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Full text of "Dictionnaire universel d'histoire naturelle râesumant et complâetant tous les faits prâesentâes par les encyclopâedies,..."

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- 


*:J«Ï§ 


1  _ 


DICTIONNAIRE 


UNIVEliSEL 


D'HISTOIRE  NATURELLE. 


TOME  SEPTIEME. 


LISTE  DES  AUTEUi.S  l»AI.  nitDI.E  DE  MATIEHES. 


Zoologie  générale.  AnatoEsnie.  Pli;  siologie.  Tératologie 

et    AufEsroiioEogie.  - 


M  .M. 

CASIMIR  BROUSSAIS  ,$>,  ».  M. .professer  à  l'hô- 
pital  militaire- «lu  Val-dc  Gr>cr. 

DUPONCHELlils,  *,  méd.  de  l'Ecole  polytecliniq. 

DUVERNOY,  #,  Dl-Mm  membre  de  l'Institut,  pro- 
fesseur au  Collège  de  Fronce,  etc. 

MII.NE  EDWARDS,  0.#,  D.-M.,  memb.  de  l'Ins. 

FI.OURENS,  C.  #,  D.-M.,  secrétaire  perpétuel  de 
l'Académie  des  Sciences,  membre  «le  l'Académie 
fiauçaiie,  etc. 


MM. 

ISIDORE  GEOFFROY  S.-IIII.AIRE.O.  $f,  D.-M., 
membre  de  l'Institut,  in.-j>.  gënér.  de  l'Université,. 
professeur-administrateur  au  Muséum  d'histoire 
naturelle,  etc. 

DE  ÎIUMBOI.DT  [le  baron  Alexandre),  C.  ifc, -mem- 
bre de  l'Institut  de  France,  de  I'  Académie  royale- 
de  Berlin,  etc. 

MARTIN  SAINT-ANGE,  0.  J}jf,  D.  M.,  membre  de 
plusieurs  sociétés  savantes. 


liai 


if  ères  et  Oiseau  il. 


ISIDORE  GEOFFROY  S.-HILAIRE,  O.  #,  D. 

membre  de  l'Institut,  etc. 
BAUDEMENT,  professeur  à  l'Institut  national  a; 

nomique,   membre  de  la  Société  pbilomatique. 
GERBE,  aide-naturaliste  au  Collège  de  France. 


DE  LAFRESNATE,  membre  de  plusieurs  soc.  sav, 
LAIIRILLARD,  îjfc,  membre  tic  plusieurs  sociétés- 
savantes. 
DE  QUATREFAGES,  #,  docteur  en  médecine. etc. 
R0GL1N,  membre  de  la  Société  pbilomatique,  etc. 


Reptiles    et    Poissons. 


BIBRON,  ïfe,  professeur  d'histoire  naturelle. 


VALENCIENNES,  Jfc,  membre  de  l'Institut,  profes- 
seur-administrat.au  Muséum   d'bistoire  naturelle. 


Mollusques. 


DESIIAYES,  ijfc  ,  membre  de  plusieurs  sociétés  sav. 
VALENCIENNES,  iftf,  membre  de  l'Institut,  etc. 


ALCIDE  D'ORBIGNY,  O   #,  memb,. 

pbilomatique,  etc. 


<le  la  Société 


Articulés. 

Insectes,  Myriapodes.,  Arachnides,  Crustacés,  Cinhopodes,  Annélides,  IlelminUiides,  Systolides.) 


AUDOUIN,  %f,  D.-M.,  membre  de  l'Institut, profes- 
seur-adinimstrat.  au  Muséum  d'bistoire  naturelle. 
BLANCHARD,  membre  de  plusieurs  sociétés  suv. 
BOITA RD,  #,  auteur  déplus,  ouvrages d'bist.  uat. 

HRIJI.LÉ,  ^?1,rof.  à  la  faculté  des  scienc.  de  Dijon. 
CIIKVROLÂT,  membre  de  plusieurs  sociétés  savant. 
DKSMAREST,  secrétaire    de   la  soc.  entomolog.  de 
France. 


DU  JARDIN,  ^.professeur  d'bistoire  naturelle 
DUl'ONCIIEL,  2}£,  membre  de  plusieurs  sociétés  sav. 
LUCAS,  membre  «le  la  Société  cntomologi<|ue. 
GE1VVAIS,  professeur  d'bistoire  naturelle,  membre 

«le  la  Société  pbilomatique. 
MILNE  EDWARDS,  O.   #,   D.-M.  ,  membre   de 

l'Institut,  profcss.-administ.  au  Muséum  d'histoire- 

naturellc,  etc. 


Zoogihytes  ou  Rayonnes. 

^k  (Echinodc)  nies,  Acalèphes,  Foraininifèi  es,  Polypes,  Spongiaires  et  Infusoiies.) 

Société 


Al.CHlE  D'ORBIGNY,  0.  *?,  membre  d 
philomati«|ue  de  France,  etc. 


DUJARDIN,  i|fc,  professeur  d'histoire  naturelle,  etc. 
MILNE  EDWARDS,0.$$,I).-H.,niem.del'li»t.,etc.. 


Botanique. 


DE  BHÊBISSON,  membre  de  plusieurs  sociétés  sa- 
vantes. 

BRONGN1ART,  O.  #,  D.M.,  membre  de  l'Inst., 
professeur-administrateur  au  Muséum  d'bistoire 
naturelle,  etc. 

DECAISNE,  #,  membre  de  l'Institut. 

DÏJCIIARTRE,  professeur  à  l'Institut  national  agro- 
nomique, membre  de  la  Société  pliilomaliiiue,  etc. 


DE  JUSSIEU,  O.  >ft,  D.-M.,  membre  de  l'Inst.  ,  pro- 
fesseur-adniinislr.   au  Muséum  d'bistoire  naturelle 

LEVE1LLÉ,  D.-M.,  memb.  de  la  Société philomatiq. 

MONTAGNE, $fc,  D.-M.,  memb.  de  la  Soc.  pbil.,  etc.. 

RICHARD,  $<,  D.-M.,  membre  de  l'Institut,  profes- 
seur à  la  Faculté  de  médecine. 

SPACII,  aide-naturaliste  au  Muséum  d'bistoire  natu- 
relle. 


Géologie  ,    Minéralogie. 


CORDIEK  ,  C.  #  ,  membre  de  l'Institut ,  prof.-adm. 
au  Muséum   d'bistoire    naturelb;,   etc. 

DELAFOSSE,  $fc,  professeur  de  minéralogie  à  la 
Faculté  «les  sciences,    etc. 

HESNOYERS,  #,  1  ibliotbécaire  au  Muséum  d'bis- 
toire naturelle,    membre  de  plusieurs  sociétés  sav. 


KLIE  DE  BEAUMONT.O.  #,  membre  del'lnslitut, 
prof  es.  au  Collège  de  France,  insp.  gén.  des  mines. 

Cil.  D'ORBIGNY,  membre  de  plusieurs  sociétés 
savantes,  etc.  , 

CONSTANT  PREVOST,  #  ,  membre  de  l'Institut, 
profes.  «le  géologicà  la  Faculté  des  seiunces,  etc. 


Chimie,   Physique  et  Astronomie 

perpétuel  de  l'Académi 


ARAGO  .  C.  %f,  secréa 

«le»  trienees  ,    etc. 
BECQUEREL,  O.  #,  membre  de  l'Institut,  profess.- 

•  «luiiu  stratrurau  Muséum  d'bistoire  naturelle,  etc. 
DUMAS.  C.  ■*,  D.-M.,  membre  de  l'Inst.,  prof,  de 

«-Lim.  •!•  fac.  de  méd.  et  àlafuc.  des  scienc.  etc. 


PELOUZE  ,  $f: ,  membre  de  rinslitut,  professeur  de 
chimie  au  collège  de  France. 

PELT1ER,  membre  de  plusieurs  sociétés  savan- 
tes.. 

RIVIÈRE,  ifif,  professeur  de  sciences  physiques. 


Paris.  —  Imprimerie  de  L.  Martinet,  rue  Mignon,  2. 


ce 
DICTIONNAIRE 


UNIVERSEL 


D'HISTOIRE  NATURELLE 

RÉSUMANT    ET    COMPLÉTANT 

TOUS  LES  FAITS  PRÉSENTÉS  PAR  LES  ENCYCLOPÉDIES 

LES  ANCIENS  DICTIONNAIRES  SCIENTIFIQUES 
les  CEuTres  complètes  de  Buffon,  et  les  Traités  spéciaux  sur  les  diverses  branches  des  sciences  naturelles 

DONNANT 

LA  DESCRIPTION  DES  ÊTRES  ET  DES  DIVERS  PHÉNOMÈNES 

DE    LA  NATURE 

ITiyDifllofic  et  la  Définition  des  Noms  scientiliqncs,  les  Principales  Applications  des  corps  organiques  et  inorganiques, 
à  l'agriculture,  à  la  médecine,  aux  arts  industriels,  etc. 


ARAGO,    AUDOUIN,    BAUDEMENT,    BECQUEREL,   BIBRON, 

BLANCHARD,    BOITARD,     DE   BRÉBISSON,    AD.   BRONGNIART, 

C.    BROUSSAIS,    BRULLÉ,    CHEVROLAT,    CORDIER,    DECAISNE,    DELAFOSSE, 

DESHAYES,    DESMAREST,    J.    DESNOYERS,    ALCIDE   ET   CHARLES  d'ORBIGNY,    DOYERE, 

DUCHARTRE,  DUJARDIN,  DUMAS,  DUPONCHEL,  DUVERNOY,  ÉLIE  DE  BEAUMONT, 

FLOURENS,    IS.    GEOFFROY   SAINT-HILAIRE,    GERBE,    GERVAIS,    HOLLARD, 

DE  JLSSIEU,    DE  LAFRESNAYE,    LAURJLLARD,    LEMAIRE,    LÉVEILLÉ, 

LUCAS,    MARTIN   ST-ANGE,    MILNE   EDWARDS,    MONTAGNE, 

PELOUZE,  PELTIER,  C.  PRÉVOST,   DE  QUATREFAGES,J^^0f\"»V8rSitat" 
A.    RICHARD,    RIVIÈRE,    ROULIN,    SPACH, 
VALENCIENNES,    ETC. 


BiBu^sea^ 


DIRIGE  PAR  TA.  C.  D'ORBIGNY 

ET   ENRICHI 

d'an  magnifique  Atlas  de  288  planches  gravées  sur  aciel 


OME  SEPTIÈME. 


taOti»* 


PA.RJ& 


CHEZ  LES  ÉDITEURS,  L.  HOUSSIAUX  ET  C 

RUE    ET    HÔTEL    MIGNON,     2 

(Quartier  de  l'Ecolc-de-Mcdecine) 

1861 


M.MST1J 


DES  ABRÉVIATIONS 


EMPLOYEES  DANS  CET  OLVKAGE. 


(  Les  abréviations  en  petites  capitales  placées  au  commencement  rie  chaque  article 

indiquent  !a  grande  classe  à  laquelle  ils  appartiennent.) 


Bol.  ph.  . 
Ùirrh.  .   . 

r$i        cjusl  •  ' 

Echin  .  . 
Fig.  .  .  . 
Foramin  . 
Foss  .  .  . 
G.  ou  g. 
Géol.  .  . 
H  dm.  .  . 
Hist.  nal. 
Infus  ,  . 
Ins    . 


JJ 


l  HU 


.  Acalèphes. 
.   Anaiomie 
,    Annales. 
.    Anuélides. 
.   Arachnides. 
Astronomie. 
Botanique. 

Botanique  cryptogamt- 
que. 

.   Botanique  phanéroga- 
niique. 

.   Bulletin. 

.  Chimie. 

.  Cinhopodes. 

.  Crustacés. 

.  Échinodermes. 

.   Figure. 

.  Foraminifères. 

.  Fossile. 

.  Genre. 

.  Géologie. 

.   Helminihiries. 

.  Histoire  naturelle. 

.   Infusoires. 

,  Insectes. 


Mam.  .   .   .  Mammifère». 
il/e'm.    .    .    .   Mémoire. 
Meléor.    .  .    Météorologie. 

Min Minéralogie. 

Moll  ....   Mollusques. 
Myriap.   .   .   Myriapode. 

Ois Oiseaux. 

Paléont.   .   .   Paléontologie. 

Ph.  ou  Phan.  Phanérogame,  ou  iJ.a 

nérogamie. 
Phys  ....  Physique. 
Physiol.   .    .   Physiologie. 

PI Planche. 

Poiss.    .   .   .  Poissons. 

Polyp.   .   .  .  Polypes,  Polypier». 

Rad Radiaires. 

Iiept Reptiles. 

Spong.  .   .  .  Spongiaires. 
Systol.  .   .  .  Systolides. 
Syn.ouSynon.  Synonyme. 
Ter  al.    .  .   .  Tératologie. 
V.  ou  Voy.  .  Voyez. 
Vulg.  ....  Vulgaire. 

Zooi Zoologie. 

Zoopft.    .   .  .  Zoophytes. 


mis- 


DICTIONNAIRE 


UNIVERSEL 


D'HISTOIRE  NATURELLE. 


*IACARETIIVGA  ou  JACARETINGA. 

rept.  —  Groupe  de  Crocodiliens ,  d'après 
M.  Spix  {Lacert.  Brasil.,  1825).  Voy.  croco- 
dile. (E.  D.) 

IACCHUS   mam.  —  Voy.  ouistiti. 

lANTIIINUS.  moll.  —  Voy.  janthiNe. 

IASSUS.  ins.  —  Voy.  jassus. 

IBACUS.  crust.—  Genre  de  Tordre  des 
Décapodes  macroures  ,  établi  par  Leach ,  et 
rangé  par  M.  Milne-Edwards  dans  sa  famille 
desScyllariens.  Ce  genre  ne  diffère  que  très 
peu  des  Scyllares  ,  mais  s'en  distingue  ce- 
pendant par  la  forme  triangulaire  de  la  cara- 
pace et  quelques  autres  caractères.  Chez  les 
Ibacus ,  la  carapace  est  beaucoup  plus  lon- 
gue que  large,  et  présente  de  chaque  côté 
un  prolongement  lamelleux  qui  recouvre  la 
majeure  portion  des  pattes,  à  peu  près  comme 
cela  se  voit  dans  quelques  genres  des  Dé- 
capodes brachyures,  les  Calappes,  les  Crypto- 
podes,  par  exemple.  Ces  prolongements  sont 
plus  grands  en  avant  qu'en  arrière,  d'où  il 
résulte  que  la  carapace  se  rétrécit  posté- 
rieurement. On  remarque  aussi  chez  ces 
animaux  une  large  et  profonde  fissure,  qui, 
de  chaque  côté,  divise  ses  prolongements 
clypéiformes  en  deux  portions  inégales.  Les 
orbites  ,  au  lieu  d'être  placées  tout  près  de 
l'angle  externe  de  la  carapace,  en  sont  très 
éloignées.  Enfin  l'abdomen  est  très  court, 
et  se  rétrécit  brusquement  d'avant  en  ar- 
rière. Les  Crustacés  qui  composent  cette 
coupe  générique  sont  au  nombre  de  trois, 
et  habitent  des  mers  très  variées;  on  en 
trouve  dans  celles  de  l'Australie,  d'Asie  et 
des  Antilles;  I'Ibacus  de  Péron,  Ibacus  Pe- 
ron ii  Leach,  peut  être  considéré  comme  le 
type  de  ce  genre.  On  en  connaît  une  qua- 
t.  vu. 


trième  espèce ,  mais  à  l'état  fossile,  c'est 
l' Ibacus  Mantelli  Desm.  (Scyllarus).  Ce 
fossile  a  été  trouvé  sur  les  côtes  d'Angle- 
terre, mais  on  ignore  le  terrain  dont  il  pro- 
vient. (H.  L.) 

IBALIA.  ins.  —  Genre  de  la  tribu  des 
Cynipsiens,  établi  par  Latreille  ,  et  adopté 
par  tous  les  entomologistes.  Les  Ibalies  se 
distinguent  facilement  de  tous  les  autres 
genres  de  leur  tribu  par  leur  abdomen  com- 
primé latéralement  en  forme  de  lame  de 
couteau.  La  seule  espèce  connue  de  ce  genre 
est  PI.  en  couteau,  I.  cultellalor  (Banchus 
cultellator  Fab.) ,  qui  se  trouve  dans  une 
grande  partie  de  l'Europe.  (Bl.) 

*IBALIITES.  Ibaliilœ.  ins.— Nous  avons 
établi  sous  cette  dénomination ,  dans  la  tribu 
des  Cynipsiens  ,  un  groupe  ne  comprenant 
que  le  genre  Ibalia.  (Bl.) 

IBÈRE.  Iberus.  moll.  —  Genre  inutile 
proposé  par  Montfort  pour  des  Hélices  ca- 
rénées au  pourtour,  telles  que  V Hélix  gual- 
teriana.  Voy.  hélice.  (Desh.) 

IBÉRIDE.  Iberis  (tënpfe)-  B0T-  m.  — 
Genre  de  la  famille  des  Crucifères,  tribu  des 
Thlaspidées  ou  des  Pleurohizeœ  angustiseplœ 
deD.C.Tel  qu'il  est  circonscrit  aujourd'hui, 
et  après  les  travaux  de  MM.  Rob.  Brown  et 
De  Candolle,  il  ne  correspond  plus  qu'à  une 
portion  du  groupe  linnéen,  qui  comprenait, 
outre  les  vrais  Iberis ,  des  plantes  rangées 
actuellement  dans  les  genres  Teesdalia,  R. 
Brown,  et  dans  la  section  Iberidella du  genre 
Hutchinsia,  R.  Brown.  —  Dans  le  1er  volume 
du  ProdromuSy  De  Candolle  décrit  26  espè- 
ces d'ibérides  ;  à  ce  nombre ,  Walpers  en  a 
ajouté  5,  portant  ainsi  le  nombre  total  à  31 . 

Les  Ibérides  sont  des  plantes  herbacées 
1 


2 


1BE 


ou  sous-frutescentes ,  le  plus  souvent  gla- 
bres ,  quelquefois  charnues ,  à  feuilles  al- 
ternes, linéaires  ou  obovées,  entières,  den- 
tées ou  pinnatifides  ,  quelquefois  épaisses, 
dont  les  fleurs  blanches  ou  purpurines  sont 
disposées  en  grappes  corymbiformes ,  d'a- 
bord raccourcies  et  presque  ombeliées,  s'al- 
longeant  en  général  plus  tard.  Chacune  de 
ces  fleurs  se  compose  d'un  calice  à  4  sé- 
pales égaux,  non  renflés  à  leur  base,  dressés  ; 
d'une  corolle  à  4  pétales  inégaux,  les  deux 
extérieurs  étant  toujours  plus  longs,  sur- 
tout dans  les  fleurs  qui  forment  le  rayon 
de  l'inflorescence;  de  6  étamines  tétrady- 
names  à  filet  entier  et  sans  dents.  Le  fruit 
qui  leur  succède  est  une  silicule  comprimée 
et  presque  plane,  ovale  à  la  base,  échancrée 
au  sommet,  à  2  valves  marginées  ou  ailées, 
à  cloison  fort  étroite.  Les  graines  sont  soli- 
taires dans  chacune  des  deux  loges,  ovalee, 
suspendues.  Parmi  ces  divers  caractères,  les 
plus  essentiellement  distinctifs  sont  l'iné- 
galité des  pétales ,  l'absence  de  dents  aux 
filets  des  étamines  et  les  graines  solitaires. 
Les  Ibérides  appartiennent  à  l'Europe  et  à 
l'Asie,  et  plus  particulièrement  à  celles  de 
leurs  parties  qui  bordent  ou  avoisinent  la 
Méditerranée.  Environ  12  d'entre  elles  crois- 
sent spontanément  en  France,  ou  sont  cul- 
tivées fréquemment  dans  les  jardins.  Nous 
nous  arrêterons  un  instant  sur  celles  de 
ler?»s  espèces  qui  figurent  parmi  les  plus 
communes  de  nos  plantes  d'ornement. 

1.  Ibéride  ombellifère,  Ibei'is  umbellcUa 
Linn.  —  Cette  espèce  est  originaire  des  par- 
ties les  plus  méridionales  de  l'Europe  ;  on 
dit  même  qu'elle  arrive  jusqu'à  Nice.  Elle 
est  très  commune  dans  les  Jardins,  où  elle 
est  connue  vulgairement  sous  les  noms  de 
Thlaspi,  Taraspic.  C'est  une  plante  an- 
nuelle, haute  d'environ  3  décimètres,  gla- 
bre.dans  toutes  ses  parties  ;  ses  feuilles  sont 
lancéolées,  acuminces,  les  inférieures  den- 
tées en  scie,  les  supérieures  très  entières. 
Ses  fleurs  sont  blanches  ou  d'une  jolie  cou- 
leur violette  ou  purpurine  ,  disposées  en 
grappe  raccourcie,  de  manière  à  se  trouver 
a  peu  près  sur  un  même  plan ,  et  à  imiter 
jusqu'à  un  certain  point  une  ombelle;  de  là 
son  nom  spécifique.  Ses  silicules  sont  bi- 
Ipbées  au  sommet ,  à  lobes  très  aigus.  On 
sème  cette  espèce  principalement  au  prin- 
temps, et  alors  elle  fleurit  ep  juillet;  maj,s 


IBI 

on  1a  sème  aussi  à  d'autres  époques ,  de 
manière  à  l'avoir  en  fleurs  pendant  plus 
longtemps.'  Les  semis  se  font  ordinaire- 
ment en  plaee. 

2.  Ibéride  toujours  fleurie,  ibms  sem- 
perflorens  Linn . —  Cette  espèce  est  plus  con- 
nue sous  ses  noms  vulgaires  Hajbéride  d* 
Perse  ,  TTilaspi  viwce.  Elle  croit  spontané- 
ment sur  les  rochers  en  Sicile  et  aussi,  dit- 
on  ,  en  Perse.  Elle  est  frutescente  et  forme 
de  Jolies  touffes  ;  ses  feuilles  sont  épaisses, 
en  coin  ou  spatulées,  obtuses,  très  entiè- 
res ,  glabres  ,  persistantes  ;  ses  fleurs  sont 
très  blanches,  disposées  en  grappes  corym- 
biformes; elles  se  montrent  pendant  plu- 
sieurs mois  de  suite,  surtout  quand  on  tond 
la  plante.  Cette  espèce  se  multiplie  ordi- 
nairement de  boutures  que  l'on  peut  fairt 
pendant  tout  Pété.  Pendant  l'hiver  on  la 
conserve  en  orangerie.  La  culture  en  a 
obtenu  une  variété  à  feuilles  panachées. 

3.  Ibéride  toujours  verte  ,  Iberis  semper- 
virons  Linn.  —  Cette  Ibéride  croit  sponta- 
nément snr  les  rochers  de  l'Ile  de  Candie  ; 
elle  est  très  répandue  dans  les  jardins ,  où 
on  en  fait  de  très  belles  bordures  qui  s* 
couvrent  entièrement  de  fleurs  blanches; 
avant  et  après  la  floraison  ,  ces  bordurei 
sont  encore  d'un  très  bel  effet  par  la  fraî- 
cheur constante  de  leur  verdure.  L' Ibéride 
toujours  verte  est  frutescente,  plus  basse 
que  l'espèce  précédée  te,  mais  plus  rustique 
et  passant  parfaitement  l'hiver  en  pleine 
terre.  Ses  feuilles  sont  oblongues,  obtuses, 
atténuées  à  leur  base,  glabres;  ses  fleurs 
sont  disposées  en  grappes  allongées  ;  ses  si- 
licules sont  creusées  à  leur  extrémité  d'une 
échancrure  étroite.  On  la/multiplie  sans 
peine  de  graines  et  par  marcottage. 

Parmi  nos  espèces  indigènes ,  il  en  est 
quelques  unes  qui  figureraient  très  bien 
dans  les  jardins  ,  et  qui ,  améliorées  par  la 
culture,  pourraient  probablement  rivaliser 
avec  les  précédentes  ;  telles  sont,  par  exem- 
ple, les  Iberis  pinnata ,  atnara,  Gar- 
rexiana,  etc.  (P.  L>.) 

IBÉRITB.  min.  —  Syn.  de  Zéolithe. 

ÏBEX.  mam.  —  Nom  scientifique  du  Bou- 
quetin. Voy.  CHÈVRE. 

*IBIDÏ0N  (dimin.  d'foç,  ibis),  ms.  — 
Genre  de  Coléoptères  subpentamères,  tétra 
mères  de  Latreille,  famille  des  Longicornes> 
trib*  des  Cérambycins ,  créé  par  Senille 


hji 


un 


(Ann.  de  la  Soc.  ent.  de  Fr.,  t.  III,  p.  103),  et 
qui  a  pour  types  :  les  Stcncecorus  Andreœ , 
lœsicollis  deGermar;  les  Ib.  comatwn,  sex- 
guttatum,  pictum  Dej. ,  et  ebenus  New. 
(dimidiaticorne  Dej  .)•  28  espèces,  toutes  d'A- 
mérique, sont  mentionnées  au  Catalogue  de 
M.  Dejean  ,  mais  on  en  connaît  aujourd'hui 
plus  de  40.  Le  corps  et  surtout  le  corselet 
des  Ibidion  sont  allongés,  subcylindriques. 
Les  genoux  et  l'extrémité  des  élytres  offrent 
une  ou  deux  épines.  (G.) 

*IBIDORHYNQUE.  Ibidorhyncha ,  Vig. 

OIS.  —  Voy.   CLORHYNCHDS.        (Z.  G.) 

IBÏJAU.  ois.— Section  des  Engoulevents. 
Voy.  ce  mot. 

IBIRA,  Marcg.  bot.  ph.  —  Syn.  de  Xy- 
lopia,  Linn. 

IBÏS.  Ibis.  ois.  —  Genre  de  la  famille 
des  Échassiers  Longirostres ,  caractérisé  de 
la  manière  suivante  :  Bec  allongé,  arqué  , 
presque  carré  à  sa  base  ,  arrondi  et  obtus  à 
la  pointe;  narines  petites,  situées  à  la  base 
du  bec  ,  s'ouvrant  en  dessus  et  se  prolon- 
geant en  un  sillon  qui  s'étend  jusqu'à  l'ex- 
trémité de  la  mandibule  supérieure  ;  tête 
et  partie  supérieure  du  cou  emplumées  ou 
nues;  doigts  au  nombre  de  quatre,  trois 
antérieurs  réunis  à  la  base  par  une  mem- 
brane, le  pouce  appuyant  à  terre  sur  plu- 
sieurs phalanges. 

Les  Ibis,  considérés  tantôt  comme  des 
Tantales,  tantôt  comme  des  Courlis,  ont  été 
réunis  par  les  divers  auteurs  qui  se  sont  oc- 
cupés de  classification,  soit  aux  uns,  soit  aux 
autres  de  ces  oiseaux.  G.  Cuvier,  à  qui  est 
due  la  création  du  g.,  avait  lui-même  con- 
fondu, en  premier  lieu  ,  les  espèces  qui  ac- 
tellement  le  composent,  avec  les  Courlis; 
mais  il  ne  tarda  pas  à  les  en  séparer,  et 
son  exemple  a  été  suivi  depuis  par  tous  les 
méthodistes.  La  séparation  des  Ibis  des  au- 
tres oiseaux  voisins  auxquels  on  les  asso- 
ciait est,  on  peut  le  dire,  pleinement  justi- 
fiée par  les  caractères  différentiels  qu'ils 
présentent.  Si  les  Ibis  offrent  quelque  con- 
formité avec  les  Tantales,  ils  s'en  éloignent 
trop  cependant  par  un  bec  plus  grêle  ,  plus 
arqué  et  par  des  tarses  moins  élevés,  pour 
qu'on  doive  ne  pas  les  confondre  ;  si,  d'une 
autre  part,  la  place  que  leur  donnaient  quel- 
ques ornithologistes  dans  le  g.  Numenius 
(  Courlis)  paraît  motivée  sur  les  grands  rap- 
ports qu'ils  ont  avec  ces  oiseaux,  l'on  ne 


saurait  méconnaître  qu'ils  se  séparent  éga- 
lement de  ceux-ci.  En  effet ,  le  pouce,  chez 
les  Ibis,  au  lieu  de  n'appuyer  à  terre,  comme 
chez  les  Courlis,  que  par  l'extrémité  de  la 
dernière  phalange,  y  repose  ,  au  contraire  , 
dans  presque  toute  son  étendue.  Indépen- 
damment de  ces  caractères,  qui  ont  paru 
suffisants  pour  légitimer  le  g.  créé  par  G. 
Cuvier,  l'on  pourrait  dire  aussi  que  les  Ibis 
se  distinguent  encore  des  Courlis,  avec  les- 
quels ils  ont  le  plus  d'analogie ,  par  leur 
système  de  coloration. 

En  général,  les  Ibis  vivent  en  société  pr.r 
petites  troupes  de  6  à  10,  et  quelquefois 
davantage  :  l'Ibis  à  front  nu  seul  ferait  ex- 
ception à  cette  règle  ;  car,  dit-on,  il  vit  iso- 
lément.  Leurs  mœurs   et  leurs  habitudes 
sont  douces  et  paisibles.  On  ne  les  voit  ja- 
mais, comme  nos  Courlis,  s'élancer  et  cou- 
rir avec  rapidité ,  mais  ils  marchent  lente- 
ment et  d'un  pas  mesuré.  Quelquefois  ils 
restent  des  heures  entières  à  la  place  où  ils 
!  viennent  de  s'abattre  :  leur  seule  occupation 
!   alors  est  de   fouiller  la  vase  au  moyen  de 
l  leur  bec,  pour  y  découvrir  quelque  pâture. 
!   Les  individus  d'une  même  bande  s'isolent 
|  rarement;  ils  se  tiennent,  au  contraire,  as- 
!  sez  constamment  près  les  uns  des  autres. 
Les  terrains  bas,  humides,  inondés,  ma- 
|   récageux ,  les  rizières  ,  les  bords  des  grands 
fleuves  sont  les  lieux  que  les  Ibis  fréquen- 
tent; les  besoins  de  subsistance  les  y  atti- 
rent  et  les  y  retiennent  habituellement. 
C'est  seulement  là,  en  effet,  qu'ils  peuvent 
rencontrer  les  vers,  les  insectes  aquatiques, 
les  petits  coquillages  fluviatiles,    tels  que 
les  Planorbes,  les  Ampullaires,  lesCyclosto- 
mes,  dont  ils  font  leur  principale  nourri- 
ture. Tel  n'est  cependant  pas  l'unique  ré- 
gime des  Ibis  ;  ils  vivent  aussi  d'herbes  ten- 
dres et  de  plantes  bulbeuses  qu'ils  arrachent 
du  sol.  On  a  longtemps  cru,  mais  à  tort,  que 
l'Ibis  sacré  et  l'Ibis  vert  étaient  ophiopha- 
ges;  ces  espèces  n'ont  pas  un  régime  diffé- 
rent de  celui  de  leurs  congénères. 

Les  Ibis  sont  migrateurs;  leurs  courses 
s'étendent  fort  au  loin  ,  et  ils  parcourent 
dans  leurs  excursions  les  contrées  chaudes 
des  deux  continents.  Ainsi  que  la  plupart 
des  grands  Échassiers ,  ils  ont  en  volant  le 
cou  et  les  pattes  étendus  horizontalement; 
comme  eux  aussi ,  ils  poussent  par  inter- 
valle des  cris  bas  et  rauques  dont  le  mode 


4  IB1 

et  la  force  varient  selon  les  espèces  ;  enfin, 
ils  ont  encore  de  commun  avec  la  plupart 
dentre  eux,  la  faculté  de  se  percher  sur  les 
arbres. 

Chez  toutes  les  espèces  d'Ibis  la  monoga- 
rnie est  un  fait  naturel  :  les  couples  sont  in- 
dissolubles ;  il  n'y  a  que  la  mort  ou  un 
autre  accident  fâcheux  pour  l'un  des  deux 
contractants  qui  puisse  détruire  l'union  qui 
existe  entFe  le  mâle  et  la  femelle.  L'un  et 
l'autre  travaillent  en  commun  à  la  construc- 
tion du  nid ,  qui  consiste  en  petites  bû- 
chettes et  en  brins  d'herbes.  Quelques  es- 
pèces nichent  à  terre;  le  plus  grand  nombre 
niche  sur  les  arbres  élevés.  La  ponte  est  de 
deux  ou  trois  œufs  blanchâtres  ;  le  terme 
de  leur  éclosion  est  de  vingt-cinq  à  trente 
jours.  Les  petits,  comme  chez  les  Grues,  les 
Hérons,  etc.,  sont  nourris  dans  le  nid  jus- 
qu'à ce  qu'ils  soient  assez  forts  pour  voler. 
Ils  naissent  couverts  de  duvet.  On  a  constaté 
que  les  jeunes  de  certaines  espèces,  de  l'Ibis 
rouge,  par  exemple,  s'apprivoisent  avec  la 
plus  grande  facilité,  et  que  la  chair  de  ceux 
qui  viennent  de  quitter  le  nid  est  très  bonne 
a  manger,  ce  qu'on  ne  peut  dire  de  la  chair 
des  adultes. 

C'est  principalement  au  type  du  g.  dont 
je  viens  d'esquisser  l'histoire  des  mœurs  et 
des  habitudes  ;  c'est  à  l'espèce  aujourd'hui 
connuo  sous  le  nom  d'Ibis  sacré,  que  les 
Égyptiens  rendaient  jadis  les  honneurs  di- 
vins. Il  est  peu  de  personnes  qui  ne  con- 
naissent cet  oiseau  ,  ou  du  moins  qui  n'en 
aient  entendu  parler.  La  vénération  dont  il  a 
été  l'objet  dans  l'ancienne  Egypte  a  imprimé 
à  son  nom  un  caractère  de  célébrité  qu'il 
nest  pas  permis  d'ignorer.  Cette  vénération, 
que  la  superstition  exagéra,  nous  est  attestée 
par  l'histoire  même  que  les  auteurs  de  l'an- 
tiquité nous  ont  laissée  du  peuple  égyptien  , 
par  les  débris  des  monuments  de  ce  peuple, 
et  par  les  preuves  matérielles  qui  sont  res- 
tées comme  témoignage  irrécusable  des 
honneurs  que  l'on  rendait  à  l'Ibis  sacré 
après  sa  mort  naturelle  :  ces  preuves  sont 
les  momies,  sans  lesquelles,  peut-être,  l'in- 
certitude régnerait  encore  sur  cet  oiseau  des 
anciens. 

C'est  en  reconnaissance  des  services  sup- 
posés que  l'Ibis  rendait  à  l'Egypte ,  que 
l'Egypte  à  son  tour  l'honorait  comme  une 
divinité   propice.  Il  détruisait,  disait-on, 


IBI 

les  Serpents  ailés  et  venimeux  qui ,  tous  les 
ans,  au  commencement  du  printemps,  par- 
taient de  l'Arabie  pour  pénétrer  en  Egypte. 
L'Ibis  allait  à  leur  rencontre  ,  dans  un  dé- 
filé où  ils  étaient  forcés  de  passer,  et  là  il 
les  attaquait  et  les  détruisait  tous.  Il  est 
impossible  de  dire  l'origine  de  cette  fable, 
par  la  raison  qu'elle  parait  s'être  transmise 
longtemps  par  tradition,  avant  que  les  pre- 
miers écrivains  l'aient  fixée;  mais  ce  qui  a 
le  plus  contribué  à  l'accréditer,  c'est,  sans 
contredit  ,  un  passage  d'Hérodote  (  Hist. 
d'Euterpe,  chap.  75)  dans  lequel  cet  histo- 
rien prétend  s'être  rendu  exprès  dans  un 
lieu  voisin  de  la  ville  de  Buto,  en  Arabie, 
pour  prendre  des  informations  sur  les  Ser- 
pents ailés,  et  avoir  vu  à  son  arrivée  dans 
ce  lieu  «  une  quantité  prodigieuse  d'os 
et  d'épines  du  dos  de  ces  Serpents  »  que  les 
Ibis  avaient  détruits  dans  des  combats  an- 
térieurs. Après  Hérodote,  Cicéron  dans  son 
livre  premier  de  la  Nature  des  Dieux,  Pom- 
ponius  Mêla  dans  son  Hist.  de  l'Univers,  So- 
lin,  Ammien  ,  Elien,  etc.,  ont  reproduit  ce 
conte  d'une  manière  plus  ou  moins  con- 
forme à  la  sienne.  On  ne  saurait  douter 
que  ce  ne  soit  à  cette  opinion,  répandue 
dans  tous  les  livres  anciens ,  et  générale- 
ment reçue  sans  examen,  même  jusqu'à  ces 
derniers  temps,  que  sont  dues  tant  de  mé- 
prises sur  l'oiseau  que  les  Égyptiens  véné- 
raient. On  a  voulu  le  retrouver  avec  cet  at- 
tribut que  les  peuples  de  l'antiquité  lui  ac- 
cordaient ,  de  tuer  et  de  manger  des  Ser- 
pents ,  et  dès  lors  les  uns  ont  dit  que  l'Ibis 
sacré  était  une  Cigogne,  les  autres  l'ont 
confondu  avec  quelques  espèces  de  Hérons, 
d'autres  enfin  ont  cru  le  reconnaître  dans 
une  espèce  de  Vautour  (Vult.  percnoplerus). 
Aujourd'hui ,  grâce  aux  momies  trouvées 
dans  les  puits  de  Saccara ,  dans  les  cata- 
combes de  Memphis  et  de  Thèbes ,  on  sait 
positivement  quelle  fut,  ou  plutôt  quelles 
furent  les  espèces  auxquelles  l'Egypte  ren- 
dit les  honneurs  divins  ,  car  ces  momies 
laissent  constater  que  l'Ibis  vert  ou  noir 
d'Europe  {Ib.  falcinellus)  et  l'Ibis  sacré  {Ib. 
religiosa)  furent  également  un  objet  de  vé- 
nération. 

M.  Savigny ,  dans  un  excellent  travail 
(Hist.  mythologique  de  l'Ibis)  où  il  a  eu  pour 
but  de  rechercher  quelle  fut  la  cause  pro- 
bable de  cette  antique  vénération,  est  arrivé 


IBI 

à  cette  conséquence,  que  l'Ibis  n'a  été  l'ob- 
jet de  tant  de  respect,  que  parce  que  son 
apparition  en  Egypte  annonçait  le  débor- 
dement du  Nil,  et  non  parce  qu'il  délivrait 
cette  terre  des  Serpents  venimeux.  «  Au 
milieu  de  l'aridité  et  de  la  contagion,  dit-il, 
fléaux  qui  de  tout  temps  furent  redoutables 
aux  Égyptiens  ,  ceux-ci  s'étant  aperçus 
qu'une  terre  rendue  féconde  et  salubre  par 
les  eaux  douces  était  incontinent  habitée  par 
l'Ibis  ,  de  sorte  que  la  présence  de  l'un  in- 
diquait toujours  celle  de  l'autre  (autant  que 
si  ces  deux  choses  fussent  inséparables),  leur 
crurent  une  existence  simultanée,  et  suppo- 
sèrent entre  eHes  des  rapports  surnaturels 
et  secrets.  Cette  idée,  se  liant  intimement 
au  phénomène  général  duquel  dépendait 
leur  conservation  ,  je  veux  dire  aux  épan- 
chements  périodiques  du  fleuve,  fut  le  pre- 
mier motif  de  leur  vénération  pour  l'Ibis, 
et  devint  le  fondement  de  tous  les  hom- 
mages qui  constituèrent  ensuite  le  culte  de 
cet  oiseau.  » 

Quel  que  soit  le  motif  qui  ait  établi  ce 
culte,  il  ne  reste  pas  moins  vrai  qu'on  re- 
gardait l'Ibis  comme  une  divinité  ;  qu'on 
i'élevait  dans  les  temples  ;  qu'on  le  laissait 
errer  librement  dans  les  villes;  qu'on  pu- 
nissait de  mort  celui  qui,  par  mégardemême, 
était  le  meurtrier  d'un  de  ces  oiseaux  ;  qu'on 
le  recueillait  religieusement  après  sa  mort 
pour  l'embaumer  et  le  déposer  après  dans 
les  catacombes  (1);  enfin,  que  l'Ibis  était 
une  des  quatre  idoles  ou  emblèmes  que  les 
Egyptiens  faisaient  apporter  dans  leurs  ban- 
quets solennels,  et  que  l'on  promenait  alen- 
tour des  convives.  On  en  fit  le  sujet  de  nom- 
breuses allégories  ;  on  l'associa  aux  mystères 

(i)  M.  Savigny,  qui  a  visité,  lors  de  l'expédition  d'Egypte, 
relies  de  ces  catacombes  qui.  sous  le  nom  de  puits  des  oi- 
seaux,  f  lisaient  partie  de  la  nécropole  de  Memphis  f  nécro- 
pole qui,  pont  le  dire  en  passant,  n'avait  pas  moins  de  douze 
lieues  de  circonférence)  ,  dit  que  dans  les  chambres  souter- 
raines qu'il  a  parcourues  se  voyaient  encore  un  très  grand 
nomhra  de  pots  renfermant  de*  momies,  rangés  en  ordre  les 
uns  sur  les  autres.  Ces  pots  ont  depuis  douie  jusqu'à  dix-huit 
puures  de  hauteur;  leur  forme  est  conique;  ils  sont  d'une 
lerie  rouge,  grossière,  ordinairement  très  cuite,  et  ne  lais- 
sent apercevoir  à  l'extérieur  aucune  trace  de  leur  haute  an- 
tiquité. Le  Muséum  d'histoire  natuirlle  de  Paris  possède 
quelques  uns  de  ces  pots  pourvus  encore  de  leur  momie. 
L'Ibis,  avant  d'être  introduit  sous  cette  dernière  foi  me  dans 
l'enveloppe  solide  qui  devait  le  protéger,  subissait  nécessai- 
rement une  préparation  qui  constituait  ce  qu'on  appelle 
l'embaumement.  Les  personnes  qui  faisaient  métier  d'rm- 
bjunier  agissaient  de  la  manière  suivante.  Une-  première 
opération  consistait  à  priver  l'Ibis  de  tousses  viscères  ;  cela 


IBI  5 

d'Isis  et  d'Osiris;  quelquefois  on  représenta 
Isis  ayant,  avec  un  corps  de  forme  humaine, 
une  tête  d'Ibis. 

L'esprit  d'un  peuple  naturellement  su- 
perstitieux est  fécond  en  fables  :  aussi  l'Ibis 
passa-t-il  pour  être  Toth  ou  Mercure  ,  leur 
législateur  ;  Mercure  qui,  descendu  des  cieux, 
avait  pris  la  forme  de  cet  oiseau  pour  leur 
dévoiler  les  arts,  les  sciences  et  leur  décou- 
vrir la  nature  des  dieux.  On  fut  même  jus- 
qu'à lui  attribuer  une  pureté  virginale,  et 
à  prétendre  qu'il  se  fécondait  et  engendrait 
par  le  bec.  L'attachement  qu'il  avait  pour 
l'Egypte,  dont  il  était  l'emblème,  était,  dit- 
on,  si  grand,  qu'il  se  laissait  mourir  de  faim 
lorsqu'on  le  transportait  hors  des  limites  de 
son  pays  de  prédilection.  Tout,  chez  l'Ibis, 
devait  être  extraordinaire  et  merveilleux.  Il 
n'est  pas  jusqu'aux  plumes  de  cet  oiseau 
auxquelles  on  ne  reconnût  la  propriété  de 
frapper  de  stupeur,  et  quelquefois  de  mort, 
les  Crocodiles  ou  les  Serpents  qui  en  étaient 
touchés.  Les  prêtres,  par  qui  se  propageaient 
et  se  perpétuaient  tous  ces  contes ,  préten- 
dirent encore  que  la  chair  de  l'Ibis  ne  se 
corrompait  pas,  et  que  l'on  ne  pouvait  assi- 
gner un  terme  à  l'existence  de  cet  oiseau,  tant 
elle  était  de  longue  durée  (1).  Ceux  d'Her- 
mopolis,  au  rapport  d'Apien,  en  possédaient 
un  dans  leur  temple  qu'ils  disaient  être  im- 
mortel. Enfin,  ces  mêmes  prêtres,  comme 
conséquence  de  cette  opinion  ,  que  l'Ibis 
était  le  symbole  de  la  pureté,  n'employaient 
d'autre  eau  pour  leurs  ablutions  et  leurs  pu- 
rifications que  celle  dans  laquelle  cet  oi- 
seau allait  se  désaltérer. 

Mais  les  croyances  des  Égyptiens  d'autre- 
fois sont  loin  d'être  celles  du  peuple  d'É- 

fait,  et  les  ailes  étant  ramenées  à  leur  position  naturelle  ,  on 
courbait  la  tète  de  l'oiseau  au-dessous  de  son  aile  gauche, 
de  façon  que  le  bec  dépassât  la  queue  d'un  pouce  envi- 
ron ;  puis  on  fléchissait  ses  jambes  et  on  les  engageait  par 
les  genoux  sous  le  sternum.  Toutes  ces  piérautioiis  piises, 
l'Ibis  était  plongé  dans  un  bain  de  bitume,  et  enveloppé 
après  dans  des  bandelettes  épaisses  et  serrées,  au-dessus 
desquelles  se  croisaient  d'autres  bandelettes  maintenues 
elles-mêmes  par  divers  tours  de  fils  artisfement  arrangés.  Ce 
n'est  qu'après  cette  succession  d'opérations  que  les  pots  ou 
vases  coniques  dont  il  vient  d'être  question  recevaient,  les 
Ibis.  Ces  vases,  pourvus  d'un  couvercle  de  même  nature, 
étaient  hermétiquement  scellés  au  moyen  d'un  ciment  gri- 
sâtre. 

(i)  On  ne  sera  pas  surpris  de  la  longévité  que  les  prêtre» 
égyptiens  attribuaient  à  l'Ibis,  lorsqu'on  saura  que  oes  naê- 
mes  prêtres  prétendaient  que  la  vie  de  l'Épervier  (autre  di- 
vinité de  leur  façon)  pouvait  s'étendre  jusqu'à  sept  cents 
ans. 


G 


IBI 


gypte  d'aujourd'hui.  Il  est  loin  d'avoir  hé- 
rité entièrement  de  l'antique  vénération 
pour  l'Ibis.  Les  habitants  des  bords  du  Nil 
le  chassent,  de  nos  jours,  au  fusil  et  au  filet, 
et,  qui  plus  est,  le  mangent,  sans  respect 
pour  les  lois  de  Moïse,  qui  avait,  dans  ses 
ordonnances,  placé  cet  oiseau  parmi  les  ani- 
maux dont  la  chair  est  impure. 

Aussi,  depuis  que  l'Egypte  est  pour  ainsi 
dire  devenue  pour  l'Ibis  une  marâtre ,  ce 
pays  paraît  ne  plus  être  pour  lui  un  pays  de 
prédilection.  On  ne  l'y  rencontre  qu'en  très 
petit  nombre  et  pendant  un  certain  temps 
de  l'année  ,  encore  ne  s'y  arrête-t-il  que 
fort  peu  de  temps  ;  il  ne  s'approche  même 
pas  du  Caire.  Sa  disparition  d'un  lieu  où, 
au  dire  d'Hérodote,  «  il  était  si  fréquent, 
qu'on  en  rencontrait  à  chaque  pas  ,  »  pro- 
vient sans  doute  en  partie  de  la  chasse  qu'on 
lui  a  déclarée,  et  en  partie  surtout  du  chan- 
gement survenu  dans  la  nature  même  du 
pays,  trop  aride  et  trop  sec  maintenant  pour 
lui  fournir  une  nourriture  abondante.  Pour- 
tant M.  Savigny,  à  qui  nous  devons  les  dé- 
tails les  plus  intéressants  sur  cet  oiseau, 
qu'il  a  eu  l'occasion  d'observer  dans  les  en- 
virons de  Damiette,  de  Menzalé,  mais  sur- 
tout près  de  Kar-Abou-Saïd,  sur  la  rive 
gauche  du  Nil ,  dit,  d'après  le  rapport  des 
habitants ,  qu'on  l'y  voit  encore  ,  mais  seu- 
lement pendant  la  crue  du  Nil  ;  il  en  part 
lorsque  l'inondation  cesse.  Cette  émigration, 
quia  lieu  vers  le  milieu  de  juin,  semble 
coïncider  avec  son  apparition  en  Ethiopie , 
où  Bruce  l'a  vu  arriver  à  peu  près  à  cette 
époque. 

Un  autre  fait  non  moins  surprenant  que 
celui  de  la  disparition  ou  mieux  de  la  dimi- 
nution considérable  de  l'Ibis  sacré,  est  celui 
qui  a  rapport  à  l'incertitude  du  lieu  de  sa 
reproduction.  On  ne  sait  positivement  plus 
où  il  niche. 

.  Des  18  ou  20  espèces  appartenant  au  g. 
Ibis,  une  seule  se  rencontre  en  Europe  ;  les 
autres  se  trouvent  en  Afrique,  en  Asie  et  en 
Amérique. 

j  La  plupart  des  auteurs  ont  considéré  les 
•Ibis  comme  formant  une  division  unique; 
quelques  autres  ont  essayé  de  les  grouper 
dans  plusieurs  sections,  qui  sont  devenues 
pour. plusieurs  méthodistes  modernes  autant 
de  sujets  de  g.  distincts.  J'adopterai  en  par- 
lie  pour  la  distribution  des  espèces  la  mé- 


IBI 

thode  qu'avait  suivie  Wagler  dans  son  Sys- 
tème avium,  c'est-à-dire  que  je  ne  considé- 
rerai ici  les  divisions  introduites  dans  le  g. 
Ibis  qu'à  titre  de  groupes  ou  sections  secon- 
daires. 

1°  Espèces  à  corps  robuste,  à  tarses  un  peu 
plus  longs  que  le  doigt  du  milieu ,  y  com- 
pris l'ongle,  et  à  queue  égale.  (G.  Ibis,  Eu- 
docimus,  Wagl.) 

1.  L'Ibis  sacré,  Ib.  religiosa  Cuv.  (  Hist. 
d'Egypte,  pi.  7),  blanc,  à  l'exception  de 
l'extrémité  des  grandes  rémiges,  qui  est  d'un 
noir  cendré,  et  de  celle  des  rémiges  moyen- 
nes, qui  est  noire,  avec  des  reflets  verts  et 
violets.  Habite  la  Nubie ,  l'Egypte ,  le 
Cap. 

2.  L'Ibis  de  Ma  ce,  Ib.  M acei  Wagl.  (Cuv., 
Ann.  du  Mus.  d'hist.  nat.,  t.  IV),  semblable 
au  précédent,  mais  la  première  rémige  seule 
noire  à  son  extrémité,  et  les  rémiges  secon- 
daires faiblement  terminées  de  noir.  Habite 
l'Inde  et  le  Bengale. 

3.  L'Ibis  a  coo  blanc  ,  Ib.  aîba  Vieill. 
(Wils.,  Americ.  ornith.,  pi.  66,  f.  3),  blanc, 
à  l'exception  de  quatre  rémiges  primaires, 
qui  sont  terminées  ,  dans  une  grande  éten- 
due, par  un  noir  verdâtre  brillant,  à  reflets 
métalliques.  Habite  le  Brésil. 

•i.  L'Ibis  rouge,  Ib.  rubre  Wagl.  (Buff. , 
pi.  enl.,  81,  et  Wils.,  Am.  ornith.,  pi.  66, 
f.  2  ) ,  d'un  beau  rouge  vermillon  ,  à  l'ex- 
ception de  l'extrémité  des  rémiges  qui  est 
noire.  Habite  l'Amérique  méridionale  et  la 
Guiane. 

2°  Espèces  à  corps  moins  trapu,  à  tarses 
écussonnés  et  grêles  ,  beaucoup  plus  longs 
que  le  doigt  du  milieu ,  et  à  queue  égale. 
(G.  Falcinellus,  Bechst.  ;  Tantalides , 
Wagl.) 

5.  L'Ibis  vert  ou  noir,  Ibis  falcinellus 
Wagl.  (Buff.,  pi.  enl.,  819,  sous  le  nom 
de  Courlis  d'Italie) ,  d'un  noir  à  reflets  verts 
et  violets  en  dessus ,  d'un  noir  cendré  en 
dessous.  Habite  l'Europe,  l'Inde  et  les  États- 
Unis. 

Cette  espèce  recevait  comme  l'Ibis  sacré 
les  honneurs  divins;  mais  il  résulte  de 
l'examen  fait  des  momies  qu'il  jouissait  de 
moins  de  faveur ,  puisqu'on  le  trouve , 
ainsi  conservé,  en  bien  moins  grande  quan- 
tité. 


IB1 

3°  Espèces  à  tarses  de  la  même  longueur 
que  le  doigt  médian  y  compris  l'ongle ,  et 
recouverts  d'écaillés  hexagones . 

(a)  Queue  égale.  (G.  Pnimosus,  Harpi- 
prim  et  GeronUcus,  Wagi.) 

6.  L'Ibis  huppé  ,  Ib.  cristala  Wagl.  (Buff., 
pi.  enl.,  841 ,  sous  le  nom  de  Courlis  huppé 
de  Madagascar) ,  figuré  dans  V Atlas  de  ce 
Dictionnaire,  Oiseaux,  pi.  9,  fig.  2.  Cette 
espèce  a  l'occiput  orné  d'une  belle  touffe  de 
plumes  vertes  et  blanches;  toutes  les  par* 
tics  supérieures  et  lé  cou  d*un  beau  roux 
marron;  le  front  vert  ;  la  face  noirâtre; 
les  couvertures  des  ailes  et  les  rémiges  blan- 
ches ;  les  rectrices  d'un  noir  verdâtre,  et 
toutes  les  parties  inférieures  cfun  brun 
marron.  Habite  Madagascar. 

7.  L'Ibis  a  front  nu,  Ib.  rifendi/rows  Wagl. 
(Spix ,  Ois.  du  Brésil,  pi.  86),  noir  à  reflets 
vert;»  et  violets  ;  le  front  dénudé  de  plumet 
et  jaune.  Habite  le  Brésil. 

8.  L'IbisdeCayenne-,  76.  scutirostris  Wagl . 
(Buff.,  pi.  enl.,  280,  sous  le  nom  de  Courlis 
vert  de  Cayenne),  de  couleur  brun  à  reflets 
métalliques  bleus  et  verts.  Habite  le  Brésil 
et  Cayenne. 

Cette  espèce  est  devenue  pour  Wagler  le 
type  du  g.  Harpiprion. 

9.  L'Ibis  hagedash,  Ib.  chalcop ter a  Vieil. 
(Gai.,  pi.  246),  d'un  gris  bronze  en  dessus, 
brunâtre  en  dessous  ;  une  bande  blanche 
et  étroite  sur  les  parties  latérales  du  cou. 
Habite  le  cap  de  Bonne-Espérance. 

10.  L'Ibis  mamelonné,  Ib.  papillosaTetn. 
(pi.  enl.  ,  304).  Une  membrane  tuberculée 
bleue  sur  la  face  et  les  joues.  Habite  le  Ben- 
gale et  Ceylan. 

11.  L'Ibis  a  tête  nue,  Ib.  calva  Wagl. 
(Buff.,  pi.  enl.,  sous  le  nom  de  Courlis  à 
télé  nue  du  Cap).  Plumage  noir  à  reflets 
verts  ;  tête  et  une  partie  du  cou  nus  ;  peau 
de  ces  parties  rouge.  Habite  le  cap  de 
Bonne-Espérance. 

Cette  espèce  a  été  prise  par  Wagler  pour 
type  de  son  g.  Geronticus. 

12.  L'Ibis  brun,  Ib.  fuscata  Vieill.  D'un 
brun  roux  ;  aréole  des  yeux  verdâtre.  Ha- 
bite les  Philippines. 

13.  L'Ibis  plombé,  Ib.  plumbea  Temm. 
(pi.  col.,  238).  D'un  gris  plombé  nuancé  de 
bleu  et  de  vert  :  une  bande  blanche  sur  le 
front.  Habile  le  Brésil  et  le  Paraguay. 


ICA  7 

(b)  Queue  cunéiforme.  (G.  Cercibis,  Wagl.) 

14.  LTjis  a  masque  noir,  Ib.  melanopis 
Wagl.  (Buff.,  pi.  enl.,  970).  Face  noirâtre; 
zone  cendrée  sur  la  poitrine  ;  peau  sous  le 
bec  plissée  et  pendante.  Habite  le  Brésil , 
Cayenne  et  le  Paraguay. 

Wagler  place  encore  dans  cette  section 
Y  Ibis  oxycercus  (  Spix  ,  Ois.  du  Brésil , 
pi.  87),  dont  il  a  fait  le  type  de  son  g.  Cer- 
cibis ,  et  176.  hagedash  ,  qu'il  considère 
cependant  comme  espèce  douteuse. 

(Z.  Gerbe.) 

*IBIS.  Ibis.  ois. — M.  Lesson  a  pris  ce  nom 
pour  en  faire  le  titre  de  sa  huitième  famillt 
des  trais  Êchassiers.  Cette  famille,  qui  me 
paraît  très  naturelle,  ne  renferme  pour 
M.  Lesson  que  les  g.  Erolie,  Courlis  et  Ibis 
proprement  dits.  (Z.  G.) 

IBISINÉES,  Lafx.  ois.  —  Syn.  dUbis, 
Less. 

*IBYARA.  rept.  —  Reptile  cité  dans 
Marcgrave ,  et  que  l'on  croit  être  une  Céci- 
lie.  (P.  G.) 

*IBYCTEE,  Vieillot,  ois.- -Syn.  de  Ra- 
conca.  (Z.   G.) 

*ICACII¥A.  bot.  Ph,  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Olacinées ,  établi  par  Ad.  de  Jus  - 
sieu  (in  Mem.  Soc.  h.  n.  Paris,  1, 173,  t.  9). 
Arbrisseaux  du  Sénégal.  Voy.  olacinées. 

ICAQMER.  Chrysobalanus ,  Lin.  bot. 
rvu.  —  Genre  de  plantes  qui  a  donné  soh 
nom  au  groupe  des  Chrysobalanées,  groupe 
que  M.  R.  Brown,  et  avec  lui  MM.  Bartling, 
Lindley,  Endlicher,  considèrent  comme  une 
famille  distincte,  tandis  que  De  Candollje 
en  fait  seulement  la  première  tribu  de  la 
famille  des  Rosacées.  Ce  genre  présente  les 
caractères  suivants  :  Calice  à  tube  campa- 
nule, à  limbe  quinquéparti ,  presque  régu- 
lier. Cinq  pétales  onguiculés,  alternes  aux 
lobes  du  calice,  insérés  au  haut  du  tube  de 
ce  dernier.  Étamines  au  nombre  de  15  à 
30  ,  en  une  série,  insérées  également  à  l'ex- 
trémité du  tube  calicinal,  distinctes,  à  filets 
subulés ,  saillants.  Ovaire  sessilc  ,  hérissé, 
uniloculaire,  renfermant  deux  ovules  dres- 
!  ses,  collatéraux;  style  filiforme,  partant  de 
la  base  de  l'ovaire,  terminé  par  un  stigmate 
I  obtus.  Le  fruit  est  un  drupe  dont  le  noyau 
|  est  à  cinq  angles  ,  presque  à  cinq  valves" , 
J  monosperme  par  avortement.  Ce  genre  s"e 
compose  d'arbrisseaux  ou  d'arbres  peu  éle- 


8 


ICA 


vés  ,  qui  croissent  spontanément  dans  l'A- 
mérique tropicale,  et  dans  les  parties  sep- 
tentrionales de  ce  continent  qui  avoisinent 
le  tropique  (  le  Chrysobalanus  oblongifolius 
Mien. ,  de  la  Géorgie);  leurs  feuilles  sont 
alternes  ,  entières  ,  sans  stipules  ;  leurs 
fleurs  blanchâtres,  en  grappes  ou  en  pani- 
cules. 

Une  espèce  de  ce  genre  est  intéressante  à 
connaître  comme  produisant  un  fruit  co- 
mestible :  c'est  le  Chrysobalane  Icaquier  , 
Chrysobalanus  Icaco  Lin. ,  nommé  vulgai- 
rement Icaque,  Prune  icaque,  Prune  d'Amé- 
rique. C'est  un  petit  arbre  ou  plutôt  un  ar- 
brisseau de  2  ou  3  mètres  de  haut,  qui  croît 
naturellement  en  Amérique  ,  particulière- 
ment aux  Antilles.  Il  existe  aussi  cultivé  ou 
peut-être  spontané  au  Sénégal.  Son  tronc 
est  tortueux  ;  ses  feuilles  sont  presque  ar- 
rondies et  obovées,  érnarginées,  à  très  court 
pétiole,  entières,  glabres  et  luisantes;  ses 
fleurs  sont  petites  ,  inodores  ,  blanchâtres , 
disposées  en  particules  axillaires  ou  termi- 
nales ;  les  étamines  sont  velues.  Le  fruit  qui 
leur  succède  est  un  drupe  de  la  grosseur 
et  à  peu  près  de  la  forme  d'une  Prune 
moyenne.  Sa  couleur  varie  beaucoup  :  il  est 
jaune,  blanc,  rouge  ou  violet,  selon  la  va- 
riété. Il  mûrit  aux  mois  de  décembre  et  de 
janvier.  Sa  chair  est  un  peu  molle ,  blan- 
che ,  d'une  saveur  douce  et  un  peu  astrin- 
gente, mais  agréable.  L'amande  de  sa  graine 
est  très  agréable  à  manger,  et  généralement 
préférée  à  la  chair  même  du  péricarpe.  Les 
diverses  parties  de  l'Icaquier  ont  des  pro- 
priétés médicinales  qui  les  font  employer 
fréquemment  dans  les  pays  où  cet  arbre  est 
commun,  surtout  aux  Antilles  et  à  Cayenne. 
L'écorce  renferme  beaucoup  d'acide  gai- 
lique  et  de  tannin,  qui  la  rendent  astrin- 
gente. Les  mêmes  propriétés  se  retrouvent 
dans  la  racine  et  dans  les  feuilles.  Le  fruit 
lui-même  est  également  astringent,  et  on  a 
recours  à  lui  dans  les  cours  de  ventre.  Enfin 
on  fait  avec  l'amande  des  graines  une  émul- 
sion  à  laquelle  on  a  recours  pour  le  traite- 
ment des  dysenteries.  On  en  retire  encore 
une  huile  qui  sert  à  quelques  usages  phar- 
maceutiques. Aux  Antilles,  on  confit  au  su- 
cre les  fruits  de  l'Icaquier,  et  l'on  fait  avec 
l'Europe  un  commerce  assez  considérable  de 
ces  confitures.  On  a  fait  la  remarque  que  , 
lorsque  cette  espèce  croit  dans  des  endroits 


ICH 

secs,  son  fruit  ne  devient  pas  pulpeux  et 
reste  sec.  (P.  D.) 

ICHNANTHUS   (*xvos>  vestige;  av8oç 
fleur),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Graminées-Panicées ,  établi  par  Palisot  de 
Beauvois  (Agrost.,  56,  t.  XII,  f.  1).  Gra- 
mens  de  l'Amérique  tropicale.  Voy.  grami- 

j    NÉES. 

*ICHIVEA  (l'xvïv'w  ,  chercher  à  la  piste). 
'  ins.  — Genre  de  Coléoptères  tétramères, 
J  famille  des  Malacodermes ,  tribu  des  Clai- 
!  rones,  créé  par  M.  Laporte  (liev.  entom.  de 
|  Silb.,  vol.  IV,  pag.  55),  et  adopté  par 
'  MM.  Klug  et  Spinola  dans  leurs  monogra- 
:  phies  respectives.  Le  type,  VI.  lycoides,  est 
originaire  du  Brésil.  (C.) 

*ICHNESTOMA  (T^voç,  trace;  aroV», 
bouche),  ins.  — Genre  de  Coléoptères  pen- 
tamères ,  famille  des  Lamellicornes ,  tribu 
des  Scarabéides  mélitophires  ,  établi  par 
MM.  Gory  et  Percheron  (Monog.  des  Cé- 
toines) aux  dépens  des  Celonia  de  Fabricius. 
L'espèce  type  est  le  C.  heteroclyta  Latr.  Voy. 

CÉTOINE  et  CÉTOMDES. 

*  ICHNEUMIA.  mam.— M.  Isidore  Geof- 
froy -Saint -Hilaire   (Compt.    rend.  Institut, 
1837)  désigne  sous  ce  nom  un  genre  de 
Carnivores  de  la  division  des  Viverra,  qui 
vient  lier  ensemble  les  Mangoustes  et  les 
Cynictis.  Chez  les  Ichneumia ,  les  paumes  et 
j  les  plantes  sont  en  très  grande  partie  velues  ; 
I  les  membres  sont  assez  élevés;  il  y  a  cinq 
j  doigts  à  chaque  pied  ;  les  pouces  sont  courts 
j  et  placés  haut,  surtout  en  arrière;  les  ongles 
i  sont  assez  grands,  un  peu  recourbés,  obtus; 
j  il  y  a  vingt  dents  à  chaque  mâchoire;    les 
j  oreilles  sont   à    conque  très   large  et  très 
courte;  le  nez  est  assez  prolongé;  la  queue 
est  longue  ,  nullement  préhensile;  le  pelage 
est  composé  de  deux  sortes  de  poils:  les 
soyeux,  assez  longs,  rudes,  peu  abondants; 
les  laineux,  doux,  abondants  et  plus  ou  moins 
visibles  à  travers  les  soyeux. 

Les  Ichneumia  habitent  l'Afrique  ,  dans 
la  plus  grande  partie  de  son  étendue  conti- 
j  nentale;  ils  sont  insectivores  en  même  temps 
|  que  carnivores,  et  vivent  dans  des  terriers. 
On  n'en  connaît  que   trois  espèces,  sa- 
voir : 

V  Ichneumia  albicauda  Is.  Geoffr.  (  Her- 
pestes  albicaudus  Cuv . ,  Ichneumon  albicaudis 
Smith),  dont  le  corps  est  d'un  cendré  fauve 
très  peu  tiqueté,  passant  au  noirâtre  en  des- 


ICH 

sus,  et  qui  habite  l'Afrique  australe  et  le 
Sénégal; 

\:ichneumia  albescens  Is.  Geoffr.',  qui  se 
trouve  dans  le  Sennaar; 

Et  Ylchncumia  gracilis  {Herpestes  graci- 
lis  Rupp.),  de  l'Abyssinie.  (E.  D.) 

ICHNEUMON.  *am.  —  Veyez  man- 
gouste. 

ICHIVEL'MOIV.  Ichneumon.  ins.  —  Cette 
dénomination  fut  d'abord  employée  par 
Linné  pour  désigner  un  genre  d'Insectes  de 
l'ordre  des  Hyménoptères  ,  comprenant  non 
seulement  tous  les  représentants  de  notre 
tribu  des  Ichneumoniens,  mais  encore  di- 
vers types  disséminés  dans  les  tribus  des 
Chalcidiens,  desProctotrupiens  et  môme  des 
Sphégiens.  Ce  genre  s'est  trouvé  successive- 
ment de  plus  en  plus  restreint  par  l'établis- 
sement de  nouvelles  divisions  établies  par 
Fabricius,  par  Latreille,  par  Jurine,  par 
Gravenhorst ,  etc.  Aujourd'hui  le  genre  Ich- 
neumon  est  limité  aux  espèces  de  la  famille 
des  Ichneumonides  et  du  groupe  deslehneu- 
monites,  dont  la  tête  est  courte,  plus 
étroite  que  le  thorax  et  l'abdomen  convexe,, 
pédicule ,  presque  aussi  large  que  l'ab- 
domen. 

On  connaît  un  grand  nombre  d'espèces 
d'ichneumons  proprement  dits;  la  plupart 
de  celles  connues  sont  européennes.  Les 
plus  répandues  dans  notre  pays  sont  les 
/.  deliratorius  L\n.,  quassilorius,  Lin.,  fuso- 
rius  Lin,,  etc.  Voy.  pour  les  détails  de 
fp.œurs  l'art,  ichneumowens  (Bl. 

ICBNEL'MONTDES.  Ichneunxmidœ.  ras. 

—  Famille  de  la  tribu  des  Ichneumoniens. 
Voy.  ce  mot.  (Bl.) 

ICHNElJMOïVrE3!S.    Ichneumonii.  ras. 

—  Tribu  de  l'ordre  des  Hyménoptères,  cor- 
respondant à  peu  près  à  l'ancien  genre 
Iehneumon  ,  et  caractérisée  par  un  corps 
étroit  et  linéaire  ;  des  mâchoires  munies  de 
palpes  longs;  des  antennes  vibratiles  ,  lon- 
gues ,  grêles  et  filiformes  ,  très  rapprochées 
à  leur  base  et  composées  d'un  assez  grand 
nombre  d'articles  ;  des  ailes  très  veinées , 
offrant  toujours  des  cellules  complètes  et 
des  pattes  longues  et  grêles.  Cette  tribu 
répond  à  la  famille  des  Pupivores  de  La- 
treille, en  en  retranchant  les  Chalcidiens  et 
les  Proctotrupiens ,  qui  forment  pour-  nous  I 
îles  tribus  particulière?. 

Les  Ichneumoniens  o"t  un  nombre-  hft-  , 
t.  vu. 


ICH  9 

mensc  de  représentants  ,  et  cependant  jus- 
qu'ici les  espèces  exotiques  ont  été  pres- 
que complètement  négligées.  Des  travaux 
monographiques  très  considérables  de  la 
part  de  MM.  Gravenhorst  et  Nées  von  Esen- 
beck  en  Allemagne,  de  M.  Wesmael  en 
Belgique,  de  M.  Haliday  en  Angleterre, 
ont  contribué  puissamment  à  faire  connaîtr 
les  espèces  d'Europe ,  particulièremen 
celles  du  nord  et  du  centre  de  cette  partie 
du  monde.  Dans  un  travail  qui  doit  pa- 
raître prochainement,  M.  Brullé  traitera 
des  types  exotiques  aussi  bien  que  des  in- 
digènes. 

Les  coupes  génériques  ont  été  augmen- 
tées successivement  dans  une  proportion 
énorme. 

En  1827,  Latreille,  dans  sou  Règnecni- 
mal ,  n'admettait  encore  que  24  genres  dans 
ses  Evanialeset  Ichneumonides  réunis,  qui 
correspondent  exactement  à  notre  tribu  des 
Ichneumoniens.  Dans  notre  Histoire  des  In- 
sectes y  publiée  récemment,  nous  avons  été 
conduit  à  en  admettre  79.  Cependant  nous 
avons  cherché  à  n'admettre  que  des  genres 
assez  caractérisés,  rejetant  comme  simples 
divisions  ceux  dont  les  caractères  ne  nous 
ont  pas  paru  suffisamment  tranchés  ou  assez 
importants.  En  effet,  M.  Westwood ,  dans 
son  Synopsis  des  genres  de  la  Grande-Bre- 
tagne seulement,  en  admet  123. 

Afin  de  mettre  un  peu  d'ordre  d'ans  «elle 
tribu  et  de  rendre  les  déterminations  gén'é- 
riques  plus  faciles,  nous  avons  établi  dans 
chaque  famille  plusieurs  groupes.  M.  Wes- 
mael l'avait  déjà  fait  avec  succès  pour  la  fa- 
mille des  Braconides;  nous  avons  tenté  de 
le  faire  pour  la  première  fois  dans  cette 
seconde  famille  des  Ichneumonides. 

Dans  cet  ensemble  qui  constitue  la  tribu 
des  Ichneumoniens,  tous  les  entomologistes 
admettent  3  familles;  nous  les  subdivisons 
maintenant  en  plusieurs  groupes  comme 
l'indique  le  tableau  suivent  : 

.     .  BRACONIBES. 

.       ■     AxïSXITES. 


Palpe*  lîihinnx  de.  trois  articles, 
irixves  en  tic  hors. 


à  ?.     et  '      niinetuix 

l<;ob|l<s    .  .       .    HïBllZOKITES. 

à    -/.e  et  3e   anneaux 

mobile*.     R!i»pe- 

ron  eehancté.  .     .   BjaxcowiTES. 

a  *<'  c;  3«  anneaux 
mobiles.  Chape- 
ron emier    .  .  AtUTHlTES. 

vonrc  ,   formant  une  j 

voile  tle  car» pare.  Sioàlphi'ïi*. 
a  >•  <  t  S*  i'iinefliix 
hOtMlex.    CU'iperon 
ci  t.  .■ .    .         .     .  Ouïras. 


10  ICH 

Palnrs   labiaux   «le  /,  articles.  Abdomen 


ÎCHNEUMONIDES. 


insère  à  Pextrcmite  du  thorax.    . 

i&éré  à  la  partie  postoro-su- 
périeure  du  thorax.  Cuisses 
^o.strneurej   renflées.  Pal- 

*1>'  '       pes  très  longs Stépiiakitf.s. 

comprimé  ,  en  foucllle.     .     .  Ophioxites. 
arrondi.  Turière  saillante.     .    Pimputes 
t  non  comprime. Tai -1ère  radiée  Ichneumonites. 
Palpes   labiaux    de   4  articles.    Abdomen     , 
implanté  sur  le  thorax EVAN1IDES. 

L'appareil  alimentaire  et  les  organes  de  la 
génération  des  Ichneumoniens  ont  été  étu- 
diés par  M.  Léon  Dufour.  Chez  tous  les  in- 
sectes de  cette  tribu,  le  tube  digestif  n'ex- 
cède pas  beaucoup  la  longueur  du  corps.  Il 
n'offre  jamais  de  circonvolutions.  11  décrit 
seulement  quelques  sinuosités.  L'œsophage 
est  très  grêle  et  occupe  toute  la  longueur  du 
thorax  et  du  pédoncule  de  l'abdomen;  mais 
dans  c%te  dernière  partie  du  corps  il  se  ren- 
fle en  un  jabot  dont  la  forme,  ainsi  que 
celle  du  gésier  et  de  l'intestin  ,  varie  suivant 
les  groupes  et  les  genres. Les  vaisseaux  biliai- 
res sont  en  nombre  variable.  On  en  compte 
depuis  une  quinzaine  jusqu'au-delà  de  qua- 
rante. Les  ovaires  varient  aussi  dans  le 
nombre  des  gatnesovigères.  On  n'en  compte 
pas  parfois  plus  de  huit;  mais  souvent  il 
en  existe  dix,  vingt  et  vingt-cinq. 

Le  système  nerveux  n'a  point  été  encore 
observé  chez  ces  Hyménoptères. 

Les  Ichneumoniens  ont  des  mœurs  dont 
l'étude  offre  un  grand  intérêt.  Ce  sont  des 
habitudes  qui  leur  sont  communes  avec  les 
Cha'.cidiensetlesProctotrupiens.  Comme  le 
dit  Latreille  ,  ils  détruisent  la  postérité  des 
Lépidoptères,  si  nuisibles  à  l'agriculture  sous 
la  forme  de  chenille ,  de  même  que  Vlch- 
neumon  quadrupède  était  censé  le  faire  à 
l'égard  du  Crocodile,  en  cassant  ses  œufs 
ou  même  en  s'introduisant  dans  son  corps 
pour  dévorer  ses  entrailles.  Ces  Hyménop- 
tères recherchent  les  larves  de  divers  insec- 
tes ;  ils  attaquentsouvent  des  chenilles  pour 
y  déposer  leurs  œufs.  De  petites  espèces 
même  opèrent  leur  dépfo  dans  des  œufs. 
Chose  bien  remarquable  ,  chaque  espèce 
d'insecte  paraît  avoir  une  ou  plusieurs  es- 
pèces de  parasites.  Il  n'est  pas  rare  de  voir 
des  parasites  vivant  sur  d'autres  parasites. 
Les  Ichneumoniens  femelles ,  de  même  que 
les  Chalcidiens  et  les  Proctotrupiens,  à 
l'aide  de  leur  tarière,  percent  la  peau  d'une 
chenille  ou  d'une  larve  et  y  déposent  un  ou 
plusieurs  œufs.  Les  jeunes  larves  sont  mol- 
les ,   blanchâtres ,  prjvées  de  pattes.  Leur 


ICH 

bouche  est  munie  de  mandibules  assez  ro- 
bustes. Ces  larves  ménagent  d'abord  tous  les 
organes  importants  de  la  chenille  aux  dé- 
pens de*  laquelle  elles  vivent.  On  comprend 
combien  pour  elles  il  est  important  de  ne 
pas  faire  périr  l'animal  qui  leur  sert 
de  nourriture  ;  car  ces  vers,  ne  pouvant  se 
déplacer  et  chercher  une  autre  proie,  suc- 
comberaient bientôt  eux-mêmes.  Aussi  ils 
s'attaquent  d'abord  à  la  graisse ,  au  tissu 
adipeux;  c'est  seulement  quand  ils  sont 
prêts  à  subir  leur  transformation  en  nym- 
phe qu'ils  dévorent  tous  les  organes  inté- 
rieurs et  ne  laissent  plus  que  la  peau.  Les 
uns  se  métamorphosent  à  l'endroit  même 
où  ils  ont  vécu  ;  les  autres  sortent  de  la 
dépouille  de  leur  victime  et  se  placent  au 
dessous  de  manière  à  s'en  servir  comme 
d'un  abri  protecteur;  d'autres  encore  se 
filent  une  petite  coque  soyeuse  auprès  de 
cette  dépouille. 

Les  Ichneumoniens  ont  un  instinct  sur- 
prenant pour  atteindre  les  espèces  qui  doi- 
vent servir  de  pâture  à  leurs  larves.  Ceux 
dont  l'abdomen  est  muni  d'une  longue  ta- 
rière atteignent  souvent  des  larves  qui  vi- 
vent dans  des  bois  ,  la  longue  tarière  de 
l'Ichneumon  pénétrant  dans  des  interstices, 
dans  des  fissures  extrêmement  étroites.  On 
s'explique  difficilement  comment  ces  retrai- 
tes si  bien  cachées  et  en  apparence  si  peu 
accessibles  sont  décelées  à  ces  Ichneu- 
moniens. 

Quelquefois  les  Chenilles  attaquées  par 
des  Ichneumoniens  se  transforment  en  chry- 
salides. C'est  sous  cette  forme  que  tous  les 
viscères  de  l'animal  se  trouvent  dévorés  ; 
alors  on  voit  un  Hyménoptère  sortir  de 
la  chrysalide  d'un  Papillon.  Avant  que  de 
nombreuses  observations  soient  venues  dé- 
montrer clairement  que  ces  Hyménoptères 
étaient  parasites  des  larves  et  des  nymphes 
des  Lépidoptères ,  certains  anciens  auteurs 
donnaient  à  ce  fait  singulier  les  explications 
les  plus  bizarres.  Aujourd'hui  rien  n'est 
plus  connu;  mais  les  entomologistes  qui 
élèvent  des  Chenilles  pour  en  obtenir  des 
Papillons  d'une  extrême  fraîcheur,  sont 
souvent  fort  désappointés  en  voyant  un 
Ichneumon  éclore  de  la  chrysalide  d'une  es- 
pèce rare  de  Lépidoptère. 

Les  Ichneumoniens  ont  une  agilité  ex- 
trême; ils  volent  avec  une  grande  rapidité. 


ICIi 


ICH 


11 


Ces  Hyménoptères,  carnassiers  pendant  leurs 
premiers  états,  recherchent  seulement  les 
fleurs  quand  ils  sont  devenus  insectes  par- 
faits. Comme  ils  agitent  continuellement 
leurs  antennes ,  quelques  auteurs  les  ont 
nommés  ,  à  raison  de  cette  habitude,  Mou- 
ches vibrantes;  d'autres  les  ont  nommés 
Mouches  tripiles ,  à  cause  de  la  tarière  des 
femelles  qui  est  composée  de  trois  soies. 
Voy.  TARIÈRE. 

Les  habitudes  des  Ichneumoniens  sont  à 
peu  près  les  mêmes  pour  toutes  les  espèces; 
elles  ne  diffèrent  guère  que  par  le  choix  des 
victimes  ,  ou  par  la  manière  de  subir  leur 
métamorphose  en  nymphe. 

Nous  allons  indiquer  les  faits  particu- 
liers concernant  les  principaux  types  de 
celte  tribu  de  l'ordre  des  Hyménoptères. 

Parmi  les  Braconides,  nous  trouvons  les 
plus  petites  espèces  d'Ichneumoniens.  Quel- 
ques unes  sont  d'une  taille  des  plus  exi- 
guës ;  on  peut  en  juger  par  le  choix  des  es- 
pèces dans  l'intérieur  du  corps  desquelles 
elles  vivent. 

Ainsi ,  dans  le  groupe  des  Hybrizonites  , 
nous  avons  le  genre  Hybrizon  ,  qui  a  reçu 
de  la  part  de  quelques  auteurs  la  dénomi- 
nation d' Aphidius ,  qui  indique  un  rapport 
avec  les  Pucerons.  Les  Pucerons  privés  d'ai- 
les, c'est-à-dire  les  femelles,  sont  surtout 
attaqués  par  les  Hybrizons.  Cette  manière 
de  vivre  a  été  observée  par  Linné.  Ce  cé- 
lèbre naturaliste  a  nommé  le  type  du  genre 
Hybrizon  ,  I'Ichneumon  des  Pucerons  (  I. 
aphidum  Linné). 

Dans  le  groupe  des  Braconites ,  on  a  ob- 
servé plusieurs  espèces  du  genre  Bracon , 
sortant  du  corps  de  quelques  Coléoptères  à 
l'état  parfait ,  et  appartenant  à  la  famille 
dc&  Charançons  et  au  genre  Cis.  Ces  obser- 
vations sont  dues  à  un  naturaliste  alle- 
mand, M.  Bouché.  D'autre  part,  M.  West- 
wood  a  vu  certains  Braconites  pénétrer  dans 
les  maisons  ,  pour  déposer  leurs  œufs  dans 
le  corps  des  larves  de  Ptines  qui  rongent 
nos  boiseries. 

Les  Microgasters ,  qui  font  partie  du 
groupe  des  Àgathites  ,  sont  très  répandus. 
Ces  petits  Hyménoptères  attaquent  les  Che- 
nilles du  Chou  ,  qui  donnent  ce  grand  Pa- 
pillon blanc  si  commun  dans  toute  l'Eu- 
rope. Le  Microgaster  femelle  dépose  un 
assez  grand  nombre  d'oeufs  dans  la  même 


Chenille.  Les  petites  larves  vivent  aux  dé- 
pens de  la  graisse  qui  entoure  son  canal  in- 
testinal. La  Chenille  du  Chou  a  pris  tout 
son  accroissement  en  même  temps  que  les 
parasites  qui  la  rongent.  Alors  elle  aban- 
donne la  plante  qui  la  nourrissait,  et 
grimpe  le  long  d'un  mur  pour  s'y  fixer  et 
y  subir  sa  transformation  en  chrysalide.  Le 
moment  est  arrivé  aussi  où  les  Microgasters 
vont  l'anéantir.  Ils  attaquent  tous  les  or- 
ganes importants  de  la  Chenille,  et  n'en  lais- 
sent que  la  dépouille.  Ils  vont  eux-mêmes 
subir  leur  métamorphose  en  nymphe. 

C'est  à  cette  époque  que  toutes  les  pe- 
tites larves  de  Microgasters  sortent  de  la 
peau  de  la  Chenille  qui  leur  a  servi  de 
nourriture.  Toutes  sur  cette  dépouille  se 
filent  une  petite  coque  ovalaire  formée  d'une 
soie  jaunâtre,  à  peu  près  comme  celle  de  notre 
Ver  à  soie.  Les  cocons  de  nos  petits  Ich- 
neumoniens, souvent  très  nombreux,  sont 
réunis  en  masse  les  uns  auprès  des  autres. 
C'est  pour  cela  que  Linné  a  nommé  l'espèce 
dont  nous  venons  de  décrire  les  habitudes 
I'Ichneumon  agglomère  (/.  glomeratus).  Peu 
de  jours  après  la  métamorphose  en  nymphe, 
on  voit  apparaître  les  insectes  parfaits. 
Chaque  année  ,  vers  le  milieu  de  la  belle 
saison  ,  on  trouve  les  murailles  avoisinant 
les  endroits  où  l'on  cultive  les  plantes  po- 
tagères plus  ou  moins  couvertes  de  dé- 
pouilles de  ces  Chenilles  du  Chou,  entou- 
rées de  cocons  de  Microgasters. 

Ces  parasites  sont  en  général  si  répandus, 
comparativement  à  l'immense  quantité  des 
Chenilles  du  grand  Papillon  du  Chou  ,  que 
très  peu  de  ces  dernières  arrivent  à  l'état 
d  insecte  parfait.  Il  nous  suffira  pour  le  mon 
trer  de  répéter  une  observation  que  nous 
avons  faite  il  y  a  quelques  années.  Deux  cents 
Chenilles  ayant  été  récoltées  sur  des  Chous 
avant  d'avoir  atteint  toute  leur  grosseur, 
ne  donnèrent  que  trois  Papillons;  les  cent 
quatre-vingt-dix-sept  autres  étaient  atta- 
quées par  des  Microgasters.  Or  il  ne  fau- 
drait pas  voir  là  un  cas  exceptionnel,  il  en 
est  presque  toujours  de  même;  et  en  ad- 
mettant que  le  nombre  des  parasites  soit 
dans  certaines  années  un  peu  moins  consi- 
dérable, il  est  toujours  énorme.  D'autres 
;  espèces  de  Microgasters  attaquent  d'autres 
Chenilles.  On  observe  quelques  différences 
dans  la  manière  de  grouper  leurs  cocons  et 


12 


ICI! 


dans  la  nuance  de  leur  soie.  Quelquefois  elle 
est  entièrement  blanche. 

Parmi  les  Sigalphites,  on  a  observé  une 
espèce  (  Rhitigaster  irroralor  )  qui  est  para- 
site d'une  espèce  de  Papillon  nocturne  très 
commune  dans  notre  pays  (Acronycta  Psi). 
Tous  ces  Sigalphites  sont  remarquables  par 
leur  abdomen  paraissant  recouvert  d'une 
sorte  de  carapace.  Chez  ceux  où  elle  est  in- 
complète ,  l'abdomen  est  renflé  en  massue 
à  son  extrémité. 

D'après  des  observations  de  Degeer,  les 
femelles  des  Chelonus  ne  pondraient  pas 
d'oeufs,  mais  donneraient  naissance  à  des 
Dymphes,  comme  les  Ornithomyiens  ou  Pu- 
pipares  chez  les  Diptères.  Les  recherches 
anatomiques  de  M.  Léon  Dufour  paraissent 
confirmer  cette  observation.  Dans  le  groupe 
des  Opiites,  on  a  observé  des  espèces  vivant 
sur  des  Chenilles  et  sur  des  larves  de  Co- 
léoptères. 

Parmi  les  Ichneumonides ,  on  compte 
le  groupe  des  Stéphanites  représenté  par  un 
seul  genre ,  ne  comprenant  qu'une  seule 
espèce  remarquable  par  ses  caractères,  mais 
dont  les  habitudes  sont  inconnues. 

Les  Ophionites,  dont  plusieurs  sont  des 
tchneumoniens  de  la  plus  grande  taille  , 
attaquent  surtout  des  Chenilles.  M.  Aa- 
douin  a  observé  une  espèce  de  ce  groupe 
vivant  aux  dépens  des  Chenilles  de  Pha- 
lènes du  genre  Dosithea.  Quant  elle  est 
sur  le  point  de  se  transformer  en  nymphe, 
elle  anéantit  complètement  sa  victime,  et 
vient  au  dehors  se  filer  une  coque  soyeuse, 
au-dessous  de  laquelle  elle  place  la  dépouille 
de  la  Chenille  pour  lui  servir  d'abri. 

Le  type  du  g.  Ophion  (  0.  lutens  Lin.  ) 
attaque  particulièrement  des  Chenilles  de 
Papillons  nocturnes.  D'après  M.  Westwood, 
un  Hyménoptère  du  môme  genre  (0.  -mode- 
rato?) vivrait  parasite  sur  une  larve  de  Pim- 
pla,  elle-même  parasite  d'un  autre  insecte. 
On  rapporte  à  l'égard  des  Ophionites  un 
fait  assez  singulier.  Des  femelles  meurent 
quelquefois  au  moment  où  elles  vont  pon- 
dre leurs  oeufs.  Ceux-ci  restent  attachés  par 
un  pédicule  à  l'extrémité  de  la  tarière  de 
la  femelle.  Les  larves  venant  à  éclore  et  ne 
trouvant  aucune  nourriture  autour  d'elles, 
dévorent  l'individu  qui  leur  a  donné  l'exis- 
tence. 

Les  Pimplites,  étant  pourvus  d'une  lon- 


ICH 

gue  tarière,  sont  surtout  les  Ichneumoniens 
qui  peuvent  déposer  leurs  œufs  dans  le  corps 
des  larves  vivant  sous  des  écorces  ,  ou  dans 
des  endroits  tout-à-fait  cachés.  Quelques 
espèces  de  ce  groupe  paraissent  s'en  pren- 
dre aussi  à  des  Araignées,  à  des  Chenilles, 
et  même  à  la  larve  du  Fourmilion,  qui  est 
attaquée  par  une  espèce  du  genre  Cryptus. 
Réaumur ,  dans  ses  Observations  sur  les 
Ichneumons ,  a  surtout  décrit  les  habitudes 
propres  au  Pimpla. 

Les  Ichneumons  proprement  dits  ,  dont 
le  nombre  des  espèces  est  très  considérable, 
attaquent  surtout  des  Chenilles. 

Les  Évaniides  ont  des  mœurs  analogues 
a  celles  des  autres  Ichneumoniens.  Les  ob- 
servations particulières  sont  encore  peu 
nombreuses.  On  sait  que  les  Évanies  à  l'île 
Bourbon  et  à  l'île  de  France  attaquent  sur- 
tout les  Blattes,  connues  sous  la  dénomi- 
nation de  Kakerlacs.  Cette  petite  famille  a 
été  étudiée  par  un  entomologiste  anglais , 
M.  Schuckard.  Il  a  établi  quelques  nou- 
veaux genres.  On  doit  aussi  à  M.  West- 
wood la  description  d'une  assez  grande 
quantité  d'espèces. 

Les  aperçus  que  nous  avons  donnés  sur 
les  mœurs  ,  sur  les  habitudes  des  Ichneu- 
moniens, et  sur  le  nombre  de  ces  parasites 
dans  la  nature,  montrent  suffisamment 
combien  ces  êtres  sont  utiles  pour  empê- 
cher la  trop  grande  multiplication  des  es- 
pèces nuisibles  à  l'agriculture. 

L'exemple  des  Microgasters  peut  faire 
voir  que  les  plantes  potagères ,  comme  les 
Choux  déjà  si  maltraités  dans  certaines  an- 
nées, seraient  bientôt  anéantis  dans  certai- 
nes localités  sans  la  présence  de  ces  nom- 
breux parasites.  Les  ravages  de  diverses 
espèces, comme  ceux  des  Sauterelles,  ne  se- 
raient arrêtés  que  par  leur  mort,  quand  toute 
nourriture  viendrait  à  leur  manquer.  Il  n'est 
peut-être  pas  d'insectes  qui  n'ait  ses  para- 
sites. C'est  ainsi  que  les  multiplications 
trop  considérables  trouvent  là  un  point 
d'arrêt.  L'homme,  en  couvrant  des  éten- 
dues énormes  de  terre  avec  les  mêmes  vé- 
gétaux, a  favorisé  la  multiplication  des  in- 
sectes dont  ces  végétaux  constituent  la  nour- 
riture :  de  là  l'abondance  des  individus 
d'espèces  vivant  sur  les  Pois  ,  sur  les  Trè- 
fles, sur  les  Choux  ,  sur  les  Vignes,  etc.  La 
multiplication  extrême  de  ces  insectes  phy- 


ICll 


ICH 


Ï3 


tophages  favorise  à  son  tour  la  multiplica- 
tion des  insectes  parasites.  C'est  ce  fait  si 
simple  qui  cause  ces  alternatives  d'augmen- 
tation et  de  diminution  dans  la  quantité 
des  individus  d'une  espèce  nuisible  à  tel  ou 
tel  végétal. 

Quand  les  insectes  phytophages  sont  de- 
venus très  nombreux,  les  parasites  se  mul- 
tiplient au-delà  des  limites  ordinaires.  Ils 
anéantissent  une  quantité  énorme  d'indivi- 
dus ;  mais  l'année  suivante ,  les  femelles 
des  Ichneumoniens,  des  Chalcidiens  ou  des 
Proctotrupiens,  ne  trouvant  plus  assez  abon- 
damment l'espèce  qui  leur  convient  pour 
effectuer  le  dépôt  de  leurs  œufs ,  meurent 
sans  avoir  pu  assurer  l'existence  de  leur 
progéniture.  Les  parasites  alors  sont  deve- 
nus rares,  les  Phytophages  se  multiplient 
de  nouveau  outre  mesure ,  jusqu'à  ce  que 
de  nouveau  le  point  d'arrêt  de  la  nature 
vienne  de  nouveau  à  se  faire  sentir.  M.  Au- 
douin  a  montré  ce  fait  en  ce  qui  concerne 
la  Pyrale  de  la  Vigne.  Il  est  le  même  pour 
tous  les  insectes  abondants  sur  des  végétaux 
qui  se  cultivent  sur  une  grande  échelle. 
(E.  Blanchard.) 

ICHNEUMONITES.  Ichneumonilœ.  ins. 
—Groupe  de  la  famille  des  Ichneumonides. 

Voy.  ICHNEUMONIENS.  (Bl.) 

*ICHNEUTES  (  ?xv£ut>,'ç  ,  qui  suit  à  la 
piste),  ins. — Genre  de  la  tribu  des  Ichneumo- 
niens, groupe  des  Opiites,  établi  par  M.  Nées  j 
von  Esenbeck ,  et  caractérisé  par  un  abdo-  j 
men  sessile  élargi  à  l'extrémité.  Le  type  est 
17.  reunitor.  (Bl.) 

ICIIMITES.  paléont.  —  Voy.  cheibothe- 
rium. 

.lCHi\OCARPlIS(t'xvoç,  vestige;  xq&e'c, 
fruit),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des  j 
Apocynacées-Echitées ,  établi  par  R.  Brown  i 
(in  Mem.  Werner.  Soc.,  I,  61).  Arbrisseaux  j 
de  l'Inde.  Voy.  apocynacées. 

*ICHNODES(rx»oç,  trace),  ins.  —  Genre  ! 
de  Coléoptères  hétéromères,  famille  des  Sté-  j 
nélytres ,  tribu  des  OEdémérites,  formé  par 
Dejean  dans  son  Catalogue,  avec  une  espèce 
des  États-Unis,  et  qu'il  a  nommée  I.Leplu- 
roides.  (C.) 

♦iCmvORHINUSfovoç,  vestige;  ft'v,  nez), 
ms.  —  Genre  de  Coléoptères  tétramères  , 
famille  des  Curculionides  gonatocères  ,  di- 
vision des  Érirhinides,  formé  par  M.  De- 
jean, dans  son  Catalogue  ,  avec  une  espèce 


du  Brésil ,  nommée  /.  gibbosus  par  l'au- 
teur. (C.) 

♦ICHTHYDINA.  infus.  —  Famille  d'In- 
fusoires  rotatoires  créée  par  M.  Ehrenberg 
(lter  Beiir.  1830),  et  comprenant  plusieurs 
genres  dont  le  principal  est  celui  des  Ichthy- 
dium.  (E.  D.) 

*ICHTHYDION  (lxBvSiov  ,  petit  poisson). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  hétéromères , 
famille  des  Mélasomes  ,  tribu  des  Téné- 
brionites ,  établi  par  Dejean  dans  son  Ca- 
talogue, avec  une  espèce  des  États-Unis 
nommée  /.  murinum  par  l'auteur.     (C.) 

*ICHTH\DILTM((*xevç,  poisson),  infus.— 
Genre  d'infusoires  rotatoires  créé  par  M.  Eh- 
renberg (VerBeilr.,  1830)  et  qui  ne  diffère, 
suivant  M.  Dujardin  (Infusoires,  Suites  à 
Buffon,  1841)  des  Chœtonotes  que  par  l'ab- 
sence des  poils,  et  dont  l'extrémité  antérieure 
est  renflée  en  tête,  et  la  postérieure  bifur- 
quée.  La  seule  espèce  de.  ce  genre  est  VI. 
podura  Ehrenb.  (E.  D.) 

*ICHTHYÊTE.  Ichthyetus.  ois.  —  Genre 
établi  par  M.  de  Lafresnaye  aux  dépens  du 
genre  Aigle ,  pour  une  espèce  que  M.  Hors- 
field  a  figurée  (  lool.  resear.  in  Java,  n.  3  ) 
sous  le  nom  de  Falco  ichthyetus.  Voy.  aqui- 
linéés  et  balbuzard.  (Z.  G.) 

ICHTHYOCOLLE.  chim.  —  Voy.  géla- 
tine. 

*ICHTHYODES  (  lxBv<*Sr)ç ,  forme  de 
poisson),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  sub- 
pentamères,  tétramères  de  Latreille,  fa- 
mille des  Longicornes,  tribu  des  Céramby- 
cins,  créé  par  Newmann  (The  Entom.,  t.  I, 
p.  321).  L'auteur  lui  donne  pour  type  une 
espèce  des  îles  Philippines,  qu'il  nomme  J. 
biguttatus.  (C.) 

ICHTHYODONTES  et  ICHTI1YO- 
GLOSSES.  poiss.  —  Syn.  de  Glossopètres. 

*ICI1THY0D0RULITE,  Buckl.  poiss.— 
Syn.  d'Astéracanthe. 

ICHTHYOIDES.  rept.  —  M.  deBlainville 
a  donné  ce  nom  à  une  sous-classe  d'Amphi- 
biens  comprenant  les  genres  Protée,  Sirène, 
Cécilie,  etc.  Voy.  des  mots.  (E.  D.) 

ICRTHYOLITHES  fà^s  »  poisson  ;  Yt- 
8oç,  pierre),  paléont.  —  On  désigne  ainsi 
tous  les  Poissons  fossiles. 

ICHTHYOLOGIE  (  frôuç ,  poisson;  \S- 
yoq ,  discours),  zool.  —  On  nomme  ainsi  la 
science  qui  s'occupe  de  l'étude  des  Poissons. 
Voy.  poissons. 


u 


ICO 


IGIITHYOMETIIIA  ,  P.  Br.  bot.  ph.  — 
Syn.  de  Piscidia,  Linn. 

ICIITIIVOriIAGES.  zool.— Ce  nom  est 
appliqué  aux  animaux  qui  se  nourrissent 
exclusivement  de  Poissons.         (E.  D.) 

ICIITIIYOPHIS ,  Fitz.  rept.  —  Syn. 
d'Epicrium,  Wagl.  (P.  G.) 

ICHTHYOPHTIIALMITE  ,  Andr.  min. 
—  Syn.  d'Apophyllite  ,  Hatty. 

ICHTH10SARC0L1TE(  lxQvc,  poisson  ; 
C73tpxôç,  chair;  XîQoç,  pierre),  moll. —  M.  Des- 
marest,  dans  un  mémoire  communiqué  à  la 
Société  philomatique,a  proposé  sous  ce  nom 
un  genre  pour  des  fragments  de  coquilles 
fossiles ,  enroulées ,  à  tours  disjoints  peu 
nombreux,  et  divisées  à  l'intérieur  par  des 
cloisons  obliques ,  inégalement  espacées. 
Établi  sur  des  morceaux  de  moules  intérieurs 
très  imparfaits,  ce  genre  a  cependant  été 
adopté  par  un  assez  grand  nombre  de  per- 
sonnes et  rapproché  des  Spirules.  Mais  en 
examinant  des  matériaux  plus  complets  , 
nous  nous  aperçâfrnes  que  le  corps  nommé 
Ichthyosarcolite  par  Desmarest  était  un 
fragment  d'une  coquille  bivalve,  voisine  des 
Caprines  et  des  Sphérulites  ,  et  qui  peut- 
être  devra  rentrer  dans  le  premier  de  ces 
genres.  N'ayant  pu  nous  procurer  depuis 
une  dizaine  d'années  de  nouveaux  matériaux, 
nous  ignorons  si  ces  débris  appartiennent 
en  réalité  à  un  genre  distinct  de  ceux  que 
nous  venons  de  nommer.  Voy.  sphérulite, 

CAPRINE    et  RUDISTE.  (DeSH.) 

ICIITHYOSAURE.  Ichlhyosaurus.  rept. 
ioss.  —  Genre  établi  par  Conybeare  dans 
l'ordre  des  Énaliosauriens.  Voy.  ce  mot. 

*ICIITHYOSMA,Schlec.  bot.  ph.— Syn. 
de  Sarcophyte ,  Sparm. 

ÏCHTIIYOSOMUS  ,  Dej.  ins.  —  Syn.  de 
Tmcsisternus.  (C.) 

ICHTIlYOTHERA(!x6u:,  poisson;  0„'Pac, 
chasse),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Composëcs-Sénécionidées,  établi  par  Mar- 
tius  (Arzneipf.,  27).  Herbes  du  Brésil.  Voy. 

COMPOSÉES. 

ICICA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Burséracées  ,  établi  par  Aublct  {Guian., 
I  ,  337,  t.  130-135).  Arbres  de  l'Amérique 
et  de  l'Asie  tropicale.  Voy.  burséracées. 

ICIME  roiss. — Espèce  du  genre  Sau- 
mon. Voy.  ce  mot. 

ICOSANDRIE.  Icôsandria  (û'xo<jc,  vingt; 
Mp(  homme),  lot.  ph.  —  Linné  ,  dans  son 


ICO 

Système ,  donne  ce  nom  à  une  classe  de 
plantes  comprenant  celles  qui  ont  vingt  éta- 
mines  du  plus  fixées  à  la  paroi  interne  du 
calice. 

ICTÉRIE.  Icteria.  ois.  —  Genre  fondé 
par  Vieillot  sur  une  espèce  que  Gmelin  et 
Latham  plaçaient  parmi  les  Gobe-Mouches, 
dont  Buflbn  et  Brisson  faisaient  un  Merle, 
et  que  Wilson  rapportait  au  genre  Mana- 
kin,  bien  qu'en  réalité  cette  espèce  différât 
des  uns  et  des  autres  de  ces  oiseaux  tant 
sous  le  rapport  des  caractères  que  sous  celui 
des  mœurs. 

Vieillot  assigne  à  ce  genre  les  caractères 
suivants  :  Bec  un  peu  robuste,  convexe  en 
dessus,  longicône  ,  un  peu  arqué,  pointu, 
entier;  à  bords  mandibulaires  fléchis  en 
dedans;  narines  rondes  ;  langue  bifide  à  la 
pointe  ;  bouche  ciliée  ;  tarses  nus,  annelés; 
doigt  médian  soudé  à  la  base  avec  l'externe, 
totalement  séparé  de  l'interne. 

Une  seule  espèce  se  rapporte  à  ce  genre, 
c'est  l'IcTÉRiE  dumicole,  Ict .  dumicola  Vieill. 
{Gai.  ornith.  ,  pi.  85  )  ,  décrite  par  Buflon 
sous  le  nom.de  Merle  vert  de  la  Caroline. 
Le  plumage  de  cet  oiseau  est  d'un  gris  ver- 
dâtre  sur  la  tête  ,  le  dessus  du  cou  et  le  dos  ; 
d'un  jaune  orangé  sur  la  poitrine  et  le  de- 
vant du  cou  ,  et  blanc  sur  le  reste  des  par- 
ties inférieures.  Un  trait  blanc  qui  part  de 
la  mandibule  inférieure  s'étend  sur  les  côtés 
du  cou. 

Nous  devons  à  Vieillot  quelques  détails 
vraiment  curieux  sur  cet  oiseau,  qu'il  a  eu 
l'occasion  d'observer  à  l'état  de  liberté  et 
dans  son  pays  natal.  Lorsqu'au  printemps 
il  arrive  dans  une  contrée  où  il  vient  se 
propager,  son  premier  soin  est  de  chercher 
une  résidence  convenable.  Il  s'établit  ordi- 
nairement dans  les  buissons  fourrés  de  noi- 
i    setiers ,   de    vignes   sauvages  ou   dans   les 
;    taillis  épais.  Très  jaloux  de  sa  possession  , 
i    il  semble  s'irriter  contre  tout  ce  qui  en  ap- 
I    proche.  Si   le  mâle  aperçoit  quelque  objet 
j    qui   lui  porte  ombrage,  aussitôt  il    mani- 
!    Teste  son  inquiétude  par  des  cris  tellement 
!    bizarres  qu'il  est  impossible  de  les  décrire; 
;    mais  ces  cris ,  qu'on  ne  peut  exprimer  par 
j    le  langage,  sont  cependant  faciles  à  imiter 
1    au  point  de  tromper  l'oiseau  lui-même  et 
s'en  faire  suivre  pendant  un  quart  de  mille. 
Lorsqu'on  le  force  ainsi  à  vous  accompagner, 
il  répond  à  vos  provocations  par  des  criail- 


ICT 


1CT 


15 


leries  continuelles.  D'abord  les  sons  de  sa 
voii  imitent  le  sifflement  que  font  en  vo- 
lant les  ailes  d'un  Canard:  ils  sont  élevés 
et  rapides,  puis  ils  deviennent  plus  fai- 
bles, plus  lents  et  unissent  par  s'éteindre. 
D'autres  cris  qui  leur  succèdent  reprodui- 
sent en  quelque  sorte  les  aboiements  d'un 
petit  Chien  et  sont  suivis  de  sons  variés , 
sourds,  partant  de  la  gorge,  répétés  chacun 
huit  ou  dix  fois  de  suite  et  plus  semblables 
à  la  voix  d'un  Mammifère  qu'à  celle  d'un 
Oiseau;  enfin  ce  babillage  se  termine  par 
des  cris  assez  pareils  au  miaulement  d'un 
Chat  :  seulement,  on  les  dirait  plus  enroués. 
Tous  ces  sons,  rendus  avec  une  grande  véhé- 
mence et  de  tant  de  façons  différentes ,  pro- 
duisent des  effets  de  ventriloquie  tels  que 
l'oiseau  semble  être  à  une  grande  distance 
et  en  môme  temps  très  près  de  celui  qui 
l'écoute,  et  qu'on  est  surtout  fort  embar- 
rassé pour  déterminer  l'endroit  d'où  vient 
la  voix.  Lorsque  le  temps  est  doux  et  serein 
et  surtout  lorsqu'il  fait  clair  de  lune  ,  le 
mâle  babille  de  cette  étrange  manière,  pres- 
que sans  interruption,  durant  toute  la 
nuit.  Il  est  probable  que  ces  cris  sont  pour 
lui  un  moyen  d'attirer  ou  de  charmer  sa 
femelle  ;  car  lorsque  l'époque  des  amours 
est  avancée,  on  ne  l'entend  plus  que  très 
rarement:  aussi  est-ce  pendant  les  pontes 
et  l'incubation  qu'il  crie  plus  fort  et  plus 
fréquemment  que  de  coutume.  A  cette  épo- 
que aussi  on  le  voit  quelquefois  s'élever 
dans  les  airs  presque  perpendiculairement, 
à  la  hauteur  de  trente  à  quarante  pieds, 
tenant  ses  jambes  pendantes ,  montant  par 
soubresauts,  comme  s'il  était  irrité,  et 
descendant  de  même. 

L'Ictérie  dumicole  se  nourrit  d'Insectes, 
de  baies  et  surtout  du  fruit  du  Solarium 
carolinense.  Elle  niche  dans  les  buissons  les 
plus  fourrés ,  et  sa  ponte  est  de  quatre  ou 
cinq  œufs. 

On  la  rencontre  dans  diverses  provinces 
des  États-Unis,  particulièrement  dans  celles 
de  la  Caroline,  de  Pensylvanie  et  de  New- 
York  ,  où  elle  arrive  au  printemps  et  d'où 
elle  part  a  l'automne.  (Z.  G.) 

ICTÉIUNÉES.  Icterinœ.  ois.  —  Sous- 
division  de  la  famille  des  Sturnidœ ,  établi 
principalement  en  vue  des  Troupiales  et 
des  genres  qui  en  sont  voisins.  G.-R. 
Gray,   dans  son  List  of  the  Gênera,  com- 


prend dans  cette  sous-famille  les  genres 
Cassions  (Cassique),  Cassiculus,  Xanthornus 
(Carouge  ),  Icterus  (Troupiale)  et  Chryso- 
mus.  (Z.  G.) 

ICTERUS.  ois.  —  Voy.  troupiale. 

ICTIDES  (t'xfiç).  mam.  —  Genre  de  Carnas- 
siers plantigrades,  voisin  des  Paradoxures, 
créé  par  M.  Valenciennes  (Ann.  des  se.  nat., 
IV,  1825  )  et  adopté  par  la  plupart  des  au- 
teurs. Les  Iclides  ont  pour  caractères  :  Six  in- 
cisives, deux  canines,  dix  mâchelières,  en 
tout  dix-huit  dents  à  chaque  mâchoire.  A  la 
mâchoire  supérieure  ,  il  y  a  quatre  fausses 
molaires  et  six  vraies,  tandis  qu'il  y  a  six 
fausses  molaires  et  quatre  vraies  à  l'infé- 
rieure; les  canines  sont  longues,  comprimées, 
tranchantes;  il  y  a,  à  la  mâchoire  supérieure, 
deux  tuberculeuses,  une  seule  à  l'inférieure  ; 
elles  sont  remarquables  à  cause  de  la  grosseur 
de  leur  talon,  plus  court,  plus  arrondi  et  en- 
core plus  fort  que  chez  les  Paradoxures.  Les 
Ictides  se  rapprochent  assez  des  Ratons  par 
la  forme  de  leurs  doigts,  et  ils  lient  ce  genre 
aux  Civettes  et  surtout  aux  Paradoxures.  Ce 
sont  des  animaux  à  corps  trapu,  dont  la  tête 
est  grosse,  les  yeux  petits,  les  oreilles  arron- 
dies et  velues;  les  pieds  pentadactyles  et  ar- 
més d'ongles  crochus,  comprimés  et  assez 
forts,  mais  non  rétractiles  ;  la  queue  est 
prenante  et  entièrement  velue. 

Deux  espèces  entrent  dans  ce  genre: 
1°  le  Benturong,  Iclides  albifrons  Val.,  Pa- 
radoxurus  albifrons  Fr.  Cuv.,  qui  a  deux 
pieds  environ  de  longueur  depuis  le  bout  du 
museau  jusqu'à  l'origine  de  la  queue,  dont 
la  couleur  est  d'un  gris  noirâtre,  et  se  trouve 
à  Sumatra,  àMalaca  et  plus  rarementà  Java; 
et  2°  le  Benturong  noir,  Ictidesater  Fr.  Cuv., 
plus  grand  que  le  précédent,  d'une  couleur 
noire,  et  des  mêmes  pays.  Cette  seconde 
espèce  toutefois  n'est  peut-être  pas  bien  dé- 
terminée et  pourrait  bien  n'être  qu'une  sim- 
ple variété  de  la  précédente.        (E.  D.) 

ICTTNIE.  Iclinia  ("xtcvo;,  milan),  ois.  — - 
Genre  de  l'ordre  des  Rapaccs ,  établi  par 
Vieillot  aux  dépens  du  g.  Buteo  pour  des 
espèces  qui,  par  leurs  caractères,  partici- 
pent des  Buses  et  des  Milans,  et  paraissent 
établir  le  passage  des  uns  aux  autres.  Ce  g. 
est  caractérisé  par  un  bec  court,  droit, 
étroit  en  dessus ,  comprimé  sur  les  côtes ,  à 
mandibule  supérieure  à  bords  dilatés  en 
forme  de  dent,  crochue  à  la  pointe,  l'infé- 


16 


IDA 


rieure  plu»  courte,  obtuse,  éehaucrée  vers  le 
bout;  des  narine*  lunulées  obliques;  des 
tarses  courts,  grêles ,  nus  et  réticulés,  et 
des  ongles  courts,  peu  aigus. 

Deux  espèces  seulement  composent  cette 
division  :  toutes  les  deux  se  trouvent  dans 
l'Amérique.  Elles  se  tiennent  le  plus  sou- 
vent  dans  les  bois  sur  les  arbres  élevés ,  vo- 
lent à  une  très  grande  hauteur ,  se  jouent 
fréquemment  dans  les  airs,  où  elles  décri- 
vent des  cercles  à  la  manière  de  tous  les 
oiseaux  de  proie,  et  font  une  chasse  conti- 
nuelle aux  gros  Insectes,  aux  Lézards  et  aux 
Serpents. 

L'espèce  qui  a  servi  de  type  à  ce  g.  est 
ricTiNiEOPHiopHAGE,  Jet.  oph»op/w<j(a(  Vieil  1., 
Gai.  des  Ois.,  pi.  17;  Wils>,  Atn.  ornith., 
pi.  25,  f.  1),  à  manteau  brunâtre  ;  à  dos, 
ventre.,  flancs  et  couvertures  des  ailes  d'un 
gris  bleuâtre  ;  à  cercle  oculaire,  rémiges  et 
rectrices  noirs.  Habite  l'Amérique  septen- 
trionale. 

La  seconde  espèce  est  l'IeniuB  bledatre  , 
Ict.  plumbea  Vieill.  {Ois.  de  l'Am.  sept.  , 
pi.  10  bis),  dont  G.  Cuvier  a  fait  une  Buse 
tous  le  nom  de  Buteo  plmnoeus.  Celle-ci  a 
la  tête,  le  manteau,  les  ailes  d'un  bleu  ar- 
doisé cerclé  de  brun ,  et  tout  le  dessous  du 
corps  de  même  couleur,  sans  lunules  brunes. 
Habite  le  Brésil,  la  Guiane,  le  Mexique  et 
les  États-Unis.  (Z.  G.) 

*1CTINUS  (  nom  mythologique),  ins.  — 
M.  Rambur  (  Ins.  névropt.  ,  Suites  à  Buf- 
fon)  désigne  ainsi  un  petit  genre  de  la  tribu 
des  Libelluliens,  de  l'ordre  des  Névroptères. 
Les  Ictinus,  très  voisins  des  JEshnes  et  des 
Gomphus  ,  sont  exotiques.  On  peut  en  con- 
fidérer  comme  le  type  17.  vorax  Ramb. 

(Bi„) 

♦ICTINUS  (nom  mythologique),  ins. — 
Genre  de  Coléoptères  peu  ta  mères ,  famille 
des  Carabiques,  tribu  des  ïroncatipennes, 
établi  par  M.  La  porte  (  Études  entomolo- 
giques,  p.  53),  avec  une  espèce  de  Cayenne  : 
17.  tenebrioides  Lap.  (C.) 

ICTODKS,  Bigel.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Symplocarpus ,  Salisb. 

*ICT01\YX  (t'xTî'ç,  marte;  #w£,  ongle). 
mam.  —  Groupe  de  Carnivores  de  la  division 
des  Mustela  indiqué  par  M.  Kaup(77iterr.,  I, 
1835).  (E.  D.) 

♦ïDALLA  (nom  mythologique),  moll.  — 
M.  Leuckart  a  proposé  ce  genre  dans  la  par- 


IDÎ 

tie  zoologique  du  Voyage  en  Egypte  de 
M,  Rûppel.  Il  comprend  un  petit  nombre  de 
Mollusques  nus  qui  i  pour  nous,  ressemblent 
trop  aux  Doris  pour  constituer  un  bon  genre. 
En  effet,  ces  Mollusques  ne  diffèrent  des  au- 
tres Doris  que  par  des  ornements  découpe* 
sur  les  bords  du  manteau,  ornements  que 
l'on  a  eu  tort  de  prendre  pour  des  annexes 
des  organes  de  la  respiration.  M.  Phïlippi, 
dans  sob  Enumeraiio  MoUuseorvm  Siciliœ, 
avait  établi  ce  genre  sous  le  nom  d'Euplo- 
cœinus,  mais  depuis  il  a  adopté  celui  de  l'au- 
teur allemand,  Voy.  noms.  (Desh.) 

♦IDE A  (nom  mythologique),  ins. — Genre 
de  Lépidoptères  diurnes  ,  famille  des  Nym- 
pbaliens ,  groupe  des  Danaïtes ,  établi  par 
Fabricius  {Ent.  syst.,  t.  III,  p.  185,  n.  573) 
aux  dépens  du  grand  g.  Papilio  de  Linné. 
Il  ne  renferme  que  2  espèces ,  nommée» 
par  l'auteur  I.  agelia  (Papilio  idea  Lin.),  et 
lyncea  (Papilio  lynceus  Dr.).  La  première 
appartient  aux  Indes  orientales;  la  seconde 
à  l'Afrique  méridionale. 

♦IDGIA.  ins.  -  Genre  de  Coléoptères  pen- 
tamères ,  famille  des  Malacodermes  ,  tribu 
des  Mélyrides ,  créé  par  M.  Laporte  (Rev. 
ent.  de  Silb.,  t.  IV,  p.  27).  L'espèce  type, 
/.  terminata  (Epiphyta  melanura  Dej.),  est 
originaire  du  Sénégal.  (C.) 

*IDÏA,  ms. —  Genre  de  l'ordre  des  Diptè- 
res ,  famille  des  Àthéricères,  tribu  des  Mus- 
rides  ,  établi  par  Meigen  et  adopté  par 
M.  Macquart  (Hist.  nat.  des  Diptères).  Ce 
dernier  y  rapporte  3  espèces  ;  nous  citerons 
comme  type  17.  fasciata  Meig.,  du  midi  de 
la  France. 

BDIE.  Idia.  polyp.  —  Genre  de  Sertu- 
laires  établi  par  Lamouroux,  dans  son  His- 
toire des  Polypiers  flexibles,  pour  une  espèce 
des  mers  australes  qu'il  nomme  I.  pristis. 
M.  de  Blainville  (Actinologie ,  p.  682)  rec- 
tifie ainsi  les  caractères  des  Idies  :  Animaux 
inconnus,  contenus  dans  des  cellules  ovales, 
un  peu  recourbées,  disposées  d'une  manière 
serrée  sur  deux  rangs  alternes  et  saillants 
sur  les  côtés  des  rameaux  également  al- 
ternes et  comprimés  d'un  Polypier  phytoïde 
et  fixé.  (P.  G.) 

*H)I0CEÏUJS  (v&oÇ>  particulier;  jeepaç, 
corne,  antenne),  ms. — M.  Lewis  a  établi 
sous  cette  dénomination  (  Transact.  of  the 
JSntom.  Soc.  of  London,  t.  I)  un  genre  de 
Vordre  des  Hémiptères  de  la  Camille  «es 


IDO 


1DO 


17 


Cercopides  ,  très  voisin  dcsJassus  ,  dont  il 
diffère  parles  antennes  des  mâles,  renflées 
en  massue  à  l'extrémité.  (Bl.) 

*IDIOCNEMA  (Wioç,  particulier  ;  xv^ , 
jambe),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  pen- 
tamères  ,  famille  des  Lamellicornes  ,  tribu 
des  Scarabéides  phyllophages,  créé  par  Fal- 
dermann  (  Coleopterorum  ab  III.  Bungio 
China  bor.  illustrationes ,  p.  41,  pi.  1, 
f.  2).  L'espèce  type  et  unique,  /.  sca- 
bripennis  ,  a  été  prise  dans  le  nord  de  la 
Chine,  au  mois  de  juin,  sur  Y  Acacia  ma- 
crophylla.  (C.) 

*IDIOCOCCYX,  Boié.  ois.— Synonyme 
de  Rhinortha,  Vig.  Voy.  boubou.       (Z.  G.) 

IDIOPS,  Per.  arach.  —  Voy.  spiiasus, 
Walck.  (H.  L.) 

*IDIOPTERA($toç,  particulier;  «*tg*v, 
aile),  ins.  —  Genre  de  l'ordre  des  Diptères, 
famille  des  Tipulaires  ,  tribu  des  Tipulaires 
terricoles ,  établi  par  M.  Macquart  (  Dip- 
ières  ,  suites  à  Buffon  ,  t.  I,  p.  94)  pour 
une  seule  espèce  nommée  par  l'auteur  /. 
maculata.  De  Hambourg. 

IDIOTHALAMES.  Idiothalami  (»!•«, 
propre;  ôâÀaptoç ,  lit),  bot.  cr.  — Acharius 
donne  ce  nom  à  une  classe  de  Lichens  com- 
prenant ceux  dont  les  conceplacles  diffèrent 
tiu  thalle  par  leur  nature  et  leur  couleur. 

*IDMAIS.  ins. — Genre  de  Lépidoptères 
diurnes  ou  Rhdpalocères,  tribu  des  Piérides, 
établi  par  Bois d uval  (  Ins.  Lépid. ,  suites  à 
Buffon  ),  et  auquel  il  rapporte  5  espèces , 
toutes  de  l'Afrique ,  du  Bengale  et  de  la 
Syrie. 

IDMONÉE.  Idmonea  (nom  mythologi- 
que), polyp.  —  Genre  de  Polypiers  fossiles 
île  la  famille  des  Millépores,  établi  par  La- 
mouroux,  et  renfermant  plusieurs  espèces 
trouvées  fossiles  dans  des  terrains  secondaires 
<tl  tertiaires  d'Europe  et  une  autre  actuelle- 
ment vivanteau  Japon.  M.  de  Blainville(4c- 
tinologie,  p.  419)  caractérise  ainsi  ce  genre  : 

Cellules  saillantes,  un  peu  coniques,  dis- 
tinctes ,  à  ouverture  cellulaire ,  disposées 
en  demi-anneau  ou  en  lignes  brisées,  trans- 
verses sur  les  deux  tiers  seulement  de  la 
circonférence  des  branches  très  divergen- 
tes et  triquètres  d'un  Polypier  calcaire, 
fixé  ,  rameux ,  non  poreux ,  mais  légère- 
ment canaliculé  sur  la  face  non  cellulifère. 

(P.  G.) 

IDOCRASE  (t^oç,  forme;  ■pôfrrç,  mé- 

T.   VII. 


lange;  c'est-à-dire  formes  mélangées). 
min.  —  Espèce  ou  plutôt  groupe  d'espèces 
isomorphes,  de  l'ordre  des  Silicates  alumi- 
neux,  cristallisant  dans  le  système  quadra- 
tique, et  remarquables  par  leur  identité  de 
composition  chimique  avec  les  Grenats  des 
mêmes  bases;  identité  qui  paraît  bien  éta- 
blie par  les  analyses  de  Richardson  et  d'I- 
vanoff.  Les  Idocrases  sont  donc  aux  Grenats 
correspondants  ce  que  l'Aragonite  est  au 
Calcaire  ordinaire.  La  formule  générale  des 
Idocrases  se  compose  de  1  atome  d'Alumine, 
de  3  atomes  de  base  monoxydée,  et  de 
6  atomes  de  Silice  (en  supposant  celle-ci 
représentée  par  St'O).  Les  bases  autres  que 
l'Alumine  sont  :  la  Chaux,  la  Magnésie  et 
l'oxydulede  Fer.  Les  oxydes  de  Manganèse 
s'y  montrent  quelquefois,  mais  presque  tou- 
jours en  faible  quantité. 

Les  Idocrases  sont  des  minéraux  à  cas- 
sure vitreuse  ,  fusibles  en  verre  jaunâtre  , 
assez  durs  pour  rayer  le  Quartz,  presque 
toujours  cristallisés  sous  des  formes  qui 
dérivent  d'un  quadroctaèdre  de  74°  10'  à 
la  base,  ou,  selon  Hauy,  d'un  prisme  carré 
droit ,  dont  la  largeur  est  à  la  hauteur 
comme  13  est  à  14.  Leur  pesanteur  spéci- 
fique est  de  3,2.  Les  formes  qu'ils  affec- 
tent le  plus  ordinairement  sont  des  prismes 
à  4,  8,  12  et  16  pans,  surmontés  de  py- 
ramides tronquées.  Les  autres  variétés,  dé- 
pendantes des  formes  et  textures  acciden- 
telles, sont  :  les  cylindroïdes  et  bacillaires, 
les  granulaires,  et  les  compactes  à  texture 
vitreuse  ou  lithoïde.  Les  couleurs  sont  :  le 
brun  ,  le  rouge  violet,  le  vert  obscur,  le 
vert  jaunâtre  et  le  bleu. 

On  peut  distinguer,  sous  le  rapport  des 
caractères  extérieurs  :  1°  I'Idocrase  du  Vé- 
suve ou  la  Vésuvienne ,  de  couleur  brune; 
et  I'Idocrase  de  Sibérie  ou  la  Wilouite,  qui 
est  d'un  vert  obscur  :  elles  sont  à  base  de 
Chaux,  et  colorées  par  l'oxyde  de  Fer  et  un 
peu  d'oxyde  de  Manganèse.  On  peut  y  rap- 
porter I'Idocrase  de  Bohème  ,  nommée  Égé- 
ran.  Les  Idocrases  vésuviennes  se  rencon- 
trent abondamment  dans  les  blocs  de  la 
Somma  ,  avec  le  Grenat ,  le  Mica  ,  le  Py- 
roxène  augitc ,  etc.;  celles  de  Sibérie  se 
trouvent  sur  les  bords  de  la  rivière  Achta- 
ragda  ,  qui  se  jette  dans  le  fleuve  Wilouî: 
celles  de  Bohême  à  Haslau  ,  dans  le  pays 
d'Eger.  —  2"  L'Idocrase  violette  ou  manga- 

S 


18 


IDO 


MKSiEHNE,  de  l'Alpe  de  la  Mussa,  analysée  par 
M.  Sismonda,  qui  y  a  trouvé  une  propor- 
tion assez  considérable  d'oxyde  de  Manga- 
nèse.— 3°  L'Idocrase  vert  jAUNATRE,du  Ban- 
natetdu  Piémont.  —  4°  L'Idocrase  magné- 
sienne, dite  Frugardite,  de  Frugard  en  Fin- 
lande.—  5"  L'Idocrase  cyprine,  de  couleur 
bleue,  due  à  une  petite  quantité  d'oxyde 
de  Cuivre;  elle  se  rencontre  à  Tellemar- 
ken,  en  Norwégc,  avec  la  Thulite,  le  Gre- 
nat blanc,  etc. 

Les  Idocrases  ont  leur  gisement  ordi- 
naire dans  les  terrains  de  cristallisation  : 
elles  se  présentent  tantôt  en  veines  ou  en 
petites  couches  granulaires  et  compactes  au 
milieu  des  Micaschistes  ,  et  tantôt  dissémi- 
nées dans  ces  roches  ou  dans  celles  des  ter- 
rains calcaires  et  serpentineux.  Quand  ces 
pierres  sont  transparentes ,  elles  peuvent 
être  taillées  et  montées  en  bagues.  Ces 
pierres  taillées  se  vendent  à  Naples  sous  le 
nom  de  Gemmes  du  Vésuve.  (Del.) 

IDOLE,  moll.  —  Nom  vulgaire  donné 
par  les  anciens  conchyliologues  à  l'une  des 
plus  grandes  espèces  d'Ampullaires.  Voy. 
ce  mot.  (Desh.) 

EDOTÉE.  Idotea  ^ (nom  mythologique). 
crust.  —  Ce  genre,  qui  a  été  établi  par  Fa- 
bricius  aux  dépens  des  Oniscus  de  Linné , 
des  Squilla  de  Degeer,  et  des  Asellus  d'Oli- 
vier, appartient  à  l'ordre  des  Isopodes,  et 
est  rangé  par  M.  Milne-Edwards  dans  la 
section  des  Isopodes  marcheurs,  et  dans  sa 
famille  des  Idotéides.  Tous  les  Crustacés  qui 
composent  cette  coupe  générique  ont  le  corps 
très  allongé  et  peu  dilaté  vers  le  milieu. 
La  tête  est  quadrilatère;  les  yeux  en  oc- 
cupent les  côtés,  et  sont  petits  et  circu- 
laires. Les  antennes  s'insèrent  au  bord  ex- 
térieur de  la  tête;  celles  de  la  première 
paire  sont  très  rapprochées  à  leur  base  ;  cel- 
les de  la  seconde  paire  s'insèrent  en  dessous 
et  en  dehors  des  précédentes,  et  sont  ordi- 
nairement assez  grandes.  La  bouche  est  très 
saillante,  munie  d'un  labre  rhomboïdal, 
de  mandibules  fortes  et  armées  de  dents,  de 
deux  pairps  de  mâchoires  dont  la  première 
porte  deux  lames  terminales  et  la  seconde 
trois  de  ces  lames  dont  le  bord  est  denté  ou 
cilié.  Les  pattes-mâchoires  sont  très  grandes 
et  très  compliquées  daus  leur  structure.  Le 
thorax  se  compose  de  sept  anneaux,  qui  ont 
WW  t  peu  près  la  même  forme  et  les  mê- 


1DO 

mes  dimensions.  Les  pattes  sont  plus  ou 
moins  subehéliformes  avec  l'ongle  qui  les 
termine,  grand,  courbe  et  très  flexible.  L';ib- 
domen  est  grand,  mais  formé  presque  en- 
tièrement par  le  dernier  anneau ,  qui  est 
excessivement  développé,  tandis  que  les  seg- 
ments précédents  sont  très  étroits,  et  pour 
la  plupart  à  peine  distincts.  Les  fausses 
pattes  des  cinq  premières  paires  se  compo- 
sent, comme  d'ordinaire,  d'un  article  basi- 
laire  portant  deux  lames  terminales  qui 
sont  grandes,  allongées  et  couchées  les  ânes 
sur  les  autres  au-dessous  de  l'espèce  de  toit 
formé  par  le  dernier  article  de  l'abdomen. 
Les  appendices  de  ce  dernier  anneau  sont 
extrêmement  grands  ,  recouvrent  toute  la 
face  inférieure,  de  l'abdomen ,  et  se  com- 
posent chacun  d'une  grande  lame  arrondie 
en  avant,  divisée  en  deux  pièces  par  une  ar-  , 
ticulation  transversale,  et  réunie  dans  pres- 
que toute  la  longueur  de  son  bord  externe 
à  l'anneau  correspondant,  de  façon  cepen- 
dant à  pouvoir  le  reployer  en  bas  et  en 
dehors,  ou  le  relever,  et  à  renfermer  alors 
les  fausses  pattes  précédentes  dans  une  es- 
pèce d'armoire  à  deux  battants. 

Ce  genre  est  très  nombreux  en  espèces, 
et  ces  dernières  habitent  presque  toutes  les 
mers  ;  parmi  celles  que  nourrissent  nos  cô- 
tes océaniques  et  méditerranéennes,  je  ci- 
terai I'Idotée  tricuspide  ,  Idotea  tricuspi- 
data  Latr.,  très  répandue  sur  les  côtes  de 
la  Manche  et  de  la  Méditerranée,  et  qui  se 
plaît  particulièrement  parmi  les  plantes 
marines.  Pendant  mon  séjour  en  Algérie, 
j'ai  rencontré,  sur  les  côtes  de  l'est  et  de 
l'ouest,  plusieurs  espèces  nouvelles  que 
j'ai  désignées  sous  les  noms  de  Idotea  ca- 
rinata,  auguslata  et  algerica.       (H.  L.) 

*IDOTÉES  ARPENTEUSES.  CRUST.— 
M.  Milne-Edwards  a  employé  ce  nom  pour 
désigner,  dans  sa  famille  des  Idotéides,  une 
tribu  dont  les  Crustacés  qui  la  composent 
sont  très  remarquables  par  la  conformation 
des  pattes  et  des  antennes,  d'où  résulte  un 
mode  de  progression  analogue  à  celui  propre 
aux  Corophies  (voy.  ce  mot),  et  ayant  quel-  \ 
que  ressemblance  avec  celui  des  Chenilles  * 
arpenteuses.  Les  pattes  des  quatre  premières 
paires,  dont  la  conformation  diffère  de  tout 
ce  qu'on  connaît  chez  les  autres  Édriophtbal- 
mes,  sont  impropres  à  la  marche,  et  parais- 
sent être  remplacées  dans  cette  fonction  par 


ÏDO 

les  antennes  de  la  seconde  paire.  Cette  tribu 
ne  renferme  qu'un  seul  genre,  désigné  sous 
le  nom  d'Arcture.  Voy.  ce  mot.     (H.  L.) 

*IDOTÉES  ORDINAIRES,  crust.— Ce 
nom,  employé  par  M.  Milne-Edwards  dans 
son  Hist.  nat.  des  Crust.,  désigne,  dans  la 
famille  des  Idotéides ,  une  tribu  dont  les 
Crustacés  qui  la  composent  ont  tous  des 
pattes,  ou  du  moins  celles  des  six  dernières 
paires,  conformées  de  la  même  manière  et 
terminées  par  un  ongle  pointu,  de  façon  à 
être  propres  à  la  marche  et  quelquefois  aussi 
à  la  préhension.  Les  antennes  de  la  seconde 
paire  sont,  en  général,  assez  longues,  mais 
elles  ne  sont  jamais  pédiformes.  Les  genres 
qui  composent  cette  tribu  sont  au  nombre 
dedeui:  ce  sont  ceux  d'Idotée  etd'Anthure. 
Voy.  ces  mots.  (H.  L.) 

IDOTEIDJE.  crust.  —  Voy.  idotéides. 

D30TEIDEA.  crust.  —  Voy.  idotéddes. 

IDOTÉIDES.  Idoteidœ.  crust.— M.  Milne- 
Edwards,  dans  son  Hist.  nat.  sur  les  Crust., 
emploie  ce  mot  pour  désigner,  dans  Tordre 
des  Isopodes,  une  famille  dont  les  Crustacés 
qui  la  composent  se  font  remarquer  par  la 
forme  allongée  de  leur  corps,  qui  n'est  que 
peu  ou  point  élargi  au  milieu  ,  et  paraît 
tronqué  brusquement  à  ses  deux  extrémi- 
tés. Les  antennes  de  la  première  paire,  in- 
sérées au-dessus  de  celles  de  la  seconde  paire 
fort  près  de  la  ligne  médiane,  sont  très  cour- 
tes. Les  mandibules  ne  portent  pas  de  tiges 
palpiformes,  et  les  pattes-mâchoires  sont 
grandes  et  palpiformes.  Les  pattes  anté- 
rieures ne  sont  jamais  terminées  par  une 
pince  didactyle  comme  chez  les  Asellotes  hé- 
téropodes,  mais  sont  en  général  préhensiles, 
et  plus  ou  moins  complètement  subchéli- 
formes.  Enfin,  l'abdomen  ne  porte  pas  d'ap- 
pendices à  son  extrémité,  mais  est  garni  en 
dessous  d'un  appareil  operculaire  très  déve- 
loppé, destiné  à  clore  une  cavité  respiratoire 
où  se  logent  les  fausses  pattes  branchiales. 

On  ne  connaît  encore  que  trois  genres 
appartenant  à  cette  famille  ;  mais  cepen- 
dant, à  raison  des  modifications  importantes 
qu'on  y  rencontre  dans  la  conformation  des 
pattes,  on  a  cru  devoir  la  diviser  en  deux 
tribus  ,  désignées  sous  les  noms  à'Idotéides 
ordinaires  et  Idotéides  arpenteuses.  Voy.  ces 
mots.  (H.  L.) 

IDOTHÉE.  Idothea.  moll.  —  Syn.  de 
Corbeille.  Voy.  ce  mot.  (Desh.) 


IF 


19 


*IDUNA ,  Keys  et  Blas.  ois.— Genre  de 
la  famille  des  Fauvettes.  Voy.  sylvie.  (Z.  G.) 

*U>YA  (nom  mythologique),  acal. — 
M.  de  Freminville  (N.  Bull.  Soc.  phil., 
1809  )  a  créé  sous  ce  nom  un  genre  d'Aca-! 
lèphes  de  la  division  des  Méduses.  Le  groupe  t 
des  Idya,  qui  a  été  adopté  par  Ocken  {Sysu\ 
de  zool.)  et  par  la  plupart  des  auteurs  ,  al 
pour  caractères  :  Corps  cylindrique,  lisse, 
en  forme  de  sac  allongé,  sans  tentacule  à  la 
bouche  ;  parois  composées  de  longs  tubes 
garnis  de  cloisons  transverses. 

M.  Lesson  [Acalèphes,  Suites  à  Buffon  , 
1843  )  décrit  9  espèces  de  ce  genre  :  nous 
prendrons  pour  type  VIdya  islandica  Frem., 
Ock.,  qui  se  trouve,  ainsi  que  l'indique  son 
nom,  dans  les  mers  d'Islande.       (E.  D.) 

*D3YA  (nom  mythologique),  crust.  — 
Nom  donné  par  Rafinesque  à  un  genre  de 
Crustacés  de  l'ordre  des  Isopodes,  et  dont  les 
caractères  n'ont  jamais  été  publiés.  (H.  L.) 

IÉNITE  ou  YÉNITE.  min.  —  Syn.  de 
Liévrite.  Voy.  fers  silicates. 

*IERACH)EA.  ois.— Division  établie  par 
Gould  aux  dépens  du  g.  Falco,  pour  une 
espèce  que  Vigors  et  Horsfield  avaient  dé- 
crite sous  le  nom  de  F.  berigora.      (Z.  G.) 

IERÉE.  Ierea.  spong.  — Genre  de  Spoi;- 
giaires,  distingué  parLamouroux  pour  une 
espèce  fossile  de  l'argile  bleue  de  Caen. 
M.  de  Blainville  le  caractérise  ainsi  dans 
son  Actinologie,  p.  544  : 

Corps  ovale ,  globuleux ,  subpédiculé , 
finement  et  irrégulièrement  poreux ,  percé 
à  son  extrémité  supérieure ,  tronquée ,  par 
un  grand  nombre  d'ostioles  servant  de  ter- 
minaison à  des  espèces  de  tubules  dont  il 
est  composé. 

L'espèce  type  de  ce  genre  est  17.  pyri- 
formis.  M.  Defrance  en  a  indiqué  sous  le 
même  nom  un  Polypier  que  M.  de  Blain- 
ville croit  d'espèce  et  même  de  genre  diffé- 
rents. (P.  G.)      ! 

IF.   Taxus,  Tourn.  bot.  ph.  —  Genre  de 
plantes  de  la  famille  des  Taxinées  ,  l'une  ! 
de  celles  qui  ont  été  formées  par  la  subdivi-  I 
sion  de  l'ancien  groupe  des  Conifères  de  . 
Jussieu,  à  laquelle  il  donne  son  nom ,  de  la  ' 
Diœciemonadelphie  dans  le  système  sexuel. 
Les  fleurs  des  espèces  qui  le  composent  sont 
dioïques ,  naissant  de  bourgeons  axillaires. 
Les  fleurs  mâles  forment  de  petits  chatons 
globuleux  ,  portés  sur  un  pédicule  entouré 


20 


IF 


IF 


d'écaillés  imbriquées  dont  les  supérieures 
sont  les  plus  grandes.  Ces  chatons  présen- 
tent de  6  à  15  petits  corps  qui  ont  été  en- 
visagés de  deux  manières  diverses  ;  chacun 
d'eux  se  compose  en  effet  d'un  pédicule  ter- 
miné par  une  sorte  d'écaillé  discoïde,  fixée 
par  son  centre  ,  au-dessous  de  laquelle  sont 
rangés  eirculaircment  de  3  à  8  petits  corps 
arrondis  extérieurement ,  confondus  entre 
eux  et  avec  leur  support  commun  intérieu- 
rement. L.-C.  Richard  considérait  chacun 
de  ces  corps  comme  une  fleur  mâle  à  3-8 
anthères  ;  au  contraire  ,  la  plupart  des  bo- 
tanistes les  considèrent  aujourd'hui  comme 
formant  chacun  une  seule  étamine  à  3-8 
loges,  dans  laquelle  l'écaillé  peltée  ne  serait 
autre  chose  qu'un  épanouissement  du  con- 
nectif.  Ces  fleurs  mâles  sont,  on  le  voit,  ré- 
duites à  la  plus  grande  simplicité.  Le  pollen 
est  formé  de  grains  très  petits,  lisses  et  glo- 
buleux. Les  fleurs  femelles  sont  solitaires  , 
portées  à  l'extrémité  d'un  très  petit  rameau 
axillaire  ,  entouré  également  à  sa  base  de 
bractées  semblables  à  celles  des  chatons  mâ- 
les, le  tout  constituant  un  petit  chaton  uni- 
flore.  Cette  fleur  femelle  est  réduite  ,  selon 
l'interprétation  généralement  admise  au- 
jourd'hui ,  à  un  petit  ovule  nu  ,  dont  l'exos- 
tome  est  entièrement  et  assez  largement  ou- 
vert chez  la  fleur  adulte ,  et  déborde  très 
notablement  le  sommet  du  nucelle.  Cet 
ovule  repose  sur  un  disque  annulaire  fort 
peu  apparent  dans  la  fleur,  mais  qui,  après 
la  fécondation  ,  prend  peu  à  peu  un  accrois- 
sement assez  considérable  pour  recouvrir  et 
déborder  fortement  le  fruit  proprement  dit; 
en  même  temps  et  à  mesure  qu'il  s'élève , 
il  s'épaissit  et  devient  charnu  ;  de  là  résulte 
ce  faux  drupe  qui  constitue  le  fruit  des 
Ifs  ,  et  dans  lequel  la  partie  charnue  n'est 
comparable  en  rien  à  un  péricarpe.  La  graine 
nue  cachée  sous  cette  enveloppe  constitue 
seule  le  fruit  proprement  dit  ;  elle  est  dres- 
sée ,  recouverte  d'un  test  dur  et  coriace,  que 
L.-C.  Richard  considérait,  par  suite  de  sa 
manière  d'envisager  les  organes  floraux  de 
ces  plante? ,  comme  le  péricarpe  formé  par 
l'accroissement  du  calice.  L'embryon  est  à 
deux  cotylédons  très  courts.  Les  Ifs  sont  des 
arbres  ou  des  arbrisseaux  toujours  verts  qui 
habitent  les  contrées  tempérées  et  un  peu 
froides  de  tout  l'hémisphère  boréal  ;  leurs 
feuilles  sont  linéaires  ,  raides,  persistantes. 


Parmi  les  espèces  que  renferme  ce  genre ,  il 
en  est  une  d'un  très  grand  intérêt  : 

If  commdn,  Taxus  baccata  Linn.  Cette 
espèce  est  un  arbre  de  hauteur  moyenne  et 
qui  ne  s'élève  guère  qu'à  12  ou  13  mètres; 
le  plus  souvent  son  tronc  n'acquiert  que  6 
ou  8  décimètres  de  diamètre;  mais,  comme 
nous  le  montrerons  plus  loin ,  il  dépasse 
quelquefois  considérablement  ces  dimensions 
au  point  de  devenir  énorme.  L'écorce  qui 
recouvre  ce  tronc  est  brune  et  se  détache  par 
plaques  dans  les  vieux  troncs.  Les  branches 
sont  étalées  ,  les  inférieures  horizontales,  et 
leur  ensemble  forme  une  cyme  très  touffue 
qui  rend  cet  arbre  parfaitement  propre  à 
former  des  masses  compactes  de  verdure, 
auxquelles  on  s'est  appliqué  pendant  long- 
temps à  donner  des  formes  bizarres  par  la 
taille.  Les  racines  s'étendent  horizontale- 
ment et  acquièrent  une  grande  longueur. 
Les  feuilles  sont  linéaires ,  à  court  pétiole  , 
mucronées  au  sommet ,  coriaces  ,  planes  , 
luisantes,  d'un  vert  foncé  ;  elles  se  dirigent 
horizontalement  sur  les  deux  côtés  opposés 
des  rameaux  ,  quoiqu'elles  ne  soient  nulle- 
ment distiques  par  leur  insertion.  L'enve- 
loppe charnue  du  fruit  est  de  la  grosseur 
d'une  petite  cerise,  percée  au  sommet  d'une 
ouverture  circulaire  ,  d'une  belle  couleur 
rouge  ;  sa  pulpe  est  visqueuse,  d'une  saveur 
douce  et  agréable  ;  la  graine  qu'elle  recou- 
vre est  ovoïde  ou  oblongue  ,  ou  presque  glo- 
buleuse ,  d'une  couleur  brune-noirâtre  ou 
roussâtre  ,  d'une  saveur  amère  ;  son  albu- 
men est  blanchâtre  et  renferme  beaucoup 
d'huile. 

Parmi  les  variétés  de  l'If,  l'une  des  plus 
remarquables  est  le  T.  baccata  fastigiata , 
que  M.  Lindley  classe  comme  espèce  dis- 
tincte sous  le  nom  de  T.  fastigiata.  Elle  se 
distingue  par  la  direction  redressée  de  ses 
branches  et  par  la  disposition  de  ses  feuilles 
uniformément  tout  autour  des  rameaux  ,  et 
non  sur  deux  lignes  opposées  seulement. 
Elle  parait  appartenir  en  propre  à  l'Irlande. 

Loudon  en  indique  ,  sous  le  nom  de  T. 
baccata  erecta ,  une  variété  qui  se  rappro- 
che de  la  précédente  par  ses  branches  re- 
dressées ,  mais  qui  s'en  distingue  parce  que 
ses  feuilles  sont  dirigées  comme  dans  le 
type  ,  et  non  tout  autour  des  rameaux. 

L'If  du  Canada,  Taxus  canadensis  Wild., 
n'est  qu'une  variété  naine  de  l'If  commun 


IF 


IF 


2i 


dont  elle  reproduit  tous  les  caractères  ;  elle 
appartient  au  Canada  et  aux  parties  septen- 
trionales des  États-Unis. 

Enfin  nous  citerons  encore  une  variété  à 
feuilles  panachées  de  blanc  ou  de  jaune,  l'If 
panaché  des  jardiniefs,  et  une  à  fruit  jaune, 
qui  a  été  ,  sinon  découverte,  au  moins  re- 
trouvée en  Irlande  en  1833. 

L'If  commun  habite  la  plus  grande  par- 
tie de  l'Europe,  depuis  le  58e  et  même  le  60e 
degré  de  latitude  N.  jusqu'aux  parties  qui 
bordent  la  Méditerranée  ;  en  Asie  ,  on  le 
trouve  dans  les  parties  orientales  (Thunberg) 
et  occidentales  ;  enfin  il  existe  dans  l'Amé- 
rique septentrionale  ,  représenté  par  sa  va- 
riété naine.  Cependant,  quoique  répandu 
sur  une  grande  partie  de  la  surface  du  globe, 
il  ne  se  trouve  communément  nulle  part , 
et  il  ne  se  montre  guère  que  par  pieds  iso- 
lés au  milieu  des  forêts,  surtout  sur  le  ver- 
sant septentrional  des  collines  et  des  mon- 
tagnes. Il  se  trouve  principalement  dans  les 
terrains  frais,  un  peu  humides  ,  surtout  ar- 
gileux ou  calcaires  ;  on  le  rencontre  aussi 
quelquefois  dans  des  lieux  pierreux ,  mais 
jamais  dans  le  sable. 

Le  feuillage  toujours  vert  et  extrêmement 
touffu  de  l'If  lui  a  fait  jouer  un  rôle  des  plus 
importants  dans  la  décoration  des  jardins. 
On  peut  observer  encore  aujourd'hui  dans 
plusieurs  parcs  des  resies  de  ces  magnifiques 
masses  de  verdure,  que  la  mode  des  jardins 
paysagers  a  fait  négliger  ou  même  abandon- 
ner presque  partout.  La  facilité  avec  laquelle 
cet  arbre  subit  la  taille  et  prend  ainsi  toutes 
les  formes  avait  permis  aux  jardiniers 
d'exercer  sur  lui  leur  goût  souvent  bizarre, 
et  avait  ainsi  donné  naissance  à  tout  un  art 
devenu  de  nos  jours  sans  objet.  On  se  borne 
en  effet  généralement  aujourd'hui  à  lui 
laisser  sa  forme  naturelle,  et  l'on  a  presque 
partout  renoncé  à  ces  murs  ,  à  ces  pyra- 
mides de  verdure  qui  décoraient  tous  les 
grands  jardins  de  nos  ancêtres. 

Les  anciens  attribuaient  à  l'If  des  pro- 
priétés vénéneuses  très  prononcées.  Selon 
eux  ,  son  ombrage  même  était  funeste,  sur- 
tout pendant  qu'il  était  en  fleur.  Théo- 
phraste  dit  que  ses  feuilles  empoisonnent 
les  chevaux;  Strabon  rapporte  que  les  Gau- 
lois se  servent  de  son  suc  pour  empoisonner 
leurs  flèches  ;  Dioscoride  dit  que  ses  fruits 
font  périr  les  oiseaux,  etc.,  etc.  Parmi  les 


modernes  ,  ces  idées  ont  été  encore  expri- 
mées dans  beaucoup  de  circonstances.  Ainsi 
Mathiole  dit  avoir  traité  des  personnes  at- 
taquées de  fièvres  ardentes  pour  avoir  mangé 
des  fruits  d'If  ;  J.  Bauhin  ,  Rai,  etc.,  rap- 
portent également  des  accidents  fâcheux 
qu'ils  attribuent  à  cet  arbre  et  à  ses  diverses 
parties.  A  une  époque  plus  récente,  des  ob- 
servations ont  été  faites  à  ce  sujet  avec  plus 
de  soin  ,  et  ont  démontré  l'innocuité  de  son 
ombrage  et  de  ses  fruits;  cependant  il  a  été 
reconnu  aussi  que  le  suc  retiré  de  ses  feuil- 
les et  l'extrait  qu'on  en  fait  exercent  une 
action  énergique  et  même  vénéneuse,  à  dose 
un  peu  forte.  L'écorce  de  l'If  partage  les 
propriétés  de  ses  feuilles,  quoiqu'à  un  degré 
différent.  Plusieurs  médecins  ont  essayé  de 
tirer  parti  de  l'action  de  ces  parties  et  même 
de  la  pulpe  des  fruits  ,  mais  les  effets  qu'ils 
en  ont  obtenus  n'ont  pas  été  très  avanta- 
geux :  aussi  a-t-on  renoncé  de  nos  jours  à 
leur  emploi. 

Le  bois  de  l'If  est  d'un  rouge  brun,  veiné; 
c'est  le  plus  dense  de  nos  bois  indigènes , 
après  le  buis;  selon  Varennes  de  Fenilles , 
lorsqu'il  est  vert ,  il  pèse  80  livres  9  onces 
par  pied  cube  ;  lorsqu'il  est  sec  ,  il  pèse  61 
livres  7  onces.  Il  sèche  plus  lentement  que 
tout  autre  bois.  Il  est  dur,  d'un  grain  très 
fin ,  élastique  ,  et  il  résiste  très  longtemps 
à  l'action  destructive  de  l'air  et  de  l'eau. 
Travaillé  en  meubles  ,  il  peut  presque  ri- 
valiser avec  le  bois  d'acajou.  Sa  couleur  se 
fonce  avec  le  temps.  L'observateur  que  nous 
venons  de  citer  dit  que  lorsqu'on  le  scie  en 
planches  minces ,  pendant  qu'il  est  vert  et 
qu'on  le  laisse  quelque  temps  plongé  dans 
l'eau  ,  il  prend  une  teinte  pourpre  violette 
très  prononcée.  Toutes  les  qualités  du  bois 
d'If  le  font  estimer  plus  que  tous  les  autres 
bois  indigènes;  malheureusement  sa  rareté 
ne  permet  de  l'employer  que  rarement  à 
quelques  uns  des  nombreux  usages  auxquels 
il  serait  si  propre.  Son  principal  emploi  est. 
pour  le  tour  et  la  tabletterie.  On  l'emploie 
aussi  pour  des  vis  ,  des  dents  d'engrenage, 
des  essieux  de  voitures  ,  etc. 

Le  développement  de  l'If  est  très  lent; 
on  a  compté  jusqu'à  180  couches  annuelles 
dans  un  tronc  de  20  pouces  de  diamètre;  il 
est  par  là  facile  de  se  faire  une  idée  de  l'é- 
poque extrêmement  reculée  à  laquelle  doi- 
vent remonter  quelques  uns  de  ces  arbres, 


22 


IGN 


dont  le  tronc  a  acquis  des  dimensions  colos- 
sales ;  ainsi ,  dans  la  longue  liste  d'Ifs  très 
gros  dont  Loudon  donne  les  dimensions  dans 
son  Arboretum  and  fruticetwn ,  vol.  IV, 
p.  2073  et  suiv.,  nous  remarquons  ceux  de 
Buckland ,  dont  l'un  a  24  pieds  (anglais) 
de  circonférence  à  quelques  pieds  au-dessus 
du  sol  ;  de  Landlevy-Vaeh ,  qui  a  30  pieds 
4  pouces ,  et  surtout  celui  de  Fortingal,  en 
Ecosse ,  qui  mesure  56  pieds  6  pouces  de 
circonférence. 

L'If  commun  se  multiplie  de  graines ,  de 
boutures  et  de  marcottes  ;  mais  le  premier 
de  ces  moyens  de  multiplication  est  le  plus 
avantageux ,  les  deux  autres  donnant  ordi- 
nairement des  pieds  moins  vigoureux  et 
moins  droits.  On  sème  les  graines  avec  la 
pulpe  qui  les  entoure  ,  et  on  les  recouvre 
légèrement  de  terre  de  bruyère.  La  plupart 
lèvent  la  première  année  ;  mais  il  en  est 
aussi  qui  tardent  jusqu'à  la  seconde  et 
même  la  troisième.  A  la  fin  de  la  seconde 
année  ,  le  jeune  plant  peut  être  mis  en  pé- 
pinière ;  il  est  ensuite  mis  en  place  à  l'âge 
de  4  à  6  ans.  (P.  D.) 

IGNAME.  Dioscorea,  Plum.  bot.  ph.  — 
Genre  de  plantes  monocotylédones  de  la 
famille  des  Dioscorées  à  laquelle  il  donne 
son  nom.  Il  présente  les  caractères  sui- 
vants :  Fleurs  dioïques  formées  d'un  périan- 
the  verdâtre  dont  le  tube  est  adhérent  à 
l'ovaire  et  relevé  de  trois  ailes,  dont  le 
limbe  présente  six  divisions  profondes;  de 
six  étamines  insérées  à  la  base  du  limbe  du 
périanthe;  d'un  ovaire  adhérent  à  trois  lo- 
ges, dont  chacune  renferme  deux  ovules 
surmontés  de  trois  styles  distincts  et  de  trois 
stigmates  très  peu  apparents.  Le  fruit  est 
une  capsule  triangulaire  à  trois  loges,  s'ou- 
vrant  par  ses  angles  saillants. 

Les  Ignames  sont  des  plantes  herbacées 
vivacesou  sous-frutescentes,  à  tige  volubile, 
qui  habitent  les  contrées  tropicales  et  sous- 
tropicales  de  toute  la  surface  du  globe  ;  leur 
rhizome  devientquelquefois  très  volumineux; 
sa  substance  est  parfois  ligneuse,  mais  plus 
habituellement  tubéreuse ,  fournissant  une 
matière  alimentaire  précieuse.  Les  feuilles 
de  ces  plantes  sont  le  plus  souvent  en  cœur 
ou  hastées,  marquées  de  nervures  très  pro- 
noncées; leurs  fleurs,  très  peu  apparentes  et 
herbacées,  sont  disposées  en  épis  ou  en  grap- 
pes axillaires. 


IGN 

Parmi  les  espèces  les  plus  importantes  de 
ce  genre,  nous  devons  citer  en  premier  lieu 
I'Igname  ailée,  Dioscorea  alata  Linn.,  vul- 
gairement connue  sous  la  seule  dénomina- 
tion d'Igname.  C'est  l'espèce  la  plus  répan- 
due et  la  plus  communément  cultivée  comme 
alimentaire.  Son  rhizome  acquiert  et  dépasse 
même  le  volume  de  nos  betteraves  ;  il  est 
noirâtre  à  l'extérieur,  blanc  ou  rougeâtre  à 
l'intérieur,  de  formes  diverses,  selon  les 
variétés.  Dans  certaines  circonstances,  il  at- 
teint jusqu'à  1  mètre  de  longueur,  et  jus- 
qu'à 40  livres  de  poids.  Il  est  tantôt  simple, 
tantôt  sinueux  et  contourné,  tantôt  lobé  et 
comme  digilé.  De  ce  rhizome  partent  plu- 
sieurs tiges  grimpantes,  longues  de  2  mètres 
et  plus,  quadrangulaires  et  ailées.  Les  feuil- 
les sont  opposées,  pétiolées,  cordiformes, 
lisses,  à  sept  nervures.  Les  fleurs  sont  pe- 
tites, en  grappes  axillaires  vers  le  sommet 
des  tiges. 

Cette  espèce  est  originaire  de  l'Inde , 
mais  sa  culture  s'est  répandue  en  Afrique, 
dans  les  îles  de  la  mer  des  Indes.  Son  rhi- 
zome constitue  un  aliment  sain  ,  d'une 
saveur  assez  douce,  mais  un  peu  acre,  lors- 
qu'elle est  crue,  qui  devient  doux  et  très 
nourrissant  par  la  cuisson.  Généralement, 
il  sert  à  remplacer  le  pain  ;  on  en  fait  aussi 
diverses  préparations  alimentaires. 

La  culture  de  cette  plante  est  extrême- 
ment simple  et  ressemble  entièrement  à  celle 
de  la  Pomme  de  terre. 

On  cultive  encore  sur  divers  points  du 
globe  quelques  autres  espèces  d'Ignames, 
comme  I'Igname  du  Japon,  Dioscorea  japo- 
nica  Thunb.  ,  I'Igname  a  racine  blanche, 
Dioscorea  eburnea  Lour. ,  qui  joue  un  rôle 
assez  important  comme  plante  alimentaire 
à  la  Cochinchine.  (P.  D.) 

IGNATIA  (nom  propre),  bot.  ph. — Genre 
de  la  famille  des  Loganiacées-Eustrychnées, 
établi  par  Linné  (  Suppl. ,  20  ).  Arbrisseau 
de  Manille.  Voy.  loganiacées. 

IGNATTANA,  Lour.  bot.  ph.  —  Syn. 
d'Ignatia,  Linn. 

*IGl\ITIOX.  Ignitio  (ignis,[(e\ï).  phys.  — 
L'Ignition  peut  être  définie ,  une  combustion 
rapide  avec  flamme.  Ainsi  l'on  dit  tous  les 
jours ,  dans  les  amphithéâtres  :  tel  gaz  brûle 
ou  s'enflamme  à  l'approche  d'un  corps  en 
\  ignition,  d'une  bougie  allumée  par  exemple; 
'   les  géologues  disent  que  tel  volcan  est  en 


IGU 


IGU 


23 


ignition;  les  physiciens  ont  leurs  météores 
ignés  :  ce  sont  les  étoiles  filantes,  les  globes  de 
feu,  etc.  Mais,  d'un  autre  côté,  une  barre  de 
Ter  chauffée ,  quelque  élevée  qu'en  soit  la 
température,  est  rouge,  est  incandescente , 
arrive  même  au  point  de  fusion,  mais  elle 
n'est  jamais  en  ignition,  bien  qu'elle  brûle 
réellement  ;  il  n'en  est  pas  de  même  du  zinc, 
avec  son  éclatante  flamme  blanche. 

L'usage  apprend,  du  reste,  dans  quelles 
circonstances  il  faut  employer  ce  mot,  qui 
n'a  pas  de  place  distincte  dans  le  vocabu- 
laire delà  science.  Voy.  combustion,  feu, 

TEMPÉRATURE.  (A.  D.) 

♦IGNOBLES.  Ignobiles.  ois.— En  terme 
de  fauconnerie ,  on  donnait  ce  nom  à  tous 
les  Oiseaux  de  proie  qui  ne  pouvaient  être 
employés  à  la  haute  volerie,  soit  à  cause  de 
l'imperfection  de  leur  vol ,  soit  parce  que 
leurs  moyens  d'attaque,  c'est-à-dire  leur  bec 
et  leurs  serres  ,  avaient  une  organisation 
trop  ingrate  pour  pouvoir  dompter  et  lier 
une  proie.  Ainsi  étaient  considérés  comme 
Ignobles  les  Aigles,  les  Vautours,  les  Milans, 
les  Balbuzards,  les  Buses  et  les  Buzards. 

(Z.  G.) 

IGUANE.  Iguana.  rept.  —  Le  genre 
Iguane  a  été  formé  par  Laurenti  aux  dépens 
du  grand  groupe  des  Lacerta  de  Linné. 
Longtemps  conservées  avec  de  nombreuses 
espèces,  les  Iguanes  ont  été  ensuite  parta- 
gées avec  juste  raison  en  plusieurs  groupes 
distincts,  d'abord  par  Daudin,  qui  forma  les 
genres  Agame  ,  Dragon,  Basilic,  Anolis; 
puis  par  G.  Guvier ,  qui  créa  le  genre  Po- 
Jychre  ;  et  enfin  par  Wagler,  par  MM.  Du- 
rnëril  et  Bibron  (Erp.  gén.,  IV,  1837),  etc., 
qui  en  établirent  près  de  50  avec  les  Iguana, 
qui  devinrent  alors ,  sous  le  nom  d'Igua- 
niens  ou  d'Eunotes  ,  une  famille  particu- 
lière de  Sauriens.  Wagler  même  proposa 
de  supprimer  entièrement  du  Catalogue 
erpétologique  le  nom  générique  d'Iguane; 
mais  MM.  Duméril  et  Bibron  le  conservè- 
rent pour  un  petit  nombre  d'espèces  ,  et  ils 
caractérisent  ainsi  ce  groupe  :  Un  très  grand 
fanon  mince  sous  le  cou  ;  les  plaques  cépha- 
liques  polygones  ,  inégales  en  diamètre , 
plates  et  carénées  ;  un  double  rang  de  pe- 
tites dents  palatines;  les  dents  maxillaires 
à  bords  finement  dentelés;  une  crête  sur 
le  dos  ci  la  queue;  les  doigts  longs  ,  iné- 
gaux ;  un  seul  rang  de  pores  fémoraux  ; 


une  queue  très  longue ,  grêle,  comprimée  , 
revêtue  de  petites  écailles  égales ,  imbri- 
quées, carénées. 

Les  Iguanes  sont  herbivores;  M.  Bibron 
n'a  jamais  trouvé  que  des  feuilles  et  des 
fleurs  dans  l'estomac  des  individus  qu'il  a 
ouverts.  Ce  sont  des  Reptiles  doués  d'une 
grande  taille  ;  et  leur  chair,  qui  passe  pour 
fort  délicate ,  est  très  recherchée  sur  les 
bonnes  tables  de  l'Amérique  intertropicale. 
On  les  trouve  au  Brésil,  à  Saint-Domingue, 
à  la  Martinique,  etc. 

Trois  espèces  entrent  seulement  dans  ce 
genre;  ce  sont  : 

L'Iguane  Lacép.,  I'Iguane  ordinaire  Guv., 
Iguana  tuberculata  Laurenti,  Iguana  de- 
licatissima  Daudin,  Lacertus  americanus 
Séba,  etc.,  qui  est  l'espèce  type,  et  est  ca- 
ractérisée par  les  côtés  du  cou  semés  de  tu- 
bercules, et  par  la  grande  écaille  circulaire 
que  l'on  voit  sous  le  tympan.  Sa  couleur  est 
en  dessus  d'un  vert  plus  ou  moins  foncé , 
devenant  quelquefois  bleuâtre,  d'autres  fois 
ardoisé,  et  en  dessous  d'un  jaune  verdâtre  ; 
les  côtés  présentent  des  raies  en  zigzags 
brunes  bordées  de  jaune.  Celte  espèce 
se  trouve  assez  communément  dans  l'A- 
mérique méridionale ,  aux  Antilles,  etc. 

V  Iguana  (Hypsilophus)  rhinolopha  Wieg- 
mann  (Herp.  mex.),  qui  habite  le  Mexique 
et  Saint-Domingue. 

L1 Iguana  nudicollis  Cuv.,  particulière- 
ment remarquable  en  ce  qu'elle  ne  présente 
pas  de  tubercules  sur  le  cou.  Cette  espèee 
a  été  trouvée  à  la  Martinique,  à  la  Guade- 
loupe et  au  Brésil.  (E.  D.) 

IGUANIENS.  Iguanii.  rept.  —  L'ancien 
groupe  des  Iguanes  de  Linné  étant  devenu 
très  nombreux  en  espèces,  a  été  partagé  en 
plusieurs  genres  distincts  et  a  été  élevé  an 
rang  de  famille,  que  G.  Cuvier  nomme  Igua- 
niens,  et  que  MM.  Duméril  et  Bibron  {Erp. 
gén.,  IV,  1337)  indiquent  sous  la  dénomi- 
nation d'Eunotes. 

Les  Iguaniens  ont  le  corps  couvert  de 
lames  ou  écailles  cornées,  sans  écussons 
osseux  ni  tubercules  enchâssés,  n'étant  pas 
disposés  par  anneaux  verticillés  ou  circu- 
lairement  entuilés;  sans  grandes  plaques 
carrées  sous  le  ventre  :  le  plus  souvent  ils 
ont  une  crête  ou  ligne  saillante  sur  le  dos 
ou  sur  la  queue.  Leur  tête  offre  un  crâne 
non  revêtu  de  grandes  plaques  polygones. 


24 


IGU 


ILE 


Les  dents  sont  tantôt  dans  une  alvéole  com- 
mune, tantôt  soudées  au  bord  libre  des  os, 
mais  non  enchâssées.  La  langue,  libre  à  sa 
pointe,  épaisse,  fongueuse  ou  veloutée, 
n'est  pas  cylindrique  et  ne  présente  pas  de 
fourreau  dans  lcqjiel  elle  puisse  rentrer. Les 
yeux  sont  garnis  de  paupières  mobiles.  Les 
doigts  sont  libres,  distincts,  tous  on- 
guiculés. 

Ce  sont,  en  général ,  des  Reptiles  très 
agiles;  d'abord  parce  que  tous  vivent  dans 
des  climat*  dont  la  température  est  con- 
somment chaude,  ensuite  parce  que  tous 
ont  les  membres  fort  développés ,  et  propres 
a  supporter  le  tronc.  Quelques  uns  ,  par 
la  forme  comprimée  et  l'excessive  longueur 
de  leur  queue,  peuvent  habiter  les  savanes 
noyées,  où  cet  instrument  doit  leur  servir 
de  rame  ou  d'aviron.  Leurs  ongles  cro- 
chus leur  permettent  de  grimper  facilement 
et  de  poursuivre  les  petits  animaux,  qui 
deviennent  leur  nourriture  la  plus  habi- 
tuelle, quoique  cependant  quelques  espèces 
;>ient  une  alimentation  exclusivement  vé- 
gétale. Quelques  Iguaniens  servent  en 
Amérique  pour  leur  chair ,  qui  est  très  re- 
cherchée. 

L'Europe  ne  présente  qu'un  seul  Igua- 
nien,  le  Stellio  vulgaris,  qui  se  trouve  aussi 
en  Afrique  et  en  Asie.  Cette  dernière  partie 
du  monde  compte  un  assez  grand  nombre 
rie  Sauriens  de  cette  famille,  mais  la  plu- 
part appartiennent  aux  Indes  orientales. 
L'Afrique,  outre  le  Stellion  vulgaire  et  plu- 
sieurs Agames ,  présente  encore  quelques 
Iguaniens.  L'Amérique  est  beaucoup  plus 
riche  que  les  autres  parties  du  monde,  et 
nous  offre  les  vrais  Iguanes.  EnOn  peu 
d'espèces  de  ce  groupe  habitent  l'Austra- 
lasie,  et  presque  toutes  appartiennent  au 
genre  Grammatophore. 

Oppel,  G.  Cuvier,  Wagler  et  quelques 
autres  zoologistes  ont  formé  un  grand  nom- 
bre de  genres  dans  la  famille  des  Igua- 
niens ;  MM.  Duméril  et  Bibron ,  dont 
nous  suivons  la  classiûcation  ,  ont  admis 
quarante-six  genres  dans  cette  famille,  et 
nous  allons  en  donner  la  liste  en  terminant 
cet  article. 

La  famille  des  Iguaniens  ou  Eunotes  se 
subdivise  en  deux  sous-ramilles  :  §  1.  les 
Pleurodontes  ,  comprenant  les  genres  Po- 
lychrus,  Cuv.;  Lœmanctus,  Wiegm.;  Uros- 


trophus ,  D.  et  B.  ;  Norops ,  Wagler;  Ano- 
lis,  Daud.;  Corylhophanes,  Boié;  Basiliscus, 
Laur.;  Aloponotus,  D.  et  B.  ;  Amblyrhyn- 
chus,  Bell;  Iguana,  Laur.;  Metopoceras, 
Wagl.;  Cyclura,  Harlan  ;  Brachylophus , 
Cuv.;  Euyalius,  Wagl.;  Ophryœssa,  Boié; 
Leiosaurus,  D.  et  B.;  Uperanodon,  D.  et  B.; 
Hypsibatus ,  Wagl.;  Holotropis  ,  D .  et  B.  ; 
Proctotretus ,  D.  et  B.;  Tropidolepis ,  Cuv.; 
Phrynasoma  ,  Wiegmann  ;  Callisaurus  , 
Blainv.;  Tropidog  aster,  D.  et  B.;  Microlo- 
phus,  D.  et  B.  ;  Ecphymotes,  Cuv.  ;  Steno- 
cercus,  D.  et  B.;  Strobilurus ,  Wiegm.  ; 
Trachycyclus  ,  D.  et  B.  ;  Oplurus>  Cuv.  et 
Doryphorus  ,  Cuv.  —  §  2.  les  Acrodontes, 
divisés  en  :  Istiurus  ,  Cuv.;  Galoles ,  Cuv.; 
Lophyrus,  Dumér.;  Lyriocephalus ,  Merrem; 
Otocryptis,  Wieg.;  Ceratophora,  Gray;  Si- 
tana,  Cuv.;  Chlamydosaurus,  Gray;  Draco, 
Linné;  Leiolepis,  Cuv.;  Grammatophora , 
Kaup;  Agamciy  Daud.  :  Phrynocephalus , 
Kaup;  Stellio,  Daud.;  et  Uromastix  f 
Merrem.  (E.  D.) 

IGUANODON",  rept.  —  Genre  de  l'ordte 
des  Dinosauriens  établi  par  Mantell.  Voy. 

DINOSAURIENS. 

IGUANOÏDES.  rept.— Syn.  d'Iguaniens, 
d'après  M,  de  Blainville.  (E.  D.) 

♦IGUANOSAURUS  (/o/uana,  iguane;  Sau- 
rus,  lézard),  rept.  — Dénomination  appfh 
quée  par  M.  Mantell  à  un  groupe  de  Sau- 
riens. (E.  D.) 

*ILARUS.  ins. — Genre  de  Lépidoptères 
nocturnes  de  la  famille  des  Hadénides , 
créé  par  M.  Boisduval  aux  dépens  des  Ere- 
mobia  de  Stephens  ,  et  adpoté  par  MM.  Gué- 
née  et  Duponchel. 

L'espèce  unique  qui  entre  dans  ce  groupe 
a  reçu  le  nom  d'Ilarus  ochroleuca  W.  V.; 
on  la  trouve  au  mois  de  juillet  dans  le 
centre  de  la  France.  (E.  D.) 

♦ILEOMUS  (c'Àt'os,  je  resserre;  <fyoç, 
épaule),  ins. —Genre  de  Coléoptères  tétramè- 
res,  famille  des  Curculionides  gonatocères, 
division  des  Érirhinides ,  établi  par  SchœR.. 
herr  (Disposit.  meth. ,  p.  220) ,  qui  y  rap- 
porte quatre  espèces  :  le  Curcul.  mucoreus 
Linn.  [rorcus  F.),  longulus  Sch.,  distinctus 
Chcv.  et  pacalus  Sch.  Les  deux  premiers 
sont  originaires  du  Brésil ,  le  troisième  pro- 
vient du  Mexique,  et  le  quatrième  du  Cau- 
case. (C.) 

ILEX.  dot.  pu.  —  Voy.  roux. 


1LI 


ILI 


25 


ILIA  (nom  mythologique).  cnosT.  —  Ce 
genre ,  qui  appartient  à  Tordre  des  Dé- 
capodes brachyures,  à  la  famille  des  Oxys- 
tomes ,  a  été  établi  par  Leach  aux  dépens 
des  Cancer  de  Linné  et  des  Leucosia  de 
Fabricius.  Chez  ces  Crustacés  remarquables 
par  leur  forme,  la  carapace  est  globuleuse  , 
et  plutôt  renflée  que  rétrécie  vers  les  ré- 
gions hépatiques  ;  le  prolongement  anté- 
rieur qui  se  termine  sur  le  front  est  court, 
mais  bien  distinct  et  un  peu  relevé.  Le 
front  est  profondément  échancré  au  mi- 
lieu ,  et  s'avance  sous  la  forme  de  deux  pe- 
tites cornes  obtuses  au-devant  de  l'épis- 
tome.  Le  bord  orbitaire  supérieur  présente 
en  dehors  deux  fissures  plus  ou  moins  dis- 
tinctes. Les  fossettes  antennaires  sont  très 
obliques,  mais  petites,  et  leur  angle  exté- 
rieur s'avance  beaucoup  au-devant  des  or- 
bites. Le  cadre  buccal  est  triangulaire,  et 
séparé  des  régions  ptérygostomiennes  par 
un  bord  saillant  et  droit.  Le  palpe,  ou  tige 
externe  des  pattes- mâchoires  externes ,  est 
droit,  obtus  au  bout,  sans  dilatation  laté- 
rale ,  et  terminé  en  dehors  par  un  bord  à 
peu  près  droit.  Les  pattes  antérieures  sont 
grêles  et  très  longues  ;  elles  ont  environ 
deux  fois  la  longueur  du  corps  ;  la  main  se 
rétrécit  beaucoup  vers  l'origine  de  la  pince, 
et  est  contournée  sur  son  axe  de  manière 
que  la  direction  de  son  articulation  car- 
pienne  est  toute  différente  de  celle  de  la 
pince  :  celle-ci ,  très  longue  et  très  grêle  , 
est  armée  de  petites  dents  coniques  et  très 
pointues,  séparées  de  distance  en  distance 
par  une  dent  semblable,  mais  plus  longue. 
Les  pattes  suivantes  sont  presque  cylindri- 
ques et  assez  longues.  L'abdomen  du  mâle 
a  les  deux  premiers  et  les  deux  derniers 
segments  libres,  et  les  trois  moyens  soudés 
en  une  seule  pièce.  Chez  la  femelle,  le  pé- 
nultième segment  est  soudé  aux  précédents. 
Cette  coupe  générique  renferme  trois  es- 
pèces, dont  deux  sont  propres  à  la  Méditer- 
ranée ,  et  la  troisième  aux  Antilles.  L'Ilia 
xoyau  ,  Ilia  nucleus  Fabr.,  peut  être  con- 
sidérée comme  le  type  de  ce  genre.  Sur  les 
côtes  de  l'Algérie ,  j'en  ai  rencontré  une 
seconde  espèce  nommée  par  Roux  Ilia  rugur- 
losa,  et  qui  est  assez  abondamment  répan- 
due dans  les  rades  de  Bone  ,  d'Alger  et 
d'Oran.  (H.  L.) 

*ILICINÉES.  Ilicineœ.  bot.  ph.— Famille 
t.  vu. 


de  plantes  dicotylédones  qui  a  été  longtemps 
confondue  avec  celle  des  Célastrinées.  Elle 
avait  d'abord  reçu  de  De  Candolle  (Tkéor. 
élém.y  éd.  lr')Ie  nom  A'Aqui foliacées  ;  mais, 
dans  son  Mémoire  sur  la  famille  des  Rham- 
nées,  M.  Ad.  Brongniart,  tout  en  traçant 
avec  précision  ses  limites  et  ses  caractères,  a 
changé  ce  nom  en  celui  (Tllicinées.  Ce  nom 
est  emprunté  au  principal  des  genres  qu'elle 
renferme,  celui  des  Ilex,  Houx.  Elle  se  com- 
pose d'arbres  et  d'arbrisseaux  toujours  verts  ; 
à  feuilles  alternes  ou  opposées,  simples,  le 
plus  souvent  raides  et  coriaces  ,  glabres  et 
luisantes,  entières  ou  bordées  de  dents  épi- 
neuses, dépourvues  de  stipules.  Leurs  fleurs 
sont  régulières,  complètes  ou  seulement  in- 
complètes par  l'effet  d'un  avortement,  pe- 
tites et  peu  apparentes,  blanches  ou  verdâ- 
tres.  Le  calice  des  Ilicinées  est  décrit  par  la 
plupart  des  botanistes  comme  formé  de  4-6 
sépales  soudés  entre  eux,  à  leur  partie  infé  - 
rieure,  dans  une  longueur  plus  ou  moins 
considérable  ;  au  contraire,  M.  Ad.  Bron- 
gniart regarde  sa  partie  inférieure  non  di- 
visée comme  n'étant  autre  chose  que  le  som- 
met élargi  du  pédoncule;  par  conséquent, 
d'après  lui,  re calice  de  ces  plantes  serait 
formé  tout  entier  par  les  lobes  de  ce  que , 
dans  l'autre  manière  de  Yoir,  on  considère 
comme  le  limbe  du  calice  ;  cet  organe  est 
persistant,  et  sa  préfloraison  est  imbriquée. 
La  corolle  est  presque  toujours  légèrement 
gamopétale  ou  formée  de  pétales  soudés  entre 
eux  à  leur  base  dans  une  faible  longueur, 
alterne  au  calice,  en  préfloraison  imbriquée; 
elle  s'insère  immédiatement  sous  l'ovaire. 
Les  étamines  sont  en  même  nombre  que  les 
pétales  et  alternent  avec  eux;  le  plus  sou- 
vent elles  s'insèrent  à  la  base  de  la  corolle; 
quelquefois  aussi  elles  sont  immédiatement 
hypogynes  ;  leur  connectif  est  continu  au 
filament,  et  les  deux  loges  sont  adnées  sur 
ses  côtés.  L'ovaire  est  charnu,  presque  glo* 
buleux  ou  tronqué,  creusé  de  2  à  6-8  loges 
uni-ovulées;  les  ovules  sont  anatropes,  sus- 
pendus au  sommet  de  l'angle  interne  des 
loges  par  un  funicule  court,  dilaté  à  son 
extrémité  en  une  sorte  de  cupale  qui  les 
embrasse,  mais  qui  ne  s'accroît  pas  après  la 
fécondation.  Le  fruit  est  un  drupe  bacci- 
forme,  dans  lequel  chaque  loge  forme  un 
noyau  indéhiscent,  monosperme.  La  graine 
est  renversée,  revêtue  d*an  test  membra 


26 


ILI 


JLO 


neux;  son  hile  est  situe  vers  le  haut  de  la 
loge;  l'albumen  charnu,  blanc,  forme  la 
majeure  partie  de  son  volume  ;  au  contraire 
'embryon  est  très  petit,  situé  à  l'extrémité 
supérieure  de  l'albumen;  ses  cotylédons 
sont  épais  ,  plans ,  arrondis  ;  sa  radicule  est 
su  père. 

Parmi  les  caractères  qui  viennent  d'être 
énumérés,  ceux  qui  ont  déterminé  la  sépa- 
ration des  Ilicinées  d'avec  les  Célastrinées 
sont  surtout  l'absence  du  disque,  l'union 
presque  constante  des  pétales  en  une  corolle 
-gamopétale  staminifère,  la  position  des  ovu- 
les dans  leur  loge  et  leur  isolement  constant, 
enfin  l'organisation  du  fruit,  le  petit  volume 
de  l'embryon  et  la  direction  de  sa  radicule. 
A.-L.  de  Jussieu  (Gen.,  p.  383)  exprime 
l'opinion  que  les  Ilex  et  les  genres  voisins 
devraient  être  placés  près  des  Sapotées, 
parmi  les  monopétales;  M.  Ad.  Bronguiart, 
dans  son  Mémoire  sur  les  Rhamnées,  se  mon- 
trait disposé  à  les  placer  de  la  même  ma- 
nière, ou  plutôt  à  la  suite  des  Ébénacées; 
postérieurement  il  a  adopté  définitivement 
«ette  classification  ,  dans  son  ÉnWnéra- 
tion  des  genres  cultivés  au  Jardin  des  Plan- 
tes de  Paris.  M.  Ad.  de  Jussieu  a  aussi 
adopté  cette  manière  de  voir  (Éléments, 
§  825). 

Les  Ilicinées  sont  répandues  sur  presque 
toute  la  surface  du  globe,  mais  en  quantité 
différente  dans  les  diverses  contrées  et  sans 
fore  très  nombreuses  nulle  part.  Elles  sont 
plus  rares  dans  l'Asie  tropicale  et  en  Europe 
que  partout  ailleurs. 

Les  genres  qui  composent  aujourd'hui 
cette  famille  sont  les  suivants  : 

Cassine,  Linn.;  Ilex,  Linn. -.jPnnos, Linn.; 
Nemopanlhes,  Raf.  ;  Byronia,  Endl.;  Villa- 
rezia,  Ruiz  etPav. 

A  ces  genres,  on  ajoutait  VAzima,  Lam., 
auquel  presque  tous  les  botanistes  ont  ap- 
pliqué mal  à  propos  le  nom  de  Monetia, 
proposé  par  L'Héritier  postérieurement  au 
premier;  mais,  MM.  Wight  et  Gardner, 
ayant  récemment  étudié  ce  genre  avec  soin, 
ont  reconnu  qu'il  doit  former  le  type  d'une 
nouvelle  famille  à  laquelleils  donnent  le  nom 
d'AziMAcÉEs,  et  qu'ils  regardent  comme  in- 
termédiaire aux  Oléacées  et  aux  Jasminacées. 
(Voy.  Calcutta  Journ.  ofnat.  hist.,  n°  21, 
avril  1845,  ou  Revue  botanique,  15'  livr., 
«845,  p.  198.)  (P.  D.) 


*ILlCOIDES  ,  Dumort.  bot.  ph.  —  Syn. 
de  Nemopanlhes,  Raf. 

ILITHIA.  ins.  —  Voy.  ilythia. 

*ILL.<ENA  (  tÀAafvw  ,  regarder  de  tra- 
vers), ins.  —  Genre  de  Coléoptères  sub- 
pentamères,  tétramères  deLatreille,  famille 
des  Longicornes ,  tribu  des  Lamiaires,  créé 
par  Erichson  (Archiv.  fur  naturg.,  1842, 
p.  224),  qui  lui  donne  pour  type  une  espèce 
de  la  Nouvelle-Hollande,  Vl.exilis.  (C.) 

*ILLÉCÉBRÉES.  Illecebreœ.  bot.  ph.  — 
Tribu  de  la  famille  des  Caryophyllées.  Voy. 
ce  mot. 

ILLECEBRUM.  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Caryophyllées-Illécébrées,  établi 
par  Gaertner  fils  (III,  36,  t.  184).  Herbes  de 
l'Europe  et  de  l'Asie  centrale.  Voy.  caryo- 

PHYLLÉES. 

*ILLENUS.  crust.  —  M.  Murchison  (m 
Silurian  syst.,  p.  661  )  a  employé  ce  mot 
pour  désigner  un  genre  de  Crustacés  fossiles, 
que  M.  Milne-Edwards,  dans  le  tome  III  de 
son  Hist.  nat.  sur  ces  animaux,  rapporte  au 
genre  des  Isotelus  de  M.  Dekay.  Voy.  iso- 
tklus.  (H.  L.) 

ILLIACANTHE.  polyp.  —  Donati  [Hist. 
de  la  mer  Adriatique)  indique  sous  ce  nom 
une  production  marine  qu'il  regarde  comme 
une  plante,  et  que  Lamarck  considère  comme 
un  Polypier  de  la  famille  des  Sertulariées , 
voisins  des  Aglaophémies.  (E.  D.) 

ILLICIUM.  bot.  ph.  —  Voy.  badiane. 

*ILLIGERA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Gyrocarpées,  établi 
par  Blume  (Bijdr.,  1153).  Arbrisseau  de 
Java.  Voy.  gyrocarpées. 

*ILLIGÉRÉES.  Illigereœ,  Blume.  bot. 
ph.  —  Syn.  de  Gyrocarpées. 

*ILLOPS  (1^6;,  louche;  w^,  regard),  ins. 
—  Genre  de  Coléoptères  pentamères,  famille 
des  Malacodermes,  tribu  des  Mélyrides  , 
créé  par  Erichson  (Entomographien,  p.  87). 
L'espèce  type  et  unique  est  !'/.  corniculatus 
de  l'auteur.  (C.) 

ILLOSPORIUM.  bot.  cr.  —  Genre  de 
Champignons  gastéromycètes  apiosporés , 
établi  par  Martius  (FI.  erlang.,  325  )  pour 
de  petits  Champignons  groupés,  rougeâtres, 
et  la  plupart  parasites  sur  les  Lichens.  Voy. 

MYCOLOGIE. 

*ILMÉNITE  (nom  de  lieu),  min.  —  Voy. 

FER  OLIGISTE.  (DEL.) 

ILOTLS.  tolyp.  —  Montforl  (  Conchyl. 


IMA 

syst.,  1808  )  donne  ce  nom  à  un  Polypier 
que  l'on  rapporte  au  genre  Orbiculina. 
Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

ILVAITE  (7/va,  nom  latin  de  nie 
d'Elbe),  min.  —  Syn.  de  Liévrite  et  de  Yé- 
nite.  Voy.  liévrite.  (Del.) 

♦ILYBIUS  (îivç,  tournant  d'eau  ;  6io'«,  je 
vis  ).  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  pen ta- 
nières, famille  des  Hydrocanthares  ,  établi 
par  Erichson,  et  adopté  par  M.  Aube  (Species 
général  des  Coléoptères,  t.  VI,  p.  270),  qui  y 
comprend  11  espèces  :  7  sont  originaires 
d'Amérique,  et  3  d'Europe;  parmi  celles-ci 
figurent  les  types  :  Dytiscus  ater  et  fenestra- 
tvs  de  Fabricius.  (C.) 

*ILYOGETON(avÇ,  bourbe;  yvîrtcov,  sorte 
de  ciboule),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Scrophularinées-Gratiolées ,  établi  par 
Endlicher  (Gen.  pi. ,  3957,  p.  684).  Herbes 
de  la  Nouvelle-Hollande  tropicale.  Voy.  scro- 

PHULARINÉES. 

*JLYSIA(ttuç,  bourbe),  rept.  —  M.  Hem- 
prich,  dans  Wagler  (Syst.  amphïb.,  1830), 
désigne  sous  ce  nom  un  groupe,  formé  aux 
dépens  de  l'ancien  genre  Vipère.  Voy.  ce 
mot.  (E.  D.) 

*ILYTHIA  (nom  mythologique),  ins.  — 
Genre  de  Lépidoptères  nocturnes ,  famille 
des  Pyraliens  ,  tribu  des  Crambides,  établi 
par  Latreille  (Fam.  nat.)  aux  dépens  du  g. 
Crambus.  La  seule  espèce  que  ce  genre  ren- 
ferme,/.  camélia  Dup.  (C.  colonum),  a  été 
trouvée  aux  environs  deParis. 

*IM ANTOCERA  (ifxaç,  courroie,  fouet  de 
cuir;  xc'paç,  antenne),  ins.  —  Genre  de  Co- 
léoptères subpentamères,  tétramères  de  La- 
treille ,  famille  des  Longicornes ,  tribu  des 
Lamiaires ,  proposé  par  Dejean  ,  dans  son 
Catalogue,  pour  la  Lamia  plumosa  d'Olivier, 
espèce  indigène  de  l'île  de  Java.         (C.) 

IMATIDIUMOYiaTé&ov,  manteau),  ins. — 
Genre  de  Coléoptères  subpentamères,  tétra- 
mères de  Latreille,  famille  des  Cycliques, 
tribu  des  Cassidaires,  créé  par  Fabricius,  et 
adopté  par  M.  Dejean  et  par  nous.  Nous  y 
rapportons  six  espèces ,  parmi  lesquelles 
■ous  citerons ,  comme  type ,  17.  fasciatum, 
de  Cayenne.  (C.) 

IMATISMUS  (  îuccTtfffioç,  habit),  ins.  — 
Genre  de  Coléoptères  hétéromères,  famille 
des  Mélasomes,  tribu  des  Ténébrionites  , 
formé  par  Dejean  dans  son  Catalogue.  Six 
espèces  rentrent  dans  ce  genre  ;  les  types 


IMM 


27 


sont  les  Helops  villosus  et  fasciculatus  (  Slc- 
nosis  orientalis  Herbst.)  de  Fabr.  Le  premier 
est  originaire  d'Egypte,  et  le  deuxième  ha- 
bite les  Indes  orientales.  (C.) 

♦IMATOPHYLLUM  ,  Hook.  bot.  ph.  — 
Syn.  de  Clivia,  Lin. 

IMBERBES.  Imberbi.  ois.  —  Sous  ce 
nom  Vieillot  a  composé,  dans  son  ordre  des 
Sylvains  et  dans  sa  tribu  des  Zygodactyles, 
une  famille  qui  offre  pour  caractère  un 
bec  arqué  ou  seulement  ccochu  à  sa  pointe 
et  sans  soies  à  sa  base.  Les  g.  Saurothera, 
Scythrops,  Septosomus,  Coccyzus,  Cuculus , 
Crotophaga,  indicatorel  Corydonia  entrent 
dans  cette  famille.  (Z.  G.) 

♦IMBRICAIRE.  Imbricaria.  moll.  — 
M.  Schumacher,  dans  son  Essai  d'un* 
classification  des  coquilles ,  a  proposé  ce  g. 
pour  celles  des  Mitres  deLamarck  qui  sont 
conoides,  et  dont  les  plis  columellaires  sont 
imbriqués.  Plus  tard,  ce  genre  a  été  repro- 
duit par  AI.  Swainson  sous  le  nom  de  Co- 
nœlix.  Mais,  quel  que  soit  ce  nom,  il  ne  peut 
être  adopté  dans  une  classification  naturelle. 
Voy.  mitre.  (Desh.) 

IMBRICARIA  (imbricatus,  imbriqué). 
bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des  Sapota- 
cées,  établi  par  Commerson  (ex  Jussieu  gen. , 
152).  Arbre  lactescent  de  la  Mauritanie. 
Voy.  sapotacées.  — Sm. ,  syn.  deBœckca, 
Lion. 

IMBRIM.  ois.  —  Espèce  du  genre  Plon- 
geon. 

IMBRIQUÉ.  Imbricaius.  zool.,  bot.  — - 
On  donne  ce  nom  à  tous  les  corps  composés 
de  parties  placées  en  recouvrement  les  unes 
sur  les  autres  ,  de  manière  que  l'extrémité 
de  l'une  de  ces  parties  cache  la  base  de  la 
suivante,  et  ainsi  de  suite.  Ainsi  on  applique 
ce  nom  en  zoologie  à  certaines  écailles  de 
Poissons  ,  à  des  antennes  d'Insectes ,  etc.  ; 
et ,  en  botanique,  aux  étamines ,  aux  feuil- 
les, aux  "pépies  ,  aux  squames  ,  etc.  ,  qui 
offrent  cette  disposition. 

*IM1SIA.  moll.  —  Genre  qui  nous  est 
resté  inconnu  et  dont  nous  trouvons  le  nom 
dans  les  tableaux  zoologiques  de  M.  Renieri. 
D'après  cet  auteur,  le  genre  en  question  de- 
vrait faire  partie  de  la  famille  des  Byssi- 
fères  de  Lamarck.  (Desh.) 

IMMORTELLE,  bot.  ph.  —  Nom  vul- 
gaire appliqué  à  quelques  espèces  de  Xeran- 
ihemum  et  d'Helichrysum.  Voy.  ces  mots. 


*S 


1NA 


IMPARIPENNÉE  (feuille),  bot.  —  On 
donne  ce  nom  à  toutes  les  feuilles  dont  le 
pétiole  porte  à  son  sommet  une  seule  fo- 
liole. 

IMPATIENS,  Linn.  bot.  ph.  — Syn.  de 
Balsarnina,  Gaertn. 

IMPENNES.  Impenni.  ois.  —  Famille 
établie  par  Illigerdans  l'ordre  des  Palmi- 
pèdes, pour  les  dernières  espèces  de  cet  or- 
dre, dont  les  ailes,  devenues  impropres  au 
vol ,  ne  sont  plus  pourvues  de  pennes,  mais 
sont  recouvertes  par  des  plumes  écailleuses. 
L'ancien  g.  Aptenodytes  est  seul  compris 
dans  cette  famille.  (Z.  G.) 

IMPERATA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Graminées-Andropogonées,  éta- 
bli par  Gyrillo  {le.  rar.,  Il,  t.  11).  Gra- 
mens  croissant  sur  le  littoral  de  la  Médi- 
terranée, dans  la  Sénégambie ,  dans  l'Inde 
orientale  et  l'Amérique  australe.  Voy.  gra- 
minées. 

IMPERATOR.  moll.  —  Genre  inutile 
proposé  par  Montfort  pour  une  très  belle 
espèce  de  Troque  ombiliqué.  Foi/.tkoque. 

(Desh.) 

IMPERATORIA,  Linn.,  DC.,  Kock. 
bot.  ph.  —  Syn.  de  Peuccdanum,  Linn. 

IMPEY.  Impeyanus ,  Less.  ois.  —  Voy. 
Lophophore.  (Z.  G.) 

IMPORTUN,  ois.  —  Nom  imposé  par 
Levaillanc  à  une  espèce  de  Merle.  Voy.  ce 
mot.  (Z.  G.) 

IMPRÉGNATION,  zool.  —  Voy.  pro- 
pagation. 

INACHUS  (nom  mythologique),  cuust. 
—  Genre  de  l'ordre  des  Décapodes  bra- 
chyures  ,  de  la  famille  des  Oxyrhynques , 
bli  par  Fabricius  et  adopté  par  tous  les 
carcinologistes  avec  de  grandes  restrictions 
cependant.  Les  Crustacés  qui  composent 
ce  genre  tel  qu'il  est  adopté  actuellement, 
ont  la  carapace  presque  triangulaire,  guère 
plus  longue  que  large,  et  fortement  bos- 
selée en  dessus.  Le  rostre  est  très  court , 
avec  les  yeux  se  reployant  en  arrière  et 
se  logeant  dans  une  cavité  orbitaire  peu 
profonde.  L'épistome  est  un  peu  plus  large 
que  long.  Le  troisième  article  des  pattes- 
mâchoires  externes  est  plus  long  que  large 
et  a  à  peu  près  la  forme  d'un  triangle 
dont  la  base  serait  tournée  en  avant.  Le 
plastron  sternal  se  rétrécit  assez  brusque- 
ment entre  les  pattes  et  la  première  paire, 


INC 

et  sa  longueur  égale  tout-à-fait  la  plus 
grande  largeur.  Les  pattes  de  la  première 
paire  sont  très  petites  chez  les  femelles; 
chez  le  mâle,  elles  sont  assez  grosses  ,  et 
ont  quelquefois  jusqu'à  trois  fois  la  lar- 
geur du  corps  ;  les  pinces  sont  toujours  poin- 
tues et  recourbées  en  dedans.  Les  pattes 
suivantes  sont  cylindriques,  grêles  et  plus 
ou  moins  filiformes  ;  celles  de  la  seconde 
paire ,  toujours  plus  longues  que  les  anté- 
rieures, ont  trois  ou  quatre  fois  la  longueur 
de  la  portion  sous-frontale  de  la  carapace; 
les  autres  diminuent  successivement  de  lon- 
gueur, et  toutes  se  terminent  par  un  arti- 
cle cylindrique ,  très  long  ,  pointu  et  peu  ou 
point  courbé.  L'abdomen  ne  se  compose 
que  de  six  articles  distincts. 

Les  Inachus  sont  des  Crustacés  de  petite 
taille  qui  habitent  nos  côtes  océaniques  et 
méditerranéennes  et  se  tiennent  ordinaire- 
ment dans  des  eaux  assez  profondes  ;  on  en 
trouve  souvent  sur  les  bancs  d'Huîtres  si- 
tués dans  des  lieux  abrités.  Ils  ont  tout  le 
corps  couvert  de  duvet  et  de  poils,  auxquels 
s'attachent  souvent  des  Éponges  et  des  Co- 
rallines  ;  leur  couleur  est  plus  ou  moins 
brunâtre.  Parmi  les  quatre  espèces  que  cette 
coupe  générique  renferme ,  nous  citerons 
comme  type  I'Inachus  Scorpion,  Inachus 
scorpio  Fabr.  Cette  espèce  est  très  répan- 
due sur  les  côtes  de  la  Manche.  Pendant 
mon  séjour  dans  le  nord  de  l'Afrique ,  j'ai 
rencontré  sur  les  côtes  de  l'Ouest  une  cin- 
quième espèce  appartenant  à  ce  genre  et 
que  j'ai  désignée  sous  le  nom  d'Inachus  mau- 
ritaniens. Ce  Crustacé  est  assez  abondam- 
ment répandu  dans  la  rade  de  Mers-el-Ke- 
bir.  (H.  L.) 

*INCA  ou  YNCA  (nom  propre),  ins.  — 
Genre  de  Coléoptères  pentamères  ,  famille 
des  Lamellicornes ,  tribu  des  Scarabéides 
mélitophiles ,  créé  par  MM.  Lepeletier  de 
Saint-Fargeau  et  Serville  (Encycl.  mélh., 
t.  X,  p.  380),  et  généralement  adopté.  Ce 
genre  renferme  9  espèces  de  l'Amérique 
méridionale  et  équinoxiale ,  parmi  lesquelles 
nous  citerons  1'/.  clathrata  d'Ol.       (C.) 

INCARVILLiEA.  bot.  ph.  —  Genre  de 
la  famille  des  Bignoniacées,  établi  par  Jus- 
sieu  {Gen.,  138).  Herbes  de  la  Chine.  Voy. 

BIGNONIACÉES. 

*INCILARIA,Benson.  moll. —Syn.  de 
Véronicelle  de  M.  de  Blainville.      (Desh.) 


IND 

INCISÉ.  Incisus.  bot.  —  Se  dit  de  tout 
organe  présentant  quelques  découpures  plus 
profondes  que  celles  auxquelles  on  donne 
le  nom  de  dents. 

*INCLINÉES.  Inclinatœ.  aragh.  —  Ce 
nom  désigne,  dans  le  genre  des  Epeira, 
une  famille  dont  les  caractères  peuvent  être 
ainsi  présentés  :  Mâchoires  allongées,  droi- 
tes à  leur  extrémité;  lèvre  plus  haute  que 
large;  corseiet  convexe  ;  abdomen  ovale,  ar- 
rondi ou  triangulaire.  Huit  espèces  d\E- 
peira  appartiennent  à  cette  famille,  et  tou- 
tes se  construisent  une  toile  petite,  inclinée 
ou  horizontale.  (H.  L.) 

INCLUSES,  bot.  —  Se  dit  des  étamines 
quand  elles  sont  plus  courtes  que  la  corolle 
et  renfermées  dans  sa  cavité. 

INCOMBANT.  Incumbans.  bot.— On  dit 
des  organes  floraux  qu'ils  sont  incombants, 
quand  ils  se  recouvrent  latéralement  les 
uns  les  autres.  Ainsi  les  anthères  sont  in- 
combantes quand  elles  sont  attachées  par  le 
milieu,  et  dressées  de  manière  que  leur 
moitié  inférieure  se  trouve  appliquée  contre 
le  filet,  etc. 

INCRUSTATIONS,  min.  —Les  eaux  de 
certaines  sources  ,  chargées  de  matière  cal- 
caire qu'elles  tiennent  en  dissolution  à  la 
faveur  d'un  excès  d'acide  carbonique,  la 
déposent  sur  tous  les  corps  qu'elles  rencon- 
trent, et  sur  le  sol  même,  par  suite  du  dé- 
gagement du  gaz  ou  de  l'évaporation  qu'elles 
éprouvent.  De  là  ces  sédiments  sous  forme 
de  croûtes  qui  incrustent  le  sol  (travertins), 
ou  qui  revêtent  des  cristaux,  des  corps  or- 
ganiques dont  ils  prennent  la  forme  et 
i'apparence.  On  distingue  des  incrustations 
cristallines,  et  des  incrustations  compactes 
ou  terreuses.  Il  en  résulte  de  fausses  pétri- 
fications, des  formes  empruntées  de  divers 
genres  ,  que  nous  considérerons  dans  tous 
leurs  détails  au  mot  pseudomorphoses. 

(Del.) 

INCUBATION,  ois.  —  Voy.  oiseaux. 

INDÉHISCENT.  Indehiscens.  bot. —Se 
dit  de  toute  espèce  de  fruit  qui  ne  s'ouvre 
pas  naturellement  à  la  maturité. 

INDIANITE  (nom  de  pays),  min.  — 
Substance  minérale  ,  en  masses  grenues  , 
«le  couleur  blanche  ou  rosàtre  ,  qui  se 
trouve  disséminée  ,  avec  le  Grenat  et  la 
Hornblende,  dans  une  roche  feldspathique, 
à  l'Ile  de  Ceylan  ,  et  au  Carnate  dans  les 


JND 


2(J 


Indes  orientales.  M.  Beudant  la  considère 
comme  une  Néphéline  à  base  de  Chaux  , 
tandis  que  la  plupart  des  autres  minéralo- 
gistes la  placent  dans  le  groupe  des  espèces 
feldspathiques,  à  côté  de  l'Anorthite,  dont 
elle  n'est  peut-être  qu'une  variété.     (Del.) 

INDICATEUR.  Indicator  (indicator,  qui 
indique),  ois.  —  Genre  de  l'ordre  des  Zygo- 
dactyles,  très  voisin  des  Coucows  ,  dont  il 
est  un  démembrement,  et  à  côté  desquels 
il  prend  place  dans  la  même  famille.  Bien 
que  Vieillot  soit,  par  le  fait,  créateur  de  ce 
g.,  cependant  Levaillant  l'avait  avant  lui 
parfaitement  reconnu  et  indiqué. 

Ses  caractères  sont  les  suivants  :  Bec  plus 
court  que  la  tête,  un  peu  fléchi  en  arc, 
convexe  en  dessus  ,  un  peu  rétréci  vers 
le  bout;  mandibule  supérieure  inclinée  à 
sa  pointe  ,  qui  est  sans  échancrure  ;  l'in- 
férieure retroussée  à  son  extrémité;  na- 
rines petites,  arrondies,  à  demi  couvertes 
par  les  plumes  du  capislrum;  tarses  nus  , 
annelés  ;  doigts  au  nombre  de  quatre,  deux 
dirigés  en  avant  et  deux  en  arrière,  armés 
d'ongles  forts,  crochus  et  amincis. 

Le  nom  d'Indicateur  qui  a  été  imposé 
à  l'espèce  type  de  ce  g.,  et  par  suite  à  tou- 
tes celles  qui  s'y  rapportent,  laisse  assez 
préjuger  ,  ce  me  semble,  que  ce  nom  doit 
faire  allusion  à  des  habitudes  particulières, 
à  des  mœurs  exceptionnelles  :  c'est  ce  qui 
est  en  effet.  La  présence  des  Indicateurs 
dans  un  canton  est  toujours  l'indice  de 
l'existence  dans  le  voisinage  d'un  nid  d'A- 
beilles sauvages  :  or,  comme  ces  oiseaux  se 
décèlent  par  des  cris  continuels  ,  il  en  ré- 
sulte qu'ils  semblent  appeler  l'homme  à 
eux,  et  lui  indiquer  que  là  où  ils  sont,  une  ré- 
colte de  miel  reste  à  faire.  Ce  fait  de  la  pré- 
sence des  Indicateurs  dans  les  lieux  où  se 
trouvent  des  ruches  a  pour  cause  toute  na- 
turelle l'appétit  bien  décidé  de  ces  oiseaux 
pour  le  miel  et  la  cire. 

Les  Hottentots  les  ont  en  grande  affec- 
tion ,  les  vénèrent  même,  et  ne  voient  pas 
d'un  bon  œil  qu'on  leur  fasse  la  chasse. 
Cette  affection  se  conçoit  aisément,  parce 
que  les  Indicateurs  sont  pour  eux,  au  mi- 
lieu des  déserts  de  l'Afrique  ,  leurs  plus 
utiles  auxiliaires  pour  la  découverte  du 
miel.  Les  voyageurs  qui  ont  eu  l'occasion 
d'étudier  ces  oiseaux  rapportent  que  lors- 
qu'un Indicateur  se  fait  entendre,  les  per- 


30 


IND 


tonnes  qui  sont  à  la  recherche  des  nids  d'A- 
beilles sauvages  se  dirigent  de  son  côté,  et 
lui  répondent  en  imitant  son  cri ,  qu'aussi- 
tôt que  l'oiseau  les  aperçoit,  il  va  se  placer 
sur  l'abre  qui  renferme  une  ruche,  et  que 
s'ils  tardent  à  s'y  rendre  ,  il  redouble  ses 
cris,  vient  au-devant  d'eux,  et  parait  par 
ses  mouvements  vouloir  les  faire  se  hâ- 
ter. Pendant  qu'on  recueille  ce  que  con- 
tient la  ruche,  il  se  tient  dans  les  envi- 
rons, et  attend  la  part  qu'on  ne  manque 
jamais  de  lui  laisser.  L'existence  des  Indi- 
cateurs est  donc  très  précieuse  pour  les  peu- 
ples qui  habitent  les  contrées  où  on  les 
trouve. 

Levaillant  avance,  dans  son  Voyage  en 
Afrique,  que  la  peau  de  l'espèce  qu'il  a  ob- 
servée est  si  épaisse  ,  et  le  tissu  si  serré, 
que,  lorsque  cette  peau  est  encore  fraîche, 
on  peut  à  peine  la  percer  avec  une  épingle. 
«  Je  ne  vois  là,  ajoute-t-il,  qu'une  admira- 
ble précaution  de  la  nature,  qui,  ayant  des- 
tiné l'Indicateur  à  disputer  sa  subsistance 
au  plus  ingénieux  des  insectes,  lui  donna 
une  enveloppe  assez  forte  pour  le  mettre 
à  l'abri  de  sa  piqûre.  » 

Les  Indicateurs  se  nourrissent  de  cire  , 
de  miel  et  d'insectes.  Ils  font  leurs  nids  dans 
des  trous  d'arbres  et  pondent  3  ou  4  œufs 
d'un  blanc  sale.  Us  ne  laissent  pas  , 
comme  les  Coucous  ,  à  des  oiseaux  étran- 
gers, le  soin  de  faire  éclore  leurs  œufs  et  de 
nourrir  leurs  petits. 

Pendant  longtemps  on  n'a  connu  que 
deux  espèces  d'Indicateurs,  on  en  admet  ac- 
tuellement trois;  quelques  auteurs  en  re- 
connaissent même  quatre. 

1.  Le  grand  Indicateur,  Ind.  major  Vieill. 
{Gai.  des  Ois.,  pi.  45).  Manteau  brun,  par- 
ties inférieures  roux-jaune  clair;  queue 
blanche  en  dessous,  tachée  de  noir.  Bec  et 
tarses  noirs.  —  Habite  le  cap  de  Bonne- 
Espérance. 

2.  Le  petit  Indicateur  ,  Ind.  tninor  Cuv. 
(Ois.  d'Afr.,  pi.  242).  Manteau  brun-ver- 
dâtre;  ailes  flammées  de  roux;  parties  in- 
férieures grses  nuancées  de  verdâtre.  — 
Habite  le  cap  de  Bonne-Espéranee. 

3.  L'Indicateur  a  bec  blanc,  Ind.  albiros- 
tris  Temm.  (PL  col.,  367).  Gorge  noir-mar- 
ron ;  joues  blanches  ;  tête  brune  en  dessus. 
—  Habile  le  cap  de  Bonne-Espérance,  le  Sé- 
négal etTÉgypte 


IND 

4 .  M.  Lesson  décrit  encore  une  espèce  qu'il 
donne  comme  douteuse,  sous  le  nom  d'iNDi- 
cateur  varié,  Ind.  variegatus.  Elle  a  une 
partie  du  plumage  maillé  et  varié  de  flammè- 
ches blanches  sur  un  fond  brun  et  jaunâtre; 
le  ventre  et  le  bas -ventre  jaunâtres.  — 
Habite  l'Afrique.  (Z.  G.) 

*INDICATORÏNÉES.  Indicalorinœ .  ois. 
—  Tel  est,  dans  le  List  of  the  gênera  de 
G.-R.  Gray,  le  titre  d'une  sous-division  de 
la  famille  des  Coucous  (  Cuculidccs) ,  sous- 
division  qui  ne  comprend  jusqu'ici  que  le 
g.  Indicateur.  (Z.  G.) 

INDICOLITIIE  (c'est-à-dire  pierre  cou- 
leur d'Indigo),  min.  — Variété  bleue  de 
Tourmaline.  Voy.  tourmaline.        (Del.) 

INDIGENE.  Iudigenus.  zool.,  bot.  — 
On  nomme  ainsi  les  productions  animales 
ou  végétales  propres  au  pays  qu'elles  ha- 
bitent. 

INDIGO.  Indicum  (  indicus ,  de  l'Inde). 
bot.  et  chim.  —  L'Indigo  est  une  matière 
colorante  bleue  fournie  principalement  par 
l'Indigotier.  Voy.  ce  mot. 

Quelques  autres  plantes  en  contiennent 
aussi,  telles  sont  :  la  Nerium  tinctorium , 
VIsatis  tinctoria  (  pastel  )  et  le  Polygonum 
tinctorium,  dont  la  culture  a  été  intro- 
duite en  France  depuis  quelques  années. 
Enfin  M.  Calverta  constaté  tout  récemment, 
par  des  caractères  positifs,  la  présence  de 
l'Indigo  dans  quelques  Orchidées  des  genres 
Limodorum ,  Phajus ,  Blelia  {Journal  de 
Pharmacie,  3e  série,  t.  VI). 

L'Indigo  se  présente  en  morceaux  quel- 
quefois irréguliers ,  d'autres  fois  cubiques 
ou  plats  ,  de  nuances  variant  entre  le  bleu 
violet,  le  bleu  clair  et  le  bleu  noirâtre.  Il 
est  léger,  friable,  sans  saveur,  mou*  hap- 
pant à  la  langue  en  raison  de  sa  sécheresse 
et  de  sa  porosité.  Légèrement  odorant,  il  le 
devient  davantage  quand  on  le  chauffe. 
Frotté  avec  l'ongle ,  il  prend  une  teinte 
cuivrée. 

Inaltérable  à  l'air,  insoluble  dans  l'eau, 
un  peu  soluble  dans  l'alcool  bouillant,  l'In- 
digo se  dissout  dans  l'acide  sulfurique  con- 
centré, et  surtout  dans  l'acide  sulfurique 
fumant  de  Nordhausen.  Le  solutum,  d'une 
belle  couleur  bleue ,  est  connue  sous  les 
noms  de  bleu  de  Saxe,  bleu  de  composition  f 
bleu  en  liqueur,  etc.  Étudié  par  Berzélius, 
ce  solutum  a  été  considéré  comme  fonnéde 


TND 

deux  acides  (  sulfo-indigotique  et  hyposulfo- 
indi gotique ) ,  résultant  de  la  combinaison 
des  acides  sulfurique  et  hyposulfurique 
avec  VIndigotine,  principe  colorant  de  l'In- 
digo. Le  professeur  Dumas,  après  de  nou- 
velles expériences  ,  a  conclu  à  l'existence 
d'un  seul  acide  composé  d'un  atome  d'in- 
digotine  et  de  deux  atomes  d'acide  sulfu- 
rique, et  qu'il  a  nommé  acide  sulfindy- 
lique. 

L'acide  azotique  décompose  l'Indigo  à 
chaud,  et  donne  lieu  à  une  matière  jaune, 
amère,  et  à  un  acide  particulier,  acide  in- 
digotique. 

Soumis  à  l'action  d'une  forte  chaleur, 
l'Indigo  répand  des  vapeurs  pourpres  qui  se 
condensent  sur  les  corps  froids ,  en  petites 
aiguilles  brillantes  d'un  bleu  pourpré.  Ces 
aiguilles  constituent  VIndigotine,  principe 
colorant  pur  de  l'Indigo,  dont  nous  avons 
déjà  parlé,  et  qui  jouit  au  plus  haut  degré 
de  toutes  les  propriétés  du  corps  dont  on 
l'extrait.  La  quantité  d'Indigotine  varie  dans 
les  différentes  espèces  d'Indigo;  elle  entre 
pour  45/100  dans  la  composition  de  l'In- 
digo flore  ,  regardé  comme  le  plus  riche  de 
tous;  les  55/100  restant  sont,  suivant 
M.  Chevreul ,  un  mélange  d'Indigo  dé- 
soxydé,  de  matière  verte  et  de  gomme-ré- 
sine rouge,  d'ammoniaque,  de  carbonate 
<!e  chaux,  d'alumine,  de  silice  et  d'oxyde 
de  fer. 

Mis  en  contact  avec  les  alcalis  et  un  corps 
«vide  d'oxygène,  tel  que  le  proto-sulfate  de 
1er,  ou  les  sulfures  alcalins,  l'Indigo  perd 
une  partie  de  son  oxygène  et  se  transforme 
eu  une  matière  jaune  soluble  dans  l'eau  ;  le 
«olutum  redevient  bleu  par  son  exposition 
à  l'air,  dont  il  absorbe  l'Oxygène.  C'est  en 
rendant  ainsi  l'Indigo  soluble  que  l'art  de 
la  teinture  a  su  le  fixer  solidement  sur  les 
tissus  de  laine. 

L'Indigo  pur,  ou  pour  mieux  dire  l'In- 
«Jigotine,  est  formée  de  Carbone  73,0,  Hy- 
drogène 4,0,  Azote  10,8,  Oxygène  12,2.  Sa 
Tormule ,  d'après  le  professeur  Dumas , 
=  C'cHloAz>0\ 

L'Indigo  ne  présentait  d'hnportance  que 
par  son  emploi  en  teinture,  lorsque,  dans  ces 
derniers  temps,  quelques  praticiens  le  fi- 
rent entrer  dans  la  matière  médicale.  S'il 
eût  fallu  en  croire  les  résultats  annoncés, 
l'Indigo  aurait  dû  prendre  rang  parmi  les 


mu 


31 


agents  thérapeutiques  les  plus  précieux  , 
puisqu'il  guérissait ,  disait-on  ,  l'une  des 
plus  cruelles  maladies  qui  affligent  l'huma- 
nité, VÉpilepsie.  Malheureusement,  quand 
on  en  vint  à  des  expériences  sérieuses  ,  il  y 
eut  bien  du  mécompte,  et  c'est  à  peine  si 
les  malades  soumis  à  l'action  du  nouveau 
médicament  éprouvèrent  quelque  diminu- 
tion dans  le  nombre  ou  dans  la  durée  des  1 
attaques.  (A.  D.)      \L 

INDIGOTIER.  Indigofera  y  Linn.  bot. 
pu.  —  Grand  genre  de  la  famille  des  Papi- 
lionacées  ,  de  la  tribu  des  Lotées.  De  Can- 
dolle  (Prodromus,  t.  II,  p.  221)  en  dé- 
crit 120  espèces,  et  les  travaux  postérieurs 
au  Prodrome  ont  à  peu  près  doublé  ce  nom- 
bre. Les  plantes  qui  le  composent  sont  her- 
bacées ,  sous-frutescentes  ou  frutescentes. 
Le  plus  souvent  elles  sont  revêtues  de  poils 
en  navette.  Leurs  feuilles  sont  pennées  avec 
foliole  impaire,  presque  toujours  à  folioles 
nombreuses,  mais  aussi,  dans  quelques  cas, 
réduites  à  la  seule  foliole  impaire.  Ces 
feuilles  tont  accompagnées  de  stipules 
adhérentes  au  pétiole,  et,  le  plus  souvent, 
de  slipelles.  Les  fleurs  sont  portées  sur  des 
pédoncules  axillaires  et  en  nombre  variable. 
Elles  présentent  :  un  calice  à  cinq  dents  ou 
à  cinq  divisions  presque  égales  ;  une  corolle 
papilionacée  dont  l'étendard  est  presque  ar- 
rondi et  réfléchi,  dont  la  carène  porte ,  de 
chaque  côté  ,  une  bosselure  ou  une  sorte 
d'éperon ,  et  égale  les  ailes  en  longueur. 
L'ovaire  est  presque  sessile,  allongé,  ren- 
fermant de  deux  à  plusieurs  ovules.  Le  lé- 
gume qui  lui  succède  est  arrondi  ou  qua- 
drangulaire  ,  droit  ou  courbé  ,  polysperme 
et  quelquefois  aussi  monosperme  par  avor- 
tement,  généralement  pendant.  Les  graines 
sont  tronquées  aux  deux  extrémités ,  sépa- 
rées l'une  de  l'autre  par  une  portion  mem- 
braneuse du  légume.  Ces  plantes  crois- 
sent dans  les  parties  tropicales  et  sous- 
tropicales  de  presque  toute  la  surface  du 
globe. 

Sur  le  grand  nombre  d'espèces  que  ren- 
ferme le  genre  Indigotier,  il  n'en  est  guère 
que  4  ou  5  que  l'on  cultive  en  grand  pour 
en  obtenir  l'Indigo.  Ces  espèces  sont  les  sui- 
vantes, qui  appartiennent  toutes  à  la  sec- 
tion du  genre  désigné  sous  le  nom  de  Mul- 
tijugœ  dans  le  Prodromus. 

1 .  Indigotier  bâtard  ,   Indigofera  Anil 


32 


IND 


ijnd 


Lin.  Cette  espèce  forme  un  arbrisseau  de  8 
à  10  décimètres  de  haut.  Elle  est  originaire 
des  Indes  orientales;  mais  sa  culture  a  été 
assez  étendue  dans  l'Amérique  intertropi- 
cale pour  qu'elle  s'y  soit  naturalisée.  Sa  tige 
est  sous  -  frutescente  ,  dressée,  assez  ra- 
meuse, à  rameaux  dressés  et  effilés,  d'un 
vert  glauque  et  comme  pulvérulents.  Ses 
feuilles,  pennées  avec  impaire,  ont  de  trois 
à  sept  paires  de  folioles  ovales  ,  allongées  , 
obtuses  au  sommet  et  souvent  mucronées, 
légèrement  pubescentes  à  leur  surface  infé- 
rieure. Les  stipules  sont  subulées.  Les  fleurs 
sont  d'une  teinte  rouge  mêlée  de  vert; 
elles  forment  des  grappes  axillaires  ,  beau- 
coup plus  courtes  que  les  feuilles.  Les  lé- 
gumes sont  comprimés,  non  toruleux,  re- 
courbés en  faucille  ,  longs  d'environ  15  à 
20  millimètres  ;  leurs  deux  sutures  sont 
marquées  par  une  callosité  saillante  en 
bande  longitudinale  :  ils  renferment  cinq  ou 
six  graines  anguleuses  et  brunâtres. 

De  Candolle  indique  trois  variétés  de  cette 
espèce,  qu'il  nomme:  la  lre  oligophylla,  la 
2'  polyphylla ,  la  3e  orthocarpa.  . 

2.  Indigotier  franc  ,  Indigofera  tinctoria 
Lin.  Cette  espèce  paraît  être,  comme  la  pré- 
cédente, originaire  de  l'Inde;  mais  elle  se 
trouve  aussi  dans  l'Afrique  équatoriale ,  à 
Madagascar,  à  Maurice  et  à  Bourbon.  On 
croit  qu'elle  a  été  introduite  dans  ces  deux 
dernières  îles,  où  elle  est  cultivée.  Elle  rap- 
pelle par  son  port  l'espèce  précédente  ;  sa 
tige  est  de  même  sous-frutescente,  droite  ; 
ses  feuilles  présentent  quatre  ou  six  paires 
de  folioles  obovales ,  obtuses  ,  un  peu  en 
coin,  glabres  supérieurement ,  légèrement 
pubescentes  inférieurement.  Ses  stipules 
sont  subulées  et  caduques.  Les  fleurs  sont 
un  peu  plus  grandes  que  celles  de  la  précé- 
dente, réunies  de  même  en  grappes  axil- 
'  laires,  plus  courtes  que  les  feuilles.  Les  lé- 
gumes sont  presque  arrondis ,  toruleux,  ar- 
qués, longs  d'environ  3  centimètres  ou  un 
peu  plus  :  ils  renferment  ordinairement  de 
dix  à  quinze  graines  brunâtres. 

De  Candolle  en  distingue  deux  variétés  : 
1"  macrocarpa  ;  2«  brachycarpa. 

3.  Indigotier  argenté,  Indigofera  argen- 
tea  Lin.  Cette  espèce  croît  en  Egypte,  où  sa 
culture  a  beaucoup  d'importance ,  en  Ara- 
bie et  dans  quelques  parties  de  l'Inde.  C'est 
un  arbuste  qui  ne  s'élève  le  plus  souvent 


qu'à  7-8  décimètres  ;  sa  tige  et  ses  rameaux 
sont  revêtus  d'an  duvet  soyeux  et  blanc; 
ses  feuilles  n'ont  que  trois  ou  cinq  folioles 
obovales,  très  obtuses,  plus  larges  que  che? 
les  deux  espèces  précédentes ,  couvertes  sur 
leurs  deux  faces  d'un  duvet  soyeux  et  blanc, 
couché.  Ses  fleurs  sont  fort  petites,  dispo- 
sées en  grappes  axillaires  beaucoup  plus 
courtes  que  les  feuilles.  Les  légumes  son» 
pendants,  peu  comprimés,  toruleux,  coton- 
neux ;  ils  renferment  deux  ou  quatre  graines 
plus  grosses  que  chez  les  espèces  précé- 
dentes. 

4.  Indigotier  de  la  Caroline  ,  Indigofera 
Caroli7iianaWâ\ter.  Cette  espèce  croît  spon- 
tanément dans  la  Caroline  ;  de  plus  ,  elle  y 
est  cultivée  en  grand  pour  l'Indigo  qu'on  en 
retire.  Elle  ne  s'élève  guère  qu'à  5-6  déci- 
mètres. Ses  feuilles  sont  composées  de  neuf 
à  treize  folioles  obovales  ou  presque  en  coin, 
très  obtuses  ,  glauques ,  et  très  légèrement 
pubescentes  sur  leurs  deux  faces.  Les  fleurs 
sont  en  grappes  plus  longues  que  les  feuilles  ; 
les  légumes  sont  courts,  globuleux,  pointus 
aux  deux  bouts,  à  une  ou  deux  graines. 

5.  M.  Perrottet  {Art  de  l'Indigotier,  in-8, 
Paris,  1842)  décrit  sous  le  nom  d'iNDiGO- 
tier  de  la  Jamaïque,  Indigofera  jamaicensis 
Perrot.  ,  une  espèce  qu'il  pense  avoir  été 
introduite  à  la  Jamaïque,  et  qui  est  cultivée 
dans  cette  île.  C'est  un  arbrisseau  qui  s'élève 
à  environ  1  mètre  1/2  ou  même  un  peu  au- 
delà,  dont  les  branches  sont  anguleuses,  qui 
est  blanchâtre  dans  toutes  ses  parties.  Ses 
feuilles  ont  de  cinq  à  sept  paires  de  folioles 
ovales-allongées,  à  duvet  ras  et  blanc ,  ap- 
pliqué sur  les  deux  surfaces.  Les  fleurs  sont 
petites  ,  rosées  ou  rouge  pâle  ,  en  grappes 
serrées,  plus  courtes  que  les  feuilles.  Les 
légumes  sont  courts,  non  toruleux,  renfer- 
mant 4-5  graines  brunes. 

La  culture  des  Indigotiers  et  l'extraction 
de  la  précieuse  matière  tinctoriale  qu'ils 
fournissent  constituent  un  art  important, 
qui,  comme  ttus  les  autres,  a  subi,  surtout 
depuis  quelques  années  ,  des  perfectionne- 

!  mente  successifs  et  d'autant  plus  impor- 
tants qu'ils  sont  devenus  la  source  de  bé- 
néfices considérables ,  et  que  tout  en  amé- 
liorant les  qualités  de  l'Indigo  commercial, 

1  ils  ont  contribué  à  en  diminuer  le  prix. 
Aujourd'hui  la  culture  des  Indigotiers  serait 
sans  profit ,  et  même  onéreuse  à  ceux  qui 


IND 


1ND 


33 


mettraient  uniquement  en  pratique  les  pro- 
cédés qui  étaient  généralement  en  usage  il 
y  a  Yingt-cinq  ans.  il  est  donc  important  de 
donner  ici  un  exposé  abrégé,  mais  suffisant, 
des  principes  de  la  culture  des  Indigotiers, 
et  de  l'extraction  de  l'Indigo  conformément 
aux  traités  les  plus  récents  et  les  plus  esti- 
més. A  cet  égard,  nous  ne  croyons  pouvoir 
mieux  faire  que  de  puiser  nos  renseigne- 
ments dans  l'excellent  ouvrage  déjà  cité  de 
M.  Perrottet,  que  ses  études  spéciales  et  ses 
observations  pratiques  dans  l'Inde  et  au 
Sénégal  ont  mis  à  même  plus  que  personne 
d'écrire  un  résumé  complet  de  la  matière. 

La  culture  des  Indigotiers  n'a  réussi  jus- 
qu'à ce  jour  que  dans  les  contrées  intertro- 
picales ou  sous-tropicales  ;  des  essais  ont  été 
tentés  à  diverses  époques  à  Malte ,  par  les 
Arabes;  en  France,  en  Allemagne,  et  parti- 
culièrement en  Italie,  dans  le  courant  du 
siècle  dernier,  par  le  pèreArduino,  parZuc- 
cagni ,  etc.  Mais  ces  essais  ont  seulement 
démontré  l'impossibilité  d'établir  avec  suc- 
cès cette  culture  dans  nos  contrées.  L'In- 
digo obtenu  dans  quelques  unes  de  ces  ex- 
périences était  de  qualité  passable  ;  mais 
sa  quantité  était  trop  faible,  proportionnel- 
lement aux  feuilles  employées ,  pour  ne  pas 
amener  des  pertes  considérables.  Il  est  donc 
nécessaire  de  réserver  cette  culture  pour  les 
parties  chaudes  du  globe,  dans  lesquelles 
même  elle  n'est  d'un  avantage  incon- 
testable que  lorsqu'elle  est  faite  sur  une 
grande  tichelle. 

Le  premier  soin  qu'exige  cette  cullure  en 
grand  consiste  dans  le  choix  d'un  terrain 
uni ,  sans  pente  prononcée  et  peu  acci- 
denté; sans  cela,  les  pluies  diluviennes  de 
ces  contrées  chaudes  entraîneraient  les  grai- 
nes dans  les  parties  basses  en  laissant  à  nu 
les  éminences  et  les  parties  inclinées.  La 
terre  destinée  à  recevoir  les  Indigotiers  doit 
être  d'une  composition  aussi  homogène  qu'il 
est  possible,  légère,  peu  argileuse,  riche  en 
humus  et  d'une  couleur  brunâtre.  Les  terres 
compactes  sont  très  désavantageuses;  les 
plantes  s'y  développent  parfois  assez  bien, 
mais  elles  contiennent  de  faibles  propor- 
tions de  «matière  colorante;  au  reste,  la 
teinte  de  leur  vert  accuse  extérieurement 
ces  différences.  Les  sols  sablonneux ,  blan- 
châtres ,  doivent  également  être  laissés  de 
côté ,  tandis  que  ceux  de  couleur  ferrugi- 

T    VU. 


neuse  ou  brunâtre  donnent  généralement 
de  bons  résultats.  Comme  pour  obtenir  des 
produits  de  quelque  importance,  on  est 
obligé  de  consacrer  à  la  culture  des  Indigo- 
tiers une  grande  étendue  de  terrain  ,  il  est 
impossible  de  faire  usage  d'engrais,  si  ce 
n'est  quelquefois  dans  le  voisinage  immédiat 
des  usines;  il  a  été  reconnu  cependant  que 
les  engrais  produisent  de  très  bons  effets  non 
seulement  sur  la  vigueur  et  la  rapidité  du 
développement  de  la  plante  elle-même, 
mais  encore  sur  l'abondance  du  produit 
qu'elle  donne. 

La  terre  destinée  à  être  ensemencée  doit 
recevoir  d'abord  de  bons  labours  aussi  pro- 
fonds qu'il  est  possible,  et  qui,  dans  tous 
les  cas,  doivent  pénétrer  à  3  décimètres 
au  moins  de  profondeur.  Si  la  terre  est 
encore  neuve,  on  donne  au  moins  trois  de 
ces  labours  renouvelés  de  trois  en  trois  mois, 
et  en  sens  croisé.  Les  graines  à  semer  doi- 
vent être  choisies  avec  soin  parmi  les  plus 
mûres,  les  plus  nouvelles  et  les  mieux  nour- 
ries; les  meilleures  sont  celles  qui  ont  été 
recueillies  la  même  année  sur  des  pieds  vi- 
goureux et  en  bon  état.  Celles  de  deux  et 
même  trois  ans  ont  besoin  d'être  légèrement 
triturées  dans  un  mortier,  avec  un  peu  de 
sable,  de  brique  pilée  ou  de  charbon  ,  pour 
détacher  ou  rompre  leur  test  crustacé.  Après 
cette  opération,  elles  lèvent  très  bien.  Pour 
faire  sortir  ces  graines  des  fragments  de  lé- 
gumes qui  les  renferment,  on  se  sert  d'un 
mortier  et  d'un  pilon,  sans  que,  grâce  à 
leur  finesse,  à  la  dureté  et  à  la  surface  unie 
et  luisante  de  leur  test,  elles  soient  écra- 
sées ,  si  ce  n'est  en  très  petit  nombre.  Ainsi 
dégagées,  les  graines  sont  nettoyées  et  iso- 
lées par  le  van  ou  de  toute  autre  manière. 

Les  semis  se  font  de  diverses  manières; 
mais  le  plus  avantageux,  selon  M.  Perrottet, 
comme  aussi  le  plus  simple  et  le  plus  éco- 
nomique de  tous,  est  celui  à  la  volée.  Un 
arpent  de  bon  terrain  ,  bien  ensemencé  par 
cette  méthode ,  n'exige  guère  que  six  ou  sept 
demi-kilogrammes  de  graines;  plusieurs 
des  autres  méthodes  employées  ordinaire- 
ment obligent  à  dépasser  notablement  cette 
quantité.  L'époque  qu'on  choisit  pour  semex 
les  Indigotiers  est  celle  de  l'approche  des 
pluies:  cependant,  sur, la  côte  de  Coroman- 
del ,  on  ne  sème  qu'après  les  pluies ,  en 
décembre  et  en  janvier,  parce  qu'on  a  cru 


34 


IND 


mu 


remarquer  que  l'extrême  abondance  d'hu- 
midité pourrit  parfois  les  graines. 

Dès  que  le  plant  a  atteint  une  hauteur 
de  9  ou  10  centimètres  et  que  les  mau- 
vaises herbes  qui  y  sont  entremêlées  ont 
crû  assez  pour  pouvoir  être  arrachées  avec 
leur  racine,  ce  qui  a  lieu  dix  ou  douze  jours 
après  le  semis,  on  opère  un  premier  sarclage 
avec  de  grandes  précautions,  pour  ne  pas 
faire  soufTrir  les  jeunes  plantes.  Plus  tard 
on  répète  ces  sarclages ,  qu'il  est  très  bon 
d'accompagner  de  binages  dès  que  les  her- 
bes ont  déjà  envahi  la  plantation.  Conduits 
de  cette  manière  ,  et  lorsque  le  temps  leur 
est  favorable,  les  Indigotiers  acquièrent 
généralement  en  trois  mois  un  développe- 
ment suffisant  pour  qu'on  puisse  en  faire  la 
récolte.  Le  moment  delà  récolte  est  déter- 
miné par  celui  où  le  principe  colorant  est  le 
plus  abondant  dans  la  plante  :  c'est  celui  où 
les  fleurs  commencent  à  se  développer.  Plus 
tard,  et  lorsque  le  fruit  est  formé  ,  la  quan- 
tité de  matière  colorante  diminue,  de  telle 
sorte  que  chaque  jour  de  retard  amène  une 
perte  évidente. 

La  récolte  des  Indigotiers  se  fait  en  les 
coupant  au  pied  ,  le  plus  près  de  terre  qu'il 
est  possible,  avec  de  bonnes  serpettes.  Ce 
travail  étant  assez  pénible ,  on  y  emploie 
ics  ouvriers  les  plus  forts  ;  tandis  que  d'au- 
tres ,  marchant  après  eux,  ramassent  les 
plantes  à  mesure  qu'elles  sont  coupées,  et 
les  réunissent  par  gerbes  qu'on  transporte 
sans  retard  à  l'Indigoterie,  et  qu'on  délie  dès  j 
qu'elles  y  sont  rendues,  pour  opérer  aussitôt 
sur  elles.  Immédiatement  après  cette  pre- 
mière récolte,  on  donne  à  la  terre  un  binage 
profond  ;  un  mois  ou  six  semaines  après,  on 
fait  une  seconde  récolte;  plus  tard  encore 
on  en  obtient  une  troisième;  mais  ces  deux 
dernières  sont  généralement  pauvres  en 
Indigo.  Dans  tous  les  cas,  la  coupe  des 
plantes  doit  se  faire  le  plus  promptement 
possible.  Quoique  les  Indigotiers  soient  vi- 
vaces,  on  trouve  de  l'avantage  à  les  semer 
chaque  année. 

Voici  maintenant  les  procédés  employés 
pour  extraire  l'Indigo  de  ces  plantes.  Ces 
procédés  sont  de  deux  sortes.  Dans  l'un  on 
opère  seulement  sur  la  feuille  sèche  :  il 
n'est  employé  que  dans  l'Inde  et  en  Egypte  ; 
il  est,  du  reste,  plus  dispendieux,  au  point  de 
diminuer  beaucoup  ou  même  d'annihiler 


les  bénéfices  de  l'exploitation  :  aussi  M.  Per 
rottet  pense-t-il  qu'on  ne  doit  y  avoir  re- 
cours que  lorsqu'on  ne  peut  faire  autre- 
ment, par  exemple  quand  on  n'a  que  peu 
de  plantes  ou  qu'elles  sont  en  trop  mauvais 
état  pour  pouvoir  être  traitées  par  le  second 
procédé.  Celui-ci  consiste  à  opérer  sur  la 
feuille  verte  :  c'est  celui  qu'on  emploie  gé- 
néralement et  qui  paraît  opérer  l'extraction 
du  principe  colorant  avec  le  plus  d'avantage; 
c'est  aussi  celui  dont  nous  allons  donner 
la  description  abrégée. 

Une  indigoterie  destinée  à  opérer  sur  une 
grande  échelle  doit  toujours  être  bâtie  le 
long  d'une  rivière  ou  d'un  ruisseau.  Elle 
se  compose  d'un  ou  plusieurs  jeux  de  cuve, 
suivant  l'importance  de  l'exploitation.  Cha- 
que jeu  de  cuve  consiste  en  diverses  par- 
ties ;  1°  un  grand  bassin  ou  réservoir  des- 
tiné à  contenir  l'eau  nécessaire  pour  l'opé- 
ration ,  construit  en  forte  maçonnerie,  de 
forme  ronde  ou  carrée  à  angles  arrondis; 
ce  bassin  est  muni  d'une  première  ouver- 
ture ■,  ou  d'un  canal  à  décanter,  percé  à  en- 
viron 650  millimètres  du  fond  ;  une  seconde 
ouverture  est  percée  au  niveau  du  fond,  afin 
de  permettre  le  nettoyage  ;  2"  une  cuve- 
Irempoire ,  second  bassin  également  en  ma- 
çonnerie, moins  grand  que  le  premier, 
adossé  au  mur  de  celui-ci,  qui  porte  le  canal 
de  décharge ,  présentant,  en  surface  carrée, 
de  5  1?2  à  8  mètres,  sur  1  mètre  au  plus  de 
profondeur,  percé  à  son  fond  de  deux  ou- 
vertures à  décanter  ;  3°  par  ces  ouvertures, 
le  liquide  se  déverse  dans  la  batterie,  autre 
bassin  semblable  à  la  trempoire  et  à  peu 
près  de  mêmes  dimensions  ;  la  batterie  pré- 
tente dans  son  mur  inférieur,  au  niveau  du 
fond,  une  plaque  de  pierre  ou  de  métal 
percée  de  trous  superposés,  servant  à  l'écou- 
lement de  l'eau  à  mesure  qu'elle  se  dépouille 
de  l'Indigo  qui  se  dépose;  de  plus,  à  côté  de 
cette  plaque  et  au  niveau  du  fond,  est  percé 
un  trou  rond,  d'environ  108  millimètres 
de  diamèirc  par  lequel  l'Indigo  passe  dans 
le  diablotin;  4°  celui-ci  est  une  cuve,  de 
forme  ronde  ou  carrée  indifféremment,  or- 
dinairement construite  dans  le  sol ,  immé- 
diatement sous  la  batterie,  dont  le  fond  est 
plus  incliné  que  dans  les  trois  premières 
cuves  ,  et  qui  présente  comme  la  batterie, 
au  niveau  du  fond  ,  une  plaque  trouée ,  et 
de  plus  une  ouverture  pour  la  vider  et  la 


IND 


1ND 


35 


nettoyer  entièrement;  5°  une  chaudière 
d'environ  un  demi-mètre  en  tous  sens,  for- 
mée d'une  plaque  de  cuivre  enchâssée  par 
ses  bords  dans  des  côtés  en  maçonnerie  ; 
elle  présente  sur  une  de  ses  faces ,  dans 
toute  sa  hauteur,  une  série  de  robinets  su- 
perposés ,  dont  le  dernier  est  au  niveau  du 
fond;  6°  immédiatement  au-dessous  de 
celui-ci  se  trouve  la  caisse  à  filtrer  ou  le 
refroidissoir.  On  nomme  ainsi  un  bassin  en 
maçonnerie  de  4-5  mètres  de  long  ,  sur  près 
de  2  mètres  de  large  et  environ  75  centi- 
mètres de  profondeur;  son  fond  est  concave 
pour  l'écoulement  du  liquide  ;  7°  enfin,  à 
l'extrémité  inférieure  du  refroidissoir  est 
construit  un  petit  bassin  rond  et  conique, 
profond  de  65  centimètres  sur  environ  50  de 
diamètre. 

Voici  maintenant  la  marche  de  l'opéra- 
tiou. 

Dès  que  les  Indigotiers  ont  été  coupés,  on 
les  dispose  par  couches  minces,  superposées 
et  un  peu  inclinées  dans  lacuve-trempoire; 
cette  disposition  a  pour  but  de  rendre  la  ma- 
cération des  plantes  régulière  et  de  permet- 
tre l'écoulement  de  l'eau  dans  laquelle  elles 
ont  macéré.  La  trempoire  étant  remplie,  on 
presse  fortement  la  masse  avec  des  perches 
et  avec  trois  gros  madriers  retenus  par  des 
boulons  ;  on  ouvre  alors  le  réservoir,  où  l'eau 
a  dû  séjourner  au  moins  vingt-quatre  heures, 
et  on  couvre  les  plantes  d'environ  8  centimè- 
tres de  liquide.  La  macération  commence  à 
manifester  ses  effets  après  six  ou  huit  heures  ; 
elle  est  terminée  lorsque  l'eau  a  contracté 
une  âpreté  qui  se  fait  sentir  à  la  langue,  au 
palais  et  jusqu'au  larynx,  et  qu'elle  s'est  co- 
lorée en  vert.  Il  faut  sur-le-champ  la  décan- 
ter. En  un  quart  d'heure  ou  vingt  minutes, 
cette  eau  a  pu  s'écouler  dans  la  batterie,  et 
aussitôt  après,  on  commence  à  la  battre.  Le 
battage  a  pour  effet  d'amener  le  dégagement 
de  l'acide  carbonique  du  liquide,  et  en  même 
temps  de  faciliter  l'action  de  l'oxygène  sur  le 
principe  colorant  et  son  oxydation  qui  déter- 
mine sa  précipitation.  La  durée  de  cette  opé- 
ration est  déterminée  par  la  coloration  de 
l'eau  en  bleu  foncé;  des  signes,  que  la  pra- 
tique a  appris  à  connaître,  permettent  delà 
terminer  au  moment  précis.  On  l'opère  au 
moyen  de  sortes  de  battes  de  sapin,  qu'on 
agite  vivement  et  en  tous  sens  dans  le  liquide; 
ce  travail  dure  d'une  heure  et  demie  à  deux 


heures  au  plus.  Généralement,  on  ajoute 
alors  de  l'eau  de  chaux  bien  filtrée,  afin  de 
hâter  la  précipitation  de  l'Indigo  ;  et,  ces  deux 
liquides  ayant  été  bien  mêlés,  on  laisse  le 
tout  en  repos  jusqu'à  ce  que  le  dépôt  se  soit 
opéré.  Alors  on  ouvre,  pour  enlever  l'eau, 
d'abord  le  trou  supérieur  de  la  plaque  per- 
cée, mentionnée  plus  haut,  puis  le  deuxième, 
le  troisième,  etc.,  jusqu'au  dernier,  situé  un 
peu  au-dessus  du  fond,  qu'on  n'ouvre  qu'à 
moitié  avec  les  plus  grandes  précautions.  Le 
restant  du  liquide  avec  le  dépôt  passe  alors 
dans  le  diablotin,  où  le  tout  est  reçu  sur  un 
grand  filtre.  L'Indigo  reste  sur  le  filtre  à 
l'état  de  pâte;  on  le  porte  auprès  de  la  chau- 
dière, et  on  le  délaie  dans  de  l'eau  très  lim- 
pide. Le  tout  est  jeté  dans  la  chaudière  en 
passant  à  travers  un  filtre  qui  retient  les 
corps  étrangers  mêlés  précédemment  à  la 
pâte.  Le  liquide  filtré  n'est  plus  que  de  l'eau 
tenant  en  suspension  l'Indigo.  On  le  fait 
bouillir  en  l'agitant  sans  cesse  pendant  deux 
heures  ;  après  quoi  on  retire  le  feu  et  on 
laisse  reposer.  Après  trois  quarts  d'heure  au 
plus,  la  précipitation  de  l'Indigo  s'est  opé- 
rée suffisamment  pour  qu'en  décante  l'eau 
qui  surnage,  en  ouvrant  successivement  les 
robinets,  à  partir  du  plus  haut.  Lorsqu'il  ne 
reste  plus  que  peu  d'eau  avec  le  dépôt  d'In- 
digo au  fond  de  la  chaudière,  on  ouvre  le 
robinet  inférieur  pour  faire  écouler  dans  !e 
refroidissoir  à  travers  un  filtre  de  canevas, 
qui  débarrasse  encore  l'Indigo  des  corps 
étrangers  mêlés  avec  lui.  L'eau,  qui  passe 
chargée  d'Indigo,  se  rend  dans  le  petit  bas- 
sin rond  inférieur;  elle  est  reversée  sur  le 
filtre  jusqu'à  ce  qu'elle  coule  claire  et  inco- 
lore, ce  qui  a  lieu  après  un  quart  d'heure 
environ.  L'Indigo  est  alors  resté  sur  le  filtre 
en  totalité  à  l'état  pâteux;  il  reste  à  l'intro- 
duire dans  un  caisson  à  parois  mobiles, 
percé  de  trous,  muni  intérieurement  d'une 
toile  bleue  dont  on  fait  une  enveloppe  com- 
plète à  la  pâte;  après  quoi  on  fait  agir  une 
presse  qui  exprime  l'eau,  et  l'on  obtient  ainsi 
une  sorte  de  tourteau  qu'on  divise  en  ta- 
blettes de  81  millimètres  cubes  environ,  qui 
sont  versées  dans  le  commerce  après  avoir 
été  desséchées. 

Dans  le  commerce  on  distingue  un  grand 
nombre  de  qualités  d'Indigo  qui  reçoivent 
des  noms  divers  d'après  leur  provenance  et 
d'après  leur  nuance.  Celui  qui  nous  vient 


36  IND 

de  l'Inde  est  nommé  Indigo  du  Bengale  : 
c'est  le  plus  estimé  de  tous  ;  de  Coroman- 
del,  de  Madras,  de  Manille,  etc.  Parmi  ceux 
qui  nous  arrivent  d'Amérique,  celui  qu'on 
classe  au  premier  rang  est  l'Indigo  flor  ou 
de  Guatemala  ;  puis  viennent  ceux  du  Pérou, 
de  Saint-Domingue  ,  Caraque  ,  de  la  Loui- 
siane; enfin  l'on  obtient  encore  de  l'Indigo 
en  Egypte.  (P.  Duchartre.) 

INDRI.    Lichanotus  (XcXavôç,  doigt  in- 
dex), mam.  —  Les  Indris  sont  une  espèce 
fort    curieuse     de    Mammifère    qu'on    ne 
trouve  qu'à  Madagascar.  Ils  appartiennent 
à  la  famille  des  Lémuriens,  et  associent  aux 
caractères  de  ces  animaux  diverses  particu- 
larités   qui  rappellent    les   Orangs    et  les 
Chimpanzés  ou  les  Gibbons  ;  et  l'on  pourrait 
admettre  que  malgré  leur  organisation,  bien 
inférieure  à  celle  de  ces  derniers,  ils  les  re- 
présentent  à   Madagascar,    et  qu'ils  sont 
dans  ce  pays  les  premiers  des  Quadruma- 
nes ,   comme   chacun   de  ceux-ci  l'est  en 
Afrique  ou  dans  l'Inde.  Parmi  les  carac- 
tères qui  nous  semblent  révéler  dans  les 
Indris  un  groupe  de  Lémuriens  supérieur 
aux  autres,  nous  pouvons  signaler  le  nom- 
bre de  leurs  molaires,  qui  est  de  vingt, 
l'absence  de  l'os  métacarpien  intermédiaire 
qui  existe  dans  les  autres  Quadrumanes , 
gauf  dans  le  Chimpanzé  et  l'Orang;  enfin 
la  grande  brièveté  de  la  queue.  11  est  vrai 
que  ce  dernier  caractère  n'est  pas  constant 
chez  tous  les  animaux  du  genre  Indri  que 
l'on  connaît  aujourd'hui,  et  que  les  deux 
espèces  qui  s'y  rapportent,  avec  l'Indri  de 
Sonnerat,  ont  au  contraire  la  queue  pres- 
que aussi  longue  que  celle  des  vrais  Makis. 
Des  trois  espèces  connues  du  genre  Indri, 
deux  le  sont  depuis  la  fin  du  siècle  der- 
nier, et  il  en  est  question  dans  le  voyageur 
Sonnerat;  la    troisième  a  été  découverte 
il  y  a  une  quinzaine  d'années.  C'est  à  feu 
M.  Bennett ,  de  la  Société  zoologique  de 
Londres,  qu'on  en  doit  la  première  descrip- 
tion. Ces  trois  animaux  sont  également  de 
Madagascar,   pays   si  remarquable  par  la 
nature    toute   particulière  de  ses  produc- 
tions mammalogiques.  Les  naturalistes  ac- 
tuels en  font  trois  genres  distincts  ,  qu'ils 
nomment  Indris ,   pour  l'espèce  a  courte 
queue;  Avahis,  pour  celle  à  longue  queue, 
dont  il   est  question  dans  Sonnerat  ;    et 
Propithecus ,  pour  celle  dont  a  parlé  Ben- 


IND 

nctt  :  ces  trois  espèces  ont  néanmoins  quel- 
ques caractères  communs  ;  et  si  l'on  ne  veut 
plus  les  laisser  dans  le  même  genre,  ce  qui 
serait  peut-être  meilleur,  il  n'en  faut  pas 
moins  en  faire  une  coupe  particulière  de  la 
famille  des  Lémuriens. 

Les  Lichanotus  des  trois  espèces  se  dis- 
tinguent des  autres  Lémuriens  par  deux  par- 
ticularités assez  importantes  tirées  du  sys- 
tème dentaire  et  du  squelette.  Ils  n'ont 
que  cinq  paires  de  molaires  au  lieu  de  six, 
et  deux  paires  de  dents  déclives  et  pectini- 
formes  à  la  mâchoire  inférieure  au  lieu  de 
six ,  ce  qui  leur  donne  pour  formule  den- 
taire £  incisives ,  f  canines  et  {  molaires. 
Leur  dentition  de  lait  est  également  par- 
ticulière. Les  Lichanotus  manquent,  ainsi 
que  nous  l'avons  déjà  dit,  du  métacarpien 
intermédiaire  de  la  plupart  des  Quadru- 
manes ,  et  des  autres  Lémuriens  en  parti- 
culier. Ce  sont  des  animaux  insectivores  et 
frugivores  qui  sont  crépusculaires,  et  qui 
vivent  dans  les  lieux  boisés.  On  assure 
qu'ils  ne  manquent  pas  d'intelligence,  et 
quelques  auteurs  rapportent  même  que 
l'espèce  à  queue  courte  est  employée  à  la 
chasse  dans  quelques  cantons  de  la  grande 
île  qu'elle  habite. 

En  1795,  dans  leur  travail  commun  sur 
la  classification  des  Mammifères  ,  E.  Geof- 
froy et  G.  Cuvier  ont  indiqué  les  Indris 
comme  genre  en  leur  donnant  le  nom  latin 
d'Indris.  Illiger  a  remplacé  ce  nom  en  1811 
par  celui  de  Lichanotus,  que  l'on  a  souvent 
préféré,  parce  qu'il  permet  de  conserver 
avantageusement  au  mot  Indri  la  valeur 
spécifique  qu'il  avait  d'abord.  C'est  aussi 
ce  nom  d'Indris  que  plusieurs  naturalistes 
réservent  au  sous-genre  qui  comprend  l'es- 
pèce à  queue  courte,  ainsi  que  nous  allons 
le  dire  en  faisant  l'énumération  de  ces 
sous-genres. 

1er  sous-genre.  INDRI.  Indris,  E.  Geoff. 
et  Cuvier  (Lichanotus,  Illig.,  Prodromus , 
p.  72  ;  Oranmaque  ,  Pilhelemur  ,  Less. , 
Species  des  Mammifères  ,  1840). 

Museau  assez  allongé  ;  queue  très  courte  ; 
membres  de  derrière  plus  longs  que  les 
antérieurs. 

Lichanote  indri,  Lichanotus  indri.  C'est 
le  Lemur  indri  de  Gmelin  ,  Y  Indris  brevi- 
caudatus  E.  Geoff.  ,  et  17.  niger  d'Aude- 
bert.  Debout ,  il  a  trois  pieds  ;    son   pe- 


IND 

âge  est  doui ,  fourni ,  et  en  grande  par- 
tie noirâtre;  il  a  du  blanc  à  la  figure,  et 
du  brun  roussâtre  sur  les  flancs  ;  la  queue 
n'a  pas  plus  d'un  pouce  de  long.  L'espèce 
a  été  pendant  longtemps  fort  rare  ;  mais  on 
en  a  reçu  quelques  peaux  bien  préparées 
et  quelques  squelettes  dans  ces  dernières 
années.  M.  de  Blainville  a  décrit  et  repré- 
senté ce  squelette  et  la  dentition  du  même 
animal  dans  son  ouvrage  sur  YOste'ographie 
(  fascicule  des  Lémurs). 

2e  sous-genre.  AVAHI.  Avahis  ,  Jour- 
dan  (1834,  Journ.  l'Institut,  p.  231  ;  Ha- 
brocebus,  Wagner;  Semnocebus  ,  Lesson , 
Species  des  Mammifères  ,  p,  209,  1840). 

L'espèce  pour  laquelle  M.  Jourdan,  pro- 
fesseur à  la  Faculté  des  sciences  de  Lyon  , 
a  établi  cette  coupe  générique,  est  connue 
depuis  Sonnerat  (Voyage  aux  Indes  orien- 
tales) sous  le  nom  de  Maki  à  &ourre;  Uliger 
et  E.  Geoffroy-Sain  t-H  il  aire  l'ont  rapportée 
au  genre  des  Indris  en  l'appelant  Indris 
longicaudatus,  Indri  à  longue  queue  ,  parce 
qu'elle  a ,  en  effet ,  la  queue  presque  aussi 
longue  que  celle  des  véritables  Makis.  L'A- 
vahi  est  plus  petit  que  l'Indri;  son  crâne 
diffère  aussi  beaucoup  de  celui  de  ce  der- 
nier :  il  est  bien  plus  court,  et  rappelle  celui 
des  Loris.  Ses  dents  ont  aussi  une  forme 
différente,  principalement  les  incisives, 
qui  sont  plus  petites.  Le  pelage  est  laineux, 
et  de  couleur  fauve  plus  ou  moins  brune  en 
dessous  ,  grise  ou  blanchâtre  aux  parties 
inférieures.  On  trouve  le  Maki  à  bourre  dans 
la  partie  occidentale  de  Madagascar,  depuis 
la  côte  de  la  Manangara  jusqu'à  la  baie 
d'Atongil  ,  où  les  Batanimènes  le  nomment 
Avahi. 

3e  sous-genre.  PROPITHÈQUE.  Propi- 
thecus,  Ben nett  (Proceed.  zool.  Soc.Lond., 
1832,  p.  20  ;  Macromerus,  Andrew  Smith, 
South- African  Journal). 

Feu  Bennett  a  parlé  le   premier  d'une 
troisième  espèce  de  la  petite  tribu  des  In- 
dris, également  propre  à  Madagascar.  C'est 
celle  qu'il  nomme  Propithèque  diadème,  et 
dont  M.  Smith  a  également  fait  un  genre  à 
part  sous  le  nom  de  Macromère.  Le  Propi- 
thèque a  une  queue  comme  l' Avahi;  mais 
il  se  rapproche  de  l'Indri  par  l'allongement   | 
de  son  museau  et  la  force  de  ses  incisives  :    j 
cependant  il  n'a  pas  le  museau  tout-à-fait   I 
aussi  long.  Sa  taille  est  aussi  un  peu  moin-   ' 


INE 


37 


dre  ;  sa  face  est  presque  nue,  et  son  pelage 
est  formé  de  poils  assez  longs,  doux  au  tou- 
cher, et  généralement  variés  de  jaunâtre  et 
de  brun  noir.  C'est  une  espèce  encore  rare 
dans  les  collections  ,  comme  le  sont  d'ail- 
leurs presque  toutes  celles  de  Madagascar. 
Il  y  en  a  un  jeune  au  Muséum  de  Paris  ;  le 
British  Muséum  à  Londres  en  a  un  bel  exem- 
plaire adulte.  II  y  en  a  sans  doute  un  aussi 
à  la  Société  zoologique  de  la  même  ville , 
qui  est  celui  dont  a  parlé  Bennett.  (P.  G.) 
IIMDtSIE.   Indusium.  bot.  —  Voy.  spo- 

RULE. 

INDUVIES.  Induviœ.  bot.  —  Nom  donné 
par  M.  de  Mirbel  à  tout  organe  floral  (ca- 
lice,  spathe,  involucre,  etc.  )  qui  accom- 
pagne le  fruit  à  l'époque  de  sa  maturité. 

INEMBRYONÉES.  bot.  cr.  —  Nom 
donné  par  M.  Richard  aux  plantes  que 
Linné  a  nommées  cryptogames.  Voy.  ce  mot. 

INEPTES.  Inepti.  ois.  —  Illiger ,  dans 
son  Prodromus  syst.  mam.  et  av. ,  a  établi 
sous  ce  nom  une  famille  qui  a  pour  type 
et  pour  unique  représentant  le  g.  Didus 
(Dronte).  (Z.   G.) 

*INEQUILATERALIDjE.  foram.—  Fa- 
mille établie  par  M.  Aie.  d'Orbigny  dans 
l'ordre  des  Stichostègues.  Voy.  ce  mot. 

*Ii\ÉQUIVALVE  (coquille),  moll.— On 
donne  ce  nom,  et  sans  exception,  à  toutes  les 
coquilles  dont  les  valves  ne  sont  point  éga- 
les, qu'elles  soient  régulières  ou  irrégu- 
lières. Voy.  mollusques.  (Desh.) 

*INÉQUIVALVES./wœo;muahHa.MOLL.-- 
Latreille ,  dans  ses  Familles  naturelles ,  a 
proposé  celle-ci,  dans  les  Brachiopodes  pé- 
doncules ,  pour  le  seul  g.  Térébratule.  Les 
caractères  sur  lesquels  Latreille  s'est  ap- 
puyé pour  cet  arrangement  nous  paraissent 
d'une  trop  faible  valeur  pour  qu'ils  soient 
adoptés.   Voy.  brachiopodes  et  mollusques. 

(Desh.) 

*INERMES.  Inermœ.  arach.— M.  Walc- 
kenaër,  dans  son  Hist.  nat.  des  Ins.  apt.,  a 
employé  ce  nom  pour  désigner  dans  le  g. 
des  Epeira  une  race  dont  les  caractères  des 
espèces  qui  la  composent  sont  d'avoir  le 
corselet  ou  céphalothorax  non  tubercule , 
l'abdomen  allongé  et  cylindrique.  Les  Epeira 
vespucea ,  plumipes  ,  janeira ,  caliginosa , 
doreyana,  ietragnathoides ,  appartiennent  à 
cette  race.  (H.  L.) 

*INER!MES  (digitigrades).  Inermœ  (dig%» 


38 


INF 


tigrades).  arach.  —  Ce  mot  a  été  employé 
par  M.  Walckenaër  pour  indiquer,  dans  son 
Hist.  nat.  des  Ins.  apt.,  une  famille  dans  le 
|enre  des  Mygale  ,  dont  les  caractères  peu- 
rentêtre  ainsi  formulés:  Pattes  amincies  à 
ieurs  extrémités;  tarses  allongés,  avec  des 
griffes  terminales  ;  mandibules  inermes  ou 
dépourvues  de  râteaux.  Les  Mygale  zebrata, 
sœva,  hirsuta,  longilarsis,  appartiennent  à 
cène  famille.  Toutes  ces  espèces  sont  chas- 
seuses et  courent  après  leur  proie.   (H.  L.) 

INERMES.  Inermes.  zool.,  bot.  — Se 
dit,  en  zoologie  et  en  botanique,  de  tous 
les  êtres  dépourvus  d'armes,  d'épines,  de 
piquants,  d'aiguillons,  etc. 

INERTES.  Inertes,  ois.  —  Ordre  établi 
par  M.  Temminck  pour  des  oiseaux  à  port 
lourd  et  à  ailes  tout-à-fait  impropres  au  vol. 
C'est  par  cet  ordre  que  l'auteur  cité  a  clos 
son  Analyse  d'un  système  général  d'ornitho- 
logie. Les  seuls  g.  Aptérix  et  Dronteen  font 
partie.  Comme  on  peut  voir,  les  Inertes  de 
Temminck  correspondent,  à  l'exception  des 
Aptères,  à  la  famille  antérieurement  créée 
par  Illiger  sous  le  nom  d'Inepti.     (Z.  G.) 

INFÈRE.  Inferus.  bot.  —  On  désigne 
ainsi,  en  botanique,  tout  organe  placé  au- 
dessous  d'un  autre.  Ainsi  le  calice  est  in- 
fère quand  il  s'insère  au-dessous  de  l'o- 
vaire; celui-ci  est  à  son  tour  infère  quand 
il  adhère  au  tube  du  calice,  etc. 

*L\FÉRICORNES.  Infericornes.ms.  — 
Syn.  de  Lygéides,  Amyot  et  Serville.    (Bl.) 

INFÉRORR  ANCHES .  Inferobranchiala. 
moll.  —  Dès  la  l,c  édition  du  Règne  animal, 
Cuvier  a  proposé  sous  ce  nom  un  ordre  de 
Mollusques  nus  renfermant  les  deux  genres 
Phyllidie  et  Diphyllidie  ,  parce  que  ces  ani- 
maux ont  les  branchies  au-dessous  du  bord 
du  manteau.  Voy.  ces  mots  et  mollusques. 

(Desii.) 

INFLORESCENCE.  Inflorescentia.  bot. 
—  On  nomme  Inflorescence  la  disposition 
générale  qu'affectent  les  fleurs  dans  les  vé- 
gétaux. M.  Rœper  définit  ce  mot  de  la  ma- 
nière suivante  :  L'Inflorescence  est  cette 
partie  des  tiges  ou  des  rameaux  qui  ne  porte 
d'autres  branches  que  des  axes  floraux 
(Observ.  sur  la  nature  des  fleurs  et  des  inflo- 
resc,  trad.  par  M.  Duby  dans  \es  Mélanges 
botan.  de  M.  Seringe,  n°  5,  mars  1826). 

Longtemps  la  considération  des  Inflores- 
cences a  été  presque  sans  règles  fixes,  ou  du 


INF 

moins  ses  diverses  modifications  ont  été 
classées  d'après  des  notions  trop  peu  rigou- 
reuses. C'est  M.  Turpin  qui,  en  distinguant 
soigneusement  les  divers  ordres  de  rameaux 
qui  concourent  à  former  une  Inflorescence, 
a  commencé  à  introduire  dans  cette  partie 
de  la  science  une  précision  encore  incon- 
nue jusque  là,  et  les  écrits  de  M.  Rœ- 
per et  de  quelques  autres  botanistes  ont 
achevé  la  réforme  déjà  si  bien  commencée. 
Prenant  l'étude  des  Inflorescences  au  point 
où  l'ont  conduite  les  savants  que  nous  ve- 
nons de  nommer,  nous  allons  donner  d'a- 
bord quelques  considérations  préliminaires 
sur  les  principes  qui  lui  servent  de  base: 
après  quoi  nous  examinerons  successivement 
les  dispositions  principales  que  présentent 
les  fleurs  et  auxquelles  on  a  assigné  des  dé- 
nominations particulières. 

Une  fleur  est  généralement  considérée 
I  aujourd'hui  comme  un  simple  bourgeon  dans 
I  lequel  la  métamorphose  plus  ou  moins  pro- 
I  fonde  des  feuilles  a  donné  soit  les  enveloppes 
i  florales,  soit  les  organes  sexuels:  seulement, 
tandis  que,  dans  un  bourgeon  ordinaire,  le 
développement  s'opérant  par  l'extrémité 
toujours  jeune  et  active,  se  prolonge  indé- 
finiment, dans  la  fleur  le  développement 
est  promptement  terminé  et  s'arrête,  si  ce 
n'est  dans  dés  cas  exceptionnels  et  dans  des 
monstruosités,  avec  la  production  du  pistil 
qui  en  occupe  le  centre.  Supposons  dès  lors 
une  tige  dont  l'extrémité  se  développe  en 
fleur;  son  élongation  sera  terminée  par  cela 
même.  Si  cette  tige  restait  simple  et  ne  don- 
nait pas  de  branches  au-dessous  de  son  ex- 
trémité, sa  végétation  cesserait  et  la  plante 
pourrait  avoir  déjà  rempli  le  cercle  de  son 
existence.  Mais  le  plus  souvent  les  choses  n'en 
restent  pas  là.  Lorsque  la  tige  elle-même 
produit  une  fleur  terminale  qui  limite  son 
élongation,  à  l'aisselle  d'une  ou  de  plusieurs 
de  ses  feuilles  un  bourgeon  se  développe  en 
branche.  Il  est  évident  que  cette  nouvelle 
production  est  d'ordre  secondaire  par  rap- 
port à  la  tige  sur  laquelle  elle  s'est  formée; 
que,  par  suite,  si  cette  dernière  constitue 
l'axe  primaire  ou  de  premier  ordre,  elle- 
même  ne  sera  autre  chose  qu'un  axe  secon- 
daire ou  de  second  ordre.  Mais  cette  branche 
pourra  à  son  tour  se  terminer  par  une  nou- 
velle fleur,  qui  deviendra  ainsi  le  terme  de 
son  élongation;  dès  lors  ce  que  nous  venons 


INF 

de  dire  relativement  à  la  tige  qui  portait 
une  fleur  terminale  va  s'appliquer  à  elle  ; 
tantôt  sa  végétation  se  terminera  à  ce  point 
et  Ton  ne  trouvera  sur  la  plante  que  deux 
ordres  successifs  d'axes  et  de  fleurs;  tantôt, 
au  contraire,  le  développement  d'un  bour- 
geon situé  à  l'aisselle  d'une  des  feuilles 
qu'elle  porte  donnera  un  rameau  et  une 
fleur  de  troisième  ordre  ou  tertiaire;  celui- 
ci  pourra  de  son  côté  donner  un  nouveau 
rameau  et  une  nouvelle  fleur  de  quatrième 
ordre  ou  quaternaire,  et  ainsi  de  suite.  On 
pourra  donc  ainsi  avoir  sur  la  même  plante 
une  série  d'axes  et  de  fleurs  développés  les 
uns  postérieurement  aux  autres  et,  par 
suite,  constituant  autant  de  générations  ou 
d'ordres  successifs.  Cette  première  considé- 
ration est  fondamentale;  elle  nous  apprend 
à  distinguer  dans  plusieurs  cas,  au  milieu 
d'un  ensemble  de  fleurs ,  des  générations 
diverses  dont  la  connaissance  peut  conduire 
à  des  conséquences  majeures. 

Nous  venons  de  dire  que  les  rameaux  à 
fleur  de  second,  troisième,  quatrième  ordres, 
ont  été  produits  par  le  développement  d'un 
bourgeon  situé,  comme  de  coutume,  à  l'ais- 
selle d'une  feuille;  mais  ces  feuilles  à  l'ais- 
selle desquelles  se  produisent  les  rameaux 
à  fleurs  subissent  presque  toujours  des  mo- 
difications plus  ou  moins  analogues  à  celles 
qui  donnent  naissance  aux  enveloppes  flora- 
les ;  elles  se  colorent  souvent  de  teintes  vives; 
presque  toujours  aussi  elles  diminuent  con- 
sidérablement de  dimensions;  en  un  mot, 
ebes  diffèrent  assez  des  feuilles  normales  de 
la  plante  pour  qu'on  ait  dû  les  désigner  par 
un  nom  particulier,  celui  de  bractées.  II  est 
encore  un  grand  nombre  de  cas  dans  lesquels 
elles  restent  rudimentaires  ou  disparaissent 
même  entièrement.  Toutes  les  fois  qu'un 
certain  nombre  de  rameaux  à  fleurs  se  trou- 
vent rapprochés  sans  interposition  d'aucune 
autre  feuille  que  des  bractées,  leur  ensemble 
est  considéré  comme  constituant  une  seule 
Inflorescence;  au  contraire,  on  considère 
comme  appartenant  à  des  Inflorescences 
distinctes  les  rameaux  à  fleur  qui  sont  ac- 
compagnés de  feuilles  semblables  à  celles  du 
reste  delà  plante:  seulement,  lalimiteentre 
les  deux  cas  est  quelquefois  difficile,  sinon 
même  impossible  à  saisir,  ainsi  que  nous 
aurons  occasion  de  le  dire  plus  loin. 
Nous  avons  examiné  le  cas  où  la  tige  et 


INF 


o9 


tous  les  rameaux,  qui  se  forment  successive- 
ment, se  terminent  par  une  fleur  qui  limite 
leur  élongation  ;  mais  il  est,  même  plus  sou- 
vent encore,  un  ordre  de  production  des 
fleurs  entièrement  opposé.  Ici  la  tige  elle- 
même  ne  porte  pas  de  fleurs  :  aussi  s'allonge- 
t-elle  sans  cesse  par  son  extrémité;  mais,  à 
mesure  qu'elle  s'allonge,  elle  donne  des  ra- 
meaux à  fleurs  qui,  par  conséquent,  se  pro- 
duisent du  bas  vers  le  haut,  c'est-à-dire  que 
les  premiers  développés  sont  les  plus  bas 
sur  la  tige,  que  les  plus  récents  au  contraire 
sont  les  supérieurs  ou  les  plus  rapprochés 
de  l'extrémité  végétante  de  la  tige.  Il  est 
facile  de  saisir  la  différence  fondamentale 
qui  existe  entre  ce  mode  de  développement 
successif  des  fleurs  et  celui  que  nous  avons 
examiné  en  premier  lieu.  Dans  ce  dernier, 
le  nombre  des  fleurs  semble  ne  devoir  ja- 
mais être  fort  considérable;  car  on  ne  peut 
guère  supposer  que  les  générations  succes- 
sives de  rameaux  et  de  fleurs  se  produisent 
pendant  très  longtemps  :  aussi a-t-on  nommé 
ce  mode  de  développement  défini  ou  terminé^ 
et  les  Inflorescences  auxquelles  donne  lieu 
cette  production  successive  de  rameaux  ont 
été  nommées  Inflorescences  définies.  Au  con- 
traire, dans  le  mode  de  développement  qui 
nous  a  occupé  en  dernier  lieu ,  l'extrémité 
de  la  tige,  toujours  jeune,  toujours  végé- 
tante, produit  des  fleurs  en  très  grand  nom- 
bre et  presque  indéfiniment  :  aussi  a-t-on 
nommé  les  inflorescences  qui  en  résultent 
indéfinies  ou  indéterminées. 

Dans  les  Inflorescences  définies,  les  ra- 
meaux successivement  produits  appartien- 
nent à  des  ordres  divers  et  nécessairement 
d'autant  plus  nombreux  que  le  nombre  des 
fleurs  elles-mêmes  est  plus  grand  ;  au  con- 
traire ,  dans  les  Inflorescences  définies,  tou- 
tes les  fleurs  sont  le  plus  souvent  portées 
sur  des  rameaux  du  même  ordre  ,  ou  du 
moins  d'ordres  peu  différents  entre  eux. 

Les  Inflorescences  définies  sont  encore 
nommées  fréquemment  centrifuges;  on 
peut,  en  effet ,  considérer  l'extrémité  de 
la  tige  comme  le  centre  à  partir  duquel 
s'opère  ce  développement  progressif  des  ra- 
meaux qui  deviennent  d'un  ordre  d'autant 
plus  bas  qu'ils  sont  formés  plus  tard.  Géo- 
métriquement parlant,  on  voit,  dans  ce 
cas,  la  fleur  qui  termine  la  tige  s'épanouir 
la  première;  après  elle,  celles  des  rameaux 


40 


INF 


INF 


secondaires,  puis  celles  des  rameaux  ter- 
tiaires, etc.,  qui,  généralement,  se  trou- 
vent de  plus  en  plus  extérieures  ;  ce  déve- 
loppement ,  à  partir  du  centre  de  figure ,  si 
l'on  suppose  toutes  les  fleurs  disposées  sur 
un  même  plan  horizontal ,  justifie  l'expres- 
sion de  centrifuge;  mais  il  faut  bien  se 
garder  de  croire  qu'il  existe  dans  ces  posi- 
tions relatives  des  fleurs,  les  unes  par  rap- 
port aux  autres,  une  rigueur  mathématique. 

Les  Inflorescences  indéfinies  ont  été,  de 
leur  côté,  nommées  centripètes ,  parce  que, 
en  effet ,  lorsque  les  fleurs  qui  les  compo- 
sent sont  toutes  disposées  sur  un  seul  plan 
horizontal,  l'épanouissement  s'opère  d'abord 
sur  les  plus  extérieures,  et  ensuite  succes- 
sivement de  plus  en  plus  vers  le  centre; 
dans  tous  les  cas,  le  sommet  de  la  tige 
étant  comme  le  centre  du  développement, 
ce  que  nous  avons  dit  suffit  pour  montrer 
que  la  production  et  l'épanouissement  des 
fleurs  ont  lieu  de  plus  en  plus  vers  ce  cen- 
tre; ce  qui  justifie  cette  dénomination.  Au 
reste ,  les  mots  d'Inflorescence  centrifuge 
et  centripète  sont  beaucoup  moins  rigoureux 
que  ceux  d'Inflorescences  définies  et  indé- 
finies ,  et  souvent  ils  peuvent  s'appliquer  à 
des  dispositions  auxquelles  ils  semblent  ne 
pas  convenir  entièrement. 

Ces  premières  notions  posées,  examinons 
successivement  les  divers  modes  d'Inflores- 
cences que  présentent  les  plantes, en  essayant 
de  mettre  dans  cet  exposé  le  plus  d'ordre 
qu'il  nous  sera  possible. 

Toutes  les  fois  que  les  rameaux  à  fleur  ou 
les  pédoncules  n'éprouvent ,  en  se  dévelop- 
pant, ni  déviation,  ni  soudure,  qui  modi- 
fie leur  situation  naturelle,  l'Inflorescence 
qu'ils  forment  rentre  dans  les  conditions 
que  nous  avons  déjà  fait  connaître,  c'est- 
à-dire  que  ces  pédoncules  se  montrent  à 
l'aisselle  de  bractées  plus  ou  moins  déve- 
loppées ,  ou  que  du  moins  ils  reproduisent, 
par  leur  disposition,  la  ramification  générale 
de  la  plante;  l'Inflorescence  est  alors  nor- 
male. Dans  le  cas  contraire  ,  les  pédoncules 
s'écartent  plus  ou  moins  de  l'aisselle  de  leur 
bractée  ,  ou  du  moins  ils  dévient  plus  ou 
moins  du  mode  de  ramification  que  présente 
la  plante.  L'Inflorescence  est  alors  ano- 
male. Examinons  d'abord  les  Inflorescences 
normales, quisont  beaucoup  plus  nombreuses 
et  beaucoup  plus  importantes  à  connaître, 


les  autres  n'en  étant  que  de  simples  dévia 
tions  qu'il  est  facile  de  ramènera  leur  type. 

I.  Les  Inflorescences  normales  se  subdi- 
visent en  deux  grandes  catégories  ,  confor- 
mément aux  principes  que  nous  avons  expo- 
sés ;  elles  sont  indéfinies,  indéterminées, 
centripètes  ,  ou  bien  définies  ,  déterminées, 
centrifuges. 

A.  Inflorescences  indéfinies  ou  indétermi- 
nées ou  centripètes.  Leurs  diverses  modifi- 
cations se  rattachent  en  général  assez  di- 
rectement l'une  à  l'autre  pour  qu'il  soit 
souvent  difficile  d'établir  une  ligne  précise 
de  démarcation  entre  certaines  d'entre  elles. 
Examinons  ces  modifications  en  commençant 
par  celles  qui  présentent  le  plus  de  sim- 
plicité. 

1°  L'Épi  Spica.  On  donne  le  nom  d'épi 
à  toute  Inflorescence  indéfinie  dans  laquelle 
la  tige  ou  l'axe  primaire,  ou,  comme  on 
le  dit  souvent,  le  rachis,  ne  produit  dans 
toute  sa  longueur  que  des  fleurs  sessiles  ou 
presque  sessiles.  Les  mots  presque  sessiles 
que  l'on  est  obligé  de  faire  entrer  dans  la 
définition  de  ce  mode  d'Inflorescence  peu- 
vent faire  comprendre  déjà  la  difficulté 
qu'il  y  a  souvent  à  le  reconnaître  et  à  le 
caractériser.  En  effet  les  fleurs  inférieures 
se  montrent  fréquemment  portées  à  l'extré- 
mité d'un  rameau  ou  d'un  pédicelle  de 
longueur  très  appréciable,  qui  va  même 
quelquefois  en  s'allongeant  peu  à  peu;  dé- 
cès fleurs  pédiculées  inférieures  aux  fleurs 
sessiles  supérieures ,  il  y  a  une  gradation 
très  marquée,  et  de  là  cette  dénomination 
d'épi  s'applique  souvent  d'une  manière 
peu  précise,  comme  le  prouvent  fort  bien 
les  épitbètes  par  lesquelles  on  est  obligé  de 
modifier  sa  signification  trop  rigoureuse 
en  elle-même. 

Nous  avons  dit  plus  haut  que  les  feuilles 
à  l'aisselle  desquelles  naissent  les  fleurs  se 
modifient  le  plussouventen  bractées;  mais, 
assez  fréquemment  aussi,  elles  conservent 
leur  état  normal,  à  la  partie  inférieure  de 
l'Inflorescence,  pour  décroître  et  se  modifier 
progressivement  à  mesure  qu'elles  s'élèvent 
davantage  vers  le  sommet  de  la  tige.  Ce 
cas  forme  évidemment  le  passage  entre  les 
fleurs  solitaires  à  l'aisselle  des  feuilles  nor- 
males et  les  Inflorescences  proprement 
dites  ;  il  montre  clairement  que  celles-ci 
ne   sont  qu'une  altération  des  premières. 


INF 


INF 


41 


Ou  le  désigne  par  l'expression  d'ept  feuille 
à  sa  base,  par  laquelle  on  exprime  simple- 
ment une  apparence  sans  tenir  compte  de 
la  cause  qui  la  produit. 

L'épi  subit  quelquefois  des  modifications 
assez  profondes  pour  avoir  reçu  des  déno- 
minations particulières  qu'il  est  indispen- 
sable de  faire  connaître.  Ainsi  l'on  nomme 
Chaton  (Amentum)  un  épi  composé  de  fleurs 
unisexuelles,  dont  l'axe  est  articulé  à  sa 
base  ,  de  telle  sorte  qu'il  se  détache  en  en- 
tier, après  la  floraison,  pour  les  mâles,  après 
la  fructification,  pour  les  femelles.  L'Inflo- 
rescence en  chaton  appartient  à  cette  nom- 
breuse série  d'arbres  qui  formaient  le  grand 
groupe  des  Amentacées  d'A.-L.  de  Jussieu. 
— On  a  donné  le  nom  de  Spadice  (Spadix)  à 
une  sorte  d'épi  propre  aux  plantes  monoco- 
tylédones,  dans  lequel  des  fleurs  unisexuel- 
les ,  soit  mâles ,  soit  femelles ,  sont  portées 
sur  deux  points  différents  d'un  axe  charnu 
dans  lequel  elles  s'enfoncent  même  à  leur 
base,  et  qui  se  prolonge  quelquefois  au-des- 
sus d'elles  en  une  extrémité  nue  plus  ou 
moins  longue  ;  toute  cette  Inflorescence  est 
enveloppée  par  une  grande  bractée  à  la- 
quelle on  donne  le  nom  de  Spathe.  Nos 
Arum  ou  Gouets  présentent  d'excellents 
exemples  de  spadices.  L'Inflorescence  des 
Palmiers  est  un  spadice  rameux  ,  qui  sou- 
vent acquiert  des  dimensions  énormes  (ex.  : 
Sagoutier  ),  et  auquel  on  donne  le  nom  de 
Régime.  Enfin  à  l'Inflorescence  en  épi  se 
rattache,  avec  un  degré  de  complication  de 
plus,  celle  des  Graminées,  pour  laquelle  ce 
mot  a  été  créé  dans  la  langue  usuelle  ,  et 
qui,  pourtant,  ne  le  mérite  pas  dans  l'en- 
semble de  son  Inflorescence.  Ainsi,  dans  les 
Graminées  auxquelles  on  accorde  ordinaire- 
ment un  épi,  comme  le  Blé,  le  Seigle, 
l'Orge,  etc.,  sur  un  axe  commun  sont  por- 
tés de  petits  groupes  de  fleurs,  dont  chacun 
constitue  un  véritable  petit  épi  ou  un  Épillct 
(Spicula).  Chacun  de  ces  épillets  forme  un 
ensemble  unique,  composé  de  1,  2  ,  à  10, 
12,15  fleurs  :  sa  base  est  entourée  de  deux 
bractées  stériles  qui  constituent  la  glume 
(voyez  Graminées)  ;  mais  il  est  facile  de  voir 
que  les  fleurs  qui  forment  ces  épillets  ne 
sont  pas  de  même  ordre  que  celles  qui  cons- 
tituent un  épi  ordinaire,  <ie  Plantain,  par 
exemple;  elles  sont ,  en  effet ,  portées  sur 
Vaie  secondaire  de  l'épillet,  qui,  lui-même, 

t.  vu. 


'  s'attache  sur  l'axe  primaire  et  général  de 

j  l'Inflorescence  ;  elles  appartiennent  donc  à 

une  troisième  génération,  tandis  que  celles 

d'un  épi  «proprement  dit  sont  uniquement 

d'ordre  secondaire. 

2°  La  Grappe.  Racemus.  Elle  ne  diffère  de 
l'épi  que  parce  que  les  fleurs  qui  la  compo- 
sent ne  sont  jamais  sessiles,  mais  toujour 
pédiculées.  Ces  pédicules  se  terminent  im 
médiatement  par  une  fleur;  d'autres  fois, 
au  contraire,  ils  se  ramifient  plus  ou  moins 
Dans  le  premier  cas  ,  la  grappe  est  simple, 
dans  le  second ,  elle  est  composée.  Parm 
les  grappes  composées ,  il  en  est  dans  les- 
quelles les  pédoncules  du  milieu  sont  les  plus 
longs,  de  telle  sorte  que  l'ensemble  de  l'In- 
florescence est  ovoïde  ;  on  nomme  souvent 
ces  grappes  des  Thyrses  (ex.  :  Lilas ,  Vigne). 
II  est  bon  cependant  de  faire  observer  que 
ce  mot  ayant  été  appliqué  quelquefois  à  des 
Inflorescences  différentes  de  celle  qui  nout 
occupe  ,  il  peut  en  résulter  des  confusions 
faciles  à  éviter  en  le  supprimant;  il  est , 
du  reste  ,  fort  peu  utile. 

Dans  un  assez  grand  nombre  de  cas,  les 
pédoncules  inférieurs  d'une  grappe  s'allon- 
gent beaucoup  plus  que  les  supérieurs  ;  il 
en  résulte  un  intermédiaire  entre  une 
grappe  et  un  corymbe. 

3°  Le  Corymbe.  Corymbus.  Cette  déno- 
mination a  été  employée  dans  des  sens  as- 
sez divers;  il  est  bon  cependant  de  la  limi- 
ter, avec  M.  Roeper ,  à  sa  signification  la 
plus  commune,  et  de  s'en  servir  pour  dési- 
gner les  Inflorescences  dans  lesquelles  l'axe 
primaire  est  court,  tandis  que  les  axes  se- 
condaires ou  les  pédicules  s'allongent  beau- 
coup, et  reportent  ainsi  toutes  les  fleurs  à 
peu  près  sur  un  même  plan  horizontal.  1! 
est  facile  de  voir  la  liaison  intime  qui  existe 
entre  une  grappe  et  un  corymbe  ;  leur  dif- 
férence consiste  uniquement  en  ce  que  le» 
pédicules  ou  axes  secondaires  inférieurs  sont 
plus  longs  dans  ce  dernier  ;  mais  cette  dif- 
férence s'efface  même  parfois  après  la  flo- 
raison (ex.  :  Crucifères),  et  l'on  voit  alors  à 
des  fleurs  en  corymbe  succéder,  par  l'allon- 
gement de  l'axe  primaire  ou  de  la  tige,  des 
fruits  en  grappe.  Le  corymbe  est  simple  ou 
composé,  comme  la  grappe,  selon  que  ses 
axes  secondaires  restent  simples  ou  se  ra- 
mifient. 

4"  L'Ombelle.  Umbella.  Si  nous   suppo- 

G 


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aons  que,  dans  un  coryrnbe,  Taxe  primaire 
reste  nul  ,  et  que  les  axes  secondaires  ou 
les  pédoncules  acquièrent  la  même  lon- 
gueur, ou  qu'ils  élèvent  leurs  fleurs  au 
même  niveau ,  et  semblent  partir  d'un 
même  point ,  nous  aurons  l'Inflorescence 
qu'on  a  nommée  une  ombelle.  L'ombelle  se 
compose,  en  effet,  d'axes  secondaires,  qu'on 
nomme  alors  rayons  ,  partant  tous  d'un 
même  point ,  et  atteignant  tous  le  même 
niveau.  Quand  ces  axes  se  terminent  direc- 
tement par  une  fleur,  l'ombelle  est  simple; 
quand  ils  se  ramifient  de  manière  à  donner 
à  leur  extrémité  un  certain  nombre  d'axes 
tertiaires,  qui  portent  les  fleurs  ,  l'ombelle 
est  composée.  Les  ombelles  composées  ap- 
partiennent uniquement  à  la  famille  des 
Ombellifères.  Leur  ensemble  constitue  l'om- 
belle  générale;  tandis  que  la  réunion  des 
axes  tertiaires  produits  à  l'extrémité  de  l'un 
quelconque  des  axes  secondaires  constitue 
une  Ombellule. 

5°  Le  Capitule.  Capitulum.  Il  peut  être 
regardé  comme  une  dérivation  de  l'ombelle 
dans  laquelle  les  fleurs  sont  sessiles  ou 
presque  sessiles  ;  c'est,  en  effet,  un  assem- 
blage de  fleurs  sessiles  ou  presque  sessiles, 
axées  à  un  axe  très  court,  et  formant  une 
sorte  de  tête.  L'immense  famille  des  Com- 
posées présente  une  multitude  d'exemples 
de  ce  mode  d'Inflorescence  :  seulement, 
chez  elle  ,  l'axe  qui  supporte  les  fleurs  est 
non  seulement  très  raccourci,  dans  la  plu- 
part des  cas,  mais  encore  élargi  en  un  pla- 
teau plus  ou  moins  grand.  Plusieurs  bota- 
nistes ont  cru  devoir  proposer,  pour  le  capi- 
tule des  Composées,  diverses  dénominatiohs 
dont  la  plus  adoptée  est  celle  de  Calathide 
(  Calathis) ,  qui  est  même  regardée  comme 
inutile  par  beaucoup  d'autres. 

6°  La  Panicule.  Panicula.  C'est  la  plus  ir- 
régulière des  Inflorescences  ;  on  peut  la  con- 
sidérer comme  une  grappe  dans  laquelle  les 
axes  secondaires  se  ramifient  plus  ou  moins 
à  des  hauteurs  diverses ,  et  varient  entre 
eux  de  longueur.  La  famille  des  Graminées 
nous  présente  un  très  grand  nombre  d'exem- 
ples de  panicules. 

On  voit  que  les  diverses  modifications  de 
l'Inflorescence  dont  il  vient  d'être  question 
passent,  dans  plusieurs  cas,  l'une  dans 
l'autre  par  des  nuances  insensibles  ;  que, 
de  plus,  la  plupart  d'entre  elles  résultent 


des  variations  de  longueur  de  l'axe  pri- 
maire ,  qui  est  très  long  dans  l'épi  et  la 
grappe  ,  déjà  raccourci  dans  le  coryrnbe  , 
à  peu  près  nul  dans  l'ombelle  et  le  capi- 
tule. 

B.  Les  Inflorescences  définies >  détermi- 
nées ou  centrifuges  peuvent  être  commodé- 
ment désignées,  ainsique  l'ont  fait  MM.Roe- 
per  et  De  Candolle,  sous  la  dénomination 
générale  de  Cyme  (Cyma)  qui  avait  été  em- 
ployée par  Linné  dans  un  sens  différent. 
Toutes  ces  Inflorescences  procèdent,  en 
effet,  d'après  un  mode  de  développement 
semblable,  seulement  modifié,  dans  cer- 
taines circonstances,  par  des  inégalités  d'ac- 
croissement ,  même  par  des  avortements 
qui  entraînent  des  altérations  importantes 
du  type  primitif,  et  qui  ont  donné  nais- 
sance à  quelques  expressions  dont  il  est  in- 
dispensable de  connaître  les  principales. 
On  nomme  Cyme  dichotome  la  disposition 
fondamentale  qui  reproduit  parfaitementee 
que  nous  avons  dit  en  commençant  cet  ar- 
ticle. L'axe  primaire  se  termine  par  une 
fleur;  au-dessous  de  celle-ci  naissent  et  se 
développent  deux  rameaux  secondaires  dont 
chacun  se  termine  par  une  fleur  et  produit 
au  -  dessous  d'elle  deux  rameaux  ter- 
tiaires ,  etc.  On  voit  donc  qu'il  existe  là 
une  série  de  bifurcations ,  et  que  chacune 
de  ces  bifurcations  porte  une  fleur.  Si  dans 
ces  bifurcations  successives  l'un  des  deux 
rameaux  avorte  constamment,  il  en  résulte 
une  Inflorescence  commune  (  ex.  :  Borra- 
ginées),  dans  laquelle  on  voit  une  série 
d'axes  de  divers  ordres  implantés  en  quel- 
que sorte  l'un  sur  l'autre,  et  le  tout  s'en- 
roulant  généralement  vers  le  sommet  en 
une  spirale  qui  se  déroule  à  mesure  que  les 
fleurs  s'épanouissent.  Cette  modification  a 
été  nommée  Cyme  scorpioide.  Elle  ressem- 
ble à  une  grappe  ou  à  un  épi  à  fleurs  uni- 
latérales; mais  on  vient  de  voir  que  sa 
nature  et  son  mode  de  développement  sont 
entièrement  différents. 

C.  Les  Inflorescences  indéfinies  et  défi- 
nies peuvent  se  combiner  entre  elles  de 
manière  à  donner  ce  que  De  Candolle  a 
nommé  des  Inflorescences  mixtes.  Leur 
examen  nous  entraînerait  trop  loin  pour 
que  nous  puissions  nous  en  occuper  ici. 

IL  Parmi  les  Inflorescences  anomales,  les 
plus  remarquables  sont  celles  qu'on  a  nom- 


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INF 


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mées  oppositifoliées ,  épiphylles ,  pétiqlaires , 
eœtra-axillaires. 

Les  Inflorescences  opposit ifoliées  résultent 
d'une  fausse  apparence;  ce  sont  des  Inflo- 
rescences terminales  au-dessous  desquelles 
»in  bourgeon  axillaire  s'est  développé  avec 
une  vigueur  telle  qu'il  a  rejeté  de  côté  l'ex- 
trémité de  la  vraie  tige  et  qu'il  s'est  sub- 
stitué à  celle-ci  dont  il  a  pris  la  direction 
et  la  grosseur.  La  Vigne  en  offreun  excellent 
exemple.  Lorsque  ce  phénomène  de  dépla- 
cement de  la  tige  et  d'usurpation  par  des 
rameaux  axillaires  se  reproduit  plusieurs 
fois  de  suite  ,  il  en  résulte  généralement 
que  cette  suceession  de  rameaux  d'ordres 
divers  qui  semble  être  la  tige  même,  prend 
une  direction  générale  sinueuse  et  comme 
anguleuse. 

Les  Inflorescences  épiphylles  et  pélio- 
laires  dans  lesquelles  les  fleurs  semblent 
partir  du  pétiole  ou  même  du  limbe  d'une 
feuille  ,  proviennent  uniquement  de  ce  que 
le  rameau  à  fleur  qui  s'est  développé  dans 
l'aisselle  de  la  feuille  s'est  soudé,  dans  une 
portion  de  sa  longueur,  soit  au  pétiole,  soit 
même  au  limbe.  Il  est  cependant  des  cas 
dans  lesquels  ce  qu'on  a  pris  pour  des  In- 
florescences épiphylles  provient  unique- 
ment de  ce  que  les  fleurs  sont  portées  sur 
des  rameaux  aplatis  en  expansions  foliacées 
(ex.  :  Ruscus). 

Enfin  les  Inflorescences  extra-aocillaires, 
dans  lesquelles  les  fleurs  semblent  sortir  de 
la  tige  à  une  distance  plus  ou  moins  grande 
de  l'aisselle  de  la  feuille,  sont  dues  encore 
à  des  soudures:  seulement,  celles-ci  ont  eu 
lieu,  non  plus  entre  le  rameau  à  fleur  et 
la  feuille  elle-même,  mais  entre  ce  même 
rameau  et  la  tige. 

L'étude  des  Inflorescences  exigerait,  pour 
être  suffisante  ,  des  développements  éten- 
dus ;  mais  ici  l'espace  nous  manque ,  et,  par 
suite  ,  nous  nous  bornerons  à  l'exposé  som- 
maire qui  précède.  (P.  Duchartre.) 

ITVFOïVDIBULIFORME .  Infundibulifor- 
mis.  bot.  —  On  nomme  ainsi  toutes  les  par- 
ties florales  (calice ,  style  ,  stigmate ,  co- 
rolle ,  etc.  )  qui  ont  la  forme  d'un  enton  • 
noir. 

INFUNDIBULUM.  moll.  —  Klein ,  le 
premier,  dans  son  Tentamen  ostracologicœ , 
a  rapproché  certains  Troques  concaves  de 
quelques  Calyptrées  trochiformes,  et  a  pro- 


posé pour  ce  groupe  le  nom  é'Infundibulum. 
M.  Sowerby,  dans  son  Minerai  conchology  , 
a  conservé  ce  rapprochement ,  auquel  La- 
marck  s'est  aussi  laissé  entraîner  en  ran- 
geant parmi  les  Troques  les  Calyptrées  en 
question.  Nous  avons  fait  voir  depuis  long- 
temps que  des  caractères  constants  sépa- 
raient ces  coquilles  ,  et  qu'il  n'était  plus 
possible  de  les  confondre  dans  un  même 
genre.  Voy.  calvptrée  et  troque.  (Desh.) 
INFUSOIRES.  Infusoria  (animaux  des 
Infusions),  zooph.  —  Leslnfusoires  ou  Ani- 
malcules microscopiques ,  nommés  simple- 
ment Microscopiques  par  M.  Bory  de  Saint- 
Vincent,  sont  un  des  objets  d'étude  les  plus 
importants  en  raison  des  déductions  qu'ils 
nous  fournissent;  car  ce  sont  les  manifes- 
tations les  plus  simples  de  la  vie ,  de  cette 
force  indépendante  de  la  matière  et  des  forces 
physiques  qu'il  ne  nous  est  pas  donné  de 
I  connaître  autrement  que  par  l'observation 
j  de  ses  phénomènes.  Et,  en  effet,  la  trans- 
j  parence  des  Infusoires,  la  rapidité  de  leur 
développement,  leur  mode  de  propagation 
par  division  ou  fissiparité,  et  la  simplicité 
de  leur  structure ,  permettent  au  natura- 
liste, aidé  du  microscope,  d'assister  en 
quelque  sorte  aux  phénomènes  les  plus  in- 
times de  la  vie. 

L'histoire  des  Infusoires  est  étroitement 
liée  à  l'histoire  du  microscope,  sans  lequel 
les  yeux  de  l'homme  n'eussent  jamais  pu  en 
avoir  une  notion  suffisante.  C'est  donc  à 
Leeuwenhoek,  le  père  de  la  micrographie  vers 
la  fin  du  xvne  siècle,  que  doit  remonter  la 
connaissance  de  ces  êtres.  Il  les  chercha  dans 
les  infusions  et  dans  l'eau  des  marais.  11 
vit  et  admira  le  Volvox  et  plusieurs  autres 
Infusoires;  mais  il  ne  songea  pas  à  les  dis- 
tinguer des  autres  animaux  microscopiques 
Baker  a  décrit  imparfaitement ,  en  1743  ei 
1752,  un  grand  nombre  d'animalcules  trou 
vés  par  lui  dans  l'eau  des  marais  ou  dan 
les  infusions  de  foin,  de  poivre,  de  blé 
d'avoine,  etc.  Trembley,  en  1744,  décrivit, 
sous  le  nom  de  Polypes  à  bulbes,  des  Vorti- 
celles  qu'il  avait  eu  l'occasion  d'observer 
avec  l'Hydre  des  marais.  Hill ,  en  1752, 
essaya  le  premier  de  classer  méthodiquement 
les  Infusoires;  et  Joblot,  quelque  temps 
après  (1754),  appela  sur  eux  l'attention,  par 
la  publication  de  ses  observations,  qui  sont 
empreintes  d'une  admiration  trop  vive  et 
sans  critique.  Cet  auteur  avait  surtout  varié 


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/a  préparation  de  ses  infusions  dans  le  but 
d'y  chercher  des  êtres  nouveaux.  Vers  la 
même  époque,  Schaeffer,  Roesel  et  Leder- 
muller  publièrent  aussi  des  observations 
plus  ou  moins  neuves  sur  ces  animaux;  en- 
fin, en  1764,  Wrisberg  pour  la  première 
fois  les  désigna  par  ce  nom  d'iNFiisoiRES,  ex- 
primant  qu'ils  se  montrent  ou  se  produisent 
surtout  dans  les  infusions  des  substances 
végétales  et  animales.  Cette  dénomination 
a  été  critiquée  avec  une  apparence  de  rai- 
son ,  car  au  lieu  d'exprimer  un  caractère 
commun  à  tous  ces  animaux  et  inhérent  à 
leur  constitution,  elle  exprime  seulement  une 
circonstance  extérieure  relative  à  l'appari- 
tion ou  au  développement  de  quelques  uns. 
Beaucoup  de  ces  animaux  habitent  exclu- 
sivement les  eaux  de  la  mer  ou  les  eaux 
limpides  des  marais;  mais  ceux-ci  même , 
au  lieu  de  chercher  les  eaux  les  plus  pures, 
viyen  t  toujours  dans  le  voisinage  des  produits 
végétaux  et  animaux  dont  la  décomposition 
partielle  leur  fournit  des  aliments;  ils  se 
tiennent  même  le  plus  souvent  dans  la 
couche  de  limon ,  de  débris  organiques  et 
de  filaments  confervoïdes  qui  recouvre  les 
corps  submergés  et  en  repos  ;  là  encore  les 
Infusoires  se  trouvent  donc  dans  une  sorte 
d'infusion,  c'est-à-dire,  dans  un  tëqaide 
plus  chargé  de  parties  organiques  que  les 
eaux  courantes.  C'est  pourquoi,  à  l'exemple 
deO.  F.  Millier  et  des  naturalistes  qui  l'ont 
suivi,  nous  adoptons  cette  dénomination 
d' Infusoires. 

Linné,  qui  n'avait  pas  étudié  d'Infu- 
soircs,  les  confondit  d'abord  sous  le  nom 
de  Chaos ,  en  distinguant  seulement  le  genre 
VolVox,  et  plus  tard  la  Vorticelle.  Ellis,  en 
1769  ,  décrivit,  sous  le  nom  de  Volvox,  des 
Infusoires  tout  différents;  Eichhorn  (1776) 
en  fit  connaître  un  plus  grand  nombre  que 
tous  ses  prédécesseurs  ;  dans  le  même  temps, 
Spallanzani  les  étudia  sous  le  point  de 
vue  physiologique,  et  découvrit,  ainsi  que 
Saussure,  plusieurs  faits  importants  sur 
leur  manière  de  vivre  et  notamment  leur 
multiplication  par  fissiparité.  En  1778, 
Gleichen  rechercha  aussi  les  Infusoires  dans 
des  infusions  variées  et  soumises  à  diverses 
conditions.  C'est  cet  auteur  qui  le  premier 
les  colora  artificiellement,  en  leur  donnant 
à  manger  du  carmin  qui  reste  logé  dans 
leurs  vacuoles.  En   1782,  Goeze  et  Bioch, 


INI 

chacun  de  leur  côté,  en  recherchant  ries 
Helminthes  dans  l'intestin  des  Grenouilles, 
y  trouvèrent  des  Infusoires  que  Leuwen- 
hoek  avait  déjà  vus  dans  les  excréments  de 
ces  animaux,  et  que  depuis  on  a  nommés 
Opalines.  C'est  vers  le  même  temps,  en 
1786  ,  que  parut  la  classification  des  Infu- 
soires par  Otto-Fred.  Millier,  que  la  mort 
avait  empêché  de  mettre  la  dernière  main 
à  cet  ouvrage,  et  qui  d'ailleurs  avait  déjà 
publié ,  en  1774  ,  un  premier  essai  de  clas- 
sification. Mais  ses  moyens  d'observation 
étaient  trop  imparfaits  pour  qu'il  pût  indi- 
quer des  caractères  précis  :  il  basait  donc 
ses  divisions  génériques  seulement  sur  la 
forme  extérieure  et  sur  la  présence  de  cer- 
tains appendices  :  aussi  a-t-il  réuni  sous  le 
même  nom  beaucoup  d'objets  différents. 
Lamarck,  en  1815,  essaya,  d'après  les  plan- 
ches de  Mûller,  d'établir  quelques  coupes 
dans  son  grand  genre  Vorticelle;  mais 
M.  Bory  de  Saint-Vincent,  en  1825,  indiqua 
avec  plus  de  précision  les  divisions  à  faire 
parmi  les  genres  de  Muller.  Cependant,  déjà 
en  1817,  Nitzsch  avait  donné  des  motions 
précises  sur  les  Cercaires  et  sur  les  Navi- 
cules  dont  Millier  avait  fait  des  Vibrions; 
d'un  autre  côté  ,  M.  Leclerc  avait  fait  con- 
naître les  Difflugies,  et  M.  Raspail  avait  mon- 
tré que  plusieurs  des  espèces  de  Muller  de- 
vaient être  entièrement  supprimées. 

Tel  était  l'état  de  cette  partie  de  la  zoo- 
logie ,  quand  M.  Ehrenberg  appliqua  à 
ses  recherches  le  microscope  récemment 
perfectionné  par  l'emploi  des  lentilles  achro- 
matiques. Il  étonna  le  monde  savant  par 
d'admirables  découvertes  sur  la  structure 
des  Systolides  ou  Rotateurs  que  Mûller 
avait  confondus  avec  les  Infusoires;  mais  en 
même  temps  il  attribua  aux  vrais  Infusoires 
une  richesse  d'organisation  qui  ne  s'y  trouve 
certainement  pas.  Ayant  répété  les  expé- 
riences de  Gleichen  sur  la  coloration  des  In- 
fusoires ,  il  vit,  comme  lui,  la  couleur  en- 
fermée dans  des  cavités  globuleuses  irré- 
gulièrement réparties  dans  l'intérieur  du 
corps,  et  qu'il  nomma  des  estomacs;  de  là 
il  dériva  le  nom  de  Polygastriques  ,  pour 
désigner  les  Infusoires  auxquels  il  attri- 
bua ainsi  des  estomacs  nombreux,  quoi- 
que chez  tous  il  n'eût  pas  vu  l'introduction 
des  matières  colorantes;  et  il  comprit  sous 
cette  même  dénomination   les  Clostéries, 


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les  Bacillariéeset  les  Desmidiées,  qui  sont  de 
vrais  végétaux.  M.  Ehrenberg,  en  poursui- 
vant ses  travaux  dans  cette  direction  et  en 
interprétant  la  signification  de  diverses  par- 
ties chez  les  Infusoires,  fut  conduit  à  leur 
attribuer  un  système  nerveux  et  quelque- 
fois un  œil ,  un  testicule ,  une  vésicule  sé- 
minale contractile  et  des  œufs. 

Cependant,  de  mon  côté,  j'avais  essayé 
vainement  de  vérifier  ces  découvertes,  et 
j'étais  arrivé  à  des  résultats  tout  opposés 
que  j'ai  publiés  en  1835.  L'observation  des 
Leucophres  m'avait  montré  chez  ces  Infu- 
soires un  tissu  homogène,  contractile,  sus- 
ceptible de  se  creuser  spontanément  de  va- 
cuoles ou  cavités  sphériques;  ce  tissu,  que 
je  nommai  Sarcode,  je  l'avais  ensuite  re- 
trouvé chez  d'autres  Infusoires  ,  ainsi  que 
chez  divers  animaux  inférieurs,  et  j'y  avais 
reconnu  également  la  formation  spontanée 
de  vacuoles.  Le  phénomène  de  coloration 
artificielle  des  Infusoires  qui  avalent  du  car- 
min me  montra,  chez  les  Paramécies,  les 
Kolpodes,  les  Kérones,  les  Plaesconies,  les 
Vorticelles  ,  etc.,  la  bouche,  située  à  l'ex- 
trémité d'une  bande  ou  gouttière  oblique 
garnie  de  cils  vibratiles ,  et  laissant  à  nu 
la  substance  molle  intérieure,  le  sarcode: 
là,  par  suite  de  l'impulsion  continuelle  du 
liquide  dans  lequel  les  cils  vibratiles  ont 
produit  un  tourbillon  ,  cette  substance 
molle  se  creuse  peu  à  peu  d'une  cavité  dans 
laquelle  s'accumulent  les  corpuscules  ame- 
nés par  le  liquide;  puis,  quand  cette  cavité 
est  devenue  trop  profonde ,  ses  parois  ten- 
dent à  se  rapprocher  et  finissentpar intercep- 
ter au  fond  une  cavité  globuleuse,  une  vraie 
vacuole  sans  parois  propres  ou  permanentes. 
Mais,  en  vertu  de  l'impulsion  reçue  et  sans 
cesse  continuée  par  le  tourbillon  au  fond  de 
la  bouche  ,  cette  vacuole  avec  son  contenu 
est  transportée  vers  la  périphérie  du  corps, 
dont  elle  paraît  suivre  le  contour  à  l'inté- 
rieur. 

D'autre  part ,  l'étude  des  Rhizopodes 
et  des  Amibes  m'avait  conduit  à  admettre 
que  certains  Infusoires  sont  dépourvus,  au 
moins  sur  certaines  parties,  d'un  tégument 
propre,  et  que  leurs  cils  et  leurs  divers  ap- 
pendices sont  des  expansions  de  la  sub- 
stance charnue  qui  constitue  la  majeure  par- 
tie de  leur  masse;  par  suite  aussi  je  me 
trouvai  amené  à  conclure  que  chez  certains 


Infusoires  la  structure  interne  est  d'une 
extrême  simplicité. 

Ces  résultats  ont  été  confirmés  d'abord 
en  1836  ,  par  M.  Peltier,  quant  à  la  struc- 
ture des  Arcelles,  dont  il  vit  les  expansions 
se  souder  entre  elles ,  lors  même  qu'elles 
provenaient  de  deux  individus.  Meyen  pu- 
blia ,  en  1839  ,  des  observations  presque 
semblables  aux  miennes  et  en  conclut  que 
«  les  vrais  Infusoires  sont  des  animaux  vési- 
»  culeux  dont  la  cavité  est  remplie  d'une 
»  substance  glutineuse  presque  en  consis- 
j  »  tance  de  gelée.  »  Il  explique  d'ailleurs 
comme  moi  la  formation  des  vacuoles,  rem- 
plies de  matières  alimentaires,  à  l'extrémité 
d'un  œsophage  qui,  partant  de  la  bouche ,  se 
dirige  obliquement  à  travers  la  membrane 
externe.  Il  admet  également  enfin  que  ces 
vacuoles  sont  indépendantes,  qu'elles  peu- 
vent disparaître  complètement  et,  qu'en  un 
mot,  ce  ne  sont  pas  des  estomacs. 

M.  de  Siebold,  l'un  des  micrographes  les 
plus  éminents  et  des  naturalistes  les  plus 
distingués  de  l'Allemagne,  vient  de  publier 
un  traité  d'anatomie  comparée  des  animaux 
sans  vertèbres  dans  lequel  il  expose  aussi 
des  idées  analogues  sur  la  structure  des  In- 
fusoires. Comme  nous,  il  sépare  d'abord  de 
!  ces  animaux  les  Rotateurs,  d'une  part,  qui 
sont  bien  plus  élevés  dans  la  série  zoologi- 
que, et,  d'autre  part,  les  Clostériens,  les 
Diatomées  et  certains  Volvoces,  qui  sont  au 
contraire  des  végétaux;  et  même  aussi  il  en 
sépare  les  Navicules  ou  Bacillariées  chez  les- 
quels, dit-il,  aucun  autre  naturaliste  n'a 
pu  voir  les  organes  locomoteurs  décrits  par 
M.  Ehrenberg.  Mais  M.  de  Siebold  incline  à 
regarder  comme  une  classe  à  part  les  Rhi- 
zopodes  réunis  aux  Amibes  et  caractérisés 
par  la  forme  incessamment  variable  de  leur 
corps  et  par  leurs  organes  locomoteurs,  qui 
sont  des  prolongements  lentement  contrac- 
tiles et  complètement  rétractiles.  La  classe 
des  Infusoires,  ainsi  réduite  et  caractérisée 
par  la  présence  des  cils  vibratiles  ou  des 
filaments  flagelliformes,  sauf  chez  les  Acti- 
nophrys,  est  divisée  en  deux  ordres  :  les 
Astomes  ou  Infusoires  sans  bouche ,  et  les 
Stomatodes,  qui  ont  une  bouche  et  un  œso- 
phage. Les  premiers  se  nourrissent  par 
absorption  ;  ils  constituent  les  familles  des 
Astasiés,  des  Péridiniés  et  des  Opalines. 
Tous  les  autres  Infusoires,  les  Storaatode*, 


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«  ont  une  bouche  et  un  œsophage  à  travers 
lequel  la  nourriture  avalée  pénètre  dans  le 
parenchyme  presque  fluide  du  corps,  sans  y 
être  contenu  dans  une  cavité  déterminée, 
et  comparable  à  un  estomac  ou  à  un  intes- 
tin (p.  15).  »Un  tourbillon  étant  produit 
par  les  cils  vibratiles  de  la  bouche  de  ces 
Infusoires,  l'eau  avec  les  corpuscules  flot- 
tants s'accumule  à  l'extrémité  de  l'œsophage 
et  y  refoule  le  parenchyme  en  formant  une 
cavité  globuleuse,  qui  bientôt  s'isole  et  de- 
vient libre  dans  ce  parenchyme.  D'autres 
cavités,  formées  successivement  de  même, 
sont  ensuite  irrégulièrement  disséminées 
et  se  soudent  quelquefois  de  telle  sorte 
qu'on  ne  peut  leur  attribuer  aucune  mem- 
brane ou  paroi  propre.  M.  de  Siebold  con- 
sidère les  vésicules  contractiles,  chez  les  In- 
fusoires, comme  une  ébauche  d'appareil 
circulatoire,  tout  en  convenant  qu'en  cer- 
tains cas  on  ne  peut  leur  attribuer  de  paroi 
propre.  Quanta  ces  organes  plus  denses,  que 
M.  Ehrenberg  a  pris  pour  des  testicules, 
chez  les  Infusoires,  M.  de  Siebold  les  consi- 
dère comme  le  nucléus  de  la  cellule  primi- 
tive, d'où  dérive  leur  formation  ;  mais  il 
n'attribue  à  ces  animaux  ni  organes  des 
sens,  ni  œufs,  ni  organes  génitaux,  et  con- 
tredit formellement  une  telle  signification 
donnée  par  d'autres  auteurs  à  diverses  par- 
ties des  Infusoires. 

Enfin,  pour  montrer  au  juste  l'état  ac- 
tuel de  cette  question  si  importante  pour  les 
vrais  principes  de  la  physiologie  ,  je  crois 
ne  pouvoir  mieux  faire  que  de  transcrire 
ici  ce  que  m'écrit  à  ce  sujet  M.  de  Quatre- 
fages.  Les  bonnes  et  nombreuses  observa- 
tions de  ce  savant  sur  différents  animaux 
inférieurs  montrent  suffisamment  combien 
l'usage  du  microscope  lui  est  familier,  et 
combien  il  est  réservé  dans  l'interprétation 
des  résultats  révélés  par  cet  instrument. 

«  ..Une  étude  complète  des  Infusoires  sup- 
pose un  ensemble  de  possibilités  et  de  moyens 
d'observation  qui  n'existe  pas  encore  pour  ces 
êtres  infiniment  petits.  A  chaque  pas  quej'ai 
voulu  Taire  dans  cette  voie,  j'ai  mieux  senti 
l'insuffisance  de  nos  moyens  d'investigation, 
et  tout  en  reconnaissant  combien  le  micro- 
scope a  fait  de  progrès  réels  dans  ces  der- 
nières années,  progrès  auxquels  vous  aurez 
si  largement  contribué  par  l'invention  de 
votre  éclairage  ,  j'ai  éprouvé  à  chaque  in- 


INF 

stant  le  besoin  de  lentilles  plus  puissantes. 

»  Pour  résoudre  la  plupart  des  problèmes 
que  présente  cette  étude,  il  faudrait,  je 
crois,  des  grossissements  d'au  moins  1,000 
diamètres  ,  tout  en  conservant  la  netteté  de 
vision  que  votre  appareil  nous  permet  d'ob- 
tenir jusqu'aux  grossissements  de  300  ou 
360  diamètres.  Ainsi,  bien  que  mes  opinions 
actuelles  reposent,  j'ose  le  dire,  sur  des  ob- 
servations nombreuses  et  consciencieuses , 
je  crois  devoir  faire  les  plus  amples  réserves 
pour  l'avenir  ;  car  tel  perfectionnement 
possible  dans  les  instruments  d'optique 
modifierait  peut-être  sur  bien  des  points  ma 
manière  de  voir. 

«Tout  ce  que  j'ai  pu  voir  chez  les  Infusoi- 
res me  semble  témoigner  en  faveur  de  la 
simplicité  de  leur  organisation.  Malgré  tous 
mes  efforts  ,  je  n'ai  pu  y  distinguer  ces 
organes  multiples  décrits  par  un  illustre 
micrographe,  qu'ont  entraîné,  je  pense, 
au-delà  des  limites  de  l'observation  directe, 
les  découvertes  admirables  et  bien  réelles 
qu'il  avait  faites  chez  les  Rotateurs.  En 
employant  des  verres  dont  vous  connais- 
siez toute  la  bonté ,  il  m'a  été  impossible 
d'apercevoir,  soit  le  tube  digestif,  soit  les 
organes  génitaux,  soit  les  organes  des  sens 
suffisamment  caractérisés. 

»  Toutefois  je  ne  crois  pas  que  cette  sim- 
plicité d'organisation  soit  portée  au  même 
degré  chez  tous  les  animalcules  qu'on  a 
compris  sous  ce  nom  commun  d'Infu- 
soires.  Les  Protées,les  Rhizopodesme  sem- 
blent atteindre  à  cet  égard  les  dernières 
limites  du  possible.  J'ai  revu  presque  tous 
les  faits  que  vous  avez  découverts  chez  ces 
êtres  étranges,  et  entre  autres  la  soudure 
et  la  fusion  des  expansions  temporaires  des 
Gromies.  Il  me  paraît  presque  démontré 
qu'ici  l'observateur  n'a  bien  réellement  sous 
les  yeux  qu'une  masse  homogène  vivante  , 
un  animal  entièrement  composé  de  sarcode; 
car  cette  expression  me  semble  très  heu- 
reusement choisie,  et  devoir  rester  dans  le 
vocabulaire  de  la  science. 

»  Quant  aux  autres  Infusoires ,  il  ne  me 
semble  pas  probable  que  leur  homogénéité 
soit  aussi  entière.  Nous  saisissons  dans 
l'aspect  de  leurs  tissus  des  différences  qui 
doivent  annoncer  des  différences  correspon- 
dantes décomposition,  d'organisation, ose- 
rai-je  dire.  Chez  le  plus  grand  nombre,  j'ai 


INF 


INF 


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cru  saisir  les  indices  d'une  sorte  de  tégu-   j 
ment,  distinct  d'ailleurs  du  tégument  strié 
que  vous  aurez  admis.  Chez  plusieurs,  des   ; 
portions  entières  du  corps  m'ont  paru  dif-   \ 
férer  du  reste.  Ainsi  chez  les  Amphileplus, 
les  Dileptus,  la  portion  étendue  en  avant 
de  la  bouche  m'a  semblé  d'une  autre  na-   ; 
ture  que  la  portion  renflée  de   l'animal.    | 
Enfin  l'existence  de  vacuoles  à  forme  et  à  j 
position  constantes  chez  certaines  Paramé-   j 
cies  ,  chez  les  Pleuronèmes ,  etc.,  me  sem-  j 
ble   également  annoncer  un   degré  d'or-   \ 
ganisation  bien  supérieur  déjà  à   ce  qui 
existe  chez  les  Amibes  et  les  Rhizopodes. 
Peut-être  faudra- t-il  distinguer  les  vérita- 
bles vacuoles,  qui,  réellement  accidentelles, 
se  manifestent  à  l'intérieur  des  Infusoires 
comme  dans  un  globule  isolé  de  sarcode, 
et  d'autres    cavités    semblables    aux    va- 
cuoles, mais  dont  la  position  est  déterminée, 
et  qui  mériteraient  mieux  le  nom  de  lacu- 
nes. Celles-ci  existeraient  toujours ,   mais 
leur  présence  ne  nous  serait  révélée  qu'au- 
tant qu'un  liquide  viendrait  à  les  remplir, 
à  distendre   leurs  parois ,  et  à  faire  naître 
ainsi  divers  jeux  de  lumière. 

»  En  général,  les  Infusoires  me  semblent 
être  essentiellement  formés  d'une  couche 
plus  ou  moins  épaisse  de  substance  enfer- 
mant une  certaine  cavité,  laquelle,  plus  ou 
moins  considérable,  par  rapport  au  volume 
de  l'animal,  constitue  souvent  le  corps  pres- 
que tout  entier  :  dans  quelques  cas  ,  cette 
cavité  n'en  occupe  qu'une  assez  petite  par- 
tie ,  comme  chez  certains  Erviliens  ou  Plces- 
coniens.  Ainsi  mon  opinion  sur  ce  sujet  se 
rapproche  de  celle  de  Meyen. 

»  Cette  opinion  repose  pour  moi  sur  deux 
faits  que  j'ai  maintes  fois  vérifiés.  J'ai  vu 
souvent  les  corpuscules  avalés  par  les  In- 
fusoires ,  agités  dans  l'intérieur  de  leur 
corps  d'un  mouvement  semblable  au  mou- 
vement brownien.  Les  particules  qui  le  pré- 
sentaient n'étaient  pas  renfermées  dans  des 
vacuoles,  et  ce  mouvement  était  d'ailleurs 
très  distinct  de  celui  qu'occasionnent  les 
contractions  ou  les  mouvements  généraux 
de  l'animal,  tel  qu'on  l'observe  si  bien  chez 
une  Amibe  en  marche. 

»  D'un  autre  côté  ,  j'ai  vu  chez  certains 
Plœsconiens  la  masse  entière  des  corpus- 
cules avalés  se  mouvoir  dans  l'intérieur  du 
corps  d'un  mouvement  de  rotation  assez 


uniforme.  Ici  la  masse  alimentaire  (  passez- 
moi  l'expression)  présentait  un  mouvement 
assez  semblable  à  celui  que  l'on  observe 
dans  le  tube  digestif  des  petites  Annélides  , 
mais  plus  lent.  Il  est  hors  de  doute  pour 
moi  que  ces  corpuscules  étaient  renfermés 
dans  une  cavité  dont  d'ailleurs  on  ne  pou- 
vait apercevoir  les  limites. 

»  Cette  dernière  circonstance  nous  ap- 
prend que  le  liquide  existant  à  l'intérieur 
du  corps  des  Infusoires  réfracte  la  lumière 
de  la  même  manière  que  la  portion  plus  so- 
lide de  leur  substance.  Elle  nous  rend 
compte  de  l'extrême  difficulté  que  nous 
éprouvons  à  distinguer  certaines  particula- 
rités d'une  organisation  qui  ne  se  révèle  à 
nous  que  par  un  très  petit  nombre  de  ré- 
sultats ,  parce  qu'elle-même  est  extrême- 
ment simple. 

»  Cette  simplicité  d'organisation  me  sem- 
ble être  le  grand  caractère  commun  de  tous 
les  animaux  qu'on  a  désignés  sous  le  nom 
d'Infusoires,  et  qu'on  a  réunis  généralement 
dans  un  seul  et  même  groupe  ;  mais  au  con- 
traire ,  la  classe  des  Infusoires  me  paraît 
composée  d'éléments  hétérogènes.  D'une 
part,  on  y  comprend  encore  les  êtres  que , 
d'après  les  belles  découvertes  de  MM.  De- 
caisne  et  Thuret,  le  règne  végétal  ne  tardera 
pas  à  réclamer  ;  et  d'autre  part,  je  crois  pou- 
voir dire  que  chacun  des  principaux  types 
du  sous-règne  des  Invertébrés  y  compte  des 
représentants,  mais  des  représentants  dé- 
gradés; au  reste,  cette  proposition  aurait 
besoin  ,  pour  être  soutenue,  de  détails  qui 
ne  peuvent  trouver  place  ici.  » 

D'après  ce  qui  précède,  nous  ne  considé- 
rons provisoirement  comme  de  vrais  Infu- 
soires que  les  animaux  aquatiques,  très  pe- 
tits, non  symétriques,  sans  sexes  distincts, 
sans  œufs  visibles,  sans  cavité  digestive  dé- 
terminée ou  permanente ,  ayant  tout  ou 
partie  de  leur  corps  sans  tégument  résistant, 
:  et  se  propageant  par  division  spontanée  ou 
par  quelque  mode  encore  inconnu. 

La  classe  ainsi  restreinte  présente  encore 
une  assez  grande  diversité  de  caractères 
pour  qu'on  puisse  y  établir  des  ordres,  des 
familles  et  des  genres;  et  d'abord,  il  con- 
vient, je  crois,  de  mettre  à  part,  comme  ap- 
pendice, les  Vibrioniens,  dont  on  n'a  pu  jus- 
qu'à ce  jour  ,  avec  l'aide  des  meilleurs  mi- 


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iNî< 


croscopes,  deviner  la  structure  ou  les  moyens 
de  locomotion.  Ce  sont  de  très  petits  corps 
filiformes,  droits  ou  ondulés,  ou  en  spirale, 
continus  ou  articulés  ,  qui  apparaissent  par 
myriades  dans  les  infusions  fétides  animales 
ou  végétales,  ou  dans  le  liquide  des  macé- 
rations ,  ou  même  dans  les  produits  morbi- 
des et  liquides  de  l'organisme.  On  a  essayé 
de  les  diviser  en  genres  et  en  espèces ,  mais 
sans  avoir  véritablement  des  caractères  suf- 
fisants pour  pouvoir  se  prononcer  sur  leur 
nature  animale  ou  végétale.  Tels  sont  les 
Bacterium,  en  forme  de  fil  raide  et  court,  se 
mouvant  en  vacillant  dans  le  liquide,  et 
longs  de  2  à  3  millièmes  de  millimètre,  avec 
une  épaisseur  deux  à  trois  fois  moindre  ; 
les  Vibrions,  dont  le  corps  filiforme  est  sus- 
ceptible d'un  mouvement  ondulatoire,  et 
qui  sont  épais  de  3  à  13  dix-millièmes  de 
millimètre  ;  les  Spirillum  ,  dont  le  corps 
filiforme  ,  proportionnellement  très  long , 
épais  de  11  à  13  dix-millièmes  de  millimè- 
tre ,  et  enroulé  en  hélice  ,  se  meut  quel- 
quefois avec  une  grande  agilité  en  tournant 
sur  son  axe. 

Parmi  les  vrais  Infusoircs,  il  faut  distin- 
guer en  premier  lieu  ceux  qui  manquent  de 
cils  vibratiles.  Ils  sont  toujours  sans  bouche, 
et  se  nourrissent  en  absorbant  par  la  surface 
externe  de  leur  corps  les  éléments  dissous 
dans  le  liquide  ambiant;  à  moins  que,  ve- 
nant au  contact  de  quelque  aliment ,  ils  ne 
l'enferment  dans  leur  propre  substance  , 
^iolle  et  susceptible  de  se  creuser  de  va- 
cuoles. De  ces  Infusoires  non  ciliés,  les  uns 
n'ont  d'autre  moyen  de  locomotion  que  des 
expansions  variables  plus  ou  moins  allon- 
gées ,  extensibles  et  contractiles  ,  se  mou- 
vant assez  lentement,  et  susceptibles  de 
se  souder  entre  elles,  ce  qui  prouve  qu'el- 
les n'ont  pas  de  forme  ni  de  structure  dé- 
finie. Les  Amibiens,  qu'on  nomme  aussi 
Protée»,  sont  tout-à- fait  nus,  et  ne  dif- 
férent entre  eux  que  par  leur  volume  et 
par  les  dimensions  relatives  de  leurs  ex- 
ï^nsions,  tantôt  larges  et  courtes ,  tantôt 
allongée*,  de  plus  en  plus  minces  ou  même 
filiformes,  simples  ou  rameuses.  L'extrême 
variabilité  de  leur  forme  et  la  simplicité  de 
leur  organisation  n'ont  pas  permis  de  les 
caractériser  suffisamment  comme  genres  et 
comme  espèces.  On  les  trouve  constamment 
dans  le  dépôt  vaseux  qui  couvre  les  plantes 


aquatiques  et  les  pierres  submergées,  ainsi 
que  dans  la  pellicule  floconneuse  qui  se 
forme  à  la  surface  des  infusions.  Les  Ami- 
biens, vivant  dans  l'eau  de  mer,  ont  géné- 
ralement les  expansions  plus  effilées. 

Ce  sont  sans  contredit  les  plus  simples 
de  tous  les  animaux  ;  larges  de  5  à  40  cen- 
tièmes de  millimètre  ,  on  les  voit ,  sous  le 
microscope  ,  glisser  lentement  ou  couler 
comme  une  goutte  d'huile,  avançant  d'un 
côté  des  lobes  arrondis ,  tandis  qu'ils  aban- 
donnent le  plan  de  reptation  au  côté  op- 
posé. 

Les  autres  Infusoires  non  ciliés,  à  expan- 
sions indéterminées,  lentement  mobiles,  sont 
les  Rhizopodes,  qui  diffèrent  des  Amibiens 
par  la  propriété  qu'ils  ont  de  sécréter  une 
coque  molle  ou  dure,  cornée  ou  calcaire, 
lisse  ou  encroûtée  de  corpuscules  étrangers. 
Les  uns,  à  expansions  peu  nombreuses,  cour- 
tes, arrondies,  sont  les  Arcelles,  dont  le 
têt  est  discoïde ,  avec  une  large  ouverture 
ronde  au  milieu  de  la  face  inférieure,  qui 
est  plane;  et  les  Difflugies,  dont  la  coque 
ovoïde,  presque  globuleuse,  souvent  enrou- 
lée, a  un  orifice  plus  étroit,  terminal.  Quel- 
ques Rhizopodes,  à  expansions  nombreuses, 
filiformes,  ont  une  coque  simple,  membra- 
neuse ou  cornée,  avec  un  seul  orifice, 
comme  les  Gromies,  qui  se  trouvent,  soit 
dans  les  eaux  douces,  soit  dans  la  mer; 
d'autres  ont  une  coque  calcaire  ,  à  plusieurs 
loges,  comme  la  plupart  des  petits  animaux 
marins,  qu'on  avait  classés  d'abord  parmi 
les  Céphalopodes ,  sous  le  nom  de  Forami- 
nifères,  d'après  la  connaissance  seule  de  leur 
coquille,  et  qu'on  ne  peut  s'empêcher  au- 
jourd'hui de  rapprocher  des  Gromies  et  des 
Difflugies. 

D'autres  Infusoires  non  ciliés  ont  aussi  des 
expansions  fiiliformes  ou  terminées  en  bou- 
ton; mais  leur  contractilité  est  si  obscure 
qu'on  a  souvent  beaucoup  de  peine  à  l'aper- 
cevoir, quoiqu'elle  soit  bien  réelle,  et,  pour 
eux ,  la  locomotion  est  à  peu  près  nulle. 
Ce  sont  les  Actinophryens ,  qui  sont  nus, 
avec  des  expansions  effilées,  comme  les  Ae- 
tinophrys,  ou  avec  des  expansions  filiformes, 
terminées  en  bouton,  comme  les  Acinètes,  et, 
dans  ce  cas  encore,  souvent  revêtus  en  par' 
tie  d'une  enveloppe  membraneuse. 

Certains  Infusoires  non  ciliés  sont  pour- 
vus d'une  ou  plusieurs  expansions  filiformes, 


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agitées  d'un  mouvement  ondulatoire  très  vif 
surtout  à  l'extrémité,  et  servant  d'organes 
locomoteurs.  Ces  Infusoires,  très  nombreux, 
doivent  former  plusieurs  ordres  distincts: 
les  Monadiens,  dont  le  corps  blanchâtre, 
nu,  très  contractile  et  de  formes  variables, 
est  souvent  muni  d'un  ou  plusieurs  prolon- 
gements effilés  ou  d'une  autre  expansion 
filiforme  contractile  ,  mais  non  agitée  d'un 
mouvement  ondulatoire. 

Les  Monades  proprement  dites,  qui  n'ont 
qu'un  filament,  et  les  Cyclides,  qui  en  dif- 
fèrent par  leur  filament  raide,  plus  épais  à 
la  base,  et  agité  seulement  à  l'extrémité, 
ainsi  que  les  Amphimonas  ,  Cercomonas  et 
Trepomonas,  qui  en  diffèrent  seulement  par 
des  prolongements  postérieurs  ou  latéraux, 
se  produisent  en  foule  dans  les  diverses  in- 
fusions; leurs  dimensions  ordinaires  n'ex- 
cèdent guère  un  centième  de  millimètre. 

Les  Volvociens  diffèrent  des  Monadiens 
parce  qu'ils  sont  pourvus  d'enveloppes  épais- 
ses, gélatineuses,  diaphanes,  qui,  se  soudant 
ensemble,  forment  une  masse  commune 
dans  laquelle  sont  engagés  ces  Infusoires. 
Us  sont  ordinairement  verts,  avec  un  petit 
point  rouge  qu'on  a  voulu  prendre  pour  un 
œil,  et  vivent  exclusivement  dans  les  eaux 
marécageuses,  et  non  dans  les  infusions. 
Quoiqu'ils  forment  des  masses  proportion- 
nellement assez  grandes,  presque  tous  sont 
si  petits  qu'on  n'a  pu  les  étudier  suffisam- 
ment et  en  particulier.  En  effet,  les  Volvox, 
qui,  réunis  par  milliers ,  constituent  des 
globules  verts,  larges  souvent  d'un  milli- 
mètre, n'ont  pas  en  particulier  chacun 
plus  de  7  à  9  dix-millièmes  de  millimètre. 
Ils  sont  munis  d'un  double  filament  flagel- 
liforme,  dont  l'agitation  continuelle  déter- 
mine un  mouvement  de  rotation  pour  la 
masse.  Les  Dinobryens  diffèrent  des  Volvo- 
ciens parce  que  les  individus  ,  au  lieu  d'une 
enveloppe  gélatineuse  épaisse,  sont  logés 
chacun  dans  une  petite  gaine  membraneuse , 
de  sorte  que  la  soudure  partielle  et  succes- 
sive de  toutes  les  petites  gaines  produit  un 
petit  Polypier  rameux. 

Les  Tuécamonadiens  et  les  Eimïleniens,  qui 
se  trouvent  particulièrement  dans  l'eau 
verte  des  fossés  et  des  mares,  ont  une  grande 
analogie  avec  les  précédents,  quanta  leur 
couleur  verte  ou  rouge,  à  leurs  filaments 
flagelliformes  et  à  la  simplicité  de  leur  struc- 

T.  VII. 


INF 


49 


ture  ;  mais  ils  ne  sont  point  agrégés,  et,  au 
contraire  des  Monadiens,  ils  sont  revêtus 
d'un  tégument  plus  ou  moins  résistant  etnon 
gélatineux  comme  celui  des  Volvociens;  ils 
diffèrent  entre  eux  par  la  contractilité  ou  la 
non-contractilité  de  l'enveloppe.  Chez  les 
Thécamonadiens ,  elle  est  quelquefois  dure 
et  cassante,  chez  les  Trachelomonas  pat- 
exemple.  Elle  est  membraneuse  et  ovoïde 
chez  les  Cryptomonas,  membraneuse  et  apla- 
tie chez  les  Crumenula ,  ainsi  que  chez  les 
Phacus ,  qui  se  distinguent  par  un  prolonge- 
ment en  forme  de  queue.  Le  Diselmis  se  dis- 
tingue des  Cryptomonas  par  la  présence  d'un 
double  filament  flagelliforme,  et  VAniso- 
nema  se  reconnaît  à  un  filament  traînant , 
comme  celui  des  Monadiens,  que  nous  avons 
nommé  Hétéromita. 

Parmi  les  Eugléniens,  dont  l'enveloppe 
est  très  contractile,  au  contraire,  les  vraies 
Etiglena  sont  vertes  ,  avec  un  ou  plusieurs 
points  rouges,  ou  entièrement  rouges;  ce 
sont  elles  qui  colorent  plus  fréquemment 
les  eaux  stagnantes;  elles  n'ont  qu'un  seul 
filament  flagelliforme,  inséré  obliquement, 
et  se  font  remarquer  par  la  diversité  des 
formes  résultant  de  la  contraction  de  leur 
corps.  La  longueur  du  corps  des  Eugléniens 
est  ordinairement  de  2  à  7  centièmes  de 
millimètre  :  cependant  quelques  Euglena 
ont  un  dixième  et  jusqu'à  un  huitième  de 
millimètre. 

Des  Infusoires  encore  peu  connus ,  en 
raison  de  leui  enveloppe  coriace  peu  trans- 
parente, ont  à  la  fois  un  filament  flagelli- 
forme et  une  bande  transverse  garnie  de 
cils  vibratiles  qui  les  distinguent  des  Thé- 
camonadiens ;  ce  sont  les  Péridiniens,  dont 
plusieurs  espèces  marines  sont  phosphores- 
centes, et  dont  quelques  unes  ont  leur  en- 
veloppe prolongée  d'une  manière  bizarre  en 
forme  de  corne  ou  de  queue;  celles-ci  sont 
longues  de  15  à  28  centièmes  de  milli- 
mètre ;  celles ,  au  contraire ,  dont  la  forme 
est  plus  ou  moins  globuleuse  ont  de  2  à 
6  centièmes  de  millimètre. 

Le  reste  des  Infusoires  se  distingue  par 
la  présence  des  cils  vibratiles  servant  à  la 
fois  d'organes  respiratoires  et  locomoteurs. 
Quelques  uns  des  Infusoires  ciliés  sont  en- 
core privés  de  bouche  et  doivent  se  nourrir 
simplement  par  absorption  :  ce  sont  les  En- 
chélieks,  trop  peu  connus  pour  qu'on  puisse 

7 


50 


INF 


INF 


les  classer  exactement;  ils  se  développent 
presque  tous  dans  les  infusions  ou  dans  les 
eaux  stagnantes  putréfiées  ;  leur  longueur 
est  comprise  entre  2  et  6  centièmes  de 
millimètre;  ils  sont  plus  ou  moins  complè- 
tement revêtus  de  cils,  et  l'on  doit  distin- 
guer parmi  eux  VAlyscum,  qui  possède  des 
filaments  traînants  rétractiles. 

Les  lnfusoires  ciliés  et  pourvus  d'une 
bouche,  mais  sans  tégument  distinct,  doi- 
vent peut-être  former  une  seule  famille , 
qu'on  nommerait  les  Trichodiens  ,  et  qui 
réunirait  sous  ce  même  nom  ceux  que  j'ai 
précédemment  désignés  sous  celui  de  Ké- 
roniens,  en  les  caractérisant  par  la  présence 
de  cils  plus  épais,  non  vibratiles,  en  forme 
de  stylets  ou  de  crochets;  car  ces  appen- 
dices ne  diffèrent  véritablement  des  cils  vi- 
bratiles que  par  leurs  dimensions  et  par  un 
moindre  degré  de  mobilité  ;  toutefois  la  fa- 
mille des  Trichodiens  comprendrait  ainsi  un 
grand  nombre  de  types  divers,  dont  une 
étude  plus  approfondie  pourrait  faire  plu- 
sieurs groupes  importants.  En  effet,  nous  y 
voyons  des  lnfusoires  à  corps  oblong,  flexi- 
ble, inégalement  cilié,  ayant  toujours  une 
rangée  de  cils  plus  forts  ,  dirigés  oblique- 
ment vers  la  bouche;  ce  sont  les  vrais  Tri- 
chodes  et  les  Oxytriques  qu'il  faut  peut-être 
réunir  en  un  seul  genre,  en  y  ajoutant 
même  les  Trachéliens,  qui  n'en  diffèrent 
que  par  leur  forme  plus  allongée.  Le  Dilep- 
tus,  au  contraire,  se  distingue  par  la  posi- 
tion de  sa  bouche,  à  la  base  d'un  prolonge- 
ment antérieur ,  très  étroit,  en  forme  de 
cou  de  cygne.  Les  Kérones  sont  des  Tri- 
chodiens à  corps  déprimé,  oblong,  pourvu 
en  avant  et  en  dessous  de  cils  courts  et 
épais ,  quoique  très  flexibles ,  et  prenant 
l'aspect  de  petits  crochets ,  quand,  appuyés 
sur  le  porte-objet,  ils  servent  de  pieds;  les 
Kérones  ont  souvent,  en  outre,  de  gros  cils 
droits,  raides,  figurant  autant  de  stylets 
en  arrière,  et  dont  on  a  voulu  faire  un  ca- 
ractère distinctif  pour  les  Slylonychia,  qui 
sont  de  vrais  Kérones.  Ces  lnfusoires,  vi- 
sibles à  i'œil  nu,  sont  longs  de  1  dixième 
à  un  14  de  millimètre. 

Les  Plcesconiens  ne  diffèrent  des  Tricho- 
diens ,  et  particulièrement  des  Kérones,  que 
par  une  apparence  de  cuirasse  à  côtes  lon- 
gitudinales, qui  se  décompose  par  dif- 
fluence  en  même   temps  que  le  reste  du 


corps,  mais  qui,  pendant  la  vie,  s'oppose 
à  la  contractililé  des  tissus  et  à  tout  chan- 
gement de  forme.  Les  Plcesconiens ,  loags 
de  G  à  12  centièmes  de  millimètre,  sont 
très  abondants  dans  l'eau  de  mer  stagnante, 
dans  les  marais  et  dans  quelques  infusions; 
ils  se  reconnaissent  aisément  à  leur  cuirasse 
et  à  leur  manière  de  marcher  au  moyen  des 
I   cils  courts  et  épais  qui  leur  servent  de  pieds. 
Les  Erviliexs  ont  une  cuirasse  plus  réelle, 
j  membraneuse  et  persistante;  ils  sont  pour- 
j  vus  de  cils  vibratiles  sur  la   partie  décou- 
j   verte  seulement,  et  portent  un  appendice 
j   court  en  forme  de  queue;  ce  sont,  pour  la 
j  plupart,  des  lnfusoires  marins  longs  de  3  à 
j   G  centièmes  de  millimètre. 

Les  Leucophryens  sont  les  plus  compléte- 
I  ment  ciliés  de  tous  les  lnfusoires,  mais  ils- 
manquent  de  bouche  et  d'organisation  vi- 
sible à  l'intérieur;  ce  sont  presque  tous  des 
animalcules  parasites  ,  vivant  les  uns  dans 
l'intestin  des  lombrics  et  dans  les  nais ,  les 
autres  dans  l'intestin  des  Batraciens  :  aussi 
ne  peuvent-ils  vivre  dans  l'eau  pure  ,  où  ils 
se  décomposent  bientôt  en  laissant  exsuder 
le  sarcode  ;  il  semble  que,  devant  vivre  plon- 
gés dans  un  liquide  nourricier  ,  leur  orga- 
nisation soit  plus  complètement  en  rapport 
avec  un  mode  de  nutrition  effectué  par  la 
surface  extérieure. 

Les  Paraméciens,  au  contraire,  sont  les 
lnfusoires  dont  l'organisation  paraît  être  la 
plus  complète,  quoiqu'elle  ne  puisse  être 
encore  complètement  définie.  En  effet,  leur 
corps  mou,  flexible,  ordinairement  oblong, 
est  revêtu  d'une  sorte  de  tégument  réticulé, 
contractile,  portant  sur  les  mailles  de  son 
tissu  des  cils  vibratiles  disposés  en  sé- 
ries régulières  et  quinconciales.  Leur  bou- 
che, bien  visible,  est  ordinairementde  côté, 
dans  une  dépression  ,  à  l'extrémité  d'une 
bande  oblique  de  cils  plus  longs  et  plus 
forts  ,  dont  le  mouvement  continuel  déter- 
mine un  tourbillon  dans  le  liquide,  et 
amène  successivement  les  corpuscules  flot- 
tants. Dans  leur  intérieur  se  voient  des  ca- 
vités globuleuses  remplies  de  liquide  ou 
contenant  des  substances  avalées,  et  se 
creusant  soit  spontanément  dans  la  sub- 
stance molle  de  leur  corps,  soit  par  l'effet 
de  l'impulsion  de  l'eau  et  des  corpuscules 
fiottantsque  le  mouvement  des  cils  amène 
sans  cesse  au  fond  de  la  bouche.  Ou  bien 


INF 


ll\i- 


51 


encore  quelques  Paraméciens,  comme  les 
Nassula,  avalent  directement  des  brins  d'os- 
cillaire,  par  exemple,  qui  dilatent  forte- 
ment leur  corps  en  se  creusant  eux-mêmes 
ne  cavité  indépendante  au  milieu  de  la 
jbstanec  molle  intérieure.  Chez  les  Pa- 
ameciens  se  voient  généralement  aussi  des 
avités  contractiles  spéciales  remplies  de  li- 
luide,  disposées  avec  une  sorte  de  régula- 
rité, paraissant  et  disparaissant  alternati- 
ement  à  la  même  place.  Enfin  chez  la  plu- 
part de  ces  animaux ,  on  voit  à  l'intérieur 
une  ou  plusieurs  masses  d'apparence  glan- 
duleuse ,  et  chez  quelques  uns  seulement, 
on  voit  la  bouche  entourée  d'un  faisceau  de 
petites  baguettes  comme  l'orifice  d'une 
nasse.  Cette  famille  des  Paraméciens,  à  la- 
quelle il  faut,  jecrois,  réunir  les  Bursariens, 
contient  au  moins  douze  genres  bien  ca- 
ractérisés, tels  que  les  Paramécies  h  corps 
oblong,  comprimé,  avec  un  pli  longitudinal 
oblique  correspondant  à  l'emplacement  de 
la  bouche:  les  Amphileptus  qui  en  diffèrent 
par  leur  forme  plus  allongée  ,  amincie  en 
fuseau,  et  par  l'absence  de  ce  pli  oblique; 
les  Kolpodes  et  les  Glaucomes  ,  dont  la  bou- 
che est  munie  d'une  lèvre  saillante  ou  d'une 
lame  vibratile,  et  dont  les  uns  ont  le  corps 
sinueux  ou  échancré,  tandis  que  les  autres 
sont  ovales,  déprimés.  Les  Chilodon  et  les 
Xassula,  dont  la  bouche  est  entourée  d'un 
faisceau  de  petites  baguettes,  se  distinguent 
parla  forme  du  corps,  ovoïde  chez  ceux-ci, 
et  déprimé  chez  ceux-là.  Les  Bursaires  ont 
la  bouche  très  grande ,  située  à  l'extré- 
mité d'une  double  rangée  de  cils,  en  spi- 
rale ,  et  les  Kondylostome  ont  latérale- 
ment en  avant  une  bouche  béante  encore 
plus  grande,  entourée  de  cils  très  forts  qui 
ieur  permet  d'avaler  directement  une  proie 
volumineuse.  D'autres  genres  classés  pro- 
visoirement avec  les  Paraméciens  réclament 
un  nouvel  examen  ;  tels  sont  le  Prorodon  et 
VHolophrya,  dont  la  bouche  tout-à-fait  ter- 
minale ,  comme  chez  les  embryons  de  Mé- 
duse, est  nue  chez  celui-ci,  et  entourée  de 
baguettes  chez  celui-là;  le  Pleuronema, 
semblable  à  une  Paramécie  dont  la  bouche 
iaisse  sortir  un  faisceau  de  longs  filaments 
rétractiles  ,  et  n'admet  pas  de  nourriture 
visible  à  l'intérieur;  le  Lacry maria ,  dont 
le  corps  fusiforme,  épais,  se  prolonge  en 
avant  parun  rétrécissement  en  forme  de  cou, 


mais  dont  la  bouche  n'est  pas  distincte,  etc. 
Beaucoup  de  Paraméciens  sont  longs  de  1/4 
à  un  1/2  millimètre,  et  par  conséquent  vi- 
sibles à  l'œil  nu. 

Entre  les  Paraméciens  et  les  Vorticel- 
liens  on  rencontre  certains  genres  partici- 
pant des  uns  et  des  autres,  mais  trop  dif- 
férents entre  eux  pour  qu'on  en  puisse  faire 
une  famille  bien  nettement  caractérisée:  ce 
sont  les  Stentor,  dont  le  corps,  tantôt  glo- 
buleux, tantôt  ovoïde  ou  cylindrique,  est 
tout  couvert  de  cils  vibratiles;  tantôt  ils  se 
meuvent  librement,  tantôt  ils  se  fixent  tem- 
porairement et  se  développent  en  forme  d'en- 
tonnoir ou  de  trompette;  ils  sont  longs  d'un 
demi-millimètre  ou  même  d'un  millimètre 
et  plus;  les  Urcéolaires ,  dont  le  corps,  non 
cilié  partout,  est  tantôt  globuleux  ou  dis- 
coïde, tantôt  en  forme  de  cupule,  assez 
semblable  à  celui  des  Vorticelles,  mais  non 
fixé  sur  un  pédoncule.  La  bouche  des  Sten- 
tors et  des  Urcéolaires  se  trouve,  comme 
celle  des  Vorticelles,  à  l'extrémité  d'une  ran- 
gée de  cils  qui  se  recourbe  en  spirale  après 
avoir  entouré  comme  une  couronne  la  face 
supérieure;  on  pourrait  donc  provisoire- 
ment en  former  un  groupe  sous  le  nom 
d'TJRCÉOLARiE.xs.  Ce  sont  des  animaux  habi- 
tant seulement  les  eaux  limpides  des  marais. 

Les  Vorticelliens  enfin  constituent  une 
dernière  famille  d'Infusoires  très  remar- 
quables par  leurs  métamorphoses  et  par  leur 
mode  de  développement ,  analogue,  pour 
quelques  uns,  à  celui  des  Polypes.  lisse 
composent  d'un  corps  contractile,  tantôt  glo- 
buleux ou  ovoïde,  tantôt  épanoui  en  forme 
de  vase  ou  de  clochette  ,  et  d'abord  fixé  sur 
un  pédoncule  simple  ou  rameux,  raide  ou 
susceptible  de  se  contracter  brusquement 
en  tire-bouchon  ;  dans  une  dernière  pé- 
riode de  leur  vie  ,  ils  abandonnent  leur  pé- 
doncule, prennent  une  forme  cylindrique  et 
nagent,  à  la  manière  des  Urcéolaires,  au 
moyen  d'une  rangée  postérieure  de  cils  on- 
dulants. Leur  bouche  est  située  dans  le  bord 
de  l'expansion  terminale  de  leur  forme  de 
vase  pendant  l'épanouissement.  Le  nom  de 
Vorticelle  a  dû  être  laissé  seulement  à  ceux 
dont  le  pédoncule  simple  ou  rameux  est 
contractile. Quelques  Vorticelles,  vivantdans 
les  eaux  marécageuses  ,  forment  des  touffes 
blanchâtres,  nuageuses ,  larges  de  plusieurs 
millimètres;  mais  le  corps   de  chacune  en 


52 


INF 


particulier  n'a  jamais  plus  de  5  à  10  centiè- 
mes de  millimètre.  D'autres,  beaucoup  plus 
petites,  se  développent  dans  les  infusions,  et 
leur  pédoncule  est  toujours  simple.  Les 
Vorticelliens  dont  le  pédoncule  simple  ou 
rameux  n'est  pas  contractile  ont  reçu  le 
nom  d'Epistylis;  chez  eux,  c'est  le  corps 
même  qui,  plus  allongé,  se  contracte  en 
se  plissant  transversalement. 

Dans  mon  histoire  naturelle,  à  la  suite 
des  vrais  Infusoires  non  symétriques,  j'ad- 
mettais provisoirement  un  groupe  d'Infu- 
soires  symétriques  ;  mais  depuis  lors  j'ai 
reconnu  que  les  Chœtonotus  et  les  Ichlhy- 
dium  sont  des  Systolides;  il  ne  resterait 
donc  aujourd'hui  qu'un  seul  type,  le  Coleps, 
qu'on  pourrait  considérer  comme  un  Infu- 
soire  symétrique  ;  mais  l'opacité  de  son  en- 
veloppe ne  permet  pas  d'avoir  une  idée 
précise  de  sa  vraie  structure  et  conséquem- 
ment  de  ses  rapports  zoologiques. 

Pour  compléter  cet  article,  il  nous  faut 
mentionner  aussi  les  nombreux  objets  qui 
ont  été  classés  à  tort  parmi  les  Infusoires. 
Si  nous  suivons  pour  cela  la  nomenclature 
deO.  F.  Millier,  adoptée  par  les  zoologistes 
de  la  période  subséquente,  nous  voyons 
d'abord  sous  le  nom  de  Vibrions ,  des  An- 
guillules  et  divers  Helminthes  nématoïdes 
analogues ,  puis  des  Navicules ,  des  Bacil- 
laires et  des  Clostéries  qui  doivent  être  re- 
portées dans  le  règne  végétal.  Parmi  les 
VoIyox  sont  compris  des  corps  reproducteurs 
ciliés  de  diverses  Algues ,  et  aussi  le  germe 
ou  bulbille  cilié,  diaphane,  de  l'Éponge 
d'eau  douce.  Le  genre  Cercaire,  que  nous 
avons  supprimé  dans  la  liste  des  Infusoires, 
renfermait  des  animaux  très  différents,  un 
Péridinien ,  des  Eugléniens  et  Thécamona- 
diens ,  des  Systolides  et  des  Helminthes 
trématodes  parasites  du  foie  des  Mollusques 
d'eau  douce  et  auxquels  seuls  le  nom  de  Cer- 
caire doit  être  laissé.  On  a  voulu  aussi  rap- 
procher des  Cercaires  les  Spermatozoïdes 
ou  prétendus  animalcules  spermatiques  en 
leur  donnant  une  organisation  qu'ils  n'ont 
point. 

Au  nombre  des  Trichodes  de  Millier  se 
trouvaient  plusieurs  espèces  trouvées  avec 
l'eau  de  mer  dans  la  coquille  des  Moules,  et 
qui  ne  sont  autre  chose  que  des  lambeaux 
de  la  branchie  ciliée  de  ces  Mollusques.  Une 
de  ses  Leucophres  est  une  jeune    Alcyo- 


INI 

nelle;  la  plupart  de  ses  Vorticelles,  ainsi 
que  plusieurs  de  ses  Trichodes  et  tous 
ses  Brachions,  sont  des  Systolides.  Enfin, 
l'on  doit  remarquer  aussi  que  beaucoup  de 
ses  Trichodes  et  de  ses  Kérones ,  ainsi  que 
ses  Himantopus,  sont  des  individus  de  quel- 
que autre  espèce  déformés  ou  en  partie  dé- 
composés. (F.  Dujardin.) 

INGA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Mimosées-Parkiées ,  établi  par  Plumier 
{Gen.  13,  t.  25).  Arbres  ou  arbustes  des 
régions  tropicales  de  l'Asie  et  de  l'Amérique. 

Voy.  MIMOSÉES. 

INGENHOUSIA,  Dennst.  bot.  ph.— Syn. 
de  Cissus,  Linn. 

INGENHOUSSIA  ,  E.  Mey.  bot.  ph.  — 
Syn.  d'Amphitalea,  Eckl.  et  Zeyh. 

INGENHOUZIA,  Bert.  bot.  ph.  —  Syn. 
de  Balbisia,  DG. 

*  INGÉNIEUSES.  Ingeniosœ.  arach.— 
Sous  ce  nom  est  désigné  par  M.  Walcke- 
naër,  dans  son  Hist.  nat.  des  Ins.  apt.,  une 
race  qui  appartient  au  genre  des  Clubiona, 
et  dont  les  espèces  qui  la  composent  ont  les 
mandibules  portées  en  avant,  la  quatrième 
paire  de  pattes  la  plus  longue,  ensuite  la 
troisième  est  la  plus  courte.  Les  Clubiona 
désignées  sous  les  noms  d'epimelas  et  de 
castanea  sont  les  représentants  de  cette 
race.  (H.  L.) 

*INIA.  mam. — Genre  de  Cétacés  créé  par 
M.  Fr.  Cuvier  (Hist.  des  Cet.  ,  suites  à  Buf- 
fon,  éd.  Roret,  1836)  aux  dépens  du  grand 
groupe  des  Dauphins,  dont  il  se  rapproche 
par  l'ensemble  des  formes  extérieures,  mais 
dont  le  museau  est  plus  allongé,  les  nageoi- 
res pectorales  plus  larges,  et  la  nageoire  dor- 
sale représentée  par  une  simple  élévation 
de  la  peau.  Ces  caractères ,  peu  propres  à 
servir  à  la  formation  d'un  genre,  acquièrent 
de  l'importance  par  les  particularités  qui  se 
tirent  de  la  tête  osseuse  de  ces  animaux, 
principalement  remarquable  par  des  dents 
mamelliformes. 

Une  seule  espèce  entre  dans  ce  genre  : 
c'est  VInia  boliviensis  Aie.  d'Orb.  (Nouv. 
Ann.  du  Mws.,  III,  pi.  3)  qui  se  trouve  dans 
l'intérieur  du  Haut-Pérou  (Bolivia),  et  dont 
les  couleurs,  communément  variables,  sont 
en  dessus  d'un  bleuâtre  pâle,  passant  au  rosé 
en  dessous;  la  queue  et  les  nageoires  sont 
bleuâtres.  Ce  Cétacé  ne  fait,  d'après  les 
rapports  des  naturels  du  pays  qu'il  habite, 


,       INO 

qu'un  seul  pelit  à  la  fois,  et  la  mère  a  pour 
son  enfant  une  affection  très  grande  ,  qui, 
du  reste,  dit-on,  est  réciproque.  Ces  Dau- 
phins viennent  plus  fréquemment  que  les 
espèces  marines  respirer  à  la  surface  de 
l'eau;  mais  leurs  mouvements  n'ont  ni  la 
vivacité  ni  l'impétuosité  de  mouvement  de 
ceux-ci;  ils  se  réunissent  habituellement 
en  petites  troupes  de  trois  ou  quatre  indivi- 
dus, et  on  les  voit  quelquefois  élever  leur 
museau  au-dessus  des  flots  pour  manger  leur 
proie.  Les  Indiens  Guarayas  des  rives  du 
Rio  de  San  Miguel  leur  donnent  le  nom  d'J- 
nta,  dénomination  qui  leur  a  été  conservée 
génériquement.  (E.  D.) 

*INIENCÉPHALE./niencep/iaZws.TÉRAT. 
—  Genre  de  Monstres  unitaires  de  la  famille 
des  Exencéphaliens.  Voy.  ce  mot. 

*INIODYME. /m'odt/mus.  térat.— Genre 
de  Monstres  doubles ,  ordre  des  Autositai- 
res  ,  famille  des  Monosomiens.  Voy.  ce  mot. 

*INIOPE.  Iniopes.  térat.  —  Genre  de 
Monstres  doubles  de  l'ordre  des  Autositaires, 
famille  des  Sycéphaliens.  Voy.  ce  mot. 

*IIMO  (nom  mythologique),  ins. —  Genre 
de  Coléoptères  pentamères,  famille  des  Bra- 
chélytres,  tribu  des  Omaliniens,  établi  par 
M.  Laporte  {Études  entomologiques,  p.  135), 
avec  une  espèce  de  Madagascar,  nommée 
par  l'auteur  /.  pict a.  (C.) 

INOCARPUS  (fç>  c'voç,  fibre;  xap™? , 
fruit),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Hernandiacées ,  établi  par  Forster  (  Char. 
S'en.,  66).  Arbres  résineux  de  l'Asie  et  de 
l'Océanie.    Voy.  hernandiacées. 

HVOCÉRAME.  Inoceramus  (f5 ,  fvoç,  fi- 
bre; x/paj^oç,  vase,  coquille),  moll.  —  On 
doit  la  création  du  genre  Inocérame  à 
M.  Sowerby  ;  il  le  proposa  ,  en  1815  ,  dans 
son  Minerai  conchology.  Il  est  destiné  à 
rassembler  des  coquilles  bivalves  singuliè- 
res, dont  quelques  espèces  ont  été  connues 
des  anciens  paléontologistes ,  comme  le  té- 
moignent les  ouvrages  de  Lister,  de  Bour- 
guet ,  de  Knoss  et  Walch  ,  etc.  Lorsque 
MM.  Cuvier  et  Brongniart  publièrent  la 
deuxième  édition  de  la  Minéralogie  des  en- 
virons de  Paris ,  M.  Brongniart  fut  spécia- 
.ement  chargé  de  la  détermination  des  fos- 
siles ;  il  démembra  le  g.  Inocérame ,  et  en 
détacha  les  espèces  les  plus  grandes  sous  le 
nom  de  Catillus ,  et  proposa  de  plus ,  pour 
une  coquille  incertaine  encore  à  cette  épc- 


INO 


53 


que,  un  g.  Mytiloïdes  pour  une  espèce  myti- 
liformedu  genre  de  Sowerby.  En  continuant 
la  publication  de  son  Minerai  conchology , 
l'auteur  lui-même  laissa  échapper  quelques 
doubles  emplois.  En  effet,  on  trouve  plu- 
sieurs Inocérames  rangées  sous  le  nom  de 
Crénatules,  et  une  autre  fort  grande  et  fort 
remarquable  ,  pour  laquelle  il  a  institué  le 
g.  Tachinia.  Ainsi ,  pour  nous  ,  nous  réu- 
nissons au  genre  du  paléontologiste  anglais 
ceux  nommés  Catillus  et  Mytiloides  par 
M.  Brongniart  ,  ainsi  que  les  Crenatula  et 
Tachinia  de  Sowerby.  Ces  genres,  en  effet, 
offrent  des  caractères  communs  de  structure, 
et  ils  doivent  par  conséquent  rentrer  dans 
un  seul  groupe  naturel. 

II  est  difficile  sans  doute  de  présenter 
tous  les  caractères  du  g.  Inocérame  ,  parce 
que,  toutes  les  espèces  qui  en  dépendent  se 
trouvant  dans  la  craie  ,  elles  ont  subi  dans 
ce  terrain  des  altérations  considérables  dont 
nous  avons  eu  occasion  de  parler  déjà  en 
traitant  de  plusieurs  autres  genres.  Nous 
verrons  encore  à  l'article  podopside comment, 
conduit  par  des  observations  précises,  nous 
avons  découvert  ce  fait  important  que,  dans 
la  craie,  certaines  coquilles  peuvent  être 
dissoutes  en  partie  seulement,  tandis  qu'une 
portion  extérieure  plus  ou  moins  considé- 
rable a  résisté  à  la  dissolution ,  et  c'est  là 
justement  ce  qui  est  arrivé  aux  Inocérames, 
et  dès  lors  on  doit  comprendre  combien  il 
est  difficile  de  retrouver  dans  des  débris 
incomplets  tous  les  caractères  du  genre. 
Néanmoins,  d'après  l'ensemble  des  formes 
extérieures  et  quelques  uns  des  caractères 
de  la  charnière  ,  on  peut  dire  que  ces  co- 
quilles doivent  appartenir  à  la  classe  des 
Conchifèrcs  monomyaires  de  Lamarck.  Les 
coquilles  groupées  dans  cette  classe  se  divi 
sent  en  deux  parties  bien  distinctes  ;  les  unes 
sont  adhérentes  par  le  test;  elles  conser- 
vent, à  cause  de  cela,  une  irrégularité  qui 
leur  est  propre;  les  autres,  libres  ou  fixées 
par  un  byssus,  ont  plus  de  régularité ,  mais 
il  y  en  a  un  certain  nombre  qui ,  étant  iné- 
quivalves  et  irrégulières ,  ont  constitue 
pour  Lamarck  sa  famille  des  Malléacées.  Les 
Inocérames  ayant  les  caractères  extérieurs 
des  coquilles  de  cette  famille  doivent  ^ 
prendre  place  ,  quoique  l'on  ignore  si  dans 
ce  genre  il  n'y  a  en  réalité  qu'une  seule  im 
pression  musculaire.  On  n'aurait  aucun  mo- 


54 


INO 


INS 


tif  de  supposer  que  les  Inocérames  sont  des 
coquilles  dimyaires  ;  car  toutes  les  coquilles 
dimyaires  irrégulières  sont  adhérentes,  tan- 
dis que  toutes  les  coquilles  ir régulières  li- 
bres appartiennent  sans  exception  à  la  classe 
des  Monomyaires. 

Les  Inocérames  sont  des  coquilles  singu- 
lières ,  inéquivalves,  longitudinales,  ayant 
les  sommets  rapprochés,  plus  ou  moins  proé- 
minents, selon  les  espèces,  et  une  charnière 
droite,  large,  épaisse,  sur  la  surface  in- 
terne de  laquelle  sont  creusées  un  grand 
nombre  de  gouttières  pour  recevoir  un  liga- 
ment multiple.  Déjà  la  famille  des  Malléacées 
renferme  plusieurs  genres  présentant  des 
caractères  semblables  :  ce  sont  les  Crénatu  • 
les ,  les  Pernes  et  les  Gervilies.  Les  valves 
sont  inégales  ;  mais  il  y  a  des  espèces ,  par- 
ticulièrement celles  dont  M.  Brongniart  a 
fait  le  g.  Catillus ,  qui  ont  des  valves  pres- 
que égales  ,  et  c'est  dans  cette  série  que 
doit  venir  se  placer  le  g.  Tachinia.  Dans 
toutes  ces  coquilles  ,  sans  exception  ,  les 
portions  de  test  que  l'on  peut  observer  of- 
frent une  composition  que  l'on  ne  rencontre 
que  chez  un  petit  nombre  de  Mollusques. 
On  voit,  par  les  cassures  ,  que  ces  coquilles 
étaient  revêtues  à  l'extérieur  d'une  couche 
plus  ou  moins  épaisse,  à  fibre  très  fine  et 
perpendiculaire  ,  disposée  exactement  de  la 
même  manière  que  dans  les  Jambonneaux. 
Nous  avons  recherché  si  cette  disposition 
fibreuse  se  retrouvait  dans  les  autres  gen- 
res des  Malléacées  ,  et  nous  en  avons  con- 
staté la  présence  dans  les  Pernes  et  les  Avi- 
cules.  Nous  en  avons  conclu  par  analogie 
que  cette  couche  fibreuse  des  Inocérames , 
la  seule  aujourd'hui  conservée  ,  était  soute- 
nue, pendant  la  vie  de  l'animal,  par  une 
couche  intérieure  nacrée  ,  plus  ou  moins 
épaisse ,  et  que  la  dissolution  a  fait  dispa- 
raître complètement.  On  a  une  autre  preuve 
que  la  partie  fibreuse  ne  constituait  pas 
coûte,  la  coquille.  On  voit  qu'en  effet  cette 
couche  s'épaissit,  des  crochets  vers  les  bords 
des  valves,  ce  qui  n'a  jamais  lieu  dans  une 
coquille  entière,  quelle  qu'elle  soit,  tandis  j 
que  cette  disposition  doit  se  présenter  lors-  I 
que  la  couche  intérieure  d'une  coquille  a  ' 
été  dénudée  de  la  couche  extérieure,  comme 
nous  le  verrons  aux  articles  spondyle  et  po- 
norsiDE. 

Il  résulte  des   observations  précédentes 


que  le  g.  Inocérame  peut  être  caractérisé  de 
la  manière  suivante  :  Coquille  irrégulière, 
inéquivalve  ,  inéquilatérale  ,  longitudinale, 
à  crochets  terminaux ,  inégaux  ,  et  plus  ou 
moins  saillants  ;  charnière  droite  ,  linéaire , 
présentant  une  série  de  gouttières  étroites 
pour  l'insertion  d'un  ligament  multiple  ; 
une  impression  musculaire,  subpostérieure; 
couche  extérieure  du  test  fibreuse ,  à  fibres 
perpendiculaires.  Le  g.  Inocérame,  consti- 
tué par  un  groupe  de  Mollusques ,  est  ac- 
tuellement éteint;  la  plus  grande  partie  de 
ces  animaux  ont  vécu  pendant  la  période 
crétacée;  aucun  ,  jusqu'à  présent,  ne  s'est 
montré  dans  les  terrains  tertiaires,  mais 
quelques  uns  ont  descendu  dans  la  série 
des  terrains  oolithiques  ;  on  en  a  même 
rencontré  dans  les  terrains  siluriens  ,  dont 
les  dépôts  remontent  aux  premiers  âges  géo- 
logiques de  la  terre.  On  comptait  à  peine 
une  dizaine  d'espèces  d'Inocérames  dans  les 
ouvrages  de  M.  Sowerby  et  de  M.  Mantell; 
aujourd'hui  il  y  en  a  une  quarantaine  d'in- 
scrites dans  les  catalogues  des  paléontolo- 
gistes. (Desh.) 

INORGANIQUE.  Inorganicus.  —  On 
nomme  ainsi  tous  les  corps  dépourvus  des 
organes  nécessaires  à  la  vie  ,  soit  végétale, 
soit  animale. 

*INOSTEMMA.  ins.—  Genre  de  la  tribu 
des  Proctotrupiens ,  de  l'ordre  des  Hymé- 
noptères ,  groupe  des  Platygastérites ,  établi 
par  M.  Haliday  et  adopté  par  nous  (  Hist. 
des  Ins.,  t.  I,  p.  148).  Le  type  de  cette 
coupe  générique  est  Vin.  Boscii,  Hal.   (Bl.) 

INSECTES.  Insecta.  zool.  —  On  a  ap- 
pelé ainsi,  avec  Linné  ,  tous  les  animaux 
dont  le  corps  est  formé  d'articles  placés 
bout  à  bout,  et  dont  les  pattes  offrent  aussi 
ce  caractère  :  en  sorte  que  l'on  comprenait 
sous  cette  dénomination  ce  que  l'on  nomme 
aujourd'hui  les  animaux  articulés.  Pour 
Linné,  un  Crabe,  une  Écrevisse,  une  Arai- 
gnée ,  un  Papillon,  étaient  des  Insectes; 
pour  les  naturalistes  modernes,  les  Insectes 
ne  renferment  plus  que  les  Articulés  pour- 
vus de  trois  paires  de  pattes ,  tels  que  le 
Hanneton  ,  la  Sauterelle ,  la  Mouche  à 
miel ,  etc.  Cependant  un  entomologiste  an- 
glais ,  M.  Westwood  ,  propose  de  conserver 
à  tous  les  animaux  articulés  leur  ancienne 
dénomination  d'Insectes,  pour  se  confor- 
mer   au  langage   usuel ,   dans    lequel   on 


INS 


UNS 


55 


dit  encore  d'une  Araignée  qu'elle  est  un 
Insecte.  On  désignerait  alors,  avec  Aristote, 
sous  le  nom  de  Ptilota  la  classe  des  Insectes 
proprement  dits.  11  y  a  néanmoins  lieu  de 
penser  que  le  nom  d'Insectes  restera  long- 
temps encore  ce  qu'il  est  aujourd'hui,  s'ap- 
pliquant,  dans  le  langage  lies  naturalistes, 
à  tous  les  Articulés  à  six  pattes,  et,  dans  le 
langage  ordinaire,  à  tout  ce  qu'on  voudra 
lui  Taire  signifier. 

Les  animaux  qui  constituent  avec  les  In- 
sectes le  groupe  des  Articulés  proprement 
dits  sont  les  Crustacés,  les  Arachnides  et 
les  Myriapodes  [voyez  ces  mots)  ;  mais  tous 
se  distinguent  des  Insectes  par  le  nombre 
de  leurs  pattes  qui  est  supérieur  à  six,  et 
par  d'autres  caractères  plus  importants.  Il 
faut  remarquer  que  le  nombre  six,  qui  est 
celui  des  pattes  dans  la  classe  des  Insectes , 
ne  se  rapporte  qu'à  l'état  parfait  ou  défini- 
tif de  ces  animaux;  car,  pendant  ies  pre- 
miers temps  de  leur  vie,  beaucoup  d'Insec- 
tes ont  plus  de  six  pattes.  Il  n'y  a  cepen- 
dant que  six  pattes  articulées,  les  autres 
n'étant ,  pour  ainsi  dire,  que  des  mamelons 
formés  d'une  seule  pièce.  Quant  aux  autres 
caractères  différentiels  des  Insectes,  les  or- 
ganes de  la  respiration  en  fournissent  un 
*les  principaux.  Ces  organes  sont  des  tra- 
chées pour  le  passage  de  l'air,  ce  qui  dis- 
lingue les  Insectes  des  Crustacés,  qui  ont  des 
branchies;  mais  un  grand  nombre  d'Arach- 
nides respirent  aussi  par  des  trachées,  et  les 
Myriapodes  sont  tous  dans  le  même  cas. 
C'est  donc  le  mode  de  division  des  parties  du 
corps  qui  sert  le  mieux  à  distinguer  les  In- 
sectes, concurremment  avec  le  nombre  des 
pattes.  Ainsi  les  Arachnides  ont  la  tête  con- 
fondue avec  le  thorax,  et  les  Myriapodes 
ont  le  corps  vermiforme,  avec  toutes  les  ar- 
ticulations semblables,  excepté  la  tête.  Dans 
les  Insectes,  le  corps  est,  au  contraire,  ma- 
nifestement divisé  en  tête,  thorax  et  abdo- 
men. Ce  mode  de  division  permet  de  dis- 
tinguer au  premier  coup  d'oeil  les  Insectes 
de  certains  Crustacés,  dans  lesquels  la  tête 
est  aussi  confondue  avec  le  thorax  ;  mais  il 
est  d'autres  Crustacés  qui  présentent  aussi 
les  trois  régions  du  corps  que  l'on  remarque 
dans  les  Insectes. 

La  présence  des  antennes  est  encore  un 
des  caractères  constants  de  la  classe  des 
Insectes ,  tandis  que  celle  des  Arachnides 


en  est  dépourvue;  mais  les  antennes  exis- 
tent aussi  dans  les  Crustacés  et  dans  les 
Myriapodes.  Enfin  il  se  produit  chez  les  In- 
sectes, tantôt  des  mues,  ou  simples  chan- 
gements de  peau  ,  avec  conservation  de  la 
forme  du  corps  ;  tantôt  des  changements  de 
peau,  avec  altération  de  la  forme.  On  ne 
trouve  pas  non  plus  dans  ces  phénomènes 
des  caractères  propres  aux  insectes  seule- 
ment ;  car  les  Arachnides  changent  de  peau, 
et  quelques  unes  même  changent  aussi  de 
forme.  On  peut  en  dire  autant  des  Crustacés 
et  des  Myriapodes  ;  en  sorte  que  les  change- 
ments de  peau,  accompagnés  de  change- 
ments de  forme  ,  se  présentent  à  la  fois 
dans  une  partie  au  moins  de  chacune  des 
quatre  classes  d'Articulés. 

Enfin,  un  des  caractères  les  plus  saillants 
de  la  classe  des  Insectes,  c'est  sans  contredit 
la  présence  des  ailes  ,  qui  manquent  entiè- 
rement aux  trois  autres  classes  d'Articulés. 
Et  cependant  ce  caractère  n'a  pas  une  va- 
leur absolue ,  puisqu'il  existe  des  groupes 
d'Insectes  aptères ,  c'est-à-dire  privés  d'ai- 
les ,  et  que  certaines  espèces  ordinairement 
ailées  se  montrent  accidentellement  dépour- 
vues des  organes  du  vol. 

11  n'y  a  donc  en  définitive  que  le  nombre 
des  pattes  qui  ne  souffre  pas  d'exception; 
mais  ce  caractère  n'est  constant  que  dans  les 
Insectes  à  l'état  parfait.  Dans  les  premiers 
temps  de  leur  vie,  ces  animaux  sont  tantôt 
apodes,  c'est-à-dire  dépourvus  de  pattes; 
tantôt  ils  en  ont  six  ou  un  plus  grand  nom* 
bre;  tantôt  même  ils  n'en  ont  que  deux. 
Il  faut  une  certaine  habitude  pour  recon- 
naître dans  tous  les  cas  une  larve  d'Insecte. 

Uœuf  des  Insectes  varie  beaucoup  dans 
sa  forme,  l'aspect  de  sa  surface  et  sa  colo- 
ration ;  il  varie  beaucoup  aussi  dans  sa  si- 
tuation au  milieu  de  la  nature.  Tantôt  il 
estsphérique  ;  tantôt,  ce  qui  arrive  le  plus 
ordinairement,  il  est  ovoïde;  d'autres  fois 
il  a  la  forme  d'un  cylindre  ou  d'un  concom- 
bre ,  ou  celle  d'une  lentille.  Sa  surface  est 
tantôt  lisse,  tantôt  striée  ou  relevée  par  des 
côtes  ou  des  lignes  d'apparences  variées.  Sa 
couleur  est  blanche ,  ou  jaunâtre  ou  grise 
dans  la  plupart  des  cas  ;  mais  quelquefois 
aussi  elle  est  verte  ou  noire,  ou  même  ba- 
riolée. Dans  quelques  cas,  l'oeuf  est  tout-à- 
fait  transparent.  Quant  à  sa  situation  ,  il 
est  quelquefois    déposé  sur  une    feuille , 


56 


INS 


INS 


sur  une  branche  d'arbre  ,  ou  bien  enfoui 
dans  la  terre  ou  dans  l'eau.  On  voit  sou- 
vent des  anneaux  formes  autour  des  bran- 
ches par  des  œufs  accolés  les  uns  aux  au- 
tres, ou  des  amas  d'œufs  déposés  à  la  sur- 
face des  feuilles  ;  on  en  voit  même  qui  sont 
filés  à  la  feuille  au  moyen  d'un  long  pé- 
dicelle.  Les  œufs  déposés  en  terre  sont  tan- 
tôt abandonnés  à  eux-mêmes  dans  une  fente 
produite  par  la  mère  à  l'aide  d'un  organe 
spécial  (tarière)  ;  tantôt  renfermés  dans  des 
loges  construites  à  dessein,  et  dans  lesquelles 
la  mère  a  eu  soin  de  déposer  la  nourriture 
destinée  aux  larves  qui  en  sortiront.  Dans 
d'autres  cas,  les  œufs  sont  placés  dans  le 
Êissu  même  des  végétaux  à  l'aide  d'organes 
appropriés.  Certaines  espèces  pondent  leurs 
œufs  dans  l'eau,  et  les  y  abandonnent; 
d'autres  les  enferment  dans  un  cocon,  ainsi 
que  cela  a  lieu  parmi  certains  Insectes  car- 
nassiers; d'autres  encore  les  enveloppent 
d'une  sorte  de  gelée  à  l'aide  de  laquelle  ils 
les  fixent  à  la  face  inférieure  des  pierres 
submergées.  Enfin  un  certain  nombre  d'In- 
sectes déposent  leurs  œufs  dans  le  corps 
d'autres  animaux ,  et  dans  les  larves  ou  les 
Chenilles  des  Insectes  eux-mêmes.  Les  lar- 
ves ainsi  attaquées  servent  à  la  nourriture 
de  l'ennemi  qu'elles  renferment,  et  péris- 
sent prématurément. 

