouverture par où elles entrent et sortent :
celle d'en bas, dont la pente va en dehors,
ne leur sert qu'à faire leurs ordures, qui,
au moyen de cette pente , sont facilement
poussées hors de l'habitation. Ces deux bran-
ches, assez étroites, aboutissent toutes deux
à un cul-de-sac profond et spacieux, qui est
le lieu du séjour, et cette partie est creusée
horizontalement. Elle est tapissée et mate-
lassée de mousse et de foin, dont ces ani-
maux font une ample provision en été. « On
assure même , dit Buffon , que cela se fait
à frais et travaux communs ; que les unes
coupent les herbes les plus fines; que d'au-
tres les ramassent, et que tour à tourelles
servent de voitures pour les transporter au
gîte; l'une, dit-on, se couche sur le dos, s*
laisse charger de foin , étend ses pattes en
haut pour servir de ridelles, et ensuite se
laisse traîner par les autres, qui la tirent
par la queue, et prennent garde en même
temps que la voiture ne verse. ■
Ce qui a donné lieu à ce conte ridicule ,
c'est que l'on trouve beaucoup de Mar-
mottes qui ont le poil rongé sur le dos, eu
'30
MAR
MAR
selon l'usage des chasseurs, peut-être aussi
des naturalistes, on a mieux aimé inven-
ter une histoire merveilleuse pour expliquer
ce fait, que de n'y voir que l'effet fort sim-
ple du frottement souvent répété du dos
contre la paroi supérieure d'un terrier fort
étroit. Les Marmottes, même pendant l'été,
passent une grande par tiède leur vie dans leur
habitation. Elles s'y retirent pendant la nuit,
la pluie, l'orage, le brouillard, n'en sortent
que pendant les plus beaux jours, et ne s'en
éloignent guère. Pendant l'automne et le
printemps, quand elles ne sont pas engour-
dies , elles s'y nourrissent des provisions de
foinqu'ellesyontamassées.Pendantqu'elles
sont dehors à paître ou à jouer sur l'herbe,
aux rayons du soleil, l'une d'elles fait sen-
tinelle, pour veiller à la sûreté générale.
Posée en observation sur une roche voisine,
elle jette continuellement les yeux dans la
campagne environnante, et si elle aperçoit
quelque danger, quelque objet suspect, un
homme, un chien, un oiseau de proie , elle
fait aussitôt retentir les rochers d'un long
sifflement, et, à ce signal , toutes se préci-
pitent dans leur trou.
Dès que le froid commence à se faire
sentir, les Marmottes, retirées dans leur
terrier, s'occupent à en fermer les deux ou-
vertures.Elles emploient pour cela de la terre
gâchée, et elles la maçonnent si bien qu'il
est plus facile d'ouvrir le sol partout ailleurs
que dans l'endroit qu'elles ont muré. Elles
se blottissent dans le foin et la mousse, et
s'engourdissent d'autant plus que le froid a
plus d'intensité. Elles restent dans cet état
de mort apparente depuis le commencement
de décembre jusqu'à la fin d'avril , et quel-
quefois depuis octobre jusqu'en mai, selon
que l'hiver a été plus ou moins long. Lors-
que les chasseurs vont les déterrer, ils les
trouvent resserrées en boules et enveloppées
dans le foin. Ils les emportent tout engour-
dies , ou même ils les tuent sans qu'elles pa-
raissent le sentir. Ils mangent les plus gras-
ses, et souvent ils conservent les plus jeunes
pour les donner à de pauvres enfants qui
viennent les montrer en France et déguisent
ainsi leur mendicité. Pour faire sortir ces
animaux de lear engourdissement, les rap-
peler à la vie active et leur rendre toute leur
agilité, il ne s'agitquede les placer devantun
feu doux et de les y laisser jusqu'à ce qu'ils
se soient réchaudcs. Un excès de froid les
fait également sortir de leur léthargie.
La chair des Marmottes serait fort bonne
si elle était sans odeur ; mais il n'en est pas
ainsi, et ce n'est qu'à force d'assaisonne-
ments épicés que l'on parvient à la déguiser.
Cependant j'ai mangé des Marmottes fu-
mées à la manière du bœuf de Hambourg,
qui avaient entièrement perdu leur mau-
vaise odeur et étaient excellentes.
Cet animal ne produitqu'une fois par an,
et sa portée ordinaire n'est que de 4 ou 5 pe-
tits, dont l'accroissement est rapide. Il ne
vit guère que neuf à dix ans.
En captivité, la Marmotte est fort douce
de caractère, s'apprivoise aisément, et s'at-
tache même jusqu'à un certain point à son
maître. Lorsqu'elle est devenue familière
dans une maison , et surtout quand elle se
croit soutenue par son maître , elle montre
un courage qui ne le cède en rien à celui
des autres animaux domestiques, et elle
n'hésite pas à attaquer les chats et les plus
gros chiens pour les chasser de la place
qu'elle s'est adjugée au coin du feu. « Elle
apprend aisément, dit Bufïon , à saisir un
bâton , à gesticuler, à danser et à obéir à la
voix de son maître; » en un mot, il pensait
qu'elle était susceptible d'éducation, et c'est
ce que je ne crois pas. Il est vrai que les
jeunes Savoyards qui montrent des Mar-
mottes au peuple leur font faire quelques
exercices; mais si on se donne la peine de
les examiner sans prévention, on verra que
les tours ne sont jamais que le résultat des
tiraillements de la chaîne par laquelle on
les tient, et delà manœuvre du bâton qu'oa
leurpasseentreles jambes. L'éducation n'est
pour rien dans tout cela , du moins je Dfl
l'ai jamais vu autrement. On la nourrit avec
tout ce que l'on veut, de la viande, du
pain, des fruits, des racines, des herbes
potagères, des choux , des hannetons , des
sauterelles , etc ; mais ce qu'elle aime par-
dessus tout, c'est le lait et le beurre. Nous
ferons remarquer en passant que les natu-
ralistes qui avaient placé les Marmottes près
des Écureuils, sur la considération de leur
système dentaire, et qui en avaient formé une
division de Rongeurs omnivores, avaient
bien étudié leurs caractères et leurs ha-
bitudes.
Quoique moins prédisposé pour le vol
MAK
MAR
781
que le chat, si cet animal peut se glisser
furti\ement dans une laiterie , rarement il
manque de le faire , en se gorgeant de lait
à n'en pouvoir plus ; il exprime le plaisir
qu'il éprouve par un petit murmure parti-
culier et très expressif. Ce murmure, quand
on le caresse ou qu'il joue, devient plus fort,
et alors il a de l'analogie avec la voix d'un
petit chien. Quand, au contraire, il est ef-
frayé, son cri devient un sifflement si aigu
et si perçant , qu'il est impossible à l'oreille
de le supporter. D'une propreté recherchée,
la Marmotte se met à l'écart, comme les
chats, pour faire ses ordures; mais, ainsi
quele rat , elle exhale une odeur qui la rend
très desagréable pour certaines personnes.
Ce qu'il y a de plus singulier dans la Mar-
motte soumise à l'esclavage, c'est qu'elle
ne s'engourdit pas l'hiver, et qu'elle est
tout aussi éveillée au mois de janvier qu'en
été , pourvu qu'elle habite les appartements.
Nous terminerons cet article par une ob-
servation qui se rapporte à tous les animaux
sujets à l'engourdissement hibernal. Quel
que soit le froid qu'ils aient à supporter
quand ils sont sortis de leur état normal ,
soit par la maladie, soit par un simple
changement d'habitude, comme, par exem-
ple, l'esclavage, ils peuvent mourir gelés,
mais ils ne s'engourdissent pas. Il en résulte
que, lorsque l'hiver est très rigoureux et le
froid excessif, les animaux engourdis se ré-
veillent, souffrent beaucoup et finissent par
mourir gelés si la température ne change
pas après un certain temps. Les Marmottes
courent rarement cette funeste cha:ice,
parce que leur trou est si profond et si bien
bouché que la température se soutient tou-
jours à quelques degrés au-dessus de zéro.
Sous les tropiques, les excessives chaleurs
de l'été produisent un effet semblable :
beaucoup d'animaux , les caïmans surtout
et la plupart des autres reptiles, qui, dans
les pays plus tempérés, ne s'engourdissent
que l'hiver, tombent en léthargie en été,
pendant la saison sèche, et ne se réveillent
que lorsque la saison des pluies vient ra-
fraîchir la terre et l'atmosphère. Dans les
enviions de Mexico , c'est en été que l'on
va chercher, dans les vases des lacs et des
marais desséchés par l'ardeur du soleil, les
crocodiles, donton tire, depuis peu d'années,
une quantité d'huile considérable. On les
trouve au moyen d'une tige de fer de 5 à
6 pieds de longueur, dont on sonde la terre
dans les endroits où l'on soupçonne qu'ils
peuvent s'être enfouis.
2. Le Bobac ou Bobak (Arclomys bobac
Gmel.; la Marmotte de Pologne des voya-
geurs). 11 est de la même grandeur que la
précédente; son pelage est d'un gris jau-
nâtre, entremêlé de poils bruns en dessus,
roux en dessous; il a quelques teintes rous-
ses vers la tête; la queue et la gorge sont
roussâtres ; le tour des yeux est brun et le
bout du museau est d'un gris argenté.
Cette espèce habite non seulement la par-
lie septentrionale de l'Europe , mais encore
le nord de l'Asie, jusqu'au Kamtschatka;
elle n'est pas rare en Pologne, mais il paraît
qu'elle ne descend guère au-dessous de cette
latitude. Ses mœurs sont absolument sem-
blables à celles de notre Marmotte des Al-
pes ; mais comme elle vit dans des pays
beaucoup plus froids, elle ne creuse son
habitation que sur le penchant des collines
peu élevées, à l'exposition du midi.
3. Le Monax {Arctomys monax G ml., Cu-
niculus bahamensis Catesb. , la Marmotte
du Canada ou le Monax, Buff.; le Siffleur
de quelques voyageurs). Il a 14 ou 15 pou-
ces (0m,379 à 406) de longueur, non com-
pris la queue. Il est brun en dessus, plus
pâle en dessous et sur les côtés ; le museau
est d'un gris bleuâtre et noirâtre ; les oreilles
sont arrondies, les ongles longs et aigus;
la queue, longue comme la moitié du corps,
est couverte de poils noirâtres. Cet animal
habite toute la partie septentrionale de l'A-
mérique et particulièrement l'intérieur des
États-Unis. Il se plaît dans les rochers et a
les mêmes habitudes que notre Marmotte.
4. La Marmotte de Québec ( Arctomys em-
pêtra Gml., Mus empêtra Pall., la Mar-
motte du Canada de VEncyclop. mélhod.,
mais non de Buffon , Y Arctomys melanopus
deKuhl?). Elle est d'un brun noirâtre pi-
queté de brun en dessus , d'un roux ferru-
gineux en dessous; le dessous de la tête es*
d'un brun uniforme, passant au bru»! <uu-
geâtre sur l'occiput; les joues et le menton
sont d'un blanc grisâtre sale; la poitrine et
les pattes de devant d'un roux vif; la queue
est courte, noirâtre au bout. Elle habite
particulièrement le Canada et les environs
de la baie d'Iludson.
785
MAR
MAR
5. On signale encore comme espèce appar-
tenant au genre Marmotte, Y Arctomys cali-
gata Eschsch., qui se trouve aux environs
de la baie de Bristol.
Comme on le voit , l'Asie possède 1 Mar-
motte, l'Europe 2, et l'Amérique 4; mais si
on s'en rapportait à Harlan , cette partie du
globe en aurait 1 1 bien caractérisées. Les na-
turalistes modernes se sont emparés de ces
espèces , fort bien décrites , pour satisfaire
à leur goût de création de nouveaux genres.
Ainsi donc, VArct omys rufa Harl. est de-
venue VAplodontia leporina Rich. ; Y Arc-'
tomys brachiurus Harl. est le Lipura hud~
sonica Rich. ; YArctomys latrans Harl. est
un Cynomys socialis ou griseus Raf. ; les
Arctomys alpina Parry, Hoodii Sabine,
Pruinosa Gml., etc., sont autant de Sper-
mophilus. Les Arctomys citillus Pall. , le
Zizel ou Souslick Buff., etc., sont devenus
des Citillus. Voyez tous ces nouveaux noms
de genre. (Boitard.)
MARNAT, moll. —Nom donné par Adan-
son (Voyage au Sénégal) à une coquille du
g. Turbo, le Turbo pundtatus Linn.
*MARNAX, Casteln. ins. — Syn. de Me-
topias, Gory. (G.)
MARNE, géol.— C'est ainsi qu'on appelle
une Toche composée de calcaire et d'argile
avec ou sans sable, dans des proportions très
variables. Lorsque le calcaire y domine, elle
prend le nom de Marne calcaire; si c'est
l'argile, elle reçoit celui de Marne argileuse.
Enfin celle où le sable est très abondant
s'appelle Marne sablonneuse. Quel que soit
le mélange , la Marne fait toujours efferves-
cence dans les acides : en cela elle est facile
à distinguer de l'argile , dont elle a d'ail-
leurs les caractères extérieurs.
Cette roche est extrêmement commune
dans la nature ; elle se trouve à peu près
dans tous les étages des terrains secondaires.
Partout elle forme des lits ou des bancs
d'une épaisseur plus ou moins grande, al-
ternant fréquemment avec des calcaires et
des argiles. C'est par leur couleur, leur
texture et les substances minérales qu'elles
renferment qu'on distingue les diverses va-
riétés de Marnes. Leurs couleurs sont très
variées: le jaune, le vert, le brun, le rouge,
le gris , qui forment leurs principales nuan-
ces, sont dus aux oxydes de fer et de man-
ganèse. Il y en a aussi qui sont tout-à-fait
blanches. Leur texture est tantôt compacte,
tantôt feuilletée et terreuse. Parmi les sub-
stances minérales qu'elles renferment, on
cite le mica, l'oxyde de manganèse, le quartz
ou silex, lamagnésite, etc.
Les Marnes sont quelquefois riches en
débris organiques fossiles : ainsi celles des
environs d'Aix en Provence contiennent
une grande quantité d'insectes et de pois-
sons; celles des environs de Paris renfer-
ment, soit qu'elles appartiennent à une
formation marine ou à une formation la-
custre , des coquilles de mer et d'étangs,
ainsi que des empreintes de végétaux.
Les Marnes éprouvent quelquefois, en se
desséchant, un retrait qui affecte des formes
plus ou moins régulières. Dans les Marnes
supérieures et inférieures au gypse, on trouve
souvent, en frappant un morceau de Marne,
que son intérieur se compose de la réunion
de six pyramides à quatre faces striées pro-
fondément d'une manière régulière parallè-
lement à la base et dontle sommet est tron-
qué. Ces pyramides, réunies vers leur som-
met, présentent une sorte de cube, dont
chaque face est la base même de la pyra-
mide. On a fait beaucoup de suppositions
pour expliquer ce singulier effet de retrait
dans les Marnes , mais aucune théorie bien
satisfaisante n'a complètement résolu la
question.
La Marne argileuse, se délayant dans
l'eau et faisant pâte avec celle-ci , est em-
ployée aux mêmes usages que l'argile plas-
tique : elle entre dans la fabrication des po-
teries. La Marne verte qui recouvre les
gypses des environs de Paris, et qui sou-
vent représente à elle seule la formation
gypseuse, sert à fabriquer des tuiles, des
briques, etc. La Marne verdâtre, d'un gris
marbré, que l'on trouve entre les couches
de la seconde masse de gypse à Montmartre,
se vend à Paris comme pierre à détacher.
On a cherché dans quelques localités à tirer
partie de la Marne en l'exploitant pour le
fer qu'elle contient , mais les tentatives ont
été sans succès.
L'usage le plus important des Marnes est
celui destiné à l'amendement des terres.
Dans les environs de Paris, c'est surtout la
Marne calcaire, friable, que l'on exploite au
moyen de puits dans toute l'étendue du
plateau de Trappes, qui est la plus recher-
MAR
chée par les agriculteurs, parce qu'elle
offre l'avantage de se déliter facilement et
de se réduire en poudre peu de temps après
son exposition à l'air.
Le besoin de marner les terres se fait
sentir sur tous les points de la France. Des
prix considérables sont proposés tous les
ans dans plusieurs départements pour ce
grand perfectionnement de l'agriculture
qui produit les plus féconds résultats. Les
agronomes ont enfin senti qu'il ne suffisait
pas de fumer les terres , souvent à grands
frais, mais qu'il fallait aussi les remanier et
les marnerpour les rendre plus productibles.
Comme il y a des Marnes argileuses , des
Marnes calcaires et des Marnes sablonneuses,
suivant la combinaison de leurs éléments
primitifs, il en résulte qu'en choisissant con-
venablement les Marnes , selon les besoins
des terres que l'on veut améliorer, on
peut donner de l'argile aux terres qui en sont
dépourvues, des sables à celles qui en récla-
ment, et du calcaire à celles qui en man-
quent. Quiconque parcourt la France est
frappé de la stérilité que présentent
plusieurs parties incultes de son territoire;
on dirait comme des taches hideuses dissé-
minées sur un corps vigoureux et bien con-
stitué. Cette infertilité n'est plus un mys-
tère , le remède est découvert. Comme tous
ceux de la nature, il est à côté du mal. Le
géologue le découvre tantôt sous le sol ,
tantôt à côté : ce sont d'abondants gisements
de Marnes et d'autres matières minérales
dont le mélange avec la surface des terrains
improductifs suffit pour leur donner une
grande fécondité. Il est évident que cer-
tains amendements sont susceptibles d'être
modifiés selon les localités; quelquefois
même ils deviennent impraticables, parce
que les frais qu'ils occasionneraient dépas-
seraient de beaucoup le produit qu'ils pour-
raient donner. Toutefois il est bien reconnu
aujourd'hui que l'agriculture, en opérant
de grands mélanges et maniements de terre,
a déjà obtenu les plus beaux résultats. Es-
pérons que la France, en se couvrant de
chemins de fer, profitera de ce puissant
moyen de transport pour faire disparaître
de son sol l'infertilité de quelques contrées
qui la déparent. (C. d'O.)
*M ARNOLITE ou MARNE ENDURCIE
GtoL. — Nom donné par M. Cordier à une
MAR
:S3
espèce de roche analogue à la Marne or-
dinaire, mais contenant plus de calcaire.
On pourrait la confondre avec le calcaire,
si elle ne s'en distinguait par les traces d'ar-
gile qu'elle donne lorsqu'on la plonge da::s
l'acide. Cette roche est quelquefois assez
dure pour être employée comme pierre de
taille. Sa cassure est mate, terne, terreuse ;
elle doit ses teintes à la houille, au lignite,
à l'hydrate de fer. La Marnolite est très re-
cherchée par les agriculteurs pour le mar-
nage des terres. On la trouve dans les ter-
rains des périodes phylladienne , salino-
magnésienne et dans les terrains plus ré-
cents. (C. d'O.)
MAROUETTE. ois.— Espèce du g. Râle.
Voy. ce mot. (Z. G.)
*MARPHYSA. annél. — M. Savigny a
créé sous ce nom un petit groupe d'Annéli-
des , de la famille des Néréides , démembré
du genre Néréidonte. L'espèce type est le
Nereidontis sanguinea Montagu (Transact.
linn., t. II, tab. 3, f. 1), Leodice opalina
Savigny, qui habite l'Océan. (E. D.)
* MARPUTIUS. mam. — Un petit groupe
de Carnassiers Mustéliens est désigné sous
ce nom par M. Gray ( Mag. h. n. , nouv.
série). (E. D.)
MARQUISE, bot. ph. — Nom vulgaire
d'une variété de Poire.
MARRON, bot. ph. — Fruit du Marron-
nier. Voy. ce mot.
MARRONNIER DINDE, bot. ph. —
C'est le nom sous lequel on désigne habi-
tuellement VJEsculus hippocaslanum Lin.,
ce bel arbre qui fait aujourd'hui l'orne-
ment de nos promenades et de nos parcs. Le
genre JEsculus ayant été déjà , dans cet ou-
vrage, l'objet d'un article dans lequel ses
caractères ont été exposés , nous nous con-
tenterons de donner ici quelques détails
indispensables sur celte espèce si intéres-
sante.
Le Marronnier d'Inde , aujourd'hui si ré-
pandu dans presque toute l'Europe, est re-
gardé comme originaire des montagnes si-
tuées dans le nord de l'Inde; cependant, le
point précis où il croît spontanément n'est
pas déterminé avec toute la rigueur dési-
rable , et quelques doutes ont pu même être
élevés à cet égard; ainsi, le docteur Royle
ne l'a jamais rencontré dans ces mêmes
montagnes sur lesquelles viennent en quel-
784
MAR
MAR
que sorte s'appuyer les deux presqu'îles
indienDes, dans les lieux où le Pavia est ex-
trêmement abondant. Frappé de cette par-
ticularité, et se fondant sur l'extrême ana-
logie de VjEscuIus hippocastanum avec celui
<ie l'Ohio, Loudon a pensé que cet arbre
pourrait bien appartenir au nouveau conti-
nent en même temps qu'à l'ancien. Quoi
qu'il en soit relativement à la patrie du
Marronnier d'Inde, ce bel arbre n'est ar-
rivé d'Asie en Europe que vers la fin du
1 6e siècle. D'après Clusius, c'était encore
une rareté botanique en 1581 ; il en exis-
tait alors un pied à Venise, mais il n'avait
pas encore fleuri. Vers la même époque , il
avait été introduit en Angleterre; mais,
d'après Gérard , il y était regardé comme
un arbre étranger fort rare. Son introduc-
tion en France porte ane date plus précise,
mais postérieure; ce fut en effet en 1615
que Bachelier, qui possédait une belle col-
lection de plantes vivantes, le rapporta de
Gonstantinople. Le premier pied en fut
planté, à Paris, dans une des cours de l'hô-
tel Soubise , au Marais , où il existait en-
core à la date de quelques années; un peu
plus tard, en 1650, on en planta au Jar-
din du Roi un autre pied qui mourut en
1767, et sur lequel on a pris une tranche
qui est conservée dans la collection de bois
du Muséum. On sait de quelle nombreuse
postérité ces deux pieds ont été la source.
Le Marronnier d'Inde est un arbre de très
haute taille, dont le tronc est droit , dont
la cime est conique. Ses bourgeons sont très
gros , et les écailles de leur pérule sont char-
gées , à l'intérieur, d'un duvet épais,
tandis que celles de l'extérieur sont enduites
d'une matière glutineuse abondante; l'abri
parfait qui en résulte autour des jeunes
pousses leur permet de résister même au
froid de la Suède. En sortant de ces bour-
geons, les feuilles portent un duvet qu'elles
ne tardent pas à perdre, et dont la chute a
lieu plus tôt ou plus tard, selon que le
temps est plus ou moins sec ; ces feuilles
sont grandes, digilées, à 7 folioles en coin
à leur base , élargies à leur partie supé-
rieure, aiguës au sommet, dentées à leur
bord; elles se développent, ainsi que les
jeunes branches qui les portent, avec une
rapidité remarquable. Les fleurs se mon-
trent à la fin d'avril et en mai; elles sont
blanches , avec des taches rouges. Tout le
monde connaît les magnifiques thyrses
qu'elles forment; elles ont 5 pétales et 7
étamines déjetées vers, le bas et redressées
à leur extrémité. Parmi les 6 ovules que
renferment les trois loges de leur ovaire , un
certain nombre avorte constamment; de
telle sorte que le fruit qui leur succède ne
présente plus que 2-4 graines très grosses,
marquées d'un hile très large , plus pâle
que le reste du test qui est brun et luisant.
L'élégance du port du Marronnier d'Inde,
la beauté de son feuillage, et l'abondance
de ses fleurs , en font le plus magnifique or-
nement des allées et des grands jardins. Son
bois est blanc, mou, et cependant suscep-
tible de recevoir un assez beau poli; mais il
résiste peu à 1 action de l'air, ce qui ne
permet guère de l'employer autrement que
comme bois de chauffage et pour quelques
ouvrages de menuiserie commune : il est
aussi utilisé pour le tour; son charbon peut
servir à la fabrication de la poudre. D'après
Loudon , il pèse 60 livres 4 onces par pied
(anglais) cube, lorsqu'il est frais; et seule-
ment 35 liv. 7 onces lorsqu'il est sec. L'é-
corce de cet arbre est très amère ; elle ren-
ferme une substance alcaline particulière
qui a été découverte par Lœseke , et qui a
reçu le nom tfEsculine (C8 H» Os). Cette
écorce est utilisée pour le tannage et pour
la teinture en jaune ; mais c'est surtout sous
le rapport de ses propriétés médicinales
qu'elle a fixé l'attention et qu'elle a été
l'objet de nombreuses expériences. Déjà, dès
1720, Bon crut reconnaître en elle des pro-
priétés vermifuges très prononcées , et il en
fit l'objet d'une note qui existe à cette date
parmi les Mémoires de l'Académie dis scien-
ces de Paris. Depuis cette époque , plusieurs
médecins préconisèrent hautement sa vertu
fébrifuge qui leur paraissait assez dévelop-
pée pour qu'elle pût constituer un nouvel
agent thérapeutique rival du quinquina.
Néanmoins cette dernière substance étant
d'un prix peu élevé et d'un effet assuré ,
l'écorce du Marronnier n'avait encore que
peu d'importance pratique; mais pendant le
blocus continental, l'attention se porta sur
elle plus que jamais, par suite de la rareté
du quinquina; et de nombreux essais furent
tentés et suivis avec soin à Paris, à Or-
léans, etc. Le résultat définitif auquel ils
MAR
MA II
:85
conduisirent, fut que cette substance est en
efTet fébrifuge , mais à un degré assez peu
prononcé pour qu'elle ne puisse, dans au-
cun cas , être comparée au quinquina. Au
reste , lorsqu'on veut employer cette écorce
en médecine, on l'enlève, au printemps,
sur les branches jeunes; on la dépouille de
son épiderme ; on la fait sécher avec soin ;
après quoi on l'administre soit en poudre,
soit, et avec moins d'avantage , en décoc-
tion ou en extrait.
On a cherché dans bien des circonstances
à tirer parti des graines du Marronnier, que
leur grosseur et leur abondance pourraient
rendre très avantageuses. Elles renferment
en effet une grande quantité de fécule ; mais
malheureusement leur amertume extrême-
ment prononcée a mis presque toujours ob-
stacle à leur emploi. En Turquie, on les
broie , et on en fait manger la farine aux
chevaux en la mêlant à leur nourriture ha-
bituelle ; de là est même venu le nom d'i/ip-
pocastanum ((imo<; , cheval ; x^ravov , châ-
taigne), dont la traduction est habituelle-
ment employée dans le langage populaire de
"nos départements méditerranéens : certains
animaux les mangent en nature, comme les
Chèvres, les Moutons et les Daims. Mais
l'objet le plus important consisterait à les
rendre propres à la nourriture de l'homme.
Parmentier avait dit que la macération dans
une eau alcaline les dépouillerait de leur
amertume, et qu'après cette préparation
leur fécule donnerait un pain passable.
M. Mérat a fait des essais à ce sujet, et il
a vu qu'il est très facile d'opérer cette épu-
ration, et qu'il en résulte alors une fécule
qui l'emporte, dit-il, même sur celle de la
Pomme de terre. Cependant, jusqu'à ce
jour, ces essais n'ont pas amené de résultats
positifs. En Irlande, on fait servir les grai-
nes de Marronnier au blanchissage du linge ;
pour cela, on les râpe et on en laisse en-
suite macérer la poudre dans l'eau pendant
quelque temps. On dit encore qu'un tiers
de farine de Marronnier, introduit dans la
colle de pâte, lui donne beaucoup de force.
Enfin , les usages médicinaux de cette même
farine sont presque nuls; on se borne à
l'employer quelquefois comme sternuta-
toire. (P. D.)
MARRUBE. Marrubium (nom dérivé de
celui d'une ville d'Italie), bot. ru. — Genre
T. VII.
de la famille des Labiées , de la didynamic
gymnospermie , dans le système sexuel de
Linné. 11 se compose de plantes vivaecs ,
qui croissent naturellement dans les parties
moyennes de l'Europe, dans la région médi-
terranéenne, et dans l'Asie tempérée. La
plupart d'entre elles sont revêtues d'une
grande quantité de poils qui les rendent co-
tonneuses ou laineuses; leurs feuilles sont'
opposées, rugueuses, souvent incisées. Les'
fleurs de ces plantes sont réunies en faux
verticilles multiflores, à l'aisselle de feuilles
florales semblables à celles que porte le reste
de la tige; elles sont, de plus, accompagnées
de petites bractées plus courtes que le ca-
lice; elles présentent l'organisation sui-
vante : Un calice tubuleux, marqué de 5-10
nervures, terminé par 5-10 dents aiguës,
égales entre elles ; une corolle bilabiée, dont
la lèvre supérieure est dressée , étroite ,
entière ou bifide, dont l'inférieure est étalée,
divisée en trois lobes , le médian plus large
et échancré; 4 étamines qui ne dépassent
pas le tube de la corolle; un style divisé à
son sommet en deux branches courtes et
obtuses.
M. Bentham a partagé les Marrubes en
deux sous-genres, dont le premier (Lagopsis)
renferme ceux qui ont la lèvre supérieure
entière et les feuilles incisées-pinnatiGdes,
dont le second (Marrubium) comprend ceux
qui ont la lèvre supérieure échancrée ou bi-
fide, et dont les feuilles sont le plus souvent
crénelées. C'est à ce dernier sous -genre
qu'appartient la seule espèce dont nous
ayons à nous occuper ici , le Marrdbe com-
mun, Marrubium vulgare Lin., le Marrube
blanc des officines. C'est une plante com-
mune le long des chemins , parmi les décom-
bres, dans les lieux incultes, etc., dont la
tige est droite, tcftragone, très velue et co-
tonneuse dans sa partie supérieure ; dont les
feuilles sont ovales, presque arrondies, ru-
gueuses, crénelées. Ses fleurs sont petites ,
blanches, nombreuses à chaque faux ver-
ticillc; leur calice présente à son bord dix
dents très étroites, recourbées. Toute la
plante a une odeur forte , aromatique et
comme musquée, assez désagréable, une sa-
veur amère , chaude et un peu acre ; elje
renferme une huile essentielle, un principe
amer, et, à ce qu'il paraît , de l'acide galli-
que. Elle agit comme un stimulant très utile
99
*?8S
3YIAR
INJAR
à !a fin des catarrhes ci. des péripneumo-
nies; elle facilite l'expectoration, ce qui
la l'ait employer assez fréquemment. Elle
exerce aussi une action tonique et excitante
sur l'utérus, ce qui détermine son usage
dans le traitement des affections qui se rat-
tachent à cet organe. Enfin, on l'a conseillée
également comme stomachique, et autrefois
elle était très estimée comme diaphoni-
que et désobstruant. On mêle souvent le
Marrube à la Ballote fétide, à laquelle on
donne vulgairement le nom de Marrube
noir, quoique les propriétés de l'une et l'au-
tre diffèrent sous certains rapports. (P. D.)
MARS , PETIT MARS CHANGEANT,
PETIT MARS ORANGÉ, ins.— Noms vul-
gaires d'une espèce de Lépidoptère, le Nym-
phalis ilia.
MARS CHANGEANT, ins. — Nom vul-
gaire du Nymphalis iris.
MARSANA , Sonn. bot. ph. — Syn. de
Murraya, Kœnig.
MARSGIIALLIA (nom propre), bot. ph.
— Genre de la famille des Composées-Séné-
cionidées, établi parSchreber(Gen. n. 1762).
Herbes de l'Amérique boréale. Voy. compo-
sées.
MARSDENIA (nom propre), bot. ph. —
Genre de la famille des Asclépiadées-Pergu-
lariées , établi par R. Brown ( in Mem.
Werner. Soc., I, 29). Sous-arbrisseaux de
l'Inde et de la Nouvelle-Hollande. Voy. as-
CLÉPIADÉES.
MARSILEA. bot. cr. — Genre de la fa-
mille des Marsiléacées , établi par Linné
(Gcn.,n. 1134 ). Herbes vivaces, croissant
dans les eaux stagnantes sous tous les cli-
mats. Voy. MARSILÉACÉES.
MARSILÉACÉES. Marsileaceœ. bot. cr.
— On a longtemps désigné sous ce nom,
eu sous ceux de Rhizocarpées , Rhizos-
permées ou Hydroptéridées , une famille de
plantes cryptogames, qui, malgré le petit
nombre des plantes qu'elle comprenait, of-
frait cependant deux types bien distincts :
types qui ont été élevés au rang de familles
distinctes sous les noms de Marsiléacées et
de Salviniées ; nous ne nous occuperons ici
que des Marsiléacées ainsi limitées, compre-
nant seulement les deux genres Marsilea et
Pilula, ia.
Ce sont de petites plantes , dont les tiges
rampent au fond des eaux peu profondes ,
produisant en même temps des racines ad-
ventives et des feuilles dressées , réduites à
un simple filet cylindrique et filiforme dans
la Pilulaire, où elles ne sont probablement
formées que par un pétiole dépourvu de
limbe, portant au contraire, dans les Mar-
silea, deux paires de folioles disposées en
croix , flottant à la surface de l'eau , ou s'é-
Ievant hors de ce liquide. Ces folioles cu-
néiformes, entières , ou lobées au sommet,
sont parcourues par des nervures fines et
dichotomes , analogues à celles de certaines
Fougères , telles que les Adiantum. Dans
leur jeunesse, les feuilles et leur pétiole
sont enroulés en crosse; ce caractère et
celui de la nervation établissent dans ces or-
ganes beaucoup d'analogie entre les Marsi-
léacées et les Fougères. Ces feuilles présen-
tent un autre caractère remarquable, qui
n'avait pas encore été signalé parmi les Cryp-
togames , et qui a été observé en premier
par M. Bory de Saint-Vincent ; c'est la fa-
culté que possèdent les folioles de se relever
et de s'appliquer par paires l'une contre
l'autre pendant la nuit, comme celles de
certaines Légumineuses dans lesquelles le
phénomène du sommeil de ces organes est
le plus prononcé.