11  y  a  deux  choses  à  remarquer  au  sujet 
de  la  manière  dont  les  œufs  sont  déposés  par 
la  femelle.  La  première,  c'est  qu'en  général 
ils  sont  pondus  dans  des  circonstances  qui 
permettent  aux  larves  qui  en  sortiront  de 
trouver  leur  nourriture  autour  d'elles. C'est 
ce  qui  a  lieu  surtout  pour  les  œufs  qui  sont 
pondus  dans  le  corps  de  certains  animaux  ou 
dans  les  larves  de  certains  Insectes.  C'est 
ce  qui  a  encore  lieu  pour  les  œufs  qui  sont 
pondus  par  quelques  espèces  appelées  pa- 
rasites dans  le  nid  préparé  par  d'autres 
espèces,  et  approvisionné  par  ces  dernières. 
Il  en  est  de  même  pour  les  œufs  qui  sont 
abandonnés  dans  l'eau  ou  déposés  dans  le 
tissu  des  végétaux.  Les  larves,  au  moment 
où  elles  éclosent ,  se  trouvent  à  même  de 
rencontrer  les  aliments  qui  leur  convien- 
nent. En  étudiant  l'industrie  des  Insectes, 
on  reconnaît  qu'un  grand  nombre  d'entre 
eux  pond  des  œufs  dans  des  circonstances 
toutes  spéciales,  et  appropriées  au  but  dont 
ri  es*  question. 


La  seconde  chose  à  considérer  au  sujet 
de  la  position  des  œufs  ,  c'est  que  l'in- 
fluence de  l'air  et  de  la  température  pa- 
raît avoir  une  action  marquée  sur  certains 
œufs.  Ainsi  ceux  d'un  Insecte  aquatique 
(  Hydrcphilus  piceus  )  voguent  à  la  surface 
de  l'eau  renfermés  dans  un  cocon  de  soie, 
et  ne  se  développent  pas,  suivant  M.New- 
port  ,  si  on  les  dépose  au  fond  d'un  Yase 
plein  d'eau.  Cependant  les  œufs  des  Phry- 
ganes,  que  l'on  rencontre  à  la  face  infé- 
rieure des  pierres,  restent  toujours  plongés 
dans  l'eau.  Quant  à  l'influence  de  la  tem- 
pérature, elle  est  plus  prononcée,  si  l'on  en 
juge  par  l'habitude  où  sont  les  Fourmis 
d'éloigner  ou  de  rapprocher  de  la  surface 
de  la  fourmilière  les  œufs  de  la  génération 
prochaine,  suivant  que  le  temps  est  froid 
ou  chaud,  suivant  que  la  pluie  menace  ou 
que  le  soleil  prodigue  ses  rayons.  Les  soins 
que  les  Fourmis  donnent  aux  œufs,  elles 
les  donnent  également  aux  nymphes  en- 
core renfermées  dans  leur  cocon  ,  et  la 
nymphe  a  été  considérée  comme  un  se- 
cond œuf. 

Larve.  C'est  l'état  de  l'Insecte  lorsqu'il 
sort  de  l'œuf,  c'est-à-dire  qu'il  n'a  pas 
encore,  soit  la  forme,  soit  tous  les  or- 
ganes de  l'Insecte  parfait.  Sous  ce  rapport, 
il  y  a  une  distinction  à  établir  entre  les  di- 
verses larves.  Les  unes  diffèrent  essentielle- 
ment de  l'Insecte  parfait  :  elles  ont  le 
corps  plus  ou  moins  vermiforme;  les  au- 
tres ressemblent  à  l'Insecte  parfait,  et  sont 
cependant  dépourvues  des  organes  du  voi , 
des  ailes  proprement  dites.  Aussi  quelques 
auteurs  ont-ils  partagé  les  Insectes  en  deux 
catégories  distinctes,  suivant  que  leurs 
larves  ressemblent  ou  ne  ressemblent  pas 
à  l'Insecte  parfait.  On  a  donné  le  nom  de 
larve,  du  latin  larva,  masque  ,  au  premier 
état  des  Insectes ,  parce  que,  dans  un  très 
grand  nombre  d'entre  eux,  la  forme  défi- 
nitive est  pour  ainsi  dire  masquée  par  l'en- 
veloppe primitive.  Outre  l'absence  des  or- 
ganes du  vol,  la  larve  est  encore  dépourvue 
des  organes  de  reproduction ,  des  organes 
sexuels.  C'est  ce  que  Ton  remarque  dans 
tous  les  Insectes  à  l'état  de  larve,  que  cette 
larve  ressemble  ou  non  à  l'Insecte  parfait. 
Les  Puces,  par  exemple,  les  Poux,  fu>  dif- 
fèrent à  leurs  divers  états  que  par  l«i  *ille  : 
voilà  pour  l'extérieur;  les  organes  de  la 


INS 


INS 


57 


reproduction  leur  manquent  cependant. 
Les  Sauterelles,  les  Punaises,  les  Cigales, 
ont,  à  l'état  de  larve,  la  forme  de  l'Insecte 
parfait,  moins  les  ailes  et  les  organes  re- 
producteurs. Enfin  les  Hannetons,  les  Pa- 
pillons, les  Abeilles,  les  Mouches,  ont  une 
tout  autre  forme,  lorsqu'ils  sont  à  l'état 
de  larve,  que  celle  qu'ils  auront  à  l'état 
d'Insectes  parfaits.  Non  seulement  ils  sont 
privés  alors  de  tout  organe  de  reproduc- 
tion, mais  ils  présentent  des  différences 
notables  ,  tant  dans  la  forme  générale  de 
leur  corps  que  dans  les  parties  de  leur 
bouche  ;  souvent  ils  ont  des  organes  qu'ils 
perdront  ensuite  ,  comme  la  filière  de  la 
Chenille,  à  l'aide  de  laquelle  sera  filé  le 
cocon  de  soie  destiné  à  la  protéger  dans  ses 
transformations  ultérieures.  Souvent  en- 
core, ou  pour  mieux  dire  toujours,  dans 
les  larves  à  corps  vermiforme  ,  les  organes 
de  la  digestion,  le  tube  intestinal,  subiront 
des  changements  notables  pour  arriver  à 
l'état  définitif  qui  constitue  celui  d'Insecte 
parfait. 

Dans  les  larves  qui  diffèrent  pour  la 
forme  de  celle  de  l'Insecte  parfait ,  tantôt 
il  existe  des  pattes  pour  la  locomotion,  tan- 
tôt il  n'en  existe  pas.  Lorsque  les  pattes 
existent  ,  elles  sont  tantôt  au  nombre  de 
six,  comme  cela  a  lieu  dans  tous  les  Insec- 
tes parfaits  ,  tantôt  en  plus  grand  nombre. 
Dans  le  cas  où  il  y  a  six  pattes ,  ces  pattes 
sont  formées  de  plusieurs  pièces  ,  placées 
les  unes  à  la  suite  des  autres  ;  elles  sont 
dites  alors  articulées  ,  et  représentent  les 
six  pattes  de  l'Insecte  parfait.  Lorsqu'il  y 
a  plus  de  six  pattes  ,  les  unes  sont  articu- 
lées :  ce  sont  les  six  pattes  persistantes  ou 
les  vraies  pattes;  les  autres  sont  formées 
d'une  seule  pièce,  ou  sont,  pour  mieux  dire, 
des  prolongements  de  l'enveloppe  externe 
et  des  muscles  qui  s'y  attachent  à  l'inté- 
rieur. On  les  appelle  des  fausses  pattes  , 
parce  qu'elles  sont  transitoires,  et  ne  se 
montrent  pas  sur  l'Insecte  parfait. 

En  général,  l'état  de  larve  est  celui  sous 
lequel  les  Insectes  vivent  le  plus  longtemps. 
Il  y  en  a  même  qui  ne  vivent  que  quelques 
heures ,  ou  même  moins  ,  à  l'état  parfait  ; 
tels  sont  les  Éphémères.  Le  Hanneton  vit 
trois  ans  sous  la  forme  de  larve,  et  quel- 
ques semaines  seulement  à  l'état  parfait; 
l'Éphémère  vit  deux  ans  à  l'état  de  iarve. 
T.  ru 


D'autres   subissent,    dans   le    cours    d'un 
même  été,  toutes  leurs  transformations, 
et  ne  se  perpétuent  l'année  suivante  que 
par  l'éclosion  des  œufs  qu'ils  ont  déposés. 
C'est  aussi  sous  la  forme  de  larves  que 
les  Insectes  sont  le  plus  voraces ,  du  moins 
ceux  qui  subissent  des  métamorphoses  com- 
plètes ;  car  les  Sauterelles  ,  par  exemple, 
causent  de  grands  dégâts  à  leur  état  parfait. 
Les  Termites,  certaines  Fourmis,  sont  dans 
le  même  cas.  Le  Hanneton  lui-même  ronge 
les  feuilles  à  son  état  parfait,  et  continue 
des  dégâts  que  sa  larve  avait  si  bien  com- 
!   mencésen  attaquant  les  racines  des  jeunes 
|   arbres.  Au  contraire,  les  Papillons  et  beau- 
1   coup  d'autres  Insectes  ne  prennent  presque 
pas  de  nourriture  à  leur  état  parfait,  et  il 
est  même  des  Insectes  qui  n'en  prennent 
plus  du  tout  :  tels  sont  les  Éphémères. 

Les  larves  dont  le  corps  est  vermiforme, 
et  ne  ressemble  pas,    par  conséquent,  a 
celui  de  l'Insecte  parfait,  sont  en  général 
divisées  en  treize  articulations  ou  segments. 
La  première  de  ces  articulations  constitue 
d'ordinaire  à  elle  seule  la  tête,  qui  porte 
les  organes  de  préhension   des  aliments , 
les  parties  buccales ,  c'est-à-dire  les  man- 
dibules, les  mâchoires,  etc.  Les  trois  arti- 
culations suivantes  sont  celles  qui  portent 
les  pattes,  et  ces  pattes  sont  fixées  deux  a 
|   deux  à   chacune   des    trois    articulations. 
j  En  général,  toutes  les  articulations  du  corps 
|   de  la  larve  se  ressemblent  pour  la  forme  et 
j   pour  le  développement ,  si  l'on  en  excepte 
la  tète.  Celle-ci  porte  souvent  encore  des 
:   antennes  et  des  yeux,  outre  les  pièces  de 
;   la  bouche  déjà  indiquées.  Les  articulations 
qui  ne  supportent  pas  de  vraies  pattes  peu- 
;   veut  présenter  ce  que  nous  avons  appelé 
de  fausses  pattes.  Le  nombre  de  ces  fausses 
|   pattes   varie  dans    les   différentes  classes 
;    d'Insectes  (  voyez  Lépidoptèkes  ,  Tenthré- 
!   dînes).  Sur  les  côtés  du  corps  de  la  larve  , 
!   on  voit  ordinairement  des  ouvertures  appe- 
lées stigmates,  qui  sont  destinées  L  l'entrée 
ou  à  la  sortie  de  l'air  que  respire  l'Insecte 
On  n'en  voit  pas  sur  la  tête,  non  plus  que 
sur  une  des  premières  et  sur  les  dernières 
articulations;  on  en  voit  ordinairement  sur 
presque  toutes  les  autres,  et  il  y  en  a  deux 
pour  une  seule  articulation  ,  c'est-à-dire 
une  de  chaque  côté.  Dans  quelques  larves 
d'L  sectes  (Hyménoptères)  dépourvues  de 


58 


INS 


pattes,  où  il  y  a  jusqu'à  quatorze  segments 
ou  articulations  au  corps,  tous  les  segments 
portent  deux  stigmates,  excepté  le  segment 
céphalique  et  les  deux  derniers  segments 
du  corps.  En  somme,  il  y  a  d'ordinaire, 
soit  neuf,  soit  dix  stigmates  de  chaque  côté 
du  corps  de  la  larve.  Les  stigmates  sont 
l'entrée  des  conduits  aériens  ,  ou  trachées, 
dont  nous  parlerons  en  décrivant  l'Insecte 
parfait. 

Dans  les  larves  de  certaines  Mouches  ,  il 
n'y  a  plus  que  deux  stigmates,  situés  à  la 
partie  postérieure  du  corps.  Dans  d'autres 
appartenant  encore  à  certaines  espèces  de 
Mouches  (  Straliomys  ) ,  les  orifices  de  la 
respiration  sont  situés  à  la  partie  anté- 
rieure, et  le  corps  très  allongé  de  la  larve 
lui  permet  de  porter  cette  extrémité  au- 
dessus  du  liquide  dans  lequel  elle  vit.  Il  y 
a  donc  ,  sous  le  rapport  du  nombre  et  de 
la  position  des  stigmates,  une  assez  grande 
différence  entre  les  diverses  familles  d'In- 
sectes. 

Le  segment  céphalique  de  la  larve  ne  ré- 
pond pas  toujours  seul  à  la  tête  de  l'Insecte 
parfait  ;  dans  la  larve  de  certaines  Mouches 
(Musca  vomitoria  ),  où  il  y  a  aussi  quatorze 
articulations  ou  segments  au  corps  ,  les 
quatre  premiers  segments  constituent  la 
tête,  suivant  M.  Newport  (British  cyclope- 
àia),  parce  que  les  pièces  de  la  bouche  sont 
réparties  sur  ces  différents  segments. 

Cette  composition  multiple  de  la  tête  de 
certaines  larves  nous  permet  d'expliquer  la 
composition  de  la  tête  en  général,  tant  dans 
les  autres  larves  que  dans  les  Insectes  par- 
faits. 

Les  larves  dont  la  tête  paraît  formée 
d'une  seule  pièce  ont  cette  tête  de  forme 
sphérique  ou  ovoïde  et  revêtue  de  téguments 
plus  solides  d'ordinaire  que  le  reste  du 
corps.  On  y  distingue  ordinairement  une 
ligne  ou  suture  médiane  qui  la  divise  pres- 
que en  deux  parties.  Outre  les  yeux  et  les 
antennes,  qui  n'existent  pas  sur  toutes  les 
larves;  outre  les  mandibules,  les  mâchoires 
et  les  lèvres,  que  nous  décrirons  chez  l'In- 
secte parfait,  il  existe  parfois  un  organe 
dont  nous  avons  déjà  parlé,  la  filière,  qui 
est  située  sur  la  lèvre  inférieure,  c'est  à-dire 
au-dessous  de  la  bouche.  C'est  un  orifice 
percé  dans'une  saillie  de  la  face  inférieure 
de  la  tête  ou  dans  la  bouche  même,  et  oui 


INS 

permet  la  sortie  des  matériaux  soyeux  du 
cocon  sécrétés  ou  formés  dans  des  organes 
spéciaux,  dans  des  espèces  de  glandes  sali- 
vaires.  Ils  forment  dans  le  Ver  à  soie  deux 
longs  vaisseaux  flexueux,  qui  occupent  une 
grande  partie  de  la  longueur  de  son  corps. 
Les  pièces  de  la  bouche,  les  antennes,  les 
yeux  même,  sont  rudimentaires  dans  la 
larve,  c'est-à-dire  que  les  parties  buccales 
et  les  antennes  n'ont  ni  la  forme  ni  le  nom- 
bre de  pièces  qu'on  leur  connaît  dans  l'In- 
secte parfait.  Quant  aux*  yeux,  qui  sont  grou- 
pés, rapprochés  et  composés  dans  l'Insecte 
parfait,  ils  sont  séparés,  simples,  isolés  dans 
la  larve,  par  conséquent  réduits  à  quelques 
uns  de  leurs  éléments. 

Lorsqu'il  existe  des  fausses  pattes ,  elles 
sont,  avons-nous  dit,  formées  d'une  seule 
pièce,  et  se  distinguent  en  outre  par  leur 
épaisseur,  tandis  que  les  vraies  pattes 
se  terminent  en  pointe  ou  en  crochet.  C'est 
surtout  dans  les  chenilles,  ou  larves  des  Lé- 
pidoptères, qu'on  remarque  de  semblables 
pattes.  Elles  s'appliquent  sur  les  feuilles  ou 
les  branches  des  arbres  par  une  large  base, 
qui  peut  prendre  toutes  les  formes  du  sup- 
port qu'elles  embrassent,  et  sont  souvent 
garnies  d'une  couronne  de  crochets  qui  leur 
permettent  de  mieux  se  fixer.  Quelquefois 
ces  pattes  sont  divisées  en  deux  parties  à 
leur  extrémité,  de  manière  à  pouvoir  mieux 
saisir  les  corps  sur  lesquels  elles  s'appliquent. 
Il  y  a  ordinairement  plusieurs  paires  de  ces 
pattes,  qui  sont  situées  deux  à  deux  sur  quel- 
ques uns  des  derniers  anneaux  du  corps; 
quelquefois  il  n'y  en  a  que  deux  ,  placées 
sur  le  dernier  anneau  (Géomètres),  et  en 
général  elles  existent  en  même  temps  que  les 
pattes  articulées  ou  vraies  pattes;  mais,  dans 
les  larves  de  certains  Diptères  (Eristales),  les 
fausses-pattes  sont  les  seules  qui  existent. 

Métamorphoses.  L'accroissement  des  larves 
se  fait  en  général  par  des  changements  de 
peau,  par  de  véritables  mues,  dans  lesquelles 
l'enveloppe  s'ouvre  pour  laisser  sortir  le  corps 
de  l'Insecte.  La  mue  semble  déterminée  par 
le  volume  trop  grand  que  le  corps  acquiert 
et  qui  amène  alors  la  rupture  de  ses  tégu- 
ments. Les  téguments  nouveaux,  tout  formés 
sous  les  anciens,  ne  tardent  pas  à  se  solidi- 
fier. Au  bout  d'un  certain  temps,  une  nou- 
velle mue  se  produit,  et  ainsi  de  suite,  de 
sorte  que  la  larve  ne  croît  pas  d'une  manière 


IINS 


INS 


59 


insensible,  comme  les  jeunes  des  autres  ani- 
maux, du  moins  en  apparence,  et  son  ac- 
croissement se  manifeste  à  nous  par  de  vé- 
ritables sauts,  par  des  transitions  brusques. 
Comme  il  y  a  une  très  grande  différence 
entre  la  grosseur  d'une  larve  à  sa  sortie  de 
l'œuf  et  celle  de  la  même  larve  au  moment 
de  changer  de  forme  ou  d'état ,  on  conçoit 
qu'elle  doive  passer  par  plusieurs  mues  suc- 
cessives pour  arriver  à  sa  grandeur  défini- 
tive.  Aussi  ne  compte-t-on  pas  moins  de  cinq 
changements  de  peau  dans  les  larves  en 
général, et,dans  certains  Lépidoptères  même, 
on  en  reconnaît  davantage.  Lorsque  la  larve 
est  arrivée  au  moment  de  subir  ce  change- 
ment, de  même  que  lorsqu'elle  doit  se  trans- 
former pour  passer  à  un  autre  état,  elle 
reste  pendant  plusieurs  heures  sans  mou- 
vement et  sans  prendre  de  nourriture.  On 
remarque  cependant  de  temps  à  autre  des 
contractions  brusques  de  tout  son  corps.  La 
peau  se  dessèche  peu  à  peu  et  finit  par  s'ou- 
vrir sur  le  dos  en  commençant  par  la  tête  ; 
puis  la  larve  se  dégage  peu  à  peu  et  finit 
par  abandonner  son  ancienne  dépouille,  dont 
elle  se  nourrit  quelquefois ,  au  dire  de  cer- 
tains auteurs. 

Ce  qu'il  y  a  de  plus  remarquable,  c'est 
que  l'enveloppe  extérieure  n'est  pas  la  seule 
qu'abandonne  la  larve.  La  membrane  interne 
du  canal  intestinal  et  celle  même  des  tra- 
chées se  séparent  aussi  de  l'intestin.  C'est 
surtout  au  dernier  changement  de  peau  que 
ces  phénomènes  se  remarquent  le  mieux,  et 
souvent  les  Insectes  meurent  pendant  qu'ils 
s'accomplissent.  C'est  donc  pour  eux  une 
véritable  crise  morbifique. 

Au  moment  de  la  dernière  mue,  beaucoup 
de  larves  se  filent  un  cocon  de  soie  dans 
lequel  doit  s'opérer  le  changement  de  leur 
enveloppe  :  aussi  trouve-ton  celle-ci  pelo- 
tonnée dans  l'intérieur  du  cocon  à  côté  de 
l'enveloppe  de  la  nymphe,  lorsque  l'Insecte 
sort  à  l'état  parfait.  Quelques  larves  pénè- 
trent dans  la  terre,  où  elles  se  creusent  une 
loge  qu'elles  tapissent  avec  de  la  vase;  d'au- 
tres se  filent  un  cordon  qui  les  soutient  par 
le  milieu  du  corps;  d'autres,  encore,  se 
suspendent,  la  tête  en  bas,  à  l'aide  de  leurs 
fausses  pattes  postérieures.  Il  y  a  à  cet  égard 
de  grandes  différences  qu'il  serait  trop  long 
d'énumérer  ici. 

Nymphe.  C'est  le  deuxième  état  de  l'In- 


i  secte,  après  sa  sortie  de  l'œuf.  Toutes  les 
larves  ne  ressemblent  pas  à  l'Insecte  parfait; 
il  en  est  de  même  des  nymphes.  Les  unes 
sont  immobiles,  renfermées  dans  un  cocon 
plus  ou  moins  simple,  dans  l'intérieur  du- 
quel leur  corps  est  plus  ou  moins  contracté 
et  transformé  ;  les  autres,  au  contraire,  sont 
actives  ,   ressemblent  à  ce  qu'elles  étaient 
sous  forme  de  larves  et  à  ce  qu'elles  seront 
à  l'état  parfait,  si  ce  n'est  à  l'égard  des  or- 
ganes du  vol.  Dans  ces  nymphes  de  la  se- 
conde espèce,  les  ailes  sont  déjà  ébauchées, 
et  l'Insecte  vit,  marche,  se  nourrit  comme 
I  à  l'ordinaire;  telles  sont  les  Sauterelles,  par 
|  exemple.  Dans  les  autres  nymphes,  qui  sont 
j  bien  plus  nombreuses,   le  mouvement,    la 
i  vie  extérieure, sont  suspendus;  c'est  un  temps 
I  de  torpeur,  d'engourdissement,  en  quelque 
!  sorte,  pendant  lequel  il  se  passe  des  phéno- 
mènes physiologiques  très  remarquables. 

L'état  de  nymphe  dans  les  Insectes  à 
métamorphoses  complètes  est  indiqué  par 
un  développement  relatif  des  anneaux  du 
corps,  qui  permet  d'y  reconnaître  trois  ré- 
gions distinctes,  la  tête,  le  thorax  et  l'abdo- 
men. Il  s'est  donc  opéré,  sous  la  dernière 
enveloppe  delà  larve,  des  changements  qui 
se  sont  manifestés  au  moment  où  cette  en- 
veloppe était  rejetée  :  aussi  les  pattes ,  les 
antennes,  ont-elles  acquis  plus  de  longueur 
et  en  même  temps  plus  de  parties  qu'elles 
n'en  avaient  d'abord.  Les  ailes  ,  jusqu'a- 
lors invisibles,  se  montrent  appliquées  contre 
les  côtés  et  la  partie  inférieure  du  corps  et 
recouvertes ,  de  même  que  les  antennes  et 
les  pattes,  par  une  enveloppe  commune  à 
tout  le  corps.  Cette  enveloppe,  quelquefois 
rehaussée  de  plaques  dorées  dans  les  Lépi- 
doptères, a  fait  donner  aux  nymphes  de  ces 
Insectes  le  nom  très  répandu  de  Chrysalide 
ou  celui  moins  connu  d'Aurélie.  Le  nom  la- 
tin de  pupa  avait  été  employé  par  Linné, 
comme  pour  rappeler  par  l'idée  de  maillot 
l'espèce  d'enfance  dans  laquelle  se  trouve 
alors  l'Insecte. 

C'est  donc  un  état  d'abstinence  et  de  re- 
pos que  celui  de  nymphe  dans  la  plupart  des 
Insectes,  et,  pour  quelques  uns,  c'est  le  plus 
long  de  la  vie,  ainsi  qu'on  le  voit  dans  les 
Papillons,  qui  passent  plusieurs  mois  sous 
cette  forme.  Mais,  en  général,  la  période  de 
nymphe  est  la  plus  courte  et  varie  de  quel- 
ques jours  à  quelques  semaines.  Ce  qu'il  y 


6ï 


INS 


a  de  remarquable,  c'est  l'influence  de  la  tem- 
pérature sur  le  développement  de  l'Insecte 
à  1  état  de  nymphe.  C'est  pourquoi  l'époque 
de  l'année  et  l'élévation  de  la  température 
de  l'été,  occasionnent  des  différences  sur  la 
durée  de  cet  état,  que  l'on  prolonge  ou  que 
l'on  abrège  pour  ainsi  dire  à  volonté,  en 
soumettant  les  nymphes  à  une  température 
basse  ou  élevée,  ainsi  que  l'a  faitRéaumur. 

De  grands  changements  se  produisent 
dans  les  organes  de  l'Insecte,  pendant 
1  état  de  nymphe;  cependant  la  circulation 
et  la  respiration  sont  pendant  longtemps 
a  peu  près  suspendues.  Aussi  a-t-on  re- 
marqué une  diminution  de  poids  à  peine 
appréciable  dans  la  nymphe  de  certains 
Lépidoptères  (Newport)  après  les  sept  ou 
huit  mois  de  l'hiver.  Il  est  vrai  que  c'est  là 
le  moment  où  la  température  doit  s'oppo- 
ser à  toute  action  intérieure:  aussi  arrive- 
t-il  une  époque  à  laquelle  la  respiration 
redevient  active.  C'est  alors  ,  sans  doute, 
que  s'opèrent  les  plus  grands  changements  ; 
et  c'est  alors  aussi  que  la  transformation 
en  Insecte  parfait  est  sur  le  point  d'avoir 
lieu.  A  l'extérieur,  les  articulations  du 
corps  se  dessinent  plus  exactement;  les 
pattes  ,  les  antennes  semblent  se  détacher 
et  l'abdomen  exécute  des  mouvements  fré- 
quents. A  l'intérieur,  il  se  produit  des  mo- 
difications de  forme  dans  les  organes  diges- 
tifs ;  il  s'en  produit  dans  le  système-  ner- 
veux, et  enfin  les  organes  génitaux  se  dé- 
veloppent, en  même  temps  que  disparaît 
en  très  grande  partie  la  masse  du  corps 
graisseux  qui  occupait  un  très  grand  vo- 
lume dans  la  larve.  Nous  reviendrons  sur 
ces  phénomènes. 

Lorsqu'un  Papillon  a  dépouillé  sa  der- 
nière enveloppe ,  celle  de  la  nymphe,  il 
cherche  à  étendre  ses  ailes,  qui  étaient  jus- 
qu'alors resserrées  dans  une  sorte  d'étui, 
et  fait  de  grands  efforts  pour  respirer.  On 
voit  alors  les  ailes  s'agrandir  de  plus  en 
plus,  ce  qui  est  dû  à  l'arrivée  de  l'air  dans 
les  canaux  qui  les  traversent  et  à  l'arri- 
vée du  lang.  Une  fois  que  les  ailes  sont 
développées ,  l'Insecte  se  repose  pendant 
quelques  heures,  qui  sont  employées  en 
quelque  sorte  à  consolider  les  téguments  de 
son  corps.  C'est  alors,  en  effet,  que  ces  té- 
guments acquièrent  de  la  consistance, 
qu'ils  se  colorent;  et,  dès  ce  moment,  l'In- 


INS 

secte  a  la  grosseur  qu'il  doit  conserver. 
Dans  certains  Insectes  ,  le  corps  se  gonfle 
tout-à-coup,  ainsi  que  Réaumur  l'a  cons- 
taté pour  quelques  Diptères,  et  ses  tégu- 
ments semblent  se  solidifier  instantané- 
ment. Dans  certains  Insectes  aquatiques 
(Phryganes) ,  la  nymphe ,  jusqu'alors  inac- 
tive, devient  capable  de  se  déplacer  aux 
approches  de  sa  transformation  ;  elle  gagne 
alors  les  branches  et  les  feuilles  des  végé- 
taux, sur  lesquelles  elle  abandonne  sa  dé- 
pouille. 

Ce  changement  de  peau,  qui  constitue 
le  passage  de  l'état  de  nymphe  à  l'état 
parfait,  n'est  cependant  pas  le  dernier  pour 
tous  les  Insectes,  comme  on  le  croit  géné- 
ralement. Swammerdam  avait  déjà  remar- 
qué que  les  Éphémères ,  après  avoir  aban- 
donné leur  enveloppe  de  nymphe,  s'envo- 
lent, puis  redescendent  bientôt  pour  se  dé- 
pouiller d'une  légère  membrane  qui  recou- 
vre toutes  les  parties  de  leur  corps.  Il 
semble  alors  que  leurs  mouvements  soient 
plus  vifs  et  plus  dégagés.  Ce  dernier  chan- 
gement s'observe  aussi  dans  les  Lépidop- 
tères et  les  Diptères,  suivant  les  auteurs; 
mais  il  a  lieu  en  même  temps  que  le  pas- 
sage de  l'état  de  nymphe  à  l'état  d'Insecte 
parfait  (  Westv.,  Introd.  to  modem.  class.y 
t.  II,  28.) 

Insectes  parfaits.  Sous  cette  forme,  que 
nous  allons  étudier  avec  un  peu  de  soin  , 
l'Insecte  vit  plus  ou  moins  de  temps,  depuis 
quelques  heures  jusqu'à  plusieurs  années, 
mais  ce  dernier  cas  est  le  plus  rare.  Parmi 
ceux  qui  vivent  peu  ,  il  en  est  qui  ne  pren- 
nent aucune  nourriture  et  dont  les  pièces 
de  la  bouche  sont  plus  ou  moins  atrophiées. 
L'objet  principal  de  l'existence  des  Insectes 
sous  leur  dernière  forme,  paraît  être  le  soin 
de  la  reproduction.  Aussi,  est-ce  seulement 
à  cette  époque  que  les  organes  de  la  géné- 
ration ont  acquis  tout  leur  développement. 
C'estun  des  phénomènes  les  plus  importants 
de  tous  ceux  qui  se  produisent  sous  l'enve- 
loppe de  la  nymphe. 

Les  téguments,  par  lesquels  nous  commen- 
cerons l'étude  des  Insectes,  sont  le  sque- 
lette de  ces  animaux  ,  tant  à  l'état  parfait 
que  pendant  chacun  des  états  précédents. 
C'est  en  effet  sur  les  téguments,  quelle  que 
soit  d'ailleurs  leur  consistance,  que  sont  in- 
sérés les   muscles  destinés  à  produire  les 


INS 


1NS 


61 


mouvements.  Ainsi  que  cela  a  lieu  dans 
d'autres  animaux  ,  les  Tortues  ,  c'est  à  l'in- 
térieur des  parties  solides  que  les  muscles 
ont  leuFS  attaches.  Ce  n'est  pas,  comme  le 
fait  remarquer  avec  raison  M.  Newport , 
cette  disposition  seule  des  muscles  à  l'inté- 
rieur de  l'enveloppe  du  corps  ,  qui  donne 
aux  téguments  des  Articulés  ,  et  en  parti- 
culier des  Insectes  ,  une  analogie  réelle 
.née  le  squelette  des  animaux  vertébrés; 
il  y  a  de  plus,  dans  la  composition  de 
ces  téguments,  des  rapports  marqués  avec 
les  os.  En  outre,  la  solidification  des  té- 
guments se  fait  après  chaque  mue  ,  par 
le  dépôt  d'une  substance  particulière  ,  la 
chiline  ou  Ventomoline  ,  en  sorte  que  ces 
téguments,  recouverts  d'un  mince  épiderme, 
rappellent  exactement  la  carapace  de  la 
Tortue  et  l'écaillé  dont  elle  est  garnie. 

La  chitine,  ainsi  nommée  par  Odier,  du 
mot  grec  x!~«v,  vêtement,  ou  l'entomoline 
de  MM.  Lassaigne  et  Payen  ,  est  le  prin- 
cipe particulier  de  l'enveloppe  des  Insectes. 
Il  forme  la  troisième  ou  la  quatrième  par- 
tie du  poids  de  cette  enveloppe.  On  y  trouve 
en  outre,  de  l'albumine,  une  matière  so- 
luble  dans  l'eau,  une  huile  soluble  dans 
l'alcool  et  une  substance  animale  brune 
soluble  dans  la  potasse,  qui  se  trouve 
abondamment  dans  la  cochenille,  d'où  elle 
a  reçu  le  nom  de  coccine  (coccus).  La  Chi- 
tine est,  par  sa  nature,  très  différente  des 
poils,  de  la  corne,  et  en  général  de  toute 
substance  épidermique,  en  ce  qu'elle  est 
tout-a-fuit  insoluble  dans  la  potasse  à  chaud 
et  qu'elle  ne  se  déforme  et  ne  se  boursoufle 
pas  comme  la  corne  lorsqu'on  l'expose  a  la 
chaleur  rouge;  elle  laisse  alors  une  cendre 
blanche  qui  conserve  la  forme  du  tégument. 
C'est  encore  pourquoi,  dit  M.  Newport,  on 
ne  peut  regarder  les  téguments  de  l'Insecte 
comme  analogues  à  la  peau  seulement.  La 
chitine  renferme  d'ailleurs  du  phosphate  de 
chaux  comme  les  os ,  des  traces  de  carbo- 
nate de  chaux,  du  carbonate  de  potasse,  etc., 
en  sorte  qu'elle  se  rapproche  de  l'os  par  sa 
nature.  On  ignore  d'ailleurs  quelles  sont 
Us  lois  d'après  lesquelles  la  chitine  se  dé- 
pose dans  la  peau  de  l'Insecte;  on  n'a  émis, 
à  cet  égard,  que  des  conjectures.  Quoi  qu'il 
en  soit,  on  distingue  dans  les  téguments  de 
l'Insecte  le  derme  et  l'épiderme  ;  le  premier 
renferme  les  éléments  dont  nous  venons  de 


i  parler,  le  second   forme  une  couche  très 
'  mince    à  sa  surface;    il  existe  en    outre, 
j  dans  quelques  circonstances,  une  matière 
!  colorante  ou  pigment,  qui  forme  parfois  des 
|  taches  régulières  à  la  surface  des  téguments 
Envisagés  sous  le  rapport  de  leur  dispo- 
j  sition  extérieure,   les  téguments  de  l'In- 
secte se  divisent  ordinairement  en  treize  ar- 
!  ticulations  ou  segments  apparents;    mais 
I  dans   beaucoup  d'Insectes  on  en  distingue 
!  même  quatorze.  C'est  ce  qui  a  lieu  dans 
certaines  larves  d'Hyménoptères  et  de  Dip- 
tères ,  d'après  les  observations  de  MM.  West- 
wood  et  Newport,  et  dans    les  Forficules , 
suivant  le  premier  de  ces  deux  auteurs.  On 
manque  d'ailleurs  d'observations  suffisantes 
pour  établir  quelque  chose  à  cet  égard.  Le 
mode  de  groupemen t  des  différen ts  segments 
du  corps  sur  le  thorax  ,   l'atrophie  des  seg- 
ments postérieurs,  pour  servir  d'appendices 
aux  organes  génitaux,  sont  encore  des  faits 
reconnus    trop  imparfaitement.    La    tête, 
d'ailleurs  ,  paraît  elle-même  formée  de  plu- 
sieurs segments  sur  le  nombre  desquels  on 
n'est  pas  d'accord.  Le  nombre  des  segments 
de  l'abdomen  varie  beaucoup  dans  certains 
groupes  d'Insectes ,  et  l'on   n'a  pas  encore 
déterminé  les  lois  de  cette  variation.   Par 
conséquent,  ce  qu'il  y  a  de  mieux  à  faire 
en  ce  moment,  c'est  de  s'en  tenir  à  la  di- 
vision du  corps  des  Insectes  en  tête ,  thorax 
et  abdomen,  chacune  de  ces  divisions  ayant 
des  caractères  bien  tranchés. 

Les  segments  offrent  des  différences  re- 
marquables dans  leur  disposition,  suivant 
qu'ils  appartiennent  à  la  tête,  au  thorax 
ou  à  l'abdomen.  Dans  la  tête  ,  tous  les  seg- 
ments sont  réunis  en  un  seul  et  tout  au 
plus  indiqués  par  des  lignes  ou  sutures, 
soit  à  l'extérieur,  soit  à  l'intérieur.  Au  tho- 
rax, les  segments  sont  distincts  et  partagés, 
en  outre  ,  en  un  certain  nombre  de  pièces 
élémentaires,  toutes  confondues  dans  la 
larve.  Enfin,  les  segments  de  l'abdomen 
sont  ordinairement  formés  de  deux  demi- 
segments,  deux  arceaux,  comme  on  les 
appelle,  dont  l'un  répond  à  la  face  supé- 
rieure et  l'autre  à  la  face  opposée. 

Le  mode  de  réunion  de  toutes  ces  parties 
n'est  pas  le  même  partout.  A  la  tète  et  au 
thorax,  les  différents  segments  et  même 
leurs  pièces  élémentaires  sont  réunis  d'une 
manière  intime  :  les  segments  par  une  arti* 


62 


INS 


culation  serrée,  retenue  au  moyen  d'une 
couche  intime  de  la  peau;  les  pièces  élé- 
mentaires par  une  saillie  intérieure  de  cha- 
cun des  bords  ,  qui  s'accolent  à  une  saillie 
semblable  des  pièces  voisines.  C'est  ce  qu'on 
a  nommé  des  épidèmes  (Audouin).  Chacune 
de  ces  saillies  sert  de  point  d'attache  aux 
muscles  qui  viennent  s'y  insérer.  Dans  l'ab- 
domen ,  les  anneaux  ou  segments  sont  or- 
dinairement mobiles  au  moyen  de  l'enve- 
loppe cutanée  plus  ou  moins  étendue,  mais 
non  solidifiée.  Ils  rentrent  les  uns  dans  les 
autres  comme  les  différentes  pièces  d'une 
lunette  ,  et  les  arceaux,  ou  demi-segments, 
sont  souvent  aussi  mobiles  l'un  sur  l'autre; 
ils  peuvent  du  moins  s'écarter  par  leurs  j 
extrémités.  Les  muscles  qui  les  font  mou-  I 
voir  s'attachent  immédiatement  sur  leur  | 
face  interne. 

Les  pattes  et  les  pièces  de  la  bouche  sont  I 
formées  de  pièces  plus  ou  moins  cylindri- 
ques ,  qui  jouent  l'une  sur  l'autre  par  un 
véritable  mouvement  de  ginglyme;  c'est- 
à-dire  que  chaque  cylindre  ou  chaque  ar- 
ticle séparé  tient  au  précédent  par  deux 
points  saillants  reçus  dans  deux  cavités  de 
celui-ci.  Il  en  résulte  une  sorte  de  char- 
nière qui  permet  des  mouvements  de  flexion 
dans  deux  directions.  Assez  souvent  les 
muscles  qui  font  mouvoir  les  articles  des 
pattes,  des  mandibules,  etc.,  prennent 
leur  insertion  sur  une  ou  plusieurs  pièces 
solides,  attachés  au  dedans  de  ces  parties  et 
mobiles  sur  elles.  Ce  sont  les  apodèmes 
(Audouin).  Les  antennes  jouissentpour  l'or- 
dinaire de  mouvements  dans  tous  les  sens, 
et  chacun  de  leurs  nombreux  articles  est 
reçu  dans  le  précédent,  à  peu  près  à  la  ma- 
nière des  segments  de  l'abdomen.  Enfin, 
les  ailes  présentent  souvent  à  leur  base, 
entre  les  deux  membranes  dont  elles  sont 
formées ,  des  espèces  d'osselets  sur  lesquels 
les  muscles  moteurs  des  ailes  prennent  leur 
point  d'appui.  Ce  sont  des  épidèmes  d'inser- 
tion (Audouin),  tandis  que  les  lamelles  sail- 
lantes à  l'intérieur  de  la  tête  et  du  thorax, 
sont  appelées  par  le  même  auteur  des  épi- 
dèmes d'articulation.  Après  ces  données  gé- 
nérales ,  nous  pouvons  examiner  en  parti- 
culier les  trois  parties  principales  du  corps 
de  PInsecte. 

Parlons  cependant  encore  de  quelques 
pièces  intérieures,  qui  ont  la  même  consis- 


INS 

tance  que  les  téguments  et  qui  soutiennent 
le  cordon  nerveux  principal  ou  ganglion- 
naire. Ces  pièces,  qui  ont ,  dans  le  thorax  et 
l'abdomen,  au  moins,  la  forme  d'une  fourche 
ou  d'un  Y,  sont  fixées  par  leur  branche 
unique  à  la  partie  inférieure  ou  ventrale  du 
segment  auquel  elles  appartiennent,  et  re- 
présentent par  leur  usage  les  vertèbres  des 
animaux  supérieurs ,  beaucoup  mieux  que 
les  segments  eux-mêmes  ,  qui  furent  consi- 
dérés dans  le  temps  par  Geoffroy-Saint- 
Hilaire  comme  les  analogues  des  vertèbres. 
Cette  disposition  établit,  entre  le  système 
tégurnentaire  des  Insectes  et  le  squelette 
des  Tortues,  une  analogie  plus  complète: 
mais  il  n'en  est  pas  moins  sûr  que  les  In- 
sectes sont,  à  l'égard  des  vertébrés,  des  ani- 
maux renversés,  comme  l'avait  fait  remar- 
quer le  savant  cité  plus  haut.  En  effet,  le 
système  nerveux  principal  occupe  chez  les 
Insectes  la  région  ventrale,  tandis  que  le 
canal  intestinal  et  surtout  l'aorte  et  le 
cœur,  sont  situés  à  la  région  dorsale.  Les 
pièces  en  Y  ont  reçu  les  noms  d'entocéphale, 
entothorax  et  entogastre  (Audouin),  suivant 
qu'elles  sont  situées  dans  la  tête,  dans  le 
thorax  ou  dans  l'abdomen. 

Examinons  maintenant  en  particulier 
chacune  des  trois  régions  principales  du 
corps  des  Insectes,  et  les  appendices  qui  y 
sont  fixés. 

La  tête  est  constituée  en  apparence  par 
un  segment  unique,  qui  a  plus  ou  moins  la 
forme  d'une  sphère ,  et  qui  est  fixée  au 
thorax  par  un  rétrécissement  en  forme  de 
col ,  appartenant  tantôt  à  la  tête  et  tantôt 
au  thorax.  Néanmoins  on  s'accorde  assez  à 
regarder  la  tête  comme  étant  formée  de  la 
réunion  de  plusieurs  segments  ,  en  raison 
des  appendices ,  les  parties  de  la  bouche  et 
les  antennes,  qui  appartiennent  à  cette  ré- 
gion du  corps.  Ou  se  fonde  pour  cela  sur  ce 
que  ,  dans  le  thorax,  chaque  segment  porte 
une  paire  de  pattes.  On  se  fonde  encore  sur 
ce  que,  dans  les  Myriapodes,  qui  sont  pour- 
vus de  nombreux  anneaux  ou  segments  , 
chacun  de  ces  anneaux  ou  segments  porte 
une  paire  de  pattes  :  c'est  ce  qui  a  lieu  dans 
les  Scolopendres.  Lorsque,  dans  d'autres 
Myriapodes  (les  Iules  ),  il  y  a  deux  paires 
de  pattes  à  chaque  anneau ,  on  remarque 
sur  ces  anneaux  une  suture  transversale 
aui  semble  indiquer  leur  origine  double. 


INS 

Dans  les  Crustacés  encore,  les  segments  de 
l'abdomen  sont  pourvus  chacun  d'une  paire 
d'appendices  (fausses  pattes,  nageoires, etc.), 
et  comme  ces  animaux  ont  au  thorax  et  à 
la  tête  ,  qui  forment  souvent  une  masse 
unique,  un  certain  nombre  de  paires  d'ap- 
pendices,  on  regarde  la  région  céphalo- 
thoracique  comme  étant  constituée  primi- 
tivement d'autant  d'anneaux  qu'il  y  a 
d'appendices.  Ajoutons  à  cette  considéra- 
tion la  disposition  remarquable,  signalée 
par  M.  Newport,  de  la  tête  de  certains 
Diptères,  qui  est  formée  de  quatre  ou  cinq 
anneaux,  portantchacun  quelques  unes  des 
pièces  de  la  bouche  et  l'on  aura  les  prin- 
cipales raisons  pour  lesquelles  on  peut  con- 
sidérer la  tête  des  Insectes  comme  le  ré- 
sultat de  la  fusion  de  plusieurs  anneaux. 

Mais  il  y  a  deux  manières  d'envisager 
cette  fusion;  on  peut,  comme  l'ont  fait 
M.  Newport  et  quelques  autres,  admettre 
que  chacun  des  segments  céphaliques  porte 
deux  sortes  d'appendices,  l'un  à  la  partie 
supérieure,  l'autre,  au  contraire,  à  la 
partie  inférieure.  On  peut,  d'un  autre  côté, 
envisager  la  tête  comme  formée  d'autant  de 
segments  qu'elle  offre  de  paires  d'appen- 
dices. Cette  seconde  manière  de  voir  nous 
semble  plus  rationnelle  et  permet  de  sim- 
plifier davantage  l'étude  des  parties  dont 
se  compose  la  tête  des  Insectes. 

Au  premier  abord,  les  parties  de  la  tête 
des  Insectes  paraissent  de   nature   diffé- 
rente. Ainsi,  on  y  remarque  deux  lèvres, 
l'une  supérieure  ou  labre  ,  l'autre  qui  porte 
Je  nom  de  lèvre   inférieure;  on  y  trouve  j 
ensuite  deux  mandibules  et  deux  mâchoires.   \ 
Enfin  ,  on  y  reconnaît  encore,   outre  les  j 
mandibules  et  les  mâchoires  ,  deux   pièces 
dites  pharyngiennes ,  parce  qu'elles  occu- 
pent le  fond  de  la  bouche.  Toutes  ces  pièces 
sont  ce  que  l'on  appelle  les   parties   buc- 
cales. 

En  examinant  ces  différentes  pièces  ,  on 
reconnaît  que  les  unes  sont  paires  et  les  au- 
tres impaires.  Les  pièces  paires  sont  les 
deux  mandibules  et  les  deux  mâchoires  ;  les 
pièces  impaires  sont  les  deux  lèvres  et  les 
deux  pièces  pharyngiennes.  Les  deux  lèvres 
ferment  en  dessus  et  en  dessous  la  cavité 
buccale,  que  les  mâchoires  et  les  mandi- 
bules ferment  par  les  côtés,  tandis  que  les 
pièces  pharyngiennes  occupent  le  fond  de 


INS 


63 


la  bouche.  Les  pièces  pharyngiennes  sont 
ce  qu'on  a  appelé  la  langue;  et  comme  il 
est  rare  qu'elles  soient  toutes  les  deux  éga- 
lement développées  dans  le  même  Insecte, 
on  a  pris  pour  la  langue  tantôt  l'une,  tan- 
tôt l'autre  de  ces  deux  pièces. 

Voilà  donc,  en  réalité,  la  composition 
de  la  bouche  des  Insectes;  mais,  d'une  ma- 
nière théorique,  on  peut  y  introduire  plus 
de  simplicité.  Ainsi,  on  a  remarqué  depuis 
long-temps  que  la  lèvre  inférieure  était 
formée  de  deux  parties  soudées  plus  ou 
moins  complètement  sur  la  ligne  médiane. 
On  a  par  conséquent  regardé  cette  lèvre 
comme  une  autre  paire  de  mâchoires ,  avec 
d'autant  plus  de  raison  qu'elle  supporte  des 
parties  semblables  à  celles  que  présentent 
les  mâchoires.  On  peut  en  dire  autant  delà 
lèvre  supérieure,  qui,  pour  être  plus  simple 
que  l'inférieure  ,  n'en  parait  pas  moins  le 
résultat  de  la  fusion  de  deux  appendices. 
Cette  proposition  est  également  vraie ,  si 
on  l'applique  à  chacune  des  deux  pièces  du 
pharynx,  dont  l'une,  située  au-dessus  de 
l'entrée  du  canal  intestinal ,  porte  le  nom 
à'e'pipharynx  ,  et  l'autre ,  située  au-des- 
sous de  cette  même  entrée ,  a  reçu  le  nom 
d'hypopharynoc.  Il  est  des  Insectes,  et  ce 
sont  particulièrement  les  Hyménoptères , 
dans  lesquels  chacune  des  pièces  du  pharynx 
porte  des  traces  évidentes  de  la  division  sur 
la  ligne  du  milieu.  Ce  sont  aussi  les  In- 
sectes dans  lesquels  on  trouve  le  plus  ordi- 
nairement les  deux  pièces  pharyngiennes  à 
la  fois,  quoique  leur  développement  soit 
presque  toujours  inégal. 

Ces  faits  une  fois  établis,  et  ils  l'ont  été 
par  nous  dans  un  travail  assez  récent  (1), 
on  peut  donc  dire  que  la  bouche  des  In- 
sectes se  compose  de  six  paires  d'appen- 
dices, dans  l'ordre  que  voici  ; 

1.  Appendices  formant  la  lèvre  supérieure , 

2.  —  —       les  mandibules, 

3.  —  —       l'épipharynx, 

4.  —  —       l'hypopharynx , 

5.  —  —       les  mâchoires , 

6.  —  —       la  lèvre  inférieure. 

Tous  ces  appendices  ne  sont  pas  égale- 
ment développés  dans  la  bouche  du  même 
Insecte,  et  ils  ne  le  sont  pas  également  non 
plus  si  on  les  compare  dans  des  Insectes  de 

(i)   Annale»  des  sciences  naturelles  ,  année  1844. 


G4 


LNS 


groupes  différents.  Sous  ce  rapport,  chacun 
des  groupes  principaux,  chacun  desordres, 
comme  on  les  appelle,  offre,  dans  les  ap- 
pendices de  la  bouche  ,  une  disposition  par- 
ticulière. Cependant  on  ramène  assez  faci- 
lement au  même  type  de  structure  les  piè- 
ces de  la  bouche  de  tous  les  Insectes,  quel- 
que différentes  qu'elles  soient  au  premier 
abord.  De  même  on  ramené  au  même  type 
de  structure  chacune  des  espèces  d'appen- 
dices de  la  bouche  prises  dans  le  même  In- 
secte. On  remarque  alors  que  les  transfor- 
mations subies  par  les  appendices  en  géné- 
ral consisten  t  dans  le  développement  exagéré 
ou  dans  l'atrophie  de  certains  éléments  et 
dans  la  fusion  ou  la  réunion  de  quelques 
uns  de  ces  éléments.  11  arrive  là  ce  que 
Geoffroy-Saint-Hilaire  a  proclamé  pour  tous 
les  organes  quels  qu'ils  soient,  savoir,  que 
lorsqu'une  partie  ou  un  organe  vient  à  se 
développer  outre  mesure ,  la  partie  voisine 
ou  l'organe  voisin  reste  dans  un  état  d'atro- 
phie plus  ou  moins  complet. 

Depuis  longtemps  déjà  M.  Savigny  a  dé- 
montré, par  des  exemples  choisis,  que  la 
bouche  d'une  Sauterelle,  d'un  Papillon, 
d'une  Punaise,  d'une  Mouche,  se  compo- 
sait des  mêmes  appendices  ,  et  que  ces  ap- 
pendices restaient  entre  eux  dans  le  même 
rapport  ,  eu  égard  à  leur  position  ;  que  les 
uns  se  développaient  plus  que  les  autres, 
mais  qu'en  somme  tous  ces  appendices 
étaient  comparables  d'un  Insecte  à  l'autre. 
Il  restait  à  montrer  que ,  dans  un  même  In- 
secte, tous  les  appendices  étaient  également 
comparables.  Sous  ce  rapport,  M.  Oken  et 
M.  Savigny  se  sont  rencontrés  ,  en  ce  qui 
concerne  l'analogie  de  la  lèvre  inférieure 
avec  les  mâchoires.  D'autres  naturalistes 
ont  analysé  la  mâchoire  des  Insectes  et  en 
ont  déterminé  les  éléments.  Ils  ont  aussi 
analysé  la  lèvre  inférieure  ,  mais  ils  n'ont 
pas  donné  suite  au  rapprochement  de 
MM.  Savigny  et  Oken.  Nous  avons  entrepris 
ce  travail  pour  ce  qui  concerne,  non  seu- 
lement la  lèvre  inférieure,  mais  tous  les  au- 
tres appendices  buccaux,  et  nous  renvoyons, 
pour  les  détails,  au  recueil  que  nous  avons 
déjà  cité. 

Laissant  de  côté  maintenant  ce  qui  a 
rapport  à  l'analogie  des  parties  buccales 
entre  elles,  nous  devons  dire  un  mot  des 
différences  qu'elles  présentent  au  premier 


IJNS 

examen.  En  général,  la  lèvre  supérieure  est 
une  pièce  unique,  doublée  à  la  face  interne 
par-des  parties  membraneuses.  Elle  s'arti- 
cule à  l'aide  des  téguments  avec  le  bord 
antérieur  de  la  tête.  Sa  forme  varie  beau- 
coup dans  les  divers  groupes  d'Insectes  ,  et 
quelquefois  elle  paraît  manquer,  parce 
qu'elle  reste  cachée  sous  le  bord  de  la  tête, 
qui  porte  ordinairement  le  nom  de  chape- 
ron. Les  mandibules  sont  aussi  formées  d'une 
seule  pièce  ,  située  à  droite  et  à  gauche  de 
la  bouche  et  pourvues  de  dents  ou  de  tuber- 
cules variables  suivant  les  groupes  et  ser- 
vant à  broyer  ou  à  entamer,  à  déchirer  dif- 
férentes substances.  Dans  quelques  Insectes, 
une  ou  plusieurs  de  ces  dents  sont  mobiles 
(Hydrophile, Passale,  Méloé),etdans  d'autres 
(  Staphylins)  au  lieu  d'une  dent  mobile, 
on  remarque  un  appendice  velu  ,  une  sorte 
de  pinceau  qui  occupe  la  place  de  la  dent 
mobile;  dans  beaucoup  d'autres ,  enfin, 
ces  parties  sont  remplacées  ou  mieux  indi- 
quées par  une  série  de  poils  raides.  C'est  tou- 
jours au  côté  intérieur  de  la  mandibule  que 
se  remarquent  ces  différentes  parties.  Les 
mâchoires  sont  des  organes  plus  complexes, 
dans  lesquels  on  remarque  au  premier  coup 
d'œil  le  corps  de  mâchoire  et  les  palpes.  Le 
corps  de  mâchoire  est  terminé  par  ce  qu'on 
a  nommé  les  lobes  externe  et  interne.  De  ces 
deux  lobes  ,  l'externe  ressemble  quelquefois 
(  Cicindèle,  Carabe)  au  palpe,  c'est-à-dire 
qu'il  est ,  comme  lui ,  formé  d'articles  pla- 
cés bout  à  bout,  qu'il  a  l'aspect,  comme 
lui,  de  petites  antennes.  On  a  d'abord 
donné  le  nom  d'antennules  aux  palpes,  et 
l'on  pourrait  le  donner  aussi  bien  au  lobe 
externe ,  lorsqu'il  a  la  même  forme  que  le 
palpe.  Dans  certains  cas  ,  ce  lobe  a  reçu  le 
nom  de  galea  (casque),  à  cause  de  l'espèce 
de  coiffe  qu'il  simule  en  s'appliquant  sur  le 
lobe  interne  ;  c'est  ce  qui  arrive  dans  la  Sau- 
terelle. Dans  la  plupart  des  Insectes,  enfin, 
on  lui  a  laissé  le  nom  de  lobe  interne.  On 
voit  qu'il  vaudrait  mieux  lui  laisser  toujours 
le  même  nom,  et  on  paraît,  en  effet,  s'ac- 
corder aujourd'hui  à  préférer  le  nom  de 
galea,  qui  doit  évidemment  être  employé 
pour  ce  lobe,  soit  lorsqu'il  est  palpiforme, 
soit  lorsqu'il  ne  l'est  pas.  Enfin  le  lobe  in- 
terne est  quelquefois  aussi  formé  de  plu- 
sieurs articles  (Hydrophile),  ce  qui  témoigne 
de  son  analogie  avec  le  lobe  externe  et  avec 


INS 


INS 


65 


le  palpe.  Ce  dernier  est  une  petite  antenne 
formée  de  six  articles,  de  cinq  ou  de  quatre, 
suivant  les  groupes  dans  lesquels  on  le  con- 
sidère. La  lèvre  inférieure  est  un  organe 
pair,  plus  ou  moins  divisé  sur  la  ligne  mé- 
diane et  portant  des  palpes  comme  les  mâ- 
choires. Ces  palpes,  sauf  quelques  excep- 
tions ,  sont  moins  développés  que  ceux  des 
mâchoires,  et  comptent,  en  général,  un  ou 
deux  articles  de  moins.  Ils  sont ,  comme  les 
palpes  des  mâchoires,  que  Ton  appelle 
Jaussi  palpes  maxillaires  (maxilla,  mâ- 
choire), cachés  sur  un  côté  extérieur  de 
l'organe  qui  les  porte,  et  on  les  appelle  les 
palpes  labiaux ( labium ,  lèvre).  La  portion 
de  la  lèvre  inférieure  qui  porte  les  palpes  a 
reçu  en  particulier  le  nom  de  lèvre  (labium), 
et  cette  portion  se  termine  dans  quelques 
Insectes,  tels  que  la  Sauterelle,  par  qua- 
tre lobes  qui  répondent  aux  lobes  des  mâ- 
choires. On  retrouve  donc ,  dans  le  plus 
extérieur  de  ces  lobes,  dans  celui  qui  est 
voisin  du  palpe,  l'analogue  du  galea  des 
mâchoires  ;  c'est  la  pièce  à  laquelle  on 
donne  quelquefois  le  nom  de  paraglosse; 
on  reconnaît  dans  le  plus  inférieur  des  lobes 
de  chaque  moitié  de  la  lèvre  l'analogue  du 
lobe  interne  des  mâchoires,  et  dans  un  grand 
nombre  d'Insectes  les  deux  lobes  internes 
sont  réunis  en  un  seul,  qui  constitue  le 
corps  de  la  lèvre.  On  ne  remarque  alors 
sur  ses  côtés  que  les  paraglosses  et  les  pal- 
pes. Enfin  ,  soit  au  devant ,  soit  à  la  partie 
inférieure  de  la  lèvre  ,  on  trouve  une  pièce 
impaire  que  l'on  appelle  menton,  qui  sou- 
vent cache  plus  ou  moins  complètement  la 
lèvre  ;  on  reconnaît  même  quelquefois  un 
sous-menton  (  Hydrophile  ). 

Pour  nous,  le  sous-menton  est  le  sous- 
maxillaire;  le  menton  est  le  maxillaire; 
le  corps  de  la  lèvre  est  Y  intermaxillaire. 
Ces  pièces,  réunies  deux  à  deux  dans  la 
lèvre  inférieure,  se  montrent  isolées  dans 
chacune  des  mâchoires.  Si  l'on  y  ajoute  le 
palpigère,  qui  supporte  le  palpe  et  qui  est 
visible  dans  la  mâchoire,  tandis  qu'il  ne 
se  distingue  pas  ordinairement  dans  la  lèvre 
inférieure,  on  aura  la  composition  des  ap- 
pendices buccaux  les  plus  développés.  C'est 
l'intermaxillaire  qui  répond  au  lobe  externe 
des  mâchoires;  mais  quelquefois  il  est  ter- 
miné par  un  prémaxillaire,  comme  dans 
VHydrophile  et  la  Cicindèle,  où  l'on  dit  que 

T.  VII. 


le  lobe  interne  est  mobile.  Le  lobe  externe 
est  ce  qu'on  appelle  galea  dans  la  mâchoire, 
ou  paraglosse  dans  la  lèvre  inférieure. 

Il  nous  reste  à  parler  de  la  langue.  Nous 
avons  déjà  dit  que  cette  pièce  répond  tantôt 
à  l'épipharynx  et  tantôt  à  l'hypopharynx. 
En  effet,  les  auteurs  semblent  ne  pas  toujours 
s'être  préoccupés  de  savoir  si  elle  était  si- 
tuée au-dessus  ou  au-dessous  de  l'entrée  de- 
l'œsophage.  On  voit  dans  les  Demoiselles  ou 
Libellules  un  exemple  bien  remarquable  de 
la  langue  des  Insectes:  elle  répond  à  l'hy- 
popharynx. On  en  voit  un  autre  exemple 
dans  les  Bourdons,  où  elle  paraît  répondre  à 
l'épipharynx.  Les  deux  appendices  sont,  en 
général,  d'une  structure  plus  rudimentaire 
que  les  autres  ;  mais,  en  les  étudiant  dans  les 
Hyménoptères  fouisseurs  (Pompiles,  Pepsis), 
on  y  remarque  des  traces  d'une  composition 
assez  avancée.    „ 

La  description  succincte  que  nous  veuons 
de  donner  des  différentes  pièces  de  la  bou- 
che des  Insectes  ne  convient  qu'à  ceux  aux- 
quels on  a  donné  les  noms  de  mandibules  ou 
broyeurs,  parce  qu'ils  ont  des  mandibules 
fortes,  dentées  et  capables  de  diviser  les 
aliments.  Ces  Insectes  sont  surtout  les  Co- 
léoptères (Hanneton),  les  Orthoptères  (Saute- 
relle), les  Névroptères  (Libellule)  et  les  Hy- 
ménoptères (Abeille).  Les  autres  Insectes 
portent,  en  général,  les  noms  de  suceurs  ou 
haùslellés  (haustellum),  parce  que  leurs  man- 
dibules et  leurs  mâchoires  sont  incapables 
de  broyer,  de  couper  les  aliments.  Chez  eux, 
les  appendices  buccaux  sont  simplifiés  ou 
transformés  de  telle  manière  que,  pendant 
longtemps,  on  les  a  crus  construits  d'après  un 
autre  type.  On  doit  surtout  à  M.  Savigny 
d'avoir  démontré  qu'il  n'en  est  pas  ainsi,  et 
que  les  mêmes  appendices  se  retrouvent 
semblablement  situés  dans  les  Insectes 
broyeurs  et  dans  les  Insectes  suceurs. 

Si  l'on  prend  un  Papillon,  pareïemple, 
on  voit  que  sa  tête  est  pourvue  d'une  trompe 
qui  s'enroule  dans  le  repos,  et  qui  se  déve- 
loppe, s'allonge,  lorsque  l'Insecte  puise  sa 
nourriture  dans  le  suc  des  fleurs.  Cette 
trompe  a  entraîné  en  quelque  sorte,  par  son 
développement,  l'atrophie  des  autres  pièces 
de  la  bouche,  qui  sont  rudimentaires,  à 
l'exception  de  la  lèvre  inférieure.  Cette  lèvre 
porte  deux  palpes  très  développés  qui  vien- 
nent se  placer  au-devant  de  la  bouche  dani 

9 


66 


INS 


INS 


le  repos.  Elle  est  elle-même  triangulaire  et 
bifide  à  son  extrémité.  On  trouve,  en  dissé- 
quant les  parties  avec  quelque  soin,  une  lè- 
vre supérieure  et  deux  mandibules  très  pe- 
tites, hors  d'état  de  servir  à  la  préhension 
des  aliments,  mais  qui  n'en  sont  pas  moins 
les  analogues  des  pièces  que  nous  avons 
déjà  décrites.  Il  en  résulte  que  la  trompe  du 
Papillon  doit  représenter  les  mâchoires  des 
autres  Insectes  ;  et,  en  effet,  cette  trompé 
est  composée  de  deux  tubes  accolés  l'un  à 
l'autre  et  dont  chacun  est  creusé,  au  côté 
interne,  d'une  gouttière  qui  constitue,  par 
la  réunion  des  deux  pièces,  un  canal  destiné 
à  laisser  passer  les  liquides  servant  à  la 
nourriture  de  l'Insecte.  Deux  palpes  très 
courts,  situés  à  la  base  de  la  trompe,  vien- 
nent fournir  une  preuve  concluante  de  l'a- 
nalogie qui  existe  entre  les  deux  parties  de 
la  trompe  et  les  mâchoires  des  autres  In- 
sectes. 

Lorsqu'au  lieu  d'un  Papillon  on  examine 
une  Punaise  des  bois,  on  remarque  une  autre 
disposition.  Sur  la  pièce  principale,  celle 
qui  a  pris  le  plus  de  développement,  est  la 
lèvre  inférieure.  Cette  lèvre  forme  une  gaîne 
composée  de  trois  pièces  articulées  bout  à 
bout  et  percée  aux  deux  extrémités  de  ma- 
nière à  laisser  jouer  dans  son  intérieur  qua- 
tre soies  ou  quatre  espèces  de  cils,  qui  sont 
garnis  à  leur  extrémité  de  petites  dentelures 
ou  épines  dirigées  en  arrière.  Ces  quatre 
soies  représentent  les  mandibules  et  les  mâ- 
choires des  autres  Insectes,  et  leur  extré- 
mité garnie  d'épines  sert  à  percer  le  tissu 
des  végétaux  ou  la  peau  des  animaux,  sui- 
vant que  la  Punaise  est  carnassière  ou  her- 
bivore. Par  suite  du  jeu  de  ces  mâchoires  et 
de  ces  mandibules  si  simples,  les  liquides 
qui  s'échappent  de  la  plaie  faite  à  la  plante 
ou  à  l'animal  montent  dans  le  canal  formé 
par  la  lèvre  inférieure  et  arrivent  à  la  bou- 
che. Une  lèvre  supérieure,  plus  courte  que 
l'inférieure,  vient,  en  s'appliquant  sur 
celle-ci,  fermer  l'ouverture  par  laquelle  les 
mâchoires  et  les  mandibules  pénètrent  dans 
la  lèvre  inférieure. 

Dans  les  Mouches,  on  retrouve  encore 
les  mêmes  pièces  à  la  bouche  que  dans  les 
autres  Insectes ,  si  ce  n'est  qu'il  y  a  quel- 
quefois une  pièce  impaire  qui  représente 
une  des  pharyngiennes  (langue).  La  partie 
la  plus  développée  est  ici  la  lèvre  infé- 


rieure ;  puis  viennent  les  mâchoires,  pour- 
vues d'un  palpe  formé  d'un  seul  ou  de  plu- 
sieurs articles  ;  les  mandibules ,  qui  ont  la 
forme  d'une  soie  ou  d'une  lancette  comme 
les  mâchoires;  et  enfin  la  lèvre  supérieure, 
qui  est  moins  développée  que  l'inférieure. 
Les  espèces  de  lancettes  qui  représentent 
les  mandibules  et  les  mâchoires  conduisent 
à  la  bouche  des  Puces,  qui  appartiennent  à 
un  ordre  d'Insectes  différents ,  et  qui  con- 
stituent avec  les  Mouches  ou  Diptères ,  les 
Punaises  ou  Hémiptères ,  les  Papillons  ou 
Lépidoptères ,  la  série  des  Insectes  appelés 
Haustellés  ou  Suceurs.  Dans  les  Poux ,  les 
uns,  tels  que  les  Poux  proprement  dits,  ont 
la  bouche  des  Insectes  suceurs  ;  les  autres, 
ou  Ricins,  sont,  au  contraire,  pourvus  de 
mandibules ,  et  se  rapportent  à  la  division 
des  Insectes  broyeurs. 

Les  antennes  sont  encore  des  pièces  qui 
appartiennent  à  la  tête.  Elles  sont  généra- 
lement situées  en  avant  et  au-dessus  de  la 
bouche.  Ce  sont  des  appendices  multi-arti- 
culés,  avoisinant  les  yeux,  dont  nous  parle- 
rons en  décrivant  les  organes  des  sens,  et  de 
forme  extrêmement  variable,  lorsqu'on  les 
examine  dans  des  groupes  éloignés.  Nous 
reviendrons  sur  les  usages  des  antennes  en 
parlant  des  sens.  Ces  organes  sont  extrême- 
ment mobiles,  en  raison  du  grand  nombre 
de  pièces  dont  ils  sont  formés  ;  ils  man- 
quent quelquefois  dans  les  Insectes  à  l'état 
de  larve ,  mais  jamais  dans  les  Insectes  par- 
faits. Le  nombre  des  pièces  ou  articles  dont  ils 
se  composent  est  plus  variable  que  celui  des 
palpes.  Il  diffère  assez  souvent  d'une  famille  à 
l'autre,  tandis  que  les  palpes  présentent  en 
général  le  même  nombre  d'articles,  non  seule- 
ment dans  tous  les  Insectes  d'une  même  fa- 
mille, mais  dans  tous  ceux  d'un  ordre  en- 
tier. Les  antennes,  par  la  grande  variété  de 
leur  forme  et  du  nombre  de  leurs  articles, 
offrent  d'excellents  caractères  pour  la  clas- 
sification des  Insectes.  On  peut  en  dire  au- 
tant des  palpes  ;  car  il  existe  de  grands  rap- 
ports entre  ces  deux  sortes  d'organes,  sinon 
pour  les  usages,  du  moins  pour  la  structure 
et  la  disposition.  Disons  seulement  ici  que 
les  antennes  sont  tantôt  droites,  tantôt  cou- 
dées ou  brisées;  que  dans  l'un  et  l'autre 
cas  elles  peuvent  être  filiformes,  c'est-à-dire 
d'égale  épaisseur  partout;  sétace'es,  c'est- 
à-dire  terminées  en  pointe;  moniliformes , 


INS 


IN  S 


€7 


c'est-à-dire  composées  d'articles  globuleux, 
comme  les  grains  d'un  collier  ou  d'un  cha- 
pelet; en  massue  f  c'est-à-dire  terminées 
par  des  articles  plus  gros  ;  dentées  ou  en 
îcie ,  lorsque  leurs  articles  sont  plats  et 
riangulaires;  pectinées  ,  flabellées  ,  etc., 
orsque  leurs  articles  s'allongent  sur  l'un 
des  côtés ,  de  manière  à  imiter  les  dents 
d'un  peigne  :  lorsque  cette  disposition  existe 
des  deux  côtés ,  i'antenne  est  dite  bipecti- 
née;  enfin  les  antennes  lamelleuses  sont 
celles  dont  les  articles  terminaux  sont  élar- 
gis en  lamelles,  comme  cela  se  voit  dans  le 
Hanneton.  Lorsque  les  antennes  sont  bri- 
sées, comme  dans  l'Abeille,  la  Fourmi,  etc., 
le  premier  article  ou  celui  de  la  base  est 
plus  long  que  les  autres ,  et  le  coude  ne 
commence  qu'au  second  article.  Dans  les 
Mouches,  les  antennes  sont  pourvues  d'une 
soie  qui  se  détache  de  l'origine  du  dernier 
article,  et  qui  est  elle-même  simple  ou  ar- 
ticulée, nue  ou  plumeuse  ,  c'est-à-dire  gar- 
nie de  barbes  dans  toute  sa  longueur,  à 
peu  près  comme  les  plumes  d'un  oiseau. 
Quelquefois  la  soie  est  placée  dans  l'axe 
même  de  l'antenne,  comme  cela  se  voit  dans 
les  Libellules  et  les  Cigales  :  elle  en  est  alors 
la  continuation. 

Le  thorax  est  la  deuxième  des  trois  gran- 
des régions  du  corps  des  Insectes  ;  il  en 
constitue  la  région  moyenne.  En  général  il 
est  composé  de  trois  segments  distincts , 
qui  portent  chacun  une  paire  de  pattes 
dans  tous  les  Insectes  parfaits.  Lorsque  l'In- 
secte est  pourvu  d'ailes,  c'est  toujours  sur 
les  deux  derniers  segments  que  ces  organes 
sont  placés,  s'il  en  existe  quatre;  dans  le 
cas  où  il  n'y  en  a  que  deux,  c'est  le  segment 
moyen  ,  le  deuxième ,  qui  porte  ces  ailes. 
Ainsi  dans  l'Abeille,  dans  le  Papillon,  etc., 
il  y  a  deux  ailes  sur  le  segment  moyen,  et 
deux  encore  sur  le  troisième  segment;  dans 
les  Mouches ,  il  y  a  deux  ailes  sur  le  seg- 
ment moyen ,  mais  non  sur  le  troisième 
segment. 

Par  conséquent,  la  présence  des  pattes 
dans  tous  les  Insectes ,  et  la  présence  des 
ailes  dans  tous  ceux  où  ces  organes  exis- 
tent, caractérisent  le  thorax.  Les  pattes  en 
constituent  les  appendices  inférieurs;  les 
ailes  en  sont,  au  contraire,  les  appendices 
supérieurs.  Il  y  a  donc,  dans  le  thorax  en- 
visagé en  entier,  trois  régions  distinctes, 


savoir  :  une  région  dorsale  qui  porte  les  ai- 
les; une  région  sternale  qui  porte  les  pattes, 
et  enfin  une  région  latérale  située  entre  les 
ailes  et  les  pattes.  Cette  dernière  région 
porte  le  nom  de  flancs  (plcurœ).  De  plus, 
comme  il  y  a  au  thorax  trois  segments  ou 
anneaux  distincts,  on  est  convenu  de  dési- 
gner chacun  de  ces  anneaux  par  un  nom 
spécial.  Le  premier  porte  le  nom  de  pro- 
thorax; le  second  est  appelé  mésothorax  ; 
le  troisième  enfin  est  le  métathorax  (  Au- 
douin).  En  outre,  chacun  des  trois  anneaux 
du  thorax  offrant  dans  les  différents  grou- 
pes d'Insectes  une  disposition  particulière 
qu'il  importe  de  pouvoir  signaler,  on  a  pro- 
posé de  désigner  la  région  dorsale  de  cha- 
que anneau  par  les  noms  de  pronoiumr 
mesonotum  et  metanotum ,  suivant  que  le 
dos  (vwtoç)  est  celui  du  premier,  du  se- 
cond ou  du  troisième  anneau  (Burmeister). 
Le  nom  de  la  région  sternale  se  rattache 
de  même  à  sa  position  ,  que  l'on  indique, 
avec  le  même  auteur,  par  les  noms  de  pro- 
sternum ,  de  mesosternum  et  de  metaster- 
num.  Les  flancs  n'ont  pas  reçu  de  nom 
particulier. 

La  division  de  chaque  anneau  du  thorax 
en  trois  régions  n'est  pas  arbitraire;  elle 
est  fondée  sur  la  structure  même  du  tho- 
rax. On  reconnaît  facilement,  en  effet,  que 
les  trois  anneaux  thoraciques  se  subdivisent 
en  un  certain  nombre  de  pièces ,  inégale- 
ment développées  sur  les  trois  anneaux, 
mais  qui  s'y  retrouvent  assez  ordinaire- 
ment. Ainsi  la  région  dorsale  de  chaque 
anneau  se  compose  de  quatre  parties  placées 
l'une  à  la  suite  de  l'autre,  et  que  M.  New- 
port  appelle  sous-segment  :  ce  sont  le  prœ- 
scutum,  le  scutum,  le  scutellumet  \epost- 
scutellum  (Audouin).  La  région  sternale 
consiste  en  une  seule  ptèce  nommée  ster- 
num, qui  est  considérée,  ainsi  que  les  qua- 
tre pièces  de  la  région  dorsale  ,  comme  pro- 
venant de  la  réunion  de  deux  pièces  laté- 
rales, ce  qu'indique  d'ordinaire  une  su- 
ture médiane.  Certains  auteurs  prétendent 
même  que  l'on  doit  concevoir  d'une  ma- 
nière théorique  la  division  du  sternum  de 
chaque  anneau  thoracique  en  quatre  sous- 
segments  comme  à  la  région  dorsale  ;  mais 
il  est  bon  de  faire  remarquer  que  nulle 
part  on  ne  trouve  l'indication  d'un  pareil 
mode  de  division.  Les  flancs  se  composent 


68 


INS 


de  pièces  qui  sont  désignées  sous  les  noms 
d'episternum ,  Pépinière  et  de  paraptère 
(Audouin). 

Il  est  facile  de  voir,  pour  les  pièces  dor- 
sales, que  leur  nom  indique  leur  position  à 
regard  de  l'anneau  dont  elles  font  partie. 
Quant  aux  pièces  des  flancs,  on  peut  leur 
appliquer  également  cette  observation.  Ainsi 
Tépisternum  est  une  pièce  qui  s'articule 
toujours  avec  le  sternum  par  un  de  ses 
points  ;  Pépinière  se  trouve  en  rapport  avec 
la  hanche  (^pa),  et  le  paraptère  avoisine 
l'origine  de  l'aile  (trrtpc'v).  Les  diverses  pièces 
soit  du  dos,  soit  des  flancs,  et  le  sternum 
lui-même, sont  inégalementdéveloppés  dans 
les  différents  ordres  d'Insectes  et  dans  cha- 
cun des  trois  anneaux  d'un  même  Insecte. 
Quelques  détails  à  ce  sujet  sont  nécessaires. 

De  même  que  les  Insectes  sont  construits 
d'après  deux  types  assez  différents  sous  le 
rapport  des  parties  de  leur  bouche,  de 
même  aussi,  lorsqu'on  envisage  le  dévelop- 
pement de  leurs  anneaux  thoraciques,  on 
voit  qu'ils  peuvent  se  répartir  dans  deux 
catégories  distinctes.  Il  est  à  remarquer, 
cependant,  que  les  deux  groupes  d'Insectes 
que  fait  reconnaître  la  structure  de  la  bou- 
che ne  répondent  pas  à  ceux  que  l'on  peut 
établir  d'après  la  disposition  du  thorax. 
Ainsi,  dans  un  Hanneton,  dans  une  Sau- 
terelle et  dans  une  Punaise,  le  premier  an- 
neau du  thorax  est  très  développé ,  sans 
pièces  élémentaires  distinctes,  si  l'on  en 
excepte  les  lignes  transversales  qui  en  sont 
les  indications  dans  le  prothorax  de  la  Sau^ 
terelle.  Dans  une  Libellule,  au  contraire, 
dans  une  Abeille,  dans  une  Mouche,  dans 
un  Papillon ,  le  prothorax  est  rudimen- 
taire.  Or,  les  pièces  de  la  bouche,  dans  les 
Sauterelles  et  dans  les  Libellules  et  autres 
insectes  du  même  ordre,  ont  tant  d'ana- 
logie entre  elles,  que  tout  récemment  encore 
M.  Burmeister  a  réuni  ces  Insectes  dans  un 
seul  groupe ,  ainsi  que  l'avaient  fait  De  Geer 
et  Linné.  Les  Punaises  ont,  comme  les  Han- 
netons et  les  Sauterelles ,  le  prothorax  très 
développé ,  et  cependant  elles  diffèrent  de 
ces  deux  derniers  par  la  structure  de  leur 
bouche ,  qui  en  fait  des  Insectes  suceurs. 
Les  Cigales,  que  l'on  a  placées  pendant 
longtemps  dans  le  même  ordre  que  les  Pu- 
naises, en  diffèrent  presque  au  même  titre 
que  les  Libellules  diffèrent  des  Sauterelles , 


UNS 

c'est-à-dire  par  le  moindre  développement 
de  leur  prothorax.  Voilà ,  par  conséquent , 
des  caractères  qui ,  bien  qu'ils  ne  répon- 
dent pas  aux  caractères  fournis  par  la  bou- 
che, n'en  sont  pas  moins  précieux  pour  sé- 
parer et  caractériser  les  divers  groupes  d'In- 
sectes. Cependant  ils  ne  peuvent  être  em  ,' 
ployés  qu'après  ceux  que  fournit  la  bou- 
che ,  car  ils  sont  plus  variables  que  ces  der- 
niers. 

Malgré  le  grand  développement  que  prend 
le  prothorax  dans  certains  Insectes,  il  est 
à  remarquer  que  jamais  cet  anneau  thora- 
cique  n'offre  les  quatre  pièces  de  la  région 
dorsale  autrement  que  réunies  ou  soudées. 
C'est  l'absence  plus  ou  moins  complète  de 
cette  région  dorsale  qui  caractérise  parti- 
culièrement le  prothorax  de  l'Abeille,  de 
la  Mouche  ou  du  Papillon  ;  au  contraire, 
Ja  région  sternale,  celle  des  flancs,  sont, 
en  général,  plus  développées.  Le  méso- 
thorax  offre  à  l'analyse  les  éléments  déjà 
indiqués  d'une  manière  beaucoup  plus  com- 
plète; cet  anneau  est  ordinairement  le  plus 
développé  des  trois,  et  ce  développement 
est  en  rapport  avec  les  ailes  qu'il  supporte. 
Ce  qui  le  prouve,  c'est  que  dans  les  Han- 
netons ,  dont  les  ailes  de  la  première  paire 
ne  servent  pas  au  vol,  ainsi  que  nous  le 
verrons  bientôt  ;  dans  les  Xenos ,  Sty- 
lops,  etc.,  qui  sont  dans  le  même  cas,  c'est 
le  métathorax  qui  est  le  plus  développé. 
Dans  les  Papillons,  au  contraire,  dans  les 
Abeilles,  dans  les  Libellules,  le  métatho- 
rax est  moins  développé  que  le  segment  pré- 
cédent. Enfin ,  dans  les  Mouches  propre- 
ment dites,  qui  n'ont  pas  la  seconde  paire 
d'ailes,  le  métathorax  est  rudimentaire  , 
tandis  que  le  mésothorax  a  pris  une  très 
grande  extension.  Donc,  pour  retrouver  les 
différentes  pièces  dont  se  compose  un  an- 
neau du  thorax  lorsqu'il  est  complet ,  il 
faut  étudier  le  mésothorax  d'un  Papillon, 
celui  d'une  Abeille,  ou  le  métathorax  d'un 
Hanneton.  II  arrive  cependant  que,  dans  les 
Coléoptères ,  groupe  qui  renferme  ce  der- 
nier Insecte ,  les  deux  derniers  anneaux  du 
thorax  sont  à  peu  près  également  dévelop- 
pés, tant  à  la  partie  supérieure  qu'aux 
parties  inférieures  et  latérales.  On  peut  en 
dire  autant  des  Névroptères ,  qui  renfer- 
ment les  Libellules  ou  Demoiselles ,  mais 
il  n'en  est  pas  de  même  pour  les  Diptères 


INS 


INS 


69 


(Mouches),  dans  lesquels  le  meta  thorax  est 
rudimen taire,  et  les  pièces  du  mésothorax 
sont  soudées  ou  réunies  entre  elles. 

En  général ,  un  anneau  du  thorax  est 
d'autant  plus  développé  qu'il  supporte  des 
ailes  et  des  pattes  plus  destinées  à  agir; 
c'est  pour  cela,  sans  doute,  que,  dans  les 
Hyménoptères  (  Guêpes ,  Abeilles) ,  la  por- 
tion sternale  est  plus  contractée;  ces  In- 
sectes volent,  en  effet,  plus  qu'ils  ne  mar- 
chent. Plusieurs  cependant  portent  une 
proie  assez  lourde ,  qui  exige  une  force  no- 
table dans  les  pattes  de  ces  animaux;  mais 
on  n'a  pas  encore  assez  étudié  ce  sujet  pour 
se  rendre  exactement  compte  de  toutes  les 
variétés  de  structure. 

Ne  pouvant  aborder  ici  l'étude  compara- 
tive de  toutes  les  pièces  du  thorax  dans  les 
divers  ordres  d'Insectes  ,  nous  signalerons 
seulement  quelques  faits  importants.  Il  ar- 
rive ,  par  exemple,  que  certaines  parties , 
simples  d'ordinaire,  ou  mieux  paires  et  sy- 
métriques, sont  quelquefois  divisées.  Tel 
est  le  scutum  du  métathorax  dans  le  Dy- 
tique (Audouin),  ce  qui  témoigne  suffisam- 
ment de  l'origine  double  des  sous-segments 
du  thorax  :  origine  indiquée,  dans  d'autres 
cas,  comme  nous  l'avons  dit,  par  une  su- 
ture longitudinale.  Dans  les  Hyménoptères, 
la  plus  grande  partie  de  la  région  dorsale 
du  thorax  est  formée  par  le  scutum  du  mé- 
sonotum ,  ou  partie  dorsale  du  deuxième 
segment.  Cette  pièce,  qui  figure  un  lo- 
sange, est  divisée  dans  toute  sa  longueur 
par  une  suture.  Or,  il  arrive  que  dans  les 
Mouches  dorées  (Chrysis) ,  et  quelques  au- 
tres groupes  d'Hyménoptères ,  chacune  des 
moitiés  de  ce  scutum  est,  en  outre,  divisée 
en  deux  parties  par  une  autre  suture  lon- 
gitudinale. Il  résulte  qu'il  y  a ,  de  chaque 
côté  du  scutum  ,  une  pièce  particulière  (pa- 
rapside  Mac-Leay),  que  les  uns  regardent 
comme  distincte,  les  autres  comme  unç 
simple  division  du  scutum.  De  plus,  dans 
les  Hyménoptères,  la  plus  grande  partie  du 
ruétanotum,  ou  portion  dorsale  du  troisième 
anneau  thoracique,  est  constituée  par  une 
grande  plaque  tantôt  lisse,  tantôt  striée, 
assez  souvent  partagée  en  deux  par  une  su- 
ture longitudinale.  Cette  plaque  est  pour 
les  uns  (Mac-Leay)  le  scutellum  du  méta- 
thorax, pour  d'autres  (Newport,  Westwood) 
le  scutum  et  le  scutellum  réunis  ;  pour  d'au- 


tres enfin  (Audouin),  c'est  un  des  segments 
de  l'abdomen  qui  vient  projeter  son  arceau 
dorsal  sur  le  métathorax ,  en  sorte  que  le 
premier  segment  apparent  de  l'abdomen 
n'en  serait  en  réalité  que  le  deuxième. 
M.  Newport  prétend  en  outre  que  le  tho- 
rax n'est  par  formé  de  trois  segments,  comme 
on  le  croit  d'ordinaire.  Il  y  ajoute  un  qua- 
trième segment ,  qui  serait  commun  au  tho- 
rax et  à  l'abdomen,  et  qu'il  nomme  à  cause 
de  cela  thoraco-abdominal.  Ce  segment,  ré- 
duit en  général  dans  ses  dimensions,  se  mon- 
tre particulièrement  à  la  base  de  l'abdomen 
dans  les  Papillons.  Enfin,  une  des  pièces 
des  flancs,  le  paraptère,  est  située  diverse- 
ment dans  les  différents  groupes  d'Insectes. 
Dans  les  Coléoptères  (Dytique) ,  cette  pièce 
fait  réellement  partie  des  flancs  et  remonte 
le  long  de  l'épisternum,  pour  atteindre  la 
base  des  élytres  ou  mésothorax  et  celle  des 
ailes  au  métathorax.  Dans  les  Lépidoptères 
et  les  Hyménoptères,  c'est  au-dessous  de 
l'origine  des  ailes,  ou  au  moins  des  ailes  an- 
térieures ,  que  se  trouve  situé  le  paraptère. 
C'est  la  pièce  à  laquelle  on  donne  ordinai- 
rement le  nom  d'écaillé  (  squama).  Dans  la 
plupart  des  Insectes ,  cette  pièce  n'existe  pas 
au  prothorax.  M.  Newport  la  retrouve  chez 
les  Coléoptères,  en  particulier,  dans  une 
partie  rudimentaire  qui  est  située  dans  la 
peau  entre  la  tête  et  le  prothorax,  et  que 
M.  Straus  nomme  pièce  jugulaire.  Cette 
pièce  jugulaire,  qui  existe  de  chaque  côté, 
est  pour  M.  Straus  le  rudiment  d'un  anneau 
du  corps  qui  ne  se  serait  pas  complètement 
développé. 

Outre  les  parties  indiquées ,  le  thorax  pré- 
sente encore  ordinairement  deux  paires  de 
stigmates  ,  qui  sont  les  ouvertures  pour  l'en- 
trée et  la  sortie  de  l'air.  De  ces  deux  paires 
de  stigmates ,  la  première  est  située  sur  les 
côtés  du  prothorax  et  la  seconde  sur  les  côtés 
du  mésothorax.  Cependant  la  position  de 
ces  segments  est  sujette  à  varier;  c'est  ainsi 
que,  dans  les  Hyménoptères,  on  trouve  or- 
dinairement la  seconde  paire  de  stigmates 
sur  les  côtés  du  métathorax.  Les  stigmates 
thoraciques  sont  surtout  caractérisés  par 
deux  espèces  de  volets  mobiles  ,  qui  s'oppo- 
sent à  la  sortie  de  l'air  au  gré  de  l'Insecte, 
et  ces  volets  mobiles  distinguent  les  stigma- 
tes thoraciques  des  stigmates  abdominaux  , 
qui  ne  sont  formés  que  par  des  poils  ou  dci 


INS 


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cils  croisés.  Les  stigmates  du  thorax  sont 
nommés  péritrèmes  par  Audouin  (  nepi, 
Tpfua,  autour  du  trou). 

Les  pattes  sont  les  organes  de  locomotion 
ou  de  déplacement  les  plus  constants  chez 
les  Insectes,  puisque  les  ailes  manquent  à 
quelques  uns  de  ces  animaux.  Tantôt  les  pat- 
tes sont  destinées  à  la  locomotion  terrestre, 
tantôt  à  la  locomotion  dans  l'eau;  quelque- 
fois ,  enfin ,  elles  sont  construites  de  manière 
à  servir  soit  pour  l'accouplement,  soit  pour 
saisir  ou  pour  porter  la  proie.  Ces  différents 
usages  des  pattes  sont  en  rapport  avec  des 
modifications  de  forme  qui  ne  changent  pas 
d'une  manière  notable  la  disposition  relative 
des  pièces  dont  ces  pattes  se  composent.  Les 
trois  paires  de  pattes  sont  en  général  sem- 
blables entre  elles,  si  ce  n'est  que  la  pre- 
mière est  plus  courte  que  la  deuxième,  et 
ainsi  de  suite.  En  partant  de  leur  insertion 
à  la  face  inférieure  du  thorax,  on  voit  qu'elles 
se  composent  :  1°  d'une  hanche,  pièce  diver- 
sement développée,  mais  ayant  le  plus  ordi- 
nairement une  forme sphéroïdale ou  ovoïde; 
2°  de  deux  petits  articles  appelés  trochanter 
et  trochantin  (Audouin) ,  qui  font  suite  à  la 
hanche  ;  3°  d'un  long  article ,  presque  tou- 
jours plus  épais  que  les  autres  et  qui  porte 
le  nom  de  cuisse  ;  4°  d'un  autre  article  sou- 
vent  aussi  long  que  le  précédent,  mais  plus 
grêle  et  qui  forme  la  jambe  \  5°  enfin  d'une 
série  de  petits  articles,  variant  de  1  à  5,  et 
connus  sous  le  nom  collectif  de  tarse. 

Les  deux  parties  extrêmes  de  ces  pattes 
servent  seules  à  caractériser  certains  grou- 
pes. Ainsi  la  hanche  présente  dans  sa  forme 
et  dans  son  mode  d'articulation,  soit  avec  le 
thorax,  soit  avec  le  reste  de  la  patte,  une 
disposition  qui  n'est  pas  la  même  à  beau- 
coup près  dans  toutes  les  familles.  Le  tarse, 
cependant,  offre  sous  ce  rapport  plus  d'in- 
térêt, surtout  à  cause  des  différences  qu'il 
présente  dans  le  nombre  de  ses  articles. 
Quelquefois  le  nombre  apparent  des  articles 
du  tarse  diffère  du  nombre  réel ,  parce  qu'un 
d'entre  eux  se  trouve  très  réduit  dans  ses  di- 
mensions et  en  partie  caché  par  ceux  qui 
l'avoisinent.  Quelquefois  encore  le  nombre 
des  articles  des  tarses  n'est  pas  le  même  à 
toutes  les  pattes.  Il  existe ,  par  exemple ,  un 
groupe  nombreux  de  Coléoptères  dont  les 
quatre  pattes  antérieures  ont  les  tarses  for- 
més de  cinq  articles ,  tandis  que  les  tarses 


des  deux  pattes  postérieures  n'en  comptent 
que  quatre.  Ces  Coléoptères  ont  reçu  ,  par 
suite  de  cette  disposition,  le  nom  ÏÏHétéro- 
mères. 

Les  tarses  se  terminent  d'ordinaire  pat 
deux  crochets  qui  sont  situés  à  l'extrémiti 
du  dernier  article,  et  entre  lesquels  on  voit 
quelquefois  un  sixième  article  plus  petit  que 
les  précédents.  Quelquefois  cet  article  sur- 
numéraire, en  quelque  sorte,  est  une  espèce 
de  palette  qui  paraît  servir  à  l'Insecte  pour 
se  fixer  sur  les  différents  corps.  Cette  palette 
est  tantôt  simple  et  tantôt  double,  comme 
dans  la  Mouche  des  appartements ,  qui  fait 
le  vide  à  l'aide  de  ces  petits  organes,  et  peut 
ainsi  se  soutenir  et  marcher  dans  une  situa- 
tion renversée.  Les  crochets  qui  terminent 
les  tarses  servent  évidemment  à  saisir,  à  se 
cramponner,  et  ils  offrent  assez  de  variété 
dans  leur  forme ,  les  uns  étant  doubles  ou 
bifides ,  les  autres  ayant  une  rangée  de 
dentelures  sur  leur  bord  concave ,  etc.  Dans 
les  mâles  de  certains  Insectes  (  Carabiques), 
plusieurs  des  articles  du  tarse  élargis  à  la 
face  inférieure  et  garnis  de  poils  forment  une 
sorte  de  velours  ou  de  papilles  disposées  sur 
deux  séries.  Ces  organes  servent  alors  à 
mieux  saisir  le  corps  de  la  femelle.  Dans  les 
Dytiques ,  il  existe  un  appareil  plus  com- 
pliqué. Le  tarse  forme  une  palette  circu- 
laire, pourvue  en  dessous  de  véritables 
ventouses.  Les  tarses ,  du  moins  les  anté- 
rieurs ,  manquent  constamment  à  quel- 
ques espèces  (Ateuchus  et  autres),  sans 
que  l'on  entrevoie  la  raison  de  cette  dispo- 
sition. 

Les  ailes  constituent  la  seconde  espèce 
d'organes  locomoteurs.  Elles  sont  situées  à 
la  partie  supérieure  et  latérale  du  thorax,  et 
sont,  comme  nous  l'avons  dit,  au  nombre 
d'une  paire  par  segment  du  thorax.  Le  pre- 
mier segment  thoracique  en  est  toujours 
dépourvu  ;  il  ne  porte  que  les  deux  pattes  de 
devant,  tandis  que  les  autres  segments  du 
thorax  supportent  chacun  deux  pattes  et 
deux  ailes.  Les  Diptères ,  ainsi  nommés  de 
ce  qu'ils  n'ont  que  deux  ailes  ,  ne  font  ce- 
pendant qu'une  exception  apparente  à  la 
règle.  Les  ailes  du  métathorax  sont  rem- 
placées chez  ces  Insectes  par  deux  petits  or- 
ganes appelés  balanciers  (haltères  ) ,  qui  se 
composent  d'une  tige  terminée  par  un  ren- 
flement, et  qui  semblerait,  d'après  certaines 


INS 


INS 


71 


expériences,  avoir  uneaction  sur  l'équilibre 
de  l'Insecte  pendant  le  vol. 

Les  ailes  peuvent  être  considérées  comme 
une  extension  des  téguments  communs  ou 
de  la  peau,  dépourvue  de  toute  partie 
solide,  si  ce  n'est  autour  de  certains  canaux 
qui  se  ramifient  entre  les  deux  couches  de  ces 
téguments.  Ces  canaux ,  qui  ont  reçu  depuis 
longtemps  le  nom  de  nervures,  et  que  M.  Mac- 
Leay  appelle pierygostia  (os  de  l'aile),  ren- 
ferment dans  leur  intérieur  une  trachée  et 
un  courant  sanguin ,  lorsque  l'aile  est  en 
voie  de  formation.  Lorsque,  au  contraire, 
.nu  moment  du  passage  de  l'Insecte  à  l'état 
parfait,  l'aile  acquiert,  comme  nous  l'avons 
vu  plus  haut,  son  extension  définitive,  le 
courant  sanguin  s'arrête,  et  l'on  trouve  des 
débris  de  corpuscules  sanguins  desséchés 
dans  l'intérieur  des  canaux  ou  nervures, 
comme  l'a  observé  M.  Newport(l).  On 
admet  qu'il  se  dépose  de  la  chitine ,  ou 
matière  solide  des  téguments  des  Insectes  , 
sur  les  parois  des  nervures  des  ailes,  et  c'est 
à  la  surabondance  d'un  semblable  dépôt 
qu'est  due  la  consolidation  complète  des 
ailes  antérieures  des  Coléoptères  (  Hanne- 
tons), des  Orthoptères  (Sauterelles)  et  de 
certains  Hémiptères  (Punaises).  Ces  ailes  ont 
reçu  le  nom  spécial  û'élytres  ,  qui  veut  dire 
étui  ;  et  en  effet,  elles  recouvrent  l'abdomen 
et  les  deux  derniers  anneaux  du  thorax,  qui 
se  trouvent  alors  placés  comme  dans  une 
gaine  ou  un  étui.  Dans  tous  les  autres  In- 
sectes, les  ailes  restent  membraneuses; 
leurs  nervures  s'épaississent  diversement; 
les  plus  voisines  du  bord  antérieur  des  ailes 
acquièrent  en  effet  plus  de  consistance,  et  les 
autres  en  prennent  d'autant  moins ,  en  gé- 
néral ,  qu'elles  sont  plus  voisines  de  l'extré- 
mité et  du  bord  postérieur.  Le  grand  nom- 
bre de  trachées  qui  se  répandent  dans  les 
^iles  a  fait  considérer  ces  organes ,  par  quel- 
ques savants,  comme  étant  une  dépen- 
dance de  l'appareil  respiratoire. Quoi  qu'il  en 
soit ,  la  disposition  que  présentent  les  ner- 
vures dans  les  ailes  des  Insectes  fournit  de 
ons  caractères  pour  la  classification ,  en 
raison  même  de  la  constance  de  cette  dis- 
position dans  un  même  ordre  d'Insectes. 
Ainsi  ces  nervures ,  très  nombreuses  dans 
les  Névroptères  (  Libellules  )  et  dans  les  Or- 
thoptères (Sauterelles),  où  elles  forment  un 

(i)  Ann.  des  tc.nat.,  i845. 


réseau  à  mailles  très  serrées,  le  deviennent 
moins  dans  les  Hémiptères  (Abeilles),  dans 
les  Diptères  (  Mouches  ),  dans  les  Lépidop- 
tères (Papillons).  On  a  nommé  cellules  les 
intervalles  compris  entre  les  nervures,  et  ces 
cellules  ont  été  distinguées  en  cellules  mar- 
ginales, sous-marginales,  discoïdales ,  etc., 
d'après  leur  position  à  l'égard  des  bords  de 
l'aile.  C'est  dans  le  nombre  et  la  position 
de  ces  cellules  que  l'on  a  pris  des  caractères 
pour  certains  groupes  d'Insectes.  Quelque- 
fois ces  cellules  et  les  nervures  qui  les  sépa- 
rent sont  plus  ou  moins  masquées  par  des 
poils;  mais  elles  le  sont  surtout,  dans  les 
Papillons,  par  des  appendices  particuliers, 
que  l'on  nomme  écailles  et  qui  recouvrent 
les  deux  surfaces  des  ailes.  Ces  écailles  sont 
un  repli  de  la  peau ,  ou  de  la  membrane  des 
ailes;  ce  sont  presque  des  ailes  en  petit, 
qui  renferment  entre  les  deux  lamelles  dont 
elles  sont  formées ,  un  dépôt  de  matière  co- 
lorante. C'est  à  la  présence  de  ces  écailles, 
supportées  par  un  pédicule  et  insérées  par 
lignes  régulières  sur  la  surface  de  l'aile,  que 
sont  dues  les  couleurs  variées  et  parfois  si 
brillantes  que  présente  l'aile  des  Papillons. 

Dans  les  Insectes  à  quatre  ailes ,  les  deux 
ailes  d'un  même  côté  du  corps  sont  souvent 
retenues  par  un  appareil  particulier.  Dans 
les  Hyménoptères ,  c'est  une  série  de  cro- 
chets recourbés ,  qui  garnissent  une  portion 
du  bord  antérieur  des  ailes  de  la  seconde 
paire  et  qui  se  fixent ,  pendant  le  vol,  au 
bord  postérieur  des  ailes  de  devant,  de 
manière  à  présenter  à  l'air  une  surface  plus 
étendue.  Dans  les  Lépidoptères,  c'est  un 
frein  ,  une  espèce  de  cordon  ,  qui  passe  de 
l'aile  antérieure  à  l'aile  postérieure, et  rem- 
plit le  même  office  que  les  crochets  dans  ie 
cas  précédent.  Dans  les  autres  ordres  d'In- 
sectes, les  quatre  ailes  agissent  isolément; 
et  quand  les  ailes  antérieures  sont  épaisses, 
on  admet  qu'elles  servent  peu  ou  point 
au  vol. 

Certaines  espèces  d'Orthoptères,  telles 
que  les  Sauterelles ,  les  Grillons ,  appelés 
vulgairement  cri-cri,  ont  une  partie  de 
leurs  ailes  antérieures  plus  minces  que  le 
reste  et  formant  une  espèce  de  tambour  ou 
de  tympan.  Une  des  nervures  qui  traversent 
ce  tambour  est  armée  de  dentelures  sur  les- 
quelles frotte,  pendant  le  mouvement  alter- 
natif des  ailes  l'une  sur  l'autre,  le  bord  sail- 


72 


INS 


tant  de  l'aile  opposée ,  de  manière  à  faire 
résonner  le  tambour  et  à  produire  des  sons 
que  tout  le  monde  connaît.  Cette  disposition 
est ,  en  général ,  l'attribut  des  mâles  ;  mais 
on  la  trouve  aussi  sur  les  ailes  des  femelles, 
quoique  moins  prononcée  et  hors  d'état  de 
donner  lieu  aux  mêmes  phénomènes.  On 
peut,  sur  un  Insecte  mort,  faire  résonner 
les  ailes  en  les  frottant  Tune  sur  l'autre,  et 
produire  alors  le  même  son  que  dans  l'In- 
secte vivant. 

Enfin ,  les  ailes  de  la  seconde  paire  man- 
quent quelquefois  dans  certains  Coléop- 
tères. Dans  ce  cas ,  les  élytres  sont  ordi- 
nairement soudées  dans  toute  leur  longueur, 
et  la  face  dorsale  de  l'abdomen  ,  en  rapport 
avec  ces  élytres,  reste  molle,  comme  si  la 
présence  d'un  organe  protecteur  rendait 
inutile  la  solidification  de  cette  partie  des 
téguments. 

Vabdomen  est  la  troisième  région  du 
corps  des  Insectes ,  celle  qui  vient  après  le 
thorax.  Elle  est  formée  d'une  suite  d'an- 
neaux dont  le  nombre  varie  suivant  leâ 
groupes,  et  ce  nombre  sert  dans  quelques  cas 
à  caractériser  le  sexe  à  l'extérieur.  Il  arrivé 
souvent  que  le  nombre  des  anneaux  de  l'ab- 
domen n'est  pas  le  même  à  la  face  dorsale 
qu'à  la  face  ventrale.  Il  est  moindre  en  gé- 
néral à  la  face  ventrale ,  parce  qu'alors 
quelques  uns  des  arceaux  ou  demi-arceaux 
dont  se  compose  chacun  des  segments  de 
l'abdomen  entrentdans  la  formation  de  l'ap- 
pareil génital.  Dans  quelques  Insectes,  tels 
que  les  Chrysis,  la  moitié  au  moins  des 
segments  de  l'abdomen  est  réduite  à  l'état 
rudimentaire,  et  constitue  un  fourreau  ar- 
ticulé comme  le  tube  d'une  lunette  d'ap- 
proche, à  l'extrémité  duquel  est  placé  l'ai- 
guillon des  femelles.  Il  résulte  de  cette  dis- 
position que  le  nombre  des  segments  de 
l'abdomen  n'est  que  de  trois  ou  de  quatre 
dans  ces  Insectes ,  ce  qui  varie  selon  les 
sexes.  Les  Chrysis  forment  une  division  de 
l'ordre  des  Hyménoptères,  que  l'on  a  nom- 
mée celle  des  Porte-tuyaux,  Tubuiifères,  à 
cause  de  la  disposition  particulière  des  der- 
niers anneaux  de  leur  abdomen.  Dans  d'au- 
tres Hyménoptères  (les  Tenthrèdes,  les  Ich- 
neumons)  et  dans  quelques  Orthoptères 
(Sauterelles),  les  arceaux  inférieurs  des  der- 
niers segments  abdominaux  contribuent  à 
la  formation  d'un  organe  particulier  (ta- 


INS 

rière)  qui  sert  à  déposer  les  œufs.  En  gé- 
néral ,  les  anneaux  de  l'abdomen  ont  la 
même  consistance  dans  toutes  leurs  parties, 
et  ils  sont  réunis  par  la  peau  de  manière  à 
pouvoir  rentrer  plus  ou  moins  les  uns  dans 
les  autres  d'arrière  en  avant.  Chaque  arceau 
est  en  outre  disposé  de  telle  sorte  qu'il  peut 
s'écarter  de  l'arceau  qui  lui  correspond  en 
distendant  la  peau.  Cette  distension  est 
quelquefois  très  prononcée  dans  les  femelles, 
lorsque  leur  abdomen  est  rempli  d'oeufs. 
Dans  quelques  espèces  de  Coléoptères,  dont 
les  premières  ailes  ou  les  élytres  sont  sou- 
dées ,  la  face  dorsale  de  l'abdomen ,  qui  est 
exactement  recouverte  par  ces  élytres,  reste 
molle.  C'est,  en  général,  entre  les  extré- 
mités des  deux  arceaux  de  chaque  segment 
abdominal  que  se  trouvent  situés  les  stig- 
mates; quelquefois  aussi  ils  sont  percés 
dans  l'arceau  supérieur  ou  dorsal.  Il  y  a ,  en 
général ,  presque  autant  de  paires  de  stig- 
mates qu'il  y  a  de  segments  à  l'abdomen. 

C'est  enfin  dans  cette  région  du  corps 
que  sont  renfermés  la  plupart  des  organes 
intérieurs,  tandis  que  le  thorax  contient 
particulièrement  les  muscles  destinés  à 
mettre  en  mouvement  les  pattes  et  les  ai- 
les ,  et  que  la  tête  est  surtout  le  siège  des 
organes  des  sens.  Les  trachées  ou  organes 
de  la  respiration  ,  le  commencement  du 
canal  intestinal  ou  l'œsophage,  une  partie 
du  vaisseau  dorsal  et  une  portion  notable 
du  cordon  nerveux  principal,  sont  renfer- 
més dans  la  tête  et  dans  le  thorax  ;  les  or- 
ganes de  la  génération  sont  au  contraire 
contenus  entièrement  dans  l'abdomen.  Dans 
les  Insectes ,  l'abdomen  ne  supporte  pas 
d'autres  appendices  que  ceux  qui  dépen- 
dent de  l'appareil  génital,  et  ces  appendices 
peuvent  en  général  se  retirer  dans  son  in- 
térieur :  c'est  ce  qui  arrive  même  dans  la 
tarière  de  certaines  espèces. 

Les  muscles,  ou  principaux  organes  de  la 
locomotion ,  sont  nécessairement  situés  à 
l'intérieur ,  comme  dans  les  Tortues.  Ils 
prennent  généralement  leur  insertion  sur 
des  crêtes,  des  saillies,  des  téguments  (épi- 
dèmes),  et  quelquefois  sur  des  pièces  parti- 
culières qui  font  en  quelque  sorte  l'office 
de  tendons  (apodèmes).  Le  premier  mode 
d'insertion  a  lieu  dans  le  corps;  le  second 
existe  plus  ordinairement  dans  les  mem- 
bres ,  y  compris  les  pièces  de  la  bouche. 


1NS 

Les  muscles  des  Insectes  sont  formés  de  fi- 
bres plus  généralement  isolées  que  ceux  des 
animaux  vertébrés;  ces  fibres  ne  se  réunis- 
sent pas  ,  comme  dans  ces  derniers  ,  pour 
former  des  faisceaux ,  et  ne  sont  pas  ,  par 
conséquent,  revêtus  de  cette  enveloppe  com- 
mune que  Ton  appelle  aponévrose.  Les  fi- 
bres musculaires  sont  disposées  de  manière 
a  former  des  couches  ou  des  séries  de  cor- 
dons parallèles.  Tantôt  ces  couches  sont 
plates  et  constituent  des  espèces  de  rubans  : 
tels  sont  les  muscles  de  l'abdomen  ;  tantôt 
ces  couches  sont  plus  épaisses  et  forment  de 
véritables  faisceaux,  comme  dans  les  mus- 
cles du  thorax.  Chaque  fibre  musculaire 
peut  se  séparer  en  fibrilles  par  la  macéra- 
tion. On  trouve  aussi  des  stries  transver- 
sales à  la  surface  des  fibres ,  comme  dans 
les  animaux  vertébrés.  On  conçoit  que  dans 
les  larves  d'Insectes  dont  les  anneaux  sont 
presque  tous  de  la  même  forme  ,  les  mus- 
cles offrent  une  disposition  assez  simple. 
Ils  se  composent  surtout  de  plusieurs  cou- 
ches de  fibres  qui  s'étendent  dans  toute  la 
longueur  du  corps.  Dans  les  larves  apodes, 
le  système  musculaire  doit  donc  être  le  plus 
simple  possible;  mais  lorsque  les  larves 
d'Insectes  sont  pourvues  de  pattes ,  il  sur- 
vient une  plus  grande  complication  dans  la 
disposition  des  parties  musculaires.  C'est 
pourquoi  aussi  les  muscles  de  la  tête  sont 
plus  nombreux  et  plus  compliqués  que  ceux 
des  autres  parties  du  corps ,  car  c'est  là 
qu'il  existe  le  plus  d'appendices.  Les  sail- 
lies ,  les  espèces  de  cloisons  que  présentent 
à  l'intérieur  les  téguments  céphaliques  , 
servent  à  l'insertion  des  muscles  qui  y  sont 
logés.  Il  en  est  de  même  au  thorax  ,  dans 
lequel  certaines  pièces  élémentaires  rentrées 
à  l'intérieur  forment  aussi  des  cloisons  in- 
complètes (phragmata  des  auteurs  anglais), 
sur  lesquelles  viennent  se  fixer  les  extrémi- 
tés des  muscles  qui  font  mouvoir  les  ailes 
et  les  pattes. 

C'est  dans  les  ouvrages  de  MM.  Straus  et 
Newport  qu'il  faut  étudier  la  distribution 
des  muscles  dans  le  corps  des  Insectes,  sans 
parler  de  Lyonnet,  qui,  le  premier,  les  a 
décrits  dans  les  Chenilles.  Le  défaut  de 
place  et  de  figures  nous  empêche  absolu- 
ment d'aborder  cette  étude. 

Le  vaisseau  dorsal  ou  le  cœur  est  le  pre- 
mier organe  qui  se  présente  à  l'observa- 
t.  vu. 


INS 


73 


teur,  lorsqu'on  vient  à  ouvrir  le  corps  d'un 
Insecte  par  la  face  dorsale,  et  qu'on  a  sou- 
levé les  téguments  et  les  muscles.  C'est  un 
vaisseau  qui  s'étend  de  la  tête  à  l'extré- 
mité du  corps ,  et  que  ses  contractions  et 
ses  dilatations  successives  rendent  très  vi- 
sible dans  certaines  larves  d'Insectes  ,  soit 
terrestres,  soit  aquatiques.  Dans  l'Insecte 
parfait,  la  partie  du  vaisseau  dorsal  située 
dans  l'abdomen  est  plus  large  que  toute  la 
portion  antérieure.  Cette  dernière,  renfer- 
mée dans  la  tête  et  dans  le  thorax,  s'inflé- 
chit plusieurs  fois ,  deux  fois  au  moins , 
pour  passer  sous  les  demi-cloisons  formées 
par  les  parois  du  thorax.  Lorsqu'elle  est 
parvenue  dans  la  tête ,  elle  s'y  divise  en 
plusieurs  branches,  dont  deux  principales. 
Ces  branches  sont  courtes,  et  ne  paraissent 
pas  se  continuer  avec  d'autres  vaisseaux. 

La  structure  du  vaisseau  dorsal  est  mus- 
culaire. Dans  l'abdomen ,  il  est  partagé  en 
plusieurs  loges  incomplètes  placées  les  unes 
à  la  suite  des  autres.  On  lui  reconnaît  deux 
ou  trois  couches,  dont  l'intérieure  estployée 
et  striée;  la  moyenne  présente  des  fibres 
longitudinales  fortes  et  épaisses  ;  et  l'exté- 
rieure serait  une  membrane  transparente, 
sans  structure  appréciable  (Newport),  et 
qui  envelopperait  le  cœur  sans  suivre  les 
inflexions  de  la  membrane  musculaire.  Les 
loges  que  renferme  le  cœur  sont  dues  à  des 
replis  de  parois ,  replis  en  forme  de  val- 
vules ,  décrits  par  M.  Straus  dans  le  Han- 
neton. Chaque  loge  présente  une  ouverture 
de  chaque  côté ,  et  les  replis  sont  disposés 
de  telle  manière  que  le  sang  qui  pénètre 
par  ces  ouvertures  ne  peut  sortir  par  la 
même  voie.  Le  nombre  des  loges  paraît 
varier  avec  les  espèces.  Il  est  de  neuf  dans 
le  Hanneton  ,  d'après  M.  Straus  ;  de  sept 
dans  leLucaneCerf-Volant,  suivant  M.  New- 
port; de  cinq  dans  le  Bourdon  terrestre, 
d'après  le  même  auteur.  On  se  demande  si 
ce  nombre  varie  dans  la  larve  et  l'Insecte 
parfait.  M.  Newport  répond  à  cela  que  dans 
le  Sphinx  ligustri,  il  l'a  toujours  trouvé  de 
huit,  tant  dans  la  larve  que  dans  l'Insecte 
parfait,  et  qu'il  en  est  de  même  pour  plu- 
sieurs autres  Lépidoptères. 

Lorsqu'on  examine  le  cœur  dans  des  In- 
sectes transparents ,  tels  que  des  larves 
aquatiques,  on  aperçoit  autour  de  ces  or- 
ganes un  courant  sanguin  ,  indiqué  par  I« 

10 


INS 


1NS 


mouvement  des  globules  que  renferme  le 
sang.  Ce  courant  se  produit  d'arrière  en 
avant  dans  la  longueur  du  corps  ,  et  on  le 
suppose  limité  par  une  enveloppe  très  mince, 
dont  l'existence  est  tout-à-fait  douteuse. 
L'espace  que  limite  ou  non  cette  enveloppe 
est  regardée  comme  une  oreillette ,  parce 
qu'elle  joue  à  l'égard  du  cœur  des  Insectes 
le  même  rôle  que  les  oreillettes  du  cœur  des 
animaux  vertébrés. 

On  a  nommé  les  ailes  du  cœur  des  mus- 
cles triangulaires,  partant  de  chaque  loge, 
où  ils  sont  aussi  larges  que  la  longueur  de 
•a  loge  elle-même  ,  et  finissant  en  pointe 
pour  aller  s'attacher  sur  les  côtés  des  seg- 
ments abdominaux.  Ces  muscles,  outre  l'u- 
sage qu'ils  ont  de  fixer  le  corps  en  place , 
servent  à  dilater  chaque  loge  en  la  raccour- 
cissant lorsqu'ils  se  contractent ,  ou  à  l'al- 
longer au  contraire  dans  le  moment  où  ils 
se  dilatent.  Chacun  de  ces  muscles  est  dou- 
ble ,  et  ils  s'attachent  par  conséquent  à  la 
face  dorsale  et  à  la  face  ventrale  du  cœur; 
c'est  entre  les  deux  couches  de  ces  muscles 
qu'est  située  l'espèce  d'oreillette  dont  nous 
avons  parlé. 

La  portion  du  cœur  qui  traverse  le  tho- 
rax et  la  tête  a  été  comparée  avec  raison  à 
l'aorte  des  animaux  vertébrés.  C'est  cette 
portion  du  cœur,  en  effet,  qui  porte  le  sang 
dans  les  différentes  parties  du  corps ,  ou 
plutôt  dans  la  tête,  d'où  il  revient  dans  la 
cavité  du  corps  et  de  ses  appendices.  Le  mou- 
vement du  sang  a  donc  lieu  d'arrière  en 
*  avant  pour  le  sang  qui  passe  par  le  cœur  , 
et  d'avant  en  arrière  au  contraire  pour  ce- 
lui qui  traverse  librement  le  corps.  Le  sang 
ainsi  épanché  dans  la  cavité  générale  pé- 
nètre dans  le  cœur  par  les  ouvertures  laté- 
rales qui  sont  percées  dans  chaque  loge  de 
cet  organe.  Quelques  auteurs  récents  ,  tels 
que  MM.  Bowerbank,  Newport,  prétendent 
qu'il  existe  des  vaisseaux  pour  le  passage  du 
sang  au  travers  du  corps  ;  que  ces  vaisseaux 
avoisinent  le  passage  des  trachées  ou  orga- 
nes respiratoires  des  Insectes ,  et  ramènent 
ainsi  le  oang  au  cœur.  Cependant  l'existence 
de  semblables  vaisseaux  est  très  probléma- 
tique, et  il  paraît  certain  que  dans  quelques 
parties  du  corps,  dans  les  pattes  en  parti- 
culier, il  n'existe  pas  de  parois  vasculaires. 
On  voit ,  à  l'aide  du  microscope  ,  les  cou- 
rants sanguins  s'arrêler  tout-à-coup ,   re- 


brousser chemin;  on  les  Toit  décrire  des 
contours  bien  déterminés,  et  cependant  on 
ne  distingue  pas  de  membrane  qui  serve  à 
les  circonscrire. 

La  circulation  du  sang  dans  les  Insectes 
a  été  reconnue  d'abord  par  M.  Carus  et 
constatée  depuis  par  différents  observateurs, 
parmi  lesquels  il  faut  mentionner  surtout 
les  deux  auteurs  que  nous  avons  cités  plus 
haut.  Le  sang  des  Insectes  est  généralement 
pâle,  quelquefois  verdâtre  ou  rougeâtre,  et 
renferme  des  corpuscules  allongés,  un  peu 
aplatis,  qui  diffèrent  d'ailleurs  de  forme 
dans  les  différents  états  de  l'Insecte,  et  qui 
deviennent  globuleux,  dit  M.  Newport, 
comme  les  globules  du  sang  des  Vertébrés, 
dès  qu'on  le  met  en  contact  avec  l'eau.  Ce 
sont  surtout  ces  globules  qui  rendent  visibles 
les  courants  sanguins,  lorsqu'on  les  examine 
au  dehors  du  cœur.  Ils  paraissent  cependant 
ne  pas  exister  partout.  Ainsi  ils  manquent 
dans  certaines  larves  aquatiques  [Quatre- 
fages  (1)],  dont  le  corps  est  rouge,  et  qui 
paraissent  être  des  larves  de  Tipulaires. 

M.  Newport  décrit,  sous  le  nom  de  vais- 
seau supraspinal,  un  canal  qui  s'étend  sur 
la  face  supérieure  du  cordon  nerveux  prin- 
cipal, dans  la  portion  abdominale  de  ce  cor- 
don chez  les  Lépidoptères  à  l'état  parfait. 
Ce  vaisseau  est  protégé,  suivant  lui,  par  des 
fibres  musculaires  dirigées  en  travers  du 
corps  et  destinées  à  le  séparer  de  la  cavité 
commune.  Nous  ne  suivrons  pas  cet  auteur 
dans  la  description  de  ce  vaisseau ,  ni  des 
autres  parties  de  l'appareil  circulatoire  des 
Insectes  ;  mais  nous  engageons  le  lecteur  à 
lire  l'article  Insectes  qu'il  a  publié  dans  l'En- 
cyclopédie anglaise  d'anatomie  et  de  physio- 
logie, ainsi  que  les  recherches  de  M.  Bower- 
bank, dans  le  Magasin  entomologique  de 
Londres. 

Le  canal  intestinal  s'étend  dans  toute  la 
longueur  du  corps ,  au-dessous  du  cœur  ou 
mieux  du  vaisseau  dorsal.  C'est  un  tube 
tantôt  droit  et  de  la  longueur  du  corps  seu- 
lement, comme  dans  les  chenilles,  tantôt 
contourné  de  manière  à  décrire  de  nombreu- 
ses circonvolutions,  et,  dans  ce  cas,  il  est 
plus  long  que  le  corps.  Ce  tube  n'a  pas  d'ail- 
leurs le  même  diamètre  partout;  il  présente 
des  étranglements  qui  le  divisent  en  régions 

(i)  Communication  faite  à  la  Société  philomatiquc  en  août 
i8ii. 


INS 


ÏNS 


75 


distinctes,  comme  cela  a  lieu  dans  les  ani- 
maux vertébrés.  Lorsqu'il  n'a  que  la  longueur 
du  corps,  son  diamètre  est  très  considérable, 
comme  pour  suppléer  à  son  défaut  d'éten- 
due dans  le  sens  de  la  longueur;  dans  le  cas 
contraire ,  son  diamètre  est  très  réduit,  et 
varie  d'ailleurs  avec  les  différentes  parties  du 
canal  lui-même. 

On  reconnaît  trois  couches  ou  enveloppes 
au  canal  intestinal  :  une  couche  extérieure, 
appelée  péritonéale  par  quelques  auteurs; 
une  couche  moyenne  ou  musculaire;  une 
couche  intérieure  ou  muqueuse.  La  couche 
extérieure  est  très  mince,  blanche  et  trans- 
parente, et  revêt  la  couche  musculaire  dans 
toute  la  longueur  du  canal.  On  la  détache 
très  difficilement  de  la  couche  musculaire, 
mais  on  la  reconnaît  en  soumettant  au  mi- 
croscope une  portion  du  canal  intestinal 
(Newport).  La  couche  musculaire  est  très 
prononcée  et  formée  de  fibres,  les  unes 
longitudinales,  les  autres  transversales,  qui 
s'entrecroisent  avec  des  fibres  obliques,  sui- 
vant certains  auteurs.  La  couche  muqueuse 
est  considérée  comme  formée  de  deux  autres 
couches  qui  auraient  une  structure  diffé- 
rente. De  ces  deux  couches,  la  plus  intérieure 
serait  une  membrane  mince,  plus  visible  à  la 
partie  antérieure  du  canal  intestinal  qu'à 
sa  partie  postérieure.  Cette  couche  serait 
celle  qui  entrerait  dans  la  formation  dé  cer- 
taines parties  solides  que  l'on  trouve  à  la 
partie  antérieure  du  canal  intestinal,  sous 
l'aspect  de  dents  cornées,  comme  cela  a  lieu 
dans  quelques  Coléoptères  et  Orthoptères. 
L'autre  couche,  ou  l'autre  feuillet,  pour  ainsi 
dire,  de  la  couche  muqueuse,  est  placée  par 
conséquent  entre  le  feuillet  précédent  et  la 
couche  musculaire.  Sa  structure  est  rarement 
distincte,  si  ce  n'est  dans  l'Hydrophile 
{H.  piceus)  et  quelques  autres  Insectes,  où 
elle  présente  une  apparence  glanduleuse. 

Le  canal  intestinal  se  compose  en  général 
du  pharynx  ou  fond  de  la  cavité  buccale, 
de  Vœsophagc,  du  jabot,  du  gésier,  de  Ves- 
iomac  (ventricule  chylifîque  Léon  Dufour), 
de  Vinteslin  grêle  et  du  gros  intestin  (colon 
et  rectum).  Le  jabot,  qui  rappelle  la  même 
partie  dans  les  Oiseaux,  n'est  pas  situé  dans 
l'axe  du  tube  intestinal.  C'est  une  espèce 
de  vessie  qui  ne  tient  au  canal  intestinal  que 
par  un  pédicule  étroit,  et  se  rencontre  sur- 
tout dans  les  Insectes  suceurs,  tels  que  les 


Lépidoptères  et  les  Diptères  :  aussi  a-t-on 
supposé  que  cet  organe  avait  pour  objet  de 
faire  le  vide  dans  l'œsophage  et  de  permettre 
ainsi  l'arrivée  des  aliments  (Burmeister); 
mais  il  paraît  qu'on  y  trouve  quelquefois  de 
la  substance  alimentaire  (Newport),  et  que 
c'estun  appareil  préparatoire  delà  digestion. 
L'œsophage  est  un  tube  plus  ou  moins  long, 
intermédiaire  entre  la  bouche  et  le  jabot,  ou 
entre  la  bouche  et  le  gésier,  quand  le  jabot 
n'existe  pas.  Le  gésier  forme  la  seconde  po- 
che stomacale,  quand  il  y  a  un  jabot,  ou  la 
première,  dans  le  cas  contraire;  il  est  sur- 
tout caractérisé  par  les  replis  saillants ,  ou 
les  dents,  les  épines  saillantes  dont  il  est 
armé.  L'estomac  est  la  troisième  ou  la  se- 
conde poche  gastrique,  suivant  que  le  jabot 
existe  ou  n'existe  pas.  Ce  qui  le  distingue 
surtout,  c'est  qu'il  donne  insertion  par  son 
extrémité  inférieure  aux  vaisseaux  biliaires, 
sorte  de  canaux  très  longs  et  très  sinueux 
dont  nous  parlerons  bientôt.  On  voit  que  les 
Insectes,  de  même  que  les  oiseaux  et  les 
mammifères  ruminants ,  sont  des  animaux 
à  estomac  multiple.  II  y  a  ce  rapport  entre 
les  Insectes  et  les  oiseaux,  que  le  jabot 
n'existe  pas  toujours,  ce  qui  réduit  à  deux 
le  nombre  des  poches  stomacales.  Il  faut 
toutefois  remarquer  que  le  gésier  des  Insectes 
ne  correspond  pas  à  celui  des  oiseaux;  c'est 
la  deuxième  poche  dans  les  Insectes,  tandis 
que  c'est  la  troisième  dans  les  oiseaux.  L'in- 
testin grêle  fait  suite  à  l'insertion  des  vais- 
seaux biliaires,  lorsque  ceux-ci  n'ont  qu'un 
point  d'insertion;  il  est  plus  ou  moins  long 
et  contourné  sur  lui-même,  et  diffère  surtout 
par  son  diamètre  du  gros  intestin.  Ceux-ci 
se  divisent  quelquefois  en  colon  et  en  rectum, 
et  quelquefois  aussi  il  existe  un  appendice 
(cœcum)  entre  l'intestin  grêle  et  le  gros  in- 
testin. 

Outre  le  caractère  que  présente  l'estomac 
dans  l'insertion  des  vaisseaux  biliaires,  il 
en  possède  souvent  un  autre  dans  la  pré- 
sence, à  sa  surface  externe  ,  d'un  grand 
nombre  d'appendices  ou  petits  canaux  aveu« 
gles,  qui  sont  tapissés  à  l'intérieur  par  la 
muqueuse  de  l'estomac,  et  sont  considérés 
par  M.  Léon  Dufour  comme  servant  au  pas- 
sage du  chyle,  qui  se  répandrait  ainsi  libre- 
ment dans  la  cavité  générale  du  corps. 
D'autres  (Newport)  les  regardent  comme  des 
organes  de  sécrétion,  destinés  à  verser  dana 


76 


ms 


i'estomac  un  liquide  différent  de  celui  que 
fournissent  les  vaisseaux  biliaires.  Ces  der- 
niers se  réunissent  à  l'estomac  en  arrière, 
par  la  portion  de  cet  organe  appelée  pylo- 
rique  ,  comme  dans  les  animaux  vertébrés. 
Ce  sont  des  canaux  au  nombre  de  deux ,  de 
auatre ,  de  six ,  et  quelquefois  même  au 
«ombre  de  vingt  ou  de  cent ,  comme  dans 
quelques  Hyménoptères  et  Orthoptères.  Ils 
constituent  de  longs  tubes  très  repliés  sur 
eux-mêmes,  et  qui  s'appliquent  sur  la  por- 
tion postérieure  de  l'estomac ,  et  sur  une 
grande  partie  de  l'intestin  grêle.  On  a  cru 
pendant  longtemps  qu'ils  allaient,  par  leur 
extrémité,  prendre  une  nouvelle  insertion 
sur  la  partie  postérieure  du  canal  intesti- 
nal ;  mais  on  a  reconnu  depuis  (Newport, 
Léon  Dufour)  qu'il  n'y  avait  pas  continuité 
entre  les  canaux  de  l'estomac  et  ceux  du 
gros  intestin.  Ils  se  terminent  les  uns  et 
les  autres  en  une  portion  très  étroite  ,  très 
grêle,  qui  doit  plutôt,  comme  le  dit  M.  New- 
port  ,  être  regardée  comme  leur  origine  que 
comme  leur  terminaison,  celle-ci  ayant  lieu 
dans  l'estomac.  D'après  ce  dernier  auteur, 
les  vaisseaux  biliaires,  dans  la  larve  de  la 
plupart  des  Lépidoptères,  présentent  à  leur 
surface  extérieure  un  très  grand  nombre  de 
petits  appendices ,  que  l'on  retrouve  dans 
d'autres  Insectes  à  l'état  parfait,  tels  que  le 
Hanneton.  Ces  petits  appendices  des  vais- 
seaux biliaires  se  terminent ,  dans  les  Che- 
nilles, par  un  vaisseau  très  fin,  qui  se  perd 
dans  les  vésicules  du  tissu  adipeux  ou  grais- 
seux. Dans  le  Papillon  ,  les  appendices  des 
vaisseaux  biliaires  sont  dépourvus  de  leur 
petit  vaisseau  terminal. 

M.  Newport  ayant  fait  prendre  à  quelques 
individus  d'un  Lépidoptère  fort  commun 
{Vanessa  urlicœ)  de  Veau  sucrée  colorée 
avec  de  l'indigo,  les  ouvrit  deux  heures 
après,  et  trouva  l'estomac  rempli  d'un  li- 
quide qui  renfermait  une  grande  quantité 
de  granules  colorés  en  rouge.  Ces  granules 
lui  parurent  être  ceux  de  l'indigo  sur  les- 
quels avait  réagi  l'acide  de  l'estomac  qui 
s'en  était  saturé.  D'autres  granules,  qui 
avaient  passé  au-delà  du  pylore,  jusque 
dans  l'intestin  grêle  et  le  gros  intestin, 
avaient  repris  leur  couleur  bleue,  ce  qui  in- 
diquait l'action  d'un  alcali ,  produit  soit 
par  les  vaisseaux  biliaires,  soit  par  l'intes- 
tin grêle  lui-même.  Les  vaisseaux  biliaires 


LNS 

présentaient  aussi  la  couleur  des  granules 
contenus  dans  l'estomac,  ce  qui  indique- 
rait qu'ils  possèdent  aussi  une  réactioi, 
acide.  Déjà  M.  Aube  avait  trouvé  dans  les 
vaisseaux  biliaires  d'un  Lucane  de  petits 
calculs,  que  M.  Audouin  a  reconnus  pour 
des  calculs  formés  d'acide  urique.  On  s'ex- 
plique difficilement,  malgré  ces  faits,  com- 
ment la  sécrétion  d'une  sorte  de  substance 
urinaire  aurait  lieu  dans  une  portion  aussi 
antérieure  que  l'estomac ,  et  les  fonctions 
des  vaisseaux  biliaires  sont  encore  un  pro- 
blème à  résoudre. 

Il  existe  dans  la  portion  postérieure  du 
canal  intestinal  des  conduits  appelés  uri- 
naires ,  qui  débouchent,  soit  dans  le  canal 
intestinal  lui-même ,  soit  directement  au 
voisinage  de  l'anus.  Ces  conduits  consti- 
tuent, avec  les  glandes  salivaires  dont  nous 
allons  parler  et  les  vaisseaux  biliaires ,  les 
appendices  ou  annexes  du  canal  intestinal. 

Les  glandes  salivaires  sont  situées  à  la 
partie  antérieure  du  canal  intestinal ,  et 
n'ont  souvent  que  la  forme  de  simples  tu- 
bes ,  comme  dans  les  Lépidoptères  ,  où  ces 
tubes  sont  diversement  contournés  :  c'est 
ce  qui  constitue  les  vaisseaux  soyeux  de  la 
Chenille.  Ces  vaisseaux  soyeux  s'ouvrent  à 
la  partie  inférieure  de  la  bouche  par  un 
orifice  unique  que  Ton  nomme  la  filière.  Les 
glandes  salivaires  sont  quelquefois  formées 
d'un  grand  nombre  de  corps  glanduleux, 
rassemblés  en  grappes  plus  ou  moins  con- 
sidérables, qui  communiquent  entre  eux  et 
avec  un  conduit  commun  dont  l'issue  a  lieu 
dans  la  bouche.  Les  glandes  salivaires 
existent  dans  un  très  grand  nombre  d'In- 
sectes ,  et  paraissent  avoir  pour  objet  de 
ramollir  les  substances  dont  ils  se  nourris- 
sent, ou  d'exercer  une  action  nuisible  sur 
les  animaux  auxquels  ils  s'attaquent. 

Le  corps  graisseux  ou  le  tissa  adipeux 
est  un  assemblage  de  petites  vésicules  for- 
mées, ou  mieux,  remplies  de  graisse  ,  qui 
sont  répandues  sur  toutes  les  parties  du  ca- 
nal intestinal,  et,  en  général ,  sur  tous  les 
organes  que  renferme  le  corps  des  Insectes. 
Nous  avons  déjà  vu  que,  dans  la  larve ,  le 
tissu  graisseux  est  plus  abondant  que  dans 
l'Insecte  parfait,  ce  qui  a  fait  supposer  qu'il 
sert  à  la  nutrition  pendant  le  temps  que 
dure  l'état  de  nymphe.  C'est  surtout  au 
moment  où  la  larve  va  se  transformer  en 


INS 

nymphe  que  le  corps  graisseux  est  le  plus 
abondant.  M.  Newport  a  même  remarqué 
que,  dans  les  Insectes  qui  doivent  passer 
l'hiver  sous  la  forme  d'Insecte  parfait ,  le 
orps  graisseux  est  plus  abondant  que  dans 
'e  cas  où  ils  doivent  périr  à  la  fin  de  l'été. 
On  sait  que,  dans  les  espèces  où  il  y  a  plu- 
sieurs pontes,  ou  lorsque  le  développement 
n'a  pas  eu  la  même  durée  pour  tous  les  in- 
dividus d'une  même  espèce  ,  quelques  uns 
de  ceux-ci  passent  l'hiver,  et  ne  pondent, 
à  leur  tour,  qu'au  printemps  suivant.  L'a- 
I  bondance  du  tissu  graisseux  dans  ces  indi- 
vidus retardés  semble  donc  fournir  une 
nouvelle  preuve  que  ce  tissu  sert  à  la  nu- 
trition, absolument  comme  le  fait  la  graisse 
dans  les  Mammifères  hibernants.  Quant  à 
cet  autre  usage  du  tissu  graisseux  que  sup- 
pose M.  Newport,  et  qui  serait  de  remplir 
l'office  des  vaisseaux  lymphatiques  chez  les 
Mammifères,  il  n'est  fondé  sur  aucune  autre 
preuve  que  la  communication  que  cet  au- 
teur a  reconnue  entre  les  vésicules  de  ce 
tissu. 

Les  organes  respiratoires  sont  des  tubes 
très  nombreux  qui  sont  répandus  dans  tou- 
tes les  parties  du  corps  des  Insectes,  et  com- 
muniquent ,  par  un  certain  nombre  de  tu- 
bes principaux ,  avec  les  stigmates ,  dont 
nous  avons  parlé  en  traitant  des  téguments. 
Les  organes  respiratoires  et  le  corps  grais- 
seux se  rencontrent ,  pour  ainsi  dire,  entre 
tous  les  organes,  et,  pour  mettre  ceux-ci  à 
découvert ,  il  faut  les  dégager  tout  à  la  fois 
et  des  trachées ,  et  du  corps  graisseux.  Le 
nom  de  trachées  est  celui  que  l'on  a  donné 
à  la  forme  la  plus  répandue  d'organes  respi- 
ratoires parmi  les  Insectes  ;  ce  sont  ceux  qui 
servent  à  respirer  l'air  atmosphérique.  Ils 
sont  appelés  trachées  ,  parce  qu'une  des 
membranes  qui  les  constituent  rappelle  soit 
la  forme  de  la  trachée-artère  des  animaux, 
soit  celle  des  trachées  des  végétaux.  Cette 
membrane  est  formée  d'une  espèce  de  fila- 
ment enroulé  en  spirale,  et  que  l'on  a  com- 
paré à  l'élastique  d'une  bretelle.  Au-dehors 
et  au-dedans  de  cette  partie  ainsi  enroulée, 
on  admet  qu'il  existe  une  membrane  d'en- 
veloppe dont  l'extérieur  répondrait  à  la 
membrane  séreuse  qui  recouvre  les  viscères 
dans  les  vertébrés  ,  et  l'intérieure  serait 
une  muqueuse.  C'est  cette  membrane  inté- 
rieure qui  passe  pour  se  renouveler  en  tout 


INS 


77 


ou  en  partie  à  chaque  mue  ou  changemenî 
de  peau  des  larves  d'Insectes. 

Dans  les  larves  d'Insectes  ,  il  existe  plu- 
sieurs troncs  principaux  qui  s'étendent  dans 
la  longueur  du  corps ,  et  qui  se  ramifient 
en  conservant  toujours  la  même  forme; 
mais  les  Insectes  parfaits  présentent  quel- 
quefois ,  sur  le  trajet  de  certaines  trachées  , 
des  renflements  en  forme  de  vésicules  ,  qui 
ont  fait  distinguer  les  trachées  en  tubuleuses 
et  vésiculeuses.  Les  trachées  à  renflements 
ou  vésiculeuses  ne  se  remarquent,  en  gé- 
néral ,  que  dans  les  Insectes  qui  ont  le  vol 
puissant  et  dans  plusieurs  Insectes  sauteurs, 
d'où  l'on  conclut  que  l'usage  des  renflements 
trachéens  est  de  rendre  plus  léger  le  corps 
de  l'Insecte.  La  portion  de  trachées  dilatée 
en  vésicule  se  présente  parsemée  d'un  grand 
nombre  de  petits  points  qui  ont  l'air  d'au- 
tant de  perforations  ,  et  que  l'on  a  considé- 
rés comme  provenant  de  la  rupture,  en 
quelque  sorte  ,  du  filament  spiral  de  la  tra- 
chée (  Burmeister  )  ;  mais  ce  qui  prouve 
qu'il  n'en  est  pas  ainsi ,  c'est  que  les  mê- 
mes points  existent  sur  la  partie  des  tubes 
trachéens  qui  avoisine  chaque  vésicule,  ainsi 
que  le  remarque  M.  Newport,  et  que  d'ail- 
leurs ils  ne  sont  pas  disposés  en  lignes  ré- 
gulières. Ce  dernier  auteur  regarde  les 
points  comme  des  espèces  de  cellules  desti- 
nées à  faciliter  l'action  de  l'air  sur  le  sang. 
C'est  encore  une  opinion  contestable;  car 
pourquoi  ces  petites  cellules  ne  seraient- 
elles  situées  que  sur  les  vésicules  ou  dans 
le  voisinage  de  ces  renflements?  L'usage 
des  vésicules  comme  moyen  de  rendre  plus 
léger  le  corps  des  Insectes  est  beaucoup  plus 
probable;  car,  outre  qu'on  ne  les  trouve 
pas  dans  les  Insectes  à  l'état  de  larves,  on 
les  recontre  aussi  dans  des  organes  très  vo- 
lumineux, tels  que  la  tête  et  les  énormes 
mandibules  du  Lucane  cerf-volant  mâle 
(Newport). 

Tous  les  Insectes  à  l'état  parfait  respirent 
par  des  trachées  ;  mais  ils  n'ont  pas  tous 
un  aussi  grand  nombre  d'orifices  extérieurs 
(stigmates)  pour  l'entrée  de  l'air.  Ainsi, 
parmi  les  Insectes  qui  vivent  dans  l'eau , 
les  Nèpes,  les  Ranatres  ont  à  l'extrémité  de 
l'abdomen  deux  longs  tubes  de  la  même 
consistance  que  les  téguments,  et  c'est  par 
ces  deux  tubes  que  s'opèrent  l'entrée  et  la 
sortie  de  l'air.  Pour  cela,  l'Insecte  est  oblige 


78 


INS 


INS 


de  venir  présenter  de  temps  en  temps  à  la 
surface  de  l'eau  l'extrémité  de  ses  deux  tu- 
bes respiratoires.  D'autres  Insectes  respirent 
de  la  même  manière  pendant  qu'ils  sont  à 
l'état  de  larve  ;  ce  sont  les  Hydrophiles  et 
les  Dytiques  parmi  les  Coléoptères  ,  les 
Stratiomys,  les  Eristales  parmi  les  Diptères. 
En  outre ,  il  y  a  des  Insectes  qui  possè- 
dent à  la  fois  des  trachées  et  des  branchies. 
Ces  derniers  organes,  qui  ne  se  rencontrent 
que  dans  la  larve  et  la  nymphe  mobile  de 
certaines  espèces ,  sont  placés ,  comme  le 
remarque  M.  Newport ,  aux  endroits  du 
corps  où  se  trouveront  plus  tard  les  stigma- 
tes. Ce  sont  des  expansions  de  la  surface 
tégumentaire ,  dans  lesquelles  circule  le 
sang  et  dans  lesquelles  viennent  se  ramifier 
des  trachées.  Les  mouvements  très  rapides 
que  l'Insecte  imprime  à  volonté  sur  ses 
branchies  sont  regardés  comme  servant  à 
renouveler  sans  cesse  l'eau  qui  l'environne 
pour  y  puiser  de  nouveaux  éléments  de  res- 
piration. L'air  contenu  dans  l'eau  serait 
ainsi  mis  en  contact  avec  les  tubes  trachéens; 
ce  serait  donc  une  véritable  respiration 
aquatique  tout-à-fait  analogue  à  celle  que 
Ton  a  supposée  chez  un  insecte  parfait 
(Blemus)  qui  vivrait  assez  constamment 
sous  l'eau  pour  y  puiser,  en  en  décompo- 
sant les  éléments  (Audouin)  ,  de  l'air  at- 
mosphérique. On  manque  cependant  encore 
d'expériences  positives  pour  étayer  cette 
manière  de  voir.  Quoi  qu'il  en  soit ,  tantôt 
les  branchies  sont,  comme  le  dit  M.  New- 
port,  des  touffes  de  poils,  ou  d'organes  ana- 
logues,  pour  la  forme,  à  des  poils,  qui  se 
réunissent  en  une  branche  unique  ,  comme 
dans  la  larve  et  la  nymphe  des  Cousins 
(Culex).  Chacun  de  ces  filaments  ou  poils 
serait  parcouru  par  une  trachée.  Dans  quel- 
ques cas ,  comme  dans  les  larves  des  Gy- 
rins ,  ces  filaments  sont  isolés  et  disposés 
sur  les  côtés  du  corps.  Tantôt  les  branchies 
sont  des  lames  plates,  plus  ou  moins  lon- 
gues et  étroites,  et  situées  sur  chacun  des 
segments  de  l'abdomen,  aux  endroits  qu'oc- 
cuperont plus  tard  les  stigmates.  On  trouve 
de  semblables  plaques  dans  la  larve  des 
Ephémères ,  qui  en  ont  aussi  au  bout  de 
l'abdomen.  Dans  d'autres,  telles  que  les 
larves  û'Agrion  ,  il  n'en  existe  qu'en  ce 
dernier  endroit.  Dans  tous  les  cas,  les  bran- 
chics  sont  tout  à  la  fois  et  des  organes  de 


respiration  ,  et  des  organes  de  locomotion. 
Des  branchies  d'une  forme  tout-à-fait  nou- 
velle ont  été  observées  par  M.  Westwood 
dans  un- Insecte  névroptère  (  Acentropm , 
Steph.).  Ce  sont  des  branchies  filiformes  et 
articulées  ,  chaque  filament  ayant  cinq  ar- 
ticles situés  sur  les  côtés  de  l'abdomen,  et 
qui  seraient  traversés  dans  toute  leur  lon- 
gueur par  autant  de  trachées  que  l'on  peut 
compter  de  filaments  branchiaux.  Suivant 
M.  Westwood,  les  trachées  viendraient 
s'ouvrir  directement  à  l'extrémité  de  chaque 
filament.  Dans  ce  cas  ,  l'Insecte  respirerait 
l'air  directement,  comme  dans  les  Nèpes  et 
les  Ranatres  citées  plus  haut.  Enfin  les  Culex 
ont  tout  à  la  fois  des  branchies  et  des  stig- 
mates ,  c'est  à-dire  des  ouvertures  pour 
l'entrée  de  l'air.  La  nymphe  des  Chironomus, 
qui  appartiennent  à  la  famille  des  Culex, 
est  dans  le  même  cas.  Les  larves  des  Libel- 
lules proprement  dites  n'ont  pas  de  bran- 
chies extérieures.  Ces  Insectes  font  pénétrer 
de  l'eau  dans  leur  corps  par  l'extrémité 
postérieure,  où  elle  s'avance  jusque  dans 
la  partie  postérieure  de  l'intestin  ;  c'est  là 
que  seraient  situées  les  branchies.  C'est , 
pour  les  Libellules  à  l'état  de  larve  et  de 
nymphe,  un  des  moyens  de  locomotion 
puissant  que  la  sortie  de  l'eau  projetée  vio- 
lemment par  la  contraction  subite  de  la 
portion  postérieure  du  corps  ,  ainsi  que  l'a 
remarqué  Réaumur. 

De  quelque  manière  que  l'air  pénètre 
dans  le  corps  des  Insectes  ,  il  n'en  est  pas 
moins  vrai  qu'il  est  porté  dans  toutes  les 
parties  du  corps  par  les  tubes  trachéens, 
de  même  que  le  sang  s'y  promène  partout 
au  moyen  de  la  circulation.  L'action  de 
l'air  sur  le  sang  doit  donc  se  produire  dans 
tous  les  organes ,  comme  l'avait  remarqué 
Cuvier,  en  sorte  que  la  respiration  n'est  pas 
localisée,  comme  dans  tant  d'autres  ani- 
maux. 

Les  organes  de  la  génération  sont  situés 
à  l'extrémité  de  l'abdomen,  et  consistent, 
comme  dans  les  animaux  vertébrés,  en  or- 
ganes mâles  et  en  organes  femelles.  En 
outre ,  chaque  sorte  d'organes  se  compose 
de  parties  externes  et  de  parties  internes. 
Les  parties  externes  sont  le  pénis  dans  le 
mâle  ,  et  la  tarière  ou  l'aiguillon  dans  les 
femelles.  Les  parties  internes  sont  les  testi- 
cules dans  le  mâle ,  les  ovaires  dans  la  fe- 


1NS 


INS 


79 


melle.  Il  y  a  en  outre  quelques  parties  ac- 
cessoires dont  nous  parlerons. 

Le  pénis  est  ordinairement  un  simple 
'tube  à  téguments  solides,  comme  l'enve- 
loppe même  du  corps,  et  par  lequel  sort  le 
liquide  de  la  fécondation.  Ce  pénis  est 
quelquefois  épineux ,  et  quelquefois  muni 
(de  pièces  accessoires  qui  paraissent  servir 
jà  retenir  la  femelle  pendant  l'accouplement. 
'Ces  pièces  sont  les  analogues  des  valves, 
|ui  recouvrent  ou  accompagnent  la  tarière 
ftu  l'aiguillon  de  la  femelle.  Cette  tarière 
ou  cet  aiguillon  se  compose  de  deux  ou  de 
quatre  pièces ,  assemblées  deux  à  deux  ,  de 
manière  à  former  deux  lames  minces  lors- 
que c'est  une  tarière ,  ou  un  tube  grêle 
lorsque  c'est  un  aiguillon.  Sur  la  tarière 
sont  appliquées  les  valves  dont  nous  avons 
parlé  ;  ces  valves  sont  rudimentaires  et  si- 
tuées à  la  base  de  l'aiguillon,  quand  l'or- 
gane extérieur  de  la  femelle  ne  s'est  pas 
disposé  en  tarière.  Comme  tous  les  Insectes 
n'ont  pas  de  tarière  ou  d'aiguillon,  le  nom- 
bre des  segments  de  l'abdomen  varie  dans 
les  diverses  familles,  en  sorte  qu'il  est  plus 
considérable  quand  il  n'y  a  pas  d'appareil 
extérieur  de  la  génération.  La  tarière  et 
l'aiguillon  servent  à  déposer  les  œufs  dans 
des  circonstances  déterminées;  ces  organes 
livrent  en  outre  le  passage  à  un  fluide  par- 
ticulier qui  se  forme  dans  des  glandes  ou 
vaisseaux  spéciaux,  et  qui  n'a  d'usage  bien 
connu  que  dans  les  Insectes  à  aiguillon , 
tels  que  les  Abeilles,  les  Guêpes.  Dans  ce  cas, 
le  liquide  en  question  est  le  venin,  qui  pro- 
duit sur  les  autres  Insectes  ,  et  même  sur 
les  animaux  en  général,  des  effets  plus  ou 
moins  délétères,  lorsqu'il  est  introduit  dans 
la  circulation.  Comme  exemple  d'Insectes  à 
tarière,  nous  citerons  les  Sauterelles  ,  chez 
lesquelles  cet  organe  est  très  développé  ;  les 
Ichneumons  ,  qui  ont  cet  organe  beaucoup 
plus  grêle  que  les  Sauterelles,  et  quelquefois 
plus  long  que  le  corps;  les  Tenthrèdes,  dont 
la  tarière  est  dentelée ,  de  manière  à  pou- 
voir pénétrer  dans  le  tissu  des  végétaux. 
L'aiguillon  se  remarque  dans  un  grand  nom- 
bre d'Hyménoptères,  tels  que  les  Abeilles  et 
les  Guêpes.  Il  est  pourvu  de  fines  dente- 
lures à  l'extrémité. 

Nous  avons  dit  que  les  organes  internes 
de  la  génération  sont  les  testicules  pour  le 
mâle,  et  les  ovaires  pour  la  femelle.  Les  tes- 


icules  sont  des  tubes  plus  ou  moins  nom- 
breux, qui  se  réunissent  de  chaque  côté  du 
corps  en  un  tube  plus  ou  moins  long  {con- 
duit défèrent).  C'est  dans  les  testicules  que 
se  produit  le  liquide  fécondant,  renfermant 
des  zoospermes  ou  spermatozoaires,  comme 
dans  les  autres  animaux.  Le  conduit  défé- 
rent se  pelotonne ,  se  dispose  diversement, 
de  manière  à  former  quelquefois  ce  que  l'on 
a  appelé  des  épididymes,  par  analogie  avec 
les  animaux  supérieurs.  Au-delà  de  ces  épi- 
didymes, le  conduit  déférent  aboutit  quel- 
quefois à  d'autres  organes  plus  ou  moins 
ramifiés,  les  vésicules  séminales,  ainsi  nom- 
mées par  analogie  encore  avec  les  autres 
animaux.  On  ignore  quels  sont  les  usages 
spéciaux  des  épididymes  et  des  vésicules 
séminales,  qui  imprimaient  très  probable- 
ment des  modifications  à  la  liqueur  fécon- 
dante pendant  son  séjour  dans  ces  organes. 
Enfin ,  après  avoir  traversé  les  vésicules 
séminales,  les  conduits  déférents  se  réunis- 
sent en  un  seul  tube  qui  se  rend  dans  le 
pénis,  véritable  organe  de  l'accouplement. 
Les  ovaires  ne  sont  pas  les  seuls  organes 
internes  de  la  génération  dans  la  femelle. 
Outre  l'appareil  plus  ou  moins  compliqué , 
servant  à  la  sécrétion  et  à  la  conservation 
du  venin,  il  existe  encore  ordinairement 
une  ou  deux  poches,  situées  à  l'entrée  de 
l'oviducte,  et  dans  lesquelles  vient  se  dépo- 
ser le  liquide  fécondateur  qui  est  introduit 
dans  le  corps  de  la  femelle  par  le  pénis  du 
mâle.  Il  y  a  quelquefois  encore  une  poche 
renfermant  un  liquide  destiné  à  enduire  les 
œufs  d'une  substance  agglutinante,  qui  les 
fixe  sur  les  corps  où  ils  sont  déposés  :  cette 
poche  est  peut-être  l'analogue  de  l'appareil 
à  venin,  dans  les  espèces  où  il  n'existe  pas 
d'aiguillon.  Quant  aux  ovaires,  ce  sont  des 
tubes  plus  ou  moins  nombreux,  situés  de 
chaque  côté  du  corps,  comme  les  testicules 
dans  le  mâle,  et  qui  tous  se  réunissent,  de 
chaque  côté  du  corps,  en  un  tube  commun, 
Voviducle,  par  lequel  les  œufs  sortent  du 
corps  de  l'Insecte.  On  trouve  dans  les  ovaires 
des  œufs  parvenus  à  différents  degrés  de 
développement;  les  plus  avancés,  sous  ce 
rapport,  étant  les  plus  rapprochés  de  l'ovi- 
ducte. Lorsque  ces  œufs  sont  mûrs  ,  ils  sont 
pondus  par  la  femelle,  qu'il  y  ait  eu  ou 
non  accouplement  préalable,  comme  cela 
se  passe  d'après  ce  que  l'on  sait  aujourd'hui, 


80 


INS 


dans  presque  tous  les  animaux.  C'est  au 
moment  où  les  œufs  traversent  le  tube 
commun  provenant  de  la  réunion  des  deux 
oviductes  que  paraît  se  produire  leur  fé- 
condation ,  au  moyen  de  la  liqueur  sper- 
enatique  déposée  dans  une  poche  spéciale 
(spermotheca)  dont  nous  avons  parlé.  Il 
paraît ,  en  effet ,  que  cette  poche  renferme 
après  l'accouplement  un  liquide  épais, 
visqueux  et  blanchâtre,  qui  ne  s'y  ren- 
contre pas  auparavant  (Newport).  Est-ce 
la  liqueur  séminale  déposée  par  le  mâle? 
La  présence  des  spermatozoaires  dans  cette 
liqueur  répondrait  affirmativement  à  cette 
question,  mais  nous  ne  sachions  pas  qu'on 
Jes  y  ait  cherchés. Quoi  qu'il  en  soit,  il  paraît 
qu'on  trouve  pendant  l'accouplement  pro- 
longé de  certains  Insectes  (Hannetons)  le 
pénis  du  mâle  engagé  dans  le  spermotheca  de 
la  femelle  (Audouin). 

Les  organes  de  la  génération,  ou  du 
moins  ceux  de  l'accouplement ,  ne  sont  pas 
toujours  situés  à  la  partie  postérieure  du 
corps.  Ainsi ,  dans  les  Libellules  (  voy.  ce 
mot),  l'appareil  copulateur  est  situé,  chez 
le  mâle ,  à  la  face  ventrale  de  l'abdomen 
et  sous  le  premier  segment  :  aussi  l'accou- 
plement a-t-il  lieu  chez  ces  Insectes  d'une 
maaière  toute  spéciale.  Il  existe  cependant, 
à  l'extrémité  de  l'abdomen  du  mâle,  des  or- 
ganes qui  leur  servent  à  saisir  la  tête  de  la 
femelle,  et  lorsque  celle-ci  est  ainsi  rete- 
nue ,  après  un  temps  plus  ou  moins  long, 
elle  courbe  son  abdomen  dans  l'extrémité 
pour  se  mettre  en  rapport  avec  les  organes 
générateurs  du  mâle.  C'est  pourquoi  l'on 
voit  souvent  deux  Libellules  placées  bout  à 
bout  et  voler  ensemble,  la  femelle  entraînée 
par  le  mâle. 

Presque  tous  les  Insectes  sortent  del'œuf 
en  dehors  du  corps  de  la  femelle ,  mais  il 
en  est  quelquefois  qui  éclosent  dans  l'ovi- 
ducte  de  la  mère  et  n'en  sortent  que  sous 
la  forme  de  larves  ;  il  en  est  même  qui 
restent  dans  le  corps  de  la  mère  jusqu'à  ce 
qu'ils  aient  pris  leur  enveloppe  de  nymphe. 
C'est  ce  dernier  mode  de  génération  que  l'on 
a  nommé  pupipare  (de  pupa,  nymphe).  On 
en  trouve  des  exemples  dans  les  Diptères, 
où  l'on  a  établi  à  cause  de  cela  une  famille 
de  Pupipares  (voy.  ce  mot).  Les  Hémiptères 
offrent  de  leur  côté  ce  que  l'on  pourrait 
nommer,  pour  la  même  raison  ,  la  généra- 


INS 

tion  larvipare  ;  nous  citerons  pour  exemple 
les  Pucerons  (voy.  ce  mot). 

Le  système  nerveux  des  Insectes  est 
formé  principalement  de  deux  cordons  ren- 
flés de  distance  en  distance  et  situés  à  la 
face  ventrale  du  corps ,  immédiatement 
au-dessus  des  muscles  longs  qui  recouvrent 
cette  face.  C'est ,  comme  on  le  voit,  la 
même  disposition  générale  que  dans  les 
autres  animaux  articulés.  Les  renflements 
que  présentent  les  cordons  sont  appelés 
ganglions;  ce  sont  les  masses  nerveuses 
qui  sont  mises  en  rapport  les  unes  avec 
les  autres  au  moyen  des  cordons  mêmes. 
On  donne  à  ces  nerfs  le  nom  de  con- 
nectifs. 

Tous  les  ganglions  dont  se  compose  la 
double  série  des  centres  nerveux  ne  sont 
pas  situés  à  la  région  ventrale.  Il  en  est 
deux  ,  plus  volumineux  que  les  autres,  qui 
sont  situés  dans  la  tête,  au-dessus  de  l'œso- 
phage, et  par  un  segment  à  la  face  dorsale 
du  corps.  Ces  deux  ganglions,  ou  ceux  de 
la  première  paire  ,  sont  appelés  ganglions 
cérébraux  par  quelques  auteurs, et  sontpour 
d'autres  auteurs  le  cerveau  proprement  dit. 
II  existe ,  à  la  région  inférieure  de  la  tête, 
une  seconde  paire  de  ganglions,  moins  gros 
que  ceux  de  la  région  supérieure,  et  qui  sont 
placés  au-dessous  de  l'œsophage.  M.  New- 
port  les  considère  comme  analogues  à  la 
moelle  allongée  des  animaux  vertébrés,  et  il 
leur  donne  le  nom  de  moelle  allongée.  Ces 
deux  paires  de  ganglions,  savoir,  le  cerveau 
et  la  moelle  allongée ,  sont  réunis  par  deux 
cordons  de  communication  ou  connectifs, 
que  M.  Newport  appelle  cuisses;  ce  sont 
donc  pour  lui  les  pédoncules  du  cerveau.  ; 
Il  n'existe  qu'un  de  ces  pédoncules  de  cha-  ' 
que  côté,  et  l'ensemble  de  ces  deux  pédon-  ? 
cules  et  des  quatre  premiers  ganglions ,  sa-  » 
voir,  les  deux  du  cerveau  et  les  deux  de  la 
moelle  allongée,  constitue  ce  que  l'on  ap- 
pelle le  collier. 

La  portion  du  système  nerveux  dont  nous 
venons  de  parler  est  située  dans  la  tête,  et 
il  existe  encore  d'autres  éléments  nerveux 
dont  nous  parlerons.  Dans  le  thorax  on 
trouve  ordinairement  trois  paires  de  gan- 
glions moins  gros  que  ceux  du  cerveau  et 
réunis  par  les  connectifs.  Les  trois  paires 
de  ganglions  correspondent  aux  trois  an- 
neaux dont  se  compose  le  thorax.  Leur 


INS 

volume  paraît  être  en  rapport  avec  la  masse 
des  muscles  qui  font  mouvoir  les  pattes  et 
les  ailes. 

Enfin ,  dans  l'abdomen  ,  on  trouve  d'au- 
tres paires  de  ganglions  qui  sont  au  nombre 
de  huit  dans  certaines  larves  ,  mais  dont  le 
nombre  est  beaucoup  réduit  dans  les  Insec- 
tes parfaits.  Ces  huit  paires  de  ganglions 
abdominaux  ajoutées  aux  trois  paires  de  gan- 
glions thoraciques  et  aux  deux  paires  de 
ganglions  céphaliques,  font  treize  paires 
en  tout,  ce  qui  répond  au  nombre  des  an- 
neaux du  corps.  Il  y  a  donc  autant  de  pai- 
res de  ganglions  qu'il  y  a  d'anneaux.  C'est 
pourquoi  l'on  a  dit  que  chaque  paire  de 
ganglions  pourrait  être  regardée  comme  un 
centre  nerveux  particulier,  indépendant 
des  ganglions  voisins  et  même  indépendant 
des  ganglions  cérébraux.  On  a  surtout  étayé 
cette  opinion  sur  la  conservation  de  larve 
et  du  mouvement  volontaire  qui  se  remar- 
que dans  les  parties  du  corps  des  Insectes 
que  l'on  a  séparées  de  la  tête.  Néanmoins 
les  ganglions  cérébraux  ont  une  préémi- 
nence qui  ne  pourrait  leur  être  refusée,  et 
qui  est  due  surtout  aux  rapports  qui  les 
lient  avec  la  bouche  et  les  organes  des  sens. 
Quoi  qu'il  en  soit,  le  nombre  des  paires 
de  ganglions  est  toujours  au-dessous,  dans 
l'Insecte  parfait,  du  nombre  des  seg- 
ments du  corps  :  aussi  trouve-t~on,  en  gé- 
néral, qu'il  n'y  a  qu'une,  deux,  trois  pai- 
res et  au-delà  de  ganglions  abdominaux,  et 
même,  dans  certains  Insectes,  on  n'en  trouve 
pas  même  une ,  la  portion  du  système  ner- 
veux qui  répond  aux  ganglions  abdomi- 
naux s'étant  groupée  pour  se  loger  dans  le 
thorax  ,  d'où  les  nerfs  qui  s'en  échappent 
sont  rayonnes  dans  l'abdomen. 

On  voit  par  là  que  le  système  nerveux 
des  Insectes  a  de  la  tendance  à  se  centra- 
liser; c'est  ce  qui  arrive  surtout  lorsque 
l'on  compare  le  système  nerveux  d'une  larve 
i  avec  celui  de  l'Insecte  parfait  ;  mais  le  même 
fait  se  remarque  encore  lorsque  l'on  com- 
pare entre  eux  des  Insectes  de  groupes  dif- 
férents. Dans  chacun  de  ces  deux  cas  ,  on 
:  voit  les  connectifs  se  rapprocher  sur  toute 
|  la  longueur  du  corps ,  de  manière  à  ne  plus 
former  qu'un  seul  cordon  ,  et  les  ganglions 
de  chaque  paire  semblent  alors  réunis  plus 
ou  moins  complètement.  D'autres  fois,  les 
connectifs  se  montrent  de   plus   en  plus 
t.  vw. 


INS 


81 


courts  ;  les  ganglions  se  rapprochent  alors 
d'arrière  en  avant  et  se  confondent  plus  ou 
moins  en  une  ou  plusieurs  masses.  Quel 
que  soit,  d'ailleurs ,  le  mode  de  distribu- 
tion des  centres  nerveux ,  il  en  part  des 
nerfs  qui  se  rendent  aux  parties  voisines, 
soit  isolément,  soit  en  s'anastomosant  avec 
les  nerfs  voisins.  Tels  sont  les  éléments  que 
l'on  a  admis  pendant  longtemps  dans  le 
système  nerveux  des  Insectes ,  savoir  :  les 
ganglions ,  les  connectifs  et  les  nerfs  qui 
partent  des  ganglions. 

Cependant  on  sait ,  par  les  observations 
de  M.  Newport,  que  chaque  série  de  gan» 
glions  avec  leurs  connectifs  ne  constitue  pas 
un  cordon  unique,  renflé  de  distance  en 
distance  par  la  suraddition  ,  en  quelque 
sorte  ,  d'éléments  semblables  ;  mais  bien 
que  chaque  cordon  est  formé  de  deux  sorte» 
d'éléments ,  et  par  suite  de  deux  cordons 
distincts  placés  l'un  au-dessous  de  l'autre 
et  étroitement  unis  ensemble.  Le  cordon 
inférieur  ou  externe ,  le  cordon  le  plus  voi- 
sin de  là  surface  du  corps ,  est  celui  qui 
porte  les  ganglions.  Le  cordon  supérieur  on 
interne  est  dépourvu  de  ganglions  ;  il  passfr 
au-dessus  de  ceux-ci ,  il  y  adhère  ,  mais 
n'en  fait  pas  partie.  Il  résulte  de  cette  dis- 
position que  le  système  nerveux  principal 
des  Insectes  est  formé  de  deux  parties  es- 
sentiellement distinctes ,  comme  la  moelle 
épinière  des  Vertébrés,  savoir  :  une  partie 
motrice  et  une  partie  sensible.  Ce  serait, 
suivant  M.  Newport ,  le  cordon  supérieur, 
et  non  ganglionnaire ,  qui  répondrait  à  la 
partie  motrice  de  la  moelle  épinière,  et  par 
conséquent  le  cordon  ganglionnaire  serait 
l'analogue  de  la  partie  sensible  de  cette 
moelle.  Des  expériences  de  M.  Newport  sur 
le  système  nerveux  des  Insectes,  et  d'autres 
de  M.  Longet  sur  le  même  appareil  dans 
les  Crustacés,  semblent  étayer  suffisam- 
ment cette  manière  de  voir.  Chaque  chaîna 
nerveuse  du  corps  de  l'Insecte  répond  dont; 
à  la  moitié  de  la  moelle  épinière,  et  so 
trouve,  comme  celle-ci,  formée  tout  à  la 
fois  d'une  partie  motrice  et  d'une  partie 
sensible.  Il  en  résulterait  encore  que  les 
nerfs  sont  formés  tout  à  la  fois  aussi  de  fi* 
bres  motrices  et  de  fibres  sensibles,  comme 
dans  les  animaux  vertébrés. 

Ceci  étant  établi,  il  est  à  remarquer  que 
la  portion  sensible  de  la  moelle  épinière  est 

11 


82 


INS 


Ja  plus  extérieure  dans  les  animaux  verté- 
brés ,  tandis  que  la  portion  motrice  est  si- 
tuée plus  intérieurement  :  or,  la  même 
chose  arrive  dans  les  Insectes  et  les  Crus- 
tacés. La  portion  sensible  de  leur  chaîne 
nerveuse  est  donc  la  plus  voisine  de  la  ré- 
gion ventrale ,  comme  la  portion  sensible 
de  la  moelle  épinière  est  la  plus  voisine  de 
la  face  dorsale  dans  les  vertébrés.  On  a 
donc  eu  raison  de  dire  (Geoffroy-Saint- 
Hilaire)  que  le  corps  des  articulés  était  dans 
nne  situation  renversée  à  l'égard  de  celui 
des  vertébrés.  Non  seulement  le  système 
nerveux  est  placé  ,  dans  les  premiers ,  à  la 
face  ventrale,  mais  il  y  est  placé  de  la 
même  manière  que  la  moelle  épinière  à 
l'égard  de  la  région  dorsale  des  vertébrés. 
Toutefois  l'inversion  n'est  pas  complète , 
car  les  deux  ganglions  cérébraux  sont  si- 
tués à  la  face  dorsale  du  corps. 

Outre  le  système  nerveux  dont  nous 
avons  parlé  jusqu'à  présent ,  il  en  existe 
un  autre  dans  les  Insectes  ;  c'est  le  système 
nerveux  appelé  récurrent  par  les  premiers 
auteurs  qui  en  ont  parlé.  Il  se  compose  de 
plusieurs  petits  ganglions  qui  partent  des 
ganglions  cérébraux  et  qui  envoient  des 
filets  nerveux  aux  organes  de  la  digestion 
en  particulier.  Ce  système  nerveux  récur- 
rent se  compose  de  parties  paires  et  symé- 
triques. Il  parait,  d'après  des  recherches 
toutes  récentes  de  M.  Blanchard ,  que  les 
filets  du  système  nerveux  récurrent  se  met- 
tent en  rapport  non  seulement  avec  les  or- 
ganes digestifs ,  mais  encore  avec  ceux  de 
la  circulation  et  même  de  la  respiration.  Il 
est  évident  que  si  la  chaîne  nerveuse  ven- 
trale des  Insectes  répond  à  la  moelle  épi- 
nière des  vertébrés ,  le  système  nerveux  ré- 
current des  Insectes  doit  être  l'analogue  du 
système  ganglionnaire  des  vertébrés.  De 
cette  manière  ,  il  y  aurait,  dans  les  articu- 
lés comme  dans  les  vertébrés,  un  système 
nerveux  pour  la  vie  dite  de  relation  et  un 
système  nerveux  pour  la  vie  végétative  ou 
animale.  On  sait  d'ailleurs  que  la  même 
dualité  du  système  nerveux  a  été  reconnue 
dans  les  Mollusques,  ce  qui  généralise  pres- 
que cette  disposition  dans  tous  les  animaux. 
Nous  sommes  forcés  d'arrêter  ici  nos  con- 
sidérations sur  le  système  nerveux  en  ren- 
voyant ,  pour  ce  qui  a  rapport  à  son  étude, 
aux  travaux  déjà  publiés  de  M.  Newport  et 


INS 

à  ceux  que  publiera  bientôt  M.  Blanchard. 

Les  organes  des  sens  sont  les  derniers  dont 
nous  ayons  à  parler.  Il  paraît  certain  que 
les  Insectes'  en  général  jouissent  des  cinq 
espèces  de  sens  admis  par  les  physiologistes. 
Il  est  certain  qu'ils  voient,  qu'ils  entendent, 
qu'ils  peuvent  toucher  les  objets;  il  est  cer- 
tain qu'ils  sont  sensibles  aux  odeurs,  et  il 
est  très  probable  que  la  saveur  des  corps  ne 
leur  est  pas  étrangère.  Cependant  le  sens  de 
la  vue  est  le  seul  qui  soit  localisé  d'une 
manière  certaine,  car  les  Insectes  ont  des 
yeux  et  plusieurs  même  des  yeux  de  deux 
espèces.  Quant  au  sens  de  l'ouïe,  on  n'en 
connaît  pas  l'organe.  Quelques  auteurs  ont 
placé  ce  sens  dans  les  antennes  ;  mais  le  fait 
n'est  pas  démontré.  Ce  n'est  que  par  ana- 
logie avec  ce  qui  se  passe  dans  certains 
Crustacés,  dans  les  Écrevisses,  par  exemple, 
que  l'on  peut  supposer  l'existence  de  l'or- 
gane de  l'ouïe  à  la  base  des  antennes;  il 
resterait  toutefois  à  le  démontrer.  Le  sens 
du  toucher  paraît  avoir  pour  organes  plu- 
sieurs appendices.  Ce  sont  les  antennes, 
sauf  quelques  cas  où  elles  sont  à  peine  dé- 
veloppées, comme  dans  les  Cigales;  les  pal- 
pes, qui  sont  en  réalité  de  petites  antennes 
et  pour  la  structure  et  pour  les  fonctions; 
enfin,  les  pattes,  qui  servent  peut-être  au 
toucher,  surtout  lorsqu'elles  sont  munies  de 
pelotes  et  autres  organes  membraneux.  Le 
sens  de  l'odorat  n'a  pas  de  siège  connu.  On 
l'a  placé  dans  les  antennes  ;  on  l'a  placé  à 
l'entrée  des  appareils  respiratoires.  Il  n'y  a 
rien  de  certain  à  ce  sujet.  Enfin,  le  sens  du 
goût  a  son  siège  présumé  dans  la  bouche. 
On  a  voulu  le  voir  à  l'extrémité  des  palpes, 
qui  est  souvent  membraneuse.  On  a  voulu 
le  voir  encore  dans  ce  que  l'on  a  nommé  la 
langue  des  Insectes.  Tout  ce  qu'on  a  dit  à 
cet  égard  n'est  fondé  que  sur  des  conjectu- 
res. De  même  que  le  sens  de  l'odorat,  le 
sens  du  goût  paraît  exister;  mais  son  siège, 
nous  le  répétons,  n'est  pas  encore  connu, 
non  plus  que  le  siège  du  sens  de  l'ouïe.  Il 
ne  nous  reste  donc  qu'à  décrire  le  sens  de 
la  vue,  car  nous  n'avons  rien  à  ajouter  à  la 
description  que  nous  avons  donnée  des  an- 
tennes, des  palpes  et  des  pattes,  même  en 
les  considérant  comme  organes  du  toucher. 

Les  yeux  des  Insectes  sont  de  deux  sortes  : 
les  yeux  composés  et  les  yeux  simples  ou 
ocelles.  Les  yeux  composés  sont  aussi  nom- 


1NS 


INS 


83 


mes  yeux  à  facettes,  parce  que  leur  surface 
présente  un  grand  nombre  de  divisions  de 
forme  hexagonale  dans  la  plupart  des  cas. 
TUacune  de  ces  divisions  est  la  cornée  d'un 
ceil  distinct.  C'est  une  portion  des  téguments 
plus  ou  moins  amincie  et  dans  laquelle  il 
se  dépose  de  la  chitine,  comme  dans  les  té- 
guments en  général.  En  arrière  de  la  cor- 
née, on  trouve  un  cristallin  dont  la  forme 
est  plus  ou  moins  lenticulaire  et  qui  passe 
pour  renfermer  une  humeur  aqueuse  (Du- 
gès).  Enfin,  plus  en  arrière  encore,  se  re- 
marque un  autre  corps  auquel  on  a  trouvé 
de  l'analogie  avec  ce  corps  vitré,  et  qui 
renferme  aussi  une  humeur  que  l'on  a  nom- 
mée vitrée.  C'est  un  corps  transparent  comme 
le  précédent  et  de  forme  tantôt  cylindrique, 
tantôt  conique,  et  dont  l'extrémité  posté- 
rieure se  trouve  en  rapport  avec  un  filet  du 
nerf  optique.  Le  corps  vitré  est  renfermé 
dans  un  tube  formé  par  tous  les  yeux  voisins, 
et  dont  la  surface  est  entièrement  tapissée 
d'un  pigment  brun  dans  la  plupart  des  cas, 
mais  parfois  aussi  coloré  de  diverses  nuan- 
ces. Ce  pigment  s'étend  entre  la  face  posté- 
rieure du  cristallin  et  la  face  antérieure  du 
corps  vitré,  et  il  ne  reste  de  libre  entre  ces 
deux  corps  qu'un  petit  cercle  destiné  au 
passage  des  rayons  lumineux.  Ce  cercle  ré- 
pond à  la  pupille.  Ainsi  disposé,  chaque  tube 
d'un  œil  composé  est  un  ceil  distinct,  qui 
ne  reçoit  que  les  rayons  de  lumière  parallèle 
à  son  axe. 

Les  yeux  simples  ou  ocelles,  que  l'on 
nomme  aussi  les  yeux  lisses,  sont  plus  ana- 
logues, pour  la  forme,  aux  yeux  des  verté- 
brés. Leur  cornée  est  une  surface  sphérique 
au-dessous  de  laquelle  il  existe  un  cristallin 
sphérique,  et,  en  arrière  de  ce  cristallin,  se 
trouve  un  corps  vitré.  Ainsi  les  mêmes  par- 
ties existent  dans  les  yeux  composés  et  dans 
les  yeux  lisses,  mais  la  forme  de  ces  parties 
est  différente.  Le  corps  vitré  est  plus  con- 
vexe en  arrière  qu'en  avant,  et  c'est  ce  corps 
qui  se  trouve  en  rapport  avec  un  filet  du 
nerf  optique.  Il  y  a  enfin  un  véritable  pig- 
ment, l'analogue  de  la  choroïde,  qui  s'étend 
jusque  sur  la  face  antérieure  du  corps  vitré, 
où  il  laisse  une  ouverture  circulaire  pour  le 
passage  des  rayons  lumineux. 

Les  yeux  lisses,  qui  sont  ceux  des  Arai- 
gnées, sont  les  seuls  que  possèdent  les  In- 
sectes à  l'état  de  larve.  Les  yeux  composés 


ne  se  trouvent  que  dans  les  Insectes  par- 
faits, et  sont  peut-être  une  transformation 
des  yeux  lisses.  Dans  les  larves  des  Insec- 
tes qui  ne  subissent  pas  de  métamorphoses 
complètes,  les  yeux  sont  composés.  Dans 
les  Myriapodes  (voy.  ce  mot),  les  yeux  sont 
souvent  formés  par  la  réunion  d'un  certain 
nombre  d'yeux  lisses  ,  qui  restent  un  peu 
écartés.  Dans  un  grand  nombre  d'Insectes 
à  l'état  parfait,  on  trouve  à  la  fois  des  yeux 
composés  et  des  yeux  lisses.  Les  yeux  com- 
posés sont  toujours  au  nombre  de  deux, 
dans  lesquels  les  tubes  oculaires  sont  plus 
ou  moins  nombreux.  Les  yeux  lisses  sont 
au  nombre  de  deux  ou  trois ,  le  plus  ordi- 
nairement ;  dans  quelques  Insectes  il  n'y 
en  a  qu'un  seul,  plus  gros  qu'à  l'ordinaire; 
c'est  ce  que  l'on  voit  dans  certains  Coléop- 
tères (Anthrènes) . 

On  ne  s'explique  pas  parfaitement  la  pré- 
sence simultanée  des  yeux  composés  et  des 
yeux  simples  dans  un  grand  nombre  d'In- 
sectes. M.  Mûller  croit  que  les  yeux  sim- 
ples, en  raison  de  la  convexité  de  leur  cor- 
née ,  sont  appropriés  à  la  vision  des  objets 
les  plus  rapprochés.  On  peut  se  demander, 
dans  ce  cas ,  pourquoi  les  yeux  simples 
n'existent  pas  chez  tous  les  Insectes  en 
même  temps  que  les  yeux  composés.  Ces 
yeux  simples  ne  se  soutiennent  qu'à  l'état 
parfait  dans  les  Insectes  qui  subissent  des 
métamorphoses  incomplètes,  tels  que  les 
Orthoptèies. 

M.  Newport  parle  d'une  sorte  d'yeux  plus 
simples  encore,  qui  se  trouve  dans  la  larve 
des  OEstres.  Ce  sont  deux  points  formés  par 
un  peu  de  pigment,  et  situés  au-dessous 
d'une  portion  plus  mince  des  segments.  On 
trouve  des  organes  analogues  dans  diffé- 
rents animaux  invertébrés. 

La  classification  des  Insectes,  par  laquelle 
nous  terminerons  cet  article,  peut  être  fon- 
dée ,  d'après  ce  que  nous  avons  vu ,  sur 
différentes  particularités  de  l'organisation. 
Celles  que  l'on  a  choisies  de  préférence  sont 
la  disposition  des  parties  de  la  bouche  et 
des  ailes.  En  effet,  ces  différents  orgcnes 
sont  d'un  emploi  commode.  C'est  ainsi  qu'on 
a  distingué  les  Insectes  en  broyeurs  ou  man-  j 
dibulés,  et  en  suceurs  ou  haustellés,  ce  que  k 
nous  avons  déjà  fait  remarquer.  En  outre, 
parmi  les  broyeurs  ,  d'une  part ,  et  parmi 
les  suceurs  de  l'autre ,  on  trouve  des  ailes 


84 


INS 


1NS 


de  différente  nature.  La  combinaison  des 
caractères  des  ailes  et  des  pièces  de  la  bou- 
che forme  les  résultats  suivants,  auxquels 
on  s'est  à  peu  près  définitivement  arrêté. 

Les  Insectes  broyeurs  renferment  :  1°  l'or- 
dre des  Coléoptères,  ainsi  nommé  parce  que 
les  ailes  de  la  première  paire  sont  épaisses, 
et  forment  aux  ailes  de  la  seconde  paire  une 
sorte  d'étui.  Ex.  :  le  Hanneton. 

2°  L'ordre  des  Orthoptères,  qui  a  les  ailes 
de  la  première  paire  moins  épaisses  que  dans 
l'ordre  précédent ,  mais  cependant  plus 
épaisses  que  les  ailes  de  la  seconde  paire. 
Celles-ci  sont  plissées  en  éventail  dans  l'état 
de  repos.  Ex.  :  la  Sauterelle. 

3°  L'ordre  des  Névr  opter  es ,  qui  a  les 
quatre  ailes  minces,  transparentes  ou  vei- 
nées de  nervures  généralement  très  nom- 
breuses. Ex.  :  la  Demoiselle  ou  Libellule. 

4°  L'ordre  des  Hyménoptères,  qui  a  aussi 
quatre  ailes  nues  et  veinées,  mais  moins 
que  dans  l'ordre  précédent.  Les  pièces  de  la 
bouche  sont  déjà  en  partie  transformées  en 
organe  de  succion.  Ex.  :  V Abeille. 

8°  L'ordre  des  Strepsiplères,  qui  a  des 
élytres  ou  ailes  antérieures  tout-à-fait  ru- 
dimentaires  et  contournées  sur  elles-mêmes. 
Ex.  :  les  Xénos. 

Nous  ne  parlerons  pas  ici  des  ordres  que 
l'on  a  détachés  des  précédents,  sous  les 
noms  de  Dermaptères  (Forficules),  Tri- 
choptères  (Friganes)  ;  nous  renvoyons  à  cha- 
cun de  ces  mots. 

Les  Insectes  suceurs  renferment  en  pre- 
mier lieu  les  Lépidoptères,  dont  les  quatre 
ailes  sont  recouvertes  d'écaillés  colorées.  Ce 
sont  tous  les  Papillons. 

2°  L'ordre  des  Hémiptères,  dont  les  ailes 
de  la  première  paire  sont  épaisses  comme 
dans  les  Orthoptères,  mais  souvent  elles  ne 
le  sont  que  dans  la  première  moitié.  Leur 
bouche,  appelée  suçoir,  est  très  différente 
de  celle  des  Papillons. 

3°  L'ordre  des  Diptères,  qui  se  reconnaît 
au  premier  coup  d'ceil  parce  qu'il  n'a  que 
deux  ailes,  les  ailes  de  la  seconde  paire  étant 
représentées  par  les  balanciers.  Exemple  : 
les  Mouches. 

4°  L'ordre  des  Aptères,  qui  renferme 
les  Puces. 

î>"  L'ordre  des  Aphaniptères,  dont  le  type 
est  le  Pou,  mais  qui  se  compose  d'Insectes 
à  mandibules  et  d'Insectes  qui  en  sont  dé- 


pourvus ,  ce  qui  les  a  fait  diviser  en  deux 
ordres  distincts,  le  premier  conservant  le 
nom  d"  Aphaniptères ,  le  second  prenant 
celui  de  Zoophages. 

Ici  également  nous  mentionnerons  seu>  * 
lement  les  Homoptères,  détachés  des  Hé-  J 
miptères ,  parce  que  leurs  ailes  de  devant 
sont  épaisses  dans  toute  leur  étendue;  ex.  : 
la  Cigale ,  les  Homaloptères ,  qui  se  compo- 
sent de  quelques  Diptères  à  bouche  plus 
ou  moins  rudimentaire.  Pour  tous  les  grou- 
pes d'Insectes  nous  renvoyons  à  chacun  des 
articles  qui  les  concerne.  On  y  trouvera  sur 
leurs  caractères  des  détails  que  le  défaut 
d'espace   nous    empêche    de   donner   ici. 

(Brullé). 

INSECTIVORES.  Insectivora.  mam.  — 
L'une  des  familles  de  l'ordre  des  Carnassiers 
a  reçu  le  nom  d'Insectivores  à  cause  des 
mœurs  des  animaux  qui  la  composent.  De 
même  que  les  Chauves-Souris,  les  Insectivo- 
res ont  desmâchelières  hérissées  de  pointes 
coniques,  mais  ils  n'ont  pas  de  membranes  la- 
térales,quoique  ne  manquant  jamais  de  clavi- 
cules ;  leurs  pieds  sont  courts  ;  tous  appuient 
la  plante  entière  du  pied  surla  terre  en  mar- 
chant; leurs  mamelles  sont  placées  sous  le 
ventre.  Les  uns  ont  de  longues  incisives  en 
avant,  suivies  d'autres  incisives  et  de  ca- 
nines toutes  moins  hautes  même  que  les 
molaires ,  genre  de  dentition  qui  rappelle 
celle  des  Rongeurs  ;  d'autres  ont  de  grandes 
canines  écartées  ,  entre  lesquelles  sont  de 
petites  incisives,  ce  qui  est  la  disposition 
la  plus  ordinaire  aux  Quadrumanes  et  aux 
Carnassiers. 

La  vie  des  Insectivores  est  le  plus  sou- 
vent nocturne  et  souterraine  ;  leurs  mouve- 
ments sont  assez  faciles,  et  beaucoup  d'en- 
tre eux  passent  l'hiver  en  léthargie,  surtout 
dans  les  pays  froids;  ils  se  nourrissent 
presque  exclusivement  d'Insectes.  Ces  mam- 
mifères se  ressemblent  beaucoup  par  leurs 
téguments  ,  les  formes  des  membres  et  le 
genre  de  vie;  ils  sont  divisés  en  un  assez 
grand  nombre  de  genres,  ainsi  que  nous  le 
verrons  plus  tard  ,  dont  les  trois  princi- 
paux ,  dans  lesquels  peuvent  rentrer  tous 
les  autres ,  sont  ceux  des  Taupes ,  des  Mu- 
saraignes et  des  Hérissons. 

Les  anciens  naturalistes  connaissaient 
à  peine  les  trois  types  européens  de  l'ordre 
des  Insectivores,  et  ils  ne  se  sont  nullement 


INS 


IMS 


85 


occupés  de  leurs  rapports  naturels  ni  de  leur 
place  dans  la  série  2oologique.  Aristote 
(  350  ans  avant  l'ère  chrétienne)  dit  néan- 
moins quelques  mots  de  la  Taupe ,  qu'il  dé- 
signe sous  le  nom  û'Aspalax  ;  des  Musarai- 
gnes, qui  pour  lui  sont  des  Mygales,  et  des 
Hérissons,  ses  Echinus.  Pline  (50  ans  avant 
Jésus-Christ)  n'ajoute  que  peu  de  chose 
aux  écrits  d'Aristote,  et  le  premier  il  crée  les 
mots  Talpa ,  Musaraneus  et  Erinaceus. 

Au  moyen-âge ,  les  auteurs  qui  se  sont 
occupés  d'histoire  naturelle,  Isidore  de 
Séville,  Albert-le-Grand,  Agricola,  Sca- 
liger,  ne  firent  que  rectifier  ce  qu'avaient 
dit  Aristote  et  Pline,  et  n'augmentèrent  que 
peu  les  connaissances  acquises  sur  les  In-< 
sectivores. 

Gesner,  en  1520,  est  le  premier  qui  ait 
passablement  défini,  au  moins  dans  les 
deux  genres  Talpa  et  Sorex,  les  Insectivores. 
Puis  vinrent  Wallon  (1552) ,  Aldrovande 
(1645),  Jobnston(1657),  Charleton(1668), 
qui  ajoutèrent  quelques  matériaux  à  leur 
histoire.  Ray,  en  1693,  est  le  premier  qui, 
sentant  leurs  rapports  naturels ,  les  ait  rap- 
prochés tous  convenablement  dans  un  sys- 
tème mammalogique.  Linné  (1735)  ras- 
sembla ce  qu'avait  dit  ses  devanciers,  et  il 
détourna  le  nom  de  Sorex,  qu'il  appliqua 
aux  Musaraignes,  dénomination  latine  qui 
leur  est  restée,  et  est  venue  remplacer  celle 
de  Musaraneus.  Daubenton  (1756)  com- 
mença à  distinguer  les  espèces ,  du  moins 
dans  le  genre  Musaraigne,  et  il  publia  un 
travail  dans  le  grand  ouvrage  de  Buffon  ; 
Schreber  (1778)  s'occupa  de  leur  système 
dentaire.  Hermann(1780)  donna  de  grands 
détails  sur  les  Musaraignes  européennes. 
En  1780,  Pallas  et  Storr  sentirent  les  rap- 
ports naturels  des  Insectivores  entre  eux  et 
avec  les  autres  Mammifères.  Linck  ,  en 
1795,  en  forma  le  premier  un  ordre  parti- 
culier, et  son  exemple  a  été  suivi  par  pres- 
que tous  les  zoologistes.  G.  Cuvier  (1798), 
Lacépède  (1798)  et  Illiger(1811  ) ,  prenant 
en  considération  rigoureuse  le  système  den- 
taire, les  ont  partagés  en  plusieurs  sections 
génériques.  Pallas  (1811),  Etienne  Geoffroy- 
Saint-Hilaire  (1811),  Savi  (1832),  Say 
(1835),  augmentèrent  le  nombre  des  espèces 
européennes  connues  ,  principalement  dans 
le  groupe  des  Musaraignes.  Raffles,  Smith, 
Brandt,  etc.,  ont  ajouté  les  nouvelles  for- 


mes, beaucoup  plus  distinctes,  fournies  par 
l'Afrique,  l'Inde  et  l'Amérique.  Wagler, 
en  1832,  a  appliqué  aux  Sorex  proprement 
dits  le  même  principe  de  divisions  généri- 
ques qui  avait  été  employé  par  Lacépède,  et  il 
a  introduit  ainsi  les  bases  de  la  distinction 
et  de  la  distribution  des  espèces ,  ce  qui  a 
été  adopté  par  MM.  Duvemoy  (1835),  Jen- 
nyns  (1837)  et  Nathusius  (1838).  M.  de 
Blainville  publia  (Ann.  d'Anat.  et  de  Phys.t 
t.  II,  1838,  et  Ostéographie ,  Insectivores, 
1841)  un  mémoire  de  la  plus  haute  impor- 
tance sur  l'ancienneté  des  Mammifères  Insec- 
tivores à  la  surface  de  la  terre,  et  dans  ce 
travail  il  résuma  tout  ce  qui  avait  été  dit  sur 
ces  animaux  ;  il  posa  les  bases  de  leur  clas- 
sification et  de  leur  position  dans  la  série 
zoologique,  et  il  indiqua  les  espèces  que  l'on  a 
trouvées  à  l'état  fossile. Depuis  la  publication 
de  ce  Mémoire  peu  de  travaux  ont  été  faits 
sur  les  Insectivores  ;  on  doiteiter  cependant 
un  Mémoire  de  M.  Isidore  Geoffroy  -Sain t- 
Hilaire  sur  lesTenrecs,  la  description  de 
quelques  espèces  du  nord  de  la  France  ap- 
partenant au  genreMusaraigne  parM.  Edmc 
deSelys  Longchamps,  une  monographie  des 
espèces  nord-américaines  du  genre  Sorex 
par  M.  Buchanan  ,  etc.,  etc. 

Les  Insectivores  doivent  constituer  un 
ordre  distinct ,  dont  la  place  est  intermé- 
diaire à  celui  des  Chéiroptères  et  à  celui  des 
Carnassiers.  La  disposition  des  espèces  doit 
être  des  plus  anomales  aux  plus  normales; 
c'est-à-dire  que  l'on  doit  l'établir  ainsi  : 
Talpa,  Sorex  et  Erinaceus;  d'abord  les  es- 
pèces dont  la  vie  est  souterraine,  puis  les 
intermédiaires,  et  enfin  celles  qui  se  rappro- 
chent le  plus  des  Carnassiers.  La  distribu- 
tion des  espèces  repose  essentiellement  sur 
le  système  dentaire,  qui,  pour  chacune 
.d'elles,  présente  une  particularité  tranchée 
dans  le  nombre,  la  forme  ou  les  proportions 
des  dents. 

Relativement  à  la  géographie  zoologiquc, 
les  trois  genres  principaux  des  Insectivores 
sont  essentiellement  de  l'ancien  continent. 
Tous  trois  sont  européens.  Un  seul,  celui 
des  Musaraignes,  se  trouve  dans  toutes  les 
parties  du  monde,  le  sud-Amérique  et  la 
Nouvelle-Hollande  exceptés. Les  Taupes  pro- 
prement dites  sont  exclusivement  de  l'an- 
cien continent ,  ou  tout  au  plus  des  parties 
septentrionales  du  nouveau;  et  c'est  à  peine 


86 


INS 


si  elles  dépassent,  en  Asie  et  en  Afrique, 
fe  littoral  de  la  Méditerranée.  Le  sud-Afri- 
que seul  offre  les  Taupes  dorées  ou  Chry- 
sochlores; le  nord-Amérique  les  Taupes- 
Kusaraignes.  Les  Musaraignes  proprement 
dites  sont  de  toutes  les  parties  de  l'ancien 
continent  et  même  du  nord  du  nouveau. 
Les  Glisorex  et  les  Echinosorex  ne  se  trou- 
vent qu'en  Asie.  L'Afrique  seule  offre  les 
Macroscelis.  Les  Hérissons  proprement  dits 
sont  exclusivement  de  l'ancien  continent; 
tandis  que  les  Tenrecs  ne  se  trouvent  qu'à 
Madagascar. 

Comme  résultat  de  l'ancienneté  à  la  sur- 
face du  globe ,  on  peut  dire  que  les  trois 
types  européens  des  Insectivores  sont  de  la 
plus  haute  antiquité  historique.  Des  indi- 
vidus qui  se  rapportent  à  l'un  d'eux  étaient 
conservés  à  l'état  de  momie  par  les  Égyp- 
tiens; et  les  deux  ou  peut-être  trois  espèces 
qui  ont  été  admises  à  cet  état  ne  diffèrent 
pas  d'une  espèce  actuellement  vivante  en 
Afrique  et  même  en  Egypte. 

Les  trois  genres  types  des  Insectivores  se 
trouvent  à  l'état  fossile  :  l°dans  les  brèches 
osseuses  du  littoral  de  la  Méditerranée; 
2°  dans  le  col  des  cavernes  d'Allemagne , 
d'Angleterre,  de  Belgique  et  de  France; 
3°  dans  un  terrain  tertiaire  moyen  des  mon- 
tagnes sous-pyrénéennes;  4°  dans  un  ter- 
rain d'eau  douce  d'Auvergne.  Les  six  espè-» 
ces  qui  ont  été  reconnues  jusqu'ici,  savoir  : 
une  Taupe  ,  trois  espèces  de  Musaraignes , 
un  Desman  et  un  Hérisson,  ne  diffèrent  pas 
spécifiquement  de  celles  qui  existent  ac- 
tuellement à  l'état  vivant  :  elles  se  trouvent 
pêle-mêle  avec  des  restes  d'animaux  qui  ne 
vivent  plus  dans  nos  contrées.  Les  autres, 
dont  on  ne  connaît  pas  encore  à  l'état  récent 
les  analogues,  savoir  :  une  Taupe,  une 
Musaraigne ,  un  Hérisson  et  un  Tenrec , 
forment  des  espèces  intermédiaires  exclu- 
sivement à  celles  de  l'ancien  monde.  Voy. 

GROTTES. 

Les  genres  qui  ont  été  formés  dans  la  fa- 
mille des  Insectivores  sont  assez  nombreux, 
et  nous  n'indiquerons  que  les  principaux  : 
Taupe,  Chrysochlore,  Cladobate,  Condy- 
lure,  Scalope,  Musaraigne,  Desman,  Hé- 
risson, Tenrec,  etc.,  etc. 

En  terminant  cet  article,  nous  croyons 
devoir  rappeler  que,  chez  les  Mammifères, 
la  dénomination  d'Insectivores  n'est    pas 


INS 

seulement  applicable  aux  Taupes ,  aux  Mu- 
saraignes ,  aux  Hérissons  et  aux  animaux 
qui  s'en  rapprochent  le  plus;  mais  qu'elle 
pourrait  encore  être  donnée  à  quelques  ani- 
maux de  groupes  différents  qui  se  nour- 
rissent presque  uniquement  d'Insectes. 
Ainsi  beaucoup  de  Chauves-Souris  sont  ex- 
clusivement Insectivores  :  aussiM.  Fr.Cuvier 
avait-il  réuni  sous  cette  dénomination  les 
Chéiroptères  et  les  Insectivores  proprement 
dits  ;  quelques  Singes,  des  Lémuriens,  des 
Galéopithèques  ,  un  grand  nombre  d'Éden- 
tés,  se  nourrissent  aussi  d'Insectes;  enfin, 
dans  la  grande  division  des  Marsupiaux,  il 
y  a  un  groupe  d'animaux  auquel  on  a  pu , 
à  juste  titre ,  donner  le  nom  d'Insecti- 
vores. (E.  D.) 

INSECTIVORES.  Insectivori.  ois.  —  Ce 
mot,  dont  la  signification  ne  saurait  offrir 
d'équivoque,  est  devenu,  pour  M.Temminck, 
le  titre  d'un  ordre  particulier  de  Passereaux, 
qui  ont  pour  caractères  communs  :  un  bec 
médiocre  ou  court,  faiblement  tranchant 
ou  en  alêne,  à  mandibule  supérieure  cour- 
bée et  échancrée  vers  la  pointe  ;  des  doigts 
au  nombre  de  quatre,  trois  devant  et  un 
derrière ,  l'extérieur  étant  soudé  à  la  base 
ou  uni  jusqu'à  la  première  articulation  au 
doigt  du  milieu. 

Selon  M.  Temminck,  les  Insectivores  ne 
se  nourrissent  pas  exclusivement  d'Insectes, 
comme  leur  nom  collectif  semblerait  l'in- 
diquer, mais  les  baies  et  les  fruits  servent 
aussi  d'aliment  à  plusieurs  espèces.  Leur 
voix  est  harmonieuse  ;  ils  habitent  les  bois, 
les  buissons ,  les  roseaux ,  nichent  solitai- 
rement et  font  plusieurs  pontes  par  an. 

Les  g.  que  M.  Temminck  introduit  dans 
ses  Insectivores  font  presque  tous  partie  de 
la  famille  des  Dentirostres  de  G.  Cuvier. 
Ce  sont  les  g.  Merle,  Cincle,  Lyre,  Brève, 
Fourmilier,  Batara,  Vanga,  Pie-Grièche, 
Bécarde ,  Bec-en-Fer ,  Langrayen  ,  Crinon , 
Drongo,  Échenilleur,Coracine,  Cotinga,  Ave- 
rano,  Procné,  Rupicole,  Tanmanak,  Ma- 
nakin ,  Pardalote ,  Todier  ,  Platyrhinque  , 
Moucherolle,  Gobe-Mouche,  Mérion,  Bec- 
Fin,  Traquet,  Accenteur,  Bergeronnette  et 
Pipit.  (Z.  G.) 

*INSIGNÉES.  Insignatœ.  arach.  —  Ce 
nom  désigne,  dans  VHist.  nat.  des  Ins.  apt., 
par  M.  Walckenaër,  une  race  dans  le  genre 
des  Lycosa,  dont  les  espèces  qui  la  compo- 


1NS 

sent  présentent  les  caractères  suivants  : 
Corps  dont  la  longueur  n'excède  pas  10  li- 
gnes. Abdomen  ayant  sur  le  dos  une  figure 
régulière,  tantôt  formant  un  ovale  ou  un 
polygone  allongé,  tantôt  une  raie  à  la  par- 
tie antérieure,  accompagnée  de  taches  dis- 
posées régulièrement,  avec  une  figure  bien 
distincte,  à  la  partie  postérieure.  Dix-neuf 
espèces  de  Lycosa  font  partie  de  cette  race. 

(H.  L.) 
INSTINCT  ET  INTELLIGENCE  DES 
ANIMAUX,  physiol. — Il  y  a,  dans  ce  qu'on 
appelle  communément  du  nom  vague  d'In- 
telligence, trois  faits  distincts  :  Y  Instinct  9 
Y  Intelligence  des  bêtes,  etY  Intelligence,  larai- 
son  de  l'Homme. 

§  I.  De  l'instinct. 

L'Instinct  a  trois  caractères  qui  lui  sont 
propres. 

II  agit  sans  instruction ,  sans  expérience. 
Il  ne  fait  jamais  de  progrès. 
Il  est  toujours  particulier. 

1°  L'Instinct  agit  sans  instruction, 

L'Araignée  n'apprend  point  à  faire  sa 
toile,  ni  le  Ver  à  soie  son  cocon,  ni  l'Oiseau 
son  nid,  ni  le  Castor  sa  cabane. 

L'Homme  lui-même  fait  plusieurs  choses 
par  un  pur  instinct. 

L'enfant  tette  en  venant  au  monde ,  sans 
l'avoir  appris ,  sans  avoir  pu  l'apprendre  : 
il  tette  par  instinct. 

2°  L'Instinct  ne  fait  jamais  de  progrès. 

L'Araignée  ne  fait  pas  mieux  sa  toile  le 
dernier  jour  de  sa  vie  que  le  premier.  Elle 
fait  bien  du  premier  coup.  Elle  ne  fait  ja- 
mais mieux;  elle  n'a  jamais  fait  mal. 

3*  L'Instinct  est  toujours  particulier. 

Le  Castor  a  la  merveilleuse  industrie  de 
se  bâtir  une  cabane;  mais  cette  merveil- 
leuse industrie  ne  lui  sert  qu'à  bâtir  sa  ca- 
bane. Pour  tout  le  reste,  pour  les  qualités 
•relatives  à  nous,  comme  dit  Buffon  (1),  il 
est  fort  inférieur  au  Cheval,  au  Chien. 

Le  Chien,  quia  tant  d'Intelligence  (je 
parle  de  l'Intelligence  des  bêtes),  n'a  au- 
cune industrie  qui  approche  des  industries 
si  compliquées  de  l'Abeille  et  de  la  Fourmi. 

(0  •  L?  Castor  parait  inférieur  au  Chien  par  les  qualités 
relatives  qui  pourraient  l'approcliei  de  l'Homme,  •  Histoire 
du  Ctstor. 


INS 


87 


Il  n'y  a  point  ù?  Instinct  général,  il  y  a  des 
Instincts. 

L'Instinct  est  donc  toujours  un  fait  spé- 
cial ;  et,  par  cela  seul,  il  n'est  point  l'Intelli- 
gence, laquelle  est  toujours  un  fait  général, 
comme  nous  le  verrons  bientôt.  «  La  rai- 
son est  un  instrument  universel,  »  dit  ad-  ' 
mirablement  Descartes  (1). 

On  me  dit  que  l'Instinct  n'est  qu'un  mot. 
Je  demande  s'il  y  a  des  choses  que  l'animal 
fasse  sans  les  avoir  apprises  ?  Et  il  y  en  a, 
sans  doute  ;  je  viens  d'en  indiquerplusieurs  :  | 
la  toile  de   l'Araignée,  le  cocon  du  Ver  à  l 
soie,  la  cabane  du  Castor,  etc. 

Il  y  a  donc  des  choses  d'Instinct,  puisqu'il 
y  a  des  choses  faites  sans  être  apprises ,  car 
qui  dit  l'un ,  dit  l'autre.  L'Instinct  n'est  donc 
point  un  vain  mot;  l'Instinct  est  un  fait. 

On  a  voulu,  tour  à  tour,  expliquer  l'In- 
stinct par  YIntelligence  et  par  le  pur  méca- 
nisme. On  l'a  toujours  voulu  en  vain. 

Dupont  de  Nemours  veut  que  l'action  de 
téter  soit  un  art,  lequel,  dit-il,  «  s'apprend 
par  raisonnement,  par  méthode,  par  un  cer- 
tain nombre  d'expériences  suivies  d'induc- 
tions justes  (2);  »  et  voilà  l'enfant,  à  peine 
né,  qui  déjà  raisonne  et  expérimente. 

Georges  Leroy  veut  que  «  les  voyages  des 
oiseaux  soient  le  fruit  d'une  instruction  qui 
se  perpétue  de  race  en  race  (3);  »  et  voilà 
les  oiseaux  qui  se  transmettent,  de  race  en 
race,  des  instructions,  un  corps  de  doctrine. 

D'un  autre  côté,  si  j'en  crois  Buffon, 
l'Instinct  n'est  qu'un  pur  mécanisme.  De  ce 
que  des  pois,  qu'il  fait  bouillir  dans  un  vase 
fermé,  deviennent  (étant  comprimés  les  uns 
par  les  autres),  de  petites  colonnes  à  six 
pans  (4),  il  conclut  que  les  alvéoles,  les  cel- 
lules hexagones  des  Abeilles  ne  sont  aussi 
que  l'effet  d'une  compression  réciproque. 
Comment  Buffon  peut-il  se  payer  d'une 
comparaison  aussi  vague?  Et,  d'ailleurs  , 
combien  d'autres  industries,  non  moins  ad- 
mirables que  celle  de  l'Abeille,  et  sans  com- 
pression réciproque! 

La  compression  réciproque  agit-elle  pour 

(i)  •  Au  lieu  que  la  raison  est  un  instrument  universel 
qui  peut  servir  en  toutes  sortes  de  rencontres ,  ces  organrs 
(les  organes  des  bêtes)  ont  besoin  de  quelque  particulière 
disposition  pour  chaque  action  particulière.  .  Discours  de  la 
méthode. 

(a)  Mém.  sur  l'Instinct. 

(.))  Lettres  philosophiques  sur  V intelligence  et  la  perfeetibl- 
itê  des  animaux  ,  etc. 
(i)  Distours  sur  la  nRtzre  des  animaux. 


S8 


ÏNS 


le  cocon  du  Ver  à  soie,  pour  le  nid  de  l'Oi- 
seau, pour  la  cabane  du  Castor? 

La  toile  de  l'Araignée  est-elle  un  effet 
tic  la  compression  réciproque  ? 

L'Instinct  ne  s'explique  donc  ni  par  l'In- 
relligence,  ni  par  le  mécanisme.  L'Instinct 
est  donc  une  force  propre. 

§  II.  De  l'intelligence  des  bêtes. 

L'Intelligence  a  ses  caractères;  et  tous 
sont  opposés  à  ceux  de  l'Instinct. 

L'Instinct  agit  sans  instruction  ;  l'Intel- 
ligence n'agit  que  par  instruction,  par  expé- 
rience. 

L'Instinct  ne  fait  point  de  progrès  ;  l'In- 
telligence en  fait. 

L'Instinct  est  toujours  particulier  ;  l'In- 
telligence est  toujours  générale. 
1°  L'Intelligence  n'agit  que  par  instruction, 
par  expérience. 

J'instruis  mon  Chien  à  faire  ce  que  je 
veux;  et  ce  que  je  veux  est  souvent  le  con- 
traire de  ce  que  son  Instinct  lui  suggère. 

Son  Instinct  lui  suggère  de  se  jeter  sur 
la  proie  pour  la  dévorer;  et  je  l'instruise 
me  l'apporter  sans  y  toucher. 

Je  dresse  mon  Cheval ,  comme  je  dresse 
mon  Chien,  en  associant  une  impression  à 
une  autre. 

Et  je  suis  le  maître  de  ces  associations  ; 
et  l'animal  s'y  soumet  et  s'y  ploie.  Son  In- 
telligence a  donc  quelque  chose  de  relatif  à 
la  mienne. 

En  général ,  le  bruit  du  fouet  fait  fuir  le 
Chien,  parce  qu'il  lui  rappelle  une  impres- 
sion de  douleur.  Mais,  si  au  lieu  d'un  coup, 
j'associe  au  bruit  du  fouet  une  caresse,  une- 
friandise,  ce  bruit  fera  venir  mon  Chien  au 
lieu  de  le  faire  fuir. 

L'association  des  impressions  est  le  grand 
moyen  sur  lequel  se  fonde  toute  l'éducation 
de  nos  animaux  domestiques.  Et  quel  parti 
ne  pourrait-on  pas  en  tirer  pour  la  première 
éducation  de  l'Homme  lui-même,  si  l'on  sa- 
vait s'y  prendre? 

2"  L'Intelligence  fait  des  progrès. 

Nous  voyons  tous  les  jours,  dans  nos  cir- 
ques, des  Chiens,  des  Chevaux,  desOurs,  etc., 
qui  font  des  choses  qu'assurément  ils  n'eus- 
sent point  faites  ,  abandonnés  a  eux  seuls. 
On  leur  apprend  à  faire  ces  choses  ;  on  les 
y  instruit,  on  les  y  prépare.  Ils  ne  les  font 


ÏNS 

pas  du  premier  coup.  Ils  commencent  par 
faire  mal  ;  puis  ils  font  mieux;  puis  bien. 

Qui  n'a  remarqué  les  progrès  du  Chien 
qu'on  dresse  à  la  chasse,  du  Cheval  qu'on 
dresse  au  manège?  f 

Et  ce  qui  montre  bien  encore  jusqu'à 
quel  point  cette  éducation  des  animaux  est 
relative  à  la  nôtre,  c'est  que  nous  y  pro- 
cédons de  même  :  nous  les  excitons ,  nous 
les  corrigeons;  nous  les  flattons,  quand  ils 
font  bien  ;  nous  les  châtions,  quand  ils  font 
mal. 

3°  L' Intelligence  est  toujours  générale. 

Il  y  a  plusieurs  Instincts,  il  n'y  a  qu'une 
Intelligence.  C'est  parla  même  intelligence, 
générale  et  une,  que  le  Chien  apprend  à 
m'apporter  le  gibier  au  lieu  de  le  dévorer, 
à  venir  quand  je  l'appelle,  à  fuir  quand  je 
le  menace ,  etc. 

L'Instinct  est  donc,  en  tout,  l'opposé  de 
l'Intelligence.  Comment  l'une  de  ces  choses 
serait-elle  l'autre? 

L'Instinct  et  l'Intelligence  sont  donc 
deux  forces  distinctes. 

§  III.  De  l'intelligence  de  l'homme. 

Les  animaux  ont  une  certaine  Intelli- 
gence. Ils  ont,  comme  nous,  des  sens,  des 
sensations,  des  perceptions,  de  la  mémoire; 
ils  comparent  leurs  souvenirs  ,  leurs  per- 
ceptions ;  ils  jugent ,  ils  veulent. 

Mais,  ce  qui  fait  ici  toute  la  question, 
l'animal  ne  sort  jamais  du  physique.  J'agis 
sur  lui ,  mais  par  des  coups  ,  par  des  cris, 
par  le  son  de  ma  voix,  par  des  gestes,  par 
des  caresses  ,  etc. 

Il  ne  s'élève  jamais  jusqu'au  métaphy- 
sique. Il  a  des  sensations  et  n'a  pas  des 
idées(l);  il  a  l'intelligence  et  n'a  pas  la 
réflexion. 

«  L'Homme  seul  est  capable  de  réfléchir,  » 
disait  Aristote(2);  et  tous  les  bons  esprits 
l'ont  dit  après  lui.  Mais  qu'est-ce  que  la 
réflexion? 

Je  définis  la  réflexion  :  Vétude  de  Vesprit 
par  l'esprit,   la  connaissance  de  la  pensées 
par  la  pensée.  Û 

L'étude  de  la  pensée  par  la  pensée  est  le 
monde  métaphysique.  Et  ce  monde  est  propre 
à  l'Homme. 

(r)   Voyez  mon  Histoire  des  travaux  et  des  idées  de  Buf- 
fon  ,  au  chapitre  sur  V Intelligence  des  bêles, 
(2)  Histoire  des  animaux,  liv.  I. 


INS 

L'Intelligence  de  l'animal  ne  se  voit  pas, 
ne  se  comprend  pas.  L'Homme  seul  com- 
prend son  Intelligence,  et  se  juge  lui- 
même;  et  c'est  par  là  qu'il  est  moral.  Il 
est  moral ,  parce  qu'il  voit  sa  pensée  et  la 
juge. 

Comme  je  le  disais  en  commençant  cet 
article ,  il  y  a  donc  trois  grands  faits  essen- 
tiellement distincts  : 

L'Instinct  qui  ne  connaît  pas; 
1     L'Intelligence  des  bêtes  qui  connaît  ; 

Et  Y  Intelligence  de  l'Homme ,  la  Raison , 
qui  connaît  et  se  connaît. 

§  IV.  Observations  de  Frédéric  Cuvier  sur 
VINSTINCT  du  castor  et  sur  L'INTEL- 
LIGENCE de  l'orang-outang. 

Fr.  Cuvier  nous  a  laissé  sur  le  Castor 
des  observations  très  curieuses. 

L'individu  qu'il  a  étudié  avec  le  plus  de 
suite  avait  été  pris  tout  jeune  sur  les  bords 
du  Rhône;  il  avait  été  allaité  par  une 
femme;  il  n'avait  donc  pu  rien  apprendre, 
même  de  ses  parents.  Fr.  Cuvier  l'avait 
placé  dans  une  cage  grillée ,  et  là  ce  fut  ab- 
solument de  lui-même  qu'il  donna  les  pre- 
mières marques  de  son  Instinct.  On  le  nour- 
rissait habituellement  avec  des  branches  de 
saule ,  dont  il  mangeait  l'écorce.  Or,  on 
s'aperçut  bientôt  qu'après  les  avoir  dé- 
pouillées, il  les  coupait  par  morceaux  et  les 
entassait  dans  un  coin  de  sa  cage.  L'idée 
vint  donc  de  lui  fournir  des  matériaux  avec 
lesquels  il  pût  bâtir,  c'est-à-dire  de  la 
terre,  de  la  paille,  des  branches  d'arbre; 
et  dès  lors  on  le  vit  former  de  petites  mas- 
ses de  cette  terre  avec  ses  pieds  de  devant, 
puis  pousser  ces  masses  en  avant  avec  son 
menton,  ou  les  transporter  avec  sa  bouche, 
les  placer  les  unes  sur  les  autres ,  les  pres- 
ser fortement  avec  son  museau  jusqu'à  ce 
qu'il  en  résultât  une  masse  commune  et  so- 
lide ,  enfoncer  alors  un  bâton  avec  sa  bou- 
che dans  cette  masse  ;  en  un  mot ,  bâtir 
et  construire  (1). 

Buffon  veut  que  «  les  Castors  solitaires 
»  ne  sachent  plus  rien  entreprendre  ni  rien 
a  construire  (2).  »  On  voit  ici  combien  il  se 
trompe. 

Il  veut  que  le  Castor  tire  son  industrie 

(i)  Voyez   mon   livre  sur  Vlnstinci  et  Flnteltigence   des 
tsùmaux  (seconde  édition) 
(»)  Histoire  du  Castor, 
I.    VII. 


INS 


S9 


de  la  société  des  siens  (1).   Le  Castor  de 
Fr.  Cuvier  n'avait  jamais  vu  les  siens. 

En  un  mot,  cet  animal  travaillait  de  lui- 
même,  et  sans  l'avoir  appris;  il  travaillait, 
déplus,  sans  utilité,  sans  but  (car  il  était 
dans  une  cage,  c'est-à-dire  dans  une  cabane, 
et  par  conséquent  il  n'avait  pas  besoin  de 
s'en  faire  une  autre).  Son  travail  n'était 
donc  que  l'effet  d'un  pur  Instinct. 

Tel  est  le  résultat  précieux  des  obser- 
vations de  Fr.  Cuvier  sur  l'Instinct  du 
Castor.  Le  résultat  de  ses  observations  sur 
l'Intelligence  de  l'Orang-Outang  n'est  pas 
moins  remarquable. 

Son  jeune  Orang-Outang  se  plaisait  à 
grimper  sur  les  arbres.  On  fit  un  jour  sem- 
blant de  monter  à  l'un  de  ces  arbres  pour 
aller  l'y  prendre;  mais  aussitôt  il  se  mita 
secouer  l'arbre  de  toutes  ses  forces  pour 
effrayer  la  personne  qui  s'approchait  ;  cette 
personne  s'éloigna ,  et  il  s'arrêta  ;  elle  se 
rapprocha,  et  il  se  mit  de  nouveau  à  secouer 
l'arbre.  Pour  ouvrir  la  porte  de  la  pièce 
dans  laquelle  on  le  tenait,  il  était  obligé, 
vu  sa  petite  taille,  de  monter  sur  une  chaise 
placée  près  de  cette  porte.  On  imagina  d'ôter 
cette  chaise;  il  alla  en  chercher  une  autre, 
qu'il  mit  à  la  place  de  la  première ,  et  sur 
laquelle  il  monta  ,  de  même ,  pour  ouvrir 
la  porte.  Enfin,  lorsqu'on  lui  refusait 
quelque  chose,  comme  il  n'osait  s'en  pren- 
dre à  la  personne  qui  ne  lui  cédait  pas ,  il 
s'en  prenail  à  lui-même ,  et  se  frappait  lr 
tête  contre  la  terre  ;  il  se  faisait  du  mal , 
comme  s'en  font  quelquefois  nos  enfants, 
pour  inspirer  plus  d'intérêt  et  de  compas- 
sion^). 

«  J'ai  vu ,  dit  Buffon,  un  Orang-Outang 
»  présenter  sa  main  pour  reconduire  les  gers 
»  qui  venaient  le  visiter,  se  promener  gra- 
»  vementaveceuxet  comme  de  compagnie; 
»  je  l'ai  vu  s'asseoira  table,  déployer  sa 
»  serviette,  s'en  essuyer  les  lèvres,  se  ser- 
»  vir  de  la  cuiller  et  de  la  fourchette  pour 
»  porter  à  sa  bouche ,  verser  lui-même  sa 
»  boisson  dans  un  verre ,  le  choquer  lors- 
»  qu'il  y  était  invité  ,  aller  prendre  (une 
n  tasse  et  une  soucoupe ,  l'apporter  sur  la 
»  table ,  y  mettre  du  sucre ,  y  verser  du 
»  café,  le  laisser  refroidir  pour  le  boire,  et 

(t)   Histoire  du  Castor. 

(,)  Vny.z  mon  livre  sur  Vlnstinci  et  l'InteUiftne*  dm 
animi  uï,  rtc.  (scronde  édition). 

12 


90 


INS 


INS 


»  tout  cela  sans  autre  instigation  que  les 
»  signes  ou  la  parole  de  son  maître,  et  sou- 
»  vent  de  lui-même.  Il  ne  faisait  du  mal  à 
»>  personne ,  s'approchait  même  avec  cir- 
»  conspection,  et  se  présentait  comme  pour 
w  demander  des  caresses,  etc.(l).  » 

Le  jeune  Orang-Outang  que  nous  avons 
eu  dans  ces  derniers  temps ,  au  Jardin  des 
Plantes,  faisait  toutes  ces  choses  comme 
celui  de  Buffon. 

11  savait  très  bien  aussi ,  comme  celui  de 
Fr.  Cuvier,  prendre  la  clef  de  la  chambre 
où  on  l'avait  mis ,  l'enfoncer  dans  la  ser- 
rure, ouvrir  la  porte.  On  mettait  quelque- 
fois cette  clef  sur  la  cheminée  ,  il  grimpait 
alors  sur  la  cheminée,  au  moyen  d'une 
corde  suspendue  au  plancher  et  qui  lui  ser- 
vait ordinairement  pour  se  balancer.  On 
fit  un  nœud  à  cette  corde  pour  la  rendre 
plus  courte.  Il  défit  aussitôt  ce  nœud. 

J'allai  un  jour  le  visiter  avec  un  illustre 
vieillard ,  observateur  fin  et  profond.  Un 
costume  un  peu  singulier,  une  démarche 
lente  et  débile,  un  corps  voûté  ,  fixèrent, 
dès  notre  arrivée ,  l'attention  du  jeune  ani- 
mal. Il  se  prêta  avec  complaisance  à  tout 
ce  qu'on  exigea  de  lui ,  l'œil  toujours  atta- 
ché sur  l'objet  de  sa  curiosité.  Nous  allions 
nous  retirer,  lorsqu'il  s'approcha  de  son 
nouveau  visiteur,  prit  avec  douceur  et  ma- 
lice la  canne  qu'il  tenait  à  la  main ,  et ,  fei- 
gnant de  s'appuyer  dessus,  courbant  son 
dos,  ralentissant  son  pas,  il  fit  ainsi  le 
tour  de  la  pièce  où  nous  étions  ,  imitant 
la  pose  et  la  marche  de  mon  vieil  ami.  Il 
rapporta  ensuite  la  canne  de  lui-même,  et 
nous  le  quittâmes ,  convaincus  que  lui  aussi 
savait  observer (2). 

Que  l'on  compare  maintenant  le  Castor 
à  rOrang-Outang  :  on  verra,  dans  l'un, 
un  Instinct  spécial,  exclusif,  arrêté,  borné; 
on  verra,  dans  l'autre,  une  Intelligence 
variée,  souple  ,  flexible,  pleine  de  ressour- 
res,  et  l'on  aura  une  idée  juste  de  la  dif- 
l 'icncc  profonde  qui  sépare  Y  Instinct  de 
V  intelligence. 

§    V.    REMARQUES    DIVERSES. 

1°  Développement  inverse  de  l'Instinct  et  de 
l'Intelligence  dans  les  espèces. 

Si  l'Instinct  et  l'Intelligence  n'étalent 

(i)  Histoire  des  Orangs-Outangs,  etc. 
'2)  Voyez  mon  livre  sur  l'Instinct  et  l'intelligence  des  ani- 
maux, etc, .(seconde  édition}. 


qu'une  seule  et  même  chose ,  on  ne  Iesver- 
rait  pas  se  disjoindre  et  se  séparer  l'un  de 
l'autre. dans  les  espèces.  Quand  l'un  croît, 
l'autre  croîtrait  ;  quand  l'un  décroit,  l'au- 
tre décroîtrait  aussi. 

Or,  c'est  précisément  l'inverse  qui  a  lieu. 

Les  animaux  qui  ont  le  plus  d'Intelli- 
gence sont  ceux  qui  ont  le  moins  d'Instincts  ; 
et  ceux  qui  ont  le  plus  d'Instincts,  les  Ins- 
tincts les  plus  compliqués,  sont  ceux  qui 
ont  le  moins  d'Intelligence. 

Le  Chien,  le  Cheval,  l'Orang-Outang, 
qui  ont  beaucoup  d'Intelligence,  ont  peu 
d'Instincts  ;  et  les  Insectes  (les  Araignées, 
les  Abeilles,  les  Fourmis,  par  exemple) 
qui  ont  à  peine  de  l'Intelligence,  nous  éton- 
nent par  leurs  Instincts. 

Dans  les  Mammifères,  l'Intelligence  dé- 
croît des  Singes  (ou  plus  exactement  de 
l'Orang-Outang  et  du  Chimpanzé)  aux  Car- 
nassiers, des  Carnassiers  aux  Pachydermes, 
des  Pachydermes  aux  Ruminants,  des  Ru- 
minants aux  Rongeurs;  et  c'est  justement 
dans  les  Rongeurs ,  les  Mammifères  qui  ont 
le  moins  d'Intelligence ,  que  se  trouve  le 
Castor,  c'est-à-dire  le  Mammifère  qui  a 
l'Instinct  le  plus  remarquable. 

2°  Du  siège  de  l'Instinct  et  de  l'Intelligence. 

Mes  expériences  sur  le  cerveau  nous  ont 
appris  que  cet  organe  se  compose  de  quatre 
parties  essentiellement  distinctes  :  la 
moelle  allongée,  siège  du  principe  qui  pré- 
side au  mécanisme  respiratoire  ;  les  tuber- 
cules (1),  siège  du  principe  du  sens  de  la 
vue;  le  cervelet,  siège  de  la  faculté  (jusqu'à 
moi  demeurée  inconnue  )  qui  coordonne  les 
mouvements  de  locomotion;  et  le  cer- 
veau proprement  dit  (lobes  ou  hémisphères 
cérébraux),  siège,  et  siège  exclusif  de 
l'Intelligence  (2). 

Les  Instincts  ont  le  même  siège  que  l'In- 
telligence. Lorsqu'on  enlève  le  cerveau 
proprement  dit  à  un  animal ,  il  perd  sur- 
le-champ  toute  son  Intelligence;  mais  il 
perd  aussi  tous  ses  Instincts. 

La  Taupe,  en  perdant  l'Intelligence,  perd 
l'Instinct  de  fouir;  le  Chien  perd  l'Instinct 

(i)  Bijumeaux  dans  les  oiseaux;  quadrijumeaux  dans  les 
mammifères. 

(?)  Voyez  mes  Recherches  expérimentâtes  sur  les  proprié- 
tés et  les  fonctions  du  système  nerveux ,  etc.  (  seconde  e'di» 
tioiÔ 


1NS 


INS 


91 


de  mordre  ;  tous  les  animaux  perdent  l'In- 
stinct de  manger,  celui  de  fuir,  celui  de  se 
reproduire,  etc. 

Il  y  a  donc  une  connexion ,  une  liaison 
secrète  qui  unit  l'Instinct  à  l'Intelligence. 
Nous  distinguons  ces  deux  forces  par  leurs 
effets,  sans  pouvoir  les  distinguer,  du  moins 
encore,  par  leur  siège. 

3°  Des  rapports  du  cerveau  proprement  dit 
(  lobes  ou  he'misphères  cérébraux  )  avec 
l'Intelligence. 

On  a  beaucoup  trop  exagéré,  dans  tous 
les  temps  et  particulièrement  dans  le  der- 
nier siècle,  l'influence  des  sens  sur  l'In- 
telligence. 

Helvétius  va  jusqu'à  dire  que  l'homme 
ne  doit  qu'à  ses  mains  sa  supériorité  sur 
les  bêtes.  Ace  compte,  le  Singe  devrait 
être  fort  supérieur  à  l'homme;  car  l'homme 
n'a  quedeux  mains,  et  le  Singeen  a  quatre. 

Les  sens  ne  sont  que  les  instruments  ex- 
térieurs de  l'Intelligence. 

Loin  de  se  développer  en  raison  directe 
de  l'Intelligence ,  la  plupart  se  dévelop- 
pent en  raison  inverse.  Le  goût ,  l'odo-* 
rat,  sont  plus  développés  dans  le  quadru- 
pède que  dans  l'homme  ;  la  vue ,  l'ouïe ,  le 
sont  plus  dans  l'oiseau  que  dans  le  qua- 
drupède ,  etc. 

La  perte  d'un  sens  n'entraîne  pas  la 
perte  de  l'Intelligence.  Elle  survit  au  sens 
de  la  vue,  à  celui  de  l'ouïe  ;  elle  survivrait 
à  tous.  Il  suffit  d'interrompre  la  commu- 
nication d'un  sens  quelconque  avec  le  cer- 
veau pour  que  ce  sens  soit  perdu.  La  seule 
compression  du  cerveau,  qui  abolit  l'Intel- 
ligence, les  abolit  tous. 

Loin  donc  d'être  organes  de  l'Intelli- 
gence, les  sens  ne  sont  même  organes  des 
sens  que  par  l'Intelligence. 

L'Intelligence  ne  dépend  que  du  cerveau. 

Et  quand  je  dis  cerveau,  remarquez  bien, 
encore  une  fois ,  que  je  n'entends  que  le 
cerveau  proprement  dit  (1),  et  le  cerveau 
proprement  dit  seul  entre  toutes  les  autres 
parties  de  l'encéphale, 
j  Ni  le  cervelet ,  ni  les  tubercules  ,  ni  la 
moelle  allongée  ne  sont  sièges  de  l'Intelli- 
gence. Aussi  ni  le  cervelet ,  ni  les  tubercu- 
,  les  t  ni  la  moelle  allongée  ne  se  développent- 

7      (r)  Lobes  ou  hémisphères  cérébraux. 


ils  comme  l'Intelligence.  C'est  le  cerveau 
seul  qui  se  développe  ainsi. 

Le  cervelet  se  développe  comme  les  mou- 
vements de  locomotion  ;  les  tubercules , 
comme  l'organe  de  la  vision,  comme  l'œil, 
comme  la  vue;  la  moelle  allongée,  comme 
les  mouvements  de  respiration. 

La  classe  qui  a  les  mouvements  de  loco- 
motion les  plus  compliqués  est  celle  des 
Oiseaux;  et  c'est  elle  aussi  qui,  toute 
proportion  gardée,  a  le  cervelet  le  plus 
grand  (1). 

La  classe  qui  a  le  cervelet  le  plus  petit  est 
celle  des  Reptiles,  et  les  Reptiles  sont  les 
animaux  les  plus  apathiques. 

Les  Poissons  ont  la  moelle  allongée  la 
plus  développée,  parce  qu'ils  ont  le  méca- 
nisme respiratoire  qui  demande  le  plus 
d'efforts,  etc.,  etc. 

L'Intelligence  (à  ne  parler  ici  que  des 
animaux  vertébrés  (2)),  croît  des  Poissons 
aux  Reptiles,  des  Reptiles  aux  Oiseaux,  des 
Oiseaux  aux  Quadrupèdes;  et,  dans  les 
Quadrupèdes,  elle  croît,  comme  je  le  disais 
tout-à-1'heure ,  des  Rongeurs  aux  Rumi- 
nants, des  Ruminants  aux  Pachydermes, 
des  Pachydermes  aux  Carnassiers  ,  et  des 
Carnassiers  aux  Singes,  particulièrement  à 
l'Orang-Outang  et  au  Chimpanzé. 

Le  cerveau  croît  comme  l'Intelligence. 

Dans  les  Poissons,  où  l'Intelligence  est  si 
obscure,  on  ne  sait  pas  encore  quelle  est  la 
partie  de  l'encéphale  qu'il  faut  nommer 
cerveau;  les  Reptiles  ont  un  peu  plus  d'In- 
telligence, et  leur  cerveau  est  déjà  distinct; 
les  Oiseaux  ont  beaucoup  plus  d'Intelligence 
que  les  Reptiles ,  et  leur  cerveau  est  aussi 
beaucoup  plus  développé;  il  l'est  beaucoup 
plus  encore  dans  les  Mammifères;  et,  dans 
les  Mammifères  eux-mêmes,  il  l'est  de  plus 
en  plus,  à  mesure  que  l'on  remonte  de  ceux 
qui  ont  le  moins  d'Intelligence  à  ceux  qui 
en  ont  le  plus,  c'est-à-dire  des  Rongeurs 
aux  Ruminants,  des  Ruminants  aux  Pachy- 
dermes, des  Pachydermes  aux  Carnassiers, 
et  des  Carnassiers  aux  Singes,  nommé- 

(i)  Il  faut  excepter  l'homme,  dont  la  station  debout  exige' 
une  force  d'équilibration  très  grande  ,  et  par  conséquent  un    • 
cervelet  très  développé.  Le  cervelet  n'est  qu'organe    d'êquili-   ■ 
bration  ;  voilà  pourquoi  les  reptiles  (la  Grenouille,  la  Cou. 
leuvre,    etc.),  qui  sautent  ou    rampent  sur  leur  ventre,    \ 
n'ayant  pas  u" équilibration,  n'ont  presque  pas  de  cervelet. 

(i)  Ce  qui  peut  être  appelé  intelligence  dam  les  animaul 
invertébrés  n'a  pas  encore  élé  étudié. 


92 


INS 


ment  à  rOrang-Outang  et  au  Chimpanzé. 
Enfin,  vient  l'Homme  :  il  a,  sans  compa- 
raison ,  beaucoup  plus  d'Intelligence  (1) 
qu'aucun  animal,  et  il  a  aussi  un  cerveau 
incomparablement  plus  grand  qu'aucun 
autre  (2). 

4°  De  l'Instinct  et  de  l'Intelligence  considérés 
comme  caractères  zoologiques. 

Fr.  Cuvier  avait  eu  l'idée  de  chercher, 
dans  les  qualités  intellectuelles  et  instinc- 
tives (3)  des  animaux ,  un  nouvel  ordre  de 
caractères.  «  L'Intelligence  des  animaux  of- 
»  frirait ,  dit-il ,  des  caractères  spécifiques 
»  peut-être  plus  fixes  que  ceux  qui  sont 
»  tirés  des  organes  extérieurs.  » 

Il  avait  raison.  Les  qualités  intellectuelles 
sont  même  les  seules  caractéristiques  des 
espèces,  dans  plus  d'un  cas. 

A  ne  consulter  que  l'organisation  ,  le 
Loup  serait  un  Chien;  et  cependant  la  des- 
tination de  ces  deux  animaux  est  loin  d'être 
la  même  :  l'un  vit  dans  les  forêts ,  l'autre 
vit  près  de  l'homme;  l'un  vit  à  peu  près 
solitaire,  l'autre  est  essentiellement  socia- 
ble ;  l'un  est  resté  sauvage,  l'autre  est  de- 
venu domestique.  Rien  ne  ressemble  donc 
plus  au  Loup  que  le  Chien  par  les  formes 
et  par  les  organes,  et  rien  n'en  diffère  plus 
par  les  penchants,  par  les  mœurs,  par  l'In- 
telligence. 

Le  Lièvre  et  le  Lapin  se  confondent  pres- 
que à  la  vue,  et  cependant  le  Lièvre  prend 
son  gîte  à  la  surface  du  sol,  et  le  Lapin  se 
creuse  un  terrier;  notre  Écureuil  se  cons- 
truit un  nid  au  sommet  des  arbres,  et  l'É- 
cureuil d'Hudson  cherche  un  abri  dans  la 
terre  entre  les  racines  des  Pins ,  dont  les 
fruits  le  nourrissent,  etc. 

Ainsi  donc,  à  ne  considérer  même  les 
choses  que  sous  le  point  de  la  vue  de  la  dis- 
tinction positive  des  espèces ,  l'étude  des 

(i)  Et  je  ne  parle  pas  ici  de  l'intelligence  propre  à 
l'homme,  de  la  raison ,  je  ne  parle  que  de  l'intelligence  qui 
lui  est  commune  avec  les  animaux. 

(î)  Voyez ,  por?  la  démonstration  et  le  développement 
de  tous  ces  faits,  mes  Recherches  expérimentales  sur  les  pro~ 
priétét  et  les  fonctions  du  système  nerveux ,  etc.  (seconde  édi- 
tion). \ 

(3)  Ou,  en  un  seul  mot,  psychiques.  ïBuffon  les  nomme 
qualités  intérieures  s  «  Les  animaux  qui  ressemblent  le  plus  à 

•  l'bomme  parleur  figure  et  par  leur  organisation,...  seront 
.  maintenus  dans  la  possession  où   ils  étaient  d'être  supé- 

•  rieurs  à  tous  les  autres  pour  les  qualités  intérieures...  »  Ois- 
cours  sur  la  nature  des  animaux. 


INS 

qualités  intellectuelles  n'importe  guère 
moins  que  l'étude  des  qualités  organiques; 
et  la  raison  en  est  simple  :  c'est  par  ses 
qualités  intellectuelles  que  l'animal  agit; 
c'est  des  actions  que  dépend  la  vie;  et  par 
conséquent  la  conservation  des  espèces  ne 
repose  pas  moins,  au  fond,  sur  les  qualités 
intellectuelles  des  animaux  que  sur  leurs 
qualités  organiques. 

5°  Rapports  de  l'Instinct  avec  l'habitude. 

Voici  une  remarque  très  fine  et  très  juste 
de  Condillac  :  «  La  réflexion ,  dit-il ,  veille 
»  à  la  naissance  des  habitudes  ;  mais  à 
»  mesure  qu'elle  les  forme ,  elle  les  aban- 
»  donne  à  elles-mêmes (1).  » 

Cette  remarque  est  vraie  pour  tout.  Lors- 
que je  commence  à  écrire ,  je  m'occupe  de 
chaque  lettre;  j'écris  par  réflexion,  par  In- 
telligence. Plus  tard ,  je  ne  songe  plus  aux 
lettres;  j'écris  par  habitude  ,  j'écris  par  In- 
stinct. 

Il  y  a  plus  :  il  y  a  des  mots  que  ma  main 
finit  par  savoir  mieux  que  mon  esprit. 
J'oublie  l'orthographe  d'un  mot  :  pour  la 
retrouver,  je  n'ai  qu'à  laisser  aller  ma 
plume. 

«  Lorsqu'un  géomètre ,  dit  encore  Con- 
»  dillac ,  est  fort  occupé  de  la  solution  d'un 
»  problème,  les  objets  continuent  d'agir 
»  sur  ses  sens.  Le  moi  d'habitude  obéit  donc 
»  à  leurs  impressions  :  c'est  lui  qui  traverse 
»  Paris ,  qui  évite  les  embarras ,  tandis  que 
))  le  moi  de  réflexion  est  tout  entier  à  la  so- 
»  lution  qu'il  cherche  (2).  » 

L'habitude  agit  donc  sur  l'Intelligence  et 
la  transforme  presque  en  Instinct.  Les  cho- 
ses d'Intelligence  deviennent  par  l'habitude 
des  choses  d'Instinct  ;  et  ceci  encore  est  un 
nouvel  indice  de  l'union  secrète  qui  lie  V In- 
telligence à  Y  Instinct ,  et  leur  assigne  pour 
siège  le  même  organe. 

6°  De  l'acception  précise  du  mot  Instinct 
dans  l'étude  philosophique  des  actions  des 
bêtes. 

Le  mot  Instinct,  comme  tous  ceux  dont 
on  use  beaucoup  dans  une  langue,  a  fini 
par  avoir  une  foule  d'acceptions  diverses. 

Dans  le  langage  ordinaire,  nous  appelons 

(i)  Traité  des  animaux  ,  2e  partie,  cbap.  i. 
(a)  Ibid  ,  cbap.  5. 


INS 


INS 


93 


Instincts  tous  nos  penchants ,  toutes  nos  dé- 
terminations ,  toutes  nos  tendances.  Gall 
appelle  indifféremment  les  facultés  de  l'âme 
des  Instincts  ou  des  facultés  (1).  Selon  Ca- 
banis, «  la  sympathie  est  l'Instinct  lui- 
»  même  (2).  »  «  Tout  sentiment  est  Ins- 
»  tinct,  »  dit  Voltaire  (3). 

Dans  le  langage  précis  de  Vétude  philo- 
sophique des  actions  des  bêtes ,  Y  Instinct 
est  une  aptitude  déterminée,  exclusive,  pour 
une  action  donnée. 

J'appelle,  avec  Fr.  Cuvier(Ie  seul  homme, 
en  histoire  naturelle,  qui  ait  bien  compris 
Y  Instinct  [4]),  action  instinctive,  toute  action 
que  l'animal  fait  naturellement,  sans  ins- 
truction, sans  expérience ,  et  qui ,  pour  être 
faite  par  l'homme,  demanderait  de  l'ins- 
truction ,  des  tâtonnements ,  de  l'expé- 
rience. 

7°  Du  prétendu  langage  des  animaux. 

Les  animaux  ont  des  cris,  des  sons,  des 
voix  naturelles;  ils  n'ont  pas  de  langage. 

«  On  ne  doit  pas  confondre  ,  ditDescar- 
»  tes ,  les  paroles  avec  les  mouvements  na- 
•  turelsqui  témoignent  les  passions...  (5).  » 

Les  animaux  ont  des  voix  d'amour,  des 
cris  de  douleur ,  des  accents  de  fureur,  de 
haine,  etc.;  ils  ont  des"gestes. 

Mais  pour  l'animal,  le  son  est  un  son, 
le  cri  est  un  cri ,  le  geste  ,  un  geste ,  etc. 
Pour  l'homme,  le  son,  le  cri,  le  geste,  etc., 
sont  des  expressions  d'idées  :  ce  sont  des 
signes. 

L'homme  se  sert  de  la  voix  ;  il  se  sert  des 
gestes ,  etc.  ;  mais  il  peut  se  servir  de  tout 
autre  signe.  L'écriture  est  une  langue. 

Dans  la  langue  de  l'homme  ,  tout  est  in- 
vention; car  ce  qui  fait  la  langue,  ce  ne 
sont  pas  \esvoix,  les  sons,  etc.,  que  la 
nature  donne;  ce  qui  fait  la  langue,  c'est 
Y  art ,  créé  par  l'homme ,  de  combiner  les 
sons  pour  avoir  la  parole,  les  mots,  et,  par 
les  mots ,  des  signes  d'idées. 

Tout  est  artificiel  dans  la  langue  :  la 
combinaison  des  sons ,  d'où  vient  la  parole, 
partie  physique  du  langage ,  que  l'animal 


(i)  Voyez  mon  Examen  de  la  Phrénologie  ,  p.  8r  (seconde 
édition). 

(i)  Rapports  du  physique  et  du  moral ,  etc  ,  io«  Me'moire. 

(3)  Dictionnaire  philosophique  ,  art.  instinct. 

(*)  Voyez  mon  livre  sur  Vlnstinct  et  l'Intelligence  des  ani- 
Wffuxfseconde  édition). 

(i)  Discours  de  la  méthode. 


imite  ;  et  l'association  de  l'idée  au  mot , 
partie  métaphysique  du  langage,  et  qui,  par 
cela  même  qu'elle  est  métaphysique ,  n'est 
plus  de  la  nature  de  l'animal,  et  le  passe. 

L'animal  n'imite  que  le  physique  de  la 
parole. 

«  Les  sansonnets ,  dit  Bossuet,  répètent 
»  le  son  et  non  le  signe(l).  » 

Les  animaux  ont  donc  un  ensemble  de 
voix ,  de  cris,  de  sons,  etc.  ;  et  l'on  peut 
bien  appeler  cela  langage,  si  Ton  veut  ab- 
solument abuserdu  terme  ;  mais  ce  langage 
ne  sera  pas  celui  de  l'homme  ;  et  alors  il 
y  aura  deux  choses  très  différentes  qu'on 
appellera  du  même  nom ,  savoir,  les  voix 
naturelles  des  bêtes ,  et  la  parole,  le  langage 
inventé,  le  langage  artificiel  de  l'homme. 

8°  Raison  de  la  non-perfectibilité  de  ï'espèce 
dans  les  animaux. 

L'animal  ne  fait  jamais  de  progrès  comme 
espèce.  Les  individus  font  des  progrès,  ainsi 
que  nous  avons  vu  :  mais  l'espèce  n'en 
fait  point.  La  génération  d'aujourd'hui 
n'est  point  supérieure  à  celle  qui  l'a  pré- 
cédée, et  la  génération  qui  doit  suivre  ne 
surpassera  pas  l'actuelle. 

L'homme  seul  fait  des  progrès  comme 
espèce ,  parce  que  seul  il  a  la  réflexion,  cette 
faculté  suprême  que  j'£i  définie  l'action  de 
l'esprit  sur  l'esprit. 

Or,  c'est  l'action ,  c'est  l'étude  de  l'es- 
prit sur  l'esprit  qui  produit  la  méthode, 
c'est-à-dire  Yart  que  l'esprit  se  donne  à  lui- 
même  pour  se  conduire  ;  et  c'est  cette  pre- 
mière découverte  de  la  méthode  qui  nous 
donne  toutes  les  autres. 

La  méthode  est  l'instrument  de  l'esprit , 
comme  les  instruments  ordinaires ,  les  ins- 
truments physiques ,  sont  les  instruments 
de  nos  sens.  Et  elle  ajoute  à  notre  esprit, 
comme  ils  ajoutent  à  nos  sens. 

L'homme  a  donc  la  réflexion ,  que  n'a  pas 
l'animal;  et,  par  la  réflexion  ,  il  a  la  mé- 
thode; et,  par  la  méthode,  il  découvre,  il 
invente. 

Par  la  méthode,  l'esprit  de  tous  les  hom- 
mes devient  un  seul  esprit ,  qui  se  continue 
de  génération  en  génération  ,  et  ne  finit 
point.  Une  génération  commence  une  décou- 
verte, et  c'en  est  une  autre  qui  la  termine. 

(i)  De  la  connaissance  de  Dieu  et  de  soi-même. 


04 


ÏNT 


Les  méthodes  elles-mêmes  se  renouvellent 
et  se  perfectionnent  sans  cesse  ;  et  c'est  là 
le  plus  grand  progrès. 

Descartes  n'a  renouvelé  l'esprit  humain 
que  parce  qu'il  a  renouvelé  la  méthode. 

,  §  VI. 

Je  viens  de  présenter  l'exposé  sommaire 
de  mes  idées,  et,  si  je  puis  ainsi  dire,  de 
ma  doctrine ,  sur  V Instinct  et  V Intelligence 
des  animaux  (1). 

Cette  belle  et  grande  question  de  V Instinct 
et  de  l'Intelligence  des  animaux  semble  avoir 
eu  le  privilège  d'occuper  les  meilleurs  es- 
prits dans  tous  les  âges  où  l'on  a  pensé  : 
Aristote,  Descartes,  Leibnitz ,  Buffon  (2). 

Réaumur,  Bonnet,  De  Geer,  nous  ont 
donné  des  observations  pleines  d'intérêt  sur 
les  Insectes;  Georges  Leroy  et  Fr.  Cuvier 
nous  en  ont  donné  d'excellentes  sur  les 
Mammifères  (3). 

Fr.  Cuvier  a  le  mérite  particulier  d'avoir 
cherché  non  seulement  les  faits ,  mais  les 
limites  des  faits. 

Et  ceci  est  la  vraie  étude.  Tant  que  les 
faits  restent  confondus,  on  n'a  pas  une 
science,  on  n'a  que  des  faits. 

En  tout  genre ,  le  grand  point  est  de  dé- 
mêler les  forces.  (Flourens.) 

INSULAIRES,  {nsulicolœ.  arach.  —Ce 
nom  a  été  donné  par  M.  Walckenaër  à  une 
race  du  genre  des  Dolomedes,  et  dont  les  ca- 
ractères sont  :  Yeux  de  la  ligne  antérieure 
plus  gros  ;  céphalothorax  court,  en  cœur; 
abdomen  allongé,  cylindroïde.  La  seule  es- 
pèce qui  appartienne  à  cette  race  est  leDo- 
lomedes  signatus.  (H.  L.) 

INTELLIGENCE,  physiol.  —  Voy.  ins- 
tinct. 

INTESTIN.  Intestinum{intùst  intérieure- 
ment), anat.  — Tous  les  êtres  organisés,  et 
par  ces  mots  nous  entendons  ceux  qui  appar- 
tiennent au  règne  végétal  et  au  règne  ani- 
mal, sont  susceptibles  d'accroissement  et  de 
développement  jusqu'au  moment  où  ils  arri- 
vent à  la  caducité  ,  et  par  suite  à  la  mort  ; 
il  est  donc  nécessaire  qu'ils  soient  pourvus 

(i)  Voyez,  pour  le  développement  de  ces  idées  ,  mon  livre 
intitulé;  De  l'Instinct  et  de  V Intelligence  des  animaux,  etc. 
(seconde  édition,  1845). 

(1)  Voyez,  pour  l'histoire  de  leurs  opinions,  mon  livre 
déjà  cité  :  De  F  Instinct  et  de  l'Intelligence  des  animaux,  etc. 

(3)  Voyez ,  pour  l'histoire  de  leurs  travaux,  mon  livre  déjà 
cité:  De  l'Instinct ,  etc. 


INT 

/  d  appareils  convenables  pour  attirer  à  eux 
les  matériaux  qui  doivent  servir  à  l'entre- 
tien de  la  vie,  et  pour  rejeter  ceux  que  l'u- 
sage a  rendus  désormais  inutiles. 

Mais  la  différence  des  matériaux  entraîne 
évidemment  avec  elle  la  différence  des  ap- 
pareils. Les  aliments  des  végétaux  provien- 
nent bien  ,  le  plus  souvent ,  il  est  vrai,  de 
matières  organiques;  mais,  avant  d'être  ab- 
sorbés ,  ils  ont  été  réduits  en  combinaisons 
binaires,  eau  ,  acide  carbonique,  ammonia- 
que ,  qui,  elles-mêmes,  se  convertissent 
dans  le  végétal,  par  le  travail  de  la  vie,  en 
combinaisons,  le  plus  souvent  ternaires,  de 
Carbone,  d'Hydrogène  et  d'Oxygène  ,  mais 
aussi  parfois  quaternaires,  et  renfermant  en 
outre  de  l'Azote. 

Quant  aux  aliments  des  animaux,  ilssont 
toujours  composés  de  matières  organiques 
qui  ont  été  préparées  parles  végétaux;  delà 
le  lien  indissoluble  qui  unit  les  deux  règnes. 
Les  plantes  sont  nécessaires  aux  animaux, 
parce  que  seules  elles  peuvent,  aveedes  com- 
posés inorganiques, former  des  combinaisons 
organiques,  et  qu'elles  introduisent  ainsi, 
dans  la  grande  économie  de  la  nature  ,  de 
nouveaux  matériaux  qui,  d'elles,  passent  aux 
animaux  herbivores,  et  de  ceux-ci  aux  car- 
nivores. Les  animaux  ,  de  leur  côté,  et  par 
leurs  sécrétions  et  par  la  décomposition  de 
leur  corps  après  la  mort,  fournissent  aux 
végétaux, l'eau,  l'acide  carbonique, l'ammo- 
niaque qui  leur  sont  nécessaires. 

De  la  différence  des  aliments  dans  les 
deux  grandes  séries  d'êtres  organisés,  ré- 
sulte, avons-nous  dit,  la  dissemblance  des 
organes  destinés  à  assimiler  ces  aliments  ; 
et,  en  effet,  les  végétaux,  attachés  au  sol , 
absorbent  immédiatement,  et  sans  cesse, 
par  leurs  racines,  les  parties  nutritives  qui 
concourent  à  l'entretien  de  leur  vie  ;  tandis 
que  les  animaux,  qui,  pour  la  plupart,  peu- 
vent se  transporter  d'un  lieu  à  un  autre , 
ou  tout  au  moins,  comme  les  habitants  d'un 
Polypier,  saisir  leur  proie,  les  animaux,  di- 
sons-nous, sont  obligés  de  porter  avec  eux, 
comme  en  provision ,  les  matériaux  néces- 
saires à  leur  existence  :  aussi  possèdent-ils 
tous ,  à  très  peu  d'exceptions  ,  une  cavité 
intérieure,  destinée  à  recevoir  et  à  élaborer 
les  substances  alimentaires,  et  dans  les  pa- 
rois de  laquelle  s'implantent  les  radicules 
des  vaisseaux  absorbants,  qui,  pour  nous 


INT 


INT 


95 


servir  de  l'ingénieuse  expression  de  Bocr- 
haave ,  sont  de  véritables  racines  inté- 
rieures. 

C'est  cette  cavité  intérieure  qui  constitue 
Y  Intestin  y  le  canal  intestinal,  ou,  pour  par- 
ler d'une  manière  plus  générale,  le  canal 
digestif ,  qui  s'étend  de  !a  bouche  à  l'anus 
chez  tous  les  animaux ,  à  l'exception  d'un 
petit  nombre  d'êtres  inférieurs  chez  lesquels 
il  ne  présente  qu'une  seule  ouverture. 

L'Homme  ,  appelé  par  le  créateur  à  ha- 
biter toutes  les  régions  de  la  terre  ,  obligé, 
par  conséquent,  d'user  des  aliments  les  plus 
variés,  doit  présenter  et  présente  en  effet 
des  organes  digestifs  appropriés  à  la  diver- 
sité des  matériaux  qui  servent  à  sa  nourriture. 
Nous  prendrons  donc  ses  organes  pour  type, 
et  nous  commencerons  par  en  donner  une 
description  succincte,  pour  redescendre  en- 
suite aux  degrés  inférieurs  de  l'échelle  ani- 
male ,  et  passer  rapidement  en  revue  les 
nombreuses  modifications  qu'offre  le  canal 
digestif  dans  les  différentes  classes  d'ani- 
maux. Si,  en  procédant  de  cette  manière, 
nous  n'avons  pas  l'avantage  d'aller,  dès  le 
début,  du  simple  au  composé,  nous  aurons 
du  moins  celui  de  marcher  du  connu  à 
l'inconnu. 

Chez  l'Homme,  le  canal  digestif  est  ter- 
minépardeux  ouvertures  :  l'unesupérieure, 
nommée  bouche (voy.  ce  mot),  et  destinée  à 
recevoir  les  aliments  ;  l'autre  inférieure,  ou 
anus  (voy.  ce  mot),  donnant  passage,  quand 
le  besoin  s'en  fait  sentir,  aux  fèces  ou  ré- 
sidus de  la  digestion.  Les  deux  orifices  du 
tube  digestif,  soumis  à  l'empire  de  la  vo- 
lonté, s'ouvrent  et  se  ferment  à  l'aide  dé 
muscles  qui  reçoivent  leurs  nerfs  du  centre 
cérébro-spinal. 

Immédiatement  après  la  bouche  et  pos- 
térieurement, vient  le  pharynx  (voy.  ce 
mot),  qui  en  est  séparé  parles  piliers  du 
Voile  du  palais,  entre  lesquels  sont  logées 
es  glandes  nommées  amygdales. Le  pharynx, 
qui  livre  passage  aux  aliments  dans  l'acte 
«le  la  déglutition,  et  qui  donne  aussi,  pen- 
dant la  respiration,  entrée  à  l'air  qui  de  là 
passe  dans  le  larynx,  le  pharynx  se  continue 
inférieu rement  avec  V œsophage  (voy.  ce 
mot),  conduit  cylindrique,  musculo-mem- 
braneux,  qui,  s'appuyant  dans  presque 
toute  sa  longueur  sur  la  colonne  vertébrale 
et  traversant  le  diaphragme,  cloison  mus- 


culeuse  qui  sépare  la  cavité  thoracique  de 
la  cavité  abdominale,  va  s'ouvrir  dans  l'es- 
tomac, auquel  il  conduit  les  aliments  déjà 
ramollis  et  mêlés  par  la  mastication.  ; 

L1 'estomac  (ventriculus ,  ya<jT/)'p ),  organe 
principal  de  la  digestion ,  est  une  vaste 
cavité  affectant  la  forme  d'une  cornemuse, 
communiquant  supérieurement  avec  l'œso-, 
phage  par  une  ouverture  nommée  cardia,  et 
s'abouchant  inférieurement  avec  le  duodé-  ' 
num  par  lepylore  :  ainsi  se  nomme  un  orifice 
garni  d'un  bourrelet  ou  valvule,  qui  ne 
laisse  qu'un  étroit  passage  au  bol  alimen- 
taire quand  il  a  été  fluidifié  et  converti  en 
chyme  dans  l'estomac  (voy.  nutrition). 

Le  duodénum  succède  à  l'estomac  ;  ainsi 
nommé  ,  dit-on,  à  cause  de  sa  longueur,  qui 
est  de  douze  travers  de  doigt,  il  reçoit  les 
conduits  cholédoque  (biliaire)  et  pancréati- 
que; c'est  dans  cette  portion  de  l'intestin 
que  commence  la  séparation  des  matières 
nutritives  assimilables  (chyle)  et  des  sub- 
stances excrémentitielles.  Au  duodénum 
commence  l'intestin  proprement  dit,  long 
conduit  musculo-membraneux, logé  dans  la 
cavité  abdominale ,  où  il  se  contourne  en 
nombreuses  circonvolutions,  retenues  par 
un  mésentère  que  forme,  en  se  doublant, 
une  membrane  séreuse  nommée  péritoine. 

Le  duodénum  se  continue ,  sans  limite 
bien  précise,  avec  Vinteslin  grêle,  subdivisé 
lui-même  en  deux  parties,  le  jéjunum,  qui 
en  forme  le  premier  tiers ,  et  V iléon ,  qui 
comprend  les  deux  autres. 

Le  gros  intestin ,  beaucoup  moins  long 
que  le  précédent,  mais  d'un  plus  ample  ca- 
libre, ainsi  que  l'indique  son  nom,  présente 
à  son  point  de  réunion  avec  l'iléon  une 
valvule  dite  iléo-cœcalc  ou  de  Bauhin ,  du 
nom  de  celui  qui  la  décrivit  le  premier  ; 
cette  valvule  est  disposée  de  manière 
que  les  matières  se  rendent  facilement  de 
l'intestin  grêle  dans  le  gros  intestin,  mais 
ne  puissent  revenir  sur  leurs  pas.  Le  gros 
intestin  se  divise  :  1°  en  cœcum  (cœcus, 
aveugle) ,  ainsi  nommé  parce  qu'il  se  pro- 
longe inférieurement  en  cul-de-sac;  le  cœ- 
cum est  muni  d'un  appendice  vermiforme 
dont  les  usages  sont  encore  ignorés;  2°  en 
colon,  subdivisé  lui-même  en  colon  ascen- 
dant, transverse,  descendant  et  iliaque  ou 
S  du  colon;  3°  enfin  en  rectum,  dernière 
partie  du  gros  intestin,  dont  le  nom  indique 


96 


liNT 


!a  direction,  et  qui  s'ouvre  à  l'extérieur  par 
Vonus. 

Le  tube  intestinal  proprement  dit,  c'est- 
à-dire  l'intestin  grêle  et  le  gros  intestin, 
présente,  chez  l'Homme,  une  longueur 
égale  à  six  ou  huit  fois  celle  du  corps,  lon- 
gueur dont  l'intestin  grêle  forme ,  à  lui  seul, 
les  quatre  cinquièmes. 

Le  canal  digestif,  dans  toute  son  étendue, 
est  formé  de  plusieurs  membranes  super- 
posées :  la  plus  externe,  celluleuse ,  dé- 
termine en  quelque  sorte  la  forme  des 
différentes  portions  du  canal  ;  l'intermé- 
diaire ou  musculcuse,  composée  de  fibres 
affectant  différentes  directions,  est  le  siège 
des  contractions  nécessaires  à  l'accomplis- 
sement de  l'acte  digestif;  la  troisième , 
enfin ,  libre  par  sa  surface  interne ,  a  reçu 
le  nom  de  muqueuse,  en  raison  du  fluide 
muqueux  qu'elle  sécrète  en  abondance. 
Cette  dernière  membrane  est  une  sorte  de 
tégument  interne  présentant  certaines  ana- 
logies de  structure  et  de  fonctions  avec  la 
peau;  la  surface  libre  en  est  abondamment 
pourvue  d'organes  sécréteurs,  follicules, 
cryptes  ,  glandes;  puis  de  papilles  et  de  vil- 
losités  affectant  diverses  formes,  et  dont  les 
fonctions  se  rapportent,  pour  les  premières, 
aux  phénomènes  d'innervation,  et  pour  les 
secondes  à  ceux  d'absorption. 

La  nature  de  cet  article  ne  nous  permet 
pas  d'entrer  dans  de  plus  longs  détails  sur 
la  structure  du  tube  digestif ,  structure  sur 
laquelle  M.  le  professeur  Lacauchie  vient  de 
jeter  un  jour  tout  nouveau  par  ses  belles 
Études  hydrolomiques  et  micrographiques. 

Outre  le  fluide  muqueux  sécrété  en 
abondance  dans  toute  l'étendue  du  canal 
digestif,  certains  organes  glanduleux, 
les  glandes  salivaires,  le  foie,  le  pancréas i 
y  versent  encore  leurs  produits,  indispen- 
sables  à  l'accomplissement  de  l'acte  digestif; 
l'estomac,  de  son  côté,  est  le  siège  de  la 
sécrétion  d'un  fluide  tout  particulier  nommé 
sve  gastrique,  et  qui  paraît  être  l'agent  le 
plus  important  de  la  digestion. 

Si  maintenant  de  l'Homme  nous  descen- 
dons aux  animaux  les  plus  inférieurs,  nous 
ne  rencontrons  plus  ces  divisions  tranchées 
que  nous  avons  signalées  dans  le  canal  di- 
gestif humain;  et  disons  d'abord  qu'il  se 
rencontre  au  plus  bas  de  l'échelle  certains 
ôtres  équivoques,  les  Spongiaires,  par  exem- 


ÏJNT 

pie,  qui  ne  présentent  point  de  cavité  dl- 
gestive. 

Dans'  la  grande  famille  des  Radiaires ,  Ja 
cavité  digestive  existe  généralement;  m;tis 
elle  présente  la  disposition  la  plus  simple  : 
ainsi,  chez  les  Hydres  (voy.  ce  mot)  ou  Po- 
lypes d'eau  douce,  cette  cavité  n'est  qu*u;> 
simple  repli  de  la  peau ,  pénétrant  profon- 
dément dans  le  corps  et  s'y  terminant  e.i 
cul-de-sac  :  aussi  peut-on  retourner  ces  ani- 
maux comme  un  doigt  de  gant,  sans  qu'il 
en  résulte  le  moindre  trouble  dans  les  fonc- 
tions ;  la  surface  extérieure ,  devenue  inté- 
rieure, accomplit  l'acte  digestif  avec  la 
même  régularité  que  par  le  passé.  Chez  les 
autres  Polypes ,  tantôt  libres  et  isolés ,  tan- 
tôt fixés ,  soit  en  groupe,  soit  solitairement, 
les  organes  digestifs  varient;  la  plupart  ne 
présentent  qu'une  cavité  stomacale  en  cul- 
de-sac  ,  avec  une  seule  ouverture  occupant 
l'axe  du  corps  ;  cependant,  chez  les  Alcyo* 
nelles  et  autres  genres  de  la  famille  des 
Plumatelles ,  on  trouve  un  tube  digestif 
complet  s'ouvrant  d'un  côté  par  une  bouche 
située  au  centre  de  l'animal ,  et  de  l'autre 
par  un  anus  également  dans  l'axe  du  corps, 
mais  au-dessous  de  la  bouche. - 

Les  Acalèphes ,  masses  gélatineuses  tou- 
jours flottantes  dans  les  eaux  de  la  mer, 
n'ont  ni  intestin  ni  anus;  mais,  chez  les 
unes  (Méduses  ),  les  aliments  passent  de  la 
bouche  dans  un  estomac  qui  se  ramifie  à  la 
manière  d'un  vaisseau  ,  tandis  que  chez 
d'autres  (Rhizostomes  )  ils  semblent  être 
absorbés  par  les  suçoirs  des  tentacules ,  et 
transportés  de  là  dans  l'estomac  central. 
D'autres  fois,  il  n'existe  pas  de  véritable  ca- 
vité gastrique;  elle  est  remplacée  par  des 
canaux  ramifiés  qui  communiquent  avec  les 
suçoirs  :  telle  est  la  disposition  qu'offrent 
les  Bérénices. 

Dans  la  classe  des  Échinodermes  ,  l'In- 
testin est  parfois  complet,  avec  bouche  et 
anus:  ainsi  sont  les  Holothuries,  les  Our- 
sins, les  Encrines;  mais  la  position  de 
l'anus  varie.  Chez  les  premiers  ,  cette 
ouverture  occupe  l'une  des  extrémités  du 
corps,  tandis  que  la  bouche  est  à  l'autre; 
chez  les  Oursins  et  les  Encrines ,  l'anus  est 
tantôt  au  sommet,  tantôt  au  bord,  et  tantôt 
au  côté  ventral  avec  la  bouche.  Parmi  les 
Astéries  proprement  dites ,  la  plupart  sem- 
blent privées  d'anus;  chez  quelques  unes, 


INT 


1NT 


97 


on  en  remarque  cependant  un  au  côté  dor- 
sal. Les  Ophiures  ont  l'estomac  borné  au 
disque  central  ;  chez  les  autres  animaux  du 
même  ordre,  la  cavité  gastrique  se  prolonge 
dans  les  bras. 

Depuis  les  belles  découvertes  du  profes- 
seur Ehrenberg ,  non  seulement  Ton  sait 
que  tous  les  Infusoires  sont  pourvus  d'or- 
ganes digestifs,  mais  on  est  même  parvenu, 
en  nourrissant  ces  animaux  avec  des  ma- 
tières colorées ,  à  déterminer  la  forme  de 
ces  organes.  Ainsi  les  Monades ,  privées 
d'Intestin  et  d'anus,  sont  pourvues  de  plu- 
sieurs estomacs  communiquant  avec  la  bou- 
che; d'autres  ont  un  tube  digestif  complet 
avec  bouche  et  anus  ;  mais  chez  les  uns,  les 
Vorticelles  ,  par  exemple  ,  ce  canal ,  garni 
de  nombreux  estomacs  pédicules,  décrit  un 
cercle,  en  sorte  que  l'anus  vient  s'ouvrir 
près  de  la  bouche,  au  pourtour  cilié  de  l'ex- 
trémité supérieure;  chez  d'autres,  comme 
les  Rotifères  ,  l'Intestin  est  droit ,  et  les 
deux  ouvertures  occupent  les  deux  extré- 
mités du  corps.  Le  savant  micrographe  alle- 
mand a  signalé  l'existence  d'un  système 
dentaire  chez  plusieurs  Infusoires.  La  plu- 
part de  ces  animaux  ont  deux  corps  d'appa- 
rence glanduleuse  au  commencement  de 
l'Intestin. 

Les  organes  digestifs  des  Entozoaires  af- 
fectent deux  dispositions  principales.  Tan- 
tôt la  cavité  digestive  ,  qui  semble  creusée 
dans  la  substance  même  du  corps  ,  n'a 
qu'une  seule  ouverture;  telle  est  la  dispo- 
sition présentée  par  les  Entozoaires  pa- 
renchymateux  de  Cuvier,  qui  comprennent 
les  Ténias,  les  Bothryocéphales ,  etc.,  et 
dont  quelques  uns  même  paraissent  totale- 
ment dépourvus  d'Intestin  ,  comme  les 
llydatides  (voy.  ce  mot).  Tantôt  il  existe  un 
»ube  intestinal  bien  distinct,  pourvu  de 
bouche  et  d'anus,  ainsi  qu'on  l'observe  chez 
les  Nématoïdes  ou  Entozoaires  cavitaires. 
Cet  ordre,  qui  comprend  les  Pilaires,  les 
Trichocéphales ,  les  Astérides,  etc.,  etc., 
offre  une  grande  analogie  avec  les  Lombrics 
(Vers  de  terre),  qui  appartiennent  aux  An- 
nélides. 

En  général ,  les  Annélides  ont  toujours 
bouche  et  anus  ;  la  bouche  occupe  la  face 
inférieure  de  la  tête,  ou  l'extrémité  anté- 
rieure du  corps,  quand  la  tête  n'existe  pas. 
L'Intestin,  droit,  est  tantôt  simple,  tantôt 
x.  vu. 


garni  d'un  nombre  plus  ou  moins  considé- 
rable de  cœcums.  Le  canal  digestif  de  la 
Sangsue  présente  même  une  disposition  as- 
sez compliquée  :  après  une  bouche  triangu- 
laire ,  armée  de  plaques  tranchantes  desti- 
nées à  entamer  la  peau,  vient  un  pharynx 
garni  de  puissantes  fibres  musculaires,  et 
à  l'aide  duquel  s'exerce  la  succion  ;  au 
pharynx  succède  un  long  et  large  estomac 
qui  s'abouche  vers  le  tiers  postérieur  du 
corps  avec  un  Intestin  très  étroit,  terminé 
lui-même  par  un  anus  situé  au  bord  supé- 
rieur de  la  ventouse  postérieure. 

Les  Mollusques,  si  nombreux  et  si  variés 
de  forme  et  de  structure,  ont  tous  un  tube 
digestif  plus  ou  moins  contoumé  sur  lui- 
même,  ets'ouvrant  par  ses  deux  bouts,  soit 
aux  deux  extrémités  du  corps,  soit  dans  des 
points  plus  ou  moins  rapprochés  l'un  de 
l'autre.  Chez  ces  animaux,  l'on  peut  déjà 
signaler  quelques  unes  des  grandes  divi- 
sions qui  existent  dans  le  canal  digestif  hu- 
main. L'œsophage  se  rencontre  assez  géné- 
ralement; puis  vient  l'estomac,  qui  commu- 
nique avec  des  circonvolutions  intestinales 
plus  ou  moins  nombreuses.  Des  organes  sé- 
créteurs, analogues  par  leurs  fonctions  aux 
glandes  salivaires ,  au  foie ,  au  pancréas  , 
versent  leurs  produits  dans  le  canal  diges- 
tif, qui  offre  une  organisation  déjà  très 
complexe  chez  les  Céphalopodes. 

Le  canal  intestinal  des  Articulés  (Crusta- 
cés, Arachnides,  Insectes)  a  toujours  bouche 
et  anus;  mais  son  organisation,  qui  sou- 
vent est  presque  aussi  compliquée,  presque 
aussi  parfaite  que  chez  les  Vertébrés  ,  pré- 
sente une  foule  de  variétés  qu'il  est  impos- 
sible de  signaler  ici ,  et  qui  ne  serait  d'ail- 
leurs qu'une  répétition  de  ce  qui  est  dit 
aux  articles  spéciaux.  Faisons  remarquer 
seulement  que  chez  les  Articulés  à  méta- 
morphoses, c'est-à-dire  chez  les  Insectes, 
les  organes  digestifs  subissent,  à  chaque 
changement  de  l'animal,  les  modifications 
nécessaires  à  son  nouvel  état;  et  signalons, 
comme  exceptions  uniques,  l'absence  de  la 
bouche  chez  les  OEstres,  qui ,  à  l'état  d'in- 
secte parfait,  ne  prennent  pas  de  nourri- 
ture, bien  que  l'anus  subsiste,  sans  aucun 
usage  il  est  vrai;  et  l'absence  de  cette  der- 
nière ouverture  chez  les  larves  des  Myrmi- 
léons,  des  Guêpes,  des  Abeilles,  qui  pren- 
nent de  la  nourriture  sans  rendre  d'excré- 

13 


98 


INT 


raents  :  chez  elles  l'orifice  anal  est  oblitéré, 
et  ne  s'ouvre  qu'après  la  transformation  en 
nymphe. 

Passant  aux  Vertébrés,  nous  trouvons 
chez  les  Poissons  un  tube  digestif  générale- 
ment très  court ,  et  atteignant  à  peine  la 
longueur  du  corps  ;  il  se  dirige  le  plus  sou- 
vent en  ligne  droite  de  la  bouche  vers  l'a- 
nus, qui  se  trouve  placé  en  avant  de  la  por- 
tion caudale  du  rachis,  dans  une  cavité 
oblongue  assez  prononcée  chez  certains  de 
ces  animaux  ,  les  Raies  ,  les  Squales ,  par 
exemple,  pour  ressembler  au  cloaque  que 
nous  signalerons  chez  les  Oiseaux.  Dans  la 
classe  des  Poissons  ,  l'intestin  ,  enveloppé 
avec  le  foie  et  la  rate,  dans  un  sac  péritonéal 
qui  tapisse  la  cavité  abdominale ,  est  sou- 
tenu par  un  véritable  mésentère. 

Chez  les  Reptiles,  comme  chez  la  plupart 
des  Poissons,  la  bouche  et  l'arrière-bouche 
ou  pharynx  se  confondent  le  plus  souvent; 
il  faut  peut-être  excepter  de  cette  règle  le 
Crocodile  et  quelques  autres  Sauriens,  chez 
lesquels  une  sorte  de  voile  du  palais  établit 
une  séparation  entre  les  deux  cavités.  La 
conformation  de  l'œsophage  et  de  l'estomac 
jointe  au  peu  de  longueur  proportionnelle 
de  l'intestin,  augmente  encore  l'analogie 
entre  les  deux  classes.  L'œsophage,  à  par- 
tir de  la  cavité  gutturale,  se  rétrécit  en  en- 
tonnoir :  cependant,  chez  les  Serpents, 
l'ampleur  de  ce  canal  est  exactement  celle 
de  l'estomac;  celui  de  quelques  Tortues 
marines  est  garni  à  l'intérieur  de  nom- 
breuses pointes  cornées  dirigées  en  ar- 
rière, comparables  aux  dents  linguales,  pala- 
tines ou  pharyngiennes  des  Poissons,  et  qui 
semblent  destinées  à  empêcher  le  retour  en 
arrière  des  aliments  parvenus  dans  la  cavité 
gastrique.  L'estomac  affecte  généralement 
une  forme  très  simple;  chez  le  Pipa, néan- 
moins, il  présente  un  étranglement  qui  le 
divise  en  deux  portions  inégales.  Le  grand 
estomac  globuleux  du  Crocodile  présente 
une  disposition  analogue.  L'intestin,  sim- 
ple et  peu  contourné  ,  se  distingue  néan- 
moins aisément  en  intestin  grêle  plus 
long  et  en  gros  intestin  plus  court,  si  ce 
n'est  chez  une  Tortue  (Chélonée  mydas), 
qui  présente  la  disposition  inverse.  Le  cce- 
cum  n'est  pas  constant.  Chez  les  Reptiles  à 
métamorphoses,  les  Batraciens  anoures, 
par    exemple,    la  longueur   de  l'intestin 


INT 

varie  avec  la  forme  de  l'animal.  Ainsi  le 
canal  intestinal  du  Têtard,  qui  semble  se 
nourrir  principalement  de  végétaux  ,  est 
infiniment  plus  long  que  celui  de  l'animal 
parfait.  Immédiatement  au-devant  de  l'a- 
nus, l'intestin  des  Reptiles  forme,  comme 
chez  les  Raies  et  les  Squales ,  un  cloaque , 
c'est-à-dire  une  dilatation  souvent  consi- 
dérable, dans  laquelle  s'ouvrent,  avec  le 
rectum,  les  organes  urinaires  et  ceux  de  la 
génération.  Le  canal  intestinal  est  toujours 
soutenu  par  un  mésentère  délicat  comme 
chez  les  Poissons.  La  transparence  de  ce 
mésentère,  surtout  chez  les  Grenouilles,  le 
rend  très  propre  à  étudier  les  phénomènes 
de  la  circulation  du  sang. 

La  cavité  orale  des  Oiseaux ,  qui  a  reçu 
le  nom  particulier  de  Bec  (voyez  ce  mot), 
n'est  point  encore  parfaitement  distincte 
de  la  cavité  gutturale,  puisque  le  voile  du 
palais  n'existe  pas.  L'œsophage,  auquel  cette 
dernière  cavité  donne  naissance  en  se  ré- 
trécissant peu  à  peu ,  est  remarquable  par 
sa  longueur ,  ainsi  que  par  son  ampleur  et 
son  extensibilité ,  surtout  chez  les  jeunes 
Oiseaux.  Ce  conduit  présente  le  plus  géné- 
ralement, mais  surtout  chez  les  Granivores, 
un  appendice  sacciforme,  situé  en  dehors  de 
la  cavité  thoracique,  et  s'appuyant  sur  la 
fourchette;  les  aliments  subissent  un  ra- 
mollissement préliminaire  dans  cet  appen- 
dice, qui  a  reçu  le  nom  de  jabot.  L'estomac 
se  divise  lui-même  en  deux  portions ,  sa- 
voir :  l'estomac  glanduleux,  proventriculus, 
dilatation  du  cardia,  dont  les  parois  renfer- 
ment, entre  les  tuniques  musculeuse  et 
muqueuse,  une  couche  épaisse  de  follicules 
glandulaires;  et  l'estomac  musculeux  ou 
gésier,  qui  succède  immédiatement  au  pré- 
cédent. Chez  les  Oiseaux  carnassiers,  les 
parois  du  gésier  sont  minces  ;  douées  au 
contraire  d'une  grande  épaisseur  chez  les 
Oiseaux  granivores  ou  herbivores,  elles  sont 
formées  de  deux  puissants  plans  muscu- 
leux recouverts  d'une  membrane  muqueuse 
à  épithélium  calleux.  L'intestin  grêle  s'a- 
bouche à  droite  avec  l'estomac;  plus  long 
chez  les  Granivores  que  chez  les  Rapaces,  il 
se  continue  avec  un  gros  intestin  court, 
offrant  peu  d'ampleur,  et  garni  à  son  ori- 
gine de  deux  cœcums,  fort  longs  chez  les 
Oiseaux  qui  se  nourrissent  de  végétaux.  Le 
rectum  s'ouvre,  dans  un  cloaque,  avec  les 


IKT 

organes  urinaires  et  ceux  de  ia  génération. 
Il  est  presque  inutile  de  dire  que  le  canal 
intestinal  des  Oiseaux  est  soutenu  par  un 
mésentère,  et  qu'on  signale  chez  eux  l'exis- 
tence d'organes  glanduleux,  salivaire,  bi- 
liaire et  pancréatique. 

Arrivé  aux  Mammifères,  nous  retrou- 
vons, sauf  certaines  modifications ,  les  gran- 
des divisions  et  les  dispositions  de  structure 
et  de  fonctions  que  nous  avons  signalées 
i  chez  l'Homme.  Cependant  il  existe  des  dif- 
férences importantes  entre  le  canal  digestif 
.  des  Mammifères  herbivores  et  celui  des 
Carnassiers.  Ceux-ci  ont  l'estomac  simple, 
et  le  canal  intestinal  beaucoup  plus  court 
que  les  premiers;  la  différence  de  longueur  et 
de  dimension  entre  l'intestin  grêle  et  le  gros 
intestin  est  aussi  beaucoup  moins  sensible; 
le  coecum  est  très  petit.  Chez  le  Dasyure, 
parmi  les  Marsupiaux,  il  n'y  a  ni  trace  de 
cœcum ,  ni  signe  de  démarcation  entre  les 
deux  intestins. 

Chez  quelques  Rongeurs,  l'estomac  se 
divise  déjà  en  deux  parties;  il  a  trois  com- 
partiments chez  le  Kanguroo  géant,  et  qua- 
tre chez  les  Paresseux.  Les  Ruminants  (voy. 
ce  mot)  ont  un  estomac  composé  de  quatre 
parties  bien  distinctes ,  la  panset  le  bonnet, 
le  feuillet  et  la  caillette.  Néanmoins  cette 
complication  de  l'estomac  n'est  point  un 
caractère  général  chez  les  Herbivores ,  puis- 
que les  Solipèdes,  ainsi  que  les  Pachyder- 
mes, ont  une  cavité  gastrique  simple,  à  l'ex- 
ception toutefois  du  Pécari  et  de  l'Hippo^ 
potame,  qui  ont  le  leur  garni  d'appendices 
ou  dilatations  sacciformes.  L'estomac  des  Cé- 
tacés, tant  herbivores  que  carnassiers,  est 
multiple  ;  celui  de  la  Baleine ,  dont  la  nour- 
riture est  animale,  présente  cinq  compar- 
timents et  plus.  L'Intestin  grêle  est  géné- 
ralement très  long  ainsi  que  le  cœcum;  le 
colon  présente  une  longueur  et  une  ampleur 
considérables. 

Faisons  remarquer  ici  que  les  Herbivores 
fournissent  l'exemple  du  passage  de  l'ali- 
mentation animale  à  l'alimentation  végétale, 
puisqu'après  leur  naissance  ils  vivent  du  lait 
maternel:  aussi  le  premier  estomac  des  Ru- 
minants est-il  fort  petit,  tant  que  dure  l'al- 
laitement. 

Chez  tous  les  Mammifères,  le  rectum  s'ou- 
vre à  l'extérieur  par  un  anus  placé  derrière 
les  parties  génitales.  Les  Monotrêmes  seuls, 


INT 


CD 


ainsi  que  l'indique  leur  nom  ,  n'ont  qu'une 
ouverture  extérieure,  donnant  issue  a 
un  cloaque  commun  au  canal  intestinal , 
aux  voies  urinaires  et  aux  organes  de  la 
génération. 

Le  résultat  le  plus  général  de  l'aperçu 
qui  précède  est  que  la  digestion  des  ali- 
ments végétaux  exige  incomparablement 
plus  d'appareils  que  celle  de  la  nourriture 
animale;  et  cette  observation  est  tellement 
fondée,  que  le  Chat  sauvage  a  l'Intestin  de 
moitié  moins  long  que  le  Chat  domestique , 
devenu  omnivore  par  la  domesticité. 

En  somme ,  le  canal  digestif  a  acquis  sa 
plus  grande  longueur  chez  les  Mammifères  ; 
puis  il  diminue  chez  les  Oiseaux,  et  progres- 
sivement chez  les  Reptiles  et  chez  les  Pois- 
sons ,  pour  présenter  ensuite  de  grandes  va- 
riétés chez  les  animaux  inférieurs  ,  bien  que 
le  plus  souvent  il  ne  soit,  comme  nous 
l'avons  vu,  qu'un  canal  droit,  s'étendant  de 
la  bouche  à  l'anus ,  quand  ce  dernier  orifice 
existe.  (A.  Duponchel.) 

INTESTINAUX,   zool.    —  Voy.   ento- 

ZOAIRES  et  VERS. 

*INTRÉPIDES.  Impavides,  arach.  — 
Cette  famille,  qui  appartient  au  genre  des 
Olios  ,  et  qui  a  été  établie  par  M.  Walcke- 
naër,  peut  être  ainsi  caractérisée  :  Yeux 
dont  la  ligne  antérieure  est  un  peu  plus 
courbée  en  arrière,  en  croissant;  mâchoires 
droites ,  allongées  ,  cylindroïdes  ;  lèvre 
grande,  carrée,  comme  pentagonale  à  cause 
du  resserrement  de  la  base,  coupée  en  li- 
gne droite  à  son  extrémité  ;  pattes  de  la  se- 
conde paire  les  plus  longues,  la  quatrième 
ensuite,  la  troisième  est  la  plus  courte.  L'O- 
lios  trapobanius  est  le  seul  représentant  de 
cette  famille.  (H.  L.) 

INTRICAIRE. /nfn'can'a.POLYP.— Genre 
de  Polypiers  de  la  famille  des  Cellariés,  établi 
par  M.  Defrance,  pour  un  Polypier  fossile 
trouvé  dans  le  département  de  la  Manche, 
et  qu'il  a  nommé  /.  Bajocensis.      (P.  G.) 

INTRORSES.  Introrsi.  bot.  —  Ce  mot, 
qui  signifie  tourné  en  dedans  ,  s'applique 
spécialement  aux  anthères  lorsqu'elles  s'ou- 
vrent du  côté  du  pistil. 

INTSIA.  bot.  ph. —  Genre  de  la  famille 
des  Papilionacées-Caesalpiniées ,  établi  par 
Dupetit-Thouars  {Gen.  Madagasc,  n°  75). 
Arbres  de  Madagascar.  Voyez  papiliona- 
cées. 


100 


1NV 


INULA.  bot.  pu.  —  Voy.    aune. 
INULÉES.  Inuleœ.  bot.  ph.  —  Tribu  de 

la  famille  des  Composées.  Voy.  ce  mot. 

*IIVUUS.  MAM.  —  Voy.  MAGOT. 

INVERTÉBRÉS,  zool.  —  Lamarck  di- 
vise les  animaux  en  deux  grandes  divi- 
sions, les  Vertébrés  et  les  Invertébrés.  Plu- 
sieurs naturalistes,  et  G.  Cuvier  en  particu- 
lier, n'ont  pas  adopté  cette  distinction.  Les 
animaux  invertébrés  comprennent  les  Mol- 
lusques, Articulés  et  Rayonnes  de  G.  Cuvier. 
Voy.  ces  mots.  (E.  D.) 

INVOLUCELLE.    bot.  —  Voy.    invo- 

LUCRE. 

INVOLUCRE.  Involucrum.  bot.  —  On 
désigne  sous  ce  nom  les  réunions  de  brac- 
tées qui  forment  autour  des  fleurs  ou  dans 
leur  voisinage  une  sorte  d'enveloppe.  Ainsi 
cette  dénomination  s'applique  également 
aux  bractées  situées  au-dessous  et  à  une  cer- 
taine distance  des  fleurs,  par  exemple,  chez 
les  Anémones,  à  la  collerette  des  Ombelli- 
fères,  à  ce  que  Linné  nommait  le  calice 
commun  chez  les  Composées.  Chez  les  Om- 
bellifères,  on  distingue  l'Involucre  qui  se 
trouve  à  la  base  de  l'ombelle  ou  le  cercle  de 
bractées  qui  accompagnent  les  rayons  de 
l'ombelle  générale,  et  Vinvolucelle  ou  la  ran- 
gée de  bractées  situées  à  la  base  des  rayons 
de  l'ombellule.  Chez  les  Composées,  l'In- 
volucre avait  été  nommé  calice  commun  par 
Linné,  et  Richard  avait  proposé  de  rempla- 
cer ce  nom  par  celui  de  Périphorante.  Chez 
ces  plantes  ,  l'Involucre  fournit  d'excellents 
caractères  suivant  que  les  bractées  qui  le 
composent  sont  disposées  sur  un  seul  rang, 
ou  sur  deux,  dont  l'extérieur  généralement 
plus  court  (Involucre  caliculé),  ou  sur  plu- 
sieurs rangs  (Involucre  imbriqué),  et  aussi 
d'après  d'autres  considérations  que  les  bota- 
nistes signalent  avec  soin  dans  leurs  des- 
criptions. 

Le  plus  souvent  les  bractées  qui  forment 
l'Involucre  sont  distinctes  et  séparées;  mais 
souvent  aussi  elles  se  soudent  entre  elles 
comme  on  le  voit  surtout  assez  fréquemment 
chez  les  Composées,  quelquefois  aussi,  mais 
rarement ,  chez  les  Ombellifères  {Seseli  hip- 
Vomarathrum,  Buplevrum  stellatum)  ;  mais, 
«lans  ce  cas  ,  l'observation  la  plus  légère  suf- 
fit pour  faire  reconnaître  les  traces  des  ad- 
hérences que  les  bractées  ont  contractées 
entre  elle».  (P.  d.) 


10 

*I0  (nom  mythologique),  moll.  —  Ce 
genre  a  été  proposé  par  M.  Lea  ,  dans  les 
Mémoires  de  l'Académie  des  sciences  natu- 
relles de  Philadelphie,  pour  une  coquille  flu- 
viatile  des  plus  intéressantes,  signalée  déjà 
par  M.  Say  sous  le  nom  de  Fusus  fluviatilis. 
Comme  le  fait  judicieusement  remarquer 
M.  Lea,  il  serait  difficile  de  comprendre 
dans  un  genre  marin,  comme  celui  des  Fu- 
seaux, une  coquille  fluviatile  se  rattachant 
à  la  famille  des  Mélaniens  par  tous  ses  ca- 
ractères principaux.  Pour  comprendre  le 
g.  Io  ,  il  faut  rappeler  d'une  manière  som- 
maire les  phénomènes  principaux  que  l'on 
I  remarque  dans  les  modifications  des  formes 
extérieures  des  coquilles  de  la  famille  des 
Mélaniens.  Dans  les  Mélanies  proprement 
dites,  l'ouverture  est  entière,  mais  versante 
à  la  base;  dans  les  Mélanopsides,  il  se 
produit  une  véritable  échancrure,  que  Ton 
peut  comparer,  dans  ce  genre,  à  celle  des 
Agathines,  et  qui,  par  le  fait,  n'a  pas  plus 
d'importance.  Dans  un  certain  nombre 
d'espèces  d'Amérique,  dont  M.  Say  a  fait  le 
g.  Anculosa ,  on  voit  l'échancrure  des  Mé- 
nalopsides  se  prolonger  en  une  sorte  d'o- 
reillette, caractère  qui,  à  nos  yeux,  n'a  pas 
une  importance  considérable.  Le  g.  Io  se- 
rait la  dernière  limite  de  cette  modification, 
c'est-à-dire  que  l'on  trouverait  chez  lui  le 
prolongement  très  exagéré  de  la  courte 
oreillette  des  Anculosa,  et  par  consé- 
quent de  l'échancrure  des  Mélanopsides. 
Pour  résumer  notre  opinion ,  les  coquilles 
du  g.  Iosont  des  Mélanopsides  subcanalicu- 
lées.  Les  caractères  génériques  peuvent  se 
résumer  de  la  manière  suivante  : 

Coquille  fluviatile,  subfusiforme,  à  spire 
conique  régulière,  ayant  le  dernier  tour 
conique  à  sa  base  et  prolongé  en  un  canal 
étroit  et  peu  profond;  ouverture  ovale, 
subquadrangulaire,  sinueuse  latéralement; 
columelle  étroite  ,  cylindracée  ,  tordue 
dans  sa  longueur;  opercule  corné,  pauci- 
spiré. 

Avant  d'admettre  définitivement  ce  g., 
il  faudra  voir  si  l'animal  ne  ressemble  pas 
à  celui  des  Mélanies  et  des  Mélanopsides. 
Si  on  lui  trouvait  des  caractères  identiques, 
il  faudrait  nécessairement  réunir  ces  gen- 
res en  un  seul  pour  le  sous-diviser  ensuite 
en  sections,  d'après  les  caractères  extérieurs 
des  coquilles. 


IOD 


IOD 


101 


Les  Ios  sont  des  coquilles  d'un  volume  mé- 
diocre, à  spire  courte, régulièrement  conique, 
dont  le  dernier  tour  est  plus  grand  que  la 
spire;  l'ouverture  est  ovale,  subquadran- 
gulaire  ;  son  bord  droit  est  mince  ,  tran- 
chant et  largement  sinueux  ,  de  la  même 
manière  que  celui  des  Mélanies.  La  base  de 
l'ouverture  se  prolonge  en  une  oreillette 
canaliforme,  à  peine  creusée  en  gouttière, 
et  qui  n'a  pas  la  moindre  ressemblance  avec 
le  canal  des  Fuseaux.  La  columelle  se  dé- 
tache à  la  base  en  un  filet  cylindracé,  con- 
tourné dans  sa  longueur,  et  qui  vient  mou- 
rir sur  le  bord  interne  de  l'oreillette  ter- 
minale. On  ne  connaît  encore  que  deux  es- 
pèces de  ce  genre  ;  toutes  deux  provien- 
nent des  eaux  douces  de  l'Amérique  septen- 
trionale. (  Desh.) 

IODATES.  chim.  —  Voy.  iode. 

IODE  (îwtJyj;,  violet),  chim.  —  L'Iode , 
qui  se  groupe  avec  le  Chlore  et  le  Brome , 
en  raison  de  son  analogie  de  propriétés 
avec  ces  deux  corps,  a  été  découvert  acci- 
dentellement, vers  1811  ,  par  Courtois, 
dans  la  soude  de  Varech  et  dans  la  cen- 
dre des  fucus  qui  croissent  au  bord  de  la 
mer.  Depuis ,  on  l'a  trouvé  dans  les  épon- 
ges, dans  plusieurs  eaux  salées  ,  dans  cer- 
tains poissons,  dans  quelques  Mollusques 
marins,  dans  des  Polypiers;  enfin,  Vau- 
quelin  en  a  constaté  la  présence  à  l'état 
d'Iodurc  d'argent  dans  un  minerai  des  en- 
virons de  Mexico. 

Les  propriétés  de  l'Iode,  déterminées  en 
partie  par  Clément ,  furent  soumises  à  un 
examen  plus  approfondi  par  MM.  Gay- 
Lussac  etDavy,  qui  les  firent  complètement 
connaître,  et  donnèrent  au  corps  qu'ils  étu- 
diaient le  nom  qu'il  porte  actuellement,  à 
cause  de  la  vapeur  violette  qu'il  répand 
quand  on  le  chauffe. 

L'Iode  est  un  corps  simple,  rangé  parmi 
les  métalloïdes.  Solide  à  la  température  or- 
dinaire, il  se  présente  sous  forme  de  petites 
lames  d'un  noir  bleuâtre  à  reflet  métal- 
lique, et  de  différentes  dimensions  ;  il  peut 
cependant  prendre  une  forme  régulière, 
rhomboïdale  ou  octaédrique.  Son  odeur, 
désagréable,  se  rapproche  de  celle  du  Chlore  ; 
sa  saveur  est  acre  et  chaude.  Mis  en  contact 
avec  les  tissus  organiques,  il  les  tache  en 
jaune  foncé  ;  mais  cette  couleur  ne  tarde  pas 
a  disparaître.  II  agit  sur  les  matières  colo- 


rantes à  la  manière  du  Chlore,  avec  moins 
d'énergie  toutefois.  Sa  densité ,  déterminée 
par  M.  Gay-Lussac,  est  de  4,948. 

A  la  température  de  -f- 107°,  l'Iode  fond  ; 
il  entre  en  ébullitionà  -j-175°  et  se  trans- 
forme en  une  belle  vapeur  violette,  dont  la 
densité,  suivant  M.  Gay-Lussac,  est  de 
8,618.  Par  le  refroidissement,  cette  vapeur 
repasse  peu  à  peu  à  l'état  solide,  encristalli- 
santsur  les  parois  des  corps  qu'elle  rencontre. 

L'Oxygène  et  l'Air  sont  sans  aucune  ac- 
tion sur  l'Iode,  soit  à  chaud,  soit  à  froid. 
L'eau  ne  le  dissout  qu'en  très  petite  quan- 
tité (7—  au  plus).  Le  solutum  se  décolore 
à  la  lumière  diffuse ,  et  devient  acide  par 
suite  de  la  décomposition  de  l'eau  et  de  la 
formation  des  acides  iodique  et  iodhydrique. 
L'eau  bouillante  entraîne  l'Iode  en  vapeurs 
violettes,  sans  l'altérer. 

L'Alcool  et  l'Éther  dissolvent  l'iode  avec 
une  grande  facilité,  et  se  colorent  en  brun- 
orange  foncé.  Les  solutions  d'Iode,  aqueuse 
et  alcoolique  ,  mises  en  contact  avec  celle 
d'Amidon  ,  se  colorent  instantanément  en 
bleu  ;  l'Amidon  est  pour  l'Iode  un  réactif  tel- 
lement sensible,  que,  d'après  M.  Stromeyer, 
— 0^^j  d'Iode  suffît  pour  donner  au  liquide 
une  teinte  bleue  marquée. 

L'Iode  se  combine,  dans  de  certaines  con- 
ditions ,  avec  la  plupart  des  métalloïdes.  Il 
forme  avec  l'Oxygène  ,  ainsi  que  l'ont  con- 
staté les  travaux  les  plus  récents,  cinq  acides 
dont  voici  la  composition  : 

Acide  périodique    ....  1  O;. 

Acide  iodique I  O;  +  I  O3    =2105. 

Acide  hypro-iodique.     .    .  1  O7  -f  5  I  03=4  I  04. 

Acide  sous-hypro-iodique.  1  07  -f"  4  I  03=li  Oie). 

Enfin  ,  acide  iodeux  .     .    .  2  1  O3. 

Le  professeur  Millon  ,  auquel  on  doit  de 
remarquables  travaux  sur  ce  métalloïde,  et 
entre  autres  la  détermination  des  acides  ci- 
dessus  désignés,  a  constaté  que  les  substances 
organiques  se  brûlent  par  l'acide  iodique,  il 
est  vrai  avec  lenteur,  mais  à  peu  près  com- 
plètement comme  par  une  oxydation  vitale. 
Il  faut  cependant  en  excepter  les  produits  de 
sécrétion  de  l'économie,  les  produits  brûlés 
ainsi  que  les  produits  stables  de  nos  organes  : 
toutes  ces  substances  échappent  à  la  com- 
bustion iodique.  (Comptes-rendus  de  l'Aca- 
démie des  sciences,  t.  XIX,  p.  726.) 

L'Hydrogène  sec  ou  humide  est  sans  action 
sur  l'Iode  à  la  température  ordinaire  ;  mais, 


102 


ION 


ION 


si  l'on  expose  un  mélange  de  vapeur  d'Iode 
et  de  gaz  Hydrogène  à  une  chaleur  rouge, 
dans  un  tube  de  porcelaine,  ces  deux  corps 
s'unissent  en  partie  pour  donner  naissance 
à  une  certaine  quantité  d'acide  iodhydri- 
que.  L'Iode  a,  du  reste,  une  grande  affinité 
pour  l'Hydrogène,  moindre  cependant  que 
le  Chlore  et  le  Brome,  qui  lui  enlèvent  ce 
corps. 

L'acide  iodhydrique  se  comporte  dans  tou- 
tes ses  réactions  comme  l'acide  chlorhydri- 
que ,  pour  former  des  Iodhydrates  ou  des 
Iodures,  selon  que  les  composés  sont  secs  ou 
humides.  Sa  formule:  =  I  H. 

L'Iode  se  combine  également  avec  la  plu- 
part des  métaux  pour  former  des  Iodures, 
dont  plusieurs  sont  usités  en  médecine.  On 
trouve  quelques  uns  de  ces  composés  dans  la 
nature;  ce  sont  les  Iodures  de  Sodium  et  de 
Magnésium  dans  les  eaux  de  la  mer  et  dans 
certaiues  eaux  minérales;  Ylodure  d'argent, 
annoncé  par  Vauquelin  dans  des  minerais 
argentifères  du  Mexique,  à  une  époque  où 
le  Brome  n'était  pas  connu,  et  qui  pour- 
rait bien  n'être  qu'un  Bromure  analogue 
à  celui  qui  a  été  rencontré,  dans  des  cir- 
constances analogues,  à  Poullaven,  en  Bre- 
tagne; enfin  des  Iodures  de  zinc  et  de  mer- 
cure; le  premier  en  Silésie,  le  second  au 
Mexique. 

L'Iode  et  ses  préparations  sont  fort  usités 
en  médecine,  et  on  en  a  reconnu  le  spécifi- 
que dans  quelques  affections,  le  goitre,  par 
exemple,  les  tumeurs  lymphatiques:  cepen- 
dant, comme  ce  corps  est  vénéneux  à  haute 
dose,  et  qu'il  exerce  en  outre,  à  la  longue, 
une  action  nuisible  sur  l'organisation,  il  ne 
doit  être  administré  qu'avec  précaution.  Les 
Anglais  sont  parvenus,  dit-on,  à  fixer  sur  la 
toile  Ylodure  de  mercure,  dont  la  couleur 
rouge  est  des  plus  belles.  Enfin,  dans  ces 
dernières  années,  l'art  de  la  Photographie, 
découvert  par  M.  Daguerre,  a  donné  une 
nouvelle  importance  à  l'Iode  ainsi  qu'au 
Brome,  son  congénère.  (A.  D.) 

*IODES  (tw<î-/)ç,  violet),  bot.  ph.  — Genre 
de  la  famille  des  Ménispermacées ,  établi 
par  Blume  (Bijdr.,  29).  Arbrisseaux  de 
Java.  Voy.  ménispermacées. 

*IODOPLEURA,  ois.  —Division  du 
genre  Manakin.  Voy,  ce  mot.       (Z.  G.) 

IODURES.  chim.  —  Voy.  iode. 

IOIVE.  Ione  (nom  mythologique},  crust. — 


Genre  de  l'ordre  des  lsopndes,  section  des  Iso- 
podes  sédentaires,  famille  des  Ioniens,  établi 
par  Latreille  aux  dépens  des  Oniscus  deMon- 
tagu,  et  adopté  par  tous  les  carcinologistes. 
Le  mâle,  beaucoup  plus  petit  que  la  femelle, 
est  d'une  forme  étroite  et  allongée;  la  tête, 
aussi  large  que  le  thorax,  et  arrondie  anté- 
rieurement ,  porte  deux  paires  d'antenne» 
dont  les  internes  sont  rudimentaires  et  les 
externes  bien  développées ,  styliformes  et 
composées  de  quatre  ou  cinq  articles  cylin- 
driques. Les  anneaux  du  thorax  sont  pro- 
fondément séparés  de  chaque  côté  ,  et  ont 
tous  à  peu  près  les  mêmes  formes  et  les 
mêmes  dimensions  ;  les  pattes  sont  fixées  à 
leur  angle  externe,  et  se  terminent  toutes 
par  une  petite  pince  ovoïde,  renflée  et  sub- 
chéliforme.  L'abdomen  se  compose  de  six 
segments  qui  se  rétrécissent  graduellement, 
et  qui  portent  chacun  une  paire  d'appendi- 
ces membraneux,  cylindriques,  grêles  et 
très  allongés.  Chez  la  femelle  ,  le  corps  est 
pyriforme  et  très  aplati;  la  tête  est  profon- 
dément enchâssée  dans  le  thorax  ,  et  a  la 
forme  d'un  écusson  ;  le  front  est  lameller.x 
et  s'avance  au-dessus  de  la  base  des  anten- 
nes, qui  sont  très  courtes,  mais  bien  distinc- 
tes. La  bouche  est  couverte  par  une  paire- 
de  mâchoires  lamelleuses  qui  ressemblent 
un  peu  à  celles  des  Cymothoés  (voy.  ce 
mot);  les  mandibules  sont  aussi  disposées 
à  peu  près  de  même  que  chez  ces  Crustacés, 
mais  elles  sont  plus  étroites  vers  le  bout  et 
ne  portent  pas  de  palpe  palpiforme;  enfin 
les  mâchoires  ne  paraissent  être  représen- 
tées que  par  des  lobules  semi-membraneux. 
Les  anneaux  du  thorax  sont  bien  distincts 
de  ceux  des  autres.  Les  pattes  ont  la  menu: 
structure  que  chez  les  mâles  :  seulement, 
on  remarque  ,  au-dessous  de  la  base  de 
celles  des  six  premières  paires,  deux  grands 
appendices  ;  l'un  de  ces  deux  appendices  est 
très  large  ,  de  forme  foliacée.  L'abdomen 
est  semi-ovalaire,  et  les  anneaux  dont  il  se 
compose  ne  sont  dentelés  que  sur  les  côtés, 
avec  les  appendices  fixés  aux  cinq  premiers 
anneaux,  très  longs  et  arborescents.  La 
seule  espèce  connue  est  I'Ione  thoracique, 
Ione  thoracicus  Latr.  Ce  petit  Crustacé  se 
trouve  sous  le  test  de  la  Callianaha  subter- 
ranea;  il  se  cache  entre  la  carapace  et  les 
parties  charnues,  et  forme  une  tumeur  d'un 
côté  du  corps.  (H.  L.) 


IPE 


IPE 


103 


IOÎVESIA.  BOT.  PH.  —  Voy.  IONESIA. 
IOMDIUM.  BOT.  PH.—  Voy.  JONIDIDM. 

*IONIENS.  Ionii.  crust.  —  Famille  de 
Tordre  des  Isopodes,  section  des  Isopodes 
sédendaires,  établie  par  M.  Milne-Edwards, 
qui  lui  donne  pour  caractères  :  Appendices 
abdominaux  filiformes  et  entourant  l'abdo- 
men. Cette  famille  ne  renferme  que  le  seul 
lenre  Ione.  Voy.  ce  mot.  (  H.  L.) 

IOXOPSIS.  bot.  ph.  —  Voy.  jonopsis. 

*IONTHODES  (?ov90î,  duvet  ).  ins.— 
Genre  de  Coléoptères  subpentamères,  tétra- 
mères  de  Latreille,  famille  des  Longicornes, 
tribu  des  Cérambycins ,  formé  par  Serville 
(Ann.  de  la  Soc.  entom.  de  Fr.,  tome  II, 
p.  558).  L'espèce  type  est  17.  formosa  Dej.- 
Serv.,  originaire  du  Sénégal.  (C.) 

IPÉCACUANHA.  bot.  ph.  —  Ce  nom  a 
été  donné  à  plusieurs  plantes  différentes 
d'espèce,  de  genre  et  même  de  famille, 
mais  qui  se  ressemblent  toutes  par  les  pro- 
priétés médicinales  de  leur  racine,  pronon- 
cées à  des  degrés  divers.  Ce  nom  appartient, 
il  est  vrai,  plus  particulièrement  à  deux 
Rubiacées  ;  mais  leur  histoire  ne  peut  être 
présentée  sans  qu'il  soit  question  en  même 
temps  des  autres  espèces  qui  ont  des  pro- 
priétés analogues ,  et  qui  sont  employées  à 
leur  place  en  divers  points  du  globe  ,  quoi- 
que avec  moins  d'avantages. 

Les  premiers  auteurs  qui  firent  connaître 
l'Ipécacuanha  en  Europe  furent  Marcgraff 
et  Pison ,  qui,  au  xvne  siècle,  le  décrivirent, 
le  figurèrent ,  et  signalèrent  ses  propriétés 
dans  leur  Histoire  naturelle  et  médicale  du 
Brésil.  Mais,  tout  exacts  qu'ils  étaient,  les 
renseignements  fournis  par  eux  furent  né- 
gligés et  oubliés  ensuite  entièrement ,  et  les 
botanistes  qui  vinrent  après  eux  attribuè- 
rent la  substance  employée  sous  le  nom  d'I- 
pécacuanha  à  plusieurs  plantes  toutes  diffé- 
rentes de  celle  de  Marcgraff  et  Pison.  Ainsi 
Rai  crut  qu'elle  provenait  d'une  espèce  de 
Paris;  Linné  pensa  d'abord  qu'elle  était 
fournie  par  un  Lonicera,  et  plus  tard  par 
une  Violette.  Cette  dernière  opinion  préva- 
lut pendant  longtemps  :  seulement,  les  bo- 
tanistes variaient  alors  d'opinion  au  sujet 
de  l'espèce  de  Violette  qui  devait  être  re- 
gardée comme  le  véritable  Ipécacuanha. 
Les  premiers  renseignements  exacts  sur 
cette  importante  question  furent  publiés 
eu  1781  par  Linné  fils ,  qui  les   tenait  de 


Mutîs  ;  mais  la  plante  envoyée  par  Mu- 
Us  ,  et  que  Linné  fils  publia  sous  le  nom 
de  Psychotria  cmelica  Mutis,  n'était  que 
l'Ipécacuanha  du  Pérou;  et,  oubliant  la 
description  de  Pison,  l'on  crut  alors  qu'elle 
était  identique  avec  l'espèce  du  Brésil.  Cette 
erreur  ne  cessa  qu'en  1800  ,  lorsque  Gomez 
ayant  rapporté  du  Brésil  la  plante  qui  four- 
nit l'Ipécacuanha  de  cette  contrée,  Brotero 
reconnut  qu'elle  était  totalement  distincte 
de  l'espèce  péruvienne  ,  et  la  rapporta  au 
genre  Callicocca  de  Schreber,  qui  rentre 
dans  le  Cephœlis ,  antérieurement  établi 
par  Swartz.  Cette  distinction  ,  établie  par 
Brotero  dans  les  Actes  de  la  Société  lin- 
néenne  de  Londres  en  1800  ,  fut  confirmée 
l'année  suivante  par  Gomez  dans  son  Me- 
moria  sobre  Ipécacuanha,  dans  lequel  fut 
donnée  une  nouvelle  figure  de  la  plante  du 
Brésil. 

Dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances , 
la  dénomination  d'Ipécacuanha  appartient 
essentiellement  à  l'espèce  brésilienne,  Ce- 
phœlis Ipécacuanha  Swartz  (  Callicocca  Ipé- 
cacuanha Brot.),  celle  décrite  ancienne- 
ment par  Pison,  et  à  l'espèce  péruvienne, 
Psychotria  emetica  Mutis,  signalée  et  décrite 
pour  la  première  fois  par  Linné  fils,  d'après 
Mutis.  Outre  ces  deux  Rubiacées  ,  il  en  est 
encore  d'futres ,  telles  que  des  Richardso- 
nia ,  des  Spermacoce ,  qui  ont  quelquefois 
été  compris  sous  la  dénomination  vague 
d'Ipécacuanha  ;  mais  l'une  des  plantes  qui 
reçoivent  le  plus  habituellement  ce  nom  est 
uneViolariée,  leJonidiumlpecacuanhaWent. 
(Pombalia  Ipécacuanha  Vandelli  ),  qui  porte 
au  Brésil  les  noms  de  Poaya,  Poaya  branca, 
et  à  laquelle  ressemblent  plus  ou  moins, 
sous  le  rapport  de  leurs  propriétés,  quelques 
autres  espèces  du  même  genre,  comme  les 
J.  indecorum  et  poaya  Aug.  St-Hil.,  /.  bre- 
vicaule  et  urticœfolium  Mart.  Ces  diverses 
plantes  sont  comprises  sous  la  dénomina- 
tion générale  d'Ipécacuanha  blanc  ,  que  l'on 
étend  encore  à  des  Asclépiadées,  comme  les 
Cynanchum  vomitorium,  mauritianum,  etc.,, 
même  à  des  Euphorbiacées.  Ne  pouvant 
examiner  ici  toutes  ces  plantes,  nous  allons 
nous  borner  à  jeter  un  coup  d'œil  sur  les 
trois  auxquelles  s'applique  spécialement 
la  dénomination  d'Ipécacuanha ,  et  chez 
lesquelles  résident  au  plus  haut  degré  les 
propriétés   médicinales    qui   en    font   de 


104 


IPE 


médicaments    d'une   grande    importance. 

I.  Cephœlis,  Swartz.  Ce  genre  appartient 
à  la  famille  des  Rubiacées  ,  tribu  des  Psy- 
chotriées  ;  il  donne  son  nom  à  la  sous-tribu 
des  Céphœlidées  ;  ses  caractères  ayant  été 
donnés  à  l'art,  cephœlis,  nous  ne  les  repro- 
duirons pas  ici. 

L'espèce  essentiellement  intéressante  de 
ce  genre  est  le  Cephœlis  Ipecacuanha  Swartz 
(Callicocca  Ipecacuanha  Brotero  ,  Ipeca- 
cuanha officinalis  Arruda).  Elle  croît  au 
Brésil ,  dans  les  provinces  de  Fernambouc, 
de  Bahia ,  de  Rio-Janeiro,  etc.,  où  elle 
fleurit  de  novembre  à  janvier;  elle  habite 
les  forêts  et  les  vallées  des  montagnes.  Sa 
tige  est  d'abord  ascendante  et  finit  par  se 
redresser;  elle  est  légèrement  pubescente 
au  sommet  ;  ses  feuilles  sont  ovales-oblon- 
gues ,  scabres  en  dessus ,  revêtues  en  des- 
sous d'un  léger  duvet  ;  ses  stipules  sont 
fendues  en  lanières  sétacées;  ses  capitules 
de  fleurs  sont  terminaux,  d'abord  dressés, 
puis  pendants;  ils  sont  accompagnés  de  4 
bractées  presque  en  cœur.  C'est  cette  espèce 
qui  fournit  à  l'Europe  presque  tout  l'Ipéca- 
cuanha  qui  s'y  consomme.  Cette  substance 
est  fournie  par  le  rhizome  de  la  plante,  qui 
s'étend  à  peu  près  horizontalement  sous  la 
surface  du  sol ,  et  qui  se  reconnaît  à  des  ca- 
ractères très  marqués.  Tel  qu'il  existe  dans 
le  commerce  ,  il  forme  des  morceaux  allon- 
gés ,  de  la  grosseur  d'une  plume  à  écrire, 
contournés  de  manière  irrégulière,  simples 
ou  rameux;  sa  surface  est  entrecoupée,  à 
des  espaces  très  rapprochés ,  de  sortes  d'é- 
tranglements circulaires ,  dans  l'intervalle 
desquels  l'écorce  ,  acquérant  beaucoup  d'é- 
paisseur, se  relève  en  espèces  d'anneaux  qui 
en  forment  le  caractère  le  plus  essentiel. 
C'est  dans  cette  écorce  que  résident  les 
propriétés  médicinales  de  la  plante,  car 
l'axe  ligneux  qu'elle  recouvre  en  est  entiè- 
rement dépourvu.  Lorsqu'on  coupe  ce  rhi- 
zome ou  ,  comme  on  le  dit  ordinairement, 
cette  racine,  on  reconnaît  qu'elle  est  cas- 
sante, que  sa  cassure  est  brunâtre,  comme 
résineuse  ;  de  plus ,  sa  saveur  est  un  peu 
acre  et  amère;  son  odeur  est  nauséabonde, 
faible  pour  de  petites  quantités  ,  assez  forte 
dans  de  grands  amas  pour  avoir  pu  quel- 
quefois ,  dit-on,  causer  des  accidents  fâ- 
cheux. 

Cette    espèce     d'Ipécacuanha   est    aussi 


IPE 

désignée  sous  le  nom  d'Ipécacuanha  gris. 
M.  A.  Richard  ayant  reconnu  que  la  cou- 
leur ner  peut  servir  à  caractériser  nette- 
ment les  diverses  racines  qui  portent  la  dé- 
nomination commune  d'Ipécacuanha,  a  pro- 
posé de  leur  donner  des  noms  tirés  de  leur 
configuration  extérieure;  c'est  d'après  ce 
motif  qu'il  a  nommé  l'Ipécacuanha  fourni 
par  le  Cephœlis,  Ipecacuanha  annelé ,  déno- 
mination tirée  de  la  forme  qu'affecte  son 
écorce. 

II.  Psychotria,  Lînn.  Ce  genre  appartient, 
comme  le  précédent ,  à  la  famille  des  Ru- 
biacées et  à  la  tribu  des  Psychotriées ,  à  la- 
quelle il  donne  son  nom.  Les  plantes  qui  le 
composent  sont  de  petits  arbres  ou  des  ar- 
brisseaux, rarement  des  herbes  à  racines 
vivaces ,  qui  habitent  les  contrées  intertro- 
picales ,  principalement  en  Amérique.  Pour 
les  caractères  de  ce  genre,  voyez  psy- 
chotria. 

L'espèce  la  plus  remarquable  de  ce  genre 
est  le  Psychotria  emetica  Mutis  (m  Lin.  fil., 
suppl.,  144).  C'est  une  plante  sous-frutes- 
cente ,  à  tige  droite ,  pileuse  et  presque  co- 
tonneuse; à  feuilles  oblongues,  acuminées, 
rétrécies  à  la  base,  ciliées  ,  légèrement  pi- 
leuses à  leur  face  inférieure;  à  stipules  très 
courtes,  ovales,  acuminées;  à  fleurs  réu- 
nies en  grappes  pauciflores  axillaires.  Sa 
baie  est  bleue  ,  ovoïde  ou  presque  globu- 
leuse ,  lisse.  Sa  racine  est  rameuse  et  s'en- 
fonce verticalement  dans  la  terre.  Cette  es- 
pèce croît  dans  la  Nouvelle-Grenade ,  le 
long  de  la  rivière  Magdalena ,  dans  la  pro- 
vince de  Gironne,  etc.  :  c'est  elle  que  l'on 
a  regardée  pendant  quelque  temps  comme 
fournissant  tout  l'Ipécacuanha  du  commerce, 
tandis  qu'en  réalité  sa  racine  n'arrive  en 
Europe  que  rarement ,  et  n'entre  dans  la 
consommation  qu'en  quantité  presque  insi- 
gnifiante. Elle  constitue  ce  qu'on  nommait 
d'abord  l'Ipécacuanha  brun  ou  noir,  et  que 
M.  A.  Richard  a  désigné  ,  d'après  son  ap- 
parence extérieure,  sous  le  nom  d'Ipéca- 
cuanha strié.  Cette  substance  médicinale 
forme  des  morceaux  à  peu  près  cylindri- 
ques ,  de  la  grosseur  d'un  tuyau  de  plumo 
à  écrire,  peu  contournés,  marqués  à  des 
distances  assez  éloignées  d'étranglements 
circulaires  profonds ,  et  présentant  des  li- 
gnes enfoncées  longitudinales,  ou  des  stries, 
qui  lui  ont  valu  sa  dénomination.  Sa  cou- 


1P 


1JPÈ 


k.) 


leur  est  brun  foncé.  Sa  cassure  est  brune , 
d'apparence  peu  résineuse;  son  odeur  est 
presque  nulle;  sa  saveur  n'est  pas  amère, 
et  ne  devient  légèrement  acre  qu'après  que 
la  matière  a  resté  longtemps  sur  la  langue. 

III.  Parmi  les  diverses  espèces  dont  la 
racine  est  confondue  sous  le  nom  d'Ipéca- 
cuanha  blanc,  nous  ne  décrirons  ici  que 
celle  qui  nous  parait  la  plus  importante  à 
connaître,  et  qui  appartient  au  genre  Joni- 
dium. 

Jonidium,  Vent.  Ce  genre  fait  partie  de  la 
famille  des  Violariées  ;  il  se  compose  de  plan- 
tes herbacées,  sous-frutescentes,  ou  même 
quelquefois  frutescentes,  qui  croissent  pres- 
que toutes  dans  les  contrées  intertropicales, 
particulièrement  en  Amérique.  Pour  ses  ca- 
ractères ,  voyez  jonidium. 

L'espèce  la  plus  intéressante  de  ce  genre 
est  le  Jonidium  Ipecacuanha  Vent. ,  dont 
Vandelliavaitfait  son  genre Pombalia,  adopté 
par  If.  Gingins  dans  le  Prodr.,  1. 1,  p.  307. 
Elle  croît  spontanément  à  Cayenne  et  sur  la 
plus  grande  partie  de  la  côte  du  Brésil  jus- 
qu'au cap  Frio ,  au-delà  duquel  elle  ne  se 
montre  plus.  Ses  feuilles  sont  alternes,  lan- 
céolées, ovales,  dentées  en  scie,  aiguës  à 
leurs  deux,  extrémités  ;  ses  stipules  sont 
membraneuses,  acuminées,  marquées  de 
nervures  dans  leur  milieu;  les  divisions  du 
calice  sont  demi-pinnatifides  ;  le  pétale  pos- 
térieur est  très  grand,  elliptique  dans  le  sens 
transversal.  La  racine  de  cette  espèce  est 
très  employée  dans  l'Amérique  méridionale 
en  place  de  celle  du  Cephœlis  Ipecacuanha; 
a  Fernambouc,  on  la  regarde  comme  un  ex- 
cellent remède  pour  combattre  la  dysente- 
rie. Dans  le  commerce,  elle  est  assez  peu 
répandue. 

Les  propriétés  médicinales  des  racines  des 
plantes  qui  viennent  de  nous  occuper  et  de 
relies  qui  leur  ressemblent  sous  ce  rapport 
et  que  nous  avons  citées  plus  haut,  n'ont  été 
reconnues  et  n'ont  déterminé  leur  emploi 
fréquent  en  Europe  que  depuis  la  fin  du 
xviie  siècle.  Marcgraff  et  Pison  les  avaient 
préconisées,  il  est  vrai ,  surtout  pour  com- 
battre les  diarrhées  chroniques  ,  mais  néan- 
moins ce  médicament  était  resté  encore 
inusité.  En  1672,  un  médecin,  nommé  Le- 
gras,  en  ayant  rapporté  d'Amérique  une 
quantité  assez  considérable,  avait  cherché  à 
'/introduire  dans  la  thérapeutique    euro- 


péenne; mais  l'emploi  en  ayant  été  fait 
sans  discernement  et  à  trop  forte  dose  ,  les 
effets  qu'on  en  obtint  furent  désavantageux, 
et  il  en  résulta  un  abandon  completde  cette 
substance.  Un  peu  plus  tard,  en  1686,  un 
négociant  français  nommé  Grenier  en  rap- 
porta d'Espagne  environ  150  livres;  il  cher- 
cha  à  en  tirer  un  parti  avantageux  ;  il  s'as- 
socia pour  cela  à  un  médecin  hollandais  établi 
à  Reims,  nommé  Adrien  Helvetius.  Celui-ci 
obtint  de  si  bons  résultats  de  l'emploi  de 
ce  remède,  qu'il  eut  soin  de  tenir  caché,  que 
Louis  XIV  lui  en  acheta  le  secret  moyen- 
nant une  forte  somme  d'argent;  ce  fut  dès 
cet  instant  que  l'usage  de  l'Ipécacuanha  se 
répandit  en  France,  et  qu'il  s'étendit  ensuite 
en  Allemagne,  en  Angleterre  et  dans  toute 
l'Europe. 

Les  propriétés  de  l'Ipécacuanha  détermi- 
nent son  emploi  presque  journalier  dans 
des  circonstances  diverses.  Il  est  suftou; 
usité  comme  émétique  ;  mais  ses  effets  dans1 
ce  cas  sont  moins  avantageux  que  ceux  de 
l'émétique  lui-même;  en  effet,  il  détermine 
des  vomissements  assez  peu  abondants,  mais 
accompagnés  de  violents  efforts.  Il  agit  d'une 
manière  plus  avantageuse  sur  le  canal  in- 
testinal, comme  tonique,  dans  les  cas  de 
diarrhées  chroniques;  dans  ces  cas,  son  ac- 
tion est  généralement  salutaire.  On  le  pres- 
crit également  avec  succès  pour  combattre 
les  embarras  bronchiques,  les  catarrhes) 
pulmonaires  chroniques  ,  et  il  détermine 
alors  une  expectoration  abondante;  enfin, 
on  a  recours  à  lui  dans  \es  fièvres  puerpé- 
rales; ses  bons  effets,  dans  cette  redoutable 
maladie,  constatés  d'abord  par  Doublet,  en 
1782,  ont  été  remis  en  lumière  par  Désor-  ! 
meaux,  quia  reconnu  qu'ils  étaient  beau- 
coup moins  prononcés  et  presque  nuls  en 
hiver.  Dans  ces  diverses  circonstances,  on 
emploie  la  poudre  de  son  écorce. 

Les  propriétés  des  Ipécacuanhas  sont  prin- 
cipalement dues  à  un  alcaloïde  végétal,  l'é- 
métine,  qui  existeen  quantités  variables  dans 
leurs  diverses  espèces.  L'analyse  qui  en  a  été 
faite  par  Pelletier  a  montré  que  ces  écorces 
renferment  les  matières  suivantes:  l°une 
matière  grasse,  huileuse,  brune,  très  odo- 
rante; 2°  l'alcaloïde  dont  il  vient  d'être 
question,  ou  l'érnétine;  3°  de  la  cire  végétale; 
4°  une  assez  forte  proportion  de  gomme  ; 
5°  près  de  la  moitié  de  leur  poids  de  fécule  ; 

4  4 


106 


IPH 


IPH 


C°  du  ligneux  ;  7°  des  traces  d'acide  gallique. 
Quant  à  l'émétine  en  particulier,  elle  entre, 
d'après  M.  A.  Richard,  dans  la  proportion 
de  14  ou  16  pour  100  dans  l'Ipécacuanha 
annelé,  dans  celle  de  8  pour  100  dans  l'Ipé- 
cacuanha strié,  et  seulement  dans  celle  de  3 
pour  100  dans  l'Ipécacuanha  blanc  du  Jo- 
nidium  Ipecacuanha.  Ces  proportions  rela- 
tives sont  l'expression  de  la  valeur  médicinale 
et  de  l'activité  relative  de  ces  substances. 

(P.  D.) 

*IPHIAS  (  nom  mythologique),  ins.  — 
Genre  de  Lépidoptères  Rhopalocères,  famille 
des  Papilloniens  ,  tribu  des  Piérides,  établi 
par  M.  Boisduval  (Sp.  gén.  des  Lépid.,  t.  I). 
On  n'en  connaît  que  deux  espèces;  nous 
citerons  comme  type  11.  glaucippe,  de  la 
Chine  et  des  Indes  orientales. 

«IPHICERUS,  Dej.  ins.— Syn.  d'Odon- 
topus,  Silb.  (C.) 

IPHICEUS  (nom  mythologique),   ins. 

—  Genre  de  Coléoptères  subpentamères, 
tétramères  de  Latreille,  famille  des  Clavi- 
palpes,  formé  par  nous  et  adopté  par  M.  De- 
jean  dans  son  Catalogue,  où  18  espèces, 
toutes  de  l'Amérique  équinoxiale,  ont  été 
énumérées.  Nous  citerons  principalement 
les Erotylus  16-gultalus 01., et/,  sexpuncta- 
tus  Dej.-Dup.,  Tune  de  Cayenne,  l'autre  du 
Brésil.  (C.) 

*IPHIGÉNIE.  Iphigenia.  moll.  —  Syn. 
de  Capse.  (Desh.) 

IPHIONA  (nom  mythologique),  bot.  ph. 

—  Genre  de  la  famille  des  Composées-As- 
téroïdées ,  établi  par  De  Candolle  (Prodr., 
V,  475).  Petits  arbrisseaux  d'Egypte.  Voy. 
composées. 

*IPK!01\TEA(nom  mythologique),  annél. 

—  Genre  d'Annélidts  errantes,  établi  par 
Savigny04nne7.,  p.  21)  aux  dépens  des  Po- 
lynoe ,  dont  il  diffère  essentiellement  par  les 
antennes,  qui  sont  au  nombre  de  quatre.  La 
seule  espèce  connue  est  17.  muricata,  delà 
mer  Rouge  et  des  côtes  de  l'Ile  de  France. 

*IPHIPUS(;V:,  fort;  «ovç, pied),  ins.— 
Genre  de  Coléoptères  tétramères,  famille 
des  Curculionldes  gonatocères,  division  des 
Érirhinides,  créé  par  Schœnherr  (Syn.  gen. 
et  sp.  Curculion.,  t.  III,  p.  248-7,  t.  II,  p. 
127).  Il  ne  renferme  que  2  espèces,  17. 
rudis  Sch.  et  Roeï  Hope;  la  première  est 
originaire  du  Brésil,  la  seconde  de  la  Nou- 
velle-Hollande. (C.) 


ÎPHIS  (nom  mythologique),  crust.  — 
Genre  de  l'ordre  des  Décapodes  brachyures, 
de  la  famille  des  Oxystomes,  établi  par  Leach 
aux  dépens  des  Cancer  de  Herbst  et  desLeu- 
cosia  de  Fabricius.  Dans  cette  coupe  géné- 
rique, la  carapace  a  presque  la  forme  d'un 
rhombe,  dont  les  côtés  seraient  arrondis 
et  dont  l'un  des  angles ,  dirigé  en  avant 
pour  former  le  fond,  serait  tronqué.  De 
chaque  côté,  elle  se  prolonge  longitudinale- 
mentsous  la  forme  d'une  grosse  et  longue 
épine.  La  tige  externe  des  pattes-mâchoires 
extérieures  est  presque  linéaire,  mais  un  peu 
plus  étroite  vers  son  extrémité  qu'à  sa  base. 
Les  pattes  antérieures  sont  filiformes  et  ter- 
minées par  une  pince  pointue  un  peu  re- 
courbée en  dedans  et  armée  de  petites  épi- 
nes, comme  chez  les  Ilia  {voy.  ce  mot).  Les 
pattes  suivantes  sont  cylindriques  et  extrê- 
mement grêles.  Enfin,  le  grand  segment  de 
l'abdomen  est  formé  de  deux  articles  soudés 
chez  la  femelle  et  de  trois  chez  le  mâle. 
L'Iphis  a  sept  épines  ,  Iphis  seplem-spinosa 
Fabr.,  est  le  seul  représentant  de  cette  coupe 
générique.  Ce  singulier  Crustacé  a  pour  pa- 
trie la  mer  des  Indes.  (H.  L.) 

*IPMS  (nom  mythologique),  ins.  — 
Genre  de  Coléoptères  pentamères ,  famille 
des  Sternoxes,  tribu  des  Élatérides,  créé  par 
M.  Laporte  (Revue  entom.  de  Silb.,  t.  IV, 
p.  4).  L'espèce  type,  /.  glauca,  est  origi- 
naire du  Mexique.  (C.) 

*IPHISIA.  bot.  ph. — Genre  de  la  famille 
des  Asclépiadées-Cynanchées,  établi  par 
Wight  et  Arnott  (Contribua ,  52).  Herbes 
ou  sous-arbrisseaux  des  Indes  orientales. 

Voy.  ASCLÉPIADÉES. 

ÏPHITIOIV.  polyp.  —  Genre  de  Spon- 
giaires. Voy.  ÉPONGES. 

*IPHITRACHELUS  (  fyiç ,  fort  ;  rpflfc*- 
Aoç,  cou),  ins. — Genre  de  la  tribu  des  Proc- 
totrupiens ,  de  l'ordre  des  Hyménoptères, 
établi  par  M.  Haliday  (Entom.  magaz.)  sur 
une  seule  espèce  (/.  lar  Halid.)  trouvée  d'à» 
bord  en  Angleterre.  (Bl.) 

*IPHIUS  (iytoç,  robuste),  ins.— Genre  de 
Coléoptères  hétéromères ,  famille  des  Méla- 
somes,  tribu  des  Ténébrionites ,  établi  par 
Dejean  (Catal.)  pour  une  seule  espèce ,  le 
Tenebrio  serratus  de  Fabr.,  originaire  de 
Guinée.  C.) 

*IPHTHINUS,  Dej.  ins.  —  Syn.  de  2VX 
etobates,  Guér.  (G.) 


TRI 


IRI 


107 


IPO,  Pers.  bot.  pu.  — Syn.  tfAniiaris, 
Leschen. 

IPOMEA,  Jacq.  bot.  ph.— Syn.  de  Con- 
volvulus,  Linn. 

IPOMOPSIS,  L.-C.  Rien.  bot.  ph.— Syn. 
de  Gilia,  Ruiz  et  Pav. 

IPONOMELTA.   ins.  —  Voy.    ypono- 

MEL'TA. 

IPOXOMEUTIDES.  ins.  —  Voy.  ypo- 

NOMEUTIDES. 

IPREAU.  bot.  ph.  —  Voy.  peuplier. 

IPS  (ty,  ver),  ins.  —  Genre  de  Coléop- 
tères pentamères,  famille  des  Clavicornes, 
tribu  des  Nitidulaires  d'Érichson,  créé  par 
Fabricius  (Systema  Eleuth.,  t.  II ,  p.  577). 
On  connaît  9  espèces  de  ce  genre  ;  6  appar- 
tiennent à  l'Amérique  du  Nord ,  et  3  à 
i'Europe.  (G.) 

*IPSEA  (nom  mythologique),  bot.  ph. — 
Genre  de  la  famille  des  Orchidées-Dendro- 
biées,  établi  par  Lindley  (Orchid.,  124). 
Herbes  de  l'île  deCeylan.Foy.  orchidées. 

♦IPSOLEURUS.  ins.— Genre  de  Coléop- 
tères pentamères  ,  famille  des  Carabiques, 
tribu  desFéroniens,  créé  par  Kirby  (Fauna 
boreali  americana,  1837),  pour  une  seule 
espèce,  17.  nitidus,  originaire  du  Ca- 
nada. (C.) 

*IR.«IVEUS  ,  Leach.  ins.  —Syn.  de  Zi- 
rophobius,  Dalm.,et£epfoc/itrws,Germ.  (C.) 

*IRÊNE.  Irena,  Horsf.  ois.—  Genre  créé 
aux  dépens  des  Drongos.  Voy.  ce  mot. 

(Z-  G.) 

*IRESIA  ou  HIRESIA  (^  ,  épervièr). 
tns.  —  Genre  de  Coléoptères  pentamères, 
famille  des  Carabiques  ,  tribu  des  Cicindé- 
lètes,  créé  par  Dejean  (  Species  général  des 
Coléoptères  ,  t.  V,  p.  206),  et  qui  a  pour 
type  17.  Lacordairei  Dej.,  espèce  fort  rare, 
et  qui  habite  le  Brésil.  Trois  autres  espèces 
de  la  même  partie  de  l'Amérique  ,  décrites 
depuis  par  M.  de  Mannerheim,  se  rappor- 
tent à  ce  genre.  (C.) 

IRESINE  (nom  mythologique),  bot.  ph. 
—  Genre  de  la  .famille  des  Amarantacées- 
Gomphrénées,  établi  par  Willdenow  pour 
des  herbes  de  l'Amérique  et  de  la  Nouvelle- 
Hollande.  Voy.  amarantacées. 

IRIA ,  Rich.  bot.  ph.  —  Syn.  d'Abild- 
gardia,  Vahl. 

IRIARTEA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Palmiers,  tribu  des  Arécinées, 
établi  par  Ruiz  et  Pavon  (Prodr.,  139, 


t.  32).  Palmiers  de  l'Amérique  équinoxiale. 
Voy.  palmiers. 

IRIRIN.  Daptrius,  ois.  —  Genre  de  l'or- 
dre des  Oiseaux  de  proie ,  démembré  par 
Vieillot  du  g.  Falco,  et  fondé  sur  une  es- 
pèce qui  a  les  plus  grands  rapports  avec  les 
Caracaras.  Il  a  pour  caractères  :  Bec  droit, 
robuste,  comprimé  sur  les  côtés,  à  cire 
couverte  de  poils;  narines  arrondies,  obli- 
ques; le  tour  des  yeux,  la  gorge  et  le  bas 
du  cou  nus;  tarses  grêles,  médiocres,  réti- 
culés ;  ongles  médiocres  et  pointus. 

Ce  genre  ne  renferme  qu'une  seule  es- 
pèce ,  I'Iribin  noir,  Daptrius  aler  Vieill.^ 
(Gai.  des  Ois.,  pi.  5;  Falco  aterrimus  Temm., 
pi.  col.  37  et  342),  dont  le  plumage, 
comme  son  nom  l'indique,  est  entièrement 
noir,  à  l'exception  de  la  queue,  qui  est 
blanche,  ponctuée  de  noir  à  son  origine. — 
Habite  la  Guiane  et  le  Brésil. 

On  ne  connaît  ni  les  habitudes,  ni  lei 
mœurs,  ni  même  le  genre  de  nourriture  de 
cet  oiseau.  (Z.  G. 

*IRICHROUS  (Tpcç,  iris  ;  xp^>  couleur). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  pentamères, 
famille  des  Carabiques ,  tribu  des  Simpli- 
cimanes,  créé  par  Newman ,  qui  lui  donne 
pour  type  le  Cychrus  unicolor  de  Knoch , 
espèce  de  l'Amérique  septentrionale.    (C.) 

IRIDÉES.  îrideœ.  bot.  ph.  —  Cette 
grande  et  belle  famille  de  monocotylédones 
Se  compose  de  plantes  herbacées  ,  pourvues 
d'un  rhizome  tantôt  très  développé  et  hori- 
zontal, tantôt  vertical  et  raccourci,  resserré 
en  renflements  bulbiformes  qui  ont  été  dé- 
crits, soit  comme  des  bulbes  solides,  soit 
comme  des  tubercules,  mais  qui  n'en  sont  pas 
moins  de  vrais  rhizomes,  seulement  modi- 
fiés; un  petit  nombre  présente  une  racine 
fibreuse  vivace.  Leurs  feuilles  sont  disti- 
ques, équitantes  ou  pliées  le  long  de  leur 
nervure  médiane,  de  manière  à  ne  présenter 
à  l'extérieur  que  leur  surface  inférieure , 
ensiformes  ou  linéaires;  les  caulinaires  en- 
gainantes à  leur  base.  Leurs  fleurs  sont 
complètes,  quelquefois  solitaires,  plus  sou- 
vent réunies  en  inflorescences  diverses  ; 
elles  sont  accompagnées  d'une  spathe  for- 
mée ordinairement  de  deux  bractées,  et,  en 
outre,  de  deux  ou  plusieurs  autres  bractées 
scarieuses  ;  leur  périanthe  est  formé  de  six 
parties  colorées  de  nuances  vives  et  diver- 
ses ,  pétaloïdes ,  réunies  inférieurement  en 


108 


IRI 


un  tube  adhérent  à  l'ovaire,  libres  supé- 
rieurement et  disposées  sur  deux  rangs  bien 
distincts,  non  seulement  par  leur  situation, 
mais  quelquefois  encore  par  leur  forme  et 
leur  direction  (ex.  :  Iris).  Le  périanthe, 
régulier  dans  certains  genres  de  la  fa- 
mille ,  commence  à  devenir  évidemment 
ir régulier  chez  d'autres  (  ex.  :  Gladio- 
lus),  où  sa  division  supérieure  et  interne 
se  montre  notablement  plus  large  que  les 
autres;  elle  indique  ainsi  une  transition 
vers  les  Orchidées,  avec  lesquelles  les  Iridées 
ont  une  analogie  marquée.  Ce  périanthe  est 
souvent  très  fugace  (  ex.  :  Tigridia)  ;  quel- 
quefois aussi  il  est  marcescent,  et  s'enroule 
en  spirale  après  la  fécondation.  Les  étami- 
nes  sont  au  nombre  de  trois,  épigynes,  op- 
posées aux  parties  extérieures  du  périanthe 
à  la  base  desquelles  elles  s'insèrent;  leurs 
filets  sont  quelquefois  soudés  en  tube,  même 
fort  allongé;  leurs  anthères  sont  extrorses, 
biioculaires;  leur  situation  extrorse ,  qui 
constitue  le  principal  caractère  de  la  famille, 
se  reconnaît  surtout  très  bien  dans  le  bou- 
ton ;  mais  quelquefois  elle  ne  se  manifeste 
plus  dans  la  fleur  épanouie ,  à  cause  de  la 
torsion  du  filet  ou  de  leur  versatilité.  L'o- 
vaire est  adhérent  en  totalité,  ou  rarement 
«sans  les  deux  tiers  de  sa  longueur  seule- 
ment, divisé  intérieurement  par  les  bords 
rentrants  des  feuilles  carpellaires  en  trois 
loges  multi-ovulées  ;  les  ovules  sont  rangés 
en  deux  séries  insérées  à  l'angle  central  des 
loges  ,  anatropes  ,  le  plus  souvent  horizon- 
taux ;  le  style  est  unique,  et  se  divise  su- 
périeurement en  trois  branches  stigmatiques 
de  forme  et  de  dimensions  variables.  Le 
fruit  qui  succède  à  ces  fleurs  est  une  cap- 
sule trigonc,  triloculaire ,  à  déhiscence  lo- 
culicide;  les  graines  sont  presque  toujours 
nombreuses ,  aplaties  horizontalement  par 
reflet  de  leur  pression  mutuelle,  à  test 
membraneux,  quelquefois  coriace  ou  charnu, 
tflles  renferment  un  albumen  charnu,  plus 
ou  moins  consistant ,  et  devenant  parfois 
presque  corné,  et  un  embryon  axile  ou 
excentrique,  généralement  assez  court. 

Les  Iridées  sont  peu  abondantes  dans  les 
régions  intertropicales  ,  surtout  en  Asie  et 
en  AH-ique  ;  mais  dans  les  régions  chaudes 
ou  tempérées  situées  en  dehors  des  tropi- 
ques, elles  sont  beaucoup  plus  nombreuses, 
répandues  presque  partout,  et,  sur  certains 


IRI 

points,  accumulées  en  quantité  très  consi- 
dérable ;  c'est  ainsi  qu'elles  forment  l'un 
des  éléments  dominants  de  la  Flore  du  cap 
de  Bonne-Espérance.  Les  parties  méridio- 
nales de  l'Europe  en  possèdent  un  assez 
grand  nombre;  mais  ses  parties  moyennes 
n'en  conservent  plus  qu'une  quantité  très 
limitée,  et  ses  parties  septentrionales  en 
sont  dépourvues.  Certains  de  leurs  genres 
ont  des  limites  géographiques  bien  déter- 
minées :  ainsi  les  Iris  appartiennent  aux 
parties  tempérées  de  l'hémisphère  nord; 
les  Crocus  à  l'Europe  et  à  l'Asie  tempérée  ; 
les  Pardanthus  à  l'Asie  tropicale ,  etc.  Au- 
cun genre  du  Cap  n'a  été  encore  retrouvé 
en  Amérique  ni  à  la  Nouvelle- Hollande  ; 
enfin  les  parties  occidentales  de  l'Amérique 
du  Nord  en  ont  aussi  qui  leur  sont  exclusi- 
vement propres. 

Plusieurs  Iridées  donnent  des  produits 
utiles  comme  substances  médicinales,  éco- 
nomiques, etc.  :  c'est  presque  toujours  leur 
rhizome  qui  est  employé  sous  ce  rapport. 
Il  renferme  généralement,  surtout  dans  sa 
forme  tubéreuse  ou  bulbeuse,  une  quantité 
de  fécule  assez  grande  pour  devenir  quel- 
quefois comestible;  mais  cette  fécule  est 
mêlée  d'une  matière  acre  et  d'une  huile  es- 
sentielle qui  lui  donnent  ordinairement  des 
propriétés  excitantes  que  la  dessiccation  af- 
faiblit. Plusieurs  Iris  sont  usitées  pour  ce 
motif  (ex.  :  Iris  florentina,  germanica,  etc.); 
d'autres  sont  ou  surtout  ont  été  employées 
comme  purgatives,  diurétiques,  etc.  (ex.  : 
Iris  pseudo-acorus) .  Les  parties  extérieures  et 
vertes  de  ces  plantes  sont  absolument  sans 
usages;  mais  la  fleur  de  certaines  d'entre 
elles  présente  de  l'intérêt  sous  ce  rapport  : 
les  stigmates  du  Crocus  sativus  fournissent 
la  matière  connue  sous  le  nom  de  Safran  , 
et  !c  périanthe  des  Iris  germanica  et  sibe- 
rica  donne  à  la  peinture  une  couleur  assez 
usitée  que  l'on  connaît  sous  le  nom  de  vert 
d'Iris. 

Comme  plantes  d'ornement,  les  Iridées 
jouent  un  rôle  très  important  dans  les  jar- 
dins à  cause  de  la  beauté  de  leurs  fleurs; 
presque  tous  leurs  genres,  et,  pour  plu- 
sieurs d'entre  eux,  un  nombre  considérable 
d'espèces ,  sont  cultivés  habituellement , 
soit  en  pleine  terre,  soit  en  pots.  La  cul- 
ture a  même  perfectionné  la  plupart  de  ces 
plantes  ,  et  on  a  obtenu  un  grand  nombre 


IRI 


IRI 


109 


de  variétés  plus  brillantes  encore  que  leur 
type. 

Voici,  d'après  YEnchiridion  lolanicum 
d'Endlicher,  la  liste  des  genres  qui  compo- 
sent aujourd'hui  la  famille  des  Iridées  : 

Sisyrinchium,  Lin.  (Bermudiana,  Tourn.; 
Syorinchium,  Hoffmans.  ;  Orthrosanthus , 
Sweet) — Libertia,  Spr.  (Renealmia,  R.  Br.; 
Xematostigma  ,  Dietr.  )  —  Cipura,  Aubl. 
{Marica,  Schreb.;  ?  Trimeriza,  Salisb.;  ?Hy- 
dastylis,  Salisb.  ;  ?  Galatea,  Salisb.) — Vieus- 
seuxia,  Roche  (? Freuchenia,  Eckl.)  —Mo- 
rœa,  Lin.  (//omert'a,  Vent.;  ?  Diètes,  Salisb.) 

—  Diplarrhena,  Labill.  —  Iris,  Lin.  {Xi- 
phion,  Tourn.;  Hermodactylus ,  Tourn.; 
Sisyrinchium,  Tourn.;  Isis,  Tratt.) — Eer- 
bertia,  Sweet.  —  Cypella,  Herb.  {Phalocal- 
lis,  Herb.;  Alophia,  Herb.  ;  ?  Trifurcaria  , 
Herb.  ;  ?  Beatonia ,  Herb.)  —  Hydrotœnia  , 
Lindl.  —  Tigridia,  Juss.  —  Rigidella,  Lindl. 

—  Ferraria,  Lin.  —Pardanthus,  Ker.  (£e- 
îemcanda,  Rheede  )  —  Aristea  ,  Soland. 
{Cleanthe,  Salisb.  ;  ? Bobartia,  Lin.;  Wre- 
dowia ,  Eckl.  )  —  Witsenia ,  Thunb.  (  Nive- 
nia  ,  Vent.  ;  Genlisia ,  Rchb.  ;  Sophronia, 
Lichtenst.  ;  Tapeinia,  Commers.)  —  Pater- 
sonia,  R.  Br.  (Genosiris,  Labill.)— Galaxia, 
Thunb.  —  Ovieda  ,  Spreng.  (  Lapeyrousia  , 
Pourr.  ;  Peyrousia,  Sweet;  Merisostigma  , 
Dietr.  )  —  Anomatheca ,  Ker.  (  Anomaza , 
Laws.  )  —  Babiana ,  Ker.  (  Acaste,  Salisb.  ) 

—  Gladiolus,  Tourn.  (Hebea,  Pers.;  Lemo- 
nia,  Vers.  ;  Homoglossum,  Salisb.;  Synolia, 
Sweet;  Streptanthera ,  Sweet;  Bertera , 
Sweet;  Antholyza,  Lin.;  Cwnonia,  Buttn,  ; 
Anisanthuî,  Sweet;  Petamcnes,  Salisb.)  — 
Watsonia,  Mi!!.  (itfïcmnMus ,  Pers.  ;  P/ia- 
langium,  Houtt.;  Meriana,  Trevir.  ;  ?IVeu- 
beria,  Eckl.)—  Sparaxis,  Ker.  —  Monlbre- 
tia,  DC.  (llexaglottis,  Vent.;  Tritonia,  Ker.  ; 
Wat^'a  ,  Rchb.  ;  Houttuynia  ,  Houtt.  ; 
f»ee5a,  Eckl.;  Bellendenia,  Rafin.)  —  Ixia, 
Lin.  (?  Jl/orphùria,  Ker;  Hyalis,  Salisb.; 
Eurydice,  Pers.  ;  j4greUa,  Eckl.)  —  Diasia, 
DC.  (Aglœa,  Pers.;  MefaspfcœntJa,  Ker.; 
Phalangium,  Burm.)  —  Hesperantha,  Ker. 
(Hesperanthus,  SâMsb. )—  Geissorhiza,  Ker. 
(?  ÏVerôea,  Eckl.;  ? Spatalanthus,  Sweet)— 
Tric/ionmo,  Ker.  (flomu/ea,  Muratti;  ?IVe- 
mastylis,  Nutt.  ;  ÏGelasine,  Herb.).  —  Cro- 
cus, Tourn.  (P.  d  \ 

IRIDINE.  Iridina  (nom  mythologique). 
■oi.l.  —En  créant  son  g.  Anodonte  dans 


les  Planches  de  l'Encyclopédie,  Bruguicre  y 
confondit  plusieurs  sortes  de  coquilles,  une. 
entre  autres  fort  remarquable  par  les  cré- 
nelures  de  sa  charnière ,  et  pour  laquelle 
Lamarck  créa  un  peu  plus  tard  son  g.  Iri- 
dine.  Fondé  d'abord  uniquement  sur  les  ca- 
ractères extérieurs  de  la  coquille ,  il  fut 
considéré  tantôt  comme  un  sous-genre,  tan- 
tôt comme  une  simple  section,  soit  des 
Anodontes,  soit  des  Mulettes,  selon  que 
l'on  envisageait  l'un  de  ces  genres  d'une 
manière  plus  ou  moins  générale.  L'espèce 
qui  servit  de  type  au  genre  était  excessive- 
ment rare  dans  les  collections.  Dans  son 
voyage  dans  la  haute  Egypte  ,  M.  Cailliaud 
trouva  dans  le  Nil  une  belle  espèce  d'Iridine, 
dont  il  recueillit  des  animaux  qu'il  voulut 
bien  nous  confier  à  son  retour;  il  y  joignit 
quelques  individus  de  YAnodonta  rubens,  et 
nous  reconnûmes  dans  ces  coquilles  ,  ainsi 
que  dans  l'animal ,  des  caractères  propres 
à  les  faire  conserver  comme  un  bon  genre. 
Cette  communication  de  M.  Cailliaud  nous 
détermina  à  publier,  parmi  les  Mémoires  de 
la  Société  d'histoire  naturelle  de  Paris,  une 
notice  anatomique  sur  l'animal  du  g.  Iri- 
dine  de  Lamarck.  Avant  ce  travail ,  on  au- 
rait pu  sans  scrupule  réunir  les  Iridines  aux 
Anodontes;  car,  si  les  unes  ont  des  créne- 
lures  irrégulières  sur  la  charnière ,  les  au- 
tres ont  une  charnière  absolument  sembla- 
ble à  celle  des  Anodontes;  la  réunion  de  ces 
genres  se  trouvait  donc  justifiée.  Mais  l'ani- 
mal des  Iridines  offre  des  caractères  qui  le 
distinguent  nettement  de  celui  des  Anodon- 
tes ;  en  effet,  dans  les  Anodontes  et  dans 
les  Mulettes ,  les  lobes  du  manteau  sont 
disjoints  dans  toute  leur  circonférence;  une 
seule  petite  bride  placée  à  l'extrémité  de  la 
branchie  circonscrit  un  vestige  de  siphon 
anal.  Dans  les  Iridines,  au  contraire,  les 
lobes  du  manteau  se  joignent  à  la  base,  et 
leur  commissure  remonte  vers  le  tiers  infé- 
rieur de  leur  longueur.  Ce  manteau  n'est 
pas  seulement  perforé  à  son  extrémité  pos- 
térieure, il  se  prolonge  en  deux  siphons 
courts  ,  réunis  dans  toute  leur  longueur  et 
garnis  de  papilles  à  leur  extrémité.  Ces  si- 
phons sont  contractiles  par  eux-mêmes,  et 
peuvent  rentrer  presque  entièrement  dans 
l'intérieur  de  la  coquille  ,  quoiqu'ils  soient 
dépourvus  de  muscles  rétracteurs  propres, 
produisant  une  sinuosité  dans  l'impression 


110 


IRI 


IRI 


palléalc.  Quant  aui  autres  caractères  de 
l'animal  ,  ils  sont  absolument  semblables  à 
ceux  des  Anodontes  et  des  Mulettes.  Le  pied 
est  grand  et  comprimé  ;  les  palpes  labiaux 
sont  triangulaires  et  de  la  même  forme  que 
dans  les  Anodontes  ;  l'appareil  branchial 
lui-même  ne  présente  aucune  différence: 
de  sorte  que ,  pour  caractériser  les  Iridines, 
il  suffirait  de  dire  que  ce  sont  des  Anodon- 
tes dont  les  lobes  du  manteau  sont  réunis  à 
la  base  et  prolongés  en  deux  siphons  réunis. 
Une  forme  toute  spéciale  rendait  autre- 
fois très  facile  la  distinction  des  espèces  du 
g.  Iridine;  mais  depuis  que  nous  avons  dé- 
couvert dans  VAnodonta  rubens  un  animal 
semblable  à  celui  de  VIridina  nilotica,  on 
ne  peut  plus,  d'après  la  forme  seulement, 
distinguer  les  Iridines  des  Anodontes.  La 
charnière  elle-même,  dentelée  comme  celle 
des  Arches,  dans  quelques  espèces,  reste 
simple  dans  la  plupart  des  autres  et  ressem- 
ble par  là  à  celle  des  Anodontes.  Nous  avons 
recherché  dans  l'intérieur  des  valves  s'il  n'y 
aurait  pas  quelques  caractères  particuliers 
aux  Iridines ,  et  nous  y  avons  trouvé  au 
côté  antérieur  deux  grandes  impressions 
musculaires  nettement  séparées  que  l'on 
ne  voit  ni  dans  les  Anodontes ,  ni  dans  les 
Mulettes.  Ainsi,  dans  toutes  les  Iridines, 
on  trouvera  trois  impressions  musculaires, 
caractères  très  apparents  ,  et  dont  l'obser- 
vation est  très  facile. 

On  sait  que  la  classification  des  Mollus- 
ques acéphales  repose,  dans  la  plupart  des 
méthodes,  sur  les  modifications  du  manteau, 
puisque,  d'un  côté,  on  peut  ranger  tous 
ceux  de  ces  animaux  qui  ont  le  manteau 
plus  ou  moins  fermé  et  muni  de  siphons 
postérieurs,  et  d'un  autre  ,  tous  ceux  dont 
le  manteau  a  les  lobes  désunis,  et  par  con- 
séquent dépourvu  de  siphons.  Les  Anodon- 
tes et  les  Mulettes  sont  comprises  dans  cette 
2e  section  ,  et  le  g.  Iridine  devait  se  ranger 
naturellement  à  leur  suite.  Actuellement 
que  l'existence  des  siphons  est  bien  prouvée 
dans  les  Irdines,  il  semblerait  que  ce  genre 
devrait  trouver  sa  place  à  côté  des  Cyrènes 
et  de  quelques  autres  genres  de  la  famille 
des  Conques.  Telle  a  été  d'abord  notre  opi- 
nion; mais  depuis,  considérant  que,  dans 
l'ensemble  des  caractères  de  l'animal,  celui 
de  la  réunion  du  manteau  est  réellement 
«i'une  moindre  importance ,  nous  pensons 


que  le  g.  Iridine  doit  rester  dans  les  Naïa- 
des de  Lamarck,  non  seulement  à  cause  de 
la  ressemblance  des  coquilles ,  mais  aussi 
par  l'analogie  qu'offrent  toutes  les  parties 
importantes  de  l'animal  aveccelles  des  Ano- 
dontes et  des  Mulettes. 

Le  nombre  des  espèces  d'Iridines  est  peu 
considérable;  presque  toutes  proviennent 
des  eaux  douces  de  l'Afrique  centrale  ;  il  y 
en  a  une  cependant  que  l'on  croit  des  eaux 
douces  de  la  Chine.  (Desii.) 

*IRIDINL\,E.  moll.  —  M.  Swainson  a 
proposé  sous  ce  nom  ,  dans  son  Traité  de 
malacologie ,  une  sous-famille  dans  celle 
des  Unionidœ ,  qui  se  compose  des  trois 
genres  :  Iridina,  Calliscapha,  Helicetopus. 

(Desu.) 
IRIDION,  Burm.  bot.  pb.  —  Syn.  de 
lioridula,  Linn. 

IRIDIUM,  chim.  —  L'Iridium  est  un  mé- 
tal ressemblant  au  Platine  par  sa  couleur 
argentine,  mais  dépourvu  de  toute  malléa- 
bilité ,  bien  qu'il  puisse  s'agglomérer  en 
masse  par  une  forte  pression.  D'une  ex- 
trême dureté,  très  fixe,  il  est  réfractaire 
au  feu  de  forge  le  plus  violent;  l'air  et 
l'Oxygène  ,  sans  action  sur  lui  lorsqu'il  est 
en  masse  ,  l'oxydent  à  la  chaleur  rouge 
quand  il  est  très  divisé.  Pur,  l'eau  régale 
(mélange  d'acides  nitrique  et  chlorhydrique) 
l'attaque  à  peine,  mais  elle  le  dissout,  s'il 
est  allié  au  Platine  ou  à  d'autres  métaux. 
Sa  densité  est  de  15,683. 

La  connaissance  de  l'Iridium  ne  remonte 
qu'aux  premières  années  de  ce  siècle  ;  il 
fut  découvert  simultanément,  vers  1808, 
par  Descotils  en  France,  et  par  Smithson 
Tennant  en  Angleterre. 

Il  se  rencontre,  dans  les  minerais  de  Pla- 
tine ,  à  l'état  d'alliage  avec  l'Osmium,  et 
sous  forme  de  petits  grains  métalliques  ou 
de  lames  hexagones,  doués  de  plus  d'éclat 
que  les  grains  de  Platine,  dont  il  se  dis- 
tingue ainsi  facilement.  Il  est  sans  usage. 

(A.  D.) 
*IRINA.  bot.  pu.  — Genre  de  la  famille 
des    Sapindacées  -  Sapindées  ,    établi   par 
Blume  (Bijdr.y  229).  Arbres  de  Java.  Voyez 

SAPINDACÉES. 

IRIS.  zool.  —  Voy.  œil. 

IRIS.  Iris,  Lin.  (nom  mythologique 
donné ,  dit-on  ,  à  cause  de  la  variété  de  cou- 
leurs que  présentent  les  fleurs  de  ce  genre). 


IRI 


1UI 


m 


iot.  ph.  —  Grand  genre  de  la  famille  des 
Iridées,  à  laquelle  il  donne  son  nom,  et  de 
la  triandrie  monogynie  dans  le  système 
sexuel.  Il  se  compose  d'un  nombre  considé- 
rable d'espèces ,  dont  la  plupart  sont  ou 
peuvent  être  cultivées  dans  les  jardins  à 
cause  de  la  grandeur  et  de  la  beauté  de 
leurs  Heurs.  Ce  sont  des  plantes  herbacées, 
à  rhizome  tantôt  horizontal  et  plus  ou  moins 
développé,  tantôt  raccourci  et  bulbiforme. 
leurs  feuilles  sont  distiques ,  équitantes  ou 
Jpliées  longitudinalement  le  long  de  leur 
nervure  médiane,  ensiformes  ou  linéaires , 
les  caulinaires  engainantes  à  leur  base. Leurs 
fleurs  sont  généralement  très  grandes, et  pré- 
sentent une  variété  de  teintes  plus  grande 
peut-être  que  dans  aucun  autre  genre.  Leur 
périanthe  est  à  six  divisions ,  dont  les  trois 
extérieures, beaucoup  plus  grandes,  sont  éta- 
lées ou  même  rabattues ,  dont  les  trois  in- 
térieures sont  plus  petites,  plus  étroites  et 
dressées  ;  leurs  trois  étamines  sont  libres  et 
distinctes;  leur  style  présente  d'abord  une 
portion  basilaire  courte,  cylindrique  et  in- 
divise, et,  dans  tout  le  reste  de  son  étendue, 
il  se  divise  et  se  dilate  en  trois  grandes  la- 
mes pétaloïdes  le  plus  souvent  échancrées  à 
leur  extrémité;  ces  grandes  divisions  sty- 
laires  sont  fréquemment  qualifiées  à  tort  de 
stigmates  ;  vers  leur  extrémité  ,  elles  pré- 
sentent, à  leur  face  inférieure,  un  repli  qui 
les  fait  paraître  en  quelque  sorte  bilabiées; 
c'est  entre  ces  deux  lèvres  que  se  trouvent 
les  papilles  qui  constituent  le  vrai  stigmate. 

Parmi  les  nombreuses  espèces  d'Iris,  un 
assez  grand  nombre  sont  intéressantes  à 
connaître,  soit  comme  appartenante  la  flore 
française,  soit  comme  fort  répandues  dans 
les  jardins  à  titre  de  plantes  d'ornement , 
soit  enfin  comme  plantes  officinales.  Néan- 
moins, faute  d'espace,  nous  nous  bornerons 
à  peu  de  mots  sur  les  principales  d'entre 
elles. 

On  divise  ordinairement  les  Iris  en  deux 
sections  :  1°  celles  dans  lesquelles  les  trois 
divisions  extérieures  du  périanthe  sont  bar- 
bues vers  leur  base;  2°  celles  à  divisions 
extérieures  du  périanthe  imberbes. 

1*  Divisions  externes  du  périanthe  bar- 
bues vers  leur  base. 

Iris  de  Florence,  Iris  florentina  Lin. Cette 
belle  espèce  croît  spontanément  dans  les 
parties  les  plus  méridionales  de  l'Europe  et 


en  Barbarie;  on  la  cultive  fréquemment 
dans  les  jardins  ,  où  elle  se  fait  remarquer 
par  ses  grandes  et  belles  fleurs  blanches , 
sessiles  ,  portées  au  nombre  de  1  à  3  sur 
une  hampe  plus  longue  que  les  feuilles  ;  les 
subdivisions  extérieures  du  périanthe  sont 
obovales,  obtuses;  les  grandes  lames  pé- 
taloïdes du  style  sont  légèrement  crénelées. 
Son  rhizome  est  fréquemment  employé,  soit 
comme  parfum  ,  à  cause  de  l'odeur  de  vio- 
lette qu'il  possède  à  l'état  sec,  soit  par  ses 
propriétés  excitantes  très  prononcées  et  qui 
sont  dues  à  un  principe  acre  très  actif.Cette 
substance  connue  dans  le  commerce  sous  le 
nom  d'Iris ,  d'Iris  de  Florence  ,  nous  vient 
d'Italie,  particulièrement  de  Florence  et  de 
Livourne.  On  l'emploie  à  l'extérieur  à  l'état 
de  poudre  ou  comme  pois  à  cautère  ;  dans 
ce  dernier  cas,  ses  effets  avantageux  sont 
dus  en  partie  à  son  action  excitante  qui  fa- 
vorise et  détermine  la  suppuration,  en  par- 
tie à  son  gonflement  qui  va  jusqu'à  doubler 
presque  son  volume. Prise  à  l'intérieur,  cette 
substance  agit  comme  évacuant  et  même 
comme  vomitif,  et  de  plus  comme  diu- 
rétique. 

Iris  d'Allemagne,  Iris  germanica  Lin., 
Iris  flambe  ou  flamme.  Cette  grande  et  belle 
espèce  est  très  répandue.  Ses  feuilles  sont 
courbées  en  faux,  plus  courtes  que  la  hampe, 
qui  porte  plusieurs  grandes  fleurs  violettes 
accompagnées  de  bractées  srarieuses  ;  les 
divisions  extérieures  du  périanthe  sont  ar- 
rondies. Par  les  semis  on  en  a  obtenu,  dans 
les  jardins,  beaucoup  de  variétés  de  couleur 
du  bleu  violet  au  blanc  et  même  au  jaune. 
Le  rhizome  de  cette  espèce  est  plus  gros  que 
celui  de  l'Iris  de  Florence.  Lorsqu'il  est  frais, 
son  odeur  est  forte  et  désagréable;  par  la 
dessiccation,  il  prend  l'odeur  de  violette  qui 
le  fait  quelquefois  substituer  à  l'espèce  pré- 
cédente, dont  il  a  à  peu  près  les  propriétés, 
toutefois  avec  une  activité  plus  forte  et  qui 
peut  rendre  parfois  son  emploi  nuisible. 

Outre  les  deux  espèces  précédentes  ,  on 
cultive  fréquemment:  I'Iris  naine  ou  petite 
flambe,  Iris  pumila  Linn.,  dont  on  fait  de 
très  jolies  bordures  et  dont  on  possède  des 
variétés  à  fleurs  blanches,  jaunes,  purpu- 
rines, veinées  de  brun,  etc.;  I'Iris  de 
Syvert,  Iris  Swertii  Lam.  ,  17.  lutescens 
Lam.,  etc.,  qui  appartiennent  à  la  même 
division  du  genre. 


112 


1RP 


2°  Divisions  externes  du  périanthe  im- 
berbes à  leur  base. 

Iris  des  marais,  Iris  pseudo-acorus  Lin. 
Cette  espèce  ,  commune  dans  les  lieux  ma- 
récageux et  au  bord  des  fossés,  se  reconnaît 
à  ses  longues  feuilles  ensiformes  qui  égalent 
ou  surpassent  en  longueur  sa  hampe;  celle- 
ci  porte  des  spathes  vertes,  non  scarieuses, 
et  plusieurs  fleurs  jaunes  ,  de  grandeur 
médiocre.  Son  rhizome  est  doué  de  pro- 
priétés plus  actives  encore  que  celui  des  es- 
pèces dont  il  a  été  question  plus  haut.  Il 
renferme  une  quantité  plus  considérable 
de  principe  astringent  qui  permet  de  l'em- 
ployer, en  quelques  parties  de  l'Angleterre, 
soit  pour  faire  de  l'encre,  soit  pour  teindre 
des  draps  en  noir.  Ses  graines  ont  été  quel- 
quefois employées  pour  remplacer  le  café 
d'une  manière  assez  imparfaite. 

Iris  puante,  Iris  fœtidissima  Lin.,  Irisa 
odeur  de  gigot.  Cette  espèce  a  reçu  une  dé- 
nomination peu  exacte,  puisque  l'odeur  de 
son  rhizome  rappelle  seulementl'odeur  d'un 
gigot  rôti  et  mêlé  d'ail.  Ses  feuilles  ensi- 
formes, acuminées,  sont  au  moins  égales  en 
longueur  à  la  hampe;  celle-ci  présente  un 
angle  longitudinal.  Ses  fleurs,  de  grandeur 
médiocre  ,  sont  d'une  teinte  rougeàtre  sale 
et  sombre;  leur  ovaire  est  à  trois  angles 
partagés  dans  leur  longueur  par  un  sillon. 
Ses  graines  sont  rouges,  charnues  etbacci- 
formes.  Elles  agissent  comme  purgatif,  de 
même  que  le  rhizome,  que  les  habitants  de 
la  campagne  emploient  quelquefois  à  cet 
usage.  Cette  espèce  est  assez  commune  en 
plusieurs  points  de  la  France,  dans  les  lieux 
couverts  et  frais.  On  cultive  fréquemment 
plusieurs  espèces  de  cette  deuxième  section 
telles  que  I'Iris  xiphion  ou  bulbeuse  ,  /.  xi- 
phiumL\n.,YI.  xiphioides Ehrh.,  VI.  spuria 
Lin.,  1'/.  persica  Lin.,  17.  sibirica Lin., etc. 

(P.  D.) 

IRïS.  min.  —  Voy.  PIERRE  d'iris. 

*IRLBACHIA  (nom  propre),  bot.  ph. — 
Genre  de  la  famille  des  Gentianées-Chiro- 
niées,  établi  par  Martius  (Nov.  gen.  etsp., 
II,  401  ,  t.  179).  Herbes  du  Brésil.  Voyez 
gentianées. 

*IRON,  P.  Br.  bot.  ph.— Syn.  de  Sauva- 
gesia,  Linn. 

*IRPEX.  bot.  cr.  — Genre  de  Champi- 
gnons hyménomycètes, établi  parFries  (PL 
hom.,  81  )  pour  des  Champignons  croissant 


IRR 

sur  les  arbres ,  à  chapeau  roulé ,  sessile  ou 
substipité.  Voy.  mycologie. 

*IRRÉGULIÈRES.  Irregulares.  arach. 
—  Nom  employé  par  M.  Walckenaër  pour,, 
désigner,  dans  son  Hist.  nat.  des  Ins.  apte-* 
res,  une  famille  dans  le  genre  des  Epeira,\ 
et  dont  les  espèces  qui  la  composent  ont'( 
pour  caractères  d'avoir  l'abdomen  terminé 
en  différents  sens  par  des  tubercules  char- 
nus ;  les  Epeira  diabrosis,  pustulosa,  argyo- 
pes ,  arenata,  depressa,  verrucosa,  prudens 
et  prostypa  appartiennent  à  cette  famille. 

(H.  L.) 

IRRITABILITÉ,  zool.  et  bot.— Ce  mot, 
introduit  par  Glisson  dans  la  langue  physio- 
logique, a  été  employé  dans  plusieurs  accep- 
tions différentes. 

En  général ,  on  entend  par  Irritabilité  ce 
ressort  particulier,  propre  à  certaines  par- 
ties des  êtres  vivants,  en  vertu  duquel,  après 
avoir  été  impressionnées  par  un  agent  exté- 
rieur ou  par  l'action  de  la  volonté,  elles  se 
meuvent,  avec  d'autant  plus  d'énergie  que 
l'excitation  a  été  plus  vive  ou  qu'elles  pos- 
sèdent à  un  plus  haut  degré  cette  sorte  d'é- 
lasticité vitale.  Ce  qui  caractérise  cette  re- 
marquable faculté,  c'est  donc  la  réaction, 
après  l'impression  ;  le  mouvement,  après  la 
sensation.  L'emploi  du  mot  Irritabilité  im- 
plique donc,  comme  condition  essentielle, 
l'idée  de  l'existence  d'un  système  nerveux; 
il  ne  convient  donc  qu'aux  animaux,  et  ce 
n'est  que  dans  une  acception  vulgaire  ou 
figurée  qu'on  peut  l'appliquer  à  ces  singu- 
liers mouvements  qu'exécutent  les  feuilles 
de  la  Sensitive,  de  la  Dionée  Attrape-Mouche 
et  de  tant  d'autres  végétaux,  au  contact  d'un 
corps  étranger,  d'une  vapeur  acre  ou  sous  ( 
l'action  des  fluides  impondérables. 

Ainsi  interprété,  le  mot  Irritabilité  indi- 
que seulement  une  propriété  de  certains  tis- 
sus animaux  ;  il  ne  préjuge  rien  sur  la  cause 
même  de  cette  propriété  ;  il  n'explique  pas 
suivant  quel  mode  cette  propriété  se  mani- 
feste :  deux  ordres  d'idées  différents  dans 
lesquels  les  physiologistes  ont  recueilli  tant 
d'hypothèses  et  trouvé  tant  de  théories.  Pour 
Glisson,  l'Irritabilité  n'est  pas  cette  faculté 
telle  que  nous  venons  de  la  définir  ;  c'est  la 
force  même  qui  préside  à  son  exercice  aussi 
bien  qu'à  l'exercice  de  toute  autre  faculté; 
en  vertu  de  laquelle  toutes  les  parties  des 
êtres  vivants  accomplissent  telle  ou  telle 


IRR 

fonction,  absorption,  nutrition  ou  autres, 
exécutent  tel  ou  tel  mouvement  apparent  ou 
occulte,  volontaire,  involontaire  ou  automa- 
tique ;  sans  laquelle  ne  se  produit  aucun 
phénomène  caractéristique  des  êtres  orga- 
nisés. Pour  Glisson,  par  conséquent,  Irrita- 
bilité est  presque  synonyme  de  Force  vitale, 
et  représente  la  cause  inconnue  et  insaisis- 
sable de  la  vie  animale.  Étendant  l'idée  de 
Glisson  à  tous  les  êtres  organisés  ,  J.  Gorter 
l'appliqua  aux  végétaux,  et  voulut  démon- 
trer, par  les  mouvements  qu'exécutent  les 
plantes,  que  l'Irritabilité  est  une  faculté  pro- 
pre à  tous  les  êtres  vivants,  qui  la  possèdent 
seulement  à  des  degrés  divers.  Depuis  cette 
époque,  on  chercha  l'explication  des  mouve- 
ments des  végétaux  dans  leur  organisation 
mî-me,  on  oublia  l'influence  des  forces  mé- 
caniques, et  nous  avons  vu  formuler  une 
théorie  qui  essaya  de  rendre  compte  des 
mouvements  dans  les  plantes  par  l'existence 
d'un  système  comparable  au  système  nerveux 
des  animaux. 

Des  physiologistes,  remontant  plus  haut 
que  Glisson  et  Gorter  dans  le  phénomène  de 
l'Irritabilité,  voulurent  préciser  le  mode 
d'influence  de  cette  force  vitale,  et  en  pla- 
cèrent la  cause,  les  uns  dans  la  fibre  mus- 
culaire, seule  et  indépendamment  des  autres 
parties  de  l'organisme;  les  autres  dans  le 
.«ang  artériel;  d'autres  dans  l'action  de  ce 
fluide  nerveux  dont  on  aurait  dû  avant 
tout  démontrer  l'existence;  et  c'est  ainsi 
que  prirent  naissance  tant  d'inventions  phi- 
losophiques pour  chacune  desquelles  il  fallut 
créer  un  nom,  après  avoir  créé  la  chose  elle- 
même.  Haller,  s'arrêtant  plus  sagement  au 
phénomène  du  mouvement  que  manifestent 
certains  tissus  sous  l'influence  des  agents 
extérieurs,  et  constatant,  sans  se  préoccuper 
de  la  cause,  que,  dans  cette  circonstance,  les 
muscles  se  raccourcissent  ou  se  contractent 
avec  effort,  donna  à  cette  force  le  nom  d'Ir- 
ritabilité, définition  bien  différente  de  celle 
de  Glisson,  distinguant  nettement  l'Irrita- 
bilité de  la  Sensibilité,  et  s'appliquant  à  ce 
qu'on  a  appelé  depuis  Contractilité,  à  ce  que 
Bichat  nommait  Contractilité  animale  et  or- 
ganique sensible,  à  ce  que  Chaussier  désignait 
sous  le  nom  spécial  de  Myotilité.  Mais  Hal- 
ler allait  plus  loin,  et  appliquait  le  nom 
d'Irritabilité  toutes  les  fois  qu'un  tissu,  ten- 
don, aponévrose  ou  membrane,  lui  montrait 
t.  vn. 


ISA 


113 


cette  espèce  d'élasticité  organique  qui  per- 
siste longtemps  encore  après  la  mort,  et  que 
beaucoup  de  physiologistes  regardent  comme 
une  force  morte,  toute  différente  de  ce  qu'on 
pourrait  nommer  l'Irritabilité  vitale,  s'il/ 
n'existait  pas  déjà  trop  de  mots  pour  repré- 
senter des  faits  dont  nous  ne  pouvons  ni 
constater,  ni  nier  l'identité. 

Ainsi  Glisson  et  Haller  attachent  au  mot 
Irritabilité  unesignification  toute  différente. 
Parce  mot,  Haller  représente  spécialement, 
non  pas  tant  la  faculté  que  possède  le  mus- 
cle de  se  mouvoir,  que  la  faculté  qu'il  pos- 
sède de  se  raccourcir,  quand  un  corps  étran- 
ger le  touche  ouquelavolontéle  lui  ordonne, 
et  le  mot  de  Contractilité  exprime  mieux 
cette  idée;  tandis  que  Glisson  entend  par 
Irritabilité  la  raison  même  de  cette  contrac- 
tion. D'après  le  sens  général  qui  lui  appar- 
tient et  que  nous  lui  donnons  au  commen- 
cement de  cet  article,  le  mot  Irritabilité 
représente  une  faculté  dont  l'Irritabilité 
de  Haller  est  le  signe,  et  dont  l'Irritabilité  de 
Glisson  serait  la  cause.  Pour  connaître  com- 
plètement l'Irritabilité,  il  faut  étudier  l'é- 
tat du  muscle  et  la  forme  que  prennent  ses 
fibres  pendant  la  contraction,  le  concours 
que  leur  prêtent  les  autres  parties  de  l'or- 
ganisation, et  le  rôle  du  nerf  dans  ce  phé- 
nomène. Mais  ces  questions  importantes 
seront  examinées  plus  à  propos  aux  mots 

MUSCLE,  NERFS,  SYSTÈME  NERVEUX.        (É.  B.) 

*IRRISOR,  Less.  ois.— Syn.  de  Mo- 
queur. (Z.  G.) 

IRSIOLA  ,  P.  Br.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Cissus,  Linn. 

*IRUS,  Ock.  moll.  —  Syn.  de  Pelricola, 
Lamk.  (Desu.) 

*ISACANTIIA  (koS|  égal  ;  &et*e«,  aiguil- 
lon), ins.  —  Genre  de  Coléoptères  penta- 
mères ,  famille  des  Curculionides  ortho- 
cères,  division  des  Rhinomacérides,  établi 
par  M.  IJope(7Vans.  linn.,  Soc.Lond.,  1833, 
t.  V,p.  102).  L'espèce  type,  VI.  rhinotioides, 
est  indigène  de  la  Nouvelle-Hollande.  (C.) 

ISABELLE,  moll. — Nom  donné  par  les 
anciens  conchyliologistes  à  une  Porcelaine 
et  à  un  Cône.  Voy.  ces  mots.       (Desh.) 

ISACIIKE  (froç,  égal;  ifan,  duvet),  cor. 
th.  —  Genre  de  la  famille  des  Graminées' 
Panicées,  établi  par  R.  Brown  (Prodr. , 
196).  Gramcns  de  l'Asie  tropicale.    Voy. 

CRAM15ÉE9. 

15 


114 


ISC 


*ISACMjEA.  polyp.— Groupe  d'Actinies, 
dénommé  par  M.  Brandt.  (P.  G.) 

*1»ANTHERA  («r0ç,  égal  ;  avÔvjpa  ,  an- 
thère), bot.  pu.  —  Genre  établi  par  Nées 
(in  Linn.  Transact.  ,  XVII ,  82)  ,  et  placé 
par  Endlicher  à  la  fin  des  Solanacées,  quoi- 
que avec  doute.  Il  renferme  des  herbes  de 
l'Inde. 

ISANTHUS (?«;,  égal;  &0oç,  fleur),  bot. 
ph.  —  Genre  de  la  famille  des  Labiées-Men- 
thoïdées,  établi  par  L.  C.  Richard  [inMichx. 
Flor.  bot.  amer.,  II,  3,  t.  30).  Herbes  de 
l'Amérique  boréale.  Voy.  labiées. 

ISARD,  mam.  —  Voy.  antilope. 

ISARIA.  bot.  cr.  —  Genre  de  Champi- 
gnons-Hyphomycètes,  établi  par  Persoon 
(Synops.  637).  Voy.  mycologie. 

*ISARTHRON,  Dej.  ins.— Syn.  de  Te- 
tropium,  Dej.,  et  Criomorphus,  Muls.   (G.) 

ISATIDÉES.  Isalideœ.  bot.  ph.— Tribu 
de  la  famille  des  Crucifères.  Voy.  ce  mot. 

ISATIS,  mam.  —  Espèce  du  genre  Chien. 
Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

ISATIS,  bot.  ph.  —  Voy.  pastel. 

ISAURA  (nom  mythologique),  polyp.  — 
Genre  de  Polypiers  de  la  division  des  Ac- 
tinaires ,  indiqué  par  M.  Savigny  dans  le 
grand  ouvrage  sur  l'Egypte  (Polypes,  pi.  2, 
1828).  Les  Isaura  n'ont  pas  encore  été  ca- 
ractérisés ;  ce  sont  des  Polypiers  sarcoïdes, 
plus  ou  moins  irritables,  sans  axe  central. 
On  en  connaît  plusieurs  espèces.     (E.  D.) 

ISAURA,  Commers.  bot.  ph.  —  -  Syn.  de 
Stephanolis,  Dup.-Th. 

*ISCADIDA.  ins. — Genre  de  Coléoptères 
subpentamères,  tétramères  de  Latreille  ^ 
famille  des  Cycliques,  tribu  des  Chrysomé- 
lines,  établi  par  Dejean,  dans  son  Cata- 
logue, avec  une  espèce  du  cap  de  Bonne- 
Espérance  ,  17.  Drcgei.  Deux  autres  espèces, 
provenant  du  même  pays,  en  font  aussi 
partie.  (C.) 

ISCïI.EMUM  (fffxatpoî,  quia  la  vertu 
d'arrêter  le  sang),  bot.  pu.  —  Genre  de  la 
famille  des  Graminées-Andropogonées,  éta- 
bli par  Liane  (Gen.,  n°  1148).  Gramens  des 
régions  tempérées  de  tout  le  globe.  Voy. 
graminées. 

♦iSCniÔPACHYSfecov,  hanche;  «aXuç, 
épais),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  sub- 
pentamères (tétramères de  Latreille),  famille 
de  nos  ïubifères  (Cycliques) ,  tribu  de  nos 
Clythraires  (  Chrysomélines  de  Lat.),  créé 


JSC 

par  nous  et  adopté  par  M.  Dejean,  qui, 
(Catalogue)  en  mentionne  3  espèces  de 
l'Amérique  méridionale  :  les  Clylkra  bi- 
color  01.,  /.  azurea  et  micans  Dej.  2  autres 
espèces  ont  été  rapportées  depuis  à  ce 
genre.  (C.) 

*ISCHIOPAGE.  Ischiopagus.  térat.— - 
Genre  de  Monstres  autositairesde  la  famille 
des  Monomphaliens.  Voy.  ce  mot. 

*ISCIHROMERUS,  Imhoff.  ins.— Syn. 
de  Rhylicephalus,  Ch..  (C.) 

ISCHNESTOMA.  ins.  Foy.— ischnostoma. 

*ISC!INOCERUS  (fe*voç,  grêle:  x/paç, 
antenne),  ins. — Genre  d» Coléoptères  sub- 
pentamères, famille  des  Curculionides  or- 
thocères  ,  division  des  Anthribides,  proposé 
par  nous  et  adopté  par  MM.  Dejean  et  Schœ- 
nherr (Syn.  gen.etsp.Curcul.,t.V,v.  191). 
3  espèces  en  font  partie  :  deux  sont  origi- 
naires de  la  Colombie ,  1  est  indigène  du 
Mexique ,  1  des  États-Unis  et  1  du  cap  de 
Bonne-Espérance.  Les  espèces  types  sont  : 
I.  infuscatus Ch.  et  nigellus  Sparmann.  (C.) 

*ISCHNOMERA  ,  Steph.  ins.  —  Syn. 
d'OEdemera  ,  Oliv. ,  etNecydalis,  Fab. , 
d'après  Dejean.  (C.) 

*ISCIIIV,OMERUS(cVxvo'ç,  grêle;  p»pt>'ç, 
jambe),  ins.  — Genre  de  Coléoptères  sub- 
pentamères, famille  des  Curculionides  or- 
thocères ,  division  des  Brenthides,  créé  par 
Schœnherr  (Syn.  gen.  etsp.  Curcul.,  t.  V, 
p.  571),  mais  qui  ne  pourra  être  conservé; 
2  genres  du  nom  (ÏIschnomera  ayant  été 
établis  dans  cet  ordre,  l'un  pour  désigner 
un  Sténélytre  et  l'autre  un  Malacoderme  ; 
ensuite,  parce  que  nous  avons  publié  an- 
térieurement à  Schœnherr  le  genre  Aulaco- 
deres ,  qui  est  le  même  que  VIschnomerus 
dont  il  s'agit.  L'espèce  type,  originaire  de 
Madagascar,  a  reçu  les  noms  de  Aul.  im- 
molus Ch.  (Is.  lincearis  Schœnherr).     (C.) 

*ISCHlVOl>TERA(s'c7Xvo'.:,  grêle;  w*#p*s 
aile),  ins.  —  Genre  de  la  tribu  des  Blat- 
tiens,  de  l'ordre  des  Orthoptères,  groupe  des 
Blattites,  établi  par  M.  Burmeister  (Handb. 
der  Entom.)  sur  quelques  espèces  placées 
par  la  plupart  des  autresentomologistes  dans 
le  genre  Blatta.  M.  Burmeister  cite  les  /. 
gratins-.  1u  Cap;  /.  fumata,  du  Brésil;  /• 
morio  ,  de  Colombie,  etc.  (Bl.) 

*ISCHI\OSCELIS  (  l*xvéç,  délié  ;  *wioç , 
jambe),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  pen- 
tamères  ,  famille  des  Lamellicornes,  tribu 


ISC 


1SC 


115 


des  Scarabéides  Mélilophiles,  établi  par 
M.  le  docteur  Burmeister,  qui  lui  donne 
pour  type  le  Goliathus  Hopfneri  Gor.  et 
Perch.,  espèce  originaire  du  Mexique.  (C.) 
*ISCIIIVOSOMA,  Stephens.  ms.  —  Syn. 
de  Myceloporus  ,   Mann.  (C.) 

*ISCIII*OSTOMA  (bXvô?,  délié;  Top*,', 
coupure,  section),  ins.  —  Genre  de  Coléop- 
tères pentamères,  famille  des  Lamellicor- 
nes, tribu  des  Scarabéides  mélitophiles ,  créé 
par  MM.  Gory  et  Percheron  (  Monographie 
des  Cétoines,  t..  I ,  p.  19  ,  41  et  302  )  sous 
le  nom  d' Ischnestoma  rectifié  et  adopté  par 
MM.  les  docteurs  Burmeister  et  Schamm. 
Ce  genre  renferme  5  espèces ,  originaires 
de  l'Afrique  australe.  L'espèce  type  a 
reçu  les  noms  suivants  :  Cetonia  cuspidata, 
cordata  de  Fabricius  et  albomarginata  de 
Herbst.  (C.) 

♦ISCHNOTES  f>*»©ç,  grêle  ;  vwroç,  dos). 
ins. — Genre  de  Coléoptères  subpentamères, 
tétramères  de  Latreille,  famille  des  Longi- 
cornes,  tribu  des  Cérambycins,  créé  par 
Newman  (Ann.  of  natural  Hislory,  t.  V, 
p.  17)  avec  une  espèce  de  la  Nouvelle- 
Hollande.  (C.) 

*ISCH1YOTRACHELTJS  (  l^k  >  grêle  ; 
Toa^yAoç,  cou),  ins. — Genre  de  Coléoptères 
tétramères ,  famille   des  Curculionides  go- 
natocères,  division  des  Brachydérides,  éta- 
bli par  Schœnherr  {Syn.  gen.   et  sp.  Cur- 
cul.,  t.  VI,  p.  287  ),  et  qui  a  pour  type  une 
espèce  du  Sénégal,  Is.  granulicollis  Sch.  (C). 
*ISCIIiMJRE.  Ischnurus  (  t^véç,  grêle-; 
oùpâ,  queue),    arach.    —  Ce  genre,    qui 
appartient  à  l'ordre  des  Scorpionides ,  a  été 
établi  par  M.  Koch  aux  dépens  des  Scorpio 
<:es  auteurs.  Les  caractères  de  cette  nou- 
velle coupe  générique  peuvent  être   ainsi 
exprimés  :  Yeux  du  vertex  entre  le   pre- 
mier et  le  deuxième  tiers  de  la  tête  ;  les 
latéraux,  au  nombre  de   trois,  égaux  ou 
a  peu    près  égaux,   placés  sur   une  même 
sur  le  bord  antérieur  externe;  une 
'Turc   au    bord   antérieur;    céphalo- 
et  abdomen  déprimés,  élargis;  queue 
petite  ou  seulement  égale  au  céphalo- 
thorax, grêle,  rarement  plus  allongée,   à 
île  petite  ,  sans  épine  sous  l'aiguillon; 
palpes  grands,  élargis  et  aplatis  ainsi  que 
:ps.    Les  espèces  qui  composent  ce 
sont  peu  nombreuses;  elles  habitent 
,  l'Australie,  la   Colombie  et  le  cap 


de  Bonne-Esperance.  Celle  qui  peut  être 
considérée  comme  type  de  cette  nouvelle 
coupe  générique  est  l'I.  longimane  ,  /.  lon- 
gimanusUevbst  (Scorpio),  du  cap  de  Bonne- 
Espérance.  (H.  L.) 

*ISCHYROCÈRE.  Ischyrocerus  (laXvpiç9 
fort;  x/oaç,  antenne),  crust.  —  Genre  éta- 
bli par  M.  Kroyer  aux  dépens  des  Crevet- 
tes et  des  Erichthonies  ,  dans  l'ordre  des 
Isopodes,  et  rangé  par  M.  Milne-Edwards 
dans  sa  famille  des  Crevettines  et  dans  sa 
tribu  des  Crevettines  sauteuses.  Dans  ce 
nouveau  genre ,  la  tête  se  prolonge  beau- 
coup au-dessus  de  l'insertion  des  antennes 
inférieures,  Les  antennes  supérieures,  in- 
sérées au  sommet  de  ce  prolongement, 
sont  presque  aussi  longues  que  les  an- 
tennes inférieures ,  et  portent  un  petit 
filet  terminal  accessoire;  le  filet  principal 
ne  se  compose  que  de  six  ou  sept  articles. 
Les  mandibules  portent  une  grande  tige 
palpiforme  ,  élargie  vers  le  bout.  Les  pièces 
épimériennes  sont  de  grandeur  ordinaire. 
Les  pattes  de  la  première  paire  sont  courtes 
et  terminées  par  une  main  ovalaire,  dont 
la  griffe  est  grêle,  mais  assez  longue.  Les 
mains  de  la  seconde  paire  sont  extrême- 
ment grandes ,  convexes  en  dessus,  concaves 
en  dessous  et  armées  d'une  griffe  énorme. 
Les  autres  pattes  sont  très  petites.  L'abdo- 
men est  comme  chez  les  Crevettes  et  ne  pré- 
sente rien  de  remarquable.  On  ne  connaît 
qu'une  seule  espèce  de  ce  genre,  c'est  l'Is- 

CHYROCÈRE  A  PATTES    ÉTROITES  ,     ISCÎiyrOCerUS 

anguipes  Kroyer,  rencontré  sur  les  côtes  du 
Groenland.  (H.  L.) 

*ISCHYRODON  (  «rXvpo'ç,  fort;  Wouç, 
dent),  rept.  —  M.  Mériau  (Jahrb.  f.  Miner., 
1828)  donne  ce  nom  à  un  petit  groupe  d'O- 
phidiens. (E.  D.) 

^SCIIYROPSALE.  Ischyropsalis.  arach.  . 
—  Ce  genre  ,  établi  par  M.  Koch  dans  ses 
Die  arachniden,  n'a  pas  été  adopté  par  M.  P. 
Gervais,  qui,  dans  VHist.  nat.  des  Ins.  apt. 
de  M.  Walckenaër,  rapporte  cette  coupe  gé- 
nérique à  celle  des  Phalangium(voy.  ce  mot). 
L' Ischyropsalis  helwigii  est  le  type  de  ce 
nouveau  genre.  (H.  L.) 

*ISCHYROSONYX(?(7Xyp^,  robuste;  frvf, 
ongle),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  subpen- 
tamères (tétramères  de  Latreille),  famille 
des  Cycliques,  tribu  des  Cassidaires,  proposé 
par  nous,  et  adopté  par  M.  Dejean,  qui,  dan» 


116 


ISI 


JSI 


son  Catalogue,  y  rapporte  deux  espèces  indi- 
gènes du  Brésil  :  I.  oblongaelpeltoides.  (C.) 

*ISCin'RUS  (.'ï^upo;,  robuste),  ins.— 
Genre  de  Coléoptères  subpentamères  (tétra- 
mères  de  Latreille),  famille  des  Clavipalpes, 
proposé  par  nous  et  adopté  par  M.  Dejean, 
qui,  dans  son  Catalogue,  en  mentionne  10 
espèces.  M.  Th.  Lacordaire  (Mon.  des  Erotyl.) 
a  maintenu  ce  genre.  53  espèces,  toutes 
d'Amérique,  ont  été  décrites  par  nous.  Ce 
genre  fait  partie  des  Érotyiiens  engidifor- 
mes  de  M.  Lacordaire.  (C.) 

ISÉE.  Isœa  (nom  mythologique),  crust. 
— Cegenre,  qui  a  été  établi  par  M.  Milne- 
Edwards,  appartient  à  l'ordre  des  Isopodes  , 
à  la  famille  des  Crevettines  et  à  la  tribu 
des  Crevettines  sauteuses.  Dans  cette  petite 
coupe  générique,  ce  ne  sont  pas  seulement 
les  pattes  des  premières  paires  qui  sont  pré- 
hensiles, mais  encore  celles  des  cinq  paires 
suivantes  qui  sontégalementsubchéliformes; 
car  toutes  sont  terminées  parun  article  aplati 
et  tronqué  au  haut,  contre  le  bord  duquel 
s'infléchit  une  griffe  terminale  ;  les  pattes  de 
la  seconde  paire  sontseulement  un  peu  plus 
grosses  que  les  autres.  Du  reste ,  ces  Crus- 
tacés ressemblent  en  tout  aux  Crevettes  ; 
les  antennes  supérieures,  à  peu  près  de  la 
même  longueur  que  les  inférieures,  se  ter- 
minent par  deux  tiges  multi-articulées,  dont 
l'une  grande  et  l'autre  très  courte;  enfin 
l'appareil  buccal  ne  présente  rien  de  remar- 
quable. La  seule  espèce  connue  est  ITsée 
de  Montagne  ,  Isœa  Monlagni  Edw.  (Hist. 
nat.  des  Crust.,  t.  3,  p.  26)  ;  ce  petit  Crus- 
tacé  a  été  rencontré  aux  îles  Chausey.  (H.L.) 

*ISÉE.  Jsea ,  Guér.  crust.  — Syn.  de 
Callianise.  Voy.  ce  mot.  (H.  L.) 

ISERINE.  min.  — Espèce  de  Fer  oxydé. 
Voy.  FER. 

ISERTIA.  bot.  ph.  —Genre  de  la  famille 
des  Rubiacées-Isertiées,  établi  par  Schreber 
{Gen.,  n°  602).  Arbustes  de  la  Guiane  et  du 
Mexique.  Voy.  rubiacées. 

*ISERTIÉES.  Iserlieœ.  bot.  th.— Tribu 
de  la  famille  des  Rubiacées.  Voy.  ce  mot. 

ÏSIDE.  Isis  (nom  mythologique),  tolyp. 
— Linnaîus  (Hort.  Cliffort.  et  Syst.  nalurœ) 
a  créé  sjus  ce  nom  un  genre  de  Poly- 
piers qui,  adopté  par  tous  les  zoologistes,  a 
été  restreint  par  Lamarck,  et  surtout 
par  Lamouroux.  Les  caractères  des  Isis  sont 
les  suivants  :  Polypier  dendroïde  ;  articula- 


lions  pierreuses ,  blanches ,  presque  trans~ 
lucides,  séparées  par  des  entre-nœuds  cor- 
nés et  discoïdes  ,  quelquefois  inégaux  ; 
écorce  épaisse,  friable  dans  l'état  de  dessic- 
cation, n'adhérant  pas  à  l'axe ,  et  s'en  dé- 
tachant avec  facilité  ;  cellules  éparses ,  non 
saillantes.  Ces  Polypiers  sont  toujours  cy- 
lindriques, avec  des  rameaux  épars  ;  leur 
couleur  est  blanchâtre  dans  le  Polypier  re- 
vêtu de  son  écorce  :  celle  de  l'axe  présente 
deux  nuances  bien  tranchées;  elles  sont 
blanches  et  brunes,  plus  ou  moins  foncées. 
La  grandeur  varie  de  1  à  5  décimètres. 

Les  Isides  sont  répandues  dans  toutes  les 
mers  ;  elles  se  trouvent  sur  les  côtes  d'Is- 
lande ,  ainsi  que  sous  l'équateur  :  on  les 
rencontre  dans  l'océan  Indien.  Les  insu- 
laires des  Moluques  et  d'Amboine  les  em- 
ploient dans  une  foule  de  maladies  ;  ce  qui 
pourrait  faire  regarder  ces  Polypiers  comme 
un  remède  universel,  si  l'usage  qu'en  font  ces 
peuples  ne  prouvait  leur  ignorance  en  mé- 
decine. 

On  ne  connaît  qu'un  petit  nombre  d'es- 
pèces de  ce  groupe  :  celle  que  nous  prendrons 
pour  type  est  Y  Isis  hippuris  Lin.,  Gm.,  etc., 
qui  se  trouve  communément  dans  toutes  les 
mers,  même  dans  celles  du  Nord. 

Le  Corail  rouge  était  autrefois  placé  dans 
ce  genre  sous  la  dénomination  d'Isis  nobi- 
lis;  d'autres  espèces  qui  entraient  également 
dans  ce  groupe  font  aujourd'hui  partie  des 
genres  Mélitée  et  Mopsée.  (E.  D.) 

ISÏDÉES.  Isideœ.  polyp.  —  L'ancien 
genre  Isis  de  Linné  est  devenu  pour  M.  La- 
mouroux et  les  auteurs  modernes  une  fa- 
mille distincte  de  Polypiers,  qui,  à  son 
tour,  a  été  partagée  en  plusieurs  divisions 
génériques.  Les  Isidées  sont  des  Polypiers 
dendroïdes ,  formés  d'une  écorce  analogue 
à  celle  des  Gorgoniées,  et  d'un  axe  articule, 
à  articulations  alternativement  calcaréo- 
pierreuses,  cornées  et  solides  ou  spongieuses, 
presque  subéreuses.  On  ne  connaît  pas  les 
Polypes  des  Isidées  ,  car  les  auteurs  qui  en 
ont  parlé  les  ont  regardés  comme  les  mêmes 
que  ceux  du  Corail  rouge ,  qu'à  l'exemple 
de  Linné  ils  plaçaient  dans  le  genre  Isis  : 
ils  doivent,  suivant  Lamouroux,  ressembler 
beaucoup  aux  animaux  des  Gorgonées. 

Les  Isidées  ne  se  trouvent  que  dans  la 
zone  équatoriale  et  dans  le  voisinage  des 
tropiques ,  à  l'exception  de  VIsis  hippuris , 


ISO 


ISO 


117 


que  les  auteurs  ont  indiqué  dans  presque 
toutes  les  mers,  en  Islande,  en  Norvège  , 
dans  la  Méditerranée  ,  dans  la  mer  des 
Indes,  en  Amérique,  etc. 

On  connaît  un  assez  grand  nombre  d'es- 
pèces d'Isidées,  qui  ont  été  placées  dans  les 
genres  Mélitée  ,  Mopsée  et  Iside.  Voy.  ces 
mots.  (E.  D.) 

♦ISIDORE A  (nom  propre),  bot.  pu.— 
Genre  de  la  famille  des  Rubiacées-Hédyoti- 
dées,  établi  par  A.  Richard  (in  Mem.  Soc.  h. 
n.  Paris.,  V,  284,  c.  25,  f.  1).  Arbrisseaux 
des  Antilles.  Voy.  rubiacées. 

ISIDROGALVIA,  Ruiz  et  Pav.  bot.  ph. 
—  Syn.  de  Tofieldia,  Huds. 

ISIS,  polyp.  —  Voy.  ISIDE. 

*ISIS,  Tratt.  bot.  pu.  —  Syn.  d'/n's, 
Linn. 

ISIVARDIA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  OEnothérées- Jus- 
sieuées,  établi  par  De  Candolle  (Prodr., 
III,  59).  Herbes  aquatiques  ou  marécageu- 
ses des  régions  tempérées  de  l'hémisphère 
boréal,  fréquentes  en  Amérique,  rares  dans 
l'Afrique  tropicale.  Voy.  cenothkrées. 

*ISNELIA,  Cass.,  Less.  bot.  ph.— Syn, 
de  Chrysanthcmum,  DC. 

ISOCARDE.  Isocardia  (?<j0;,  égal; 
xap&a ,  ouverture),  moll. — Il  résulte  des  re- 
cherches préalables  que  nous  avons  entre- 
prises sur  le  genre  Isocarde  que  plusieurs  des 
espèces  de  ce  genre  ont  été  connues  des 
premiers  oryetographes  ;  on  en  a  la  preuve 
dans  le  Muséum  metallicum  d'Aldrovande  , 
le  Muséum  Wormianum,  et  enfin  dans  l'ou- 
vrage si  remarquable  de  Scylla,  où  l'on 
trouve  pour  la  première  fois  constatée  l'ana- 
logie évidente  des  espèces  marines  vivantes 
et  fossiles.  Ces  ouvrages  se  publiaient  de 
1648  à  1670  ;  et  il  faut  descendre  jusqu'à 
l'ouvrage  de  Bonanni,  publié  en  1684,  pour 
trouver  la  première  figure  de  l'espèce  d'Iso- 
carde  vivante  dans  les  mers  d'Europe. 
Bientôt  après  un  grand  nombre  de  natura- 
listes mentionnèrent  alternativement  des 
espèces  fossiles  et  des  espèces  vivantes,  en 
leur  donnant  des  noms  divers,  car,  à  cette 
époque,  la  nomenclature  n'était  point  fixée 
et  le  désordre  continua  jusqu'au  moment 
où  Linné  ,  ayant  limité  les  genres  et  dé- 
terminé rigoureusement  les  espèces,  intro- 
duisit l'espèce  commune  des  mers  de  l'Eu- 
rope dans  un  genre  Chama  qui  rassemble  des 


coquilles  fort  différen tes  les  unes  des  autres. 
Les  unes,  plus  nombreuses  en  espèces,  sont 
adhérentes  et  irrégulières;  à  celles-là  le 
nom  de  Chama  est  resté  chez  tous  les  au- 
teurs récents  ;  les  autres  sont  libres,  et  parmi 
elles  il  y  en  a  de  cordiformes;  Bruguière 
sentit  que  leurs  rapports  ne  devaient  pas 
rester  tels  que  Linné  les  avait  compris  : 
aussi  ce  sage  réformateur  de  la  méthode 
linnéenne  proposa-t-il  (PL  de  l'Encyclopé- 
die) d'introduire  le  Chama  cor  parmi 
les  Cardites.  Peu  d'années  après  ,  en  cher- 
chant à  améliorer  la  méthode  conchyliolo- 
gique,  Lamarck  créa  le  genre  Isocarde,  qui 
depuis  est  resté  dans  la  science,  parce 
qu'en  effet  il  offre  tous  les  caractères  d'un 
bon  genre.  Déjà  Poli,  dans  son  grand  ou- 
vrage sur  les  Mollusques  des  Deux-Siciles  , 
avait  donné  sur  l'animal  des  renseigne- 
ments précieux,  à  l'aide  desquels  il  a  été 
possible  d'apprécier  les  rapports  naturels 
du  genre  nouvellement  institué  par  le  zoo- 
logiste français.  Quoique  Lamarck  ne  con- 
nût pas  d'abord  les  travaux  de  Poli,  se  lais- 
sant guider  par  les  caractères  de  la  coquille, 
il  rapprocha  les  Isocardes  des  Bucardes , 
rapprochement  complètement  justifié  par 
les  observations  de  Poli.  Plus  tard,  Cuvicr 
et  M.  de  Blainville  cherchèrent  à  concilier 
l'opinion  de  Linné  avec  celle  que  rendaient 
nécessaire  les  nouveaux  faits  acquis  à  la 
science.  11  en  résulta  une  classification  dou- 
teuse à  laquelle  on  doit  préférer  celle  de 
Lamarck.  Des  observations  recueillies  en 
Irlande,  en  1825,  par  un  naturaliste  An- 
glais, M.  Butler,  sur  une  seconde  espèce 
d'Isocarde  des  mers  de  l'Europe,  sont  venues 
confirmer  celles  de  Poli ,  si  toutefois  elle» 
avaient  eu  besoin  de  l'être.  Ainsi  les  carac- 
tères tirés  de  l'animal  et  ceux  de  la  coquille 
donnent  au  genre  en  question  autant  de 
valeur  qu'à  tous  ceux  qui  sont  le  plus  in- 
contestablement admis  dans  la  méthode. 

On  reconnaît  les  coquilles  du  genre  Iso- 
carde à  une  forme  tout-à-fait  spéciale  ;  elles 
sont  très  globuleuses ,  subsphériques,  ra- 
rement un  peu  allongées;  leur  test  est  gé- 
néralement mince,  et  lescrochetsdesvalves, 
inclinés  sur  le  côté  antérieur,  sont  très 
grands ,  protubérants,  très  écartés  et  tour- 
nés en  spirale  ;  les  valves  sont  parfaitement 
égales,  closes  dans  toute  leur  circonférence 
et  réunies  entre  elles  au  moyen  d'un  liga- 


Ï18 


ISO 


ment  externe  généralement  peu  saillant , 
mais  qui,  dans  l'accroissement  de  la  co- 
quille, présente  un  phénomène  que  l'on  peut 
également  observer  dans  les  Cames  et  les 
Dicérates.  En  effet,  ce  ligament,  par  suite 
de  récartement  des  crochets,  se  bifurque 
en  avant,  et  l'on  remarque  un  petit  sillon 
remontant  jusque  vers  le  sommet  et  résul- 
tant de  cette  bifurcation.  Ce  ligament  est 
appuyé  profondément  derrière  une  nymphe 
assez  longue  et  assez  étroite  ;  la  charnière 
est  assez  singulière,  et  elle  semble  une  mo- 
dification de  celle  des  Cardiums.  Sur  la  valve 
droite  se  montre  une  fossette  étroite,    se 
dirigeant  d'avant  en  arrière  et  limitée  ,  en 
dessus  et  en  dessous,  par  une  dent  compri- 
mée qui  suit  exactement  la  même  direction. 
Une  autre  dent  plus  allongée  et  qui  fait 
suite  à  la  dent  supérieure  en  est  séparée 
par  une  dépression  assez  notable  ;  cette  dent 
vient  monter  sur  le  bord  cardinal,  à  peu  de 
distance  de  l'extrémité  de  la   nymphe.  Sur 
la  valve  gauche  est  cieusée  une  fossette  al- 
longée,   immédiatement  au-dessus    d'une 
grande   dent  cardinale,   transverse,  com- 
primée dans  le    milieu ,  ce   qui  la   divise 
réellement  en   deux  lobes  inégaux.  En  ar- 
rière de  cette  dent  Bilobée  et  faisant  suite 
à  la    fossette  cardinale  dont  nous  avons 
parlé,  on  voit  une  fossette  étroite,  destinée 
à  recevoir  la  dent  postérieure  de  la  valve 
droite;  enfin  ,  pour  terminer  ce  qui  a  rap- 
port à  la  charnière,  elle  est  munie  en  ar- 
rière d'une  dent  latérale  postérieure  com- 
parable à  celle  des  Bucardes.  Si  nous  exa- 
minons maintenant  l'intérieur  des  valves, 
nous  y  trouvons   deux  impressions  muscu- 
laires fort  écartées  :  l'une  antérieure,  ovale, 
subsemilunaire,  placée  en  avant  de  l'extré- 
mité antérieure  de  la  charnière,  et  l'autre, 
postérieure,  plus  grande,  subcirculaire  ,  se 
voit  au-dessous  et  en  arrière  de  la  dent  la- 
térale postérieure.  L'impression  palléale  est 
peu  apparente  ;   elle  s'étend  d'une  impres- 
sion musculaire  à  l'autre,  en  laissant  entre 
elles  et  le  bord  des  valves  unezone  fort  large. 
L'animal  a  une  forme  analogue  à  celle 
de  sa  coquille  :  il  est  enveloppé  dans  un 
manteau  mince  qui,  vers  le  bord  des  val- 
ves, s'épaissit  par  la  présence  d'une  zone 
de  muscles  transverses  destinés  à  faire  ren- 
trer  ou  sortir  le  bord  qui  vient  affleurer 
celui  des  valves.  Ce  bord  est  sarnî  de  '— - 


ISO 

tacules  courts  et  coniques,  semblables  à 
ceux  qui  se  montrent  sur  le  manteau  d'un 
assez  grand  nombre  de  Cardiums.  Ces  lobes 
du  manteau  sont  désunis  dans  la  plus 
grande  partie  de  leur  étendue.  Vers  leur 
extrémité  postérieure  ils  se  rapprochent,  se 
soudent ,  et  présentent  deux  siphons  très 
courts,  inégaux,  et  dont  l'ouverture  exté- 
rieure, ovalaire,  est  garnie  d'un  doubla 
rang  de  fins  tentacules  coniques.  La  masse 
abdominale  est  peu  considérable,  lorsqu'or 
la  compare  à  la  cavité  du  manteau  ;  elle 
porte  en  avant  un  pied  aplati,  sublingui- 
forme  ,  coudé,  assez  semblable  à  celui  des 
Bucardes,  mais  différent  en  cela  qu'il  est 
plus  comprimé  et  plus  allongé.  De  chaque 
côté  du  corps  sont  disposés  avec  symétrie 
les  feuillets  branchiaux  s'étendant  d'avant 
en  arrière  d'un  muscle  à  l'autre.  Par  leur 
extrémité  antérieure  ,  ces  feuillets  bran- 
chiaux viennent  s'interposer  entre  les  pal- 
pes labiaux  dont  la  forme  et  la  disposition 
rappellent  ce  que  l'on  voit  dans  les  Bu- 
cardes. 

Le  nombre  des  espèces  vivantes  d'ïso- 
cardes  actuellement  connues  est  peu  consi- 
dérable. Quatre  seulement  sont  inscrites 
dans  les  catalogues.  Les  espèces  fossiles  sont 
beaucoup  plus  nombreuses,  et  elles  se  dis- 
tribuent dans  presque  tous  les  terrains  de 
sédiment  constituant  la  surface  de  notre 
globe.  Nulle  part  elles  ne  sont  très  abon- 
dantes ,  mais  en  les  réunissant  toutes,  il  y 
en  a  une  vingtaine  au  moins  actuellement 
connues.  Cependantce  genre  a  subi  ôes  ré- 
ductions importantes  depuis  qu'un  savant 
des  plus  distingués,  M.  Agassiz,  dans  ses 
Études  critiques  sur  les  Mollusques  fossiles, 
a  établi,  d'après  des  caractères  certains, 
un  genre  Céromye  pour  un  certain  nombre 
d'espèces  confondues  jusqu'alors  parmi  les 
Isocardes  parce  qu'elles  en  ont  à  peu  près 
les  formes  extérieures.  (Desh.) 

ISOCAKDIA,  Klein,  moll.  —  Quelques 
personnes  ont  cru  ,  à  cause  de  la  ressem- 
blance du  nom,  retrouver  dans  ce  g.  de 
Klein  celui  de  Lamarck;  mais  il  y  a  là  une 
erreur  facile  à  rectifier,  car  s'il  est  vrai  que 
le  g.  de  Klein  contienne  le  Chama  cor  de 
Linné,  il  renferme  aussi  toutes  celles  des 
coquilles  bivalves,  cordiformes,  sans  avoir 
cependant  les  caractères  distinctifs  des  Iso- 
cr  des.  Ainsi  Lamarck  a  pu  emprunter  ta 


ISO 


ISO 


M<) 


uum,  mais  non  le  g.,  a  un  auteur  qui,  peut- 
être,  n'en  a  jamais  fait  un  seul  de  naturel. 

(Desh.) 

ISOCARPHA  (f«««,  égal  ;  x«*P9o;,  paille). 
bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des  Compo- 
sées-Eupatoriaeées,  établi  par  R.  Brown  (in 
Loin.  Transact.,  XII,  110).  Herbes  de  l'A- 
mérique tropicale.  Voy.  composées. 

ISOCERLS  (î'croç ,  égal;  xt'paç,  antenne). 
PB.  —  Genre  de  Coléoptères  hétéromères, 
famille  des  Mélasomes,  tribu  des  Blapsides, 
proposé  par  Mégerle  et  adopté  par  Dejean  et 
Latrcille.  Ce  genre  ne  se  compose  que  d'une 
espèce ,  le  Tenebrio  ferrugineus  de  Fab. 
{T.  purpurescens  de  Ilerbst),  qu'on  trouve 
sur  le  littoral  de  la  Méditerranée,  en  Eu- 
rope et  en  Afrique.  (C.) 

ISOCERUS  Q*o<; ,  égal  ;  x«p«$,  antenne). 
Ins.  —  Illiger  a  formé  ce  genre  avec  quel- 
ques Coléoptères  xylophages  et  longicornes, 
qui  rentrent  maintenant  dans  les  genres 
Parandra  et  Passandra.  (C.) 

ISOCIIILUS  (ïcro,-,  égal;  x£~io?>  lèvre). 
bot.  pu.  —  Genre  de  la  famille  des  Orchi- 
dées-Pleurothallées ,  établi  par  R.  Brown 
(m  Hort.  Kcw.,  V,  209).  Herbes  de  l'Amé- 
rique tropicale.  Voy.  orchidées. 

*1S0C0ADYLUS  (?<»?,  égal  ;  k«JvIo<, 
articulation),  ras. — MM.  Amyot  etServille 
{Ins.  he'mipt.,  Suites  à  Buff.  )  désignent 
ainsi  un  de  leurs  genres  de  la  famille  des 
Réduviides,  de  l'ordre  des  Hémiptères.  Ce 
g.,  très  voisin  des  ZeZus,  est  établi  sur  une 
espèce  du  Brésil ,  VI.  elongalus  (  Reduvius 
id.  Lepel.  et  Serville.  (Bl.) 

*  ISOCRIMTES  (Tjoç  ,  semblable  ;  xpf- 
vov  ,  lis),  échin.  —  M.  Phillips  [Ann.  nat. 
hisL,  X,  18i2)  donne  ce  nom  à  un  groupe 
d'Encrines.  Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

*  ISOCRINUS  (Tero,-,  semblable,  spf- 
»ov ,  lis.  )  échin.  —  M.  Hermann  von  Meyer 
{Mus.  seckenb.y  II,  1837)  donne  ce  nom  à 
un  petit  groupe  de  Crinoïdes.    Voy.   en- 

(E.  D.) 
*ISOCYRTUS(/<roç,  égal;  xuproç, courbe). 
—  Genre  de  la  tribu  des  Chalcidiens, 
groupe  des  Miscogastérites,  de  l'ordre  des 
Hyménoptères  ,  établi  par  M.  Walker 
[Entom.  rnagaz.)  sur  quelques  espèces  ob- 
servées en  Angleterre  et  en  France,  remar- 
quables par  leurs  antennes  courtes,  renflées 
en  massue  et  composées  de  douze  articles. 
Le  type  est  17.  lœlus  Walk.  (  Bl.) 


ISODACT1LES.  ois.  —  Voy.  zygodao 

TYLES. 

ISODON.  mam.  —  Synonyme  de  Capro- 
mys.  Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

*ISODON  (>oÇ,  égal;  ôôowç,  dent),  ras. 
—  Genre  de  Coléoptères  pentamères ,  fa- 
mille des  Lamellicornes ,  tribu  des  Scara- 
béides  xylopbiles,  établi  par  M.  Hopo 
{Coleoplerist's  Manual,  1837  ,  p.  97) ,  et  ne 
renfermant  qu'une  espèce  de  la  Nouvelle- 
Hollande,  nommée  par  l'auteur  7.  Austra- 
lasiœ.  (C.) 

*ISOÉTÉES.  Isœteœ.  bot.  ph.  —  Petite 
famille  établie  par  M.  Richard  et  adoptée 
par  MM.  Bartling,  Endlicher,  etc.,  etc.  Le 
genre  Isoetes,  seul  genre  qui  constitue  cette 
famille,  était  autrefois  confondu  avec  les 
Lycopodiacées,  mais  les  nombreuses  ob- 
servations dont  ce  genre  a  été  l'objet  ont 
démontré  qu'il  en  était  assez  distinct  pour 
en  faire  le  type  d'une  nouvelle  famille.  Les 
Isoétées  sont  des  herbes  croissant  sous  l'eau, 
à  tronc  très  court,  presque  nul,  charnu, 
déprimé  au  centre  et  portant  des  feuilles 
nombreuses,  longues,  divergentes,  subulées, 
serrées,  très  étroites  et  celluleuses.  Les  orga- 
nes reproducteurs  sont  situés  à  la  base  des 
feuilles,  qui,  dans  cette  partie,  renferment 
une  ou  deux  loges.  Ce  dernier  caractère 
suffirait  seul  pour  distinguer  les  Isoétées  des 
vraies  Lycopodiacées ,  article  auquel  nous 
renvoyons  pour  plus  de  développement. 

On  ne  connaît  jusqu'à  présent  que  deux 
espèces  d'Isoétées;  l'une,  I.  lacuslris,  crois- 
sant généralement  en  Europe;  l'autre  ,  I. 
Coromandclia ,  des  régions  centrales  et 
australes  de  l'Asie  et  de  l'Amérique  bo- 
réale. 

1SOETES  (taoç,  semblable  ;  &«?,  an- 
née), bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Isoétées,  établi  par  Linné  (Gen.,  n°  1184). 
Herbes  de  l'Europe  ,  de  l'Asie  centrale  et 
australe,    et  de  l'Amérique  boréale.  Voy. 

ISOÉTÉES. 

*ISOGNOMON.  moll.  —Genre  de  Klein 
correspondant  en  partie,  sauf  rectiCcation, 
au  g.  Perne  de  Lamarck.  Voy.  ce  mot. 

(Desh.) 

ISOLEPIS  (f»»ç,  égal;  Xhnç,  écaille),  bot. 
PiL — Genre  de  la  famille  des  Cypéracées- 
Scirpées,  établi  parR.  Brown  {Prodr.,  221). 
Herbes  croissant  en  abondance  au  cap  de 
Bonne-Espérance,   dans   la  NouYelle-Hol- 


120 


ISO 


ISO 


lande,  les  Indes  orientales,  et,  mais  en  plus 
petit  nombre,  dans  l'Amérique  et  l'Europe. 

Yoy.   CYPÉRACÉES. 

!SOLUS(nom  propre),  crust. —  Ce  nom  a 
été  employé  par  Rafinesque  pour  désigner, 
i;\  ;  is  son  Précis  de  découvertes  séméiologiques, 
un  genre  de  Crustacés  dont  les  caractères 
sont  toujours  restés  inédits.         (H.  L.) 

*ISOjVIALLS  (cVojjtoùo;, parfaitement  égal), 
j.xs. —  Genre  de  Coléoptères  pentamères, 
J'umille  des  Brachélytres,  tribu  des  Piesti- 
nions,  créé  par  Eiiehson  (Gen.  et  sp.  Sta- 
phylinorum,  p.  838).  L'auteur  rapportée  ce 
écrire  les  cinq  espèces  suivantes:  /.  compla- 
nalus  tcslaceus,  humilis ,  mlerruptus  et  bi- 
c  )lor  Er.  Les  deux  premières  sont  originaires 
(ie  Madagascar;  la  troisième  est  propre  au 
Brésil  ;  la  quatrième,  à  la  Colombie;  et  la 
cinquième,  au  Mexique.  (C.) 

1S0MÉRIE  (  UoiupK  ,  composé  de  par- 
ties égales),  chim.  —  Il  y  a  des  corps  dont 
la  composition  chimique  est  exactement  la 
même,  et  dont  cependant  toutes  les  proprié- 
tés diffèrent  essentiellement  ;  tels  sont,  par 
exemple  :  les  acides  tartrique  et  paratar- 
trique  QR'Q*  t  maliquc  et  citrique  CH'O* 
(Liébig),  cyanique  et  fulminique  CyO ,  a  sup- 
poser toutefois  que  ces  deux  acides  soient 
différents,  ce  que  nient  quelques  chimistes. 
Chacun  des  deux  acides  de  ces  trois  grou- 
pes offre,  comme  l'indique  la  formule, 
une  composition  identique  avec  son  congé- 
nère; et  tous  deux  forment  néanmoins  des 
combinaisons  dissemblables  en  s'unissant 
aux  mêmes  corps,  et  ils  donnent  des  pro- 
duits différents  quand  on  les  décompose 
avec  précaution.  Comment  expliquer  ce 
phénomène ,  si  ce  n'est  en  admettant  que 
l'état  des  molécules  élémentaires  qu'ils  ren- 
ferment n'est  pas  le  même,  puisque  ces 
molécules  se  dissocient  d'une  manière  dif- 
férente dans  les  mêmes  circonstances,  ou 
qu'elles  donnent  naissance  à  des  composés 
différents,  en  s'engageant  dans  des  combi- 
naisons semblables. 

Si  l'on  trouve  une  dissemblance  de  pro- 
priétés dans  des  corps  dont  la  composition 
est  identique ,  on  la  trouvera,  à  plus  forte 
raison,  dans  des  corps  qui,  sous  le  même 
volume  gazeux  ,  renferment  des  quantités 
différentes  des  mêmes  éléments  ,  quoique  le 
rapport  de  ces  éléments  ne  soit  peint  altéré. 
Ainsi  l'on  connaît  maintenant  trois  caz. 


trois  ou  quatre  liquides  et  autant  de  solides 
qui  renferment  exactement  le  Carbone  et 
l'Hydrogène  dans  le  rapport  de  1  atome  à 

I  atome,  c'est-à-dire  en  poids  de  86  parties 
de  Carbone  à  14  d'Hydrogène  ;  entre  eux 
l'analyse  ne  montre  aucune  différence:  ce- 
pendant, à  tous  autres  égards,  ils  diffèrent 
complètement;  c'est  que  la  molécule  de 
chacun  de  ces  composés  renferme  des  quan- 
tités différentes  de  matière,  et  que  ni  les 
volumes  gazeux  ni  les  équivalents  ne  sont 
les  mêmes.  Ainsi,  par  exemple,  C4  H*, 
Cs  H« ,  C'6  H'6,  CCi  H6S  représentent  4  vo- 
lumes de  Méthylène,  de  Gaz  oléûant ,  dt 
carbure  d'Hydrogène  et  de  Cétène.  Il  n'est 
donc  point  étonnant  que  le  Méthylène,  par 
exemple,  présente  des  propriétés  différentes 
de  celles  du  Gaz  oléfîant ,  puisque  dans  la 
molécule  chimique  du  premier,  ainsi  que 
dans  son  volume ,  il  y  a  moitié  moins  de 
Carbone  et  d'Hydrogène  que  dans  la  molé- 
cule chimique  et  dans  le  volume  du  second. 

II  en  est  de  même  des  autres. 

Il  est  à  remarquer  que  les  composés  qui 
fixèrent  les  premiers  l'attention  des  chi- 
mistes, comme  offrant  des  propriétés  diffé- 
rentes avec  une  composition  identique  ,  ne 
sont  point  isomériques  ;  ce  sont  les  acides 
phosphorique  P/i*  Os ,  et  métaphosphorique 
P/uO,  HO5.  (A.  D.) 

*ISOMÉRIE  (caofAEpvîç ,  composé  de  par- 
ties égales),  min.  —  Les  chimistes  com- 
prennent, sous  le  nom  de  différence  isomé- 
rique,  toute  modification  qui  a  lieu  dans 
l'intérieur  de  l'atome  chimique, etqui  a  pour 
effet  de  changer  ses  réactions,  en  laissant 
subsister  la  nature  et  le  rapport  des  élé- 
ments dont  cet  atome  est  formé,  en  sorte 
que  le  résultat  final  de  l'analyse  est  tou- 
jours le  même.  Il  résulte  de  là  qu'à  leurs 
propres  yeux,  l'analyse  n'est  plus  suffisante 
pour  établir  les  véritables  limites  des  espè- 
ces. Ils  ne  reconnaissent  que  deux  sortes 
d'Isomérie,  celle  des  atomes  chimiques  à 
poids  égaux,  et  celle  des  atomes  chimiques 
à  poids  multiples;  et  toutes  deux  doivent 
pouvoir  se  manifester  par  des  propriétés 
chimiques  différentes.  Toute  autre  modifi- 
cation dans  la  constitution  moléculaire  ou 
dans  la  structure  des  corps,  qui  n'entraî- 
nerait ,  comme  la  précédente ,  aucun  chan- 
gement dans  le  résultat  de  l'analyse,  et  qui 
ne  pourrait  être  constatée  d'une   manière 


ISO 


lîl 


posiii\e  par  les  moyens  chimiques,  est  pour  ' 
eux  distincte  de  l'Isomérie ,  et  rapportée  à 
uq  principe  différent,  celui dudimorphisme 
ou  du  polymorphisme.  Telles  sont  celles  qui 
produisent  les  différences  de  forme  et  de 
propriétés  physiques  que  l'on  observe  dans 
le  Calcaire  et  l'Aragonite,  et  dans  les  deux 
sulfures  de   Fer.   Les  chimistes  supposent 

fque,  dans  les  cas  de  ce  genre,  les  modifica- 
tions ont  lieu  en  dehors  des  molécules,  et 
n'influent  que  sur  leur  arrangement  dans 

'la  masse  générale  du  Cristal.  En  consé- 
ice,  ils  n'attribuent  pas  au  Dimor- 
phisme la  même  valeur  qu'à  l'Isomérie ,  en 
ce  qui  a  rapport  à  la  distinction  des 
ces. 
Le  Dimorphisme  est-il  un  principe  tout 
nouveau  et  entièrement  indépendant  de 
l'Isomérie?  Nous  ne  le  pensons  pas.  Si  par 
différence  isomérique  on  entend  toute  mo- 
dification qui  se  passe  à  l'intérieur  des  mo- 
lécules ,  sans  entraîner  de  changement  dans 
le  résultat  final  des  analyses,  il  est  facile 
de  voir  qu'il  peut  exister  d'autres  cas  d'Iso- 
mérie  que  ceux  qu'admettent  les  chimistes. 
Ne  reconnaissent-ils  pas  eux-mêmes  deux 
sortes  de  molécules  dans  les  corps ,  des  ato- 
mes chimiques  d'abord  ,  puis  des  molécules 
physiques,  qui  sont  le  plus  souvent  des 
groupes  ou  des  multiples  de  la  première 
sorte  d'atomes?  Et  si  le  nombre  ou  l'arran- 
gement des  atomes  chimiques  qui  compo- 
sent la  seconde  molécule  vient  à  varier,  ne 
sera-ce  point  là  une  modification  toute  mo- 
léculaire et  comparable  à  celle  que  les  chi- 
mistes ont  nommée  isomérique;  un  nou- 
veau cas  d'Isomérie  se  rapportant  cette  fois 
à  la  molécule  physique,  et  non  à  l'atome 
chimique,  et  par  cette  raison  même  ne 
pouvant  se  manifester  d'une  manière  évi- 
dente que  par  des  caractères  physiques  et 
n  laminent  par  une  différence  dans  la  forme 
cristalline?  D'ailleurs,  de  l'aveu  même  des 
chimistes,  on  ne  peut  établir  de  limite  bien 
tranchée  entre  les  cas  de  Dimorphisme  et 
ceux  d'Isomérie  proprement  dite;  et  telle 
modification  ,  qu'ils  ont  cru  devoir  rappor- 
ter au  premier  genre,  pourrait  bien  n'être 
qu'une  Isomérie  chimique,  mais  moins  sta- 
ble ou  moins  profonde  que  les  autres.  On 
peut  donc,  jusqu'à  ce  qu'on  ait  fourni  la 
preuve  du  contraire,  regarder  le  Dimor- 
phisme comme  se  rapportant,  d'une  manière 

T.   VIT. 


ou  d'une  antre,  au  principe  <!o  l' Isomérie. 
Quant  à  un  Dimorphisme  réel  et  indépen- 
dant, comme  serait  celui  d'une  substance 
dont  les  molécules  chimiques  et  physiques 
ne  varieraient  pas,  etqui  cependantcristal- 
liserait  tantôt  en  cube  et  tantôt  en  rhom- 
boèdre, c'est. jusqu'à  présent  un  fait  encore 
hypothétique. 

Le  principe  de  l'Isomérie  est  parfaitement 
d'accord  avec  les  idées  qui  dirigeaient  Ilaiiy, 
lorsqu'il  posait  les  bases  de  sa  méthode 
minéralogique,  et  l'on  peut  voir  qu'il  s'est 
appuyé  plus  tard  sur  les  mêmes  considéra- 
tions, lorsqu'il  s'est  agi  d'établir  la  non- 
identité  du  Calcaire  et  de  l'Aragonite,  de 
la  Pyrite  jaune  et  de  la  Pyrite  blanche.  Si 
ce  principe  est  favorable  à  sa  méthode,  ce- 
lui du  Dimorphisme  ne  saurait  lui  être 
opposé  comme  contraire,  tant  qu'on  n'aura 
pas  démontré  qu'il  est  par  sa  nature  tout- 
à-fait  distinct  du  premier  principe.    (Del.) 

*ISOMERÏS  Ooç,  égal  ;  p/piç,  tige),  bot. 
pu.  —  Genre  de  la  famille  des  Capparidécs- 
Cléomécs,  établi  par  Nuttal  (in  Torrey  et 
A.  Gray  Flor.  oj  Norlh.  Amer.,  I,  124). 
Arbustes  de  la  Californie.    Voy.   cappari- 

DÉES. 

*ISOMÈTRE.  Isometrus  (*»©$,  égal; 
prrpov,  mesure),  aracii.  —  Ce  genre,  qui 
appartient  à  l'ordre  des  Scorpionides ,  a  été 
établi  par  MM.  Hemprich  et  Ehrenberg  aux 
dépens  des  Scorpio  des  auteurs.  Les  carac- 
tères assignés  par  ces  savants  à  celle  nou- 
velle coupe  générique  sont:  Oculi  frontales 
très  œquali  spatio  distantes.  Omnes  hvjuscc 
formœ  corpore  gracili  et  caudœ  aculeo  basi 
dentato  conveniunt.  L'espèce  qui  peut  être 
considérée  comme  type  de  ce  nouveau  genre 
est  Ylsometrus  (Dulhus)  fdum  Hemp.  et 
Ehrenb.  (H.  L.) 

*ISO?*30RPIIIS!JïE  (ko;,  égal;  p«py*', 
forme),  lira.  —  Deux  composés  définis  sont 
ùits  isomorphes  l'un  à  l'autre  lorsque,  ayar:? 
même  type  et  même  formule  de  composition 
atomique,  ils  ont  en  outre  des  formes  cris- 
tallines très  sensiblement  égales,  en  sorte 
qu'ils  cristallisent  non  seulement  dans  h 
même  système,  mais  encore  sous  des  for 
mes  dont  les  angles  sont  très  peu  différent: 
Le  principe  de  l'Isomorphisme ,  dont  la 
science  s'est  enrichie  depuis  Ilauy,  a  CU1 
découvert  par  M.  Mitscherlicn.  Ce  célèbi:; 
chimiste  a»démontré  l'existence  de  plusieu;j 

iG 


1*22 


ISO 


ISO 


séries  de  corps,  dans  chacune  desquelles 
les  composés  se  ressemblent  à  la  fois  et  par 
leur  formule  atomique ,  et  par  leur  forme 
cristalline.  Ces  substances  sont  le  plus  or- 
dinairement des  sels  au  même  degré  de  sa- 
turation ,  et  composés  d'un  acide  commun 
et  de  bases  différentes,  ou  dune  même 
base  et  d'acides  différents,  mais  de  manière 
que  les  bases  ou  acides  qui  diffèrent  con- 
tiennent toujours  le  même  nombre  d'ato- 
mes d'oxygène.  Ces  acides  ou  ces  bases,  qui 
jouent  le  même  rôle  dans  la  combinaison, 
îont  eux-mêmes  isomorphes,  c'est-à-dire 
qu'ils  présenteraient  une  même  forme ,  si 
on  les  trouvait  cristallisés  séparément.  Ainsi, 
des  bases  ou  des  acides  qui  sont  isomorphes 
communiquent  la  même  propriété  aux  com- 
posés dont  ils  font  partie,  pourvu  que  d'ail- 
leurs tout  soit  pareil  dans  la  combinaison. 
Nous  citerons  ici,  comme  un  bel  exemple  de 
substarices  isomorphes ,  le  groupe  des  Car- 
bonates rhomboédriques ,  dans  lequel  on 
trouve  un  grand  nombre  d'espèces  dont  la 
formule  générale  de  combinaison  est  CO%RO 
(R  désignant  le  radical  variable  de  la  base). 
et  dont  les  formes  cristallines  sont  des 
rhomboèdres  obtus,  dont  l'angle  varie  au 
plus  de  un  à  deux  degrés  dans  toute  la  sé- 
rie. Voy.  CARBONATES. 

Les  substances  simples ,  dans  lesquelles 
on  a  démontré  ,  ou  dans  lesquelles  on  est 
conduit  à  admettre  l'Isomorphisme  ,  sont  : 
1"  Le  Soufre  et  le  Sélénium  ;  2"  le  Chlore 
et  le  Fluor;  3°  l'Arsenic,  l'Antimoine  et  le 
Tellure;  4°  le  Cuivre  et  l'Argent;  5°  le  Fer, 
le  Cobalt ,  le  Nickel,  le  Titane  ,  etc. 

Parmi  les  bases  à  un  seul  atome  d'oxy- 
gène, la  Chaux,  la  Magnésie,  l'oxydule  de 
Fer,  l'oxydule  de  Manganèse ,  l'oxyde  de 
Zinc,  etc.,  forment  une  première  série  de 
corps  isomorphes;  une  seconde  se  compose 
de  la  Baryte,  de  la  Strontianc,  de  l'oxyde 
<Jc  Plomb,  etc. —  Les  sesqui-oxydes  de  Fer, 
<ie  Manganèse,  de  Chrome,  de  Titane,  et 
l'.viuminesont  isomorphes  entre  eux  ;  l'oxyde 
d'iitain  et  l'acide  titanique,  tous  deux  bi- 
oxydes,  sont  pareillement  isomorphes.  Il  en 
est  de  même  des  acides  phosphorique  et  ar- 
sénique  d'une  part,  et  d'une  autre  part,  des 
acides  sulfurique,sélénique,  chromique,  etc. 
Enfin  nous  citerons  encore  comme  isomor- 
phes les  deux  acides  tungstique  et  molyb- 
dique. 


Les  composés  isomorphes,  ayant  le  même 
type  chimique  de  combinaison,  ont  par  cela 
même  des  molécules  physiques  de  forme 
analogue  ;  et  leurs  molécules ,  sans  être 
complètement  identiques,  sont  sensiblement 
équivalentes  au  point  de  vue  physique  ,  et 
sous  le  rapport  de  la  cristallisation ,  qui 
peut  employer  ces  molécules  indifférem- 
ment les  unes  pour  les  autres,  malgré  leur 
différence  de  nature  chimique.  M.  Mitscher- 
lich  a  démontré  en  effet,  par  l'expérience 
et  par  l'observation  ,  que  les  molécules  des 
composés  isomorphes  avaient  la  propriété  de 
se  mêler  et  de  cristalliser  ensemble,  con- 
courant toutes  de  la  même  manière  à  for- 
mer un  cristal  unique  ,  tout  aussi  régulier 
que  s'il  était  composé  d'une  seule  sorte  de 
molécules,  et  dans  lequel  on  retrouve  les 
mêmes  caractères  généraux ,  avec  des  va- 
leurs d'angles  approximativement  les  mê- 
mes. Ces  diverses  molécules  peuvent  donc 
se  remplacer  les  unes  les  autres  ;  et  non 
seulement  le  cristal  qui  a  été  formé  avec  des 
molécules  d'une  espèce  peut  continuer  à 
s'accroître  avec  des  molécules  d'une  autre 
espèce ,  ainsi  qu'on  l'a  remarqué  depuis 
longtemps  pour  les  cristaux  d'alun  potassi- 
que, transportés  tout-à-coup  dans  une  dis- 
solution d'alun  ammoniacal ,  mais  encore 
les  molécules  isomorphes  d'espèces  différen- 
tes,  si  elles  sont  dissoutes  dans  le  même 
liquide,  peuvent  se  déposer  en  même  temps 
les  unes  à  côté  des  autres,  en  se  mélangeant 
uniformément  dans  chacune  des  couches 
planes  et  des  fils  rectilignes  dont  se  com- 
pose le  réseau  cristallin.  Ces  cristallisations 
mixtes  ,  formées  de  molécules  de  différente 
nature  ,  étaient  inconnues  à  Hauy  :  ce  mi- 
néralogiste ne  croyait  pas  qu'un  cristal  ré- 
gulier pût  être  constitué  autrement  que 
par  des  molécules  parfaitement  identiques. 
Depuis  la  découverte  des  faits  relatifs  à  1*1- 
somorphisme  ,  les  idées  ont  dû  changer  sur 
ce  point  ;  et  tout  le  monde  admet  aujour- 
d'hui l'existence  de  ces  cristaux  à  molécules 
de  plusieurs  sortes,  mais  toutes  isomorphes 
entre  elles. 

Dans  ces  cas  de  mélanges,  l'angle  du 
cristal  mixte  a  une  valeur  peu  différente  de 
celle  des  cristaux  simples  que  produirait 
chaque  espèce  de  molécule;  et  d'après  une 
loi  d'observation,  remarquée  par  M.  Beudant 
dans  les  mélanges  de  carbonates ,  il  a  une 


ISO 


ISO 


123 


valeur  intermédiaire  qui  est  toujours  une 
moyenne  arithmétique  entre  les  angles 
propres  à  ces  substances,  prise  proportion- 
nellement à  la  quantité  atomique  de  cha- 
cune d'elles.  Cette  même  loi  est  sans  doute 
applicable  à  tous  les  cristaux  dont  la  déter- 
mination ne  dépend  que  d'un  seul  angle, 
et  par  conséquent  aux  octaèdres  à  base  car- 
rée. Quant  aux  cristaux  des  derniers  systè- 
mes ,  dont  la  détermination  complète  dé- 
pend de  deux  ou  d'un  plus  grand  nombre 
d'angles ,  nul  doute  qu'il  n'y  ait  une  loi 
analogue  et  plus  générale  qui  leur  convienne; 
mais  cette  généralisation  de  la  loi  de  M.  Beu- 
dant  est  encore  à  trouver. 

Les  mélanges  de  composés  isomorphes 
expliquent  les  variations  sans  nombre  que 
l'on  observe  dans  les  analyses  des  anciens 
Spaths  de  la  minéralogie ,  dans  celles  des 
Grenats  ,  des  Pyroxènes  ,  des  Amphibo- 
les ,  etc.  Toutes  ces  anciennes  espèces  sont 
généralement  composées  de  plusieurs  sub- 
stances isomorphes  qui  se  mélangent  entre 
elles  dans  toutes  sortes  de  proportions. 
Pendant  longtemps  leurs  analyses  ont  fort 
embarrassé  les  chimistes  et  les  minéralo- 
gistes ;  elles  semblaient  n'accuser  que  des 
mélanges  accidentels  ,  dans  lesquels  on  n'a- 
percevait rien  de  fixe.  Depuis  la  découverte 
de  risomorphisme ,  on  est  parvenu  à  les 
interpréter  et  à  les  calculer  d'une  manière 
rigoureuse.  La  règle  que  l'en  suit  pour  cela 
consiste  à  rassembler  toutes  les  bases  qui 
sont  isomorphes  entre  elles  ,  et  à  traiter 
toutes  celles  d'un  même  groupe  ,  comme  si 
elles  étaient  identiques  ,  en  oubliant  la  dif- 
férence de  leurs  radicaux  ;  elles  donneront 
toujours  alors  le  même  nombre  d'atomes  ou 
la  même  quantité  d'oxygène  que  donnerait 
une  seule  d'entre  elles  pour  la  quantité  d'a- 
cide qui  correspond  à  elles  toutes. 

Hatiy  était  loin,  comme  nous  l'avons  dit, 
de  soupçonner  la  possibilité  de  risomor- 
phisme. Il  pensait  que  deux  minéraux  de 
composition  différente  ne  pouvaient  avoir  la 
même  forme,  à  moins  que  ce  ne  fût  une  de 
ces  formes  régulières  qu'il  a  appelées  formes 
limites.  La  découverte  de  M.  Mitscherlich 
a  fait  voir  ce  que  cette  assertion  renfermait 
d'inexact;  elle  ne  l'a  pas  complètement  dé- 
truite, comme  on  l'a  souvent  répété;  car  il 
faut  convenir  que ,  même  dans  les  compo- 
sés le  plus  exactement  isomorphes,  la  diffé- 


rence de  nature  des  éléments  est  toujours 
marquée  par  une  différence  correspondante 
dans  la  mesure  des  angles  ,  les  formes  du 
système  cubique  exceptées  ;  mais  cette  diffé- 
rence est  quelquefois  très  faible  et  difficile 
à  saisir. 

Le  principe  de  l'Isomorphisme ,  énoncé 
d'abord  d'une  manière  assez  inexacte,  mais 
bientôt  ramené  par  son  auteur  à  sa  véritable 
signification  ,  a  donné  lieu ,  comme  celui  du 
dimorphisme  ,  à  de  nouvelles  attaques  con- 
tre la  méthode  d'Hatiy.  On  a  été  jusqu'à 
proclamer  sa  défaite  ;  on  a  pris  occasion,  de 
là  ,  pour  annoncer  que  la  minéralogie  ve- 
nait d'être  à  tout  jamais  replacée  sous  l'em- 
pire des  lois  de  la  chimie.  C'était  bien  mal 
apprécier  la  valeur  et  la  portée  du  nouveau 
principe,  qui,  loin  de  chercher  à  mettre 
aux  prises  les  deux  sciences  ,  est  venu  plu- 
tôt pour  les  réconcilier,  et  pour  cimenter 
entre  elles  une  éternelle  alliance.  Qu'est-ce 
en  effet  que  l'Isomorphisme,  si  ce  n'est  une 
relation  établie  entre  la  forme  cristalline  et 
la  composition  chimique ,  relation  qui  se 
manifeste  dans  un  grand  nombre  de  cas  où 
le  chimiste  et  le  cristallographe ,  au  lieu 
d'opérer  isolément ,  peuvent  marcher  de 
concert  et  contrôler  leurs  résultats  les  uns 
par  les  autres?  A  l'aide  de  ce  principe  ,  les 
deux  sciences  désormais  se  prêteront  un 
mutuel  secours  ,  et  parviendront  par  là  à 
éviter  les  erreurs  dans  lesquelles  chacune 
d'elles  est  tombée  jusqu'ici,  lorsqu'elle  a  été 
livrée  à  elle-même.  (Delafosse.) 

*  ISOMYS  (Vjoç,  égal  ;  ^ûç,  rat),  mam.  — 
Petit  groupe  de  Rongeurs  formé  par  M.  Sun- 
deval  (F.  Acad.  handl.,  1842)  aux  dépens 
du  grand  genre  Rat.  Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

ISONEMA  (tffoç,  égal;  vviaa,  filament). 
bot.  ph.  —  Cass.,  syn.  de  Cyanopis,  Blume. 

—  Genre  de  la  famille  des  Apocynacées-Échi- 
tées,  établi  par  R.  Brown  {in  Mem.  Werner. 
Soc,  I,  63).  Arbrisseaux  de  l'Afrique  tropi- 
cale. Voy.  APOCYNACÉES. 

*ISOIVOTUS  (fros,  égal  ;  v£toç,  dos),  ins. 

—  Genre  de  Coléoptères  pentamères ,  fa- 
mille des  Xylophages,  tribu  des  Passandri- 
tes ,  créé  par  Perty  (  Detectus  animalium 
arliculorum,  p.  114,  tab.  22,  fig.  15),  et 
qui  a  pour  type  une  espèce  du  Brésil,  nom- 
mée /.  castaneus  par  l'auteur.  (C.) 

*IS0N1CMJS  (froç,  égal;  8wÇ,  ongle). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  pentamères, 


124 


ISO 


famille  des  Lamellicornes,  tribu  des  Scara- 
béides  phyllophages ,  crée  par  M.  de  Man- 
nerheim  [Nouveaux  Mémoires  des  natura- 
listes de  Moscou,  t.  1,  pi.  1,  fig.  1),  et  qui 
ne  renferme  qu'une  seule  espèce  indigène 
du  Brésil,  17.  suturalis  de  l'auteur.  (G.) 
"  3DO^T  (Tcxoç,  égal;  Mov'ç,  dent),  mam. 
—Genre  de  Mammifères  marsupiaux,  formé 
aux  dépens  des  Didelphes  par  M.  E.  Geof- 
froy-Saint-IIilaire  (Cours  du  Mus.,  1817),  et 
caractérisé  par  A. -G.  Desmarest  (in  Dict. 
d'hisl.  nat.,  XVI,  1817).  Les  Isoodons  ont 
pour  caractères  :  Dix  incisives  supérieures 
égales  entre  elles,  deux  canines  à  chaque 
mâchoire,  huit  molaires  de  chaque  côté  à  la 
supérieure  et  six  à  l'inférieure,  ce  qui  fait 
en  tout  cinquante  dents;  cinq  doigts  aux 
pieds  de  devant,  l'ongle  du  doigt  extérieur 
étant  le  plus  court;  quatre  doigts  aux  pieds 
de  derrière,  les  deux  internes  étant  réunis 
sons  la  peau  jusqu'aux  ongles,  qui  sont  en- 
veloppés. Ce  genre  établit  le  passage  cntie 
les  Peramèles  et  les  Potoroos. 

On  ne  connaît  qu'une  seule  espèce  d'Isoo- 
don  ,  c'est  le  Didelphis  obesula  Shaw  (Nal. 
min.,  n°  96,  t.  298,  etc.),  dont  le  pelage  est 
d'un  ferrugineux  jaunâtre  en  dessus  et  blan- 
châtre en  dessous.  On  n'en  connaît  qu'un 
seul  individu,  qui  fait  partie  de  la  collection 
de  Hunter,  et  qui  a  été  trouvé  à  la  Nouvelle- 
Hollande.  (E.  D.) 

1SQPIILÏS.  polyp.—  Rafincsquc  -Schmaltz 
(Car.  gen.  et  sp.,  t.  20,  f.  3)  désigne  sous 
le  nom  tf  Isophlis  un  genre  de  production 
marine  qu'il  croit  une  plante ,  mais  que 
Lamarck  regarde  comme  un  groupe  de  Po- 
lypiers sarcoïdes.  Les  Isophlis  se  présentent 
comme  une  substance  gélatineuse,  transpa- 
rente, plane,  presque  arrondie,  garnie  sur 
presque  toute  leur  partie  supérieure  de  sé- 
minules  en  partie  enchâssées,  rondes,  situées 
en  lignes  circulaires  et  concentriques.  Une 
seule  espèce  entre  dans  ce  groupe;  c'est 
ï 'Isophlis  concenlrica  Raûn.,  qui  a  été  obser- 
vée sur  les  côtes  de  Sicile.  (E.  D.) 

ISOPIIYLUJM,  Hoffm.  bot.  ph.  —  Syn. 
de  Bupleurum,  Tourn. 

*!SOPLEURUS  Ooç,  égal;  *3U3p«  , 
côté),  ins.—  Genre  de  Coléoptères  pentamè- 
rcs,  famille  des  Carabiques,  tribu  des  Su- 
bulipalpes,  établi  par  Kirby  (Fauna  boreali 
americana  ,  p.  49),  qui  en  fait  le  type 
U'unenuuycIIe  famille  :  celle  des  Isovleurides. 


ISO 

L'espèce  rapportée  à  ce  genre  est  originaire 
du  Canada;  elle  a  été  nommée  /.  nilidus. 

(C) 
1SOPODES.  Isopoda  (uro;,  semblable; 
kov; ,  pied),  crust.  —  Ce  nom  désigne  un 
ordre  de  Crustacés  qui  a  été  établi  par 
Latreille,  et  qui  se  compose  principale- 
ment de  Crustacés  désignés  par  Linné  sous 
le  nom  générique  d'Oniscus.  Ces  animaux 
ont,  de  même  que  les  Amphipodes,  l'ab- 
domen très  développé,  ce  qui  les  fait  dis- 
tinguer au  premier  coup  d'œil  des  Lœrno- 
dipodes  ;  et  ils  diffèrent  des  premiers  par 
la  conformation  des  membres  abdominaux, 
et  presque  toujours  aussi  par  l'absence 
d'appendices  membraneux  analogues  aux 
vésicules  qui ,  dans  les  deux  ordres  précé- 
dents, se  voient  sous  le  thorax,  et  y  rem- 
plissent les  fonctions  de  branchies.  Le  corps 
des  Isopodcs  est  déprimé  ,  en  général  assez 
large,  et  souvent  ovalairc.  Leur  tête  est  pe- 
tite, et  presque  toujours  distincte  du  pre- 
mier anneau  thoracique  ;  les  yeux  sont  pla- 
cés sur  les  côtés  de  la  face  supérieure ,  et 
les  antennes  en  occupent  la  partie  anté- 
rieure. Ces  appendices  sont  au  nombre  de 
quatre,  et  sont  en  général  de  longueur  mé- 
diocre; ils  sont  ordinairement  dirigés  hori- 
zontalement en  dehors,  et  quelquefois  ceux 
de  la  première  paire  sont  rudimentaires. 
L'appareil  buccal  est  ordinairement  très 
développé  et  bien  complet.  On  y  voit  un 
labre  qui  est  grand;  une  paire  de  mandi- 
bules qui  sont  fortes,  bien  dentées;  une 
lèvre  inférieure  bilobée  ;  deux  paires  de 
mâchoires  dont  la  conformation  varie,  mais 
dont  le  développement  est  considérable.  Le 
thorax  se  compose  de  sept  anneaux  mobiles 
dont  les  bords  latéraux  sont  lamellcux,  et 
s'avancent  de  chaque  côté  au-dessus  de  la 
base  des  pattes.  Les  pattes  sont  presque 
toujours  au  nombre  de  sept  paires,  et  sont 
aussi  presque  toujours  terminées  toutes  par 
un  ongle  plus  ou  moins  acéré;  souvent  elles 
sont  plus  ou  moins  préhensiles,  et  chez  les 
femelles,  il  existe  à  la  base  de  la  plupart  de 
ces  organes  une  grande  lame  cornée,  qui  se 
porte  horizontalement  en  dedans,  et  consti- 
tue avec  ses  congénères  une  grande  poche 
sous-thoracique  destinée  à  loger  les  œui's 
pendant  l'incubation.  L'abdomen  est  pres- 
que toujours  développé;  mais  souvent  plu- 
sieurs des  anneaux  dont  il  se  compose  sont 


ISO 


ISO 


1^5 


confondus  en  un  seul  article  ;  du  reste,  sa 
portion  terminale  affecte  toujours  la  forme 
d'une  lame  plus  ou  moins  grande  ,  et  les 
membres  qui  s'y  insèrent  sont  au  nombre 
(ie  six  paires.  Les  fausses  pattes  des  cinq 
premières  paires  sont  suspendues  sous'l'ab- 
domen,  et  servent  évidemment  à  la  respi- 
ration; elles  se  composent  toujours  d'un 
article  pcdonculaire ,  portant  à  son  extré- 
mité deux  grandes  feuilles  ovalaires  et  plus 
ou  moins  membraneuses,  qui  se  recouvrent 
l'une  l'autre.  Les  fausses  pattes  de  la  sixième 
paire  diffèrent  toujours  de  toutes  celles  qui 
précèdent ,  et  constituent  tantôt  une  sorte 
de  queue  styliforme,  et  d'autres  fois  se  réu- 
nissent à  la  lame  terminale  de  l'abdomen 
pour  constituer  une  nageoire  caudale  à  trois 
ou  cinq  lames  disposées  en  éventail. 

La  structure  intérieure  des  Isopodes  pré- 
sente aussi  des  particularités  remarquables. 
Le  cœur  a  la  forme  d'un  vaisseau  médian , 
qui  s'étend  au-dessus  de  l'intestin  dans  une 
e'îcndue  plus  ou  moins  considérable  ,  et  qui 
occupe  la  partie  postérieure  du  corps  ;  anté- 
rieurement, il  en  part  trois  artères  princi- 
pales qui  se  "portent  vers  la  tête,  et  de  cha- 
que côté  ,  d'autres  branches  s'en  détachent 
pour  gagner  les  pattes.  Il  paraît  aussi  exis- 
ter des  canaux  qui  conduisent  des  lamelles 
respiratoires  sous -abdominales  au  cœur; 
enfin  le  sang  paraît  arriver  dans  ces  la- 
melles par  l'intermédiaire  de  grandes  lacu- 
nes, ou  sinus  veineux,  situées  à  la  face  ven- 
trale du  corps.  L'estomac  est  peu  développé 
et  l'intestin  droit;  le  foie  est  remplacé  par 
des  appendices  qui  ont  beaucoup  d'analogie 
avec  les  vaisseaux  biliaires  des  Insectes.  Le 
système  nerveux  se  compose  d'une  chaîne 
de  ganglions  qui  occupe  toute  la  longueur  du 
L'appareil  de  la  reproduction  se  com- 
pose, chez  la  femelle,  de  deux  ovaires  à  peu 
droits,  et,  chez  le  mâle,  de  deux 
roupes  de  petits  organes  fusiformes,  dont 
ies  conduits  excréteurs  se  réunissent  pour 

er  de  chaque  côté  de  l'intestin  un  canal 
afférent,  lequel  aboutit  au  dehors ,  tantôt 

de  la  base  des  pattes  postérieures,  tan- 
tre  la  hanche  des  premières  pattes.  Il 
est  aussi  à  noter  que  les  Isopodes  naissent 
souvent  avant  que  d'avoir  acquis  toutes  les 
parties  dont  ils  seront  pourvus  à  l'âge  adulte, 
et  que  souvent  aussi  la  forme  de  leur  corps 
se  modifie  beaucoup  par  les  progrès  de  l'âge. 


Cet  ordre  a  été  divisé  en  trois  sections,  dé- 
signées sous  les  noms  d'Isopodes  marcheurs, 
d'Isopodes  nageurs  et  d'Isopodes  sédentai- 
res. Voy.  ces  mots.  (H.  L.) 

ISOPODES  MARCHEURS,  crust.  — 
M.  Milne^Edwards,  dans  son  Hist.  nat.  des 
Crustacés ,  emploie  ce  mot  pour  désigner 
dans  l'ordre  des  Isopodes  une  section  dont 
les  Crustacés  qui  la  composent  ont  les  der- 
nières fausses  pattes ,  tantôt  transformées 
en  opercules  et  cachées  sous  l'abdomen  ; 
d'autres  fois  prolongées  en  forme  de  stylets 
à  l'extrémité  postérieure  du  corps ,  ne  se 
terminant  jamais  par  des  appendices  folia- 
cés ,  et  ne  constituant  pas  avec  le  dernier 
article  de  l'abdomen  une  sorte  de  nageoire 
en  éventail.  Les  antennes  de  la  première 
paire  sont  presque  toujours  très  courtes,  et 
souvent  même  tout-à-fait  rudimentaires  ; 
mais  celles  de  la  seconde  paire  sont  tou- 
jours bien  développées.  L'appareil  buccal 
est  complet,  et  les  pattes-mâchoires  sont 
allongées,  terminées  par  une  branche  palpi- 
forme,  et  pourvues  d'une  appendice  acces- 
soire fixe  au  côté  externe  de  leur  base.  En- 
fin les  pattes  sont  conformées  de  manière 
à  pouvoir  servir  presque  toutes  à  la  marche. 
Ce  groupe  renferme  trois  familles  nom- 
mées :  Isotéides  ,  Asellotes  et  Cloportides. 
Voy.  ces  mots.  (H.  L.) 

ISOPODES  NAGEURS,  crust.  —  Cette 
section  ,  qui  appartient  à  l'ordre  des  Iso- 
podes,  a  été  établie  par  M.  Milne-Edwards 
pour  des  Crustacés  dont  l'abdomen  se  ter- 
mine par  une  grande  nageoire  garnie  laté- 
ralement de  pièces  lamelleuses  appartenant 
aux  fausses-pattes  de  la  quatrième  paire. 
Le  dernier  segment  abdominal  est  toujours 
lamelleux;  les  dernières  fausses  pattes  s'in- 
sèrent sous  son  bord  latéral ,  et  se  compo- 
sent d'un  article  basilaire  court  et  plus  ou 
moins  cylindrique.  Le  corps  est  générale- 
ment très  large,  et  la  tête  transversale.  Les 
quatre  antennes  sont  presque  toujours  à  peu 
près  de  même  forme ,  et  celles  de  la  pre- 
mière paire  sont  toujours  bien  développées. 
Les  mandibules  sont  pourvues  d'un  grand 
appendice  palpiforme.  Les  pattes  sont  cour- 
tes ,  conformées  pour  la  marche  et  pour  la 
préhension.  Du  reste,  ces  animaux  présen- 
tent, tant  dans  leur  structure  que  relative- 
ment à  leurs  mœurs,  des  différences  consi- 
dérables qui  ont  permis  de  les  diviser  en 


426 


ISO 


trois  familles  désignées  sous  les  noms  de 
Praniziens,  Sphéromiens  et  Cymothoadiens. 
Voy.  ces  mots.  (H.  L.) 

ISOPODES  SÉDENTAIRES.  caosT.  — 
Les  animaux  qui  forment  cette  section,  qui 
appartient  à  l'ordre  des  Amphipodes,  et  qui 
a  été  établie  par  M.  Milne-Edwards,  se  com- 
posent de  Crustacés  complètement  parasites, 
qui  vivent  fixés  sur  le  corps  d'autres  Crus- 
tacés. Les  individus  femelles  grandissent 
beaucoup,  et  semblent  se  déformer  par  les 
progrès  de  l'âge,  tandis  que  les  mâles  res- 
tent très  petits,  et  se  rapprochent  beaucoup 
plus,  par  leur  structure,  des  Isopodes  ordi- 
naires. Chez  les  uns  et  les  autres,  les  an- 
tennes sont  plus  ou  moins  rudimentaires  ; 
les  pattes  sont  très  courtes  et  ancreuses  ; 
l'abdomen  est  peu  développé,  et  se  rétrécit 
graduellement  jusqu'à  son  extrémité;  son 
sixième  segment  est  très  petit  et  dépourvu 
d'appendices;  la  hanche  est  garnie  de  pat- 
tes-mâchoires lamelleuses  et  de  mandibules 
non  palpifères;  les  mâchoires  sont  plus  ou 
moins  distinctes,  et  paraissent  conformées 
pour  la  succion  aussi  bien  que  pour  la  di- 
vision des  aliments  solides.  Chez  le  mâle  , 
le  corps  se  compose  de  treize  ou  quatorze  ar- 
ticles bien  distincts,  dont  un  pour  la  tête, 
sept  pour  le  thorax  ,  et  cinq  ou  six  pour 
l'abdomen  ;  le  thorax  est  étroit  et  les  yeux 
distincts.  Chez  la  femelle,  au  contraire,  les 
anneaux  de  l'abdomen ,  et  même  ceux  de 
tout  le  corps,  sont  plus  ou  moins  confondus 
entre  eux  ;  le  thorax  s'élargit  beaucoup,  et 
les  yeux  cessent  d'être  visibles.  Cette  sec- 
tion comprend  deux  familles,  désignées  sous 
les  noms  de  Bopyriens  et  de  Ioniens.  Voy. 
ces  mots.  (H.  L.) 

ISOPOGON  (750Ç,  égal;  *<Sya»v,  barbe). 
bot.  ph. —  Genre  de  la  famille  des  Protéa- 
cées,  établi  par  R.  Brown  (inLinn.  Trans., 
X,  70).  Arbrisseau  de  la  Nouvelle-Hollande. 

Voy.  PROTÉACÉES. 

*ISOPTERUS  (froç,  égai  ;  rcr/pov,  aile). 
ns.  —  Genre  de  Coléoptères  hétéromères, 
famille  des  Mélasomes,  tribu  des  Opatrides, 
proposé  par  M.  Hope  (Coleopterisfs  Manual, 
1840,  p.  110),  et  qui  ne  renferme  qu'une 
espèce  :  17.  australasiœ  H.  (C.) 

ISOPYRUM  (>oÇ,  égal;  ^Po5,  grain). 
bot.  ph.  —Genre  de  la  famille  des  Rcnon- 
culacées-Helléborées,  établi  par  Linné  (Gcn., 
n°  701).  Herbes  des  contrées  boréales  du 


ISO 

globe.  Voy.  renonculacées.—  Adans.,  syn. 
(ÏHepalica  ,  Dillen. 

*ISORHIPIS  (ko?,  égal  ;  pWç, panache). 
ins.  — Genre  de  Coléoptères  pentamères,  fa»- 
mille-des  Sternoxes ,  tribu  des  Eucnémides, 
créé  par  MM.  Boisduval  et  Th.  Lacordaire 
(Faune  entom.  desenv.  de  Paris,  t.  I,p.  G23), 
et  adopté  par  M.  Dejean  ,  qui,  dans  son  Ca- 
talogue ,  en  cite  trois  espèces  :  les  /.  Le- 
paigei,  Ruftpes  et  Brasiliensis.  La  pre- 
mière a  été  trouvée  aux  environs  d'Épi- 
nal,  dans  les  forets  de  Fontainebleau  et  do 
Compiègne;  la  seconde  est  originaire  des 
États-Unis ,  et  la  troisième  du  Brésil.   (C.) 

*ISORHYNCIH]S(rJOç,  égal;  p%oç,  bec). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  tétrarnères,  fa- 
mille desCurculionides  gonatocères,  division 
des  Cholides,  créé  par  Schœnherr  (Synon. 
gen.  et  sp.  Curculion. ,  t.  III,  p.  631)  avec 
une  espèce  du  cap  de  Bonne-Espérance ,  le 
C.   pudicus  Sparm.  (C.) 

*ISOSCÈLES./soscetes.ARACH. — Ce  nom, 
employé  par  M.  Walckenaër,  désigne  dans 
son  Hist.  nat.  des  Ins.  api.,  une  race  qui 
appartient  au  genre  des  Plectana,  et  dont  les 
espèces  qui  la  composent  sont  ainsi  carac- 
térisées :  Abdomen  triangulaire,  allongé, 
dont  les  deux  côtés  du  dos  du  triangle  sont 
de  beaucoup  plus  allongés  que  le  côté  pos- 
térieur qui  forme  la  base.  Douze  espèces  de 
Plectana  appartiennent  à  cette  race.  (H.  L.) 

*ISOSCELES.  ins.  —  Syn.  iïOberea, 
Muls.,Dej.etMég.  (C.) 

*ISOSOMA  (îffoç,  égal;  cSn<x,  corps),  ins. 
—  Genre  de  Coléoptères  pentamères,  fa- 
mille des  Malacodermes ,  tribu  des  Cébrio- 
nites,  proposé  par  M.  de  Mannerheim,  et 
publié  par  le  docteur  Faldermann  (Fauna 
entom.  transe.  Nouv.  Mém.  de  la  Soc.  impér. 
des  natural.  de  Moscou,  t.  IV,  p.  181).  La 
seule  espèce  de  ce  genre,  17.  elateroide,  est 
propre  à  la  Russie  méridionale.  (C.) 

*ISOSTIGMA  (ïcroç,  égal  ;  ar^aa,  stig- 
mate ).  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Composées-Sénécionidées,  établi  par  Lessing 
(  in  Linnœa ,  VI,  513  ).  Herbes  vivaces  du 
Brésil.  Voy.  composées. 

*ISOTÈLE.  Isotelus.  crust.  —  Genre  de 
la  classe  des  Trilobites ,  établi  par  M.  Dekay 
pour  des  Crustacés  fossiles  dont  le  corps 
est  plus  régulièrement  ovalaire  que  chez  la 
plupart  des  autres  Trilobites.  La  tête  n'est 
en  général  que  faiblement  trilobée,  et  varie 


ISO 


ISS 


227 


beaucoup  sous  le  rapport  de  la  forme  et  de 
la  grandeur  relative  de  la  région  frontale, 
delà  position  des  yeux,  etc.  ;  en  gênerai,  le 
lobe  médian  est  à  peine  lobule,  et  le  sillon 
occipital  est  à  peine  marqué.  Les  yeux  sont 
réniformes,  assez  saillants  et  réticulés.  Le 
thorax  se  compose  de  sept,  huit,  neuf  ou 
dix  anneaux  divisés  bien  distinctement  en 
trois  lobes  ,  obtus  à  leurs  extrémités  laté- 
rales ,  et  pouvant  glisser  les  uns  sur  les  au- 
tres de  manière  à  permettre  à  l'animal  de 
se  rouler  en  boule.  L'abdomen  est  repré- 
senté par  un  grand  bouclier  plus  ou  moins 
distinctement  trilobé,  et  dont  les  anneaux 
constituants  ne  sont  reconnaissables  que  sur 
le  lobe  médian  etquelquefois  dans  la  portion 
voisine  des  lobes  latéraux,  mais  sont  si  in- 
timement liés  entre  eux  latéralement,  qu'on 
n'y  aperçoit  plus  aucun  indice  de  leur 
soudure.  Ce  genre  renferme  douze  à  qua- 
torze espèces  dont  le  type  est  I'Isotèle  gi- 
gantesque ,  Isotelus  gigas  Dekay  ;  celte 
remarquable  espèce  a  été  trouvée  dans  un 
calcaire  de  transition  noirâtre,  à  Tranuton- 
files,  aux  environs  de  Cincinnati,  et  dans 
d'autres  localités  de  l'Amérique  septen- 
trionale. (H.  L.) 

*  ISO  TÉ  LIENS.  Isotelii.  crust.  — 
M.  Milne-Edwards,  dans  son  Hist.  nat.  des 
Crust.,  désigne  sous  ce  nom  une  famille  de 
Crustacés  qui  appartient  à  la  classe  des  Tri- 
lobites  et  dont  les  espèces  qui  la  composent 
ont  pour  caractères:  Corps  contractile,  très 
épais.  Thorax  unilobé,  quelquefois  distinc- 
tement trilobé.  Lobe  frontal  terminé  par  un 
prolongement  rostriforme  très  saillant,  quel- 
quefois simplement  arrondi  en  avant.  Yeux 
lisses,  quelquefois  aussi  granulés.  Abdomen 
très  grand,  scutiforme  et  sans  divisions 
segmentaires.  Cette  famille  renferme  les 
genres  Nileus,  Amphyx  et  Isotelus.  Voy.  ces 
mots.  (H.  L.) 

*ISOTHECIUM(?cro,-,  plan;  6/îx'ov,  petite 
boîte),  bot.  cit.  —  Genre  de  Mousses  brya- 
cécs ,  établi  par  Bridel  (  Bryol. ,  II ,  335  , 
t.  10)  pour  des  Mousses  vivaces  indigènes 
ies  régions  tropicales.  Voy.  bryacées. 

*ISOTHRIX  (koç,  égal  ;6pi';,  queue). 
hasi.  —  Groupe  de  Rongeurs  indiqué  par 
M.  Wagner  dans  les  Archives  de  Wiegman, 
U,  1845.  (E.  D.) 

*ISOTOMA  (fcxo;,  égal  ;  tojmi»  coupure  ). 
lus.  —Genre  de  Coléoptères  hcHérorot-res * 


famille  des  Trachélydes  ,  tribu  des  Lagriai- 
res ,  formé  par  Dejcan,  dans  son  Catalogue, 
avec  une  espèce  des  environs  de  Buenos- 
Ayres,  et  que  l'auteur  nomme  /.  reifese- 
cus.  (C.) 

*ISOTOME.  Isoloma.  ins.  —  Syiud'Or- 
chcsella.  Voy.  ce  mot.  (H.  L.) 

ISOTRIA  ,  Rafin.  bot.  pu.  —  Syn.  de 
Pogonia,  Juss. 

*ISOTROFIS  (faoç,  plan;  rpome,  carène). 
bot.  pu.  —  Genre  de  la  famille  des  Papi- 
lionacées-Podalyriées  ,  établi  par  Bentham 
(in  Enumer.  plant.  Hiigel.,  28).  Herbes 
de  la    Nouvelle-Hollande.   Voy.  papiliona- 

CÉES. 

ISOTYPUS  (  ïffoTvwos ,  qui  a  la  même 
forme),  bot.  pu.  —  Genre  de  la  famille  des 
Composées-Mutisiacées,  établi  par  H.  B. 
Kunth  (in  Ilumb.  et  Bonpl.,  Nov.  gen.  et  sp.t 
IV,  9,  t.  307).  Herbes  de  l'Amérique  tro- 
picale. Voy.  COMPOSÉES. 

ISPIDA.  ois.  —  Voy.  martin-pècheur. 

ISSÏDES.  irs.  —  Syn.  d'Issites. 

*ISSIDLEROMYS.  mam.  -  —  M.  l'abbé 
Croizet  désigne  sous  ce  nom  un  petit  groupe 
de  Rongeurs  fossiles.  (E.  D  ) 

*ISSITES.  Issitœ.  ins. —Groupe  de  la 
famille  des  Fulgorides ,  de  l'ordre  des  Hé- 
miptères ,  caractérisé  par  un  front  séparé 
au  moyen  d'un  rebord  des  parties  latérales 
par  un  prothorax  et  un  mésothorax  réunis 
beaucoup  plus  larges  que  longs,  et  par  des 
antennes  extrêmement  courtes.  Nous  rat- 
tachons seulement  à  ce  groupe  les  genres 
Eurybrachis,  Guér.,  et  Issus,  Fabr.  M.  Spi- 
nola  a  ajouté  celui  de  Mycterodes  ,  et 
MM.  Amyot  et  Serville  ,  celui  d'Hysterop- 
terum.  Voy.  issus.  (Bl.) 

ISSOIDES.  ins.  —  Syn.  d'Issites. 

ISSUS  (Issus,  nom  d'une  ville),  ins.  — 
Genre  de  la  tribu  des  Fulgoriens ,  de  l'or- 
dre des  Hémiptères,  groupe  des  Issites, 
établi  par  Fabricius,  et  adopté  par  tous  les 
entomologistes.  Les  Issus  sont  peu  nom- 
breux en  espèces.  Le  type  du  g.  se  trouve 
assez  communément  dans  une  grande  par- 
tie de  l'Europe  :  c'est  VI.  coleoplratus  Fah. 
Nous  rattachons  à  ce  genre,  comme  simples 
divisions,  les  Hysteroplerum  de  MM.  Amyot 
et  Serville ,  et  les  Mycterodes  de  M.  Spi- 
nola.  Ces  derniers  cependant  pourraient 
sansdoute  être  considérés  comme  constituant 
un  genre  particulier,  la  forme  do  la  tête 


128 


II II 


permettant  de  les  distinguer  assez  facile- 
ment, des  Issus  proprement  dits.       (Bl.) 

♦ISTHMIA.  infus.— GrdUpc  d'Infusoires 
de  la  famille  des  Bacillariés ,  indiqué  par 
M.  Agardh {Consp.  crit.  diaf.,  1832).  (E.D.) 
ISTIOCERCUS  (éffTto»,  voile;  xep»©ç , 
queue),  rept.  —  Division  des  Stellions , 
indiquée  par  M.  Fitzinger  {Syst.  Rept., 
1843).  (E.D.) 

I5TIOP1IORE.  poiss.  —  Voy.  voîlikr. 
*ISTIOPHORUS  (  tffTt'ov  ,  voile  ;  yope'w  , 
je  porte),  mam.  —  M.  Gray  {Mag.  zool.  et 
bot.,  II,  1838)  désigne  sous  ce  nom  un 
genre  de  Chéiroptères  qui  ne  présente  pas 
d'intérêt.  (E.D.) 

♦SSTIURE.  Isliurus  (i«tiov,  voile;  oùo^, 
queue),  rept.  —  Genre  de  Sauriens  appar- 
tenant aux  Iguanicns  acrodontes ,  proposé 
par  G.  Cuvier.  MM.  Duméril  et  Bibron 
{Erpétologie  générale  ,  t.  IV)  lui  rapportent 
les  trois  espèces  suivantes  :  Istiurus  amboi- 
nensis,  Lacerla  amboinensis  de  G  me  lin  déjà 
signalé  par  Valentin  ,  et  qui  est  des  Molu- 
ques;  I.  Lesueurii  Dum.  et  Bibron,  de  la 
Nouvelle-Hollande;  I.  physignathus  id.,  de 
la  Cochinchine  (  Physignathus  cocincinus 
Cuv.).  (P-  G-) 

ITEÀ.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Saxifragacées-Esealloniées  ,  établi  par 
Linné  (Gen.,  n.  275).  Arbrisseaux  de  l'A- 
mérique boréale.  Voy.  saxifragacées. 

*ITIIAGïKIS,Wagl.  ois. — Division  éta- 
blie dans  la  famille  des  Tétras.  Voy.  ce 
mot.  (z-  G) 

♦ITHYCERIDES.  Ithycerides.  ins.  — 
Tribu  formée  par  Schœnherr  dans  la  famille 
des  Coléoptères  tétramères,  appartenant  aux 
Curculionides  orthocères.  Elle  ne  renferme 
que  le  genre  Ithycerus,  et  les  caractères  que 
lui  assigne  l'auteur  sont  :  Trompe  courte, 
un  peu  cylindrique  et  courbée;  tête  non  al- 
longée vers  les  yeux;  antennes  à  massue, 
courtes,  de  12  articles;  élytres  en  ovale 
.  allongé;  épaules  rectangulaires;  pygidium 
découvert.  (G.) 

*1TRYCERUS  (îflwç, droit;  x/poeç,  corne). 
1Ng#  _  Genre  de  Coléoptères  tétramères , 
"famille  des  Curculionides  orthocères,  tribu 
des  Ithycerides,  proposé  par  Dalman ,  et 
adopté  par  Schœnherr  {Disp.  méth.,  p.  55 
—  Syn.  gen.  et  sp.  Curcul.  t.  I,  p.  246  ; 
V,  I,  p.  3G0).Ces  auteurs  lui  donnent  pour 
type  une  espèce  des  Etats-Unis,  qui  a  reçu 


1UL 

1  es  noms  suivants  :  R.  curculionoides  Herb., 
novoboracensis  Forster,  et  punctalus  F.  (C.) 
*ITIIYPORUS  (iQwitopoç,  qui  s'avance  en 
ligne  droite),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères 
tétramères,  famille  des  Curculionides  go- 
natocères  ,  division  des  Apostasiméiides 
Cryptorhynchides  ,  établi  par  Schœnherr 
(Syn.  gen.,  et  Sp.  Curculion.,  tome  III, 
p.  550-82,  p.  G5),  et  qui  a  pour  type  :  le 
Rhyn.  stolidas  de  Lin.,  F.,  01.  (Capcnsls 
Dej.,  Schœnherr).  Onze  espèces  font  partie 
de  ce  genre:  9  appartiennent  à  l'Afrique 
(la  Cafrerie,  le  Sénégal  et  Madagascar) ,  et 
2  à  l'Asie  (Java);  les  unes  offrent  un  écus- 
son  qui  n'est  pas  visible  chez  les  autres.  (C.) 
*ITRÏUM.  arach.  —  Genre  de  Tordre 
des  Acarides,  établi  par  M.  Heyden  ,  mais 
dont  les  caractères  génériques  n'ont  pas  en- 
core été  publiés.  (H.  L.) 

*ITTNERA,  Gmel.  bot.  ph.  —Syn.  de 
Caulinia,  Willd. 

IULE.  Mus  (nom  mythologique),  myriap. 
—  Ce  genre,  qui  appartient  à  l'ordre  des 
Chilognathes  et  à  la  famille  des  Iulitts, 
a  été  créé  par  Linné  et  adopté  par  tous  les 
entomologistes,    avec    quelques   modifica- 
tions  cependant.   Chez    les    animaux   qui 
composent  ce  genre  ,  les  segments  qui  for- 
ment le  corps  sont  nombreux   (au  nom- 
bre de  quarante  et  même  davantage),  cy- 
lindriques, non  carénés  latéralement.  Les 
pieds  sont  très  nombreux.  Les  yeux  sont 
distincts.  Ces   animaux  fuient  la  lumière; 
ils  se  retirent  dans  les  lieux  obscurs  et  eu 
même  temps  humides  ;  on  les  trouve  prin- 
cipalement dans  les  bois  ,   sous  la  mousse 
qui  recouvre  le  pied  des  arbres  et  sous  les 
amas  de  feuilles  mortes.  Ils  sont  également 
assez  communs  dans  le  voisinage  des  eaux; 
presque  tous  vivent  dans  les  lieux  sablon- 
neux, et  il  en  est  même  qui  se  retirent  sous 
les  pierres  ou  les  petites  mottes  de  terre. 
D'autres  enfin  vivent  dans  des  plaines  pli;* 
ou  moins  découvertes.  Degeerest  le  premier 
qui  a  observé  les  mœurs  des  Iules  (îtdus 
sabulosus);  M.  Savi  a  étudié  celles   d'une 
autre  espèce  (Iulus  communis) ,  et  ses  ob- 
servations ne  s'accordent  pas  du  tout  avec 
celles  de  Degeer.  Ce  dernier  conserva  un 
de  ces  animaux  dans  un  vase  particulier; 
il  obtint  qu'il  y  pondit  des  œufs.  «  Celui 
(  le  Iule)  dont  je  viens  de  donner  la  des- 
criDtion,  dit  Degeer,  t.  VII,  p.  582,  était 


1UL 

une  femelle,  et  elle  pondit  un  grand  nom- 
bre d'oeufs  d'un  blanc  sale  dans  la  terre, 
près  du  fond  du  poudrier,  où  elle  les  avait 
placés  en  un  tas  les  uns  auprès  des  autres; 
ils  sont  petits  et  de  figure  arrondie.  Je  n'es- 
pérais pas  voir  des  petits  sortir  de  ces 
œufs  ,  car  j'étais  incertain  si  la  mère  avait 
été  fécondée  ou  non.  Cependant,  après  quel- 
ques jours ,  c'était  le  premier  du  mois 
d'août  1746 ,  de  chaque  œuf  sortit  un  petit 
Iule  blanc,  qui  n'avait  pas  une  ligne  de 
longueur  :  j'examinai  d'abord  au  micros- 
cope les  coques  d'œufs  vides,  et  je  vis 
qu'elles  s'étaient  fendues  en  deux  portions 
égales ,  mais  tenaient  pourtant  ensemble 
vers  la  base.  Ces  jeunes  Iules  nouvellement 
éclos  me  firent  voir  une  chose  à  laquelle  je 
ne  m'attendais  nullement.  Je  savais  que 
les  insectes  de  ce  genre  ne  subissent  pas  de 
métamorphose ,  qu'ils  ne  deviennent  jamais 
des  insectes  ailés  :  aussi  j'étais  comme  assuré 
que  les  jeunes  devaient  être  semblables  en 
figure,  à  la  grandeur  près,  à  leur  mère; 
par  conséquent  je  croyais  qu'ils  étaient 
pourvus  d'autant  de  paires  de  pattes  qu'elle, 
mais  je  vis  tout  autre  chose  :  chacun  d'eux 
n'avait  en  tout  que  six  pattes  qui  com- 
posaient trois  paires,  ou  dont  il  y  avait  trois 
de  chaque  côté  du  corps.  »  M.  Paul  Savi , 
comme  je  l'ai  dit  plus  haut,  s'est  occupé 
aussi  du  développement  des  Iules  ;  il  nomme 
communis  l'espèce  qu'il  a  observée,  et  il 
la  regarde  comme  distincte  de  toutes  celles 
qu'on  avait  décrites  avant  lui.  Ce  que 
M.  Savi  dit  de  plus  remarquable  sur  ces 
animaux  est  en  opposition  complète  avec 
les  observations  de  Dcgeer.  Jusqu'en  1843, 
les  observations  de  M.  Savi  avaient  été  pres- 
que mises  en  doute,  et  M.  Waga  est  le  pre- 
mier qui,  après  avoir  fait  une  étude  con- 
sciencieuse de  ces  animaux,  ait  confirmé 
ce  qu'avait  avancé  le  savant  Italien  dans  son 
mémoire.  En  effet,  M.  Waga  démontre  pour- 
quoi, dans  son  travail,  les  observations  de 
M.  Savi  ne  sont  pas  d'accord  avec  celles  de 
Degeer  :  c'est  que  ce  dernier  naturaliste  n'a 
aperçu  l'Iule  éclos  que  lorsqu'il  était  hexa- 
pode, et  que  M.  Savi,  au  contraire,  a  vu 
lesembryons  apodes ,  c'est-à-dire  après  que 
les  œufs  sont  fendus  pour  livrer  passage  aux 
jeunes  Iules.  Une  observation  fort  remar- 
quable que  l'on  doit  à  M.  P.  Gervais,  et 
dont  ni  Degeer  ni  M.  Savi  ne  font  men- 
t.  vu. 


IUL 


159 


tion,  c'est  que  les  variations  portent  non  seu- 
lement sur  les  segments  et  sur  les  organes 
de  la  locomotion,  mais  encore  sur  les  yeux, 
qui  sont  eux-mêmes  bien  moins  nombreux 
chez  les  jeunes  que  chez  les  adultes.  Dans 
les  Iules  parfaitement  développés  ,  les  yeux, 
qui  apparaissent  de  chaque  côté  de  la  tête 
comme  une  tache  triangulaire  d'un  noir  pro- 
fond ,  sont  composés  de  petits  ocelles  dis- 
posés eux-mêmes  en  lignes  parfaitement  ré- 
gulières ,  et  d'une  manière  tout-à-fait  géo- 
métrique. Le  nombre  des  ocelles,  chez  un 
jeune  Iule  qui  n'avait  encore  que  quelques 
anneaux  au  corps  et  sept  paires  de  pattes, 
était  de  six  seulement;  ils  étaient  sur  trois 
lignes  et  déjà  disposés  en  triangle  équilaté- 
ral  :  la  première  ligne  ne  présentait  qu'un 
seul  ocelle,  la  seconde  en  avait  deux,  et  la 
suivante  trois  ;  chez  un  individu  un  peu  plus 
âgé,  une  nouvelle  rangée  de  quatre  s'était 
déjà  montrée.  Les  véritables  insectes  ,  c'est- 
à-dire  les  hexapodes,  n'offrent  aucun  exem- 
ple de  ces  modifications;  les  yeux  des  Iules, 
qui  varient  comme  nous  venons  de  le  dire, 
sont  donc  beaucoup  moins  fixes  et  sans 
doute  moins  parfaits  que  ceux  de  ces  ani- 
maux. Rappelons  aussi  que,  parmi  les  My- 
riapodes, il  est  des  animaux  fort  voisins  des 
Iules  qui  ne  présentent  aucune  trace  d'yeux 
même  dans  l'état  adulte;  tels  sont  les  Bla- 
nhtlus  et  les  Polydesmus.  Chez  d'autres, 
ces  organes  affectent  des  dispositions  plus 
ou  moins  régulières  :  groupes  en  amas  chez 
les  Pollyxenus  ,  où  ils  n'avaient  pas  été  ob- 
servés jusqu'à  ces  derniers  temps,  ils  ont 
une  forme  à  peu  près  semblable  chez  les 
Zephronia  ,  tandis  que  chez  les  vrais  Glomc- 
ris  ils  sont  disposés  en  une  série  linéaire 
sur  chaque  côté  de  la  tête  ;  enfin,  dans  un 
genre  que  nous  avons  établi  dernièrement 
et  auquel  nous  avons  donné  le  nom  de  Via- 
tydesmus,  ces  mêmes  organes  sont  uniques 
de  chaque  côté  de  la  tête  et  se  présentent 
sous  la  forme  d'yeux  lisses. 

Les  Iules  sont  très  nombreux  et  répandus 
dans  toutes  les  parties  du  monde;  en  Eu- 
rope ob  en  connaît  une  vingtaine  d'espèces, 
parmi  lesquelles  nous  citerons  comme  type 
de  ce  genre  I'Iule  terrestre,  Mus  terreslris 
Linn.  Cette  espèce  ,  pendantlc  printemps, 
est  très  commune  aux  environs  de  Paris  ; 
on  la  rencontre  ordinairement  sur  les  che- 
mins ,  sous  les  pierres.  Nous  en  avons  fait 
17 


130 


IVB 


connaître  dernièrement  deux  nouvelles  es- 
pèces. La  première  porte  le  nom  de  Mus 
muscorum  Luc,  elle  a  été  rencontrée  sous 
les  Mousses  dans  la  forêt  deSaint-Germain- 
en-Laye;  la  seconde ,  que  nous  avons  trou- 
vée dans  les  environs  de  Toulon ,  a  été  nom- 
mée Iulus  albolineatus  Luc.  (H.  L.) 

1ULIDES.  Iulidœ ,  Gerv.  myriap.  —  Syn. 
d'Iulites.  Voy.  ce  mot.  (H.  L.) 

*i€LITES.  Mites,  myriap.  —  Dans  notre 
Hist.  nat.  des  Crust.,  des  Arachn.,  des  My- 
riapodes ,  etc.,  etc.,  nous  avons  employé  ce 
nom  pour  désigner,  dans  Tordre  des  Chi- 
lognathes,  une  famille  dont  les  animaux 
qui  la  composent  ont,  de  même  que  la  pré- 
cédente (famille  des  Gîomérites;  voy.  ce 
mot) ,  le  corps  crustacé  et  dépourvu  d'ap- 
pendices pénicilliformes ,  mais  il  a  une 
forme  linéaire  ;  de  plus ,  ces  animaux  se 
roulent  en  spirales  et  n'offrent  point  sur 
les  côtés  inférieurs  d'écaillés  ;  le  nombre 
des  anneaux  et  des  pattes  est  d'ailleurs  très 
considérable  ,  et  augmente  avec  l'âge.  Les 
genres  que  cette  famille  renferme  sont  dé- 
signés sous  les  noms  de  Polydesmus,  Platy-* 
desmus,  Blan  iulus  ,  Mus,  Acanthiulus , 
Craspedosoma  ,  Blaniulus  et  Cambala.  Voy. 
ces  mots.  (H.  L.) 

ÏVA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Composées-Sénécionidées ,  établi  par  Linné 
{Gen.,  n.  1059  ).  Herbes  ou  arbrisseaux  de 
l'Amérique  boréale.  Voy.  composées. 

IVOIRE.  MAM.  —  Voy.  DENTS. 

IVOIRE,  Montf.  moll.— Syn.  d'Éburne. 
Voy.  ce  mot.  (Desh.) 

IVRAIE.  Lolium ,  Linn.  bot.  ph. — Genre 
de  plantes  de  la  famille  des  Graminées , 
tribu  des  Hordéacées ,  de  la  triandrie  digy- 
nie  dans  le  système  sexuel.  Dans  ce  genre, 
les  fleurs  sont  disposées  en  épi,  comme  on 
le  dit  ordinairement;  mais  il  est  bon  de  se 
rappeler  que  cette  expression  est  inexacte, 
et  repose  seulement  sur  ce  que  chaque  épil- 
let  est  considéré  comme  une  seule  fleur.  Les 
épillets  sont  solitaires  sur  chaque  dent  du 
rachis ,  et  chacun  d'eux  s'enfonce  quelque 
peu  dans  une  excavation  de  cet  axe  ;  ils 
sont  parallèles  à  celui-ci,  c'est-à-dire  situés 
sur  un  plan  passant  par  cet  axe  même;  c'est 
là  le  principal  caractère  distinctif  des  Lo- 
lium, qui  les  sépare  nettement  des  Triticum. 
Ces  épillets  sont  multiflores;  leurglurne  est 
2- valve,  sa  foliole  extérieure  grande,  l'in- 


IVR 

térieure  petite,  souvent  restant  rudimen- 
taire  ou  avortant  ;  la  glumelle  est  à  deux 
paillettes,  dont  l'interne  est  ciliée.  Parmi 
les  espèces  de  ce  genre  ,  les  suivantes  mé- 
ritent de  fixer  quelques  instants  l'attention. 

1 .  Ivraie  enivrante  ,  Lolium  temulentum 
Linn.  Cette  espèce  croît  parmi  les  moissons  ; 
elle  est  annuelle  ;  son  chaume  est  rude  au 
toucher,  et  atteint  jusqu'à  un  mètre  et 
même  plus  de  hauteur  ;  son  épi  est  droit , 
long  de  2  décimètres;  les  épillets  qui  le 
forment  sont  composés  de  5-9  fleurs,  com- 
primés, à  peu  près  de  la  longueur  de 
la  glume  externe,  pourvus  d'arêtes.  C'est 
l'espèce  qui  est  connue  depuis  fort  long- 
temps, à  cause  de  l'action  nuisible  de 
ses  graines.  C'est  à  elle  qu'on  applique 
particulièrement  le  nom  d'Ivraie  dans  le  lan- 
gage ordinaire.  Les  anciens  pensaient  que 
les  graines  de  l'Ivraie  enivraient,  et  cette 
opinion  a  été  reproduite  fort  souvent,  même 
jusqu'à  nos  jours.  En  réalité,  elles  agissent 
comme  poison  narcotique  sur  l'homme  et 
sur  plusieurs  animaux ,  comme  le  Chien  , 
le  Mouton  ,  le  Cheval ,  les  Poissons  ;  tandis 
qu'il  est  d'autres  animaux  sur  lesquels  elles 
ne  parussent  agir  que  fort  peu  ou  même 
pas  du  tout  ;  de  ce  nombre  sont  le  Cochon, 
le  Bœuf,  les  Canards  et  les  Poulets.  Cette 
action  est  due  à  la  présence ,  dans  ces  grai- 
nes ,  d'un  principe  particulier  auquel  on  a 
donné  le  nom  de  Loliine.  L'Ivraie  croissant 
parmi  les  moissons,  ses  semences  se  mêlent 
à  celles  des  céréales ,  et,  par  suite  ,  à  leur 
farine;  de  là  les  accidents  qu'occasionne 
parfois  le  pain  fait  avec  cette  farine.  La  fa- 
rine d'Ivraie  mêlée  à  celle  du  Blé  dans  la 
proportion  d'un  neuvième  empêche  la  fer- 
mentation panaire  de  se  produire  ;  à  moitié 
seulement  de  cette  quantité,  elle  n'empê- 
che pas  la  fermentation  ;  mais  cette  faible 
proportion  suffit,  dit-on,  pour  produire  des 
effets  nuisibles.  L'eau  distillée  de  ces  grai- 
nes est  plus  délétère  que  leur  farine.  L'em- 
poisonnement par  l'Ivraie  est  caractérisé 
par  un  tremblement  général  accompagné  de 
vertiges,  de  tintements  d'oreilles,  etc. 

2.  Ivraie  vivace  ,  Lolium  perenne  Linn. 
Cette  espèce  est  vivace,  comme  l'indique 
son  nom;  son  chaume  est  droit,  haut  de  4 
ou  5  décimètres,  lisse  au  toucher;  son  épi 
est  long  et  comprimé;  ses  épillets  sont  com- 
primés, plus  longs  que  la  glume,  formés 


de  6  à  12  fleurs  mutiques.  Cette  plante  est 
commune  le  long  des  chemins,  dans  les  pâ- 
turages secs  et  les  pelouses  naturelles.  Elle 
est  connue  vulgairement  sous  les  noms  de 
Ray-Grass,  et  particulièrement  de  Ray- 
Grass  d'Angleterre.  Elle  a  acquis  dans  ces 
derniers  temps  une  grande  importance,  soit 
parce  qu'elle  a  été  employée  préférablement 
à  toute  autre  graminée  pour  faire  des  tapis 
de  verdure ,  soit  parce  qu'elle  est  entrée 
dans  la  grande  culture  comme  espèce  four- 
.ragère.  Sous  ce  dernier  rapport,  les  résultats 
qu'elle  donne  varient  beaucoup  en  raison 
du  climat ,  du  sol  et  des  circonstances  lo- 
cales. Ainsi ,  dans  les  prés  bas  et  frais ,  elle 
produit  un  très  bon  foin  à  faucher;  mais 
dans  les  terrains  secs,  son  foin  sèche  de 
bonne  heure,  et  reste  toujours  de  qualité 
fort  médiocre.  Le  Ray-Grass  compense  ce 
défaut  par  une  qualité  précieuse  ;  il  forme, 
en  effet,  d'excellents  pâturages  dans  toutes 
les  terres  qui  ne  sont  pas  très  sèches;  il  est 
d'autant  plus  avantageux  dans  ce  cas  qu'il 
talle,  et  se  renforce  d'autant  plus  qu'il  est 
plus  brouté  et  piétiné  par  les  animaux.  Dans 
tous  les  cas,  le  Ray-Grass  est  un  fourrage 
très  recommandable  par  la  qualité  nourris- 
sante et  engraissante  de  son  herbe.  C'est 
surtout  en  Angleterre  qu'on  obtient  tous  les 
jours  d'excellents  résultats  de  la  culture  de 
cette  plante;  l'humidité  de  ce  climat  doit 
être  regardée  comme  la  principale  cause  de 
cette  réussite.  En  général,  lorsqu'on  veut 
cultiver  l'Ivraie  vivace  en  pré ,  on  la  sème 
à  raison  de  50  kilogrammes  de  graine  par 
hectare  ;  on  double  cette  quantité  de  se- 
mence lorsqu'on  la  destine  à  former  des 
gazons. 

3.  Dans  ces  dernières  années,  on  a  com- 
mencé de  cultiver  comme  fourrage  I'Ivraie 
multiflore,  Loli%m  multiflorum  Lam.,  es- 
pèce intermédiaire  par  ses  caractères  aux 
deux  précédentes,  qui  se  distinguede  l'une  et 
de  l'autre  par  ses  épillets  à  fleurs  nombreu- 
'  ses,  allant  jusqu'à  20  et  25  ;  qui ,  de  plus, 
s'éloigne  de  l'Ivraie  enivrante  par  ses  chau- 
mes à  peu  près  lisses ,  et  de  l'Ivraie  vivace 
par  les  arêtes  que  présentent  les  fleurs  de 
ses  épillets.  Il  est  vrai  que  ce  dernier  ca- 
ractère est  sujet  à  s'effacer ,  et  qu'on  en 
trouve  des  individus  à  fleurs  entièrement 
mutiques.  Des  essais  heureux  de  cette  nou- 
velle culture  ont  été  faits  ,  il  y  a  environ 


l'XA 


131 


dix  ans,  par  M.  Rieffel ,  à  l'établissement 
agricole  de  Grand-Jouan  (Loire-Inférieure), 
et  par  M.  Bailly  dans  les  environs  de  Châ- 
teau-Renard (Loiret).  Ce  dernier  agricul- 
teur a  employé  la  variété  presque  mutique 
ou  à  arêtes  très  courtes  de  l'Ivraie  multi- 
flore, tandis  que  le  premier  a  eu  recours  au 
type  même  de  l'espèce.  L'un  et  l'autre  ont 
ainsi  obtenu  des  produits  abondants  et  très 
avantageux  de  terres  dans  lesquelles  les  au- 
tres cultures  échouaient  chaque  année. 

4.  Enfin  une  dernière  espèce  ou  variété 
d'Ivraie ,  qui  est  signalée  comme  donnant 
des  fourrages  abondants,  est  l'Ivraie  d'Ita- 
lie ,  Lolium  italicum ,  regardée  par  les  uns 
comme  une  simple  variété  de  l'Ivraie  vi- 
vace, et  par  d'autres  comme  une  espèce  dis- 
tincte. (P.  D.) 

IXAfnom  mythologique). crust.  —  Genre 
de  l'ordre  des  Décapodes  brachyures,  famille 
des  Oxystomes,  tribu  des  Leucosiens,  établi 
par  Leach  pour  des  Crustacés  qui  se  distin- 
guent au  premier  coup  d'œil  par  la  forme  de 
la  carapace,  dont  la  portion  moyenne  est  à 
peu  près  sphérique,  ou  plutôt  elliptique 
transversalement,  et  se  continue  de  chaque 
côté  avec  une  portion  cylindrique  qui  triple 
la  largeur  et  sépare  l'extrémité  des  pattes; 
les  prolongements  naissent  du  milieu  de 
la  région  branchiale,  se  dirigeant  directe- 
ment en  dehors,  et  diminuant  à  peine  de 
diamètre  jusqu'à  leur  extrémité.  La  face 
supérieure  de  la  carapace  est  plus  ou  moins 
profondément  sillonnée  par  deux  gouttières 
ou  sillons  longitudinaux  qui  séparent  les 
régions  branchiales  des  régions  médianes, 
et  qui  se  bifurquent  antérieurement  pour 
séparer  les  régions  hépatiques  des  régions 
stomacales  et  branchiales.  Le  front  est  très 
relevé  et  assez  large;  les  orbites  présentent 
en  dessus  deux  fissures.  L'appareil  buccal 
est  comme  dans  le  genre  des  Arcania,  si  ce 
n'est  cependant  que  la  branche  externe  des 
pattes-mâchoires  externes  est  très  large  et 
obtuse  au  bout,  et  moins  longue  que  la 
portion  interne  de  ces  organes.  Les  pattes 
sont  filiformes;  l'abdomen  de  la  femelle  est 
très  large,  orbiculaire,  et  présente  en  avant 
un  prolongement  formé  par  un  dernier  ar- 
ticle, qui  s'avance  dans  un  sillon  du  plas- 
tron stcrnal  jusqu'à  la  base  de  la  bouche» 
On  ne  connaît  que  deux  espèces  dans  co 
genre  ,  et  celle  qui  peut  en  être  regardée 


132 


ixr 


comme  le  type  est  VIxa  canaliculata  Leach  ; 
ee  singulier  Crustacé  a  pour  patrie  les  côtes 
de  l'île  de  France.  (H.  L.) 

*IXALE.  Ixalus  (î'i-aioç, sauteur). rept. — 
Genre  de  Batraciens  de  la  famille  des  Rai- 
nettes, établi  par  MM.  Duméril  et  Bibron 
(  Erpétologie  géitérale ,  t.  VIII,  p.  583)  pour 
une  espèce  de  l'île  de  Java  (  Hyla  auri- 
fasciata  Schlegel) ,  qui  a  la  langue  confor- 
mée comme  les  Grenouilles,  mais  qui  man- 
que de  dents  au  palais,  ce  qui  a  empêché 
de  la  ranger  avec  ces  dernires.      (P.  G.) 

*IXALUS  (î'ÇcJoç,  sauteur),  mam.  — 
Groupe  formé  par  M.  Ogilby  (Proc.  zool. 
Soc.  Lond.y  1836)  aux  dépens  du  grand 
genre  Cerf.  Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

*IXANTHUS  (ÎÇoç ,  glu  ;  à'vGo; ,  ileur  ). 
lot.  pu.  —  Genre  de  la  famille  des  Gentia- 
nces ,  établi  par  Griesebach  (Gentian., 
129).  Herbes  de  l'île  Ténériffe.  Voy.  gen- 

TIANÉES. 

*IXAUCI1ENUS  (!$o'ç,  glu;  ,  cou), 

bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des  Com- 
posées-Astéroïdées ,  établi  par  Cassini  (in 
Dict.  se.  nat.,  LVI,  176).  Herbes  de  la 
Nouvelle-Hollande. 

1XIE.  Ixia,  Linn.  (ainsi  nommé,  dit-on  , 
parce  que  la  fleur  de  ces  plantes,  ou- 
lerte,  rappelle  la  roue  d'Ixion).  bot.  ph. 
—  Grand  genre  de  la  famille  des  Iridées  , 
de  la  triandrie  monogynie  dans  le  système 
sexuel.  Lorsqu'il  fut  établi  par  Linné,  il  ne 
se  composait  que  d'environ  une"  douzaine 
d'espèces  ;  ce  nombre  était  déjà  de  50  en 
1805,  lorsque  Persoon  publia  son  Synopsis; 
aujourd'hui  il  s'élève  au-delà  de  100.  Les 
Ixies  croissent  au  cap  de  Bonne-Espèrance , 
à  l'exception  d'un  petit  nombre.  Ce  sont 
des  plantes  herbacées ,  pourvues  d'un  rhi- 
zome raccourci  en  forme  de  tubercule  ou 
de  bulbe;  leur  tige  est  grêle,  simple  ou  ra- 
meuse ;  leurs  feuilles  sont  ensiformes  ou 
linéaires;  leurs  fleurs  sont  généralement 
assez  grandes  et  de  couleur  brillante  ,  ac- 
compagnées de  deux  bractées  réunies  en 
spathe.  Chacune  d'elles  se  compose  d'un 
perianthe  hypocratériforme,  à  tube  grêle,  à 
limbe  divisé  profondément  en  six  lobes  éta- 
lés, égaux  ;  de  trois  étamines  insérées  à  la 
gorge  du  perianthe,  à  filament  court,  à  an- 
thère versatile;  d'un  ovaire  adhérent,  à 
trois  loges  multi-ovulées  ,  surmonté  d'un 
style  filiforme  que  terminent  trois  stigmates 


IXO 

linéaires,  recourbés.  Le  fruit  qui  succède  à 
ces  fleurs  est  une  capsule  ovoïde ,  presque 
globuleuse ,  à  trois  loges  qui  s'ouvrent  par 
déhiscence  loculicide ,  et  qui  renferment 
chacune  plusieurs  graines  presque  globu- 
leuses. 

Nous  ne  croyons  pas  devoir  donner  ici  la 
description  des  espèces  de  ce  genre,  que  l'on 
rencontre  le  plus  fréquemment  dans  les  jar- 
dins. On  les  cultive  ordinairement  dans  des 
pots  dont  on  garnit  d'abord  le  fond  d'une 
couche  de  gravier  épaisse  de  3  ou  4  centi- 
mètres, et  qu'on  achève  de  remplir  de  terre 
de  bruyère  bien  tamisée.  La  plantation  se 
fait  en  octobre.  On  place  les  pots  dans  une 
bâche  ou  dans  une  serre  tempérée  basse , 
et  l'on  se  trouve  bien  de  les  enfoncer  dans 
de  la  terre  de  bruyère  pure.  La  multiplica- 
tion de  ces  plantes  se  fait  par  cayeux  qui  com- 
mencent à  fleurir  dès  la  seconde  année. 
Plusieurs  d'entre  elles  donnent  de  bonnes 
graines  qui  fournissent  un  nouveau  moyen 
de  multiplication  ,  d'autant  plus  précieux 
que  c'est  par  lui  qu'on  a  obtenu  de  belles 
et  nombreuses  variétés.  On  voit  fleurir,  dès 
la  troisième  année  ,  le  plan  provenu  de  ces 
graines.  La  culture  de  ces  jolies  plantes  pré- 
sente au  total  peu  de  difficultés  ,  et  l'élé- 
gance de  leurs  fleurs  leur  assigne  un  rang 
distingué  parmi  les  plantes  d'ornement. 

(P.  D.) 

*IXÏOL.4ENA  (e'Çweeç,  gluant;  )a?va,  en- 
veloppe), bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Composées-Sénécionidées  ,  établi  par 
Bentham  {in  Enumer.  plant.  Hugel.,%.  66). 
Herbes  de  la  Nouvelle-Hollande.  Voy.  com- 
posées. 

*IXIOLIIU01V  (fêtoeiç,  gluant;  Mptov, 
lis),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Amaryllidées,  établi  par  Fischer  (il/se). 
Herbes  du  Liban  ,  de  la  Tauride  et  de  la 
Sibérie.  Voy.  amaryllidées. 

*IXIONANTHES  ( JÇicsis,  gluant;  &8oç, 
fleur),  bot.  ph.  —  Genre  établi  par  Jack 
(Malay.  mise,  et  Hooker  bot.  rnag.  comp., 
1 ,  154),  et  placé  avec  doute  par  Endlicher 
dans  la  famille  des  Cédrélacées-Cédrélées. 
Arbres  de  l'Asie  tropicale. 

*IXOCOSSYPHE.  Ixocossyphus.  ois.  — 
Genre  établi  par  Kaup  pour  le  Turdusvisci- 
vorus.  Voy.  merle.  (Z.  G.) 

IXODE.  Ixodes  (($<££*);,  visqueux),  arach. 
—  Genre  de  l'ordre  des  Acarides ,  établi  par 


1X0 


1X0 


133 


Linné  et  adopté  par  tous  les  aptérologistes  , 
avec  quelques  modifications  cependant. 
Chez  les  animaux  de  ce  genre  singulier, 
le  corps ,  presque  orbiculaire  ,  est  ovale  , 
très  plat,  quand  l'animal  est  à  jeun,  mais 
d'une  grandeur  démesurée  quand  il  est 
repu;  le  bec  est  obtus  en  avant;  il  con- 
siste en  un  support  formé  d'une  petite 
pièce  écailleuse  servant  de  boîte  à  la  base  du 
suçoir,  et  reçue  dans  une  échancrure  prati- 
quée au-devant  du  corselet,  en  une  gaine  de 
deux  pièces  fortes,  courtes,  écailleuses,  con- 
caves au  côté  interne,  arrondies  et  même  un 
peu  larges  à  leur  extrémité;  chacune  de  ces 
pièces,  vue  à  la  loupe,  paraît  coupée  transver- 
salement, et  il  est  facile  de  voir  que  ce  sont 
deux  palpes  qui  se  sont  allongées  en  gaîne. 
Enfin,  la  bouche  présente,  entre  ces  deux 
palpes,  le  suçoir,  qui  est  composé  de  trois 
lames  cornées,  très  dures,  dont  les  deux  la- 
térales sontenrecouvrementsurla  troisième, 
qui  est  grande,  large,  et  remarquable  parce 
qu'elle  porte  un  grand  nombre  de  dents  en 
scie  très  fortes;  c'est  au  moyen  de  ces  dents 
que  l'insecte  s'attache  fortement  à  la  peau 
des  animaux  qu'il  suce.  Les  pattes  sont  com- 
posées de  six  articles,  dont  les  deux  derniers 
forment  un  tarse  conique  qui  est  terminé 
par  une  palette  et  garni  de  deux  crochets 
au  bout  ;  cette  partie  est  d'un  grand  secours 
à  ces  Arachnides  pour  se  fixer  sur  les  ani- 
maux qui  se  trouvent  à  leur  portée.  Le  des- 
sous de  l'abdomen  présente  un  petit  espace 
circulaire  et  écailleux,  qui  paraîtrait  indi- 
quer les  organes  de  la  génération.  Leslxo- 
des,  malgré  leurs  organes  de  locomotion 
assez  fortement  constitués,  n'ont  pas  une 
démarche  vive;  au  contraire,  leurs  mouve- 
ments sont  lents  et  pesants;  mais  ils  ont 
une  grande  facilité  à  s'attacher  avec  leurs 
pattes  aux  objets  qu'ils  rencontrent,  même 
au  verre  le  plus  poli;  quand  ils  sont  posés 
sur  des  végétaux,  ils  se  tiennent  dans  une 
position  verticale,  accrochés  simplement  avec 
deux  de  leurs  pattes,  et  tiennent  les  autres 
étendues.  Un  animal  quelconque  vient-il  à 
s'arrêter  dans  leur  voisinage,  ils  s'y  accro- 
chent avec  les  pattes  qui  restent  libres,  et 
quittent  facilement  la  branche  où  ils  étaient 
fixés  par  deux  de  leurs  pattes.  Latreille  a 
observé  que  les  Ixodes  d'Europe  habitent 
de  prédilection  les  Genêts,  mais  on  en  trouve 
aussi  sur  d'autres  plantes.  Ces  Arachnides 


attaquent  l'homme  ,  et  fréquemment  elles 
se  fixent  sur  les  voyageurs  et  les  chasseurs  ; 
il  suffit  même,  dans  bien  des  cas,  d'une 
petite  promenade  au  bois  pendant  la  belle 
saison  ,  et  les  dames  alors ,  à  cause  de  la 
nature  de  leurs  chaussures,  y  sont  plus  su- 
jettes, les  hommes  étant  mieux  garantis  par 
les  bottes  et  les  pantalons.  Les  Ixodes  sont 
connus  en  France  sous  le  nom  de  Tique; 
l'espèce  qui  tourmente  les  Chiens  dédiasse 
est  désignée  par  les  piqueurs  sous  le  nom 
de  Louvette  ou  Tique  des  Chiens.  Une  autre 
nuit  beaucoup  aux  Bœufs,  si  on  la  laisse 
multiplier.  Pendant  mon  séjour  dans  le 
Cercle  de  la  Calle,  j'ai  vu  quelques  uns  de 
ces  animaux  couverts  de  ces  Arachnides,  au 
point  qu'ils  en  succombaient  presque,  tant 
ils  étaient  maigres  et  affaiblis.  Aussi  les 
bergers  devraient-ils  visiter  avec  soin  leurs 
bestiaux,  afin  de  les  débarrasser  de  ces  Ixo- 
des, s'ils  ne  veulent  pas  les  voir  se  multiplier 
à  l'infini  et  nuire  à  la  santé  de  leurs  trou- 
peaux. Ces  Arachnides  vivent  aussi  sur  les 
Oiseaux  et  sur  les  Reptiles,  et  j'en  ai  sou- 
ventrencontré  sur  les  Chéloniens,  Sauriens, 
Batraciens  et  Ophidiens;  j'en  ai  même  ob- 
servé une  espèce  qui  vit  dans  le  contour 
interne  de  la  cavité  orbitaire  du  Python 
Sebœ,  grand  Ophidien  que  possède  la  ména- 
gerie du  Muséum;  cette  espèce,  que  j'ai  dé- 
signée sous  le  nom  dV.  transversalis Luc, 
S'est  multipliée  aussi  sur  le  Boaconstrictor. 
Enfin,  tout  dernièrement,  j'ai  fait  connaître 
une  espèce  de  ce  genre  qui  vit  parasite  sur 
l'Ornithorhynque,  et  que  j'ai  appelée  I.  or- 
nithorhynchi  Luc.  Latreille  ,  dans  le  Règne 
animal  de  Cuvier,  rapporte  que  ces  Ixodes 
pondent  une  quantité  prodigieuse  d'œufs  , 
et  que  ceux-ci  sont  expulsés  par  la  bouche, 
ce  qu'il  tient  de  M.  Chabrier.  L'analogie 
seule  aurait  pu  démontrer  l'invraisemblance 
de  cette  opinion;  c'est,  au  reste,  ce  que  j'ai 
démontré  (Ann.  de  la  soc.  entom.  de  France, 
1836,  p.  630),  ayant  eu  à  ma  disposition 
une  femelle  pondant  ses  œufs.  Chez  ces 
Arachnides,  l'oviducte  s'ouvre  près  de  la 
bouche,  et  c'est  par  lui,  et  non  pas  par 
celle-ci,  que  les  œufs  sont  expulsés  hors  du 
corps.  Je  dois  dire  aussi  que  Dugès  avait 
constaté  la  véritable  nature  de  cet  orifice. 
L'imperfection  des  connaissances,  au  sujet 
des  Ixodes,  ne  nous  permet  pas  de  donner 
exactement  l'ordre  naturel  des  espèces  con- 


I.i4 


JAG 


nues  dans  ce  groupe;  et  comme  l'on  sait 
que  chacune  d'elles  peut  se  retrouver  parasite 
d'animaux  de  plusieurs  sortes,  l'on  conçoit 
aussi  qu'elles  ne  peuvent  être  rigoureuse- 
ment énumérées  en  suivant  la  classification 
des  animaux  sur  lesquels  on  les  a  trouvées 
fixées.  Ce  genre  renferme  environ  une 
soixantaine  d'espèces,  dont  I'Ixode  ricin, 
Ixodes  ricinus  Linn.,  peut  être  regardée 
comme  étant  le  type;  c'est  cette  espèce  que 
l'on  trouve  ordinairement  sur  les  Chiens. 

(H.  L.) 
♦IXODES.  Ixodei.  arach. —  Dugès,  dans 
ses  Recherches  sur  l'ordre  des  Acariens, 
donne  ce  nom  à  une  famille  de  l'ordre  des 
Acariens,  dont  les  caractères  du  genre  qui 
la  compose  seraient  d'avoir  les  palpes  valves. 
Cette  famille  ,  qui  ne  renferme  qu'un  seul 
genre,  celui  ûJ  Ixodes,  n'a  pas  été  adoptée 
par  M.  P.  Gervais  dans  son  Hist.  nat.  des 
Ins.  api.  par  M.  Walckenaèr.      (H.  L.) 


JAG 

IXODIA  (ÎÇw<îyj;,  gluant),  bot.  pu.  — 
Genre  de  la  famille  des  Composées-Séné- 
cionidées ,  établi  par  R.  Brown  (  in  Aiton 
Hort.  kew.,  12  ,  IV,  517).  Sous-arbrisseaux 
de  la  Nouvelle  -  Hollande.  Voyez  compo- 
sées. —  Soland,  syn.  ûeBrasenia,  Schreb. 

*IXODINÉES.  Ixodinœ.  ois.  —  Sous-fa- 
mille établie  par  M.  de  La  Fresnaye  dans 
l'ordre  des  Passereaux  dentirostres ,  et 
ayant  pour  type  le  g.  Ixos.  (Z.  G.) 

IXORA  (nom  mythologique),  bot.  ph. — 
Genre  établi  par  Linné  {Gen.,  n.  931)  dans 
la  famille  des  Rubiacées-Psychotriées.  Ar- 
bustes ou  arbrisseaux  de  l'Asie  et  de  l'Afri- 
que tropicale.  L'Ixore  écarlate  ,  Ix.  cocci- 
nea,  espèce  type  du  genre,  est  cultivée  dans 
les  serres  chaudes  des  jardins  d'Europe. 

Voy.  RUBIACÉES. 

IXOS,  Temm.  ois.  —  Syn.  de  Turdoïde. 
Voy.  MERLE.  (Z.  G.) 

IYNX.  ois.  —  Voy,  ynx. 


JABET.  moll.  —  Adanson  ,  dans  son 
Voyage  au  Sénégal,  donne  ce  nom  à  une 
petite  espèce  d'Arche,  inscrite  sous  le  nom 
d'Arca  afra  dans  la  10e  édition  du  Sys- 
tema  nature*.  Voy.  arche.  (Desh.) 

JABIK.  moll.  —  Nom  donné  par  Adan- 
son à  une  coquille  voisine  du  Murex  scro- 
biculalor  de  Linné,  et  qui  en  paraît  diffé- 
rente ;  ce  n'est  pas  non  plus  le  Murex  gy- 
rinus,  auquel  Gmelin  a  rapporté  la  figure 
d'Adanson.  Pour  nous,  l'espèce  en  question 
appartient  au  g.  Triton;  mais  avant  d'y 
être  introduite,  elle  aurait  besoin  d'être 
examinée  de  nouveau.  Voy.  triton.  (Desh.) 

JABIRU.  Mycteria,  Linn.  ois.  —  Voy. 
cigogne.  (Z.  G.) 

JABOROSA.  bot.  ph.—  Genre  de  la  fa- 
mille des  Solanacées-Solanées ,  établi  par 
Jussieu  (  Gen.,  125).  Herbes  de  l'île  Bo- 
naire.  Voy.  solanacées. 

JABOT.  Ingluvies.  ois.  —  Voy.  oiseaux. 
JACAMAR.  Galbula.  ois.  —  Genre  de 
Passereaux  zygodactyles  (  Grimpeurs  de  G. 
Cuvicr)  établi  sur  quelques  unes  des  espè- 
ces que  Linné  comprenait  dans  son  genre 
Alcedo,  et  dont  Willughby  et  Klein  faisaient 


]  des  Pics.  Mœhring  fut  le  premier  qui  isola 
j  les  Jacamars  des  Mar tins-Pêcheurs.  Brisson 
et  Latham  reproduisirent  ce  genre  et  en 
fixèrent  les  caractères  bien  mieux  que  ne 
l'avait  fait  Mœhring.  A  leur  exemple ,  tous 
les  ornithologistes  ont  admis  la  division  des 
Jacamars;  mais  tandis  que  les  uns  l'ont 
adoptée  sans  altération,  et  telle  que  Bris- 
son  et  Latham  l'avaient  conçue,  les  autres 
la  modifiaient  en  y  introduisant  des  subdi- 
visions dontje  parlerai  bientôt. 

Le  g.  Jacamar  est  caractérisé  par  un  bec 
long,  tétragone,  pointu,  à  arête  vive,  garni  de 
soies  sur  les  côtés  ;  des  narines  ovales  à  demi 
fermées  ;  des  tarses  courts ,  en  partie  em- 
plumés;  quatre  doigts,  dont  deux  en  avant 
et  deux  en  arrière,  ou  trois  seulement,  l'un 
de  ceux  de  derrière  manquant. 

Les  Jacamars  sont  des  oiseaux  du  nou- 
veau continent.  Leurs  mœurs  ne  sont  pas 
entièrement  connues.  Le  peu  de  notions  quo 
l'on  a  à  cet  égard  laisserait  supposer  que 
ces  oiseaux  ont,  par  leurs  habitudes,  quel- 
que analogie  avec  les  Martins-  Pêcheurs, 
comme  ils  en  ont,  du  reste,  par  leurs  ca- 
ractères physiques.  En  effet ,  les  Jacamars 


JAG 

vivent  ,  en  général ,  dans  l'isolement  ou 
par  paires  ;  ils  s'écartent  peu  du  canton 
qu'ils  se  sont  choisi;  demeurent  des  heu- 
res entières  perchés  sur  une  branche,  et 
ont  un  vol  rapide  et  peu  étendu.  Les  uns 
se  plaisent  dans  le  plus  épais  des  bois ,  les 
autres  préfèrent  les  lieux  découverts ,  d'au- 
tres enfin  fréquentent  les  endroits  hu- 
mides. Tous  ont  un  régime  animal  :  les 
insectes  composent  leur  principale  nour- 
riture. Tout  ce  qui  a  rapport  à  leur  re- 
production a  jusqu'ici  échappé  à  l'obser- 
vation. On  ne  connaît  ni  leur  nid,  ni  leurs 
œufs,  ni  la  manière  dont  ils  élèvent  leurs 
petits. 

Les  Jacamars  forment  aujourd'hui  une 
petite  famille  assez  naturelle  (celle  des 
Galbulidées),  et  sont  distribués  dans  trois 
genres  ou  sous- genres  :  les  Jacamars  pro- 
prement dits,  les  Jacamerops  et  les  Jaca- 
maralcyons.  Cette  distinction  me  paraît 
parfaitement  légitime ,  et  je  dois  l'employer 
ici. 

1°  Espèces  qui,  avec  deux  doigts  devant  et 
deux  derrière,  ont  un  bec  droit.  (  G.  Ja- 
camary  Galbula ,  Auct.) 

i .  Jacamar  a  bec  blanc  ,  Gai.  albiroslris 
Lath.  (Levaill.,  pi.  51).  Bec  blanc;  man- 
teau d'un  vert  doré  ;  gorge  blanche  ;  par- 
ties inférieures  roux -cannelle.  Habite  la 
Guyane 

2.  Jacamar  vert,  Gai.  viridis  Lath.  (Buf., 
pi.  enl. ,  238).  Bec  noir;  plumage  généra- 
lement d'un  beau  vert  doré  à  reflets  ;  abdo- 
men et  couvertures  inférieures  de  la  queue 
roux.  Habite  Gayenne. 

3.  Jacamar  a  queue  rousse  ,  Gai.  rufl- 
cauda  Cuv.  (Vieill.,  Gai.  des  Ois.,  pi  29). 
Ceinture  vert  doré  sur  la  poitrine;  queue 
longue,  en  partie  rousse.  Habite  l'île  de  la 
Trinité. 

4.  Jacamar  a  ventre  blanc,  Gai.  albi- 
tentris  Less.  (Levaill.,  pi.  46).  Bec  noir  et 

lanc;   milieu  du  ventre  blanc;   queue 
courte.  Habite  le  Brésil. 

5.  Jacamar  a  longue  queue  ,  Gai.  para- 
disœa Lath.  (Buff.,pL  enl.,  274).  Plumage 
brun;  gorge  d'un  blanc  pur;  queue  longue 
et  fourchue,  les  deux  rectrices  externes 
très  allongées.  Habite  Cayenne. 


JAG 


135 


2°  Espèces  qui,  avec  deux  doigts  devant  et 
deux  derrière,  ont  un  bec  fort  et  notable* 
ment  recourbé.  (G.  Jacamerops,  Levaill., 
Cuv.  ;  Lamprotila,  Swains.) 

Le  nom  de  Jacamerops  (  fait  de  Jacamar 
et  de  Merops,  Guêpier)  indique  que  l'oiseau 
qui  a  servi  de  type  à  cette  section  participe 
par  ses  caractères  des  Jacamars  et  des  Guê- 
piers. L'unique  espèce  qui  s'y  rapporte  est 
le  Jacamarici  Levaill.,  Gai.  grandis  Lath. 
Gorge  et  joues  vert  doré  ;  cravate  blanche  ; 
tout  le  dessous  du  corps  cannelle  foncé. 
Habite  Cayenne. 

3°  Espèces  qui ,  avec  deux  doigts  devant  et 
un  seul  derrière,  ont  un  bec  grêle,  allongé. 
(G.  Jacamar  alcyon ,  Levaill.,  Cuv.;  Al- 
cyon, Spix.) 

Si  les  Jacamerops  sont  des  Jacamars  à 
bec  de  Guêpier,  ceux-ci  sont  des  Jacamars 
à  pieds  de  certains  Martins  Pêcheurs  :  aussi 
le  nom  qu'ils  ont  reçu  (composé  par  con- 
traction de  Jacamar  et  Alcyon,  fait  de  Al- 
cedo)  est-il  parfaitement  convenable. 

On  ne  place  dans  cette  division  que  le 
Jacamaralcyon  tridactvle,  Galb.  tridactyla 
Vieill.  (Levaill. ,  pi.  50).  Plumage  d'un 
gris  brun-vert;  ventre  blanc.  Habite  la 
Guyane.  (Z.  G.) 

JACAMARALCYON .  Levaill.  ois.  — 
Voy.  JACAMAR.  (Z.  G.) 

JACAMEROPS,  Levaill.  ois.  —  Voy. 

JACAMAR.  (Z.    G.) 

JAC ANA.  Parra.  ois.  —  Genre  de  l'ordre 
des  Échassiers  et  de  la  famille  des  Parri* 
dées.  Caractères:  Bec  médiocre,  droit, 
comprimé  latéralement,  un  peu  renflé  vers 
le  bout,  qui  est  convexe,  caroncule  ou  nu 
à  la  base  de  la  mandibule  supérieure;  na- 
rines étroites  longitudinales,  situées  vers  le 
milieu  du  bec  et  percées  dans  la  membrane 
qui  recouvre  les  fosses  nasales  ;  tarses  longs, 
grêles,  annelés  ;  doigts  déliés,  munis  d'on- 
gles aigus,  fort  longs  ;  celui  du  pouce  dé- 
passe en  longueur  le  doigt  auquel  il  appar- 
tient; ailes  munies  d'un  éperon  pointu. 

Ce  g.,  créé  par  Linné,  mais  mal  défini 
par  lui ,  puisqu'il  y  introduisait  des  espèces 
de  la  famille  des  Vanneaux;  un  peu  mieux 
limité  dans  la  suite  par  Lalham  et  Bris- 
son  ,  a  été  élevé  par  les  méthodistes  mo- 
dernes à  la  dignité  de  famille,  et  décom- 


136 


JAG 


JAC 


posé  en  quatre  divisions  génériques  que  je 
signalerai  plus  bas. 

Les  Jacanas  se  rapprochent  des  Râles  et 
des  Poules-d'Eau  par  leurs  habitudes  ,  par 
la  forme  comprimée  et  raccourcie  de  leur 
corps,  par  leurs  doigts  longs  et  grêles,  et 
par  la  petitesse  de  leur  tête  ;  mais  ils  en 
diffèrent  par  l'éperon  qu'ils  ont  aux  ailes, 
et  surtout  par  leurs  ongles,  excessivement 
longs  ,  droits  et  fort  aigus.  Ce  sont  proba- 
blement ces  ongles,  dans  lesquels  on  a  cru 
voir  ,  par  une  comparaison  forcée  et  à 
cause  de  leur  acuité,  l'instrument  dont  on 
se  sert  pour  pratiquer  la  saignée ,  qui  ont 
valu  aux  Jacanas  ,  dans  quelques  unes  des 
contrées  que  ces  oiseaux  habitent,  le  nom 
vulgaire  de  Chirurgien;  ou  peut-être  , 
comme  le  pense  Vieillot,  doivent-ils  cette 
dénomination  triviale  à  l'éperon  triangu- 
laire dont  leurs  ailes  soni  armées. 

Les  habitudes  des  Jacanas  sont  essen- 
tiellement aquatiques;  ils  vivent  constam- 
ment dans  les  marécages,  les  lagunes,  et 
sur  le  bord  des  étangs.  Leurs  grands  doigts, 
pourvus  d'ongles  également  longs ,  leur 
donnent  la  faculté  de  marcher  avec  une 
grande  légèreté  sur  les  herbes,  les  nénu- 
phars ,  et  les  autres  plantes  à  feuilles  larges 
qui  recouvrent  la  surface  de  l'eau.  Contrai- 
rement à  l'opinion  de  M.  Temminck ,  il 
paraîtrait  que  ces  oiseaux  sont  de  fort  mau- 
vais nageurs.  D'Azara  et  Vieillot  prétendent 
rnème  qu'ils  ne  nagent  jamais ,  et  que  c'est 
tout  au  plus  s'ils  s'enfoncent  dans  l'eau  jus- 
qu'aux genoux. 

Ce  sont  des  oiseaux  qui  vivent  ordinai- 
rement par  couples.  Lorsqu'un  accident 
sépare  momentanément  un  mâle  de  sa  fe- 
melle, ou  réciproquement  celle-ci  de  son 
mâle,  aussitôt  des  cris  de  rappel  se  font 
entendre.  Mais  ces  cris  ne  sont  pas  les  seuls 
que  les  Jacanas  poussent  :  il  en  est  un  au- 
tre qui  est  propre  surtout  aux  mâles  ,  et 
qu'ils  jettent  lorsqu'on  les  force  à  prendre 
leur  essor.  Ce  dernier  cri  est  aigu ,  glapis- 
sant, et  s'entend  de  fort  loin.  Leur  vol  est 
rapide,  mais  peu  élevé,  et  s'exécute  en  ligne 
droite. 

Les  Jacanas  sont  très  sauvages;  le  moin- 
dre bruit  leur  devient  suspect,  et  le  moin- 
dre objet  qu'ils  n'ont  pas  l'habitude  de  voir 
les  met  en  fuite:  aussi  faut-il  pour  les  ap- 
procher user  de  beaucoup  de  précautions  et 


de  beaucoup  de  ruses.  Us  sont  querelleurs, 
et  se  battent  avec  vigueur  contre  les  autres 
oiseaux  ou  leurs  pareils  qui  les  attaquent. 
Us  font  usage  dans  leur  lutte  des  armes 
dont  leurs  ailes  sont  pourvues. 

Comme  tous  les  vrais  monogames ,  les 
Jacanas  contractent  une  union  durable;  le 
mâle  et  la  femelle  restent  fidèles  l'un  à 
l'autre.  Us  nichent  au  milieu  des  herbes 
aquatiques,  et  pondent  4  ou  5  œufs,  qu'ils 
ne  couvent,  d'après  M.  Aie.  d'Orbigny,  que 
pendant  la  nuit,  laissant,  durant  le  jour, 
au  soleil  et  à  la  température  élevée  du  climat, 
le  soin  de  faire  le  reste.  Les  petits  en  nais- 
sant suivent  les  parents. 

La  nourriture  des  Jacanas  consiste  prin- 
cipalement en  insectes  aquatiques. 

Toutes  les  espèces  appartiennent  aux  ré- 
gions intertropicales.  Parmi  elles,  quelques 
unes  ont  donné  lieu  à  de  doubles  emplois. 

Vieillot,  eu  égard  à  l'absence  ou  à  la  pré- 
sence de  caroncules  au-dessous  de  la  base 
du  bec,  avait  cru  devoir  les  distribuer  dans 
deux  groupes  distincts;  M.  Lesson,  de  son 
côté,  prenant  en  considération  la  forme  de  la 
queue,  est  également  arrive  à  établir  deux 
coupes  ;  aujourd'hui  leur  nombre  a  été 
porté  à  quatre  ;  mais ,  de  plus ,  ces  coupes 
ayant  été  converties  en  genres,  l'ancien  g. 
Parra  a  été  transformé  en  famille  ou  en 
sous-famille ,  celle  des  Parrinées.  Il  me  sem- 
ble que  la  conservation  du  g.  Jacana,  tel 
que  Vieillot  ou  M.  Lesson  l'ont  compris, 
en  distribuant  les  espèces  par  groupes,  se- 
lon leurs  affinités  les  plus  prochaines,  doit 
conduire  à  ce  dernier  résultat.  Ce  moyen  a, 
du  reste,  l'avantage  de  décharger  la  no- 
menclature générique  de  trois  noms  nou- 
veaux :  aussi  essaierai-je  de  le  mettre  en  pra- 
tique. 

lo  Espèces  à  front  nu  et  caroncule  ;  queuo 
courte  et  cunéiforme. 

(a)  Deux  barbillons  chat-nus  sous  le  bec  ; 
surlefrontune  membrane  trilobée.  (G.  Parray 
Linn.,  Lath.,  Vieill.,  etc.  ;  Jacana,  Briss.) 

1.  Le  Jacana  commun,  Pa.  Jacana  Linn. 
(Bu(ï\,  pZ.enZ.,  322  et  8-iC).  Manteau  roux; 
tête ,  cou ,  gorge  et  tout  le  dessus  du  corps 
d'un  noir  violet.  Habite  le  Brésil. 

Selon  G.  Cuvier,  IcPa.  variabilis Lath., 
représenté  dans  les  Enl.  pi. ,  S46 ,  n'est 
qu'un  jeune  âge  de  cette  espèce. 


JAC 

(b)  Pas  de  barbillons  ;  sur  la  base  de  la 
mandibule  supérieure,  une  crête  lisse,  char- 
nue, s' élevant  perpendiculairement  en  forme 
de  plastron.  (G.  Hydralector,  Wagl.) 

2.  Le  Jacanà  a  crêtes,  Pa.  gallinacea 
ïemm.  (pi.  col.,  464),  Pa.  cristata  Vieill. 
Manteau  de  couleur  cuivre  bronzé  à  re- 
flets verts;  tête,  cou,  poitrine,  ventre  et 
jambes  d'un  beau  vert  de  bouteille  foncé 
et  brillant;  sourcil  blanc.  Habite  les  Célè- 
bes ,  à  Ménado  et  Amboine. 

(c)  Pas  de  barbillons;  caroncule  du  front 
à  deux  lobes.  (G.  Metopidius,  Wagl.) 

3.  Le  Jacana  bronzé  ,  Pa.  œnea  Cuv. 
(  Pa.  melanochloris  Vieill.  ,  Gai.  des  Ois. , 
pi.  264).  Manteau  d'un  vert  brillant;  tête 
et  cou  noirs;  au-dessus  de  l'œil,  un  sour- 
cil blanc  qui  descend  sur  les  côtés  du  cou. 
Habite  le  Bengale  et  Java. 

C'est  à  ce  groupe  que  se  rapporte  le  Pa. 
indica  La  th.  ,  si  toutefois  cet  oiseau  n'est 
pas  une  variété  d'âge  du  précédent. 

(d)  Pas  de  barbillons;  membrane  du 
front  non  lobée . 

4.  Le  Jacana  a  nuque  blanche  ,  Pa.  al- 
binuca  Is.  Geoff.  (Magaz.  de  zool.,  cl.  2, 
p.  6).  Gorge  et  devant  du  cou  noirs,  nu- 
que et  derrière  du  cou  blancs;  ailes  noires  ; 
le  reste  du  plumage  roux-marron.  Habite 
Madagascar. 

A  côté  de  cette  espèce ,  me  paraît  venir 
se  ranger  le  Jacana  a  poitrine  dorée  ,  Pa. 
africana  Lath.  (Syn.,  pi.  87).  Plumage  en 
dessus  cannelle  clair  ;  gorge  blanche;  poi- 
trine jaune,  tachetée  et  rayée  de  noir.  Ha- 
bite le  Sénégal. 

2»  Espèces  à  front  garni  de  plumes;  queue 
très  longue.  (G.  Hydrophasianus,  Wagl.) 

Cette  division  a  été  fondée  sur  l'espèce 
qui  est  figurée  dans  V Atlas  de  ce  Diction- 
naire, oiseaux,  pi.  10,  sous  le  nom  de  Jacana 
a  longue  queue,  Pa.  sinensis  Gmel.  Cet  oi- 
seau ,  qui  porte  dans  l'Inde  le  nom  de 
Kuppt-pt,  est  remarquable  par  la  longueur 
des  deux  pennes  intermédiaires  de  la  queue. 
Il  se  distingue  encore  de  ses  congénères  en 
ce  que  deux  des  pennes  de  l'aile  sont  beau- 
coup plu»  longues  que  les  autres.  Il  a  le 
front ,  les  côtés  de  la  tête ,  le  devant  du 
cou,  un  miroir  sur  l'aile,  et  les  barbes  ex- 
r.  vu. 


JAC 


137 


ternes  des  rémiges  secondaires  blancs;  l'oc- 
ciput noir  ;  un  trait  de  cette  couleur  enca- 
dre le  blanc  du  front  de  la  tête  et  du  cou  ; 
le  manteau  est  d'un  brun  rougeâtre;  le 
derrière  du  cou  d'un  beau  jaune  marron; 
toutes  les  parties  inférieures  et  la  queue  d'un 
pourpre  foncé.  Le  Jacana  à  longue  queue 
habite  le  Bengale  et  les  Philippines.  Le  Pa. 
luzoniensis  Lath.  serait,  d'après  G.  Cuvier, 
le  jeune  âge  de  cette  espèce.         (Z.  G.) 

JACAPA.  Ramphocelus,  Vieill.  ois.  — 
Division  du  g.  Tangara.  Voy.  ce  mot.  (Z.  G.) 

JACARANDA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Bignoniacées-Técomées ,  établi 
par  Jussieu  (Gen.,  138).  Arbres  souvent 
très  élevés  de  l'Amérique  tropicale.  Voy. 

BIGNONIACÉES. 

JACARD.  mam.  —  L'un  des  synonymes 
du  Chacal ,  d'après  Belon.  (E.  D.) 

JACARINIS.  ois.  —  Nom  sous  leque 
M.  Lesson  a  groupé  un  certain  nombre  de 
Fringilles ,  dont  Vieillot  a  fait  son  g.  Pas- 
serine.  Voy.  ce  mot.  (Z.  G.) 

JACINTHE.  Hyacinthus  (nom  mytholo- 
gique ).  bot.  ph.  —  Genre  de  plantes  de  la 
famille  des  Liliacées.  Tel  que  l'admettent 
aujourd'hui  généralement  les  botanistes,  il 
est  renfermé  dans  des  limites  beaucoup  plus 
étroites  que  celles  qui  lui  avaient  été  assi- 
gnées par  Linné.  En  effet,  diverses  espèces 
en  ont  été  successivement  détachées  :  les 
unes  ont  servi  à  rétablir  le  genre  Muscari, 
qui  avait  été  déjà  proposé  par  Tournefort , 
et  que  le  botaniste  suédois  n'avait  pas 
adopté;  les  autres  sont  devenues  la  base 
des  genres  Bellevalia,  Lapeyr.;  Uropetalum, 
Ker  ;  Agraphis,  Link  ;  Lachenalia,  Jacq.  En- 
fin ,  parmi  les  plantes  comprises  dans  le 
genre  linnéen,  il  en  est  que  l'on  range  au- 
jourd'hui parmi  les  Scilles  (ex.  :  Scilla  nu- 
tans  Smith,  Hyacinthus  nonscriptus  Linn.). 
Tel  qu'il  se  trouve  circonscrit  après  ces  di- 
verses suppressions,  le  genre  Jacinthe  pré- 
sente les  caractères  suivants:  Il  se  compose 
de  végétaux  herbacés,  bulbeux,  dont  les 
fleurs,  portées  par  une  hampe,  forment  une 
grappe  terminale  simple.  Chacune  de  ces 
fleurs  est  composée  d'un  périanthe  coloré  et 
corollin  en  entonnoir  ou  campanule,  à  limbe 
étalé,  6-fide;  de  6  étamines  insérées  sur 
le  tube  du  périanthe,  à  filet  très  court; 
d'un  ovaire  à  3  loges  renfermant  chacune 
un  petit  nombre  d'ovules ,  surmonté  d'un 

18 


138 


JAC 


JAC 


style  court  que  termine  un  stigmate  obtus. 
Le  fruit  qui  succède  à  ces  fleurs  est  une 
capsule  à  3  angles,  à  3  loges  qui  s'ou- 
vrent par  une  déhiscence  loculicide;  cha- 
cune de  ces  loges  renferme  deux  graines 
presque  globuleuses ,  revêtues  d'un  test 
crustacé  noir,  et  dont  l'ombilic  présente  un 
renflement  charnu.  Les  Jacinthes  croissent 
spontanément  dans  l'Europe  méridionale, 
dans  les  parties  moyennes  et  méditerra- 
néennes de  l'Asie. 

Tout  l'intérêt  que  présente  ce  genre  est 
à  peu  près  concentré  sur  une  seule  espèce, 
i'a  Jacinthe  d'Orient,  Hyacinthus  orientalis 
Linn.  Elle  est,  comme  le  rappelleson  nom, 
originaire  de  l'Orient;  mais  on  l'indique 
aussi  comme  croissant  spontanément  dans 
quelques  parties  de  l'Europe  méridionale, 
notamment  en  Provence,  et  même  dans  les 
environs  de  Tarbes.  Ses  feuilles  sont  étroi- 
tes, obtuses,  plus  courtes  que  la  hampe; 
ses  fleurs,  au  nombre  de  4  à  10  ,  forment 
une  grappe  lâche,  dressée;  le  pédicule  qui 
les  porte  est  accompagné  à  sa  base  de  brac- 
tées membraneuses  géminées,  lancéolées, 
plus  courtes  que  lui;  le  périanihe  est  en 
forme  d'entonnoir,  ventru  à  sa  base;  ses 
six  divisions  sont  oblongues,  obtuses. 

On  sait  toute  l'importance  que  celte  plante 
a  acquise  par  la  culture  et  le  rôle  majeur 
qu'elle  joue  aujourd'hui  dans  les  jardins. 
En  Hollande  particulièrement,  elle  est  de- 
venue l'objet  d'exploitations  considérables, 
et  aujourd'hui  elle  y  fournit  la  matière  d'un 
commerce  important,  dont  le  centre  est 
Harlem.  Les  Hollandais  apportent  à  cette 
culture  un  soin  extrême;  des  comités  sont 
institués  pour  examiner  les  variétés  nou- 
velles ,  pour  décider  de  leur  valeur,  et  des 
prix  sont  décernés  aux  horticuleurs  qui  ont 
réussi  à  obtenir  de  bonnes  acquisitions. 
Grâce  à  ces  précautions,  aux  soins  infinis 
donnés  à  cette  culture,  et  aussi,  à  ce  qu'il 
paraît ,  grâce  à  l'influence  avantageuse  de 
son  climat,  la  Hollande  est  aujourd'hui  en 
possession  d'un  nombre  extrêmement  con- 
sidérable de  variétés  de  Jacinthes,  parmi 
lesquelles  4  ou  500  environ  sont  assez  bien 
caractérisées  pour  pouvoir  aisément  être 
distinguées  Tune  de  l'autre.  Ces  variétés 
s'obtiennent  tous  les  jours  à  l'aide  des  se- 
mis de  eraines  produites  par  les  pieds  à 
fleurs  simples;   elles  se  coru-civent  cl  se 


propagent  par  les  cayeux  :  ce  dernier  mode 
de  multiplication  est  évidemment  le  seul 
dont  soient  susceptibles  les  variétés  à  fleurs 
doubles. 

En  général,  la  Jacinthe  cultivée  s'accom- 
mode d'une  terre  légère ,  et  cela  d'autant 
plus  que  le  climat  sous  lequel  on  la  cultive 
est  plus  froid  et  plus  humide  ;  aussi  la  terre 
des  plates-bandes  consacrées  à  cette  culture 
doit-elle  être  préparée  d'après  cette  donnée. 
Les  oignons  sont  mis  en  terre  dès  les  mois 
de  septembre  et  d'octobre;  pendant  les 
froids  assez  vifs  pour  que  la  terre  soit  gelée 
à  plus  d'un  décimètre  de  profondeur,  on 
les  protège  contre  cette  basse  température 
en  couvrant  les  planches  de  fougère  ou  de 
paille  fraîche.  Lorsque  la  pousse  a  lieu,  on 
dispose  au-dessus  des  planches  des  toiles  ou 
des  paillassons  soutenus  par  des  cerceaux; 
on  n'étend  ces  couvertures  que  lorsque  le 
thermomètre  descend  au-dessous  de  zéro. 
La  floraison  a  lieu  dès  les  mois  de  mars  et 
d'avril;  les  fleurs  ne  redoutent  pas  une 
gelée  de  2  ou  3  degrés,  mais  leur  durée  est 
considérablement  abrégée  lorsqu'à  la  gelée 
ou  à  la  neige  succède  l'action  directe  des 
rayons  du  soleil.  Dans  les  variétés  à  fleurs 
doubles ,  la  hampe  se  dessèche  lorsque  la 
fleuraison  est  terminée;  on  retire  alors  les 
bulbes  de  terre,  en  choisissant  un  beau 
jour,  et  en  ayant  la  précaution  de  ne  pas 
les  blesser  en  les  arrachant  ;  on  enlève  les 
feuilles,  après  quoi  on  conserve  les  bulbes 
dans  un  lieu  sec  jusqu'au  moment  de  la 
plantation.  Les  variétés  à  fleurs  simples 
dont  on  désire  obtenir  la  graine  restent 
nécessairement  plus  longtemps  en  terre; 
on  détache  leurs  capsules  lorsqu'elles  jau- 
nissent et  qu'elles  s'ouvrent;  après  quoi 
on  les  laisse  pendant  quinze  jours  à  l'ombre 
et  à  l'air  pour  que  les  graines  achèvent  de 
mûrir  entièrement;  leur  bulbe  n'est  retiré 
de  terre  que  lorsque  les  feuilles  jaunissent. 
Les  semis  de  ces  graines  se  font  au  mois 
de  septembre,  dans  une  terre  légère  et  pré- 
parée avec  soin,  à  la  volée  ou  en  rayons  ; 
on  couvre  ensuite  de  2  ou  3  centimètres  de 
terre  ;  chaque  année  on  ajoute  une  couche 
de  5  ou  G  centimètres  de  terre  lorsque  les 
feuilles  du  jeune  plant  se  dessèchent;  en- 
fin, la  troisième  année,  les  bulbes  sont  assez 
développés  pour  pouvoir  être  arrachés  et 
traités  ensuite  comme  ceux  qui  doivent 


JAC 


JAL 


139 


fleurir.  Ordinairement  ces  bulbes  fleuris- 
sent dès  la  quatrième  année  après  le  semis. 
Les  fleurs  qui  en  proviennent  sont  les  unes 
simples,  les  autres  semi  doubles  ;  enOn  d'au- 
tres ,  en  nombre  peu  considérable ,  sont 
doubles. 

Une  des  variétés  les  plus  curieuses  de  la 
Jacinthe  cultivée  est  celle  que  les  Hollan- 
dais ont  nommée  Diane  d'Éphèse,  dont  les 
pédicules  sont  bi-triflores. 

Le  peu  de  mots  que  nous  avons  dits  sur 
la  culture  de  la  Jacinthe  d'Orient  n'en 
indique  que  les  généralités;  pour  les  dé- 
tails nombreux  qui  peuvent  en  assurer  le 
succès,  nous  renverrons  aux  ouvrages  d'hor- 
ticullure.  (P.  D.) 

JACKAL.  mam.— Espèce  du  genre  Chien. 
Voy.  ce  mot. 

JACKIA  (nom  propre),  bot.  ph.  —  Genre 
de  la  famille  des  Rubiacées,  établi  par 
Wallich  (in  Roxburgh  Flor.  Ind.,  II,  312). 
Arbre  très  haut  de  l'Inde  australe.  Voy. 
rubiacées.  —  Blume,  syn.  de  Xanthophyl- 
him,  Roxb.  —  Spreng.,  syn.  de  Microlœna, 
Wall.  (J.) 

*  JACKIE.  rept.  —  Nom  d'un  gros  Tê- 
tard (larve  de  Grenouille)  que  l'on  trouve 
dans  l'Amérique  méridionale,  et  particu- 
lièrement à  Cayenne.  Comme  la  Grenouille 
qui  provient  de  ce  Têtard  est  plus  petite  de 
beaucoup  que  le  Têtard  lui-même ,  quel- 
ques naturalistes  avaient  pensé  que  c'était  ce 
dernier  qui  était  le  second  âge,  la  Grenouille 
n'en  étant  que  le  jeune,  et  ils  avaient  dit 
que  la  Jackie  était  un  poisson  qui  provenait 
d'une  Grenouille.  C'est  comme  telle  que 
mademoiselle  Sibylle  de  Mérian  etSeba  dé- 
crivent la  Jackie  ;  mais  la  plupart  des  na- 
turalistes, même  ceux  de  leur  époque,  ne 
s'y  sont  pas  trompés,  et  Linné  met  la  Jac- 
kie dans  le  genre  Rana,  en  l'appelant  tou- 
tefois R.paradoxa,  sans  doute  à  cause  des 
récils  dont  nous  venons  de  parler.  Pour 
Laurenti,  c'est  un  Protée,  Proleus  raninus ; 
mais  on  sait  maintenant  que  c'est  bien  une 
ospèce  de  la  famille  des  Grenouilles,  et  Wa- 
►:1er  en  a  fait  un  petit  genre  à  part  dans 
ce  groupe  sous  le  nom  de  Pseudis.  (P.  G.) 

JACKSOIVIA  (nom  propre),  bot.  pu.  — 
Genre  de  la  famille  des  Papilionacées-Poda- 
lyriées,  établi  par  R.  Brown  (in  Ailon  Hort. 
kcw.  édit.,  2  ,  III,  12).  Voy.  papilionacées. 
—  Rafin.,  synonyme  de  Polanisia,  Rafin. 


JACO.  ois.  —  Nom  vulgaire  du  Perro 
quet  cendré.  M.  Lesson  l'a  appliqué  à  un 
genre  qui  a  cette  espèce  pour  type.  Voy. 

PERROQUET.  (Z.    G.) 

JACOBJSA,  Tourn.  bot.  ru.  —  Syn.  de 
Scnecio ,  Less. 

JACOBINES,  Less.  ois.  —  Genre  de  la 
famille  des  Colibris.  Voy.  ce  mot.  (Z.  G.) 

*JACOSTA  (  nom  propre  ).  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Composccs-Séné- 
cionidées,  établi  par  E.  Meyer  (in  Herb. 
Dreg.  ).  Sous-arbrisseaux  du  Cap.  Voy.  com- 
posées. 

JACQUEMONTIA ,  Belang.  bot.  ph.— 
Syn.  de  Psilothamnus ,  DC. 

JACQUIER,  bot.  ph.  — Voy.  jaquier. 

JACQUINIA  (nom  propre  ).  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Myrsinées-Théo- 
phrastées,  établi  par  Linné  (  Gen.  n.  254). 
Arbrisseaux  de  l'Amérique  tropicale.  Voy. 
myrsinées.  —  Mut.,  syn.  de  Trilix ,  Linn. 

*JACUEUS.  mam.  —  Erxleben  (Syst. 
reg.  anim.  1777)  indique  sous  cette  déno- 
mination un  genre  de  Rongeurs  dont  le  type 
est  la  Gerboise,  Dipusjacuhis.     (E.  D.) 

JADE.  min. —  Voy.  feldspath. 

JjEGEIUA  (  nom  propre),  bot.  pu.  — 
Genre  de  la  famille  des  Composées-Séné- 
cionidées,  établi  par  H.-B.  Kunth  (in 
Humb.  et  Bonpl.  Nov.  gen.  et  sp.,  IV,  277, 
t.  400).  Herbes  de  l'Amérique  tropicale. 
Voy.  composées. 

JAGOIV.  moll.  —  Il  est  incertain  si  la 
coquille  nommée  ainsi  par  Adanson  est  un 
Cardium  ou  une  Lucine;  cependant,  si  l'on 
s'en  rapporte  à  la  description,  la  charnière 
serait  plutôt  celle  d'un  Cardium.  Voy.  bu- 
carde.  (Desh.) 

JAGUAR,  mam. — Espèce  du  genre  Chat. 
Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

JAIS.  min. — Voy.  lignite. 

*JALAMBÎCEA,  Llav.  et  Lexar.  bot. 
ph.  —  Syn.  de  Limnobium  ,  L.  C.  Rich. 

JALAP.  bot.  pu.  —  On  donne  ce  nom  à 
la  racine  d'une  espèce  de  Convolvulus,  U 
C.  Jalappa  Linn.,  qui  lui-même  tire  soi; 
nom  de  la  ville  de  Xalappa  dans  le  Mexique, 
aux  environs  de  laquelle  cette  plante  croit 
spontanément  en  assez  grande  abondance 
pour  que  sa  racine  puisse  être  recueillie  et 
livrée  au  commerce  en  quantité  considérable. 
Pendant  longtemps  cette  substance  médici- 
nale a  été  importée  en  Europe  sans  que  l'oa 


140 


JAL 


sût  à  quelle  plante  elle  appartenait  ;  ainsi, 
dès  1G09,  elle  fut  introduite  en  Angleterre, 
et,  comme  l'on  crut  qu'elle  était  fournie  par 
une  Rhubarbe,  on  lui  donna  le  nom  de  Rhu- 
barbe  noire.  Une  autre  opinion  fut  émise 
par  Plumier,  Tournefort,  et  par  Linné  lui- 
même,  dans  la  première  édition  de  sa  ma- 
tière  médicale  :    ces    célèbres    botanistes 

"■  crurent ,  d'après  une  certaine  analogie  de 
propriétés  observée  par  eux,  que  le  Jalap 

j  n'était  autre  chose  que  la  racine  de  laBelIe- 
de-Nuit,  qui  fut  nommée,  par  suite  de  cette 

|  opinion,  Mirabilis  Jalappa.  Cependant  Rai, 
Sloane,  etc.,  furent  les  premiers  à  penser  que 

•  cette  substance  était  la  racine  d'un  Convol- 

l  vulus;  Linné  adopta  enfin  cette  manière  de 
voir,  et  donna,  dans  son  Mantissa,  à  la  plante 
qui  la  produit,  le  nom  de  Convolvulus  Jalappa 
qu'elle  a  conservé. 

Le  Liseron  jalap,  Convolvulus  Jalappa 
Linn.  (Ipomœa  macrorhiza  Mich.  Flor.  bor. 
amer.),  est  une  plante  vivace  dont  la  racine 
est  pivotante,  très  renflée  et  plus  ou  moins 
ovoïde;  cette  racine  émet,  dans  sa  partie  in- 
férieure, plusieurs  branches  épaisses  et  cy- 
lindriques, inégales;  elle  est  blanche,  char- 
nue et  lactescente  à  l'état  frais;  elle  change 
de  couleur,  comme  nous  le  dirons,  par  la 
dessiccation.  De  cette  racine  partect  des 
tiges  qui  s'enroulent  autour  des  corps ,  et 
qui  atteignent  jusqu'à  5  et  6  mètres  de 
longueur;  les  feuilles  sont  ovales,  plus  ou 
moins  en  cœur,  un  peu  rudes,  velues  à  leur 
face  inférieure,  entières  ou  lobées;  les  pé- 
doncules sont  uni-  ou multiflores  ;  les  fleurs 
sont  grandes;  le  tube  de  leur  corolle  est 
violet  en  dedans,  d'un  lilas  pâle  en  dehors, 
tandis  que  le  limbe  est  blanc  ou  nuancé  de 
violet;  le  filet  des  étamines  est  cotonneux  à 
sa  base;  les  graines  sont  noires,  oblongues, 
entièrement  revêtues  de  longs  poils  soyeux 
<et  roussûtres.  Cette  plante  est  très  commune 
dans  le  Mexique,  aux  environs  de  Xalappa  et 
ailleurs  ;  elle  s'élève  même,  dans  l'Amérique 
septentrionale,  jusqu'à  une  latitude  assez 
haute  pour  qu'on  ait  tout  lieu  de  penser 
qu'elle  pourrait  être  cultivée  avec  succès 
dans  les  parties  les  plus  méridionales  de  la 
France  ;  en  effet,  Michaux  père  a  vu  sa  ra- 
cine, même  saillante  hors  de  terre  en  partie, 
supporter,  à  Charlestown,  un  froid  de  4°  et 
6°  sans  paraître  en  souffrir. 

C'est  la  racine  de  cette  plante,  quiconsti- 


JAL 

tue  le  Jalap.  Cette  racine  est  susceptible 
d'acquérir,  par  les  progrès  de  l'âge,  de  fortes 
dimensions  :  ainsi  Thiéry  de  Menonville  en 
a  vu  qui  pesaient  12,  15  et  25  livres;  mais 
ce  sont  toujours  les  petites  que  Ton  choisit 
pour  les  verser  dans  le  commerce.  Ces  ra- 
cines sont  coupées  en  tranches  ou  seulement 
en  deux  moitiés  longitudinales,  lorsqu'elles 
sont  fort  petites,  et  on  les  soumet,  ainsi 
divisées,  à  une  dessiccation  lente.  Il  eu  ré- 
sulte des  morceaux  hémisphériques  ou  des 
rouelles  de  6-7  centimètres  de  diamètre,  de 
couleur  brun  sale  à  l'extérieur,  plus  pâles 
à  l'intérieur,  marquées  sur  leur  tranche  de 
zones  concentriques.  La  cassure  de  ces  frag- 
ments est  irrégulière,  et  présente  çà  et  là 
des  points  brillants  dus  à  la  présence  de  la 
matière  résineuse  qui  constitue  le  principe 
essentiellement  actif  du  Jalap,  le  reste  du 
tissu  étant  à  peu  près  inerte  :  aussi  les  qua- 
lités les  plus  estimées  sont-elles  celles  dans 
lesquelles  des  Insectes  ont  rongé  une  grande 
partie  du  parenchyme  en  respectant  les 
points  résineux,  ou  celles  qu'on  nomme 
Jalap  piqué. 

Le  Jalap  a  été  l'objet  de  deux  travaux 
spéciaux, l'un  deDesfontaines(.4nn.  duMus., 
t.  II,  p.  120-1 30,  t.  40,  41),  qui  le  considère 
sous  le  point  de  vue  botanique;  l'autre  de 
F.  Cadet-Gassicourt,  qui  l'envisage  surtout 
sous  le  point  de  vue  chimique  et  médicinal. 
D'après  ce  dernier  savant,  sur  500  parties 
de  cette  substance,  il  existe  50  de  résine, 
24  d'eau,  220  d'extrait  gommeux,  12,5  de 
fécule,  12,5  d'albumine,  4  de  phosphate  de 
chaux,  8,1  de  chlorure  de  potassium,  enfin 
quelques  autres  sels.  Ce  médicament  était 
autrefois  extrêmement  usité,  et  l'on  en  im- 
portait annuellement  en  Europe  une  quan- 
tité considérable  ;  mais  aujourd'hui  son  em- 
ploi est  considérablement  restreint,etil  entre 
presque  uniquement  dans  la  médecine  des 
paysans  et  dans  celle  des  bestiaux.  Il  consti- 
tue un  purgatif  certain  et  énergique,  mais 
dont  l'action  présente  malheureusement 
beaucoup  d'inégalité,  selon  qu'il  est  de  qua- 
lité supérieure  ou  inférieure.  On  l'a  employé 
aussi  contre  l'hydropisie,  et  il  a  souvent 
produit  dans  ce  cas  des  effets  avantageux; 
enfin,  on  a  dit  s'être  bien  trouvé  quelque- 
fois de  son  emploi  contre  le  Ténia.  Dans  ces 
divers  cas,  on  administre  le  Jalap  en  poudre. 

(P.  D.) 


JAM 


JAN 


141 


*JALLA.  ins.  —  Genre  de  la  tribu  des 
Scutellériens ,  groupe  des  Pentatomites,  de 
l'ordre  des  Hémiptères,  établi  par  Hahn 
(  Wanzart.  Inseckt)  etadoptéparMM.Amyot 
et  Serville  (Ins.  hémipt.,  suites  à  Buffon). 
Nous  avons  considéré,  dans  nos  divers  ou- 
vrages ,  les  Jalla  comme  ne  devant  former 
qu'une  simple  division  parmi  les  Stiretrus. 

Le  type  est  le  J.  dumosa  (  Cimex  dumo- 
sus  Linn.),  répandu  dans  une  grande  partie 
de  l'Europe.  (Bl.) 

♦JALODIS,  JELODÏS  ou  JULODIS 
(îa>o;,  poil),  nss.  —  Genre  de  Coléoptères 
pentamères,  famille  des  Sternoxes,  tribu 
des  Buprestides ,  créé  par  Eschscholtz  et  gé- 
néralement adopté.  Ce  genre  renferme  près 
de  50  espèces  originaires  d'Afrique,  d'Asie 
et  d'Europe.  Elles  sont  à  peu  près  les  plus 
grandes  de  la  tribu,  et  se  reconnaissent  par 
leur  corps  conique,  par  l'absence  d'écusson, 
et  par  des  antennes  aplaties,  élargies  au 
sommet,  minces  à  la  base.  Nous  citerons 
comme  en  faisant  partie  les  Bup.  fascicu- 
laris,  variolaris,  onopordius,  pilosa,  An- 
dreœ  et  hirta  de  Fabricius. 

Nous  avons  représenté  dans  l'Atlas  de  ce 
Dictionnaire,  Coléoptères,  pi.  4,  f.  1,  une 
belle  espèce  de  ce  genre  ,  le  Julodis  a  bou- 
quets ,  Julodis  cirrosa  Scbcenh.  (C) 

JAMAR.  moll.  —  Adanson  ,  dans  son 
Voyage  au  Sénégal,  nomme  ainsi  un  Cône 
assez  commun,  qui,  selon  toutes  les  appa- 
rences, est  le  Cône  papilionacé  de  Lamarck. 
Voy.  cône.  (Desh.) 

JAMBLE.  moll.  —  Nom  vulgaire,  sur 
les  côtes  du  Poitou,  des  espèces  les  plus 
vulgaires  de  Patelle.  Voy.  ce  mot.   (Desh.) 

JAMBOLIFEBA  ,  Linn.  bot.  ph.— Syn. 
iTAcronychia,  Forst. 

JAMBON,  moll.  —  Nom  vulgaire  du  g. 
Pinna  de  Linné.  (Desh.) 

JAMBONNEAU,  moll.  —  Adanson  a 
donné  ce  nom  à  un  g.  dans  lequel  il  ras- 
semble non  seulement  les  Pinnes  de  Linné, 
mais  encore  des  Moules,  des  Modioles,  des 
Avicules.  Voy.  ces  divers  mots.   (Desh.) 

JAMBOS,  Adans.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Jambosa,  Rumph. 

JAMBOSA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Myrtacées,  établi  par  Rumph 
(Amboin.,l,  121).  Arbres  indigènes  des  ré- 
gions tropicales  de  l'Asie  et  de  l'Afrique. 

Voy.  MYRTACÉES. 


*JAMESIA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Saxifragacées,  établi 
par  Torrey  et  A.  Gray  (Flor.  ofNorth.  amer., 
I,  593).  Arbrisseaux  de  l'Amérique  boréale. 

Voy.  SAXIFRAGACÉES. 

*JAMESONIA  (nom  propre),  bot.  ph. — 
Genre  de  la  famille  des  Polypodiacées ,  éta- 
bli par  Hooker  (Je,  t.  178).  Petites  Fou- 
gères du  Pérou.  Voy.  polypodiacées. 

JAMESONITE.  min.— Sulfure  d'Anti- 
moine. Voy.  SULFURES. 

*JAMINIA.  moll. — M.  Say  a  proposé  ce 
g.  pour  des  coquilles  appartenant,  selon 
nous,  au  g.  Auricule  ,  dont  elles  ne  diffè- 
rent que  par  un  seul  pli  columellaire,  tan- 
dis que,dans  les  Auricuîes,  il  existe  plusieurs 
de  ces  plis.  Ce  caractère  me  paraît  de  trop 
peu  de  valeur,  et  nous  croyons  que  l'on  de- 
vra rejeter  le  g.  en  question.  Voy.  auri- 
cule. (Desh.) 

*JANASSA  (nom  mythologique),  ms.  — 
Genre  de  Coléoptères  subpentamères  clavi- 
palpes ,  formé  par  nous  avec  la  Languria 
thoracica  d'Olivier,  espèce  originaire  des 
États-Unis.  (C.) 

*JANEREA.  crust.  —  Rafinesque ,  dans 
son  Précis  de  découvertes  somiologiques,  dé- 
signe sous  ce  nom  un  genre  de  Crustacés 
dont  les  caractères  génériques  n'ont  jamais 
été  publiés.  (H.  L.) 

JANIA,  Schult.  bot.  ph.  —  Syn.  de  Bœo- 
metra,  Salisb. 

JANIE.  Jania(Janus,  nom  mythologi- 
que), polyp.  ?  algues  calcifères.  —  Genre 
établi  par  Lamouroux  dans  l'ordre  des  Co- 
rallinées,  qu'il  plaçait  dans  sa  division  des 
Polypiers  flexibles  calcifères.  «  C'est,  di- 
sait-il, un  Polypier  muscoïde,  capillaire, 
dichotome,  articulé,  ayant  les  articulations 
cylindriques,  l'axe  corné,  et  l'écorce  moins 
crétacée  que  celle  des  Corallines.  »  Lamarck 
et  les  autres  zoologistes  ont  laissé  les  Janies 
avec  les  Corallines,  et  aujourd'hui  tous 
les  naturalistes  sont  d'avis  de  les  reporter 
également  dans  le  règne  végétal.  Les  Janies, 
d'une  couleur  verdâtre,  violacée  ou  rou- 
geâtre,  à  l'état  vivant,  deviennent  bientôt 
blanches  par  l'action  de  l'air  et  de  la  lu- 
mière; elles  forment ,  sur  les  plantes  ma- 
rines, de  petites  touffes  hautes  de  2  à 
4  centimètres,  et  souvent  beaucoup  moins 
hautes.  Elles  habitent  la  Méditerranée  et 
les  diverses  régions  littorales  de  l'Océan. 


142 


JAN 


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On  les  a  quelquefois  confondues  avec  les 
autres  Corallines  sous  le  nom  de  Mousse  de 
Corse.  (Duj.) 

*JANICEPS.  térat. — Genre  de  monstres 
«iiitositaires  de  la  famille  des  Sycéphaliens. 
Voy.  ce  mot. 

JANIPHA,  Kunth.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Manihot,  Plum. 

JANIRE.  Janira(  nom  mythologique). 
moll.  —  II  existe  quelques  espèces  de  Pei- 
gnes, sur  le  bord  cardinal  desquelles  on  re- 
marque une  série  de  petites  dents  très  apla- 
ties, que  l'on  a  comparées  à  celles  des  Ar- 
ches .  M.  Schumacker  a  proposé  de  séparer 
ces  espèces  en  un  g.  auquel  il  a  donné  le 
nom  de  Janire.  Ce  g.  ne  saurait  être  adopté. 
Voy.  peigne.  (Desh.) 

JANIRE.  Janira  (nom  mythologique). 
acal.— Genre  établi  par  M.  Oken  ,  aux  dé- 
pens des  Béroés,  pour  2  espèces  munies  de 
nageoires  longitudinales,  et  ayant  la  bouche 
pédonculée  et  deux  tentacules  branchiaux. 
La  Janire  hexagone  est  une  Callianire  {voy. 
ce  mot)  pour  M.  Lesueur,  qui  a  institué  ce 
nouveau  genre,  et  pour  Eschscholtz ;  elle 
est  large  de  7  millim.,  de  couleur  bleu-cé- 
leste, avec  des  lobes  plus  foncés  à  l'extré- 
mité, et  des  tentacules  rouges  :  elle  se  trouve 
dans  la  mer  du  Nord. 

M.  Lesson,  dans  son  Hist.  nat.  des  Aca- 
lèphes,  conserve  le  genre  Janira,  et  en  dé- 
crit 4  autres  espèces  ,  dont  l'une,  J.  ellip- 
tica ,  est  une  Cydippe  d'Eschscholtz;  les 
trois  dernières  avaient  été  décrites  comme 
des  Béroés  par  MM.  Quoy  et  Gaimard  ,  ou 
par  M.  Mertcns.  Il  lui  assigne  les  caractères 
suivants  :  Corps  vertical ,  garni  de  côtes 
saillantes,  portant  sur  leur  arête  une  rangée 
de  cils.  Les  rubans  ciliaires  sont  toujours 
au  nombre  de  huit,  et  étendus  d'une  ouver- 
ture à  l'autre  dans  toute  la  longueur  de 
l'Acalèphe;  l'ouverture  buccale  est  grande 
sans  aucuns  appendices  buccaux  ;  des  côtés 
du  corps  partent  deux  prolongements  cir» 
rhigères,  pectines.  (Duj.) 

JANRAJA,  Plum.  bot.  ph.  —  Syn.  de  Ra- 
jania,  Linn. 

JANTilINE.  Janthina  (t'a'vQivo;,  violet). 
moll.  —  L'attention  des  observateurs  a  été 
depuis  longtemps  appelée  sur  l'animal  cu- 
rieux qui  faille  sujet  de  cet  article.  Fabius 
Columnaest  le  premier  qui,  en  1616,  en  ait 
donné  une  figure  et  une  description  dans  son 


ouvrage  sur  les  animaux  aquatiques.  Lister, 
dans  son  Synopsis  conchyliorum,  a  reproduit 
la  figure  exacte  de  Fabius  Columna,  et  bien- 
tôt après  Breyne ,  devenu  célèbre  par  sa  dis- 
sertation sur  les  Polythalames,  publia  des 
observations  intéressantes  dans  les  Transac- 
tions philosophiques  (1705).  Depuis,  presque 
tous  les  auteurs  ont  figuré  la  coquille  de  Fa- 
bius Columna,  que  Linné  rangea  dans  son 
genre  Hélix  dès  la  10e  édition  du  Syslema 
natures.  Quoique  rien  ne  justifiât  cette  opi- 
nion de  Linné,  elle  fut  cependant  adoptée 
universellement,  jusqu'au  moment  où  La- 
marck  ,  écartant  des  Hélices  toutes  les  co- 
quilles fluviatiles  et  marines  que  Linné  y 
avaiteonfondues,  proposa  pour  l'Hélix  Jan- 
thine  le  genre  auquel  il  a  consacré  le  nom 
spécifique  de  Linné.  Si,  en  principe, Linné 
n'avait  pas  été  si  sobre  pour  la  création  de 
ses  genres,  aucun  ne  lui  était  plus  nette- 
ment indiqué  que  celui-ci;  il  n'ignorait 
pas,  en  effet ,  que  cette  coquille  est  marine, 
et  la  figure  de  Fabius  Columna  ,  ainsi  que 
sa  description  ,  auraient  dû  éclairer  Linné 
sur  la  nature  de  l'animal  et  la  valeur  de  ses 
caractères  extérieurs.  A  défaut  de  Fabius 
Columna ,  Linné  aurait  pu  trouver  un  guide 
dans  les  observations  de  Breyne  ;  mais  il 
n'était  pas  dans  l'esprit  de  ce  grand  légis- 
lateur de  l'histoire  naturelle  d'appfécier 
la  nécessité  d'un  genre  pour  une  seule  es- 
pèce.Lamarck  n'eut  pas  plus  tôt  créé  le  genre 
Janthine,  que  tous  les  conchyliologistes 
s'empressèrent  de  l'adopter;  mais  il  fallait 
indiquer  ses  rapports  naturels,  et  à  cet 
égard  les  naturalistes  furent  d'opinion  dif- 
férente, ce  qui  fit  sentir  à  Cuvier  combien 
étaient  insuffisants  les  documents  laissés 
par  Fabius  Columna  et  par  Breyne  ;  et  notre 
grand  anatomiste  voulut  combler  cette  la- 
cune par  la  publication  d'un  mémoire  ana- 
tomique  spécial  ,  publié  dans  les  Annales 
du  Muséum.  Malgré  ce  travail,  dans  lequel 
Cuvier  a  dévoilé  l'organisation  des  Jan- 
thines,  les  zoologistes  ne  sont  point  tombés 
d'accord  sur  la  place  que  ce  genre  doit  occu- 
per. Cuvier  le  rapproche  des  Ampullaires 
et  des  Phasianellcs.  Lamarck,  dans  sod 
dernier  ouvrage,  en  fait  une  famille  à  la 
suite  des  Macrostomes.  L'opinion  de  M.  de 
Blainville  se  rapproche  assez  de  celle  de 
Lamarck,  tandis  que  celle  de  Férussac  et 
de  Latreille  semble  résulter  d'une  combi- 


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143 


naison  malheureuse  des  opinions  de  Cuvier 
et  de  Lamarck.  11  faut  conclure  de  cette 
diversité,  ou  que  les  faits  que  possède  la 
science  sont  insuffisants  ,  ou  bien  que  les 
caractères  du  genre  Janthinc  sont  d'une 
appréciation  difficile,  parce  qu'ils  s'éloi- 
gnent de  ceux  de  la  plupart  des  autres 
Mollusques.  C'est  en  effet  ce  qui  a  lieu,  car 
l'animal  se  rapproche,  à  certains  égards, 
«Je  ceux  des  Carinaires  et  des  Ptérotrachées, 
et  il  a  également  de  l'analogie  avec  les 
Gastéropodes;  il  semble  le  résultat  de  la 
combinaison  des  caractères  de  deux  groupes 
de  Mollusques  que  l'on  a  regardés  jusqu'ici 
comme  très  nettement  séparés. 

Les  Janthines  sont  des  Mollusques  qui, 
par  leurs  mœurs,  s'éloignent  des  autres 
Gastéropodes  et,  à  certains  égards,  se  rap- 
prochent des  Ptéropodes.  Ils  restent  con- 
stamment suspendus  à  la  surface  des  eaux, 
deviennent  le  jouet  des  vents,  et  se  laissent 
aller  dans  toutes  les  directions  comme  tous 
les  autres  corps  flottants.  Ils  sont  pourvus 
d'une  tête  fort  grosse,  cylindracée,  sem- 
blable à  un  gros  mufle  ,  tronquée  en  avant 
et  fendue  longitudinalement  par  une  bouche 
à  lèvres  assez  épaisses  et  armées  en  dedans 
de  plaques  cornées ,  hérissées  de  crochets. 
Tout-à  fait  en  arrière,  et  sur  les  parties  la- 
térales de  la  tête,  s'élèvent  deux  grands 
tentacules  coudés  dans  leur  milieu  ,  et  sur 
lesquels  on  n'aperçoit  aucune  trace  de  l'or- 
gane de  la  vision;  en  arrière  de  cette  tète 
et  en  dessous,  séparé  d'elle  par  un  sillon 
profond  ,  se  voit  un  disque  charnu,  assez 
court,  auquel  est  attachée,  en  guise  d'oper- 
cule une  vésicule  singulière,  remplie  d'air 
et  destinée  à  suspendre  l'animal  à  la  surface 
de  l'eau.  Ce  disque  n'est  autre  chose  que  le 
pied  des  autres  Mollusques  gastéropodes. 
Quant  à  la  vésicule,  Fabius  Columna  l'a 
caractérisée  en  la  désignant  par  l'épithète 
de  Spuma  cartilaginea ;  elle  est,  en  effet, 
composée  d'un  amas  de  petites  vésicules 
agglomérées,  rempliesd'air,  contenues  dans 
une  enveloppe  subcartilagincuse.  D'après 
Ips  observations  de  MM.  Quoy  et  Gaimard, 
celte  vésicule  n'a  pas  seulement  pour  usage 
de  suspendre  la  Janthine  à  la  surface  de 
l'eau,  elle  sert  aussi,  au  moment  de  la 
ponte,  à  tenir  suspendues  un  grand  nom- 
bre de  capsules  oyifères  que  l'animal  y  a 
attachées. 


La  partie  antérieure  de  l'animal  est  en- 
veloppée d'un  manteau  s'appliquant  sur  la 
surface  interne  de  la  coquille  et  constituant 
en  arrière  delà  tête  une  cavité  assez  grande, 
largement  ouverte  en  avant,  dans  laquelle 
sont  contenus  les  organes  de  la  respiration. 
Ces  organes  respiratoires  se  présentent 
sous  la  forme  d'un  grand  peigne  ,  à  dents 
profondément  découpées,  et  attaché  par  sa 
base  au  plafond  de  la  cavité  respiratrice. 
Derrière  la  branchie  existe  l'organe  des  mu- 
cosités, semblable  à  celui  des  autres  Mollus- 
ques gastéropodes  ,  mais  sécrétant ,  comme 
dans  les  Aplysies ,  une  liqueur  d'un  très 
beau  violet.  Plus  en  arrière  encore  de  cet 
organe,  au  point  de  jonction  du  manteau 
avec  le  corps ,  on  trouve  un  cœur  subglo- 
buleux ,  contenu  dans  un  péricarde  peu 
étendu.  Par  son  extrémité  antérieure,  ce 
cœur  reçoit  les  vaisseaux  de  la  branchie  par 
l'intermédiaire  d'une  oreillette,  et  par  son 
extrémité  postérieure  il  donne  naissance  à 
une  aorte,  dont  les  branches  se  distribuent 
dans  tout  le  corps.  La  cavité  de  la  bouche 
est  assez  grande;  en  arrière,  vers  l'entrée 
de  l'œsophage,  une  petite  langue  y  fait 
saillie,  et  c'est  près  d'elle  que  se  débouchent 
les  canaux  de  quatre  glandes  salivaires  fort 
allongées  et  contenues  par  la  masse  viscé- 
rale dans  le  voisinage  de  l'estomac.  L'es- 
tomac n'est  point  une  cavité  simple  et  uni- 
que comme  dans  beaucoup  de  Mollusques; 
deux  étranglements  le  partagent  en  trois 
cavités  inégales,  dans  lesquelles  se  complète 
successivement  la  digestion  des  aliments, 
avant  qu'ils  soient  admis  dans  un  intestin 
grêle  faisant  quelques  circonvolutions  dans 
le  foie  avant  de  se  terminer  en  un  anus 
qui  débouche  au  côté  droit  de  la  cavité  bran- 
chiale. Le  foie  est,  comme  à  l'ordinaire,  un 
organe  très  volumineux,  envahissant  une 
très  grande  partie  des  tours  de  la  spire; 
il  contient  des  vaisseaux  biliaires  qui  se 
dirigent  vers  le  cul-de-sac  du  second  esto- 
mac, où  il  débouche  au  moyen  d'une  grande 
crypte.  Cuvier  soupçonne  dans  ces  Janthi- 
nes des  individus  mâles  et  des  individus 
femelles.  En  effet,  chez  les  uns  il  a  trouvé 
un  petit  organe  excitateur  sur  le  côté  droit 
du  corps,  organe  qui  ne  se  montre  jamais 
dans  d'autres  individus. 

La  coquille  des  Janthines  se  reconnaît 
non  seulement  à  sa  couleur  violette  ,  mai» 


144 


JAN 


encore  à  d'autres  caractères  propres  à  ce 
genre.  Ce  sont  des  coquilles  turbinées,  à 
spire  obtuse  et  courte ,  se  rapprochant  en 
cela  des  véritables  Hélices.  Le  test  est  très 
mince,  transparent,  d'une  structure  plus 
vitrée  et  plus  serrée,  ce  qui  lui  donne  plus 
de  fragilité  et  laisse  à  ses  cassures  un  ca- 
ractère tout  particulier.  L'ouverture  est 
grande ,  subquadrangulaire,  un  peu  évasée 
à  la  base ,  à  péristome  non  complet.  La 
columelle  est  mince ,  fortement  tordue  sur 
elle-même.  Le  bord  droit  est  tranchant,  et 
il  présente  au  milieu  de  sa  longueur  une 
sinuosité  plus  ou  moins  profonde  selon  les 
espèces.  Il  est  quelques  unes  de  ces  espèces 
chez  lesquelles  la  sinuosité  du  bord  droit 
rappelle  assez  bien  celle  des  Bellérophes. 

D'après  des  observations  assez  souvent 
répétées ,  les  Janthines  ne  se  montreraient 
pas  dans  toutes  les  saisons  ;  on  s'est  natu- 
rellement demandé  ce  que  devenait  un  Mol- 
lusque invinciblement  suspendu  à  la  surface 
de  l'eau  par  sa  vésicule  aérienne.  On  a  sup- 
posé que  l'animal  pouvait  se  comprimer  au 
point  de  devenir  plus  pesant  et  de  pouvoir 
s'enfermer  ainsi  dans  les  profondeurs  de 
la  mer.  D'autres  personnes  supposent  que 
les  Janthines  peuvent  se  débarrasser  de 
leurs  vésicules,  s'enfoncer  sous  l'eau,  et  re- 
monter ensuite  à  sa  surface  en  sécrétant 
une  vésicule  nouvelle.  Cette  dernière  opi- 
nion semble  se  rapprocher  de  la  vérité,  quoi- 
que nous  n'ayons  à  son  sujet  aucun  exem- 
ple définitif.  Nous  avons  fait  une  remarque 
qui  n'est  point  sans  intérêt  :  nous  avons 
trouvé  des  Janthines  attachées  aux  Vélelles 
et  se  nourrissant  de  la  substance  de  ces  Zoo- 
phytes  ;  la  Vélelle  devenait  ainsi  tout  à  la 
fois  une  proie  et  un  organe  de  natation 
pour  cette  Janthine  ;  et  nous  avons  vu  aussi 
3[ue  le  Mollusque ,  parvenu  à  un  certain 
degré  de  développement,  quittait  la  Vé- 
lelle, mais  seulement  au  moment  où  il  a 
sécrété  sa  vésicule  de  natation.  On  conçoit, 
d'après  la  manière  de  vivre  des  Janthines, 
que  certaines  espèces  ont  dû  se  propager 
dans  tortes  les  mers,  et  il  en  est  une  entre 
autres  qui  se  montre  sur  toutes  les  parties 
du  globe  terrestre.  Le  nombre  des  espèces 
en  est  peu  considérable,  8  ou  10  seulement  ; 
aucune  jusqu'à  présent  n'est  connue  à  l'état 
fossile.  (Desh.) 

JANUS  (nom  mythologique),  moll.  — 


JAQ 

M.  Verani  a  proposé  ce  g.  dans  la  Revue 
zoologique  (août  1844)  pour  un  petit  Mol- 
lusque gasîéropode  voisin  des  Éolides,  etque 
l'auteur  caractérise  de  la  manière  suivante: 
Corps  limaciforme ,  gastéropode  ;  tête  dis- 
tincte, pourvue  en  avant  et  de  chaque  côté 
d'un  prolongement  tentaculiforme;  deux 
tentacules  dorsaux  ,  non  rétractiles ,  coni- 
ques, implantés  sur  un  gros  pédicule  leur 
servant  de  base  commune  ;  yeux  sessiles, 
peu  apparents ,  situés  en  arrière  de  ce  pé- 
dicule ;  branchies  formées,  comme  dans  les 
Éolides,  par  un  grand  nombre  de  cirrhes  cy- 
lindroïdes,  disposées  par  rangées  longitudi- 
nales sur  les  côtés  du  dos,  mais  s'étendant 
jusqu'à  la  partie  supérieure  de  la  tête  ,  et 
se  réunissant  également  en  arrière  de  ma- 
nière à  former  autour  de  la  face  dorsale  de 
l'animal  une  série  non  interrompue  ;  anus 
dorsal ,  postérieur  et  médian  ;  terminaison 
des  organes  de  la  génération  dans  un  tu- 
bercule commun,  situé  en  avant  et  du  côté 
droit.  (Desh.) 

*JAIVUSIA  (nom  mythologique),  bot.  ph. 
—Genre  de  la  famille  des  Malpighiacées, 
établi  par  Adrien  de  Jussieu  {Synops.  Mal- 
pigh.  Msc).  Arbrisseaux  du  Brésil.  Voy. 

MALPIGHIACÉES. 

*JAPOTAPITA,  Plum.  bot.  ph.  —  Syn. 
Gomphia,  Schreb. 

JAQUES,  ois.  —  Nom  vulgaire  du  Geai. 

JAQUIER  ou  JACQUIER.  Artocarpus. 
bot.  ph.  —  Genre  type  de  la  petite  famille 
des  Artocarpées  à  laquelle  il  donne  son  nom. 
Quoique  peu  nombreux  en  espèces ,  il  pré- 
sente le  plus  grand  intérêt ,  deux  de  celles 
qu'il  renferme  fournissant  l'aliment  princi- 
pal et  presque  unique  de  nombreuses  popu- 
lations. Il  se  compose  d'arbres  à  suc  laiteux 
abondant,  qui  sort  de  toutes  leurs  parties 
à  la  moindre  blessure  ou  même  quelquefois 
spontanément.  Ces  arbres  ont  des  feuilles 
alternes,  à  court  pétiole,  tantôt  entières, 
tantôt  lobées-pinnatifides,  accompagnées  de 
grandes  stipules  qui  d'abord  sont  enrou- 
lées autour  des  bourgeons  et  des  jeunes  in- 
florescences, qui  tombent  ensuite  de  bonne 
heure.  Leurs  fleurs  sont  monoïques;  les 
mâles  sont  portées  en  grand  nombre  et  très 
pressées  sur  un  réceptacle  en  massue,  de 
manière  à  constituer  par  leur  ensemble  une 
sorte  de  chaton  ;  elles  sont  formées  d'un 
périanthe  à  2-3  folioles  légèrement  inéga- 


JAQ 

les,  plus  ou  moins  soudées  entre  elles,  vers 
leur  base;  leur  unique  étamine  a  son  filet  plus 
ou  moins  aplati  et  une  anthère  terminale  à 
<Ieux  loges  opposées.  Les  fleurs  femelles  sont 
réunies  en  grande  quantité  tout  autour  d'un 
réceptable  globuleux,  et  elles  se  soudent  les 
unes  aux  autres;  leur  périanthe  est  tubu- 
leux,  surmonté  d'un  limbe  pyramidal,  ou- 
vert seulement  pour  le  passage  du  style; 
leur  pistil  se  compose  d'un  ovaire  libre,  à 
«ne  seule  loge  uni-ovulée ,  et  d'un  style  la- 
téral,  allongé,  saillant,  filiforme,  terminé 
par  un  stigmate  indivis  ou  bifide.  A  ces 
inflorescences  femelles  succède  une  masse 
volumineuse  qu'on  nomme  le  fruit,  formée 
par  les  périanthcs  épaissis  et  devenus  char- 
nus, dont  un  grand  nombre  stériles,  soudés 
par  l'intermédiaire  d'un  tissu  cellulaire  in- 
terposé en  un  seul  corps  sur  la  surface  duquel 
s'élèvent  les  limbes  en  pyramide  qui  y  for- 
ment extérieurement  autant  de  saillies.  Les 
vrais  fruits,  situés  au  milieu  de  cette  masse 
charnue,  sont  des  utricules  membraneux, 
qui  conservent  des  restes  de  leur  style  latéral 
et  qui  se  déchirent  longitudinalement.  La 
graine,  solitaire  dans  chacun  de  ces  utricu- 
les, renferme  un  embryon  sans  albumen, 
mais  à  deux  cotylédons  très  développés  et 
charnus,  inégaux,  à  radicule  très  courte, 
supère,  incombante  sur  le  dos  des  cotylé- 
dons. Ces  végétaux  croissent  spontanément 
dans  l'Asie  et  TOcéanie  tropicales  ;  certains 
d'entre  eux  ont  été  introduits  en  Amérique, 
où  on  les  cultive  pour  l'aliment  abondant 
qu'ils  fournissent. 

Parmi  les  espèces  en  petit  nombre  que 
renferme  ce  genre,  il  en  est  deux  qui  mé- 
ritent une  attention  particulière,  à  cause  de 
leur  haute  importance. 

1 .  Le  Jaquier  incisé  ,  Artocarpus  incisa 
Linn.,  très  connu  sous  le  nom  d'Arbre  à 
pain(Botan.magaz.,  t.  2869,  2870,2871). 
C'est  un  arbre  d'environ  10  ou  12  mètres  de 
haut,  dont  le  tronc  atteint  environ  3  ou  4 
décimètres  ele  diamètre  et  se  termine  par 
une  grosse  cime  formée  de  branches  étalées  ; 
ses  feuilles  sont  très  grandes  et  acquièrent 
quelquefois  1  mètre  de  long  sur  5  décimètres 
de  large  ;  elles  sont  alternes,  ovales  dans  leur 
ensemble,  en  coin  et  entières  à  leur  base, 
pinnatifldes,  à  3-9  lobes  aigus,  coriaces:  ses 
Itipules  sont  grandes,  caduques.  Le  périan- 
the des  fleurs  mâles  a  ses  deux  folioles  sou- 
t.  vu. 


JAQ  ïfa 

dées  à  moitié  et  paraît  bifide.  Le  stigmate 
est  bifide.  Son  fruit  est  ovoïde  ou  globuleux, 
de  la  grosseur  d'un  fort  melon.  Sa  surface, 
sa  forme  et  son  volume  varient  de  manière 
à  caractériser  diverses  variétés  dont  voici  ' 
les  principales  :  1°  Fruit  rond  et  muriqué  a 
sa  surface;  2°  fruit  ovoïde  etmuriqué;  c'est 
le  meilleur  ;  3°  fruit  ovoïde  et  lisse;  il  vient 
après  le  précédent  pour  la  qualité;  4°  fruit 
rond  et  lisse  ;  5°  var.  de  Timor,  à  fruit  pe- 
tit et  de  qualité  très  inférieure.  Ces  fruits 
se  divisent  en  deux  catégories,  sous  le  rap- 
port des  graines:  tantôt,  en  effet,  ils  en 
contiennent  une  certaine  quantité  et  ils  sont 
alors  fertiles;  tantôt,  au  contraire,  ils  res- 
tent absolument  stériles,  toutes  les  graines 
ayant  avorté;  la  masse  charnue,  qui  semble 
constituer  le  fruit,  n'est  composée,  dans  ce 
dernier  cas,  que  par  les  périanthcs  épaissis 
et  soudés  entre  eux.  Les  variétés  à  fruits 
stériles  sont  préférées  pour  les  cultures; 
aussi  remplacent-elles  chaque  jour  les  va- 
riétés à  graines,  qui  ont  déjà  disparu  de 
certains  endroits,  de  Taïti,  par  exemple. 

Le  fruit  de  l'Arbre  à  pain  est  d'abord 
vert;  à  sa  maturité,  il  se  couvre  d'une  sorte 
de  croûte  jaune.  Sur  sa  surface  exsudent 
çà  et  là  des  gouttes  de  suc  laiteux  qui  se 
concrètent  en  espèces  de  larmes.  Dans  les 
îles  intertropicales  de  l'Océanie,  il  constitue 
presque  toute  la  nourriture  des  habitants; 
en  effet,  pendant  huit  mois  de  Tannée, 
l'arbre  en  produit  incessamment  que  l'on 
mange  en  nature  ;  pendant  les  quatre  autres 
mois ,  c'est-à-dire  en  septembre,  octobre  , 
novembre  et  décembre,  la  récolte  manque, 
mais  on  la  remplace  par  une  sorte  de  pulpe 
cuite  qui  a  été  faite  avec  le  même  fruit. 
Cette  espèce  produit,  au  reste,  en  si  grande 
abondance,  que  trois  pieds  suffisent,  dit- 
on  ,  pour  fournir  à  la  nourriture  d'un 
homme  pendant  toute  l'année. 

Le  fruit  de  l'Arbre  à  pain  se  mange  en 
guise  de  pain,  cuit  au  four  ou  sur  le  feu, 
plus  souvent  bouilli  comme  les  patates; 
dans  cet  état ,  il  constitue  un  aliment  très 
sain, d'une  saveur  agréable,  et  qui  rappelle, 
dit-on,  le  pain  de  froment  ou  la  pomme 
de  terre.  Avant  sa  parfaite  maturité,  il  est 
farineux;  c'est  en  cet  état  qu'on  le  mange 
le  plus  communément.  Lorsqu'il  a  atteint 
toute  sa  maturité,  il  renferme  une  pulpe 
d'une  saveur  douce  et  agréable.  Dans  les 

19 


146 


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JAS 


variétés  fertiles  ,  les  graines  deviennent  un 
aliment  important;  on  les  mange  ,  comme 
nos  châtaignes ,  cuites  à  l'eau ,  sous  la  cen- 
tre ou  grillées. 

Peu  de  végétaux  pourraient  être  compa- 
rés à  l'Arbre  à  pain  pour  leur  utilité;  non 
seulement  son  fruit  est  l'aliment  fonda- 
mental et  souvent  unique  des  Océaniens, 
mais  les  fibres  de  son  liber  leur  servent  à 
faire  des  étoffes  dont  ils  s'habillent;  son 
bois  est  employé  par  eux  pour  la  construc- 
tion de  leurs  huttes  et  pour  la  confection 
de  leurs  pirogues;  ses  feuilles  leur  servent 
comme  enveloppes  pour  leurs  vivres,  etc.  ; 
son  suc  laiteux,  en  se  concrétant,  forme 
une  matière  très  visqueuse  qu'ils  emploient 
comme  notre  glu  pour  la  chasse  aux  oi^ 
seaux;  enfin  ses  inflorescences  mâles  leur 
servent  en  guise  d'amadou. 

l2.  Jaquier  a  feuilles  entières,  Artocarpus 
udcgrifolia  Linn.  {Botan.  inagaz.  tab. 
2833,  2834),  A.  Jaca  La  m.  Cette  espèce 
est  le  véritable  Jacquier  ou  Jack  des  colo- 
nies. C'est  pour  elle  qu'a  été  proposé  par 
Banks  le  genre  Silodium,  qui  a  été  admis 
dansGaertner  (de  Fruct.,  I,  p.  344,  tab.  71, 
72),  mais  non  par  les  botanistes  postérieurs. 
Elle  forme  un  arbre  d'assez  haute  taille, 
dont  le  tronc  ne  dépasse  guère  d'ordinaire 
les  dimensions  de  celui  de  l'espèce  précé- 
dente ,  quoique  ,  dans  les  Indes,  il  atteigne 
quelquefois,  selon  Roxburgh,  jusqu'à  3  et 
4  mètres  de  circonférence  ;  le  tronc  se  ter- 
mine par  une  cime  arrondie,  très  rameuse; 
les  feuilles  sont  alternes,  ovales,  entières, 
glabres,  rudes  à  leur  face  inférieure,  co- 
riaces; assez  souvent  elles  sont  trilobées 
dans  leur  jeunesse.  Ses  fleurs  se  dévelop- 
pent aux  mois  de  janvier  et  de  février; 
elles  ont  une  légère  odeur.  Le  fruit  qui  leur 
succède  mûrit  en  août  et  septembre;  il  est 
le  plus  souvent  très  gros  et  acquiert  jusqu'à 
4  et  5  décimètres  dans  le  sens  de  son  grand 
diamètre  ;  sa  grosseur  est  cependant  très  su- 
jette à  varier.  Ce  fruit,  dont  la  nature  est 
semblable  à  celle  que  nous  avons  fait  con- 
naître pour  l'Arbre  à  pain,  a  une  chair  jau- 
nâtre, dont  la  saveur  est  généralement 
douce  ,  mais  qui  ne  plaît  pas  toujours  aux 
étrangers.  Sans  être  aussi  important  que 
celui  de  l'Arbre  à  pain  ,  il  joue  cependant 
un  rôle  majeur  dans  l'alimentation  de  plu- 
sieurs contrées  interlropicales  :  ainsi,  à  Ccy- 


lan ,  les  naturels  en  fout  leur  principale 
nourriture. 

Le  Jaquier  à  feuilles  entières  croît  natu- 
rellement dans  les  Indes  orientales  et  à  l'Ile 
de  France  ;  il  a  été  introduit  dans  les  Indes 
occidentales,  où  sa  culture  s'est  tellement 
répandue  qu'il  s'y  est  presque  naturalisé, 
particulièrement  dans  l'île  de  Saint-Vin- 
cent. Ses  diverses  parties  ont  des  usages 
pour  la  plupart  analogues  à  ceux  que  nous 
avons  signalés  au  sujet  de  l'Arbre  à  pain  : 
son  fruit  est  un  aliment  précieux,  abon- 
dant et  très  sain,  que  l'on  prépare  de  la 
même  manière  que  celui  de  l'espèce  pré- 
cédente; les  graines  qu'il  renferme  servent 
égalementd'aliment  et  se  préparent  comme 
nos  Châtaignes;  son  bois  est  généralement 
employé  pour  la  construction  des  habita- 
tions ;  de  plus,  lorsqu'il  est  resté  exposé  à 
l'air  pendant  quelque  temps,  il  a  une  cou- 
leur analogue  à  celle  de  l'acajou,  ce  qui  le 
fait  employer  quelquefois  pour  la  confection 
des  meubles;  enfin  son  suc  laiteux  concrète 
fournit  encore  une  matière  très  visqueuse 
que  l'on  emploie  en  guise  de  glu.    (P.  D.) 

JARACATÏA,  Marcg.  bot.  pu.  — Syn.  de 
Carica,  Linn. 

JARAViE  A.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Mélastomacées-Rhexiées,  établi  parSco- 
poli  [Introduc,  n.  968),  et  dont  les  espèces 
qui  le  composent  ont  été  réparties  dans  les 
genres  Noterophila,  Mart.  et  Alicrolicia, 
Don. 

JARDINIER,  moll.  —  Nom  vulgaire  de 
YHelix  aspersa.  Voy.  hélice.        (Desh.) 

JARDINIÈRE,  ins.  —  Nom  vulgaire  du 
Carabe  doré,  de  la  Courtillière  et  d'autres 
Insectes  qui  attaquent  les  racines  des  plan- 
tes potagères. 

JARGON,  min.  —  Voy.  zircon. 

*JARORA,  Marcg.  bot.  ph.  — Syn.  de 
Tannœcium,  Swartz. 

JARRETIÈRE,  poiss.—  Voy.  lépidope. 

JARS.  ois.  —  Nom  vulgaire  du  mâle  de 
l'Oie  domestique. 

JASERAN.  bot.  cr.— Nom  vulgaire,  dans 
quelques  cantons  de  la  France,  de  l'Oronge 
vraie. 

JASEUR.  Bombycilla.  ois.  —  Genre  de 

^'ordre  des  Passereaux,  établi  par  Brisson  , 

d'après  une  espèce  que  Linné  plaçait  dans 

son  genre  Ampelis.  Caractères  :  Bec  court, 

droit,  convexe  en  dessus,  bombé  en  des- 


JAS 


JAS 


147 


tous,  à  mandibule  supérieure  echancrée  et 
un  peu  recourbée  à  la  pointe  ;  narines  ovoï- 
des situées  à  la  base  du  bec ,  et  en  partie 
cachées  par  les  plumes  du  front;  tarses 
courts,  scutellés. 

Les  naturalistes  ne  sont  point  d'accord 
sur  la  place  que  doit  occuper  le  genre  Ja- 
seur dans  les  méthodes  ornithologiques.  Les 
uns  le  rangent  dans  la  famille  des  Cor- 
beaux; les  autres  le  rapprochent  des  Mer- 
les; d'autres  enfin  ,  et  c'est  le  plus  grand 
nombre,  pensent  qu'il  doit  prendre  place 
dans  la  famille  des  Cotingas.  C'est,  du  reste, 
avec  ceux-ci  que  Linné  avait  confondu  les 
espèces  du  g.  en  question. 

Ce  que  l'on  connaît  des  mœurs  et  des 
habitudes  des  Jaseurs ,  se  borne  à  peu  près 
aux  quelques  faits  qui  ont  été  fournis  à 
l'observation  par  l'espèce  que  possède  l'Eu- 
rope, le  Jaseub  de  Bohème;  ce  sera  donc 
plutôt  une  histoire  spéciale  que  l'histoire 
du  genre  que  nous  ferons  ici.  II  est  cepen- 
dant infiniment  probable  qu'on  ne  s'écarte- 
rait pas  trop  de  la  vérité  en  attribuant  à 
toutes  les  espèces  les  habitudes  naturelles 
de  celle  qui  nous  est  le  mieux  connue;  car 
les  Jaseurs  diffèrent  si  peu  entre  eux  sous 
le  rapport  de  leur  faciès,  qu'on  a  pu  pen- 
dant quelque  temps  les  considérer  comme 
de  simples  variétés  les  uns  des  autres. 

Les  Jaseurs  sont  d'un  naturel  peu  farou- 
che ;  ils  ont  des  mœurs  sociales ,  aiment  à 
vivre  en  compagnie  de  leurs  semblables , 
et  ne  s'isolent  par  paires  qu'au  moment  des 
couvées.  Aussitôt  que  celles-ci  sont  termi- 
nées, jeunes  et  vieux  se  rassemblent  pour 
former  des  volées  nombreuses.  Ce  sont  des 
oiseaux  qui  vivent  de  baies,  surtout  durant 
l'hiver,  d'insectes,  et  qui  même,  au  besoin, 
ébourgeonnent  les  Hêtres,  les  Érablaa  «t  les 
arbres  fruitiers.  Depuis  longtemps  on  avait 
dit  qu'ils  chassaient  les  Mouches  au  vol . 
M.  Nordmann  a  constaté  ce  fait.  Il  a  vu 
qu'à  l'instar  des  Pies-Grièches,  les  Jaseurs 
se  perchent,  en  été,  à  la  cime  d'un  arbre , 
que  de  cette  espèce  d'observatoire  ils  s'élan- 
cent sur  l'insecte  qui  passe  à  la  portée  de 
leur  vue,  et  qu'après  l'avoir  saisi,  ils  vien- 
nent reprendre  leur  poste.  Très  rarement 
les  Jaseurs  se  posent  à  terre.  Les  buissons 
les  plus  épais  sont  leur  retraite  habituelle. 
Leur  vol  n'est  ni  rapide  ni  de  longue  durée, 
«t  leur  indolence  est  extrême. 


En  captivité,  ils  sont  d'autant  plus  in- 
dolents qu'ils  ont  moins  de  besoins.  Bech- 
stein,  qui  a  conservé  souvent  et  longtemps 
en  chambre  l'espèce  d'Europe,  prétend  que 
cet  oiseau  est  niais  et  paresseux.  «  Pendant 
les  dix  ou  douze  ans  ,  dit-il ,  qu'il  peut  vi- 
vre en  captivité ,  avec  une  nourriture  même 
très  chétive,  il  ne  fait  que  manger  et  se 
reposer  pour  digérer.  Si  la  faim  le  porte  a 
se  mouvoir,  sa  démarche  est  si  gauche,  ses 
sauts  si  maladroits ,  qu'il  est  pénible  de  le 
voir;  son  chant  n'est  composé  que  de  quel- 
ques sifflements  faibles  et  tremblants,  un 
peu  ressemblants  à  celui  du  Mauvis  (Turdus 
iliaceus),  excepté  qu'il  est  moins  haut  en- 
core ;  pendant  ce  chant ,  il  lève  et  baisse  sa 
huppe ,  mais  à  peine  agite-t-il  son  gosier. 
Si  ce  ramage  est  peu  harmonieux  ,  il  a  au 
moins  le  mérite  de  n'être  interrompu  dans 
aucune  saison  de  l'année.  »  Il  est  probable 
que  c'est  en  raison  de  son  babil  continuel 
que  l'espèce  dont  il  est  ici  question  a  reçu 
le  nom  de  Jaseur.  Cependant  il  ne  faudrait 
point  trop  se  hâter  de  croire  que  cette  fa- 
culté de  chanter  ou  même  de  gazouiller  à 
toutes  les  époques  de  l'année  soit  commune 
à  toutes  les  espèces.  Le  Jaseur  du  Cèdre, 
que  Vieillot  a  conservé  longtemps  en  cage, 
était  aussi  silencieux  que  le  plus  silencieux 
des  oiseaux. 

Les  Jaseurs  s'apprivoisent  avec  la  plus 
grande  facilité;  mais  ils  n'ont  d'agréable 
que  leurs  belles  couleurs  ;  du  reste  ils  sont 
fort  sales.  Ce  sont  de  grands  mangeurs  qui 
engloutissent  par  jour  une  masse  égale  à 
leur  propre  poids. 

On  s'accorde  à  dire  que  les  Jaseurs  se  re- 
produisent dans  les  contrées  montueuses 
de  l'hémisphère  boréal;  les  uns  avancent 
qu'ils  nichent  sur  les  grands  arbres,  les  au- 
tres prétendent  que  c'est  dans  les  fentes 
des  rochers.  Leur  ponte  serait  de  quatre  ou 
cinq  œufs. 

Si  le  Jaseur  de  Bohême  ,  qui  habite  l'ex- 
trême nord  ,  pousse  tous  les  ans  ses  migra- 
tions d'automne  jusque  dans  les  parties  le* 
plus  méridionales  de  la  Russie  européenne, 
dans  la  Thuringe  et  la  Bohême ,  le  même 
fait  ne  se  produit  pas  d'une  manière  aus>; 
périodique  dans  les  contrées  de  l'Europci 
situées  plus  au  midi,  par  exemple  en  France, 
en  Espagne  et  en  Italie.  Rien  n'est  plus  ir- 
régulier que  l'apparition  de  cet  oiseau  dans 


HS 


JAS 


JAS 


tes  contrées.  Il  est  impossible  de  fixer  d'a- 
vance l'époque  de  sa  venue  et  de  pouvoir 
dire  quelle  est  la  cause  qui  nous  l'amène. 
Dans  les  pays  qu'il  visite  assez  annuelle- 
ment, il  se  montre  tantôt  en  petit  nombre, 
tautdt  en  troupes  considérables  ,  selon  les 
circonstances  de  température.  Chez  nous, 
on  ne  le  rencontre  jamais  trop  abondant, 
et  malgré  que  presque  tous  les  ans  quel- 
ques individus  isolés  s'y  montrent,  on  peut 
dire  cependant  que  son  passage  ne  s'y  fait 
que  de  loin  en  loin.  En  1826,  époque  où 
Ton  en  vit  des  troupes  excessivement  nom- 
breuses répandues  sur  presque  toute  l'Eu- 
rope, M.  Florent  Prévost,  dans  une  seule 
chasse  faite  aux  environs  de  Paris,  en  tua 
quatorze.  Depuis ,  cet  oiseau  ne  s'est  mon- 
tré un  peu  abondamment  qu'en  1835.  A 
cette  dernière  époque,  il  fut  capturé  sur 
plusieurs  points  de  la  France,  et  notam- 
ment, d'après  M.  de  La  Fresnaye,  à  Fa- 
laise et  à  Caen.  Je  ne  sache  pas  qu'on  Fait 
revu,  durant  ces  dix  dernières  années,  en 
nombre  un  peu  notable.  Un  seul  individu 
isolé  a  été  tiré,  il  y  a  trois  ans,  dans  un 
bois  des  environs  de  Paris. 

On  ne  connaît  encore  que  trois  espèces 
de  Jaseurs,  toutes  originaires  du  nord  de 
l'ancien  et  du  nouveau  continent. 

L'espèce  la  plus  anciennement  connue, 
celle  qui  a  servi  de  type  au  genre,  est  le 
Jaseur  de  Bohême,  Bomb.  garrula  Vieill. 
(Buff.  pi.  enl.  261).  Cet  oiseau,  représenté 
dans  l'atlas  de  ce  Dictionnaire,  pi.  2,  est 
remarquable  par  son  plumage  doux  et 
soyeux,  par  les  plumes  du  sommet  de  la 
tête  allongées  en  forme  de  huppe,  et  par  les 
disques  cornés  ,  rouges  et  brillants  qui  ter- 
minent plusieurs  des  pennes  secondaires  de 
l'aile.  Un  cendré  rougeàtre,  foncé  en  des- 
sus, plus  pâle  en  dessous,  est  la  couleur 
générale  de  cet  oiseau  ,  qui  a  en  outre  le 
front,  un  trait  au-dessus  des  yeux,  la 
gorge  et  les  rémiges  d'un  noir  profond  ;  ces 
dernières  ont  à  leur  extrémité  une  tache 
angulaire  jaune  et  blanche.  Une  bande  d'un 
beau  jaune  termine  la  queue. 

Le  nombre  des  plaques  cornées  rouges 
qui  se  montrent  sous  forme  d'appendices  à 
l'extrémité  des  pennes  secondaires  des  ailes 
varie  selon  les  sexes ,  et  même  selon  les 
individus.  Les  mâles  en  ont  jusqu'à  huit 
de  chaque  côté;  on  n'en  compte  jamais  plus 


de  quatre  chez  les  femelles  ,  quelquefois 
même  elles  n'en  possèdent  pas. 

Le  Jaseur  de  Bohême  est  originaire  de 
l'extrême  nord  de  l'Europe.  On  le  trouve 
aussi ,  mais  en  petit  nombre,  au  Japon. 

Le  Jaseur  du  Cèdre  ,  Bomb.  cedrorum 
Vieill.  (Gai.  des  Ois.,  pi.  118).  Cette  es- 
pèce, à  l'exception  de  son  ventre  ,  qui  est 
jaune  ,  est  parfaitement  semblable,  par  les 
couleurs  et  leur  distribution,  à  la  précédente. 
Du  reste,  sa  taille  est  de  moitié  plus  pe- 
tite. Habite  la  Louisiane  et  la  Caroline. 

Le  Jaseur  phénicoptère  ,  Bomb.  pheni- 
coptera  Temm.  (pi.  col.  450).  Sans  disque 
à  l'extrémité  des  rémiges  secondaires;  une 
bande  rouge  sur  le  milieu  de  l'aile  et  l'ex- 
trémité de  la  queue.  Habite  le  Japon.  (Z.G.) 

JASIONE  (nom  mythologique),  bot.  ph. 
—  Genre  de  la  famille  des  Campanulacées- 
Wahlenbergiées,  établi  par  Linné  (Gen., 
n°  1055).  Herbes  annuelles  ou,  plus  sou- 
vent, vivaces,  basses,  lactescentes,  indigènes 
de  l'Europe.  Ces  plantes  ont  le  port  des 
Scabieuses;  les  feuilles  radicales  sont  réu- 
nies en  rosaces,  celles  de  la  tige  sont  alter- 
nes, étroites,  très  entières  ou  sinuées;  les 
fleurs  sont  petites,  terminales,  blanches  et 
quelquefois  bleuâtres.  On  sème  ces  plantes 
en  massifs.  (J.) 

JASMIN.  Jasminum.  bot.  ph.  —  Genre 
nombreux  de  plantes  de  la  famille  des  Jasmi- 
nées  à  laquelle  il  donne  son  nom.  11  se  com- 
pose d'arbrisseaux  à  tige  droite  ouvolubile, 
quicroissentdans  toute  lazonetropicale, dans 
la  région  méditerranéenne,  dans  l'Afrique 
australe  et  dans  les  parties  de  l'Australasie 
situées  au-delà  du  tropique.  Leurs  feuilles 
sont  alternes  ou  opposées ,  quelquefois  sim- 
ples, plus  souvent  ternées  ou  pinnées,  avec 
impaire,  dépourvues  de  stipules.  Leurs  fleurs 
blanches ,  rosées  ou  jaunes,  ont  pour  la 
plupart  une  odeur  agréable.  Leur  calice  est 
tubulé,  à  5-8  dents  ou  lobes,  persistant; 
la  corolle  est  hypocratériforme  ,  à  tube  al- 
longé, à  limbe  divisé  en  5-8  lobes  pro- 
fonds, étalés.  A  l'intérieur  du  tube  de  la 
corolle  s'insèrent  2  étamines  incluses.  Le 
pistil  se  compose  d'un  ovaire  à  deux  loges 
uni-ovulées,  surmonté  d'un  style  court  que 
termine  un  stigmate  bilobé  ou  bifide.  Le 
fruit  qui  succède  à  ces  fleurs  est  une  baie  à 
deux  graines,  ou  à  une  seule  par  suite  d'un 
avortement;  ces  graines  sont  revêtues  d'un 


JAS 


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test  coriace  ou  réticulé  qui  a  été  quelquefois 
décrit  comme  une  arille. 

On  cultive  aujourd'hui  communément  de 
1 2  à  1 5  espèces  de  Jasmins  ,  dont  2  seule- 
ment sont  indigènes.  Sur  ce  nombre  d'es- 
pèces cultivées  ,  nous  nous  bornerons  à  par- 
ier ici  brièvement  des  plus  répandues,  et 
que,  pour  ce  motif,  il  est  indispensable  de 
connaître. 

A.  Fleurs  jaunes. 

i.  Jasmin  arbuste  ou  a  feuilles  de  Cytise, 
Jasminum  fruticans  Linn.  Cette  espèce  croît 
dans  les  haies,  sur  les  bords  des  vignes, 
dans  les  parties  méridionales  de  France  et, 
en  général ,  de  l'Europe  ,  dans  le  Levant. 
On  la  cultive  fréquemment  dans  les  jardins 
et  les  parcs  ;  elle  est  rustique  et  ne  craint 
que  les  hivers  rigoureux  des  contrées  sep- 
tentrionales. Elle  forme  un  buisson  de  1-2 
mètres  de  haut,  toujours  vert.  Sa  tige  est 
très  rameuse  ;  les  nombreux  rameaux  qu'elle 
donne  sont  verts  et  flexibles;  ses  feuilles 
sont  persistantes,  alternes,  glabres,  ter- 
nées  pour  la  plupart,  simples  vers  l'extré- 
mité des  rameaux  ;  leurs  folioles  sont  pres- 
que en  coin ,  obtuses.  De  mai  en  septembre, 
elle  produit  des  fleurs  terminales,  assez  pe- 
tites, peu  odorantes,  dans  lesquelles  les 
lobes  du  calice  sont  subulés.  Les  baies  qui 
succèdent  à  ces  fleurs  sont  d'un  pourpre 
noir.  —  Le  Jasmin  arbuste  vient  sans  peine 
dans  presque  toutes  les  terres  et  à  toutes 
les  expositions;  cependant  il  réussit  beau- 
coup mieux  dans  un  sol  léger  et  à  une  ex- 
position chaude.  On  le  multiplie  de  mar- 
cottes et  de  rejetons. 

2.  Jasmin  humble,  Jasminum  humile 
Linn.  Cette  espèce,  connue  dans  les  jardins 
sous  le  nom  de  Jasmin  d'Italie,  s'avance 
jusque  dans  la  Provence,  aux  environs  de 
Grasse.  Elle  ressemble  à  la  précédente,  dont 
elle  diffère  par  sa  taille  plus  basse ,  par  ses 
rameaux  anguleux ,  par  ses  feuilles  les  unes 
entières,  d'autres  ternées,  d'autres  enfin 
pinnées,  à  5  folioles  ovales-oblongues ,  un 
peu  aiguës;  par  les  lobes  de  son  calice  très 
courts,  enfin  par  ses  corolles  plus  pâles, 
inodores.  Il  est  plus  délicat,  demande  une 
exposition  chaude  et  abritée,  et  doit  être 
couvert  pendant  l'hiver. 

3.  Jasmin  très  odorant  ,  Jasminum  odo- 
ratissimum  Linn., vulgairement  nommé  Jas- 


min jonquille  à  cause  de  la  couleur  et  do 
l'odeur  de  ses  fleurs.  Cet  arbrisseau  est  ori- 
ginaire de  l'Inde ,  où  il  s'élève  ordinaire- 
ment de  1  à  2  mètres.  Ses  feuilles  sont  per- 
sistantes, alternes,  simples  ou  ternées,  à 
folioles  ovales-obtuses,  luisantes.  Ses  fleurs 
sont  terminales ,  portées  sur  des  pédoncules 
triflores;  elles  se  développent  pendant  pres- 
que toute  l'année.  On  le  multiplie  de  grai- 
nes ,  de  marcottes  et  de  rejetons.  Sa  multi- 
plication par  graines  est  facile  et  avanta- 
geuse; semé  au  printemps  ,  il  commence  à 
fleurir  dès  l'année  suivante.  Il  passe  l'hiver 
dans  l'orangerie. 

On  cultive  encore  communément  le  Jas- 
min triomphant,  Jasminum  revolutum  Sims., 
à  feuilles  pinnées,  avec  impaire,  formées  de 
5-7  folioles  ovales,  à  fleurs  d'un  jaune  vif 
et  d'une  odeur  très  agréable. 

B.  Fleurs  blanches. 
4.  Jasmin  commun,  Jasminum  officinale 
Linn.  Cette  espèce,  originaire  du  Malabar, 
s'est  tellement  répandue  en  Europe  depuis 
un  temps  immémorial  qu'elle  s'y  est  entiè- 
rement naturalisée.  Aujourd'hui  on  la 
trouve  cultivée  dans  les  moindres  jardins 
comme  plante  d'ornement,  et  dans  le  raidi 
de  la  France  on  en  implante  des  champs 
tout  entiers  pour  le  principe  odorant  de  ses 
fleurs,  particulièrement  dans  les  environs 
de  Grasse.  Le  Jasmin  commun  donne  des 
rameaux  effilés  et  allongés  qui,  dans  les 
bons  terrains  et  dans  des  circonstances  fa- 
vorables, peuvent  acquérir  jusqu'à  5  et 
6  mètres  de  longueur  en  un  an  ;  ce  sont  ces 
longs  jets  que,  dans  le  Midi  et  en  Orient,  on 
utilise,  à  leur  deuxième  ou  troisième  année, 
pour  la  confection  de  tuyaux  de  pipes.  Ses 
feuilles  sont  opposées,  pinnées,  (plus 
exactement pinnatipartites),  à  folioles  acu- 
minées,  l'impaire  plus  grande  queles  autres. 
Ses  fleurs  sont  blanches,  d'une  odeur  agréa- 
ble ,  terminales  ;  les  lobes  de  leur  calice  sont 
subulés.  —  Le  nom  de  cette  espèce  indique 
qu'on  en  faisait  usage  en  médecine;  on 
employait  soit  sa  fleur,  soit  son  eau  dis- 
tillée, comme  antispasmodique.  Aujour- 
d'hui l'une  et  l'autre  sont  inusitées.  Les 
parfumeurs  seuls  se  servent  de  son  aroinc 
pour  aromatiser  diverses  substances.  L'un 
des  procédés  les  plus  usités  pour  extraire 
cet  arôme  des  fleurs  du  Jasmin  consiste  à 


15& 


JAS 


JAS 


imbiber  des  tampons  de  coton  d'une  huile 
peu  sujette  à  rancir,  particulièrement  celle 
le";  Ben  ou  Behen ,  qui  est  extraite  des  grai- 
aes  du  Moringa  pterygosperma  DC.  ;  on 
iispose  alternativement  des  couches  de  ces 
arapons  et  de  fleurs  de  Jasmin.  Au  bout  de 
24  heures,  l'huile  est  fortement  parfumée, 
et  peut  être  extraite  par  expression.  Mêlée 
ensuite  à  de  l'alcool ,  elle  lui  communique 
le  parfum  et  se  sépare  de  manière  à  pouvoir 
être  décantée.  —  Le  Jasmin  commun  perd 
quelquefois  ses  tiges  par  l'effet  des  gelées  ; 
mais  au  printemps  suivant,  il  repousse  du 
pied  qu'il  est  indispensable  de  couvrir  de 
litière  dans  le  Nord.  On  le  cultive  en  pleine 
terre  à  une  exposition  méridionale.  On  le 
multiplie  de  marcottes  et  de  rejetons. — La 
culture  en  a  obtenu  2  variétés  à  feuilles 
panachées ,  dans  l'une  de  blanc,  dans  l'au- 
tre de  jaune. 

5.  Jasmin  a  grandes  fleurs,  Jasminum 
grandiflorum  Linn.  Cette  espèce ,  connue 
sous  le  nom  impropre  de  Jasmin  d'Espa- 
gne, est  originaire  de  l'Inde.  Elle  ressemble 
à  la  précédente  par  ses  branches  longues 
et  flexibles;  ses  feuilles  sont  persistantes, 
à  7  folioles  ovales-obtuses,  dont  les  3  su- 
périeures se  soudent  assez  souvent  à  leur 
base  ,  de  manière  à  simuler  une  foliole  tri- 
lobée. Ses  fleurs  sont  grandes,  blanches  en 
dedans,  purpurines  en  dehors  ,  d'une  odeur 
agréable,  à  lobes  de  la  corolle  obtus.  On  la 
cultive  beaucoup,  surtout  en  Provence. 
Elle  est  d'orangerie.  On  la  multiplie  par 
greffe  sur  le  Jasmin  commun. 

Enfin ,  pour  ne  pas  prolonger  davantage 
cet  article,  nous  nous  bornerons  à  citer 
quelques  autres  des  espèces  cultivées  dans 
les  jardins,  telles  que  le  Jasmin  des  Açores, 
Jasminum  azoricum  Linn.,  le  Jasmin  glau- 
que, /.  glaucum  H.  K.,  le  Jasmin  sarmen- 
teux,  J.volubile,  etc.  (P.  D.) 

JASMIN  DE  MER.  polyp.  —  Nom  vul- 
gaire du  Millépore  tronqué.  (E.  D.) 

JASMIIVACÉES,  JASMINÉES.  Jasmi- 
naceœ,  Jasmineœ.  bot.  ph.  —  Famille  de 
plantes  ^icotyledonées  monopétales  hypo- 
gynes,  ainsi  caractérisée:  Fleurs  réguliè- 
res; calice  monophylle,  divisé  en  5-8  dents 
ou  segments  plus  profonds.  Corolle  hypo- 
cratériforme,  à  tube  cylindrique,  à  limbe 
découpé  en  5-8  lobes  égaux,  qui  sont  im- 
briqués et  tordus  dans  la   préfloraison  ,  et 


plus  tard  continuent  à  se  recouvrir  l'un 
l'autre  par  leurs  bords.  Étamines  au  nom- 
bre de  deux  seulement  insérées  sur  le  tube 
et  incluses,  à  anthères  presque  sessiles, 
biloculaires ,  s'ouvrant  dans  le  sens  de  la 
longueur.  Ovaire  libre,  dépourvu  de  dis- 
que glanduleux,  surmonté  d'un  style  court 
avec  un  stigmate  indivis  ou  bilobé,  creusa 
de  deux  loges  contenant  chacun  un  ou  ra- 
rement deux  ovules  collatéraux  ascendants 
de  la  base ,  devenant  par  la  maturation 
une  baie  biloculaire  disperme  ou  une  cap- 
sule qui  se  sépare  en  deux,  par  le  décolle- 
ment de  ses  cloisons,  ou  quelquefois  se  cir- 
conscrit transversalement.  La  graine  dres- 
sée, sous  un  test  coriace  doublé  d'une  mem- 
brane un  peu  épaisse ,  offre  une  couche  très 
mince  de  périsperme  et  un  embryon  à  radi- 
cule infère  ,  à  cotylédons  charnus,  plans 
sur  la  face  interne,  légèrement  convexes  sur 
l'autre.  Les  espèces,  très  rares  en  Améri- 
que, habitent  surtout  les  régions  chaudes 
de  l'ancien  continent;  mais  quelques  unes 
s'avancent  jusqu'aux  tempérées.  Ce  sont  des 
arbres  ou  arbrisseaux,  le  plus  souvent 
grimpants  ,  à  feuilles  opposées,  ordinaire- 
ment composées ,  ternées  ou  pennées  avec 
impaire,  quelquefois  simples,  à  limbe  pres- 
que toujours  articulé  avec  le  pétiole,  dé- 
pourvues de  stipules.  L'inflorescence  axil- 
laire  ou  terminale  est  définie,  divisée  par 
dichotomie,  une  ou  plusieurs  fois,  et  ainsi 
réduite  à  trois  fleurs  ou  en  offrant  un  plus 
grand  nombre.  Ces  fleurs  sont  remplies 
d'une  huile  volatile  qui  donne  à  la  plupart 
des  espèces  une  odeur  délicieuse  qui  les  fait 
employer  et  rechercher.  Quelques  unes  ne 
s'épanouissent  que  la  nuit,  comme  le  Nyc- 
tanthes  qui  doit  à  cette  circonstance  son  nom 
générique ,  ainsi  que  le  spécifique  d'ar&or- 
iristis. 

genres. 

Jasminum,  Tournef.  (Myogorium,  J.).  — 
Nyctanthes,  L.  (  Scabrita,  L.  —  Parilium, 
Gœrtn.  ).  —  Menodora  ,  Humb.  et  Bonpl. 
(  Bolivaria,  Chamiss.  —  Calyptrospermum, 
Dietr.  ). 

M.  Endlicher  y  ajoute  avec  doute  le 
Chondrospermum,  Wall.,  qui  par  le  nombre 
quaternaire  de  ses  parties  et  sa  préfloraisoa 
valvaire,  semble  se  lier  plutôt  aux  Oléi- 
uécs,  mais  d'une  autre  part  se  rattache 


JAT 


JEL 


151 


aux  Jasminées  par  les  ovules  dressés  ;  in- 
termédiaire ainsi  entre  ces  deux  familles  , 
qui  étaient  primitivement  confondues  par 
Jussieu  et  qui  le  sont  aujourd'hui  encore 
par  plusieurs  botanistes.  (Ad.  J.) 

JASOMA  (nom  mythologique),  bot.  pu. 
—  Genre  de  la  famille  des  Composées-Asté- 
roïdées,  établi  par  De  Candolle  {Prodr.,  V, 
476).  Herbes  ou  arbrisseaux  des  régions 
méditerranéennes  et  des  îles  Canaries.  L'au- 
teur rapporte  à  ce  genre  5  espèces  réparties 
en  4  sections,  nommées  :  Chiliadenus,  Cass.; 
Eujasiona,  DC;  Allagopappus,  Cass.;  et 
Dondoïdes,  DC. 

JASPE.   MIN. —  Voy.  QUARTZ. 

*JASPIDIA.  Ins.  —  Genre  de  l'ordre  des 

Lépidoptères  nocturnes,  famille  des  Noctué- 
liens,  groupe  des  Hadénites,  établi  par  Bois- 
duval  (Gen.  et  Lui.  meth.,j>.  128).  11  ne  ren- 
ferme qu'une  seule  espèce  ,  J.  celsia,  qui  se 
trouve  en  Autriche,  en  Suède,  en  Styrie,  etc. 

JASSE.  Jassa.  crust. —  Syn.  de  Céra- 
pode.  Voy.  ce  mot.  (H.  L.) 

MASSIDES.  Ins.  —  MM.  Amyot  et  Ser- 
ville  {Ins.  hémipt.,  Suites  à  Buffon)  ont 
nommé  ainsi  un  petit  groupe  de  la  famille 
des  Cercopidcs,  de  Tordre  des  Hémiptères, 
comprenant  les  genres  Eupelix,  Acocepha- 
lus,  Selcnocephalus,  Cœlidia,  Jassus,  Ambly- 
cephalus,  Idiocerus,  etc.  (Bl.) 

JASSUS  (nom  mythologique),  ins.  — 
Genre  de  la  tribu  des  Fulgoriens,  famille 
des  Cercopides  ,  de  l'ordre  des  Hémiptères, 
établi  par  Fabricius  et  adopté  par  tous  les 
entomologistes  avec  de  plus  ou  moins  gran- 
des restrictions.  Les  Jassus  ont  une  tête 
large  eiarromiie  antérieurement;  des  ocelles 
situés  dans  une  fossette  en  avant  des  yeux, 
et  des  jambes  épaisses  garnies  d'épines  ai- 
guës. On  en  trouve  un  certain  nombre  d'es- 
pèces de  ce  genre  en  Europe.  Elles  sont 
toutes  de  taille  très  médiocre  et  de  couleur 
grise  ou  brunâtre.  Le  type  est  le  J.  atoma- 
rius  (Cercopis  atomaria  F abr.) ,  qu'on  ren- 
contre ordinairement  sur  les  Osiers  (Salix 
fragilis).  Divers  entomologistes  regardent 
les  genres  Bythoscopus  de  M.  Germar,  Ma- 
cropsis  de  Lewis  etPediopsis  de  M.  Burmeis- 
ter,  comme  de  simples  divisions  du  genre 
Jassus.  (Bl.) 

JATARON.  moll.  —  Ce  g. ,  établi  par 
Adanson  ,  aurait  dû  être  conservé  ;  les  co- 
quilles qu'il  renferme  ont  été  comprise 


Linné  dans  son  g.  Chama  et  plus  tard,  celui- 
ci  dégagé  de  coquilles  qui  lui  sont  étrangères, 
a  été  conservé  par  Lamarck  et  les  zoologistes 
modernes  justement  pour  celles  des  espèces 
appartenant  au  g.  Jataron  d'Adanson.  Au- 
jourd'hui que  cette  partie  de  la  nomen- 
clature conchyliologique  a  subi  des  change- 
ments universellement  adoptés,  il  serait 
difficile  de  la  réformer  pour  revenir  au  g. 
en  question.  L'espèce  de  Came,  nommée 
Jataron  par  le  célèbre  voyageur,  est  inscrit» 
dans  les  Catalogues  sous  le  nom  de  Chama 
crenulata.  Voy.  came.  (Desh.) 

JATROPHA.  bot.  pu.  —  Voy.  médicinier.  ' 

—  Pohl.,  syn.  de  Curcas,  Adans. 
JATOU.  moll. — Une  jolie  espèce  de  Mu- 
rex, nommée  Lingua  vervecina  par  Chem- 
nitz,  Murex  gibbosus  par  Lamarck,  a  été 
décrite  et  figurée  pour  la  première  fois  par 
Adanson  sous  le  nom  de  Jalou.  Voy.  murex. 

(Desh.) 

*JAÏUS,  Rumph.  bot.  ph. —  Syn.  de 
Teclonia,  Linn. 

JAUMEA  (nom  propre),  bot.  pu. — Genre 
de  la  famille  des  Composées-Sénécionidées, 
établi  par  Persoon  (Ench.,  II,  397).  Sous- 
arbrisseau  de  l'île  Bonaire.  Voy.  compo- 
sées. 

JAUNE  ANTIQUE,  min.  — Espèce  de 
Marbre.  Voy.  ce  mot. 

JAUNE  DE  MONTAGNE,  min.— Espèce 
d'ocre.  Voy.  ce  mot. 

JAUNE  D'OEUF,  moll.  —Nom  vulgaire 
d'une  belle  espèce  de  Natice,  Natica  albu- 
men. Voy.  natice.  (Desh.) 

JAUNET.  poiss.  — Nom  vulgaire  de  quel- 
ques espèces  du  genre  Zeus.  Voy.  ce  mot. 

JAUNET  D'EAU,  bot.  ph.  — Nom  vul- 
gaire du  Nénuphar  jaune.  Voy.  nénuphar. 

JAVARI.  mam. —  Voy.  pécari. 

JAl'ET.  MIN.  —  Voy.  LIGNITE. 

JEAN-LE-BLANC.  ois.  — Nom  vulgaire 
d'une  espèce  de  Faucon.  Voy.  ce  mot. 

JEANNETTE,  bot.  ph.  — Nom  vulgaire 
d'une  espèce  de  Narcisse.  Voy.  ce  mot. 

JEFFERSONIA  (nom  propre),  bot.  pu. 

—  Genre  de  la  famille  des  Berbéridées,  éta- 
bli par  Barton  (in  Act.  Soc.  americ,  III, 
334).  Herbes  de  l'Amérique  boréale.  Voy. 

BERBÉRIDÉES. 

JEFFERSONITE.  min.— Variété  dePy- 
ro*ène.  Voy.  ce  mot. 

—Nom  donné  par  Adanson 


1 52  JOD 

À  un  tube  calcaire  irrégulier,  dépendant  du 
genre  Vermet.  Voy.  ce  mot.  (Desh.) 

JENAC.  moll.  — Le  Jenac  d'Adanson  est 
une  petite  coquille  appartenant  au  genre 
Grépidule  de  Lamarck,  et  dont  Gmelin  a 
fait  le  Crepidula  coreensis.  Voy.  crépidule. 

(Desh.) 

JERBOA.  mam.  —  Voy.  gerboise. 
!     *JERBOIDyE.  mam.  —  M.  Gray  (Ann.  of 
phil,  XXVI,    1825)  indique,  sous  ce  nom, 
un  groupe  de  Rongeurs,  dont  le  genre  prin- 
cipal est  celui  des  Gerboises.         (E.  D.) 

JESES.  roiss.  —  Espèce  d'Able.  Voy.  ce 
mot. 

JESOIV.  moll. —  Ce  nom  est  celui  qu'A- 
danson  a  imposé  à  une  belle  espèce  de  Car- 
dite  commune  au  Sénégal,  Cardita  crassi- 
costa  de  Lamarck.  Voy.  cardite.     (Desh.) 

JET  DE  AU  MARIN,  acal.  —  Les 
Ascidies  ont  reçu  ce  nom  de  quelques  au- 
teurs, à  cause  de  l'eau  qu'elles  lancent 
quand  on  les  comprime:  cette  eau  est 
quelquefois  irritante,  et  produit  des  érup- 
tions sur  les  parties  du  corps  qu'elle  frappe. 

(E.  D.) 

JEUX  DE  VAN  HELMONT.  min.  — 
Concrétions  pierreuses  remarquables  par  la 
constance  des  particularités  qu'elles  pré- 
sentent. Elles  sont  composées  ou  de  calcaire 
marneux  gris  très  compacte,  ou  de  fer  car- 
bonate lithoïde  et  argileux  ,  et  renfermant 
des  prismes  courts  à  quatre  pans.  On  les 
trouve  disposées  par  lits  dans  les  couches 
d'argile  schisteuse  des  mines  de  houille  et 
des  verraches  de  calcaire  alpin.  Voy.  ro- 
ches et  STALACTITES. 

J II ARAL.  mam.  —  Espèce  de  Bouquetin. 
Voy.  CHÈVRE. 

JOACHIMIA,  Ten.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Beckmannia,  Host. 

JOANNEA  ,  Spreng.  bot.  pu.  —  Syn.  de 
Chuquiraga,  Juss. 

JOANNESIA  ,  Pers.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Chuquiraga,  Juss. 

JOCKO.  mam.  —  Voy.  orang-outang. 
(E.  D.) 

JODAMIE.  Jodamia.  moll. — Genre  pro- 
posé par  M.  Defrance  pour  une  grande  co- 
quille fossile,  dont  les  caractères  se  rappor- 
tent exactement  à  ceux  des  Sphérulites. 
ro?/.cemot.  (Desh.) 

MODANUS,  Lap.  ras.  —  Syn.  de  Calli- 
theres,  Spin.  (C.) 


JOER 

JOËL,  poiss.  —  Nom  vulgaire,  usité  dans 
le  Languedoc  et  la  Provence,  des  Poissons 
du  genre  Athérine.  Voy.  ce  mot. 

*JOERA.  Jœra.  ois.  —  Genre  fondé  par 
Horsfield  sur  une  espèce  dont  sir  Raffles 
avait  fait  un  Merle  sous  le  nom  de  Turdits 
scopularis.  Ce  genre  se  trouve,  dans  les 
méthodes  actuelles,  rapproché  de  la  famille 
des  Accenteurs,  et  en  fait  même  partie  pour 
quelques  ornithologistes.  (Z.  G.) 

*JQERA.  crust.  —  Genre  de  l'ordre  des 
Isopodes,  famille  des  Asellotes,  tribu  des 
Asellotes  homopodes,  a  été  établi  par  Leach 
aux  dépens  des  Oniscus  de  Montagu.  Lo 
corps  de  ces  Crustacés  est  étroit,  aplati 
et  profondément  divisé  latéralement  en 
neuf  articles.  La  tête  est  élargie  latérale- 
ment ,  et  porte  les  yeux  à  quelque  dis- 
tance de  son  bord  latéral.  Les  antennes 
s'insèrent  sous  le  front.  Celles  de  la  pre- 
mière paire  sont  très  courtes,  et  manquent 
de  filet  multi-articulé;  celles  de  la  seconde 
paire,  insérées  au-dessous  des  précédentes, 
sont  au  contraire  assez  longues,  et  se  com- 
posent d'un  pédoncule  cylindrique  et  d'un 
petit  filet  multi-articulé.  Les  mandibules 
sont  pourvues  d'une  branche  palpiforme  très 
développée;  .'es  mâchoires  de  la  première 
paire  sont  garnies  de  trois  lames  terminales, 
dont  l'interne  est  la  plus  large;  celles  de  la 
seconde  paire  se  composent  de  deux  bran- 
ches, dont  l'externe  est  élargie  et  armée  au 
bout  de  crochets.  Les  pattes-mâchoires  n'ont 
pas  d'appendice  fixé  au  côté  externe  de  leur 
base,  lequel  se  termine  par  un  prolongement 
lamelleux  et  une  longue  branche  palpiforme. 
Les  pattes  sont  grêles,  allongées,  terminées 
par  un  article  court  et  armé  de  deux  cro- 
chets ;  chez  la  femelle,  il  existe,  entre  la  base 
de  ces  organes,  une  poche  ovifère,  dans  la- 
quelle les  petits  doivent  probablement  se 
développer.  L'abdomen  ne  se  compose  que 
d'une  seule  pièce  scutiforme  et  ovalaire,  ter- 
minée par  deux  petits  appendices.  Les  faus- 
ses pattes  de  la  première  paire  sont  rempla- 
cées par  une  grande  lame  cornée,  impaire, 
qui  s'étend  sur  toute  la  face  inférieure  de 
l'abdomen  et  recouvre  les  fausses  pattes 
branchiales  qui  sont  au  nombre  de  trois.  Ce 
genre  renferme  trois  espèces  qui  sont  propres 
aux  mers  d'Europe  ;  celle  qui  peut  être  con- 
sidérée comme  type  est  la  Joera  deKroyer, 
Jœra  Kroyerii  Edw.(//tsL  nat.  des  Crust. , 


JOH 


JON 


15<* 


t.  III,  p.  149,  n°  1).  Celle  espèce  a  été  ren- 
contrée sur  les  côtes  de  la  Vendée.  Pendant 
le  séjour  de  la  commission  scientifique  en 
Algérie,  M.  Deshayes  a  rencontré,  dans  la 
rade  de  Bône ,  une  nouvelle  espèce  de  ce 
genre  à  laquelle  j'ai  donné  le  nom  de  Jœra 
Deshayesii.  (H.  L.) 

*JOEI\ÎDli\TE./œn'dina.CRUST.— M.Milne- 
Edwards  a  donné  ce  nom  à  un  petit  Crustacé 
récemment  décrit  par  M.  Ralhke  et  rangé 
par  ce  naturaliste  dans  le  genre  Janira  de 
Leach  ou  Oniscode  de  Latreille.  Cette  nou- 
velle coupe  générique,  qui  appartient  à  l'or- 
dre des  Isopodes ,  à  la  famille  des  Asellotes, 
et  à  la  tribu  des  Asellotes  homopodes,  dif- 
fère des  Aselles  (voy.  ce  mot)  par  les  derniè- 
res fausses  pattes  de  l'abdomen,  qui  ne  sont 
pas  semblables  à  celles  des  autres,  caractère 
qui  paraît  se  rencontrer  aussi  chez  les  Ja- 
nires,  et  il  ressemble,  sous  ce  rapport,  aussi 
bien  que  par  sa  forme  générale,  aux  Jceras. 
D'un  autre  côté,  il  diffère  de  ceux-ci  par 
l'absence  de  la  grande  lame  operculaire, 
qui,  chez  eux,  remplace  les  premières  faus- 
ses pattes,  et  recouvre  toute  la  face  infé- 
rieure de  l'abdomen.  On  ne  connaît  qu'une 
espèce  de  ce  g.,  Joer.  de  Nordmann,  Jœr. 
Nordmannii  Edw.  (H.  L.) 

*J0HA1\NESIA,  Velloz.  bot.  pu.  —  Syn. 
dMnda,  Pis. 

JOIIANNIA,  Willd.  bot.  pu.  —  Syn.  de 
Chuquiraga,  Juss. 

JOHMA  (nom  propre),  bot.  ph. — Roxb., 
syn.  de  Salacia,  Linn.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Papilionacées-Phaséolées,  établi 
parWight  et  Arnott  (Prodr.,  I,  449).  Sous- 
arbrisseaux  de  l'Asie  tropicale.  Voy.  papi- 
lionacées.  (J.) 

JOIINIUS  (nom  propre),  poiss.  —  Genre 
de  Poissons  de  la  famille  des  Sciénoïdes  , 
établi  par  Bloch,  et  adopté  par  MM.  Cuvier 
et  Valenciennes  (Hist.  des  Poiss. ,  tom.  V, 
pag.  115).  Il  diffère  des  autres  genres  de  la 
même  famille,  et  surtout  des  Corbs  princi- 
palement ,  par  la  seconde  épine  anale  plus 
faible,  plus  courte  que  les  rayons  mous  qui 
la  suivent.  Les  Johnhis  font  une  partie  con- 
sidérable des  aliments  que  la  mer  et  les  ri- 
vières fournissent  aux  habitants  de  l'Inde. 
Leur  chair  est  blanche,  légère  et  de  peu  de 
goût.  On  en  connaît  un  assez  grand  nom- 
bre d'espèces  (13  ou  16);  la  principale  est 
le  Johnius  Coitor,  qui  habite  les  mers  des 
t.  vu. 


Indes.  C'est  un  poisson  qui  paraît  tout  en- 
tier d'un  gris-brun  un  peu  doré  ou  argenté. 
On  voit  quelques  taches  nuageuses  brunes 
sur  ses  dorsales.  Sa  taille  ordinaire  est  < 
20  à  25  centimètres;  on  en  a  cependant  \ 
des  individus  atteindre  quelquefois   30 
35  centimètres.  (J.) 

JOIINSOMA  (nom  propre),  bot.  ni.  - 
Catesb. ,  syn.  de  Callicarpa ,  Linn.  - 
Genre  établi  par  R.  Brown  dans  la  fam  il 
des  Aphyllanthécs ,  détachée  desLiliacc. 
[Prodr.,  287).  Herbes  vivaces  de  la  No;.- 
vellc-Hollande. 

*JOIÎ2lËKIA  (nom  propre),  eot.  pu.  — 
Genre  de  la  famille  des  Ombeliifères-Peu- 
cédanées,  établi  par  De  Candolle  (Mem.,  V, 
54,  t.  1,  f.  c).  Herbes  du  Liban.  Voy.  om- 
bellifères. 

JOL.  moll.  — Le  Jol  d'Adanson  est  un;> 
petite  coquille  qui  paraît  appartenir  au  genre 
Buccin,  mais  dont  les  caractères  ne  sont  pas 
suffisamment  exposés,  soit  dans  la  figure, 
soit  dans  la  description,  pour  décider  à  quel  le 
espèce  elle  appartient.  (Desh.) 

JOLIBOIS.  bot.  pu. — Synonyme  vul- 
gaire d'une  espèce  de  Daphne,  le  D.  meze- 
reum. 

*JOLIFFIA,  Boj.  bot.  ph.— Syn.  de  Tel- 
fairia,  Ilook. 

JOi\C.  Juncus.  bot.  pu.  —  Grand  genre 
de  plantes  qui  donne  son  nom  à  la  famille 
des  Joncacées  ,  dont  il  constitue  à  lui  seul 
la  plus  grande  partie,  de  l'hexandrie  mono- 
gynie  dans  le  système  sexuel.  Le  nombre 
des  espèces  qui  le  composent  est  considé- 
rable; M.  Kunth,  dans  le  IIIe  volume  de 
son  Enumeralio  ylantarum  (1841),  en  dé- 
crit 105.  Ces  plantes  sont  vivaces  ou  rare- 
ment annuelles;  elles  habitent  les  lieux 
humides  et  les  marais  de  toutes  les  con- 
trées tempérées  et  froides  du  globe;  elles 
deviennent  déjà  peu  communes  dans  les 
pays  voisins  des  tropiques  ;  enfin  elles  soi: t. 
très  rares  dans  la  zone  iutertropicale ,  où 
elles  sont  réduites  à  un  petit  nombre  d'es- 
pèces cosmopolites  que  l'on  retrouve  sur 
presque  tous  les  points  de  la  surface  du 
globe.  Les  Joncs  présentent  les  caractères 
génériques  suivants  :  Périanthe  glumacé,  a 
six  folioles  presque  semblables  entre  elles, 
dont  les  trois  extérieures  sont  cependant 
arénées  ;  étamines  au  nombre  de  six,  quel  • 
quefois  de  trois  seulement  ;  ovaire  libre,  à 


154 


JON 


JOX 


trois  loges,  renfermant  des  ovules  nom- 
breux fixés  à  leur  angle  interne  ;  trois  stig- 
mates filiformes,  couverts  de  poils  ce  tous 
les  côtés;  capsule  à  trois  loges  distinctes 
ou  plus  ou  moins  confluentes  par  l'effet  de 
îa  rétraction  des  cloisons ,  à  graines  nom- 
breuses, recouvertes  d'un  test  lâch? 

Tel  que  le  circonscrivent  les  caractères 
que  nous  venons  d'énoncer,  le  genre  Jun- 
cus ne  correspond  qu'à  une  portion  du 
groupe  primitif  établi  par  Linné;  en  effet, 
DeCandolIeeu  avait  détaché  {Flore  franc., 
2*  édit.,  t.  III,  p.  158),  pour  en  former  le 
genre  Luzule,  tous  les  Joncs  à  feuilles  pla- 
nes portant  çà  et  là  de  longs  poils  épars , 
a  capsule  uniloculaire,  3-sperme;  plus  ré- 
remment,  M.  Ern.  Meyer  a  formé  à  ses  dé- 
pens le  petit  genre  Prionium.  M.  Desvaux, 
dans  son  Journal  de  botanique,  avait  encore 
subdivisé  le  genre  Jonc,  déjà  réduit  ,  en 
quatre  autres  qui  n'ont  pas  été  adoptés,  ou 
qui  ont  seulement  servi  à  y  établir  les  sous- 
genres  suivants  : 

a.  Juncus ,  Desv.  Capsule  à  trois  valves 
portant  chacune  une  cloison  sur  la  ligne 
médiane.  Le  test  des  graines  de  même 
forme  que  leur  amande.  Dans  ce  sous-genre 
rentrent  les  Rostkovia,  Desv. 

b.  Marsippospermum,  Desv.  Capsule  sem- 
blable à  la  précédente.  Le  test  des  graines 
dilaté  à  ses  deux  extrémités  en  une  sorte 
de  sac  dans  lequel  l'amande  se  trouve  au 
large. 

c.  Cephaloxys,  Desv.  Capsule  à  trois  lo- 
ges ,  s'ouvrant  par  déhiscence  septifrage  ; 
la  portion  qui  reste  au  centre  ,  formée  par 
la  réunion  des  cloisons,  simulant  une  co- 
lumelle  à  trois  ailes. 

Les  usages  des  Joncs  sont  fort  limités  ; 
à  peine  en  signale-t-on  quelques  uns  dans 
lesquels  on  ait  reconnu  des  propriétés  mé- 
dicinales. C'est  ainsi,  par  exemple,  que  les 
rhizomes  des  Juncus  effusus  Lin.  ,  conglo- 
mérats Lin.,  glaucus  Ehrh.,  sont  regardés 
et  employés  comme  de  bons  diurétiques  par 
le  peuple  des  parties  septentrionales  de 
l'Allemagne.  Dans  les  jardins  on  fait  grand 
usage  de  la  première  et  de  la  dernière  de 
ces  trois  espèces  comme  liens,  soit  pour  pa- 
lisser les  arbres,  soit  pour  attacher  les  plan- 
tes à  leurs  tuteurs  ;  aussi  recommande-t-on 
d'en  avoir  toujours  en  bordure  ou  en  touffes 
dans  les  endroits  frais  et  humides  des  jar- 


dins. Certains  Joncs  servent  encore  à  fixer 
les  terres  dans  ûes  endroits  marécageux  ou 
le  long  des  eaux  ;  c'est  ainsi  que,  dans  toute 
l'étendue  du  canal  du  Languedoc,  règne 
une  bordure  de  Joncs  entretenue  avec  soin, 
et  qui  produit  un  effet  très  satisfaisant. 
Enfin,  on  fait  des  mèches  de  veilleuses  avec 
la  moelle  du  Juncus  conglomérats  Lin. 

(P.  D.) 

On  a  encore  donné  le  nom  de  Jonc  à  des 
plantes  de  genres  et  de  familles  différents 
Ainsi  l'on  a  appelé  : 

Jonc  carré  ,  une  espèce  de  Souchet; 

Jonc  a  coton  ou  de  soie,  les  Ériophores  ; 

Jonc  cotonneux,  quelques  espèces  de 
Tomex  ; 

Jonc  d'eau  ,  les  Scirpes  ; 

Jonc  épineux  ou  marin,  Yllex  europœus; 

Jonc  d'Espagne  ,  le  Spartium  junceum; 

Jonc  d'étang  ou  Jonc  des  chaisiers  ,  le 
Scirpus  lacuslris  ; 

Jonc  faux,  les  Triglochins; 

Jonc  fleuri,  le  Butomus  umbcllatus ; 

Jonc  des  Indes  ,  le  Rotang  ; 

Jonc  a  mouches,  le  Senecio  Jacobœus; 

Jonc  du  Nil  ,  le  Cyperus  papyrus; 

Jonc  odorant,  Y  Andropogon  schœnanthe 
et  VAcorus  verus  ; 

Jonc  de  la  passion  ,  les  Massettes. 

JOXCACÉES,  Juncaceœ.  bot.  pr.  —  Fa- 
mille  de  plantes  monocotylédones,  qui  em- 
prunte son  nom  au  genre  Jonc  qui  en  est 
le  principal.  Dans  son  Gênera,  A.-  L.  de  Jus- 
sieu  avait  formé  une  famille  sous  le  nom 
de  Junci,  les  Joncs  (  Gênera,  pag.  43).  Ce 
groupe  était  considérable  et  peu  naturel  ; 
il  se  subdivisait  en  4  sections,  dans  les- 
quelles entraient  23  genres  d'organisation 
assez  diverse  pour  avoir  dû  nécessairement 
être  dissociés  plus  tard.  En  effet,  dans  sa 
2e  édition  de  la  Flore  française  ,  De  Can- 
dolle  détacha  du  grand  groupe  de  Jussieu 
les  deux  dernières  sections  :  la  3e  et  une 
partie  de  la  4e  formèrent  la  famille  des 
Alismacées  ;  le  reste  de  la  4e  entra  dans  la 
famille  qui  avait  été  proposée  par  M.  de 
Mirbel  sous  le  nom  de  Merenderœ ,  à  la- 
quelle le  botaniste  genevois  donna  le  nom 
de  Colchicacées.  D'un  autre  côté,  M.  Rob. 
Brown  trouva,  dans  la  2e  section,  des  bases 
suffisantes  pour  l'établissement  de  la  fa- 
mille des  Commélinées,  et  dans  la  lre  celles 
de  la  famille  des  Rcstiacces.  Enfin  aujour- 


JON 

d'hui,  après  les  derniers  travaux  des  bota- 
nistes, les  23  genres  du  groupe  primitif  de 
Jussieu  se  trouvent  répartis  dans  les  fa- 
milles suivantes  :  Ériocaulonées ,  Restia- 
cées,  Xyridées,  Aphyllanthées,  Joncacées, 
Rapatéées ,  Commélinacées  ,  Alismacées  , 
Cabombées ,  et  Colchicacées  ou  Mélantha- 
cées.  Toutes  ces  suppressions  n'ont  laissé 
dans  le  groupe  des  vraies  Joncacées  que  les 
genres  Juncus  et  Narlhecium  ou  Abama , 
dont  le  premier  a  été  subdivisé.   Voy.  jonc. 
Aiusi  réduite  ,  la  famille  des  Joncacées 
se  compose  de  plantes  herbacées  vivaces , 
rarement  annuelles,  à  rhizome  horizontal, 
tortueux,  rameux  ,  couvert  d'écaillés  sca- 
rieuses.  Ce  rhizome  émet  des  tiges  noueu- 
ses, presque  toujours  simples.  Les  feuilles 
sont  alternes,  engainantes  à  leur  base  :  tan- 
tôt linéaires,  entières  ou  dentelées  en  scie  , 
tantôt  canaliculées  ou  cylindriques,  tantôt 
comprimées  par  les  côtés,  tantôt  enfin  res- 
tant rudimentaires.  Les  fleurs  sont  quel- 
quefois uni-sexuées  par  suite  d'un  avorte- 
ment,  presque  toujours  hermaphrodites, 
régulières,  accompagnées  de  petites  brac- 
tées. Leur  périanthe  est  persistant,  formé 
de  six  folioles  sur  deux  rangs  presque  tou- 
jours égaux  ,  le  plus  souvent  vertes  et  glu- 
macées ,   quelquefois  presque  pétaloides. 
Les  étamines  sont  le  plus  souvent  au  nom- 
bre de  six,  opposées  aux  folioles  du  périan- 
the et  insérées  à  leur  base  ;  dans  les  cas 
peu  communs  où  le  rang  interne  a  avorté, 
et  où  l'on  n'en  trouve  que  trois,  elles  sont 
placées  devant  les  trois  folioles  extérieures; 
les  anthères  sont  introrses,  biloculaires,  à 
déhiscence  longitudinale.  L'ovaire  est  libre, 
divisé  intérieurement  en  trois  loges ,  soit 
dans  toute  son  étendue,  soit  à  sa  base  seu- 
lement. Cet  ovaire  supporte  un  style,  que 
terminent  trois  stigmates  filiformes.  Le 
fruit  est  une  capsule  1-3-loculaire,  3-valve, 
à  déhiscence  presque  toujours  loculicide, 
renfermant  trois  ou  plusieurs  graines  revê- 
tues d'un  test  membraneux,  souvent  lâche  ; 
leur  embryon  est  logé  près  du  point  d'at- 
tache de  la  graine,  dans  la  base  même  d'un 
albumen  farineux;  sa  radicule  est  infère. 

Les  Joncacées  se  rencontrent  dans  pres- 
que toutesJes  zones  et  à  des  hauteurs  très 
diverses  ;  sous  l'équateur  elles  sont  alpines; 
dans  les  contrées  tempérées  ou  froides  qu'el- 
les habitent  principalement,  elles  se  trou- 


JON 


155 


vent  surtout  dans  les  endroits  marécageux  : 
un  très  petit  nombre  habitent  des  lieux  secs. 
Quelques  unes  sont  cosmopolites.  Géné- 
ralement elles  sont  plus  rares  sous  l'équa- 
teur et  dans  l'hémisphère  austral. 

Les  seuls  genres  qui  composent  la  famille 
des  Joncacées  sont  les  suivants  : 

Luzula  ,  DC.  —  Prionium  ,  E.  Mey.  — 
Juncus,  DC.  —  Narthccium,  Mœhr.  (P.  D.) 

JONCQUETIA ,  Schreb.  bot.  ph.  —  Syn. 
de  Tapir 't'a,  Juss. 

JONESIA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Papilionacées-Cœ- 
salpiniées,  établi  par  Roxburgh  (in  Asiat. 
Research.,  IV,  355).  Arbres  ou  arbrisseaux 
de  l'Asie  tropicale.  Voy.  papilionacées. 

JONGERMANNE.  Jungermannia.  bot. 
cr.  —  Genre  type  de  la  tribu  des  Jonger- 
manniacées,  de  la  grande  famille  ou  ordre 
des  Hépatiques,  établi  par  Ruppius  et  mo- 
difié par  Dillen  et  Linné  {Gen.,  n°  1662). 
LesJongermannes  sont  de  petites  herbes  ter- 
restres ou  parasites ,  à  feuillages  ou  expan- 
sions, tantôt  simples  et  d'une  seule  pièce , 
diversement  incisées,  portantlesfleurssurla 
superficie  et  sur  les  marges  ;  tantôt  de  plu- 
sieurs pièces,  les  folioles  imbriquées  ou  disti- 
ques; tantôtles  fleurs  axillaires  ou  terminales, 
assises  au  sommet  des  feuilles.  Fleurs  mâles 
pédonculées,  nues  ;  anthères  à  quatre  valves. 
Fleurs  femelles  sessiles,  nues;  semences  pres- 
que rondes. 

Ce  genre  présente  une  infinité  d'espèces 
(environ  300),  croissant  principalement  en 
Europe  et  en  Amérique.  Elles  ont  été  ré- 
parties par  divers  auteurs  en  plusieurs  sec- 
tions ;  aucune  de  ces  espèces  n'intéresse 
ni  les  arts  ni  la  culture. 

JONGERMANNIACÉES  ou  JONGER- 
MANNIÉES.  Jungermanniaceœ,  Junger- 
mannieœ.  bot.  cr. —  Tribu  de  la  grande  fa- 
mille des  Hépatiques.  Voy.  ce  mot. 

JONIDIUM.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Violariées,  établi  par  Ventenat 
(Malmais.,  t.  27).  Leurs  feuilles  sont  alter- 
nes ou  opposées,  entières  ou  dentées  en  scie, 
accompagnées  de  stipules  latérales  gémi- 
nées; leurs  fleurs  sont  le  plus  souvent 
pendantes,  fixées  sur  des  pédoncules  qui 
portent  ordinairement  deux  bractées  et  qui 
sont  souvent  articulés  au-dessous  de  leur 
extrémité.  Ces  fleurs  présentent  les  caractè- 
res suivants  :  Calice  profondément  5-parti,  à 


15ti 


JOU 


divisions  inégales,  les  trois  antérieures  étant 
plus  grandes,  non  prolongées  à  leur  base; 
corolle  à  cinq  pétales,  généralement  insérés 
à  la  base  du  calice,  très  inégaux,  les  anté- 
rieurs étant  les  plus  courts,  le  postérieur 
très  grand  et  onguiculé;  cinq  étamines  dont 
les  anthères  se  prolongent  au  sommet  en  un 
appendice  membraneux.  A  ces  fleurs  succède 
une  capsule  presque  ovoïde,  qu'accompa- 
gnent les  enveloppes  florales  et  les  étamines 
marcescentes,  l-loculaire,  s'ouvranten  trois 
valves  qui  portent  les  graines  sur  leur  ligne 
médiane.  L'espèce  la  plus  remarquable  de 
ce  genre  est  le  Jonidium  Jpecacuanha.  Voy. 

IPÉCACUANHA. 

JONOPSIDIUM  (fov,  violette;  S^iç,  as- 
pect), bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Crucifères-Lépidinées,  établi  par  Reichen- 
bach  (Iconog.,  VII,  26,  t.  649).  Herbes  de 
la  Lusitanic.  Voy.  crucifères. 

JONOPSIS  (t'ov ,  violette;  fyic,  aspect). 
bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des  Orchi- 
dées-Vandées,  établi  parKunth  (in  Humb. 
et  Bonpl.,  Nov.  gen.  et  sp.,  I,  348,  t.  83). 
Herbes  de  l'Asie  tropicale.  Voy.  orchidées. 

JOIVQUILLE.  bot.  ph. — Espèce  du  genre 
Narcisse.  Voy.  ce  mot. 

JONSONIA,  Adans.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Cedrela,  Linn. 

JOPPA.  ins.  —  Genre  de  la  tribu  des 
Ichneumoniens,  groupe  des  Ophionites,  de 
l'ordre  des  Hyménoptères ,  établi  par  Fabri- 
cius  et  adopté  par  tous  les  entomologistes. 
Les  Joppa  sont  caractérisés  par  leurs  an- 
tennes dilatées  avant  l'extrémité  et  termi- 
nées en  pointe.  Ils  habitent  l'Amérique 
méridionale.  Le  type  du  genre  est  le  /. 
dorsata  Fab.,  du  Brésil.  (Bl.) 

JOSEPÏÏA,  Flor.  flum.  bot.  ph.  —Syn. 
de  Bougainvillea,  Commers. 

JOSEPiIIA,Knight  et  Salisb.  bot.  ph.— 
Syn.  de  Dryandra,  R.  Br. 

JOSEPHINIA  (nom  propre),  bot.  pu.— 
Genre  de  la  famille  des  Pédalinées,  établi 
par  Ventenat  (Malm. ,  t.  103).  Herbes  de 
la  Nouvelle-Hollande  etdes  Moluques.  Voy. 

PÉDALINÉES. 

♦JOUANNÉTIE.  Jouannetia  (nom  pro- 
pre), moll.  —  M.  Desmoulins  a  proposé  ce 
genre  en  l'honneur  d'un  observateur  fort 
distingué,  M.  Jouannet,  pour  une  petite 
coquille  perforante,  globuleuse,  qui ,  pour 
nous,  dépend  du  genre  Pholade,  et  appar- 


JOU 

tient  à  ce  groupe  d'espèces  presque  entière- 
ment enveloppées  par  un  écusson  tpès  grand. 

Voy.  PHOLADE.  (DESH.) 

JOUBARBE.  Sempervivum  ,  Linn.  — 
Genre  de  la  famille  des  Crassulacées  ;  sa 
place  véritable  dans  le  système  de  Linné  est 
difficile  à  déterminer,  par  suite  des  varia- 
tions de  nombre  que  présentent  les  organes 
sexuels  dans  les  fleurs  de  ses  diverses  es- 
pèces. Le  nombre  des  espèces  qui  le  com- 
posent est  déjà  assez  considérable:  De  Gan- 
dolle  en  décrit  31  dans  le  5e  volume  du  Pro~ 
dromus,  p.  411  ;  Walpers  en  relève  quatre 
nouvelles,  portant  ainsi  le  nombre  total  à 
35.  La  distribution  géographique  de  ces  vé- 
gétaux est  très  remarquable;  en  effet,  la 
plupart  d'entre  eux  sont  resserrés  dans  la 
circonscription  fort  étroite  de  l'archipel  de» 
Canaries  et  de  Madère;  les  autres  se  trou- 
vent dans  les  parties  moyennes  et  méridio- 
nales de  l'Europe.  Ce  sont  des  plantes  plu» 
ou  moins  charnues ,  herbacées  ,  sous-fru- 
tescentes ou  frutescentes  ;  parmi  les  espèces 
herbacées,  les  unes  sont  acaules  et  pour- 
vues de  jets  (propago)  axillaires  ,  terminés 
par  une  rosette  de  feuilles ,  les  autres  sont 
caulescentes ,  et  dans  ce  cas,  dépourvues 
de  jets.  Les  fleurs  sont  disposées  en  cymes  ; 
leur  corolle  est  jaune,  purpurine  ou  blan- 
châtre ;  elles  présentent  l'organisation  sui- 
vante :  Calice  à  6-20  divisions  profondes  ; 
corolle  à  6-20  pétales  étroits  et  allongés, 
aigus  ;  étamines  au  nombre  de  12-40,  c'est- 
à-dire  en  nombre  double  des  pétales ,  pé- 
rigynes;  autour  de  l'ovaire  une  rangée  de 
petites  écailles  hypogynes  ,  ovales  ,  dentées, 
échancrées  ou  déchirées  à  leur  extrémité; 
6-20  carpelles  distincts  et  séparés  ,  unilo- 
culaires,  renfermant  de  nombreux  ovules 
fixés  le  long  de  leur  suture  ventrale;  ces 
carpelles  donnent  autant  de  follicules  dis- 
tincts ,  polyspermes. 

Les  Joubarbes  ont  été  divisées  par  De 
Candolle  (l.  c.)  en  trois  sous-genres,  qui 
sont  généralement  adoptés. 

a.  Jovibarba,  DC.  Des  jets  partant  de  l'ais- 
selle des  feuilles  inférieures.  Fleurs  purpu- 
rines ou  jaune-pàle.  Toutes  les  espèces  de 
ce  sous-genre  sont  européennes.  Telles  sont 
celles  qui  appartiennent  à  la  Flore  fran- 
çaise, les  Sempervivum  tectorum  Linn.,  mon- 
tanum  Linn.,  arachnoideum  Linn.,  globife- 
rum  Linn.,  hirtum  Linn. 


JOU 


JUC 


157 


b.  Monanthes,  Haw.  Pas  de  véritables  jets. 
Feuilles  serrées  en  rosettes,  globuleuses. 
Fleurs  purpurines.  Les  écailles  de  la  fleur 
larges,  arrondies  et  en  cuiller.  Ce  sous-genre 
a  été  établi  sur  une  plante  des  Canaries,  le 
Sempervivum  monanthes  Ait. 

c.  Chronobium,  DC.  Cette  section,  la  plus 
nombreuse  du  genre,  est  caractérisée  par 
l'absence  complète  des  jets,  par  des  fleurs 
jaunes,  quelquefois  blanches.  Elle  ne  com- 
prend que  des  espèces  des  îles  Canaries  et  de 
Madère.  C'est  dans  cette  section  que  ren- 
trent les  divisions  établies  par  MM.  Webb 
et  Berthelot  sous  les  noms  de  Aichryson, 
JEonium  ,  Greenovia ,  Petrophye. 

Parmi  les  diverses  espèces  qui  croissent 
spontanément  en  France  ou  qu'on  cultive 
dans  les  jardins  ,  la  seule  sur  laquelle  nous 
croyons  devoir  dire  quelques  mots ,  est  la 
Joubarbe  des  toits ,  Sempervivum  tectorum 
Linn.,  la  plus  commune  de  toutes ,  qui  se 
trouve  ordinairement  sur  les  toits,  sur  les 
vieux  murs  ,  et  quelquefois  sur  les  rochers. 
Dans  les  jardins  paysagers  ,  on  en  garnit  les 
rocailles  et  les  toits  des  chaumières.  Ses 
feuilles  sont  succulentes,  glabres  sur  leurs 
deux  faces ,  ciliées  à  leurs  bords  ,  réunies 
en  grandes  et  belles  rosettes,  du  milieu  de 
chacune  desquelles  s'élève  une  tige  droite, 
haute  de  3-4  décimètres,  velue,  portant  des 
feuilles  éparses.  Ses  jets  sont  étalés.  Ses 
fleurs  sont  purpurines ,  presque  sessiles,  à 
environ  12  pétales  lancéolés,  à  nombre  égal 
de  pistils  ;  les  écailles  de  ces  fleurs  sont  en 
forme  de  coin  et  caronculées.  Cette  plante 
est  rafraîchissante;  les  paysans  du  midi  de 
la  France  la  regardent  comme  d'un  effet 
presque  assuré  pour  la  guérison  des  duril- 
lons et  des  cors  aux  pieds. 

On  cultive  assez  fréquemment  dans  les 
jardins  quelques  espèces  de  Joubarbes,  par- 
ticulièrement les  Sempervivum  arboreum, 
glutinosum,tortuosum,  etc.  (P.  D.) 

JOUBARBES  ,  Juss.  bot.  ph.— Syn.  de 
Crassulacées,  DC. 

JOUES  CUIRASSÉES,  poiss.  —Famille 
établie  par  Cuvier  (  Bègn.  anim.,  tom.  II, 
pag.  158)  dans  l'ordre  des  Acanthoptéry- 
giens  ,  pour  des  poissons  qui  ont  de  grands 
rapports  avec  les  Perches ,  mais  auxquels 
l'aspect  singulier  de  leur  tête,  diversement 
hérissée  et  cuirassée ,  donne  une  physiono- 
mie tout-à-fait  particulière.  Ils  présentent 


pour  caractère  commun  des  sous-orbitaires 
plus  ou  moins  étendus  sur  la  joue,  et  s'ar- 
ticulant  en  arrière  avec  le  préopercule.  Cette 
famille  renferme  plusieurs  groupes  de  Pois- 
sons remarquables,  répartis  en  deux  grandes 
divisions.  La  première ,  caractérisée  par 
Vabsence  de  rayons  épineux  libres  en  avant 
de  la  dorsale  ,  comprend  les  genres  Trigle , 
Prionate,  Malarmat,  Dactyloptère,  Cépha- 
lacanthe,  Cotte,  Hémitriptère,  Bembras, 
Aspidophore ,  Platycephale  ,  Hémilépidote , 
Blepsias,Apiste,  Scorpène,  Sébaste,  Ptéroïs, 
Agriopus,  Pilor,  Synancée. 

La  seconde  division ,  basée  sur  la  pré- 
sence d'épines  libres  au  lieu  de  la  première 
dorsale,  se  compose  des  genres  Monocen- 
tre, Épinoche  et  Gastrée.  Voy.  ces  divers 
mots.  (J.) 

JOUR.  ASTR.   Voy.  ASTRES. 

JOURET.  moll.  —  D'après  Gmelin,  cette 
espèce  d'Adanson  serait  la  même  que  le 
Venus  maculata  de  Linné ,  Cytherea  macu- 
lata  Lamarck.  Mais ,  après  une  lecture  at- 
tentive de  la  description  de  cette  coquille, 
nous  pensons  qu'elle  doit  constituer  une  es- 
pèce différente.  Voy.  cythérée.      (Desh.) 

JOVELLANA  (nom  propre),  bot.  ph. — 
Genre  de  la  famille  des  Scrophularinées- 
Verbascées,  établi  par  Ruiz  et  Pavon  (Flor. 
Peruv.  I,  12,  t.  18).  Herbes  du  Chili. 
Voy.  scrophularinées. 

*J0X1L0N,  Rafin.  bot.  ph.  — Syn.  de 
Maclura,  Nutt. 

*JOZOSTE ,  Nées.  bot.  ph.  —  Syn.  &Ac- 
tinodaplme,  Nées. 

JUANULLOA  (nom  propre),  bot.  ph. — 
Genre  de  la  famille  des  Solanacées-Sola- 
nées,  établi  par  Ruiz  et  Pavon  (Prodr., 
27,  t.  4).  Arbrisseau  du  Pérou. 

JUB/EA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Palmiers  inermes,  tribu  des  Coccoïnées , 
établi  par  H.-B.  Kunth(tn  Humb.  etBonpl., 
Nov.  gen.  et  sp.,  I,  308,  t.  96).  Palmiers 
du  Chili.  Voy.  palmiers. 

JUBARTE.  mam.  —Espèce  du  genre  Ba- 
leine. Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

*JUBELINA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Malpighiacées,  établi  par  Ad.  de 
Jussieu  (in  Delessert.  le.  sélect.,  III,  19, 
t.  32).  Arbrisseaux  de  la  Guiane.  Voy.  mal- 
pighiacées. 

JUCCA.  bot.  ph.  —  Voy.  VUCCA. 

*JUCUNDA  {jucunda,  agréable),  bot.  pu. 


15S 


JUG 


JUG 


—  Genre  de  la  famille  des  Mélastomacées- 
Miconiées ,  établi  par  Chamisso(m  Linnœa, 
IX,  456  ).  Arbrisseaux  du  Brésil.  Voy.  mé- 

LASTOMACÉES. 

JUDAÏQUES  (pierres),  échin.  —On  dé- 
signe sous  ce  nom  des  pointes  d'Oursins  et 
des  articulations  d'Encrine. 

JUGLANDÉES.  Juglandeœ.  bot.  ph.  — 
Famille  de  plantes  dicotylédonées  apétales, 
diclines ,  à  fleurs  monoïques  ou  dioïques. 
Dans  les  mâles,  le  calice  partagé  profon- 
dément en  lanières  inégales ,  au  nombre  de 
deux  ou  six  ,  est  adné  par  sa  base  à  une 
bractée  squamiforme,  simple  ou  plus  ra- 
rement trilobée,  et  renferme  des  étami- 
nes  en  nombre  défini ,  égal  ou  double ,  ou 
indéfini,  à  filets  courts  ,  à  anthères  s'ou- 
vrant  longitudinalement ,  dont  les  deux 
loges,  parallèles  et  obliques,  sont  fixées  sur 
sur  les  côtés  d'un  connectif  qui  souvent  se 
prolonge  et  s'épaissit  au-dessus  d'elles.  Dans 
les  fleurs  femelles,  le  caliceadhère  à  l'ovaire 
qu'il  recouvre  et  se  partage  au-dessus  de 
lui  en  quatre  lobes  avec  lesquels  alter- 
nent quelquefois  ceux  d'une  petite  corolle 
caduque,  rarement  en  3  ou  en  5  ;  il  est 
dans  quelques  cas  doublé  à  sa  base  par  un 
involucre  cupuliforme.  L'ovaire  est  cou- 
ronné par  un  stigmate  discoïde  4-lobé  ou 
plus  souvent  par  2  ou  4  grands  stigmates 
tout  hérissés  de  franges  papilleuses  et  por- 
tés sur  un  style  court,  simple  ou  double; 
il  renferme  un  seul  ovule  droit  et  dressé  au 
milieu  d'une  loge  unique;  mais  celle-ci  en 
bas  et  sur  les  côtés  est  divisée  en  4  compar- 
timents par  quatre  cloisons  incomplètes.  La 
graine,  à  mesure  qu'elle  grossit,  s'enfonce 
dans  ces  compartiments  et  prend  ainsi  une 
forme  4-lobée  ,  lisse  ou  souvent  inégale  à  la 
surface  :  c'est  celle  de  l'embryon  recouvert 
d'une  enveloppe  membraneuse  et  notam- 
ment des  cotylédons  qui  forment  presque 
toute  la  masse.  Ils  sont  chacun  bilobé  infé- 
rieurement;  la  radicule  courte  et  supère; 
la  gemmule  a  deux  petites  feuilles  pennées. 
Quant  au  fruit,  il  est  devenu  celui  qu'on 
connaît  vulgairement  sous  le  nom  de  noix  , 
c'est-à-dire,  un  noyau  ligneux  indéhiscent 
ou  se  séparant  en  deux  valves  et  recouvert 
d'une  couche  coriace  et  fibreuse  qu'on 
nomme  le  brou  et  que  forme  le  sarcophage 
avec  le  calice  adhérent  et  persistant.  Les 
espèces  de  cette  famille  sont  originaires 


principalement  de  l'Amérique  du  nord  ,  en 
moindre  nombre  dans  l'Asie  tempérée  et 
tropicale  et  les  îles  qui  en  dépendent.  Plu- 
sieurs-sont  cultivées  en  Europe  et  une  sur- 
tout assez  communément  pour  faire  au- 
jourd'hui partie  de  sa  Flore.  Ce  sont  de 
grands  arbres  dont  le  bois  est  très  estimé 
et  employé  pour  la  charpente  et  les  meu- 
bles, dont  les  feuilles  sont  alternes,  pen- 
nées avec  ou  sans  impaire,  dépourvues  de 
points  glanduleux  et  exhalant  pourtant  une 
odeur  aromatique  ,  sans  stipules.  Les  fleurs 
mâles  sont  disposées  en  chatons;  les  fe- 
melles ramassées  en  petit  nombre,  ou  plus 
nombreuses  en  grappes  lâches.  La  graine, 
dans  beaucoup  d'espèces  et  surtout  dans 
celle  que  nous  cultivons,  se  mange  et  sert 
de  plus  pour  l'huile  qu'elle  contient  et  qui 
est  employée  non  seulement  par  les  arts, 
auxquels  ses  propriétés  siccatives  la  rendent 
avantageuse,  mais  aussi  comme  alimen- 
taire dans  beaucoup  de  pays. 

GENRES. 

Carya,  Nuit.  (  Scorias  ,  Raf. — Hicorius , 
Raf.  —  Juglans,  L.  —  Plerocarya,  Kunth. 
— Engelhardlia,  Lesch.  (Plerilcma ,  Reinw.) 

(Ad.  J.) 

*JUGLANDITES.  bot.  ross.  —  Groupe 
établi  par  M.  Al.  Brongniart  (Prodr.,  144) 
pour  quelques  espèces  de  Juglans  fossiles, 
dont*2  (la  2e  et  la  3e)  sont  propres  aux  ter- 
rains de  lignite;  une  autre  (la  lrc)  aux  ter- 
rains de  sédiment  supérieurs  ;  la  4e  appar- 
tient à  la  formation  salifère  de  Wieliczka. 

JUGLANS.  bot.  pu.  —Voy.  noyer. 

^JUGULAIRES,  poiss.  —  Ordre  de  Pois- 
sons établi  par  Linné  et  correspondant  à  la 
famille  des  Auchénoptèrcs  de  M.  Duméril. 

Voy.  AUCUÉNOPTÈRES. 

*  JVGVLlBn  ARCHES.  Jugulibranchiata. 
poiss.  —  Latreille  donne  ce  nom  (Fam.  du 
règn.  anim.,  p,  141)  à  une  famille  de  l'or- 
dre des  Acanthoptérygiens  apodes,  caracté- 
risée principalement  par  les  ouïes,  qui  s'ou- 
vrent par  un  ou  deux  petits  trous  sous  la 
gorge. 

Cette  famille  est  subdivisée  elle-même  en 
deux  groupes  :  le  premier  présente  deux  ou- 
vertures branchiales  extérieures  ,  et  ren- 
ferme les  genres  Sphagébranche  et  Apté- 
richte  ;  les  Poissons  du  second  groupe  (Ala- 


JUJ 

bès  et  Synbranche)  n'ont  qu'une  seule  ou- 
verture branchiale  extérieure.  (J.) 

JUIDA.  Juida,  Less.  ois.  —  Division  de 
la  famille  des  Merles.  Voy.  ce  mot.    (Z.  G.) 

JUJUBE,  bot.  ph.  —  Fruit  du  Jujubier. 
Voy.  ce  mot. 

JUJUBIER.  Zizyphus.  bot.  ph.  —  Genre 
de  la  familledes  Rhamnées,  de  la  pentandrie 
monogynie  dans  le  système  sexuel.  Il  se  com- 
pose d'arbrisseaux  ou  de  petits  arbres  qui 
habitent  principalement  les  parties  voisines 
du  tropique  et  celles  qui  bordent  la  Médi- 
terranée, dans  l'hémisphère  nord,  que  l'on 
rencontre  aussi,  mais  en  petit  nombre,  dans 
l'Amérique  intertropicale;  leurs  rameaux 
soïrt  grêles,  garnis  de  feuilles  alternes,  pres- 
que distiques,  à  trois  nervures.  Leurs  sti- 
pules sont  tantôt  transformées  l'une  et 
l'autre  en  épines,  dont  l'une  est  droite, 
l'autre  recourbée;  tantôt  l'une  des  deux 
seulement  est  transformée  en  épine,  tandis 
que  l'autre  est  caduque  ou  avorte.  Les  fleurs 
de  ces  végétaux  présentent  un  calice  étalé, 
dont  le  tube  est  très  peu  concave,  tandis  que 
le  limbe  est  divisé  en  cinq  lobes  étalés;  ce 
tube  calicinal  est  tapissé  intérieurement  par 
un  disque  dont  le  bord  porte  une  corolle  à 
einq  pétales  et  cinq  étamines  opposées  à  ces 
pétales.  L'ovaire  est  enfoncé  par  sa  base 
dans  le  disque  auquel  il  adhère;  il  présente 
intérieurement  deux  ou  plus  rarement  trois 
loges  dont  chacune  renferme  un  seul  ovule 
dressé,  et  il  supporte  autant  de  styles  (le  plus 
ordinairement  distincts  )  et  de  stigmates 
qu'il  existe  de  loges.  Le  fruit,  qui  succède  à 
ces  fleurs,  est  charnu  et  renferme  un  noyau 
à  2-3  loges  monospermes,  quelquefois  à 
une  seule,  par  l'effet  d'un  avortement.  Sous 
lui,  persiste  la  base  du  calice,  qui  s'est 
rompu  transversalement.  Parmi  les  espèces 
de  Jujubiers,  il  en  est  deux  qui  méritent 
<Têtre  examinées  en  particulier. 

i.  Jujubier  commun,  Zizyphus  vulgaris 
Linn.  (Rhamnus  Zizyphus  Linn.).  C'est  un 
grand  arbrisseau,  ou  un  arbre  de  taille  peu 
élevée,  originaire  de  Syrie,  d'où  il  fut  trans- 
porté à  Rome  sous  Auguste;  depuis  cette 
époque,  il  s'est  répandu  sur  tout  le  littoral 
de  la  Méditerranée  où  on  le  cultive  com- 
munément et  où  il  s'est  môme  naturalisé 
en  quelques  endroits.  Dans  son  pays  natal, 
il  s'élève  en  arbre  de  7  à  10  mètres  de  hau- 
teur, avec  un  tronc  cylindrique   recouvert 


JLJ 


159 


d'une écorce brune;  généralement,  sa  taille 
s'élève  moins  dans  l'Europe;  cependant  il 
en  existe  en  Provence  et  dans  le  Bas-Lan- 
guedoc des  individus  cultivés  qui  forment 
d'assez  beaux  arbres.  Ses  rameaux  sont  tor- 
tueux, grêles  et  flexibles;  ses  feuilles  sont 
ovales,  dentelées  sur  leur  bord  ,  glabres, 
ainsi  que  les  rameaux,  luisantes;  ses  pi- 
quants stipulâmes  sont  ou  nuls  ou  géminés, 
l'un  des  deux  étant  recourbé.  Ses  fruits,  ou 
les  Jujubes,  sont  de  forme  ovale  oblongue, 
longues  de  1  1/2  à  2  centimètres,  de  couleur 
rouge  un  peu  jaunâtre  à  leur  maturité  ;  leur 
chair  est  ferme,  de  saveur  douce  et  très 
agréable.  On  les  mange  en  abondance  dans 
le  midi  de  l'Europe  et  en  Orient;  on  les 
nomme  Guindoulos  dans  le  Bas-Languedoe. 
Séchées  au  soleil,  les  Jujubes  ont  des  usages 
médicinaux  assez  importants;  avec  les  Dattes, 
les  Figues  et  les  Raisins,  elles  constituent 
ce  qu'on  a  nommé  les  fruits  béchiques  ou 
mucoso-sucrés.  Leur  décoction  forme  une 
tisane  calmante,  adoucissante  ,  que  l'on 
emploie  contre  les  irritations,  particulière- 
ment contre  celles  des  poumons.  Elle  forme 
aussi  la  base  de  la  pâte  de  Jujubes,  dans 
laquelle  elle  est  mêlée  à  la  gomme  et  au 
sucre.  Le  bois  du  Jujubier  commun  est  dur, 
de  couleur  roussâtre;  il  est  susceptible  de 
prendre  un  beau  poli,  ce  qui  le  fait  employer 
assez  souvent  pour  le  tour,  les  pièces  qu'il 
donne  n'étant  pas  assez  fortes  pour  qu'on 
puisse  s'en  servir  pour  des  usages  plus  im- 
portants. Le  Jujubier  se  multiplie  facilement 
par  graines  et  par  drageons  ;  il  se  plaît  sur- 
tout dans  les  terrains  légers,  sablonneux  et 
secs.  Dans  le  midi  de  la  France,  on  le  cul- 
tive en  plein  vent;  dans  le  nord,  il  demande 
une  exposition  au  midi,  contre  un  mur,  et 
il  doit  même  être  couvert  pendant  l'hiver. 
2.  Jujubier  lotos  ,  Zizyphus  lotus  Lara. 
Cette  espèce  ressemble  sous  plusieurs  rap- 
ports à  la  précédente;  ses  feuilles  sont  ova- 
les-oblongues,  légèrement  crénelées,  glabres, 
ainsi  que  les  rameaux;  ses  piquants  sont 
géminés,  l'un  crochu,  l'autre  droit,  plus 
long  que  le  pétiole;  ses  fruits  sont  presque 
arrondis  ou  légèrement  ovales.  Elle  croît  en 
Afrique,  dans  les  parties  intérieures,  et  sur- 
tout dans  le  nord,  dans  la  régence  de  Tunis, 
en  Sicile,  dans  le  Portugal.  C'est  elle  qui 
produit  le  fruit  si  célèbre  dans  l'antiquité, 
comme  formant  l'aliment  favori  des  Loto- 


160 


JUL 


pliages,  ainsi  que  l'avaient  déjà  avancé 
quelques  botanistes  anciens,  et  que  l'a  dé- 
montré Desfontaines,  dans  un  Mémoire  en 
date  de  l'année  1788.  Le  plus  souvent,  ces 
peuples  l'écrasaient,  faisaient  ensuite  ma- 
cérer sa  pulpe  dans  l'eau,  et  ils  en  faisaient 
ainsi  une  sorte  de  liqueur,  qu'on  prépare 
encore  dans  le  nord  de  l'Afrique.  (P.  D.) 
JULAN.  moll.  —  Adanson  désigne  sous 
ce  nom  une  jolie  espèce  de  Pholade  du  Séné- 
gal, Pholas  slrlala  de  Gmelin.  Voy.  pho- 
lade. (Desh.) 
JULE.  Julus.  myriap.  —  Voy.  iule. 
*JULIANIA.  bot.  pu.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Zygophyllées,  tribu  des  Zygophyl- 
lées  vraies,  établi  par  Llave  et  Lexarca 
(Nov.  veget.  descript.,  II,  4).  Arbrisseau  du 
Mexique.  Voy.  zygophyllées. 

JULIENNE.  Hesperis.  bot.  ph.  —  Genre 
de  plantes  de  la  famille  des  Crucifères , 
tribu  des  Notorhizées  siliqueuses  de  De  Can- 
dolle;  de  la  tétradynamie  siîiqueuse,  dans 
le  système  sexuel.  Il  se  compose  de  plantes 
herbacées  annuelles  ou  bisannuelles,  ou 
quelquefois,  mais  rarement,  vivaces ,  qui 
croissent  spontanément  dans  les  parties 
moyennes  de  l'Europe  ,  dans  la  région  mé- 
diterranéenne et  dans  l'Asie  moyenne.  Elles 
présentent  une  villosité  blanchâtre  formée 
de  poils  simples  ou  rameux  ,  quelquefois 
glanduleux.  Leurs  fleurs  forment  des  grap- 
pes terminales  lâches  ;  elles  sont  purpurines 
ou  blanchâtres,  quelquefois  odorantes.  Cha- 
cune d'elles  présente  un  calice  à  quatre  sé- 
pales connivents ,  dont  les  deux  latéraux 
sont  renflés  et  gibbeux  à  leur  base;  une 
corolle  à  quatre  pétales  onguiculés,  dont  le 
limbe  est  étalé,  obtus  ou  échancré;  deux 
stigmates  elliptiques.  Le  fruit  est  une  si- 
lique  droite,  allongée,  bivalve,  à  peu  près 
j cylindrique  ou  légèrement  tétragone,  ren- 
fermant plusieurs  graines  pendantes,  ran- 
gées en  une  seule  série,  sans  rebord,  lisses, 
rarement  comprimées;  les  cotylédons  de 
leur  embryon  sont  incombants.  Ce  genre 
!  avait  pris  une  extension  assez  grande  dans 
[les  ouvrages  de  Linné  et  des  botanistes  sub- 
\  séquents  ;  mais  les  travaux  les  plus  récents, 
notamment  ceux  de  MM.  R.  Brown  et  De 
Candolle,  l'ont  beaucoup  restreint.  Cepen- 
dant, tel  qu'il  a  été  limité,  il  renferme  en- 
core plus  de  40  espères,  puisque  De  Can- 
dolle en  a  décrit  20  dans   le  Prodromus , 


JUL 

tom.  r,  pag.  188,  et  que  depuis  la  publi- 
cation de  cet  ouvrage,  Walpers  a  pu  en  re- 
lever 21  nouvelles. 

Resserré  dans  ses  nouvelles  limites,  le 
genre  Hesperis  ne  présente  plus  qu'une  seule 
espèce  qui  offre  un  intérêt  direct;  c'est  la 
suivante  : 

Julienne  des  dames  ,  Hesperis  matronalis 
Lam.  C'est  une  plante  bisannuelle,  dont  la 
tige  est  haute  de  6  à  10  décimètres ,  velue 
et  presque  simple;  dont  les  feuilles  sont 
ovales-lancéolées,  aiguës,  dentées,  légère- 
ment velues;  ses  fleurs  sont  blanches  ou 
violacées,  portées  sur  des  pédoncules  de  la 
longueur  du  calice;  ses  pétales  sont  pour- 
vus d'un  long  onglet  qui  dépasse  le  calice, 
et  leur  limbe  est  obovale.  L'odeur  agréable 
de  ces  fleurs  se  fait  sentir  principalement 
le  soir,  et  fait  cultiver  cette  espèce  dans  les 
jardins  où  elle  est  très  répandue,  et  où  elle 
est  connue  vulgairement  sous  les  noms  de 
Cassolette  ,  Damas  ,  etc.  La  Julienne  des 
dames  croît  spontanément  dans  les  lieux 
frais  et  ombragés,  dans  les  haies,  les  buis- 
sons, etc.  On  en  distingue  deux  variétés, 
dont  l'une  (  Hesperis  matronalis  sylvestris 
DC.  ),  presque  inodore,  a  les  fleurs  purpu- 
rines et  les  pétales  obtus  :  c'est  la  variété 
spontanée  dont  Linné  avait  fait  une  espèce 
distincte  sous  le  nom  d' Hesperis  inodoraf 
que  l'on  rencontre  communément  dans  les 
vallées  fraîches  et  peu  élevées  des  monta- 
gnes des  Pyrénées ,  autour  de  Luchon  ,  par 
exemple,  etc.;  dont  l'autre  {Hesperis matro- 
nalis horlensis  DC.  ),  cultivée  dans  les  jar- 
dins, où  elle  a  été  modifiée  et  perfectionnée 
par  la  culture  ,  se  fait  remarquer  par  l'o- 
deur suave  de  ses  fleurs.  On  en  possède  des 
sous-variétés  vivaces  à  fleurs  doubles,  blan- 
ches ou  violettes.  On  multiplie  ces  derniè- 
res par  éclats  ou  par  boutures  qu'on  obtient 
en  coupant  la  tige,  après  la  floraison,  en 
deux  ou  trois  morceaux.  Cette  plante  ne 
prospère  que  dans  une  terre  franche  subs- 
tantielle ;  elle  ne  demande  que  de  rares  a?- 
rosements.  (P.  D.) 

JULIENNE  JAUNE,  bot.  ph.  —  Nom 
vulgaire  du  Barbarea  vulgaris.  Voy.  bau- 
barea. 

*JULIETA,  Leschen.  bot.  pn.  — Syn.  do 
Lysinema,  R.  Br. 

JULIS  ou  GIRELLE.  roiss.  —  Genre  de 
Poissons  Acanthoptérygiens  de  la  famille 


JUL 


JUN 


161 


des  Labroïdes  ,  établi  par  Cuvier  (R'egn. 
anim.  ,  t.  II,  p.  257),  et  comprenant  tous 
les  Labroïdes  à  ligne  latérale  non  inter- 
rompue; à  dorsale  munie  de  rayons  épi- 
neux, raides  et  piquants,  dont  la  tête  en- 
tière ,  c'est-à-dire  le  sous-orbitaire ,  le 
préopercule  et  les  autres  pièces  opercu- 
laires,  le  dessus  de  la  tête  et  les  mâchoires 
sont  dépourvues  d'écaillés.  Leurs  dents  sont 
coniques,  plus  fortes  en  avant;  derrière 
cette  rangée  externe,  il  y  en  a  de  tuber- 
culeuses ou  de  grenues  en  nombre  varia- 
ble, qui,  dans  quelques  espèces,  se  succè- 
dent avec  l'âge,  et  augmentent  la  largeur 
de  la  surface  émaillée  des  deux  mâchoires 
{Hist.  nat.  despoiss.,  Cuv.  et  Val.,  t.  XIII, 
p.  358). 

Les  Girelles  sont  des  poissons  parés  des 
couleurs  les  plus  variées  et  les  plus  bril- 
lantes. Ils  habitent  principalement  les  ré- 
gions intertropicales;  cependant  on  en  voit 
quelques  uns  s'avancer  vers  le  nord,  jus- 
que sur  les  côtes  d'Angleterre  ou  de  France. 
La  Méditerranée  en  renferme  trois  ou  qua- 
tre espèces,  qui  ne  îe  cèdent  en  rien  ,  par 
leur  éclat  et  leur  beauté,  aux  poissons  les 
plus  brillants  des  mers  tropicales. 

Les  Girelles  vivent  sur  le  bord  de  la  mer, 
parmi  les  roches  madréporiques,  où  ils  trou- 
vent en  abondance  des  Mollusques ,  des 
Oursins  et  autres  animaux  à  test  dur,  qu'ils 
brisent  facilement  avec  les  dents  fortes  et 
coniques,  soit  des  mâchoires,  soit  des  pha- 
ryngiens. 

On  connaît  environ  88  espèces  ou  va- 
riétés de  Girelles.  Parmi  elles,  nous  citerons 
principalement  la  Girelle  commune,  Julis 
vulgarisCav.  et  Val.  ;  son  corps  est  allongé 
et  ses  écailles  sont  très  petites;  le  som- 
met de  la  tête  et  le  dos  sont  d'un  beau 
brun  mêlé  de  rougeâtre  et  de  bleu;  au- 
dessous  de  cette  teinte  brille  une  large  ban- 
delette à  bords  dentelés  d'un  beau  rouge 
orangé.  A  partir  de  l'épaule,  et  jusque 
sous  les  premiers  rayons  mous  de  la  dor- 
sale, le  milieu  des  côtés  est  coloré  par  une 
bande  bleu  foncé,  presque  noire,  qui  forme 
une  grande  tache  oblongue  sur  les  côtés 
du  corps  du  poisson.  Cette  tache  se  pro- 
longe, jusqu'auprès  de  la  queue,  en  une 
bande  colorée  de  bleu  d'outre-mer,  plus  ou 
tioins  rembrunie  par  le  brun  doré  qui  s'y 
'uuve  mêlé;  le  dessous  du  corps  est  blanc 

T.  VII. 


d'argent;  une  raie  bleu  d'outre-mer,  très 
vif,  naît  de  l'angle  de  la  bouche,  traverse 
la  joue;  se  marque  à  l'angle  de  la  pecto- 
rale, et  se  prolonge,  en  diminuant  de  ton, 
le  long  du  bord  inférieur  de  la  tache  bleu 
foncé  des  côtés. 

La  disposition  de  ces  couleurs ,  ou  leur 
éclat  plus  ou  moins  vif,  a  fait  établir  parmi 
les  individus  de  cette  espèce  quelques  va- 
riétés qui  cependant  offrent  constamment 
la  tache  latérale  noire  allongée. 

La  taille  de  ces  poissons  varie  de  15  à 
30  centimètres  ;  leur  chair  est  blanche ,  de 
bon  goût ,  et  facile  à  digérer.  On  en  trouve 
fréquemment  à  Nice ,  sur  les  bords  de  la 
Méditerranée,  dans  les  rochers  couverts 
d'algues  marines.  (J.) 

*JULOCROTON.  bot.  ph.— Genre  de  la 
famille  des  Euphorbiacées-Acalyphées  ,  éta- 
bli parMartius(#er&ar.#rasiJ.,  p.  il  9).  Sous- 
arbrisseaux  du  Brésil.  Voy.  euphorbiacées. 

JUMENT,  mam.— La  femelle  du  Cheval. 
Voy.  ce  mot. 

JUNCAGO,  Tourn.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Triglochin,  Linn. 

JUNCARIA,  CIus.  bot.  ph.  —  Synon. 
d'Ortegia,  Lceffl. 

*JUNCKÉRITE.  min.  —  Carbonate  de 
Fer  prismatique.  Voy.  ce  mot. 

JUNCUS.  bot.  ph.  —  Voy.  jonc. 

JUNGERMANNE.  bot.  cr.  —  Voy.  jon- 

GERMANNE. 

JUNGERMANNIACÉES.  bot.  cr.  — 
Voy.  jongermanniacées. 

JUNGHAUSIA,  Gmel.  bot.  ph.  —  Syn. 
de  Curtisia,  Ait. 

JUNGIA.  bot.  ph.  —  Genre  delà  famille 
des  Composées -Nassauviacées,  établi  par 
Linné  (Suppl.,  58).  Herbes  ou  arbrisseaux 
de  l'Amérique  australe.  Voy.  composées.  — 
Gaertn.,  syn.  de  Bœckea,  Linn. 

JUMPÉRITES  (juniperns ,  genévrier). 
bot.  foss. —  Groupe  de  Conifères  fossiles, 
établi  par  M.  Ad.  Brongniart  (Prodr.  108) 
pour  des  plantes  présentant  des  rameaux  . 
disposés  sans  ordre;  des  feuilles  opposées  ; 
semblables  à  celles  des  Genévriers  et  des 
Cyprès,  courtes,  obtuses,  insérées  par  une 
base  large,  opposées  en  croix  et  disposées 
sur  quatre  rangs.  M.  Ad.  Brongniart  rap- 
porte à  ce  groupe  trois  espèces  (/.  brevifo- 
lia t  acutifolia ,  aliéna)  trouvées  dans  des 
lignites  de  sédiment  supérieur.  (J.) 

21 


162 


JUS 


JUNIPERUS.  bot.  ph.— Voy.  genévrier. 

JUPUPA.  ois.  —  Nom  d'une  espace  de 
Cassique.  Voy.  ce  mot. 

MURGENSIA ,  Spreng.  bot.  ph.— Syn. 
de  Commersonia ,  Forst. 

JURINEA  (nom  propre),  bot.  ph.— Genre 
de  la  famille  des  Composées-Mutisiacées, 
établi  par  Cassini  {in  Bullet.  Soc.  philom. 
1821,  p.  140).  Herbes  des  régions  méditer- 
ranéennes. Voy.  COMPOSÉES. 

JUSQUIAME.  Hyoscyamus.  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Solanacées,  de  la 
pentandrie  monogynie  dans  le  système 
sexuel.  On  en  connaît  aujourd'hui  environ 
20  espèces.  Il  se  compose  de  plantes  herba- 
cées, qui  croissent  naturellement  dans  les 
parties  moyennes  de  l'Europe  et  de  l'Asie, 
et  dans  toute  la  région  méditerranéenne. 
Cesplantes  sont  généralement  remarquables 
par  leur  aspect  sombre  et  livide,  plus  carac- 
térisé encore  que  chez  la  plupart  des  autres 
Solanacées,  par  leur  viscosité  et  par  leur 
odeur  vireuse;  leurs  feuilles  sont  alternes,  lé 
plus  souvent  sinueuses,  les  florales  ordinai- 
rement géminées  ;  leurs  fleurs  soi)  t  solitaires 
à  l'aisselle  des  feuilles  florales,  le  plus  sou- 
vent dirigées  vers  un  seul  côté.  Elles  pré- 
sentent un  calice  urcéolé,  à  cinq  dents  ;  une 
corolle  en  entonnoir,  à  limbe  plissé,  divisé 
en  cinq  lobes  obtus,  inégaux,  marqués  le 
plus  souvent  de  veines  foncées;  cinq  étami- 
nes  insérées  au  fond  du  tube  de  la  corolle; 
un  ovaire  à  deux  loges  multi  -ovulées,  dans 
chacune  desquelles  un  placenta  développé 
tient  à  la  cloison  par  sa  ligne  dorsale.  Le 
fruit  est  une  capsule  enveloppée  par  le  calice 
persistant  et  qui  s'est  accrue  après  la  florai- 
son, biloculaire,  s'ouvrant  transversalement 
vers  la  partie  supérieure,  et  constituant  dès 
lors  une  pyxide;  l'opercule,  qui  se  détache 
alors,  conserve  intérieurement  une  partie 
de  la  cloison.  Parmi  les  espèces  de  ce  genre, 
il  en  est  deux  qui  méritent  d'être  examinées 
en  particulier. 

1.  Jusquiame  noire,  Hyoscyamus  niger 
Linn.  Cette  espèce  est  connue  vulgairement 
en  diverses  parties  de  la  France  sous  les 
noms  de  Careillade  (qu'on  applique  aussi 
plus  particulièrement  à  l'espèce  suivante 
dans  les  environs  de  Montpellier),  Hannebane 
potelée;  elle  croît  communément  le  long 
des  chemins  et  surtout  autour  des  habita- 
lions.  Sa  tige  s'élève  de  6  à  8  décimètres  ; 


JUS 

elle  est  cylindrique,  épaisse,  couverte  de 
poils  épais  et  visqueux;  ses  feuilles  sont 
grandes,  molles  et  cotonneuses,  marquées 
sur  leur   bord  de  sinus  aigus,  sessiles  et 
amplexicaules  ;   ses  fleurs  sont  d'un  jaune 
pâle,  marquées  de  veines  pourpre  noirâtre; 
elles  deviennent  de  cette  dernière  couleur 
dans  leur  milieu;  elles  sont  sessiles,  ran- 
gées à  l'aisselle  des  feuilles  florales  en  une 
sorte  de  long  épi   feuille  unilatéral.   Les 
propriétés  médicinales  de  cette  espèce   la 
rapprochent  beaucoup  delà  Belladone,  à  la 
place  de  laquelle  on  l'emploie  quelquefois. 
Ses  feuilles  ont,  à  l'état  frais,  une  odeur  forte, 
désagréable  et  une  saveur  mucilagineuse  un 
peu  acre;  mais,  par  la  dessiccation,  elles  per- 
dent presque  entièrement  l'une  et  l'autre  de 
ces  propriétés.  On  prépare,  soit  de  ces  feuil- 
les, soit  des  graines,  un  extrait  que  l'on  em- 
ploie à  doses  faibles  ou  modérées ,  surtout 
pour  combattre   les  affections   nerveuses. 
Cette  même  substance,  prise  à  forte  dose, 
constitue  un  poison  narcotico-âcre  dont  on 
combat  les  effets  par  l'émétique  d'abord  et 
ensuite  par  les  boissons  acidulées.  Les  pro- 
priétés vénéneuses  de  la  Jusquiame  noire  se 
retrouvent  dans  sa  racine  qui,  dans  quel- 
ques circonstances,  ayant  été  prise  pour  de 
petits  Panais,  a  déterminé  des   accidents 
fâcheux;  elles  existent  également  dans  ses 
graines.  Les  feuilles  de  cette  plante,  appli- 
quées, cuites,  sur  les  tumeurs  goutteuses  et 
rhumatismales,  agissent  comme  calmant; 
ses  graines  servent  principalement  au  même 
titre,  pour  calmer  les  douleurs  dentaires; 
pour  cela,  on  les  projette  sur  des  charbons 
ardents  et  l'on  en  reçoit  la  vapeur  dans  la 
bouche,  en  usant  toutefois  de  précaution, 
pour  éviter  les  fâcheux  effets  qu'elles  pour- 
raient produire  si  elles  étaient  respirées  en 
quantité  un  peu  considérable.  Les  anciens 
en  exprimaient  l'huile,  qu'ils  employaient  en 
diverses  circonstances;  mais,  dans  ces  der- 
niers  temps ,   leur  usage  a  été  beaucoup 
plus  restreint,  ainsi,  du  reste,  que  celui  des 
feuilles.  Les  effets  de  la  Jusquiame  noire  ont 
été  soumis  à  de  nombreuses  expériences  par 
le  DrFouquier,  qui  est  arrivé  à  cette  conclu- 
sion, qu'on  en  avait  beaucoup  exagéré  l'im- 
portance; ce  médecin  en  est  venu  adonner, 
dans  l'espace  de  vingt-quatre  heures,  jus- 
qu'à 250  grains  d'extrait  de  cette  plante, 
sans  qu'il  se  soit  produit  d'effets  fâcheux. 


JUS 


JUS 


163 


La  conclusion  définitive  qu'il  s'est  cru  au- 
torisé à  déduire  de  ses  observations  est  que 
la  Jusquiarne  constitue  une  substance  très 
inégale  dans  son  action  ,  et  de  laquelle  on 
n'est  dès  lors  jamais  certain  d'obtenir  les 
résultats  que  l'on  désire;  enfin,  que  son 
narcotisrne  est  très  faible,  sinon  même  entiè- 
rement nul.  Les  diverses  espèces  d'animaux 
éprouvent  de  lapartdelaJusquiamenoireet 
de  ses  différentes  parties  des  effets  variés; 
ainsi  l'on  a  dit  que  ses  graines,  mêlées  à 
l'avoine,  non  seulement  ne  nuisent  pas  aux 
Chevaux,  mais  encore  les  engraissent;  que 
les  Cochons,  les  Vaches  et  les  Brebis  mangent 
la  plante  entière  sans  qu'il  en  résulte  pour 
eux  le  moindre  inconvénient,  tandis  qu'elle 
agit  sur  les  Cerfs,  les  Gallinacés,  les  Oies 
et  les  Poissons  comme  un  poison  véritable. 
Les  effets  plus  ou  moins  énergiques  de  la 
Jusquiarne  noire  sont  dus  à  un  alcaloïde 
qui  a  été  découvert  par  Biandes,  et  qui 
a  reçu  de  ce  chimiste  le  nom  d'Hyoscya- 
mine. 

2.  Jusquiame  blanche,  Hyoscyamus  albus 
Linn.  Cette  espèce  est  moins  répandue  que 
la  précédente  et  est  limitée  aux  parties  mé- 
ridionales de  l'Europe;  elle  diffère  delà 
Jusquiame  noire  par  sa  tige  un  peu  moins 
haute  et  moins  rameuse;  par  ses  feuilles 
caulinaires,  assez  longuement  pétiolées  en 
cœur  à  leur  base,  aiguës,  marquées  sur  leur 
bord  de  sinus  obtus,  tandis  que  les  florales 
sont  parfaitement  entières;  par  ses  fleurs 
presque  sessiles  à  l'aisselle  des  feuilles  flo- 
rales; enfin  par  ses  corolles  ventrues.  Ses 
propriétés  sont  analogues  à  celles  de  la 
Jusquiame  noire,  quoique  moins  prononcées; 
aussi  est-elle  quelquefois  substituée  à  cette 
dernière.  (P.  D.) 

JLSSI.EA  (Jussieu,  célèbre  botaniste). 
—  Genre  de  la  famille  des  OEnothérées-Jus- 
sieuées,  établi  par  Linné  (Gew.,  n°  538). 
Herbes  ou  arbrisseaux,  ou,  très  rarement, 
arbres  des  régions  tropicales  du  globe.  Voy. 

QEKOTHÉRÉE5. 

*JLSSIEUÉES.  Jussieveœ.  bot.  ph.  — 
Tribu  des  OEnothérées.  Voy.  ce  mot. 

JISSIEVIA,  Houst.  bot.  ph. — Syn.  de 
Cnidoscolus,  Pohl. 

JUSTICIE  ou  CARMANTINE.  Justicia. 


bot.  pu.  —  Genre  de  la  famille  des  Acan- 
thacées.  Linné  avait  admis  sous  ce  nom  un 
genre  de  plantes  à  deux  étamines  auxquelles 
il  assignait  pour  caractères  :  Un  calice  sim- 
ple ou  double;  une  corolle  monopétale  la- 
biée; une  capsule  s'ouvrant  par  un  onglet 
élastique,,  dont  la  cloison  était  contraire 
aux  valves  et  adnée.  Mais  ce  groupe,  assez 
mal  défini,  reçut  successivement  un  nombre 
considérable  d'espèces,  et  finit  par  devenir 
un  assemblage  de  plantes  qui  se  ressem- 
blaient par  quelques  traits,  mais  qui  diffé- 
raient les  unes  des  autres  sous  des  rapports 
importants.  C'est  ce  que  sentit  très  bien 
M.  Nées  d'Esenbeck  ,  qui,  dans  le  bel  ou- 
vrage de  M.  Wallich  [PlantœAs.  rariores, 
tom.  III,  pag.  70  et  suiv.  ),  présenta  une 
revue  de  la  famille  des  Acanthacées,  et  qui 
resserra  le  genre  Juslicia  dans  des  limites 
beaucoup  plus  étroites  en  établissant  un 
grand  nombre  de  genres  nouveaux,  ou  en 
admettant  ceux  qui  avaient  déjà  été  établis 
à  ses  dépens.  Voy.  acanthacées. 

Le  résultat  de  ces  nombreuses  divi- 
sions a  été  nécessairement  de  diminuer 
beaucoup  le  nombre  des  vrais  Justicia,  qui 
sont  restés  caractérisés  de  la  manière  sui- 
vante :  Calice  5-parti,  égal  ;  corolle  bilabiée- 
infundibuliforme,  à  tube  allongé  ;  lèvre  su- 
périeure aiguë,  réfléchie,  l'inférieure  à  trois 
divisions  égales;  deux  étamines  insérées  à 
la  gorge  de  la  corolle,  à  anthères  saillantes, 
formées  de  deux  loges  contiguës,  légèrement 
inégales  à  leur  base,  mutiques;  ovaire  à 
deux  loges  bi-ovulées;  style  simple;  stig- 
mate bifide;  capsule  onguiculée,  cuspidée, 
biloculaire,  disperme  par  l'effet  de  l'avor- 
tement  des  deux  autres  ovules,  s'ouvrant 
en  deux  valves  par  déhiscence  loculicide , 
les  valves  portant  la  cloison  sur  leur  ligne 
médiane  ;  graines  en  forme  de  cœur,  com- 
primées, tuberculées,  entourées  d'un  bord 
relevé.  Ces  plantes  sont  des  arbrisseaux  de 
l'Asie  tropicale  ,  dont  les  feuilles  sont  op- 
posées; dont  les  fleurs,  disposées  en  épis 
terminaux,  sont  accompagnées  de  bractées 
herbacées ,  larges ,  et  de  petites  bractéoles 
subulées.  Quelques  unes  de  leurs  espèces 
sontcultivées  dans  les  jardinscomme  plantes 
d'ornement.  (p«  D0 


K 


KABASSOU.  mam.—  Nom  vulgaire  du 
Tatou  à  douze  bandes.  Voy.  tatou.  (E.  D.) 

KACHIN.  moll.  — Adanson  (Voyage  au 
Sénégal)  nomme  ainsi  une  coquille  du  genre 
Trochus,  le  T.  Pantherinus   Linn. 

KADSURA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Schizandracées,  établi  par  Jussieu 
(in  Annal.  Mus.,  XVI,  340).  Arbrisseaux 
de  Java  et  du  Japon.  Voy.  schizandracées. 

K.ŒMPFÉRIE.  Kœmpferia  (du  nom  du 
botaniste  Kaempfer).  bot.  ph.  —  Genre  de 
plantes  de  la  famille  des  Scitaminées  ou 
Zingibéracées,  de  la  monandrie  monogynie 
dans  le  système  sexuel.  Il  se  compose  de 
plantes  herbacées,  à  racines  tuberculeuses, 
dont  un  petit  nombre  sont  cultivées  dans 
les  serres  où  elles  se  font  remarquer  par  l'é- 
légance et  la  singulière  organisation  de  leurs 
fleurs.  Celles-ci  semblent  naître  de  la  ra- 
cine, et  sont  généralement  groupées  au 
nombre  de  4-5  ou  davantage,  accompa- 
gnées de  plusieurs  bractées ,  dont  les  unes 
sont  grandes,  extérieures,  et  communes  à 
plusieurs  fleurs;  dont  les  autres  sont  pro- 
pres à  chaque  fleur.  Parmi  ces  dernières 
bractées,  l'une  est  placée  du  côté  extérieur, 
les  deux  autres  se  soudent  l'une  à  l'autre 
du  côté  supérieur  en  une  seule  qui  paraît 
être  bidentée  au  sommet.  Dans  la  descrip- 
tion de  la  fleur  de  ce  genre  et  pour  l'inter- 
prétation de  ses  parties ,  nous  croyons  ne 
pouvoir  suivre  de  meilleur  guide  que  M.  Les- 
tiboudois,  dans  son  Mémoire  sur  les  Scita- 
minées, Musacées,  etc.,  publié  dans  les  An- 
nales des  sciences  naturelles ,  2e  série ,  mai 
et  juin  1841 ,  avril  et  mai  1842.  Le  pé- 
rianthe  des  Kœmpféries  se  compose,  comme 
dans  le  type  normal  des  monocotylédones , 
de  deux  rangées  de  folioles  ;  les  trois  exté- 
rieures sont  soudées  entre  elles  en  une  seule 
lame  rendue  d'un  côté,  et  présentant  à  son 
extrémité  trois  dents  qui  indiquent  la  seule 
partie  de  leur  étendue  qui  a  échappé  à  la 
soudure;  les  trois  intérieures  sont  plus  al- 
longées, distinctes  les  unes  des  autres, 
étroites  et  allongées ,  aiguës ,  canaliculées. 


Ces  six  parties,  qui  constituent  le  périanthe 
des  Kœmpferia ,  sont  cependant  les  moins 
apparentes  parmi  celles  que  présente  la  fleur 
de  ces  plantes  ;  plus  intérieurement,en  effet, 
on  y  remarque  des  lames  pétaloïdes  plus 
développées ,  colorées  de  couleurs  diverses 
et  le  plus  souvent  brillantes,  de  formes  di- 
verses dans  une  même  fleur,  et  qui  consti- 
tuent précisément  la  partie  remarquable  et 
bizarre  de  ces  fleurs.  Ces  lames  pétaloïdes 
ne  sont  autre  chose  que  des  staminodes, 
c'est-à-dire  qu'elles  proviennent  de  la  trans- 
formation de  la  plupart  des  étamines  qui 
entraient  dans  la  constitution  normale  de  la 
fleur.  Les  Kœmpferia  présentent  trois  de  ces 
lames ,  dont  deux  sont  entières  et  la  troi- 
sième profondément  bilobée;  les  deux  pre- 
mières sont  blanches  ou  faiblement  colo- 
rées, distinctes  l'une  de  l'autre,  très  larges 
à  leur  base  ;  la  dernière,  à  laquelle  M.  Les- 
tiboudois  donne  le  nom  de  synème,  est  op- 
posée aux  premières  ;  ses  deux  grands  lobes 
sont  colorés  de  teintes  vives ,  purpurines, 
plus  ou  moins  violacées,  veinées  de  blanc, 
irrégulièrement  crénelés  ou  échancrés  :  la 
plupart  des  botanistes  la  nomment  labelle. 
La  fleur  ne  conserve  qu'une  seule  étamine 
fertile,  dont  l'anthère  est  dépassée  et  sur- 
montée par  un  appendice  ou  lame  profon- 
dément divisée  en  deux  lobes  aigus,  quel- 
quefois séparés  par  un  lobe  médian.  Le  tra- 
vail de  M.  Lestiboudois  a  eu  pour  objet 
principal  de  retrouver  la  symétrie  déguisée 
dans  les  lames  pétaloïdes  supplémentaires 
des  fleurs  des  Scitaminées  et  des  familles 
voisines.  Selon  ce  savant,  dans  le  genre  qui 
nous  occupe,  les  deux  staminodes  symétri- 
ques appartiennent  au  verticille  qu'auraient 
formé  les  trois  étamines  externes  ;  la  troi- 
sième de  ces  étamines  externes  qui  aurait 
complété  le  verticille,  se  trouve  confondue 
dans  le  synème  ou  le  labelle  avec  deux  éta- 
mines également  transformées  appartenant 
au  verticille  interne  ;  le  synème  ou  le  la- 
belle représente  donc  trois  étamines ,  dont 
une  extérieure  et  deux  intérieures.  EnOn 


KAII 


KAL 


165 


ce  verticille  interne  est  complété  par  l'éta- 
mine,  restée  seule  à  l'état  normal  et  fertile. 
-Nous  ne  pouvons  reproduire  ici  les  obser- 
vations délicates  par  lesquelles  M.  Lesti- 
boudois  est  parvenu  à  rétablir  ainsi,  dans  ces 
fleurs  si  bizarres  d'organisation,  la  symétrie 
ordinaire  des  fleurs  des  monocotylédons.  Le 
pistil  se  compose  d'un  ovaire  adhérent ,  à 
trois  loges  renfermant  chacune  plusieurs 
ovules  horizontaux  fixés  à  l'angle  interne. 
Du  sommet  de  cet  ovaire  s'élève  un  style 
allongé,  filiforme,  qui  se  loge  dans  le  sillon 
du  filet  et  de  l'anthère  del'étamine  fertile, 
et  que  termine  un  stigmate  urcéolé,  cilié; 
l'ovaire  supporte  encore  deux  filaments  plus 
ou  moins  rudimentaires  qui  ne  sont  autre 
chose  que  deux  stylodes,  c'est-à-dire  les  deux 
styles  qui  complétaient  la  symétrie  ternaire 
du  pistil  réduits  à  un  développement  très 
imparfait.  Le  fruit  est  une  capsule  à  trois 
loges  polyspermes ,  qui  s'ouvrent  en  trois 
valves  par  déhiscence  loculicide. 

Les  Ka;mpféries  sont  des  plantes  des  par- 
ties tropicales  de  l'Inde.  Deux  ou  trois 
d'entre  elles  sont  assez  fréquemment  culti- 
vées dans  les  serres  :  ce  sont  les  K.  rotunda, 
longa  et  galanga.  Les  tubercules  charnus , 
arrondis  ou  allongés,  qui  accompagnent  leur 
racine  sont  féculents  et  très  aromatiques. 
Ceux  de  la  première  de  ces  espèces  ont  l'o- 
deur et  la  saveur  du  Gingembre,  seulement 
à  un  degré  moins  prononcé.  La  plupart  des 
botanistes  pensent  qu'ils  fournissent  ce  qu'on 
désigne  dans  les  pharmacies  sous  le  nom  de 
racine  de  Zédoaire,  dont  on  distingue  deux 
sortes:  l'une  arrondie,  l'autre  allongée,  qui 
proviendraient  de  deux  variétés  de  cette 
plante.  Cette  substance  possède  des  proprié- 
tés stimulantes  assez  énergiques;  elle  est 
aujourd'hui  fort  peu  employée  :  elle  entre 
seulement  dans  la  composition  de  certaines 
préparations  pharmaceutiques.  D'autres  bo- 
tanistes pensent  qu'elle  provient  de  plantes 
différentes  ;  ainsi  Roxburgh  dit  positivement 
que  la  Zédoaire  est  formée  par  le  Curcuma 
Zedoaria  Roxb.  (P.  D.) 

KAGENECKIA  (nom  propre),  bot.  pu. 
—  Genre  de  la  famille  des  Rosacées-Quil- 
lajées  ,  établi  par  Ruiz  et  Pavon  (  Prodr.  , 
134,  t.  37).  Arbres  du  Pérou.  Voy.  ro- 
sacées. 

KAIHRIA,  Forsk.  bot.  ph.  —  Syn.  d'£- 
thulia,  Cass. 


KAKADOE.  ois.  —  Nom  substitué  par 
Kuhl  à  celui  de  Cacatua  (Cacatois).  (Z.  G.) 

KAKATOÈS  et  KAKATOIS.— Voy.  ca- 
catois. 

KAKERLACS.  ins.  — Nom  des  Blattes 
dans  les  colonies.  Voy.  blattiens.      (Bl.) 

*KAKOXÈNE.  min.— Phosphate  hydraté 
de  peroxyde  de  Fer  et  d'Alumine.  Voy.  fers 
phosphatés  au  mot  fer. 

KALAN.  moll. — C'est  le  nom  que  donne 
Adanson  {Voyage  au  Sénégal)  à  une  co- 
quille du  g.  Slrombe,  le  Str.  lentiginosus  L. 

KALANCHOE.  bot.  ph.  —Genre  de  la 
famille  des  Crassulacées-Crassulées-diplos- 
témones,  établi  par  Adanson  (Fam. ,  H  , 
248).  Sous-arbrisseaux  charnus  croissant 
en  Afrique,  en  Asie  et  au  Brésil.  Voy.  cras- 

SULACÉES. 

KALENCHOE  ,  Haw.  bot.  ph.  —  Syn. 
de  Kalanchoe,  Adans. 

KALLSTRyEMIA  (nom  propre),  bot.  ph. 
—  Genre  de  la  famille  des  Zygophyllées- 
Tribulées ,  établi  par  Scopoli  (Introduct. , 
937).  Herbes  de  l'Amérique  tropicale.  Voy 

ZYGOPHYLLÉES. 

KALMIA.  bot.  ph.  — Genre  de  la  fa- 
mille des  Éricacées-Rhododendrées,  établi 
par  Linné  (Gen.,n.  545)  et  présentant 
pour  caractères  :  Calice  à  5  divisions  ;  co- 
rolle hypogyne,  monopétale,  déprimée  et 
renflée,  à  limbe  5-fide;  étamineslO,  insé- 
rées au  fond  de  la  corolle  ;  ovaire  à  5  loges 
multi-ovulées;  style  allongé,  persistant ,  à 
stigmate  capité;  capsule  subglobuleuse,  à 
5  loges.  Les  Kalmies  sont  des  arbrisseaux 
à  feuilles  alternes  ou  ternées-verticillées, 
toujours  vertes  ou  tombant  rarement,  à  ra- 
meaux uniflores  ;  fleurs  disposées  en  grappes 
ou  en  corymbes,  ou  rarement  axillaires. 

Parmi  les  cinq  espèces  que  renferme  ce 
genre,  quelques  unes  sont  généralement 
cultivées  dans  les  jardins  dont  elles  font 
l'ornement  par  leur  feuillage  toujours  vert 
et  leurs  belles  fleurs  roses.  Nous  citerons 
principalement  les  K.  a  larges  feuilles,  a 

FEUILLES  ÉTROITES   et   GLAUQUE  (  K.  latifolia  , 

angustifolia  et  glauca  Linn.  ).  Elles  sont 
originaires  de  l'Amérique  boréale,  mais 
elles  s'acclimatent  parfaitement  dans  nos 
jardins  où  on  les  multiplie  par  semences, 
marcottes  et  boutures.  (J.) 

*KALOPHRYNUS  Mo'?,  beau;  9p3voç, 
crapaud),   rept.   —  Groupe  d'Amphibiens 


166 


KAM 


formé  par  M.    Tsclrudi  (Class.  bairacn., 
1838)  aux  dépens  des  Bombinator.   Voy. 

SONNEUR.  (E.    D.) 

KALOWRATIA.  bot.  ph.  —  Voy.  ko- 

LOWRATIA. 

KAMBEUL.  moll.  — Adanson,  dans  son 
Voyage  au  Sénégal ,  désigne  ainsi  une  co- 
quille terrestre  que  Lamarck  a  nommée  Bu- 
limus  Jcambeul. 

KAMIGHI.  Palamedea.  ois.  —  Genre  de 
l'ordre  des  Échassiers,  caractérisé  par  un 
bec  plus  court  que  la  tête,  droit,  peu  com- 
primé ,  non  renflé,  à  mandibule  supérieure 
légèrement  arquée;  des  narines  ovales  si- 
tuées vers  le  milieu  du  bec  ;  par  deux  épe- 
rons ou  ergots  à  chaque  aile,  et  par  des 
doigts  séparés  ,  forts  ,  à  ongles  robustes , 
surtout  celui  du  pouce,  qui  est  long  et  droit. 

Les  auteurs  ne  sont  point  d'accord  sur  la 
place  qu'il  convient  d'assigner  aux  Kami- 
chis;  les  uns  les  rangent  parmi  les  Échas- 
siers, et  c'est  le  plus  grand  nombre;  les 
autres  les  rapprochent  des  Gallinacés.  On 
n'est  pas  d'accord  ,  non  plus  ,  sur  la  ques- 
tion de  savoir  si  le  Chauna  ou  Chavaria  doit 
être  placé  avec  le  Kamichi,  ou  s'il  doit  for- 
mer un  genre  à  part.  Vieillot  a  cru  devoir, 
comme  llliger,  distinguer  ces  oiseaux  géné- 
riquement.  Latham  et  Gmelin  les  avaient 
réunis  sous  la  même  dénomination  généri- 
que ;  G.  Cuvier  a  agi  de  même,  et  M.  Tem- 
minck  ,  tout  en  reproduisant  le  g.  Chava- 
ria ,  a  émis  cette  opinion,  «  qu'on  pourrait 
être  tenté  ,  d'après  la  description  que  d'A- 
zara  donne  de  l'oiseau  qui  a  servi  à  fonder 
cette  division,  d'en  faire  une  seconde  espèce 
du  g.  Palamedea.  Les  méthodes  les  plus 
modernes  mettent  d'accord  ces  opinions 
diverses  en  faisant  de  l'ancien  g.  Palamedea 
Ja  famille  ou  sous-famille  des  Palamédidées. 
De  la  sorte,  quoique  séparés  génériquement, 
les  Chavarias  et  les  Kamichis  appartiennent, 
par  le  fait ,  à  la  même  division. 

Si  l'histoire  naturelle  des  Kamichis  et 
des  Chavarias ,  depuis  qu'elle  a  été  écrite 
par  les  premiers  voyageurs  naturalistes, 
ne  s'est  guère  enrichie  de  nouveaux  faits , 
toujours  est-il  qu'elle  a  été  dépouillée  de 
quelques  erreurs  qui  s'y  étaient  glissées. 
On  n'attribue  plus  à  ces  espèces  des  habi- 
tudes d'oiseaux  de  proie,  et  elles  ne  s'at- 
taquent plus  aux  Reptiles,  comme  on  l'a 
écrit. 


KAM 

Les  Kamichis  et  les  Chavarias  ,  qui  ont 
tant  de  rapports  par  leurs  caractères  exté- 
rieurs, au  point  que  quelques  auteurs  dou- 
tent s'ils  doivent  former  réellement  deux 
genres,  se  ressemblent  encore  par  leurs 
mœurs.  Ils  ont  à  peu  près  la  taille  et  le 
port  de  la  Dinde.  Leur  démarche  est  grave; 
ils  portent  le  cou  droit  et  la  tête  haute. 
Très  rarement  ils  se  perchent  sur  les  ar- 
bres. Leur  vie  se  passe  loin  des  forêts  et 
des  grands  bois.  Us  ne  fréquentent  que  les 
lieux  découverts  et  humides ,  les  maréca- 
ges ,  les  bords  peu  profonds  des  grands 
fleuves,  et  les  savanes  à  demi  noyées. 
Malgré  leurs  habitudes  semi-aquatiques  , 
les  Kamichis  et  les  Chavarias  ne  sont  point 
des  oiseaux  nageurs  ;  cependant  ils  entrent 
dans  l'eau  à  la  manière  des  Hérons.  Leur 
voix  est  forte  et  retentissante.  Celle  du  Ka- 
michi a  quelque  chose  de  terrible,  selon 
Ma  regrave  :  «  Terribilem  clamorem  edit 
Vyhu-Vyhu  vociferando ,  »  dit-il.  Celle  du 
Chavaria  est  un  peu  moins  bruyante.  L'un 
et  l'autre  font  entendre  leurs  cris  ,  non 
seulement  pendant  le  jour,  mais  encore 
durant  la  nuit,  lorsque  quelque  bruit  vient 
les  frapper;  et  l'un  et  l'autre  ont  reçu  des 
noms  vulgaires  qui  ont  du  rapport  avec  ces 
cris.  Les  Indiens  des  bords  de  l'Amazone 
appellent  le  premier  de  ces  oiseaux  Cahui- 
tahu  ,  et  les  naturels  du  Paraguay  nom- 
ment le  second  Chaja  et  Chajali. 

On  rencontre  les  Kamichis  et  les  Chava- 
rias tantôt  seuls,  tantôt  par  paires,  comme 
à  l'époque  de  la  reproduction  ,  tantôt  en 
troupes  assez  nombreuses  ,  ce  qui  arrive 
après  les  pontes.  Les  armes  dont  ils  sont 
pour  ainsi  dire  environnés  pourraient  faire 
supposer  que  ces  oiseaux  sont  d'un  naturel 
féroce ,  et  qu'ils  doivent  rechercher  les 
combats;  cependant  il  n'en  est  rien  :  ils 
sont  doux  et  tranquilles  ,  et  vivent  paisi- 
blement au  milieu  d'autres  animaux  ou  de 
leurs  semblables.  Cependant  il  est  une 
époque  de  l'année  où  leur  caractère  change; 
cette  époque  est  celle  des  amours.  Alors 
les  mâles  entrent  en  fureur  les  uns  contre 
les  autres  ,  et  se  disputent  avec  acharne- 
ment la  possession  des  femelles.  L'union 
que  contractent  ces  oiseaux  est  indissolu- 
ble :  la  mort  seule  de  l'un  des  deux  con- 
tractants peut  la  rompre. 

Les  Kamichis  et  les  Chavarias  nichent  à 


KAM 

terre  ,  au  pied  d'un  arbre ,  dans  les  brous- 
sailles ,  dans  les  hautes  herbes  ou  les  joncs 
entourés  d'eau.  La  ponte  n'a  lieu  qu'une 
fois  dans  l'année,  en  janvier  ou  février. 
Elle  est  de  deux  œufs  de  la  grosseur  de 
ceux  de  l'Oie.  Les  petits ,  en  naissant,  sont 
revêtus  d'un  simple  duvet  et  suivent  le 
père  et  la  mère.  Lorsqu'ils  ont  pris  leur 
plume  du  premier  âge,  leur  chair  est  alors 
très  bonne  à  manger;  celle  des  adultes  est 
coriace  et  n'a  pas  de  sapidité. 

La  nourriture  ordinaire  des  Kamichis  et 
des  Chavarias  consiste  en  herbe  tendre, 
qu'ils  pâturent  à  la  manière  des  Oies;  ils 
mangent  aussi  les  graines  de  plusieurs 
plantes  aquatiques.  Leur  régime  est  donc 
uniquement  végétal. 

Le  Chavaria  est  susceptible  d'éducation. 
Le  voyageur  Jacquin  a  fourni  de  curieux 
détails  sur  cet  oiseau  réduit  en  domesticité. 
«  Si  on  le  tient  en  esclavage,  dit-il,  il  se 
familiarise  avec  l'homme,  et,  investi,  pour 
ainsi  dire,  de  sa  confiance  ,  il  devient  un 
domestique  fidèle  ,  actif  et  intelligent ,  un 
gardien  vigilant  et  incorruptible.  Nourri 
dans  les  basses-cours,  il  est  l'ami  et  le 
protecteur  de  la  volaille;  il  demeure  con- 
stamment au  milieu  d'elle,  la  suit  dans 
ses  courses  journalières,  l'empêche  de  s'é- 
garer et  la  ramène  soigneusement  à  l'entrée 
de  la  nuit.  Aucun  oiseau  de  proie  ne  peut 
approcher  du  petit  troupeau  que  le  Cha- 
varia s'est  chargé  de  défendre.  Si  un  de 
ces  oiseaux  paraît  à  portée  de  la  basse- 
cour,  le  vigilant  gardien  s'élance  vers  lui , 
déploie  ses  longues  et  fortes  ailes ,  porte  à 
son  ennemi  les  coups  les  plus  rudes  et  le 
met  bientôt  en  fuite.  »  Il  est  probable  que 
l'on  pourrait  également  dire  du  Kamichi 
réduit  en  domesticité  ce  que  le  voyageur 
ïa  cquin  rapporte  du  Chavaria.  Ces  oiseaux 
»>nt  des  mœurs  trop  semblables  pour  qu'il 
fie   doive  pas  en  être  ainsi. 

Le  genre,  ou,  si  l'on  aime  mieux,  la 
s°u  s-  famille  des  Kamichis  n'est  composée , 
jusque  présent,  que  de  deux  espèces  qui 
ap  partiennent  aux  contrées  sauvages  et  peu 
habitées  de  l'Amérique  méridionale. 

L'une  se  distingue  par  un  appendice 
corné  ,  arrondi,  mobile,  qui  surmonte  le 
front  (g.  Palamedea,  Linn.).;  c'est  le  Ka- 
michi cornu,  Pal.  cornuta  Lin.,  représenté 
ians  l'Atlas  de  ce  Dictionnaire,  Oiseaux, 


KAN 


1G7 


pi.  10  (Buff.,pî.  enl.  451).  II  a  le  manteau 
gris-ardoise,  l'abdomen  blanchâtre,  la  tête 
couverte  de  quelques  plumes  duveteuses , 
variées  de  blanc  et  de  noir,  et  sur  l'aile 
une  tache  rousse.  On  le  trouve  au  Brésil 
et  à  la  Guyane. 

L'autre  n'a  point  de  corne  sur  le  front, 
mais  a  l'occiput  garni  d'une  petite  touffe 
de  plumes  (g.  Chauna,  111.;  Opistolophus, 
Vieill.);  c'est  le  Chavaria  fidèle,  Opist.  fidelis 
Vieill.  (Gai.  des  Ois.,  pi.  262).  II  a  la  tête 
et  le  haut  du  cou  couverts  de  plumes  cour- 
tes, cotonneuses  et  d'une  couleur  gris- 
clair  ;  deux  colliers  ,  un  supérieur  blanc  , 
l'autre  noir;  le  manteau  et  les  parties  in- 
férieures d'un  plombé  blanchâtre. On  trouve 
des  individus  à  plumage  d'un  noir  nuancé 
de  gris.  Il  habite  le  Paraguay  et  le  Brésil. 

(Z.G.) 

KAMPMANNIA,  Rafin.  bot.  ph.— Syn. 
de  Xanthoxylum,  L. 

KANAHIA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Asclépiadées-Cy- 
nanchées,  établi  par  R.  Brown  (  in  Mem. 
Werner.  soc.  ,1,  39).  Arbrisseaux  de  l'A- 
rabie. Voy.  ASCLÉPIADÉES. 

*KANDELIA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Rhizophorées,  établi 
par  Wight  et  Arnott  (Prodr.,  1 ,  310).  Ar- 
bres du  Malabar.  Voy.  rhizophorées. 

KANEELSTEIN  ou  PIERRE  DE  CAN- 
NELLE, min.  —  Une  des  variétés  du  Grenat 
gros sul aire.  Voy.  grenat. 

KANGUROO.  Kangurus.  mam.  —  Les 
habitants  de  l'Océanie  donnent  le  nom  de 
Kanguroo  à  des  Mammifères  appartenant 
au  groupe  des  Didelphes  et  qui  se  distin- 
guent particulièrement  par  leur  museau  al- 
longé ,  leurs  grandes  oreilles ,  leurs  mem- 
bres postérieurs  de  beaucoup  plus  grands 
que  les  antérieurs  et  leur  queue  très  puis- 
sante :  les  naturalistes  ont  formé  avec  ces 
animaux  un  groupe  très  distinct  qui  a  reçu 
plusieurs  noms  latins,  celui  de  Macropus, 
donné  par  Shaw ,  celui  d'Halmaturus  par 
Illiger,  et  enfin  celui  de  Kangurus  pro- 
posé par  Etienne  Geoffroy  Saint-Hilaire  et 
adopté  par  la  plupart  des  zoologistes 
français. 

Les  Kanguroos  ont  la  tête  assez  allongée; 
leur  système  dentaire  est  remarquable 
par  l'absence  de  canines  et  par  la  dispo- 
sition des  incisives  inférieures;  celles-ci,  au 


168 


KAN 


KAN 


nombre  de  deux  seulement,  sont  très  lon- 
gues ,  très  fortes  et  ont  une  direction  hori- 
zontale; tandis  queles  supérieures,  au  nom- 
bre de  six,  sont  larges,  disposées  sur  une 
ligne  courbe  et  qu'elles  ont  une  direction 
verticale;  un  espace  assez  grand  sépare  dans 
les  deux  mâchoires  les  incisives  des  autres 
dents;  les  molaires  sont,  dans  un  certain 
nombre  d'espèces ,  au  nombre  de  cinq  de 
chaque  côté  et  à  chaque  mâchoire  (genre 
Macropus  ,  Fr.  Cuvier  )  et  dans  d'autres  il 
n'y  en  a  que  quatre  (genre Halmalurus,  Fr. 
Cuvier  )  ;  les  dents  sont  en  général  peu  for- 
tes et  montrent  que  ces  animaux  sont  des- 
tinés à  prendre  une  nourriture  végétale.  Le 
membre  antérieur  est  très  petit  et  peu  re- 
marquable par  sa  conformation  :  il  offre 
cinq  doigts  armés  d'ongles  assez  forts;  les 
deux  doigts  latéraux  sont  les  plus  courts; 
la  paume  de  la  main  est  nue  ;  le  radius 
permet  à  l'avant-bras  une  rotation  en- 
tière; le  membre  postérieur  ne  ressemble 
nullement  à  l'antérieur,  il  est  très  déve- 
loppé; les  os  de  la  jambe  sont  près  de  deux 
fois  aussi  longs  que  ceux  de  l'avant-bras; 
ils  sont  très  épais,  car  ils  doivent  presque 
toujours  supporter  tout  le  poids  du  corps  de 
l'animal.  Le  pied  est  également  très  al- 
longé, très  solide,  il  ne  présente  que  qua- 
tre doigts  ;  l'externe  est  assez  gros  et  long  ; 
mais  le  doigt  voisin  est  beaucoup  plus  fort, 
plus  allongé,  et  son  ongle  ressemble  à  un 
véritable  sabot.  La  queue  est  excessivement 
développée  et  sert  aux  Kanguroos  comme 
un  véritable  membre;  surtout  dans  l'action 
du  saut.  Le  nombre  des  vertèbres  caudales 
est  considérable  et  dépasse  souvent  celui  dé 
vingt  ;  ces  vertèbres  ont  des  dimensions  très 
fortes,  elles  sont  hérissées  de  larges  et  lon- 
gues apophyses  et  donnent  attache  à  des 
muscles  très  puissants.  Le  corps  de  ces  ani- 
maux est  beaucoup  plus  gros  vers  la  région 
inférieure  que  vers  la  supérieure  ;  chez  eux 
le  train  de  devant  semble  tout-à-faitsacrifié 
pour  celui  de  derrière  ,  et  l'animal  a  une 
forme  presque  conique.  La  conformation 
générale  des  Kanguroos  leur  permet  une 
station  totalement  verticale ,  et  leur  queue 
forme  alors ,  avec  les  pieds  postérieurs ,  un 
trépied  solide ,  dont  la  pesanteur  des  par- 
ties supérieures  ne  peut  détruire  l'équilibre. 
Dans  cette  position,  ces  animaux  se  tien- 
nent appuyés  sur  leurs  longs  métatarses  qui 


ajoutent  encore  à  leur  stabilité.  Leur  pelage 
est  composé  de  deux  sortes  de  poils ,  des 
soyeux  et  des  laineux  :  les  premiers  ne  se 
trouvent  qu'aux  membres  ,  à  la  tête  et  à  la 
queue  ;  les  autres  couvrent  tout  le  reste  du 
corps;  quelques  soies  noires  assez  raides, 
courtes  et  peu  nombreuses  ,  se  voient  à  la 
lèvre  supérieure,  aux  sourcils,  sous  l'œil  et 
sous  la  gorge. 

Les  femelles,  comme  celles  de  tous  les 
Marsupiaux,  présentent  une  bourse  dans 
laquelle  sont  placés  les  petits;  les  tes- 
ticules des  mâles  sont  très  développés  et 
la  verge  n'est  pas  fourchue,  comme  cela  a 
lieu  chez  les  Didelphes.  Les  os  marsupiaux 
sont  aplatis  et  assez  longs.  L'estomac  est 
formé  de  deux  longues  poches  divisées  en 
boursouflures  comme  un  colon  ;  le  cœcum 
est  également  grand  et  boursouflé.  L'ana- 
tomie  de  ces  animaux  a  encore  été  peu  étu- 
diée; cependant  M.  Morgan  (Trans.  soe. 
linn.  de  Londres,  16)  a  publié  un  travail  sur 
les  glandes  mammaires  des  Kanguroos; 
M.  Laurent  a  fait  connaître  quelques  points 
de  l'organisation  de  ces  Marsupiaux  dans  la 
partie  zoologique  du  voyage  autour  du 
monde  de  la  Favorite  ;  et  enfin  M.  Richard 
Owen  (  Trans.  soc.  roy.  de  Londres,  année 
1835)  a  donné  des  détails  intéressants  sur 
l'accouplement  et  la  parturition  de  ces 
animaux. 

Par  leur  forme  générale ,  les  Kanguroos 
se  rapprochent  des  Rongeurs,  des  Gerboi- 
ses ,  par  exemple.  Ces  Mammifères  sont  gé- 
néralement de  taille  moyenne;  quelques 
espèces  sont  néanmoins  très  grandes  et  ont 
plus  de  deux  mètres  de  longueur  depuis  le 
bout  du  museau  jusqu'à  l'extrémité  de  la 
queue;  tels  sont  les  Kanguroos  geant  et 
laineux.  A  l'état  sauvage, ces  animaux  sont 
exclusivement  herbivores  et  frugivores.  Ils 
Vivent  en  troupes  composées  d'une  douzaine 
d'individus,  et  conduites,  dit-on,  par  les 
vieux  mâles;  ils  se  trouvent  dans  les  en- 
droits boisés  et  paraissent  suivre  des  sentiers 
qu'ils  se  sont  tracés.  Les  femelles  font  géné- 
ralement un  ou  deux  petits  qui  naissent 
presque  à  l'état  de  fœtus  et  .«ont  placés  dans 
leur  poche  ventrale.  Rarement  elles  produi- 
sent trois  ou  quatre  petits.  Les  Kanguroos 
ont  deux  sortes  de  progression  :  le  saut  et  la 
marche  ;  celle-ci  est  rampante  et  gênée;  les 
quatre  pattes  sur  le  sol ,  ils  enlèvent  leur 


KAN 

partie  postérieure  en  se  servant  de  leur 
queue,  appuyée  sur  la  terre,  comme  d'un 
ressort,  et  ramenant  les  jambes  de  derrière 
près  de  celles  de  devant,  ils  portent  celles- 
ci  en  avant  :  continuant  cet  exercice  ,  ils 
avancent  avec  assez  de  vitesse.  Dans  d'au- 
tres cas ,  ils  font  des  sauts  de  sept  à  dix 
mètres  d'étendue  et  de  deux  à  trois  mètres 
de  hauteur,  en  se  servant  aussi  de  leur 
queue  comme  d'un  ressort  puissant.  D'après 
les  relations  des  voyageurs  modernes, 
il  paraîtrait  que  lorsqu'ils  sont  poursuivis, 
ils  se  bornent  à  marcher,  ce  qu'ils  font 
avec  une  grande  vitesse ,  et  qu'ils  ne  sau- 
tent que  lorsque  quelque  obstacle  vient  à 
se  présenter  sur  leur  passage.  Leur  queue 
leur  sert  en  outre  d'arme  défensive  et  offen- 
sive. On  rapporte,  en  effet,  avoir  vu  des 
Kanguroos  se  défendre  contre  l'attaque  de 
gros  chiens  en  donnant  à  leurs  ennemis  de 
grands  coups  de  queue.  Dans  nos  ménage- 
ries on  a  vu  également  des  Kanguroos  at- 
taquer leurs  gardiens  de  la  même  manière. 
Etienne  Geoffroy  Saint-Hilaire  dit  que  ces 
animaux,  pour  combattre  ou  éventrer  leurs 
ennemis ,  se  servent  du  doigt  annulaire  de 
leur  pied  de  derrière,  doigt  qui  est  très 
fort  et  très  développé;  comme  ils  meuvent 
toujours  à  la  fois  chaque  paire  de  membres, 
ils  sont  obligés  dans  le  combat  de  se  soute- 
nir sur  leur  queue  ;  mais  alors  ils  ont  recours 
à  un  point  d'appui,  afin  de  se  tenir  en 
équilibre;  et  pour  cet  effet,  ils  chassent 
leurs  ennemis  contre  un  mur  ou  contre  un 
arbre ,  le  long  duquel  ils  se  dressent  et  se 
tiennent  avec  leurs  pattes  de  devant;  ou 
bien ,  ajoute  le  célèbre  professeur,  quand 
deuxKanguroos  combattent  l'un  contre  l'au- 
tre ,  ils  appuient  réciproquement  leurs  pat- 
tes dedevantcontreleurpoitrine,  et,  unique- 
ment soutenus  sur  leur  queue,  ils  se  battent 
avec  leurs  jambes  de  derrière. 

La  chair  des.  Kanguroos  est  un  excel- 
lent manger,  qui  ressemble  à  la  chair  du 
Cerf  suivant  quelques  voyageurs,  à  celle 
du  Lapin  suivant  d'autres. 

Leur  peau  produit  une  fourrure  recher- 
chée des  habitants  des  pays  qu'ils  habitent  : 
aussi  les  chasse-t-on  avec  ardeur  et  a-t-on 
«iressé  des  chiens  pour  les  combattre. 
Comme  on  parvient  assez  aisément  à  les  at- 
teindre, il  est  à  craindre  que,  dans  un  nom- 
bre d'années  assez  peu  considérable,   on 

T.  VII. 


KAN 


169 


ne  parvienne  à  détruire  complètement  ces 
animaux. 

On  a  possédé  un  assez  grand  nombre 
d'espèces  de  Kanguroos  dans  nos  ména- 
geries européennes ,  surtout  en  Angle- 
terre et  en  France.  En  domesticité ,  les  Kan- 
guroos sont  nourris  avec  des  matières  végé- 
tales; cependant,  suivant  MM.  Quoy  et 
Gaimard,  ils  ne  refusent  pas  de  la  viande 
fraîche  et  salée ,  du  cuir  et  en  général  pres- 
que toutes  les  substances  qu'^n  leur  pré- 
sente. Plusieurs  fois  on  a  vu  les  Kanguroos 
se  reproduire  dans  nos  ménageries  :  aussi 
serait-il  à  désirer  qu'on  cherchât,  ainsi  qu'on 
a  commencé  à  le  faire  en  Angleterre ,  à  les 
acclimater  d'une  manière  définitive  et  à  les 
multiplier,  leur  introduction  en  Europe 
pouvant  être  une  nouvelle  source  de  ri- 
chesses. Malheureusement  notre  climat  pa. 
risien  ne  leur  semble  pas  favorable  :  les  inc 
dividus  amenés  vivants  au  muséum  n'y  on^ 
guère  vécu  que  quelques  mois  ;  dernièrement 
encore,  en  décembre  1845,  la  ménagerie  d(. 
Paris  avait  reçu  un  mâle,  une  femelle  et  u* 
jeune  du  Kauguroo  de  Benne»,  et  déjà  quel- 
ques  jours  après,  la  femelle  était  morte ,  e[ 
son  petit,  malgré  tous  les  soins  possibles, 
était  destiné  également  à  une  prompte  mort. 
Les  Kanguroos  appartiennent  exclusive- 
ment à  l'Océanie;  ce  sont  les  plus  grands 
Mammifères  qu'on  y  trouve.  Ils  habitent 
surtout  la  Nouvelle-Hollande ,  Van  Diémen 
et. les  grandes  îles  voisines;  une  espèce  ùe 
ce  genre,  le  Kanguroo  d'Aroë,  se  rencontre 
à  la  Nouvelle-Guinée  et  dans  les  îles  de  la 
Sonde. 

Valentyn  et  Lebruyn  sont  les  premiers 
auteurs  qui  aient  fait  mention  des  Kangu- 
roos; depuis,  plusieurs  voyageurs  anglais 
et  français  (  et  parmi  eux  nous  devons 
citer  Cook,  Dampier,  MM.  Péron  et  Les- 
nem,  Quoy  et  Gaimard ,  Lesson ,  Hambron, 
et  Jacquinot ,  Jules  Verreaux,  etc.)  décou- 
vrirent de  nouvelles  espèces  de  ce  genre,  et 
le  nombre  en  devenant  assez  considérable, 
des  zoologistes  classificateurs  crurent  devoir 
former  des  divisions  génériques  aux  dépens 
du  genre  des  Kanguroos  ;  tels  sont  les  grou- 
pes des  Potoroos  de  A.  G.  Desmarest  (Flyp- 
siprymnus,  Illiger)  et  Heteropus  de  M.  Jour- 
dan  ,  qui  sont  adoptés  par  les  auteurs  {voy. 
ces  mots);  ceux  des  Macropus  et  Halmalu. 


rus,   Fr.    Cuv. 


qu'on  réunit  générale- 
22 


170 


KAN 


KAR. 


ment  sous  la  dénomination  de  Kànguroos, 
et  dont  nous  allons  nous  occuper. 

1°  Macropus,  Fr.  Cuvier.  Ce  sous-genre 
se  distingue  par  ses  molaires  au  nombre  de 
quatre  de  chaque  côté  et  à  chaque  mâ- 
choire, et  par  la  queue  entièrement  velue. 
M.  Lesson  (  ATo«u.  lab.  du  Règ.  anim.  1842) 
y  rapporte  vingt-et-une  espèces  qu'il  subdi- 
vise en  quatre  groupes  particuliers,  dési- 
gnés sous  les  noms  de  Macropus,  Setonix , 
Petrogale  et  Conoyces.  Nous  allons  dire 
quelques  mots  des  espèces  principales ,  nous 
bornant  à  indiquer  simplement  les  autres. 

Le  Kanguroo  géant,  Macropus  giganteus 
Shaw,  Fr.  Cuv.  (  Hist .  nat.  des  Mamm.). C'est 
l'une  des  espèces  le  plus  anciennement  con- 
nues ;  elle  atteint  presque  la  grandeur 
d'un  Mouton.  Cet  animal  est  d'un  brun- 
roux  cannelle,  plus  pâle  en  dessous,  plus 
foncé  en  dessus;  le  bout  du  museau,  le 
derrière  des  oreilles ,  les  pieds  et  les  mains , 
le  derrière  du  coude  et  du  talon  ,  le  dessus 
et  le  bout  du  dessous  de  la  queue  sont  d'un 
brun  noir  très  foncé;  la  gorge  est  grisâtre. 
Il  vit  à  la  Nouvelle-Galles  du  Sud;  on  le 
chasse  aux  environs  de  Botany-Bay  avec  de 
grands  chiens  lévriers. 

Le  Kanguroo  laineux  ,  Kangurus  lani- 
ger  Quoy  et  Gaimard,  figuré  dans  l'Atlas 
de  ce  Dictionnaire  ,  mammifères,  pi.  19.  De 
la  taille  du  précédent  ;  il  s'en  distingue  par 
ses  formes  plus  grêles,  par  son  pelage  doux 
au  toucher,  court,  serré,  laineux,  comme 
feutré,  et  dont  la  couleur  est  d'un  roux  fer- 
rugineux. Habite  la  Nouvelle-Hollande;  il  a 
été  pris  au  port  Maquarie. 

Le  Philander  d'Aroe,  Didelphis  Brunit 
Gm.,  Kangurus  Brunit.  De  la  taille  d'un 
Cbien  de  chasse,  il  est  d'un  roux  noir;  le 
dessous  du  corps  et  l'intérieur  des  membres 
est  d'un  blanc  roussâtre  sale  ;  la  gorge  est 
grise,  et  le  museau,  les  doigts,  toute  la 
queue  et  le  bout  des  oreilles  sont  d'un  brun 
hoir  très  foncé;  la  queue  est  moins  longue 
que  le  corps,  au  contraire  de  ce  qui  a 
lieu  dans  les  espèces  précédentes.  Cette 
espèce  se  trouve  aux  îles  Moluques  et  à  la 
Nouvelle-Guinée. 

Les  autres  espèces  sont  désignées  sous  les 
noms  de  Macropus  fuliginosus  Geoff.,  M. 
Banksianus  Less.,  M.  rufo-griseus  Geoff., 
Kangurus  Eugenii  Desm.  ,  M.  nalabatus 
Less. ,  M.  ruflcollis  Geoff. ,   K.  Billardieri 


Desm, ,  M.  elegans  Lambert,  M.  Benmlti 
Walerh.  ,  M.  rufiventer  Ogilby,  M.  frœna- 
lus  Gould ,  M.  unguifer  Gould ,  M.  luna- 
tus  Gould ,  M.  îeporides  Gould  ,  K.  bra- 
chyuru's  Quoy  et  Gaim.,  M.  Parryii  Ben- 
nett ,  M.  brachyotis  Gould,  et  K.  dorsaîis 
Gray,  espèce  qui  est  figurée  dans  notre  At- 
las ,  mammifères,  pi.  18. 

2°  Haîmaturus,  Fr.  Cuvier.  Dans  les 
Kànguroos  de  ce  sous-genre,  les  molaires 
sont  au  nombre  de  cinq  de  chaque  côté  et 
à  chaque  mâchoire;  la  queue  est  en  partie 
dénudée.  On  n'a  encore  indiqué  que  cinq 
espèces  dans  ce  groupe;  ce  sont  : 

Le  Kanguroo  a  bandes,  Kangurus  fascia- 
lus  Péron  et  Lesueur.  Espèce  de  petite  taille, 
généralement  d'un  gris  roussâtre,  avec  la 
moitié  inférieure  du  corps  rayée  transver- 
salement en  dessus  de  roux  et  de  noir.  Cet 
animal  vient  de  l'île  Bernier,  et  il  se  ren- 
contre également  dans  les  îles  voisines. 

Les  autres  espèces  de  ce  groupe  sont  les 
Macropus  Thetys  Fr.  Cuv.,  et  les  Haîma- 
turus Irma  Ogilb.  ,  H.  slriatus  Fr.  Cuv., 
et  H.  manicutus  Gould.  (E.  D.) 

*KANIRAM  ,  Th.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Strychnos,  Linn. 

KAOLIN,  min.  —  Voy.  argile. 

KARATAS ,  Plum.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Bromelia,  Linn. 

*KARELINIA  (nom  propre),  bot.  ph. — 
Genre  de  la  famille  des  Composées  -Asté- 
roïdées ,  établi  par  Lessing  {Msc.  ex  DC. 
Prodr.j  V,  375).  Herbes  du  Cap.  Voy.  com- 
posées. 

KARIL.  bot.  ph.  —  Voy.  ial\co. 

*KARII\THINE.  min.— Variété  de  Horn- 
blende. Voy.  ce  mot  à  l'article  amphi- 
bole. 

KARPHOLITHE  (%zpfoç ,  paille;  liflo5, 
pierre),  min.  —  Minéral  d'un  jaune  de  paille, 
en  fibres  soyeuses  et  rayonnées,  opaque, 
donnant  de  l'eau  par  la  calcination,  et  l'in- 
dice du  Manganèse  parla  fusion  avec  la  Soude. 
D'après  l'analyse  qu'en  a  faite  Stromeyer,  il 
est  composé  de  Silice,  d'Alumine,  de  Pro- 
toxyde  de  fer,  de  Manganèse  et  d'Eau  ;  ce 
dernier  principe  dans  la  proportion  de  10,7 
sur  100.  On  pense  que  ses  fibres  sont  des 
cristaux  prismatiques,  très  déliés,  se  rap- 
portant au  système  rhombique.  Il  se  trouve 
avec  le  Quartz  et  la  Fluorine  dans  le  Gra- 
nité de  Schlackemvald  en  Bohême.    (Del.) 


KEN 


KEFl 


171 


♦RARPROSIDÉRITE  (  xâpyo;,  paille; 
otS-npo;,  fer),  kin.— Nom  donné  parM.Breit- 
haupt  à  un  minéral  d'un  jaune  paille,  riche 
en  oxyde  de  fer,  qui  se  trouve  en  petits  ro- 
gnons dans  un  Micaschiste ,  sur  la  côte  du 
Labrador.  Selon  Harkort,  ce  serait  un  Phos- 
phate de  fer  basique  avec  un  peu  de  sulfate 
de  Manganèse.  (Del.) 

RARSTÉNITE.  min.  —  Sulfate  anhydre 
de  Chaux.  Voy.  sulfates. 

*RARWINSRIA  (nom  propre),  bot.  th. 

—  Genre  de  la  famille  des  Rhamnées- 
Frangulées,  établi  par  Zuccarini  (  in  \Tov. 
Stirp.  fascic.,  I,  349,  t.  16).  Arbustes  du 
Mexique.  Voy.  rhamnées. 

KAULFUSSIA  (nom  propre),  bot.  ph. 

—  Genre  de  la  famille  des  Marattiacées , 
établi  par  Blume  (  Enum.  pi.  Java.  II, 
-60).  Fougères  de  Java.  Voy.  marattiacées. 

—  Nées,  syn.  de  Charieis,  Cass. 
*RAYEA  (nom  propre),  bot.  ph. — Genre 

de  la  famille  des  Clusiacées-Callophyllées, 
établi  par  Wallich  (Plant,  as.  rar.,  III,  4, 
t.  210).  Arbres  de  l'Inde.  Voy.  clusiacées. 

*REERLIA  (nom  propre),  bot.  ph. — 
Genre  de  la  famille  des  Composées-Asté- 
roïdées,  établi  par  De  Candolle  (Prodr.,  V, 
309).  Herbes  du  Mexique.  Voy.  compo- 
sées. 

*REITHIA  (nom  propre),  bot.  pu. — 
Genre  delà  famille  des  Labiées-Mélissinées, 
établi  par  Bentham  (Labiat.,  409).  Herbes 
ou  arbustes  du  Brésil.  Voy.  labiées. 

*REi\IAS.  mam.  —  Groupe  formé  par 
M.  Ogilby  (Proc.  sool  Soc.  Lond.,  1826) 
aux  dépens  du  grand  genre  Cerf.     (E.  D.) 

RENEUX.  rept.  — Voy.  cyclode. 

KENNEDY A  (nom  propre),  bot.  pu.  — 
Genre  de  la  famille  des  Papilionacées-Pha- 
séolées,  établi  par  Ventenat(A/aZm.,  1. 104). 
Arbrisseaux  de  la  Nouvelle-Hollande.  Voy. 

PAPILIONACÉES. 

REXTIA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Palmiers,  établi  par  Blume  (in  Bullet. 
Neerland.,  1838,  p.  64).  Palmiers  de  l'Ar- 
chipel indien. 

REXTRANTHUS.  bot.  ph.  —  Voy.  cen- 
trantes. 