Les organes de la reproduction sont con-
tenus dans des conceptacles, sphériques dans
la Pilulaire, comprimés latéralement dans
les Marsilea , portés tantôt sur la base des
pétioles des feuilles, tantôt sur des pédi-
celles propres, qui ne sont encore proba-
blement que des pétioles raccourcis et à
limbe avorté. Dans quelques Marsilea, le
même pétiole porte deux ou même plu-
sieurs de ces conceptacles. Leur paroi est
épaisse , dure et coriace , ou crustacée ; dans
la Pilulaire, elle se divise en quatre val-
ves, qui correspondent à autant de loges
distinctes , séparées par des cloisons mem-
braneuses; dans les Marsilea, les concep-
tacles ne s'ouvrent pas régulièrement, et
sont divisés en plusieurs loges disposées des
deux côtés d'une cloison principale , paral-
lèle aux surfaces aplaties de ce concep-
tacle. Chacune de ces petites loges , dans
ces deux genres, contient deux sortes d'or-
ganes fixés sur un placenta saillant; les uns,
placés dans la partie inférieure , sont de pe-
tits sacs ovoïdes, formés d'une membrane
très ténue, remplis d'une substance gélati-
ÎMAR
MAR
787
ncuse, qui se gonfle par l'absorption de
l'eau après la déhiscence des conceptacles ;
au centre se trouve un corps unique ellip-
tique, renflé au sommet, formé d'une en-
veloppe crustacée, jaunâtre et lisse, conte-
nant dans son intérieur une cellule très
mince, remplie de fécule : c'est l'embryon
qui germe et se développe dans l'eau , et on
ne saurait douter que ces corps sont des sémi-
nules analogues à celles des Fougères ou des
Chara. Les autres corps, contenus aussi dans
les mêmes loges des conceptacles, mais vers
leur partie supérieure, sont des sacs mem-
braneux, claviformes , contenant chacun,
au milieu d'un liquide légèrement gélati-
neux, plusieurs corps sphériques jaunâtres,
qui s'échappent de ces sacs par la rupture
de la membrane qui les forme, après l'ab-
sorption de l'eau. Chacun de ces corpus-
cules sphériques est solide , de consistance
grenue, et ressemble assez à une masse de
pollen d'orchidée. La plupart des auteurs les
ont considérés comme les organes mâles de
ces plantes, dont l'action fécondante s'exer-
cerait après la rupture des conceptacles, dans
l'eau qui contiendrait les séminules mélan-
gées avec ces corps polliniques.
La germination des séminules a été ob-
servée, depuis longtemps, dans la Pilu-
laire , et récemment sur le Marsilea pubes-
cens ou Fabri , par MM. Dunal et Fabre;
elle rappelle beaucoup, au premier coup
d'oeil , celle de certaines Monocotylédones ;
mais on peut encore douter si la première
petite écaille, ou feuille rudimentaire, existe
avant la germination, et est réellement ana-
logue à un cotylédon, ou si, résultant de
l'acte même de la germination , elle n'est
pas plus analogue aux productions foliacées
des Fougères. Le genre Pitularia ne ren-
ferme qu'une seule espèce , assez commune
en Europe ; le genre Marsilea comprend, au
contraire , de nombreuses espèces répandues
sur tout le globe et particulièrement dans les
régions intertropicales, dans l'Inde, l'A-
frique et l'Amérique.
J'ai rapproché de cette famille un genre
de plantes fossiles des terrains houillers ,
les Sphenophyllum , dont les feuilles, verti-
cillées 6 par 6 , ont beaucoup d'analogie,
par leur forme et leur nervation, avec celles
des folioles des Marsilea; mais la différence
d'origine et de position de ces feuilles sim-
ples établit entre ces plantes une différence
bien tranchée; et tant que les organes re-
producteurs de ce genre détruit de l'ancien
monde ne seront pas connus, ses rapports
avec les végétaux vivants seront très dou-
teux. (Ad. Brongniart.)
MARSOUIN, mam. — Espèce du genre
Dauphin. Voy. ce mot. (E. D.)
MARSOUINS FOSSILES, paléont. —
Voy. DAUPHINS FOSSILES.
*MARSUPIA, Dumort. bot. cr. — Syn.
de Sarcoscyphus , Cord.
*MARSUPIALES. acal. — Troisième
tribu des Méduses non proboscidées dans la
classification de M. Lesson. Ce sont des Mé-
duses sacciformes ou en cloche, ayant de
4 à 8 faux bras au bord de l'ombrelle, qui a
parfois deux replis simplement munis d'émi-
nences papilleuses; le sac stomacal est sim-
ple, et remplit toute la cavité interne, ou
bien il est oblong allongé, et frangé à son
ouverture. Il n'y a ni pédoncule, nicirrhes,
ni ovaires apparents. Cette tribu comprend
les genres Marsupialis, Bursarius, Mitra, Eu-
rybia, CylœisyCampanellael Scyphis. (Duj.)
MARSUPIALIS (marsupium, bourse).
acal. — Genre établi par M. Lesson , aux
dépens des Carybdées , et placé même par
cet auteur, dans une tribu distincte, à la-
quelle ce nouveau genre a donné son nom.
C'est l'ancienne Carybdée marsupiale des
auteurs qui en est le type, sous le nom de
Marsupiale de Plancus , et M. Lesson rap-
porte à ce genre deux autres espèces obser-
vées par M. Reynaud et par lui-même. Ses
caractères sont d'avoir l'ombrelle conique, en
forme de sac allongé , terminé à son bord
ouvert par4 fauxbras renflés ou comprimés,
comme articulés ou terminés par un petit
point globuleux. Le sac stomacal est en en-
tonnoir, évasé et quadrilobé dans le haut,
rétréci et entouré de quatre suçoirs dans le
bas. L'espèce type habite la Méditerranée.
On la trouve sur les côtes de Naples et d«
Nice; elle est large de 4 centimètres, pres-
que diaphane. (Duj.)
MARSUPIAUX, mam.— Nous comprenons
sous ce titre les Mammifères auxquels a été
spécialement attribué le nom de Màhsuhàbx
dans les diverses méthodes, et ceux qu'Ét.
Geoffroy a désignés sous le nom de M
thèmes. Ces deux groupes constituent en
effet un ruéme type, dérivé du grand typa
MAR
MAR
Mammifère, et dont nous avons essayé de
caractériser les représentants par le nom d\4-
placentaires, lorsque nous cherchions, dans
l'étude des phénomènes génésiques primitifs,
l'indice des affinités naturelles des Mammi-
fères en général. Comme nous l'avons indi-
qué alors, le point de divergence des deux
types secondaires de la classe des Mammifères
parait se trouver au moment où l'allantoïde,
couverte d'arborisations vasculaires, porte
ses vaisseaux ombilicaux à la surface ducho-
rion, pour constituer un placenta chez les uns,
tandis que, chez les autres, cette même vési-
cule ne paraît pas s'unir avec la membrane de
l'œuf pour composer un organe placentaire.
La distinction des types, indiquée par cette
différence fondamentale, devient encore plus
marquée à mesure que l'animal avance dans
son développement ; des caractères spé-
ciaux dont le point de départ, et en quelque
sorte la raison se trouve dans l'absence de
lien organique entre la mère et le fœtus,
appartiennent en propre aux Mammifères
aplacentaires.
En effet, la petite proportion de la masse
vitelline contenue dans l'œuf, et l'impossi-
bilité où est l'embryon de tirer sa nourriture
des vaisseaux utérins de !a mère, sont deux
circonstances qui exigent un mode de nu-
trition particulier pour la complète forma-
tion du jeune ; ce mode de nutrition est celui
que les mamelles des Mammifères sont des-
tinées à accomplir. Seulement, pour les Apla-
centaires, après la nutrition vitelline et une
courte nutrition utérine qu'effectuent pro-
bablement les vaisseaux de la vésicule ombili-
cale, cette nutrition mammaire est beaucoup
plus prolongée, pour fournir à l'embryon le
moyen de subvenir aux besoins de son orga-
nisation en voie de développement. Expulsé de
l'utérus dans un état d'imperfection tel qu'il
ne peut saisir et quitter la mamelle, comme
le fait le nouveau-né des Placentaires, c'est
greffé en quelque manière à la tétine de la
mère, que l'embryon des Aplacentaires subit
cette seconde gestation, et, chez un certain
nombre d'espèces , il trouve même un asile
dans une espèce d'utérus extérieur, ou po-
che d'incubation en quelque sorte complé-
mentaire.
Ces conditions primitives de l'embryon
dans le groupe que nous étudions, appar-
tiennent donc jusqu'à un certain point au
type ovipare; et les Aplacentaires présentent
en effet dans leur organisation des modifica-
tions qui rappellent ce type. C'est même par
des emprunts faits à ce type et par les né-
cessités physiologiques qui dérivent de l'état
primitif de l'embryon, que nous pouvons ex-
pliquer les principales particularités orga-
niques propres aux singuliers Mammifères
dont nous nous occupons ici. Leurs caractères
généraux essentiels sont, outre l'absence
jusqu'ici constatée d'un véritable placenta :
l'état rudimentaire du corps calleux entre
les hémisphères cérébraux, et l'existence
d'os en forme de languette, articulés et
mobiles sur le pubis , nommés os marsu-
piaux. On pourrait donc choisir arbitraire-
ment dans ces trois grands caractères fon-
damentaux celui qui servirait à dénom-
mer le groupe de Mammifères qui les pré-
sentent. Nous avons indiqué précédemment
(voy. mammifères) par quels motifs nous
préférions le caractère tiré des phénomènes
génésiques primitifs. M. Isidore Geoffroy a,
au contraire, placé le point de départ de sa
caractéristique dans la présence des os mar-
supiaux, et c'est sous le nom de Quadrupè-
des avec os marsupiaux que ce zoologiste
désigne les animaux que nous appelons
Mammifères aplacentaires.
Nous indiquerons, en donnant la défini-
tion de ce groupe , les raisons qui doivent
faire considérer comme Mammifères les ani-
maux qui le composent; et nous rappelle-
rons, à propos de leur classification, les places
diverses qui leur ont été successivement assi-
gnées. Nous devons insister d'abord sur les
caractères essentiels qu'offre leur organisme,
en négligeant les particularités qui pourront
trouver place dans les articles destinés aux
principaux genres.
La dénomination de Marsupiaux, donnée
au principal groupe des Aplacentaires, vient
de ce que les Sarigues, les premiers animaux
qui furent connus dans ce type si curieux,
présentaient cette poche abdominale (marsu-
pium, bourse) où le jeune trouve d'abord
une chambre incubatrice, et plus tard un
asile et un refuge. Le nom d'Animaux à
bourse donné aussi à ces Mammifères était la
traduction du mot technique. L'existenced'un
véritable utérus et celle de cette poche qu'on
a pu comparer à une seconde matrice , a
valu encore aux Marsupiaux le nom de Di-
MAR
MAR
'89
delphes («Jt'5, Sdyvs, double matrice) , dont
la valeur a été appréciée dans plusieurs ar-
ticles de ce Dictionnaire, et sur lequel nous
reviendrons dans le chapitre de la classi-
fication.
Le nom de Monotrèmes, employé pour
désigner le second groupe des Aplacentaires ,
qui comprend les deux genres Ornithorhyn-
que et Échidné, rappelle que les Mammi-
fères qui le portent ont un orifice unique
(pc'vov Tp~fia, un seul trou), une sorte de
cloaque dans lequel les voies génitales, uri-
naires et fécales débouchent à la fois.
Pour caractériser les divisions secondaires
du type mammalogique auquel appartien-
nent les Marsupiaux et les Monotrèmes,
nous ne pouvons être guidés par les phé-
nomènes embryologiques, puisque le déve-
loppement de ces animaux est aujourd'hui
très incomplètement connu. Nous ne cher-
cherons donc pas à présenter l'ordre de suc-
cession suivant lequel leurs divers appareils
se forment. Mais, pour rendre la compa-
raison plus facile entre les diverses parties
de l'organisation dans les deux types dérivés
du type mammalogique, nous suivrons néan-
moins le plan que nous avons adoptép our
l'article sur les Mammifères placentaires, en
présentant d'abord les phénomènes embryo-
géniques connus , et en nous arrêtant plus
spécialement sur les systèmes nerveux et
osseux, et sur le système delà reproduc-
tion. Les systèmes de la digestion et de la
respiration ne méritent que quelques lignes,
parce qu'ils sont construits sur le plan gé-
néral que l'on retrouve dans la classe des
Mammifères.
OEuf et embryon des Mammifères Aplacen-
taires. Développement.
Nous ne rapporterons dans ce chapitre que
les faits qui ont rapport à la génération des
Aplacentaires et à leur développement. La
description des appareils sexuels trouvera
place dans le chapitre destiné au système de
la reproduction. C'est là que nous renvoyons
aussi pour les détails sur les glandes mam-
maires, la poche marsupiale, la gestation
et l'accouplement. Les beaux travaux de
M. Owen nous serviront de guide principal
dans l'exposé deces phénomènes, dont la con-
naissance est due en grande partie à ce
savant.
L'état d'imperfection et d'ébauche dans
lequel on trouva les jeunes des Sarigues
américaines, suspendus à la mamelle de leu r
mère, et le développement même de cette
mamelle, firent supposer d'abord que l'em-
bryon se formait sur le mamelon, auquel,
il devait ainsi son origine par une sorte de
gemmiparité. Et cette opinion n'était pas
seulement répandue dans le vulgaire, elle
était partagée même par des naturalistes
distingués. Marcgrave,en parlant de l'O-
possum , dit que la poche est l'utérus de l'a-
nimal, qu'il ne possède pas d'autre matrice;
que la semence y est élaborée et les petits
formés. Piso s'exprime dans les mêmes ter.
mes , aussi bien que Béverley ; et Valentin
répète les mêmes assertions pour les Phi-
landres.
La découverte d'un véritable utérus fut
le premier pas que l'on fit dans la connais-
sance de la génération des Marsupiaux, et el le
est due à Tyson et à Daubenton. Cette dé-
couverte fut néanmoins d'abord un embarras
de plus , car il fallait s'expliquer le rôle phy-
siologique de cet utérus, et celui de la poche
où l'on avait certainement rencontré les
petits attachés aux tétines: or, on ne savait
rien alors sur le développement dans la ma-
trice, sur l'époque et le mode de transla-
tion du jeune dans la bourse marsupiale.
Jean Hunter, en examinant divers fœtus
de Kanguroos, indiqua le premier l'absence
de placenta, puisqu'il ne rencontra aucune
trace d'ouraque ni de vaisseaux ombilicaux ;
M. Owen, par ses belles observations, jeta
une nouvelle lumière sur ce point impor-
tant.
Les recherches anatomiques d'Et. Geoffroy,
et les faits que lui fournirent le sénateur
d'Aboville et le docteur Barton, conduisi-
rent cet illustre zoologiste à établir une pre-
mière théorie de la génération des animaux
Marsupiaux. Suivant cette doctrine, le pro-
duit de la génération de ces singuliers Mam-
mifères quitterait l'utérus dans l'état d'ovule
gélatineux, rappelant l'état permanentd'une
Méduse, et se mettrait en communication
organique avec la mamelle de la mère , à
l'aide d'une connexion intime de vaisseaux
continus. Au moment où le jeune se déta-
cherait de latétineetnaltraitdéfinitivement,
une trace de sang indiquerait à la mamelle
que la séparation vient d'avoir lieu. Dans
'90
MAR
MAR
un autre travail , Geoffroy abandonne cette
idée d'une continuité vasculaire entre le
jeune et sa mère , et considère l'adhérence
de l'embryon à la tétine comme un simple
contact. Quelques traces d'ouraque condui-
sent plus tard le même naturaliste à for-
muler une opinion qui est, jusqu'à un cer-
tain point, le contraire de la précédente. Il
crut à l'existence d'une sorte d'organe pla-
centaire.
Les observations de MM. Morgan, Collie,
Owen et autres, sont venues apporter de
nouveaux éléments pour la solution de ce
problème intéressant, en faisant connaître
quelques faits sur le fœtus renfermé dans
le sein de la mère, la nature des enve-
loppes fœtales, l'état de développement du
jeune quand il arrive dans la poche marsu-
piale, le mode de translation du jeune dans
cette poche. Ne pouvant pas citer ici les ob-
servations détaillées de ces divers auteurs,
nous nous contenterons de rapporter briève-
ment les conséquences qu'on en peut tirer.