REXTROPHYLLUM  (x/vTpoy,  aiguillon; 
S^Uov,  feuille),  bot.  pu., —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Gomposées-Cynarées  ,  établi  par 
Necker  (Élem.,  n.  155).  Herbes  de  l'Eu- 
rope australe  et  des  régions  méditerranéen- 


nes. Ce  genre,  adopté  par  De  Candolle 
(Prodr.,  VI,  610),  renferme  7  espèces  ré- 
parties en  3  sections,  nommées  :  Atraocyle, 
Odonlagnatha  et  Thamnacantha. 

*RENTROPHYTA  (x/vtPov,  aiguillon; 
V>utov,  plante),  bot.  ph. —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Papilionacées,  établi  parNuttal 
(ex  Torrey  et  a  Gray  Flora  ofNorth  Amer., 
I,  353).  Herbes  de  l'Amérique  boréale. 
Voy.  papilionacées. 

*REPPLERIA  (nom  propre),  bot.  ph.— 
Genre  de  la  famille  des  Palmiers  pinnati- 
frondes,  créé  par  Martius  (Palm.,  t.  139). 
Palmiers  de  l'Inde.  Voy.  palmiers. 

RÉRAMÏDES.  bot.  cr.  —  Voy.  concep- 
tacle. 

*RERANTHUS,  Lour.  bot.  ph.  — Syn. 
de  Dendrobium ,  Swartz. 

RÉRARGYRE.  min.  —  Syn.  d'Argent 
chloruré.  Voy.  argent. 

RERASELMA  ,  Nées.  bot.  ph.  —  Syn. 
d'Euphorbia,  Linn. 

RÉRATE  (xs.oaç,  corne),  min.  —  Dans 
le  système  de  Mohs ,  c'est  le  nom  d'un  or- 
dre de  la  seconde  classe ,  celui  qui  renferme 
les  minéraux  qui  ont  une  apparence  de 
corne,  comme  les  chlorures  d'argent  et  de 
mercure.  (Del.) 

RÉRATELLE.  Keralella  (x£'Paç,  corne). 
systol.  —  Genre  de  Brachionides  établi  par 
M.  Bory  de  Saint-Vincent  pour  le  Brachio- 
7ius  quadralus  de  Muller,  que  M.  Ehrenberg 
réunit  à  son  genre  Anurœa.  Voy.  anou- 
relle.  (Duj.) 

RÉRATITE  (x/oaç,  corne). min.—  C'est 
une  des  pierres  de  corne  des  anciens  minéra- 
logistes,  le  silex  corné  de  M.  Brongniart. 
Voy.  silex.  (Del.) 

RÉRATOPHYTES.  polyp.  —  Voy.  cé- 
ratopuytes  et  gorgone. 

RERAUDRENIA  (nom  propre),  bot.  ph. 
—  Genre  de  la  famille  des  Byttncriacées- 
Lasiopétalées ,  établi  par  Gay  (in  Mem. 
Mus.,  VII,  461 ,  t.  23).  Arbrisseaux  de  la 
Nouvelle-Hollande. 

RÉRIS.  Keris.  poiss.  —  Genre  de  Pois- 
sons de  la  famille  des  Teuthies,  établi  par 
MM.  Cuvier  et  Valenciennes  (Hist.  des 
Poiss.,  t.  X,  p.  304)  et  auquel  ils  don- 
nent pour  caractères  essentiels  :  Dents  fi- 
nes, lisses,  pointues,  serrées  l'une  contre 
l'autre;  queue  nue  sans  aucune  armure; 
ventrales  à  5  rayons. 


172 


KER 


On  ne  connaît  jusqu'à  présent  qu'une 
seule  espèce  de  ce  genre,  le  Kéris  a  goi- 
the  ,  Keris  anginosus.  Ce  Poisson  n'a  guère 
que  2  à  3  centimètres  de  long;  sa  couleur 
est  jaunâtre ,  avec  une  bande  verticale  grise 
sur  l'arrière  du  tronc ,  et  une  autre  sur  la 
queue  près  de  la  caudale.  Toutes  les  na- 
geoires sont  incolores  et  transparentes. 

*KERIVOULA.  mam.  —  M.  Gray  {Ann. 
hist.  nat.y  1842)  indique  sous  ce  nom  un 
petit  groupe  de  Chéiroptères.       (E.  D.) 

KERMÈS.  Kermès,  ins.  —  Genre  de  la 
îribu  des  Aphidiens,  famille  des  Aphidiides, 
de  l'ordre  des  Hémiptères,  établi  par  Linné, 
et  adopté  par  les  entomologistes  avec  cer- 
taines restrictions. 

Ces  Insectes  se  distinguent  des  Pucerons, 
dont  ils  sont  très  voisins,  par  leurs  anten- 
nes n'offrant  que  cinq  articles,  et  par  leur 
abdomen  dépourvu  de  tubes  sécréteurs.  On 
a  décrit  un  certain  nombre  d'espèces  de  ce 
genre;  mais  néanmoins  elles  n'ont  encore 
que  peu  fixé  l'attention  des  entomolo- 
gistes. 

On  peut  citer,  parmi  les  plus  répandues, 
les  A",  bursarius  Lin. ,  qui  se  trouve  sur 
les  Peupliers;  K.  buxi  Lin.,  qu'on  ren- 
contre sur  le  Buis;  K.  ficus  Lin.,  assez 
commun  sur  les  Figuiers,  etc. 

Le  Kermès  à  teinture  et  les  espèces  qui 
en  sont  voisines  ont  été  rangées  par  Illiger 
dans  un  genre  particulier  sous  le  nom  de 
Lecanium  {voy.  ce  mot  et  l'article  coche- 
nille). Ce  sont  ces  dernières  surtout  dont 
les  femelles  ont  tout-à-fait  cet  aspect  de 
galle,  qui  leur  a  fait  appliquer  par  Latreille 
ïe  nom  de  Gallinsectes.  Les  espèces  qui  ont 
été  conservées  dans  le  genre  Kermès  ou 
Chermès  se  rapprochent  davantage  des  Pu- 
cerons. 

II  eût  été  préférable  de  réserver  ce  der- 
nier nom  générique  pour  l'espèce  à  tein- 
ture; mais  aujourd'hui  on  ne  saurait  ap- 
porter cette  modification  dans  la  nomen- 
clature de  ces  deux  genres  sans  l'embrouiller 
davantage.  (BL.) 

*KERMÈS  MINÉRAL,  chim.— Composé 
d'Antimoine,  d'oxyde  d'Antimoine,  de  Sou- 
fre et  d'Eau  (  oxy sulfure  d'Antimoine  hy- 
draté, Gay-Lussac,  Liébig,  Orfila),  sur  lequel 
les  chimistes  ne  sont  pas  d'accord.  Cette 
divergence  d'opinions  sur  la  composition  du 
Kermès  provient  probablement  de  la  diver- 


KER 

site  du  procédé  mis  en  usage  pour  obtenir 
ce  produit,  qui  ne  se  trouve  pas  dans  la  na- 
ture, et  qui  est  fort  employé  en  médecine. 

Voy.  ANTIMOINE.     '  (A.   D.) 

KERMÈS  VÉGÉTAL.  Coccus  ilicis.  bot. 

—  Voy.  COCHENILLE. 

KERNERA,  Willd.  bot.  ph.—  Sy».  de 
Posidonia  ,  Kcen. 

KERNERIA,  Mcench.  bot.  p».  —  Syn. 
de  Bidens  ,  Linn. 

KÉRORALANE.  Kerobalanus  (x/p«ç, 
corne  ;  Sattavoç,  gland),  infus.  — Genre  éta- 
bli par  M.  Bory  de  Saint-Vincent  pour  des 
formes  d'Infusoires  dérivant  des  Vorticelles 
{voyez  ce  mot),  c'est-à-dire  que  les  Kéro- 
balanes  sont  des  Vorticelles  qui  ont  quitté 
leur  pédoncule  et  nagent  librement  dans 
les  eaux,  en  présentant  la  forme  d'une  urne 
ou  d'un  vase  muni  d'anses  latérales.  L'une 
d'elles  avait  été  décrite  par  Joblot  sous  le 
nom  de  Pot  au  lait.  (Duj.) 

KERODON  (x/paç,  corne;  l3ovif  dent). 
mam.  —  Genre  de  Rongeurs  indiqué  par 
M.  F.  Cuvier  (Dents  des  Mamm.,  1825)  et 
adopté  par  les  zoologistes.  Le  système  den- 
taire des  Kérodons  se  rapproche  beaucoup 
de  celui  des  Cochons  d'Inde,  et,  comme  chez 
ces  animaux,  il  est  composé  de  quatre  mo- 
laires de  chaque  côté,  et  de  deux  incisives  à 
chaque  mâchoire;  les  molaires  ont  une 
forme  un  peu  différente  de  celles  des  Co- 
bayes. Il  y  a  quatre  doigts  au  membre  an- 
térieur, et  trois  au  postérieur;  les  jambes 
sont  hautes;  les  doigts  assez  gros  et  bien 
séparés  les  uns  des  autres  ;  les  ongles  sont 
larges,  courts,  assez  aplatis  ;  les  moustaches, 
dirigées  en  arrière,  sont  d'une  longueur 
considérable  et  dépassent  l'occiput;  la  queue 
n'est  pas  visible  à  l'extérieur,  de  même  que 
cela  a  lieu  chez  le  Cochon  d'Inde. 

Une  seule  espèce  a  longtemps  formé  ce 
genre;  c'est  le Moco, Kerodon  moco  F.  Cuv., 
Kerodon  sciureus  Is.  Geoffroy  (Dict.  class. 
tfhist.  nat.),  Cavia  rupestris  Neuwied.  Ce 
Rongeur  est  un  peu  plus  grand  que  le  Co- 
chon d'Inde.  Il  a  environ  9  pouces  de  lon- 
gueur sur  4  et  demi  de  hauteur.  Son  pelage, 
par  sa  couleur,  par  son  abondance,  sa  dou- 
ceur, etc.,  rappelle  celui  de  quelques  espèces 
d'Écureuils;  il  est  gris,  piqueté  de  noir  et  de 
fauve  en  dessus,  blanc  en  dessous  et  à  la 
région  interne  des  membres,  roux  sur  les 
oarlies  externes  et  antérieures,  ainsi  que 


KÊtt 


KET 


173 


sur  les  parties  latérales  de  la  tête  et  la  face 
convexe  des  oreilles.  Cette  espèce  habite 
l'Amérique  méridionale. 

Dans  ces  derniers  temps,  M.  Bennett 
(Phil.  mag.y  1836.  Beagl.  88)  afaitconnaître 
sous  le  nom  de  Kerodon  kingii  une  seconde 
espèce  de  ce  genre,  qui  se  trouve  en  Pata- 
gonie. 

On  a  également  indiqué  deux  espèces  fos- 
siles; nous  ne  citerons  que  le  Kerodon  an- 
tiquum  Aie.  d'Orb.,  trouvé  dans  l'Amérique 
méridionale.  (E.  D.) 

KÉRORE.  Kerona  (xC'p«ç,  corne),  infus. 
—  Genre  d'infusoires  de  la  famille  des  Tri- 
chodiens.  Les  Kérones  ont  le  corps  ovale- 
oblong,  déprimé ,  sans  tégument  résistant  ; 
elles  sont  pourvues  de  plusieurs  sortes  d'ap- 
pendices ,  savoir  :  des  cils  vibratiles  dissé- 
minés sur  tout  le  corps,  et  d'autres  formant 
une  rangée  oblique  depuis  le  bord  anté- 
rieur  jusqu'à  la  bouche  ;    une  troisième 
sorte  d'appendices  sont  des  cils  plus  épais, 
raides  et  non  vibratiles,  partant  du  bord 
postérieur  et  dirigés  en  arrière;  enfin  d'au- 
tres appendices  particuliers,  et  qui  ont  fait 
nommer  ainsi  les  Kérones,  sont  des  cils 
plus  épais  et  plus  courts,  recourbés  en  ma- 
nière de  cornes ,  implantés  sous  la  face  in- 
férieure du  corps,  et  pouvant  servir  comme 
des  pieds  quand  l'animal  se  fixe  ou  rampe 
sur  un  corps  solide  :  ce  sont  ces  appendices 
que  Mûller  nommait  des  cornicules  (  corni- 
culi).  Les  Kérones  se  montrent  très  abon- 
dantes dans  les  infusions  végétales,  et  dans 
les  eaux  douces  ou  marines  conservées  long- 
temps avec  des  végétaux  en  décomposition. 
Elles  sont  longues  de  12  à  30  centièmes  de 
millimètre  ,  blanches   et   par  conséquent 
bien  visibles  à  l'œil  nu,  surtout  quand  elles 
sont  nombreuses  :  elles   paraissent  alors 
comme  une  poussière  flottant  dans  le  li- 
quide. Elles  sont  très  voraces,  et  avalent  des 
infusoires  plus  petits  ou  des  débris  d'Algues 
microscopiques,  ou  même  les  corpuscules 
amenés  à  leur  bouche  par  le   mouvement 
de  leurs  cils  vibratiles;  c'est  ainsi  qu'elles 
avalent  aisément  le  carmin  ou  l'indigo  en 
quantité  suffisante  pour  montrer  la  dispo- 
sition interne  de  leur  appareil  digestif,  ou 
plutôt  l'absence  d'un  intestin.  Les  Kérones 
sont  souvent  déformées  ou  mutilées  par  le 
contact  trop  brusque  des  Conferves  et  des 
autres  corps  agités  dans  le  liquide.  Elles 


continuent  cependant  à  vivre,  et  peuvent 
alors  être  prises  pour  des  espèces  distinctes 
en  raison  de  leur  forme  totalement  diffé- 
rente. Il  est  difficile  d'ailleurs  de  caracté- 
riser suffisamment  les  diverses  espèces  de 
Kérones,  bien  qu'on  doive  reconnaître  qu'il 
en  existe  au  moins  quatre  ou  cinq,  dont 
les  principales  sont  les  K,  pustulata ,  K. 
mytilus  et  K.  silurus.  Le  genre  Kérone  a 
été  établi  par  O.-F.  Muller,  qui  fit  plusieurs 
espèces  avec  des  individus  mutilés.  M.  Eli- 
renberg  en  a  séparé  sous  le  nom  de  Slylo- 
nychia  les  espèces  qui  ont  des  cils  raides  en 
arrière ,  ou  ce  qu'il  nomme  des  stylets, 
comme  la  K.  mytilus.  (Duj.) 

*KÉRONIENS.  infus.— Famille  de  l'or- 
dre des  Infusoires  ciliés ,  instituée  par 
M.  Dujardin  dans  son  Histoire  naturelle  des 
Infusoires,  et  qui  doit  être  réunie  à  celle 
des  Trichodiens.  Voy.  ce  mot  et  l'article 
infusoires.  (Duj.) 

*KEROPIA,  G.-R.  Gray.  ois.— Syno- 
nyme de  Turnagra.  Voy.  tangara.  (Z.  G.) 

*KEROULA,  J.-E.  Gray.  ois.— Section 
de  la  famille  des  Pies-Grièches.  Voy.  ce 
mot.  (Z.  G.) 

KERRIA  (nom  propre),  bot.  ph.— Genre 
de  la  famille  des  Rosacées-Spiracées ,  établi 
par  De  Candolle  {in  Transact.  Linn.  Soc, 
XII,  156).  Arbrisseaux  du  Japon.  Voy.  ro- 
sacées. 

KERSANTON.  min.  —  Voy.  diorite. 

KETMIE.  Hibiscus,  bot.  ph.  —  Grand  et 
beau  genre  de  la  famille  des  Malvacées  et  de 
la  tribu  des  Hibiscées,  à  laquelle  il  donne 
son  nom,  de  la  monadelphie  polyandrie  dans 
le  système  sexuel.  Les  plantes  qui  le  com- 
posent se  distinguent  parmi  toutes  les  Mal- 
vacées par  la  grandeur  et  la  beauté  de  leurs 
fleurs,  qui  en  font  cultiver  plusieurs  pour 
l'ornement  des  jardins.  Sous  ce  nom  d'ffi- 
biscus,  De  Candolle  {Prodr.,  I,  p.  446)  a 
rangé  117  espèces;  mais  ce  nombre  doit 
être  réduit  assez  fortement,  trois  des  sections 
établies  dans  ce  groupe  par  le  botaniste  gene- 
vois étant  maintenant  admises  comme  gen- 
res distincts,  savoir:  les  Pentaspermum, 
sous  le  nom  de  Kostelelzkia,  Presl ,  les 
Abelmoschus  et  les  Lagunaria.  De  là,  et 
augmenté  des  espèces  décrites  depuis  la  pu- 
blication du  Prodromus,  le  genre  Hibiscus 
renferme  aujourd'hui  environ  120  espèces. 
Resserré  dans  ses  nouvelles  limites,  le  genre 


174 


KET 


Ketmie  se  distingue  par  les  caractères  sui- 
vants :  Involucelle  polyphylle  ;  calice  5-fide, 
persistant;  corolle  à  cinq  pétales  inéquilaté- 
raux;  tube  staminal  nu  dans  sa  partie  su- 
périeure, tronqué  ou  quinquédenté  à  son 
extrémité  ;  ovaire  sessile,  à  cinq  loges  renfer- 
mant chacune  deux  ou  plusieurs  ovules  fixés 
à  l'angle  interne;  style  terminal,  divisé  à 
son  extrémité  en  cinq  branches  stigmatifères  ; 
stigmates  capités.  Le  fruit  est  une  capsule, 
le  plus  souvent  polysperme,  à  cinq  loges, 
s'ouvrant  par  déhiscence  loculicide  en  cinq 
valves,  dont  chacune  porte  sur  sa  ligne  mé- 
diane une  cloison  au  bord  de  laquelle  tiennent 
les  graines  ;  ces  cloisons,  en  se  séparant,  ne 
laissent  pas  de  columelle  centrale.  Graines 
réniformes,  ascendantes ,  quelquefois  revê- 
tues de  petites  écailles  ou  de  poils  laineux. 
Les  Ketmies  sont  des  arbres,  des  arbrisseaux 
ou  même  des  plantes  herbacées,  qui  crois- 
sent naturellement  dans  les  contrées  inter- 
tropicales ou  sous-tropicales  du  globe,  dont 
quelques  unes  s'élèvent  jusque  dans  la  zone 
tempérée  chaude.  Leurs  feuilles  sont  alter- 
nes, entières  ou  lobées,  accompagnées  de 
stipules  latérales.  Leurs  fleurs  sont  grandes, 
colorées  de  nuances  très  diverses ,  souvent 
marquées  à  leur  centre  d'une  tache  de  cou- 
leur différente  de  celle  du  reste  de  la  corolle. 
L'étendue  de  ce  groupe  générique  et  les 
modifications  qu'il  présente  dans  quelques 
uns  de  ses  caractères  ont  déterminé  les  bo- 
tanistes à  le  subdiviser  en  sous-genres  ou  en 
sections.  De  Candolle  (loc.  cit.)  y  avait  établi 
les  suivantes  :  Cremontia..  Pentaspermum ,qui 
rentrent  dans  le  genre  Kosteletzkia,  Presl, 
Manihot,  Ketmia,  Furcaria,  Abelmoschus, 
JMedik.,  séparée  comme  genre  distinct,  Bom- 
licella,  Trionum,  Sabdariffa,  Azanza,  La- 
gunaria,  détachée  comme  genre.  M.  Endli- 
cher  modifie  cette  classification  et  la  réduit 
à  ne  plus  former  que  les  quatre  sous-genres 
suivants  : 

a.  Furcaria,  DC.  Calice  à  nervures  pour- 
vues d'une  petite  glande  linéaire  ;  semences 
glabres  ;  folioles  del'involucelle  très  souvent 
fourchues. 

b.  Ketmia.  Calice  sans  glandes  et  ne  se 
renflant  pas  après  la  fécondation;  folioles  de 
l'involucelle  simples  ou  très  rarement  four- 
chues, distinctes  ou  soudées  entre  elles  à 
leur  base.  C'est  dans  ce  sous-genre  que  ren- 
trent comme  simples  subdivisions  les  Cre- 


KET 

montia,  DC;  Kdmia,  DC;  Sabdariffa,  DC; 
Polychlœna,  Don. 

v.  Trionum,  DC.  Calice  sans  glandes, 
finissant  par  se  renfler  et  devenir  vésiculeux  ; 
graines  glabres;  folioles  de  l'involucelle 
nombreuses. 

d.  Bombicella,  DC.  Calice  ni  glanduleux 
ni  renflé;  graines  revêtues  de  poils  lai- 
neux; involucelle  formé  de  5-10  folioles. 

Parmi  les  espèces  les  plus  intéressantes 
et  les  plus  répandues  de  ce  genre  ,  nous 
nous  arrêterons  sur  les  suivantes  : 

1.  Ketmie  de  Syrie  ,  Hibiscus  (Ketmia) 
Syriacus  Lin.  Les  jardiniers  la  désignent 
sous  le  nom  d'Althœa  frutex.  Sa  tige  est  ar- 
borescente ,  mais  dans  nos  jardins  elle  ne 
s'élève  guère  qu'à  2  ou  3  mètres,  de  ma- 
nière à  former  un  très  petit  arbre;  ses 
feuilles  sont  ovales,  cunéiformes  à  leur  base, 
trilobées  et  dentées  ;  ses  fleurs  sont  portées 
sur  un  pédoncule  qui  dépasse  à  peine  en 
longueur  le  pétiole  ;  elles  se  développent  en 
août  et  septembre;  elles  sont  violacées  dans 
la  plante  spontanée.  Dans  les  jardins,  on  en 
possède  diverses  variétés  :  rouge  simple  ; 
pourpre  violet;  blanche,  avec  l'onglet  d'un 
rouge  vif;  à  fleurs  doubles  ;  à  feuilles  pa- 
nachées de  blanc  ou  de  jaune.  L'involucelle 
est  formé  de  6-8  folioles.  Les  loges  de  la 
capsule  sont  polyspermes.  Cette  espèce  est 
originaire  de  la  Syrie  et  de  la  Carniole  ;  elle 
est  aujourd'hui  très  répandue  dans  les  jar- 
dins, dans  les  cours  des  maisons  du  midi  de 
la  France,  etc.  Elle  s'accommode  de  toutes 
les  natures  de  terre;  cependant  elle  pros- 
père surtout  dans  une  terre  légère,  à  une 
exposition  méridionale.  Elle  est  rustique  ; 
néanmoins  sa  variété  à  fleurs  blanches  re- 
doute la  gelée.  On  la  multiplie  principale- 
ment de  semis  ;  on  a  recours  aussi  aux  mar- 
cottes par  incision  ,  à  la  greffe  et  même  aux 
boutures,  quoique  ce  dernier  mode  de  mul- 
tiplication soit  peu  avantageux ,  à  cause  de 
la  difficulté  de  la  reprise. 

2.  Ketmie  rose  de  Chine,  Hibiscus  [Ket- 
mia) Rosa  sinensis  Lin.  Cette  espèce  est  ori- 
ginaire de  l'Inde;  c'est  incontestablement 
l'une  des  plus  belles  que  l'on  possède.  Elle 
forme  un  arbrisseau  ds  1  à  2  mètres  de 
hauteur;  ses  feuilles  sont  ovales,  acumi- 
nées,  dentées,  très  entières  à  leur  base,  gla- 
bres; l'involucelle  a  le  plus  souvent  8  fo- 
lioles. Ses  grandes  fleurs,  d'un  rouge  vif,  sont 


KIB 

d'une  beauté  remarquable;  elles  doublent 
facilement  par  la  culture.  On  en  possède 
aussi  des  variétés  blanches,  aurores  doubles 
et  jaunes  doubles  ;  elles  se  succèdent  pen- 
dant tout  l'été.  Cette  plante  est  de  serre 
chaude  pendant  l'hiver.  Plantée  en  pleine 
terre  dans  la  serre,  elle  peut  s'étendre  de 
manière  à  couvrir  le  mur  de  la  serre ,  et  à 
produire  un  effet  magnifique  lorsqu'elle  est 
en  fleur.  On  la  multiplie ,  soit  par  semis 
que  l'on  fait  sur  couche  et  sous  châssis,  soit 
par  boutures  qu'on  fait  sur  couche  chaude , 
qui  reprennent  facilement,  et  qui  fleurissent 
quelquefois  dès  la  première  année. 

3.  Ketmie  vésiculeuse,  Hibiscus  (Trio- 
num  )  Trionum  Lin.  Cette  espèce  est  origi- 
naire de  l'Afrique,  de  la  Carniole,  de  l'Ita- 
lie. Elle  est  annuelle  ;  sa  tige  s'élève  de  3  à 
5  décimètres;  ses  feuilles  sont  trilobées, 
dentées,  les  supérieures  triparties  à  lobes 
lancéolés,  l'intermédiaire  très  long;  ses  ca- 
lices se  renflent  après  la  fécondation,  de- 
viennent membraneux,  vésiculeux  et  veinés; 
l'involucelle  est  formé  de  folioles  nombreu- 
ses, linéaires.  Les  fleurs  sont  larges  d'envi- 
ron 4  centimètres,  d'une  couleur  jaune  de 
soufre  ,  à  onglets  occupés  par  une  grande 
tache  d'un  brun  foncé  velouté.  Sa  multipli- 
cation est  très  facile  et  se  fait  par  semis  , 
au  printemps  et  en  pleine  terre.  Dans  le 
midi  de  la  France  ,  elle  se  resème  d'elle- 
même  dans  les  jardins. 

L' Hibiscus  sabdariffa  Lin. ,  espèce  an- 
nuelle, est  connue  sous  le  nom  à'Oseïlle  de 
Guinée ,  à  cause  de  la  saveur  acidulé  de  ses 
feuilles.  (P.  D.) 

KETUPA  ,  Less.  ois.  —  Division  du  g. 
Strix.  Voy.  chouette.  (Z.  G.) 

RELRVA,  Forsk.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Pandanus  ,  Linn. 

KEVEL.  mam.— Espèce  du  genre  Anti- 
lope. Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

*KHAYA  (nom  propre),  bot.  ph. — Genre 
de  la  famille  des  Cédrélacées-Swiéténiées, 
établi  par  Adr.  de  Jussieu  (in  Mem.  Mus., 
XIX  ,  249  ,  t.  21).  Arbres  de  la  Sénégam- 

bie.  Voy.   CÉDRÉLACÉES. 

*KIBARA  (nom  propre),  bot.ph. — Genre 
de  la  famille  des  Monimiacées ,  établi  par 
Endlicher  (Gen.  plant.,  p.  314  ,  n.  2016). 
Arbres  de  Java.  Voy.  monimiacées. 

*KIBATALIA  ,  Don.  bot.  ph.— Syn.  de 
Kixia,  Blura. 


K1N 


l~5 


*KIBDÉLOPHANE.  min.— Variété  de  la 
Craitonite.  Voy.  ce  mot  à  l'article  fer. 

*KÏBESSIA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Mélastomacées,  éta- 
bli par  De  Candolle  (Prodr.,  III,  176).  Ar- 
brisseau de  Java.  Voy.  mélastomacées. 

*KIELMEYERA  (nom  propre),  bot.ph. 
—  Genre  de  la  famille  des  Ternstrœmiacées- 
Laplacées,  établi  par  Martius  et  Zuccarini 
(Nov.gen.  etsp.,  I,  109,  t.  68-72).  Arbres 
ou  arbrisseaux  du  Brésil.   Voy.   ternstroe- 

MIACÊES. 

KIESELGUHR.  min.  —  Nom  donné  par 
les  Allemands  à  une  sorte  de  Tuf  siliceux, 
semblable  à  l'Opale  du  Geyser  en  Islande, 
et  qui  a  été  déposé  par  des  eaux  de  sources 
à  l'Ile  de  France.  On  l'a  aussi  nommé  farine 
volcanique.  (Del.) 

KIESELSPATH,  Hausmann.  min.— Va- 
riété de  Feldspath  albite ,  trouvée  près  de 
Chesterfield  dans  le  Massachussets ,  aux 
États-Unis.  Voy.  feldspath.  (Del.) 

*KIESERA  (nom  propre),  bot.  ph.— Genre 
de  la  famille  des  Papilionacées-Phaséolées, 
établi  par  Reinwardt  (in  Syllog.  plant.,  Il, 
11).  Arbrisseaux  de  Java.  Voy.  papiliona- 
cées. 

*KIESERIA,  Nées.  bot.  ph.—  Syn.  de 
Bonnelia,  Mart.  et  Zuccar. 

*RIGELIA(nom  propre). bot.ph. —Genre 
de  la  famille  des  Gesnéracées,  établi  par  De 
Candolle  (Berct.  Bignon.  18).  Arbres  de 
l'Afrique  orientale.  Voy.  gesnéracées. 

KIGELLARIA  (nom  propre),  bot.  ph. — 
Genre  de  la  famille  des  Flacourtiacées-Ery- 
Ihrospermées  ,  établi  par  Linné  (  Gen.,  n. 
1128).  Arbres  du  Cap.  Voy.  flacourtiacées. 

KILLAS.  min.  —  C'est  le  nom  que  les 
mineurs  du  Cornouailles  donnent  au  Phyl- 
lade  qui  contient  les  filons  de  Cuivre  et 
d'Étain  de  ce  pays.  (Del.) 

KILLINITE  (nom  de  pays),  min.  —  Mi- 
néral d'un  vert-pomme  ou  d'un  jaune  bru- 
nâtre,  à  structure  lamelleuse,  ressemblant 
au  Triphane,  dont  il  n'est  probablement 
qu'une  variété  ;  et  qui  se  trouve  à  Killiney, 
en  Irlande,  dans  un  filon  de  Granité  qui 
traverse  un  Micaschiste.  (Del.) 

*KI\GIA  (nom  propre),  bot.  ph.  — Genre 
placé  par  Endlicher  à  la  fin  des  Joncacées, 
et  qu'il  considère  comme  devant  former  le 
type  d'une  nouvelle  famille,  IesKingiacées. 
Il  a  été  établi  par  R.  Brown  (inKing's  voya- 


176 


KIN 


ges  of  discovery,  II,  p.  530,  t.  c.)  pour  des 
végétaux  de  la  Nouvelle-Hollande,  qui  ont 
le  port  des  Xanthorrhoées. 

Kl  NIKE.  CHIM.   —   Voy.  QUININE. 

K INIQUE  (acide),  chim.  —  Acide  dé- 
couvert par  Vauquelin  dans  un  sel  que  Des- 
champs avait  retiré  de  l'écorce  du  Quin- 
quina. Voy.  ce  mot. 

KINKAJOU.  Potos.  mam.—  C'est  à  Lacé- 
pède  (Tab.  des  Mamm.,  1799-1800)  que 
l'on  doit  la  création  de  ce  genre,  qui  est 
placé  dans  l'ordre  des  Carnassiers  planti- 
grades, quoique,  par  plusieurs  de  ses  ca- 
ractères, il  se  rapproche  des  Singes,  des 
Makis,  des  Insectivores  et  même  des  Chéi- 
roptères. Chez  les  Kinkajous?  les  incisives 
sont,  comme  dans  les  Carnassiers,  au  nom- 
bre de  six  aux  deux  mâchoires,  et  les  cani- 
nes au  nombre  de  deux  ;  il  y  a  cinq  molaires 
de  chaque  côté  et  à  chaque  mâchoire.  Les 
pattes  ont  toutes  cinq  doigts ,  et  chacun  de 
ces  doigts  est  terminé  par  un  ongle  un  peu 
crochu  et  très  comprimé  ;  le  pouce  est  beau- 
coup plus  court  que  les  autres  doigts  aux 
pieds  de  derrière ,  le  troisième  et  le  quatrième 
sont  les  plus  longs  :  aux  pieds  de  devant,  les 
trois  doigts  du  milieu  sont  à  peu  près  de 
même  longueur;  les  deux  latéraux  sont  plus 
courts.  La  queue,  couverte  de  poils  dans 
toute  son  étendue,  est  longue  et  susceptible 
de  s'enrouler  autour  des  corps,  et  ce  carac- 
tère a  fait  rapprocher  par  quelques  zoolo- 
gistes les  Kinkajous  des  Singes  à  queue  pre- 
nante. La  tête  est  globuleuse  ;  les  yeux  sont 
grands;  les  oreilles  sans  lobule,  et  ayant 
une  forme  à  peu  près  demi-circulaire;  les 
narines  sont  ouvertes  sur  les  côtés  d'un 
mufle;  la  langue  est  douce  et  longue;  les 
mamelles  sont  inguinales  et  au  nombre  de 
deux.  Le  pelage  est  touffu  et  généralement 
laineux. 

Ce  groupe  ne  comprend  encore  qu'une 
seule  espèce,  qui  avait  été  placée  ancienne- 
ment dans  les  genres  Viverra  (sous  le  nom 
de  V.  caudivolvula)  et  lemwr  par  les  anciens 
naturalistes.  Lacépède  et  ensuite  G.  Cuvier 
en  formèrent  les  premiers,  sous  le  nom  de 
KinkajoUfUn  genre  particulier  auquel  Etienne 
Geoffroy-Saint-Hilaireadonné  le  nom  latin 
de  Potos  ;  tandis  qu'Illiger  lui  applique  cehii 
de  Cercoleptes,  et  MM.  C.  Duméril  et  Tie- 
demann  celui  de  Caudivolvulus. 

L'espèce  type  est  le  Kinkajou  pottot,  Po- 


KIS 

TOTdeBuffon,Pofoscawdiuok'wZusE.Geoffr.- 
St-Hil.,  Viverra  caudivolvulus  Gm. ,  etc. 
Il  est  à  peu  près  de  la  taille  de  notre  Chat 
ordinaire:  son  pelage  est  d'un  roux  vif  en 
dessous  et  à  la  face  interne  des  quatre 
jambes,  d'un  roux  brun  à  leur  face  externe 
et  en  dessus  ;  les  pattes  et  l'extrémité  de  la 
queue  sont  même  presque  entièrement 
brunes.  Du  reste,  chez  certains  individus, 
les  teintes  que  nous  venons  d'indiquer 
varient  plus  ou  moins. 

Le  Kinkajou  est  un  animal  nocturne,  à 
démarche  lente,  recherchant  les  endroits 
solitaires,  et  se  tenant  habituellement  sur 
les  arbres,  où  il  se  cramponne  au  moyen  de 
sa  queue  prenante;  il  est  doué  d'une  grande 
force.  Il  vit  généralement  de  chair  vive, 
et  il  atteint  avec  beaucoup  de  dextérité  les 
petits  animaux  dont  il  fait  sa  proie  :  cepen- 
dant il  se  nourrit  aussi  volontiers  de  matiè- 
res végétales.  Il  aime  également  beaucoup 
le  miel,  et  détruit,  pour  s'en  procurer,  un 
grand  nombre  de  ruches.  Il  habite  l'Améri- 
que méridionale,  et  paraît  même  se  trouver 
dans  la  partie  méridionale  de  l'Amérique 
du  Nord. Les  habitants  du  pays  lui  donnent 
les  noms  de  Cuchumbi  et  Manaviri.  (E.  D.) 

KINKINA.  Adans.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Cinchona,  Linn. 

KINO.  ch;m.  —  Voy.  othérocerne. 

KINOSTERNUM.    rept.  —  Voy.  cinos- 

TERNE. 

KIODOTE.  mam. — Espèce  du  genre  Rous- 
sette. Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

*KIRBYIA  (Kirby  entomologiste  très  dis  - 
tingué  de  l'Angleterre),  ins.  —  Genre  de  la 
tribu  des  Apiens  ou  Mellifères  ,  groupe  des 
Anthophorites  ,  de  l'ordre  des  Hyménoptè- 
res ,  établi  par  Lepeletier  de  Saint-Fargeau 
(Insect.  hymen.,  t.  II,  p.  45,  Suites  à  Buf* 
fon)  sur  deux  ou  trois  espèces  européen- 
nes. Le  type  est  la  K.  tricincta  (Melitta  tri- 
cincta  Kirby  ),  observée  plusieurs  fois  en 
France  et  en  Angleterre.  (Bl.) 

RIRGANELIA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Euphorbiacées-Phyl- 
lanthées,  établi  par  Jussieu  (Gen.,  337). 
Arbres  de  l'Inde  et  de  la  Mauritanie.  Voy. 

EUPHORBIAC1ES. 

KISIT.  moll.  —  Nom  donné  par  Adan- 
son  (  Voyage  au  Sénégal  )  à  une  petite  es- 
pèce de  Nérite  marine ,  la  Nerita  Magda- 
lenœ  Linn. 


iao 


KNO 


177 


KITAIEEL1A  (nom  propre),  bot.  ph. — 
Genre  de  la  famille  des  Malvacées-Malopées, 
établi  par  WilIdenow(mlteWm. N'eu.  Schrifl., 
II,  107,  t.  4,  f.  4).  Herbes  des  bords  du  Da- 
nube. Voy.  MALVACÉES. 

KITTA,  Kuhl.  ois.  —  Voy.  piroll. 
KITTACIIVCLA ,  Gould.   ois.  —  Voy. 

TURDOÏDE. 

*RIXIA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Apocynacées-Wrightiées,  établi  par 
Blume  (Flor.  jav.  prœf.,  p.  8).  Arbres  de 
Java.  Voy.  apocynacées. 

KLAPROTHIA  (nom  propre),  bot.  ph. — 
Genre  de  la  famille  desLoasées,  établi  par 
H.-B.  Kunth  (in  Humb.  etBonpl.  Nov.  gen. 
etsp.y  VI,  121,  t.  537).  Herbes  volubiles 
rapportées  des  Andes  par  M.  de  Humboldt. 

Voy.  LOASÉES. 

KLAPROTHITE  (dédié  au  chimiste  Kla- 
proth).  min. — Syn.  :  Lasulithe  deKlaproth, 
Voraulite.  Substance  d'un  bleu  d'azur,  cris- 
tallisant dans  le  système  rhombique  en 
prismes  de  91°  30';  infusible;  pesanteur 
spécifique ,  3.  C'est  un  phosphate  hydraté 
d'Alumine  et  de  Magnésie;  on  le  trouve 
dans  des  veines  de  Quartz  traversant  le  Mi- 
caschiste ou  le  Gneiss ,  à  Vorau  en  Styrie, 
etàWerfendansle  pays  deSalzbourg.(DEL.) 

*KLAUSEA,  Cass.  bot.  ru.  —  Syn.  de 
Serralula,  DG. 

KLEINHOVIA  (nom  propre),  bot.  ph. 
—  Genre  de  la  famille  des  Byttnériacées, 
établi  par  Linné  (Gen.y  n.  1024).  Arbres 
de  l'Asie  tropicale.  Voy.  byttnériacées. 

KLEIMA  (nom  propre),  bot.  ph. — Jacq., 
syn.  de  Porophyllum,Y aïïï.— Juss.,syn.  de 
Jaumea ,  Pers.  —  Genre  de  la  famille  des 
Composées-Sénécionidées  ,  établi  par  Linné 
(Hort.  Cliffort.,  395).  Arbrisseaux  de  l'A- 
frique. Ce  g.  renferme  environ  25  espèces, 
réparties  en  deux  sections  (DC,  Prodr., 
VI,  336)  nommées  :  Cacalianthemum  (ca- 
pitule homogame),  et  Erechlhitoides  (capi- 
tule hétérogame).  (J.) 

KLEISTAGNATHES.  Kleistagnatha  , 
Fabr.  crdst.  —  Syn.  de  Braehyures.  Voy. 
ce  mot.  (H.  L.) 

KLIXGSTEIN.  min.  —  Voy.  phonolithe. 

KLIKORHOMBIQUES.  min.  —  Tribu 
établie  dans  l'ordre  des  Carbonates.  Voy. 
ce  mot. 

♦K.LOTZSCHIA  (nom  propre). bot.  ph. — 
Genre  de  la  famille  des  Ombellifères-Sani- 
t.  7ir. 


culées,  établi  par  Chamisso  (in  Linnœat 
VIII,  327).  Herbes  du  Brésil.  Voy.  ombelli- 
fères. 

*KLUGIA,  Schl.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Glossanthus ,  Klein. 

*KLïTIE.  Klytia.  crust.— Ce  nom  a  été 
donné  par  M.  Meyer  à  un  Crustacé  fossile 
de  l'ordre  des  Décapodes  macroures.  Cette 
nouvelle  coupe  générique  renferme  2  espè- 
ces, dont  la  Klytia  ventrosa  Meyer  (Foss. 
hrebs.,  p.  20,  tab.  4,  fig.  29)  peut  en  être 
considérée  comme  le  type.  (H.  L.) 

KNAPPIA.  bot.  ph.  —  Sm.,  syn.  de 
Mibora,  Adans. —  Bauer,  syn.  de  Loxotis, 
R.  Br. 

K.NAUTIA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Dipsacées-Scabio- 
sées,  établi  par  Coulter  (Dipsac,  28).  Her- 
bes de  l'Europe  et  de  l'Asie.  Voy.  dipsacées. 

KNÉBÉLITE  (  nom  d'homme  ).  min.  — 
Silicate  de  protoxyde  de  Fer  et  de  Manga- 
nèse ,  que  l'on  a  trouvé  en  masses  amor- 
phes, opaques,  de  couleur  grise  tirant  sur 
le  verdâtre  et  le  brunâtre,  et  qui  paraît  se 
rapprocher  du  Grenat  par  son  aspect.  C'est 
une  substance  encore  mal  déterminée  et 
dont  on  ignore  le  gisement.  (Del.) 

KNEMIA  (  xVDjxt'a,  rayon  ).  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Myristicées,  établi 
par  Loureiro  (Flor.  Coc/micTi.,  742).  Arbres 
assez  élevés  de  l'Asie  tropicale.  Voy.  my- 
risticées. 

KNIGIITIA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Protéacées-Grevil- 
lées,  établi  par  R.  Brown  (in  Linn.  Trans., 
X,  193,  t.  2).  Arbres  de  la  Nouvelle-Zé- 
lande. Voy.  protéacées. 

KNIPHOFÏA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Liliacées,  établi  par 
Mcench  (Mclh.,  631).  Herbes  du  Cap.  Voy. 
liliacées. 

*KNIPOLEGUS.  ois.— Genre  établi  par 
Boié  sur  les  Muscicapa  comata  et  cristata 
Lichst.  Voy.  gobe-mouche.  (Z.  G.) 

KNOWLTONIA  (nom  propre),  bot.  ph. 
—  Genre  de  la  famille  des  Renonculacées- 
Clématidées,  établi  par  Salisbury  (Prodr., 
372).  Herbes  vivaces  originaires  du  Cap. 

Voy.  RENONCULACÉES. 

KNOXIA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Rubiacées  -  Spermacocées  ,  établi  par 
Linné  (Gen.,  n°  123).  Herbes  ou  arbris- 
seaux de  l'Inde.  Voy.  rubiacées. 

23 


178 


KOEL 


KOALA.  Liparus.  mam.  —  M.  de  Blain- 
ville  a  fait  connaître  en  1815  {Bull,  de  la 
Soc.  philom.),  sous  le  nom  d'OuRS  a  poche, 
Phascolarctos,  un  Didelphe  de  la  Nouvelle- 
Hollande,  dont  le  port  est  assez  semblable 
à  celui  d'un  Ours.  Cet  animal,  qui  est  un 
véritable  Phalanger  {voy.  ce  mot  et  phas- 
colarctos) dépourvu  de  queue,  est  souvent 
désigné  par  les  naturalistes  sous  le  nom  de 
Koala;  ses  membres  de  derrière  ont,  comme 
ceux  des  Phalangers,  un  pouce  opposable  , 
et  ses  dents  sont  aussi  semblables  à  celles 
de  ces  animaux.  G.  Cuvicr,  possédant  le 
dessin  d'un  autre  animal  appelé  aussi  Koala, 
et  qui  est  de  la  même  contrée,  crut  devoir 
en  faire  un  Phascolarctos,  bien  qu'il  affirme 
qu'il  manque  de  pouce.  Comme  il  est  cer- 
tain que  le  vrai  Phascolarctos  a  un  pouce 
aux  membres  de  derrière ,  c'est  avec  raison 
que  l'on  a  laissé  au  Koala  de  Cuvier  le  nom 
de  Liparus  cinereus ,  que  lui  avait  donné 
Goldfuss.  Il  reste  encore  à  démontrer  que 
cet  animal,  qui  est  d'un  cendré  légèrement 
bleuâtre  en  dessus  et  blanchâtre  en  dessous, 
et  qui  se  trouve  à  la  Nouvelle -Hollande, 
est  véritablement  distinct  du  Phascolarctos, 
ou  bien  qu'il  ne  repose  que  sur  un  dessin 
incomplet.  (E.  D.) 

KOB  et  KOBA.  mam.  —  Espèce  d'Anti- 
lope. (E.  D.) 

KOBEZ.  ois.  —  Nom  d'une  espèce  de 
Faucon.  Voy.  ce  mot. 

KOBOLDINE.  min.— Sulfure  de  Cobalt. 
Voy.  ce  mot. 

KOBBESIA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Cypéracées-ÉIynées,  établi  par 
Willdenow  {Sp.  pi.,  IV,  205).  Herbes  des 
montagnes  du  centre  de  l'Europe.  Voy.  cy- 

PÉRACÉES. 

KOCHIA  (nom  propre),  bot.  ph.  —  Genre 
de  la  famille  des  Chénopodées  (Atripli- 
cées)-Chénopodiées  ,  établi  par  Roth  et  R. 
Brown  {Prodr.,  409).  Herbes  ou  arbrisseaux 
de  l'Europe ,  de  l'Asie  et  de  la  Nouvelle- 
Hollande.  Voy.  atriplicées. 

*KOEBERLINIA  (nom  propre),  bot.  ph. 
—  Geare  de  la  famille  des  Pittosporées , 
établi  par  Zuccarini  (  Miïnch.  Dcnkoch. , 
1832,  p.  358).  Arbrisseaux  du  Mexique. 
Voy.  pittosporées. 

*KOELERA,  Willd.  bot.  ph.— Syn.  de 
Boumca,  Poit. 

KQELERIA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 


KOL 

Genre  la  famille  des  Graminées -Festuca- 
cées,  établi  par  Persoon  {Ench.,  1,97).  Gra- 
mejis  fréquents  dans  l'Europe  centrale  ,  et 
trouvés,  mais  plus  rarement,  dans  l'Asie  et 
l'Amérique  septentrionale.  Voy.  graminées. 

KOELLEA,  Bir.  bot.  ph.  —  Syn.  d\E- 
ranthis,  Salisb. 

KOELPINIA  (nom propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Composées-Cicho- 
racées,  établi  par  Pallas  (Reise.,  III,  755). 
Herbes  de  la  Daourie.  Voy.  composées. 

KOELREUTERA.  bot.  ph.  —  Hcdw., 
syn.  de  Funaria,  Hedw.  —  bot.  cr.  — 
Murr.,  syn.  de  Giesekia,  Linn. 

KOELREUTERIA  (nom  propre),  bot. 
ph.  —  Genre  de  la  famille  des  Sapindacées- 
Dodonœacées,  établi  par  Laxmann  {in  Nov. 
comment.  Petropolit. ,  XVI ,  561  ,  t.  18  ). 
Arbres  de  la  Chine.  Voy.  sapindacées. 

KOENIGIA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Polygonécs ,  tribu 
des  vraies  Polygonées  ,  établi  par  Linné 
{Gen.,  n°  1241).  Herbes  de  l'Islande  et  de 
la  Laponie.  Voy.  polygonées.  —  Commers., 
syn.  d'Assonia,  Cavan. 

KOHLENBLENDE.  min.  —  Synonyme 
allemand  de  l'Anthracite.  (Del.) 

*KOLBEA  ,  Schl.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Bœometra,  Salisb. 

KOLBIA  (nom  propre),  bot.  ph.— Genre 
de  la  famille  desPassiflorées,  établi  par  Pa- 
lisot  de  Beauvois  {Flor.  owar.,  II,  91  , 
t.  120).  Plantes  sarmenteuses  de  l'Afrique 
tropicale.  Voy.  passiflorées. 

KOLLYRITE.  min.  —  Voy.  collyrite. 

*KOLOWRATIA  (nom  propre),  bot.  ph. 
—  Genre  de  la  famille  des  Zingibéracées?, 
établi  parPresl  {in  Beliq.  Hœnk. ,  I,  113, 
t.  20  ).  Herbes  de  Luzon.  Voy.  zingibé- 
racées. 

KOLPODE.  Kolpoda  (xo'Àttoç,  sinus, 
échancrure).  infus.  —  Genre  d'Infusoires 
ciliés,  delà  famille  des  Paraméciens,  ca- 
ractérisé par  l'échancrure  latérale  de  leur 
corps  ovoïde  ou  réniforme ,  qui  leur  fit  don- 
ner par  un  ancien  micrographe,  Joblot,  les 
noms  bizarres  de  cornemuses ,  de  rognons 
argentés  et  de  cucurbites  dorées.  Leur  bou- 
che est  située  latéralement  au  fond  de 
l'échancrure  et  pourvue  d'une  lèvre  trans- 
verse saillante;  la  surface  du  corps  est  ré- 
ticulée ou  marquée  de  stries  noduleuses , 
croisées  obliquement  et  auxquelles  corrcs- 


KON 


KRA 


179 


pondent  des  rangées  de  cils  vibratiles  très 
fins.  Les  Kolpodes  ,  longs  de  2  à  9centièmes 
de  millimètre ,  se  trouvent  dans  les  eaux 
douces  stagnantes  au  milieu  des  herbes  en 
décomposition  ;  ils  se  montrent  surtout  avec 
une  abondance  extrême  dans  les  infusions 
de  substances  végétales,  de  farine  ou  de  foin, 
par  exemple.  Ils  ont  été  vus  par  les  premiers 
micrographes:  Leeuwenhoek  ,  en  1677,  en 
parlait  déjà  sous  le  nom  d'animaux  ovales  ; 
Hill ,  en  1751 ,  les  nommait  Paramécies,  et 
Ellis,  en  1769,  en  faisait  un  Volvox  tor- 
quilla;  c'est  sur  les  Kolpodes  ou  animal- 
cules en  forme  de  pendeloque  (Pandeloquen- 
thierchen)  que  Gleichen  fit  principalement 
ses  essais  de  coloration  artificielle  en  leur 
faisant  avaler  du  carmin.  0.  F.  Mûller  éta- 
blit le  genre  Kolpode  et  nomma  K.  cucul- 
lus  (K.  capuchon)  l'espèce  que  nous  consi- 
dérons comme  le  type  et  peut-être  même 
comme  l'espèce  unique,  mais  singulièrement 
variable  de  ce  genre.  M.  Bory  de  Saint-Vin- 
cent en  a  faitsesBitrsana  cuculluset  Amiba 
cydonea,  tout  en  conservant  le  nom  de 
Kolpodes  à  des  Infusoires  d'un  autre  genre, 
M.  Ehrenberg  a  pris  le  Kolpoda  cucullus 
pour  type  de  sa  famille  des  Kolpodea,  qui  ré- 
pond en  partie  à  notre  famille  des  Para- 
méciens  ;  mais  cet  auteur  a  caractérisé  in- 
complètement cette  famille  d'après  une  pré- 
tendue disposition  des  organes  digestifs,  et 
le  genre  Kolpode  en  lui  assignant  une  lan- 
gue courte  et  des  ci's  vibratiles  au  côté  ven- 
tral seulement.  Toutefois  M.  Ehrenherg 
n'inscrit  dans  le  genre  Kolpode  que  l'espèce 
type  et  deux  espèces  douteuses ,  les  K.  ren 
et  K.  cucullio  de  Mûller,  dont  l'une  au  moins 
appartient  au  genre  Loxode.  (Duj.) 

KONDYLOSTOME.  Kondylostoma  (>v- 
Svïoç,  nœud;  vropa,  bouche),  infus. — 
Genre  d'Infusoires  ciliés,  établi  par  M.  Bory 
de  Saint-Vincent  pour  un  Trichode  de  Mtil- 
ler  que  ce  dernier  avait  observé  dans  l'eau 
de  mer.  Les  Kondylostomes  ont  le   corps 
effilé,  cylindroïde  ou  fusiforme,  droit  ou 
courbé,  quelquefois  vermiforme,    blanc, 
long  de  9  à  15  centimètres  de  millimètre,  et 
par  conséquent  ils  sont  bien  visibles  à  l'œil 
,  nu.  Leur  bouche,  très  grande,  bordée  de 
j  cils  vibratiles  assez  forts  et  raides ,  est  située 
i  latéralement  près  de  l'extrémité  antérieure; 
■f  la  surface  est  striée  obliquement  et  recou- 
verte de  cils  vibratiles.  Les  Kondylostomes 


se  trouvent  exclusivement  dans  de  l'eau  de 
mer,  entre  les  Algues  et  les  Corallines ,  ou 
parmi  les  végétaux  en  partie  décomposés; 
ils  avalent  des  animalcules  ou  des  spores 
qui  sont  une  proie  souvent  trop  volumi- 
neuse et  distendent  considérablement  leur 
corps.  Ils  ont  beaucoup  de  rapports  avec  les 
Spirostomes  et  doivent  appartenir  à  la  même 
famille,  soit  celle  des  Bursariens  si  elle  était 
trouvée  suffisamment  caractérisée,  soit  celle 
des  Paraméciens.  Voy.  ce  dernier  mot  et 
l'article  infusoires.  (Duj.) 

*KONIGA  (nom  propre),  bot.  ph. — Genre 
de  la  famille  des  Crucifères -Alyssinées, 
établi  par  Robert  Brown  (m  Clappert.  Nar- 
rât. ,  214).  Herbes  des  régions  méditerra- 
néennes et  de  l'Asie  boréale.  Voy .  crucifères 

KOMG,  Adans.  bot.  ph.  —  Syn.  de  Ko- 
niga,  R.  Br. 

KOMLITHE  (xovt;,  poussière;  M0oç , 
pierre),  min.  —  Nom  donné  par  Macculoch 
à  une  Silice  pulvérulente  trouvée  par  lui 
dans  les  cavités  des  roches  amygdalaires  de 
plusieurs  îles  d'Ecosse  et  d'Irlande.  (Del.) 

KONITE.  min.  —  Nom  donné  par  Ret- 
zius  à  une  variété  de  la  Dolomie.  Voy.  ce 
mot  à  l'article  carbonates. 

KOON,  Gœrtn.  bot.  ph. — Syn.  de  Schlei- 
chera,  Willd. 

*KOPSIA  (nom  propre),  bot.  pu.— Genre 
de  la  famille  des  Apocynacées ,  établi  par 
Bl u me  (Bijdr.,  1030).  Arbres  ou  arbris- 
seaux de  Java.  Voy.  apocynacées. 

*KORDELESTRIS ,  Arrud.  bot.  ph.  — 
Syn.  de  Jacaranda,  Juss. 

KORÉITE.  min.  —  Voy.  pagodite. 

KORSAC.  mam.  —  Voy.  corsac. 

*KOSTELETZKYA  (nom  propre),  bot. 
ph,  —  Genre  de  la  famille  des  Malvacées- 
Hibiscées,  établi  par  Presl  {in  Reliq.  Hœnk., 
II,  130,  t.  70).  Herbes  ou  arbrisseaux  de 
l'Amérique  tropicale.  Voy.  malvacées. 

*KOTSCHYA  (nom  propre  ).  bot.  th.— 
Genre  de  la  famille  des  Papilionacées-Hé- 
dysarées  ,  établi  par  Endlicher  (  Gen.  pi. , 
p.  1284,  n°  6607).  Arbrisseaux  de  l'Afrique 
tropicale.  Voy.  papilionacées. 

KOUPHOLITHE.  min.  —  Foî/.prehnite. 

*RRAMERIA  (nom  propre),  bot.  ph. — 
Genre  de  la  famille  des  Polygalées?,  éta- 
bli par  Lœffling  (It. ,  915).  Arbrisseaux  de 
l'Amérique  tropicale  et  subtropicale.  Voy. 

POLVGALLES. 


180 


KUH 


KRAXCHIL.  mam.  —  Espèce  de  Che- 
vrotais. Voy.  ce  mot. 

KRASCHEMNMKOVIA  (nom  propre). 
bot.  ph.  —  Guldenst. ,  syn.  û'Eurotia , 
Adans.  —  Genre  établi  par  Turczaninow 
in  Flora,  1834)  dans  la  famille  des  Caryo- 
phyllées -Stellarinées.  Herbes  de  Baikal. 

Voy.  CARYOPIIYLLÉES. 

*KRALM1IA ,  Raf.  bot.  ph.  —  Syn.  de 

Wisteria,  Nutt 

*KREBSIA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Papilionacées-Lo- 
tées ,  établi  par  Ecklon  et  Zeytaer  {Enurn., 
179).  Arbrisseaux  du  Cap.  Voy.  papilio- 

NACÉES. 

KRELZSTEIN.  min.  —  Synonyme  alle- 
mand d'Harmotome.  Voy.  ce  mot. 

*KREYSIGIA  (nom  propre),  bot.  ph.— 
Genre  de  la  famille  des  MElanthacées-Vé- 
ratrées,  établi  par  Reichenbach  {le.  exot., 
t.  229,  excl.  syn.).  Herbes  de  la  Nouvelle- 
Hollande.  Voy.  MÉLANTHACÉES. 

KRIGIA  (nom  propre),  bot.  ph.— Genre 
de  la  famille  des  Composées-Cichoracées  , 
établi  par  Schreber  {Gen.,  n°  1244).  Her- 
bes de  l'Amérique  boréale.  Voy.  compo- 
sées. 

KROCKERIA,  Neck.  bot.  ph.  —  Syn. 
(VAvariy  Linn. 

KRUBERA  (  nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Ombellifères-Pa- 
chypleurées,  établi  par  Hoffmann  {Umbellif., 
I,  202  et  203,  t.  61,  f.  14).  Herbes  des  ré- 
gions méditerranéennes  et  du  cap  de  Bonne- 
Espérance.  Voy.  ombellifères. 

KRUSENSTERNE.  Krusenslema  (  du 
nom  d'un  célèbre  navigateur  russe),  polyp. — 
Genre  établi  par  Tilesius  pour  une  espèce 
de  Polypier  rapportée  des  mers  du  Kamt- 
schatka  ;  Lamouroux  l'a  cru  identique  avec 
le  Millepora  reticulata  de  Linné,  dont  La- 
marck  avait  fait  son  Rétépore  réticulé.  M.  de 
Blainville  a  nommé  le  même  genre  Fron- 
dipore  {voy.  ce  mot)  et  en  a  distingué  trois 
espèces.  (Duj.) 

*KTENOSPERMUM,  Lehm.  bot.  ph.— 
Syn.  de  Pectocarya,  DG. 

*KTINORHYNCHLS,  Eyton.  ois.  — 
Genre  qui  a  pour  type  le  Canard  chipeau 
{Anas  slrepera).  (Z.  G.) 

*KUHLIA(nom  propre),  bot.  ph. — Genre 
de  la  famille  des  Bixacées-Prockiées  ,  éta- 
bli par  Kunth   (  in  Humb.  et  Bonpl.   Nov. 


KUR 

gen.  et  sp.,  VIII,  234).  Arbres  de  la  Nou- 
velle-Grenade. Voy.  BIXACÉES. 

KL  H  MA  (nom  propre),  bot.  ph  — 
Genre  de  la  famille  des  Composées-Eupa- 
toriacées,  établi  par  Linné  {Sp.  1662). 
Herbes  ou  arbrisseaux  de  l'Amérique  tro- 
picale. On  connaît  10  espèces  de  ce  genre, 
réparties  en  3  sections  (DC.  Prodr.  V,  126) 
nommées  :  Strigia,  Trichogonia  et  Leio- 
gonia. 

KLM R A II.  mam.— Nom  donné,  en  Bar- 
barie, à  un  métis  provenant  de  l'Ane  et 
de  la  Vache. 

KLMJMANMA  (nom  propre),  bot.  ph. 
Genre  de  la  famille  des  Ombellifères-Sésé- 
linées,  établi  par  Scopoli  {Introd.  n.  332). 
Herbes  de  l'Europe  méditerranéenne.  Voy. 

OMBELLIFÈRES. 

KLNTHIA(nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Palmiers  ,  tribu 
des  Arécinées,  établi  par  Humboldt  et 
Bonpland  {Plant,  œquinoct., Il,  128,  t.122). 
Palmiers  des  Cordillères.  Voy.  palmiers. 

KLNZEA  ,  Spreng.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Purshia,  DC. 

KLPFERGLAS.  min.  —  Synonyme  al- 
lemand de  CuWre  sulfuré  ou  Cb^lkosine. 
Voy.  cuivre. 

KUPFERGLIMMER.  min.—  Synonyme 
allemand  de  Cuivre  arséniaté.  Voy.  cuivre. 

KLPFERIMHG.  min.  —  Syn.  de  Covel- 
line  ou  Cuivre  bisulfure.  Voy.  cuivre. 

KLPFERKIES.  min.  —  Synonyme  al- 
lemand de  Cuivre  pyriteux  ou  Chalkopyrite. 
Voy.  cuivre. 

KLPFERLAZUR.  min.  —  Synonyme 
allemand  de  Cuivre  carbonate.  Voy.  cuivre. 

KLPFERSCHWARZE.  min.  —  Synon. 
allemand  de  Métaconite  ou  Cuivre  oxydé 
noir.  Voy.  cuivre. 

KLPFERSMARAGD.  min.—  Synonyme 
de  Cuivre  hydro-silicaté  ou  Dioptase.  Voy. 
cuivre. 

KLFPER- VITRIOL,  min.  —  Synonyme 
de  Cuivre  sulfaté  ou  Cyanose.  Voy.  sulfates. 

*KURRIMIA ,  Wall.  bot.  ph.— Syn.  de 
Bhesa ,  Hamilt. 

KLRTE.  Kurtus  (xvproç,  bossu),  poiss. 
—  Genre  de  Poissons  de  la  famille  des 
Scombéroïdes ,  établi  par  Bloch  et  adopté 
par  MM.  Cuvier  et  Valenciennes  (  Hist.  des 
Poiss.,  t.  IX,  p.  419).  II  est  caractérisé 
n;ir,r:p;:îemcntpar  l'épine  dorsale,  qui  pré- 


LAB 


LAB 


181 


sente  une  pointe  couchée  en  avant  et  une 
plus  petite  en  arrière. 

La  principale  espèce  de  ce  genre  est  le 
Kurte  Blochien,  K.  Blochîi  Lacép.,  d'une 
belle  couleur  fauve  glacée  d'argent  et  irisée 
en  quelques  endroits;  il  est  long  de  10  à 
11  centimètres.  Habite  les  mers  des  Indes. 

Une  autre  espèce  trouvée  dans  la  rade  de 
Pondichéry ,  mais  que  MM.  Cuvier  et  Va- 
lenciennes  considèrent  comme  le  mâle  de 
l'espèce  précédente ,  est  remarquable ,  en 
outre ,  par  la  présence  d'une  corne  noire , 
cartilagineuse ,  au  sommet  de  la  nuque,  et 
qui  se  recourbe  un  peu  en  dessus  à  son  ex- 
trémité. Cet  appendice  lui  a  fait  donner  par 
les  auteurs  que  nous  venons  de  citer  le  nom 
de  Kurte  cornu  ,  K.  cornutus.  (J.) 

*KUTCHUBJSA  (nom  propre),  bot.ph. — 
Genre  de  la  famille  des  Rubiacées-Gardé- 
niées,  établi  par  Fischer  (ro  DC.  Prodr., 


IV,  373).  Arbres  de  la  Guinée.  Voy.  ru- 
biacées. 

KUWUC.  mam.  —  Espèce  de  Chat.  Voy. 
ce  mot. 

KTDIA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Byttnériacées ,  établi  par  Roxburgh 
(Plant.  ofCoromand.  III,  11,  t.  215,216). 
Arbres  de  l'Inde. 

KYNODON.  seft.  —  Klein  (Tentamen 
herpetologiœ)  indique  sous  ce  nom  un  genre 
d'Ophidiens  qui  correspond  au  groupe  des 
Vipères  des  naturalistes.  Voy.  vipère. (E.D.) 

*KYNOS  (xuwv,  chien),  mam.—  M.Rup- 
pel  (Mus.  seack.j  1842)  donne  ce  nom  à  un 
groupe  de  Carnivores  assez  voisin  du  grand 
genre  Chien.  (E.  D.) 

*KYRTANTHUS,Gmel.  bot.  ph.— Syn. 
de  Posoqueria,  Aubl. 

*KïTORHUXUS,  Stev.  ras.  —Syn.  de 
Bruchus.  (C.) 


LABARIIV.  moll.  —  Adanson  donne  ce 
nom  (Voyage  au  Sénégal)  à  une  jolie  espèce 
de  Pourpre,  le  Purpurea  coronata  Lam. 

LABATIA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Sapotacées,  établi  par  Swartz 
(Flor.  Ind.  occid.,  I,  283).  Arbres  de  l'A- 
mérique tropicale.  Voy.  sapotacées. — Scop., 
syn.  d'ilexy  Linn. 

LABRE.  Leslris.  ois.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Longipennes  dans  l'ordre  des  Pal- 
mipèdes. Caractères:  Bec  de  moyenne  gran- 
deur, presque  cylindrique,  robuste,  couvert 
d'une  membrane,  depuis  la  base  jusqu'aux 
narines,  à  mandibule  supérieure  armée  à  son 
extrémité  d'un  onglet  qui  paraît  surajouté; 
narines  linéaires,  latérales,  situées  au-delà 
du  milieu  du  bec;  doigt  postérieur  court, 
touchant  à  peine  au  sol  ;  ongles  gros,  cro- 
chus; queue  inégale,  plus  ou  moins  pointue. 

Linné  rangeait  les  espèces  de  cette  division 
dans  son  genre  Larus  (Mouette).  Latham 
commença  par  en  former  un  groupe  parti- 
culier, et  Brisson  convertit  définitivement  ce 
groupe  en  genre  qu'il  nomma  Stercorarius. 
llliger  changea  ce  nom  en  celui  de  Leslris, 
et  Viellot  en  celui  de  Prœdatrix;  mais  ce 


dernier  n'a  jamais  été  adopté :,  et  a  même  été 
abandonné  par  son  créateur. 

Les  Labbes  ou  Stercoraires  (comme  quel- 
ques auteurs  les  ont  appelés  par  suite  d'une 
opinion  mal  fondée)  doivent-ils  être  distin- 
gués génériquement,  ainsi  que  le  veulent  la 
plupart  des  ornithologistes,  ou  forment-ils, 
comme  d'autres  le  prétendent ,  une  simple 
section  du  genre  Larus?  Les  Labbes  se  dif- 
férencient de  ces  derniers  par  leur  bec  pres- 
que cylindrique,  par  l'espèce  de  cire  qui  le 
recouvre,  et  par  leur  queue  inégale  :  ils 
doivent  donc  en  être  séparés.  En  outre,  si 
nous  voulions  faire  le  parallèle  des  mœurs 
et  du  genre  de  vie  des  uns  et  des  autres, 
nous  trouverions  encore  entre  eux,  sous  ce 
rapport,  des  différences;  mais  nous  devons 
nous  borner  à  faire  ici  l'histoire  des  Labbes. 

Ces  oiseaux  fréquentent  les  bords  de  la 
mer  et  ne  se  font  voir  qu'accidentellement 
dans  l'intérieur  des  terres.  C'est  en  automne 
et  en  hiver,  à  la  suite  des  tempêtes  et  des 
ouragans,  qu'ils  apparaissent  sur  nos  côtes 
maritimes  et  quelquefois  en  plaine,  où  ils  se 
tiennent  de  préférence  dans  les  champs  de 
blé.  Us  volent  avec  beaucoup  de  rapidité. 


182 


LAB 


Le  vent  le  plus  violent  paraît  fort  peu  con- 
trarier la  direction  de  leur  vol.  Ils  ont  dans 
le  port  et  le  faciès  quelque  chose  de  l'oiseau 
de  proie.  Ce  sont,  comme  on  l'a  déjà  dit,  de 
vrais  tyrans  de  la  mer,  et  ils  méritent  sur- 
tout ce  titre  vis-à-vis  des  Mouettes,  des  Ster- 
nes, et  même  des  Fous  et  des  Cormorans, 
qu'ils  poursuivent  avec  acharnement,  afin 
de  leur  enlever  leur  proie.  On  pourrait  dire 
que  les  diverses  espèces  appartenant  à  ces 
genres  sont  tour  à  tour  les  pourvoyeuses  des 
Labbes.  L'industrie  à  laquelle  ceux-ci  se  li- 
vrent à  l'égard  des  oiseaux  dont  il  vient 
d'être  question,  est  vraiment  fort  curieuse. 
Si  l'un  d'eux  aperçoit  une  Mouette  ou  une 
Sterne  qui  vienne  de  saisir  un  poisson  ou 
toute  autre  pâture,  aussitôt  il  fond  sur  elle, 
la  poursuit  dans  l'air,  la  harcèle,  la  frappe 
et  finit  presque  toujours  par  lui  faire  dé- 
gorger la  proie  qu'elle  avait  saisie,  et  dont  il 
s'empare  à  son  tour,  avec  la  plus  grande  ha- 
bileté, avant  qu'elle  tombe  dans  la  mer. 
Ce  fait,  légèrement  observé,  avait  donné  lieu 
à  une  opinion  erronée.  On  a  cru  longtemps 
que  les  excréments  des  Mouettes,  des  Ster- 
nes, etc.,  étaient  une  nourriture  pour  les 
Labbes;  c'est  ce  qu'atteste  le  nom  de  Ster- 
corarius,  qu'on  leur  donnait  et  que  quelques 
personnes  leur  donnent  encore  par  habitude. 
On  les  voyait  s'acharner  après  d'autres  oi- 
seaux; on  voyait  ceux-ci  rendre  quelque 
chose,  les  Labbes  saisir,  dans  l'air,  ce  quel- 
que chose,  et,  sans  regarder  ce  fait  de  trop 
près,  on  avait  tout  naturellement  pensé 
qu'ils  mangaient  les  excréments  des  espèces 
qu'ils  pourchassaient.  Mais,  lorsqu'on  a 
mieux  observé,  on  a  pu  se  convaincre  que 
les  Mouettes,  les  Sternes,  etc.,  péchaient  la 
plupart  du  temps  au  profit  des  Labbes. 

Rarement  on  voit  plusieurs  Labbes  en- 
semble; ils  vivent  isolés  les  uns  des  autres, 
et  cet  isolément  est  une  conséquence  de  l'in- 
dustrie à  laquelle  ils  se  livrent.  Leur  nour- 
riture consiste  en  Poissons,  en  Mollusques, 
en  œufs  et  en  jeunes  Oiseaux  de  mer.  Sous 
ce  dernier  rapport,  les  Labbes  sont  de  vrais 
oiseaux  de  rapine. 

Les  Laobes  nichent  dans  les  rochers  et  sur 
les  élévations,  dans  les  marais  et  les  ter- 
rains arides  voisins  de  la  mer.  Leur  ponte 
est  de  deux  œufs  que  la  femelle  et  le  mâle 
couvent,  dit-on,  alternativement.  Ils  ne 
souffrent  aucune  espèce  d'Échassier  ou  de 


LAB 

Palmipède  dans  le  voisinage  des  contrées 
qu'ils  choisissent  pour  leur  ponte.  Les  Mam- 
mifères et  l'Homme  même  sont  exposés  à 
leurs  attaques  :  aussi,  selon  M.  Graba ,  les 
habitants  de  Féroë  qui  vont  à  la  récolte  de 
leurs  œufs  se  munissent-ils  de  couteaux 
qu'ils  tiennent  sur  leur  bonnet,  la  pointe 
en  l'air,  pour  ne  pas  être  blessés  par  les  as- 
sauts impétueux  que  leur  livrent  les  Labbes 
catarractes. 

Les  Labbes  habitent  les  régions  arctiques 
de  l'Europe  et  de  l'Amérique. 

Leur  mue  paraît  avoir  lieu  deux  fois  dans 
l'année. Leur  plumage  varie  beaucoup  depuis 
leur  premier  âge  jusqu'au  moment  où  ils 
revêtent  leur  livrée  stable ,  ce  qui  a  donné 
lieu  à  de  doubles  emplois.  On  s'accorde  assez 
généralement  aujourd'hui  à  reconnaître 
quatre  espèces  européennes.  M.  Degland, 
dans  une  excellente  monographie  sur  ces 
oiseaux ,  en  avait  admis  six;  mais  dans  son 
Catalogue  des  Oiseaux  observés  en  Europe, 
il  a  réduit  ce  nombre  à  quatre. 

1.  Le  Labbe  parasite,  L.  parasiticus 
Gmel.  {Buff.,  pi.  enl.  762,  sous  le  nom 
de  Labbe  à  longue  queue).  Sommet  de  la  tête 
noir;  nuque,  côtés  du  cou  et  joues  d'un 
jaune  paille;  tout  le  dessus  du  corps  d'un 
gris  de  plomb  ;  dessous  d'un  gris  plus  clair; 
filets  à  la  queue  de  15  à  20  centimètres. 

Habite  particulièrement  le  Groenland, 
Terre-Neuve  et  le  Spitzberg  :  s'avance  assez 
souvent  jusque  sur  nos  côtes  de  l'Océan. 

2.  Le  Labbe  Richardson,  Les.  Richardsonii 
Swains.  (Buff.,  pi.  enl.  991,  sous  le  nom  de 
Stercoraire).  Tout  le  plumage  d'un  noir  fu- 
ligineux en  dessus/blanc  en  dessous;  nuque 
et  côtés  du  cou  ocres  ;  filets  de  la  queue 
n'ayant  jamais  plus  de  7  à  8  centimètres. 

Habite  la  Suède ,  la  Norwége,  la  Laponie, 
l'Amérique  du  Nord  ;  plus  rare  sur  nos  côtes 
que  le  précédent 

3.  Le  Labbe  pomarien  ,  Les.  pomarineus 
Temm.  Plumage  fort  variable  surtout  dans 
les  vieux  sujets;  généralement  noir  en 
dessus ,  blanc  en  dessous ,  avec  une  calotte 
brune.  La  gorge  grise ,  le  cou  et  la  poitrine 
d'un  gris  brun.  Filets  de  la  queue  larges  et 
arrondis  au  bout. 

Habite  Terre-Neuve ,  l'Islande  et  Feroë. 
Commun  sur  nos  côtes  à  la  suite  d'un 
ouragan. 

4.  Le  Labbe  catarracte  ,  Les.  catarractes 


LAB 


LAB 


183 


lllig.  (Vieill.  Gai.  des  Ois.,  pi.  288  sous  le 
nom  de  Stercoraire  pomarin  ).  Plumage 
brun  fuligineux,  un  miroir  blancsur  l'aile; 
filets  de  la  queue  ayant  au  plus  2  ou  3  cen- 
timètres. 

Habite  l'Islande,  le  Groenland;  assez 
commun  l'hiver  sur  nos  côtes. 

M.  Lesson  ajoute, sous  le  nom  de  les.  antar- 
cticus,  une  cinquième  espèce  que  MM.  Quoy 
et  Gaimard  ont  décrite  sous  celui  de  Les. 
catarracles  (voy.  de  l'Ura,  p.  38).  Elle 
habite  les  îles  Malouines  et  la  Nouvelle- 
Zélande  ,  et  ne  diffère  de  la  précédente  que 
par  les  stries  ou  zones  blanchâtres  de  la 
poitrine.  (Z.  G.) 

LABDANUM  ou  LADANUM.  chim.  — 

Voy.  GOMMES-RÉSINES. 

LABELLE.  Labellum.  bot.  —  On  donne 
ce  nom  à  la  partie  inférieure  d'un  périgone 
bilabié,  et  plus  particulièrement  de  l'en- 
veloppe florale  des  Orchidées.  Voy.  ce  mot. 

*LABEO.  ins.  —  Genre  de  l'ordre  des 
Hyménoptères,  tribu  des  Proctotrupiens, 
famille  des  Proctotrupides,  groupe  des  Go- 
natopites  ,  établi  par  M.  Haliday  (Blanch., 
Hist.  des  Ins.,  t.  I,  p.  147),  et  caractérisé 
principalement  par  des  antennes  filiformes, 
avec  le  premier  article  fort  grand,  et  des 
palpes  maxillaires  de  trois  articles.  On  con- 
naît peu  d'espèces  de  ce  genre  ;  celle  que 
nous  citerons  comme  type  est  le  Labeo  exci- 
sus  Walk.,  que  l'on  trouve  en  France  et  en 
Angleterre. 

*LABÉOBARBE.  Labeobarbus  (labeo, 
grosses  lèvres;  barba,  barbe),  poiss.  — 
Genre  de  Poissons  abdominaux  de  la  famille 
des  Cyprinoïdes ,  établi  par  Ruppell ,  et 
adopté  par  MM.  Cuvier  et  Valenciennes 
(Hist.  des  Poiss.,  t.  XVI,  206).  Les  La- 
béobarbes  sont  des  Poissons  à  corps  allongé, 
à  lèvres  épaisses,  dont  l'inférieure,  dilatée, 
porte  un  appendice  charnu  prolongé  en  bar- 
billon ;  deux  autres  barbillons ,  l'un  maxil- 
laire ,  l'autre  labial ,  comme  dans  les  Bar- 
beaux; l'anale  courte. 

On  connaît  trois  espèces  de  ce  genre  ;  celle 
que  nous  citerons  comme  type  est  le  Laeéo- 
«aube  nadgia,  Lab.  nadgia,  trouvé  par  M.Rup- 
pelledansleNil.CePoissona  ledessusdudos 
et  de  la  tête  d'un  beau  vert-citron;  le  ventre 
jaune-soufre  clair;  les  nageoires  vertes,  mais 
teintées  de  brun  ;  la  lèvre  supérieure  est  de 
Ja  même  nuance,  mais  l'inférieure  est  cou- 


leur de  chair.  Il  atteint  près  de  60  à  65 
centimètres,  et  sa  chair  est,  dit-on  ,  d'assez 
bon  goût.  '    (J.) 

LABÉOIV.  Labeo  (labeo,  h  grosses  lèvres). 
poiss.  —  Genre  de  Poissons  malacoptérygiens, 
de  la  famille  des  Cyprinoïdes ,  établi  par 
Cuvier ,  et  modifié  par  M.  Valenciennes 
(Hist.  desPoiss.,  t.  XVI,  p.  335).  Ces  Poissons 
sont  remarquables  par  un  museau  épais  et 
charnu,  avançant  sur  la  bouche,  dont  la 
fente  est  recouverte  par  un  triple  rang  de 
lèvres;  par  un  premier  voile  naissant  du 
sous-orbitaire ,  et  s'étendant  sur  les  deux 
autres  ;  par  un  second  maxillaire,  sorte  de 
première  lèvre,  et  un  troisième,  la  vraie  lè- 
vre, en  dessous;  le  bord  de  la  lèvre  infé- 
rieure se  détache  et  se  replie  de  manière  à 
faire  aussi  un  voile  particulier  en  dessous. 
A  l'angle  du  maxillaire  est  un  petit  barbil- 
lon. Les  premiers  rayons  de  la  dorsale  sont 
simples  et  grêles,  et  les  autres ,  branchus , 
sont  aussi  très  flexibles.  Les  espèces  de  ce 
genre  sont  toutes  exotiques,  et  de  l'ancien 
monde;  le  Nil  nourrit  les  plus  ancienne- 
ment connues;  quelques  unes  ont  été  dé- 
couvertes récemment  dans  les  rivières  de 
l'Inde.  On  en  connaît  actuellement  18,  dont 
la  principale  est  le  Labéon  du  nil,  L.  nilo- 
ticus  Cuv.,  décrit  par  Forskal  sous  le  nom 
de  Cyprinus  niloticus.  Sa  couleur  est  un 
brun  violacé,  tirant  au  verdâlre  par  la  teinte 
du  bord  de  chaque  écaille.  Les  nageoires 
sont  brunes  ou  verdàtres.  C'est  le  plus  com- 
mun de  tous  les  Poissons  du  Nil,  et  sa  chair 
est  assez  estimée  par  les  Arabes.        (J.) 

♦LABIA.  ins.  —  Genre  de  l'ordre  des 
Orthoptères,  tribu  des  Forficuliens,  établi 
par  Leach  (ZooJ.  Miscell.,  III) ,  et  réuni  par 
M.  Blanchard  (Hist.  des  Ins.  )  aux  Forficu- 
les  proprement  dites.   Voy.  forficuliens. 

*LABICHEA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Papilionacées-Cae- 
salpiniées,  établi  par  Gaudichaud  {ad 
Freycinet,  485,  t.  112).  Arbrisseaux  de  la 
Nouvelle-Hollande.  Voy.  papilionacées. 

*  LABIDOGNATHA  (  XaSt'ç ,  tenaille  ; 
yv*0oç ,  mâchoire),  ins.  —  Genre  de  Co- 
léoptères subpentamères  ,  famille  des  Tu- 
bifères,  tribu  des  Clythraires,  formé  par 
M.  Dejean  ,  dans  son  Catalogue  ,  avec  une 
espèce  de  Guinée,  le  Clythra  cœruleus  de 
Fabricius.  (C.) 

*LABJDOMERA  (>&; ,  tenaille  ;  p*:?, 


184 


LAB 


cuisse).  Ins.  —  Genre  de  Coléoptères  sub- 
pentamères,  famille  des  Cycliques ,  tribu 
des  Chrysomélines,  établi  par  nous  et 
adopté  par  M.  Dejean.  Nous  rapportons  à 
ce  genre  trois  espèces,  parmi  lesquelles  nous 
citerons  comme  type  la  L.  Germari  du 
Mexique.  Voy.  chrysomélines.  (C.) 

*LABIDOSTOMIS  (\«6iç,  tenaille;  •»- 
fxa  ,  bouche),  ins. —  Genre  de  Coléop- 
tères subpentamères,  famille  desTubifères 
(Cycliques),  tribu  des  Clythraires  (Chry- 
somélines de  Latreille) ,  créé  par  nous  et 
adopté  par  M.  Dejean,  qui,  dans  son  Cata- 
logue, mentionne  27  espèces  :  21  appar- 
tiennent à  l'Europe,  4  à  l'Afrique  et  2  à 
l'Asie.  Nous  citerons  parmi  les  espèces  qui 
en  font  partie:  les  Clythra  taxicornis,  tri- 
dentata,  longimana,  hordei  de  Fab.,  et  la 
Chrysom.  tridentala  de  Lin.,  qui  diffère  de 
celle  du  même  nom.  Presque  toutes  ces  es- 
pèces ont  le  corselet  transverse ,  très  élevé 
au-dessus  de  l'angle  postérieur.  Les  élytres 
sont  d'un  jaune  pâle ,  plus  étroites  que  le 
corselet ,  avec  le  reste  du  corps  bleu  ou  vert. 
Les  mâles  ont  la  tête  forte,  munie  de  lon- 
gues mâchoires  en  forme  de  tenailles  ;  et 
leurs  pattes  antérieures  sont  beaucoup  plus 
longues  que  chez  les  femelles.  (C.) 

LABIDURES,  Duf.  ms.  — Syn.  de  For- 
ficuliens. 

LABIDUS  (  AaSiç,  pince),  ins.  —  Genre 
de  l'ordre  des  Hyménoptères,  tribu  des  For- 
miciens,  famille  des  Dorylides,  établi  par 
Jurine  (Hym.,  p.  283).  M.  Blanchard  (Hist. 
des  Ins.,  t.  I,  p.  108)  lui  assigne  pour  carac- 
tères essentiels  :  Palpes  maxillaires  de  deux 
articles.  On  ne  connaît  que  quelques  espèces 
de  ce  genre  propres  à  l'Amérique  méridio- 
nale; nous  citerons  comme  type  le  Labidus 
Latreillei  Jur.,  fréquent  au  Brésil. 

LABIÉ.  Labiatus.  zool.,  bot. —  En  zoolo- 
gie, on  applique  cette  épithète  à  tous  les  ani- 
maux qui  ont  des  lèvres  remarquables  par 
leur  grandeur  et  leur  épaisseur,  ou  leur  co- 
loration différente  de  celle  des  autres  par- 
ties du  corps  (ex.  :  Ursus  labiatus,  Dicotyles 
labialus). 

En  botanique,  on  donne  le  nom  de  labié 
à  toute  corolle  monopétale  dont  le  limbe  est 
divisé  en  deux  lobes  principaux,  disposés  l'un 
au-dessus  de  l'autre  comme  deux  lèvres. 
Cet  aspect  de  la  corolle  a  servi  de  principal 
caractère  à  l'établissement  d'une  grande  fa- 


LAB 

mille ,   celle  des  Labiées.    Voy.    ce  mot. 
LABIÉES.  Labiatœ.  bot.  ph. — Famille 
de  plantes  dicotylédonées  monopétales  hy- 
pogynes ,  l'une  des  plus  naturelles  du  rè- 
gne végétal ,   et ,  comme  telle  ,  reconnue 
dans  presque  toutes  les  classifications.  Linné 
l'admettait  déjà  parmi  ses  ordres  naturels 
sous  le  nom  de  Verticillées  (Verticillatœ) , 
emprunté  à  son  inflorescence,  et,  avant  lui, 
elle  formait  la  quatrième  classe  de  Tourne- 
fort  sous  ce  nom  de  Labiées,  que  Jussieu  lui 
a  conservé,  et  qui  est  tiré  de  la  forme  de 
ses  corolles.  Il  a  prévalu,  quoiqu'il  soit  con- 
traire à  la  règle  généralement  suivie,  d'a- 
près laquelle  chaque  famille  est  désignée 
par  un  nom  qui  rappelle  celui  d'un  de  ses 
principaux  genres,  et  quoique  plusieurs  au- 
teurs aient  proposé  en  conséquence  d'en 
substituer  un  nouveau  conforme  à  cette  loi, 
comme ,  par  exemple ,  ceux  de  Lamiacées , 
Salviées,  etc.  Voici  ses  caractères  :  Calice 
libre,  persistant,  monophylle,  tantôt  régu- 
lier et  terminé  par  cinq  dents,  quelquefois 
par  dix ,  lorsque  les  nervures  latérales  de 
chaque  sépale  se  soudent  deux  à  deux  et 
se  prolongent  à  leur  sommet;  tantôt  irré- 
gulier, courbe,  bilabié  lui-même  :  la  dent 
supérieure,  toujours  placée  du  côté  de  l'axe, 
avorte  quelquefois  ou  se  réduit  à  une  écaille. 
Corolle  caduque,  hypogyne,  tubuleuse,  avec 
son  limbe  partagé  en  deux  lèvres,  la  supé- 
rieure a  deux  lobes  quelquefois  confondus 
en  un  seul  ;  l'inférieure  a  trois  lobes ,  le 
médian  placé  en  dehors  et  recouvert  par  les 
latéraux  ,  qui  le  sont  eux-mêmes  par  la  lè- 
vre supérieure.  Étamines  insérées  au  tube 
de  la  corolle ,  au  nombre  de  quatre  :  deux 
plus  courtes  alternant  avec  les  deux  lèvres 
et  avortant  quelquefois  ;  deux  plus  longues 
alternant  avec  les  lobes  de  la  lèvre  infé- 
rieure ;  la  cinquième  étamine,  qui  serait  si- 
tuée normalement  entre  les  lobes  de  la  su- 
périeure,  avorte  constamment.   Anthères 
portées  à  l'extrémité  ou  un  peu  au-dessous 
du  sommet  d'un  filet  filiforme,  à  deux  loges 
parallèles  ou  divergentes  sur  un  connectif, 
qui,  quelquefois,  prend  relativement  à  elle 
une  grande  dimension  ,  et  même  s'allonge 
en  une  sorte  de  filet  transversal,  s'ouvrant 
par  une  fente  latérale  ;  rarement  réduites  à 
une  seule  par  l'avortement  complet  et  par- 
tiel de  l'une  des  deux.  Pistil  porté  sur  un 
disque  glanduleux,  souvent  découpé  en  lobes 


LAB 


LAB 


185 


qui  alternent  avec  les  ovaires,  gynobasique, 
c'est-à-dire  composé  d'un  style  central,  bi- 
fide au  sommet,  inséré  sur  le  réceptacle 
même,  et  de  quatre  lobes  verticillés  autour 
de  lui,  contenant  chacun  une  loge,  et  dans 
cette  loge  un  ovule  dressé  :  il  n'y  a  aucun 
r  doute  qu'ils  représentent  deux  ovaires  bi- 
)  ovules,  tournés  l'un  vers  le  haut,  l'autre 
J  vers  le  bas  de  la  fleur.  Ils  deviennent  plus 
tard  autant  d'akènes  dont  il  n'est  pas  rare 
de  voir  plusieurs  avorter,  et  dont  chacun  , 
sous  un  péricarpe  mince,  ou  coriace,  ou  os- 
seux, quelquefois  même  charnu,  renferme 
une  graine  dressée,  à  périsperme  nul  ou 
extrêmement  mince,  à  radicule  courte  et 
infère,  à  cotylédons  épais,  droits,  ou  légè- 
rement recourbés  au  sommet. 

Les  Labiées  sont  des  herbes  ou  au  plus 
des  arbrisseaux  ,  à  rameaux  souvent  tétra- 
gones ,  opposés  ou  verticillés  ainsi  que  les 
feuilles ,  qui  sont  entières  ou  divisées ,  dé- 
pourvues de  stipules.  Les  fleurs  sont  soli- 
taires ,  ou  plus  ordinairement  groupées  en 
petits  bouquets  à  l'aisselle  des  supérieures , 
dont  l'avortement  partiel  donne  quelquefois 
à  l'inflorescence  l'apparence  d'un  gros  épi 
terminal;  mais  l'étude  de  ces  petits  bouquets 
fait  aisément  reconnaître  qu'elle  est  définie 
et  que  ce  sont  autant  de  cymes.  Les  espèces, 
dont  on  compte  aujourd'hui  à  peu  près  1 700, 
dispersées  sur  toute  la  terre,  ne  s'y  montrent 
aussi  nombreuses  nulle  part  que  dans  les 
parties  les  plus  chaudes  de  la  zone  tempérée 
boréale,  et  sur  les  montagnes  des  tropiques 
à  une  hauteur  qui  reproduise  une  tempéra- 
ture analogue.  Elles  deviennent  rares  sous  le 
climat  brûlant  de  la  ligne,  et  disparaissent 
presque  entièrement  en  s'approchant  des 
cercles  polaires  ou  de  la  limite  des  neiges. 

Les  parties  herbacées,  les  feuilles  surtout, 
sont  couvertes  d'un  grand  nombre  de  pe- 
tits réservoirs  d'huiles  essentielles,  aux- 
quelles les  Labiées  doivent  leur  odeur  aro- 
matique, variée  suivant  les  espèces  ,  et  si 
agréable  dans  quelques  unes  qu'il  suffit  de  les 
nommer  :  la  Sauge,  le  Thym  et  le  Serpolet, 
la  Mélisse,  la  Lavande,  la  Menthe,  le  Roma- 
rin ,  le  Patchouly  (  espèce  de  Coleus  ) ,  etc. 
Tantôt  on  extrait  l'huile  même  pour  l'em- 
ployer comme  parfum  ;  tantôt  on  en  prépare 
les  eaux  spiritueuses  dont  nous  faisons  le 
plus  fréquent  usage,  ou  l'on  en  aromatise 
divers  cosmétiques.  Certaines  feuilles,  celles 
t.  vu. 


de  la  Sarriette ,  de  la  Marjolaine  ,  du  Basi- 
lic, etc.  ,  sont  introduites  dans  nos  mets 
comme  condiments.  L'infusion  de  plusieurs 
déjà  nommées  (Sauge,  Mélisse),  et  d'autres 
encore  (  Moldavie,  Glechome ,  etc.),  légère- 
ment tonique,  est  prise  quelquefois  en  guise 
de  Thé.  A  l'effet  que  doit  déterminer  la  pré- 
sence d'huiles  essentielles  dont  on  connaît 
la  propriété  généralement  excitante,  il  faut 
ajouter  celui  que  produira  la  présence  si- 
multanée d'un  autre  principe  gommo-rési- 
neux,  légèrement  amer,  duquel  résulteront 
ces  vertus  toniques  :  aussi  plusieurs  de  ces 
boissons  sont-elles  conseillées  pour  cette 
cause  comme  stomachiques  ;  et  même,  si  le 
dernier  principe  abonde,  elles  pourrontdeve- 
nir  fébrifuges  (Germandrée,  Ivette,  Scor- 
dium).  Il  est  à  remarquer  que  le  Camphre, 
cette  substance  qu'on  retire  d'une  autre  fa- 
mille bien  différente ,  celle  des  Laurinées,  se 
trouve  associé  à  l'huile  volatile  des  Labiées, e 
avec  une  telle  abondance  dans  quelques  unes, 
qu'elles  pourraient  servir  avantageusement 
à  son  extraction.  On  cite  enfin  quelques  es- 
pèces dont  les  racines  présentent  des  ren- 
flements tuberculeux  dont  la  fécule  peut 
fournir  un  aliment,  et,  parmi  elles,  une  de 
notre  pays,  le  Stachys  palustris. 

Pour  l'énumération  et  la  classification 
des  genres ,  à  l'exemple  de  la  plupart  des 
auteurs  modernes ,  nous  suivrons  le  travail 
de  M.  Bentham ,  le  plus  complet  sur  cette 
famille,  qu'il  subdivise  en  11  tribus. 

GENRES. 

Tribu  I.  —  Ocimoidées. 

Étamines  déclinées. 

Ocimum ,  L.  Geniosporum  ,  Wall.  (  Pla- 
tostoma,  Beauv.)  — Mesona,  Blum. —  Acro-  / 
cephalus ,  Benth.  —  Moschosma  ,  Reichenb. 
(Lummitzcra,  Jacq.  F.  )  —  Orthosiphon  , 
Benth.  —  Plectranthus,  Lhen  {Germanea, 
Lam. —  Dentidia,  Lour.  — Isodon,  Schrad.). 
—  Coleus,  Lour.  (Solenostemon,  Schum.) — 
Anisochilus,  Wall.  —  jftolanthus,  Mart.  — 
Pychnostachys,  Hook.  —  Peltodon,  Pohl.— 
Marsypianthes ,  Mart.  —  Hyptis ,  Jacq.  — 
Eriope,  Humb.  Bonpl.  —  Lavanduîa,  L« 
(  Slœchas,  Tourn.  —  Fabricia,  Adans.  — ■ 
Chœtostachys,  Benlh.) 

Tribu  II.  —  Menthoïdées. 

Étamines  droites  ou  divergentes.  Tube 
24 


186  LAB 

de  la  corolle  dépassant  à  peine  le  calice ,  à 
4-5  divisions  à  peu  près  égales. 

Pogostemon ,  Desf.  —  Dysophylla,  Blum. 
(Chotekia,  Opiz,  Cord.)  —  Elsholtzia,  W. 
(Aphanochilus,  Benth.— Cyclostegia,  Benth.) 

—  Tetradenia ,  Benth.  —  Colebrookia ,  Sm. 

—  Perilla,  L.  —  Isanthus,  Mich.  —  Preslia, 
Opiz.  —  Mentha,  L.  —  Lycopus,  L.  — Me- 
riandra,  Benth. 

Tribu  III.  —  Monardées. 

Étamines  ascendantes  :  les  supérieures 
avortées  ou  synanthérées  ;  les  inférieures  à 
anthères  linéaires  soudées  ou  dimidiées. 
Corolle  bilabiée. 

Salvia,  L.  (Horminum,  Sclarea  ttJEthio- 
pis,  Tourn. — Schraderia  etJungia,  Mœnch. 

—  Stenarrhena,  Don. —  Leonia,  Llav.  Lex.) 

—  Audibertia,  Benth.  —  Rosmarinus,  L. — 
Monarda  ,  L.  (Cheilyctis  ,  Raf.  —  Coryan- 
thus,  Nutt.)  —  Blephilia,  Raf.  —  Zizyphora, 
L.—  Fladermannia,  Bung. — Horminum,  L. 

Tribu  IV.  —  Saturéinées. 

Étamines  droites,  divergentes  ou  à  peine 
ascendantes  :  les  inférieures  plus  longues. 
Anthères  non  dimidiées.  Tube  de  la  corolle 
dépourvu  d'anneau ,  dépassant  à  peine  le 
calice  et  les  bractées  imbriquées;  le  limbe 
à  peu  près  bilabié,  à  divisions  planes. 

Bystropogon ,  Lhér.  —  Pycnanthemum  , 
Mich.  {Brachy  sternum,  Mich. — Koellia, 
Mœnch.  —  Tullia,  Llav.  )  —  Monardella , 
Benth.  —  Amaracus,  Mœnch.  —  Origanum, 
L.  —  Major ana  ,  Mœnch.  —  Thymus  ,  L. 
(Serpillum,  Pers.)  —  Satureia,  L.  —  Hys- 
sopus,  L.  —  Collinsonia,  L.  — Cunila,  L. 

Tribu  V.  —  Mélissinées. 

Étamines  ascendantes  :  les  inférieures 
plus  longues.  Corolle  bilabiée  à  divisions 
planes  (la  lèvre  supérieure  très  rarement  en 
casque).  Calice  ordinairement  parcouru  par 
13  nervures,  bilabié. 

Hedeoma,  Pers. — Micromeria  ,  Benth. 
{Sabbatia,  Mœnch.  non  Pursh.  —  Piperella, 
Presl.) —  Melissa,  Benth.  (Clinopodium,L. 

—  Calamintha  et  Acinos,  Mœnch.  )  —  Gar- 
doquia,  R.  Pav.  (Rizoa,  Cav.)  —  Glechon, 
Spreng.  —  Keithia,  Benth.  —  Thimbra ,  L. 

—  Dicerandra,  Benth.  (Ceranlhera,  Eli. 
non.  Beauv.)  •—  Pogogyne,  Benth.  —  Lepe- 
chinia,  W. 


LAB 

Tribu  VI.  —  Scutellarinées, 

Étamines  ascendantes,  les  inférieures  plus 
longues.  Corolle  bilabiée;  la  lèvre  supé- 
rieure en  casque.  Lèvre  supérieure  du  ca- 
lice entière  ou  tronquée. 

Prunelîa ,  L.  (  Brunella ,  Mœnch.)—  Scu~ 
tellaria,  L.  {Cassilda,  Tourn.)  — Perilomia, 
Kunth. 

Tribu  VII.  —  Prostanthérées. 

Étamines  divergentes  ou  ascendantes,  les 
inférieures  plus  longues  ou  avortant.  An- 
thères souvent  dimidiées.  Corolle  à  tube 
court,  campanulée  supérieurement,  à  divi- 
sions planes  disposées  à  peu  près  en  deux 
lèvres.  Akènes  coriaces ,  réticulés  ,  avec  le 
style  persistant.  Plantes  toutes  australa- 
siennes. 

Chilodia,  R.  Br.  —  Cryphia,  R.  Br. — 
Prostanthera ,  Labill.  —  Hemiandra,  R.  Br. 

—  Colobranda,  Bartl. —  Hemigenia,  R.  Br. 

—  Lallemantia,  Fiscq,.  Mey.  — Anisandra, 
Bartl.  —  Westringia ,  Sm.  —  Microcorys , 
R.  Br. 

Tribu  VIII.  —  Népétées. 

Étamines  supérieures  saillantes  plus  lon- 
guement. 

Lophanthus,  Benth.  —  Nepeta ,  Benth. 
(Glechoma,  L.  —  Catarla,  Mœnch.) — Mar- 
moritis,  Benth.  —  Dracocephalum,  L.  (Mol- 
davica  et  Zornia ,  Mœnch.  —  Ruyschiana, 
Mill.)  —  Cedronella,  Mœnch. 

Tribu  IX.  —  Stachydées. 

Étamines  ascendantes,  les  inférieures  plus 
longues. Corollebilabiée. Calice  non  13-nervé. 
Akènes  secs,  presque  lisses. 

Melittis  ,  L. — Physostegia,  Benth.  — 
Macbridea  ,  Eli.  — Synandra  ,  Nutt.  — 
Wiedemannia,  Fisch.  —  Lamium,  L.  (  Or- 
vala,  L.  —  Galeobdolon,  Huds.  —  Pollichiaf 
Roth.  —  Erianthera,  Benth.)  —  Leonurus, 
L.  (Cardiaca,  Chaiturus  etPanzeria,  Mœnc.) 

—  Galeopsis,  L.  (Telrahit,  Mœnch.)  —  Sta- 
chys,  L.  (Belonica,  L.  —  Zielenia,  Gled. — 
Eriostomum,  Telrahitum  et  Triocago,  Hoffm. 
Link.)  —Sphacele,  Benth.  (Phytoxys,  Mol.) 

—  Cuminia,  Coll.  — Sideritis,  L.  (Hesiodia, 
Bugsdorffla  et  Marrubiastrum  ,  Mœnch.  — 
Empedoclea,  Raf.  non  St-Hil.  — Navicula- 
ria  y  Fabr.  )  —  Marrubium,  L.  (  Lagopsts , 
Bung.)  —  Ballotdy  L.  (Beringeria,  Neck.— 


LAB 


LAB 


187 


Pseudodictamnus ,  Mœnch.)  —  Lasiocorys , 
R.  Br.  —  Roylea,  Wall. —  Otostegia,  Benth. 

—  Leucast  R.  Br.  —  Leonotis,  R.  Br. — Phlo- 
mis,  L.  (Phlomidopsis,  Link.  —  Phlomoides, 
Mœnch.)  —  Notochœte,  Benth.  —  Eremosta- 
chys,  Bung.  —  Eriophyton ,  Benth.  —  Mo- 
luccella,  L.  (Molucca,  Tourn.  —  Chasmo- 
nia,  Presl.)  —  Lagochilus,  Bung.  —  Hyme- 
nocratcr,  Fisch.  Mey. —  Holmskioldia,  Retz. 
(Hastingia,  Sm. —  Platunium,  J.) —  Achy- 
rospermum ,  Bl.  —  Colquhounia,  Wall. 

Tribu  X.  —  Prasiées. 

Étamines  ascendantes,  les  inférieures  plus 
longues.  Corolle  bilabiée.  Akènes  charnus. 

Gomphostemma ,  Wall.  —  Phyllostegia , 
Benth.  —  Stenogyne,  Benth.  —  Prasium,  L. 

Tribu  XI.  —  Ajugoïdées. 

Étamines  ascendantes ,  longuement  sail- 
lantes hors  de  la  lèvre  supérieure,  qui  est 
très  courte ,  ou  bifide  et  déclinée ,  ou  bien 
akènes  à  rides  réticulées. 

Amethystea,  L.  —  Trichostemma ,  L.  — 
Teucrium,  L.  (Chamœdrys ,  Scorodonia, 
Scordium  et  Polium,  Mœnch.  —  Leucoscep- 
trum  ,  Sm.) — Ajuga,  L.  (Phleboanthe , 
Tausch.  —  Bugula  et  Chamœpitys,  Tourn.) 

—  ?  4msomeJes ,  R.  Br.  —  ?  Craniotome , 
Reich.  —  Cy maria y  Benth. 

Genre  d'une  tribu  incertaine  :  Hoslun- 
dia,  Vahl.  (Ad.  J.) 

*LABILLARDIERA ,  Rœm.  et  Schult. 
bot.  ph.  —  Syn.  de  Billardiera,  Smith. 

LABLAE.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Papilionacées-Euphaséolées ,  éta- 
bli par  Adanson  (Fam.  II,  325).  Herbes 
de  Tlnde.  Voy.  papilionacées. 

*LABORDIA  (  nom  propre  ).  bot.  ph. — 
Genre  de  la  famille  des  Loganiacées-Labor- 
diées  ,  établi  par  Gaudichaud  (ad  Freyci- 
net,  449,  t.  60).  Arbrisseaux  de  Sandwich. 

Voy.  LOGAMACÉES. 

*LABORDIÉES.  Labordieœ.  bot.  ph.— 
Tribu  de  la  famille  des  Loganiacées.  Voy. 
ce  mot.  (Ad.  J.) 

♦LABOURDOX1XEIA,  Boj.  bot.  ph  — 
Syn.  de  Mimusops .  Linn. 

*LABRADIA,  Swed.  bot.  ph.— Syn.  de 
Mucuna,  Adans. 

LABRADOR  et  LABRADORITE.  min. 

—  Espèce  de  Feldspath.  Voy.  ce  mot. 
LABRAX,Pall.  poiss.  — Syn.  de  Chirus, 

Stell. 


LABRE.  Labrum.  zool.  —  En  mamma- 
logie,  on  donne  ce  nom,  d'après  Illiger,  à 
la  lèvre  supérieure  de  la  bouche  des  Mam- 
mifères ;  les  entomologistes  l'appliquent, 
selon  Savigny,  à  l'une  des  pièces  de  la  bou-  ! 
che  des  Insectes,  et  c'est  aussi  le  nom  sous! 
lequel  les  conchyliologistes  désignent    \e\ 
bord  externe  des  coquilles  univalves.  Voy.'. 

MAMMIFÈRES  ,  INSECTES  et  MOLLUSQUES. 

LABRE.  Labrus  {labrum,  lèvre),  poiss. 
—  Genre  important  de  la  famille  des  Labroï- 
des,  établi  par  Artedi  (Gen.,  XXVII,  p.  33) 
et  adopté  par  MM.  Guvier  et  Valenciennes 
(Hist.  des  Poiss.,  XIII,  p.  16),  qui  le  carac- 
térisent ainsi:  Corps  à  forme  ovale,  élégante 
et  régulière.  Lèvres  épaisses  et  charnues  ; 
celles-ci  sont  comme  doubles  à  la  mâchoire 
supérieure,  parce  que  la  peau  des  sous-or- 
bitaires  et  des  os  du  nez  dépasse  les  bords 
de  ces  pièces  osseuses,  et  se  prolonge  en  un 
lambeau  cutané,  qui  recouvre  souvent  la 
lèvre,  et  va  au-delà  du  museau  quand  la 
bouche  est  fermée.  L'opercule,  le  préoper- 
cule, le  sous-opercule  sont  écailleux;  le 
limbe  du  préopercule  et  l'interopercule  sont 
généralement  nus  dans  les  espèces  de  nos 
côtes,  ainsi  que  les  sous-orbitaires  et  le  de- 
vant du  front.  II  n'y  a  aucune  dentelure 
aux  bords  des  pièces  operculaires  ;  les  dents 
sont  fortes,  coniques,  plus  allongées  auprès 
de  la  symphyse;  dans  quelques  espèces 
étrangères,  on  en  voit  saillir  une  plus  grande 
de  l'angle  de  la  mâchoire  supérieure,  et  dont 
la  pointe  est  dirigée  en  avant.  Les  rayons 
épineux  de  la  dorsale  sont  généralement  plus 
nombreux  que  les  autres  ;  les  épines  anales 
sont  courtes  et  grosses  ;  un  lambeau  charnu 
dépasse  le  plus  souvent  la  pointe  de  chaque 
rayon. 

Les  Labres  sont  des  Poissons  parés  des 
couleurs  les  plus  belles  et  nuancées  agréa- 
blement; le  jaune,  le  vert,  le  bleu,  le  rouge 
y  forment  soit  des  taches,  soit  des  bandes, 
que  rehaussent  encore  de  brillants  reflets 
métalliques.  Ils  abondent  dans  la  Méditer- 
ranée et  l'Océan,  et  se  tiennent  réunis,  sans 
former  cependant  de  troupes  nombreuses , 
sur  les  côtes  rocheuses,  où  ils  se  nourrissent 
de  petits  Coquillages,  d'Oursins,  de  Crusta- 
cés, dont  ils  brisent  l'enveloppe  par  l'action 
de  leurs  pharyngiens  fortement  dentés.  Au 
printemps,  pour  eux  l'époque  du  frai,  ils  se 
réfugient  parmi  lesFucusetles  autres  Algue* 


188 


LAB 


marines,  où  leurs  petits  trouvent  un  abri 
contre  la  violences  des  vagues. 

La  chair  de  ces  Poissons ,  blanche  et 
ferme,  est  généralement  recherchée  comme 
une  nourriture  saine  et  agréable. 

Le  genre  Labre  renferme  21  espèces , 
possédant  toutes  des  couleurs  très  variées , 
et  présentant  dans  quelques  unes  des  dispo- 
sitions particulières.  Nous  citerons  parmi  les 
plus  communes  et  les  plus  remarquables  : 
la  Vieille  commune  ou  Perroquet  de  mer,  L. 
lergylta.  La  couleur  de  ce  Poisson  est  fort 
agréablement  variée  ;  il  a  le  dos  d'un  beau 
bleu  à  reflets  verdâtres,  qui  lui  donnent 
une  teinte  d'aigue-marine  brillante,  s'affai- 
clissant  sur  les  côtés,  et  passant  au  blanc 
nacré  sous  le  ventre.  Tout  le  corps  est  cou- 
vert d'un  réseau  de  mailles,  de  couleur 
orangée  ou  aurore ,  brune  sur  le  dos ,  rou- 
geâtre  sur  la  tête,  vive  sur  le  ventre  et  sur 
les  nageoires ,  qui  sont  bleues.  Les  pecto- 
rales seules  ont  les  rayons  orangés.  Les  lè- 
vres supérieures  et  l'intérieur  de  la  bouche 
sont  d'un  beau  vert  ;  les  inférieures  et  la 
membrane  branchiostège  sont  blanches. 

On  connaît  deux  ou  trois  variétés  de  cette 
espèce,  désignées  sous  les  noms  de  Vieille 
rouge ,  Vieille  jaune  et  Vieille  verte ,  selon 
que  leur  corps  présente  plus  généralement 
h  teinte  rouge,  ou  jaune,  ou  verte. 

Le  nom  de  Perroquet  de  mer  a  été  donné, 
par  les  pêcheurs  des  côtes  de  Normandie  et 
de  Bretagne,  à  la  variété  qui  a  sur  le  fond 
vert  un  réseau  de  couleur  orange  ou  de  bri- 
que étendu  sur  tout  le  corps. 

La  taille  de  ces  Poissons  varie  de  35  à 
50  centimètres.  (J.) 

*LABRELLA  (diminutif  de  labrum ,  lè- 
vre), bot.  cr.  —  Genre  de  Champignons 
rangé  par  Corda  dans  la  famille  des  Phrag- 
motrichis  et  caractérisé  par  un  réceptacle 
friable ,  charbonneux,  petit,  qui  s'ouvre  par 
une  fente  longitudinale;  les  spores  sont  en 
forme  de  massue  ou  fusiformcs,  et  suppor- 
tées parles  filaments  d'un  clinode  renfermé 
dans  le  réceptacle.  Le  Lab.  punctum  Cord. 
peut  très  bien  s'accommoder  aux  caractères 
génériques,  mais  le  Lab.rosanarum appar- 
tient manifestement  aux  Thécosporés.  J'ai 
toujours  trouvé  stérile  le  Lab .  ptarmicœ  qui 
a  servi  de  type  pour  former  le  genre.  (Licv.) 

LABROIDES.  Labroides.  poiss.  —  Le 
genre  Labre  comprenait  autrefois,  outre  les 


LAB 

espèces  qui  lui  sont  propres,  une  assez 
grande  quantité   d'autres    Poissons,    qui 
avaient  avec  lui  des  rapports  nombreux  de 
mœurs  et  d'organisation.  Ces  Poissons,  étu- 
diés avec  un  nouveau  soin  ,  ont  présenté  à 
l'œil  des  observateurs  des  caractères  spé-  * 
ciaux  et  tout-à-fait  distincts  des  vrais  La-  ' 
bres,  et  forment  actuellement  avec  ces  der-  » 
niers  une  famille  d'Acanthoptérygiens,  éta-  ? 
blie  par  MM.  Cuvier  et  Valenciennes  (Hist.  ) 
des  Poiss.  ,t.  XIII)  sous  le  nom  de  Labroides.  i 

Les  Labroides  se  reconnaissent  aux  ca- 
ractères suivants  :  Corps  écailleux,  à  forme 
oblongue;  une  seule  dorsale,  soutenue  en 
avant  par  des  rayons  épineux,  garnie  le 
plus  souvent  d'un  lambeau  membraneux  ; 
mâchoires  recouvertes  par  des  lèvres  char- 
nues; palais  lisse  et  sans  dents;  pharyn- 
giens au  nombre  de  trois ,  deux  supérieurs 
et  un  inférieur  :  tous  trois  armés  de  dents  , 
tantôt  en  pavé,  tantôt  en  lames  ou  en  pointes; 
un  canal  intestinal  sans  cœcums,  et  une 
vessie  natatoire. 

Cette  famille  est  nombreuse  en  belles  es- 
pèces de  Poissons,  réparties  dans  les  genres  : 
Labre ,  Cossyphe ,  Crénilabre,  Cténolabre , 
Acantholabre ,  Sublet,  Cleptique,  Lachno- 
lème,  Tautogue,  Malacanthe,  Cheilion,  Ma- 
laptère, Girelle,  Anampse,  Gomphose,  Ra- 
son ,  Novacule ,  Cheiline ,  Épibule ,  Scare, 
Callyodon  et  Odax.  (J.) 

*LABYRINTHODON  (XaSvptvGoç ,  laby- 
rinthe; è^ovç, dent),  rept.  foss. — Genre  de 
Batraciens  fossiles  gigantesques  établi  par 
M.Owen  pour  des  ossements  que  l'on  rencon- 
tre dans  le  Tryas.  Examinées  au  microscope, 
les  dents  de  ce  genre  présentent  une  structure 
très  compliquée,  d'où  a  été  tiré  le  nom  qu'il 
porte.  En  effet ,  la  convergence  vers  la  ca- 
vité de  la  pulpe,  de  nombreux  plis  très  in- 
fléchis de  la  couche  externe  du  cément,  for- 
ment un  dédale  de  lignes  inextricables. 
Quelque  chose  d'approchant  se  rencontre 
dans  la  racine  des  dents  des  Ichtbyosaures, 
et  mieux  encore  dans  les  dents  de  plusieurs 
Poissons.  La  tête  de  ces  Batraciens  offre  les 
deux  principaux  caractères  des  Batracien» 
actuels,  c'est-à-dire  un  double  condyle  oc- 
cipital, et  deux  grands  vomers  qui  portent 
ordinairement  des  dents  ;  mais  le  reste  de 
ses  os  tend  à  prendre  un  caractère  crocodi- 
lien,  en  sorte  que  ces  premiers  Batraciens 
connus  sont  plus  élevés  que  les  Batraciens 


LAB 


LAC 


189 


actuels.  Ils  représentent  dans  cet  ordre  de 
Reptiles,  selon  M.  Owen,  les  Crocodiliens, 
comme  les  Pipas  représentent  les  Tortues  , 
les  Salamandres  les  Lacertiens,  et  les  Céci- 
lies  les  Poissons.  M.  Owen  en  compte  déjà 
5  espèces  :  Làbyr.  salamandroides ,  trouvé 
en  Allemagne  dans  le  Keuper;  nous  avons 
déjà  fait  connaître  cette  espèce  à  l'article 
Batraciens  fossiles  sous  le  nom  de  Sala- 
mandroides Jœgeri,  que  M.  Jaeger  avait  d'a- 
bord nommée  Sal.  giganteus y  puis  Mastodon- 
saurus  salamandroides.  —  Labyr.  leptogna- 
thusf  trouvé  dans  le  nouveau  grès  rouge  en 
Angleterre  près  de  Warwick,  dont  la  face  ex- 
terne des  os  de  la  tête  est  creusée  de  fos- 
settes comme  dans  les  Crocodiles,  et  dont  le 
crâne  ressemble  à  celui  des  Caïmans.  — 
Labyr.  pachygnalhus ,  de  la  même  localité 
que  le  précédent,  dont  les  os  de  la  face  sont 
principalement  formés  sur  le  type  crocodi- 
lien,  mais  avec  tendance  vers  le  type  batra- 
cien pour  l'intermaxillaire  et  le  maxillaire 
inférieur. — Labyr.  scutulatus,  trouvé  dans 
les  carrières  de  nouveau  grès  rouge  à  Lea- 
mington  ,  dont  le  corps  était  couvert  d'é- 
cailles.  M.  Owen  mentionne  seulement  la 
5»  espèce,  qu'il  nomme  Labyrinthodon  ven- 
tricosus. 

Les  écailles  dont  étaient  recouvertes  la 
4e  espèce ,  et  peut-être  toutes  les  espèces  , 
ne  paraissent  pas  à  M.  Owen  une  raison 
suffisante  pour  ne  point  admettre  ces  ani- 
maux parmi  nos  Batraciens  ,  quoique  tous 
ceux  de  cet  ordre  qui  vivent  actuellement 
aient  la  peau  nue ,  parce  que ,  dit-il  avec 
raison  ,  la  peau  est  le  siège  de  caractères 
variables  dans  tous  les  animaux ,  et  que , 
considérée  seule,  et  sans  avoir  égard  aux 
modifications  des  systèmes  osseux  et  den- 
taire, elle  peut  induire  en  erreur  les  natu- 
ralistes qui  cherchent  à  classer  une  espèce 
d'après  ses  affinités. 

M.  Owen  pense  que,  comme  nous  l'avons 
déjà  annoncé  à  l'article  Batraciens  fossiles, 
ce  sont  les  Labyrinthodons  qui  ont  laissé 
ces  empreintes  de  pieds  que  l'on  remarque 
dans  le  grès  bigarré  et  dans  le  Keuper. 

(L...D.) 

*  LABYRINTHIQUES.  Labyrinlhicœ. 
arach.  —  M.  Walckenaër,  dans  son  Hisl. 
nat.  des  Ins.  apt.,  emploie  ce  nom  pour  dé- 
signer, dans  le  genre  des  Tegenaria,  une  fa- 
mille dont  la  seule  espèce  qui  la  comnose  a 


les  yeux  latéraux  des  deux  lignes  rappro- 
chés entre  eux,  les  mâchoires  ovalaires  évi- 
dées  vers  leur  extrémité  externe,  les  filières 
tentacules  allongées.  VAgelena  labyrinthica 
est  le  seul  représentant  de  cette  famille. 
Cette  espèce  se  construit  un  cocon  globu- 
leux recouvert  de  détritus,  de  terre,  de  vé- 
gétaux, de  débris  d'insectes,  et  de  plusieurs 
toiles  extérieures.  (H.  L.) 

LACARA  ,  Spreng.  bot  ph.  —  Syn.  de 
Caulotretus,  Rich. 

LACCOPHILUS  0«xxoç,  lac;  s»U«, 
j'aime),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  penta- 
mères  ,  famille  des  Hydrocanthares,  tribu 
des  Dytiscides ,  établi  par  Leach  et  adopté 
par  MM.  Dejean,  Erichson,  Aube,  etc.,  etc. 
Le  nombre  des  espèces  qu'on  rapporte  à  ce 
genre  est  d'environ  26  à  30.  Elles  habitent 
les  eaux  douces  de  l'Amérique,  de  l'Europe, 
de  l'Asie  et  de  l'Afrique.  Nous  citerons  les 
5  suivantes,  comme  appartenant  à  notre  hé- 
misphère: L.  hyalinus  De  Géer,  minutus 
Linn.,  testaceus  Aube,  variegatus  Germ. 
et  bicolor  Lep. 

Ces  Insectes  sontpetits,  ovalaires,  allongés, 
aplatis  ;  leur  écusson  n'est  pas  visible  en 
dessus;  le  corps  est  comme  vernissé  et  orné 
de  taches  d'un  blanc  jaunâtre.  (C.) 

LACEPEDE A  (nom  propre),  bot.  ph. 
—  Genre  de  la  famille  des  Hippocratéa- 
cées?,  établi  par  H.  R.  Kunth  {in  Humb.  et 
Bonpl.  Nov.gen.  et  sp.  IV,  142,  t.  144). 
Arbres  du  Mexique. 

LACERTA.  hept.—- Nom  scientifique  du 
genre  Lézard.  Voy.  ce  mot. 

LACERTjE,  Spix.  rept.  —  Voy.  lacer- 
tiens.  (E.  D.) 

LACERTHXE  et  LACERTINA  ,  Bona- 
parte, rept.  —  Voy.  LACERTIENS.     (E.  D.) 

LACERTIENS.  rept. -Famille  de  Sau- 
riens créée  par  G.  Cuvier  (Règn.  anim.)  et 
adoptée  par  tous  les  zoologistes.  MM.  Dumé- 
ril  et  Bibron  (Erp.  gen.t  V,  1839)  donnent 
aux  Lacertiens  les  caractères  suivants  :  Corps 
arrondi,  excessivementallongé,  surtout  dans 
la  région  de  la  queue,  qui  atteint,  dans 
quelques  espèces ,  jusqu'à  quatre  fois  la 
longueur  du  reste  du  tronc,  lequel  n'est  ni 
comprimé  ni  déprimé.  Quatre  pattes  fortes, 
à  cinq  ou  quatre  doigts  très  distincts,  pres- 
que arrondis  ou  légèrement  comprimés,  al- 
longés, coniques,  inégaux,  tous  armés  d'on- 
gles crochus.  Tête  en  pyramide  quadrangu- 


190 


LAC 


Jaire,  aplatie,  rétrécie  en  avant,  couverte 
de  plaques  cornées,  polygones,  symétriques, 
à  tympan  distinct,  tendu  soit  à  fleur  de  tête, 
soit  en  dedans  du  trou  de  l'oreille  ;  yeux  le 
plus  souvent  à  trois  paupières  mobiles; 
bouche  très  fendue,  garnie  de  grandes  écail- 
les labiales  et  de  sous-maxillaires.  Dents 
inégales  pour  la  forme  et  la  longueur,  in- 
sérées sur  le  bord  interne  d'un  sillon  com- 
mun ,  creusé»dans  la  portion  saillante  des 
os  maxillaires  ;  celles  du  palais  variables. 
Langue  libre,  charnue,  plate,  mince,  plus 
ou  moins  extensible  ,  mais  dont  la  base  se 
loge  quelquefois  dans  un  fourreau  ;  à  pa- 
pilles comme  écailleuses,  arrondies  ou  angu- 
leuses; toujours  échancrée  à  la  pointe,  ou 
divisée  en  deux  parties.  Queue  conique, 
très  longue,  arrondie  le  plus  souvent  dans 
toute  sa  longueur,  à  écailles  distribuées 
par  anneaux  réguliers.  Peau  écailleuse , 
sans  crêtes  saillantes,  à  écailles  du  dos  va- 
riables; le  cou  sans  goitres  ou  sans  fanon, 
mais  le  plus  souvent  marqué  d'un  ou 
plusieurs  plis  transversaux,  garnis  de  tuber- 
cules, de  granulations  ou  d'écaillés  grandes, 
de  formes  variables,  simulant  alors  une 
sorte  de  collier;  le  dessou  sdu  ventre  pro- 
tégé par  des  plaques  constamment  plus 
grandes,  rectangulaires  ou  arrondies;  le 
plus  souvent  des  pores  dans  la  longueur 
des  cuisses  et  vers  leur  bord  interne. 

Beaucoup  de  naturalistes  se  sont  occupés 
du  groupe  des  Lacertiens,  et  l'on  sait  que 
le  genre  principal  de  cette  grande  famille, 
celui  des  Lézards  ,  était  connu  dans  l'anti- 
quité la  plus  reculée.  Parmi  les  zoolo- 
gistes qui  se  sont  occupés  de  ces  Reptiles , 
nous  ne  citerons  que  Linné ,  Laurenti , 
Lacépède,  Oppel,  MM.  Merrem ,  Gray,  Fit- 
zinger,  Cuvier,  Wagler,  Wiegmann,  et  sur- 
tout MM.  Duméril  etBibron,  qui  ont  admis 
dix-neuf  genres,  savoir  :  Crocodilurus ,  Tho- 
ricte  ,  Neustiguros  ,  Aporomerus ,  Salvator 
(Sauvegarde),  Ameiva,  Cnemidophorus,  Di- 
crodontus,  Acrantus,  Centropyx,  Tachydro- 
mus  ,  Tropidosaurus  ,  Lacerta  (Lézard), 
Psammodrormis,  Ophiops,  Calosaurus,  Acan- 
thodactylus,  Scapteirus  et  Eremia.  Ces  gen- 
res sont  distribués  dans  deux  subdivisions 
particulières  :  celles  des  Autosaures  (ou 
Lacertiens  )  pleodontes ,  et  celle  des  Auto- 
saures cœlodontes. 

Nous  devrions  dire  quelques  mots  ici  de 


LAC 

Tanatomie  des  Lacertiens,  et  parler  surtout 
de  leurs  mœurs  ;  mais  nous  croyons  plus 
convenable  de  traiter  ce  sujet  à  l'article  lé- 
zard {voy.  ce  mot)  de  ce  Dictionnaire. 

Relativement  à  la  distribution  géogra- 
phique des  Reptiles  qui  nous  occupent,  nous 
dirons  que  tous  les  Pleodontes  sont  propres 
au  Nouveau -Monde  ,  tandis  que  les  Cœlo- 
dontes appartiennent,  sans  exception  ,  aux 
anciens  continents;  car  aucun  vrai  Lacer- 
tien  n'a  jusqu'ici  été  rapporté  ni  de  la 
Nouvelle-Hollande  ni  de  la  Polynésie. 

(E.  D.) 

*LACERTIFORMES.  rept.  —  M.  Pic- 
tet  (  Traité  de  Paléont.  11,1845)  indique 
sous  ce  nom  une  famille  de  Sauriens  fossi- 
les. (E.  D.) 

LACERTINI,  Oppel.  rept.—  Voy.  la- 
certiens. (E.  D.) 

LACERTINIDjE  ,  Gray.  rept.  —  Voy. 
lacertiens.  (E.  D.) 

LACERTOIDES,   Fitzinger.    rept.   — 

Voy.  LACERTIENS.  (E.    D.) 

*LACHANODES.  bot.  ph.— Genre  de  la 
famille  des  Composées-Sénécionidées,  établi 
par  De  Candolle  {Prodr.,  VI,  442).  Arbre 
de  l'île  Sainte-Hélène.  Voy.  composées. 

LACHEl\ALIA(nom  propre),  bot.  ph.  — 
GenredelafamilledesLiliacécs-Hyacinthées, 
établi  par  Jacquin  {le.  rar.y  t.  381-404). 
Herbes  du  Cap.  Voy.  liliacées. 

*LACHESILLA  (nom  mythologique). ins. 

—  Genre  de  l'ordre  des  Orthoptères,  tribu 
des  Forficuliens ,  établi  par  Westwood 
(Mod.  fos.  ins)  et  réuni  par  M.  Blanchard 
(Hist.  des  Ins.)  aux  Forfîcules  proprement 
dites.  Voy.  forficuliens. 

LACHESIS(nom  mythologique),   rept. 

—  Daudin  (  Reptiles,  V)  l'a  appliqué  à  un 
petit  groupe  d'Ophidiens  formé  aux  dépens 
du  grand  genre  Vipère. Voy.  cemot.  (E.D.) 

*LACIIESIS  (nom  mythologique  ).  arach. 
— Ce  genre,  qui  appartient  à  l'ordre  des  Ara- 
néides  et  à  la  tribu  des  Araignées,  a  été  établi 
parSavigny,  etainsi  caractérisé  par  M.  Walc- 
kenaër:  Yeux  huit,  presque  égaux  entre  eux, 
les  deux  lignes  très  courbées  en  avant,  les  la- 
téraux antérieurs  beaucoup  plus  rapprochés 
des  mandibules  que  les  intermédiaires  de  la 
même  ligne;  lèvre  allongée,  ovalaire,  ar- 
rondie à  son  extrémité  ;  mâchoires  courtes, 
inclinées  sur  la  lèvre,  très  dilatées  à  leur 
base    très  évidées  à  leur  extrémité  externe, 


LAC 

et  se  terminant  en  pointe  cunéiforme  ;  man- 
dibules dont  l'onglet  est  articulé  en  dehors 
et  dont  la  pointe  est  saillante  et  contournée 
en  bas  ;  pattes  fortes  ,  propres  à  la  course, 
la  quatrième  paire  est  la  plus  allongée.  On 
ne  connaît  qu'une  seule  espèce  dans  ce  genre 
africain  ,  c'est  la  Lachésis  perverse,  Lache- 
sisperversa  Sw.  Elle  a  pour  patrie  les  envi- 
rons du  Caire.  (H.  L.) 

*LACHÎV7iEA  (>axvvjEcç,  couvert  de  du- 
Tet).  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  subpen- 
tamères,  famille  des ïubifères  (Cycliques), 
•  tribu  des  Clythraires  (Chrysomélines  de 
Latreille),  établi  par  nous  et  adopté  par 
M.  Dejean  dans  son  Catalogue,  où  12  es- 
pèces se  trouvent  mentionnées  :  9  provien- 
nent d'Europe  et  3  d'Afrique.  Nous  rap- 
portons à  ce  genre  les  Chrys.  variolosa 
Lin.,  Clyt.  longipes,  bipunctata,  hirta  F., 
paradoxa,  cerealis  01.,  etc.,  etc.  Presque 
toutes  ont  le  corps  cylindrique.  Les  élytres 
sont  de  la  largeur  à  peu  près  du  corselet, 
d'un  jaune  rougeâtre ,  avec  2  ou  3  points 
noirs  ou  bleus.  La  tête  et  surtout  les 
mandibules  sont  moins  développées  que 
chez  les  autres  Clythraires;  tarses  fort 
longs  et  élargis.  (C.) 

LACU\.EA  ().axvvΣtç,  laineux).B0T.  ph. — 
Genre  de  la  famille  des  Daphnoidées  ,  éta- 
bli par  Linné  (Gen.,  n°  490).  Arbrisseaux 
du  Cap.  Voy.  daphnoidées. 

LACHNAGROSTIS,  Trin.  bot.  ph.  — 
Syn.  de  Pentapogon,  R.  Br. 

*LACHNANTHES  (  XaXv»>,  laine  ;  «vGoç, 
fleur),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Hœmodoracées,  établi  par  Elliott  (Carol., 
I,  47).  Herbes  de  l'Amérique  boréale.  Voy. 

B.EHODORACÉES. 

LACHNEA.    bot.  CR.  —  Voy.  lachnum. 

*LACUNEUS  (*axvv5£tç,  poilu).— ins.  Genre 
de  Coléoptères  tétramères,  famille  des  Cur- 
culionidesgonatocères,  établi  parSchœnherr 
{Disp.  meth.,  p.  59)  avec  une  espèce  du  Cau- 
case, lel.  crinitus,  qu'il  a  fait  entrer  depuis 
dans  le  genre  Larinus.  (C.) 

*LACHNIA  ()«xvv»>  duvet),  ins.  —  Genre 
de  Coléoptères  subpentamères  ,  famille  des 
Longicornes,  tribu  des  Lamiaires,  créé  par 
Serville  (Annal,  de  la  soc.  entom.  de  Fr.,  t. 
IV,  p.  63)  pour  une  seule  espèce,  lai.  sub- 
cincta,  qu'il  suppose  être  originaire  de 
Cayenne.  (C.) 

♦LACHNOLÈME.  Lachnolaimus  Qkpm, 


LAC 


191 


laine;  >«fiôç,  gorge),  poiss.  —  Genre  de  Pois- 
sons acanthoptérygiens ,  de  la  famille  des 
Labroïdes,  établi  par  MM.  Cuvier  et  Valen- 
ciennes  {Hist.  des  Poiss.,  t.  XIII,  p.  274). 
«  Ces  Poissons  ressemblent  aux  Labres  pro- 
prement dits,  par  leurs  lèvres,  par  l'ensemble 
de  leurs  formes,  par  la  membrane  qui  des- 
cend de  leurs  sous-orbitaires,  par  les  écailles 
de  leurs  joues ,  et  les  lanières  de  leur  dor- 
sale; mais  on  les  distingue  aisément  aux 
prolongements  flexibles  de  leurs  premiers 
aiguillons  dorsaux  ;  à  leur  ligne  latérale  pa- 
rallèle au  dos  non  interrompue  ;  à  leurs 
dents  antérieures  fortes,  crochues,  portées 
en  avant  et  suivies  d'une  série  de  petites 
dents  égales.  Un  caractère  plus  profond  con- 
siste dans  leurs  pharyngiens,  qui,  au  lieu 
d'être  armés  sur  leur  totalité,  comme  dans 
les  Labres,  de  dents  en  forme  de  pavés,  n'en 
ont  que  sur  une  petite  étendue  et  sont  cou- 
verts sur  le  reste  de  leur  surface  d'une 
membrane  veloutée.  » 

On  connaît  cinq  espèces  de  ce  genre  ;  leurs 
teintes  générales  sont  rouges,  et  presque 
toutes  ont  une  tache  noire  sur  la  base  de  la 
dorsale  à  son  bord  postérieur. 

La  principale  espèce  est  le  Lachnolème 
aigrette,  L.  aigula  Cuv.  et  Val.,  nommé 
vulgairement  Aigrette  aux  Antilles,  où  il 
vit.  Il  passe  pour  un  excellent  Poisson,  dont 
la  chair  est  blanche  comme  du  lait  et  d'un 
goût  délicieux. 

LACHNOPHORUS (U'xvyj,  duvet;  90'poç, 
qui  porte),  ins.— Genre  de  Coléoptères  pen- 
tamères ,  famille  des  Carabiques ,  tribu  des 
Subulipalpes,  établi  par  Dejean  (Species  gé- 
néral des  Coléoptères,  t.  V,  p.  28).  10  espè- 
ces ,  toutes  d'Amérique ,  rentrent  dans  ce 
genre.  Les  types  sont  les  L.  pubescens,  ru- 
gosus  et  pilosus  (Esch.)  de  Dejean.  Les 
Lachnophorus  sont  petits,  ornés  de  cou- 
leurs assez  vives  et  couverts  de  longs  poils  ; 
leur  tête  est  forte,  et  le  corselet  se  rétrécit 
vers  la  base.  (C) 

*LACHNOPODIUM  0«xw>,  duvet;  «ovç, 
wooo'ç,  pied),  bot.  ph. — Genre  de  la  famille 
des  Mélastomacées-Osbeckiées ,  établi  par 
Blume  (in  FL,  1831,  p.  477).  Arbrisseaux 
de  l'Inde.  Voy.  mélastomacées. 

LACHNOPUS  (*«xvïîeiç,  cotonneux;  woûç, 
pied),  ins. — Genre  de  Coléoptères  tétramè- 
res, famille  des  Curculionides  gonatocères, 
division  des  Bracbydérides,  établi  par  Scbœn- 


192 


LAC 


LAC 


herr  (Synon.  gen.  etsp.  Curculion.,  t.  VI, 
part.  1,  p.  380),  et  que  l'auteur  avait  dési- 
gné précédemment  sous  le  nom  de  Plilopus, 
qu'il  a  dû  abandonner  comme  ayant  été 
employé  avant  lui  pour  un  genre  de  Diptè- 
res. Sur  les  27  espèces  décrites  et  qui  toutes 
sont  originaires  des  Antilles,  nous  citerons 
les  suivantes:  L.  aurifer,  valgus  F.,  chiro- 
graphus,  luxurians  et  proteus  01. 

Le  corps  de  ces  Insectes  est  un  ovale  al- 
longé ;  les  pattes,  et  surtout  les  postérieures, 
chez  le  mâle,  sont  couvertes  en  dedans  d'une 
villosité  très  épaisse;  le  corps  est  revêtu 
d'écaillés  de  couleurs  métalliques  souvent 
très  brillantes.  (G.) 

LACMYOSPERMUM  (  >âXw)  ,  duvet  ; 
ffttrp/Aa,  graine),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Composées-Sénécionidées,  établi 
par  Willdenow  (Sp.,  111,1787).  Arbris- 
seaux du  Cap.  Voy.  composées. 

*LACÏINOSTERNA  0'Xv/j,  duvet;  an'p- 
vov,  sternum),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères 
pentamères,  famille  des  Lamellicornes,  tribu 
des  Scarabéides  phyllophages,  proposé  par 
M.  Hope  (Coleopterist's  Manual,  1837,  p. 
100),  et  qui  a  pour  types  les  Melolontha 
quercicola  et  hirlicola  Knoch,  rentrant  dans 
les  genres  Ancylonycha  de  Dejean,  Holotri- 
chiadQ  Kirby  et  ,4f/iitad'Erichson. 

Ce  genre  est  composé  de  plus  de  60  espè- 
ces américaines.  Il  est  caractérisé  par  des 
crochets  de  tarses  doubles  ;  la  paire  interne 
est  isolée.  (C.) 

LACHNOSTOMA  (U'Xv^',  duvet;  <rr0>a, 
bouche),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Asclépiadées-Cynanchées,  établi  par  Kunth 
{in  Humb.  elBonpl.,  Nov.  et  gen.  et  «p.,  III, 
198,  t.  232).  Sous-arbrisseau  de  l'Améri- 
que tropicale.  Voy.  asclépiadées. 

LACHNUM,  F.;  LACHNEA,  Pers.  (îi^- 
xvvj,  duvet),  bot.  cr.  —  Division  des  Pézizes, 
qui  embrasse  les  espèces  dont  la  cupule  est 
recouverte  de  poils  plus  ou  moins  ténus. 
Voy,  pézize. 

Retz  (FI.  scand.  prov.,  p.  328)  a  désigné, 
sous  le  nom  de  Lachnum  agaricinum,  le  Pe- 
ziza  virginica.  (LÉv.) 

LACINIA.  moll.  —  Humphrey ,  dans  le 
Muséum calonnianum,  a  donné  ce  nom  à  un 
groupe  de  coquilles  bivalves  qui  correspond 
exactement  au  g.  Chama,  tel  que  Lamarck 
Ta  réduit.  Plus  tard,  l'auteur  de  ce  g.,  dans 
un  exemplaire  corrigé  de  sa  main ,  et  que 


nous  possédons,  a  changé  ce  nom  contre  ce- 
lui de  Gryphus  :  ni  l'un  ni  l'autre  n'ont  été 
adoptés.  Voy.  came.  (Desb.) 

LACINIE  et  LACINIIJRE.  Lacinia.  bot. 
—  On  nomme  ainsi  toute  découpure  irré- 
gulière, étroite  et  profonde  que  présentent 
certaines  parties  d'une  plante.  On  donne 
le  nom  de  lacinié  à  tous  les  organes  floraux 
quiofTrentces  découpures.  Ainsi  les  feuilles, 
les  pétales ,  les  stipules  sont  souvent  laci- 
niés. 

*LACINULAIRE.  Lacinularia  (lacinula, 
lanière),  systol. — Genre  établi  par  Schweig- 
ger  pour  un  Systolide  voisin  des  Tubicolaires 
et  des  Mélicertes.  Les  Lacinulaires  forment 
des  groupes  blanchâtres,  arrondis ,  larges  de 
3  à  4  millim.,  réunis  par  une  masse  gélati- 
neuse commune. Le  corps  est  en  massue  ou  en 
entonnoir  à  bord  très  large,  échancré  d'un 
côté;  il  se  termine  par  un  pédoncule  très  long, 
contractile,  engagé  dans  la  masse  gélati- 
neuse. La  longueur  totale  estdeOmm,75ou  3/4 
de  millimètre  ;  on  conçoit  donc  que  les  Laci- 
nulaires ,  déjà  visibles  isolément  à  l'œil  nu, 
ont  dû  être  vues  par  tous  les  anciens  obser- 
vateurs, quand  elles  forment  des  masses  glo- 
buleuses flottant  dans  les  eaux  en  tour- 
noyant ou  fixées  sur  les  herbes  aquatiques, 
et  comparées  alors  par  Muller  à  des  nids  de 
petites  Araignées.  Roesel  et  Ledermuller  en 
ont  donné  des  figures;  Linné  les  nomma 
Hydra  socialis  et  H.  stentorea;  Pallas  en  fit 
un  Brachionus  ;  c'étaient  des  Vorticelles 
pour  Mûller.  M.  Bory  de  Saint-Vincent 
les  plaça  dans  ses  genres  Synanthérine, 
Stentorine  et  Megalotroche.  M.  Ehren- 
berg  adopta  ce  dernier  nom  d'abord  ; 
mais  plus  tard  il  a  voulu  nommer  La- 
cinularia les  individus  engagés  dans  une 
masse  gélatineuse ,  et  conserver  le  nom 
de  Megalotrocha  pour  ceux  qui  sont  isolés 
ou  libres,  mais  cette  distinction  nous 
paraît  sans  importance  ;  car  les  individus 
d'une  même  espèce  continuent  à  vivre  iso- 
lés après  s'être  développés  dans  une  masse 
commune.  Les  Lacinulaires  montrent  bien 
leur  appareil  mandibulaire ,  situé  au  fond 
de  l'entonnoir  terminal ,  près  de  l'échan- 
crure  du  bord.  Elles  ont  dans  leur  jeune 
âge  deux  points  rouges  oculiformes  qu'on 
aperçoit  déjà  dans  l'œuf,  mais  qui  dispa- 
raissent plus  tard,  lorsque  précisément  l'a- 
nimal ,  nageant  ou  se  mouvant  isolément, 


LAC 


LAC 


193 


aurait  besoin  d'être  pourvu  d'yeux.  On 
trouve  fréquemment  les  Lacinulaires  dans 
les  rivières  dont  le  cours  est  peu  rapide,  entre 
les  Potamogetons  et  les  Cératophy lies.  (Duj.) 

LACIS  (Aaxi'5,  déchirure),  bot.  ph.— Genre 
de  la  famille  des  Podostemmées,  établi  par 
Lindley  (/nfrod.edif.,  11,  p.  442).  Herbesdu 
Brésil.  Voy.  podostemmées.  — Schreb.,  syn. 
de  Mourera,  Aubl. 

LACISTEMA  (W$,  déchirure;  axTîaa, 
couronne),  bot.  th. — Genre  de  la  famille  des 
Lacistémacées,  établi  par  Swartz  (Flor.  Ind. 
occid.,  II,  t.  21  ).  Arbres  ou  arbrisseaux  de 
l'Amérique  tropicale.  Voy.  lacistémacées. 

*LACISTÉMACÉES,  LACISTÉMÉES. 
Lacislemaceœ ,  Lacislemeœ.  bot.,  ph.  — 
Petite  famille  de  plantes  dicotylédonées 
apétales,  dont  les  affinités  ne  sont  pas  en- 
core bien  déterminées,  et  dont  les  fleurs , 
disposées  en  chatons ,  consistent  en  autant 
d'écaillés  portant  chacune  un  cercle  de  la- 
nières, qui  ressemblent  à  un  calice;  un  filet 
court,  situé  en  dedans  et  divisé  en  deux 
branches  qui  portent  chacune  une  anthère 
uniloculaire,  s'ouvrant  transversalement  et 
en  haut  ;  un  ovaire  surmonté  d'un  ou  deux 
styles  soudés  ou  distincts  et  courts  ,  d'au- 
tant de  stigmates,  et  partagé  par  des  cloi- 
sons complètes  ou  incomplètes  en  autant 
de  loges  dont  chacune  offre  plusieurs  ovules 
suspendus  à  un  placenta  pariétal.  Il  devient 
une  capsule  qui  se  sépare  en  autant  de  val- 
ves presque  charnues,  portant  chacune  vers 
le  milieu  son  placenta,  du  sommet  duquel 
pendent  une  ou  plusieurs  graines,  qui,  sous 
un  test  crustacé  environné  d'un  arille,  et 
dans  l'axe  d'un  périsperme  charnu,  présen- 
tent un  embryon  à  cotylédons  plats,  à  radi- 
cule cylindrique  et  supère.  Doit-on  considé- 
rer l'appareil  staminal  comme  une  étamine 
unique  et  biloculaire,  ou  bien  encore  comme 
une  fleur  mâle  située  près  de  la  femelle  dans 
un  involucre  commun?  Quoi  qu'il  en  soit, 
les  espèces  de  ce  petit  groupe  sont  des  arbres 
ou  arbrisseaux  habitants  de  l'Amérique  tro- 
picale, à  feuilles  alternes,  simples,  coriaces 
et  toujours  vertes,  accompagnées  de  sti- 
pules caduques.  Elles  appartiennent  toutes 
au  genre  Lacislema,  Sw.  (Nematospermum, 
Rich.),  duquel  on  doit  rapprocher  le  Syn- 
zygantheratR.  Pav.  (Didymandra,  W.), 
si  même  il  ne  convient  de  les  confondre  en 
un  seul.  (Au.  J.) 

t. vu. 


LACMA,  Tiedemann.  mam.— Foy.  cha- 
meau. 

*LACON  (  nom  mythologique),  ins.  — 
Genre  de  Coléoptères  pentamères,  famille 
des  Sternoxes ,  tribu  des  Élatérides  ,  créé 
par  Erichson  (Archiv.  fur  Nalurg.,  1842, 
p.  136,  26),  et  qui  ne  renferme  qu'une  es- 
pèce indigène  de  la  Nouvelle-Hollande,  le 
L.  humilis  de  l'auteur.  (C.) 

*LACPATÏCA  (  ^oarrocTî'w  ,  frapper  du 
pied),  ins. — Genre  de  Coléoptères  subpenta- 
nières,  famille  des  Cycliques,  tribu  des  Al- 
ticites,  créé  par  nous  et  adopté  par  M.  De- 
jean,  qui,  dans  son  Catalogue,  en  mentionne 
2  espèces:  L.  quadrala  (maculata?  F.)  et 
biviUala  Dej.  (G.) 

LACRYMAIRE.  Lacrymaria  (  lacryma, 
larme),  infus.  —  Genre  d'Infusoires  ciliés, 
rangés  dans  la  famille  des  Paraméciens  , 
quoique  leur  bouche  ne  soit  pas  suffisam- 
ment distincte.  Ils  sont  caractérisés  par 
leur  forme ,  qui  rappelle  celle  des  petites  fio- 
les funéraires  nommées  lacrymatoires  dans 
l'antiquité  :  aussi  M.  Bory  de  Saint- 
Vincent  leur  avait-il  donné  ce  nom.  Leur 
corps  est  rond  ou  pyriforme,  très  contrac- 
tile et  variable,  revêtu  d'un  tégument  ré- 
ticulé, et  prolongé  en  manière  de  cou  plus 
ou  moins  long,  quelquefois  renflé  à  l'ex- 
trémité, où  se  trouve  une  rangée  de  cils 
vibratiles  indiquant  l'emplacement  de  la 
bouche.  Leur  forme  si  singulière  les  a  fait 
remarquer  par  tous  les  micrographes.  O.-F. 
Mûller  en  a  fait  des  Trichodes  quand  il 
leur  a  vu  des  cils  vibratiles,  et  dans  le  cas 
contraire ,  il  les  a  rangés  parmi  ses  Vi- 
brions ;  Schrank  en  a  fait  des  Trachelius , 
M.  Bory  de  Saint- Vincent  en  a  placé  quel- 
ques uns  dans  son  genre  Amibe ,  et  des 
autres ,  il  a  fait  des  Lacrymatoires  et  des 
Phialines.  Enfin  M.  Ehrenberg,  admettant 
que  la  plupart  de  ces  Infusoires  ont  le  corps 
non  cilié,  les  a  classés,  d'après  la  position 
d'une  bouche  et  d'un  anus  hypothétiques, 
dans  le  genre  Lacrymaria  de  sa  famille  des 
Enchéliens ,  ou  dans  le  genre  Phialina  de 
sa  famille  des  Trachéliens,  ou  enfin  dans  le 
genre  Ophryocerca ,  type  de  sa  famille  des 
Ophryocerques.  Les  Lacrymaires  se  trou- 
vent dans  les  eaux  douces  ou  marines,  en- 
tre les  plantes  aquatiques,  mais  non  dans 
les  infusions  artificielles.  La  Lacrymaire- 
Cygne,  dont  le  corps  est  long  de  1 1  /100e5  de 

25 


194 


LAC 


millimètre,  avecun  cou  de  30  à40/100es  de 
millimètre,  vit  dans  l'eau  des  marais, 
parmi  les  Lemna  ou  Lentilles  d'eau  :  c'est 
le  Proteus  de  Baker,  le  Brachionus  proteus 
de  Pallas,  le  Vibrio  proteus  et  le  Vibrioolor 
de  Mûller,  le  Trachelius  arihing a  de  Schrank, 
les  Amïba  olor,  Phialina  cygnus  et  Lacry- 
maria  olor  de  M.  Bory.  (  Duj.) 

♦LACRYMAL    (  appareil  )    (  lacryma , 
larme),  anat.  —  On  donne  ce  nom  à  l'en- 
semble des  organes  qui  ont  pour  fonctions 
de  sécréter  les  larmes,  de  les  répandre  sur 
l'œil  et  de  les  transporter  dans  les  cavités 
nasales.  Ces  organes  sont ,  chez  l'Homme  : 
les  glandes  lacrymales,  situées  à  la  partie 
supérieure,  antérieure  et  externe  de  l'or- 
bite ;   les  points  lacrymaux,  supérieur  et 
inférieur,  placés  à  chaque  paupière  vers 
l'angle  externe  de  l'œil  ;  ce  sont  les  ori- 
fices, toujours  béants,  des  deux  conduits 
lacrymaux  qui  vont ,  après  s'être  réunis  , 
s'aboucher  dans  le  sac  lacrymal;  enfin  le 
canal  lacrymal  on  nasal,  prolongement  du 
sac  lacrymal,  et  qui  vient  s'ouvrir  dans  le 
méat  inférieur  des  fosses   nasales.   Dans 
l'angle  interne  de  l'œil  se  trouve  logée  la 
caroncule  lacrymale,  amas   de   follicules 
muqueux ,  dont  les  usages  ne  sont  point 
encore  parfaitement  définis. 

Chez  les  Mammifères,  la  disposition  de 
l'appareil  lacrymal  diffère  peu  de  ce  que 
l'on  observe  chez  l'Homme;  il  faut  toute- 
fois en  excepter  les  animaux  à  très  petits 
yeux ,  comme  les  Taupes ,  chez  lesquelles 
les  organes  lacrymaux  semblent  ne  point 
exister,  et  les  Cétacés  qui  en  sont  complè- 
tement dépourvus ,  le  milieu  dans  lequel 
ils  vivent  rendant  l'appareil  lacrymal  par- 
faitement inutile. 

Chez  les  Oiseaux,  l'appareil  lacrymal 
commence  à  s'éloigner  du  type  humain , 
pour  s'en  éloigner  encore  davantage  chez 
les  Reptiles,  et  disparaître  enfin  chez  les 
Poissons ,  ainsi  que  chez  tous  les  animaux 
inférieurs.  (A-  D) 

LACRYMATOHUB.  infus.— Foy.  lacry- 

MAIRE. 

♦LACTAIRE.  Lactarius  (lactarius,  quia 
dulait).  poiss.—  Genre  de  Poissons  acanthop- 
térygiens,de  la  famille  des  Scombéroïdes,éta- 
bli  par  MM.  Cuvier  et  Yalenciennes  {Hist. 
des  Poiss.,  t.  IX,  p.  237). Les  Lactaires  ont 
des  dents  en  velours  ras  aux  deux  mâchoires 


LÀC 

et  aux  palatins,  comme  les  Sérioles,  dont  ils 
ont  été  retranchés.  De  plus,  la  mâchoire  su- 
périeure porte,  à  l'extrémité  antérieure,deux 
ou  quatre  crochets  longs,  arqués  et  pointus. 
L'inférieure  n'a  qu'une  seule  rangée  de  pe- 
tites dents  fines,  aiguës,  un  peu  crochues  et 
serrées  l'une  contre  l'autre.On  y  trouve  sou- 
vent un  ou  deux  crochets.    Il  y  a  un  petit 
groupe  de  dents  fines  et  petites  sur  le  chevron 
du  vomer,  et  une  bande  fort  étroite  sur  le 
bord  interne  de  chaque  palatin.  Ils  man- 
quent d'épines  libres  au-devant  de  l'anale. 
On  ne  connaît  encore  qu'une  seule  espèce 
de  ce  genre,  le  Lactaire  délicat,  L.  delica- 
tulus  Cuv.  et  Val.,  appelé  par  les  colons  de 
Pondichéry  Pêche-Lait,  à  cause  de  l'excessive 
délicatesse  de  sa  chair.  Ce  Poisson  est  ar- 
genté avec  une  teinte  verdâtre  sur  le  dos; 
sa  caudale  a  un  liseré  noirâtre,  et  une  pe- 
tite tache  noire  se  remarque  à  l'échancrure 
de  l'opercule.  Sa  taille  est  d'environ  24  à 
25  centimètres.  On  le  pêche  pendant  toute 
l'année  dans  la  rade  de  Pondichéry.      (J.) 
LACTARIUS,    LACTÏFLUUS  {laclus, 
lait),  bot.  cr.— Division  du  genre  Agaricus 
(voy.  ce  mot)  dont  le  professeur  Fries  a 
cru  devoir  former  un  genre.  (Lév.) 

LACTESCENT.  Lactescens.  bot.  —  On 
donne  ce  nom  aux  plantes  qui  renferment 
un  suc  laiteux  (ex.  :  Lactuca  virosa) . 

LACTIQUE  (acide)  (tac,  lait),  chim.  — 
Syn.  :  Acide  nancéique  (Braconnot),  Acide 
zumique  (Thomson).  Découvert  par  Scheele 
dans   le   petit-lait,  puis   regardé  comme 
de  l'Acide  acétique  modifié  par  une  matière 
organique ,  l'Acide  lactique  ne  fut  complè- 
tement déterminé  que  par  Berzélius,  qui  en 
démontra  le  premier  la  véritable  nature. 
L'Acide  lactique  est  un  Acide  bien  dis- 
tinct,  à  propriétés  bien  tranchées,   qui, 
d'après  les  travaux  récents  de  MM.  Boutron 
et  Frémy,  se  forme  toutes  les  fois  que  des 
matières  organiques  azotées ,  soit  végétales, 
soit  animales,  se  trouvent  modifiées  par  le 
contact  de  l'air,  de  manière  à  éprouver  une 
sorte  de  fermentation  qui ,  en  raison  du  li- 
quide dans  lequel  on  l'observe  le  plus  ordi- 
nairement ,  a  reçu  le  nom  de  fermentation 
lactique.  L'Oxygène  n'intervient  donc  que 
comme  moyen  de  transformation  de  la  ma- 
tière azotée  en  ferment,  et  le  caséum{voy) 
lait)  est  le  corps  le  plus  propre  à  subir  ce 
changement.  La  substance  qui  doit  fournir 


LAC 


LAC 


195 


l'Acide  lactique  peut  être  une  des  matières 
végétales  neutres  ayant  la  même  composi- 
tion que  l'Acide,  et  en  particulier  le  sucre 
de  canne,  le  sucre  de  raisin,  la  dextrine, 
le  sucre  de  lait  (voy.  lait).  Or,  comme  ces 
corps  ont  la  même  composition  que  l'Acide 
lactiquelui-même,ou  n'en  diffèrentque  parce 
qu'ils  contiennent  un  peu  plus  ou  un  peu 
moins  d'eau,  il  est  évident  que  la  fermen- 
tation lactique  ne  consiste  qu'en  un  simple 
changement  moléculaire,  accompagné,  sui- 
vant le  cas,  d'une  perte  ou  d'une  fixation 
d'eau. 

L'Acide  lactique  se  retire  le  plus  souvent 
du  lait  aigre,  où  il  se  forme  aux  dépens  du 
«ucre  de  lait.  Bien  préparé  et  concentré 
dans  le  vide  jusqu'à  ce  qu'il  n'y  perde  plus 
d'eau  ,  il  est  incolore ,  de  consistance  siru- 
peuse, sans  odeur,  d'une  saveur  acide, 
mordante,  qui  diminue  promptement  par 
l'addition  de  l'eau  dans  laquelle  il  se 
dissout  en  toutes  proportions.  Sa  densité  à 
+  20%  5  =  1,215. 

Chauffé  avec  précaution,  l'Acide  lactique 
se  sublime  partiellement  en  une  masse  blan- 
che, concrète,  d'Acide  anhydre;  la  portion 
qui  échappe  à  la  sublimation  se  décompose. 
à  la  manière  des  matières  végétales. 

L'Acide  lactique  forme  avec  les  bases,  des 
sels  neutres,  tous  solubles  et  la  plupart 
in  cristallisa  blés. 

Suivant  MM.  Gay-Lussac  et  Pelouze, 
l'Acide  concret  anhydre  aurait  pour  formule 
C12H8  O4.  Dans  les  Lactates,  il  retiendrait 
2  atomes  d'eau;  sa  formule  serait  alors 
G12  H8  O4  -j-  H2  0  ;  et  il  serait  isomérique 
avec  le  sucre  de  canne.  Enfin  ,  à  l'état  siru- 
peux, il  renfermerait  4  atomes  d'eau 
et  aurait  pour  formule  G12  H8  O4  -f  H4  O2. 

Combiné  avec  le  Fer  à  l'état  d'oxyde, 
l'Acide  lactique  a  reçu ,  dans  ces  derniers 
temps,  quelques  applications  thérapeuti- 
ques- (A.  D.) 

LACTUCA.  bot.  ph.  —  Voy.  laitue. 

*LACLT1VA  (lacuna,  fosse),  moll.— Genre 
proposé  par  M.  Turton  ,  en  1828  ,  dans  le 
tom.  III du  Zoological  Journal,  pour  un  petit 
nombre  de  Coquilles  qui,  avant  cette  épo- 
que, étaient  disséminées  dans  plusieurs 
genres  auxquels  elles  ne  sauraient  apparte- 
nir. Les  unes,  en  effet,  sont  rangées  par 
Montagu,  soit  dans  son  genre  Turbo,  soit 
parmi  les  Hélices.  D'autres  étaient  rangées 


parmi  les  Nérites,  et  quelques  unes,  enfin, 
plus  allongées,  étaient  confondues  parmi  les 
Rissoa.  Cependant  toutes  ces  Coquilles, 
malgré  la  diversité  de  leurs  formes  , 
se  réunissent  par  quelques  caractères  com- 
muns, dont  M.  Turton  a  senti  la  valeur: 
aussi,  depuis  la  création  du  genre,  il  a  été 
adopté  par  le  plus  grand  nombre  des  con- 
chyliologistes.  Ce  genre  est  caractérisé  de 
la  manière  suivante:  Animal  ayant  le  corps 
allongé,  tourné  en  spirale,  rampant  sur  un 
pied  ovalaire,  élargi  en  arrière;  tête  allon- 
gée, proboscidiforme ,  terminée  par  une 
bouche  longitudinale,  gaixie  de  lèvres  épais- 
ses, et  contenant  à  l'intérieur  une  langue 
cornée,  filiforme,  tournée  en  spirale  et  hé- 
rissée de  petits  crochets;  deux  tentacules 
contractiles,  coniques,  portant  en  dehors  et 
à  leur  base  un  pédicule  court,  tronqué,  ter- 
miné par  l'organe  de  la  vision. 

Coquille  mince,  spirale,  conoïde  ou  sub- 
globuleuse, couverte  d'un  épiderme  lisse, 
ayant  l'ouverture  entière  ovale,  obronde  et 
à  bords  disjoints  supérieurement;  columelle 
aplatie,  ombiliquée  et  présentant  un  sillon 
longitudinal,  tombant  à  la  partie  supérieure 
de  l'ombilic;  opercule  corné,  paucispiré. 

Le  petit  genre  Lacuna  est  intéressant 
et  mérite  un  moment  de  fixer  l'attention. 
D'après  les  caractères  que  nous  venons  d'ex- 
poser, il  est  évident  que,  par  son  animal,  il 
se  rapproche  beaucoup  de  celui  des  Littori- 
nes.  En  effet,  dans  les  LUtorines,  la  tête  est 
proboscidiforme  ;  elle  porte  deux  grands  ten- 
tacules coniques,  à  la  base  desquels  les  yeux 
sont  presque  sessiîes,  tandis  que,  dans  ies 
Lacuna,  ces  organes  sont  portés  sur  des 
pédicules  courts.  Quant  à  l'opercule,  il  pa- 
raît avoir  la  plus  grande  ressemblance  dans 
ies  deux  genres,  tant  par  sa  nature  que  par 
ses  caractères  extérieurs.  Les  Coquilles  sont 
généralement  petites;  plusieurs  sont  minces 
et  assez  fragiles  ;  elles  n'ont  point  une  forme 
constante,  car  on  connaît  des  espèces  à  spire 
élancée,  subturriculée,  et  d'autres  à  spire  très 
courte  et  subglobuleuse.  Ces  deux  extrémités 
de  la  série  se  rattachent  entre  elles  par  des 
modifications  dans  lesquelles  on  voit  la  spire 
s'élever  graduellement,  et  les  Coquilles  pas- 
ser ainsi  de  la  forme  globuleuse  à  la  forme 
subturriculée.  Les  espèces  allongées  se  rat- 
tachent incontestablement  aux  LUtorines, 
tandis  que  les  espèces  globuleuses  pourraient 


196 


l#:m 


IjEM 


être  confondues  dans  le  genre  Natice,  et  il  y 
en  a  quelques  unes  qui  se  rapprochent  sin- 
gulièrement des  Néritines.  Toutes  ces  Co- 
quilles sont  caractérisées  par  une  ouverture 
ovale,  semi-lunaire,  entière,  dont  le  bord 
droit,  mince  et  tranchant,  tombe  obliquement 
sur  l'axe  longitudinal.  La  columelle  est  assez 
large  et  assez  épaisse ,  légèrement  arquée 
dans  sa  longueur,  présentant,  comme  dans 
les  Natices ,  une  surface  presque  plane  ou 
creusée  en  sillon,  que  l'on  voit  pénétrer 
dans  un  ombilic  étroit  et  profond,  dépourvu 
de  callosités.  Toutes  ces  Coquilles  sont  épi- 
dermécs,  et  cet  épiderme  est  lisse,  corné  et 
assez  épais  vers  le  bord  droit. 

On  ne  connaît  encore  qu'un  petit  nombre 
d'espèces  de  ce  genre. Presque  toutes  sont  des 
mers  d'Europe  et  de  l'Océan  du  Nord.  Nous 
en  connaissons  quelques  unes  fossiles,  pro- 
venant des  terrains  tertiaires.       (Desh.) 

LACUNES,  bot.  —  Voy.  tissu  cellu- 
laire. 

LACUSTRES.  Lacustres,  zool.,  bot. — > 
On  donne  ce  nom  aux  animaux  et  aux  plan- 
tes qui  vivent  dans  les  lacs  ou  sur  leurs 
bords. 

LADANUM.  chim.  —  Voy.  labdanum. 

*LADAS.  moll. — M.  Cantraine,  dans  la 
lrc  livraison  de  sa  Malacologie  méditerra- 
néenne et  littorale,  a  proposé  ce  g.  pour  un 
petit  Mollusque  ptéropode,  connu  déjà  de- 
puis longtemps  sous  le  nom  d' Atlanta  Kerau- 
àrenii.  Il  est  à  présumer  que  M.  Cantraine 
renoncera  à  ce  g.  en  présence  des  beaux  tra- 
vaux de  M.  Souleyet  sur  le  g.  Atlante,  tra- 
vaux par  lesquels  il  est  bien  constaté  que 
l'animal  du  g.  Ladas  ne  diffère  pas  généri- 
quementde  celui  des  autres  Atlantes.  Voy. 
ce  mot.  (Desh.) 

*LJELIA,  Steph.  ins.— Syn.  iïOrgya, 
Boisd. 

LjELIA.  bot.  ph.  —  Voy.  lélia. 

*LJSMA]\CTUS  (Xoufwç,  gorge;  Zyx<a , 
j'étrangle),  rept.  —Division  des  Stellions, 
d'après  M.Wiegmann  (Herp.  Mexic,  1834). 

(E.  D.) 

■  *LJÎH1ARGUE.  Lœmargus  (Wu«Py0; , 
glouton),  crust. — Genre  de  l'ordre  des  Si- 
phonostomes,deIa  familledesPeltocéphales, 
tribu  des  Pandariens,  établi  par  M.  Kroyer. 
Chez  cette  petite  coupe  générique ,  la 
carapace  est  bombée  sans  régions  distinctes 
et  confondue  pour  ainsi  dire  avec  le  premier 


anneau  thoracique.  Le  second  et  le  troisième 
anneau  sont  au  contraire  distincts;  ils  sont 
courts  et  étroits  ;  le  pénultième  anneau 
est  plus  grand  et  porte  en  dessus  un  large 
bouclier  dorsal  élytroïde,  qui  couvre  une 
grande  partie  de  l'anneau  suivant;  ce  der- 
nier est  très  développé.  Chez  le  mâle,  il  est 
complètement  bilobé;  chez  la  femelle,  il 
se  continue  en  arrière  avec  deux  grandes 
lames  élytroïdes,  qui  cachent  toute  la  por- 
tion interne.  L'abdomen  est  court  et  étroit, 
chez  le  mâle;  très  grand,  ovalaire  et  bilobé, 
chez  la  femelle.  Les  pattes  sont  toutes  bi- 
ramées.  Enfin,  les  tubes  ovifères  sont  mul- 
tiples ,  reployés  en  forme  d'anse  ,  et  cachés 
entre  l'abdomen  et  le  dernier  bouclier  tho- 
racique. La  seule  espèce  connue  est  le  L^mar- 
gue  muriqué  ,  Lœmargus  muricatus  Kroyer. 
Cette  espèce  semble  se  plaire  sur  les  môles. 

(H.  L.) 
L.4EMIPODES.  Lœmipoda.  crust.— Voy. 

LJEMODirODES.  (H.    L.) 

L.EMODIPODES.  Lœmodipoda.  crust. 
—  Cet  ordre,  qui  est  le  quatrième  de  la 
classe  des  Crustacés,  a  été  établi  par  Latreillc 
pour  recevoir  un  petit  nombre  de  Crustacés 
confondus  jusqu'alors  avec  les  Isopodes,  mais 
qui  se  rapprochent  réellement  davantage  des 
Amphipodes  et  qui  se  distinguent  des  uns 
et  des  autres  par  l'état  rudimentaire  de 
toute  la  portion  abdominale,  laquelle  est 
représentée  seulement  par  un  tubercule  a 
peine  visible.  Le  corps  des  animaux  qui 
composent  cet  ordre,  est  cylindrique  ou  dé- 
primé; il  se  compose  d'une  tête  très  petite, 
suivie  de  six  anneaux  thoraciques  distincts 
et  d'un  tubercule  abdominal  plus  ou  moins 
obscurément  divisé  en  deux  ou  trois  segments. 
Les  antennes  sont  au  nombre  de  quatre  et 
ne  présentent  rien  de  particulier.  La  bouche 
est  garnie  d'un  labre  à  peu  près  circulaire, 
d'une  paire  de  mâchoires  fortement  dentées 
et  dépourvues  de  tiges  palpiformes ,  de  deux 
paires  de  mâchoires  lamelleuses  et  d'une 
paire  de  pattes  -mâchoires  pourvues  de  gran- 
des branches  palpiformes,  mais  dont  la  con- 
formation varie  du  reste.  Les  anneaux  tho- 
raciques ne  recouvrent  qu'à  peine  l'insertion 
des  pattes  et  ne  présentent  pas  de  pièces  épi- 
mériennes  distinctes.  Le  nombre  des  pattes 
varie  :  tantôt  on  en  compte  sept  paires,  tan- 
tôt cinq  paires  seulement,  et,  dans  ce  der- 
nier cas,  ce  sont  en  général  celles  des  troi- 


LtEM 


LAF 


197 


ième  et  quatrième  paires  qui  manquent, 
ou  ne  sont  représentées  que  par  un  tubercule 
donnant  insertion  à  des  appendices  lamel- 
leux  ou  vésiculeux.  Les  pattes  de  la  première 
paire,  fixées  en  général  à  la  tête,  et  celles  de 
la  seconde  paire,  fixées  au  premier  segment 
du  thorax,  se  terminent  par  une  main  sub- 
chéliforme;  les  suivantes  sont  aussi  armées 
d'une  griffe  flexible,  et  sont  plus  ou  moins 
préhensiles.  Des  vésicules  branchiales ,  ana- 
logues à  celles  des  Amphipodes,  naissent  du 
second  et  du  troisième  anneau  thoracique, 
quelquefois  aussi  du  premier;  mais  on  n'en 
voit  aucun  vestige  aux  trois  derniers  segments. 
Chez  la  femelle,  il  existe  aussi,  au  second  et 
au  troisième  anneau  ,  des  fouets  lamelleux  , 
qui,  en  se  réunissant,  constituent  une  poche 
ovifère.  Enfin,  l'abdomen,  caché  entre  la 
hase  des  pattes  postérieures,  est  à  peine  visi- 
ble, mais  porte  néanmoins  à  sa  face  infé- 
rieure des  appendices  rudimentaires. 

Cet  ordre,  peu  nombreux  en  espèces,  est 
divise  par  Latreille  en  deux  familles  natu- 
relles indiquées  sous  les  noms  de Lœmodipodes 
filiformes  ou  Caprelliens ,  et  Lœmodipodes 
ovalaires  ou  Cyaniens.  Voy.  ces  mots.  (H.  L.) 

LŒMODIPODES  FILIFORMES.iœmo- 
dipoda  filiforma.  crust. — Voy.  caprelliens. 

LŒMODIPODES  OVALAIRES.  Lœmo- 
dipodaovalia.  crust.  —  Voy. cyaniens.  (H.  L.) 

*L.4EMOFIILOElJS  (  >«taoç ,  qui  mange 
avec  voracité;  9À010; ,  écorce).  ras. — Genre 
de  Coléoptères  tétramères,  famille  des  Xy- 
lophages ,  tribu  des  Cucujites  ,  formé,  par 
Dejean,  qui,  dans  son  Catalogue,  en  énu- 
mère  15  espèces  :  10  appartiennent  à 
l'Europe,  4  à  l'Amérique,  et  1  à  l'Afri- 
que. On  doit  y  comprendre  les  Cucujus 
monilis,  muticus,  teslaceus  de  Fab.,  et  bi- 
maculatus  de  Gyll.  (C.) 

*LAEMOSACCUS  (Wto?,  gorge;  <y«x- 
xoç ,  sac).  Ins.  —  Genre  de  Coléoptères  té- 
tramères ,  famille  des  Curculionides  gona- 
tocères  ,  division  des  Apostasimérides  cho- 
lides,  établi  par  Schœnherr  {Dispos,  meth.j 
p.  50;  Synonym.  gen.  et  sp.  Curculion.  , 
tom.  III,  t.  625;  VIII,  68),  qui  y  rapporte 
10  espèces  :  8  sont  originaires  d'Amérique, 
1  appartient  à  l'Australie,  et  1  à  la  Nou- 
Telle-Guinée.  (C.) 

♦L.EMOSTEKUS,  Bonelli.  ras.— Syn.  de 
Ctcmpus,  Lat.,  et  Pristonychus,  Dcj.  Voy. 
ces  mots.  <£.) 


*LjENA  (Wva,  enveloppe). ins. — Genre  de 
Coléoptères  hétéromères,  famille  des  Méla- 
somes,  tribu  des  Hélopiens  pour  Latreille, 
des  Piméliaires  pour  Dejean ,  proposé  par 
Mégerle,  et  adopté  par  Dahl  et  Dejean,  dans 
leurs  Catalogues  respectifs.  Ce  genre  n'est 
composé  que  de  2  espèces  :  VHelops  pime- 
lia  de  Fab. ,  et  de  la  L.  pubella  (pulchella 
Fischer)  Ziegler.  La  première  habite  l'Au- 
triche,   la  seconde  la  Russie  méridionale. 

(C.) 

LAENNECIA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Composées -Asté- 
roïdées,  établi  par  Cassini  (in  Dict.  se.  nat.f 
XXV,  91).  Herbes  de  l'Amérique  tropicale. 
Voy.  composées. 

*LAERTES  (nom  mythologique),  ins.— 
Genre  de  Coléoptères  subpentamères  ,  fa- 
mille des  Cycliques,  tribu  des  Colaspides 
(  Chrysomélines  de  Lat.  ),  proposé  par  De- 
jean, dans  son  Catalogue,  pour  une  espèce 
de  Cayenne ,  nommée  par  l'auteur  C.  tes- 
taceus.  (C.) 

L-ETlA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Bixacées-Prockiées,  établi  parLœffling 
(/£.,  252).  Arbustes  de  l'Amérique  tropi- 
cale. Voy.  BIXACÉES. 

*L/EVICARDIUM  {lœvis,  lisse;  cardium, 
bucarde).  moll.  —  Ce  g.,  proposé  par 
M.  Swainson  pour  celles  des  espèces  de  Bu- 
cardes  dénuées  de  côtes  à  l'extérieur,  et  dont 
la  surface  reste  lisse,  n'est  point  admissible. 

Voy.    BUCARDE.  (DESH.) 

L./EVIPÈDES.  ins.  —  Voy.  lkyipèdes. 

LAFOEE.  Lafœa  (nom  propre),  polyp. — 
Genre  proposé  par  Lamouroux  pour  un  Po- 
lypier flexible  de  l'ordre  des  Cellariés , 
trouvé  sur  le  banc  de  Terre-Neuve.  Il  est 
formé  de  petites  tiges  minces  comme  un 
crin  ,  fistuleuses  ,  cylindriques  ,  rameuses , 
portant  des  cellules  éparses ,  allongées  en 
forme  de  cornet  à  bouquin.  C'est  le  Lafœ>* 
cornuta  ,  que  M.  de  Blainville  a  placé  dans 
son  genre  Unicellaire.  Voy.  ce  mot.    (Duj.) 

LAFOEIVSIA  (  nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  delà  famille  des  Lythrariées-Lagers- 
trœmiées  ,  établi  par  Vandelli  {ex  Rœrner 
script.  112,  t.  7,  f.  13).  Arbres  ou  arbris- 
seaux de  l'Amérique  tropicale.  Voy.  lythra- 

RIÉES. 

*LAFLENTEA  (nom  propre),  bot.  rn.— 
Genre  établi  par  Lagasca,  et  placé  avec 
doute  par  Endlicher  {Gen.  pi.  ,    p.   695, 


19; 


LAG 


LAG 


ii.  4022) à  la  fin  des  Scrophularinées.  Sous- 
arbrisseaux  de  l'Espagne. 

LAGANE.  Lagana  (X*yocvoc,  des  beignets, 
des  gâteaux),  échin.  —  Ce  genre,  établi  par 
M.  Gray  aux  dépens  des  Clypéastres,  avait 
été  indiqué  par  Leske  sous  le  nom  à'Echi- 
nodiscus.  M.  de  Blainville  le  caractérise 
ainsi  :  «  Corps  déprimé,  circulaire  ou  ovale, 
un  peu  convexe  en  dessus ,  concave  en  des- 
sous ,  à  disque  et  bords  bien  entiers  ,  com- 
posé de  plaques  peu  distinctes ,  et  couvert 
d'épines  semblables  et  éparses.  Cinq  ambu- 
lacres  réguliers,  pétaloïdes,  ayant  les  pores  de 
chaque  côté  réunis  par  un-  sillon.  Bouche 
médiane  enfoncée  avec  sillons  convergents, 
et  pourvue  de  dents.  Anus  inférieur,  situé 
entre  la  bouche  et  le  bord.  Cinq  pores  gé- 
nitaux. »  Ce  genre,  totalement  différent 
de  celui  que  M.  de  Blainville  nomme  Echi- 
nodiscus  (voy.  ce  mot)  ou  Placentule,  com- 
prend 4  espèces ,  dont  la  plus  connue  est 
le  Clypéastre  beignet  (Clypeaster  laganum) 
deLamarck,  qui  est  une  Scutelle  pour  M. Des- 
moulins. Cette  espèce  est  orbiculaire,  ainsi 
qu'une  deuxième,  la  Sculella  orbicularis  de 
Lamarck  ;  une  troisième  est  ovale  ,  et  la 
dernière,  L.  decagona,  est  polygonale. 

(Dm.) 

LAGAR.  moll. — Nom  donné  par  Adan- 
son  (Voyage  au  Sénégal)  à  une  espèce  de 
Nérite,  la  Nerita  promonterii  Gmel.  Voy. 

NÉR1TK.  (DfiSH.) 

*LAGARIWTHUS(XayaPôç,  grêle). bot.ph. 
— Genre  de  la  famille  des  Asclépiadées-Cy- 
nanchées  ,  établi  par  E.  Meyer  (  Comment. 
plant.  Afr.  austr.  ,  202  ).  Herbes  ou  sous- 
arbrisseaux  du  Cap.  Voy.  asclépiàdées. 

*LAGARUS  (/«yapoç ,  grêle,  mince),  ms. 
—  Genre  de  Coléoptères  pentamères,  fa- 
mille des  Carabiques,  tribu  des  Féroniens, 
formé  par  M.  de  Chaudoir  (  Tableau  d'une 
nouvelle  subdivision  du  genre  Feronia,  p.  10, 
17),  et  qui  a  pour  type  les  Argulor  ver- 
nalis  Fab.  et  cursor  Dej.  La  première 
est  répandue  par  toute  l'Europe,  et  la 
deuxième  n'a  été  trouvée  que  dans  la  France 
méridionale.  (C.) 

LAGASCA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Composées-Verno- 
niacées,  établi  par  Kunth  {in  Humb.  et 
Bonpl.  Nov.  yen.  et  sp.  ,  IV,  24).  Herbes 
ou  sous-arbrisseaux  de  l'Amérique  tropi- 
cale. On  en  connaît  sept  espècis,  réparties 


en  deux  sections,  nommées  par  Cavaniîles 
Lagasca  et  Nocca. 

LAGENA  (lagena,  bouteille),  moll.  — 
Mauvais  g.  proposé  par  Klein,  dans  son  Ten- 
tamen  ostracologiœ,  pour  un  certain  nombre 
de  Buccins ,  dont  il  compare  la  forme  à 
celle  d'une  bouteille.  (Desii.) 

*LAGENARIA  {lagena ,  bouteille),  bot. 
ph.  —  Genre  de  la  famille  de  Cucurbitacées- 
Cucurbitées ,  établi  par  Seringe  (  in  Mem. 
Soc.  hist.  nat.  Genev.,  III,  29,  t.  2).  Her- 
bes annuelles  indigènes  des  régions  chaudes 
de  l'Asie  et  de  l'Afrique.  Voy.  cucurbitacées. 

*LAGE]\ELLE. Lagenella  {lagena,  bou- 
teille), infus.  —  Genre  proposé  en  1832  par 
M.  Ehrenberg  pour  un  Infusoire  de  la  fa- 
mille des  Cryptomonadines ,  et  que  nous 
laissons  dans  le  genre  Cryplomonas ,  dont 
il  ne  diffère  que  par  un  prolongement  en 
forme  de  goulot  à  l'extrémité  antérieure  de 
son  enveloppe  membraneuse,  ovoïde.  Les 
Lagenelles  sont  vertes ,  longues  de  2  à  3 
centièmes  de-  millimètre ,  munies  d'un 
point  rouge  oculiforme  et  d'un  filament  fla- 
gelliforme  locomoteur.  Elles  se  trouvent 
dans  les  eaux  stagnantes  entre  les  herbes 
aquatiques,  et  non  dans  les  Infusions. 

(Duj.) 

*LAGEWÏAS  (Xaynvtov,  petite  bouteille). 
bot.  pu.  —  Genre  de  la  famille  des  Gentia- 
nacées-Gentianées  ,  établi  par  E.  Meyer 
{Comment,  plant.  Afr.  austr.,  186  ).  Herbes 
du  Cap;  Voy.  gentianacées. 

LAGEMFERA,  Cass.  bot.  ph.  —  Syn. 
de  Lagenophora,  Cass. 

*EAGEMUM,  Brid.  bot.  cr— Syn.  de 
Pohlia,  Hedw. 

*LAGENOCARPUS  ptaywos,  bouteille  ; 
xapitoç ,  fruit  ).  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Éricacées  -  Éricées  ,  établi  par 
Klotsch  (in  Linnœa,  XII,  214).  Arbrisseaux 
du  Cap.  Voy.  éricacées. 

*LAGEKODERUS  (Xèywos ,  bouteille  ; 
Stipâf  cou),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères 
tétramères ,  famille  des  Curculionides  or- 
thocères,  division  des  Attélabides,  créé  par 
M.  AdamWhite  {Newman  the  entomologiste 
tom.  I,  pag.  183,  pi.  1,  f.  9),  avec  une  es- 
pèce de  Madagascar,  L.  gnomoides.     (C.) 

LAGEKOPHORA  (ldrwcq,  bouteille; 
yopoç ,  qui  porte  ).  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Composées -Astéroïdées  ,  établi 
par  Cassini  (in  Bullet.  Soc.  philom.,  1818* 


LVG 


LAG 


19<> 


p.  34).  Herbes  vivaces  de  la  Nouvelle-Hol- 
lande et  de  l'Amérique  antarctique.  Voy. 

COMPOSÉES. 

LAGERSTRQEMIE .  La#crstrœrma  (nom 
propre),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Lythrariées-Lagerstrcemiées, établi  par  Linné 
(Gcn.,  n"  667),  et  présentant  pour  caractè- 
res :  Calice  persistant,  bibractéolé,  à  tube 
turbiné -campanule;  limbe  à  6  divisions 
égales.  Corolle  à  6  pétales  insérés  au  som- 
met du  tube  du  calice,  alternes  avec  les  di- 
visions de  ce  dernier,  oblongs,  brièvement 
onguiculés,  égaux.  Étamines  18  à  30,  in- 
sérées sur  le  fond  du  calice,  presque  égales, 
ou  les  6  extérieures  plus  longues  ;  filaments 
filiformes  ;  anthères  introrses ,  biloculaires, 
oblongues  ,  longitudinalement  déhiscentes. 
Ovaire  libre  ,  sessile ,  3-6-loculaire.  Style 
exsert,  simple;  stigmate  capité.  Le  fruit  est 
une  capsule  enveloppée  par  le  calice,  à  3 
ou  6  loges ,  dont  chacune  a  3  ou  6  valves. 
Semences  nombreuses  ,  oblongues,  compri- 
mées, horizontales,  ailées. 

Les  Lagerstrœmies  sont  des  arbres  ou  des 
arbrisseaux  de  l'Asie  tropicale ,  à  rameaux 
tétragones,  à  feuilles  opposées  ou  alternes 
au  sommet,  très  entières  ;  à  fleurs  pourpres 
ou  blanches  ,  bibractéolées ,  les  bractéoles 
tombant  de  bonne  heure  :  elles  sont  dispo- 
sées en  panicule  ou  en  grappe  terminale. 

Ce  genre  renferme  7  espèces,  réparties 
par  De  Candolle  {Prodr.,  III,  93)  en  3  sec- 
tions, nommées  : 

Sibia :  Calice  non  sillonné  ni  plissé; 
6  étamines  plus  longues  et  plus  épaisses 
que  les  autres.  La  Lagerstrqemie  de  l'Inde, 
L.  Indica  Linn. ,  type  de  cette  section ,  est 
un  arbrisseau  haut  de  2  mètres  environ,  à 
feuilles  ovales-aiguës  ,  glabres;  ses  fleurs, 
d'un  rouge  éclatant,  à  pétales  longuement 
onguiculés,  forment  une  superbe  panicule. 
2J  Munchausia:  Calice  non  sillonné  ni 
plissé;  étamines  presque  égales  entre  elles. 
La  Lagerstrqemie  munchause  ,  L.  speciosa 
Pers.,  est  le  type  de  cette  section;  elle  pré- 
sente des  feuilles  ovales,  glabres  des  deux 
côtés;  ses  fleurs,  d'un  pourpre  bleuâtre,  à 
pétales  horizontaux  longuement  onguiculés, 
sont  disposées  en  une  panicule  terminale. 

3°  Adarnbea  :  Calice  longitudinalement 
Sillonné  et  plissé.  Cette  dernière  section 
renferme  3  espèces,  dont  la  principale  est 
la  Lagerstrokmie  de   la  reine  ,  L.    reginœ 


Roxb. ,  à  feuilles  oblongues ,  glabres  ;  ses 
fleurs ,  à  pétales  arrondis  ,  brièvement  on- 
guiculés,  sont  d'un  rose  pâle,  et  disposées 
en  panicule  terminale. 

Ces  différentes  espèces  développent  leurs 
belles  fleurs  depuis  le  milieu  d'août  jus- 
qu'en septembre  et  même  octobre.  Elles 
sont  fort  recherchées  par  les  horticulteurs 
comme  plantes  d'ornement.  (J.) 

*LAGERSTRŒMIÉES.  Lagerstrœmieœ. 
bot.  ph.— Tribu  de  la  famille  des  Lythra- 
riées,  ainsi  nommée  du  genre  Lagerstrœmia, 
l'un  de  ceux  qu'elle  comprend.  (Ad.  J.) 
EAGET.  Lagetta.  bot,  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Daphnoïdées,  établi  par  Jussieu 
(  Gen. ,  77  ),  et  présentant  pour  caractères 
essentiels  :  Fleurs  hermaphrodites  ou  dioï- 
ques.  Calice  coloré,  tubuleux,  à  limbe  4-fide. 
Étamines  8,  incluses,  attachées  au  tube  du 
calice.  Ovaire  uniloculaire.  Style  terminal  ; 
stigmate  capité,  subbilobé.  Le  fruit  est  un 
drupe  à  une  ou  trois  coques,  indéhiscent, 
et  recouvert  par  le  calice. 

Les  Lagetta ,  originaires  de  l'Amérique 
tropicale,  sont  des  arbres  ou  des  arbris- 
seaux très  rameux  ,  à  feuilles  opposées  ou 
alternes,  très  entières;  à  fleurs  terminales 
disposées  en  épis  ou  en  grappes. 

Parmi  les  diverses  espèces  de  ce  genre , 
nous  citerons  le  Laget- dentelle  ,  nommé 
vulgairement  Bois  -  dentelle  aux  Antilles. 
C'est  un  arbrisseau  haut  de  4  à  6  mètres  ; 
son  bois  est  compacte ,  jaunâtre  ,  avec  une 
moelle  d'un  brun  pâle.  Les  couches  corti- 
cales, assez  nombreuses  ,  se  détachent  aisé- 
ment les  unes  des  autres,  et  forment  un 
réseau  clair,  blanc  et  fort,  qui  l'a  fait  com- 
parer à  de  la  dentelle.  Cette  sorte  de  tissu 
sert  aux  habitants  des  Antilles  à  confection- 
ner des  manchettes,  des  fichus,  etc.,  et  même 
des  nattes  et  des  cordes.  (J.) 

*LAGIDIUHI(Àayt<îtoy, petit  Lièvre),  mam. 
—  M.  Meyen  (Act.  nat.  Cur.f  XVI,  1833) 
a  créé  sous  le  nom  de  Lagidium  un  genre 
de  Rongeurs,  assez  voisin  du  groupe  des 
Chinchilla,  et  dont  il  sera  parlé  à  l'article 
viscacue.  La  seule  espèce  qui  entre  dans  ce 
groupe  a  reçu  le  nom  de  L.  peruanum 
Moyen   (loco  cit.  et  pi.  XLI).        (E.  D.) 

*LAGOCHEmUS  (Àaywç  ,  lièvre;  xe'lPt 
main),  ms.  —  Genre  de  Coléoptères  subpen- 
tamères,  famille  des  Longicornes,  tribu  des 
Lamiaires ,  proposé  par  Dcjean,  dans  sou 


2C0 


LAG 


LAG 


Catalogue ,  pour  le  Cerambyx  araneiformis 
de  Linné,  espèce  qui  se  rencontre  dans  pres- 
que toute  l'Amérique  méridionale.     (C.) 

*LAGOCHILE  (W»5,  lièvre;  xeÎAeç,  lè- 
vre). Ins. — Genre  de  Coléoptères  pentamè- 
res,  famille  des  Lamellicornes  xylophiles,créé 
par  Wiedmann  (Zoologisches magasin,! 81 7, 
tom.  I,  pag.  14).  L'auteur  lui  donne  pour 
type  la  Celonia  trigona  de  Fab.,  espèce  ori- 
ginaire de  Cayenne.  (C.) 

*LAGOCMLUS  (>«y«î,  lièvre;  xtttoç,  lè- 
vre), bot.  ph. — Genre  de  la  famille  des  La- 
biées-Stachydées, établi  par  Bunge  (ex  Benth. 
Labiat.   641  ).   Herbes  de  l'Asie  centrale. 

Voy.  LABIÉES. 

LAGQECIA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Ombellifères-Smyr- 
nées  ,  établi  par  Linné  (Gen.  n.  285). Her- 
bes des  régions  méditerranéennes.  Voy.  om- 

BELLIFÈRES. 

LAGOMYS  (^aywç,  lièvre;  h-Sç,  rat),  mam. 
—  Groupe  de  Rongeurs,  séparé  du  genre 
Lièvre  par  Pallas,  qui  leur  avait  donné  le 
nom  de  Lepores  ecaudati,  et  dont  G.  Cuvier 
(Tabl.  élém.  du  R.  anim.,  1797)  a  fait  un 
genre  distinct. 

Les  Lagomysontlesoreilles  petites,  le  trou 
sous-orbitaire  simple,  les  clavicules  presque 
complètes, etlaqueuenulle.Lesillonde  leurs 
grandes  incisives  supérieures  est  beaucoup 
plus  prononcé  que  chez  les  Lièvres,  de  sorte 
que  chacune  d'elles  paraît  double  ;  les  mo- 
laires ne  sont  qu'au  nombre  de  cinq  de 
chaque  côté  et  à  chaque  mâchoire,  la  dent 
postérieure  des  Lièvres  venant  à  manquer; 
la  dernière  molaire  inférieure  n'a  sa  cou- 
ronne formée  que  d'une  seule  surface  el- 
liptique,  sans  aucun  sillon. 

Tous  les  Lagomys  se  trouvent  en  Sibérie  ; 
nous  citerons  principalement  : 

Le  Pika  ,  Lepus  alpinus  Pallas ,  Lago- 
mys alpinus  Desm.,  qui  est  d'un  roux 
jaunâtre,  avec  quelques  longs  poils  noirs, 
et  dont  la  taille  ne  dépasse  pas  15  cen- 
timètres. Cette  espèce  vit  en  Sibérie,  dans 
les  montagnes  escarpées,  et  habite  les  ro- 
ches les  plus  inaccessibles,  au  milieu  des 
bois.  Les  Pikas  se  creusent  des  terriers; 
ils  se  rassemblent  des  provisions  en  été,  et 
les  cachent  dans  les  fentes  des  rochers  ; 
pour  faire  ce  travail,  ils  se  réunissent ,  dit- 
on  ,  en  petites  troupes. 

L'Ogoton,  Lepus  ogolona  Pal.,  Lagomys 


ogotona  Desm.,  qui  est  d'un  gris  pâle,  avec 
les  pieds  jaunâtres  et  le  dessous  du  corps 
blanc.  Plus  grand  que  le  précédent ,  il  ne 
se  trouve  pas  dans  les  mêmes  régions; 
on  le  rencontre  particulièrement  au-delà  du 
lac  Baïkal ,  dans  la  Mangolie  et  dans  les 
montagnes  pierreuses  de  la  Sélanga.  Cette 
espèce  ne  sort  guère  que  le  soir  ;  elle  se 
nourrit  d'écorce  d'Aubépine  et  de  Bouleau, 
et  surtout  d'une  espèce  de  plante  du  genre 
Véronique  ;  elle  fait  des  provisions  comme 
le  Pika. 

Enfin  une  dernière  espèce  est  le  Sulgan, 
Lepus  pusillusî*  ail.,  Lagomy s  pusillus  Desm., 
qui  est  plus  petit  que  les  précédents,  dont 
le  pelage  est  mêlé  de  gris  et  de  brun,  avec 
les  pattes  jaunes  ;  il  a  les  mêmes  mœurs,  et 
se  rencontre  sur  la  lisière  des  bois  de  la  Si- 
bérie. 

G.  Cuvier  a  signalé  (Oss.  foss.,  t.  IV)  des 
débris  de  Lagomys  fossiles ,  qui  ont  été 
trouvés  dans  les  brèches  osseuses  de  Corse 
et  de  Sardaigne.  (E.  D.) 

LAGONYCHHJM  Q.«y<*ç ,  lièvre;  ôvwÇ, 
vX°s>  ongle),  bot.  ph. — Genre  de  la  famille 
des  Mimosées-Parkiées ,  établi  par  Biebers- 
lein  (Suppl.  288). Sous-arbrisseaux  du  Cau- 
case et  de  la  Sénégambie.  Voy.  mimosées. 

LAGOPÈDE.  Lagopus  (>ayw;,  lièvre; 
nous,  pied:  pieds  semblables  à  ceux  du  Lièvre), 
ois.— Genre  de  la  famille  des  Tétras  (Tétrao- 
nidées),  dans  l'ordre  des  Gallinacés.  Carac- 
tères :  Bec  robuste,  court,  convexe  en  des- 
sus, voûté;  narines  oblongues, cachées  sous 
les  plumes  du  front;  pouce  court,  ne  por- 
tant à  terre  que  sur  l'ongle,  et  surtout  tar- 
ses et  doigts  entièrement  recouverts  de 
plumes,  ce  qui  donne  aux  pieds  de  ces  oi- 
seaux une  apparence  de  similitude  avec 
ceux  du  Lièvre. 

Les  Lagopèdes  doivent ,  sous  plusieurs 
rapports,  être  distingués  génériquement , 
ainsi  qu'ont  cru  devoir  le  faire  Brisson , 
Vieillot  et  quelques  autres  naturalistes;  car 
ils  présentent  des  caractères  qui  sont  étran- 
gers aux  autres  espèces  de  la  famille  des 
Tétras. 

Leur  histoire  naturelle  mérite  d'autant 
plus  de  fixer  notre  attention  que  ces  oiseaux 
font  partie  de  l'ornithologie  européenne; 
leurs  mœurs,  d'ailleurs,  ne  laissent  pas 
que  d'offrir  un  certain  intérêt. 

Les   régions   glaciales  de   l'Europe,  de 


LAG 


LAG 


201 


e  et  de  l'Amérique ,  les  cimes  des  mon- 
trées inaccessibles  et  couvertes  de  neiges 
sodï  les  lieux  où  la  nature  a  confiné  les  La- 
os; s'ils    les  abandonnent,  ce  n'est 
is  que  momentanément  et  dans  un  cas 
rême  urgence  :  c'est  lorsque  les  neiges, 
ies  trop  abondantes,  recouvrent,  en 
.''accumulant,  les  végétaux  dont  ils  se  nour- 
»t;  alors  seulement  ils  descendent  du 
haut  des  monts  pour  chercher  leur  nourri- 
ture dans  les  endroits  où  une  exposition  fa- 
vorable maintient  la  végétation.  Il  est  très 
rare  que  dans  ces  déplacements,  occasion- 
ar  le  besoin  ,  ils  descendent  jusque 
<:ans  les  plaines.  D'ailleurs  ils  ont  tant  d'a- 
pour  leurs  montagnes  qu'ils  se  hâtent 
ner  lorsque  le  motif  qui  les  leur 
fait  abandonner  cesse  d'exister:  ils 
'  oquentent  les  haliiers,   les   buissons 
et  ics  bosquets  de  bouleaux  et  de  saules. 

neige  paraît  être  pour  les  Lagopèdes 
ce  que  l'eau  est  pour  les  Palmipèdes.  L'hi- 
ver, ils  la  trouvent  dans  les  régions  moyen- 
où  ils  descendent;  par  les  beaux  jours 
n'été,  ils  vont  la  chercher  sur  les  monts 
nui  en  sont  couronnés.  Peu  sensibles  au 
froid  ,  parce  qu'ils  sont  pourvus  ,  durant 
l'hiver,  d'un  duvet  très  épais  qui  recouvre 
immédiatement  leur  corps  (duvetqui  tombe 
a  mesure  que  la  chaleur  s'accroît),  les 
Lagopèdes  se  roulent  dans  la  neige.  Ils 
s'y  creusent  même  ,  gu  moyen  de  leurs 
pieds,  des  trous  où  ils  se  mettent  à  l'abri 
<-u  vent,  qu'ils  redoutent  fort,  et  des  pluies 
de  neige.  Ces  trous  sont  encore  pour  eux 
des  gîtes  pour  la  nuit. 

Ainsi  que  tous  les  oiseaux  du  même  or- 
dre, les  Lagopèdes  aiment  la  société  de  leurs 
semblables.  Ils  vivent  en  familles  et  demeu- 
rent réunis  par  troupes  plus  ou  moins  nom- 
breuses depuis  le  mois  de  septembre  jus- 
qu'en avril  ou  mai.  A  cette  époque,  des 
affections  d'une  autre  nature  ,  celles  que 
fait  naître  le  besoin  de  se  reproduire,  dé- 
terminent la  dissolution  des  familles;  les 
couples  se  reconstituent  et  se  forment,  s'é- 
cartent les  uns  des  autres  et  se  cantonnent. 
Un  creux  circulaire  d'environ  20centimètres 
de  diamètre,  pratiqué  au  bas  d'un  rocher, 
au  pied  d'un  arbuste  ,  est  tout  ce  qui  con- 
stitue le  nid  des  Lagopèdes.  Les  femelles 
ur  ponte  dans  le  courant  de 
juin.  Le  nombre  d'oeufs  varie  selon  I 
T.  vu. 


pèces  :  il  est  ordinairement  de  six  à  dix. 

Pendant  tout  le  temps  de  l'incubation,  (es 
mâles  veillent  auprès  des  femelles.  Ils  rôdent 
sans  cesse  en  caquetant  autour  du  nid,  ap- 
portent même  de  la  nourriture  aux  cou- 
veuses ;  mais  ils  ne  les  remplacent  point  dans 
leur  pénible  fonction.  Celles-ci  couvent  avec 
tant  d'assiduité,  qu'on  a  pu  quelquefois  les 
prendre  à  la  main,  sans  qu'elles  songeassent 
à  s'échapper.  Le  terme  de  l'incubation  est 
environ  de  vingt  jours.  Les  jeunes  naissent 
couverts  d'un  duvet  brun,  noir  et  jaunâtre; 
ils  quittent  le  nid  après  leur  éclosion,  et 
suivent  leurs  père  et  mère,  qui  les  défendent 
avec  beaucoup  de  courage  contre  tout  en- 
nemi qui  les  approche.  L'accroissement  des 
jeunes  Lagopèdes  est  prompt.  Ce  rapide  ac- 
croissement était  nécessaire  à  des  oiseaux 
destinés  à  vivre  dans  des  régions  où  le  froid  se 
fait  sentir  avec  violence  de  très  bonne  heure. 

Les  Lagopèdes  mâles  ont  un  cri  fort,  rau~ 
que,  qu'ils  font  entendre  le  matin,  le  soir, 
et  quelquefois  durant  la  nuit,  surtout  à  l'é- 
poque des  amours  ;  celui  des  femelles,  béai:  - 
coup  plus  faible,  ressemble  au  caquetagede 
nos  jeunes  Poules.  Comme  les  Perdrix,  les 
Lagopèdes  se  recherchent  ;  comme  elles 
aussi,  ils  ont  un  vol  lourd,  et  courent  ave  • 
une  grande  rapidité  ;  comme  elles  enfin,  ils 
cherchent  leur  nourriture  à  de  certains  mo- 
ments de  la  journée  :  le  matin  ,  au  lever  du 
soleil,  et  le  soir,  une  heure  ou  deux  avant 
son  coucher.  Toutes  les  espèces  ont  à  peu 
près  le  même  régime.  Elles  mangent  des 
baies,  des  bourgeons  et  des  feuilles  de  di- 
verses plantes  et  arbustes  ,  des  Lichens  et 
même  des  Insectes.  La  plupart  d'entre  elles 
ont  un  goût  prononcé  pour  les  jeunes  pousses 
de  Saules  et  de  Bouleaux  nains. 

Le  caractère  des  Lagopèdes  les  porte  à 
l'indépendance;  ils  ne  peuvent  s'accoutu- 
mer à  la  servitude;  ceux  que  l'on  cherche 
à  élever  périssent  bientôt  d'ennui. 

Après  les  oiseaux  de  proie ,  tels  que  les 
Faucons  et  les  Aigles  qui,  dit-on  ,  en  dé- 
truisent beaucoup  ,  l'ennemi  que  les  Lago- 
pèdes ont  le  plus  à  redouter  est  l'homme. 
Leur  chair ,  celle  des  jeunes  surtout ,  est 
fort  recherchée.  Ces  oiseaux  passent  pour 
un  gibier  délicat  et  savoureux,  aussi  leur 
fait-on  une  chasse  assidue.  L'e  père  qu:  est 
dans  les  trois  royaumes  unis  de  la  Grandi  • 
Bretagne  nous  est  expédiée  l'hiver  par  noa 
26 


202 


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LAG 


voisins  d'outre-Manche  ,  et  celle  de  nos  Al- 
pes et  de  nos  Pyrénées  arrive  annuellement 
sur  nos  marchés,  pendant  la  même  saison, 
en  nombre  assez  grand.  Mille  moyens  sont 
employés  pour  détruire  les  Lagopèdes;  mais 
le  plus  usité  est  le  collet  ou  lacet.  Les  Groën- 
,  landais,  les  Tyroliens  et  les  Grisons  font 
usage  de  ces  moyens  pour  les  attraper. 

L'âge  et  la  saison  apportent  de  très  grands 
changements  dans  les  couleurs  du  plumage 
des  Lagopèdes.  A  l'exception  de  celui 
d'Ecosse,  qui  paraît,  quoi  qu'en  ait  dit 
M.  Temminck  ,  conserver  à  toutes  les  sai- 
sons sa  robe  d'été,  tous  pendant  l'hiver 
prennent  un  plumage  blanc  (1).  Cette  par- 
ticularité est,  l'on  peut  dire,  caractéristique 
du  g.  Lagopède.  Ces  oiseaux  sont  les  seuls 
dans  la  famille  des  Tétras  dont  la  livrée  d'hi- 
ver diffère  de  celle  d'été.  Ces  différences 
ont  produit  de  grandes  erreurs  en  ornitho- 
logie :  l'espèce  de  nos  Alpes  a  été  présentée 
sous  presque  autant  de  noms  qu'elle  prend 
de  plumages  divers. 

Pendant  longtemps  on  n'a  connu  que  trois 
espèces  de  Lagopèdes  habitant  l'Europe. 
Des  recherches  plus  étendues  ont  conduit 
à  la  découverte  de  deux  autres  ,  de  sorte 
qu'aujourd'hui  ce  g.  se  trouve  composé  des 
cinq  espèces  suivantes. 

1.  Le  Lagopède  ptarmigan,  Lag.  mulus 
Rich.,  Tetrao  lagopus  Lin.  (Buff.,  pi.  enl., 
120  et  494).— Plumage  d'été  fauve,  maillé  et 
verrniculé  de  noir.  —  Plumage  d'hiver  d'un 
blanc  pur  avec  un  trait  noir  sur  les  yeux. 
—  Habite  les  Alpes  suisses,  les  Pyrénées  où 
il  est  commun  ,  quelques  contrées  du  nord 
de  l'Europe  et  de  l'Amérique. 

2.  Le  Lagopède  hyperboré  ,  Lag.  Islando- 
rum  Fabr.  —  Comme  le  précédent,  sous 
le  rapport  des  livrées  d'été  et  d'hiver,  mais 
en  différant  par  un  bec  plus  fort,  par  un 
trait  sur  l'œil  plus  large  et  plus  long,  et  par 
une  bande  noire  à  la  base  de  la  queue,  qui 
estcomposéedelSpennes.—  Habite  l'Islande 
où  il  est  très  commun. 

(ij  Montaigne,  dans  son  chapitre  de  la  Force  de  l'Imagi- 
nation (I.I,  ch.  xx),  attribue  la  couleur  blanche  que  prend 
le  plumage  des  Lagopèdes,  durant  l'hiver,  à  l'impression  que 
fait  sur  eux  la  neige.  Il  est  probable  que  la  cause  de  ce 
phénomène  est  toute  physique,  et  diffère  par  conséquent  de 
celle  que  lui  donne  Montaigne.  En  effet,  si  elle  n'est  pas 
«ne  conséquence  de  l'organisation  particulière  de  ces  oi- 
seaux ,  il  faudrait  expliquer  pourquoi  d'autres  animaux  qui, 
comme  eux,  vivent  dans  les  neiges,  conservent  cependant 
eurs  couleurs  lorsque  Us  Lagopède»  les  perdent. 


3.  Le  Lagopède  des  saules,  Lag.  Saliceli 
Richards.  (Gould  Birds  of  Eur.,  part.  12). — 
Plumage  d'été  blanc  en  dessous,  roux  ta- 
cheté de  blanc  en  dessus.  — Plumage  d'hiver 
entièrement  blanc,  sans  trait  sur  l'œil. — Ha- 
bite le  nord  des  deux  continents,  principa- 
lement en  Europe ,  la  Suède ,  la  Hongrie  et 
le  Groenland. 

4.  Le  Lagopède  a  doigts  courts,  Lag. 
brachydactylus  Temm.  (  Gould  Birds  of 
Europ.,  part.  20).  —  On  ne  connaît  cette 
espèce  que  sous  son  plumage  d'hiver.  Elle 
se  distingue  du  Saliceti  par  les  tiges  des 
pennes  des  ailes,  qui  sont  d'un  blanc  pur, 
et  par  ses  doigts  plus  courts.  —  Habite  la 
Russie  septentrionale. 

Pour  Pallas  ,  la  couleur  blanche  des 
tuyaux  des  rémiges  serait  un  attribut  de 
certains  mâles  très  vieux  du  Saliceti,  et 
M.  Schlegel  dit  avoir  constaté  que  certains 
individus  de  cette  dernière  espèce  avaient 
des  doigts  aussi  courts  que  le  Brachydactylus. 

5.  Le  Lagopède  rouge  ou  d'Ecosse,  Lag. 
Scoticus  Vieill.  (Gai.  des  Ois.,  pi.  22). 
—  Cette  espèce  porte  l'hiver  comme  l'été  les 
mêmes  couleurs.  Elle  est  d'un  roux  foncé, 
verrniculé  de  fauve  et  de  noir  profond.  Les 
plumes  qui  recouvrent  ses  doigts  et  ses  tar- 
ses sont  blanchâtres. —Habite  uniquement  les 
trois  royaumes  unis  de  la  Grande-Bretagne. 
M.  Kaup  a  détaché  cette  dernière  espèce  du 
genre  Lagopus  pour  en  faire,  sous  le  nom 
d'Orms,le  type  d'une  section-générique  dis- 
tincte.   . 

Le  Lagopède  des  rochers  ,  Lag.  rupestris 
Gould,  connu  seulement  d'après  un  individu 
tue  en  Angleterre,  ne  serait,  d'après  Richard- 
son  et  Schlegel  ,  qu'un  double  emploi  du 
Lagopède  ptarmigan.  (Z.  G.) 

*LAGOPEZUS  (XayeSs,  lièvre;  ««Ç»,  plante 
du  pied),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  té- 
tramères  ,  famille  des  Curculionides  ortho- 
cères,  division  des  Anthribides,  proposé  par 
Dejean  et  adopté  par  Schœnherr  (Synon. 
gcn.  et  sp.  Curculion.,  t.  V,  p.  I,  p.  1S9). 
Deux  espèces  font  partie  de  ce  genre  :  les 
L  lenuicornis  F.,  hirtipes  Dej.  La  lre  est  ori- 
ginaire de  Cayenne  ,  la  2e  du  Brésil.   (C.) 

LAGOPUS.  ois.  —  Nom  latin  du  genre 
Lagopède.  (Z.  G.) 

*LAGORCHESTES  (  X«y«« ,  lièvre  ;  SP- 
yyiaTYJ;,  sauteur),  mam. —  M.  Gould  (Man. 
Macropod.,  1, 18-41  )  désigne  sous  cette  dé- 


i.ag 


LAG 


203 


nomination  un  groupe  de  Mammifères  de 
la  division  des  Marsupiaux.  (E.  D.) 

LAGOSERIS  (Àayw;,  lièvre  ;  oioiç,  espèce 
de  plante),  bot.  ph. — Genre  de  la  famille  des 
Composées-Cichoracées ,  établi  parBiebers- 
tein  {Flor.  111,538).  Herbes  croissant  dans 
l'Europe  australe,  dans  les  contrées  voisi- 
nes de  l'Asie  et  de  la  Méditerranée,  et  sur 
le  Caucase. 

Les  espèces  de  ce  genre  ont  été  réparties 
en  deux  sections  nommées  Pterotheca  , 
Cass. ,  et  Trichocrep  /s,Visian.  Voy.  composées. 

LAGOSTERNA  (>ayuç,  lièvre;  errepvov, 
sternum),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères 
pentamères,  famille  des  Lamellicornes,  tribu 
des  Scarabéides  phyllophages,  formé  par 
Dejean  dans  son  Catalogue,  avec  une  espèce 
du  cap  de  Bonne-Espérance  que  l'auteur 
nomme  L.  flavofasciata.  (C.) 

LAGOSTOME.  Lagostoma[\«yuç,  lièvre; 
cTi';;.o(,  bouche),  crust.  —  Genre  de  l'ordre 
des  Décapodes,  famille  des  Cyclométopes, 
tribu  des  Cancériens ,  établi  par  M.  Milne- 
Edwards  sur  un  petit  Crustacé  dont  le  bord 
antérieur  du  troisième  article  des  pattes- 
mâchoires  externes  présente  une  échancrure 
large  et  profonde  vers  son  milieu.  La 
carapace  est  un  peu  ovoïde  et  bombée 
dans  tous  les  sens;  le  front  est  incliné, 
avec  les  bords  latéro-antérieurs  très  cour- 
bés en  arrière.  L'article  basilaire  des  an- 
tennes externes  est  remarquablement  sail- 
lant ,  et  l'article  basilaire  des  antennes  ex- 
ternes n'arrive  pas  tout-à-fait  jusqu'au  front. 
Les  pattes  antérieures  sonteomprimées,  iné- 
gales, avec  leurs  pinces  creusées  au  milieu; 
les  pattes  suivantes  sont  courtes  et  épineu- 
ses en  dessus.  La  seule  espèce  connue  dans 
ce  genre  est  le  Lagostome  perlé  ,  Lagosloma 
perlala  Edw.  Cette  espèce  se  rencontre 
dans  l'océan  Atlantique  et  quelquefois  aussi 
sur  les  côtes  de  la  Bretagne.        (H.  L.) 

♦LAGOSTOML'S  ().«yoîç,  lièvre;  cto^, 
bouche),  mam.  —  M.  Brook  (Linn.  trans., 
XVI,  1829)  a  désigné  sous  ce  nom  un 
groupe  de  Rongeurs  voisin  des  Chinchilla. 
Vvy.  chinchilla  et  viscache.        (E.  D.) 

LAGOSTOMUS.  ins.— Voy.  dermatodes. 

♦LAGOTHAMNUS ,  Nutt.  bot.  pu.— 
Syn.  de  Tetradymia,  DC. 

LAGOTHRIX  (>a-/oîç,  lièvre  ;  0pîÇ, queue), 
mam.— M.  E.  Gcoffroy-Saint-Hilaire(7aM. 
Quadrup.    in   Ann.   Mus.y  XIX ,  1812)    a 


créé  sous  le  nom  de  Lagolhrix  un  çenre  de 
Quadrumanes  de  la  division  des  Singes  pla- 
tyrrhinins;  genre  qui  a  été  généralement 
adopté.  Chez  les  Lagotbrix,  les  membres 
ne  sont  pas  très  développés,  et  les  mains 
antérieures  sont  pentadactyles;  les  doigts 
sont  de  longueur  moyenne,  le  second 
d'entre  eux  ,  ou  l'indicateur,  est  même 
court;  les  ongles  des  mains  antérieures  sont 
un  peu  comprimés  ;  ceux  des  mains  posté- 
rieures sont  encore  plus  comprimés.  Chez 
ces  Singes,  la  tête  est  arrondie;  l'angle  fa- 
cial est  de  50  degrés.  Leur  pelage  est  doux 
au  toucher,  fin  et  presque  laineux. 

Les  Lagothrix  habitent  les  forêts  de  l'A- 
mérique méridionale.  Ils  vivent  par  ban- 
des nombreuses,  paraissent  d'un  naturel 
assez  doux,  et  se  tiennent  le  plus  souvent 
sur  leurs  pieds  de  derrière.  Ces  animaux 
font  entendre  un  cri  particulier  qui  ressem- 
ble à  un  claquement,  et  qui  leur  a  valu  le 
nom  de  Gastrimargus,  Spix. 

L'espèce  la  mieux  connue  de  ce  genre  est 
le  Lagothrix  HumboldlUE.  Geofl'r.,  (lococit.) 
Simia  lagothrida  Humb.  Il  est  haut  de  près 
d'un  mètre  ;  son  pelage  est  gris  ,  les  poils 
étant  blancs,  avec  l'extrémité  noire.  Le 
poil  de  la  poitrine  est  le  plus  long  ,  et  celui 
de  la  tête  le  plus  court.  La  queue  est  plus 
longue  que  le  corps.  Cette  espèce  habite  les 
bords  du Rio-Guaviare,  etprobablement  elle 
se  trouve  aussi  à  l'embouchure  de  l'Orénoque. 

Deux  autres  espèces  de  ce  groupe  qui 
sont  moins  connues  sont  les  Lagothrix 
canus  E.  Geoffroy,  et  Gastrimargus  infu- 
wtatwsSpix.  (E.  D.) 

*JLAGOTIS  Oaywç,  lièvre;  oZc,  ùxoç, 
oreille),  mam. — Genre  de  Rongeurs,  créé  par 
M.  Bennett  (Proc.  zool.  Soc.  Land.,  1833). 
et  assez  voisin  des  Chinchilla  et  des  Vis- 
caches.  Voy.  ces  mots.  (E.  D.) 

LAGOTIS  ,  Gœrtn.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Gymnandra,  Pall. 

LAGRIA.  ins.— Genre  de  Coléoptères  hé- 
téromères,  famille  des  Trachélides,  tribu 
des  Lagriaires,  créé  par  Fabricius  (Synonyn. 
Ent.,  I,  p.  124,  sp.  ins.,l,  p.  159)etadopté 
par  Olivier,  Latreille,  Dejean,  etc.  Unecin 
quantaine  d'espèces  rentrent  dans  ce  genre 
et  sont  réparties  sur  tous  les  points  du  globe. 
Fous  citerons  principalement  les  Chry 
hirta  ,  pubescens  de  Linné,  L.  lata,  tomen- 
tosa  ,  villosa,  obscur  a  de  Fab.  et  glabraia 


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LAG 


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01.  Les  deux  premières  et  la  dernière  se 
rencontrent  en  France  sur  diverses  feuilles 
d'arbustes.  Les  sexes  diffèrent  tellement 
de  forme  et  de  grandeur  qu'on  serait  tenté 
de  les  séparer  comme  espèce.  Les  Lagria 
sont  densement  velues,  et  simulent  la  mort 
lorsqu'on  vient  aies  toucher.  (C.) 

LAGRIAIRES.  Lagriariœ.  vus.  -Tribu 
de  Coléoptères hétéromères,  famille  des  Sté- 
nélytres,  formée  parLatreille.Ellene  se  com- 
pose que  des  trois  genres  Lagria,  Statyraet 
Hemipeplus.  Leur  corps  est  allongé,  plus 
étroit  en  avant,  avec  le  corselet  soit  presque 
cylindrique  ou  carré,  soit  ovoïde  ou  tronqué; 
"eurs  antennes  sont  insérées  près  d'une 
échancrure  des  yeux ,  simples,  filiformes  ou 
grossissant  insensiblement  vers  le  bout ,  le 
plus  souvent,  ou  du  moins  en  partie,  gre- 
nues, et  dont  le  dernier  article  plus  long  que 
les  précédents  chez  les  mâles;  leurs  palpes 
sont  plus  épais  à  leur  extrémité,  et  le  der- 
nier article  des  maxillaires  est  plus  grand, 
en  triangle  renversé.  Les  cuisses  sont  ovalai- 
resecen  massue  ;  les  jambes  allongées,  étroi- 
tes, avec  les  deux  antérieures  arquées.  Le  pé- 
nultième article  des  tarses  est  bilobé;  les 
crochets  n'offrent  ni  fissures  ni  dentelures. 

Nos  espèces  indigènes  se  trouvent  dans 
les  bois  sur  divers  végétaux ,  ont  le  corps 
mou  ,  les  élytres  flexibles,  et  font  semblant 
d'être  mortes  lorsqu'on  les  a  saisies.     (G.) 

*LAGUNARIA.  bot.  ph.— Genre  de  la 
famille  des  Malvacées-Hibiscées ,  établi  par 
Don  (Syst.  I,  483).  Arbres  de  l'île  Nor- 
folk.  Voy.  MALVACÉES. 

*LAGUNCULA  (  laguncula ,  petite  bou- 
teille), moll.  — Nouveau  g.  proposé  par 
M.  Benson  dans  le  tome  IX  des  Armais  of 
natural  history  pour  de  petites  coquilles  ca- 
ractérisées ainsi  :  Coquille  turbinée  ,  sub- 
globuleuse, à  ouverture  grande,  entière  et 
oblongue,  à  péristome  interrompu;  le  bord 
gauche  subréfîéchi,  percé  d'un  ombilic  pro- 
fond et  tortueux.  D'après  ces  caractères,  ce 
g>  se  rapprocherait  considérablement  du  La- 
cuna  de  Turton.  Ne  connaissant  ce  g.  que 
par  la  phrase  qui  le  caractérise,  nous  ne  pou- 
vons actuellement  juger  de  son  mérite  ,  et 
indiquer  la  place  qu'il  devrait  occuper  dans 
la  méthode.  Néanmoins ,  on  présume  déjà 
qu'il  doit  avoisiner  les  Lacunes  et  les  Litto- 
rines,  et  peut-être  se  confondre  avec  l'une 
ou  l'autre.  (Desh.) 


liAGUNCUJLARIA   (  laguncula  , 
bouteille),  lot.  th.  — Genre  de  la  famiile  lies 
Combrétacées-Terminaliées, établi  par  ( 
ner  (  III,  209,  t.  217  ).  Arbustes  de  1\ 
rique  tropicale.  Voy.  combbétacées. 

LAGUNE  A.  bot.  ph.  —Genre  de  la  fa- 
mille des  Malvacées  Sidées,  établi  par  Cava- 
flilles  {Diss. ,  V,  279  ,  t.  136).  Herbe 
nuelles  croissant  dans  l'Asie  et  l'Afrique 
tropicale. 

LAGUi\OA.  bot.  ph.  —  Voy.  llagunoa. 

*LAGUROSTEMON  ,  Cass.  bot.  ph.— 
Syn.  de  Saussurea,  DC. 

LAGURUS  O.ayuç,  lièvre  ;  ovpa,  queue). 
bot.  ph. — Genre  de  la  familledes  Graminées- 
Avénacées,  établi  par  Linné  (  Gen.,  n"  92  ). 
Gramens  de  l'Europe  australe  et  de  l'Asie 
méditerranéenne.  Voy.  graminées. 

LARA Y A  ,  Rœm.  et  Schult.  bot.  ph.  — 
Syn.  de  Polycarpœa,  Lam. 

LAICHE.  Carex.  bot.  ph. — Genre  extrê- 
mement nombreux  de  la  famille  des  Cypé- 
racées  et  de  la  tribu  desCaricées  à  laquelle 
il  donne  son  nom  ,  de  la  Monœcie  triandrie 
dans  le  système  sexuel.  C'est  l'un  des  grou- 
pes génériques  les  plus  considérables  qui 
existent  parmi  les  phanérogames  :  en  effet , 
dans  son  Enumeratio  plantar.,  tom.  II, 
pag.  368,  M.  Kunth  n'en  décrit  pas  moins 
de  439  espèces.  Sur  ce  nombre  considérable, 
la  France  seule  en  possède  environ  90  es- 
pèces ,  ce  qui  en  fait  le  genre  le  plus  riche 
de  notre  Flore.  Cependant,  malgré  son  im- 
portance numérique,  le  genre  Lajche  n'a 
presque  pas  d'importance  directe ,  les  es- 
pèces qui  le  composent  étant,  à  un  très 
nombre  d'exceptions  près,  entier 
inutiles  ou  même  nuisibles.  En  effet,  ces 
plantes  ,  qui  croissent  pour  la  plupart  dans 
les  lieux  humides  et  marécageux,  au  bo;ri 
des  fossés  pleins  d'eau,  etc.,  ne  donnent 
qu'un  fourrage  très  grossier,  fort  peu  nour- 
rissant, surtout  après  la  floraison  et  à  l'état 
sec.  A  l'état  frais,  c'est  à  peine  si  quelques 
bestiaux  consentent  à  les  manger,  par 
exemple,  les  Vaches  et  les  Bœufs;  elles 
sont  même  nuisibles  aux  Moutons.  On  con- 
çoit dès  lors  avec  quel  soin  on  cherche  à  les 
empêcher  d'envahir  les  prairies,  dont  le  foin 
devient  de  qualité  d'autant  plus  mauvaise 
qu'elles  s'y  trouvent  en  plus  grande 
quantité. 

Les  Laiches  sont  des  végétaux  herna 


LAI 


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pourvus  fréquemment  d'un  rhizome  sou- 
terrain  plus  ou  moins  développé  et  assez 
souvent  traçant.  Le  mode  de  végétation  de 
ce  rhizome  consiste  dans  la  production  suc- 
cessive d'un  certain  nombre  de  tiges  aérien- 
nes terminées,  qui  durent  trois  ans  et  qui 
passent  la  première  année  à  l'état  de  bour- 
geon souterrain ,  qui ,  la  seconde  année,  don- 
nent seulement  des  feuilles ,  qui  fleurissent 
enfin  la  troisième  année;  les  bourgeons  qui 
ionnent  ces  tiges  aériennes  se  développent 
^ans cesse  en  avant  de  la  dernière  existante, 
etallongent  ainsi  progressivement  le  rhizome 
par  son  extrémité  antérieure.  Les  feuilles  des 
Laiches  sont  tristiques ,  graminoïdes ,  sou- 
vent très  larges,   très  souvent   rudes  sur 
leurs  bords  et  sur  l'angle  saillant  de  leur 
carène  médiane,   quelquefois  même  fine- 
ment dentelées  en  scie  au  point  de  devenir 
fortement  tranchantes.  Ces  feuilles  ont  in- 
férieurement  une  gaîne  plus  ou  moins  lon- 
gue qui  embrasse  la  tige  et  qui,  dans  quel- 
ques cas  ,  finit  par  se  fendre  plus  ou  moins 
par  suitedu  grossissementde  cette  dernière, 
ou  par  perdre,  par   la  distension   qu'elle 
éprouve,  son   parenchyme,    et  rester   ré- 
duite à  une  sorte  de  réseau  irrégulier  formé 
par  les  nervures  dans  toute  sa  portion  qui 
est  opposée  au  limbe.  Les  fleurs  sont  réu- 
nies en  épis  axillaires  et  terminaux,  tantôt 
solitaires,  tantôt  réunis  en  nombre  varia- 
ble. Ces  fleurs  sont  unisexuellcs  et  grou- 
pées de  diverses  manières:  tantôt  les  mâles 
et  les  femelles  réunies  dans  un  même  épi  qui 
est  ainsi  androgyne  ,  tantôt  celles  de  chaque 
sexe  constituant  des  épis  distincts  et  sépa- 
rés; ces  épis  unisexuels  sont  le  plus  souvent 
portés  sur  le  même  pied  ,  les  mâles  à  l'extré- 
nri      de  la  tige,   les  femelles  au-dessous; 
la  plante  est  alors  monoïque  ;    plus   rare- 
ment elle  est  dioïque.  Ces  épis  présentent 
les  bractées  de  leurs  fleurs  imbriquées  éga- 
lement de  tous  les  côtés.  Ces  bractées  sont 
solitaires,  uniflores;    les  fleurs  mâles  ont 
trois  étamines  ;    les   femelles  ont  un  seul 
pistil  dont  l'ovaire  est  embrassé  par  une 
rorte  d'enveloppe  en  petit  sac  ovoïde,  ou- 
verte supérieurement ,  bicarénée ,  presque 
rs  bifurquée  au  sommet,  qui  consti- 
tue ce  qu'on  nomme  ordinairement  Vutri- 
culc  ,  le  perigynium  de  M.  Nées,  le  périan- 
the  de  M.  Brown.  Cet  utriculc  a  été  envi- 
sage de  manières  diverses.  M.  Kunth  l'a  re- 


gardé comme  analogue  à  la  glumelle  supé- 
rieure ou  parinerviée  des  fleurs  des  Grami- 
nées, dont  les  deux  bords  libres  se  seraient 
soudés  l'un  à  l'autre.  M.  Rob.  Brown  la 
regarde  comme  appartenant  à  la  rangée  ex- 
térieure des  folioles  du  périanthe  de  ces 
fleurs.  D'autres  enfin,  se  fondant  sur  ce 
que  le  genre  Diplacrum  de  la  même  famille 
présente  autour  du  pistil ,  non  un  utricule, 
mais  deux  écailles  latérales  trilobées  ,  caré- 
nées et  rapprochées,  pensent  que  cet  utri- 
cule des  Carex  est  formé  de  même  par  deux 
bractées  latérales,  mais  soudées  entre  elles 
par  leurs  bords.  Le  pistil  est  surmonté  d'un 
style  à  2  ou  3  branches  stigmatifères  ,  al- 
longées. Le  fruit  est  un  akène  lenticulaire, 
comprimé  ou  triangulaire ,  enveloppé  par 
l'utricule  accru. 

Les  Laiches croissentprincipalement  dans 
les  parties  humides  et  marécageuses,  quel- 
quefois aussi  dans  les  endroits  secs  et  même 
sablonneux  des  parties  tempérées  et  froides 
de  l'hémisphère  boréal;  elles  sont  nom- 
breuses dans  la  zone  intertropicale,  où  elles 
s'élèvent  sur  les  montagnes  et  disparaissent 
presque  des  parties  chaudes  et  basses  ;  elles 
sont  encore  peu  nombreuses  dans  les  con- 
trées extratropicales  de  l'hémisphère  aus- 
tral. Leurs  usages  sont  très  bornés.  Ne 
pouvant  les  utiliser  comme  foin  ,  on  les  re- 
cueille pour  en  faire  de  la  litière  et  du  fu- 
mier. Les  grandes  espèces  servent  à  la  con- 
fection de  nattes  et  de  grossiers  tissus  de 
paille.  Enfin  Tune  d'elles,  le  Carex  arena- 
ria,  qui  croît  spontanément  dans  les  lieux 
sablonneux  et  qui  possède  un  rhizome  tra- 
çant, susceptible  de  beaucoup  de  dévelop- 
pement ,  est  employée  avec  assez  de  succès 
pour  fixer  les  sables  mouvants.  On  en  plante 
quelques  autres  espèces  au  bord  des  fossés 
et  des  canaux  dans  un  but  analogue. 

Pour  faciliter  la  détermination  des  espè- 
ces de  ce  vaste  genre ,  on  a  cherché  à  y  éta- 
blir des  coupes  nombreuses;  mais  ce  gr< upe 
est  tellement  naturel  et  toutes  les  plantes 
qui  le  composent  ont  une  organisation  telle- 
ment analogue,  quedeux  seulement  des  di- 
visions proposées  par  divers  auteurs  ont 
été  admises  comme  sous  ••  genres  par 
M.  Kunth  :  les  Vignea,  Reichenb.,  caracté- 
risés parleur  style  bifide,  et  les  Carex  pro- 
prement dits,  Reich.,  à  style  trifide.  Les 
subdivisions   secondaires  ont  été  établies 


2«6 


LAI 


LAI 


seulement  pour  faciliter  la  détermination  , 
et  d'après  des  caractères  peu  importants,  tels 
que  le  nombre  des  épis,  leurs  diverses  com- 
binaisons dénombre,  de  sexes,  etc. (P.  D.) 

LAIE.  mam. —  Femelle  du  Cocbon. 

*LAWIODOIV,G.-R.  Gray.  ois  —  Synon. 
dePogonias.  Voy.  barbican.  (Z.  G.) 

LAINE,  zool.,  bot.  —  Voy.  poil. 

LAINEUX.  Lanatus,  Lanuginosus.  bot. 
-— Cette  épithètes'applique  à  toute  partie  d'un 
végétal  recouverte  d'un  duvet  analogue  à  la 
laine  des  animaux.  Ex.  :  Stachys  lanata. 

*LAIRUS.  ins. —Genre  de  Coléoptères 
pentamères  ,  famille  des  Malacodermes  , 
tribu  des  Atopites,  créé  par  M.  de  Castel- 
»au  (Histoire  naturelle  des  animaux  articu- 
les ,  tom.  I,  p.  258),  et  composé  d'espèces 
«le  taille  assez  petite  de  l'Amérique  du 
Sud.  (C.) 

LAIT.  Lac.  phtsiol.,  chim. — Les  animaux 
de  la  classe  des  Mammifères  sont  pourvus, 
ainsi  que  l'indique  leur  nom,  de  mamelles 
(voy.  ce  mot),  organes  sécréteurs  particu- 
liers dont  la  position  varie  de  la  poitrine  à 
l'abdomen,  et  dont  le  nombre  est  générale- 
ment en  rapport  avec  celui  des  petits  dont 
se  compose  chaque  portée. 

Ces  mamelles ,  bien  qu'existant  chez 
les  individus  des  deux  sexes,  n'accomplis- 
sent leurs  fonctions  que  chez  ceux  du  sexe 
féminin.  Elles  sécrètent  le  Lait  ,  li- 
queur dont  la  composition  est  telle  que  tous 
les  éléments  nécessaires  à  la  nutrition  du 
jeune  animal  et  à  la  formation  de  ses  or- 
ganes s'y  trouvent  réunis,  et  que  pendant 
les  premiers  temps  de  la  vie,  il  suffit  à  l'a- 
limentation et  au  développement  du  corps 

{VOy.   ALLAITEMENT  et  NUTRITION). 

Le  Lait ,  de  quelque  animal  qu'il  pro- 
vienne, présente  en  général  les  propriétés 
physiques  suivantes  :  il  est  blanc,  opaque, 
légèrement  odorant,  d'une  saveur  douce  et 
sucrée;  sa  densité  ,  toujours  plus  considé- 
rable que  celle  de  l'eau,  est  de  1,036  en 
moyenne.  A  sa  sortie  des  mamelles,  le  Lait 
est  toujours  alcalin  ;  il  ne  présente  de  réac- 
tion acide  qu'accidentellement  et  par  excep- 
tion. Tous  les  acides,  quelque  minime  qu'en 
soit  la  quantité ,  y  déterminent  un  coa- 
gulum  que  redissolvent  les  alcalis.  L'al- 
cool en  amène  aussi  la  coagulation. 

Abandonné  à  lui-même  dans  un  vase  ou- 
vert et  à  la  température  ordinaire  ,  le  Lait 


de  Vache,  qui,  comme  le  plus  fréquemment 
employé ,  est  par  cela  même  le  mieux  étu- 
dié et  le  plus  connu,  se  sépare  en  deux  cou- 
ches bien  distinctes:  l'une,  supérieure,  for- 
mée d'une  substance  légère ,  épaisse ,  d'un 
blanc  mat  et  même  un  peu  jaunâtre ,  onc- 
tueuse, agréable  au  goût,  c'est  la  crème; 
l'autre  ,  inférieure  ,  d'un  blanc  bleuâtre  , 
plus  fluide  ,  et  cependant  plus  dense,  mais 
moins  onctueuse,  formée  du  Lait  privé,  à 
très  peu  près ,  de  toute  la  matière  grasse, 
c'est  le  Lait  écrémé. 

La  crème ,  agitée  pendant  un  certain 
temps  à  une  température  de  -f- 1 5,  se  prend 
en  partie  en  une  masse  jaunâtre  consistai)  te, 
qui  constitue  le  beurre. 

Le  Lait  écrémé,  abandonné  de  nouveau  à 
l'air  libre,  prend  une  saveur  et  une  odeur 
acides  ;  il  éprouve  la  fermentation  lactique^ 
dont  le  résultat  est  la  formation  d'un  coa- 
gulum  blanc,  mou,  opaque,  floconneux,  na- 
geant dans  un  liquide  transparent  d'un 
jaune  verdâtre.  La  portion  coagulée  est  le 
caséum  ou  fromage  ;  la  portion  liquide  est 
le  sérum  ou  Petit-Lait. 

La  fermentation  lactique  déterminée  par 
Je  caséum  présente  des  phénomènes  remar- 
quables. Le  Lait,  abandonné  à  lui-même, 
s'aigrit;  il  s'y  forme,  avons-nous  dit,  un 
coagulum  formé  de  caséum;  le  liquide  restant 
i/*  Petit-Lait  renferme  du  sucre  de  Lait,  sub- 
stance cristallisable  d'une  saveur  douce  et 
sucrée,  que  l'on  peut  obtenir  par  évapora- 
tion,  et  formant  les  0,035  du  Lait,  plus  quel- 
ques sels.  Or,  la  coagulation  du  caséum  est 
effectuée  par  l'acide  lactique  (voy.  ce  mot), 
et  celui-ci  a  pris  naissance  en  vertu  d'une 
action  que  le  caséum  lui-même  exerce  sur 
le  sucre  de  Lait.  Ainsi  le  caséum  ,  devenu 
ferment  avec  le  concours  de  l'air  ,  excite  la 
conversion  du  sucre  de  Lait  en  acide  lacti- 
que, qui,  à  son  tour,  détermine  la  coagula- 
tion du  caséum. 

Le  caséum  fournit,  par  son  incinération, 
6,5  pour  100  de  son  poids  de  cendres,  com- 
posées presque  entièrement  de  phosphate 
de  Chaux. 

Berzélius ,  dans  son  analyse  du  Lait  de 
Vache,  a  obtenu  les  résultats  suivants  : 
Lait  écrémé. 

Caséum  avec  traces  de  beurre.       2,600 

Sucre  de  Lait 3,500 

Acide  lactique  et  lactates  .  .  .       0,600 


LAI 

Chlorure  de  potassium.,  .  .  .  0,170 

Phosphate  alcalin.  ......  0,025 

Phosphate  de  Chaux 0,230 

Eau a  .  92,875 

Crème. 

Beurre 4,500 

Caséum 3,500 

Petit-Lait 92,000 

Les  mêmes  principes  se  retrouvent,  mais 
en  proportions  différentes ,  dans  le  Lait  de 
tous  les  Mammifères. 

Quand  on  observe  au  microscope,  avec  un 
grossissement  d'environ  300  fois,  une  goutte 
de  Lait  placée  entre  deux  lames  de  verre , 
l'on  aperçoit  une  multitude  de  particules 
sphériques  ,  de  petites  perles  nettement  ter- 
minées dans  leurs  contours,  brillantes  au 
centre,  et  différant  de  grosseur  depuis  1/500 
de  millimètre  environ  jusqu'à  1/120,  et 
même  au-delà  (Donné,  Cours  de microsco- 
pie).  Ces  globules,  d'après  l'auteur  que  nous 
venons  de  citer,  appartiennent  tous  à  l'élé- 
ment gras  du  Lait,  qui  n'est  cependant 
point  tout  entier  suspendu  sous  forme  glo- 
buleuse ,  mais  dont  une  certaine  partie  est 
restée  à  l'état  de  dissolution  dans  le  sérum 
avec  la  matière  caséeuse. 

Outre  ces  globules  gras  qui  se  trouvent 
abondamment  dans  la  crème,  et  bien  plus 
rares  dans  le  Lait  écrémé,  ce  dernier  liquide 
contient  une  innombrable  quantité  de  glo- 
bulins  d'une  ténuité  telle,  qu'ils  peuvent 
échapper  à  un  examen  superficiel ,  et  qui 
appartiennent  évidemment,  par  leurs  pro- 
priétés, au  caséum  qui  se  trouve  ainsi  dans 
le  Lait  sous  deux  formes  :  en  dissolution  et 
à  l'état  de  globulins. 

En  résumé,  l'on  peut  considérer  le  Lait 
comme  une  sorte  d'émulsion,  composée  : 
1°  d'une  matière  grasse,  très  divisée  et  sus- 
pendue à  l'état  de  globules  qui ,  en  se  réu- 
nissant à  la  surface  du  Lait,  donnent  nais- 
sance à  la  crème  ,  et  par  suite  au  beurre  ; 
2°  d'un  sérum,  tenant  en  dissolution  une 
matière  spéciale,  azotée,  spontanément  eoa- 
eulable  (le  caséum  ),  et  de  plus  un  peu  de 
matière  grasse,  du  sucre  de  Lait,  des  sels. 
On  voit  par  cette  définition  combien  le 
Lait  se  rapproche  du  Sang  (voyez  ce  mot),  et 
quelle  analogie  de  composition  et  de  pro- 
priétés présentent  les  deux  liquides.  En  ef- 
fet, si  on  les  filtre  tous  deux,  l'on  trouve, 


LAI 


207 


des  deux  côtés  :  des  globules  suspendus,  glo- 
bules très  différents,  il  est  vrai,  par  leur 
structure  et  par  leur  composition,  mais 
moins  étrangers  les  uns  aux  autres  qu'on 
ne  le  croirait  d'abord,  les  globules  du  Lait 
étant  presque  identiques  avec  les  globulins 
du  chyle ,  qui  sont  eux-mêmes  les  maté- 
riaux des  globules  sanguins  ;  puis,  en  disso- 
lution, une  matière  animale  spéciale,  azo- 
tée, caractéristique  de  chacun  des  deux 
fluides,  la  fibrine  et  le  caséum,  matières 
chimiquement  analogues,  et  possédant  tou- 
tes deux  la  propriété  de  se  coaguler  spon- 
tanément; enfin,  également  en  dissolution, 
les  sels  et  les  divers  matériaux  nécessaires  a 
la  constitution  des  organes  et  à  leurs  fonc- 
tions. Ce  rapprochement  entre  les  deux  li- 
quides est  fécond  en  déductions  physiolo- 
giques, surtout  si  l'on  considère  le  rôle 
important  que  joue  le  Lait  dans  l'alimenta- 
tion et  dans  la  nutrition. 

Les  Laits  le  plus  en  usage  dans  nos  cli- 
mats, et  les  seuls  dont  nous  parlerons,  sont 
fournis  par  les  femelles  des  Ruminants  do- 
mestiques ;  ce  sont  ceux  de  Brebis,  de  Chè- 
vre, de  Vache;  vient  ensuite  celui  d'A- 
nesse. 

Le  Lait  de  Brebis  ne  diffère  point ,  à  la 
simple  vue,  du  Lait  de  Vache  ;  de  tous  les 
Laits,  il  est  le  plus  riche  en  beurre;  mais 
ce  beurre,  jaune  pâle ,  de  peu  de  consis- 
tance, se  rancit  aisément.  Le  coagulum  est 
abondant,  gras,  visqueux,  et  moins  ferme 
que  celui  du  Lait  de  Vache. 

Le  Lait  de  Chèvre  est  plus  dense  que  ce- 
lui de  Vache,  et  moins  gras  que  celui  de 
Brebis.  Il  conserve  une  odeur  et  une  saveur 
propres  à  l'animal ,  surtout  vers  l'époque  du 
rut.  C'est  celui  qui  fournit  le  moins  de 
beurre,  mais  le  plus  de  fromage.  Le  beurre, 
constamment  blanc  ,  est  ferme  ,  d'une  sa- 
veur douce  et  agréable  :  il  se  conserve  long- 
temps frais.  Le  fromage,  très  abondant,  est 
assez  consistant  et  comme  gélatineux. 

Le  Lait  de  Vache  contient  moins  de 
beurre  que  celui  de  Brebis ,  mais  plus  que 
celui  de  Chèvre;  le  fromage  y  est  aussi 
moins  abondant,  mais  les  principes  s'en 
séparent  avec  plus  de  facilité. 

Le  Lait  de  Vache  ,  tel  qu'on  l'obtient  le 
plus  ordinairement,  peut  être  regardé,  à 
quelques  égards,  comme  un  produit  artifi- 
ciel ;  la  sécrétion  en  est  favorisée,  entrete- 


208 


LAI 


nue  au-delà  des  limites  naturelles,  par  des 
moyens  factices,  par  un  régime  forcé  :  aussi 
les  différences  qu'il  présente  sont-elles  nom- 
breuses ;  elles  portent  surtout  sur  la  cou- 
leur, la  saveur,  l'odeur,  la  consistance,  la 
quantité  ou  le  rapport  des  principes  cons- 
tituants ;  et  ces  différences  dépendent  de 
la  race  de  l'animal,  de  son  âge,  de  son  état 
physiologique,  de  sa  nourriture,  de  ses  ha- 
bitudes, du  climat,  de  la  saison,  des  varia- 
tions atmosphériques,  etc. 

Le  Lait  d'Anesse  a  beaucoup  d'analogie 
avec  celui  de  Femme,  dont  nous  parlerons 
après  ;  il  donne  une  crème  qui  n'est  jamais 
ni  épaisse,  ni  abondante;  il  contient  aussi 
»noins  de  matière  caséeuseque  ceux  de  Va- 
che ,  de  Chèvre  ,  de  Brebis  ,  et  cette  ma- 
tière est  plus  visqueuse. 

Le  Lait  de  Femme,  enfin,  paraît  être  l'un 
des  plus  riches  en  matière  grasse  et  en 
sucre  de  Lait ,  mais  il  contient  très  peu  de 
caséum. 

Il  est  à  remarquer  que  les  différents  Laits 
que  nous  venons  de  citer  sont  très  faciles  à 
reconnaître  à  la  simple  vue,  et  encore  plus 
à  la  saveur  et  au  goût ,  mais  qu'ils  se  res- 
semblent tellement  par  les  caractères  mi- 
croscopiques que  toute  distinction  est  alors 
presque  impossible.  En  effet,  le  Lait,  quel  que 
soit  l'animal  qui  le  fournisse,  présente  tou- 
jours des  globules  nageant  dans  un  liquide, 
et  ces  globules  n'offrent  aucun  trait  carac- 
téristique (  Donné,  loco  citato  ).  Il  n'y  a  de 
différence  que  dans  leur  quantité;  mais  ce 
signe  lui-même  n'offre  rien  de  positif,  puis- 
qu'il est  telle  circonstance  qui  peutaugmen- 
ter  les  globules  dans  tel  Lait,  et  les  diminuer 
dans  tel  autre. 

En  général,  le  nombre  des  globules  con- 
tenus dans  le  Lait  en  représente  assez  bien 
la  richesse  et  les  qualités  nutritives  ;  c'est- 
à  dire  que  plus  un  Lait  renferme  de  glo- 
bules, plus  il  est  riche  et  substantiel,  le  ca- 
séum et  le  sucre  se  trouvant  eux-mêmes  en 
proportion  avec  la  quantité  de  ces  globules, 
qui,  comme  il  a  été  dit,  constituent  la  par- 
tie grasse  et  butyreuse  du  liquide  :  aussi 
l'on  conçoit  comment  l'observation  micros- 
copique peut  permettre  d'apprécier  les 
qualités  du  Lait  soumis  à  l'observation.  Ce- 
pendant, comme  il  est  difficile  de  recourir 
au  microscope  toutes  les  fois  qu'il  devient 
nécessaire  de  constater  ces  qualités,  l'on  a 


LAI 

inventé  sous  les  noms  de  lactomètre,  de  ga- 
lactomètre ,  de  lactoscope ,  etc.,  des  instru- 
ments avec  lesquels  on  arrive  ,  plus  ou 
moins  sûrement,  au  but  proposé. 

Les  usages  du  Lait  sont  généralement 
connus  ;  première  nourriture  de  tous  les 
jeunes  Mammifères ,  il  est  devenu  l'un  des 
plus  précieux  aliments  de  l'homme,  soit  en 
santé,  soit  en  maladie;  il  sert  à  la  prépa- 
ration du  beurre  ,  et  de  ces  innombrables 
variétés  de  fromages  dont  se  nourrissent  des 
populations  entières.         (A.  Duponchel.) 

On  a  donné  vulgairementle  nom  de  Lait 
à  des  plantes,  blanches  dans  quelques  unes 
de  leurs  parties,  ou  remplies  d'un  suc  ayant 
l'apparence  du  Lait.  Ainsi  l'on  appelle  : 

Lait  d'Ane,  le  Laitron  commun; 

Lait  battu,  la  Fumeterre  officinale; 

Lait  de  Cochon,  une  espèce  d' Hyoseris ; 

Lait  de  Couleuvre,  VEuphorbia  cyparis- 
sias  ; 

Lait  d'oiseau,  l'Ornithogale  blanc; 

Lait  doré,  VAgaricus  deliciosus; 

Lait  de  Sainte-Marie,  le  Carduus  maria- 
nus,  etc. 

LAITANCE  ou  LAITE,  poiss.  —  Nom 
donné  aux  testicules  des  Poissons.  Voy, 
ce  mot. 

LAITERON.  bot.  ph.  —  Voy.  laitron. 

LAITEUX.  Lacteus,  Lactifluus.  bot.  — 
Syn.  de  Lactescent. 

LAITON,  min.  —  Voy.  cuivre. 

LAITRON.  Sonchus.  bot.  —  Genre  de 
la  famille  des  Composées-Chicoracées,  sous- 
tribu  des  Lactucées,  de  la  Syngénésie  poly- 
gamie égale  dans  le  système  sexuel.  Il  se 
compose  d'environ  50  espèces,  dont  les 
unes  sont  herbacées,  d'autres  frutescentes, 
ou  même  formant  de  petits  arbres.  Parmi 
les  premières,  il  en  est  qu'on  peut  qualifie:- 
de  cosmopolites  ,  tandis  que ,  au  contraire  , 
les  espèces  ligneuses  sont  resserrées  entr  : 
des  limites  étroites,  presque  toutes  habitai 
l'archipel  des  Canaries  et  l'île  de  Madère. 
Ces  plantes  sont  généralement  de  forme  très 
changeante,  ce  qui  en  rend  quelquefois  la 
détermination  difficile;  leurs  feuilles  sont 
alternes,  pinnatifides  ou  roncinées;  leurs 
fleurs  sont  jaunes  ou  bleues,  réunies  en  grand 
nombre  dans  un  même  capitule,  dont  l'in- 
volucrc  est  formé  de  bractées  sur  plusieurs 
rangs  et  imbriquées,  souvent  renflé  à  sa 
base.  Le  réceptacle  est  plan,  nu,  fovcolé. 


LAI 


LAI 


£09 


Les  akènes  qui  succèdent  aux  fleurs  sont 
uniformes,  non  prolongés  en  bec,  compri- 
més, à  petites  côtes  longitudinales,  et  sou- 
vent à  rangées  transversales  de  petits  tu- 
bercules, couronnés  par  une  aigrette  ses- 
sile  molle ,  très  blanche,  formée  de  soies 
très  fines  sur  plusieurs  rangs,  réunies  par 
faisceaux  à  leur  base. 

Parmi  les  espèces  de  ce  genre ,  il  en  est 
deux  qui  peuvent  compter  parmi  les  espèces 
les  plus  vulgaires  de  notre  flore  ;  ce  sont  les 
Sonchus  arvensis  et  oleraceus ,  espèces  très 
polymorphes  et  fort  voisines  l'une  de  l'autre, 
dont  la  dernière  est  quelquefois  utilisée,  à 
l'état  jeune,  comme  plante  potagère.  Parmi 
les  autres  Laitrons  de  la  flore  française,  le 
Sonchus  maritimus ,  qui  croît  dans  les  lieux 
salés ,  le  long  de  la  Méditerranée  et  de  l'O- 
céan ,  et  le  long  des  lagunes  et  des  fossés 
remplis  par  l'eau  de  mer,  se  fait  remarquer 
par  ses  beaux  capitules  de  fleurs  jaunes, 
tandis  que  les  S.  alpinus  et  Plumieri  for- 
ment de  grandes  et  belles  plantes  qui,  par 
leur  hauteur,  leur  feuillage  frais  et  élégam- 
ment découpé,  surtout  par  leurs  grands  ca- 
pitules de  fleurs  bleues ,  figureraient  avan- 
tageusement dans  les  jardins. 

On  trouve  aujourd'hui  dans  les  jardins , 
comme  plantes  d'orangerie,  quelques  unes 
des  espèces  à  tige  frutescente  des  Canaries 
«t  de  Madère.  (P.  D.) 

LAITUE.  Lactuca(lac,  lait,  à  cause  du 
suc  laiteux  de  ces  plantes,  ou  parce  qu'on 
a  cru  qu'elles  donnaient  du  lait  aux  nour- 
rices), bot.  pb.  —  Genre  de  plantes  de  la 
famille  des  Composées-Chicoracées ,  de  la 
Syngénésie  polygamie  égale  dans  le  système 
sexuel.  Ce  genre  important  par  le  nombre 
des  espèces  qu'il  renferme  (environ  60),  et 
surtout  par  le  rôle  que  jouent  quelques 
unes  d'entre  elles  comme  alimentaires  et 
médicinales,  se  compose  de  plantes  herbacées, 
remarquables  par  l'abondance  de  leur  suc 
laiteux  qui  s'écoule  de  la  moindre  blessure 
faite  à  l'une  quelconque  de  leurs  parties  ; 
leurs  feuilles  sont  le  plus  souvent  glabres,  en- 
tières ou  sinuées-pinnatifides,  assez  fréquem- 
ment pourvues  d'aiguillons  le  long  de  leur 
côte  médiane;  leurs  capitules  sont  ordinai- 
rement nombreux  et  réunis  en  panicule, 
renfermant  chacun  un  nombre  variable  et 
souvent  faible  de  fleurs  jaunes,  bleues  ou 
purpurines.  L'involucre  est  cylindrique, 
t.  vu. 


formé  de  bractées  imbriquées  sur  2  4  rangs, 
dont  les  extérieures  plus  courtes  imitent 
presque  un  calicule.  Le  réceptacle  est  nu. 
Les  fruits  sont  comprimés,  aplatis,  sacs 
ailes,  se  prolongeant  brusquement  à  leur 
extrémité  en  un  bec  filiforme.  Ces  plantes 
habitent  presque  toutes  notre  hémisphère 
boréal. 

Tel  qu'il  est  circonscrit  et  caractérisé 
dans  le  Prodromus,  que  nous  avons  suivi  dans 
ce  qui  précède,  le  genre  Laitue  se  partage 
en  deux  sous-genres,  dont  le  premier  (Sca- 
riola),  qui  correspond  au  genre  Lacluca  de 
Cassini,  comprend  toutes  les  espèces  dont 
nous  aurons  à  nous  occuper  ici ,  et  se  dis- 
tingue particulièrement  par  le  bec  allongé 
qui  termine  ses  fruits;  dont  le  second  [My- 
celis,  Cass.)  est  caractérisé  par  le  prolonge- 
ment de  ses  fruits  deux  ou  trois  fois  plus 
court  que  ceux-ci.  C'est  à  ce  dernier  qu'ap- 
partient le  Lactuca  muralisDC.  (Prenanthes 
muralis  Lin.). 

Parmi  les  diverses  espèces  de  Laitues,  les 
plus  importantes  à  connaître  sont,  sans 
contredit,  les  espèces  cultivées  comme  po- 
tagères et  qui  jouent  un  rôle  si  important 
dans  nos  jardins.  Le  nombre  des  variété:; 
qu'elles  ont  fournies  est  très  considérable 
et  dépasse  150.  Ces  variétés  nombreuses 
rentrent  dans  une  seule  espèce  linnéenne,  1(3 
Lacluca  saliva  Lin.;  mais  les  botanistes 
modernes  n'ont  pas  cru  que  toutes  se  ratta- 
chassent à  une  souche  commune,  et  ils  les 
ont  partagées  en  quatre  espèces  distinctes 
dont  voici  les  caractères  distinclifs: 

1.  Laitue,  laciniée,  Lacluca  laciniala 
Roth.  Feuilles  inférieures  pûmaLifides , 
presque  laciniées,  les  supérieures  roncinées  ; 
lobes  inférieurs  stipulâmes  ;  tous  les  lo!  ; 
sont  allongés  et  obtus;  côte  médiane  dé- 
pourvue d'aiguillons  ;  tige  paniculée  au  som- 
met; feuilles  florales  en  cœur,  aiguës.  Cetl; 
Laitue  est  connue  dans  les  jardins  potager:, 
sous  le  nom  de  Lailue-É pinard  ;  sa  feuille 
est  découpée  de  manière  assez  analogue  à  la 
feuille  du  Chêne.  Comme  elle  repousse  lors- 
qu'on l'a  coupée,  elle  rentre  parmi  les  va- 
riétés que  les  jardiniers  ont  nommées  Lai- 
tues à  couper;  elle  possède  même  cette  qua- 
lité à  un  degré  éminent,  puisqu'elle  peut 
être  coupée  ainsi  plusieurs  fois  et  qu'eilo 
repousse  constamment. 

2.  Laitue  crépue,  Lacluca  crispa  DC. 

27 


210 


LAI 


Feuilles  radicales  non  concaves,  portant  sous 
leur  côte  médiane  quelques  poils  épars  ;  les 
caulinaires  inermes  dans  cette  même  par- 
tie ;  toutes  sinuées,  crénelées,  ondulées  et 
crépues  ;  tige  paniculée  au  sommet  ;  feuilles 
florales  en  cœur,  très  entières.  Peut-être,  dit 
De  Candolle,  n'est-ce  qu'une  variété  de  l'es- 
pèce précédente  résultant  de  la  culture. 
Elle  est  connue  dans  les  jardinssous  les  noms 
de  Laitue  frisée,  Crêpe,  etc. 

3.  Laitue  pommée  ,  Lacluca  capitata  DC. 
Feuilles  radicales  concaves,  bullées,  presque 
arrondies,  à  côte  médiane  sans  aiguillons  à 
sa  face  inférieure  ;  sa  tige  florifère  est  courte, 
paniculée.  On  possède,  dans  les  jardins  po- 
tagers, un  grand  nombre  de  variétés  de 
Laitues  pommées  qu'on  distingue  en  deux 
grandes  catégories  :  celles  de  printemps  et 
celles  d'été.  Ces  variétés  diffèrent  beaucoup 
entre  elles  par  leur  grosseur,  par  la  teinte 
verte  plus  ou  moins  foncée,  blonde,  rou- 
geâtre,  tachetée,  de  leurs  feuilles;  par  la  cou- 
leur blanche  ou  noire  de  leurs  graines ,  par 
les  plissements  et  les  boursouflures  de  leurs 
feuilles,  etc. 

4.  Laitoe  cultivée,  Lacluca,  sativa  Lin., 
DC.  Cette  espèce,  telle  qu'elle  est  caractéri- 
sée dans  le  Prodrome,  ne  répond  plus  qu'à 
la  première  variété  de  l'espèce  de  Linné. 
Ses  feuilles  sont  dressées,  oblongues,  rétré- 
cies  à  leur  base ,  peu  ou  pas  concaves,  à 
côte  médiane  lisse  ;  sa  tige  florifère  est  al- 
longée, feuillée.  Elle  fournit  à  nos  jardins 
maraîchers  la  nombreuse  catégorie  des 
Laitues  romaines  ou  des  Chicons,  parmi  les- 
quelles il  existe  des  variétés  de  couleur  tant 
dans  les  feuilles  que  dans  les  graines,  de 
précocité,  de  volume,  etc. 

Une  culture  intelligente  et  des  soins 
assidus  donnent  aux  variétés  de  Laitues 
cultivées  des  qualités  nombreuses  qui  en 
doublent  le  prix,  et  grâce  auxquelles  elles 
constituent  la  presque  totalité  de  nos  sala- 
des. Abandonnées  à  elles-mêmes,  elles  au- 
raient une  saveur  amère ,  désagréable,  et 
une  dureté  qui  ne  permettraient  guère  de 
les  utiliser  comme  aliments  ;  mais,  grâce  à 
la  rapidité  extrême  de  développement  que 
l'on  détermine  en  elles,  grâce  surtout  à 
l'étiolement  plus  ou  moins  complet  de  leurs 
feuilles  qu'on  obtient  en  les  liant,  on  adou- 
cit leur  saveur,  on  attendrit  leur  tissu ,  et 
l'on  augmente  considérablement  leur  vo- 


LAI 

lume  et  leurs  dimensions.  C'est  dans  le» 
traités  d'horticulture  pratique  que  l'on  doit 
chercher  les  détails  de  cette  culture  qui 
constitue  une  branche  si  importante  et  si 
productive  de  l'art  des  maraîchers.  Les 
nombreuses  variétés  de  Laitues  cultivées 
fournissent  avant  la  floraison  un  aliment 
sain,  de  facile  digestion,  rafraîchissant  et 
quelquefois  légèrement  laxatif.  Mais  lorsque 
leur  tige  monte  pour  la  floraison  ,  elles 
cessent  d'être  comestibles  :  cependant,  même 
alors,  Boucher  a  dit  que  leur  tige  pou- 
vait encore  servir  d'aliment,  après  avoir  été 
dépouillée  de  ses  parties  dures  extérieures 
et  coupée  en  morceaux. 

Arrivées  à  l'état  adulte  et  à  la  floraison, 
les  Laitues  présentent  un  nouvel  intérêt 
comme  plantes  médicinales;  alors,  en  effet, 
elles  contiennent  une  quantité  considérable 
d'un  suc  blanc,  laiteux,  qui  coule  abondam- 
ment par  les  moindres  blessures ,  surtout 
aux  heures  les  plus  chaudes  de  la  journée. 
Ce  suc  est  d'une  amertume  très  prononcée; 
après  sa  sortie  de  la  plante,  il  se  concrète 
en  une  matière  brune,  d'une  odeur  vireuse, 
qui  est  connue  et  fréquemment  employée 
sous  le  nom  de  Thridace.  On  obtient  ce  suc 
en  quantité  plus  considérable  en  faisant 
à  la  plante  une  série  d'incisions  succes- 
sives. Quelquefois,  au  lieu  de  faire  couler 
ce  suc  et  de  le  recueillir,  on  écrase  la 
plante  elle-même  et  on  en  exprime  le  suc, 
qu'on  fait  ensuite  évaporer.  On  obtient 
ainsi  le.  Lactucarium  des  Anglais,  dont  les 
effets  sont  inférieurs  à  ceux  du  suc  con- 
crète. Celui-ci,  ou  la  Thridace,  après  avoir 
été  employé  par  les  médecins  de  l'antiquité, 
avait  été  négligé  par  les  modernes.  Ce  n'est 
guère  que  dans  le  commencement  de  ce 
siècle,  et  même  récemment,  qu'on  a  de 
nouveau  reconnu  et  préconisé  ses  pro- 
priétés calmantes,  et  qu'il  a  pris  dans  la 
thérapeutique  un  rang  important.  C'est 
surtout  à  un  travail  de  François  {Archiv. 
géncr.  de  médec.  ,  juin  1825)  que  l'on 
doit  de  connaître  avec  précision  l'usage  et 
le  mode  d'action  de  cette  substance.  De- 
puis ce  médecin,  et  grâce  aussi  à  des  ob- 
servations récentes,  on  sait  aujourd'hui 
que  la  Thridace  est  un  médicament  essen- 
tiellement calmant  et  anodin ,  qui  agit 
d'une  manière  analogue  à  l'opium ,  mais 
sans  qu'on  ait  à  redouter  de  lui  les  acci- 


LAI 


LAÏ 


211 


dents  que  produit  quelquefois  ce  dernier; 
elle  est,  en  effet,  dépourvue  de  tout  effet 
narcotique ,  et  de  plus  elle  n'irrite  pas 
l'estomac  :  aussi  son  usage  est-il  très  ré- 
pandu. 

On  prépare  encore  une  eau  distillée  de 
Laitue  qui  entre  dans  la  composition  de  di- 
verses potions  calmantes;  enfin  on  fait 
avec  les  feuilles  de  ces  plantes  cuites  des 
cataplasmes  émollients  et  rafraîchissants. 

5.  Tout  récemment  M.  Vilmorin  a  pro- 
posé d'introduire  dans  la  culture  maraî- 
chère la  Laitue  vivace  ,  Lactuca  perennis 
Lin. ,  que  l'on  mange  dans  quelques  par- 
ties de  la  France  où  elle  croît  communé- 
ment, et  où  on  la  regarde  comme  un  bon 
aliment ,  quoiqu'on  ne  l'emploie  ainsi  qu'à 
l'état  spontané.  On  mange  alors  les  pousses 
blanches  et  tendres  qui  poussent  au  prin- 
temps sur  les  racines  coupées  et  enter- 
rées préalablement  par  la  charrue.  La 
Laitue  vivace  est  une  jolie  espèce  glabre  et 
inerme  dans  toutes  ses  parties ,  dont  les 
feuilles  sont  profondément  pinnatifides , 
à  lobes  aigus,  dentés  à  leur  bord  supérieur, 
dont  les  fleurs  sont  grandes  et  belles  , 
d'un  bleu  légèrement  purpurin. 

6.  La  Laitue  vireuse  ,  Lactuca  virosa 
Lin.  ,  est  la  dernière  espèce  de  ce  genre 
sur  laquelle  nous  devions  attirer  un  in- 
stant l'attention.  Elle  est  extrêmement 
voisine  de  la  Laitue  sauvage,  dont  elle 
ne  forme  peut-être  qu'une  simple  variété. 
Elle  s'élève  à  environ  un  mètre.  Sa  tige, 
dressée,  porte  souvent,  à  sa  partie  infé- 
rieure, des  soies  très  roides  ou  des  ai- 
guillons ;  elle  est  rameuse  et  paniculée 
dans  sa  partie  supérieure;  ses  feuilles  sont 
embrassantes,  horizontales,  pourvues  en 
dessous  de  piquants  le  long  de  leur  côte 
médiane,  dentelées  sur  leurs  bords,  si- 
gillées à  leur  base,  obtuses  à  leur  som- 
met ;  les  inférieures  sont  sinuées;  ses 
fruits  se  terminent  par  un  bec  allongé. 
Cette  espèce  croît  dans  les  champs ,  le 
long  des  haies  et  des  murs  ,  dans  les  par- 
ties moyennes  et  méridionales  de  l'Eu- 
rope. Elle  a  une  odeur  forte  et  désagréable 
qui  rappelle  celle  de  plusieurs  Solanées , 
dont  elle  a  également  les  propriétés  nar- 
cotiques prononcées  à  un  haut  degré  : 
aussi  l'extrait  qu'on  en  obtient  est-il  sub- 


stitué fréquemment  à  l'opium.  Les  méde- 
cins grecs  l'employaient  déjà  pour  calmer 
les  douleurs  ,  contre  les  affections  nerveu- 
ses, l'hydropisie,  etc.  Dans  la  médecine 
moderne,  elle  est  usitée  pour  combattre 
les  mêmes  maladies  ;  elle  a  été  particuliè- 
ment  préconisée  contre  l'hydropisie  ascite 
et  contre  l'angine  de  poitrine,  pour  la- 
quelle Schlesinger  l'a  donnée  comme  un 
spécifique  presque  certain. 

M.  Orfila  a  fait  plusieurs  expériences  sur 
les  effets  toxiques  de  la  Laitue  vireuse  ;  il  a 
reconnu  que  son  extrait,  administré  à  des 
chiens,  à  la  dose  de  8  grammes  environ , 
déterminait  toujours  un  empoisonnement 
mortel,  et  qu'il  agissait  plus  énergiquement 
encore  lorsqu'on  l'introduisait  par  injection 
dans  les  veines;  d'un  autre  côté,  il  a  vu 
que  ses  feuilles  fraîches  avaient  une  action 
presque  nulle  sur  les  mêmes  animaux , 
puisqu'on  pouvait  leur  en  faire  manger  jus- 
qu'à 7  et  800  grammes  sans  qu'ils  en  éprou- 
vassent de  fâcheux  effets.  On  substitue  assez 
souvent  la  Laitue  sauvage  à  la  Laitue  vi- 
reuse, dont  elle  possède  à  peu  près  les  pro- 
priétés, soit  par  fraude ,  soit  dans  les  lieux 
où  celle-ci  est  peu  commune  ou  rare.  (P.  D.) 

On  a  encore  donné  le  nom  de  Laitue  à 
des  plantes  tout-à-fait  différentes  de  celles 
auxquelles  s'applique  spécialement  ce  mot. 
Ainsi  l'on  appelle  vulgairement  : 

Laitue  d'Ane  ,  les  Gardères  et  les  Char- 
dons ; 

Laitue  d'Anguille  ,  quelques  espèces 
d'Ulves  ; 

Laitue  de  Brebis,  les  Mâches  ou  Valéria- 
nelles  ; 

Laitue  de  Chèvre,  quelques  espèces  d'Eu- 
phorbes ; 

Laitue  de  Chien,  le  Chiendent  ou  Pissen- 
lit commun  ; 

Laitue  de  Cochon,  l'Hypochéride  fétide; 

Laitue  de  Grenouille,  le Potamot crépu; 

Laitue  de  Lièvre,  le  Laitron  commun  ; 

Laitue  marine,  des  Ul  ves  et  des  Euphorbes; 

Laitue  de  muraille,  un  Sisymbrium,  des 
Prenanthes  et  des  Laitrons. 

LAITUE,  moll.  —  Nom  vulgaire  et  mar- 
chand d'une  espèce  de  Murex ,  le  M.  saxa- 
tilis. 

LAITUES,  Adans.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Chicoracées. 

*LAIUS (nom  mythologique),  ms. — Genra 


212 


LAM 


LAM 


de  Coléoptères  pentamères,  famille  des  Ma- 
lacoderrnes,  tribu  des  Malachiens  ,  créé  par 
M.  Guérin-Méneville  (  Voyage  autour  du 
monde  de  la  Coquille  — Zoologie,  page  78), 
qui  lui  donne  pour  type  une  espèce  de  la 
Nouvelle-Guinée  ,  le  L.  cyaneus  (heteroce- 
rus  Boisd.  ).  M.  Erichson,  dans  sa  mo- 
nographie de  cette  tribu,  rapporte  à  ce  genre 
A  autres  espèces,  dont  1  d'Egypte,  1  de  Java, 
1  de  Siam  et  1  de  Singapore.  (C). 

*LALAGE,  Boié.  ois.— Syn.  de  Copsy- 
chus  et  d'Ixos.  Voy.  turdoïde.       (Z.  G.) 

*LALAGE.  bot.  ph.— Genre  de  la  fa- 
mille des  Papilionacées-Lotées  ,  établi  par 
Lindley  (m  Bot.  Beg.,  t.  1722).  Arbrisseaux 
de  la  Nouvelle-Hollande  orientale.  Voy.  pa- 
pilionacées. 

*XALAGETES  {lakaynt-n^  babillard),  ras. 

—  Genre  de  Coléoptères  tétramères ,  fa- 
mille des  Curculionides  gonatocères  ,  divi- 
sion des  Cyclomides,  créé  par  Schœnherr 
(Synonym.  g  en.  et  sp.  Curculion.,  tom.  VII, 
pag.  125),  qui  y  rapporte  2  espèces  du  cap 
de  Bonne-Espérance  :  les  L.  subfasciatus  et 
squamulalus.  (C.) 

*LALLEMANTIA  (nom  propre),  bot.ph. 

—  Genre  de  la  famille  des  Labiées,  établi 
par  Fischer  et  Meyer  (Index  sext.  sem.  Pe- 
trop.  hort.,  1839,  p.  53).  Herbes  de  l'O- 
rient. Voy.  LABIÉES. 

LAMA.   MAM. Voy.  CHAMEAU. 

*LAMANONIA ,  Flor.  ilum.  bot.  ph.  — 
Syn.  de  Belangera,  Cambess. 

LAMANTIN  ou  MANATE.  Manaius , 
Cuv.  MAM. — Genre  de  Mammifères  de  l'ordre 
des  Cétacés  herbivores  de  Cuvier ,  de  la  classe 
des  Bipèdes  et  de  l'ordre  des  Siréniens  de 
M.  ls.  Geoffroy.  La  difficulté  pour  les  mé- 
thodistes est  de  savoir  positivement  à  quels 
chaînons  du  règne  animal  doit  se  rattacher 
ce  genre  de  singuliers  Mammifères  ;  et  il  ap- 
partient plus  spécialement  à  l'histoire  cri- 
tique du  Lamantin  qu'à  celle  de  tout  autre 
animal  de  rechercher  pourquoi  il  n'est  pas 
deux  naturalistes  qui  lui  aient  vu  les  mê- 
mes analogies ,  et  qui  lui  aient  donné  la 
même  place  dans  leurs  méthodes  prétendues 
naturelles. 

Les  Grecs  et  les  Romains,  dit-on  ,  beau- 
coup plus  poétiques  que  méthodistes  et  ana- 
lumisles,  avaient  fait  tout  simplement  des 
Lamantins  des  êtres  fantastiques,  moitié 
homme  et  moitié  poisson.  Ils  les  connais- 


saient, disent  les  naturalistes,  sous  les  noms 
de  Tritons,  de  Sirènes,  de  Néréides,  d'Hom- 
mes marins  ,  comme  les  Portugais  les  con- 
naissent encore  aujourd'hui  sous  celui  de 
Paszi-Mouller  (Poisson-Femme).  Telle  est 
l'opinion  de  G.  Cuvier  et  de  son  frère,  qui 
a  publié  une  excellente  monographie  des 
Cétacés.  Mais  ici  se  présente  une  première 
difficulté,  et  la  voici  :  Le  Lamantin  était-il 
connu  des  anciens  ?  Je  ne  le  pense  pas ,  et 
pour  une  bonne  raison,  c'est  que  cet  animal 
ne  se  trouve  dans  aucune  des  parties  du 
globe  décrites  par  les  Grecs  et  les  Romains; 
car  des  deux  espèces  connues  jusqu'à  ce 
jour,  l'une  habite  l'Amérique,  et  l'autre 
l'Afrique  méridionale,  à  partir  du  Sénégal. 
Les  Sirènes  et  les  Tritons  des  Grecs  et  des 
Romains  n'étaient  donc  pas  des  Lamantins, 
mais  des  Phoques  ou  des  êtres  tout-à-fait 
imaginaires,  comme  leurs  Sphynx,  leurs 
Chimères,  leurs  Centaures  ,  et  même  leurs 
Harpies,  qu'on  a  voulu  reconnaître  dans 
certains  Chéiroptères. 

Lorsque  les  premiers  Lamantins  furent 
observés  (et  ce  qu'il  y  a  de  singulier  ,  c'est 
que  ce  furent  ceux  d'Amérique,  et  non  ceux 
d'Afrique,  beaucoup  plus  près  de  nous),  les 
naturalistes  sans  critique  ne  manquèrent 
pas  de  reconnaître,  dans  l'Orénoque  et  la  ri- 
vière des  Amazones,  les  Sirènes  et  les  Tri- 
tons des  plages  de  l'Archipel  grec,  delà 
même  manière  qu'  ils  ont  reconnu  depuis  , 
dans  les  Cordilières  du  Pérou,  le  Condor  de 
Pline  et  des  Arabes  orientaux.  M.  Pitou 
(  Voyage  à  Cayenne ,  t.  2,  pag.  259)  re- 
connaît trait  pour  trait,  dans  ces  vers 
d'Horace,  le  Lamantin  : 

Humano  capiti  cervicem  pietor  equinatn 
Jnngere  si  velit  et  varias  inducere  plumas, 
Undique  collatis  membris,  ut  turpiter  atium 
Desinat  in  piscem  millier  formosa  supeinè. 

D'où  il  conclut  tout  naturellement  que  cet 
animal  est  le  Sphinx  des  anciens.  La  tradi- 
tion des  Sirènes  fut  généralement  adop- 
tée ,  et  elle  passa  jusqu'à  nous,  comme 
on  le  voit  explicitement  par  l'opinion 
des  auteurs;  ils  ont  adopté  le  nom  de 
Sireniœ  ,  Sirène  ou  Siréniens,  que  Les- 
son  ,  Harlan  et  d'autres  ont  donné  à 
l'ordre  que  G.  Cuvier  nomme  Cétacés  her- 
bivores. Du  reste,  ceci  n'a  pas  une  grande 
importance,  et  ne  peut  tout  au  plus  que 
donner  une  idée  fausse.  Ce  que  je  dis  est  si 


LAM 

vrai ,  que  les  premiers  naturalistes  qui  eu- 
rent connaissance  du  Lamantin  ,  par  exem- 
ple, Gesner,  Aldrovande,  Jonston,  etc.,  etc., 
remplirent  leurs  ouvrages  de  gravures  ridi- 
cules et  de  descriptions  plus  ridicules  en- 
core. Des  philosophes  même ,  tels  que  de 
îlaillet  (  Telliamed),  Kircher,  Lachenaye 
•des  Bois,  etc.,  crurent  à  l'existence  de  ces 
fantastiques  Sirènes,  et  perdirent  leur  temps 
en  recherches  vaines,  pour  entasser  dans 
leurs  livres  des  preuves  nombreuses  ,  mais 
ramassées  et  recueillies  sans  la  moindre 
critique.  Un  mot  représente  toujours  une 
idée,  et  si  le  mot  est  faux  dans  son  appli- 
cation ,  il  fera  toujours  naître  une  idée 
fausse  :  voilà  ce  dont  les  nomenclateurs  na- 
turalistes devraient  bien  se  persuader. 

Enfin  la  science  devint  plus  logique,  et 
l'observation  des  faits  plus  sévère.  On  re- 
connut alors  que  le  Lamantin  n'avait  non 
seulement  rien  de  l'homme,  mais  encore 
rien  du  poisson,  et  il  fallut  l'étudier  mieux 
j;our  en  déterminer  la  nature.  L'espèce  hu- 
maine ne  peut  procéder  que  par  comparai- 
son, et  pour  juger  des  propriétés  d'un  corps 
jusque  là  inconnu  ,  il  faut  le  rapprocher  de 
tous  les  corps  connus  pour  le  comparer. 
Cette  marche ,  qui  ne  prouve  que  la  fai- 
blesse de  notre  intelligence,  nécessite  un 
rapprochement  des  objets  et  une  classifica- 
tion quelconque  :  elle  a  été  prise  par  les 
naturalistes  pour  la  marche  de  la  na- 
ture, et  ils  ont  cru,  en  conséquence,  que  la 
création  avait  établi  des  analogies  de  for- 
mes et  de  propriétés  qui  rapprochaient  ou 
éloignaient  les  individus  les  uns  des  au- 
tres, de  manière  à  former  des  espèces,  des 
genres ,  des  familles,  des  ordres,  etc.;  et  ils 
donnèrent  à  ces  analogies  ou  ressemblances 
les  noms  de  caractères  spécifiques ,  généri- 
ques ,  etc.  L'un  d'eux,  homme  du  plus 
grand  mérite,  a  été  tellement  persuadé  de 
cette  erreur,  qu'il  s'est  imaginé  que  la  créa- 
tion avait  établi  comme  loi  générale  de  l'or- 
ganisme le  procédé  même  que  la  faiblesse 
de  l'intelligence  humaine  emploie  pour  con- 
naître. Il  crut  donc  que  certaines  analogies 
avaient  plus  d'importance,  d'autres  un  peu 
moins,  d'autres  moins  encore,  et  c'est  en 
suivant  cette  idée  qu'il  inventa  ce  qu'il  ap- 
pelaitla  subordination  des  caractères,  et  une 
méthode  qu'il  croyait  naturelle ,  et  qu'il 
publia  sous  le  nom  de  Règne  animal  dislri- 


LAIM 


213 


hué  selon  son  organisation.  Or,  ce  qu'il  y  a 
de  fort  singulier,  c'est  que  lui-même  n'a 
pu  faire,  dans  sa  méthode ,  malgré  tous  ses 
efforts,  l'application  de  sa  loi  de  la  su- 
bordination des  caractères.  Les  naturalistes 
qui  vinrent  pendant  et  après  lui,  infatués 
des  idées  d'un  grand  homme  qu'ils  n'ont  pas 
toujours  compris,  s'évertuèrent  à  chercher 
la  méthode  naturelle,  que  Linné  avait  d'ail- 
leurs annoncée  bien  desannéesavantCuvier, 
et  de  là  est  né  l'amour  des  classifications. 
Il  en  est  résulté  qu'un  moyen  mécanique 
inventé  pour  soulager  l'intelligence  a  été 
pris  pour  un  fait,  ou,  si  vous  aimez  mieux, 
pour  une  loi  de  la  nature.  Ce  qu'il  y  a  de 
certain,  c'est  que  la  nature  ne  reconnaît  ni 
classification  méthodique,  ni  lois  d'analo- 
gies, ni  subordination  de  caractères.  Lors- 
que Dieu  fit  le  Lamantin  ,  soit  instantané- 
ment, soit  par  la  propriété  qu'il  donna  à 
la  matière  de  se  modifier,  il  ne  pouvait  avoir 
en  vue  de  faire  un  monstre  moitié  Bœuf  et 
moitié  Dauphin,  encore  bien  moins  un  être 
composé  de  Dauphin  et  de  Bœuf,  d'Élé- 
phant, de  Morse  et  de  Pangolin  :  il  fit  un 
Lamantin  et  rien  autre  chose,  un  Lamantin 
aussi  indépendant  du  Dauphin  et  du  Bœuf, 
quant  aux  formes  et  aux  propriétés,  que  la 
Fauvette  l'est  de  l'Ours  blanc. 

Voyons  comment  les  fausses  idées  des  na- 
turalistes les  ont  dirigés  pour  trouver  la 
place  que  devait  occuper  le  Lamantin  dans 
leurs  méthodes  prélenduesnaturelles.  Quand 
il  fut  bien  décidé  que  cet  animal  n'était  ni 
homme  ni  poisson  ,  ils  s'évertuèrent  pour 
lui  trouver  d'autres  analogies.  Clusius  en 
fit  un  Phoque,  quoiqu'il  n'eût  pas  de  pieds 
de  derrière,  et  Klein,  ainsi  que  Brisson  ,  fu- 
rent tellement  persuadés  de  cette  idée,  qu'ils 
lui  supposèrent  les  pieds  qu'il  n'a  pas,  et 
déclarèrent  que  c'était  par  erreur  que  les 
voyageurs  n'avaient  pas  vu  ces  pieds.  Linné 
fit  du  Lamantin  une  espèce  de  Morse  , 
et  plaça  ces  deux  animaux  entre  le  Dugong 
et  les  Phoques.  Lacépède  érigea  le  Laman- 
tin en  genre ,  et  le  plaça ,  avec  les  Phoques, 
dans  une  petite  famille  précédant  immédia- 
tement les  Cétacés.  G.  Cuvier  sépara  les 
Phoques  et  les  Morses  du  Lamantin  ,  pour 
former  des  premiers  son  ordre  des  Amphi- 
bies placé  à  la  suite  des  Carnassiers,  et  des 
Lamantin  et  Dugong  il  fit  l'ordre  des  Cé- 
tacés herbivores  ;  d'où  il  résulte  que  dans  sa 


214 


LAM 


classification  l'animal  qui  nous  occupe  se 
trouve  casé  entre  le  Bœuf  et  le  Dauphin.  Si 
Cuvier,  dans  sa  méthode,  classe  le  Laman- 
tin fort  loin  des  Pachydermes,  M.  de  Blain- 
ville,  au  contraire,  l'éloigné  beaucoup  des 
Cétacés  pour  le  réunir  aux  Pachydermes. 
M.  Lesson  trouve  sa  place  entre  les  Pangolins 
et  les  Éléphants ,  M.  îs.  Geoffroy  le  case  en- 
tre les  Échidnés  et  les  Marsouins,  etc.,  etc. 

Que  signifient  toutes  ces  tergiversations 
d'hommes  recommandables  par  leur  mérite? 
Une  chose  dont  les  gens  sans  préventions 
ni  systèmes  préconçus  sont  persuadés,  c'est 
que  ces  naturalistes  ,  en  courant  après  une 
classification  naturelle,  courent  après  une 
chimère  qui ,  ainsi  que  je  l'ai  dit ,  n'existe 
pas  dans  la  nature. 

Les  Lamantins,  comme  tous  les  Cétacés 
herbivores,  ont  les  dents  à  couronne  plate, 
ce  qui,  selon  Cuvier,  «  détermine  leur  genre 
dévie,  lequel  les  engage  souvent  à  sortir 
de  l'eau  pour  venir  ramper  et  paître  sur  la 
rive.  »Ici,  les  analogies  trompent  encore 
le  grand  naturaliste,  car  les  Lamantins,  pas 
plus  que  les  Dugongs  et  les  Stellères,  ne 
sortent  jamais  de  l'eau  ;  et  si  l'on  s'en  rap- 
portait à  la  triste  histoire  des  déportés  à 
Cayenne  ,  à  Synnamari  et  à  Konanama  (en 
1797),  ils  ne  seraient  pas  entièrement  her- 
bivores et  se  nourriraient  quelquefois  de 
petits  Poissons  et  de  Mollusques.  Du  reste, 
il  n'y  aurait  là  rien  de  plus  étonnant  que  de 
voir  les  Islandais  nourrir  leurs  Vaches  et 
leurs  Moutons,  en  hiver,  avec  du  poisson 
sec.  Us  ont  deux  mamelles  sur  la  poitrine 
et  des  poils  aux  moustaches.  Quoique,  dans 
le  crâne,  les  narines  osseuses  s'ouvrent  vers 
le  haut,  elles  ne  sont  percées  dans  la 
peau  qu'au  bout  du  museau,  et,  par  con- 
séquent ,  ils  n'ont  pas  d'évents. 

Ces  animaux  ont  le  corps  oblong,  terminé 
par  une  nageoire,  non  pas  bifurquée,  mais 
simple  et  ovale  allongée.  Leurs  dents  inci- 
sives ne  sont  que  rudimentaires ,  et  elles 
tombent  avant  l'âge  adulte;  les  canines 
manquent  absolument;  les  molaires,  au 
nombre  de  trente-deux  à  trente-six  (huit 
ou  neuf  r'.e  chaque  côté  des  deux  mâchoires), 
sont  à  peu  près  carrées,  mais  les  inférieures 
sont  légèrement  allongées;  toutes  ont  la 
couronne  carrée ,  plate,  marquée  plus  ou 
moins,  selon  l'âge  ,  de  deux  collines  trans- 
versales qui  représentent  trois  mamelons 


LAM 

s'usant  très  promptement.  Dans  le  jeune 
âge,  elles  ont  en  outre  chacune  deux  petits 
talons  à  peu  près  d'égale  grandeur  à  la  mâ- 
choire supérieure,  et  le  postérieur  beaucoup 
plus 'long  à  la  mâchoire  inférieure.  Les  mo- 
laires antérieures  tombent  peu  après  que 
l'animal  a  atteint  l'âge  adulte,  et  c'est  pour 
n'avoir  pas  connu  cette  particularité  que 
Cuvier,  dans  son  Règne  animal ,  n'assigne 
que  trente-deux  dents  aux  Lamantins.  Ces 
dents  ont  quelque  analogie  avec  celles  des 
Tapirs,  et  c'est  probablement  la  grande  rai- 
son qui  détermine  Fr.  Cuvier  à  rapprocher 
ces  animaux  des  Pachydermes ,  contre  l'o- 
pinion de  son  frère. 

Leurs  nageoires  antérieures,  quoique  apla- 
ties et  en  apparence  membraneuses,  se  com- 
posent de  cinq  doigts  composés  chacun  de 
trois  phalanges,  et  dont  quelques  uns  au 
moins  sont  munis  d'ongles  plats  et  arrondis, 
ayant  une  grossière  ressemblance  avec  ceux 
d'un  homme.  G.  Cuvier  dit  que  c'est  cette 
particularité  qui  a  fait  comparer  leurs  nageoi- 
res à  des  mains ,  et  a  valu  à  ces  animaux 
le  nom  de  Manates,  d'où ,  par  corruption  , 
pn  a  fait  celui  de  Lamantin.  Il  est  possible 
que  cette  étymologie  soit  vraie  ;  mais  cepen- 
dant elle  me  paraît  fort  douteuse,  et  voici 
pourquoi.  Si  je  ne  me  trompe,  Rochefort 
(Hist.  nat.  des  AntilL,  chap.  17,  art.  5)  est 
le  premier  qui  ait  donné  le  nom  de  Laman- 
tin à  cet  animal ,  que  l'on  appelait  avant 
Manali ,  et  je  ne  pense  pas  que  l'auteur  de 
V Histoire  naturelle  des  Antilles  ait  pu  appeler 
Lamantin  un  animal  qu'il  entendait  appe- 
ler Manati ,  même  quand  il  aurait  ajouté 
l'article  féminin  la  devant  un  mot  qu'il 
laisse  au  masculin.  D'autre  part,  le  nom  de 
Manati  est-il  une  corruption  du  mot  espa- 
gnol mano  ,  rnain  ,  comme  ils  le  disent  ?  Je 
ne  le  crois  pas  davantage,  parce  que  les 
Espagnols,  comme  les  Portugais  ,  appellent 
le  Lamantin  Poisson-Femme ,  sans  faire  al- 
lusion à  ses  nageoires.  Il  est  donc  probable 
que  le  nom  de  Manati  est  celui  que  cet  ani- 
mal portait  primitivement,  et  qu'il  appar- 
tient à  la  langue  des  naturels  de  l'Améri- 
que ,  probablement  à  celle  des  Guaranis,  ou 
à  un  de  ses  nombreux  dialectes.  Les  nègres 
de  la  Guyane  française ,  où  il  est  très 
commun,  l'appellent Mama-di-Veau,  Ton- 
nancri,  etc. 

Quoi  qu'il  en  soit ,  les  Lamantins  man- 


LAM 


LAM 


215 


quent  absolument  de  membres  postérieurs, 
et  le  bassin  n'existe  pas  même  en  vestige , 
si  l'on  s'en  rapporte  à  Daubenton,  qui  a 
disséqué  un  fœtus  de  ces  animaux.  Ce  fait 
a  paru  d'autant  plus  singulier  aux  métho- 
distes, que  ces  vestiges  existent  parfaitement 
dans  le  Dugong.  La  tête  ,  que  les  voyageurs 
ont  comparée  assez  mal  à  propos  à  celle  d'un 
bœuf,  approche  de  la  forme  conique,  et  se 
termine  en  un  museau  charnu  portant  à  sa 
partie  supérieure  des  narines  fort  petites  et 
dirigées  en  avant;  l'œil  est  très  petit,  muni 
d'une  prunelle,  quoi  qu'en  ait  dit  un  voya- 
geur ;  la  lèvre  supérieure  est  échancrée  au 
milieu  et  garnie  d'une  moustache  de  poils 
raides  ;  l'oreille  externe  manque,  et  le  trou 
auriculaire  est  très  petit  ;  la  langue  est  courte 
et  étroite.  Enfin  les  mamelles,  peu  appa- 
rentes dans  les  temps  ordinaires  ,  devien- 
nent grosses  et  un  peu  arrondies  pendant 
la  gestation  et  l'allaitement ,  et  comme  elles 
sont  placées  sur  l'estomac ,  c'est  pour  cette 
raison  que  ces  animaux  sont  nommés  Pois- 
sons-Femmes par  les  Espagnols  et  les  Por- 
tugais. Buffon  a  dit  que  la  vulve  est  placée 
au-dessus  et  non  au-dessous  de  l'anus;  mais 
de  nouvelles  observations  ont  prouvé  que 
sous  ce  rapport  le  Lamantin  n'offre  aucune 
anomalie. 

Quant  à  l'intérieur,  les  Manates  offrent 
une  grande  ressemblance  avec  certains  Pa- 
chydermes. Leur  estomac  est  divisé  en  plu- 
sieurs poches ,  leur  cœcum  se  divise  en  deux 
branches,  et  ils  ont  un  talon  boursouflé, 
caractères  qui  appartiennent  aux  Herbivo- 
res. Ils  ont  seize  paires  de  côtes,  mais  dont 
deux  seulement  s'unissent  au  sternum  ; 
leur  cou  se  compose  de  six  vertèbres  très 
courtes. 

1.  Le  Lamantin  d'Amérique,  Manatus  ame- 
ricanus  Desm.,  Trichecus  manatus  Lin., 
Manatus  australis  Tiles.;  le  Manati  de  l'O- 
rénoque,  Humb.;  le  Bœuf  marin  ,  la  Vache 
marine  ,  la  Sirène,  de  quelques  voyageurs; 
le  Manati  américain,  le  grand  Lamantin 
des  Antilles,  Buff.  Il  se  trouve  à  l'embou- 
chure de  l'Orénoque,  de  la  rivière  des  Ama- 
zones et  de  toutes  les  grandes  rivières  de 
l'Amérique  méridionale;  il  est  assez  com- 
mun à  la  Guyane.  Longtemps  on  a  cru  qu'il 
n'existait  qu'une  espèce  de  Lamantin  ,  et 
que  cette  espèce  habitait  toutes  les  parties 
chaudes  du  globe.  Cette  erreur  venait  de  ce 


que  les  voyageurs  Léguât  et  Dampier  ont 
pris  ,  dans  les  Grandes-Indes,  des  Dugongs 
pour  des  Lamantins,  et  qu'on  ne  savait  pas 
encore  que  le  Lamantin  d'Afrique ,  décrit 
par  Adanson  ,  fût  d'une  autre  espèce  que 
celui  d'Amérique. 

Cet  animal  atteint  quelquefois  jusqu'à 
6n  50  c.  de  longueur,  et  pèse  alors  8  mil- 
liers ;  dans  ce  cas,  il  doit  avoir  dans  sa 
plus  grande  épaisseur,  qui  se  trouve  un 
peu  avant  le  milieu  du  corps,  près  de  7mè* 
très  de  circonférence  et  lm  50  à  2  mètres  de 
diamètre.  Mais  il  paraît  que  c'est  assez  ra- 
rement qu'il  atteint  ces  énormes  dimen- 
sions ,  et  ceux  que  l'on  pêche  habituelle- 
ment ne  dépassent  guère  5  mètres. 
Son  corps  forme  une  ellipsoïde  allongée, 
dont  la  tête  forme  la  partie  antérieure,  et 
dont  l'extrémité  postérieure,  après  un  lé- 
ger étranglement,  s'aplatit  et  s'élargit  pour 
former  la  queue,  qui  fait  à  peu  près  le  quart 
de  la  longueur  totale  de  l'animal  :  elle  est 
oblongue,  avec  le  bout  large,  mince,  comme 
tronqué.  Aucun  rétrécissement  ne  fait  re- 
marquer la  place  du  cou,  et  la  distance  du 
bout  du  museau  à  l'insertion  des  nageoires 
est  d'un  peu  moins  du  quart  de  la  longueur 
totale.  La  tête  a  la  forme  d'un  cône  tron- 
qué antérieurement,  avec  un  museau  gros 
et  charnu ,  formant  le  demi-cercle  à  son 
extrémité;  le  haut  de  celui-ci  est  percé  de 
deux  petites  narines  en  croissant,  dirigées 
en  avant;  le  bas  de  ce  museau,  formant 
la  lèvre  supérieure,  est  renflé,  échancré 
dans  son  milieu  ,  et  garni  de  poils  gros  et 
rudes;  la  lèvre  inférieure  est  plus  courte  et 
plus  étroite  que  la  supérieure.  La  bouche 
est  peu  fendue,  et  l'œil  est  placé  sur  le  haut 
de  la  tête ,  à  la  même  distance  du  museau 
que  l'angle  des  lèvres.  L'oreille  ,  qui  n'est 
qu'un  trou  presque  imperceptible,  est  à  la 
même  distance  de  l'œil  que  celui-ci  l'est  du 
bout  du  museau.  L'avant-bras,  qui  porte 
la  nageoire  ,  est  plus  dégagé  du  corps  que 
celui  du  Dauphin ,  ce  qui  donne  à  la  main 
plus  de  facilité  pour  le  mouvement.  La 
main,  ou  nageoire,  est  munie  de  trois  ou 
quatre  ongles  plats  et  arrondis,  ne  dépas- 
sant pas  la  membrane  ;  le  pouce  n'en  a 
jamais,  et  quelquefois  il  manque  au  petit 
doigt.  Les  organes  de  la  génération  n'ont 
rien  de  remarquable.  Enfin  toute  la  peau 


21G 


LAM 


est  grise,  légèrement  chagrinée,  portant  çà 
et  là  quelques  poils  isolés,  plus  nombreux 
vers  la  commissure  des  lèvres  et  à  la  face 
palmaire  des  nageoires. 

Les  Lamantins  vivent  également  dans 
Veau  salée  et  dans  l'eau  douce;  mais  on 
croit  qu'ils  ne  se  hasardent  jamais  dans  la 
haute  mer,  et  même  qu'ils  s'éloignent  fort 
peu  du  rivage.  Cependant  un  fait  très  sin- 
gulier semblerait  contredire  cette  assertion, 
si  on  s'en  rapporte  à  Duhamel.  «  A  la  suite 
d'un  coup  de  vent,  un  Lamantin  femelle, 
avec  son  petit,  fut  jeté  à  la  côte  près  de 
Dieppe,  où  les  habitants,  ajoute-t-il,  se 
rappellent  encore  cet  événement.  »  Si  la 
chose  est  vraie,  cet  animal  avait  voyagé 
dans  la  haute  mer,  soit  qu'il  vînt  des  An- 
tilles, ou,  ce  qui  est  plus  probable,  de 
l'Afrique.  Quoi  qu'il  en  soit  de  ce  fait  très 
douteux,  il  est  certain  que  ces  animaux  se 
plaisent  à  remonter  très  loin  les  fleuves  de 
l'Amérique ,  et  qu'on  en  trouve  fort  sou- 
vent à  plusieurs  centaines  de  lieues  au- 
dessus  de  leur  embouchure.  Gumilla  dit 
qu'on  les  trouve  en  grand  nombre  dans  les 
lacs  de  l'Orénoque;  mais  que,  dans  une 
certaine  saison  de  l'année  ,  ils  les  quittent 
pour  retourner  à  la  mer.  C'est  alors  que 
les  Indiens,  qui  en  aiment  beaucoup  la 
chair,  les  arrêtent  au  passage  et  en  tuent 
un  nombre  considérable. 

Ils  vivent  en  famille  ,  mais  ces  fa- 
milles se  réunissent  pour  former  des  trou- 
peaux quelquefois  immenses.  L'auteur  cité 
plus  haut  dit  qu'un  lac  de  l'Orénoque  ayant 
été  tout-à-coup  desséché  par  un  accident, 
sans  que  les  Lamantins  eussent  eu  le  temps 
de  s'en  échapper,  il  en  périt  au  moins  trois 
mille.  Leur  caractère  est  fort  doux  ,  affec- 
tueux ,  et  ils  possèdent  à  un  haut  degré 
l'instinct  de  la  sociabilité;  mais  loin  d'a- 
voir une  très  grande  intelligence  ,  comme 
beaucoup  d'auteurs,  et  entre  autres  Buf- 
fon  ,  la  leur  accordent,  il  me  semble  qu'ils 
sont  stupides  comme  la  plupart  des  Her- 
bivores. En  effet,  dans  les  contrées  où 
ils  n'ont  pas  trop  été  harcelés  par  les  hom- 
mes ,  ils  se  laissent  approcher,  toucher 
même  sans  aucune  crainte,  et  il  faut,  dit- 
on  ,  les  frapper  assez  rudement  pour  qu'ils 
aient  la  prévision  du  danger  et  qu'ils  pren- 
nent le  parti  de  s'éloigner.  Il  paraît  qu'ils 
sont  monogames,  et  que  le  mâle  ne  quitte 


LAM 

jamais  sa  femelle  ;  il  l'aime  avec  tendresse, 
la  défend  avec  courage ,  et  l'aide  à  soigner 
et  élever  ses  petits.  Si  elle  meurt,  il  reste 
auprès  du  cadavre  et  ne  l'abandonne  qu'à 
la  dernière  extrémité.  Les  petits  ont  la 
même  tendresse  pour  leur  mère.  Aussi  les 
pêcheurs,  qui  connaissent  les  mœurs  de 
ces  animaux,  savent-ils  mettre  à  profit 
l'affection  qu'ils  ont  les  uns  pour  les  autres, 
et,  autant  qu'ils  le  peuvent,  ils  tâchent  de 
harponner  une  femelle ,  bien  sûrs  qu'ils 
sont  de  s'emparer  ensuite  très  facilement 
de  son  mâle  et  de  ses  enfants.  Pour  cette 
pêche,  ils  s'embarquent  sur  un  léger  canot, 
et  vont  chercher  les  Lamantins  sur  les  pla- 
ges peu  profondes  et  herbeuses,  autour  des 
îles  et  à  l'embouchure  des  fleuves,  où 
ils  viennent  paître  les  Fucus  et  autres 
végétaux  marins,  dont  ils  se  nourris- 
sent uniquement.  Quelquefois,  pour  les 
harponner,  ils  attendent  qu'ils  viennent 
respirer  à  la  surface  des  ondes  ;  d'autres  fois 
ils  les  surprennent  dans  le  sommeil,  et  ces 
animaux  se  laissent  alors  flotter  sur  les 
eaux ,  n'ayant  que  le  museau  au-dessus  de 
leur  surface.  Il  arrive  encore,  surtout  dans 
les  lacs  et  dans  les  fleuves,  quand  l'eau  n'a 
pas  une  très  grande  profondeur,  qu'on  les 
aperçoit  paissant  sur  les  bas-fonds ,  et, 
dans  ce  cas ,  les  Indiens  se  servent  volon- 
tiers de  trains  de  bois  flottant  en  guise  de 
canot,  et  d'une  flèche  fixée  au  bout  d'une 
lance  pour  remplacer  le  harpon. 

Dans  tous  les  cas,  lorsque  le  harponneur 
est  à  portée  de  l'animal ,  il  lui  lance  son 
instrument ,  qui  tient  par  un  anneau  à 
une  ligne  ou  cordelette  longue  d'une  cen- 
taine de  brasses  au  moins.  Le  Manate,  en  se 
sentant  blessé,  fuit  de  toute  la  vitesse  dont 
il  est  capable  ,  en  emportant  avec  lui  le 
harpon  et  la  ligne  ,  au  bout  de  laquelle  est 
attachée  une  bouée,  ou  flotte,  indiquant  aux 
pêcheurs  la  direction  qu'il  prend  dans  sa 
fuite.  A  ses  mouvements  convulsifs  et  inac- 
coutumés ,  au  sang  qui  jaillit  de  sa  bles- 
sure ,  les  autres  Lamantins  reconnaissent 
le  danger  qui  le  menace  ,  et  s'empressent 
de  lui  porter  secours  :  les  uns  cherchent  à 
arracher  le  harpon  enfoncé  dans  ses  flancs, 
les  autres  font  leurs  efforts  pour  couper  la 
corde  que  le  blessé  traîne  après  lui  ;  mais 
ils  ne  peuvent  y  parvenir,  parce  que  leur 
bouche  n'est  pas  assez  bien  armée  p*TT 


LAM 

cela.  Le  malheureux  animal ,  sentant  ses 
forces  s'épuiser  avec  son  sang  ,  cherche  à 
gagner  le  rivage ,  afin  de  trouver  un  bas- 
fond  sur  lequel  il  puisse  s'appuyer  pour 
élever  sa  tête  à  la  surface  et  respirer.  Les 
pécheurs  reconnaissent  que  c'est  là  son 
dernier  effort.  Quelques  uns  d'entre  eux 
saisissent  la  ligne,  descendent  sur  le  rivage, 
et  tirent  le  mourant  sur  le  bord;  s'il  fait 
encore  quelque  résistance ,  ceux  qui  sont 
restés  dans  le  canot  l'achèvent  à  coups  de 
lance.  Si  c'est  une  femelle  suivie  de  son  pe- 
tit, celui-ci ,  qui  n'a  pas  quitté  sa  mère  , 
cherche  à  la  suivre  sur  le  rivage,  et,  sans 
opposer  la  moindre  résistance  ,  il  se  laisse 
prendre  facilement;  le  mâle  la  suit  égale- 
ment, ou  si ,  effrayé  dans  les  premiers  in- 
stants ,  il  fuit  à  quelque  distance ,  il  ne 
tarde  pas  à  revenir  et  à  se  'laisser  har- 
ponner. 

Il  est  assez  facile  d'observer  les  mœurs  des 
Lamantins  sur  le  bord  des  fleuves  encaissés  ; 
car,  ainsi  que  je  l'ai  dit ,  ils  ne  sont  ni  dé- 
fiants ni  farouches.  Si  la  profondeur  des 
eaux  le  leur  permet,  on  les  voit  s'approcher 
jusque  contre  les  rives,  et  élever  la  moitié 
du  corps  au-dessus  des  ondes  pour  attein- 
dre et  brouter  les  herbes  et  les  arbrisseaux 
du  rivage;  mais,  quoi  qu'on  en  ait  dit,  ils 
ne  quittent  jamais  leur  élément  pour  venir 
ramper  sur  la  terre.  Pour  allaiter  son  petit, 
la  mère  le  prend  avec  une  de  ses  nageoires 
et  le  presse  sur  son  sein.  Elle  le  suit  avec 
la  plus  grande  sollicitude,  le  guide,  lui  ap- 
>rend  à  connaître  les  herbes  dont  il  doit  se 
lourrir,  et  ne  l'abandonne  que  lorsqu'il  est 
mt-à-fait  adulte.  Il  en  résulte  qu'on  la 
roit  souvent  suivie  de  deux  petits,  ce  qui  a 
fait  croire  à  quelques  voyageurs  qu'elle  en 
îettait  bas  deux  à  chaque  portée.   Néan- 
moins, si  la  loi  des  analogies  a  quelque  va- 
;ur,  elle  ne  doit  en  faire  qu'un,  et  la  plu- 
)art  des  auteurs  sont  assez  d'accord  sur  ce 
)int.  On  ignore  absolument  la  manière  dont 

fait  l'accouplement,  et  le  temps  de  la 
îstation. 

Si  l'on  s'en  rapportait  à  Herrera,  et  sur- 
>ut  à  Lopès  de  Gomara,  le  Lamantin  s'ap- 
wivoiserait  très  facilement.  Ce  dernier  au- 
îur  raconte  qu'un  Manati,  ayant  été  pris 
mne,  fut  transporté  à  Saint-Domingue  où 
)n  le  plaça  dans  un  petit  lac.  Il  y  vécut  plu- 
ieurs  années,  et  devint  aussi  familier  qu'un 
t.  vu. 


LAM 


217 


Chien.  Il  accourait  au  nom  de  Matto,  rece- 
vait la  nourriture  des  mains  de  son  maître» 
aimait  à  jouer  avec  les  personnes  qu'il  con- 
naissait, et  les  transportait  même  sur  son 
dos  d'une  rive  à  l'autre.  Ce  dernier  fait 
pourrait  bien  n'être  qu'une  réminiscence 
classique  de  Gomara,  car  elle  rappelle  ter- 
riblement l'histoire  du  Dauphin  du  lac  Lu- 
crin,  et  ceci  peut  rendre  le  récit  de  l'auteur 
un  peu  suspect.  Quand  ces  animaux  quit- 
tent la  mer  pour  remonter  les  fleuves,  ils  se 
réunissent  en  grande  troupe,  et  gardent  un 
certain  ordre  dans  leur  marche.  Les  mâles 
les  plus  vieux  et  les  plus  for  ta  se  placent  à 
la  tête,  les  femelles  suivent  eu  veillant  sur 
leurs  petits,  et  les  jeunes  sont  au  milieu  du 
troupeau.  Selon  le  récit  de  quelques  Indiens, 
il  n'est  pas  toujours  sans  danger  de  les  at- 
taquer pendant  qu'ils  sont  ainsi  réunis  ;  car, 
pour  porter  secours  à  celui  que  l'on  a  har- 
ponné et  hissé  dans  l'embarcation  ,  ils  se 
précipitent  en  si  grand  nombre  autour  du 
canot  qu'ils  peuvent  le  submerger. 

Leur  chair  passe  pour  excellente;  elle  a, 
selon  les  uns,  le  goût  du  meilleur  bœuf,  et 
celui  du  veau  ou  du  porc  selon  d'autres. 
Leur  graisse  est  fort  douce,  et  a  la  précieuse 
qualité  de  se  conserver  longtemps  sans  s'al- 
térer ni  rancir.  Le  lait  que  l'on  sort  des  ma- 
melles des  mères  pendant  l'allaitement  est, 
dit-on  ,  d'une  saveur  fort  agréable. 

2.  Le  Lamantin  du  Sénégal  ,  Manalus  sene- 
galensis  Desm.  ,  le  Léréou  des  nègres  Yo- 
lofes ,  le  Pazzi-Mouller  ou  Poisson-Femme 
des  Portugais  $  VAmbisiangulo  et  le  Pasien- 
goni  des  nègres  de  quelques  côtes.  Ce  Ma- 
nate  n'a  été  bien  connu  que  par  Adanson, 
qui  nous  en  a  donné  cette  description  : 
«  J'ai  vu,  dit-il,  beaucoup  de  ces  animaux; 
les  plus  grands  n'avaient  que  8  pieds  de 
longueur ,  et  pesaient  environ  800  livres. 
Une  femelle  de  5  pieds  3  pouces  de  long  ne 
pesait  que  194  livres.  Leur  couleur  est  d'un 
cendré  noir;  les  poils  sont  très  rares ,  sur- 
tout sur  le  corps  ;  ils  sont  en  forme  de  soies, 
lor^ues  de  9  lignes  ;  la  tête  est  conique,  et 
d'une  grosseur  médiocre  relativement  au 
volume  du  corps.  Les  yeux  sont  ronds  et 
petits;  l'iris  est  d'un  bleu  foncé  et  la  pru- 
nelle noire;  le  museau  est  presque  cylin- 
drique ;  les  deux  mâchoires  sont  à  peu  près 
également  larges  ;  les  lèvres  sont  charnues 
et  fort  épaisses;  il  n'y  a  que  des  dents  nr.  - 

28 


218 


LAM 


laires,  tant  à  la  mâchoire  du  haut  qu'à  celle 
d'en  bas;  la  langue  est  de  forme  ovale  ,  et 
attachée  presque  jusqu'à  son  extrémité  à  la 
mâchoire  inférieure...  Je  n'ai  pu  trouver 
d'oreille  dans  aucun ,  pas  même  un  trou 
assez  fin  pour  pouvoir  y  introduire  un  sty- 
let. Il  y  a  deux  bras  ou  nageoires  placés  à 
l'origine  de  la  tête,  qui  n'est  distinguée  du 
tronc  par  aucune  espèce  de  cou,  ni  par  des 
épaules  sensibles;  ces  bras  sont  à  peu  près 
cylindriques,  composés  de  trois  articulations 
principales,  dont  l'antérieure  forme  une  es- 
pèce de  main  aplatie,  dans  laquelle  les 
doigts  ne  se  distinguent  que  par  quatre  on- 
gles d'un  rouge  brun  et  luisant;  la  queue 
est  horizontale  comme  celle  des  Baleines, 
et  elle  a  la  forme  d'une  pelle  à  four.  Les  fe- 
melles ont  deux  mamelles  plus  elliptiques 
que  rondes ,  placées  près  de  l'aisselle  des 
bras.  La  peau  est  un  cuir  épais  de  6  lignes 
sous  le  ventre,  de  9  lignes  sur  le  dos,  et 
de  1  pouce  1/2  sur  la  tête.  La  graisse  est 
blanche  et  épaisse  de  2  à  3  pouces  ;  la  chair 
est  d'un  rouge  pâle  et  plus  délicate  que 
celle  du  Veau.  11  vit  d'herbes,  et  se  trouve 
à  l'embouchure  du  fleuve  Niger,  c'est-à-dire 
du  Sénégal.  » 

Ce  Lamantin  se  trouve  non  seulement  à 
l'embouchure  du  Sénégal ,  comme  le  dit 
Adanson,  mais  encore  sur  toute  la  côte  oc- 
cidentale d'Afrique  ,  depuis  ce  fleuve  jus- 
qu'à la  Guinée  méridionale.  Quant  à  ceux 
que  quelques  voyageurs  disent  avoir  ren- 
contrés sur  les  côtes  de  Madagascar,  il  est 
certain  qu'il  faut  les  rapporter  à  l'espèce  du 
Dugong  ,  quoiqu'ils  leur  donnent  le  nom 
de  Manate, 

A  la  description  qu'Adanson  a  donnée,  on 
peut  déjà  juger  que  cet  animal  doit  former 
une  autre  espèce  que  celui  d'Amérique.  En 
effet ,  nous  voyons  que  sa  taille  est  moitié 
plus  petite,  sa  couleur  plus  foncée,  les  ma- 
melles plutôt  elliptiques  que  rondes  ,  le 
trou  auditif  plus  petit,  la  queue  moins  tron- 
quée au  bout.  Si  ensuite  on  compare  le 
squelette  de  la  tête  de  ces  deux  animaux, 
on  trouvera,  selon  G.  Cuvier,  que  celui  du 
Sénégal  a  la  tête  proportionnellement  plus 
courte;  les  intermaxillaires  longs  et  plus 
larges  en  avant  des  maxillaires;  l'apophyse 
zygomatiquedu  temporal  bien  moins  élevée; 
les  frontaux  beaucoup  plus  bombés  ;  les 
crêtes  pariétales  bien  moins  rapprochées; 


LAM 

l'os  de  la  pommette  sensiblement  moins 
étendu;  la  mâchoire  inférieure  singulière- 
ment plus  courte,  plus  épaisse ,  et  son  bord 
inférieur  beaucoup  plus  courbé. 

Il  résulte  de  tout  ceci,  que  si  le  Laman- 
tin du  Sénégal  n'est  pas  une  espèce  distincte, 
c'est  au  moins  une  variété  très  tranchée. 
Quant  aux  mœurs  de  cet  animal,  tout  ce 
qu'on  en  sait  est  que  non  seulement  il  se 
trouve  à  l'embouchure  des  fleuves,  mais  en- 
core le  long  de  leur  cours,  à  une  très  grande 
distance  de  la  mer,  dans  les  lacs,  etc.  Se- 
lon Dapper,  il  pousserait  des  cris  effrayants 
quand  il  serait  blessé,  et  sa  chair,  très 
grasse  et  fort  bonne  ,  ressemblerait  à  celle 
du  Cochon  ;  on  la  salerait  pour  la  conserver, 
mais  quelquefois  cette  nourriture  ne  serait 
pas  sans  inconvénient  pour  les  marins.  En- 
fin, l'abbé  Dumannet  dit,  au  contraire, 
qu'elle  est  fort  saine,  et  que  les  nègres  l'ai- 
ment avec  passion  ,  ce  qui  est  cause  qu'ils 
font  une  guerre  soutenue  à  ces  animaux  et 
en  diminuent  beaucoup  le  nombre. 

3.  Le  Lamantin  a  large  museau  ,  Manalus 
îatirostris  Harlan,  est  une  espèce  fort  dou- 
teuse, établie  par  M.  Harlan  sur  quelques  os 
de  la  tête,  fort  endommagés,  et  trouvés  en 
Amérique,  sur  le  rivage  de  la  mer,  où  1rs 
flots  les  avaient  jetés.  Ce  Manate,  s'il  exis- 
tait, habiterait  le  golfe  du  Mexique  et  la 
mer  des  Antilles.  «  (Boitard.) 

LAMANTINS  FOSSILES,    paléont.  — 

Voy.  METAXYTHERIUM. 

LAMARCHEA  (nom  propre),  bot.  ph. — 
Genre  de  la  famille  des  Myrtacées,  établi 
par  Gaudichaud  (m  Freycinet,  483,  t.  110). 
Arbres  de  la  Nouvelle-Hollande.  Voy.  myr- 
tacées. 

LAMARCKEA,  Pers.  bot.  ph.  —  Syn. 
de  MarcJcea,  L.-C.  Rich. 

LAMARCKIA  (nom  propre),  bot.  ph. — 
Genre  de  la  famille  des  Graminées  -  Festu- 
cacées,  établi  par  Mœnch  (Meth.,  201).  Gra- 
mens  des  régions  méditerranéennes.  Voy. 
graminées.  —  Hortul.,syn.  d'Elœsdendroriy 
Jacq. — bot.  cr.—  Oliv. ,  syn.  de  Codium, 
Stackh. 

LAMRERTIA  (nom  propre),  eot.  ph.— 
Genre  de  la  famille  des  Protéacées-Grévil- 
Ices,  établi  par  Smith  {inLinn.  Transact. , 
IV,  214,  t.  20).  Arbrisseaux  de  la  Nou- 
velle-Hollande. Voy.  PROTÉACÉES. 

LAMBIS.  moll.  —  Nom  vulgaire  d'une 


LAM 


LAM 


219 


grande  espèce  dePtérocère,  Plerocera  lam- 
bis  de  Lamarck.  Voy.  ptérocère.  (Desh.) 

L AMBRE.  Lambrus.  crust.  —  Genre  de 
l'ordre  des  Décapodes  brachyures,  de  la  fa- 
mille des  Oxyrhynques,  de  la  tribu  des  Par- 
thénopiens,  établi  par  Leach  et  adopté  par 
tous  les  carcinologistes.  Les  espèces  qui  com- 
posent cette  coupe  générique  ont  le  rostre 
petit ,  mais  assez  convexe.  Les  yeux  sont 
parfaitement  rétractiles  et  les  orbites  pres- 
que circulaires.  Les  antennes  internes  se 
reploient  obliquement ,  et  les  fossettes  qui 
les  logent  se  continuent  en  général  sans  in- 
terruption avec  les  orbites.  L'épistome  est 
peu  développé  ,  et  beaucoup  plus  large  que 
long.  Les  régions  ptérygostomiennes  sont 
petites  et  presque  triangulaires.  Le  plastron 
sternal  est  beaucoup  plus  long  que  large. 
Les  pattes  de  la  première  paire  sont  au  moins 
deux  fois  et  demie  aussi  longues  que  la  por- 
tion post-frontale  de  la  carapace,  et  souvent 
elles  ont  plus  de  deux  fois  cette  longueur; 
elles  sont  toujours  plus  ou  moins  triangu- 
laires avec  la  pince  qui  les  termine,  petite, 
brusquement  recourbée  en  bas,  de  manière 
a  former  un  angle  avec  le  reste  de  la  main. 
Les  pattes  suivantes  sont  courtes  et  grêles, 
et  diminuent  progressivement.  L'abdomen 
de  la  femelle  présente  quelquefois  six  arti- 
cles ,  tandis  que  celui  du  mâle  n'en  offre 
que  cinq,  et  même  quelquefois  que  quatre. 
<^es  Crustacés  habitent  la  Méditerranée  et 
l'océan  Indien;  ils  vivent  parmi  les  rochers 
a  d'assez  grandes  profondeurs.  Le  Lambre 
longimane  ,  Lambrus  longimanus  Leach  , 
peut  être  considéré  comme  le  type  de  ce 
genre.  Nos  côtes  méditerranéennes  nourris- 
sent les  Lambrus  Massena  et  méditer raneus, 
que  l'on  trouve  aux  environs  de  Toulon,  de 
Nice  et  de  Sicile,  et  que  j'ai  rencontrés 
aussi,  en  Algérie,  dans  les  rades  de  Bone  et 
d'Oran.  (H.  L.) 

LAME  PROLIGÈRE.  bot.  —  Organe 
particulier  aux  végétaux  désignés  sous  le 
nom  de  Lichens.  Voy.  ce  mot. 

*LAMELLAIRE.  Lamellaria.  moll.— 
Montagu  a  donné  ce  nom  à  un  petit  Mol- 
lusque nu  paraissant  appartenir  au  g.  Pté- 
iobranche.  Voy.  ce  mot.  (Desh.) 

LAMELLE.  Lamella.  bot.  —  M.  de  Mir- 
bel  donne  ce  nom  à  certains  appendices  pé- 
taloïdes  qui  naissent  sur  les  corolles  de  quel- 
ques plantes;   et  beaucoup  de  botanistes 


l'appliquent  à  la  membrane  plissëe  qui  gar- 
nit le  dessous  du  chapeau  des  Agarics. 

*LAMELLÉS.  Lamellata.  moll. —La- 
treille,  dans  ses  Familles  naturelles,  a  pro- 
posé de  substituer  ce  nom  à  celui  de  Polype 
laxifère,  donné  par  M.  de  Blainville  aux  Os- 
cabrions  (voy.  ce  mot).  M.  Rang,  dans  son 
Manuel  des  Mollusques,  a  préféré  ce  nom  de 
Lamelles  à  celui  de  M.  de  Blainville.  (Desh.) 

LAMELLIBRANCHES.  Lamellibran- 
chiala.  moll. —  M.  de  Blainville  a  proposé 
d'appliquer  ce  nom  à  tous  les  Mollusques  dont 
les  branchies,  placées  par  paire  entre  le  corps 
et  le  manteau,  sont  étalées  sous  forme  de 
larges  lamelles.  Par  ce  moyen,  M.  de  Blain- 
ville réunit  tous  les  Mollusques  acéphales 
des  auteurs  eteonchifères  de  Lamarck.  Voy. 
mollusques.  (Desh.) 

LAMELLICORNES.  Lamellicornes  (la- 
mellœ,  petites  feuilles;  cornu,  corne),  ins. 
—  Famille  de  Coléoptères  pentamères,  très 
nombreuse  en  espèces  et  en  genres,  établie 
par  Latreille,  et  divisée  par  l'auteur  en  deux 
tribus:  Scarabéides  et  Lucanides. 

Les  Scarabéides  renferment  six  divisions  : 
les  Coprophages,  les  Arénicoles,  les  Xylo- 
philes,  les  Phyllophages,  les  Anthobies  et 
les  Mélitophiles  ;  les  Lucanides,  deux  :  les 
Lucanes  et  les  Passales. 

Mac-Leay,  qui  a  fait  une  étude  particu- 
lière de  ces  Insectes,  en  a  formé  (Annulosaja- 
vanica,  édition  Lequien,  Paris  1833)  deux 
familles  :  celle  des  Rectocères,  qui  comprend 
les  Lamprimides,  les  iEsalides,  les  Syndéri- 
des,les  Passalides  et  les  Lucanides  ;  et  celle 
des  Pétalocères ,  divisée  en  Saprophages  et 
Thalérophages,  et  renfermant  chacune  cinq 
tribus  nommées  :  Géotrupides,  Scarabéides, 
Aphodiides,  Trogides,  Dynastides,  Anoplog- 
natbides  ,  Mélolonthides ,  Giaphyrides,  Cé- 
toniides  et  Rutélides. 

Mulsant,  dans  ses  Lamellicornes  de  France, 
a  adopté  à  peu  près  la  même  manière  de  voir 
pour  la  partie  restreinte  qu'il  a  traitée,  mais 
dans  une  classification  inverse. 

Le  docteur  Burmeister  a  commencé  un 
travail  considérable  sur  cette  famille,  et 
comme  les  deux  volumes  qui  ont  paru  ne 
concernent  que  les  Mélitophiles  et  les  Scara- 
béides ,  nous  ne  pouvons  en  rendre  compte 
ici. 

Les  Lamellicornes  offrent  des  antennes 
insérées  dans  une  fossette  profonde,  sous  les 


220 


LAM 


bords  latéraux  de  la  tête,  toujours  courtes, 
de  neuf  à  dix  articles ,  et  terminées  en  une 
massue  compostée  ordinairement  des  trois 
derniers,  qui  sont  en  forme  de  lame ,  tan- 
tôt disposée  en  éventail  ou  à  la  manière  des 
feuillets  d'un  livre ,  quelquefois  contournée 
et  s'emboîtant  concentriquement,  le  premier 
ou  l'inférieur  de  cette  massue  ayant  alors  la 
forme  d'un  demi-entonnoir  et  recevant  les 
autres;  tantôt  disposée  perpendiculairement 
à  l'axe  et  formant  une  sorte  de  peigne. 

Le  corps  est  généralement  ovoïde  ou  ova- 
laire  et  épais.  Le  côté  extérieur  des  deux 
jambes  antérieures  est  denté,  et  les  articles 
des  tarses,  à  l'exception  de  quelques  mâles, 
sont  entiers  et  sans  brosses  ni  pelotes  en 
dessous.  L'extrémité  antérieure  de  la  tête 
s'avance  ou  se  dilate  le  plus  souvent  en  ma- 
nière de  chaperon.  Le  menton  est  grand, 
•ecouvre  la  languette  ou  est  incorporé  avec 
elle,  et  porte  les  palpes.  Les  mandibules  de 
plusieurs  sont  membraneuses,  caractère 
unique  pour  cette  famille.  Souvent  les  mâles 
diffèrent  des  femelles,  soit  par  des  élévations 
en  forme  de  cônes  ou  de  tubercules  du  cor- 
selet ou  de  la  tête,  soit  par  la  grandeur  des 
mandibules. 

Cette  famille  est  l'une  des  plus  belles  de 
cet  ordre  sous  le  rapport  de  la  grandeur  du 
corps,  de  la  variété  des  formes  dans  les  deux 
sexes,  ou  du  brillant  métallique  des  cou- 
leurs. 

La  plupart  des  Lamellicornes  se  nouas- 
sent de  végétaux  décomposés,  tels  que  le  fu- 
mier, le  tan,  ou  de  matières  excrémentitiel- 
les;  les  Mélitophiles  se  rencontrent  sur  les 
fleurs  ou  sur  le  tronc  d'arbres  ulcérés,  mais 
leurs  larves  vivent  de  détritus  ligneux. 

Les  larves  ont  le  corps  long,  presque 
demi-cylindrique,  mou,  souvent  ridé,  blan- 
châtre ,  divisé  en  douze  anneaux ,  avec  la 
tête  écailleuse,  armée  de  fortes  mandibules, 
et  six  pieds  écailleux.  Chaque  côté  du  corps 
a  neuf  stigmates  ;  son  extrémité  postérieure 
est  plus  épaisse,  arrondie,  et  toujours  cour- 
bée en  dessous  :  en  sorte  que  ces  larves,  ayant 
le  dos  convexe  et  arqué,  ne  peuvent  s'éten- 
dre en  ligne  droite,  marchent  mal  sur  un 
plan  uni,  et  tombent  à  chaque  instant  à  la 
renverse  ou  sur  le  côté.  On  peut  se  faire  une 
idée  de  leur  forme  par  celle  de  la  larve  si 
connue  des  horticulteurs  sous  le  nom  de  Ver 
liane  ,  celle  du  Hanneton  commun.  Quel- 


T.AM 

ques  unes  ne  se  changent  en  nymphe  qu'au 
bout  de  trois  à  quatre  ans  ;  elles  se  forment 
dans  leur  séjour,  avec  de  la  terre  ou  les  dé- 
bris des  matières  qu'elles  ont  rongées,  une 
coque  ovoïde  en  forme  de  boule  allongée , 
dont  les  parties  sont  liées  avec  une  substance 
glutineuse  qu'elles  émettent  du  corps.  Elles 
ont  pour  aliments  le  fumier,  le  tan,  les  dé- 
bris de  peaux  d'animaux  ou  de  vieux  vête- 
ments, les  racines  des  végétaux,  souvent 
même  de  ceux  qui  sont  nécessaires  à  nos 
besoins,  d'où  résultent  pour  le  cultivateur 
des  pertes  considérables. 

Les  trachées  de  ces  larves  sont  élastiques, 
tandis  que  celles  de  l'insecte  parfait  sont 
tubulaires.  Le  système  nerveux  ,  considéré 
dans  ces  deux  âges ,  présente  aussi  des  dif- 
férences remarquables.  Les  ganglions  sont 
moins  nombreux  et  plus  rapprochés  dans 
l'insecte  parvenu  à  sa  dernière  transforma- 
tion ,  et  les  deux  postérieurs  portent  un 
grand  nombre  de  filets  disposés  en  rayons. 
D'après  les  observations  de  M.  Marcel  de 
Serres  sur  les  yeux  des  insectes  ,  ceux  des 
Lamellicornes  offrent  des  caractères  parti- 
culiers ,  et  qui  rapprochent  leur  organisa- 
tion de  celle  des  yeux  des  Ténébrionites  et 
autres  insectes  lucifuges. 

Le  tube  alimentaire  est  généralement 
fort  long,  surtout  dans  les  Copropbages, 
contourné  sur  lui-même  ,  et  le  ventricule 
chylifique  est  hérissé  de  papilles,  reconnues 
par  M.  Léon  Dufour  pour  des  bourses  desti- 
nées au  séjour  du  liquide  alimentaire.  Les 
vaisseaux  biliaires  ressemblent ,  par  leur 
nombre  et  leur  mode  d'implantation,  à  ceux 
Coléoptères  carnassiers ,  mais  ils  sont  plus 
longs  et  plus  déliés. 

M.  Hercule  Straus  a  publié,  dans  un  ou- 
vrage in-4°,  de  belles  planches  et  de  pro- 
fondes observations  sur  l'anatomie  du  Han- 
neton commun. 

Le  Catalogue  de  M.  Dejean  réunit  dans 
la  famille  des  Lamellicornes  201  genres  et 
2,380  espèces.  Depuis  l'époque  où  cet  ou- 
vrage a  paru,  le  nombre  des  premiers  est  plus 
que  doublé,  et  celui  des  espèces  est  à  peu 
près  dans  la  même  proportion.  (C.) 

LAMEIXINE.  Lamellina  (lamella,  petite 
lame),  infus.—  Genre  proposé  par  M.  Bory 
de  Saint-Vincent  pour  la  Monas  lamellula 
de  Miiller,  et  pour  quelques  autres  Infu- 
soires  très  petits,  homogènes,  ayant  la  forme 


LAM 

d'une  lame  en  carré  long ,  et  la  transpa- 
rence du  verre.  Il  faudrait  de  nouvelles  ob- 
servations pour  déterminer  les  caractères 
de  ces  Infusoires ,  qui  doivent  être  munis 
d'un  ou  de  plusieurs  filaments  flagellifor- 
mes  locomoteurs ,  s'ils  appartiennent  réel- 
lement à  la  famille  des  Monadiens.    (Duj.) 

LAMELLIROSTRES.  Lamellirostres. 
ois. —  Sous  ce  nom,  G.  Cuvier  a  établi,  dans 
l'ordre  des  Palmipèdes,  une  famille  qui  ren- 
ferme toutes  les  espèces  de  cet  ordre  dont 
le  bec  est  épais ,  revêtu  d'une  peau  molle 
plutôt  que  d'une  véritable  corne ,  et  garni 
sur  ses  bords  de  lames  ou  petites  dents  ; 
dont  la  langue  est  large,  charnue,  dentelée 
sur  ses  bords  ;  et  qui  ont  pour  habitude  de 
vivre  plutôt  sur  les  eaux  douces  que  sur  les 
eaux  de  la  mer.  Cette  famille  se  compose 
des  genres  Cygne,  Oie,  Cercopse,  Bernache, 
Canard,  Macreuse,  Garrot ,  Eider,  Milouin, 
Souchet,  Tadorne,  Sarcelle  et  Harle.  Elle  cor- 
respond à  celle  que  Vieillot  a  nommée  Der- 
morhynques.  (Z.  G.) 

LAMELLOSODENTATI.  ois.— Famille 
établie  par  Illiger  (  Prod.  mam.  et  av.),  et 
qui  correspond  entièrement  à  celle  des  La- 
mellirostres de  G.  Cuvier.  Voy.  lamelli- 
rostres. (Z.  G.) 

LAMIA  (),aa?a,  voracité),  ins.  —  Genre 
de  Coléoptères  pentamères  (  tétramères 
de  Latreille),  famille  des  Longicornes, 
type  de  la  tribu  des  Lamiaires ,  créé 
par  Fabricius,  adopté  par  Olivier,  Latreille, 
Serville  et  Mulsant ,  mais  restreint  par  les 
deux  derniers  auteurs  à  une  espèce  d'Eu- 
rope :  le  Cerambyx  texlor  de  Linné,  espèce 
entièrement  noire,  aptère,  à  enveloppe  dure 
et  coriace.  La  larve,  ainsi  que  l'insecte 
parfait,  vit  dans  les  racines  du  Saule  et  de 
l'Osier.  Cette  espèce  est  assez  commune  aux 
environs  de  Paris.  (C.) 

LAMIACEES.  Lamiaceœ.  bot.  ph.  — 
M.  Lindley  a  proposé  de  substituer  au  nom 
de  Labiées  celui-ci,  qui  serait  plus  conforme 
aux  règles  de  nomenclature  établies  ,  mais 
qui  néanmoins  n'a  pas  prévalu.     (Ad.  J.) 

LAMIAIRES.Iawianœ.iNS.— Tribu  for- 
mée par  Latreille  dans  l'ordre  des  Coléoptè- 
res, famille  des  Longicornes  subpentamères, 
etquiétaientdésignés  précédemment  comme 
tétramères.  L'auteur  l'a  caractérisée  ainsi  : 
Tête  verticale  ;  palpes  filiformes,  guère  plus 
gros  à  leur  extrémité,   terminés  par  un  ar- 


LAM 


521 


ticle  plus  ou  moins  ovoïde,  allant  en  pointe  ; 
lobe  extérieur  des  mâchoires  un  peu  rétréci 
au  bout,  se  courbant  sur  la  division  interne  ; 
antennes  le  plus  souvent  sétacées  ou  simples; 
corselet,  abstraction  faite  des  tubercules  ou 
épines  des  côtés,  à  peu  près  de  la  même  lar- 
geur partout. Quelques  espèces  sont  aptères, 
caractère  qui  ne  se  retrouve  dans  aucune 
autre  division  de  cette  famille. Latreille  com- 
pose cette  tribu  des  genres  Lamia,  Saperda,et 
de  quelques  uns  des  Stenocorus  de  Fabricius  ; 
il  cite  comme  devant  y  être  rattachés  les 
genres  Acrocinus,  Tetraopes,  Monohammus, 
Dorcadion,  Parmena,  Âdesmus,  Apomecyna, 
Colobothea,  de  divers  auteurs.  Serville  a 
adopté  cette  tribu. 

Mulsant,  qui  en  forme  une  branche  de 
ses  Lamiens  (Histoire  naturelle  des  Longi- 
cornes de  France,  p.  118, 130),  pour  la  par- 
tie restreinte  qu'il  a  traitée,  n'y  introduit 
que  les  genres  Morimus,  Lamia  et  Monoham- 
mus. 

Les  Lamiaires  représentent  au  Catalogue 
de  Dejean  163  genres  et  839  espèces;  et,  vu 
le  trop  grand  nombre  de  ces  genres ,  nous 
nous  dispenserons  de  les  énumérer.  On  peut 
juger  par  leur  répartition  géographique  que 
les  climats  chauds  et  boisés  sont  les  plus  fa- 
vorables à  ces  Insectes  :  ainsi  l'Amérique  re- 
présente 484  espèces;  l'Europe,  si  explorée, 
seulement  125  ;  l'Afrique,  108  ;  l'Asie,  101  ; 
l'Australasie,  21. 

Depuis  la  publication  de  ce  Catalogue, 
MM.  Guérin,  Erichson,  Newman,etc,  etc., 
ont  établi  une  cinquantaine  de  nouvelles 
coupes  génériques.  Les  espèces  qui  s'y  rap- 
portent, ainsi  que  celles  décrites  antérieure- 
ment, et  qui  étaient  inconnues  à  Dsjean, 
forment  un  total  d'environ  1,400. 

Les  Lamiaires  varient  infiniment  pour 
la  taille.  La  plus  grande  a  80,  et  la  plus  pe- 
tite n'a  guère  plus  de  2  millimètres  de  lon- 
gueur. En  général,  cette  taille  est  assez  éle- 
vée et  peut  être  portée  en  moyenne  de  40  à 
50.  Leurs  couleurs  vives  sont  tranchées 
chez  les  espèces  des  Indes  orientales  et  de 
l'Afrique  équinoxiale;  chez  les  américaines, 
ces  couleurs  sont  variées  de  cendré,  de  brun, 
de  fauve  et  de  jaune,  et  forment  un  mélange 
la  plupart  du  temps  indescriptible.  Beau- 
coup sont  recouvertes  d'une  pubescence  co- 
tonneuse qui,  exceptionnellement,  est  chan- 
geante. Les  espèces  d'Europe  sont  le  plus 


222 


LAM 


LAM 


souvent  d'un  noir  plus  ou  moins  foncé,  et 
celles  aptères  ont  des  lignes  blanchâtres  ou 
grises.  On  reconnaît  celles  aptères  de  l'A- 
frique méridionale  et  de  l'Australie  à  la 
consistance  épaisse  de  leurs  étuis,  qui,  d'or- 
dinaire, présentent  des  tubercules  ou  des 
épines  ;  indépendamment  de  ces  bizarreries, 
leur  physionomie  rappelle  certains  Drachy- 
cerus. 

A  l'état  d'insectes  parfaits ,  les  Lamiaires 
se  rencontrent  sur  le  bois  mort,  et  les  espèces 
aptères  se  traînent  sur  le  sol.  Ces  dernières 
sont  toujours  diurnes;  la  plupart  des  autres 
sont  aussi  dans  ce  cas;  plusieurs,  toutefois, 
sont  crépusculaires  ou  nocturnes. 

A  l'état  de  larves,  les  Lamiaires  ne  sillon- 
nent pas  ordinairement  les couchesligneuses, 
et  ne  pratiquent  pas  ainsi  dans  les  arbres  les 
dégâts  considérables  qu'y  commettent  par 
conséquent  les  grandes  espèces  des  Procé- 
phalides  (les  Spondyliens,  les  Prioniens,  et 
les  Cérambycins).  Comment,  en  effet,  après 
leur  dernière  métamorphose,  se  traceraient- 
ils  avec  leur  tête,  souvent  très  inclinée,  un 
long  chemin  pour  arriver  au  jour?  Aussi  la 
plupart  se  contentent  de  ronger  presque  ex- 
clusivement les  écorces,  ou  vivent,  dans  cer- 
tains végétaux,  de  la  substance  médullaire 
qu'ils  renferment.  Il  a  sufû  à  la  nature  de 
modifier  la  direction  de  leur  bouche  pour 
opérer,  entre  leurs  habitudes  et  celles  des 
espèces  des  autres  tribus  de  Longicornes,  ces 
différences  importantes. 

Nous  croyons  devoir  donner  un  extrait  des 
observations  très  intéressantes  de  M.  Solier 
(Ann.  de  la  Soc.  entom.  de  France,  t.  IV, 
P.  123-129,  pi.  3,  fig.  A)  sur  les  métamor- 
phoses de  la  Parmena  pilosa  (P.  Solieri  de 
Mulsant),  habitant  le  midi  de  la  France. 

Larve  blanchâtre;  mandibules  noires. 
Tête  antérieurement  rousse.  Premier  seg- 
ment (prothorax)  avec  une  ligne  transverse 
d'un  brun  pâle;  apode;  composé  de  douze 
segments;  côtés  légèrement  ciliés;  cils  longs, 
roussâtres,  écartés;  premier  segment  plus 
grand  que  les  autres,  lisse;  deuxième,  égale- 
ment lisse,  plus  court  que  les  autres;  les  sui- 
vants,jusqu'au  dixième,  inclus,  augmentant 
insensiblement  de  longueur,  offrant  deux 
élévations  dorsales  tuberculeuses,  plus  éle- 
vées et  espacées  vers  ces  derniers;  onzième  et 
douzième  plus  larges;  premier  et  dixième 
plusdiîatés.  Elle  est  un  peu  rétrécie  dans  le 


milieu  de  sa  longueur.  Segments  inférieurs 
suivant  à  peu  près  la  même  gradation  qu'en 
dessus  :  deux  élévations,  ornées  de  tuber- 
cules, depuis  le  troisième  jusqu'au  dixième 
compris,  représentant  des  pattes  membra- 
neuses peu  prononcées.  Côtés  des  segments 
plus  ou  moins  arqués,  ayant  une  fossette 
oblongue,  longitudinale,  et  formant  un 
bourrelet  marginal  ondulé  ;  stigmates  petits, 
bruns,  s'oblitérant  postérieurement,  placés 
sur  les  deuxième,  quatrième,  cinquième  à 
onzième  segments  ;  premier  très  grand. 
Derniers  segments  montrant  deux  enfonce- 
ments et  deux  petits  tubercules  bruns  à 
l'extrémité. 

M.  Solier  dit  avoir  trouvé  cette  larve  en 
mars,  aux  environs  de  Marseille ,  dans  des 
tiges  sèches  de  VEuphorbia  characias.  Elle 
se  pratique  un  chemin  tortueux  dans  la 
moelle  dont  elle  fait  sa  nourriture,  et  re- 
vient ensuite  sur  ses  pas  en  achevant  de 
manger  ce  qui  reste  de  cette  moelle.  Outre 
les  excréments,  on  trouve  dans  les  tiges,  des 
parties  de  la  fibre  ligneuse,  serrées  et  bou- 
chant entièrement  l'ouverture.  L'observateur 
suppose  que  la  larve  pratique  cet  obstacle 
pour  se  garantir  de  ses  ennemis  au  mo- 
ment des  mues.  Il  a  rencontré  plusieurs  de 
ces  larves  renfermées  entre  deux  bouchons. 
La  larve  paraît  s'introduire  plutôt  par  le 
haut;  la  moelle,  étant  plus  tendre,  doit  en 
effet  mieux  convenir  à  sa  faiblesse.  Parmi 
celles  trouvées  en  mars,  quelques  unesavaient 
acquis  à  peu  près  toute  leur  grosseur;  d'au- 
tres étaient  très  petites,  et  il  y  avait  alors 
des  insectes  parfaits.  M.  Solier  présume  que 
les  grosses  larves  avaient  passé  l'hiver,  et 
que  les  plus  avancées  s'étaient  transformées 
dès  les  premières  chaleurs.  Elles  continuè- 
rent de  manger,  sans  prendre  un  accroisse- 
ment bien  sensible,  jusqu'au  commencement 
d'août,  époque  à  laquelle  elles  se  transfor- 
maient généralement  en  nymphe.  A  dater  du 
8  du  même  mois,  les  insectes  parfaits  sorti- 
rent en  grand  nombre  des  caisses  où  cet 
entomologiste  avait  renfermé  les  plantes  at- 
taquées. 

Lorsqu'on  recherche  la  larve  en  ouvrant 
des  tiges,  elle  s'enfonce  du  côté  opposé 
avec  assez  de  vivacité ,  et  se  sert ,  dans  ce 
mouvement  des  mamelons  tuberculeux 
comme  de  crampons;  par  ce  moyen,  elle 
fixe  alternativement  la  partie  antérieure  et 


XAM 


LAM 


postérieure  de  son  corps  ;  puis,  resserrantses 
anneaux  et  les  allongeant  alternativement, 
elle  chemine  à  l'opposé  du  danger. 

Composition  des  parties  de  la  bouche.  — 
Mandibules  cornées,  courtes,  anguleuses, 
minces,  creusées  en  dedans,  tronquées  en 
arc  de  cercle  sur  l'extrémité,  paraissant 
légèrement  bidentées  et  à  dents  très  écar- 
tées; labre  court,  membraneux,  trans- 
verse, faiblement  rétréci  en  arrière,  cilié 
antérieurement ,  à  angles  arrondis.  Mem- 
brane reliant  le  labre  à  la  tête,  représen- 
tant l'épistome  en  segment  de  cercle  très 
contractile.  Mâchoires  grandes,  élargies  à 
la  base ,  terminées  par  un  lobe  cilié  à  son 
extrémité ,  munies  chacune  d'un  palpe 
triarticulé  :  les  deux  premiers  articles  très 
courts  ,  en  cône  renversé  ;  troisième  un  peu 
plus  long,  étroit,  cylindrique.  Languette 
grande,  arquée,  velue  en  avant;  renfle- 
ments palpiformes  très  gros.  Palpes  à  deux 
articles  cylindriques  de  même  longueur. 
Premier  article  beaucoup  plus  gros;  deuxième 
étroit,  filiforme.  Menton  court,  trapézoïde, 
à  suture  peu  distincte,  effacée  dans  le  mi- 
lieu. Partie  inférieure  de  la  bouche  réunie 
à  la  tête  par  une  sorte  de  membrane  plissée 
postérieurement  en  arc  de  cercle.  Antennes 
très  courtes,  de  deux  articles  peu  appa- 
rents; entre  elles  et  l'épistome  ressort  une 
dent  triangulaire  sur  chaque  côté. 

Nymphe  blanche;  antennes,  tarses  et 
extrémités  vitrés.  Yeux  marqués  d'une  tache 
brune,  arquée,  élargie  aux  deux  bouts, 
très  mince,  presque  nulle  dans  le  milieu. 
Antennes  longues,  rejetées  sur  les  côtés  et 
en  arrière ,  courbées  vers  le  bas  et  en  des- 
sous, repliées  de  nouveau  en  hameçon  vers 
la  tête,  à  articles  indiqués  et  ayant  la  lon- 
gueur qu'ils  devront  avoir  dans  la  suite. 
Tête  fortement  courbée  en  dessous,  à  bou- 
che appliquée  contre  la  poitrine  du  protho- 
rax. Labre  et  épistome  presque  aussi  mar- 
qués que  dans  l'insecte  parfait,  mais  un 
peu  plus  allongés.  Mandibules  apparentes, 
latéralement  arquées,  ornées  d'une  ligne 
transversale  sanguine  qui  s'étend  à  la  par- 
tie inférieure  de  la  tête.  Palpes  bien  dis- 
tincts, à  articles  courts,  presque  cylindri- 
ques. Pattes  repliées  en  dessous;  cuisses 
appliquées  contre  la  poitrine,  et  tibias  con- 
tre les  cuisses,  paires  antérieures  placées 
en  dessus,  et  dernière  paire  en  dessous  des 


fourreaux  des  élytres;  tarses  rejetés  en  ar- 
rière et  rangés  sur  deux  lignes  longitudi- 
nales, vers  le  milieu,  et  de  manière  à  sé- 
parer les  élytres.  Élytres  courtes ,  subtrian- 
gulaires ,  repliées  en  dessous  et  reparaissant 
en  dessus  ,  sur  les  côtés,  avec  un  écart  no- 
table. Prothorax  très  grand ,  plus  court  que 
dans  l'insecte  parfait ,  ce  qui  le  fait  paraître 
plus  large;  mésothorax  plus  court,  néan- 
moins assez  développé ,  caché  en  dessous 
par  les  pattes  et  les  tarses  ,  subtriangulaire 
en  dessus,  à  peu  près  réduit  au  scutellum; 
métathorax  très  court,  peu  développé.  Ab- 
domen vu  en  dessus ,  très  grand  ,  à  peu 
près  en  demi-cercle,  composé  de  7  seg- 
ments; segments  antérieurs  courts,  trans- 
verses, égaux  en  longueur,  dernier  (  ou 
anus)  très  petit,  terminé  par  2  épines  di- 
vergentes. Les  6  premiers  segments  et  le 
métathorax  marqués  d'une  ligne  longitudi- 
nale médiane  plus  obscure.  En  dessous,  ces 
segments  sont  plus  lisses  que  dans  la  larve , 
et  les  tubercules  et  poils  du  dessus  sont  plus 
rares  et  placés  sur  le  bord  postérieur.  Les 
2  derniers  sont  lisses.  M.  Solier  pense  que 
les  deux  piquants  terminaux  servent  à  celte 
nymphe  de  point  d'appui  pour  se  débar- 
rasser de  sa  peau.  On  trouve  l'insecte  par- 
fait sous  les  pierres  pendant  les  mois  de 
mars,  avril,  juin  et  septembre. 

MM.  Guilding,  de  l'île  Saint-Vincent,  et 
L'Herminier,  de  la  Guadeloupe,  ont  men- 
tionné un  fait  curieux  concernant  les  ha- 
bitudes des  Oncideres,  genre  américain,  fai- 
sant autrefois  partie  des  Lamia  de  Fabri- 
cius,  les  femelles  des  0.  ampulaior  Fab.  et 
Lherminieri  de  Schœnherr.  Lorsqu'elles  sont 
sur  le  point  de  pondre,  elles  saisissent  avec 
leurs  mandibules  larges  ,  aplaties  et  tran- 
chantes, une  branche  d'arbre  souvent  deux 
fois  plus  plus  grosse  que  leur  corps.  Elles 
volent  alentour,  de  manière  à  la  scier, 
jusqu'à  ce  que,  son  poids  et  le  vent  aidant , 
elle  vienne  à  se  rompre.  C'est  alors  qu'elles 
déposent,  dans  les  déchirures  et  les  pores  de 
cette  branche,  les  œufs  qui  doivent  assu- 
rer la  perpétuité  de  l'espèce.  La  même 
manœuvre  a  depuis  été  constatée  par  des 
voyageurs  pour  d'autres  espèces  du  même 
genre.  (C.) 

*LAMÏCTIS  (Ufj.'«,  voracité;  hris,mus- 
tela).  kam. — M.  de  Blainville  (Ann.  se.  nal., 
VIII,  1839)  a  établi  sous  ce  nom  un  petit 


224 


LAM 


groupe  de  Carnassiers  de  la  division  des 
Vn erras,  et  ne  comprenant  qu'une  seule 
espèce,  désignée  sous  la  dénomination 
de  Viverra  carcharias  Bl.  Le  Lamictis 
a  quarante  dents,  savoir  :  incisives  }, 
canines  7,  molaires  {  à  chaque  mâ- 
choire ,  ce  qui  le  rapproche  des  Viverras. 
Le  museau  est  assez  allongé  et  le  palais 
étroit.  La  langue  est  garnie  de  papilles  cor- 
nées; le  gros  intestin  est  musr.uleux  et  long 
de  6  pouces  ;  le  cœcum  n'a  que  6  lignes , 
il  est  étroit  et  musculeux  ;  l'intestin  grêle 
a  4  pouces;  les  pieds  antérieurs  et  posté- 
rieurs ont  cinq  doigts  ;  il  n'y  a  pas  de  clavi- 
cule. La  longueur  totale  de  l'animal  est  de 
0m  72  cent. 

M.  de  Blainville  n'a  pu  étudier  qu'un 
seul  individu  de  ce  groupe;  il  provenait 
de  l'Inde,  d'où  il  avait  été  envoyé  en  1826 
par  M.  Diard.  Le  Viverra  carcharias  se  rap- 
proche un  peu  du  Cynogale.         {  E.  D.) 

LAMÏË.  Lamia  (À«p.ta,  poisson  de  mer). 
poiss.  —  Genre  de  Poissons  de  l'ordre  des 
Ghondroptérygiens  ,  famille  des  Sélaciens, 
établi  par  Cuvier  {Règ.  anim.)  aux  dépens  des 
Squaies,  dont  les  Lamies  diffèrent  par  leur 
museau  pyramidal ,  à  la  base  duquel  sont 
situées  les  narines ,  et  par  les  trous  des 
branchies  placés  tous  en  avant  des  pectorales. 
On  connaît  2  espèces  de  ce  genre  :  les 
Sq.  cornubicus  Schn.,  et  monensis  Sh.  Leur 
taille  les  a  souvent  fait  confondre  avec  le 
Requin.  (J) 

*LAMIENS.  Lamii.  ms.  —  Sous  ce  nom, 
M.  Mulsant  désigne  (Histoire  naturelle  des 
Longicornes  de  France,  p.  1 16)  une  famille  de 
Coléoptères  subpentamères,   que  l'auteur 
distribue  en  quatre  branches,  savoir  :  Par- 
méniaires,  Lamiaires,  iEdilaires  et  Pogono- 
chéraires.  Voici  les  caractères  qu'il  attri- 
bue à  cette  famille  :  Prothorax  armé  de 
chaque  côté  d'une  épine  ou  d'un  tubercule 
épineux;  palpes  à  dernier  article  ovalaire  ou 
subcylindrique,  rétréci  vers    l'extrémité, 
et  terminé  en  une  pointe  entière  ou  tron- 
quée ,  lobe  extérieur  des  mâchoires  recourbé 
sur  l'interne  ;  antennes  plus  longues  que 
le  corps  chez  les  espèces  ailées;  yeux  très 
échancrés,  et  s'avançant  inférieurementau- 
delà  de  la  base  des  antennes  qu'ils  entourent 
en  partie;  élytres  presque  soudées,  et  alors 
ailes  nulles  ou  peu    développées  ;   tarière 
des  femelles  quelquefois  saillante  ;  jambes 


LAM 

comprimées,  intermédiaires,  munies  d'un 
tubercule  ou  sorte  de  dent  obtuse,  suivie 
d'une  échancrure  couverte  d'une  frange  de 
poils.  (C) 

LAMIER.  Lamium.  bot.  ph.  —  Genre 
de  la  famille  des  Labiées-Stachydées,  établi 
par  Linné  (Gen.,  n.  716),  et  présentant 
pour  caractères  principaux  :  Calice  campa- 
nule ,  à  cinq  dents  presque  égales  ,  ou  les 
supérieures  plus  longues  ;  corolle  redressée, 
dilatée  à  la  gorge,  à  lèvre  supérieure  oblon- 
gue  ou  en  casque ,  étroite  à  la  base  ;  éta- 
mines  quatre  ,  ascendantes  ,  les  inférieu- 
res les  plus  longues.  Style  bifide ,  à  deux 
divisions  presque  égales,  et  portant  un  stig- 
mate à  leur  sommet. 

Les  Lamiers  sont  des  herbes  indigènes 
d'Asie  et  d'Europe,  à  feuilles  inférieures 
longuement  pétiolées  ,  petites  ,  celles  du 
centre  plus  grandes,  souvent  cordiformes  à 
leur  base;  les  feuilles  supérieures  sont 
les  plus  petites ,  très  brièvement  pétiolées  ; 
fleurs  blanches,  ou  roses ,  ou  pourpres ,  ou 
jaunes. 

Les  espèces  de  ce  genre  ont  été  divisées 
en  4  sections  fondées  sur  l'aspect  de  la  co- 
rolle ,  et  nommées  :  Orvala ,  Linn.;  La- 
miopsis,  Dumort.  ;  LamioLypus ,  Dumort.  ; 
Galeobdolon,  Huds. 

Le  Lamier  blanc,  L.  album  Linn.,  espèce 
type  du  genre,  est  commune  dans  les  bois, 
les  haies  et  les  buissons.  On  la  désigne  vul- 
gairement sous  les  noms  d'Ortie  blanche  ou 
Ortie  morte.  L'infusion  de  ses  fleurs  passe 
pour  pectorale  ;  dans  beaucoup  de  contrées, 
ses  feuilles  sont  mangées  en  salade  et  en 
guise  d'épinards.  (•*•) 

LAMINAIUA.  bot.  cr.  —  Genre  de  Phy- 
cées,  de  la  tribu  des  Laminariées,  dont  il  est 
le  principal  genre.  Il  a  été  établi  par  La- 
mouroux  [in  Ann.  mus.,  XX,  41)  et  adopte 
sous  ce  nom  par  un  grand  nombre  de  bota- 
nistes. Les  principaux  caractères  de  ce  genre 
sont:  Stipe  simple  et  quelquefois  fistuleux, 
ou  à  deux  divisions  et  solide,  se  terminant 
en  une  lame  simple,  plane,  sans  nervures, 
indivise  ou  quelquefois  divisée  en  forme  de 
palme;  les  organes  de  la  fructification  con- 
sistent en  filaments  fixés  à  l'intérieur  de  la 
substance  de  la  lame  ;  ces  filaments  sont  ar- 
ticulés ,  quelquefois  renflés  en  forme  d'ur- 
céole  à  chaque  articulation,  et  libres;  ou 
bien  ils  sont  disposés  dans  la  partie  fistuleuse 


LAM 

du  slipe  ;  dans  ce  cas,  ils  sont  très  rameux 
et  presque  continus. 

Les  Laminaria  sont  toutes  des  Algues  co- 
riaces ou,  rarement,  membraneuses,  et  d'un 
vert  foncé  ou  roussàtre.  Elles  renferment  un 
principe  sucré  assez  abondant,  qui  apparaît, 
après  la  dessiccation ,  sous  forme  d'efflores- 
cence  farineuse  et  blanchâtre. 

Les  espèces  de  ce  genre  sont  nombreuses; 
quelques  unes  ont  servi  de  base  à  la  fonda- 
tion de  nouveaux  genres  :  ainsi,  la  Lamina- 
ria buccinalis  est  le  type  du  genre  Ecklonia 
de  Hornemann  (in  Act.  Hafn.f  1828,  III, 
370);  la  Laminaria  biruncinata  a  donné  lieu 
à  l'établissement  du  genre  Copea,  Mont. 
(Flor.  canar.  plant,  cellul,  140);  M.  De- 
caisne  a  créé  le  genre  Haligenia  sur  la  La- 
minaria bulbosa  {in Nov.  Ann.  se.  nat.t  XVII, 
345),  etc. 

Tel  qu'il  est  actuellement  restreint,  le  g. 
Laminaria  renferme  15  espèces  habitant 
toutes  les  mers  septentrionales  et  l'hémi- 
sphère boréal. 

LAMINARIÉES.  Laminariœ.  bot.  cr. — 
Tribu  de  la  grande  famille  des  Phycées.  Voy. 
ce  mot. 

LAMIUM.  bot.  ph. —  Voy.  lamier. 

LAMOUROUXIA  ,  Ag.  bot.  cr.  —  Syn. 
de  Claudea,  Lamx.— Bonnem.,  syn.  de  Cal- 
lithamnion,  Lyngb. 

LAMOUROUXIA  (nom  propre),  bot.  ph. 
— Genre  de  la  famille  des  Scrophularinées- 
Rhinanthées  ,  établi  par  H.-B.  Kunth  (in 
Humb.  et  Bonpl.,  Nov.  gen.  etsp.,  III,  335, 
t.  167-169).  Herbes  du  Mexique  et  du  Pé- 
rou. Voy.  SCROPHULARINÉES. 

LAMPADIE.  moll.  —  Genre  créé  par 
Montfort  (Conchyliologie  systématique),  et 
rapporté  comme  sous -genre  ,  par  M.  Aie. 
d'Orbigny,  au  groupe  des  Robulina.  Voy. 
ce  mot. 

f     LAMPAS.  moll.  —  Dans  le  Muséum  ca- 

i  lonnianum,  Humphrey  propose  sous  ce  nom 

un  g.  qu'il  détache  des  Anomies  de  Linné, 

et  dans  lequel  il  ne  range  que  de  véritables 

Térébratules.  Voy.  ce  mot.  (Desh.) 

LAMPAS,  Schum.  moll.  — Syn.  de  Tri- 
ton, Lamk.  (Desh.) 

LAMPE  ANTIQUE,  moll.  —  Nom  vul- 
gaire d'une  coquille  terrestre  fort  curieuse 
pour  laquelle  Lamarck  a  créé  le  g.  Anos- 
tome.  Voy.  ce  mot,  (Desh.) 

*LAMPETIS(^ntxy)5,quibrille).iNs.— 

T.   VU. 


LAM 


225 


Genre  de  Coléoptères  pentamères ,  famille 
des  Sternoxes,  tribu  des  Buprestides,  éta- 
bli par  Dejean  et  publié  par  Spinola  (Annal, 
de  la  Soc.  entom.  de  France,  t.  VI,  p.  113). 
Le  nombre  des  espèces  qu'on  rapporte  à  ce 
genre  est  d'une  vingtaine.  Elles  sont  origi- 
naires d'Afrique,  d'Asie  et  d'Amérique. 
Nous  citerons  comme  en  faisant  partie  les 
Buprestis  punctatissima ,  funesta  ,  fastuosa 
de  Fabr.,  et  L.  monilis  de  Ch.  (C.) 

*LAMPORNINÉES.  Lamporninœ. ois.  - 
Sous-famille  établie  par  G.-R.  Gray  (List 
of  the  gen.)  dans  la  famille  des  Trochilidées. 
Les  genres  Campylopterus,  Eulampis,  Pe- 
tazophora,  Lampornis,  Glaucis,  Topaza  et 
Calothorax  font  partie  de  cette  sous- fa- 
mille. (Z.  G.) 

LAMPORNIS,  Swains.  ois.  —Genre  de 
la  famille  des  Colibris.  Voy.  ce  mot.  (Z.  G.) 

LAMPOURDE.  Xanthium.  bot.  pu.  — 
Genre  de  la  famille  des  Composées-Sénécio- 
nidées,  établi  par  Toumefort  (Inst.,  t.  252), 
et  présentant  pour  principaux  caractères  : 
Capitule  homogame  monoïque.  Fleurs  mâ- 
les :  involucre  subglobuleux,  multiflore  ,  à 
écailles  libres  ,  uni-sériées.  Réceptacle  cy- 
lindrique, paléacé;  corolle  tubuleuse,  à 
limbe  brièvement  5-lobé;  filaments  des 
étamincs  à  peine  adnés  à  la  corolle  ;  an- 
thères libres.  Stigmates  2,  concrets.  Fleurs 
femelles  :  involucre  ovale,  gamophylle,  bi- 
flore  ,  couvert  de  piquants,  et  surmonté 
d'une  ou  de  deux  épines.  Corolle  filiforme 
tubuleuse.  Étamines  nulles.  Stigmates  2, 
linéaires,  divergents.  Akène  comprimé, 
biloculaire. 

Les  Lampourdes  sont  des  herbes  annuel- 
les, rameuses,  à  feuilles  alternes  découpées  ; 
les  fleurs  sont  disposées  en  capitule  ou  e;i 
épi  terminal  :  les  mâles  sont  à  la  partie  su- 
périeure; les  femelles  à  la  partie  infé- 
rieure. 

Ce  genre  renferme  8  espèces ,  réparties 
par  De  Candolle  (Prodr. ,  V,  522)  en  deux 
sections  qu'il  nomme  :  Euxanlhium  et  Acan- 
thoxanthium.  La  première  comprend  celles 
dont  l'involucre  est  surmonté  de  deux  cor- 
nes plus  ou  moins  recourbées;  la  seconde 
celles  dont  l'involucre  ne  présente  à  son 
sommet  qu'une  seule  corne  toujours  droite. 

Toutes  les  espèces  de  ce  genre  croissent 
dans  les  régions  chaudes  et  tempérées  du 
globe;  nous  citerons  parmi  celles  vulgaire- 

23 


226 


LAM 


LAM 


ment  connues ,  le  Xanthium  stramarium  , 
nommé  aussi  Herbe  aux  écrouelles,  à  cause 
de  la  propriété  attribuée  autrefois  à  cette 
plante  de  guérir  les  écrouelles.  (J.) 

*LAMPRA  (Xocpirplç,  resplendissant). ins. 

—  Genre  de  Coléoptères  pentamères ,  fa- 
mille des  Sternoxes,  tribu  des  Buprestides, 
proposé  par  Mégerle,  adopté  par  Dejean,  et 
publié  par  Spinola  {Annales  de  la  Soc.  ent. 
de  France  f  t.  VI,  p.  108).  Quatre  espèces 
rentrent  dans  ce  genre  :  les  3  premières  se 
rencontrent  dans  le  midi  de  la  France  ,  et 
la  4e  est  originaire  de  la  Russie  méridio- 
nale. (G.) 

*LAMPRA,  Lindl.  bot.  ph.— Syn.  de  Di- 
discus,  DC. 

LAMPRIAS  (  XetfMrpoç ,  brillant),  ras.  — 
Genre  de  Coléoptères  pentamères ,  famille 
des  Carabiques,  tribu  des  Troncatipennes, 
créé  par  Bonelli  (  Observations  enlomologi- 
ques,  partie  1'%  Tableau  synoptique),  et  qui 
a  pour  types  :  les  Car.  cyanocephalus  de  F., 
Lebia  chlorocephala  de  Duf. ,  et  nigritarsis 
de  Steven.  (C.) 

LAMPRIAS,  Mac-Leay.  ins.  —  Syn.  de 
Loxocrepis  d'Eschscholtz.  (C.) 

LAMPRILLONetLAMPROYON.  poiss. 

—  Noms  vulgaires  de  l'Ammocaete.  Voy.  ce 
mot. 

LAMPRIAIA  (Xapirpoç,  resplendissant). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  pentamères , 
famille  des  Lamellicornes,  tribu  des  Luca- 
nides ,  créé  par  Latreille  (  Gênera  Crust.  et 
Insect.,  t.  II,  p.  132)  avec  le  Lethrusœneus 
deFabr.,  espèce  originaire  de  la  Nouvelle- 
Hollande.  Une  seconde  espèce  du  même 
pays,  la  t.  Micardi  de  Reiche,  en  fait  aussi 
partie;  mais  on  doit  considérer  comme 
variété  ou  différence  du  sexe  de  la  pre- 
mière les  L.  Latreillei  et  pygmœa  L.      (C.) 

LAMPRIS  ou  CHRYSOTOSE  (iapwtpo'ç, 
brillant),  poiss.— Genre  de  l'ordre  des  Acan- 
thoptérygiens,  de  la  famille  des  Scombéroï- 
des,  établi  par  Retzius  (Nouv.  mém.  de 
VAcad.  des  se.  de  Suède,  t.  XX,  1799),  et 
adopté  par  MM.  Cuvier  et  Valenciennes 
(ïïist.  des  Poiss.,  t.  X,  p.  39).  Ce  genre  a  de 
grands  rapports  avec  les  Zées  ;  mais  il  en 
diffère  par  l'absence  d'épines  sur  le  dos,  et 
par  le  nombre  des  rayons  des  ventrales , 
qui  est  de  14  au  lieu  de  8. 

Les  Lampris  paraissent  originaires  du 
nord  de  la  mer  As  antique.  On  n'en  connaît 


jusqu'à  présent  qu'une  seule  espèce,  le 
Lampris  tacheté,  L.  g uttatus  Retz.,  nommé 
aussi  Poisson-lune.  Il  porte  des  couleurs 
magnifiques;  tout  son  dos  est  d'un  bleu 
d'acier,  qui ,  sur  les  flancs ,  passe  au  lilas , 
et  devient,  vers  le  ventre,  du  plus  beau  rose. 
Des  taches  nombreuses,  ovales,  quelquefois 
d'un  blanc  de  lait,  d'autres  fois  du  plus  bel 
éclat  d'argent,  sont  semées  sur  le  fond  du 
corps.  Les  opercules  sont  très  brillants,  et 
l'œil  et  l'iris  de  la  plus  belle  couleur  d'or; 
enfin  toutes  les  nageoires  sont  d'un  rouge 
vermillon.  (J.) 

*LAMPROCARPUS ,  Blum.  bot.  ph.— 
Syn.  de  Pohlia,  Thunb. 

LAMPROCARYA  (IxpnpSç,  brillant; 
xapvov,  noix),  bot.  ph. — Genre  de  la  famille 
des  Cypéracées-Cladiées, établi  par  R.  Brown 
(Prodr.,  238).  Herbes  de  l'Australasie.  Voy. 

CYPÉRACÉES. 

*LAMPROCERA  O/wrpo'ç,  brillant;  xe- 
paç,  antenne),  ins. — Genre  de  Coléoptères 
pentamères,  famille  des  Malacodermes , 
tribu  des  Lampyrides,  créé  par  de  Laporte 
(Annales  de  la  Soc.  entom.  de  France,  t.  II, 
p.  129),  et  qui  renferme  2  espèces  :  les  L. 
Latreillei  de  Kirby  (grandis  de  St.  ),  et  tes- 
titudinaria  de  Lac.  La  première  est  origi- 
naire du  Brésil,  la  seconde  de  Cayenne.  (C.) 

*LAMPROCOLIUS ,  Sunder.  ois.  — 
Syn.  de  Guira,  Less.  (Z.  G.) 

LAMPRODOMA.  holl.  —  Genre  inutile 
proposé  par  Swainson  pour  les  espèces  d'Oli- 
ves à  spire  allongée.  Voy.  olive.      (Desh.) 

*LAMPROGLÈNE.  Lamproglena  (  V- 
Trpo'ç ,  brillant;  ylm-n  ,  œil),  crust.  —  Ce 
genre,  qui  appartient  à  l'ordre  des  Si- 
phonostomes,  à  la  famille  des  Pachycé- 
phales  et  à  la  tribu  des  Dichélestiens,  a  été 
établi  par  M.  Nordmann.Chez  cette  nouvelle 
coupe  générique,  la  tête  est  épaisse,  arron- 
die, et  porte,  vers  le  tiers  antérieur  de  la 
face  supérieure,  deux  petits  yeux  rouges 
confondus  entre  eux  sur  une  ligne  médiane. 
Le  thorax  est  très  allongé,  et  se  compose 
de  cinq  anneaux  bien  distincts  séparés  par 
des  étranglements.  L'abdomen  est  égale- 
ment très  allongé,  offre  quelques  traces 
d'une  division  en  trois  segments,  et  se  ter- 
mine par  deux  lobes  obtus.  Les  antennes 
s'insèrent  sous  le  bord  frontal;  elles  sont 
courtes,  sétacées  et  multi- articulées.  Les 
appendices,  qui  semblent  devoir  être  con- 


LAM 


LAM 


227 


sidérées  comme  les  analogues  des  pattes- 
mâchoires  antérieures,  sont  également  grê- 
les et  coniques.  Les  pattes-mâchoires  des 
deux  paires  suivantes  soni  au  contraire  ro- 
bustes et  ancreuses.  Ces  pattes ,  presque 
rudimentaires,  naissent  près  du  bord  laté- 
ral du  corps ,  et  consistent  chacune  en  un 
petit  tubercule  basilaire ,  terminé  par  deux 
rames  sétifères.  Enfin  le  dernier  anneau 
thoracique,  qui  est  apode,  offre  près  de  son 
bord  postérieur  deux  tubercules  cornés,  et 
porte  les  orifices  de  l'appareil  générateur. 
On  ne  connaît  encore  qu'une  seule  espèce 
dans  ce  genre  :  c'est  la  Lampboglène  mi- 
gnonne, Lamproglena  pulchella  Nordm.  Ce 
Crustacé  a  été  rencontré  sur  les  branchies 
du  Cyprinusjeses.  (H.  L.) 

LAMPROIE,  poiss.  — Nom  vulgaire  du 
genre  Petromyzon.  Voy.  ce  mot. 

*LAMPROLEPIS  (  Aap.*Po'ç ,  brillant; 
Jlcwiç,  écaille),  rept.  —  Groupe  formé  aux 
dépens  du  genre  Scinque  d'après  M.  Fit- 
«inger  (Syst.  rept.,  1843).  (E.  D.) 

•LAMPROMORPHUS  ,  Vigors.  ois.  — 
Syn.  de  Chrysococcyx ,  division  du  genre 
Coucou.  Voy.  ce  mot.  (Z.  G.) 

*LAMPRONESSA,Wagl.  ois.— Division 
de  la  famille  des  Canards,  fondée  sur  la 
Sarcelle  de  la  Chine ,  Anas  galericulata 
Linn.  (Z.  G.) 

*LAMPROPELTIS  (lafisrpôc ,  brillant  ; 
«eXtyî,  bouclier),  rept.  —  M.  Fitzinger 
(Syst.  rept.,  1843)  désigne  sous  ce  nom  un 
groupe  formé  aux  dépens  du  grand  genre 
Couleuvre.  (E.  D.) 

*LAMPROPHIS  (lafj.npéç,  brillant  ;  &piS, 
serpent),  rept. — Groupe  établi  aux  dépens 
du  genre  Couleuvre ,  d'après  M.  Fitzinger 
(Syst.  rept.,  1S4S).  (E.  D.) 

*LAMPROPÏIOLIS  (  tempos ,  brillant  ; 
yolk,  écaille),  rept.  — Groupe  formé  par 
M.  Fitzinger  (  Syst.  rept.  1843)  aux  dépens 
des  Scinques.  Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

*LAMPROPTERA  (  A«p*po$,  brillant  ; 
irrepov ,  aile),  ins.  — Genre  de  l'ordre  des 
Hémiptères,  section  des  Homoptères,  famille 
des  Membracides,  établi  par  Germar  (Mag. 
entom.,  t.  IV). Toutes  les  espèces  de  ce  genre 
habitent  l'Amérique  méridionale.  Les  plus 
répandues  sont  lesL.  capreolus  et  L.  vacca 
Germ.,  du  Brésil.  (Bl.) 

*LAMPROPUS.  ins.  — Syn.  û'Orycto- 
derus.  (C.) 


*LAMPRORNIS,  Nitzsch.  ois.  —  Syn. 
d'Astrapie. 

*LAMPROS  ( lapirpo; ,  brillant),  ins.— 
Genre  de  Lépidoptères  de  la  famille  des 
Nocturnes ,  tribu  des  Tinéides ,  établi  par 
Treistchke  et  adopté  par  M.  Duponchel 
(Hist.  des  Lépidopt.  de  France).  La  princi- 
pale espèce  de  ce  genre  est  la  Lampros  ma" 
jorella  (Alucita  flavella  Fabr.  ),  très  fré- 
quente en  France,  surtout  aux  environs  de 
Paris.  Les  Chenilles  de  ces  insectes  vivent 
sous  l'écorce  des  arbres. 

*LAMPROSCAPHA  (X«^Po's .  brillant  ; 
?xa<pv},  vase),  moll.  — Sous-genre  établi 
sans  nécessité  par  M.  Swainson  pour  quel- 
ques espèces  d'Anodontes  à  coquille  allon- 
gée et  subsoléniforme.  Voy.  anodonte. 

(Desh.) 

LAMPROSOMA  (  AaWoç  ,  brillant  ; 
ffwpx,  corps),  ins.  — Genre  de  Coléoptères 
subpentamères ,  tétramères  de  Latreille, 
famille  des  Cycliques ,  tribu  des  Chrysomé- 
lines  de  Latreille,  que  nous  supposons  de- 
voir faire  partie  de  celle  des  Tubifères, 
créé  par  Kirby  (Lin.  Soc.  London,  1817, 
t.  XII,  édition  Lequin ,  centurie,  p.  70), 
et  adopté  par  Latreille  etDejeao.  Ce  dernier 
auteur,  dans  son  Catalogue,  en  mentionne 
26  espèces  toutes  d'Amérique.  L'espèce  type 
est  la  L.  bicolor  de  Ky.  Les  Lamprosoma 
pnt  le  corps  globuleux,  court,  brillant, 
métallique;  la  tête  est  inclinée,  large,  con- 
vexe ;  les  pattes  sont  courtes,  triangulaires 
et  logées  dans  des  rainures.  (C.) 

*LAMPROSTACHYS ,  Boj.  bot.  ph.  — 
Syn.  é'Achyrospermum,  Blum. 

LAMPROSTOMA  (AajMrpoç,  brillant; 
arofxa,  ouverture),  moll.  —  M.  Swainson 
propose  sous  ce  nom  un  sous-genre,  qui  nous 
paraît  inutile,  pour  le  Trochus  maculatus 
des  auteurs.  Voy.  troque.  (Desh.) 

*LAMPROTES,  Swains.  ois.— Division 
du  g.  Tangara.  Voy.  ce  mot.       (Z.  G.) 

*LAMPROTHECA  (launph  ,  brillant; 
ôïîxy),  étui),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères 
subpentamères,  famille  des  Cycliques,  tribu 
des  Colaspides ,  des  Chrysomélines  de  La- 
treille, créé  par  Dejean  dans  son  Catalogue, 
avec  une  espèce  du  Brésil ,  qu'il  nomme 
L.  laticollis.  (C.) 

*LAMPROTILA,  Swains.  ois.— Syn.  do 
Jacamerops.  Voy.  jacamar.  (Z.  G.) 

LAMPROTORMS,  ois.  Temm.  —Syn. 


228 


LAM 


d'Astrapie  et  de  Stourne.  Voy.  ces  mots. 

(Z.  G.) 

LAMPROION.  poiss. — Voy.  lamprillon. 

LAMPSANA.  bot.  ph.—  Genre  de  la  fa- 
mille des  Composées  -  Cichoracées ,  établi 
par  Vaillant  (in  Act.  Acad.  Paris,  1721, 
.  p.  180),  et  présentant  pour  caractères  prin- 
cipaux :  Capitule  multiflore,  homocarpe; 
involucreà  8  ou  10  folioles  disposées  en  une 
seule  rangée;  réceptacle  plan,  sans  aigrette; 
corolles  ligulées;  akènes  comprimés,  striés, 
décidus. 

Les  Lampsana  sont  des  herbes  annuelles, 
frêles ,  glabres ,  à  feuilles  inférieures  ly- 
rées  ,  les  supérieures  dentées  ;  à  fleurs  pe- 
tites, jaunes,  disposées  en  capitules. 

On  connaît  à  peu  près  5  espèces  de  ce 
genre  ;  elles  sont  toutes  d'Europe.  La  Lamp- 
sana communis  ,  type  du  genre  ,  croît  na- 
turellement dans  les  lieux  incultes  comme 
dans  les  endroits  cultivés.  Elle  porte  vul- 
gairement le  nom  d'Herbe  aux  mamelles,  à 
cause  de  la  propriété  qu'on  lui  attribue  de 
guérir  les  gerçures  et  autres  douleurs  de 
ces  organes.  (J.) 

*LAMPSILIS,Rafin.MOLL.— Syn.d'tfnio, 
Lamk.  Voy.  mulette.  (Desh.) 

LAMPUGE.  Lampugus.  poiss.  —  Genre 
de  l'ordre  des  Acanthoptérygiens ,  famille 
des  Scombéroïdes,  établi  par  MM.  Cuvier  et 
Valenciennes  (Hist.  des  Poiss.,  tom.  IX, 
pag.  317).  Ces  Poissons  ont  de  grands  rap- 
ports d'organisation  avec  les  Coryphènes  ; 
mais  ils  en  diffèrent  principalement  par  l'a- 
baissement de  la  crête  mitoyenne  sur  le  de- 
vant du  front,  et  par  la  dorsale,  qui  est 
égale  et  basse  dans  toute  sa  longueur. 

On  connaît  5  espèces  de  ce  genre  :  3  ap- 
partiennent aux  mers  d'Europe,  les  2  autres 
aux  mers  étrangères.  Nous  citerons  comme 
type  du  g.  le  Lampuge  pélagique,  L.  pelagi- 
cus  Cuv.  et  Val.,  d'un  bleu  violet  glacé  de 
jaune  ,  et  long  de  30  centimètres  environ. 

LAMPUJANG,  Rumph.  bot.  ph.— Syn. 
de  Zingiber,  Gaertn. 

*  L  AMPUSIE.  Lampusia.  moll.-M.  Schu- 
macher ayant  divisé  inutilement  le  g.  Tri- 
ton de  Lamarck  en  plusieurs  autres,  a  pro- 
posé celui-ci ,  et  lui  a  donné  pour  type  le 
Triton  pilear?  des  auteurs.  Il  ne  peut  être 
adopté.  Voy.  triton.  (Desh.) 

LAMPIRIDES.Lampî/ndes.iNS.-Tribu 
de  l'ordre  des  Coléoptères  pentamères,  éta- 


LAM 

blieparM.  de  Castelnau(tfisfoire  naturelle 
des  animaux  articulés,  1. 1,  p.  260)  dans  la 
famille  des  Malacodermes ,  et  qu'il  subdi- 
vise en  Lycusites  et  Lampyrttes.  Voici  quels 
caractères  l'auteur  assigne  à  cette  tribu  : 
Mandibules  entières  ou  unidentées;  pal- 
pes plus  gros  à  l'extrémité;  corps  aplati; 
tête  sans  étranglement  à  la  partie  posté- 
rieure. 