Chez les Marsupiaux, ou du moins chez
le Kanguroo qui est presque le seul qu'on
ait suffisamment étudié jusqu'ici, l'œuf dé-
taché de l'ovaire présente la même constitu-
tion que celui des Mammifères ordinaires;
seulement il possède une masse vitelline un
peu plus considérable, ce qui est en rapport
avec le mode de développement de l'embryon,
et le fluide interposé entre la zone transpa-
rente et le jaune est proportionnellement
moins abondant. 11 présente, comme l'œuf
des Placentaires, un chorion, une vésicule
ombilicale, un amnios, une allantoïde, et
toutes ces parties ont des rapports de situa-
tion analogues. Le cordon ombilical offre la
même composition que chez les Mammifères
du premier type; les vaisseaux omphalo-
mésentériqucs et ombilicaux ont les mêmes
connexions générales au dehors et au dedans
du corps de l'embryon. Le chorion , bien
déveioppé, reçoit des vaisseaux très nom-
breux que la vésicule ombilicale épanouit
sur sa face interne; il est marqué de rides
multipliées qui chiffonnent en quelque sorte
sa surface, et plusieurs de ces plis s'insinuent
dans le pli de la couche vasculaire interne
de l'utérus sans cependant adhérer à cette
cavité. Entre le chorion et l'amnios se trouve
la vésicule allantoïdienne qui portcavec elle
les deux petites artères hypogastriques et la
veine ombilicale, mais ne gagne pas la sur-
face de l'œuf de manière à produire sur le
chorion l'organisation vasculaire qui consti-
tue le lien placentaire. C'est donc seulement
à l'aide des vaisseaux vitellins que les rap-
ports utérins semblent exister entre la mère
et l'embryon ; l'allantoïde reste sans aucune
connexion avec les parties voisines , et son
rôle paraît se réduire à celui de réceptacle
de la sécrétion rénale. Le conduit de l'ou-
raque ne se continue pas avec le fond, mais
bien avec la partie moyenne antérieure de
la vessie urinaire, comme cela s'observe
aussi chez plusieurs Édentés, le Paresseux,
Je Pangolin, le Tatou
Quant à l'œuf des Monotrèmes, on ne le
connaît encore que très imparfaitement. Les
naturels de la Nouvelle Hollande prétendent
que l'Ornithorhynque pond deux œufs sem-
blables aux œufs de la Poule, et que les fe-
melles les couvent longtemps, sans jamais les
abandonner. Suivant ce récit, accepté et
défendu par quelques auteurs, l'œuf serait
protégé par une coque calcaire capable d'of-
frir une résistance suffisante au poids delà
mère pendant l'incubation. Mais, malgré
l'explication que Geoffroy a donnée de la dis-
position organique à l'aide de laquelle l'é-
troitesse du bassin pourrait se concilier avec
un œuf d'un volume considérable, les con-
ditions de structure des os pelviens sont tout
autres chez les Monotrèmes que chez les Oi-
seaux, et présentent même un des caractères
qui peuvent le mieux servir à distinguer ces
deux groupes d'animaux. D'ailleurs la por-
tion du tube efférent dont la structure et la
position relative pourraient se comparer,
chez les Monotrèmes, à la partie de l'utérus
des Oiseaux où la coquille se sécrète, serait la
cavité terminale dans laquelle on a jusqu'ici
trouvé les œufs chez les Ornithorhynques;
ce seraient donc les parois de cette cavité
qui, après avoir sécrété une substance molle,
changeraient de rôle et sécréteraient ensuite
l'enveloppe calcaire. A moins d'admettre que
cette matière calcaire soit rapidement dé-
posée par la surface du conduit externe, qui
n'a aucun caractère d'une membrane sécré-
tante ; ou bien encore, comme le pensait
Geoffroy, que la glande abdominale dans la-
quelle ce zoologiste ne pouvait voir une
glande mammaire, fournît la sécrétion cal-
caire aDiès l'expulsion de l'œuf.
1YIAR
MAR
91
Quoi qu'il en soit de cette question qu'on
n'a pu encore résoudre par l'observation
directe , il n'en reste pas moins vrai que la
constitution de l'œuf des Monotrèmes repro-
duit toutes les conditions essentielles de
l'œuf des Mammifères ordinaires. Les enve-
loppes sont les mêmes ; le chorion présente
seulement un plus grand degré de fermeté;
on ne voit aucune trace de chalazes attachées
à la membrane vitelline; l'œuf est libre,
sans connexion placentaire; conditions qui
le rapprochent en outre de l'œuf des Mar-
supiaux. Le jaune est beaucoup moins con-
sidérable que dans l'œuf des Oiseaux , ce qui
suppose que le jeune être devra trouver un
supplément de nourriture ou dans l'utérus,
ou dans la sécrélion lactée. Ce dernier ali-
ment lui est en effet fourni par une glande
mammaire, dont l'existence est si caracté-
ristique dans le type mammalogique. Quant
à la nutrition utérine, si nous considérons
que les femelles des Monotrèmes n'ont pas
même de poche abdominale rudimentaire
pour recevoir leurs petits , nous serons con-
duits à supposer que l'embryon atteint ,
dans le sein de la mère , un plus grand de-
gré de développement que celui des Marsu-
piaux, comme quelques particularités orga-
niques portent d'ailleurs à le croire, et que
les vaisseaux vitellins sont peut-être aidés ,
pour la nutrition et la respiration du fœtus,
par des vaisseaux ombilicaux plus développés.
Ce qui paraît certain, c'est que l'œuf de l'Or-
nithorbynque prentff un volume plus consi-
dérable en traversant les trompes de Fallope,
ce qui indique un commencement de déve-
loppement du jeune être. En effet , si cet
accroissement en volume était dû à la for'
mation d'une nouvelle quantité de matière
vitelline , l'œuf des Monotrèmes différerait
complètement de l'œuf des Oiseaux aussi
bien que de celui des Mammifères, puisque
dans ces deux classes le jaune est exclusive-
ment fourni par l'ovaire. Les observations
directes nous donneront sans doute la va-
leur de tous ces raisonnements fondés sur
l'analogie.
Les circonstances qui ont engagé plusieurs
physiologistes à admettre comme vrais les
récils qui ont été répandus sur l'oviparité
de rOrnithorhynque sont principalement la
ressemblance qu'offrent avec les Oiseaux les
organes femelles de cet animal , dont l'o-
vaire et les oviductes sont inégalement dé-
veloppés , et la constitution des tubes effé-
rents, qui, comme les oviductes des Reptiles
et surtout des Tortues, sont complètement
séparés. Toutefois, en examinant attenti-
vement les organes femelles de l'Ornitho-
rhynque, on trouve dans leur structure et
dans la différence de dimension entre leur
portion utérine et la portion qui constitue
l'oviducte , des caractères qui rappellent
tout-à-fait l'utérus et l'oviducte du Kangu-
roo, et qui indiquent probablement des
fonctions semblables dans le développement
de l'embryon. L'ovaire lui-même diffère
peu de celui de quelques Rongeurs et des
Marsupiaux, et présente moins de rapport
avec celui des Oiseaux que l'ovaire de quel-
ques Marsupiaux, celui de Wombat, par
exemple , dont les vésicules de Graaf sont
très volumineuses et plus semblables aux
calices des Oiseaux.
Bien que l'œuf ne prenne aucune attache
à l'utérus, chez les Marsupiaux et les Mo-
notrèmes , et que l'on ne rencontre , chez
ces animaux , aucune trace de formation
analogue à une membrane caduque ou à
toute autre production adventive, la face
interne de l'utérus paraît néanmoins pren-
dre part au travail de reproduction. On la
trouve épaissie, plus ferme, plus vasculaire
quand les œufs sont tombés de l'ovaire.
Comme l'avait conjectiné Tyson, l'em-
bryon des Marsupiaux se développe d'abord
dans l'utérus ; mais on ignore les phéno-
mènes primitifs que présente ce développe-
ment, depuis le moment de la fécondation
jusqu'au vingtième jour environ de la ges-
tation utérine. A cette époque, tous les ap-
pareils se sont dessinés dans leurs organes
essentiels , comme l'indiquent les observa-
tions de M. Owen sur le grand Kanguroo : la
bouche est ouverte ; la langue est grande et
proéminente; les extrémités antérieures sont
plus grandes et plus fortes que les posté-
rieures ; les doigts y sont bien marqués,
tandis qu'ils ne sont pas encore développés
aux membres postérieurs; on aperçoit les
côtes ; les rudiments des arcs vertébraux ne
sont pas encore réunis ; le pénis se montre
sur une petite proéminence où s'ouvre aussi
l'anus. La marche de la formation des or-
ganes paraît donc être ici la même que
dans les Placentaires. Mais la différence
792
MAR
MAR
fondamentale consiste en ce que le fœtus
des Aplacentaires n'atteint pas dans l'utérus
un degré aussi avancé de développement ,
comparativement aux Mammifères de l'autre
type; il est expulsé, en quelque sorte, avant
terme, et subit des métamorphoses impor-
tantes après avoir quitté le sein de la mère.
Il paraîtrait que vers la fin de la gestation
utérine il s'engage dans les canaux latéraux
du vagin , où on le trouve dépourvu de ses
enveloppes fœtales. Le moment de la nais-
sance, ou, pour parler plus exactement, de
cette première naissance utérine, est néces-
sairement plus ou moins éloigné de la fé-
condation, suivant les diverses espèces; il
paraît avoir lieu trente-huit jours après la fé-
condation chez le grand Kanguroo.
Après cette première période de l'existence
embryonnaire des Marsupiaux , commence
la gestation marsupiale , ou la vie du fœtus
mammaire. Plusieurs hypothèses ont été
imaginées pour expliquer le transport du
jeune, de l'orifice du vagin dans la poche de
Ja mère. Everard Home pensait qu'une ouver-
ture particulière interne, qui n'existait pas
avant la gestation, servait, à cette dernière
époque, de moyen de communication entre
l'utérus et la poche. Quelques naturalistes,
se fondant sur le récit de Barton , ont sup-
posé que , par l'effet de la pression exercée
sur le bas- ventre par les muscles abdomi-
naux et les os marsupiaux , le canal urétro-
scxuel était forcé de descendre vers le fond
du bassin , et se retournait ensuite comme
un doigt de gant , pendant que, de son côté,
la poche marsupiale, sous l'influence de son
muscle crémaster, était abaissée et portée
sur le vagin ; celui-ci pourrait de la sorte
se mettre en contact avec tous les points de
la surface de la poche, et y déposer les jeu-
nes. Mais l'observation des animaux, et l'é-
tude de la composition des parties, a prouvé
que l'ouverture du vagin ne peut venir en
contact avec celle de la poche, par aucune
contraction musculaire; c'esten vain qu'on es-
saierait aussi d'opérer ce rapport, par tous les
moyens mécaniques possibles, chez l'animal
mort. Il résulte, au contraire, des expérien-
ces tentées par M. Owen , que le Kanguroo
emploie, pour amener ses jeunes du vagin
dans la poche , les mêmes moyens dont les
Chiens , les Chats , les Rats se servent pour
transporter leurs petits d'une place à une
autre , c'est-à-dire qu'il les prend avec les
lèvres. En effet , ayant détaché de la ma-
melle, à laquelle il adhérait fortement, un
fœtus qui n'était daps la poche marsupiale
que depuis quelques heures , le savant an-
glais vit la mère saisir des deux côtés les
bords de la poche à l'aide de ses pattes de
devant, et les tirer en sens contraire pour en
agrandir l'ouverture, comme on le fait pour
desserrer une bourse. Elle introduisait en-
suite son museau dans la poche, comme pour
laper quelque chose à l'intérieur, et peut-
être pour remuer le jeune, sans jamais se
servir de ses membres pour cet usage. Puis
elle léchait l'ouverture de la poche, se cou-
chait quelquefois à terre pour lécher aussi le
cloaque qu'elle atteignait facilement, et sem-
blait agir sur l'extérieur de la poche comme
pour pousser vers l'ouverture quelque chose
qui y était renfermé. La facilité avec laquelle
l'animal peut atteindre avec ses lèvres la
poche abdominale et le cloaque, le rôle des
pattes de devant pendant les tentatives de
la mère pour relever le fœtus et l'amener à
la hauteur de la mamelle , font naturelle-
ment supposer que c'est à l'aide de la bou-
che que la mère transporte le jeune du va-
gin dans la poche, et que celle-ci est main-
tenue ouverte par les extrémités antérieures
douées à cet effet d'une grande adresse et
d'une mobilité particulière. Déposé de la
sorte dans la poche, le fœtus est maintenu
sur la mamelle par la mère, jusqu'à ce que
la sensation particulière qui accompagne
l'acte de la succion vienne lui apprendre
que le jeune a saisi l'extrémité si sensible
du mamelon. L'état de faiblesse du jeune et
l'impuissance où il est de regagner lui-
même la mamelle quand il en a été une fois
détaché, prouvent aussi qu'il est impossible
de supposer qu'il puisse lui-même se trans-
porter de la vulve dans la cavité de la poche
et au bout de la mamelle.
Dans la poche , le jeune des Marsu-
piaux exécute des mouvements énergiques,
et sa propre respiration vivifie son sang ; il
rentre alors dans toutes les conditions des
Mammifères, si ce n'est qu'il exige une nu-
trition mammaire à une époque beaucoup
moins avancée de son développement, et qu'il
parcourt plusieurs phases de sa vie embryon-
naire à la mamelle de sa mère, conditions
qui, en définitive, n'indiquent qu'une diffé-
MAR
rence dans le temps et non dans le type
fondamental.
Bien que le développement des Marsupiaux
ait lieu suivant les lois générales ordinaires,
il offre néanmoins quelques particularités
caractéristiques qui semblent être en rapport
avec la naissance prématurée du jeune. C'est
ainsi que les ventricules du cœur sont de
bonne heure complétementunis et présentent
les mêmes proportions relatives que chez l'a-
dulte ; il en estde même de l'aorte, de l'artère
pulmonalreetdeses divisions. Cettedernière
circonstance est en rapport avec la formation
précoce des poumons qui doivent de bonne
heure entrer en exercice, et c'est dans les
prévisions de la nécessité d'une respiration
active à une époque plus ancienne que chez
les autres Mammifères que la cavité du tho-
rax, ses viscères et ses membres acquièrent
une prépondérance marquée sur la cavité
abdominale. Mais c'est peut-être aussi à la
rapidité avec laquelle ces parties antérieures
atteignent leur développement adulte, qu'est
dû le petit volume relatif de l'encéphale,
auquel arrive une quantité moins considé-
rable de sang.
Tout nous manque, même les conjectures,
sur l'état dans lequel naît le jeune des Mo-
notrèmes. Il semble néanmoins que les vis-
cères de la cavité thoracique prennent aussi
de très bonne heure un développement con-
sidérable; les embryons des Monotrèmes,
comme ceux des Marsupiaux, présentent
aussi, quand ils sont sortis de l'utérus, cette
incurvation de leurs deux extrémités cépha-
lique et caudale l'une vers l'autre, qui rap-
pelle un état primitif d'un embryon peu
avancé dans son développement; chez les
uns et chez les autres, les yeux sont à peine
marqués, ce qui indique le besoin que le
jeune être a de sa mère; et le système os-
seux est encore en grande partie à l'état
cartilagineux, condition qui, comme nous
l'avons fait observer ailleurs, les distingue
des Oiseaux, chez lesquels les os acquièrent
plus tôt le terme de leur état parfait.
On a pensé longtemps que la forme et la
nature de la bouche des Monotrèmes prou-
vaient l'impossibilité d'une vie mammaire
pour ces animaux ; et il était en effet difficile
d'admettre que le bec corné aplati des Orni-
thorhynques, ou le bec corné allongé des
Échidnés pût accomplir les actes nécessaires
t. vu.
MAR
793
à la succion. Mais l'étude du fœtus a levé
toutes les difficultés que la théorie avait crues
insurmontables , et que la nature avait pré-
vues et vaincues. Le jeune de l'Orniihorhyn-
que présente, en effet, dans la. constitution
de son appareil buccal, toutes les conditions
les plus favorables à une succion énergique.
Toutes les parties sont beaucoup moins con-
sidérables dans leurs proportions que chez
l'adulte, et n'ont point la proéminence qui
les caractérise plus tard. Le bord supérieur
du bec est épais, charnu, arrondi et lisse;
toute la mâchoire inférieure est flexible , et
se replie sur le cou, lorsque la bouche veut
s'ouvrir; la langue s'avance jusqu'au bord
de cette mâchoire, et a une dimension con-
sidérable. Tous les mouvements que peuvent
exécuter ces parties sont calculés de façon à
permettre l'application exacte de la bouche
sur l'aréole mammaire, et à faciliter ainsi
au jeune animal les moyens de nutrition.
Ce n'est donc que par une sorte de dévelop-
pement rétrograde par rapport au type des
Mammifères, ou mieux par un emprunt fait
postérieurement au typeornithologique, que
les mandibules des Monotrèmes prennent, au
delà de l'extrémité delà langue, cette élon-
gation considérable, si contraire à l'applica-
tion de la bouche sur une surface plane.
Chez les Marsupiaux, la nature a aussi
pourvu les jeunes d'une organisation appro-
priée à leur existence mammaire, et exigée
par leur état peu avancé de développement.
Bien qu'ils puissent, en effet, saisir la ma-
melle et y adhérer fortement à l'aide de la
puissance musculaire de leurs lèvres, les
fœtus de ces animaux paraissent néanmoins
incapablesd'obtenirleur nourriture parleurs
seuls efforts. Aussi, comme l'ont démontré
Geoffroy et M. Morgan, la mèrepossède-t-elle
un appareil merveilleux qui lui permet de
venir en aide au jeune. Un muscle analogue
au crémasler peut, en exerçant ses contrac-
tions sur la mamelle, injecter le lait dans la
bouche du fœtus et suppléer ainsi à la faiblesse
de son action. Mais cette injection en quelque
sorte forcée pourrait devenir fatale au jeune
être, si ses efforts ne coïncidaient pas avec
ceux de la mère: une disposition spéciale
des organes a défendu le fœtus contre l'as-
phyxie et assuré en même temps l'arrivée
de la sécrétion lactée dans l'œsophage. ï/é-
piglotte et les cartilages aryténoïdes sont
100
?94
MAR
MAR
allongés et rapprochés; la fente de la glotte
est située sur le sommet d'un larynx, qui
prend ainsi la forme d'un cône, et s'avance,
comme chez les Cétacés , dans les arrière-
narines, où il est étroitement embrassé par
les muscles. L'air peut de la sorte aisément
pénétrer dans la trachée, et le lait entrer de
chaque côté du iarynx dans l'œsophage. La
bouche a d'ailleurs pris la forme d'une lon-
gue cavité tubulaire, terminée par une ou-
verture à peu près circulaire ou triangulaire
dont la dimension est telle qu'elle est juste
assez grande pour recevoir la dilatation ter-
minale delà mamelle.