Les  Lampyrites  forment  une  tribu  nom- 
breuse d'insectes,  chez  lesquels  l'éclat  des  cou- 
leurs vientse  joindre  quelquefois  àlabizarre- 
rie  des  formes. Lorsqu'ils  se  croient  menacés 
de  quelque  danger,  ou  qu'on  les  saisit,  ils 
replient  aussitôt  les  antennes  et  les  pieds 
contre  leur  corps,  et  restent  immobiles.  Plu- 
sieurs recourbentalorsl'abdomen  en  dessous. 
Les  uns  se  tiennent  à  terre,  les  autres  sur 
les  arbres  et  les  fleurs.  Tous  paraissent 
carnassiers,  quelques  uns  même  attaquent 
les  individus  de  leur  espèce  ou  des  espèces 
de  genres  voisins. 

Les  larves  des  Lycusites  vivent  dans  le 
bois  mort  un  peu  humide  et  entièrement 
décomposé  ;  celles  des  Lampyrites,  à  terre 
dans  les  prairies  ;  et  celles  des  Téléphores 
dans  le  sable. 

L'anatomie  de  ces  insectes  a  présenté  plu- 
sieurs différences  notables  dans  les  individus 
soumis  aux  investigations  des  anatomistes. 
Le  tube  digestif  ou  intestinal  a  une  fois  et 
demie  la  longueur  du  corps;  il  est  revêtu 
de  tuniques  minces  et  diaphanes;  l'œso- 
phage se  renfle  en  un  jabot  oblong  séparé  par 
une  valvule  annulaire  du  ventricule  chyli- 
fique.  Celui-ci  est  lisse,  droit  et  membra- 
neux. L'intestin  grêle  est  filiforme,  flexueux, 
avec  quelques  rides  transversales  près  du 
cœcum  :  ce  dernier  est  allongé  ;  le  rectum 
un  peu  marginé. 

Les  vaisseaux  biliaires  sont  au  nombre  de 
quatre  ,  deux  en  avant  et  deux  en  arrière  : 
chaque  ovaire  est  composé  d'une  vingtaine 
de  glandes  très  courtes.  L'oviducte  s'en- 
fonce avec  le  rectum  dans  un  étui  commun, 
et  il  est  terminé  par  deux  appendices  courts 
et  bi-articulés. 

Dans  le  Lampyris  splendidula ,  le  canal 
alimentaire  a  deux  fois  la  longueur  du 
corps.  L'œsophage  est  d'une  telle  brièveté 
qu'il  devient  inaperçu  ;  il  se  dilate  subite- 
ment en  un  jabot  court,  et  il  est  séparé  par 
un  étranglement  du  ventricule  chylifique; 


LAN 

celui -ci  est  très  long;  l'intestin  grêle  est 
fort  court,  flexueux,  et  offre  un  renflement 
qui  représente  le  cœcum  et  qui  se  termine 
par  un  rectum  allongé.  Il  n'a  que  deux 
vaisseaux  biliaires ,  insérés  comme  chez  les 
Carnassiers.  Les  ovaires  sont  composés  d'une 
trentaine  de  gaines  biloculaires. 

Les  Cantharis  ou  Telephorus  ont  un  canal 
digestif  sans  aucune  inflexion.  L'œsopbage 
est  renflé  à  son  issue  de  la  tête  ;  le  ventri- 
cule chylifique  est  allongé  ;  l'intestin  grêle 
filiforme;  le  cœcum  peu  distinct.  Ses  vais- 
seaux biliaires  ne  diffèrent  pas  de  ceux  des 
Lycus.  (G.) 

LAMPYRIS  (Àorjiwvp'ç,  ver  luisant),  ras. 
—Genre  de  Coléoptères  pentamères,  famille 
des  Malacodermes,  tribu  des  Lampyrides, 
créé  par  Linné  (  Systema  nat. ,  p.  644),  et 
généralement  adopté  par  les  auteurs,  mais 
restreint  dans  ces  derniers  temps ,  par 
MM.  Laporte  et  Dejean  ,  aux  espèces  dont 
les  mâles  sont  ailés  et  les  femelles  aptères  ; 
14  espèces  rentrent  dans  ce  genre  :  5  ap- 
partiennent à  l'Europe,  5  à  l'Amérique,  3  à 
l'Afrique  et  1  à  l'Asie.  Les  types  sont  les 
L.  noctiluca  et  splendidula  de  Lin.  ;  tous 
deux  se  trouvent  en  France.  Le  premier  est 
assez  commun  aux  environs  de  Paris,  pen- 
dant les  mois  de  juin  et  de  juillet,  où  il 
est  désigné  sous  le  nom  de  Ver  luisant ,  et 
c'est  presque  toujours  la  femelle  qu'on  aper- 
çoit briller  la  nuit  au  milieu  de  l'herbe  et 
des  buissons.  Le  mâle  est  bien  plus  rare,  et 
se  tient  ordinairement  caché  pendant  le 
jour  dans  des  troncs  d'arbres.  Les  larves 
de  ces  espèces  ont  aussi  la  propriété  phospho- 
rescente ,  cependant  à  un  degré  moins  in- 
tense que  chez  l'insecte  parfait.  Elles  res- 
semblent beaucoup  aux  femelles,  et  se  dis- 
tinguent aisément  de  ces  dernières  par 
leurs  tarses ,  qui  sont  toujours  privés  de 
crochets.  (c.) 

LANARIA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Hœmodoracées ,  établi  par  Thun- 
berg  (Prodr.  63).  Herbes  du  Cap.  Voy.  hœ- 
modoracées. 

LAIVCEOLA.  helm.  —  Voy.  lancette. 
*LANCÉOLE.  Lanceola.  crdst.—  Cette 
coupe  générique,  qui  a  été  établie  par  Say, 
est  rapportée  par  M.  Milne-Edwards  au 
genre  des  Hyperia.  Voy.  ce  mot.  (H.  L.) 
LANCEOLE.  Lanceolatus.  bot.  —  On 
donne  le  nom  de  lancéolé  à  tout  organe 


LAN 


229 


d'un  végétal  dont  les  extrémités  se  termi- 
nent en  fer  de  lance. 

LANCERON  et  LANÇON,  pojss.— Noms 
vulgaires  des  jeunes  Brochets.  Voy.  ce  mot. 

LANCETTE.  Lanceola.  helm.  —  M.  de 
Blainville  (Dict.  se.  nat.,  t.  LVII,  p.  553) 
a  fait  connaître  sous  cette  dénomination  un 
genre  d'Helminthes  qu'il  rapproche  des  Si- 
poncles,  mais  qui  a  certainement  aussi  beau- 
coup d'affinités  avec  les  Némertes  et  quel- 
ques Hirudinées.  Voici  les  caractères  que 
l'auteur  assigne  à  ce  genre  ; 

Corps  assez  mou,  quelquefois  ridé  en  tra- 
vers, déprimé,  tout-à-fait  plat  en  dessous, 
de  forme  ovale,  lancéolée,  obtus  en  avant, 
aminci  en  arrière  en  lancette  ;  une  grande 
ouverture  antérieure  d'où  sort  une  longue 
trompe  claviforme,  ridée  et  percée  à  son 
extrémité  ;  anus  à  l'extrémité  opposée  (  les 
Siponcles  l'ont  à  la  moitié  environ  de  la 
face  abdominale);  un  orifice  médian  infé- 
rieur tout  près  de  la  bouche  pour  l'appa- 
reil de  la  génération.  L'espèce  type  de  ce 
genre  a  été  recueillie  dans  la  mer ,  auprès 
de  Gênes.  M.  de  Blainville  l'a  nommée 
Lanceola  Paretti. 

Nous  avons  fait  connaître,  dans  le  tom.  II 
des  Annales  d'anatomie  et  de  physiologie , 
que  le  Sagittula  longirostrum  de  Risso  (Eu- 
rope mérid. ,  t.  V,  p.  263  )  est  aussi  une 
espèce  de  Lanceola.  Une  note  de  M.  Lauril- 
lard  et  un  dessin  qu'il  a  fait  à  Nice  nous 
apprennent,  en  effet,  que  ce  Ver  réunit  à 
peu  près  tous  les  caractères  des  Lancettes. 
Cette  prétendue  Sagittule,  très  bien  obser- 
vée par  M.  Laurillard ,  était  logée  dans  un 
tuyau  de  Protule  dont  elle  avait  peut-être 
dévoré  l'animal.  C'est  un  Ver  plat  sur  toute 
sa  longueur,  et  diminuant  peu  à  peu  de 
largeur.  Par  ses  contractions  ,  il  s'arrondit 
parfois  d'espace  en  espace ,  ou  même  dans 
toute  sa  longueur.  Lorsque  M.  Laurillard  a 
brisé  la  coquille  dans  laquelle  cet  Helmin- 
the était  retiré,  celui-ci  a  lancé  plusieurs 
fois  sa  trompe ,  qu'il  retirait  ensuite  entiè- 
rement. Cet  organe  est  très  adhérent,  à 
cause  des  petites  pointes  qui  le  garnissent. 
La  tête  porte  quatre  doubles  rangées  lon- 
gitudinales de  points  oculaires. 

Plus  récemment,  j'ai  recueilli  à  Cette  un 
petit  exemplaire  du  genre  Lanceola.  (P.  G.) 

LANCISIA ,  Adans.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Cotula,  Gœrtn. 


230 


LAN 


JLANCRETIA.  bot.  pu.  —  Genre  dont  la 
place  dans  les  méthodes  n'est  pas  encore  fixée. 
Il  a  été  établi  parDelile  {Flor.  œgypt.  69, 
t.  25)  pour  des  plantes  dont  les  principaux 
caractères  sont  :  Galice  5-phylle ,  à  folio- 
les lancéolées ,  ciliées  à  leurs  bords  ;  corolle 
à  5  pétales  hypogynes,  alternes,  oblongs 
et  à  peine  plus  longs  que  les  folioles  du 
calice;  étamines  10,  hypogynes;  anthères 
introrses,  biloculatres;  ovaire  libre,  ses- 
•ile,  5-lobé,  5-loculaire  ;  styles  5,  distincts; 
stigmates  capités. 

Les  Lancretia  sont  des  sous-arbrisseaux 
de  l'Egypte  et  de  l'Afrique  tropicale  ,  très 
rameux ,  à  rameaux  opposés ,  ascendants , 
villeux;  à  feuilles  opposées,  brièvement 
pétiolées,  oblougues ,  dentées  en  scie;  à 
fleurs  axillaires ,  solitaires  ou  agrégées ,  ses- 
siles  ou  pédonculées  ;  bi-bractéées  à  la  base, 
petites  et  d'un  blanc  rosé. 

L'auteur  de  ce  genre  n'en  cite  qu'une 
seule  espèce ,  L.  suffruticosa.  (J.) 

LANDOLE.  poiss.  —  Nom  vulgaire,  sur 
le  littoral  de  la  Méditerranée ,  du  Dacty- 
loptère  commun,  D.  communis  Guv. 

LANDOLPHIA  (nom  propre),  bot.  ph.— 
Genre  de  la  famille  des  Apocynacées,  éta- 
bli par  Palisot  de  Beauvois  {Flor.  owar.  I , 
54,  t.  34).   Arbrisseaux  d'Oware.   Voy. 

APOCYNACÉES. 

*LAIV!DTIA  (  nom  propre  ).  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Composées-Cynarées, 
établi  par  Lessing  (Synops.  37).  Herbes  vi- 
vaces  du  Cap.  Voy.  composées. 

*LANGAHA.  rept.  —  Bruguière  (Journ, 
dephys.  1784)  désigne  sous  le  nom  de  Lan- 
gaha  un  groupe  formé  aux  dépens  du  grand 
genre  Couleuvre.  (E.  D.) 

*LANGAYA.  rept.  —  Groupe  formé  aux 
dépens  des  Couleuvres  par  Shaw  (Gêner, 
sool.  III).  (E.  D.) 

*LANGELANDIA  (nom  propre),  ins. 
—  Genre  de  Coléoptères  tétramères,  famille 
des  Xylophages,  tribu  des  Lyctides,  créé  par 
M.  le  docteur  Aube  (  Annales  de  la  Société 
entomologique  de  France,  1842,  t.  II,  p.  225, 
pi.  6,  f.  2-6  )  avec  une  espèce  découverte 
aux  environs  de  Paris  par  feu  Lange- 
land,  jeune  entomologiste,  auquel  ce  genre 
a  été  dédié.  Le  type ,  L.  anophthalma  ,  ap- 
partient au  petit  nombre  de  Coléoptères 
privé  de  l'organe  de  la  vue  ;  les  ailes  man- 
quent aussi  chez  cet  insecte.  Il  a  été  trouvé 


LAN 

dans  le  bois  mon,  et  qui  était  en  partie 
enfoui  sous  le  sol.  (C.) 

*LAftGIA(nom  propre),  bot.ph. — Genre 
de  la  famille  des  Amarantacées-Achyran- 
thées ,  établi  par  Endlicher  {Gen.  pi.  p.  304, 
n.  1977).  Herbes  du  Cap.  Voy.  àmaran- 

TACÉES. 

LANGOSTINO.  crust.  —  Nom  employé 
par  Parra  pour  désigner  le  Scyllarus  œqui- 
noxialis.  Voy.  scyllarus.  (H.  L.) 

LANGOUSTE.  Palinurus.  crust.  —  Ce 
genre,  qui  appartient  à  l'ordre  des  Décapo- 
des macroures,  à  la  famille  des  Macroures 
cuirassés  et  à  la  tribu  des  Langoustiens ,  a 
été  établi  par  Fabricius  et  adopté  par  tous 
les  carcinologistes.  Les  Crustacés  renfermés 
dans  cette  coupe  générique  ont  le  corps 
presque  cylindrique.  La  carapace  est  pres- 
que droite  d'avant  en  arrière,  convexe  trans- 
versalement, avec  les  régions  stomacale, 
cordiale  et  branchiale  bien  distinctes.  Le 
bord  antérieur  de  la  carapace  est  toujours 
armé  de  deux  grosses  cornes  qui  s'avancent 
au-dessous  des  yeux  et  de  la  base  des  an- 
tennes. L'anneau  ophthalmique  est  libre,  à 
découvert,  avec  les  yeux  gros,  courts  et  ar- 
rondis. L'anneau  antennulaire  est  très  dé- 
veloppé et  s'avance  entre  les  antennes  ex- 
ternes, au-dessous  et  en  avant  de  l'anneau 
ophthalmique.  Les  antennes  internes  sont 
très  longues,  avec  leur  premier  article  tout- 
à-fait  cylindrique;  elles  sont  terminées  par 
deux  filets  multi-articulésdont  la  longueur 
est  très  variable.  Les  antennes  externes  sont 
très  grosses  et  très  longues  ;  l'article  basi- 
laire,  dans  lequel  est  logé  l'appareil  auditif, 
est  très  grand,  et  se  soude  à  son  congénère 
de  manière  à  former  au-devant  de  la  bouche 
un  épistome  très  grand  ;  les  trois  articles 
suivants  sont  gros,  mobiles  et  épineux  ;  ils 
constituent  la  portion  basilaire  de  l'antenne 
et  sont  suivis  par  une  tige  multi-articulée 
très  grosse  et  très  longue.Les  pattes-mâchoires 
externes  sont  petites  et  pédiformes,  avec  leur 
bord  intérieur  garni  de  faisceaux  de  poils; 
leur  palpe  est  fort  petit,  et  manque  même 
quelquefois  complètement  ;  mais  ils  donnent 
insertion  à  un  grand  article  flabelliforme. 
Les  pattes-mâchoires  de  la  seconde  paire 
sont  petites;  celles  de  la  première  paire 
portent  un  palpe  très  grand  et  se  terminent 
tantôt  par  un  appendice  styliforme,  tantôt 
par  une  lame  ovalaire  plus  ou  moins  spatu- 


LAN 

liforme.  Les  mandibules  sont  très  grosses 
et  garnies  d'un  bord  tranchant;  leur  tige 
palpiforme  est  grêle.  Le  plastron  sternal  est 
grand  et  composé  de  cinq  segments  soudés 
entre  eux.  Les  pattes  sont  toutes  monodac- 
tyles ;  celles  de  la  première  paire  sont  en 
général  plus  grosses  que  les  autres,  et  termi- 
nées par  un  doigt  gros  et  court  qui  n'est  que 
fort  peu  mobile;  quelquefois  on  voit  au- 
dessous  de  sa  base  une  épine  qui  est  un 
vestige  de  pouce;  mais  ces  organes  ne  sont 
Jamais  même  subchéli formes.  Les  pattes  de 
la  troisième  paire  sont  en  général  les  plus 
longues.  L'aîidomen  est  gros  et  très  long  ; 
son  premier  anneau  ne  porte  pas  d'appen- 
dices; mais  les  quatre  suivants  donnent 
insertion  chacun  à  une  paire  de  fausses 
pattes,  composées,  chez  le  mâle,  d'un  petit 
article  basilaire  et  d'une  grande  lame 
terminale  ovalaire,  tandis  que,  chez  la  fe- 
melle ,  il  existe  deux  lames  semblables,  ou 
bien  une  seule  lame  et  une  tigelle  bi-arti- 
culée  et  garnie  de  poils.  La  nageoire  cau- 
dale, formée  par  le  septième  anneau  de 
l'abdomen  et  par  les  appendices  de  l'an- 
neau précédent,  est  très  grande,  et  chacune 
des  lames  dont  elle  se  compose  reste  flexi- 
ble et  semi-cornée  dans  les  deux  tiers  pos- 
térieurs, candis  qu'en  avant  elle  est  crus- 
tacée.  Les  branchies  sont  composées  de 
filaments  cylindriques,  courts  et  serrés  en 
manière  de  tronc.  On  en  compte  dix-huit 
de  chaque  côté. 

Ce  genre  se  compose  de  Crustacés  de 
grande  taille,  qui  sont  remarquables  par  la 
dureté  de  leur  test ,  et  qui  sont  répandus 
dans  toutes  les  mers.  Ils  habitent  principa- 
lement les  côtes  rocailleuses,  et  ils  se  divi- 
sent en  deux  groupes  naturels  auxquels 
M.  Milne-Edwards  a  donné  les  noms  de 
Langoustes  ordinaires  et  Langoustes  lon- 
gicornes. 

La  Langouste  commune,  Palinurus  vul- 
garis  La tr.,  peut  être  considérée  comme  le 
type  de  ce  genre.  Cette  espèce  est  très- 
commune  sur  les  parties  rocailleuses  de  nos 
côtes  méridionales  et  occidentales,  et  sa 
chair  est  très  estimée;  elle  atteint  jusqu'à 
45  à  50  centimètres  de  long,  et  pèse  quel- 
quefois jusqu'à  8  kilogrammes;  sa  couleur 
est  brune-violacée,  tachetée  de  jaune;  mais 
il  paraît  qu'elle  prend  quelquefois  une 
teinte  verdâtre.  Elle  habite  aussi  les  côtes 


LAN 


231 


de  l'Algérie,  particulièrement  les  rades 
d'Alger  et  d'Oran,  où  je  l'ai  rencontrée  pen- 
dant l'hiver  et  le  printemps.         (H.  L.) 

LANGOUSTIENS.  Palinurii.  crust.  — 
Tribu  de  l'ordre  des  Décapodes  macroures, 
de  la  famille  des  Macroures  cuirassés,  éta- 
blie par  M.  Milne  -  Edwards  ,  dans  son 
Hist.  nat.  des  Crust.  Cette  tribu,  qui  ne  ren- 
ferme qu'un  seul  genre,  est  caractérisée  par 
l'existence  d'antennes  de  forme  ordinaire  et 
l'absence  de  pinces  didactyles.  La  seule  coupe 
générique  qui  la  représente  est  celle  des 
Langoustes.  Voy.  ce  mot.  (H.  L.) 

LANGOUSTINES,  Luc.  crust.  —  Syn. 
de  Langoustien s,  Mil.-Edw. 

LAKGRAIEN  ou  LANGRAYEN.  Ârta- 
mus.  ois.  — Genre  de  la  famille  des  Denti- 
rostres,  de  l'ordre  des  Passereaux,  carac- 
térisé par  un  bec  conique,  arrondi,  assez  ro- 
buste, arqué  vers  le  bout,  à  pointe  fine,  lé- 
gèrement échancrée  de  chaque  côté;  des 
narines  latérales,  petites, ouvertes  par  devant, 
et  des  ailes  longues,  pointues  et  dépassant 
la  queue  dans  quelques  espèces. 

Ce  genre,  que  Vieillot  et  G.  Cuvieront 
publié  à  peu  près  à  la  même  époque ,  l'un 
sous  le  nom  d'Artamus,  et  l'autre  sous  ce- 
lui d'Ocypterus  (noms  auxquels  M.  Horsfield 
à  substitué  celui  de  Leptapteryx),  renferme 
des  espèces  qu'on  avait  toujours  confondues 
avec  les  Pies-Grièches.  Les  Langraiens  se 
distinguent  pourtant  de  ces  dernières  par 
la  forme  et  l'étendue  de  leurs  ailes,  et  par 
quelques  particularités  de  mœurs.  Ils  ont 
le  vol  rapide  et  soutenu  de  l'Hirondelle  ; 
comme  elle  ils  se  balancent  dans  les  airs , 
et  comme  elle  ils  font ,  en  volant ,  la  chasse 
aux  insectes.  Leur  courage  égale  au  moins 
celui  des  Pies-Grièches.  On  les  a  vus  atta 
quer  des  oiseaux  beaucoup  plus  forts  qu'eux. 
Sonnerat  dit  du  Langraien  à  ventre  blanc 
qu'il  est  l'ennemi  du  Corbeau;  que,  quoi- 
que beaucoup  plus  petit ,  il  ose  non  seule- 
ment se  mesurer  à  lui,  mais  qu'il  le  pro- 
voque même;  il  harcèle  quelquefois  son 
ennemi  pendant  une  demi-heure,  et  finit 
toujours  par  lui  faire  prendre  la  fuite.  Là 
se  borne  ce  que  l'on  connaît  de  l'histoire 
naturelle  des  Langraiens.  On  peut  donc  dire 
que  cette  histoire  reste conséquemment  tout 
entière  à  tracer. 

Les  Langraiens  appartiennent  à  l'Afrique, 
aux  Grandes-Indes  et  aux  terres  australes. 


232 


LAN 


Vieillot  en  a  décrit  six.  M.  Valenciennes , 
dans  sa  monographie  sur  ces  oiseaux  (  Mém. 
du  Mus.  d'hist.  nat.,  t.  IV,  p.  2),  a  adopté 
ce  nombre,  à  l'égard  duquel  on  avait  quel- 
ques doutes.  Wagler,  dans  son  Systema 
avium,  en  fait  connaître  neuf.  A  l'exemple 
de  M.  Lesson ,  nous  distribuerons  les  Lan- 
graiens  dans  deux  groupes. 

1°  Espèces  à  bec  médiocre,  arrondi,  à  queue 
moins  longue  que  les  ailes. 

1.  Le  Langraien  proprement  dit,  Art.  leu- 
corhynchos  Vieil!.,  Lept.  melaleuca  Wag. 
(Buff.,  pi.  enl.  9,  fig.  1).  Tout  le  dessus  du 
corps  noir  ;  parties  inférieures  blanches.  — 
Habit,  l'île  Luçon  et  la  Nouvelle-Calédonie. 

2.  Le  Langraien  a  ventre  blanc,  Art. 
leucogaster,  Lept.  leucog aster  Wagl.  (Val., 
lococit.,  pi.  7,  fig.  2).  Dessus  du  corps  gris- 
ardoise;  ventre  blanc.  Espèce  confondue 
avec  la  précédente.  —  Habite  Java. 

3.  Le  Langraien  brun,  Art.  fuscus  Vieill., 
Ocyp.  rufiventerVal.  (lococit.,  pi.  7,  fig.  1). 
Dessus  du  corps  gris;  ventre  roux. — Habite 
le  Bengale. 

4.  Le  Langraien  gris,  Art.  cinereus  Vieil., 
Ocyp.  cinereus  Val.  (  loco  cit.,  pi.  9,  fig.  2). 
Front  noir  ;  queue  terminée  de  blanc.  — 
Habite  Timor. 

5.  Le  Langraien  a  lignes  blanches,  Art. 
lineatus  Vieill.,  Ocyp.  albivitaltus  Cuv.  D'un 
cendré  fuligineux  ;   ailes  bordées  de  blanc. 

—  Habite  la  Nouvelle-Hollande  et  Timor. 

6.  Le  Petit  Langraien ,  Art.  minor  Vieil., 
Ocyp.  fuscatus  Val.  (  loco  cit.,  pi.  9,  fig.  1). 
Plumage  couleur  chocolat,  à  l'exception  des 
ailes ,  qui  sont  noires.  —  Habite  la  Nou- 
velle-Hollande. 

7.  Le  Langraien  a  tète  blanche  ,  Lept. 
leucocephalus  Wagl.  (Buff.,  pi.  enl.  374). 
Dessus  du  corps  d'un  noir  verdâtre  ;  tête  , 
cou  et  parties  inférieures  d'un  blanc  pur. 

—  Habite  Madagascar. 

2°  Espèces  à  bec  comprimé,  à  queue  plus 
longue  que  les  ailes. 

8.  Le  Langraien  vert,  Art.  viridis  Vieill. 
(Buff.,  pi.  enl.  32  ,  fig.  2  ).  Dessus  du  corps 
noir-verdâtre  bronzé;  dessous  blanc.  — 
Habite  Madagascar. 

9.  Le  Langraien  sanglant  ,  Lept.  cruenta 
Wagl.  (Syst.avi.  addimenla).  Tout  le  plu- 
mage noir,  à  l'exception  du  milieu  du  ven- 


LAN 

tre  et  de  l'extrémité  des  grandes  couvertu- 
res des  ailes ,  qui  sont  rouges.  —  Habite 
Java  et  Sumatra.  —  Cette  dernière  espèce 
a  été  prise  par  Swainson  pour  type  du  genre 
Analcypus(Artamia,  ls.  Geoff.;  Pastor,  Vig.; 
Psacolopleis,  Jard.  etSelb.;  Erythrolanius, 
Less.),  genre  que  G.-R.  Gray  place  dans  sa 
famille  des  Loriots  (  Oriolinœ  ).     (Z.  G.) 

LAÏVGSDORFFIA  (nom  propre),  bot.  ph. 
—  Genre  de  la  famille  des  Balanophorées- 
Cynomoriées,  établi  parMartius  (inEschwe- 
gesJourn.  von  Brasil,  II,  179).  Herbes  du 
Brésil.  Voy.  balanophorées. — Radd.,syn.  de 
Cocos,  Linn.  —  Willd.,  syn.  de  Lycoseris, 
Cass. 

*LANGUAS,  Kœn.  bot.  ph.— Svn.  d'#eî- 
lenia,  Willd. 

*LANGUE.  Lingua.  zool.  —  Cet  organe 
remplit  dans  l'économie  animale  plusieurs 
fonctions  importantes  :  les  unes  ont  rapport 
à  la  sensibilité ,  les  autres  ont  rapport  à  la 
grande  fonction  de  nutrition ,  et  la  Langue 
est  placée ,  en  raison  même  de  cette  desti- 
nation, à  l'entrée  du  canal  alimentaire. 
Douée  de  la  sensibilité  tactile,  et  devenant 
quelquefois  un  organe  du  toucher,  la  Lan- 
gue est  le  plus  généralement  un  organe  du 
goût,  et  est  même  le  siège  principal  de  ce 
sens ,  surtout  chez  les  Vertébrés  ;  mais  elle 
devient  aussi ,  par  des  modifications  spé- 
ciales dans  sa  structure  et  sa  composition, 
un  organe  pour  la  préhension  des  aliments, 
la  mastication  et  la  déglutition.  Elle  sert 
encore,  chez  les  animaux  qui  sont  doués  de 
la  voix  et  de  la  parole ,  à  varier  les  sons  et 
les  accentuations  par  les  positions  diverses 
qu'elle  peut  prendre,  et  qui  se  combinent 
avec  celles  du  larynx ,  de  la  cavité  buccale 
et  des  lèvres.  Nous  renvoyons  à  l'article 
voix  l'étude  du  jeu  de  la  Langue  dans  la 
formation  des  sons  ;  nous  allons  examiner 
ici  ses  autres  fonctions,  successivement  dans 
chacun  des  grands  types  du  règne  animal 
où  l'on  rencontre  cet  organe. 

Chez  tous  les  Mammifères,  la  Langue  est 
flexible  et  libre  dans  presque  toute  son 
étendue,  attachée  seulement  par  sa  racine 
à  l'os  hyoïde,  et  adhérente  à  la  mâchoire 
inférieure  par  une  portion  de  sa  base.  Elle 
est  charnue,  formée  presque  exclusivement 
de  muscles  nombreux,  qu'accompagne  une 
quantité  plus  ou  moins  abondante  de  tissu 
cellulaire  et  de  tissu  graisseux,  et  revêtue 


LAN 

d'une  membrane  épaisse  qui  n'est  qu'une 
continuation  de  la  muqueuse  qui  tapisse  la 
cavité  buccale.  Mais  cette  portion  de  la  mem- 
brane muqueuse  qui  recouvre  la  Langue , 
destinée  plus  spécialement  à  l'exercice  du 
goût,  se  distingue  par  sa  mollesse,  par  l'a- 
bondance des  vaisseaux  sanguins  qui  s'y  dis- 
tribuent, et  surtout  par  le  grand  nombre  et 
le  développement  extraordinaire  des  émi  • 
nences  ou  papilles ,  qui  rendent  comme  ru- 
gueuse la  Tace  supérieure  ou  dos  de  la  Lan- 
gue, tandis  que  le  dessous  de  cet  organe  ne 
présente  guère  de  papilles  que  vers  l'extré- 
mité et  diffère  peu  de  la  membrane  qui  re- 
vêt le  reste  de  la  bouche.  Ces  papilles  sont 
de  plusieurs  espèces  :  les  unes  sont  appelées 
coniques ,  à  cause  de  leur  forme ,  et  sont 
répandues,  chez  l'homme,  sur  toute  la  face 
supérieure  de  la  Langue ,  depuis  sa  pointe 
presque  jusqu'à  sa  racine.  C'est  sur  le  mi- 
lieu de  la  Langue  et  vers  sa  pointe  que  les 
papilles  de  cette  espèce  sont  le  plus  hautes 
et  le  plus  aiguës,  et  se  divisent  même,  à 
leur  sommet,  en  plusieurs  filets  déliés; 
elles  diminuent  graduellement  de  volume 
en  s'approchant  des  côtés ,  et  deviennent 
enfin  de  simples  petits  tubercules  ;  partout 
elles  sont  très  rapprochées  et  serrées  à  la 
manière  des  soies  d'une  brosse.  Ces  diffé- 
rences que  présentent  les  papilles  coniques 
suivant  leur  situation  ont  conduit  plusieurs 
anatomistes  à  en  distinguer  de  deux  sortes  : 
les  unes ,  fines ,  molles,  flexibles,  vascu- 
laires  et  peut-être  nerveuses;  les  autres, 
plus  grosses ,  plus  résistantes  ,  moins  sen- 
sibles. D'autres  papilles  sont  portées  sur  un 
pédicule  grêle,  se  terminent  en  une  tête 
large  et  arrondie,  présentent  la  forme  d'un 
champignon,  et  sont  nommées ,  en  consé- 
quence, fong iformes. Plus  grosses,  mais  beau- 
coup moins  nombreuses  que  les  précédentes, 
au  milieu  desquelles  elles  sont  éparses , 
principalement  vers  le  bout  de  la  Langue , 
elles  reçoivent  beaucoup  de  filets  nerveux 
et  les  plus  apparents  ;  ces  papilles  pourraient 
bien  être  la  partie  la  plus  sensible  de  l'or- 
gane du  goût,  surtout  si  l'on  observe  que  les 
parties  coniques  acquièrent  une  grande  du- 
retéchez  certains  animaux.  Enfin  on  trouve 
encore  une  troisième  espèce  de  papilles,  au 
nombre  de  dix  environ  chez  l'homme,  et 
nommées  caliciformes ,  à  raison  de  l'appa- 
rence que  ieur  donne  le  bourrelet  circulaire 

T.    VII. 


LAN 


533 


dont  est  bordé  le  tubercule  demi-spbérique 
qui  les  compose.  C'est  à  la  base  de  la  Lan- 
gue que  se  voient  ces  papilles;  elles  y  sont 
disposées  sur  deux  lignes  obliques  qui  se 
réunissent  en  un  V,  dont  l'ouverture  re- 
garde la  partie  antérieure  de  la  bouche. 
Entre  la  pointe  de  ce  V  et  l'épiglotte  ,  on 
ne  rencontre  pas  de  papilles,  mais  des  fol- 
licules qui  versent  dans  la  bouche  les  hu- 
meurs qu'ils  sécrètent.  Les  papilles  de  la 
Langue  ont  été  classées  d'autres  manières 
différentes  par  plusieurs  anatomistes  ;  mais 
les  noms  particuliers  adoptés  pour  chacune 
d'elles  se  comprendront  facilement ,  après 
la  description  que  nous  venons  d'en  faire. 

La  souplesse  et  la  mobilité  parfaite  dont 
jouit  la  Langue  de  l'Homme  dépendent  du 
grand  nombre  et  de  l'arrangement  particulier 
des  fibres  musculaires  don  telle  est  essentiel» 
lement  composée,  et  qui  lui  permettent  de 
s'allonger  ou  de  se  raccourcir,  de  s'élargir 
ou  de  s'amincir,  de  se  plier  en  arc  dan* 
presque  tous  les  sens,  et  de  promener  saft 
pointe  sur  tous  les  points  de  la  cavité  buc- 
cale, pour  y  exercer  le  toucher  ou  ramener 
vers  le  pharynx  les  aliments  dont  la  tritu- 
ration a  dispersé  les  fragments.  Pour  l'ac- 
complissement de  ces  mouvements  divers  , 
la  Langue  trouve  un  point  d'appui  sur 
l'hyoïde,  et  elle  est  aidée  aussi  par  les  mou- 
vements combinés  des  muscles  de  cet  ap- 
pareil ,  dont  le  jeu  est  fort  important,  sur- 
tout chez  les  animaux  qui  peuvent  faire 
usage  de  la  Langue  au-dehors  de  la  cavité 
buccale ,  soit  pour  saisir  les  aliments  et  les 
boissons  ,  soit  pour  palper  les  objets. 

Parmi  les  muscles  de  la  Langue,  chez 
l'homme,  les  uns  naissent  et  se  terminent 
dans  l'organe  même,  et  sont  nommés  intrin- 
sèques; les  autres,  appelés  extrinsèques ,  se 
rendent  de  divers  points  dans  la  Langue,  et 
ne  sont  que  la  continuation  des  muscles,  dont 
le  point  d'origine  est  ailleurs.  Parmi  les 
principaux  muscles  intrinsèques,  on  compte 
le  muscle  lingual  longitudinal  inférieur, 
qui  naît  en  arrière  de  la  Langue ,  à  sa  face 
inférieure,  et  dont  les  fibres  se  terminent 
de  droite  et  de  gauche  sous  la  pointe  de  cet 
organe,  où  elles  se  rencontrent  :  ce  muscle 
est  destiné  à  fléchir  la  pointe  de  la  Langue 
en  bas,  et  à  la  raccourcir;  tandis  qu'un 
muscle  extrinsèque,  le  lingual  longitudinal 
supérieur,  nommé  aussi  chondro-glosse  et 

20 


234 


LAN 


culané  lingual  (  Bauer  ) ,  fléchit  cet  organe 
dans  le  sens  opposé.  Dans  le  tiers  antérieur 
de  la  Langue ,  on  a  distingué  aussi,  comme 
muscles  intrinsèques ,  des  linguaux  trans- 
verses ,  dont  les  fibres  marchent  du  milieu 
de  la  Langue  vers  les  bords,  ou  même  s'é- 
tendent d'un  bord  à  l'autre,  et  s'entrecroi- 
sent avec  les  fibres  longitudinales;  et  des 
linguaux  verticaux  ,  qui  montent  de  la 
face  inférieure  à  la  face  supérieure  de  la 
Langue.  La  contraction  de  ces  deux  espèces 
de  muscles  a  pour  effet  d'appointir  la 
Langue. 

Parmi  les  muscles  extrinsèques  se  trou- 
vent deux  protracteurs,  les  génio-glosses , 
muscles  de  forme  triangulaire ,  qui  s'at- 
tachent par  un  tendon  à  l'apophyse  géni, 
et  dont  les  faisceaux  sont  les  plus  con- 
sidérables de  la  Langue.  Les  effets  pro- 
duits par  ce  muscle  sont  nombreux  et  va- 
rient suivant  que  telle  ou  telle  de  leurs  par- 
ties est  contractée;  leur  portion  inférieure 
fait  sortir  la  Langue  de  la  bouche,  leur  por- 
tion supérieure  l'y  fait  rentrer  en  partie;  la 
contraction  de  leur  portion  moyenne  abaisse 
l'axe  de  la  Langue  et  la  creuse  en  canal.  Ils 
ont  pour  antagonistes  deux  muscles  rétrac- 
teurs principaux  :  les  hyo-glosses  et  les 
stylo-glosses.  Les  hyo-glosses  sont  divisés,  en 
arrière,  en  trois  portions  ou  muscles  distincts, 
qui  prennent  différents  noms,  selon  leurs 
points  divers  d'attache  sur  l'hyoïde;  ce  sont: 
les  cérato-glosses,  qui  s'attachent  aux  cornes 
thyroïdes  ;  les  basio-glosses,  qui  s'attachent 
au  corps  de  l'hyoïde,  et  les  chondro-glosses, 
qui  s'attachent  aux  cornes  slyloïdes.  Nous 
avons  déjà  indiqué  la  direction  des  fibres 
de  ces  derniers  et  leur  usage  ,  en  parlant 
du  muscle  longitudinal  inférieur;  les  fibres 
des  deux  autres  muscles  sont  obliques  et 
se  terminent  au  bord  de  la  langue  ,  celles 
des  cérato-glosses  à  la  moitié  postérieure, 
celles  des  basio-gîosses  à  la  moitié  anté- 
rieure. L'effet  de  la  contraction  de  ces 
muscles  est  de  faire  rentrer  complètement 
la  langue  dans  la  bouche,  et  de  l'abaisser 
en  la  rapprochant  de  l'hyoïde.  Les  stylo- 
glosses  descendent  de  l'apophyse  styloïde 
sur  les  côtés  de  la  Langue  jusqu'à  la  pointe  ; 
ils  élargissent  la  Langue  et  en  relèvent  les 
bords.  C'est  dans  ces  derniers  temps  seule- 
ment que  les  anatomistes  sont  parvenus  à 
débrouiller  ce  lacis  presque  inextricable  de 


LAN 

fibres  musculaires  dont  se  compose  la  Lan- 
gue, et  dont  nous  avons  négligé  les  moins 
importantes.  L'entrelacement  des  fibres  des 
génio-glosses  dans  Taxe  de  la  Langue  forme 
ce  que  Bauer  appelle  le  noyau  de  la  Lan- 
gue, et,  suivant  M.  Blandin,  c'est  entre 
ces  muscles  que  se  trouverait,  chez  l'homme, 
une  lame  fibro-cartilagineuse ,  placée  verti- 
calement, plus  épaisse  en  arrière,  visible 
en  dessous ,  et  qui  serait  l'analogue  de  l'os 
lingual  que  nous  allons  trouver  chez  cer- 
taines classes  d'animaux. 

C'est  entre  le  génio-glosse  et  le  stylo- 
glosse  de  chaque  côté  que  se  placent  les 
principaux  vaisseaux  et  les  principaux  nerfs 
qui  se  rendent  dans  la  Langue.  V artère  lin- 
guale  naît  de  la  carotide  externe  ;  la  veine 
linguale  se  jette  dans  la  jugulaire  interne 
par  un  tronc  qui  lui  est  commun  avec  la 
pharyngienne,  la  labiale  et  une  branche 
considérable  de  la  jugulaire  externe.  Quant 
aux  nerfs  qui  se  distribuent  dans  la  Langue, 
ils  ont  deux  fonctions  bien  distinctes;  les 
uns  servent  à  y  exciter  les  mouvements, 
les  autres  transmettent  au  cerveau  les  sen- 
sations du  goût.  Les  premiers  sont  les  filets 
du  nerf  hypoglosse  ;  les  seconds  sont  les  fi- 
lets linguaux  du  glosso-pharyngien,  et  sur- 
tout le  rameau  lingual  du  nerf  maxil- 
laire inférieur,  une  des  trois  branches  du 
nerf  trifacial  ou  de  la  cinquième  paire. 
Des  expériences  physiologiques  et  des  obser- 
vations pathologiques  semblent  prouver  que 
tel  est  le  rôle  réel  qui  appartient  à  chacun 
des  nerfs  que  nous  venons  de  nommer.  En 
effet,  la  section  des  hypoglosses  n'entraîne 
pas  la  perte  de  la  faculté  gustative,  mais 
amène  la  paralysie  des  mouvements  de  la 
Langue  ,  aussi  bien  que  celle  des  autres 
parties  auxquelles  ces  nerfs  se  distribuent. 
La  destruction  duglosso-pharyngien,  qui  se 
rend  principalement  autour  de  l'arrière- 
bouche  et  dans  la  portion  postérieure  de  la 
Langue,  a  pour  conséquence  la  perte  de  la 
sensibilité  tactile  dont  sont  douées  ces  par- 
ties ,  et  paraît  aussi  y  anéantir  la  sensibi- 
lité gustative.  Par  la  ligature ,  la  compres- 
sion ou  la  section  du  nerf  lingual,  on  ne 
paralyse  pas  les  mouvements  de  la  Langue, 
mais  on  y  détruit  complètement  la  faculté 
de  sentir  les  saveurs  ,  résidant  spécialement 
vers  l'extrémité  antérieure  et  sur  les  bords 
de  la  Langue  où  se  distribuent  seuls  les 


LAN 


LAN 


2^5 


filets  de  ce  nerf.  Les  principales  branches 
nerveuses  rampent  à  la  face  inférieure  de 
la  Langue,  et  les  filets  qu'elles  envoient  au 
dos  de  cet  organe  s'élèvent  dans  l'épaisseur 
des  muscles,  presque  perpendiculairement 
à  la  surface  où  ils  aboutissent,  et  où  ils 
sont  coiffés  par  les  papilles  ;  nous  avons  déjà 
vu  que  les  plus  gros  sont  reçus  dans  les 
papilles  fongiforraes. 

Ce  que  nous  venons  de  dire  sur  la  dis- 
tribution des  nerfs  de  la  Langue  de  l'Hom- 
me, convient  entièrement  aux  autres  Mam- 
mifères. Quant  aux  différences  que  présente 
la  Langue,  chez  les  animaux  qui  appartien- 
nent à  cette  grande  classe,  elles  proviennent 
seulement  du  volume  ou  de  l'abondance  des 
papilles  fongiformes,  du  nombre  et  de  la 
disposition  des  papilles  caliciformes,  surtout 
de  la  forme  des  papilles  coniques  et  des  par- 
ties nouvelles  dont  elles  peuvent  être  ar- 
mées ;  on  trouve  aussi,  dans  les  proportions 
relatives  des  muscles ,  et  dans  les  modifica- 
tions qu'ils  ont  subies  pour  s'approprier  à 
tel  ou  tel  usage  ,  des  différences  qui  expli- 
quent les  particularités  de  forme,  les  de- 
grés divers  de  mobilité  ,  et  la  nature  spé- 
ciale de  mouvements  que  nous  présente 
la  Langue  de  certains  Mammifères.  Nous 
citerons  les  exemples  les  plus  remarquables 
de  ces  singularités  d'organisation. 

Chez  les  Chats  et  les  Civettes,  la  partie 
moyenne  de  la  Langue  porte  deux  espèces 
de  papilles  ;  les  unes  arrondies  et  se  divi- 
sant, par  la  macération,  en  faisceaux  de  fi- 
laments qui  paraissent  nerveux;  les  autres, 
coniques  et  pointues,  revêtues  d'écaillés  cor- 
nées qui  se  recourbent  en  arrière  ,  ressem- 
blent assez  à  de  petits  ongles ,  et  peuvent 
facilement  être  arrachées.  Ces  dernières  pa- 
pilles relèvent  la  Langue  du  Chat  d'aspéri- 
tés semblables  à  celles  d'une  râpe ,  et  ren- 
dent son  contact  dur  et  désagréable  quand 
l'animal  lèche.  La  Langue  de  la  Hyène  porte 
au  milieu,  dans  son  tiers  antérieur,  des  pa- 
pilles coniques  armées  d'étuis  cornés,  raides 
et  pointus ,  qui  hérissent  cette  partie  et 
doivent  lui  faire  déchirer  en  léchant.  On 
trouve  aussi  de  ces  sortes  d'étuis  cornés, 
mais  terminés  en  coins  ou  arrondis ,  sur  la 
Langue  des  Sarigues ,  dont  la  pointe  est 
dentelée  et  comme  frangée.  Vers  le  bout 
de  la  Langue  du  Porc-Épic  se  montrent  de 
larges  écailles  terminées  par  deux  ou  trois 


pointes  cunéiformes.  Les  papilles  coniques 
qui  recouvrent  la  moitié  antérieure  de  la 
Langue,  chez  les  Ruminants,  se  terminent 
chacune  par  un  filet  corné,  recourbé  en  ar- 
rière et  flexible;  ces  filets,  longs  et  comme 
soyeux,  sur  la  Langue  du  Chameau,  lui  don- 
nent au  toucher  la  douceur  du  velours;  il 
faut  aussi  remarquer  que,  chez  cet  animal, 
les  papilles  caliciformes  sont  très  larges  et 
concaves.  Chez  plusieurs  Cétacés ,  le  Dau- 
phin et  le  Marsouin,  par  exemple,  la  loupe 
ne  découvre  sur  la  Langue  aucune  papille 
distincte,  et  les  bords  antérieurs  sont  dé- 
coupés et  comme  déchiquetés  en  lanières 
étroites.  Les  animaux  de  cet  ordre  ont  une 
Langue  énorme,  pénétrée  d'une  quantité 
considérable  de  graisse  ;  mais  c'est  chez  eux 
que  la  partie  libre  delà  Langue  est  la  moins 
longue.  C'est,  au  contraire,  chez  les  Éden- 
tés  à  long  museau,  et  principalement  chez 
les  Fourmiliers,  que  la  Langue  jouit  de 
l'extensibilité  la  plus  considérable.  Cette, 
Langue,  effilée,  cylindrique,  très  longue,  est 
extrêmement  lisse  et  ne  présente  aucune  es- 
pèce de  papille;  on  sait  que  les  Fourmi- 
liers la  projettent  facilement  au  loin  ,  au- 
dehors  de  leur  bouche ,  et  qu'elle  est  en- 
duite d'une  humeur  visqueuse  à  l'aide  de 
laquelle  les  Fourmis  et  les  autres  insectes 
sont  agglutinés  et  amenés  ensuite  dans  la 
bouche  de  l'animal,  qui  raccourcit  et  retire 
sa  Langue  avec  une  égale  facilité.  Cette  pro- 
traction remarquable  est  due  à  l'action  d'un 
muscle  annulaire  placé  de  chaque  côté, 
qui  compose  à  lui  seul  toute  la  substance 
de  la  Langue ,  et  qui  forme ,  dans  la  lon- 
gueur de  cet  organe,  une  double  série  d'an- 
neaux dont  le  diamètre  va  en  diminuant 
de  sa  base  à  sa  pointe.  La  contraction  ra- 
pide et  simultanée  de  ces  .anneaux  projette 
Ja  Langue  hors  de  la  bouche  ;  leur  simple 
relâchement  la  rappelle.  D'autres  muscles, 
les  sterno-glosses  ,  agissent  aussi  pour  pro- 
duire ce  dernier  effet  ;  ils  viennent  de  l'ap- 
pendice xiphoïde,  se  placenta  l'extérieur 
des  sterno-thyroïdiens ,  du  larynx  et  de  l'os 
hyoïde  ,  auxquels  ils  n'adhèrent  en  aucune 
façon  ,  et  pénètrent  dans  le  muscle  annu- 
laire, dans  lequel  ils  ne  paraissent  pas  se 
prolonger;  la  Langue,  restant  ainsi  formée 
de  fibres  circulaires  transversales  que  ne 
relie  aucun  faisceau  longitudinal  ,  est  très 
fragile  et  se  rompt  facilement.  La  Langue 


236 


LAN 


de  l'Échidné  nous  présente  un  mode  d'or- 
ganisation très  semblable.  Nous  trouvons 
le  muscle  annulaire  et  les  sterno-glosses , 
mais  ceux-ci  sont  cylindriques ,  s'attachent 
à  la  partie  moyenne  et  supérisure  du  ster- 
num ,  et  pénètrent  dans  chacun  des  deux 
cônes  effilés  que  forme  le  muscle  annulaire. 
Les  faisceaux  qui  composent  ces  muscles 
sont  roulés  en  une  spirale  très  allongée, 
s'enveloppant  les  uns  les  autres,  et  ont  une 
inégale  longueur;  les  plus  courts  se  trou- 
vent près  de  la  base  de  la  Langue  ,  de  sorte 
que  chacun  d'eux  se  termine  successivement 
aux  anneaux  du  muscle  annulaire  ,  à  me- 
sure que  sa  longueur  lui  permet  de  les  at- 
teindre. Cette  disposition  ,  en  même  temps 
qu'elle  donne  plus  de  solidité  à  la  Langue, 
et  qu'elle  aide  au  raccourcissement  et  au 
rappel  facile  de  cet  organe  dans  la  bouche , 
permet  des  mouvements  de  flexion  dans 
tous  les  sens.  Chez  les  Fourmiliers  et  les 
Echidnés,  les  génio-glosses  et  les  stylo- 
glosses  s'arrêtent  à  la  base  de  la  Langue, 
dans  la  portion  adhérente;  le  muscle  annu- 
laire ,  dont  la  composition  est  si  remarqua- 
ble, peut  être  considéré  comme  l'analogue 
des  fibres  verticales  et  longitudinales  que 
nous  avons  signalées  dans  la  Langue  des 
autres  Mammifères.  La  Langue  de  "Orni- 
thorhynque  offre  aussi  une  composition  in- 
téressante ,  en  ce  qu'elle  parait  avoir  une 
certaine  importance  physiologique.  En  effet, 
cette  Langue,  hérissée  de  villosités ,  porte  à 
sa  base  un  renflement  épais ,  divisé  anté- 
rieurement en  deux  pointes  charnues,  et 
qui  peut  servir  à  l'animal  à  fermer  l'ouver- 
ture du  larynx,  quand  il  va  fouiller  le  fond 
des  rivières  pour  y  chercher  sa  nourriture. 
Chez  les  Oiseaux ,  la  Langue  prend  un 
caractère  tout  particulier,  qui  dépend  de 
ses  rapports  intimes  et  de  son  union  avec 
l'hyoïde.  En  effet ,  cet  os ,  dont  le  corps  a 
la  forme  d'un  triangle  qui  dirigerait  son 
sommet  en  avant,  donne  attache  antérieu- 
rement à  un  os  ou  à  un  cartilage,  simple  ou 
double,  avec  lequel  il  s'articule  ,  et  qui  se 
prolonge  dans  l'axe  de  la  Langue.  Cet  os 
lingual  soutient  la  Langue,  participe  évi- 
demment à  tous  les  mouvements  de  l'hyoïde, 
et  rattache,  par  conséquent,  la  Langue  à  ce 
dernier  os,  de  manière  à  former  avec  lui 
un  seul  appareil.  En  arrière,  l'hyoïde  se 
prolonge  sous  la  forme  de  deux  longues  cor- 


LAN 

nés  qui  s'élèvent  derrière  le  crâne  ,  sans  y 
prendre  l'attache,  et  dont  les  extrémités 
donnent  insertion  à  des  muscles  fixés  anté- 
rieurement à  la  mâchoire  inférieure.  Ces 
muscles,  par  leur  contraction,  ramènent  les 
cornes  en  bas  et  en  avant,  et  poussent,  par 
Conséquent,  la  Langue  hors  de  la  bouche, 
mécanisme  dont  le  jeu  est  si  curieux  chez 
les  Oiseaux  qui  dardent  leur  Langue  avec 
une  vitesse  extrême  et  à  de  grandes  distan- 
ces pour  saisir  les  insectes  dont  ils  font  leur 
nourriture ,  mais  qui  diffère  tout-à-fait, 
quant  à  son  principe,  de  ce  que  nous  avons 
vu  chez  les  Mammifères  qui  jouissent  de 
la  même  faculté.  Ces  muscles  prolracleurs 
de  l'hyoïde  sont  les  analogues  des  géni- 
hyoïdiens  et  des  génio-glosses  des  Mammi- 
fères, et  leur  effet  est  d'autant  plus  grand 
que  les  cornes  auxquelles  ils  s'attachent  sont 
plus  longues,  conditions  qui  sont  réunies 
chez  les  Pics, les  Torcols,  les  Colibris.  Geof- 
froy trouve ,  dans  les  parties  qui  forment 
l'hyoïde  des  Oiseaux  ,  les  mêmes  éléments 
qui  composent  l'hyoïde  des  Mammifères, 
présentant  les  mêmes  connexions.  Les  os 
linguaux,  que  cet  anatomiste célèbre  appelle 
les  glosso-hyaux ,  correspondraient  aux 
cornes  postérieures  ou  thyroïdes  ;  ils  s'ap- 
puieraient aussi  sur  le  corps  de  l'hyoïde  ou 
Je  basihyal;  et  les  cornes  si  prolongées  de 
l'hyoïde  répondraient  aux  cornes  styloïdes 
des  Mammifères.  L'état  rudimentaire  des 
muscles  linguaux,  chez  les  Oiseaux  ,  n'exi- 
geant plus  que  les  cornes  postérieures  fus- 
sent écartées  ,  comme  elles  le  sont  chez  les 
Mammifères ,  elles  se  rapprocheraient  et  se 
confondraient  sur  la  ligne  médiane  en  un 
seul  glosso-hyal  ;  l'allongement  du  cou  et 
tle  toutes  les  parties  cervicales  entraînerait 
nécessairement  un  développement  considé- 
rable du  basi-hyal  et  du  glosso-hyal,  et  obli- 
gerait ce  dernier  à  pénétrer  dans  la  Langue. 
Cet  os  ou  cartilage  lingual  constitue  seul, 
en  général,  presque  toute  la  Langue  des  Oi- 
seaux, n'étant  recouvert  seulement  que 
de  quelques  petits  muscles  situés  à  la  face 
inférieure  de  la  Langue,  et  que  revêtent  des 
téguments  peu  épais.  La  Langue  de  ces  ani- 
maux ne  peut  donc  changer  ni  de  forme 
ni  de  dimensions,  à  la  façon  de  la  Langue 
charnue  des  Mammifères,  et  ne  possède 
d'autre  mobilité  que  celle  qu'elle  partage 
avec  l'hyoïde,  et  celle  que  lui  donne  l'arti- 


LAN 


LAN 


237 


cu'ation  plus  ou  moins  libre  de  son  os  lin- 
gual sur  le  basi-hyal.  Quelquefois  elle  est 
divisée  dans  sa  longueur,  et  ses  deui  moi- 
tiés peuvent  alors  eiécuter  aussi  des  mou- 
vements l'une  sur  l'autre.  Dure,  en  géné- 
ral ,  à  sa  partie  antérieure ,  et  présentant 
une  extrémité  arrondie  ou  pointue,  entière 
ou  bifide,  plate  ou  creusée,  la  Langue  des 
Oiseaux  peut  cependant  jouir  d'une  cer- 
taine flexibilité,  quand  l'os  lingual  se  ter- 
mine par  une  portion  cartilagineuse  moins 
rigide.  Les  papilles  de  formes  diverses  qui 
hérissent  ie  dos  et  surtout  la  base  de  la 
Langue,  n'indiquent  pas  que  le  sens  du  goût 
soit  très  développé  chez  les  Oiseaux  ;  la  Lan- 
gue sert  surtout  à  ces  animaux  comme  or- 
gane de  déglutition  et  de  préhension  des 
liquides,  et  souvent  aussi  pour  saisir  au 
loin  ou  au  fond  des  fleurs  les  animaux  dont 
ils  font  leur  nourriture.  En  effet,  ces  pa- 
pilles sont  souvent  cornées,  cartilagineuses 
et  osseuses,  dirigées  en  arrière  et  propres  à 
empêcher  le  retour  des  aliments  quand  ils 
ont  été  introduits  dans  l'arrière-bouche.  Il 
y  a  des  différences  nombreuses  à  cet  égard, 
aussi  bien  que  sous  le  rapport  de  la  forme. 
Ainsi,  chez  les  Oiseauxde  proie,  la  Langue 
est  généralement  assez  large  et  épaisse,  un 
peu  molle,  et ,  chez  les  nocturnes,  elle  est 
fourchue  et  garnie  en  arrière  de  papilles 
coniques  dirigées  vers  le  gosier. 

Dans  Tordre  des  Passereaux,  les  moitiés  de 
Tos  lingual  restent  souvent  distinctes  et  ouver- 
tes en  fourche  antérieurement,  et,  dans  plu- 
sieurs genres,la  pointe  de  la  langue  est  fendue 
ou  même  divisée  et  comme  déchiquetée  en 
petites  soies  ;  sa  surface  est  presque  entière- 
ment lisse,  et  l'arrière-langue  seule  offre 
des  papilles  généralement  cartilagineuses. 
Les  Gallinacés  ont  la  Langue  pointue,  car- 
tilagineuse et  en  fer  de  lance ,  très  sem- 
blable, pour  ses  téguments,  à  la  Langue  des 
Passereaux. 

On  trouve  de  grandes  différences  parmi 
les  Échassiers;  nous  citerons  seulement 
l'Autruche,  dont  la  Langue,  en  forme  de 
large  demi-lune,  ne  présente  aucune  pa- 
pille, et  est  si  courte  qu'on  en  a  nié  l'exis- 
tence.En  général,  chez  les  Oiseaux  de  rivage, 
la  Langue  est  lisse  et  aplatie,  d'une  forme 
triangulaire,  plus  ou  moins  allongée,  ou 
hastiforme.  Cependant  la  présence  d'un 
amas  considérable  de  tissu  graisseux  rend 


très  épaisse  la  Langue  des  Phénicoptèresou 
Flammants.  On  rapporte  que  les  Romains  re- 
gardaient cette  Langue  comme  un  mets  très 
délicat,  et  que  l'empereur  Héliogabale  en- 
tretenait constamment  des  troupes  chargées 
d'en  pourvoir  sa  table.  Geoffroy  a  souvent 
vu  en  Egypte  le  lac  Menzaleh  (à  l'ouest  de 
Damiette)  couvert  d'une  multitude  de  bar- 
ques remplies  de  Flammants,  dont  les  chas- 
seurs arrachaient  et  pressaient  la  Langue 
pour  se  procurer  une  graisse  dont  ils  pré- 
fèrent l'usage  à  celui  du  beurre. 

Les  Oiseaux  de  l'ordre  des  Palmipèdes 
offrent  aussi  de  grandes  variations  dans  la 
nature  et  la  forme  de  la  Langue,  variations 
qui  sont  en  harmonie  avec  l'usage  que  l'ani- 
mal doit  en  faire,  avec  la  forme  de  son  bec,  la 
nature  de  ses  aliments  et  la  manière  dont  il 
se  les  procure.  Quand  la  proie  est  vivante 
et  peut  être  avalée  tout  entière,  comme 
c'est  le  cas  pour  le  Harle,  l'Oiseau  n'a  pas 
besoin  d'une  Langue  aussi  développée,  aussi 
sensible,  aussi  flexible  que  lorsqu'il  doit  re- 
chercher sa  nourriture  par  parcelles,  comme 
le  font  les  espèces  du  genre  Canard. 

C'est  surtout  dans  l'ordre  des  Grimpeurs 
que  la  Langue  offre  les  modifications  les 
plus  remarquables.  Chez  les  Pics  et  les  Tor- 
cols,  elle  est  étroite  et  formée  de  deux  par- 
ties :  l'une  antérieure,  lisse,  pointue,  et 
revêtue  d'une  gaîne  cornée,  garnie  sur  ses 
bords  de  quatre  ou  cinq  épines  raides,  di- 
rigées en  arrière,  de  façon  que  la  Langue 
ressemble  à  un  hameçon  barbelé  ;  l'autre 
postérieure,  plus  lâche  ,  hérissée  de  petites 
épines.  L'os  lingual  est  beaucoup  plus  court 
que  la  peau  de  cette  Langue,  et  lorsque  la 
Langue  s'allonge  et  sort  tout  entière  de  la 
bouche,  à  l'aide  du  mécanisme  que  nous 
avons  décrit  plus  haut,  l'hyoïde  s'avance 
dans  cet  organe ,  remplit  sa  portion  posté- 
rieure en  l'élargissant,  et  pousse  la  Langue 
en  avant.  Les  Toucans  ont  la  Langue  étroite, 
garnie  latéralement  de  soies  cornées  qui 
lui  donnent  l'apparence  d'une  plume,  et  qui 
ont  mérité  aux  Aracaris  le  nom  de  Ptero- 
glossus.  Chez  les  Perroquets ,  la  Langue  est 
très  épaisse,  charnue,  arrondie  en  avant  et 
pourvue  de  vraies  papilles  fongiformes, 
surtout  vers  la  base.  L'appareil  musculaire 
qui  met  cet  organe  en  mouvement  est  aussi 
plus  compliqué  que  celui  des  autres  Oiseaux, 
et  les  nerfs  qui  s'y  distribuent  ont  des  di- 


233 


LAN 


LAN 


mensions  plus  considérables  :  aussi  les  Per- 
roquets se  servent-ils  de  leur  langue  comme 
d'un  organe  assez  délicat  pour  goûter,  en 
quelque  sorte,  chaque  parcelle  d'aliment. 
Bien  que  les  Perroquets  se  distinguent,  en 
général,  par  le  volume  plus  considérable  de 
leur  Langue,  il  est  néanmoins  un  petit 
genre  auquel  Levaillant  donna  le  nom 
d'Ara  à  trompe,  parce  qu'il  considérait  la 
Langue  de  ces  Oiseaux  comme  étant  très 
longue  et  leur  servant  pour  prendre  leur 
nourriture  de  la  même  manière  que  l'Élé- 
phant le  fait  avec  sa  trompe  ;  Geoffroy  re- 
connut, au  contraire,  que  c'est  de  l'allon- 
gement de  l'hyoïde  et  de  ses  dépendances 
que  résulte  cette  faculté,  et  qu'en  réalité 
la  Langue  est  très  petite  et  ne  consiste 
qu'en  une  simple  tubérosité  ovale  et  cornée  : 
aussi  en  forma-t-il  sa  section  des  Micro- 
glosses. 

Dans  la  classe  des  Reptiles,  la  Langue 
présente  plus  de  variations  encore  que  dans 
celle  des  Oiseaux,  et  il  faudrait  passer  en 
revue  chaque  ordre  et  même  chaque  fa- 
mille pour  indiquer  complètement  les  for- 
mes diverses,  la  structure,  les  rapports  de 
cet  organe.  C'est  ce  que  nous  n'entrepren- 
drons point;  il  nous  suffira  d'indiquer  les 
faits  principaux.  Chez  les  Chéloniens,  la 
Langue  est  courte  ,  épaisse,  très  peu  mo- 
bile, d'une  forme  assez  semblable  à  une 
semelle  de  soulier;  les  papilles  uniformes 
coniques,  longues,  charnues  et  serrées  qui 
en  garnissent  la  face  supérieure,  la  rendent 
comme  veloutée.  Ses  rapports  avec  l'hyoïde 
n'ont  plus  la  même  étendue  que  chez  les 
Oiseaux  ;  elle  est  soutenue  par  la  pointe  seu- 
lement de  l'hyoïde,  et  surtout  par  une  pla- 
que cartilagineuse  qui  est  distincte  de  cet 
os,  et  qui  ne  s'y  relie  que  par  des  ligaments 
et  des  muscles.  La  Langue  sert  donc  fai- 
blement ici  aux  mouvements  de  la  dégluti- 
tion. 

Les  Crocodiliens  n'ont  qu'une  Langue  ru- 
dimentaire ,  plate  ,  charnue  ,  attachée  par 
ses  bords  et  par  sa  pointe  à  la  mâchoire 
inférieure,  de  sorte  qu'elle  est  aussi  immo- 
bile que  possible;  l'anatomiste  seul  la  dé- 
couvre soui  les  enveloppes  générales  qui  la 
couvrent  et  la  masquent  si  bien,  que  long- 
temps on  a  cru  qu'elle  n'existait  pas  chez 
tes  animaux.  C'est  cette  circonstance  qui 
explique  l'utilité  des  services  que  rend  au 


Crocodile  un  petit  oiseau  ,  le  Charadrius 
œgyptius,  désigné  par  Hérodote  sous  le  nom 
de  Trochilus  :  cet  animal  entre  dans  la 
gueule  du  Crocodile  pendant  que  celui-ci 
la  tient  ouverte ,  et  mange  les  Insectes  su- 
ceurs qui  s'attachent  dans  la  bouche  du  rep- 
tile. Dans  la  famille  des  Lacertiens,  la  Lan- 
gue est  en  général  bifurquée;  quelques 
genres  ont  une  Langue  musculeuse ,  lisse , 
contenue  en  partie  dans  un  fourreau  qui 
s'ouvre  au-devant  du  larynx;  d'autres  ne 
présentent  pas  de  fourreau ,  et  l'ont  plus 
large  et  aplatie.  Les  Lézards,  les  Iguaniens, 
les  Geckotiens,  les  Scincoïdiens ,  ont  géné- 
ralement une  langue  triangulaire,  très  ex- 
tensible ,  peu  profondément  bifurquée ,  et 
composée  antérieurement  de  deux  feuillets 
minces,  presque  cornés  ;  le  corps  de  la  Lan- 
gue est  plus  épais ,  sa  surface  est  feuilletée 
ou  papilleuse.  Le  plus  curieux  des  Reptiles 
.sous  le  rapport  de  la  protractilité  de  sa 
Langue,  comme  à  beaucoup  d'autres  égards, 
est  le  Caméléon.  Chez  cet  animal,  la  Langue 
est  cylindrique,  plutôt  ridée  que  papilleuse, 
traversée  par  un  axe  osseux ,  et  susceptible 
d'être  projetée  au -dehors  de  la  bouche  sur 
les  insectes  dont  le  Caméléon  fait  sa  proie , 
à  une  distance  qui  dépasse  quelquefois  la 
longueur  du  corps  lui-même.  Cette  Langue, 
si  extensible,  se  retire  dans  une  sorte  de 
fourreau  ou  fosse  du  plancher  du  palais,  et 
sa  peau  est  extrêmement  plissée  en  arrière, 
pour  fournir  à  l'extension  extraordinaire 
qu'elle  prend  dans  le  moment  où  elle  est 
ainsi  dardée.  Cette  élongation  considérable 
a  lieu  par  un  mécanisme  assez  analogue  à 
celui  que  nous  avons  indiqué  pour  les  Pics. 
On  trouve  chez  les  Ophidiens,  comme  chez 
les  Sauriens,  des  animaux  dont  la  Langue 
est  protractile  et  cachée  dans  un  fourreau, 
et  d'autres  chez  lesquels  elle  est  libre,  visi- 
ble dans  le  palais  et  peu  extensible.  Les  Ser- 
pents proprement  dits  appartiennent  à  la 
première  de  ces  deux  catégories ,  et  leur 
Langue,  qui  leur  sert  principalement  à  pal- 
per, ressemble  en  conséquence  à  celle  des 
Lézards,  est  extrêmement  lisse,  semi-carti- 
lagineuse et  très  mobile,  comme  celle  de  ces 
derniers  animaux  :  elle  est  plus  profondé- 
ment bifurquée. 

La  Langue  des  Batraciens  ne  présente 
pas  dans  toutes  les  familles ,  et  même  dans 
tous  les  genres  d'une  famille,  lamêmestruc- 


LAN 


LAN 


239 


ture  et  la  même  mobilité.  Chez  les  Anoures 
en  général,  Grenouilles,  Crapauds,  etc.,  la 
Langue  est  charnue ,  lisse  et  muqueuse , 
tout-à-fait  indépendante  de  l'hyoïde  et  fixée 
antérieurement  à  l'arc  du  menton  ;  sa  par- 
tie postérieure  bifurquée  est  détachée  et 
libre  ,  susceptible  de  se  renverser  en  avant 
sur  les  animaux  dont  le  Batracien  fait  sa 
proie ,  et  de  se  reployer  en  arrière  pour 
s'appliquer  contre  l'ouverture  des  narines 
postérieures.  La  Langue  des  Salamandres 
est  molle  et  couverte  de  papilles  qui  for- 
ment un  veiouté  fin  ;  adhérente  en  avant 
et  en  arrière,  elle  ne  jouit  d'un  peu  de 
mobilité  que  sur  les  côtés ,  et  ne  peut  servir 
à  l'animal  comme  organe  mobile  que  lors- 
qu'il abaisse  extrêmement  la  mâchoire  infé- 
rieure. Les  Sirènes  ont  une  langue  toute 
osseuse  ou  cartilagineuse ,  incapable  d'au- 
cun mouvement  propre,  et  ne  recevant 
plus  d'impulsion  que  de  l'appareil  hyoïde , 
semblable,  sous  ce  rapport,  à  celle  des 
Poissons. 

En  général ,  on  ne  découvre  pas  de  Lan- 
gue chez  les  Poissons  cartilagineux  ;  et  chez 
la  plupart  des  Poissons  osseux  ,  la  Langue 
ne  consiste  guère  qu'en  une  simple  saillie  à  la 
partie  inférieure  de  la  bouche.  Elle  est  soute- 
nue, le  plus  souvent ,  par  un  os  lingual  qui 
s'articule  avec  l'appareil  hyoïdien,  et  dont  la 
forme  ainsi  que  le  volume  relatif  varie 
beaucoup.  La  membrane  qui  recouvre  cette 
Langue  ne  présente  aucune  différence  avec 
celle  qui  tapisse  la  bouche,  si  ce  n'est 
qu'elle  est  souvent  garnie  de  dents  aiguës 
ou  en  forme  de  pavés,  qui  doivent  y  émous- 
ser  la  sensibilité.  Généralement  peu  mus- 
culeuse,  la  Langue  des  Poissons  est  peu 
susceptible  de  changer  de  forme,  et  l'os  qui 
la  supporte  ne  pouvant  se  mouvoir  que  fai- 
blement, il  en  résulte  que  les  mouvements 
de  cet  organe  dépendent  de  ceux  qui  sont 
imprimés  à  l'hyoïde,  et  que  son  rôle  se 
îonfond  avec  celui  de  cet  appareil. 

En  quittant  le  grand  type  des  Vebtébrés, 
nous  trouvons  quelquefois  chez  les  ani- 
maux qui  appartiennent  à  d'autres  types  un 
organe  qui  a  reçu  aussi  le  nom  de  Langue, 
en  général  à  cause  de  la  ressemblance  de  sa 
forme  avec  la  Langue  des  animaux  supé- 
rieurs, quelquefois  en  raison  de  l'analogie 
de  ses  fonctions  avec  celles  que  nous  avons 
reconnues  propres  à  la  Langue  chez  les  ver- 


tébrés. N'ayant  à  nous  occuper  ici  ni  du 
goût ,  ni  du  toucher ,  ni  de  la  préhension  , 
de  la  mastication  et  de  la  déglutition  des 
aliments,  nous  ne  pouvons  entreprendre 
d'indiquer  les  organes  qui  sont  physiologi- 
quement,  chez  les  autres  animaux,  les 
analogues  de  la  Langue  des  Vertébrés. 
Nous  renvoyons  pour  la  distinction  et  la 
description  de  ces  organes  analogues ,  aux 
articles  qui  sont  destinés  à  faire  connaître 
les  animaux  qui  appartiennent  au  type  des 
Annelés  et  à  celui  des  Zoophytes;  nous  ne 
dirons  ici  que  quelques  mots  de  la  Langue 
des  Malacozoaires,  les  seuls  chez  lesquels  cet 
organe  offre  quelque  ressemblance  de  situa- 
tion et  de  composition  avec  la  Langue  des 
Vertébrés ,  telle  que  nous  venons  de  la  dé- 
crire, et  qui  mérite  à  plus  juste  titre  le 
nom  de  Langue. 

Dans  la  classe  des  Céphalopodes,  la 
Langue  est  en  général  composée  de  deux 
lobes,  l'un  plus  avancé ,  inférieur,  mus- 
culeux  ,  relevé  d'un  nombre  plus  ou  moins 
considérable  de  feuillets  transverses ,  à 
bord  libre,  entier  ou  découpé;  l'autre, 
plus  reculé ,  supérieur,  armé  de  lames 
cornées  transverses,  supportant  des  séries 
de  crochets  qui  varient  aussi  beaucoup  par 
le  nombre  et  la  forme.  Ces  deux  lobes  for- 
ment comme  deux  lèvres  qui  pincent  les 
aliments ,  et  les  lames  cornées,  exécutant 
ensuite  une  sorte  de  mouvement  péristal- 
tique,  redressent  successivement  et  re- 
courbent leurs  crochets,  qui  poussent  ainsi 
le  bol  alimentaire  dans  l'œsophage.  Celte 
langue  est  généralement  garnie  de  papilles 
et  soutenue  par  un  cartilage  particulier; 
sa  partie  antérieure  ne  peut  cependant  en- 
velopper les  matières  sapides  à  la  façon  d'un 
véritable  organe  du  goût,  et  elle  ne  sert 
guère  qu'à  la  déglutition. 

Chez  les  Gastéropodes,  la  Langue  pré- 
sente de  grandes  variations  quant  à  sa 
forme  ,  à  sa  longueur,  â  sa  position  ,  à  son 
armure.  En  général,  la  Langue  est  courte 
chez  les  Gastéropodes  qui  ont  une  trompe; 
elle  est  au  contraire  longue,  et  quelque- 
fois démesurément  longue,  chez  les  Gasté- 
ropodes qui  sont  privés  de  trompe.  Parmi 
ces  derniers  nous  citerons  la  Patelle,  le 
Turbo  pica,  chez  lesquels  la  Langue  est 
contournée  sur  elle-même  dans  l'état  de 
repos ,  et  égale  presque  en  longueur  lecorpi 


240 


LAN 


lout  entier,  quand  elle  se  déploie  ;  il  est 
difficile  de  concevoir  à  quoi  peut  être 
itile  à  ces  animaux  une  pareille  extension 
de  cet  organe.  Chaque  espèce  présente  aussi 
une  armure  particulière,  disposée  d'une 
façon  régulière.  Dans  l'Aplysie,  la  Langue, 
large,  en  forme  de  cœur  et  portée  sur  deux 
éminences  arrondies  et  séparées,  est  garnie 
de  petites  épines  recourbées,  placées  en 
quinconce.  On  trouve,  chez  d'autres  Gasté- 
ropodes ,  des  lames  tranchantes  dentelées , 
des  crochets  à  plusieurs  pointes,  des  épi- 
nes simples ,  etc.  Dans  cette  classe ,  la 
Langue  est  toujours  placée  près  de  l'ouver- 
ture buccale;  derrière  les  mâchoires ,  chez 
les  Mollusques  dont  la  bouche  en  est  ar- 
mée ;  à  l'extrémité  antérieure  de  la  trompe, 
chez  ceux  qui  en  possèdent  une.  Il  est  à 
remarquer  que  la  langue  de  l'Oscabrion  se 
prolonge  en  arrière  et  est  enveloppée  d'un 
sac  propre. 

Les  Ptéropodes  manquent  le  plus  géné- 
ralement de  Langue.  M.  Rang  en  a  trouvé 
une  à  dents  nombreuses  dans  la  cavité  buc- 
cale de  son  Cuviera  columnella ,  espèce  qui 
se  rapproche  des  Hyales.  Les  Acéphales  pa- 
raissent manquer  complètement  de  Lan- 
gue aussi  bien  que  les  Molluscoïdes. 

Les  Zoologistes  classificateurs  ont  sou- 
vent trouvé,  dans  les  caractères  que  leur 
fournit  la  Langue ,  le  moyen  de  distinguer 
facilement  les  espèces  ou  les  genres;  c'est 
ainsi  qu'ont  été  créés  les  noms  de  Ptéro- 
glosse,  Microglosse,  Glossophage  et  au- 
tres. Les  différences  nombreuses  que  pré- 
sente cet  organe  dans  sa  forme,  son  vo- 
lume, sa  structure;  les  degrés  divers  de 
liberté  et  d'extensibilité  dont  il  jouit;  la 
disposition  de  ses  papilles,  peuvent,  en 
effet,  prêter  des  caractères  utiles ,  surtout 
s'ils  concordent  avec  des  faits  plus  im- 
portants dans  l'organisation  ,  et  si  on  ne 
l*ur  attribue  pas  une  importance  exa- 
gérée. (EbileBaudement.) 

te  mot  de  Langue  a  aussi  été  appliqué  à 
certaines  plantes  qui  offrent  plus  ou  moins 
de  ressemblance  avec  l'organe  dont  nous 
venons  de  parler.  Ainsi  l'on  a  appelé  : 

Langue  d'Agneau  ,  une  espèce  de  Plan- 
tain; 

Langue  d'Anolis,  la  Melastoma  ciliata; 
Langue  de  Bœuf,  la  Buglosse  officinale  et 
la  Fistuline  ; 


LAN 

Langde  de  Cerf,  la  Scolopendre,  etc. 

Langue  de  Châtaignier  ou  de  Chêne  ,  la 
Fistuline  Langue  de  Bœuf; 

Langue  de  Cheval,  une  espèce  de  Fragon  ; 

Langue  de  Chîen  ,  La  Cynoglosse  offici- 
nale et  le  Myosotis  lappula; 

Langue  de  Noyer  et  Langue  de  Pommiei, 
quelques  Agarics  à  pédicule  latéral  ; 

Langue  d'Oie,  le  Pinguicula  vulgaris  ; 

Langue  de  Passereau,  le  Stellerapasserina 
et  le  Polygonum  aviculare; 

Langue  de  Serpent  ,  l'Ophioglosse  vul- 
gaire ; 

Langue  de  Terre,  les  espèces  du  genre 
Geoglossum; 

Langue  de  Vache,  la  Scabieuse  des  champs 
et  la  grande  Consoude. 

LANGUE  DE  BOEUF,  bot.  cr.  —  Nom 
vulgaire  du  Fistulina  hepatica  {voyez  ce 
mot  ).  Pendant  longtemps  on  n'a  connu 
que  cette  espèce.  Schweinitz  en  a  fait  con- 
naître une  seconde  de  la  Caroline  beaucoup 
plus  petite,  qui  croît  également  sur  les 
troncs.  (Lév.) 

LANGUETTE,  poiss.  — -  Nom  vulgaire 
d'une  espèce  de  Pleuronecte.  Voy.  ce  mot. 

LANGUETTE,  zool.,  bot.  —Les  ento- 
mologistes ont  donné  ce  nom  à  une  partie 
de  la  lèvre  inférieure  des  Insectes  (  voyez 
bouche).  —  En  botanique,  on  nomme  Lan- 
guette l'appendice  long  et  étroit  que  produit 
le  tube  des  corolles  de  certaines  Synanthé- 
rées,  en  se  prolongeant  d'un  seul  côté. 

C'est  aussi  le  nom  employé  quelquefois 
pour  désigner  la  ligule  des  Graminées.  Voy. 
graminées. 

LANGURIA  (  Languria ,  animal  auquel 
on  attribuait  la  production  de  l'ambre). 
iNS#  —  Genre  de  Coléoptères  subpentamè- 
res ,  famille  des  Clavipalpes,  établi  par  Fa- 
bricius  et  adopté  par  Olivier,  Latreille,  De- 
jean.  Ce  dernier  auteur  rapporte  à  ce  genre 
18  espèces  :  12  appartiennent  à  l'Améri- 
que, 4  à  l'Asie  (Java)  et  2  à  l'Afrique.  Les 
espèces  types  sont  les  L.  bicolor  Fab.,  Mo- 
zardi  Lat.,  01.,  et  scapularis  Chev.  On 
trouve  ces  insectes  sur  de  petites  branches 
mortes,  et  aussi  sur  des  liges  de  plantes.  (C.) 

*LANIADÉES.  Laniadœ.  ois.—  Famille 
établie  par  M.  Lesson,  dans  l'ordre  des  Passe- 
reaux, pour  des  espèces  à  bec  fort,  très  com- 
primé, crochu,  armé  d'une  dent,  à  ailes  mé- 
diocres, le  plus  souvent  courtes  el  arrondies. 


LAN 


LAN 


241 


Cette  famille  comprend  les  genres  Corvinelle, 
Falconelle,  Pie  -Grièctae,  Tchagra ,  Notodèle  , 
Pitohui,  Taraba,  Lanion,  Ramphocène,  Ma- 
nikup,  Bagadais,  Crinon  et  Bécarde.  (Z.  G.) 

*LANIAGRA,  d'Orb.  ois.— Division  de  la 
famille  des  Laniadées.  Voy.  pie-gb'èche. 

(Z.  G.) 

*LANIARIUS,  Boié.  ois.— -Division  de  la 
famille  des  Pies-Grièches.  Voy.  ce  mot.  — 
Vieill.,  syn.  de  Gonolek.  (Z.  G.) 

*XAMCTERUS,  Less.  ois.— Genre  établi 
sur  une  espèce  de  la  famille  des  Échenilleurs, 
que  M.  Lesson  nomme  L.  xanthornoides. 

(Z.  G.) 

*LANIDÉES.Ianidœ.  ois.— Famille  éta- 
blie par  G.-R.  Gray,  dans  son  List  of  the 
gen.y  dans  la  tribu  des  Passereaux  dentiros- 
tres.  Elle  comprend  la  sous-famille  des  La- 
ninées  et  celle  des  Thamnophilinées,  et  cor- 
respond en  grande  partie  à  l'ancien  genre 
Lanius  de  Linné.  (Z.  G.) 

*LANIELLUS,  Swains.  ois.— Division  de 
la  famille  des  Lanidées.  Voy.  pie-grièche. 

(Z.  G.) 

LANIER.  ois.  —  Nom  d'une  espèce  de 
Faucon.  —  Brisson  a  encore  appelé  Lanier 
cendré  le  Buzard  Saint-Martin.     (Z.  G.) 

*LAMGEROSTEMMA,  Chap.  bot.  ph. 
—  Syn.  d'Eliœa,  Cambess. 

*LAN1NSECTES.  Laninsecta.  ins.  — 
MM.  Amyot  et  Serville  (Ins.  Hémipt.,  suites 
à  Buffon)  désignent  ainsi ,  dans  l'ordre  des 
Hémiptères ,  un  groupe  comprenant  les  gen- 
res Orthesia  et  Callipalpus.  Voy,  orthe- 
zia.  (Bl.) 

LANIO.  ois.  —  Voy.  lanion. 
*LAJVIOCERA,Less.ois.—  Syn.de  Lanteî- 
lus,  Swains.  —  Division  de  la  famille  des 
Lanidées.  Voy.  pie-grièche.         (Z.  G.) 

LAMOGÈRE.  Laniogerus  (laniatio,  la- 
cinie;  gerere,  porter),  moll.— Le  g.  Lanio- 
gère  a  été  établi,  dès  1816,  par  M.  deBlain- 
ville  pour  un  petit  Mollusque  nu  fort  sin- 
gulier, et  qu'il  a  observé  dans  la  collection 
du  Musée  britannique.  Ce  genre  serait  voi- 
sin des  Glaucus;  mais ,  selon  nous ,  il  au- 
rait plus  d'analogie  avec  les  Phyllidies  ou 
les  Diphyllides.  En  effet,  ce  petit  Mollus- 
que marin  a  un  corps  ovalaire ,  conveie 
en  dessus,  et  présentant  sur  toute  la  face 
intérieure  un  plan  locomoteur,  terminé 
en  arrière  par  une  sorte  de  queue.  La  tête 
est  assez  grosse  ,  se  prolonge  en  avant  en 
t.  vu. 


un  mufle  court,  fendu  par  une  bouche  longi  • 
tudinale,  armé  de  plaques  cornées;  la  tete 
porte  en  arrière  deux  petits  tentacules  de 
chaque  côté,  et  l'on  remarque  sur  le 
corps,  également  de  chaque  côté,  des 
branches  pectinées,  à  feuillets  mous  et, 
flexibles ,  disposés  à  peu  près  de  la  même/ 
manière  que  dans  les  Pleurobranches  ;' 
du  côté  droit ,  la  branchie  est  interrompue 
par  la  présence  d'un  tubercule  assez  gros , 
donnant  à  la  fois  passage  à  l'anus  et  aux 
organes  de  la  génération.  Comme  on  le 
voit,  ce  genre  a  beaucoup  de  rapports  avec 
les  Diphyllides  ;  mais,  dans  ce  dernier  genre, 
le  manteau  fait  une  large  saillie  autour  de 
l'animal ,  de  manière  à  arrêter  complète- 
ment ses  organes  branchiaux,  ce  qui  n'a 
pas  lieu  dans  le  genre  Laniogère  de  M.  de 
Blainville.  Jusqu'à  présent  on  ne  connaît 
que  la  seule  espèce  servant  de  type  à  ce 
genre  curieux ,  et  l'on  ignore  quelle  est  sa 
patrie.  (Desh.) 

LANIOIV.  Lanio,  Vieill.  ois.— Section  de 
la  famille  des  Lanidées.  Voy.  pie-grièche. 

(Z.  G.) 

*L  ANIOTURDUS,  Waterh .  ois . —Section 
de  la  famille  des  Lanidées.  Voy.  pie-grièche. 

(Z.  G.) 

*LANISIUM.  bot.  ph. — Genre  de  la  fa- 
mille des  Méliacées-Trichéliées ,  établi  par 
Rumph  (Amboin.  I,  151 ,  t.  54).  Arbres  de 
l'Inde.  Voy.  méliacées. 

LANISTE.  moll.  — M.  Swainson,  ayant 
oublié  sans  doute  que  ce  mot  avait  été  em- 
ployé par  Montfort,  l'a  appliqué  de  nouveau 
à  un  sous-genre  que  nous  croyons  inutile  , 
pour  des  Modioles  à  stries  aux  deux  extré- 
mités de  la  coquille,  telles  que  les  Modiola 
discort    compacta,    etc.     Voy.    modiole. 

(Desh.) 

LANISTES.  moll.— Monfort  a  proposé  ce 
genre,  dans  sa  Conchyliologie  systématique, 
pour  les  Ampullaires  sénestres;  n'ayant 
aucune  valeur,  il  n'a  pas  été  adopté.  Voy. 

AMPULLAIRE,  (DESH.) 

LANIUS,  Linn.  ois.— Nom  latin  du  genre 
Pie-Grièche.  (z-  G) 

*LANNEA,  A.  Rich.  bot.  ph.  — Syn. 
d'Odtna,  Roxb. 

*LANTANÉES.  Lantaneœ.  bot.  ph.  — 
Tribu  de  la  famille  des  Verbénacées,  à  la- 
quelle le  genre  Lantana,  l'un  de  ceux  qu'elle 
renferme,  a  donné  ce  nom.        (Ad.  J.) 

31 


242 


LAN 


LAO 


LANTANIER.  Lantana.  dût.  ph.— Genre 
de  la  famille  des  Verbénacées ,  tribu  des 
Lantanées ,  à  laquelle  il  donne  son  nom , 
de  la  didynamie  angiospermie  dans  le  sys- 
tème sexuel.  Il  se  compose  d'arbrisseaux  et 
d'un  petit  nombre  d'espèces  herbacées,  dont 
plusieurs  sont  très  répandues  dans  les  jardins 
comme  plantes  d'ornement.  Ce  sont  des  vé- 
gétaux presque  tous  originaires  de  l'Améri- 
que tropicale ,  assez  fréquemment  armés  de 
piquants;  dont  les  branches  sont  anguleu- 
ses ,  les  feuilles  simples  ,  généralement  ru- 
gueuses ,  dentées  sur  leurs  bords ,  opposées 
ou  ternées  ;  leurs  fleurs  sont  réunies  en  ca- 
pitules axillaires,  accompagnées  de  bractées 
dont  les  extérieures  forment  une  sorte  d'in- 
volucre  autour  de  chaque  capitule.  La  cou- 
leur de  ces  fleurs  est  violacée,  orangée, 
jaune  ou  blanche,  et  varie  quelquefois  dans 
un  même  capitule.  Chacune,  considérée  en 
particulier,  présente  un  calice  en  tube  très 
court,  à  4  petites  dents;  une  corolle  à  tube 
allongé ,  légèrement  renflé  dans  son  milieu, 
à  limbe  étalé ,  divisé  en  4  lobes  inégaux  ; 
4  étamines  incluses,  didynames  ;  un  ovaire 
à  2  loges,  auquel  succède  un  petit  fruit 
bacciforme,  renfermant  un  seul  noyau  bi- 
loculaire ,  percé  à  sa  base ,  ou  deux  noyaux 
distincts,  dont  chacun  est  alors  uniloculaire 
et  monosperme.  Ce  dernier  caractère  fait 
diviser  le  genre  entier  en  deux  sous-genres* 
dont  le  premier  (Camara,  Cham.)est  carac- 
térisé par  l'existence  d'un  seul  noyau  creusé 
intérieurement  de  deux  loges  ;  dont  le  se- 
cond (Collioreas,  Cham.)  se  distingue  par  la 
présence,  dans  son  fruit ,  de  deux  noyaux 
distincts  et  uniloculaires. 

Parmi  les  diverses  espèces  de  Lantaniers 
que  l'on  cultive  le  plus  habituellement  dans 
les  jardins ,  nous  nous  bornerons  à  dire 
quelques  mots  sur  les  suivantes  : 

Lantanier  a  feuilles  de  mélisse,  Lantana 
camara  Lin.  C'est  un  arbrisseau  qui  s'élève 
ordinairement  à  10-12  décimètres,  dépourvu 
d'aiguillons,  dont  les  feuilles  persistantes 
sont  ovales  oblongues.  Ses  fleurs  se  déve- 
loppent pendant  tout  l'été  ;  elles  sont  d'a- 
bord jaunes ,  et  prennent  peu  à  peu  une 
teinte  aurore.  On  cultive  cette  espèce  dans 
la  serre  tempérée  ou  chaude  ;  on  la  multi- 
plie soit  par  graines,  soit  par  boutures. 

Le  Lantanier  a  fleurs  blanches,  Lantana 
nivea,  est  une  jolie  espèce  frutescente,  dont 


la  tige  est  armée  d'aiguillons  courts  et  re- 
courbés ,  dont  les  feuilles  sont  ovales-lan- 
céolées, acuminées,  légèrement  crénelées; 
dont  les  fleurs ,  d'un  beau  blanc  et  d'une 
odeur  agréable ,  se  succèdent  pendant  pres- 
que toute  l'année ,  et  forment  des  capitules 
hémisphériques ,  accompagnés  de  bractées 
linéaires.  C'est  encore  une  espèce  de  serre 
tempérée  ou  chaude  qu'on  multiplie  comme 
la  précédente. 

Parmi  les  autres  espèces,  nous  nous  bor- 
nerons à  indiquer  le  Lantanier  odorant  ,  à 
feuilles  opposées  et  ternées;  le  Lantanier 
agréable  des  jardiniers,  qui  ne  s'élève  qu'à  4 
décimètres,  remarquable  par  ses  fruits  nom- 
breux, gros  comme  des  Pois,  bleuâtres  ;  le 
Lantanier  de  Sellaw,  etc.  Ces  diverses  es- 
pèces ont  déjà  donné ,  par  la  culture ,  des 
variétés  souvent  de  meilleur  effet  que  leur 
type.  (P.  D.) 

LANTERNE,  moll.-— Nom  vulgaire  d'une 
belle  espèce  d'Anatine,  Lanterne  anatina 
de  Lamarck.  Voy.  anatine.  (Desh.) 

LANTERNE,  bot.  cr.  —  Nom  vulgaire 
du  g.  Latemea.  Voy.  ce  mot. 

LANTHANE,  chim.  —  Découvert  en 
1840  par  Mosander  dans  la  cérite  de  Bast- 
nas,  où  il  se  trouve  uni  à  l'oxygène  et 
combiné  avec  l'oxyde  de  Cérium  (  voy.  ce 
dernier  mot),  le  Lanthane  a  été  étudié  depuis 
par  Hermann ,  et  n'a  été  obtenu ,  jusqu'à 
présent,  que  sous  forme  d'une  poudre 
grise,  s'oxydantdans  l'eau  et  se  convertissant 
en  un  hydrate  de  couleur  blanche. 

D'après  la  manière  d'être  de  ses  combi- 
naisons ,  ce  métal  semble  devoir  être  placé 
sur  la  limite  des  Métaux  terreux,  immédia- 
tement après  l'YUrium. 

Hermann  a  adopté  le  chiffre  600  pouf 
l'équivalent  du  Lanthane,  dont  Tunique 
oxyde  est  représenté  par  700.       (A.  D.) 

*LAODICE.  Laodicea  (nom  mythologi- 
que), acal.— Genre  de  l'ordre  desMédusaires 
ou  Discophores,  établi  par  M.  Lesson,qui  le 
caractérise  par  la  forme  hémisphérique  de 
l'ombelle,  ayant  au  milieu  un  nuclétw 
rougeàtre,  solide,  à  quatre  masses  perforées, 
d'entre  les  intervalles  desquelles  partent  des 
cloisons  vasculaires,  formant  une  croix.  Des 
tentacules  courts,  très  nombreux,  naissent 
du  bord  de  l'ombelle.  La  seule  espèce  con- 
nue vit  dans  la  Méditerranée.  Elle  est  large 
de  1  centimètre.  Les  précédents  auteurs 


LAP 


LAP 


243 


l'ont  nommée  Médusa  crucigera  et  Aurélia 
crucigera.  (Duj.) 

LAOMÉDÉE.  Laomedea  (nom  mytholo- 
gique), polyp. — Genre  de  l'ordre  des  Sertu- 
lariées,  établi  par  Lamouroux  pour  diverses 
espèces  de  Campanulaires(uoi/.  ce  mot),  dont 
les  cellules  campaniformes  ont  le  pédoncule 
plus  court.  Les  cellules  sont  portées  sur  des 
tiges  grêles,  rameuses,  raides  ou  volubiles. 
Les  animaux,  tout-à-fait  semblables  à  ceux 
des  Campanulaires,  ont  une  couronne  de 
douze  à  quatorze  tentacules.  On  en  connaît 
10  espèces  toutes  des  mers  d'Europe.  (Duj.) 

*LAOPHONTE.  Laophonta.  crust.— Ce 
nom  désigne  une  nouvelle  coupe  générique 
de  Crustacés  établie  par  M.  Philippi  dans 
les  Archives  de  Wiedmann,  et  dont  l'espèce 
type  est  la  Laophonte  cornue  ,  Laophonta 
cornuta  Phil.  (in  Arch.  de  Wiedm.,  I, 
1840,  pi.  3,  fig.  13).  (H.  L.) 

LAPAGERIA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Philésiées ,  voisine 
des  Smilacées,  établi  par  Ruiz  et  Pavon  (FI. 
peruv.  III,  65,  t.  297).  Sous-arbrisseaux 
du  Chili.  Voy.  philésiées. 

*LAPAROCERUS  (  Aawrctpo'ç ,  grêle  ;  xê- 
paç,  antenne),  ins.  —  Genre  de  Coléoptè- 
res tétramères,  famille  des  Curculionides 
gonatocères ,  division  des  Cyclomides ,  créé 
par  Schœnherr  (  Synonymia  gen.  et  Sp, 
Curculion.,  t.  H,  p.  530-7,  2e  part.,  p, 
228).  4  espèces  sont  rapportées  à  ce  genre 
par  l'auteur  :  les  L.  morio ,  piceus,  tetricus 
et  Canariensis.  Les  deux  premières  se  trou- 
vent en  Portugal  ;  la  troisième  et  la  qua- 
trième ,  dans  l'île  de  Ténériffe.  (C.) 

♦LAPEMISOaTrvî,  pituite;  ipug,  tortue)., 
rept.  —  Groupe  d'Ophidiens  proposé  par 
Gray  (ZooL  Miscell.  1842).  (E.  D.) 

LAPEREAU,  mam.  —  Nom  que  l'on 
donne  vulgairement  au  jenne  Lapin.  (E.D.) 

LAPE1R0USIA  (nom  propre),  bot.  ph. 
—  Genre  de  la  famille  des  Composées-Sé- 
nécionidées ,  établi  par  Thunberg  (FI.  cap. 
700).  Sous-arbrisseaux  du  Cap.  Voy.  com- 
posées. —  Pourr.,  syn.  û'Ovieda,  Spreng. 

LAPHRIA  (nom  mythologique),  ins.  — 
Genre  de  l'ordre  des  Diptères  brachocères, 
famille  desTanystomes,  tribu  des  Asiliques, 
établi  par  Meigen.Les  Laphria diffèrent  des 
autres  genres  de  la  même  tribu  par  les  anten- 
nes à  troisième  article  fusiforme,  sans  style 
distinct,  et  par  des  jambes  courbes  inermes. 


Ce  genre  renferme  7  ou  8  espèces  ,  dont 
la  plus  connue  est  la  Laphrie  dorée,  L.  au- 
rea,  qui  se  trouve  fréquemment  en  France, 
surtout  aux  environs  de  Paris. 

*LAPHYRA  (Xayypov,  butin),  ras.  — 
Genre  de  Coléoptères  pentamères,  famille 
des  Carabiques,  tribu  des  Cicindélètes , 
formé  par  Dejean,  dans  son  Catalogue,  avec 
une  espèce  de  Barbarie ,  la  Cicindela  Au- 
douinii  de  M.  Barthélémy  de  Marseille 
(Ann.  de  la  Soc.  ent.  de  Fr.,  t.  IV,  p.  597, 
et  qui  a  donné  lieu  à  quelques  criti- 
ques sur  l'établissement  du  genre ,  criti- 
ques qui  n'étaient  nullement  fondées,  puis- 
qu'elles avaient  pour  base  l'examen  d'une 
véritable  Cicindèle  des  environs  d'Oran,  très 
semblable  à  celle  avec  laquelle  ce  genre  a 
été  établi.  (C.) 

*LAPICAUME  ,  Lapeyr.  bot.  ph.— Syn. 
de  Soyeria,  Monn. 

*LAPÏEDRA.  bot.  ph.— Genre  de  la  fa- 
mille des  Amaryllidées ,  établi  par  Lagasca 
(  Nov.  gen.  et  Sp.y  14  ).  Herbes  de  l'Ibérie. 

Voy.   AMARVLLIDÉES. 

LAPIN,  mam.  —  Espèce  du  genre  Liè- 
vre. Voy.  ce  mot.  Le  nom  de  Lapin  a  été 
étendu  à  plusieurs  Mammifères  qui  diffèrent 
beaucoup  de  l'espèce  connue  généralement 
sous  ce  nom  ;  c'est  ainsi  que  le  Souslik  a 
reçu  la  dénomination  de  Lapin  d'Allemagne  ; 
V Agouti,  celle  de  Lapin  d'Amérique;  le  Kan- 
guroo  philandre ,  celle  de  Lapin  d' Aroe  ;  le 
Cochon  d'Inde,  celle  de  Lapin  du  Brésil  ;  le 
Lemming ,  celle  de  Lapin  de  Norwège  ,  etc. 

(E.  D.) 

LAPIS-LAZULI.  min.  —  Voy.  lazulite. 

LAPLACEA  (  nom  propre  ).  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Ternstrœmiacées- 
Laplacées,  établi  par  H. -B.  Kunth  (in 
Humb.  et  Bonpl.  Nov.  gen.  et  Sp.,  V,  207, 
t.  461).  Arbres  ou  arbrisseaux  de  l'Améri- 
que tropicale.  Voy.  ternstrcemiacées. 

LAPLACÉES.  Laplaceœ.  bot.  ph.  —Tribu 
de  la  famille  des  Ternstrcemiacées,  ainsi 
nommée  du  genre  Laplacea,  qui  en  fait  par- 
tie. (Ad.  J.) 

LAPLYSIE.  moll.  —  Voy.  aplysie. 

LAPLYSIENS ,   Lamk.   moll.  —  Voy. 

APLYSIENS. 

LAPPA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille; 
des  Composées-Cynarées ,  établi  par  Tour- 
nefort  (Inst.,  156).  Herbes  de  l'Europe  et 
de  l'Asie.  Voy.  composées. 


244 


LAQ 


LAPPAGO.  bot.  pu.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Graminées-Panicées ,  établi  par 
Schreber  {Gen.,  131).  Gramens  croissant  en 
abondance  entre  les  tropiques ,  dans  les  ré- 
gions australes  de  l'Europe  et  centrales  de 
l'Asie.  Voy.  graminées. 

*LAPPIDA  (d'un  mot  hébreu  signifiant 
lampe).  i>s.  —  Genre  de  la  famille  des  Ful- 
gorides,  de  l'ordre  des  Hémiptères ,  établi 
par  MM.  Amyot  et  Serville  {Ins.  hémipt., 
suites  à  Duffon)  sur  une  seule  espèce  du  Bré- 
sil (L.  proboscidea),  décrite  par  M.  Spinola 
sous  le  nom  de  Dyctiophora  proboscidea.{BL.) 

LAPPULA  ,  Mcench.  bot.  ph.  —  Syn. 
à'Echinospermum  ,  Swartz. 

LAPSANA,  Tournef.  bot.  ph.  —Syn. 
de  Lampsana,  Vaill. 

LAQUE,  chim.  — Cette  résine,  impro- 
prement appelée  Gomme-laque  dans  les 
arts ,  où  elle  est  très  employée,  exsude  des 
branches  du  Croton  lacciferum,  qui  croît 
dans  les  Indes ,  et  de  quelques  autres  ar- 
bres à  la  suite  des  piqûres  d'un  Insecte  hé- 
miptère  désigné  sous  le  nom  de  Coccus 
lacca. 

La  Résine-laque  se  trouve  dans  le  com- 
merce sous  trois  formes  :  en  bâtons,  telle 
qu'on  la  trouve  concrétée  à  l'extrémité  des 
branches  d'où  elle  exsude;  en  grains,  ou 
réduite  en  poudre  grossière;  enfin  en 
écailles,  c'est-à-dire  fondue  et  coulée  en 
plaques  minces.  La  qualité  de  la  Laque  en 
écailles  varie  avec  la  proportion  de  prin- 
cipe colorant  qu'elle  renferme  encore;  de 
là  trois  variétés  connues  sous  le  nom  de 
Laque  blonde,  rouge,  ou  brune. 

La  Résine-laque  est  composée  d'une 
grande  quantité  de  résine  unie  à  de  la  ma- 
tière colorante  rouge  soluble  dans  l'eau,  à 
de  la  cire,  à  du  gluten ,  et  à  quelques  corps 
étrangers.  Nous  présentons  ici  l'analyse  de 
la  Laque  en  écailles,  par  M.  Hatchett  :  ré- 
sine 90,9 ,  matière  colorante  0,5 ,  cire  4,0, 
gluten  2,8,  corps  étrangers  0,  perte  1,8. 
M.  John  prétend  y  avoir  trouvé  16,7  d'un 
principe  particulier  auquel  il  a  donné  le 
nom  de  Laccine,  et  des  traces  d'Acide  lac- 
cique. 

On  donne  encore  le  nom  de  Laques  à 
des  matières  colorantes  précipitées  de 
leurs  solutions  aqueuses  par  des  oxydes 
ou  des  sous-sels;  mais  ces  produits  de 
l'art  n'ont,  comme  on  voit,  rien  de  commun 


LAR 

avec  la  Résine  qui  fait  le  sujet  de  cet  ar- 
ticle. (A.  D.) 
LAQLEOLARLE.   arach.  —  Voy.  cor- 

PITÈLES. 

LAR.  mam.  —  Espèce  de  Gibbon.  Voy. 
ce  mot. 

LARBREA,  Sering.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Malachium,  Fr. 

LARDITE.  min.  —  Syn.  de  Pagodite. 

LARDIZABALA.  bot.  ph.  —  Genre  de 
la  famille  des  Lardizabalées ,  établi  par 
Ruiz  et  Pavon  (Prodr.,  143,  t.  37).  Ar- 
brisseaux grimpants ,  indigènes  du  Pérou. 
Voy.  lardizabalées. 

LARDIZABALÉES.  Lardizabaleœ.  bot. 
ph.  —  Famille  de  plantes  dicotylédonées, 
polypétales,  hypogynes,  réunie  primitive- 
ment aux  Ménispermacées,  dont  elle  for- 
mait une  tribu  distincte,  distinguée  au- 
jourd'hui avec  raison  par  plusieurs  carac- 
tères ,  notamment  par  la  disposition  de  ses 
ovules.  Ces  caractères ,  que  nous  emprun- 
tons à  l'excellente  Monographie  de  M.  De- 
caisne,  sont  les  suivants  :  Fleurs  uni- 
sexuelles  par  avortement,  monoïques  ou 
dioïques.  Dans  les  mâles,  un  calice  de  3 
folioles ,  ou  plus  souvent  de  six  alternant 
sur  deux  rangs;  pétales  au  nombre  de  six, 
également  sur  deux  rangs,  opposés  aux  fo- 
lioles, les  intérieurs  plus  petits  ou  glandi- 
formes  et  manquant  quelquefois;  6  éta- 
mines  opposées  aux  pétales,  à  filets  soudés 
entre  eux  ou  plus  rarement  libres,  à  an- 
thères presque  toujours  extrorses,  dont 
les  deux  loges  sont  réunies  par  un  gros 
connectif  souvent  prolongé  en  pointe  au- 
dessus,  et  s'ouvrant  chacune  par  une  fente 
longitudinale;  au  centre,  2-3  rudiments 
d'ovaires  charnus,  rarement  plus.  Dans  les 
femelles,  qui  sont  un  peu  plus  grandes  que 
les  mâles,  même  disposition  des  enve- 
loppes par  verticilles  ternaires;  des  éta- 
mines  qui  sont  toujours  libres ,  petites  et 
dépourvues  de  pollen.  Ovaires  au  nombre  de 
3 ,  plus  rarement  de  6  ou  de  9  ,  exhaussés 
sur  un  court  gynophore,  terminés  chacun 
par  un  sigmatepapilleux,  pelté,  obtus  ou  co- 
nique, sessiles  ou  portés  sur  un  style 
court,  contenant  chacun  des  ovules  nom- 
breux (très  rarement  réduits  à  un  seul), 
fixés  sur  toute  à  la  paroi  interne  de  la  loge , 
excepté  sur  la  ligne  qui  répond  à  la  suture 
interne ,  et  comme  enfoncés  au  milieu  d'un 


LAR 


LAR 


245 


tissu  mou  qui  se  divise  souvent  en  une 
foule  de  papilles  piliformes,  anatropes  ou 
campulitropes.  Ces  ovaires  deviennent  au- 
tant de  carpelles  charnus  ou  de  follicules , 
gessiles  ou  courtement  pédicellés ,  poly- 
permes ,  oligospermes,  ou  même  mono- 
spermes.  Les  graines,  sous  un  tégument 
cartilagineux  et  à  l'extrémité  d'un  gros 
périsperme  corné,  blanc,  offrent  un  em- 
bryon ovoïde  très  petit ,  dont  la  radicule 
infère  regarde  le  point  d'attache.  Les  es- 
pèces, peu  nombreuses,  sont  des  arbrisseaux 
grimpants,  originaires  du  Chili,  en  Amé- 
rique ;  du  Népaul ,  de  la  Chine  et  du  Japon, 
en  Asie;  celles  d'un  seul  genre ,  de  Mada- 
gascar; à  feuilles  alternes,  dépourvues  de 
stipules,  une  ou  deux  fois  ternées  avec  des 
folioles  entières,  dentées  ou  lobées,  tri- 
nerviées,  et  dont  les  pétioles  et  pétiolules 
se  renflent  à  leur  base  et  à  leur  sommet. 
Les  fleurs  blanches ,  lilas ,  d'un  rouge  pour- 
pre ou  d'un  jaune  pâle,  souvent  odorantes, 
sont  disposées  en  grappes  axillaires,  ou  sor- 
tent en  nombre  du  milieu  d'un  groupe  d'é- 
cailles.  Le  fruit  se  mange. 


Tribu  I.  Fleurs  dioïques.  Anthères  ex- 
trorses.  Espèces  américaines. 

Lardizabala  ,  R.  Pav.  —  Boquila  ,  De- 
çà isne. 

Tribu  II.  Fleurs  monoïques.  Anthères 
extrorses.  Espèces  asiatiques. 

Parvatia,  DC.  —  Stauntonia ,  DC.  — . 
Holbœllia,  Wall.  —  Akebia,  Dec. 

Tribu  III.  Fleurs  dioïques.  Anthères  in- 
trorses.  Espèces  madagascariennes. 

Burasaia,  Pet. -Th.  (Ad.  J.) 

*LAREi\TIA.  ins.— Genre  de  l'ordre  des 
Lépidoptères  nocturnes,  famille  des  Phalé- 
niens,  tribu  des  Phalénides ,  établi  par 
Treitschke  et  adopté  par  MM.  Duponchel , 
Boisduval,  Blanchard,  etc.,  dans  leurs  ou- 
vrages respectifs.  Les  Larentia  présentent 
un  corps  grêle  ,  assez  long  ;  des  antennes  sé- 
tacées,  simples  dans  les  deux  sexes;  une 
tête  arrondie;  des  palpes  fort  longs,  grêles 
et  velus,  avec  leur  dernier  article  très  grêle 
et  penché;  des  ailes  assez  larges,  arrondies; 
l'abdomen  long,  presque  cylindrique. 

On  connaît  un  grand  nombre  d'espèces 
de  ce  genre,  indigènes  et  exotiques  ;  elles  ont 
été  réparties  en  deux  sections,  qui  sont  : 


l°Les  Larentia  proprement  dits,  dont  les 
ailes  antérieures  sont  assez  larges,  et  les  pos- 
térieures assez  grandes. La  Larentia  dubitaria 
est  l'espèce  type  de  celte  section  :  sa  che- 
nille vit  sur  le  Nerprun ,  et  se  trouve  fré- 
quemment en  France,  surtout  aux  environs 
de  Paris. 

2°  Les  Eupithecia ,  qui  ont  les  ailes  anté- 
rieures plus  étroites  et  plus  oblongues, 
et  les  postérieures  plus  petites.  La  Larentia 
innotaria  est  une  des  principales  espèces 
de  cette  section  ;  elle  est  aussi ,  comme  la 
première,  tîès  répandue  en  France.     (J.) 

*LARETIA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Ombellifères ,  éta- 
bli par  Gillies  et  Hooker  (Bot.  miscell.,  I, 
329 ,  t.  69  ).  Herbes  du  Chili.  Voy.  ombel- 
lifères. 

*LARGES  (ovalaires  triangulaires).  Latœ 
(ovales  triangulares  ).  arach.  —  Ce  nom 
désigne,  dans  le  genre  des  Epeira,  une  race 
dont  les  espèces  qui  la  composent  ont  ordi- 
nairement l'abdomen  triangulaire,  large. 
Dix-huit  espèces  û'Epeira  appartiennent  h 
cette  race.  (H.  L.) 

*LARGIDES.Lar0ictes.iNS.—  MM.Amyot 
et  Serville  (Ins.  hérnipt.,  suites  à  Buffon) 
ont  établi  sous  cette  dénomination  un  groupe 
dans  la  famille  des  Lygéides,  compre- 
nant les  deux  seuls  genres  Largus  et  Acino- 
coris.  (Bl.) 

*LARGUS.  ins.— Genre  delà  famille  des 
Lygéides  ,  de  l'ordre  des  Hémiptères ,  éta- 
bli par  Hahn  (Wanzenart  Insekt.)  sur  quel- 
ques espèces  exotiques  privées  d'ocelles, 
ayant  la  tête  courte  et  le  corselet  plan.  Les 
espèces  les  plus  répandues  sont  les  Largus 
lunulatus  (Lygœus  lunulatus  Fabr.),  Largus 
humilis  (  Cimex  humilis  Drury.),  etc.,  du 
Brésil.  (Bl.) 

*LARÏDEES.  Laridœ.  ois.— Famille  éta- 
blie par  G.-R.  Gray  (  List  of  the  gen.)  dans 
l'ordre  des  Palmipèdes  pour  les  espèces  que 
Linné  classait  dans  les  genres  Larus,  Bhyn- 
chops  et  Sterna.  Trois  sous-familles,  corres- 
pondant à  ces  trois  genres  (celles  des  Lan- 
nées,  des  Bhynchopinées  et  des  Sterninées), 
composent  la  famille  des  Laridées  pour  G  -R. 
Gray.  (Z.  G.) 

*LARINÉES.Iannœ.  ois.  —Sous-famille 
qui  correspond  entièrement  au  genre  linnéen 
Larus.  Les  nombreuses  divisions  que  l'on  a 
fait  subir  à  ce  dernier  en  font  naturellement 


246 


LAR 


partie;  ce  sont  les  genres  Lestris,  Stercora- 
rius,  Rossia,  Larus,  Laroides,  Xema,  Chroi- 
cocephalus,  Rissa  et  Gavia.  La  sous-famille 
des  Larinées  fait  partie,  dans  G.-R.  Gray, 
de  la  famille  des  Laridées.  (Z.  G.) 

LARINUS(Aocpivo'ç,  engraissé),  ras.— Genre 
de  Coléoptères  tétramères,  famille  des  Cur- 
culionides  gonatocères,  division  des  Érirhi- 
nides,  créé  par  Germar  (Species  insectorum , 
p.  379)  et  adopté  par  Schœnherr  (Disp.  me- 
thod.,  p.  220.— Syn.  gen.  etsp.  Curcul.  t. 
III,  p.  104,  t.  7,  pars  2,  p.  3).  Ce  dernier 
auteur  a  fait  entrer  dans  ce  genre  79  espèces  : 
45  appartiennent  à  l'Europe,  21  à  l'Asie,  12 
à  l'Afrique  et  1  à  l'Amérique  ;  mais  on  en 
retrouve  quelques  unes  dans  l'une  ou  l'au- 
tre de  ces  diverses  parties  du  monde.  Nous 
indiquerons,  parmi  celles  qui  en  font  partie, 
les  suivantes:  L.  Cynarœ,  Cardui,  Jaceœ 
Fab.,  Scolymi  01.  Cette  dernière  est  assez 
commune  aux  environs  de  Paris.  Ces  Insectes 
sont  recouverts  d'une  poussière  jaune,  verte 
ou  rougeàtre ,  qui  se  détache  au  moindre 
attouchement.  Ou  les  rencontre  sur  les  fleurs 
des  Carduacées.  (C.) 

LARISSA,  Curt.  ras.  —Syn.  de  Celina, 
Steph. 

LARIX.  bot.  ph.  — Nom  scientifique  du 
genre  Mélèze.  Voy.  ce  mot. 

LARMES  MARINES,  annél.— Nom  sous 
lequel  l'abbé  Dicquemare  (Journ.  dephys., 
1776)  a  décrit  et  figuré  de  petites  masses 
gélatineuses  de  la  grosseur  d'un  grain  de 
raisin,  terminées  par  une  longue  queue,  et 
qui  avaient  été  trouvées  au  Havre,  adhérant 
par  leurs  pédicelles  à  des  plantes  marines. 
Ces  corps  singuliers  renfermaient  des  animaux 
filiformes ,  qui  paraissaient  être  de  petites 
Annélides.  Bosc  a  supposé  que  ces  Larmes 
mannes  étaient  le  frai  de  quelque  Poisson 
ou  de  quelque  Mollusque;  Audouin  croit  que 
ces  vessies  glaireuses  ne  sont  autre  chose 
que  les  cocons  de  quelque  Annélide ,  dans 
l'intérieur  duquel  vivraient  pendant  un  as- 
sez long  temps  les  jeunes  individus,  comme 
cela  se  remarque  dans  les  Sangsues  et  les 
Lombrics.  (E.  D.) 

*LAROIDES,  Brehm.  ois.— Division  du 
genre  Mouette.   Voy.  ce  mot.       (Z.  G.) 

LAROPIS ,  Wagl.  ois.  —  Division  du  g. 
Sterne.  Voy.  ce  mot.  (Z.  G.) 

LARRA.  ins.  —  Genre  de  la  famille  des 
Larrides,  de  l'ordre  des  Hyménoptères,  éta- 


LAR 

bli  par  Fabricius  et  adopté  avec  certaines 
restrictions  par  tous  les  entomologistes.  On 
reconnaît  les  espèces  du  genre  Larra  à  leurs 
mandibules  privées  de  dentelures.  Le  type 
du  genre  est  la  L.  anathema  (  Sphex  ana- 
thema  Ross.) ,  répandue  dans  une  grande 
partie  de  l'Europe.  (Bl.) 

LARREA.  bot.  ph.— Genre  de  la  famille 
des  Zygophyllées,  tribu  des  Zygophyllées 
vraies,  établi  par  Cavanilles  [Ann.  se.  nat.9 
II,  119,  t.  18, 19).  Arbrisseaux  des  Andes 
du  Pérou.  Voy.  zygophyllées. 

LARRIDES.  Larridœ.  ras.  —Famille de 
la  tribu  des  Crabroniens ,  de  l'ordre  des 
Hyménoptères ,  caractérisée  surtout  par  un 
labre  toujours  caché,  et  des  mandibules  of- 
frant à  leur  base  une  profonde  échancrure 
au  côté  interne.  Les  Larrides  ont  des  mœurs 
analogues  à  celles  des  autres  Crabroniens  et 
des  Sphégiens  (voy.  ces  mots).  La  plupart 
ont  encore  été  peu  étudiées  dans  leurs  ha- 
bitudes particulières  ,  et  l'on  ignore  encore 
exactement,  pour  le  plus  grand  nombre  des 
espèces ,  comment  elles  construisent  leur 
nid ,  et  de  quelle  sorte  d'insectes  elles  ap- 
provisionnent leurs  jeunes  larves.  Les  Lar- 
rides sont  répandues  particulièrement  en 
Europe  et  dans  le  nord  de  l'Afrique.  Leurs 
représentants  ne  sont  pas  fort  nombreux. 
Nous  les  rattachons  à  cinq  genres  essentiels; 
ce  sont  les  Palarus,  Lyrops ,  Larra ,  Mis- 
cophus  et  Dinetus.  (Bl.) 

LARRIENS.  Iomi.ras.-Synon.de  Lar- 
rides. 

LARUNDA.  crust.— Syn.  de  Cyamus. 
Voy.  ce  mot.  (H.  L.) 

LARUS,  Linn.  ois. —  Nom  générique 
des  Goélands  et  des  Mouettes.      (Z.  G.) 

LARVA.  moll.— Sous  ce  nom,  Humphrey, 
dans  le  Muséum  calonnianum,  a  proposé  un 
genre  correspondant  exactement  au  Fissu- 
relle  de  Bruguière  et  de  Lamarck.  Voy.  fis- 
surelle.  (Desh.) 

LARVAIRE.  Larvaria  (larva,  larve). 
polyp.  — Genre  de  Polypiers  fossiles  proposé 
par  M.  Defrance  pour  certains  corps  fossiles 
du  terrain  tertiaire  parisien.  Ce  sont  des 
tubes  poreux,  calcaires,  larges  de  1  millimè- 
tre environ,  divisibles  en  anneaux  formés 
d'une  rangée  transverse  de  granules  régu- 
liers, laissant  entre  eux  autant  de  pores 
également  réguliers,  qu'on  a  pris  pour  des 
loges  de  Polypes.  M.  de  Blainville  les  con- 


LAR 


LAS 


247 


sidère  comme  n'étant  probablement  pas  des 
Polypiers ,  mais  comme  ressemblant  à  des 
fragments  d'antennes  de  certains  Crustacés 
macroures.  Il  est  bien  vrai  d'ailleurs  que  les 
pores  de  ces  Larvaires  n'ont  pas  la  structure 
des  loges  des  Polypes.  (Duj.) 

LARVES,  ins.— Second  âge  des  Insectes 
à  leur  sortie  de  l'œuf.  Voy.  insectes. 

*LARVIVORA,  Hodgs.  ois.  —  Division 
de  la  famille  des  Merles.  Voy.  merle. 

(Z.  G.) 

LARYNX,  zool.  —  Chez  l'Homme  et  les 
Mammifères,  le  Larynx  est  un  appareil  qui 
forme,  en  quelque  sorte,  le  vestibule  de  la 
trachée -artère;  il  a  la  forme  d'un  tube 
large  et  court  suspendu  à  l'os  hyoïde ,  et 
qui  se  continue  inférieurement  avec  le  ca- 
nal de  la  trachée  :  c'est  là  que  se  produit  la 
voix.  Chez  les  Oiseaux,  nous  trouvons  aussi, 
à  la  partie  supérieure  de  la  trachée-artère , 
un  appareil  qui  porte  le  nom  de  Larynx  su- 
périeur, dont  la  structure  est  très  simple  , 
et  qui  ne  sert  que  peu  ou  point  à  la  pro- 
duction des  sons.  C'est  à  l'extrémité  infé- 
rieure de  la  trachée  qu'existe  l'appareil  la- 
ryngien destiné  à  la  formation  du  chant , 
et  qui  est  d'une  structure  d'autant  plus 
compliquée  que  l'oiseau  possède  une  voix 
plus  étendue,  plus  forte,  plus  éclatante,  ca- 
pable de  moduler  les  sons  avec  une  plus 
grande  perfection. 

L'organe  de  la  voix  est  donc  une  dépen- 
dance de  l'appareil  de  la  respiration ,  et  $ 
d'autre  part ,  il  peut  exister  un  Larynx  à 
l'origine  de  la  trachée ,  sans  qu'il  serve  di- 
rectement à  la  production  des  sons.  La  défi- 
nition rigoureuse  du  mot  Larynx  ne  doit 
donc  pas  impliquer  l'idée  d'un  appareil  ex- 
clusivement adapté  à  la  formation  de  la 
voix ,  et ,  par  une  conséquence  naturelle , 
la  description  de  cet  appareil  ne  peut  pas 
être  mieux  placée  qu'à  côté  de  la  descrip- 
tion du  tube  aérien.  C'est  donc  au  mot  tra- 
chée-artère que  nous  pourrons  plus  oppor- 
tunément indiquer  la  construction  de  l'ap- 
pareil laryngien  ;  il  en  résultera,  pour  notre 
description ,  plus  de  clarté  ,  et  nous  ne  se- 
rons pas  tombé  dans  des  redites,  que  nous 
éviterions  difficilement  sans  ce  renvoi.  C'est 
alors  aussi  que  nous  décrirons  YHyoïde ,  la 
Glotte,  et  toutes  les  autres  parties  qui  sont, 
avec  la  trachée,  dans  des  rapports  de  situa- 
tion plus  ou  moins  connexes.  Quant  aux 


fonctions  de  ces  différentes  parties,  c'est  aux 
mots  respiration  et  voix  qu'elles  se  trouve- 
ront naturellement  indiquées.       (É.  B.) 

LASCADIUM  bot.  ph.— Genre  de  la  fa- 
mille des  Euphorbiacées?  établi  par  Rafines- 
que  (Lwdou,,  114).  Arbrisseau  de  l'Améri- 
que boréale. 

*LASCHIA  (nom  d'homme),  bot.  cr. — 
Genre.de  Champignons  de  la  classe  des  Ba- 
sidiosporés.  Leur  consistance  est  semblable 
à  celle  des  Tremelles,  mais  ils  sont  surtout 
remarquables  par  les  larges  cellules  polygo- 
nales qui  recouvrent  leur  surface.  On  n'en 
connaît  encore  que  deux  espèces  exotiques, 
qui  ont  été  décrites  sur  des  échantillons  secs. 

(LÉv.) 

*LASEGUEA,Alp.DC.(dédiéparM.Alp. 
De  Candolle  à  M.  Lasègue,  conservateur  du 
musée  botanique  de  M.  Benjamin  Delessert). 
bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des  Apocy- 
nacées,  qui  a  été  établi  par  M.  Alp.  De  Can- 
dolle (Prod.,  vol.  VIII,  p.  481,  et  Ann.  se. 
nat.,  3e  sér.,  mai  1844,  p.  260)  pour  des 
plantes  voisines  des  Echites.  Ce  sont  des  ar- 
brisseaux ou  sous-arbrisseaux  du  Brésil, 
quelquefois  grimpants  ;  à  feuilles  opposées, 
presque  sessiles ,  excepté  dans  une  espèce, 
entières  et  en  cœur  ;  leurs  fleurs  sont  dis- 
posées en  grappes  simples,  terminales; 
elles  sont  accompagnées  de  bractées  linéai- 
res-lancéolées,  plus  courtes  que  les  pédi- 
celles.  Chacune  de  ces  fleurs  présente,  selon 
M.  Alp.  De  Candolle,  les  caractères  suivants  : 
Calice  5-parti,  à  divisions  allongées-oblon- 
gues ,  aiguës ,  munies  de  deux  glandes  à 
leur  base  ;  corolle  presque  plus  courte  que 
le  calice ,  5-lobée  seulement  au  sommet  ;  à 
tube  cylindrique  ,  élargi  vers  les  deux  tiers 
de  sa  longueur ,  point  sur  lequel  sont  insé 
rées  les  étamines ,  sans  appendices,  et  avec 
un  cercle  de  poils  au  niveau  de  l'origine  des 
étamines;  à  lobes  ovales,  très  petits,  à 
préfloraison  convolutive  vers  la  gauche, 
dressés.  Les  étamines  sont  formées  d'une 
anthère  sessile,  linéaire-acuminée ,  adhé- 
rente au  milieu  du  stigmate.  Autour  du  pis* 
til  est  un  nectaire  formé  de  5  glandes  ob- 
tuses. Le  pistil  est  formé  de  deux  ovaires 
glabres,  multi-ovulés,  surmontés  d'un  seul 
style. 

En  établissant  ce  genre,  M.  Alp.  De  Caft- 
dolle  n'en  connaissait  que  deux  espèces, 
qu'il  a  décrites  dans  le  8e  volume  du  Pto- 


248 


LAS 


drome.  Mais  plus  tard,  en  examinant  l'her- 
bier de  M.  Delessert  et  celui  du  Muséum  de 
Paris ,  il  en  a  reconnu  quatre  nouvelles , 
qu'il  a  décrites  dans  les  Annal,  des  se.  nat. 
de  1844  (lococit.).  (P.  D.) 

LASERPITIUM.  bot.  ph.  —  Genre  de 
la  famille  des  Ombellifères-Thapsiées,  éta- 
bli par  Tourne  for  t(/nsf.,  324),  et  présentant 
pour  caractères  principaux  :  Calice  à  limbe 
5-denté;  pétales  obovés,  émarginés,  inflé- 
chis ,  presque  égaux  ;  fruit  à  dos  comprimé 
ou  cylindrique,  à  huit  ailes;  carpophore 
libre,  biparti. 

Les  Laserpilium  sont  des  herbes  croissant 
en  Europe,  surtout  dans  les  régions  australe 
et  orientale  de  cette  partie  du  globe,  à 
feuilles  bi-tri-pinnatiséquées,  dont  les  seg- 
ments entiers,  dentés  ou  incisés;  involucre 
et  involucelles  polyphylles  ;  fleurs  blanches, 
on  ,  plus  rarement ,  jaunes  ,  disposées  en 
ombelles  multi-radiées. 

On  connaît  environ  20  espèces  de  ce 
genre ,  dont  quelques  unes  sont  cultivées 
dans  les  jardins.  (J.) 

LASIA,  Hope.  ins. — Syn.  de  Cynegetis, 
Chev.  (C.) 

LASIA  (/oco-ioç,  velu),  bot.  pn.  —  Genre 
de  la  famille  des  Aroïdées-Orontiacées,  éta- 
bli par  Loureiro  (FI.  cochinch.,  I,  103). 
Herbes  de  l'Inde.  Voy.  aroïdées. 

*LASIAGROSTIS  (*a<7toç,velu;  aypcxmç, 

gramen).  bot.  ph. — Genre  de  la  famille  des 
Graminées-Stipacées,  établi  par  Link  (Hort. 
Berol.,l,  99).Gramens  des  régions  méditer- 
ranéennes et  de  l'Asie  centrale.  Voy.  gra- 
minées. 

*LASIANDRA  ()âcrtoç,velu;  âv>îp,homme). 
bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des  Mélas- 
tomacées-Osbeckiées ,  établi  par  De  Can- 
dolle  (Prodr. ,  III,  127  ).  Arbres  et,  plus 
souvent ,  arbrisseaux  de  l'Amérique  tropi- 
cale. Voy.  mélastomacées. 

*LASIANTHEA  (Xoiatoç,  velu;  av9v, ,  flo- 
raison), bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Composées-Sénécionidées ,  établi  par  De 
Candolle  {Prodr.,  V,  607).  Arbrisseaux  du 
Mexique.  Voy.  composées. 

LASIANTBERA  (  Uaioiy  velu  ;  âv0/pa  , 
anthère),  bot.  ph.  —  Genre  dont  la  place 
dans  le  système  n'est  pas  encore  fixée ,  et 
qu'Endlicher  rapproche, quoique  avec  doute, 
des  Ampélidées.  11  a  été  établi  par  Palisot 
dcBeauvois  (Flor.  owar,  I,  85,  t.  51»^  et 


LAS 

ne  renferme  qu'une  seule  espèce,  L.  afri- 
cana ,  arbrisseau  grimpant  de  l'Amérique 
tropicale. 

LASIANTH15S,  Zuccar.  bot.  ph.—  Syn. 
de  Lasianthea,  DC. 

LASIOBOTRYS  0*'<tcoç  ,  velu  ;  Gorpus , 
grappe),  bot.  cr. — Sprengel  a  donné  ce 
nom  à  un  petit  Champignon  qui  croit  sur 
les  feuilles  vivantes  du  Lonicera  cœrulea  et 
de  quelques  Xylostrum  :  il  appartient  aux 
Tubéracés  épiphylles.  On  remarque  sur  les 
feuilles  de  petits  tubercules  arrondis,  noirs, 
très  consistants,  développés  sous  l'épiderme, 
qu'ils  rompent  pour  se  montrer  au  dehors. 
Vus  sous  le  microscope,  ils  représentent  une 
série  circulaire  de  poils  raides,  simples,  qui 
les  fixent  au  parenchyme  des  feuilles.  Leur 
intérieur  est  blanc,  et  composé  d'utricules 
au  nombre  de  sept  ou  huit,  qui  renferment 
le  même  nombre  de  spores.  On  ne  connaît 
encore  que  le  Lasiobotrys  lonicera,  dont 
Kunze  avait  fait  une  Sphérie ,  De  Candolle 
un  Xyloma,  et  Fries  un  Dothidea.  C'est  un 
des  plus  jolis  petits  Champignons  à  étudier. 
Greville  {FI.  scot.,  tab.  191)  en  a  donné  une 
belle  figure ,  qui  ne  pèche  que  sous  le  rap- 
port des  spores.  (Lév.) 

LASIOCAMPA  (isc'atoç,  velu;  xap.**', 
chenille),  ins.  —  Genre  de  l'ordre  des  Lé- 
pidoptères nocturnes ,  famille  des  Bomby- 
ciens,  tribu  des  Bombycides ,  établi  par  La- 
treille  aux  dépens  du  genre  Bombyx  de 
Linné.  Il  diffère  des  autres  genres  de  la 
même  famille  par  des  palpes  longs  prolon- 
gés en  forme  de  bec ,  et  des  antennes  éga- 
lement pectinées  dans  toute  leur  longueur. 

On  connaît  8  à  10  espèces  de  ce  genre 
pour  lesquelles  on  a  établi  deux  divisions  : 
la  première  comprend  les  espèces  à  ailes 
dentelées ,  et  a  pour  type  la  Lasiocampa 
quercifolia.  Cette  espèce  se  trouve  dans  une 
grande  partie  de  l'Europe  ;  sa  chenille  est 
grise  ,  Yelue  ,  avec  un  double  collier  bleu. 

La  seconde  division  renferme  les  espèces 
à  ailes  non  dentelées  ;  une  des  plus  connues 
est  la  Lasiocampa  pini,  qui  habite  la  France 
méridionale. 

Toutes  ces  espèces  ont  les  mêmes  mœurs  que 
les  Bombyx,dont  ils  faisaient  autrefois  partie. 

*JLASIOCERA  (i«<7coç,  velu;  x/paç,  an- 
tenne), ins.  —  Genre  de  Coléoptères  pen- 
tamères ,  famille  des  Carabiques  ,  tribu  des 
Cicindélètcs,  établi  par  M.  Dejean,  qui  y 


LAS 

rapporte  1  seule  espèce ,  L.  nitidula,  indi- 
gène du  Sénégal. 

*LASIOCBLOA  (Urtoç,  velu;  x^n , 
herbe),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Graminées-Festucacées ,  établi  par  Kunth 
(Gram.,  II,  555,  t.  192  ,  193).  Gramens 
du  Cap.  Voy.  graminées. 

♦LASIOCORYS  (XaVtoç,  velu;  xopvç,  cas- 
que), bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Labiées-Stachydées ,  établi  par  Bentham 
(Lasiat.,  600).  Arbrisseaux  du  Cap  et  de 
l'Abyssinie.  Voy.  labiées. 

*LASIODACTYLUS  (Wioç,  velu;  Sax- 
twXoç,  doigt),  ins.  — Genre  de  Coléoptères 
subpentamères,  famille  des  Clavicornes, 
tribu  des  Nitidulaires ,  créé  par  Perty  (De- 
îectusanim.  art. ,  1830,  p.  35,  t.  VII,  fig.  1 3). 
Le  cinquième  article  des  tarses  paraît  soudé 
au  quatrième;  la  massue  a  quatre  articula- 
tions. L'espèce  type  est  du  Brésil;  elle  porte 
le  nom  de  L.  brunneus,  (C.) 

*LASIODACTYLUS(Ucrtoç,  velu  ;  «Mxtu- 
Xoç,  doigt),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  sub- 
pentamères,  famille  des  Longicomes,  tribu 
des  Lamiaires,  formé  par  M.  Dejean,  dans 
son  Catalogue ,  avec  deux  espèces  du  Séné- 
gal :  L.  latimanus  et  Buquetii  Dej.  Le  L.  fim- 
briatus  d'Ol.  doit  aussi  être  rapporté  à  ce 
genre.  (C.) 

*LASIODERMA  (  *a<rtoç ,  velu  ;  MPlt.*  , 
peau),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  pen ta- 
nières, famille  des  Clavicornes,  tribu  des 
Nitidulaires ,  formé  par  Dejean  dans  son  Ca- 
talogue. L'auteur  lui  donne  pour  type  une 
espèce  de  Cayenne ,  la  L.  squalidum  de  La- 
cordaire.  (C.) 

♦LASIONEMA  (>acrtoç,  velu;  v?^*,  fila- 
ment), bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Rubiacées-Cinchonées ,  établi  par  Don  (in 
Lmn.  Transact.,  XVII,  142).  Arbres  du  Pé- 
rou. Voy.  RUBIACÉES. 

LASIONÏTE.  min.  —  Voy.  wavellite. 

LASIONOTA  (  Xa<noç,  velu;  vStoç,  dos). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  pentamères , 
famille  des  Sternoxes  ,  tribu  des  Bupresti- 
des,  établi  par  Dejean,  dans  son  Catalogue, 
avec  une  espèce  du  Brésil ,  le  Bupreslis  qua- 
drifasciata  de  Mannerheim  (L.  quadricincta 
Dei.)-  (C.) 

*LASIOPÉTALÉES.  Lasiopetaleœ.  bot. 

ph.  -—  Tribu  de  la  famille  des  Byttnéria  - 

cées ,   que  nous  exposerons  avec  le  grand 

groupe  desMalvacées.Foj/.  ce  mot.  (Ad.  J.) 

t.  vu. 


LAS 


249 


LASIOPETALUM  (Mrtsç,  velu;  nfr<x- 
>ov ,  pétale),  bot.  pnt  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Byttnériacées-Lasiopétalécs ,  éta- 
bli par  Smith  (inLinn.  Transact.,  IV,  216). 
Arbrisseaux  de  la  Nouvelle-Hollande.  Voy. 

BYTTNÉRIACÉES. 

LASIOPOGON  (Uaioç,  velu;  «oîyov , 
barbe),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Composées-Sénécionidées,  établi  par  Cassini 
(in  Bullel.  Soc.  philom.,  1818,  p.  75). 
Herbes  des  régions  australe  et  boréale  de 
l'Afrique.  Voy.  composées. 

*LASIOPTERA  (>aatoç,  velu;  «r/fwv, 
aile),  ins.  — Genre  de  l'ordre  des  Diptères 
némocères,  famille  des  Tipulaires,  tribu  des 
Gallicoles,  établi  par  Latreille,  et  adopté 
par  M.  Macquart  (  Dipt.  exot.),  qui  le  place 
dans  sa  tribu  des  Cécidomydes.  On  n'en 
connaît  encore  qu'une  seule  espèce,  la  La- 
sioptera  albipennis,  qui  habite  la  France  et 
l'Allemagne. 

*LASIOPTERYX,  Steph.  ins.  —  Syn.  de 
Lasioptera,  Latr. 

*LASIOPLS.;(Aa<rtoç,  velu;  trou;,  pied). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  pentamères , 
famille  des  Lamellicornes,  tribu  des  Scara- 
béides  phyllophages ,  formé  par  Dejean, 
dans  son  Catalogue,  avec  une  espèce  du  Bré- 
sil ,  le  L.  comatus  de  l'auteur.  (  C.) 

*LASIOPtJS(A?'<rco$,  velu;  weCç,  pied). 
bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des  Compo- 
sées-Mutisiacées,  établi  par  Cassini  (in  Bull. 
Soc.  philom.1817,  p.  152).  Herbes  du  Cap. 

Voy.  COMPOSÉES. 

LASIOPYGA  (Wcrtoç,  poilu;  r.vyn,  fesse). 
mam.  —  Illiger  (Prodr.  Mam.  et  Av.,  1811) 
indique  sous  ce  nom  un  genre  de  Singes  de 
la  division  des  Catarrhinins,  formé  aux  dé- 
pens des  Cercopithecus,  et  principalement 
caractérisé  par  l'absence  des  callosités  aux 
fesses.  Ce  groupe,  dont  l'espèce  type  est  la 
Guenon  Doue,  n'a  généralement  pas  été 
adopté  par  les  zoologistes.  (E.  D.) 

*LASIORHIZA,  Lag.  bot.  ph.—  Syn.  de 
Chabrœa,  DC. 

LASIOSPERUÏtM  0*»"*»  velu  '  Q7te'p- 
p.a,  graine),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Composées-Sénécionidées,  établi  par  La- 
gasca  (Nov.  gen.  et  sp.f  p.  31).  Herbes  ou 
sous-arbrisseaux  du  Cap.  On  en  connaît 
trois  espèces  réparties  en  deux  sections: 
Eulasiospermum  (capitule  discoïde),  Lani- 
pila  (capitule  radié),  Voy.  composées. 


250 


LAT 


LAT 


*LASIOSTATA,  de  Casteln.  ins.  —  Syn. 
de  Trigonoscelis ,  et  qui,  par  suite  d'une 
double  erreur  de  l'auteur,  devait  être  écrit 
Lasiostola,  et  être  rapporté  au  genre  qui 
porte  ce  nom.  (C.) 

LASIOSTEMON,  Nées.  bot.  ph.  — Syn. 
de  Galipea,  Aubl. 

*LASIOSTOLA(lacrioÇ,  velu;  axoU,  ha- 
billement), ins.  —  Genre  de  Coléoptères  hé- 
téromères,  famille  des  Mélasomes,  tribu  des 
Piméliaires,  formé  par  Dejean,  dans  son  Ca- 
talogue, où  deux  espèces  de  la  Russie  mé- 
ridionale sont  mentionnées  :  le  Tenebrio 
pubescens  de  Pallas,  et  le  Pimelia  hirta  de 
Fischer.  (C.) 

LASIOSTOMA,  Schreb.  bot.  ph.—  Syn. 
de  Strychnos,  Lin n. 

*LASIURUS(>a<noç,  poilu;  ovpa', queue). 
mam.  —  Rafinesque  indique  sous  ce  nom 
un  groupe  de  Chéiroptères  qui  n'est  géné- 
ralement pas  adopté  par  les  auteurs.  (E.D.) 

*LASTENA.  moll.  —  Sous-genre  inutile 
établi  par  Rafinesque  pour  quelques  espèces 
d'An odon  tes  indiquées  par  Lamarck.  Voy. 

ANODONTE.  (DESH.) 

*LASTHENIA.  bot.  ph.  —  Cass.,  syn.  de 
Rancagua,  Pœpp.  et  Endl. — Genre  de  la  fa- 
mille des  Composées-Sénécionidées,  établi 
par  Lindley  (m  Bot.  reg.  t.  1780).  Herbes 
de  la  Californie.  Voy.  composées. 

*LASTiyEA  (nom  propre),  bot.  cr.  — 
Genre  de  Fougères  établi  par  M.  Bory  (Dict. 
class. ,  VI ,  588  ),  et  considéré  comme  une 
subdivision  du  g.  Polypodium.  Voy.  ce  mot. 
LATAMA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Palmiers  ,  tribu  des  Borassinées, 
établi  par  Commerson  (ex  Juss.  gen.,  39). 
Palmiers  de  l'Inde.  Voy.  palmiers. 

"  LATAX,  Glog.  mam.— Syn.  d'Enhydra, 
Flem. 

i  LATÉPORE.  Latepora  (  latens  ,  caché  ; 
porus,  pore),  polyp.  —  Genre  de  Polypiers 
fossiles,  établi  par  Rafinesque  pour  des  corps 

-  fossiles  de  l'Amérique  septentrionale,  formés 
de  tubes  cloisonnés ,  prismatiques,  soudés 
parallèlement  et  communiquant  par  des  po- 
res latéraux;  d'après  ces  caractères,  ce  g. 
se  rapproche  beaucoup  du  Calamopora  go- 
thlandica  (Duj.) 

*LATÉRAL.  Lateralis.  bot.—  On  donne 
cette  épithète  à  toutes  les  parties  d'une 

'  plante,  feuilles,  stipules,  etc.,  qui  ont  leur 
point  d'insertion  sur  les  côtés  de  la  tige , 


du  rameau ,  ou  de   tel  autre  organe  qui 
supporte  ces  parties. 

LATERNEA  (laterna,  lanterne),  bot. 
cr.  —  Genre  qui  ne  comprend  encore  que 
2  espèces ,  et  qui  doit  être  réuni  au  Cla- 
thrus.  Voy.  ce  mot.  (Lév.) 

LATÈS.  poiss.  —  Voy.  variole. 

*LATHAM.  Lathamus,  Less.ois. — Genre 
de  la  famille  des  Perroquets.  Voy.  ce  mot. 

LATHR/EA.  bot.  ph,  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Orobanchées ,   établi  par  Linné 
(Gen.,  n.  743).  Herbes  de  l'Europe  centrale.  ■ 
Voy.  orobanchées.  f 

*LATHRJEOPHILA,  Léand.  bot.  ph.  —  • 
Syn.  d'Helosis,  Rich.  L 

*LATHRIA,  Swains.  ois.  —  Syn.  delt--  ; 
pangus,  Boié.  Voy.  gobe-mouche.      (Z.  G.)  ' 

LATHRIDIUS,  écrit  à  tort  LATRIDIUS 
(Lx0p<xrOç,  qui  agit  en  secret),  ins.  —  Genre 
de  Coléoptères  trimères,  classé  par  quelques 
auteurs  dans  la  famille  des  Xylophages ,  et 
par  d'autres,  dans  celle  des  Clavicornes, 
rapporté  à  la  tribu  des  Mycétophagites  par 
Lalreille,  et  à  celle  des  Corticaires  par 
Curtis.  Ce  genre,  créé  par  Herbst,  a  été 
adopté  par  Latreille,  Dejean,  Erichson,  Man- 
nerheim,  etc.,  etc.  Ce  dernier,  dans  une 
Monographie  publiée  récemment  {Zeilschrift 
fur  die  Entomologie  von  Gertnar,  1844,  p. 
67),  en  mentionne 52  espèces;  41  appartien- 
nent à  l'Europe,  6  à  l'Asie,  4  à  l'Amérique, 
et  1  est  indigène  de  la  Nouvelle-Hollande. 
M.  Mannerheim  a  séparé  des  Lathridius  et 
reporté  aux  Corticaria  de  Marsham  66  es- 
pèces qui,  la  plupart,  étaient  confondues  avec 
les  précédentes.  Les  Lathridius  se  distinguent 
aisément  des  Corticaria,  en  ce  que  le  premier 
article  des  antennes  est  court,  globuleux, 
renflé ,  au  lieu  d'être  grand  et  en  massue, 
comme  dans  les  derniers.  Nous  citerons, 
comme  en  faisant  partie  ,  les  L.  minutus 
Lin.,  rugicollis ,  transversus  01.,  etc.  Us 
vivent  sur  le  Lichen  des  arbres ,  dans  le  fu- 
mier ,  sur  le  bois  en  décomposition,  dans  les 
lieux  obscurs,  sales,  enfin  sous  la  Mousse. 

(C.) 

*LATHRIOGYNE  (JâOptoç,  caché;  yvvw, 
femme),  bot.  ph. —  Genre  de  la  famille  des 
Papilionacées-Lotées ,  établi  par  Ecklon  et 
Zeyher  (  Enum.,  170).  Arbrisseaux  du  Cap. 

Voy.  PAPILIONACÉES. 

*LATHRISIA ,  Swartz.  bot.  ph.  —  Syn. 
de  Barthoïina,  R.  Br. 


LAT 


LAT 


251 


LATHROBIUM  (UOp-o,  secrètement; 
Stow,  je  vis),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères 
pentamères,  famille  des  Brachélytres,  tribu 
desPœdériniens,  créé  par  Gravenhorst  (Mo- 
nographia  micropterorum,  p.  130)  et  adopté 
par  MM.  Mannerheim,  Curtis,  Latreille,  De- 
jean,  Erichson ,  etc.,  etc.  Ce  dernier  au- 
teur (Gen.  et  sp.  Staphylinorum,  p.  588) 
leur  assigne  les  caractères  suivants:  Labre 
bilobé;  tarses  de  quatre  articles  simples, 
égaux,  cinquième  plus  court.  Ce  genre  ren- 
ferme 30  espèces  ;  24  appartiennent  à  l'Eu- 
rope, et  6  à  l'Amérique.  Nous  citerons,  parmi 
celles  de  notre  pays,  le  L.  eîon g atum  de  Lin. 
et  quadralum  de  Paykull  (Staphylinus).  Ces 
Insectes  se  trouvent  dans  les  bois,  sous  les 
pierres,  et  dans  la  terre  grasse  des  mares 
desséchées.  (C.) 

LATHYRUS.  bot.  ph.  —  Nom  scienti- 
fique du  g.  Gesse. 

LATIALITE.  min.  —  Syn.  d'Hatlyne. 
*LATIAXIS.  moll.  —  Genre  inutilement 
établi  par  M.  Swainson  pour  une  coquille 
avec  laquelle ,  depuis  plusieurs  années , 
M.  Sowerby  avait  établi  le  genre  Trichotro- 
pis.  Voy.  ce  mot.  (Desh.) 

*LATICONES.  Laticones.  ois.  —  Section 
établie  par  M.  Temminck  dans  son  genre 
Gros-Bec  (Fringilla)  pour  les  espèces  qui  ont 
un  bec  bombé  et  plus  ou  moins  renflé  sur  les 
côtés.  Cette  section  comprend  la  plupart  des 
espèces  des  Loxia  de  Linné  et  Latham  et 
quelques  autres  du  groupe  des  Bengalis. 

(Z.  G.) 
*LATILABES.  Latilabiœ.  aràch.  —  Ce 
nom  est  donné  par  M.  Walckenaër  à  une 
race  du  genre  des  Tegenaria  dont  la  seule 
espèce  qui  la  représente  a  les  yeux  latéraux 
des  deux  lignes  écartés ,  la  lèvre  plus  large 
que  haute  et  ayant  la  forme  d'une  coupe. 
La  Tegenaria  senegalensis  est  le  type  de 
cette  race.  (H.  L  ) 

*LATILUS.  poiss. — Genre  de  l'ordre  des 
Acanthoptérygiens,  famille  des  Sciénoïdes, 
établi  par  MM.  Cuvier  et  Valenciennes 
{Hist.  des  Poiss.,  V,  368).  Les  Poissons  de 
ce  genre  sont  remarquables  surtout  par 
leur  profil  en  arc  arrondi  et  descendant 
presque  verticalement ,  ce  qui  rend  leur 
museau  très  court;  l'œil  est  grand  et  tout 
près  de  la  courbe  supérieure  du  profil  ; 
l'ouverture  de  la  bouche ,  fendue  jusque 
sous  l'œil,  est  presque  horizontale  ,  et  l'en- 


semble de  leur  corps  rappelle  plutôt  celui 
d'un  Mulle  que  celui  des  Coryphènes,  avec 
lequel  Lacépède  les  avait  confondus. 

On  ne  connaît  jusqu'à  présent  que  2  es- 
pèces de  ce  genre,  provenant  de  la  mer  des 
Indes ,  et  que  les  auteurs  ont  nommées  : 
Lat.  argentatusetdoliatus.  Ces  Poissons  ont 
une  teinte  argentée  tirant  sur  le  rose  ou  le  , 
vert,  et  ont  environ  40  centimètres  de  Ion-  ) 
gueur.  (J.)      \ 

*LATIPALPIS  (latus,  large;  palpus, 
palpe),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  pen- 
tamères ,  famille  des  Sternoxes ,  tribu  des 
Buprestides,  établi  par  Solier  (Ann.  de  la  . 
Soc.ent.  deFr.,t.  2,  p.  287,  pi.  11,M6), 
qui  y  introduit  plusieurs  divisions  regar- 
dées par  Dejean  et  Spinola  comme  formant 
chacune  un  genre  distinct  ;  tels  sont  :  les 
Lampetis,  Dicerea,  Perotis  ,  Lampra(Voy. 
ces  mots).  A  l'exemple  de  Solier,  MM.  Gory 
et  de  Castelnau ,  dans  leur  Monographie  , 
font  des  Latipalpis  plusieurs  divisions  sous 
le  nom  de  Buprestis  ,  genre  ancien ,  qu'ils 
ont  pensé  devoir  maintenir.  (C.) 

*LATIPES  (latus,  large;  pes,  pied),  bot. 
ph.  —  Genre  de  la  famille  des  Graminées- 
Panicées,  établi  par  Kunth  (Gram.,  53, 42). 
Gramens  delà  Sénégambie.  Voy.  graminées. 
LATIRE.  Latirus.  moll.— Genre  inutile 
établi  par  Monrort ,  dans  sa  Conchyliologie 
systématique,  pour  les  Fuseaux  dont  la  colu- 
melle  est  ombiliquée.  Voy.  fuseau.  (Desh.) 
LATIROSTRES.  Latirostres.  ois.  — 
Famille  établie  par  MM.  Vieillot  et  Dumé- 
ril,  pour  des  oiseaux  échassiers  qui  ont  pour 
caractère  principal  un  bec  aplati  horizonta- 
lement. Pour  M.  Vieillot,  deux  genres  seu- 
lement font  partie  de  cette  famille;  ce  sont 
les  genres  Spatule  et  Savacou.  M.  Duméril 
y  admet  en  plus  le  genre  Phénicoptère.  — 
M.  Lesson  (Traité d'ornith.)  a,  de  son  côté, 
fait  de  ce  nom  le  titre  d'une  tribu  de  l'or- 
dre des  Passereaux,  dans  laquelle  se  ran- 
gent des  espèces  qui  ont  un  bec  très  dé- 
primé ,  très  aplati ,  à  commissure  excessi- 
vement fendue  et  à  pieds  très  courts.  Cette 
tribu ,  qui  correspond  aux  Hiantes  d'Illi- 
ger,  aux  Planirostres  de  M.  Duméril  et  aux 
Fissirostres  de  G.  Cuvier,  comprend  la  fa- 
mille des  Chélidons,  c'est-à-dire  toutes  les 
espèces  des  genres  linnéens  Caprimulgus  et 
Ilirundo.  M.  de  Blain ville  a  également  ad- 


252 


LAT 


mis  sous  le  nom  de  Latirostres  une  famille 
qui  a  pour  type  le  genre  Engoulevent. 

(Z.    G.) 

*LATOMETUS  (Xotrop/w,  qui  taille  les 
pierres  ).  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  té- 
tramères,  famille  des  Xylophages,  tribu 
des  Colydites,  créé  par  Erichson  (Archiv. 
furnaturg.  1842,  p.  152,  tab.  V,  f.  3). 
L'auteur  n'y  introduit  qu'une  espèce  de  la 
Nouvelle-Hollande  ,  L.  pubescensllv.     (C.) 

*LATOXA(nom  mythologique),  ins.  — 
Genre  de  Coléoptères  pentamères ,  famille 
des  Brachélytres ,  tribu  des  Pœdériniens, 
créé  par  M.  Guérin-Méneville  (Revue  zool., 
1844  ,  p.  13) ,  avec  deux  espèces  de  Colom- 
bie :  les  L.  Spinolœ  et  Erichsonii.     (C.) 

*LATONE.  Latona{nom  mythologique). 
cmjst.  —  Genre  de  l'ordre  des  Daphnoïdes, 
établi  par  M.  Straus  sur  des  petits  Crustacés 
dont  l'abdomen  est  infléchi  et  dont  les  ra- 
mes des  grandes  antennes  sont  divisées  en 
trois  branches ,  formées  chacune  d'un  seul 
article.  On  n'en  connaît  qu'une  seule  es- 
pèce, IeLATONE  sétifère,  L,  setifera  Mtill., 
qui  habite  le  Danemark.  (H.  L.) 

*LATONE.  Latona (nom  mythologique). 
moll.  —  M.  Schumacher,  dans  son  Nou- 
vel Essai  d'une  classification  des  Coquilles , 
a  voulu  diviser  le  genre  Donax  des  auteurs  ; 
et  prenant  le  Donax  cuneata  pour  type 
d'un  nouveau  genre,  il  l'a  proposé  sous  le 
nom  de  Latone.  Ce  genre,  qu'aucun  carac- 
tère particulier  ne  justifie,  ne  peut  être 
adopté.  Voy.  donace.  (Desh.) 

LATONIA  (Latone,  nom  mythologi- 
que ).  rept.  —  Groupe  de  Rainettes  désigné 
sous  ce  nom  par  M.  Hermann  von  Meyer 
(Falerb,  f.  Min.  1842).  (E.  D.) 

*LATREILLEA  (  nom  propre),  bot.  ph. 
—  Genre  de  la  famille  des  Composées-Séné- 
cionidées,  établi  par  De  Candolle  (Prodr., 
V,  504).  Herbes  du  Brésil.  Voy.  composées. 

LATREILLIE.  Latreillia  (nom  propre). 
crust.  —  Ce  genre ,  qui  appartient  à  Tor- 
dre des  Décapodes,  à  la  famille  des  Oxy- 
rhynques  et  à  la  tribu  des  Macropodiens , 
a  été  établi  par  Roux  sur  un  Crustacé  très 
remarquable  qui  se  trouve  dans  la  Médi- 
terranée ,  et  qui  ressemble  assez ,  par  la 
forme  générale  du  corps ,  à  une  Leptopodie 
qui  serait  privée  de  son  rostre ,  et  qui  serait 
munie  de  pédoncules  oculaires  d'une  lon- 
gueur extrême.  La  carapace  est  triangulaire, 


LAT 

tronquée  en  avant,  et  ne  recouvre  pas  le 
dernier  anneau  du  thorax;  l'épistome  est 
beaucoup  plus  long  que  large  ;  le  second  et 
le  troisième  article  des  pattes-mâchoires 
externes  sont  très  étroits.  Les  pattes  sont 
filiformes  et  extrêmement  longues;  enfla 
l'abdomen  de  la  femelle  ne  se  compose  que 
de  cinq  articles ,  mais  on  y  distingue  les 
sutures  des  deux  autres  ;  quant  à  l'abdcs- 
men  du  mâle,  il  n'en  offre  que  cinq.  L'es- 
pèce avec  laquelle  cette  nouvelle  coupe  gé- 
nérique a  été  établie  est  la  Latreillie  élé- 
gante ,  Latreillia  eleg ans  Roux.  Ce  Crustacé 
a  été  rencontré  dans  les  mers  de  Sicile.  On 
ne  connaissait  que  Ja  femelle  de  ce  singu- 
lier crustacé;  quant  au  mâle,  il  a  été 
trouvé  sur  les  côtes  Est  de  l'Afrique  fran- 
çaise, entre  l'île  de  Galite  et  le  cercle  de  la 
Calle.  Cette  espèce  habite  de  très  grandes 
profondeurs  et  semble  se  plaire  dans  des 
lieux  coralligènes  ;  car  elle  a  été  trouvée 
accrochée  aux  filets  qui  servent  à  la  pêche 
du  corail ,  Polypier  qui  est  assez  abondant 
sur  les  côtes  Est  de  nos  possessions  d'Afri- 
que. Enfin  plusieurs  espèces  de  ce  genre 
ont  été  aussi  rencontrées  dans  les  mers  du 
Japon  et  figurées  dans  la  faune  japonaise 
par  M.  Dehaan.  (H.  L.) 

LATRIDIUS.  ins.  —  Voy.  lathridius. 

LATRODECTE.  Latrodectus  (  larpU , 
captif;  ovjxtyî;,  qui  mord),  arach.  —  Genre 
de  l'ordre  des  Aranéides ,  de  la  tribu  des 
Araignées,  créé  par  M.  Walckenaër,  aux 
dépens  de  celui  des  Theridion  (voy.  ce  mot). 
Dans  cette  coupe  générique,  les  yeux  sont  au 
nombre  de  huit ,  presque  égaux  entre  eux , 
sur  deux  lignes  écartées  et  légèrement  diver- 
gentes; les  yeux  latéraux  étant  un  peu  plus 
écartés  entre  eux  que  ne  le  sont  les  intermé- 
diaires, et  portés^sur  des  éminences  de  la  tête. 
La  lèvre  est  triangulaire ,  grande  et  dilatée  à 
sa  base.  Les  mâchoires  sont  inclinées  sur  la 
lèvre ,  allongées  ,  cylindriques ,  arrondies 
vers  leur  extrémité  externe  ,  terminées  par 
une  pointe  interne,  et  coupées  en  ligne 
droite  à  leur  côté  interne.  Les  pattes  sont 
allongées ,  inégales  entre  elles;  la  premièrt 
paire  est  plus  longue  que  la  quatrième  ;  celle- 
ci  sensiblement  plus  allongée  que  les  deul 
intermédiaires  ;  la  troisième  paire  est  la  plus 
courte.  Ce  sont  des  Aranéides  filant  dans  les 
sillons,  sous  les  pierres,  des  fils  en  nœuds  ou 
en  filets  où  les  plus  gros  insectes  se  trouvent 


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253 


arrêtés.  Le  cocon  est  sphéroïde  et  pointu  par 
un  bout.  Les  espèces  qui  composent  ce  genre 
habitent  le  nouveau  et  l'ancien  monde.  Le 
Latrodecte  malmignatte  ,  Latrodeclus  mal- 
mignatus  Walck.,  peut  être  regardé  comme 
le  type  de  ce  genre.  Suivant  plusieurs  au- 
teurs ,  cette  espèce  est  réputée  très  veni- 
meuse ;  sa  morsure  cause,  dit-on,  à  l'homme, 
des  douleurs  léthargiques,  et  souvent  la 
fièvre.  Ayant  observé  ,  en  Algérie,  cette  es- 
pèce, qui  y  est  très  commune,  je  n'ai  ja- 
mais remarqué  les  accidents  indiqués  par 
MM.  Luigi  Totti ,  Abbot  et  Cauro  ,  par  ce 
dernier  surtout,  qui  dit,  dans  une  thèse 
intitulée  :  Exposition  des  moyens  curatifs  de 
la  morsure  du  Latrodecte  {Theridion)  mal- 
mignatte :  «  Il  paraît  qu'on  n'était  pas  fixé 
sur  le  caractère  venimeux  du  Latrodecte 
malmignatte ,  car  tous  les  naturalistes  se 
bornent  à  dire  que  l'on  croit  que  sa  mor- 
sure est  très  dangereuse.  Il  est  certain,  bien 
certain,  qu'elle  est  très  dangereuse  en  Corse  ; 
peut-être  serait-elle  mortelle  dans  quelques 
circonstances.  »  M.  Cauro  donne  les  détails 
des  effets  de  cette  morsure,  qui  ressemblent, 
dit-il,  à  ceux  de  la  Vipère;  mais  M.  Cauro, 
non  plus  qu'aucun  de  ses  prédécesseurs , 
n'a  pris  le  soin  de  s'assurer  que  la  maladie 
qu'il  décrit  était  véritablement  causée  par 
le  Latrodecte  malmignatte.  Il  ne  rapporte 
aucune  observation  ,  aucune  expérience  qui 
le  démontre.  (H.  L.) 

LAUDANUM,  chim.  —  Voy.  labdanum. 

LAUMOIMITE.  min.  —  Voy.  zéolitue. 

LAUNjEA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Composées -Chicoracées,  établi 
parCassini(Dtc£.  se.  nat.,t.  XXV,  p.  321). 
Herbes  de  Madagascar. 

*LAUNZEA  ,  Buch.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Buchanania,  Roxb. 

*LAUREA.  bot.  ph.  —  Genre  rapproché 
avec  doute,  par  Endlicher,  de  la  famille 
des  Pipéracées.  11  a  été  établi  par  Gaudichaud 
(ad  Freyc.y  513)  pour  des  arbres  ou  des 
arbrisseaux  indigènes  de  la  Guyane. 

LAURELIA ,  Juss.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Pavonia ,  Cuv. 

LAUREMBERGIA,  Berg.  bot.  *h.  — 
Syn.  de  Serpicula,  Linn. 

LAURENCIE.  Laurencia  (  nom  propre). 
bot.  cr.  —  Genre  d'Algues  de  la  famille  des 
Floridées,  tribu  des  Chondriées,  établi  par 
Lamouroux  (  Ess.  42,  excl.  sp.  ),  et  carac- 


térisé principalement  par  une  fronde  fili- 
forme ,  cylindrique  ou  comprimée ,  et  com- 
posé, à  la  périphérie,  de  cellules  presque 
égales,  ou  plus  petites  les  unes  que  les  au- 
tres. La  fructification  consiste  en  granules 
pyriformes  fixés  à  l'extrémité  des  rameaux 
ou  de  leurs  divisions,  et  dilatés  quelquefois 
en  massue  ou  en  grappe. 

Les  Laurencies  sont  des  Algues  marines , 
cartilagineuses  ou  gélatineuses,  d'une  cou- 
leur rouge  assez  vive,  rameuse  ,  à  rameaux 
diffus  ou  alternes. 

On  connaît  une  vingtaine  d'espèces  de  ce 
genre  dispersées  dans  les  mers  tempérées 
du  globe.  Quatre  espèces  habitent  la  Médi- 
terranée ;  ce  sont  les  Laurencia  tenuissima 
Grev.,dasyphylla  Grev. ,pinnatifida  Lamx., 
et  oblusa  Lamx. 

Quelques  unes  des  espèces  de  ce  genre 
contiennent,  à  une  certaine  époque  de  l'an- 
née ,  un  principe  poivré  ,  acre  et  brûlant , 
dont  quelques  peuples  du  Nord  se  servent, 
dit-on,  comme  de  piment.  (J.) 

LAURENTIA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Lobéliacées  -  Lobé- 
liées,  établi  par  Micheli  {Nov,  gen.,  18, 
t.  14).  Herbes  du  littoral  méditerranéen  , 
croissant  aussi  au  cap  de  Bonne-Espérance 
et  dans  les  contrées  extratropicales  de  la 
Nouvelle-Hollande.  Voy.  lobéliacées. 

LAURÉOLE.  bot.  ph.  —Nom  vulgaire 
des  Daphne. 

*LAURIA.  moll.  —  Ce  genre  a  été  pro- 
posé par  M.  Gray  et  adopté  par  M.Swainson 
pour  les  Maillots  ombiliqués.  Voy.  mail- 
lot. (Desh.) 

*LAURIDIA,  Eckl.  et  Zeyh.  bot.  ph.  — 
Syn.  d'Eiœodendron,  Jacq. 

LAURIER.  Laurus.  bot.  ph.  —  Tourne- 
fort  avait  établi  et  Linné  avait  conservé,  sous 
le  nom  de  Laurus  ,  un  genre  dans  lequel 
entrèrent  successivement  un  grand  nom- 
bre d'arbres  que  réunissaient  des  caractères 
communs  assez  vagues.  Ce  genre  se  rap- 
portait à  l'Ennéandrie  monogynie  dans  le 
système  sexuel.  Lorsque  A.-L.  de  Jussieu 
établit  la  méthode  naturelle  qui  a  immorta- 
lisé son  nom,  il  admit  une  famille  des  Lau- 
rinées  dont  le  genre  linnéen  forma  le  type 
et  la  presque  totalité.  Mais  les  découvertes 
faites  dans  ces  derniers  temps  ayant  considé- 
rablement augmenté  le  nombre  des  espèces 
comprises  dans   ce  groupe  générique ,  et 


254 


LAU 


'examen  plus  attentif  de  leurs  caractères 
ayant  montré  parmi  elles  de  nombreuses 
modifications  de  structure,  une  subdivision 
était  devenue  nécessaire.  C'est  ce  qu'a  très 
bien  senti  M.  Nées  d'Esenbeck,  qui ,  d'a- 
bord dans  les  Plantas  asiat.  rar.  de  M.  Wal- 
lich,  et  ensuite  dans  son  Systema  Laurina- 
rum[l  in-8  Berl.  1S36)  a  partagé  les  Lau- 
riers en  un  nombre  considérable,  peut-être 
même  un  peu  trop  considérable  de  genres 
distincts.  Par  suite  du  travail  monographi- 
que du  savant  allemand,  le  nom  de  Laurier 
n'appartient  plus  qu'à  l'espèce  la  plus  an- 
ciennement connue  du  grand  g.  de  Linné, 
le  Laurier  d'Apollon.  Nous  devrions  donc 
nous  borner  dans  cet  article  à  faire  connaî- 
tre cette  espèce,  et  les  caractères  du  genre  si 
fortement  réduit  auquel  elle  appartient  ; 
mais  déjà  plusieurs  espèces  généralement 
comprises  jusqu'à  ces  dernières  années  sous 
la  même  dénomination  générique,et  qui  pré- 
sentent un  intérêt  réel,  auraient  dû  être  dé- 
crites dans  les  volumes  déjà  publiés  de  cet 
ouvrage:  cependant  elles  ont  été  entière- 
ment passées  sous  silence,  ou  elles  ont  été 
étudiées  trop  rapidement  et  sans  le  moin- 
dre développement;  ce  motif  nous  engage  à 
considérer  ici  le  grand  groupe  de  Linné 
comme  formant  encore  en  quelque  sorte  un 
tout  unique  pour  y  réunir  les  espèces  im- 
portantes à  connaître  qu'il  renfermait  dans 
sa  vaste  circonscription,  à  présenter  par  con- 
séquent l'histoire  de  ces  végétaux  en  les  réu- 
nissant dans  un  article  unique  :  seulement, 
pour  satisfaire  à  la  fois  aux  besoins  de  cet  ou- 
vrage et  à  ceux  de  la  science,  en  rapportant 
chacune  de  ces  espèces  d'anciens  Lauriers 
sous  le  nom  qu'elle  porte  actuellement, 
nous  indiquerons  entre  parenthèses  son  an- 
cienne dénomination;  de  plus,  nous  ne 
donnerons  en  fait  de  caractères  génériques 
que  ceux  du  Laurus  proprement  dit,  et  ceux 
qui  ont  été  omis  mal  à  propos,  renvoyant 
pour  les  autres  à  l'article  qui  les  regardera 
spécialement. 

1.  Réduit  aux  étroites  limites  qui  le  com- 
prennent maintenant  tout  entier,  le  genre 
Laurus  se  distingue  par  les  caractères  sui- 
vants :  Ses  fleurs  sont  dioïques  ou  herma- 
phrodites ;  chacune  d'elles  a  un  périanthe 
partagé  en  quatre  divisions  égales,  qui  tom- 
bentaprès  la  floraison;  12étamines  fertiles 
rangées  en  trois  séries;  celles  de  la  rancée 


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extérieure  alternent  avec  les  divisions  du 
périanthe;  toutes  présentent  2  glandes  au 
milieu  ou  bien  au-delà  du  milieu  de  leur 
longueur;  leurs  anthères  sont  oblongues,  à 
2  logettes  s'ouvrànt  toutes  à  leur  côté  in- 
terne par  autant  de  valvules  qui  se  relèvent. 
Les  fleurs  mâles  ne  présentent  pas  même  un 
rudiment  de  pistil.  Les  fleurs  femelles  ne 
conservent  que  2-4  rudiments  d'étamines  ' 
sans  anthère,  dilatés  à  leur  base,  entourant 
l'ovaire.  Le  stigmate  est  en  tête.  Le  fruit  est 
une  baie  qui  repose  sur  la  base  du  pé- 
rianthe persistant. 

Le  type  de  ce  genre  est  le  Laurier  d'A- 
pollon, Laurus  nobilis  Lin.,  vulgairement 
connu  sous  les  noms  de  Laurier  commun, 
Laurier  franc,  Laurier  sauce.  Son  nom  spé- 
cifique vient  delà  transformation  de  Daphné 
en  Laurier,  et  de  ce  que  les  branches  de  cet 
arbre  servaient,  dans  l'antiquité,  à  faire  les 
couronnes  qu'on  décernait  aux  vainqueurs 
des  jeux  olympiquesetaux  poètes;  au  moyen- 
âge,  les  lauréats  des  jeux  académiques  re^ 
cevaient  aussi  une  couronne  de  Laurier, 
mais  chargé  de  ses  baies,  d'où  est  venu  no- 
tre mot  baccalauréat.  Quant  aux  autres  dé- 
nominations, elles  s'expliquent  par  elles- 
mêmes.  Le  Laurier  est  un  arbre  qui  s'élève 
à  10  mètres  environ,  dans  les  pays  où  il  croît 
spontanément,  mais  qui  reste  beaucoup  plus 
bas  dans  les  pays  plus  septentrionaux  dans 
lesquels  on  le  cultive;  ses  feuilles  sont  per- 
sistantes, lancéolées,  veinées;  elles  varient 
assez  notablement,  de  manière  à  constituer 
quelques  variétés:  ainsi  l'on  possède  une 
variété  à  grandes  feuilles,  uneautre  à  feuil- 
les ondulées  sur  leurs  bords,  et  crépues,  une 
troisième  à  feuilles  très  étroites.  Ce  bel  ar- 
bre croît  spontanément  dans  l'Asie-Mineure, 
dans  l'Afrique  méditerranéenne ,  en  Grèce, 
dans  les  parties  chaudes  de  l'Italie,  de  l'Es- 
pagne ,  en  Portugal  ;  il  est  presque  natu- 
ralisé dans  le  Piémont  et  dans  nos  départe- 
ments méditerranéens.  Il  fleurit  en  mars  et 
avril;  ses  fruits  atteignent  leur  maturité 
en  automne.  Toutes  ses  parties  renferment 
une  huile  essentielle  abondante,  surtout 
dans  ses  feuilles,  qu'elle  rend  aromatiques, 
et  auxquelles  elle  donne  leurs  propriétés  to- 
niques et  excitantes  :  aussi  les  emploie-t-on 
en  bains, en  injections,  lotions,  pour  fortifier 
les  organes,  en  applications  sur  les  tumeurs 
indolentes,  etc.  On  les  prend  aussi  à  Tinté- 


LAT7 

rieur,  comme  digestives,  stomachiques,  etc. 
On  sait  leur  emploi  fréquent  comme  condi- 
ment dans  l'assaisonnement  des  mets,  d'où 
l'arbre  lui-même  a  tiré  l'un  de  ses  noms 
vulgaires.  Par  distillation,  ces  feuilles  don- 
nent leur  huile  essentielle,  qui  est  acre  , 
chaude,  et  dont  on  fait  quelquefois  usage 
en  médecine,  surtout  à  l'extérieur.  Les  baies 
du  Laurier  commun  ont  aussi  des  usages 
assez  fréquents  en  médecine  ;  leur  péricarpe 
contient  une  huile  volatile  très  odorante; 
leur  graine  renferme  de  son  côté  une  huile 
grasse;  par  l'expression ,  on  obtient,  des 
fruits  tout  entiers,  une  huile  formée  en  ma- 
jeure partie  de  la  dernière ,  qui  est  en  con- 
sistance de  beurre,  verdâtre ,  d'une  odeur 
forte,  d'une  saveur  amère,  que  Ton  emploie 
soit  à  l'extérieur,  comme  résolutive,  soit  à 
l'intérieur,  en  l'introduisant  dans  la  compo- 
sition de  divers  médicaments ,  tels  que  le 
baume  de  Fioraventi ,  l'électuaire  de  baies 
de  Laurier,  etc.  Le  Laurier  d'Apollon  se 
multiplie  soit  de  graines,  soit  de  marcottes 
par  incision,  et  de  rejetons,  soit  enfin  de 
boutures  qui  reprennent,  il  est  vrai,  diffi- 
cilement. Dans  le  'nord  de  la  France  ,  il 
exige  une  terre  franche,  légère ,  une  expo- 
sition au  midi;  il  doit  être  couvert  pendant 
l'hiver  ou  rentré  dans  l'orangerie.  L'été,  il 
demande  de  fréquents  arrosements. 

2.  Cannellier.  Cinnamomum,  Burm.  Ce 
genre  ,  d'une  importance  majeure ,  ayant 
été  entièrement  omis  dans  le  3e  tome  de 
cet  ouvrage ,  nous  ne  pouvons  nous  dis- 
penser d'en  parler  ici ,  avec  une  partie  des 
développements  qu'il  mérite.  Les  végétaux 
qui  le  composent  sont  des  arbres  de  taille 
peu  élevée ,  dont  les  feuilles  sont  marquées 
de  nervures  prononcées ,  le  plus  souvent 
rapprochées  par  paires ,  ou  presque  oppo- 
sées. Leurs  fleurs  sont  hermaphrodites  ou 
polygames,  composées  d'un  périanthe  à  six 
divisions,  coriace,  dans  lequel  la  partie  su- 
périeure du  limbe,  ou  même  tout  le  limbe, 
te  détache  après  la  floraison  ,  laissant  le 
tube  en  forme  de  cupule;  de  9  étamines 
fertiles  en  trois  rangées,  dont  les  trois  in- 
térieures sont  accompagnées,  à  leur  base, 
de  deux  staminodes  sessiles ,  en  forme  de 
glandes  ;  leurs  anthères  sont  ovales ,  à  4  lo- 
gettes  s'ouvrant  par  autant  de  valvules  qui 
se  relèvent;  celles  des  trois  intérieures  s'ou- 
vrent sur  le  côté  extérieur,  celles  des  autres 


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255 


sur  le  côté  intérieur  de  ces  organes  ;  sur  un 
rang  plus  intérieur  encore  se  trouvent  de 
plus  3  staminodes  à  tête  ovoïde.  Le  stig- 
mate est  discoïde.  Le  fruit  est  une  baie  mo- 
nosperme, dont  la  base  est  embrassée  par 
la  portion  persistante  du  périanthe. 

L'espèce  la  plus  anciennement  connue  et 
la  plus  intéressante  du  genre  Cannellier  est 
le  Cannellier  de  Ceylan  ,  Cinnamomum 
Zeylanicum  Breyn.(N.  ab  E.  Syst.  Laurin., 
p.  45)  {Laurus  Cinnamomum  Lin.).  C'est 
un  grand  arbrisseau  ou  un  arbre  de  taille 
peu  élevée  ,  qui  cependant  peut  acquérir  8 
et  10  mètres  lorsqu'il  croît  tout  isolé,  dont 
les  branches  sont  assez  grosses  proportion- 
nellement ,  à  4  angles  obtus ,  glabres  et 
Vertes  pendant  leur  jeunesse,  fauves  à  l'é- 
tat adulte,  et  finissant  par  prendre  une  cou- 
leur cendrée;  ses  feuilles  sont  presque  op- 
posées ,  ovales  ou  ovales-oblongues,  formant 
à  leur  extrémité  un  prolongement  obtus, 
trinervées ,  réticulées  à  leur  face  inférieure, 
glabres  ;  les  fleurs  sont  réunies  en  panicules 
terminales  et  axillaires  pédonculées;  elles 
sont  couvertes  d'un  duvet  blanc  soyeux.  Les 
divisions  de  leur  périanthe  sont  oblongues 
et  se  détachent  dans  la  moitié  de  leur  lon- 
gueur. Cette  espèce  croît  spontanément  à 
Ceylan  ,  dans  la  Chine  et  au  Japon  ;  on  la 
cultive  aux  Antilles  ,  à  Cayenne,  à  l'Ile  de 
France ,  etc. 

C'est  l'écorce  des  branches  du  Cannellier 
de  Ceylan ,  dépouillées  de  leur  épiderme , 
qui  fournit  la  cannelle  du  commerce 
(voy.  cannelle).  C'est  pour  obtenir  cette 
substance  importante  par  ses  usages  que  l'on 
cultive  le  Cannellier  en  diverses  contrées,  et 
principalement  à  Ceylan.  Dans  cette  île, 
dont  elle  forme  l'une  des  productions  les 
plus  importantes ,  cette  culture  occupe  un 
espace  considérable  qui  s'étend  entre  Ma- 
tura  et  Negombo,  et  auquel  on  donne  le 
nom  de  Champ  de  la  cannelle  ;  là,  l'atmo- 
sphère est  humide  et  pluvieuse  pendant  une 
bonne  partie  de  l'année ,  de  mai  à  la  fin 
d'octobre,  et  cette  circonstance  exerce  une 
influence  avantageuse  sur  la  qualité  de  la 
cannelle,  puisque  celle  qui  vient  des  autres 
parties  de  l'île  est  notablement  inférieure. 
Nous  devons  des  détails  intéressants  sur  la 
culture  et  la  récolte  de  la  cannelle  de  Cey- 
lan au  voyageur  français  Leschenault  de  La 
Tour,  qui  les  a  consignés  dans  un  mémoire 


256 


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imprimé  en  1821 ,  à  Saint-Denis-de-Bour- 
bon ,  sous  le  titre  de  Notice  sur  le  Cannel- 
lier  de  Ceylan.  Nous  allons  lui  emprunter 
quelques  détails  à  ce  sujet.  Dans  les  terres 
qu'on  destine  à  la  culture  du  Cannellier, 
on  travaille  et  on  prépare  de  petits  espaces 
d'environ  1/2  mètre  carré,  éloignés  l'un  de 
l'autre  de  2  à  3  mètres,  et  dans  lesquels  on 
mêle  à  la  terre  des  cendres  de  bois.  C'est 
dans  chacune  de  ces  places  ainsi  préparées 
qu'on  sème  4  ou  5  fruits  de  Cannellier, 
immédiatement  après  leur  maturité ,  dans 
les  mois  de  juin,  juillet  et  août.  L'on  cou- 
vre ensuite  ces  places  de  branchages.  La 
germination  a  lieu  en  quinze  ou  vingt  jours, 
et  donne  généralement  naissance  à  autant 
de  pieds  de  Cannelliers  qu'on  a  semé  de 
fruits.  Quelquefois ,  au  lieu  de  semer  sur 
place,  on  fait  d'abord  une  pépinière,  de  la- 
quelle on  extrait  ensuite  le  plant.  Les  seuls 
soins  que  l'on  donne  aux  jeunes  plantations 
consistent  à  arracher  les  mauvaises  herbes 
à  des  intervalles  de  temps  assez  longs;  on 
ne  fait  même  pas  cette  opération  avec  beau- 
coup d'exactitude  :  aussi  les  Cannelliers 
sont-ils  toujours  entremêlés  de  beaucoup 
d'autres  plantes  herbacées  et  ligneuses. 
Dans  l'espace  de  six  ou  sept  ans ,  les  pieds 
ont  généralement  atteint  une  hauteur  de 
2  mètres  1/2  ;  alors  on  peut  commencer  la 
récolte  en  supprimant  une  partie  des  pieds 
de  chaque  touffe,  et  l'on  continue  ensuite 
sans  laisser  aux  pieds  restants  le  temps  de 
devenir  trop  forts.  Ces  plantations  de  Can- 
nelliers ,  qu'on  nomme  jardins ,  ïessem- 
blent  entièrement  à  des  taillis  de  quatre  ou 
cinq  ans ,  et  mériteraient  beaucoup  mieux 
le  nom  de  bois.  La  récolte  de  la  cannelle  se 
fait  de  mai  à  octobre,  pendant  la  saison  des 
pluies ,  et  lorsque  l'écorce  peut  aisément  se 
détacher  du  bois;  il  y  a  néanmoins,  dit-on, 
des  pieds  dans  lesquels  celle-ci  est  toujours 
adhérente.  On  coupe  les  tiges  et  les  branches 
lorsqu'elles  ont  de  2  à  6  centimètres  au 
plus  de  diamètre;  après  quoi,  par  des  inci- 
sions circulaires  espacées  d'environ  3  déci- 
mètres, et  par  une  incision  longitudinale  , 
on  enlève  l'écorce ,  qu'on  fait  sécher  avec 
[précaution,  qu'on  dépouille  de  son  épi- 
derme  ,  et  qu'on  verse  ensuite  dans  le  com- 
merce ,  après  en  avoir  trié  et  séparé  les  di- 
verses qualités. 
La  cannelle  est  une  des  substances  aro- 


matiques les  plus  employées  :  aussi  s'en  sert- 
on  pour  la  préparation  d'une  foule  de  mets, 
de  liqueurs  de  table,  etc.;  elle  est  fréquem- 
ment employée  dans  la  parfumerie  ;  enfin, 
en  médecine ,  ses  propriétés  toniques,  exci- 
tantes, cordiales  ,  etc.,  lui  donnent  encore 
une  certaine  importance.  Elle  doit  surtout 
ses  propriétés  médicinales  à  l'huile  essen- 
tielle qu'elle  renferme.  On  l'emploie  non 
seulement  en  nature ,  mais  encore  on  en 
fait  une  teinture  alcoolique  et  une  eau  dis- 
tillée. Dans  les  lieux  où  on  la  récolte ,  les 
débris  qui  restent  après  le  triage  servent  à 
préparer  une  huile  d'un  blanc  jaunâtre, 
fort  estimée  et  d'un  prix  élevé,  qui  sert  sur- 
tout pour  aromatiser  diverses  poudres.  En- 
fin les  grosses  tiges  et  les  racines  du  Can- 
nellier contiennent  une  grande  quantité  de 
camphre,  qu'on  peut  en  retirer  et  qui  donne 
encore  à  cet  arbre  un  nouvel  intérêt. 

3.  Camphrier.  Camphora,  Nées.  Les  ca- 
ractères de  ce  genre  ont  déjà  été  présentés 
au  mot  Camphora,  ainsi  que  ceux  de  son 
espèce  la  plus  remarquable,  le  Camphrier 
officinal,  Camphora  officinarum  Bauh., 
Nées  (Syst.  laurin.,  p.  88)  {Laurus  cam- 
phora Lin.),  espèce  du  Japon  et  de  la  Chine, 
dont  les  diverses  parties  donnent,  soit  par 
des  incisions,  soit,  et  principalement,  par  la 
distillation  à  sec,  le  Camphre  dit  du  Japon, 
le  plus  rare  et  le  plus  cher  de  ceux  qui 
existent  dans  le  commerce,  et  qui  sont  four- 
nis par  des  végétaux  de  genres  et  de  fa- 
milles divers.  Nous  nous  bornerons  à  cette 
courte  indication,  renvoyant ,  pour  plus 
de  développement,  aux  mots  camphora  et 

CAMPHRE. 

4.Persée.  Persea,  Gaertn.  Ce  genre,  pour 
les  caractères  duquel  nous  renverrons  au 
mot  persée,  renferme,  entre  autres,  une 
espèce  très  intéressante:  le  Persea  gratis- 
sima  Gaertn.  (Laurus persea  Lin.),  très  connu 
sous  les  noms  d'Avocatier,  de  Laurier  avo- 
cat, de  Poirier  avocat.  C'est  un  bel  arbre, 
qui  s'élève  à  12  ou  15  mètres,  qui  croît 
spontanément  dans  l'Amérique  tropicale,  et 
que  l'on  cultive  aussi  en  abondance,  pour 
son  fruit,  aux  Antilles,  à  l'Ile  de  France,  etc. 
Ses  branches  sont  anguleuses,  couvertes 
dans  leur  jeunesse  de  poils  blancs  et  coton- 
neux ;  ses  feuilles  sont  ovales,  ovales-oblon- 
gues,  ou  obovales,  un  peu  aiguës  à  leurs 
deux  extrémités,  réticulées  à  leur  face  infé- 


LAU 


LAU 


257 


rieure  ,  qui  est  pubescente  et  glauque  ;  les 
divisions  de  son  périanlhe  sont  presque  éga- 
les entre  elles  et  oblongues;  son  fruit  est 
gros,  pyriforme,  allongé,  longuement  pé- 
doncule. Sous  une  sorte  d'écorce  mince, 
mais  résistante,  verte  ou  violette,  il  présente 
une  pulpe  abondante,  d'une  saveur  particu- 
lière, fondante  et  à  peu  près  butyreuse.  Ce 
fruit  est  très  estimé  en  Amérique;  mais  les 
Européens  qui  en  mangent  pour  la  première 
fois  le  trouvent  fade  et  sont  obligés  d'y 
ajouter  du  sucre ,  de  l'assaisonner  avec  du 
citron  ou  des  aromates. 

5.  Sassafras,  Nées.  Pour  ce  genre,  comme 
pour  le  précédent,  nous  renverrons  l'exposé 
des  caractères  génériques  au  nom  du  genre 
lui-même  {voy .  sassafras),  et  nous  nous  arrê- 
terons seulement  un  instant  sur  une  espèce 
qui  présente  de  l'intérêt.  Cette  espèce  est  le 
Sassafras  officinal,  Sassafras officinaleNees 
(Laurus  sassafras  Lin.).  C'est  un  arbre  qui 
croît  spontanément  dans  l'Amérique  septen- 
trionale, depuis  le  Canada  jusqu'à  la  Floride, 
dans  les  forêts  et  sur  le  bord  des  rivières; 
dans  les  parties  méridionales  de  cette  vaste 
étendue  de  terre,  il  forme  un  arbre  de  7  à 
10  mètres  de  hauteur,  tandis  que,  dans  les 
parties  plus  septentrionales  et  froides,  il 
reste  à  l'état  d'arbrisseau  d'environ  3  mètres 
de  hauteur.  Ses  feuilles  tombent  chaque  an- 
née; elles  sont  en  coin  à  leur  base,  ovales- 
entières  ou  élargies  vers  le  sommet  et  trilo- 
bées ;  leur  face  inférieure  est  marquée  de 
grosses  nervures  et  pubescente,  ainsi  que  les 
bourgeons;  ses  fleurs  sont  petites,  jaunes, 
réunies  en  grappes  lâches;  les  fruits  qui 
leur  succèdent  sont  bacciformes,  violets,  en- 
tourés à  leur  base  d'une  sorte  de  cupule 
rouge  formée  par  le  périanthe  persistant. 
En  France,  cette  espèce  se  cultive  en  pleine 
terre  de  bruyère;  on  la  multiplie  par  ses 
rejetons  ou  par  boutures  de  racines. 

Le  Sassafras  a  occupé  en  médecine  un 
rang  important  qu'il  a  perdu  en  partie  de 
nos  jours.  La  partie  employée  ordinairement 
sous  ce  nom  est  la  racine  et  principalement 
son  ccorce,  ainsi  que  celle  des  jeunes  bran- 
ches. Cette  écorceestd'un  rouge  ferrugineux, 
mince,  d'une  odeur  forte,  d'une  saveur 
amèie  et  piquante.  Le  bois  de  Sassafras  a 
lui-même  de  l'importance,  comme  consti- 
tuant un  bon  sudorifique;  il  est  grisâtre, 
léger,  d'une  odeur  aromatique  faible,  pres- 


que insipide;  il  donne  une  infusion  et  une 
décoction  rouges;  c'est  aussi  la  couleur  qu'il 
prend  lui-même,  lorsqu'on  le  traite  par  l'A- 
cide nitrique.  Aujourd'hui,  le  Sassafras  est 
principalement  employé  dans  les  maladies 
de  la  peau  et  syphilitiques;  il  entre  aussi 
quelquefois  dans  le  traitement  des  rhuma- 
tismes et  de  la  goutte. 

6.  Benjoin.  Benzoin,  Nées.  Ce  genre  a  des 
fleurs  did*iques.  Les  mâles  ont  un  périanthe 
6-parti,  persistant;  9  étamines  fertiles,  en 
trois  rangées,  dont  les  anthères  sont  à  deux 
logettes,  s'ouvrant,  du  côté  intérieur,  par 
autant  de  valvules  qui  se  relèvent;  ces  éta- 
mines sont  entremêlées  de  six  ou  neuf  glan- 
des en  deux  ou  trois  rangées.  Les  femelles 
présentent  des  filaments  stériles  (12?)  entre- 
mêlés de  staminodes  spathulés;  un  pistil 
petit,  à  stigmate  distinct,  2-lobé.  Le  fruit 
est  une  baie  embrassée  à  sa  base  par  le  pé- 
rianthe persistant.  L'espèce  de  ce  genre  que 
nous  croyons  devoir  mentionner  ici  est  le 
Benjoin  odqrant,  Benzoin  odoriferum  Nées 
{Laurus  benzoin  Lin.),  arbrisseau  de  3  mè- 
tres environ,  qui  habite  les  lieux  bas  et  les 
bords  des  ruisseaux  dans  l'Amérique  du 
Nord,  du  Canada  à  la  Floride.  Ses  feuilles 
tombent  chaque  année;  elles  sont  oblongues 
ou  elliptiques-cunéiformes,  aiguës;  ses  fleurs 
se  développent  en  mars  et  avril;  elles  sont 
en  petites  ombelles  agrégées,  pédonculées; 
ses  baies  sont  d'abord  d'un  rouge  vif,  puis 
noirâtres.  Ses  feuilles  et  son  bois  ont  une 
odeur  balsamique  très  prononcée.  Pendant 
longtemps,  on  a  pensé  que  cette  espèce  four- 
nissait le  Benjoin;  d'où  est  venu  le  nom 
qu'elle  a  porté  comme  espèce,  et  qui  a  été 
conservé  pour  le  genre;  mais  il  a  été  re- 
connu que  cette  substance  est  fournie  au 
commerce  par  le  Styrax  benzoin. 

Il  est  encore  quelques  espèces  de  l'ancien 
genre  Laurier  qui ,  quoique  moins  impor- 
tantes à  connaître  que  les  précédentes,  ne 
manquent  pourtant  pas  d'intérêt;  mais 
nous  les  passerons  sous  silence,  pour  ne  pas 
prolonger  davantage  cet  article.     (P.  D.) 

Le  nom  de  Laurier  a  été  encore  appliqué 
à  divers  végétaux  présentant,  par  la  consis- 
tance op.  la  forme  de  leurs  feuilles ,  quel- 
ques rapports  avec  les  vrais  Lauriers.  Ainsi 
l'on  a  appelé  : 

Laurier- Amandier  ,  le  Prunus  lauro-ce- 
rasus ; 

£3 


258 


LAU 


Laurier  aromatique,  le  Brésillet  ; 

Laurier  épineux,  une  variété  de  Houx  ; 

Laurier  épurge,  le  Daphne  laureola; 

Laurier  grec  ,  le  Melia  azedarach; 

Laurier  -  Cerise  ,  Laurier  au  lait  ,  Lau- 
rier d'Espagne.  Voy.  laurier- amandier; 

Laurier  des  Iroquois,  le  Laurus  Sas- 
safras; 

Laurier  de  mer,  une  espèce  de  Phyl- 
lanthus; 

Laurier  de  Portugal,  le  Prunus  lusi- 
tanica  ; 

Laurier  rose  ,  le  Nerium  oleander  et  VE- 
pilobium  spicatum  ; 

Laurier  rose  des  Alpes,  le  Rhododen- 
drum  alpinum  ; 

Laurier  rouge  ou  odorant,  le  Plumeria 
rubra; 

Laurier  tin,  le  Viburnum  tinus; 

Laurier  tulipier,  les  Magnoliers. 

LAURINE.  bot.  ph.  —  Variété  d'Olive. 
Voy.  ce  mot. 

LAURINÉES ,  LAURÉACÉES.  Lauri- 
neœ  ,  Laureaceœ.  bot.  ph.  —  Famille  de 
plantes  dicotylédones,  apétales ,  périgynes  , 
ainsi  caractérisée  :  Fleurs  hermaphrodites 
ou  unisexuelles  par  avortement.  Calice  mo- 
nophylle,  à  4-6  divisions  alternant  sur  deux 
rangs ,  quelquefois  tronqué ,  doublé  à  sa 
base  d'un  disque  charnu  qui  persiste  avec 
lui.  Étamines  insérées  sur  le  bord  de  ce 
disque  et  par  conséquent  périgynes,  formant 
un,  deux,  trois  ou  jusqu'à  six  verticilles,  et 
dans  chacun  opposées  aux  divisions  calici- 
nales,  à  filets  libres,  souvent  dans  les  inté- 
rieures munis  inférieurement  de  deux  glan- 
des ;  à  anthères  adnées  remarquables  parce 
que  leurs  deux  loges  parallèles  se  partagent 
quelquefois  en  deux  logettes  superposées; 
que  loges  et  logettes  s'ouvrent  de  la  base  au 
sommet  par  une  valve  longitudinale  qui 
reste  attachée  en  haut,  et  qu'enfin  souvent 
ces  ouvertures  regardent  en  sens  inverse 
dans  les  divers  rangs  d'étamines ,  dans  les 
extérieures  en  dedans  ,  en  dehors  dans  les 
intérieures.  Ovaire  libre ,  surmonté  d'un 
style  court  épais,  que  termine  un  stigmate 
obtusément  2-3-lobé,  uniloculaire  avec  un 
seul  ovule  pendant  latéralement  vers  le  som- 
met de  la  loge,  ou  plus  rarement  avec  deux 
collatéraux.  Il  devient  une  baie  ou  une 
drupe  ,  que  la  base  du  calice  persistant  et 
accrescent  entoure  sous  la  forme  d'une  cu- 


LAU 

pule  cylindrique,  que  d'autres  fois  il  enve- 
loppe complètement  en  se  flétrissant,  ou  qui 
enfin  ne  s'appuie  que  sur  le  sommet  du  pé- 
dicelle,  souvent  alors  épaissi.  La  graine,  tou- 
jours solitaire,  esè  renversée ,  et,  sous  un 
test  chartacé  doublé  d'une  membrane  mince, 
montre  immédiatement  un  embryon  à  co- 
tylédons planes-convexes  ,  gros  ,  cachant 
entre  eux  la  radicule  courte  et  supère  qui 
se  lie  par  conséquent  à  eux  un  peu  plus  bas 
en  se  continuant  avec  une  gemmule  biBb- 
liée,  de  manière  qu'on  peut  les  dire  peltés. 

Les  Laurinées  sont  des  arbres  répandus 
sous  les  tropiques  dans  les  deux  hémisphè- 
res,  mais  surtout  dans  les  régions  monta- 
gneuses et  boisées.  Quelques  unes  s'avancent 
plus  au  nord,  et  notamment  le  Laurier  des 
poètes  jusqu'en  Europe.  Leurs  feuilles  sont 
alternes,  quelquefois  rapprochées  en  verti- 
cilles imparfaits,  simples,  très  entières, 
marquées  souvent  de  nervures  saillantes  en 
réseau,  coriaces,  persistantes,  quelquefois 
glanduleuses  et  ponctuées  en  dessous  ,  tou- 
jours dépourvues  de  stipules.  Leurs  fleurs 
se  groupent  en  grappes,  en  panicules,  en 
ombelles  axillaires ,  très  rarement  en  épis. 

C'est  l'écorce  de  diverses  espèces,  notam- 
mentdu  Cinnamomum  aromaticum,q\ii  four- 
nit un  épice  précieux,  la  Cannelle  ;  et  elle  doit 
sa  propriété  à  une  huile  volatile  répandue 
aussi ,  quoique  moins  abondamment,  dans 
d'autres  parties,  ainsi  que  dans  d'autres  vé- 
gétaux de  la  même  famille.  On  y  trouve 
aussi  un  autre  produit,  le  Camphre,  fourni 
surtout  par  le  Laurus  camphora  ou  Cam- 
phrier. Il  existe  concurremment  dans  le 
tissu  des  Laurinées  une  autre  huile  fixe, 
quelquefois  assez  acre  ,  mais  douce  et  très 
abondante  dans  un  des  fruits  les  plus  re- 
nommés des  tropiques,  celui  de  l'Avocatier. 

Pour  la  division  et  l'ordre  des  genres  , 
nous  suivrons,  avec  la  plupart  des  auteurs 
modernes ,  le  travail  qui  en  a  été  traité  le 
plus  récemment  et  le  plus  complètement, 
celui  de  M.  Nées  d'Esenbeck. 

genres. 

Tribu  I.  —  Cinnamomées. 

Fleurs  hermaphrodites  ou  polygames. 
Limbe  du  calice  se  désarticulant.  Glandes 
étaminiformes.  Anthères  à  4  logettes,  les 
intérieures  extrorses.  Bourgeons  incomplets. 


LÀU 


Ï.AU 


'259 


Cinnamomum,  Burm.  {  Malabathrum  , 
Burm.) 

Tribu  II.  —  Camphorées. 

Fleurs  hermaphrodites.  Limbe  du  calice 
désarticulant.  Glandes  staminiformes.  An- 
thères à  4  logettes,  les  intérieures  extrorses. 
Bourgeons  complets. 

Camphora,  Nées. 

Tribu  III.  —  Phcebées. 

Fleurs  hermaphrodites.  Limbe  du  calice 
persistant.  Glandes  staminiformes.  Anthè- 
res à  2  ou  4  loges,  les  intérieures  extrorses. 
Bourgeons  incomplets. 

Apollonias,  Nées.  —  Phœbe,  Nées. 

Tribu  IV.  —  Persées. 

Fleurs  hermaphrodites  ou  plus  rarement 
diclines.  Limbe  du  calice  persistant  ou  se 
désarticulant.  Glandes  staminiformes.  An- 
thères à  2-4  loges,  les  intérieures  extrorses. 
Pédicelles  fructifères  épaissis  et  charnus. 
Bourgeons  incomplets. 

Persea,  Gaertn.  (Gnesiopersea  et  Erio- 
daphne,  Nées).  —  Machilus,  Nées.  — Boldu, 
Feuill.  (Peumus  et  Boldus ,  Molina). — Al- 
seodaphne,  Nées. — Hufelandia  ,  Née?.  — 
Dehaasia,  Blum.  (Haasia,  Nées). 

Tribu  V.  —  Cryptocaryées. 

Fleurs  hermaphrodites.  Limbe  du  calice 
persistant  ou  se  désarticulant.  Glandes  sta- 
minales  quelquefois  nulles.  Anthères  à 
2-4  loges,  les  intérieures  extrorses.  Fruit 
sec  ou  charnu  enfermé  dans  le  tube  calici- 
nal  charnu  ou  endurci.  Bourgeons  incom- 
plets. 

Endiandra,  R.  Br. — Beilschmiedia,  Nées. 

—  Cecidodaphne,  Nées.  — Cryptocarya ,  R. 
Br.  (Gomortega  ,  R.  Pav.  — Adenoslemon , 
Pers.  —  Keulia,  Mol.)  —  Caryodaphne,  Bl. 

—  Agatophylium,  J.  (Evodia,  Gœrtn.—  Ra- 
vensara,  Sonner.)  —  Mespilodaphne,  Ntes. 

Tribu  VI.  —  Acrodiclidiées. 

Fleurs  hermaphrodites.  Limbe  du  calice 
[persistant  ou  caduc.  Glandes staminales  nul- 
les ou  dentiformes.  Anthères  presque  ses- 
siles ,  à  2  loges  s'ouvrant  au  sommet  en 
forme  de  pores,  les  intérieures  quelquefois 
extrorses.  Baie  d'abord  enveloppée  par  le 
calice,  qui,  plus  tard,  forme  autour  d'elle 
une  cupule  épaisse. 


Aydendron,  Nées  et  Mart.  —  Evonymo- 
daphne  ,  Nées.  —  Acrodiclidium ,  Nées.  — 
Misanthcca,  Schl. 

Tribu  VII.  —  Nectandrées. 

Fleurs  hermaphrodites.  Limbe  du  calice 
à  divisions  larges  et  caduques.  Glandes  den- 
tiformes. Neuf  étamines  fertiles.  Anthères 
à  4  logettes  disposées  en  arcs  vers  le  bas, 
les  intérieures  extrorses.  Baie  sur  une  cu- 
pule profonde  et  tronquée.  Bourgeons  in- 
complets. 

Neclandra,  Rottb,  (Pomatia,  Nées .—  Po- 
rostema,  Schreb.) 

Tribu  VIN.  —  Dicypelliées. 

Fleurs  dioïques  ou  polygames.  Glandes 
staminales  nulles  dans  les  mâles,  caliei- 
formes  dans  les  femelles.  Anthères  inté- 
rieures 3-6,  sessiles,  à  4  pores.  Baie.  Bour- 
geons incomplets. 

Dicypellium,  Nées  (?  Licania,  Aubl.). — 
Petalanthera,  NQes.—Pleuroihyrium,  Necs. 

Tribu  IX.  —  Oréodaphnées. 

Fleurs  dioïques  ou  polygames.  Calice 
campanule  ou  rotacé,  à  divisions  étroites, 
6-9,  quelquefois  12  étamines,  toutes  fer- 
tiles ou  les  intérieures  stériles.  Anthères 
4  logettes  superposées  par  paires,  les  inté- 
rieures extrorses.  Calice  persistant  sans 
changement  à  la  base  de  la  baie  ,  ou  l'en- 
tourant en  manière  de  cupule.  Bourgeons 
incomplets. 

Teîeiandra ,  Nées.  —  Leptodaphne ,  Nées. 
—  Ajovea,  Aubl.  (Douglassia ,  Schreb. — 
Colomandra,  Neck.  —  Ehrarâia,  Scop.  )  — 
Goepperlia ,  Nées  (Endlicheria  et  Schauera, 
Nées).  — Oreodaphne,  Nées.  —  Camphoro- 
mea,  Nées.  —  Ocotea,  Aubl.  (  Strychnoda- 
phne,  Nées).— Gymnobalanus,  Nées. 

Tribu  X.  —  Flaviflores. 

Fleurs  dioïques  ou  polygames.  Calice  en 
roue,  mince,  jaune.  9  étamines  fertiles,  pas 
de  stériles.  Anthères  à  2-4  loges,  toutes  in  - 
trorses.  Baie  sur  le  pédicelle  nu,  quelquefois 
épaissi.  Bourgeons  complets. 

Sassafras,  Nées.  —  Benzoin,  Nées. 

Tribu  XI. — Tétranthérées. 
Fleurs  dioïques.  Calice  à  divisions  dimi- 
nuées ou  nulles.  9-18  étamines  fertiles,  pas 
de  stériles. Anthères  à  4-2  loges,  toutes  ordi- 


260 


LAU 


nullement  introrses.  Baie  portée  sur  le  tube 
du  calice  étalé.  Bourgeons  incomplets.  — 
Cylicodaphne,  Nées. —  Tetranthera,  Jacq. — 
(Tomex,  Thunb.  —  Borrija,  Klein.  —  Seot- 
fera  et  Hexanthus ,  Lour.  —  Glabraria ,  L. 
—  Fiwa,  Gmel.  )  —  Polyadenia,  Nées.  — 
Laurus,  Tourn.  — Lepidadenid,  Nées. 

Tribu  XII.  —  Daphnidiées. 

Divisions  du  calice  égales,  caduques. 
9-19  étamines  fertiles,  sans  stériles.  An- 
thères à  2-4  loges  toutes  introrses.  Baie 
portée  sur  le  pédicelle  nu  ou  sur  le  tube  du 
calice  discoïde.  Bourgeons  complets. 

Dodecadenia,  Nées. — Aclinodaphne,  Nées. 
(Jojoste,  Nées)  —  Daphnidium,  Nées.  —  Lit- 
sœa,  J.  (Darwinia,  Dennst.) 

Tribu  XIII.  —  Cassythées. 

Fleurs  hermaphrodites.  Glandes  calici- 
nales  staminiformes.  9  étamines,  les  inté- 
rieures extrorses.  Caryopse  enfermé  dans  le 
calice  dont  le  tube  est  devenu  charnu.  Her- 
bes parasites,  sans  feuilles,  présentant  le 
port  de  la  Cuscute. 

Cassytha ,  L.  (Volulella ,  Forsk.  —  Calo- 
dium,  Lour.) 

Cette  dernière  tribu  est  séparée  comme 
famille  distincte  par  quelques  auteurs,  à 
cause  de  son  port  et  de  sa  végétation  tout- 
à-fait  insolites  parmi  les  Laurinées.  On 
pourrait  y  ajouter  son  habitation ,  puisque 
c'est  la  seule  qui  se  rencontre  sur  le  conti- 
nent africain  et  au  nord  de  l'Asie.  Mais  du 
reste,  l'ensemble  de  ses  caractères  ne  paraît 
pas  devoir  l'en  séparer.  (Ad.  J.) 

LAUIIOPHYLLUS,  Thunb.  bot.  ph.— 
Syn.  de  Botryceras,  Willd. 

LAURUS.  bot.  ph.  —  Voy.  laurier. 

LAUVINES.  géol.  —  Voy.  avalanches. 

LAUXANIA.  ins.  —  Genre  de  l'ordre  des 
Diptères ,  famille  des  Musciens  ,  tribu  des 
Muscides,  groupe  des  LauxaniJes,  établi  par 
Latreille,  et  généralement  adopté.  Il  est 
caractérisé  principalement  par  des  antennes 
écartées ,  à  style  velu ,  à  troisième  article 
long. 

On  n'en  connaît  encore  qu'une  seule  es- 
pèce ,  nommée  par  l'auteur  Lauxania  lu- 
pulina. 

LAUXANIDES  ou   LAUXANITES. 

Lauxanides  vel  Lauxaniles.  ins. —  Groupe 
de  la  tribu  des  Muscides ,  caractérisé  par 


LAV 

un  corps  glabre ,  assez  large;  une  tête  dé- 
primée; des  antennes  ayant  leur  troisième 
article  allongé;  des  pattes  glabres  ;  un  ab- 
domen ovalaire,  déprimé. 

Ce  groupe  renferme  trois  genres,  nom- 
més :  Lauxania,  Lonchœa,  Celyphus. 

LAVAGNON ,  Cuv.  moll Voy.   tbi- 

GONELLE  ,  d'ACÛSt. 

LAVANDE.  Lavandula  (de  lavare,  la- 
ver; plusieurs  espèces  du  genre  étant  usi- 
tées en  lotions ,  en  bains ,  etc.).  bot.  ph. — 
Genre  de  plantes  de  la  famille  des  Labiées, 
de  la  didynamie  gymnospermie ,  dans  le 
système  sexuel,  auquel  appartiennent  plu- 
sieurs espèces  intéressantes  par  leurs  ap- 
plications. Il  se  compose  de  végétaux  her- 
bacés vivaces,  de  sous-arbrisseaux  ou  de 
petits  arbrisseaux  qui  croissent  à  partir  des 
Canaries ,  en  Portugal ,  dans  les  contrées 
qui  bordent  la  Méditerranée  ,  jusqu'en 
Grèce  d'un  côté,  en  Egypte  de  l'autre;  de 
là  elles  s'étendent  jusque  dans  l'Inde,  en 
passant  par  la  Perse.  Ces  plantes  ont  leurs 
fleurs  en  faux  épis  terminaux  ,  simples  ou 
rameux  à  leur  base,  souvent  accompagnées 
de  bractées,  et  de  plus,  de  bractées  à  l'ais- 
selle desquelles  elles  se  développent  au 
nombre  de  1  à  5.  Chacune  de  ces  fleurs 
présente  un  calice  ovale  tubulé,  à  nervures 
longitudinales  ,  terminé  par  5  dents  ,  dont 
les  inférieures  sont  presque  égales  entre 
elles  ,  dont  la  supérieure  se  termine  sou- 
vent par  une  sorte  d'appendice  élargi  ;  une 
corolle  dont  le  tube  est  saillant,  la  gorge 
légèrement  renflée,  le  limbe  oblique,  bi- 
labié ,  à  5  lobes  étalés ,  presque  égaux  entre 
eux;  4  étamines  didynames,  incluses,  dé- 
clinées; un  disque  concave,  portant  à  son 
bord  des  écailles  charnues  auxquelles  sont 
adnés ,  par  leur  face  interne,  les  achaines, 
qui  sont  glabres  et  lisses. 

Les  Lavandes  forment  un  petit  groupe 
très  naturel  et  bien  distinct  des  autres  gen- 
res de  la  famille  des  Labiées.  Elles  ont  été 
l'objet  d'un  travail  monographique  deM.de 
Gingins  Lassaraz  (Hist.  nat.  des  Lavandes, 
par  le  baron  de  Gingins  Lassaraz  ,  Genève, 
in-8°,  1826).  Parmi  elles,  il  en  est  trois 
sur  lesquelles  nous  croyons  devoir  nous  ar- 
rêter quelques  instants. 

1.  Lavande  st^chas,  Lavandula  stœchas 
Linn.  Cette  espèce  forme  un  petit  sous- 
arbrisseau  de  3  ou  4  décimètres  de  hauteur, 


Î,AV 


LAV 


261 


dont  la  tige  est  ligneuse  à  sa  partie  infé- 
rieure ;  dont  les  feuilles  sont  oblongues, 
lancéolées ,  blanchâtres  ;  dont  les  fleurs 
sont  petites,  de  couleur  pourpre  foncé,  dé- 
pourvues de  bractéoles,  réunies  en  faux 
épi  serré,  quadrangulaire,  à  bractées  im- 
briquées, surmonté  d'une  touffe  de  feuilles 
florales  ovales  ,  violacées.  Ses  graines  sont 
ovales,  réticulées.  Elle  croît  abondamment 
dans  nos  départements  méditerranéens  , 
dans  les  parties  sèches  et  chaudes,  particu- 
lièrement dans  ces  vastes  surfaces  de  ter- 
rains incultes ,  peuplés  surtout  de  Cistes, 
auxquels  on  donne  le  nom  de  Garrigues. 
Elle  a  une  odeur  très  forte  et  camphrée. 
On  l'emploie  en  médecine,  notamment  dans 
les  asthmes  humides ,  dans  les  affections 
pulmonaires  avec  atonie.  Alibert  l'a  recom- 
mandée comme  un  bon  antispasmodique. 
Dans  ces  divers  cas ,  on  fait  usage  de  l'infu- 
sion théiforme  de  ses  sommités  fleuries.  On 
la  cultivequelquefois  dans  les  jardins  comme 
plante  d'ornement  ;  elle  est  alors  d'orange 
rie  dans  le  nord  de  la  France;  on  la  mul- 
tiplie de  graines  et  de  boutures. 

2.  Lavande  spic  ,  Lavandula  spica  DC. 
Cette  espèce,  vulgairement  connue  sous  les 
noms  de  Spic ,  Aspic ,  forme  un  sous-ar- 
brisseau dont  la  tige  ligneuse ,  dure  et  très 
rameuse  dans  sa  partie  inférieure,  est  nue 
dans  sa  partie  supérieure  ;  ses  feuilles  sont 
linéaires-lancéolées  ,  plus  ou  moins  élargies 
vers  le  haut,  revêtues  d'un  duvet  court  et 
blanchâtre ,  légèrement  roulées  en  dessous 
par  leurs  bords;  ses  fleurs  sont  bleues-vio- 
lacées, quelquefois  blanches;  les  bractées 
qui  les  accompagnent  sont  linéaires,  velou- 
tées ;  l'appendice  calicinal  est  rhomboïdal- 
ovale.  La  Lavande  spic  croît  dans  les  lieux 
secs  et  pierreux  du  littoral  de  la  Méditerra- 
née ;  on  la  cultive  fréquemment  dans  les 
jardins,  ainsi  que  l'espèce  suivante,  dont 
elle  a  du  reste  les  propriétés  à  un  degré  plus 
élevé;  ainsi  son  odeur  est  plus  forte  et 
moins  douce;  cette  odeur  tient  sensiblement 
de  celle  du  camphre ,  qui ,  selon  Proust ,  y 
existe  en  forte  proportion.  C'est  avec  elle 
qu'on  prépare  l'eau  spiritueuse  de  Lavande, 
et  surtout  l'huile  essentielle  de  Spic  ou  d'As- 
pic. Cette  huile  est  jaunâtre,  acre,  aroma- 
tique, douée  d'une  odeur  forte  et  péné- 
trante qui  tient  de  la  térébenthine.  Elle  est 
fabriquée  en  grand  en  Provence,  auprès 


d'Avignon  ,  et  à  Murcie  ,  en  Espagne ,  par 
les  pâtres,  qui  font  cette  opération  en  plein 
air.  Le  département  de  Yaucluse  est ,  en 
France,  le  centre  principal  de  cette  fabri- 
cation ;  il  en  exporte,  dit-on,  annuellement 
de  3  à  4,000  kilogrammes.  L'huile  de  Spic 
est  employée  dans  l'art  vétérinaire  ,  en  mé- 
decine et  pour  la  préparation  de  certains 
vernis. 

3 .  Lavande  véritable  ,  Lavandula  *  vera 
DC.  Cette  espèce ,  malgré  sa  ressemblance 
avec  la  précédente,  s'en  distingue  sans  peine 
par  ses  feuilles  non  spathulées ,  de  teinte 
plus  verdâtre  ;  par  ses  bractées  en  cœur  à 
leur  base,  acumiuées  au  sommet,  scarieu- 
ses,  plus  courtes  que  le  calice  des  fleurs, 
par  son  calice  bleuâtre  vers  son  extrémité, 
cotonneux,  dont  l'appendice  est  de  forme 
ovale.  Elle  croît  naturellement  sur  les  col- 
lines ,  dans  les  parties  montueuses  du  midi 
de  la  France  ;  elle  monte  jusqu'à  Lyon.  Elle 
est  plus  rustique  que  la  Lavande  spic  ;  aussi 
est-elle  cultivée  plus  habituellement  que 
cette  dernière  dans  les  pays  septentrionaux. 
Son  odeur  est,  du  reste,  plus  agréable  et 
moins  forte  que  celle  du  Spic,  ce  qui  la  fait 
préférer  par  les  parfumeurs.  C'est  presque 
uniquement  avec  elle  qu'on  prépare  plu- 
sieurs liquides  aromatiques  très  employés, 
tels  que  l'esprit  de  Lavande,  l'essence  de 
Lavande,  l'eau  de  Lavande,  qui  consiste 
en  uneinfusion  de  celte  plante  dans  l'alcool, 
ou,  comme  étaitcelle  de  Treinel,  la  plus  esti- 
mée de  toutes, dans  un  mélange  de  bonne  es- 
sence de  Lavande  avec  de  l'alcool  pur.  On 
prépare  encore  un  vinaigre  de  Lavande  en 
distillant  les  fleurs  fraîches  de  cette  plante 
dans  de  bon  vinaigre  puriflé.  On  fait  aussi 
une  conserve  de  Lavande  véritable;  enfin 
cette  même  espèce  entre  dans  la  composition 
de  plusieurs  médicaments ,  tels  que  le  vi- 
naigre antiseptique,  le  baume  nerval ,  etc. 
L'odeur  aromatique  des  deux  Lavandes  spic 
et  véritable ,  se  conservant  longtemps  après 
leur  dessiccation  ,  on  en  fait  des  sachets 
odoriférants;  on  en  fait  aussi  des  bottes , 
qu'on  place  dans  les  garde-robes  et  dans  les 
lieux  où  se  dégage  constamment  une  mau- 
vaise odeur,  que  la  leur  est  destinée  à  mas- 
quer. 

Considérées  en  général ,  les  diverses  es- 
pèces de  Lavandes  participent  aux  proprié- 
tés générales  des  Labiées  ;   mais  comme, 


■2>>Y 


LAV 


LAY 


■■liez  les  trois  que  nous  ayons  examinées,  le 
principe  aromatique  prédomine  sur  l'amer, 
il  en  résulte  pour  elles  les  propriétés  qui 
déterminent  leur  emploi  dans  le  plus  grand 
nombre  des  cas.  D'un  autre  côté,  le  principe 
.imer  qui  existe  chez  elles  les  rend  toniques 
et  stomachiques  ;  enCn  l'union  de  ces  deux 
principes  les  rend  fortifiantes  :  c'est  pour 
ce  dernier  motif  qu'on  les  emploie  en  bains, 
en  lotions ,  pour  ranimer  l'énergie  des  or- 
gues. (P.  D.) 

LAVANDIÈRE,  ois.  —  Nom  vulgaire 
que  l'on  donne  à  la  plupart  des  espèces  du 
genre  Bergeronnette.  (Z.  G.) 

LAVANDULA.  bot.  ph.— Vog.  lavande. 

LAVANGA,  Meisn.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
luvanga,  Hamilt. 

LAVARET.  Coregonus.  poiss.  —  Artédi 
réunissait  les  Ombres  et  les  Lavarets  sous 
la  dénomination  de  Coregonus;  Cuvier  a 
séparé  les  seconds  des  premiers  ,  et  il  leur 
a  donné  à  chacun  une  désignation  particu- 
lière ,  laissant  aux  Lavarets  exclusivement 
le  nom  de  Coregonus. 

Les  Lavarets  forment  actuellement  un 
genre  distinct  dans  l'ordre  des  Malacoptéry- 
giens  abdominaux,  famille  des  Salmonoïdes. 
Ils  ont  à  peu  près  la  même  organisation  que 
les  Truites;  ils  en  diffèrent  seulement  par 
une  bouche  très  peu  fendue  et  souvent  dé- 
pourvue de  dents;  par  leurs  écailles  qui 
sont  beaucoup  plus  grandes,  et  leur  dorsale 
moins  longue  qu'elle  n'est  haute  de  l'avant. 

Quelques  espèces  de  ce  genre  sont  assez 
répandues.  Nous  citerons  principalement  : 
le  Houtin  ou  Hautin  des  Belges  {Salmo  oxy- 
rhynchus),  remarquable  par  une  proémi- 
nence molle  qu'il  porte  au  bout  du  museau; 
ce  poisson  habite  surtout  la  mer  du  Nord  et 
la  Baltique,  où  il  poursuit  les  bandes  de  Ha- 
rengs.— La  Grande  marène  (SaZmomarœwa), 
transportée  par  ordre  du  grand  Frédéric  du 
lac  Bourget  dans  les  lacs  de  la  Poméranie, 
où  elle  s'est  abondamment  multipliée  ;  sa 
chair,  blanche,  savoureuse,  sans  aucune  pe- 
tite arête,  constitue  un  mets  très  délicat. — 
Le  Lavaret  (Salmo  Wartemanni),  indigène 
des  lacs  de  Bourget,  de  Constance,  du 
Rhin,  etc.  Son  museau  est  tronqué  au  ni- 
veau du  devant  de  la  bouche;  sa  tête  est 
moins  longue  à  proportion,  et  sa  forme  plus 
effilée.  — Le  Lavaret  nilotique  (  Coregonus 
niloticus) ,  jolie  petite  espèce,  longue  de  5 


à  6  centimètres  seulement,  et  trouvée  par 
M.  de  Joannis,  dans  le  Nil,  à  Thèbes. 

Toutes  les  espèces  de  ce  genre  sont  l'ob- 
jet d'une  pêche  assez  considérable,  à  cause 
de  la  délicatesse  de  leur  chair.  (J.) 

LAVATÈRE.  Lavatera  (  nom  propre  ). 
bot.  ph.  —Genre  de  la  famille  des  Malva- 
cées-Malvées,  établi  par  Linné(Gen.,n.  842), 
et  présentant  les  caractères  suivants  :  Invo- 
Jucelle  3-6-fide,  persistant  ou  décidu.  Ca- 
lice à  5  divisions  ;  corolle  à  5  pétales  hy- 
pogynes,  oblongs,  soudés  par  leur  base  au 
tube  staminal  :  celui-ci  dilaté  à  la  base, 
resserré  dans  la  partie  supérieure,  formant 
une  sorte  de  colonne  ;  filaments  des  étamines 
nombreux,  filiformes  ;  anthères  réniformes, 
bivalves.  Ovaires  nombreux,  uniloculaires, 
verticillés  à  la  base  du  réceptacle ,  ou  éta- 
lés à  la  partie  supérieure  en  un  disque  ar- 
rondi. Style  soudé  au  réceptacle  ;  stigmates 
nombreux,  filiformes.  Capsules  nombreuses, 
réniformes,  indéhiscentes,  monospermes. 

Les  Lavatères  sont  des  herbes ,  ou  des 
arbrisseaux,  ou  des  arbres,  croissant  dans 
presque  toute  l'Europe,  surtout  dans  la  par- 
tie occidentale.  Elles  ont  des  feuilles  alter- 
nes ,  pétiolées  ,  3-7-lobées  ou  anguleuses  ; 
les  stipules  pétiolaires  géminés;  les  fleurs 
axillaires,  solitaires,  disposées  en  grappe  ou 
en  corymbe. 

On  connaît  26  espèces  de  ce  genre  ,  que 
De  Candolle  répartit  en  4  sections  (Prodr., 
I,  428).  Endlicher  n'en  admet  que  3  {Gen. 
pi. ,  p.  980 ,  n.  5269  ),  basées  sur  l'aspect 
du  réceptacle  : 

1.  Âxolopha,  DC.  :  Réceptacle  tronqué. 
—  La  Lavatère  arborée,  Lavatera  arborea. 
Linn.,  type  de  cette  section,  a  le  port  d'un 
arbre,  avec  des  feuilles  plissées,  à  7  angles, 
des  pédicelles  axillaires  uniflores  groupés; 
des  fleurs  petites  et  de  couleur  violette.  Elle 
croît  dans  presque  toute  l'Europe,  dans 
l'Afrique  boréale  et  aux  Canaries. 

2.  Olbia ,  DC.  :  Réceptacle  conique.  — 
Dans  cette  section ,  on  remarque  la  Lava- 
tère a  feuilles  pointues,  Lavatera  olbia 
Linn.  Sa  tige  est  haute  de  1  mètre  1/2  à  2; 
ses  rameaux  portent  des  feuilles  cotonneuses 
et  blanchâtres:  les  inférieures  5-lobées,  les 
supérieures  3-lobées ,  avec  des  fleurs  soli- 
taires sessiles ,  d'une  couleur  purpurine. 
Elle  croît  en  France,  où  on  la  cultive  pour 
l'ornement  des  jardins. 


LAX 


LAZ 


263 


S.  Stegia,  DC.  :  Réceptacle  columnaire. 

—  La  Lavatère  a  grandes  fledrs,  Lavatera 
trimestris  Linn.,  est  le  représentant  de  cette 
section.  C'est  une  espèce  à  tige  herbacée,  à 
feuilles  glabres,  arrondies  en  cœur  :  les  su- 
périeures étroites.  Les  fleurs  sont  d'un  rose 
foncé ,  quelquefois  blanches ,  et  sillonnées 
de  veines  purpurines.  (J) 

LAVE  NIA,  Swartz.  bot.  ph.— Syn.  d'4- 
denostemma,  Forst. 

LAVES,  géol.  —  Voy.  volcans. 

*LAVIA.  mam. — Groupe  de  Chéiroptères 
d'après  M.  Gray(ilfa0.  zool.  et  bot.,  II, 
1838).  (E.  D.) 

L AVIGNON,  moll.  — Voy.  lavagnon, 

LUTRAIRE  et  TRIGONELLE. 

*LAVOISIERA  (nom  propre),  bot.ph. — 
Genre  de  la  famille  des  Mélastomacées-La- 
voisiérées,  établi  par  De  Candolle  (  Prodr., 
III,  102).  Arbrisseaux  du  Brésil.  Voy.  mé- 

LASTOMACÉES. 

*LAVOISÉRIÉES.  Lavoiserieœ.  bot.ph. 

—  Tribu  de  la  famille  des  Mélastomacées , 
ayant   pour  type   le   genre    Lavoisiera. 

(Ad.  J.) 

LAVRADIA  (  nom  propre),  bot.  ph.  — 

Genre  de  la  famille  des  Sauvagésiées,  établi 

par  Vellozo  (ex  Vandelli  in  Rœmer  script., 

88  ,  t.  VI ,  fig.  6).  Arbrisseaux  du  Brésil. 

Voy.  SAUVAGÉSIÉES. 

LAWSONIA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Lythrariées-Euly- 
thrariées  ,  établi  par  Linné  (Gen.,  n.  482). 
Arbrisseaux  de  l'Asie  tropicale  et  de  l'Afri- 
que boréale.  Voy.  lythrariées. 

*LAXENECERA.  ins.  —  Genre  de 
l'ordre  des  Diptères  brachocères  ,  famille 
des  Tanystomes,  tribu  des  Asiliques,  éta- 
bli par  M.  Macquart  (Dipt.  exot.  ,  t.  I, 
2e  partie,  p.  77  ),  et  principalement  carac- 
térisé par  des  antennes  à  troisième  article 
velu.  M.  Macquart  rapporte  à  ce  genre  2  es- 
pèces, qu'il  nomme  L.  flavibarbis,  albibar- 
bis,  toutes  deux  du  Bengale. 

LAXMANNIA  (nom   propre),    bot.   ph. 

—  Fisch.,  syn.  de  Coluria ,  R.  Br.  — 
Sm.,  syn.  à'Acronychia  ,  Forst.  —  Forst., 
syn.  de  Petrobium,  R.  Br.  —  Gmel.,  syn. 
de  Crucianella,  Lin.  —  Genre  de  la  famille 
des  Liliacées,  établi  par  R.  Brown  (Prodr., 
285)  pour  des  herbes  vivaces  croissant  dans 
toute  l'étendue  de  la  Nouvelle-Hollande  et 
4ans  l'île  de  Timor. 


*LAYA  ,  Hook.  et  Arnott.  bot.  ph. — 
Syn.  de  Macrotropis,  DC. 

*LAYIA.  bot.  ph. —  Genre  de  la  famille 
des  Composées  -Sénécionidées,  établi  par 
Hooker  et  Arnott  (  ad  Beechey,  148).  Her- 
bes originaires  de  la  Californie.  Voy.  com- 
posées. 

*LAZAROLUS,  Medik.  bot.  ph.— Syn. 
de  Pyrus ,  Lindl. 

LAZELITE.  min.  — Syn.:  Outremer  ;La- 
pis-Lazuli  ;  Pierre  d'azur  ;  Lazurstein,W. — 
Substance  minérale  d'un  bleu  d'azur,  ap- 
partenant à  l'ordre  des  Silicates  alumineux, 
opaque,  fusible  en  verre  blanc,  et  soluble 
dans  les  acides  en  perdant  sa  couleur.  Elle 
est  disséminée  sous  forme  de  cristaux  ou  de 
grains,  ou  en  veines  dans  les  terrains  gra- 
nitiques, et  particulièrement  au  milieu  des 
calcaires  grenus  en  Sibérie,  et  dans  plusieurs 
parties  de  l'Asie  centrale.  Elle  cristallise  en 
dodécaèdres  rhomboïdaux,  et,  par  sa  cris- 
tallisation comme  par  sa  composition  chi- 
mique ,  elle  paraît  avoir  les  plus  grandes 
analogies  avec  la  Hatiyne.  Elle  est  formée 
de  Silice,  d'Alumine,  de  Soude  et  de  Chaux, 
et  l'analyse  a  donné  de  plus  quelques  cen- 
tièmes d'acide  sulfurique;  on  attribue  sa 
coloration  à  une  petite  quantité  d'un  sul- 
fure métallique,  dont  la  décomposition  au- 
rait lieu  par  l'action  des  acides;  et  la  chi- 
mie est  parvenue  à  obtenir  de  l'Outremer 
artificiel ,  dont  la  teinte  rivalise  avec  celle 
du  minéral  dont  il  s'agit. 

Le  Lazulite  est  souvent  entremêlé  de  vei- 
nes blanches  de  calcaire,  et  parsemé  de 
veinules  de  pyrite.  Lorsqu'il  est  d'un  beau 
bleu,  et  exempt  de  taches  blanches,  il  est 
recherché  parles  lapidaires,  qui  en  font 
des  coupes,  des  tabatières  ,  ou  des  plaques 
d'ornement  ;  mais  son  principal  usage  est 
de  fournir  à  la  peinture  cette  belle  cou- 
leur bleue ,  connue  sous  le  nom  d'Outre- 
mer, et  qui  est  remarquable  par  son  inal- 
térabilité. Pour  la  préparer  ,  on  broie  la 
pierre;  on  mêle  sa  poussière  avec  de  la  ré-> 
sine  pour  en  former  une  pâte  ;  puis ,  à 
l'aide  de  lavages,  on  extrait  de  ce  mélange: 
une  poudre  fine,  qui,  étant  séchée,  donn.; 
l'Outre-mer. 

Sous  le  nom  de  Lazulith ,  les  Allemands 
désignent  une  autre  pierre  bleue,  la  Kla- 
prothite,  qui  est  un  phosphate  d'Alumine  et 
de  Magnésie.  Voy.  klaprothite.        (Del.) 


264 


LEB 


LEC 


LEACHIA.crust.— Syn.d'Arcturus.Voy. 
ce  mot.  (H.  L.) 

LE.4EBA,  Forsk.  bot.  ph.— -Syn.  deCoc- 
culus,  DC. 

LE  A IV  DR  A  (nom  propre),  bot.  ph. — 
Genre  de  la  famille  des  Mélastomacées-Mi- 
coniées ,  établi  par  Raddi  (  in  Mem.  Soc. 
ital. ,  1820  ,  p.  6).  Arbrisseaux  du  Brésil. 

Voy.  MÉLASTOMACÉES. 

*LEATHESIA.  bot.  cr.  —  Genre  de  la 
grande  famiHe  des  Phycées,  tribu  des  Chor- 
dariées,  établi  par  Gray  (Brit.  plant. ,  I , 
301  ).  Algues  marines.  Voy.  chordariées  et 

PHYCÉES. 

*LEAVENWORTHIA  (nom propre). bot. 
ph.  —  Genre  de  la  famille  des  Crucifères- 
Arabidées,  établi  par  Torrey  (in  Annal. 
Lyc.  New-York,  111,  87  ,  t.  5).  Herbes  de 
l'Amérique  boréale.  Voy.  crucifères. 

LEBEGKIA  (nom  propre),  bot.  ph. — 
Genre  de  la  famille  des  Papilionacées-Lo- 
tées,  établi  par  Thunberg  (  Prodr.,  2).  Ar- 
brisseaux du  Cap. 

Ce  genre  renferme  11  espèces ,  réparties 
par  Walpers  (in  Linnœa,  XIII,  476)  en 
4  sections,  qu'il  nomme:  Phyllodium,  Phyl- 
lodiastrum,  CalobotaetAcanthobotrya.  Voy. 

PAPILTONACÉES. 

LEBERKISE,  Beud.  min. —  Syn.  de 
Pyrite  magnétique,  espèce  de  Fer  sulfuré. 
Voy.  FER. 

LÉBÉROPAL.  min.  —  Syn.  de  Ménilite. 

*LEBETANTHUS  (^yjç,  urne;  âv6oç, 
fleur),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
ÉpacridéesÉpacrées ,  établi  par  Endlicher 
(Gen.  plant,  suppl.,  t.  I,  p.  1411,  n.  4283). 
Arbrisseaux    de    l'Amérique    antarctique. 

Voy.  ÉPACR1DÉES. 

LEBETINA  (Wriov,  petite  urne),  bot. 
ph.  — Genre  de  la  famille  des  Composées- 
Sénécionidées ,  établi  par  Cassini  (in  Dict. 
se.  nat.,  XXV,  394  ;  LIX ,  68).  Herbes  de 
l'Amérique.  Voy.  composées. 

LEBIA  (  XéSr^?  urne),  ins.  —  Genre  de 
Coléoptères  pentamères ,  famille  des  Ca- 
râbiques,  tribu  des  Troncatipennes,  créé 
par  La  treille  (Gen.  Crust.  et  Insect.,  I,  191) 
et  adopté  par  Dejean.  Le  nombre  des  espèces 
décrites  et  rapportées  à  ce  genre  s'élève  à 
plus  de  160.  Quelques  unes  ont  donné  lieu 
à  l'établissement  des  genres  Lamprias,  Lia 
(Lhelonodema),  qui  n'ont  pas  été  reconnus 
par  le  dernier  de  ces  auteurs.  Mais  ces  gen- 


res devront  nécessairement,  par  suite,  être 
admis,  lorsqu'on  aura  étudié  avec  plus  de 
soin  l'organisation  de  ces  petits  Insectes,  qui 
tous  sont  ornés  de  couleurs  variées  et  bril- 
lantes. Nous  citerons ,  parmi  les  espèces  de 
France,  les  Lebiapubipenni;  (qui  est  réelle- 
ment distincte  de  la  L.  falvicolus  de  Fab., 
espèce  d'Algérie)  de  Léon  Dufour,  Crux 
minor,  turcica,  hœmorrhoidalis  de  Fab., 
cyathigera  Rossi,  nigripes,  maculata  et  hu- 
rneralis  de  Dejean.  Les  vraies  Lebia  habitent 
sous  les  écorces  ;  elles  ont  le  pénultième 
article  des  tarses  bilobé;  leurs  élytres  sont 
en  carré  long.  (C.) 

LEBIA,  Less.  ois.  —  Genre  de  la  sous- 
famille  des  Trochilinées.  Voy.  ce  motet  co- 
libri. (Z.  G.) 

LEBIAS.  potss.  —  Genre  de  l'ordre  des 
Malacoptérygiens  abdominaux  ,  famille  des 
Cyprinoïdes,  établi  par  G.  Cuvier  (Règn. 
anim.,  t.  II,  p.  280).  Ces  Poissons  ressem- 
blent beaucoup  aux  Pœcilies,  si  ce  n'est  que 
leurs  dents,  non  seulement  sont  très  fines, 
mais  sont  encore  dentelées. 

On  ne  connaît  qu'une  seule  espèce  de  ce 
genre,  la  Pœcilia  calaritana  Bonn.,  qui  vit 
sur  les  côtes  de  la  Sardaigne.  C'est  un  très 
petit  poisson  marqué  de  petites  raies  noirâ- 
tres sur  les  flancs. 

*LÉBIITES.  Lebules.  ins.  —  Tribu  de 
l'ordre  des  Coléoptères,  de  la  famille  des 
Carabiques,  formée  par  de  Castelnau  (  Hisl. 
nat.  des  anim.  articulés,  1. 1,  p.  41).  L'au- 
teur lui  donne  pour  caractères  :  Tête  non 
rétrécie  en  arrière  en  forme  de  coji  ;  crochets 
des  tarses  dentelés  en  dessous  ;  palpes  labiaux 
à  dernier  article  non  sécuriforme.  Cette 
tribu  renferme  les  genres:  Onypterygia, 
Demelrias,  Dromius,  Lebia,  Coptodera, 
Orthogonius  et  Hexagonia.  (C.) 

LECANACTIS  (Aexavvj,  bassin;  oéxti's, 
rayon),  bot.  ph.  —  Genre  de  Lichens,  de  la 
tribu  des  Graphidées,  établi  par  Eschwei- 
ler  (Syst.,  14,  f.  7).  Lichens  croissant  sur 
les  écorces  des  arbres,  rarement  sur  les  ro- 
chers. Voy.  graphidées  et  lichens. 

LECANANTTÎUS  (hxdvn,  bassin;  Sy- 
Goç,  fleur),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Rubiacées  (tribu  incertaine),  établi  par 
Jack  (  in  Malay.  mise,  II).  Arbrisseaux  tfe 
l'Inde.  Voy.  rdbiacées. 

*LECANE.  helm.— Genre  de  Vers  tré- 
matodes  signalé  par  Nitzsch.         (P.  G.) 


LEG 


LÈG 


265 


•UËCANIA  (Xcxsvmv,  petit  bassin),  ins. — 
Genre  de  Tordre  des  Diptères  brachocères, 
famille  des  Tanystomes,  tribu  des  Asiliques, 
établi  par  M.  Macquart  (  Dipt.  exot.,  t.  I, 
2e  partie,  p.  131),  et  distingué  surtout  par 
des  antennes  à  style  très  long  ,  terminé  en 
palette. 

Il  renferme  2  espèces,  nommées  par  l'au- 
teur L.  rufipes  et  femorata.  La  première  est 
du  Brésil  ;  on  ignore  la  patrie  de  la  seconde. 
*LECAIVIUM  (>sxav:ov,  petit  bassin),  ins. 
—Genre  de  la  tribu  des  Cocciniens,  de  Tor- 
dre des  Hémiptères,  section  des  Homoptères, 
établi  par  Illiger  aux  dépens  des  Chermès 
de  Linné,  et  adopté  par  la  plupart  des  ento- 
mologistes. Les  Lecanium  paraissent  différer 
très  peu  des  Cochenilles  proprement  dites. 
Le  corps  des  femelles  est  plus  aplati,  et  ses 
anneaux  demeurent  distincts,  même  après 
la  ponte.  Ce  genre  renferme  un  assez  grand 
nombre  d'espèces,  vivant  sur  divers  végé- 
taux. On  doit  en  considérer  comme  le  type 
Tespèce  désignée  dans  le  commerce  sous  le 
nom  de  Kermès ,  et  dont  on  s'est  servi  pen- 
dant longtemps  pour  la  teinture  en  cra- 
moisi :  c'est  la  Cochenille  du  Chêne  vert  (L. 
iîicis,  Coccusilicis  Lin.),  qui  vit  sur  les  Chê- 
nes de  l'Europe  méridionale ,  Quercus  coc 
cifera.  Voyez  notre  article  cochenille. 

Parmi  les  Lecanium  les  plus  répandus,  on 
compte  encore  les  L.  hesperidum  Lin. ,  vi- 
vant sur  les  Myrtes,  les  Orangers,  les  Citron- 
niers ;  L.  persicœ  Schrank ,  vivant  sur  les 
Pêchers  (  Amygdalus  persica  )  ;  L.  coryli 
Lin.,  vivant  sur  les  Coudriers  (Corylus  stel- 
lana),  etc.  Voy.  aussi  Tart.  kermès.  (Bl.) 
LECANOCARPES  (Uxxv*,  bassin  ;  xaP- 
tto'ç,  fruit),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Chénopodées  (  Atriplicées)-Kochiées , 
établi  par  Nées  {Amœnit.  Bonn.,  II,  4,  t.  2). 
Herbes  du  Népaul.  Voy.  atriplicées. 

*LÉC  ANOCÉPH  ALE  .LecanocephalusÇ)  t- 
xk'vï)  ,  patelle,  capsule;  xv-pc/.).-^ ,  tête),  helm. 
—  Genre  d'Helminthes  nématoïdes,  institué 
par  M.  Diesing  dans  les  Ann.  du  Mus.  de 
Vienne,  pour  un  Ver  long  de  18  à  27  mil- 
limètres ,  et  large  de  2m,25  environ,  vivant 
dans  l'estomac  d'un  poisson  du  Brésil  (  Su- 
rfis gigas).  Les  Lécanocéphales  sont  des  Ver? 
à  corps  cylindrique,  oblus  en  avant,  acu- 
rniné  en  arrière,  tout  couvert  de  petites 
épines  simples  en  séries  transverses;  leur 
tète,  en  forme  de  patelle  ,  avec  trois  angles 
t.  VII. 


obtus  peu  marqués ,  est  séparée  du  corps 
par  un  léger  étranglement,  et  la  bouche  est 
munie  de  trois  lèvres  ;  le  mâle  a  la  queue 
infléchie  en  crochet ,  et  porte  deux  spicules 
égaux  ;  la  femelle  a  sa  queue  droite  et  su- 
bulée.  (Duj.) 

*LECANOPTERIS  (Wvv),  bassin  ;  ^tc- 
pt'ç,  fougère),  bot.  cr.  —  Genre  de  Fougères 
Polypodiacées ,  établi  par  Reinwardt  (in 
Flora,  1825).  Fougères  de  Java.  Voy.  fou- 
gères et  polypodiacées. 

LECANOPUS.  bot.  ph.  —  Faute  typo- 
graphique. Voy.  LECANOCARPUS. 

LECANORA.  bot.  cr.  —  Achar.,  syn.  de 
Parmelia,  Fr.  —  Reich.,  syn.  de  Lecanactis, 
Eschw. 

*LECANOTïS.  bot.  cr.— Genre  de  Li- 
chens de  la  tribu  des  Graphidées,  établi  par 
Eschweiler  (  Syst. ,  14 ,  f.  7  )  pour  des  Li- 
chens croissant  sur  les  écorces  d'arbres,  ra- 
rement sur  les  rochers.  Voy.  lichens  et  gra- 
phidées. 

LECHE  A.  bot. ph. — Cass.,  syn.  de  Coreop* 
sis,  Linn.  —  Genre  de  la  famille  des  Cis- 
tinées,  établi  par  Linné  (Gen.,  n.  142).  Her- 
bes vivaces  de  l'Amérique  boréale.  On  en 
connaît  6  espèces  réparties  en  2  sections, 
nommées  par  M.  Spach  {in  Bot.  mag.  comp., 
II,  282  et  286  )  Lechea  et  Lecheoides.  Voy. 

C1STINÉES. 

LECHE\AIJLTIA  (nom  propre),  bot. 
ph.  —  Genre  de  la  famille  des  Goodénfa- 
cées  -  Goodéniées  ,  établi  par  R.  Brown 
(Prodr.,  581).  Arbrisseaux  de  la  Nouvelle- 
Hollande.   Voy.  GOODÉNIACÉES. 

*LECHIDIUM  ,  Spach.  bot.  ph.—  Syn. 
de  Lechea,  Linn. 

*LECHRIOPS  O'xp'oç,  oblique;  aty,œil). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  tétramères,  fa- 
mille des  Curculionides  gonatocères,  division 
des  Apostasimérides  cryptorhynchides,  créé 
par  Schœnherr  (Disp.  method.,  p.  306;  Gen. 
et  sp.  Curcul.  t.  IV,  p.  261-8),  et  qui  ne  ren- 
ferme qu'une  espèce  :  le  L.  sciurus  Fab.,  ori- 
ginaire de  l'Amérique  méridionale.    (C.) 

EECIDEA  ().£xc?,  plat),  bot.  cr.— Genre 
de  Lichens  hyménothalames,  tribu  des  Lé- 
cidinées,  établi  par  Acharius  {Synops.,  32). 
Lichens  croissant  sur  les  arbres  et  les  ro- 
chers. Voy.  LICHENS. 

LÉC1DIISÉES.  Lecidineœ.  bot.  cr.  — 
Tribu  de  la  grande  famille  des  Lichens. 
Voy.  ce  mot. 


26ô 


LED 


LED 


*JLECOKIA  (  nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Ombellifères-Smyr- 
nées,  établi  par  De  Candolle  (Afe'm.,  V,  67, 
t.  2).  Herbes  vivaces  de  l'île  de  Crète.  Voy. 

OMBELLIFÈRES. 

*LECO\'TEA  (  nom  propre),  dot.  ru. 
—  Genre  de  la  famille  des  Rubiacées-Pae- 
dériées  ,  établi  par  A.  Richard  (in  M  cm. 
Soc.  h.  ».  Paris,  V,  195,  t.  20,  f.  1,2). 
Arbrisseaux  de  Madagascar.  Voy.  rubia- 
cées. 

*LECOSTEMON  (a«oS,  plat;  <jtijj*«v, 
filament),  bot.  ph.  — Genre  dont  la  place, 
dans  la  méthode ,  n'est  pas  encore  fixée  ; 
Endlicher  le  rapproche  desChrysobalanées, 
mais  avec  doute.  Il  a  été  établi  par  Moçino 
etSessé  (Flor.  mexic.)  pour  des  arbrisseaux 
du  Mexique. 

*LECTICOLES.  Leclicolœ.  ins.— 
MM.  Amyot  et  Serville  nomment  ainsi  un 
groupe  ne  renfermant  que  le  genre  Punaise 
(Cimex)  :  c'est  le  groupe  desCimites  pour  les 
autres  entomologistes.  (Bl.) 

LÉCYTHÏDÉES.  Lecythideœ.  bot.  ph.— 
Le  groupe  des  Myrtacées  en  contient  plu- 
sieurs secondaires ,  considérés  par  les  uns 
comme  de  simples  tribus ,  par  les  autres 
comme  des  familles  distinctes;  et  parmi 
celles-ci  serait  celle  des  Lécythidées,  que 
nous  traiterons  avec  le  groupe  général  au- 
quel elles  se  rapportent,  quel  quesoitle  nom 
qu'on  lui  donne.  Voy.  myrtacées.    (Ad.  J.) 

LECYTHIS  (HxvQoç,  flacon),  bot.  ph.— 
Genre  de  la  famille  des  Myrtacées  (Lécythi- 
dées), établi  par  Lceffling  (/*.,  189).  Arbres 
ou  arbrisseaux  de  l'Amérique  tropicale.  Les 
fruits  du  Lecylhis,  durs  et  volumineux,  ser- 
vent aux  indigènes  délasses  et  de  vases  qu'on 
Appelle  marmites  de  Singes. 

♦LECYTHOPSIS,  Schr.  bot.  ph.— Syn. 
de  Couratari,  Aubl. 

LEDA  (  nom  mythologique  ).  moll.  — 
Parmi  les  Nucules,  on  en  remarque  quel- 
ques unes  qui,  au  lieu  d'avoir  le  liga- 
ment dans  des  cuillerons  intérieurs  ,  ont 
cette  partie  fixée  au  dehors  dans  une  petite 
fossette  triangulaire,  assez  semblable  à  celle 
de  quelques  Pétoncles.  Ces  espèces,  dont 
YArcà  rostrata  de  Chemnitz  peut  donner 
une  idée,  sont  devenues  pour  M.  Schu- 
macher le  type  d'un  nouveau  genre,  au- 
quel il  a  imposé  le  nom  de  Leda.  Dans 
notre  opinion,  ce  g.  n'a  point  de  caractères 


suffisants ,  et  doit  rentrer  dans  les  Nucules 
à  titre  de  section.  Voy.  nucule.     (Desh.) 
*LEDEBOURIA  (nom  propre),  bot.  ph. 

—  Genre  de  la  famille  des  Mélanthacées- 
Vératrées,  établi 'par  Roth  (Nov.  sp.,  195). 
Herbes  des  Indes  orientales.  Voy.  mélan- 

THACÉES. 

*LÉDÉRÉRITE,  Jackson. min.— Sorte  de 
Zéolithe,  trouvée  au  cap  Blomidon,  dans  la 
Nouvelle-Ecosse,  et  qui  n'est  probablement 
qu'une  variété  de  la  Gmélinite.     (Del.) 

*LÉDOCARPÉES.  Ledocarpeœ.  bot.  ph. 

—  Le  genre  Ledocarpum  se  rapproche  des 
Géraniacées  (voy.  ce  mot)  par  plusieurs  ca- 
ractères, mais  s'en  éloigne  assez  par  d'autres 
pour  que,  tout  en  le  laissant  à  la  suite ,  on 
ait  cru  devoir  le  considérer  comme  le  type 
d'une  famille  à  établir  plus  tard  si  l'on 
trouve  d'autres  genres  qui  viennent  se  grou- 
per autour  de  lui.  Ce  sera  celle  des  Lédo- 
carpées.  (Ad.  J.) 

LEDOCARPON  (ledum  ,  lédon  ;  xapitoç, 
fruit),  bot.  ph. — Genre  de  la  petite  famille 
des  Lédocarpées,  détachée  par  Endlicher 
des  Géraniacées.  Il  a  été  établi  par  Desfon- 
taines (in  Mem.  Mus.,  IV,  250)  pour  des 
sous-arbrisseaux  du  Pérou  et  du  Chili. Voy. 
lédocarfées  et  géraniacées. 

LÉDON.  Ledum.  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Éricacées-Rhododendrées,  établi 
par  Linné  (Gen.,  n.  546),  et  présentant 
pour  caractères  principaux  :  Calice  5-denté. 
Corolle  à  5  pétales  hypogynes ,  très  déve- 
loppés. Étamines  10,  ou  rarement  5,  hypo- 
gynes. Ovaire  5-loculaire,  à  loges  multi- 
ovulées.  Style  simple;  stigmate  annelé , 
formant  un  disque  5-radié.  Les  Lédons 
sont  des  arbustes  des  régions  marécageuses 
de  l'hémisphère  boréal,  à  feuilles  alternes, 
coriaces,  linéaires  ou  elliptiques,  tomen- 
teuses  et  d'une  couleur  de  rouille  en  des- 
sous; à  fleurs  blanches,  terminales,  dispo- 
sées en  ombelle. 

On  ne  connaît  que  2  espèces  de  ce  genre  : 

les  LÉDONS  A  FEUILLES  ÉTROITES  et  A  LARGES 

feuilles,  L.  palustre  et  latifolium  Linn .  On 
les  cultive  en  pleine  terre,  dans  les  lieux 
frais  et  humides.  Leurs  feuilles  sont  quel- 
quefois employées  comme  infusion  astrin- 
gente et  aromatique,  ce  qui  a  valu  à  ces 
plantes  le  nom  vulgaire  de  Thé  du  Labra- 
dor. Le  Labrador  est  le  pays  où  elles  crois- 
sent le  plus  abondamment. 


LEG 


LEG 


267 


LEDRA.  ins.  —  Genre  de  la  famille  des 
Cereopides,  de  l'ordre  des  Hémiptères,  sec- 
tion des  Homoptères ,  établi  par  Fabricius 
et  adopté  par  tous  les  entomologistes.  Les 
Ledra  se  font  remarquer  par  leur  tête  ex- 
trêmement large,  avancée  et  arrondie  ;  par 
leurs  ocelles  rapprochées  sur  le  vertex;  leurs 
jambes  postérieures  ciliées ,  etc. 

On  connaît  urr  très  petit  nombre  d'espè- 
ces de  ce  genre.  Le  type ,  la  Ledra  aurita 
Lin. ,  Fabr. ,  se  rencontre  sur  les  Chênes , 
les  Coudriers,  etc.  Nous  en  avons  décrit 
(Hist.  des  anim.  art. ,  Ins. ,  t.  III)  deux  autres  : 
l'une  de  Madagascar,  L.  marmorata;  l'autre 
de  la  Tasmanie,  L.  giadiata.  MM.  Amyot 
et  Serv.  (Ins.  hémipt.,  p.  577)  en  ont  men- 
tionné une  quatrième  de  l'Amérique  du 
Nord  ,  L.  perdita.  (Bl.) 

LEDUM.  bot.  ph.  —  Voy.  lédon. 

LEEA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Ampélidées-Lééacées,  établi  par  Linné 
[Mantiss.,  124).  Sous-arbrisseaux  ou  arbris- 
seaux de  l'Asie  tropicale  et  du  cap  de  Bonne- 
Espérance.  Voy.  ÀMPÉLIDÉES. 

LÉÉACÉES.  Leeaceœ.  bot.  ph.  —  Sous 
ce  nom  ou  sous  celui  d'Aquiliciées  on  con- 
naît une  tribu  de  la  famille  des  Ampéli- 
dées.  Voy.  ce  mot.  (Ad.  J.) 

LÉÉLITE ,  Clarke.  min.  —  Minéral  de 
couleur  rouge,  qui  pourrait  bien  n'être  qu'un 
Feldspath  impur,  et  qu'on  a  trouvé  à  Gry- 
phytta,  en  Westmannie.  (Del.) 

LEERSIA,  Hedw.  bot.  cr.— Syn.  de  Cos- 
cinodon,  Spreng.,  et  Eucalypta,  Hedw. 

LEERSIA  (nom  propre),  bot.  th. — 
Genre  de  la  famille  des  Graminées-Oryzées, 
établi  par  Solander  (Msc).  Gramens  abon- 
dants dans  l'Amérique  tropicale,  très  rares 
dans  l'Europe.  Voy.  graminées. 

*LEEUWENHOECKIA,  E.  Meg.  bot.  ph. 
—  Syn.  de  Xeropelalum,  Del. 

*LEGGADA.mam.—  Nom  donné  parGray 
à  une  subdivision  du  grand  genre  Rat.  Voy. 
ce  mot.  (E.  D.) 

LEGNOTIS,  Sw.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Cassipourea,  Aubl. 

LÉGUME  ou  GOUSSE,  bot.  ph.  —  Voy. 

FRUIT. 

*LÉGUMINAIRE.Ie0ummana.MOLL.— 
Le  g.  Solen,  tel  qu'il  a  été  institué  par 
Linné  et  réformé  par  Lamarck ,  contient 
plusieurs  groupes  d'espèces  bien  distinctes. 
M.  Schumacher  a  élevé  ces  divers  groupes 


au  titre  de  genre ,  et  pour  ce  naturaliste , 
le  g.  Solen  est  réduit  aux  seules  espèces 
dont  la  charnière  est  tout-à-fait  terminale. 
Le  Solen  legumcn,  dont  la  charnière  est  mé- 
diane, est  devenu  pour  lui  le  type  d'un 
g.  nouveau  ;  mais,  d'après  les  observations 
nombreuses  sur  l'animal  de  cette  espèce, 
celle-ci  ne  saurait  être  séparée  du  g.  Solen 
auquel  nous  renvoyons.  (Desu.) 

LÉGUMINEUSES.  Leguminosœ .  bot.  ph. 
—  Le  vaste  groupe  de  plantes  ainsi  nommé 
forme  plutôt  une  classe  qu'une  de  ces  as- 
sociations qu'on  est  convenu  de  désigner 
sous  un  nom  moins  général ,  et  les  affinités 
qui  rapprochent  la  plupart  de  ses  genres 
sont  tellement  évidentes  qu'elles  n'ont  pas 
échappé  à  la  plupart  des  classificateurs,  et 
que  presque  tous  les  systèmes,  soit  natu- 
rels ,  soit  même  artificiels ,  nous  les  mon- 
trent réunis  pour  la  plus  grande  partie.  Les 
Papilionacées  de  Tournefort,  les  Genislœ  d'A- 
danson,  sans  citer  tous  les  autres  auteurs 
qui  les  ont  rapprochés  sous  d'autres  noms, 
nous  en  offrent  des  exemples.  A.-L.  de  Jus- 
sieu ,  tant  dans  les  noms  qu'il  assigna  aux 
familles  de  son  oncle  Bernard  que  dans  son 
propre  ouvrage,  leur  donna  celui  de  Légu- 
mineuses ,  emprunté  à  l'un  des  caractères 
les  plus  importants  du  groupe,  celui  qui  se 
tire  du  fruit;  et  il  a  été  presque  unanime- 
ment adopté,  quoique  plus  récemment,  et 
pour  se  conformer  à  la  règle  établie,  on  en 
ait  proposé  quelques  autres  ,  comme  celui 
de  Fabacées.  Ce  changement  est  devenu,  au 
reste  ,  peu  important  aujourd'hui  qu'on  est 
convenu  de  partager  le  groupe  en  plusieurs, 
dont  chacun  en  particulier  porte  un  nom 
tiré  d'un  de  ses  principaux  genres ,  et  que 
celui  de  chacune  de  ces  familles  se  trouve 
ainsi  rentrer  dans  la  loi  générale. 

La  grande  majorité  des  plantes  que  com- 
prend la  totalité  du  groupe  appartient  aux 
Dicotylédonées  polypétales  périgynes,  et  à 
ces  caractères  viennent  se  joindre:  un  calice 
libre ,  à  préfloraison  le  plus  ordinairement 
imbriquée;  des  pétales  en  nombre  égal  aux 
divisions  calicinales ,  alternant  avec  elles, 
inégaux  entre  eux  et  imbriqués,  ou  égaux 
et  valvaires ,  plus  rarement  réduits  en  nom- 
bre ,  ou  même  quelquefois  manquant  tout- 
à-fait  ;  des  étamines  en  nombre  double  ou 
indéfini  ;  un  carpelle  unique  qui  devient 
plus  tard  une  gousse  ou  un  fruit  lomentacé, 


«68 


LEG 


,  graines  presque  constamment  dépourvues 
de  périsperme,  dont  l'embryon  est  droit  ou 
courbé;  une  tige  herbacée,  frutescente  ou 
arborescente;  des  feuilles  alternes,  presque 
toujours  composées ,  constamment  accom- 
pagnées de  stipules. 

On  a  proposé  à  diverses  époques  diverses 
divisions  ;  nous  nous  arrêterons  aux  plus 
modernes,  les  trois  qu'on  a  appelées  Papi- 
lionacées,  Cœsalpiniées  et  Mimosées ,  dont 
îious  exposerons  les  caractères  avec  quelques 
détails  en  traçant  aussi  ceux  des  tribus. 
Pour  les  sous-tribus ,  nous  nous  contente- 
rons de  les  nommer,  de  peur  de  trop  allon- 
ger cet  article. 

I.  PAPILIONACÉES.  PAPILIONACEM. 

Calice  monophylle  à  cinq  divisions  égales 
ou  inégales ,  et ,  dans  ce  cas  ,  groupées  sou- 
vent en  deux  lèvres ,  la  supérieure  de  trois, 
l'inférieure  de  deux  parties.  Pétales  presque 
constamment  au  complet,  c'est-à-dire  au 
nombre  de  cinq  ,  insérés  sur  une  lame  qui 
tapisse  le  fond  du  calice,  et  le  plus  souvent 
ia  paroi  de  son  tube  à  une  hauteur  plus  ou 
moins  grande  ;  un  supérieur,  c'est-à-dire 
tourné  du  côté  de  l'axe,  plus  grand  et  ordi- 
nairement plié  sur  lui-même,  embrassant 
les  quatre  autres  :  on  le  nomme  Yéi&ndard 
{uexillum);  deux  latéraux  qu'on  appelle  les 
ailes  (alœ)  recouvrant  eux-mêmes  les  deux 
suférieurs,  qui,  rapprochés  et  souvent  même 
soudés  par  leurs  bords,  forment  par  leur 
réunion  une  pièce  en  forme  de  nacelle,  la 
carène  (carina).  Étamines  insérées  avec  les 
pétales  ,  en  nombre  ordinairement  double  , 
rarement  moindre  par  avortement,  à  an- 
thères introrses  ,  biloculaires  ,  à  filets  libres 
ou  plus  souvent  soudés  en  un  tube  ,  ou  en- 
tier, ou  fendu,  rarement  en  deux  moitiés 
symétriques,  ordinairement  par  une  seule 
Tente  du  côté  externe  où  la  dixième  éta- 
rnine  se  montre  détachée  des  neuf  autres 
réunies  :  de  là  l'association  de  la  plupart 
des  genres  dans  la  classe  de  la  Diadelphie 
du  système  linnéen.  Ovaire  lisse,  sessile  ou 
siipité ,  formé  d'une  seule  feuille  carpellaire 
qui  tourne  sa  suture  du  côté  de  l'axe,  et,  à 
l'intérieur,  offre  des  ovules  ordinairement 
disposés  sur  double  rang  en  nombre  plus  ou 
ïnoins  grand,  quelquefois  fort  réduit  et 
même,  rarement,  à  l'unité,  anatropes  ou 
plus  communément  campulitropes. 


LKG 

Une  gousse  ou  légume,  tantôt  entièrement 
d'accord  avec  la  définition  qu'on  donne  de 
cette  modification  du  fruit,  tantôt  interrom- 
pue à  l'intérieur,  entre  les  graines,  par  des 
replis  qui  séparent  la  loge  en  autant  de  lo- 
gettes  qu'il  y  a  de  graines,  tantôt  enfin ,  se 
coupant  à  la  maturité,  à  chacun  de  ces  replis, 
en  autant  d'articles  séparés  et  indéhiscents, 
de  manière  à  former  un  fruit  lomentacé  (lo- 
mentum),  très  rarement  indéhiscente  en  to- 
talité et  alors  polysperme  ou  monosperme, 
et  présentant  alors  une  transition  au  fruit 
de  certaines  Rosacées.  Graines  plus  ou  moins 
réniformes,  portées  par  un  funicule  plus  ou 
moins  distinct,  quelquefois  dilaté  en  caron- 
cule vers  le  point  d'attache,  à  tégument  dou- 
ble ,  l'extérieur  lisse,  l'intérieur  membra- 
neux ou  quelquefois  gonflé,  au  point  même 
de  simuler  un  périsperme,  et  au  dedans  un 
embryon  ordinairementeourbé,  droit  rare- 
ment, et  seulement  dans  les  derniers  genres 
qui  forment  ainsi  le  passage  à  la  famille  sui- 
vante, à  cotylédons  plus  ou  moins  épais,  s'é- 
levant,  dans  la  germination,  au-dessus  delà 
terre  en  expansion  foliacée,  ou  restant  ca- 
chés au-dessous  et  charnus.  Feuilles  oppo- 
sées au-dessus  des  cotylédons,  puis  alternes, 
pennées  avec  ou  sans  impaire,  trifoliées  lors- 
qu'elles sont  dans  le  premier  cas  réduites  à 
une  paire  unique,  unifoliées  lorsque,  dans  le 
second,  toutes  les  paires  latérales  avortent , 
quelquefois  même  manquant  toutes  et 
remplacées  par  le  pétiole  métamorphosé  en 
vrille,  métamorphose  assez  fréquente  dans 
tous  les  cas.  Stipules  plus  ou  moins  déve- 
loppées, souvent  foliacées,  quelquefois  spi- 
niformes,  persistantes  ou  caduques.  Quel- 
quefois aussi  des  stipelles  à  l'origine  des  fo- 
lioles. Fleurs  de  couleurs  variées  ,  en  épis, 
grappes  ou  capitules,  plus  rarement  pani- 
culées  ou  solitaires,  nues  ou  munies  d'une 
bractée  à  la  base  du  pédicelle,  et  souvent 
aussi  de  deux  bractéoles  opposées  immédia- 
tement au-dessous  du  calice. 

GENRES. 

Tribu  I.  —  Podalyriées. 

Dix  étamines  libres.  Légume  bivalve,  très 
rarement  indéhiscent,  et  alors  plus  court 
que  le  calice.  Cotylédons  foliacés  dans  la 
germination,  et  radicule  courbée  sur  leur 
commissure.  Feuilles  1-3-foliolées,  très  ra- 
rement pennées  avec  impaire» 


LEG 


LEG 


269 


i.  Podalyriées. 

Cistropicales.  Anagyris,  L.  (Piptanthus, 
Sweet.)—  Pickeringia,  Nutt.—  Thermopsis, 
R.  Br.  {Thermia,  Nutt.)  —  Scolobus,  Raf.— 
Baptisia,  Vent.  {Podalyria,  Rich. — Crota- 
lopsis,  Mich.) 

Du  Cap.  Cyclopia ,  Vent.  —  Podaîyria , 
Lam.  non  Rich.  (Aphora,  Neck.). 

Topicales.  Dalhousica,  Wall.  (IDelaria, 
Desv.  ). 

Australiennes.  Brachysema,  R.  Br.  — 
Callistachys,  Vent.  — Oxylobium,  Andr. — 
Podolobyum  ,  R.  Br.  —  Isotropis  ,  Benth. 
(Callistachya ,  Sm.  )  —  Orlhotropis ,  Benth. 

—  CAorosema ,  Labill.  —  Gowp/io/obiww , 
Smith. 

2.  Pulténées.—  Burtonia,  R,  Br. — Jack- 
sonia,  R.  Br.  —  Daviesia,  Sm.  —  Ftmina- 
rt'a  ,  Sm.  — Sphœrolobium ,  Sm.  —  iîceca , 
Hug.  —  Phyllota,  VC.—  Aotus,  Sm.—Dill- 
wijnia  ,  Sm.  —  Eutaxia,  R.  Br.  —  Gastro- 
lobium,  R.  Br.  —  Euchilus,  R.  Br.  — Spa- 
dostyles  ,  Benth.  —Pultenœa  ,  Sm.  (  PwJte- 
ncja,  Hoffms.  — Hymenota,  DC.) —  Scle- 
roUiamnus,  R.  Br. 

3.  Mirbéliées .  —  Mirbelia ,  Sm .  —  Dicho- 
serna,  Benth.  —  Leptosema,  Benth* 

Tribu  II.  —  Lotées. 

Dix  étamines  monadelphes  ou  diadel- 
phes.  Légume  bivalve,  continu  sans  étran- 
glements. Cotylédons  foliacés  dans  la  germi- 
nation et  radicule  courbée.  Feuilles  1-3- 
plurifoliolées ,  très  souvent  pennées  avec 
paire. 

i.  Génistées.  —  Hovea,  R.  Br.  (Poiretia, 
Sm.  —  Physicarpos,  Poir.). —  Plagiolobium, 
Sweet.  —  Lalage ,  Lindl.  (?  Platychilum  , 
Dela.un.) — Platylobium,  Sm.  (Cheilococca, 
Salisb.)  — Bossiœa,  Vent. — Goodia,  Salisb. 

—  Templetonia,  R.  Br.  —  Scoltia,  R.  Br. — 
Rafnia,  Thunb.  (OEdmarmia,  Thunb.).  — 
Pelecynthis,  E.  Mey.— Borbonia,~L.—  Achy- 
ronia,  Wendl.  —  Liparia,  L.—  Priestleya, 
3C.  (  Xiphotheca,  Eckl.  et  Zeyh.  )  —  Amphi- 
ïalea,  Eckl.  et  Zeyh.  (Cryphiantha  ,  Eckl. 
et  Zeyh.  —  Ingenhoussia  ,  E.  Mey.)  —  La- 
ihriogyney  Eckl.  et  Zeyh.  (  Heudusa ,  E. 
Mey.)  —  Cœlidium  ,  Vogel.  —  Epistemum , 
Walp.  —  Hallia,  Thunb.— Heylandia,  DC. 

—  Requienia,  DC.  —  Crotalaria,  L.  {Chry- 
socalyx,  Guill.  Perrot.  —Cyrlolobus,  R. 


Br. — Clavalium,  Desv. — Priotropis ,  Wight 
et  Arn.  —  ?  Amphinomia,  DC.  ) —  Lupinus, 
Tourn. — Xerocarpus ,  Guill.  Perrot.  — 
Westonia,  Spreng.  (Rothia,  Pers.  —  Dillwy- 
nia ,  Roth.  —  Harpelema,  Jacq.  F.  —  Goet- 
zea,  Reichenb.)  —  Loddigesia,  Sims. — Hy- 
pocalyptus ,  Thunb.  —  Lebeckia ,  Thunb. 
(Calobota,  Eckl.  et  Zeyh.  —  Stiza,  E.  Mey.) 

—  Viborgia,  Thunb.  (Acanthobotrya,  Eckl. 
et  Zeyh.  —  ?  Acropodium ,  Desv.)  —  Dichi- 
lus,  DC.  — Colobotus,  E.  Mey.  — ^ispaia- 
tfms ,  L.  (Eriocalyx,  Neck.  —  Scaligera? 
Adans.  —  Buchenroedera,  Eckl.  et  Zeyh. — 
Aulacinthus,  E.  Mey.)  —  Sarcocalyx,  Walp. 

—  Euchlora  ,  Eckl.  et  Zehy.  (Microtropis , 
E.  Mey.)— MeZto&mm, Eckl.  et  Zeyh.  (Sphin- 
gium ,  E.  Mey.)  —  le^t's  ,  E.  Mey.  —  (Li- 
pozygis,  E.  Mey.) —  Lotononis  ,  Eckl.  et 
Zeyh.  —  Polylobium,  Eckl.  et  Zeyh.—  Leo- 
bordea,  Del.  (Copnitis,  E.  Mey.) — Krebsia, 
Eckl.  et  Zeyh.  (  Telina,  E.  Mey.)  —  Lisffa  , 
E.  Mey.  —  i4denocarpws,  DC.  —  Ononis ,  L. 
(  Anonis  ,  Tourn.  )  —  Erinacea ,  Boiss.  — 
f/ter,  L.  — Stauracanthus,  Link.  —  Spar- 
tium,  DC.  (Sparlianthus ,  Link)  —  Sarco- 
phyllum,  Thunb.  —  Sarothamnus,  Wimm. 

—  Genista,  Lam.  (Scorpiws  ,  Genistoides  et 
Genistella ,  Mœnch.  —  VTo^era  et  Salzwe- 
delia,  FI.  Wett.) — Rétama,  Boiss.  —  3V»- 
chosma,  Walp.  —  Gamochilum  ,  Walp.  — 
Argyrolobium  ,  Eckl.  et  Zeyh.  (Chasmone, 
E.  Mey.)  —  Cytisus,  L.  (Fi&orflrta,  Mœnch. 
— Chamœcytisus,  Link. — Calycotome,  Link. 

—  Calycotomon ,  Hoffms.  )  —  Diotolotus, 
Tausch.  —  Anlhyllis  ,  L.  (  Vulneraria  et 
Barba- jovis,  Mœnch. — Pogonitis,  Reichenb. 

—  Physanthyllis  ,  Boiss.  —  Hymenocarpus, 
Savi  ). 

2.  Trifoliées.  —  Medicago ,  L.  —  ?  Dipto- 
pnon,  Vis.  —  Trigonella,,  L.  (Fœnam-Grœ- 
cum,  Tourn.  —  Falcatula,  Brot.)  —  Pococ- 
fcia,  Ser.  —  Melilolus,  Tourn.  —  Trifolium, 
Tourn.  (Calycomorphum,  Galcaria,  Mistyl- 
lus,  Lupinasler,  Amoria,  Amarenus  et  Pa- 
ramesus,  Presl. —  Irichocephalum,  Koch. — 
Pentaphyllum,  Pers.  —  Daclyphyilum,  Raf. 

—  Brachijdontium   et  Lolophyllum,  Reich.( 

—  Dorycnium,  Tourn.— Dorycnopsis,  Boiss 

—  Zohis,  L.  (Krokeria  ,  Mœnch.  —  Lotea, 
Med.)— Tetragonolobus,  Scop.  {Scandalida, 
Neck.)  —  Bonjeania,  Reichenb.  — Hosacltia, 
Dougl.  (4msotoh($,  Bernh.)  —  Syrmatium, 
Vogel.  —  Parochetus,  Hnmilt.  —  Podolotus, 


270 


LÉG 


lieu  th.  —  Melinospermum ,  Waip.  (Calyco- 
tome,  E.  Mey.). 

3.  Galégées. —  Petaloslemon,  Mich.  (Kuh~ 
nistra,  Lam.  — -  Cylipogon,  Raf.)  —  Dalea, 
L.  (Parosella ,  Cav.)  —  Amorpha  ,  L.  (Bo- 
nafidia,  Neck.)  —  Eysenhardiia,  Kunth.— 
Psoralea,  L.  (Dorychnium,  Mœnch.  — iîit- 
teria,  Mœnch.  ~Poikadenia,  Eli.)  —  Oto- 
tropis,  Benth.  (Oustropis,  Don  )  —  Hydro- 
sia,  E.  Mey.  —  Pycnospora,  R.  Br.  —Indi- 
gofera,  L.  (Sphœridiophorum,  Desv.—Hemis- 
padon,  Endl.  —ÏDiplonyx,  Raf.)  —  (tey- 
rampis,  Wall.  —  Glycyrhiza,  Tourn.  (Lt- 
quiritia ,  Mœnch)  —  ?  Neristrotopis ,  Fisch. 
et  Mey.  — Galega,  Tourn.  —  Cyclogyne, 
Benth.  —  .dccorom&ona,  Endl.  (Catofropis, 
Don  ,  non  R.  Br.)  —  Polytropia,  Presl.  — 
Chœtocalyx,  DC.  (Bœnmn0/iausta, Spreng.) 

—  Apodynomene,  E.  Mey.  — Tephrosia, 
Pers.  (Cracca ,  L.  —  Needhamia ,  Scop.  — 
iîetnena,  Mœnch.  — Brissonia ,  Neck.  — 
Erebinlhus ,  Mitch.  )  —  Crafordia ,  Raf.  — 
Brongniartia ,  Kunth.  —  Peraltea,  Kunth. 

—  Xiphocarpus,  Presl.  —  Harpalyce,  Sess. 
Moc.  (  ÏMegastegia  ,  Don  )  —  GJtn'ddia , 
Kunth.—  Robinia,  L  (Pseudacacia,  Tourn.) 

—  Lennea,  Klotsch.  —  Poitœa,  Vent.— Sa- 
fcmea,  DC.  —  Coursetia,  DC.  —  Glottidium, 
Desv.  —  Sesbania,  Pers.  (Sesban ,  Poir.  — 
Emerus,  Schumach.)  —  Herminiera,  Guill. 
Perr.  —Agati,  Rheed.  —  Daubentonia ,  DC. 

—  Diphysa,  Jacq.  —  CoryneHa,  DC.  (Co- 
rymrts  ,  Spreng.  )  —  Caragana,  Lam.  — 
Chesneya,  Lindl.  —  Halimodendron ,  Fisch. 
{Halodendron,  DC. )— Calophaca,  Fisch. — 

—  Colutca,  L.  — Swainsona,  Salisb. — Zes- 
ser/ta,  DC.  (SuWra ,  Mœnch.)  —  Phyllolo- 
bium,  Fisch.  —  Sylitra,  E.  Mey.  —  Swf/ier- 
tandia,  R.  Br.  (CoiM(êa,  Mœnch.  )  —  CJian- 
t/ius,Sol.  (Steblorhiza,  Endl.)— Carmichae- 
lia,  R.  Br. 

4.  Astragalées. —  Sphœrophysa ,  DC.  — 
Eremosparton ,  Fisch.  et  Mey.  —  GuZdœns- 
tatoa,  Fisch.  — P/iaca,  L.  {ÏErophaca, 
Boiss.)  —  Oxytropis,  DC.  (Sp«esta,Neck.)— 
4s*rao/aJus,  DC.  —  Biserrula,  L.  (Pefecmus, 
Tourn.  )  —  Homalobus ,  Nutt.  —  UTenfro-- 
2>/iy*a,  Nutt. 

Tribu  III.  —  Viciées. 
Dix  étamines  diadelphes.  Légume  bivalve, 
continu    sans   étranglements.    Cotylédons 
épais,  hypogés,  et  radicule  courbée.  Feuilles 


LEG 

souvent  pennées  sans  impaire,  et  dont  le 
pétiole  se  prolonge  en  pointe  ou  en  vrille. 

Cicer,  L.  —  Pisum,  Tourn.  —  Ervum,  L. 
(LenSy  Tourn. — Ervilia,  Link.)  —  Vicia, 
L.  (Faba ,  Tourn.  —  Wiggersia ,  FI.  Wett. 

—  Vicioides ,  Mœnch.  —  Oxypogon ,  Raf.  ) 

—  Lathyrus,  L.  (  Aphaca ,  Ochrus ,  Clyme- 
num  et  Nissolia,  Tourn.— Cicerella,  Mœnch. 
—ÏAstrophia, Nutt.)— Orobus,  Tourn.  (Pla- 
tystylis,  Sweet.). 

Tribu  IV.  —  Hédysarées. 

Dix  étamines  monadelphesou  diadelphes. 
Fruit  lomentacé.  Cotylédons  foliacés  et  ra- 
dicule courbée.  Feuilles  1-3-foliolées  ou 
pennées  avec  impaire ,  souvent  munies  de 
stipelles. 

i.Coronillées. — Scorpiurus,  L.  [Scorpioi- 
des,  Tourn.—  Scorpius,  Lour. )—Coronilla, 
L.  (Emerus,  Tourn.) — Arthrolobium,  Desv. 
(Astrolobium,  DC.)  —  Antopetitia,  A.  Rich. 

—  Ornithopus,  L.  (Ornithopodium ,  Tourn.) 

—  Hammatolobium ,  Fenzl  —  Hippocrepis , 
L.  (Ferrum-equinum,  Tourn.) —  Bonaveria, 
Scop.  (Securigera ,  DC.  —  Securilla,  Pers. 

—  Securidaca,  Tourn.  non  auct.). 

2.  Hédysarées. — Diphaca,  Lour. — Picte- 
tia  y  DC.  —  Brya,  P.  Br.  —  Omocarpon, 
Beauv.  —  Amicia  ,  Kunth.  (  Zygomeris , 
Sess.  Moç.  )  —  Poirelia,  Vent.  (  Turpinia  , 
Pers.)  —  Myriadenus ,  Desv.  —  Geissaspis  , 
Wight  et  Arn.  —  Phylacium,  Benn.  — 
Zornia,  Gmel.  —  Stylosanthes ,  L.  —  i4ra- 
cfct's,  L.  (Jmc/inida,  Plum. — Arachnidoides, 
Niss.  —  Chamœbalanus ,  Rumph.  —  ilfun- 
dubi,  Marcg.)  —  Chapmannia,  Torr.  Gray. 
— Adesmia,  DC.  (  Patagonium,  Schrank. — 
Heteroloma,  Desv.  —  Loudonia,  Bertero)  — 
Rathkea,  Schum.  — JEschynomene  ,  L.  — 
Sœmmeringia,  Mart.  —  Kotschya,  Endl. — 
Smithia,  Ait.  (Pelagnana,  G  m.)  —  Lourea, 
Neck.  (Christia,  Mœnch.)  —  Uraria,  Desv. 
(Doodia,  Roxb.)  —  Mecopus ,  Benn.  —  ZVt- 
colsonia,  DC.  (Perrotetia,  DC.)  —  Anarlhro- 
syne,  E.  Mey.  — Dollinera,  Endl.  (Ototro- 
pis,  Schauer.) — Desmodium,  DC.  (Dendro- 
lobium  ,  Wight.  et  Arn.  —  Codoriocalyx , 
Hase.)  —  Dicerma,  DC.  (Phyllodium,  Desv.) 

—  Taverniera,  DC.  —  Hedysarum,  Jeaum. 
(  Echinolobium ,  Desv.  )  —  Evcrsmannia , 
Bung.  —  Onobrychis  ,  Tourn.  —  Eleiotis  , 
DC.  —  Oxydium  ,  Benn.  —  Campylotropis , 
Bung.  — Lcspedeza,  Rich.  —  Ebcnus,  L. 


LEG 

3.  Alhagées.—  Alaghi,  Tourn.  (Manna , 
Don.  )  —  Alysicarpus  ,  Neck.  —  Hallia  , 
Jeaum.  —  Fabricia,  Scop.  —  Bremontiera, 
DC.  —  Hegetschweilera,  Heer.  —Rhadino- 
carpus,  Vogel.  — Nissolia,  Jacq.  (ATt'sso- 
/ana,  DC). 

Tribu  V.  —  Puaséolées. 

Diiétamines  monadelphes.  Légume  bi- 
valve ,  continu  ou  interrompu  par  des 
étranglements  de  distance  en  distance, 
mais  sans  se  séparer  en  autant  d'articles. 
Cotylédons  épais  ,  hypogés  ou  épigés  ,  et 
radicule  courbée.  Feuilles  à  trois  folioles 
ou  plus  rarement  à  plusieurs  paires,  ac- 
compagnées très  souvent  de  stipelles. 

1.  Clitériées. —  Atnphicarpœa,  Eli.  (Savia 
et  Xypherus,  Raf.  —  Cryptolobus ,  Spreng. 
— FaJcata ,  Gmel.)— Dumasia,  DC.  —  Pue- 
raria  ,  DC.  —  Cologania,  Kunth.  —  Am- 
phodus ,  Lindl.  — Clitoria,  L.  (Clitorius, 
Petiv.— Nauchea,  Desc. — Ternatea,  Tourn.) 
— Neurocarpum,  Desv.  (Rhombifolium,  Rich. 

—  Marlia,  Leandro.  — Martiusia,  Sch.)  — 
Vexillaria,  Benth.  (Pilanthus,  Poit.) — Cen- 
trosema,T)C.  {Steganatropis,  Lehm.— ÏPlec- 
trotropis ,  Schum.  )  —  Pcriandra,  Mart.  — 
Platysema,  Bent. 

2.  Kennédyées. — Kennedya,  Vent.  (Cauli- 
nia,  Mœnch  ,  non  W.)  —  Zichya,  Htig.  — 
Physolobium,  Benth. — Hardenbergia,Benlh. 

—  Leplocyamus  ,  Benth.  (  Leptolobium  , 
Benih.). 

3.  Glycinées.—Iohnia,'W.etkrn.  (Noto- 
nia,  W.  et  Arn.)  —  Cyamopsis,  DC.  (  Cor- 
dœa  ,  Spreng.  )  —  Stenolobium  ,  Benth.  — 
Soya,  Mœnch.  —  Glycine,  L.  (Bujacia,  E. 
Mey.  —  Teramnus,  P.  Br.)  —  Retencourlia, 
St-Hil.  —  Shutcria,  W.  et  Arn.  —Galac- 
tia,  P.  Br.  {Bradburya,  Raf.  —  Sweetia , 
DC.  —  Odonia,  Bertol.  — Grona,  Lour.) — 
Kiesera,  Reinw.  —  Vilmorinia,  DC.  —  Bar- 
bier ia,  DC. 

A.Dioclées. — Collœa,  DC. — Bionia,  Mart. 

—  Camptc$ema,  Hook.  et  Arn.  —  Cleobulia, 
Mart.  — Cratylia,  Mart.  —  Dioclea,  Kunth. 
(  Hymenospron ,  Spreng.  )  —  Cymbosema  , 
Benth.  —  Canavalia,  DC.  (Canavali,  Ad. — 
Maiocchia,  Sav.  — Nattamame ,  Banks. — 
Clcmentea,  Cav.) —  Chloryllis,  E.  Mey. 

5.  Erylhrinées. — Mucurina,  Ad.  [Stizolo- 
lium  et  Zoophthalmum ,  P.  Br.  —  Hornera, 


LÊG 


271 


Neck.  —  Negretia,  R.  Pav.  —  Citta,  Lour. 

—  Labradia,  Swed.  —  Carpopogon,  Roxb. 

—  Macroceratides,  Raddi.)  —  Wenderotftta, 
Schlecht.  —  Erythrina,  L.  (CoraModendron, 
Tourn.  —  Jlfoun'cou  ,  Ad.  —Xiphanthus  , 
Raf.)  —  Slrongylodon,  Vog.  —  Rudolphia , 
W.  —Bulea,  Kœn.  (P/aso,  Rééd.). 

6.  Wïstén'ces. — Wïsfma,  Nutt.  {Thyrsan- 
thus,  EU.  —  Kraunhia,  Raf.) —  Cyrlotropis, 
Wahl.  — ^pios,  Boerh. 

T.Phaséolées  vraies.— Pïiaseolus,  L.  (P/ia- 
sioZuset  Phasellus,  Mœnch.—  Sïrophostyles, 
EU.  )  —  Vi^a,  Savi  (  Scytalis ,  E.  Mey.  — 
?  Otoptera,  DC.)  —  Dolichos ,  L.  —Lablab  , 
Ad.—Sphonostylis,  E.  Mey.  — Pachyrrhi- 
zus,  Rich.  (Cacara,  Pet. -Th.  —  Psophocar- 
pus,  Neck.  (Bofor,  Ad.)  —  Diesingia,  Endl. 

—  Dunbaria,  W.  et  Arn.  —  Tœniocarpon, 
Desv.  —  Foandseia,  Pet.-Th.  (Foancteoit, 
Flac.  ). 

8.  Cajanées  —Fagelia,  Neck.— Cajanus, 
DC.  (Cajan,  Ad.)  — Aiylosia,  W.  et  Arn. 
Cantharospermum,  W.  et  Arn.  —  Pseudar- 
thria,  W.  et  Arn. 

9.  Bhynchosiées.—Orlhodanum,  E.  Mey. 

—  Eriosema,  DC.  (Euryosma,T)esy.  —  Pyr- 
rhotrichia,  W.  et  Arn.)  —  Bhynchosia,  DC. 
{Copisma,  E.  Mey.  — Arcyphyllum,  EU. — 
Pitcheria,  Nutt.) — Nomismia,  W.  et  Arn. 

—  Cylista,  Ait.  —  Cyanospermum ,  W.  et 
Arn.  —  Chrysoscias,  E.  Mey. — Flemingia, 
Roxb.  (Oslryodium,  Lour.) — Lourea  et  il/o- 
ghania,  Jeaum. 

10.  Abrinées. — J&rws,  L. 

11.  Genres  douteux.  Macranlhus,  Lour. 

—  Calopogonmm  ,  Desv.  —  Cruminium  , 
Desv. 

Tribu  VI.  —  Dalbergiées. 

Dix  étamines  monadelphes  ou  diadelphes. 
Légume  indéhiscent,  souvent  interrompu 
par  des  étranglements.  Cotylédons  épais, 
charnus;  radicule  courbée  ou  plus  rarement 
droite.  Feuilles  pennées,  à  folioles  souvent 
alternes,  plus  rarement  réduites  à  une. 

Cyclolobium,  Benth.  — Amerimnum,  g. 
Br. —  Corytholobium,  Benth.—  Hecaslophk),' 
lum,  Kunth.  (Ecastophyllum,  P.  Br.— Acou- 
roa,  Aubl.  —  DrakenUcinia,  Neck.) — Mmk' 
touchia,  Aubl.  (Grieselinia,  Neck.) — Piero- 
carpus,  L. — Sanlalaria,  DC.) — Echinodis- 
eus,  Benth.  (  Weinrcichia,  Reiohenb  )  — 
Centrolobium  ,   Benth.  —  Amphymemuni  9 


272 


LEG 


Kunth  (Apalatoa,  Aubl.)  —  Ancylocalyx, 
Tul.  —  Drepanocarpus,  W.  Mey.  {Nephro- 
sis,  Rich.  — Sommerfeldtia,  Schum.— Oru- 
caria,  Clus.)  —  Machœrium ,  Pers.  —  Ate- 
leia,  Moç.  Sess.— Brachyterum,  W.  etArn. 

Pongamia,  Lam.  (Guadehipa,  Lam.)  — 

SpWnctotoWum  »  Vog.  —  lonc/iocarpus  , 
Kunth.  —  Neuroscapha,  Tu\. -—Milletia,  W. 
et  Arn.  — Endospermum,  Blum.  —  Dalber- 
gia,  L.  (SoZon  ,  Ad.)—  Triptolemea,  Mart. 
(?Semeionotis,  Schott.)  —  Miscolobium,  Vog. 

—  Spatholobus  ,  Hassc.  —  Platymiscium  , 
Vog.  —  Caliisewi'CBa,  Benth.  (  Platypodium , 
Vog.) — Discoto&ium,  Benth.  —Piscidia,  L. 
(Piscipuîa,  Lœfn.—  Ichthyomethia >  P.  Br.) 

—  P/ieMocarjms,  Benth.  —  Geoffroy  a,  Jacq. 
(ï/man,  Marcg.)  —  Andira,  Lam.  (Lww6n- 
cidia,  FI.  FI. —  Foucapoua,  Aubl.)  —  £u- 
cftresfa ,  Benn.  —  Crepidotropis ,  Walp.  — 
Cowmarouna,  Aubl.  (Cumaruna,  Lam.— 
Dipterix ,  Schreb.  —  Baryosma,  Grcrtn.  — 
Heinzia,  Scop.  —  Taralea,  Aubl.  — Botàw- 
cia,  Neck.)  —  Commilobium,  Benth.  —  Ple- 
rodon ,  Vog.  —  Podiopetalum ,  Hochst.  — 
Aplopanesia  ,  Presl.  —Derris,  Lour.  —  De- 
guelia ,  Aubl .  (  Cylizoma ,  Neck.  )  —  Muel- 
iera,  L.  f.  [Coublandia,  Aubl.). 

Tribu  VII.  —  Sophorées. 

Dix,  plus  rarement  9-8,  étamines  libres. 
Légume  indéhiscent  ou  bivalve.  Cotylédons 
foliacés  ou  un  peu  épais  ;  radicule  recour- 
bée ou  droite.  Feuilles  pennées  avec  impaire 
ou  simples. 

Myrospermum ,  Jacq.  (Toluifera,  L. — 
Myroxylon,  Mut.  —  Calusia,  Bert.)—  Ed- 
warsia,  Salisb.  —  Sophora,  L.  (Broussone- 
lia ,  Orteg.  —  Patrinia,  Raf.)  —  Ammoden- 
dron,  Fisch.  —  Calpurnia,  E.  Mey.  —  Vir- 
gilia ,  L.  —  Cladrastis ,  Raf.  —  Styphnolo- 
hlum ,  Schott.  —  Macrotropis,  DC.  (  Laya  , 
Hook.  Arn.)  —  Castanopermum ,  Cunning. 

—  Gourliea,  Gill.  — Ormosia,  Jacks.  (Tou- 
lichiba,  Ad.) — Diplotropis,  Benth.  —  Dibra- 
chion,  Tul.  —  Spirotropis  ,  Tul.  —  Bowdi- 
diia,  Kunth.  (Sebipira,  Mart.). 

IL— C^ISALPINIÉES.  C2ESALPINIEJE. 

De  Candolle  donnait  ce  nom  à  un  groupe 
de  Légumineuses  où  les  fleurs,  encore  irré- 
sulières,  tendent  à  la  forme  papilionacée 
ou  rosacée ,  où  les  étamines,  au  nombre  de 
dix,  sont  le  plus  souvent  libres,  et  où  l'em- 


LEG 

bryon  est  droit;  et  il  en  distinguait  un  autre 
fort  peu  étendu ,  celui  des  Swartziées ,  où 
les  pétales  se  réduisent  en  nombre  ou  même 
manquent  tout-à-fait,  où  le  nombre  des  éta- 
mines dépasse  souvent  dix  et  où  l'embryon  se 
remontre  courbé.  Endlicher,  en  conservant 
lesSwartziées,réunitlesCœsalpiniéesauxPa- 
pilionacées  ,  comme  une  simple  tribu.  Plus 
récemment,  Bentham  les  a  confondus  en  un 
seul  groupe  dont  les  Swartziées  ne  forment 
plus  qu'une  des  tribus.  C'est  son  travail  que 
nous  suivrons  ici,  et,  par  conséquent,  les 
Caesalpiniées  seront  caractérisées  et  subdivi- 
sées de  la  manière  suivante  : 

Calice  à  cinq  divisions  réunies  ensemble  à 
divers  degrés,  à  préfloraison  imbriquée  ou 
valvaire,  souvent  fendu  jusqu'àla  base.  Péta- 
les égaux  ou  moindres  en  nombre,  ou  même 
manquant  quelquefois,  à  préfloraison  imbri- 
quée et  souvent  carénée,  c'est-à-dire  telle- 
ment disposée  que  les  deux  extérieurs  re- 
couvrent latéralement  les  latéraux,  qui  em- 
brassent eux-mêmes  le  cinquième  placé  du 
côté  de  l'axe.  Étamines  souvent  non  symé- 
triques aux  autres  parties  de  la  fleur  ou  très 
inégales,  tantôt  très  nombreuses,  tantôt  au 
contraire  avortant  en  partie,  plus  rarement 
régulières,  très  souvent  libres  ou  légèrement 
soudées  entre  elles  seulement  à  la  base. 
Ovaires  exhaussés  sur  un  support  libre  ou 
soudé  en  partie  avec  le  calice,  et  devenant 
un  légume  qui  présente  quelques  unes  des 
modifications  décrites  dans  le  groupe  précé- 
dent, et,  danscertains  cas,  ne  renferme  qu'un 
ovule  unique  ou  double,  et  dont  le  péricarpe 
peut  avoir  une  consistance  charnue.  Graines 
également  dépourvues  de  périsperme,  à  em- 
bryon souvent  droit.  Tige  arborescente  ou 
frutescente,  grimpante  quelquefois.  Feuilles 
simples  ou  plus  souvent  composées  et,  dans 
ce  dernier  cas,  fréquemment  bipennées. 

GENRES. 

Tribu  I.  Leptolobiées. 

Calice  ordinairement  campanule,  5  fide. 
5  pétales  un  peu  inégaux.  10  étamines  fer- 
tiles, un  peu  inégales,  déclinées  ou  diver- 
gentes. Support  de  l'ovaire  libre.  Feuilles 
une  fois  pennées  avec  ou  sans  impaire,  à 
folioles  tendant  souvent  à  l'alternance. 

Leplolobium,  Vog.  —  Thalesia,  Mart.  — 
Sclerolobium,  Yog.—Diptychandra,  Tul.— 


LEG 

Acosmium,  Schott  (Sweetia,  Spreng.)  — 
Zuccagma,  Cav.—  Hœmatoxylon,  L.—Pœp- 
pigia,  Presl  {Ramizezia,  A.  R ich. )—  Cadia, 
Forsk.  (Spœondoncea,  Desf.  —  Panciatica, 
Picciv.)—  Parkinsonia,  P\um.—Cercidium, 
Tul. 

Tribu  II. — Cjesalpiniées  vraies. 

Calice  5-fide  ou  plus  souvent  5-parti.  5 
pëtalesun  peu  inégaux.  10  étamines  fertiles, 
à  peine  déclinées.  Support  de  l'ovaire  libre. 
Feuilles  bipennées. 

Gymnocladus ,  L.  —  ?Gleditschia,  L.  — 
Guilandina,  J.  (Bon duc,  Plum.)  — Poin- 
ciana,  L.  (Poincia,  Neck.) — Cenostigma, 
Tul. —  Coulteria,  Kunt.  (Adenocalyx,  Bert. 
—Tara,  Mol i n. )  —  Cœsalpinia,  L.  (Tikanto 
et  Campecia,  Ad.) — Callerya,  Endl.  (il/ac- 
guartia,Vog.)— PeMop/iorum,  Vog.— Schizo- 
lobium,  Vog.—Mezonevrum,  Desf. — JPtero- 
fobium,  R.Br.  (/teicAardta,RoLh. — Kanluffa, 
Bruce.  —  Quartinia,  — A. Rien.)  Pterogyne, 
Tul. —  Colvillea,  Boj. — Cladothricium,  Vog. 
— Hoffmanseggia,  Cav.  —  Pomaria,  Cav. — 
Melanosticta,  DC.  — Moldenhauera,  Schrad. 
(Dolt'c/ionema ,  Nées). 

Tribu  III.  —  Cassiées. 

Calice  5-parti.  5  pétales.  Étamines  au 
nombre  de  10  ou  moins,  à  peine  périgynes, 
quelques  unes  souvent  difformes  ou  man- 
quant. Anthères  grandes,  oblongues  ou 
quadrangulaires,  s'ouvrant  par  un  pore  api- 
rilaire  ou  plus  rarement  basilaire.  Support 
de  l'ovaire  libre.  Feuilles  pennées  sans  im- 
paire ou,  plus  rarement,  à  folioles  alternant 
légèrement  avec  une  impaire  terminale. 

Cassia,  L.  (Cathartocarpus,Pers. — Bacty- 
rilobium,  W.  —  Chamœcassia  et  Chamœ- 
crista,  Breyn. — Senna,  Tourn. — Grimaîdia, 
Schrank.)  —  Labicfiea,  Gaudich. — Dicory- 
nia,  Ben  th. 

Tribu  IV.  —  Swartziées. 

Calice  à  déhiscence  valvaire,  tantôt  se 
rompant  irrégulièrement,  tantôt  fendu  jus- 
qu'à la  base  en  4-5  segments  presque  égaux. 
Pétales  au  nombre  de  5  ou  moins,  quelque- 
fois réduits  à  un  seul  ou  même  manquant 
tous. Étaminesindéfinies, plus  ou  moins  nom- 
breuses, à  peine  ou  très  inégales,  dissembla- 
bles, insérées  avec  les  pétales  sur  le  récepta- 
ie  ou  distinctement,  mais,  plus  rarement, 

T.  VII. 


LEG 


273 


sur  le  calice.  Feuilles  pennées  avec  impaire, 
à  plusieurs  ou  aune  seule  foliole.  Bractéoles 
le  plus  souvent  nulles. 

Bracteolaria,  Hochst.  —  Baphia,  Afz.  — 
Martiusia,  Benth.  —  Zollernia,  Nées  (Aci- 
dandra,  Mart.  —  Coqueberlia,  Brongn.)  — 
Swartzia,  W.  (Tounatea,  Aubl.  —  Gynan- 
thislrophe,  Poit.) — Allania,  Benth.  (Aldina, 
Endl.) —  Cordyla,  Lour.  [Cordylia,  Pers. — 
Calycandra,  A.  Rich.) — Trischidium,  Tul. 

Tribu  V,  —  Amherstiées. 

Calice  tubuleux  inférieurement  et  persis- 
tant, à  4-5-divisions  concaves ,  imbriquées, 
réfléchies  dans  la  fleur  ou  caduques.  Pétales 
au  nombre  de  5  ou  moins,  ou  réduits  souvent 
à  un  seul.  10  étamines  ou  moins  ou  plus, 
toutes  ou  quelques  unes  seulement  souvent 
très  longues  et  pliées  dans  le  bouton.  Sup- 
port de  l'ovaire  soudé  le  plus  souvent  d'un 
côté  avec  le  tube  calicinal.  Feuilles  pennées 
à  plusieurs  paires  de  folioles,  sans  ou  très 
rarement  avec  impaire. 

Thylacanthus ,  Tul. — Brownea,  Jacq. 
(Hermesias,  Lœffl.)  —  Elisabetha,  Schomb. 
— Helerostemon ,  Desf. — Amherstia,  Wall. 

—  Jonesia,  Roxb.  (Saraca,  Burm.)—Hum- 
boldtia,Vfah\.  (Batschia,  Wah\.)—Schottia, 
Jacq.  (Omphalobium ,  Jacq.  f.) — Theodora, 
Med.' — Afzelia,  Sm.  (? Pankovia,  W.)  — 
Eperua,  Aubl.  (Rotmannia,  Neck. — Pan- 
zera,  W.) — Parivoa,  Aubl.  (Adleria,  Neck. 

—  Dimorpha,  W.) —  Campsiandra,  Benth. 
Tachigalia,  Aubl.  (Tachia,  Pers. — Valenty- 
nia,  Neck.  —  Tassia,  Rich.)  —  Exoslyles  , 
Schott. — Melanoxylon,  Schott. —  Tamarin- 
dus,  Tourn. —  Phyllocarpus,  Tul.  —  Outea, 
Aubl. — Anthonota,  Beauv.  {?  Westia,  Vahl. 
— Intsia,  Pet.-Th. —  Vouapa,  Aubl!  (Ma- 
crolobium,  Vahl.  —  Kruegeria ,  Neck.)  — 
Phylacanthus  ,  Tul.  —  Peltogyne,  Vog. — 
Trachylobium,  Hayne. — Hymenœa,L.  (Cour- 
baril,  Plum.) 

Tribu  VI.  —  Bauhiniées. 
Calice  inférieurement  tubuleux  ,  persis- 
tant ,  à  divisions  tantôt  courtes  et  dentifor- 
mes,  tantôt  allongées  etvalvaires.  5  pétales. 
10  étamines  ou  moins.  Support  de  l'ovaire 
libre  ou  soudé.  Feuilles  composées  d'une 
seule  paire  de  folioles  distinctes  ou  soudées 
entre  elles  par  leurs  bords  en  regard,  plus 
rarement  réduites  à  une  foliole  unique. 


274 


LÉG 


Casparea,  Kunth.  —  Bauhinia,  L.  (Pau- 
lelia,  Cay.  —  Phanera,  Lour.)  —  Schnella, 
Radd.  {CaulotreluSyRich.)— Etàballia,  Bent. 
Cfercw,  L.  (Siliquastrum,  Tourn.). 

Tribu  VII.  —  Cynométrées. 

Calice  4-5-parti,  à  divisions  imbriquées, 
refléchies  dans  la  floraison.  Pétales  4-5  à 
peu  près  égaux,  plus  souvent  nuls.  Étamines, 
10  ou  moins,  égales  ou  légèrement  inégales. 
Support  de  l'ovaire  libre  ,  extrêmement 
court.  Ovule  unique  ou  double.  Feuilles 
composées  d'une  ou  plusieurs  paires  de  fo- 
lioles tendant  souvent  à  l'alternance,  avec 
ou  plus  ordinairement  sans  impaire. 

Cynometra,  L.  (Cynomorium,  Rumph.  non 
Auct.)  — Hardwickia,  Roxb.  —  Copaifera, 
L.  (Copaiva,  Jacq.  —  Coapoiba  Marcg.)  — 
Dialium, L. {Codarium, Sol.  —Arouna,  Aubl. 
—Cleyria,  Neck.)—  Apuleia,  Mart.—  Deta- 
rium,  J.  —  Crudya,  W.  (Crudia,  Schreb. 

—  Touchiroa,  ApalatoaetVouarana,  Aubl. 

—  Waldschmidtia,  Neck.). 

Tribu  VIII.  —  Dimorphandrées. 

Calice  campanule,  régulier,  5-denté.  Cinq 
pétales  presque  égaux.  Étamines  5,  fertiles, 
presque  égales,  alternant  avec  autant  de 
stériles.  Feuilles  une  ou  deux  fois  pen- 
nées. 

Mora,  Benth.  —  Pentaclethra ,  Bentta.  — 
Dimorphandra,  Schott. 

IX.  Genres  dont  la  place  est  encore  in- 
certaine. 

Acrocarpus,  Arn.  —  Ceratonia ,  L.  (Sili- 
qua,  Tourn.  ) 

X.  Genres  douteux. 

Palovea,  Aubl.  (Ginnania,  Scop.) — Vatai- 
rea,  Aubl.—  Amaria,  Mutis. —  Metrocynia, 
Pet. -Th.  — Anémia  y  Lour.  —  Baryxylum  , 
Lour. — Aloexylum,  Lour. 

III.  —  MIMOSÉES.  MMOSEJE. 

Fleurs  à  peu  près  régulières.  Calice  4-5- 
fideou  parti,  à  préfloraison  le  plus  souvent 
valvaire.  Pétales  en  nombre  égal  et  alternes, 
insérés  à  sa  base  ou  au  réceptacle,  libres, 
à  préfloraison  valvaire,  ou  inférieurement 
soudés  en  un  tube  plus  ou  moins  long,  et 
dans  ce  cas  assez  rare,  imbriqués  au  sommet 
d;ns   le   bouton.    Étamines    insérées     de 


LEG 

même,  en  nombre  symétrique  aux  pétales, 
double  ou  multiple,  rarement  égal,  sou- 
vent indéfinies,  à  filets  libres  ou  réunis  en 
tube.  Carpelle  unique  et  semblable  à  celui 
des  Papilionacéesy(  plusieurs  dans  un  très 
petit  nombre  d'exceptions),   sessile  ou  sti- 
pité,  devenant   une  gousse  bivalve  ou  un 
fruit  lomentacé.  Graines  à  embryon  droit , 
dépourvu  de  périsperme,  excepté  dtfns  un 
très  petit  nombre  de  cas;    à  cotylédons 
grands   et   charnus,  ordinairement  épigés 
dans  la  germination.  Tige  arborescente  ou 
frutescente,  rarement  herbacée,  assez  fré- 
quemment armée  d'aiguillons  ou  d'épines. 
Feuilles  le  plus  souvent  deux  ou  trois  fois 
pennées,  plus  rarement  une  seule  fois  avec 
impaire,  etquelquefois  enfin  réduites  à  un 
phyllode,  accompagnées  de  stipules  libres 
souvent  spinescentes.  Fleurs  en  épis  ou  en 
capitules,  plus  rarement  en  panicules  ou  en 
corymbes. 

genres. 

Tribu  I.  —  Parkiées. 

Préfloraison  du  calice  et  de  la  coioîle  im- 
briquée. 

Erythrophlœum,  Afz.  —  Parkia,  R.  Br. 

Tribu  II.  —  Acaciées. 

Préfloraison  du  calice  et  de  la  corolle 
valvaire. 

Adenanthera,  L.  (Clypearia,  Rumph). — 
Prosopis ,  L.  —  Lagonychium,  Bieb.  —  Al" 
garobia,  Benth.  —  Fillœa,  Guiïl.  PerroU 
—  Cailïea,  Guill.  Perr.  -  Dichrostachys , 
Wightet  Arn.  —  Leptoglottis ,  DC.  —  Dtes- 
manthus,  W.  (Neptunia,  Lour.)  —  Schran- 
kia ,  W.  —  Darlingtonia ,  DC.  —  Mimosa, 
Ad.  —  Entada ,  Ad.  (Gigalobium,  P.  Br.— 
Pursœtha,  L.)— Gagnebina,  Neck.  —  Aca- 
cia, Neck.  (Stachychrysum,  Boj.)  —  Air 
bizzia,  Duraz.  —  Vachelia ,  W.  et  Ara. 
(Farncsia,  Gasp.)—  Zygia,  P.  Br.— Inga, 
Plum.  {Amosa,  Neck.)  —Affonsea,  St-HH. 
Les  espèces  de  Légumineuses  habitent 
presque  toutes  les  régions  du  globe,  excepté 
les  glaciales,  soit  en  latitude,  soit  eu  hau- 
teur. Suivant  la  loi  ordinaire,  la  forme 
herbacée  qui  abonde  dans  les  latitudes  tem- 
pérées devient  relativement  de  plus  en  plus 
rare  dans  les  tropicales.  Le  nombre  total 
va  en  augmentant  des  pôles  à  l'équateur 
dans  une  telle  proportion  que,  suhant  les 


LEG 


LÉG 


275 


tables  de  M.  de  Humboldt,  calculées,  il  est 
vrai,  à  uneépoque  où  la  totalité  des  plantes 
connues   était  bien  loin   du  chiffre  qu'elle 
atteint  aujourd'hui ,  le  rapport  des  Légumi- 
neuses à  la   masse  entière  des  phanéro- 
games serait  à  peu  près  1/10  dans  la  zone 
équatoriale,  1/18  dans  la  tempérée,  1/35 
dans  la  glaciale.  Si  nous  examinons  sépa- 
rément les  divers  groupes,  nous  voyons  que 
les  Cœsalpiniées  ,  très  abondantes  entre  les 
tropiques,  dépassent  à  peine  celui  du  can- 
cer dans   l'ancien  continent,  un  peu  da- 
vantage dans  le  nouveau;  que  les  Mimosées 
sont  nombreuses,  surtout  dans  l'Amérique 
ëquatoriaie,    ainsi    que    dans     l'Afrique, 
beaucoup  moins  dans  l'Asie  ;  que,  dans  la 
Nouvelle-Hollande,  on  les  trouve  en  quan- 
tités considérables,  notamment  au-delà  du 
tropique,  représentées   presque  exclusive- 
ment par  des  espèces  du  genre  Acacia  ap- 
partenant presque  toutes  à  cette  section  où 
la  feuille  est  réduite  à  un  phyllode ,  c'est-à- 
dire  une  dilatation  du  pétiole  foliiforme, 
verticale  et  assez  raide,  et  par  ce  caractère 
qui  leur  donne  un  port  particulier,  impri- 
mant au  paysage  une  partie  de  son  singu- 
lier caractère.  Pour  les  Papilionacées,  c'est 
aux  Lotées ,  Viciées,  Hédysarées ,  Phaséolées, 
qu'appartiennent  celles  de  nos  climats  tem- 
pérés; mais  les  deux  dernières  tribus  y  sont 
faiblement  représentées  et  prennent  au  con- 
traire un  accroissement  considérable  à  me- 
sure qu'on  avance  vers  l'équateur;  la  pre- 
mière est  presque  également  abondan  te  dans 
les  deux  zones,  surtout  à  cause  du  nombre 
prodigieux  des  espèces  de  certains  genres, 
comme  les  Trèfles  en  Europe  et  les  Astraga- 
les dans  l'Asie  septentrionale.  Les  Podaly- 
riées  habitent  principalement  l'hémisphère 
austral  au-delà  du  tropique;  les  Dalbergiées 
sont  presque  toutes  intertropicales,  eten  plus 
grande  proportion  américaines;  les  Sophorées 
disposées  sur  tout  le  globe,  dans  les  régions 
chaudes  et  surtout  tempérées. 

Parmi  les  végétaux,  les  Légumineuses 
sont  ceux  où  l'on  remarque  le  plus  évi- 
demment cette  propriété  singulière  de  l'ir- 
ritabilité de  laquelle  résultent  des  mouve- 
ments vifs  ou  lents,  soit  continus,  soit  sous 
l'influence  de  la  lumière,  soit  sous  celle  des 
agents  extérieurs.  Il  n'est  pas  besoin  de  nom- 
mer la  Sensitive,  où  ce  phénomène  a  été 
*i  souvent  signalé  et  étudié,  d'une  esocre 


de  Sainfoin  (  Desmodium  gyrans  )  où  l'os- 
cillation perpétuelle  des  deux  petites  folioles 
latérales  a  également  appelé  l'attention  et 
l'admiration.  Mais  des  phénomènes  ana- 
logues paraissent  se  produire  sur  beaucoup 
d'autres  espèces,  quoiqu'ils  échappent  fa- 
cilement à  l'observation ,  parce  que  chez 
elles  l'excitabilité  est  beaucoup  plus  faible 
et  plus  lente,  et  parce  que  l'excitation  doit 
être  beaucoup  plus  forte  pour  produire  des 
résultats  beaucoup  moins  apparents.  Mais 
il  en  est  qu'il  est  aisé  de  constater,  ce  sont 
ceux  du  sommeil,  c'est-à-dire  la  position 
que  les  folioles  prennent  sur  leurs  pétioles 
pendant  la  nuit,  plus  ou  moins  différente 
de  celle  qu'elles  avaient  pendant  le  jour. 

Quand  on  réfléchit  au  nombre  si  grand 
d'espèces  contenues  dans  le  groupe  des  Lé- 
gumineuses, qui  comprend  des  plantes  de 
toutes  dimensions  et  du  port  le  plus  varié, 
depuis  les  arbres  les  plus  élevés  jusqu'aux 
herbes  les  plus  humbles,  on  doit  s'attendre 
à  y  rencontrer  en  même  temps  une  grande 
variété  de  produits  et  de  propriétés.  Les 
passer  en  revue  serait  une  tâche  beaucoup 
trop  longue,  et  nous  nous  contenterons  de 
signaler  ici  les  plus  remarquables. 

Beaucoup  d'arbres  de  cette  famille  sont 
employés  pour  la  charpente  dans  les  pays 
où  ils  croissent,  et  on  peut  citer  dans  le 
nôtre  le  Faux-Acacia ,  excellent  par  sa  du- 
rée et  par  sa  résistance  à  l'humidité.  Le 
grain  serré ,  les  teintes  foncées  que  prend 
le  cœur  dans  un  grand  nombre,  les  font 
rechercher  pour  l'ébénisterie  et  les  ont 
rendus  un  objet  de  commerce  plus  ou  moins 
considérable.  Citons  le  bois  de  Palissandre, 
dont  l'origine,  longtemps  inconnue,  est 
rapportée  maintenant  à  une  Légumineuse 
(une  espèce  de  Dalbergia),  le  bois  de  Fer- 
nambouc  {Cœsalpinia  echinata),  de  Brésil 
(C.  brasiliensis),  de  Sappan  (C.  sappari),  un 
bois  de  fer  (Swartzia  tomentosa),  celui  de 
Baphia,  et  tant  d'autres,  parmi  lesquels  ua 
arbre  indigène,  le  Faux-Ébénier  (Cytisus 
laburnum),  pourrait  être  mentionné. 

Beaucoup  d'espèces  herbacées  de  Papilio- 
nacées sont  riches  en  principes  nutritifs, 
cultivées  comme  fourragères ,  et  ce  sonô 
elles  dont  on  forme  les  prairies  artificielles: 
les  Trèfles,  les  Luzernes,  les  Sainfoins,  etc., 
etc.  Elles  abondent,  en  effet,  en  produits 
azotés,    et   les    expériences     récentes    de 


276 


LÊG 


M.  Boussaingault  ont  prouvé  qu'elles  peu- 
vent prendre  direetementdans  l'atmosphère 
une  certaine  proportion  d'azote. 

Cette  propriété  se  retrouve  souvent  dans 
le  péricarpe  foliacé  des  fruits,  et  c'est  ce  qui 
permet  de  manger  les  cosses  de  plusieurs  de 
ces  gousses  encore  jeunes. 

Quant  aux  graines,  elles  sont  de  plu- 
sieurs sortes  :  les  unes  à  cotylédons  minces 
et  foliacés,  non  alimentaires;  les  autres  à 
cotylédons  épais,  qui  le  sont  fréquemment: 
ce  sont  celles  qui,  en  mûrissant,  seremplis- 
sent  d'une  abondante  fécule,  comme  les  hari- 
cots, fèves,  lentilles,  petits-pois,  vesces,etc, 
et  beaucoup  d'autres  moins  communes  ou 
exotiques,  dont  les  noms  ne  nous  rappelle- 
raient pas  des  objets  aussi  familiers.  Remar- 
quons que  cette  fécule  est  mêlée  de  prin- 
cipes azotés  très  abondants  et  qui  en  font 
encore  un  aliment  beaucoup  plus  substan- 
tiel; remarquons  aussi  qu'elle  ne  se  forme 
et  ne  s'accumule  que  graduellement  dans  la 
graine,  qui,  dans  son  premier  âge,  bornée 
pour  sa  plus  grande  partie  à  ses  téguments, 
offrait  des  cellules  remplies  de  ces  principes 
et  d'un  mucilage  sucré,  et ,  par  conséquent, 
donnait  à  cette  époque  une  nourriture 
différente  de  celle  qu'elle  doit  donner  plus 
tard.  Dans  d'autres,  les  cotylédons  sont 
charnus-  oléagineux ,  comme,  par  exemple, 
dans  ÏArachis  hypogœa  (vulgairement  Pis- 
tache d»  terre),  qui  peut  fournir  une  grande 
proportion  d'huile;  et,  sous  ce  rapport, 
est  devenue,  dans  ces  derniers  temps,  un 
objet  de  spéculation.  D'autres  fois  c'est  une 
huile  essentielle  qui  aromatise  la  graine,  et 
c'est  ainsi  que  celle  du  Coumarouna  odorata 
(vulgairement  la  fève  de  Tonka)  sert  à  par- 
fumer le  tabac.  Des  graines  à  cotylédons 
foliacés  ont  souvent  des  propriétés  toutes 
contraires  et  deviennent  purgatives  ;  par 
exemple,  celles  du  Baguenaudier,  de  plu- 
sieurs Genêts  et  Cytises,  etc.,  etc.  Il  faut 
donc  user  de  précautions  dans  les  essais 
auxquels  on  serait  tenté  de  se  livrer,  par 
la  ressemblance  extérieure  des  fruits  avec 
nos  légumes  les  plus  familiers. 

Mais  ces  propriétés  purgatives  se  retrou- 
vent dans  d'autres  parties  :  dans  les  feuil- 
les,dans  leà  péricarpes,  surtout  dans  ceux  qui 
sont  foliacés.  Le  médicament  le  plus  connu 
sous  ce  rapport  est  le  Séné  (feuilles  et  prin- 
cipalement fruits  des  Cassia  senna  et  acuti- 


LEG 

folia,  qui  nous  viennent  de  l'Orient)  :  on 
en  extrait  une  substance  particulière,  la 
Cathartine,  qui  paraît  être  là  le  principe 
actif;  mais  c'en  est  sans  doute  un  différent 
qui  contient  la  pulpe  qui  remplit  la  cavité 
du  fruit  dans  la  Casse  en  bâton  (  Cassia 
fistula),  dans  le  Tamarin,  le  Caroubier, 
et  dont  l'action  est  infiniment  plus  douce. 
Les  propriétés  précédentes  s'observent  sur- 
tout dans  les  Caesalpiniées.  Dans  IcsMimo- 
sées,  c'en  sont  d'autres,  toniques  et  as- 
tringentes, dont  nous  ne  citerons  qu'un 
exemple,  le  Cachou,  suc  d'un  Acacia  (A. 
cathecu)  qu'on  obtient  par  extrait,  c'est-à- 
dire  en  faisant  bouillir  le  cœur  de  son  bois, 
puis  laissant  évaporer,  épaissir  et  sécher  la 
dissolution  obtenue.  La  présence  abondante 
du  tannin  rend  compte  de  ces  propriétés,  et 
donne  à  l'écorce  de  plusieurs  autres  de  ces 
plantes  une  grande  valeur  pour  la  prépara- 
tion des  cuirs. 

Parmi  d'autres  produits  de  certaines  Lé- 
gumineuses ,  on  en  trouve  de  sucrés  comme 
la  réglisse,  suc  extrait  de  la  racine  du  Gly- 
cyrhiza  glabra  et  d'autres  espèces  encore; 
comme  la  manne  de  Perse,  qui  coule  par 
incision  de  VAlaghi  Maurorum,  et  présente 
des  propriétés  analogues  à  celle  qu'on 
obtient  du  Frêne.  On  trouve  aussi  plusieurs 
résines,  comme  l'une  de  celles  qu'on  ap- 
pelle sang- dragon,  extraite  ici  du  Pterocar- 
pusdraco;  quelques  unes,  encore  liquides, 
parce  qu'elles  retiennent  une  portion  de 
l'huile  volatile  qui  les  tenait  en  dissolution 
dans  le  végétal ,  comme  le  Baume  de  Copahu 
(fourni  par  plusieurs  espèces  de  Copaifera, 
notamment  Vofficinalis);  quelques  autres, 
associées  à  de  l'acide  benzoïque,  et  consti- 
tuant par  conséquent  de  véritables  baumes, 
comme  ceux  du  Pérou  (  Myrospermum 
peruiferum),  de  Tolu(M.  toluiferum). 

C'est  encore  cette  famille  qui  produit  les 
gommes  les  plus  estimées  :  V arabique  (fournie 
par  divers  Acacias,  et  surtout  le  nilotica)  ; 
celle  du  Sénégal  (fournie  par  d'autres 
Acacias);  Vadragante  faussement  attribuée 
à  un  sous-arbrisseau  du  midi  de  l'Europe, 
YAstragalus  tragacantha,  mais  provenant 
d'espèces  orientales  du  même  genre  :  les 
A.  gumnifer,  verus  ,  crelicus. 

Enfin  la  teinture  emprunte  aux  Légumi- 
neuses plusieurs  matières  précieuses,  comme 
le  bois  do   Campêchs  (Hœmatoxylum  cam* 


LEI 


LEI 


277 


pechianum)  d'un  rouge  brun ,  cédant  faci- 
lement à  l'eau  et  à  l'alcool  sa  couleur,  due 
à  un  principe  particulier    qu'on    appelle 
Miématine,  et  surtout  Y  Indigo,  dont  le  prin- 
cipe colorant  ou  indigotine  n'existe  pas  ex- 
clusivement  dans  les  plantes  de   la  famille 
.  que  nous  traitons,  mais  néanmoins  s'extrait 
principalement  de   plusieurs  d'entre  elles, 
surtout  des  espèces  du  genre  Indigo  fera. 
'      Nous  nous  sommes  contenté  de  citer  ra- 
pidement les  usages  et  les  produits  les  plus 
'  connus  des  Légumineuses  ;    mais  ils  sont 
I  loin  d'être  bornés  à  ceux  que   nous  avons 
1  signalés,  et  il  nous  eût  été  facile  de  multi- 
plier  les  exemples,  surtout  en  les  prenant 
dans  les  végétaux  exotiques,  dont  beaucoup 
jouissent  de  propriétés  mises  à  profit  dans 
les  pays  qu'ils  habitent,  et  dont  plusieurs, 
outre  ceux  que  nous  avons  nommés,  sont 
recherchés  au  dehors  et  deviennent  ainsi 
une  source  de  richesse  commerciale. 

(Ad.  de  Jussrsu.) 
*LEHMAIVIVIIA  (nom  propre),  bot.  ph. — 
6enre  de  la  famille  des  Solanacées-Nicotia- 
nées  ,  établi  par  Sprengel  [Arleit.,  II,  458). 
Arbrisseaux  du  Pérou.  Voy.  solanacées. 

*LEIA  ().e~a,  lisse),  ins. — Genre  de  l'or- 
dre des  Diptères  némocères,  famille  des  Ti- 
pulaires,  Latr. ,  tribu  des  Tipulaires  fongi- 
coles,  id.,  créé  par  Meigen  et  adopté  par 
Latreille  et  M.  Macquart.  Ce  dernier  (Dipt. 
exot.,  t.  I,  lrc  partie,  p.  77)  y  rapporte 
2  espèces  :  les  L.  bilunula  Wied.,  et  ven- 
tralis  Say.  La  première  est  du  Brésil  ;  la 
deuxième  de  la  Pensylvanie. 

*LEIBLINIA.  bot.  cr.  —  Genre  d'Algues 
de  la  famille  des  Phycées ,  tribu  des  Ecto- 
carpées,  établi  par  Endlicher  (  Gen.  pi, 
n°  57).  Algues  marines.  Voy.  ectocarpées 

et  PHYCÉES. 

LEIBMTZIA,  Gass.  bot.  pb.  —  Syn. 
û'Anandria,  Siegesb. 

LEICHE.  Scymnus.  poiss. — Genre  de 
l'ordre  des  Chondroptérygiens  ,  famille  des 
Sélaciens ,  établi  par  G.  Cuvier  aux  dépens 
des  Squales.  Ces  poissons  ont  tous  les  carac- 
tères des  Centrines  (voy.  ce  mot),  excepté 
les  épines  aux  dorsales. 
î  Le  type  de  ce  genre  est  le  Leicbe  ou  Licbe, 
qui  vit  sur  nos  côtes ,  et  que  Broussonnet  a 
/nommée  sans  doute  par  erreur  Squalus 
Americanus. 

♦LEICBENUM  f>x*j  cal  qui  se  forme 


aux  jambes),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères 
hétérornères ,  famille  des  Mélasomes ,  tribu 
des  Ténébrionites ,  formé  par  Dejean ,  dans 
son  Catalogue.  L'auteur  en  mentionne  3  es- 
pèces, les  Opatrum  pictum  de  Fab.,  pul- 
chellum  de  Klug ,  et  L.  variegatum  de  De- 
jean. La  première  est  originaire  d'Autriche, 
la  deuxième  du  midi  de  la  France  et  de  l'I- 
talie, et  la  troisième  du  Sénégal.      (C.) 

*LEIESTES  ouEEIOTES  Unôtvjç,  lisse). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  subtétramères, 
trimères  de  Latreille,  famille  des  Fongicoles, 
formé  par  nous  et  adopté  par  M.  Dejean 
dans  son  Catalogue.  L'espèce  que  nous  avons 
fait  entrer  dans  ce  genre  est  la  Lycoperdina 
seminigra  de  Gyllenhal  (ruficollis  Dej.). 
Elle  est  originaire  de  Finlande ,  de  Styrie 
et  de  France.  (C.) 

LEIGHIA  (  nom  propre  ).  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Composées-Sénécio- 
nidées,  établi  par  Cassini  (in  Dict.  se.  nat., 
XXV,  435).  Herbes  ou  sous-arbrisseaux  do 
l'Amérique  tropicale.  Voy.  composées. 

*LEIMADOPHIS  (Xe^wv,  prairie  ;  Zr.;, 
serpent  ).  rept.  —  Genre  établi  par  M.  Fit- 
zinger  (Syst.  Rept.,  1843)  aux  dépens  du 
groupe  des  Couleuvres.  (E.  D.) 

LEIMANTHIUM  (kipw'v,  prairie  ;  â'vQoç, 
fleur),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Mélanthacées-Vératrées,  établi  par  Willde- 
now  (in  Bert.  Magaz.,  II,  24).  Herbes  de 
l'Amérique  boréale.  Voy.  mélanthacées. 

*LEIMOI\IPTERA ,  Kaup.  ois.  —Genre 
établi  sur  YAnthus  arboreus.  Voy.  pipit. 

LEIMONITES.  Leimonites.  ois.  —  Fa- 
mille peu  naturelle,  établie  par  Vieillot  dans 
l'ordre  des  Passereaux,  et  de  laquelle  font 
partie  les  genres  Stournelle  ,  Étourneau  et 
Pique-Bœuf.  (Z.  G.) 

LEINKERIA,  Scop.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Rhopala,  Schreb. 

LEIOCAMPA  ()i£îoç,  lisse;  xa^vî,  che- 
nille), ins.  —  Genre  de  l'ordre  des  Lépidop- 
tères établi  par  Stephens,  et  réuni  aux  No- 
todonta,  Ochs.  Voy.  ce  mot. 

*LEIOCARPUS  (  lûoç ,  lisse  ;  x«P7roç , 
fruit),  bot.  ph.  — Genre  de  la  famille  des 
Euphorbiacées-Phyllanthées ,  établi  par 
Blume(Bij'dr.,  581).  Arbres  ou  arbrisseaux 
de  Java.  Voy.  euphorbiacées.  —  DC,  syn. 
(YAnogcissus  ,  Wall. 

*LEIOCEPHALUS  (Xtfoç  ,  lisse  ;  xvpaM, 
tête),  rept.  —  Groupe  des  Stellions  (voy. 


278 


LEI 


LEI 


ce  mot)  d'après  M.  Gray  (Philos.  Mag.  II, 
1837).  (E.  D.) 

LÉIOCÈRE.  mam.  —  Subdivision  du 
genre  Antilope.  Voy.  ce  mot.        (E.  D.) 

♦LEIOCHÎTON,  Curtis.  ms.  —  Syn.  de 
Misodera  d'Eschscholtz.  Voy.  ce  mot.    (G.) 

*LEIOCNEMIS  (ieroç,  lisse;  xvu(*i», 
jambe),  ms.  —  Genre  de  Coléoptères  pen- 
tamères,  famille  desCarabiques,  tribu  des 
Féroniens,  établi  par  Zimmermann.  La 
seule  espèce  que  nous  sachions  avoir  été  rap- 
portée à  ce  genre,  est  du  Caucase  :  la  L. 
cordicollis  de  Ménétriés.  (G.) 

*LEIODACTÏLES  (  À£?o; ,  lisse  ;  3d*~ 
™>oç ,  doigt),  bept.  —  Division  des  Sau- 
riens, de  la  famille  des  Lacertiens ,  propo- 
sée par  MM.  Duméril  et  Bibron  (Erp.  gen. 
V,  1839).  (E.  D.) 

LÉIODERMES.  rept.  —  M.  Bory  de 
Saint-Vincent  (  Tabl.  erp.  et  die.  class.  ) 
a  créé  sous  ce  nom  une  famille  de  Reptiles , 
caractérisée  par  la  peau  non  écailleuse,  ne 
comprenant  que  le  genre  Caecilie ,  et  placée 
par  l'auteur  entre  les  Ophidiens  et  les  Ba- 
traciens. (E.  D.) 

LEIODES  (Xrfoç,  lisse),  ins.— Genre  de 
Coléoptères  hétéromères,  famille  des  Taxi- 
cornes  ,  tribu  des  Diapériales ,  créé  par  La- 
treille  (Gêner.  Crustaceor.  et  Insect.,  t.  4, 
p.  379),  réuni  par  Dejean  comme  synonyme 
aux  Anisotoma  de  Fab.,  mais  rétabli  comme 
genre  propre  par  Schmidt  (Zeitschrift  fur 
die  entomologie  von  Germar,  1841,  p.  130, 
133  ).  Ce  dernier  auteur  y  introduit  les  L. 
glabra  Pz.,  humeralis ,  seminulum  de  F., 
axillaris  de  Gyll.,  castanea  de  Herbst,  et 
orbicularis  de  Kugel.  La  plupart  de  ces  es- 
pèces sont  propres  au  centre  et  au  nord  de 
l'Europe.  Les  Léiodes  ont  pour  caractères  : 
Un  chaperon  séparé  de  la  tête;  des  mandi- 
bules épaisses,  presque  cachées,  légèrement 
dentées  sur  le  bord  intérieur;  des  palpes 
maxillaires  à  dernier  article  ovalaire  ,  acu- 
miné;  des  labiaux  à  article  terminal  oblong, 
pointu.  Le  bord  postérieur  du  corselet  est 
lisse;  le  mésosternum  horizontal,  large,  et 
les  tarses  antérieurs  des  mâles  sont  hétéro- 
mères. (C.) 

LEIODINA  Otfoç,  lisse),  inf.?  syst.?  — 
Genre  établi  par  M.  Bory  de  Saint-Vincent 
pour  trois  espèces  d'Infusoires  de  Mûller 
appartenant  au  genre  Cercaria  de  ce  der- 
nier.   L'une   d'elles,    Cercaria  crumenula, 


est  la  Furcocerque  bourse  de  Lamarck;  les 
deux  autres,  C.  vermicularis  et  C.  forcipatay 
sont  des  Trichocerques  de  Lamarck  et  des 
Dekiniade  M.  Morren;  la  dernière  espèce  a 
été  placée,  par  M.  Ehrenberg,  dans  son 
genre  Distemma.  M.  Bory  de  Saint-Vincent 
avait  voulu  caractériser  son  genre  Léiodine 
par  l'absence  des  cils  vibratiles;  aussi  le 
laissait-il  dans  son  ordre  des  Gymnodés.  Il 
lui  attribuait  aussi  une  queue  bifide  ,  com- 
posée d'une  sorte  de  fourreau  lâche  et  comme 
musculaire  ,  se  contractant  ou  s'allongeant 
au  moyen  d'anneaux  peu  distincts.  M.  Mor 
ren,  ayant,  au  contraire,  constaté  la  pré- 
sence des  cils  vibratiles  chez  les  deux  der- 
nières espèces,  en  fit  son  genre  Dekinia, 
caractérisé  d'ailleurs  par  une  trompe  pro- 
tractile  armée  de  deux  pinces  mobiles.  Une 
étude  plus  complète  de  ces  animaux  doit  les 
faire  classer  parmi  les  Rotateurs  ou  Systo- 
lides,  avec  les  Furculaires.  Voy.   ce  mot. 

,(Duj.) 

*LEIODOMUS.  moll.  —  Genre  inutile , 
proposé  par  M.  Swainson  ,  dans  son  Traité 
de  malacologie ,  pour  un  petit  groupe  de 
Buccins,  auquel  il  donne  pour  type  le  Buc- 
cinum  achatinum  des  auteurs.  Voy.  buc- 
cin. (Desh.) 

*LEIODON  (>£îoç,  lisse;  ISovç,  dent). 
rept.  foss.  — Genre  de  Lacertiens  fossiles, 
établi  par  M.  Owen  pour  des  dents  très  voi- 
sines de  celles  du  Mosasaurus,  provenant 
de  la  chaux  de  Norfolk.  Leur  face  externe 
est  aussi  convexe  que  leur  face  interne  ,  et 
leur  coupe  transversale  donne  une  ellipse 
dont  les  extrémités  du  grand  axe  correspon- 
dent à  deux  arêtes  tranchantes  opposées, 
longitudinales,  qui  séparent  la  face  externe 
de  la  face  interne  de  la  dent.       (L...D.) 

*LEIOLEPIS  (;ur0ç,  lisse;  Wç,  écaille). 
rept.  —  G.  Cuvier  (  Règ.  anim.  II,  1839) 
désigne  sous  cette  dénomination  un  groupe 
de  Sauriens  qu'il  distingue  génériquement 
des  Stellions.  Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

*LEIOLOPISMA  (>£?oç,  lisse;  W<™«, 
enveloppe),  rept.  —  Genre  de  Sauriens  de 
la  famille  des  Scincoïdiens,  établi  par 
MM.  Duméril  et  Bibron  [Erp.  gen.  V,  1839). 
Une  seule  espèce  entre  dans  ce  groupe ,  c'est 
le  Leiolopisma  Telfairi  Dum.  et  Bibr.  (loco 
citato),  qui  se  trouve  dans  les  petits  îlots  de 
Coui,  de  Mire,  etc.,  voisins  de  l'Ile  de 
France  (E.  D.) 


LEI 


LEI 


279 


*LEIO"ïYZA  (  *eîa  ,  lisse  ;  myza  pour 
fjLwîa,  mouche),  ins.  —  Genre  de  Tordre  des 
Diptères  brachocères,  famille  des  Musciens, 
tribu  des  Muscides,  établi  par  M.  Macquart 
(  Hist.  des  Dipt. ,  suites  à  Buffon,  tom.  II , 
pag.  605)  pour  une  seule  espèce,  Leiomyza 
glabriuscula,  qui  habite  l'Allemagne. 

*LEIO.\OTA,  Dej.  ins.  —  Syn.  d'Holo- 
îepta  de  Paykul  et  d'Erichson.  Voy.  ce  mot. 

*LEIOKOTUS  (Atroç,  lisse;  v£Toç,  dos). 
ins.  — Genre  de  Coléoptères  pentamères, 
famille  des  Hydrocanthares ,  tribu  des  Dy- 
tiscides,  établi  par  Kirby  (Fauna  boreali 
americana,  1837,  p.  77)  avec  une  espèce 
du  nord  de  l'Amérique,  le  L.  Franldini  de 
l'auteur.  .  (G.) 

*EEI01VOTUS.  rept.— Groupe  établi  aux 
dépens  des  Couleuvres.  Voy.  ce  mot. 

*LEIOPA,  Gould.  ois.— Division  du  g. 
Mégapode.  Voy.  ce  mot.  (Z.  G.) 

TEIOPHRON.  ins.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Braconides ,  de  l'ordre  des  Hymé- 
noptères, établi  par  M.  Nées  von  Esenbeck 
(Ichn.  aflin.,  1. 1  ).  L'espèce  type,  Leiophron 
ater,  se  trouve  dans  plusieurs  contrées  de 
l'Europe.  (Bl.) 

LEIOPHYLLUM  (  Ae?o« ,  lisse  ;  <p^°v  f 
feuille),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Éricacées-Rhododendrées,  établi  par  Persoon 
(  Encheit. ,  1 ,  497  ).  Arbrisseaux  de  l'Amé- 
rique boréale.  Voy.  éricacées. 

*LEIOPLACIS  (tooç,  lisse;  *>otë,croûte). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  subpentamères, 
famille  des  Cycliques,  tribu  des  Chrysomé- 
lines ,  formé  par  Dejean  dans  son  Catalo- 
gue ,  où  il  en  cite  deux  espèces  de  l'Améri- 
que méridionale,  les  L.  Klugii  et  consobrina. 

Voy.   CHRYSOMÉLINES.  (C.) 

*LEIOPOMIS  (A»oç,  lisse;  «5^,  gobe- 
let), ins.  — Genre  de  Coléoptères  subpen- 
tamères, famille  des  Cycliques,  tribu  des 
Alticites  (Chrysomélines  de  Latreille),  établi 
par  Dejean  dans  son  Catalogue  avec  une  es- 
pèce de  Cayenne  qu'il  a  nommée  L.  cro- 
cea.  (C.) 

*LEIOPTERUS,  Sch.  ins.— Syn.  du  g. 
Otidocephalus.  Voy.  ce  mot.  (C.) 

*JLEIOPUS (tob;,  lisse;  ttoûç,  pied),  ins. 
—  Genre  de  Coléoptères  subpentamères,  fa- 
mille des  Longicornes ,  tribu  des  Lamiaires, 
créé  par  Serville  (Ann.  de  la  Soc.  ent.  de 
Fr.,  t.  IV,  p.  86),  et  adopté  par  MM.  Mul- 
sant  et  Dejean.  Ce  dernier  auteur  en  énumère 


dans  son  Catalogue  40  espèces  :  38  appar- 
tiennent à  l'Amérique  et  2  à  l'Europe;  ces 
dernières  sont  les  Cerambyx  nebulosus  de 
Lin.,  et  punctulatus  de  Paykul.  Les  types, 
L,  griseo  fasciatus  Dej.-Serv.,  et  seniculus 
Germ.,  sont  originaires  du  Brésil.  Le  nom- 
bre des  espèces  aujourd'hui  connues  dépasse 
60.  Les  Leiopus  se  distinguent  des  Pogono- 
cherus  par  des  antennes  glabres,  par  la  lon- 
gueur du  premier  article  des  antennes,  et 
par  la  face  antérieure  de  la  tête,  qui  est 
longue,  plane  ou  légèrement  bombée.   (C.) 

LEIORREUMA,  Eschw.  bot.  cr.— Syn. 
de  Graphis,  Fr. 

*LEIOSAURUS  (UToq,  lisse;  cwîpoç,  lé- 
zard), rept.  —  Division  des  Stellions  pro- 
posée par  MM.  Duméril  et  Bibron  (  Erp. 
gen.  IV,  1837),  et  ne  comprenant  que  deux 
espèces  caractérisées  par  leur  tête  courte , 
déprimée,  revêtue  de  très  petites  écailles; 
par  leur  queue  courte,  arrondie,  etc.  Les 
deux  espèces  connues  sont  indiquées  sous 
les  noms  deL.  Bellii  Dum.  et  Bibr.,  et  de  L. 
fasciatus  Aie.  d'Orb.  (Voy.  Amer,  mérid.); 
la  première  a  été  prise  au  Mexique  et  la 
seconde  à  Buénos-Ayres.  (E.  D.) 

*LEIOSELASMA  (^oç,  lisse;  <r Accroc, 
lumière)  rept.  —  Lacépède  (  Ann.  Mus. 
IV,  1806)  indique  sous  ce  nom  un  groupe 
d'Ophidiens  Hydridiens  qui  ne  renferme 
qu'une  seule  espèce  ,  le  Leioselasma  striatus 
Lacép.  [loco  citato) ,  qui  se  trouve  à  la  Nou- 
velle-Hollande. (E.  D.) 

*LEIOSOMA,  Chevrolat. ins.—  Syn.  d7- 
somalus,  Erichson.  Voy.  ce  mot.       (C.) 

*LEIOSOM€S(Àeroç,glabre;aw//«>corps). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  tétramères, 
famille  des  Curculionides  gonatocères,  di- 
vision des  Molytides  ,  proposé  par  Kirby, 
publié  par  Stephens  (British  Entomology  ) 
sous  le  nom  de  Leiosorna,  et  adopté  par 
Schcenherr  (Syn.  gen.  et  sp.  Cnrcul.,  t.  6, 
2e  part.,  p.  315)  avec  la  terminaison  mas- 
culine. 5  espèces  d'Europe  font  partie  du 
genre:  les  L.  ovatulus  Clairv., cribrum  et 
concinnus  Gr.,  oblongus  et  impressus  Schr. 
Elles  faisaient  autrefois  partie  des  Liparus 
ou  Molytes.  Leur  taille  est  petite  et  leur 
corps  dur  à  l'égal  de  la  pierre.  II  est  noir 
et  bisphérique.  On  trouve  ces  insectes  dans 
l'herbe  et  sur  les  plantes  basses  de  nos  prai- 
ries. (C.) 

*JLEK)SPERMUM  f>~o5,  lisse;  aniouy, 


2S0 


LEI 


LEJ 


graine),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Saxifragacées-Cunoniées,  établi  par  Don  (in 
Edinb.  new  philosoph.  Journ.,  IX,  91).  Ar- 
bres ou  arbrisseaux  de  la  Nouvelle-Zélande. 
Voy.  saxifragacées.  —  Wall.,  syn.  de  Psi- 
lotrichum,  Blum. 

*LEIOSTOMA(*£?oç,  lisse;  crréf**,  ouver- 
ture), moll.  — Une  coquille  fossile,  extrê- 
mement commune  dans  le  calcaire  grossier 
des  environs  de  Paris,  ainsi  que  dans  l'ar- 
gile de  Londres,  le  Fusus  bulbiformis,  est 
devenue  pour  M.  Swainson  le  type  d'un  g. 
nouveau  auquel  il  donne  le  nom  de  Leios- 
toma.  Voy.  fuseau. 

M.  Swainson ,  oubliant  sans  doute  qu'il 
avait  déjà  appliqué  ce  nom  à  un  g.  extrait 
des  Fuseaux,  l'emploie  de  nouveau  dans  le 
même  ouvrage  pour  un  autre  g.  extrait  du 
grand  type  des  Hélices,  VHelix  %jesicalis.  Ce 
g.,  comme  on  le  voit ,  n'est  pas  plus  utile 
que  le  premier.  Voy.  hélice.         (Desh.) 

LÉIOSTOME.  Leiostomus  {lt~oç,  lisse; 
«Topa  ,  bouche),  poiss.  —  Genre  de  l'ordre 
des  Acanthoptérygiens,  famille  des  Sciénoï- 
des,  établi  par  Lacépède,  et  adopté  par 
MM.  Cuvier  et  Valenciennes  (  Hist.  des 
Poiss.,  V,  140).  Ces  Poissons  sont  principa- 
lement caractérisés  par  des  dents  tellement 
fines,  qu'elles  avaient  échappé  à  l'œil  de 
divers  observateurs.  On  connaît  2  espèces 
de  ce  genre  :  les  Léiostomes  a  épaule  noire 
et  a  queue  jaune,  l,.  humeralis  Cuv.  et  Val., 
et  xanthurus  Lacép.,  qui  paraissent  habiter 
Us  deux  Amériques. 

LEIOSTROMA.  bot.  cr.  —  Voy.  thélé- 

PHORE. 

*LEIOTHECA,  Brid.  bot.  CR.— Syn. 
û'Ulota,  Mœhr. 

LÉIOTHRICINÉES.  Leiothricinœ.  ois. 
—  Section  établie  dans  la  famille  des  Bac- 
civoridées,  et  ayant  pour  type  le  genre  Leio- 
thrix.  Voy.  baccivoridées  et  leiothrix. 

*LEIOTHRIX,  Swains.  ois.  —Voy.  mé- 
sange. 

*LEIOTULUS.  bot.  ph.— Genre  de  la  fa- 
mille des  Ombellifères-Peucédanées,  établi 
par  Ehrenberg  (m  Linnœa ,  IV,  400).  Her- 
bes de  l'Egypte.  Voy.  ombellifères. 

*LE1RL3 ,  Mégerle.  ins.— Syn.  de  Cur- 
îonotus  de  Stephens.  (C.) 

LEISTES,  Vig.  ois.  —Section  de  la  fa- 
mille des  Troupiales.   Voy.   ce  mot. 

(Z.  G.) 


*LEISTOTROPIUJS,  Perty.  ins— Syn. 
d'Osorius.  Voy.  ce  mot.  (C.) 

LE1STUS  (XeToç,  uni),  ins.— Genre  de 
Coléoptères  pentamères,  famille  des  Cara- 
biques,  tribu  des  Patellimanes,  établi  par 
Frœhlich  et  adopté  par  Dejean,  et  par  La- 
treille  dans  ses  derniers  ouvrages.  16  espèces 
rentrent  dans  ce  genre  :  14  appartiennent  à 
l'Europe  et  2  à  l'Amérique  du  Nord.  Parmi 
les  premières,  sont  les  L.  spinibarbis,  spini- 
labris  de  Fab.  et  fulvibarbis  d'Hoffmansegg, 
Dej.  Toutes  trois  se  rencontrent  aux  envi- 
rons de  Paris,  dans  les  parties  montueuses, 
sous  les  pierres,  sous  les  écorces  ou  au  pied 
des  arbres,  et  parmi  les  mousses  et  les  feuil- 
les sèches.  Les  Leistus  sont  agiles  et  se  dis- 
tinguent de  tous  les  autres  genres  de  Cara- 
biques  par  des  mâchoires  garnies,  sur  le  côté 
extérieur,  desoies  raides,  fortes  etépineuses. 
Ce  caractère  unique  leur  avait  fait  donner 
par  Latreille  le  nom  générique  de  Pogono- 
phorus ,  qui  n'a  pas  prévalu.  Leur  corselet 
est  cordiforme,  et  leurs  élytres  sont  ova- 
laires. 

On  doit  rapporter  à  ce  genre  la  Nebria 
palpes  de  Say  et  de  Dejean,  qui  est  originaire 
des  États-Unis.  (C.) 

*LEIUPERUS  (Aêfoç,  lisse;  w7T£Pu«, 
palais),  rept.  — Genre  d'Amphibiens  delà 
famille  des  Crapauds,  créé  par  MM.  Du- 
méril  et  Bibron  {Erp.  gen.  VIII,  1840)  et 
très  voisin  des  Cystignathes ,  dont  il  se 
distingue  par  son  palais  entièrement  lisse. 
Par  leur  forme  concave,  les  Leiuperus  ont 
également  quelques  rapports  avec  les  Son- 
neurs. Une  seule  espèce  entre  dans  ce  groupe, 
c'est  le  L.  marmoratus  Dum.  et  Bibr.,  de 
l'Amérique  du  Sud.  (E.  D.) 

*LEJA  (>aa,  butin),  ins.— Sous-genre  de 
Coléoptères  pentamères,  famille  des  Cara- 
biques,  tribu  des  Subulipalpes,  proposé  par 
Mégerle  et  adopté  par  Dejean ,  comme  for- 
mant une  des  divisions  du  grand  genre  Bem- 
bidium.  28  espèces  y  sont  rapportées  par  ce 
dernier  auteur:25  appartiennent  à  l'Europe,  ; 
et  3  à  l'Amérique.  Parmi  les  espèces  de 
notre  pays,  nous  citerons  lesCar.pygmœus,  "'■ 
celer,  minutus,  gutlula  et  bi-guttatus  de  Fab. 
Les  Leja  sont  petits,  vifs,  verts,  noirs  et 
brillants;  leurs  élytres  sont  souvent  mar- 
quées, vers  l'extrémité,  d'une  tache  pâle  »u 
rouge.  Ils  fréquentent  les  endroits  maréca- 
geux. (C) 


LEM 

LELIA.  Lœlia.  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Orchidées  -Épidendrées ,  établi 
par  Lindley  (Bot.  reg.,  t.  1947),  et  pré- 
sentant pour  caractères  principaux  :  Divi- 
sions du  périgone  étalées  :  les  extérieures 
lancéolées,  égales  ;  les  intérieures  plus  gran- 
des, charnues.  Labelle  3-parti,  lamelle,  s'en- 
roulant  autour  du  gynostème  ;  celui-ci  est 
charnu,  dépourvu  d'ailes,  canaliculé.  An- 
thères   Pollinies  8,  caudicules  4.  Les 

lias  sont  des  herbes  du  Mexique,  croissant 
sur  les  arbres  ,  à  rhizome  pseudobulbifère  ; 
a  feuilles  charnues  ;  à  fleurs  peu  nombreu- 
ses, apparentes  ,  odoriférantes,  et  disposées 
en  scapes  terminaux. 

Nous  avons  figuré  dans  l'Atlas  de  ce  Dic- 
tionnaire ,  Botanique,  Monocotylédones  , 
pi.   19  ,  une  belle  espèce  de  ce  genre,  le 

LÉLIA  FAUX  CATTLEYA. 

LEMA  (iatpw,  voracité),  ins.  —  Genre 
de  Coléoptères  subpentamères ,  famille 
desEupodes,  tribu  des  Criocérides,  créé 
par  Fabricius  (  Entomologia  systematica 
supp.,  p.  90),  et  adopté  par  M.  Th.  Lacor- 
daire  (Monographie  des  Coléoptères  subpen- 
tamères phytophages,  p.  303),  qui  y  établit 
6  divisions  ,  et  y  comprend  les  Petauristes 
de  Latreille  et  de  Guérin.  M.  Lacordaireen 
conservant  les  g.  Lema  etCrioceris,  dont  le 
second  n'était  regardé  que  comme  syno- 
nyme du  premier,  distingue  les  premiers  des 
seconds,  par  les  tarses  qui,  chez  ceux-là, 
ont  des  crochets  soudés  à  la  base  dans  le 
tiers ,  la  moitié  ou  les  deux  tiers  de  leur 
longueur.  Ces  tarses  sont  simplement  divisés 
dans  les  Crioceris.  Les  espèces  qui  consti- 
tuent ce  g.  (273)  sont  réparties  sur  tout  le 
globe.  Les  larves  de  ces  Insectes  traînent 
avec  elles,  sur  les  plantes  qui  les  nourrissent, 
un  fourreau  formé  des  excréments  humides 
qu'elles  rendent,  et  qui  doit  les  préserver 
de  l'action  trop  vive  de  l'air  et  de  l'avidité 
des  oiseaux.  (C.) 

LEMAKEA.  bot.  cr.  — Genre  d'Algues, 
famille  des  Phycées  ,  tribu  des  Lémanées  , 
établi  par  M.  Bory  de  Saint-Vincent  (Dict. 
cîaiS.f  IX,  274  ).  Algues  d'eau  douce,  de 
couleur  olivâtre.  Voy.  phycées. 

LÉMANÉES.  Lemaneœ.  bot.  cr. — Tribu 
des'Phycées.  Voy.  cemot. 

LEMAMNA,  Bor.  bot.  cb.  —  Syn.  de 
Batrachospermum,  Roth. 

LÉ3IAMTE.  min.— Le  Jade  de  Saussure, 

T.    VII. 


LEM 


281 


qu'on  trouve  en  morceaux  roulés,  sur  les 
bords  du  lac  Léman.  (Del.) 

*LEMBOSIA  (A«>ffoç,  barque),  bot.  cr. 
—  Genre  de  Champignons  de  la  classe  des 
Thécasporés  ,  que  j'ai  décrit  {Ann.  se.  nat., 
1845  ,  p.  58^,  et  qui  a  quelques  rapports 
avec  les  Asteroma  de  De  Candolle.  Il  se  pré- 
sente sous  la  forme  de  petites  taches  noires 
formées  par  un  subiculum  composé  de  fila- 
ments rameux,  très  petits,  adhérents  à  la 
surface  des  feuilles.  Ces  filaments  suppor- 
tent çà  et  là  des  petits  réceptacles  ovales  ou 
allongés  qui  s'ouvrent  par  une  fente  longi- 
tudinale ;  ils  renferment  une  petite  masse 
charnue,  formée  de  thèques  presque  globu- 
leuses ,  dans  lesquelles  on  voit  de  6  à  12 
spores  ovales  divisées  en  deux  par  une  cloi- 
son médiane.  On  n'en  connaît  encore  que 
quelques  espèces  ,  qui  sont  toutes  exotiques 
et  épiphylles.  (Lév.) 

*JLEMBUEUS  (tipSoç ,  barque),  moll.— 
M.  Leach,  en  examinant  les  espèces  du  g. 
Nucule,  reconnut  u»n  certain  nombre  d'es- 
pèces portant  un  ligament  sur  un  cuilleron, 
à  l'intérieur  de  la  charnière  ,  tandis  que 
d'autres  l'ont  à  l'extérieur.  C'est  avec  ces 
espèces  à  ligament  interne  que  M.  Leach  a 
fait  le  g.  mentionné;  et  £i  on  l'adoptait, 
ainsi  que  le  Leda  de  M.  Schumacher,  il  en 
résulterait  la  disparition  complète  du  g. 
Nucule  de  Lamarck.  Ce  g.  ne  peut  donc 
être  adopté.  Voy.  nucule.  (Desh.) 

*LEMIDIA.  ins.— Genre  de  Coléoptères 
tétramères,  famille  desMalacodermes,  tribu 
des  Clairones,  établi  par  M.  Spinola  (Essai 
monographique  sur  les  Clérites,  1844,  t.  II, 
p.  32-35),  qui  le  comprend  parmi  ses  Clé- 
rites  hydnocéroïdes.  Ce  genre  ne  renferme 
qu'une  espèce,  la  L.  nitens  de  Newm.,  qui 
est  originaire  de  la  Nouvelle-Hollande.  (C.) 

LEML\G.  mam.  —  Voy.  lemming. 

*LEMMATIUM.  bot.  ph.— Genre  de  la 
famille  des  Composées  -Sénécionidées,  établi 
par  De  Candolle  (Prodr.,  V,  669).  Arbris- 
seaux du  Brésil.  Voy.  composées. 

*LEAIMATOPHILA(V£>va,  lentille  d'eau; 
9caoî,  qui  aime),  ins.  —  Genre  de  l'ordre 
des  Lépidoptères  nocturnes ,  famille  des 
Pyraliens,  tribu  des  Tinéides,  établi  par 
Teitschke,  et  distingué  des  autres  genres 
de  la  même  famille  par  des  palpes  falqués  , 
à  dernier  article  très  grêle,  et  par  des  an- 
tennes pectinées  dans  les  mâles.  M.  Dupon- 

3G 


28*2 


LEM 


LEM 


chel  (Hist.  des  Lépid.  d'Europe,  tom.  XI, 
pag.  47)  en  décrit  3  espèces,  dont  le  type 
est  la  Lemmatophila  phryganella,  commune 
en  France,  surtout  aux  environs  de  Paris. 

LEMMERGEYER.  ois.  —  Nom  vul- 
gaire que  porte  dans  les  Alpes  le  Gypaète 
barbu.  (Z.  G.) 

*LEMMINA.  mam. —  Division  des  Ron- 
geurs comprenant  plusieurs  groupes  dont  le 
principal  est  celui  des  Lemmings.  (;E.  D.) 

LEMMING.  mam. — Espèce  et  sous-genre 
de  Campagnols.  Voy.  ce  mot. 

*LEMM0M1'S  {Lemmus,  Lemming;  fiç, 
rat),  mam.  —  Genre  de  Mammifères  de  l'or- 
dre des  Rongeurs ,  proposé  par  M.  Lesson 
(Nouv.  Tab.  Mamm.,  1842),  et  formé  aux 
dépens  des  Bathyergus.  Ce  groupe  ne  com- 
prend qu'une  seule  espèce,  décrite  par  Pal- 
las  sous  le  nom  de  Mus  talpinus,  indiqué 
par  Erxleben  sous  la  dénomination  de  Spa- 
îax  minor,  et  qui  se  trouve  dans  les  step- 
pes d'Astracan.  (E.  D.) 

LEMMUS.  mam.  —  Voy.  campagnol. 

LEMNA.  bot.ph.  —  Voy.  lenticule. 

*LEMNACÉES. Zemnaceœ. bot.  ph.— -Fa- 
mille monocotylédone  qui  se  compose  d'un 
nombre  peu  considérable  de  végétaux  très 
petits,  remarquables  sous  plusieurs  rap- 
ports. Leurs  diverses  espèces  connues  jus- 
qu'à ce  jour  vivent  dans  les  eaux  douces  et 
stagnantes ,  sur  toute  la  surface  du  globe, 
mais  surtout  dans  les  parties  tempérées  de 
l'hémisphère  nord.  Elles  s'y  multiplient  si 
facilement  et  en  si  grande  abondance ,  que 
souvent  elles  cachent  absolument  la  sur- 
face de  l'eau  sous  une  couche  continue  d'un 
vert  gai.  L'organisation  de  ces  petites  plan- 
tes ,  vulgairement  connues  sous  le  nom  de 
lentilles  d'eau ,  à  cause  de  la  forme  sous 
laquelle  elles  se  présentent  le  plus  habi- 
tuellement, a  été  étudiée  avec  soin  par  plu- 
sieurs observateurs,  parmi  lesquels  nous 
citerons  particulièrement  MM.  L.  C.  Ri- 
chard {tieliquiœ  Richardianœ,  etc.  Archiv. 
de  Botan.,  t.  I,  p.  200,  plane.  7),  Ad. 
Brongniart  (Note  sur  la  structure  du  fruit 
des  Lemna,  Archiv.  de  Botan.,  t.  II,  p.  97, 
plane.  12),  Schleiden  (Prodromus  mono- 
graphiœ  Lemnacearum,  etc.  Linnaea,  1839, 
p.  383-392).  C'est  en  grande  partie  d'a- 
près ces  célèbres  observateurs  que  nous 
«lions  exposer  les  caractères  et  la  struc- 
ture des  Lemnacées. 


Ce  sont  de  petites  herbes  entièrement 
libres  qui  nagent  à  la  surface  des  eaux 
douces  ou  qui  y  sont  parfois  submergées; 
elles  présentent  une  ou  plusieurs  racines 
qui  s'enfoncent  "verticalement  dans  l'eau 
et  dont  chacune  porte,  à  son  extrémité,  une 
sorte  de  coiffe  ou  de  petit  étui  lâche  ;  cette 
coiffe  ou  gaîne  est  formée  d'un  tissu  cellu- 
laire assez  consistant,  dans  l'intérieur  du- 
quel Meyen  a  observé  le  phénomène  de  la 
rotation;  elle  donne  à  l'extrémité  de  ïa 
racine  des  Lemnacées  un  diamètre  nota- 
blement plus  considérable  que  dans  le, 
reste  de  son  étendue.  Elle  a  été  envisagée; 
de  diverses  manières  depuis  Wolf,  qui  le 
premier  l'a  observée  avec  soin;  les  uns 
l'ont  regardée  comme  une  portion  de  l'é- 
piderme  de  la  racine  qui  se  serait  déta- 
chée; M.  Treviranus  a  même  dit  qu'elle 
pouvait  se  reproduire  après  avoir  été  enle- 
vée ,  ce  que  Meyen  affirme  n'avoir  jamais 
pu  observer;  d'autres  ont  pensé  que  c'est 
une  modification  de  la  spongiole  de  la  ra- 
dicule; enfin  M.  Schleiden,  rejetant  l'une 
et  l'autre  de  ces  opinions ,  y  voit  un  organe 
propre  qui  existe  déjà  lorsque  la  racine 
n'a  pas  encore  fait  saillie  hors  du  tissu 
même  de  la  plante.  Le  corps  même  du  vé- 
gétal est  formé,  chez  les  Lemnacées,  de 
petites  expansions  le  plus  souvent  de  la 
forme  et  de  la  grosseur  des  lentilles,  dont 
la  première,  formée  à  la  germination,  donne 
naissance  aune  seconde,  une  troisième, etc., 
qui  sortent  de  fentes  creusées  au  bord 
même  de  l'expansion  lenticulaire.  Ces  ex- 
pansions sont  désignées  sous  le  nom  de 
fronde;  elles  représentent  à  la  fois  la  tige 
et  les  feuilles  de  ces  petites  plantes.  C'est 
également  des  fentes  latérales  de  la  fronde 
que  sortent  les  fleurs.  Ces  fleurs  sont  dif- 
ficiles à  rencontrer  à  cause  de  leurs  petites 
dimensions  et  parce  qu'elles  paraissent  rie 
se  développer  que  rarement.  Cependant 
M.  Schleiden  assure  que  toutes  les  fois  qu'il 
les  a  cherchées  en  temps  convenable,  au 
premier  printemps,  il  les  a  observées  en 
abondance  sur  la  plupart  des  espèces.  Ces 
fleurs  sont  monoïques,  pourvues  pour  toute 
enveloppe  d'une  spathe  d'abord  fermée, 
membraneuse  ,  qui  se  déchire  irrégulière- 
ment pour  laisser  sortir  les  organes  sexuels^ 
Les  mâles  renfermées  dans  cette  spathe, 
au  nombre  de  1  ou  2,  présentent  chacune 


LEM 


IEM 


233 


une  étamine  dont  le  filet  est  nniorme, 
allongé,  dont  l'anthère  est  à  deux  loges 
presque  globuleuses,  très  écartées  Tune  de 
l'autre  à  la  base,  contiguës  au  sommet, 
subdivisées  en  deux  logettes,  s'ouvrant  par 
une  fente  longitudinale.  Le  pollen  est  glo- 
buleux, hérissé.  La  fleur  femelle  est  uni- 
que, renfermée  dans  la  même  spathe;  elle 
se  compose  d'un  pistil  sessile,  dont  l'ovaire 
est  uniloculaire,  à  un  ou  plusieurs  ovules 
anatropes,  demi-anatropes  ou  orthotropes, 
pourvus  de  deux  téguments;  le  style  est 
terminal  et  continua  l'ovaire,  dilaté  à  son 
extrémité  en  un  stigmate  infundibuliforme. 
Le  fruit  qui  succède  à  ces  fleurs  est  un 
utricule  indéhiscent  mono-  ou  polysperme, 
ou  bien  une  capsule  qui  s'ouvre  transver- 
salement. La  graine  est  pourvue  de  deux 
téguments,  dont  l'extérieur  est  assez  épais, 
l'intérieur  membraneux.  L'embryon  a  été 
décrit  dans  les  sens  les  plus  divergents  par 
M.  Brongniart  d'un  côté,  par  M.  Schleiden 
de  l'autre.  Selon  le  premier  de  ces  savants 
(loc.  cit.,  p.  99),  il  est  dépourvu  de  péri- 
sperme  ou  d'albumen,  presque  cylindrique, 
de  forme  analogue  à  celle  de  la  graine;  sa 
radicule  (ou  plutôt  la  base  de  sa  tigelle) 
répondant  au  sommet  libre  du  nucléus, 
enfermée  dans  la  fente  du  cotylédon,  est 
comprimée,  lunulée,  adhérente  au  corps 
cotylédonaire  par  un  pédicelle  étroit;  son 
cotylédon  est  épais,  farineux,  verdâtre 
vers  sa  base ,  creusé  inférieurement  d'une 
cavité  où  est  renfermée  la  radicule  ,  enve- 
loppant, plus  bas  que  son  point  central ,  une 
petite  gemmule  ovoïde,  presque  globuleuse, 
percé  dans  le  sens  de  son  axe,  depuis  la 
gemmule  jusqu'à  la  chalaze,  d'une  cavité 
allongée,  occupée  par  un  tube  membra- 
!  neux ,  sinueux  ,  rempli  de  globules  denses, 
j  Au  contraire  ,  la  description  de  M.  Schlei- 
;  den  ne  signale  absolument  aucune  de  ces 
particularités  singulières  ;  selon  lui ,  l'em- 
bryon est  droit,  logé  dans  l'axe  d'un  albu- 
men charnu;  il  est  monocotylédone;  sa 
!  gemmule  regarde  en  dehors  ;  sa  radicule 
,  est  supère ,  ou  infère,  ou  vague.  Entre  ces 
deux  descriptions  si  discordantes ,  ducs  à 
deux  observateurs  d'une  exactitude  recon- 
nue, il  serait  très  difficile  de  se  prononcer; 
mais  nous  savons  de  bonne  source  que 
M.  Ad.  Brongniart,  ayant  eu  occasion, 
l'an  dernier,  de  revenir  sur  ses  premières 


observations,  qui  remontent  à  1826,  n'a 
pas  retrouvé  l'organisation  singulière  qu'il 
avait  d'abord  signalés.  Il  en  résulterait 
donc  que  la  description  donnée  par 
M.  Schleiden  devrait  être  regardée  comme 
plus  conforme  à  la  nature. 

La  place  des  Lemnacées  parmi  les  fa- 
milles monocotylédones  n'est  pas  parfai- 
tement déterminée;  M.  Schleiden  en  fait 
une  simple  tribu  dans  la  famille  des  Aroï- 
dées,  tandis  que  la  plupart  des  botanistes 
y  voient  une  famille  distincte  qu'ils  pla- 
cent parmi  les  monocotylédones  aquati- 
ques ,  à  la  suite  des  Naïadées.  Mais  si  l'on 
admet  avec  M.  Schleiden  que  leur  embryon 
est  pourvu  d'un  albumen,  elles  formeront 
une  exception  remarquable  parmi  les  mo- 
nocotylédones aquatiques,  dont  la  graine 
est  dépourvue  d'albumen. 

Dans  sa  monographie  des  Lemnacées, 
M.  Schleiden  a  subdivisé  le  genre  Lemna, 
L.,  qui  seul  constituait  la  famille,  en 
quatre  genres  distincts. 

Wolfia,  Horkel  (  Lemna  hyalena  Delile) 
Lemna,  Schleid.  —  Telmatophace,  Schleid. 
(Lemna  Gibba  Lin.)  —  Spirodela,  Schleid. 
(Lemna  polyrhiza  Lin.).  (P.  D.) 

LEMN1SCIA,  Schreb.  bot,  ph.— Syn.  de 
Lantanea,  Aubl. 

*LEM1VISQUE.  Lemniscus  (Uii.vlaxoq,  co- 
rymbe).  acal.  —  Genre  de  l'ordre  des  Bé- 
roïdes  ,  proposé  par  MM.  Quoy  et  Gaimard 
pour  un  Acalèphe  large  de  60  centimètres 
sur  4  centimètres  de  hauteur,  hyalin,  bordé 
de  rose ,  trouvé  dans  les  mers  équatoriales , 
près  de  la  Nouvelle-Guinée.  Son  corps  est 
gélatineux,  en  forme  de  ruban  ,  lisse ,  ho- 
mogène ,  sans  ouverture  ni  canal  dans  son 
intérieur,  sans  cils  ni  franges  sur  ses  bords. 
D'après  ces  caractères  vagues  ou  négatifs , 
on  ne  peut  donc  l'inscrire  qu'avec  doute 
parmi  les  Acalèphes,  auprès  des  Cestes. 
Peut-être  est-ce  un  amas  d'eeufs  de  Mollus- 
ques, comme  ceux  des  Doris.         (Duj.) 

LEMMSQUE.  rept.  —  Espèce  du  genre 
Couleuvre. 

LEMONIA.  bot.  ph.— Genre  de  la  famille 
des  Diosmées,  établi  par  Lindley  (in  Bot. 
reg.,  1840,  t.  59).  Arbrisseau  des  Antilles. 
Voy.  diosmées.  —  Pers. ,  syn.de  Gladiolus, 
Linn. 

LEMOSTHENUS.   ins.  —  Voy.  l/oios- 

THENUS. 


284 


LEN 


LEN 


*L£MPHUS  (Tcpyoç,  simplicité),  ins.— 
Genre  de  Coléoptères  pentamères,  famille 
des  Malacodermes,  tribu  des  Malachiens, 
créé  par  Erichson  (Entomographien,  1840, 
p.  132),  pour  une  espèce  de  la  Guyara, 
nommée  par  l'auteur  L.  mancus.  (C.) 
LÉMUR.  mam.  —  Voy.  maki. 
LÉMURIENS.  Lemuridœ,  Gray.  mam.— 
Famille  de  Tordre  des  Quadrumanes ,  éta- 
blie par  M.  E.  Geoffroy-Sain t-Hilaire  et 
adoptée  par  tous  les  zoologistes.  Les  Lému- 
riens ,  qui  sont  vulgairement  désignés  sous 
le  nom  de  Faux-Singes,  à  cause  de  leurs 
nombreux  rapports  avec  les  Singes  propre- 
ment dits,  sont  principalement  caractérisés 
par  leurs  incisives ,  au  nombre  de  quatre 
à  chaque  mâchoire  ;  par  l'ongle  de  leur 
deuxième  doigt  des  pieds  de  derrière  en 
alêne ,  et  par  leurs  narines  terminales  et 
sinueuses. 

Ces  Quadrumanes,  désignés  par  Linné 
sous  le  nom  de  Lémur  (Maki  ) ,  compren- 
nent les  genres  Indri ,  Maki,  Loris,  Nyc- 
ticèbe,  Galago  ,  Tarsier,  etc.,  d'après  G. 
Cuvier  et  la  plupart  des  zoologistes.  Dans 
ces  derniers  temps,  M.  Lesson  (Nouv.  Tab. 
du  Règ.  anim.  Mamm.,  1842)  les  a  subdi- 
visés en  deux  familles  distinctes  ,  celles  des 
Lemuridœ  et  des  Pseudolemuridœ ,  et  il  a 
créé  un  grand  nombre  de  genres  qui  n'ont 
pas  encore  été  caractérisés  :  dans  les  Lemu- 
IUDJ2 ,  il  place  les  g.  Pithelemur ,  Semnoce- 
buSy  Cebugale  ,  Myscebus,  Gliccbus  ,  Mioxi- 
cebus,  Propitheous,  Lemur,  Potto  ,  Bradij- 
lemur,  Arachnocebus ,  Galago  ,  Taisius  et 
Hypsicebus;  dans  les  Pseudolemuridœ,  il 
met  les  g.  Galeopithecus  ,  Galeolemur,  Mys- 
pithccus,  Pithecheir,  Bradypus  et  Cerco- 
leptes.  (E.  D.) 

LEMURIN.E,  Gray.  mam.  —  Syn.  de 
Lémuriens. 

LEMURINI,  Bonaparte,  mam.  —  Syn. 
de  Lémuriens. 

*LENDïX.  moll.— Humphrey,  dans  le 
Muséum  calonnianum,  a  proposé  sous  ce  nom 
un  g.  correspondant  à  celui  de  Pupa,  éta- 
bli par  Lamarck.  Voy.  maillot.      (Desh.) 

LEMDÏA,  Th.  bot.  ph.  —Syn.  àeWor- 
mia,  Rottb. 

*LENNOA,  Llav.  et  Lex.  bot.  ph.— Syn. 
de  Corallophyllum,  H.  B.  K. 

LEftTAGINE.  bot.  ph.  —  Voy.  viorne. 
LENTE,  ins.  —  Voy.  pou. 


LENTIBULARÏA,  Vaill.  bot.  pu. -Syn1 
d' Urliculariar  Linn. 

LENTIBULARIÉES.  Lentibularieœ.  sot. 
ph.  —  Vaillant  avait  établi  sous  le  nom  de 
Lentibularia  le  genre  pour  lequel  on  a,  de- 
puis Linné,  adopté  généralement  le  nom 
d'Utriculaire,  nom  dû  aux  petites  utricules 
dont  sont  chargées  ses  feuilles  cachées  sous 
l'eau,  où  elles  se  soutiennent  par  ce  moyen  ; 
et  la  forme  de  ces  utricules,  assez  semblable 
à  celle  d'une  lentille,  avait  déterminé  le 
choix  du  nom  de  Vaillant.  Ceux  qui  l'ont 
conservé  d'après  lui,  comme  L.-C.  Richard, 
ont  dû  appeler  Lentibulariées  la  famille  à 
laquelle  ce  genre  sert  de  type  ,  et  qui  est 
plus  communément  admise  sous  celui  d'U- 
tricularinées.  Voy.  ce  mot.  (Ad.  J.) 

EENTICELLE.  bot.  —  De  Candolle  a 
donné  ce  nom  à  des  sortes  de  petites  taches 
ou  plutôt  de  petites  verrues  qui  se  trouvent 
à  la  surface  de  l'écorce  chez  un  très  grand 
nombre  de  végétaux ,  et  particulièrement 
chez  nos  arbres  dicotylédones.  Examinées 
sur  une  tige  jeune  ou  vers  l'extrémité  d'une 
branche,  les  Lenticelles  se  montrent  sous  la 
forme  de  points  saillants,  inégaux  à  leur 
surface ,  ovales  ou  arrondis  ;  de  là  leur  est 
venu  leur  nom,  qui  indique  leur  ressem- 
blance avec  une  petite  lentille  qui  serait 
appliquée  à  la  surface  de  l'écorce.  Plus 
tard,  et  à  mesure  que  la  tige  ou  la  branche 
avance  en  âge ,  généralement  leur  forme 
change;  cédant  au  tiraillement  qui  s'exerce 
sur  elles  par  suite  du  grossissement  des 
parties  qui  les  portent,  elles  s'allongent  dans 
le  sens  horizontal,  et  elles  finissent  souvent 
par  prendre  l'apparence  de  lignes  transver- 
sales plus  ou  moins  longues.  L'un  des  ar- 
bres sur  lesquels  on  peut  le  plus  aisément 
observer  ces  modifications  de  forme  par 
suite  des  progrès  de  l'âge ,  est  notre  Aune 
commun  (Alnus  glutinosa  Gaertn.). 

Que  sont  ces  petits  organes?  Quelle  est 
leur  structure,  et  à  quelles  fonctions  ont- 
ils  été  destinés?  Ce  sont  là  des  questions  qu; 
ont  beaucoup  occupé  les  botanistes,  et  sur 
lesquelles  il  a  été  écrit  d'importants  mé- 
moires. Nous  ne  pouvons  dès  lors  nous  dis- 
penser de  présenter  ici  un  résumé  succinc 
des  principales  opinions  qui  ont  été  émis&3 
à  ce  sujet. 

Le  premier  observateur  qui  ait  porté  son 
attention  sur  les  Lenticelles  est  Guettard, 


Lr:^ 


285 


qui  vit  en  elles  des  organes  glanduleux,  et 
qui  leur  donna,  par  suite  de  cette  manière 
de  voir  et  en  raison  de  leur  forme,  le  nom 
de  glandes  lenticulaires.  Il  est  inutile  de 
faire  observer  que  cette  opinion  et  ce  nom 
ont  été  reconnus  depuis  longtemps  absolu- 
mentdépourvus  de  fondement. Auneépoque 
peu  éloignée  de  nous,  De  Candolle  fit  diver- 
ses expériences  pour  reconnaître  la  nature 
et  les  fonctions  de  ces  mêmes  organes  ;  il 
consigna  les  résultats  de  ses  recherches  et 
l'expression  de  sa  manière  de  voir  dans  un 
Mémoire  (1)  intitulé  :  Premier  Mémoire  sur 
les  Lenticelles  des  arbres  et  le  développement 
des  racines  qui  en  sortent  (Ann.  des  se.  nat., 
vol.  VII,  1826,  pag.  5).  Le  titre  seul  de  ce 
travail  indique  l'opinion  de  cet  auteur.  En 
mettant  dans  l'eau  des  boutures  de  Saule 
ou  d'autres  végétaux  ligneux,  il  avait  cru 
reconnaître  que  les  racines  qui  se  dévelop- 
paient sur  ces  branches  se  formaient  tou- 
jours aux  points  occupés  par  les  Lenticelles, 
et  il  en  avait  conclu  que  celles-ci  ne  sont 
autre  chose  que  des  sortes  de  bourgeons  de 
racines.  Ainsi,  selon  De  Candolle,  «  les  Len- 
»  ticelles  sont,  relativement  aux  racines,  ce 
»  que  sont  les  bourgeons  relativement  aux 
«jeunes  branches,  c'est-à-dire  des  points 
»  ae  la  tige  où  le  développement  des  racines 
»  est  préparé  d'avance ,  et  d'où  naissent 
»  celles  qui  se  développent  le  long  des  bran- 
»  ches  des  arbres,  soit  à  l'air,  soit  dans  l'eau 
«  ou  dans  la  terre.  » 

L'opinion  de  De  Candolle  fut  d'abord 
adoptée  par  la  plupart  des  botanistes  ;  même 
M.  Ern.  Meyer  établit  {Linnœa ,  tom.  VII, 
pag.  447  )  pour  elles  une  classification  pa- 
rallèle à  celle  qu'il  adoptait  pour  les  bour- 
geons, et  il  distingua  des  Lenticelles  princi- 
pales ou  fondamentales  (Hauptlinsen),  qu'il 
comparait  aux  bourgeons  axillaires  ;  desLen- 
iicelles  accessoires  (Beilinsen)  analogues  aux 
bourgeons  accessoires  ;  enfin  des  Lenticelles 
éparses  (Zerstreute Linsen) ,  comparables  aux 
bourgeons  adventifs.  Il  alla  jusqu'à  admet- 
tre l'existence  de  ces  bourgeons  de  racines, 
même  chez  les  monocotylédons  et  chez  les 


(i)  Dans  son  Mémoire  sur  les  Lenticelles,  De  Ondolle  en 
«nnonre  un  serond  écrit  sur  le  même  objet.  Cependant  ce  se- 
cond travail  n'existe  pas;  du  moins  je  n'.ii  pu  le  découvrir 
en  le  cherchant  avec  soin,  etil  n'est  pas  cité  clans  les  list.s 
les  plus  complètes  des  ouvrages  du  célèbre  botaniste  gène- 


végétaux  herbacés  où  De  Candolle  ne  les 
avait  pas  observés. 