La durée de la vie mammaire ou intra-
marsupiale varie suivant les divers animaux ;
elle est d'environ huit mois pour le Kangu-
roo. Pendant cette période, l'organisation
s'est complétée ; les membres postérieurs et
la queue ont pris leurs proportions adultes ;
l'oreille externe et les paupières se sont for-
mées; le museau s'allonge; les poils se
montrent au sixième mois. Au huitième
mois, on peut voir le jeune Kanguroo sor-
tir fréquemment la tête de la poche marsu-
piale , et couper le gazon pendant que sa
mère broute. Bientôt il quitte sa mère , es-
saie en sautillant ses forces nouvelles , puis
retourne de temps en temps à la poche cher-
cher un refuge, ou demander aux mamelles
un supplément à la nourriture insuffisante
qu'il a pu se procurer. A cette époque, il se
trouve à peu près dans les conditions ordi-
naires des jeunes Mammifères placentaires,
et on le voit introduire sa tête dans la poche
de la mère pour téter, bien que des fœtus
d'une portée plus récente puissent être alors
attachés à d'autres mamelles.
Dans le Phascogale , lorsque les petits
sont devenus trop grands pour être portés
dans la poche , c'est pendus à ses mamelles
que la mère les entraîne avec elle , si elle
est poursuivie.
Chez les espèces où la poche abdominale
n'est représentée que par un simple repli de
la peau , comme chez le Didelphe dorsigèrc,
les jeunes ne trouvent pas le refuge assuré
que la mère offre à ses petits dans les espè-
ces à bourse; mais , dans les moments cri-
tiques, ils se réfugient sur le dos de leur
mère, enroulent leur queue à la sienne, et
sont ainsi transportés loin du danger. II
semble qu'un plus long allaitement et l'état
de faiblesse des jeunes aient développé à un
plus haut point l'instinct maternel chez les
animaux marsupiaux.
SYSTÈME NERVEUX DES MAMMIFÈRES APLACEN-
TAIRES. ORGANES DES SENS.
L'absence du corps calleux est le carac-
tère essentiel qui distingue le système ner-
veux des Mammifères aplacentaires de celui
des Mammifères placentaires. Avec ce carac-
tère fondamental dont nous allons expliquer
la valeur, en coïncident plusieurs autres qui
en sont comme la conséquence, et que nous
indiquerons rapidement. Les parties qui se
trouvent à la fois dans l'encéphale des Mam-
mifères Placentaires et Aplacentaires offrent
aussi, chez ces derniers, quelques particula-
rités que nous citerons en quelques mots.
En écartant les lobes cérébraux d'un Mam-
mifère Aplacentaire, on ne trouve pas cette
large commissure transversale ou corps cal-
tewicdontlesfibresdivergentesirradientd'un
hémisphère à l'autre, et établissent un lien
entre chaque moitié du cerveau chez les Pla-
centaires. On voit seulement une commissure
établie entre les deux grands hippocampes
dans le sens transversal , et entre l'hippo-
campeetlelobecérébralantérieurd'unmême
côté ; commissure qui remplace la voûte dans
ses fonctions , et montre en avant deux es-
pèces de petits piliers réunis par un fais-
ceau de fibres déliées, et plongeant vertica-
lement au-devant des couches optiques.
Celles-ci apparaissent donc au fond de la
scissure médiane, dès qu'on écarte les hémi-
sphères des Aplacentaires , tandis qu'elles
restent cachées par la lame transversale du
corps calleux chez les Placentaires, où cette
commissure recouvre la voûte et les piliers.
Si nous nous reportons à l'origine du corps
calleux chez les Placentaires, et si nous nous
rappelons que cet organe se forme d'avant
en arrière , nous pourrons considérer le
trousseau de fibres transverses , qui , chez
les Aplacentaires, se trouve au-dessus et en
avant des couches optiques, comme le rudi-
ment de l'appareil commissural qui se déve-
loppe complètement en corps calleux et en
voûte chez les Mammifères placentaires , et
qui aurait subi un arrêt de développement
chez les Aplacentaires.
Une conséquence de cette absence ou de
cet état rudimentaire du corps calleux, est
MAR
MAR
795
la disparition du seplum lucidum ,* et aussi
du cinquième ventricule. La cloison du sep-
tum n'est autre chose , en effet , comme nous
l'avons vu en parlant des Placentaires , que
le résultat du mouvement d'élévation que
subit le corps calleux d'avant en arrière au-
dessus de la voûte, et est d'autant plus
grande que la hauteur verticale du corps
calleux au-dessus de la voûte est plus con-
sidérable. Elle doit nécessairement ne pas
exister chez des animaux où le corps calleux
ne s'est pas développé d'avant en arrière, ni
de bas en haut.
On peut donc dire que les Aplacentaires
manquent de corps calleux ou du moins d'un
corps calleux semblable à celui des Placen-
taires , et que , au point de vue de l'anato-
mie comparée , la constitution de leur cer-
veau est, à certains égards, intermédiaire
entre le cerveau des Placentaires et celui des
Oiseaux. Comme les Placentaires, ils possè-
dent généralement les mêmes parties , et
spécialement des tubercules quadrijumeaux
solides, sur la surface desquels se montre la
fissure transversale qui les distingue en
nates et en testes , et un pont de Varole au
cervelet , ce qui indique le développement
des lobes latéraux cérébelleux. Comme les
Oiseaux, leurs hémisphères cérébraux sont
privés du lien du corps calleux , et sont mis
en communication seulement par les com-
missures antérieure, postérieure et molle,
aussi bien que par la commissure de l'hip-
pocampe : la commissure antérieure est très
grande. Bien que nous soyons impuissants
pour expliquer le rapport qui peut exister
entre cette dernière structure, l'absence du
placenta , 'et un séjour moins prolongé du
jeune être dans le sein de la mère, !a dis-
parition du corps calleux n'en est pas moins
un caractère très remarquable de l'organisa-
tion dans le type des Mammifères Aplacen-
taires.
Le cerveau a, en général, une forme trian-
gulaire très prononcée. Chez aucun aplacen-
taire il ne recouvre le cervelet, et dans quel-
ques espèces, comme les Dasyures et Didel-
phes, il laisse les tubercules quadrijumeaux
à découvert; ces tubercules sont cachés par
les hémisphères cérébraux chez l'Échidné.
C'est chez ce dernier animal que les lobes
olfactifs, très développés et distincts dans tout
le type, sont le plus volumineux.
Le cerveau est lisse , et ne montre pas de
circonvolutions chez les Didelphes,les petits
Dasyures, les Péramèles, Phascogales, Pha-
langers,Pétauristeset les Ornithorhynques;
on voit de légères impressions chez le Da-
syurc oursin ; des circonvolutions peu nom-
breuses chez les espèces herbivores, Kangu-
roo, Phascolome; d'assez nombreuses chez
l'Échidné.
Chez les Monotrèmes, les tubercules qua-
drijumeaux sont divisés par un sillon trans-
verse très faiblement marqué ; le sillon lon-
gitudinal qui sépare les nates est très super-
ficiel ; les testes sont confondus en un seul
tubercule sans sillon. Dans leKanguroo, de
même que chez les Monotrèmes, les nates sont
plus grands que les testes , comme cela a lieu
généralement pour les herbivores.
En général , la glande pinéale natt par
des faisceaux volumineux qui forment sail-
lie au bord supérieur de la couche optique;
cela se voit surtout chez les Sarigues.
Les hémisphères cérébelleux sont généra-
lement caractérisés chez les Aplacentaires
par un lobe médian volumineux , de cha-
que côté duquel se trouve un petit appen-
dice lobuleux , qui est plus développé chez
les Kanguroos , les Péramèles , les Phalan-
gers, le Koala; moins développé chez les
Dasyures, Didelphes et Ornithorhynques, et
qui manque chez les Phascolomes : une pe-
tite portion de la substance médullaire ,
appartenant au noyau du cervelet, apparaît
à l'extérieur entre les éminences vermi-
formes , chez le Kanguroo , le Phasco-
lome, etc. Proportionnellement au volume
de l'encéphale, le pont de Varole est de pe-
tite dimension chez les Monotrèmes.
La moelle épinière présente les mêmes
caractères que chez les Mammifères pla-
centaires, et l'on n'y voit point de sinus
rhomboïdal ; elle se termine vers le milieu
de la région dorsale chez l'Échidné.
Organes des sens. — Nous ne pouvons ci-
ter ici toutes les particularités qui trouve-
ront plus naturellement leur place dans les
articles consacrés aux divers genres. Nous
indiquerons seulement , par rapport à l'œil ,
la nature cartilagineuse de la sclérotique
chez l'Ornithorhynque , et la forme du globe
de l'œil chez la Sarigue, où la saillie da
la cornée n'est pas sensible.
Nous avons déjà signalé le volume con-
70'
MAB
MAR
sidérnble des nerfs olfactifs qui coïncide avec
un plus grand développement de toutes les
parties destinées à soutenir la membrane
piîuitaire.
La direction du conduit auditif osseux
varie légèrement, suivant les mœurs des
espèces. Chez les Dasyurcs qui sont carni-
vores, le mcat se dirige un peu en avant;
il se dirige un peu en arrière dans les Péra-
vncles et les Phalangers ; en arrière et en
haut chez le Kanguroo; directement en de-
hors chez le Pétauriste et le Wombat.
Le manche du marteau semble, en géné-
ral, faire partie du cadre du tympan , et
n'adhère ainsi à la membrane tympanique
que par sa circonférence. Le corps de l'é-
trier s'allonge en un stylet; quelquefois il
est d'une grande petitesse, et percé seule-
ment d'un très petit trou; il est imperforé
chez les Ornithorhynques.
Les Monotrèmes ne possèdent point d'o-
reille externe, et ont de petits yeux, condi-
tions en harmonie avec les mœurs de ces
animaux , qui sont nageurs ou se creusent
des terriers.
SYSTÈME OSSEUX ; MEMBRES DES MAMMIFÈRES
APLACENTAIRES.
Le caractère essentiellement caractéris-
tique du squelette des Mammifères apla-
centaires se trouve dans l'existence des os
marsupiaux, qui sont, comme nous l'a-
vons déjà dit, articulés sur le pubis et
mobiles. Ces os donnent attache à des muscles
qui , chez beaucoup de Marsupiaux, soutien-
nent une bourse, dont nous parlerons à pro-
pos des organes de la génération. La bourse
manquecomplétement chez les Monotrèmes.
Si l'on excepte le Koala , les os marsu-
piaux sont plus grands et plus forts chez les
Monotrèmes que chez les Marsupiaux. Parmi
ceux-ci, les Péramèles se distinguent par des
os marsupiaux plus minces et plus droits ;
le Myrmécobe, par des os plus courts : le
Koala, par des os plus longs, plus plats, plus
larges et plus courbés. Chez ce dernier ani-
mal , l'articulation des os marsupiaux avec
le pubis a lieu par deux points. Nous avons
dit ailleurs que l'os marsupial est une créa-
tion toute spéciale propre aux Aplacen-
îaires, création dont la nécessité est ex-
pliquée par l'existence d'une poche abdomi-
nale, et qui se retrouve chez les animaux
dépourvus de poche comme un des carac-
tères du type auquel ils appartiennent. Le
développement égal des os marsupiaux, chez
les mâles aussi bien que chez les femelles ,
semble indiquer que ces os ne jouent pas un
rôle essentiel dans l'expulsion du fœtus ,
comme l'ont pensé plusieurs observateurs
distingués. Quant à la question de savoir
quelle est la partie qui représente ces os
chez les autres Mammifères, on doit consi-
dérer comme analogue le tendon du muscle
oblique externe, qui constitue le pilier
moyen de l'anneau inguinal. Chez les Mo-
notrèmes il est proportionnellement plus
grand que chez les Marsupiaux.
Le crâne est un cône allongé, en général
plus déprimé que chez les Placentaires, et
remarquable par le développement considé-
rable de la cavité nasale située en avant de
la cavité crânienne. Chez les Monotrèmes,
il est proportionnellement plus grand que
chez les Marsupiaux. 11 est d'ailleurs essen-
tiellement composé comme celui des Mam-
mifères placentaires , et présente des parti-
cularités qui seront indiquées dans chacuu
des articles destinés aux divers genres. Nous
devons remarquer seulement que ses divers
éléments restent plus longtemps séparés que
chez les Placentaires , et même que, dans
quelques genres , à aucune époque de la vie,
l'ossification ne gagne assez pour réunir les
os voisins.
La face présente aussi le même nombre
d'os que la face des Mammifères ordi-
naires. Chez les Marsupiaux les intermaxil-
laires portent toujours des dents, et sont
d'autant plus développés que l'appareil den-
taire qu'ils portent est lui-même plus consi-
dérable; les dents ont des caractères qui
sont en rapport avec le régime de l'animal,
et dont nous aurons l'occasion d'indiquer
les principales combinaisons en parlant de
la classification. Chez les Monotrèmes, la
face s'étend en un bec, qui s'effile et s'a-
mincit chez l'Échidné, qui s'élargit au con-
traire chez l'Ornithorhynque et ressemble à
un bec de canard, ressemblance qui est ren-
due encore plus étroite par l'existence de
petites lamelles latérales snr la mâchoire
inférieure. Cependant les deux mâchoires
de l'Ornithorhynque portent quatre dents
cornées non enchâssées dans l'os maxillaire,
mais plutôt appliquées à la surface, et
MAR
MAR
797
comme encroûtées d'une petite quantité de
phosphate calcaire; celles de l'Échidné sont
tout-à-fait dépourvues de dents, mais le pa-
lais et la base de la langue sont armées de
petites épines épidermiques fines, dures, et
dirigées en arrière.
La mâchoire inférieure des Marsupiaux
présente un caractère spécial, qui ne se re-
trouve pas chez les Monotrèmes. L'angle
même de cette mâchoire se courbe en de-
dans sous la forme d'une apophyse qui prend
des formes diverses, atteint différents degrés
de développement, et envahit plus ou moins
l'espace qui se trouve entre les branches de
la mâchoire. L'angle de la mâchoire infé-
rieure est plus ou moins ouvert; il est pres-
que nul chez rOrnithorhynque. Ce dernier
animal offre aussi une particularité curieuse
dans la disposition des deux os maxillaires
inférieurs, qui, après s'être rapproches et
unis vers la partie antérieure de la face,
se séparent, divergent et se terminent à
droite et à gauche chacun par une sorte
d'apophyse spathuliforme. Ces deux pro-
cessus répondent aux extrémités infléchies
des inter -maxillaires , qui demeurent aussi
séparés. Dans l'Échidné, la mâchoire infé-
rieure est beaucoup moins développée, et
Consiste en deux branches styliformes minces
et longues, lâchement unies l'une à l'autre
à leur extrémité antérieure. C'est chez ce
Mammifère que la mâchoire inférieure pré-
sente les plus petites proportions, relative-
ment au crâne et même à toutes les autres
parties du squelette.
Chez tous les Aplacentaires, le nombre
des vertèbres cervicales est de sept, comme
chez les Mammifères ordinaires. Parmi les
Marsupiaux, le Wombat est celui qui a le
plus grand nombre de vertèbres dorsales,
et par conséquent de côtes; le Pétauriste
est celui qui en a le moins: on en compte
quinze chez le premier, douze chez le se-
cond. Tous les autres genres en ont treize.
Les vertèbres lombaires sont au nombre de
quatre dans le Wombat, de sept dans le
Pétauriste, de six chez les autres Marsu-
piaux; de sorte que, dans ce groupe d'ani-
maux, les vertèbres vraies sont toujours en
même nombre. Parmi les Monotrèmes,
l'Echidné a seize vertèbres dorsales à longues
côtes, l'Ornithorhynque en a dix-sept; on
trouve chez l'un trois vertèbres lombaires,
et deux seulement chez l'autre. Aussi la
partie considérable du tronc ainsi entourée
par les arcs costaux, donne à ces animaux
quelque trait de ressemblance avec le sque-
lette des Lézards; et cette ressemblance est
encore augmentée par la séparation qui per-
siste longtemps entre les apophyses ou côtes
cervicales et le corps de la vertèbre. Ces
apophyses sont larges et dirigées en arrière,
de manière à s'imbriquer les unes sur les
autres, chez les Monotrèmes; elles prennent
différents degrés de développement chez les
Marsupiaux, parmi lesquels le Koala et le
Wombat gardent toujours le corps de l'at-
las à l'état cartilagineux.