D'un  autre  côté,  M.  Hugo  Mohl  combat- 
tit, et,  peut-on  dire,  renversa,  dès  1832, 
l'opinion  de  De  Candolle.  Dans  un  premier 
écrit  portant  le  titre  suivant  :  Les  Lenticelles 
doivent-elles  être  considérées  comme  des  bour- 
geons de  racines?  (Sind  die  Lenlicellen  als 
Wurzelknospen  zubelrachten? Flora,  1832, 
I;  Vermischle  Schriften,  pag.  229) ,  il  prouva 
que  la  théorie  de  De  Candolle  reposait  sur 
une  erreur  d'observation;  il  vit  que  lors- 
qu'on met  dans  l'eau  une  branche  de  Salix 
viminalis,  par  exemple,  les  Lenticelles  se 
gonflent,  la  peau  brune  qui  les  recouvrait 
d'abord  se  rompt,  et  par  la  déchirure ,  on 
voit  une  masse  de  cellules  blanches;  que 
cette  masse  celluleuse  grossit ,  se  divise  en 
lambeaux  irréguliers,  fait  saillie  à  la  surface 
de  la  branche;  mais  que  jamais  on  n'en  voit 
sortir  des  racines,  si  ce  n'est  peut-être  dans 
un  très  petit  nombre  de  cas  exceptionnels; 
que,  d'un  autre  côté ,  sur  des  points  indé- 
terminés et  épars  de  la  surface  corticale 
submergée,  on  voit  paraître  de  petites  émi- 
nences  qui  soulèvent  d'abord  l'épiderme,  le 
crèvent  ensuite,  mettant  ainsi  à  découvert 
le  parenchyme  vert  sous-jacent,  et  qu'enfin 
de  cette  ouverture  percée  dans  l'épiderme 
sort  bientôt  la  jeune  racine,  qui  n'a  dès  lors 
aucun  rapport  avec  les  Lenticelles.  Dans  un 
second  Mémoire  plus  étendu  ,  et  portant  le 
litre  de  :  Recherches  sur  les  Lenticelles  (  Un- 
tersuchungen  uber  die  Lenlicellen  ,  dissert, 
de  1836;  Vermischle  schriften,\>.  233-244), 
il  acheva  de  renverser  l'opinion  du  botaniste 
de  Genève;  et,  après  avoir  fait  connaître 
l'organisation  de  ces  petits  organes,  il  pro- 
posa lui-même  une  nouvelle  théorie  à  leur 
égard.  Le  savant  Allemand  reconnut  qu'une 
Lenticelle  n'est  autre  chose  qu'un  amas  de 
cellules  blanches ,  arrondies  ou  allongées, 
disposées  en  séries  perpendiculaires  à  l'é- 
corce  ;  que  la  portion  supérieure  de  cette 
masse  celluleuse  est  desséchée,  et  forme  la 
peau  brune  de  la  Lenticelle;  que  celle-ci 
repose  dans  un  petit  enfoncement  que  pré- 
sente la  couche  extérieure  du  parenchyme 
vert  de  l'écorce;  que  là  les  cellules  des  cou 
ches  corticales  extérieures  sont  perpendicu- 
laires à  l'épiderme,  tandis  que  partout  ail- 
leurs elles  sont  dirigées  dans  le  sens  trans- 
versal ;  enfin  que  la  partie  sous-jacente  da 


286 


LEN 


l'écorce  n'a  pas  subi  d'altération  appréciable. 
Envisageant  ensuite  les  Lenticelles  sous  le 
point  de  vue  théorique,  M.  Hugo  Mohl  émit 
l'opinion  que  leur  formation  est  analogue  à 
la  production  du  Liège  ;  qu'une  Lenticelle 
n'est  qu'une  production  subéreuse  partielle 
qui  ne  provient  pas ,  comme  le  vrai  Liège  , 
de  la  surface  du  parenchyme  cortical  ex- 
terne, mais  qui  doit  son  existence  à  une  hy- 
pertrophie (  Wucherung  )  du  parenchyme 
cortical  interne. 

L'année  même  de  la  publication  du  der- 
nier écrit  de  M.  H.  Mohl ,  M.  Unger  publia 
dans  le  Flora  un  Mémoire  étendu  sur  les 
Lenticelles  (Ueber  die  Bedeutung  der  Lenti- 
cellen.  Flora,  1836,  p.  577-592  et  593-606). 
Il  fît  connaître  un  fait  remarquable  qui 
avait  échappé  à  M.  H.  Mohl  lui-même,  sa- 
voir :  que  les  Lenticelles  ne  se  développent 
sur  les  branches  qu'aux  points  où  se  trou- 
vent les  Stomates.  Il  les  regardait  alors, 
d'un  côté,  comme  des  organes  respiratoires 
oblitérés;  de  l'autre,  comme  des  organes 
reproducteurs  ,  analogues  aux  bulbilles  des 
Jongermannes,  etc.,  qui  n'auraient  pas  at- 
teint leur  état  de  développement  parfait. 
M.  Unger  paraît  avoir  changé  de  manière 
de  voir  depuis  la  publication  de  son  grand 
Mémoire  ;  car,  dans  les  Éléments  de  bota- 
nique ,  qu'il  a  publiés  en  commun  avec 
M.  Endlicher  (  Grundziige  der  Botanik , 
1843  ,  §  251 ,  pag.  99  ) ,  il  s'est  rangé  à  la 
théorie  de  M.  H.  Mohl. 

On  voit  donc,  par  l'exposé  rapide  que  nous 
venons  de  faire ,  que  l'opinion  de  De  Can- 
dolle  est  absolument  dépourvue  de  fonde- 
ment, et  que  celle  qui  paraît  avoir  pour  elle 
le  plus  de  probabilité  est  celle  de  M.  H. 
Mohl ,  qu'appuient  l'observation  microsco- 
pique et  l'expérience;  que,  par  suite,  les 
Lenticelles  sont  des  productions  analogues  à 
celle  du  Liège  ,  mais  très  restreintes  et  ré- 
duites à  des  points  peu  étendus,  et  qu'elles 
sont  absolument  sans  relation  avec  les  ra- 
cines ,  qui  apparaissent  sur  de  tout  autres 
points  et  se  forment  de  tout  autre  ma- 
nière. (P.  D.) 

LENTICULAIRES  ou  PIERRES  LEN- 
TICULAIRES. —  Voy.  LENTICULITES. 

LENTICULE.  Lemna.  bot.  ph.  —  Ce 
genre,  qui  correspondait  à  la  famille  entière 
des  Lemnacées,aété  restreint  par  M.  Schlei- 
den ,  et  réduit  par  ce  botaniste  aux  Lemna 


LEN 

minor  et  trisulca  de  Linné.  Voy.  lemna- 
cées.  (P.  D.) 

LENTICULITES  ou  LENTICULINES. 

polyp.— Corps  fossiles  analogues  aux  Num- 
mulites  (voy.  ce  mot),  dont  ils  diffèrent  par 
ce  que  les  cloisons  intérieures  s'étendent 
jusqu'au  centre,  et  parceque  l'ouverture  est 
toujours  visible.  (Duj.) 

*LENTIDIUM.  moll.— MM.Jan  et  Cris- 
tofori  ont  proposé  sous  ce  nom  un  petit  g. 
pour  le  Corbula  mediterranea  ;  mais  il  ne 
saurait  être  adopté,  car  l'animal  que  nous 
avons  vu  ne  diffère  pas  de  celui  des  autres 
Corbules.  Voy.  corbule.  (Desh.) 

LENTILIER.  poiss.  —  Syn.  d'Achire. 

*LENTILLAIRE.  Lentillaria.  moll.—- 
M.  Schumacher  avait  reconnu  ,  parmi  les 
Cythérées  de  Lamarck,  quelques  espèces  qui 
s'en  distinguent  assez  facilement.  Ces  espè- 
ces, en  effet,  appartiennent  réellement  au 
genre  Lucwie,  ce  que  nous  avons  démontré 
de  la  manière  la  plus  évidente  en  discu- 
tant leurs  caractères.  M.  Schumacher  ne 
reconnut  pas  leur  véritable  genre,  ce  qui  le 
conduisit  à  en  proposer  un  particulier,  qui 
ne  saurait  être  adopté.  Voy.  cythérée  et 
lucine.  (Desh.) 

LENTILLE.  Ervum.  bot.  ph.  —  Genre 
de  la  famille  des  Papilionacées,  de  la  dia- 
delphie-décandrie  dans  le  système  sexuel. 
Il  se  compose  de  plantes  herbacées  annuelles, 
qui  croissent  naturellement  dans  les  parties 
tempérées  de  l'hémisphère  nord;  leur  feuil- 
les sont  pennées,  à  folioles  nombreuses,  ter- 
minées par  une  vrille,  accompagnées  de  sti- 
pules demi-ovales  ou  demi-sagittées.  Leurs 
fleurs  sont  portées  sur  des  pédoncules  axil- 
laires  allongés  ;  elles  se  composent  d'un  ca- 
lice à  5  divisions  linéaires,  acuminées,  pres- 
que égales  entre  elles;  d'une  corolle  papii- 
lonacée  qui  dépasse  à  peine  le  calice;  de  10 
étamines  diadelphes  ;  d'un  ovaire  sessile  , 
renfermant  un  petit  nombre  d'ovules,  sur- 
monté d'un  style  filiforme,  ascendant,  ren- 
flé au-dessous  de  son  extrémité  stigmatique; 
le  légume  qui  succède  à  ces  fleurs  estoblong, 
comprimé,  à  2-4-6  graines.  Parmi  les  es- 
pèces de  ce  genre,  il  en  est  deux  sur  les- 
quelles nous  devons  nous  arrêterun  instant. 
1.  Lentille  commune  ,  Ervum  Lens  Lin., 
nommée  aussi  vulgairement  grosse  Lentille, 
Lentille  blonde  ou  rouge,  selon  les  variétés, 
ou  simplement  Lentille.  Sa  tige  est  rameuse 


LEN 

et  anguleuse,  légèrement  velue,  peu  élevée; 
ses  feuilles  sont  formées  de  8-10  folioles 
oblongues  ,  un  peu  obtuses  au  sommet, 
presque  glabres;  la  vrille  qui  termine  le  pé- 
tiole commun  est  courte;  les  pédoncules 
portent  2-3  fleurs  blanchâtres  ,  à  étendard 
•égarement  rayé  de  violet  ,  et  ils  égalent  en 
longueur  les  feuilles  ;  le  légume  est  large  et 
court,  presque  tronqué  à  son  extrémité, 
glabre;  il  renferme  2  ou  3  graines  arron- 
dies §t  comprimées.  Cette  plante  croît  spon- 
tanément parmi'les  blés;  on  la  cultive  fré- 
quemment, surtout  aux  environs  de  Paris, 
pour  ses  graines  dont  on  fait  une  consom- 
mation considérable.  On  en  cultive  deux 
variétés  principales,  qui  se  distinguentl'une 
de  l'aulre  par  la  largeur  et  la  couleur  de 
leurs  graines  :  Tune  est  la  grosse  Lentille 
blonde,  remarquable  par  ses  graines  larges 
et  de  couleur  claire,  qui  entre  dans  les  cul- 
tures pour  la  plus  grande  partie,  principa- 
lement dans  nos  départements  du  centre  et 
du  nord  ;  l'autre  est  la  Lentille  à  la  reine  , 
ou  la  Lentille  rouge,  dont  la  graine  est  beau- 
coup plus  petite,  plus  convexe  proportion- 
nellement à  sa  largeur,  et  qui  est  la  plus  cul- 
tivée dans  certains  de  nos  départements  mé- 
ridionaux. On  a  de  l'avantage  à  cultiver  la 
Lentille  dans  les  terrains  secs  et  sablon- 
neux, dans  lesquels  elle  fructifie  plus  abon- 
damment que  dans  les  sols  gras  où  elle  de- 
vient plus  haute,  mais  où  elle  produit  moins. 
On  la  sème  au  commencement  du  printemps. 
Tout  le  monde  connaît  l'importance  des 
usages  économiques  de  la  Lentille.  On  a 
aussi  quelquefois  recours  à  elle  en  méde- 
cine. Ainsi  sa  farine  est  regardée  comme 
résolutive,  ce  qui  la  fait  employer  dans  cer- 
tains cas  en  cataplasmes;  on  a  même  dit 
que,  préparée  en  guise  de  café,  elle  agit 
comme  un  puissant  diurétique.  Depuis  quel- 
ques années,  la  farine  de  Lentilles  est  de- 
venue l'objet  d'une  grande  exploitation  de 
la  part  d'un  M.  Warton,  qui  l'a  érigée  en  un 
médicament  de  la  plus  heureuse  efficacité. 
2.  Lentille  ervilier,  Ervum  ervilia  Lin., 
vulgairement  nommée  Ers,  Alliez,  Comin. 
ilette  espèce  est  glabre  dans  toutes  ses  par- 
ties. Sa  tige  est  faible,  très  rameuse,  et  s'é- 
lève un  peu  plus  haut  que  chez  la  précé- 
dente; ses  feuilles  sont  formées  de  i2-l6 
folioles  oblongues,  munies  à  leur  sommet 
i'une  très  petite  pointe  ;  leur  pétiole  se  ter- 


LEN 


287 


mine  en  une  petite  vrille  simple  ,  très 
courte.  Les  pédoncules  sont  plus  courts 
que  les  feuilles,  et  portent  ordinairement 
deux  fleurs  pendantes  ,  blanchâtres, 
légèrement  rayées  de  violet.  Les  divi- 
sions du  calice  sont  très  étroites,  beaucoup 
plus  longues  que  le  tube.  Le  légume  est 
toruleux,  à  4  graines  arrondies  et  anguleu- 
ses. Cette  espèce  croît  naturellement  dans 
les  champs;  elle  est  cultivée  comme  four- 
rage dans  diverses  contrées;  cependant  son 
herbe  ne  doit  être  donnée  aux  animaux 
qu'en  quantité  modérée ,  parce  qu'elle  les 
échauffe,  et  peut  leur  devenir  nuisible. 
Quant  à  sa  graine,  on  la  donne  aux  Pigeons 
et  à  la  volaille,  mais  elle  les  échauffe  aussi, 
lorsqu'ils  la  mangent  en  trop  grande  quan- 
tité; il  paraît  même  qu'elle  peut  les  faire 
périr  lorsqu'ils  s'en  gorgent.  Sa  farine  est 
résolutive,  et  s'emploie  assez  souvent  en  ca- 
taplasmes ;  mêlée  au  pain,  elle  devient  nui- 
sible; l'on  assure  qu'elle  donne  des  fai- 
blesses dans  les  jambes  et  même  des  para- 
lysies. Cultivé  à  titre  de  fourrage,  l'Ers  se 
recommande  particulièrement  comme  réus- 
sissant très  bien  dans  les  terres  sèches  et 
calcaires.  Dans  les  départements  méridio- 
naux, on  le  sème  surtout  en  automne;  mais 
dans  les  parties  plus  septentrionales  de  la 
France,  il  est  beaucoup  plus  avantageux 
d'en  faire  les  semailles  au  printemps.  Cette 
plante  enterrée  toute  fraîche,  et  à  l'époque 
de  la  floraison,  est  regardée  comme  un  ex- 
cellent engrais  végétal.  (P.  D.) 

*LENTINUS  (lentus,  souple,  flexible). 
bot.  cr.  — Genre  établi  par  le  professeur 
Fries  ,  en  raison  de  sa  consistance  :  c'est  le 
plus  beau  de  la  nombreuse  famille  des  Aga- 
ricinés.  Quoiqu'on  reconnaisse  au  premier 
coup  d'œil  les  individus  qui  appartiennent 
à  ce  genre,  il  est  cependant  difficile  de  lui 
assigner  des  caractères  qui  conviennent  à 
tous.  Ce  sont  des  Agarics  proprement  dits, 
mais  dont  la  consistance  est  coriace,  souple 
et  flexible  ,  qui  croissent  lentement,  et  qui 
persistent  longtemps;  comme  ceux-ci,  on 
les  trouve  isolés  ou  groupés  en  plus  ou  moins 
grand  nombre.  Le  mycélium  d'où  ils  nais- 
sent est  nématoïde ,  caché  dans  le  bois  dé- 
composé ou  dans  la  terre  ;  le  L.  Tuber  re- 
gium  seul ,  jusqu'à  ce  jour,  a  présenté  uo 
énorme  sclerotium  à  sa  base.  Le  pédicule  est 
central,  excentrique,  latéral  ou  nul,  plein, 


288 


LEN 


LEO 


rarement  fistuleux,  coriace,  souple,  élasti- 
que ,  quelquefois  d'une  consistance  presque 
ligneuse;  il  est  cylindrique  ou  atténué  à 
l'une  de  ses  extrémités ,  terminé  en  pointe, 
arrondi  ou  dilaté  en  forme  de  disque.  Gé- 
néralement il  ne  tient  au  chapeau  par 
aucune  partie  accessoire  ;  dans  quelques  es- 
pèces ,  il  existe  un  léger  voile  ûlamenteui , 
et  dans  le  L.  daclyliophorus,  il  y  a  un  véri- 
table anneau;  sa  surface  est  lisse,  écail- 
leuse  ,  tomenteuse  ou  hérissée  de  poils.  Le 
chapeau  ressemble  quelquefois  à  un  enton- 
noir parfait;  le  plus  ordinairement  il  est 
convexe  et  plus  ou  moins  déprimé  au  cen- 
tre ;  la  marge  est,  surtout  dans  le  jeune  âge, 
fortement  repliée  en  dessous.  Les  lames 
adhèrent  constamment  au  pédicule  ;  presque 
toujours  très  aiguës  aux  deux  extrémités, 
généralement  minces  et  très  rapprochées, 
elles  sont  décurrentes  depuis  le  plus  petit 
jusqu'au  plus  haut  degré;  leur  marge  est 
tantôt  entière  ,  tantôt  finement  denticulée. 
Dans  quelques  espèces,  elles  sont  égales, 
comme  dans  les  Russula ,  mais  le  plus  sou- 
vent d'inégale  longueur  (polydynames),  et 
quelquefois  dichotomes.  Leur  couleur  varie; 
il  y  en  a  de  blanches ,  de  safranées ,  de 
rousses,  et  même  qui  sont  presque  noires  ; 
elles  sont  souvent  chatoyantes  (  lamelles  vi- 
brantes, ludentes  )  ;  les  L.  Decaisneanus  et 
polychrous  en  présentent  les  plus  jolis  exem- 
ples. La  disposition  des  spores  n'a  pas  en- 
core été  étudiée  sur  le  vivant;  mais  la 
conformité  de  structure  que  les  Lentinus 
ont  avec  les  Agarics  ne  permet  pas  de  sup- 
poser qu'elle  puisse  être  différente;  elles 
sont  blanches  ou  jaunes.  De  tous  les  Aga- 
ricinés,  ce  sont  les  Lentinus  qui  se  conser- 
vent le  mieux;  par  la  dessiccation ,  ils  ne 
perdent  que  la  vivacité  de  leurs  couleurs, 


et  à  l'aide  d'un  peu  d'humidité,  on  les  ré- 
tablit si  facilement  qu'ils  peuvent  être  des- 
sinés avec  autant  de  fidélité  que  s'ils  étaient 
frais  et  nouvellement  recueillis. 

Jusqu'à  ce  jour,  les  Lentinus  ne  sont  guère 
que  l'ornement  des  herbiers.  Rumphius  dit 
que,  dans  plusieurs  îles  des  Indes  occiden- 
tales,  on  emploie  contre  la  dysenterie 
le  sclérotium  du  L.  tuber  regium.  M.  Mon- 
tagne rapporte  également ,  d'après  M.  Le- 
duc ,  que  le  L.  djamor  est  fort  bon  et  re- 
cherché comme  nourriture  par  les  habi- 
tants de  l'île  de  Galega. 


Les  Dentinus  se  rencontrent  principale- 
ment dans  les  pays  chauds;  l'Amérique  bo- 
réale en  produit  quelques  espèces  ;  on  en 
trouve  aussi  en  Europe;  mais  leurs  formes 
et  leurs  couleurs  sont  si  différentes  des  es- 
pèces tropicales  ,  que  l'on  pourrait  douter, 
si  ce  n'était  leur  consistance,  qu'elles  appar- 
tiennent à  ce  genre.  (Lév.) 

LENTISQUE.  bot.  ph.  —  Voij.  pista- 
chier. 

*LEO.  mam.  —  Voy.  LION. 

LEOBORDEA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  desPapilionacées-Lotées, 
établi  parDelile(ût  Léon  de  Laborde  Voyage, 
t.  I).  Herbes  du  cap  de  Bonne-Espérance  et 
des  régions  méditerranéennes.  Voy.  légu- 
mineuses. 

*LEOCHJ3TA,  mal  à  propos  écrit  LEO- 
C/ETA  (),£6>v,  lion;  xa^»  toison),  ins.  — 
Genre  de  Coléoptères  pentamères  ,  famille 
des  Lamellicornes,  tribu  des  Scarabëides 
phyllophages,  formé  par  Dejean,  dans  son 
Catalogue,  avec  une  espèce  du  cap  de  Bonne- 
Espérance  ,  la  Melolontha  alopex  Fa  b.     (C.) 

LEODICE ,  Sav.  annél.  —  Syn.  d'Jîw- 
nice,  Cuv.,  et  Néréidonte,  Blainv.    (P. G.) 

LEOiWA  (nom  propre),  bot.  ph. — Genre 
rapproché  par  Endlicher,  mais  avec  doute, 
de  la  famille  des  Myrsinées.  Il  a  été  établi 
par  Ruiz  et  Pavon  (Flor.  peruv.,  II,  69,  t. 
222  )  pour  des  arbres  originaires  du  Pérou 
et  du  Brésil. 

LEONICENIA,  Scop.  bot.  ph.— Syn.  de 
Diplochiton,  DC. 

LEONOTIS  (X«ov,  lion;  ovç,  wroç, 
oreille),  bot.  ph.  — Genre  de  la  famille  des 
•Labiées-  Stachydées,  établi  par  Persoon 
(Euch.,  II,  127).  Herbes  ou  arbrisseaux  du 
Cap  et  de  la  Guya"ne.  Voy.  labiées. 

LEONTICE.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Berbéridées,  établi  par  Linné  (Géra., 
n°  423).  Herbes  de  l'Europe,  de  l'Asie  et  de 
l'Amérique.  On  en  connaît  5  espèces  répar- 
ties en  2  sections  nommées  parDeCandolIe 
(Prodr.,  I,  109)  Leontopetalum  et  Caulo- 
phyllum. 

LEONTODON,  Adans.  bot.  ph  —  Syn. 
de  Taraxacum,  Juss. 

LEONTODONTOIDES,  Michel,  bot.  ph. 
—  Syn.  d'Aposeris,  Neck. 

LEOMONYX  (>/wv,  lion;  fcvÇ,  ongle). 
hot.  m.  —  (îonre  de  la  famille  de?  Ce  po- 
sées Sénéciouidées,  établi  par  Cassioi  (ira 


LEO 

Ihcl.  se.  nat.,  XXV,  466).  Herbes  ou  ar- 
brisseaux du  Cap.  Voy.  composées. 

*LEONTOPITHECUS  (  Uov  ,  lion  ;  «f- 
Onxoç,  singe),  mam.  —  M.  Wagner  (Schreber 
sangth.  suppl.  ,  1839)  indique  sous  cette 
dénomination  un  groupe  de  Singes  platyr- 
ihinins.  (E.  D.) 

LEONTOPODIUM  (**»»,  lion;  «ov5, 
wc<îo;,  pied),  bot.  ph.  — Genre  de  la  famille 
des  Composés-Sénécionidées,  établi  par  R. 
Brown  (in  Linn.  Transact.,  XII,  124).  Her- 
bes des  montagnes  de  l'Asie  et  de  l'Europe. 

Voy.  COMPOSÉES. 

LEONURE.  Leonurus  ()u«v ,  lion  ;  oipa, 
queue),  bot. ph.— Genre  de  la  famille  des  La- 
biées Stachydées,  établi  par  Linné  (Gen., 
n°  722), et  caractérisé  de  la  manière  suivante  : 
Calice  turbiné,  à  5  angles  et  à  5  dents;  co- 
rolle à  limbe  bilabié;  lèvre  supérieure  oblon- 
gue,  très  entière;  la  lèvre  inférieure  divisée  en 
trois  lobes,  celui  du  milieu  en  forme  de  cœur. 
Etamines  4,  ascendantes;  les  inférieures  les 
plus  longues  ;  anthères  rapprochées  par  pai- 
res, biloculaires,  à  loges  parallèles  transver- 
sales, rarement  divergentes.  Style  bifide  au 
sommet;  stigmates  terminaux.  Le  fruit  est 
un  akène  très  lisse,  triquètre,  à  angles  aigus 
et  tronqué  au  sommet. 

Mœnch  (Method.,  400)  a  réparti  les  espè- 
ces (10  environ)  du  genre  Léonure  en  trois  sec- 
tions basées  sur  quelques  variétés  de  forme  de 
la  corolle.  Il  les  nomme  :  Cardiaca,  Chaiturus 
et  Panzeria.  Ce  sont  des  herbes  à  feuilles  op- 
posées, souvent  incisées-lobées,  les  inférieu- 
res arrondies,  les  florales  plus  étroites,  tou- 
tes dépassant  de  beaucoup  les  fleurs;  celles- 
ci,  ordinairement  d'un  rouge  clair,  sont 
disposées  en  verticillastresaxillaires,  épais,  à 
bractées  subulées. 

La  principale  espèce  de  ce  genre  est  l'A- 
gripaume,  L.  cardiaca,  employée  autrefois 
comme  cardialgique.  On  la  trouve  en  Europe 
et  dans  les  contrées  boréales  et  centrales  de 
l'Asie. 

LEONURUS,  Tourn.  bot.  ph.— Syn.  de 
Leonotis,  Pers. 

LEOPARD,  mam.  —  Espèce  du  genre 
Chat.  Voy.  ce  mot. 

LEOPOLDINIA  (nom  propre),  bot.  ph. 
—  Genre  de  la  famille  des  Palmiers,  tribu 
des  Arécinées,  établi  parMartius(Pa!m.,  58 
et  165,  t.  52,  53).  Palmiers  croissant  sur  les 
bordsdu  fleuve  des  Amazones.  Voy.  palmiers, 
t.  vu. 


LEP 


289 


LEORIS.  mam.  —  Voy.  LORIS. 

LEPACH1S,  Lessing.  bot.  ph.  — Synon. 
d'Obeliscaria,  Cass. 

LÉPADELLE.  Lepadella  (>cirâç,  espèce 
de  coquille),  infus.  —  Genre  de  Brachioniens 
établi  par  M.  Bory  de  Saint-Vincent  dans  son 
ordre  des  Crustacés,  et  comprenantplusieurs 
espèces  de  Brachions  de  O.-F.  Muller.  M.  Eh- 
renberg  a  adopté  en  partie  ce  genre  en  le 
restreignant  aux  espèces  qui  n'ont  aucun 
point  oculiforme  rouge  ;  mais,  comme  nous 
l'avons  dit  dans  notre  Hist.  nat.  des  Infus., 
ce  caractère  est  variable  et  tout-à-fait  sans 
importance  ;  car  une  seule  espèce ,  à  ses 
différents  âges  ,  peut  montrer  des  points 
oculiformes  ou  en  être  dépourvue. 

Les  Lépadelles  ont  une  cuirasse  membra- 
neuse ,  résistante  ,  ovale  ,  déprimée  ou  len- 
ticulaire ,  convexe  en  dessus,  presque  plane 
en  dessous,  ouverte  et  plus  ou  moins  échan- 
crée  aux  deux  extrémités  pour  le  passage  de 
la  tête  et  de  la  queue.  La  tête  est  entourée 
de  cils  vibratiles  ne  formant  pas  deux  roues 
distinctes;  elle  est  ordinairement  surmon- 
tée par  une  écaille  diaphane.  La  queue  est 
formée  de  trois  segments  ou  articles  mobiles 
et  terminés  par  deux  stylets.  Les  mâchoi- 
res, assez  larges,  sont  armées  de  deux  ou 
trois  dents  peu  marquées.  Les  Lépadelles 
se  trouvent  assez  communément  dans  les 
eaux  douces  marécageuses ,  parmi  les  her- 
bes aquatiques.  La  plus  connue  est  longue 
de  12  à  14  centièmes  de  millimètre  :  c'est 
la  Lepadella  palella  ,  que  M.  Ehrenberg 
nomme  L.  ovalis ,  quand  elle  n'a  pas  de 
points  oculiformes  ,  et  qui  est  son  Stepha- 
nops  muticus  quand ,  plus  grande  ou  plus 
développée,  elle  montre  ces  points  oculi- 
formes. Les  Squamella  et  Metopidia,  du 
même  auteur,  sont  également  pour  nous  des 
Lépadelles  à  différents  degrés  de  développe- 
ment. La  L.  lamellaris ,  longue  seulement 
de  1  10  de  millimètre  ,  est  un  Stephanops 
pour  M.  Ehrenberg,  ainsi  que  la  L.  cirrata, 
dont  M.  Bory  a  fait  le  type  de  son  genre 
Squatinella.  (Duj.) 

LÉ  PADOG  ASTRE.  Lepadogaster  (Unâç, 
bassin  ;  yaaxvîp,  ventre),  poiss.  —  Genre  de 
l'ordre  des  Malacoptérygiens  subbrachiens, 
famille  des  Discoboles,  établi  par  Gouan  et 
adopté  par  tous  les  Ichthyologistes.  Leur  ca- 
ractère principal  consiste  dans  la  forme  des 
nageoires  ventrales,  qui  représentent  un 

37 


290 


LEP 


large  disque  ou  bassin  :  de  là  leur  nom  vul- 
gaire de  Porte-Écuelle.  D'un  autre  côté,  les 
os  de  l'épaule  forment  en  arrière  une  légère 
saillie  qui  complète  un  second  disque ,  avec 
la  membrane  qui  unit  les  pectorales. 

Les  mers  d'Europe  renferment  plusieurs 
espèces  de  ce  genre  :  la  principale  est  le  Lé- 
padogastre  de  Gouan  ,  Lepadogaster  Gouan. 
C'est  un  poisson  long  de  5  à  6  centimètres, 
de  couleur  brune  ponctuée  de  blanc.  Sa 
chair  ne  peut  servir  d'aliment.  (J.) 

LEPANTHES  (Xenaç,  espèce  de  coquille  ; 
avôoç,  fleur),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Orchidées-PIeurothallées,  établi 
par  Swartz(m  Ad.  Acad.  Upsal,  VI,  p.  85). 
Herbes  des  Antilles.  Voy.  orchidées. 

*LEPARGYREIA,  Rabin,  bot.  ph.— Syn. 
de  Shepherdia,  Nutt. 

LEPAS.  moll.  — Les  anciens  conchylio- 
logistes  consacraient  ce  nom  à  toutes  les  co- 
quilles patelliformes ,  régulières  ou  non. 
Adanson,  dans  son  Voyage  au  Sénégal,  ap- 
plique cette  dénomination  à  un  genre  parti- 
culier, dans  lequel  se  rassemblent  non  seu- 
lement les  Patelles ,  mais  encore  les  Crépi- 
dules,  les  Calyptrées,  les  Oscabrions  et  même 
les  Siphonaires.  Ce  g.,  qui  ne  pouvait  être 
adopté,  contient,  comme  on  s'en  aperçoit, 
des  coquilles  appartenant  aujourd'hui  à  di- 
verses familles.  Voy. les  noms  de  g.  mention- 
nés plus  haut.  (Desh.) 

LEPECHINIA.  bot.  ph.— Genre  de  la  fa- 
mille des  Labiées-Stachydées,  établi  par  Will- 
denow  (Hort.  berol,  I,  21,  t.  12).  Herbes 
du  Mexique.  Voy.  labiées. 

*LEPERIZA,  Herb.  bot.  ph.— Syn.  de 
Chrysiphiala,  Ker. 

*LEPESOPHTHEIRUS.  crust.  —  Syn. 
de  Caligus.  Voy.  ce  mot.  (H.  L.) 

LEPIA,  Desv.  bot.  ph.—  Syn.  de  Lepi- 
dium,  R.  Br. 

LÉPICÈNE.  bot.— Syn.  de  Glume.  Voy. 
ce  mot. 

*LEPICEPHALIJS,  Lagasc.  bot.  ph.— 
Syn.  de  Cephalaria,  Schrad. 

*LEPICLINE,Cass.  bot.  ph.— Syn.d'tfe- 
Uchrysum,  DC. 

^  *LEPIDADENIA  (  Wç ,  tèoç,  écaille; 
a&iv,  glande),  bot.  ph. — Genre  de  la  famille 
des  Laurinées-Tétranthérées,  établi  par  Nées 
(inEdinb.  nov.  phil.journ.,  1833,  p.  379). 
Arbres  de  l'Inde.  Voy.  ladrinées. 

LEPIDAGATHIS  (W5 ,  écaille  ;  ày«0tç, 


LEP 

pelote),  bot.  ph. — Genre  de  la  famille  des 
Acanthacées-Echmatacanthées ,  établi  par 
Willdenow  (  Spec,  III,  400) .  Herbes  de 
l'Asie,  de  l'Afrique  tropicale  et  des  Antilles. 

Voy.  ACANTHACÉES. 

♦LEPIDANTHUS  (Wç,  écaille;  Sv« 
0oç ,  fleur),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Restiacées  ,  établi  par  Nées  (  in  Lin- 
nœa,  V,  665).  Plantes  du  Cap.  Voy.  res- 
tiacées. 

*LEPIDEILEMA,  Trin.  bot.  ph.— Syn. 
de  Streptochœta,  Nées. 

LEPIDIA.  annél.  —  Genre  d'Annélides 
de  l'ordre  des  Néréidées,  créé  par  M.  Savigny 
(Syst.  des  anim.)  pour  le  Nereis  stellifera 
Mull.,  qui  fait  partie  des  Lepidonereis  ou 
Néréiphylles  de  M.  de  Blainville.  (P.  G.) 

LÉPIDIER.  Lepidium  (  leniSiov  ,  nom 
grec  de  la  Passerage).  bot.  ph.  —  Genre 
de  la  famille  des  Crucifères-Lépidinées,  éta- 
bli par  R.  Brown  {in  Ait.  hort.  Kew. ,  édit. 
2,  IV,  85),  et  présentant  pour  caractères 
principaux  :  Calice  à  quatre  divisions  égales, 
corolle  à  quatre  pétales  hypogynes,  entiers; 
étamines  six,  hypogynes  ,  tétradynames,  li- 
bres, à  filets  non  dentelés  ;  silicule  compri- 
mée sur  les  côtés,  ovale,  entière  ou  plus  ou 
moins  échancrée  au  sommet,  déhiscente ,  à 
valves  carénées  ;  style  presque  nul  ou  fili- 
forme. Les  graines  sont  solitaires  dans  cha- 
que loge  ou,  très  rarement,  géminées,  tri- 
quètres  ou  comprimées. 

Les  Lépidiers  sont  des  herbes  ou  de  pe- 
tits arbrisseaux  dispersés  sur  toute  la  sur- 
face du  globe;  ils  croissent  cependant  avec 
plus  d'abondance  dans  les  contrées  méditer- 
ranéennes et  orientales  de  l'Europe  et  sur 
les  confins  de  l'Asie.  Ce  sont  des  végétaux  à 
tiges  cylindriques ,  rameuses ,  à  feuilles  de 
diverses  formes  ;  à  fleurs  petites,  blanches, 
disposées  en  grappes  terminales,  droites  et 
supportées  par  des  pédicelles  filiformes , 
ébractéés. 

De  Candolle  (Prodr.,  I,  203)  énumère  58 
espèces  de  ce  genre  (dont  50  bien  détermi- 
nées) qu'il  répartit  en  7  sections  basées  sur 
l'aspect  de  la  silicule.  Ces  sections  ont  été 
généralement  adoptées. 

1.  Cardaria:  Silicule  cordiforme,  aiguë, 
subdéprimée;  valves  concaves,  sans  ailes; 
style  filiforme,  allongé. — Une  seule  espèce, 
L.  Draba  (Cochlearia  Draba  Lin.). 

2.  Ellipsaria:  Silicule  elliptique,  entière; 


LEP 


LEP 


291 


valves  carénées,  sans  ailes;  style  filiforme, 
long.  — 4  espèces. 

3.  Bradypiptum  :  Silicule  elliptique  ;  val- 
ves carénées,  sans  ailes;  style  court.  —  3 
espèces. 

4.  Cardamon  :  Silicule  presque  orbicu- 
laire,  échancrée  au  sommet;  valves  carénées- 
naviculaires,  un  peu  ailées;  style  très  court. 
— 2  espèces. 

5.  Lepia:  Style  presque  orbiculaire,  échan- 
cré  au  sommet;  valves  naviculaires,  ailées; 
les  ailes  adnées  au  style ,  qui  est  très  court. 

—  5  espèces. 

6.  Dileptium  :  Silicule  presque  elliptique, 
très  brièvement  échancrée  au  sommet;  val- 
ves carénées,  sans  ailes  ;  style  presque  nul. 

—  22  espèces. 

7.  Lepidiastrum  :  Silicule  presque  ellipti- 
que, très  entière;  valves  carénées,  sans  ai- 
les; style  très  court.  — 13  espèces.     (J.) 

LÉPIDINÉES.  Lepidineœ.  Bot.  ph.  — 
Tribu  de  la  famille  des  Crucifères.  Voy.  ce 
mot. 

*LEPIDIOTA  (Xïir«î»To'ç,  écailleux).  ms. 
— Genre  de  Coléoptères  pentamères,  famille 
des  Lamellicornes,  tribu  des  Scarabéides 
phyllophages,  proposé  par  Kirby  et  adopté 
par  M.  Hope  {Coleopterist's  Manual,  1837, 
p.  39,  98).  Les  espèces  qui  composent  ce 
genre  sont  les  Melolatha  stigma  ,  tomen- 
tosa  et  candida  de  Fabricius.  Elles  provien- 
nent des  Indes  orientales.  (C.) 

LEPIDOCARPODENDRON,  Boerh.BOT. 
ph.  —  Syn.  de  Protea,  Linn. 

*LÉPID0CAR1NÉES.  Lepidocaryneœ. 
bot.  ph.  — Tribu  de  la  famille  des  Palmiers 
Voy.  ce  mot. 

LEPIDOCARYUM  {hn'lç,  écaille;  x«'P- 
uov,  noix),  bot.ph. —  Genre  de  la  famille  des 
Palmiers,  tribu  des  Lépidocarynées  ,  établi 
parMartius(Paîm.,  50,  t.  45).  Palmiers  bas 
et  élégants  des  rives  du  fleuve  des  Ama- 
zones.   Voy.  PALMIERS. 

*LEPIDOCHELYS  (  >£u,'ç ,  écaille  ; 
X^vç ,  tortue),  rept. — M.  Fitzinger  (Syst. 
Rept.  1843)  a  indiqué  sous  ce  nom  un 
groupe  de  Reptiles  de  la  division  des  Ché- 
loniens.  (E.  D.) 

*LÉPIDOCYRTE.  Lepidocyrtus  (Wç, 
écaille;  xvpxoç,  bossu),  hexap.  —  Genre  de 
l'ordre  des  Thysanures,  de  la  famille  des  Po- 
durelles,  établi  par  M.  l'abbé Bourlet. Les  es- 
pèces qui  composent  cette  coupe  générique 


ont  le  corps  composé  de  huit  segments  écail- 
leux,  peu  velu ,  rendu  comme  bossu  par  le 
premier,  qui  est  aussi  long  que  les  deux  sui- 
vants, et  avancé  en  dessus  et  en  avant  pour 
recouvrir  le  cou  et  souvent  aussi  une  partie 
de  la  tête.  Le  sixième  segment  est  aussi  long 
ou  plus  long  que  les  trois  précédents  pris 
ensemble  ;  les  deux  derniers  sont  très  courts; 
la  tête  est  très  inclinée ,  insérée  sur  la  ca- 
vité du  rebord  antérieur  du  mésothorax;  le 
prothorax  est  très  petit;  les  antennes  sont 
moins  longues  que  la  tête  et  le  corselet  pris 
ensemble  ;  elles  sont  de  quatre  articles  iné- 
gaux et  non  composés  ;  les  yeux  sont  au 
nombre  de  huit  paires;  la  queue  est  assez 
longue,  à  pièce  basilaire  formant  plus  de 
la  moitié  de  son  étendue.  Ce  genre  renferme 
une  quinzaine  d'espèces  qui  sont  toutes  pro- 
pres à  l'Europe.  Le  Lépidocyrte  curvicole, 
Lepidocyrtus  curvicollis  Bourl.,  peut  être 
considéré  comme  le  type  de  cette  nouvelle 
coupe  générique  ;  cette  espèce  habite  le  nord 
de  la  France,  vit  en  famille  peu  nombreuse 
sur  les  pierres  ou  sous  le  vieux  bois  ;  elle 
habite  aussi  les  environs  de  Paris.  (H.L.) 

LEPIDODACTÏLUS  (Wç,  écaille; 
Joc'xtuaoç,  doigt). rept.  —Division  des  Gec- 
kos d'après  M.  Fitzinger  {Syst.  Rept.,  1843). 

(E.  D.) 

*LÉPIDODENDRÉES.  Lepidodendreœ. 
bot.  ph.  —  Famille  établie  aux  dépens  des 
Lycopodiacées.  Les  genres  qu'elle  renferme 
offrant  de  grands  rapports  avec  les  vrais 
Lycopodes,  nous  renvoyons  à  l'article  lyco- 
fodiacées,  où  il  sera  fait  mention  des  diffé- 
rences d'organisation  que  présentent  les  Lé- 
pidodendrées. 

*LEPIDODENDRON  (tarfc, écaille;  &'v- 
Jpov,  arbre),  bot.  foss. — Genre  de  végétaux 
fossiles  de  la  famille  des  Lépidodendrées, 
établi  par  M.  Ad.  Brongniart  (Prodr.,  84>> 
qui  le  caractérise  ainsi  :  Tiges  dichotomes, 
couvertes,  vers  leurs  extrémités,  de  feuilles 
simples,  linéaires  ou  lancéolées,  insérées  sur 
des  mamelons  rhomboïdaux;  partie  infé- 
rieure des  tiges  dépourvue  de  feuilles;  mame- 
lons marqués,  vers  leur  partie  supérieure, 
d'une  cicatrice  plus  large  dans  le  sens  trans- 
versal, à  trois  angles,  deux  latéraux  aigus, 
un  inférieur  obtus;  ce  dernier  manque 
quelquefois. 

M.  Brongniart  [lococitato)  cite  34  espèces 
de  ce  genre  qui,  toutes,  appartiennent  au 


292 


LEP 


terrain  houiller.  M.  Sternberg  a  réparti  ces 
espèces  [Tent.)  en  deux  sections, qu'il  nomme  : 
Lepidodendron  :  cicatrices  rhomboïdes  ;  Le- 
dopifloyos:  cicatrices  orbiculées.  (J.) 

*LEPIDOGENYS,J.-E.Gray.ois  — Syn. 
de  Baza,  Hodgs.,  et  de  Lophotes,  Less.  Voy. 
fadcon.  (Z.  G.) 

*LEPIDOGLOSSUS0Ut»'ç, écaille;  y>5<x- 
aac,  langue),  rept. — Th.  Cocteau  (Compt. 
rend.  Acad.  se.,  1827)  indique  sous  ce  nom 
une  division  du  groupe  des  Scincoïdiens 
Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

LÉPIDOKROITE.  min.  —  Syn.  de  Gœ- 
thite.  Voy.  fer. 

LËPIDOLÈPRE.  Lepidoleprus  (  Ws , 
écaille;  fonpôç,  rude),  poiss.  —  Genre  de 
l'ordre  des  Malacoptérygiens ,  famille  des 
Gadoïdes,  établi  par  Risso  et  adopté  par  G. 
Cuvier  (Règ.  anim.,  II,  336),  qui  le  carac- 
térise ainsi  :  Museau  déprimé,  formé  par  la 
réunion  des  sous-orbitaires  et  des  os  du 
nez  ;  corps  garni  d'écaillés  dures  et  héris- 
sées de  petites  épines;  ventrales  petites  et 
un  peu  jugulaires  ;  pectorales  médiocres  ; 
première  dorsale  courte  et  haute  ;  deuxième 
dorsale  et  anale  très  longues,  s'unissant  en 
pointe  à  la  caudale  ;  mâchoires  à  dents  très 
fines  et  très  courtes. 

Ces  poissons  habitent  les  mers  d'Europe, 
où  ils  se  tiennent  à  de  grandes  profondeurs  ; 
ils  rendent  un  son  très  bruyant  lorsqu'on  les 
tire  de  l'eau. 

On  en  connaît  2  espèces  :  les  Lepidoleprus 
cϔorhynchus  et  trachyrhynchus  Risso.  Sur 
nos  côtes,  on  les  nomme  vulgairement  Gre- 
nadiers, (j.) 

LEPIDOMA,  Achar.  bot.  cr.  — Syn.  de 
Patellaria,  Pers. 

*LEPIDONEMA,  Fisch.  bot.  PH.*-Syn. 
de  Microseris,  Don. 

*LEPIDONEREIS  {Unlç,  écaille;  nereis, 
néréide),  annél.  —  Genre  de  Néréides  indi- 
qué par  M,  de  Blainville  en  1818  (  Bull,  de 
la  Société  philom.  de  Paris),  et  répondant 
à  celui  qu'il  a  depuis  appelé  Nereiphylla.  Il 
comprend  les  g.  Phyllodoca,  Eulalia,  Eleone 
et  Lepidia,  Sav.  (P.  G.) 

LEPIDONOTUS,  Leach.  annél.  —Syn. 
iïÈumolpus,  Oken. 

*LEPIDOPAPPUS,  Flor.  mesic.BOT.  ph. 
—  Syn.  de  Florestina,  Cass. 

T.ÉPIDOPE.  Lepidopus  (W5,  écaille; 
«owS,  pied),  poiss.  —  Genre  de  l'ordre  des 


LEP 

Acanthoptérygiens ,  famille  des  Scombéroî- 
des ,  remarquable  par  l'éclat  et  la  forme 
singulière  des  poissons  qu'il  renferme.  Ce 
sont  de  grands  et  larges  rubans  d'argent  na- 
geant par  ondulations,  et  jetant  dans  leurs 
mouvements  de  beaux  reflets  de  lumière. 
Le  corps  des  Lépidopes,  allongé,  mince,  a, 
en  dessus,  une  dorsale  qui  règne  sur  toute 
sa  longueur,  en  dessous  une  anale  basse, 
et  se  termine  par  une  caudale  bien  formée; 
les  ventrales  sont  réduites  à  deux  petites 
pièces  écailleuses,  ce  qui  constitue  leur  ca- 
ractère principal. 

La  seule  espèce  que  renferme  ce  genre 
est  le  Lépidope  argenté  ,  Lepidopus  argyreus 
Cuv.,  long  souvent  de  1  mètre  65  centimè- 
tres, et  qui  habite  les  mers  d'Europe. 

Selon  M.  Risso,  la  chair  de  ce  poisson  est 
ferme  et  délicate ,  et  M.  Rafinesque  pense 
que  l'on  pourrait  employer  la  poussière  ar- 
gentée qui  le  recouvre  pour  colorer  les  faus- 
ses perles  ;  il  assure  même  en  avoir  tiré  une 
encre  de  couleur  d'argent. 

La  forme  des  Lépidopes  les  a  fait  appeler 
Jarretières  par  les  pêcheurs  des  côtes  de 
France.  (J.) 

*LEPIDOPHORA  (  Xewt's,  écaille  ;  «po'peç, 
qui  porte),  ins. —  Genre  de  l'ordre  des  Dip- 
tères brachocères,  famille  des  Brachystomes, 
tribu  des  Bombyliers,  établi  par  Westwood 
et  adopté  par  M.  Macquart,  qui(Dipt.  exot., 
t.  II,  lre  partie,  p.  119)  n'en  cite  qu'une 
espèce,  L.  œgeriiformis,  de  la  Géorgie  d'A- 
mérique. 

LEPIDOPHORUM  (Wç,  écaille;  y0- 
poç,  qui  porte),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Composées-Senécionidées ,  établi 
par  Necker  (Elem.,  22).  Herbes  delaLusi- 
tanie.  Voy.  composées. 

*LEPIDOPHORUS  (Wç,  écaille;  ?o- 
poç,  qui  porte),  ins.  — Genre  de  Coléoptères 
tétramères,  famille  des  Curculionides  gona- 
tocères,  division  des  Cléonides,  créé  par 
Kirby  (Fauna  bor.  amer.,  p.  201)  et  adopté 
par  Schœnherr  (  Syn.  gen.  et  sp.  Curcuh, 
t.  VI,  part.  2,  p.  256).  Ce  genre  ne  renferme 
qu'une  espèce,  le  L.  lineatocollis ,  qui  est 
originaire  du  Canada.  (C.) 

LEPIDOPHYLLUM  (hniç,  écaille;  yuA- 
>ov,  feuille),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Composées-Senécionidées,  établi  par  Cas- 
sini  (in  Bullet.  Soc.  philom.,  1816,  p.  199). 
Arbrisseau  de  Magellan.  Voy.  composées. 


LEP 


LEP 


293 


♦LEPID0PH1LLUM  (Wç,  écaille  ;  Vv'X- 
>ov,  feuille),  bot.  foss.  —  Genre  de  végétaux 
fossiles  de  la  famille  des  Lépidodendrées, 
établi  par  M.  Ad.  Brongniart  (Prodr.,  87), 
qui  le  caractérise  ainsi:  Feuilles  simples, 
sessiles,  très  entières,  lancéolées  ou  linéaires, 
traversées  par  une  seule  nervure  simple, 
ou  par  trois  nervures  parallèles;  pas  de  ner- 
vures secondaires. 

Ce  genre  renferme  A  espèces  qui  appar- 
tiennent au  terrain  houiller. 

LEPIDOPILUM  (W;,  écaille;  *Âo$, 
laine),  bot.  cr. —  Genre  de  Mousses  brya- 
cées,  établi  par  Bridel  (Mant.,  141).  Mousses 
vivaces  d'Amérique.  Voy.  mousses   et  brya- 

CÉES. 

*LEPID0PLEURUS(^7rt'ç,  «0ç,  écaille; 
Tr>evpa,  flanc),  moll.  —  M.  Risso,  dans  son 
Hist.  nat.  des  prod.  de  l'Europe  méridionale, 
a  proposé  ce  g.  pour  un  petit  groupe  d'Osca- 
brions,  chez  lesquels  le  bord  du  manteau 
est  couvert  de  petites  écailles.  Ce  genre, 
sans  aucune  valeur,  n'a  point  été  adopté. 

(Desh.) 

*LEPIDOPOGON,Lamk,B0T.PH.— Syn. 
de  Cylindrocline ,  Cass. 

LÉPIDOPTÈRES  Lepidoptera  (  hnU , 
écaille;  wpôv ,  aile),  ins.  —  L'ordre  des 
Lépidoptères ,  l'un  des  plus  naturels  de  tous 
ceux  de  la  classe  des  Insectes,  a  été  créé  par 
Linné,  et  comprend  tous  les  animaux  arti- 
culés qui  présentent  les  caractères  suivants  : 
Quatre  ailes  recouvertes,  sur  les  deux  sur- 
faces, de  petites  écailles  colorées  semblables 
à  une  poussière  farineuse;  une  trompe  plus 
ou  moins  longue,  roulée  en  spirale  ;  deux 
palpes  plus  ou  moins  relevés  ,  composés  de 
trois  articles  et  insérés  sur  une  lèvre  fixe; 
deux  antennes  de  forme  variable  et  toujours 
composées  d'un  grand  nombre  d'articles; 
une  pièce  assez  développée,  appelée  ptéry- 
gode  ou  épaulette,  située  à  la  base  des  ailes 
supérieures  en  dessus  ;  un  abdomen  dé- 
pourvu de  tarière;  jamais  que  deux  sortes 
d'individus,  des  mâles  et  des  femelles. 

Les  Lépidoptères  sont  des  insectes  à  mé- 
tamorphoses complètes  :  aussi  allons-nous 
étudier  ces  animaux  sous  leurs  trois  états 
d'insecte  parfait,  de  larve,  qui  chez  eux 
porte  le  nom  de  chenille,  et  de  chrysalide 
ou  nymphe. 

Comme  chez  tous  les  autres  Insectes,  le 
corps  des  Lépidoptères,  à  Y  état  d'insecte  par- 


fait, offre  trois  choses  à  considérer,  la  télé, 
le  thorax  et  Yabdomen. 

La  tête,  en  général  arrondie ,  comprimée 
en  avant,  plus  large  que  longue,  légèrement 
plus  étroite  que  le  thorax,  est  quelquefois 
grande,  saillante,  comme  dans  les  Diurnes, 
et  d'autres  fois  très  petite,  comme  chez  les 
Crépusculaires  et  surtout  chez  les  Nocturnes; 
la  partie  antérieure  du  front  porte  le  nom  de 
chaperon. 

Les  yeux  sont  grands ,  bordés  de  poils 
qui  remplacent  probablement  les  paupiè- 
res, et  ils  varient  beaucoup  relativement 
à  leur  coloration.  Les  stemmates  ou  yeux 
lisses,  qui  ne  se  rencontrent  pas  dans  toutes 
les  espèces,  sont  situés  sur  le  vertex;  ils 
sont  cachés  entre  les  écailles,  et  ne  devien- 
nent visibles  qu'après  qu'on  a  dénudé  le 
dessus  de  la  tête. 

Les  antennes ,  placées  près  du  bord  in- 
terne de  chaque  œil,  sont  en  général  plus 
courtes  que  le  tronc  et  composées  d'un 
grand  nombre  d'articles  ;  leur  forme  est 
très  variable:  dans  les  Diurnes,  qui  ont 
pour  cela  reçu  de  MM.  Duméril  etBoisduval 
le  nom  de  Rhopalocères  (porrcJov  ,  massue  ; 
x/paç ,  antenne  ) ,  elles  sont  filiformes  jus- 
que près  de  l'extrémité ,  et  terminées  par 
un  bouton  ou  massue  plus  ou  moins  al- 
longé, et  variant  de  forme  et  de  grosseur; 
dans  les  Crépusculaires  et  les  Nocturnes , 
que  M.  Boisduval  a  nommés  Hétérocères 
(êrepoToç,  variable;  x/paç,  antenne),  on 
ne  retrouve  plus  d'antennes  en  massue , 
excepté  toutefois  chez  les  Castniaires. 
M.  Duméril  (ZooJ.  anal.)  a  basé  sa  classi- 
fication des  Lépidoptères  sur  la  forme  des 
antennes,  et  il  établit  les  divisions  des  Rho- 
palocères ou  Globulicornes  ;  Clostérocères 
ou  Fusicornes;  Nématocères  ou  Filicorner, 
et  Chétocères  ou  Séticornes.  Les  antennes 
peuvent  être  prismatiques  (  Sphingides); 
linéaires  (  Sésiaires)  ;  en  corne  de  bélier 
(  Zygaena)  ;  arquées  de  dedans  en  dehors 
(OEgocérides);  filiformes  (Bombyx);  pec- 
tinées  ou  plumeuses  (Géomètres),   etc. 

Les  paipes  son  tau  nombredequatre  :  deux 
maxillaires,  situés  à  la  base  de  la  spiri- 
trompe  :  ils  ont  la  forme  d'un  tubercule; 
sont  très  petits,  et  ne  peuvent  se  voir  qu'à 
l'aide  d'une  forte  loupe  ,  et  deux  labiaux, 
qui,  au  contraire,  sont  très  apparents,  re- 
dressés, cylindriques  ou  coniques,  couverts 


294 


LEP 


d'écaillés  ou  velus,  formés  de  trois  articles  ; 
le  dernier  article  étant  très  petit  ou  nul 
dans  les  Rhopalocères,  et  souvent  très  grand 
dans  les  Hétérocères. 

La  trompe,  qui  porte  généralement  le 
nom  de  spiritrompe,  se  compose  de  deux 
filets  plus  ou  moins  longs ,  cornés ,  con- 
caves à  leur  face  interne,  engrenés  sur 
les  bords.  Dans  l'inaction,  elle  est  toujours 
roulée  en  spirale  entre  les  palpes  ;  elle  sert 
à  l'insecte  pour  puiser  les  sucs  dans  l'inté- 
rieur des  fleurs.  La  spiritrompe  est  en 
général  longue  dans  les  Rhopalocères,  et 
elle  est  d'une  longueur  très  variable  dans 
les  Hétérocères  ;  trois  ou  quatre  fois  plus 
longue  que  le  corps  dans  les  Sphinx , 
elle  n'est  plus  qu'à  l'état  rudimentaire  dans 
les  Bombyx.  Cette  trompe  n'est  autre  chose 
que  la  langue,  comme  l'a  montré  M.  Savi- 
gny  (Mem.  sur  les  anim.  articulés).  La 
disposition  de  cette  langue  est  un  des  faits 
caractéristiques  que  nous  présentent  les  Lé- 
pidoptères, et  c'est  pour  cela  que  Fabricius 
leur  avait  appliqué  le  nom  de  Glossates 
(yàwffcja,  langue.) 

Les  mandibules  se  retrouvent  chez  les  Lé- 
pidoptères, comme  chez  les  autres  Insectes, 
mais  elles  sont  à  l'état  tout-à-fait  rudimen- 
taire et  rejetées  sur  les  côtés.  La  lèvre  su- 
périeure existe  également ,  mais  elle  est 
presque  imperceptible. 

Le  thorax  ou  corselet  est  la  partie  située 
entre  la  tête  et  l'abdomen,  et  sert  de  point 
d'attache  aux  ailes  et  aux  pattes.  Le  thorax 
est  formé  de  trois  segments  intimement 
unis,  dont  l'antérieur  très  court  et  en  forme 
de  collier  porte  le  nom  de  prothorax;  les 
deux  autres ,  ou  le  mésothorax  et  le  méta- 
thorax ,  sont  toujours  soudés  ensemble  et 
semblent  ne  former  qu'un  tout  unique.  Le 
thorax estgénéralement ovale;  il  varie  pour 
la  grosseur  :  très  gros  et  assez  long  dans  les 
Sphinx,  il  est  grêle  et  allongé  dans  les  Sa- 
tyrus.  Sa  couleur  est  variable  et  semble 
participer  de  la  teinte  générale  des  ailes. 
La  partie  supérieure  du  thorax  est  le 
dos  ;  et  l'inférieure  la  poitrine.  Le  dernier 
segment  thoracique  se  termine  en  dessus 
par  une  petite  pièce  triangulaire  dont  le 
sommet  regarde  la  tête,  et  qui  est  Yécusson. 

Les  aites  sont  attachées  à  la  partie  latérale 
supérieure  du  thorax;  elles  sont  toujours 
au  nombre  de  quatre,  excepté  dans  quel- 


LEP 

ques  femelles,  chez  lesquelles  elles  avortent 
ou  sont  réduites  à  de  simples  rudiments 
impropres  au  vol.  Chaque  aile  consiste  en 
deux  lames  membraneuses  intimement 
unies  entre  elles  par  leur  face  interne  ,  et 
divisées  en  plusieurs  parties  distinctes  par 
des  filets  cornés  plus  ou  moins  saillants 
nommés  nervures.  Ces  deux  lames  sont  re- 
couvertes d'une  poussière  farineuse  qui 
s'enlève  par  le  toucher.  Lorsqu'on  étudie 
cette  poussière  au  microscope,  on  voit 
qu'elle  est  composée  d'un  assemblage  de 
petites  écailles  colorées,  implantées  sur  la 
partie  membraneuse  au  moyen  d'un  pédi- 
cule et  disposées  avec  la  même  symétrie 
que  les  tuiles  d'un  toit.  Ces  écailles,  qui 
ont  valu  aux  Insectes  qui  nous  occupent  le 
nom  qu'ils  portent  (Aîmç,  écaille;  «repov, 
aile),  ont  une  forme  très  variable,  non  seu- 
lement dans  des  espèces  différentes,  mais 
aussi  dans  les  diverses  parties  du  corps  d'un 
même  papillon.  C'est  aux  écailles  que  sont 
dues  les  brillantes  couleurs  que  nous  pré- 
sentent les  Lépidoptères.  Les  écailles  sont 
quelquefois  tellement  rares  sur  certaines 
ailes  de  papillons,  que  cet  organe  devient 
transparent,  comme  vitré;  c'est  ce  qui  a  lieu 
dans  les  Macroglossa.  De  nombreux  et  im- 
portants travaux  ont  été  faits  sur  les  écailles 
des  Lépidoptères,  et  nous  citerons  particu- 
lièrement un  mémoire  de  M.  Bernard- 
Deschamps  (Ann.sc.  waf.,1837).  Les  nervu- 
res des  ailes  sont  des  organes  fîstuleux ,  fi- 
liformes, qui  paraissent  destinés  à  suppor- 
ter les  lames  membraneuses  et  forment  la 
charpente  de  l'aile.  Le  nombre  des  nervu- 
res varie  beaucoup ,  ainsi  que  le  point  de 
l'aile  d'où  elles  partent;  elles  se  ramifient 
plus  ou  moins,  et  forment  entre  elles  des 
espaces ,  dont  la  forme  diffère  suivant  les 
espèces.  Les  entomologistes  ont  étudié  avec 
soin  les  nervures  des  ailes  des  Lépidoptères, 
dont  ils  ont,  dans  ces  derniers  temps,  tiré 
de  bons  caractères  génériques;  ils  leur  ont 
appliqué  des  noms  particuliers,  ainsi 
qu'aux  espaces  qu'elles  forment.  Des  fi- 
gures étant  indispensables  pour  faire  bien 
comprendre  les  divers  noms  et  la  position 
de  ces  nervures,  nous  ne  croyons  pas  devoir 
entrer  ici  dans  plus  de  détails,  renvoyant 
nos  lecteurs  aux  travaux  de  MM.  Duponchel, 
Boisduval,  Guénée,  Lacordaire ,  Ram- 
bur,  etc.,  et  surtout  à  un    mémoire   de 


LEP 

M.  Alexandre  Lefebvre  sur  la  Ptéroîogie  des 
Lépidoptères  (Ann.  Soc.  ent.  de  France, 
lre  série,  t.  XI,  1842).  Les  ailes  supérieures 
sont  toujours  plus  grandes  que  les  inférieu- 
res ;  les  ailes  inférieures  sont  souvent  plis- 
sées  à  leur  bord  interne,  et  semblent  former 
un  canal  propre  à  recevoir  et  à  garantir  l'ab- 
domen. Les  quatre  ailes  sont  quelquefois  re- 
levées perpendiculairement  dans  le  repos  : 
c'est  ce  qui  a  lieu  dans  les  Diurnes  ;  dans  les 
autres,  elles  sont  horizontales  ou  inclinées  en 
manière  de  toit:  c'est  ce  que  l'on  observe 
chez  les  Crépusculaires  et  Nocturnes.  Dans 
ce  dernier  cas ,  les  papillons  sont  pourvus 
d'un  organe  propre  à  retenir  les  ailes  dans 
cette  situation  :  c'est  une  espèce  de  frein  ou 
crochet  attaché  aux  ailes  inférieures  et  passant 
dans  une  boucle  des  supérieures. Cette  dispo- 
sition toute  particulière  a  servi  à  M.  E.  Blan- 
chard, pour  la  création  des  deux  divisions 
primaires  de  l'ordre  des  Lépidoptères,  qu'il 
nomme  Achalinoptères  (àxofttvoç  sans  frein  ; 
irT£pov,aile):  ce  sont  les  Rhopalocères  des  au- 
teurs ,  et  des  Chalinoptères  (xa^voç ,  frein  ; 
«Tspov,  aile)i. c'est-à-dire  les  Hétérocères.  Re- 
lativement à  leur  coloration  générale,  les 
ailes  peuvent  présenter  les  couleurs  les  plus 
vives,  les  plus  brillantes  Les  Rhopalocères 
ont  en  général  une  coloration  plus  vive 
que  les  Hétérocères.  Quelquefois  des  groupes 
entiers  ont  une  même  couleur  :  les  Pieris 
sont  blanches,  les  Colias  jaunes,  les  Po- 
lyommatus  fauves,  etc.  Le  dessin  est  un  ca- 
ractère plus  constant  et  peut  servir  pour 
la  formation  des  genres  ;  c'est  ainsi  que 
les  Thais  ont  les  ailes  tachées  de  noir  et  de 
rouge  ;  les  Satyrus  ont  des  taches  oculaires; 
les  Plusia,  des  taches  d'or  et  d'argent  aux 
ailes  supérieures,  etc. 

Enfin  les  pattes,  dont  il  nous  reste  à  par- 
ler, sont  composées,  comme  celles  des  autres 
insectes,  de  hanche,  trochanter ,  cuisse , 
ïambe  et  tarse.  Ce  dernier  a  cinq  articles 
distincts,  non  compris  les  crochets  termi- 
naux, parfois  très  développés.  Dans  pres- 
que tous  les  Lépidoptères,  les  six  pattes 
sont  d'égale  longueur.  Dans  quelques  uns, 
les  Nymphalides  par  exemple,  les  pattes 
antérieures  sont  très  petites.  Les  pattes  sont 
velues  ou  écailleuses  ;  assez  grêles  en  général. 
Les  jambes  postérieures  sont  tantôt  deux, 
tantôt  quatre  petites  pointes  nommées 
éperons. 


LEP 


295 


Uabdomen  est  en  ovale  allongé  ou  pres- 
que cylindrique.  Il  est  composé  de  sept  an- 
neaux, formés  chacun  d'un  arceau  supérieur 
et  d'un  arceau  inférieur,  unis  par  une  mem- 
brane. A  l'extrémité ,  il  y  a  une  ouverture 
servant  d'issue  aux  organes  reproducteurs  et 
au  canal  intestinal  ;  cette  ouverture  est  plus 
prononcée  dans  les  mâles  que  dans  les  fe- 
melles. L'abdomen  ne  présente  jamais  de 
tarière  proprement  dite;  mais,  dans  quel- 
ques espèces,  les  derniers  anneaux  de  la  fe- 
melle peuvent  s'allonger  et  former  un  ovi- 
ducte  pointu  et  très  apparent  à  l'extérieur, 
comme  cela  a  lieu  dans  les  espèces  dont  les 
chenilles  vivent  dans  l'intérieur  du  bois. 
La  couleur  de  l'abdomen  varie;  il  présente 
souvent  la  même  coloration  que  les  ailes 
inférieures  ;  il  est  généralement  cependant 
d'une  couleur  sombre. 

L'organisation  des  Lépidoptères,  à  l'état 
parfait,  a  été  étudiée  par  plusieurs  zoologistes; 
mais  cependant  son  étude  n'a  pas  été  faite  avec 
autan  t  de  soin  que  celle  des  Insectes  des  ordres 
des  Coléoptères,  des  Hyménoptères,  des  Dip- 
tères ,  etc.  L'espace  ne  nous  permet  pas  de 
nous  étendre  sur  ce  sujet;  nous  nous 
bornerons  à  dire  que  leur  intestin  est  assez 
court,  et  cela  d'après  leur  genre  de  vie, 
qu'il  se  compose  d'un  jabot,  d'un  estomac 
dilaté,  d'un  intestin  grêle  assez  long  et  d'un 
cloaque,  auprès  duquel  s'insère  un  cœcum. 
Pour  plus  de  détails,  nous  renvoyons  au  mot 
insectes  et  aux  articles  d'anatomie,  ainsi 
qu'aux  ouvrages  de  Réaumur,  de  Lyonnet, 
de  M.  Th.  Lacordaire,  etc. 

Chez  les  Lépidoptères  à  l'état  parfait, 
la  femelle  est,  en  général,  un  peu  plus 
grande  que  le  mâle,  et  les  couleurs  qu'elle 
présente  sont  moins  brillantes;  toutefois, 
dans  beaucoup  d'espèces,  il  n'y  a  de  diffé- 
rence que  dans  l'abdomen,  qui,  chez  les  fe- 
melles, est  distendu  par  les  œufs,  tandis  qu'il 
est  plat  chez  les  mâles.  Sous  le  rapport 
de  la  forme  des  ailes,  il  existe  aussi  quelque- 
fois une  grande  différence  entre  les  deux 
sexes  :  dans  les  Nymphalides  ,  les  ailes  infé- 
rieures des  mâles  se  terminent  par  une  queue 
très  prononcée,  tandis  qu'elles  sont  arron- 
dies dans  les  femelles,  etc..  Relativement  à 
la  couleur,  la  différence  entre  les  mâles  et 
les  femelles  est  parfois  si  grande  qu'on  pren- 
drait les  deux  sexes  d'une  même  espèce  pour 
deux  espèces  distinctes:  ainsi,  dans  le  genre 


29G 


LEP 


LEP 


Argus,  les  femelles  sont  presque  toutes  bru- 
nes, et  les  mâles  bleus,  etc.  Le  dessin  est 
presque  toujours  le  même  pour  les  deux 
sexes. 

On  rencontre  quelquefois ,  mais  très  ra- 
rement ,  des  Lépidoptères  hermaphrodites  , 
qui  ont  tout  un  côté  mâle  et  l'autre  femelle  ; 
mais  on  n'a  pas  encore  observé  d'individus 
chez  lesquelsil  y  ait  fusion  complète  des  carac- 
tères du  mâle  et  de  ceux  de  la  femelle.  L'on 
voit  parfois  le  mâle  d'une  espèce  accouplé 
avec  la  femelle  d'une  autre ,  mais  toujours 
très  voisine,  et  il  en  résulte  des  hybrides;  on 
en  cite  des  exemples  nombreux  dans  le  genre 
Zygœna. 

L'existence  est  de  courte  durée,  chez  les 
Lépidoptères  à  l'état  parfait;  le  mâle  périt 
presque  immédiatement  après  l'accouple- 
ment, et  la  femelle  après  la  ponte  ;  la  vie  est 
seulement  prolongée  de  quelques  jours,  lors- 
que le  hasard  fait  que  deux  individus  de  sexe 
différent  d'une  même  espèce  ne  se  sont  pas 
rencontrés  pour  consommer  l'acte  de  la  re- 
production. On  a  souventvu  des  femelles  de 
Bombyx  pondre,  quoique  n'étant  pas  fécon- 
dées :  il  n'est  pas  besoin  de  dire  que  ces 
œufs  ne  produisent  pas  déjeunes  chenilles. 
L'accouplement,  en  général  très  court  chez 
les  Diurnes,  peut  au  contraire  durer  près 
de  vingt-quatre  heures  chez  quelques  Noc- 
turnes. On  a  vu  le  même  mâle  de  Bom- 
byx s'accoupler  plusieurs  fois  avec  diverses 
femelles;  mais  on  présume  que  ce  fait,  qui 
a  été  produit  en  captivité,  n'a  pas  lieu  lors- 
que l'insecte  est  libre,  et  qu'en  général  les 
Lépidoptères  ne  peuvent  chacun  s'accoupler 
qu'une  seule  fois.  Les  mâles  sont  très  ar- 
dents et  poursuivent  très  vivement  leurs 
femelles. Chez  quelques  Nocturnes,  ils  savent 
les  découvrir  au  moyen  d'un  sens  très  dé- 
veloppé chez  eux ,  et  qui  ne  peut  être  que 
l'odorat  :  ces  mâles  trouvent  les  femelles 
jusque  dans  les  appartements  où  on  les 
élève. 

La  plupart  des  Papillons  se  nourrissent  en 
pompant  avec  leur  spiritrompe  le  suc  miel- 
leux des  fleurs;  ceux  qui  n'ont  pas  cet  organe 
périssent  sans  prendre  de  nourriture.  Quel- 
ques espèce?  se  nourrissent  du  liquide  sécrété 
par  les  plaies  des  arbres  ;  d'autres  recherchent 
les  excréments  des  animaux,  etc. 

La  femelle  vient  déposer  ses  œufs  sur  la 
plante  qui  doit  nourrir  les  jeunes  chenilles. 


Les  œufs  ont  une  forme  sphéroïdale  al- 
longée. La  coque  offre  des  cannelures  plus 
ou  moins  marquées.  Au  moment  où  ils  vien- 
nent d'être  pondus ,  les  œufs  sont  enduits 
d'une  matière  gluante,  insoluble  dans  l'eau, 
qui  sert  à  les  fixer  sur  leur  végétal  nourricier. 
Chez  quelques  espèces,  les  œufs  sont  déposés 
sur  les  troncs  des  arbres ,  et  la  femelle  prend 
soin  de  les  recouvrir  de  duvet  qu'elle  arra- 
che de  son  abdomen.  Le  volume  des  œufs 
varie  beaucoup.  La  fécondité  des  Lépidoptè- 
res est  grande;  certaines  pontes,  toutefois, 
ne  comprennent  qu'une  quarantaine  d'œufs, 
tandis  que  d'autres  en  donnent  plusieurs 
milliers.  L'action  du  chaud  ou  du  froid  est 
peu  sensible  sur  les  œufs  :  une  température 
de  60°  Réaumur  de  chaleur  ne  leur  ôte  pas 
leur  force  vitale,  et  les  plus  grands  froids 
de  la  Sibérie  n'empêchent  pas  la  reproduc- 
tion des  œufs ,  même  des  espèces  des  pays 
chauds,  telles  que  celles  du  Ver  à  soie. 

La  chenille  qui  provient  de  l'œuf,  et  que 
nous  devons  maintenant  étudier,  nous  pré- 
sente une  tête  et  un  corps. 

La  tête,  formée  de  deux  espèces  de  ca- 
lottes arrondies  et  écailleuses,  offre  de  cha- 
que côté  des  points  noirs  saillants,  sembla- 
bles à  des  yeux  lisses,  mais  qui  ne  parais- 
sent pas  servir  pour  la  vision.  La  bouche 
ressemble  à  celle  des  Insectes  broyeurs;  elle 
se  compose  de  deux  mandibules  cornées,  de 
deux  mâchoires  latérales  portant  chacune 
un  palpe  très  petit,  d'une  lèvre  inférieure 
munie  de  deux  palpes  assez  grands,  et 
d'un  petit  mamelon  ou  filière  qui  doit  don- 
ner issue  à  la  soie  que  file  la  chenille. 

Le  corps  est  assez  allongé,  et  présente  sur 
les  côtés,  près  de  la  base  des  pattes,  les  stig- 
mates ou  organes  respiratoires  qui  sont  très 
petits ,  de  forme  oblongue ,  et  qui  se  re- 
trouvent dans  l'Insecte  à  l'état  parfait. 

Les  pattes,  qui  s'attachent  au  corps,  sont 
de  deux  sortes  :  les  pattes  écailleuses  ou 
vraies  pattes,  qui  doivent  rester  lorsque  la 
chenille  passera  à  l'état  de  Papillon;  et  les 
pattes  membraneuses  ou  fausses  pattes ,  qui 
disparaîtront  dans  l'Insecte  parfait.  Les  pat- 
tes vraies  ne  servent  à  la  chenille  que  pour 
marcher  ;  tandis  que  les  fausses  pattes,  qui 
ont  la  forme  de  mamelons  plus  ou  moins 
allongés,  lui  servent  aussi  à  se  cramponner 
aux  branches  des  arbres  :  leur  nombre  varie 
de  quatre  à  dix,  et  leur  longueur  peut  éga- 


LEP 


LEP 


297 


lement  n'être  pas  la  même  pour  toutes. 
D'après  te  nombre  des  fausses  pattes,  les 
chenilles  ont  été  divisées  en  Fausses  Arpen- 
teuses  ,  Demi-Arpenteuses  et  Arpenteuses. 

Les  chenilles  sont  plus  ou  moins  vives , 
selon  les  espèces,  et  d'après  la  disposition  de 
leurs  pattes.  La  locomotion  de  ces  larves  a 
lieu  presque  toujours  d'arrière  en  avant; 
quelques  unes  cependant  (  Tortrix  )  mar- 
chent  à  reculons  avec  une  très  grande  agi- 
lité. Chez  \esCatocala,  les  chenilles  cour- 
bent en  arc  un  des  côtés  de  leur  corps,  et 
le  débandent  brusquement  comme  un  res- 
sort, de  sorte  qu'elles  font  de  véritables 
sauts  de  carpe  :  le  même  mécanisme  a  lieu 
dans  un  assez  grand  nombre  de  chenilles. 
La  valve  qui  termine  le  dernier  anneau  du 
corps  porte  le  nom  de  chaperon.  Certains 
appendices  se  voient  dans  diverses  chenilles: 
ce  sont  des  espèces  de  cornes  et  des  aiguil- 
lons. Les  chenilles  sont  couvertes  de  poils 
dans  un  assez  grand  nombre  de  cas,  dans 
d'autres  elles  en  sont  entièrement  dépour- 
vues ;  et  d'après  leur  vestiture  on  dit  qu'el- 
les sont  rares,  pubescentes ,  velues,  poilues, 
hispides,  épineuses,  calleuses,  etc.;  cer- 
taines chenilles  présentent  même  de  véri- 
tables épines  que  l'on  regarde  comme  une 
transformation  des  poils  ;  ces  épines  se 
trouvent  sur  tout  le  corps  ou  seulement 
sur  quelques  parties.  Il  semble  que  les 
chenilles  aient  reçu  une  coloration  propre 
à  les  dérober  aux  recherches  de  leurs  nom- 
breux ennemis  :  celles  qui  se  tiennent  col- 
lées sur  les  tiges  ont  la  couleur  des  écorces 
et  des  lichens  ;  celles  qui  vivent  sur  les  feuil- 
les en  ont  en  général  la  couleur.  Dans  une 
même  espèce  la  chenille  présente  presque 
toujours  la  même  couleur,  à  de  très  légères 
nuances  près.  La  couleur  varie  dans  les  dif- 
férents âges,  et  la  chenille  adulte  ne  res- 
semble quelquefois  pas  à  la  jeune.  Le  dessin 
est  plus  constant  que  les  couleurs;  il  peut 
varier  pour  la  teinte;  mais  les  taches  ou 
les  raies  qui  le  constituent  occupent  tou- 
jours la  même  place,  ou,  si  elles  viennent 
à  s'effacer  ou  à  être  absorbées  par  la  couleur 
du  fond,  il  reste  toujours  certains  traits  ca- 
ractéristiques. 

Les  chenilles  subissent  différents  change- 
ments de  peau  ou  mues  avant  de  se  transfor- 
mer en  chrysalides  :  ces  mues  sont  au  nom- 
bre de  trois  au  moins  et  de  sept  au  plus 
T.  vu. 


pour  le  même  individu.  La  chenille  qui  va 
muer  s'y  prépare  par  la  diète  ;  pour  se  dé- 
barrasser de  son  ancienne  peau ,  elle  dégage 
d'abord  la  partie  antérieure  de  son  corps , 
puis  la  partie  postérieure.  La  couleur  d'une 
chenille  qui  vient  de  muer  est  toujours  beau- 
coup plus  fraîche  que  celle  d'une  chenille 
qui  va  muer. 

L'accroissement  des  chenilles  est  plus  ou 
moins  rapide  selon  les  espèces,  la  nourriture 
qu'elles  prennent  et  l'époque  de  l'année. 
Celles  qui  se  nourrissent  de  plantes  succu- 
lentes se  développent  plus  vite  que  celles  qui 
ne  mangent  que  des  plantes  sèches,  comme 
les  graminées.  Laplupartmangentlanuitet 
restent  immobiles  le  jonr.  Presque  toutes 
nos  espèces  européennes  sortent  de  l'œuf  à 
l'automne  ou  à  la  fin  de  l'été,  mangent  jus- 
qu'à l'approche  de  la  mauvaise  saison,  pas- 
sent l'hiver  engourdies,  se  réveillent  aux 
premiers  jours  du  printemps  et  se  méta- 
morphosent au  commencement  de  l'été., 
Cependant  ce  fait  est  loin  d'être  général. 
Beaucoup  de  chenilles  vivent  solitaires  sur 
différentes  plantes;  mais  quelques  unes 
vivent  en  sociétés  plus  ou  moins  nombreu- 
ses ,  soit  pendant  leur  jeunesse ,  soit  pen- 
dant toute  leur  vie. 

A  l'exception  d'un  grand  nombre  deTinéi- 
tes  qui  vivent  aux  dépens  des  pelleteries,  des 
étoffes  de  laine,  des  matières  grasses,  etc., 
les  chenilles  se  nourrissent  exclusivement 
de  végétaux ,  et  depuis  la  racine  jusqu'aux 
graines,  aucune  partie  de  la  plante  n'est  à 
l'abri  de  leurs  attaques;  cependant  la  plu- 
part des  espèces  préfèrent  les  feuilles. Les  plan- 
tes les  plus  acres,  les  plus  vénéneuses ,  ser- 
vent de  nourriture  à  quelques  chenilles.  La 
même  espèce  de  papillon  vit  souvent  sur  plu- 
sieurs arbres  différents,  et  le  même  arbre 
nourrit  parfois  plusieurs  chenilles  différen- 
tes. Cependant,  dans  une  infinité  de  cas,  on 
voit  l'histoire  des  Lépidoptères  se  lier  inti- 
mement à  celle  des  végétaux  ;  ainsi  certains 
groupes,  certains  genres  correspondent  à 
telle  famille,  à  tel  genre  de  plantes.  Il  ne 
suffit  pas  néanmoins  qu'une  plante  propre  à 
telle  espèce  croisse  dans  un  pays  pour  que 
le  Lépidoptère  correspondant  s'y  trouve  ;  il 
faut  aussi  que  le  climat  convienne  à  ce 
dernier. 

L'anatomie  des  chenilles  a  été  faite  par 
plusieurs  entomologistes;  leur  intestin  con- 
38 


298 


ÏJEP 


LEP 


siste  en  un  gros  canal  sans  inflexion,  dont 
la  partie  antérieure  est  quelquefois  un  peu 
séparée  en  manière  d'estomac  et  dont  la  par- 
tie postérieure  forme  un  cloaque  ridé;  les 
vaisseaux  biliaires,  au  nombre  de  quatre,  sont 
très  longs  et  s'insèrent  fort  en  arrière.  Nous 
renvoyons ,  pour  plus  de  détails ,  aux  tra- 
vaux de  Lyonnet,  publiés  dans  les  Mémoi^ 
res  du  Muséum  ;  au  mémoire  de  Malpighi 
sur  l'anatomie  de  la  Chenille  du  Ver  à 
soie,  etc. 

Nous  devons  maintenant  parler  de  la 
Chrysalide  ou  Pupe.  La  chenille  se  renferme 
dans  une  enveloppe  particulière  ;  elle  ne 
mange  plus  ;  la  vie  semble  arrêtée,  et  elle  y 
éprouve  sa  dernière  métamorphose,  qui  doit 
la  transformer  en  papillon.  Les  chrysalides 
sont  coniques,  en  général,  et  plus  rarement 
légèrement  anguleuses  ;  la  forme  en  varie 
beaucoup  et  fournit  des  caractères  généri- 
ques. Les  chrysalides  des  Diurnes  offrent 
des  couleurs  plus  ou  moins  brillantes  ;  des 
points  d'or  ou  d'argent  ;  celles  des  Crépus- 
culaires et  des  Nocturnes  ont,  presque  tou- 
jours, des  couleurs  sombres  et  brunes.  La  du- 
rée de  l'état  de  chrysalide  varie  suivant  les  es- 
pèces et  est  subordonnée  à  la  grosseur  rela- 
tive, à  l'époque  de  l'année,  à  la  température  ; 
les  petites  espèces  restent  en  général  moins 
longtemps  dans  cet  état  que  les  grosses. Dans 
nos  climats  l'évolution  des  Diurnes  a  lieu 
au  bout  de  12  à  25  jours;  de  7  à  14  dans 
les  régions  tropicales  :  celles  des  Nocturnes 
est  plus  variable ,  elles  peut  avoir  lieu  au 
bout  de  8  jours  ou  durer  4  à  5  mois;  enfin, 
dans  un  grand  nombre  de  cas ,  les  papillons 
passent  l'hiver  à  l'état  de  chrysalide  et  ne 
se  transforment  qu'au  printemps. 

La  manière  dont  les  chenilles  se  changent 
en  chrysalide  varie  beaucoup  suivant  les 
espèces  :  les  unes  filent  des  coques  pour 
envelopper  leur  pupe,  ce  quia  lieu  dans  la 
plupart  des  Nocturnes;  les  Diurnes  n'ont, 
en  général,  pas  de  coque,  et  lachenille  qui 
va  se  transformer  en  chrysalide  est  placée 
dans  une  espèce  de  membrane,  elle  est 
comme  emmaillotée,  etc'estee  qui  luia  valu 
le  nom  de  pupe,  du  latin pupa,  maillot.  Les 
chrysalides  des  Diurnes  sont  retenues  aux 
corps  sur  lesquels  elles  s'attachent  de  trois 
manières  différentes  :  chez  certaines  che- 
nilles ,  que  M.  Boisduval  nomme  suc- 
cinles,  la  chrysalide  est  fixée  par  la  queue 


et  par  un  lien  transversal  en  forme  de  cein- 
ture ;  chez  les  autres ,  appelées  suspendues, 
elle  est  pendante  et  fixée  seulement  par  la 
queue;  enfin,  dans  les  troisièmes,  que  l'on 
appelle  enroulées,  elle  est  enveloppée  entre 
les  feuilles  ou  dans  un  léger  tissu,  et  main- 
tenue en  outre  par  plusieurs  fils  transver- 
saux. Les  chrysalides  sont  tantôt  enfoncées 
dans  la  terre;  d'autres  fois  elles  sont  à  la 
surface  et  se  présentent  enveloppées  d'une 
coque  filée  par  la  chenille.  La  forme  et  la 
composition  de  ces  coques  sont  très  varia- 
bles. On  sait  le  parti  que  l'industrie  a  su 
tirer  des  cocons  du  Ver  à  soie  :  nous 
pouvons  entrer  ici  dans  des  détails  qui 
sont  donnés  avec  soin  aux  articles  bombyx, 
soie,  vers  a  soie.  En  général,  on  peut 
dire  que  toutes  les  chenilles  poilues  font 
des  coques,  et,  parmi  ces  dernières, 
les  espèces  à  tubercules  produisent  beau- 
coup plus  de  matière  soyeuse  que  celles  qui 
sont  simplement  velues.  La  coque  ne  sert 
pas  seulement  à  envelopper  la  chrysalide 
pour  la  mettre  à  l'abri  de  ses  ennemis  et 
des  injures  du  temps,  elle  a  un  autre  but 
d'utilité ,  c'est  de  favoriser  le  développe- 
ment de  l'insecte  parfait  au  moment  de 
son  évolution  :  pour  sortir  de  la  chrysalide, 
celui-ci  a  besoin  de  trouver  un  point  d'ap- 
pui qui  lui  aide  à  se  débarrasser  de  son 
fourreau;  sans  cela,  lorsque  la  partie  anté- 
rieure de  ce  dernier  est  ouverte  et  que  les 
pattes  sont  dégagées  de  leur  étui,  il  serait 
exposé  à  rester  emmailloté  et  à  traîner 
après  lui  son  enveloppe. 

Lorsque  l'éclosion  doit  avoir  lieu ,  le  pa- 
pillon fend  sa  chrysalide  Iongitudinalement 
sur  le  corselet,  et  il  en  sort.  Il  est  d'abord 
très  faible;  toutes  ses  parties  sont  molles, 
sans  consistance  et  imprégnées  d'humidité; 
ses  ailes  sont  pendantes,  ouvertes  et  comme 
chiffonnées.  Le  papillon  s'étend ,  se  sèche,  et 
bientôt  il  prend  son  vol,  elle  but  de  sa  vie 
est  désormais  la  reproduction  de  son  espèce. 

Le  développement  des  organes  dans  la 
chrysalide  et  le  papillon  a  été  étudié  avec 
soin  par  Herold ,  dans  son  Histoire  du 
développement  des  papillons,  Cassel ,  1813, 
et  nous  y  renvoyons  le  lecteur. 

Ainsi  que  nous  l'avons  dit  plus  haut,  on 
sait  de  quelle  utilité  sont  pour  l'industrie 
certains  Lépidoptères;  on  sait  aussi  qu'à 
leur  état  de  chenilles ,  ils  sont  fort  nuisibles 


I-EP 


LEP 


299 


s  notre  agriculture;  que  certains  arbres 
sont  quelquefois  entièrement  dépouillés  de 
leurs  feuilles  en  très  peu  de  temps;  que 
souvent,  lorsque  l'année  a  été  favorable 
pour  les  chenilles,  la  récolte  des  fruits  est 
entièrement  détruite  par  une  multitude 
de  ces  larves  :  enfin  on  connaît  ces  petits 
papillons  qui  détruisent  la  vigne  et  dont  il 
sera  question  à  l'article  pyrale.  Une  loi 
est  venue  obliger  les  cultivateurs  à  faire 
l'échenillage  dans  leurs  propriétés  ;  mais 
malgré  tous  les  efforts  on  n'est  pas  encore 
parvenu  d'une  manière  efficace  à  se  débar- 
rasser des  chenilles  qui  détruisent  nos 
cultures;  espérons  que  les  travaux  des 
hommes  instruits  qui,  comme  M.  Ratzc- 
burg,  se  livrent  à  l'étude  de  l'entomologie 
appliquée  à  l'agriculture,  parviendront  à 
empêcher  ou  tout  au  moins  à  diminuer  ces 
dégâts.  La  nature  a  heureusement  remé- 
dié en  partie  au  mal  que  les  chenilles  font 
aux  cultures  en  leur  créant  des  ennemis 
acharnés  et  nombreux  :  c'est  ainsi  que  les 
larves  des  Ichneumonides,  des  Chalcidites, 
de  beaucoup  de  Diptères,  etc.,  détruisent 
un  nombre  immense   de  chenilles. 

Nous  devrions  ici  donner  des  détails  sur 
les  mœurs  et  les  habitudes  des  Lépidoptè- 
res ,  et  montrer  leur  instinct  quelquefois 
si  merveilleux  ;  mais  l'espace  nous  manque, 
et  nous  craindrions  de  répéter  ce  qui  a  déjà 
été  dit  dans  plusieurs  articles  de  ce  Diction- 
naire :  aussi  renvoyons-nous  pour  ce  sujet 
aux  diverses  tribus  ou  familles  de  l'ordre 
des  Lépidoptères  ,  ainsi  qu'aux  articles  sur 
les  genres  principaux. 

On  connaît  un  très  grand  nombre  de  Lé- 
pidoptères; on  en  a  indiqué  plus  de  6,000 
dans  toutes  les  parties  du  monde;  l'Europe 
en  présente  près  de  4,000,  et  la  France  en 
possède  bien  2,000  à  elle  seule.  La  beauté 
de  ces  Insectes,  l'étude  si  attrayante  de 
leurs  chenilles  et  de  leurs  mœurs,  ont  dû  at- 
tirer l'attention  depuis  très  longtemps:  aussi 
en  existe-t-il  un  grand  nombre  de  collec- 
tions. Les  deux  plus  belles  qui  soient  à  Paris 
sont  celles  de  MM.  Boisduval  et  Pierret  : 
dans  la  première,  il  y  a  des  Lépidoptères 
de  toutes  les  parties  du  monde;  tandis  que 
la  seconde  ,  remarquable  par  la  fraîcheur 
et  le  choix  des  espèces  qui  la  composent,  ne 
comprend  uniquement  que  des  espèces  eu- 
ropéennes. 


Les  Lépidoptères  sont  répandus  dans 
toutes  les  régions  du  globe  ;  mais  c'est  sur- 
tout dans  les  pays  chauds  et  humides  qu'on 
en  trouve  davantage  ;  c'est  aussi  dans  ces 
régions  qu'habitent  les  plus  belles  espèces 
de  Diurnes  ;  l'Europe ,  surtout  la  France 
et  l'Allemagne,  produisent  un  très  grand 
nombre  de  Crépusculaires  et  de  Nocturnes. 
Nous  ne  nous  étendrons  pas  davantage  sur 
la  géographie  des  Lépidoptères ,  renvoyant 
le  lecteur  aux  détails  donnés  à  l'article  géo- 
graphie ZOOLOGIQUE. 

Un  grand  nombre  de  naturalistes  se  sont 
occupés  des  Lépidoptères  ;  les  chenilles  ont 
été  étudiées  avec  soin ,  et  beaucoup  de 
travaux  iconographiques  ont  été  publiés. 
Nous  ne  pouvons  citer  ici  tous  les  ouvrages 
qu'un  Lépidoptériste  doit  connaître  ;  nous 
indiquerons  cependant:  1°  sur  les  Lépido- 
ptères européens  ,  les  travaux  d'Esper , 
d'Hubner,  d'Engramelle ,  de  Godart  et  Du- 
ponchel,  de  MM.  Boisduval,  Guénée, 
Rambur,  Alexandre  Lefebvre ,  Pierret, 
Lucas,  etc.,  et  2°  sur  les  Lépidoptères  exo- 
tiques ,  ceux  de  Fabricius,  Cramer,  Sloll, 
Donovan,  Harris  ,  Godard,  Ochsenheimer, 
de  MM.  Boisduval,  Guérin -Méneville  ,  E. 
Blanchard ,  etc. 

Il  ne  nous  reste  plus  qu'à  nous  occuper 
des  classifications  qui  ont  été  proposées  en 
lépidoptérologie.  Ces  classifications  sont  de 
trois  sortes  :  les  unes  sont  entièrement  ba- 
sées sur  les  caractères  tirés  de  l'Insecte  par- 
fait; dans  d'autres  classifications,  les  carac- 
tères sonttirés exclusivement  des  chenilles  ; 
enfin,  dans  un  autre  genre  de  classification, 
l'Insecte  parfait  fournit  bien  les  caractères 
principaux;  mais  à  ceux-ci  viennent  se 
joindre  les  caractères  que  l'on  peut  tirer  de 
l'étude  de  la  chenille  et  de  la  chrysalide  ; 
cette  dernière  méthodesemblela  meilleure, et 
c'estla  seule  qui,  par  lasuite,  devra  prévaloir 
dans  la  science.  Du  reste,  nous  ne  pouvons 
ici  discuter  la  valeur  de  ces  diverses  classifi- 
cations; nous  indiquons  seulement  la  série 
de  mémoires  qui  a  été  publiée  sur  ce  sujet 
dans  les  Annales  de  la  Société  entomologique 
de  France,  par  notre  savant  collaborateur  et 
ami  Duponchel,  que  la  science  vient  de  per- 
dre tout  récemment;  et  par  M.  Guérite;  le 
premier  soutenant  le  principe  que  toulo 
bonne  classification  en  lépidoptérologie  doit 
être  basée  sur  les  caractères  tirés  de  l'insecla 


300  LEP 

parfait,  et  le  second  croyant  que  les  carac- 
tères doivent  être  exclusivement  tirés  de  la 
chenille. 

Linné    partageait    les   Lépidoptères    en 
trois  genres  distincts  :  ceux  des  Papillon, 
Sphinx  et  Phalène;  les  auteurs  qui  le  sui- 
virent, comme  Geoffroy,  Degéer,  Scopoli, 
Fabricius,  augmentèrent  considérablement 
le   nombre   des  divisions  génériques.   La- 
treille  établit  plus  d'ordre  dans  les  divisions 
proposées  parmi  les  Lépidoptères,  et  c'est 
à  lui  que  Ton  doit  la   création  des  gran- 
des familles  des  Diurnes,  Crépusculaires  et 
Nocturnes,    qui  sont   devenues    des  divi- 
sions classiques,  et  qui  ont  été  adoptées 
dans  presque  tous  les  ouvrages.  Lamarck  , 
M.  Duméril,  Dalmann,  présentèrent  de  nou- 
velles classifications.  Godart  et  surtout  Du- 
ponchel,dans  leur  bel  ouvrage  sur  les  Lépidop- 
tères de  France ,  adoptèrent  la  méthode  de 
Latreille  ,  qu'ils  modifièrent  toutefois  assez 
profondément.  Tous  les  classificateurs  que 
nous  venons  de  citer  tirèrent  leurs  caractè- 
res presque  uniquement  de  l'étude  de  l'In- 
secte parfait;  d'autres,  ainsi  que  nous  l'avons 
déjà  dit,  prirent  pour  base  de  leurs  classi- 
fications les  caractères  de  la  chenille  :  nous 
devons  indiquer  principalement  MM.  Denis 
et  Schiflermuller ,   Ochsenheimer ,  Treit- 
schke,  Stephens ,  Curtis,  et  surtout  M.  le 
docteur  Boisduval ,  qui ,   dans  sa  classifi- 
cation, donne  dans  son  Gênera  et  index  me- 
thodicus  europœorum  Lepidopterorum,    et, 
dans  le  Ier  volume  (le  seul  publié)  des  Lé- 
pidoptères des  Suites  à  Buffon  de  l'éditeur 
Roret,  modifie  considérablement  la  méthode 
de  Latreille,  crée  un  grand  nombre  de  gen- 
res nouveaux,  et  divise  les  Lépidoptères  en 
deux  légions  :  les  Rhopalocères  (Diurnes  des 
auteurs)  et  les  Hélérocères  (Crépusculaires 
etNoctures).  Enfin,  tout  récemment,  notre 
collègue,  M.    E.   Blanchard   (Histoire  des 
Insectes,  1845  ),  a  donné  une  classification 
des  Lépidoptères,  qui  se  rapproche  de  celles 
de  Latreille  et  de  M.  Boisduval. 

La  méthode  qui  a  été  suivie  dans  ce  Dic- 
tionnaire est  celle  adoptée  par  Duponchel 
dans  son  Catalogue  méthodique  des  Lépidop- 
tères d'Europe,  qui  fait  suite  à  VHistoire 
naturelle  des  Lépidoptères  de  France  de  Go- 
dart et  Duponchel.  Cette  classification  a 
pour  base  celle  de  Latreille,  mais  modifiée 
d'après  les  ouvrages  de  MM.  Treitschke  et 


LÉP 

Boisduval ,  et  surtout  d'après  les  travaux 
de  Duponchel.  Nous  croyons  devoir  l'indi- 
quer ici. 

1"  Famille.— Diurnes.  Diurna,  Latr. 

Antennes  en  forme  de  massue ,  c'est-à- 
dire  plus  ou  moins  renflées  à  l'extrémité. 
Corps  généralement  peu  velu,  petit  relati- 
vement aux  ailes ,  et  présentant  un  rétré- 
cissement notable  entre  le  corselet  et  l'ab- 
domen. Les  quatre  ailes,  d'égale  consistance, 
non  retenues  ensemble  par  un  frein ,  et  se 
relevant  perpendiculairement  l'une  contre 
l'autre  dans  l'état  de  repos,  à  quelques  ex- 
ceptions près.  Vol  diurne.  Chenilles  à  seize 
patte»,  se  métamorphosant  à  l'air  libre,  sans 
se  renfermer  dans  une  coque,  excepté  dans 
les  genres  Parnassius ,  Zegris ,  et  dans  la 
tribu  des  Hespérides}  où  elles  s'enveloppent 
d'un  léger  réseau. 

Tribus  :  Danaides ,  Argynnides ,  Vanes- 
sides  ,  Libythéides  ,  Nyraphalides  ,  Saty- 
rides,  Papillonides,  Parnassides,  Piérides, 
Rhodocéridcs,  Lycénides,  Érycinides  et  Hes- 
pérides. 

2e  famille. — Crépuscul  aires.  Crepuscularia, 
Latr. 

Antennes  plus  ou  moins  renflées  au  mi- 
lieu ou  avant  l'extrémité ,  et,  indépendam- 
ment de  cela,  tantôt  prismatiques  ,  tantôt 
cylindriques,  et  tantôt  pectinées  ou  dentées. 
Corps  généralement  très  gros  relativement 
aux  ailes,  et  ne  présentant  jamais  d'étran- 
glement entre  le  corselet  et  l'abdomen.  Les 
six  pattes  propres  à  la  marche  ;  les  jambes 
postérieures  armées  de  deux  paires  d'ergots. 
Ailes  étroites  en  toit  horizontal,  ou  légère- 
ment inclinées  dans  le  repos  :  les  supérieu- 
res recouvrant  alors  les  inférieures,  qui 
sont  généralement  très  courtes,  et  retenues 
par  un  frein  aux  premières,  dans  les  mâles 
seulement.  Vol  nocturne  ou  crépusculaire 
dans  un  grand  nombre  d'espèces,  diurne 
dans  quelques  unes.  Chenilles  à  seize  pat- 
tes,  glabres,  demi-velues  ou  pubescentes: 
les  métamorphoses  ont  lieu  dans  la  terre 
ou  à  sa  surface ,  sous  quelque  abri ,  sous 
forme  de  coque  ,  tantôt  dans  l'intérieur  des 
tiges ,  tantôt  sous  une  coque  grossière. 
Chrysalides  mutiques;  généralement  conico- 
cylindriques. 


LEP 


LEP 


3C1 


Tribus  :  Sphingides  ,  Sésiéides  et  Zygé- 
nides. 

3e  famille. — Nocturnes.  Nocturno,  Latr. 

Antennes  en  forme  de  soie  ,  c'est-à-dire 
dont  la  tige  diminue  de  grosseur  de  la  base 
à  la  pointe,  abstraction  faite  des  dents, 
barbes,  poils  ou  cils  dont  elle  peut  être  gar- 
nie. Corps  tantôt  grand  ,  tantôt  petit  rela- 
tivement aux  ailes  ,  mais  ne  présentant  ja- 
mais d'étranglement  entre  le  corselet  et 
l'abdomen.  les  quatre  ailes  d'égale  consis- 
tance, quand  les  supérieures  ne  servent  pas 
de  couverture  aux  inférieures  ;  celles-ci  plus 
minces  et  moins  solides  dans  le  cas  con- 
traire :  les  unes  et  les  autres  retenues  en- 
semble par  un  frein  dans  les  mâles  seule- 
ment, et  jamais  relevées  perpendiculairement 
dans  le  repos,  mais  tantôt  horizontales,  tan- 
tôt en  toit  plus  ou  moins  incliné,  tantôt  en- 
fin en  fourreau  enveloppant  le  corps.  Les 
Chenilles  ont  de  dix  à  seize  pattes  ;  elles 
sont  glabres,  plus  ou  moins  velues,  jamais 
épineuses,  du  moins  dans  l'âge  adulte.  Elles 
se  métamorphosent,  soit  sous  terre,  soit 
dans  l'intérieur  des  tiges  ou  des  racines  dont 
elles  se  nourrissent,  soit  dans  des  coques  de 
soie  pure  ou  mêlée  d'autres  matières.  Les 
Chrysalides  ne  sont  jamais  suspendues  dans 
l'air,  à  peu  d'exceptions  près  ;  elles  sont  en 
général  mutiques  ,  et  quelques  unes  seule- 
ment garnies  de  poils. 

Tribus  :  Lithosides,  Chélonides,  Psychi- 
des,  Liparides,  Lasiocampides,  Bombycides, 
Attaccides,  Endromides,  Hépialides,  Enda- 
grides,  Limacodides,  Platyptérides,  Dicra- 
nurides,  Notodontides ,  Pygérides,  Bomby- 
coïdes,  Noctuo-Bombycites,  Orthosides,  Gor- 
tynides,  Nonagrides,  Leucanides,  Caradri- 
nides,  Apamides ,  Hadénides  ,  Noctuélides  , 
Amphipyrides,  Xylinides  ,  Héliothides,  Cal- 
pides,  Plusides  ,  Catocalides,  Ophiusides  , 
Àuthophilides  ,  Agrophilides  ,  Anomalides  , 
Phalénoïdes,  Goniatides,  Acontides,  Noctuo- 
Phalénides,  Pyralides,  Phalénides,  Platyo- 
mides,  Schénobides,  Crambides,  Yponomeu- 
lides,  Tinéides  et  Ptérophorides. 

Pour  les  espèces  exotiques  qui  ne  sont  pas 
placées  dans  le  Catalogue  de  Duponchel , 
elles  ont  été  classées  d'après  Latreille  (Règne 
animal  et  Familles  naturelles),  et  d'après 
M.  Boisduval  (Index methodicum).  Nous  ren- 
voyons à  tous  les  mots  indiqués  plus  haut, 


et  principalement  aux  articles  diurnes,  cré- 
pusculaires, SPHINX  et  NOCTURNES. 

En  terminant  cet  article ,  nous  donnons 
en  quelques  mots  la  classification  proposée 
par  M.  E.  Blanchard. 

lre  section.  ACHALINOPTÈRES  (  Diurnes 
des  auteurs,  Rhopalocères  de  Boisduval.) 

Ailes  dépourvues  de  frein  pour  les  main- 
tenir. Antennes  toujours  renflées  en  mas- 
sue vers  l'extrémité. 

Tribus  :  Papilioniens,  Nymphaliens,  Éry- 
ciniens,  Hespériens  et  Cydimoniens. 

2e  sect.  CHALINOPTÈRES  (  Crépusculaires 
et  Nocturnes  des  auteurs,  Hétérocères. 
Boisduval.) 

Ailes  presque  toujours  munies  d'un  frein 
pour  les  retenir  dans  une  position  horizon- 
tale. Antennes  renflées  en  massue,  fusifor- 
mes ,  plus  souvent  sétacées,  quelquefois 
pectinées  dans  les  mâles. 

Tribus  :  Castniens ,  Sésiens ,  Zyzéniens, 
Sphingiens,  Bombyciens,  Noctuéliens,  Ira- 
niens, Phaléniens,  Pyraliens. 

(E.  Desmarest.) 

*LEPIDOPTERYX,  Hope.ms.— Syn.  de 
Gymnocheilis  de  Gray,  publié  sous  le  nom  de 
Gymnochila  parErichson.  Voy.  ce  mot.  (C.) 

*  LÉPIDOSAURES  (Wç,  écaille;  <rav- 
poç,  lézard),  rept. — Synonyme  de  Scincoï- 
diens  (voy.  ce  mot),  d'après  MM.  Duméril 
et  Bibron  (Erp.  gén.,  V,  1839).      (E.  D.) 

*LEPIDOSIREN  (Wç,  écaille;  oupnç, 
sirène),  rept.  ?  —  Singulier  genre  d'animaux 
découvert  dans  ces  derniers  temps,  et  que 
quelques  zoologistes  placent  dans  la  classe 
des  Reptiles  ichthyoïdes,  tandis  que  d'autres 
le  mettent  avec  les  Poissons  anguilliformes. 
C'est  à  M.  Natterer  (Annales  d'histoire  na- 
turelle de  Vienne,  t.  II,  1837)  que  l'on 
doit  la  descriptiou  de  ce  genre;  ce  zoolo- 
giste place  les  Lepidosiren  à  côté  du  groupe 
des  Sirènes,  dans  la  classe  des  Reptiles  am- 
phibiens;  M.  Owen,  au  contraire,  en  fait 
un  groupe  de  la  classe  des  Poissons.  Depuis 
les  travaux  de  ces  deux  auteurs,  les  natura- 
listes ne  se  sont  pas  encore  mis  d'accord  sur  la 
place  que  ce  groupe  doit  occuper  dans  la  série 
zoologique.  Pour  nous,  nous  croyons  qu'il 
doit  être  placé  à  côté  des  Cécilies,  dans  la 
division  des  Reptiles  amphibiens,  et  qu'il 


302 


LEP 


établit  ainsi  le  passnge  entre  les  Replilcs  et 
les  Poissons. 

M.  Natterer  a  donné  avec  soin  la  des- 
cription d'une  seule  espèce  de  ce  genre,  la 
Lepidosiren  paradoxa,  et  nous  croyons  devoir 
la  reproduire  ici  en  entier.  Le  corps  est 
long  de  près  d'un  pied,  très  allongé,  plus 
fort  que  chez  aucun  des  Reptiles  ichthyoïdes 
connus;  la  tête  est  pyramidale,  courte  et 
obtuse;  la  bouche  est  petite,  garnie  en  haut 
et  en  bas  de  lèvres  molles  en  forme  de  bour- 
relet ;  la  langue  est  molle,  épaisse,  charnue  ; 
elle  est  adhérente  au  plancher  de  la  bouche 
et  libre  seulement  sur  les  côtés  et  un  peu 
en  avant;  les  mâchoires  sont  garnies,  de 
chaque  côté,  de  deux  dents  soudées  au  bord 
dentaire,  grandes,  plates,  comprimées  de 
dehors  en  dedans;  leur  sommet  offre  un 
bord  droit  et  tranchant;  leurs  faces  exter- 
nes et  internes  sont  marquées  d'un  sillon 
qui,  se  prolongeant  jusqu'au  bord  libre  des 
dents,  donne  à  ce  bord  un  aspect  bidenté, 
disposition  qui  rappelle  celle  des  dents  des 
Mammifères  et  des  Congres;  au-devant  des 
d^nts  de  la  mâchoire  supérieure,  sont  deux 
petites  dents  coniques,  dirigées  obliquement 
en  dehors;  les  narines  s'ouvrent  immédia- 
tement derrière  le  bord  de  la  mâchoire  ;  il 
n'existe  pas  de  dents  palatines  ;  on  n'aperçoit 
aucune  trace  de  tympan  à  l'extérieur,  et 
l'œil  est  caché  par  la  peau.  En  arrière  de  la 
tête,  on  aperçoit  une  ouverture  ovale,  assez 
grande  ,  dans  laquelle  on  voit  quatre  arcs 
branchiaux  articulés;  le  cou  n'est  pas  dis- 
tinct de  la  tête  et  du  tronc.  Immédiatement 
à  la  suite  de  l'ouverture  branchiale,  on  trouve 
de  chaque  côté  un  appendice  conique  sou- 
tenu par  une  tige  cartilagineuse;  ce  sont  des 
sortes  de  membres  impropres  à  la  locomo- 
tion et  à  la  natation  ;  une  paire  d'appendices 
analogues  saille  en  arrière  sur  les  côtés  de 
l'anus  ;  ils  sont  un  peu  plus  forts  seulement 
que  les  appendices  antérieurs;  il  arrive 
quelquefois  que  l'un  des  appendices  de  la 
paire  antérieure  ou  postérieure  est  un  peu 
plus  gros  d'un  côté  que  de  l'autre.  Le  dos 
est  marqué  en  avant  d'un  léger  sillon  qui, 
vers  la  partie  moyenne,  donne  naissance  à 
une  crête  membraneuse  droite,  analogue  à 
la  nageoire  dorsale  des  Murénoïdes  ;  elle  s'é- 
tend ,  en  conservant  une  hauteur  de  6  à  8 
lignes,  jusqu'à  l'extrémité  delà  queue,  se 
poursuit  sur  la  face  inférieure  de  cet  organe, 


LEP 

et  vient  aboutir  en  décroissant  au-devant  de 
l'anus.  La  queue  est  conique,  légèrement 
comprimée.  Suc  les  côtés  du  corps ,  on  ob- 
serve une  ligne  longitudinale,  qui  rappelle 
la  ligne  latérale  des  Poissons;  elle  commence 
sur  les  côtés  du  museau,  en  ligne  onduleuse, 
et  donne,  en  haut  et  en  bas,  de  légères  ra- 
mifications pour  les  mâchoires  supérieure  et 
inférieure.  Au-delà  de  l'ouverture  branchiale, 
elle  se  poursuit  en  ligne  droite  jusqu'à  l'ex- 
trémité de  la  queue.  Parmi  les  ramifications 
qu'elle  donne  à  la  partie  postérieure  et  du 
côté  inférieur,  il  en  est  une  qui,  de  chaque 
côté ,  se  porte  sur  les  parties  latérales  de 
l'abdomen,  et  se  prolonge  sur  la  partie  in- 
férieure du  corps,  en  donnant  plusieurs  ra- 
meaux, qui  se  distribuent  à  la  surface  des 
parois  abdominales.  Tout  le  corps  est  cou- 
vert d'écaillés  fines,  minces  et  arrondies  à 
leur  bord  postérieur,  qui  est  confondu  avec 
les  écailles  voisines  par  un  épiderme  com- 
mun, mais  qui  cependant  paraît  libre  lors- 
que l'épiderme  est  enlevé;  chacune  des 
écailles  est  composée  de  petits  compartiments 
polygones  plats.  L'anus  n'est  pas  médian, 
mais  placé  légèrement  sur  le  côté  gauche  du 
corps  ;  il  est  rond  et  légèrement  froncé.  A  la 
suite  du  larynx  et  d'une  trachée-artère  fort 
courts,  naissent  de  chaque  côté  des  poumons 
vésiculeux  très  étendus,  qui  se  prolongent 
jusqu'aux  environs  de  l'anus.  Le  canal  intes- 
tinal est  presque  de  même  grosseur  dans 
toute  son  étendue;  il  n'existe  pas  de  renfle- 
ment stomacal ,  seulement  on  voit  à  l'inté- 
rieur un  léger  canal  spiroïde  analogue  à  celui 
des  Perches.  Il  y  a  une  sorte  de  vessie  na- 
tatoire. Les  vertèbres  dorsales  paraissent 
supporter  toutes  des  côtes  rudimentaires. 
La  Lepidosiren  paradoxa,  d'une  couleur  noi- 
râtre avec  des  taches  blanches,  a  été  trouvée 
dansl'Amériquedu  Sud,  dans  les  flaques  d'eau 
et  les  fossés  des  environs  de  Bahia:  les  ha- 
bitants de  ce  pays  lui  donnent  le  nom  de 
Caraucuru.  On  croit  que  cet  animal  se  nour- 
rit de  matières  végétales,  car  on  a  trouvé 
dans  le  tube  digestif  d'un  individu  des  dé- 
bris de  racines  féculentes. 

M.  Owen,  dans  un  mémoire  publié  à  Lon- 
dres, en  1839,  a  décrit  une  seconde  espèce 
de  ce  genre  sous  le  nom  de  Lepidosiren  an- 
nectens,  et  il  rapproche  cet  animal,  comme 
nous  l'avons  dit,  de  la  classe  des  Poissons. 

Un  nouveau  travail  a  été  publié  réeem- 


LEP 

ment,  en  Allemagne,  sur  les  Lépidosirènes» 

(E.  D.) 

♦LEPIDOSOMA,  Wagl.  rept.— Syn.  de 
Pantodactylus,  Dum.  et  Bibr.      (E.  D.) 

LEPIDOSPERMA  (Wç,  écaille  ;  «m/p- 
p.ea  ,  semence),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Cypéracées-Rhynchosporées ,  éta- 
bli par  Labillardière  (Nov.  HolL,  I,  14  ). 
Végétaux  de  I'Australasie  extra-tropicale  et 
du  cap  de  Bonne-Espérance.   Voy.  cypéra- 

CÉES. 

*LEPIDOSTACHIS  (tarf«,  écaille  ;  <rra- 
Xus  y  éP>  )•  b°t.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Scépacées  ,  détachée  par  Endlicher  de 
celle  des  Antidesmées.  Il  a  été  établi  par 
Wallich  (Catal.,  n.  6816)  pour  un  arbre 
de  l'Inde.  Voy.  scépacées. 

*LEPIDOSTEPHANUS  (tarte,  écaille; 
<rre'y avo; ,  couronne  ).  bot.  ph.  — Genre  de 
la  famille  des  Composées -Sénécionidées  , 
établi  par  Bartling  (Ind.  sem.  hort.  Gœlting, 
1837).  Herbes  de  la  Californie.  Voy.  com- 
posées. 

* LEPIDOSTERNON  (tari's,  écaille; 
arepvov  ,  poitrine  ).  rept.  —  M.  Wagler 
[Icon.  amphib.)  a  proposé  sous  cette  déno- 
mination un  genre  de  Lacertiens  qui  a  été 
adopté  par  MM.  Duméril  etBibron.  LesLe- 
pidostemon  sont  des  Reptiles  à  peau  nue,  à 
tubercules  quadrillés;  les  lèvres  de  leur 
cloaque  n'offrent  pas  de  pores;  leurs  dents 
sont  isolées,  et  enfin  ils  présentent  des  pla- 
ques stermiles. 

On  connaît  3  espèces  de  c°,  groupe  :  ce 
sont  les  Lepidosternon  microcephalum  Wa- 
gler, et  scutigerum  Dum.  et  Bibr.,  qui  ha- 
bitent le  Brésil  ;  et  le  L.  phocœna  Dum.  et 
Bibr.,  qui  se  trouve  a  Buénos-Ayres.  (E.D.) 

*LEPIDOSTROBUS  (tarfc,  écaille;  <jtPo- 
6°; ,  strobile).  bot.  foss.  —  Genre  de  végé- 
taux fossiles,  de  la  famille  des  Lépido- 
dendrées,  établi  par  M.  Ad.  Brongniart 
(Prodr.,  87),  et  caractérisé  comme  il  suit: 
Cônes  cylindriques,  composés  d'écaillés  ai- 
lées sur  leurs  deux  côtés ,  creusées  d'une 
cavité  infundibuliforme ,  et  se  terminant 
par  des  disques  rhomboïdaux,  imbriqués  de 
haut  en  bas. 

Ce  genre  renferme  4  espèces  qui  font 
partie  des  terrains  houillers.  (J.) 

LEPIDOSTROBUS,  Lindl.  bot.  ph.  — 
Syn.  d' Ulodendron ,  Rhod. 

JLEPIDOTUS.  poiss.  —  Voy.  bynki. 


LÊP 


303 


*LEPIDOTUS,  Hope.  ins.  —Syn.  d\4- 
grypnus.  Voy.  ce  mot.  (C.) 

♦LEPIDURUS.  crust.— Synonyme  d'4- 
pus.  Voy.  ce  mot.  (H.  L.) 

LEPIGONUM,  Fr.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Spergularia,  Pers. 

*LEPIONURUS  (Ws,  écaille;  ov'p*', 
tige),  bot.  ph.  —Genre  de  la  famille  des 
Olacinées,  établi  par  Blume  {Bijdr.,  1143). 
Arbrisseaux  de  Java.  Voy.  olacinées. 

LÉPIPTÈRE.  Lepipterus  (Wç,  écaille; 
TrTîpov,  aile),  poiss.  —  Genre  de  l'ordre  des 
Acanthoptérygiens,  famille  des  Sciénoïdes  , 
établi  par  MM.  CuvieretValenciennes  (Hist. 
des  Poiss.,  t.  V,  p.  151),  et  différant  prin- 
cipalement des  autres  genres  de  la  même 
famille  par  des  nageoires  verticales  fort 
écailleuses. 

On  n'en  connaît  qu'une  espèce,  le  Lépip- 
tère  de  Saint  -  François  ,  Lepipterus  Fran- 
cisci  Cuv.  et  Val. ,  pris  dans  la  rivière  de 
Saint-François  au  Brésil.  (J.) 

LEPIROIMIA  (k'nvpov,  cosse),  bot.ph. — 
Genre  de  la  famille  des  Cypéracées-Chrysi- 
trichées,  établi  par  L.-C.  Richard  (in  Pers. 
ench.y  1 ,  70).  Herbes  marécageuses  de  l'A- 
frique et  de  la  Nouvelle-Hollande.  Voy.  cy- 

PÉRACÉES. 

LEPISACANTHE,  Lepisacanthus  (W$, 
écaille;  ax«vO«,  épine),  poiss.  —  Genre  de 
l'ordre  des  Acanthoptérygiens,  famille  des 
Joues  cuirassées,  établi  par  Lacépède  et 
adopté  par  G.  Cuvier  (  Règ.  anim. ,  t.  Il, 
p.  169).  Ces  poissons  sont  remarquables  par 
leur  «  corps  gros  et  court,  entièrement  cui- 
rassé d'énormes  écailles  anguleuses  ,  âpres 
et  carénées ,  où  quatre  ou  cinq  grosses  épi- 
ne? libres  remplacent  la  première  dorsale  , 
et  où  les  ventrales  sont  composées  chacune 
d'une  énorme  épine,  dans  l'angle  de  laquelle 
se  cachent  quelques  rayons  mous  ,  presque 
imperceptibles;  leur  tête  est  grosse,  cui- 
rassée; leur  front  bombé;  leur  bouche  as- 
sez grande  ;  leurs  mâchoires  et  leurs  pala- 
tins ont  des  dents  en  velours  ras,  et  leur  vo- 
mer  en  manque.  Il  y  a  huit  rayons  à  leurs 
branchies.  » 

On  ne  connaît  encore  qu'une  seule  espèce 
de  ce  genre,  le  Lépisacanthe  japonais  de 
Lacép.  (  Monocentris  Japonica  Sch.),  qui 
habite  les  mers  du  Japon.  C'est  un  poisson 
long  de  15  à  16  centimètres,  et  d'un  blanc 
argenté.  (J.) 


301 


LEP 


*LEPISANTHES  (Xw'ç,  écaille;  a/9o; , 
fleur),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Sapindacées  -  Sapindées,  établi  par  Blume 
(Bijdr.y  237).  Arbres  de  Java.  Voy.  sapin- 
dacées. 

LEPISELAGA  (  Umtç ,  écaille  ;  «layift  , 
briller),  ins.  —  Genre  de  l'ordre  des  Diptè- 
res brachocères,  famille  des  Tabaniens,  éta- 
bli par  M.  Macquart  (  Dipt .  exot. ,  tom.  I, 
lre  partie,  pag.  153)  aux  dépens  des  Taons. 
Il  ne  renferme  qu'une  seule  espèce,  Lepise- 
laga  lepidota  (  Tabanus  lepidotus  Wied.  ), 
indigène  de  l'Amérique  méridionale. 

*LEPISIA  (W5,  écaille),  ins.— Genre 
de  Coléoptères  pentamères  ,  famille  des  La- 
mellicornes, tribu  des  Scarabéides  phyllo- 
phages ,  créé  par  MM.  Lepeletier  de  Saint- 
Fargeau  et  Serville  (  Encyclopédie  méthodi- 
que, 1825,  tom.  X,  p.  374  ),  qui  y  rappor- 
tent 3  espèces  :  les  L.  rupicola  F.,  militaris 
etferrugata  de  Gyllenhal.  Les  Lepisia  ont 
les  tarses  antérieurs  et  intermédiaires  bi- 
fides ;  les  postérieurs  sont  entiers.      (C.) 

LÉPISMATIDES.  Lepismatidœ.  ins.— 
Synonyme  de  Lépismes.  Voy.  ce  mot. 

LÉP1SME.  Lepisma  (Wi'Çw,  écailler). ins. 
— Genre  de  l'ordre  des  Thysanures,  de  la  fa- 
mille des  Lépismées,  et  qui  peut  être  ainsi 
caractérisé  :  Corps  écailleux,  aplati,  allongé, 
non  cordiforme  ;  antennes  et  filets  terminaux 
de  l'abdomen  fort  longs;  des  bouquets  de 
poils  aux  parties  latérales  de  l'abdomen.  Les 
Lépismes  ,  dont  on  connaît  environ  une  di- 
zaine d'espèces,  sont  de  petits  animaux  qu'Al- 
drovande  et  Geoffroy  avaient  nommés  For- 
bicines,  et  que  l'on  compare  à  de  petits  Pois- 
sons, à  raison  de  la  manière  dont  ils  se  glis- 
sent en  courant,  et  des  couleurs  brillantes 
de  quelques  espèces;  ils  se  cachent  ordinai- 
rement dans  les  boiseries,  les  fentes  des 
châssis  qu'on  n'ouvre  que  rarement,  ou  sous 
les  planches  humides,  etc.;  d'autres  se  tien- 
nent sous  les  pierres,  et  pendant  mon  séjour 
en  Algérie,  j'en  ai  rencontré  une  fort  jolie 
petite  espèce  qui  est  nouvelle,  et  dont  les  ha- 
bitudes sont  de  se  tenir  sous  les  écorces  des 
arbres.  Ces  petits  animaux  courent  très  vite, 
et  il  est  difficile  de  les  saisir  sans  enlever  les 
écailles  dont  leur  corps  est  revêtu  ;  ils  parais- 
sent fuir  la  lumière,  et  ce  n'est  réellement 
que  pendant  la  nuit  qu'on  les  voit  errer  çà  et 
là.  La  mollesse  des  organes  masticateurs  de 
ces  Insectes  annonce  qu'ils  ne  peuvent  rcn- 


LEP 

ger  des  matières  dures  :  cependant  Linné  et 
Fabricius  ont  dit  que  l'espèce  commune  se 
nourrit  de  sucre  et  de  bois  pourri  ;  suivant 
le  premier ,  elle  ronge  les  livres  et  les  ha- 
bits de  laine  ;  Geoffroy  pense  qu'elle  mange 
des  individus  du  Psoque  pulsateur,  connu 
vulgairement  sous  le  nom  de  Pou  de  bois. 

Parmi  les  10  espèces  que  ce  genre  singu- 
lier renferme,  le  plus  grand  nombre  habite 
l'Europe;  quelques  unes  se  trouvent  en 
Egypte,  au  Sénégal,  en  Chine  et  aux  An- 
tilles. Le  Lépisme  saccharin,  Lepisma  sac- 
charina  Linn.,  peut  être  considéré  comme 
le  type  de  cette  coupe  générique.  Cette  es- 
pèce est  commune  dans  toute  l'Europe;  on 
la  trouve  dans  les  maisons,  sur  les  planches 
des  armoires  où  l'on  conserve  des  comesti- 
bles ,  sur  les  marches  des  escaliers  en  bois 
ou  dans  les  fissures  des  fenêtres,  soit  dans 
le  bois ,  soit  dans  le  vieux  plâtre.  On  dit 
qu'elle  se  nourrit  de  sucre  ,  de  substances 
végétales ,  et  probablement  aussi  de  petits 
insectes.  C'est  à  tort  sans  doute  que  Linné , 
qui  ne  connaissait  que  cette  espèce  du  véri- 
table genre  Lépisme,  l'a  supposée  originaire 
d'Amérique.  (H.  L.) 

♦LÉPISMÉES.  Lepismœ.  ins.  —  Nom 
employé  par  M.  P.  Gervais  pour  désigner, 
dans  l'ordre  des  Thysanures,  la  famille  qui 
déjà  portait  les,noms  de  Lepismenœ  et  de  Le- 
pismatidœ. Les  animaux  qui  composent  cette 
famille  ont  leur  corps  composé  de  quatorze 
articles,  un  pour  la  tête,  trois  pour  le  tho- 
rax, portant  chacun  une  paire  de  pattes,  et 
dix  pour  l'abdomen.  Leur  tête ,  bien  dis- 
tincte du  thorax,  est  quelquefois  cependant 
un  peu  enfouie  sous  le  premier  article  de 
cet  organe.  Elle  porte  des  antennes  longues, 
sétacées,  et  composées  d'un  grand  nombre 
d'articles;  le  plus  souvent,  on  y  reconnaît 
des  yeux ,  et  toujours  la  bouche  est  com- 
plète, à  deux  paires  de  palpes  multi-articu- 
lés  et  plus  ou  moins  longs.  Les  trois  an- 
neaux du  thorax  sont  distincts  les  uns  des 
autres,  tantôt  égaux  ,  tantôt  inégaux  entre 
eux  ;  ils  portent  chacun  une  paire  de  pattes 
composées  des  parties  ordinaires  aux  Insec- 
tes, les  tarses  étant  multi- articulés  et  bi- 
onguiculés.  L'abdomen  est  terminé  par  des 
filets  multi-articulés,  en  nombre  variable, 
suivant  les  genres,  et  dont  trois,  habituel- 
lement plus  développés  que  les  autres,  exis- 
tent seuls  dans  les  Nicoléties  (voy.  ce  mot); 


LEP 

le  médian,  que  Latreille  a  nommé  tarière, 
manque  dans  les  Campodées  (voy.  ce  mot). 
Huit  ou  neuf  des  anneaux  de  l'abdomen  pré- 
sentent latéralement,  à  la  face  inférieure, 
un  appendice  triangulaire  mobile,  qui  sem- 
ble porter  à  plus  de  trois  paires  le  nombre 
des  pattes  chez  ces  animaux.  C'est  à  ces  or- 
ganes ,  sans  doute ,  que  Linné  faisait  allu- 
sion, en  appelant  Polypoda  une  des  espèces 
de  son  genre  Lépisme,  aujourd'hui  Machy- 
lis  polypoda.  Latreille  a  été  beaucoup  plus 
loin  en  considérant  ces  appendices  comme 
de  vraies  pattes  abdominales  rudimentaires, 
et  en  disant  que  les  Machyles  seraient  des 
Thysanures  munis  de  douze  paires  de  pat- 
tes, dont  trois  thoraciques  et  neuf  ventrales, 
mais  rudimentaires,  et  en  ajoutant:  Ces  In- 
sectes doivent  donc ,  dans  une  série  natu- 
relle, venir  immédiatement  après  les  Myria- 
podes. M.  Guérin-Méneville,  dans  une  note 
présentée  à  l'Académie  des  sciences,  sou- 
tient la  même  opinion  ;  mais  ne  pourrait-on 
pas  dire  que  les  fausses  pattes  des  Lépismes 
se  comprennent  bien  mieux,  quand  on  les 
compare  aux  appendices  branchiformes  et 
respirateurs  de  certaines  larves  de  Névrop  ■ 
tères?  Cette  manière  de  voir,  qui  a  été  pro- 
posée peu  de  temps  après  par  M.  P.  Gervais, 
rend  également  compte  de  l'absence  des 
trachées,  déjà  constatée  par  plusieurs  obser- 
vateurs chez  les  véritables  Thysanures , 
c'est-à-dire  chez  la  famille  des  Lépismées. 
Plusieurs  espèces  ont,  comme  les  Podures , 
le  corps  plus  ou  moins  couvert  de  petites 
écailles ,  et  c'est  même  à  ce  caractère  que 
tout  le  groupe  doit  son  nom  linnéen.  Il  y 
en  a  cependant  qui  ont  de  petites  villosités  : 
tels  sont  les  genres  Nicoletia  et  Campodea. 
Voy.  ces  mots. 

Les  espèces  qui  composent  cette  famille 
sont  entièrement  couvertes  d'écaillés  bril- 
lantes ,  se  tiennent  cachées  dans  les  lieux 
où  la  lumière  du  jour  ne  pénètre  pas;' ils 
sont  connus  vulgairement  sous  le  nom  de 
Poissons  argentés.  Les  genres  que  cette  fa- 
mille renferme  sont  ceux  désignés  sous  les 
noms  de  Machylis,  Lepisma,  Lepismina,  Ni- 
coletia et  Campodea.  Voy.  ces  mots.  (H.  L.) 

LÉPISMÈNES.  Lepismenœ.  ins.  —  Sy- 
nonyme de  Lépismes.  Voy.  ce  mot.     (H.  L.) 

*LÉPISMINE.  Lepismina.  ins.  — Genre 
de  l'ordre  des  Thysanures,  de  la  famille  des 
Lépismées,  établi  Dar  M.  P.  Gervais  dans 
t.  vu. 


LEP 


305 


VHist.  nat.  des  Ins.  api.  parM.  Walckenaër. 
Ce  genre  renferme  4  espèces  ,  dont  2  sont 
propres  à  l'Europe,  et  les  autres  à  l'Egypte. 
La  Lkpismine  dorée  ,  Lepismina  aurata  L. 
Duf.,  peut  être  considérée  comme  le  type 
de  ce  genre  :  elle  a  été  rencontrée  en  Espa- 
gne sous  les  pierres.  (H.  L.) 

LÉPISOSTÉE.  Lepisosteus  {\entc, 
écaille;  out/ov,  os),  poiss. — Genre  de  l'or- 
dre des  Malacoptérygiens,  famille  des  CIu- 
péoïdes ,  établi  par  Lacépède  et  adopté  par 
G.  Cuvier  (Règ.  anim.,  t.  H,  p.  328),  qui 
les  décrit  ainsi  :  «  Ils  ont  un  museau 
formé  par  la  réunion  des  intermaxillai- 
res, des  maxillaires  et  des  palatins,  au  vo- 
mer  et  à  l'ethmoïde  ;  la  mâchoire  infé- 
rieure l'égale  en  longueur;  et  l'un  et 
l'autre  hérissés,  sur  toute  leur  surface  inté- 
rieure, de  dents  en  râpe,  ont  le  long  de  leur 
bord  une  série  de  longues  dents  pointues. 
Leurs  ouïes  sont  réunies  sous  la  gorge  par 
une  membrane  commune  qui  a  trois  rayons 
de  chaque  côté.  Ils  sont  revêtus  d'écaillés 
d'une  dureté  pierreuse  ;  la  dorsale  et  l'anale 
sont  vis-à-vis  l'une  de  l'autre  et  fort  en  ar- 
rière. Les  deux  rayons  extrêmes  de  la  queue 
et  les  premiers  de  toutes  les  autres  nageoi- 
res sont  garnis  d'écaillés,  qui  les  font  pa- 
raître dentelés. 

Les  Poissons  de  ce  genre  habitent  les  ri- 
vières et  les  lacs  des  parties  chaudes  de  l'A- 
mérique, et  lorsqu'ils  ont  atteint  toute  leur 
taille,  ils  sont  bons  à  manger.  On  en  con- 
naît 3  espèces  :  le  Caïman  ou  Gavial  ,  Esox 
osseus  Bl.  ;  la  Spatule  ,  Lepisosteus  spatula 
Lacép.  ;  et' le  Roblo,  L.  roblo  Lacép.  Les 
écailles  dont  ils  sont  revêtus  sont,  pour  ces 
Poissons,  les  armes  défensives  les  plus  sûres. 
A  l'abri  sous  cette  cuirasse  impénétrable , 
ils  ne  craignent  pas  de  s'attaquer  aux  ani- 
maux marins  les  plus  redoutables.  Leur  lon- 
gueur est  de  65  à  70  centimètres,  et  leur 
corps  est  ordinairement  d'une  teinte  ver- 
dâtre  en  dessus,  violette  en  dessous.     (J.)  , 

*LEPISTEMON  (Wc'ç,  écaille  ;  «rrvfcwv, 
filament),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Convolvulacées,  établi  par  Blume  (By'dr., 
722).  Herhes  de  l'Inde.  Voy.  convolvulacées. 

*LEPISTOMA  (amm's,  écaille;  jto'/j.cc, 
ouverture),  bot.  ph. —  Genre  de  la  famille 
des  Asclépiadées,  établi  par  Blume  (Flor. 
jm\  yrœfat.,  VII).  Arbrisseaux   de  Java 

Voy.    ASCLÉPIADÉES. 

3* 


SC6 


LEP 


LEP 


♦IiEPIX.  .    :  Ç:~i,,  écaille  ;  Gwpéôv , 

bête  sauvage),  iuïpt. — Groupe  de  Sauriens 
fossiles  proposé  par  E.  GeotTroy-Saint-Hi- 
laire.  (E.  D.) 

LEPITRIX  ().c7rcç ,  écaille  ;  rp^i'aç,  velu). 
iNS.  —  Genre  de  Coléoptères  pentamères, 
famille  des  Lamellicornes,  tribu  des  Sca- 
rabéides  anthobies,  créé  par  MM.  Lepele- 
lier  de  Saint-Fargeau  et  Serville  {Encyclo- 
pédie méthodique,  1825,  t.  X,  p.  301)  et 
adopté  par  Latreille  et  Dejean.  Ce  dernier 
auteur,  dans  son  Catalogue,  en  mentionne 
12  espères,  toutes  propres  à  l'Afrique  aus- 
trale. Nous  citerons,  comme  types,  les  Tri- 
chius  lineatus ,  abbreviatus ,  nig ripes  de  F., 
et  cinereus  d'Ol.  Leurs  tarses  offrent  l'or- 
ganisation suivante  :  les  quatre  antérieurs 
sont  inégalement  bi6des,  et  les  postérieurs 
n'ont  qu'un  crochet,  qui  est  entier.  (C.) 

LÉPOCÈRE.  Lepocera  ( àc*oç ,  écorce  , 
écaille;  x/pag,  corne),  polyp.  — Genre  éta- 
bli par  M.  Rafinesque  pour  des  Polypiers 
pierreux  a  écorce  distincte,  et  dont  les  os- 
cules  sont  à  peine  radiés.  On  le  suppose 
voisin  des  Caryophyllies,  mais  la  description 
n'en  a  pas  encore  été  donnée.         (Duj.) 

*LEPORIDtE,  Gray.  mam.  —  Syn.  de 
Léporins.  Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

EÉPORINS.  Leporina.  mam.  ~  Famille 
de  Rongeurs  formée  par  A.-G.  Demarest 
{Tab.  des  Mam.,  Dict.  d'hist.  nat.  de  Déter- 
ville,  t.  XXV)  pour  les  genres  Lièvre  et 
Pika.  Voy.   ces  mots.  (E.  D.) 

*LEPOSMA,  Bl.  bot.  ph.— Syn.  de  Le- 
pistoma,  Bl. 

*JLEPOSOMA  OVoç,  peau;  tâpm, corps). 
hept.— M.  Spix  (Lacert.  Bras.,  1826)  a  créé 
sous  ce  nom  un  groupe  deScincoïdiens  rap- 
porté par  MM.  Duméril  et  Bibron  à  leur 
genre  Tropidophorus.  Voy.  ce  mot.    (E.  D.) 

LEPRA,  Hall.  bot.  cr.— Syn.  de  Pulve- 
raria,  Ach. 

LEPRANTHA,  Duf.  bot.  cr.  — Syn.  de 
Pyrenothea,  Fr. 

LEPRARIA,  Ach.  bot.  cr. —Syn.  de 
Piiiveraria,  id. 

*EEPRODERA  (hnP6;,  rude;  hrf  , 
cou  ).  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  subpen- 
tamères  (  tétramères  de  Latreille),  famille 
des  Lougieornes,  tribu  des  Lamiaires, 
formé  par  Dejean,  dans  son  Catalogue,  avec 
2  espèces  de  l'Ile  de  Java  ;  les  L.  pleuri- 
causta  et  trimaculata  de  l'auteur.  La  pre- 


mière a  été  publiée  par  M.  Guérin-Mène- 
ville  sous  le  nom  de  Lamia  Carcelii.  On 
doit  rapporter  à  ce  genre  deux  autres  espè- 
ces :  les  Lam.  mamillata  de  Sch.  et  Swon- 
sonii  de  Hope.  L'une  est  propre  à  la  Guinée, 
l'autre  provient  d'Assam.  (C.) 

*LE  PRONOTA  (tarpo'«j  rude;  vSToç,dos). 
ins. — Genre  de  Coléoptères  subpentamères 
(tétramères  de  Latreille),  famille  des  Cycli- 
ques, tribu  des  Colaspides  (Chrysomélines 
de  Latreille),  établi  par  nous  et  adopté  par 
Dejean,  qui,  dans  son  Catalogue,  en  énumère 
14  espèces  originaires  deCayenneetdu  Bré- 
sil. Les  types  sont  lesL.  maculicornis  et  la- 
timana  Chv.  Ces  insectes  sont  ovalaires,  de 
couleur  métallique  obscure.  Leurs  élytres 
offrent  des  tubercules  quelquefois  oblongs, 
disposés  en  lignes  longitudinales.        (C.) 

*LEPROPTERUS  (hnpé^  rude;  *t£- 
p6v,  aile),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  sub- 
pentamères (tétramères  de  Latreille),  famille 
des  Cycliques,  tribu  des  Colaspides  (Chryso- 
mélines), formé  par  Dejean,  dans  son  Cata- 
logue, avec  une  espèce  du  Brésil ,  nommée 
L.  monstrosus  par  l'auteur.  (C.) 

*LEPROSOMA  (Jieitpoç,  rude;  cwp.a, 
corps),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  subpen- 
tamères (tétramères  de  Latreille),  famille 
des  Lougieornes,  tribu  des  Lamiaires,  établi 
par  Dejean,  dans  son  Catalogue,  avec  une 
espèce  de  l'île  de  Ténériffe,  qu'il  nomme 
L.  asperatum.  (C.) 

LEPTA  (Xetttsç,  grêle),  bot.  ph. —  Genre 
de  la  famille  des  Célastrinées?,  établi  par 
Loureiro  (Flor.  cochin.,  103).  Arbustes  de 
la  Cochinchine.  Voy.  célastrinées. 

*LEPTACANTHUS  (Ittnéç ,  grêle  ;  â«w- 
9«,  épine),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Acanthacées-Echmatacanthées,  établi 
par  Nées  {in  Vallich  Plant,  as.  rarior.,  III, 
90).  Herbes  de  l'Inde.  Voy.  acanthacées. 

LEPTADENIA  (àiwtaç,  mince;  «^v, 
glande),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Asclépiadées-Pergulariées,  établi  par  R. 
Brown  (w  Mem.  Werner.  Soc.,  I,  24).  Ar- 
brisseaux des  Indes  orientales  et  des  con- 
trées tropicales  et  boréales  de  l'Afrique.  Voy. 

ASCLÉPIADÉES. 

*LEPTyENA.  moll.— M.  Dalmann,dans 
un  travail  assez  considérable  sur  le  g.  Téré- 
bratule,  a  proposé  ce  g.  pour  des  coquilles 
très  singulières,  auxquelles  M.  Defrance  a 
imposé  le  nom  deTrigonocéphale.Ceg.,  fondé 


LEP 

sur  la  structure  de  l'appareil  apophysairequi 
est  dans  l'intérieur  des  valves,  ne  semble  pas 
suffisamment  motivé,  comme  nous  le  verrons 
aux  articles  productus  et  térébratule  ,  aux- 
quels nous  renvoyons.  (Desh.) 

LEPTALEUM  (  iewratfos  ,  grêle),  bot. 
pu.  —  Genre  de  la  famille  des  Crucifères- 
Sisymbriées,  établi  par  De  Candolle  (Syst., 
If,  510).  Herbes  de  la  Sibérie  et  de  la  Perse. 

Voy.    CRUCIFÈRES. 

*LEPTALIS  f>«TaAeoç,  grêle).  INS.— 
Genre  de  l'ordre  des  Lépidoptères  diurnes  , 
famille  des  Papilloniens,  groupe  des  Piéri- 
des, établi  par  M.  Boisduval  (Hist.  des  Dipt., 
Suites  à  Buffori),  et  distingué  principalement 
par  des  antennes  longues,  à  massue  grêle, 
allongée  ;  par  des  palpes  très  courts,  poin- 
tus, et  des  ailes  étroites,  lancéolées. 

M,  Boisduval  décrit  (loco  citato)  19  espè- 
ces de  ce  genre;  elles  se  trouvent  depuis  les 
Antilles  jusque  dans  le  Brésil  méridional, 
et  ont  à  peu  près  les  mêmes  mœurs  que  les 
Heliconia.  Nous  citerons  principalement  la 
Leptalisamphione,  dont  la  chenille,  suivant 
Stoll,  vit  sur  le  Cacaoyer. 

LEPTANDRA,  Nutt.  bot.  ph.—  Syn.  de 
Pœderota,  Linn. 

*LEPTARRHENA  (),£tcto'ç,  grêle;  S^vjv, 
mâle),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Saxifragacées,  établi  par  R.  Brown  (in  Par- 
ry's,  I,  voy.  supplem.  273).  Herbes  de  l'A- 
mérique arctique.  Voy.  saxifragacées. 

*LEPTARTHRUS ,  Steph.  ois.— Syn. 
de  Dasypogon  ,  Fabr. 

LEPTASPIS.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Graminées-Phalaridées,  établi  par 
R.  Brown  (Prodr. ,  211).  Gramens  de  l'Aus- 
tralasie  tropicale.  Voy.  graminées. 

LEPTE.  IepJws(ÀeiTToç,  grêle),  arachn. — 
Genre  de  l'ordre  des  Acarides,  établi  par  La- 
trsille  et  ainsi  caractérisé  par  ce  savant  :  An- 
tennules  coniques,  de  quatre  articles;  celui  de 
la  base  trèsgros.  Un  tube  obtus,  presqueconi- 
que,  avancé.  L'espèce  qui  peut  être  considérée 
comme  type  de  ce  genre  est  le  Lepte  du 
Faucheur  ,  Leptus  phalangii ,  Degéer.  Cette 
espèce,  qui  est  d'un  beau  rouge  orange,  passe 
son  premier  ège  en  parasite  sur  les  Fau- 
cheurs; il  tourmente  surtout  les  femelles,  et 
se  place  principalement  derrière  leurs  han- 
ches postérieures,  là  où  ne  peuvent  attein- 
dre les  palpes,  beaucoup  plus  courts  dans  ce 
sexe  que  chez  !e  mâle.  Dures  a  observé  que, 


LEP 


307 


détachées  spontanément  du  corps  de  ces 
Arachnides,  les  larves  meurent  si  elles  tom- 
bent dans  l'eau,  bien  qu'elles  n'aient  pas  été 
noyées,  si  on  les  y  a  laissées  quelques  heu- 
res seulement;  c'est  la  terre  qu'elles  cher- 
chent. L'observateur  cité  les  a  vues  se  ca- 
cher plus  ou  moins  profondément  dans  les 
interstices  des  plus  petites  mottes,  devenir 
immobiles  et  rester  ainsi  pendant  vingt 
jours;  elles  représentent  alors  une  nymphe 
ovoïde,  lisse,  semblable  à  un  petit  œuf  dua 
jaune  rouge  et  de  laquelle  sortira  le  petiv 
Lepte  octopode  et  écarlate  dont  nous  avons 
plus  haut  indiqué  la  couleur. 

M.  P.  Gervais,  dans  son  Hist.  nat.  des  Ins. 
apt.  par  M.  le  baron  Walckenaër,  n'adopte 
pas  le  genre  Leptus,  qu'il  rapporte  au  Trom~ 
bidium  des  auteurs.  (H.  L.) 

LEPTEMON,  Raf.  bot.  ph.  — Syn.  de 
Crotonopsisy  L.-C.  Rich. 

*LEPTEUS  (Aêtctoç,  mince),  ins.— Genre 
de  Coléoptères  tétramères,  famille  des  Cur- 
culionides,  cité  par  Motschouski  {Bull,  de  la 
Soc.  imp.  de  Moscou,  1836  à  1840) ,  et  qui 
avoisine  les  Plinthus.  (C.) 

*LEPTHIXA,Dum.  et  Bibr.  rept.— Syn. 
de  Litoria.  (E.  D.) 

*LEPTIA(Xe7r<roç,  menu,  grêle),  ins.— 
Genre  de  Coléoptères  pentamères,  famille 
des  Sternoxes  ,  tribu  desBuprestides,  formé 
par  Dejean  ,  dans  son  Catalogue ,  avec  4  es- 
pèces d'Amérique  :  les  Leptia  pulverea,  ca- 
cica,  viridipuncta  et  erythropus  de  Fauteur. 
Les  deux  premiers  sont  originaires  du  Bré- 
sil ,  le  troisième  se  trouve  à  Cayenne ,  et  le 
quatrième  aux  États-Unis.  (C.) 

*LEPTIDEA  (Wto'ç,  grêle;  IK*,  forme). 
ins. — Genre  de  Coléoptères  subpentamères, 
famille  des  Longicornes ,  tribu  des  Céram- 
bycins,  créé  par  Mulsant  (Hist.  nat.  des 
Longic.  de  France,  1839,  p.  105),  qui  le  fait 
entrer  dans  la  branche  de  ses  Graciliaires. 
L'espèce  type  :  le  L.  brevipennis  (  mâle  )  ou 
thoracica  (femelle)  est  originaire  du  midi  de 
la  France.  Ce  très  petit  insecte  a  été  trouvé 
assez  abondamment  sortant  du  bois  d'un 
vieux  panier.  (G.) 

*LEPTIDES.  Leplides.  ins.— Tribu  de  la 
famille  des  Brachystomes ,  dans  l'ordre  des 
Diptères  brachocères ,  et  qui  renferme  les 
genres  Leptis,  Psammorycter,  Chrysopila, 
Atherix  ,  Clinocera  ,  Lampromyia  et  Da- 
syomma.  Voy.  l'article  brachystomes  pour  les 


303 


LEP 


LEP 


caractères  essentiels  de  cette  tribu ,  et  les 
détails  de  mœurs  et  d'organisation  des  In- 
sectes qu'elle  comprend. 

*JLEPTIDES.  Leptides.  arach.  —  Nom 
employé  par  M.  Sundeval  pour  désigner  une 
famille  dans  l'ordre  des  Acarides  ;  cette  fa- 
mille, qui  comprend  les  genres  Caris,  Lep- 
tus,  Ocypeta,  Astoma  etAchlysia,  n'a  pas  été 
adoptée  par  M.  P.  Gervais  dans  son  Hist. 
nat.  des  Ins.  apt.  parM.Walckenaër.  (H.  L.) 

LEPTIÏIELLA  (Wto'ç,  grêle),  bot.  pu.— 
Genre  de  la  famille  des  Composées-Sénécio- 
/nidées,  établi  par  Cassini  {in  Bullet.  Soc. 
philom.,  1822,  p.  127).  Herbes  de  l'Amé- 
rique. Voy.  COMPOSÉES. 

*LEPTI]\ODEIlUS  (JleitTo'ç,  grêle;  3e- 
pvî,  cou),  ins.— Genre  de  Coléoptères  hété- 
romères,  famille  des  Mélasomes,  tribu  des 
Scotobides,  proposé  par  Solier  (Ann.  de  la 
Soc.  entom.  de  France,  1838,  t.  VI,  p.  44) 
pour  une  espèce  du  Chili  et  des  environs  de 
Buénos-Ayres  :  le  Scotobius  varicosus  de 
Germar.  (C.) 

LEPTINOTARSA.  ins.  —  Voy.  lepty- 

NOTARSA. 

*LEPTINUS(Wro'ç,menu,  grêle),  ins. 
— Genre  de  Coléoptères  pentamères,  famille 
desClavicornes,  tribu  des  Scaphidites ,  créé 
par  Germar  (Fauna  Europœa),  et  composé 
de  deux  espèces  :  L.  testaceus  Gr.  et  cauca- 
siens Motschoulski.  (C;. 

LEPTIS  (Wt0'ç,  chétif).  ins.  —  Genre  de 
l'ordre  des  Diptères  brachocères  ,  famille 
des  Brachystomes,  tribu  des  Leptides,  établi 
par  Fabricius,  et  généralement  adopté.  Ses 
caractères  essentiels  sont  :  Antennes  à  2e 
article  unique;  le  3e  court,  terminé  par  le 
style.  Tête  déprimée.  Thorax  tubercule. 

M.  Macquart  (  Hist.  des  Dipt.,  Suites  à 
Buffon,  et  Dipt.  exot.,  t.  II,  Impartie,  p.  29) 
rapporte  à  ce  genre  9  espèces  indigènes,  et 
15  à  20  d'exotiques.  Nous  citerons  principa- 
lement, parmi  les  premières,  la  Leptis  stri- 
gosa,  commune  en  France  et  en  Allemagne. 
Les  femelles  des  Leptis  déposent  leurs  œufs 
dans  la  terre  ou  dans  la  mousse. 

*LEPTIS  (/étcts'ç,  grêle),  bot.  ph. — 
Genre  de  la  famille  des  Papilionacées-Lotées, 
établi  par  E.  Meyer  (  Msc.  ex  Ecklon  et 
Zcyherenum.,  174).  Arbustes  du  Cap.  Voy. 

LÉGUMINEUSES. 

*LEPTOCALLIS,G.Don.BOT.Pii.— Syn. 
de  Quamoclit,  Tournef. 


♦LEPTOCARPHA  (  JUirroç,  grêle;  **> 
<poç,  fétu),  bot.  ph. — Genre  de  la  famille  des 
Composées-Astéroïdées,  établi  par  De  Can- 
dolle  {Prodr.,  V,  495).  Arbustes  du  Chili. 
Voy.  COMPOSÉES. 

LEPTOCARPUS  {hmoç,  mince;  x«p- 
iroç,  fruit),  bot.  ph.  — Genre  de  la  famille 
des  Restiacées,  établi  par  R.  Brown  (Prodr., 
250).  Herbes  de  la  Nouvelle-Hollande.  Voy. 
restiacées. 

LEPTOCARYON.  bot.  ph.  —  Voy.  noi- 
sette. 

*LEPTOCAlJLIS  ().*7ctoç,  grêle;  wmùéç, 
tige),  bot.  ph. — Genre  ds  la  famille  des  Om- 
bellifères-Acuminées,  établi  par  Nuttall  {ex 
DC.  Mem.,  V,  39,  t.  10).  Herbes  de  l'Amé- 
rique boréale.  Voy.  ombellifères. 

LEPTOCÉPIIALE.  Leptocephalus  (àbtc- 
to;  ,  grêle  ;  x£<paÀvj,  tête),  poiss.  —  Genre  de 
l'ordre  des  Malacoptérygiens ,  famille  des 
Anguilliformes ,  établi  par  Pennant ,  et 
adopté  par  G.  Cuvier  {Règ.  anim.,  II,  358). 
Ces  Poissons  ont  le  corps  comprimé  comme 
un  ruban,  et  une  tête  extrêmement  petite  , 
avec  un  museau  court  et  pointu. 

On  n'en  connaît  qu'une  espèce  des  côtes 
de  France  et  d'Angleterre,  le  Leptocephalus 
Marisii  Grn. 

EEPTOCERA()i£*to'ç,  grêle;  x/paç,  «n- 
tenne).  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  penta- 
mères ,  famille  des  Longicornes,  tribu  des 
Cérambycins  ,  formé  par  Dejean  ,  qui,  dans 
son  Catalogue,  en  mentionne  3  espèces  :  les 
L.  scripta  de  F.  (cœlata  d'Ol.  )  graphica  de 
Boisduval  et  humeralis  de  Buquet.  La  pre- 
mière est  originaire  des  îles  Maurice  et  de 
Bourbon,  la  seconde  delà  Nouvelle  Gui- 
née ,  et  la  troisième  de  Madagascar.  (C.) 

LEPTOCERIM).  ins.  —  Synonyme  de 
Mystacidites.  (Bl.) 

LEPTOCERUS.  ins.  —  Synonyme  de 
Mystacide.  (Bl.) 

*LEPTOCHIRUS  (hn*i<; ,  grêle;  Xa'p, 
main),  ins. — Genre  de  Coléoptères  pentamè- 
res, famille  des  Brachélytres,  tribu  desPies- 
tiniens,  créé  par  Germar  (Species  Insecto- 
rum,  p.  25,  pi.  1,  fig.  1)  et  adopté  par 
Erichson  (Syn.  gen.  etsp.  Staphyl.,^.  824), 
quienénumère  9  espèces;  5  sont  originaires 
de  l'île  de  Java,  3  de  l'Amérique  équinoxiale 
et  1  est  propre  à  Madagascar.  Les  types  sont 
les  L.  maxillosus  F.,  et  scoriaceus  Gr.  (C.) 
LEPTOCIILOA   (Wto'î,    frêle;  x2mit 


LEP 


LEP 


309 


herbe),  sct.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Graminées-Chloridées,  établi  par  Palisot  de 
Beauvois  {Agrost.,  71,  t.  15,  fig.  1).  Gra- 
mens  de  l'Amérique  tropicale.  Voy.  grami- 
nées. 

LEPTOCÏRQUE .  Leptocircus  (Xmttoç,  dé- 
icat;  x/pxoç,  queue  ).  ins.— Genre  de  l'ordre 
des  Lépidoptères  diurnes  (  Achalinoptères, 
Blanch.),  familledesPapilloniens,  groupe  des 
Papillonites ,  établi  par  Swainson  (ZooL  il- 
lustr. ,  2e  pi .  1 06) ,  aux  dépens  du  grand  genre 
Papilio,  dont  il  diffère  par  les  ailes  infé- 
rieures plissées  longitudinalement,  et  termi- 
nées insensiblement  en  une  queue  extrême- 
ment longue  et  recourbée  à  l'extrémité , 
avec  leur  bord  abdominal  droit,  légèrement 
replié  en  dessus. 

On  ne  connaît  qu'une  seule  espèce  de  ce 
genre,  le  Leptocircus  curius  (Papilio  curius, 
Fabr.  )  figuré  dans  l'atlas  de  ce  Dictionnaire, 
Insectes  lépidoptères,  pi.  5,  fig.  1.  Le 
corps  de  ce  Papillon  a  environ  1  centimètre 
de  longueur;  son  envergure  est  de  4  à  5 
centimètres.  Le  corps  est  noir;  les  antennes 
sont  de  la  même  couleur,  avec  leur  partie 
inférieure  roussâtre;  les  ailes  sont  noires 
aussi ,  mais  traversées  entre  la  base  et  le 
milieu  par  une  bande  d'un  vert  blanchâtre 
dans  le  mâle,  et  entièrement  blanche  dans 
la  femelle;  les  ailes  supérieures  ont  en  ou- 
tre, vers  leur  extrémité,  un  grand  espace 
triangulaire  transparent,  traversé  par  des 
nervures;  les  postérieures  ont  leur  queue 
blanche  à  l'extrémité;  l'abdomen  est  noir 
en  dessus  et  blanchâtre  en  dessous ,  avec 
deux  rangées  de  points  noirs  de  chaque  côté. 

Cette  belle  espèce  provient  de  l'île  de 
Java.  (j.) 

*LEPTOCLINUM.  tunic— Genre  d'As- 
cidies composées,  de  la  famille  des  Didem- 
niens,  établi  par  M.  Milne-Edwards.  Voy. 

DIDEMNIENS. 

♦LEPTOCNEMUS  (  Wo's ,  grêle  ;  xv„'- 
pj,  jambe),  arach.  —  Sous  ce  nom  est 
désignée  par  M.  Koch,  dans  ses  Die  Arachni- 
den,  une  nouvelle  coupe  générique  qui  n'a 
pas  été  adoptée  par  M.  P.  Gervais ,  et 
que  ce  dernier,  dans  son  Hist.  nat.  des 
Ins.  apt.,  par  M.  le  baron  Walckenaër, 
rapporte  au  genre  des  Goniosoma  (  voy. 
ce  mot).  Le  Gon.  ferrugineum  serait  le  type 
de  ce  nouveau  genre.  (H.  L.) 

*LEPTOCXEMUS  (Ukt6ç,  grêle;  xv„yo, 


jambe),  ins. — Genre  de  Colcoptères  subpcn- 
tamères  (tétramères  de  Latreille),  famille 
des  Longicornes,  tribu  des  Cérambycins, 
formé  par  Dejean,  dans  son  Catalogue,  avec 
deux  insectes  du  Mexique;  L.  costipennis  et 
tripunclatus  de  l'auteur,  qui  ne  sont  proba- 
blement que  le  mâle  et  la  femelle  d'une 
même  espèce,  bien  que  l'une  soit  d'un  jaune 
pâle  et  l'autre  noirâtre.  (C.) 

*LEPTOCOMA()l£7rroç,  frêle;  xou-/,,  che- 
velure), bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Composées-Astéroïdées,  établi  par  Lessing 
(in  Linnea,  VI,   130).   Herbes  du  Népaul. 

Voy.  COMPOSÉES, 

*LEPTOCOIVCHUS  ().£tcto'ç,  grêle  ;  *o'r 
xoç,  coquille),  moll.  —  M.  Ruppel,  dans  un 
petit  mémoire,  publié  parmi  ceux  des  cu- 
rieux de  la  nature,  a  signalé  à  l'attention  des 
naturalistes  une  coquille  fort  singulière,  sa 
rapprochant  fort  des  Magiles,  et  semblant  en 
effet  le  premier  âge  d'une  coquille  de  ce  der- 
nier g.;  l'illusion  à  cet  égard  est  d'autant 
plus  complète  que  le  Leptoconque  vit  dans 
des  conditions  à  peu  près  semblables  à  celles 
des  Magiles.  La  coquille  est  ovale-oblongue, 
blanche,  mince ,  à  spire  obtuse  ,  composée 
d'un  petit  nombre  de  tours  conjoints.  L'ou- 
verture est  assez  grande,  ovale,  oblongue; 
la  columelle  médiocrement  aplatie  et  sub- 
tronquée à  la  base.  Le  bord  droit  est  mince, 
simple;  il  tombe  perpendiculairement  dans 
le  plan  de  l'ouverture;  et  il  présente  dans 
sa  longueur  une  sinuosité  large  et  peu  pro- 
fonde ;  cette  ouverture  est  fermée  par  un 
opercule  semblable  à  celui  des  Pourpres. 

La  permanence  des  caractères  que  nous 
venons  de  rapporter  fait  toute  la  valeur  du 
g.  Leptoconque;  car  si  la  coquille,  dans  ses 
accroissements,  finissait  par  s'épaissir  et  se 
prolonger  en  un  tube  irrégulier,  elle  appar- 
tiendrait incontestablement  au  g.  Magilc. 
Quoique  les  caractères  du  g.  en  question 
soient  relativement  d'une  faible  importance, 
néanmoins,  dans  l'état  des  observations,  ils 
doivent  suffire  pour  faire  admettre  le  genre 
proposé  par  M.  Ruppel;  mais  tout  nous 
porte  à  croire  qu'aussitôt  que  l'on  sera  par- 
venu à  examiner  les  animaux,  et  à  compa- 
rer avec  ceux  des  Pourpres  et  des  Magiles 
les  caractères  principaux,  on  leur  trouvera 
une  ressemblance  assez  considérable  pour 
être  rapportés  à  l'un  ou  à  l'autre  de  ces  ty- 
pes. 


310 


LEJL* 


LEP 


On  ne  connaît  jusqu'ici  qu'un  très  petit 
nombre  d'espèces  dépendant  du  g.  Lepto- 
conque;  elles  vivent  dans  les  madrépores, 
quelquefois  attachées  à  leur  surface,  et  cette 
manière  de  vivre  emporte  quelquefois  des 
irrégularités  plus  ou  moins  considérables 
dans  la  coquille.  Jusqu'ici  nous  ne  connais- 
sons aucune  espèce  fossile.  (Desh.) 

*LEPTOCONUS  ().£7tToç,  mince  ;  conus, 
cône  ).  moll.  —  Genre  inutile  proposé  par 
M.  Swainson,  dans  son  Traité  de  malacologie, 
pour  les  espèces  de  Cônes  d'une  forme  cy- 
lindrique. Voy.  cône.  (Desh.) 

LEPTOCORISA  (Wtoç,  grêle;  *oP«ç  , 
punaise),  ins.  — Genre  de  la  famille  des 
Goréides,  groupe  des  Anisoscélites  ,  de  l'or- 
dre des  Hémiptères ,  établi  par  Latreille  et 
adopté  par  tous  les  entomologistes.  Les 
Leptocorises  ont  le  corps  grêle,  la  tête  al- 
longée, terminée  en  pointe  bifide;  ils  ha- 
bitent les  régions  chaudes  du  globe.  Le  type 
est  la  L.  varicornis  (Gerris  varicornis F ab.) 
des  Indes  orientales.  (Bl.) 

*LEPTOCORYPHIUM,Nees.  bot .  ph.— 
Syn.  de  Milium,  Linn. 

LEPTOCYANUS  (WWç ,  grêle  ;  *4<x»<x, 
bleuet),  bot.  ph. —  Genre  de  la  famille  des 
Papilionacées-Phaséolées,  établi  par  Ben- 
tham  (in  Linn.  Transact.  XVIII,  209  ). 
Herbes  ou  arbustes  de  la  Nouvelle-Hol- 
lande. Voy.  PAPILIONACÉES. 

*LEPTODACTYLA  (AetttÔç,  grêle  ;  3**- 
Tv>o;,  doigt),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères 
pentamères,  famille  des  Carabiques,  tribu 
des  Troncatipennes,  créé  par  MM.  Audouin 
ctBrullé  (Hist.  nat.  des  Ins.,  t.  IV,  p.  130), 
et  qui  a  pour  type  une  espèce  de  Java,  qu'ils 
nomment  L.  apicalis  (Miscelus  javanus  de 
Klug.).Dejean  a  réuni  à  tort  cette  espèce  au 
genre  Cy minais.  (C.) 

LEPTODACTYLES.  Leptodactylœ.  mam. 
—  Nom  donné  par  Illiger  à  la  famille  des 
Chiromyens.  Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

*LEPTODACT\LUS,  Fitz.  rept.— Syn. 
de  Cystignathus,  Dum.  et  Bibr. 

*LEPTODAPM\E  (Wto'ç,  frêle;  J<fyv„, 
laurier),  bot.  ph. — Genre  de  la  famille  des 
Laurinées-Oréodaphnées,  établi  par  Nées 
(Prodr.,  I,  6).  Arbres  du  Brésil.  Voy.  lau- 

RINÉCS. 

*LEPTODÈRE.Iep«odera ().£ Tir oç,  étroit; 
Stp-h,  cou),  helm.— Genre  établi  par  M.  Du- 
jardin  {Histoire  des  Helminthes)  pour  une  es- 


pèce de  Nématoïde,  trouvée  assez  abondam- 
ment dans  le  conduit  déférent  d'une  Limace 
grise  à  Rennes.  Ce  sont  des  Vers  filiformes, 
renflés  au  milieu,  très  amincis  vers  les  ex- 
trémités, longs  de  3  à  4  millimètres.  La 
bouche  est  très  petite,  nue  ;  l'œsophage  est 
très  long,  filiforme,  renflé  et  musculeux  en 
arrière.  Le  mâle  a  une  queue  longue,  très 
fine,  droite  et  nue,  précédée  par  un  renfle- 
ment d'où  sortent  deux  spicules  fascicules, 
égaux,  entre  deux  ailes  membraneuses  cour- 
tes. La  femelle  a  la  queue  droite  ,  très 
longue;  sa  vulve  est  située  au  milieu  de  la 
longueur  ,  et  deux  oviductes  égaux  partent 
de  cet  orifice  pour  se  replier  vers  leur  ex- 
trémité. Les  œufs,  longs  de  8  millièmes  de 
millimètres,  éclosent  dans  le  corps  de  la  fe- 
melle. (Duj.) 

LEPTODERMÏS  (amtw'ç,  mince  ;  MP*a, 
peau),  bot.  ph. —  Genre  de  la  famille  des 
Rubiacées-Guttardées,  établi  par  Wallich 
(in  Roxburgh  Flor.  ind.,  11,101).  Arbris- 
seaux du  Népaul.  Voy.  rubiacées. 

*LEPTODES  (XfewoTnç,  ténuité),  bot. 
ph.  —  Genre  de  la  famille  des  Orchidées- 
Épidendrées,  établi  par  Lindley  {in  Bot.  reg. 
t.  1625).  Herbes  du  Brésil.  Voy.  orchidées. 

*LEPTODES  (),£7TTOTy)ç,  ténuité). ins. — 
Genre  de  Coléoptères  hétéromères ,  fa- 
mille des  Mélasomes ,  formé  par  Dejean  et 
adopté  par  M.  Hope  et  M.  Solier.  Ce  der- 
nier auteur  classe  ce  genre  parmi  ses  Col- 
laptérides  et  dans  sa  tribu  des  Scaurites 
(Ann.  de  la  Soc.  entom.  de  Fr.,  t.  VII,  p. 
191).  L'espèce  type,  le  L.  Boisduvalii Dej., 
Sol.,  estoriginaire  de  la  Turcommanie.    (C.) 

*LEPTODON,  Sundev.  ois.—  Syn.  de 
Cymindis,  Cuv.  (Z.  G.) 

LEPTODON  (^ttto';,  grêle;  hiovç,  dent). 
bot.  cr. — Genre  de  Mousses  Bryâcées,  éta- 
bli par  Webb  (in  Mohr  obs.,  27  ).  Mousses 
épidendres,vivaces,croissantdans  les  régions 
tempérées  de  l'hémisphère   boréal.    Voy. 

MOUSSES. 

LEPTOGASTER  ,  Meig.  ins.  —Syn.  de 
Gonype,  Latr. 

LEPTOGLOSSUS,  Swains.  ois.  —  Voy. 

philédûn  et  SOUÏMANGA.  (Z.    G.) 

*LEPTOGLOTTIS  (Ae-icroç,  grêle;  yX»T- 
tc,  langue),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Mimosées-Parkiées,  établi  par  De  Can- 
dolle  (Mem.  Legum.,  451).  Herbes  de  l'A- 
mérique boréale.  Voy.  mimosées. 


LEP 

•LEPT0H1MEKIUM  (  Aeirro'ç ,  mince; 
vpyiv,  membrane),  bot.  cr.  -Genre  de  Mous- 
ses Bryacées,  établi  par  Schw  aegrichen  (Sup- 
p/.,  t.  246).  Mousses  du  Népaul,  vivant  sur 
les  troncs  d'arbres.  Voy.  mousses  et  brya- 

LEPTOLjENA  ()i£«toç,  mince;  >«~va,  en- 
veioppe).  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Chlénacées,  établi  par  Dupetit-Thouars 
[Ilist.  veg.  afr.  aust.,  41,  t.  11).  Arbus- 
tes de  Madagascar.  Voy.  chlénacées. 

*LEPTOLOBIUM  (  acktoç ,  mince;  ).o- 
So;,  gousse),  bot.  ph.— Benth.,  syn.  de  Lep- 
tocyanus,  Benth. — Genre  de  la  famille  des 
Papilionacées-Césalpiniées,  établi  par  Vogel 
(Linnea,  XI,  388).  Arbres  ou  arbrisseaux 
de  l'Amérique  tropicale  Voy.  papilionacées. 

*LEPTOLOPHUS,  Swains.  ois.  — Genre 
de  la  famille  des  Psittacidées.  Voy.  perro- 
quet. (Z.  G.) 

*LEPTOLYMMEA  (Xsirto'ç,  allongé; 
lymnea,  lymnée).  moll. — Ce  g.  a  été  proposé 
par  M.  Swainson,  dans  son  Traité  de  mala- 
cologie, pour  les  espèces  allongées  de  Lym- 
nées  ,  telles  que  le  Lymnea  elongata  par 
exemple.  Voy.  lymnée.  (Desh.) 

LEPTOMERA  (h*ro«,  grêle;  ^poç , 
jambe),  crust.  —  Genre  de  l'ordre  des 
Laemodipodes ,  de  la  famille  des  Caprel- 
liens,  établi  par  Latreille  sur  un  Crustacé 
caractérisé  par  l'existence  de  pattes  à  tous 
les  anneaux  du  thorax;  le  nombre  de  ces  or- 
ganes est  de  sept  paires.  On  en  connaît  deux 
espèces;  celle  qui  peut  être  considérée 
comme  type  de  ce  genre  est  le  Leptomera 
pedata Mul  1 . Cette  espèce  a  été  rencon  trée  sur 
les  côtes  du  Danemark.  (H.  L.) 

LEPTOMERIA  (  àeictoç  ,  frêle;  pvjoo'ç, 
tige),  bot.  ph.  — Genre  de  la  famille  des 
Santalacées  ,  établi  par  R.  Brown  [Prodr., 
353).  Arbrisseaux  de  la  Nouvelle-Hollande. 

Endlicher  (Gen.  pi.,  326,  n.  2075)  ré- 
partit les  espèces  de  ce  genre  en  trois  sec- 
tions qu'il  nomme  :  Xeromeria ,  Omphaco- 
meria  et  Oxymeria.  Voy.  santalacées. 

LEPTOMITUS  (amtto'ç,  grêle  ;  f*fror,  fil). 
rot.  cr.  —  Genre  de  Phycées,  tribu  des  Bys- 
soïdées,  établi  par  Agarrih  (Syst.,  XXIII),  et 
caractérisé  principalement  par  des  filaments 
hyalins  ou  peu  colorés,  arachnoïdes,  libres, 
droits  et  non  entrelacés. 

LEPTOMORPHA  (Wto'ç,  grêle;  p>P- 
rn,  forme),  ins.  — Genre  de  Coléoptères  sub- 


LEP 


311 


pentamères(tétramères  de  Latreille),  famille 
des  Cycliques ,  tribu  des  Cassidaires  t  créé 
par  nous  et  adopté  par  Dejean,  dans  son 
Catalogue.  L'espèce  type  appartient  à  l'Eu- 
rope, et  est  originaire  de  la  Sicile.  L'infor- 
tuné Helfer,  qui,  le  premier,  l'a  découverte, 
lui  a  donné  le  nom  de  L.  Donacis  (  fllifor- 
wmDahl.)  de  la  plante  sur  laquelle  elle 
vit.  (C.) 

*LEPTOMYZA  (aetttÔç,  grêle;  psvfo,  mou- 
che), ins.  —  Genre  de  l'ordre  des  Diptères 
brachocères,  famille  des  Musciens,  tribu  des 
Muscides,  établi  par  M.  Macquart  pour  une 
seule  espèce ,  Leptomyza  frontalis ,  qui  ha  - 
bite  l'Europe. 

LEPTON.  moll.  —  M.  Turton  a  insti- 
tué ce  g.  dans  ses  Testacés  bivalves  de  la 
Grande-Bretagne ,  pour  une  petite  coquille 
appartenant  évidemment  au  g.  Érycine  de 
Lamarck.  Voy.  érycine.  (Desh.) 

LEPTONEMA  (Acirtoç,  grêle;  v35u«,  fila- 
ment), bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Euphorbiacées-Phyllanthées,  établi  par  Ad. 
de  Jussieu  (Euphorb.,  19,  t.  IV,  f.  12). 
Arbrisseaux  de  Madagascar.  Voy.  euphor- 
biacées. 

*LEPTONEMUS  (Woç,  grêle;  v~<x«, 
tissu),  ins. — Genre  de  Coléoptères  tétramè- 
res,  famille  des  Curculionides  orthocères, 
division  des  Anthribides,  créé  par  Dejean, 
dans  son  Catalogue.  Une  dizaine  d'espèces, 
originaires  des  îles  de  France,  de  Bourbon 
et  de  Madagascar,  rentrent  dans  ce  genre. 
Les  types  sont:  lesL.  filiformis et  annulipes 
Lat.  (C.) 

*LEPTONYCHUS  Qeicxoç,  grêle;  ovvf, 
ongle),  ins. —  Genre  de  Coléoptères  hétéro- 
mères,  famille  des  Mélasomes,  tribu  des 
Érodites,  créé  par  nous  (Revue  entomologique 
de  Silbermann,  1833,  t.  I,  p.  25,  26,  pi.  1) 
et  adopté  par  MM.  Dejean,  Hope,Laporteet 
Solier.  Ce  genre  renferme  deux  espèces  du 
Sénégal  :  les  L.  erodioides  de  Chv.,  et  Maillei 
de  Sol.  (C) 

*LEPTONYX  (  actttoç  ,  gracieux  ;  ow$ , 
ongle),  mam.  —  Division  proposée  par 
M.  Gray  {Mag.  n.  h.  I.  1837)  dans  le  genre 
des  Phoques.  Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

*LEPTONYX,  Swains.  ois.— Syn.  de 
Megalonyx,  Less.  (Z.  G.) 

*LEPïOPETALUM  (Aetttoç,  frêle  ;  w/xac- 
aov,  pétale),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Rubiacées,  établi  par  Hooker  (ad  Bee* 


312 


LEP 


LEP 


chey,  293,  t.  61).  Arbrisseaux  du  Mexique. 

Voy.  RUBIACÉE3. 

*LEPTOPEZA(lewTo5,  grêle;  ire'Ça,pied). 

Ins.  —  Genre  de  i'ordre  des  Diptères  bracho- 
cères,  famille  des  Tanystomes,  tribu  des 
Hybotides,  établi  par  M.  Macquart(Di]?£.  du 
Nord)  pour  une  seule  espèce  nommée  flavi- 
pes  par  l'auteur. 

*LEPTOPHIS  (Wto'ç,  grêle;  oy.ç, 
serpent),  rept.— Sous-genre  de  Couleuvres, 
d'après  M.  Bell  (Zool.  journ.  1825).  Voy. 
couleuvre.  (E.  D.) 

*LEPTOPHTHHUUM  (tarro'ç,  grêle; 
yQeîp,  pou),  hexap. — Ehrenberg  désigne  sous 
ce  nom,  dans  ses  Symbolœ  physicœ,  une  nou- 
velle coupe  générique  queM.  P.  Gervais  place 
dans  l'ordre  des  Epizoïques.  Les  caractères  de 
ce  nouveau  genre  peuvent  être  ainsi  présen- 
tés :  Antennes  filiformes,  remarquables  par 
le  grand  nombre  de  leurs  articles  (1 5  environ); 
des  palpes  maxillaires  et  labiaux;  ceux-ci  al- 
longés,de  cinq  articles;  tarses  de  trois  articles, 
bi  onguiculés.  La  seule  espèce  connue  est  le 
Leplophthirium  longicorne  Ehrenb.  L'au- 
teur de  cette  nouvelle  coupe  générique  n'en 
a  eu  qu'un  seul  exemplaire,  trouvé  par  lui 
sur  le  Daman  de  Syrie  (  Hyrax  syriacus 
Hempr.et Ehrenb.).  M.  Ehrenberg  en  a  fait 
un  genre  aVOrthoptères  aptères.     (H.  L.) 

*LEPTOPLANA.  helm.— Ce  genre  ne 
comprend  qu'une  espèce,  recueillie  à  Tor, 
sur  la  mer  Rouge  (L.  hyalina).  Aux  carac- 
tères communs  des Leptoplanea  {voy .  cemot), 
il  joint  quatre  groupes  d'yeux  sessiles.  (P.  G.) 

*LEPT0PLA1\EA.  helm.— Petit  groupe 
d'Helminthes  aquatiques,  voisin  des  Déro- 
stomes,  établi  par  M.  Ehrenberg  {Symbolœ 
physicœ),  et  entrant  dans  la  famille  qu'il 
nomme  Amphislerea.  Les  Leptoplanea  ont  le 
corps  membraniforme  et  rappelant  celui  des 
Planaires.  Leur  lobe  intestinal  est  simple. 
Ni  l'une  ni  l'autre  de  ses  ouvertures  n'est 
terminale.  M.  Ehrenberg  établit  deux  gen- 
res pour  ces  animaux ,  les  Eurylepta  et  les 
Leptoplana.  (P.  G.) 

*LEPTOPLIA,  Dejean.  ins.  — -  Syn.de 
Microplia.  Voy.  ce  mot.  (C). 

LEPTOPODA  (  hiTTo't ,  mince;  ttoÛç  , 
pied),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Composées-Sénécionidées,  établi  parNuttall 
(Gen.,  II,  174).  Herbes  de  l'Amérique  bo- 
réale.  Voy.  COMPOSÉES. 

*LEPTOPODES().£ttto'ç,  mince;  *ovÇ, 


pied),  moll.  — Dans  sa  classification  des 
Mollusques,  publiée  en  1821,  M.  Gray  a 
proposé  d'établir  sous  ce  nom  un  3e  ordre 
de  sa  classe  des  Conchophores,  dans  lequel 
il  réunit  deux  genres ,  n'ayant  entre  eux 
qu'une  analogie  très  éloignée:  ce  sont  les 
Mactres  et  les  Nucules.  Les  progrès  de  la 
science  ne  permettent  pas  d'adopter  ce  rap- 
prochement,caron  sait  aujourd'hui  que  l'ani- 
mal des  Nucules  appartient  bien  à  la  famille 
des  Arcacées  de  Lamarck ,  tandis  que  les 
Mactres,  prolongées  en  arrière  par  de  longs 
siphons,  dépendent  d'un  autre  type,  rappro- 
ché des  Myes  et  de  ceux  des  Mollusques  dont 
le  manteau  est  plus  ou  moins  fermé  :  aussi 
cet  arrangement  de  M.  Gray  n'a  point  été 
adopté  des  zoologistes.  (Desh.) 

LEPTOPODIE  (Woç,  mince;  ttoîç, 
pied  ).  crust.  —  Genre  de  l'ordre  des  Dé- 
capodes brachyures,  de  la  famille  des  Oxy- 
rhynques ,  établi  par  Leach  aux  dépens  des 
Inachus  de  Fabricius  ,  et  des  Maia  de  Bosc. 
Deux  espèces  composent  cegenre;  elles  n'ont 
encore  été  rencontrées  que  dans  les  mers  du 
Nouveau-Monde.  La  Leptopodia  sagittaria 
Leach  peut  être  considérée  comme  le  type 
de  ce  genre  singulier,  et  a  pour  patrie  le 
golfe  du  Mexique  et  la  mer  des  Antilles; 
cependant  je  ferai  aussi  observer  que  cette 
curieuse  espèce  a  été  aussi  rencontrée  près 
des  îles  Canaries  par  MM.  Webb  et  Berthe- 
lot.  (H.  L.) 

*LEPTOPODIENS.  Leptopodii.  ins.  — 
M.  Brullé  et  nous  ensuite  avons  désigné,  sous 
cette  dénomination,  une  petite  famille  de  la 
tribu  des  Réduviens,  dans  l'ordre  des  Hé- 
miptères; c'est  la  famille  des  Saldides  de  nos 
derniers  ouvrages.  Voy.  ce  mot.       (Bl.) 

*LEPTOPS  (Wto'ç,  grêle;  ety,  aspect). ins. 
— Genre  de  Coléoptères  tétramères,  famille 
des  Curculionides  gonatocères,  division  des 
Cléonides,  créé  parSchœnherr  {Syn.  gen.  et 
sp.  Curculion.  t.  II,  p.  297,  tab.  627,  part. 
221  ),  et  composé  de  14  espèces  toutes  de  la 
Nouvelle-Hollande.  Le  type  est  \eCurc.  ro- 
bustus  d'Olivier.  (C.) 

*LEPTOPTERIX,  Horsf.  ois.  — Syn.  de 
Langraien.  (Z.  G.) 

*LEPTOPTTILA,  Swains.ois.— Syn.  de 
Goura.  Voy.  pigeon.  (Z.  G.) 

*LEPTOPTILOS,  Less.  ois.— Division 
du  g.  Cigogne,  établie  sur  la  C.  Marabou 
Tem m.  (Z.  G.) 


LEP 

*LEPTOPUS  (Ivmvéç,  grêle;  ™Z<;, 
pied).  Ins.  —  Genre  de  la  famille  des  Sal- 
dides,  de  l'ordre  des  Hémiptères,  établi 
par  Latreille  sur  quelques  petites  espèces 
dont  le  bec  est  très  court  et  épineux,  les 
ocelles  au  nombre  de  deux,  portés  sur  une 
élévation,  etc. 

Les  Leptopus  habitent  généralement  sur  le 
bord  des  mers  ,  des  étangs ,  sur  les  rivages 
couverts  de  cailloux  et  exposés  à  l'ardeur  du 
soleil.  On  en  trouve  plusieurs  espèces  dans 
le  midi  de  la  France  (L.  littoralis ,  lanosus 
echinops  L.  Dufour  ).  (Bl.) 

*LEPTOPUS  (ktnxiç,  grêle;  ttoOç,  pied)'. 
ins.  — Genre  de  Coléoptères  pentamères,  fa- 
mille des  Lamellicornes,  tribu  des  Scarabéi- 
des  phyllophages,  créé  par  Dejean  (Cat.)  avec 
deux  espèces  d'Espagne  :  les  Melolontha  den- 
ticornis  et  Bedeau  Duf.  (C.) 

♦LEPTOPUS  (  Unréi ,  grêle  ;  ttovç,  pied). 
rept.  —  Division  des  Pipas  (  v oy.  ce  mot) 
d'après  M.  Meyer.  (E.  D.) 

LEPTOPUS.  crust.  —  Syn.  d'Égérie. 
Voy.  ce  mot.  (H.  L.) 

*LEPTOPYRUM ,  Raf.  bot.  ph— Syn. 
d'Avena,  Linn. 

LEPTORAMPHES.Leptoramp/u.  ois.— 
M.  Duméril  a  créé  sous  ce  nom  une  famille 
de  Passereaux  à  bec  long,  étroit,  sans  échan - 
crure  ,  souvent  flexible,  dont  font  partie  les 
genres  Martin-Pêcheur,  Todier,  Sittelle, 
Orthorynque,  Guêpier,  Colibri,  Grimpe- 
reau  et  Huppe.  Cette  famille,  sauf  les 
deux  premiers  genres,  correspond  aux  Té- 
nuirostres  de  G.  Cuvier.  (Z.  G.) 

♦LEPTORHWCHUS.    Leptorhynchus ,. 
Ménétr.  ois.    — Section  du  g.   Fourmilier. 
—  Swains.  ,  section  du  g.  Ara.  — Dubus  , 
section  du  g.  Avocette.  (Z.  G.) 

*LEPTORH¥i\CHUS (tamg, grêle;  pvy- 
Xo; ,  bec),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Composées-Sénécionidées,  établi  parLes- 
sing  (Synops.,  273).  Herbes  de  la  Nouvelle  - 
Hollande.  Les  espèces  de  ce  genre  ont  été 
réparties  en  deux  sections  nommées  :  Apha- 
norhynchus,  Less.;  Marna,  Lindl.  Voy.  com- 
posées. 

♦LEPTORHYNCHUS  (kt«Ç(  grêle; 
pvyXo;,  rostre),  ins.— Genre  de  Coléoptères 
pentamères,  famille  des  Curculionides  Or- 
thocères,  division  des  Brenthides,  créé  par 
M. Guérin-Ménevine  (Voy.  autour  du 3/onde, 
de  la  Coquille,  *ool.,  p.  318).  L'espèce  type, 

T.   VII. 


LEP 


313 


le  L.  acnminatus  de  l'auteur,  est  originaire 
de  la  Nouvelle-Guinée.  (C.) 

LEPTORIME.  Leptorima  Çavkt6s,  étroit; 
rima,  fente),  pouyp.  —  Genre  proposé  par 
Rafinesque  pour  des  corps  marins  encroû- 
tant les  Zoslères  et  les  Fucus,  et  qui  parais- 
sent devoir  se  rapprocher  beaucoup  de  cer- 
taines Éponges  friables.  L'auteur  en  a  trouvé 
trois  espèces  dans  la  Méditerranée  ,  sur  les 
côtes  de  la  Sicile.  (Duj.) 

*LEPTOSAURUS  (lWç,  gracieux; 
(jaûpoç,  lézard),  rept.  —  M.  Fitzinger 
{Syst.  Rept.  1843)  propose  sous  ce  nom  une 
division  dans  le  grand  genre  Lézard.  Voy. 
ce  mot.  (E.  D.) 

*LEPTOSCELIS,  Dej.  ins.—  Syn.  d'Ani- 
sopus,  Serv.  Le  nom  proposé  par  Dejean  doif 
être  préféré,  celui  d'Anisopus  ayant  déjà  été 
employé  pour  désigner  un  genre  de  Crus- 
tacés. (C.) 

*LEPTOSCELIS  ().mctoç,  grêle;  oxûiç, 
jambe),  ins.  —  Genre  de  la  famille  des 
Anisoscélides,  de  Tordre  des  Hémiptères, 
établi  par  M.  Laporte  de  Casteînau  (Essai 
hémipt.  )  et  adopté  par  MM.  Amyot  et  Ser- 
vi  1  le.  Les  Leploscelis  diffèrent  à  peine  des 
vrais  Anisoscelis.  M.  Burmeister  et  nous , 
dans  nos  divers  ouvrages,  n'avons  pas  cru 
devoir  les  en  séparer  génériquement.  Le 
type  de  cette  division  est  le  L.hœmorrhous 
(Cimex  hœmorrhous  Lin.  ),  assez  com:nun 
à  la  Guiane.  (Bi..) 

LEPTOSCHOINUS  (knx^,  mince; 
axoTvoq,  jonc),  ins. —  Genre  de  Coléoptères 
tétramères,  famille  des  Curculionides  go- 
natocères  ,  division  des  Apostasimérides  Ba- 
ridides,  proposé  par  M.  Klug  et  adopté  par 
Dejean  et  Schœnherr  (  Synon.  gcn.  et  sp. 
Curcul.,  t.  S,  part.  I,  pag.  264).  Ce  der- 
nier n'en  mentionne  qu'une  espèce  du  Bré- 
sil,  le  L.  maculatus  Kl.  etSch.        (C.) 

♦LEPTOSEMA.  ,bot.  ph.— Genre  de  la 
famille  des  Papilionacées-Podalyriées,  éta- 
bli par  Bentham(m  Annal.  Wiener  Mus., 
II,  Si).  Arbrisseaux  de  la  Nouvelle-Hol- 
lande.   Voy.  LÉGUMINEUSES. 

*LEPTOSOLEI\A  (hitfifc,  grêle;  (wùw'v, 
tuyau),  dot.  pu.  —  Genre  de  la  famille  des 
Zingibéracées-Alpiniées,  établi  par  Presl 
(Reliq.  Hœnîc,  I,  111,  t.  XVIII).  Herbes  de 
l'île  Luçon.  Voy.  zingibéracées. 

LEPTOSOMA.  crust.  —  Syn.  d'Idotéc. 
Vi.y.  ce  mot.  (H-  L-) 

40 


r>i4 


LEP 


LEP 


*LEPTOSOiUUM  ou  LEPTOSOMA  (i6ff- 

toç,  grêle;  owp.« ,  corps),  ins. — Genre  de 
Tordre  des  Lépidoptères  nocturnes  établi 
par  M.  Boisduval  (Faune  de  Madagascar,  p. 
84),  qui  lui  donne  pour  type  le  Leptosomum 
msulare,  fréquent  à  Madagascar.  M.  Blan- 
chard, qui  adopte  ce  genre  (Hist.  des  Ins., 
faisant  suite  au  Buffon-Dume'nil),  le  place 
(ians  la  famille  des  Bombyciens,  tribu  des 
Bombycides. 

LEPTOSOMUS,  Yieill.  ois.  —  Syn.  de 
Coural.  Voy.  ce  mot.  (Z.  G.) 

LEPTOSOMUS,  Schœnherr.  ins.— Syn. 
de  Rhudinosomus.  Voy.  ce  mot.  (G.) 

*LEPTOSPERME  Leplospermum  [Ukv-oç, 
mince  et  menu;  <«reppx,  graine),  bot.  pu. 
—  Ce  genre  de  plantes  appartient  à  la  fa- 
mille des  Myrtacées  et  à  l'icosandrie  mono- 
gynie,  dans  le  système  sexuel.  Il  se  compose 
de  végétaux  frutescents  ou  arborescents  , 
qui  croissent  spontanément  à  la  Nouvelle- 
Hollande  et  à  la  Nouvelle-Zélande;  leurs 
feuilles  sont  alternes,  très  entières,  dépour- 
vues de  stipules,  ponctuées;  leurs  fleurs 
sont  solitaires,  axillaires,  nues  ou  accompa- 
gnées de  petites  bractées  scarieuses,  blan- 
ches. Chacune  d'elles  se  compose  d'un  ca- 
lice à  tube  campanule,  adhérent ,  à  limbe 
5-fide,  persistant  parfois  après  la  floraison; 
d'une  corolle  à  5  pétales  insérés  à  la  gorge 
du  calice,  orbiculaires,  à  onglet  court;  d'é- 
lamines  en  nombre  indéterminé,  insérées  à 
l'extrémité  du  tube  calicinal;  d'un  ovaire 
infère  ou  demi-supère,  à  4  5  loges,  conte- 
nant de  nombreux  ovules;  d'un  style  fili- 
forme que  termine  un  stigmate  capité.  Le 
fruit  qui  succède  à  ces  fleurs  est  une  cap- 
sule infère  entièrement  ou  à  demi,  à  4-5 
ioges  qui  s'ouvrent  à  leur  sommet  par  dé- 
hiscence  loculicide.  Les  graines  sont  nom- 
breuses, très  petites  et  comprimées.  On  en 
connaît  aujourd'hui  environ  30  espèces, 
parmi  lesquelles  il  en  est  plusieurs  qu'on 
trouve  assez  souvent  cultivées  comme  plan- 
tes d'agrément.  La  plus  connue  et  la  plus 
remarquable  de  ces  espèces  est  le  Lepto- 
sperme  jaunâtre  ,  Leplospermum  flaves- 
cens  Smilh  (  L.  Thea  Willd  ).  C'est  un 
petit  arbuste  de  la  Nouvelle-Hollande,  dont 
les  feuilles  sont  linéaires-lancéolées,  obtu- 
ses, uninervées ,  ponctuées  ;  dont  les  fleurs 
sont  petites,  et  ont  leur  calice  glabre,  à 
dents  membraneuses,  tombant  après  la  flo- 


raison. Ses  feuilles  ont  une  saveur  et  une 
odeur  aromatiques  et  agréables.  A  la  Nou- 
velle-Hollande ,  on  en  fait ,  ainsi  que  des 
sommités  fleuries,  une  infusion  théiforme 
agréable,  quoique  un  peu  amère.  Pendant 
l'un  de  ses  voyages,  le  capitaine  Cook  em- 
ploya avec  succès  cette  infusion  pour  com- 
battre le  scorbut. 

Parmi  les  autres  espèces  de  ce  genre , 
celles  qu'on  cultive  le  plus  habituellement 
sont  les  Leplospermum  scoparium  Smith,  tri- 
loculare  Vent.,  juniperinum  Vent.,  etc.  Ils 
sont  tous  d'orangerie.  Ils  demandent  la 
terre  de  bruyère  soit  pure,  soit  mélangée. 
On  les  multiplie  soit  par  graines  semées  en 
terre  de  bruyère  ,  et  sur  couche  tiède  sous l 
châssis ,  soit  de  boutures  faites  également 
sur  couche  et  sous  châssis,  soit  enfin  de 
marcottes.  (P.D.) 

*LEPTOSPERMÉES.Lepfospermeœ.BOT. 
ph.  —  C'est  un  des  groupes  secondaires  ou 
tribus  établies  dans  celui  des  Myrtacées 
(  voyez  ce  mot),  et  ainsi  nommé  du  genre 
Leptospermum,  qui  lui  sert  de  type.  (Ad.  J.) 

*LEPTOSPIRA  (Ae*Toç,  allongé;  spira, 
spire),  moll.  —  Mauvais  g.  proposé  par 
M.  Swainson  ,  dans  son  Traité  de  malacolo- 
gie, pour  quelques  espèces  de  Bulimes  à 
spire  allongée.  (Desh.) 

LEPTOSTACHYA  (Aeirroç; ,  frêle;  a**- 
X^ç,  épi),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Acanthacées-Echmatacanthées, établi  par 
Nées  (in  Wallich  plant,  as.  rar.,  III,  105). 
Arbrisseaux  de  l'Asie  et  de  l'Amérique  tro- 
picale. V6y.  ACANTHACÉES. 

LEPTOSTACHYS ,  Mey.  bot.  ph.  — 
Syn.  de  Leptochloa,  Palis. 

*LEPTOSTEGIA  ,  Don.  bot.  ph.— Syn. 
tfOnychium,  Kaulf. 

*LEPTOSTEMMA  (Wto'ç,  frêle;  cteV- 
f*a,  couronne),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Asclépiadées-Pergulariées,  établi 
par  Blume  (Bijdr.,  1057).  Herbes  de  Java. 

Voy.  ASCLÉPIADÉES. 

*LEPTOSTOMA,  Swains.  ois.— Syn.  de 

Saurolhera,  Vieill.  Voy.  tacco.     (Z.  G.) 

LEPTOSTOMUM  (hnrk,  mince  ;  atôfxa, 
ouverture),  bot.  cr.  —  Genre  de  Mousses 
bryacées ,  établi  par  R.  Brown  (m  Trans. 
Linn.  Soc,  X,  130).  Mousses  vivaces  et 
terrestres  des  contrées  extra-tropicales  de 
l'hémisphère  austral  et  des  îles  de  l'archi- 
pel Sandwich. 


LEP 


LEP 


3i5 


•LEPTOSYNE.  bot.  ph.— Genre  de  ia 
famille  des  Composées-Sénécionidées,  établi 
par  De  Candolle  (Prodr.,Y.  531).  Herbes  de 
la  Californie.  Voy.  composées. 

*LEPTOT,ENA.  ins.— Genre  de  l'ordre 
des  Diptères  brachocères,  famille  des  Orni- 
thomyens  (tribu  des  Coriaces  de  Latreille), 
groupe  des  Ornithomyites,  établi  par  Nitzsch 
et  généralement  adopté.  Le  type  est  le  Lep- 
tonema  Cervi ,  qui  vit  sur  les  Cerfs  et  les 
Daims. 

*LEPTOTARSIS,  Gould.  ois.— Genrede 
la  sous-famille  des  Anatinées  de  G.-R.  Gray. 
Voy.  canard.  (Z.  G.) 

*LEPTOTHAM!VUS  (Wto'ç  ,  frêle  ;  0ap.- 
vov,  buisson),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Composées-Astéroïdées,  établi  par 
De  Candolle  (Prodr.,  V,  367).  Arbrisseaux 
du  Cap.  Voy.  composées. 

LEPTOTHECA  (  Wto'ç  ,  grêle  ;  0^  , 
boîte),  bot.  cr.  —  Genre  de  Mousses  brya- 
cées,  établi  par  Schwœgrichen  (Suppl.  II, 
135,  t.  137).  Mousses  vivaces,  épigées,  de 
la  Nouvelle-Hollande. 

*LEPTOTHERIUM  (U«x&q  ,  gracieux  ; 
0*îptov,  bête  sauvage),  mam. —  M.  Lund 
(Ann.  se.  nat.  XI,  1839)  désigne  sous  ce 
nom  un  groupe  de  Ruminants  fossiles .  (E.D.) 

LEPTOTHRIUMCWo'ç,  grêle;  0pc'ov, 
feuille  ).  bot.  ph.— Genre  de  la  famille  des 
Graminées  -  Andropogonées ,  établi  par 
Kunth  {Gram.,  156).  Gramensdel'Amérique 
tropicale.  Voy.  graminées. 

*LEPTOTRACHELUS  (  h*x{ç ,  grêle  ; 
TpaXy)).0î)  cou),  ins.  —  Genrede  Coléop- 
tères pentamères,  famille  des  Carabiques, 
tribu  des  Troncatipennes,  créé  par  Latreille 
(  Règne  animal ,  tom.  4,  pag.  370)  et 
adopté  par  Dejean.  6  espèces,  toutes  d'Amé- 
rique, sont  rapportées  à  ce  genre.  Nous  ci- 
terons comme  types  :  les  L.  dorsalis ,  Bra- 
siliensis  et  testaceus  de  Dejean.  Le  1er  est 
originaire  des  États-Unis,  le  2e  du  Brésil 
et  le  3e  de  la  Colombie.  (C.) 

LEPTOXIS,  Rafln.  moll.— Syn.  deLym- 
née,  Lam.  (Desh.) 

LEPTUBERIA,  Raf.  bot.  cr.— Syn.de 
Pulveraria,  Ach. 

LEPTURA (Utttoç,  mince;  ovp  <',  queue). 
**«•  —  Genre  de  Coléoptères  subpentamè- 
rcs ,  tétramères  de  Latreille,  famille  des 
Longicornes,  tribu  des  T.epturètes,  créé 
par  Fabricius  (  Syrt .  Eleuth.  t.  2,  p.  354) 


et  adopté  par  Olivier,  Latreille  ,  mais  res- 
treint à  un  petit  nombre  d'espèces  par 
MM.  Dejean,  Serville  et  Mulsant.  Nous 
citerons  comme  faisant  partie  de  ce  genre 
les  Lept .  virens ,  testacea,  scutellata  hastata, 
canadensis,  etc.,  etc.,  de  Fabricius.    (C.) 

LEPTURÈTES.  Leptureles.  ins.  —Qua- 
trième tribu  de  Coléoptères  subpentamères, 
de  la  famille  des  Longicornes,  établie  par 
Latreille  et  adoptée  par  Serville  (Ann.  de  la 
Soc.  entom.  de  Fr.,  t.  IV,  p.  197),  qui  la  ca- 
ractérise ainsi  :  Yeux  arrondis,  entiers,  ou 
à  peine  échancrés;  antennes  insérées  en 
avant  des  yeux,  ou  tout  au  plus  à  l'extrémité 
antérieure  de  leur  faible  échancrure  ;  tête 
prolongée  postérieument  en  arrière  ,  ou  ré- 
trécie  brusquement  en  manière  de  cou  à  sa 
jonction  avec  le  corselet;  mandibules  de 
grandeur  ordinaire,  semblables  ou  peu 
différentes  dans  les  deux  sexes. 

Serville  établit  deux'  sous-tribus  :  celle 
des  Laticerves  et  des  Angusticerves.  Il  com- 
prend, dans  la  première,  les  genres  :  Desmo* 
cerus,  Vesperus  ,  Rhamnusium ,  Rhagium  ; 
et  dans  la  seconde ,  les  genres  Distenia,  Co- 
mètes, Stenoderus,  Toxotus,  Pachyta,  Gram- 
moptera,  Leptura,  Strangalia  et  Euryptera. 
Dejean,  qui  a  suivi  cette  méthode,  crée  avec 
des  espèces  exotiques  les  genres  Ophistomis, 
OEdecnema  et  Trigonarthris ;  et  Mulsant, 
son  g.  Anoplodera,  qui  ne  se  compose  jusqu'à 
présent  que  d'espèces  européennes.     (C.) 

LEPTURUS,  Mœhr.  ois.  —  Synon.  de 
Phaéton.  —  M.  Swainson  a  aussi  donné  le 
nom  de  Lepturus  à  un  genre  de  la  famille 
des  Gobe -Mouches,  dont  le  type  est  le 
Lep.  ruficeps.  (Z.  G.) 

LEPTURUS  (^ttto'ç,  grêle;  ovpa',  tige). 
bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des  Grami- 
nées-Rothœlliacées  ,  établi  par  R.  Brown 
(Prodr.,  207).  Gramens  très  abondants  dans 
l'Europe  centrale,  l'Asie,  l'Amérique  tropi- 
cale et  la  Nouvelle-Hollande.  Voy  .gramineiïs  . 

LEPTUS.  arach.  —  Voy.  lepte. 

LEPTYMTE  (Wtvvw,  atténuer),  min. 
—  Sorte  de  roche  formée  d'un  feldspath 
grenu,  et  dont  le  grain  est  tellement  atté 
nué  ,  que  cette  roche  a  souvent  un  aspec' 
analogue  à  celui  du  grès.  C'est  le  Weissein 
des  minéralogistes  allemands.  Ses  teintes 
sont  ordinairement  blanches  ,  jaunâtres  ou 
verdâtres.  Elle  a  des  rapports  avec  la  Pejr- 
maiitc,  et  d'un  autre  côté  ellepssseàrEurile 


316 


LER 


LER 


ou  au  Pétrosilex.  Elle  est  composée  essen- 
tiellement d'une  matière  feldspathique,  qui 
est  de  TOligoclase  ou  de  l'Orthose ,  dans 
laquelle  sont  disséminés  fréquemment  des 
grains  de  Mica;  plus  rarement  du  Corindon 
et  de  l'Amphibole.  (Del.) 

EEPUROPETALUM  (Xe«vPo'«,  écail- 
leux;  nero^ov,  pétale),  bot.  ph.  — Genre 
de  la  famille  des  Saiifragacées,  établi  par 
Elliott  (Carolin.,  I,  370).  Herbes  de  l'Amé- 
rique boréale  et  du  Chili.  Voy.  saxifraga- 

CÉES. 

LEPUS.  mam.  — Nom  scientifique  du  g. 
Lièvre.  Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

LEPUSCULUS.  mam.  —  Syn.  du  Lapin 
d'après  Klein.  (E.  D.) 

IiEPYRODIA(AE7rvp«&rc;  semblable  à 
une  cosse),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Restiacées,  établi  par  R.  Brown  (Prodr., 
247).    Herbes    de    la    Nouvelle-Hollande. 

Voy.    RESTIACÉES. 

*LEPYRODICLIS.  bot.  ph,— Genre  de 
la  famille  des  Caryophyllées-Sabulinées  , 
établi  par  Fenzl  (Monogr.  alsin.,  inédit.). 
Herbes  des  montagnes  de  l'Asie  centrale. 

Voy.  CARYOPHYLLÉES. 

*LEPYRONIA  (  Ji/icupo»,  écaille  d'oeuf). 
ïns.  —  MM.  Amyot  et  Serville  (Ins.  lié- 
mipt.  suites  à  Buff.  )  désignent  ainsi  une  de 
leurs  coupes  génériques  détachées  des  Aphro^ 
phora.  Ces  entomologistes  y  rapportent 
trois  espèces  dont  une  seule  européenne,  la 
L.  coleoptrata  (Cicada  coleoptrata  Lin.,  Cer- 
copis  angulatafabr.)  (Bl.) 

*LEPYRUS  (  AETrupoç,  écailleux).  ras.  — 
Genre  de  Coléoptères  tétramères,  famille  des 
Curculionides  gonatocères,  division  des  Mo- 
lytides,  créé  par  Germar  et  adopté  par 
Schœnherr  {Disposit.  méth.,  pag.  167  ;  Syn. 
gen.  etsp.  Curcul.,  t.  II,  pag.  329).  Ce  genre 
est  formé  de  cinq  espèces ,  dont  deux  sont 
originaires  d'Europe,  deux  de  l'Amérique 
septentrionale,  et  une  est  propre  à  l'Asie 
(Sibérie).  Ses  types  sont  :  les  Cure,  colon, 
etbinotatus  de  Fabr.;  ils  se  rencontrent  assez 
communément  aux  environs  de  Paris ,  sur 
les  feuilles  et  les  tiges  des  jeunes  plants 
d'osier.  (C.) 

LERCHEA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Rubiacées,  établi  par  Linné  (Mant., 
153).  Arbrisseaux  de  Java.  Voy.  rubiacées. 

*LERCHIA  ,  Halli.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Suœda,  Forsk. 


LER1A.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Composées-Mutisiacées ,  établi  par  De 
Candolle  (in  Ann.  Mus.,  XIX,  68).  Herbes 
des  Antilles.  Voy.  composées. 

*LERISTA.  rept.  —  Genre  de  Sauriens 
de  la  division  des  Scincoïdiens,  créé  par 
M.  Bell  (Lond.  and  Edinb.  Phil.  Mag.)  et 
adopté  par  MM.  Duméril  et  Bibron  (Erp.  gen. 
V).  Une  seule  espèce  entre  dans  ce  genre  : 
c'est  la  Lerista  lineata  Bell,  Dum.  et  Bibr., 
qui  se  trouvée  la  Nouvelle-Hollande.  (E.  D.) 

LERNACANTHUS.  crust.  —  Synon.  de 
Chondracanthus.  Voy.  ce  mot.      (H.  L.) 

LERNANTHROPUS.  crust.  —  Genre 
de  l'ordre  des  Lernéides,  de  la  famille  des 
Chondracanthiens,  établi  par  M.  Ducrotay 
deBlainville  (Dict.  des  se.  nat.  XXVI).  Deux 
espèces  composent  ce  genre,  dont  le  Lernan- 
thropus  pupa  Burm.  peut  être  considéré 
comme  le  type.  Cette  espèce  a  été  trouvée 
sur  les  branchies   d'un  Platax  du  Brésil. 

(H.  L.) 

LERNÉE.  Lernœa  (nom  mythologique). 
crust.  —  Genre  de  l'ordre  des  Lernéides, 
de  la  famille  des  Chondracanthiens,  établi 
par  Linné  et  adopté  par  tous  les  carcinolo- 
gistes  avec  de  grandes  modifications  cepen- 
dant. Ce  genre  ne  comprend  plus  aujour- 
d'hui que  les  Lernéocériens,  dépourvus  de 
pattes  rudimentaires,  dont  l'extrémité  cé- 
phalique  porte  des  cornes  irrégulièrement 
ramifiées,  et  dont  les  lobes  ovifères  sont 
ramassés  en  peloton  sous  la  partie  posté- 
rieure du  corps.  On  connaît  cinq  espèces  de 
ce  genre  ,  qui  toutes  vivent  sur  les  Pois- 
sons. La  Lernée  branchiale,  Lernea  bran- 
chialis  Lin.  ,  peut  être  regardée  comme  le 
type  de  ce  genre  linnéen;  cette  espèce, 
qui  habite  les  mers  du  Nord,  a  été  rencon- 
trée sur  les  branchies  de  diverses  espèces  de 
Gades.  (H.   L.) 

*LERNÉIDES.  Lernéides.  crust.  — 
M.  Milne-Edwards,  dans  son  Hist.  nat.  sur 
les  Crust.,  désigne  sous  ce  nom  le  huitième 
ordre  de  la  classe  des  Crustacés.  Toutes  les 
espèces  que  renferme  cet  ordre  se  distin- 
guent principalement  des  Siphonostomes  par 
l'état  rudimentaire  de  tout  le  système  ap 
pendiculaire,  qui  ne  se  trouve  représenté 
que  par  des  vestiges  de  membres  ou  par  de 
simples  lobes  tégumentaircs  sans  articula- 
tions ,  et  propres  seulement  à  servir  pour 
>-  accrocher  l'animal  sur  la  proie  aux  dépens 


•LER 


LER 


317 


de  laquelle  il  vit.  ils  se  font  aussi  remar- 
quer par  la  bizarrerie  de  leur  forme,  qui  en 
général  s'éloigne  beaucoup  de  toutes  celles 
ordinaires  dans  cette  clas<e,  et  semble  être 
le  résultat  d'un  développement  monstrueux. 
Dans  le  jeune  âge,  ils  offrent  un  mode  de 
conformation  normale,  et  ressemblent  ex- 
trêmement à  de  jeunes  Cyclopes  (voy.  ce 
mot);  ils  sont  alors  pourvus  d'un  œil  fron- 
tal et  de  lames  natatoires  qui  lui  permettent 
de  se  mouvoir  avec  agilité  ;  mais  après  avoir 
éprouvé  un  certain  nombre  de  mues ,  ils 
cessent  de  mener  une  vie  errante;  les  fe- 
melles se  fixent  sur  quelque  autre  animal, 
le  plus  souvent  sur  un  Poisson,  et  les  mâles 
s'accrochent  en  général  sous  l'abdomen  de 
leur  femelle.  Les  organes  de  la  locomotion, 
devenus  alors  inutiles,  s'atropbient  ou  se 
déforment  de  façon  à  devenir  impropres  aux 
usages  qu'ils  étaient  primitivement  desti- 
nés à  remplir,  l'œil  disparaît  presque  tou* 
jours,  et  la  configuration  générale  de  l'ani- 
mal se  change  au  point  de  rendre  celui-ci 
méconnaissable.  Ce  sont  les  femelles  surtout 
qui  acquièrent  ainsi  les  formes  les  plus  sin- 
gulières; elles  grossissent  beaucoup,  et,  en 
général ,  se  soudent  pour  ainsi  dire  sur  leur 
proie  à  l'aide  de  simples  appendices  cutanés 
ou  de  certains  membres  transformés  en  bras 
immobiles.  Les  rnâles  restent  extrêmement 
petits,  et  s'éloignent  moins  de  leur  mode  de 
conformation  primitive  :  seulement,  la  tête 
devient  très  grosse,  et  les  pattes-mâchoires, 
transformées  en  instruments  de  préhen- 
sion et  destinées  à  fixer  l'animal  sur  la  par- 
tie qu'il  doit  habiter,  acquièrent  un  grand 
développementrelatif.  Jusqu'en  ces  dernières 
années,  les  zoologistes  ont  méconnu  la  na- 
ture véritable  des  Lernéides,  et  les  ont  éloi- 
gnés des  Crustacés  pour  les  ranger  parmi 
les  Vers.  Desmarest  est  un  des  premiers  au- 
teurs qui  aient  réellement  indiqué  les  rap- 
ports naturels  qu'ils  ont  avec  les  Crustacés 
ordinaires;  mais  c'est  depuis  que  l'on  con- 
naît les  formes  transitoires  affectées  par  ces 
parasites  dans  les  premiers  temps  de  leur  vie 
que  l'on  a  pu  leur  assigner  définitivement 
une  place  dans  la  série  naturelle  des  Crus- 
tacés; et  la  connaissance  de  ces  change- 
ments est  due  principalement  à  M.  de  Nord- 
mann  ,  observateur  d'une  grande  habileté, 
et  duquel  la  science  est  en  droit  d'attendre 
des  services  encore  plus  considérables.   Il 


n'est  aucune  branche  de  l'histoire  naturelle 
des  Crustacés  qui  soit  aussi  peu  avancée  que 
celle  relative  aux  Lernéides;  presque  tout  le 
reste  est  à  faire  ,  et  l'on  doit  espérer  que 
M.  Nordmann  n'abandonnera  pas  une  voie 
qui  l'a  déjà  conduite  des  résultats  si  impor- 
tants pour  la  science.  Les  Lernéides,  dit 
M.  Milne-Edwards ,  me  paraissent  devoir 
être  divisés  en  trois  familles  reconnaissables 
à  la  manière  dont  ces  parasites  s'attachent 
à  leur  proie;  les  uns  s'y  fixent  à  l'aide  de 
grands  appendices  branchiformes  réunis  en- 
tre eux  vers  le  bout,  et  terminés  par  un  bou- 
ton corné  médian  ;  d'autres  par  leurs  pattes- 
mâchoires  armées  de  crochets  très  forts  ;  et 
d'autres  encore  par  toute  la  tête  ,  qui  est 
garnie  à  cet  effet  de  prolongements  cornés 
de  formes  variées  ;  ces  premières  correspon- 
dent à  peu  près  à  la  division  générique  des 
Lernéopodes  de  M.  de  Blainville,  et  peu- 
vent être  désignés  sous  le  nom  de  Lernéo- 
podiens  ;  les  seconds  ont  pour  type  le  genre 
Chondracanthe,  et  forment  la  famille  des 
Chondracanthiens;  enfin  les  derniers  peuvent 
être  appelés  Lernéocériens,  parce  que  le  g. 
Lernéocère  y  rentre,  et  parce  que  ce  nom 
rappelle  un  de  leurs  principaux  caractères. 
Quant  à  l'établissement  des  divisions  géné- 
riques et  à  la  caractérisation  des  espèces, 
on  ne  peut,  dans  la  plupart  des  cas,  avoir 
égard  au  mode  d'organisation  des  femelles, 
car  les  mâles  sont  presque  toujours  incon- 
nus. Cet  ordre  renferme  donc  trois  familles, 
désignées  sous  les  noms  de  Lernéopodiens, 
de  Chondracanthiens  et  de  Lernéocériens. 
Voy.  ces  mots.  (H.  L.) 

*LERNÉIFORMES.Lernœi/brmes. crust. 
—  Latreille,  dans  ses  Cours  d'entomologie, 
désigne  ainsi  une  famille  de  Crustacés  ,  qui 
n'a  pas  été  adoptée,  et  qui  correspond  d'une 
part  aux  Ergasiliens,  et  de  l'autre  aux  Di- 
chélasiens  de  M.  Milne-Edwards.  Voy.  er- 
gasiliens  et  DICHÉLASIENS.  (H.  L.) 

LERNENTOMEA.  crust.  —  Synonyme 
de  Chondracanthus.  (H.  L) 

LERNEOCERA  (Lernea,  lernée;  «oaç, 
antenne  ).  crust.  —  Genre  de  l'ordre  des 
Lernéides,  de  la  famille  des  Lernéocériens, 
établi  par  M.  de  Blainville  aux  dépens  des 
Lernea  de  Linné.  Ce  genre  renferme  4  ou 
5  espèces,  dont  le  Lernéocère  cyprin,  Ler< 
neocera  cyprinacea  Lin.,  peut  en  être  con- 
sidéré comme  le  type.  Cette  espèce  a  été 


LER 


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trouvée  en  Suède  sur  le  Cyprinus  cara- 
nus.  (H.  L.) 

♦LERNÉOCÉRIENS.  Zemeocarii.  crust. 
— Ce  nom,  employé  par  M.  Milne-Edwards, 
désigne,  dans  l'Histoire  naturelle  des  Crus- 
tacés par  ce  savant  zoologiste,  une  famille 
qui  appartient  à  l'ordre  des  Lernéides.  Les 
Lernéocériens  femelles  ,   comme  chez   les 
Chondracanthiens  ,  se  fixent  à  leur  proie 
par  l'extrémité  antérieure  de  leur  corps  seu- 
lement, et  n'ont  point  d'appendices  thora- 
ciques  brachiformes  servant  à  cet  usage, 
comme  cela  se  voit  chez  les  Lernéopodiens; 
mais   l'armature  de  leur  bouche  est  loin 
d'avoir  la  forme  que  cet  appareil  offre  chez 
les  Chondracanthiens,  et  la  tête  tout  en- 
tière du  parasite  s'enfonce  dans  les  sinus 
de  l'animal  sur  lequel  il  établit  sa  demeure, 
et  y  est  retenu  par  des  prolongements  cor- 
nés ,  de  forme  variée,  qui  naissent  de  la 
partie  postérieure  ou  occipitale.  En  générai, 
la  tête  est  peu  distincte  du  thorax,  et  paraît 
être  complètement  dépourvue  d'antennes; 
la  bouche  n'est  armée  que  d'une  seule  paire 
de  pattes-mâchoires  simples  et  cunéiformes. 
Les  pattes  sont  d'une  petitesse  extrême  lors- 
qu'elles existent,  et  quelquefois  on  n'en 
aperçoit  aucune  trace;  enfin,  la  portion  du 
tronc,  qui  est  rétréci  en  arrière  du  point  où 
naissent  les  tubes  ovifères,  et  qui  repré- 
sente l'abdomen  ,  est  en  général  beaucoup 
plus  développé  que  dans  les  autres  femelles 
du  même  ordre.  Le  mâle  n'est  connu  que 
chez  très  peu  de  Lernéocériens,  et  paraît 
être  plus  imparfait  que  celui  des  Chondra- 
canthiens; son  corps  est  globuleux  ,  n'offre 
pas  de  thorax  distinct ,  et  ne  porte  pas  de 
rudiments  de  pattes  en  arrière  des  appen- 
dices qui  représentent  les  pattes-mâchoires. 
Les  métamorphoses  que  subissent  les  jeunes 
sont  analogues  à  celles  des  autres  Lernéo- 
cériens. Cette  petite  famille  renferme  quatre 
genres,  désignés  sous  les  noms  de  Penellus, 
Lerneonema,  Lerneocera  eiLemœa.  (H.  L.) 
LERNEOMYZE.  Lerneomyzon.  grust. 
—  Synonyme  d'Anchorella.  Voy.  ce  mot. 

LERNÉONÈME.  Lerneonema.  crust.— 
Ce  genre,  qui  a  été  établi  par  M.  Milne- 
Edwards,  appartient  à  l'ordre  des  Lernéides 
et  à  la  famille  des  Lernéocériens.  Trois  es- 
pèces composent  cette  nouvelle  coupe  géné- 
rique, dont  le  Lernéomène  de  Lesueur,  Ler- 
neonema Lesvcurii  Edw. ,   peut   être  con- 


sidéré comme  le  type.  Cette  espèce  a  élé 
trouvée  dans  les  mers  d'Amérique  sur  un 
Exoeœus  volitans.  (H.  L.) 

LERNÉOPENNE.  Lerneopenna.  crust. 

—  Synonyme  de  Penelle.  Voyez    ce  mot. 

(H.  L.) 
LERNEOPODA  (lernœa,  lernée  ;  ttoù^ 
pied). crust. — Cegenre,qui  apparlientà l'or- 
dre des  Lernéides  et  à  la  famille  des  Lernéo- 
cériens ,  a  été  établi  par  M.  Kroyeraux  dé- 
pens du  SGrnœa  des  auteurs.  Les  Crustacés 
qui  composent  ce  genre  se  rapprochent  ex- 
trêmement des  Brachielles,  et  ne  devraient 
pas  probablement  en  être  séparés.  Le  carac- 
tère qui  les  en  distingue  se  tire  de  la  forme 
de  la  portion  céphalique  du  corps  ,  qui  est  ici 
courte  et  trapue,  au  lieu  de  s'allonger  en  ma- 
nière de  cou  comme  dans  les  Brachielles  {voy. 
ce  mot).  Cinq  ou  six  espèces  composent 
ce  genre,  dont  la  Lernéopode  étoilée  ,  Ler- 
neopoda  slellala  Mayer,  peut  en  être  con- 
sidérée comme  le  type.  Cette  espèce  a  été 
rencontrée  sur  les  nageoires  d'un  Sterlet  en 
Norwége.  (H.  L.) 

♦LERNÉOPODIENS.Zerneopodu.  crust. 

—  Ce  nom  est  employé  par  M.  Milne  Ed- 
wards pour  désigner,  dans  l'ordre  des  Ler- 
néides, un  groupe  de  Crustacés  dont  les  in- 
dividus femelles  ont  la  tête  conformée  à  peu 
près  de  même  que  chez  les  Chondracan- 
thiens, c'est-à-dire  distincte  du  thorax,  gar- 
nie d'une  paire  d'antennes,  et  armée  de  deux 
paires  de  pattes-mâchoires  ancreuses;  mais 
les  pattes-mâchoires  antérieures  sont  moins 
propres  à  servir  à  ces  petits  Crustacés  pour 
s'accrocher  à  leur  proie ,  et  le  thorax ,  qui 
ne  porte  plus  de  pattes  ni  d'appendices 
charnus,  semblables  à  ceux  qui  représentent 
les  deux  premières  paires  de  membres  tho- 
raciques  dans  la  division  précédente,  donne 
naissance  à  une  paire  de  prolongements 
brachiformes  très  grands  qui  se  réunissent 
entre  eux,  tantôt  dès  leur  base,  tantôt  vers 
leur  extrémité  seulement ,  et  se  terminent 
par  un  bouton  corné,  à  l'aide  duquel  le  pa- 
rasite adhère  fortement  à  l'animal  sur  le- 
quel il  a  établi  sa  demeure.  Ces  organes 
d'adhésion  paraissent  remplacer  la  première 
paire  de  membres  thoraciques.  Le  mâle 
n'est  connu  que  chez  un  très  petit  nombre 
de  Lernéopodiens,  et  diffère  extrêmement 
de  la  femelle;  il  a  le  corps  divisé  en  deux 
parties  bien  distinctes  :  une  antérieure  ce* 


LES 


LES 


319 


phalique  qui  porte  les  antennes,  une  paire 
de  pattcs^màchoires  antérieures  unciformes, 
le  suçoir,  et  plus  en  arrière  deux  paires 
d'appendices  très  développés  qui  représen- 
tent les  pattes-niàchoires  postérieures  et  les 
bras  de  la  femelle ,  mais  qui  ont  la  forme 
de  grosses  mains  portées  sur  un  pédoncule 
cylindrique,  et  terminées  par  un  pied  mal 
conformé.  Les  jeunes  subissent  les  méta- 
morphoses ordinaires.  Les  Lernéopodiens 
renferment  six  genres,  désignés  sous  les 
noms  de  T>  acheliastes ,  Basanistes,  Achthe- 
res  y  Brachiella ,  Lerneopoda  et  Anchorella. 

(H.  L.) 
LEïlOT.  mam. — Espèce  de  Rongeurs  ap- 
partenant au  genre  Loir.  Voy.  ce  mot. 

LERYVA ,  Hodgs.  ois.  —  Division  de  la 
famille  des  Perdrix.  Voy.  ce  mot.  (Z.  G.) 
LES;EA.  moll. —  Ce  genre,  proposé  par 
Leach ,  est  encore  incertain  pour  nous,  car 
il  a  pour  type  le  Venus  minuta  de  Fabricius, 
que  nous  ne  connaissons  point  en  nature,  et 
dont  la  description  est  insuffisante  pour  en 
déterminer  les  caractères.  (Desh.) 

LESBL4,  Less.  ois. — Genre  de  la  sous- 
famille  des  Trochilinées.  Voy.  ce  mot  et  co- 
libri. 

LESCHE  DE  MER.  annél.  —  L'Aréni- 
cole (voy.  ce  mot)  porte  ce  nom  sur  nos 
cotes.  (E.  D.) 

LESKEAouLESKIA  (nom  propre),  bot. 
ni.  —  Genre  de  Mousses  bryacées,  établi 
par  Hedwig  (Fund.,  II,  93)  pour  des  Mous- 
ses vivaces,  rameuses,  épigées  ou  troncico- 
les,  et  croissant  dans  toutes  les  régions  du 
globe. 

Bridel ,  qui  a  adopté  ce  genre  (Bryolog., 
11,  283,  t.  X)  en  répartit  les  espèces  en  3 
sections  qu'il  nomme  :  Leskia,  Omalia,  He- 
in ira  gis. 

LESPEDEZA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Papilionacées-Hédysarées ,  éta- 
bli par  L.  G.  Richard  [in  Michaux  Flor.  Bot. 
amer,  II,  70,  t.  39-40).  Herbes  ou  sous- 
arbrisseaux  de  l'Amérique  boréale.  Voy.  PA-- 
pilionacées. 

LESSERTIA  (nom  propre),  bot.  pu.  — 
Genre  de  la  famille  des  Papilionacées-Lotées, 
établi  par  De  Candolle  (Astrogal.,  37).  Her- 
bes du  cap  de  Bonne-Espérance.  Voy.  papi- 

LIONACÉES. 

*LESSEMGIA  ( nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Composées-Astéroï- 


dées,  établi  par  Chanutso  (in  Linnœa,  IV, 
203).  Herbes  de  la  Californie.  Voy.  compo- 
sées. 

LESSONIA,  Bert.  bot.  ph.  —  Syn.  ù'Ë- 
ryngium,  Tournef.; — bot.  cr. —  Bor.,  syn. 
de  Laminaria,  Lamk. 

LESSONIA,  Swains.  ois.  —  Syn.  de  Mus- 
cisaxicola,  d'Orb.  et  Lafr.  (Z.    G.) 

*LESTADIA.  bot.  ph.— Genre  de  la  fa- 
mille des  Composées  -  Asléroïdées  ,  établi 
par  Kunth  (in  Lessing  synops.,  203).  Ar- 
brisseaux de  l'Amérique  australe.  Voy.  com- 
posées. 

*LESTES.  ins.— M.  Rambur  (Ins.  Né- 
vrop.,  suites  àBuff.)  a  établi  sous  cette  dé- 
nomination, dans  la  tribu  des  Libelluliens, 
ordre  des  Névroptères,  une  division  généri- 
que aux  dépens  du  genre  Libellula.  Voy. 
libelluliens.  (Bl.) 

LESTEVA.  ms.  —Genre  de  Coléoptè- 
res pentamères  ,  famille  des  Brachélytres, 
tribu  des  Omaliniens ,  créé  par  Latreille 
(Hist.  nat.  des  Crus  t.  et  des  Ins.,  t.  IX, 
p.  369),  et  adopté  parErichson  dans  sa  mo- 
nographie des  Staphyliniens ,  où  6  espèces 
d'Europe  sont  énumérées.  Le  type,  la  L. 
bicolor  de  F.,  se  trouve  quelquefois  aux  en- 
virons de  Paris,  près  des  eaux.  (C.) 

LESTIBUDESIA  (nom  propre),  bot.  pu. 
—  Genre  de  la  famille  des  Amarantacées, 
établi  par  Dupetit-Thouars  (  Gen.  Madag., 
n.  17).  Arbrisseaux  de  Madagascar.  Voy. 
amarantacées. 

*LESTICUS  (  Wrrfxoç ,  brigand),  ins.— 
Genre  de  Coléoptères  pentamères  ,  famille 
des  Carabiques  ,  tribu  des  Féroniens,  créé 
par  D-ejean  (Species  général  des  Carabiques  , 
t.  III,  p.  189).  L'espèce  type  et  unique  ,  le 
L.  Janthinus  (De  Haan)  Dejean  ,  est  origi- 
naire de  l'île  de  Java.  (C.) 

*LESTIGNATHUS  (Wtîi'oc,  brigandage  ; 
yva'Ooç,  mâchoire),  ins.  —  Genre  de  Coléop- 
tères pentamères,  famille  des  Carabiques  , 
créé  par  Erichson  (  Archiv.  fw  Naturge- 
schechte,  1842,  p.  132,  f.  3,  a  ,  b  ),  qui  le 
comprend  dans  sa  tribu  des  Anchoménides. 
L'espèce  type  et  unique  ,  le  L.  cursor  de 
l'auteur ,  est  originaire  de  la  Nouvelle-Hol- 
lande. (C.) 

*LESTIS(À*icrr775,  ravisseur),  ins.— Genre 
de  la  tribu  des  Apiens  (  Mellifères  de  La- 
treille), de  l'ordre  des  Hyménoptères,  établi 
par  M.   Lepeletier  de  Saint-Fargeau    sur 


320 


LET 


quelques  espèces  de  la  T.isrnanie,  dont  les 
couieurssont  très  brillantes  et  généralement 
méi-illiques.  Les  Leslis,  que  nous  rangeons 
dans  le  groupe  des  Xylocopites,  se  font  re- 
m.nquer  par  leurs  antennes  bidentées.  Le 
type  est  le  L.  muscaria,  Centris  muscaria  et 
Bcmbylon  Fabr.  (Bl.) 

LESTOMERUS  (àyjjt^ç,  voleur  ;  f«jpo'ç, 
cuisse),  ins.  —  MM.  Amyot  et  Serville  dé- 
sia  îent  sous  celte  dénomination  un  de  leurs 
genres  appartenant  à  la  famille  des  Rédu- 
viides,  dans  l'ordre  des  Hémiptères.  Ils  y 
rapportent  deux  espèces.  Les  L.  spinipes 
Serv. ,  du  Sénégal  et  L.  affinis  Serv.,  de 
Java.  (Bl.) 

*LESTREMIA.  ins.  —  Genre  de  l'ordre 
des  Diptères  brachocères,  famille  des  Tipu- 
laires,  tribu  des  Tipulaires  gallicoles,  établi 
par  M.  Macquart  (Dtpt.  du  Nord),  qui  n'y 
rapporte  que  deux  espèces,  les  Lestremia 
cinerea  Macq.,  et  leucophcea  Meig.  La  pre- 
mière se  trouve  en  France  et  en  Allemagne; 
la  seconde,  en  Allemagne  seulement. 

LESTïUGON.  Lestrigonus.  crust.  — 
Genre  de  l'ordre  des  Amphipodes,  de  la  fa- 
mille des  Hypérines  et  de  la  tribu  des  Hy- 
pérines ordinaires,  établi  par  M.  Milne-Ed- 
wards.  L'organisation  des  Crustacés  de  ce 
genre  est,  sous  beaucoup  de  rapports,  la  même 
«;ue  celle  des  Hypérines,  et  ce  qui  a  porté 
M.  Milne-Edwards  à  les  en  distinguer,  c'est 
la  disposition  du  thorax.  Chez  les  Hypérines, 
cette  partie  du  corps  est  beaucoup  plus  grande 
que  l'abdomen,  et  se  divise  en  sept  anneaux, 
lindis  qu'ici  elle  n'est  pas  plus  volumineuse 
<iue  l'abdomen,  et  n'est  formée  que  de  six 
.  .gments  frrès  resserrés.  On  ne  connaît  en- 
>re  qu'une  seule  espèce  dans  ce  genre: 
est  le  Lestrigon  de  Fabre  ,  Lestrigonus  Fa- 
ri  Edvv.  (Hist.  nat.  des  Crust.,  t.  IV,  p.  81, 
pi.  50,  fig.  18).  Cette  espèce  a  été  rencon- 
•..ee  dans  la  mer  des  Indes.  (H.  L.) 

LESÏRIS,  Linn.  ois.  —  Nom  latin  du 
g.  Labbe.  Voy.  ce  mot. 

LESUEURIE.  Lesueuria  (  nom  propre). 
acal.  —  M.  Milne-Edwards  a  décrit  sous 
ce  nom  (Ann.  se.  nat.,  2"  série)  un  g.  d'A- 
calèpbes  voisin  des  Caliianires  et  des  Alci- 
uoës.  Ce  g.  comprend  une  espèce  de  la 
Méditerranée  (baie  de  Nice),  que  l'auteur 
appelle  Lesueuria  virœa.  (P.  G.) 

liEXIIEFERE.  rept.  —  Nom  donné  par 
M.  tie  Biaiuville  à  une  des  cinq  subdivisions 


LEr 

du  genre  Vipère ,  comprenant  l'espèce  con- 
nue sous  le  nom  d'Haie.  (E.  D.) 

*LETHRINUS.  poiss.— Genre  de  l'ordre 
des  Acanthoptérygiens,  famille  des  Spa- 
roïdes,  établi  par  MM.  Cuvier  et  Valen- 
ciennes  {Hist.  des  Poiss. ,  t.  VU,  p.  272) 
aux  dépens  des  Dentés,  dont  ils  diffèrent 
d'abord  par  le  nu  de  la  plus  grande  portion 
de  la  tête  (l'opercule  et  le  sous-opercule 
seuls  sont  couverts  d'écaillés  ;  les  autres 
parties  de  la  face,  depuis  l'extrémité  du  mu- 
seau jusqu'à  la  nuque ,  les  joues  ,  la  mâ- 
choire inférieure,  n'ont  qu'une  peau  sans 
écailles  ,  épaisse  ,  et  presque  toujours  cri- 
blée d'une  infinité  de  pores),  et  par  la  forme 
de  leurs  dents  latérales;  celles-ci,  vers  l'ar- 
rière, sont  le  plus  souvent  tuberculeuses, 
arrondies,  et  sur  une  seule  rangée. 

Ce  genre  est  très  nombreux  en  espèces. 
M.  Valenciennes  {loco  citato)  en  décrit  44  , 
dont  une  seule  de  l'océan  Atlantique  ;  les 
autres  habitent  toutes  l'océan  Indien.  Nous 
citerons,  comme  une  des  plus  remarquables, 

le  LÉTHRINUS  DE  L' ATLANTIQUE  ,  L.  AtlaMicUS 

Cuv.  et  Val.  ;  le  Jardin  des  Plantes  en  pos- 
sède un  individu  qui  a  35  centimètres  de 
long. 

Tous  ces  Poissons  se  nourrissent  de  co- 
quillages ,  qu'ils  brisent  facilement  avec 
leurs  dents  arrondies.  (J.) 

LETHRUS.  ins.—  Genre  de  Coléoptères 
pentamères,  famille  des  Lamellicornes,  tribu 
des  Scarabéides  arénicoles ,  établi  par  Sco- 
poli  (  Introd.  in  hist.nat.,  p.  439,  n°  195), 
et  adopté  par  tous  les  entomologistes  sub- 
séquents. Deux  espèces  font  partie  de  ce 
genre;  les  L.  cephalotesF.,  et  Longimanus 
Fischer. 

L'organisation  de  ces  Insectes  est  assez 
curieuse.  Le  prothorax  et  les  étuis  forment  sé- 
parémen  t  un  hémisphère  presque  égal .  La  tête 
est  arrondie,  et  munie,  surtout  chez  le  mâle, 
de  fortes  mandibules  aplaties  et  cintrées; 
leurs  pattes,  assez  longues,  sont  implantées 
l'une  pies  de  l'autre,  et  les  antennes  se  ter- 
minent par  une  sorte   de   cône  renversé. 

(C) 

LETTSOUIIA,  Roxb.  bot.  ph.  —  Syn. 
à'Argyreia,  Lour.  —  Genre  de  la  famille 
des  Ïernstiœmiacées-Ternstrœmiées  ,  éta- 
bli par  Ruiz  et  Pavon  {Prodr.,  772,  t.  XIV). 
Arbrisseaux    du   Pérou.    Voy.    tisrnsirqe- 

MIACIiEb. 


LEU 


LEU 


321 


*LEICACANTHA,  Gr.  bot.  fu.— Syn. 
de  Centaurca  ,  Less. 

LEUCADENDRON  (i«vxô« ,  blanc  ;  #v- 
Spov  ,  arbre),  bot.  pu. —  Genre  de  la  famille 
des  Protéacées-Protéinées  ,  établi  par  Her- 
raann  (ex  Pluchen  phyt.,  t.  200  ,  f.  1).  Ar- 
bres ou  arbrisseaux  du  Cap.  Voy.  protka- 
cées. 

LEUCADENDRON,  Linn.  bot.  ph.— Syn. 
de  Protea,  Linn. 

*LEUCANIA(Acvxo;,  blanc),  ins. — Genre 
,  de  l'ordre  des  Lépidoptères  nocturnes,  fa- 
mille des  Nocluéliens,  groupe  des  Orthosi- 
tes, établi  par  Ochseinheimer  (Schm.  von 
Europ.).  Il  est  principalement  caractérisé 
par  des  palpes  velus,  à  dernier  article  très 
petit;  par  des  pattes  glabres  et  des  anten- 
nes simples.  Les  chenilles,  cylindriques, 
glabres,  se  métamorphosent  dans  la  terre. 

Les  espèces  de  ce  genre  sont  assez  nom- 
breuses, et  toutes  sont  d'une  couleur  pâle, 
d'un  gris  ou  jaunâtre  blanc.  Nous  citerons, 
comme  espèce  type,  la  Leucania  pallens 
(Noctuaid.  Linn.),  très  commune  en  Europe, 
et  qui  vit,  à  l'état  de  chenille,  sur  les 
Oseilles. 

♦LEUCEICA.  crust.— Genre  de  l'ordre 
des  Décapodes  brachyures,  établi  par  M.  Mac- 
Leay,  dans  le  t.  III  des  Illuslr.  zool.  dans  le 
sud  de  l'Afrique.  (H.  L.) 

LEUCERIA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Composées-Nassauviacées ,  établi 
par  Lagasca  {Amen.  nat.y  I,  32).  Herbes  du 
Chili. 

De  Candolle  répartit  les  espèces  de  ce  g. 
(Prodr.t  VII,  56)  en  deux  sections,  qu'il 
nomme  Eubuceria  et  Macrobolrys.  Voy. 
composées. 

LEUCILERIA,  Less.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Lcuceria ,  Lagasc. 

*LEUCIFER.Lcud/er. crust.—  Ce  genre, 
qui  appartient  à  l'ordre  des  Stomapodes,  à 
la  famille  des  Caridioïdes  et  à  la  tribu  des 
Leucifériens,  a  été  établi  par  M.  Thompson, 
et  adopté  par  Latreille  dans  son  Cours  d'en- 
tomologie. L'un  des  traits  les  plus  remar- 
quables de  l'organisation  de  ce  genre  est 
la  longueur  excessive  de  la  portion  anté- 
rieure de  la  tête,  la  brièveté  extrême  de  la 
partie  du  corps  occupée  par  la  bouche  et 
constituant  le  thorax  ,  et  le  grand  dévelop- 
pement de  l'abdomen. 

Ce  genre  ne  renferme  que  2  espèces,  dont 
i.  vu. 


leLEUciFERDEREYNAUD,  Leucifcv  Reynaudii, 
peut  en  être  considéré  comme  le  type;  cetta 
espèce  a  été  trouvée  dans  l'océan  Indien. 

(H.  L.) 

♦LEUCIFERIENS.  Leuciferii.  crust.  — 
Tribu  de  l'ordre  des  Stomapodes,  de  la  fa- 
mille des  Caridioïdes,  établie  par  M.  Thomp- 
son, et  adoptée  par  M.  Milne-Edwards  dans 
son  Histoire  naturelle  des  Crustacés.  Le  genre 
des  Leucifer  est  un  des  plus  singuliers  que 
l'on  connaisse;  il  ne  se  laisserait  que  diffici- 
lement ranger  dans  aucun  des  ordres  déjà 
établis:  aussi, quoique  son  histoire  soitencorc 
très  incomplète,  a-ton  cru  devoir  le  prendre 
pour  type  d'une  tribu  particulière. C'est  aussi 
à  cette  tribu  que  paraissent  devoir  se  rap- 
porter quelques  uns  des  Crustacés  figurés 
d'une  manière  grossière  dans  l'atias  du 
Voyage  de  Krusenstem.  Cette  tribu  ne  ren- 
ferme qu'un  seul  genre,  qui  est  celui  de  Leu- 
cifer. Voy.  ce  mot.  (H.  L.) 

LEUCIFÉRITES.  Leuciferiles.  crust.  — 
Syn.  de  Leucifériens.  Voy.  ce  mot.    (H.  L.) 

*LEUCIPPA(nom  mythologique),  crust. 

—  Ce  genre,  qui  a  été  établi  par  M.  Milne- 
Edwards,  appartient  à  l'ordre  des  Décapodes 
brachyures,  à  la  famille  des  Oxyrhynques  et 
à  la  tribu  des  Maïens.  La  Leucippa  penta- 
gona  Latr.  peut  être  considérée  comme  le 
représentant  de  cette  coupe  générique  Cette 
espèce  a  été  rencontrée  sur  les  côtes  du 
Chili.  Dans  le  Voyage  de  l'Amérique  méri- 
dionale, par  M.  A.  d'Orbigny,  nous  avons 
fait  connaître,  M.  Milne-Edwards  et  moi, 
une  seconde  espèce,  à  laquelle  nous  avons 
donné  le  nom  de  Leucippa  Ensenadœ  Edw. 
et  Luc.  Cette  espèce  a  été  rencontrée  sur  les 
côtes  de  la  Patagonie.  (H.  L.) 

LEUCISCUS.  poiss.  —  Voy.  able. 
LEUCITE  {tevxii ,  blanc),  min.  —  Syn. 
d'Amphigène.  Voy.  ce  mot.  (Del.) 

*LEUCOCARPON,  A.  Rien.—  bot.  ph. 

—  Syn.  de  Denhamia,  Meisn. 
*LEUCOCARPUS  (itvxo's,  blanc;  x«P7roÇ, 

fruit),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Scrophularinées-Gratiolées,  établi  par  Don 
(in  Sweet  FI.  gard.,  II,  t.  124).  Herbes  du 
Mexique.  Voy.  scrophularinées. 

*LELTCOCERA (hvxo's,  blanc;  xepaç,  an- 
tenne), ms.  —  Genre  de  Coléoptères  sub- 
pentamères,  tétramèresde  Latreille,  famine 
des  Cycliques,  tribu  des  Chrysomélines, 
créé  par  nous,  et  adopté  par  M.  Dejcan 

41 


322 


LEU 


(Cat.,  3eédit.,p.  428).  7  à  8  espèces,  toutes 
originaires  des  Antilles ,  rentrent  dans  ce 
ce  g.;  nous  citerons  comme  types  la  Chrys. 
10 -pustulataûe  F.,Poyei  et  apicicornis  Che~ 
vrolat.  (G.) 

*LEUCOCERCA  ,  Swains.  ois. —  Genre 
de  la  sous  famille  des  Muscicapinées  de 
G.-R.  Gray.  Voy.  gobe-mouche.        (Z.  G.) 

*LEUCOCHLOKIDIUHl.  helm.—  Para- 
site de  PAmbrette  décrit  par  M.  Carus  ;  il  a 
quelque  analogie  avec  certaines  larves  de 
Diptères.  «  11  se  meut ,  dit  M.  Dujardin  , 
assez  vivement  entre  les  viscères  et  jusque 
dans  les  tentacules  du  Mollusque  ,  où  il  se 
laisse  voir  à  travers  les  téguments;  mais  si 
on  yeut  chercher  quelques  traces  d'organi- 
sation interne  ,  on  voit  que  ce  n'est  qu'un 
grand  Sporocyste  contenant  de  jeunes  Tré- 
matodes  analjgues  aux  Distomes,  ainsi  que 
des  Sporocys'es  et  Ci \caires.  »       (P.  G.) 

LEUCOCHRYSOS  (Xevxb'ç ,  blanc;  XP»- 
aoç,  or),  min. — Sorte  de  gomme,  ainsi 
nommée  par  Pline,  et  qui  pouvait  être  un 
Quartz  hyalin  ou  une  Topaze.  On  est  incer- 
tain sur  sa  véritable  nature.  (Del.) 

*LEUCOCORYNE()£vxoç,  blanc;  xopvvvj, 
massue),  bot.  ph. —  Genre  de  la  famille  des 
Liliacées-Agapanthées,  établi  par  Lindley 
(in  Bot.  Reg.y  t.  1293).  Herbes  du  Chili. 

Voy.    L1LIACÉES. 

*LEUCOCRINUM,  Sw.  bot.  ph.—  Syn. 
de  Weldenia ,  Schult. 

*LEUCOCYCLITE  (Wb'ç,  blanc;  *v- 
xXoç,  cercle),  min.  —  Brewster  a  donné  ce 
nom  à  une  variété  d'Apophyllite  ,  du  mont 
Cipit  en  Tyrol ,  dans  laquelle  les  anneaux 
polarisés  circulaires,  qui  se  montrent  au- 
tour de  l'axe  optique,  ne  présentent  point 
les  nuances  ordinaires,  mais  paraissent  al- 
ternativement noirs  et  blancs,  ce  qui  tient 
à  ce  que,  dans  cette  substance,  les  diamètres 
des  anneaux  sont  à  peu  près  les  mêmes  pour 
toutes  les  couleurs  du  spectre.       (Del.) 

LEUCODON  (W.b'ç,  blanc  ;  ôôouç,  dent). 
bot.  cr.  —  Genre  de  Mousses  Bryacées,  éta- 
bli par  Schwaegrichen  (SuppL,I,  2,  p.  I, 
II,  t.  125,  133).  Mousses  vivaces,  croissant 
ordinairement  sur  les  arbres  des  régions 
tempérées    des    deux   hémisphères. 

*LEUCODORE.  annél.— Genred'Anné- 
lides  de  la  famille  dos  Anciens ,  décrit  par 
M.  Johnston  ,  dans  le  Mag.  zool.  and  Bo- 
tany  pour  1833.  (P.  G.) 


LEU 

LEUCOIUM.  bot.  ph.  Voy.  nivéole. 

LEUCOIUM  ,  Mœnch.  bot.  ph.  —  Syn. 
de  Matthiola,  R.  Brown. 

LEUCOLjElVA(X£yxoç,  blanc;  >a7va,  en- 
veloppe) bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Ombellifères-Hydrocotylées ,  établi  par 
R.  Brown  (in  Flinders  Voy.,  II,  557).  Herbes 
ou  sous -arbrisseaux  de  la  Nouvelle-Hol- 
lande. 

Les  espèces  de  ce  genre  ont  été  réparties 
par  Endlicher  (Gen.  pi.,  p.  766,  n.  4364) 
en  3  sections  qu'il  a  nommées  :  Xanthosia  , 
Cruciella,  Pentapeltis. 

LEUCOLITIÎE.  min.  —  Voy.  dipyre. 

*LEUCOLOMA  (Àtuxo'ç,  blanc;  >»p.a,  bor- 
dure), bot.  cr. — Genre  de  Mousses  bryacées, 
établi  par  Bridel  (  Bryol.,  II,  218  et  751). 
Mousses  vivaces  et  grêles  des  îles  tropicales 
de  l'Afrique  australe. 

*LEUCOLOPHUS,  Dejean.  ins.— Syn. 
d'JEgorhinus,  d 'Eublepharus  et  de  Lophotus. 
Voy.  ces  mots.  (G.) 

*LEUCOLYTES  (W<Jç,  blanc;  tô«,  dis- 
soudre), min. — Nom  donné  par  M.  Beudant, 
dans  sa  méthode,  à  une  classe  de  minéraux 
qui  renferme  les  substances  dont  l'élément 
fondamental,  celui  qui  détermine  le  genre, 
ne  donne  lieu  qu'à  des  solutions  blanches. 

(Del.) 

LEUCOMERIS  (Woç ,  blanc;  pepfç , 
tige),  bot.  ph.  — Genredela  familledesCom- 
posées-Mutisiacées ,  établi  par  Don  (Népal, 
169).  Arbrisseaux  du  Népaul.  Voy.  compo- 
sées. 

*LEUCONERPES,  Swains.  ois.— Genre 
de  la  famille  des  Pics.  Voy.  pic.     (Z.  G.) 

LEUCOIMOTIS  (>£vxoÇ,  blanc;  vwtoç, 
dos),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Apocynées ,  établi  par  Jack  \  in  Linn., 
Transact.,XlV,  121).  Arbrisseaux  de  Su- 
matra    Voy.  APOCYNACÉES. 

LEUCONYMPIIiEA ,  Boerh.  bot.  ph.  — 
Syn.  de  Nymphœa,  Neck. 

*LEUCOPHANES  (Aewxoç,  blanc;  çai'vw, 
paraître)  bot.  cr. — Genre  de  Mousses  brya- 
cées, établi  parBridel(Bn/oL,  I,  763).  Mous- 
ses épigées ,  couvertes  d'un  duvet  blanchâ- 
tre, et  croissant  dans  les  lies  de  l'océan 
Indien. 

*LEUCOPHASïA  (>euxoç,  blanc;  f«atÇt 
aspect),  ins. — Genre  de  l'ordre  des  Lépidop- 
tères diurnes,  famille  des  Papillonicns, 
groupe    tics   Piéiitcs,    établi  par  Stephens 


LEU 


LEU 


(Cat.   of  Brit.  «us.,  p.  5)  aux  dépens  des 
Pieris. 

On  en  connaît  2  espèces,  les  Leucophasia 
Sinapis  et  Lalhyri.  Toutes  deux  sont  com- 
munes en  Europe;  elles  vivent  sur  les  Lé- 
gumineuses herbacées  des  bois. 

*LELC0P1I0L1S  (Wo'ç,  blanc;  9o)..'ç, 
écaille),  ins.  — Genre  de  Coléoptères  penta- 
mères,  famille  des  Lamellicornes,  tribu  des 
Scarabéides  phyllophages,  formé  par  Dejean 
{Cat. t  5e  édit.,  p. 177),  quien  énumère  7  es- 
pèces :  5  appartiennent  à  l'Asie  (îles  de  Java 
et  Philippines),  et  2  à  l'Afrique  (Madagascar 
et  Cafrerie  ).  Les  types  sont  les  Mel.  alba, 
stigma  et  rorida  de  Fabr.  Ils  sont  originaires 
des  Indes  orientales.  (G.). 

LEUCOPHRE.  Leucophrys{\tvxh,  blanc; 
ôypuç ,  sourcil  ).  iinfus. — Genre  d'Infusoires 
caractérisés  par  l'absence  de  bouche  et  par 
les  cils  vibratiles  très  abondants  et  unifor- 
mes dont  ils  sont  revêtus.  Leur  corps,  blan- 
châtre, est  ovale  ou  oblong,  déprimé,  et  les 
cils  forment  des  séries  longitudinales  à  la 
surface.  On  les  trouve  dans  le  corps  des 
Lombrics  et  de  quelques  autres  annélides, 
entre  l'intestin  et  la  couche  musculaire  ex- 
terne; leur  longueur  est  de  8  a  12  centiè- 
mes de  millimètre;  placés  dans  l'eau  pure, 
ils  se  décomposent  assez  promptement  en 
se  creusant  des  vacuoles  et  en  laissant  ex- 
suder des  globules  ou  des  expansions  dis- 
coïdes d'une  substance  glutineuse  homo- 
gène ,  qui  est  du  sarcode ,  et  qui  se  creuse 
elle-même  de  vacuoles  ou  cavités  sphériques 
de  plus  en  plus  grandes.  Dans  aucun  cas  on 
n'a  pu  colorer  artificiellement  les  Leucophres 
en  leur  faisant  avaler  du  carmin.  O.-F. 
Mtiller  avait  le  premier  institué  un  genre 
Leucophre  ;  mais  il  y  comprenait  avec  quel- 
ques vraies  Leucophres  beaucoup  de  Para- 
méciens  ,  des  Bursaires  et  des  fragments  de 
la  branchie  des  Moules,  lesquels  ,  au  moyen 
des  cils  vibratiles  dont  ils  sont  couverts, 
continuent  à  se  mouvoir  assez  longtemps 
dans  l'eau. 

Une  Leucophra  heteroclita  de  Mttller  n'est 
•utre  chose  qu'une  jeune  Alcyonelle  nageant 
dans  les  eaux  avant  de  se  fixer.  M.  Bory  de 
Saint -Vincent  a  conservé  presque  sans 
changement  le  genre  de  Mùller.  M.  Ehren- 
berg  a  admis  un  genre  Leucophre  faisant 
partie  de  sa  famille  des  Enchéliens,  mais 
caractérisé  par  une  large  bouche  oblique- 


ment tronquée,  et  par  conséquent  beaucoup 
plus  voisin  des  Bursaires.  (Duj.) 

*EEUCOPHRYENS.  info».  —  FfMille 
d'Infusoires  ciliés, dépourvus  de  bouche  et  vi- 
vant pour  la  plupart  dans  l'intestin  des  Ba- 
traciens ou  dans  la  cavité  viscérale  de  di- 
vers Annélides  (voy.  l'article  infusoires). 
Les  Leucophryens  se  multiplient  par  divi- 
sion spontanée  transverse  ;  ils  constitue; 
trois  genres  :  les  Leucophres ,  dont  le  cor, 
oblong  est  également  arrondi  aux  deux  ex- 
trémités, et  sans  aucun  indice  de  bouche: 
les  Spathidies  ,  dont  le  corps  est  élargi  et 
tronqué  en  avant;  les  Opulines  ,  dont  le 
corps  oblong  présente  en  avant  une  fente 
oblique  qui  paraît  indiquer  une  bouche. 

(Dm.) 

LEUCOPHRYS,  Swains.  ois.  —  Syn.  de 
Ploceus.  Voy.  tisserin.  (Z.  G.) 

LEUCOPHYLLUM  (  Wo<,  blanc;  p&- 
\ov,  feuille),  bot.  fh.  —  Genre  de  la  famille 
des  Scrophularinées,  établi  par  Humboldt  et 
Bonpland  (Plant.  œquinoct.,\l,  95,  t.  109) 
Arbrisseaux  du  Mexique.  Voy.  scrophula- 
rinées. 

LEUCOPHYTA  (  acvxoç ,  blanc  ;  v4VOv , 
plante),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Composées -Sénécionidées,  établi  par 
R.  Brown  (in  Linn.  Transact. ,  XII,  106). 
Herbes  de  la  Nouvelle  Hollande.  Voy.  com- 
posées. 

*  LEUCOPIS  (  >evxoç  ,  blanc  ;  &$  ,  as- 
pect), ins.  —  Genre  de  l'ordre  des  Diptères 
brachocères,  famille  des  Musciens,  tribu  des 
Muscides,  établi  par  Meigen,  et  dont  le  type 
est  la  Leucopis  grisecla  ,  qui  provient  de 
l'Allemagne. 

*LEUCOPSIDIUM  (Woç,  blanc;  etytç, 
aspect),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Composées-Sénécionidées  ,  établi  par  De 
Candolle  (Prodr.,  VI,  43).  Herbes  de  l'A- 
mérique boréale.  Voy.  composées. 

*LEECOPYGIA  ,  Swains.  ois.  —  Sy- 
nonyme de  Cypsnagra,  Less.  Voy.  tan- 
gara.  (Z.  G.) 

*LEECOPYRiTE  (W0'ç,  blanc;  wvpt- 
Tr)ç,  pyrite),  min.  — C'est  la  Pyrite  arseni- 
cale, l'Arséniure  de  fer  sans  soufre  deRei* 
chenstein.  Voy.  arsénidres.  (Del.) 

*  LEUCORIIYNCHLS  ()W;,  blanc; 
pu/X0?»  museau),  mam.  —  M.  Kaup  (Enlw. 
g.  eur.,  tab.  1,  1829)  donne  ce  nom  à  un 
groupe  d'Insectivores.  (E.  D.) 


354 


LEU 


*LEUCOSCELIS ,   Burm.   ins.  —  Syn. 
6'Oxylhcrea,  Muls.  (G.) 

LEUCOSIA,  Th.  bot.  pu.  —  Syn.  de 
Chaillclia,  DC. 

LEUCOSIA  (nom  propre),  crust.— Ce  g., 
qui  appartient  à  l'ordre  des  Décapodes  bra- 
<;hyures  et  à  la  famille  des  Oxyslomes ,  a 
»té  établi  par  Fabricius  aux  dépens  du  Can- 
cer de  Linné  et  de  Herbst,  et  adopté  par 
tous  les  carcinologistes.  Ce  genre  renferme 
3  espèces,  dont  2  vivantes  habitent  les  mers 
<ie  la  Nouvelle-Guinée  et  les  côtes  de  l'Inde  ; 
la  3e  n'est  connue  qu'à  l'état  fossile.  La 
Leucosie  uranie  ,  Leucosia  urania  Rumph  , 
peut  être  considérée  comme  le  type  de  ce 
genre  singulier,  et  a  pour  patrie  la  mer  de 
la  Nouvelle-Guinée.  (H.  L.) 

LEUCOSIDEA  (Wo';,  blanc;  r&ci,  as- 
pect), bot.  pu. — Genre  de  la  famille  des  Ro- 
sacées-Dryadées,  établi  par  EcklonetZeyher 
(  Enum.  plant.  Cap.,  2G5  ).  Arbrisseaux  du 
Cap.  Voy.  rosacées. 

*LEUCOSIDEA.  crust.  —  Syn.  de  Leu- 
cosiens.  Voy.  ce  mot.  (H.  L.) 

*LELCOSÏENS.  Leucosiœ.  crust.  —  Ce 
nom  est  donné  par  M.  Milne-Edwards  à  une 
tribu  de  l'ordre  des  Décapodes  brachyures, 
de  la  famille  des  Oxystomes  ,  et  dont  les 
Crustacés  qui  la  composent  ont  leur  cara- 
pace en  général  circulaire,  et  présente  an- 
térieurement une  saillie  assez  forte,  à  l'ex- 
trémité de  laquelle  se  trouvent  le  front  et 
les  orbites.  Le  front  est  étroit,  et  les  cavi- 
tés orbitaires  sont  très  petites  et  à  peu  près 
circulaires.  Les  antennes  internes  se  re- 
ploient presque  toujours  transversalement 
ou  très  obliquement  sous  le  front;  et  les 
antennes  externes,  insérées  dans  une  échan- 
crure  profonde,  mais  étroite,  de  l'angle  or- 
bitaire  interne,  sont  presque  rudimemaires. 
Le  cadre  buccal  est  en  général  bien  réguliè- 
rement triangulaire,  et  les  pattes-mâchoires 
externes,  de  même  forme,  ne  montrent  pas 
à  découvert  la  tigelle  qui  supporte  leur  troi- 
sièmearlide  ;  le  palpe,  ou  la  branche  latérale 
de  ces  organes ,  est  très  grand,  et  leur  base 
est  séparée  de  celles  des  pattes  antérieures 
par  un  prolongement  de  la  région  ptérygos- 
tornienne,  qui  ne  se  soude  pas  au  plastron 
Rternal;  il  en  résulte  que  l'ouverture  située 
d'ordinaire  dans  ce  point,  et  servant  a  Tcn- 
liée  de  l'eau  dans  la  cavité  respiratoire  , 
manque  ici,  et  ce  liquide  n'arrive  aux  bran- 


LEU 

chies  que  dans  deux  canaux  creusés  de  cha- 
que côté  de  l'espace  prélabial ,  et  parallèle 
aux  canaux  efférents  de  la  cavité  respira- 
toire. Les  pattes-mâchoires  de  la  seconde 
paire  ne  présentent  rien  de  remarquable  ; 
mais  celles  de  la  première  paire  ont  l'article 
terminal  de  leur  tige  interne  lamelleux,  et 
assez  long  pour  arriver  jusqu'à  l'extrémité 
antérieure  du  cadre  buccal.  Le  plastron  ster- 
nal  est  à  peu  près  circulaire ,  et  les  pattes 
grêles.  Enfin  le  nombre  des  articles  de  l'ab- 
domen est  de  trois  ou  quatre.  Cette  tiibu 
renferme  les  genres  suivants  :  Arcania  , 
Phylira,  Myra,  Ilia,  Guaia,  Leucosia,  Per- 
sepho,  Nursia,  Ebalia,  Oreophorus,  Iphis  et 
Ixa.  Voy.  ces  mots.  (H.  L.) 

*LELCOSlïES.Lcucosi<cs.CROST.— Dans 
notre Hist.  nat.  des  Crust., des  Arachn.,  etc., 
nous  avons  donné  ce  nom  à  un  groupe  de 
Crustacés  qui  correspond  entièrement  a  ce- 
lui des  Leucosiens  de  M.  Milne-Edwards. 
Voy.  LEUCOSIENS.  (H.   L.) 

LEUCOSPERMUM  (Woç,  blanc;  *nta- 
p«,  graine),  bot.  ph.  — Genre  de  la  famille 
des  Protéacées-Protéinées,  établi  par  R. 
Brown  (in  Linn.  Transact.,  XI,  95).  Arbris- 
seaux du  Cap.  Voy.  protéacées. 

*LEUCOSPïDES.Leucospidaî.iNS.—  Nous 
avons  établi  sous  cette  dénomination  {Hist. 
des  Ins.,  t.  I ,  p.  134)  une  petite  famille  de 
la  tribu  des  Chalcidiens  ,  dans  l'ordre  des 
Hyménoptères.  Cette  famille  ne  comprend, 
jusqu'à  présent,  qu'un  seul  genre;  mais 
ses  caractères-  sont  assez  importants  pour 
rendre  nécessaire  sa  séparation  des  au- 
tres Chalcidiens.  En  effet ,  les  Leucospides 
femelles  ont  une  tarière  presque  aussi  lon- 
gue que  l'abdomen,  qui  vient  se  recourber 
exactement  à  sa  partie  dorsale,  caractère 
unique  dans  l'ordre  des  Hyménoptères.  En 
outre,  ces  insectes ,  pendant  le  repos,  ont 
leurs  ailes  pliées  longitudinalement,  comme 
chez  les  Guêpes. 

Les  Leucospides  habitent  les  parties  mé- 
ridionales de  l'Europe,  l'Afrique  et  une 
partie  de  l'Asie.  Toutes  les  espèces  connues 
sont  ornées  de  taches  jaunes  ou  rougeàtres 
sur  un  fond  noir.  On  eonnaît  peu  encore 
leurs  habitudes.  Plusieurs  observateurs  as- 
surent cependant  quelles  déposent  leurs 
œufs  dans  les  nids  de  certaines  Guêpes  et 
des  Abeilles  maçonnes  (Osmiides).     (  Bu) 


LELCOSPIS  ( 


blanc: 


,  œil, 


LEU 


LEU 


325 


•spect).  ins.  — Genre  unique  de  la  famille 
des  Leucospides,  tribu  des  Chalcidiens,  de 
l'ordre  des  Hyménoptères  ,  établi  par  Fa- 
bricius  et  adopté  par  tous  les  entomologis- 
tes. Les  espèces  de  ce  genre  ne  sont  pas  fort 
nombreuses.  Elles  sont  généralement  de 
moyenne  taille.  MM.  Nées,  Von  Escnbeck 
(  Hymcnopt.  ichn.  aflînia) ,  Klug  {Symb. 
phys.),  Spinola  (Ann.  de  la  Soc.  ent.  de  Fr.) 
ont  surtout  contribué  à  les  faire  connaître. 
Les  Leucospis  les  plus  répandus  dans  le 
midi  de  la  France  sont  les  L.  gigas  Fab.,  et 
L.  dorsigera  Fab.  (  Bl.) 

*LEUCOSPORA,  Nutt.  bot.  pu.— Syn. 
de  Sutera,  Rotb. 

LEUCOSPORE  (>£uxo'ç,  blanc;  anôpa, 
spore),  bot.  cr.—  Nom  que  l'on  a  donné  à 
quelques  divisions  des  Agarics,  des  Bolets 
et  des  Clavaires,  parce  qu'elles  ont  les  spo- 
res blanches.  (Lév.) 

*LEL"COSTEGIA,  Presl.  bot.  fu.— Syn. 
û'Acrophorus,  Presl. 

*LEUCOSTICTE.  ois.  —Genre  établi 
aux  dépens  du  g.  Pyrrhula  ,  pour  une  es- 
pèce que  M.  Swainson  nomme  L.  tephroco- 
tis.  (Z.  G.) 

LEUCOSTINE  (Àevxo'ç,  blanc),  min. — 
C'est-à-dire  roche  à  petits  points  blancs. 
M.  Cordier  applique  ce  nom,  créé  par  La- 
métherie,  aux  roches  volcaniques  pétrosi- 
liceuses,  composées  de  cristaux  microscopi- 
ques entrelacés,  d'un  égal  volume,  réunis 
par  juxtaposition  ,  et  offrant  entre  eux  des 
vacuoles  plus  ou  moins  rares.  Il  en  distin- 
gue trois  variétés  :  la  Leucostine  compacte, ou 
Phonolite  ;  la  Leucostine  écailleuse ,  ou  Do- 
lérite;  et  la  Leucostine  granulaire  ,  ou  Do- 
mite.   Voy.  BOCHES.  (DEL.) 

*LEUGOSTOMA  (Icvxo'ç,  blanc;  *«>«, 

ouverture),  moll.  —  M.  Swainson  a  établi 
ce  g.  pour  une  coquille  singulière  apparte- 
nant au  g.  Planaxe,  mais  qui  s'en  distin- 
guerait facilement  par  un  pli  columellaire. 
D'après  les  observations  de  MM.  Quoy  et 
Gaimard,  ranimai  qui  construit  celte  co- 
quille ne  diffère  en  rien  de  celui  des  autres 
espèces  de  Planaxes.    Voy.    ce   mot. 

(Desh.) 
*LEUCOTHAMNUS  (Jtcvxo*,  blanc  ;  écri- 
ve; ,  buisson  ).  bot.  pu. —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Byttnériacées,  établi  par  Lindley 
(Svsan  River,  XIX).  Arbrisseaux  de  la  Nou- 
velle Hollande.   Voy.  MALYACÉES. 


*LEUCOTHEA,  Moc.  etSess.  bot.  ph.— 
Syn.  de  Saurauja,  Willd. 

LEUCOTHOE.  Leucothoe  (nom  mytholo- 
gique), crust. — Genre  de  l'ordre  des  Amphi- 
podes,  de  la  famille  des  Crevettines,  de  la 
tribu  des  Crevettines  sauteuses,  établi 
par  Leach  et  adopté  par  M.  Milne-Edwards. 
La  forme  générale  des  Leucothoés  est  assez 
semblable  à  celle  des  Crevettes.  On  ne  con- 
naît encore  qu'une  seule  espèce  de  ce  genre, 
c'est  le  Leucothoe  furine  ,  Leucothoe  furina 
Savig.  Cette  espèce  a  été  rencontrée  sur  les 
côtes  d'Egypte.  (H.  L.) 

*  LEUCOTHOE  (nom  mythologique). 
acal. — Mertens,  dans  son  travail  sur  les  Bé- 
roës,  a  fait  connaître  sous  ce  nom  un  genre 
voisin  des  Callianires  ,dont  les  caractères  ont 
paru  assez  tranchés  à  M.  Lesson  pour  en  faire 
une  famille,  qu'il  place  entre  les  Callianires 
et  les  Calymnes.  La  seule  espèce  connue  de 
Leucothoe  est  des  parages  des  Açores.  Mer- 
tens l'a  nommée  L.  formosa.         (P.  G.) 

*LEUCOTHYREUS  (JUuxôç,  blanc; 6v>, 
porte,  ouverture). ins. —Genre  de  Coléoptè- 
res pentarnères,  famille  des  Lamellicornes, 
tribu  des  Scarabéides  phyllophages,  créé  par 
Mac-Leay  {Annulosa  javanica,  édit.Lequien, 
Paris,  1833,  p.  78),  qu'il  rapporte  à  sa  fa- 
mille des  Anoplognathides.  L'espèce  type,  L. 
kirbyanus  de  l'auteur,  est  originaire  du  Bré- 
sil. Dejean,  qui  a  adopté  ce  genre,  en  men- 
tionnedansson  Catalogue  35espèces, qui  tou- 
tes sont  propres  à  l'Amérique  équinoxiale; 
mais  il  paraît  y  avoir  compris  des  espèces  qui 
ren  tren  t  dans  îes  g.  Aulacoderus  et  Bolax.{C.  ) 

*LEUCOTIS.  moll.— Ce  genre  a  été  pro- 
posé par  M.  Swainson  pour  le  Sigarelus 
cancellatus  des  auteurs.  Voyez  sigaret. 

(Desh.) 

*LEUCOXYLON  (  Aevxôç ,  blanc  ;  tflov  , 
bois),  bot.  pu.  —  Genre  dont  la  place,  dans 
la  méthode,  n'est  pas  encore  fixée;  Endli- 
cher  le  rapproche  des  Ternstrœmiacées.  Il 
a  été  établi  par  Blume  (Bijdr. ,  1169)  pour 
un  arbre  de  Java. 

LEUKERIA.  bot.  ph.  —  Voy.  leuceria. 

*LEUKOPHANE  (A«/»!ç,  blanc;  ?<x<'y«, 
paraître),  min.  —  Silicate  de  chaux  et  de 
glucine,  à  poussière  blanche,  d'un  vert  ou 
d'un  jaune  pâle  en  masse,  clivable  en  prisme 
quadrangulairede53°,24/,  et  qu'on  a  trouvé 
en  petites  masses  cristallines  dans  uneSyé- 
niie,  à  Lammoen,  sur  les  côtes  de  Norwégc. 


326 


LEV 


La  James  minces  paraissent  incolores  , 
quand  elles  sont  vues  par  transparence.  Ce 
minéral  est  vitreux,  phosphorescent,  et  pyro- 
électrique. Sa  densité  est  de  2,97;  sa  du- 
reté de  3,5.  Il  a  été  analysé  par  Erdmann, 
qui,  outre  les  trois  principes  composants  in- 
diqués plus  haut,  y  a  trouvé  de  la  soude, 
et  reconnu  la  présence  du  fluor.      (Del.) 

LEUZEA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Composées-Cynarées,  établi  par  De  Can- 
dolle  (FI.  fr.,  IV,  109;  Prodr.,  VI,  665). 
îîerbes  des  régions  méditerranéennes,  de  la 
Sibérie  et  de  l'Australasie. 

Ce  genre  renferme  7  à  8  espèces,  répar- 
ties par  M.  De  Gandolle  (Prodr. ,  VI,  665) 
en  3  sections,  fondées  principalement  sur 
!a  forme  de  l'akène.  Ce  sont:  Rhacoma, 
akène  subtuberculé;  Fornicium,  akène  lisse  ; 
Cynaroides,  akène  strié. 

LEVANTINES,  moll.  —  Les  anciens 
onchyliologistes  donnaient  ce  nom  à  plu- 
sieurs espèces  de  coquilles  provenant  des 
mers  du  Levant.  Lamarck  a  conservé  cette 
dénomination  pour  une  belle  espèce  de  Vé- 
nus, Venus  leventina.  Voy.  Vénus.     (Desh.) 

LEVENHOOKIA(nom  propre),  bot.ph.— 
Oenrede  la  famille  des  Stylidées,  établi  parR. 
Brown  (Prodr.,  572).  Herbes  de  la  Nouvelle- 
Hollande  méridionale.  Voy.  stylidées. 

*LÉVIPÈDES.  Lœvipedes.  ins.— Division 
établie  par  MM.  Amyot  et  Serville  (Ins.  hé- 
mipt.  suites  à  Buff.  )  dans  la  famille  des  Cer- 
copides ,   de  l'ordre  des  Hémiptères.   (Bl.) 

*LÉVIROSTRES.  Levirostres.  ois.  — 
M.  Duméril  a  établi  sous  ce  nom,  dans  l'or- 
dre des  Oiseaux  grimpeurs ,  une  famille  que 
caractérise  un  bec  gros  à  sa  base  ,  souvent 
dentelé  ,  et  d'une  contexture  excessivement 
celluleuse,  ce  qui  le  rend  léger,  malgré  sa 
grosseur  notable.  Les  genres  Toucan,  Muso- 
phage  ,  Couroucou  ,  Touraco,  Barbu  ,  Ara, 
Cacatoès  et  Perroquet  en  font  partie.  (Z.  G.) 

LEV1SAMJS,  Schreb.  bot.  ph.  —  Syn. 
de  Staavia,  Thunb. 

LEVISILEX.  min.  —  Le  Silex  nectique , 
variété  remarquable  par  sa  légèreté  appa- 
rente. Voy.  silex.  (Del.) 

LEVRAUT,  mam. —  Nom  donné  au  jeune 
Lièvre.  ^E.  D.) 

LEVRE,  zool.,  bot.  —  Voy.  bouche. — 
C'est  aussi  le  nom  que  l'on  donne,  en  bo- 
tanique ,  aux  deux  lobes  principaux  de  la 
corolle  dos  Lnbiées. 


LEZ 

LEVRETTE. mam.— Femelle  du  Lévrier. 

LÉVRIER.  Canis  graius.  mam. — Espèce 
du  genre  Chien.  Voy.  ce  mot.       (E.  D.) 

LÉVRIERSïPoiss.— Nom  vulgaire  donné 
par  les  pêcheurs  aux  Brochets  mâles,  plus 
allongés  que  les  femelles. 

LEWISIA  (nom  propre),  bot.ph. —Genre 
placé  par  Endlicher  à  la  un  des  Portulaca- 
cées.  Il  a  été  établi  par  Pursh  (Flor.  bor. 
amer.,  II,  368)  pour  une  herbe  de  l'Amé- 
rique boréale  encore  peu  connue. 

LÉVYNE  (dédié  à  Lévy).  min.  —  M.  Brew- 
ster  ayant  examiné  une  Zéolithe  ,  qui  avait 
été  trouvée  dans  une  Amygdaloïde  à  Dals- 
nypen,  dans  l'île  Sandoë,  une  des  Feroë,  y 
reconnut  des  caractères  optiques  particu- 
liers, ce  qui  le  porta  à  en  faire  une  espèce 
à  part,  qu'il  dédia  au  savant  minéralogiste 
et  cristallographe  Lévy.  Elle  paraît  avoir  de 
grands  rapports  avec  la  Chabasie  par  sa 
forme  et  sa  composition.  Elle  cristallise  en 
rhomboèdres  aigus  de  79°  29',  mais  déri- 
vables  de  celui  de  la  Chabasie  ordinaire; 
ses  cristaux  sont  toujours  groupés  par  pé- 
nétration, et  ils  présentent  une  face  perpen- 
diculaire à  l'axe  ,  qui  ne  se  rencontre  pas 
dans  la  Chabasie.  Voy.  chabasie.     (Del.) 

LE1CESTRIA  (nom  propre),  bot.  ph. — 
Genre  de  la  famille  des  Caprifoliacées  (Lo- 
nicérées),  établi  par  Wallich  (in  Roxburgh. 
Flor.  Ind.  or.,  II,  181).  Arbrisseaux  du 
Népaul.  Voy.  caprifoliacées. 

LEYSSERA  (nom  propre  ).  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Composées-Sénécio- 
nidées,  établi  par  Linné  (Sp.,  249).  Herbes 
ou  sous-arbrisseaux  de  l'Afrique  australe  et 
boréale.  Voy.  composées. 

LÉZARD. Lacerta,  Linn.  (lacertosus, bien 
musclé),  rept.  — Les  Lézards  forment  dans 
l'ordre  des  Sauriens  un  des  groupes  les  plus 
naturels  ;  ce  sont  des  animaux  à  corps  très 
effilé  ;  leur  colonne  vertébrale  est  composée 
d'un  grand  nombre  de  vertèbres  dont  les 
articulations  permettent  des  mouvements 
prompts  et  variés;  leurs  pattes,  articulées 
à  angle  droit  sur  l'estomac,  sont  assez  for- 
tes, bien  que  grêles,  trop  courtes  pour  sup- 
porter la  masse  entière  du  corps  :  aussi 
laissent-ils  traîner  sur  le  sol  leur  ventre  et 
leur  queue  et  même  quelquefois  la  tête  :  • 
la  queue  est  longue  et  élastique. 

Leur  agilité  est  très  grande;  on  sait  avec 
ra milité   ils  s'élancent  d'un  point  à 


LEZ 

un  autre  ,  et  comment  ils  peuvent  se 
cramponner  aux  murs  et  aux  rochers,  au 
moyen  de  leurs  ongles  longs  et  crochus  : 
dans  les  régions  intertropicales  ils  sont  beau- 
coup plus  agiles  que  dans  nos  pays  tempé- 
rés, et  dès  que  le  froid  se  fait  sentir,  leurs 
mouvements  deviennent  de  plus  en  plus 
lents,  et  ils  finissent,  en  hiver,  par  tomber 
dans  une  léthargie  complète. 

Les  Lézards  sont  des  animaux  très  doux, 
et  l'on  n'ignore  pas  que  les  enfants  s'en  font 
généralement  un  jouet  :  les  anciens  avaient 
nommé  le  Lézard,  à  cause  de  sa  vie  pres- 
que commune  avec  nous,  l'ami  del'homme. 
Malgré  leur  douceur  habituelle,  ces  animaux 
cherchent  parfois  à  mordre  lorsqu'on  les 
saisit  ;  et  l'on  dit  que  certaines  espèces  ne 
craignent  pas  de  se  battre  contre  des  Chiens 
et  même  contre  des  Serpents,  et  que  s'ils 
ne  sortent  pas  vainqueurs  du  combat,  du 
moins  ils  font  de  graves  blessures  à  leurs 
ennemis.  Leur  morsure  n'est  pas  veni- 
meuse ,  ainsi  qu'on  l'a  cru  pendant  long- 
temps; toutefois  elle  est  à  craindre  en  raison 
de  l'acharnement  avec  lequel  l'animal  la 
fait  :  il  n'est  pas  rare  qu'avec  ses  dents  ai- 
guës, placées  en  séries  linéaires,  qu'il  fait 
agir  à  la  manière  d'une  scie,  il  n'enlève  la 
peau  qu'il  a  saisie.  Leur  force  et  leur  cou- 
rage semblent  en  rapportintime  avec  la  cha- 
leur atmosphérique:  sous  les  tropiques,  ils 
sont  dangereux  et  intrépides  ,  et  leur  taille 
est  considérable;  dans  les  contrées  septen- 
trionales, leur  taille  est  moindre,  et  leur 
force  et  leur  énergie  diminuent  également. Le 
manque  de  nourriture,  la  captivité,  dimi- 
nuent aussi  leur  vigueur.  Dans  nos  contrées, 
le  Lézard,  plus  timide  parce  qu'il  est  plus 
faible,  n'est  pas  stupidement  craintif;  s'il 
fuit,  c'est  après  s'être  assuré  de  la  réalité 
•lu  danger;  un  petit  bruit  vient-il  frapper 
ton  oreille,  un  objet  inaccoutumé  se  pré- 
sente-t-il  à  sa  vue  ,  aussitôt  il  se  relève  sur 
les  pattes,  redresse  la  tête  et,  dans  cette 
position  ,  tout  prêt  à  fuir  au  moindre  bruit, 
il  regarde  attentivement  autour  de  lui.  Si 
une  feuille  vient  à  tomber,  au  léger  bruit 
qu'elle  fait ,  il  s'apprête  toujours  à  prendre 
la  fuite;  mais  on  le  voit  parfois  fixant  ses 
regards  sur  l'objet  qui  vient  de  troubler  son 
repos,  se  rassurer  par  son  immobilité, 
étendre  le  cou  en  avant,  faire  un  pas,  puis 
deux,  puis  trois,  et  arriver  près  de  la  feuille, 


LEZ 


327 


en  faire  le  tour,  l'explorer  dans  tous  les 
sens,  et  après  s'être  assuré  qu'il  ne  court 
aucun  danger,  revenir  avec  précaution  re- 
prendre la  place  qu'il  occupait  et  s'étendre 
de  nouveau  aux  rayons  du  soleil ,  qu'il  re- 
cherche toujours  avec  ardeur. 

La  demeure  des  Lézards  consiste  dans  un 
terrier  qu'ils  se  creusent  dans  la  terre  ou 
dans  le  sable;  c'est  un  cul-de-sac  qui  a 
quelquefois  un  pied  de  profondeur.  Dans 
beaucoup  de  cas  ces  animaux  ne  se  construi- 
sent même  pas  de  demeure ,  et  ils  se  réfu- 
gient dans  des  creux  de  rocher,  dans  des 
crevasses  de  vieux  murs  ,  etc.,  qu'ils  ont 
toujours  soin  de  choisir  exposés  au  midi. 
Les  Lézards  aiment  leurs  terriers,  et  au 
moindre  danger  ils  viennent  s'y  réfugier.  Ils 
vivent  isolés;  le  mâle  et  la  femelle  habitent 
seuls  le  même  terrier;  ils  ont  peu  d'instinct 
de  sociabilité,  et  on  ne  les  voit  guère  se  prê- 
ter main-forte,  soit  pour  l'attaque,  soit 
pour  la  défense;  le  besoin  de  nourriture  , 
l'instinct  de  la  reproduction  ,  les  portent 
seuls  à  se  rechercher  et  à  vivre  momenta- 
nément ensemble.  La  température  atmo- 
sphérique a  plus  d'influence  que  toute  autre 
cause  sur  la  sensibilité  du  Lézard  :  le  froid 
ainsi  que  l'excessive  chaleur  l'engourdissent, 
causent  une  suspension  presque  totale  de 
toutes  les  fonctions  de  ses  organes;  il  n'y 
a  plus  de  respiration,  de  circulation,  et  on 
peut  le  soumettre  à  toutes  sortes  de  mutila- 
tions sans  qu'il  paraisse  en  ressentir  la 
moindre  douleur  et  sans  qu'il  sorte  de  son 
sommeil  hibe.nal  :  mais  dès  que  l'action 
du  froid  ne  se  fait  plus  sentir,  le  Lézard 
se  réveille  en  quelque  sorte,  il  se  meut 
de  nouveau,  il  s'empare  des  insectes  dont 
il  fait  sa  proie,  et  bientôt  il  a  repris  toute  son 
agilité  ordinaire  :  les  couleurs  de  la  peau 
deviennent  brillantes  ,  de  ternes  qu'elles 
étaient,  et  il  revient  tout-à-fait  à  la  vie.  Cet 
animal  mue  plusieurs  fois  pendant  le  cours 
de  sa  vie. 

Ces  Reptiles  se  nourrissent  de  proie  vi- 
vante :  ils  font  une  chasse  active  aux  Insec- 
tes, aux  Lombrics,  à  quelques  Mollusques 
et  à  presque  tous  les  petits  animaux  qu'ils 
rencontrent.  Lorsque  l'un  deux  veut  s'em- 
parer d'un  Insecte  ou  d'un  Ver,  il  ne  se 
jette  pas  inconsidérément  sur  lui,  mais  il 
suit  attentivement  ses  mouvements;  im- 
mobile, le  cou  tendu  en  avant,  il  épie  la 


3^3 


LEZ 


LEZ 


moment  favorable  pour  agir;  plusieurs  fois 
il  avance  et  recule  la  tête,  comme  pour 
bien  mesurer  ses  coups;  quand  toutes  ses 
précautions  sont  prises,  par  un  mouvement 
brusque  il  lance  la  tête  en  même  temps 
qu'il  ouvre  tout  entière  sa  gueule,  dans  la- 
quelle la  proie  s'engouffre  et  se  trouve 
retenue  par  les  nombreuses  petites  dents 
qui  la  garnissent.  Les  Lézards  mangent 
aussi ,  dit-on  ,  les  œufs  qu'ils  rencontrent 
dans  les  nids;  et  d'après  M.  Dugès,  ils  dé- 
vorent même  leurs  propres  œufs  lorsqu'ils 
sont  pressés  par  la  faim*.  Du  reste,  le  Lé- 
zard est  très  sobre,  il  mange  rarement  et 
digère  difflcilement;  perdant  peu  par  la 
transpiration ,  il  peut  supporter  de  très 
longs  jeûnes,  comme  l'indique  son  engour- 
dissement hiémal.  On  a  dit  pendant  long- 
temps que  les  Lézards  ne  buvaient  pas  , 
mais  il  est  bien  reconnu  aujourd'hui  qu'ils 
boivent  en  lapant,  à  la  manière  des  Chiens, 
avec  leur  petite  langue.  La  voix ,  chez  les 
Lézards,  est  faible  et  réduite  à  un  simple 
grognement. 

Les  différences  de  sexe  ne  sont  guère  sen- 
sibles à  l'extérieur  ;  les  organes  générateurs, 
qui  sont  doubles  chez  les  mâles  ,  ne  parais- 
sent au  dehors  que  pour  l'accomplissement 
de  l'acte  copulateur  ;  les  seuls  caractères 
extérieurs  des  sexes  se  trouvent  dans  la 
forme  de  l'origine  de  la  queue,  qui,  chez 
le  mâle,  est  aplatie,  large,  sillonnée  Ion- 
gitudinalement  par  une  espèce  de  gouttière  ; 
tandis  que  dans  la  femelle,  au  contraire  , 
elle  estarrondie  et  étroite;  en  outre,  la  cou- 
leur des  mâles  est  plus  brillante  que  celle 
des  femelles,  et  celles-ci  semblent  conserver 
plus  longtemps  la  livrée  du  jeune  âge.  L'ac- 
couplement est  long  et  intime  ;  les  deux 
sexes  s'étreignent  si  fortement  pendant  l'acte 
de  la  copulation,  que  l'on  ne  distingue  plus 
le  mâle  de  la  femelle;  leurs  deux  corps  sem- 
blent n'en  plus  former  qu'un.  Les  femelles 
pondentde  7à  9  œufs;  chacune  les  dépose 
dans  un  trou  séparé,  mais  quelquefois 
elles  les  placent  en  commun  :  car  on 
en  trouve  jusqu'à  30  dans  le  même  nid. 
Ces  œufs,  recouverts  d'une  coque  poreuse 
dontla grosseur  varie,  sont  déposés  dans  des 
trous  et  éclosent  par  la  seule  action  de  la 
chaleur  atmosphérique;  les  femelles  les 
abandonnent  et  n'en  prennent  pas  soin  , 
ainsi  que  cela  a  lieu  pour  tous  les  animaux 


à  sang  froid.  Quelques  Lézards  sont  vivi- 
pares ,  c'est-à-dire  qu'ils  produisent  des  pe- 
tits vivants  ;  ce  fait ,  annoncé  par  Jacquin 
dès  1787, n'a  étéconfirmé  que  dans  ces  der- 
niers temps  par  les  observations  de  MM.Gué- 
rin-MénevilIe,  Cocteau  et  Bibron. 

La  durée  de  la  vie  des  Lézards  est  assez 
considérable  ;  Bonnaterre  rapporte  que  pen- 
dant plus  de  20  ans,  on  vit  chaque  jour  un 
Lézard  sortir  de  son  terrier  pour  aller  s'éten- 
dre aux  rayons  du  soleil.  L'accroissement 
total  du  corps  des  Lézards  se  fait  lentement; 
celui  de  la  queue,  au  contraire,  lorsqu'elle 
a  été  rompue,  marche  avec  une  très  grande 
rapidité.  On  sait  avec  quelle  facilité  se  brise 
la  queue  de  ces  Reptiles  ;  cette  rupture  est 
si  fréquente  que  l'on  trouve  peut-être  plus 
de  Lézards  dont  la  queue  a  été  brisée  et  s'est 
renouvelée  qu'on  n'en  rencontre  avec  une 
queue  intacte.  Le  moindre  effort  suffit  pour 
la  détacher,  et  il  arrive  souvent,  lorsqu'on 
a  pris  l'un  de  ces  petits  Sauriens  par  cet  or- 
gane ,  de  le  voir  fuir  en  le  laissant  dans  les 
mains  de  celui  qui  l'a  saisi ,  sans  paraître 
nullement  s'inquiéter  de  la  perte  qu'il  vient 
de  faire.  Le  fragment  de  queue  détaché  du 
corps  est  doué  de  la  faculté  de  se  contracter 
pendant  un  certain  temps.  La  queue  ainsi 
détruite  se  reproduit  bien  vite,  et  au  bout  de 
quelques  jours,  en  été  surtout,  l'animal  est 
pourvu  de  nouveau  de  l'organe  qui  lui  a 
été  enlevé.  Un  Lézard  peut  vivre  encore 
quelques  jours,  marcher  même  avec  assez  de 
vivacité,  éprouver  des  sensations,  après 
avoir  été  décapité. 

L'organisation  des  Lézards  a  été  étudiée 
avec  soin,  et  l'on  connaît  assez  bien  aujour- 
d'hui leur  anatomie  ;  ne  pouvant  pas  en- 
trer dans  de  nombreux  détails  sur  ce  point, 
nous  n'indiquerons  que  quelques  uns  des 
faits  principaux. 

Le  crâne  s'articule  avec  l'occipital  à 
l'aide  d'un  seul  condyle  ,  ce  qui  ne  permet 
qu'un  mouvement  peu  sensible  de  la  tête. 
Le  nombre  des  vertèbres  est  considérable 
et  variable,  aussi  bien  que  leur  mode  d'ar- 
ticulation. Le  bassin  est  généralement  formé 
de  deux  vertèbres  sacrées  ;  les  lombes,  d'une 
ou  deux;  la  région  cervicale,  de  huit;  la 
queue  en  a  un  nombre  plus  variable  et  plus 
considérable.  Les  côtes  sont  mobiles.  Les 
muscles  sont  assez  forts ,  et  l'on  a  étudié 
leur  formation   dans  la  reproduction   de 


LEZ 

la  queue  des  Lézards  qui  avait  été  brisée 
Les  muscles  des  membres  sont   forts  ,  et 
«est    probablement    d'après    cela,    selon 
M.  Duméril,  que  leur  est  venu  le  nom  qu'ils 
portent  (  de  lacertosus ,  bien  musclé).  Les 
différents  viscères,  le  cœur,  l'organe  respi- 
ratoire ,  le  tube  digestif,  les  organes  repro- 
ducteurs, sont  contenus  dans  une  même 
cavité  ;   aucune   séparation  n'existe  entre 
l'abdomen  et  la  poitrine.  La  structure  du 
cœur  et  la  disposition  générale  des  vaisseaux 
est  telle  que  l'acte  respiratoire  peut   être 
suspendu  sans  interrompre  le  cours  du  sang. 
La   respiration  est  quelquefois  très  active. 
Les   parois  de  l'estomac    jouissent  d'une 
grande  dilatabilité.  Le  sternum  ,  les  côtes, 
ieurs  cartilages,  les  vertèbres  elles-mêmes, 
sont  susceptibles  d'une  grande  mobilité  qui 
aide  la  respiration.  Le  canal  intestinal  est 
peu  étendu  en  longueur;  l'estomac,  allongé, 
pyriforme,  se  confond  presque  entièrement 
avec  l'œsophage,  qui  est  large  ,  plissé,  di- 
latable, parce  qu'il  doit  donner  passage  à 
des  aliments  qui  ont  à  peine  été  divisés;  il 
semble  ne  pas  y  avoir  de  cardia.  Il  n'y  a 
pas  de  véritable  pharynx.  Le  voile  du  palais 
paraît  manquer  entièrement.  L'intestin  grêle 
présente  quelques  circonvolutions;  le  gros 
intestin  se  renfle  brusquement  en  une  sorte 
de  cloaque,  dans  lequel  débouchent  l'urine, 
les  matières  excrémentitielles  et  les  canaux 
de  la  génération  dans  les  deux  sexes.  Les 
^Tt.%  (|»i  i?Vnt  p»s  ()e  véritables  racines, 
ne  servent  qu'à   retenir  la  proie  dont  ils 
s'emparent,  etelles  n'agissent  pas  pour  la  dé- 
chirer, comme  cela  a  lieu  dans  les  animaux 
supérieurs.     L'œil    est   conformé  de   telle 
sorte  que  le  Lézard  peut  voir  à  une  grande 
distance.  L'ouïe  offre  beaucoup  de  dévelop- 
pement. L'odorat  n'est  pas  très  fin  chez  ces 
Reptiles.  La  langue  est  molle,  couverte  de 
papilles   nerveuses,    continuellement    hu- 
mectée, terminée  par  des  filaments  en  forme 
de  pique,  et  ne  doit  venir  que  peu  en  aide 
à  l'organe  du  goût.  La  disposition  générale 
du  système  nerveux  est  à  peu  de  chose  près 
ce  que  l'on  retrouve  chez  tous  les  Reptiles; 
le  cerveau  remplit  exactement  la  cavité  crâ- 
nienne ,  et  ne  se  trouve  pas  divisé  en  deux 
hémisphères;  sa  surface  est  à  peu  près  lisse 
et  sans  circonvolutions  :  il  est  divisé  par 
lobes  dont  la  première  paire  donne  naissance 
aux   nerfs  oiractifs;  le  nerf  optique  part  de 
T.  vu. 


LEZ 


329 


deux  lobes ,  qui ,  placés  après  la  masse 
moyenne,  forment  une  grande  partie  de 
l'encéphale. 

Un  grand  nombre  d'auteurs  se  sont  occu- 
pés des  Lézards;  dans  l'antiquité  ,  Aristote 
leur  a  consacré  un  chapitre  de  son  immortel 
ouvrage;  Pline  les  a  également  cités.  Des 
monographies  de  ce  groupe  important  de 
Reptiles  ont  été  publiées;  nous  devons  citer 
principalement  les  travaux  de  MM.  Milne- 
Edwards  (Ann.  se.  nat.,  1827),  Dugès  (Ann. 
se.  netf., 1827), DumériletBibron(Erp.  gen., 
V,  1839,  etc.).  La  classification  des  Lézards 
a  donné  lieu  à  des  observations  du  plus 
haut  intérêt;  indiquons  les  auteurs  princi- 
paux qui  se  sont  occupés  de  ce  sujet.  Linné 
avait  placé  dans  son  genre  Lacerta  presque 
toutes  les  espèces  de  Reptiles  que  l'on  com- 
prend aujourd'hui  dans  l'ordre  des  Sauriens, 
excepté  toutefois  celles  des  genres  Dragon 
et  Caméléon,  qu'il  avait  distinguées.  Gme- 
lin  forma  des  groupes  particuliers  avec  les> 
espèces  les  plus  notables  ,  et  ces  groupes  , 
adoptés  par  la  plupart  des  zoologistes,  fu- 
rent tous  admis  par  Lacépède  dans  son 
Histoire  naturelle  des  Quadrupèdes  ovipares 
et  des  Serpents.  Laurenti  les  accepta  égale- 
ment: seulement,  il  appliqua  le  nom  de  Seps 
aux  véritables  Lézards.  Les  zoologistes  qui 
suivirent,  tels  que  MM.  Al.  Brongniart, 
Daudin,  Oppel,  G.  Cuvier,  Merrem,  Fitzin- 
ger,  Wagler,  Wiegmann,  Ch.  Bonaparte, 
Duméril  et  Bibron  ,  etc.,  restreignirent  de 
plus  en  plus  le  genre  Lézard  ;  ils  formèrent 
un  grand  nombre  de  genres  qui ,  comme 
ceux  des  Neusticurus,  Dum.  et  Bibr.;  Apo- 
romera,  Dum.  et  Bibr.;  Tupinambis,  Daud. 
Cuv.  (Salvator,  Dum.  et  Bibr.);  Ameiva 
Cuv.;  Cnemidophores ,  Wagl.  ;  Dicrodon, 
Dum.  et  Bibr.  ;  Acrantus,  Wagl.;  Centro- 
phyx  ,  Spix  ;  Tachydromus,  Daud.;  Tropi- 
dosaura  ,  Boié;  Lacerta,  Auct.';  Psammo- 
dromus ,  Fitz.  ;  Ophiops ,  Ménétries  ;  Calos- 
aura,  Dum.  et  Bibr.;  Acanthodaclylus,  Fitz.; 
Scrapteira,  Fitz.;  Eremias,  Fitz.;  Zonurus, 
Merrem  ;  Cordylus  ,  Klein  ,  etc.,  furent 
adoptés  ;  tandis  que  d'autres ,  et  non 
indiquerons  les  groupes  des  Podinemc , 
Wagl.;  Ctenodon,  Wagl.;  Tejus,  Gray;  Ta- 
chygaster,  Wagl.;  Pseudo-ameiva,  Wagl.; 
Algira,  Cuv.;  Psammuros,  Wagl.;  Lacerta, 
looloca  et  Podarcis  ,  Wagl.,  Wiedrn., 
Bonap.,  etc.;   Algircidcs,   Bibr.    et   Bory; 

42 


G30 


LEZ 


LÉZ 


Nolopholis  ,  Wagl.;  Aspistus  ,  Wagl.,  etc., 
ne  le  furent  généralement  pas. 

Nous  adopterons ,  dans  ce  Dictionnaire, 
le  genre  Lézard,  Lacerta ,  tel  qu'il  a  été 
établi  par  MM.  Duméril  et  Bibron  {Erp. 
gén.,  t.  V,  1839),  et  comprenant  tous  les 
Sauriens  ayant  pour  caractères  :  Langue  à 
base  non  engainante,  médiocrement  longue, 
échancrée  au  bout,  couverte  de  papilles 
squamiformes ,  imbriquées  ;  palais  denté  ou 
non  denté;  dents  intermaxillaires  coniques, 
simples;  dents  maxillaires  un  peu  compri- 
mées ,  droites;  les  premières  simples,  les 
suivantes  obtusémcnt  tricuspides;  narines 
s'ouvrant  latéralement  sous  le  sommet  du 
canlhus  rostralis ,  dans  une  seule  plaque, 
la  naso-rostrale,  qui  n'est  pas  renflée;  des 
paupières;  membrane  du  tympan  distincte, 
tendue  en  dedans  du  trou  auriculaire;  un 
collier  squameux  sous  le  cou  ;  ventre  garni 
de  scutelles  quadrilatères,  plates  ,  lisses , 
en  quinconce;  des  pores  fémoraux;  pattes 
terminées  chacune  par  cinq  doigts  légère- 
ment comprimés  ;  queue  conique  ou  cyclo- 
tétragone. 

Le  genre  Lézard  reste,  pour  MM.  Dumé- 
ril et  Bibron,  à  peu  près  tel  qu'il  avait  été 
conçu  par  G.  Cuvier:  il  comprend  16  espè- 
ces, qui  sont  placées  dans  4  groupes  distincts, 
et  qui  sont  caractérisées  principalement  par 
la  forme  et  la  position  des  écailles  et  des 
plaques;  car  le  système  de  coloration,  qui 
avait  servi  pendant  longtemps  de  caracté- 
ristique, varie  quelquefois  considérablement 
dans  la  même  espèce,  ainsi  que  la  propor- 
tion relative  entre  la  longueur  du  corps  et 
celle  de  la  queue.  La  plupart  des  espèces 
de  Lézards  se  trouvent  dans  l'Europe  et 
même  en  France  :  quelques  unes  habitent 
l'Afrique  et  l'Asie. 

1°  Espèces  à  écailles  dorsales  grandes, 
rhomboïdales ,  carénées,  très  distinctement 
entuilées. 

i .  Le  Lézard  de  Fitzinger ,  Lacerta  FUzin- 
geri  Dum.  ctBibr.  {Erp.  gen.,  V),  Nolopholis 
Fitzingeri  Wiegm.  {Herpet.mexic.  pars.  I), 
Lacerta  nigra  {Mus.  Vindob.  )  Écailles  dorsales 
rhomboïdales,  imbriquées,  carénées,  à  peine 
un  peu  plus  grandes  que  celles  des  flancs, 
qui  sont  de  couleur  olivâtre,  comme  celles 
du  dos.  GeLézardestuniformémentpeintde 
gris  olivâtre  sur  toutes  les  parties  supérieures, 
tandis  qu'en  dessous  il  présente  une  teinte 


blanche,  glacée  de  vert,  excepté  toutefois  à 
la  face  inférieure  de  la  queue,  où  règne  la 
môme  couleur  que  sur  le  dos.  Sa  longueur 
totale  est  de  près  de  12  centimètres,  sur  les- 
quels sa  queue  en  occupe  plus  de  7. 

Il  habite  la  Sardaigne,  où  on  ne  le  trouve 
que  rarement. 

2.  Le  Lézard  moréotique,  Algiroidesmore- 
olicus  Bibron  et  Bory  (  Exped.  se.  Morée, 
Rept.,  pi.  10,  fig.  5).  Écailles  dorsales  rhom- 
boïdales, imbriquées,  carénées,  à  peine  un 
peu  plus  grandes  que  celles  des  flancs,  qui 
sont  de  couleur  noire  tachetée  de  blanc.  Le 
dessus  de  la  tête,  les  régions  cervicale  et 
dorsale,  le  dessus  des  membres  et  la  queue 
sont  d'un  olivâtre  uniforme  ;  une  raie  jaune 
se  voit  sur  l'oreille,  le  cou  et  le  dos  ;  les  cô- 
tés du  cou  et  des  flancs  sont  noirs,  tachés 
de  blanc;  les  parties  inférieures  sont  blan- 
ches. De  la  taille  du  précédent. 

Cette  espèce,  découverte  en  Morée,  avait 
servi  de  type  à  la  création  d'un  genre  par- 
ticulier, celui  des  Algiroides;  mais  elle  doit 
être  réunie  aux  Lacerta,  dont  elle  ne  diffère 
que  par  la  forme  rhomboïdale  et  par  la  dispo- 
sition entuiléede  ses  écailles. 

3.  Le  Lézard  ponctué  de  noir,  Lacertanigro- 
punctata  Dum.  et  Bibr.  {loco  citato).  Écailles 
dorsales  rhomboïdales,  imbriquées,  carénées, 
beaucoup  plus  grandes  que  celles  des  flancs. 
En  dessus,  il  est  d'un  vert  olive,  piqueté  de 
noir;  en  dessous,  d'un  blanc  glacé  de  bleu 
verdâtre:  sa  longueur  est  de  2  décimètres, 
dont  la  queue  occupe  près  de  12 centimètres. 

Il  habite  l'île  de  Gorfou. 

2°  Espèces  à  écailles  dorsales,  plus  ou 
moins  oblongues,  étroites ,  hexagones,  tecti- 
formes  ou  en  dos  d'âne,  non  imbriquées. 

4.  Lézard  des  souches,  Lacerta  slirpium 
Daud.  {Hist.  nat.  Rept.),  Dugès,  Milne-Ed- 
wards,  Dum.  et  Bibr.  Écailles  dorsales  hexa- 
gones, oblongues,  en  dos  d'âne,  non  imbri- 
quées: deux  plaques  naso-frénales  super- 
posées, l'inférieure  un  peu  en  arrière  de  la 
supérieure.  Le  système  de  coloration  de  ce 
Lézard  varie  beaucoup:  aussi  plusieurs  au- 
teurs ont-ils  décrit  cette  espèce  sous  des 
noms  différents;  Daudin  en  a  fait  ses  Lacerta 
slirpium,  Laurentii,  arenicola;  Laurenli, 
les  Seps  varius,  cœrulescens,  argus ,  ru- 
ber,  etc.;  et  d'autres  zoologistes  l'ont,  au 
contraire  ,  réuni  au  Lézard  commun. 
Le  mâle  a  le  dos  brun  ou  couleur  de  brique 


LEZ 


LEZ 


331 


uniformément,  ou  tacheté,  ou  ocellé  de  noi- 
râtre; les  côtés  du  corps,  verts,  ocellés  de 
brun;  le  ventre  blanc  ou  piqueté  de  noir; 
la  femelle  a  le  dessus  et  les  côtés  du  corps 
d'un  brun  clair  ou  fauve;  le  dos  marqué 
d'une  suite  de  taches  noirâtres  ;  une  ou  deux 
séries  de  taches  noires ,  papillées  de  blanc 
se  voit  le  long  des  flancs.  La  longueur  to- 
tale est  d'environ  21  centimètres,  sur  les- 
quels la  queue  en  occupe  12. 

Le  Lézard  des  souches  habite  les  plaines 
et  les  collines  ;  il  se  trouve  de  préférence 
sur  la  lisière  des  bois,  dans  les  baies,  les 
jardins  et  les  vignes.  Sa  demeure  est  un 
trou  étroit,  plus  ou  moins  profond,  creusé 
sous  une  touffe  d'herbes  ou  entre  les  racines 
d'un  arbre;  il  s'y  tient  caché  tout  l'hiver, 
après  avoir  bouché  l'entrée  avec  un  peu  de 
terre  ou  quelques  feuilles  sèches;  il  n'en 
sort  plus  que  dans  la  belle  saison  ou  lorsque 
le  temps  est  favorable  à  la  chasse  des  insectes 
dont  il  fait  sa  nourriture,  tels  que  des  Mou- 
ches ,  de  petits  Orthoptères  ,  et  quelquefois 
même  des  chenilles.  Il  est  agile,  peu  crain- 
tif, et  se  glisse  parmi  les  feuilles  sèches  lors- 
qu'on veut  le  prendre. 

Il  se  trouve  dans  toute  l'Europe,  excepté 
tout-à-fait  au  nord ,  où  il  ne  s'avance  pas 
autant  que  le  Lézard  des  murailles;  on  le 
rencontre  en  Crimée,  sur  les  bords  de  la 
mer  Caspienne,  dans  le  Caucase,  etc.  Il  est 
commun  aux  environs  de  Paris. 

5.  Le  Lézard  vivipare,  Lacerta  viviparia 
Jacquin  (Nov.  act.  helvet.),  Dum.  et  Bibr., 
(  loco  citato  )  Lacerta  vulgaris  et  agilis  Auct. 
L.  crocea  Wolf.,  Fitz.,  Evers.  L.  praticola, 
Fitz.  L.  montana  Mik.,  Schinz.  Lacerta 
SchreibersianaMi\ne-E(lwards(Ann.  sc.nat. , 
1829),  Dugès,  Cocteau,  etc.  Écailles  dorsales 
hexagones,  oblongues,  en  dos  d'âne,  non 
imbriquées:  une  seule  plaque  naso-frénale. 
Le  dos  est  brun,  olivâtre  ou  roussâtre,  of- 
frant de  chaque  côté  une  bande  noire,  lisc- 
rce  de  blanc  en  haut  et  en  bas;  une  raie 
noire  le  long  de  la  région  rachidienne  :  le 
ventre  est  tacheté  de  noir  sur  un  fond  jaune 
orangé.  Long  de  près  de  2  décimètres ,  la 
queue  occupant  plus  de  la  moitié  de  cette 
ïongueur. 

Ce  Lézard  ne  se  rencontre  guère  que  dans 
les  montagnes;  on  le  trouve  en  Suisse  dans 
les  bois  de  Sapins  secs ,  où  il  se  creuse  des 
trous  sous  les  feuilles  tombées  :  on  le  voit 


aussi  quelquefois  dans  les  forêts  som- 
bres et  humides.  11  se  nourrit  d'Insectes 
de  différents  ordres,  mais  principalemenj 
de  Diptères.  La  femelle  fait,  vers  le  mois  de 
juin,  cinq  à  sept  œufs,  d'où,  quelques  mi- 
nutes après  qu'ils  sont  pondus,  les  peti;: 
sortent  parfaitement  développés.  Ce  fait, 
observé  pour  la  première  fois  par  Jacquin, 
a  été  vérifié  depuis  par  Leuckart,  Coc- 
teau, etc. 

Le  Lézard  vivipare  se  trouve  en  France, 
en  Italie,  en  Suisse,  en  Allemagne,  en 
Ecosse,  en  Irlande,  en  Russie,  et  même  dans 
quelques  provinces  de  l'Asie.  Il  est  rare  en 
France,  mais  on  en  a  rencontré  des  indi- 
vidus dans  les  Pyrénées,  au  Mont-Dorc, 
dans  la  forêt  d'Eu,  etc. 

6.  Le  Lézard  vert,  Lacerta  viridis  Daurîiu 
(Hist.  nat.  Rept.),  Dum.  et  Bibr.  {loco  citato), 
Seps  terrestris  Laur.;  le  Lézard  vert  piqueté 
et  le  Lézard  a  deux  eandes  Cuvier,  La- 
certa  bilineataLaud.,  Ménétries,  Lacerta 
exigua,  shugala,  g racilis  Eichw.,  Lacerta 
smaragdina,  bistriata,  Ménétries,  etc.  Écail- 
les dorsales  hexagones,  oblongues,  en  cjos 
d'âne,  non  imbriquées;  deux  plaques  nnso- 
frénales  superposées  bien  régulièrement.  Il 
est  en  dessus,  soit  uniformément  vert,  ou 
brun  piqueté  de  vert,  ou  vert  piqueté  de 
jaune;  soit  d'une  teinte  brune  marquée  de 
taches  vertes  ou  blanches,  ondées  de  noir, 
ou  bien  de  raies  longitudinales  blanches, 
liserées  de  noir,  au  nombre  de  deux  à  cinq; 
le  ventre  est  jaune.  Du  reste,  on  connaît 
un  grand  nombre  de  variétés  de  cette  espèce, 
et  toutes  ont  été  formées  par  leur  système 
de  coloration  différent,  et  en  outre,  comme 
ce  Reptile,  dans  son  jeune  âge,  ne  ressemble 
pas  à  ce  qu'il  sera  plus  tard ,  il  en  résulte 
des  variations  telles  que  plusieurs  zoologistes 
ont  fait  des  espèces  particulières  avec  de 
simples  variétés,  ainsi  qu'on  a  pu  le  voit- 
dans  la  synonymie  que  nous  en  avons  donnée 
plus  haut.  La  taille  de  ce  Lézard  est  d'en- 
viron 40  centimètres  de  longueur,  sur  les- 
quels la  queue  entre  à  peu  près  pour  les  deux 
tiers. 

Cette  espèce  habite  les  lieux  peu  élevés, 
boisés,  mais  où  le  soleil  pénètre  aisément; 
on  le  trouve  aussi  dans  les  prairies  au  milieu 
des  herbes  et  des  fleurs;  ce  Lézard  se  nourrit 
de  petits  Insectes,  et  l'on  dit  que,  lorsqu'il 
rencontre  quelques  nids  sur  son  passage,  il 


332 


LEZ 


mange  les  œufs  qu'il  y  trouve;  mais  ce  fait 
n'est  pas  prouvé  ;  en  domesticité,  on  lui 
donne  des  Lombrics,  des  larves  de  Téné- 
brions,  etc.,  et  il  semble  s'en  nourrir  avec 
plaisir.  La  présence  de  l'homme  ne  paraît 
pas  lui  causer  beaucoup  d'effroi;  il  s'arrête 
pour  le  regarder.  L'approche  d'un  Serpent 
semble,  au  contraire,  lui  inspirer  beaucoup 
de  crainte  :  à  sa  vue ,  il  se  meut  vivement, 
fait  entendre  des  soufflements  violents,  et 
cherche  à  se  cacher;  mais,  si  la  fuite  est  im- 
possible, il  combat  son  ennemi  avec  cou- 
rage. Sa  chair  ne  paraît  pas  désagréable; 
les  habitants  de  l'Afrique  s'en  nourrissent, 
dit-on,  volontiers. 

On  trouve  ce  Saurien  dans  presque  toute 
l'Europe;  c'est  surtout  dans  les  contrées  les 
plus  chaudes  que  sa  parure  brille  de  tout 
son  éclat,  qu'il  jouit  de  toute  sa  légèreté  et 
atteint  tout  son  développement.  Les  régions 
du  nord  de  l'Europe  ne  possèdent  pas  cette 
espèce  :  aussi  ne  l'a-t-on  pas  encore  rencon- 
trée en  Angleterre,  en  Irlande  et  en  Ecosse. 
Les  côtes  méditerranéennes  de  l'Afrique  le 
produisent  ainsi  que  la  plupart  des  contrées 
situées  à  l'occident  de  l'Asie. 

3°  Espèces  à  écailles  dorsales  distinctement 
granuleuses ,  juxtaposées.  Paupière  infé- 
rieure squameuse. 

7.  Le  Lézard  ocellé, Lacerta  ocellata  Daud. 
(Hist.  nat.  Rept.),  Dum.  et  Bibr.  (lococilato), 
le  grand  Lézard  vert  Lacépède,  Lacerta  ja- 
maicensis ,  lepida  Daud.,  Lacerta  mar g a- 
ritata  Schinz.  Écailles  dorsales  circulaires, 
granuleuses,  juxtaposées;  tempes  revêtues 
de  squames  polygonales,  inégales  ,  légère- 
ment tectiformes;  paupière  inférieure  opa- 
que, squameuse.  Le  dessus  du  corps  est 
vert,  varié,  tacheté  ,  réticulé  ou  ocellé  de 
noir;  de  grandes  taches  bleues  arrondies  se 
remarquent  sur  les  flancs;  le  dessous  du 
corps  est  blanc,  glacé  de  vert  :  le  système  de 
coloration  diffère  avec  l'âge  de  l'individu, 
et  il  est  bien  reconnu  que  le  Lézanl  gentil 
de  Daudin  n'est  pas  une  espèce  distincte, 
mais  seulement  le  jeune  âge  du  Lézard 
ocellé.  Cette  espèce  atteint  une  grande 
taille;  on  en  a  vu  des  individus  ayant  plus 
de  43  centimètres  de  longueur  totale  et 
chez  lesquels  la  queue  avait  26  centimètres 
de  long. 

Cette  espèce,  lorsqu'elle  est  jeune,  se 
creuFC  Un  terrier  en  bov«u  le  Jonc  des  fos- 


LEZ 

ses  d'une  terre  labourable ,  et  surtout  un 
peu  sablonneuse;  à  l'âge  adulte,  elle  s'éta- 
blit dans  un  sable  dur,  souvent  entre  deux 
couches  d'une  roche  calcaire  et  sur  une 
pente  rapide,  abrupte,  exposée  plus  ou 
moins  directement  au  midi  ou  au  sud- 
est  :  on  le  trouve  aussi  entre  les  racines 
des  vieilles  souiehes  ,  soit  dans  les  haies , 
soit  dans  les  vignes.  On  le  rencontre  quel- 
quefois sous  de  grosses  pierres,  et  on  l'a  vu 
grimper  sur  des  arbres.  Il  se  nourrit  pres- 
que exclusivement  de  vers  et  d'insectes  des 
ordres  des  Coléoptères  et  des  Orthoptères  ; 
on  dit  qu'il  peut  avaler  aussi  des  Gre- 
nouilles, des  Souris,  des  Musaraignes,  et 
qu'il  ne  répugne  pas  à  attaquer  des  Ser- 
pents. On  l'élève  en  domesticité,  et  on  peut 
le  nourrir  presque  exclusivement  avec  du 
lait,  ainsi  que  je  l'ai  vu  faire. 

Ce  Lézard  habite  l'Europe  et  l'Afrique , 
dans  la  première  de  ces  parties  du  monde, 
on  le  trouve  dans  le  midi  de  la  France  et 
en  Espagne  ;  dans  la  seconde ,  il  n'a  encore 
été  pris  qu'en  Algérie.  Il  se  trouve  assez 
fréquemment  dans  la  forêt  de  Fontai- 
nebleau, où  l'on  voit  tant  de  productions 
naturelles  qui  semblent  propres  à  la  Pro- 
vence. On  avait  dit  qu'il  se  trouvait  en 
Suède  et  au  Kamtschatka ,  mais  ce  fait  est 
loin  d'être  prouvé,  et  ce  qui  semble  le  dé- 
mentir, c'est  que  ce  Reptile  redoute  beau- 
coup le  froid  etqu'il  périt  aisément  lorsqu'il 
est  soumis  à  une  température  de  quelque? 
degrés  au-dessous  de  zéro. 

8.  Le  Lézard  du  Taurus,  Lacerta  taurica 
Pallas  (Zcogr.  Ross,  asiatic),  Lacerta  pe- 
loponesiaca,  muralis  Bibr.  et  Bory,  Lacerta 
agilis  Ménétries.  Écailles  dorsales  circu 
laires,  granuleuses,  juxtaposées;  tem- 
pes revêtues  desquames  polygonales,  inéga- 
les, plates,  parmi  lesquelles  une  subcircu- 
laire; paupière  inférieure  opaque,  squa- 
meuse. Les  parties  supérieures  du  corps 
sont  olivâtres,  avec  deux  raies  blanches  de 
chaque  côté  du  dos,  entre  lesquelles,  dans 
la  femelle,  est  un  semis  de  gouttelettes 
noirâtres;  les  flancs  sont  marqués  de  zig- 
zags noirs  chez  le  mâle;  en  dessous  règne 
une  teinte  blanche,  glacée  de  vert  ou  de 
bleu.  Sa  longueur  totale  n'est  que  de  20 
centimètres,  sur  lesquels  la  queue  en  oc- 
cupe 13. 

Les  mœurs  de  cette  espèce  sont  les  mêmes 


LÉZ 


LEZ 


>33 


que  celles  du  Lézard  de  murailles.  On  l'a 
trouvée  en  Crimée,  àCorfou,  en  Sicile; 
mais  c'est  principalement  en  Morée  qu'on 
la  rencontre  plus  communément. 

9.  Le  Lézard  des  murailles,  Lacerta  mura- 
lis  Laurenti  (Synop.  Rept.),  Milne-Edwards, 
Dugès  ,  Guérin,  Dum.  et  Bibr.  (loco  cit.), 
Lézard  gris,  Daub.,  Lacép.,  Latr.,  Cuv., 
L  .  agilis  Wolf,  Risso,  Griff.,  L.  Brongniar- 
tii,  maculata,  triliguerta,  Daud.,  L.  saxicola 
Eversm.,  etc.  Écailles  dorsales  circulaires, 
granuleuses  ,  juxtaposées;  tempes  revêtues 
de  petites  écailles,  parmi  lesquelles  une 
plaque  circulaire;  6  ou  8  séries  de  plaques 
ventrales;  tête  peu  déprimée;  paupière  in- 
férieure opaque ,  squameuse.  Le  système 
de  coloration  de  cette  espèce  est  très  varia- 
ble ;  c'est  ce  qui  a  fait  établir  par  plusieurs 
zoologistes  un  assez  grand  nombre  d'espè- 
ces, avec  de  simples  variétés  :  en  général,  il 
a  le  dessus  de  la  tête  d'un  gris  cendré,  ainsi 
que  le  dos,  qui  est  en  outre  régulièrement 
marqué  de  points  et  de  traits  brunâtres  ; 
il  présente  sur  les  flancs,  depuis  l'angle 
postérieur  de  chaque  œil  jusqu'à  la  base 
des  cuisses,  une  large  bande  brune,  for- 
mée de  traits  réticulés  et  finement  dentelée 
sur  les  bords,  qui  sont  blanchâtres;  son 
ventre  et  le  dessous  de  la  queue  sont  d'un 
blanc  luisant,  verdâtre,  et  quelquefois  pi- 
queté de  noir.  Sa  longueur  totale  peut 
atteindre  20  centimètres,  sur  lesquels  la 
queue  entre  pour  14. 

Le  Lézard  gris  est  l'espèce  la  plus  com- 
mune du  genre;  c'est  surtout  en  été  qu'on 
le  voit  fréquemment  sur  les  vieux  murs  ou 
sur  les  arbres ,  où  il  grimpe  avec  une 
grande  facilité.  La  vivacité  de  ses  mouve- 
ments, la  grâce  de  sa  démarche,  sa  forme 
agréable  et  déliée  ,  le  font  généralement  re- 
marquer. Il  passe  l'hiver  au  fond  d'une  re- 
traite qu'il  se  creuse  dans  la  terre;  il  s'y 
engourdit,  et  s'accouple  dans  le  commence- 
ment du  printemps  ;  il  est  monogame  et 
ne  vit  que  par  paires  ;  le  mâle  et  la  femelle 
demeurent,  dit-on,  dans  une  parfaite  union 
pendant  plusieurs  années,  se  partagent  les 
arrangements  du  ménage,  le  soin  de  faire 
éclore  les  œufs,  de  les  porter  au  soleil  et  de 
les  mettre  à  l'abri  du  froid  et  de  l'humi- 
dité. On  sait  que  le  Lézard  gris  peut  s'ap- 
privoiser aisément  et  qu'il  semble  se  plaire 
en  captivité.   A  l'état  de   liberté,   lorsque 


quelque  danger  le  menace,  il  fuit  avec  ra- 
pidité, mais  sans  discernement  et  comme 
au  hasard.  Tout  le  monde  a  vu  que  lors- 
qu'on cherche  à  le  saisir  sur  le  mur  où  il 
marche  ,  il  se  laisse  tombera  terre  et  y  reste 
quelques  instants  immobile  avant  de  pren- 
dre de  nouveau  la  fuite.  Il  se  nourrit  d'in- 
sectes,  principalement  de  Fourmis  et  de 
Mouches.  Sa  chair  est  bonne  à  manger;  elle 
est  saine  et  appétissante;  et  on  peut  la  faire 
cuire  ou  frire,  comme  celle  de  petits  poissons. 
Laurenti,  qui  s'est  étendu  sur  ce  sujet,  dit 
qu'aux  environs  de  Vienne  il  est  tellement 
commun,  qu'on  pourrait  s'en  servir,  durant 
tout  l'été,  pour  la  nourriture  d'un  grand 
nombre  de  pauvres.  Autrefois  la  chair  de? 
Lézards  a  été  beaucoup  vantée  pour  ses  pro- 
priétés contre  les  maladies  cutanées  et  lym- 
phatiques, contre  les  cancers,  la  syphi- 
lis, etc.;  mais  l'usage  en  est  aujourd'hui 
tout-à-fait  abandonné. 

Cette  espèce  se  trouve  très  communément 
dans  toute  l'Europe  et  dans  la  partie  occi- 
dentale de  l'Asie;  il  se  rencontre  fréquem- 
ment en  France,  et  principalement  aux  en- 
virons de  Paris. 

10.  Le  Lézard  oxycéphale,  Lacerta  oxyce- 
phala  Schlegel  {Mus.  Ludg.  Balav.),  Dum.  et 
Bibr.  {loco  cit.  ).  Très  voisin  du  Lézard  des 
murailles  :  il  en  diffère  par  la  dépression  de 
sa  tête,  qui  est  beaucoup  plus  grande;  par 
sa  coloration,  plus  roussâtre  ou  plus  bleuâtre 
en  dessus ,  et  par  sa  longueur,  un  peu 
moindre. 

Ce  Lézard  habite  exclusivement  les  par- 
ties les  plus  élevées  des  montagnes,  où  il  se 
tient  toujours  dans  les  rochers. 

On  l'a  pris  en  Corse  et  en  Dalmatie. 

11.  Le  Lézard  de  Dugès,  Lacerla  Dugesn 
Milne-Edw.  {Ann.  se.  nat.,  1827),  Dum.  et 
Bibr.  {loco  cit.).  Écailles  dorsales,  circulai- 
res, granuleuses,  juxtaposées;  tempes  revê- 
tues de  petites  écailles  toutes  semblables; 
deux  plaques  naso-frénales;  jambes  de  lon- 
gueur ordinaire;  dessus  du  corps  noir,  pi- 
queté de  jaune;  paupière  inférieure  opaque, 
squameuse.  Tout  le  corps  est  noirâtre  en 
dessus,  plus  foncé  sur  les  flancs,  et  piqueté 
de  jaune;  en  dessous  il  est  blanc.  Sa  lon- 
gueur totale  n'atteint  pas  20  centimètres. 

Il  habite  l'île  de  Madère  et  celle  de  Té- 
nériffe. 

12.  Le  Lézard  de  Gallot,  Lace;  la  Galloti 


334 


LÈZ 


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Gerv.  (Hist.  nat.  des  Canaries),  Dum.  etBiDr. 
(loc.  cit.).  Écailles  dorsales  circulaires,  gra- 
nuleuses, juxtaposées;  tempes  revêtues  de 
petites  écailles,  parmi  lesquelles  une  plaque 
circulaire;  quatorze  séries  de  plaques  ven- 
trales; paupière  inférieure  opaque.  Il  est  en 
dessus  d'un  gris  olivâtre,  avec  quatre  séries 
de  taches  presque  quadrilatères,  noires  ;  en 
dessous  il  est  blanc,  ou  d'un  bleu  légère- 
ment verdâtre.  Sa  longueur  est  de  20  cen- 
timètres. 

Comme  l'espèce  précédente,  il  habile  Té- 
nériffe  et  Madère. 

1 3.  Le  Lézard  de  Delalande,  Lacerta  Dela- 
landii  Milne-Edw.  (Ann.  se.  nat.,  J827), 
Dum.  et  Bibr.  (loc.  cit.),  Lacerla  intertexta 
Smith.  Écailles  dorsales  circulaires,  granu 
leuses,  juxtaposées;  tempes  revêtues  de  pe- 
tites écailles  toutes  semblables;  deux  pla- 
ques fréno- nasales;  jambes  extrêmement 
courtes;  paupière  inférieure  opaque.  Il  est 
noir  en  dessus,  avec  des  taches  blanches  en- 
tourées de  noir  plus  foncé  sur  le  dos,  et 
d'autres  également  noires  sur  la  tête  et  la 
queue;  en  dessous  il  est  d'un  blanc  fauve 
pointillé  de  noir.  Sa  longueur  est  de  34  cen- 
timètres. 

Ce  Lézard  se  trouve  dans  l'Afrique  aus- 
trale ;  il  est  commun  au  cap  de  Bonne-Es- 
pérance. 

14.  Le  Lézard  marqueté,  Lacerla  tessellala 
Smith  (Contrib.  lo  the  nalur.  Hist.  ofSoulh., 
Africa),  Dum.  et  Bibr.  (Ipc.  cit.),  L.  livida  et 
clegans  Smith.  Écailles  dorsales  circulaires, 
granuleuses,  juxtaposées;  tempes  revêtues 
de  petites  écailles  toutes  semblables;  deux 
plaques  naso-frénales;  jambes  de  longueur 
ordinaire;  paupière  inférieure  opaque.  Le 
corps,  long,  y  compris  la  queue,  de  plus  de 
20  centimètres,  est  en  dessus  zébré  d'une 
ou  deux  teintes,  brune,  blanchâtre  ou  mar- 
ron ,  claires,  uniformes;  en  dessous  il  est 
blanc. 

11  habite  plusieurs  points  de  la  colonie  du 
cap  de  Bonne- Espérance;  on  l'a  rencontré 
assez  avant  dans  l'intérieur  des  terres  dans 
les.  pays  des  petits  Namaquois. 

1 5.  Le  Lézarda  bandelettes,  Lacerla tœnio- 
lala  Smilh  (Contrib.  nalur.,  etc.),  Dum.  et 
Bibr.  (loc.  cit.).  Écailles  dorsales,  circulaires, 
granuleuses,  juxtaposées;  tempes  revêtues 
de  petites  écailles  toutes  semblables;  une 
seule  plaque  naso-frénale;  paupière  infé- 


rieure opaque.  En  dessus  il  est  fauve,  avec 
des  taches  marron;  il  est  blanchâtre  en 
dessous.  Sa  longueur  est  de  16  centimètres, 
la  queue  en  occupant  10. 

Cette  espèce  habite,  comme  les  deux  pré- 
cédentes, le  cap  de  Bonne-Espérance. 

4°  Espèce  à  écailles  dorsales  distinctement 
granuleuses,  juxtaposées;  paupière  infé- 
rieure transparente  ouperspicillée. 

16.  Le  Lézard  a  lunettes,  La certa perspi- 
cillata  Dum.  et  Bibr.  (lococit.).  Le  meilleur 
caractère  de  cette  espèce  est  fourni  par  sa 
paupière  inférieure,  qui  est  transparente, 
ce  qui  n'a  lieu  dans  aucun  Lézard  connu. 
Les  parties  supérieures  offrent  une  teinti 
brune,  avec  un  reflet  bleu  vers  la  queue;  la 
gorge  est  blanchâtre  et  le  ventre  noirâtre. 
Sa  longueur  totale  n'est  que  de  5  centimè- 
tres, la  queue  en  ayant  seulement  2  1/2. 

On  n'a  encore  étudié  qu'un  seul  individu 
de  cette  espèce ,  et  il  était  évidemment  très 
jeune. 

Il  provenait  de  l'Algérie. 

Un  grand  nombre  de  Reptiles  avaient  été 
autrefois  compris  dans  le  genre  Lézard; 
mais  ces  animaux,  mjeux  étudiés  ,  ont  dû 
former  des  groupes  distincts.  Nous  allons 
indiquer  les  espèces  principales ,  en  ren- 
voyant aux  mots  où  il  en  sera  parlé. 

Lacerta  bicarinata  Linné.  Voy.  neusti- 
curus. 

Lacerta  teguixin  Linné ,  le  Sauvegarde 
des  auteurs.  Voy.  sauvegarde. 

Lacerta   americana  Seba ,    Klein.  Voy, 

A  M  El  VA. 

Lacerla  amciva  Daud.,  Ameiva,  G.  Cuv. 
Voy.  cnemidophorus. 
Lacerta  teyou  Daud.  Voy.  aciiantus. 
Lacerta  striata  Daud.  Voy.  centropyx. 
Lacerta  algira  Lin.,  Algire,  Daud.  Voy. 

TR0P1D0SAURA  et  ALGIRE. 

Lacerta  Edwardsiana  Dugès.  Voy.  tsam- 
moduomus. 

Lacerta  Leschenaullii  Milne  Edwards.  Voy. 
calosaura. 

Lacerta  velox  Dugès ,  Lézard  gris  d'Es- 
pagne Daubenton.  — Lacerta  scutellata  Au- 
dou in. —Lacerta  Savignyi  Audouin. — La- 
certa   boskiana  Daud.    Voy.    acanthodac- 

TYLUS. 

Lacerta  grammica  Lichtenst.  Voy.  scap- 

TEIRA. 

Lacerla  arguta  Pallas. —Lacerla  argulut 


LUE 


LIA 


335 


Eichw.  —  Lacerla  Knoxii  Milne-Edwards. 
—  Lacerla  capensis  Smith.  —  Lacerla  Oli- 
vieri  Audouin.  —  Lacerta  pardalis  Lichst. 

Voy.  EREMIAS. 

Lacerla  cordylus ,  le  Cordyle.  Voy.  cor- 

DYLDS  et  ZONURUS. 

Lacerla  apus  Gm.  Voy.  pseudopus,  etc. 

(E.    DliSMAREST.) 

LÉZARDELLE.  Saururus  (craOpoç,  lé- 

7;ird;  ovpa,  queue),  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Saururées  ,  établi  par  Linné 
[Gen.y  n°  464),  et  ainsi  caractérisé  :  Fleurs 
formant  des  rameaux  très  épais  ;  calice  nul  ; 
clamines  6  (quelquefois  4,  7,  8),  hypogy- 
nes;  ovaire  3-4-loculaire,  3-4-lobé,  se  ter- 
minant en  un  stigmate;  ovules  2-4,  ascen- 
dants ,  orthotropes,  fixés  dans  l'axe  central 
«les  loges;  baie  à  4  loges,  renfermant  cha- 
cune une  ou  deux  graines. 

Les  Lézardelles  sont  des  herbes  croissant 
dans  les  parties  marécageuses  de  l'Amé- 
rique boréale,  à  racines  rampantes;  à  tiges 
rylindriques;  à  feuilles  alternes,  pétiolées, 
cordiformes,  nerveuses;  à  pétiole  presque 
ailé  et  amplexicaule;  à  fleurs  petites,  blan- 
ches, disposées  en  grappes  droites,  opposi- 
tifoliées,  solitaires,  dépourvues  d'involucre 
et  inclinées  au  sommet. 

La  principale  espèce  de  ce  genre  est  la 
Lézardelle  inclinée,  S.  cernuus  ;  elle  fleurit 
à  la  fin  de  l'été,  et  décore  très  bien  les  jar- 
dins paysagers ,  où  on  la  cultive  principa- 
lement. 

*  LÉZARDIFORMES.  Le zardi formes. 
aracii.  —  M.  Walckenaër  désigne  sous  ce 
nom ,  dans  son  Hist.  nat.  des  Ins.  apt.,  une 
famille  du  genre  des  Telragnalha  (voy.  ce 
mot  ).  Dans  cette  famille,  l'humerai  et  le  cu- 
bital des  palpes  sont  renflés,  avec  le  digi- 
tal mince  et  sétacé  dans  les  femelles;  les 
mandibules  sont  courtes,  coniques  et  non 
divergentes;  l'abdomen  est  allongé,  renflé 
dans  son  milieu,  et  se  termine  en  pointe 
recourbée.  La  Telragnalha  lacerla  est  la 
seule  représentante  de  cette  famille.  (H.  L.) 

LHERZOLITIIE  (nom  de  pays),  min.— 
LePyroxènc  en  roche  ,  Charp.  Roche  verte, 
composée  de  Pyroxène  grenu  ou  lamellaire, 
que  l'on  trouve  aux  Pyrénées,  près  de  l'étang 
de  Lherz,  dans  la  vallée  de  Vicdessoi.  Cette 
roche,  quand  elle  devient  compacte,  ressem- 
ble à  la  Serpentine;  elle  en  diffère  en  ce 
qu'elle  est  plus  dure  ,  et  ne  contient  point 


les  minéraux  qui  se  rencontrent  ordinai- 
rement dans  cette  dernière.  (Del.) 

*  LIIOTSKYA  (nom  propre),  bot.  ph.— 
Genre  de  la  famille  des  Myrtacées-Chamœ- 
lauciées,  établi  par  Schauer  (in  Lindl.  In- 
troduct.  edit.y  II,  493).  Arbrisseaux  de  la 
Nouvelle-Hollande.  Voy.  hyrtacées. 

*LÏA,  Esch.  ins.— Syn.  de  Chelonadema, 
Casteln. 

EIABUM.  bot.  ph. — Genre  de  la  fa- 
mille des  Composées-Vernoniacées ,  établi 
par  Adanson  (Fam.  ,11,  131).  Herbes  de 
l'Amérique  tropicale.  Voy.  composées. 

Les  espèces  de  ce  genre  ont  été  réparties 
en  deux  sections,  nommées  :  Chrysactinium, 
Kunth;  et  Slarkea,  Willd. 

LIAGORE.  Liagora(nom  mythologique). 
polvp.,  algues calcifères.  — Genre  établi  par 
Lamouroux  dans  sa  division  des  Polypiers 
flexibles,  ordre  des  Tubulariées.  Il  lui  assi- 
gne une  tige  rameuse,  fistuleuse,  lichéni- 
forme,  encroûtée  d'une  légère  couche  de 
matière  crétacée.  Gmelinet  Esperen  avaient 
déjà  fait  des  Tubulaires,  et  Lamarek  les 
classa  également  parmi  les  Polypiers,  dans 
son  genre  Dichotomaire  ;  mais,  d'un  autre 
côté  ,  Turner,  Desfontaines,  Roth  ,  et  plus 
récemment  Agardh,  en  ont  fait  des  Fucus. 
M.  Decaisne  enfin  les  a  classés  parmi  les  Al- 
gues aplosporées,  avec  les  Batrachospermes. 
Les  Liagores  se  trouvent  assez  nombreuses 
dans  les  mers  des  pays  chauds.      (Duj.) 

*JLIAGORE.  Liagore (nom mythologique). 
crust. — Genre  de  l'ordre  des  Décapodes  bra- 
chyures,  établi  par  M.  Dehaan,  dans  la  Faune 
japonaise,  pour  un  Crustacé  rencontré  dans 
les  mers  du  Japon,  et  dont  la  seule  espèce  con- 
nue est  le  Liagore  rubromaculalus  Deh., 
pi.  5,fig.  1.  (H.  L.) 

LIAIS  (pierre  de),  min.  —  Nom  techni- 
que d'une  variété  de  Calcaire  compacte  à 
grain  fin  ,  qui  se  trouve  en  couche  peu 
épaisse  dans  les  terrains  des  environs  de 
Paris  ,  et  que  l'on  recherche  comme  très 
propre  à  être  employée  pour  les  moulures 
dans  l'art  de  la  bâtisse.  (Del.) 

*LIAL1S.  rept. —  Division  des  Scinques, 
d'après  M.  Gray  (Syst.  brit.  Mus.,  1840). 

La  seule  espèce  de  ce  groupe  est  le  Lialis 
Burtonii  Gray,  qui  provient  de  la  Nouvelle- 
Hollande.  (E.  D.) 

*LIALISID.E  ,  Gray.  rept.  —  Division 
des  Scincoïdiens,  comprenant  le  genre  Lialis. 


33; 


LIA 


LIA 


LIANE  (du  nom  français  lien),  bot.  ph. 
—  On  désigne  sous  ce  nom  tous  les  végétaux 
sarrnenteux  qui  choisissent  d'autres  vé- 
gétaux pour  support,  grimpent  le  long 
de  leurs  tiges,  et  se  confondent  avec  leurs 
rameaux  (le  Lierre,  la  Clématite,  etc.). 
Cette  dénomination  a  été  appliquée  à  une 
ouïe  de  plantes  herbacées  et  ligneuses  qui 
ippartiennent  à  des  genres  de  diverses  fa- 
milles ;  nous  nous  contenterons  de  citer  ici 
les  plus  vulgairement  connues.  Ainsi  Ton 
a  appelé: 

Liane  a  l'Ail,  le  Bignonia  alliacea; 

Liane  amère,  VAbula  caudicans  ; 

Liane  a  laine,  YOmphalea  diandra, 

Liane  avancaré  ,  une  espèce  de  Pha- 
seolus  ; 

Liane  a  barrique  ,  le  Rivinia  octandra  et 
YEcastophyllum  Brownii  ; 

Liane  a  batate  ,  le  Convolvulus  batatas  ; 

Liane  a  bauduit  ,  le  Convolvulus  brasi- 
Hensis  ; 

Liane  blanche,  le  Rivinia  lœvis; 

Liane  de  Boeuf,  V Acacia  scandons; 

Liane  bondieu  ,  VAbrus  precatorius; 

Liane  brûlante,  une  espèce  de  Dracon- 
tium et  le  Tragia  volubilis; 

Liane  brûlée,  le  Gouania  domingensis  ; 

Liane  a  cabrit,  un  Tabernœmontana  et 
une  Eupatoire; 

Liane  a  caleçon,  les  Bauhinia,  le  Muru- 
cuja,  l'Aristoloche  bilobée,  et  quelques  es- 
pèces de  Passiflores; 

Liane  carrée,  le  Paullinia  pinnata  et  un 
Serjania  ; 

Liane  a  cercle,  le  Petrœa  volubilis  ; 

Liane  de  Chat,  le  Bignonia  unguis  cati  ; 

Liane  a  chiques,  le  Tourne  fort  ia  nilida  ; 

Liane  a  Cochon,  quelques  espèces  ou  va- 
riétés de  Dioscorea,  et  un  Cissampelos  ; 

Liane  en  coeur,  le  Cissampelos  pareiraet 
les  grandes  espèces  de  Liserons  ; 

Liane  contre -poison,  la  Feuillée  grim- 
pante ; 

Liane  corail,  un  C issus  et  le  Poivrœa; 

Liane  a  cordes,  le  Bignonia  viminca ; 

Liane  a  Couleuvre,  voy.  liane  contre- 
poison ; 

Liane  coupante,  YArundo  [racla; 

Liane  a  Crabes,  le  Bignonia  œquinoctialis 
et  le  Convolvulus  pes  caprœ  ; 

Liane  croc  de  Chien,  le  Zizyphus  igua- 
neus  ; 


Liane  a  crochets,  YOurouparia; 

Liane  a  eau,  une  espèce  de  Gouet; 

Liane  a  enivrer  le  poisson,  le  Robinia 
nicou  ; 

Liane  épineuse  ,  le  Pisonia  aculeata  et  le 
Paullinia  asiatica  ; 

Liane  franche,  le  Securidaca  volubilis, 
le  Dracontium  pertusum,  le  Bignonia  Ité- 
rer a  et  un  Smilax; 

Liane  a  geler  ou  a  glacer,  un  Cissam- 
pelos ; 

Liane  jaune,  le  Bignonia  viminea  et  17- 
pomœa  tuberosa; 

Liane  a  lait,  YOrelia; 

Liane  laiteuse  ,  quelques  Apocyns  et  le 
Cynanchum  hirsulum; 

Liane  a  malingre,  le  Convolvulus umbel- 
lalus; 

Liane  mince  ,  le  Rajania  scandens; 

Liane  malabare  ,  une  variété  de  Dios- 
corea; 

Liane  palétuvier,  YEchiles  biflora; 

Liane  a  panier,  le  Bignonia  œquinoc- 
tialis ; 

Liane  papaye,  YOmphalea  diandra; 

Liane  de  Pâques  ,  le  Securidaca  volu- 
bilis ; 

Liane  de  la  Passion,  diverses  Passion- 

naires; 

Liane  a  Patates  ou  a  Raves,  l'Igname; 

Liane  percée,  le  Dracontium  pertusum; 

Liane  a  Persil,  le  Serjania  tritemata,  et 
le  Kœlreutera  triphylla, 

Liane  a  pisser,  un  Rivinia  et  nn  Smi«*  ; 

Liane  a  Raisins,  un  Coccoloba  et  les  Ri- 
vinia; 

Liane  a  râpe,  le  Bignonia echinata ; 

Liane  a  Réglisse,  Y Abrus  precatorius  ; 

Liane  rouge,  le  Bignonia  alliacea,  le 
Zizyphus  volubilis,  et  le  Tetracera  aspera; 

Liane  rude  ou  de  Saint-Jean  ,  le  Petrœa 
volubilis; 

Liane  a  savon,  le  Momordica  operculala , 
le  Gouania  domingensis,  et  un  Banisteria; 

Liane  a  savonnettes  ,  la  Feuillée  grim- 
pante ; 

Liane  a  scie  ,  le  Paullinia  curassavica , 

Liane  a  Serpent,  diverses  Aristoloches; 

Liane  de  sirop,  le  Columnea  scandens  ; 

Liane  a  tonnelles,  les  Quamoclits  et  les 
Ipomées; 

Liane  a  Tulipes,  une  Passiflore; 
Liane  a  Vers,  le  Cactus  triangularis ; 


LID 


LIB 


337 


Liane  vulnéraire,  le  Telrapteris  inœ~ 
qualis.  (J.) 

LIAS.   GÉOL.   —  Voy.   TEERAINS. 

*LIASIS.  rept.  —  Groupe  d'Ophidiens, 
*ormé  par  M.  Gray  (Syst.  Brit.  Mus.,  1840) 
jux  dépens  de  l'ancien  genre  Python. 

Quatre  espèces  entrent  dans  ce  groupe; 
!e  type  est  le  Boa  amethyslinus  Schneid., 
Daud.  ,  dont  on  ignore  la  patrie;  nous  ci- 
terons aussi  le  Liasis  Mackloli  Dum.  et  Bibr. 
(Erp.  gén.,  VI,  1844),  qui  provient  de  l'Ile 
de  Timor.  (E.  D.) 

LIATRIS.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Composées-Eupatoriacées,  établi 
par  Schreber  (Gen.,  n.  1263),  et  présentant 
pour  principaux  caractères  :  Capitule  5-mul- 
tiflore  ,  homogame.  Involucre  paucisérié  , 
imbriqué  ;  réceptacle  nu;  corolle  tubuleuse, 
élargie  à  la  gorge;  à  limbe  divisé  en  5  lo- 
bes allongés.  Stigmate  exsert ,  cylindracé  ; 
akène  subcylindrique,  à  10  côtes. 

Les  Lialris  sont  des  herbes,  rarement 
des  arbrisseaux  ,  indigènes  de  l'Amérique 
boréale,  à  racines  tubéreuses,  résineuses; 
à  tiges  allongées,  simples;  à  feuilles  alter- 
nes ,  très  entières ,  ou  bordées  de  très  pe- 
tites dents;  à  fleurs  pourpres,  ou  roses,  ou 
tachetées  de  blanc,  disposées  en  capitules  , 
en  grappes,  en  panicules  ou  en  corymbes. 

De  Candolle  (  Prodr. ,  V,  128  )  énumère 
et  décrit  25  espèces  de  ce  genre  ,  réparties 
en  3  sections  ,  qui  sont  :  Euliatris ,  DC.  ; 
Suprago,  Gaertn.  ;  Trilisa,  Cass.  Nous  cite- 
rons, comme  type  du  g.,  la  Liât,  squarrosa 
Willd. 

LIBAXOTISCA^avwrfç).  BOT.  PH.— Scop., 

syn.de  r«r6t^,Tausch.— Genre  de  la  famille 
des  Omhellifères-Sésélinées, établi  par  Crantz 
(Stirp.  austr.,  222)  pour  des  herbes  indigè- 
nes de  l'Europe  et  des  régions  australes  de 
l'Asie.  De  Candolle  {Prodr..,  IV,  149)  en  dé- 
crit 8  espèces  réparties  en  2  sections  qu'il 
nomme  Eriolis  et  Eulïbanotis . 

*LIBANUS,  Colebrook.  bot.  ph.— Syn.  de 
Boswellia,  Roxb. 

LIBELLULE.  Libelluîa.  ins.  —  Genre 
de  la  tribu  des  Libelluliens,  de  Tordre  des 
Névroptères,  et  adopté  par  tous  les  entomo- 
logistes avec  de  plus  ou  moins  grandes  res- 
trictions. Les  Libellules  sont  nombreuses  en 
espèces  dispersées  dans  presque  toutes  les 
régions  du  monde.  Nous  en  considérons 
romme  le  typela  L.  depressa  Lin.,  commune 
t.  vu. 


dans  toute  l'Europe.  Voy.  pour  tous  lc^ 
détails  de  mœurs,  d'organisation,  etc.,  notre 
article  libelluliens.  (Bl.) 

LIBELLULIDES.  ins.  —  Synonyme  de 
Libelluliens  ou  de  Libellulites.        (Bl.)      / 

LIBELLULIENS.  Libcllulii.  ins.— Nous' 
désignons  sous  cette  dénomination  une  des* 
tribus  les  plus  considérables  de  l'ordre  des  ' 
Névroptères.  On  reconnaît  facilement  tous 
ses  représentants  à  leurs  ailes  très  réticu- 
lées, les  postérieures  étant  aussi  longues  ou 
presque  aussi  longues  que  les  antérieures; 
aux  pièces  de  leur  bouche  très  développées, 
ayant  cependant  des  palpes  très  rudirnen- 
taires.  Leur  tête,  très  grosse,  supportant  de 
petites  antennes  styliformes,  et  leurs  tarses, 
composés  seulement  de  trois  articles,  ser- 
vent encore  à  les  distinguer  des  autres  Né- 
vroptères. Il  n'est  personne  qui  ne  con- 
naisse parfaitement  les  insectes  désignés 
par  les  zoologistes  sous  le  nom  de  Libellu- 
liens. Leur  grande  taille,  leur  extrême 
agilité,  l'admirable  élégance  de  leurs  formes, 
la  variété  et  souvent  l'éclat  de  leurs  cou- 
leurs ,  l'abondance  des  espèces  et  des  indi- 
vidus dans  le  voisinage  des  eaux  pendant 
les  belles  journées  de  l'été,  ont  rendu  leur 
connaissance  vulgaire.  Tout  le  monde  les 
appelle  les  Demoiselles.  Linné,  qui  savait 
si  bien  appliquer  les  noms  aux  choses,  a 
nommé  Libellule  vierge,  Libelluîa  virgo, 
l'une  des  plus  belles  espèces  de  notre  pays; 
il  en  a  appelé  une  autre  plus  frêle,  plus 
délicate  et  peut-être  non  moins  jolie,  la 
Libellule  jeune  fille,  Libelluîa  puella. 

Les  Libelluliensont,  comme  on  lésait  très 
généralement,  un  corps  fort  allongé  dont 
les  téguments  sont  assez  solides.  Leurs 
yeux  sont  énormes  et  occupent  presque 
toujours  la  plus  grande  partie  de  la  tête. 
Les  facettes  de  ces  yeux  ou  plutôt  les  mil- 
liers d'yeux  simples  constituant  ces  yeux 
composés  ,  sont  assez  distincts  pour  être 
souvent  aperçus  comme  un  réseau  à  l'œil 
nu,  ou  avec  l'aide  d'un  très  faible  grossis- 
sement. Ces  yeux,  pendant  la  vie  de  l'ani- 
mal, sont  d'une  belle  couleur  brillante,  le 
plus  ordinairement  verdâtre  ,  parfois  dorée 
ou  bleuâtre,  et  offrant  diverses  nuances 
selon  le  degré  d'intensité  de  la  lumière. 
Ces  Névroptères,  déjà  si  bien  partagés  sous  !<^ 
rapport  de  leurs  yeux  composés,  ont  encore 
néanmoins  trois  ocelles  ou  petits  yeux  lisse* 
43 


335 


L1B 


LIB 


places  sur  le  sommet  de  la  tête.  Les  Libel- 
luliens  sont  pourvus  de  très  petites  antennes 
insérées  sur  le  front,  derrière  une  éléva- 
tion vésiculeuse.  Leur  dernier  article  est 
tout-à-fait  styliforme;  c'est  simplement 
une  petite  soie.  C'est  ce  caractère  assez  re- 
marquable qui  avait  engagé  Latreille  à 
donner  à  ces  insectes  le  nom  de  Subuli- 
cornes.  Entre  cette  famille  des  Subuli- 
cornes  et  notre  tribu  des  Libellulicns  il  y 
a  cette  différence,  que  le  célèbre  entomolo- 
giste rangeait  dans  cette  même  famille  les 
Éphémères,  que  nous  considérons  avec  beau- 
coup d'entomologistes  comme  formant  une 
tribu  particulière  Les  Éphémères  ne  res- 
semblent en  effet  aux  Libelluliens  que  par 
leurs  antennes.  Ils  s'en  éloignent  au  con- 
traire par  la  forme  et  la  réticulation  de 
leurs  ailes;  par  l'état  rudimenlaire  des 
pièces  de  leur  bouche;  parle  nombre  des 
articles  de  leurs  tarses;  par  les  appendices 
de  leur  abdomen,  et  enfin  par  la  plupart  des 
caractères  de  leur  organisation. 

Les  Libelluliens  ont  une  bouche  munie 
de  pièces  robustes  et  armée  de  dents  et  de 
crochets  redoutables  pour  les  autres  in- 
sectes. Leur  lèvre  supérieure  est  fort  large; 
leurs  mandibules  sont  très  grandes  et  pour- 
vues de  dents  acérées;  leurs  mâchoires  le 
sont  également,  et  le  palpe  qu'elles  sup- 
portent consiste  en  un  seul  article;  leur 
lèvre  inférieure,  très  grande  et  à  palpes 
rudimentaires,  vient  clore  exactement  la 
bouche.  Ces  Névroptères  ont  des  ailes  très 
développées,  réticulées  de  toutes  parts, 
entre  les  nervures  longitudinales ,  par  de 
petites  nervures  transversales  extrêmement 
nombreuses.  Ces  ailes  délicates,  toujours 
parfaitement  lisses  et  brillantes,  sont  sou- 
vent parées  de  belles  couleurs.  Quelquefois 
au  contraire  ces  membranes  sont  totalement 
transparentes,  etdeviennent  agréablement 
irisée»  sous  l'influence  de  la  lumière.  Les 
pattes  de  ces  insectes  sont  très  grêles  et 
cependant  assez  longues;  elles  ne  leur  ser- 
vent du  reste  que  pour  se  poser.  Leur  ab- 
domen est  terminé  par  de  petits  appen- 
dices ,  on  des  folioles  dont  la  forme  et  la 
dimension  étant  très  variables  ont  servi 
à  divers  entomologistes  pour  caractériser 
des  divisions  génériques. 

L'organisation  intérieure  des  Libellu- 
liens a  été  un   peu  étudiée  par  M.   Léon 


Dufour.  Leur  canal  intestinal  est  assez 
court;  le  système  nerveux  consiste  en  une 
longue  chaîne  de  petits  ganglions  dont  le 
nombre  toutefois  n'a  pas  été  bien  déter- 
miné. Les  ovaires  chez  les  femelles,  et  les 
organes  générateurs  chez  les  mâles  ,  occu- 
pent toutela  longueur  de  l'abdomen.  Chez 
ces  derniers,  il  existe,  à  la  partie  inférieure 
du  second  anneau ,  une  petite  ouverture 
qui  a  été  considérée,  par  certains  observa- 
teurs, comme  l'orifice  des  organes  repro- 
ducteurs, et  par  d'autres  comme  un  simple 
organe  excitateur. 

Les  Libelluliens  sont  fort  nombreux  en 
espèces.  On  en  a  décrit  déjà  près  de  quatre 
cents  espèces.  Elles  sont  dispersées  dans 
toutes  les  régions  du  monde.  Pendant  tout 
l'été,  on  les  rencontre  aux  bords  des  mares, 
des  étangs,  des  rivières,  surtout  dans  les 
endroits  où  croissent  les  joues  et  en  géné- 
ral beaucoup  de  plantes  aquatiques.  Elles 
volent  avec  une  extrême  rapidité;  par  in- 
tervalles elles  rasent  le  liquide,  et  fréquem- 
ment elles  planent  pendant  fort  longtemps. 
Elles  échappent  aussi  très  facilement  quand 
on  veut  les  saisir.  Si  elles  sont  posées,  elles 
s'envolent  brusquement  et  instantanément 
quand  on  approche. 

Les  Libelluliens  sont  extrêmement  car- 
nassiers. Ils  se  jettent  sur  les  insectes  qu'ils 
veulent  saisir,  avec  la  promptitude  des 
oiseaux  de  proie.  La  rapidité  de  leur  vol  et 
l'extrême  agilité  de  leurs  mouvements  les 
rendent  très  propres  à  ce  genre  de  chasse. 
Ces  habitudes  voraces  ont  fait  appliquera 
ces  Névroptères  le  nom  vulgaire  de  mou- 
ches-dragons. C'est  sous  cette  dénomina- 
tion qu'ils  sont  habituellement  désignés  en 
Angleterre  (Dragon  Aies).  Ce  nom  en  effet 
caractérise  assez  bien  l'un  des  traits  de  leurs 
mœurs.  EnFrance,  où  l'on  s'attache  plus  fa- 
cilement à  ce  qui  séduit  les  yeux  tout  d'a- 
bord, on  leur  a  donné  plus  ordinairement 
un  nom  qui  rappelle  leurs  formes  gra- 
cieuses et  élégantes:  ce  sont  les  Demoiselles. 

Les  Libelluliens  paraissent  avoir  une  vie 
assez  longue  à  l'état  d'insecte  parfait;  c'est 
au  moins  ce  qui  a  été  remarqué  par  plu- 
sieurs entomologistes.  En  effet,  depuis  le 
commencement  de  l'été  jusqu'à  la  fin  de 
l'automne,  on  ne  cesse  de  rencontrer  les 
mêmes  espèces.  11  faut  remarquer  néan- 
moins que  tous  les  individus  ne  vivent  pas 


LIB 


L1D 


3:i9 


l'espace  entier  delà  belle  saison.  Ils  éclo- 
sent  certainemeiit  à  des  intervalles  plus  ou 
moins  éloignés. 

A  certaines  époques,  on  voit  les  mâles 
voltigeant  autour  des  femelles ,  les  pour- 
suivant sans  relâche  ,  et  enfin  les  saisissant 
entre  la  tête  et  le  corselet  à  l'aide  des  pin- 
ces qui  terminent  leur  abdomen.  Le  mâle 
entraîne  ainsi  sa  femelle  captive,  jusqu'à 
ce  qu'elle  se  prête  à  ses  désirs  en  venant 
recourber  son  abdomen  et  en  placer  l'ex- 
trémité à  la  base  du  sien,  exactement  sur 
l'orifice  placé  au  deuxième  anneau.  C'est  ce 
manège,  qu'il  est  facile  de  voir  dans  les  en- 
droits où  l'on  rencontre  habituellement  les 
Libelluliens  ,  qui  avait  fait  croire  que  l'ac- 
couplement s'opérait  ainsi.  Mais,  d'après 
plusieurs  observateurs  ,  c'est  là  simplement 
un  prélude;  l'accouplement  aurait  lieu  en- 
suite, comme  chez  les  autres  insectes. 

On  ne  doit  pas  s'étonner  de  voir  les  Li- 
belluliens affectionner  le  voisinage  des  eaux. 
Ils  y  vivent  pendant  leurs  premiers  états; 
leurs  larves  sont  aquatiques.  Les  femelles 
pondent  leurs  oeufs  dans  l'eau ,  soit  en  les 
faisant  tomber  au  fond,  lorsqu'elles  volent 
en  planant  au-dessus  des  mares  et  des 
étangs,  soit  en  les  déposant  sur  des  plantes 
immergées.  Les  larves,  paraît-il,  ne  tar- 
dent pas  à  éclore  ;  elles  vivent  pendant  près 
d'une  année  sans  quitter  l'eau.  Autant  les 
insectes  parfaits,  ornés  de  couleurs  vives  et 
métalliques,  qui  en  général  ne  le  cèdent 
pas  en  beauté  à  celles  des  Lépidoptères,  sont 
élégants,  autant  leurs  larves  ont  un  as- 
pect repoussant.  Cependant  elles  ressem- 
blent un  peu  aux  insectes  parfaits  par  la 
saillie  de  ieurs  yeux  ,  qui  toutefois  sont 
moins  grands  et  plus  écartés. 

Les  larves  des  Libelluliens,  marchant  dans 
la  vase,  sont  ordinairement  toutes  couvertes 
de  limon  quand  on  les  retire  de  l'eau.  Leur 
corps  est  souvent  ramassé,  mais  il  existe  à 
cet  égard  des  différences  considérables,  sui- 
vant les  genres  et  même  les  espèces.  Les 
nymphes  ne  se  distinguent  des  Larves  que 
par  la  présence  des  rudiments  d'ailes  et  par 
l'allongement  du  corps;  du  reste,  elles  sont 
tout  aussi  actives;  leur  genre  de  vie  est 
exactement  le  même.  Les  unes  et  les  autres 
marchent  lentement,  se  traînent  comme  avec 
peine  dans  la  vase  du  fond  des  étangs  ou 
sur  les  plantes  aquatiques. 


Les  Libelluliens,  pendant  leurs  premiers 
états,  sont  non  moins  carnassiers  que  les 
insectes  parfaits;  ils  s'attaquent  à  divers 
insectes ,  à  de  petits  mollusques ,  même  à 
de  très  petits  poissons.  La  lenteur  de  leur 
marche,  le  manque  d'agilité  au  contraire 
de  ce  qui  existe  chez  la  plupart  des  ani- 
maux carnassiers,  semblent,  au  premier 
abord  ,  devoir  leur  nuire  considérablement 
pour  s'emparer  de  leur  proie;  il  n'en  est 
rien  cependant.  Chez  ces  Névroptères,  la 
nature  a  suppléé  à  ce  qui  manquait  sous  ce 
rapport,  en  donnant  à  un  organe  des  usages 
qui  ne  lui  sont  pas  dévolus  chez  les  autres 
types  de  la  classe  des  insectes.  Les  larves  et 
les  nymphes  des  Libelluliens  sont  pourvues 
d'une  lèvre  inférieure  qui  acquiert  un  dé- 
veloppement énorme.  Cette  lèvre  articulée 
sur  le  menton,  qui  lui-même  a  une  longueur 
extrême ,  forme  un  coude  et  se  rabat  sous 
le  prothorax.  De  la  sorte,  cette  lèvre,  de 
forme  concave,  terminée  par  une  paire  de 
palpes  triangulaires  dentés  en  scie,  et  rem- 
plissant l'usage  d'une  pince,  vient  clore 
exactement  la  bouche  pendant  l'état  de  re- 
pos ;  mais,  à  la  volonté  de  l'cnimal,  cette 
lèvre  s'étend  brusquement  ;  sa  longueur 
alors  égale  presque  celle  du  corps  ;  avec  ses 
palpes,  il  saisit  et  retient  sa  proie;  en  re- 
pliant sa  lèvre,  il  la  porte  naturellement  à 
sa  bouche. 

On  comprend  sans  peine  comment  une 
telle  disposition  supplée  au  défaut  d'agilité. 
Ces  larves,  si  lentes,  peuvent  rester  encore 
à  une  assez  grande  distance  des  animaux 
dont  elles  cherchent  à  s'emparer,  pour  ne 
point  les  effrayer;  car  déjà  elles  sont  assez 
rapprochées  pour  les  saisir  en  étendant  ra- 
pidement leur  lèvre,  dont  la  mobilité  est 
extrême. 

Les  Libelluliens ,  dans  leurs  premiers 
états,  ont  des  antennes;  mais  ces  appen- 
dices sont  fort  petits.  Leur  abdomen  pré- 
sente ordinairement  des  épines  ,  et  son  ex- 
trémité est  terminée  par  cinq  appendices, 
dont  les  trois  intermédiaires  plus  grands  que 
les  autres.  Leur  couleur  est  en  général  d'un 
gris  brunâtre  ou  verdàtre;  mais  la  vase  re- 
couvre souvent  leurs  téguments  et  les  fait 
paraître  fort  sales.  Chez  quelques  unes  de 
ces  larves,  les  téguments  sont  assez  minces 
et  assez  transparents  pour  permettre  de  dis- 
tinguer au  travers  le  mouvement  circula- 


3W) 


LIB 


LIB 


toire.  Sous  un  grossissement  peu  considé- 
rable ,  on  voit  les  globules  du  sang  sortir  du 
vaisseau  dorsal  par  les  ouvertures  antérieu- 
res, et  y  rentrer,  portés  par  le  liquide  san- 
guin ,  par  les  ouvertures  postérieures. 

Ces  animaux  nous  offrent  encore  quel- 
ques particularités  dignes  d'être  mention- 
nées en  ce  qui  concerne  leur  mode  de  res- 
piration. N'ayant  point  de  pattes  ni  d'autres 
.appendices  conformés  pour  la  nage,  elles  ne 
:  peuvent  venir  par  intervalle,  comme  norn- 
i  bre  d'autres  insectes,  respirer  l'air  à  la  sur- 
lace de  l'eau.  Une  disposition  particulière 
était  donc  devenue  nécessaire.  L'extrémité 
de  l'abdomen  présente  deux  ouvertures  si- 
tuées entre  les  appendices  terminaux;  à  la 
volonté  de  l'animal ,  ces  appendices  s'écar- 
tent ou  se  rapprochent;  quand  il  les  écarte, 
une  certaine  quantité  d'eau  pénètre  par  ces 
ouvertures;  bientôt  après,  l'eau  est  rejetée 
au  dehors  ;  mais  l'air  qu'elle  contenait  s'est 
trouvé  absorbé  au  moyen  d'organes  commu- 
niquant avec  les  trachées. 

A  l'époque  à  laquelle  les  nymphes  doivent 
se  transformer,  elles  quittent  l'eau,  grim- 
pent sur  les  plantes  d'alentour  et  s'y  fixent 
fortement  à  l'aide  des  crochets  de  leurs  pat- 
tes. Sous  1  influence  du  soleil,  leur  peau  se 
durcit ,  puis  se  dessèche  complètement;  elle 
ne  tarde  pas  alors  à  se  fendre  longitudina- 
lementsur  le  dos;  cette  ouverture  va  don- 


ner passage  à  l'insecte  parfait  ;  celui-ci 
se  dégage  peu  à  peu  et  parvient  à  se  débar- 
rasser complètement  de  cette  enveloppe.  Il 
est  d'abord  très  mou  ;  ses  ailes,  imprégnées 
encore  de  parties  liquides,  ne  peuvent  se 
soutenir  et  retombent  sur  le  corps;  cepen- 
dant tous  ses  téguments ,  par  la  chaleur 
d'un  beau  jour  d'été,  prennent  plus  de  con- 
sistance au  bout  de  quelques  heures,  et 
l'insecte  peut  alors  prendre  son  essor. 

Malgré  le  grand  nombre  d'espèces  consti- 
tuant la  tribu  des  Libelluliens  ,  les  ento- 
mologistes n'ont  admis,  pour  la  plupart, 
qu'un  petit  nombre  de  genres.  Toutes  étaient 
comprises  ,  par  Linné,  dans  son  genre  Li- 
bellule. Plus  tard,  Fabricius  en  proposa 
deux  autres,  JEschna  et  Agrion,  qui  fuient 
généralement  adoptés  seuls  jusque  dans  ces 
derniers  temps. 

Cependant,  il  y  a  déjà  un  certain  nombre 
d'années,  un  zoologiste  anglais,  Leach,  avait 
indiqué  trois  nouvelles  coupes  génériques 
fondées  sur  quelques  caractères  de  médiocre 
importance,  tirés  surtout  de  la  forme  des  ap- 
pendices de  l'abdomen  et  des  réticulations 
des  ailes. 

Dans  notre  Histoire  des  Insectes ,  nous 
avons  cru  pouvoir  rattacher  tous  les  Libel- 
luliens à  trois  groupes  comprenant  en  tout 
six  genres.  Le  tableau  suivant  indique  cette 
division  : 


de  trois  articles;  corps  assez  épais LiBELLULlTES.  .     Gcure  Zibellula,  Lia 

très  çros,  peu  écarte's   ou 


Palpes  * 
tbiaiUL] 

|  de  "  trois    articles  ; 
V      corps  grêle,  yeux 


JEschnitf.s.  .  .     Genres  Gomplius  ,  Leach. 
Fetalura  ,  Leacb. 
jEschna,  Fubr. 
petits  ,  écartes  et  comme 

pcdicelles Agiuonites.      .     Genres  Caloplevyx  ,  Leach. 

Agrion ,  Fabr. 


Nous  avons  cru  devoir  repousser  les  nou- 
veaux genres  établis  aux  dépens  de  ceux-ci 
par  M.  Rambur  (Hist.  nat.  des  Ins.  nevropt., 
suites  à  Buffon).  Cet  entomologiste  ,  qui  a 
décrit  a*ec  soin  la  plupart  des  Libelluliens 
conservés  dans  nos  collections,  a  admis  dans 
cette  tribu  quatre  familles,  Lïbellulides,  Gom- 
phides,  JEschnides  et  Agrionides ,  et  trente- 
trois  genres  basés  en  général  sur  des  modi- 
fications souvent  difficiles  à  saisir,  tant  elles 
sont  peu  tranchées.  (E.  Blanchard.) 

JLIBELLULITES.  Libcllnlita.  INS.  — 
Groupe  de  la  tribu  des  Libelluliens ,  de  l'or- 
dre des  Névroptères ,  comprenant  le  genre 


Libellule  et  ceux  qui  en  ont  été  séparés  par 

quelques  auteurs.  Voy.  libelluliens.     (Bl). 

LIBER,  bot.  —  Voy.  accroissement  et 

ÉCORCE. 

EIBERTELLA,  Demar.  bot.  cr.  —  Syn. 
de  Nemaspora,  Pers. 

LIBERTIA  (dédié  à  mademoiselle  Libert 
de  i'almédy).  bot.  ph.  —  Dumort.,  syn.  de 
Funlcia,  Spreng.— Lejeune,syn.  de  Bromus, 
Linn. — Genre  de  la  famille  des  Ii  idées,  éta- 
bli par  Sprengel  (Syst.,  I,  168).  Herbes 
croissant  dans  les  forêts  des  régions  extra- 
tropicales   de   l'hémisphère   austral.    Voy. 

IR1DÉES. 


L113 


LIC 


341 


♦LIBÉTHÉNITE.  min.  Syn.  de  Cuivre 
phosphaté  vert-olive.  Voy.  cuivre. 

*LIBIDOCL.4GA.  crust.  — Nous  avons 
établi,  M.  Milne-Edwards  et  moi,  sous 
ce  nom,  unenouvelle  coupe  générique,  que 
nous  plaçons  dans  la  famille  desOxyrhyn- 
«jues  et  dans  la  tribu  des  Maïens.  La  seule 
espèce  connue  dans  ce  genre  est  la  Libido- 
clœa  granaria  Edw.  et  Luc.  (Voy . d' Orbigny 
dans  l'Amer,  merid  ,  tom.  VI,  Crust.,  p.  8, 
pi.  3,  fig.  1  ,  et  pi.  4,  fig.  1)  rencontrée  sur 
les  côtes  de  Valparaiso.  (H.   L.) 

LIBLME.  Libinia.  crust.  —  Genre  de 
l'ordre  des  Décapodes  brachyures  ,  établi 
par  Leach,  et  rangé  par  M.  Milne-Edwards 
dans  sa  famille  des  Oxyrhynques  et  dans  sa 
tribu  des  Maïens.  Ce  genre  renferme  3  es- 
pèces, qui  toutes  sont  propres  aux  mers  d'A- 
mérique. La  Libinia  canaliculata,  Say,  peut 
être  considérée  comme  le  type  de  cette  coupe 
générique.  Cette  espèce  habite  les  côtes  des 
États-Unis.  (H.  L.) 

LIBITIIVE.  Libilina  (nom  mythologique). 
moll.  — M.  Schumacher  a  institué  ce  genre, 
dans  son  Essai  d'un  nouveau  système  de  con- 
chyliologie, pour  une  coquille  comprise  depuis 
longtemps parLamarck  dans  son  genreCypri- 
carde.  Le  genre  de  M.  Schumacher  ne  peut 
donc  être  accepté,  Voy.  cypricarde.  (Desii.) 

LIBOT.  moll. — Tout  nous  porte  à  croire 
que  la  Patelle,  nommée  ainsi  par  Adanson 
(Voyage  au  Sénégal,  pi.  2),  est  voisine  ,  si 
ce  n'est  semblable,  du  Patella  cœrulea  des 
auteurs.  Gmelin,  cependant  pour  n'en  avoir 
pas  lu  la  description  ,  rapporte  l'espèce  au 
Patella  umbella  de  Linné.  Voy.  patelle. 

(Desh.) 
LIBRE. Liber.  zool.,bot.— En  ornithologie, 
on  nomme  doigts  libres  ceux  qui  sont  entière- 
ment séparés  jusqu'à  leur  articulation  avec 
le  tarse. — En  botanique,  on  donne  cette 
épithète  à  tout  organe  qui  n'adhère  à  aucun 
autre,  si  ce  n'est  par  son  point  d'insertion  ; 
ainsi ,  l'ovaire  est  libre  quand  il  n'est  pas 
soudé  au  calice;  les  étamines  sont  libres 
quand  elles  n'ont  entre  elles  aucun  point 
d'adhérence  ,  etc. 

LIBVTIIEA.  ins.  —  Genre  de  l'ordre  des 
Lépidoptères  diurnes,  tribu  desLibythéides, 
établi  par  Latreille  et  ne  renfermant  qu'une 
seule  espèce,  la  L.  celtis  Fabr.,  qui  vit  sur  le 
Micocoulier,  et  que  l'on  trouve  assez  abon- 
damment dans  le  midi  de  la  France. 


*LIBlTHÉIDES.£t62/i/ieides.iNS.— Tribu 
de  la  famille  des  Diurnes,  de  l'ordre  des  Lé- 
pidoptères, et  caractérisée  de  la  manière 
suivante  par  M.  Duponchel  (Hist.  nat.  des 
Lépid.  d'Europe):  Massue  des  antennes  peu 
distincte  de  la  tige,  qui  va  en  grossissant 
insensiblement  de  la  base  au  sommet.  Pal- 
pes très  longs  et  formant  une  espèce  de  bec 
au-dessus  de  la  tête.  Pattes  antérieures  de  la 
femelle  munies  de  crochets;  cellule  discoï- 
dale  des  ailes  inférieures  ouverte,  et  leur 
gouttière  ovale  très  prononcée.  Chenilles 
allongées,  sans  épines.  Chrysalides  non  an- 
guleuses, sans  taches  métalliques. 

Celte  tribu  ne  renferme  jusqu'à  présent 
que  le  seul  genre  Libythea,  Lalr. 

LICAMA.  bot.  ph. —  Genre  de  la  famille 
des  Chrysobalanées ,  établi  par  Aublet 
(Guian.,  I,  119,  t.  45).  Arbres  ou  arbris- 
seaux de  l'Amérique  tropicale.  Voy\  chryso- 
balanées. 

LICE.  mam. — On  donne  ce  nom  à  la 
Chienne  de  chasse  qui  porte  et  nourrit  des 
petits.  (E.  D.) 

LICEA.  bot.  cr. — GenredeChampignons 
appartenant  aux  Myxogasteres  de  Frics,  éta- 
bli par  Schrader  et  modifié  ensuite  par  Per- 
soon  et  Fries.  Il  est  caractérisé  par  un  péri- 
dium  simple,  membraneux  et  glabre,  s'ou- 
vrant  irrégulièrement;  son  intérieur  est 
rempli  de  spores  sans  le  moindre  vestige  de 
filaments  ni  de  membranes.  Sous  ce  rapport, 
il  s'éloigne  de  ses  congénères.  Comme  les 
spores  doivent  être  fixées  à  quelque  support, 
il  serait  important  d'étudier  les  espèces  dans 
tous  les  âges.  Il  se  développe  comme  lesTri- 
chiacées,  dont  il  diffère  encore  par  l'absence 
de  membrane  mucilagineuse.  (Lév.) 

*  LICHANOTINA.  mam.  —  Famille  des 
Quadrumanes  comprenant  le  genre  Indri , 
indiquée  par  M.  Gray  (Ann.  ofPhil.,  26, 
1825).  (E.  D.) 

LICIIANOTUS  (AtXavoÇ,  doigt  indica- 
teur), mam.  —  Illiger  (Prodr.  syst.  Mam.  et 
Av. ,  1811)  a  donné  ce  nom  à  un  genre  do 
Quadrumanes  ayant  pour  type  l'Indri.  Voy. 
ce  mot.  (E.  D.) 

LICHE.  Lichia  (lix^y  friandise),  poiss.— 
Genre  de  l'ordre  des  Acanthoptérygiens,  fa- 
mille des  Scombéroïdes,  établi  par  G.  Cwvier 
(Rég.  anim.,  t.  II,  p.  203  ).  Les  Liches  ont 
le  corps  oblong,  comprimé,  sans  carène  laté- 
rale, sans  crêtes  saillantes  au  côté  de  la  queue 


342 


LIC 


Sur  le  dos  sont  fixées  des  épines  libres; 
deux  semblables  se  trouvent  aussi  devant 
l'anale.  En  avant  des  épines  du  dos,  en  est 
une  couchée  et  dirigée  en  avant. 

On  connaît  trois  espèces  de  ce  genre,  qui 
vivent  dans  la  Méditerranée;  la  principale 
est  la  Liche  amie,  L.  amia  Cuv.  et  Val. 
[Scomber  amia  L.),  longue  de  1  mètre  50 
centimètres,  etd'uneteinteargentée.  A  Nice, 
on  l'appelle  vulgairement  Lica,  et  c'est  un 
poisson  assez  recherché  pour  la  délicatesse 
de  sa  chair. 