Les vertèbres sacrées varient en nombre
chez les divers animaux du type des Apla-
centaires. Il n'en existe qu'une dans les Pé-
ramèles ; on en compte deux chez la plupart
des Phalangers , chez les Kanguroos , les
Potoroos, les Dasyures et les Ornithorhyn-
ques; trois dans l'Échidné; quatre dans le
le Myrmécobe. Chez le Wombat, si l'on
considère comme sacrum toutes les vertèbres
qui sont soudées dans la région sacrée, le
nombre de celles-ci s'élèvera à sept; il sera
seulement de trois, si l'on ne tient compte que
des vertèbres unies aux os des iles. Il en ré-
sulte une sorte de disposition intermédiaire
qui laisse très indécise la distinction entre les
vertèbres sacrées et les vertèbres caudales.
La queue parait manquer dans le Chœ-
ropus ; elle est très courte dans le Koala.
Elle devient au contraire extrêmement
longue chez un grand nombre de Marsu-
piaux, sans que pour cela le nombre des
vertèbres caudales en indique exactement
la proportion, qui dépend surtout du vo-
lume du corps des vertèbres. Le Didelphis
cancrivora présente trente et une vertèbres
caudales; l'Ornithorhynque en a vingt et
une, et l'Echidné treize. Chez les Marsu-
piaux qui ont une longue queue on trouve
les os en V, qui se rencontrent chez beaucoup
de Mammifères ordinaires, et servent à pré-
server les vaisseaux de tout contact funeste.
Dans le Kanguroo, qui se sert de sa queue
comme d'un troisième membre postérieur,
toutes les vertèbres caudales sont pourvues
de ces os, qui manquent chez l'Ornitho-
rhynque, bien que sa queue soit très déve-
loppée, forte et plate; ils sont remplacés
chez cet animal par une crête que fournit
79S
MAR
MAR
le corps de la vertèbre lui-même, et dont
les usages physiologiques sont les mêmes.
Les Phalangers et les Didelphes ont la
queue préhensile.
Le sternum présente , chez les Monotrè-
mes, une disposition remarquable qui,
combinée avec la composition de l'épaule ,
contribue à donner au squelette de ces ani-
maux un nouveau caractère de ressemblance
plus étroite avec le squelette des ovipares ,
Oiseaux et Sauriens. Le premier os sternal,
ou l'épisternal , prend la forme d'un T dont
chaque branche s'articule, au bord antérieur
de l'omoplate , avec une apophyse saillante
qui représente l'acromion. A cette même
apophyse aboutissent les clavicules , qui se
touchent en dessous, se collent le long de
chaque branche transverse , et finissent par
se souder avec elles. Un os qui répond au
coracoïdien des Oiseaux concourt, avec la
tête de l'omoplate, à former la fosse glénoi-
dale, où la tête du fémur est reçue; ce co-
racoïde s'articule, en outre, avec le deuxième
os du sternum, et aussi avec un os plat,
nommé épi-coracoïdien , qui s'unit avec le
manche de l'os en T, en s'étendant même au-
dessous des branches transverses. C'est chez
le Lézard, et principalement chez l'Ichthyo-
saure, que l'épisternum et les clavicules pré-
sentent des conditions semblables dans leur
forme, leur développement et leurs rapports.
Cette ressemblance avec les Ovipares , si
sensible dans la composition de l'épaule des
Monotrèmes, se retrouve aussi dans la con-
stitution de leur bassin. Ainsi l'Échidné pré-
sente , comme les Oiseaux , la large ouverture
de la cavité cotyloïde ; l'Échidné , et plus
particulièrement l'Ornithorhynque, ont une
épine iléo-pectinée très développée, égale à
celle des Tortues , et qu'on retrouve chez le
Kanguroo et aussi chez les Chauves-Souris ;
chez les deux Monotrèmes , les trois pièces
des os pelviens restent longtemps distinctes,
comme on l'observe chez les Reptiles.
On trouve des clavicules chez tous les
Marsupiaux, à l'exception des Péramèles,
et peut-être aussi du Chœropus. Elles pré-
sentent dans leur forme quelques variations
toutes spécifiques, dont nous ne pouvons
donner ici la description. Nous renvoyons
aussi, pour la composition générale des
membres , à ce que nous avons dit en par-
lant des extrémités chez les Mammifères or-
dinaires, et, pour les détails, aux articles
spéciaux. Noussignalerons seulement comme
caractère général, chez les Aplacentaires , le
développement considérable de l'olécrâne,
le mouvement rotatoire que peuvent exécu-
ter les membres postérieurs eux-mêmes , et
la facilité des mouvements de pronation et
de supination , surtout chez ceux qui doi-
vent exécuter les manipulations nécessaires
à l'introduction du fœtus dans la poche
marsupiale. Ces conditions du système os-
seux se retrouvent chez tous, bien que leurs
membres soient appropriés à des fonctions
diverses ; les uns étant grimpeurs, et possé-
dant un pouce qui leur a valu le nom de
Pédimanes; d'autres devant fouir, comme
le Wombat et l'Échidné; d'autres étant di-
gitigrades, et armés de griffes courbées;
d'autres enfin étant aquatiques , comme le
Chéironecte et l'Ornithorhynque. Remar-
quons que chez les Monotrèmes, dont le
squelette rappelle les types ovipares dans
quelques unes de ses dispositions, on trouve
cependant le même nombre de phalanges
que dans les autres Mammifères, ce qui n'a
lieu chez aucun Saurien.
Nous avons eu l'occasion d'indiquer les
caractères particuliers de l'hyoïde chez les
Aplacentaires, en examinant cet appareil
chez les Mammifères en général.
C'est à côté de la description des mem-
bres qu'il faut parler ici d'un appareil très
singulier, propre aux Monotrèmes, plus pe-
tit proportionnellement chez l'Échidné que
chez l'Ornithorhynque, et qui consiste dans
un ergot placé aux pieds de derrière, près
du talon. Dans le jeune âge , on trouve cet
organe chez les deux sexes; mais, à mesure
que le développement fait des progrès , il
disparaît chez la femelle et persiste, au con-
traire, chez le mâle, où il atteint plus de
longueur. Cet éperon est conique , un peu
courbé, à pointe effilée, et est formé d'une
substance semblable à la corne. Un canal le
traverse dans toute sa longueur, et paraît
destiné à verser au dehors le produit de la
sécrétion d'une glande à laquelle il aboutit.
Cet appareil rappelle par sa forme les ergots
de certains Oiseaux , et est analogue, par sa
composition, aux appareils venimeux que
possèdent certains Ovipares. Aussi a-t-on
conclu de ce rapport de structure à une
identité dans la fonction, et a t on attribué
MAR
MAIl
99
en conséquence une action toxique à la
sécrétion de cette glande crurale des Mono -
trèmes. Il paraît cependant que cet appareil
n'est point une arme aussi formidable, et
que son usage se rapporte plus probablement
à la génération , soit que la sécrétion doive
exciter les ardeurs de la femelle, soit que
l'éperon doive retenir les animaux accouplés
et assurer le coït , ou fournir une arme
aux mâles quand ils se disputent la posses-
sion d'une femelle.
SYSTÈME DE LA CIRCULATION CHEZ LES MAMMI-
FÈRES APLACENTAIRES. GLANDES SANGUINES.
La principale modification qui caractérise
le système vasculaire des Aplacentaires est
l'absence de fosse ovale dans l'oreillette
droite, et l'existence de deux veines caves
supérieures qui ont chacune une embou-
chure séparée; ce dernier caractère se re-
trouve exceptionnellement, parmi les Pla-
centaires, chez l'Eléphant, comme nous
l'avons indiqué , et aussi chez quelques
Rongeurs ; le premier est propre aux Apla-
centaires , ou du moins aux Marsupiaux ,
puisque Meckel dit avoir trouvé une fosse
ovale dans le cœur de l'Ornithorhynque,
circonstance qui pourrait indiquer une vie
intra-utérine plus prolongée chez lesMono-
trèmes.
Les globules du sang sont discoïdes chez
les Aplacentaires comme chez les Mammi-
fères ordinaires ; l'appendice auriculaire
iiroit est divisé, chez les Marsupiaux, en
deux parties, dont l'une est située en avant,
et l'autre en arrière de l'aorte.
Le Thymus manque chez les Marsupiaux,
ce qui dépend peut-être de la formation
précoce des poumons, et aussi du petit vo-
lume et du développement graduel du cer-
veau; on sait, en effet, que, chez les ovovi-
vipares, le thymus est rudimentaire, ou que
son existence est douteuse. Cette glande
existe chez les Monotrèmes, dont le séjour
dans l'utérus paraît être plus prolongé. Dans
J'Ornithorhynque elle est composée de deux
lobes , dont le droit est plus grand et situé
au-devant des grands vaisseaux du cœur.
Un caractère de la Ralef commun aux
Aplacentaires en général, est la forme de
cette glande, qui est composée de deux lobes
allongés , réunis en forme de T chez les
Marsupiaux, et plies l'un sur l'autre à angle
aigu chez les Monotrèmes. Un troisième lo-
bule plus court se trouve chez l'Échidné.
La glande thyroïde consiste en deux lobes,
quelquefois très petits, comme dans le Kan •
guroo; quelquefois très allongés, comme
chez le Wombat. C'est à côté de ce corps
glandulaire qu'il faut placer les deux glandes
latérales rougeâtres et lobulées, que Meckel a
trouvées chez l'Ornithorhynque, entre l'omo-
plate et l'humérus, sous le pannicule charnu.
Les capsules surrénales existent chez les
Aplacentaires ; elles ont la même structure et
occupent la même position qu'on leur trouve
en général chez les autres Mammifères.
SYSTÈME DIGESTIF CHEZ LES MAMMIFÈRES APLA-
CENTAIRES. GLANDES ANNEXES.
Parmi les modifications que présente la
langue, les plus remarquables sont celles
que nous avons signalées chez l'Échidné et
l'Ornithorhynque. ( Voy. langue. ) On a
trouvé des abajoues chez l'Ornithorhynque,
et chez deux espèces de Marsupiaux, le
Koala et le Perameles lagotis
L'estomac présente trois modifications
principales ; le plus généralement il est sim-
ple ; quelquefois il possède, à l'orifice car-
diaque un appareil glandulaire particulier,
comme dans le Phascolome et le Koala ; enfin
il est subdivisé en plusieurs cavités, comme
chez le Kanguroo. Le cœcum présente aussi
beaucoup de formes diverses. On verra
quelles sont les modifications qui se rappor-
tent aux différents genres des Marsupiaux
dans le tableau de la classification de
M. Owen , que nous citerons à la fin de cet
article. Les Monotrèmes ont un cœcum;
l'Échidné possède de plus un petit appen-
dice vermiforme.
Le foie est généralement divisé en un
grand nombre de lobes, ainsi que le pan-
créas. Tous les Aplacentaires possèdent une
vésicule du fiel, et l'on retrouve dans la ter-
minaison et le mode de combinaison des
conduits hépatiques et pancréatiques, des
dispositions qui sont générales dans le type
Mammifère, en même temps que des ar-
rangements spéciaux propres au type des
Aplacentaires.
Les glandes sous-maxillaires acquièrent,
chez l'Echidné, des proportions considé-
rables qu'on ne retrouve chez aucun autre
Mammifère. Cet animal semble être privé
800
MAR
MAR
de parotides , aussi bien que l'Ornitho-
rhynque.
SYSTÈME DE LA RESPIRATION CHEZ LES MAMMI-
FÈRES APLACENTAIRES.
Pour leur structure comme pour leur si-
tuation , les poumons présentent tous les
caractères propres au type mammalogique.
Chez tous les Marsupiaux, le poumon droit
est plus grand, ce qui tient à la position
oblique du cœur, qui incline à gauche. Les
deux poumons sont divisés en lobes dont le
nombre varie pour l'un et pour l'autre, et
aussi suivant les espèces. On trouve, dans
quelques genres , les arceaux de la trachée
complets, comme cela existe chez les Cé-
tacés ; cette disposition ne saurait donc
avoir qu'une faible valeur dans la compa-
raison des Aplacentaires avec les types Ovi-
pares. Chez rOrnithorhynque, comme chez
les animaux aquatiques , la trachée est
grande, et les arceaux des bronches conti-
nuent à rester osseux dans une grande
étendue des poumons. Le larynx offre quel-
ques particularités dont nous parlerons en
examinant la trachée-artère {voy. ce mot).
SYSTÈME DE LA REPRODUCTION CHEZ LES MAMMI-
FÈRES APLACENTAIRES. APPAREIL URINAIRE.
Le caractère essentiel de l'appareil repro-
ducteur, chez les Mammifères aplacentaires,
est la duplicité des parties qui le composent ;
duplicité dont nous avons déjà trouvé des
exemples chez certains Mammifères ordi-
naires, et qui, dans ces derniers, est l'état
primitif des organes sexuels de l'embryon.
On ne peut donc inférer de cette disposi-
tion, bien qu'elle rappelle certaines condi-
tions des canaux efférents des Ovipares, que
les Apîacentaires possèdent réellement quel-
que affinité avec les Oiseaux ou avec les
Reptiles; il serait plus exact de dire qu'ils
appartiennent à un type dont les représen-
tants s'arrêtent à un degré moins élevé, dans
la série des phénomènes génésiques que
parcourt dans ce type l'appareil reproduc-
teur qui est le plus parfait, c'est-à-dire
celui qui offre dans sa composition le plus
d'unité et de centralisation. Il serait encore
moins rationnel de conclure, de cette con-
stitution analogue à ce que l'on trouve chez
les Ovipares, que le produit de la génération
doit être expulsé chez les Aplacentaires ,
dans le même état que chez les Ovipares ,
surtout quand on se rappelle que l'unifor-
mité de structure des appareils générateurs
chez les Reptiles n'exclut pas des diffé-
rences considérables dans la condition native
du jeune animal. Ainsi, bien que les or-
ganes reproducteurs soient identiques chez
les serpents venimeux et chez ceux qui ne sont
pas nuisibles, les premiers sont cependant
ovovivipares, tandis que les seconds sont
ovipares; et cette différence dans l'état plus
ou moins avancé du jeune être se rencontre
aussi entre le Lacerta crocea et le Lacerta
agilis, qui possèdent cependant un système
génital semblable, et qui même ont été
longtemps confondus.
C'est seulement en combinant les raisons
physiologiques fournies par l'étude des pha-
ses d'évolution plus ou moins considérables
et plus ou moins prolongées, accomplies par
le fœtus dans le sein de la mère, avec les ca-
ractères propres au type fondamental, et avec
le degré zoologique plus ou moins élevé au-
quel atteint chaque type secondaire, qu'on
pourra peut-être se rendre compte des varia-
tions nombreuses que présente l'appareil
reproducteur des Mammifères, quand on le
compare à l'appareil si invariablement com-
posé chez les Oiseaux et les Ovipares en gé-
néral.
Chez les Aplacentaires, l'appareil mâle est
composé de deux testicules avec leur épidi-
dyme et leur canal déférent, des glandes de
Cowper et du pénis. Il ne possède pas de vési-
cules séminales, et le corps glanduleux de la
prostate n'existe que chez les Marsupiaux. —
L'appareil femelle consiste en deux ovaires,
deux oviductes ou trompes de Fallope, deux
utérus, un clitoris et des mamelles. Les Mar-
supiaux ont de plus que les Monotrèmes deux
vagins et une poche abdominale plus ou
moins développés. L'appareil reproducteur
débouche dans le conduit urétro-sexuel ,
qui aboutit au dehors indépendamment de
l'anus, chez les Marsupiaux, et qui, chez les
Monotrèmes, s'ouvre dans un vestibule où se
termine aussi l'intestin. Cependant, si cette
dernière disposition est très remarquable
dans le groupe des Mammifères qui la pré-
sente, elle ne constitue peut-être pas un
caractère très distinctif entre ce groupe et
celui des Marsupiaux. En effet, bien que
l'anus ait, chez ces derniers, un sphincter
MAR
propre, H est aussi compris, avec l'orifice
génital, dans un sphincter commun plus
grand; de sorte que, même chez le mâle,
quand le pénis se retire, les voies fécales,
urinaires et génitales s'ouvrent dans un ves-
tibule commun ; on pourrait donc dire dans
ce sens que les Marsupiaux sont aussi mo-
notrèmes.
Les testicules n'ont pas encore quitté l'ab-
domen à la naissance des jeunes Marsupiaux;
mais bientôt ils descendent dans la poche
du scrotum, et leur tunique vaginale reste
en communication avec la cavité abdominale
par un canal long, étroit et toujours libre.
Chez les Monotrèmes les testicules restent
toujours dans l'abdomen, et ce caractère dis-
tingue ces animaux des autres Aplacentaires.
Vépididy me est volumineux et lâchementuni
à la glande testiculaire. Les canaux déférents,
après une course plus ou moins flexueuse,
aboutissent au verumontanum ou au canal
urétro-sexuel. Chez les Monotrèmes, ils sont
remarquables par leur volume et par leur
surface plissée transversalement, qui semble
en faire une continuation de l'épididyme.