LICHENÉES.  ins.  —  Nom  vulgaire  des 
espèces  du  genre  Catocala. 

LICHÉNOPORE.  Lichenopora  {hxw , 
lichen;  7r°Poç ,  pore),  polvp. — Genre  pro- 
posé par  M.  Defrance  pour  de  petits  Po- 
lypiers fossiles,  orbiculaires,  sessilesou  fixés 
par  un  pédoncule  court  qui  part  de  la  face 
dorsale  lisse.  La  face  supérieure  présente 
des  pores  ou  alvéoles  saillants  disposés  en 
séries  rayonnantes  formant  quelquefois  au- 
tant de  petites  crêtes.  La  dimension  de  ces 
Polypiers  est  de  4  à  7  millimètres  ;  une  es- 
pèce des  terrains  marins  tertiaires  a  reçu  le 
nom  de  Lichénopore  turbiné  à  cause  de  sa 
forme  analogue  à  celle  d'un  verre  à  patte; 
deux  autres  espèces  fossiles ,  l'une  des  mê- 
mes terrains,  l'autre  de  la  craie,  sont  fixées 
par  toute  la  face  dorsale  sur  des  Oursins  ou 
sur  d'autres  Polypiers.  On  a  trouvé  dans  la 
mer  des  Polypiers  frais  qui  doivent  apparte- 
nir au  même  genre;  mais  on  n'a  pas  étudié 
leurs  animaux.  M.  Deshayes  a  décrit  sous  le 
nom  de  Lichénopore  de  Lamouroux  une  es- 
pèce adhérente,  mais  dont  le  bord  est  relevé 
autour  de  la  portion  poreuse.  M.  de  Blain- 
ville  pense  que  les  Lichénopores  sont  de 
jeunes  Rétipores;  cette  opinion  nous  paraît 
en  effet  fort  vraisemblable  pour  quelques 
uns;  d'autres,  au  contraire,  et  notamment 
la  dernière  espèce,  ne  diffèrent  pas  assez 
Ces  Tubulipores.  (Duj.) 

LICHEIVOPS,Coinni.  ois.  —  Syn .  VAda, 
Less-  (Z.  G.) 

*LICIIENS.  Lichenes  (  XeeXnv,  dartre, 
exanthème),  bot.  cr.  —  Les  Lichens  sont 
tics  végélaux  agames,  très  avides  d'humi- 
dité, vivaces,  mais  dont  la  vie,  qui  se  passe 
à  l'air  libre ,  est  interrompue  par  la  séche- 
resse ,  composés  d'un  thalle  crustacé,  foliacé 
ou  cylindrique,  et  se  reproduisant  soit  par 
des  sporidies  contenues  dans  des  récepta- 


LIC 

cies  qu'on  nomme  apothécies,  soit  par  des 
gonidies  ou  des  espèces  de  gemmes  répan- 
dues sous  l'épiderme  du  thalle. 

On  voit,  par  cette  définition  ,  qu'un  Li- 
chen pourrait ,  à  la  rigueur,  être  considéré 
comme  une  algue  émergée.  Ces  plantes,  qui 
forment  aujourd'hui  une  très  nombreuse 
famille,  se  lient  d'un  côté  aux  Phycées  par 
le  Lichina,  comparable  au  Sphérophore,  et 
de  l'autre  aux  Hépatiques ,  par  les  Endo- 
carpes (l).  L'affinité  est  encore  plus  étroite 
avec  la  grande  famille  des  Hypoxylées  ou 
Pyrénomycètes,  à  laquelle  servent  de  tran- 
sition les  Verrucaires  et  les  Opégraphes. 
Mais  c'est  surtout  par  leurs  organes  de  vé- 
gétation que  les  Lichens  sont  liésassez  étroi- 
tement aux  Algues  ,  les  différences  qui  les 
en  séparent  étant  pour  la  plupart  le  résultat 
des  circonstances  extérieures  et  des  milieux 
dans  lesquels  vivent  ces  végétaux. 

A  l'exception  de  quelques  espèces  enre- 
;  istrées  sous  le  nom  de  Muscks  par  les  Bau- 
hin  ,  Morison  ,  Ray,  etc.,  les  anciens  au- 
teurs, jusqu'à  Tournefort  et  Vaillant,  se 
sont  peu  occupés  de  ces  plantes  ,  et  il  faut 
descendre  jusqu'à  Micheli  pour  l'analyse  mi- 
croscopique de  la  fructification  et  la  germi- 
nation des  sporidies ,  et  jusqu'à  Dillen  pour 
trouver  une  ébauche  de  disposition  systéma- 
tique des  espèces.  Le  nombre  fort  limité 
des  Lichens  connus  à  cette  époque  n'exi- 
geait pas  plus  de  perfection  dans  la  méthode 
qui  devait  servir  à  leur  arrangement ,  et, 
quelque  imparfaite  que  fût  cette  disposi- 
tion ,  Linné  n'en  admit  pas  d'autre  dans 
son  Species  planlarum.  Mais  ce  nombre  étant 
devenu  très  grand,  il  a  bien  fallu,  pour  s'y 
reconnaître  ,  établir  de  nouvelles  divisions 
plus  méthodiques,  fondées  tantôt  sur  les 
formes  du  thalle  ,  tantôt  sur  l'organisation 
du  fruit.  11  serait  trop  long  ,  et  ce  n'est 
d'ailleurs  pas  ici  le  lieu,  dépasser  en  revue 
toutes  les  modifications  aux  différents  sys- 
tèmes lichénologlques  qui  se  sont  succédé 
depuis  Acharius  ,  le  fondateur  de  cette  fa- 
mille, jusqu'à  Fries,  son  compatriote,  qui, 
dans  ces  derniers  temps,  s'en  est  ajuste  titre 
constitué  le  réformateur.  Qu'il  nous  suffise 
de  citer  parmi  les  botanistes  qui  ont  bieo 
mérité  de  la  lichénographie,  après  les  noms 
qui  précèdent,  ceux  de  Dickson,  Hagen, 

(i)  Les    anciens   donnaient  le    même    nom    de    ^ttyyjy 
»  quelques  hépatiques.  V.  dioscoridb. 


uc 

Swartz  ,  Smith  ,  Wulfen  ,  Hedwig,  Adan- 
son,  Weber,  Willdenow  ,  Hoffmann  ,  Per- 
soon,  Schrader,  Flœrke  ,  Ramond  ,  De 
Candolle,  Eschweiler,  Delise,  Cheval- 
lier et  Sommet felt,  qui  to  s  ont  plus  ou 
moins  contribué  aux  progrès  de  cette  partie 
de  la  botanique.  La  science  ne  doit  pas 
moins  aux  travaux  des  auteurs  et  des  liché- 
uologistes  vivants  dont  les  noms  suivent; 
ce  sont  MM.  Borrer,  Bory,  De  Notaris,  Léon 
Dufoiir,  Fée,  de  Flotow,  Fries,  Garovaglio, 
Hocfastetter,  Hooker,  de  Humboldt,  de  Mar- 
tius,  Meyer,  Schœrer,  Taylor,  Tuckermann 
et  Wallroth. 

Après  cet  exposé  historique  bien  abrégé, 
trop  abrégé  sans  doute,  mais  le  seul  que 
comporte  un  article  de  Dictionnaire  de  la 
nature  de  celui-ci,  nous  allons  faire  connaî- 
tre aussi  succinctement  qu'il  nous  sera  pos- 
sible les  différentes  formes  que  revêtent  et  le 
thalle  desLichens  et  leur  fructification.  Nous 
terminerons  par  la  disposition  méthodique 
des  genres  généralement  admis  aujourd'hui. 

ORGANES   DE   NUTRITION 

Du  Thalle.  On  nomme  thalle  (thallus), 
dans  les  Lichens  ,  cette  partie  qui  supporte 
ou  contient  les  organes  de  la  reproduction. 
Le  thalle  est  centrifuge,  c'est-à-dire  horizon- 
tal (crustacé  ou  foliacé),  ou  centripète,  c'est- 
à-dire  vertical  (  fruticuleux).  Quelquefois, 
comme  dans  les  genres  Cladonia  et  Slereo- 
caulon,  on  rencontre  réunies  les  deux  formes 
de  thalle.  Le  thalle  foliacé  a  encore  reçu  le 
nom  de  fronde.  Cet  organe  est,  en  général, 
composé  de  deux  couches  distinctes,  l'une 
corticale,  l'autre  médullaire,  lesquelles, 
comme  nous  l'avons  vu,  sont  confondues 
dans  les  Collémacées.  Voy.  byssacees.  La 
couche  corticale  ou  extérieure,  homogène, 
raide  et  décolorée,  dansl'étatde  dessiccation, 
molle  et  nuancée  d'un  vert  plus  ou  moins 
intense  par  l'humidité,  est  surtout  remar- 
quable par  la  présence  d'un  ordre  de  cellu- 
les sphériques,  le  plus  souvent  vertes,  qu'on 
n'aperçoit  bien,  dans  certains  cas,  qu'en  en- 
tamant Pépiderme  qui  les  recouvre.  Ces 
cellules  ,  dans  lesquelles  parait  résider 
toute  la  puissance  végétathe,  ont  reçu 
le  nom  de  gonidies  (gonidia)  et  forment 
une  couche  non  interrompue,  qui  prend  le 
nom  de  couche  gonimique.  Elles  jouent  un 
très  grand  rôle  dans  l'économie  de  ces  plan- 


LIG 


343 


tes,  puisque  l'on  retrouve  en  elles  la  faculté 
insigne  de  continuer  ou  de  reproduire  le 
Lichen,  à  la  manière  des  gemmes  prolifères 
des  Mousses  et  des  Hépatiques.  Au-dessous 
de  ces  gonidies,  se  rencontrent  d'autres 
cellules  incolores,  arides.  C'est  à  leur  hyper- 
trophie que  sont  dues  la  plupart  des  ana- 
morphoses auxquelles  les  Lichens  sont  su- 
jets, dans  des  lieux  trop  humides  et  privés 
de  lumière.  Ainsi,  les  Variolaires,  les  Isidium, 
les  Lèpres.,  les  éruptions  soriformes,  dont, 
avant  d'avoir  étudié  physiologiquement  ces 
plantes,  on  avait  fait  autant  d'êtres  distincts, 
classés  sous  les  noms  génériques  de  Vario- 
laria,  Isidium,  Lepraria,  ne  sont  effective- 
ment que  des  états  anomaux  ou  pathologi- 
ques d'autres  Lichens  bien  connus  et  bien 
déterminés. 

La  couche  médullaire,  inférieure  à  la  pre- 
mière dans  les  Lichens  centrifuges,  en  est 
environnée  de  toutes  parts  dans  les  centri- 
pètes, c'est-à-dire  qu'elle  y  est  intérieure  ou 
centrale.  Elle  est  ordinairement  formée  de 
cellules  allongées,  filamenteuses,  plus  ou 
moins  abondantes,  plus  ou  moins  denses, 
quelquefois  libres  (ex.  :  Usnea)  et  distinctes, 
quelquefois  confondues  et  intimement  unies 
avec  la  couche  corticale  (ex.  :  Evernia,  Roc- 
cella).  Outre  les  deux  couches  dont  nous 
venons  de  parler,  il  en  est  une  autre  qu'on 
n'observe  guère,  dans  quelques  Lichens,  que 
dans  le  premier  âge,  et  qui  est  propre  sur- 
tout aux  formes  crustacées  et  foliacées ,  c'est 
l'hypothalle  (protothallus  Meyer,  Sprengel), 
composé  de  cellules  cylindriques,  allongées, 
comme  confervoides  dans  les  premières, 
réunies  en  plus  ou  moins  grand  nombre  et 
prolongées  en  rhizines  dans  les  secondes. 

L'hypothalle  est  l'état  primitif  de  tout 
Lichen  né  d'une  sporidie,  et  ne  peut  être 
regardé  que  comme  le  système  végétatif  ru- 
dirnentaire.  On  peut  le  comparer  au  mycé- 
lium des  Champignons,  d'où  s'élèvent  les 
réceptacles  de  la  fructification,  qui,  à  nos 
yeux,  semblent  constituer  la  plante  entière. 
Ce  qu'on  serait  tenté  de  prendre  pour  de 
vraies  radicelles,  dans  les  Lichens  foliacés, 
n'est  donc,  en  effet,  que  l'hypothalle,  dont 
les  fibres  allongées  forment,  par  leur  réu- 
nion, soit  un  duvet  abondant  (ex.  :  Parme- 
lia  plumbea),  soit  des  faisceaux  ou  crampons 
au  moyen  desquels  la  plante  se  fixe  sur  les 
corps  qui  lui  servent  de  matrice  ou  support 


su 


LIC 


LIG 


(ex  :  Peîligera  canina).  Dans  les  Collémacées 
(voy.  notre  article  byssacées,  dans  ce  Dic- 
tionnaire), les  couches  corticale  et  médul- 
laire sont  confondues  et  nagent  dans  une 
substance  gélatiniforme  qui  les  relie  entre 
elles. 

Le  thalle  horizontal  des  Lichens  est  ou 
crustacé  (crusta)  (ex.  :  Lecidea  parasema)  ou 
foliacé  (ex.:  Parmelia  parietina).  Dans  le 
premier  cas,  il  est  entièrement  uni  à  la  ma- 
trice sur  laquelle  le  Lichen  s'est  développé. 
Là  prédominent  les  cellules  arrondies,  rem- 
plies d'une  matière  granuleuse,  qui  rend  ce 
thalle  ordinairement  friable.  Celui-ci  est 
épiphléode  ou  hypophléode,  uniforme  ou 
figuré,  contigu  ou  aréole,  quelquefois  com- 
plètement granuleux  ou  même  composé  de 
petites  écailles  imbriquées.  On  entend  par 
croûte  épiphléode  d'un  Lichen  (lhallus  epi- 
phloeodes)  celle  qui  se  développe  sur  l'épi- 
derme  des  écorces  végétales  ou  même  des 
feuilles  coriaces  et  persistantes ,  et  Ton  donne 
le  nom  d'hypophléode  (lhallus  hypophlœodes) 
à  celle  qui,  primitivement  formée  sous  l'é- 
piderme,  soulève  cet  organe  en  y  adhérant, 
et  subit  avec  lui  toutes  ses  métamorphoses, 
ou  bien  finit  par  le  rompre  et  se  montrer  au 
dehors  de  manière  qu'il  soit  difficile  de 
remontera  son  origine.  Ainsi  le  thalle  d'un 
Lichen  crustacé  peut  primitivement  être 
hypophléode,  et  devenir,  avec  l'âge,  du  moins 
apparemment,  épiphléode. 

Dans  quelques  cas,  le  thalle  appliqué  re- 
vêt une  forme  intermédiaire  entre  la  forme 
crustacée  et  la  foliacée,  c'est-à-dire  que, 
comme  dans  les  Placodium,  par  exemple,  il 
est  crustacé  au  centre,  et  découpé  en  folioles 
rayonnantes  et  appliquées  dans  toute  sa 
circonférence  (ex.  :  P.  murorum). 

Le  thalle  foliacé  est  remarquable  d'abord 
par  sa  composition  intime,  dans  laquelle 
l'excessif  développement  des  cellules  cylin- 
driques de  la  couche  médullaire  a  obli- 
téré en  grande  partie  les  cellules  sphéri- 
ques  qui  forment  presque  en  totalité  le 
thalle  crustacé.  De  là  la  souplesse  et  la 
flexibilité  du  tissu  des  feuilles.  Au  reste, 
ce  thalle,  quelquefois  réduit  à  de  simples 
squames,  ce  qui  rend  sa  diagnose  assez  dif- 
ficile, est  le  plus  souvent  formé  de  folioles 
linéaires,  planes,  qui  rayonnent  d'un  cen- 
tre commun  (ex.:  Parmelia  slellaris),  ou 
bien  il  est  monophylle  (ex.:  Endocarpon 


miniatum),  et  plus  ou  moins  découpé  en  la- 
nières étalées  et  diversement  conformées. 
Dans  ce  dernier  cas ,  il  adhère  beaucoup 
moins  intimement  à  son  support,  et  quel- 
quefois n'y  est  fixé  que  par  le  centre  (ex.: 
Umbilicaria  pustulala). 

Le  thalle  est  ou  comprimé ,  comme  dans 
certaines  Ramalines,  ou  cylindrique  et  fru- 
ticuleux,  comme  dans  les  Stéréocaulons  et 
les  Usnées.  Dans  les  Cladonies  (  Voy.  ce 
mot) ,  le  thalle  est  à  la  fois  horizontal,  fo- 
liacé et  vertical ,  fruticuleux. 

ORGANES  DE  REPRODUCTION. 

Les  organes  chargés  de  cette  importante 
fonction  dans  les  Lichens  se  composent  de 
deux  parties  bien  distinctes,  le  Thalamium 
etVExcipulum,  lesquelles  réunies  consti- 
tuent l'apothécie. 

Du  Thalamium.  Le  thalamium  ou  autre- 
ment le  nucléus  renferme  les  thèques (Asci); 
ce  sont  des  cellules  verticales,  cylindroïdes, 
claviformes  ou  elliptiques,  qui  contiennent 
dans  leur  cavité,  sur  une  ou  deux  rangées, 
d'autres  cellules  globuleuses,  ellipsoidesou 
en  navette,  auxquelles  on  donne  générale- 
ment le  nom  de  sporidies.  Les  thèques  et  les 
sporidies  sont  placées  entre  des  cellules  al- 
longées, simples  ou  rameuses,  qu'on  nomme 
paraphyses,  et  qui  sont  probablement,  dans 
la  plupart  des  cas,  des  thèques  avortées  et 
stériles.  Dans  le  genre  Myriangium,  Berlt. 
et  Montg.,  au  lieu  de  paraphyses  on  ren- 
contre un  tissu  fibroso-spongieux,  qui  forme 
autant  de  loges  distinctes  qu'il  y  a  de  thèques. 
Ces  différents  ordres  de  cellules,  dont  nous 
avons  parlé  plus  haut,  sont  unis  au  moyen 
d'une  petite  quantité  de  matière  mucilagi- 
niforme  très  avide  d'humidité.  Eschwci- 
ler,  qui  a  le  premier  donné  de  bonnes  ana- 
lyses du  fruitdes  Lichens,  a  encore  distingué 
dans  le  thalamium  ,  et  figuré  dans  les  Icô- 
nes selectœ  cryptogamicœ ,  de  la  Flore  du 
Brésil  de  M.  de  Martius ,  ce  qu'il  nomme 
l'hypothèce  (  hypothecium  ) ,  c'est-à-dire 
une  couche  simple  ou  double  de  cellules 
arrondies  sur  laquelle  repose  cet  organe. 
Enfin,  le  thalamium  ou  sporophore  offre 
deux  formes  principales ,  selon  qu'il  ap- 
partient aux  Lichens  gymnocarpes  ou  aux 
angiocarpes.  Soumis  à  l'action  de  l'air  et  de 
la  lumière  dans  les  premiers,  il  est  persis- 
tant et  sous  forme  de  disque  orbiculaire 


LIG 

dans  les  Parméliacées,  les  Lécidinées  ,  etc., 
ou  indurescent  et  placé  dans  des  espèces  de 
fentes  linéaires,  allongées,  simples  ou  ra- 
meuses {Lirellœ) ,  qui  distinguent  les  Gra- 
phidées,  cas  dans  lesquels  il  prend  le  nom 
de  lame  proligère  (Lamina  proligera).  Dans 
les  seconds,  renfermé  dans  le  thalle,  soit 
médiatement  comme  chez  les  Verrucaires, 
soit  immédiatement  comme  chez  les  Sphé- 
rophores,  il  est  ordinairement  déliquescent, 
et  conserve  plus  spécialement  le  nom  de 
nucléus.  Mais  ce  nucléus  lui-même  contient 
des  ihèques  dont  la  direction  varie,  et  qui 
sont  dressées  dans  les  Verrucaires  et  conver- 
gentes dans  les  Endocarpes. 

De  VExcipulum.  L'excipulum  ou  spo- 
range est  de  deux  sortes,  ou  homogène,  et 
conséquemment  concolore  {excipulum  thal- 
lodes),  ou  hétérogène  ,  d'une  nature  parti- 
culière (  excip.  proprium) ,  ordinairement 
carbonacé  et  discolore.  Quelquefois  il  est 
double,  c'est-à-dire  composé  d'un  excipu- 
lum propre  ,  bordé  ou  revêtu  d'un  excipu- 
lum thallodique  (ex.:  Graphis  Afzelii).  En- 
fin dans  les  genres  Coccocarpia,  Pers.  [Voy. 
ce  mot) ,  et  Abrothallus,  DNtrs.  ,  il  n'y  a 
point  d'excipulum,  et  la  lame  proligère, 
après  son  éruption  du  thalle,  s'étale  en  dis- 
que sur  lui.  Soit  qu'il  tire  son  origine  du 
thalle,  soit  qu'il  lui  soit  étranger  et  jouisse 
d'une  nature  propre,  l'excipulum  revêt  des 
formes  variées  et  reçoit  des  noms  différents. 
Il  est  orbiculaire($cute//a)  dans  les  Parmé- 
liacées et  les  Lécidinées,  linéaire,  simple  ou 
rameux  (Lirella)  dans  les  Graphidées,  ovoïde 
ou  sphérique  et  creux  ( Périt hecium)  dans  les 
Verrucariées  et  les  Trypéthéliées.  Il  peut 
encore  se  faire  que  plusieurs  excipulum 
confluents  se  soudent  ensemble,  et  produi- 
sent, surtout  dans  les  Cladonies,  ces  apothé- 
cies  symphycarpiennes  (Apolhecia  symphy- 
carpea) ,  qui  ont  une  grande  ressemblance 
et  même  une  grande  analogie  de  formation 
avec  le  chou-fleur.  Les  apothécies  des  Us- 
nées  ont  encore  reçu  le  nom  particulier 
d'Orbilles  {Orbilli). 

MORPHOLOGIE   DES  LICHENS. 

Pour  compléter  ces  généralités  sommaires, 
je  dois  dire  aussi  quelques  mots  sur  la  gé- 
nération des  Lichens ,  sur  leur  métamor- 
phose ou  l'évolution  successive  des  organes 
aux  différentes  époques  de  leur  existence,  i 
t.  vu. 


LIG 


345 


enfin  sur  leur  anamorphose  ou  les  dégéné- 
rescences auxquelles  ils  sont  sujets  dans 
certaines  circonstances  appréciables.  Tout 
cela  constitue  ce  qu'on  nomme  Morphologio 
d'un  être  naturel  quelconque. 

Genèse  des  Lichens.  Ainsi  qu'on  a  déjà  pu 
le  voir  dans  notre  définition  des  Lichens, 
leur  mode  de  propagation  est  double  , 
comme  dans  la  plupart  des  autres  agames, 
les  Champignons,  peut-être,  exceptés.  Il  a 
lieu  ou  par  la  germination  de  la  sporidie 
(elongalio)  ou  par  l'évolution  continuée 
d'une  gonidie  qui,  dans  ce  cas ,  fait  l'office 
d'une  gemme  prolifère.  Meyer  et  Fries,  par 
des  expériences  directes  ,  et  bien  avant  eux 
l'immortel  Mnheli  ,  ont  mis  hors  de  doute 
le  premier  moyen  de  propagation.  Fries  in- 
dique les  précautions  à  prendre  pour  faire 
réussir  L'opération.  Comme  celles  de  toutes 
les  autres  Agames,  les  sporidies  des  Lichens 
en  état  de  germination  se  prolongent  en  un 
[mononemea)  ou  deux  filaments  opposés  (di- 
nemea)  qui ,  réunis  à  plusieurs  autres  dans 
des  circonstances  favorables  à  leur  dévelop- 
pement, reproduisent  une  nouvelle  plante. 

11  est  facile  de  se  convaincre  de  la  réalité 
de  l'autre  mode  de  propagation  ,  nié  par 
Esehweiler,  en  observant  révolution  des  fo- 
lioles qui  a  lieu,  soit  à  la  surface  de 
certaines  Parmélies,  soit  autour  des  sup- 
ports (Podelia)  des  Cladonies,  folioles  évi- 
demment produites  par  la  végétation  con- 
tinuée de  la  couche  gonimique  du  Lichen. 
On  remarque  néanmoins  cette  différence 
entre  les  individus  provenus  de  sporidies,  et 
ceux  qui  résultent  de  l'évolution  des  goni- 
dies  ,  que  les  premiers  commencent  par  un 
hypothalle,  et  que  les  seconds,  qui  en  sont 
dépourvus,  consistent  en  plusieurs  gonidie.. 
rapprochées,  agglutinées  et  simultanément 
développées  selon  la  loi  qui  préside  à  la 
multiplication  des  cellules. 

Anamorphoses  des  Lichens. Les  états  atypi- 
ques (  Anamorphosis  )  des  Lichens  ou  leur 
aberration  du  type  dont  ils  proviennent, 
peuveutse  ranger sousdeuxehefs  principaux: 
ou  leur  évolution  normale  a  été  empêchée 
ou  retardée,  ou  bien  elle  a  été  précipitée  et 
accélérée.  Mais  selon  les  circonstances  qui 
ont  agi,  c'est  tantôt  un  organe,  tantôt  un 
autre  qui  subit  la  dégénérescence  ou  l'alté- 
ration d'où  naît  l'état  atypique.  C'est  ainsi 
que,  selon  uue  le  lieu  où  il  végète  est  hu<* 

44 


346 


LIG 


LIC 


mide  ou  exposé  aux  rayons  d'un  soleil  ar- 
dent, l'hypothalle  s'allonge  en  flocons  variés 
qui  simulent  des  Confervées,  ou  s'oblitère 
complètement,  comme  dans  le  Lepra  anti- 
quitalis.  Le  thalle  subit  encore  bien  d'au- 
tres variations.  Sa  dégénérescence  pulvéru- 
lente produit  les  Lepraria  d'Acharius ,  où 
sont  confondus  ensemble  les  gonidies  et  tous 
les  autres  éléments  organiques  du  Lichen. 
Lorsque  l'excroissance  lépreuse  a  lieu  par 
pulvinules  discrets  sur  un  thalle  foliacé, 
elle  constitue  ce  que  l'on  nomme  des  Sori- 
dies  (Soredia);  si  elle  existe  sur  un  thalle 
crustacé ,  elle  donne  lieu  à  un  état  vario- 
loïde  (Variolaria) .  Ce  sont  surtout  les  Per- 
tusaires  qui  présentent  ordinairement  cette 
dernière  altération.  Les  croûtes  ou  les  fron- 
des des  Lichens  offrent  encore  certaines  ex- 
croissances cylindriques  ou  coralloïdes  qui 
déterminent  l'état  isidiophore,  dont  Acha- 
rius  avait  fait  son  genre  Isidium.  Une  chose 
digne  de  remarque  pourtant,  c'est  que  ce 
célèbre  lichénographe  avait  restreint  ce  g. 
aux  espèces  à  thalle  crustacé,  quoiqu'on 
observé  la  même  sorte  d'anamorphose  sur 
toutes  les  autres  formes  de  thalle.  Dans  les 
états  atypiques  que  nous  venons  d'exami- 
ner, l'on  trouve  rarement  des  apothécies  ; 
le  Lichen  ainsi  dégénéré  reste  ordinaire- 
ment stérile.  Mais  il  arrive  aussi  quelque- 
fois que  le  thalle  s'oblitère  entièrement,  et 
qu'une  apothécie  solitaire  constitue  tout  le 
Lichen;  bien  plus  encore,  on  peut  rencon- 
trer la  scutelle  d'une  Parméliacée  sur  le 
thalle  d'une  autre  espèce  de  la  même  tribu, 
quelquefois  même  d'une  tribu  éloignée 
(ex.:  Endocarpon  saxorum  devenant  ainsi 
le  Parmelia  Schœreri  Pries).  Au  reste,  que 
cette  scutelle  soit  sur  une  autre  fronde ,  ou 
bien  qu'elle  se  soit  développée  sur  un  autre 
corps  quelconque,  comme  dans  l'un  et 
l'autre  cas  elle  est  pourvue  de  son  excipu- 
lum  thallodique,  il  est  évident  que,  quoi- 
que fort  restreint,  le  thalle  n'est  pas  ab- 
solument nul.  Quand  le  même  cas  se  pré- 
sente dans  les  Lécidinécs,  quijouissent  d'un 
excipulum  propre,  il  est  probable  que  la 
scuteile  ou  l'apothécie  s'est  développée  sur 
un  hypothalle  peu  apparent. 

Les  anamorphoses  des  apothéoies  méri- 
tent encore  plus  d'attention  en  ce  qu'elles 
ont  donné  lieu  à  la  création  d'une  foule  de 
genres  faux  et  insoutenables.  Certains  ob- 


servateurs s'en  sont  même  laissé  imposer 
au  point  de  les  considérer  comme  des  Cham- 
pignons. En  thèse  générale ,  plus  le  Lichen 
est  parfait,  c'est-à-dire  élevé  dans  la  série, 
plus  l'apothécie  est  imparfaite,  plus  la  lame 
proligère  est  mince,  plus  les  thèques  sont 
petites  et  menues,  et  vice  versa  (ex.:  Usnea 
et  Pertusaria  ).  Ces  dernières  acquièrent 
même  un  volume  extraordinaire  dans  quel- 
ques Lichens  atypiques,  comme  les  Vario- 
laires,  etc.  Et  d'abord  nous  observons  les 
états  angiocarpiens  des  Lichens  gymnocar- 
pes,  états  dans  lesquels  s'est  arrêtée  l'évo- 
lution normale  de  l'apothécie  ou  du  nu- 
cléus ,  et  qui  peuvent  simuler  des  Verru- 
caires  ou  des  Endocarpes.  Les  Céphalodes 
(  Cephalodia)  sont  une  autre  espèce  d'ana- 
morphose dans  laquelle  le  thalamium  des 
Parrnéliacées  se  développe  seul  outre  me- 
sure sans  être  accompagné  du  rebord  ou 
excipulum  thallodique,  et  arrive  ainsi  à 
former  une  forte  protubérance  hémisphé- 
rique immarginée.  Il  faut  bien  toutefois  se 
garder  de  confondre  avec  cette  dégénéres- 
cence un  état  normal  analogue  de  quelques 
Lécidinées  dont  le  disque  devient  convexe 
avec  l'âge,  et  oblitère,  en  le  renversant  ou 
le  surmontant ,  le  rebord  de  l'excipulum 
propre.  Viennent  enGn  les  états  arthonioïdes 
et  spilomoïdes  (Arthonia  Ach.  pro  parte  et 
Spiloma  Ejusd.);  dans  le  premier,  l'apo- 
thécie des  Graphidées ,  des  Verrucaires  , 
est  tellement  dégénérée  qu'elle  est  réduite 
à  un  disque  difforme  ou  même  à  une  sim- 
ple tache  par  la  confusion  de  tous  les  élé- 
ments de  l'excipulum  et  du  nucléus  ;  dans 
le  second,  la  scutelle  tout  entière  est  ré- 
duite à  un  état  pulvérulent  où  se  retrouvent 
des  sporidies  nues. 

Végétation  des  Lichens.  Les  conditions 
favorables  à  la  végétation  de  ces  plantes 
sont  l'air,  la  lumière,  la  chaleur  et  l'humi- 
dité. Elles  ne  se  développent  point  dans  une 
obscurité  complète;  dans  les  lieux  où  pé- 
nètre peu  de  lumière  ,  elles  n'arrivent  point 
à  leur  état  normal.  De  là  la  plupart  des 
anamorphoses  signalées  tout-à-1'heure ,  et 
surtout  l'état  lépreux  du  thalle.  Comme  les 
Lichens  ne  végètent  qu'en  absorbant  l'hu- 
midité répandue  dans  l'atmosphère,  et  que, 
pendant  la  sécheresse  ,  leur  vie  est  suspen- 
due, il  en  résulte  que  cette  humidité  est  la 
cause  essentielle,  la  condition  sine  quâ  non 


LIC 


LIC 


347 


de  leur  accroissement.  La  chaleur,  quoique 
moins  indispensable  ,  joue  néanmoins  aussi 
un  très  grand  rôle  dans  l'histoire  de  leur 
développement.  Tempérée,  elle  favorise  leur 
évolution  ;  excessive,  elle  l'empêche,  la  re- 
tarde ou  l'arrête,  quand  surtout  elle  est  ac- 
compagnée de  sécheresse.  Les  Lichens  con- 
servent longtemps  en  eux-mêmes  la  faculté 
de  végéter;  la  vie  y  est,  pour  ainsi  dire, 
en  puissance,  et  ils  sont  capables  de  la  re- 
couvrer après  une  longue  période  de  mort 
apparente.  C'est  ainsi  que  Pries  cite  l'exem- 
ple d'un  individu  de  Parmelia  ciliaris  ,  le- 
quel ,  recueilli  et  conservé  en  herbier  pen- 
dant plus  d'un  an  ,  a  recommencé  à  végé- 
ter dès  qu'il  a  été  replacé  dans  des  conditions 
favorables  à  un  nouvel  accroissement.  La 
vie  de  ces  plantes  est  donc  presque  indéfi- 
nie ,  et  leur  mort  ou  plutôt  leur  destruction 
dépendante  des  seules  causes  extérieures, 

Station  des  Lichens.  Les  Lichens  croissent 
sur  tous  les  corps  de  la  nature  :  les  arbres, 
la  terre,  les  rochers,  les  pierres,  tout  leur 
est  bon  ,  pourvu  qu'ils  y  trouvent  un  point 
d'appui,  car  ce  sont  de  faux  parasites,  qui 
ne  vivent  point  aux  dépens  de  leurs  supports. 
On  en  rencontre  même  sur  le  fer  ou  les  au- 
tres métaux.  Les  uns  vivent  indifféremment 
sur  les  pierres,  la  terre  ou  les  écorces  ;  les 
autres  affectionnent  une  station  unique,  et 
ne  vivent  que  là.  Sous  les  tropiques,  ils  at- 
teignent leur  développement  normal  jusque 
sur  les  feuilles.  Dans  nos  climats  septentrio- 
naux ,  nous  avons  trouvé  une  Opégraphe 
(0.  herbarum)  sur  des  tiges  de  plantes  her- 
bacées ,  ce  qui  est  très  remarquable  sous  le 
point  de  vue  physiologique.  La  même  es- 
pèce a  été  aussi  recueillie  par  mademoiselle 
Libert  sur  le  chaume  des  céréales. 

De  même  qu'il  y  a  des  Lichens  propres  à 
tel  ou  tel  habitat,  de  même  aussi  il  y  a  des 
régions  et  des  stations  particulières  à  tel  ou 
tel  Lichen.  Quand,  par  hasard,  il  arrive 
que  ce  Lichen  croît  dans  une  région  moins 
favorable  à  sa  parfaite  évolution,  il  demeure 
stérile  et  se  reproduit  probablement  alors 
au  moyen  de  ses  gonidies.  C'est  le  cas  où  se 
trouvent  les  Sticta  limbata  et  aurata  ,  le 
Leptogium  Drebissonii ,  etc.,  qu'on  n'a  ja- 
mais rencontrés  avec  des  apothécies  dans 
nos  départements  de  l'Ouest ,  où  pourtant 
ces  Lichens  sont  assez  communs.  Le  char- 
mant Verrucaria  pulchella  Borr.,  qui  vient 


en  Angleterre  ,  ne  fructifie  pas  non  plus 
chez  nous,  et  ce  sont  ses  squames  qui, 
vues  stériles  par  Delise ,  ont  servi  de  type  à 
son  genre  Lenormandia.  Ainsi  de  mille 
autres. 

Statistique  des  Lichens.  Le  nombre  des 
Lichens  connus  est  fort  variable,  selon  le 
point  de  vue  où  l'on  se  place  et  la  manière 
d'apprécier  les  genres  et  les  espèces.  Ainsi  , 
pour  ne  citer  qu'un  seul  exemple,  Delise 
énumérait  53  Cladonies  dans  le  Bolanicon 
Gallicum,  tandis  que  Pries ,  venu  après  lui, 
n'en  compte  que  23  espèces  seulement  pour 
toute  l'Europe,  rejetant  toutes  les  autres 
comme  des  variétés  ou  de  simples  formes. 
S'il  nous  était  permis  d'indiquer  ici  d'une 
façon  approximative  le  nombre  des  espèces 
de  Lichens  publiées  jusqu'ici ,  car  le  relevé 
exact  de  ce  qui  a  été  décrit  depuis  le  Syno- 
psis d'Acharius  serait  un  long  travail ,  nous 
le  porterions  de  1,000  à  1,200,  réparties 
dans  90  genres  en  y  comprenant  les  Collé- 
macées.  Ce  total  ne  s'écarte  pas  de  beau- 
coup, en  effet,  de  la  loi  générale  qui  a  été 
déduite  des  faits,  etqui  donne,  terme  moyen, 
10  à  12  espèces  par  genre.  Toutes  les  tribus 
connues  de  la  famille  des  Lichens,  à  peu 
d'exceptions  près  ,  comptent  des  représen- 
tants dans  les  diverses  régions  du  globe; 
mais  il  est  faux  que  les  plantes  cellulaires 
ou  agames  en  général ,  et  en  particulier  les 
Lichens,  soient  plus  nombreux  vers  les  pôles 
que  sous  les  tropiques.  Si  l'on  entend  parler 
du  nombre  des  individus  comparés  aux  au- 
tres plantes  vasculaires  ,  on  a  sans  doute 
raison;  mais  absolument  parlant,  c'est  tout 
l'opposé  (1).  Le  nombre  des  espèces  croît  en 
effet  avec  la  chaleur,  qui  favorise  et  provo- 
que leur  développement.  Il  est  bon  dénoter 
toutefois  que  ce  sont  principalement  les  Li- 
chens angiocarpes  qui  prédominent  dans  les 
régions  les  plus  chaudes  du  globe.  Les  nom- 
breuses espèces  que  nous  a  envoyées  dans 
le  temps  ,  de  la  Guiane,  notre  ami  M.  Lc- 
prieur,  et  que  nous  avons  publiées  dans  no- 
tre Seconde  Centurie  de  Plantes  cellulaires 
exotiques,  appartenaient  en  effet,  pour  la 
plupart,  aux  tribus  des  Trypéthéliées ,  des 
Verrucariées  et  des  Graphidées.  A  l'appui 
de  l'opinion  énoncée  plus  haut,  nous  rap- 
porterons les  propres  termes  de  la  lettre  de 

(i)  Summa  est  specicrum  accumuUitio  Frifs,  Lichen  rtform 

p.  HXXIV. 


348 


LîC 


M.  Leprieur,  qui  accompagnait  ces  plantes: 
«  Une  chose  fort  surprenante,  dit-il,  c'est 
»  Vhabitat  de  ces  belles  cryptogames.  Pour 
»  qu'elles  se  propagent,  il  faut  de  l'air  et 
»  de  la  lumière  en  abondance.  Ce  n'est  que 
»  sur  les  arbres  des  prairies  naturelles  que 
»  vivent  toutes  ces  espèces.  Là  où  le  vent  ne 
»  se  fait  pas  sentir,  là  où  le  soleil  ne  darde 
»  pas  ses  rayons  de  feu,  on  ne  doit  pas  s'at- 
»  tendre  à  en  rencontrer.  » 

Les  Stictes,  les  Verrucaires,  les  Graphis 
et  en  général  les  Lichens  corticoles  ou  épi- 
phylles  (  Myco-Lichenes  Pries)  ont  donc  leur 
centre  géographique  dans  les  zones  les  plus 
rapprochées  de  l'équateur.  Quelques  espèces 
isolées  viennent  bien  faire  acte  de  présence 
dans  les  régions  australes  ou  occidentales  de 
l'Europe  ,  mais  elles  y  fructifient  rarement, 
ou  même  elles  restent  constamment  stériles; 
ce  sont  les  Chiodecton  myrticola,  Myrian- 
gium  Duriœi,  Dirina  Ceratoniœ  et  repanda  , 
Sticta  aurala ,  Leptogium  Brebissonii ,  etc. 
Les  Peliigères  ,  les  Cladonies  et  les  Parmé- 
îiacées  (Phyco-Lichenes  Fries)  sont,  au  con- 
traire, plus  nombreuses  dans  les  pays  tem- 
pérés ,  et  s'élèvent  davantage  dans  les  ré- 
gions alpines  ou  polaires.  Parmi  les  espèces 
cosmopolites,  on  peut  citer  les  suivantes  : 
Usnea  barbata,  Parmelia  subfusca,  Clado- 
nia  rangiferina  ,  Biatora  vernaîis  ,  Opegra- 
pha  scripta  et  Verrucaria  nitida.  Fries  fait 
remarquer  qu'on  ne  trouve  point  de  Cali- 
cium  entre  les  tropiques.  Il  ajoute  que,  dans 
le  Nord  ,  certains  Lichens  corticoles  propres 
à  telle  ou  telle  espèce  d'arbre  cessent  de  se 
montrer  dès  que  cette  espèce  disparaît ,  et 
qu'ainsi  les  Biatora  rosdla,  Perlusaria 
Wulfen'd  a  ,  Thelotrema  lepadinum ,  dispa- 
raissent avec  le  Hêtre  ,  VOpegrapha  herpe- 
tica  et  le  Coniocarpon  cinnabarinum  avec  le 
Charme,  VOpegrapha  scripta  avec  le  Cou- 
drier, VOpegrapha  varia  avec  le  Frêne  et 
TErable  ,  et  enfin  le  Verrucaria  gemmata 
avec  le  Chêne.  Quant  aux  Lichens  terrestres 
ou  saxicoles  ,  il  existe  une  immense  diffé- 
rence entre  ceux  qui  vivent  dans  les  régions 
granitiques  et  ceux  qui  habitent  les  terrains 
calcaires.  Celte  différence  est  même  plus 
marquée  que  relie  qu'on  rencontre  ordinai- 
rement entre  les  Lichens  des  régions  méri- 
dionales et  septentrionales  de  l'Europe.  On 
pourrait  faire  un  livre  sur  cette  matière; 
mais  nous  nous  arrêterons  là.  et  nous  ren- 


LIC 

verrons  les  personnes  qui  désireraient  plu» 
de  détails,  à  la  Lichenographia  europœa  de 
Fries,  et  à  l'ouvrage  de  M.  Unger,  intitulé  : 
Uber  den  Einfluss  des  Bodens  auf  die  Ver- 
theilung  der  Gewachse  etc. 

Usages  des  Lichens.  Ces  usages  ont  rap- 
port soit  à  l'économie  domestique  ou  à  Fa 
médecine,  soit  aux  arts  industriels.  Le  Li- 
chen d'Islande  (  Cetraria  islandica)  est  non 
seulement  employé  comme  aliment  dans  cer- 
taines contrées  où  les  céréales  ne  peuvent 
prospérer,  mais  on  en  fait  usage  avec  un 
grand  succès  en  tout  pays  pour  remédier 
aux  affections  chroniques  du  poumon.  Il 
fournit,  par  la  décoction ,  un  mucilage  qui 
peut  servir  comme  aliment  doux  et  restau- 
rant tout  à  la  fois  dans  les  convalescences. 
Tout  le  monde  connaît  l'importance  du  Li« 
chen  des  Rennes  (Cladonia  rangiferina), 
sans  lequel  la  Laponie  serait  condamnée  à 
la  plus  affreuse  solitude;  nous  en  avons 
parlé  au  mot  cladonie  ,  et  nous  y  renver- 
rons le  lecteur.  I!  est  une  autre  plante  du 
même  genre  qu'on  emploie  avec  avantage 
au  Brésil  contre  la  maladie  aphtheuse  des 
nouveaux-nés  ,  c'est  le  Cladonia  sanguinea 
Eschw. 

Sous  le  point  de  vue  industriel ,  les  Li- 
chens ne  sont  pas  moins  importants,  puis- 
qu'ils produisent  Vorcine,  ce  principe  tinc- 
torial qu'en  a  retiré  M.  Robiquet.  Quoique 
Yon  connût  depuis  les  temps  les  plus  recu- 
lés les  propriétés  colorantes  de  plusieurs  es- 
pèces de  cette  famille,  il  est  toutefois  équi- 
table de  reconnaître  que  c'est  aux  savantes 
recherches  de  cet  habile  chimiste  que  Ton 
doit  ce  produit  à  l'état  cristallin.  On  le  retire 
surtout  des  Roccella  tinctoria  ,  fuciformis  , 
Montagnei,  mais  aussi  des  Lecanora  parella 
et  de  plusieurs  autres  Lichens, 

Classification  des  Lichens.  Malgré  les  nom- 
breux et  excellents  travaux  dus  aux  efforts 
d'Acharius  ,  de  Meyer  et  Wallroth  ,  d'Esch- 
weiler,  de  Fée  et  de  Fries,  nous  ne  pensons 
pas  que  l'état  actuel  de  la  science  permette 
de  classer  d'une  façon  suffisamment  métho- 
dique les  plantes  de  cette  vaste  famille.  Si 
l'on  veut  bien  se  rappeler  le  mode  d'évolu- 
tion des  apothécies  ,  on  se  persuadera  faci- 
lement que  la  division  première  en  Lichens 
gymnocarpes  et  en  Lichens  angiocarpes  est 
plus  spécieuse  que  solide  ,  puisque  ces  or- 
ganes offrent  le  plus  souvent  les.  sî.eux  états^ 


ne 


L1C 


349 


selon  l'époque  de  leur  développement  à  la- 
quelle on  les  observe.  Il  est  en  effet  des  Li- 
chens ,  les  Endocarpes ,  par  exemple,  qui, 
par  la  disposition  de  leur  lame  proligère, 
sont  bien  plus  rapprochés  des  Gymnocarpes 
que  des  Angiocarpes,  où  ils  ont  été  placés. 
Les  thèques  et  les  paraphyses  y  sont  fixées 
par  une  de  leurs  extrémités  à  la  paroi  de  la 
loge,  et  convergent  par  l'autre  vers  le  centre 
de  celle-ci ,  et  si  vous  supposez  une  évolu- 
tion plus  avancée  de  l'apothécie,  comme 
nous  en  avons  des  exemples  dans  notre  En- 
docarpon  Dufourei  DR.  et  Montg.  (Par- 
melia  Endocarpea  Fries),  et  dans  VEndocar- 
pon  saxorum  Chaill.  (  Parmelia  Schœreri 
Fries),  vous  aurez,  au  lieu  d'une  loge  ostior 
lée ,  un  disque  plus  ou  moins  concave.  Nous 
trouvons  ici  la  même  différence  que  présente, 
parmi  les  Pyrénomycètes,  le  g.  Diplodia 
Fries  (Sporocadus,  Corda) ,  lequel  est  bien 
plus  rapproché  des  g.  Hysterium  ,  Phaci- 
dium  et  Rhytisma  que  des  vraies  Sphéria- 
cées.  Sans  nous  dissimuler  que  quelques 
anomalies  en  pourraient  encore  résulter, 
car  quelle  méthode  en  est  exempte?  nous 
croyons  donc  qu'une  classification  dont  les 
premières  divisions  reposeraient  sur  l'érec- 
tion ,  la  divergence  ou  la  convergence  des 
thèques,  puis  sur  la  présence  ou  l'absence 
d'un  excipulum  propre  ou  de  tout  excipu- 
lum,  fournirait  le  moyen  d'arriver  peut-être 
à  une  disposition  plus  naturelle  des  genres 
de  cette  famille.  En  faisant  concourir  en- 
suite avec  ces  données  primordiales  les  for- 
mes si  variées  du  thalle,  sa  composition, 
les  formes  des  thèques  et  des  sporidies  (I), 
on  trouverait  peut-être  une  somme  de  ca- 
ractères propres  à  différencier  les  genres 
entre  eux. 

Tout  en  reconnaissant  que  la  tâche  est 
bien  ardue  ,  peut-être  même  au-dessus  de 
nos  forces  ,  les  nombreux  matériaux  dont 
nous  disposons,  nos  études  antérieures  et 
celles  que  nous  nous  proposons  de  faire  en- 
core dans  ce  but,  les  conseils  des  premiers 
iichénographes  de  l'Europe,  avec  lesquels 
nous  sommes  en  relation,  enQn  le  concours 
qui  nous  est  promis  par  la  communication 

(i)  Nous  avons  déjà  exprimé  ailleurs  (Annales  des  sciences 
naturelles.  2"  série,  t  IX,  p  25o;  l'opinion  que  cetle  forme, 
indépendamment  de  ses  relations  aver  le  thalle,  ne  pouvait 
fervir  à  fonder  <1<  s  genres  solides.  De  nouvelles  observations, 
que  nous  ferons  connaître  en  leur  lieu,  viennent  confirmer 
encore  ce  que  nous   disions  à   cette   époque  déjà  loin    de 


des  immenses  richesses  contenues  dans  les 
herbiers  de  MM.  Bory  de  Saint-Vincent, 
Lenormand  et  Delise  ,  Léon  Dufour,  qui  a 
entretenu  si  longtemps  des  communications 
avec  Acharius,  Fée,  et  d'autres  encore, 
tout  nous  encourage  à  consacrer  nos  efforts 
à  la  publication  d'un  Synopsis  Lichenum. 
Cet  ouvrage  manque  à  la  science,  et  il  en 
faut  chercher  les  éléments  épars  dans  une 
foule  de  livres  rares  ou  chers.  Nous  tente- 
rons donc  de  mener  à  fin  cette  longue  et 
difficile  entreprise  dès  que  sera  terminée 
la  Cryptogamie  de  la  Flore  chilienne,  dont 
nous  sommes  occupé  en  cet  instant. 

Nous  nous  servirons  en  attendant  de  la 
classification  admise  par  Fries,  la  meilleure, 
selon  nous,  qui  ait  encore  été  proposée  jus- 
qu'ici. Seulement,  nous  pensons  qu'il  est 
opportun  de  faire  revivre  plusieurs  des  gen- 
res d'Acharius  et  de  De  Candolle,  que  l'il- 
lustre auteur  de  la  Lichenographia  Europœa 
ne  considère  que  comme  des  sous -genres, 
et  que  Eschweiler  a  tout-à-fait  négligés. 

Ordre  I.— GYMNOCARPES,  Schrad. 

Apothécies  ouvertes  et  étalées  sous  forme 
de  disque. 

Tribu  I. — Parméltacées,  Fries. 

Lame  proligère  arrondie,  persistante, 
marginée  par  le  thalle. 

Sous-tribu  1. — Usnéées,  Fries. 

Disque  primitivement  ouvert.  Thalle  cen- 
tripète ,  similaire,  le  plus  souvent  vertical 
ou  sarmenteux ,  toujours  privé  d'hypo- 
thalle. 

Genres  :  Usnea,  Hoffm.;  Evernia,  Ach.; 
Comicularia,  Ach.;  Bryopogon,  Nées;  Neu- 
ropogon,  Nées  et  Ftw.;  Ramalina,  Ach.;  Thy- 
sanothecium ,  Berk.  et  Montg.;  Alectoria, 
Ach.  exparte;  Roccella,DC;  Cetraria,  Ach. 

Sous-Tribu  2. — Parmeliées,  Fries. 

Disque  d'abord  clos,  puis  étalé,  ouvert  et 
marginé  par  le  thalle.  Thalle  horizontal, 
centrifuge,  pourvu  d'un  hypothalle. 

Genres  iSticla,  Ach.;  Parmelia,  Ach.  (1); 
Zeora,  Fries  ;  Placodium,  DC.  ;  Lecanora  , 
Ach.;  Urceolaria,  Ach.;  Dirina,  Fries;  Gas- 
sicurtia ,  Fée;  Gyalecta,  Ach. 

(i)  Ce  genre  devra  certainement  être  un  jour  divisé  de 
nouveau;  mais  sur  quelles  bases,  c'est  ce  qu'une  longu» 
étude  peut  seule  apprendre. 


350 


LIC 


Sous-tribu  3.— Peltigérées,  Montg. 

Disque  étalé,  arrondi  ou  réniforme,  pri- 
mitivement revêtu  d'un  vélum,  dont  les  dé- 
bris persistent  souvent  autour  de  l'apothé- 
cie.  Thalle  foliacé. 

Genres  :  Peltigera,  HofTm.  ;  Eriodcnna , 
Fée  ;  Nephroma,  Ach.;  Solorina,  Ach. 

Tribu  II. — Lécidinées,  Frics. 

Disque  arrondi,  persistant,  contenu  dans 
un  excipulum  propre,  ouvert  dès  le  jeune 
âge  et  souvent  oblitéré  dans  l'âge  adulte 
ou  la  vieillesse  par  le  développcmeiu  centri- 
fuge de  la  lame  proligère,  d'où  apothécies 
céphaloïdes.  Thalle  fruticuleux  ou  horizon- 
tal ,  foliacé  ou  crustacé. 

Genres  :  Stereocaulon,  Schreb.  ;  Sphyri- 
dium,  Ftw.  (?);  Pycnothelia,  Duf.  (P.  reti- 
rera); Cladonia,  Hoffm.;  Bœomyces,  Pers.; 
Biatora,  Fries  ;  Megalospora,  Ftw.;  Lecidea, 
Ach. 

Tribu  III. — Coccocarpées,  Montg. 

Disque  étalé,  arrondi,  né  entre  les  fila- 
ments de  la  couche  médullaire  ,  persistant 
et  privé  de  tout  excipulum,  soit  propre,  soit 
thallodique.  Thalle  foliacé. 

Genres  :  Coccocarpia,  Pers.;  Abrothallus, 
De  Notar. 

Tribu  IV. — Pyxinées,  Fries. 

Disque  arrondi.  Excipulum  propre,  d'a- 
bord clos,  superficiel,  adné  à  un  thalle  ho- 
rizontal, foliacé,  le  plus  souvent  fixé  par  le 
centre. 

Genres  :  Gyrophora,  Ach.;  Umbilicaria, 
HolTm.;  Omphalodium, Mey.  et  Ftw. 

Tribu  V. — Grapiiidées  ,  Fries. 

Disque  oblong  ou  allongé  (rarement  or- 
biculaire),  simple  ou  rameux,  lirelliforme, 
pourvu  ou  dépourvu  d'excipulum  propre. 
Thalle  crustacé. 

Genres  :  Opegrapha,  Humb.  ;  Graphis, 
Fries;  Aulaxina,  Fée  ,Lecanactis,  Eschw.  ; 
Sclerop hy ton,  Eschw.;  Ustalia,  Fries;  Artho- 
nia,  Eschw.  !  Ach.  ex  part.;  Fissurina,  Fée; 
Coniangium,  Fries;  Coniocarpon,  DG. 

Tribu  VI. — Glyphidées,  Fries. 

Disque  difforme,  variable,  coloré,  primi- 
tivement niché  dans  la  couche  médullaire 
d'un  thalle  crustacé,  puis  dénudé  et  enchâssé 


LIG 

dans  ce  même  thalle  soulevé  en  pustules  ou 
en  plaques. 

Genres  :  Glyphis,  Ach.  ;  Aclinoglyphis, 
Montg. ;  Medumla,  Eschw.;  Chiodeclon,  Ach. 

Tribu  VII. — Caliciées,  Fries. 

Disque  globuleux  ou  orbiculaire  d'abord 
recouvert  d'une  membranule  (vélum),  pui.-. 
pulvérulent,  contenu  dans  un  excipulum 
sessile  ou  pédicellé. 

Genres  :  Calicium  (1),  Pers.  ;  Coniocybc, 
Ach.;  Trachylia  ,  Frics, 

Ordre  II.— ANGIOCARPES,  Schrad. 

Apothécies  closes  ou  nucléifères. 

Tribu  I. — Sphérophorées,  Fries. 

Excipulum  fourni  par  le  thalle ,  d';ibord 
clos,  puis  s'ouvrant  par  déchirure.  Thalle 
vertical,  dressé,  fruticuleux. 

Genres  :  Sphœrophoron,  Pers.  ;  Siphula, 
Fries. 

Tribu  II. — Endocarpées,  Fries. 

Excipulum  simple  ou  double,  et,  dans  ce 
dernier  cas  ,  le  plus  intérieur  membraneux 
fourni,  comme  l'extérieur,  par  le  thalle, 
d'abord  clos,  et  plus  tard  ostiolé.  Thalle  ho- 
rizontal, libre  ou  adné. 

Genres  :  Endocarpon  ,  Fries  ;  Sagedia, 
Fries;  Porina,  Ach.,  proparte;  Perlusaria, 
DG.  ;  Stegobolus,  Montg.;  Thelotrema,  Ach.; 
Ascidium,  Fée  (Myriotrema,  Fée?). 

Tribu  III. — Verrucariées  ,  Frics. 

Excipulum  propre  clos  (Périthèce),  percé 
d'un  pore  ou  d'un  ostiole  par  où  s'échappent 
les  sporidies  d'un  nucléus  déliquescent. 
Thalle  crustacé. 

Genres  :  Verrucaria,  Pers.;  Pyrenastrum, 
Eschw. 

Tribu  IV. — Trypéthéliées,  Fries. 

Excipulum  double,  l'extérieur  formé  par 
une  verrue  du  thalle  ostiolée,  et  contenant, 
soit  immédiatement,  soit  médiatement , 
dans  un  ou  plusieurs  excipulums intérieurs 
(Périthèce),  un  nucléus  déliquescent.  Thalle 
pustuleux  ou  verruqueux  par  hypertrophie 
de  sa  couche  médullaire  souvent  colorée. 

Genres  :  Porodolhion ,  Fries;  Sphœi'om- 

(i)  V.  les  mots  calicium  et  contocybb  de  ce  Diction- 
naire; si  vous  voulez  connaître  la  structure  de  la  Urne  pro» 
i'àre     mal  comprise  jusqu'ici. 


LÏC 


LIG 


351 


phalc,  Rcich.;  Astrolhelium,  Eschw.;  Trype- 
thelium,  Spreng. 

Tribu  V.  —  Limboriées,  Fries. 

Excipulum  propre  carbonacé  clos  (  Péri- 
thèce),  s'ouvrant  ensuite  d'une  manière  fort 
irrégulière.  Thalle  crustacé. 

Genres:  Pyrcnothea,  Fries  ;  Gyrostomum, 
Fries  ;  Clioslomum,  Fries;  Limboria,  Fries  ; 
Strigula,  Fr. 

Lichens  dégénérés, 
et  genres  anomaux  qui  en  résultent. 

Lepraria,  L.;  Pulveraria,  Ach.;  Incillaria, 
Fries;  Arllironaria,  Fries  ;  Variolaria,  Ach.; 
Spiloma,  Ach.  ;  Isidium,  Ach.  ;  Arthonia, 
Ach.  ex  part.;  Protonema,  Ag.  ex  part. 

Sous- famille.  —  COLLÉMACÉES,  Montg. 
(Byssace'es,  Fries). 

Le  nom  sous  lequel  Fries  désignait  cette 
famille  ou  sous-famille,  comme  on  voudra, 
alliée  étroitement,  d'un  côté,  aux  Lichens, 
et ,  de  l'autre ,  aux  Algues  ,  et  dont  nous 
avons  déjà  traité  au  mot  byssacées  (  voy.  ce 
mot)  de  ce  Dictionnaire,  n'ayant  pas  clé 
admis,  sans  doute  à  cause  de  son  étymolo- 
gie  qui  rappelle  trop  à  l'esprit  l'idée  de 
Champignons  ou  de  Bysse,  force  nous  a  été 
de  reprendre  et  de  lui  préférer  celui  de  Col- 
lémacées ,  bien  que  comme  l'autre  il  ne 
puisse  s'appliquerconvenablement  qu'à  l'une 
des  trois  tribus  dont  se  compose  la  famille 
entière.  Comme  cette  famille  s'est  considé- 
rablement accrue  depuis  la  publication  de 
notre  premier  article,  nous  pensons  qu'on 
nous  saura  gré  de  donner  ici  un  nouveau 
tableau  des  genres  qui  la  composent. 

Tribu  I. — Collémacées  vraies,  Fries. 

Genres:  Collcma,  Hoffm.  ;  Mallotium, 
Ftw.;  Leptogiwniy  Fries;  Stephanophorus, 
Ftw.  ;  Omphalaria,  Gir.  et  Dun.  ;  Myrian- 
gium ,  Berk.  et  Montg.  ;  Myxopunlia, 
Montg.  (Nosloc? Fries). 

Tribu  II. — Cénogoniées  ,  Fries. 

Genres  :  Cœnogonium,  Ehrenb.  ;  Cilicia, 
Fries  ,  emend.  ;  Ephebe,  Fries  ;  Micarœa, 
Fries;  Thermutis,  Fries  (Rhacodium?  Pers.). 

Tribu  III. — Lichinées,  Montg. 

Genres  :  Lichina,  Aç.;Paulia,  Fée. 

(Camille  Montagne.) 


LICHINÉES.  Lichineœ.  bot.  cr.—  Tribrt 
de  la  famille  ou  sous-famille  des  Colléma- 
cées. Voy.  lichens. 

*LICIINIA  ()£<xY'v»  dartre  vive),  ins. — 
Genre  de  Coléoptères  pentamères,  famillede* 
Lamellicornes,  tribu  des  Scarabéides  phyll» 
phages,créé  par  Erichson  (Archiv.  Wieg.,  1. 1, 
p.  269).  L'espèce  type  et  unique,  L.  limbata 
de  l'auteur,  est  originaire  du  Chili.      (C.) 

LICRTENSTEINIA  (nom  propre)  bot.  ph.  * 
—  Genre  de  la  famille  des  Ombellifères-Sé- 
sélinées,  établi  par  Chamisso  et  Schlechten- 
dalt  (in  Linn.,  I,  394).  Herbes  vivaces  ori- 
ginaires du  Cap.  Foi/.ombellifères. — Willd., 
syn.  d'Ornithoglossum,  Salisb. 

LICINUS  (  licinus  ,  qui  est  tourné  en 
haut?),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  pen- 
tamères, famille  des  Carabiques  ,  tribu  des 
Patellimanes,  créé  par  Latreille  (les  Crusta- 
cés, les  Arachnides,  les  Insectes,  1. 1,  p.  405), 
et  adopté  par  Dejean.  15  espèces,  la  plupart 
européennes  ou  du  nord  de  l'Afrique,  ren- 
trent dans  ce  g.  Trois  se  trouvent  aux  en- 
virons de  Paris  :  les  L.  sylphoides,  cassi- 
deus  de  F.,  et  depressus  Pk.  Les  deux  pre- 
mières vivent  sous  les  pierres,  dans  les  lieux 
montueux,  crétacés,  et  la  dernière  ne  se  ren- 
contre que  sous  la  mousse, dans  les  bois.  (C.) 

*LICMETIS,  Wagl.  ois.— Syn.  de  Ca- 
catua  ,  Less.  Voy.  perroquet.      (Z.  G.) 

LICIUM,  Rumph.  moll.  —  Syn.  d'Ovule, 
Lamk.  .  (Desh.) 

LICOPHRE.  Licophris.  polyp.  —Genre 
établi  par  Denis  de  Montfort  pour  des  corps 
fossiles  qu'il  classait  parmi  les  Mollusques. 
M.  Deshayes  a  démontré  que  c'est  simple- 
ment un  degré  de  développement  plus 
avancé  des  Orbitolites.  Voy.  ce  mot.  (Duj.) 

LICORNE.  Monoceros.  mam. — Les  zoolo- 
gistes modernes  placent  aujourd'hui,  en  gé- 
néral, la  Licorne  ou  le  Monoceros  au  rang  de 
ces  êtres  fabuleux  que  l'imagination  des  poè- 
tes s'est  plu  à  créer,  et  ne  lui  croient  pas  une 
existence  plus  réelle  que  celle  du  Griffon  , 
de  l'Hippogriffe,  de  la  Sirène,  etc.  En  effet, 
la  Licorne  n'a  étévue  par  aucun  naturaliste  , 
par  aucun  voyageur  dont  l'instruction  et  la 
bonne  foi  puissent  mettre  le  témoignagehors 
de  doute;  les  récits  qui  attestent  son  exis- 
tence n'ont  pour  la  plupart  aucune  authen- 
ticité ;  les  cornes  données  à  ce  prétendu  ani- 
mal nesontautrechosequedes  cornes  delMn- 
tilope  oryx;  et  enGn  les  nombreuses  et  ac« 


352 


L1C 


LIC 


tives  recherches  qui  ont  été  faites,  à  plusieurs 
reprises,  pour  trouver  ce  Mammifère,  n'ont 
produit  aucun  résultat.  Néanmoins  cette 
question  n'est  pas  entièrement  tranchée; et 
Somme  certains  naturalistes  admettent  la 
Licorne  comme  un  animal  qui  existe  réel- 
lement, nous  en  dirons  quelques  mots. 

Du  reste,  anatomiquement ,  l'existence 
d'un  animal  pourvu  d'une  seule  corne  sur 
la  ligne  médiane  de  la  tête  n'est  pas  impos- 
sible ,  et  l'on  peut  citer  certaine  espèce  de 
Rhinocéros  qui  n'offre  qu'une  seule  corne. 

Tous  les  anciens  admettent  l'existence  de 
la  Licorne,  et  Pline  la  définit  ainsi  :  un  ani- 
mal ayant  la  tête  du  Cerf,  les  pieds  de  l'É- 
léphant, la  queue  du  Sanglier,  la  forme  gé- 
nérale du  Cheval,  et  présentant  une  corne 
noire,  longue  de  2  coudées,  placée  au  mi- 
lieu du  front  ;  la  Licorne  habiterait  le  pays 
des  Indiens-Orséens ,  et  en  outre  l'Afrique 
centrale.  On  croit  généralement  dans  une 
grande  partie  de  l'Afrique ,  comme  le  dit 
Sparmann  dans  son  Voyage  au  Cap ,  à 
l'existence  d'un  animal  unicorne  qui  res- 
semble assez  au  Cheval.  Le  naturaliste  sué- 
dois ajoute  même,  d'après  un  voyageur  qu'il 
représente  comme  instruit  et  comme  très 
digne  de  foi ,  qu'il  existe  dans  une  plaine 
du  pays  des  Hottentots-Chinois,  sur  la  sur- 
face unie  d'un  rocher,  un  dessin  grossière- 
ment tracé,  il  est  vrai,  et  tel,  dit  il,  qu'on 
peut  l'attendre  d'un  peuple  sauvage  et  sans 
arts  ;  mais  où  l'on  reconnaît  cependant  sans 
peine  la  Licorne.  Enfin  les  habitants  du 
pays  auraient  donné  au  même  voyageur  des 
détails  sur  la  chasse  de  cet  animal  fort  rare, 
extrêmement  léger  à  la  course,  méchant  et 
furieux. 

Barthéma  (Itineratio  de  L.  de  Barthema  , 
1517  ),  voyageur  italien,  dit  avoir  vu  à  la 
Mecque,  dans  une  cour  murée,  deux  Licor- 
nes qu'on  lui  montra  comme  de  grandes  ra- 
retés, et  qui  provenaient  d'Ethiopie.  D'après 
un  Hollandais  nommé  Cloete,  une  Licorne 
fut  tuée,  en  1791 ,  par  une  troupe  de  Hot- 
tentots,  à  seize  journées  de  Cambado  et  à 
trente  journées  (en  voyageant  avec  un  cha- 
riot de  Bœufs)  de  la  ville  du  Cap.  Ce  même 
voyageur  ajoutait  que  la  figure  de  cet  ani- 
mal se  trouve  gravée  sur  plusieurs  centaines 
de  rochers  par  les  Hoitentots  qui  habitent 
les  bois.  Le  fait  rapporté  par  Sparmann  se 
trouve  ainsi  confirmé  :  il  est  également  vé- 


rifié par  Barrow,  et  MM.  Delalande  et  Ver- 
reaux  l'ont  pareillement  rapporté.  Ils  ont  vu 
la  Licorne  figurée  en  manière  d'ornement 
sur  un  manche  de  poignard  avec  un  Singe 
et  un  autre  Quadrupède;  en  outre,  plu- 
sieurs Hottentots  leur  ont  assur^  qu'ils 
avaient  eux  -  mêmes  observé  l'animal  singu- 
lier qui  nous  occupe. 

Plusieurs  observations  tendent  encore  à 
constater  l'existence  de  la  Licorne.  Riippel, 
d'après  le  récit  d'un  esclave,  dit  qu'un  ani- 
mal delà  grandeur  d'uneVache,  mais  avec 
la  forme  svelte  d'une  Gazelle,  et  dont  le 
mâle  porte  sur  le  front  une  longue  corne 
droite  ,  se  trouve  à  Koldaji,  où  il  porte  le 
nom  de  Nilukma.  Le  major  Lottar  avait 
vérifié  l'existence  de  la  Licorne  dans  l'in- 
térieur du  Thibet;  enfin  l'on  a  envoyé  à 
la  Société  de  Calcutta  une  grande  corne  en 
spirale  provenant  d'une  Licorne,  avec  le 
dessin,  la  description  et  des  observations 
sur  les  mœurs  de  ce  Mammifère,  dont  tous 
les  habitants  de  B'hote  attestent  unani- 
mement l'existence,  et  auquel  ils  appliquent 
la  dénomination  de  Chiro. 

D  après  toutes  les  observations  que  nous 
venons  de  présenter,  on  ne  peut  pas  nier 
entièrement  l'existence  de  la  Licorne,  ainsi 
que  l'ont  fait  quelques  zoologistes;  on  doit 
croire  qu'il  existe  un  animal  à  peu  près 
constitué  comme  celui  que  nous  indiquent 
les  anciens  et  quelques  voyageurs  modernes. 
Plusieurs  conjectures  ont  été  faites  au  sujet 
de  la  Licorne,  et  nous  devons  en  parler. 

On  remarque  sur  des  monuments  égyp- 
tiens des  figures  d'Oryx  dessinées  si  exacte- 
ment de  profil ,  qu'une  seule  corne  est  ap- 
parente, la  seconde  se  trouvant  entièrement 
cachée  par  celle  qui  est  placée  du  côté  de 
celui  qui  la  regarde.  N'est-il  pas  possible 
que  la  vue  d'une  semblable  figure  ait  donné 
l'idée  de  la  Licorne  ?  Cette  conjecture  a  d'au- 
tant plus  de  vraisemblance  que  les  formes 
et  les  proportions  qu'on  lui  attribue  sont  à 
peu  près  celles  de  l'Oryx,  et  que  ses  cornes 
sont  parfaitement  semblables  à  celles  de 
cette  espèce  d'Antilope.  Pallas  (Spicilegia 
zool.fasc,  12)  ayant  remarqué  que  le  nom- 
bre des  cornes  n'était  pas  constamment  le 
même  chez  les  Antilopes,  et  ayant  vu  dans 
la  même  espèce  des  individus  qui  en  avaient 
trois,  et  d'autres  qui  n'en  avaient  qu'une 
seule.,  fut  conduit  a  penser  que  la  Licorne 


LIE 

pourrait  bien  n'être  qu'une  variété  uni- 
corne  de  quelque  espèce  de  ce  genre,  et 
probablement  de  l'Oryx.  A  l'appui  de  cette 
opinion  ,  on  doit  dire  que  l'Oryx  habite  les 
pays  où  l'on  indique  l'existence  de  la  Li- 
corne; que  le  pelage  de  l'Oryx  est  à  peu 
près  le  même  que  celui  attribué  à  la  Li- 
corne ,  etc. 

En  résumé,  disons  que  très  probablement 
la  Licorne ,  telle  que  les  anciens  l'imagi- 
naient, n'existe  pas  dans  la  nature,  et  qu'il 
est  possible  que  cet  animal  ne  soit  qu'une 
simple  espèce  d'Antilope.  (E.  D.) 

LICORNE.  Monoceros.  moll. —  Lamarck 
a  institué  ce  genre  à  une  époque  où  la  science 
ne  possédait  qu'un  petit  nombre  de  bons 
travaux  sur  les  formes  extérieures  des  Mol- 
lusques et  leurs  caractères  zoologiques.  On 
ignorait  alors  si  les  animaux  des  Pourpres, 
pourvus  d'une  dent  à  la  lèvre  droite,  diffé- 
raient des  autres  espèces,  et  dès  lors  le  genre 
Licorne  pouvait  rester  provisoirement  dans 
la  méthode.  Aujourd'hui  il  peut  être  sup- 
primé,  puisque  l'on  connaît  l'entière  res- 
semblance entre  les  animaux  des  Pourpres 
et  des  Licornes.  Voy.  pourpre.       (Desh.) 

LICORNE  DE  MER.  mam.  —  Nom  vul- 
gaire du  Narval.  Voy.  ce  mot.      (E.  D.) 

LÏCUALA.  bot.  ph.  — Genre  de  la  famille 
des  Palmiers,  tribu  des  Coryphinées,  établi 
par  Rumph  {Amboin.,  I,  44,  t.  9).  Palmiers 
de  l'Asie  tropicale.  Voy.  palmiers. 

LIDBECKIA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Composées-Sénécio- 
nidées,  établi  parBergius {FI. cap.,  307,  t.  5, 
fig.  9).  Herbes  du  Cap.  Voy.  composées. 

LIEBERKL'HNIA  (nom  propre),  bot. 
ph.  —  Genre  de  la  famille  des  Composées- 
Mutisiacées ,  établi  par  Cassini  (in  Dict.  se. 
nat.,  XXVI ,  206).  Herbes  de  Montevideo. 

Voy.  COMPOSÉES. 

LlEBIGIA(nom  propre),  bot.  ph.— Genre 
de  la  famille  des  Gesnéracées,  établi  par 
Blume  {Bijdr.,  766).  Arbrisseaux  de  Java. 

Voy.  GESNÉRACÉES. 

LIÈGE,  bot.  —  Voy.  chêne. 

LIÈGE  FOSSILE,  min.—  L'un  des  noms 
vulgaires  de  l'Asbeste.  (Del.) 

LIERRE.  Hedera.  bot.  ph.  —  Genre  rap- 
porté d'abord  à  la  famille  des  Caprifoîia- 
cées,  et  rangé  aujourd'hui  dans  celie  des  Ara- 
Hacées;    il   appartient  à  la  pentandrie  mo-   : 
nogynie  dans  le  système  lionéen.  Dans  ces  i 

T. VII. 


LIE 


353 


dernières  années,  le  nombre  des  espèces 
qui  le  composent  a  été  accru  considérable- 
ment, au  point  que  De  Candolle  en  a  décrit 
42  dans  le  Prodromus,  vol.  IV,  pag.  261 , 
tandis  quePersoon  dans  son  Synopsis  (1805) 
n'en  signalait  que  4.  Ces  diverses  espèces 
habitent,  en  grande  majorité,  les  régions 
intertropicales;  un  petit  nombre  d'entre 
elles  s'élèvent  jusque  dans  les  régions  tem  ♦ 
pérées  de  l'hémisphère  boréal.  Ce  sont  des 
végétaux  ligneux,  grimpants  ou  formant  des 
arbrisseaux  droits,  parfois  même  des  arbres; 
leurs  feuilles  sont  le  plus  souvent  simples  , 
quelquefois  composées.  Leurs  fleurs  sont 
réunies  en  ombelles  ou  en  têtes  ;  elles  pré- 
sentent les  caractères  suivants  :  Le  tube  du 
calice  est  adhérent  à  l'ovaire  ;  son  limbe 
est  supère ,  très  court,  entier  ou  à  cinq 
dents;  la  corolle  est  formée  de  5-10  pétales 
distincts ,  étalés ,  insérés  au  bord  d'un  dis- 
que épigyne;  les  étamines ,  au  nombre  de 
5-10,  ont  la  même  insertion  que  les  péta- 
les ,  auxquels  elles  sont  alternes  ou  oppo- 
sées; le  pistil  se  compose  d'un  ovaire  adhé- 
rent, présentante  son  intérieur  510  loges 
dont  chacune  renferme  un  seul  ovule  sus- 
pendu ;  cet  ovaire  supporte  5-10  styles  li- 
bres ou  soudés  en  un  seul  corps.  Le  fruit  qui 
succède  à  ces  fleurs  est  une  baie  couronnée 
parle  limbe  du  calice  et  par  les  styles,  à 
5-10  loges  monospermes. 

L'espèce  la  plus  connue  et  la  plus  inté- 
ressante de  ce  genre  est  notre  Lierre  grim- 
pant, Hedera  hélix  Lin.,  qui  croît  sponta- 
nément dans  les  bois  ,  les  haies  ,  contre  les 
vieux  murs  et  les  rochers  de  presque  toute 
l'Europe.  C'est  un  arbrisseau  dont  la  tige 
grimpe  sur  le  tronc  des  arbres,  sur  les  murs, 
en  s'y  accrochant  au  moyen  de  fibrilles  ra- 
diciformes  ou  de  crampons;  elle  s'élève 
ainsi  communément  jusqu'à  une  hauteur 
de  10  à  ISmètres  ;  mais,  dans  certaines  cir- 
constances, elle  acquiert  un  développement 
beaucoup  plus  considérable  etatteint  jusqu'à 
30  mètres  de  hauteur.  Dans  un  âge  avancé , 
pour  les  variétés  les  plus  communes,  et 
constamment  pour  une  autre  variété  (//. 
arborescens  ) ,  cette  tige  peut  se  soutenir 
elle-même,  et  prend  alors  la  forme  arbores- 
cente. Les  feuilles  sont  pétiolées  ,  coriaces, 
luisantes  ,  à  5  angles  ou  5  lobes  sur  la  plus 
grande  partie  de  la  plante  ,  plus  ou  moins 
oviilci  dans  le  voisinage  des  fleurs.  Les  fleura 

45 


354 


LIE 


forment  une  ombelle  simple;  elles  sont  jau- 
nâtres ou  verdàtres ,  odorantes ,  sécrétant 
en  abondance  un  liquide  sucré  qui  attire 
les  insectes;  elles  se  développent  vers  la  fin 
du  mois  de  septembre,  et  restent  ouvertes 
pendant  ceux  d'octobre  et  de  novembre. Le 
fruit  qui  leur  succède  se  forme  et  se  développé 
pendant  l'hiver  ;  il  a  atteint  son  développe- 
ment complet  au  mois  de  février  et  sa  ma- 
turité en  avril  ;  alors  il  est  charnu  et  ren- 
ferme un  suc  rouge  abondant  ;  mais  plus 
tard  ce  suc  diminue,  disparaît,  et  le  fruit 
devient  sec  et  coriace.  De  Candolle  a  dis- 
tingué, dans  son  Prodrome,  3  variétés  du 
Lierre  grimpant,  dont  Tune  {H.  H.  vulgaris) 
se  distingue  par  les  pédicelles  de  son  om- 
belle revêtus  d'un  duvet  formé  de  poils 
étalés  ,  par  ses  feuilles  florales  ovales,  par 
son  fruit  noir.  C'est  celle  de  nos  contrées. 
Dans  les  jardins  elle  a  donné  des  sous-va- 
riétés d'un  très  joli  effet ,  à  feuilles  pana- 
chées de  blanc  ou  de  jaune,  ainsi  qu'une 
autre  à  feuilles  plus  grandes  que  celles  du 
type ,  que  les  horticulteurs  connaissent  sous 
la  dénomination  de  H.  H.  hibemica.  La 
seconde  de  ces  variétés  {H.  H.  canariensis) 
est  caractérisée  par  ses  pédicelles  revêtus 
d*un  duvet  écailleui,  par  ses  feuilles  florales 
presque  en  cœur,  et  par  son  fruit,  qui  paraît 
être  rouge;  elle  habile  les  Canaries.  Enfin 
la  troisième  (H.  H.  chrysocarpa)  se  dis  lift ^ 
gue  des  précédentes  par  une  taille  plus 
élevée,  par  ses  pédicelles  couverts  de  poils 
écailleux,  par  ses  feuilles  florales  ellipti- 
ques ,  plus  ou  moins  en  coin  à  leur  base , 
surtout  par  son  fruit  jaune  doré.  Celle-ci 
est  indiquée  comme  se  trouvant  dans  les 
parties  septentrionales  de  l'Inde. 

Le  Lierre  a  une  durée  extrêmement  lon- 
gue; sa  tige  finit  par  acquérir  2  et  3  déci- 
mètres de  diamètre  ;  on  peut  alors  tirer 
quelque  parti  de  son  bois  :  c'est  ainsi  qu'en 
Suisse  et  dans  le  midi  de  l'Europe  on  l'uti- 
lise pour  la  confection  de  divers  objets  tra- 
vaillés au  tour.  Au  reste,  ce  bois  est  mou  et 
poreux  à  tel  point  que,  réduit  en  plaques 
minces,  il  sert  à  filtrer  les  liquides.  Les  an* 
riens  lui  attribuaient  la  propriété  singu- 
lière de  séparer  l'eau  du  vin  lorsqu'on  fai- 
sait passer  ainsi  à  travers  ses  pores  un  mé- 
lange de  ces  deux  liquides.  Mais  il  a  été  re- 
connu que  c'était  là  une  supposition  dénuée 
de  fondement.  Dans  les  parties  chaudes  de 


LIE 

l'Europe ,  il  exsude  des  vieilles  tiges  de 
Lierre  une  matière  noirâtre,  formée  de 
fragments  irréguliers ,  sans  saveur  pronon- 
cée, brûlant  avec  une  odeur  d'encens,  à  la- 
quelle on  donne  les  noms  de  gomme  de 
Lierre,  à'Hédérine  ou  Hédérée.  Cette  sub- 
stance est  employée  pour  la  fabrication  de 
certains  vernis  ;  elle  entre  également  dans 
la  composition  de  quelques  médicaments , 
comme  le  baume  de  Fioravanti.  Les  feuilles 
du  Lierre  sont  amères  et  nauséeuses;  leur 
décoction  est  employée  parfois  contre  les 
ulcères  sanieux,  la  gale,  etc.;  on  lui  attri- 
bue la  propriété  de  teindre  les  cheveux  en 
noir.  Tout  le  monde  connaît  l'usage  qu'on 
fait  journellement  de  ses  feuilles  pour  pan- 
ser les  cautères,  qu'elles  maintiennent  cons- 
tamment frais.  Enfin  les  baies  du  Lierre 
ont  elles-mêmes  des  propriétés  médicinales; 
elles  sont  amères,  émétiques  et  purgatives. 
En  dernier  lieu  le  Lierre  joue  un  rôle  assez 
important  dans  les  jardins  paysagers;  on 
l'emploie  surtout  pour  couvrir  d'un  beau  ri- 
deau vert  les  murs,  les  rochers,  etc.  On  le 
multiplie  de  graines,  de  boutures  ou  de 
branches  enracinées.  Il  s'accommode  de  tou- 
tes les  natures  de  terre  et  de  toutes  les  ex- 
positions. (P.  D.) 

LIÈVRE.  Lepus.  ha*.  —  Linné  a  dési- 
gné sous  ce  nom  l'un  des  groupes  les  plus 
naturels  de  l'ordre  des  Rongeurs,  ayant  pour 
type  notre  Lièvre  commun  ;  les  naturalistes 
modernes  ont  tous  adopté  cette  division , 
et  ils  en  ont  seulement  séparé  quelques  es- 
pèces, qu'ils  ont  distinguées  génériquement 
sous  les  noms  de  Lagomys  (  voy.  ce  mot). 
Les  Lièvres  ont  tous  des  caractères  bien 
marqués,  pris  dans  la  forme  générale 
de  leur  corps ,  dans  leurs  habitudes  as- 
sez bien  connues,  et  surtout  dans  leur 
système  dentaire  tout  spécial  :  mais  tous  ces 
caractères  sont  en  quelque  sorte  secondaires 
ou  spécifiques;  et  c'est  ce  qui  fait  que,  si 
l'on  peut  distinguer  aisément  le  genre,  il 
n'en  est  pas  de  même  des  espèces ,  qui  ne 
diffèrent  que  très  peu  entre  elles. 

Chez  les  Lièvres,  les  incisives,  au  nombre 
de  quatre  pour  la  mâchoire  supérieure, 
sont  placées  parallèlement ,  et  par  paires , 
les  unes  derrière  les  autres;  les  antérieures, 
convexes  et  sillonnées  sur  leur  face  externe, 
sont  plus  larges  et  plus  longues  que  les  pos- 
térieures, qu'elles  cachent  entièrement,  et 


LIE 


LIÉ 


355 


qui  semblent  n'être  là  que  pour  servir  d'arc- 
boutant  aux  deux  incisives  de  la  mâchoire 
inférieure.  On  a  remarqué  que,  durant  une 
période  de  deux  à  cinq  jours ,  les  Lièvres 
ont  six  incisives  toujours  situées  derrière 
les  autres,  et  cette  particularité  a  conduit 
E.  Geoffroy  Saint-Hilaire  à  considérer  ces 
Mammifères  comme  très  voisins  des  Kan- 
guroos,dont  ils  se  rapprocheraient  encore  par 
leurs  membres  postérieurs ,  beaucoup  plus 
longs  que  les  antérieurs.  Les  molaires,  au 
nombre  de  vingt-deux  ,  douze  pour  la  mâ- 
choire supérieure  et  dix  pour  l'inférieure , 
sont  formées  de  lames  verticales  soudées 
ensemble  :  ces  dents  sont  ciselées  sur  le  sens 
de  leur  extrémité  libre  et  dans  le  sens  de 
leur  axe  latéral.  La  forme  générale  du  corps 
est  toute  particulière  à  ce  groupe  :  la  tête 
est  assez  grosse;  le  museau  épais,  recou- 
vert de  poils  courts  et  soyeux;  les  yeux  sont 
grands  ,  saillants  ,  latéraux  ,  à  membranes 
clignotantes;  les  oreilles  sont  longues,  mol- 
les, revêtues  de  poils  en  dehors,  et  presque 
nues  en  dedans  ;  la  lèvre  supérieure  est  fen- 
due jusqu'aux  narines ,  qui  sont  étroites, 
et  susceptibles  d'être  bouchées  par  une 
sorte  de  pincement  transversal  de  la  peau  ; 
l'intérieur  de  la  bouche  est  garni  de  poils. 
Les  pieds  antérieurs  sont  assez  courts  et 
grêles,  à  cinq  doigts  ;  les  postérieurs  fort 
longs,  à  quatre  seulement;  tous  les  doigts 
sont  serrés  les  uns  contre  les  autres,  et  ar- 
més d'ongles  médiocres  ,  peu  arqués  ;  les 
plantes  et  palmes  des  pieds   sont  velues. 

La  couleur  du  pelage  est  à  peu  près  la 
même  dans  toutes  les  espèces,  et  ne  diffère 
que  par  plus  ou  moins  de  blanc,  de  noir 
et  de  roux;  des  poils  assez  longs,  doux  au 
toucher,  couvrent  le  corps  de  ces  animaux, 
tandis  que  des  poils  longs  et  rudes ,  for- 
mant une  sorte  de  bourrelet  destiné  sans 
doute  à  modérer  l'impression  du  sol  dans 
l'action  de  la  course ,  se  remarquent  au- 
dessous  des  pieds,  et  même  dans  toute  l'é- 
tendue des  tarses  postérieurs.  La  queue, 
courte  et  presque  nulle,  est  générale- 
ment relevée.  Les  Lièvres  ont  de  six  à  dix 
mamelles. 

L'anatomie  des  Lièvres  est  aujourd'hui 
assez  bien  connue;  nous  n'en  dirons  que 
quelques  mots.  Leur  cœcum  est  énorme  et 
boursouflé;  il  présente  une  lame  spirale 
qui  en  parcourt  la  longueur.   Chez  la  fe- 


melle, la  vulve  est  peu  apparente  ,  et  le 
gland  de  son  clitoris  est  presque  aussi  gros 
que  celui  du  pénis  du  mâle  ;  la  matrice  est 
double,  ou,  pour  mieux  dire,  elle  a  deux 
cornes,  toutes  deux  ayant  un  orifice  parti- 
culier, ce  qui  explique  les  superfétations  si 
fréquentes  dans  ces  animaux.  La  verge  du 
mâle  est  petite  et  dirigée  en  arrière. 

Les  Lièvres  sont  des  animaux  doux  et  ti- 
mides :  le  plus  léger  bruit  les  effraie,  le  plus 
petit  mouvement  les  fait  dévier  de  la  route 
qu'ils  suivent.  Le  sens  de  l'ouïe,  qui  est  très 
développé  chez  les  Lièvres, supplée  à  la  dispo- 
sition de  leurs  yeux,  peu  favorable  pour  voir, 
et  les  met  en  garde  contre  ce  qui  se  passe  au- 
tour d'eux.  Ils  ne  s'attaquent  entre  eux 
que  rarement;  cependant,  dans  la  saison  des 
amours ,  il  y  a  quelques  combats  de  mâle 
contre  mâle.  Ils  ne  courent  jamais  le  jour  , 
à  moins  qu'une  cause  quelconque  ne  les 
ait  forcés  de  quitter  leur  gîte  :  ce  n'est  que 
le  soir  qu'ils  abandonnent  leur  retraite,  et 
qu'ils  vont  pâturer.  Leur  nourriture  est  toute 
de  matières  végétales;  ils  mangent  déjeu- 
nes pousses  d'arbrisseaux ,  des  écorces  d'ar- 
bres ,  des  racines,  de  l'herbe  nouvellement 
germée,  etc.  Soit  qu'ils  marchent,  soit  qu'ils 
courent,  leur  mode  de  progression  est  le 
saut  ;  ce  qui  tient  à  la  grande  longueur  de 
leurs  membres  postérieurs ,  relativement 
aux  antérieurs.  Plusieurs  ennemis  détrui- 
sent un  grand  nombre  de  Lièvres  ;  tels 
sont  les  Mammifères  carnassiers,  comme  le 
Renard,  le  Chat  sauvage,  etc.;  en  outre, 
l'homme  leur  fait  une  chasse  active,  et  en 
détruit  beaucoup.  Sans  ces  motifs  de  des- 
truction,  leur  nombre  croîtrait  tellement, 
qu'ils  détruiraient,  en  grande  partie,  nos 
bois  et  nos  cultures. 

Les  Lièvres  se  rencontrent  partout;  ils  se 
trouvent  communément  dans  l'ancien  et  le 
nouveau  continent,  sous  des  latitudes  bien 
différentes,  depuis  les  régions  polaires,  le 
Groenland,  par  exemple,  jusqu'à  l'équateur. 
Partout  les  Lièvres  se  montrent  avec  des 
caractères  génériques  si  constants,  qu'il  est 
très  difficile  de  distinguer  nettement  leurs 
espèces;  on  peut  cependant,  en  s'aidant 
de  l'examen  de  têtes  osseuses  ,  trouver  des 
caractères  assez  certains,  quoique  en  géné- 
ral peu  saillants,  et  l'on  est  parvenu  ainsi 
à  en  caractériser  une  vingtaine  d'espèces  , 
mais  il  est  probable  qu'il  en  reste  encore 


356 


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beaucoup  d'inconnues.  En  effet,  M.  Les- 
son  (Nouv.  tab.  du  Règne  animal,  Mammi- 
fères, 1842)  en  indique  30  espèces  distinc- 
tes. Nous  ne  parlerons  ici  que  des  princi- 
pales, etàl'exemple  deM.Is.  Geoffroy  Saint- 
Hilaire  (Dict.  class.  d'Hist.  nat.),  et  surtout  de 
notre  collaborateur  et  ami  M.  Z.  Gerbe  (Dict. 
pitt.  d'Hist.  nat.,  article  Lièvre,  1826),  nous 
partagerons  le  genre  Lièvre  en  deux  subdi- 
visions particulières. 

I.  Lièvres  proprement  dits.  Lepus. 

Tous  les  individus  de  ce  sous-genre  sont 
éminemment  coureurs;  ils  ne  terrent  ja- 
mais, c'est-à-dire  qu'ils  ne  se  creusent  pas  de 
demeures  souterraines;  leurcorps  estélancé; 
leurs  jambes  sont  longues  et  déliées,  surtout 
les  antérieures  ;  les  oreilles  sont  très  grandes, 
et  elles  sont,  en  général,  toujours  d'un  pouce 
au  moins  plus  longues  que  la  tête. 

Un  grand  nombre  d'espèces  entrent  dans 
ce  sous-genre  ;  le  Lièvre,  qui  en  est  l'espèce 
type,  est  la  seule  sur  laquelle  nous  devons 
entrer  dans  de  nombreux  détails. 

Le  Lièvre  commun,  Lepus  timidus  Linn., 
Erleb.,Guv.  ,Desm.,etc;  X«yu,  .-Elien;  Lepus, 
Piine;  le  Lièvre  deBuffon  (Hïsl.nat.,  t.  VI, 
pi.  38).  Le  pelage  du  Lièvre  est  composé  d'un 
duvet  traversé  par  de  longs  poils,  seuls  appa- 
rents au  dehors, d'un  gris  plus  ou  moins  fauve, 
ou  roux  ,  selon  les  localités ,  selon  l'âge  ,  et 
selon  les  saisons  dans  lesquelles  on  le  trouve. 
La  couleur  grise  du  pelage  résulte  du  mé- 
lange des  couleurs  qui  sont  distribuées  par 
anneaux  sur  ces  poils,  savoir  :  le  grisa  la 
base,  le  noir  au  milieu  ,  le  fauve  et  le 
roux  à  la  pointe.  Le  dessous  de  la  mâchoire 
inférieure  et  le  ventre  sont  blancs;  le  bout 
des  oreilles  noir,  la  queue  blanche,  avec 
une  ligne  longitudinale  noire  en  dessus  ;  les 
pieds  sont  d'un  gris  fauve,  et  les  poils  de  la 
plante  des  pieds  sont  roux.  Chez  le  jeune, 
Je  noir  et  le  roux  dominent;  chez  les  vieux, 
au  contraire,  le  pelage  blanchit,  et  l'on  a 
même  vu  quelques  individus  atteints  d'al- 
binisme, et  avec  lesquels  on  avait  fait  une 
espèce  particulière,  sous  le  nom  de  Lepus 
albus.  Le  mâle  se  distingue  de  la  femelle 
par  son  derrière  tout  blanc,  sa  tête  plus  ar- 
rondie, ses  oreilles  plus  courtes,  et  sa  queue 
pius  longue  et  plus  blanche.  La  longueur 
moyenne  du  corps  du  Lièvre  est  de  16  à 
18  pouces. 


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Les  mœurs  des  Lièvres  ne  sont  pas  aussi 
parfaitement  connues  qu'on  pourrait  le 
croire,  puisqu'il  s'agit  d'un  animal  qui  vit, 
pour  ainsi  dire,  au  milieu  de  nous.  Cepen- 
dant un  grand  nombre  de  faits ,  relative- 
ment à  ses  habitudes,  ont  été  indiqués,  et 
nous  en  rapporterons  quelques  uns.  Le 
Lièvre  vit  sur  la  terre  entre  quelques  mot- 
tes ou  dans  un  sillon,  et  il  ne  se  creuse  pas 
de  terriers  comme  le  fait  le  Lapin.  C'est 
pendant  la  nuit  qu'il  recherche  sa  nourri- 
ture et  qu'il  s'accouple;  il  abandonne  sa 
demeure  aucoucher  du  soleil,  et  n'y  revient 
qu'une  heure  ou  deux  avant  son  lever.  On 
a  dit  que  les  Lièvres  étaient  erratiques  :  ce 
fait,  quoique  probable ,  n'est  pas  prouvé. 
La  raison  que  l'on  donne  pour  appuyer 
cette  assertion  est  qu'à  certaines  époques 
ce  gibier  est  très  abondant  dans  certains 
pays  :  ce  fait  est  vrai,  et  si  l'on  avait  remar- 
qué qu'en  général  ce  sont  des  mâles,  que  les 
chasseurs  nomment  des  bouquins,  que  l'on 
rencontre  alors  ,  on  se  serait  facilement  ex- 
pliqué cette  surabondance  de  Lièvres,  d'au- 
tant mieux  que  leur  apparition  coïncide  avec 
l'époque  du  rut.  Les  deux  sexes  se  rappro- 
chent de  décembre  à  mars.  Alors  les  mâles 
traversent  des  terrains  immenses;  ils  font, 
pour  ainsi  dire ,  des  marches  forcées ,  rô- 
dant de  toutes  parts.  Les  chasseurs  savent 
reconnaître  ces  nouveaux  arrivés  ,  surtout 
lorsqu'ils  ne  sont  pas  encore  cantonnés,  car 
alors  il  est  rare  qu'ils  retournent  au  lieu 
d'où  ils  ont  été  lancés;  au  contraire  ils  vont 
toujours  droit  devant  eux;  quand  on  voit 
ainsi  un  Lièvre  filer,  on  peut  être  assuré  que 
c'est  un  mâle  voyageur.  Les  femelles,  nom- 
mées hases  en  vénerie,  sont  ordinairement 
sédentaires  :  cependant,  dans  le  midi  de  la 
France,  lorsque  l'hiver  est  très  rigoureux, 
on  en  voit  arriver  un  grand  nombre,  les 
froids  et  les  neiges  les  chassant  des  Alpes. 
Les  femelles,  en  général,  se  choisissent  des 
lieux  qui  puissent  leur  fournir  une  nourri- 
ture suffisante,  et  elles  ne  s'en  écartent  plus. 
On  avait  dit  qu'elles  étaienlhermaphrodites; 
la  fausseté  de  ce  fait  est  bien  démontrée 
aujourd'hui,  et  la  raison  qui  avait  fait  croire 
à  leur  hermaphrodisme  vient  de  ce  qu'on 
avait  cru  voir  dans  leur  clitoris,  qui  est 
d'une  grosseur  presque  égale  à  la  verge  du 
mâle,  un  organe  qui  les  rendait  propres  à 
se  suffire  à  elles-mêmes.  On  rapporte  que  ces 


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357 


lemelles  sont  très  lascives  et  que  leur  fé- 
condité est  très  grande;   on  croit  qu'elles 
reçoivent  en  tout  temps  le  mâle,  même  pen- 
dant   la  gestation  :  leur  double  matrice  a 
donné  naissance  à  cette  opinion  ;  il  est  vrai 
que,     dans  certains    cas,    la    fécondation 
n'ayant  porté  que  sur  une  des  deux  cornes 
de  la   matrice,    la  femelle   chez  qui  cette 
particularité   se   présente    peut    redevenir 
en  chaleur  et  recevoir  de  nouveau  le  mâle, 
ce  qui    explique  les  superfétations  ;   mais 
le  plus  ordinairement  la  fécondation  a  lieu 
des  deux  côtés,  et  la  gestation  suit  son  cours 
naturel. La  gestation  estde  trente  à  quarante 
jours.  La  portée  nese  compose  généralement 
que  de  trois  ou  quatre  petits,  mis  bas  en  rase 
campagne,  à  côté  d'une  pierre,   sous  une 
touffe  d'herbe,    ou  dans  un  buisson.  On 
prétend  que  ces  petits  naissent  avec  les  yeux 
ouverts  et  le  corps  couvert  de  poils;  on 
ajoute  même  que  lorsqu'il  y   a  plusieurs 
petits  ou  Levrauts  dans  une  même  portée, 
ils  naissent  marqués  d'une  étoile  au  front 
et  qu'elle  manque  lorsqu'il  n'y  en  a  qu'un; 
ce  fait,  comme  on  le  pense,  n'est  pas  exact. 
L'allaitement  est  de  vingts  jours,  après  les- 
quels les  jeunes  se  séparent  et  vivent  iso- 
lément à  des  distances   quelquefois  assez 
grandes.  Le  gîte  qu'ils  adoptent  n'est    pas 
longtemps   fréquenté  par  eux;   ils  l'aban- 
donnent pour  un   autre  ,  choisi  à  quelque 
distance.    L'été,  c'est   toujours    dans  les 
bruyères,  dans  les  vignes,  sous  les  arbustes 
qu'ils  vont  se  reposer;  l'hiver,  au  contraire, 
ils  recherchent  les  lieux  exposés   au  midi, 
découverts  et  à  l'abri  du  vent  :  ils  ne  s'en- 
foncent jamais  bien  avant  dans  les  bois, 
et  fréquentent  rarement   les  grandes  fo- 
rêts. 

Leurs  mœurs  sont  douces  et  taciturnes; 
leur  isolement  les  explique.  On  connaît  leur 
timidité,  qui  est  devenue  proverbiale.  Us  ne 
sont  pas  cependant  aussi  stupides  que  quel- 
ques auteurs  l'ont  dit,  et  comme  preuve  de 
leur  sagacité,  on  peut  citer  les  ruses  qu'ils 
emploient  pour  échapper  aux  chiens  et  aux 
autres  animaux  qui  les  poursuivent;  on 
en  a  vu  qui,  pressés  par  leurs  ennemis, 
ont  traversé  des  rivières,  des  troupeaux  de 
brebis;  se  sont  élancés  sur  une  pierre,  sur 
un  mur,  un  buisson,  etc.;  enfin  ne  peut-on 
pas  encore  citer  comme  preuve  de  leur  in- 
stinct  les   tours  de  force  qu'on   leur  fait 


faire ,  comme ,  par  exemple ,  de  battre  le 
tambour,  de  danser,  etc.?  Nous  devons 
indiquer  un  dernier  fait  relatif  aux  mœurs 
du  Lièvre  :  on  a  dit  qu'il  dormait  les  yeux 
ouverts  ;  ce  fait  est  basé  sur  ce  que,  lors- 
qu'on surprend  cet  animal  au  gîte ,  on  le 
voit  toujours  immobile,  dans  l'attitude  du 
repos,  et  les  yeux  grandement  ouverts. 
Mais  de  cela,  comme  l'a  fort  bien  prouvé 
M.  Gerbe,  il  ne  faut  pas  conclure  que  le 
Lièvre,  au  contraire  de  ce  qui  a  lieu  chez 
tous  les  animaux,  puisse  dormir  les  yeux 
ouverts  :  seulement,  on  doit  croire  qu'averti 
du  danger  au  moindre  bruit  par  son  ouïe, 
qui  est  très  fine,  il  ouvre  les  yeux,  et  retenu 
par  la  paresse,  il  reste  dans  la  position  du 
sommeil  et  cherche  à  deviner  le  danger  qui 
vient  le  menacer. 

Les  Lièvres  se  nourrissent  d'herbes,  de 
racines,  de  feuilles,  de  fruits  et  de  grains. 
Us  préfèrent,  dit-on  ,  les  plantes  dont  le 
suc  est  laiteux;  ils  rongent  même  l'écorce 
des  arbres  pendant  l'hiver  ,  et  il  n'y  a  guère 
que  l'aune  et  le  tilleul  auxquels  ils  ne 
touchent  pas,  assure-t-on. 

La  chasse  au  Lièvre  est  bien  simple  de- 
puis qu'on  a  cessé  d'employer  en  vénerie  les 
oiseaux  de  proie  :  aujourd'hui  on  ne  la  fait 
plus  qu'au  fusil,  avec  des  chiens  courants, 
ou  en  restant  à  l'affût  ;  dans  le  nord  de  la 
France,  au  milieu  de  vastes  plaines ,  on  se 
donne  pourtant  encore  quelquefois  le  plaisir 
de  faire  forcer  le  Lièvre  par  des  chiens. 

La  peau  des  Lièvres  servait  beaucoup 
autrefois  dans  l'art  du  fourreur;  son  usage, 
quoique  restreint  de  nos  jours  ,  a  encore 
lieu  cependant  dans  la  pelleterie  moderne. 
L'art  culinaire  et  la  gastronomie  donnent  la 
chair  du  Lièvre  comme  un  mets  savoureux 
et  excitant;  mais  ici  il  y  a  encore  des 
exceptions  dues  à  des  influences  climatéri- 
ques  et  au  genre  de  nourriture  :  les  Lièvres 
qui  vivent  dans  les  pays  chauds  ont  une 
chair  coriace,  excessivement  noirâtre, 
d'un  goût  désagréable;  et  parmi  ceux  des 
pays  tempérés ,  les  Lièvres  qui  vivent  libres 
au  milieu  des  plaines  montagneuses,  sur 
des  coteaux,  dans  les  terrains  secs  et  fer- 
tiles en  Thym,  Serpolet,  etc.,  sont, 
sans  contredit,  préférables  à  ceux  qui  ha- 
bitent les  plaines  basses  et  marécageuses,  à 
ceux  surtout  qu'or  élève  dans  des  parcs  ou 
dans  des  garennes.  La  chair  du  Lièvre  était 


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rit  fendue  au  peuple  juif;  et  il  est  probable 
que  cette  défense,  dictée  par  l'hygiène,  n'a- 
vait été  provoquée  que  pour  les  espèces 
d'Orient,  dont  la  chair  est  un  mets  trop 
excitant  pour  les  peuples  de  ces  contrées. 
Mahomet  avait  aussi  dicté  des  ordonnan- 
tes qui  proscrivaient  ces  animaux  comme 
nourriture. 

Enfin  disons  que  l'ancienne  médecine 
employait  diverses  parties  du  Lièvre  pour  le 
traitement  de  certaines  maladies.  Ainsi  leur 
graisse  était  réputée  excellente  pour  enlever 
les  taies  qui  recouvrent  les  yeux  ;  leur  sang 
était  regardé  comme  un  bon  tonique,  et  il 
était  en  usage  pour  la  guérison  des  éry- 
sipèles,  etc.  Est-il  besoin  de  dire,  en  ter- 
minant, que  la  médecine  moderne  a  rejeté 
avec  juste  raison  toutes  les  préparations 
dans  lesquelles  le  Lièvre  entrait  comme  mé- 
dicament? 

Le  Lièvre  commun  se  trouve  en  abon- 
dance dans  presque  toute  l'Europe  tempé- 
rée, et  même  dans  l' Asie-Mineure  et  la  Sy- 
rie :  il  s'étend  plus  au  nord  que  le  Lapin, 
En  France  on  le  rencontre  partout. 

Citons  maintenant,  parmi  les  espèces  les 
mieux  connues  du  sous-genre  Lièvre  : 

Le  Lièvre  a  queue  rousse,  Lepus  ruficau^ 
daiwslsid.  Geof.  St-Hilaire  (  Mag.  de  Zoo/., 
1832  ),  qui  ne  diffère  de  notre  Lièvre  com- 
mun que  par  sa  queue  rousse  en  dessous, 
par  sa  tache  oculaire  moins  prononcée  ,  par 
sa  taille  un  peu  moins  grande  et  son  poil 
plus  rude. 

11  habite  le  Bengale. 

LeMoussEL,  Lepus  nigricollis  Fr.  Cuv. 
{Dict.sc.  nat.),  Lièvre  a  nuque  noire  G.  Cuv. 
(Rég.  anim.).  Il  estd'un  roux  général,  tiqueté 
en  dessus,  roussâtre  en  dessous;  un  collier 
d'un  noir  brunâtre  lui  couvre  tout  le  dessus 
du  cou  et  se  prolonge  un  peu  sur  le  dos. 

Découvert  à  Mathabor  par  Leschenault, 
on  l'a  trouvé  dans  plusieurs  parties  de 
l'Inde,  et  principalement  à  Java. 

Le  Tolaï,  Lepus  tolai  Pall.,  Lepus  dau- 
ricus  Erleb.,  le  Tolaï  Buffon  ,  Lapin  de  Si- 
bérie G.  Cuv.  (Règ.  anim.).  Chez  ce  Lièvre 
la  tête  et  le  dos  sont  mêlés  de  gris  pâle  et 
de  brun  ;  le  dessous  du  cou  et  la  gorge  sont 
blancs  ;  la  poitrine,  la  nuque  et  les  oreil- 
les sont  jaunâtres;  la  queue,  noire  en  des- 
sus, est  blanche  en  dessous;  il  est  plus  petit 
que  le  Lièvre. 


II  habite  la  Sibérie,  la  Mongolie,  la  Tar- 
tane, et  se  trouve  jusqu'au  Thibet. 

Le  Lièvre  d'Egypte,  Lepus  œgyptius 
E.  Geoffr.  St-Hir.  [Exp.  d'Egypt.  ).  Son  pe- 
lage est  entièrement  roux-grisâtre  en  dessus, 
blanc  en  dessous  ;  la  tache  oculaire  qui  va  de 
l'œil  à  la  narine  est  d'un  fauve  très  clair  ; 
il  a  la  taille  du  Lapin,  et  est  surtout  remar- 
quable par  ses  oreilles  très  développées. 

Comme  presque  tous  les  animaux  de 
l'Egypte ,  ce  Lièvre  est  devenu  le  sujet  de 
nombreuses  effigies ,  et  il  a  trouvé  place 
parmi  les  hiéroglyphes  :  d'après  Champol- 
lion,  en  effet,  le  Lièvre  avait  la  valeur  de  la 
lettre  S. 

Le  Lièvre  d'Egypte  se  trouve  en  abondance 
dans  la  Libye  depuis  Alexandrie  jusqu'à  Ge- 
bel-Kbir;  d'après  Ehrenberg  ,  il  serait  très 
commun  en  Egypte,  et  ce  serait  même  la 
seule  espèce  de  Lièvre  qu'on  y  rencon- 
trerait. 

A  côté  du  Lièvre  d'Egypte  viennent  se 
placer  le  Lepus  isabellinus  Riipp.,  Fischer 
{Synop.  Mam.),  qui  habite  la  Nubie,  et  les 
Lepus  capensis  Linn.,  et  Lepus  saxalilis  F. 
Cuv.,  que  quelques  auteurs  y  réunissent 
même. 

Toutes  les  espèces  que  nous  venons  d'in- 
diquer conservent  constamment  la  même 
couleur,  du  moins  ne  diffèrent-elles,  selon 
la  saison,  que  par  une  teinte  plus  ou  moins 
foncée  ;  quelques  autres ,  au  contraire  ,  re- 
vêtent annuellement  deux  robes,  une  l'été, 
l'autre  l'hiver;  et  nous  citerons  particuliè- 
rement : 

Le  Lièvre  variable  ,  Lepus  variabilis  Pal- 
las  ,  Linn.  ,  Lepus  hybridus  Pallas.  C'est  la 
plus  grande  espèce  du  genre;  son  pelage 
varie  de  couleur,  suivant  les  saisons  ;  il  est 
blanc  en  hiver,  et  d'un  gris  fauve  en  été; 
le  bout  de  ses  oreilles  est  toujours  noir.  Un 
fait  important  à  remarquer,  c'est  la  ma- 
nière irrégulière  dont  les  changements  pé- 
riodiques de  couleur  paraissents'opérer, quel- 
ques poils  étant  déjà  en  partie  blancs  sur  le 
corps,  tandis  que  d'autres  sont  encore  roux 
sur  les  pattes,  et  réciproquement;  d'où  il  ré- 
sulte que  ces  animaux  présentent ,  sous  le 
rapport  de  leur  coloration  ,  une  multitude 
de  variations. 

Les  mœurs  de  cette  espèce  sont  les  mê- 
mes ,  à  peu  de  chose  près ,  que  celles  du 
Lièvre  commun.  11  est  erratique,  et  fait  sa 


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nourriture  d'Agaric  et  de  semences  du  Pinus 
cembra.  Sa  chair  n'est  pas  estimée;  mais 
sa  fourrure,  au  contraire ,  est  très  recher- 
chée. 

Il  habite  le  nord  de  l'ancien  monde  ;  on 
en  a  même  trouvé  quelques  individus  dans 
e  Groenland.  On  l'a  signalé  comme  ayant 
été  pris  dans  les  Alpes  ;  mais  ce  fait  n'est 
pas  encore  prouvé. 

Près  du  Lièvre  variable  viennent  se  pla- 
cer des  espèces  dont  le  pelage  change  de 
couleur  suivant  les  saisons;  ce  sont  les  Le- 
pus glacialis  Leach,  qui  habite  le  Groenland, 
et  probablement  le  Lepus  virginianus  Hor- 
lau ,  qui  se  trouve  dans  le  midi  des  États- 
Unis. 

Nous  n'indiquerons  pas  les  autres  espè- 
ces ,  assez  nombreuses  ,  du  sous  -  genre 
Lièvre. 

IL  Lapins.  Cuniculus. 

Dans  ce  sous-genre,  les  jambes  sont  plus 
courtes  que  chez  les  Lièvres  proprement 
dits,  et  la  disproportion  entre  les  antérieu- 
res et  les  postérieures  est  moins  marquée; 
les  oreilles  sont  légèrement  plus  longues 
que  la  tête  dans  les  premières  espèces,  mais 
égales  ou  plus  courtes  dans  les  dernières,  et 
Ton  voit  ces  animaux  passer  aux  Agoutis. 
Le  corps  est  plus  ramassé  que  celui  des 
Lièvres.  Toutes  les  espèces  se  creusent 
des  terriers ,  ou  se  servent  de  ceux  qu'elles 
rencontrent;  en  général,  elles  sont  peu  cou- 
reuses. 

Le  Lapin  est  le  type  de  cette  subdivision, 
qui  comprend  en  outre  un  certain  nombre 
d'espèces. 

Le  Lapin  ,  Lepus  cuniculus  Linn.,  le  La- 
pin, Buffon  (Hist.  nat.,  t.  VI,  pi.  38).  La 
couleur  du  pelage  du  Lapin  est  d'un  brun 
cendré  en  dessus  ,  blanchâtre  à  la  gorge  et 
sous  le  ventre;  sa  nuque  est  rousse;  ses 
oreilles ,  à  peu  près  de  la  longueur  de  la 
,ëte,  sont  noires  au  bout;  cette  couleur  se 
emarque  également  au-dessus  de  la  queue, 
qui  est  blanche  en  dessous;  sa  longueur 
totale  est  d'un  peu  plus  d'un  pied ,  et  en 
général  le  Lapin  sauvage  est  moins  grand 
que  le  Lapin  domestique.  Le  pelage  du  La- 
pin varie  assez  notablement,  et  on  distingue 
plusieurs  variétés  de  cette  espèce  qui  peu- 
vent être  caractérisées  par  la  couleur  de 
leur  robe;  les  principales  sont  :  1°  le  La- 


pin DOMESTIQUE  OU  CLAVIER  ,  LepUS  CUniCUluS 

domesticus,  dont  la  couleur  du  pelage  est 
variée,  blanche,  noire,  grise,  rousse,  quel- 
quefois semblable  en  tout  point  à  celle  du 
Lapin  sauvage;  2°  le  Lapin  riche,  Lepus  eu- 
niculus  argenteusy  en  partie  d'un  gris-ar- 
genté, en  partie  de  couleur  d'ardoise  plus 
ou  moins  foncée  ;  et  3°  le  Lapin  d'Angora  , 
Lepus  cuniculus  angorensis,  dont  les  poils 
sont  longs,  très  soyeux ,  ondoyants  et  comme 
frisés,  blancs,  gris-cendrés,  jaunes  ou  variés 
de  ces  différentes  couleurs  par  taches  ou  pla- 
ques plus  ou  moins  grandes. 

Le  Lapin  paraît  avoir  un  instinct  de  so- 
ciabilité plus  grand  que  celui  du  Lièvre  ;  il 
n'est  pas  rare  d'en  trouver  plusieurs  ensem- 
ble dans  la  même  demeure.  Il  n'habite  pas 
les  plaines  ;  c'est  toujours  dans  les  pays 
montagneux,  sur  les  petits  coteaux,  dans 
les  bois,  qu'il  vit  de  préférence.  Comme  le 
Lièvre ,  il  se  nourrit  de  plantes  et  d'écorce 
d'arbres,  et  il  a  également  une  vie  nocturne. 
En  raison  de  sa  fécondité ,  le  Lapin  est 
répandu  en  abondance  partout  où  l'homme 
ne  s'est  pas  déclaré  son  ennemi;  les  Mam- 
mifères carnassiers  et  les  Oiseaux  de  proie 
en  détruisent  aussi  un  assez  grand  nombre; 
mais  cette  destruction  n'a  rien  de  compa- 
rable à  la  chasse  que  l'homme  lui  fait. 
Lorsque  le  Lapin  est  effrayé  ,  il  frappe  vi- 
vement le  sol  avec  son  pied  de  derrière, 
afin  d'avertir  du  danger  les  autres  animaux 
de  son  espèce. 

Les  portées,  composées  de  quatre  à  huit 
petits,  sont  assez  fréquentes;  car  chaque 
femelle  peut  en  faire  sept  ou  huit  cha- 
que année.  Les  petits  ne  sont  pas  sim- 
plement déposés  au  pied  d'un  buisson  ou 
dans  une  touffe  d'herbe ,  comme  le  sont 
ceux  des  Lièvres;  mais  la  mère  creuse  ex- 
près pour  eux  un  terrier.  Quelques  jours 
avant  de  mettre  bas,  la  femelle  fait  en 
pleine  terre ,  au  pied  d'un  mur  ou  d'un  ar- 
bre ,  un  trou  de  trois  pieds  à  peu  près  de 
profondeur,  tantôt  droit,  tantôt  coudé ,  et 
toujours  obliquement  vers  le  bas;  le  fond 
de  ce  trou  est  évasé,  circulaire  et  garni 
d'une  couche  d'herbes  sèches ,  au-dessus  de 
laquelle  se  trouve  une  autre  couche  de  poils 
duveteux  ,  que  la  femelle  elle-même  arra- 
che de  dessous  son  ventre:  c'est  là-dessus 
qu'elle  dépose  ses  petits.  Après  qu'elle  *. 
mis  bas,  elle  ne  reste  pas  dans  le  nid  deux 


360 


LIE 


LIE 


jours  de  suite ,  comme  on  l'a  dit;  mais  elle 
l'abandonne  presque  immédiatement,  et  a  le 
soin  d'en  boucher  l'entrée  ;  pour  cela  ,  elle 
pousse  au-devant  du  trou  une  grande  quantité 
de  la  terre  provenant  du  terrier  lui-même. 
Tant  que  les  petits  sont  faibles  et  n'y  voient 
pas,  l'entrée  du  nid  est  fermée  dans  tous  les 
points;  mais  lorsqu'ils  commencent  à  voir, 
alors  on  remarque  vers  son  bord  supérieur 
une  petiteouverture  par  laquelle  lejour  pénè- 
tre, etqui  s'agrandit  de  plus  en  plus  à  mesure 
que  les  jeunes  deviennent  plus  forts.  L'allai- 
tement dure  tout  au  plus  une  vingtaine  de 
jours  ;  mais  l'on  ignore  ,  malgré  toutes  les 
expériences  qui  ont  été  faites  à  ce  sujet, 
l'heure  à  laquelle  la  mère  se  rend  auprès 
de  ses  petits.  On  a  cru  que  la  femelle  ne 
cachait  ainsi  les  jeunes  ou  Lapereaux  que 
pour  les  dérober  à  la  fureur  du  mâle;  mais 
il  serait  plus  raisonnable  de  supposer  qu'elle 
redoute  plutôt  de  les  voir  devenir  la  proie 
des  autres  animaux,  et  que  son  instinct 
maternel  la  porte  à  les  mettre  à  l'abri.  Les 
jeunes  ,  après  leur  sortie  du  gîte  maternel , 
restent  réunis  quelque  temps  ;  puis  ils  se 
creusent  une  retraite  dans  les  environs.  On 
comprend  dès  lors  que  si  l'on  ne  détruisait 
pas  activement  ces  animaux  ,  le  terrain  sur 
lequel  serait  venue  s'établir  une  famille  se- 
rait bientôt  excavé  de  toute  part.  Leur  vie 
est  de  huit  à  neuf  ans. 

On  sait  que  les  Lapins  peuvent  très  bien 
être  élevés  en  domesticité  ;  et  à  cet  état  ils 
deviennent  beaucoup  plus  féconds  ,  et  sont 
d'une  grande  utilité  pour  l'économie  domes- 
tique et  pour  leur  pelage,  dont  on  fabrique 
le  feutre  et  dont  il  se  fait  une  très  grande 
consommation.  Les  Lapins  sont  plus  que 
les  Lièvres  susceptibles  d'éducation.  Leur 
chair,  dont  les  qualités  dépendent  du  genre 
de  nourriture  ,  est  blanche.  Ceux  qu'on  ré- 
duit en  domesticité,  que  l'on  lient  à  l'é- 
troit, et  auxquels  on  fait  manger  des  herbes 
potagères,  ont  un  goût  fade  et  désagréable; 
quelle  que  soit ,  au  reste  ,  la  nature  de  la 
substance  dont  on  les  nourrit,  la  chair  de 
ces  Lapins  rendus  domestiques  n'a  jamais 
le  fumet  de  celle  des  individus  qui  vivent 
dans  les  champs.  Quoiqu'il  y  ait  entre  eux 
les  plus  grands  rapports,  les  Lièvres  et 
les  Lapins  ne  peuvent  produire  ensemble, 
et  ils  paraissent  même  avoir  l'un  pour  l'au- 
tre un  éloignement,  tel  qu'on  ne  trouve  pas 


ou  presque  pas  de  Lapins  dans  les  lieux  où 
les  Lièvres  se  sont  établis,  et  que  ces  derniers 
évitent  les  cantons  peuplés  par  les  La- 
pins. 

Nous  ne  pouvons  entrer  ici  dans  des  dé- 
tails sur  la  manière  de  faire  la  chasse  aux 
Lapins;  nous  croyons  que  ce  serait  sortir  de 
notre  sujet  :  disons  seulement  qu'on  les 
chasse  généralement  au  fusil.  Nous  ne  par- 
lerons pas  non  plus  des  moyens  que  l'on  a 
employés  pour  conserver  les  Lapins  en  do- 
mesticité; nous  ne  dirons  donc  rien  des  ga- 
rennes diverses  dans  lesquelles  on  conserve 
ces  Rongeurs. 

Les  Lapins,  originaires  de  l'Afrique,  ont 
été  introduits  en  Espagne,  et  de  là  ils  se 
sont  répandus  en  France,  en  Italie,  etc. 
Maintenant  ils  se  trouvent  dans  tous  les 
pays  chauds  et  tempérés  de  l'Europe;  on 
les  rencontre  en  Italie,  en  Grèce,  en  France, 
en  Allemagne,  en  Angleterre,  etc.  Dans 
l'Asie,  celte  espèce  existe  en  Natolie,  en  Ca- 
ramanie  et  en  Perse.  En  Afrique,  on  le 
trouve  dans  les  déserts  de  l'Egypte,  en  Bar- 
barie, au  Sénégal,  en  Guinée,  à  Ténériffe. 
Le  Lapin,  au  reste,  a  été  transporté  dans 
tous  les  lieux  où  les  Européens  ont  fondé 
des  colonies.  Il  ne  se  trouve  cependant  pas 
vers  le  Nord  ;  et  la  Suède,  la  Norwége  ,  le 
nord  de  l'Asie  ne  le  possèdent  pas,  surtout 
à  l'état  sauvage. 

Parmi  les  autres  espèces  du  sous-genre 
Lapin,  nous  citerons  : 

Le  Lapin  des  sables,  Lepus  arenarius  Is. 
Geoffr.-St-Hilaire  (Dict.  class.  d'hist.  nat., 
Mag.  de  zool.,  1832).  Il  est  d'un  gris  cendré 
tiqueté,  avec  les  membres,  la  gorge,  les 
flancs,  le  tour  de  l'œil  et  le  bout  du  museau 
roux  ;  d'un  quart  plus  petit  que  le  Lapin.  Il 
se  rapproche  beaucoup  du  Lièvre  du  Cap. 

li  a  été  trouvé  dans  les  sables  du  pays  des 
Hottentots  par  Delalande. 

Le  Lapin  de  Magellanie,  Lepus  magella- 
nicus  Lesson  et  Garnot  {Bull.  se.  nal.,VU). 
11  est  d'un  noir  violacé,  offrant  çà  et  là  des 
taches  blanches  :  ses  oreilles  sont  d'un  brun 
roux. 

Découvert  par  Magellan,  en  1520,  dans 
le  détroit  qui  porte  son  nom ,  il  n'a  été  dé- 
crit que  par  MM.  Lesson  et  Garnot. 

LeTAPETi,  Lepus  brasiliensis  Linné.  Plus 
petit  que  notre  Lapin  ;  son  pelage  est  varié 
de  brun  noir  et  de  roux  en  dessus;   une 


LIG 


LlG 


361 


tache  blanche,  en  forme  de  calice,  se  remar- 
que sur  le  cou;  il  se  distingue  surtout  du 
Lièvre  des  sables,  avec  lequel  il  a  beaucoup 
de  rapport,  par  la  brièveté  de  sa  queue. 

11  se  trouve  au  Brésil,  où  il  vit  dans  les  bois 
et  se  réfugie  dans  le  creux  des  arbres. 

Le  Lapin  d'Amérique  ,  Lepus  hudsonius 
Pallas,  Lepus  americanus  Gar.  Assez  sem- 
blable au  Tapeti,  il  s'en  distingue  par  ses 
oreilles  et  sa  queue,  qui  sont  plus  longues; 
on  croit  que  son  pelage  varie  de  couleur 
suivant  les  saisons,  et  qu'il  blanchit  en 
hiver. 

Il  est  assez  répandu  dans  l'Amérique 
septentrionale. 

D'autres  espèces  du  sous-genre  Lapin  sont 
indiquées,  mais  elles  ne  sont  pas  assez  bien 
connues  pour  que  nous  nous  en  occupions 
ici. 

On  a  découvert  dans  la  caverne  de  Kirk- 
dale  et  dans  les  brèches  osseuses  de  Cette, 
de  Gibraltar  et  d'Uliveto,  près  de  Pise,  des 
os  fossiles  appartenant  à  quelques  espèces 
de  Lièvres,  et  l'on  a  rapporté  ces  ossements 
à  deux  espèces  vivantes,  au  Lièvre  commun 
et  au  Lapin.  Voy.  rongeurs  fossiles. 

Le  nom  générique  de  Lièvre  était  autre- 
fois appliqué  à  plusieurs  espèces  qui  en  ont 
été  séparées;  nous  citerons  ici  les  princi- 
pales : 

La  Viscache  ,  Lepus  viscaccius.  —  Voy. 

VISCACHE  et  CHINCHILLA. 

J>  &jwiAMr  Lepus  pusillus  Pallas.  —  Le 
Vi*Av  Lepus  alpinus  Pallas.  —  L'Ogoton, 
Lepus  ogotona  Pallas.  —  Voy.  le  mot  lago- 
ïivs.  (E.  Desmarest.) 

LIÈVRE,  moll.  —  Nom  vulgaire  d'une 
belle  et  grande  espèce  de  Porcelaine,  Cyprœa 
tntudinaria  Lin.  Voy.  porcelaine.  (Desh.) 

LIÈVRE  MARIN,  moll.— Nom  vulgaire 
<];:e  l'on  donne  sur  nos  côtes  aux  diverses 
espèces  d'Aplysies.  Voy.  ce  mot.    (Desh.) 

LIÉVRITE.  min.— Syn.  :  Ilvaïte,  Yénite. 
Espèce  de  Fer  silicate.  Voy.  fer. 

LIGAMENT,  moll.  —  On  donne  ce  nom 
à  cette  partie  cornée  et  élastique  qui  sert  à 
réunir  les  deux  valves  d'une  coquille  bivalve. 
Nous  verrons  à  l'article  mollusques  le  parti 
que  les  classificateurs  ont  tiré  des  modifica- 
tions du  Ligament.  (Desh.  ) 

LIGAR.  moll.  —  Le  Ligar  d'Adanson 
{Voy.  au  Sénégal,  pi.  10)  est  une  belle  et 
grande  espèce  de  Turritelle,  que  Lamarck 
t.  vu. 


confondait  avec  le  T.  terebra  de  Linné.  Cette 
espèce  d'Adanson,  étant  très  distincte,  mé- 
rite d'être  conservée  dans  les  Catalogues. 
Voy.  turritelle.  (Desh.) 

LIGHTFOOTIA  (nom  propre),  bot.  rn. 
—  Schreb.,  syn.  de  Rondeletia,  Blum.  — 
Genre  de  la  famille  des  Campanulacëes- 
Wahlenbergiées,  établi  par  L'Héritier(Serf . 
angl.,  3,  t.  4,  5).  Herbes  ou  sous-arbris- 
seaux  de  Madagascar.    Voyez  campanula- 

CÉES. 

*LIGIA  (nom  d'une  sirène),  ins. — Genre 
de  l'ordre  des  Lépidoptères  nocturnes,  tribu 
des  Phalénides  ,  établi  par  Duponchel  {Pa- 
pill.  de  France,  t.  VII),  qui  y  rapporte  2  es- 
pèces :  L.  jourdanaria  et  opacaria,  de  la 
France  méridionale. 

LIGNEUX,  bot.,  chim.  —  Le  Ligneux  est, 
selon  M.  Payen,  cette  substance  dure,  cas- 
sante, amorphe,  déposée  en  couches  plus  ou 
moins  épaisses  et  irrégulières  dans  les  cel- 
lules allongées  des  tissus  ligneux ,  et  con- 
stituant cette  partie  du  bois  qui,  plus  abon- 
dante dans  le  cœur  que  dans  l'aubier,  en 
accroît  la  dureté  et  la  densité.  Sou- 
vent colorée  en  diverses  nuances  jaunes, 
brunes  ou  rougeâtres,  elle  est  en  plus  grande 
proportion  dans  les  bois  désignés  par  les 
différentes  épithètes  de  gris,  bruns,  lourds, 
durs,  que  dans  les  bois  appelés  blancs,  lé- 
gers et  tendres. 

Plus  riche  en  carbone  et  en  hydrogène 
que  la  Cellulose,  avec  laquelle  il  a  été  con- 
fondu longtemps,  le  Ligneux  produit  plus 
de  chaleur  par  sa  combustion ,  en  raison 
même  du  carbone  et  de  l'hydrogène  qui  s'y 
trouvent  en  excès.  La  composition  en  varie, 
en  effet,  dans  les  différents  bois  et  matières 
ligneuses ,  de  0,52  à  0,54  de  carbone,  de 
0,062  à  0,065  d'hydrogène,de  0,395  à  0,408 
d'oxygène,  tandis  que  la  Cellulose,  dont  la 
composition  est  toujours  identique,  ne 
renferme  que  :  carbone  0,448  ,  hydrogène 
0,062,  oxygène  0,50.  Cette  composition  de 
la  Cellulose  est,  du  reste,  précisément  celle 
du  sucre  de  canne,  de  l'amidon,  de  la  dex- 
trine,  de  la  gomme  arabique  elle-même 
{Voy.  dans  ce  Dictionn.  l'art,  bois,  et,  pour 
plus  de  détails,  les  beaux  travaux  de  M. 
Payen ,  consignés  dans  les  Comptes-rendus 
deVAcad.  des  scienc,  dans  le  Recueil  des 
Savants  étrangers,  et  dans  les  Annales  de* 
Sciences  naturelles).  (A.  D.) 

46 


362 


LIG 


MGXfDIUHI.  bot.  cr.— Syn.  de  Reticu- 
laria,  Bull. 

LIGNITE  (lignum,  bois),  min.  —  Le 
Braunkohle  ou  charbon  brun  des  Allemands, 
un  des  combustibles  charbonneux,  d'origine 
végétale,  que  l'on  trouve  à  l'état  fossile 
dans  les  terrains  sédimentaires,  et  que  l'on 
a  nommé  ainsi  parce  qu'il  provient  de  tiges 
de  végétaux  ligneux  ,  et  qu'il  présente  fré- 
quemment, dans  son  tissu  fibreux,  des  traces 
de  son  organisation  primitive.  C'est  une  ma- 
tière noire  ou  brune  qui  s'allume  et  brûle 
avec  facilité,  sans  boursouflement,  et  avec 
flamme,  fumée  noire  et  odeur  bitumineuse; 
elle  donne,  par  la  distillation,  le  même  acide 
que  le  bois  ,  plus  de  l'eau  et  des  matières 
bitumineuses,  et,  par  la  combustion,  un  char- 
bon semblable  à  la  braise,  avec  une  cendre 
terreuse  analogue  à  celle  de  nos  foyers.  A 
la  calcination  en  plein  air,  elle  dégage  de 
oO  à  70  pour  100  de  matières  volatiles.  Elle 
est  composée,  comme  la  Houille,  de  Carbone, 
d'Hydrogène  et  d'Oxygène  ;  la  proportion 
d'Hydrogène  est  a  peu  près  la  même  que 
dans  les  Houilles,  mais  celle  de  l'Oxygène 
prédomine  relie  s'élève  de  18  à  30  pour  100. 
C'est  avec  les  Houilles  sèches  à  longues 
flammes,  et  surtout  avec  les  Stipites  du  ter- 
rain de  Lias,  que  les  Lignites  ont  le  plus  de 
ressemblance;  mais  ils  renferment  moins 
de  Carbone,  et  par  conséquent  produisent 
moins  de  chaleur  :  ils  différent  encore  de  la 
Houille  sèche  par  l'Acide  acétique  qu'ils  dé- 
gagent, et  par  la  propriété  de  former  une 
solution  brune  avec  la  Potasse.  Le  Lignite 
est  un  combustible  intermédiaire  entre  la 
Houille  sèche  et  la  Tourbe,  comme  la  Houille 
sèche  en  est  un  entre  la  Houille  grasse  et  le 
Lignite. 

On  distingue  plusieurs  variétés  de  Lignite  : 
1°  le  Lignite  compacte  piciforme  (Pechkohle, 
Wr),  d'un  noir  luisant,  et  d'un  aspeet  de 
Poix  ou  de  Résine.  C'est  à  cette  variété  que 
se  rapporte  le  Jais  ou  le  Jayet,  qui  est  sus- 
ceptible de  poli,  et  que  l'on  emploie  pour 
faire  des  objets  d'ornement ,  tels  que  des 
boutons,  des  pendants  d'oreilles,  des  colliers, 
et  en  général  des  parures  de  deuil.  On  le 
travaille  principalement  à  Sainte-Colombe, 
sur  l'Hers,  dans  le  département  de  l'Aude. 
11  ressemble  beaucoup  au  Cannel-coal,  ou 
Charbon-Chandelle  des  Anglais,  que  l'on 
trouve  à  New-Haven  dans  le  terrain  houil- 


LIG 

1er;  et  à  cause  de  cela,  quelques  minéralo- 
gistes ont  rapporté  au  Lignite  cette  variété 
compacte  de  Houille,  qui  est  employée  dans 
quelques  endroit»  par  le  peuple  pour  pro- 
duire de  la  lumière. 

2°  Le  Lignite  compacte  terne ,  noir  ou 
brun ,  sans  aucune  apparence  de  tissu  orga- 
nique. 

3°  Le  Lignite  fibreux  ou  xyloïde,  brun  ou 
noirâtre,  laissant  voir  la  forme  extérieure 
de  tiges  ou  branches  ligneuses ,  et  le  tissu 
intérieur  des  arbres  dicotylédons. 

4°  Le  Lignite  bacillaire  (  Stangenkohlc  ), 
en  petites  baguettes  polyédriques,  produites 
par  retrait ,  et  que  l'on  trouve  au  mont 
Meisner,  en  Hesse ,  en  contact  avec  le  Ba- 
salte. 

5°  Le  Lignite  terreux,  en  masses  grenues 
et  friables,  d'un  noir  brunâtre,  souillé  quel- 
quefois par  des  sables  ou  des  matières  ter- 
reuses,  et  souvent  chargé  de  Pyrites.  Les 
variétés  pyriteuses,  par  l'exposition  à  un  air 
humide,  s'effleurissent,  s'enflamment,  don- 
nent naissance  à  des  sulfates  de  Fer  et  d'A- 
lumine, que  l'on  enlève  par  des  lessives,  et 
se  réduisent  en  cendres  rouges,  que  l'on 
peut  répandre  sur  les  terres  pour  les  amen- 
der. Une  variété  pulvérulente,  d'un  brun 
noir,  que  l'on  trouve  principalement  à 
Brûhl,  près  de  Cologne,  et  connue  sous  les 
noms  de  terre  d'Ombre ,  terre  de  Cologne  ou 
deCassel,  est  employée  dans  les  peintures 
grossières. 

Indépendamment  des  usages  particuliers 
que  nous  avons  déjà  mentionnés ,  et  aux- 
quels se  prêtent  certaines  variétés  de  Li- 
gnite, ce  minéral  est  encore  un  combustible 
précieux,  et  que  l'on  peut  employer  dans  un 
grand  nombre  de  circonstances,  pour  les 
évaporations,  pour  la  cuisson  de  ia  Chaux 
et  des  poteries  communes,  et  pour  le  chauf- 
fage des  appartements.  11  donne  une  cha- 
leur plus  forte  que  celle  du  bois,  mais 
moins  forte  que  celle  des  Houilles,  ce  qui 
fait  qu'on  ne  l'emploie  guère  dans  les  fon- 
deries. On  a  essayé  de  carboniser  le  Lignite, 
mais  on  n'en  a  obtenu  qu'un  assez  mauvais 
combustible. 

Les  Lignites  commencent  à  se  montrer 
dans  les  terrains  secondaires  moyens  et  su- 
périeurs, à  partir  du  Grès  bigarre;  mais  ils 
sont  rares  dans  le  sol  secondaire  moyen, 
surtout  si  l'on  restreint  la  dénomination  de 


LIG 

Lignites  aux  dépôts  de  comoustibles  qui  ne 
renferment  que  des  débris  de  plantes  dico- 
tylédones ,  et  si  Ton  en  sépare  ceux  qui  ont 
été  décrits  sous  les  noms  de  Houilles  sèches 
du  Keuper  et  du  Lias,  Houille  des  Cycadées, 
et  que  M.  Al.  Brongniart  distingue  sous  le 
nom  de  Stipitcs ,  parce  qu'ils  lui  paraissent 
dus  à  une  végétation  toute  différente,  com- 
posée principalement  de  Cycadées.  Les  Li- 
gnites proprement  dits  n'apparaissent  en 
quantité  notable  que  dans  les  terrains  cré- 
tacés inférieurs  ,  et  ils  sont  presque  exclusi- 
vement propres  aux  formations  tertiaires  in- 
férieures et  moyennes.  En  comprenant  ici 
]es  Stipites  sous  la  dénomination  générale 
de  Lignites,  on  peut  dire  que  ces  combusti- 
bles sont  répandus  dans  tous  les  dépôts  ar- 
gileux ou  marneux,  qui  s'étendent  depuis  îe 
Trias  jusqu'à  la  Molasse,  et  qu'ils  y  sont  gé- 
néralement accompagnés  de  débris  organi- 
ques végétaux,  différents  de  ceux  du  terrain 
houiller,  les  plantes  monocotylédones  ayant 
complètement  disparu;  on  trouve  de  plus, 
dans  les  matières  terreuses  environnantes, 
des  débris  de  coquilles  analogues  à  celles 
qui  vivent  dans  les  eaux  douces,  et  quelque- 
fois aussi  (mais  seulement  dans  les  étages  ter- 
tiaires )  des  restes  d'animaux  mammifères. 
On  peut  distinguer  cinq  gisements  prin- 
cipaux de  Lignites  :  1°  Le  Lignite  du  Trias, 
ou  Lignite  des  Vosges,  dans  le  Grès  bigarré 
àWasselonne,  dans  les  marnes  irisées  à 
Mirecourt  (Vosges)  et  à  Corcelle  (  Haute - 
Saône);  2°  Le  Lignite  du  Lias,  dans  les 
marnes  et  calcaires  marneux  à  bélemnites, 
des  départements  du  Tarn  et  de  la  Lozère; 
3"  le  Lignite  des  sables  ferrugineux  ou  des 
terrains  crétacés  inférieurs  :  Lignite  de 
ï'île  d'Aix  (Charente -Inférieure),  Lignite 
Wealdiers  avec  Succinite;  presque  toutes  les 
liges  reconnaissables  dans  ce  gisement  an- 
noncent des  végétaux  dicotylédones,  dont 
quelques  uns,  au  milieu  même  de  la  masse 
carbonneuse,  ont  été  changés  en  Silex; 
4°  le  Lignite  de  l'Argile  plastique  ,  ou  Li- 
gnite soissonnais,  avec  lequel  se  rencontrent 
le  Succin  proprement  dit,  la  Pyrite  et  même 
de  la  Blende,  et  qui  donne  lieu  à  de  nom- 
breuses exploitations  dans  les  vallées  de 
l'Aisne,  aux  environs  de  Soissons,  deLaon, 
de  Château-Thierry,  d'Epernay;  on  peut  y 
rapporter  tous  les  petits  dépôts  de  combus- 
tible du  bassin  de  Paris,  que  l'on  a  décou- 


LIG 


363 


verts  à  Marly,  Auteuil  ,  Bagneux  ,  etc.; 
5°  le  Lignite  de  la  Molasse  ou  Lignite  suisse, 
Lignite  du  midi  de  la  France,  qui  renferme 
souvent  du  Mellite  et  du  Pétrole,  et  au  mi- 
lieu duquel  on  a  trouvé  des  os  de  Masto- 
donte et  d'Anthracotherium  ;  tels  sont  ceux 
des  départements  de  i'Ardèche  ,  de  l'Hé- 
rault, des  Bouches-du-Rhône,  des  Basses- 
Alpes  ,  de  l'Isère  ;  les  Lignites  de  Lobsann  , 
en  Alsace  ;  ceux  des  environs  de  Lausanne 
et  de  Vevey,  en  Suisse ,  etc.  ;  4e  Cadibona , 
près  de  Gênes;  d'OEningeia,  près  du  lac  da 
Constance  ,  et  de  nombreux  points  du  Ty- 
roî  et  de  l'Allemagne. 

On  exploite  des  Lignites,  en  France, 
dans  quatorze  départements,  et  principale- 
ment dans  ceux  des  Bouches-du-Rhône,  de 
l'Hérault,  du  Gard  ,  de  l'Aisne,  des  Vosges 
et  du  Bas-Rhin.  Cette  industrie  occupe  un 
assez  grand  nombre  d'ouvriers  ,  et  le  pro- 
duit total  des  exploitations  représente  une 
valeur  de  plus  de  500,000  fr.         (Del.) 

LIGNIVORESou  XYLOPHAGES.ins.— 
Syn.  de  Longicornes. 

LIGNUM.  bot.  —  Voy.  bois. 

*LIGN10DES  OtyvutooV,  qui  est  decou- 
leur  de  suie),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères 
tétramères,  famille  des  Curculionides  gona- 
tocères ,  division  des  Érirhinides,  créé  par 
Schœnherr  (  Gen.  et  sp.  Curcul.  Synon., 
t.  3,  p.  323-7,  2e  part.,  p.  108).  L'espèce 
type,  le  L.  enucleator  Pz.  (tricolor  01., 
Ency.)  se  trouve  dans  le  centre  de  l'Europe, 
où  elle  est  généralement  rare  ;  une  2e  espèce, 
L.  triophori  Schr.,  est  éclose  en  Europe  ,  des 
semences  de  la  plante  brésilienne  dont  elle 
porte  le  nom.  (C.) 

*LIGULA.  moll.  —  Humphrey,  dans  le 
Muséum  calonnianum,  a  établi  ce  genre  pour 
un  petit  groupe  de  Coquilles  univalves  ap- 
partenant au  genre  Cerilhium  de  Bruguière. 
Voy.  CÉRITE.  (Desh.) 

LIGULARIA  (  ligula,  lien  ).  bot.  ph.  -# 
Genre  de  la  famille  des  Composées-Séné- 
cionidées,  établi  par  Cassini  (in  Bullet.  Soc. 
philom.,  1816  ,  p.  198  ).  Herbes  vivacesde 
l'Asie  et  de  l'Europe.  Voy.  composées. 

LIGULE.  Ligula  (ligula,  lien),  moll.  — 
La  plupart  des  conchy  liologistes  anglais  de  la 
fin  du  dernier  siècleet  du  commencement  de 
celui-ci  rangeaient  dans  le  genre  Mya  de 
Linné  un  certain  nombre  de  coquilles  bival- 
ves des  côtes  d'Angleterre,  chez  lesquelles  le 


n64 


LIG 


UG 


:.gament  est  reçu  sur  un  cuilleron  interne. 
Dans  ses  Coquilles  de  la  Grande-Bretagne , 
Mon  tagu, ce  consciencieux  naturaliste,  recon- 
nut que  ces  coquilles  n'étaient  point  des 
Myes,  et  il  créa  pour  elles  un  genre  Ligule  au- 
quel il  imposa  des  caractères  qui  malheureu- 
sement ne  purent  avoir  toute  la  netteté  dé- 
sirable, par  cette  raison  que  les  diverses  es- 
pèces sont  loin  d'offrir  des  caractères  identi- 
ques.Cette  confusion  entraîna  les  naturalistes 
qui  s'occupèrent  du  genre  Liguleà  le  modifier 
selon  les  espèces  qu'ils  eurent  sous  les  yeux  : 
aussi  le  genre  Ligule  de  Leach  n'est  pas  le 
même  que  celui  de  Montagu;  celui  de 
M.  Gray  diffère  de  l'un  et  de  l'autre;  et  cela 
était  inévitable,  puisque  le  genre  Ligule  de 
Montagu  contient  les  espèces  de  trois  bons 
genres,  et  les  auteurs  dont  nous  venons  de 
parler  ont  choisi  arbitrairement  le  type  du 
genre  auquel  ils  ont  voulu  conserver  ce  nom 
de  Ligule.  Il  était  presque  impossible  qu'ils 
se  rencontrassent.  Cette  divergence  d'opi- 
nions fut  encore  augmentée  par  Turton,  qui 
plaça  une  partie  des  coquilles  en  question 
dans  le  genre  Anatine,  et  par  Flemming, 
qui  les  joignit  aux  Amphidesmes  de  La- 
marck.  Si,  à  toutes  ces  incertitudes,  on  ajoute 
des  figures  médiocres  ou  mauvaises  de  ces 
coquilles  ,  on  concevra  sans  peine  comment 
il  se  fit  que  le  genre  Ligule  ne  fut  point  cité 
par  les  auteurs  qui  aiment  la  netteté  dans  les 
caractères  génériques,  ou  comment  il  devint 
la  source  d'erreurs  multipliées. Un  naturaliste 
plein  d'érudition,  dans  une  dissertation  sa- 
vante publiée  dans  la  Revue  zoologique 
(1845),  M.  Recluz,  crut  pouvoir  réhabiliter 
le  genre  Ligule  en  choisissant  pour  type, 
non  le  groupe  le  plus  nombreux  en  espèces, 
mais  celui  dont  les  caractères  s'accordent  le 
mieux  avec  ceux  donnés  autrefois  par  Mon- 
tagu lui-même.  Cette  opinion  est  excellente, 
et  nous  nous  empresserions  de  l'adopter,  si 
elle  mettait  désormais  les  Ligules  à  l'abri 
de  toute  discussion.  Nous  croyons  que  cela 
est  impossible;  on  ne  peut,  en  effet,  empê- 
cher les  naturalistes,  dans  des  circonstances 
douteuses,  de  choisir  à  leur  gré.  Ce  qui  à 
nos  yeux  est  de  beaucoup  préférable ,  est  la 
suppression  radicale  et  définitive  d'un  genre 
qui  peut  être  interprété  de  trois  manières 
différentes,  et  cette  suppression  nous  paraît 
d'autant  plus  nécessaire  que  le  type  choisi 
par  M.  Recluz  pour  lui  conserver  le  nom  de 


Ligule  doit  rentrer,  selon  nous,  dans  le 
genre  Thracie  de  Leach. 

Voyez  TRIGONFXLE  ,  ÏBBACIE  et  SYNDOSMYE, 

genres  dans  lesquels  se  distribuent  les  es- 
pèces de  l'ancien  genre  Ligule  de  Montagu. 

(Desh.) 
LIGULE.  Ligula  {ligula,  lien),  helm.  — 
Genre  de  Vers  intestinaux  cestoïdes  .  dési- 
gné d'abord  sous  ce  nom  par  Bloch ,  puis 
adopté  par  Zeder,  Rudolphi,  Bremser,  etc., 
mais  que  Linné  et  après  lui  Goeze  avaient 
nommé  Fasciola.  Les  Ligules  sont  des  Vers 
blancs,  mous  ou  parenebymateux ,  très  al- 
longés ,  et  aplatis  en  forme  de  bandelette  , 
sans  articulations  distinctes  ,  et  souvent 
même  sans  tête  et  sans  organes  distincts , 
mais  quelquefois  traversés  longitudinale- 
ment  par  un  sillon  correspondante  des  ori- 
fices génitaux.  On  les  trouve  plus  simples  et 
sans  organes  dans  la  cavité  viscérale  des 
poissons  d'eau  douce  du  genre  Cyprin  ;  ils 
y  sont  même  si  abondants,  dans  certains 
lacs  d'Italie,  par  exemple,  que  les  habitants 
en  ont  fait  un  mets  recherché.  D'autre  part, 
les  divers  oiseaux  qui  ont  dévoré  ces  mêmes 
poissons  d'eau  douce  contiennent  des  Li- 
gules dont  la  tête  devient  un  peu  plus  dis- 
tincte ,  et  qui  présentent ,  suivant  la  ligne 
médiane,  une  série  simple  ou  double  d'o- 
vaires et  d'organes  génitaux  mâles  ,  pénis 
oulemnisques  courts  et  filiformes.  On  a  dû 
en  conclure  que  les  Ligules ,  de  même  que 
le  Schistocéphale  ,  prennent  naissance  dans 
les  Poissons,  et  atteignent  un  autre  degré  de 
développement  dans  l'intestin  des  Oiseaux. 
M.  Creplin  a  même  rencontré  à  la  fois  les 
deux  degrés  de  développement  dans  l'intes- 
tin des  Plongeons.  Rudolphi  avait  définiti- 
vement réuni  en  une  seule  espèce  ,  sous  le 
nom  de  Ligula  simplicissima ,  toutes  les  Li- 
gules des  Poissons  qu'il  avait  distinguées 
d'abord  comme  devant  former  4  ou  5  es- 
pèces. M.  Creplin  a  caractérisé  une  autre 
Ligule  (L.  digramma),  qui,  trouvée  dans  le 
Cyprinus  carassius,  est  pourvue  d'un  dou- 
ble sillon  longitudinal,  et  doit  se  transfor- 
mer en  une  des  Ligules  à  double  série  d'o- 
vaires dans  l'intestin  des  Oiseaux. 

Les  Ligules  des  Oiseaux  présentent  une 
têle  amincie  en  avant,  avec  deux  fossettes 
latérales  en  forme  de  fentes  longitudinales. 
On  les  a  distinguées  comme  espèces,  d'après 
la  disposition  des  ovaires,  en  une  seule  se- 


LIL 


LIL 


365 


rie,  ou  en  deux  séries  alternes  ou  opposées. 
La  L.  uniserialis,  qui  n'a  qu'une  seule  série 
o  ovaires,  a  été  trouvée  dans  l'intestin  des 
Oiseaux  de  proie  diurnes  :  elle  est  longue 
de  3  à  7  décimètres,  et  large  de  8  à  12  mil- 
limètres; la  L.  alternans,  dont  les  ovaires 
forment  une  double  série  alterne,  se  trouve 
dans  l'intestin  des  Mouettes  (Larus)  :  elle 
est  longue  de  3  à  5  décimètres  ;  la  L.  inter- 
rupta  ,  longue  de  2  à  3  décimètres ,  a  ses 
ovaires  blancs  opposés ,  en  deux  séries  in- 
terrompues :  on  la  trouve  dans  les  Plon- 
geons, dans  le  Grèbe  cornu  et  dans  les  Har- 
les  ;  la  L.  sparsa  a  une  série  d'ovaires  soli- 
taires ou  alternes  :  elle  est  indiquée  dans  la 
Cigogne,  dans  des  Hérons ,  des  Chevaliers , 
des  Plongeons,  des  Grèbes,  etc.       (Duj.) 

LIGULE,  bot Appendice  lamellaire  qui, 

dans  les  Graminées,  nait  au  sommet  de  la 
gaine  de  la  feuille.  Voy.  graminées. 

*LIGUMIA.  moll.  —Sous-genre  inadmis- 
sible proposé  par  M.  Swainson,  dans  son 
Petit  Traité  de  Malacologie,  pour  quelques 
espèces  deMulettes  droites  et  étroites  telles 
que  VUnio  recta  de  Lamarck.Foî/.  mulette. 

(Desh.) 

♦LIGURINUS,  Koch.  ois.— Syn.de  Can- 
nabina ,  Brehm. ,  et  Chlorospiza,  Bonap. 

Voy.  LINOTTE.  (Z.   G.) 

LIGUJRITE.  min.  —  Substance  verte- vi- 
treuse, trouvée  par  Viviani  dans  une  roche 
talqueuse  des  bords  de  la  Stura,  en  Ligurie, 
et  qui  n'est  qu'une  variété  de  Sphène,  d'a- 
près l'analyse  que  Vauquelin  en  a  faite. 
Voy.  sphène.  (Del.) 

LIGUSTICUM.  bot.  ph.—  Nom  scientifi- 
que du  genre  Livêche.  Voy.  ce  mot. 

LIGUSTRUM.  bot.  ph.  —  Nom  scientifi- 
que du  genre  Troène.  Voy.  ce  mot. 

LILAC,  Tournef.  bot.  ph. — Syn.  de  Sy- 
ringa, Linn.  Voy.  lilas. 

LIL^EA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Alismacées-Joncaginées,  établi  par  Hum- 
boldt  et  Boupland  (PL  œquinoct. ,  1 ,  222  , 
t.  63  ).  Herbes  des  marais  de  la  Nouvelle- 
Grenade. 

LILALITHE.  min. —Variété  de  Mica. 
Voy.  ce  mot. 

LILAS.  Syringa,  Lin.  (nom  tiré  de 
la  mythologie,  transporté  par  Linné  des 
vrais  Syringa  aux  Lilas  ).  bot.  ph.  — 
Genre  important  et  remarquable  de  la  fa- 
mille des  Oléacées,  section  des  Fraxinées,  de 


la  diandriemonogyniedans  le  système  lin- 
néen.U  se  compose  d'arbrisseaux  ou  de  petits 
arbres  qui  croissent  naturellement  dans  les 
parties  moyennes  et  occidentales  de  l'Asie,ou 
même  sur  quelques  points  en  Europe.  Leurs 
feuilles  sont  opposées,  pétiolées,  en  cœur  ou 
ovales-lancéolées ,  très  entières;  leurs  fleurs 
sont  réunies  en  thyrses  terminaux  d'un  très 
bel  effet;  elles  ont  une  odeur  agréable.  Ces 
fleurs  se  composent  d'un  calice  libre  en  tube 
court  terminé  par  quatre  dents,  persistant; 
d'une  corolle  infundibuliforme ,  dont  le 
tube,  très  allongé,  dépasse  beaucoup  le  ca- 
lice, dont  le  limbe  est  divisé  en  quatre  lo- 
bes à  préfloraison  valvaire  ;  dans  le  tube  de 
la  corolle  s'insèrent  deux  étamines  incluses. 
L'ovaire  présente  deux  loges,  dont  chacune 
renferme  deux  ovules  collatéraux ,  suspen- 
dus au  sommet  de  la  cloison  ;  il  est  sur- 
monté d'un  style  filiforme,  inclus,  que  ter- 
mine un  stigmate  bifide.  Le  fruit  est  une 
capsule  ovale-lancéolée,  un  peu  comprimée, 
à  parois  coriaces,  s'ouvranten  deux  valves 
par  une  déhiscence  loculicide,  renfermant, 
dans  chacune  de  ses  deux  loges,  deux  grai- 
nes suspendues,  un  peu  comprimées,  entou- 
rées d'une  aile  membraneuse,  étroite. 

Deux  espèces  de  ce  genre  sont  répandues 
aujourd'hui  dans  tous  les  jardins,  et  méri- 
tent d'être  comptées  parmi  les  plantes  d'or- 
nement les  plus  belles  et  les  plus  communes. 

1.  Le  Lilas  commun,  Syringa  vulgaris 
Lin.  Ce  bel  arbuste  a  été  longtemps  regardé 
comme  originaire  du  Levant  seulement; 
mais  il  y  a  peu  d'années  qu'il  a  été  trouvé 
par  Baumgarten  croissant  spontanément  en 
Transylvanie  (  Loudon  ).  C'est  de  l'Orient 
qu'il  a  été  introduit  dans  les  cultures  eu- 
ropéennes. L'ambassadeur  Busbequius  en 
transporta  un  pied  à  Vienne,  de  Constan- 
tinople,  à  la  fin  du  xvie  siècle;  de  là  sa  rus- 
ticité et  sa  multiplication  facile  le  firent 
répandre  rapidement  en  Europe,  et  aujour- 
d'hui il  y  est  tellement  commun  qu'il  est 
devenu  presque  spontané  en  plusieurs  loca- 
lités. Le  Lilas  commun  s'élève  ordinaire- 
ment à  3-4  mètres  ;  mais,  dans  les  bonnes 
terres,  il  atteint  jusqu'à  6  et  7  mètres.  Son 
développement  est  très  rapide,  mais  aussi 
sa  durée  est  peu  considérable,  et  ne  dé- 
passe guère  trente  ou  quarante  ans.  Seg 
feuilles  sont  en  cœur,  aiguës  au  sommet, 
parfaitement alabreç,  un  peu  épaisses  ;  dans 


LIL 


LIL 


certaines  variétés  cultivées,  elles  sont  pa- 
nachées de  blanc  ou  de  jaune.  Ses  fleurs , 
dans  le  type,  sont  d'une  nuance  violacée,  à 
laquelle  la  plante  a  donné  son  nom;  mais 
leur  couleur  se  modifie  dans  les  diverses 
variétés  cultivées,  et  elles  deviennent  blan- 
ches, bleuâtres  ou  rougeàtres.  La  plus  re- 
marquable de  ces  variétés  est  celle  à  la- 
quelle on  donne  dans  les  jardins  le  nom  de 
Lilas  Varin  ,  et  qui  a  été  décrite  par  plu- 
sieurs auteurs  comme  une  espèce  distincte 
sous  le  nom  de  Syringa  Rothomagensis  ; 
elle  paraît  n'être  qu'une  hybride  donnée 
par  le  Lilas  commun  et  celui  de  Perse; 
elle  se  distingue  par  ses  feuilles  plus  pe- 
tites que  celles  du  premier,  quoique  de 
même  forme,  ainsi  que  par  son  thyrse  al- 
longé, formé  de  fleurs  plus  grandes  ,  plus 
colorées  que  celles  du  second,  à  limbe  peu 
concave;  on  ne  la  multiplie  que  par  greffe 
et  par  marcottes.  Le  Lilas  commun  est  de 
pleine  terre;  sa  culture  n'offre  aucune  dif- 
ficulté :  il  se  multiplie  aisément ,  soit  par 
graines,  soit  par  marcottes  et  par  greffe, 
soit  enfin  par  division  des  pieds. 

2.  Le  Lilas  de  Perse  ,  Syringa  persica 
Lin. ,  est  originaire  de  Perse  ,  comme  l'in- 
dique son  nom  ;  il  a  été  introduit  en  Europe 
en  1640.  Il  est  plus  bas  que  le  précédent, 
et  ne  s'élève  que  de  1  à  2  mètres  ;  son  port 
est  plus  grêle  ;  ses  feuilles  plus  petites,  lan- 
céolées, aiguës  au  sommet,  entières  ou  pin- 
natiûdes  dans  une  variété  connue  dans  les 
jardins  sous  le  nom  de  Lilas  à  feuilles  de 
Persil.  Ses  fleurs  ont  le  tube  de  leur  corolle 
proportionnellement  plus  grêle.  Lorsque  la 
plante  a  été  cultivée  à  l'air  libre,  elles  ont 
une  odeur  agréable  qui  ne  se  développe 
presque  pas  dans  celles  cultivées  dedans. 
Leur  couleur  est  purpurine;  elle  devient 
blanche  dans  une  variété.  Le  Lilas  de  Perse 
peut  aisément  être  forcé,  et  il  fleurit  dans 
ce  cas  dès  la  fin  du  mois  de  décembre;  mais 
ses  fleurs  sont  alors  à  peu  près  inodores. 

On  a  proposé  récemment  de  torréûer  les 
graines  du  Lilas  commun,  et  de  les  em- 
ployer en  guise  de  café  ;  mais  il  ne  paraît 
pas  qu'on  en  ait  encore  tiré  le  moindre  parti 
sous  ce  rapport.  (P.  D.) 

*LILENIA,  Bert.BOT.PH.— Syn.  d'Azara, 
Ruiz  et  Pav. 

ÏJLIACEES.  Liliaceœ.  bot.  ph. — Grande 
et  belle  famille  de  plantes  monocotylédones , 


qui  emprunte  son  nom  à  l'un  des  plus  beaux 
genres  qu'elle  renferme,  le  Lis  {Lilium).  Les 
végétaux  qui  la  composentsont  très  rarement 
annuels  et  presque  toujours  vivaces ,  tantôt 
pourvus  de  bulbes  ou  de  racines  fasciculées- 
tubéreuses,  tantôt  frutescents  ou  même 
arborescents.  Parmi  ces  derniers,  il  en  est 
(Dracœna)  dont  la  tige,  après  être  restée 
simple  pendant  un  certain  nombre  d'années, 
se  ramifie  et  commence  aussitôt  à  grossir 
dans  des  proportions  qui  peuvent  devenir 
énormes  par  les  progrès  de  l'âge.  Il  suffit, 
pour  donner  une  idée  des  dimensions  qu'el- 
les peuvent  acquérir,  de  citer  le  gigantesque 
Dragonnier  d'Orotava  ,  l'un  des  géants  du 
règne  végétal.  Les  feuilles  des  Liliacées 
sont  simples,  entières,  engainantes  ou  em- 
brassantes à  leur  base,  souvent  ramassées 
en  grande  majorité  à  la  partie  inférieure  de 
la  plante,  de  manière  à  recevoir  dans  les 
descriptions  la  dénomination  de  radicales; 
les  caulinaires  sont  presque  toujours  moins 
développées,  sessiles,  le  plus  souvent  planes, 
quelquefois  aussi  charnues  (ex.  :  Aloe),  et 
prennent  alors  des  formes  diverses.  Les  fleurs 
sont,  dans  la  plupart  de  ces  plantes,  remar- 
quables par  leur  développement  et  leur 
beauté,  qui  leur  donnent  un  des  premiers 
rangs  parmi  celles  des  plantes  d'ornement. 
Elles  sont  solitaires  ou  réunies  en  inflores- 
cences diverses,  accompagnées  de  bractées, 
qui  souvent  constituent  une  spathe.  Leur 
périantheestle  plus  souvent  pétaloide,  coloré 
de  teintes  très  diverses  et  brillantes;  il  pos- 
sède ce  caractère,  commun  à  cette  famille  et 
à  un  petit  nombre  de  celles  qui  l'avoisinent, 
de  ne  présenter  que  de  très  légères  différen- 
ces entre  les  six  pièces  qui  forment  ses  deux 
rangées;  ces  différences  consistent  en  ce  que 
les  trois  extérieures  sont  un  peu  plus  étroites, 
à  nervures  parallèles,  à  préfloraison  val- 
vaire,  tandis  que  les  trois  intérieures  sont 
un  peu  plus  larges,  que  leurs  nervures  vont 
en  s'épanouissant  vers  le  sommet,  et  que 
leur  préfloraison  diffère  de  celle  de  la  rangée 
externe;  ces  six  pièces  du  périanthe  sont 
distinctes  et  séparées  les  unes  des  autres  ou 
soudées  plus  ou  moins  à  leur  base  en  un 
tube  que  termine  un  limbe  à  six  lobes.  Les 
étamines  sont  presque  toujours  au  nombre 
de  six,  hypogynes,  soit  immédiatement, 
c'est-à-dire  insérées  sur  le  réceptacle,  sous 
l'ovaire,  soit  médiatement,  ou  fixées  sur  la 


LIL 


LIL 


307 


Tace  interne  du  périanthe;  leurs  anthères 
sont  introrses,  à  deux  loges,  dans  certains 
cas,  attachées  à  l'extrémité  du  filet  par  le 
milieu  de  leur  connectif,  plus  souvent  pré- 
sentant à  leur  base  une  sorte  de  tubulure 
conique  dans  laquelle  entre  le  sommet  du 
filet  ;  leur  déhiscence  s'opère  par  deux  lignes 
longitudinales.  Le  pistil  présente  un  ovaire 
à  trois  loges  distinctes  formées  par  autant 
de  carpelles  dont  les  bords  sont  repliés  en 
dedans  jusqu'à  atteindre  la  ligne  centrale 
axile;  cet  ovaire  est  surmonté  d'un  style 
simple,  que  terminent  trois  stigmates  plus 
ou  moins  distincts.  Les  ovules  sont  fixés  sur 
deux  séries  longitudinales,  à  l'angle  interne 
de  chaque  loge  ;  le  plus  souvent  ils  sont  très 
nombreux,  mais  quelquefois  on  n'en  observe 
qu'un  petit  nombre,  même  un  seul  par  loge 
(Dracœna)  ou  deux  (vrais  Allium).  Ces  va- 
riations dans  le  nombre  des  ovules  parais- 
sent être  en  rapport  avec  les  divisions  géné- 
riques. Les  cloisons  qui  séparent  les  trois 
loges  de  l'ovaire  chez  les  Liliacées  présen- 
tent une  particularité  de  structure  fort  cu- 
rieuse. On  sait  que  dans  le  fond  de  la  fleur 
de  ces  plantes  se  produit  une  sécrétion  su- 
crée parfois  abondante;  cette  sécrétion  su- 
crée est  due  quelquefois  au  tissu  glanduleux 
qui  se  montre  sur  la  face  interne  et  vers  la 
base  des  parties  du  périanthe,  comme  chez 
les  Fritillaires  ;  mais  ailleurs  elle  existe  sans 
qu'on  distingue  dans  la  fleur  aucun  organe 
de  nature  glanduleuse;  or,  en  examinant 
l'ovaire,  on  remarque  à  sa  surface  externe 
et  vis-à-vis  des  cloisons  trois  petits  points 
déprimés,  qu'on  reconnaît  sans  peine  pour 
des  orifices  d'autant  de  petits  canaux  ;  en 
poussant  plus  loin  l'examen,  on  reconnaît 
qu'en  elTet,  vis-à-vis  de  ces  trois  points  dé- 
primés, la  cloison  est  dédoublée  de  manière 
à  former  ainsi  autant  de  petites  cavités  oc- 
cupées par  un  tissu  glanduleux  dont  le  pro- 
duit est  la  liqueur  sucrée  qui  vient  se  ré- 
pandre à  l'extérieur  et  se  ramasser  au  fond 
de  la  fleur.  Cette  organisation  remarquable 
ne  se  retrouve  que  chez  les  Amaryllidées; 
on  ne  l'observe  dans  aucune  dicotylédone. 
Le  fruit  des  Liliacées  est  le  plus  souvent 
une  capsule  à  trois  valves  sèches  ou  épaissies, 
s'ouvrant  par  déhiscence  loculicide,  parfois 
septicide;  quelquefois  ce  fruit  devient  bac- 
ciforme.  Les  graines  qu'il  renferme  sont  or- 
dinairement nombreuses,  revêtues  d'un  té- 


gument de  consistance  variable,  et  de  plus, 
dans  quelques  genres  (Aloe,  Asphodelus), 
d'une  production  postérieure  à  la  fécondation 
et  analogue  à  un  arille.  Elles renfermentun 
albumen  charnu  dont  l'embryon  occupe 
presque  toujours  l'axe. 

Les  espèces  de  la  famille  des  Liliacées 
sont  répandues  sur  presque  toute  la  surface 
du  globe;  mais  elles  habitent  surtout  les 
régions  tempérées  et  sous-tropicales,  prin- 
cipalement dans  l'ancien  continent  ;  elles 
manquent  dans  les  régions  glacées  duNord. 
Si ,  au  lieu  de  les  envisager  dans  leur  en- 
semble, nous  considérons,  sous  le  rapport 
de  leur  distribution  géographique,  les  divers 
sous-ordres  qu'elles  constituent,  nousvoyons 
que  les  Tulipacées  habitent  les  parties  tem- 
pérées de  l'hémisphère  nord  ;  que  les  Aga- 
panthées  se  trouvent  surtout  au-delà  du 
tropique  du  Capricorne;  que  les  Aloïnées 
son  t  réunies  pour  la  plupart  au  cap  de  Bonne- 
Espérance,  et  n'ont  qu'un  petit  nombre  de 
représentants  en  Asie  et  en  Amérique  ;  enfin 
que  les  Asphodélées,  les  plus  nombreuses  de 
toutes,  croissent  principalement,  d'un  côté 
iJans  les  régions  tempérées  de  l'hémisphère 
boréal,  particulièrement  dans  la  région  mé- 
diterranéenne, de  l'autre  au  cap  de  Bonne- 
Espérance  et  à  la  Nouvelle-Hollande. 

La  famille  des  Liliacées  renferme  un  grand 
nombre  de  plantes  intéressantes  par  leur 
utilité,  par  leurs  propriétés  médicinales,  par 
leur  emploi  comme  plantes  d'ornement. 

Certaines  de  ces  plantes  fournissent  des 
aliments  ou  des  condiments  très  fréquem- 
ment usités;  telles  sont  diverses  espèces  du 
genre  Allium,  comme  l'Oignon  ,  Allium  cepa 
L.  ;  le  Poireau,  A.  porrum  L.  ;  l'Ail  com- 
mun ,  A.  sativumh.;  l'Échalote,  A.  asca- 
lonicum  L.  ;  la  Civette,  A.  schœnoprasum 
L. ,  etc.  ;  telles  sont  encore  les  Asperges,  dont 
on  mange  les  jeunes  pousses  ou  les  turions 
chez  l' Asparagus officinalisL.,  qui  est  l'objet 
de  cultures  étendues  et  très  soignées;  chez 
VA.  acutifolius  L.,  qu'on  recueille  pour  le 
manger  dans  le  midi  de  l'Europe,  où  il  croît 
communément.  Tel  est  encore  le  Cordy- 
line  Ti  Schott,  qui,  dans  les  îles  Sandwich, 
fournit  une  racine  charnue  comestible,  et 
avec  laquelle  on  prépare  de  plus  une  liqueur 
spiritueuse. 

Quant  aux  propriétés  médicinales  des 
Liliacées,  elles  sont  dues  à  ce  qu'il  existe 


368 


LIL 


LIL 


chez  elles  un  mucilage  abondant,  des  sub- 
stances résineuses  amères,  une  huile  vola- 
tile acre ,  et  un  principe  extractif  acre.  On 
conçoit  dès  lors  que  les  propriétés  de  ces 
plantes  doivent  varier  suivant  qu'elles  ren- 
ferment l'une  ou  l'autre  de  ces  substances 
diverses,  et  aussi  suivant  que  celles-ci  s'y 
trouvent  mélangées  en  diverses  proportions. 
Nous  nous  bornerons  à  citer  ici  les  plus 
connues  et  les  plus  usitées  de  ces  Liliacées 
officinales.  Parmi  les  Aloïnées,  le  genre  Aloe 
est  très  connu  pour  la  substance  résineuse 
et  très  amère  que  fournissent  quelques  unes 
<ie  ses  espèces ,  particulièrement  les  Aloe 
soccotrina  Lin.,  spicata  Thunb. ,  arbores- 
cens  Mill.,  etc.  Dans  le  même  sous-ordre, 
les  Yucca,  qui  habitent  l'Amérique,  don- 
nent une  capsule  charnue  purgative,  et  une 
racine  saponifiante.  Parmi  les  Asphodélées, 
la  Scille  maritime,  Scilla  maritima  Lin.. 
(Urginea  maritima  Steinh.),  contient  dans 
son  kmlbe  une  substance  fréquemment  em- 
ployée en  médecine.  Plusieurs  espèces  du 
genre  Allium  ont  encore  une  certaine  im- 
portance comme  plantes  médicinales.  Parmi 
les  Asparagées,  V Asparagus  officinalis  Lin. 
avait  autrefois  une  grande  réputation ,  à 
cause  de  son  rhizome ,  qui  était  regardé 
comme  apéritif,  de  ses  fruits  et  de  ses 
graines,  qui  passaient  pour  d'excellents 
diurétiques;  dans  ces  dernières  années,  on 
lui  a  donné  une  nouvelle  importance  en 
préconisant  les  effets  de  ses  jeunes  pousses 
ou  turions  sur  les  organes  de  la  circulation  ; 
ces  turions  ont  fourni  aux  chimistes  un 
acide  organique  distinct,  l'acide  asparagi- 
(}ue.  Enfin  le  Dracœna  Draco,  Lin.,  est  très 
connu  comme  laissant  exsuder  de  son  tronc 
une  substance  résineuse  qui  est  versée  dans 
le  commerce  sous  le  nom  de  Sang-Dragon 
qu'elle  partage  avec  quelques  autres  four- 
nies par  des  végétaux  différents. 

Une  Liliacée  de  la  Nouvelle-Zélande,  le 
Phormium  tenax ,  connu  sous  le  nom  vul- 
gaire de  Lin  de  la  Nouvelle-Zélande ,  serait 
pour  nos  cultures  une  conquête  très  impor- 
tante, à  cause  de  la  finesse  et  de  la  ténacité 
des  filaments  qu'elle  fournit,  et  qui  pour- 
raientservir  à  la  fabrication  de  belles  et  excel- 
lentes étoffes;  cette  espèce  réussit  au  reste 
et  fleurit  même  en  pleine  terre  dans  le  midi 
de  la  France,  ainsi  que  nous  l'avons  vu 
nous-même  dans  le  département  de  l'Hé- 


rault. V Agave  americana,  L.,  vulgairement 
connu  sous  le  nom  A' Aloe  pitte,  fournit 
aussi  des  filaments  résistants,  mais  beau- 
coup plus  grossiers.  On  a  fait  tout  récem- 
ment des  essais  assez  heureux  pour  faire 
servir  cette  plante  à  la  fabrication  du  papier. 

Pour  donner  une  idée  du  rôle  majeur 
que  les  Liliacées  jouent  dans  nos  jardins 
comme  plantes  d'ornement,  il  suffit  de  citer 
parmi  elles  les  Tulipes,  dont  une  espèce,  la 
Tulipe  de  Gesner,  est  devenue  la  souche  de 
si  nombreuses  et  si  belles  variétés  ;  les  Ja- 
cinthes, dont  une,  la  Jacinthe  d'Orient,  est 
cultivée  partout,  jusque  dans  nos  apparte- 
ments; les  Lis,  les  Fritillaires,  les  Hémé- 
rocalles,  les  Agapanthes,  les  Polyanthes 
vulgairement  nommés  Tubéreuses,  les  As- 
phodèles, etc.  Ces  noms  rappellent  à  la  mé- 
moire tant  et  de  si  belles  plantes  qu'il  suffit 
de  les  énoncer  pour  prouver  que  la  famille 
des  Liliacées  est  l'une  des  plus  importantes 
pour  nos  cultures  d'agrément. 

Voici  le  tableau  des  divisions  et  des  gen- 
res que  comprend  la  famille  des  Liliacées. 

Sous-ordre  I. — Tulipacées. 

Erythronium,  Lin.  {Dens  canis,  Tourn.  ) 

—  Tulipa ,  Tourn.  —  Orithya,  Don.  —  Ga- 
gea, Salisb.  — Lloydia,  Salisb.  (Rhabdocri- 
num,  Rchb.  — Nectaribothrium,  Ledeb.)  — 
Calochortus ,  Pursh.  —  Fritillaria,  Lin.  — 
Rhinopelalum,  Fisch.  —  Lilium,  Lia. — Me- 
thonica,  Herm.  (Glorioîa»  Us.  ) 

Sous-ordre  II.  —  Agàpantbèes. 

Funkia,  Spr.  (  Hosta ,  Tratt.  —  Bryocld^ 
Salisb.—  Niobe, Salisb. —  Saussurea,  Salisb. 

—  Libertia,  Dumort.)  —  Phormium,  Forst. 
(Chlamidia,  Banks.) —  Agapanthus,  Herit. 
(Abumon,  Adans.)  —  Polyanthes  ,  Lin. — 
Blandfordia,  Smith.  —  Leucocoryne,  Lindl 
— Brodiœa,  Smith.  (Hookeria,  Salisb.) — Tri- 
teleja,  Hook.  —  Tristagma,  Poepp. — Milla, 
Cav. — Eesperoscordum,  Lindl  —  Càlliprora, 
Lindl.  —  Bessera,  Schutt.  (Pharium,  W. 
Herbert) 

Sous-ordre  III. — Aloïnées. 

Sanseviera,  Thunb.  (Acyntha,Commé\. — 
Salmia,  Cav .  )  —  Kniphofia ,  Mœnch.  (2Vi- 
toma  ,  Ker.  —  Tritomanthe,  Lk.  —  Trito- 
mium  ,  Lk.  )  —  Aloë ,  Tourn.  —  Lomato- 
phyllum  ,  Willd.  —  Yucca,  Lin. 


LIM 


LIM 


369 


Sous-ordre  IV.  —  Asphodélées. 
Tribu  lrc. — Hyacinthées. 
Muscari,  Tourn.  --  Bellevalia  ,  Lapeyr. 
Hyacinthus,  Lin.  —  Yelthcimia ,  Gled. — 
Uropetalum,  Ker.  (Pollemannia,  Berg.— Zwc- 
cagnia,  Thunb. — Dipeadi, Mœncb.) — iétfra- 
phis,  Link.  — Lachenalia,  Jacq.  — Drimia, 
Jacq.  —  Massonia,  Lin. — Daubenya,  Lindl. 
Eucomis,  Hérit.  {Basilœa,  Juss.)  —  Camas- 
sia,  Lindl.  (Cyanotris,  Raf.) — SciMa,  Lin. 

—  Urginea ,  Steinh.  (  Stellaris,  Mœnch  )  — 
Omiihogalum,  Lk.  —  ,4Z6uca,  Lin. — il/t/o- 
galum,  Lk.  (Albucca ,  Rchb. — Honorius, 
Gray  )  —  Puschkinia  ,  Adams  (  i4damsm  , 
Wi 1 1  d. )  —  Barnardia,  Lindl.— Allium,  Lin. 

—  Nectar oscordum,  Lindl. 

Tribu  2e.  — Anthéricées. 

Sowerbœa,  Smith. — Anemarrhena,  Bung. 

—  Eremurus,  Bieberst.  —  .4sj)/iodeZMs,  Lin. 
(Asphodeloides,  Mœnch) — Asphodeline,  Rchb. 

—  Hemerocallis  ,  Lin.  —  Cyanella,  Lin.  — 
Anthericum,  Lin. — .4rf/iropodmm  ,  R.  Br. 

—  Chlorophytum,  Ker  (  Hartwegia  ,  Nées  ). 

—  Trichopetalum,  Lindl.  (Bottionœa,  Colla) 

—  Stypandra,  R.  Br.  —  Thysanotus,  R.  Br. 
[Chlamysporum ,  Salisb.  )  —  Cœsia,  R.  Br. 

—  Chloopsis,  Blume.  —  Tricoryne ,  R.  Br. 

Tribu  3e. — Asparagées. 

Dianella,  Lara.  (Diana,  Commers.  —  JFic- 
cremts,  Willd.) — Wuchekia,  Kostel. — Rhua- 
cophila,  Blume.  —  Eustrephus,  R.  Br.  (Gei- 
tonoplesium,  A.  Cunn.  (Luzuriaga,  R.  Br.) 

—  Asparagus,  Lin. — Myrsiphyllum,  Willd. 

—  Cordyline  ,  Commers.  (  Charlwoodia  , 
Sweet) —  Dracœna,  Vandel.  {Sloerkia, 
Cr.  —  OEdera,  Cr.  —  Taetsia,  Medik.). 

(P.  D.) 
LILIO-ASPHODELUS ,  Tourn.  bot.  ph. 

—  Syn.  d' Hemerocallis,  Linn. 
LILIO-lSlARClSSUS,  Tournef.  bot.  ph. 

—  Syn.  d'Amaryllis,  Linn. 
LILIUM .  bot.  ph.  —  Voy.  us. 
LILIUM   LAPIDEUM.   échin.  —  Nom 

donné  par  Ellis  à  l'Encrine  lis  de  mer  (En- 
crinus  liliiformis),  que  Miller  a  nommé  En- 
crinites  moniliformis. 

LIMACE.  Umax.  moll.  —  Répandues 
presque  partout  à  la  surface  du  continent, 
les  Limaces  ont  dû  être  connues  de  tout 
temps  ,  surtout  à  cause  des  dégâts  qu'elles 
occasionnent  dans  les  terrains  cultivés. 
t.  vu. 


Quoique  l'on  ait  cru  pendant  assez  long- 
temps que  ce  genre  de  Mollusques  n'exis- 
tait pas  dans  les  régions  chaudes  des  an- 
ciens continents,  ils  y  vivent  cependant;  seu- 
lement il  faut  savoir  les  y  chercher  durant  la 
saison  des  pluies,  dont  ils  profitent  pour  se 
montrer,  sans  courir  le  danger  d'être  promp- 
tement  desséchés  par  l'ardeur  du  soleil.  II 
ne  faut  pas  s'étonner  dès  lors  si  Aristote 
et  d'autres  écrivains  grecs  ont  parlé  des  Li- 
maces ,  et  l'on  ne  peut  douter  aujourd'hui 
qu'il  en  existe  dans  les  lieux  qu'ont  habi- 
tés ces  anciens  observateurs.  Pline ,  Dios- 
coride ,  et  beaucoup  d'autres  auteurs  la- 
tins, ont  également  parlé  des  Limaces  ;  mais 
il  serait  trop  long,  dans  un  ouvrage  de  la 
nature  de  celui-ci ,  de  tracer  avec  détail 
l'histoire  d'un  genre  qui  a  été  successive- 
ment mentionné  par  un  très  grand  nombre 
de  naturalistes.  M.  de  Férussac ,  au  grand 
ouvrage  duquel  nous  renvoyons ,  a  pu  à 
peine  épuiser  cette  matière  en  une  centaine 
de  pages,  d'un  grand  intérêt  sans  doute, 
mais  dont  nous  ne  pouvons  même  présenter 
l'analyse.  Qu'il  nous  suffise  de  rappeler  que 
Linné  le  premier  institua  le  genre  Limace, 
et  le  plaça  parmi  les  Mollusques  nus,  avec 
un  certain  nombre  d'autres  animaux  appar- 
tenant à  diverses  classes  des  animaux  in- 
vertébrés; ajoutons  encore  que  Cuvier  est 
également  le  premier  qui ,  dans  son  tableau 
élémentaire  de  zoologie,  se  fondant  sur  les 
rapports  de  l'organisation,  détruisit  l'arran- 
gement linnéen  et  rapprocha  les  Limaces  des 
Hélices,  quoique  les  premiers  de  ces  Mollus- 
ques n'aient  point  de  coquille  à  l'extérieur, 
tandis  que  les  seconds  en  portent  une  assez 
grande  pour  y  être  contenus  en  entier.  Enfin 
nous  ne  devons  pas  passer  sous  silence  la 
division  du  genre  Limace,  proposée  par  M.  de 
Férussac,  fondée  sur  un  caractère  de  peu 
d'importance ,  selon  nous  ,  puisqu'il  n'en- 
traîne à  sa  suite  aucune  modification  pro- 
fonde dans  l'ensemble  de  l'organisation. 
M.  de  Férussac,  en  effet,  propose  un  genre 
Arion  pour  celles  des  Limaces  qui  ont  un 
crypte  muqueux  à  l'extrémité  du  corps,  ré- 
servant le  nom  de  Limaces  aux  espèces  dé- 
pourvues de  ce  crypte. 

Les  auteurs  systématiques,  depuis  Linné, 
ont  proposé  des  classifications  pour  les  Mol- 
lusques terrestres;  après  avoir  adopté  exclu- 
sivement la  méthode  linnéenne,  à  la  suite 
47 


370 


L1M 


LIM 


de  quelques  variations,  ils  ont  Gnî  par  l'aban- 
donner pour  adopter  en  principe  celle  de  Cu- 
vier.  Cependant  Lamarck ,  le  célèbre  auteur 
de  VHist.  nat.  des  an.  sans  vert.,  ayant  voulu 
séparer  les  Mollusques  qui  rampent  sur  toute 
la  surface  inférieure  du  corps  (Gastéropodes) 
de  ceux  qui,  pourvus  d'une  coquille,  ont  le 
pied  ûxé  à  un  pédicule  qui  porte  également  la 
tête  (Trachélipodes),  s'est  trouvé  dans  l'obli- 
gation de  laisser  les  Limaces  et  plusieurs 
autres  genres  avoisinants  dans  le  premier 
groupe,  tandis  que  les  Hélices  sont  dans  le 
second;  de  sorte  que  l'une  des  grandes  divi- 
sions méthodiques  de  Lamarck  vient  juste- 
ment se  placer  entre  ceux  des  Mollusques  qui 
ont  entre  eux  le  plus  de  rapports.  Ceci  est 
l'une  des  preuves  que  cette  partie  de  la  mé- 
thode de  Lamarck  est  artificielle  ;  aussi  il  est 
très  peu  de  zoologistes  qui  l'aient  adoptée. 
La  Limace  est  un  Mollusque  gastéropode, 
allongé,  variable  dans  sa  forme,  à  cause  de 
son  extrême  contractilité;  mais  qui,  obser- 
vée au  moment  où  elle  rampe  à  la  surface 
du  sol,  présente  assez  exactement  la  forme 
d'une  ellipsoïde  très  allongée,  dont  la  tête 
est  à  l'une  des  extrémités.  La  surface  par 
laquelle  elle  est  en  contact  avec  le  sol  est 
plane ,  et  porte  le  nom  de  pied  ;  l'autre  sur- 
face est  convexe,  formée  par  la  peau,  qui 
constitue  la  face  dorsale  de  l'animal;  elle 
se  termine  en  pointe  à  l'extrémité  posté- 
rieure. Vers  l'extrémité  antérieure,  on  re- 
marque ,  sur  le  milieu  du  dos ,  une  partie  de 
la  peau  saillante,  comme  détachée,  sous 
laquelle  l'animal  peut  ordinairement  cacher 
sa  tête  lorsqu'il  la  contracte.  Cette  partie  de 
ja  surface  cutanée  est  ornée  de  stries  trans- 
versales diversement  contournées  ;  on  lui  a 
donné  le  nom  particulier  de  cuirasse.  La  tête 
est  à  peine  distincte  du  reste  de  l'animal  par 
un  étranglement  qui  ressemble  à  un  col. 
Cette  tête  est  généralement  petite,  obtuse, 
séparée  du  pied  par  un  sillon  peu  profond  , 
et  présentant  en  avant  une  ouverture  trans- 
verse, qui  est  celle  de  !a  bouche;  quatre  ten- 
tacules la  surmontent.  Ces  tentacules  sont 
cylindracés  et  terminés  en  avant  par  une  pe- 
tite dilatation  spliérique ,  sur  laquelle  la 
peau  est  très  amincie  ;  deux  de  ces  tentacules 
sont  plus  courts  ;  ils  sont  antérieurs  et  in- 
férieurs; les  deux  autres,  plus  allongés,  se 
rapprochent  par  leur  base;  ils  sont  supé- 
rieurs et  postérieurs,  par  rapport  aux  pre- 


miers. A  l'extrémité  de  ceux-ci,  on  re- 
marque  un  point  noir  qui ,  d'après  les  ob- 
servations de  Swarnmerdam,  présente  les  par- 
ties constituantes  d'un  organe  de  vision.  Ces 
tentacules  sont  évidemment  une  prolonga- 
tion de  la  peau  :  ils  sont  creux  en  dedans  , 
formés  principalement  de  muscles  annulai- 
res ,  au  moyen  desquels  ils  peuvent  opérer 
l'un  de  leurs  mouvements  principaux  ;  car 
ces  organes  peuvent  rentrer  sur  eux-mêmes 
et  sortir  de  l'intérieur  du  corps  de  la  même 
manière  qu'un  doigt  de  gant  que  l'on  re- 
tourne. Si  l'on  porte  sur  la  Limace  un  re- 
gard plus  attentif,  on  observe  ,  au-dessous 
de  la  base  du  grand  tentacule  droit,  un 
mamelon  très  obtus,  percé  au  centre  d'une 
ouverture  peu  apparente.  Cette  ouverture 
donne  issue  aux  organes  de  la  génération  au 
moment  de  l'accouplement.  Sur  le  côté  droit 
du  bouclier,  et  creusée  dans  l'épaisseur  de 
son  bord,  se  montre  une  ouverture  assez 
grande,  très  contractile,  et  dont  la  con- 
tractilité peut  se  comparer  à  celle  de  l'iris 
de  l'œil.  Cette  ouverture  donne  accès  à  l'air 
dans  une  cavité  assez  grande,  destinée  à  la 
respiration.  Enfin  ,  tout  près  de  celle-ci,  et 
un  peu  en  arrière ,  se  trouve  une  troisième 
ouverture;  elle  termine  l'intestin  et  donne 
issue  aux  excréments.  Pour  terminer  tout  ce 
qui  a  rapport  à  la  surface  extérieure  de  la 
Limace  ,  nous  devons  ajouter  quelques  ob- 
servations relatives  à  la  constitution  de  l'en- 
veloppe générale.  Cette  enveloppe  a  été  com- 
parée à  une  membrane  muqueuse.  On  voit, 
en  effet,  s'établir  à  la  surface  cutanée  une 
abondante  sécrétion  ,  qui  quelquefois  ruis- 
selle dans  les  sillons  dont  elle  est  creusée,  et 
c'est  elle  qui,  en  fournissant  une  matière  mu- 
queuse gluante,  permet  à  l'animal  de  ramper 
sur  les  corps  les  plus  lisses ,  et  de  s'y  atta- 
cher avec  assez  de  solidité;  c'est  elle  enfin 
qui ,  abandonnée  par  l'animal  en  une  cou- 
che mince  partout  où  il  passe,  laisse  une 
trace  luisante  qui  décèle  la  route  qu'il  a  par- 
courue. Si  l'on  coupe  diverses  portions  de 
l'enveloppe  générale  de  la  Limace  ,  on  s'a- 
perçoit qu'elle  est  fort  épaisse,  très  coriace, 
et  si ,  par  la  macération  ,  on  la  débarrasse 
des  matières  muqueuses  qu'elle  renferme, 
on  la  trouve  composée  de  fibres  musculaires 
diversement  entrelacées  et  dirigées  dans  tous 
les  sens  ;  cependant  les  fibres  qui  constituent 
le  plan  locomoteur  sont  plutôt  longitudinales, 


LIM 


L1M 


371 


et  c'est  au  moyen  de  leur  ondulation  suc- 
cessive que  l'animal  peut  ramper.  Ce  phé- 
nomène s'observe  avec  facilité  en  faisant 
ramper  une  Limace  à  la  surface  d'un  verre. 

Nous  allons  actuellement  examiner  d'une 
manière  rapide  l'organisation  intérieure  des 
Limaces  ,  en  nous  appuyant  principalement 
sur  les  travaux  de  Swammerdam  et  de  Cu- 
vier.  Ces  deux  naturalistes  ne  sont  pas  les 
seuls  qui  se  soient  occupés  de  l'organisation 
des  Limaces.  Avant  eux,  Redi,  Monro,  Ar- 
der,  et  Lister  surtout,  avaient  fait  également 
des  efforts  pour  la  dévoiler  ;  mais  tous  avaient 
laissé  échapper  de  graves  erreurs,  non  seule- 
ment sur  la  détermination  des  organes  , 
mais  encore  sur  les  rapports  qu'ils  ont 
entre  eux.  Swammerdam  rectifia  plusieurs 
de  ces  erreurs  ;  et  lui-même  en  laissa  quel- 
ques unes  encore  que  Cuvier  rectifia.  Il 
faut  dire  que  tous  ces  naturalistes  éprou- 
vèrent des  .difficultés  invincibles  dans  leurs 
dissections  ,  difficultés  dont  Cuvier  sut  se 
rendre  maître ,  en  disséquant  dans  l'eau 
des  animaux  dont  les  organes,  excessive- 
ment mous,  se  présentent  habituellement 
sous  l'apparence  d'amas  de  matières  mu- 
queuses diversement  colorées.  Il  a  fallu 
toute  l'habileté  de  Swammerdam  et  sa  pa- 
tience pour  vaincre  de  telles  difficultés  et 
reconnaître  la  forme ,  les  usages  et  les  rap- 
ports d'un  grand  nombre  d'organes. 

1°  Organes  digestifs.  Ces  organes  com- 
mencent par  une  bouche  assez  grande  ,  un 
peu  infundibuliforme  ,  entourée  de  deux 
lèvres,  et  contenant  dans  son  intérieur  une 
dent  cornée,  taillée  en  croissant,  dont 
le  bord  est  tranchant.  A  cette  dent  s'oppose 
une  langue  assez  épaisse,  convexe,  charnue, 
et  dont  les  mouvements  facilitent  la  déglu- 
tition; dans  les  parois  de  la  bouche  aboutit 
obliquement  de  chaque  côté  un  petit  canal 
provenant  d'une  glande  qui  occupe  le  som- 
met de  l'estomac  et  destiné  à  la  sécrétion  de 
la  salive.  En  arrière  de  la  langue ,  la  cavité 
buccale  se  change  en  un  canal  œsophagien, 
allongé,  cylindrique,  qui  occupe  la  ligne 
médiane  et  presque  centrale  de  ranimai. 
Après  être  parvenu  dans  la  partie  épaisse 
du  corps ,  cet  œsophage  se  dilate  en  une 
grande  poche  stomacale,  mince  et  membra- 
neuse ,  irrégulièrement  boursouflée ,  et  ter- 
minée en  arrière  par  un  cul-de-sac  arrondi, 
au-dessus  duquel  commence  l'intestin.  Au 


point  de  jonction  de  l'intestin  et  de  l'esto- 
mac viennent  aboutir  les  vaisseaux  biliaires, 
qui,  étant  considérables,  produisent,  dans 
les  parois  de  l'estomac,  deux  grandes  ouver 
tures  subcirculaires.  L'intestin  fait  plusieurs 
circonvolutions  dans  l'épaisseur  du  foie,  des- 
cend ainsi  jusque  vers  l'extrémité  postérieure 
de  l'animal ,  puis  remonte  obliquement  sur 
le  dos  pour  gagner  le  côté  droit  de  l'animal 
et  se  terminer,  comme  nous  l'avons  vu,  par 
une  ouverture  spéciale  placée  au-dessous  et 
en  arrière  de  celle  de  la  respiration.  Le  foie 
est  divisé  en  deux  lobes  principaux  :  le  pos- 
térieur, qui  est  aussi  le  plus  petit ,  se  pro- 
longe jusqu'à  l'arrière  du  corps,  où  il  ren- 
contre une  partie  des  organes  de  la  généra- 
tion ,  avec  lesquels  il  contracte  de  l'adhé- 
rence, sans  cependant  se  confondre  avec  eux. 

2°  Organes  de  la  génération,  —  Ces  or- 
ganes diffèrent  peu ,  en  général ,  de  ceux 
des  Hélices;  cependant  ceux-ci  ont  déplus 
les  vésicules  multifides  et  la  poche  du  dard. 
Les  organes  générateurs  de  la  Limace  se 
composent  :  1°  d'un  ovaire  situé  dans  le 
lobe  postérieur  du  foie,  dans  lequel  il  est 
presque  entièrement  caché;  il  est  granu- 
leux ,  et  on  en  voit  naître  par  des  radicules 
un  canal  ou  oviducte ,  d'abord  très  mince 
et  très  étroit ,  reployé  sur  lui-même  un  très 
grand  nombre  de  fois  ;  son  diamètre  aug- 
mente insensiblement  en  se  rapprochant  de 
l'organe  que  Cuvier  nomme  matrice. 

2°  Cette  matrice,  dont  les  parois  sont 
épaisses,  est  boursouflée,  composée  inté- 
rieurement de  cellules  assez  régulières,  rem- 
plies d'une  abondante  viscosité.  Après  plu- 
sieurs inflexions ,  elle  se  change  en  un  ca- 
nal plus  étroit,  cylindrique,  à  parois  lisses, 
épaisses,  et  qui  se  renfle  un  peu  avant  de  se 
terminer  dans  le  cloaque;  3°  une  sorte  de 
vessie  ou  sac  à  une  seule  ouverture  se  voit 
à  côté  du  canal  du  second  oviducte;  ses  pa- 
rois sont  épaisses,  elles  se  rétrécissent  en 
un  col  très  court ,  qui  s'insère  sur  le  vagin, 
un  peu  avant  qu'il  entre  dans  la  cavité  com- 
mune de  la  génération  :  cette  petite  poche, 
que  Ton  retrouve  dans  les  Hélices ,  les  Am- 
brettes  et  plusieurs  autres  Mollusques,  pour- 
rait bien  être  comparée  à  la  vésicule  copula- 
tive  des  Insectes  ;  elle  est  habituellement 
remplie  d'un  fluide  jaunâtre  et  épais.  Ces 
différentes  parties  constituent  l'appareil  fe- 
|  melle  de  la  génération.  Nous  ferons  remar- 


372 


L1M 


LIM 


quer  que  l'organe  que  Cuvier  nomme 
matrice  est  désigné  par  M.  deBlainvillesous 
Je  nom  de  seconde  partie  de  l'oviducte. 

L'appareil  mâle  est  composé  d'un  testi- 
cule peu  différent  de  celui  des  Hélices  ;  il 
est  pourvu  d'un  canal  déférent  qui,  au  point 
où  la  matrice  et  l'oviducte  se  réunissent,  se 
joint  intimement  à  eux  ,  ainsi  que  le  testi- 
cule. Un  organe  granuleux,  en  forme  de 
bande  blanche,  se  remarque  le  long  de  la 
matrice ,  et  l'accompagne  en  grossissant. 
Cette  partie,  que  M.  de  Blainville  compare 
à  l'épididyme,  se  prolonge  au-delà  de  la 
portion  boursouflée  de  l'oviducte  ;  c'est  seu- 
lement de  cet  endroit  qu'on  en  voit  naître 
un  canal,  d'après  M.  de  Blainville,  qui  se 
recourbe  en  se  prolongeant  assez  loin  pour 
aboutir  à  la  base  de  la  verge.  La  verge  est 
plus  courte  que  dans  l'Hélice;  elle  est  plus 
large  en  arrière  qu'en  avant ,  où  elle  s'a- 
mincit peu  à  peu;  elle  est  creuse  dans  toute 
sa  longueur;  elle  forme  par  conséquent  un 
long  sac,  dont  les  parois  assez  épaisses  sont 
musculaires;  les  fibres  qu'on  y  remarque 
sont  annulaires;  elles  ont  le  même  usage 
que  celles  des  tentacules,  c'est-à-dire  que 
lorsque  le  pénis  entre  en  action ,  il  sort  en 
se  renversant  et  se  retournant  comme  les 
tentacules;  il  est  fixé  à  sa  base  par  un 
muscle  épais,  assez  court,  qui,  lorsque  les 
organes  delà  génération,  et  surtout  la  verge, 
ont  rempli  leurs  fonctions,  la  retire  en  de- 
dans, et  en  la  retournant  agit  de  même 
que  le  muscle  rétracteur  des  tentacules.  Ce 
muscle  s'insère  postérieurement  sur  la  cloi- 
son charnue  que  nous  avons  vue  précédem- 
ment séparer  la  cavité  respiratrice  de  la 
cavité  viscérale. 

3°  Organes  de  la  circulation.  —  En  dé- 
tachant le  bouclier  par  sa  circonférence  , 
on  pénètre  dans  une  cavité  d'une  médiocre 
étendue,  dans  laquelle  l'organe  central  de 
,  la  circulation  est  contenu.  Cette  cavité,  ova- 
•Jaire,  membraneuse,  est  le  péricarde.  Le 
cœur  se  compose  d'un  ventricule  et  d'une 
oreillette.  Ces  organes  sont  disposés  à  peu 
près  de  la  même  manière  que  dans  les  Hé- 
lices. La  pointe  du  ventricule  est  dirigée 
en  arrière;  l'oreillette  ayant  la  forme  d'un 
croissant,  dont  les  pointes  sont  dirigées  en 
avant,  est  posée  sur  le  ventricule,  et  com- 
munique avec  lui  par  sa  face  dorsale  ;  de  la 
pointe  du  ventricule  naît  une  aorte  qui  va 


se  ramifier  pour  se  distribuer  à  tous  les  or- 
ganes. Le  système  veineux  est  considérable  ; 
le  sang  est  rassemblé  par  deux  troncs  prin- 
cipaux ,  venant  ramper  sur  les  parties  la- 
térales du  corps;  "mais  avant  de  se  terminer 
aux  oreillettes,  elles  viennent  s'ouvrir  dans 
la  cavité  générale  des  viscères,  d'après  les 
observations  récentes  de  M.  Milne-Edwards. 
Les  veines  pulmonaires  auraieut  ,  d'après 
le  même  observateur,  de  grandes  ouvertures 
béantes  dans  cette  même  cavité  viscérale  , 
pour  recueillir  le  sang  et  le  porter  ensuite 
dans  un  organe  respiratoire  dont  la  dispo- 
sition est  spéciale  chez  tous  les  Pulmonés 
terrestres. 

Organes  de  la  respiration.— Ils  sont  situés, 
comme  le  cœur,  au-dessous  du  bouclier.  Ce 
bouclier  contient,  dans  son  épaisseur,  un  ru- 
diment testacé  calcaire,  plus  ou  moins  épais, 
sous  lequel  se  trouvent  abrités  tout  à  la  fois 
le  cœur  et  l'organe  de  la  respiration.  Cet 
organe  consiste,  comme  nous  le  disions,  en 
une  cavité  assez  grande  ,  dans  laquelle  vien- 
nent se  ramifier  d'une  manière  élégante  les 
artères  branchiales,  qui  bientôt  se  chan- 
gent en  veines  branchiales,  offrant  une  dis- 
position très  analogue  à  celle  des  artères. 
Ces  veines  aboutissent  à  l'oreillette,  qui 
transmet  au  cœur  le  sang  régénéré  par  la 
respiration.  Une  cloison  membraneuse  as- 
sez épaisse  sert  à  séparer  la  cavité  de  la 
respiration  de  celle  des  viscères  ;  Cuvier  lui 
a  donné  le  nom  de  diaphragme,  quoique  en 
réalité  elle  n'en  ait  ni  la  place,  ni  la  struc- 
ture, ni  la  fonction. 

4°  Système  nerveux.  —  Ce  système  est 
très  analogue  à  celui  des  Hélices  ,  et  ses 
principales  dispositions  sont  tout-à-fait  con- 
formes à  ce  qui  est  connu  dans  les  autres 
Mollusques.  Un  anneau  nerveux ,  composé 
de  deux  ganglions  et  de  deux  branches  la- 
térales de  commissures ,  embrassent  dans 
sa  circonférence  l'œsophage  et  les  glandes 
salivaires.  Le  ganglion  supérieur  donne 
des  nerfs  optiques  qui  se  dirigent  vers  les 
grands  tentacules  ,  des  filets  pour  la  masse 
buccale ,  et  les  organes  de  la  génération, 
pour  lesquels  existe  un  petit  ganglion  spé- 
cial. Le  ganglion  œsophagien  inférieur  donne 
en  rayonnant  un  très  grand  nombre  de  bran- 
ches nerveuses ,  dont  les  unes  sont  destinées 
aux  viscères,  et  les  autres  aux  organes  du 
mouvement.  Ce  système  nerveux,  comme  on 


LDI 

ïe  voit,  diffère  à  peine  de  celui  des  Hélices, 
et  nous  aurons  occasion  de  revenir  sur  la 
distribution  générale  de  ce  système  à  l'ar- 
ticle MOLLUSQUES. 

Indépendamment  des  muscles  répandus 
•dans  l'épaisseur  de  la  peau ,  il  y  en  a  quel- 
ques autres  propres  à  certaines  fonctions,  et 
qui  doivent  être  mentionnés,  pour  que  l'on 
puisse  comprendre  le  mécanisme  des  mou- 
vements de  l'animal.  Nous  avons  vu  que 
l'enveloppe  cutanée  des  tentacules  était  com- 
posée de  fibres  annulaires  ,  ce  qui  explique 
la  facilité  dont  jouit  l'animal  de  faire  sor- 
tir ces  parties  de  l'intérieur,  lorsqu'elles  ont 
été  contractées.  Mais  pour  qu'elles  se  con- 
tractent ,  elles  ont  besoin  de  muscles  parti- 
culiers, et  c'est  en  effet  ce  que  l'on  trouve 
de  chaque  côté  du  corps.  Les  muscles  ré- 
tracteurs  des  tentacules  se  présentent  sous 
la  forme  de  rubans  fibreux  divisés  en  deux 
à  leur  sommet,  chacune  des  divisions  se 
rendant  à  l'un  des  tentacules.  La  masse 
buccale  a  également  des  muscles  qui  lui  sont 
propres.  Quelques  uns  de  ces  muscles  sont 
subannulaires,  d'autres  sont  obliques,  d'au- 
tres enfin  sont  longitudinaux;  tous  s'entre- 
croisent, et  sont  fixés  les  uns  aux  autres  par 
un  tissu  cellulaire  assez  serré.  Enfin  la  tête 
est  retirée  en  arrière  au  moyen  d'un  muscle 
qui  représente  le  muscle  columellaire  des 
Hélices,  et  qui  se  dirige  obliquement  vers 
la  cloison  membraneuse,  séparant  la  cavité 
respiratrice  de  la  masse  des  viscères.  Ce 
muscle  s'attache  à  cette  espèce  de  dia- 
phragme, au-dessus  duquel,  comme  nous 
le  savons  déjà,  est  situé  le  rudiment  testacé 
qui  représente  la  coquille  des  Hélices. 

Si  nous  examinons  actuellement  les  or- 
ganes des  sens  chez  les  Limaces ,  nous  les 
trouverons  généralement  obtus  ,  et  en  cela, 
tout-à-fait  semblables  à  ce  que  nous  avons 
fait  remarquer  chez  les  Hélices.  Aussi  nous 
ne  croyons  pas  nécessaire  de  reproduire  ce 
que  nous  avons  déjà  dit  à  l'article  hélice  , 
auquel  nous  renvoyons. 

Les  Limaces  sont  des  animaux  qui  aiment 
les  lieux  frais  et  humides.  Dans  les  climats 
tempérés,  elles  s'enfoncent  dans  la  terre 
pour  y  passer  l'hiver,  dans  un  engourdisse- 
ment complet;  elles  reparaissent  au  prin- 
temps et  en  été,  tandis  que  dans  les  climats 
chauds,  elles  se  cachent  pendant  la  durée 
des  grandes  chaleurs,  et  ne  se  montrent 


1JM 


373 


qu'en  automne  et  en  hiver.  Ces  animaux  se 
nourrissent  de  préférence  de  matières  vé- 
gétales, surtout  lorsque  ces  matières  ont 
déjà  subi  un  certain  degré  de  putréfaction. 
On  les  voit  également  dévorer  des  matières 
animales,  principalement  des  Lombrics, 
lorsque  ceux-ci  sont  morts  et  en  partie  dé- 
composés. Dans  les  forêts  humides,  elles  at- 
taquent les  champignons,  et  en  dévorent 
quelquefois  de  grandes  quantités.  On  a  sup- 
posé pendant  longtemps  que  les  Limaces 
étaient  propres  à  l'ancien  continent;  mais 
depuis  que  des  observateurs  instruits  ont 
porté  leurs  recherches  jusque  dans  les  par- 
ties les  plus  chaudes  de  l'Amérique  méri- 
dionale, on  sait  que  des  Limaces  existent 
dans  ces  régions  de  la  terre ,  mais  il  faut  les 
y  chercher  dans  la  saison  favorable. 

Le  nombre  des  espèces  actuellement  con- 
nues est  peu  considérable,  si  on  le  compare 
au  nombre  immense  des  Hélices.  M.  de  Fé- 
russac,  dans  son  grand  travail,  en  comptait 
une  quinzaine  d'espèces;  à  peine  s'il  y  en  a 
le  double  de  connues  aujourd'hui.  (Desh.) 

LIMACELLE.  Limacella.  moll. — Genre 
encore  incertain  proposé  depuis  longtemps 
par  M.  de  Blainville  dans  le  Journal  de  Phy- 
sique, et  reproduit  dans  ïe  Traité  de  mala- 
cologie. L'animal  pour  lequel  le  genre  a  élé 
établi  offrirait  une  combinaison  très  singu- 
lière de  caractères.  Que  l'on  s'imagine  en 
effet  une  Limace  ayant  l'ouverture  pulmo- 
naire très  antérieure,  mais,  ce  qui  est  bien 
plus  étonnant ,  ayant  l'issue  de  l'organe 
mâle  de  la  génération  sous  le  tentacule 
droit,  et  l'organe  femelle  à  l'extrémité  pos- 
térieure du  côté  droit ,  tous  deux  se  com- 
muniquant par  un  sillon  parcourant  le  bord 
droit  du  pied.  M.  de  Blainville  lui-même 
doute  d'avoir  bien  vu  les  caractères  de  ce 
genre,  tant  ils  sortent  de  ceux  qui  distin- 
guent tous  les  autres  Mollusques  terrestres 
pulmonés.  (Desh.) 

LIMACIA.  bot.  ph.— Lour.,  syn.  deGoo 
culus,  DC.  —  Dietr.,  syn.  de  Roumea,  Poit. 

LL\f ACIENS.  moll.  —  Lamarck  a  pro- 
posé cette  famille  pour  y  rassembler  ceux 
des  Mollusques  terrestres  pulmobranches  , 
qui,  depuis  les  Limaces,  établissent  un  pas- 
sage bien  évident  avec  le  type  des  Hélices. 
On  voit,  en  effet,  la  coquille  intérieure  des 
Limaces  sortir  peu  à  peu  du  manteau  .  se 
développer  successivement,  et  devenir  eu  fin 


374 


LIM 


LIM 


assez  grande  pour  contenir  l'animal  entier, 
comme  cela  a  lieu  dans  les  Hélices.  Ce  phé- 
nomène se  manifeste  dans  les  genres  Li- 
mace ,  Parmacelle ,  Testacelle  et  Vitrine , 
auxquels  nous  renvoyons.  (Desh.) 

*LIMACINyE.MOLL. — M.  Swainson,dans 
son  Traite  de  malacologie ,  a  rassemblé 
dans  cette  sous-famille  la  plupart  des  gen- 
res que  Lamarck  réunit  dans  sa  famille 
des  Limaciens.  Cependant  il  existe  de  grandes 
différences  dans  les  rapports  des  genres  entre 
eux  et  dans  leurs  divisions  en  sous -genres. 
C'est  ainsi  que  M.  Swainson  admet  dans  la 
sous- famille  en  question  un  genre  Herpa, 
qui  n'est  pas  même  un  Mollusque.  Quant 
au  genre  Limax,  il  le  partage  en  cinq  sous- 
genres,  dans  Tordre  suivant  :  Limax,  Arion, 
Vaginula ,  Parmacella ,  Testacella.  Les  au- 
tres genres  de  cette  sous-famille  sont  ceux 
connus  sous  le  nom  de  Vitrina  et  Succinea, 
auxquels  il  ajoute  encore  celui  nommé  Che- 
nopus  par  M.  Guilding  ;  ce  dernier  doit  ren- 
trer dans  le  type  des  Hélices.      (Desh.) 

LIMACINÉS.  moll.  —M.  de  Blainville, 
dans  son  Traité  de  malacologie ,  n'a  point 
adopté  la  séparation  profonde  jetée  par  La- 
marck entre  deux  groupes  d'animaux  mol- 
lusques qui  ont  entre  eux  la  plus  grande 
ressemblance.  En  conséquence  des  faits  con- 
nus sur  l'organisation  du  type  des  Lima- 
riens,  de  celui  des  Hélices,  M.  de  Blainville 
léunit  en  une  seule  famille,  sous  le  nom  de 
Limacinés  ,  tous  les  animaux  qui  respirent 
l'air  en  nature,  et  qui  vivent  à  la  surface 
des  terres.  M.  de  Blainville  a  disposé  ces 
taures  dans  l'ordre  suivant  :  dans  un  pre- 
mier groupe  ,  sont  les  Ambrettes,  les  Buli- 
tnes,  les  Agatbines,  les  Clausilies,  les  Mail^ 
lots ,  les  Tomogères,  et  enfin  les  Hélices. 

Dans  le  2e  groupe,  se  trouvent  les  genres 
Vitrine,  Testacelle,  Parmacelle,  Limacelle, 
Limace  et  Onchidie.  (Desh.) 

LIMACIUM,  Fr.  bot.  cr.  —  Voy.  aga- 
mcus.  (LÉV.) 

LIMACODES.  ins.  —  Genre  de  l'ordre 
des  Lépidoptères  nocturnes  ,  tribu  des  Co- 
chliopodes,  établi  par  Latreille,  et  ne  com- 
prenant que  2  espèces  (L.  asellus  et  testudo), 
qui  habitent  l'Europe ,  principalement  la 
France  et  l'Allemagne,  où  elles  vivent  sur 
le  Chêne  et  le  Hêtre. 

LIMACODIDES.  Limacodides,  Dup.  ms. 
—  Syn.  de  Cochliopodes,  Boisd. 


LIMAÇON,  moll.  —  Pour  Adanson  ,  ce 
g.  a  beaucoup  plus  d'étendue  que  dans  La- 
marck et  d'autres  naturalistes  modernes  ; 
car  il  réunit  tous  ceux  des  Mollusques  ter- 
restres qui  ont  une  coquille  plus  ou  moins 
enroulée.  (Desh.) 

LIMANDE,  poiss.  —  Espèce  du  genre 
Pleuronecte.  Voy.  ce  mot. 

*LIMATODES.  bot.  pb.— Genre  de  la  fa- 
mille des  Orchidées-Vandées ,  établi  par 
Blume  {Bijdr.,  375,  flg.  62).  Herbes  de 
Java.  Voy.  orchidées. 

*LIMATULA.  moll.— Quelques  espèces 
de  Peigne  ont  été  détachées  sous  ce  nom 
par  Wood ,  sans  que  ce  nouveau  genre  soi! 
justifié  par  des  caractères  suffisants.  Voy. 
peigne.  (Desh.) 

LIMAX.  moll.  —  Voy.  limace. 
LIMBE,  bot.  —  Voy.  calice  et  corolle. 
LIMBILITE.  min.  —  Voy.  chusite  et  pé« 
ridot. 

LIMBORIA.  bot.cr.— Genre  de  Lichens, 
de  la  tribu  des  Limboriées,  établi  par  Acha- 
rius  (Excl.  sp.).  Lichens  des  tropiques, 
croissant  sur  les  écorces  d'arbres. 

LIMBORIÉES.  Limborieœ.  bot.  cr.— 
Tribu  de  la  grande  famille  des  Lichens.  Voy. 
ce  mot. 

LIME.  Lima.  moll. —  Linné  avait  partagé 
son  genre  Huître  en  plusieurs  groupes.  L'un 
d'eux,  consacré  à  des  coquilles  régulières, 
libres,  à  charnières  auriculées  ,  en  a  été  sé- 
paré sous  le  nom  de  Pecten  ,  et  c'est  dans 
cette  section  que  Bruguière  a  trouvé  un  cer- 
tain nombre  d'espèces  qu'il  a  réunies  sous  le 
nom  de  Lime  dans  les  planches  de  YEncy- 
clopédie.  Ce  genre ,  indiqué  d'une  manière 
précise  par  ce  savant  conchyliologiste,  fut 
adopté  par  Lamarck  et  caractérisé  définiti- 
vement par  lui,  dans  son  premier  travail  pu- 
blié sur  les  coquilles.  Depuis  ce  moment,  le 
genre  Lime  a  été  adopté  dans  toutes  les 
méthodes,  mais  tous  les  auteurs  n'ont  pas  été 
d'accord  sur  les  rapports  à  lui  imposer. 
Quelques  uns,  s'attachant  davantage  à  l'opi- 
nion de  Linné,  voulurent  conserver  les  Li- 
mes dans  la  famille  des  Ostracés  ;  quelques 
autres,  Lamarck  est  du  nombre,  firent  des 
Peignes  une  famille  particulière,  sous  le  nom 
de  Pectinides,  et  y  entraînèrent  les  Limes, 
lesHoulettes,lesSpondyleset  les  Plicatules. 
Cet  arrangement  est  certainement  préfé- 
rable, car  il  met  en  rapport  des  animaui 


LI1V 


LIM 


375 


qui  ont  entre  eux  une  très  grande  analogie, 
tandis  qu'ils  diffèrent  beaucoup  plus  des 
Huîtres  et  des  autres  genres  delà  famille 
des  Ostracés.  Toutes  les  méthodes  aujour- 
d'hui admettent  sans  exception  le  genre  Lime 
dans  la  famille  des  Pectinides. 

Dans  les  premiers  fascicules  de  son  Mi- 
nerai conchology,  M.  Sowerby  proposa  un  g. 
Plagiostome  pour  des  coquilles  fossiles,  dont 
h  ne  reconnut  pas  exactement  les  caractères. 
i  le  genre  ,  adopté  et  en  partie  rectifié  par 
Lamarck,  dans  le  sixième  volume  de  son 
Histoire  naturelle  des  animaux  sans  vertèbres, 
a  été  successivement  reproduit  par  tous  les 
conchyliologistes,  jusqu'au  moment  où,  par 
de  nouvelles  observations,  nous  avons  donné 
la  démonstration  évidente  que  tous  lesPla- 
giostomes  ont  les  caractères  des  Limes,  ca- 
ractères restés  inaperçus  par  suite  de  cir- 
constances fortuites,  dépendant  du  mode  de 
fossilisation  et  de  l'état  spécial  des  premiers 
échantillons  examinés.  M.  Sowerby  intro- 
duisit, parmi  lesPlagiostomes,  une  coquille 
épineuse  provenant  du  terrain  crétacé;  mais 
un  examen  ultérieur  nous  a  fait  voir  que 
cette  espèce  dépendait  du  genre  Spondyle 
et  en  présentait  tous  les  caractères.  Il  résulte 
des  observations  que  nous  venons  de  rap- 
porter, que  le  genre  Plagiostome  doit  dispa- 
raître complètement,  et  que  la  plus  grande 
partie  de  ces  espèces  rentrent  dans  le  genre 
Lime,  d'autres  dans  le  genre  Spondyle. 

Les  Limes  sont  des  Mollusques  acéphales, 
appartenant  à  la  classe  des  Monomyaires; 
leur  coquille  est  longitudinale,  très  souvent 
oblique.  Quelques  espèces,  plus  courtes,  sont 
subcirculaires  ;  leur  forme  se  rapproche  de 
celle  des  Peignes  ;  presque  toutes  sont  ornées 
de  côtes  ou  de  stries  longitudinales ,  hérissées 
d'écaillés.  Quelques  espèces  sont  presque  sy- 
métriques, c'est-à-dire  que  les  valves,  étant 
coupées  longitudinalement,  se  trouveraient 
composées  de  deux  parties  semblables.  Géné- 
ralement ces  coquilles  sont  aplaties;  le  côté 
supérieur  ou  dorsal  est  très  court  et  il  est 
terminé  par  des  crochets  petits,  aplatis, 
triangulaires  et  opposés.  En  dedans,  ces  cro- 
chets présententune  surface  cardinale,  apla- 
tie, plus  ou  moins  prolongée,  selon  l'âge  des 
individus,  formant  deux  plans  obliques  lors- 
que les  valves  sont  réunies.  Le  bord  inférieur 
est  tout-à-fait  lisse,  simple,  et  il  constitue  le 
bord  cardinal;   les  valves  sont  réunies  au 


moyen  d'un  ligament  assez  épais,  dont  la 
partie  principale  est  logée  dans  une  fossette 
triangulaire  qui  commence  au  sommet  des 
crochets  et  se  termine  sur  le  bord  cardinal. 
Lorsque  les  valves  d'une  Lime  sont  encore 
jointes  par  leur  ligament,  on  s'aperçoit  qu'el- 
les ne  sont  point  complètement  fermées.  Le 
côté  antérieur,  souvent  aplati,  quelquefois 
creusé  et  refoulé  en  dedans,  est  circonscrit. 
en  une  sorte  de  lunule,  au  centre  de  laquelle 
existe  un  bâillement  pour  le  passage  d'un 
byssus  ou  celui  du  pied.  Du  côté  postérieur, 
les  valves  offrent  aussi,  dans  la  plupart  des 
espèces,  un  bâillement  à  peu  près  semblable 
au  premier,  mais  plus  étroit.  Dans  celles  des 
Limes  qui  sont  presque  symétriques,  les 
valves  sont  plus  rapprochées,  plus  exactement 
fermées,  et  le  bâillementantérieur  est  à  peine 
sensible;  tandis  que,  dans  un  autre  groupe 
à  valves  très  obliques,  les  bâillements  sont 
très  grands.  La  surface  intérieure  est  lisse, 
polie,  brillante,  et  l'on  y  aperçoit  difficile- 
ment les  impressions  que  l'animal  y  a  lais- 
sées. Ces  impressions  consistent  en  une  ligne 
simple  et  circulaire ,  située  très  haut  dans 
l'intérieur  des  valves,  et  qui  indique  le  point 
d'attache  du  manteau.  En  arrière  et  en  haut 
se  montre  une  impression  musculaire  circu- 
laire ;  vers  les  crochets  existent  quelques 
petites  impressions  musculaires  inégales, 
donnant  attache  aux  muscles  transverses  de 
la  masse  viscérale. 

Pendant  longtemps  l'animal  de  ce  g.  est 
resté  inconnu.  MM.  Quoy  et  Gaimard  sont  les 
premiers  qui  en  aient  donné  une  figure  pas- 
sable dans  le  Voyage  de  l'Astrolabe.  Depuis, 
M.  Délie  Ghiaje,  dans  son  Histoire  des  Inver- 
tébrés de  Naples,  en  a  également  fait  figurer 
une  espèce  de  la  Méditerranée,  mais  trop 
imparfaitement  pour  valoir  la  peine  d'en 
parler.  Ces  animaux  sont  fort  remarquables; 
ils  ressemblent  a  certains  égards  aux  Peignes: 
mais  ils  conservent  des  caractères  propres, 
à  l'aide  desquels  le  genre  devra  toujours  être 
conservé.  Le  manteau  est  très  ample  et  son 
bord  est  divisé  en  deux  parties  bien  distinc- 
tes :  l'une,externe,vientdéborder  la  coquille  ; 
l'autre,  interne,  forme  une  espèce  de  large 
voile,  derrière  lequel  l'animal  peut  se  cacher 
presque  entièrement.  Sur  la  première  partie 
du  bord  s'attachent,  en  très  grand  nombre, 
des  tentacules  flexibles,  composés  d'anneaux 
assez  larges  ,  superposés  et  comparables  au 


376 


LIM 


LDI 


tirage  d'une  lunette,  comparaison  d'autant 
plus  exacte  que,  dans  leur  allongement  et 
leur  raccourcissement,  il  semble  que  ces  di- 
vers anneaux  rentrent  les  uns  dans  les  au- 
nes, exactement  comme  on  le  fait  d'une  lu- 
nette qu'on  veut  remettre  dans  son  étui.  La 
bouche  est  située  sur  la  face  antérieure  du 
muscle  adducteur  des  valves;  elle  n'est  point 
constituée  de  la  même  manière  que  dans  les 
Peignes  et  autres  Mollusques  de  la  même  fa- 
mille. En  effet,  les  lèvres  sont  soudées  entre 
elles  dans  une  grande  partie  deleur  longueur, 
et  ne  laissent  d'ouverture  que  par  les  com- 
missures, de  sorte  que  la  bouche  est  réelle- 
ment fermée  en  avant  et  ouverte  sur  les  côtés. 
De  chaque  côté  du  corps,  et  toujours  soutenu 
par  le  muscle  central,  l'animal  est  pourvu 
dune  paire  de  grand  feuillets  branchiaux 
très  épais  et  très  élégamment  striés.  C'est 
entre  ces  feuillets,  et  attaché  aune  masse  ab- 
dominale peu  considérable,  que  se  trouve  un 
pied  grêle  et  flexible  qui,  étant  coudé  vers 
son  extrémité,  ne  manque  pas  de  ressem- 
blance avec  un  pied  de  botte.  On  pourrait 
aussi  comparer  ce  pied  avec  celui  des  Lou- 
pes, à  cause  de  sa  forme  et  de  sa  longueur. 

Rien  n'est  plus  singulier  que  la  manière 
de  nager  des  Limes;  elles  ne  vivent  pas  en- 
foncées dans  le  sable;  elles  aiment  les  en- 
droits rocailleux,  les  anfractuosités  des  ro- 
chers, ou  les  cavités  que  laissent  entre  eux 
les  zoophytes  ;  elles  nagent  avec  une  grande 
rapidité,  en  battant  leurs  valves  l'une  con- 
tre l'autre,  ce  qui  leur  donne  un  mouve- 
ment incertain ,  irrégulier,  que  l'on  peut 
comparer  au  vol  des  Papillons. 

Les  Limes  habitent  presque  toutes  les 
mers;  mais  le  nombre  des  espèces  vivantes 
actuellement  connues  est  encore  peu  consi- 
dérable. Lamarck  en  comptait  six  ;  M.  So- 
werby,  dans  son  Thésaurus  conchyliorum , 
en  a  donné  dix-huit.  Sans  exception,  toutes 
ces  espèces  sont  blanches,  à  moins  qu'elles 
ne  soient  revêtues  de  leur  épiderme  jau- 
nâtre. Les  espèces  fossiles  sont  infiniment 
plus  nombreuses,  et  sont  répandues  dans 
presque  tous  les  terrains  de  sédiment,  de- 
puis le  terrain  tertiaire  jusque  dans  les  ter- 
rains de  transition  les  plus  anciens.  Déjà 
cent  six  sont  inscrites  dans  les  Catalogues, 
et  ce  nombre  s'accroîtra  encore  par  les  re- 
cherches assidues  des  paléontologistes. 

(Desh.) 


*LIMEA.  moll.  —  M.  Brown  ,  dans  son 
Catalogue  des  terrains  tertiaires  de  V Italie , 
a  proposé  ce  g.^  pour  quelques  espèces  de 
Peignes,  mais  il  n'a  point  été  adopté.  Voy. 
peigne.  (Desh.) 

LIME-BOIS.  ins.  —  Nom  vulgaire  des 
espèces  du  genre  Lymexylon. 

♦LIMÉES.  Limeœ.  bot.  ph. —  Tribu  de  la 
famille  des  Phytolaccacées.  Voy.  ce  mot. 

LIMENITIS.  ins.  —  Genre  de  l'ordre  des 
Lépidoptères  diurnes  ,  tribu  des  Nympha- 
lides,  établi  par  M.  Boisduval  aux  dépens 
des  Nymphales.  II  renferme  4  espèces,  ré- 
parties en  deux  sections  ainsi  caractérisées  : 
1°  ailes  oblongues ,  gouttière  anale  peu  pro- 
noncée (g.  Neptis,  Fabr.)  ;  2°  ailes  de  forme 
ordinaire ,  gouttière  anale  très  prononcée 
(g.  Limenitis,  Fabr.). 

Les  Limenitis  ont  reçu  le  nom  vulgaire 
de  Sylvain  (sylva,  forêt),  par  suite  de  leur 
séjour  prolongé  dans  les  allées  sombres  des 
bois.  On  les  trouve  fréquemment  dans  tou- 
tes les  contrées  de  l'Europe.  (J.) 

LIMÉOLE.  Limeum.  bot.  ph.  —  Genre 
de  la  famille  des  Phytolaccacées,  tribu  des 
Limées,  établi  par  Linné  (Gen. ,  n.  463). 
Herbes  ou  sous-arbrisseaux  de  l'Afrique  tro- 
picale et  du  Cap.  Voy.  phytolaccacées. 

LIMETTIER.  bot.  ph.— Voy.  orangeu. 

LIMEUM.  bot.  ph.  —  Voy.  liméole. 

*LIMICOLA,  Leach.  ois.  —Genre établi 
sur  le  Tôt.  glottis ,  espèce  du  genre  Cheva- 
lier. (Z.  G.) 

*LIMICOLAIRE.  Limicolaria.  moll.  — 
M.  Schumacher  a  proposé  ce  g.  dans  son 
Essai  d'une  classification  des  coquilles,  pour 
quelques  espèces  de  Bulimes ,  dont  le  kam- 
beul  d'Adanson  peut  donner  une  idée.  Ce 
groupe,  intermédiaire  entre  les  Agathines 
et  les  Bulimes,  ne  peut  être  considéré  comme 
genre,  ainsi  qu'il  a  été  dit  aux  articles  bu- 
lime  et  agathine,  auxquels  nous  renvoyons. 

(Desh.) 

LIMICOLES.  Limicolœ.  ois. — Famille  de 
l'ordre  des  Échassiers  établie  par  Illiger  pour 
des  espèces  à  bec  long,  grêle,  un  peu  arrondi, 
droit  ou  arqué ,  à  doigt  postérieur  court  ou 
élevé  de  terre,  et  n'y  posant  que  sur  le  bout. 
Cette  division,  qui  renferme,  pour  Illiger, 
les  genres  Courlis,  Bécasse,  Tringa  et  Tourne- 
Pierre,  comprend  une  portion  des  éléments 
dont  G.  Cuvier  a  composé  sa  famille  des 
Longirostres.  (Z.  G.) 


LIM 

LIi\ÎICULA,Vieill.ois.—  Syn.de  Limosa. 

VoiJ.   BARGE.  (Z.    G.) 

LIMIER,  mam.— Nom  particulier  du  Chien 
qui  sert  au  veneur  à  découvrir  ou  à  détour- 
ner le  Cerf.  Voy.  chien.  (E.  D.) 

LIMNACÉS ,  Blainv.  moll.  —  Syn.  de 
Lymnéens,  Lamk. 

♦LIMNACIIME.  moll.— Sous  cette  déno- 
mination ,  M.  Swainson  a  circonscrit  la  5e 
sous-famille  de  ses  Helicidœ,  qui  correspond 
à  celle  des  Lymnéens  de  Lamarck ,  à  la- 
quelle M.  Swainson  a  fait  subir  quelques 
changements.  Il  y  a  introduit  cinq  genres  : 
Planorbis,  Lymnœa,  Physa,  Potamophylla  et 
Ancillus.  Voy.  ces  mots.  (Desh.) 

LIMNADIE.  Limnadia  (nom  mythologi- 
que), cbdst. — Genre  de  l'ordre  desPhyllo- 
podes,  de  la  famille  des  Apusiens  ,  établi 
par  M.  Adolphe  Brongniart ,  et  adopté 
par  tous  lescarcinologistes.  Le  test  est  com- 
posé de  deui  valves  ovalaires  et  transparen- 
tes, réunies  sur  le  dos,  libres  dans  le  reste 
de  leur  contour,  et  formé  par  un  grand  pli 
delà  membrane  tégumen taire.  Le  corps, 
renfermé  dans  cette  enveloppe ,  est  allongé 
et  cylindracé  ;  la  tête  adhère  à  la  carapace, 
et  présente,  à  sa  partie  antérieure,  une  pro- 
tubérance contenant  deux  yeux  très  rappro- 
chés l'un  de  l'autre.  Les  antennes  sont  au 
nombre  de  quatre;  celles  de  la  première 
paire,  insérées  de  chaque  côté  d'une  petite 
crête  frontale,  sont  simples,  très  petites,  sé- 
tacées,  un  peu  renflées  vers  le  bout  et  obscu- 
rément multi-articulées;  celles  de  la  seconde 
paire,  insérées  en  dehors  des  précédentes, 
sont,  au  contraire,  très  grandes,  et  se  com- 
posent chacune  d'un  gros  pédoncule  cylin- 
drique, portant  àses  extrémités  deux  longues 
branches  sétacées  et  multi-artirmlées.  La 
bouche  a  la  forme  d'un  bec  dirigé  en  bas  , 
et  est  armée  de  mandibules  arquées  et  de 
mâchoires  foliacées.  Le  tronc  est  divisé  en  un 
grand  nombre  d'anneaux  (20  à  30),  dont  le 
dernier  forme  une  espèce  de  queue  terminée 
par  deux  filets  divergents,  et  dont  les  autres 
portent  chacun  une  paire  de  pattes.  Ces 
pattes,  au  nombre  de  18  à  27  paires,  sont 
membraneuses,  étroites  et  allongées  ;  les 
premières  sont  grandes,  mais,  vers  l'extré- 
mité postérieure  du  corps,  elles  deviennent 
très  petites.  Chacune  d'elles  se  compose  de 
trois  branches:  la  branche  interne,  qui  est 
la  plus  développée  et  qui  donne  insertion  aux 

T.    VII. 


LIM 


377 


deux  autres  branches  par  sa  partie  basilaire, 
est  lamelleuse,  divisée  le  long  de  son  bord 
interne  en  quatre  lobes  à  bords  ciliés  et  ter- 
minés par  une  lanière  également  à  bords  ci- 
liés ;  la  branche  moyenne  se  compose  d'une 
foliole  membraneuse  recourbée  vers  le  dos, 
et  la  branche  externe  est  représentée  par  un 
appendice  filiforme  qui,  aux  pattes  des  on- 
zième, douzième  et  treizième  paires,  devient 
très  long,  et  s'étend  dans  la  cavité  située 
entre  la  face  dorsale  du  thorax  et  le  dessous  du 
test,  et  qui  sert  à  donner  attache  aux  cenfr. 

Toutes  les  Limnadies  observées  jusqu'en 
ces  derniers  temps  étaient  des  femelles; 
mais  un  naturaliste  russe,  M.  Krynicki,  vient 
de  découvrir  des  individus  mâles  et  d'obser- 
ver l'accouplement  de  ces  animaux.  Les 
Limnadies  se  rencontrent  dans  les  mares 
d'eau  douce;  elles  nagent  sur  le  dos  et  d'une 
manière  continue  en  se  servant  de  leurs 
grandes  antennes  comme  de  rames.  Ce  genre 
renferme  trois  espèces,  dont  la  Limnadie 
d'Hermann, Limnadia  Hermannii Ad. Brong., 
peut  être  considérée  comme  le  type  de  cette 
singulière  coupe  générique.  Cette  espèce  ha- 
bite les  petites  flaques  d'eau  de  la  forêt  de 
Fontainebleau,  et  paraît  être  maintenant 
assez  rare.  (H.  L.) 

*LIMNADIIDES.  Limnadiidœ.  chust.  — 
Nom  employé  par  M.  Burrneister  (  Die  or- 
gan.  der  Tril.)  pour  désigner  une  famille  de 
l'ordre  des  Branchiopodes.  (H.  L.) 

*LIMNL<ETES,  Vig.  ois.— Syn.  de  Mor- 
phnus,  Cuv.  (Z.  G.) 

*l;mnai\thacées,  limnanthêes. 

Limnanthaceœ  ,  Limnantheœ .  bot.  ph.  — 
Cette  petite  famille  de  plantes  paraît  se  rap- 
procher des  Tropœolées ,  malgré  la  diffé- 
rence de  l'insertion,  qui  tend  ici  à  la  périgy- 
nie.  On  peut  en  juger  par  ses  caractères,  qui 
sont  les  suivants  :  Calice  3-5-parti,  à  pré- 
floraison valvaire.  Pétales  en  nombre  égal 
et  alternes ,  à  préfloraison  tordue.  Étamines 
en  nombre  double  ,  les  oppositipétales  plus 
courtes  et  extérieures ,  filets  libres ,  légè- 
rement aplatis;  anthères  introrses ,  bilo- 
culaires,  s'ouvrant  longitudinalement.  Car- 
pelles en  nombre  égal  aux  divisions  calici- 
nales,  placés  devant  elles,  contenant  chacun 
un  ovule  anatrope  et  dressé,  liés  entre  eux 
à  la  base  par  le  style  gynobasique;  celui-ci 
s'élevant  du  centre  du  réceptacle,  simple, 
excepté  au  sommet,  au»  se  partage  en  3-5 

48 


378 


L1M 


L1M 


branches  terminées  chacune  par  un  stigmate 
aigu  ou  capité.  Akènes  quelquefois  réduits 
dans  leur  nombre  par  suite  d'avortements, 
à  péricarpe  coriace,  légèrement  charnu, 
iisse  ou  tuberculeux.  Dans  chacun  une 
graine  dressée,  à  test  membraneux  parcouru 
par  un  raphé  dorsal  linéaire,  à  embryon 
droit  sans  périsperme,  dont  les  cotylédons 
sont  charnus,  convexes-plans,  la  radicule 
très  courte  et  infère,  la  gemmule  partagée 
en  deux  folioles.  Les  espèces  se  rapportent 
à  deux  genres  seulement,  le  Floerlcea,  W., 
et  le  Limnanthes,  R.  Br.;  ce  sont  des  plantes 
herbacées  et  annuelles,  habitant  les  marais 
des  régions  tempérées  de  l'Amérique  septen- 
trionale; à  saveur  un  peu  acide;  à  feuilles 
bnguement  pétiolées,  une  ou  deux  fois  pin- 
naliûdes  ,  dépourvues  de  stipules;  à  fleurs 
solitaires  à  l'extrémité  de  pédoncules  axil- 
laires  ,  de  couleur  blanche.  Ce  pédoncule  , 
à  son  sommet,  s'épaissit  et  s'évase  en  une 
cupule  qui  semble  former  la  base  du  calice, 
et  comme  à  cette  base  se  soude  l'anneau 
court  et  fugace  qui  porte  les  pétales  et  les 
ctamines,  on  peut  conserver  quelques  doutes 
sur  la  véritable  nature  de  l'insertion.  (Ad.  J.) 

LIMNANTHEMUM.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Limnanlhes. 

LIMNANTHES  (  Xljm  ,  marais  ;  5v6oç , 
fleur  ).  bot.  pu.  —  Genre  de  la  famille  deé 
Limnanthacées  ,  établi  par  R.  Brown  (in 
Lond.  et  Edinb.  philosoph.  Mad.  et  Journ. 
July,  1833).  Herbes  marécageuses  de  la 
Californie.  Voy.  limnanthacées. 

*LIMNAS  (At>vyj,  marais),  bot.  ph. — 
Genre  de  la  famille  des  Graminées -Phala- 
ridées,  établi  par  Trinius  (Fund.,  116,  t.  6). 
Gramens  de  Kamtschatka.  Voy.  graminées. 

*LIMNATIS ,  Moq.  Tand.  annél.— Syn. 
de  Bdella ,  Sav. 

L1MNÉBIAIRES.  ms.  —  Branche  de  la 
famille  des  Hydrophiliens  de  Mul sa n t  (Hist. 
nat.des  Coléopt.  deFr.y  Palpicornes,  1844, 
p.  88) ,  ainsi  caractérisée  par  l'auteur:  Seg- 
ments abdominaux  au  nombre  de  7,  dont 
les  deux  derniers  peu  distinctement  séparés 
chez  les  mâles  ;  élytres  tronquées  à  l'extré- 
mité, débordées  ,  du  moins  pendant  la  vie 
de  l'Insecte,  par  l'extrémité  de  l'abdomen. 

(C) 

*LIMNEBIUS  OVvv),  étang  ;  ff,o»,  je  vis). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  pentamères, 
famille  des  Palpicornes,  tribu  des  Limné  • 


biaires,  créé  par  Leach  (  Miscellany,  t.  III, 
p.  93),  et  adopté  parMulsant,  qui  le  com- 
pose de  4  espèces  propres  à  la  France,  sa- 
voir: L.  truncatelius  Th.,  papposus  Muls., 
nitidus  Marsh.,  et  atomus  Duf.  (C.) 

LIMNÉE.  moll.  —  Voy.  lymnée. 

LIMNÉENS.  moll.  — Voy.  lymnéens. 

*LIMNEPHILUS  (X/ftw»,  marais  ;  yftoç , 
qui  aime),  ins.  —  Genre  de  la  tribu  des 
Phryganiens,  de  l'ordre  des  Névroptères  , 
établi  par  Leach  sur  quelques  espèces,  dont 
les  jambes  intermédiaires  sont  pourvues 
d'un  seul  éperon  vers  le  milieu.  Les  espèces 
les  plus  répandues  sont  les  L.  vittatus  Fabr. , 
rhombius  Lin.,  aternarius Fabr.,  etc.  (Bl.) 

*LIMNESIA  {lîpy/i,  marais),  aracu.  — 
M.  Koch,  dans  son  Système  des  Arachnides, 
désigne  sous  ce  nom  un  genre  de  l'ordre 
des  Ascarides  qui  comprend  30  espèces ,  et 
qui  n'apas  été  adopté  par  M.  P.  Gervaisdans 
son  Histoire  naturelle  des  Insectes  aptères  ;  ce 
naturaliste  semble,  dans  son  travail,  rappor- 
ter cette  nouvelle  coupe  générique  à  celle 
des  Hydrachna.  Voy.  ce  mot.        (H.  L.) 

LIMNETIS,  Rich.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Spartina,  Schreb. 

LIMMA,  Lin.  bot.  ph.  —Syn.  de  Clay- 
tonia,  Lin. 

*LIMl\IAS.Liînnias(),tVvyj,niarais).iNFDS., 
syst. — Genre  proposé  par  Schrank  et  adopté 
par  M.  Ehrenberg,  en  1838  ,  pour  une  es- 
pèce de  Mélicerte  ( M.  biloba)t  qui  se  dis- 
tingue par  le  nombre  des  lobes  ciliés  de  son 
limbe,  et  par  la  structure  du  tube  qu'elle 
se  fait  en  agglutinant  des  parcelles  de  ma- 
tières terreuses.  M.  Dutrochet  l'avait  nom- 
mée Rotifer  confervicola ,  et  M.  Ehrenberg 
l'avait  laissée  avec  les  Mélicertes  avant  de 
reprendre  le  premier  nom  de Limnias cerato- 
phylli,que  lui  avait  imposé  Schrank. Les  tubes 
ou  fourreaux  qu'habite  ce  Systolide  sont 
longs  de  3/4  à  5/4  de  millimètre,  et  sont  en 
conséquence  bien  visibles  à  l'œil  nu  sur  les 
feuilles  des  Cératophylles,  des  Myriophylles, 
et  des  autres  plantes  aquatiques  flottantes. 

(DUJ.) 

LIMNICHUS  (AcVvvj,  étang;  ^eu'o,  re- 
chercher), ins. — Genre  de  Coléoptères  penta- 
mères ,  famille  des  Clavicornes ,  tribu  des 
Dermestins,  proposé  parZiegler,  et  adopté 
par  la  plupart  des  entomologistes  modernes. 
7  à  8  espèces  rentrent  dans  ce  g.;  3  ou  4 
appartiennent  à  l'Europe,  2  ou  3  à  l'Ame- 


LIM 


LTM 


379 


rique  septentrionale,  et  une  est  originaire 
de  la  Nouvelle -Hollande.  Nous  citerons 
comme  en  faisant  partie  les  L.  riparius,  ame- 
ricanusDej.,  sericeusDuf.  etauslralis  Erich. 
Ce  sont  de  très  petits  Insectes  soyeux,  qu'on 
trouve  au  bord  des  eaux  sur  les  plages  sa- 
blonneuses. (C.) 

L1MNIUS,  Illiger.  ins.  — Syn.  d'Elmis. 
Voy.  ce  mot.  (C.) 

*LIHI\OBATES,Burm.ms.— Syn.d'ify- 
dromelra.  (Bl.) 

LIMNOBIA  (  li'pvïj ,  marais  ;  6ioq ,  vie  ). 
ins.  —  Genre  de  l'ordre  des  Diptères-Némo- 
cères ,  famille  des  Tipulaires,  Latr.,  établi 
par  Meigen  et  adopté  par  M.  Macquart  (7ns. 
Dipt.  ,  t.  I,  p.  101).  Il  est  principalement 
caractérisé  par  des  antennes  généralement 
de  seize  articles  ;  ces  articles  sont  globuleux 
à  partir  du  troisième  ,  les  derniers  oblongs. 

M.  Macquart  (loco  citato)  en  décrit  29  es- 
pèces d'Europe  et  (  Dipt.  exot.  )  7  exoti- 
ques. Nous  citerons,  parmi  les  premières  , 
la  Limnobia  lutea,  commune  en  France  et 
en  Allemagne.  (J.) 

LIMNOBIUM  (K,m),  marais;  ffi'oç,  vie). 
bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des  Hydro- 
charidées-Stratiotidées,  établi  par  L.-G.  Ri- 
chard [in  Mem.  del'Inst.,  1811).  Herbes  de 
l'Amérique  boréale.  Voy.  hydrochaiudées. 

LIMNOCHABE.  Limnocharis  (lipy*, 
marais;  xap^'--  »  Qui  se  plaît),  abach.  — 
Genre  de  l'ordre  des  Acarides,  établi  par 
Latreille,  et  dont  les  caractères  peuvent  être 
ainsi  présentés  :  Palpes  faibles ,  filiformes, 
à  cinquième  article  unguiforme,  petit;  bec 
cylindrique,  allongé  ;  corps  mou  ;  yeux  rap- 
prochés; hanches  cachées  sous  la  peau; 
pieds  ambulatoires,  les  antérieurs  plus  forts 
que  les  postérieurs;  larves  terrestres,  pa- 
rasites, différant  des  adultes. 

L'espèce  type  de  ce  genre  est  le  Limno- 
chare  satiné,  Limnocharis  hoîosericea  Roes., 
Acarus  aquaticus  Linné.  Cette  espèce  ,  à 
l'état  de  larve,  va  chercher  sa  subsistance 
sur  le  Gerris  lacuslris,  Hémiptère  fort  com- 
mun à  la  surface  des  eaux  tranquilles.  Ces 
larves,  très  petites  et  d'un  rouge  vif,  res- 
semblent beaucoup  à  celle  du  Trombidium 
phalangium.  Parvenue  à  la  grosseur  de  la 
tête  d'un  camion ,  chaque  larve  se  détache 
et  tombe  dans  l'eau,  y  marche  comme  au- 
paravant, bien  que  ses  pieds  soient  devenus 
plus  courts  relativement  à  l'ampleur  du 


corps,  et  s'enfonce  dans  quelque  anfractuo- 
sité  de  pierre  submergée,  devient  une  nym- 
phe immobile ,  et,  au  bout  de  seize  jours  , 
laisse  éclore  un  fort  petit  Limnochare  d'un 
rouge  éclatant,  à  huit  pattes,  et  avec  toutes 
les  formes  apparentes  de  l'adulte.  Celte  es- 
pèce n'est  pas  très  rare  en  France,  et  sur- 
tout dans  les  environs  de  Paris.      (H.  L.) 

*LIMNOCHARIS  (li'pvvi,  étang;  Xapi'etç, 
qui  se  plaît  ).  rept.  —  Genre  de  G  renouilles 
proposé  récemment  par  M.  Bell  (Voy.  Bea~ 
gle,  1843).  (E.  D.) 

LIMNOCHARIS  (A^vu,  marais;  j^apûiç, 
qui  se  plaît),  bot.  ph. — Genre  de  la  famille 
des  Butomacées  ,  établi  par  Humboldt  et 
Bonpland  (PI.  œquinoct.,  I,  116  ,  t.  34.) 
Herbes  de  l'Amérique  tropicale.  Voy.  buto- 
macées. 

*LIMNOCOCHLIDES.moll.—  Latreille, 
dans  ses  Familles  naturelles ,  a  partagé  les 
Gastéropodes  pulmonés  en  plusieurs  famil- 
les. Celle-ci  est  du  nombre ,  mais  elle  a  le 
désavantage  de  rassembler  des  animaux  qui 
n'ont  pas  entre  eux  l'analogie  nécessaire 
pour  en  constituer  un  groupe  naturel.  En 
effet,  dans  cette  famille,  on  trouve  les  gen- 
res de  la  famille  des  Auriculés  de  M.  de 
Blainville,  et  ceux  de  la  famille  des  Lym- 
néens  de  Lamarck.  Nous  pensons  qu'il  est 
préférable  d'adopter  les  deux  familles  que 
nous  venons  de  mentionner.  Voy.  auricu- 
lés et  LYMNÉENS.  (DESH.) 

*  LIMNODYTES  (  %u  ,  étang  ;  W- 
tyjç  ,  qui  plonge  ).  rept.  —  Genre  de  Batra- 
ciens anoures,  de  la  famille  des  Hylœformes, 
créé  par  MM.  Duméril  et  Bibron  (Erp.  gen., 
VIII,  1841),  et  correspondant  au  groupe 
des  Hylarana  de  M.  Tschudi.  Les  Limno- 
dytes  ne  diffèrent  des  Grenouilles  que  par 
le  dessous  de  l'extrémité  de  leurs  doigts  et 
de  leurs  orteils,  dilaté  en  un  disque  circu- 
laire, comme  chez  les  Rainettes. 

On  ne  connaît  que  3  espèces  de  ce  genre  ; 
2  proviennent  de  Java  :  ce  sont  les  L.  ery- 
thrœus  Dum.  etBibr.,  et  chalconotus  Dum . 
et  Bibr.  ;  et  une,  le  L.  Waigiensis  Dum.  et 
Bibr.,  a  été  trouvée  par  MM.  Garnot  et  Les- 
son  dans  l'île  Waigiou.  (E.  D.) 

LIMNOPEUCE  ,  Taill.  bot.  ph.  —  Syn. 
(VHippuris ,  Linn. 

LIMNOPIHLA  (Aip,wïf  marais;  9l\oç, 
qui  aime),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Scrophularinées-Gratiolées ,   établi  par 


380 


LIM 


LIM 


R.  Brown  (Prodr.,  442).  Herbes  de  l'Asie 
et  de  la  Nouvelle-Hollande.   Voy.  scrophu- 

LARÏNÉES. 

*LÏMN0PHILA  (  Vipv-n  ,  marais  ;  <p?>a , 
qui  aime),  ins.  —  Genre  de  l'ordre  des  Di- 
ptères némocères,  famille  des  Tipulaires  de 
Latreille,  établi  par  M.  Macquart  (Ins.  dipt., 
t.  I ,  p.  97)  aux  dépens  des  Limnobies  de 
Meigen,  dont  il  se  distingue  principalement 
par  les  antennes  ayant  leur  premier  article 
allongé  au  lieu  d'être  cylindrique  et  court. 
M.  Macquart  (  îoco  citato  )  en  décrit 
21  espèces  d'Europe  et  (Dipt.  exot.  )  2 
exotiques,  une  du  Bengale,  l'autre  de  la 
Caroline.  Nous  citerons  ,  parmi  les  premiè- 
res, la  L.  picta  (  Tipula  id.  Fabr.,  Limno- 
bia  id.  Meig.) ,  très  commune  en  France, 
dans  les  endroits  marécageux.  (J.) 

*LIM1\0PHILE.  Limnophila.  moll.  — 
Troisième  sous -ordre  des  Mollusques  pul- 
monés,  proposé  par  M.  Menke,  dans  son  Sy- 
nopsis molluscorum,  pour  une  seule  famille 
correspondant  aux  Lymnéeus  de  Lamarck. 
Déjà  quelques  zoologistes ,  et  M.  de  Férus- 
sac,  entre  autres,  avaient  senti  la  nécessité 
de  diviser  les  Mollusques  pulmonés  en  plu- 
sieurs grands  groupes  ;  mais  peut-être  est- 
il  plus  simple  et  par  conséquent  préférable 
«le  les  partager  en  familles,  sans  élever  d'un 
degré  de  plus  la  valeur  des  divisions  mé- 
thodiques. Voy.  PULMONÉS  TERRESTRES  et  MOL- 
LUSQUES. (Desh.) 

LÏMNOPHILUS.  ins.— Rectification  or- 
thographique du  nom  de  Limnephilus,  faite 
par  M.  Burmeister  (Handb.  der  entomol.). 

(Bl.) 
*  LIMN0PH1IXS  OVvvj,  étang;  cpQoç, 
ami),  rept.  —  Groupe  formé  par  M.  Gray 
(Syst.  rept.,  1843)  aux  dépens  des  Grenouil- 
les. Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

♦LUMINOPHORE  ()u'nvv>,  marais  ;  yopo'ç, 
penchant),  ins. — Genrede  l'ordre  des  Diptè- 
res brachocères,  famille  des  Musciens ,  tribu 
des  Muscides,  établi  par  M.  Macquart  (  Ins. 
dipt.  t  t.  II ,  p.  309) ,  et  différant  des  autres 
genres  de  la  même  tribu  par  des  antennes  à 
style  cotonneux  et  un  abdomen  long. 

L'auteur  de  ce  genre  y  rapporte  13  espè- 
ces ,  toutes  d'Europe  ;  nous  citerons  prin- 
cipalement la  L.  palustris,  commune  en 
France,  sur  le  bord  des  marais. 

LIMNORÉE.  polyp.  —  Voy.  lymnorée. 
LIMNORIE.  Limnoria  (nom  mythologi- 


que), crust. — Genre  de  l'ordre  des  Isopodes, 
de  la  famille  des  Asellotes ,  de  la  tribu  des 
Asellotes  homopodes ,  établi  par  Leach  ,  et 
généralement  adopté.  Le  corps  des  Limnories 
est  allongé ,  convexe  en  dessus,  et  peu  ré- 
tréci vers  les  extrémités.  La  tête  est  large, 
courte  et  bombée;  les  yeux  sont  petits,  si- 
tués sur  les  côtés,  et  dirigés  en  dehors.  Les 
antennes  sont  petites,  cylindriques,  courtes 
et  presque  égales  entre  elles.  La  bouche  est 
proéminente,  et  armée  de  mandibules  gar- 
nies d'un  appendice  palpiforme;  quant  aux 
mâchoires  et  aux  pattes  -  mâchoires  ,  leur 
forme  n'est  pas  bien  connue.  Le  thorax  se 
compose  de  sept  anneaux,  dont  les  premier» 
sont   les   plus  grands.  L'abdomen  est  de 
même  longueur  que  le  thorax ,  et  se  com- 
pose de  six  segments  mobiles,  dont  les  qua- 
tre premiers  sont  très  courts ,  et  les  deux 
derniers  très  grands.  Les  pattes  sont  grêles, 
cylindriques ,  et  armées  d'un  ongle  simple 
et  légèrement  courbé ,  mais  faible  et  peu 
mobile.  Chez  la  femelle,  il  existe  à  leur  base 
des  appendices  lamelleux ,  qui  se  relèvent 
contre  la  face  inférieure  du  thorax  pour 
constituer  une  poche  ovifère.  Les  fausses 
pattes  branchiales  sont  disposées  comme  chez 
les  Cirolanes  et  les  ^gas  (voyez  ces  mots). 
Les  membres  abdominaux  de  la  dernière 
paire  portent  chacun  deux  appendices  styli- 
formes,  dont  l'interne  se  compose  de  deux 
articles,  et  l'externe  de  trois  ou  quatre.  On 
ne  connaît  encore  qu'une  seule  espèce  de  ce 
genre  :  c'est  la  Limnorie  perforante,  Limno- 
ria terebrans  Leach.  Ce  petit  Crustacé  a  été 
aperçu  pour  la  première  fois  par  un  ingé- 
nieur anglais,  M.  Stevenson,  chargé  de  la 
construction   du  phare   de  Bell -Rock.  La 
charpente  provisoire,  fixée  au  rocher  et  bai- 
gnée par  la  mer ,  fut ,  dans  l'espace  d'une 
seule  saison  ,  criblée  de  trous  produits  par 
les  Limnories;  et  de  grosses  poutres  de 
10  pouces  d'équarrissage,  employées  dans  la 
même  localité  pour  soutenir  un  chemin  de 
fer  provisoire,  furent,  dans  l'espace  de  trois 
ans,  réduites  à  7  pouces  par  les  ravages  de 
ces  mêmes  animaux.  Depuis  cette  époque , 
on  a  constaté  des  dégâts  analogues  occasion- 
nés par  les  Limnories  sur  plusieurs  points 
du  littoral  de  la  Grande-Bretagne,  et  no- 
tamment au  pont  de  Montrose,  aux  écluses 
du  canal  deCrinan,  à  Leith,  à  Portpatrick, 
à  Dublin,  etc.  ;  mais  on  n'a  pas  encore  si» 


LUI 


LTM 


381 


gnalé  Ta  présence  de  cet  animal  sur  nos  cô- 
tes. Les  trous  qu'il  perce  ont  ordinaire- 
ment un  vingtième  à  un  quinzième  de  pouce 
anglais  en  diamètre,  et  près  de  2  pouces  de 
profondeur;  ces  galeries  sont  cylindriques, 
parfaitement  lisses  en  dedans,  et  en  général 
tortueuses  :  elles  peuvent  être  dirigées  dans 
tous  les  sens ,  mais  le  plus  souvent  elles  se 
portent  de  bas  en  haut.  C'est  avec  ses  man- 
dibules que  l'animal  paraît  ronger  de  la 
sorte  le  bois  dans  lequel  il  se  loge ,  car  on 
trouve  son  estomac  rempli  de  matières  li- 
gneuses. Les  bois  les  plus  durs  ne  sont  pas 
à  l'abri  de  ses  attaques  ;  mais  cependant  il 
détruit  de  préférence  les  couches  les  plus 
tendres.  (H.  L.) 

*LIMNORNIS.  ois.— Genre  de  la  famille 
des  Grimpereaux  établi  par  Gould  (Voy. 
Beagle  Zool.  Birds,  pi.  23)  pour  une  espèce 
qu'il  nomme  L.  curvirostris.       (Z.  G.) 

LIMOBIUS  (>£c>a?,  pré  ;  Sco'o,  je  vis  ). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  tétramères,  fa- 
mille des  Curculionides  gonatocères,  division 
c'es  Molytides ,  créé  par  Schœnherr  avec  le 
Phytonomus  dissimilis  de  Herbst  (Curculio) 
duquel  g.  il  se  distingue  par  le  funicule  de 
l'antenne,  qui  n'est  composé  que  de  6  ar- 
ticles seulement.  (C.) 

LIMODORUM  (Wuv,  prairie;  Siïpov  , 
don),  bot.  fh. — Genre  de  la  famille  des  Or- 
chidées-Ophrydées  ,  établi  par  Tournefort 
(Instit.,  437).  Herbes  des  régions  centrales  et 
australes  de  l'Europe.  Voy.  orchidées. 

LIMON,  bot.  ph.  —  Fruit  du  Limonier. 

Voy.  ORANGER. 

LIMON,  géol.  —  Voy.  matière  et  ter- 
rains. 

*LIMONÉES.  Limoneœ.  bot.  ph.— Tribu 
<lela  famille  des  Aurantiacées, qui  comprend 
le  g.  Limonia,  et  en  reçoit  son  nom.  (Ad.  J.) 
%  LIMONIA  (Utawvtoç,  de  prairie),  bot.  ph. 
— Genre  de  la  famille  des  Aurantiacées-Li- 
monées,  établi  par  Linné  (Gen.,  n.  524).  Ar- 
bres ou  arbrisseaux  de  l'Asie  tropicale.  Voy. 
aurantiacées.  —  Gaertn.,  syn.  de  Phoberos, 
Lour. 

LIMONIER,  bot.  ph. —  Voy.  oranger. 

LIMONITE.  min.— Voy.  ferhydroxtdé. 

LIMONIUS  (  àEipomoç ,  de  prairie),  ins. 
—  Genre  de  Coléoptères  pentamères ,  fa- 
mille des  Sternoxes,  tribu  des  Élatérides, 
créé  par  Eschscho\li(Entomologisches  archiv . , 
v.  Th.  Thon.;  Iena,  1829,  p.  83),  et  adopté 


par  Dejean  (  Catat.,  3e  éd.,  p.  102),  qui 
en  énumère24  espèces;  12 appartiennent  à 
l'Europe  et  12  à  l'Amérique  septentrionale. 
Parmi  les  premières,  nous  citerons  comme 
en  faisant  partie  les  El.  minutus,  Bructeri, 
de  F . ,  cylindricus  et  serraticornis  de  Pay- 
kul.  (C.) 

*LIMOPSIS  (lima,  lime;  &[»(;,  aspect). 
moll.— M.  Sassi  a  proposé  ce  g.  pour  quel- 
ques espèces  de  Pétoncles,  qui,  au  lieu  d'a- 
voir le  ligament  sur  toute  la  surface  des  cro- 
chets, sont  pourvus  d'une  fossette  triangu- 
laire comparable  à  celle  des  Limes.  Rien  ne 
prouve  que  ce  g.  doive  être  adopté  ;  il  fau- 
drait que  ces  caractères  de  peu 'd'impor- 
tance fussent  appuyés  sur  ceux  de  l'animal. 
Voy.  pétoncle.  (Desh.) 

LIMOSA.  ois.— Nom  latin  du  g.  Barge. 
LIMOSELLA  (limosa,  limoneuse),  bot.  ph. 
—  Genre  de  la  famille  des  Scrophularinées- 
Véronicées,  établi  par  Linné  (Gen.,  n.  776). 
Herbes  de  l'Europe.  Voy.  scrophularinées. 
*LIMOSINÉES.  Limosinœ.  ois.  —  Sous- 
famille  de  la  famille  des  Scolopacidées,  dans 
laquelle  G.-R.  Gray  (a  List  of  the  gen.  ) 
réunit  les  genres  Numenius  (Courlis),  Phœo- 
pus  (Corlieu),  Limosa  (Barge),  Terekia, 
Erolia  (Erolie),  Ibidorhyncha  (Ibidorhyn- 
que).  (Z.  G.) 

LIMULE.  Limulus  (limus,  limon). crust. 
—Ce  genre,  qui  a  été  établi  par  Muller,  est 
rangé  par  M.  Mil  ne-Edwards  dans  son  His- 
toire naturelle  sur  les  Crustacés  dans  sa  sous- 
classe  dec Xyphosures (voyezce mot).  Leacta, 
en  adoptant  ce  genre,  a  réservé  ce  nom  aux 
espèces  dont  toutes  les  pattes  sont  chéli- 
formes ,  et  a  formé  un  nouveau  genre  sous 
le  nom  de  Tachypleus,  pour  celles  dont  les 
pieds  antérieurs  sont  monodactyles;  mais 
on  sait  aujourd'hui  que  ce  dernier  caractère 
ne  se  rencontre  que  chez  les  mâles  de  cer- 
tains Limules,  et  ne  coïncide  pas  avec  d'au- 
tres particularités  de  structure  de  quelque 
importance,  en  sorte  qu'il  ne  paraît  pas 
être  une  base  suffisante  pour  l'établisse- 
ment d'une  division  générique.  Les  espèces 
qui  composent  ce  genre  sont  au  nombre 
de  5,  habitent  la  mer,  et  viennent  quel- 
quefois sur  les  plages  sablonneuses;  elles  se 
nourrissent  de  substances  animales ,  et  lors- 
qu'elles sont  à  terre,  elles  s'enfoncent  sou- 
vent dans  le  sable  pour  se  soustraire  à  l'in- 
fluence de  la  chaleur  du  soleil  qui  les  fait 


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périr  promptement.  On  les  trouve  dans  les 
mers  de  l'Inde,  du  Japon,  et  dans  l'Atlan- 
tique, sur  les  côtes  de  l'Amérique  septen- 
trionale; mais  elles  ne  paraissent  pas  s'éle- 
ver au-delà  du  44e  degré  de  latitude  Nord, 
et  semblent  confinées  à  l'hémisphère  boréal. 
Le  Limule  des  Moluques,  Limulus  molucca- 
nus  Clus.  ,  peut  être  considéré  comme  le 
type  de  ce  genre  singulier.  (H.  L.) 

LIN.  Linum.  bot.  ph.  —  Grand  et  beau 
genre  que  l'on  rangeait  d'abord  à  la  suite 
des  Caryophyllées ,  et  pour  lequel  De  Can- 
dolle  a  établi  plus  tard  la  famille  des  Li- 
nées,  dans  laquelle  il  se  trouve  encore  seul 
avec  le  très  petit  genre  Radiola.  Dans  le 
système  sexuel  de  Linné  ,  il  appartient  à  la 
pentandrie  pentagynie.  Le  nombre  des  es- 
pèces qui  le  composent  aujourd'hui  s'élève 
à  100  environ.  En  effet,  De  Candolle  en 
avait  décrit  54  dans  le  1er  volume  du  Pro- 
dromus (pag.  423),  et  depuis  cette  époque, 
Walpers  en  avait  déjà  relevé  38  nouvelles 
dans  ses  deux  premiers  suppléments.  Ce 
sont  des  plantes  herbacées  ou  sous-frutes- 
centes qui  se  trouvent  dans  les  parties  tem- 
pérées de  toute  la  surface  du  globe,  et  quel- 
ques unes,  mais  en  petit  nombre,  dans  les 
régions  intertropicales.  Leurs  feuilles  sont 
alternes,  opposées  ou  verticillées,  entières; 
leurs  fleurs  sont  jaunes,  bleues,  couleur  de 
chair  ou  blanches  ;  elles  présentent  l'organi- 
sation suivante  :  leur  symétrie  est  quinaire, 
ce  qui  distingue  du  premier  coup  les  Lins 
du  genre  Radiola;  le  calice  est  à  5  sépales 
■entiers  ;  la  corolle  à  5  pétales  unguiculés  ;  les 
staminés  sont  hypogynes,  réunies  entre  elles 
à  leur  base  ou  un  peu  monadelphes;  sur 
les  10  qui  entrent  dans  l'organisation  de 
ia  fleur,  les  5  qui  alternent  avec  les  péta- 
les sont  seules  fertiles  ;  elles  présentent  deux 
glandes  à  leur  base;  les  5  autres  qui  sont 
opposées  aux  pétales,  sont  dépourvues  d'an- 
thère, et  réduites  à  l'état  de  simples  dents  ; 
dans  les  5  fertiles,  le  filet  est  aplati  vers  sa 
base  et  subulé  au  sommet;  l'anthère  est  in- 
trorse  et  bi-loculaire. L'ovaire  est  à  3ou  5  lo- 
ges,renfermant  chacune  deux  ovules  suspen- 
dus.Les  loges  sontsubdiviséesendeux,  d'une 
manière  plus  ou  moins  complète ,  par  une 
fausse  cloison  verticale  qui ,  partant  de  la 
paroi  ovarienne,  vis-à-vis  du  style,  s'avance 
plus  ou  moins  vers  l'axe  qu'elle  atteint  dans 
certaines  espèces  du  genre.  Cet  ovaire  est 


surmonté  de  5  styles,  fort  rarement  de  3- 
Le  fruit  est  une  capsule  plus  ou  moins  glo- 
buleuse, dont  l'organisation  intérieure  et  la 
déhiscence  varient  assez  ,  suivant  le  plus  ou 
moins  de  développement  des  fausses  cloi- 
sons ;  en  effet,  quand  celles-ci  sont  peu  dé- 
veloppées ,  il  présente,  comme  l'ovaire  ,  3 
ou  5  loges  à  deux  graines  ;  il  s'ouvre  alors 
par  le  sommet  en  3-5  valves  par  déhiscence 
septicide;  mais  quand  les  fausses  cloisons 
atteignent  l'axe,  et  subdivisent  chaque  logo 
en  deux  logettes ,  la  capsule  présente  dix 
cavités  renfermant  chacune  une  seule  graine, 
et  se  séparant  à  la  maturité  comme  une  co- 
que indéhiscente. 

Parmi  les  diverses  espèces  du  genre  Lin, 
il  en  est  une  sur  laquelle  nous  ne  pouvons 
nous  dispenser  de  nous  arrêter  quelque 
temps,  à  cause  des  produits  importants 
qu'elle  fournit,  et  qui  en  font  l'une  des 
plantes  les  plus  utiles  que  nous  possédions. 
Cette  espèce  est  le  Lin  commun,  Linum  usi- 
tatissimum  Lin.  Sa  tige  est  droite,  cylin- 
drique, glabre,  rameuse  dans  sa  partie  su- 
périeure seulement,  haute  de  5  ou  6  déci- 
mètres; ses  feuilles  sont  alternes,  linéaires- 
lancéolées  ,  aiguës,  un  peu  glauques;  ses 
fleurs  sont  d'un  bleu  clair,  un  peu  grisâtre; 
elles  terminent  les  rameaux;  leurs  sépales 
sont  ovales,  aigus,  membraneux  à  leur  bord, 
marqués  de  trois  nervures;  leurs  pétales 
sont  trois  fois  plus  longs  que  le  calice,  légè- 
rement crénelés.  Le  Lin  commun  est  annuel  : 
il  croît  spontanément  dans  nos  champs,  mais 
il  est  l'objet  de  cultures  très  importantes  » 
surtout  dans  le  nord  de  la  France ,  en  Bel- 
gique, dans  certaines  parties  de  l'Allema- 
gne et  de  la  Russie.  Sa  culture  n'offre  que 
peu  de  difficultés.  On  le  sème  presque  tou- 
jours au  printemps,  excepté  dans  quelques 
cas,  et  dans  un  petit  nombre  de  localités  où 
les  semis  se  font  en  automne  avec  la  graine 
de  la  variété  connue  sous  le  nom  de  Lm 
d'hiver.  Lorsqu'on  désire  surtout  obtenir  de. 
bonnes  graines ,  on  sème  clair  et  dans  une 
terre  forte;  lorsque  le  but  qu'on  se  propose 
est  seulement  d'obtenir  de  bonne  filasse ,  on 
choisit  une  terre  légère,  préalablement  bien 
préparée  et  ameublie ,  et  le  semis  se  fait 
beaucoup  plus  dru.  Les  proportions  de 
graine  employée  dans  ces  divers  cas  varient 
de  100  à  175  kilogrammes  par  hectare. 
Après  avoir  hersé  et  passé  le  rouleau ,  ou 


LIN 

n'a  plus  d'autres  soins  à  donner  que  quel- 
ques sarclages,  pendant  que  le  plan  est  en- 
core assez  jeune  pour  le  permettre.  La  ré- 
colte se  fait  par  arrachage,  lorsque  les  tiges 
et  les  capsules  ont  jauni  ;  on  fait  alors  avec 
les  plantes  de  petites  bottes  qu'on  dispose  de 
la  manière  la  plus  favorable  pour  leur  des- 
siccation; on  sépare  la  graine  soit  en  frois- 
sant les  extrémités  des  tiges  avec  la  main,  soit 
en  les  battant  avec  précaution,  soit  enfin  en 
les  faisant  passer  dans  une  sorte  de  râteau; 
.jprès  cela  ,  pour  obtenir  la  filasse  ,  on  pro- 
cède à  l'opération  du  rouissage 

La  filasse  du  Lin  est  fournie  par  les  fibres 
de  son  écorce ,  dissociées  et  isolées  à  l'aide 
des  opérations  successives  du  rouissage ,  du 
teillage  et  du  peignage.  C'est  dans  les  ou- 
vrages spéciaux  qu'on  doit  chercher  les  dé- 
tails relatifs  à  ces  diverses  opérations;  nous 
nous  bornerons  à  rappeler  ici  que  le  rouis- 
sage consiste  dans  la  séjour  des  tiges  du  Lin 
dans  l'eau  pure  ou  mêlée  de  diverses  sub- 
stances, ou  bien  sur  un  pré.  Ce  n'est  là, 
tomme  on  le  voit,  qu'une  macération  pro- 
longée pendant  assez  longtemps  pour  ame- 
ner, soit  la  séparation  de  l'écorce  d'avec  la 
portion  ligneuse,  soit  la  désagrégation  des 
fibres  qui  constituent  cette  écorce  elle-même. 
Le  teillage  a  pour  objet  d'enlever  en  le  bri- 
sant l'axe  ligneux  des  tiges,  de  manière  à 
laisser  isolée  l'écorce  ou  la  filasse,  qui,  sou- 
mise plusieurs  fois  successivement  à  l'action 
de  peignes  à  dents  de  fer,  de  plus  en  plus 
lins,  isole  de  plus  en  plus  ses  fibres,  et 
donne  ainsi  des  qualités  de  plus  en  plus  fi- 
nes. On  distingue  dans  le  commerce  plusieurs 
qualités  de  Lins  préparés  ,  caractérisées  par 
la  finesse,  la  longueur  et  la  nuance  de  leurs 
brins.  Les  plus  estimés  sont  ceux  qu'on  ob- 
tient dans  les  environs  de  Lokeren ,  dont  la 
couleur  est  grise  ,  dont  le  brin  est  très  fin  , 
doux  et  soyeux;  au  second  rang  se  classent 
les  Lins  blancs  ,  qui  viennent  des  environs 
de  Valenciennes  ;  ils  proviennent  des  varié- 
tés qu'on  nomme  Lins  rames ,  qu'on  est 
obligé  de  soutenir,  pendant  qu'ils  sont  sur 
1  ied,  par  des  palissades  à  claire-voie;  ceux- 
ci  sont  moins  fins  et  moins  soyeux  que  la 
qualité  précédente;  mais,  en  revanche,  ils 
sont  plus  résistants,  à  brins  plus  longs;  leur 
premier  choix  donne  ce  que  l'on  verse  dans 
le  commerce  sous  le  nom  de  Lin  fin. 
Quant  aux  Lins  de  Russie,  ils  forment  une 


LÏN 


383 


qualité  inférieure  qu'on  n'emploie  que  pour 
la  fabrication  des  grosses  toiles  et  des  cor- 
dages. Dans  le  commerce,  on  classe  les  di- 
vers degrés  de  finesse  du  Lin  par  numéros 
de  1  à  12  ,  dont  les  supérieurs  répondent 
aux  plus  beaux,  ou  par  les  lettres  correspon- 
dantes de  A  jusqu'à  L,  dont  l'ordre  alpha- 
bétique indique  l'ordre  d'élévation  des  qua 
lités.  Toutle  monde  saitquelles  sommes  con  •  I 
sidérables  représentent  pour  certains  pays, 
particulièrement  pour  la  Belgique  et  pour 
nos  départements  du  Nord  et  de  la  Bretagne, 
la  production  des  filasses  du  Lin  et  leur  mise 
en  œuvre.  On  sait  aussi  que  la  filature  de 
cette  précieuse  matière  textile,  après  avoir 
été  opérée  seulement  à  la  main  ,  se  fait  au- 
jourd'hui presque  aussi  bien  à  l'aide  de  l'in- 
génieux procédé  mécanique  que  le  monde 
industriel  doit  à  Philippe  de  Girard. 

La  graine  du  Lin  a  également  une  grande 
importance  sous  des  points  de  vue  et  par  des 
produits  entièrement  divers.  Tout  entière, 
elle  sert,  dans  les  pharmacies  ,  pour  conser- 
ver le  nitrate  d'argent  calciné  ou  la  pierre 
infernale;  plusieurs  observations  ont  même 
montré  que ,  par  suite  de  ce  simple  contact, 
elle  se  pénètre  de  cette  substance  énergi- 
que, au  point  d'avoir  produit  des  accidents 
funestes  sur  des  personnes  qui  l'avaient  em- 
ployée après  qu'elle  avait  servi  à  cet  usage. 
Son  tégument  renferme  en  forte  proportion 
un  mucilage  usité  dans  un  grand  nombre  de 
circonstances;  son  amande  contient  environ 
un  cinquième  de  son  poids  d'une  huile  grasse 
dont  les  usages  industriels,  économiques  et 
même  médicinaux,  sont  nombreux  et  im- 
portants; enfin  cette  même  graine,  réduite 
en  farine ,  joue  encore  en  médecine  un  rôle 
important. 

Le  mucilage  existe  dans  la  graine  de  Lin 
dans  la  proportion  d'environ  l/6e  du  poids; 
c'est  un  excellent  émollient  et  adoucissant, 
qu'on  emploie,  sous  forme  de  décoction  plus 
ou  moins  chargée ,  en  gargarismes,  collyres, 
injections,  etc.,  pour  toutes  les  inflamma- 
tions du  canal  intestinal ,  des  voies  urinai- 
rcs,  etc.  C'est  encore  un  diurétique  très 
fréquemment  employé.  Sa  décoction  chargée 
est  épaisse  et  visqueuse.  Sa  composition  a 
été  étudiée  d'abord  par  Vauquelin,  et  plus 
récemment  par  Meyer  de  Kœnigsberg;  le 
premier  de  ces  chimistes  avait  reconnu 
comme  entrant  dans  sa  composition  :  uoe 


384 


LIN 


LIN 


substance  gommeuse  ,  une  substance  ani- 
male, de  l'acide  acétique  libre,  de  l'acétate 
de  potasse  et  de  chaux,  du  sulfate  et  de 
Phydrochlorate  de  potasse ,  du  phosphate  de 
potasse  et  de  chaux ,  enfin  une  très  petite 
quantité  de  silice.  Meyer  lui  a  trouvé,  de 
son  côté,  la  composition  suivante  :  Mucus 
avec  acide  acétique  libre,  acétate  de  chaux , 
phosphate  de  magnésie  et  de  chaux,  sulfate 
et  hydrochlorate  de  potasse,— 151,20;— ex- 
tractif  doux  avec  acide  malique  libre  ,  ma- 
late  et  sulfate  de  potasse  ,  hydrochlorate  de 
soude  ,  =  10S,84;  —  amidon  avec  hydro- 
chlorate  de  chaux,  sulfate  de  chaux  et  si- 
lice, =  14,80;  —  cire,  =  1,46;  résine 
molle,  =  24,88; — matière  colorante  jaune- 
orangée,  analogue  au  tannin  ,  =  6,26  ;  — 
id.  avec  hydrochlorate  de  chaux  et  de  po- 
tasse, nitrate  de  potasse,=  9,91  ;  —  gomme 
avec  beaucoup  de  chaux ,  s=  61,54  ;  —  al- 
bumine végétale  ,  =  27,88  ;  —  gluten,  = 
29,32;  —  huile  grasse,  =112,65;  — ma- 
tière colorante  résineuse,  =  5,50; —  émul- 
sion  et  coque  ,  =  443,82.  Total ,  1000. 

L'huile  de  Lin  s'emploie  en  quantité  pour 
la  peinture  à  l'huile;  elle  est  modérément 
siccative  ;  mais  on  la  rend  beaucoup  plus 
siccative  par  l'ébullition  avec  de  la  litharge 
ou  oxyde  de  plomb  ;  elle  donne  alors  ce 
qu'on  nomme  huile  grasse,  dont  la  dénomi- 
nation est  absolument  impropre.  Elle  sert 
à  la  fabrication  de  l'encre  d'imprimerie. 
Lorsqu'on  en  imprègne  des  tissus ,  elle  les 
revêt,  en  séchant,  d'une  couche  qui  les  rend 
imperméables  à  l'eau,  ou,  comme  on  le  dit, 
cirés;  telles  sont  les  toiles  cirées.  Si  l'on 
passe  des  couches  successives  de  cette  huile, 
en  les  laissant  sécher  l'une  après  l'autre , 
sur  un  moule  quelconque  qu'on  enlève  en- 
suite ,  on  obtient  les  divers  objets  employés 
en  chirurgie,  tels  que  sondes,  etc.,  aux- 
quels on  donne  fort  improprement  le  nom 
^d'instruments  de  caoutchouc.  Dans  quelques 
jcas,  on  emploie  l'huile  de  Lin  en  médecine; 
'elle  agit  alors  comme  relâchante  et  même 
purgative.  Enfin  elle  est  employée  pour  l'é- 
clairage, et  même,  dans  le  nord  de  la 
France ,  comme  condiment  dans  la  prépara- 
tion des  aliments.  Pour  obtenir  cette  huile, 
on  abandonne  la  graine  de  Lin  pendant  trois 
ou  quatre  mois  dans  un  lieu  sec;  on  a  re- 
connu ,  en  effet,  qu'après  avoir  été  ainsi 
conservée  quelque  temps  elle  donne  plus 


d'huile  que  lorsqu'elle  est  encore  toute  fraî- 
che. Cette  graine  est  ensuite  soumise  à  une 
légère  torréfaction  dans  des  vases  de  terre  ou 
de  cuivre  ,  afin  tle  faire  disparaître  le  mu- 
cilage sec  qui  encroûte  sa  surface ,  et  dont 
l'effet  serait  d'empêcher  la  sortie  de  l'huile 
et  de  faciliter  son  altération.  Après  ces  opé- 
rations préliminaires,  on  réduit  la  graine  en 
farine  par  l'action  de  la  meule;  après  quoi 
on  soumet  cette  farine  à  une  forte  pression 
enl'enfermantdansdessacs  de  toile.  L'huile, 
chassée  par  l'action  de  la  presse ,  est  reçue 
dans  des  jarres ,  où  elle  se  clarifie  spontané- 
ment par  le  repos. 

La  farine  de  graine  de  Lin  est  encore  em- 
ployée en  quantité  sous  la  forme  de  cata- 
plasmes. Dans  les  laboratoires  de  chimie  , 
elle  sert  à  la  préparation  d'un  lut  ;  enfin  , 
dans  certaines  parties  de  l'Asie,  on  la  mange 
en  la  mêlant  avec  du  miel.  Elle  est,  du  reste, 
quelque  peu  nutritive,  et  elle  a  quelquefois 
servi  d'aliment  pendant  de  grandes  famines. 

Parmi  les  autres  espèces  de  Lin  qui  pré- 
sentent encore  quelque  intérêt ,  nous  nous 
bornerons  à  mentionner  les  suivantes  :  Le 
Lin  vivace  ou  Lin  de  Sibérie,  Linum  perenne 
Linn.,  dont  on  a  essayé  la  culture  dans  ces 
dernières  années ,  et  qui  paraît  devoir  offrir 
des  avantages  sous  le  rapport  de  sa  durée , 
et  aussi  parce  qu'il  réussit  assez  bien  dans 
les  terres  maigres  et  sablonneuses;  le  Lin 
c  ath  article  ,  L.  catharticum  Linn.,  petite 
espèce  dont  les  diverses  parties ,  et  particu- 
lièrement la  graine,  agissent  comme  purga- 
tives. Elle  est  aujourd'hui  inusitée  en  France  ; 
mais  elle  entre  encore  dans  la  pharmacopée 
anglaise  et  danoise  ;  enfin  quelques  espèces 
qu'on  rencontre  dans  les  jardins,  cultivées 
comme  plantes  d'ornement,  comme  les  Lins 
campanule  et  trigyne,  l'un  et  l'autre  à  gran- 
des fleurs  jaunes ,  et  le  Lin  sous-frutescent, 
à  jolies  fleurs  rosées.  (P.  D.) 

On  a  donné  vulgairement  le  nom  de  Lin 
à  des  plantes  bien  différentes  de  celle  dont 
il  vient  d'être  question.  Ainsi  l'on  a  fip- 
pelé  : 

Lin  d'Amérique,  Y Agave  americana; 

Lin  étoile  ,  le  Lysimachia  stellata; 

Lin  de  Lierre  ou  maudit  ,  la  Cuscute  ; 

Lin  de  marais  ou  de  prés,  lesÉriophores; 

Lin  de  la  Nouvelle-Zélande,  le  Phor- 
mium  tenax; 

Lin  maritime,  les  Fucus; 


LIN 


LIN 


335 


Lin  sauvage,  YAntirrhinwn  pellisseria- 
num. 

LIN  INCOMBUSTIBLE,  min.  —Un  des 
noms  vulgaires  de  l'Asbeste  ou  Amianthe. 

*LINA  (lina,  filets),  ins.  —  Genre  de  Co- 
léoptères subpentamères,  tétramères  de  La- 
treille,  famille  des  Cycliques,  tribu  des 
Chrysomélines,  proposé  par  Mégerle,  et 
adopté  par  Dabi  et  Dejean,  dans  leurs  Ca- 
talogues respectifs.  Le  nombre  d'espèces 
rapportées  à  ce  genre  est  de  25.  15  appar- 
tiennent à  l'Europe,  6  à  l'Amérique,  3  à 
l'Asie,  et  une  est  originaire  d'Afrique  (du 
cap  de  Bonne-Espérance).  Parmi  les  espèces 
qu'on  y  comprend ,  nous  citerons  les  sui- 
vantes: Chrys.  populi  Lin.,  tremulœ  ,  cu- 
prea,  œnea,  Bulgharensis  ,  Laponica,  inter- 
rupta  ,  scripta  ,  20-punctata  et  collaris  de 
Fabr.  (C.) 

LINACÉES,  LINÉES.  Linaceœ,  Lineœ. 
bot.  ph.  —  Famille  de  plantes  dicotylédo- 
nées  ,  polypétales  ,  hypogynes,  réunie  pri- 
mitivement à  la  suite  des  Caryophyllées  , 
dont  on  l'a  depuis  éloignée  pour  la  rappro- 
cher avec  plus  de  raison  des  Géraniacées , 
dont  M.  A.  de  Saint-Hilaire  l'a  même  con- 
sidérée comme  une  simple  tribu.  Ses  carac- 
tères sont  les  suivants  :  Calice  partagé  jus- 
que près  de  sa  base  en  4  divisions,  plus 
ordinairement  jusqu'à  sa  base  en  5  folioles 
distinctes,  imbriquées.  Pétales  en  nombre 
égal  et  alternes  ,  plus  longs  que  le  calice  , 
rétrécis  en  onglet  inférieurement,  à  préflo- 
raison tordue.  Étamines  en  nombre  égal,  et 
alternant  avec  les  pétales,  à  filets  tantôt  li- 
bres ,  tantôt  et  le  plus  ordinairement  réu- 
nis par  leur  base  élargie  en  un  petit  anneau 
hypogin,  montrant  souvent  dans  l'intervalle 
de  ces  filets  autant  de  petites  dents,  qui 
sont  les  étamines  oppositipétales  avortées. 
Anthères  plus  ou  moins  allongées,  introrses, 
à  deux  loges  parallèles ,  s'ouvrant  par  une 
fente  longitudinale.  Ovaire  partagé  intérieu- 
rement en  autant  de  loges  qu'il  y  a  de  pé- 
tales, plus  rarement  réduit  à  trois,  surmonté 
d'autant  de  styles  filiformes  terminés  chacun 
par  un  stigmate  simple,  allongé  ou  en  tête; 
dans  chaque  loge  deux  ovules  pendants,  col- 
latéraux ,  séparés  par  l'interposition  d'une 
cloison  s'avançant  du  dos  de  la  loge.  Cap- 
sule à  3-5  loges,  divisées  chacune  par  ces 
cloisons  plus  ou  moins  complètes  en  deux 
logettes  monospermes,  se  séparant  par  le 

T.  VII. 


décollement  latéral  des  carpelles  en  coques 
bivalves.  Graines  pendantes ,  comprimées, 
à  test  coriace  et  luisant,  doublé  d'une  mem- 
brane épaissequ'on  décrit  quelquefois  comme 
un  périsperme,  et  qui  enveloppe  un  embryon 
droit  ou  légèrement  arqué,  à  cotylédons 
plans,  à  radicule  courte  et  supère.  Les  es- 
pèces sont  des  herbes  annuelles  ou  vivaces 
ou  des  sous-arbrisseaux,  répandus  dans  les 
régions  tempérées  de  l'hémisphère  boréal , 
en  Europe,  surtout  autour  de  la  Méditerra- 
née et  en  Asie,  rares  dans  l'hémisphère  aus- 
tral ou  sous  les  tropiques.  Leurs  feuilles  sont 
alternes  ou  opposées,  plus  rarement  verticil- 
lées,  simples,  sessiles,  linéaires,  très  en- 
tières, sans  stipules;  leurs  fleurs  jaunes, 
bleues,  rosâtres  ou  blanches,  simulant  des  co- 
rymbesou  des  panicules  terminales,  mais  of- 
frant en  réalité  une  inflorescence  définie.  Les 
Lins  sont  utiles  par  leurs  graines,  dont  le  té- 
gument, couvert  d'un  enduit  mucilagineux, 
se  gonfle  par  l'eau  et  fournit  un  topique 
émollient  fréquemment  employé  ;  ils  le  sont 
surtout  par  la  ténacité  de  leurs  fibres  cor- 
ticales, dont  on  fait  des  fils  et  des  tissus  si 
estimés.  De  là  la  culture  du  Lin  usuel  (  Li- 
num  usitatissimum)  répandue  si  générale- 
ment. La  famille  ne  comprend  que  deux 
genres  :  le  Lintun,  Dill.  (  Reinwardtia ,  Du- 
mort.),  et  le  Radiola,  Dill.,  tous  deux  con- 
fondus dans  un  seul  par  Linné  et  les  an- 
ciens auteurs.  (Ad.  J.)  , 

LINAGROSTIS ,  Lam.  bot.  ph.  —  Syn. 
d' Eriophorum ,  Linn. 

LINAIRE.  Linaria  {linearis,  linéaire). bot. 
ph.  —  Beau  genre  très  nombreux  de  la  famille 
des  Scrophularinées,  tribu  des  Antirrhinées, 
de  la  didynamie  angiospermie  dans  le  sys- 
tème sexuel  de  Linné.  Établi  d'abord  par 
Tournefort,  il  avait  été  supprimé  par  Linné, 
qui  l'avait  réuni  aux  Antirrhinum  ;  mais  il  a 
été  rétabli  par  A.  L.  de  Jussieu,  et  adopté  par 
tous  les  botanistes  modernes.  Les  plantes  qui 
le  composent  sont  herbacées,  rarement  li- 
gneuses, annuelles  ou  vivaces;  leurs  feuilles 
sont  alternes,  soit  sur  toute  la  plante,  soità  sa 
partie  supérieure  seulement,  les  inférieures 
étant  opposées  et  verticillées;  leurs  fleurs 
sont  accompagnées  de  bractées,  tantôt  so- 
litaires à  l'aisselle  des  feuilles,  tantôt  réu- 
nies en  épis;  leur  couleur  est  souvent  jaune, 
plus  rarement  blanche,  purpurine,  viola- 
cée ou  bleue.  Chacune  d'elles  présente  un 

49 


386 


LIN 


calice  à  5  divisions  profondes,  dont  les  deux 
inférieures  sont  écartées  ;  une  corolle  per- 
sonée,  dont  le  tube  est  renflé,  et  se  prolonge 
à  sa  base  en  un  éperon  qui  va  passer  entre 
les  divisions  inférieures  et  écartées  du  calice  ; 
dont  le  limbe  a  la  lèvre  supérieure  bifide, 
l'inférieure  à  trois  lobes.  Les  étamines  sont 
au  nombre  de  4 ,  didynames.  Le  fruit  est 
une  capsule  ovoïde  ou  globuleuse,  à 2  lo- 
ges, s'ouvrant  au  sommet  par  deux  trous, 
renfermant  des  graines  nombreuses,  entou- 
rées d'un  rebord  membraneux.  Les  Linaires 
sont  pour  la  plupart  indigènes  des  parties 
tempérées  de  l'hémisphère  boréal,  particu- 
lièrement du  bassin  de  la  Méditerranée  ;  un 
petit  nombre  se  trouve  aussi  dans  les  ré- 
gions tempérées  de  l'Amérique  méridionale. 
La  Flore  française  en  possède  seule  environ 
30  espèces. 

Les  Linaires  présentent  accidentellement 
un  phénomène  des  plus  remarquables,  et 
que  nous  ne  pouvons  nous  dispenser  de 
rappeler  ici;  nous  voulons  parler  de  la  ré- 
gularisation de  leur  corolle,  à  laquelle  Linné 
a  donné  le  nom  de  Peloriay  pélorie  (de  ««- 
)wp,  monstre).  Ce  fait  a  été  observé  d'abord 
en  1742  ,  en  Suède  ,  par  Ziœberg  ;  il  a  été 
l'objet  d'une  dissertation  de  Linné,  qui  se 
trouve  dans  ses  Amœnitates  academicœ.  Il 
consiste  en  ce  que  la  corolle  des  Linaires 
devient  régulière,  tubulée,  un  peu  resserrée 
à  l'orifice  du  tube  ;  qu'elle  présente  un  limbe 
plan,  à  5  lobes  égaux,  et  vers  sa  base,  5 
éperons  égaux  entre  eux,  et  semblables  à 
celui  que  présente  la  fleur  ordinaire.  Les 
étamines  ont  subi  également  l'influence  de 
ce  retour  à  la  régularité;  car  au  lieu  de 
4  didynames,  on  en  observe  5  distinctes  de 
la  corolle.  Au  milieu  de  cette  étrange  mo- 
dification ,  Linné  reconnut  qu'il  n'y  avait 
là  autre  chose  qu'une  monstruosité,  ou  pour 
parler  plus  exactement,  une  régularisation 
de  la  fleur  ordinairement  irrégulière  de  la 
Linaire  commune ,  et  les  raisons  sur  les- 
quelles il  appuya  cette  explication  ont  été 
parfaitement  justifiées  par  de  nouvelles  ob- 
servations. Une  particularité  bien  digne  de 
remarque,  c'est  que,  lorsque  les  Linaires 
péloriées  donnent  des  graines  fertiles,  ce  qui 
n'a  lieu  que  rarement,  ces  graines  produi- 
sent des  plantes  à  fleurs  également  pélo- 
riées ,  ainsi  que  l'a  reconnu  Wildenow.  La 
pélorie  n'est  quelquefois  que  partielle ,  c'est- 


LIN 

à-dire  qu'elle  ne  se  produit  que  sur  quel- 
ques-unes des  fleurs  d'un  épi,  de  sorte  que 
celui-ci  présente  alors  en  même  temps  des 
fleurs  ordinaires  irfégulières  et  des  fleurs  ré- 
gularisées. Le  phénomène  remarquable  de 
la  pélorie,  observé  d'abord  chez  la  Linaire 
commune,  a  été  signalé  chez  des  plantes  ap- 
partenant à  d'autres  genres. 

L'espèce  la  plus  connue  et  la  plus  com- 
mune de  ce  genre  est  la  Linaire  commune  , 
Linaria  vulgaris  Mœnch  (Antirrhinum  li- 
naria  Lin.  ) ,  qui  croît  communément  dans 
les  terrains  incultes  de  presque  toute  l'Eu- 
rope. Sa  tige  s'élève  à  5-6  décimètres;  elle 
est  droite,  le  plus  souvent  simple,  portant 
dans  toute  sa  longueur  des  feuilles  linéaires- 
lancéolées,  aiguës,  glauques,  nombreuses  et 
rapprochées  ;  ses  fleurs  sont  grandes  ,  d'un 
jaune  pâle,  safranées  à  leur  palais,  réunies 
en  épis  terminaux,  allongés  et  assez  grêles  ; 
les  divisions  du  calice  sont  linéaires,  aiguës, 
plus  courtes  que  la  capsule;  l'éperon  est 
aigu,  presque  droit. 

Quelques  autres  espèces,  soit  indigènes, 
soit  étrangères  à  la  France,  sont  cultivées 
plus  ou  moins  fréquemment  pour  l'orne- 
ment des  jardins;  l'une  des  plus  jolies  est 
la  Linaire  des  Alpes,  si  commune  dans  les 
Alpes  et  les  Pyrénées,  et  qui  se  couvre  pres- 
que de  fleurs  d'un  bleu  violet  dont  le  palais 
est  orangé.  (P.  D.) 

LINARIA,  Briss.  ois.— Nom  latin  du  g. 
Linotte. 

*LINARIA.  helm.  —  Syn.  de  Lineus  et 
de  Nemeites  employé  par  Sowerby.  (P.  G.) 

*LH\ARITE,  Brooke.  min.— Sulfate  bleu 
de  Plomb  et  de  Cuivre ,  de  Linarès  en  Es- 
pagne. Voy.  PLOMB  SULFATÉ.  (DEL.) 

LINCKIE.  Linckia  (nom propre),  échin. 
—  Genre  d'Astéroïdes  établi  d'abord  par 
M.  Nardo  ,  en  1834  ,  pour  les  espèces 
à  corps  en  étoile ,  à  rayons  tuberculeux 
et  allongés,  montrant  la  peau  poreuse  dans 
les  intervalles  des  tubercules,  telles  sont  les 
Astéries  variolée  et  milléporelle.  MM.  Mûl- 
1er  et  Troschel  ont  d'abord  adopté  ce  genre,  \ 
enle  réduisant  à  ne  contenir  que  les  espèces  i 
dont  les  bras  sont  aplatis  et  entièrement  re- 
vêtus  de  plaques  granulées,  lesquelles  for- 
ment deux  rangées  sur  les  bords,  et  laissent 
voir  des  pores  isolés  dans  les  intervalles.  Les 
Linckies  ont  un  anus  subcentral  et  sont  dé- 
pourvues de  pédicellaires;  elles  font  partie  de 


LIN 


LIN 


387 


la  deuxième  famille  des  Astéries,  ayant  deux 
rangées  de  tentacules  le  long  du  sillon  ven- 
tral. Le  genre  Lincltia  a  cependant  été  dif- 
féremment circonscrit  par  M.  Gray,  et  les 
précédentes  Linclcia  ont  été  nommées  Scy- 
taster.  Voy.  ce  mot.  (Duj.) 

LINCONÏA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Bruniacées ,  établi  par  Linné 
(Mant.,  148).  Sous-arbrisseaux  du  Cap.  Voy. 

BRUNIACÉES. 

*LINDAKERIA  (nom  propre),  bot.  ph. 

—  Genre  de  la  famille  des  Bixacées-Bixinées 
établi  par  Presl  (in  Reliq.  Hœnk.,  II,  89, 
t.  65).  Arbres  ou  arbrisseaux  du  Mexique. 

Voy.  BIXACÉES. 
*LINDENBERGIA  (nom  propre),  bot.  ph. 

—  Genre  de  la  famille  des  Scropbularinées- 
Gratiolées,  établi  par  Link  et  Otto  (le.  sé- 
lect., 95).  Herbes  de  l'Asie  tropicale  et  sub- 
tropicale. Voy.  SCROPHULARINÉES. 

*LINDENIUS.  ins.  — Genre  de  la  tribu 
des  Crabroniens,  de  l'ordre  des  Hyménoptè- 
res, établi  aux  dépens  du  genre  Crabro  par 
MM.  Lepeletier  de  Saint-Fargeau  et  Brullé. 
Le  type  de  cette  division  est  leL.  armatus 
St-Farg.  et  Brull.,  assez  commun  aux  envi- 
rons de  Paris.  (Bl.) 

LINDERNIA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Scrophularinées-Gratiolées,  établi 
par  Allioni  (  Pedemont. ,  III ,  178  ,  t.  5  ). 
Herbes  de  l'Europe  centrale.  Voy.  scropho- 

LARINÉES. 

LINDLEYA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Rosacées-Quillajées, 
établi  parH.-B.  Kunth  (inHumb.  et  Bonpl. 
Nov.  gen.  et  sp.,  VI,  240,  t.  562).  Arbres 
du  Mexique.  Voy.  rosacées.  —  Nées,  syn. 
de  Laplacea,  H.  B.  K. 

LINDS.EA  (nom  propre),  bot.  ph. — 
Genre  de  la  famille  des  Polypodiacées-Poly- 
podiées,  établi  par  Dryander  (inLinn.  Tran- 
sact.y  III,  39,  t.  7).  Fougères  croissant  dans 
les  régions  tropicales  du  globe.  Voy.  poly- 
podiacees. 

LINÉAIRE.  Linearis.  zool.  ,  bot.  — On 
applique  généralement  ce  nom  à  toute  partie 
d'un  animal    ou  d'une  plante  disposée  en 

1  forme  de  ligne  (Ex.  :  antennes  linéaires, 
leuilles  linéaires  ,  etc.  ). 

LINEES.  bot.  ph.  —  Voy.  linacées. 
LINETTE.  poiss.  — Nom  vulgaire  d'une 
espèce   de  Trigle ,  le   T.  hirundo.    Voyez 
trigle, 


EINEUS  ,  Dav.  et  Sow.  helm.  —  Syn.  de 
Nemerles,  Cuv. 

LINGUATULE.   Lingualula.  helm.  — 
Voy.  pentastome. 

LINGUELLE,  Blainv.  moll.—  Syn.  d« 
Diphyllie,  Cuv.  (Desh.) 

LINGULE.  Linyula(lingula,  languette). ' 
moll.  — Avant  l'institution  de  ce  genre  par 
Bruguière,  dans  les  planches  de  l'Encyclopé- 
die, ces  coquilles  avaient  été  mentionnées  et 
figurées  dans  plusieurs  ouvrages  antérieurs. 
Seba,  par  exemple,  en  donne  une  figure  com- 
plète dans  son  Muséum  ;  mais  cette  figure, 
sans  doute  oubliée ,  n'a  pas  empêché  que  la 
plupartdes  naturalistes  méconnussent  les  vé- 
ritables caractères  de  ces  coquilles.  En  effet, 
Linné,  qui  probablement  ne  connut  qu'une 
valve  détachée,  la  range  parmi  les  Patelles, 
sous  le  nom  de  Patella  unguis.  Schroeter, 
Gmelin  et  quelques  autres  auteurs  métho- 
distes ont  adopté  sans  examen  l'opinion  lin- 
néenne.  Chemnitz  ,  dans  le  Naturforschere, 
ainsi  que  dans  son  grand  ouvrage  de  conchy- 
liologie, ayant  vu  la  Lingule  complète,  dé- 
montra la  fausseté  de  l'opinion  de  Linné  et 
proposa  de  placer  la  coquille  bivalve  en 
question  dans  le  g.  Pinna.  Cet  arrangement 
de  Chemnitz  était  sans  doute  préférable  à 
celui  de  Linné  ;  mais  il  ne  pouvait  être  dé- 
finitif, puisque  la  coquille  de  la  Lingule  est 
portée  sur  un  pédicule  qui  n'existe  point 
dans  les  espèces  du  g.  Pinna.  Nous  ne  par- 
lerons pas  de  l'opinion  de  Meuschen  ,  qui 
range  les  Lingules  parmi  les  Anatifes  ,  et 
nous  arriverons  au  moment  de  la  publica- 
tion des  planches  de  l'Encyclopédie ,  dans 
lesquelles  Bruguière  propose  le  g.  Lingule 
pour  la  première  fois ,  sans  le  caractériser. 
Dès  ses  premiers  travaux,  Lamarck  ,  en 
adoptant  ce  genre  ,  le  caractérisa  et  le  mit 
en  rapport  avec  les  Calcéoles,  les  Orbicules 
et  les  Térébratules.  Jusqu'alors  on  ne  con- 
naissait pas  l'organisation  de  l'animal  de  ce 
genre  ;  Cuvier,  le  premier,  publia  à  son  su- 
jet un  mémoire  anatomique  très  intéressant, 
que  l'on  trouve  dans  les  premiers  volumes 
des  Mémoires  du  Muséum.  Comme  consé- 
quence de  ses  recherches ,  Cuvier  fait  voir 
la  nécessité  de  créer  une  classe  à  part  pour 
ce  Mollusque  bivalve ,  d'une  organisation 
très  différente  de  celle  des  autres  acéphales. 
Bientôt  après,  dans  sa  Philosophie  zoologi- 
que, Lamarck,  suivant  les  indications  de 


383 


LIN 


Cuvier,  proposa  la  famille  des  Brachiopodes 
{voy.  ce  mot),  dans  laquelle  il  fît  entrer  les 
trois  genres  Orbicule  ,  Lingule  et  Térébra- 
tule.  Les  Brachiopodes  furent  introduits 
dans  toutes  les  méthodes  ,  où  ils  subirent 
quelques  changements  rendus  nécessaires 
par  les  progrès  de  la  science  ;  mais  le  genre 
Lingule  resta  tel  qu'il  avait  été  institué  par 
Lamarck ,  et  ses  caractères  peuvent  être  ex- 
primés de  la  manière  suivante  : 

Coquille  longitudinale,  équivalve,  équi- 
latérale,  mince,  fragile,  tronquée  à  l'extré- 
mité antérieure ,  terminée  postérieurement 
en  crochets  pointus,  droits,  médians,  embras- 
sés par  un  pédicule  tendineux,  cylindracé-co- 
nique,  plus  long  que  la  coquille,  et  se  fixant 
aux  corps  sous-marins  ;  en  dedans,  les  val- 
ves présentent  une  impression  palléale  peu 
nette ,  à  l'intérieur  de  laquelle  il  existe  trois 
impressions  musculaires  sur  la  valve  droite 
et  quatre  sur  la  gauche  ;  l'une  de  ces  im- 
pressions est  dans  la  profondeur  des  cro- 
chets. 

L'animal  est  pair  et  symétrique  dans 
presque  toutes  ses  parties;  le  manteau  est 
divisé  en  deux  lobes  égaux  ;  l'un  de  ces  lo- 
bes couvre  le  côté  dorsal ,  et  l'autre  le  côté 
ventral  de  l'animal  ;  ils  contiennent  dans 
leur  épaisseur  les  organes  branchiaux,  sous 
formes  de  stries  obliques,  aboutissant  aux 
quatre  vaisseaux  branchiaux.  En  soulevant 
et  en  renversant  en  arrière  l'un  des  lobes  du 
manteau  ,  on  trouve  au-dessous  de  lui  et  au 
centre  de  l'animal  une  sorte  de  mu ffle  court, 
percé  au  centre  par  l'ouverture  de  la  bou- 
che. Cette  partie  est  garnie  en  dessus  et 
en  dessous  de  lèvres  ciliées  transverses,  qui, 
au  lieu  de  se  continuer  en  palpes  labiaux  , 
comme  dans  les  autres  Mollusques  acépha- 
les, se  prolongent  en  deux  longs  bras  ciliés, 
que  l'animal  fait  sortir  de  sa  coquille  ,  et 
qu'il  y  fait  rentrer  en  spirale.  Comme  il 
n'existe  aucune  trace  du  pied  des  Mollus- 
ques acéphales  proprement  dits  ,  la  plupart 
des  zoologistes  ont  considéré  les  bras  ciliés 
dont  nous  venons  de  parler  comme  des  or- 
ganes de  mouvement,  ce  qui  a  valu  aux 
animaux  en  question  le  nom  de  Brachiopo- 
des, qui  leur  est  consacré.  De  la  bouche 
part  un  œsophage  court,  quibientôtse  dilate 
à  peine  en  un  estomac  allongé  qui  se  con- 
tinue sans  interruption  avec  l'intestin;  ce- 
lui-ci reste  à  peu  près  uniforme  dans  son 


LIN 

diamètre  ;  il  fait  plusieurs  circonvolutions 
dans  le  foie  ,  en  se  plaçant  dans  les  inter- 
valles des  muscles  des  valves,  et  vient  abou- 
tir au  côté  gauche  de  l'animal,  descend  jus- 
qu'à la  commissure  du  manteau,  où  il  se 
termine  en  une  petite  perforation.  Les  or- 
ganes de  la  circulation  sont  doubles,  c'est- 
à-dire  qu'un  cœur  existe  de  chaque  côté , 
qu'il  reçoit  par  son  extrémité  des  vaisseaux 
branchiaux  ,  pour  répartir  ensuite  le  fluide 
nourricier  dans  la  masse  des  viscères  ,  au 
moyen  des  artères.  D'après  les  observations 
récemment  publiées  par  M.  Owen,  les  vei- 
nes ne  seraient  point  en  continuité  avec  les 
artères  ;  les  deux  systèmes  vasculaires  lais- 
seraient  entre  eux  des  lacunes  étendues, 
dans  lesquelles  le  sang  viendrait  s'épancher 
pour  favoriser  la  nutrition  des  organes.  Les 
muscles  sont  plus  nombreux  que  dans  les 
autres  acéphales  ;  ils  se  rendent  oblique- 
ment d'une  valve  à  l'autre,  et  sont   ras- 
semblés vers  leur    centre;  le  muscle  qui 
s'insère  sur  le  côté  droit  de  la  valve  gau- 
che, par  exemple  ,  se   dirige  obliquement 
pour  se  fixer  au  côté  gauche  de  la  valve 
droite.  Les  deux  muscles  fixés  dans  les  cro- 
chets sont  destinés  à  soutenir  le  pédicule 
corné,  auquel  les  valves  sont  attachées;  ce 
pédicule  est  creux,  et  chez  ceux  des  indivi- 
dus que  nous  avons  vus  ,  il  nous  a  paru 
contenir  des  parties  considérables  de  l'o- 
vaire. Cuvier  avait  considéré  comme  une 
glande  salivaire  une  portion   glanduleuse 
couvrant  l'estomac;  d'après  M.  Owen  ,  Cu- 
vier aurait  été  trompé  par  une  différence  de 
couleur,  et  la  glande  en  question  serait  une 
dépendance  du  foie. 

L'animal  des  Lingules  n'est  pas  placé  en- 
tre les  valves  de  la  même  manière  que  les 
autres  Mollusques  acéphales  ;  il  n'a  pas  une 
valve  droite  et  une  gauche ,  car  le  dos  de 
l'animal  est  dans  l'une  de  ces  valves,  le 
ventre  dans  l'autre.  En  cela,  il  ressemble  à 
l'animal  des  Térébratules  et  des  autres  Bra- 
chiopodes :  seulement,  comme  les  valves 
sont  parfaitement  égales  ,  il  est  difficile  de 
distinguer  la  supérieure  de  l'inférieure. 

Les  Lingules  sont  des  Mollusques  propres 
aux  mers  chaudes  de  l'Inde  et  de  l'Amérique 
méridionale  ;  on  a  cru  longtemps  qu'ils  vi- 
vaient attachés  par  groupes  aux  rochers,  à 
peu  près  de  la  même  manière  que  les  Ana- 
tifes  ;  mais,  d'après  les  observations  récen- 


LIN 


LIN 


389 


tes  de  M.  Cuming,  les  Lingulessont  enfon- 
cées dans  le  sable  des  rivages,  à  une  faible 
profondeur  dans  la  mer  :  elles  peuvent  même 
habiter  dans  des  sables  découverts  par  la 
marée ,  ce  qui  permet  de  les  rechercher  et 
de  les  recueillir  quelquefois  avec  assez  d'a- 
bondance pour  être  vendues  sur  les  mar- 
chés. Pendant  longtemps ,  on  n'en  connut 
qu'une  seule  espèce.  La  monographie,  ré- 
cemment publiée  par  M.  Sowerby,  dans  le 
Thésaurus  conchyliorum,  porte  à  7  le  nom- 
bre des  espèces  actuellement  connues.  Ce 
g.  est  également  répandu  à  l'état  fossile 
dans  différents  terrains,  et  ce  qui  est  re- 
marquable, c'est  qu'il  n'a  point  été  men- 
tionné jusqu'ici  dans  les  terrains  tertiaires; 
les  terrains  secondaires  sont  ceux  qui  en 
contiennent  le  plus,  et  l'on  en  cite  jusqu'à 
10  espèces;  mais  aucune  n'est  aussi  grande 
que  la  plupart  de  celles  qui  vivent  actuelle- 
ment. (Desh.) 

*LINGl)LES.  moll.— M.  Rang,  dans  son 
Manuel  de  conchyliologie  ,  a  établi  sous  ce 
nom  une  famille  pour  le  seul  genre  Lin- 
gule.  Déjà  Latreille,  dans  ses  Familles  natu- 
relles du  règne  animal,  avait  proposé  un 
groupe  semblable  parmi  les  Brachiopodes, 
sous  le  nom  de  Pédoncules  équivalves.  Voy. 

DRACHI0P0DES,  LINGULE  et  MOLLUSQUES.     (DESH.) 

*LINISCUS  (W<rxoç,  fil),  helm.  — Genre 
d'Helminthes  parasites  établi  par  M.  Dujar- 
din  (  Helminthes ,  p.  29  )  pour  une  espèce 
voisine  des  Trichosomes  ,  qui  est  parasite 
de  la  Musaraigne  carrelet  :  c'est  leLiniscus 
exilis.  (P.  G.) 

LIXKIA,  Cavan.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Persoonia,  Smith.  —  Pers.,  syn.  de  Des- 
fontainea  ,  Ruiz  et  Pav. 

LINN-EA  (nom  propre),  bot.  ph. — Genre 
de  la  famille  desLonicérées(Gaprifoliacées), 
établi  par  Gronovius  (in  Linn.  gen.,n.  774). 
Herbes  des  régions  boréales  du  globe.  Voy. 

CAPRIFOLIACÉES. 

LIIVOCIERA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Oléacées  -  Oléinées  ,  établi  par 
Swartz  (Flor.  Ind.  occident.,  I,  74).  Arbres 
ou  arbrisseaux  de  l'Amérique  et  de  l'Asie 
tropicale.  Voy.  oléacées. 

*LINOPODE  O'vov,  fil;  wov«,  pied). 
abacu.  —  Genre  de  l'ordre  des  Acarides  et 
delà  famille  des  Trombidides,  établi  par 
M.  Koch  ;  cette  nouvelle  coupe  générique  , 
qui  comprend  une  douzaine  d'espèces,  n'a 


pas  été  adoptée  par  M.  P.  Gervais  dans  son 
Histoire  naturelle  des  Insectes  aptères  ;  il 
la  rapporte  à  celle  des  Trombidium.  Voy.  ce 
mot.  (H.  L.) 

*LINOSTIGMA  (Kvov  ,  fil;  «Ti'y/ut,  stig- 
mate), bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Géraniacées? ,  établi  par  Klotsch  {inLinnœa, 
X,  438).  Herbes  du  Brésil  méridional. 

*LII\OSTOMA  (Xivov,  lin;  »«>(*,  ou- 
verture), bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Daphnoïdées,  établi  par  Wallich  (Catalog., 
n"  4203).  Arbrisseaux  de  l'Inde.  Voy.  daph- 
noïdées. 

LIKOSI'RIS  (Xtvov,  fil;  ovpot,  tige),  bot. 
ph.  —  Genre  de  la  famille  des  Composées- 
Astéroïdées,  établi  par  Lobel  (Histor.,  223). 
Herbes  de  l'Europe   et  de  l'Asie  boréale. 

Voy.  COMPOSÉES. 

*LINOTRITO]V.  rept.  —  M.  Bell  dési- 
gne sous  celte  dénomination  une  division 
du  genre  Salamandre.  Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

LINOTTE.  Linaria  (qui  aime  la  graine  de 
lin),  ois. — Par  suite  des  réformes  introduites 
dans  les  méthodes  ornithologiques,  réformes 
dont  un  des  principaux  résultats  a  été  la 
création  d'un  nombre  considérable  de  genres 
nouveaux,  beaucoup  de  noms  d'espèces  sont 
devenus  des  dénominations  génériques  : 
ainsi  le  mot  Linotte ,  que  l'on  avait  toujours 
affecté  à  l'une  des  nombreuses  espèces  des 
Fringillœ  de  Linné,  a  pris  chez  les  auteurs 
modernes  une  signification  plus  étendue,  en 
devenant  le  titre  d'un  genre  particulier,  qui 
a  pour  type  l'espèce  même  à  laquelle  ce  nom 
de  L'notte  était  spécialement  donné. 

Bechstein,  si  je  ne  me  trompe,  est  le  pre- 
mier qui  ait  proposé  d'introduire  cette  coupe 
dans  le  genre  Fringilla.  Quelques  ornitholo- 
gistes, après  lui,  voulant  rester  fidèles  à  la 
classification  de  Linné,  ont  repoussé  les  mo- 
difications qui  tendaient  à  altérer  cette  clas- 
sification ;  mais  bon  nombre  d'autres  auteurs, 
parmi  lesquels  je  citerai  G.  Cuvier,  se  sont 
empressés  de  reconnaître  la  distinction  que 
Bechstein  avait  établie  entre  les  Linottes  et 
les  autres  espèces  avec  lesquelles  on  les  avait 
confondues.  Aujourd'hui  ce  genre  paraît  dé- 
finitivement admis  et  accepté.  Boié,  Brehm , 
Ch.  Bonaparte,  G.-R.  Gray,  et  beaucoup 
d'autres  naturalistes  l'ont  inséré  dans  leurs 
divers  travaux  ornithologiques. 

On  reconnaît  aux  Linottes  un  bec  parfaite- 
ment conique,  court,  sans  renflement  à  la 


390 


LIN 


LIN 


base  ni  sur  aucun  point  de  son  étendue.  Ces 
caractères  physiques,  les  seuls  que  l'on  puisse 
mettre  en  relief,  seraient,  il  faut  en  conve- 
nir, très  insuffisants  pour  autoriser  la  distinc- 
tion que  l'on  a  voulu  établir  entre  ces  oiseaux 
et  les  autres  espèces  de  la  famille  des  Frin- 
gilles  (Conirostres  de  G.  Cuvier),  si  ici  on 
n'avait  pris  en  considération  les  circonstances 
de  mœurs  et  d'habitudes.  En  effet,  sous  ce 
rapport,  les  Linottes  se  distinguent  assuré- 
ment des  Moineaux,  des  Veuves,  des  Pinsons, 
dont  elles  étaient  les  congénères. 

Les  Linottes ,  comme  les  Chardonnerets, 
avec  lesquels  elles  ont  les  plus  grandes  affi- 
nités ,  ont  un  instinct  de  sociabilité  déve- 
loppé à  un  très  haut  degré.  Elles  ne  vivent 
dans  l'isolement  qu'à  l'époque  de  la  repro 
duction  ,  c'est-à-dire  depuis  avril  jusqu'à  la 
fin  de  juillet.  Le  reste  de  l'année ,  on  les 
rencontre  rassemblées  par  troupes  plus  ou 
moins  nombreuses.  Non  seulement  tous  les 
individus  provenant  de  la  même  nichée  de- 
meurent réunis,  mais  encore  toutes  les  fa- 
milles que  nourrit  un  canton  s'attroupent 
vers  la  fin  de  l'été,  en  septembre  ordinaire- 
ment ,  pour  voyager  en  compagnie  les  unes 
des  autres.  Après  l'époque  des  migrations, 
lorsqu'elles  se  sont  cantonnées,  c'est-à-dire 
lorsqu'elles  ont  fait  choix  d'une  localité  qui 
puisse  leur  offrir  pendant  quelque  temps 
une  nourriture  facile  et  appropriée  à  leurs 
goûts,  les  Linottes  forment  alors  des  bandes 
vraiment  prodigieuses.  L'été,  ces  oiseaux  se 
tiennent  sur  les  lisières  des  bois,  des  gran- 
des forêts,  et  généralement  dans  les  halliers, 
les  haies  et  les  buissons  ;  l'hiver,  ils  descen- 
dent dans  les  plaines  et  les  lieux  découverts 
et  cultivés.  Les  Linottes  offrent  ceci  de  parti- 
culier que  l'hiver,  et  surtout  s'il  fait  grand 
froid  ,  elles  volent  très  serrées ,  très  rap- 
prochées les  unes  des  autres  ;  elles  se  pe- 
lotonnent ,  comme  on  dit  en  terme  d'oisel- 
lerie. Elles  ont  aussi  pour  habitudes  com- 
munes de  s'abattre,  de  s'élever  toutes  en- 
semble ,  et  de  se  poser,  lorsqu'elles  le  peu- 
vent ,  à  la  cime  du  même  arbre.  La  nuit , 
elles  gagnent  les  bois ,  et  choisissent  pour 
asile  les  arbres  dont  les  feuilles,  quoique 
sèches ,  ne  sont  pas  encore  tombées.  Leur  vol 
est  suivi,  et  ne  s'exécute  pas  par  élans  répétés, 
comme  celui  des  Moineaux.  Posçes  à  terre , 
elles  avancent  au  moyen  de  petits  sauts. 

Les  Linottes,  qu'un  besoin  commun  avait 


réunies ,  se  séparent  par  couples ,  quand 
vient  le  printemps.  Biles  vont  vaquer  aux 
soins  de  la  reproduction.  Ordinairement 
elles  font  deux  pontes  par  an ,  quelquefois 
trois.  Les  mâles  ne  partagent  ni  le  travail 
de  la  nidification ,  ni  les  fonctions  pénibles 
de  l'incubation;  mais  ils  sont  remplis  d'at- 
tention pour  leurs  femelles,  et  leur  appor- 
tent à  manger.  Les  petits  sont  nourris  dans 
le  nid  jusqu'à  ce  qu'ils  aient  acquis  assez 
de  forces  pour  prendre  leur  volée  :  le  père 
et  la  mère  leur  dégorgent  dans  le  bec  des 
graines  préalablement  triturées  et  en  voie 
de  décomposition  par  suite  du  séjour  que 
ces  graines  font  dans  leur  jabot. 

La  plupart  des  Linottes  chantent  très 
agréablement,  et  le  printemps  est  l'époque 
où  leur  chant  a  le  plus  d'éclat  ;  mais  de 
toutes,  celle  qui  a  servi  de  type  au  genre, 
est,  sans  contredit,  l'espèce  la  plus  recom- 
mandable  par  la  beauté  de  sa  voix.  Le  chant 
de  celle-ci  ne  cesse  qu'à  la  mue;  il  est  écla- 
tant, flûte,  varié,  et  son  gosier  se  ploie  fa- 
cilement aux  différents  airs  qu'on  veut  lui 
enseigner.  Ces  brillantes  qualités,  réunies  a 
un  naturel  docile  et  susceptible  d'attache- 
ment, la  fon*  rechercher  comme  oiseau  de 
volière.  Elle  s'habitue  si  bien  à  la  capti- 
vité qu'on  peut  la  conserver  dix  ou  douze 
ans  en  cage  :  Sonnini  cite  un  individu  qui 
vécut  ainsi  quatorze  ans. 

Les  Linottes  font  leur  principale  nourri- 
ture de  jeunes  graines  de  Lin,  de  Navette, 
de  Chanvre.  Ce  régime  n'est  pourtant  pas 
exclusif,  car  pendant  l'hiver  ces  oiseaux  s'at- 
taquent à  toutes  les  graines  qui  peuvent  leur 
fournir  un  aliment  quelconque;  ils  ébour- 
geonnent  même,  ainsi  que  le  font  la  plupart 
des  Fringilles,  tels  que  les  Bouvreuils,  les 
Tarins,  etc.,  les  Peupliers,  les  Tilleuls  et  les 
Bouleaux. 

Le  genre  Linotte  a  des  représentants  dans 
les  deux  continents,  mais  l'Europe  paraît  en 
posséder  plus  que  l'Amérique;  du  moins  des 
espèces  actuellement  connues,  le  plus  grand 
nombre  appartient  à  l'ancien  continent. 

Le  plumage  de  ces  oiseaux  est  susceptible 
de  varier  accidentellement  :  le  mélanisme  et 
l'albinisme  total  ou  partiel  sont  les  variétés 
les  plus  fréquentes  que  l'on  ait  observées. 
On  trouve  encore  des  individus  à  plumage 
isabelle;  mais,  indépendamment  de  ces  va- 
riétés accidentelles,  les  Linottes,  et  surtout 


LIN 

l'espèce  type,  se  présentent  encore  sous  une 
livrée  différente,  selon  les  saisons;  ce  qui  a 
occasionné  des  erreurs,  en  donnant  lieu  à  de 
doubles  emplois. 

Parmi  les  espèces  du  genre  Linotte,  nous 
nous  bornerons  à  mentionner  ici  celles  qui 
sont  parfaitement  connues  et  déterminées, 
et  plus  particulièrement  les  espèces  d'Eu- 
rope. 

1 .  La  Linotte  ordinaire  ou  des  vignes  , 
Lin.  cannabina ,  Fr.  cannabina  Lin.  (Buff., 
pi.  enl.,  485  et  151,  fig.  1,  2).  Frontet  poi- 
trine rouges  au  printemps;  gorge  blanchâ- 
tre grivelée;  bec  noirâtre;  rémiges  primaires 
largement  bordées  de  blanc;  tectrices  alaires 
unicolores. — Habite  la  France,  l'Angleterre, 
l'Italie,  l'Allemagne,  les  provinces  méridio- 
nales de  la  Russie  et  la  Grèce.  Partout  elle 
est  commune. 

2.  La  Linotte  de  montagne  ou  a  bec  jaune, 
L.  montium,  Fr.  montium  Linn. ,  flaviros- 
tris Pallas  (Vieill.,  Faun.  fr.,  pi.  39,  fig.  1). 
Bec  jaune;  croupion  d'un  brun  rouge  dans 
le  mâle;  une  seule  bande  blanche  à  l'extré- 
mité des  grandes  tectrices  alaires. —  Habite 
les  contrées  arctiques  de  l'ancien  continent. 
Commun  en  Ecosse,  en  Norwége  et  en  Suède  ; 
de  passage  annuel  en  Allemagne  et  en 
France. 

3.  La  Linotte  cabaret,  L.  rufescens,  Fr. 
Unaria  Linn.  Plumage  généralement  rous- 
sâtre;  dessus  de  la  tête  d'un  rouge  cramoisi; 
gorge  noire;  poitrine  et  croupion  d'un  rouge 
clair;  sur  cette  dernière  partie  se  mon- 
trent des  traits  bruns.  —  Habite  les  con- 
trées du  cercle  arctique  ,  les  pays  tempérés 
de  l'Europe  et  l'Amérique  du  Nord.  De 
passage  régulier  en  France. 

4.  La  Linotte  sizerin  ou  boréale,  L.  ca- 
nescens,  Fr.  borealis  Temm.(Gould,  Birds 
of Europe,  vol.  III).  Plumage  généralement 
blanchâtre;  dessus  de  la  tête  et  front  d'un 
rouge  sanguin  ;  croupion  d'un  rouge  rose  au 
printemps,  d'un  blanc  pur  l'hiver. — Habite 
le  nord  de  l'Europe  et  l'Amérique  septen- 
trionale; très  accidentellement  de  passage 
en  France. 

Savi,  d'après  Ch.  Bonaparte  (Birds  of 
Europe  and  North  America),  aurait  reconnu, 
sous  le  nom  de  Fr.  borealis,  une  espèce  dis- 
tincte du  Fr.  canescens.  Il  nous  est  difficile 
de  dire  jusqu'à  quel  point  cette  distinc- 
tion est  fondée.  Peut-être  bien  le  Fr.  bo- 


LIN 


m 


realis  de  Savi  n'a-t-il  été  créé  que  sur  un 
Fr.  canescens  en  plumage  de  noces. 

Il  est  également  difficile  de  dire  si  l'espèce 
du  nord  de  l'Europe  dont  Gould  a  fait  une 
Linotte,  sous  le  nom  de  Lin.  brevirostris , 
se  rapporte  réellement  à  ce  genre. 

Des  espèces  étrangères  à  l'ancien  conti- 
nent, la  seule  que  l'on  ait  considérée  jus- 
qu'à ce  jour  avec  certitude,  comme  étant 
une  Linotte,  est  la  Fr.  pusilla  de  Wilson , 
oiseau  qui  habite  les  États-Unis.  (Z.  G.) 

♦LIIXSANG.  mam.  — Groupe  de  Carnivo- 
res Viverriens,  d'après  M.  Mûller  (  Verhandl. , 
I,  1829).  (E.  D.) 

LIASCOTIA,  Adans.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Limeum,  Linn. 

LINTHURIE.  moll.  —Ce  g.  a  été  pro- 
posé par  Denys  de  Montfort,  dans  le  1er  vo- 
lume de  sa  Conchyliologie  systématique,  pour 
une  petite  coquille  appartenant  à  la  classe 
des  Rhizopodes  de  M.  Dujardin,  et  dépen- 
dant évidemment  du  g.  Cristellaire  de  La- 
marck.  Voy.  cristellaire.  (Desh.) 

*LINUCHE.  acal.  —  Genre  de  Méduses 
établi  par  Eschscholtz  pour  une  espèce  des 
côtes  de  la  Jamaïque.  (P.  G.) 

LIIMUM.  bot.  ph.  —  Voy.  lin. 

*LINYPHIDES.  Linyphidœ.  arach.  — 
C'est  une  famille  du  genre  des  Linyphia 
établie  par  M.  Walckenaër,  et  dont  les  es- 
pèces qui  la  composent  ont  les  mâchoires 
droites  et  très  écartées  ,  l'abomen  ellipsoïde 
ou  ovalaire,  à  dos  bombé  ,  et  le  céphalo- 
thorax grand.  Les  espèces  portant  les  noms 
de  Linyphia  montana,  triangularis ,  resu- 
pina,  emphana ,  frutetorum,  pratensis,  pas- 
cuensis,  multiguttata,  pelleta,  domestica, 
tenebricola,  elegans ,  reticulata,  phrygianaf 
pyramitela,  radiata,  lemniscata ,  longidens 
et  crocea,  appartiennent  à  cette  famille. 

(H.  L.) 

LINYPHIE.  Linyphia  (linyphio ,  tisse- 
rand), arach.  —  Genre  de  l'ordre  des  Ara- 
néides ,  de  la  tribu  des  Araignées ,  établi 
par  M.  Walckenaër  sur  des  Araignées  dont 
les  yeux  sont  au  nombre  de  huit,  presque 
égaux  entre  eux,  les  intermédiaires  pos- 
térieurs plus  écartés  entre  eux  que  ne  le 
sont  les  intermédiaires  antérieurs;  les 
yeux  latéraux  sont  rapprochés.  La  lèvre 
est  triangulaire  et  large  à  sa  base;  les 
mâchoires  sont  droites,  carrées,  écar- 
tées entre  elles  ou  s'inclinant  légèrement 


392 


LIN 


LIO 


sur  la  lèvre.  Les  pattes  sont  allongées,  fines; 
la  première  paire  est  la  plus  longue,  la  se- 
conde ensuite,  la  troisième  est  la  plus 
courte. 

Les  Àranéides  qui  composent  ce  genre 
sont  sédentaires,  forment  une  toile  à  tissu 
serré,  horizontale,  surmontée  d'une  autre 
toile  à  réseaux  irréguliers,  formés  par  des 
fils  tendus  sur  plusieurs  plans  différents, 
et  qui  se  croisent  en  tous  sens.  Ces  Ara- 
néides se  tiennent  le  plus  souvent  sous  la 
toile  horizontale,  dans  une  position  ren- 
versée, les  pattes  allongées  en  avant  et  en 
arrière. 

Ce  genre  renferme  une  quarantaine  d'es- 
pèces, dont  la  plus  grande  partie  est  propre 
à  l'Europe;  cependant  on  en  trouve  quel- 
ques unes  dans  le  Nouveau-Monde,  particu- 
lièrement dans  l'Amérique  du  Nord.  La 
Linyphie  montagnarde  ,  Linyphia  montana 
Walck.,  peut  être  regardée  comme  le  type 
de  ce  genre  singulier;  cette  espèce  est  très 
commune  en  France,  et  particulièrement 
dans  les  environs  de  Paris.  (H.  L.) 

LINZA.  iNFus.—Nom  donné  parSchrank 
à  TOphrydie.  Voy.  ce  mot.  (Duj.) 

LINZE.  polvp.  —  Genre  de  Spongiaires 
proposé  par  Guettard  en  1786.       (Duj.) 

*LIODEIRA(^r0ç,  lisse;  ^£tpa,  cou). rept. 
—  Groupe  formé  par  M.  Fitzinger  (Syst. 
rept.,  1843)  aux  dépens  des  Stellions.  Voy. 
ce  mot.  (E.  D.) 

*JLIODE.  Liodes  (nom  mythologique). 
arach.  —  Sous  ce  nom  ,  M.  Stephens  dé- 
signe ,  dans  le  journal  VIsis ,  une  nouvelle 
coupe  générique  d'Arachnides.  Ce  nouveau 
genre,  que  M.  P.  Gervais  place  dans  l'ordre 
des  Acarides ,  a  pour  type  le  Notaspis  thele- 
proctus  Herm.  Voy.  notaspis.       (H.  L.) 

*LIOGENYS  0«îoç,  nu;  y&v€,  mentotf). 
iNS.  —  Genre  de  Coléoptères  pentamères, 
famille  des  Lamellicornes,  tribu  des  Scara- 
béides  phyllophages  ,  créé  par  M.  Guérin- 
Méneville  {Voyage  autour  du  monde  de  la 
Coquille,  Zoologie,  p.  84,  pi.  3,  f.  6).  L'es- 
pèce type  et  unique,  L.  caslaneus,  est  de  la 
Conception  (Chili).  Ce  g.  a  été  placé  à  côté 
des  Amphir.rania  de  Dejean.  (C.) 

LION.  mam.  —  Espèce  du  genre  Cbat  : 
la  femelle  porte  le  nom  de  Lionne ,  et  les 
jeunes  celui  de  Lionceaux.  Voy.  chat.  (E.  D.) 

LION,  crust.  —  Nom  donné  par  Ronde- 
let, dans  le  tome  11  de  son  Histoire  des  Pois- 


sons,  et  adopté  par  Aldrovande,  à  la  Gala~ 
thœa  rugosa.  Voy.  galathée.       (H.  L.) 

LIONIA  ou  LYONIA,  Elliott.  bot.  pu. 
—  Syn.  de  Scutera,  Reichenb. 

LIONNE,  mam.  —  Femelle  du  Lion.  Voy, 
chat. 

*LIOPELTIS  (Àt?oç,  lisse;  «Atu,  bou- 
clier), rept. — Division  des  Couleuvres,  d'a- 
près M.  Fitzinger  {Syst.  rept.,  1843). 

(E.  D.) 

*LIOPHIS  (Xtîoç,  lisse;  fyiç,  serpent). 
rept.  —  M.  Wagler  (  Syst.  amphib.,  1820) 
indique  ainsi  l'une  des  divisions  du  grand 
genre  Couleuvre.  (E.  D.) 

LIOPHLOEUS(^~oç,  lisse  ;<p/oioç,écorce). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  tétramères,  fa- 
mille des  Cucurlionides  gonatocères,  division 
des  Cléonides,  créé  par  Germar,  et  adopté 
par  Schœnherr  {Dispos,  method.,  p.  159; 
Gen.  etsp.  Curculion.,  t.  II,  p.  1,  p.  302-6, 
2e  part.,  p.  237).  10  espèces  d'Europe  ren- 
trent dans  ce  genre.  Le  type  ,  Curcul.  nu- 
bilus  de  Linn.,  habite  une  grande  partie  de 
l'Europe.  (C.) 

*LIOPHOLIS  (ittoç,  lisse;  yoAt'ç,  écaille). 
REPT#  —  Groupe  de  Scincoïdiens,  d'après 
M.  Fitzinger  {Syst.  rept.,  1843).  (E.  D.) 

*LIOPTERUS  (à«oç,  lisse  ;  irrcpov,  aile). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  pentamères  , 
famille  des  Hydrocanthares,  tribu  des  Dytis- 
cides,  formé  par  Eschscholtz,  mais  qui  ne 
constitue  pour  M.  Aube,  dans  sa  Monogra- 
phie (  Species  général  des  Hydrocanthares , 
1838,  p.  289),  que  la  division  b  du  genre 
Agabus,  ayant  pour  caractères  les  trois  pre- 
miers articles  des  tarses  antérieurs  des 
mâles  dilatés  transversalement.  L'espèce 
type,  le  D.  oblongus  d'IIliger,  est  répandue 
dans  toutes  les  eaux  de  l'Europe.        (C.) 

LIORHYNQUE.  Liorhynchus  (AsTos,  lisse; 
pvyXoç,  trompe),  helm. — Rudolphi  a  désigné 
ainsi,  dans  les  Archives  de  Wiedemann  pour 
1801  et  dans  ses  ouvrages,  un  genre  de  Vers 
Nématoïdes,  dont  il  indique  3  espèces  pa- 
rasites du  Blaireau,  du  Phoque  et  de  l'An- 
guille. Voici  comment  il  le  caractérise  :  Ver 
à  corps  cylindrique,  élastique,  à  tête  obtuse, 
sans  valves,  laissant  sortir  un  tube  lisse, 
rétractile  comme  une  trompe. 

M.  Dujardin  décrit  une  quatrième  espèce 
de  Liorhynque  parasite  du  Renard.  (P.  G.) 

*LIOSOMA  {h~oq ,  lisse;  <rw/*a,  corps). 
échin.  —  Genre  d'Holothurides  apodes  éta- 


no 

bli  par  M.  Brandt ,  pour  une  seule  es- 
pèce que  Mertens  avait  trouvée  près  de 
l'île  Sitcha,  dans  l'Océanie.  Cette  espèce  , 
longue  de  4  centimètres,  demi-transpa- 
rente, est  brunâtre,  toute  couverte  de  pe- 
tits points  noirs.  Les  caractères  du  genre 
Liosome  sont  d'avoir  le  corps  cylindrique, 
convexe,  peu  allongé,  avec  douze  tenta- 
cules peltés  autour  de  la  bouche,  et  des  or- 
ganes respiratoires ,  quinquéfides ,  presque 
arborescents,  fixés  par  un  mésentère  dans 
l'intervalle  des  faisceaux  musculaires  longi- 
tudinaux. (Dcj.) 

*LIOSOMA  (>U~oç,  lisse;  <7«p.a,  corps). 
rept.  —  M.  Fitzinger  indique,  sous  le  nom 
de  Liosoma,  un  groupe  formé  aux  dépens 
des  Scinques.  Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

*LIOSTEIRA  (X£roç,  lisse;  crrapa,  ca- 
rène), rept.  —  Division  des  Couleuvres, 
d'après  M.  Fitzinger  {Syst.  rept.y  1840). 

(E.  D.) 
*LIOSTRACA  0«?oç,  lisse;  oarpaxov , 
écaille),  ins. — Gen re  de  Coléoptères  pen  taniè- 
res,famille  des  Lamellicornes,  tribu  des  Scara- 
béides  mélithophiles,  créé  par  M.  Burmeis- 
ter.  Ce  genre  ne  renferme  que 2 espèces:  les 
C.  bina  et  iota  de  MM .  Gory  et  Percheron  ; 
elles  ont  pour  patrie  l'Ile  de  Madagascar.  (C.) 
*LIOTHÉ.  Liotheum.  bexap. — Genre  de 
l'ordre  des  Epizoïques  établi  par  Nitzsch  et 
ainsi  caractérisé  :  Tête  déprimée,  scutiforme, 
horizontale;  bouche  infère,  plus  rapprochée 
du  b:'  antérieur  du  front.  Mandibules 
bidenîées,  dures,  courtes.  Des  mâchoires; 
lèvres  supérieure  et  inférieure  sub-échan- 
crées  à  leur  bord  libre.  Palpes  maxillaires 
les  plus  longs,  filiformes,  quadri-articulés, 
mobiles.  Palpes  labiaux  très  courts,  bi-arti- 
culés.  Antennes  quadri-articulées,  insérées 
sous  le  bord  latéral  de  la  tête,  le  plus  sou- 
vent cachées  dans  une  fossette  et  invisibles; 
leur  dernier  article  ovale  ou  subarrondi, 
formant  capitule  ou  bouton  avec  le  dernier, 
qui  est  subpédiculé.  Yeux  sous  le  bdtd  la- 
téral de  la  tête,  derrière  les  antennes,  le 
plus  souvent  invisibles.  Thorax  biparti  ou 
triparti;  mésothorax  ordinairement  grêle, 
peu  distinct  et  peu  mobile,  nul  dans  quel- 
ques espèces  ;  prothorax  plus  ou  moins  an- 
guleux bilatéralement.  Abdomen  composé 
de  neuf  ou  dix  anneaux.  Tarses  droits,  cou- 
reurs, bi-articulés;  chaque  article  pourvu 
de  pelotes;  deux  ongles  divariqués,  à  peu 
t.  VII. 


LIO 


393 


près  droits,  courbés  à  la  pointe;  un  prolon- 
gement entre  les  ongles. 

Nitzsch  ne  signale  qu'une  vingtaine  d'es- 
pèces parmi  celles  qu'il  avait  observées. 
Toutes  sont  parasites  des  oiseaux  et  vivent 
dans  leurs  plumes,  en  société  des  Philoptères 
(voyez  ce  mot),  avec  lesquels  on  les  classait 
précédemment.  Les  Liothés  ont  plusieurs 
des  caractères  des  Trichodectes  (voyez  ce 
mot),  et  ce  qui  les  distingue  surtout  des  Phi- 
loptères, c'est  leur  extrême  agilité.  Ils  mar- 
chent avec  vitesse  sur  le  corps  des  oiseaux, 
le  quittent  dès  que  la  mort  a  commencé  à  en 
diminuer  la  chaleur  :  c'est  ainsi  que  les 
chasseurs  sont  souvent  très  incommodés  par 
ces  parasites,  et  que ,  dans  les  laboratoires 
de  zoologie,  lorsqu'on  touche  à  des  oiseaux 
nouvellement  morts,  on  attrape  aisément 
des  Liothés.  Ils  courent  sur  les  mains  avec 
agilité,  et  s'introduisent  dans  les  vêtemenls; 
ils  ont  en  peu  de  temps  gagné  tout  le  corps 
et  même  la  tête,  où  ils  occasionnent  des  dé- 
mangeaisons assez  vives.  Il  est,  du  reste, 
très  facile  de  s'en  débarasser,  et  probable- 
ment ils  mourraient  naturellement  après  un 
temps  assez  court. 

D'après  Nitzsch,  les  Liothés  ont  le  jabot 
symétrique  et  non  déjeté  sur  l'un  des  côtés; 
leurs  vaisseaux  biliaires,  au  nombre  de  qua- 
tre et  libres,  sont  renflés  sur  le  milieu  de  leur 
longueur.  Les  mâles  ont  trois  paires  de  tes- 
ticules, et  les  femelles  trois  follicules  ova- 
riennes ;  mais  toutes  les  espèces  n'ont  pas  été 
étudiées  sous  ce  rapport.  Pendant  l'accou- 
plement le  mâle  est  sur  la  femelle.  Il  n'y  a 
pas  de  métamorphose  bien  distincte;  la 
larve  a  les  habitudes  et  la  vivacité  des 
adultes. 

Ce  genre  renferme  un  assez  grand  nom- 
bre d'espèces  dont  le  Liothé  zébré,  Lt'o- 
theum  zébra  Nitzsch  ,  peut  être  regardé 
comme  le  type  de  cette  coupe  générique; 
cette  espèce  vit  parasite  sur  la  Cigogne 
blanche  (Ciconia  alba).  (H.  L.) 

*  LIOTHÉIDES.  Liotheidœ.  kexap.  — 
M.  Henri  Denny,  dans  les  Hexapodes  para- 
sites des  Mammifères  et  des  Oiseaux  de  l'An- 
gleterre ,  désigne  sous  ce  nom  une  famille 
de  l'ordre  des  Epizoïques,  qui  renferme  les 
genres  Colpocephalnm,  Menopon,  Nitzschiaf 
Trinoton,  Eureum,  Lœmobolhrium,  Physos- 
tomum,  établis  aux  dépens  des  Liotheum  et 
des  Gyropus.  Voy.  ces  mots.         (H.  L.) 

50 


LIP 


LIP 


LIPAiVGUS,  Boié.  ois.— Section  du  genre 
Gobe-Mouche.  Voy.  ce  mot.  (Z.  G.) 

*LIPARETHRUSouLlPARETRLS  (Xi- 

wapoç,  gras;  -nrpov,  ventre),  ins. — Genre  de 
Coléoptères  pentamères,  famille  des  Lamel- 
licornes, tribu  des  Scarabéides  phyllophages, 
attribué  à  Mac-Leay,  mais  dont  les  caractè- 
res ont  été  publiés  par  M.  Guérin  (Voyage 
de  la  Coquille,  Zoologie,  p.  90,  pi.  3,  fig.  10). 
6  espèces,  toutes  originaires  de  la  Nouvelle- 
Hollande,  font  partie  de  ce  genre;  savoir  : 
L.  convexus  M.-L.,  discipennis  Guér.,  sylvi- 
cola ,  monticola?  de  Fab.,  concolor  d'E- 
richson.  (C.) 

*LIPARETRA.  ins. —Genrede  Coléoptè- 
res pentamères  ,  famille  des  Lamellicornes, 
attribué  à  Kirby  par  M.  Hope,  et  qui  est 
probablement  le  même  que  celui  de  Lipa- 
rethrus.  Voy.  ce  mot.  (C.) 

LIPARIA  (nom  de  pays?),  bot.  ph. — 
Genre  de  la  famille  des  Papilionacées-Lo- 
tées,  établi  par  Linné  {Mant.,  156),  mais 
considérablement  modifié  par  les  botanistes 
actuels,  qui  n'y  rapportent  qu'une  seule 
espèce,  L.  sphœrica  ,  et  placent  les  autres 
dans  le  genre  Priestleya.  Les  Liparia  sont 
des  arbrisseaux  du  Cap  ,  glabres  ,  à  feuil- 
les alternes,  simples,  lancéolées,  multi- 
nervées  ;  à  fleurs  disposées  en  capitules  sub- 
sphériques  et  d'une  teinte  jaunâtre ,  deve- 
nant noire  par  la  dessiccation. 

*LIPARIDES.  Liparides.  ms.— Tribu  de 
la  famille  des  Nocturnes  ,  dans  l'ordre  des 
Lépidoptères  ,  établie  par  M.  Boisduval ,  et 
caractérisée  ainsi  (Calai.  desLépid.  d'Eur.): 
Antennes  fortement  pectinées  dans  les  mâ- 
les ,  faiblement  ou  seulement  dentées  dans 
les  femelles.  Corps  plus  ou  moins  grêle  dans 
les  mâles,  et  très  gros  dans  les  femelles. 
Ailes  à  demi  inclinées  dans  le  repos  ,  tou- 
jours bien  développées,  et  propres  au  vol 
dans  les  mâles,  et  souvent  rudimentaires  ou 
avortées  dans  les  femelles. 

Chenilles  à  poils  raides  et  divergents,  im- 
plantés sur  des  tubercules,  ou  à  poils  sépa- 
rés par  faisceaux  ayant  tantôt  la  forme  de 
brosses  ,  tantôt  celle  de  pinceaux.  Chrysa- 
lides souvent  velues. 

Cette  tribu  comprend  les  genres  Pentho- 
phera,  Liparis,  Leucoma,  Lœlia,  Dasychira, 
Orygia,  Colocasia  et  Clidia.  (J.) 

LIPARIS  (Atîrapôç,  gras),  poiss. — Genre  de 
l'ordre  des  Malacoptérygiens  subbrachiens. 


établi  par  Artédi  aux  dépens  des  Cycloptères, 
et  adopté  par  Cuvier  (Règn.  an.,  t.  XII, 
p.  346).  Il  ne  renferme  qu'une  seule  es- 
pèce ,  Cycl.  Liparis  L. ,  qui  vit  sur  nos  cô- 
tes. Elle  n'a  qu'une  seule  dorsale  assez  lon- 
gue ,  ainsi  que  l'anale  ;  son  corps  est  lisse, 
allongé  et  comprimé  en  arrière. 

LIPARIS  (Xtitapc;,  brillant),  ins.— Genre 
de  l'ordre  des  Lépidoptères  nocturnes,  trihu 
des  Liparides ,  établi  par  Ochseinheimer 
(Schm.  vonEur.,  t.  111,  p.  202),  et  diffé- 
rant des  autres  genres  de  la  même  tribu  par 
des  antennes  assez  longues ,  pectinées ,  à 
rameaux  assez  courts. 

Duponchel  (Cat.  des  Lépid.  d'Eur.)  men- 
tionne 8  espèces  de  ce  genre  réparties  en 
3  sections  ,  nommées  :  Hypogymna  (  Psi- 
lura),  Steph.  :  ailes  marquées  de  lignes  trans- 
verses; Porthesia,  Steph.  :  ailes  blanches; 
anus  jaune;  Leucoma,  Steph.  :  ailes  blan- 
ches; anus  de  la  même  couleur. 

Les  Liparis  sont  répandues  dans  toute 
l'Europe,  principalement  en  France.  Nous 
citerons,  comme  la  plus  commune,  la  Lipa- 
ris chrysorrhœa  (Bombyx  id.  Linn.  ),  vul- 
gairement nommée  Bombyx  cul-brun.  Elle 
a  les  ailes  d'un  blanc  très  pur,  avec  l'ex- 
trémité de  l'abdomen  brune  et  garnie  de 
poils  d'un  fauve  ferrugineux.  La  Chenille  , 
noirâtre,  velue,  tachetée  de  rouge,  vit  par 
masses  sur  les  arbres  fruitiers ,  Pommiers  , 
Poiriers,  etc.,  auxquels  elle  fait  un  dom- 
mage considérable  en  détruisant  prompte- 
ment  les  feuilles  et  les  bourgeons  de  ces  ar- 
bres. Ces  Chenilles  passent  l'hiver  réunies 
dans  une  toile  commune;  ce  n'est  qu'au 
printemps  qu'elles  se  séparent  pour  entre- 
prendre leurs  ravages.  C'est  principalement 
pour  elles  que  la  loi  sur  l'échenillage  a  été 
établie.  (J.) 

LIPARIS  (  Wocco'ç,  visqueux),  bot.  ph. 
—  Genre  de  la  famille  des  Orchidées-Pleu- 
rolhallées  ,  établi  parL.  C.  Richard  (  Orchid. 
Europ.,  30  ,  f.  10),  pour  des  herbes  terres- 
tres ou  épiphytes  qui  croissent  principale- 
ment dans  les  Indes  orientales. 

L'aspect  des  feuilles  a  servi  de  base  à  la 
répartition  des  espèces  de  ce  genre  en  deux 
sections  ,  nommées  :  Sturmia ,  Reichenb  ; 
feuilles  membraneuses,  plissées  (plantes  ter- 
restres); Cestichis,  Thouars  :  feuilles  pres- 
que coriaces  ,  non  plissées  (espèces  épiphy- 
tes). 


LIP 


LIP 


395 


♦LIPARUS ,  Olivier,  ins.  —  Syn.  dé  Mo- 
ntes. (G.) 

*LIPARUS.   MAM.— Voy.  KOALA. 

*LIPEURE.  Lipeurus  (  Miroupoç ,  sans 
queue),  hexap.  —  Genre  de  l'ordre  des  Épi- 
zoïques,  établi  par  Nitzsch  ,  et  dont  les  ca- 
ractères peuvent  être  ainsi  présentés  :  Corps 
plus  ou  moins  étroit,  allongé.  Tête  médiocre, 
le  plus  souvent  étroite ,  à  joues  arrondies 
ou  obtuses;  point  de  trabécules.  Antennes 
des  mâles  ayant  le  premier  article  plus  long 
et  plus  épais  que  les  autres;  le  troisième  ra- 
migère ,  et ,  par  suite ,  plus  ou  moins  chéli- 
forme.  Dernier  anneau  de  l'abdomen  échan- 
cré  en  arrière  chez  les  mâles ,  ou  tronqué , 
ou  presque  entièrement  fendu. 

M.  Nitzsch  a  observé  plusieurs  espèces  de 
ce  sous-genre  sur  des  Gallinacés,  des  Échas- 
siers ,  des  Palmipèdes  et  des  Accipitres 
diurnes  de  grande  taille.  Il  en  cite  11  seu- 
lement; M.  Denny,  dans  sa  Monographia 
anoplurorum  Britanniœ ,  en  a  porté  le 
nombre  à  19.  Le  Lipedre  changeant,  Lipeu- 
rus versicolor  Linn.,  Denny,  peut  être  con- 
sidéré comme  le  type  de  ce  genre.  Cette  es- 
pèce vit  parasite  sur  la  Cigogne  ordinaire 
(Ciconia  alba).  (H.  L.) 

LIPIX.  moll.  —  Nom  sous  lequel  Swain- 
son ,  dans  son  Voyage  au  Sénégal,  décrit 
«ne  espèce  de  Fuseau,  inscrit  par  Linné  sous 
le  nom  de  Murex  afer,  et  par  Lamarck  sous 
celui  de  Fusus  afer.  Voy.  fdseau.      (Desh.) 

LIPOCARPHA  p.iTroxapyrj,  chaume  sans 
nœuds),  bot.  pn.  —  Genre  de  la  famille 
des  Cypéracécs-Hypolytrées,  établi  par  R. 
Brown  (Congo,  p.  459).  Herbes  croissant 
assez  abondamment  dans  les  régions  tropi- 
cales du  globe. 

*LIPOCILETA  (K7roXatTY),  qui  perd  ses 
poils),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Composées-Sénécionidées,  établi  par  De 
€andolle  (Prodr.,  t.  V,  p.  610).  Herbes 
ou  sous-arbrisseaux  du  Mexique  et  des  îles 
Sandwich.  Voy.  composées. 

LIPOMX,  Vieill.  ois.— Syn.  de  Crypto- 
nix,  Temm.  Voy.  roucoul.  (Z.  G.) 

*LÏPOSTOMUS.  bot.  po.—  Genre  de  la 
famille  des  Rubiacées-Hédyotidées,  établi 
par  Don  (m  Edinb.  new.  philos.  Magaz., 
1830).  Herbes  du  Brésil.  Voy.  rubiacées. 

*LIPOSTOME  (Aefww,  manquer;  «ripa, 
bouche),  arach. — Genre  de  l'ordre  des  Acari- 
des, établi  par  M.  Kochsur  des  larves  deTrom- 


bidiens,  et  rapporté  par  M.  P.  Gervais  au 
genre  Trombidium.  (H.  L.) 

LÏPOTRICHE,  Less.  bot.  ph.  —  Syn. 
de  Lipochœta,  DC. 

LIPPIA.  bot.  pu.  —  Genre  de  la  famillo 
des  Verbénacées-Lippiées,  établi  par  Linné 
[Gen.y  n.  781).  Herbes,  arbrisseaux  ou  sous- 
arbrisseaux  croissant  dans  toutes  les  con- 
trées tropicales  du  globe ,  principalement  en 
Amérique. 

Les  espèces  de  ce  genre  ont  été  réparties 
en  deux  sections  ,  nommées  :  Zaprania , 
Juss.  ;  Aloysia,  Orteg. 

*LIPPIÉES.  Lippieœ.  bot.  ph.  —  Tribu 
de  la  famille  des  Verbénacées.  Voy.  ce  mot.  ; 

LIPPISTE.  Lippistes,  Montf.  moll.  —  j 
Une  coquille  fort  singulière  ,  et  excessive-! 
ment  rare  jusqu'ici  dans  les  collections ,  a' 
été  figurée  par  Fichtel ,  dans  ses  Teslacés 
microscopiques  t  sous  le  nom  (VArgonauta 
cornu.  Cette  coquille,  d'un  médiocre  vo- 
lume ,  présente  les  principaux  caractères 
des  Ricinules  ;  mais,  comme  elle  est  trans- 
parente et  vitrée ,  il  serait  possible  qu'elle 
appartînt  à  la  classe  des  Ptéropodes,  et  vien- 
drait avoisiner  les  Limacines  de  Cuvier,  ou 
peut-être  rentrer  dans  ce  genre.     (Desh.) 

LIPURA  (  ht™  ,  je  manque  ;  ovpx  , 
queue),  mam.  —  Illiger  (Prodr.  syst.  Mam. 
et  Av.,  1811)  a  créé  sous  ce  nom  un  genre 
de  Pachydermes  ,  dans  lequel  il  ne  place 
que VHyrax hudsonius  Schreb.  Voy.  daman. 

(E.  D.) 

*LIPURE»  Lipura  (Ymovpoq,  qui  n'a  pas 
de  queue),  ins.  —  Genre  de  l'ordre  des 
Thysanures ,  de  la  famille  des  Podurelles , 
établi  par  Burmeisteraux  dépens  des  Pidura 
des  auteurs.  Dans  cette  coupe  générique,  les 
antennes  sont,  au  nombre  de  quatre,  iné- 
gales, subclavellées;  les  yeux  sont  peu  visi- 
bles, et  au  nombre  de  13  à  28,  placés  sur  les 
côtés  de  la  tête  ;  le  corps  est  divisé  en  neuf 
segments  inégaux;  les  pattes  sont  courtes;  il 
n'y  a  point  d'appendice  saltatoire;  il  y  a  deux, 
crochets  au  dernier  article  de  l'abdomen  eU 
une  rainure  ventrale;  l'organe  rétractile  du 
ventre  est  très  court;  il  y  a  des  mandibules 
et  des  mâchoires,  et  tout  le  corps  paraît  dé- 
pourvu d'écaillés.  Ce  genre,  propre  au  nord 
de  l'Europe,  se  compose  de  trois  espèces, 
dont  la  Lipure  marcheuse,  Lipura  ambu- 
lans  Degeer  (Gerv.,  Ilist.  nat.  des  Ins. 
apt.,  t.   111,   441,  n.  87,  pi.    50,  fig.  2, 


396 


LIQ 


peut  être  regardé  comme  le  type  de  cette 
coupe  générique.  Cette  espèce,  qui  n'est  pas 
rare  dans  les  environs  de  Paris,  vit  sur  la 
terre  végétale,  un  peu  humide,  sous  les 
plantes  et  les  pierres ,  ne  saute  pas.  Lors- 
qu'on l'inquiète  ,  elle  se  roule  en  boule  en 
rapprochant  l'extrémité  de  son  abdomen  de 
la  tête.  On  voit  alors  ses  deux  petites  pointes 
terminales,  dont  elle  semble  vouloir  se 
faire  un  moyen  de  défense.         (H.  L.) 

* LIPURUS  (Xciiru  ,  je  manque;  ovpa, 
queue),  mam.  —  Groupe  de  Marsupiaux  in- 
diqué par  M.  Goldfuss  (Isis,  1819).  (E.  D.) 

LIQUIDAMBAR.  Liquidambar  (  liquida 
ambar,  ambre  liquide),  bot.  ph. — Ce  genre 
appartenait  d'abord  à  la  grande  famille  des 
Amentacéesde  Jussieu;  dans  le  démembre- 
ment de  ce  vaste  groupe,  il  est  devenu  le 
type  de  la  petite  famille  des  Balsamifluées 
de  M.  Blume,  qu'il  constitue  encore  à  lui 
seul;  il  est  rangé  dans  la  monœcie  polyan- 
drie, dans  le  système  sexuel  de  Linné.  Les 
végétaux  qui  le  composent  sont  des  arbres 
de  taille  moyenne,  à  feuilles  alternes  ,  pé- 
tiolées,  entières  ou  lobées,  accompagnées 
de  stipules;  leurs  fleurs  sont  réunies  en 
chatons,  dont  les  mâles  sont  plus  ou  moins 
coniques,  dont  les  femelles  sont  plus  courts 
et  globuleux,  situés  plus  bas,  portés  par  des 
pédoncules  plus  longs,  à  l'extrémité  desquels 
ils  pendent;  les  uns  et  les  autres  sont  en- 
tourés à  leur  base  par  un  involucre  caduc, 
de  quatre  folioles.  Les  chatons  mâles  se  com- 
posent d'un  grand  nombre  d'étamines,  in- 
sérées sur  un  axe  commun,  formées  d'une 
anthère  presque  sessile  ;  les  fleurs  qui  con- 
stituent le  chaton  femelle  présentent  une 
sorte  de  calice  formé  de  petites  écailles  qui 
entourent  l'ovaire,  soudées  les  unes  aux 
autres,  prenant  de  l'accroissement  après  la 
floraison;  leur  ovaire  est  à  deux  loges,  qui 
contiennent  des  ovules  nombreux;  il  se  ter- 
mine par  deux  styles  subulés.  Les  fruits 
qui  leur  succèdent  sont  des  capsules  bilo- 
bées,  à  2  loges,  réunies  en  une  sorte  de 
cône,  s'ouvrant  entre  les  deux  styles  pour 
laisser  sortir  les  graines,  qui  sont  en  petit 
nombre. 

L'espèce  la  plus  connue  de  ce  genre  est  le 
Ziqdidambar  résineux,  Liquidambar  styraci- 
flua  Lin.  C'est  un  arbre  de  l'Amérique  sep- 
tentrionale, que  l'on  trouve  de  la  Nouvelle- 
Angleterre  à  la  Floride.  Il  s'élève  en  moyenne 


LIQ 

de  12  à  15  mètres;  son  tronc  est  générale- 
ment fort,  proportionnellement  à  sa  hauteur, 
et  il  acquiert  souvent  des  dimensions  consi- 
dérables; il  est  formé  d'un  bois  blanc,  dur, 
à  grain  fin,  qui  est  propre  à  la  menuiserie. 
Ses  feuilles  ont  un  pétiole  allongé,  arrondi, 
accompagné  à  sa  base  de  deux  petites  stipu- 
les caduques  ;  elles  sont  en  cœur  à  leur  base, 
divisées  en  cinq  grands  lobes  aigus,  dentées 
en  scie  sur  leurs  bords,  portant  à  leur  face 
inférieure  quelques  poils  blancs  aux  points 
de  bifurcation  des  nervures.    Les  chatons 
mâles  sont  globuleux,  à  étamines  courtes, 
ramassées  au  sommet  des  branches;  les  fe- 
melles sont  également  globuleux ,  pendants 
à  l'extrémité  de  longs  pédoncules  axillaires. 
Les  bourgeons  et  les  jeunes  branches  de  cet 
arbre  ont  une  odeur  agréable  qu'on  retrouve 
dans  ses  feuilles  en  les  froissant  entre  les 
doigts.  Cette  odeur  est  due  à  une  substance 
balsamique  connue  sous  les  noms  de  Styrax, 
Styrax  liquide,  Baume  copalrne,  Copalme 
liquide,  Storax  fluide,  etc.  Cette  substance 
coule  spontanément  par  les  incisions  qu'on 
fait  à  l'écorce.  Elle  est  alors  très  odorante, 
en  consistance  de  miel,  peu  colorée,  et  porte 
plus  particulièrement  le  nom  de  Liquidam- 
bar blanc;  son  odeur  est  celle  de  l'acide 
benzoïque;  sa  saveur  est  amère  et  acre; 
mais  celle  qu'on  se  procure  ainsi  est  très 
rare  et  ne  se  trouve  même  plus  dans  le 
commerce.  Plus  habituellement  on  l'obtient 
en  faisant  bouillir  les  jeunes  branches,  dans 
lesquelles  elle  existe  en  plus  grande  quan- 
tité que  dans  les  autres   parties;  dans  ce 
dernier  cas,  elle  est  moins  odorante  et  plus 
colorée;  c'est  dans  cet  état  qu'on  la  trouve 
dans  le  commerce,  et  qu'on  lui  donne  les 
divers  noms  que  nous  avons  rapportés.  Cette 
substance  était  fréquemment  employée  au- 
trefois pour  la  parfumerie;    mais  elle  est 
presque  abandonnée  aujourd'hui.  Quant  à 
ses  propriétés  médicinales,  elle  est  regardée 
comme  cordiale,  stomachique,  diaphoréti- 
que;  on  l'administre  assez  rarement  aujour- 
d'hui à  l'intérieur,  mais  plus  fréquemment 
à  l'extérieur. 

M.  Blume  a  fait  connaître  dans  ces  der- 
nières années,  et  décrit,  sous  le  nom  de  Li- 
quidambar allingiana,  une  autre  espèce  du 
même  genre  dont  les  feuilles  sont  en  cœur 
à  leur  base,  ovales-lancéolées,  dentées  sur 
leurs  bords,  qui  croît  à  une  hauteur  de  70U 


L1R 


LIS 


397 


à  1000  mètres  dans  l'île  de  Java,  où  elle 
porte  le  nom  de  Rosa  malla;  cet  arbre  four- 
nit également  un  suc  balsamique,  qui  con- 
stitue le  vrai  Slorax  liquide  d'Orient,  qu'on 
emploie  fréquemment  dans  l'Inde.  A  l'état 
frais,  cette  substance  a  la  consistance  et  la 
couleur  du  miel;  elle  devient  ensuite  plus 
blanche  et  transparente.  Il  parait  qu'elle 
arrive  d'abord,  de  Java  et  de  l'Inde,  en  Perse 
tt  en  Arabie ,  et  que  de  là  on  en  transporte 
fine  certaine  quantité  en  Europe.     (P.  D.) 

LIQLIRITIA,  Mœnch.  bot.  ph.  —  Syn. 
de  Glycyrhiza,  Tournef. 

LIRCEUS.  crust.  —  Ce  genre ,  qui  ap- 
partient à  Tordre  des  Isopodes,  a  été  établi 
ipar  Rafinesque  d'après  un  petit  Crustacé 
Ad'eau  douce  qui  se  trouve  aux  États-Unis 
d'Amérique  ,  et  qui  paraît  appartenir  à  la 
tribu  des  Asellotes  homopodes.  Mais  ce 
genre  parait  être  trop  imparfaitement  connu 
pour  qu'on  puisse  l'adopter.  (H.  L.) 

LIRELLE.  Lirella.  bot.  cb.  —  Voy.  tha- 
lamilm  à  l'article  lichens. 

Lllil.  moll.  —  Adanson  nomme  ainsi 
une  petite  coquille  qu'il  range  dans  son  g. 
Lepa.  Gmelin  l'a  inscrite  dans  la  13e  édi- 
tion du  Systema  naturœ,  sous  le  nom  de 
Patella  perversa;  mais  cette  coquille  étant 
irrégulière  ne  peut  rester  parmi  les  Patelles, 
et  elle  doit  faire  partie,  soit  des  Cabochons, 
soit  des  Siphonaires.   Voy.  ces  mots. 

(Desh.) 

*LIIUA.  moll.— M.  Gray  ayant  reconuu 
au  Liri  d'Adanson  des  caractères  qui  l'éloi- 
gnent  des  autres  genres  connus ,  a  proposé 
pour  lui  le  g.  Liria,  dans  lequel  il  ajoute 
aussi  le  Pileopsis  garnotide  M.  Payraudeau. 
D'après  cela,  le  g.  Liria  ne  serait  qu'un 
double  emploi  des  Siphonaires,  car  nous 
avons  vu  l'animal  que  la  dernière  espèce 
mentionnait,  et  il  ne  diffère  en  rien  de  ce- 
lui des  Siphonaires.  Voy.  ce  mot.     (Desh.) 

*LIRIANTHE ,  Sp.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Magnolia,  Linn. 

LIRICOMTE,  James,  min.  —  Voy.  liro- 

CONITE. 

LIRIODENDRON.  bot.  ph.  —  Voy.  tu- 
lipier. 

*LIRIOPE(nom  mythologique),  acal.  — 
Genre  de  Médusaires  établi  par  M.  Lesson 
dans  son  Hist.  des  Acalèph.,y.  331.  Il  com- 
prend deux  espèces  de  la  Méditerranée. 

(P.  G.) 


*LIRIOPE  (nom  mythologique),  cri  i. 
—  Genre  de  l'ordre  des  Amphipodes,  éta- 
bli par  M.  Rathke  dans  le  tom.  XX  (1843) 
des  Nov.  act.  Curios.,  p.  60,  et  dont  la 
seule  espèce  connue  est  le  Liriope  pygmœa 
Rath.  (H.  L.) 

*LIRIOPSIS,  Sp.  bot.  ph.— Syn.  deilfa- 
gnolia,  Linn. 

LIRIOZOA.  polyp. — Voy.  tulipaire. 

L1ROCONITE  ouLIROKOMTE  (Xetpo'ç, 
pâle  ;  xo'vcs,  poussière),  min.  —  Cuivre  arsé- 
niaté  bleu  ou  vert,  en  octaèdre  rectangu- 
laire obtus  ;  le  Linsenerz  des  minéralogistes 
allemands.  Voy.  cuivre  arséniaté.      (Del.) 

LIRON.  mam.  —  Synonyme  de  Lérot. 
Voy.  loir. 

LIS.  Lilium  (  On  a  cherché  l'étymologie 
de  Lilium  dans  le  mot  celtique  li,  qui  si- 
gnifle  blanc,  à  cause  de  la  blancheur  des 
fleurs  de  l'espèce  la  plus  anciennement  con- 
nue), bot.  ph.  —  Beau  genre  de  la  famille 
des  Liliacées,  à  laquelle  il  donne  son  nom, 
de  lhexandrie  monogynie  dans  le  système 
sexuel  de  Linné.  Les  végétaux  qui  le  com- 
posent sont  pourvus  d'un  bulbe  écailleux  , 
d'une  tige  simple,  droite,  feuillée  ,  por- 
tant au  sommet  une  ou  plusieurs  fleurs 
toujours  remarquables  par  leur  beauté  , 
et  le  plus  souvent  par  leur  grandeur.  Ces 
fleurs  présentent  un  périanthe  corollin  , 
formé  de  6  pièces  distinctes,  souvent  rétré- 
cies  à  leur  base  en  un  long  onglet,  étalées 
à  leur  partie  supérieure  ou  même  révolu- 
tées,  creusées,  à  leur  face  interne  et  dans 
leur  partie  inférieure,  d'un  sillon  médian  où 
s'opère  une  sécrétion  de  matière  sucrée  ;  ce 
sillon  est  nu  ou  cilié,  et  comme  frangé  sur 
ses  bords.  Sixétamines  s'insèrent  à  la  base 
du  périanthe;  leurs  filets  sont  subulés  au 
sommet;  leurs  anthères  sont  linéaires,  ob- 
tuses ou  échancrées  à  leur  extrémité;  elles 
s'ouvrent  par  deux  fentes  longitudinales. 
Leur  pistil  se  compose  d'un  ovaire  libre , 
prismatique,  généralement  à  trois  angles, 
à  trois  loges,  renfermant  chacune  de  nom- 
breux ovules  en  deux  séries  longitudinales  ; 
d'un  style  terminal,  cylindrique,  surmonté 
d'un  stigmate  épais,  trilobé.  Le  fruit  qui  suc- 
cède à  ces  fleurs  est  une  capsule  presque  co- 
riace, à  6  angles  longitudinaux,  obtuse  et 
déprimée  au  sommet,  un  peu  resserrée  à  sa 
base,  à  3  loges,  s'ouvrant  en  trois  valves 
par  déhiscence  loculicide,  sans  laisser  déco- 


398 


LIS 


LIS 


lumelle  à  son  centre;  les  graines  qu'elle  ren- 
ferme sont  nombreuses,  bordées  d'une  aile 
large. 

La  révision  la  plus  récente  du  genre  Lis, 
celle  de  M.  Kunth  (Enumer.  plantai'.,  t.  IV, 
p.  256),  renferme  la  description  de  34  es- 
pèces. Ces  plantes  sont  tellement  remar- 
quables par  la  beauté  de  leurs  fleurs ,  que 
toutes,  sans  exception,  mériteraient  d'être 
cultivées  comme  plantes  d'ornement;  il  ne 
faut  donc  s'étonner  nullement  d'en  rencon- 
trer fréquemment  dans  les  jardins  environ 
ïa  moitié  de  ce  nombre.  Nous  ne  pouvons 
«lès  lors  nous  dispenser  de  faire  connaître 
ici  les  plus  connues  de  ces  espèces  en  les 
rapportant  aux  divisions  qui  ont  été  établies 
dans  ce  genre. 

A.  Martagon. 
Folioles  du  périanthe  sessiles  ou  non  ré- 
trécies  en  onglet  à  leur  base  ,  révolutées. 

1.  Lis  Martagon,  Lilium  martagon  Lin. 
Cette  espèce,  qui  a  donné  par  la  culture 
plusieurs  belles  variétés  très  répandues  , 
croît  spontanément  dans  les  montagnes  de 
l'Europe  moyenne  et  méridionale,  ainsi  que 
dans  l'Altaï.  Sa  tige  est  droite,  simple,  lui- 
sante, généralement  tachetée,  haute  d'en- 
viron 1  mètre;  ses  feuilles  sont  verticillées, 
ovales-lancéolées,  aiguës  au  sommet;  ses 
fleurs  se  développent  en  juillet  et  août  ;  elles 
forment  une  grappe  lâche;  elles  sont  pen- 
chées; leur  périanthe,  ordinairement  pu- 
bescent  à  sa  face  externe  ,  est  tacheté  de 
points  pourpre  foncé  ou  noirs  ;  sa  couleur 
est  rougeâtre  dans  le  type;  mais,  par  la 
culture,  elle  est  devenue,  dans  certaines  va- 
riétés, blanchâtre  ou  tachetée  de  pourpre  ; 
on  en  possède  aussi  une  variété  à  fleurs  dou- 
bles. L'odeur  de  ces  fleurs  est  peu  agréable. 
La  capsule  qui  leur  succède  est  obovée ,  à 
6  angles  bordés  supérieurement  d'une  pe- 
tite crête  membraneuse.  On  cultive  le  Lis 
martagon  en  terre  de  bruyère.  Dans  le  nord 
de  la  France,  il  est  bon  de  le  couvrir  pen- 
dant l'hiver. 

2.  Lis  superbe,  Lilium  superbum  Linn. 
Cette  belie  espèce ,  qui  porte  aussi,  dans  les 
jardins,  le  nom  de  Lis  martagon  du  Canada, 
croît  spontanément  dans  les  parties  argileu- 
ses, humides,  de  l'Amérique  septentrionale, 
depuis  le  Canada  jusqu'à  la  Virginie.  Sa 
tige  s'élève  à  2  mètres,  et  quelquefois  plus  ; 


elle  est  droite  et  de  couleur  violacée  ;  ses 
feuilles  inférieures  sont  verticillées ,  les  su- 
périeures éparsqs  et  plus  grandes;  elles 
sont  lancéolées ,  acuminées ,  marquées  de 
trois  nervures ,  glabres.  Ses  fleurs  sont  ren- 
versées ,  d'un  bel  orangé  rouge ,  tachetées 
de  points  pourpres-bruns ,  à  périanthe  ré- 
voluté;  elles  sont  de  grandeur  moyenne', 
souvent  réunies  au  nombre  de  trente  à  qua- 
rante en  une  magnifique  grappe  pyramidale. 
Cette  belle  espèce  se  cultive  en  terre  de 
bruyère;  elle  passe  l'hiver  en  plein  air;  ce- 
pendant on  recommande  de  la  garantir  des 
grands  froids.  On  la  multiplie ,  soit  par  ses 
cayeux,  qu'on  détache  tous  les  trois  ou  qua- 
tre ans ,  soit  par  les  écailles  de  son  bulbe. 

3.  Lis  tigré  ,  Lilium  tigrinum  Gawl. 
Cette  espèce  est  originaire  de  Chine  et  du 
Japon.  Sa  tige  s'élève  de  1  mètre  à  1  mètre 
1/2;  elle  est  de  couleur  violacée  et  revêtue 
de  poils  laineux;  ses  feuilles  sont  éparses, 
lancéolées-étroites,  et  portent  des  bulbilles 
noirâtres  à  leur  aisselle;  ses  fleurs  ,  qui  se 
développent  au  mois  de  juillet ,  sont  très 
grandes ,  réunies,  en  nombre  qui  s'élève 
quelquefois  jusqu'à  quarante,  en  une  grappe 
paniculée;  leur  couleur  est  rouge-minium, 
parsemée  intérieurement  de  points  noirs  et 
pourpre  foncé  ;  leur  périanthe  présente  à  sa 
face  interne  ,  vers  sa  base  ,  des  caroncules 
ou  papilles  jaunâtres;  ses  folioles  sont  ré- 
volutées. Cette  belle  plante  réussit  très  bien 
dans  nos  climats  ,  en  pleine  terre  légère. 

4.  Lis  pompon,  Lilium pomponium  Linn. 
Cette  espèce  est  également  connue  sous  le 
nom  de  Lis  turban  ;  elle  croît  naturellement 
en  Sibérie,  dans  l'Orient;  on  l'a  indiquée 
comme  croissant  près  de  Nice,  en  Provence, 
et  même  dans  les  Pyrénées  ,  où  elle  n'a  été 
pourtant  rencontrée,  à  notre  connaissance, 
par  aucun  botaniste  moderne.  Sa  tige  est 
haute  de  5  ou  6  décimètres  ,  droite  ,  abon- 
damment chargée  de  feuilles  éparses ,  éta- 
lées ,  lancéolées-linéaires  ,  aiguës  ,  ciliées , 
diminuant  peu  à  peu  vers  le  haut  de  la 
plante.  Ses  fleurs  sont  pendantes,  de  gran- 
deur moyenne,  à  périanthe  révoluté  ,  d'un 
rouge  ponceau  très  beau  ,  généralement  au 
nombre  de  trois  ou  quatre.  La  capsule  est 
bordée  à  ses  angles ,  dans  sa  partie  supé- 
rieure ,  d'une  membrane  fort  étroite.  Le 
Lis  pompon  se  cultive  en  pleine  terre  légère 
et  dans  une  exposition  un  peu  couverte. 