Au-dessous du col de la vessie , le canal
de l'urètre , dont la membrane est en con-
nexion avec la prostate, qui semble combinée
avec elle, présente une dilatation que nous
signalerons ici, parce que cette partie, faisant
suite aux canaux déférents, représente le
vagin, et montre ainsi cette correspondance
que nous avons déjà indiquée, et dont nous
allons trouver de nouvelles preuves entre
l'appareil mâle et l'appareil femelle. -
Les glandes de Cowper sont, chez les Mar-
supiaux, au nombre de trois paires qui va-
rient dans leur grandeur relative, et sont
renfermées chacune dans une capsule mus-
culaire. Ces glandes sont volumineuses chez
les Monotrèmes, et débouchent aussi dans
l'urètre, comme les canaux déférents, cir-
constance qui indique les rapports physio-
logiques de ces glandes avec le sperme, et
distingue en même temps les Monotrèmes
des Ovipares, qui ne possèdent pas d'organes
semblables.
Le pénis naît par deux racines qui ne s'at-
tachent pas au pubis, et se trouve ainsi
composé de deux moitiés qui se rencontrent
à une distance plus ou moins éloignée de
leur origine. Chez les Marsupiaux unipares,
*our lesquels le coït ne féconde qu'un œuf
*. vu.
MAR
SOI
sur un ovaire, les deux moitiés du pénis
restent unies à leur partie antérieure , et
le gland est simple , comme chez le Kan-
guroo, le Potoroo. Au contraire, chez les
Aplacentaires multipares, les deux moitiés,
après s'être accolées, se séparent et forment
un pénis bifurqué destiné à s'introduire dans
le vagin double de la femelle ; c'est ainsi
qu'on le trouve chez les Didelphes, les Pha-
Iangers, les Péramèles, les Ornithorhyn-
ques, etc. Le canal de l'urètre se continue,
en général, sur ce pénis en deux gouttières
terminales divergentes; mais, chez le Pera-
meles lagotis, chaque division péniale est
perforée, et le canal de l'urètre est divisé
par une cloison médiane. Dans le Wombat,
le gland est cylindrique, grand, légèrement
divisé en quatre lobes, et est revêtu d'una
membrane calleuse armée d'épines cornées,
répandues çà et là et recourbées ; cette
structure ne se présente que dans l'Ornitho-
rbynque, chez lequel trois ou quatre épines
plus fortes et plus grandes que les autres ter-
minent chaque lobe pénial. ChezrÉchidné,
le gland est complètement partagé en quatre
lobes couverts de petites papilles que l'on re-
trouve chez le Phalanger, le Pétauriste. Re-
marquons la persistance du caractère typique
dans la structure du pénis du Kanguroo, qui,
bien que terminé par un gland simple , naît
cependant par deux racines distinctes.
Outre les muscles qui impriment divers
mouvements au pénis, il en existe un qui
joue un grand rôle dans l'érection de cet
organe; c'est le sphincter du cloaque qui
passe sur les côtés du pénis et embrasse les
deux bulbes, les glandes de Cowper avec
leur muscle, et se termine en un gros fais-
ceau au-dessus du dos du pénis, dont il
comprime les veines, arrête le sang refluent,
détermine l'érection et remplace ainsi la
pression que ne saurait fournir le pubis,
puisque le pénis ne peut s'appliquer à cet os.
Dans l'état de repos, le pénis est courbé sur
lui-même, et le gland est tout-à-fait caché
dans le cloaque; par l'érection, il se détend
et fait saillie comme chez les Ovipares.
Chez les Monotrèmes, le conduit urinaire
se sépare du conduit séminal ; celui-ci arrive
seul jusqu'à l'extrémité du gland, se divise
d'abord en deux branches, puis en rameaux et
en ramuscules égaux en nombre aux papilles
qui couvrent le gland. Cette appropriation
101
802
MAR
exclusive du pénis aux fonctions sexuelles
ît son isolement de l'appareil urinaire sont
un fait physiologique d'un grand intérêt.
Par leur position et leur composition
essentielle, les organes femelles correspon-
dent aux organes mâles.
Les deux ovaires présentent un volume
égal chez les Marsupiaux ; ils sont au
contraire inégalement volumineux chez
les Monotrèmes , où la partie gauche est
plus considérable que la partie droite,
comme chez les Oiseaux. Petits et simples
chez les Kanguroos qui sont unipares , les
ovaires deviennent plus ou moins tubercu-
leux et relativement plus grands, dans les
genres multipares. Ils sont elliptiques ,
comprimés et lisses chez les Dasyures et
les Pétauristes, et prennent quelquefois
la forme d'une grappe, comme on le voit
chez les Monotrèmes et principalement chez
le Wombat. Le pavillon de la trompe se dé-
coupe aussi, chez ce Marsupial, en franges
beaucoup plus nombreuses que dans les au-
tres Mammifères du même groupe; les corps
frangés manquent chez les Monotrèmes.
Les oviductes ou trompes suivent dans leur
marche une direction plus ou moins si-
nueuse et peuvent être lisses sur leur face in-
terne, comme chez les Monotrèmes, ou mar-
quées de replis nombreux, comme chez les
Marsupiaux.
C'est dans les parties qui continuent
celles que nous venons de nommer, et qui
nous ont présenté la disposition générale
propre aux Mammifères, que se manifestent
les modifications les plus caractéristiques de
l'appareil de la génération chez la femelle.
Les utérus sont toujours distincts, comme
nous l'avons vu d'ailleurs chez le Lièvre et
quelques autres genres de Rongeurs. Mais
de plus, le vagin se présente sous la forme
d'un double canal dont chaque moitié ne se
confond pas avec l'autre en une cavité com-
mune, et il représente ainsi, à un état beau-
coup mieux marqué, cette division que nous
avons vu exister aussi primitivement dans le
vagin des femelles vierges, et dont la trace
se trouve dans la membrane de l'hymen.
Le vagin n'existe pas dans les Monotrèmes,
chez lesquels les utérus débouchent dans le
conduit urétro-sexuel. La duplicité du va-
gin, outre qu'elle est en harmonie avec le
degré moins élevé de développement auquel
MAR
s'est arrêté en général l'appareil génital
des Marsupiaux, a probablement sa raison
physiologique dans la petite taille qu'a ac-
quise le fœtus quand il traverse ce con-
duit.
La division est complète dans quelques
genre ; elle est au contraire incomplète
dans quelques autres, et, chez ceux-ci, la
portion divisée est toujours celle qui est le
plus rapprochée du conduit urétro-sexuel.
Pour comprendre les formes diverses que
prennent les vagins dans leur marche, on
peut se les représenter théoriquement comme
deux tubes flexibles qui, partant de l'extré-
mité inférieure de l'utérus, et devant at-
teindre le conduit urétro-sexuel situé au-
dessous, descendraient d'abord l'un à côté de
l'autre sur la ligne médiane, comme s'ils
devaient aboutir directement dans le con-
duit, mais se relèveraient et se jetteraient
en dehors pour se contourner en anses de
vase, avant de se rapprocher encore pour
s'ouvrir dans le conduit commun. Il résulte
de cette disposition, qu'ils forment d'abord
une partie moyenne en cul-de-sac, descen-
dant sur la ligne médiane et accostée de
deux canaux arrondis.
Dans quelques genres, et par exemple dans
le Didelphedorsigère, la partie moyenne en
cul-de-sac n'est presque pas indiquée, et
les tubes vaginaux marchent bien distincts
l'un de l'autre, dès qu'ils ont reçu l'utérus.
Chez d'autres Marsupiaux, comme les Pétau-
res, cette même partie est formée par chaque
tube qui, accolé à son voisin, mais sans com-
muniquer avec lui, s'avance assez bas sur la
ligne médiane , sans arriver jusqu'au con-
duit urétro-sexuel. La partie en cul-de-
sac atteint ce conduit chez le Didelphe de
Virginie et le Dasyure viverrin , chaque
tube étant plus intimement uni à son con-
génère, mais non confondu avec lui. Par
une fusion plus complète, les deux tubes,
descendus jusqu'au conduit urétro-sexuel,
dans le Kanguroo, le Wombat, les Phalan-
gers, forment une seule cavité ou cul-de-
sac vaginal, dans laquelle s'ouvrent les deux
utérus, et où l'on aperçoit les traces de la
duplicité primitive dans une cloison impar-
faite. Enfin, cette chambre que l'on a prise
quelquefois pour l'utérus, et que l'on a con-
sidérée à tort comme s'ouvrant directement
par le bas dans le conduit urétro-sexuel au
MAR
MAR
803
moment du part, cette chambre prend une
dimension plus considérable encore en se
dilatant en haut et en dehors près de l'ori-
fice de l'utérus , comme nous le voyons
dans le Kanguroo-rat. Toutes ces modi-
fications ne portent que sur la partie
moyenne des tubes vaginaux , qui , dans
tous les cas, se continuent extérieurement
en anses , dont le point de terminaison se
trouve dans le conduit urétro-sexuel. La
raison physiologique de ces circonvolutions
dans la portion terminale de l'appareil re-
producteur chez la femelle , se trouve sans
doute dans la nécessité d'assurer la gesta-
tion utérine et d'empêcher l'avortement
chez des animaux dont le fœtus n'est at-
taché par aucun lien dans le sein de la
mère. Aussi l'hypothèse d'une vie utérine
plus prolongée chez les Monotrèmes, rendue
probable par plusieurs considérations tirées
de leur organisme , et de l'observation du
jeune, peut s'appuyer encore sur la marche
directe des canaux efférents chez ces ani-
maux.
Le conduit urétro-sexuel des Monotrèmes
reçoit les deux utérus avec la sécrétion uri-
naire, et s'ouvre inférieurement , par un
orifice rétréci , dans le vestibule où le
rectum débouche en arrière.
Le clitoris est simple ou bifurqué, selon
que les mâles ont eux-mêmes un pénis
simple ou bifide. Chez l'Ornithorhynque,
on trouve à la base du clitoris deux petites
glandes arrondies, analogues aux glandes de
Cowper, et s'ouvrant sous le prépuce de
l'organe.
On ne connaît pas d'une manière positive
la durée de la gestation utérine, ni celle de
la gestation marsupiale ou mammaire dans
les différents genres. La première paraît être
de trente-huit jours à peu près chez le grand
Kanguroo ; la seconde dure environ huit
mois chez le même animal.
Le mode d'accouplement paraît être le
même que chez les Mammifères en général ;
du moins on a vu le mâle du grand Kangu-
roo embrasser la femelle avec ses membres
antérieurs , comme le fait le Chien , et re-
nouveler le coït trois fois pendant le rappro-
chement qui dura environ un quart d'heure.
Mamelles. — La structure de la glande
mammaire des Marsupiaux est essentielle-
ment la même que celle d«* Mammifères
ordinaires; son caractère particulier réside
surtout dans la présence d'un muscle ana-
logue au crémaster du mâle, qui l'embrasse
et peut la presser pour pousser le lait dans la
bouche du jeune, comme nous l'avons in-
diqué déjà. L'extrémité de la mamelle est
imperforée à son centre, et la sécrétion lacté;-
s'échappe par de petits orifices au nombre,
de six à dix, percés en cercle sur le bout de
la tétine. A mesure que le fœtus mammaii o
croît, la tétine, qui est plus longue et plus
déliée que chez les autres Mammifères,
augmente en volume et se gonfle en une
dilatation terminale qui se loge sur le dos
de la langue du fœtus, comme nous l'avons
décrit en parlant du développement. On
aperçoit déjà ces organes chez tous les jeunes
Marsupiaux, sous la forme de petits orifices
renfermés dans une sorte de gaîne, qui se
renverse quand la glande a acquis plus de
développement; les mamelles restent alors
externes, du moins dans le Kanguroo.
Chez les Monotrèmes , la glande mam-
maire consiste en cent ou deux cents cœ-
cums cylindriques, placés les uns à côté des
autres dans la région abdominale; tous ces
tubes, arrondis à leur extrémité libre, con-
vergent vers une petite aire ovale, située à
peu de distance du cloaque, et ne forment
pas de tétine. Mais, comme nous l'avons ex-
pliqué à propos du développement, la bouche
du jeune est merveilleusement adaptée à une
succion sur une surface plane.
Cette structure exceptionnelle de l'organe
mammaire des Monotrèmes nous ■ montre
l'état en quelque sorte élémentaire de cette
glande, et le degré le moins élevé de son
développement. En effet, si nous comparons
la composition des mamelles dans toute la
classe des Mammifères, nous pouvons nous
en représenter la complication successive
sous une forme théorique assez simple, dont
les cœcums mammaires des Monotrèmes
seront le point de départ. Supposohs qu'un
certain nombre de ces cœcums s'anasto-
mosent entre eux, et forment plusieurs
groupes aboutissant à plusieurs canaux ex-
créteurs qui s'ouvrent à la surface, nous au-
rons les tétines multiples des Chiennes, par
exemple. La concentration de ces canaux
vers un même point nous donnera la
mamelle de la Femme, du Rhinocéros; la
fusion de tous ces canaux en un seul canal
804
MAR
qui débouche à l'extérieur par un seul ori-
fice, nous représente le dernier terme du
développement mammaire, celui que nous
trouvons dans la Vache.
Chez les Marsupiaux, comme chez les
autres Mammifères , le nombre des ma-
melles est en rapport avec le nombre des
petits d'une portée; mais, comme le pro-
duit de deux gestations demande le lait de
la mère pendant quelque temps , il reste
toujours quelques mamelles en quelque
sorte supplémentaires, destinées à allaiter le
jeune qui a déjà quitté la poche, tandis que
les fœtus de la portée suivante sont en-
core greffés à la mère. Ainsi les Kanguroos,
qui sont unipares, ont quatre mamelles,
aussi bien que les Pétauristes, qui mettent
bas deux petits, et les Thylacines. Dans le
Perameles nasuta et le Phascogale penicil-
lata, le nombre des mamelles est de huit,
placées circulairement chez le second, et dis-
posées Iongitudinalement sur deux lignes
légèrement courbes chez le premier. On
compte neuf mamelles, quatre de chaque
côté et une dans le milieu, chez les Didelphis
opossum et dorsigera. L'Opossum de Vir-
ginie a treize mamelles, six de chaque côté,
et ta treizième médiane.
Poche marsupiale. — On sait déjà que cet
organe remarquable, destiné à envelopper
les mamelles et à recevoir les petits, manque
chez les Monotrèmes. Le degré de dévelop-
pement qu'il acquiert chez les Marsupiaux
semble être en raison inverse du développe-
ment de l'utérus, et en raison directe de
celui du vagin ; il est aussi probablement
en rapport avec la somme de métamor-
phoses que subit le jeune dans le sein de la
mère avant sa naissance utérine. Le Didel-
phe dorsigère , dont l'utérus est très grand
et le vagin simple, a une poche tout-à-fait
rudimentaire; les Kanguroos et lesPotoroos
don t l'utérus est court, et dont les vagins avec
leur cul-de-sac vaginal sont très développés,
ont une bourse vaste et profonde. L'ouver-
ture de cette bourse se dirige en avant chez la
plupart des Marsupiaux ; chez les Péramèles
et le Chœropus elle est au contraire dirigée
vers la vulve. Cette ouverture est fermée par
un sphincter puissant. Dans les fœtus mâles,
il .paraît que l'on observe des indices d'une
poche rudimentaire qui s'oblitère à mesure
que les sexes se caractérisent, et ce fait est
MAR
intéressant à constater quand on le rap-
proche de cet état général primitif par le-
quel l'appareil mâle présente , chez tous les
Mammifères, l'apparence du sexe femelle.
Les rudiments de la poche persistent même
à l'état adulte dans les Thylacines mâles.
Appareil urinaire. — Par leur forme, leur
structure et leur position, les reins présen-
tent dans le type des Aplacentaires les mêmes
caractères que dans le type des Mammifères
ordinaires. On y trouve les deux substances
corticale et médullaire ; ils sont simples ;
leur surface est lisse. Les différences ne com-
mencent dans la constitution de l'appareil
urinaire qu'au point de la terminaison des
urètres chez les Monotrèmes. Et il est remar-
quable, comme le dit M. Owen, que cette dé-
viation du type mammalogique général, qui
rapproche les Monotrèmes des Chéloniens,
commence dans les parties de l'appareil
urinaire qui sont en rapport avec ceux des
organes de la reproduction où apparaît plus
spécialement le type ovipare.
DÉFINITION DES MAMMIFÈRES APLACENTAIRES.
Comme nous allons le voir à propos de la
classification, on n'a pas tout d'abord con-
sidéré les Monotrèmes comme des Mammifè-
res ; mais les découvertes successives de l'a-
natomie, et celles de l'embryologie tout
incomplètes qu'elles sont encore, ont montré
d'une manière de plus en plus évidente que
ces animaux doivent prendre place dans le
grand groupe des Mammifères. En effet, les
Monotrèmes, comme les Marsupiaux, ont la
mâchoire supérieure immobile; leur mâchoire
inférieure n'est pas articulée avec un os carré ;
le crâne repose sur l'atlas par deux condyles ;
— les globules du sang sont circulaires;
l'aorte se courbe à gauche; — les poumons,
composés d'un tissu spongieux, sont divises
et subdivisés en cellules très petites, et ap-
pendus librement dans la cavité thoracique ;
celle-ci est séparée de la cavité abdominale
par le diaphragme ; — il existe des mamelles
qui acquièrent un développement plus con •
sidérable à l'époque de la gestation; — la
peau est garnie de poils.
Pour indiquer le caractère distinctif du
type secondaire que nous venons d'étudier,
il nous suffira de dire que les Mammifères
qui le composent sont:
Aplacentaires, parce qu'ils ne paraissent
MAR
1UAR
805
pas posséder le lien organique qu'établissent
les vaisseaux allantoïdiens chez les Placen-
taires, avec lesquels cependant ils ont des
affinités primitives qui sont représentées par
les mots Vertébrés, Allantoïdiens, Mammi-
fères, que nous avons définis précédemment.
Voy. MAMMIFÈRES.
Avec cette différence fondamentale se ren-
contrent plusieurs particularités organiques
qu'on peut résumer de la manière suivante,
en les rapportant principalement à deux sys-
tèmes :
Système nerveux: Vas de corps calleux,
ou plutôt un corps calleux tout-à-fait rudi-
men taire.
Système osseux : Des os marsupiaux arti-
culés et mobiles sur le pubis.
CLASSIFICATION DES MAMMIFÈRES APLACENTAIRES.
Il faut attendre du temps et des circon-
stances favorables la connaissance des phé-
nomènes génésiques qui pourront nous faire
apprécier les affinités des différents genres
compris dans le type si remarquable et en-
core si mal connu des Mammifères Aplacen-
taires. A défaut de ce guide, les naturalistes,
en suivant les procédés ordinaires de la zoo-
logie, ont néanmoins groupé ces animaux de
manières diverses , et nous allons indiquer
les principales modifications que les méthodes
ont subies sous ce rapport.
Les Mammifères Aplacentaires, si l'on
excepte l'Opossum de Virginie, sont confinés
dans l'hémisphère austral, et appartiennent
en général à l'Australie, où les différents
genres semblent jouer des rôles correspon-
dant à ceux des Mammifères Placentaires
sur les autres continents. Les considérations
intéressantes auxquelles nous conduirait
l'étude de la distribution géographique de
ces animaux-, et celles que pourrait nous
fournir la palœontologie, doivent se trouver
dans les articles spéciaux consacrés à ces
matières dans cet ouvrage, et nous nous
abstenons de ces digressions, pour lesquelles
la place nous manque. Nous voulions seule-
ment appeler l'attention sur l'habitation de
ces Mammifères sur le globe, pour faire com-
prendre comment quelques uns d'entre eux
restèreo' si longtemps inconnus, et pourquoi
leur mode d'existence , leur organisation ,
leur développementsurtout, nous sontencore
aujourd'hui si imparfaitement expliqués.
C'est vers 1792 que Sbaw fit connaître
TEchidné épineux dans le 3e volume de ses
Naturalist's Miscellany ; c'est dans l'année
1799 que le même naturaliste parla de
l'Ornithorhynquc dans le 10' volume du
même ouvrage , presque en même temps
que Blumenbach le publiait et le nommait
dans son Manuel d'Hist. Nat. Le naturaliste
anglais, appréciant avec assez de justesse les
analogies de cet animal singulier, le plaça,
ainsi que l'Échidné, à la suite des Myrmeco-
phaga; le savant Allemand, moins heureux,
ne tint compte que des caractères fournis par
les extrémités , et rangea l'Ornithorhynque
dans sa division des Mammifères palmipè-
des. Everard Home (1801, 1802), en appe-
lant l'attention sur l'appareil sexuel des
deux animaux, comprit les affinités qui les
unissent; mais, les considérant comme s'éloi-
gnant considérablement de tous les autres
Mammifères, il en fit une classe distincte, in-
termédiaire aux Mammifères et aux Ovipa-
res. Geoffroy, en adoptant la distinction
établie par Home, rapprocha davantage ces
animaux de la classe des Mammifères, et en
forma un ordre distinct, qu'il désigna sous
le nom de Monotrèmes. Cependant les zoo-
logistes que nous venons de nommer, et
d'autres auteurs, ne considéraient pas les Mo-
notrèmes comme des Mammifères; au con-
traire, Spix, Oken, Cuvier et M. de Blainville
appuyèrent ce rapprochement sur des analo-
gies, et Meckel apporta une preuve de la plus
grande valeur en faveur de cette dernière
opinion, par la découverte des mamelles
de rOrnithorhynque. Dès lors les Monotrè-
mes sont généralement considérés comme
des Mammifères ; mais leurs affinités avec
les animaux de ce groupe sont interprétées
de bien des manières diverses, jusqu'au
moment où M. de Blainville les rapprocha
des Marsupiaux pour en composer un groupe
distinct, auquel il appliqua le nom général
deDiDELPUES, par opposition à la dénomina-
tion de Monodelphes, qu'il donna au groupe
des Mammifères Placentaires.
La plupart des auteurs qui ont classé les
Mammifères Aplacentaires , ont générale-
ment pris pour point de départ de leur sys-
tème la disposition du système dentaire. Le
groupe s'est trouvé ainsi morcelé , et ses
représentants furent différemment répartis
dans les ordres des Mammifères Placcn-
806
ma:
taires. Ainsi les Marsupiaux ont été dans le
commencement considérés par G. Cuvier
comme constituant la quatrième famille de
ses Carnassiers, et c'est la place que leur a
conservée Fréd. Cuvier. Les Monotrèmes fai-
saient partie de Tordre des Édentés.
Nous ne donnerons pas ici le tableau de
la classification de Cuvier, parce que les diffé-
rentes dénominations caractéristiques adop-
tées par l'illustre auteur doivent être expli-
quées aux articles destinés aux différents
groupes, en concordance avec la classification
suivie dans ce Dictionnaire.
Prenant principalement en considération
les analogies que présente le système den-
taire des différents genres des Aplacen-
taires , M. Isidore Geoffroy les a disposés en
une série parallèle à celle des Quadrupèdes
sans os marsupiaux , et à celle des Bipèdes.
Nous en avons donné le tableau en même
temps que celui des Mammifères Placen-
taires.
Quant aux caractères qui distinguent les
Marsupiaux des Monotrèmes , on peut les
résumer en disant que les premiers ont une
poche abdominale; des dents enchâssées;
des corps quadrijumeaux plus divisés, et
dans lesquels les testes sont doubles ; des
vagins très développés et complexes ; des tes-
ticules extérieurs; ils ont en outre une apo-
physe anguleuse à la mâchoire inférieure ,
et ne présentent pas la disposition des os
de l'épaule en une double clavicule, combi-
née avec une composition sternale distincte.
En examinant les rapports des orifices
génitaux avec ceux des voies urinaires et
fécales , nous avons vu que la distinction
fondée sur la fusion de ces ouvertures n'est
peut-être pas aussi profonde qu'elle le pa-
raît d'abord. Le Phascolome, par plusieurs
points de son organisation, semble aussi ser-
vir de lien entre les deux groupes des Apla-
Centaires. Mais nous ne pouvons pas suivre
ici ces considérations, qui manquent du point
de départ que leur fourniraient les phéno-
mènes génésiques primitifs.
Voici le tableau que M. Owen a donné de
la distribution méthodique des Marsupiaux.
lre tribu. — SARCOPHAGES (Carnivores).
— Trois espèces de dents, et des longues ca-
nines à chaque mâchoire. Estomac simple ;
pas de cœcum.
MAR
Famille. — Dasyuridés.
Genres : Thylacine. Dasyure. Phascogale.
Deux genres fossiles représentant des for-
mes transitoires : Phascolotherium et Thy-
lacotherium (?).
2e tribu. — ENTOMOPHAGES (Insecti-
vores). — Trois espèces de dents à chaque
mâchoire. Estomac simple ; cœcum de lon-
gueur médiocre.
lre famille. — Marcheurs.
Genre : Myrmécobe.
2e famille. — Sauteurs.
Genres : Chœrope. Péramèle.
3e famille. — Grimpem s.
Genre : Didelphe.
Sous-genres : Didelphe. Chèironecte.
3e tribu. — CARPOPHAGES (Frugivores).
— Incisives antérieures grandes et longues à
chaque mâchoire : canines inconstantes. Es-
tomac simple, ou accompagné d'une glande
particulière ; cœcum très long.
lr« famille. — Phalangistidés.
Genres : Phalanger. Pétaure.
Sous-genres : Couscous. Pseudochéire. Ta-
poa. — Pétauriste. Belidie. Acrobate.
2e famille. — Phascolarclidés.
Genre : Phascolarcte.
4e tribu. — POEPH AGES ( Herbivores ).
— Incisives antérieures grandes et longues à
chaque mâchoire ; canines existant à la mâ-
choire supérieure seulement, ou manquant.
Estomac complexe ; cœcum long.
Famille. — Macropodidés.
Genres: Potoroo. Kanguroo.
Sous -genres : Lagochèles. Halmaturus.
Macropus. Osphranter.
5e tribu. — RHIZOPHAGESCRongeurs).—
Deux incisives en biseau à chaque mâchoire ;
pas de canines. Estomac accompagné d'une
glande spéciale ; cœcum court , large , avec
un appendice vermiforme.
Famille. — Phascolomydés.
Genres : Phascolome. — Diprotodon ( Fos-
sile ).
MAR
MAK
S -7
Quant aux Monotrèmes, on les distingue
en deux genres : l'Ornithorhynque et PÉ-
chidné. Le premier ne comprend qu'une es-
pèce, qui estaquatique (Ornithorhynchuspa-
radoxus); le second comprend deux espèces
terrestres (Echidna hystrix et selosa). L'Or-
nithorhynque se distingue par son cerveau
sans circonvolutions; par son bec élargi ,
armé de quelques dents; par sa langue
courte et non extensible; par son gland bi-
furqué ; par son corps entièrement dépourvu
d'une armure épineuse; par d'autres carac-
tères que nous avons indiqués en étudiant
les divers appareils , et qui seront rappelés
■et développés dans les articles consacrés à
ces deui genres, qui méritent, sous tous les
rapports, de fixer l'attention du zoologiste.
(Emile Baudement.)
♦MARSUPIAUX FOSSILES, paléont.—
Les grottes de la vallée de Wellington, dans
la Nouvelle-Hollande ou Australasie, ren-
ferment une grande quantité d'ossements
encroûtés d'un sédiment rougeâtre sembla-
ble aux brèches osseuses du littoral de la
Méditerranée. Le major Mitchell , qui les
découvrit, a reconnu des os des genres Phas-
colome, Potoroo (Hypsiprymnus), Phalan-
ger (Phalangista), Kanguroo (Macropus) et
Dasyure. Depuis, on en a trouvé en divers
lieux de ce continent, dans le terrain ter-
tiaire récent ou post-pliocène, qui se rappor-
tent toujours à ces mêmes genres. Plusieurs
de ces os paraissent être des espèces actuel-
lement vivantes sur le même sol , mais on
en rencontre aussi d'espèces perdues, telles
que les Kanguroos Titan et Atlas, et le Da-
syurus laniarius , décrites par M. Owen
dans le 2e volume du voyage de Mitchell,
intitulé : Trois expéditions dans l'intérieur
de V Australasie, en anglais. Les deux Kan-
guroos sont d'un tiers plus grands que le
Kanguroo géant, et le D. laniarius, d'un
tiers en sus que le D. oursinus actuellement
confiné dans la terre de Van-Diémen. Il
existe aussi parmi ces os des restes d'une
espèce de Thylacine , et M. Owen , dans ce
même voyage, a établi, sur une mâchoire
inférieure, un nouveau genre de sa famille
des Phascolomides , auquel il a donné le
nom de Diprotodont dont l'espèce qu'il dé-
crit, Dip. australis, était un animal de la
taille du Bœuf.
Plus récemment, ce même paléontologiste.
dans un rapport sur les Mammifères perdus
de l' Australasie, fait à l'Association britan-
nique pour l'avancement des sciences en
1844, décrit des ossements nouvellement
découverts d'un genre de Pachyderme mar-
supial , auquel il a donné le nom de Noto-
therium. La forme de la mâchoire inférieure
tient le milieu entre celle des Éléphants et
des Mastodontes; il n'y a point d'incisives,
et les molaires sont formées chacune de
deux collines transverses , comme chez les
Kanguroos, le Phascolome et le Diprotodon.
M. Owen compte déjà deux espèces de ce
genre : le Not. inerme et le Not. Mitchelli.
Ces animaux avaient à peu près la grandeur
du Cheval.
Ainsi paraît devoir se vérifier cette pré-
vision de M. Cuvier, qui écrivait en 1829 ,
dans son Règne animal : On dirait que les
Marsupiaux forment une classe à part, pa-
rallèle à celle des Quadrupèdes ordinaires ,
et divisibles en ordres semblables.
Il existait aussi des Marsupiaux à des épo-
ques plus reculées. Cuvier a découvert dans
les plâtres des environs de Paris ( terrain
éocène) une petite espèce de Sarigue, Di-
delphis Cuvieri (Oss. foss., III, 2e éd.), qui
avait la taille de la Marmose, mais avec des
proportions relatives différentes , et nous
avons vu à l'article hyénodon que ces ani-
maux appartiennent probablement^ l'ordre
des Marsupiaux. On trouve aussi une es-
pèce de Sarigue qui n'est point encore dé-
crite dans ce même terrain éocène, en Au-
vergne.
Enfin, dans les schistes oolitiques de Sto-
nesfield , qui sont de l'époque jurassique,
il a été trouvé de petites mâchoires infé-
rieures, que Cuvier, d'après un examen ra-
pide qu'il en fit à Oxford , déclara devoir
être de quelque Didelphe , et il en nomma
même une dont M. Constant Prévost lui en-
voya le dessin , Did. Prevostii. M. Broderip
en publia une autre espèce, à laquelle il
donna le nom de Did. Bucldandii.
Comme jusqu'alors on croyait que les
Mammifères ne dataient que de l'époque
tertiaire, on éleva des doutes sur celle des
schistes de Stonesfield ; mais un nouvel ex.;-
men démontra qu'ils appartiennent bien rc: I •
lementà l'époque jurassique. D'autres doutes
s'élevèrent alors sur la classe des animaux
dont ces mâchoires proviennent. M. deBlain-
firs
MAR
MAR
ville ( Comptes-rendus de V Institut , 1838),
prononça qu'elles appartiennent probable-
ment à des espèces de Reptiles ou peut-être
de Poissons, et il proposa de leur donner le
nom d'Amphitherium ; mais M. Valenciennes
et un peu plus tard M. Owen ont établi que
ce sont réellement des mâchoires de Mar-
supiaux, et le premier créa un genre qu'il
nomma Thylacotherium pour les deux espè-
ces de mâchoires , et il eut ainsi le Thyl.
Prevostii et le Thyl. Bucldandii. M. Owen
alla plus loin , il adopta le genre Thylaco-
therium , et il en décrivit deux espèces : le
Thyl. Prevostii et le Thyl. Broderipii; mais
il fit un second genre de l'espèce nommée
par M. Valenciennes Thyl. Bucklandii sous
le nom de Phascolotherium Bucklandii. Les
dents du genre Thyl. sont au nombre de 16
de chaque côté, savoir : 3 incisives, 1 canine,
6 fausses molaires et 6 molaires tricuspides.
Celles du genre Phase, ne sont qu'au nom-
bre de 11 , savoir : 3 incisives , 1 canine ,
3 fausses molaires lobées, et 4 molaires éga-
lement à plusieurs pointes. (L....D.)
MARSUPIOCRINITES. échin. — Voy.
MARSUPITES.
MARSUPITES (marsupium, bourse).
échin. — Genre d'Encrines établi par Miller
pour un fossile des terrains de craie en An-
gleterre. Par sa forme et par la disposition
des plaques, il se rapproche desActinocri-
nites et des Cyathocrinites; mais il manque
de colonne, et semble se rapprocher des Eu-
ryales , sous ce rapport, comme aussi par sa
forme des bras. Le Marsupile présente un
corps régulier, ovale, en forme de bourse, ar-
rondi à l'extrémité dorsale , tronqué et
aplati à l'autre extrémité, et revêtu de gran-
des plaques polygonales, articulées entre
elles, savoir : une plaque centrale ou hasi-
laire, supportant 3 séries superposées et al-
ternes de 5 plaques chacune, 5 costales, 5
intercostales et 5 scapulaires ; ces dernières
portant chacune un bras terminal , lequel
était bifide dès l'origine, et vraisemblable-
ment subdivisé comme celui des Euryales.
II existait sans doute aussi un segment pro-
tégé par des petites plaques nombreuses, et
la bouche était entourée de quatre pièces
squamiformes entre les bras. (Duj.)
MARSYAS, Oken. moll. — Syn. d'Au-
ricule, Lamk.
*MARSYAS(nom mythologique), ms. —
Genre de Coléoptères pentamères, famille
des Carabiques, tribu des Féroniens, créé
par Putzeys {Prémices entomologiques, 1845,
pag. 52). L'espèce type et unique, le M.
œneus de l'auteur, a été trouvé dans la pro-
vince des Mines au Brésil. (C.)
*MARSYPIANTI1ES fjioeavmov, bourse;
âvQoç, fleur), bot. ph. — Genre de la fa-
mille des Labiées-Ocimoïdées, établi par
Martius [Msc. ex Benth. Labiat.,6A). Herbes
de l'Amérique tropicale. Voy. labiées.
MARSYPOCARPUS , Neck. bot. pu. —
Syn. de Capsella , Venten.
MARTAGON. bot. ph. — Espèce et di-
vision du g. Lis. Voy. ce mot. JL
F!» DU SEPTIEME TOM3,
La Bibliothèque,
Université d'Ottawa
Echéance
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