LIS 

5.  Lis  des  Pïbénées,  Lilium  pijrenaicum 
Gouan.  Cette  plante  ressemble  assez  à  la 
précédente,  dont  elle  se  distingue  par  ses 
feuilles  bordées  de  blanc;  par  ses  fleurs 
jaunâtres,  parsemées  de  points  noirâtres, 
à  anthères  d'un  rouge  vif.  Ces  fleurs  exha- 
lent une  odeur  de  bouc  très  forte  et  très 
désagréable.  Cette  espèce  croît  dans  les  Py- 
rénées. On  la  cultive  en  pleine  terre  ou  en 
terre  de  bruyère  mélangée. 

B.  Pseudolîrion. 

Périanthe  campanule  à  folioles  rétrécies 
en  onglet  à  leur  base,  conniventes. 

6.  Lis  de  Philadelphie,  Lilium  philadel- 
hicum  Lin.  Jolie  espèce  qui  croît  dans  les 
forêts  et  dans  les  prés  de  l'Amérique  septen- 
trionale, du  Canada  jusqu'à  la  Caroline.  Sa 
tige  s'élève  à  environ  6-7  décimètres  ;  elle 
porte  des  feuilles  verticillées  par  quatre  ou 
cinq,  ovales-oblongues  ;  elle  se  termine  par 
une  ou  plusieurs  fleurs  dressées,  de  forme 
campanulée,  de  couleur  rouge-orangée;  leur 
fond  jaune  parsemé  de  points  noirs.  On  la 
cultive  en  terre  de  bruyère  mélangée  et 
dans  des  pots  enterrés,  afin  de  retrouver  les 
cayeuï,  qui  sont  fort  petits. 

C.   Eulirion. 

Périanthe  à  folioles  sessiles,  campanule. 

7.  Lis  bulbifère,  Lilium  bulbiferum  Lin. 
Cette  espèce  croît  dans  les  parties  moyennes 
et  méridionales  de  l'Europe  ;  elle  est  aujour- 
d'hui très  répandue  dans  les  jardins,  où  elle 
réussit  avec  la  plus  grande  facilité  dans 
toute  terre  et  à  toute  exposition.  Sa  tige  s'é- 
lève jusqu'à  1  mètre;  elle  est  brunâtre,  et 
porte  des  feuilles  éparses  ,  linéaires-lancéo- 
lées, à  l'aisselle  desquelles  se  développent  le 
plus  souvent  des  bulbilles  d'un  vert  foncé  et 
sessiles.  Ses  fleurs  se  montrent  vers  la  fin  du 
mois  de  mai;  elles  sont  peu  nombreuses, 
grandes,  de  couleur  rouge-orangé,  pubescen- 
tes  à  leur  face  externe,  présentant  à  leur  face 
interne  des  caroncules  ou  des  papilles  sail- 
lantes et  plus  colorées.  Sa  capsule  est  oblon- 
gue,  à  sixangles ,  obtuse  et  déprimée  au  som- 
met, rétrécie  et  turbinée  à  la  base  ;  ses  angles 
sont  bordés  à  leur  partie  supérieure  d'une 
membrane  étroite.  On  en  possède  quelques 
variétés  à  fleurs  doubles,  à  feuilles  panachées. 
Od  peut  la  multiplier  par  ses  bulbilles;  les 


LIS 


399 


pieds  qui  en  proviennent  fleurissent  la  qua- 
trième année. 

8.  Lis  orangé,  Lilium  croceum  Chaix.  La 
patrie  de  cette  espèce ,  aujourd'hui  fort  ré- 
pandue dans  nos  jardins,  paraît  être  l'Italie. 
Sa  culture  est  également  sans  difficultés.  Ses 
feuilles  sont  éparses,  marquées  de  cinq  ner- 
vures, jamais  accompagnées  de  bulbilles.  Ses 
fleurs,  de  couleur  orangée,  sont  marquées  in- 
térieurement de  taches  noires.  Sa  capsule 
est  pyriforme,  ailée  à  ses  six  angles,  courte 
proportionnellement  à  sa  longueur.  Cette 
plante  ressemble  à  la  précédente,  de  laquelle 
eile  se  distingue  par  la  forme  et  les  caractè- 
res de  sa  capsule,  par  sa  fleur  plus  petite  et 
plus  pâle,  plus  ouverte,  à  folioles  plus  étroi- 
tes, plus  rétrécies  à  leur  base. 

9.  Lis  blanc,  Lilium candidum  Lin.  Cette 
espèce,  la  plus  connue  et  la  plus  répandue 

!  de  toutes,  est  originaire  du  Levant;  on  l'in- 
dique aussi  comme  croissant  spontanément 
dans  quelques  parties  de  l'Europe,  comme  la 
Morée ,  la  Sardaigne,  même  la  Suisse  et  le 
Jura;  il  est  cependant  très  probable  qu'elle 
n'est  que  naturalisée  dans  ces  deux  dernières 
localités.  Sa  tige  s'élève  à  environ  1  mètre; 
elle  va  régulièrement  en  diminuant  de  gros- 
seur de  la  base  au  sommet;  ses  feuilles  sont 
éparses,  ondulées  sur  leurs  bords,  diminuant 
progressivement  de  grandeur  du  bas  vers  le 
haut;  elles  sont  lancéolées  en  coin  dans  le 
bas,  linéaires-lancéolées  vers  le  haut,  ovales- 
lancéolées  dans  la  partie  supérieure  de  la 
tige;  ses  fleurs,  que  tout  le  monde  connaît, 
sont  campanulées,  lisses  et  glabres  à  leur 
surface  interne;  le  style  présente  trois  sil- 
lons au-dessous  du  stigmate.  On  possède 
quelques  variétés  de  cette  belle  espèce  ;  l'une 
à  fleurs  marquées  extérieurement  de  lignes 
rouges,  ce  qui  lui  fait  donner  vulgairement 
le  nom  de  Lis  ensanglanté  ;  une  seconde,  fort 
remarquable,  à  fleurs  imparfaites,  et  présen- 
tant à  la  partie  supérieure  de  sa  tige  une 
grande  quantité  de  folioles  pétaloïdes  ;  une 
troisième,  à  feuilles  panachées,  etc.  Le  Lis 
blanc  ou  Lis  commun  réussit  sans  peine  en 
pleine  terre  dans  les  jardins;  on  le  multiplie 
par  ses  cayeux  qu'on  sépare  tous  les  trois  ou 
quatre  ans  lorsque  les  feuilles  sont  dessé- 
chées, et  qu'on  remet  aussitôt  en  terre.  Son 
bulbe  a  une  saveur  légèrement  piquante  et 
amère,  qui  disparaît  par  la  cuisson;  cuit,  il 
devient  comme  pulpeux,  doux  et  sucré  ;  sous 


400 


LIS 


LIS 


ce  dernier  état,  il  est  utilisé  comme  aliment 
dans  quelques  parties  de  l'Asie ,  ainsi  que 
celui  de  quelques  autres  espèces  du  même 
genre.  Cuit  sous  la  cendre  ou  après  avoir 
bouilli  longtemps,  soit  dans  l'eau,  soit  dans 
le  lait,  il  est  employé  comme  émollient  et 
maturatif.  Avec  les  folioles  du  périanthe,  on 
prépare  une  huile  qui  a  quelques  usages  en 
médecine,  comme  adoucissant;  on  l'obtient 
en  faisant  macérer  ces  folioles  dansde  l'huile 
d'amandes  douces  ou  d'olive.  Tout  le  monde 
connaît  l'odeur  des  fleurs  de  cette  plante  ; 
les  parfumeurs  réussissent  à  recueillir  l'arôme 
qui  la  produit,  et  ils  s'en  servent  pour  di- 
verses préparations. 

D.   Cardiocrinum. 

Périanthe  campanule,  à  folioles  conniven- 
tes,  non  rétrécies  en  onglet,  présentant  leur 
sillon  nectarifère  presque  élargi  en  sac  à  leur 


10.  A  cette  section  se  rapporte  leLilium 
giganteum  Wall.,  sur  lequel  nous  ne  dirons 
que  quelques  mots.  C'est  une  magnifique 
espèce  du  Népaul  à  tige  très  élevée,  à  gran- 
des feuilles  ovales ,  qui  portent  huit  ou  dix 
fleurs  blanches,  teintées  de  vert  en  dehors , 
roussâtres  en  dedans,  d'une  odeur  agréable, 
longues  d'environ  2  décimètres.  Ce  serait 
une  très  belle  acquisition  pour  nos  cultures 
européennes.  (P.  D.) 

On  a  encore  donné  le  nom  de  Lis  à  des 
plantes  de  genres  et  de  familles  différents; 
nous  citerons  les  principales.  Ainsi  l'on  a 
appelé  : 

Lis  asphodèle,  les  Hémérocalles  et  leCrt- 
num  americanum  ; 

Lis  épineux  ,  le  Catesbœa  spinosa; 

Lis  d'étang  ,  le  Nymphœa  alba; 

Lis  des  Incas,  YAlstrœmeria  lichtu; 

Lis  Jacinthe,  le  Scilla  lilio-hyacinthus; 

Lis  dd  Japon,  Y  Amaryllis  sarniensis  et 
YUvaria  Japonica; 

Lis  de  mai  ,  le  Convallaria  majalis, 

Lis  des  marais  ,  les  Iris  ; 

Lis  de  Mathiole  ,  le  Pancratium  mariti- 
mum; 

Lis  du  Mexique,  Y  Amaryllis  belladona; 

Lis  Narcisse  ,  Y  Amaryllis  atamasco  et  le 
Pancratium  marilimum  ; 

Lis  orangé,  Y Hemerocallis  fulva; 

Lis  de  Perse  ,  le  Fritillaria  Persica; 


Lis  de  Saint-Bruno,  le  Phalangium  lilias- 
trum  ; 

Li«  de  Saint-Jacques,  Y  Amaryllis  formo- 
sissima  ; 

Lis  de  Saint-Jean,  le  Glayeul  commun  ; 

Lis  de  Surate,  Y  Hibiscus  suratensis; 

Lis  des  teinturiers,  la  Gaude  et  la  Lysi- 
machie  vulgaire; 

Lis  turc,  l'Ixie  de  la  Chine; 

Lis  des  vallées  ,  le  Convallaria  majalis , 

Lis  vermeil,  les  Hémérocalles; 

Lis  vert  ,  le  Colchicum  autumnale. 

LISEROLLE.  bot.  ph.  —  Nom  vulgaire 
des  espèces  du  g.  Evolvulus. 

LISERON,  bot.  ph.  —  Pris  dans  son 
application  la  plus  exacte,  ce  mot  corres- 
pond au  grand  genre  Convolvulus  de  Tour- 
nefort  et  de  Linné  ;  mais,  dans  l'usage  ordi- 
naire, il  a  une  signification  encore  plus  éten- 
due, puisqu'on  le  donne  vulgairement  à 
une  espèce  du  genre  Ipomœade  Tournefort 
et  de  Linné,  espèce  aujourd'hui  cultivée  par- 
tout dans  les  jardins ,  sur  les  fenêtres,  etc., 
que  M.  Choisy  range  maintenant  dans  son 
genre  Pharbitis,  sous  le  nom  de  Pharbitis 
hispida  Choisy.  Cette  espèce  est  le  Volubilis 
des  jardiniers.  Voy.  pharbitis. 

Le  genre  Convolvulus,  Tourn.,  Lin. ,  au- 
quel appartient  proprement  la  dénomination 
française  de  Liseron  ,  formait  un  groupe 
extrêmement  considérable  que  les  travaux 
des  botanistes  modernes,  et  particulière- 
ment de  M.  Choisy,  ont  beaucoup  modifié 
et  subdivisé.  Des  genres  nombreux  ont  été 
établis  à  ses  dépens,  et,  par  suite,  le  groupe 
des  Convolvulus  proprement  dits  s'est  trouvé 
fortement  restreint.  Certains  de  ces  genres 
avaient  déjà  été  proposés  et  adoptés  lorsque 
les  premiers  volumes  de  ce  Dictionnaire  om 
été  publiés;  cependant  ils  ont  été  entière- 
ment passés  sous  silence,  ou  ont  été  l'objet 
d'articles  évidemment  insuffisants;  d'au- 
tres n'ont  été  établis  définitivement  que 
dans  le  travail  monographique  relatif  à  la 
famille  des  Convolvulacées,  que  M.  Choisy 
a  publié  dans  le  volume  IX  du  Prodromus. 
Pour  ces  motifs,  nous  croyons  devoir  don- 
ner ici,  sous  la  dénomination  générale  de 
Liseron,  un  article  général  sur  le  grand 
genre  Convolvulus  pris  dans  son  acception 
linnéenne,  en  nous  arrêtant  aux  genres  qui 
auraient  dû  trouver  place  dans  les  parties 
déjà  publiées  de  cet  ouvrage,  et  qui  mériten  t 


LIS 

•ne  attention  particulière  à  cause  de  cer- 
taines des  espèces  qu'ils  renferment. 

A.  Liseron.  Convolvulus,  Lin.  (Choisy, 
Prodr.,  tom.  IX,  pag.  399). 

Ce  genre,  quoiqu'ayant  fourni  récem- 
ment à  l'établissement  de  plusieurs  autres, 
et  restreint  dès-lors  dans  des  limites  beau- 
coup plus  étroites,  renferme  cependant  en- 
core au  moins  120  espèces.  Il  se  compose 
de  plantes  herbacées  ou  frutescentes  ,  dont 
la  fleur  présente  un  calice  à  cinq  sépales 
soudés  entre  eux  à  leur  base;  une  corolle 
campanulée;  un  pistil  formé  d'un  ovaire  à 
deux  loges  renfermant  chacune  deux  ovules, 
d'un  seul  style  et  de  deux  stigmates  linéai- 
res-cylindriques. A  cet  ovaire  succède  une 
capsule  à  deux  loges.  Parmi  les  espèces  de 
Convolvulus ,  il  en  est  quelques  unes  qui 
méritent  de  fixer  quelques  instants  l'atten- 
tion ;  ce  sont  les  suivantes  : 

I.  Liseron  scammonée,  Convolvulus  scam- 
monia  Lin.  Cette  espèce  habite  la  région 
méditerranéenne  et  l'Asie-Mineure.  Sa  tige 
est  glabre,  voluble;  ses  feuilles  sont  has- 
tées ,  tronquées  j  leur  partie  postérieure  , 
présentant  deux  oreillettes  entières  ou  laci- 
niées  ;  ses  fleurs  sont  jaunes,  marquées  ex- 
térieurement de  cinq  bandes  purpurines, 
larges  d'environ  3  centimètres  :  elles  sont 
portées  au  nombre  de  trois  ou  davantage 
sur  un  long  pédoncule;  leur  calice  est  co- 
loré ,  à  sépales  ovales  ,  obtus  et  légèrement 
mucronés  au  sommet ,  les  extérieurs  étant 
un  peu  plus  petits  que  les  autres. 

Le  Liseron  scammonée  fournit  une 
gomme-résine  connue  sous  le  nom  de  Scam- 
monée. C'est  surtout  dans  l'Asie  méditerra- 
néenne qu'on  l'obtient  en  assez  grande 
quantité  pour  en  faire  un  objet  de  com- 
merce. Pour  l'obtenir,  on  emploie  deux 
procédés  dont  l'un  donne  la  qualité  supé- 
rieure qui  n'arrive  guère  en  Europe  et  qui 
est  consommée  sur  place,  dont  l'autre 
donne  les  qualités  ordinaires  qu'on  emploie 
en  médecine;  dans  le  premier  de  ces  pro- 
cédés, on  coupe,  dit-on ,  la  tige  un  peu  au- 
dessus  du  collet,  et  l'on  creuse  une  cavité 
dans  la  substance  même  de  la  racine  qui 
est  longue  et  assez  volumineuse;  dans  cette 
cavité  vient  se  ramasser  un  suc  laiteux,  qui 
•'est  autre  que  la  gomme-résine;  ce  suc 
t.  vu. 


LIS 


401 


est  recueilli  et  desséché;  il  donne  la  Scam- 
monée de  premier  choix  ou  de  première 
goutte.  Dans  le  second  procédé,  on  écrase 
et  Ton  presse  la  racine  pour  en  obtenir  le 
suc,  qu'on  fait  ensuite  évaporer  à  une  douce 
chaleur;  on  obtient  ainsi  la  Scammonée  de 
deuxième  choix  ou  de  deuxième  goutte,  qui 
est  connue  dans  le  commerce  sous  le  nom  de 
Scammonée  d'Alep.  Les  analyses  de  Vogel  et 
deBouillon-Lagrangeont  montréquela  Scam- 
monée d'Alep  renferme,  sur  100  parties, 
60  de  résine ,  3  de  gomme  ,  2  d'extrait  et 
35  de  débris  végétaux.  La  Scammonée  a  des 
propriétés  médicinales  qui  la  faisaient  esti- 
mer des  anciens  à  un  très  haut  degré;  au- 
jourd'hui elle  est  moins  fréquemment  em- 
ployée; elle  constitue  un  purgatif  drastique 
dont  l'action  se  prononce  en  très  peu  de 
temps,  et  qui,  pris  à  haute  dose,  irrite  for- 
tement la  muqueuse  intestinale;  aussi 
l'emploie-t-on  le  plus  souvent  à  faibles 
doses,  excepté  dans  certains  cas  particu- 
liers. 

2.  Liseron  des  champs  ,  Convolvulus  ar- 
vensis  Lin.  Cette  espèce  abonde  dans  nos 
champs  et  dans  les  lieux  cultivés.  Sa  tige 
est  anguleuse,  glabre,  voluble;  ses  feuilles 
sont  sagittées  et  ne  présentent  qu'un  com- 
mencement d'oreillettes;  ses  fleurs  sont 
blanches  ou  rosées,  le  plus  souvent  soli- 
taires sur  des  pédoncules  anguleux,  glabres, 
plus  longs  que  les  feuilles  ;  leur  calice  est 
membraneux,  à  lobes  obtus.  Cette  jolie 
plante  est  regardée  comme  vulnéraire;  on 
l'emploie  aussi  toutentièrecommepurgative. 

3.  Liseron  tricolore  ,  Convolvulus  trico- 
îor  Lin.  Cette  jolie  espèce  croît  naturelle- 
ment en  Portugal,  en  Espagne,  en  Italie, 
en  Sicile,  et  dans  l'Afrique  septentrionale; 
elle  est  aujourd'hui  extrêmement  répandue 
dans  les  jardins  où  elle  porte  le  nom  de 
Belle-de-jour.  Sa  tige  est  ascendante,  cy- 
lindrique, velue,  haute  d'environ  3-4  dé- 
cimètres; ses  feuilles  sont  lancéolées-oho- 
vées,  presque  spathulées,  sessiles,  ciliées  à 
leur  base;  ses  fleurs  se  succèdent  en  grand 
nombre  ;  elles  sont  solitaires  sur  des  pédon- 
cules velus,  d'un  bleu  clair  sur  le  limbe, 
blanches  à  la  gorge,  jaunes  sur  le  tube  : 
leur  calice  est  velu,  à  sépales  ovales-lan- 
céolés ,  aigus.  La  capsule  est  velue.  On  en 
possède  une  variété  à  fleurs  blanches  et  una 
autre   à  fleurs  panachées.  On  sème  ordi» 

SI 


402 


LIS 


nairement  cette  espèce  en  pleine  terre  et 
sur  place ,  au  mois  d'avril. 

Nous  nous  bornerons  à  mentionner, 
parmi  les  autres  espèces  du  même  genre  : 
le  Convolvulus  althœoides  Lin.,  jolie  espèce 
qui  croît  sur  les  rochers  et  les  murs,  le  long 
de  la  Méditerranée,  et  dans  laquelle  M.  Loi- 
seleur-Deslongchamps  a  reconnu  et  démon- 
tré l'existence  de  propriétés  purgatives 
assez  prononcées  pour  pouvoir  être  avanta- 
geusement mises  à  profit;  et  le  Convolvulus 
cneorum  Lin.,  ou  le  Liseron  satiné,  joli 
arbuste  d'Espagne,  que  l'on  cultive  fré- 
quemment pour  son  feuillage  couvert  d'un 
duvet  soyeux  argenté ,  et  pour  ses  fleurs 
blanches  légèrement  teintées  de  rose  qui 
se  succèdent  pendant  tout  l'été. 

B.  Calystégie.  Calystegia,  Rob.  Brown. 

Les  caractères  de  ce  g.  consistent  dans 
deux  bractées  opposées  situées  dans  le 
calice  et  enveloppant  la  fleur  pendant  sa 
jeunesse;  dans  un  calice  à  5  parties 
égales  ;  dans  un  ovaire  dont  deux  loges  se 
réunissent  au  sommet  à  cause  de  la  briè- 
veté de  la  cloison  qui  les  sépare  dans  le  bas 
seulement.  Deux  belles  espèces  de  France 
se  rapportent  à  ce  genre,  savoir:  1°  notre 
grand  Liseron  des  haies,  Calystegia  sepium 
Rob.  Br.  {Convolvulus  sepium  Lin.),  à 
longues  tiges  volubiles,  anguleuses,  à  feuilles 
sagittées,  presque  en  cœur,  à  grandes 
fleurs  blanches,  solitaires  sur  un  pédon- 
cule quadrangulaire;  sa  tige  est  purgative, 
comme  la  plupart  de  celles  des  anciens 
Convolvulus;  2°  Le  Calystegia  soldanella 
Rob.  Br.  (Convolvulus  soldanella  Lin.),  qui 
croît  abondamment  dans  nos  sables  mari- 
times, dont  la  tige  est  couchée,  lisse;  dont 
les  feuilles  sont  réniformes,  très  obtuses  ou 
même  quelquefois  échancrées  au  sommet, 
rappelant  très  bien  par  leur  (orme  celles 
de  la  Soldanelle  des  Alpes,  ce  qui  a  valu  à 
la  plante  le  nom  qu'elle  porte;  ses  fleurs 
sont  grandes,  purpurines,  solitaires  à  l'ex- 
trémité de  pédoncules  axillaires  plus  longs 
que  les  feuilles.  Les  expériences  de  M.  Loi- 
seleur-Deslongchamps  ont  prouvé  que  la 
racine  de  cette  espèce  est  purgative  à  un 
degré  assez  prononcé  pour  pouvoir  être  sub- 
stituée sans  désavantage  à  celle  du  Jalap. 
On  l'a  recommandée  également  comme  pou- 


LIS 

vant  être  employée  avec  avantage  dans 
l'hydropisie,  contre  le  scorbut,  et  même 
comme  anthelmintbique. 

C.  Batate.  Batatas,  Rumph.,  Choisy. 

Ce  genre  doit  son  nom  à  la  plus  impor- 
tante des  espèces  qu'il  renferme;  il  se  com- 
pose de  plantes  herbacées  ou  sous-frutes- 
centes, pour  la  plupart  originaires  de  l'A- 
mérique, et  il  se  distingue  particulièrement 
par  des  étamines  incluses;  par  un  stigmate 
capité,  bilobé;  par  un  ovaire  qui  présente 
à  son  intérieur  quatre  loges,  ou,  par  l'effet 
d'un  avortement,  seulement  trois  ou  même 
deux.  Deux  de  ses  espèces  ont  une  grande 
importance;  mais  l'une  d'elles  nous  a  déjà 
occupé;  c'est  le  Jalap  (voy.  Jalap),  Batatas  Ja- 
Japa  Choisy  (Convolvulus  Jalapa  Lin.).  C'est 
à  cette  espèce  que  M.  Choisy  rapporte  comme 
synonyme  une  plante  qui  avait  été  toujours 
décrite  comme  distincte  et  séparée,  sous  le 
nom  de  Mechoacan,  Convolvulus  Mechoacana 
Lin.,  et  dont  la  racine,  faiblement  purgative, 
avait  fait  donner  à  la  plante  elle-même  les 
noms  de  Patate  purgative,  Rhubarbe  blanche. 
L'autre  espèce  est  la  suivante  : 

Batate  comestible,  Batatas  edulis  Choisy 
(Convolvulus  Batatas  Lin.).  C'est  une 
plante  originaire  de  l'Inde ,  mais  qui 
est  cultivée  aujourd'hui  dans  presque  toutes 
les  contrées  intertropicales  ;  sa  tige  est  ram- 
pante, rarement  volubile;  ses  feuilles,  de 
forme  assez  variable ,  sont  le  plus  souvent 
anguleuses  ou  même  lobées  ,  longues  de  1 
ou  2  décimètres,  aiguës,  en  cœur,  pétiolées; 
les  fleurs  sont  portées  au  nombre  de  3  ou 
4  ,  sur  un  pédoncule  à  peu  près  de  même 
longueur  que  le  pétiole;  les  sépales  de  leur 
calice  sont  acuminés-mucronés ,  les  exté- 
rieurs un  peu  plus  courts;  leur  corolle  est 
purpurine.  La  racine  de  celte  plante  est  très 
féculente  et  sucrée;  elle  fournit  un  aliment 
très  sain  et  abondant,  qui  joue  un  rôle  im- 
portant dans  l'alimentation  des  habitants 
des  contrées  chaudes.  C'est  en  vue  des  nom- 
breux avantages  qu'elle  peut  présenter  qu'on 
a  fait,  depuis  quelques  années,  de  nombreux 
essais  pour  introduire  sa  culture  en  France; 
ces  essais  n'ont  pas  été  d'abord  très  heu- 
reux ;  mais  tout  récemment  quelques  agro- 
nomes sont  arrivés  à  des  résultats  entière- 
ment décisifs  ,  et  qui  prouvent  tout  ce  qui 


LIS 


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403 


l'introduction  de  !a  Batate  ou  Patate  dans 
nos  cultures  pourrait  amener  d'avantages. 
Ainsi  tout  récemment,  M.  de  Gasparin  a 
fait  connaître  à  la  Société  centrale  d'agri- 
culture, dans  la  séance  du  17  décembre 
1845,  le  succès  complet  qu'il  a  obtenu  pour 
la  culture  de  cette  plante,  dans  le  midi  de 
la  France,  pendant  l'été  de  1845.  Ce  succès 
a  été  tel  que,  malgré  les  circonstances  atmo- 
sphériques extrêmement  défavorables  qui  ont 
signalé  cet  été,  ses  champs  de  Bâtâtes  lui 
ont  donné  une  moyenne  de  1  kilogramme 
de  tubercules  par  plante,  ce  qui ,  à  raison 
de  25,000  pieds  par  hectare,  élève  le  pro- 
duit à  250  quintaux  métriques,  quantité 
supérieure  à  ce  que  la  Pomme  de  terre  peut 
donner  sous  notre  climat. 

La  racine  tubéreuse  de  la  Batate  varie  de 
couleur;  on  en  possède  des  variétés  rouges 
ou  violacées  ,  jaunes  et  blanches  :  l'une  de 
ces  dernières  ,  connue  sous  le  nom  de  Ba- 
tate igname,  donne  des  tubercules  d'un  vo- 
lume très  considérable,  et  qu'on  a  vus  peser 
jusqu'à  4  kilogrammes.  Le  seul  défaut  que 
l'on  trouve  en  elle,  relativement  à  son  em- 
ploi comme  aliment,  consiste  dans  sa  saveur 
sucrée  qui  lui  a  valu  le  nom  vulgaire  de  Pa- 
tate douce,  par  opposition  au  nom  de  Patate 
proprement  dite  qu'on  donne  souvent  à  la 
Pomme  de  terre  dans  nos  départements  mé- 
ridionaux. Or  ce  défaut  même,  si  c'en  est  un, 
peut  être  facilement  corrigé  dans  la  prépa- 
ration des  aliments  ;  et  de  plus,  il  paraîtrait 
certainement  une  qualité  dans  certaines 
circonstances  et  pour  certaines  personnes. 

Nous  ne  pouvons  entrer  ici  dans  les  dé- 
tails de  la  culture  de  la  Batate,  d'autant 
moins  que  plusieurs  méthodes  sont  em- 
ployées en  divers  lieux  et  par  divers  agro- 
nomes qui,  tous,  vantent  les  résultats  avan- 
tageux qu'ils  en  obtiennent.  Nous  nous  bor- 
nerons à  indiquer  à  grands  traits  la  marche 
générale  à  laquelle  on  peut  ramener  ces  mé- 
thodes différentes.  Dans  nos  climats, et  même 
dans  le  midi  de  la  France,  on  emploie  des 
couches  pour  produire  la  première  végéta- 
tion de  la  plante.  Pour  cela,  on  plante  sur 
ces  couches  les  tubercules  de  la  Batate  qu'on 
couvre  d'environ  un  décimètre  de  terre; 
cette  plantation  se  fait  en  mars  ou  en  avril, 
même  au  commencement  de  mai;  dans  le 
premier  cas,  il  est  indispensable  de  couvrir 
de  châssis  vitrés.  Les  tubercules  ne  tardent 


pas  à  donner  des  pousses  qu'on  laisse  s'éle- 
ver au-dessus  de  terre  de  1  ou  2  décimer 
très;  ce  sont  ces  pousses  qui  servent  da 
plant.  On  les  enlève  soit  en  les  détachante 
la  main  ,  soit,  comme  l'a  fait  avec  succès 
M.  Vallet,  de  Fréjus,  en  laissant  tenir  à  leur 
base  un  petit  fragment  du  tubercule;  après 
quoi,  les  uns  les  plantent  d'abord  en  pépi- 
nière pour  les  faire  enraciner,  et  les  mettre 
ensuite  en  place,  les  autres  les  plantent  di- 
rectement, en  formant  des  rangs  espacés  de 
7  ou  8  décimètres,  quelquefois  davantage.  II 
est  avantageux  de  planter  ces  boutures  dans 
une  direction  oblique;  en  effet ,  elles  sont 
alors  enterrées  sur  une  plus  grande  lon- 
gueur ;  or,  comme  elles  s'enracinent  à  cha- 
que nœud,  et  qu'elles  donnent  des  tuber- 
cules sur  tous  ces  points ,  il  est  évident 
qu'on  obtient  ainsi  des  produits  plus  abon- 
dants. On  a  même  cru  reconnaître  que  les 
tubercules  qui  en  proviennent  sont  d'autant 
plus  volumineux  qu'ils  se  forment  à  un 
nœud  placé  plus  haut.  Quant  aux  tubercules* 
mères  qui  ont  fourni  ces  premières  pousses, 
ils  continuent  à  en  produire  de  nouvelles 
en  grand  nombre ,  de  manière  à  pouvoir 
donner  encore  de  nouvelles  boutures  pour 
des  plantations  plus  tardives.  Dès  la  fin  du 
mois  d'août,  les  pieds  qui  ont  été  bien  con- 
duits ont  déjà  des  tubercules  bons  à  man- 
ger ;  mais  ce  n'est  qu'au  mois  d'octobre  que 
se  fait  la  récolte  générale,  pour  laquelle  on 
arrache  les  pieds  tout  entiers ,  par  un  jour 
beau  et  sec,  autant  qu'il  est  possible.  On 
laisse  ensuite  pendant  quelque  temps  les  tu- 
bercules à  l'air  et  au  soleil ,  après  quoi  on 
conserve  dans  un  lieu  sec  ceux  que  l'on 
destine  à  la  consommation  ;  quant  à  ceux 
qui  doivent  être  employés  à  la  reproduc- 
tion, on  les  stratifié  dans  des  caisses  avec  du 
sable  sec  ou  de  la  mousse  qu'on  a  préala- 
blement séchée  avec  soin. 

La  Batate  fleurit  et  fructi6e  très  rare- 
ment; il  en  est  même  des  variétés  qui  ne 
donnent  jamais  de  graines.  Cependant  d'au- 
tres variétés  fructifient  plus  facilement,  et 
quelques  cultivateurs  ,  notamment  M.  Sa- 
geret,  en  ont  même  obtenu  des  graines  à  Pa- 
ris. Cette  production  de  graines  est  très  im- 
portante, parce  que  c'est  là  le  seul  moyen 
par  lequel  on  puisse  s'occuper  d'obtenir  des 
variétés  ou  meilleures  ou  plus  hâtives. 

La  Batate  est  utile  non  seulement  pour 


4()4 


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«es  tubercules,  mais  encore  pour  ses  fanes, 
que  les  bestiaux  maDgent  sans  difficulté. 

(P.  D.) 

*LISIAS  (nom  mythologique). ins.— Genre 
de  Coléoptères  subpentamères ,  famille  des 
Cycliques,  tribu  des  Colaspides(Chrysoméli- 
nes  deLatreille),  formé  par  Dejean  (Catal., 
3e  édit.,  p.  434)  avec  2  espèces  de  Colom- 
bie, nommées  par  l'auteur  L.  rufo-œnea  et 
marginata.  (C.) 

LISOR.  moll.  —  Dans  son  Voyage  au 
Sénégal,  Adanson  donne  ce  nom  à  une  co- 
quille bivalve  du  g.  Mactre.  La  plupart  des 
conchyliologistes  rapportent  le  Lisor  au  Mac- 
tra  stultorum  de  Linné  ;  mais  il  serait  pos- 
sible que  l'espèce  du  Sénégal  restât  diffé- 
rente, et  dût  être  mentionnée  à  part  dans 
les  Catalogues.  Voy.  mactre.         (Desh.) 

LISPE.  moll.— Le  Lispe  d'Adanson  n'est 
autre  chose  qu'une  agglomération  assez  com- 
pacte de  tubes  irrégulièrement  contournés, 
qui  appartiennent  au  g.  Vermet.  Linné 
comprenait  tous  ces  tubes  calcaires  parmi 
les  Serpules,  et  il  a  donné  aux  Lispes  le  nom 
de  Serpula  glomeraia.  Voy.  vermet.  (Desh.) 

LISPE  (À-ffTio;, grêle). ins. — Genrede l'or- 
dre des  Diptères  brachocères,  famille  des  Mus- 
ciens,  tribu  des  Muscides,  établi  par  Latreille 
et  adopté  par  M.  Macquart  {Ins.  dipt.,  t.  II. 
p.  313),  qui  en  décrit  9  espèces,  dont  8 
d'Europe  et  1  des  Indes  orientales.  Nous 
citerons,  comme  type  du  genre,  la  L.  ten- 
taculata ,  commune  en  France  ,  sur  le  bord 
des  rivières. 

*LÎSPIIVUS  (X'kjtzoç,  ras,  maigre),  ins.— 
Genre  de  Coléoptères  pentamères,  famille 
des  Brachélytres,  tribu  des  Piestiniens,  créé 
par  Erichson  (Gen.  et  sp.  Staphylin.,  1840, 
p.  828).  7  espèces  sont  rapportées  par  l'au- 
teur au  genre;  6  sont  propres  à  l'Amérique, 
et  1  est  originaire  de  Madagascar.  Le  type, 
L.    attenuatus,   se  trouve  à  Porto-Ricco. 

(C.) 

LISSA  (),t(T!7o;,  lisse),  crust.  —  Genre  de 
l'ordre  des  Décapodes  brachyures,  de  la  fa- 
mille des  Oxyrhynques  et  de  la  tribu  des 
Maïens ,  établi  par  Leach  aux  dépens  du 
Cancer  de  Herbst  et  des  Inachus  de  Fabri- 
uus.  La  seule  espèce  connue  dans  ce  genre, 
et  qui  paraît  être  propre  à  la  Méditerranée, 
est  la  Lissa  goutteuse  ,  Lissa  chiragra 
Herbst,  pi.  17,  fig.  96.  Ce  Crustacé,  qui 
n'est  pas  rare  dans  la  rade  de  Toulon  et 


dans  la  mer  de  Sicile,  habite  aussi  les  cô- 
tes françaises  du  nord  de  l'Afrique  ;  car, 
pendant  mon  séjour  en  Algérie,  j'en  ai  ren- 
contré plusieurs  individus  dans  la  rade 
d'Alger.  (H.  L.) 

*LISSA  (Xîctctoç,  lisse),  ins. — Genre  de  l'or- 
dre des  Diptères  brachocères ,  famille  des 
Musciens  ,  tribu  des  Muscides  ,  établi  par 
Meigen  pour  une  seule  espèce,  L.  loxocerina 
(Chyliza  id.  Fall.),  de  l'Allemagne. 

L1SSANTHE  (Wo'ç,  lisse;  avSoç,  fleur). 
bot.  pu. — Genre  de  la  famille  des  Épacri- 
dées-Styphéliées ,  établi  par  R.  Brown 
(Prodr.,  540).  Arbustes  de  la  Nouvelle-Hol- 
lande et  de  l'île  de  Diemen.  Voy.  épacri- 
dées. 

*LISSAUCHEN1US  (Woç,  lisse  ;  «fy*, 
le  derrière  du  cou),  ins. — Genre  de  Coléop- 
tères pentamères,  famille  des  Carabiques, 
tribu  des  Patellimanes ,  créé  par  Mac-Leay 
(Annulosa  javanica  ,  éd.  Lequien ,  Paris  , 
1833,  p.  108,  t.  4,  fig.  1),  qui  le  place  dans 
sa  famille  des  Carabiques.  Ce  genre  ne  ren- 
ferme jusqu'à  présent  que  2  espèces,  le  L. 
rufifemoratus  de  l'auteur  et  le  Car.  porticus 
de  F.  Elles  appartiennent  aux  Indes  orien- 
tales. (C.) 

LISSOCHILUS  (At<7<ioç,  lisse;  X£?>oç,  lè- 
vre), bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Orchidées- Vandées,  établi  par  R.  Brown  (m 
Bot.  reg.  t.  573).  Herbes  de  l'Afrique. 
Voy.  orchidées. 

*LISSODEMA,  Blanch.  ins.— Syn.  de 
Lissa,  Meig. 

*LISSÔGENIUS  (Woç,  lisse;  ymtov , 
menton),  ins.  — Genre  de  Coléoptères  pen- 
tamères ,  famille  des  Lamellicornes  ,  tribu 
des  Scarabéides  -  Mélitophiles  ,  créé  par 
Schaum,  avec  une  espèce  de  Guinée,  nom- 
mée par  l'auteur  L.  planicollis.  (C.) 

*LlSSOMUS(Woç,  lisse;  a5^,  corps). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  pentamères,  fa- 
mille des  Sternoxes,  tribu  des  Élatérides, créé 
par  Dalmann  (Éphémérides  entomologiques, 
1824),  et  adopté  par  Latreille  ,  Dejean  et 
Germar.  Quelques  auteurs  y  comprennent 
les  Drapeles  de  Megerle ,  ce  qui  porte  le 
nombre  des  espèces,  pour  ces  deux  genres,  à 
35.  Nous  citerons,  comme  faisant  partie  du 
premier,  les  L.  lœvigatus  de  F.,  foveolatus 
Daim.,  et  bicolor  Chv.  ;  et  du  second,  VEl. 
equestris  de  F.  Les  trois  premiers  sont  amé- 
ricains, et  le  dernier  se  trouve  en  Autriche. 


LIS 

Latreille  avait  employé,  pour  désigner  géné- 
riquement  ces  Insectes,  le  nom  de  Lissodes, 
qui  n'a  pu  être  adopté.  (C.) 

LISSOKOTUS  (Wéç,  lisse;  v5t0ç,  dos). 
ins.  — Genre  de  Coléoptères  subpentamères, 
tétramères  de  Latreille,  famille  des  Longi- 
eornes,  tribu  desCérambycins,  des  Trachy- 
dérides  de  M.  II.  Dupont,  créé  par  Dalmann 
{Synon.  Ins.  Sch.  app.,  p.  159,  t.  6,  f.  4) 
et  adopté  par  Serville  et  par  Dejean  (Ann. 
Soc.ent.  deFr.  t.  III,  p.  57).  12  ou  13  espè- 
ces, toutes  d'Amérique,  font  partie  du  genre. 
Nous  citerons,  comme  types,  les  L.equestris 
de  Linné  et  bigutlatus  de  Daim.  (G.) 

*LISSOPTEKUS  (Wo';,  lisse;  nnpôv, 
aile),  ins. — Genre  de  Coléoptères  pentamères, 
famille  des  Carabiques,  tribu  des  Féroniens, 
créé  par  Waterhouse  (4rm.  andMagaz.  nat. 
hist.,  1843,  p.  1).  L'espèce  type ,  L.  quadri- 
notatus  de  l'auteur,  est  originaire  des  lies 
Falkland.  (C.) 

*LISS0RHI1\US  (  Wo'ç,  lisse;  pw,  nez). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  tétramères,  fa- 
mille des  Curculionides  gonatocères,  division 
des  Brachydérides,  créé  par  Scbœnherr  (Disp. 
melh.,  p.  131;  Gen.  et  sp.  Curcul.  syn.,  t.  2, 
93  6,  p.  252).  L'espèce  type  et  unique  ,  le 
L.  eryx  de  l'auteur,  est  originaire  de  la  côte 
de  Guinée.  (C.) 

*LISSOTARSUS  (Wôç,  lisse;  r«pa*$ , 
tarse),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  penta- 
mères, famille  des  Carabiques,  tribu  des 
Féroniens,  établi  par  M.  de  Chaudoir  (Ta- 
bl.  d'une  nouv.  subd.  du  g.  Feronia  de  De- 
jean, p.  10  et  17).  L'unique  espèce  de  ce 
genre  est  VArgutor  depressus  de  Dej. ,  qui 
se  trouve,  en  France,  dans  les  terrains  cré- 
tacés. (C.) 

LISTERA,  bot.  pu.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Orchidées-Néottiées  ,  établi  par  R. 
Brown  (in  Hort.  kew.,  t.  V,  201).  Herbes 
de  l'Europe  ,  de  l'Amérique  et  de  l'Asie  bo- 
réale.  Voy.  ORCHIDÉES. 

*LISTERA.  moll.— M.Turton,  dans  ses 
Coquilles  bivalves  d'Angleterre,  a  proposé 
sous  ce  nom  un  genre  nouveau  pour  une  co- 
quille connue  depuis  très  longtemps  sous  le 
nom  de  Chama  piperata.  Cuvier  l'avait  dé- 
signée ,  dès  la  lr*  édition  du  Règne  animal, 
sous  le  nom  de  Lavignon,  et  ce  nom ,  par 
antériorité,  devrait  prévaloir  sur  celui  de 
M.  Turton  ,  si  lui-même  n'avait  été  depuis 
longtemps  précédé  par  celui  de  Trigonella, 


LIS 


4o,' 


proposé  par  d'Acosla  dans  sa  Conchyl.  brit., 
publiée  en  1778.  Voy.  trigonelle.  (Desii.) 
*LISTIA.  bot.  ph. — Genre  de  la  famille 
des  Papilionacées-Lotécs,  établi  par  E.  Meyer 
{Comment.,  80).  Herbes  du  Cap.  Voy.  papi- 

LIONACÉES. 

*LISTRODERES  (ikrpov  ,  pelle  ;  S/Pnt 
cou),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  tétra- 
mères, famille  des  Curculionides  gonato- 
cères, division  des  Cléonides,  créé  par 
Schœnherr  [Disp.  melh.,  p.  158;  Gen.  et  sp. 
Curcul.  syn.,  t.  II,  p.  277-6,  2e  part.,  p. 
287).  Près  de  50  espèces  rentrent  dans  ce 
genre,  et  habitent  l'extrémité  méridionale  et 
septentrionale  de  l'Amérique.  Nous  citerons, 
comme  en  faisant  partie,  lesL.  bimaculatus 
Chev.,  Sch.  et  porcellus  Say.  Le  premier  est 
originaire  du  Chili,  et  le  second  des  États- 
Unis.  (C.) 

*LISTRONYX  {Itazpov,  râteau  ;  3vuÇ,  on- 
gle ).  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  pentamè- 
res ,  famille  des  Lamellicornes,  tribu  des 
Scarabéides  phyllophages,  créé  par  M.  Gué- 
rin-MénevilIe  (  Revue  zoologique,  1839, 
pag.  302).  L'espèce  type,  laL.  nigriceps  de 
l'auteur,  est  originaire  du  détroit  de  Magel- 
lan. La  Mel.  testacea  de  F. ,  de  la  terre  do 
Feu,  rentre  aussi  dans  ce  genre.         (C.) 

*LISTROPTERA  (Ikrpov,  râteau  ;  tttî- 
pov,  aile),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  sub- 
pentamères, tétramères  de  Latreille,  fa- 
mille des  Longicornes,  tribu  des  Céramby- 
cins,  établi  par  Serville  (Annales  de  la  Soc. 
ent.  de  France,  t.  III,  p.  71)  qui  y  rapporte 
quatre  espèces  :  les  Callid.  tenebricoswm 
F.,  Callichroma  aterrima  G.,  Cer.  col- 
laris  Klug.  et  L.  atra  Dup.  La  première  est 
originaire  de  Cayenne,  et  les  trois  autres 
habitent  le  Brésil.  (C.) 

*LISTROSCELIS  (  Xt'arpov,  râteau  ;  erxe- 
ioç,  jambe),  ins.  — Genre  de  la  tribu  des 
Locustiens,  de  l'ordre  des  Orthoptères,  éta- 
bli par  M.  Serville  (  Essai  Ins.  orth.  ),  et 
que  nous  rangeons  dans  le  groupe  des  Gryl- 
lacrites.  Toutes  les  espèces  de  ce  genre  sont 
étrangères  à  l'Europe.  L'esp.  type  ,  Lislr. 
peclinata  Serv.,  est  des  Moluques.    (Bl.) 

LISYANTHUS.  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Gentianées,  établi  par  Aublet 
(Guian.,  I,  210).  Griesebach,  qui  l'a  adopté 
(Gent.,  173),  en  a  réparti  les  espèces  en 
quatre  sections ,  qu'il  nomme  :  Macrocar- 
pœa,  Sphœricarpœa,  Choriophyllum  et  Chc* 


406 


LIT 


lonanthus.   Herbes  ou  sous-arbrisseaux  de 
l'Amérique.  Voy.  gentiànées. 

*LITA  (>ctôç,  petit),  ins. — Genre  de  l'or- 
dre des  Lépidoptères  nocturnes ,  tribu  des 
Tinéides,  établi  par  Treitscbke,  et  différant 
des  autres  genres  de  la  même  tribu  par  des 
palpes  très  redressés  ,  à  dernier  article  nu  , 
subulé;  par  des  ailes  étroites,  prolongées  en 
pointe. 

Duponcbel  {Catal.  des  Lépid.  d'Eur.)  men- 
tionne 83  espèces  de  ce  genre,  toutes  d'Eu- 
rope. Ce  sont  de  très  petits  Papillons;  leurs 
chenilles  se  métamorphosent  entre  des  feuil- 
les roulées  et  retenues  par  des  fils  ,  ou  dans 
les  Champignons  et  le  bois  pourri. 

Parmi  les  espèces  les  plus  communes  en 
France,  nous  citerons  les  L.  betulinella,  proxi- 
mella,  bicolorella,  etc.  (J.) 

LITCHI,  Sonner,  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Nephelium,  Linn. 

LITHACNE  ,  Palis,  bot.  ph.— Syn.  d'O- 
lyra  ,  Linn. 

*LITHACTINIA  (  JiiOoç,  pierre  ;  actinia, 
actinie),  polyp. —  Genre  établi  par  M.  Les- 
son  (Illust.  de  zool.,  pi.  6)  pour  un  Po- 
lype des  côtes  de  la  Nouvelle-Irlande.  Ce 
Polype  se  compose  d'une  membrane  charnue 
enveloppant  un  disque  calcaire  recouvert  de 
petites  lames  crénelées  ,  auxquelles  corres- 
pondent un  grand  nombre  de  gros  appen- 
dices tentaculiformes  entourant  la  bouche. 
La  Lithactinie  paraît  avoir  beaucoup  de  rap- 
ports avec  les  Cyclolites  et  les  Fongies.  (Duj.) 

LITHAGROSTIS,  Ga$rtn.  bot.  ph. — 
Syn.  de  Coix,  Linn. 

LITHARGE.  min.  —  Protoxyde  de  Plomb 
fondu  et  cristallisé  en  lames  jaunes  par  le 
refroidissement.  Voy.  plomb. 

LITHINE, LITHIUM,  chim.— La  Lithine, 
oxyde  de  Lithium,  fut  trouvée  en  1817  par 
Àrfverdson ,  unie  à  de  la  silice  et  à  de  l'alu- 
mine dans  le  pételite,  pierre  des  mines 
d'Uto,  en  Suède. 

Davy  ayant  soumis  cet  oxyde  hydraté  à 
l'action  de  la  pile  galvanique,  en  sépara  le 
métal  (Lithium) ,  qui,  par  ses  propriétés  phy- 
siques, présente  une  grande  analogie  avec  le 
Sodium  (voy.  ce  mot). 

La  Lithine  hydratée  est  blanche,  d'une 
saveur  acre  et  caustique,  rappelant  à  un 
faible  degré  celle  de  la  potasse;  elle  verdit 
les  teintures  bleues  végétales  ;  beaucoup 
moins  soluble    que  la  Potasse  et  que   la 


LIT 

Soude ,  elle  n'absorbe  pas  l'humidité  de 
l'air,  mais  elle  se  combine  peu  à  peu 
avec  l'acide  carbonique  qu'il  contient; 
chauffée  au  rouge  dans  un  creuset  de  pla- 
tine, elle  agit  fortement  sur  le  métal  au- 
quel elle  s'unit. 

La  formule  I,  t'O  de  la  Lithine  démontri 
que  cet  oxyde  contient  plus  d'oxygène  qui 
toutes  les  autres  bases  salifiables  alcalines. 
L'équivalent  du  Lithium  =  80,37.  (A.  D.) 

*L1THI!\US  (Ai'Gtvoç,  de  pierre).  ïns.— 
Genre  de  Coléoptères  tétramères  ,  famille 
des  Curculionides  gonatocères,  division  des 
Cléonides  ,  créé  par  Klug  (Insectenvon  Ma- 
dagascar, p.  106  ,  t.  IV,  fig.  9),  et  adopté 
parSchœnherr  (Gen.etsp.  Curculion.,  t. VI, 
2e  part.,  p.  233).  Deux  espèces  de  Mada- 
gascar rentrent  dans  ce  genre,  L.  pipa 
Guér.  (superciliosus  Kl.,  Scb.),  et  le  ludiosus 
de  Schr.  (C.) 

*LITHOBATES  (  UQoq ,  rivage;  &*- 
tcûi,  je  marche),  rept.  —  Division  du 
grand  genre  Grenouille  proposée  par  M.  Fit- 
zinger  (Syst.  rept.,  1843).  (E.  D.) 

LITHOB4E.  Lithobius  Oi'Qo? ,  pierre; 
Stoç  ,  vie  ).  mvriap.  —  Genre  de  l'ordre 
des  Chilopodes,  de  la  famille  des  Sco- 
lopendrites,  établi  par  Leach  aux  dépens 
des  Scolopendra  de  Linné.  Dans  ce  genre  , 
les  segments  du  corps  ,  dans  l'âge  adulte , 
sont  au  nombre  de  dix-sept,  imbriqués  en 
dessus  ,  inégaux.  Les  pieds  sont  au  nom- 
bre de  quinze  paires  de  chaque  côté,  les 
postérieurs  étant  les  plus  allongés.  Les 
antennes  varient  suivant  l'âge  ;  elles  ont  de 
trente  à  quarante  articles,  sétacés  ;  ces  der- 
niers décroissent  du  premier  au  dernier;  le 
premier  et  le  second  étant  beaucoup  plus 
grand  que  tous  les  autres.  Les  yeux  sont 
granuleux ,  distribués  en  deux  groupes  de 
chaque  côté,  et  varient  aussi,  comme  les 
antennes  ,  suivant  l'âge.  Ce  genre  renferme 
sept  ou  huit  espèces,  dont  la  plus  grande 
partie  est  propre  à  l'Europe  ;  les  autres  ha- 
bitent le  nord  de  l'Afrique  et  l'Amérique. 
Le  Lithobie  fourchu,  Lithobius  forcipatus 
Linn.,  peut  être  considéré  comme  le  type 
de  ce  genre.  Cette  espèce  est  connue  dans 
toute  l'Europe;  on  l'a  signalée  en  France , 
en  Italie  ,  en  Allemagne  ,  en  Belgique  et  en 
Angleterre.  On  la  rencontre  ordinairement 
sous  les  pierres ,  les  écorces ,  dans  les  lieux 
humides.  M.  Léon  Dufour  en  a  donné  une 


LIT 


LIT 


407 


bonne  anatomie  dans  le  tom.  II des  Ann.  des 
se.  nat.,  pi.  5,  fig.  1  à  3.  (H.  L.) 

*LHHOBIUM  ( XiSoç,  pierre  ;  fcôç,  vie). 
bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des  Mélasto- 
macées,  établi  par  Bongard  (in  Mem.  acad. 
St-Petersb.,  VI).  Herbes  du  Brésil.  Voyez 

HÉLASTOMACÉES. 

*LITI10CARPUS  (Àt'Qoç,  pierre;  xapiroç , 
fruit),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Cupulifères,  établi  par  Blume  (Flor.jav., 
fasc.  13-14,  p.  34,  t.  XX).  Arbres  de 
Java.  Voy.  cupulifères. 

*LITHOCHAI\IS  (  it'Ooç,  pierre;  x*'P», 
aimer),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  penta- 
mères,  famille  des  Brachélytres,  tribu  des 
Pœdériniens,  créé  par  Dejean  (Catal.,  3e  éd., 
p.  74),  et  adopté  par  Erichson  (Gênera  et  sp. 
Staphylinor.,  p.  610),  qui  comprend  30  es- 
pèces; 19  sont  d'Amérique  et  11  d'Europe. 
Les  types  appartenant  à  notre  pays  sont  les 
L.  melanocephala  F.  (Stap.  ),  ochracea 
Grav.,  et  castanea,  Er.  On  les  trouve  aux 
environs  de  Paris  ,  dans  les  lieux  boisés  et 
humides.  (C.) 

LITIIODE.  Lithodes  (XiOuôyjç,  pierreux). 
grust. — Ce  genre,  qui  appartient  à  la  section 
des  Décapodes  anomoures,  a  été  établi  par 
La  treille  aux  dépens  des  Cancer  de  Linné,  et 
rangé,  par  M.  Milne-Edwards,  dans  sa  tribu 
des  Homoliens.  Ces  Crustacés  ont  été  jus- 
qu'ici placés  parmi  lesOxyrhynques,  à  cause 
de  la  forme  de  leur  rostre;  mais  ce  n'est  point 
là  leur  place,  et  c'est  évidemment  à  la  divi- 
sion des  Anomoures  qu'elles  appartiennent. 
C'est  avec  les  Aptérures,  et  surtout  avec  les 
Homoles,  qu'elles  ont  plus  d'analogie;  mais 
elles  établissent  le  passage  entre  ces  Crus- 
tacés et  les  Birgus  (voy.  ce  mot).  Ce  genre 
est  représenté  par  trois  espèces  distinctes 
dans  la  région  Scandinave,  dans  les  mers 
du  Kamtschatka  et  à  l'extrémité  australe  dé 
l'Amérique  ,  mais  ne  paraît  pas  exister  dans 
toute  la  partie  chaude  du  globe  intermé- 
diaire, entre  ces  points  si  éloignés  géogra- 
phiquement,  mais  si  analogues  sous  le  rap- 
port du  climat.  La.  Lithode  arctique,  Litho- 
des arctica  Lamk.,  peut  être  considérée 
comme  le  type  de  ce  genre  singulier  ;  cette 
espèce  habite  les  mers  du  Nord.  Dans  le 
tome  II  des  Archives  du  Muséum  d'histoire  na- 
turelle, nous  avons  faiteonnaître,  M.  Milne- 
Edwards  et  moi ,  une  nouvelle  espèce  de 
Lithodes,  à  laquelle  nous  avons  donné  le 


nom  de  L.  brevipes,  et  que  nous  avons  figu- 
rée dans  l'ouvrage  ci-dessus  cité ,  pi.  34 
à  37.  (H.  L.) 

LITHODENDRON.  Lithodendron  (îufloç, 
pierre;  3tv3pov  ,  arbre),  polyp. —  Genre  éta- 
bli par  Schweigger,  et  adopté  par  M.  Gold- 
fuss  pour  des  Polypiers  calcaires,  rameux  , 
portant  des  cellules  étoilées  ou  cyathiformes, 
lamelleuses,  éparses  ou  terminales.  Ce  genre 
correspond  en  partie  aux  Caryophyllies  et 
aux  Oculines  rameuses;  il  comprend  surtout 
un  grand  nombre  d'espèces  fossiles.    (Duj.) 

*LITHODERME.  Lithoderma  (>f8oç , 
pierre;  &pp.a,  peau),  échin.  —  Genre  d'É- 
chinodermes  apodes  ,  établi  par  Cuvier  pour 
une  espèce  longue  de  5  à  6  centimètres,  et 
noirâtre ,  vivant  dans  la  mer  des  Indes.  Le 
corps  est  ovale,  comprimé  en  arrière  ,  et  sa 
surface  est  comme  incrustée  d'une  couche 
de  petits  grains  pierreux  qui  y  forment  une 
croûte  très  dure;  la  bouche  est  entourée 
de  tentacules,  et  les  intestins  paraissent 
avoir  des  rapports  avec  ceux  des  Holothu- 
ries ;  cependant  Cuvier  n'y  put  reconnaître 
un  orifice  anal.  (Duj.) 

LITHODOME.  Lithodomus  (>t'9oç,  pierre; 
<îo/xoç,  demeure),  moll.  —  Lamarck  avait 
déjà  partagé  le  g.  Mytilus  de  Linné  en 
deux  parties  presque  égales ,  d'après  un  ca- 
ractère artificiel ,  tiré  de  la  position  des  cro- 
chets. Dans  son  g.  Modiole,  Lamarck  a  en- 
traîné le  Mytilus  lithophagus  de  Linné  et  des 
autres  espèces  perforantes  du  même  genre. 
Cuvier  a  proposé  de  retirer  des  Modioles  ces 
espèces  perforantes  pour  en  faire  un  g.  à 
part  sous  le  nom  de  Lithodome  ;  mais  ce  g. 
n'a  point  été  adopté,  non  seulement  parce 
qu'il  y  a  une  transition  entre  ces  espèces  et 
les  autres ,  mais  encore  parce  que  l'animal 
ne  diffère  pas  sensiblement  des  Modioles  et 
des  Moules.  Voy.  modiole  et  moule.   (Desb.) 

*LITHODUS  ().i9wcÎyj5,  très  pierreux),  ins. 
—  Genre  de  Coléoptères  tétramères,  famille 
des  Curculionides  gonatocères,  division  des 
Byrsopsides  ,  proposé  par  Germar,  et  adopté 
par  Schœnherr  (Gêner,  et  sp.  Curcul.  Syn., 
t.  VI,  2e  part.,  p.  389).  L'espèce  type  et 
unique  a  été  publiée  antérieurement  par 
Say  (Descrip.  of  Curcul.  of  New.  Am.,  p.  8) 
sous  les  noms  générique  et  spécifique  de 
Thecesternus  humeralis.  (C.) 

*EITHODYTES  (\lQoit  rivage  ;  ittnt,  qui 
navigue),  rept. — M.  Fi tz i n ger  (Syst.  repl.% 


408 


LIT 


1843)  indique  sous  ce  nom  un  des  groupes 
du  grand  genre  des  Rainettes.  Voy.  ce 
mot.  (E.  D.) 

*LITHONOMA(Xi9oç,  pierre;  vo^oç,  de- 
meure), ins.  —  Genre  de  Coléoptères  sub- 
pentamères,  tétramères  de  Latreille,  famille 
des  Cycliques  ,  tribu  des  Alticites  (Chryso- 
mélines  de  Lat.),  créé  par  nous  ,  et  adopté 
par  Dejean  (Catalogue,  3e  édit.,  p.  408). 
Deux  espèces  rentrent  dans  ce  genre  ,  la 
Gallerucamarginellade  F.,  et  la  L.  andalu- 
saca  de  Rambur.  La  première  est  originaire 
d'Espagne  et  de  Portugal ,  et  la  deuxième  a 
été  trouvée  aux  environs  de  Valence.  Les 
Lithonoma  sont  aptères  ,  et  se  rapprochent 
des  OEdionychis.  Voy.  galérucites.      (C.) 

L1THOPHAGES.  moll.  —  Lamarck  a 
créé  cette  famille  pour  y  réunir  plusieurs 
genres  de  Mollusques  acéphales  dimyaires 
siphonés,  jouissant  de  la  propriété  de  creu- 
ser la  pierre  pour  s'y  loger.  Ces  g.  sont  les 
suivants  :  Saxicave ,  Pétricole  ,  Vénérupe  , 
auxquels  nous  renvoyons.  C'est  à  l'un  de 
ces  genres  que  nous  nous  proposons  de  trai- 
ter de  la  question  curieuse  et  importante 
de  la  perforation  des  pierres  par  les  Mol- 
lusques.  (Desh.) 

LITHOPHAGUS,  Még.  moll.  —  Syn.  de 
Lithodome,  Cuv. 

LITHOPHILA  ().i'9oç ,  pierre;  ?«>.oç,  qui 
aime),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Caryophyllées,  établi  par  Swartz  (Flor.  ind. 
occid.y  1,  47,  t.  I).  Herbes  croissant  sur  les 
roches  désertes  d'une  petite  île  des  An- 
tilles. 

LITHOPHILES.  Lithophilœ.  arach.  — 
C'est  une  famille  du  genre  des  Drassus , 
établie  par  M.  Walckenaër,  et  dont  les  Ara- 
néides  qui  la  composent  ont  les  yeux  sur 
deux  lignes  divergentes  ou  courbées ,  en 
sens  contraire  ou  parallèle.  Les  mâchoires 
sont  dilatées  dans  leur  milieu.  La  lèvre  est 
allongée,  arrondie  à  son  extrémité.  Les 
pattes  sont  courtes  ,  renflées;  la  quatrième 
paireestlaplus  longue;  la  première  ensuite, 
la  troisième  estla  plus  courte.  Le  céphalotho- 
rax est  ordinairement  terminé  en  pointe.  Les 
Drassus  ,  désignés  sous  les  noms  de  lucifu- 
gus,  nyctalopes,  appartiennent  à  cette  fa- 
mille. Ces  Aranéides  se  tiennent  derrière  les 
pierres  ou  les  cavités  des  marais.     (  H.  L.) 

♦LITIIOPIHLUS  (At'Ooç ,  pierre  ;  yttoç  , 
qui  aime),  ins.— Genre  de  Coléoptères  hété- 


LIT 

romères ,  famille  des  Diapériales  ,  proposé 
par  Mégerle ,  et  adopté  par  Dahl  et  Dejean 
dans  leurs  Catalogues  respectifs.  L'espèce 
type  et  unique,  he  L.  Populi  de  Még.,  habite 
la  France  ,  l'Autriche  et  l'Angleterre.  Cur- 
tis  a  décrit  depuis  cet  Insecte  sous  les  noms 
générique  et  spécifique  de  Alphitophagus 
quadripustulalus.  (C.) 

LITHOPHYTES.  Lithophyta.  polyp.  — 
Deuxième  tribu  de  la  famille  des  Polypes 
corticaux  de  Cuvier,  comprenant  ceux  dont 
le  Polypier  a  un  axe  intérieur  de  substance 
pierreuse  et  fixé.  Cette  tribu  contient 
pour  cet  auteur  trois  genres  principaux  : 
les  Isis ,  les  Madrépores  et  les  Millépores 
(voyez  ces  mots).  Les  deux  premiers  sont 
de  vrais  Polypes,  mais  appartenant  à  deux 
types  différents.  En  effet,  les  Isis,  comme 
le  Corail ,  ont  des  Polypes  à  huit  tentacules 
pinnés  comme  les  autres  Alcyoniens, et  les  Po- 
lypes des  Madrépores  ont  des  tentacules  au 
nombre  de  douze  ou  en  nombre  indéfini 
comme  les  Actinies,  dont  ils  ne  diffèrent  que 
par  la  faculté  de  sécréter  un  support  calcaire 
à  l'intérieur.  Les  Millépores,  au  contraire, 
comprennent  les  Bryozoaires,que  leur  organi- 
sation rapproche  bien  davantage  des  Mollus- 
ques; et  leur  Polypier,  au  lieu  d'être  un 
axe  intérieur,  est  le  résultat  de  la  soudure 
des  têts  partiels  de  chaque  animal ,  succes- 
sivement produit  par  gemmation.    (Duj.) 

LITHOPUS  (AiOoç,  pierre;  iro3ç,  pied). 
ins. — Genre  de  Coléoptères  pentamères, 
famille  des  Carabiques,  tribu  des  Bipartis  , 
proposé  par  Audouin  et  adopté  par  De- 
jean (Catalog.,  2e  éd.,  p.  17).  L'espèce  type, 
L.  brcvicornis  Aud.,  est  originaire  de  la  Bo- 
livie, d'où  elle  a  été  rapportée  par  M.  Aie. 
d'Orbigny.  (C.) 

*LiTHOSANTHES(a:9oç,  pierre  ;  av9oç, 
fleur),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Rubiacées-Guettardées  ,  établi  par  Blume 
(in  Flora,  1825,  p.  187).  Arbrisseaux  du 
Java.  Voy.  rubiacées. 

*LITHOSIDES,  Lithosides.  ins.— Tribu 
établie  par  M.  Boisduval  dans  la  famille  des 
Nocturnes  de  l'ordre  des  Lépidoptères.  Elle 
est  ainsi  caractérisée  :  Corps  grêle,  allongé  ; 
ailes  supérieures  en  sautoir ,  toujours  plus 
étroites  que  les  inférieures,  qui  sont  ordi- 
nairement plissées  en  éventail  sous  les  pre- 
mières, les  unes  et  les  autres  enveloppant 
l'abdomen  lorsqu'elles  sont  fermées. 


Chenilles  à  seize  pattes,  garnies  de  petits 
faisceaux  de  poils  implantés  ordinairement 
sur  des  tubercules.  Chrysalides  plus  ou  moins 
courtes,  ovoïdes,  à  segments  abdominaux 
inflexibles,  et  contenues  dans  des  coques  d'un 
tissu  lâche  et  entremêlé  de  poils. 

La  tribu  des  Lithosides  comprend  huit 
genres,  nommés  :  Nadia,  Melasina  ,  Emy- 
dia,  Dejopeia,  Lithosia,  Calligenia,  Setina  et 
Nudaria. 

LITHOSIE.  Lithosia  (Xi'Ooç ,  pierre  pré- 
cieuse). iNS.  —  Genre  de  l'ordre  des  Lépi- 
doptères Nocturnes,  tribu  des  Lithosides  , 
établi  par  Latreille,  et  caractérisé  principale- 
ment par  des  antennes  sétacées  ,  très  grê- 
les ;  par  des  ailes  longues  et  étroites,  sur- 
tout les  antérieures. 

Duponchel  (  Catal.  des  Lépid.  d'Eur.  )  en 
cite  18  espèces  ,  toutes  d'Europe,  principa- 
lement de  la  France.  Elles  sont  générale- 
ment de  petite  taille,  et  leurs  Chenilles  vi- 
vent des  lichens  des  pierres  ou  des  arbres. 
Nous  citerons  comme  une  des  plus  répan- 
dues en  France,  la  L.  rubricollis  L. 

LITHOSPERMUM.   bot.  ph.  —   Voy. 

GREMIL. 

LiriIOSTIUTlON.  'polyp.  —  Voy.  co- 

LUMNAIRE. 

*LITIIOXYLOIV  (Mos,  pierre;  ÇuXov  , 
bois),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Euphorbiacées-Buxées,  établi  par  Endlicher 
{Gen.  pi,  p.  1122  ,  n.  5863).  Arbres  de 
Taiti.  Voy.  euphorbiacées. 

*LITHRJSA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Anacardiacées  ,  établi  par  Miers 
(  Travels  in  Chili,  II,  529).  Arbrisseaux  du 
Chili  et  de  la  Californie.  Une  chose  à  remar- 
quer dans  ce  genre ,  c'est  que  les  étamines 
sont  au  nombre  de  10  dans  les  espèces  qui 
appartiennent  au  Chili ,  et  de  5  seulement 
dans  celles  propres  à  la  Californie,  ce  qui  a 
déterminé  Endlicher  à  diviser  le  genre  en 
deux  sections  ,  qu'il  nomme  Llithi  (espèces 
du  Chili  )  et  Malosma  (esp.  de  la  Californie). 

*LITHURGLS  (  Moupyo*  ,  qui  perce  la 
pierre),  ins. — Genre  de  la  tribu  des  Apiens 
(  Mellifères  de  Latreille),  de  l'ordre  des  Hy- 
ménoptères, famille  des  Osmiides.  Les  Li- 
thurgus ,  détachés  par  Latreille  des  Centris 
de  Fabricius,  sont  peu  nombreux  en  espèces. 
Toutes  celles  connues  habitent  le  midi  de 
l'Europe  et  le  nord  de  l'Afrique.  Le  type 
est  le  L.  cornutus  Fabr.  (Bl.) 

T.   Vil. 


LIT 


409 


*LITÏOPE.  moll.  —  Ce  petit  genre  a  été 
établi  par  M.  Rang,  dans  son  Manuel  de  con- 
chyliologie, pour  un  petit  Mollusque  gasté- 
ropode,  à  coquille  spirale  et  turriculée, 
dont  les  mœurs  singulières  ont  été  obser- 
vées pour  la  première  fois  par  le  capitaine 
de  vaisseau,  M.  Bélanger.  La  coquille  res- 
semble par  ses  formes  extérieures  à  celles 
d'un  très  petit  Buccin,  dont  l'ouverture  se- 
rait à  peine  échancrée  à  la  base  ;  la  spire 
est  courte,  obtuse;  l'ouverture  est  un  peu 
moins  longue  que  la  spire;  elle  est  ovale, 
subsemi-lunaire,  un  peu  oblique  sur  l'axe 
longitudinal  ;  son  bord  droit  est  mince , 
tranchant,  et  il  se  joint  à  la  base  de  la  co- 
lumelle  en  formant  une  légère  dépression, 
que  l'on  pourrait  comparer  à  celle  des  Ris- 
soa.  La  columelle  est  simple,  sans  piis,  ar- 
rondie, subcylindracce  ;  le  plan  général  de 
l'ouverture  est  un  peu  incliné  d'arrière  en 
avantsur  l'axe  longitudinal.  L'animal  rampe 
sur  un  pied  allongé  ,  étroit ,  bifurqué  en  ar- 
rière. Sur  son  extrémité  antérieure,  ce  pied 
peut  se  ployer  en  une  espèce  de  canal  ;  nous 
verrons  tout-à-1'heure  de  quelle  utilité  lui 
est  cette  disposition.  La  tête  est  médiocre, 
un  peu  proboscidiforme  ,  et  elle  porte  en 
arrière  deux  tentacules  cylindriques,  tron- 
qués, et  obtus  au  sommet.  L'œil  est  placé 
sur  la  partie  externe  et  un  peu  antérieure 
de  la  base  du  tentacule.  Ce  qui  rend  parti- 
culièrement ce  petit  Mollusque  digne  d'at- 
tention ,  c'est  sa  manière  de  vivre,  et  sur- 
tout la  propriété  dont  il  jouit  de  se  suspendre 
dans  l'eau  à  un  Cl  muqueux  qu'il  a  préala- 
blement attaché  à  la  plante  sur  laquelle  il 
vit  habituellement.  En  cela  le  Liliope  res- 
semble à  ces  Chenilles  qui,  inquiétées  ou 
poursuivies,  se  laissent  tomber  en  filant  un 
fil  qui  les  tient  suspendues.  On  ne  devait 
guère  s'attendre  à  rencontrer  un  Mollusque 
marin  doué  d'une  aussi  singulière  pro- 
priété; car  on  doit  supposer  qu'une  matière 
muqueuse,  sécrétée  par  l'animal,  doit  offrir 
une  singulière  résistance  pour  le  tenir  dans 
l'eau,  et  lui  permettre  de  se  servir  de  ce  fil 
pour  regagner  le  point  de  départ  d'où  il  est 
tombé.  Cependant  le  fait  existe,  et  nous 
avons  eu  occasion  d'en  vérifier  l'exactitude 
sur  une  belle  petite  espèce  de  Litiope  de  la 
Méditerranée.  Voici ,  à  ce  sujet ,  ce  que 
nous  avons  observé.  Notre  Litiope  rampait 
sur  une  feuille  de  Zostère;  aussitôt  que  l'oi> 


410 


LIT 


imprimait  une  secousse  à  cette  feuille,  l'a-  j 
nimal,  effrayé,  se  laissait  tomber;  mais 
comme  le  Mollusque  ,  en  rampant ,  avait 
laissé  sa  mucosité  attachée  derrière  lui ,  il 
continuait  à  la  sécréter  dans  sa  chute  ,  ou 
plutôt  elle  sortait  d'un  petit  crypte  muqueux 
situé  à  la  troncature  postérieure  du  pied,  à 
peu  près  de  la  même  manière  que  celui  d'un 
assez  grand  nombre  de  Limaces.  Le  fil  pro- 
duit par  la  chute  de  l'animal  pouvait  acqué- 
rir jusqu'à  15  ou  18  centimètres  de  lon- 
'  gueur.  Lorsque  l'animal  suppose  le  danger 
passé  ,  il  saisit  son  fil  muqueux  par  le  mi- 
lieu du  pied;  l'extrémité  antérieure  de  cet 
organe  se  reploie  en  canal  cylindrique ,  de 
manière  à  forcer  le  fil  à  se  présenter  tou- 
jours sur  le  milieu  du  pied,  et  à  mesure 
que  l'animal  remonte,  la  portion  du  fil  mu- 
queux, devenue  inutile,  se  place  en  tortil- 
lons irréguliers  dans  la  bifurcation  de  l'ex- 
trémité postérieure  du  pied.  L'animal  rampe 
assez  rapidement  sur  son  fil  muqueux,  et 
bientôt  il  a  regagné  la  plante  sur  laquelle 
il  vit.  En  essayant  la  force  du  fil  muqueux 
produit  par  le  Litiope  ,  nous  avons  été  sur- 
pris de  lui  trouver  plus  de  ténacité  que  nous 
ne  nous  y  étions  attendu,  et  nous  avons 
compris  dès  lors  comment  l'animal  peut  res- 
ter suspendu  à  un  support  qui  échappe  fa- 
cilement à  l'observation  autant  par  sa  trans- 
parence que  par  sco  extrême  finesse. 

Le  nombre  des  espèces  jusqu'à  présent 
connues  dans  ce  genre  est  peu  considérable; 
nous  en  connaissons  trois  seulement,  et, 
jusqu'ici ,  aucune  n'a  été  signalée  à  l'état 
fossile.  (  Desh.) 

*LlTOCERL-S  (>tToç,  mince;  xipaç,  an- 
tenne). Ins.  —  Genre  de  Coléoptères  tétra- 
mères,  famille  des  Curculionidcs  orthocères, 
division  des  Anthribides,  créé  par  Schœnherr 
(Gênera  et  sp.  Curculion.,  t.  I,  p.  125  , 
5e  part.,  p.  186)  avec  3  espèces  des  Indes 
orientales,  le  L.  histrio  Schr. ,  et  les  Macroce- 
phalus  maculatus  et  fuliginosus  d'Oliv.  (G.) 

*LITOMERUS  (  àiTb's ,  mince  ;  pipo*  > 
cuisse),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  tétra- 
mères  ,  famille  des  Curculionides  gonatocè- 
res ,  division  des  Apostasimérides  cholides  , 
créé  par  Schœnherr  (Gêner,  et  sp.  Curculion. , 
tom.  III ,  p.  573  ;  VIII ,  lre  part.,  p.  17), 
avec  une  espèce  du  Brésil ,  qu'il  nomme  L. 
Uneatus.  Perty  l'a  décrite  antérieurement 
sous  les  noms  générique  et  spécifique  de 


LIT 

Desmosomus  longipes  (Delect.  an.  art. ,  p.  S I , 
tab.  16,  fig.  11).  (C.) 

*LITOPUS  (Wç ,  mince  ;  «o3ç ,  pied). 
ins. — Genre  de  Coléoptères  subpentamères, 
tétramères  de  Latreille  ,  famille  des  Longi- 
cornes,  tribu  des  Cérambycins,  créé  par 
Serville  (  Ann.  de  la  Soc.  ent.  de  Fr.,  t.  II , 
p.  563).  6  espèces  sont  comprises  dans  ce 
genre,  et  proviennent  la  plupart  du  cap  de 
Bonne-Espérance.  Le  type  a  reçu,  de  la  part 
de  Fabricius ,  les  noms  de  Cerambyx  ater 
(individu  mâle) ,  et  de  Saperda  latipes  (  in- 
dividu femelle).  (C.) 

*LITORHYNCHUS(Wo'ç,  simple;  pv7Xo<, 
rostre),  bot.  ph.  — Genre  de  l'ordre  des 
Diptères  brachocères,  famille  des  Tanysto- 
mes  ,  tribu  des  Bombyliens  ,  établi  par 
M.  Macquart  (Dipt.  exot.,  t.  III,  lre  part., 
p.  78),  qui  y  rapporte  3  espèces  du  cap  de 
Bonne- Espérance. 

*LITORIA.  reit.—  Genre  de  Batraciens 
anoures  de  la  famille  des  Hylaeformes  ,  pro- 
posé par  M.  Tschudi  (Class.  Batrac,  1838), 
qui  y  rapporte  deux  espèces  :  la  Liloria 
Freycineti  Dum.  et  Bibr.  (Erp.  gén.,  VIII, 
pi.  88,  f.  2),  qui  se  trouve  au  port 
Jackson  ;  et  la  Litoria  americana  Dum.  et 
Bibr.  (lococit.),  qui  provient  de  la  Nouvelle- 
Orléans.  (E.  D.) 

LITORNE.  ois.— Nom  d'une  espèce  eu- 
ropéenne de  la  famille  des  Merles.     (Z.  G.) 

^ITOSONYCHA  (  Xitoç  ,  simple  ;  ovvÇ  , 
ongle),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  subpen- 
tamères, tétramères  de  Latreille,  famille  des 
Cycliques ,  tribu  des  Alticides  (  des  Chryso- 
mélines  de  Lat.  ),  créé  par  nous  et  adopté 
par  Dejean  (Catalogue,  3e  éd.),  qui  y  com- 
prend 2  espèces  du  Brésil  :  les  L.  decipiens 
et  calceata  Dej.  (C.) 

LITSvEA.  bot.  ph.  —Genre  de  la  famille 
desLaurinées-Daphnidiées,  établi  par  Jus- 
sieu(Dic*.  sc.nat.,  t. XXVII, p.  79).  Arbres 
de  l'Inde.  Voy.  laurinées.  —  Lam.,  Syn. 
de  Tetranthera,  Jacq. 

LITTORALES,  Illig.  ois.  — Syn.  de  Li- 
micoles. 

LITTORELLA  (  littoralis,  de  rivage). 
bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des  Planta  - 
ginées,  établi  par  Linné  (  Gen.,  n.  1328). 
Herbes  aquatiques  de  l'Europe  boréale.  Voy. 

PLANTAGINÉES. 

LITTORINE.  Littorina  (littoralis,  de  ri- 
vage), moll.  —  On  doit  la  création  de  ce  g.  à 


LIT 


LIT 


411 


M.  de  Férussac,  qui  l'a  proposé  pour  la  pre- 
mière fois ,  dans  ses  Tàbl.  systém.  L'arran- 
gement de  ce  naturaliste  consistait  à  partager 
le  g.  Paludine  en  cinq  sous-genres  :  celui  des 
Littorines  s'y  rencontre.  Il  a  pour  type  le 
Turbo  littoreus  de  Linné,  et  il  rassemble  au- 
jourd'hui un  assez  grand  nombre  d'espèces, 
parmi  lesquelles  on  en  remarque  plusieurs 
connueset  figurées  par  les  anciens  conchylio- 
logistes.  Parmi  ces  espèces ,  on  remarque 
le  Turbo  littoreus  de  Linné,  et  encore  quel- 
ques autres  plus  aplaties,  qui  ont  été  en- 
traînées dans  le  g.  Nérite.  Les  auteurs  systé- 
matiques conservèrent  presque  toutes  ces 
coquilles  dans  le  g.  Turbo  ou  dans  celui 
des  Trochus,  et  Lamarck  lui-même  suivit 
l'exemple  de  ses  prédécesseurs  ,  quoiqu'il 
connût  la  figure  du  Turbo  littoreus  donnée 
par  Cuvier,  dans  les  Annales  du  Muséum. 
Lamarck  distribua  les  espèces ,  non  seule- 
ment parmi  les  Turbos,  mais  encore  parmi 
les  Phasianelles  ;  on  en  rencontre  même 
quelques  unes  parmi  les  Monodentes.  La 
création  du  g.  Littorine  a  donc  eu  le  grand 
avantage  de  faire  cesser  cette  confusion,  et 
de  réunir  en  un  seul  groupe  naturel  des  ani- 
maux, avant  cela  disséminés  dans  quatre  ou 
cinq  genres.  Tous  les  zoologistes  aujourd'hui 
sont  d'accord  pour  admettre  le  genre  qui 
nous  occupe  ;  mais  il  s'agit  actuellement  d'en 
déterminer  les  rapports  avec  les  g.  con- 
nus. Il  est  évident  que  les  Littorines  s'é- 
loignent beaucoup  de  la  famille  des  Tur- 
bos et  des  Troques ,  ainsi  que  des  Néri- 
tes ,  des  Lacunes,  et  plus  encore  des  Pha- 
sianelles. Ce  qui  caractérise  les  animaux  de 
la  famille  des  Turbinacés ,  ce  sont  les  ten- 
tacules plus  ou  moins  nombreux  implantés 
sur  les  parties  latérales  du  pied.  Jamais  on 
n'a  retrouvé  la  moindre  trace  de  ces  organes 
|  dans  les  Littorines  ;  aussi  nous  pensons 
|  qu'il  conviendra  d'adopter  l'opinion  de  Fé- 
jrussac,  et  de  rapprocher  les  Littorines  des 
:Paludines,  sans  cependant  les  comprendre 
I  dans  la  même  famille.  Nous  pensons  aussi 
<  que  les  g.  Scalaire  et  Turritelle  ne  doivent 
j  pas  en  être  très  éloignés.  Enfin,  nous  voyons 
j  dans  le  g.  Planax  une  modification  des  Lit- 
•  torines  comparable  à  celle  des  Mélanopsides, 
par  rapport  aux  Mélanies. 

Les  coquilles  du  g.  Littorine  sont  géné- 
ralement ovales,  subglobuleuses.  La  spire 
est  rarement  élancée,  et  presque  jamais  sa 


longueur  ne  dépasse  celle  du  dernier  tour. 
L'ouverture  est  généralement  semi-lunaire. 
Chez  quelques  espèces,  elle  est  ovale,  quel- 
quefois subcirculaire.  Le  plan  de  cette  ou- 
verture est  toujours  obliquement  incliné  sur 
l'axe  longitudinal  de  la  coquille.  Le  bord 
droit  est  simple,  tranchant,  plus  ou  moins 
épais  à  l'extérieur,  selon  les  espèces;  il  s'ar- 
rondit à  sa  base;  il  reste  parfaitement  en- 
tier, et  se  joint  insensiblement  à  la  colu- 
melle.  Celle-ci  est  assez  courte,  presque  tou- 
jours un  peu  élargie  à  la  base,  et  si  elle  est 
arrondie  au  sommet  dans  un  grand  nom- 
bre d'espèces,  elle  s'aplatit  et  devient  un 
peu  tranchante  à  son  extrémité  antérieure. 
La  base  du  dernier  tour  est  toujours  très 
convexe,  et  très  rarement  on  trouve  une  pe* 
tite  perforation  ombilicale.  Dans  les  espèces 
rapportées  par  Lamarck  au  g.  Monodonte, 
on  voit,  à  l'extrémité  de  la  columelle,  une 
petite  troncature  dentiforme,  caractère  sans 
importance ,  qui  en  a  imposé  au  zoologiste 
dont  nous  parlons. 

L'animal  présente  des  caractères  parti- 
culiers qui  viennent  confirmer  ceux  de  la 
coquille.  Il  rampe  sur  un  pied  arrondi,  ova- 
laire,  court,  entièrement  caché  par  sa  co- 
quille; l'extrémité  antérieure  estséparée  en- 
tièrement d'une  grosse  tête  proboscidiformc 
ridée  transversalement,  et  fendue  en  avant 
dans  toute  sa  longueur  par  une  bouche  gar- 
nie de  chaque  côté  d'une  lèvre  longitudinale. 
En  arrière  de  la  tête  ,  et  sur  les  parties  la- 
térales, s'élèvent  deux  tentacules  fort  allon- 
gés, coniques,  très  pointus  au  sommet, 
élargis  à  la  base,  et  y  portant,  au  côté  ex- 
terne, un  œil  assez  grand  et  plus  proémi- 
nent. Sur  l'extrémité  postérieure  du  pied 
est  attaché  un  opercule  corné  qui  affecte  la 
forme  de  l'ouverture  de  la  coquille,  et  qui 
est  paucispirée.  La  spire  de  cet  opercule  est 
tantôt  subcentrale,  tantôt  latérale,  et  l'on 
y  compte  rarement  plus  de  2  à  3  tours.  Si 
l'on  pénètre  dans  la  cavité  cervicale  de  l'a- 
nimal, on  trouve  à  droite  l'anus  et  les  or- 
ganes de  la  génération  r  et  dans  le  fond  , 
vers  la  gauche ,  un  peigne  branchial  assez 
considérable. 

Il  est  évident,  d'après  ce  que  nous  venons 
de  dire,  que  le  genre  Littorine  se  distingue 
complètement  de  tous  ceux  avec  lesquels  il 
a  été  confondu,  et,  pour  s'en  convaincre,  il 
suffit  de  consulter  les  art.  Turbo,  Troque, 


M2 


LIT 


Phasianelle  ,  Monodonte',  Nerite  et  Lacune.    | 

Les  Littorines  sont  des  Mollusques  marins 
ayant  une  manière  de  vivre  spéciale.  Ils  s'at- 
tachent aux  rochers  au-dessus  du  niveau  des 
eaux,  et  sont  seulement  mouillés  par  les  va- 
gues qui  viennent  battre  les  rivages.  Nous 
avons  vu  pendant  toute  Tannée  des  Littorines 
sur  les  rochers  du  rivage  de  l'Algérie,  sup- 
portant sans  presque  se  déranger  toutes  les 
influences  des  saisons,  recevant  alternative-* 
ment  les  eaux  torrentielles  de  l'automne  et 
du  printemps,  les  vagues  de  la  mer  pendant 
les  tempêtes,  et  supportant  l'ardeur  du  soleil 
dans  une  saison  où  les  roches  qui  y  sont 
exposées  peuvent  à  peine  être  saisies  par  la 
mer.  Cesanimaux  sont  en  grande  abondance, 
et  on  en  connaît  maintenant  de  presque 
toutes  les  mers.  Nous  en  connaissons  plus 
de  80  espèces  vivantes,  auxquelles  on  peut 
ajouter  une  quinzaine  de  fossiles,  distribuées 
en  partie  dans  les  terrains  tertiaires  et  en 
partie  dans  les  terrains  secondaires;  ce  sont 
les  terrains  oolitiques  qui  en  contiennent  le 
plus.  (Desh.) 

LITUACÉS.  Lituaceœ.   moll.  —  M.  de 
Blainville,  dans  son  Traité  de  Malacologie.,  a 
institué  cette  famille  pour  y  ranger  un  cer- 
tain nombre  de  genres  de  Céphalopodes.  Il 
les  distribue  en  deux  groupes  :  dans  le  pre- 
mier, sont  ceux  dont  la  coquille  est  à  cloi- 
sons simples,  tels  que  les  genres  Ichthyosar- 
colite,  Lituoleet  Spirule;  dans  le  deuxième 
groupe  sont  les  genres  dont  la  coquille  a  les 
cloisons  sinueuses,  tels  que  les  g.  Amite  et 
Ammonocéraiite.  Cettefamillenepeut  rester 
comme  son  auteur  l'a  instituée;  car  on  sait 
aujourd'hui  que  les  Ichthyosarcolites  sont  1  es 
débris  d'une  coquille  bivalve,  et  que  les  Li- 
tuoles  se  rapprochent  plus  des  Nautiles  que 
des  Spirules.  Enûn  tous  les  zoologistes  ont 
réuni  dans  la  famille  des  Ammonées  toutes 
les  coquilles  à  siphon  dorsal  et  à  cloisons  pro- 
fondément découpées,  comme  les  Amites,  et 
tous  aussi  ont  abandonné  le  genre  Ammo- 
nocérate  établi  pour  une  Ammonite  incom- 
plète. V.  CÉPHALOPODES  et  MOLLUSQUES.  (DESH.) 

LITUITE.  Limites  (lituus,  crosse),  moll. 
—  Ces  coquilles,  d'une  forme  très  singulière, 
ont  depuis  très  longtemps  attiré  l'attention 
des  oryctographes  et  des  amateurs  de  pétrifi- 
cations. Figurées  dans  plusieurs  ouvrages  , 
ces  coquilles,  restées  rares  jusqu'ici  dans  les 
collections ,  ont  été  le  sujet  de  diverses  opi- 


LIT 

nions  et  de  plusieurs  discussions ,  à  la  suite 
desquelles  leur  véritable  nature  a  été  enfin  as- 
sez bien  connue  pour  permettre  à  un  homme 
d'un  mérite  peu  commun  de  les  rapprocher 
des  Nautiles ,  des  Orthocères  et  des  autres 
Céphalopodes  à  coquille  cloisonnée.  Breyne , 
en  effet,  dans  sa  dissertation  sur  les  Poly- 
thalames,  est  conduit  par  une  appréciation 
très  exacte  des  caractères  à  rapprocher  sans 
confusion  les  Lituites  des  Orthocères,  des 
Nautiles,  et  même  des  Spirules.  Linné  con- 
sacra l'opinion  de  Breyne  en  la  modifiant; 
car  dès   les  premières  éditions  du  Systema 
naturœ,  il  comprend    la    Lituite  dans  le 
genre  Nautile ,  sous  le  nom  de  Naulilus  li- 
luus.    Lorsque,  au  commencement  de   ce 
siècle ,  on  découvrit  à  l'état  fossile  des  co- 
quilles microscopiques  cloisonnées,  on  vou- 
lut les  classer  et  les  rapprocher  de  celles  des 
Céphalopodes  proprement  dits.  Linné,  dans 
ses  classifications ,    avait  commencé  cette 
confusion   pour  les  espèces  vivantes  obser- 
vées par  Gualtieri ,  et  elle  se  continua  ,  en 
s'aggravant,  à  mesure  que  de  nouveaux  ob- 
servateurs ajoutèrent  des   faits   nouveaux 
dans  ce  monde  si  intéressant  des  coquilles 
microscopiques.  Lamarck,  entraîné  par  des 
rapports    de  formes,  réunit  dans  un  seul 
genre,  celui  des  Lituoles,  non  seulement 
les  Lituites ,   mais  encore   les   petites  co- 
quilles de  Grignon  et  d'autres  localités,  qui 
présentent  des  formes  à  peu  près  sembla- 
bles. Il  résulta  de  cette  confusion  que  le  genre 
Lituite  lui-même  fut  évincé  de  la  méthode 
et  remplacé  par  les  coquilles  qui  n'appar- 
tiennent même  pas  à  la  classe  des  Mollus- 
ques. Les  découvertes  de  M.  Dujardin  et  l'é- 
tablissement de   la   classe  des  Rhizopodes 
mirent  un  terme  à   la  confusion  que  nous 
venons  de  signaler,  et  aujourd'hui  le  genre 
Lituite,  débarrassé  de  toutes  les  coquilles 
microscopiques  qui  l'encombraient  inutile- 
ment,   se   trouve   à  la  vérité  réduit   à  un 
petit  nombre  d'espèces ,  mais   qui  toutes 
présentent   des    caractères  uniformes,  au 
moyen  desquels  le  genre   reprend  toute  la 
valeur  que  Breyne  lui  avait  d'abord  accordée. 
Les  Lituites  sont  des  coquilles  très  singu- 
lières. Leur  sommet,  tourné  en  spirale  régu- 
lière, symétrique ,  est  composé  d'un  nombre 
détours  plus  ou  moins  considérable,  en- 
roulés sur  un  plan  horizontal,   ordinaire- 
ment désunis  ou  se  touchant  à  peine.  Le 


LIT 


L1V 


413 


dernier  tour,  au  lieu  de  s'enrouler  comme 
les  précédents  ,  se  continue  en  ligne  droite , 
de  sorte  que,  dans  son  ensemble,  la  co- 
quille ressemble  en  petit  à  la  crosse  d'un 
évêque.  Tous  les  tours  de  la  spire  sont  rem- 
plis par  des  cloisons  simples,  concaves  d'un 
côté,  convexes  de  l'autre,  et  toutes  sont  per- 
cées d'un  siphon  petit,  circulaire,  subYen- 
tral  et  se  continuantsans  interruption  d'une 
loge  à  l'autre.  Dans  les  individus  bien  en- 
tiers et  parvenus  à  l'état  adulte,  ce  dernier 
tour  reçoit  encore  un  petit  nombre  de  cloi- 
sons, mais  presque  toute  sa  partie  droite 
constitue  une  grande  cavité  simple,  ter- 
minée par  une  ouverture  circulaire  ,  à  bords 
à  peine  obliques,  sans  sinuosité  et  dégarnis 
de  bourrelet.  Cette  longue  cavité  était  des- 
tinée à  contenir  l'animal,  et  son  existence 
dans  le  genre  Lituite  est  une  grande  valeur 
pour  déterminer  à  quelle  famille  il  doit  ap- 
partenir. Les  spirules,  en  effet,  étant  con- 
tenues à  l'intérieur  du  sac  de  l'animal,  n'ont 
point  de  cavité  propre  pour  le  recevoir,  et 
leur  dernière  cloison  n'a  pas  plus  d'étendue 
que  les  précédentes.  Dans  les  Nautiles  au 
contraire  et  dans  tous  les  genres  qui  appar- 
tiennent à  la  famille  des  Nautilacés,  la  co- 
quille est  complètement  extérieure  :  aussi 
se  termine-t-elle  toujours  par  un  long  étui 
dans  lequel  l'animal  est  en  quelque  sorte 
engaîné.  Il  devient  évident  par  là  que  le 
genre  Lituile  doit  appartenir  à  la  famille 
des  Nautilacés  et  non  à  celle  des  Spirules. 
Au  reste,  la  connaissance  que  l'on  a  actuel- 
lement de  l'animal  du  Nautile,  ne  permet 
plus  de  rapprocher  les  Spirules  des  Nauti- 
lacés ,  et  malgré  l'apparence,  il  faut  sé- 
parer des  genres  qui  semblent  avoir  entre 
eux  beaucoup  de  rapports.  Le  genre  Lituite 
doit  donc  se  ranger  dans  la  méthode  parmi 
les  Céphalopodes  cloisonnés,  dans  la  famille 
des  Nautilacés,  dans  le  voisinage  des  Gom- 
phocéras,  des  Campulites  et  des  Clymenia. 
D'après  ce  que  nous  venons  d'exposer,  il 
est  facile  de  résumer  les  caractères  généri- 
ques de  la  manière  suivante: 

Animal  inconnu;  coquille  cloisonnée 
transversalement,  à  cloisons  simples,  per- 
cées d'un  siphon  subventral  ;  sommet  tourné 
en  spirale,  atours  distincts  et  contigus; 
dernière  loge  grande,  engainante,  propre  à 
contenir  l'animal,  et  terminée  par  une  ou- 
verture simple  et  circulaire. 


Le  nombre  des  espèces  actuellement  con- 
nues est  peu  considérable  ;  toutes  sont  fos- 
siles et  appartiennent  à  une  race  entière- 
ment éteinte  à  la  surface  de  la  terre.  Sans 
exception  ,  les  Lituites  se  trouvent  dans  les 
couches  de  sédiment  les  plus  anciennement 
déposées  à  la  surface  de  la  terre,  et  appar- 
tiennent par  conséquente  cette  période  re- 
marquable pendant  laquelle  existait,  parmi 
les  animaux  Céphalopodes,  la  seule  famille 
des  Nautilacés  qui,  à  cette  époque  reculée, 
a  subi  toutes  les  modifications  actuellement 
connues.  (Desh.) 

LITUOLACÉES ,  Lamk.  moll.  —  Syn. 
de  Lituotées,  id.  (Desh.) 

LITUOLE.  Lituoîa.  moll. —  Genre  insti- 
tué par  Lamarck  pour  de  petites  coquilles 
microscopiques  appartenant  à  la  classe  des 
Rhizopodes,  et  parfaitement  caractérisées 
par  leur  forme  générale.  En  effet,  la  spire 
est  discoïde,  composée  d'un  petit  nombre 
de  tours  conjoints,  dont  le  dernier  se  pro- 
longe en  ligne  droite.  Ces  coquilles  sont  di- 
visées par  de  nombreuses  cloisons  convexes 
en  avant  et  percées  de  trois  à  six  trous.  (Desh.) 

JLITUOLÉES.  Lituolœ.  moll.—  Lamarck 
a  institué  cette  famille  parmi  les  Mollusques 
céphalopodes  pour  réunir  toutes  les  coquilles 
à  sommet  tourné  en  spirale  ,  et  ayant  le 
dernier  tour  projeté  en  ligne  droite.  Il  y 
réunit  les  trois  genres  Spirule,  Spiroline  et 
Lituole.  Le  genre  Spirule  doit  rester  actuel- 
lement dans  la  classe  des  Céphalopodes  ; 
mais  les  deux  autres  doivent  passer  dans 
celle  des  Rhizopodes.  Voy.  ces  mots.  (Desh.) 

LÏTUUS,  Humph.  moll.  —  Syn.  de  Cy- 
clostome,  Lamk.  (Desh.) 

*LIUS().£t'oç,  lisse),  ins.  — Genre  de  Co- 
léoptères pentamères,  famille  des  Sternoxes, 
tribu  des  Buprestides,  proposé  par  Eschscholtz 
et  adopté  par  Dejean  (  Catalogue ,  3e  édit. , 
p.  94  ),  qui  en  énumère  14  espèces  :  8  sont 
originaires  de  Cayenne,  3  de  Colombie,  2  de» 
États-Unis,  et  1  est  indigène  du  Brésil.  Le 
type,  le  L.  dilatatus  Eschs.,  est  propre  à  ce 
dernier  pays.  Les  Lius  rentrent  dans  le  g. 
Brachys  de  M.  Solier,  adopté  par  MM.  Gory 
et  de  Laporte  ;  ces  derniers  auteurs  en  ont 
connu  38  espèces,  qui  appartiennent  toutes 
à  l'Amérique.  (C.) 

LIVÈCHE.  Ligusticum.  bot.  ph. — Genre 
de  la  famille  des  Ombellifères ,  établi  par 
Linné  (Gen.y  n°  346).  Herbes  originaires  de 


114 


LIV 


L1X 


l'Europe,  de  l'Amérique  boréale  et  de  l'A- 
sie centrale.  Voy.  ombellifères. 

L1VIA  (nom  mythologique),  ins. — Genre 
de  la  famille  des  Psyllides ,  tribu  des 
Aphidiens,  de  l'ordre  des  Hémiptères,  éta- 
bli par  Latreille  et  adopté  par  tous  les  en- 
tomologistes. Les  Livia  se  reconnaissent  ai- 
sément à  leurs  antennes  beaucoup  plus  cour- 
tes que  le  corps,  à  premier  article  très  gros, 
le  second  fort  grand,  et  les  suivants  larges 
et  courts. 

On  a  décrit  une  seule  espèce  de  ce  genre  : 
c'est  la  Livie  des  joncs  (L.  juncorum  Latr.), 
qui  vit  et  dépose  ses  œufs  dans  les  fleurs 
des  joncs.  Souvent  ces  Insectes  y  occasion- 
nent des  excroissances  en  absorbant  la  sève, 
et  sans  doute  en  sécrétant  un  liquide  irri- 
tant. (Bl.) 

LIVISTONA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Palmiers,  tribu  des  Goryphinées, 
établi  par  R.  Brown  (Prodr.,  t.  III,  p.  123). 
Palmiers  de  la  Nouvelle-Hollande  et  de  l'A- 
sie tropicale. 

LIVON.  moll.  —  La  coquille  nommée 
ainsi  par  Adanson  est  une  belle  espèce  de 
Troque  que  Linné  comprenait  dans  son  g. 
Turbo  sous  le  nom  de  Turbo  pica.  Voy. 
troque.  (Desh.) 

LIVONÈCE.  Livoneca.  crust.  — Genre 
de  l'ordre  des  Isopodes ,  de  la  famille  des 
Cymothoadiens,  de  la  tribu  des  Cymothoa- 
diens  parasites,  établi  par  Leach,  et  adopté 
par  les  carcinologistes.  Chez  ces  Crustacés , 
la  tête  est  petite,  et  les  yeux  bien  apparents, 
mais  sans  granulations  bien  distinctes.  Le 
front  est  avancé,  arrondi,  et  recourbé  en  bas, 
mais  ne  se  prolonge  que  peu  ou  point  entre 
la  base  des  antennes  et  la  face  inférieure  de 
la  tête.  Les  antennes  sont  très  petites,  et 
composées  d'articles  à  peu  près  de  même 
forme.  La  bouche  n'offre  rien  de  remarqua- 
ble. Le  thorax  est  plus  bombé  et  s'élargit 
beaucoup,  mais  très  graduellement  jusqu'au 
cinquième  segment,  puis  se  rétrécit  de  la 
même  manière.  Les  pièces  épimériennes  oc- 
cupent la  face  dorsale  du  thorax,  elles  sont 
étroites,  et  dépassent  à  peine  les  angles  cor- 
respondants de  la  pièce  sternale.  L'abdomen 
est  très  large  à  sa  base  avec  les  angles  laté- 
raux des  cinq  premiers  anneaux  se  prolon- 
geant en  une  petite  dent  obtuse.  Les  pattes 
sont  généralement  courtes.  Les  espèces  qui 
composent  ce  genre  se  tiennent  fixées  sur 


les  branchies  ou  sur  d'autres  points  du  corps 
de  divers  Poissons,  et  quelquefois  se  défor- 
ment en  grandissant,  de  façon  que  la  ligne 
médiane,  au  lieu  d'être  droite,  décrit  une 
courbe  très  forte.  Toutes  les  espèces  con- 
nues proviennent  des  mers  de  l'Amérique 
ou  de  l'Inde  ;  parmi  les  cinq  qui  sont  con- 
nues, nous  citerons  le  Livonèce  de  Redmann, 
Livoneca  Redmannii  Leach  (  Edw.,  Règ. 
anim.  de  Cuv.,  Crust.,  pi.  66,  fig.  4).  Cette 
espèce  habite  la  mer  des  Antilles.  (H.  L.) 

LIVRÉE,  mam.  —  On  donne  générale- 
ment ce  nom  au  pelage  de  la  première  an- 
née de  plusieurs  animaux  de  l'ordre  des  Ru- 
minants, à  celui  des  jeunes  Lions,  etc.  Ce 
pelage  qui,  chez  les  Ruminants,  présente  des 
mouchetures  ou  des  bandes  régulièrement 
disposées,  d'une  teinte  différente  du  fond, 
et  ordinairement  plus  claire,  offre  chez  les 
Lionceaux  une  disposition  de  bandes  trans- 
versales ,  noirâtres  sur  les  flancs ,  partant 
d'une  ligne  dorsale  de  la  même  couleur. 

Les  couleurs  d'un  jeune  animal  en  livrée 
rappellent  constamment  celles  que  présen- 
tent d'une  manière  permanente  d'autres  es- 
pèces du  même  genre,  et  on  pourrait  même 
pour  celles-ci,  au  lieu  de  dire  comme  on  le 
fait  ordinairement,  qu'elles  n'ont  pas  de 
livrée  dans  leur  jeune  âge,  admettre  qu'elles 
la  conservent  pendant  toute  la  durée  de  leur 
vie;  c'eit  ainsi  que  diverses  espèces  du  g. 
Chat  ont  un  pelage  qui  rappelle  la  livrée  des 
Lionceaux,  que  l'Axis,  parmi  les  Cerfs,  con- 
serve toute  sa  vie  ces  taches  blanches  ,  qui 
ne  sont  dans  le  Cerf  ordinaire  qu'un  carac- 
tère du  jeune  âge. 

On  a,  par  extension,  employé  le  mot  Li- 
vrée pour  exprimer  la  disposition  des  cou- 
leurs chez  les  animaux  adultes;  mais  il  vaut 
mieux  alors  préférer  la  dénomination  de 
robe.  (E.  D.) 

LIVRÉE,  ois.  —  Voy.  oiseaux. 

LIVRÉE,  moll.  —  Nom  vulgaire  que  les 
anciens  conchyliologistes  employaient  pour 
désigner  nos  deux  espèces  les  plus  commu- 
nes d'Hélices,  Hélix  harvensis  et  nemoralis 
de  Linné.  Voy.  hélice.  (Desh.) 

LIXUS  (  nom   mythologique),  ins.    — 

Genre  de  Coléoptères  pentamères ,  famille 

des  Curculionides  gonatocères ,  division  des 

Érirhinides ,  créé  par  Fabricius  (  Systema 

|  Eleutheratorum ,  t.  II,  p.  498),  et  adopté 

I    par  tous  les  auteurs  subséquents.  Schœnherr 


LOA 

en  men  tion  ne  [Gênera  et  sp .  Curculion. ,  t.  VII, 
p.  419)  180  espèces,  qui  sont  réparties  sur 
tout  le  globe.  Cet  auteur  a  établi  des  divi- 
sions basées  sur  la  simplicité  ou  la  dentelure 
des  cuisses,  sur  les  étuis  arrondis  ou  épi- 
neux à  l'extrémité.  Parmi  les  espèces  qui 
habitent  la  France  ou  les  environs  de  Paris, 
nous  désignerons  les  suivantes  :  L.  paraplec- 
ticus,  cylindricus,  ascanii,  angustatus,  fer- 
rugatus ,  filiformis  de  F. ,  iridis ,  mucrona- 
lus,  spartii  et  bicolor  d'Olivier.  La  lre  vit 
sur  la  Phellandrie  ,  la  4e  sur  la  Mauve  ,  la 
6e  sur  le  Chardon,  et  la  9e  sur  le  Genêt  épi- 
neux. Les  Lixus  ont  l'épiderme  excessive- 
ment dur,  et  couvert  d'une  poussière  ou 
pollen  de  couleur  jaune  ou  rouge,  et  qui  se 
détache  au  moindre  attouchement.      (C.) 

LLAGUIVOA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Sapidancées-Dodo- 
néacées,  établi  par  Ruiz  et  Pavon  [Prodr., 
126,  t.  28).  Arbres  du  Pérou.  Voy.  sapin- 

DACÉS. 

LLAMA.  mam. —  Pour  Lama.  Voy.  l'ar- 
ticle CHAMEAU.  (E.  D.) 

*LLOYDIA,  Neck,  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Prentzia,  Cass. 

LOASA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Loasacées  ,  établi  par  Adanson  (Fam.y 
II,  50  ).  Herbes  du  Pérou  et  du  Chili.  Voy. 

LOASACÉES. 

LOASACÉES,  LOASÉES ,  Loaseœ,  Loa- 
mceœ.  bot.  ph.  —  Famille  de  plantes  dico- 
tylédonées,  polypétales,  périgynes,  ainsi  ca- 
ractérisée :  Calice  adhérent  avec  l'ovaire  par 
sa  partie  inférieure  tubuleuse ,  et  relevé  de 
côtes  quelquefois  dirigées  en  spirale ,  divisé 
au-dessus  de  lui  en  4  ou  5  segments  imbri- 
quésou  tordus  dans  la  préfloraison,  ordinai- 
rement persistants.  Pétales  en  nombre  égal, 
alternes,  insérés  à  l'entrée  du  tube  calici- 
nal,  à  préfloraison  tordue ,  caducs.  Étamines 
nombreuses,  insérées  comme  les  pétales,  dis- 
posées sur  trois  cercles  :  celles  de  l'extérieur, 
le  plus  souvent  métamorphosées ,  offrent 
elles-mêmes  la  forme  d'autant  de  pétales  ou 
d'écaillés  opposées  au  calice  ,  mais  leur 
nature,  indiquée  par  leur  situation,  l'est 
encore  plus  clairement  dans  certains  cas, 
par  la  présence  de  plusieurs  anthères  portées 
vers  le  sommet  :  les  étamines  des  deux  rangs 
intérieurs,  opposées  alternativement  aux  pé- 
tales et  au  calice  ,  leur  sont  rarement  égales 
en  nombre  ,  mais  plus  ordinairement  mul- 


LOA 


415 


tiplcs,  et  alors  les  oppositipétales  groupées 
par  faisceaux  où  les  filets  sont  libres  ou  sou- 
dés, les  plus  intérieures  elles-mêmes  transfor- 
mées et  stériles,  réunies  par  groupes  de  2,  3 
ou  4.  Les  anthères  des  fertiles  sont  introrses, 
à  deux  loges  s'ouvrant  longitudinalement, 
que  remplit  un  pollen  à  grains  globuleux 
et  lisses.  L'ovaire  adhérent  surmonté  d'un 
style  simple ,  que  termine  un  stigmate  in- 
divis ou  3-4  fide,  offre  à  l'intérieur  une  seule 
cavité  avec  3  ou  5,  ou  rarement  4  placentas 
pariétaux,  qui  unissent  les  bords  juxtaposés 
des  feuilles  carpellaires,  et  portent  des  ovu- 
les, en  général  très  nombreux,  pendants, 
anatropes.  Il  devient  une  capsule  également 
adhérente,  quoique  dans  quelques  cas  cette 
adhérence  soit  incomplète,  et  n'ait  lieu  que 
le  long  des  nervures,  couronnée  par  le  limbe 
calicinal  persistant,  se  séparant  en  autant 
de  valves  qu'il  y  a  de  placentas  ou  dans 
toute  sa  longueur,  ou  le  plus  ordinaire- 
ment à  son  sommet  seulement  :  très  rare- 
ment le  fruit  est  charnu  et  indéhiscent.  Les 
graines  pendantes,  sous  un  test  lâche,  réti- 
culé ou  hérissé  de  petites  pointes,  et  dou- 
blé d'une  membrane  ténue,  offrent  un 
périsperme  charnu,  et,  dans  son  axe,  un 
embryon  droit,  à  radicule  supère  et  cylin- 
drique plus  longue  que  les  cotylédons  qui 
sont  plans  et  foliacés. 

Les  espèces ,  toutes  originaires  de  l'Amé- 
rique ,  surtout  de  la  zone  qui  borde  l'océan 
Pacifique,  entre  les  tropiques,  et  plus  encore 
au-delà,  jusqu'à  une  certaine  distance,  sont 
des  herbes  dressées  ou  grimpantes,  souvent 
ramifiées  par  dichotomies,  et  ordinairement 
hérissées  de  poils  raides  et  piquants.  Les  feuil- 
les, sans  stipules  ni  vrilles,  sont  opposées  ou 
alternes,  simples,  mais  souvent  découpées  en 
lobes  palmés;  les  fleurs  élégantes,  blanches, 
jaunes  ou  plus  rarement  rouges,  solitaires 
ou  plusieurs  réunies  sur  des  pédoncules  axil- 
laires  ou  terminaux  ou  oppositifoliés,  sou- 
vent munies  de  deux  bractées  opposées. 

GENRES. 

Acrolasidy  Presl.  —  Mentzelia,  L.  — 
Bartonia ,  Sims.  —  Klaprothia,  Kunth.  — 
Sclerothrix  ,  Presl.  —  Grammatocarpus  , 
Presl.  (  Scyphanthus  ,  Don.)  —  Loasa, 
Adans.  (Ortigay  Feuill.).  —  Cajophora , 
Presl.  —  Blumenbachia,  Schrad. 

On  rapproche  à  la  suite  le  Cevallia,  Lag. 
[Petalanthera,  Torr  \  (Ad.  J.) 


416 


LOB 


LOB 


*LOBAIRE,  Blainv.  moll.—  Syn.  de  Do- 
ridie,  Meck.  Voy.  ce  mot. 

LOBE  et  LOBÉ.  Lobus  ,  Lobatus.  bot. 
—  On  donne  le  norr  de  Lobe  à  des  divisions 
plus  ou  moins  profondes  dont  sont  affectés 
quelquefois  les  organes  floraux  ou  quelques 
autres  parties  d'une  plante  ;  ainsi  un  pétale, 
une  corolle,  une  feuille  peuvent  être  parta- 
gés en  un  certain  nombre  de  lobes  ;  dans  ce 
cas,  ces  parties  sont  dites  lobées.  On  appelle, 
par  exemple,  une  feuille  bilobée, trilobée,  etc., 
enfin  multilobée,  selon  qu'elle  présente  deux, 
trois  ou  un  plus  grand  nombre  de  Lobes. 

LOBELIA.  bot.  ph.  —  Voy.  lobélie. 

LOBÉLIACÉES.  Lobeliaceœ.  bot.  ph.— 
Famille  de  plantes  dicotylédones,  monopé- 
tales, périgynes,  réunie  primitivement  aux 
Campanulacées,  dont  on  la  distingue  main- 
tenant par  sa  corolle  inégale  et  ses  anthères 
soudées  entre  elles.  Ses  caractères  sont  les 
suivants:  Calice  adhérent  à  l'ovaire,  par- 
tagé au-dessus  de  lui  en  5  lobes  égaux  ou 
inégaux.  Corolle  monopétale,  à  préfloraison 
valvaire,  persistante,  à  5  lobes  alternantavec 
ceux  du  calice ,  ordinairement  disposés  en 
deux  lèvres  ou  en  une  seule,  ou  présentant 
2  pétales  libres ,  tandis  que  les  3  autres 
sont  soudés  entre  eux ,  à  tube  entier,  ou 
partagé  par  une  fente  qui  regarde  en  dehors 
dans  le  bouton,  en  dedans  dans  la  fleur  qui 
s'est  retournée  par  la  torsion  de  son  pédi- 
celle.  Autant  d'étamines  alternant  avec  les 
lobes  de  la  corolle;  à  filets  adhérents  à  son 
tube  ou  indépendants  ;  libres  ou  soudés  en- 
tre eux  ,  principalement  au  sommet;  à  an- 
thères soudées  par  leurs  bords  en  un  tube 
biloculaire,  s'ouvrant  longitudinalement  en 
dedans.  Ovaire  complètement  ou  à  demi 
adhérent,  à  2  loges  avec  placenlation  axile, 
ou  à  une  seule  avec  placenlation  pariétale. 
Ovules  en  nombre  indéfini.  Style  simple. 
Stigmate  bilobé  ou  plus  rarement  indivis, 
entouré  par  un  cercle  de  poils.  Fruit  indé- 
hiscent ou  s'ouvrant  en  deux  ou  trois  val- 
ves ,  qui  portent  sur  leur  milieu  les  cloisons 
ou  les  placentas,  ou  par  un  opercule  apici- 
laire.  Embryon  droit  dans  l'axe  d'un  péri- 
sperme  charnu,  l'égalant  presque  en  lon- 
gueur ,  à  radicule  tournée  du  côté  du  hile 
basilaire.  Les  espèces  abondent  souvent  en- 
tre les  tropiques  ou  dans  les  zones  voisines; 
quelques  unes,  en  petit  nombre,  au-delà  et 
jusque  dans  des  régions  tempérées  ou  même 


froides.  Ce  sont  des  herbes  ou  des  arbris- 
seaux ,  plus  rarement  des  arbustes  ,  à  suc 
laiteux;  à  feuilles  alternes,  simples,  entiè- 
res, dentées  ou  lobées,  dépourvues  de  sti- 
pules; à  fleurs  solitaires  et  axillaires,  plus 
souvent  groupées  en  grappes  ou  épis  axil- 
laires ou  terminaux,  assez  communément 
bleues.  Leur  sucre  acre  et  narcotique  a  des 
propriétés  énergiques  qui  en  a  fait  employer 
plusieurs  comme  médicaments,  mais  qui  au- 
jourd'hui les  fait  exclure  en  général  de  ïa 
matière  médicale  et  rejeter  dans  la  toxi- 
cologie. 

GENRES. 

Tribu  I. — Delltsséacées. 
Frjiït  indéhiscent,  sec  ou  charnu. 
Pratia  ,  Gaud.  —  Piddingtonia  ,  A.  DC. 

—  Macrochilus,  Presl.  —  Clermontia,  Gaud. 

—  Delissea,  Gaud.  —  Cyanea,  Gaud.  —  Rol- 
landiaf  Gaud.  —  Centropogon,  Presl. 

Tribu  II.  —  Clintoniées. 
Capsule  1-loculaire,  à  trois  valves,  dont 
deux  placentifères. 
Clintonia,  Dougl. — Grammatotheca,  Presl. 

Tribu  III.  —  Lysipomiées. 
Capsule  1-loculaire,  s'ouvrant  transver- 
salement par  un  opercule. 
Lysipomia,  Kunth  (Hypsela,  Presl.). 

Tribu  IV.  —  Lobéliées. 

Capsule  2-loculaire  ,  s'ouvrant  par  deux 
valves,  ou  plus  rarement  par  deux  pores. 

Heterosoma,  Zucc.  {Myopsia ,  Presl.)  — 
Mezleria,  Presl.  —  Monopsis,  Salisb. —  Ho* 
lostigma  ,  G.  Don.  —  Isolobus ,  A.  DC.  — 
Parastranthus ,  G.  Don.  —  Dobrowskia, 
Presl.  — Sclerotheca,  A.  DC  —  Lobelia,  L. 
(Rapuntium,  Tourn.  —  Dortmanna,  Rudb. 

—  Trimeris,  Presl.) —  Tupa,  G.  Don.  {Ty- 
lomium,  Presl.) — Rhynchopetalum,  Fres. — 
Siphocampylus,  Pohl.  — Byrsanthes,  Presl. 
— Enchysia,  Presl. — Laurentia,  Mich. — Iso- 
toma,  Lindl.  (Hippobroma,  G.  Don).  (Ad.  J.) 

LOBÉLIE.  Lobelia  (  dédié  au  botaniste 
Lobel).  bot.  ph.  —  Grand  genre  de  la  fa- 
mille des  Lobéliacées  à  laquelle  il  donne  son 
nom.  Il  a  été  placé  dans  le  système  sexuel 
de  Linné  de  diverses  manières:  ainsi  Linné 
lui-même  le  rangeait  dans  la  syngénésie  mo- 
nogamie ;  mais,  après  lui,  la  syngénésie  ayant 
été  réduite  aux  seules  Composées,  et  l'ordre 
de  la  monogamie  ayant  été  supprimé  par  la 


LOB 


LOB 


417 


plupart  des  botanistes,  les  uns,  comme  Per- 
soon,  Pont  classé  dans  la  monadelphie  pen- 
tandrie,  tandis  que  les  autres,  en  plus  grand 
nombre,  l'ont  confondu  avec  les  plantes  à 
fleurs  non  composées  et  à  cinq  étamines,  et 
font  rangé  dans  la  pentandrie  monogynie. 
Dans  la  révision  qu'en  a  présentée  M.  Alph. 
De  Candolle,  dans  le  septième  volume  du 
Prodromus,  p.  357-387,  le  genre  Lobélie 
comprend  173  espèces.  Ces  plantes  sont  her- 
bacées, rarement  sous-frutescentes,  à  feuilles 
alternes;  leurs  fleurs  sont  de  couleurs  très 
diverses,  souvent  brillantes,  bleues,  blan- 
ches, violettes,  rouges,  etc  ;  elles  présentent  : 
un  calice  à  cinq  divisions,  une  corolle  divi- 
sée à  son  côté  supérieur  par  une  fente  lon- 
gitudinale, à  tube  droit,  cylindrique  ou  en 
entonnoir,  à  deux  lèvres  dont  la  supérieure 
est  ordinairement  plus  courte  et  dressée, 
dont  l'inférieure  est  le  plus  souvent  étalée, 
plus  large,  ordinairement  à  cinq  lobes;  cinq 
étamines  dont  le  tube  et  les  anthères  sont 
soudés  en  un  seul  corps;  les  deux  inférieu- 
res, rarement  toutes,  ont  les  anthères  bar- 
bues au  sommet.  L'ovaire  présente  des  va- 
riations importantes;  on  le  voit,  en  effet, 
tantôt  adhérent  et  infère,  tantôt  à  moitié 
libre  et  demi-supère ,  tantôt  enfin  presque 
entièrement  libre  et  supère,  et  ces  variations, 
généralement  si  importantes  partout  ailleurs, 
se  rencontrent  ici  chez  des  espèces  très  voisi- 
nes l'une  de  l'autre.  Parmi  les  nombreuses 
espèces  de  Lobélies  il  en  est  quelques  unes 
qui  présentent  de  l'intérêt,  soit  comme  cul- 
tivées fréquemment  dans  les  jardins  à  titre 
de  plantes  d'ornement,  soit  comme  espèces 
officinales.  Nous  nous  bornerons  à  décrire 
ici  les  plus  intéressantes  d'entre  elles. 

1.  Lobélie  brûlante,  Lobelia  urens  Lin. 
Sa  tige  est  droite,  simple,  anguleuse,  et  s'é- 
lève à  3  ou  4  décimètres  de  hauteur;  ses 
feuilles  inférieures  sont  oblongues,  obtuses, 
crénelées  ,  rétrécies  en  pétiole  à  leur  base  ; 
celles  du  milieu  de  la  plante  sont  lancéolées, 
dentées,  aiguës,  sessiles;  les  bractées  sont 
linéaires, acuminées,  presque  entières,  plus 
courtes  que  la  fleur  qui  se  développe  à  leur 
aisselle.  Ses  fleurs  sont  bleues,  marquées  à 
la  gorge  de  deux  taches  blanchâtres;  elles 
sont  presque  sessiles,  réunies  en  grappe  ter- 
minale; le  tube  de  leur  calice  est  en  cône 
renversé,  allongé,  et  ses  lobes  linéaires, 
acuminés,  n'atteignent  que  le  milieu  du 
i.  vu. 


tube  de  la  corolle;  celle-ci  est  velue,  de 
même  que  les  anthères,  dont  les  deux  infé- 
rieures portent  de  plus  un  pinceau  de  poils 
à  leur  extrémité.  Cette  espèce  est  annuelle; 
elle  croît  dans  les  lieux  humides  et  maréca- 
geux du  sud  de  l'Angleterre,  de  l'ouest  et 
du  centre  de  la  France,  de  l'Espagne  et  de 
Madère.  Elle  renferme  un  suc  acre  et  caus- 
tique, comme  presque  toutes  ses  congénères, 
parmi  lesquelles  même  il  en  est  un  grand 
nombre  de  vénéneuses.  Ce  suc,  chez  l'espèce  ; 
qui  nous  occupe,  pris  à  l'intérieur,  cause  des 
vomissements  et  des  évacuations  alvines,  ac- 
compagnées de  douleurs  intestinales;  cepen- 
dant on  assure  que,  dans  certains  cas,  il  a 
guéri  la  fièvre. 

2.  Lobélie  syphilitique  ,  Lobelia  syphili" 
tica  Lin.  Toute  la  plante  est  légèrement 
velue;  sa  tige  s'élève  à  5  décimètres  envi- 
ron; elle  est  droite  et  simple;  ses  feuilles 
sont  ovales,  aiguës  à  leurs  deux  extrémités, 
irrégulièrement  denticulées.  Ses  fleurs  sont 
bleues  et  violacées  sur  le  tube ,  rarement 
blanches,  réunies  en  grappe  terminale;  leur 
calice  est  hérissé,  à  tube  hémisphérique,  à 
lobes  lancéolés,  acuminés,  auriculés  à  leur 
base,  de  moitié  plus  courts  que  la  corolle. 
Cette  Lobélie  est  vivace;  elle  croît  dans  les 
lieux  humides  des  États-Unis  d'Amérique; 
on  la  cultive  assez  souvent  dans  les  jardins 
comme  plante  d'ornement  ;  on  la  place  alors 
à  une  exposition  méridionale,  le  long  des 
eaux,  où  elle  produit  de  l'effet  par  ses  touffes, 
et  où  elle  se  ressème  d'elle-même.  Elle  doit 
son  nom  à  la  vertu  antisyphilitique  qu'on  a 
attribuée  pendant  longtemps  à  sa  racine,  et 
pour  laquelle  les  sauvages  de  l'Amérique 
l'employaient,  dit-on,  avant  même  l'arrivée 
des  Européens  dans  le  Nouveau  Monde. Cette 
vertu  spéciale  a  été  surtout  préconisée  par 
Kalm,  qui  a  écrit  à  ce  sujet  un  Mémoire  que 
l'on  trouve  parmi  ceux  de  l'Académie  de 
Stockholm  pour  l'année  1750.  Aujourd'hui 
cette  plante  n'est  à  peu  près  plus  employée 
comme  antisyphilitique  ,  mais  bien  comme 
sudorifique,  et  dans  ce  cas,  on  l'administre  * 
à  faibles  doses,  ou  comme  émétique  et  pur- 
gative, et  alors  on  l'administre  à  hautes 
doses.  Sonsuc  est,  au  reste,  moins  acre  et 
moins  énergique  que  celui  de  la  plupart  de 
ses  congénères.  D'après  l'analyse  que  Bois- 
sel  en  a  faite ,  la  Lobélie  syphilitique  ren- 
ferme :  1°  une  matière  grasse,  de  cousistance 

53 


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LOB 


LOB 


butyreuse  ;  2°  du  sucre  incristallisable  et 
infermentescible;  3°  une  matière  mucila- 
gineuse;  4°  du  malate  acide  de  chaux  ;  5°  du 
malate  de  potasse  ;  6°  des  traces  d'une  ma- 
tière amère  très  facilement  altérable;  7°  du 
chlorhydrate  et  du  sulfate  de  potasse  ;  enfin 
du  ligneux. 

3.  Lobélie  brillante,  Lobelia  fulgens 
Wild.  Cette  belle  plante  est  aujourd'hui 
très  répandue  dans  les  jardins.  Elle  est  pu- 
bescente  dans  ses  diverses  parties;  sa  tige 
est  droite  et  simple;  ses  feuilles  sont  ses- 
siles,  lancéolées,  acuminées,  marquées  à  des 
intervalles  assez  grands  de  dents  peu  pro- 
noncées; ses  fleurs  sont  d'un  rouge  très  vif, 
réunies  en  grappes  terminales  ;  elles  se  dé- 
veloppent à  l'aisselle  de  bractées  foliacées, 
lancéolées,  longuement  acuminées,  dente- 
lées sur  leurs  bords;  le  tube  de  leur  calice 
est  ovoïde,  presque  hémisphérique;  ses  lo- 
bes sont  linéaires,  acuminés,  presque  aussi 
longs  que  le  tube  de  la  corolle;  celui-ci  est 
pubescent;  les  anthères  sont  toutes  velues, 
et  les  deux  inférieures  sont  barbues  à  leur 
sommet.  Cette  espèce  est  vivace  ;  elle  croît 
dans  les  parties  tempérées  du  Mexique.  Dans 
nos  jardins  ,  on  la  multiplie  très  facilement 
soit  de  graines,  soit  surtout  de  boutures 
îju'on  fait  au  printemps  ou  d'éclats  qu'on 
détache  en  automne;  elle  est  d'orangerie. 

4.  Lobélie  cardinale,  Lobelia  cardinalis 
Linn.  Cette  espèce  est  encore  très  fréquem- 
ment cultivée,  comme  plante  d'ornement. 
Le  duvet  qui  la  couvre  est  moins  prononcé 
que  chez  la  précédente  ;  sa  tige  est  égale- 
ment droite,  simple,  haute  d'environ  8  à  10 
décimètres  ;  ses  feuilles  sont  oblongues- 
lancéolées,  plus  larges  que  celles  de  la  Lobé- 
lie brillante,  aiguës  à  leurs  deux  extrémi- 
tés, à  dents  irrégulières;  ses  fleurs  sont 
grandes,  d'un  beau  rouge,  réunies  en  une 
longue  et  belle  grappe  terminale ,  presque 
unilatérale;  les  bractées  à  l'aisselle  des- 
quelles elles  se  développent  sont  lancéolées, 
bordées  de  dentelures  glanduleuses;  le  ca- 
lice est  presque  glabre;  son  tube  est  hémi- 
sphérique et  court;  ses  lobes  sont  linéaires, 
lancéolés,  acuminés,  allongés,  et.  égalent 
presque  en  longueur  le  tube  de  la  corolle  ; 
les  anthères  sont  saillantes,  les  inférieures 
barbues.  Cette  espèce  est  vivace;  elle  croît 
dans  les  lieux  humides  des  États-Unis.  Dans 
nos  jardins  on  la  cultive  ordinairement  en 


pleine  terre,  en  ayant  le  soin  de  la  couvrir 
pendant  l'hiver.  On  la  multiplie  facilement 
soit  par  graines ,  soit  par  boutures  et  par 
éclats.  On  en  cultive  une  variété  à  fleurs 
roses.  M.  Alph.  De  Candolle  rapporte  à  cette 
espèce  comme  variété  une  hybride  entre  les 
Lobélies  cardinale  et  syphilitique  qui  a  été 
obtenue  par  Miller,  dont  il  lui  a  donné  le 
nom  (L.  c.  Milleri  Alp.  DC.  ).  Elle  se  dis- 
tingue du  type  par  ses  dimensions  plus  for- 
tes, par  son  calice  pubescent,  par  sa  corolle 
violacée-purpurine,  par  ses  anthères  épais- 
ses. Le  suc  de  la  Lobélie  cardinale  est  acre 
et  vénéneux;  cependant  on  assure  que  sa 
racine  est  employée  à  titre  de  vermifuge 
par  les  sauvages  de  l'Amérique  septentrio- 
nale. (P.  D.) 

LOBÉLIÉES.  Lobelieœ.  bot.  ph.— Tribu 
de  la  famille  des  Lobéliacées ,  ainsi  nommée 
du  genre  Lobelia  ,  qui  donne  aussi  son  nom 
au  groupe  tout  entier.  (Ad.  J.) 

*LOBETORUS  (kûS-n  ,  dégât  ;  Top«ç,  qui 
creuse),  ins. — Genre  de  Coléoptères  tétra- 
mères,  famille  des  .Curculionides  gonato- 
cères  ,  division  des  Cyclomides ,  établi  par 
Schœnherr  (Gen.etsp.  Curcul.  syn.t  t.  VII, 
part.  1,  p.  155).  L'espèce  type  et  unique, 
le  L.  verecundus  de  l'auteur,  est  originaire 
du  cap  de  Bonne-Espérance.  (C.) 

LOBILABRUM  (lobus,  lobe;  labrum,  la- 
bre), helm. — M.  de  Blainville  (Dict.  sc.nat., 
LV1I,  575)  a  établi  sous  ce  nom  un  genre 
d'Helminthes  aquatiques  dont  l'espèce  type 
{L.  ostrearum)  est  dans  un  tube  incomplet, 
composé  de  grains  de  sable  que  l'on  trouve 
souvent  appliqué  à  la  surface  externe  des  Huî- 
tres comestibles  de  la  Manche.  Ce  Ver  a  2  ou 
3  pouces  de  longueur;  il  est  d'un  gris  sale, 
et  ressemble  assez  aux  Némertes  ou  Bor- 
lases  par  ses  principaux  caractères.  Il  s'en 
distingue  néanmoins  par  sa  bouche,  qui  est 
grandement  ouverte  entre  deux  lèvres  ho- 
rizontales, l'une  et  l'autre  bilobée,  et  dont 
la  supérieure  est  beaucoup  plus  profondé- 
ment échancrée  que  l'autre.  (P.  G.) 
LOBIPÈDE.  ois.  —  Voy.  phalarope. 
*LOBIPÈDES.  Lobipedes.  ois.— Uliger  a 
réuni  sous  ce  nom  de  famille  les  oiseaux 
Échassiers  à  bec  médiocre,  épais,  droit,  ra- 
rement fléchi  à  sa  pointe  ;  à  tarses  médiocres 
ou  courts  et  à  pieds  lobés,  qui  font  partie 
des  genres  Foulque,  Grebi-Foulque  et  Pha- 
larope. —M.  Lesson  a  également  établi  une 


LOB 


LOB 


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famille  de  Lobipèdes,  qui  se  caractérise  par 
un  bec  allongé,  à  mandibule  supérieure 
sillonnée  et  à  doigts  bordés  d'une  membrane. 
Pour  M.  Lesson ,  cette  famille  renferme  les 
genres  Phalarope,  Eurinorhynque,  Lobipède 
et  Holopode.  (Z.  G.) 

*LOBIPES  (lobus,  lobe;  pes,  pied),  rept. 
—  Sous-genre  de  Rainettes  d'après  M.  Fit- 
zinger  (Syst.  Rept.,  1843).  (E.  D.) 

*LOBIVANELLUS,Strickl  ois.— Section 
de  la  famille  des  Charadridées.  Voy.  van- 
neau. (Z.  G.) 

*LOBODERES  Qo£o';,  lobe;  <J/pv>,  cou). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  tétramères,  fa- 
mille des  Curculionides  gonatocères  ,  divi- 
sion des  Apostasimérides  cryptorhynchides, 
créé  parSchœnherr(Gen.  etsp.  Curcul.  syn., 
t.  III,  p.  796  ).  Deux  espèces  du  Brésil  ren- 
trent dans  ce  g.:  les  L.  citriventris  et  flavi- 
cornis  de  l'auteur.  (C.) 

♦LOBODERUS  (AoSo'ç,  lobe;  J/P„,cou). 
ins. — Genre  de  Coléoptères  pentamères,  fa- 
mille des  Sternoxes,  tribu  des  Élatérides, 
créé  par  M.  G uérin-Méneville  (Ma g.  de  zoo- 
log.t  1831,  clas.  9,  p.  et  pi.  9).  L'espèce 
type  ,  L.  monilicornis,  est  originaire  du  Bré- 
sil. Elle  a  été  décrite  depuis  par  M.  Perty 
sous  le  nom  d'Etaler  appendiculatus.    (C.) 

*LOBODONTUS  (>offoÇ,  lobe;  SJovç, 
dent),  ins.  —Genre  de  Coléoptères  penta- 
mères, famille  des  Carabiques,  tribu  des 
Troncatipennes  ,  établi  par  M.  de  Chaudoir 
(Mémoires  de  la  Soc.  Imp.  des  nal.  de  Mos- 
cou). L'espèce  type  et  unique,  L.  trisigna- 
tus  de  l'auteur,  est  originaire  du  cap  de 
Bonne-Espérance.  (C.) 

LOBOITE.  min.  —  Voy.  idocrase. 

*LOBOPHORA  (lo6oç,  lobe;  <p/pu,  je 
porte),  ins.  —  Genre  de  la  famille  des  Forfi- 
culiens,  de  l'ordre  des  Orthoptères,  établi  par 
M.  kuâ.Ser'ûUç (Hist.  nat.  des  Ins.  orthopt.). 
Il  est  réuni  par  les  autres  entomologistes  au 
genre  Forflcula.  (Bl.) 

*LOBOPHORA().oÇoç,  lobe;  9oPô;,  qui 
porte),  ins. — Genre  de  l'ordre  des  Lépidop- 
tères nocturnes,  tribu  des  Phalénides,  éta- 
bli par  Stephens  et  adopté  par  Duponchel 
i  (  fllsf.  des  Papill.  d'Europe),  qui  en  men- 
tionne 6  espèces,  dont  5  de  France,  et  une 
de  Casan  en  Russie. 

LOBOPHORA  (  aoSoç  ,  lobe  ;  ?r'p*  ,  je 
porte),  échin. — Un  des  genres  établis  par 
M.  Agnssizaux  dépens  des  Scutelles,  et  com- 


prenant les  Scutella  bifora  et  Se.  bifissa  de 
Lamarck,  et  une  variété  de  chacune  d'elles 
dont  cet  auteur  fait  4  espèces  distinctes. 
Voy.  scutelle.  (Duj.) 

*LOBOPHYLLIE.  Lobophyllia  (aoSoç  , 
lobe;  (puAAov,  feuille),  polyp.  —  Genre  établi 
par  M.  de  Blainville  aux  dépens  des  Caryo- 
phyllies;  il  comprend  les  espèces  dont  les 
Polypes  en  forme  d'Actinies  sont  pourvus 
d'un  grand  nombre  de  tentacules  cylindri- 
ques plus  ou  moins  longs,  et  sortent  de  lo- 
ges coniques  terminales,  à  ouverture  presque 
circulaire,  ou  allongée  et  sinueuse,  partagée 
en  un  grand  nombre  de  sillons  par  des  la- 
melles tranchantes  laciniées.  Le  Polypier, 
peu  rameux  ,  fascicule  ,  est  strié  en  dehors 
et  très  lacuneux  à  l'intérieur.  Les  Madre- 
pora  fastigiata  de  Linné  et  corymbosa  de 
Forskal  font  partie  de  ce  genre,  ainsi  que 
les  Caryophyllia  sinuosa  et  carduus  de  La- 
marck. Elles  vivent  dans  les  mers  de  l'Inde. 
On  rapporte  aussi  au  genre  Lobophyllie 
plusieurs  Polypiers  fossiles  du  terrain  ju- 
rassique. (Dcj.) 

*LOBOPODUS  (aoSo'ç,  lobe;  ttovç,  pied). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  hétéromères , 
famille  des  Sténélytres,  tribu  des  Cistéli- 
des,  créé  par  Solier  {Ann.  de  la  Soc.  ent.  de 
Fr.,  t.  IV,  p.  233),  qui  le  comprend  dans 
sa  famille  des  Xystropides.  Ce  genre  ren- 
ferme quatre  espèces  originaires  de  r Amé- 
rique. (C.) 

*LOBOPS  (aoSo'î,  lobe  ;  ty  »  œil  )•  INS'— 
Genre  de  Coléoptères  tétramères,  famille 
des  Curculionides  gonatocères,  division  des 
Apostasimérides  cryptorhynchides,  créé  par 
Schœnherr  (Gênera  et  sp.  Curculio.  syn., 
tom.  VIII,  2  part.,  pag.  116).  L'espèce  type 
et  unique,  L.  setosus  de  l'auteur,  est  du 
Brésil.  (C.) 

*LOBORHYNCHUS,Mégerle.iNS.— Syn. 
(VOtiorhynchus.  Voy.  ce  mot.  (C.) 

*LOBOSTEMON  (  Aogo; ,  lobe  ;  at^wv , 
filament  ).  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Aspérifoliées-Anchusées,  établi  par  Leh- 
mann  (in  Linnœa,  378,  t.  5,  f.  1).  Arbris- 
seaux du  Cap.  Voy.  aspérifoliées. 

*LOBOSTOMA  (  USéç,  lobe;  ctoV<x  , 
bouche  ).  mam.  —  Groupe  de  Chéiroptères 
indiqué  par  M.  Gundlach  (Wiegm.  Arch. , 
VI,  1840).  (E.  D.) 

*LOBOSTOMA.  belm.— M.  de  Blainville 
(Traduction  française  de  Bremser,  p.  518) 


420 


LOC 


LOG 


a  distingué  génériquement,  par  ce  nom,  le 
Fasciola  clavata.  (P.  G.) 

LOBOTE.  Lobotes  (>o£«tyjç,  divisé  par 
iobes).  poiss.  —  Genre  de  Tordre  des  Acan- 
thoptérygiens ,  famille  des  Sciénoides,  éta- 
bli par  Cuvier  {Règ.  anim.j  t.  II,  p.  177), 
qui  le  range  parmi  les  Sciénoides  à  dorsale 
unique,  à  moins  de  sept  rayons  aux  bran- 
chies, et  dont  la  ligne  latérale  continue  jus- 
qu'à la  caudale.  On  en  connaît  4  espèces 
ou  variétés,  dont  la  principale  est  le  Lobote 
de  Surinam,  Lob.  Surinamensis  Cuv. 

*LOBOTRACHELUS  (loS6q,  lobe  ;  tp«- 
X^oç,  cou  ).  ins.  —  Genre  de  Coléoptères 
tétramères, famille  des  Curculionides  gona- 
tocères,  division  des  Apotasimérides ,  créé 
par  Schœnherr  {Gênera et sp.  Curcul.  syn., 
t.  IV,  p.  711-7,  2e  part.,  pag.127).  L'au- 
teur en  décrit  huit  espèces;  six  sont  origi- 
naires d'Afrique  et  deux  d'Asie.  C.) 

LOBULAIRE.  Lobularia.  polyp.  —  Voy. 

ALCYON. 

LOBULARIA,  Desv.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Kœniga,  Adans. 

LOCANDI,  Adans.  bot.  ph.— Syn.  de 
Simadera,  Gœrtn. 

LOCHE.  Cobitis.  poiss.  —  Genre  de  l'or- 
dre des  Malacoptérygiens  abdominaux  ,  fa- 
mille des  Cyprinoïdes ,  établi  par  Linné  et 
adopté  par  Cuvier  (Règ.  anim. ,  tom.  Il, 
pag.  277).  Ses  principaux  caractères  sont  : 
Tête  petite,  aplatie;  corps  cylindrique,  très 
raccourci ,  et  revêtu  de  petites  écailles  en- 
duites d'une  matière  gluante  ;  les  ventrales 
fort  en  arrière ,  et  au-dessus  d'elles  une 
seule  petite  dorsale  ;  la  bouche  au  bout  du 
museau,  peu  fendue,  sans  dents,  mais 
entourée  de  lèvres  propres  à  sucer  et  de  bar- 
billons; les  ouïes  peu  ouvertes,  à  trois 
rayons  seulement. 

Les  Loches  sont  abondantes  dans  nos 
ruisseaux,  nos  étangs  et  nos  rivières.  On  en 
connaît  3  espèces  :  la  Loche  franche  ,  Co- 
bitis barbalula  L.  ;  elle  porte  six  barbillons 
à  la  lèvre  supérieure,  et  sa  taille  est  de  8  à 
9  centimètres.  Elle  est  commune  dans  nos 
ruisseaux  ,  et  sa  chair  est  de  fort  bon  goût. 
La  Loche  d'étang  ,  Cobitis  fossilis  L. ,  qui 
présente  six  barbillons  à  la  lèvre  supérieure 
et  quatre  à  l'inférieure.  Cette  espèce  abonde 
surtout  dans  les  étangs ,  où  elle  se  main- 
tient longtemps  enfoncée  dans  la  vase,  même 
lorsque  ces  étangs  sont  gelés  ou  desséchés,  , 


sans  manger  et  sans  remuer.  Elle  atteint 
une  taille  de  35  à  40  centimètres.  Sa  chair 
est  molle  et  sent  la  vase.  La  Loche  de  ri- 
vière ,  Cobitis  tomia  L. ,  a  six  barbillons , 
dont  deux  à  la  lèvre  supérieure.  Elle  a ,  de 
plus  que  les  précédentes,  une  épine  fourchue 
auprès  de  chaque  œil.  Elle  atteint  rarement 
15  centimètres  de  longueur,  et  sa  chair  est 
peu  recherchée.  Toutes  ces  espèces  ont  le 
corps  généralement  d'un  brun  jaunâtre.  (J.) 

LOCHE,  moll.  —  Nom  vulgaire  des  es- 
pèces du  g.  Limace. 

*LOCHEMIA,  Arnott.BOT.  ph.— Syn.  de 
Riedlea,  Venten. 

LOCHERIA,  Neck.  bot.  ph.  —Syn.  de 
Verbesina,  Less. 

*LOCHMIAS,  Swains.  ois.— Syn.  de  Pi- 
certhie.  Voy.  ce  mot.  (Z.  G.) 

LOCHNERA.  bot.  ph.  —Genre  de  la  fa- 
mille des  Apocynacées-Plumériées ,  établi 
par  Reichenbach  (Consp. ,  n.  2353).  Sous- 
arbrisseaux  des  régions  tropicales  de  l'Asie 
et  de  l'Amérique.  Voy.  apocynacées. 

*LOCKHARTIA,  Ruizet  Pav.BOT.  ph.— 
Syn.  de  Fernandezia,  id. 

LOCOMOTION,  physiol.  — La  Locomo- 
tion ,  qu'on  appelle  aussi  mouvement  spon- 
tané ou  volontaire,  est  la  faculté  dont  jouit 
un  animal  de  changer  en  tout  ou  en  partie 
ses  rapports  avec  les  corps  existant  dans 
l'espace. 

Cette  faculté  a  particulièrement  son  siège 
dans  l'enveloppe  générale  de  l'animal ,  et 
repose  essentiellement  sur  la  propriété  con- 
tractile et  irritable  de  la  fibre  musculaire. 

On  ne  saurait  nier  que  la  Locomotion 
n'ait  été  donnée  aux  animaux  dans  un  but 
de  conservation,  et  au  même  titre  que  la 
sensibilité.  De  ces  deux  facultés,  l'une  exé- 
cute ce  que  l'autre  perçoit  et  ordonne.  Si 
la  sensibilité  donne  à  l'animal  la  notion  des 
corps  dont  il  doit  faire  usage  ou  qu'il  doit 
repousser;  si  elle  lui  fait  distinguer  les 
agents  qui  peuvent  lui  être  utiles  de  ceux 
qui  lui  sont  nuisibles ,  c'est  au  moyen  de 
la  faculté  locomotrice  dont  il  est  doué  qu'il 
va  au-devant  des  uns  et  qu'il  fuit  la  pré- 
sence des  autres.  Ces  deux  fonctions,  la  lo- 
comotilité  et  la  sensibilité ,  se  lient  donc 
nécessairement;  l'une  est  indispensable  à 
l'autre,  et  toute  disposition  contraire  serait 
un  trouble ,  un  bouleversement  complet 
dans  l'ensemble  siharmonique  des  êtres. 


LOC 


LOG 


421 


L'appareil  à  la  faveur  duquel  la  Loco- 
motion s'exécute  offre  des  différences  selon 
qu'on  l'examine  chez  les  animaux  supérieurs 
ou  chez  ceux  qui  sont  placés  au  bas  de  l'é- 
chelle animale.  Chez  ces  derniers  l'animalité, 
si  l'on  peut  se  servir  de  cette  expression  , 
se  manifestant  sous  sa  forme  la  plus  simple, 
celle  de  corps  homogène  dans  toutes  ses  par- 
ties et  sans  distinction  d'organe  exclusive- 
ment propreà  telle  ou  telle  fonction,  la  Loco- 
motion n'a  plus,  comme  dans  les  animaux  su- 
périeurs, un  appareil  distinct  :  c'est  à  la  masse 
totale  de  l'individu  qu'est  dévolue  la  faculté 
locomotrice.  A  mesure  qu'on  s'élève,  la  sen- 
sibilité et  surtout  la  sensibilité  réfléchie  de- 
venant plus  étendue,  la  Locomotion  devient 
plus  active,  se  spécialise,  en  d'autres  ter- 
mes, s'exécute  au  moyen  d'un  appareil  par- 
ticulier, appareil  qui,  lui-même,  se  compli- 
que de  l'évolution  d'organes  distincts,  d'ap- 
pendices libres  lorsque  des  classes  inférieures 
on  remonte  vers  celle  dans  laquelle  l'homme 
se  trouve  compris.  Ainsi,  dans  la  classe  des 
Vers,  dans  ceIIedesMollusques,etc.,la  plu- 
part des  espèces  offrent  un  appareil  locomo- 
teur uniquementcomposé  de  l'élément  mus- 
culaire et  de  son  moteur  indispensable,  l'élé- 
ment nerveux;  mais  dans  la  classe  des  Insec- 
tes et  dans  celle  des  Vertébrés ,  à  ces  deux 
éléments  vient  s'en  joindre  un  troisième, 
constitué  par  des  pièces  en  général  solides, 
dont  l'ensemble  forme  ce  que,  chez  les  pre- 
miers, on  a  nommé  un  sclerette ,  et  dans  les 
seconds  un  squelette.  Ce  sont  ces  organes 
que  quelques  physiologistes  ont  distingués 
sous  le  nom  de  parties  accessoires  ou  de  per- 
fectionnement, parties  passives  de  l'appareil 
locomoteur,  les  muscles  étant  pour  eux  la 
partie  essentielle  ou  active  de  ce  même  ap- 
pareil. 

Ce  n'est  point  ici  le  lieu  d'entrer  dans 
des  considérations  étendues  sur  les  organes 
passifs  du  mouvement  dans  les  animaux; 
cependant  nous  ne  pouvons  nous  dispenser 
de  dire  qu'ils  varient  beaucoup  quanta  leur 
position,  à  leur  disposition  et  à  leur  forme. 
Sous  le  rapport  delà  position,  à  laquelle 
nous  aurons  seulement  égard  ,  nous  ferons 
remarquer  que  chez  certaines  classes,  et  par- 
ticulièrement chez  les  articulés  extérieure- 
ment, ces  organes  sont  situés  dans  la  peau 
dont  ils  dépendent,  et  que  chez  les  Vertébrés, 
ces  mêmes  organes  sont  enveloppés  par  les 


chairs.  De  cette  disposition  résulte  une 
grande  différence  dans  les  mouvements. 
Ainsi ,  dans  le  premier  cas,  les  parties  pas- 
sives de  l'appareil  locomoteur  étant  à  l'exté- 
rieur, et  formant  par  leur  réunion  une  sorte 
d'étui  dans  lequel  se  trouve  renfermé  l'élé- 
ment actif  ou  musculaire,  ne  peuvent  servir 
qu'à  des  mouvements  bornés  ;  dans  le  se- 
cond cas,  au  contraire,  les  leviers  étant  in- 
térieurs ,  et  les  puissances  se  fixant  sur  eux 
dans  tous  les  points  et  sur  toutes  les  faces, 
les  mouvements  deviennent  plus  étendus, 
plus  variés  et  plus  actifs. 

Quant  à  la  partie  active  de  l'appareil  lo- 
comoteur, nous  nous  bornerons  également 
à  dire  que  la  fibre  musculaire,  qui,  dans  les 
animaux  les  plus  inférieurs,  tels  que  les 
Éponges,  etc.,  est  tellement  difficile  à  con- 
stater qu'on  a  pu  la  nier,  se  distingue  aussi- 
tôt qu'on  arrive  à  des  animaux  qui  exécu- 
tent des  mouvements  d'une  certaine  éten- 
due ;  qu'elle  se  fascicule,  et  constitue  alors 
ce  qu'on  nomme  un  muscle.  La  fibre  mus- 
culaire affecte  généralement  une  disposition 
qui  correspond  à  la  forme  de  l'animal ,  et 
sa  direction  est  toujours  dans  le  sens  des 
mouvements  qui  se  produisent. 

Ces  mouvements,  selon  les  milieux  dans 
lesquels  ils  ont  lieu,  selon  la  forme  sous  la- 
quelle ils  se  manifestent,  ont  reçu  les  noms 
particuliers  de  marche,  de  vol,  de  natation 
et  de  reptation.  Ces  quatre  modes  de  Loco- 
motion se  rencontrent  à  peu  près  dans  tou- 
tes les  classes  d'animaux,  et  quelquefois 
plusieurs  de  ces  modes  locomoteurs  se  trou- 
vent réunis  dans  la  même  espèce  ;  ainsi , 
il  y  a  des  Mammifères  qui  jouissent  de  la 
faculté  de  marcher  et  de  voler;  la  plupart 
des  oiseaux  peuvent  indifféremment  mar- 
cher, voler  ou  nager,  etc.;  mais  en  général, 
chaque  type  a  un  mode  de  Locomotion  qui 
lui  est  plus  particulier.  (Z.  G.) 

LOCUSTA.  ins. — Voy.  sauterelle. 

LOCUSTAIRES,  Latr.  ins.  —  Syn.  de 
Locustiens. 

LOCUSTE.  Locusta.  crust.  —Nom  em- 
ployé par  Suétone,  Belon  et  Rondelet  pour 
désigner  les  Langoustes.  V.  ce  mot.  (H,  L.) 

LOCUSTELLA,Kamp.  ois.  — Genre  de 
la  famille  des  Fauvettes.  Voy.  sylvie.  (Z.  G.  ) 

LOCUSTELLE.  ois.  —  Espèce  de  la  fa- 
mille des  Fauvettes,  qui  a  donné  son  nom 
au  g.  dont  elle  est  le  type.  V.  sylvie.  (Z.  G.) 


422 


LOD 


LOCUSTIDES.  ins.— Syn.  de  Locustiens 
ou  Locustites.  (Bl.) 

LOCUSTIENS.  Locustii.  ins.  —  Nous 
désignons  ainsi  une  tribu  de  l'ordre  des  Or- 
thoptères ,  caractérisée  par  de  longues  an- 
tennes sétacées;  des  cuisses  postérieures 
longues,  renflées  et  propres  au  saut;  des 
tarses  de  quatre  articles,  et  un  abdomen  ter- 
miné, dans  les  deux  sexes,  par  une  paire  de 
petits  appendices  articulés,  et  muni,  dans 
les  femelles,  d'une  longue  et  robuste  tarière. 
Nous  divisons  les  Locustiens  en  cinq  groupes; 
je  sont:  les  Prochilites,  Plérochrozites,  Lo- 
custites, Bradypérites  et  Gryllacrites.  Cette 
tribu  a  pour  type  le  genre  Sauterelle,  bien 
connu  de  tout  le  monde.  Pour  cette  raison, 
nous  renvoyons  à  ce  mot  pour  les  particu- 
larités de  mœurs  et  d'organisation.     (Bl.) 

LOCUSTINA,  Burm.  ins.  —  Syn.  de  Lo- 
custiens. (Bl.) 

*LOCUSTITES.  Locustitœ.  ins.— Groupe 
de  la  tribu  des  Locustiens,  de  l'ordre  des 
Orthoptères,  caractérisé  par  des  palpes  assez 
courts  et  des  antennes  insérées  au  sommet 
du  front.  Ce  groupe  comprend  le  plus  grand 
nombre  des  genres  de  la  tribu  des  Locustiens. 

Voy.   SAUTERELLE.  (Bl.) 

LODDE.  Mallotus,  poiss.  —  Genre  de 
l'ordre  des  Malacoptérygiens  abdominaux  , 
famille  des  Salmones,  établi  par  Cuvier  {Règ. 
anim.,  t.  II,  p.  305)  aux  dépens  des  Sau- 
mons, et  qui  ne  renferme  qu'une  seule  es- 
pèce ,  Salmo  groenlandicus ,  qui  habite  les 
mers  septentrionales. 

LODDIGESIA  (nom  propre),  bot.  ph. — 
Genre  de  la  famille  des  Papilionacées-Lo- 
tées,  établi  par  Sims  (  Bot.  Mag.,  1 ,  964  ). 
Sous- arbrisseaux   du  Cap.    Voy.   papilio- 

NACÉES. 

LODICULARIA,  Pal.-Beauv.  bot.  ph.— 
Syn.  d' Hemarthria,  R.  Br. 

LODICULE.  bot.  ph.  —  Voy.  graminées. 

LODOICÉE.  Lodoicea.  bot.  ph. —  Genre 
établi  parCommerson  dans  ses  manuscrits, 
et  publié  sous  le  même  nom  par  Labillar- 
dière  pour  une  des  plus  belles  espèces  de  la 
famille  des  Palmiers;  ce  genre  appartient  à 
la  diœcle  polyandrie,  dans  le  système  sexuel 
de  Linné.  Il  présente  les  caractères  suivants: 
Fleurs  dioïques;  les  mâles  réunies  en  spa- 
dice: qui  ressemble  à  un  chaton  ,  accompa- 
gna d'une  spathe  à  sa  base,  allongé  et  cy- 
lîndracé,  rétréci  à  ses  deux  extrémités;  les 


LOD 

fleurs  sont  plongées  dans  les  cavités  qui 
restent  dans  l'intervalle  des  écailles  soudées 
entre  elles  ;  ces  cavités  se  présentent  sur  une 
coupe  transversale  du  spadice,  sous  la  forme 
ovale;  elles  rayonnent  de  l'axe  vers  la  cir- 
conférence; chacune  d'elles  renfermo  des 
fleurs  nombreuses,  réunies  en  une  masse 
presque  réniforme  et  très  étroitementserrées 
sur  deux  rangs  opposés.  Ces  fleurs  présen- 
tent un  périanthe  à  6  folioles  distinctes  sur 
deux  rangs  ,  et  des  étamines  nombreuses  t 
monadelphes  par  la  soudure  de  leurs  filets 
à  leur  base.  Les  fleurs  femelles  forment 
aussi  un  spadice  accompagné  d'une  spathe 
à  sa  base  ,  et  dans  lequel  l'axe  et  la  base 
des  fleurs  sont  recouverts  de  larges  écailles 
concaves  irrégulièrement  crénelées  ou  comme 
rongées  à  leur  bord.  Ces  fleurs  présentent 
un  périanthe  à  6  folioles  sur  deux  rangi  et 
un  pistil  dont  l'ovaire  est  ovoïde,  élargi  dans 
sa  partie  inférieure,  où  il  est  creusé  de  trois 
loges,  et  qui  se  termine  par  un  petit  stigmate 
percé,  au  centre ,  d'une  ouverture  dont  le 
bord  est  trilobé.  Le  fruit  est  une  drupe  très 
volumineuse  ,  fibreuse  ,  renfermant  le  plus 
souvent  un  seul  noyau,  rarement  deux, 
trois  ou  même  quatre;  ce  noyau  est  très 
gros  ,  terminé  par  deux  grands  lobes  arron- 
dis, entre  lesquels  se  trouve  un  faisceau  de 
sortes  de  gros  poils  ;  quelquefois  la  con- 
fluence des  noyaux  et  l'avortement  de  quel- 
ques uns  des  lobes  donne  une  masse  unique 
trilobée  au  sommet. 

La  seule  espèce  de  ce  genre  est  le  beau 
Palmier  connu  vulgairement  sous  les  noms 
impropres  de  Coco  des  Maldives,  Coco  de 
mer.  Coco  de  Salomon ,  ou  le  Lodoicée  des 
Séchelles  ,  Lodoicea  Sechellarum.  C'est  un 
bel  arbre  dont  le  tronc  parfaitement  simple 
et  cylindrique,  marqué,  à  des  intervalles 
d'environ  12  centimètres  ,  de  cicatrices  an- 
nulaires laissées  par  les  feuilles  tombées , 
s'élève  à  15,  20,  quelquefois  à  30  et  33  mè- 
tres ,  sur  environ  3  décimètres  de  diamètre; 
ce  tronc  se  termine  par  une  touffe  de  12 
à  20  feuilles  très  grandes,  dont  la  forme 
générale  est  ovale  ,  en  coin  à  la  base  ,  qui 
présentent  une  côte  médiane  et  des  plis  di- 
vergeant à  partir  de  celle-ci;  leurs  bords 
sont  plus  ou  moins  profondément  déchirés 
et  fendus  ;  elles  ont  généralement  3  o«a  4 
mètres  de  long;  mais  quelquefois  aussi  on 
en  voit  qui  atteignent  une  longueur  de  6  ou 


LOD 


LOEM 


423 


7  mètres  sur  3  ou  4  de  largeur;  leur  pé- 
tiole est  à  peu  près  de  même  longueur  que 
leur  limbe.  Il  s'en  développe  une  chaque 
année. 

Les  spadices  mâles  existent  au  nombre  de 
plusieurs  à  la  fois  sur  un  même  pied  ;  leur 
longueur  varie  de  7  à  14  décimètres  sur  10 
ou  12  centimètres  de  diamètre  ;  dans  cha- 
cune de  leurs  cavités  se  trouve  une  masse 
de  50  ou  60  fleurs  mâles ,  longues  d'envi- 
ron 3  centimètres,  qui  viennent  successi- 
I  vement,  des  plus  hautes  aux  plus  basses  , 
répandre  leur  pollen  par  l'ouverture  termi- 
nale. Les  spadices  femelles  ont  également 
de  7  à  14  décimètres  de  longueur;  ils" sont 
tortueux;  les  fleurs  qui  les  composent  sont 
à  la  fois  de  plusieurs  âges  différents  et  écar- 
tées l'une  de  l'autre  ;  les  folioles  qui  for- 
ment leur  périanthe  sont  très  épaisses; 
elles  croissent  avec  le  fruit,  et  finissent  par 
aYoirprèsde2  décimètres  de  diamètre;  dans 
la  fleur,  elles  cachent  presque  l'ovaire,  qui 
constitue  une  masse  à  peu  près  de  la  forme 
et  du  volume  d'une  petite  poire,  seulement 
plus  courte  et  plus  large  à  la  partie  infé- 
rieure. Chaque  spadice  conserve  et  mûrit 
généralement  cinq  ou  six  fruits  d'un  volume 
considérable  ;  chacun  d'eux  atteint,  en  effet, 
jusqu'à  5  décimètres  de  long,  et  pèse  10  ou 
12  kilogrammes;  ce  fruit  est  ovoïde,  arrondi, 
comprimé  sur  l'un  de  ses  côtés  ;  sa  base  est 
embrassée  par  le  périanthe  persistant  et  ac- 
cru ;  son  péricarpe  ressemble  ,  pour  la  cou- 
leur et  la  consistance  de  son  tissu,  au  brou 
de  la  noix  ;  c'est  le  volumineux  noyau  ,  le 
plus  souvent  unique,  contenu  dans  son 
épaisseur  qui  constitue  le  fameux  Coco  au- 
quel l'arbre  a  dû  sa  célébrité.  Avant  sa  ma- 
turité, il  renferme  jusque  3  pintes  d'un 
liquide  laiteux  agréable  à  boire,  mais  qui 
rancit  et  se  gâte  en  quelques  jours;  son 
amande  est  blanche,  cornée,  et  d'une  dureté 
telle  qu'on  a  peine  à  l'entamer  avec  un  in- 
strument tranchant.  Le  fruit  n'atteint  sa  ma- 
turité qu'après  un  an  ,  et  il  reste  suspendu 
à  l'arbre  pendant  un  temps  beaucoup  pkis 
long,  quelquefois  pendant  trois  années  en- 
tières; ordinairement  un  même  pied  en 
porte  à  la  fois  de  20  à  30  entièrement  mûrs. 
Ce  bel  arbre  ne  croît  naturellement  que 
dans  l'archipel  des  Séchelles  ou  Mahé ,  et 
seulement  dans  l'île  Praslin  ou  Curieuse,  et 
dans  l'île  Ronde;  il  y  existe,  dans  le  voi- 


sinage de  la  mer,  en  quantité  extrêmement 
considérable.  Les  détails  que  nous  venons 
de  donner  à  son  sujet  sont  puisés  en  ma- 
jeure partie  dans  une  notice  étendue  de  sir 
W.  Hooker,  insérée  dans  le  Botanical  Ma- 
gazine ,  tab.  2734,  2735,  2736,2737  et 
2738.  Cette  notice  a  été  rédigée ,  par  le  bo- 
taniste anglais ,  d'après  les  renseignements 
et  les  échantillons  pris  sur  les  lieux  mêmes, 
avec  le  plus  grand  soin  ,  par  M.  Harrison  , 
et  communiqués  par  M.  Telfair. 

Le  volumineux  Coco  du  Lodoicea,  après 
sa  chute  de  l'arbre,  est  souvent  entraîné  par 
les  flots  de  la  mer  à  des  distances  très  consi- 
dérables ;  ainsi,  avant  la  découverte  des  Sé- 
chelles ,  on  ne  possédait  guère  que  ceux  qui 
avaient  été  jetés  sur  la  côte  des  Maldives, 
et  de  là  était  venue  la  dénomination  de 
Coco  des  Maldives.  D'un  autre  côté,  comme 
il  était  jeté  sur  la  côte  par  les  flots ,  sans 
que  l'on  connût  le  moins  du  monde  ni  son 
origine,  ni  l'arbre  qui  le  produisait,  les 
contes  les  plus  absurdes  s'étaient  répandus 
et  accrédités  à  cet  égard.  Celui  de  ces  contes 
qui  semblait  le  moins  ridicule  consistait  à 
y  voir  le  fruit  d'une  sorte  de  Cocotier  qui 
végétait  dans  les  profondeurs  de  la  mer,  de 
manière  à  n'avoir  jamais  pu  être  observé. 
Le  mystère  qui  entourait  l'origine  de  ce  fruit 
en  avait  fait  un  objet  d'un  très  haut  prix, 
et  lui  avait  fait  supposer  des  vertus  médici- 
nales précieuses.  Les  Chinois  surtout  le  re- 
cherchaient comme  une  sorte  de  panacée 
universelle.  Tout  ce  merveilleux  s'évanouit 
lorsque  Sonnerai,  ayant  abordé  à  l'île  Pras- 
lin, décrivit  et  figura  ce  bel  arbre,  qu'il 
importa  même  à  lIle-de-France.  Aujourd'hui 
le  Coco  des  Séchelles  n'est  plus  qu'un  objet 
de  curiosité  ,  qu'on  trouve  habituellement 
dans  les  collections ,  où  il  se  fait  toujours 
remarquer  par  son  volume ,  et  le  plus  sou- 
vent par  sa  forme.  Dans  les  deux  îles  où  il 
croît  naturellement,  on  emploie  ses  énormes 
feuilles,  dont  le  tissu  est  sec  et  résistant , 
pour  en  couvrir  les  habitations.      (P.  D.) 

LOEFLINGIA  (nom  propre),  bot.  ph.— 
Genre  de  la  famille  des  Caryophyllées-Po- 
lycarpées,  établi  par  Linné  (m  Act.  Holm., 
1758,  pag.  15,  t.  1,  f.  1).  Herbes  des  ré- 
gions méditerranéennes  et  de  l'Amérique 
boréale.  Voy.  caryophyllées. 

LOEMIPODES.  Lœmipoda.  crdst.  — 
Voy.  L^MODIPODES.  (H.   L.) 


4-24 


LGG 


LOG 


*LOEMOBOTHlUON.  Lœmobothrium 
(loipoç,  fléau;   GôQptov,  bothrion  ).  hexap. 

—  Genre  de  l'ordre  des  Épizoïques,  établi 
par  Nitzsch  et  caractérisé  ainsi  par  cet  au- 
teur :  Tête  oblongue.  Tempes  petites,  à  an- 
gle rétroverse.  Antennes  toujours  cachées. 
Gorge  excayée.  Mésothorax  et  abdomen 
marginés. 

Les  Lœmobothrions  n'ont  fourni  à  Nitzsch 
qu'un  petit  nombre  d'espèces ,  en  général 
de  grande  taille.  11  en  cite  sur  les  Faucons , 
Vautours  et  Foulques ,  ainsi  que  sur  l'Au- 
truche ,  mais  en  accompagnant  d'un  signe 
dubitatif  l'indication  de  leur  existence  sur 
ce  dernier  oiseau.  Le  Loemobothrion  géant  , 
Lœmobothrium  giganteum  Nitzsch ,  peut 
être  considéré  comme  le  type  de  ce  genre. 
Cette  espèce  vit  parasite  sur  les  Falco  albi- 
cillay  œruginosus  et  buteo.  (H.  L.) 

LOEMODIPODES.  Lœmodipoda.  crust. 

—  Voy.  LjEmodipodes.  (H.  L.) 
LOG  AN  IA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille   des    Loganiacées-Loganiées ,    établi 
par  R.  Brown  {Prodr.,  454).  Herbes  ou  ar- 
brisseaux de  la  Nouvelle-Hollande.  Voy.  lo- 

GANIACÉES. 

LOGANIACÉES.  Loganiaceœ.  bot.  ph. 

—  M.  Rob.  Brown  a  appelé  l'attention  des 
botanistes  sur  l'affinité  de  deux  groupes  ex- 
trêmement naturels  :  celui  des  Apocynées, 
d'une  part,  de  l'autre  celui  des  Rubiacées; 
le  premier  à  ovaire  libre  et  à  feuilles  dé- 
pourvues de  stipules  ;  le  second  à  ovaire 
adhérent  et  à  stipules  interpétiolaires.  Mais 
un  certain  nombre  de  genres  pourvus  de 
stipules,  quoique  leur  ovaire  soit  parfaite- 
ment libre  ,  forment  le  passage  de  l'une  de 
ces  familles  à  l'autre ,  et  c'est  de  leur  réu- 
nion qu'on  a  proposé  d'en  former  une  à 
part  sous  le  nom  de  Loganiacées ,  famille 
qui,  par  les  diverses  modifications  de  son 
péricarpe,  répond  à  la  fois  à  diverses  tribus 
de  Rubiacées,  et  suit  en  quelque  sorte  une 
marche  parallèle.  Elle  appartient  donc  aux 
dicotylédones  monopétales  hypogynes  ,  et 
peut  être  ainsi  caractérisée  :  Galice  de  4-5 
folioles  distinctes  avec  préfloraison  imbri- 
quée, ou  soudées  dans  leur  plus  grande 
longueur  avec  préfloraison  valvaire.  Corolle 
hypogynique  à  limbe  4-5-fide,  dont  les  di- 
visions sont  de  même  valvaires  ou  imbri- 
quées. Étamines  insérées  sur  son  tube,  en 
nombre  égal  et  alternes,  ou  réduites  quel- 


quefois même  à  l'unité.  Anthères  introrses, 
biloculaires,  s'ouvrant  longitudinalement. 
Ovaire  libre ,  à  deux  loges  quelquefois  sub- 
divisées chacune'  en  deux  autres  par  la  ré- 
flexion de  leurs  parois,  renfermant  chacune 
un  ou  plusieurs  ovules  fixés  à  l'angle  in- 
terne, ascendants  ou  plus  souvent  peltés. 
Style  simple  terminé  par  un  stigmate  indi- 
vis ou  plus  rarement  bilobé.  Fruit  charnu 
ou  capsulaire  à  déhiscence  septicide,  ou  rare- 
ment septifrage.  Graines  souvent  ailées,  pel- 
tées  ou  dressées,  présentant,  dans  l'axe  ou 
vers  la  base  d'un  périsperme  charnu  ou  car- 
tilagineux, un  embryon  à  cotylédons  plans- 
convexes  ou  foliacés,  à  radicule  cylin- 
drique tournée  vers  le  hile  ou  parallèle.  Les 
espèces,  presque  toutes  tropicales,  sont  dis- 
persées sur  toute  cette  zone.  Ce  sont  des  ar- 
bres ou  des  arbrisseaux,  très  rarement  des 
herbes ,  à  suc  aqueux  qui  les  distingue  des 
Apocynées ,  ainsi  que  les  stipules  qui  lient 
ordinairement  les  pétioles  de  leurs  feuilles 
opposées  et  simples.  Les  fleurs  sont  solitaires 
à  l'aisselle  de  ces  feuilles,  ou  bien  se  grou- 
pent en  corymbes,  en  panicules  axillaires  ou 
terminales. 

GENRES, 

Tribu  I.  —  Strychnées. 

Préfloraison  de  la  corolle  ovalaire. 

*  Fruit  charnu. 

Strychnos,  L.  —  Rouhamon,  Aubl.  {La- 
siostoma  ,  Schreb.  —  Curare  ,  Humb.  )  — 
Drehmia  ,  Harv.  (  Kaniram ,  Pet. -Th.  )  — 
Ignatia,  L.-f. — Pagamea,  Aubl. — Gardne- 
ria,  Wall. 

**  Fruit  capsulaire. 

Antonia,  Pohl.  —  Labordia,  Gaudich.  — 
Spigelia,  L.  {Arapabaca,  Plum. —  Mitreola, 
L.  —  Mitrasacme,  Labill.  —  Polypremum, 
L.  —  Canola,  Pohl.)  —  Cœlostylis,  Torr.  et 
Gray. 

Tribu  II.  —  Loganiées. 

Préfloraison  de  la  corolle  imbriquée. 

*  Fruit  capsulaire. 

Logania,  R.  Br.  (Euosma,  Andr.)  —  Ge- 
niostoma,  Forst.  (Anasser,  J.  —  Aspilotum, 
Banks  et  Sol. —  Hœmospermum ,  Reinw.) 
—  Usteria ,  W.  (Monodynamis  ,  Gmel.  )  — 
Lochnopylis ,  Hochst.  —  Gelsemium ,  L.  — 
Fagrœaf  Thunb. 


LOG     • 


LOI 


42.') 


**  Fruit  charnu. 

Kuhlia,  Reinw.  —  Utania,  Don.  — Cyr- 
tophyllum,  Reinw.  —  Picrophlœus,  Blum. — 
Gœrtnera,  Larn.  {Andersonia,  W.  — Fru- 
tesca ,  DG.  )  —  Sykesia ,  Arn.  —  ?  Codonan- 
thus  ,  Don.  — Anabata,  W.  (Sulzeria, 
Rœm.  Sch.). 

M.  Endlicher  a  considéré  chacune  de  ces 
tribus  comme  une  sous-famille  qu'il  a  sub- 
divisée elle-même  en  tribus,  caractérisées 
par  les  diverses  modifications  de  leur  fruit 
et  de  leurs  graines,  mais  représentées  cha- 
cune par  un  très  petit  nombre  de  genres  ou 
même  par  un  seul ,  ce  qui  réduit  presque 
leurs  caractères  aux  génériques.  D'autres 
auteurs  admettaient  d'autres  divisions,  re- 
jetant les  premiers  genres  parmi  les  Apo- 
cynées ,  ou  en  séparant  plusieurs  des  sui- 
vants (Pigelia,  MUreola,  Mitrasacme,  Poly- 
premum)  pour  former  une  petite  famille  des 
Spigéliacées.  Nous  avons  cru  devoir  conser- 
ver encore  celle  des  Potaliacées  ,  composée 
des  deui  genres  Potalia  ,  Aubl.  (  Nicandra, 
Schreb.  non  auct.),  et  Anthocleista ,  Afz.  , 
qui  offrent  une  corolle  à  dix  lobes  avec  au- 
tant d'étamines  opposées,  sans  rapport  par 
conséquent  avec  le  nombre  quaternaire 
des  divisions  calicinales,  et  qui  néanmoins 
sont  placées  parmi  les  Loganiées  par  Endli- 
cher. 

Ces  Potaliées  sont  remarquables  par  la 
présence  de  sucs  résineux  auxquels  elles 
doivent  une  extrême  amertume.  Cette  même 
propriété  se  retrouve  dans  l'écorce  d'un 
Strychnos  dn  Brésil  (S.  peudoquina) ,  qui 
lui  doit  son  emploi  comme  succédanée  du 
Quinquina;  mais  en  général ,  les  espèces  de 
ce  dernier  genre  sont  extrêmement  dange- 
reuses par  la  présence  d'alcaloïdes  célèbres 
entre  les  médicaments  ou  les  poisons  les 
plus  énergiques ,  la  Strychnine  et  la  Bru- 
cine.  Ils  déterminent ,  sans  doute  en  agis- 
sant sur  la  moelle  épinière,  des  contractions 
dans  les  muscles  telles,  qu'à  quelques  con- 
vulsions succèdent  bientôt  la  raideur  et  l'im- 
mobilité, puis  l'asphyxie  par  la  suppression 
des  mouvements  respiratoires.  C'est  ce  qu'on 
a  l'occasion  d'observer  quelquefois  sur  les 
Chiens  vagabonds  empoisonnés  par  les  bou- 
lettes jetées  à  cet  effet  dans  nos  promenades 
publiques  et  préparées  avec  la  noix  ro- 
mique.  C'est  de  celle-ci  (périsperme  corné  de 
la  graine  du  Strychnos  nwc-vomica)  el 


Fève  oe  ï>t-Ignace  (Ignatia  amara)  qu'on 
extrait  la  Strychnine  ,  qui  donne  aussi  de* 
propriétés  à  Vécorce  de  Fausse- Angusture  , 
laquelle  paraît  provenir  également  d'un 
Strychnos,  peut-être  du  Nux-vomica  lui- 
môme,  ainsi  qu'au  suc  de  la  racine  du  S. 
tieulé,  poison  célèbre  sous  le  nom  d'Upas 
tieulé ,  dont  les  Javanais  enveniment  leurs 
flèches.  Mais  la  médecine  a  su  appliquer  ces 
propriétés  formidables  à  un  emploi  salu- 
taire ,  et  s'est  servie  de  la  Strychnine  dans 
les  cas  où  la  contraction  musculaire  para- 
lysée a  besoin  d'être  réveillée  par  un  agent 
très  énergique  :  seulement,  elle  l'administre 
à  très  faible  dose,  celle  d'une  petite  fraction 
de  grain.  (Ad.  J.) 

LOGE.  Loculus.  bot.  —  Voy.  fruit, 
ovaire  ,  etc. 

*LOHITA,  Am.  et  Serv.  (mot  sanscrit  si- 
gnifiant rouge  ).  ins.  —  Synonyme  de  Ma- 
crocheraia.  (Bl.) 

LOIR.  Myoxus.  mam.  —  Genre  de  Ron- 
geurs formé  par  Schreber  ,  aux  dépens  der 
Mus  de  Linné  et  des  Glis  de  Brisson  ,  e 
adopté  par  tous  les  zoologistes.  Les  Loin 
font  partie  de  la  grande  division  des  Rats; 
mais  cependant,  par  quelques  uns  d* 
leurs  caractères ,  ils  se  rapprochent  égale- 
ment  des  Écureuils,  et  viennent  ainsi  éta 
blir  un  passage  entre  ces  deux  groupes  na 
turels  de  Tordre  des  Rongeurs 

Les  Loirs  ont  pour  caractères  :  deux  inci 
sives  à  chaque  mâchoire,  longues,  fortes, 
plates  à  leur  partie  antérieure,  anguleuse 
et  comprimées  à  la  partie  postérieure  :  les 
supérieures  coupées  carrément,  et  les  Infé- 
rieures poîo tues;  quatre  molaires  de  ch.-. 
que  côté,  se  divisant  dès  leur  base  en  raci 
nés;  des  lignes  transverses,  saillantes  et 
creuses  se  faisant  remarquer  sur  la  cou- 
ronne de  ces  dernières  dents  ;  les  membres 
antérieurs,  un  peu  plus  courts  que  les  pos- 
térieurs, terminés  par  une  main  divisée  en 
quatre  doigts,  libres  ou  seulement  réunis  à 
leur  base  par  une  légère  membrane,  et  ar- 
més d'ongles  arqués,  comprimés  et  pointus  ; 
à  la  partie  interne  du  carpe,  on  remarque 
un  gros  tubercule  allongé,  garni  à  sa  base 
d'un  rudiment  d'ongle  plat,  etque  l'on  re- 
garde comme  un  vestige  de  pouce.  Aux  mem- 
bres postérieurs,  les  pieds  sont  terminés  par 
cinq  doigts,  simplement  réunis  à  la  base  paf 
une  légère  membrane;  tous  ces  doigts  son» 
54 


42G 


LOI 


LOI 


armés  d'ongles  arqués,  aigus  et  comprimés, 
et  le  pouce,  quoique  petit,  peut  s'éloigner 
légèrement  des  autres  doigls.  La  queue  est 
allongée  et  lâche.  La  pupille  est  ronde , 
et  susceptible  de  se  contracter  comme  un 
point.  Le  mufle  est  divisé  en  deux  parties 
par  un  sillon  profond.  L'oreille  est  demi- 
membraneuse.  La  langue  est  longue,  épaisse, 
charnue  et  couverte  de  petites  papilles  mol- 
les et  coniques.  La  lèvre  supérieure  est 
épaisse  et  velue  ;  les  bords  de  l'inférieure 
se  soudent  l'un  à  l'autre  en  arrière  de  la 
base  des  dents  incisives,  et  forment  anté- 
rieurement une  gaîne  de  laquelle  sortent 
ces  dents.  La  paume  des  mains  et  la  plante 
des  pieds,  ainsi  que  le  dessous  des  doigts, 
sont  recouverts  d'une  peau  très  douce  ;  la 
paume  est  entièrement  nue,  et  présente  cinq 
tubercules;  la  plante  ,  également  nue,  en 
offre  six. 

Quelques  points  de  l'organisation  interne 
des  Loirs  sont  connus.  Les  testicules  ne  sont 
pas  apparents  au  dehors;  la  verge  est  très 
courte,  cylindrique,  et  terminée  par  un 
gland  beaucoup  plus  grand  qu'elle,  à  demi 
cartilagineux  ,  étroit,  très  pointu  et  en  fer 
de  lance.  La  vulve,  placée  en  avant  de  l'a- 
nus, est  percée,  au  fond  de  la  partie  posté- 
rieure, d'une  large  ouverture,  à  la  partie 
antérieure  de  laquelle  est  une  petite  cavité 
aveugle.  Les  mamelles  sont  au  nombre  de 
huit,  quatre  pectorales  et  quatre  ventrales. 
Chez  ces  animaux  il  n'y  a  pas,  assure-ton, 
de  ccecum,  et  ce  fait  est  d'autant  plus  im- 
portant que  cette  portion  de  l'intestin  est 
presque  toujours  très  développée  chez  les 
Rongeurs. 

Les  Loirs  sont  des  Rongeurs  nocturnes  de 
petite  taille,  que  leur  robe,  garnie  d'une 
épaisse  fourrure  ,  et  revêtue  de  couleurs 
douces  et  harmonieuses,  leur  queue  entiè- 
rement velue,  et  leur  genre  de  vie  ont  fait 
comparer  aux  Écureuils.  Ils  habitent  les  fo- 
rêts, vivent  de  faînes,  de  châtaignes,  de 
noisettes  et  d'autres  fruits  sauvages;  ils 
mangent  aussi  des  œufs  et  même  de  jeunes 
oiseaux;  quelques  uns  font  de  grands  ra- 
vages dans  nos  vergers,  en  y  dévorant  nos 
plus  beaux  fruits.  lisse  font  un  nid  de  mousse 
dans  le  tronc  des  arbres  creux  ou  dans  les 
fentes  des  rochers  ou  des  murs;  ils  recher- 
chent de  préférence  les  lieux  secs;  ils  boi- 
vent peu  et  descendent  rarement  à  terre. 


Ils  s'accouplent  sur  la  fin  du  printemps,  et 
font  leurs  petits  en  été  ;  leurs  portées  sont 
ordinairement  de  quatre  ou  cinq  petits  qui 
croissent  vite.  Les  Loirs  sont  courageux;  ils 
défendent  leur  vie  jusqu'à  la  dernière  ex- 
trémité ;  plusieurs  animaux  ,  et  particuliè- 
rement les  Chats  sauvages  et  les  Martes,  en 
détruisent  un  grand  nombre.  A  l'approche 
de  l'hiver,  les  Loirs  font  dans  leurs  retraites 
des  provisions  de  fruits  pour  servir  à  leur 
nourriture  jusqu'au  moment  de  l'engour- 
dissement, qui  a  lieu  quand  la  température 
tombe  à  environ  7  degrés  au-dessous  de  0. 
Cet  engourdissement  dure  autant  que  la 
cause  qui  le  produit ,  et  cesse  avec  le  froid. 
Quelques  degrés  de  chaleur  au-dessus  du 
terme  que  nous  venons  d'indiquer  sufflsent 
pour  ranimer  ces  animaux  ,  et  si  on  les  tient 
l'hiver  dans  un  lieu  bien  chaud  ,  ils  ne  s'en- 
gourdissent pas  toujours;  mais  cependant 
nous  avons  observé  un  Lérot  qui,  dans  une 
pièce  dont  la  température  moyenne  était 
d'environ  12  degrés,  s'engourdissait  par- 
fois ,  et  dans  d'autres  cas,  remuait  comme 
en  été.  A  l'état  sauvage ,  les  Loirs  se  rani- 
ment si,  pendant  la  saison  du  froid ,  la  tem- 
pérature s'élève,  et  alors  ils  consomment  les 
provisions  qu'ils  ont  réunies.  Lorsqu'ils  sen- 
tent le  froid,  ils  se  serrent  et  se  mettent  en 
boule  pour  offrir  moins  de  surface  à  l'air; 
c'est  ainsi  qu'on  les  trouve  en  hiver  dans  les 
arbres  creux  et  dans  des  trous  de  mur  exposés 
au  midi;  ils  gisent  là  sans  aucun  mouve- 
ment sur  de  la  mousse  ou  des  feuilles  sè- 
ches ;  on  peut  les  prendre  et  les  rouler  sans 
qu'ils  remuent  ni  s'étendent;  on  ne  par- 
vient à  les  ramener  à  la  vie  qu'en  les  sou- 
mettant à  une  chaleur  douce  et  graduée  , 
car  ils  meurent  si  on  les  approche  tout-à- 
coup  d'un  feu  un  peu  trop  vif:  néanmoins, 
dans  cet  état  de  torpeur,  la  sensibilité  existe, 
ainsi  que  plusieurs  observateurs  ont  pu  s'en 
assurer.  Les  Loirs,  et  principalement  le  Lé- 
rot ,  peuvent  assez  bien  être  apprivoisés  , 
surtout  lorsqu'on  les  prend  jeunes,  et  ils 
peuvent  vivre  plusieurs  années  dans  les 
cages  où  on  les  conserve. 

On  désigne  huit  espèces  comme  apparte* 
nant  au  genre  des  Loirs  et  à  celui  des  Gra- 
phiures,  qui  en  est,  au  moins,  très  voisin  p 
si  même  il  ne  doit  pas  lui  être  réuni;  mai» 
quatre  espèces  seulement  sont  bien  connues 
et  doivent  nous  occuper  principalement. 


LOI 

1.  Le  Loir,  Musglis  G  m.,  le  Loir  de  Buflon 
(t.  VIII,  pi.  24).  C'est  l'espèce  type  du  genre; 
sa  longueur  totale  du  museau  à  l'anus  est 
d'environ  5  pouces  1/2;  elle  est  d'un  gris 
cendré  en  dessus,  avec  les  parties  inférieures 
d'un  blanc  légèrement  roussàtre;  un  cercle 
d'un  gris  noirâtre  entoure  les  yeux;  la  queue 
est  d'un  cendré  pur,  et  le  dessus  des  pieds 
d'un  brun  noirâtre;  ses  oreilles  sont  courtes 
et  rondes;  sa  queue,  distique  et  aussi  longue 
que  le  corps,  est  entièrement  couverte  de 
poils  longs  et  épais;  elle  est  très  touffue  et 
plus  forte  à  l'extrémité  qu'à  la  base. 

La  chair  des  Loirs  est  bonne  à  manger,  et 
elle  a  le  goût  de  celle  du  Cochon  d'Inde; 
c'est  cette  espèce  que  les  Romains  élevaient 
et  quils  prenaient  soin  d'engraisser  pour 
leur  table;  on  mange  encore  ce  Rongeur 
dans  quelques  parties  de  l'Italie,  mais  on 
ne  les  nourrit  plus  pour  cela  en  domesticité. 

Le  Loir  habite  les  contrées  méridionales 
de  l'Europe;  il  vit  dans  les  grandes  forêts, 
où  il  se  pratique  dans  le  creux  des  arbres  et 
des  rochers  une  retraite  qu'il  garnit  de 
mousse,  et  où  il  passe  l'hiver,  après  avoir 
préalablement  fait  une  provision  de  nourri- 
ture propre  à  le  sustenter  à  son  réveil. 

2.  Le  Lérot,  Myoxus  nitela  Gm.,  le  Lérot 
de  Buflon  (t.  VIII,  pi.  25).  A  peu  près  de  la 
même  taille  que  le  Loir,  quoiqu'un  peu  plus 
petit,  il  est  en  dessus  d'un  beau  gris  roux 
vineux,  tandis  que  les  parties  inférieures  du 
corps  et  le  bas  des  membres  antérieurs  sont 
d'un  blanc  jaunâtre;  le  dessus  de  la  tête  est 
fauve  isabelle;  une  large  bande  noire,  pre- 
nant en  arrière  du  museau,  passe  sur  l'oeil 
et  sous  l'oreille,  et  se  termine  en  arrière  de 
celle-ci;  la  queue,  d'abord  d'un  fauve  roux, 
puis  noire  en  dessus,  est  blanche  aux  parties 
inférieures  et  sur  presque  toute  son  extré- 
mité, qui  est  terminée  par  de  longs  poils; 
l'oreille  est  allongée,  oblongue;  telle  est  la 
couleur  des  adultes ,  les  jeunes  sontsimple- 
ment  gris. 

Moins  sauvage  que  le  Loir,  le  Lérot  fixe 
sa  retraite  auprès  des  lieux  habités;  il  fré- 
quente les  espaliers,  se  retire  dans  les  cavi- 
tés des  murs,  etse  nourrit  presque  exclusive- 
ment de  fruit  et  principalement  de  pêches , 
de  raisins,  de  pommes,  etc.;  aussi  fait-il 
de  grands  dégâts  dans  les  vergers.  Sa  chair 
n'est  pas  bonne  à  manger  comme  celle  du 
Loir. 


LOI 


427 


Le  Lérot  se  trouve  dans  presque  toute 
l'Europe,  en  France,  en  Allemagne,  en  Ita- 
lie ,  en  Suisse,  etc. 

Le  Myoxus  dryas  Schreb.,  qui  a  été  pris 
en  Géorgie,  ne  semble  à  Fr.  Cuvier  qu'une 
variété  du  Lérot. 

3.  Le  Muscardin  ,  Myoxus  avelîanarius 
Gm. ,  le  Muscardin  de  Buflon  (t.  VIII,  pi.  26). 
II  n'a  pas  3  pouces  de  longueur  du  bout  du 
museau  à  l'origine  de  la  queue  ;  ses  parties 
supérieures  sont  d'un  beau  blond  fauve,  et 
les  inférieures  sont  plus  pâles  et  presque 
blanches  ;  la  queue  est  fauve ,  couverte  de 
poils  courts,  distiques  et  peu  nombreux; 
les  oreilles  sont  courtes,  larges  et  elliptiques. 

Le  Muscardin  habite  la  lisière  des  bois , 
les  taillis  et  les  haies,  et,  comme  l'Écu- 
reuil ,  il  se  fait  un  lit  de  mousse  pour  l'hi- 
ver. Sa  chair  est  désagréable  au  goût. 

Cette  espèce  est  répandue  dans  presque 
toute  l'Europe  méridionale  et  tempérée; 
mais  elle  est  moins  nombreuse  que  celle  du 
Lérot. 

Le  Myoxus  murinus  Desm.,  Myoxus  La- 
landianus  Schinz,  Myoxus  crylhrobran- 
chus  Sm.,  Myoxus  africanus  Shaw,  d'une 
taille  de  3  pouces ,  d'un  gris  de  souris  en 
dessus  et  un  peu  plus  clair  en  dessous. 

Cette  espèce  habite  le  cap  de  Bonne-Es- 
pérance. 

4.  Le  Loir  du  Sénégal,  Myoxus  Coupei  Fr. 
Cuvier  (Mam.,  t.  III).  De  la  taille  du  pré- 
cédent. Il  est  d'un  gris  clair  légèrement  jau- 
nâtre en  dessus,  et  il  est  au  contraire  blan- 
châtre en  dessous. 

Il  se  trouve  au  Sénégal. 

Le  Myoxus  lineatus  Temm.  est  une  es- 
pèce assez  voisine  du  Lérot,  et  qui  a  été  ren- 
contrée à  Yesso  au  Japon. 

Deux  autres  espèces  qui  semblent  appar- 
tenir à  ce  groupe  ,  que  l'on  a  distinguées 
génériquement  sous  le  nom  de  Graphiurus, 
proposé  par  Fr.  Cuvier,  sont  les  : 

Loir  du  Cap,  Graphiurus  Capensis  F.  Cuv. 
(Nouv.  Ann.  Mus.),  Myoxus  Catoirii  F.  Cuv. 
(Dict.  se.  nat.  ),  de  la  taille  du  Loir;  d'un 
gris  brunâtre  foncé  en  dessus,  et  d'un  blanc 
roussàtre  en  dessous,  avec  une  large  bande 
d'un  noir  brun  sur  les  yeux. 

Habite  le  cap  de  Bonne-Espérance. 

Et  le  Graphiurus  elegans  Ogilby  {Proceed., 
1838),  qui  se  trouve  sur  la  côte  occidentale 
du  cap  de  Bonne-Espérance. 


428 


LOM 


LOBI 


On  a  trouvé  des  Loirs  à  l'état  fossile. 
M.  Marcel  de  Serres  a  découvert  dans  les 
cavernes  deLunel-Viel  des  Muscardins  fos- 
siles, et  G.  Cuvier,  dans  les  plâtres  de  Paris, 
a  i  encon  tré  des  Loirs  qu'il  a  nom  mes  Myoxus 
:pœleusetparisiensis.  Voy.  l'article  rongeurs 
fossiles.  (E.  D.) 

LOIROT.  mam.  —  Nom  du  Lérot  (voy. 
loir)  dans  quelques  contrées  de  la  France. 

LOISELEURIA,  Desv.  bot.  ph.  —  Syn. 
iïAzaledy  Linn. 

LOLIGIDÉES.  Loligideœ.  moll.  —  Fa- 
i.ille  de  l'ordre  des  Céphalopodes-Acétabu- 
lifères,  établie  par  M  Aie.  d'Orbigny,  et 
comprenant  les  genres  Loligo  ,  Sepioteuthis 
et  Teudopsis.  Voy.  céphalopodes. 

LOLIGO.  moll.  —  Voy.  calmar. 

*LOLIGOPSIDÉES.  Loligopsideœ.  moll. 
—  Famille  de  l'ordre  des  Céphalopodes-Acé- 
tabulifères,  établie  par  M.  Alcide  d'Orbigny 
et  comprenant  les  genres  Loligopsis,  Histio- 
icuthis  et  Chiroteuthis.  Voy.  céphalopodes. 

LOLIGOPSIS.  moll.  —  Voy.  calmaret. 

LOLIUM.  bot.  ph.  —  Voy.  ivraie 

LOLOTIER.  bot.  ph.  —  Voy.  papayer. 

LOMAN.  moll. —  Adanson  donne  ce  nom 
{Voy.  auSénég.)  à  une  espèce  très  commune 
de  Cône  ,  le  Conus  texlilis.  (Desh.) 

LOMANDRA,  Labill.  bot.  ph.— Syn.  de 
Xerotes,  R.  Br. 

LOMANOTUS.  moll.  —  Genre  de  Mol- 
lusques gastéropodes  nus  provisoirementéta- 
bli  par  M.  Verani,  dans  la  Revue  zoologique 
1844,  pour  un  animal  qui  paraît  voisin  des 
Tritonies,  et  même  des  Plocamocères,  d'a- 
près quelques  caractères.  Nous  reproduisons 
ici  les  caractères  génériques ,  tels  que  l'au- 
teur les  a  présentés  : 

Corps  allongé,  cunéiforme,  gastéropode; 
tête  aussi  large  que  le  corps,  munie  d'un 
voile  frontal  portant  de  chaque  côté  de  pe- 
tits prolongements  tentaculiformes  ;  deux 
tentacules  dorsaux,  rétractiles,  terminés  en 
massue ,  et  logés  chacun  dans  une  espèce 
d'étui  caliciforme  ;  organes  de  la  respiration 
formés  par  deux  membranes  minces  et  fran- 
gées, fixées  de  chaque  côté  entre  la  face  dor- 
sale de  l'animal  et  les  faces  latérales  ;  orifices 
de  l'anus  et  des  organes  génitaux  comme 
dans  les  Tritonies.  (Desh.) 

*LOMAPTERA  (^«,  frange;  v^pév, 
aile),  ins. —  Genre  de  Coléoptères  pentamè- 
res,   famille  des   Scarabéides  mélitophiles, 


créé  par  MM.  Gory  et  Percheron  (Monogra- 
phie des  Mélitophiles,  1833,  t.  I,  p.  19,  67, 
43;  II,  p.  307)  et  a.iopté  par  MM.  Burmeis- 
ter  et  Schaum.  Ce  dernier  auteur  (Ann.  de 
la  Soc.  entom.  de  Fr.y  1845,  p.  43,  Catalo- 
gue) en  énumère  10  esp.;  2  sont  originaires 
de  la  Nouvelle-Guinée,  1  est  indigène  delà 
Nouvelle-Hollande,  4  de  la  Nouvelle-Zélande, 
et  les  autres  appartiennent  à  Java  et  aux 
Philippines.  Le  type  est  la  L.  fasciata  Burm. 
(biviltataG.  P.).  (C.) 

LOMASTOMA,  Rafin.  moll. —F.  lymnée. 

*LOMATIA(XwfxaTcov,  petite  frange),  ins. 
—  Genre  de  l'ordre  des  Diptères  brachocè- 
res  ,  famille  des  Asiliens,  tribu  des  Anthra- 
ciens ,  établi  par  Meigen  (Eur.  lvo.y  t.  II). 
L'espèce  type,  L.  lateralis,  habite  principa- 
lement la  France. 

LOMATIA  (Wârtov,  petite  frange),  bot. 
ph.  —  Genre  de  la  famille  des  Protéacées- 
Grevillées,  établi  par  R.  Brown  (in  Linn. 
Transact.,  X,  199).  Arbrisseaux  de  la  Nou- 
velle-Hollande et  de  l'Amérique  australe. 

Voy.   PROTÉACÉES. 

*LOMATOLEPIS  (aS^*,  frange;  Xmlu 
écaille),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Composées-Cichoracées,  établi  par  Cassini 
(in  Dict.  se.  nat.t  XLVI1I,  422).  Herbes  de 
l'Egypte.  Voy.  composées. 

LOMATOPHYLLUMa5|(,a,  frange;  9&- 
*ov,  feuille),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Liliacées,  établi  par  Willdenow  (in  Berl. 
Magaz.,  V,  166).  Plantes  indigènes  de  l'île 
Bourbon.  Voy.  liliacées. 

LOMBRIC,  rept.  —  Dans  Y  Encyclopé- 
die méthodique  ,  on  a  figuré  sous  ce  nom  un 
Ophidien  que  l'on  rapporte  généralement  a 
l'Orvet.  Voy.  ce  mot.  (E.D.) 

LOMBRIC.  Lumbricus.  annél.  —  Ce 
nom  est  depuis  longtemps  appliqué  par  les 
naturalistes  à  un  genre  d'Annélides  bien 
connues  du  public  sous  la  dénomination  de 
Ver  de  terre.  Beaucoup  d'auteurs  se  sont  oc- 
cupés de  ces  animaux,  et  leur  étude  a  donné 
lieu  à  des  remarques  également  intéres- 
santes pour  la  physiologie  et  pour  la  zoolo- 
gie proprement  dite.  Les  Lombrics  appar- 
tiennent aux  Annélides  chétopodes  ou  séti- 
gères,  c'est-à-dire  pourvues  de  soies,  et  ils 
prennent  place  parmi  celles  qui  manquent 
de  branchies  (les  Abranches  de  Cuvier). 
Dugès,  qui  a  publié  à  leur  sujet  un  mémoire 
intéressant  inséré  dans  les  Ann.  des  se.  nat. 


LOM 


LOM 


429 


pour  1828,  résume  ainsi  leurs  principaux 
caractères  : 

Annélides  sans  branchies ,  à  corps  géné- 
ralement arrondi  dans  son  quart  antérieur, 
dont  les  anneaux  sont  beaucoup  plus  grands 
et  plus  renflés  ,  souvent  anguleux  dans  le 
reste  de  son  étendue,  terminé  par  deux  ex- 
trémités atténuées,  la  postérieure  assez 
brusquement,  l'antérieure  d'une  façon  plus 
graduelle.  Chacun  de  leurs  anneaux  porte 
en  dessous  huit  soies  raides  ,  courtes ,  cro- 
chues et  dirigées  en  arrière,  et  en  dessus, 
un  pore  médian  ;  les  anneaux  les  plus  an- 
térieurs ont  deux  de  ces  pores.  La  bouche 
est  infère  ,  munie  d'une  lèvre  supérieure  ou 
antérieure  qui  constitue  le  premier  segment 
du  corps  et  se  prolonge  plus  ou  moins  en 
forme  de  trompe  ,  tandis  que  la  lèvre  infé- 
rieure est  formée  par  le  bord  du  deuxième 
segment.  L'anus  est  terminal  en  arrière  et 
bordé  par  deux  lèvres  latérales.  Les  organes 
génitaux ,  visibles  au  dehors ,  consistent 
surtout  en  deux  fentes  transversales  ou  val- 
vules bilabiées  (Willis),  situées  sur  le  qua- 
torzième ou  le  seizième  anneau  (Mûller),  et 
il  existe  de  plus  quelques  mamelons  ,  soit 
devant ,  soit  derrière  les  valvules  ;  enfin  un 
renflement  comme  charnu ,  convexe  en 
dessus  ,  plat  et  souvent  poreux  en  dessous, 
occupe  un  espace  un  peu  plus  postérieur  et 
variable  en  étendue.  C'est  à  ce  renflement 
qu'on  a  donné  les  noms  de  selle  ou  bât 
{Bardella  Redi)  et  de  ceinture. 

Auprès  des  Lombrics  et  dans  la  même 
famille  ,  ou  tout  au  moins  dans  le  même  or- 
dre qu'eux  ,  se  groupent  un  certain  nombre 
<ie  genres  auxquels  cette  caractéristique  ne 
convient  pas  d'une  manière  absolue.  La 
ceinture  manque  à  plusieurs;  le  nombre  et 
la  disposition  des  séries  de  soies  ne  sont  pas 
les  mêmes ,  et  dans  beaucoup  de  cas  il  est 
bien  difficile  de  distinguer  si  Ton  a  affaire 
à  un  animal  de  la  famille  des  Lombrics  ou 
de  celle  des  Nais.  Quelques  Lombrics  sont 
aquatiques,  comme  les  Nais.  Il  en  sera  ques- 
tion ailleurs. 

Les  espèces  terrestres  de  ce  genre  vivent 
de  préférence  dans  les  lieux  humides;  elles 
sont  inoffensives,  viventd'humus,  et  ne  sont 
guère  recherchées  que  par  les  pêcheurs,  qui 
s'en  servent  comme  d'appâts;  quelques 
unes  sont  phosphorescentes. 

Les  Lombrics  réunissent  les  deux  sexes, 


mais  ils  s'accouplent  néanmoins.  Willis  l'a 
très  bien  aperçu  et  déterminé.  Dugès  en  a 
donné  une  description  nouvelle  et  plus  com- 
plète ,  ainsi  que  de  leurs  organes  circulatoi- 
res. Rédi ,  Bosc,  Montègre  et  beaucoup  d'au- 
tres ont  dit  qu'ils  étaient  vivipares  ;  mais 
les  observations  de  M.  Léon  Dufour,  de 
Dugès  et  de  plusieurs  naturalistes  encore 
ont  rois  leur  oviparité  hors  de  doute.  Leurs 
œufs  sont  des  vésicules  à  coques  cornées , 
ovalaires  ou  allongées.  Ils  ne  renferment 
qu'un  ou  deux  fœtus. 

Les  observations  de  Mûller  avaient  depuis 
assez  longtemps  démontré  la  multiplicité 
des  espèces  du  genre  Lombric.  Plusieurs  de 
celles  qu'il  distingue  ont  en  effet  été  accep- 
tées par  les  zoologistes  qui  sont  venus  après 
lui;  mais  quelques  unes  de  celles  qu'il  in- 
dique et  plusieurs  autres  publiées  par  Othon 
Fabricius,  etc.,  appartiennent  à  d'autres 
groupes  d'Annélides.  En  1821,  M.  Savigny 
présenta  à  l'Académie  des  sciences  un  mé- 
moire ayant  pour  objet  de  démontrer  que, 
sous  le  nom  de  Lumbricus  lerrestris  ou  Ver 
de  terre ,  Mûller  et  tous  les  auteurs  qui  sont 
venus  après  lui  avaient  confondu  un  assez 
grand  nombre  d'espèces  que  l'analyse  zoo- 
logique permettait  néanmoins  de  distinguer. 
Malheureusement  ce  mémoire  de  M.  Savi- 
gny n'est  encore  connu  que  par  un  extrait 
fort  abrégé  qu'en  a  publié  G.  Cuvier  dans 
son  Analyse  des  travaux  de  V Académie  des 
sciences  pour  la  même  année.  Le  célèbre  se- 
crétaire perpétuel  de  l'Académie  en  parle 
dans  des  termes  fort  élogieux  que  nous  re- 
produirons : 

«  L'une  des  découvertes  les  plus  surpre- 
nantes qui  aient  été  faites  en  zoologie,  c'est, 
dit  Cuvier,  celle  de  la  multiplicité  des  es- 
pèces de  Vers  de  terre,  observée  par  M.  Sa- 
vigny. Qui  aurait  jamais  pu  croire  que  des 
animaux  si  connus,  que  l'on  foule  aux  pieds 
tous  les  jours,  et  dont  on  n'avait  jamais 
soupçonné  les  différences  ,  en  offraient  ce- 
pendant de  telles  qu'en  se  bornant  à  ceux 
des  environs  de  Paris,  on  pouvait  en  comp- 
ter jusqu'à  vingt  espèces?  Cependant  cette 
multiplicité  est  aujourd'hui  certaine,  selon 
l'auteur  ;  et  comme  ces  espèces  se  trouvent 
toutes  dans  nos  jardins,  et  que  la  plupart 
y  sont  communes,  chacun  peut  s'assurer 
par  ses  yeux  de  la  réalité  et  de  la  constance 
de  leurs  caractères.  Il  n'est  même  besoin, 


430 


LOM 


pour  les  distinguer  avec  certitude  et  les  or- 
donner entre  elles ,  que  de  faire  attention 
à  trois  sortes  d'organes  parmi  ceux  qu'elles 
présentent  à  l'extérieur,  toutes  trois ,  il  est 
vrai ,  très  importantes ,  puisque  l'une  sert 
au  mouvement  progressif,  et  que  les  deux 
autres  concourent  à  la  génération.  Ces  or- 
ganes sont  :  1°  les  soies;  2°  les  deux  grands 
pores  découverts  sous  le  ventre  par  Mûller, 
et  que  l'auteur  nommerait  volontiers  pores 
copulatoires ,  parce  qu'il  les  croit  le  siège 
d'une  sensation  particulière  que  certains  ap- 
pendices qui  s'y  introduisent  dans  l'accou- 
plement sont  propres  à  exciter;  3°  la  cein- 
ture ou  le  renflement  situé  en  arrière  des 
grands  pores,  avec  chacun  desquels  il  com- 
munique par  un  double  sillon ,  et  surtout 
les  petites  fossettes  ou  petits  pores  rangés  à 
chacun  de  ses  côtés.  »  Cuvier  rapporte  aussi, 
d'après  M.  Savigny,  que  les  espèces  étudiées 
parce  dernier  peuvent  être  partagées  en  deux 
divisions  principales,  suivant  que  les  grands 
pores  sont  placés  sous  le  quinzième  anneau 
ou  sous  le  treizième.  La  deuxième  de  ces 
divisions  ne  comprend  qu'une  seule  espèce 
nommée  Enterion  tetraedrum  par  ce  natu- 
raliste. La  première ,  dont  il  signale  dix- 
neuf  espèces,  est  partagée  en  huit  tribus 
dont  il  est  indispensable  que  nous  donnions 
ici  les  caractères  abrégés. 

1°  Les  soies  sont  rapprochées  par  paires  ; 
la  ceinture  a  de  chaque  côté  deux  pores  qui 
correspondent  chacun  à  un  seul  segment,  et 
qui,  si  l'on  compte  celui  qui  les  sépare,  com- 
prennent les  trois  pénultièmes.  Les  glandes 
séminales,  rapprochées  du  ventre,  sont  au 
nombre  de  deux  paires.  Les  pores  dorsaux 
ne  laissent  point  écouler  de  liqueur  colorée  : 

Enterion  terrestris ,  E.  caliginosum ,  E. 
carneum. 

2*  Les  soies  sont  rapprochées  par  paires  ; 
la  ceinture  a,  de  chaque  côté,  des  pores  qui 
correspondent  chacun  à  deux  segments;  ces 
corps  occupent  les  quatre  segments  intermé- 
diaires que  la  bandelette  dans  laquelle  ils 
sont  compris  ne  dépasse  point.  Il  y  a  trois 
paires  d'ovaires  ;  point  de  liqueur  colorée  : 

Enterion  festivum,  E.  herculeum,  E,  tyr« 
tœum  ,  E.  castaneum  ,  E.  pumilum. 

3°  Les  soies  sont  disposées  par  paires , 
mais  peu  rapprochées;  la  ceinture  a  de  cha- 
que côté  deux  pores  contigus  qui  corres- 


LOM 

pondent  chacun  à  un  seul  segment;  ils  oc- 
cupent les  deux  segments  intermédiaires 
que  la  bandelette  dans  laquelle  ils  sont  dé- 
passe à  ses  deux  bouts.  Les  glandes  sémina- 
les ,  rapprochées  du  ventre ,  sont  au  nom- 
bre de  deux  paires.  Il  y  a  trois  paires  d'o- 
vaires ;  point  de  liqueur  colorée  :  j 

Enterion  mammaîe. 

4°  Les  soies  sont  disposées  par  paires, 
mais  peu  rapprochées.  La  ceinture  a  de 
chaque  côté  deux  pores  qui  correspondent 
chacun  à  deux  segments ,  et  qui  occupent 
les  quatre  segments  intermédiaires  ;  la  ban- 
delette charnue  dans  laquelle  ils  sont  com- 
pris s'étend  d'un  bout  à  l'autre  de  cette  cein- 
ture. Les  glandes  séminales,  rapprochées  du 
ventre ,  sont  au  nombre  de  deux  paires.  Il 
y  a  quatre  paires  d'ovaires.  Les  pores  du 
dos  répandent  une  liqueur  d'un  jaune  clair, 
dont  le  réservoir  antérieur  forme  un  demi- 
collier  au  quatorzième  segment  : 

Enterion  cyaneum. 

5°  Les  soies  sont  disposées  par  paires.  La 
ceinture  a  de  chaque  côté  deux  pores  con- 
tigus qui  correspondent  chacun  à  un  seul 
segment;  ils  occupent  les  deux  antépénul- 
tièmes ,  que  la  bandelette  dans  laquelle  ils 
sont  compris  dépasse  aux  deux  bouts.  Les 
glandes  séminales,  rapprochées  du  dos,  sont 
au  nombre  de  deux  paires.  Les  pores  dor- 
saux laissent  échapper  une  liqueur  colorée 
plus  ou  moins  fétide  : 

Enterion  roseum,  E.  fetidum,  E.  rubidum. 

6°  Les  soies  sont  rapprochées  par  paires. 
La  ceinture  a  de  chaque  côté  trois  pores  qui 
correspondent  chacun  à  un  seul  segment , 
et  qui ,  si  l'on  compte  ceux  qui  les  séparent, 
comprennent  les  cinq  segments  intermé- 
diaires. Les  glandes  séminales  ,  rapprochées 
du  ventre  ,  sont  au  nombre  de  trois  paires. 
Il  y  a  quatre  paires  d'ovaires.  Les  pores  du 
dos  laissent  écouler  une  liqueur  verte  ou 
d'un  jaune  de  soufre,  dont  le  réservoir  an- 
térieur forme  un  demi-collier  au  quator- 
zième anneau  : 

Enterion  chloroticum ,  E.  virescens. 

7°  Les  soies  sont  disposées  par  paires.  La 
ceinture  a  de  chaque  côté  quatre  pores  qui 
correspondent  chacun  à  deux  segments ,  et 
occupent  les  huit  intermédiaires.  Les  glan- 
des séminales,  rapprochées  du  ventre,  sont 


LOM 


LOM 


431 


au  nombre  de  quatre  paires.  Il  y  a  quatre 
paires  d'ovaires.  Les  pores  du  dos  répandent 
une  liqueur  d'un  jaune  clair,  dont  le  réser- 
voir antérieur  forme  un  demi-collier  au 
quatorzième  segment  : 

Enterion  icterium ,  E.  opimum. 

8°  Les  soies  sont  également  espacées,  très 
écartées.  La  ceinture  a  de  chaque  côté  trois 
pores  contigus  qui  correspondent  chacun  à 
un  seul  segment ,  et  occupent  ses  trois  der- 
niers. Les  glandes  séminales,  rapprochées 
du  dos ,  sont  au  nombre  de  trois  paires.  Il 
y  a  trois  paires  d'ovaires  ;  point  de  liqueur 
colorée  : 

Enterion  octaedrum ,  E.  pygmœum. 

Depuis  que  cette  analyse  du  travail  de 
M.  Savigny  a  été  imprimée  ,  Dugès  a  fait 
connaître  ,  dans  le  t.  XV  des  Ânn.  des  se. 
nat.,  publiées  en  1828  ,  quelques  observa- 
tions également  relatives  aux  espèces  de 
Lombrics  les  plus  rapprochées  du  L.  terres- 
tris,  mais  qui  vivent  aux  environs  de  Mont- 
pellier. Il  en  a  distingué  six,  sans  pouvoir 
cependant  affirmer  qu'elles  soient  précisé- 
ment différentes  de  celles  des  environs  de 
Paris  ,  dont  il  vient  d'être  question.  Voici 
comment  il  les  appelle  :  Lumbricus  gigas, 
L.  trapezoides  ,  L.  anatomicus ,  L.  compla- 
natus  (peut-être  YE.  octaedrum  Sav.?), 
L.  amphisbœna  (  peut-être  YE.  tetraedrum 
Sav.?),  L.  teres.  Dugès  a  remarqué  que  le 
£.  gigas  atteignait  quelquefois  18  pouces 
de  longueur  et  une  grosseur  égale  à  celle 
du  petit  doigt. 

M.  Savigny,  dans  son  Système  des  Anné- 
lides,  avait  proposé  de  nommer  Enterion  le 
genre  de  Lombrics  qui  réunit  les  L.  terres- 
Iris  et  les  espèces  confondues  sous  ce  nom. 
Voy.  ce  mot. 

Le  même  savant  a  encore  établi  (loco 
citato)  deux  genres  de  Lombrics  sous  les 
noms  de  Hypogœon  et  Clitellio.  Voici  d'abord 
les  caractères  du  premier  : 

Hypoceon.  Bouche  petite ,  à  deux  lèvres  ; 
la  lèvre  supérieure  avancée  en  trompe,  un 
peu  lancéolée  ,  fendue  en  dessous;  l'infé- 
rieure très  courte.  Soies  longues ,  épineu- 
ses, très  aiguës,  au  nombre  de  neuf  à  tous 
les  segments ,  une  impaire  et  quatre  de 
chaque  côté  réunies  par  paires;  formant 
toutes  ensemble ,  par  leur  distribution  sur 
le  corps,  neuf  rangs  longitudinaux,  savoir: 


un  supérieur  ou  dorsal ,  quatre  exactement 
latéraux  et  quatre  inférieurs.  Corps  cylin- 
drique ,  obtus  à  son  bout  postérieur,  al- 
longé ,  composé  de  segments  courts  et  nom- 
breux ,  moins  serrés  et  plus  saillants  vers  la 
bouche  que  vers  l'anus  ;  dix  des  segments 
compris  entre  le  vingt-sixième  et  le  trente- 
neuvième  renflés  ,  s'unissant  pour  former 
à  la  partie  antérieure  du  corps  une  cein- 
ture. Le  dernier  segment  pourvu  d'un  anus 
longitudinal. 

L'espèce  type  de  ce  genre  ,  Hyp.  hirlum 
Sav.,  p.  104,  est  des  environs  de  Phila- 
delphie. 

Clitellio.  Le  Lumbricus  arenarius  d'O- 
thon  Fabricius  et  son  L.  minutus  n'ont  que 
deux  rangs  de  soies.  «  Ce  caractère  me  pa- 
raît, dit  M.  Savigny,  suffire  pour  les  faire 
distinguer  génériquement  sous  ce  nom.  » 

C'est  auprès  des  Clitellio  qu'il  faut  placer 
les  Enchylrœus  de  M.  Henle,  dont  l'espèce 
type  a  été  très  bien  décrite  et  figurée  par 
ce  naturaliste  dans  les  Archives  de  Muller 
pour  l'année  1837.  Cette  espèce  est  de  fort 
petite  taille. 

M.  Johnston  (ZooL  journ.,  III,  326)  dé- 
crit trois  espèces  de  Lombrics  d'Angleterre; 
mais  les  espèces  européennes  de  ce  genre 
sont  loin  d'être  encore  suffisamment  con- 
nues ,  et  celles  des  autres  parties  du  monde 
le  sont  encore  beaucoup  moins  ;  on  ne  pos- 
sède même  à  leur  égard  que  des  renseigne- 
ments à  peu  près  insignifiants.  On  sait  ce- 
pendant qu'il  en  existe  d'assez  grandes,  et 
l'on  en  a  rapporté  des  parties  chaudes  de 
l'Amérique  qui  n'ont  pas  moins  d'un  mètre 
de  longueur.  Il  en  existe  de  semblables 
dans  l'Inde,  et  il  a  été  trouvé  dans  l'île  de 
Ceylan  une  grande  espèce  de  Ver  de  terre 
dont  on  a  proposé  de  faire  un  genre  sous  le 
nom  de  Megascolex.  (P.  G.) 

LQMRRICINÉS.  Lumbricinœ.  annél.— 
M.  Savigny,  dans  son  Système  des  Annélides, 
désigne  ainsi  l'ordre  dans  lequel  prend  place 
le  genre  Lombric,  et  celui  des  Échiures, 
formant  chacun  une  famille  distincte.  (P. G.) 

LOMBRICS.  Lumbrici.  annél.— M.  Sa- 
vigny donne  ce  nom  à  la  famille  d'Annélides 
qui  comprend  les  Lombrics,  animaux  vulgai- 
rement appelés  Vers  de  terre.  Voy.  lombric. 

♦L01MBRIKÈRE. Lumbrineris.  annél. — 
Genre  de  la  famille  des  Eunices  ,  établi  par 
M.  deBlainville  (Did.  se.  nat.,  t.  LVIII , 


432 


LOM 


LON 


p.  486 ,  1828  ) ,  et  qui  comprend  actuelle- 
ment une  douzaine  d'espèces. 

Les  Lombrinères  ont  le  corps  lombrici- 
forme  ,  la  bouche  multidentée  et  les  appen- 
dices parfaitement  similaires,  ne  différant 
que  de  grandeur,  composés  d'un  faisceau 
de  soies  simples  disposées  en  éventail ,  et 
sortant  d'une  gaîne  pédonculée  pourvue  de 
deux  mamelons  subsquameux  ,  le  postérieur 
au  moins  double  de  l'antérieur.     (P.  G.) 

LOMECHUSA  (A»j*a,  frange;  jc&hç,  ac- 
tion de  répandre),  ins.  — Genre  de  Coléoptè- 
res pentamères,  famille  des  Brachélytres, 
tribu  des  Aléochariniens,  créé  par  Graven- 
horst  (  Monographia ,  p.  178)  et  générale- 
ment adopté.  Ce  genre  ne  se  compose  que 
de  4  espèces  européennes  :  L.  strumosa  F.$ 
emarginata  Pk.,  paradoxa  Grav.  et  inflata 
Zetlersted.  Toutes  vivent  en  société  avec 
diverses  espèces  de  Fourmis,  et,  depuis  que 
le  hasard  nous  a  fait  découvrir  une  nichée 
de  la  paradoxa  en  compagnie  de  ces  hymé- 
noptères, nous  avons  eu  occasion  d'y  rencon- 
trer aussi  les  trois  premières  espèces  en 
nombre  assez  considérable.  Ce  fait  que  nous 
avons  consigné  le  premier  a  amené  la  dé- 
couverte d'autres  espèces  de  la  famille 
des  Brachélytres  vivant  parmi  ces  Fourmis, 
et  qui  jusqu'alors  étaient  inconnues  ou  pa- 
raissaient être  fort  rares.  Mais  on  ignore 
encore  si  les  Lomechusa,  aussi  bien,  du  reste, 
que  les  autres  Brachélytres,  sont  nuisibles 
ou  utiles  aux  Fourmis.  La  faculté  qu'ont  ces 
Insectes  de  répandre  des  gouttelettes  par  les 
franges  de  leurs  poils  (d'où  le  nom  de  genre 
a  été  tiré),  aurait-t-elle  quelque  analogie 
avec  les  observations  faites  sur  les  Clavi- 
ger?  Cela  serait  un  fait  intéressant  à  con- 
stater. (C.) 

LOMENTACÉES.  Lomentaceœ.  bot.  ph. 
— Linné,  dans  son  second  Catalogue  des  Fa- 
milles naturelles,  où  il  a  donné  à  chacun  un 
nom  particulier,  emprunté  tantôt  à  l'un  de 
ses  genres,  tantôt  à  quelqu'un  de  ses  carac- 
tères les  plus  saillants,  a  désigné  sous  celui- 
ci  un  assemblage  de  genres  de  Légumineuses 
correspondant  en  partieauxCaesalpiniees.il 
se  trouve  donc  en  contenir  un  certain  nom- 
bre où  le  fruit  ne  se  partage  pas  en  une  sé- 
rie d'articles  monospermes,  tandis  qu'au 
contraire  plusieursde  la  famille  voisine,  qu'il 
nomme  Papilionacées,  offrent  ce  caractère, 
de  telle  sorte  que  le  fruit  lomentacé" 'en  est 


pas  un  exclusif  ni  général  pour  ce  groupe, 
quoiqu'il  serve  à  le  désigner.         (Ad.  J.) 

LOMENTARIA  (lomentum,  farine),  bot 
cr.  —  Genre  d'Algues  Floridées  établi  pa; 
Lyngbye(ffydrop/i?/f.,  101)  pour  des  Algue.* 
marines  cylindrinques,  celluleuses,  articu 
lées  ou  caulescentes  à  la  partie  inférieure, 
souvent  couvertes  d'un  enduit  mucilagineux 
hyalin,  à  reflets  d'or  ou  de  pourpre.  On  en 
connaît  11  espèces,  réparties  par  Endlicher 
(Gen.  pi.  suppl.,  t.  III,  p.  42)  en  2  sections, 
qu'il  nomme  :  Chondria  et  Eucladia.  Ces 
plantes  croissent  en  grande  partie  dans  les 
contrées  extratropicales. 

*LOMIE.Lomts.CRusT.  — Genre  de  la  sec- 
tion des  Décapodes  anomoures,  de  la  famille 
des  Aptérures,  de  la  tribu  des  Homoliens, 
établi  par  M.  Milne-Edwards  sur  un  petit 
Crustacé  confondu  jusqu'ici  avec  les  Porcel- 
lanes,  auxquelles  il  ressemble  en  effet  beau- 
coup par  la  forme  générale,  mais  dont  il 
diffère  par  plusieurs  caractères  très  impor- 
tants, tels  que  la  conformation  de  la  queue, 
des  antennes,  etc.,  etc.  La  seule  espèce  con- 
nue est  la  Lomie  uérissée,  Lomis  hirta  Lamk. 
(Edw.,  Hist.  nat.  des  Crust.,  t.  II,  p.  188). 
Cette  espèce  a  été  rencontrée  dans  les  mers 
de  l'Australasie.  (H.  L.) 

LOMONITE.  min.  —  Voy.  laumonite. 

LOMPE  ou  LUMP,  poiss.  —  Genre  de 
l'ordre  des  Malacoptérygiens  subbrachiens, 
famille  des  Discoboles,  établi  par  Cuvier 
(Règ.  anim.,  t.  II,  p.  346)  aux  dépens  des 
Cycloptères,  dont  il  diffère  par  un  corps  plus 
épais,  par  une  première  dorsale  plus  ou 
moins  visible,  à  rayons  simples,  et  une  se- 
conde à  rayons  branchus  vis-à-vis  l'anale. 

On  n'en  connaît  qu'une  espèce,  le  Lump 
(Cyclopterus    lumpus   L. )  ,    vulgairement^ 
nommé  Gros-Mollet.  Il  vit,  surtout  dans  les; 
mers  du  Nord  ,  de  Méduses  et  autres  ani-! 
maux  gélatineux. 

*L0MV1A.  ois.— Sous-genre  établi  par 
Brandt  sur  le  Guillemot  à  capuchon  (  Uria 
Troile).  (Z.  G.) 

LONAS.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Composées -Sénécionidées,  établi  par 
Adanson  (Fam.,  II,  118).  Herbes  des  bords 
de  la  Méditerranée.  Voy.  composées. 

*LONCHjEA  (Xo>x*>,  lance),  ins.— Genre 
de  l'ordre  des  Diptères  brachocères,  famille 
des  Musciens,  tribu  des  Muscides,  établi  par 
Fallen ,  qui  lui  donne  pour  espèce  type  fa 


LON 


LON 


433 


L.  chorea,  indigène  de  France  et  d'Alle- 
magne. 

LONCHERES.  màm.  —  Genre  de  Ron- 
geurs créé  par  llliger,  et  comprenant  des  es- 
pèces placées  généralement  dans  les  genres 
Echimys  et  Nelomys.  Voy.  ces  mots.  (E.  D.) 

LONCHITIS  (  XoyX~Ttç ,  nom  grec  de  la 
plante),  bot.  cr.  — Genre  de  la  famille  des 
Polypodiacées-Polypodiées,  établi  par  Linné 
{Gen.,  n.  1177).  Fougères  des  régions  tro- 
picales du  globe.  Voy.  polypodiacées. 

LONCHiURE.  poiss.  —  Voy.  lonchure. 

LONCHOCARPUS  (Aoyxvj,  lance;  xaP- 
•jroç,  fruit),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Papilionacées-Lotées ,  établi  par  H.  B. 
Kunth  (  in  Humb.  et  Bonpl.  Nov.  gen.  et  sp., 
VI,  383).  Arbres  de  l'Amérique  tropicale. 

Voy.  PAPILIONACÉES. 

*LONCHOPHORUS,Germar.iNs.— Syn. 
de  Phanœus,  Mac-Leay.  (C.) 

*LONCHOPHORUS   (  AoyXoyopoç  »    Qui 

porte  une  lance),  ms. — Genre  de  Coléoptères 
tétramères,  famille  des  Curculionides  gonato- 
cères ,  division  des  Érirhinides  ,  établi  par 
nous  (Annales  de  la  Soc.  entom.  de  France , 
tom.  I,  pag.  21  ),  et  adopté  par  Dejean  et 
Schœnherr  (Gen.  et  sp.  Curculion.  syn., 
t.  III,  p.  391  ;  VII,  2e  part. ,  pag.  293).  Ce 
genre  est  composé  de  5  espèces  toutes  amé- 
ricaines. (C.) 

*LONCHOPTERA  (Xo'yx»,  lance  ;  nxtp&v , 
aile),  ins.  —  Genre  de  l'ordre  des  Diptères 
brachocères,  famille  des  Musciens,  tribu  des 
Platypézides,  établi  par  Meigen  (tome  IV, 
pag.  107).  Ce  g.  renferme  un  assez  grand 
nombre  de  petites  espèces,  vivant  dans  les 
lieux  aquatiques.  La  L.  lutea,  espèce  type , 
«st  commune  dans  toute  l'Europe. 

*LONCHOPTERIS  (>oyx*j,  lance;  nvfcs, 
fougère),  bot.  ph.  —  Genre  de  Fougères  fos- 
siles, établi  par  M.  Ad.  Brongniart  (Prodr., 
59),  qui  le  caractérise  ainsi  :  Fronde  plu- 
sieurs fois  pinnatifide  ;  pinnules  plus  ou 
moins  adhérentes  entre  elles  à  leur  base , 
traversées  par  une  nervure  moyenne;  ner- 
vures secondaires  réticulées. 

Ce  genre  renferme  3  espèces  (  L.  Bricii, 
rugosa  et  Mandelli  ) ,  qui  font  partie  des 
terrains  houillers. 

*LOXCHOSTOMA  (Ao'yX*>,  lance  ;  errfyu* , 
ouverture),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  pe- 
tite famille  des  Retziacées,  établi  par  Will- 
«tr«m  (in  Act.  Holm.,  1818,  p.  3*3, 
ItYII. 


t.  X).  Arbrisseaux  du  Cap.  Voy.  retzia- 
cées. 

*LONCHURE.  Lonchura  (Aoyxvj,  lance; 
ovpâ,  queue),  ois. — Genre  de  la  famille  des 
Fringillidées,  dans  l'ordre  des  Passereaux, 
établi  par  Sykes  sur  des  espèces  qui  ont  un 
bec  robuste,  court,  large,  aussi  haut  que  large 
àsabase;  à  mandibule  supérieure  entamant 
les  plumes  du  front  en  formant  un  angle,  et 
décrivant  un  arc  vers  le  crâne  ;  à  queue  éta- 
gée  et  lancéolée ,  et  à  tarses  grêles. 

Les  Lonchures  se  trouvent  dispersés  dans 
les  g.  Fringilla,  Loxia  et  Emberiza  de  la 
plupart  des  auteurs.  Ces  oiseaux  ont  les  ha- 
bitudes sociales  de  la  plupart  des  espèces  de 
la  famille  à  laquelle  ils  appartiennent;  ils 
se  nourrissent  d'herbes  et  de  semences.  Le 
Lonchure  cheet  s'empare  fréquemment ,  dit- 
on,  des  nids  du  Tisserin  des  Philippines, 
pour  s'y  loger ,  et  compose  le  sien  de  Gra- 
minées. 

Les  Lonchures  habitent  principalement 
les  montagnes  des  grandes  îles  de  la  Sonde  ; 
une  seule  est  africaine.  On  en  connaît  huit  : 

1 .  Le  Lonchure  leuconote  ,  L.  leuconota 
Syk. ,  Fr.  leuconota  Tem.,  à  baguettes  des 
plumes  du  dos  blanches.  Habite  le  Bengale. 

2.  Le  Lonchure  Épervier,  L.  nisoria 
Syk.,  Fr.  nisoria  Temm.  (pi.  col.,  500, 
f.  2).  Croupion  marbré  de  gris  et  de  brun. 
Même  habitation. 

3.  Le  Lonchure  cheet,  L.  cheet  Syk. 
Croupion  blanc.  Habite  les  Philippines. 

4.  Le  Lonchure  quinticolore  ,  L.  quinti- 
color  Syk. ,  Loxia  quinlicolor  Vieil  1.  (  Ois. 
ch. ,  pi.  54).  Croupion  orangé  pur.  Habite 
les  Moluques. 

5.  Le  Lonchure  vermiculé  ,  L.  variegata 
Syk. ,  Lox.  variegata  Vieill.  (  Ois.  ch. , 
pi.  51  ).  Croupion  finement  vermiculé  de 
noir.  Même  habitation. 

6.  Le  Lonchure  gris,  Lox.  cantans  Vieill. 
(Ois.  ch.,  pi.  57).  Plumage  d'un  blanc  roux. 
Habite  le  Sénégal. 

7.  Le  Lonchure  binglis,  Fring.  prasina 
Horsf.  (Trans.,  XIII ,  161).  Croupion  écar- 
late.  Habite  Sumatra. 

8.  Le  Lonchure  longicône,  Fring.  sphe- 
cura  Temm.  (Buff.,pJ.  enl.,  101,  f.  2).  Ha- 
bite Java  et  le  continent  indien.      (Z.  G.) 

*LONCHURE.  Lonchurus  (AoyXv) ,  lance  ; 
cupa,  queue),  poiss.  —  Genre  de  l'ordre  des 
Acanthoptérygiens,  famille  des  Sciénoïde», 

55 


434 


LON 


LON 


établi  par  Bloch,  et  adopté  par  MM.  Cuvier 
et  Valenciennes  (  Hist.  des  Poiss. ,  t.  V, 
p.  192).  Ces  Poissons  sont  très  voisins  des 
Ombrines,  dont  ils  ne  diffèrent  que  par  un 
barbillon  double.  On  en  connaît  2  espèces: 
L.  barbatus  et  depressus  Bl. 

*LONDESIA.  bot.  ph.— Genre  de  la  fa- 
mille des  Atriplicées  (Chénopodiées)-Chéno- 
podées,  établi  par  Fischer  et  Meyer  (Index 
sem.  hort.  petropol.,  1835,  p.  40).  Herbes 
des  bords  de  la  mer  Caspienne.  Voy.  atri- 
plicées. 

*LONDRA ,  Sykes.  ois.— Syn.  de  Calan< 
dra,  Less.  Voy.  ce  mot  et  alouette.  (Z.  G.) 

LONGIBANDE.  mam.  —  Nom  d'une  es- 
pèce de  Chat.  Voy.  ce  mot. 

LONG1CAUDES.  ois.  —  Famille  de  l'or- 
dre des  Gallinacés,  établi  par  M.  de  Blain- 
ville  (Tabl.  du  Règ.  anim.),  pour  des  espèces 
de  cet  ordre,  qui  ont,  comme  les  Faisans, 
une  queue  plus  longue  que  le  corps.  (Z.  G.) 

LOiXGICONES.  ois.  —  Section  établie 
par  M.  Temminck,  dans  son  genre  Gros- 
Bec  (Fringilla),  pour  les  espèces  qui  ont  un 
bec  en  cône  droit,  long,  comprimé  et  à  pointe 
aiguë.  Cette  section  renferme  les  Tarins, 
les  Chardonnerets  et  les  Sénégalis.  (Z.  G.) 

LONGICORNES.  Longicornes,  ins.  — 
Famille  de  Coléoptères  subpentamères  (té- 
tramères  des  auteurs),  établie  par  La  treille. 

Ils  ont  le  dessous  des  trois  premiers  arti- 
cles des  tarses  garni  de  brosses  ;  les  deuxième 
et  troisième  en  cœur,  le  quatrième  profon- 
dément bilobé,  et  un  petit  nodule  simulant 
un  article  à  l'origine  du  dernier.  La  lan- 
guette, portée  par  un  menton  court  et  trans- 
versal, est  ordinairement  membraneuse,  en 
forme  de  cœur,  échancrée  ou  bifide,  cornée 
et  en  segment  de  cercle  très  court,  et  trans- 
versal dans  d'autres.  Les  antennes  sont  fili- 
formes ou  sétacées,  le  plus  souvent  delà 
longueur  du  corps  au  moins,  tantôt  simples 
dans  les  deux  sexes  ,  tantôt  en  scie,  pecti- 
nées  ou  en  éventail  dans  les  mâles.  Les  yeux 
d'un  grand  nombre  sont  réniformes,  et  en- 
tourent ces  antennes  à  leur  base.  Le  corse- 
let est  en  forme  de  trapèze ,  ou  rétréci  en 
uvant  dans  ceux  chez  qui  les  yeux  sont  ar- 
rondis ,  entiers  ou  peu  échancrés.  Dans 
ce  cas,  les  pieds  sont  longs  et  grêles,  les 
tarses  allongés.  Le  corps  est  long  ou  ova- 
laire.  Les  femelles  ont  l'abdomen  terminé 
par  un  oviducte  tubulaire  et  corné.  Les 


Longicornes  produisent  un  petit  son  aigu 
(ceux-ci  appartiennent  ordinairement  à  la 
tribu  des  Cérambycins)  par  le  frottement 
du  pédicule  de  la  base  de  leur  abdomen 
contre  la  paroi  intérieure  du  corselet. 

M.  Serville,  qui  a  fait  une  étude  toute 
particulière  des  insectes  de  cette  famille 
(Ann.  de  la  Soc.  ent.  de  France,  t.  1 ,  1832, 
pag.  118-201;  t.  II,  1833,  pag.  528-573; 
t.  III,  1834,  p.  1-109;  t.  IV,  1835,  pag. 
1-99, 197-228),  a  donné  les  caractères  d'un 
bon  nombre  de  genres  qu'il  a  fondés,  ou 
de  ceux  qu'il  a  adoptés,  tout  en  maintenant 
les  quatre  tribus  de  Latreille  ,  celles  des 
Prioniens,  Cérambycins,  Lamiaires  et  Leptu- 

RÈTES. 

Dans  la  première  section  rentrent  les 
Prioniens ,  les  Cérambycins  et  les  Lamiai- 
res, dont  les  yeux  sont  échancrés  ou  réni- 
formes, et  reçoivent  la  base  des  antennes; 
la  tête  est  enfoncée  jusqu'aux  yeux  dans  le 
corselet,  sans  rétrécissement  nixou  distinct; 
La  deuxième  section  comprend  les  Lepturètes. 
qui  ont  les  yeux  arrondis,  entiers  ou  à  peine 
échancrés,  et  les  antennes  insérées  en  avant, 
ou  tout  au  plus  à  l'extrémité  antérieure  de 
leur  faible  échancrure,  et  la  tête  prolongée 
postérieurement  derrière  les  yeux,  ou  ré- 
trécie  brusquement  en  manière  de  cou,  à  la 
jonction  avec  le  corselet. 

M.  Mulsant,  qui ,  dans  son  Hist.  nat.  des 
Coléopt.  de  France,  Longicornes,  1839,  ou- 
vrage d'un  grand  mérite ,  s'est  occupé  de 
cette  famille,  partage  les  Longicornes  en 
trois  groupes,  savoir  :  les  Procéphalides , 
dont  la  tête  est  penchée  en  avant;  les  Cli- 
nocéphalides  ,  à  tête  verticale  ou  inclinée , 
et  les  Dérécéphaudes ,  à  tête  séparée,  par 
une  sorte  de  cou,  du  prothorax,  qui  est  ré- 
tréci en  avant. 

L'auteur  introduit  dans  les  Procéphalides 
trois  familles  :  celles  des  Spondyliens  ,  des 
Prioniens  et  des  Cérambycins  ;  dans  les  Cli- 
nocéphalides,  deux  familles  :  celles  des  La- 
miens  et  Saperdins ,  et  dans  les  Dérécépha- 
lides,  encore  deux  familles  :  celles  des  Hha- 
giens  et  Lepluriens.  Il  dispose  ensuite  ses 
familles  par  branches,  lesquelles  renferment 
les  genres. 

Dans  la  méthode  de  Linné ,  ces  insectes 
forment  les  genres  Cerambyx,  Leptura,  Ne- 
cydalis. 

Fabricius  ,  Olivier,  Latrei>'  \Dalmann. 


LOIN 

Mulsant,  etc.,  etc.,  ont  créé  successivement 
des  genres  qui  aujourd'hui  sont  générale- 
ment adoptés.  Dejean,  dans  ia  3e  édition  de 
son  Catalogue,  a  formé,  avec  des  espèces  exo- 
tiques, de  nouvelles  coupes  qui  lui  ont  paru 
ne  pouvoir  rentrer  dans  celles  déjà  établies. 
Depuis,   M.  Newman  (  The  Entomologiste 
Entomological  Magazine)  créa,  avec  des  es- 
pèces de  la  Nouvelle-Hollande,  des  Philip- 
pines, etc.,  etc.,  un  assez  grand  nombre 
d'autres  genres.  Le  relevé  des  genres  dé- 
crits ou  indiqués  dépasse  aujourd'hui  520 , 
et  celui  des  espèces  est  de  4.000  à  4,500. 
Les  Longicornes  sont  les  pms  grands,  les 
plus  gracieux  des  Coléoptères.  Leurs  couleurs 
sont  variées,  quelquefois  très  vives.  Le  Ti- 
tanus  giganteus  F.  ,  Remphan  serripes  F. 
{Prionus  HayesiUope),  Macrodontacervicor- 
nis ,  Acrocinus  longimanus ,    ont  plus   de 
130  millimètres  de  longueur  sur  50  de  lar- 
geur ;  le  plus  petit  n'a  pas  moins  de  2  mil- 
limètres sur  1  de  largeur. 

Leurs  larves  sont  molles,  allongées,  blan- 
châtres. Le  corps  est  presque  quadrilatère, 
dilaté  et  déprimé  à  la  partie  antérieure.  Il 
se  compose,  outre  la  tête,  de  douze  seg- 
ments ;  le  premier  (prothorax)  surpasse  les 
suivants  en  grandeur.  Quelques  unes  de  ces 
larves  sont  apodes,  ayant  des  mamelons  ou 
élévations  tuberculeuses  rétractiles,  qui  va- 
rient par  le  nombre  et  la  position,  et  servent 
à  la  progression.  D'autres  sont  pourvues  de 
six  pieds  écailleux,  très  courts ,  disposés  par 
paire  à  la  partie  inférieure  des  trois  pre- 
miers anneaux  ;  dans  la  plupart  de  ces  der- 
niers ,  la  brièveté  des  organes  du  mouve- 
ment est  encore  suppléée  par  divers  mame- 
lons. De  chaque  côté  du  corps  sont  neuf 
stigmates.  Le  premier,  le  plus  grand  de  tous, 
situé  sur  le  deuxième  segment,  est  presque 
sur  le  point  de  jonction  de  celui-ci  avec  le 
précédent;  les  autres  existent  sur  les  qua- 
trième, cinquième,  sixième,  septième,  hui- 
tième, neuvième  ,  dixième  et  onzième  seg- 
ments. 

Tête  plus  étroite  que  l'anneau  prothora- 
cique ,  sinueusement  découpée  sur  le  bord 
antérieur,  armée  de  mandibules  cornées  ou 
dentées,  de  manière  à  perforer  le  bois  le 
plus  dur.  Labre  presque  coriace,  membra- 
neux, transversal,  semi-circulaire  ou  cordi- 
forme;  mâchoires  terminées  par  un  seul 
lobe ,  munies  chacune  d'un  palpe  composé 


LON 


435 


de  trois  à  quatre  articles  ,  en  cône  droit  ou 
renversé,  cylindriques  ou  filiformes;  lan- 
guette portant  également  deux  palpes,  et 
formée  de  deux  ou  trois  pièces;  antennes  peu 
apparentes  ou  rudimentaires  dans  plusieurs, 
composées  dans  d'autres  de  deux  à  quatre 
articles  contigus,  décroissant  successivement 
de  grosseur,  plus  ou  moins  rétractiles ,  sus- 
ceptibles, suivant  la  volonté  de  l'animal , 
de  s'engaîner  les  uns  dans  les  autres.  Près 
du  côté  extérieur,  on  aperçoit  un  à  trois 
points  globuleux  brillants,  enchâssés  dans 
les  bords  de  la  tête;  ils  semblent  représen- 
ter l'organe  de  la  vue. 

Ces  larves ,  désignées  par  Duméril  sous 
le  nom  de  Lignivores  ou  de  Xylophages,  vi- 
vent toutes  aux  dépens  des  végétaux;  elles 
habitent  l'intérieur  des  arbres  ou  des  plan- 
tes dont  la  durée  est  assez  longue  pour  en- 
tretenir leur  existence. 

Plusieurs  se  contentent  de  ronger  l'écorce 
en  rampant  sur  l'aubier;  la  plupart  enta- 
ment les  couches  ligneuses  ou  s'y  enfoncent 
profondément;  d'autres  s'attachent  exclu- 
sivement à  la  substance  médullaire.  Les 
unes  creusent  les  branches  ou  les  rameaux; 
les  autres  le  tronc  et  les  racines,  ou  ron- 
gent, jusqu'à  les  mettreen  poussière,  les  sou- 
ches abandonnées  dans  la  terre.  Elles  ré- 
duisent souvent  à  une  très  faible  épaisseur 
la  couche  qui  les  sépare  de  l'extérieur,  et 
au  lieu  de  rejeter  au  dehors  le  détritus  de 
leurs  aliments  ,  elles  en  garnissent  les  ga- 
leries qu'en  avançant  elles  laissent  derrière 
elles.  Si  la  matière  est  ligneuse  ou  solide, 
la  vermoulure  produite  remplit  à  peu  près 
ces  canaux.  Si  la  substance  doit ,  comme  la 
moelle  ,  être  réduite,  par  le  travail  de  la  di- 
gestion, en  un  volume  peu  considérable,  ils 
restent  plus  ou  moins  vides  ,  et  leur  four- 
nissent, en  cas  de  besoin,  une  sorte  de 
moyen  d'échapper  à  leurs  ennemis,  en  leur 
permettant  de  chercher  un  refuge  du  côté 
opposé  à  celui  de  l'attaque. 

Quelquefois  ces  larves  vivent  solitaires 
dans  les  tiges  de  certaines  plantes;  mais 
elles  habitent  toujours  en  nombre  plus  ou 
moins  grand  un  voisinage  rapproché.  Leur 
éloignement  réciproque  sur  le  même  végé- 
tal n'est  soumis  à  aucune  règle;  ordinaire- 
ment, les  distances  qui  les  séparent  sont 
proportionnées  à  la  nourriture  nécessaire  à 
chaque  individu,  jusqu'à  son  accroissement, 


436 


LON 


LON 


Cependant  cette  loi  semble  quelquefois  mise 
en  oubli ,  et  quand  la  matière  à  ronger  de- 
vient moins  abondante,  et  que  les  larves , 
trop  nombreuses,  traversent  des  conduits 
contigus  aux  leurs  ,  des  combats  ont  lieu  , 
dont  la  suite  est  la  mort  pour  l'un  des  cham- 
pions. Elles  se  déciment  ainsi  jusqu'à  ce  que 
leur  nombre  soit  réduit  à  des  proportions 
convenables. 

Avant  d'arriver  à  l'état  de  nymphes ,  ces 
larves  changent  plusieurs  fois  de  peau.  La 
durée  de  leur  vie,  sous  leur  première  forme, 
est  ordinairement  d'un  à  trois  ans  ;  mais 
cette  durée  est  variable  jusque  chez  les  in- 
dividus d'une  même  ponte,  soit  par  suite  de 
leur  position  individuelle,  d'accidents  im- 
prévus ,  de  causes  atmosphériques ,  ou  dans 
un  but  secret  de  la  nature  pour  conserver 
et  perpétuer  chaque  espèce. 

Avant  de  quitter  leur  figure  vermiforme, 
la  plupart  agrandissent  leur  demeure,  se 
pratiquent  une  sorte  de  niche  ovoïde;  celles 
qui  habitent  les  tiges  des  plantes  ferment, 
avec  un  bouchon  serré  ,  les  deux  extrémités 
du  tuyau  où  elles  doivent  s'arrêter.  Certai- 
nes espèces  désertent  les  écorces  et  se  creu- 
sent une  couche  dans  les  parties  ligneuses; 
d'autres ,  qui  avaient  poursuivi  leurs  tra- 
vaux jusqu'au  cœur  des  arbres,  se  rappro- 
chent au  contraire  de  l'extérieur. 

Sous  la  forme  de  Nymphes,  elles  présen- 
tent toutes  les  parties  propres  à  l'insecte 
parfait;  mais  plusieurs  n'ont  pas  le  dévelop- 
pement dont  elles  sont  susceptibles.  Les 
élytres  sont  raccourcies  et  déhiscentes;  la 
tête  est  infléchie;  les  antennes  sont  couchées 
et  recourbées  sous  la  poitrine;  les  pieds  re- 
courbés en  dessous  ou  saillant  anguleuse- 
ment  sur  les  côtés.  Quelquefois  l'abdomen 
est  terminé  par  des  espèces  de  crochets  des- 
tinés à  donner,  plus  tard ,  à  l'animal  la  fa- 
culté de  se  cramponner,  afin  de  se  dépouil- 
ler avec  plus  de  facilité  de  son  enveloppe.  Ces 
nymphes  restent  dans  une  sorte  de  léthargie. 
Cependant,  si  on  les  inquiète,  elles  font 
mouvoir  avec  facilité  leurs  segments  abdo- 
minaux. Huit  ou  quinze  jours  suffisent  à  la 
plupart  pour  se  transformer  en  insectes  par- 
faits. 

Quand  ces  insectes  s'occupent  à  se  frayer 
un  chemin  pour  arriver  au  jour,  il  arrive 
quelquefois  que  la  sécheresse  a  durci  telle- 
ment les  parties  qu'ils  ont  à  perforer  qu'ils 


s'épuisent  en  efforts  et  périssent  dans  leur 
trou.  D'autres,  éclos  trop  tard  dans  l'au- 
tomne, attendent  le  retour  du  printemps 
pour  sortir.  Lesespèces  nocturnes  rentrent, 
pendant  le  jour,  dans  les  trous  où  elles  ont 
pris  naissance  ;  les  autres  les  quittent  pour  ' 
toujours. 

Quelques  Longicornes  exhalent  des  odeurs 
suaves;  telles  sont,  chez  nous,  les  Aromia 
moschata ,  rosarum  ,  suaveolens ,  etc.;  en; 
Amérique ,  les  Callichroma ,  et  en  Austra-  ; 
lie ,  le  Bardistus  cibarius.  Cet  insecte  est 
recherché  des  naturels  de  l'île  du  Roi-Geor- 
ges comme  un  mets  exquis.  On  cite  aussi 
comme  tel  plusieurs  espèces  de  Prioniens 
d'Amérique  ,  tels  que  le  Stenodontes  dami- 
cornis  F.,  à  l'île  de  Cuba;  le  Trichoderes 
pini  Chev.,  au  Mexique  ,  et  la  Macrodontia 
cervicornis  F.-Serv.,  au  Brésil  et  à  Cayenne. 

M.  Léon  Dufour  remarque  que  ,  par  leur 
tube  alimentaire ,  ainsi  que  par  la  disposi- 
tion des  vaisseaux  hépatiques  ,  ces  insectes 
ressemblent  aux  Mélasomes  ;  contre  l'opinion 
de  M.  Marcel  de  Serres,  il  nie  l'existence 
d'un  gésier.  Le  tube  alimentaire,  le  plus 
souvent  hérissé  de  papilles,  est  précédé  d'un 
jabot,  mais  moins  ou  peu  prononcé  dans  les 
Lamiaires  ou  Lepturètes,  qui,  dans  la  mé- 
thode de  Latreille,  terminent  cette  famille. 
Les  testicules  sont  constitués  par  des  cap- 
sules ou  des  sachets  spermatiques,  distincts, 
pédicellés,  assez  gros,  et  dont  le  nombre 
varie  suivant  les  genres.  (C.) 

*LOi\.GICOXES.  Longicoxi.  ins.— 
MM.  Amyot  et  Serville  (Ins.  hémipt.,  Suit, 
à  Buff.)  désignent  ainsi  un  petit  groupe  de 
la  famille  des  Réduviides  correspondant  à 
notre  groupe  des  Émérides  ,  et  comprenant 
seulement  les  genres  Emera,  Emerodema  et 
Ploiaria.  (Bl.) 

*LONGILABRES.  Longilàbri.  arach.— 
C'est  une  race  du  g.  des  Clubiona  (voy.  ce 
mot),  établi  par  M.  Walckenaër,  et  dont  la 
seule  espèce  qui  la  compose  est  remarquable 
par  la  lèvre  allongée,  coupée  en  ligne  droite 
à  son  extrémité ,  et  à  côtes  presque  paral- 
lèles. La  Clubiona  sœva,  Walck.,  est  le  seul 
représentant  de  cette  race.  (H.  L.) 

*LONGIMANES.  Longimanœ.  arach. — 
M.  Walckenaër  emploie  ce  nom  pour  dési- 
gner dans  le  genre  des  Attus  une  famille 
dont  les  principaux  caractères  sont  d'avoir  les 
pattes  allongées,  égalant  près  de  trois  fois 


LON 


LOP 


437 


toute  la  longueur  du  corps  ;  dont  les  arti- 
cles se  replient  les  uns  sur  les  autres,  et 
dont  le    fémoral   est  dilaté  en   forme  de 
rame.  VAltus  phrynoides  Walck.  est  le  seul 
représentant  de  cette  famille.         (H.  L.) 
*LONGINA.  ins.— Genre  de  l'ordre  des 
|  Diptères  brachocères,  famille  desMusciens  , 
i  tribu  des  Muscides ,  établi  par  Wiedmann 
:  [Âuss.  Zw.y  t.  II,  p.  554).  L'espèce  type  , 

•  L.  abdominalis,  habite  le  Brésil. 

i     LONGIPENNES.    Longipennes.   ois.  — 

•  G.  Cuvier  et  M.  Duméril  ont  établi  sous  ce 

•  nom,  dans  l'ordre  des  Palmipèdes,  une  fa- 

•  mille  qui  comprend  les  oiseaux  de  haute 
mer,  c'est-à-dire  ceux  qui,  doués  d'un  vol 
étendu,  ont  la  faculté  de  s'avancer  en  mer 
à  des  distances  excessivement  éloignées  des 
plages.  Leurs  ailes  sont  très  longues,  leur 
pouce  est  libre  ou  nul ,  et  leur  bec  est  sans 
dentelure.  Cette  famille  renferme  les  genres 
Pétrel,  Puffin,  Pélicanoïde,  Prions,  Albatros, 
Mouette,  Goéland,  Stercoraire,  Sterne, 
Noddi  et  Bec-en-Ciseaux.  M.  Lesson  s'est 
également  servi  du  nom  de  Longipennes 
pour  l'appliquer  à  une  tribu  qui  comprend 
trois  familles,  celle  des  Syphorhiniens  ou 
Procellaires,  celle  des  Hydrochélidons  ou 
Sternes,  et  celle  des  Pélagiens  ou  Phaétons. 
Abstraction  faite  de  cette  dernière,  la  tribu 
des  Longipennes  de  M.  Lesson  n'est  que  la 
reproduction  de  la  famille  établie  sous  le 
même  nom  par  Illiger  et  G.  Cuvier.  (Z.  G.) 

LONGIROSTRE.  Longirostris.  rept.  — 
Sous-genre  de  Crocodiles  ainsi  nommé  par 
Cuvier.  Voy.  crocodile. 

LONGIROSTRES  Longirostri.  ois.  — 
Famille  de  l'ordre  des  Échassiers  créée  par  G. 
Cuvier  et  composéed'unefouled'oiseaux  de  ri- 
vage, que  Linné  rangeait  dans  les  genres  Sco- 
lopax,  Tringaet  Vanellus.  Tous  les  Longiros- 
tres  de  G.  Cuvier  ont  à  peu  près  les  mêmes 
formes,  les  mêmes  habitudes  et  souvent  les 
mêmes  distributions  de  couleurs.  Ils  se  ca- 
ractérisent en  général  par  un  bec  grêle,  long 
et  faible,  qui  ne  leur  permet  guère  que  de 
fouiller  dans  la  vase  pour  y  chercher  les 
Vers  et  les  petits  Insectes.  Les  genres  Ibis, 
Courlis,  Bécasse,  Rhynchée,  Barge,  Maubè- 
che ,  Sanderling  ,  Pélidne  ou  Alouette  de 
mer,  Cocorli,  Falcinelle ,  Combattant,  Eu- 
rinorhynque,Phalarope,Tourne-Pierre,Che- 
valier,  Lobipède,  Échasse  et  Avocette,  com- 
posent cette  famille.  M.  de  Blainville  a  aussi 


établi  une  famille  des  Longirostres  dont  le 
genre  Turdus  est  le  type.  (Z.  G.) 

*LONGISACTES.  Longisacti,  Am.  et 
Serv.ms. — Synonyme  deScutellériens.  (Bl.) 

*LONGITARSUS ,  Latreille.  ins.— Syn. 
de  Teinodactyla  y  Chevrolat ,  et  Thyamis  , 
Stephens.  Voy.  ces  mots.  (C.) 

*LONGITRONCS.  Longitronci.  arachn. 
— Ce  nom  désigne,  dans  le  tome  Ier  des 
Ins.  apt.  par  M.  Walckenaër,  une  race  dans 
le  genre  des  Dolomèdes,  et  dont  la  seule  es- 
pèce qui  la  compose  a  les  yeux  latéraux  de 
la  ligne  antérieure  égalant  ou  surpassant  en 
grosseur  ceux  de  la  ligne  du  milieu.  La  lèvre 
est  carrée.  Le  céphalothorax  est  ovale,  al- 
longé et  convexe.  L'abdomen  est  ovale,  étroit 
et  peu  allongé.  La  Dolomède  de  Dufour,  Do- 
lomèdes Dufourii,  est  la  seule  représentante 
de  cette  race.  (H.  L.) 

LONG-NEZ.  mam.  —  Nom  vulgaire  du 
Nasique.  Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

LONG-NEZ.  rept.— Un  Serpent  du  genre 
Typhlops  (voy.  ce  mot)  porte  vulgairement 
ce  nom.  (E.  D.) 

LONICERA.  bot.  ph.  —  Voy.  chèvre- 
feuille. 

*LONICÉRÉES.  Lonicereœ.  bot.  ph.— 
Plusieurs  auteurs  ont  donné  ce  nom  à  la 
famille  des  Capri foliacées  (voy.  ce  mot); 
d'autres  ,  comme  nous  l'avons  fait ,  le  ré- 
servent pour  désigner  l'une  des  deux  tribus 
dans  lesquelles  on  la  partage.       (Ad.  J.) 

LONIER.  moll.  —  Adanson  (Voyage  au 
Sénégal  )  désigne  ainsi  une  coquille  rangée 
par  Gmelin  dans  le  g.  Troque,  sous  le  nom 
de  Trochus  griseus.  (Desh.) 

LONTARUS,  Rumph.  bot.  ph.  —  Syn. 
de  Borassus ,  Linné. 

LOOSA.  bot.  ph.  —  Voy.  loasa. 

LOPEZIA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  OEnothérées-Lopé- 
ziées ,  établi  par  Cavanilles  (le.  I,  12, 
t.  XVIII).  Herbes  ou  sous -arbrisseaux  du 
Mexique.  Voy.  œnothérées. 

*LOPÉZlÉES.  Lopezieœ. bot. vu.—  Tribu 
des  Onagrariées  (voy.  ce  mot) ,  ainsi  nom- 
mée du  genre  Lopezia,  qui  lui  sert  de  type. 

(Ad.  J.) 

LOPHA  (Xb'yo;,  crête),  ins.— Sous  ce  nom 
de  genre,  fondé  par  Megerle,  Dejean  a  éta- 
bli sa  neuvième  division  du  grand  genre 
Bembidium.  Les  espèces  qui  s'y  rapportent 
sont  au  nombre  de  six.  Cinq  sont  propres  à 


438 


LOP 


l'Europe,  et  une  est  originaire  des  États- 
Unis.  (G.) 

LOPHANTHUS  (ao?o$,  aigrette;  <xv8o;, 
fleur),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Labiées-Népétées ,  établi  par  Bentbam  (in 
Bot.  Reg  ,  n.  1282).  Herbes  de  l'Amérique 
boréale  et  de  la  Sibérie  orientale.  Voy.  la- 
biées.—  Forst.,  syn.  de  Waltheria,  Linn. 

*LOPHATHERUM  (  >oVoç  ,  aigrette; 
«Q/jp,  épi),  bot.  pb. — Genre  de  la  famille  des 
Graminées-  Festùcacées ,  établi  par  M.  Ad. 
Brongniart  (in  Duperr.  Voy.,  49,  t.  VIII). 
Gramens  d'Amboine.  Voy.  graminées. 

*LOPHIA,Desv.  bot.ph.  —  Syn.  d'Allo- 
pleclus ,  Mart. 

LOPHIDIUM,  Rien,  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Schizœa,  Smith. 

*LOPHIDIUS  (Xo<ptfiov,  petite  crête),  ms. 
—  Genre  de  Coléoptères  pentamères,  famille 
des  Carabiques,  tribu  des  Féroniens,  créé 
par  Dejean  (Species  général  des  Coléoptères , 
t.  V,  p.  801).  Deux  espèces  rentrent  dans  ce 
genre:  les  L.  testaceus  et  brevicollis  Dej., 
originaires  de  Sierra-Leone.  (C.) 

*LOPMOCEPHALA.  annél.  —  Genre 
d'Annélides  à  soies  qui  paraît  avoisiner  la 
famille  des  Lombrics  et  des  Nais.  Il  a  été 
établi  par  M.  Costa  (Ànn.  se.  nat.,  t.  XVI, 
4841)  pour  une  espèce  de  la  baie  de  Naples, 
que  l'auteur  appelle  L.  Edwardsii.  (P.  G.) 

LOPHIOBON  (>o<poç,  crête;  bSovç , 
dent),  mam.  foss.  —  Genre  de  Pachydermes 
fossiles,  voisin  du  genre  Tapir,  dont  les  dé- 
pouilles se  rencontrent  dans  les  terrains 
tertiaires  moyens  et  supérieurs,  établi  par 
M.  Cuvier  dans  le  2e  vol.  de  ses  Recherches 
sur  les  ossements  fossiles. 

La  dentition  des  Lophiodons  se  compose, 
comme  celle  des  Tapirs,  de  6  incisives  et 
2  canines  à  chaque  mâchoire;  de  7  molaires 
de  chaque  côté  à  la  mâchoire  supérieure  et 
6  à  l'inférieure.  Il  existe  un  espace  vide 
assez  étendu  dans  quelques  espèces  entre  la 
canine  et  la  première  molaire. 

Les  molaires  offrent  aussi ,  comme  dans 
les  Tapirs,  des  collines  ou  des  crêtes  trans- 
versales d'où  le  nom  générique  de  Lophio- 
donsi  été  tiré;  mais  elles  diffèrent  de  celles 
de  ces  derniers  par  la  plus  grande  obliquité 
de  leurs  collines ,  par  l'absence  d'une  se- 
conde colline  dans  les  premières  molaires 
supérieures,  et  par  la  présence  d'une  troi- 
sième à  la  dernière  molaire  d'en  bas. 


LOP 

Tous  les  os  connus  du  reste  du  squelette 
annoncent  des  rapports  sensibles  avec  les 
Tapirs,  les  Rhinocéros,  et  à  quelques  égards 
avec  les  Hippopotames. 

Il  a  été  trouvé  des  ossements  de  ces  ani- 
maux dans  un  grand  nombre  de  collines  ter- 
tiaires de  France ,  aux  environs  d'Issel , 
département  de  l'Aude,  dans  une  espèce  de 
poudingue;  aux  environs  d'Argenton,  dé- 
partement de  l'Indre ,  dans  une  espèce  de 
marne  ;  au  Bastley,  près  Buchsweiler ,  dé- 
partement du  Bas-Rhin ,  dans  un  calcaire 
compacte;  aux  environs  de  Soissons,  dépar- 
tement de  l'Aisne,  dans  une  sablière;  à 
Montabusard ,  département  du  Loiret» 
dans  une  pierre  marneuse;  aux  environs  de 
Montpellier;  aux  environs  de  Laon;  dans 
la  montagne  des  Éparmailles  à  Provins; 
dans  le  calcaire  grossier  des  environs  de 
Paris  et  dans  la  colline  de  Sansan,  départe- 
ment du  Gers. 

Les  espèces  de  Lophiodon  sont  nombreu- 
ses ;  Cuvier  en  compte  trois  à  Issel ,  qui 
sont:  le  Loph.  Isselense,  d'un  tiers  plus  grand 
que  le  Tapir  des  Indes;  cette  espèce  se  ren- 
contrait aussi  à  Argenton  et  à  Soissons;  le 
Loph.  tapirolherium ,  de  la  taille  du  Tapir 
d'Amérique  ;  on  la  trouve  aussi  à  Eppel- 
sheim;  le  Loph.  occitanum,  moindre  d'un 
tiers  que  le  précédent. 

Il  en  compte  à  Argenton,  outre  une 
semblable  à  celle  d'Issel,  quatre  autres 
différentes  :  le  Loph.  médium,  delà  taille  du 
Tapir  des  Indes;  le  Loph.  minutum,  d'un 
tiers  moindre  que  le  Tapir  d'Amérique  ;  le 
Loph.  minimum,  dont  la  taille  était  moitié 
moindre  de  celle  du  Tapir  d'Amérique  ;  le 
Loph.  parvulum,  dont  les  dimensions  longi- 
tudinales n'ont  que  le  tiers  de  celle  du  Tapir 
d'Amérique. 

Cuvier  en  compte  deux  espèces  à  Buchs- 
weiler, c'est-à-dire  le  Loph.  tapiroides9 
à  peu  près  de  la  grandeur  du  Loph.  isse- 
lense, dont  il  ne  différait  que  par  de  légères 
modifications  dans  la  forme  des  molaires  et 
par  la  grandeur  des  canines;  XeLoph.  buxo- 
villianum,  à  peu  près  de  la  grandeur  du 
Tapir  des  Indes. 

Le  même  auteur  établit  encore  un  Loph. 
aurelianense,de  Montabusard;  mais  il  pense 
que  cette  espèce  est  peut-être  la  même  que 
le  Loph.  tapirolherium. 

Quant  à  la  grande  espèce  de  ce  même  lieu 


LOP 

que  l'on  a  nommée  Loph.  giganteum  ,  nous 
ne  l'inscrirons  pas  ici, parce  que  nous  croyons 
que  le  fragment  de  mâchoire  et  l'astragale 
qui  ont  servi  à  l'établir  appartiennent  à  une 
espèce  de  Rhinocéros. 

Le  Loph.  monspessuîanum ,  établi  sur 
quelques  molaires  trouvées  à  Boutonnet, 
près  Montpellier. Ses  dents  ressemblent  beau- 
coup à  celles  du  Loph.  buxovillianum. 

Il  est  bien  probable  que  lorsqu'on  aura 
rassemblé  un  plus  grand  nombre  de  ces  os- 
sements dans  chaque  localité,  on  trouvera 
quelques  espèces  à  supprimer  ;  mais  ,  d'un 
autre  côté,  on  en  découvrira  peut-être  aussi 
qui  ne  sont  point  mentionnées  dans  ce  ca- 
talogue: ainsi  l'espèce  qu'a  trouvée  M.  Lar- 
tet  dans  la  colline  de  Sansan  nous  paraît 
différer  de  toutes  les  autres  et  se  rapprocher 
du  Cheval  par  ses  incisives.  Celle  dont  les 
os  ont  été  trouvés  par  M.  Félix  Robert  dans 
le  calcaire  grossier  marin  de  Nanterre  n'est 
point  encore  déterminée  spécifiquement,  et 
doit  peut-être  faire  aussi  une  espèce  à  part. 

(L...D.) 

LOPHIOLA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Hœmodoracées,  établi  par  Ker  (m 
Bot.  mag.,  t.  1596).  Herbes  de  l'Amérique 
boréale.  Voy.  hœmodoracées. 

LOPHIOLEPIS,  Cass.  bot.  ph.  —  Syn. 
de  Cirsium,  Tourn. 

LOPHIRA.  bot.  ph. — Genre  de  la  famille 
des  Diplérocarpées,  et  considéré  par  quelques 
auteurs  comme  devant  constituer  le  type 
d'unenouvelle  famille,  celle  des Lophiracées. 
Il  a  été  établi  par  Banks  (apud  Gœrtn.  f.  III, 
52,  t.  188)  pour  des  arbres  de  l'Afrique 
tropicale.  Voy.  diptérocarpées. 

*LOPHIROS,  Targion.BOT.  cr.— Syn.  de 
Rhodomela,  Ag. 

LOPHILM  (Xo'^oç,  crête),  bot.cr. — Genre 
de  Champignons  de  l'ordre  des  Pyrénomy- 
cètes,  établi  par  Fries  et  caractérisé  par  des 
réceptacles  verticaux,  comprimés,  membra- 
neux et  fragiles,  s'ouvrantlongitudinalement 
1  leur  partie  supérieure;  la  pulpe  qu'ils  ren- 
.  ment  est  composée  de  paraphyses  rameu- 
I  très  Ones  et  de  thèques  dressées,  avec  huit 
petites  spores  dans  leur  intérieur,  qui  se  ré- 
duisent en  poussière  brune  floconneuse.  Ces 
Champignons  se  développent  sur  le  bois  et 
même  sur  les  feuilles  des  Pins.  LeLophium 
viytilinum  Fr.,  Hysterium  ostraceum  Bull., 
est  très  commun  dans  les  forêts  de  Pins,  et 


LOP 


4?<9 


ressemble,  comme  son  nom  l'indique,  à  une 
coquille  bivalve.  (Lév.) 

LOPHIUS.  poiss.  —  Voy.  baudroie. 
LOPIIOBRANCIIES  (»oç,  aigrette; 
(>payx''a ,  branchies),  poiss.  —  Ordre  établi 
par  Cuvier  dans  la  classe  des  Poissons  à 
squelette  osseux  ou  fibreux,  et  qu'il  carac- 
térise ainsi  (liég.  anim.,  t.  II,  p.  361)  : 
«  Mâchoires  complètes  et  libres;  branchies 
divisées  en  petites  houppes  rondes  disposées 
par  paires  le  long  des  arcs  branchiaux.  Elles 
sont  enfermées  sous  un  grand  opercule  at- 
taché de  toutes  parts  par  une  membrane 
qui  ne  laisse  qu'un  petit  trou  pour  la  sor- 
tie de  l'eau  ,  et  ne  montre  ,  dans  son  épais- 
seur, que  quelques  vestiges  de  rayons.  Ces 
Poissons  se  reconnaissent  en  outre  à  leur 
corps  cuirassé  d'une  extrémité  à  l'autre  par 
des  écussons  qui  le  rendent  presque  tou- 
jours anguleux.  Ils  sont  généralement  de 
petite  taille  et  presque  sans  chair.  » 

Cet  ordre  renferme  4  genres  nommés  : 
Syngnathe,  Hippocampe,  Solénostome  et 
Pégase.  Voy.  ces  mots.  (J.) 

*LOPHOCEPHALA  (  Ao>oç ,  crête;  xe- 
<paH,  tête),  ins.  —  Genre  de  la  famille  des 
Réduviides,  de  l'ordre  des  Hémiptères,  éta- 
bli par  M.  Laporte  de  Castelnau  {Essai  Hé- 
rnipt.  héLéropt.),  et  adopté  par  tous  les  en- 
tomologistes. Les  Lophocéphales  se  font  re- 
marquer par  leur  tête  prolongée  entre  les 
yeux  ,  et  supportant  des  antennes  dont  le 
premier  article  est  allongé,  et  les  deux  der- 
niers aussi  épais  que  les  précédents.  Ces 
Hémiptères  ont  été  trouvés  aux  Indes  orien- 
tales. Le  type  est  le  L.  Guerini  Lap.  de 
Cast.  (Bl.) 

LOPHOCERUS,  Swains.  018.  — Syn.  de 
Pauxi.  Voy.  ce  mot.  (Z.  G.) 

*LOPHOCiTTA,  G.  R.  Gray.  ois.— Sec- 
tion du  g.  Pie.  Voy.  ce  mot.         (Z.  G.) 

*LOPHODERES,  Chevrolat.  lus.— Syn. 
de  Cyphorhynchus,  Schr.  (C.) 

*LOPHODES.  ins.— Dejean  attribue  à 
Schœnherr  ce  genre,  et  lui  donne  pour  type 
le  Lophodes  nodipennis,  qui  est  originaire  du 
Chili.  Maison  ne  le  trouve  pas  mentionné 
dans  le  Gênera  et  species  Curcul.  de  l'auteur 
cité.  (C.) 

*LOPHOFERA ,  Flem.  on.—  Syn.  de 
Lophophorus,  Temm.  (Z.  G.) 

*LOPHOL,ENA  (Xwpoç,  aigrette;  Aaîva, 
enveloppe),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 


440 


LOP 


fies  Composées-Sénécionidées,  établi  par  De 
Candolle  (Prodr.,  VI,  335). Sous-arbrisseaux 
du  Cap.  Voy.  composées. 

*LOPHOMA(>o>oç,  crête;  ufxoç,  épaule). 
Ins.  —  Genre  de  Coléoptères  hétéromères  , 
famille  des  Mélasomes,  créé  parSolier  {Ann. 
de  la  Soc.  ent.  de  Fr.,  t.  IV,  p.  285).  Ce 
genre  fait  partie  des  Collaptérides  de  l'au- 
teur et  rentre  dans  sa  tribu  des  Tentyrites; 
il  ne  renferme  qu'une  espèce,  la  L.  punc- 
tata  Sol.,  qui  a  été  trouvée  en  Barbarie  et 
aux  environs  de  Tanger  (C.) 

LOPHONOCERUS  f»oç,  crinière;  «- 
p«ç,  antenne),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères 
subpentamères,  tétramères  de  Latreille,  fa- 
mille des  Longicornes,  tribu  des  Céramby- 
cins,  proposé  par  Latreille  et  adopté  par 
Serville(ilnn.  delà  Soc.  entom.  de  Fr.,  t.  III, 
p.  33).  Deux  espèces  font  partie  du  genre  * 
lesCer.  speciosus  Lin.,  Vœt.  (barbicornisY.) 
et  hirticornis  de  Schœnh.  La  première  est 
originaire  de  Cayenne,  et  la  deuxième  du 
Brésil.  (C.) 

*LOPHONOTA.  ànnél.— Genre  d'Anné- 
lides  à  soies  décrit  par  M.  Costa  (  Ann.  se. 
nat.,  1841)  pour  une  espèce  du  golfe  de 
Naples,  qu'il  appelle  L.  Audouinii.  (P.  G.) 

*EOPHONOTUS  (  lotpoç ,  aigrette;  vù- 
toç  ,  dos),  ms.  —  Genre  de  l'ordre  des  Dip- 
tères brachocères,  famille  des  Asiliens,  tribu 
des  Asilides,  établi  par  M.  Macquart  (Dipt. 
exot.)  aux  dépens  des  Asilus  de  Linné,  dont 
il  diffère  principalement  par  l'espèce  de  crête 
qui  s'élève  sur  le  thorax.  L'auteur  de  ce  g. 
y  rapporte  11  espèces  originaires  d'Afrique, 
à  l'exception  d'une  seule  qui  est  d'Europe. 

LOPHOPHANES.    Kaup.   ois.  —  Voy, 

MÉSANGE 

LOPHOPHORE  ,  Lophophorus  (Ao>oç, 
aigrette;  «p°p°'ç,  qui  porte),  ois.  — Genre  de 
Sa  sous-famille  des  Lophophorinées  dans 
Tordre  des  Gallinacés.  Caractères  :  Bec 
long,  fort,  très  courbé,  large  à  sa  base, 
à  bords  saillants,  à  mandibule  supérieure 
large  ,  tranchante  à  son  extrémité  et  dépas- 
sant de  beaucoup  l'inférieure;  narines  si- 
tuées à  la  base  du  bec,  recouvertes  en  ar- 
rière par  une  membrane  revêtue  de  plumes; 
tarses  courts  ornés  d'un  fort  éperon  ;  queue 
droite ,  horizontale ,  arrondie  à  son  extré- 
mité. 

M.  Temminck  est  le  créateur  de  ce  genre. 
11  l'établit  sur  une  espèce  que  Latharn  pla- 


LOP 

çait,  sous  le  nom  de  Phasianus  impeyanus, 
parmi  les  Faisans,  dont  elle  se  sépare  cepen- 
dant par  quelques  caractères  extérieurs.  En 
effet,  si  les  Lophophores  ont,  comme  les 
Faisans  et  même  comme  les  Coqs  et  les 
Paons,  un  plumage  généralement  peint  des 
plus  riches  couleurs,  s'ils  ont  encore,  comme 
les  premiers,  toute  la  circonférence  de  l'œil 
recouverte  d'une  peau  nue,  et,  comme  les 
Paons,  une  belle  huppe,  ils  se  distinguent 
totalement  des  uns  et  des  autres  par  leui 
queue,  qui  n'est  point  composée  de  pennes 
disposées  sur  deux  plans  différents  et  qu'il* 
ne  peuvent  relever. 

Depuis  son  établissement,  ce  genre  a 
subi  plusieurs  modifications  peu  importan  - 
tes.  Vieillot  a  changé  son  nom  en  celui  de 
Monaul,  M.  Flemming  en  celui  de  Lopho- 
fera;  enfin  M.  Lesson  a  distingué,  sous  le 
nom  iïlmpey,  l'espèce  type  de  ce  genre 
et  a  conservé  celui  de  Lophophore  à  une 
deuxième  espèce  qu'on  y  avait  introduite 
sous  le  nom  de  Lop.  Cuvierii ,  espèce  qui  a 
été  rapportée  depuis  par  quelques  ornitho- 
logistes aux  Houppifères. 

Les  mœurs  des  Lophophores  nous  sont 
entièrement  inconnues  ou  à  peu  près  ;  tout 
ce  qu'on  en  sait,  c'est  que  ces  oiseaux  pré- 
fèrent les  climats  froids  aux  climats  chauds, 
et  que  le  mâle  fait  entendre  un  glousse- 
ment rauque,  fort  et  semblable  à  celui  du 
Dindon  mâle.  On  les  apporte  quelquefois  à 
Calcutta  comme  objets  de  curiosité.  F.  Cu- 
vier  pense  qu'en  raison  de  la  préférence  que 
ces  oiseaux  accordent  aux  climats  froids,  on 
pourrait  les  acclimater  facilement  en  Eu- 
rope et  en  enrichir  nos  basses-cours  ou  du 
moins  nos  volières,  comme  nous  les  avons 
enrichies  du  Faisan  doré  et  du  Faisan  ar- 
genté. Lady  Impey  avait  fait  des  tentati- 
ves pour  transporter  plusieurs  Lophophores 
vivants  en  Angleterre;  mais  ils  moururent 
en  mer  après  deux  mois  de  traversée. 

Les  montagnes  du  nord  de  l'Indostan  sont 
les  contrées  natales  des  Lophophores. 

L'espèce  type  de  ce  genre  est  le  Lopho-; 
phore  resplendissant,  L.  refulgens  Temm.  (re- 
présenté dans  l'atlas  de  ce  Dictionnaire,  oi- 
seaux, pi.  5  ter);  c'est  un  des  plus  beaux  Galli- 
nacés que  l'on  connaisse.  La  tête  du  mâle  est 
ornée  d'un  panache  élégant  composé  de 
plumes  à  tige  mince  et  terminées  par  une 
palette  oblongue  dorée.  En  outre,  il  a  tout 


LOP 

le  dessus  du  corps  d'un  beau  vert  à  reflets 
à  la  fois  dorés,  pourprés  et  azurés,  et  le  des- 
sous noir  à  reflets  verdâtres.  L'éclat  de  son 
plumage  lui  a  valu  dans  quelques  parties  de 
l'Inde  le  nom  d'Oiseau  d'or. 

La  femelle  n'offreaucune  trace  de  ces  cou- 
leurs métalliques  qui  sont  répandues  avec 
tant  de  profusion  sur  le  plumage  du  mâle; 
die  est  d'un  brun  terne,  avec  des  raies  et 
les  taches  irrégulières  fauves  et  rousses. 

Le  Lophopbore  resplendissant  habite  les 
..onts  Himalaya  et  le  Népaul. 

MM.  Jardine  et  Selby  ont  introduit  dans 
ce  genre  une  deuxième  espèce  dont  M.  G.- 
R.  Gray  a  fait  le  type  de  son  genre  Tetrao- 
gallus,  et  qu'il  nomme   Tet.    nigellii.   Voy. 

TÉTRAOGALLE.  (Z.  G.) 

*  LOPHOPHORINÉES.  Lophophorinœ. 
ois.  —  Sous-famille  établie  par  G.-R.  Gray, 
dans  la  famille  des  Faisans  (Phasianidées), 
pour  les  genres  Lophophorus  ,  Tetraogallus 
etEulophus.  (Z.  G.) 

*LOPHOPHYTÉES.  Lophophyteœ.  bot. 
ph.  —  Tribu  des  Balanophorées.  Voy.  ce 
mot. 

*LOPHOPHYTUM  (Xoyoç,  aigrette;  <pv- 
tov  ,  plante),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Balanophorées-Lophophytées,  éta- 
bli par  Schott  et  Endlicher(Mete£.,  I,  t.  1). 
Herbes  du  Brésil  tropical.  Voy.  balanopho- 
rées. 

*LOPHOPODE.  Lophopus  f»o«,  crête, 
crinière;  ttovç,  «o<îo;,  pied),  polyp. — Genre 
de  Bryozoaires  d'eau  douce ,  proposé  par 
M.  Dumortier  ,  qui  lui  attribue  des  tenta- 
cules non  pourvus  de  cils  vibratiles.  M.  Ger- 
vais  pense  avec  raison  que  ce  caractère 
négatif  repose  sur  une  observation  incom- 
plète, et  regarde  le  Lophopode  comme 
une  Plumatelle.  Voyez  ce  mot  et  alcyo- 
nelle.  (Duj.) 

*LOPHOPS  (Voyoç,  crête;  <ty,  face),  ras. 
—  Genre  de  la  famille  des  Fulgorides ,  de 
l'ordre  des  Hémiptères,  établi  par  M.  Spi- 
nola  (Ann.  de  la  Soc.  ent.  de  France,  t.  8) 
sur  une  espèce  d'Afrique  :  le  L.  Servillœi 
Spin.  (Bl.) 

LOPHOPTERYS  (>'<poç,  aigrette;  *x/- 
pw$ ,  aile),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Malpighiacées-Notoptérygiées,  établi 
par  Adr.  de  Jussieu  (in  Delessert.  le.  sélect. 
III,  18,  29).  Arbres  et  arbrisseaux  de  la 
Guiane.  Voy.  malpighiacees. 
t.  vu. 


LOP 


441 


*LOPHOPTERYX(AoVoç,  aigrette;  «W» 
pv£,  aile),  ins.  —  Genre  de  l'ordre  des  Lé- 
pidoptères nocturnes,  tribu  des  Notodon- 
tides ,  établi  par  Stephens  aux  dépens  des 
Notodontes.  Il  y  rapporte  3  espèces,  qui  ha- 
bitent la  France  et  l'Allemagne. 

LOPHORHYNCHUS ,  Swains.  ois.  — 
Division  établie  aux  dépens  du  g.  Colombe. 
Voy.  pigeon.  (Z.  G.) 

LOPHORINA,  Vieill.  ois.  —  Division  du 
g.  Paradisier.  Voy.  ce  mot.  (Z.  G.) 

*LOPIIORNIS,  Less.  ois.—  C'est,  dans  le 
Traité  d'ornithologie  de  M.  Lesson  ,  le  nom 
que  porte  une  des  races  dans  lesquelles  il 
place  les  Oiseaux  Mouches.  (  Z.  G.) 

*LOPIIORTYX,  Bonap.  ois.  —  Genre 
de  la  famille  des  Perdrix.  Voyez  ce  mot. 

(Z.  G.) 

LOPHOSCÏADIUM  (Âo'yoç,  aigrette; 
ffxia&ov ,  ombelle),  bot.  ph.  —  Genre  de 
la  famille  des  Ombellifères-Thapsiées,  établi 
par  De  Candolle  {Mem.  V,  57,  t.  2).  Her- 
bes des  bords  de  la  Mer  Noire.  Voy.  om- 

BELLIFÈRES. 

*LOPHOSIA  (À'ooç,  aigrette),  ins.  — 
Genre  de  l'ordre  des  Diptères  Brachocères , 
famille  des  Musciens,  tribu  des  Muscides, 
établi  par  Meigen,  qui  n'y  rapporte  qu'une 
seule  espèce  r  L.  fasciata,  indigène  d'Al- 
lemagne. 

*LOPHOSPERMUM  OV>5 ,  aigrette; 
ffTrepfjia  ,  graine),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Scrophularinées-Antirrhinées,  éta- 
bli par  Don  (in  Linn.  transact.,  XV,  349). 
Herbes  indigènes  du   Mexique.   Voy.  scro- 

PHULAR1NÉES. 

LOPHOSTACHYS  (Xo«poç ,  aigrette  ;  axa- 
xuç,  épi),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Acanthacées-Echmatacanthées,  établi  par 
Pohl  (Plant.  Brasil,  II,  93,  t.  161-163). 
Sous-arbrisseaux  du  Brésil.  Voy.  acantha- 

CÉES. 

*LOPHOSTEMON  f»?,  aigrette;  emf- 
(A«v  ,  filament),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Myrtacées -Leptospermées ,  établi 
par  Schott  (in  Wiener  Zeitschrift,  1830,  III, 
772).  Arbrisseaux  de  la  Nouvelle-Hollande. 

Voy.   MYRTACÉES. 

*LOPHOSTERNUS  f»oç,  crête;  ax/p- 
vov ,  sternum),  ins.—  Genre  de  Coléoptères 
subpentamères,  tétramères  de  Latreille,  fa- 
mille des  Longicornes,  tribu  des  Prioniens, 
créé  par  M.  Guérin-Méneville  (  Iconog.  du 

56 


442 


LOP 


LOP 


ïièg.  anim.,  teite ,  t.  II,  p.  209).  L'espèce 
type  et  unique,  L.  Buquetii ,  est  originaire 
de  Java.  (C.) 

*LOPHOSTOMA  (  Ao<poç,  crête;  aroVa, 
bouche),  mam.  —  Groupe  de  Chéiroptères  in- 
diqué par  MM.  Alcide  d'Orbigny  et  Gervais 
(Voy.  dans  l'Amer,  mérid.,  1836),  et  ne 
comprenant  qu'une  seule  espèce  décrite  sous 
le  nom  de  Loph.  sylvicola  d'Orb.  et  Gerv. 
(Iccocit.,  Mammif.,  pi.  6).  (E.  D.) 

*LOPI10STRIX,  Less.  ois.  —  Section 
du  g.  Chouette.  Voy.  ce  mot.       (Z.  G.) 

LOPHOTE.  Lophotes  (lo<p<azéç,  qui  porte 
une  huppe),  ois.  —  Sous-genre  de  l'ordre 
des  Rapaces  ,  sous-famille  des  Falconinées , 
établi  par  M.  Lesson  pour  le  Hobereau  hup  • 
part  (Falco  lophotes).  Voy.  faucon.  (Z.  G.) 
LOPHOTE.  Lophotes  (ao^wtoç,  qui  porte 
une  crête),  poiss.  —  Genre  de  l'ordre  des 
Acanthoptérygiens ,  famille  des  Tœnioïdes, 
établi  par  M.  Giorna  et  adopté  par  MM.  Cu- 
vier  et  Valenciennes  {Hist.  des  Poiss.,  t.  X, 
p.  405).  Le  caractère  le  plus  frappant  de  la 
physionomie  de  ce  Poisson  consiste  dans  la 
crête  tranchante,  en  triangle  à  peu  près  ver- 
tical, qui  surmonte  sa  tête,  et  au  sommet 
de  laquelle  s'articule  une  longue  épine  com- 
primée, arquée,  pointue,  représentant  une 
véritable  corne. 

On  ne  connaît  encore  qu'une  espèce  de  ce 
genre  :  le  Lophote  Lacépède  (Giorna,  Mém. 
de  l'Acad.  imp.  deTurin,  1805-1808,  p.  19, 
pi.  2).  C'est  un  des  plus  grands  Poissons 
qui  habitent  la  Méditerranée,  puisque  sa 
taille  atteint  environ  1  mètre  50  centimè- 
tres; mais  il  y  est  si  rare  qu'on  ne  sait  en- 
core rien  ni  de  ses  mœurs  ni  de  la  qualité 
de  sa  chair. 

*LOPHOTUS  f>y»Toç,  qui  a  une  crête). 
ins.—  Genre  de  Coléoptères  tétramères , 
famille  des  Curculionides  gonatocères,  divi- 
sion des  Cléonides,  créé  par  Schœnherr  (Gen. 
et  sp.  Curculion.  syn.,  t.  II,  p.  314).  13 
espèces  décrites  rentrent  dans  ce  genre,  et 
sont,  pour  la  plupart,  originaires  du  Chili. 
Nous  citerons  comme  en  faisant  partie  le  L. 
Eschscholtzii Sch. ,  fascialus  Esc,  vilulus  F., 
etphaleratus  Erichson.  (C.) 

LOPHURA,  Flem.  ois.  —  Syn.  du  g. 
Ilouppifère. 

*LOPHYRE.  Lophyrus.  ois.  —  Division 
établie  par  Vieillot  aux  dépens  du  g.  Pi- 
geon. Voy.  ce  mot.  (Z.  G.) 


LOPHYROPES.  Lophyropa,  Latr.CRUST. 
—Syn.  de  Copépodes,  Mil.-Edw.  (  H.  L.) 
LOPHYROPODES.  Lophyropoda.  crust. 
—  Syn.  de  Copépodes.  Fby..ce  mot.  (H.L.) 
LOPHYRUS  (>o>oÇ,  aigrette;  ovpa, 
queue),  ins.  —  Genre  de  la  tribu  des  Ten- 
thrédiniens ,  de  l'ordre  des  Hyménoptères, 
établi  par  Latreille  et  adopté  par  tous  les 
entomologistes.  Les  Lophyres  se  distinguent 
des  genres  voisins  par  leurs  antennes  multi- 
articulées ,  avec  deux  rangs  de  prolonge- 
ments en  forme  de  peignes  chez  les  mâles, 
et  en  dents  de  scie  chez  les  femelles.  Ce 
genre  renferme  un  petit  nombre  d'espèces 
qui  habitent  les  régions  froides  et  tempé- 
rées de  l'Europe  et  de  l'Amérique  du  Nord. 
Le  type  du  genre  est  le  Lophyre  du  Pin  , 
Lophyrus  pini  (Tenthredo  pini  Linn.),  espèce 
souvent  très  nuisible  aux  Pins. 

De  nouvelles  plantations  dans  plusieurs 
départements  de  la  France,  principalement 
dans  ceux  de  la  Marne  et  de  la  Haute-Marne, 
ont  éprouvé  des  dégâts  très  considérables 
par  l'abondance  des  larves  de  Lophyres.  En 
Franconie,  selon  plusieurs  auteurs  alle- 
mands ,  plusieurs  milliers  d'acres  de  Pins 
furent  détruits  par  les  Lophyres  du  Pin  et 
par  quelques  autres  espèces  voisines  (  les  L. 
pinastri ,  juniperi ,  erythrocephala  ,  etc.). 

(Bl.) 
LOPHYRUS  (>o?oç,  aigrette;  oûpa, 
queue),  rept.  —  Genre  de  Sauriens  formé 
par  M.  C.  Duméril  aux  dépens  des  Agames 
de  Daudin,  et  qui  a  été  adopté  par  tous  les 
auteurs.  Les  Lophyrus  ont  pour  caractères 
principaux  :  Dos  garni  d'une  crête  sans 
rayons  osseux,  et  couvert  d'écaillés  sem- 
blables et  égales  ;  queue  comprimée. 

On  ne  connaît  qu'un  petit  nombre  d'es- 
pèces dece groupe;  nous  neciterons que  :  1°  le 
Lophyre  a  casque  fourchu  ,  Lacerta  scutata 
Linn.  (  Iguana  clamosa  Laurenti ,  Agama 
scutata  Daud.  ),  dont  le  corps,  long  de  plus 
d'un  pied,  est  d'un  jaune  pâle ,  nuancé  de 
bleu  clair  et  parsemé  de  tubercules  blancs 
et  ronds  ;  il  se  trouve  à  Amboine  ;  2°  le 
Lophyre  sourcilleux,  Lacerta  supercillosa 
Linné,  un  peu  plus  grand  que  le  précédent, 
avec  une  teinte  d'un  noir  de  poix  plus  ou 
moins  foncé ,  plus  claire  sur  la  tête  et  les 
joues. Cette  espèce  se  rencontre  à  Ceylan  et  à 
Amboine.  (E.  D.) 

*LOPUS.  ins.  —  Hahn  (Wanzenart  In- 


LOR 


LOR 


443 


sekt  )  a  établi  sous  cette  dénomination  un 
^enre  de  la  famille  des  Mirides  dans  Tordre 
des  Hyménoptères,  qui  n'est  pas  séparé  des 
Phytocores  par  la  plupart  des  autres  ento- 
mologistes. (Bl.) 

LORANTHACÉES.  Loranthaceœ.  bot. 
ph. — La  place  de  cette  famille  singulière 
de  plantes  dicotylédonées  est  encore  incer- 
taine, car  elle  présente  des  fleurs  dépour- 
vues d'enveloppe,  d'autres  réduites  à  une 
seule ,  d'autres  enfin  avec  une  double  enve- 
loppe, l'intérieure  corol li forme ,  et  celle-ci 
à  pétales  tantôt  libres ,  tantôt  soudés  en 
tube  ;  de  sorte  que  les  uns  l'ont  classée 
parmi  les  polypétales  auprès  des  Cornacées, 
les  autres  parmi  les  monopétales  auprès  des 
Caprifoliacées,  les  autres  parmi  les  apétales 
auprès  des  Santalacées  et  des  Protéacées. 
C'est  cette  dernière  place  que  paraissent  jus- 
tifier le  plus  grand  nombre  de  ses  rapports  et 
l'étude  récemment  plus  approfondie  de  son 
organisation.  On  devrait  alors  considérer 
certaines  parties  sous  un  autre  point  de  vue 
qu'on  ne  l'avait  généralement  fait  et  chan- 
ger leur  nom,  en  admettant  qu'il  n'y  existe 
pas  de  véritable  corolle,  mais  un  calice 
quelquefois  coloré  et  doublé  d'un  involucre 
qui  manque  d'autres  fois.  En  adoptant  ce 
dernier  système  ,  on  pourra  tracer  ainsi  les 
caractères  des  Loranthacées  :  Fleurs  uni- 
sexuelles  ouhermaphrodites.  Périanthe  soudé 
avec  l'ovaire,  à  3-8  divisions,  souvent  dou- 
blé extérieurement  d'une  cupule  ,  que  ter- 
mine un  rebord  entier  ou  lebé  ou  à  peine 
visible,  et  qu'on  décrit  généralement  comme 
un  calice,  dans  ce  cas  coloré  ,  et  ayant  jus- 
qu'à un  certain  point  l'apparence  d'une  co- 
rolle dont  il  reçoit  le  nom  ;  dans  les  autres, 
vert  et  ayant  l'apparence  de  calice  ,  man- 
quant quelquefois  complètement  dans  les 
fleurs  unisexuelles.  Étamines  en  nombre 
égal  aux  divisions  du  périanthe,  opposées  et 
insérées  à  leur  milieu  ;  anthères  portées  à 
l'extrémité  d'un  filet,  plus  rarement  sessiles 
ou  même  accolées  au  périanthe,  à  deux  loges 
ou  à  une  seule ,  s'ouvrant  par  deux  fentes 
longitudinales  introrses  ou  par  une  seule 
transversale,  quelquefois  multicellulaires  et 
s'ouvrant  par  autant  de  pores.  Ovaire  con- 
fondu avec  le  périanthe,  souvent  surmonté 
d'un  disque  charnu  qui  environne  la  base 
d'un  style  simple,  terminé  par  un  stigmate 
le  plus  souvent  indivis,  longtemps  plein  à 


l'intérieur,  et  ne  laissant  apercevoir  de  loge 
et  d'ovule  qu'après  la  floraison.  Alors  il  se 
creuse,  et  présente  un  ou  plusieurs  ovules 
très  petits  dressés  du  fond  de  la  loge  unique, 
ou  portés  sur  une  petite  colonne  centrale  : 
c'est  donc  dans  tous  les  cas  une  placentation 
centrale ,  avec  arrêt  ou  développement  du 
placenta.  Ces  ovules  sont  réduits  au  nucelle 
dans  lequel  se  forme  un  périsperme  charnu, 
quelquefois  remarquable  par  sa  coloration 
en  vert ,  entourant  un  embryon  à  radicule 
épaissie,  supère,  souvent  saillante  à  son  ex- 
trémité ,  à  cotylédons  plus  courts  ,  à  peine 
plus  larges,  quelquefois  soudés  entre  eux  en 
partie.  Cette  graine  se  soude  avec  la  paroi 
correspondante  du  péricarpe  ,  qui  semble 
ainsi  former  ses  téguments ,  et  qui  est 
charnu  ,  ordinairement  converti  dans  sa 
couche  moyenne  en  une  substance  visqueuse 
qui  est  la  glu.  On  ne  trouve  qu'une  graine 
unique  développée ,  mais  dans  certains  cas 
renfermant  deux  ou  trois  embryons,  et  alors 
on  doit  admettre  la  soudure  et  la  confusion 
de  deux  ou  trois  ovules.  La  germination  de 
cette  graine  est  en  général  fort  singulière , 
et  par  la  marche  de  la  radicule  qui,  s'éloi- 
gnant  de  la  verticale,  se  dirige  toujours  vers 
l'obscurité,  et  conséquemment  vers  les  corps 
opaques  situés  dans  son  voisinage,  et  par  la 
manière  dont  elle  s'implante  à  la  surface  des 
autres  plantes  ligneuses  dicotylédonées.  La 
radicule  élargie  à  son  extrémité  perce  l'é- 
corce,  et  vient  former  un  empâtement  à  la 
surface  de  la  couche  ligneuse,  qui,  quelque- 
fois, se  dilate  à  ce  point  en  une  tumeur  cor- 
respondante à  la  surface  de  laquelle  s'accole 
celle  de  la  base  de  la  plante  parasite ,  qui , 
peut-être  plus  tard  recouverte  par  les  cou- 
ches du  bois  formées  ultérieurement,  le  plus 
souvent  est  dépourvue  de  racines,  rarement 
en  émet  qui  rampent  au-dessous  de  l'écorce. 
L'union  des  deux  plantes  peut  être  aussi 
fortifiée  par  des  branches  latérales,  qui,  s'al- 
longeant  parallèlement  à  la  surface  exté- 
rieure de  l'écorce,  émettent  de  distance  en 
distance  des  prolongements  ou  suçoirs  au 
moyen  desquels  elles  lui  adhèrent.  Telle  est 
la  végétation  de  la  plupart  des  Loranthacées, 
qui  sont  donc  des  arbrisseaux  parasites  sur 
le  bois  d'autres  végétaux  arborescents ,  et 
variant  suivant  les  espèces;  mais  il  en  est 
aussi  quelques  unes  exceptionnelles ,  qui 
s'enracinent  en  terre  à  la  manière  ordi- 


444 


LOR 


LOR 


naire.  Presque  toutes  se  ramifient  par  di- 
chotomies ,  et  leurs  rameaux,  articulés  aux 
nœuds,  sont  cylindriques,  tétragones  ou 
aplatis,   remarquables  par  leur  structure 
intérieure,  qui  présente,  au  lieu  de  vais- 
seaux, de  longues  cellules  ou  fibres  striées. 
Les  feuilles  sont  ordinairement  opposées  ou 
verticilléesà  ces  nœuds,  quelquefois  alter- 
nes ,  très  entières,  coriaces;  quelquefois  ré- 
duites à  des  écailles  stipuliformes,  ou  même 
elles  manquent  entièrement.  Les  fleurs  sont 
hermaphrodites  ou  unisexuelles ,  et  alors 
monoïques  ou  dioïques,  en  cymes  triflores, 
en  épis,  en  panicules,  plus  rarement  en 
têtes  ou  ombelles,  ordinairement  accompa- 
gnées de  bractées  ,  et  vertes  ou  autrement 
colorées.  Les  espèces  habitent  presque  toutes 
la  région  intertropicale  du  nouveau  ainsi 
que  de  l'ancien  continent,  mais  s'avancent 
aussi  au-delà  des  tropiques  dans  la  région 
tempérée;  quelques  unes,  comme  le  Gui 
commun,  représentent  seules  la  famillesous 
notre  latitude  plus   froide.  La  glu  ne  se 
trouve  pas  seulement  dans  les  fruits,  mais 
plus  abondante  encore  dans  l'écorce  d'un 
grand  nombre  d'espèces  et  en  proportion 
variable  dans  la  même,  suivant  la  nature 
fie  l'arbre  où  elle  vit  en  parasite. 

GENRES. 

Misodendron,  Banks. — Antidaphne,  Poep. 

—  Arceuthobium ,  Bieberst.  —  Viscum  ,  L. 

—  Tupeia  ,  Cham.  Schlecht.  —  Ginalloa  , 
Korth. — Loranthus  ,  L.  (  Helixanthera , 
Lour.  —  Scurrula,  Notanthera  et  Gaioden- 
dron,  Pon. — Lichtensteinia  ,  Wendl.  — 
Moquinia  ,  Spreng.  —  Spirostyles ,  Schult. 

—  Slrutanthus  ,  Phtirusa ,  Psittacanthus  , 
Tristerix  et  Dendrophtoe,  Mart.  —  Lepeoste- 
geres,  Elytranthe  et  Loxanthera,  Blum.)  — 
Nuytsia,  R.  Br.  —  ?  Schôpfla,  Schreb.  {Co~ 
donia,  Vahl  — Hœnkea,  R.  Pav.)  —  IDia- 
cœcarpium,  Blum.  (Ad.  J.) 

LORANTHE.  Loranthus (>SPov,  lanière; 
«vGo:,  fleur),  bot.  ph.  —  Grand  genre  qui 
donne  son  nom  à  la  petite  famille  des  Lo- 
ranthacées,  à  laquelle  il  appartient;  il  a  été 
rangé  par  Linné  dans  l'hexandrie  monogy- 
nie.  Le  nombre  des  espèces  qui  le  composent 
«si  très  considérable;  il  s'élevait  déjà  à 251, 
lors  de  la  révision  qui  en  fut  publiée  dans 
le  t.  IV  du  Prodrome  ;  mais  parmi  ce  grand 
nombre  de  plantes,  une  seule  arrive  en  Eu- 
rope, et  aucune  ne  se  distingue  par  une 


utilité  réelle.  Les  Loranthes  sont  tous  des 
arbrisseaux  rameuxetdichotomes,  qui  crois- 
sent pour  la  plupart  dans  les  régions  tropi- 
cales et  sous-tropicales,  dont  un  très  petit 
nombre  arrive  jusque  dans  les  contrées  tem- 
pérées; le  plus  souvent  ces  végétaux  s'im- 
plantent sur  la  tige  et  les  branches  d'autres 
végétaux,  aux  dépens  desquels  ils  vivent,  à 
la  manière  du  Gui,  et  par  suite,  en  para- 
sites ;  plus  rarement  ils  s'accrochent  simple- 
ment comme  le  Lierre  à  l'écorce  du  tronc  ei 
des  branches  de  vieux  arbres  ;  enfin,  dans 
un  très  petit  nombre  de  cas ,  ils  végètent 
dans  la  terre  isolément  et  par  eux  seuls. 
Leurs  feuilles  sont  opposées  ou  alternes» 
entières,  presque  toujours  épaisses,  plus  on 
moins  coriaces  ;  leurs  fleurs,  réunies  en  in- 
florescences diverses,  sont  de  couleur  verte, 
jaune  ou  orangée,  le  plus  ordinairement 
rouge.  Elles  sont  presque  toujours  herma- 
phrodites, mais  quelquefois  aussi  unisexuées 
par  l'effet  d'un  avortement;  chacune  d'elles 
est  accompagnée  de  1-3  bractées.  La  nature 
de  leurs  enveloppes  florales  peut  être  inter- 
prétée de  diverses  manières;  mais  ordinai- 
rement on  les  décrit  comme  consistant  :  en 
un  calice  dont  le  tube,  adhérent  à  l'ovaire, 
est  de  forme  ovoïde  ou  parfois  turlwnée, 
dont  le  limbe  est  court  et  réduit  à  une  sorte 
de  léger  rebord  circulaire,  entier  ou  denté; 
en  une  corolle  insérée  à  l'extrémité  du  ca- 
lice, tubulée,  formée  de  4  à  8  pétales  dis- 
tincts ou  plus  ou  moins  soudés  entre  eux. 
Les  étamines  de  ces  fleurs  sont  en  même 
nombreque  les  pétales,  et  leur  sont  opposées. 
L'ovaire  est  infère,  uni-loculaire;  il  ren- 
ferme un  seul  ovule;  il  est  surmonté  d'un 
seul  style,  que  termine  un  stigmate  simple. 
Le  fruit  est  une  baie  dont  le  sommet  est  nu 
ou  couronné  parle  limbe  du  calice  qui  per- 
siste. 

La  seule  espèce  sur  laquelle  nous  croyons 
devoir  dire  quelques  mots  est  le  Loranthb 
d'Europe,  Loranthus  europœus  Linn. ,  qui 
croît  sur  les  Châtaigniers  et  sur  les  Chênes, 
dans  l'Autriche,  la  Hongrie,  l'Italie,  la  Si- 
bérie, etc.  Il  forme  un  arbrisseau  très  rameui 
et  glabre  dans  ses  diverses  parties,  dont  le 
port  ressemble  beaucoup  à  celui  du  Gui  ; 
dont  les  feuilles  sont  opposées,  pétiolées, 
ovales-oblongues,  obtuses,  un  peu  rétrécies 
à  leur  base,  légèrement  veinées;  dont  les 
fleurs  sont  dioïques,  verdàtres.  Les  mâles 


LOR 


LOR 


445 


forment  des  grappes  terminales  ;  les  femelles 
sont  presque  en  épi.  Ces  fleurs  présentent  6 
pétales  et  6  étamines  dont  les  anthères  sont 
adnées.  Les  baies  de  cette  espèce  sont  ovoï- 
des, de  couleur  blanchâtre.  (P.  D.) 

*LORAX.  arachn.  —  M.  Heyden  désigne 
sous  ce  nom,  dans  le  journal  Ylsis,  une  nou- 
velle coupe  générique  de  l'ordre  des  Aca- 
riens, et  dont  les  caractères  n'ont  pas  encore 
été  publiés.  (H.  L.) 

*LORDOPS  (lopjo'ç,  courbe;  ^,  œil),  ins. 
—  Genre  de  Coléoptères  tétramères,  famille 
des  Curculionides  gonatocères,  division  des 
Cléonides,  établi  par  Schœnherr  (Disp.  rneth. , 
pag.  153;  Gen.  et  sp.  Curculion.,  tom.  II, 
pag.  268  ;  VI,  2e  part. ,  pag.  17  3).  L'auteur 
énumère  18  espèces,  qui  toutes  sont  origi- 
naires du  Brésil.  Nous  citerons  seulement 
les  suivantes  :  L.  Schœnherri,  Gyllenhalii , 
Daim.,  et  navicularis  Germ.  (C.) 

LORENTEA.  bot.  pu.  —  Lagasc,  syn. 
de  Pectis ,  Linn.  —  Orteg.,  syn.  de  Santi- 
valia,  Gualt.  —Genre  de  la  famille  des 
Ccinposées-Vernoniaeées,  établi  par  Lessing 
[in  Linnœa,  VI,  717).  Herbes  de  l'Améri- 
que tropicale.  Voy.  composées. 

*LOREYA  (nom  propre),  bot.  ph. — Genre 
de  la  famille  des  Mélastomacées-Miconiées , 
établi  par  De  Candolle  (  Prodr.,  III ,  178). 
Arbres  de  la  Guiane.  Voy.  mélastomacées. 

LORI.  ois.  —  Voy.  perroquet. 

LORiCAÏRE.  Loricaria.  polyp.  —  Voy. 

GÉMICELLAIRE. 

LORICAÏRE.  Loricaria  {lorum,  plaque). 
poiss.  —  Genre  de  l'ordre  des  Malacoptéry- 
giens  abdominaux,  famille  des  Siluroïdes  , 
établi  par  Linné,  et  remarquable  par  les 
plaques  anguleuses  et  dures  qui  couvrent 
entièrement  leur  corps  et  leur  tête.  Il  se 
distingue,  de  plus,  des  autres  Silures  cui- 
rassés (Callichtes,  Doras)  par  la  bouche  per- 
cée sous  le  museau. 

Lacépède  a  réparti  les  diverses  espèces  de 
ce  genre  en  deux  sections  (  ou  sous-genres) 
fondées  sur  quelques  différences  d'organisa- 
lion  extérieure.  La  première  comprend  les 
ï  or'.caires  proprement  dites  ,  qui  présentent 
pour  caractère  principal  une  seule  dorsale 
en  avant.  De  plus,  leur  voile  labial  est  garni 
sur  les  bords  de  plusieurs  barbillons,  et 
quelquefois  hérissé  de  villosités;  leur  ventre 
est  garni  de  plaques. 

Ce  sous-genre  renferme  9  espèces,  dont 


la  principale  est  la  Loricaire  cuirassée  ,  L. 
cataphracta  Linn.,  d'un  brun  olivâtre  clair, 
et  d'environ  0,30  centimètres  de  longueur. 
Elle  habite  la  Guiane. 

Le  second  sous  genre,  que  Lacépède 
nomme  Hypostome,  est  essentiellement  ca- 
ractérisé par  une  deuxième  petite  dorsale.  Le 
voile  labial  est  simplement  papilleux  ,  avec 
un  petit  barbillon  de  chaque  côté,  et  le  ven- 
tre est  dépourvu  de  plaques.  Quatre  espèces 
composent  cette  seconde  section  ;  la  plus 
commune  est  I'Hypostome  plécostome  (Lori- 
caria plecostomus  Linn.) ,  d'un  fauve  plus 
ou  moins  vif,  et  de  35  à  40  centimètres  de 
longueur.  Elle  habite  la  Guiane  et  la  Co- 
lombie. Les  créoles  de  cette  dernière  contrée 
l'appellent  Armadillo.  (J.) 

LORICERA  (Xwpov  ,  lanière;  xepaç ,  an- 
tenne), ins.  —  Genre  de  Coléoptères  penta- 
mères ,  famille  des  Carabiques ,  tribu  des 
Patellimanes  (  des  Callistites  de  Castelnau  ), 
créé  par  Latreille  {Gen.  Crust.  et  Ins.,  t.  I , 
pag.  224)  et  adopté  par  Dejean.  Ce  genre  ne 
renferme  qu'une  seule  espèce  :  la  L.  pili- 
cornis  de  Fab.,  Carabus  [L.  œneade  Lat.), 
qui  est  répandue  par  toute  l'Europe,  et  qui 
se  trouve  plus  particulièrement  dans  les  bois 
où  l'eau  a  séjourné  pendant  une  partie  de 
l'année.  Les  antennes  de  cet  insecte  sont 
assez  robustes  à  la  base ,  minces  à  l'extré- 
mité :  elles  sont  couvertes  de  longs  poils 
raides  ou  pubescents.  (C.) 

*LORIDINA.  mam.— Famille  de  Quadru- 
manes indiquée  par  M.  Gray,  et  comprenant 
les  genres  Loris  ,  Nycticebus,  etc.  Voy.  ces 
mots.  (E.  D.) 

LORIOT.  Oriolus.  ois.  —  Genre  de  l'or- 
dre des  Passereaux,  placé  par  les  uns  parmi 
les  Dentirostres;  par  les  autres,  parmi  les 
Conirostres;  par  d'autres  enfin,  parmi  les 
Omnivores.  Linné,  Gmelin  et  Latham  com- 
prenaientsous  le  nom  d'Oriolus  (Loriot)  une 
foule  d'espèces  qui  aujourd'hui  sont  disper- 
sées dans  neuf  sous-familles  appartenante 
trois  tribus  différentes  (celles  des  Coniros- 
tres, des  Dentirostres  et  des  Ténuirostres) , 
et  qui  sont  devenues  des  types  ou  des  re- 
présentants de  dix-sept  genres  distincts. 
Cependant  la  dénomination  particulière  de 
Loriot  a  été  conservée  à  celles  de  ces  espèces 
qui  ont  pour  caractères  :  un  bec  allongé,  con- 
vexe, robuste,  comprimé  vers  le  bout,  qui 
estéchancré  de  chaque  côté,  à  arête  enta- 


446 


LOR 


LOR 


mant  les  plumes  du  front;  des  narines  ova- 
les, percées  dans  une  membrane;  des  tarses 
courts,  robustes ,  fortement  dentelés ,  et  une 
queue  moyenne,  échancrée. 

Les  Loriots  ont  quelques  rapports  avec  les 
Merles,  dont  ils  se  distinguent  pourtant  par 
un  bec  plus  fort ,  des  tarses  plus  courts, 
des  ailes  plus  longues  en  proportion,  et  sur- 
tout par  leurs  mœurs.  Sous  ce  dernier  rap- 
port, et  surtout  eu  égard  à  leur  système  de 
coloration,  ils  paraissent  se  rapprocher  da- 
vantage des  Tisserins  ,  des  Garouges  ,  des 
Troupiales,  etc.,  à  côté  desquels  Vieillot 
tes  a  rangés  dans  la  même  famille. 

Les  mœurs  et  les  habitudes  de  la  plupart 
des  Loriots  exotiques  nous  sont  peu  ou  point 
connues;  mais,  à  en  juger  par  analogie,  il 
est  probable  qu'ils  ont  le  même  genre  de 
vie  que  l'espèce  que  nous  avons  en  Europe. 
Or,  faire  l'histoire  de  cette  dernière  sera 
en  quelque  sorte  faire  celle  du  genre. 

Le  Loriot  d'Europe,  que  l'on  trouve  ré- 
pandu dans  toutes  les  contrées  chaudes  de 
l'ancien  continent,  mais  qui  n'est  fixé  nulle 
part,  vit  particulièrement  sur  les  lisières  des 
grands  bois,  et  fréquente  le  bord  des  eaux, 
surtout  là  où  se  trouvent  de  grands  arbres. 
On  a  remarqué  qu'à  son  arrivée  au  printemps 
il  voyage  isolément ,  et  que  son  départ  se 
fait  en  familles.  C'est  à  peu  près  vers  la  fin 
d'avril  qu'il  commence  à  paraître  ,  et  c'est 
en  août  qu'il  nous  quitte.  On  dirait  qu'il 
vient  chez  nous  uniquement  pour  se  repro 
duire,  car  il  n'y  reste  que  le  temps  néces- 
saire à  l'accomplissement  de  cet  acte.  Cet 
Oiseau,  singulier  déjà  sous  ce  rapport,  l'est 
encore  plus  par  la  manière  dont  il  fait  son 
nid.  Ce  nid,  l'un  des  plus  curieux  que  nous 
rencontrions  en  Europe,  n'est  point  posé, 
comme  le  sont  en  général  ceux  des  autres 
Oiseaux,  à  l'enfourchure  des  branches  qui 
ont  une  direction  verticale  ;  il  est  au  con- 
traire construit  à  l'extrémité  de  celles  qui 
divergent  horizontalement,  et  il  est  con- 
struit de  façon  que  son  fond  ne  repose 
absolument  sur  rien.  On  ne  saurait  mieux 
le  comparer  qu'à  une  coupe  qui  serait 
fixée,  dans  une  certaine  étendue  de  ses 
bords ,  à  la  bifurcation  d'une  branche. 
C'est  ordinairement  sur  les  grands  arbres, 
tels  que  les  Chênes,  les  Peupliers,  etc.,  que 
le  Loriot  établit  son  nid.  Sa  ponte  est  de 
quatre  à  six  œufs  blancs ,  tachés  de  quel- 


ques gros  points  d'un  brun  noirâtre.  Le 
terme  de  l'incubation  est  de  douze  à  quinze 
jours.  On  a  prétendu  que  l'attachement  de 
cet  oiseau  pour  ses  petits  était  tel,  qu'il  les 
défendait  avec  intrépidité  contre  l'homme 
même,  ce  qui  est  un  peu  empreint  d'exagé- 
ration. 

Le  Loriot  vit  en  famille  jusqu'à  son  dé- 
part. Dans  quelques  pays,  on  croit  assez  gé- 
néralement que  son  apparition  au  printemps 
est  un  indice  de  la  cessation  des  gelées. 

Sa  nourriture  consiste  en  insectes,  en 
larves,  en  chenilles  et  en  fruits  de  plusieurs 
sortes.  Ceux  qu'il  affectionne  beaucoup  sont 
les  cerises,  les  mûres  et  les  figues.  Cette 
dernière  nourriture  donne  à  sa  chair  un 
goût  fin  et  délicat  :  aussi  est-il  recherché 
comme  gibier  à  l'époque  où  ces  fruits  sont 
en  maturité.  Dans  l'Archipel  et  en  Egypte, 
on  fait  la  chasse  au  Loriot  au  moment  de  ses 
migrations  d'automne.  En  France,on  en  tue 
beaucoup  au  moment  où  les  cerises  sont 
mûres.  Attiré  par  ces  fruits,  dont  il  est  très 
friand,  il  devient  aisément  la  proie  du 
chasseur.  On  peut  encore  attirer  cet  oiseau 
à  soi  et  à  portée  de  l'abattre,  en  imitant 
son  chant;  mais  pour  cela  il  faut  que  l'imi- 
tation soit  parfaite;  car  le  Loriot,  étant  très 
farouche  et  fés  défiant  de  son  naturel,  fuit 
le  cri  d'appel  mal  rendu  qui  lui  cache  un 
piège.  Ce  cri  est  un  sifflement  deux  ou  trois 
fois  répété  qui  semble  exprimer  :  o  hyou, 
hyou,  hyou.  Parfois  aussi  il  fait  entendre  des 
sons  durs,  qui  n'ont  rien  de  bien  agréable,  et 
qui  ressemblent  plutôt  au  miaulement  du 
Chat  qu'au  cri  d'un  oiseau. 

Il  est  très  difficile  de  pouvoir  conserver 
longtemps  le  Loriot  en  captivité.  Bechstein 
prétend  qu'il  n'y  vit  pas  plus  de  trois  ou 
quatre  mois  :  cependant  on  cite  des  indivi- 
dus qui  ont  vécu  en  cage  au-delà  d'une 
année. 

Le  genre  Loriot  n'a  point  de  représen- 
tant en  Amérique;  du  moins  aucune  des  es- 
pèces actuellement  connues  n'appartient  à 
cette  partie  du  monde.  L'Europe,  l'Afrique, 
les  Grandes-Indes  et  l'Australasie  sont  jus- 
qu'ici les  seules  contrées  où  on  ait  rencontré 
des  Loriots.  Tous  sont  remarquables  par  les 
couleurs  franches  et  agréables  qui  les  pa- 
rent. 

Quelques  auteurs  ont  retiré  vers  ces  der- 
niers temps  quelques  unes  des  espèces  qu« 


LOR 

les  ornithologistes  modernes  plaçaient  dans 
le  g.  Loriot,  pour  en  faire  les  sujets  de  di- 
visions nouvelles.  De  ce  nombre  sont  l'Or. 
aureus  et  l'Or,  rigens,  pour  lesquels  Swain- 
son  a  fondé  le  g.  Séricule,  etVOr.viridis, 
dont  MM.  Vigors  et  Horsfield  ont  fait  leur 
g.  Mimeta  (Mimetes,  King).  Pour  ne  pas  trop 
multiplier,  sans  utilité  reconnue,  le  nombre 
«les  coupes  dont  un  groupe  d'oiseaux  est 
susceptible,  nous  rendrons  ces  espèces  au  g. 
Loriot,  dont  ils  ont  fait  partie,  et  dont  ils 
font  encore  partie  pour  quelques  métho- 
distes. 

1.  Le  type  du  g.  Oriolus  est  le  Loriot 
d'Europe,  Or.  galbula  Linn.  (Buff.,  pi.  enl.f 
26  ).  Tout  le  plumage  des  vieux  mâles  d'un 
beau  jaune,  avec  une  tache  entre  l'œil  et  le 
bec,  les  ailes  et  la  queue  noires;  femelles 
d'un  vert  olivâtre  en  dessus,  d'un  blanc  sale, 
avec  des  taches  brunes  en  dessous.  Habite 
l'Europe  et  l'Inde ,  où  il  est  connu  sous  le 
nom  de  Mandgel-Sitou. 

2.  Le  Loriot  couliavan,  Or.  chinensis 
Gmel.,  Or.  hippocrepis  Wagl.  5  (Buff.,  pi. 
enl.t  570,  sous  le  nom  de  Couliavan).  Front 
et  ailes  noirs,  tout  le  reste  du  plumage 
jaune.  Habite  la  Chine,  la  Cochinchine  et 
les  îles  de  la  Sonde. 

3.  Le  Loriot  bicolore  ou  Loridor,  Or.  bi- 
color  Temm. ,  Or.  auratus  Vieill.  (Levaill., 
Ois.  d'Afr.,  p.  260).  Ne  diffère  du  Loriot 
d'Europe  que  par  un  trait  noir  qui  passe  sur 
l'œil  et  s'avance  vers  l'occiput.  Habite  la 
Sénégambie,  le  cap  de  Bonne -Espérance,  la 
Gafrerie  et  probablement  la  Chine. 

4.  Le  Loriot  a  masque  noir  ,  Or.  mona- 
chus  Wagl.  7  ,  Or.  radiatus  Gm.  (Temm., 
pi.  col. ,  livr.  54).  Tête  et  devant  du  cou 
jusqu'à  la  poitrine  noirs  ;  dessus  du  corps 
d'un  jaune  verdâtre,  dessous  jaune  ;  grandes 
couvertures  des  ailes  terminées  de  blanc. 
Habite  le  cap  de  Bonne-Espérance,  la  Séné- 
gambie et  l'Abyssinie. 

5.  Le  Loriot  a  tète  noire,  Or.  melanoce- 
phalus  Gmel.  (  Buff. ,  pi.  enl. ,  79  ,  sous  le 
nom  de  Loriot  de  la  Chine,  et  Levaill.,  Ois. 
d'Afr.,  pi.  263  ,  sous  celui  de  Loriot  rieur). 
Tête  et  gorge  noirs  ;  dessus  du  corps  jaune  ; 
grandes  couvertures  des  ailes  unicolores. 
Habite  l'Inde  orientale  ,  le  cap  de  Bonne- 
Espérance,  le  Bengale  et  la  Chine. 

6.  Le  Loriot  a  ventre  blanc,  Or.  xantho- 
notus  Horsf. ,  Or.  leucogaster  Temm.  {pi. 


LOR 


447 


col. ,  214,  f.  1).  Tête ,  cou  ,  ailes  et  queue 
noirs  ;  ventre  blanchâtre  tacheté  de  noir  ; 
tout  le  reste  du  plumage  jaune.  Habite  Java,  j 

7.  Le  Loriot  verdâtre,  Or.  viridis  Vieil., 
Wagl.,  esp.  6.  Tout  le  dessus  du  corps  d'un  ; 
gris  verdâtre  strié  de  noir;  tout  le  dessous 
blanc,  également  strié  de  noir.  Habite  la  1 
Nouvelle-Hollande.  j. 

Cette  espèce  est  le  type  du  g.  Mimeta  de^ 
MM.  Vigors  et  Horsfield. 

Les  deux  espèces  suivantes  ont  été  distin- 
guées des  Loriots  sous  le  nom  de  Séricule 
(Sericulus).  Elles  sont  remarquables  par  les 
plumes  veloutées  du  dessus  de  la  tête,  ce 
qui  leur  donne,  si  je  puis  ainsi  dire,  un  air 
de  famille  avec  les  Oiseaux  de  Paradis. 

8.  Le  Loriot  prince-régent  ,  Or.  regens 
Quoy  et  Gaim.  (  ZooL  de  l'Ur.,  pi.  22), 
Série,  chrysocephalus  Swains.  Ce  bel  oiseau, 
représenté  dans  l'Atlas  de  ce  Dictionnaire  , 
oiseaux,  pi.  20,  est  d'un  noir  soyeux  ma- 
gnifique ,  avec  des  plumes  veloutées  et  bril- 
lantes d'un  beau  jaune  orangé  sur  la  tête  et 
le  cou,  et  une  grande  tache  de  même  cou- 
leur sur  l'aile.  Habite  la  Nouvelle-Galles  du 
Sud. 

9.  Le  Loriot  de  Paradis,  Or.  aureus  Gm. 
Ser.  aurantiacus  Less.  (Levaill.,  Ois.  de  Pa- 
radis, pi.  18).  Cou  et  poitrine  orangé  vif; 
dessus  et  dessous  du  corps  d'un  beau  jaune 
d'or;  gorge  d'un  noir  intense  ;  ailes  et  queue 
noires.  Habite  la  Nouvelle-Guinée.   (Z.  G.) 

LORIOTS,  ois.  —  M.  Lesson  a  établi 
sous  ce  nom,  dans  l'ordre  des  Passereaux, 
une  famille  à. laquelle  il  donne  pour  unique 
représentant  le  genre  Loriot.         (Z.  G  ) 

LORIPÈDE.  Loripes  (lorum,  plaque; 
pes ,  pied),  moll.  — Poli  a  proposé  ce  genre 
dans  son  grand  ouvrage  (Testacés  des  Deux- 
Siciles)  pour  un  Mollusque  bivalve  fort  re- 
marquable par  la  forme  de  son  pied.  Depuis, 
les  zoologistes,  Lamarck  et  nous-même  avons 
reconnu  dans  le  Mollusque  en  question  une 
espèce  de  Lucine.  Voy.  ce  mot.     (Desh.) 

LORIS.  Loris,  mam.  —  Genre  de  Qua- 
drumanes de  la  famille  des  Lémuriens,  créé 
par  Et.  Geoffroy~Saint-Hilaire(Ma#.  ency., 
VII,  1796)  et  ne  comprenant  qu'une  espèce 
bien  distincte  qui  avait  été  placée  ancien- 
nement avec  les  Makis  sous  la  dénomination 
de  Lemur  gracilis  ;  d'autres  espèces  avaient 
été  également  réunies  au  Loris  grêle,  mais 
Et.  Geoffroy-Saint-Hilaire  les  en  a  distin- 


448 


LOR 


LOR 


guées  génériquement  sous  ie  nom  de  Nycti- 
cebus  {voy.  ce  mot). 

Daubenton,dans  l'Histoire  naturelle  géné- 
rale et  particulière  de  Buffon  (t.  XII,  pi. 
30,  31  et  32),  a  le  premier  fait  connaître  les 
Loris  et  a  donné  des  détails  intéressants  sur 
leur  organisation;  Audebert  (Hist.  nat.  des 
Loris),  Seba  (Thés.  t.  I,  f.  25),  Fischer 
(Anat.  des  Makis,  pi.  7,  8,  9  et  18),  Fr.  Cu- 
vier  (Dents  des  Mamm.  et  Dict.  se.  nat) , 
MM.  Geoffroy-Saint-Hilaire  père  et  fils 
(Mag.  encycl.  et  Dict.  clas.),  et  enfinM.de 
Blainville  (Ostéographie,  fascicule  des Lémur). 
ont  donné  des  matériaux  nombreux  tant  sur 
l'histoire  naturelle  que  sur  l'organisation  du 
groupe  des  animaux  qui  nous  occupe. 

Les  Loris  ressemblent  aux  Makis  par 
les  formes  générales  du  corps,  mais  leurs 
proportions  sont  plus  sveltes ,  plus  grê- 
les ;  la  tête  des  Loris  est  plus  ronde  que 
celle  des  Makis;  le  museau  des  premiers 
est  moins  saillant  que  celui  des  seconds,  et 
enfin  ils  sont  tout-à-fait  privés  de  queue, 
tandis  qu'il  y  en  a  encore  une  chez  les  Le- 
mur  proprement  dits.  Les  dents  des  Loris 
ressemblent  beaucoup  à  celles  des  Galagos, 
et  elles  sont  au  nombre  de  trente-six  en 
tout  :  quatre  incisives  supérieures,  pointues 
et  rudimentaires,  séparées  en  deux  faisceaux 
par  un  espace  vide,  et  trois  incisives  infé- 
rieures longues  et  couchées  en  avant:  les 
canines  sont  en  même  nombre  que  chez  les 
autres  Lémuriens;  la  canine  inférieure 
reste  en  arrière  de  la  supérieure  au  lieu  de 
passer  en  avant,  comme  cela  a  lieu  d'ordi- 
naire; mais  ce  fait  se  remarque  aussi  chez 
quelques  espèces  de  Lémuriens;  il  y  a  six 
molaires  de  chaque  côté  à  la  mâchoire  su- 
périeure et  cinq  à  l'inférieure.  Les  membres 
sont  très  longs  et  très  grêles;  ils  sont  tous 
pentadactyles  et  terminés  par  une  véritable 
main  ,  c'est-à-dire  qu'ils  ont  tous  le  pouce 
distinct  et  opposable  aux  autres  doigts.  Les 
ongles  sont  tous  larges  et  plats,  excepté 
celui  du  second  doigt  du  membre  postérieur, 
qui  est  étroit,  pointu  et  arqué,  caractère 
que  l'on  retrouve  chez  les  Makis.  Les  yeux 
sont  grards  ,  les  narines  ouvertes  sur  les 
deux  côtés  d'un  mufle  glanduleux  et  relevé; 
l'oreille  externe  a  dans  son  intérieur  trois 
oreillons,  deux  dans  son  milieu ,  l'un  au- 
dessus  de  l'autre,  et  le  troisième  près  de  son 
bord  postérieur. 


L'organisation  interne  des  Loris  est  assez 
bien  connue  aujourd'hui.  Les  vertèbres  dor- 
sales sont  au  nombre  de  quinze,  et  les 
lombaires  de  neuf.  Les  mamelles  sont  au 
nombre  de  quatre:  deux  pectorales  et  deux 
inguinales.  Ce  fait  est  à  signaler,  car  au- 
cun autre  quadrumane  n'a  de  mamelles 
inguinales.  Une  particularité  remarquable, 
observée  d'abord  par  Daubenton,  et  quia  été 
revue  dans  ces  derniers  temps,  en  Angle- 
terre, par  MM.  Martin  et  Carliste,  existe 
dans  les  organes  génitourinaires  de  la  fe- 
melle ;  en  effet,  le  clitoris  est  très  allongé, 
velu  à  son  extrémité,  et  perforé  dans  toute 
sa  longueur  par  le  canal  de  l'urètre,  comme 
l'est  le  pénis. 

Une  seule  espèce,  comme  nous  l'avons  dit, 
entre  dans  ce  groupe:  c'est  le  Loris  grêle, 
Lemur  gracilis  Auct.,  le  Loris  de  Buffon,  Au- 
debert; Tardigradus,  Séba.  Le  poil  est  doux, 
fin  et  d'une  apparence  laineuse,  comme  le 
poil  des  Makis.  Le  tour  des  yeux  est  roux  ;  les 
côtés  du  front,  le  sommet  de  la  tête,  les 
oreilles,  le  dessus  et  les  côtés  du  cou,  le 
garrot,  les  épaules  ,  la  face  externe  du  bras 
et  du  coude,  le  dos,  la  croupe,  les  côtés 
du  corps,  la  face  externe  des  cuisses  et  des 
jambes,  sont  roussâtres,  l'extrémité  des 
poils  étant  de  cette  couleur,  tandis  que  le 
reste  est  cendré  jaunâtre.  On  remarque  au 
milieu  du  front  une  tache  blanche  qui  s'é- 
tend sur  le  chanfrein  entre  les  deux  yeux  ; 
le  bout  du  museau,  les  côtés  de  la  tête, 
la  mâchoire  inférieure,  le  dessous  du  cou, 
sont  blanchâtres;  la  poitrine  et  le  ventre 
sont  d'un  gris  blanc,  ainsi  que  la  face  in- 
terne des  membres,  où  le  gris  est  mélangé 
d'une  légère  teinte  jaunâtre.  La  taille  du 
Loris ,  depuis  le  bout  du  museau  jusqu'à 
l'anus,  est  de  7  pouces  et  demi,  et  la  lon- 
geur  de  sa  tête,  de  l'occiput  au  haut  du 
museau ,  est  d'environ  2  pouces. 

Le  Loris  est  un  animal  nocturne  ;  ce  n'est 
que  le  soir  et  la  nuit  qu'il  sort  de  sa  re- 
traite, tandis  qu'il  se  repose  pendantlejour. 
Sa  démarche  est  lente.  Il  se  nourrit  deeufs, 
d'insectes  et  de  fruits. 

11  habite  l'île  deCeylan. 

M.  Fischer  a  désigné  sous  ce  nom  de  Loris 
ceylanicus  un  autre  mammifère  du  même 
pays  que  le  Loris  grêle,  et  qui  n'en  diffère 
que  très  peu  et  n'en  est  très  probablement 
qu'une  variété.  (E.D.) 


LOT 


LOT 


449 


LOROGLOSSUM  ,  L.-C.  Rich.  bot.  ph. 
—  Syn.  d'Aceras  ,  R.  Br. 

LORUM.  ois.  —  Nom  donné  par  Illiger 
à  une  bande  dépourvue  de  plumes  ou  colo- 
rée ,  qui,  chez  certains  oiseaux,  s'étend  de- 
puis la  racine  du  bec  jusqu'à  l'œil. 

LOSET.  moll.  —  Le  Loset  d'Adanson  est 
une  petite  coquille  subfusiforme  dont  le 
genre  nous  paraît  incertain.  Cependant  c'est 
des  Fuseaux  qu'elle  se  rapproche  le  plus. 
Gmelin  l'a  inscrite  sous  le  nom  de  Murex 
fusifnrmis.  Voy.  fuseau.  (Desh.) 

LOTE.  Lola,  roiss.  —  Genre  de  l'ordre 
(\es  Malacoptérygiens  subbrachiens  ,  famille 
des  Gadoïdes,  établi  par  Cuvier  {Règ.  anim.y 
t.  II,  p.  333),  et  qui,  aux  caractères  des 
Gades  proprement  dits  {voy.  ce  mot),  joi- 
gnent deux  nageoires  dorsales,  une  anale, 
et  des  barbillons  plus  ou  moins  nombreux. 
Deux  espèces  entrent  dans  ce  genre  :  la  Lin- 
gue ou  Morue  longue  (  Gadus  molua  L.  ) , 
aussi  abondante  que  la  Morue  ,  et  qui  se 
conserve  aussi  facilement.  C'est  un  poisson 
de  1  mètre  à  1  mètre  50  centimètres  de  lon- 
gueur, d'une  couleur  olivâtre  en  dessus,  ar- 
gentée en  dessous.  La  Lote  commune  ou  de 
iuvière  {Gadus  lola  L.),  longue  de  35  à  65 
centimètres  ,  jaune,  marbrée  de  brun.  C'est 
le  seul  poisson  de  ce  genre  qui  remonte  assez 
avant  dans  les  eaux  douces.  On  estime  fort 
sa  chair  et  surtout  son  foie,  qui  est  singu- 
lièrement volumineux.  (J.) 

LOTÉES.  Loteœ.  bot.  ph.  —  Tribu  des 
Papilionacées,  dans  les  Légumineuses.  Voy. 
ce  mot,  (Ad.  J.) 

LOTIER.  Lolus.  bot.  th.  —  Genre  de 
plantes  de  la  famille  des  Légumineuses-Pa- 
pilionacées,  de  la  diadelphie  décandrie,  dans 
le  système  sexuel  de  Linné.  11  comprend  au- 
jourd'hui plus  de  50  espèces ,  qui  habitent 
pour  la  plupart  les  parties  tempérées  de 
l'ancien  continent.  Ce  sont  des  plantes  her- 
bacées ou  sous- frutescentes,  dont  les  feuilles 
sont  corn posées-trifoliolées,  accompagnées  de 
stipules  foliacées.  Leurs  fleurs  sont  portées, 
au  nombre  de  i-10,  à  l'extrémité  d'un  pé- 
doncule axillairc ,  et  accompagnées  d'une 
feuille  florale;  leur  couleur  est  ordinaire- 
ment jaune,  quelquefois  blanche  ou  rose, 
très  rarement  brune.  Elles  présentent  un 
calice  tubuleux,  5-fide;  une  corolle  papi- 
lionacée  dont  les  ailes  égalent  presque  en 
longueur  l'étendard,  dont  la  carène  se  ter- 
t.  vu. 


mine  en  bec  ;  leur  style  est  droit  ;  leur  stig- 
mate subulé.  Le  fruit  est  un  légume  cylin- 
drique ou  comprimé  sur  les  côtés,  mais  tou- 
jours dépourvu  de  membranes  marginales 
ou  d'ailes.  Tel  qu'il  vient  d'être  caractérisa, 
le  genre  Lotier  ne  correspond  qu'à  une  por 
tion  du  genre  établi  par  Linné  sous  le  nom 
de  Lotus;  en  effet,  celles  des  espèces  lin- 
néennes  dont  le  légume  est  bordé  de  quatre 
membranes  longitudinales  ou  de  quatre 
ailes,  ont  été  détachées  par  Scopoli  pour 
former  le  genre  Tetragonolobus  :  tels  sont 
nos  Lotus  tetragonolobus,  siliquosus  eteonju- 
galus  Lin.,  qui  forment  aujourd'hui  les  Te- 
tragonolobus purpureus  Mœnch  ,  siliquosus 
Roth  ,  et  conjugatus  Seringe.  D'un  autre 
côté,  les  espèces  distinguées  surtout  par  des 
ailes  notablement  plus  courtes  que  l'éten- 
dard, par  une  carène  non  prolongée  en  bec, 
par  un  stigmate  capité,  constituent  le  genre 
Dorycnium ,  qui  avait  été  proposé  primiti- 
vement par  Tournefort  {voy.  dorycnium). 
Tels  sont  entre  autres  nos  Lotus  Dorycnium , 
rectus,  hirsutus,  etc.,  Lin.,  qui  forment  au- 
jourd'hui les  Dor.  suffruticosum  V 'ill.,  rec- 
tum Ser. ,  et  hirsutum  Ser.  Parmi  les  espèces 
qui  restent  dans  le  g.  Lotus  ainsi  restreint, 
nous  ne  signalerons  que  les  deux  suivantes  : 
1.  Lotier  corniculé,  Lotus  corniculatus 
Linn.  L'une  des  plantes  les  plus  vulgaires 
dans  les  lieux  herbeux  et  dans  les  prés.  Sa 
tige  est  couchée  ,  rameuse  ;  ses  folioles  sont 
obovales  ou  linéaires ,  glabres  ou  pileuses  ; 
ses  stipules  sont  ovales;  ses  bractées  lan- 
céolées ou  linéaires;  ses  pédoncules,  beau- 
coup plus  longs  que  les  feuilles,  portent  à 
leur  extrémité  8  ou  10  fleurs.  Celles-ci, 
d'un  jaune  doré,  prennent,  parla  dessicca- 
tion, une  teinte  verte.  Les  légumes  qui  leur  ' 
succèdent  sont  raides,  droits,  cylindriques. 
Cette  espèce  est  très  polymorphe ,  et  forme 
ainsi  plusieurs  variétés  distinctes  qui  sont  . 
généralement  en  rapport  avec  les  divers 
lieux  où  la  plante  s'est  développée.  C'est 
ainsi,  par  exemple,  que  dans  les  endroits 
secs  des  bords  de  la  mer,  ses  feuilles  devien- 
nent presque  charnues  et  pileuses,  prenant 
par  là  les  caractères  généraux  qui  distin- 
guent la  végétation  littorale;  que,  sur  les 
montagnes,  ses  tiges  et  ses  feuilles  se  rédui- 
sent à  de  très  faibles  dimensions  ,  etc.  Le 
Lotier  corniculé  fournirait  un  fourrage  ex- 
cellent, et  devrait  occuper  une  place  distin* 

57 


450 


LOT 


guée  dans  la  culture  fourragère,  si  sa  graine 
était  plus  abondante  et  plus  facile  à  recueil- 
lir; les  bestiaux  le  mangent  avec  plaisir; 
de  plus ,  sa  facilité  à  croître  dans  des  sols 
très  divers,  et  même  dans  des  lieux  secs , 
lui  donnerait  un  nouveau  prix  ;  mais  la  dif- 
ficulté que  nous  venons  de  signaler  ne  per- 
mettra guère  ,  selon  toute  apparence,  de  le 
cultiver  avantageusement. 

2.  Lotier  de  Saint- Jacques  ,  Lolus  Jaco- 
oœus  Linn.  Cette  jolie  espèce  est  originaire 
de  l'île  de  Saint-Jacques  (Afrique)  ;  on  la 
cultive  souvent  dans  les  jardins  à  cause  de 
ses  jolies  fleurs  brunes.  Sa  tige  est  sous- 
frutescente,  et  s'élève  à  8  ou  10  décimètres  ; 
ses  feuilles  et  ses  stipules  sont  légèrement 
glauques  ,  linéaires  ou  linéaires-spathulées, 
pubescentes ,  mucronées  au  sommet;  ses 
fleurs  se  développent  pendant  tout  l'été  et 
une  partie  de  l'automne;  elles  sont  réunies 
au  nombre  de  3  à  5  à  l'extrémité  d'un  pé- 
doncule commun  plus  long  que  la  feuille,  à 
l'aisselle  de  laquelle  il  se  trouve.  Le  légume 
qui  leur  succède  est  cylindrique  et  glabre. 
Cette  espèce  demande  une  terre  légère  et 
une  exposition  chaude;  elle  est  d'orangerie. 
On  en  possède  une  variété  à  fleurs  mordorées. 

Une  espèce  annuelle  des  parties  les  plus 
méridionales  de  l'Europe  et  d'Egypte,  le 
Lotier  comestible,  Lotus  edulis  Linn.,  donne 
des  légumes  tendres  ,  d'une  saveur  douce 
qui  ressemble  à  celle  des  petits  Pois  ;  ils 
servent  d'aliment  dans  certains  pays.  Bosc 
avait  conseillé  de  la  cultiver  pour  la  nour- 
riture des  bestiaux.  (P.  D.) 

LOTOIRE.  Lotorium.  moll. — Genre  inu- 
tile proposé  par  Montfort,  dans  sa  Conchy- 
liologie systématique,  pour  quelques  espèces 
de  Tritons,  tels  que  \e Lotorium,  etc.  Voy. 
triton.  (Dbsh.) 

LOTOIVONIS.  bot.  pu.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Papilionacées-Lotées,  établi  par 
E.  Meyer  (Msc.  ex  Ecklon  et  Zeyher  Enum. 
plant.,  174).  Arbrisseaux  du  Cap.  Voy.  pa- 
pi  lion  a  ce  es. 

LOTOR.    MAM.  —  Voy.  BATON. 

LOTOS,  bot.  —  Les  anciens  désignaient 
sous  ce  nom  quelques  espèces  de  plantes, 
dont  la  plupart  ont  pu  être  déterminées  de 
nos  jours  d'une  manière  positive.  Ainsi  le  Lo- 
tos des  Lotophages  a  été  reconnu  pour  le  Zi- 
syphus  Lotus  La  m.  {voy.  jujubier),  et  les 
trois  Lotos  du  Nil  ont  été  retrouvés  dans  le 


LOU 

Nelumbium  speciosum  Willd. ,  et  dans  les 
Nymphœa  Lotus  Lin.  et  cœrulea Savig.  Voy., 
pour  ces  trois  derniers,  les  mots  nelumbo  el 

NYMPILEA.  (P.    D.) 

LOTTE,  poiss.  —  Voy.  lote. 

LOTTTA,  Gr.  moll.  —  Syn.  de  Patel- 
Ioïde,  Quoy  et  Gaim. 

LOTUS,  bot.  ph.  —  Voy.  lotier. 

LOUICIIEA  ,  Hérit.  bot.  pu.  — Syn.  de 
Pteranihus,  Forsk. 

LOUP,  mam. —  Espèce  du  g.  Chien.  Voy. 
ce  mot.  (E.  D.) 

LOUP  MARIN,  mam.— Nom  donné  quel- 
quefois au  Phoque.  Voy.  ce  mot.    (E.  D.) 

LOUREA.  bot.  pu.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Papilionacées-Hédysarées ,  établi 
par  Necker  (  Elém.  Dot.,  n.  1318).  Plantes 
de  la  Cochinchine  et  des  lies  de  l'archipel 
Indien.  Voy.  papilionacées. 

L0URE1RA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 
Caran.,  syn.  de  Moginna,  Orteg.  —  Genre 
delà  famille  des  Burséracées?,  établi  par 
Meisner  (Gen.  comm.,  53).  Arbustes  de  la 
Cochinchine. 

LOUTRE.  Luira,  mam. —  La  Loutre  et 
quelques  Mammifères  ayant  avec  elle  de 
grandes  analogies  ont  formé  depuis  Bris- 
son  l'un  des  genres  les  plus  naturels  de  l'or- 
dre des  Carnassiers,  tribu  des  Digitigrades, 
famille  des  Musteliens.  Les  Loutres  sont 
des  carnassiers  qu'on  distingue  facilement 
de  tous  les  autres  :  outre  leur  naturel  aqua- 
tique, ils  tirent  de  leur  tête  large  et  plate, 
de  leur  corps  épais  et  écrasé,  de  leurs 
jambes  courtes ,  de  leurs  pieds  palmés,  une 
physionomie  générale  qui  ne  permet  de  les 
confondre  avec  aucune  des  espèces  que  leur 
organisation  en  rapproche  le  plus. 

Les  principaux  caractères  des  Loutres 
sont  les  suivants.  Leur  système  dentaire  est 
celui  des  Muslela,  modifié  par  le  grand  dé- 
veloppement de  la  partie  de  ce  système  qui 
a  pour  objet  de  triturer  les  aliments  et  non 
de  les  couper,  c'est-à-dire  que  ce  dévelop- 
pement caractérise  des  animaux  moins  car- 
nas.«>iers  et  plus  frugivores  que  les  Martes  : 
les  Loutres  ont  six  incisives  à  chaque  mâ- 
choire; les  fausses  molaires  sont  au  nom- 
bre de  trois  supérieurement  et  de  quatre 
inférieurement  ;  en  avant  et  à  chaque  mâ- 
choire il  y  a  une  carnassière,  dont  la  su- 
périeurea  un  fort  talon,  etl'inférieure  un  tu- 
bercule à  la  face  interne,  et  enfin  une  tuber. 


LOU 


LOU 


4SI 


culeuse  de  la  mâchoire  supérieure  estremar- 
quable  par  sa  longueur.  Les  membres  sont 
d'une  extrême  brièveté;  les  pieds  ont 
cinq  doigts  allongés,  armés  d'ongles  courts, 
reployés  en  gouttières  et  réunis  jusqu'aux 
ongles  par  une  large  et  forte  membrane, 
qui ,  aux  pieds  postérieurs,  déborde  un  peu 
le  bord  du  doigt  externe  ;  la  paume  est  nue, 
garnie  au  milieu  d'un  large  tubercule  à 
quatre  lobes:  la  plante,  aux  membres  pos- 
térieurs, est  nue  à  sa  partie  antérieure,  et  le 
talon  est  entièrement  recouvert  de  poils.  La 
queue  est  revêtue  de  poils;  elle  est  courte, 
cylindrique  et  terminée  en  pointe.  Le  corps 
est  très  allongé,  et  l'animal  est  comme  ver- 
miforme.  Les  poils  sont  de  deux  sortes:  les 
uns  rugueux,  luisants,  assez  longs, de  couleur 
brune  en  général  ;  les  autres  laineux,  plus 
courts,  plus  abondants,  plus  Ons,  ordi- 
nairement de  couleur  grise.  Chez  quelques 
espèces  le  pelage  est  rude;  mais  dans  !e 
plus  grand  nombre  la  fourrure  est  douce, 
fine,  et  pour  cela  est  recherchée  dans  l'art 
de  la  pelleterie.  Quelques  poils  longs, 
blanchâtres,  forment  les  moustaches.  Les 
sens,  excepté  celui  de  l'odorat,  paraissent 
être  obtus.  La  langue  est  douce. 

L'ostéologie  des  Loutres  a  occupé  plu- 
sieurs zoologistes,  et  nous  citerons  particu- 
lièrement Daubenton  ,  dans  l'histoire  natu- 
relle de  Buffon  ,  G.  Cuvier,  Steller,  Everard 
Home  et  M.  Martin  ;  et  enfin  assez  récem- 
ment M.  de  Blainville  (Osléographie,  fasci- 
<ule  des  Mustela)  a  donné  la  monographie  os- 
Géologique  complète  de  ces  animaux.  Les 
vertèbres  sont  au  nombre  de  56,  savoir  :  7 
cervicales,  14  dorsales,  6  lombaires,  3  sa- 
crées et  26  coceygiennes.  Les  vertèbres  cer- 
vicales sont  en  général  plus  courtes  que 
dans  la  Fouine;  les  coceygiennes,  également 
plus  courtes ,  décroissent  moins  rapidement; 
en  outre  elles  sont  beaucoup  plus  épaisses 
et  plus  robustes.  L'os  hyoïde  a  son  corps 
large  et  plat.  Le  sternum  n'est  formé  que 
de  dix  sternèbres.  Les  côtes,  au  nombre  de 
16,    sont   presque  contournées  en  S,  fort 

!  allongées,  très  plaies  inférieurement.  Les 
membres  sont  courts  et  distants.  Les  anté- 
rieurs sont  pourvus  d'une  clavicule  très 
grêle,  d'une  omoplate  courte  et  large,  d'un 
humérus  robuste,  court,  fortement  courbé 
en  deux  sens  contraires;  d'un  radius  et  d'un 
cubitus  également  fort  courts,    robustes, 


tourmentés,  accentués  par  des  crêtes  d'inser- 
tions musculaires  très  prononcées;  d'une  main 
égale  en  longueur  à  l'humérus  etqui  présente 
un  carpe  formé  d'os  très  petits,  surtout 
le  pisiforme,  ainsi  que  les  métacarpiens  e 
les  phalanges.  Les  membres  postérieurs  sont 
aussi  robustes,  du  moins  dans  les  deux 
premières  parties;  l'os  innominé  est  mé- 
diocre; le  fémur,  un  peu  plus  long: 
l'humérus  est  court  et  large  à  ses  deux 
extrémités;  le  tibia  est  plus  long,  un 
peu  tordu;  le  péroné  est  grêle  et  terminé 
en  spatule  presque  également  à  ses  deux 
extrémités;  le  pied,  un  peu  plus  long  que 
la  main,  est  large  et  épais,  surtout  1$ 
tarse.  Quelques  différences  dans  le  système 
ostéologique  de  diverses  espèces  de  Loutres 
ont  été  signalées  par  M.  de  Blainville.  La 
forme  du  crâne  varie  un  peu  ;  mais  ,  en 
général ,  la  tête,  osseuse,  est  large,  la  face 
est  très  courbe  et  la  boîte  crânienne  très 
déprimée.  Les  vertèbres  dorsales,  au  nom- 
bre de  14  dans  la  Loutre  commune,  ne  sont 
plus  qu'à  celui  del3dansla  Loutre  marine, 
et  les  côtes  ne  sont  également  qu'au  même 
nombre  de  13.  D'autres  différences  dans  le 
nombre  relatif  des  diverses  vertèbres  ont 
été  observées  dans  les  Loutres  sans  ongles 
du  Brésil,  du  Kamtschatka ,  etc. 

L'appareil  générateur  du  mâle  et  celui  de 
la  femelle  ont  été  étudiés.  L'os  pénial  est 
assez  développé  chez  les  mâles  ;  et  le  clitoris 
contient  aussi  un  os  peu  développé,  chez 
la  femelle. 

La  Loutre  est  un  animal  essentiellement 
aquatique,  comme  l'indiquent  l'allongement 
du  corps,  l'aplatissement  de  la  tête,  la 
palmature  de  ses  pattes,  etc.  Cet  ani- 
mal ne  marche  que  difficilement  sur  la 
terre,  et  c'est  l'eau  qui  est  son  véritable  do- 
micile. La  Loutre  se  nourrit  de  préférence 
de  poissons  et  en  détruit  un  grand  nombre  ; 
elle  mange  également  les  autres  animaux 
aquatiques  qu'elle  rencontre,  et  aussi,  dit- 
on  ,  quelquefois  des  herbes  marines.  Elle 
se  retire  dans  un  gîte  qu'elle  se  forme  soit 
dans  la  fente  d'un  rocher  ou  dans  la  cavité 
d'un  arbre,  mais  toujours  très  près  de  la 
rivière  qu'elle  habite. 

On  a  vu  quelques  Loutres  apprivoisées 
et  dressées  par  leur  maître  de  telle  sorte 
qu'elles  allaient  à  la  pêche  pour  lui;  mais 
ces  cas  sont  rares,  et  la  Loutre  est  un  animal 


452 


LOU 


LOU 


naturellement  sauvage,  intraitable  et  peu 
apte  à  être  conservé  en  domesticité. 

On  fait  à  la  Loutre  une  chasse  assez 
suivie,  car  sa  fourrure  est  employée  dans  l'art 
de  la  pelleterie. 

Toutes  les  Loutres  ont  à  peu  près  le  même 
pelage  ;  toutes  sont  d'un  brun  plus  ou  moins 
foncé  en  dessus,  d'un  brun  plus  clair  en 
dessous,  et  surtout  à  la  gorge,  qui  est  même 
quelquefois  presque  blanche  :  aussi  la  dis- 
tinction des  espèces  du  genre  est-elle  très 
difficile.  Pendant  longtemps  on  a  cru  qu'il 
n'existait  que  trois  espèces  de  Loutres;  mais 
on  en  a  découvert  un  assez  grand  nombre  , 
dans  ces  derniers  temps,  au  cap  de  Bonne- 
Espérance,  dans  l'Inde  et  dans  les  deux 
Amériques,  et  le  nombre  en  est  porté  au- 
jourd'hui à  vingt;  mais  toutefois  on  est 
loin  cependant  d'être  bien  certain  de  l'exis- 
tence d'un  aussi  grand  nombre  d'espèces: 
tout  au  plus  si  l'on  en  connaît  complète- 
ment la  moitié. 

Plusieurs  sous-genres  ont  été  formés  dans 
le  groupe  des  Loutres,  et  nous  indiquerons 
«eux  que  M.  Lesson  a  adoptés  dans  son 
Nouveau   tableau  des  Mammifères. 

I.  Latax,  Gloger  [Pusa,  Ok.;  Enhydris, 
Flem.  ;  Enhydra,  Richardson). 

1.  La  Loutre  de  Kamtschaïka  Buffon  , 
Luira  marina  Steller ,  Mustela  tons  Lin., 
Scbreb.,E.  Geoffr.,  Enhydris  Slelleri  Flem- 
ming.  Elle  a  un  peu  plus  d'un  mètre  de 
longueur;  sa  queue  n'a  que  35  centimètres. 
Sa  couleur  générale  est  un  beau  brun-mar- 
ron lustré,  dont  la  nuance  varie  suivant  la 
disposition  des  poils;  avec  la  tête,  la  gorge, 
le  dessous  du  corps  et  le  bas  des  membres 
antérieurs  d'un  gris  brunâtre  argenté. 

Les  voyageurs  rapportent  que  dans  cette 
espèce,  qui  vit  par  couple,  la  femelle  ne 
met  bas  qu'un  seul  petit,  après  une  ges- 
tation de  huit  à  neuf  mois.  Sa  fourrure, 
composée  principalement  de  poils  laineux, 
surtout  à  la  partie  supérieure  du  corps,  est 
remarquable  par  sa  douceur,  son  moelleux 
et  son  éclat.  La  peau  de  ces  Loutres  est  très 
recherchée  dans  la  Chine  et  dans  le  Japon  , 
où  les  Russes  et  les  Anglais  en  transportent 
annuellement  un  grand  nombre. 

Cette  espèce  habite  non  seulement  le 
Kamtschatka,  mais  aussi  la  partie  la  plus 
septentrionale  de  l'Amérique  et  plusieurs 


lies;  elle  se  tient  le  plus  souvent  sur  le 
bord  de  la  mer ,  et  non  pas,  comme  les 
autres  espèces,  à  portée  des  eaux  douces. 

II.  Pteronurus,  Gray. 

2.  Une  seule  espèce  entredans  ce  groupe  : 
c'est  la  Luira  Sandbacltii  Gray,  qui  se  trouve 
dans  l'Amérique  du  Nord  et  n'est  pas  en- 
core bien  connue. 

III.  Aonyx,  Lesson. 

3.  Loutre  du  Cap,  Luira  inunguis  Fr. 
Cuv.,  Luira  capensis  Rupp.,  Aonyx  Dela- 
landii  Lesson.  Plus  grande  que  la  Loutre 
d'Europe,  elle  lui  ressemble  par  son  pelage, 
qui  est  d'un  brun  châtain,  avec  l'extrémité 
du  museau  et  de  la  gorge  blanche.  Les 
pieds  présentent  une  particularité  fort  re- 
marquable :  les  doigts,  gros  et  courts,  sont 
très  peu  palmés,  surtout  aux  membres  an- 
térieurs; ils  sont  de  grandeur  fort  inégale, 
et  les  deux  plus  longs,  le  second  et  le 
troisième, ont  leur  première  phalange  réunie; 
enfin  les  ongles  manquent  partout,  si  ce 
n'est  aux  deux  grands  doigts  du  membre 
postérieur,  où  même  ils  ne  sont  que  rudi- 
mentaires.  Les  membres  sont  moins  allon- 
gés ,  et  le  corps  un  peu  plus  raccourci  pro- 
portionnellement que  dans  les  autres  espèces; 
en  outre,  l'imperfection  de  la  palmature 
rend  cette  espèce  plus  terrestre  que  les 
autres. 

Elle  vit  à  peu  près  à  la  manière  de  notre 
Loutre  d'Europe ,  et  se  nourrit  de  poissons 
et  de  crustacés. 

Elle  se  rencontre  au  cap  de  Bonne-Es- 
pérance, où  M,  Delalandc  l'a  étudiée  avec 
soin. 

IV.  Saricovia,  Lesson. 

4.  La  Loutue  d'Amérique  G.  Cuv.  (  Iieg. 
anim.  ) ,  Luira  brasiliensis  Ray ,  E.  Geof- 
froy-Saint-Hil.,  Muslela  lulris  brasiliensis 
Grn.  ;  la  Saricovienne,  E.  Geoffroy.  Plus 
grande  que  notre  Loutre  d'Europe;  son 
pelage  est  généralement  d'un  beau  fauve, 
un  peu  plus  clair  sur  la  tête  et  le  cou,  plus 
foncé  vers  l'cAtrémité  des  membres  et  de  la 
queue,  avec  la  gorge  et  l'extrémité  du  mu- 
seau d'un  blanc  jaunâtre.  Elle  n'a  pas  de 
véritable  mufle:  seulement,  les  narines  sont 
nues  sur  leurs  contours. 

Cette  espèce  habite  l'Amérique  méridio- 
nale et  paraît  exister  aussi  dans  le  sud  de 
l'Amérique  septentrionale.  On   n'a   pas  de 


LOU 


LOU 


453 


détails  sur  ses  mœurs;  car  ce  qu'on  en  a 
dit  peut  aussi  bien  se  rapporter  à  elle  qu'à 
d'autres  espèces. 

V.  Leptontx  ,  Lesson. 

5.  La  Loutre  Barang,  Luira  barang 
Fr.  Cuv.,  Lutra  leptonix  Horsf.,  Luira  cine- 
rea  Illig.  Cette  espèce,  à  laquelle  on  réunit 
avec  quelque  doute  le  Simung  ,  Lutra  pers- 
picillata  Isid.  Geoffroy-Saint-Hilaire,  est 
de  petite  taille;  car  sa  longueur  est  au  plus 
de  65  centim.,et  sa  queue  a  18  à  20  centim.; 
son  pelage  est  rude,  brun  sale  en  dessus  , 
avec  la  gorge  d'un  gris  brunâtre  qui  se 
fond  avec  le  brun  du  reste  du  corps  ;  les 
poils  laineux  sont  d'un  gris  brun  sale. 

Le  Barang  se  trouve  dans  l'Inde,  et  par- 
ticulièrement à  Java  et   à  Sumatra ,  où  il 
a  été  observé  par   MM.  Diard  et  Duvaucel. 
VI.   Lutra,  Auctorum. 
a.  Espèces  d'Europe. 

6.  Loutre  d'Europe,  Buffon,  pi.  11,  Lutra 
vulgaris  Erxl.,  Mustela  lutra  Linn.,  I'En- 
hydkis  des  Grecs.  La  longueur  de  la  Loutre 
d'Europe  est  environ  de  70  centim.  du  bout 
du  museau  à  l'origine  de  la  queue,  et  celle- 
ci  a  de  30  à  35  centimètres.  Elle  est  en 
dessus  d'un  brun  foncé,  en  dessous  d'un 
gris  brunâtre,  avec  la  gorge  et  l'extrémité  du 
museau  d'un  grisâtre  clair  :  la  couleur  de 
la  gorge  se  fond  insensiblement  et  se 
nuance  avec  celle  de  dessus  le  corps.  La 
Loutre  peut  varier  dans  son  pelage,  et  l'on 
a  appliqué  la  dénomination  de  variegata 
aux  variétés  qui  présentent  de  petites  taches 
blanches. 

C'est  en  hiver  que  la  Loutre  entre  en 
rut,  et  elle  met  bas  trois  ou  quatre  petits 
au  mois  de  mars.  Ceux-ci,  qui  restent  au- 
près de  la  mère  deux  ou  trois  mois  au  plus, 
ont  acquis  toute  leur  taille  et  toutes  leurs 
forces  à  la  deuxième  année.  La  Loutre  vit 
au  bord  des  étangs ,  des  fleuves  et  des  ruis- 
seaux, et  s'y  pratique,  entre  les  rochers  ou 
sous  quelques  racines,  une  retraite  garnie 
d'herbes  sèches,  où  elle  passe  presque  tout 
le  jour,  ne  sortant  que  le  soir,  pour  cher- 
cher sa  nourriture,  qui  consiste  le  plus  sou- 
vent en  poissons,  en  reptiles  aquatiques, 
en  crustacés ,  etc.  Sa  chair  se  mange  en 
maigre;  mais  elle  est  peu  estimée,  parce 
qu'elle  conserve  un  goût  désagréable  de 
poisson;    sa  fourrure,  employée   à  divers 


usages  ,  l'est  surtout  dans  le  commerce  de 
la  chapellerie.  La  chasse  à  la  Loutre  est 
assez  compliquée,  mais  on  cherche  toujours 
à  faire  arriver  l'animal  que  l'on  poursuit 
dans  un  endroit  où  il  n'y  a  que  peu  d'eau 
et  où  l'on  peut  le  saisir,  tandis  qu'on  no 
peut  pas  le  faire  dans  un  lieu  où  l'eau  est 
plus  haute. 

La  Loutre  était  connue  des  anciens, 
comme  on  peut  le  voir  par  divers  passages 
d'Hérodote  etd'Aristote  ;  les  Grecs  lui  don- 
naient le  nom  d'Enhydris,  ainsi  qu'on  a  pu 
s'en  assurer  depuis  la  découverte  de  la  mo- 
saïque de  Palestine. 

Cette  espèce  se  trouve  généralement  ré- 
pandue dans  toute  l'Europe. 

Parmi  les  espèces  de  Loutres  d'Europe 
nous  devons  indiquer  les  Lutra  claveri  et 
antiqua  Croizet  etJobert,  qui  ont  été  trou- 
vées à  l'état  fossile,  dans  plusieurs  terrains 
de  l'Auvergne. 

b.  Espèce  d'Afrique. 

7.  Lutra  Poensis  Waterhouse  (Proceed., 
1833),  espèce  découverte  récemment  à  Fei- 
nando-Po. 

c.  Espèces  d'Asie, 

8.  La  Loutre  nirnaier  ,  Lutra  nair  Fr. 
Cuv.  Elle  a  75  centimètres  ,  sans  compter 
la  queue  ,  qui  a  45  centimètres.  Son  pelape 
est  d'un  châtain  foncé  en  dessus,  plus  clair 
sur  les  côtés  du  corps,  d'un  bleu  rous- 
sâtre  en  dessous ,  sur  la  gorge,  les  côtés 
de  la  tête,  du  cou  et  le  tour  des  lèvres. 
Le  bout  du  museau  est  roussâtre,  et  deux 
taches  à  peu  près  de  la  même  couleur  sont 
placées  l'une  en  dessus,  l'autre  en  dessons 
de  l'œil. 

Le  Nair  habite  Pondichéry,  d'où  il  a  é(é 
envoyé  par  Leschenault. 

9.  Lutra  indica  Gray  :  se  trouve  aux 
Indes  orientales. 

10.  Lutra  chinensis  Gray,  qui,  comme 
l'indique  son  nom  ,  se  rencontre  en  Chine. 

d.  Espèces  d'Amérique. 

11.  Loutre  de  la  Guiane,  Lutra enhydris 
Fr.  Cuv.  Elle  a  plus  d'un  mètre  avec  sa 
queue,  qui  entre  pour  plus  d'un  tiers  de 
celte  longueur.  Elle  est  d'un  brun  très  clair, 
surtout  en  dessous,  avec  la  gorge  et  les  côtéi 
de  la  face  presque  blancs. 

Habite  la  Guiane. 


454 


LOU 


LOX 


12.  Là  Loutre  de  la  Trinité,  Luira  insu- 
larisFr.  Cuv.  Elle  a  75  centimètres,  et  la 
queue  50  centimètres.  Ses  poils  sont  courts 
et  très  lisses;  sa  robe,  d'un  brun  clair  en  des- 
sus ,  est  blanc-jaunâtre  en  dessous ,  sur  les 
cofis  de  la  tête,  la  gorge  et  la  poitrine. 

Un  individu  de  cette  espèce  a  été  envoyé 
de  l'île  de  la  Trinité  par  M.  Robin. 

13.  La  Loutre  du  Pérou,  Luira  peru- 
viensis  Gervais  (  Voyage  de  la  Bonite  de 
MM.Eydoux  et  Souleyet.pl.  3,f.  4,  5  et  6). 
Cette  espèce  est  fondée  sur  une  portion  de 
crâne  qui  a  été  trouvée  à  San  Lorenzo  au 
Prro  u. 

14.  Luira  plalensis  Waterh.  Beagl.;  ha- 
bite la  Plata. 

15.  Luira  paroensis  Renyger,  trouvée  au 
Paraguay. 

1 6.  Luira  chilensis  Bennett  (Proc,  1832) . 
Cette  espèce,  à  laquelle  on  doit  probablement 
rapporter  la  Luira  felina  de  Shaw,  se  re- 
trouve au  Chili. 

17.  Luira  Californiœ  Gray  (1827);  ha- 
bite la  Californie. 

18.  La  Louthe  de  la  Caroline,  Luira  la- 
taxina  Fr.  Cuv.  Plus  grande  que  la  Loutre 
commune,  elle  est  d'un  brun  noirâtre  en 
dessus,  d'un  brun  moins  foncé  en  dessous, 
avec  la  gorge,  l'extrémité  du  museau  et 
les  côtés  de  la  tête  grisâtres. 

Se  trouve  à  la  Caroline,  d'où  M.  Lher- 
minier  en  a  envoyé  plusieurs  individus  au 
Muséum. 

19.  La  Loutre  du  Canada  Buffon,  Luira 
canadensis  Fr.  Cuv.,  Luira  brasiliensis  Har- 
lan,  n'est  connue  que  par  sa  tête  osseuse, 
qui  ressemble  beaucoup  à  celle  de  la  Loutre 
de  l'Europe,  dont  elle  diffère  cependant  à 
quelques  égards  ,  et  surtout  en  ce  que,  vue 
de  profil ,  elle  suit  une  ligne  plus  inclinée, 
surtout  dans  sa  partie  antérieure. 

A  été  trouvée  au  Canada. 

On  a  rapproché  des  Loutres  des  animaux 
qui  ont  dû  en  être  éloignés,  tels  que  :  1°  le 
Yapock,  qui  est  un  Didelphe,  et  2°  La  Loutre 
d'Egypte,  qui  appartient  au  genre  Ichneu- 
mon,  (E.  D.) 

LOUVARLOU.  Luvarus.  poiss.  —Genre 
de  l'ordre  des  Acanthoptérygiens,  famille 
des  Scombéroïdes  ,  établi  par  Rafinesque 
(Caract.  de  quelques  nouveaux  genres,  etc.), 
et  qui  diffère  des  autres  genres  de  la  même 
famille  par  la  présence,  à  l'extrémité  du 


bassin  ,  d'une  petite  écaille  qui  sert  comme 
d'opercule  à  l'anus. 

Jusqu'à  présent  on  n'en  connaît  bien 
qu'une  espèce ,  Luvarus  imperialis  Rafin.  , 
dont  la  chair  est,  dit-on,  d'un  goût  exquis. 
Ce  poisson  est  d'une  couleur  argentée  rou- 
geâtre,  plus  obscure  vers  le  dos  ;  sa  taille 
est  d'environ  2  mètres. 

LOUVE,  mam. — Femelle  du  Loup. 

LOUVETEAU,  mam.  —  Nom  donné  au 
petit  du  Loup  et  de  la  Louve. 

LOWEA,  Lind.  bot.  fh.  —  Syn.  à'Hul- 
themia  ,  Dumort. 

*LOXANTIIUS  (  aoÇo'ç  ,  oblique  ;  £v9oç , 
fleur),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des» 
Acanthacées-Echmatacanthées  ,  établi  par 
Nées  (in  Wallich  Plantar.  as.  rar.,  III, 
89).  Arbrisseaux  de  l'Inde.  Voy.  acantha- 
cées. 

LOXIE.  Loxia.  ois.  —  L'étude  mieux 
faite  des  mœurs  des  Oiseaux  et  de  leurs  ca- 
ractères physiques  devait  nécessairement 
conduire  à  des  réformes  profondes  dans  la 
méthode  et  la  nomenclature  ornilhologiques 
de  Linné  et  de  Latham.  La  plupart  des  gen- 
res créés  par  ces  auteurs,  vu  la  limite  des 
caractères  qu'ils  leur  avaient  assignés,  pou- 
vaient en  quelque  sorte  être  considérés 
comme  autant  d'inccrlœ  sedis,  dans  lesquels 
venaient  prendre  rang  des  Oiseaux  qui  de- 
vaient plus  tard  en  être  retirés.  De  ce  nom- 
bre était  le  g.  Loxia,  composé  d'espèces  qui, 
bien  qu'ayant  des  affinités  rapprochées  ,  ne 
pouvaient  cependant  rester  dans  la  même 
division.  Aussi,  avec  les  tendances  de  notre 
époque  à  la  décomposition  poussée  à  l'ex- 
trême, les  Loxia  de  Linné  et  de  Latham  ont- 
ils  été  dispersés  dans  huit  familles  différen- 
tes. Quant  aux  coupes  génériques  auxquelles 
ils  ont  donné  lieu,  leur  nombre  est  vrai- 
ment considérable.  Les  g.  Ploceus,  Pyrome- 
lana,  Phililairus,  Spermophaga,  Cardinalist 
Guiraca,  Pyrenestes,  Coccothraustes,  Pily- 
tus,  Estrelda,  Paroaria,  ligurinus ,  Ery- 
thrina,  Crilhagra,  Spermophila,  Pyrrhula, 
Strobilophaga,  Uragus,  Loxia,  Psillirostrat 
Flyreus  et  Colius ,  sont  autant  de  démem- 
brements des  Loxiœ  du  Systema  nalurœ. 
Comme  on  peut  le  voir,  un  seul  de  ces 
groupes  a  conservé  le  nom  donné  par  Linné, 
et  ce  groupe  est  celui  qui  comprend  les 
Becs-Croisés  :  à  eux  seuls,  en  effet,  a  été 
réservée  la  dénomination  de  Loxia.  (Z.  G.) 


!0X 


LOX 


455 


LOXIGELLA,  Lcss.   ois.  —  Syn.  û'Es- 

trekhi.  Voy.  amadina.  (Z.  G.) 

*LO\lSÉE$.Loxinœ.o\s.—  Sous-famille 
établie  par  G.  R.  Gray  (a  List  of  the  gen.) 
dans  la  famille  des  Fringillidées,  pour  les 
genres  Cruciroslra  (Bec-Croisé),  Psittirostra 
(Psiltacin)  et  Paradoxoins.  (Z.  G.) 

*LOXOCARPUS  (  }•*•<  ,  oblique;  x«p- 
*o<  ,  fruit),  bot.  ph.  — Genre  delà  famille 
des  Gesnéracées  ,  établi  par  R.  Brown  (  in 
Horsfield  Plant.  Jav.  rar.,  120).  Herbes  de 
l'Inde.  Voy.  gesnéracées. 

LOXOCARYA  (  \0^  ,  oblique  ;  x«pvov , 
noix  ).  bot.  pn.  — Genre  de  la  famille  des 
Restiacées,  établi  par  R.  Brown  (Prodr., 
2i9).  Herbes  de  la  Nouvelle -Hollande.  Voy. 

RESTIACKKS. 

LOXOCERA  (),o|o';,  oblique;  x/P«ç,  an- 
tenne), ins.  —  Genre  de  Tordre  des  Diptères 
brachocères,  famille  des  Musciens,  tribu  de» 
Muscides,  établi  par  Meigen.  La  L.  ichneu- 
monea,  espèce  type  du  g.,  est  originaire 
de  la  France. 

LOXOCREPIS  f>!oç,  oblique;  xpn*lç, 
chaussure),  ins.— Genre  de  Coléoptères  pen- 
tamères,  famille  des  Carabiques  ,  tribu  des 
Brachinides  de  Mac-Leay,  des  Anchoménites 
de  Castelnau,  créé  par  Eschscholtz  et  adopté 
par  Castelnau  (Hist.  nat.  des  animaux  ar- 
ticulés, tom.  I,  pag.  126).  L'espèce  type  et 
unique  est  le  L.  ruficeps  M.-L.  (Lamprias) 
Esch.  (G.) 

*LOXODE .  Loxodes  (>.o|o\:,  oblique)  .infus. 
—  Genre  institué  en  1830  par  M.  Ehren- 
berg,  qui  y  comprenait  alors  plusieurs  In- 
fusoires  appartenant  à  d'autres  genres,  et 
notamment  un  des  Kolpodes  de  Muller  (K. 
cucullulus)  qu'il  prenait  pour  type,  et  dont 
il  fit  en  1833  le  genre  Euodon  ,  et  en  1838 
îe  genre  Chilodon.  Les  Loxodes,  que  nous 
limitons  un  peu  différemment,  sont  des  In- 
fusoires  très  communs,  mais  dont  la 'struc- 
ture est  peu  distincte  en  raison  de  leur 
transparence  et  de  leur  exiguïté,  car  leur 
longueur  n'est  que  de  5  à  6  centièmes  de 
millimètre.  Leur  corps  est  plat,  membra- 
neux, et  semble  revêtu  d'une  enveloppe 
flexible  non  contractile.  Il  est  renflé  en  des- 
sus, souvent  concave  en  dessous,  irréguliè- 
rement ovale  ou  sinueux,  et  obliquement 
prolongé  en  avant;  il  montre  des  cils  vibra- 
tiles  au  bord  antérieur  seulement.  Leur 
forme  sinueuse  les  fit  prendre  par  O.-F. 


Muller  pour  des  Kolpodes;  mais  l'absence 
de  cils  vibratiles  sur  la  plus  grande  partie 
de  la  surface  ,  et  surtout  l'apparence  d'une 
cuirasse  membraneuse,  doivent  les  rappro- 
cher davantage  des  Plœsconies,  avec  les- 
quels nous  les  plaçons  provisoirement  dans 
la  famille  des  Plœsconiens.  Les  Loxodes  se 
montrent  fréquemment  dans  les  infusions 
et  dans  les  eaux  de  marais  déjà  altérées  par 
la  putréfaction  ;  quelques  uns  se  voient  aussi 
dans  l'eau  de  mer.  Le  Loxodes  cucullulus , 
qui  vit  dans  l'eau  douce  et  qui  est  le  type 
de  ce  genre,  a  été  rangé  par  Muller  avec  les 
Kolpodes;  et  M.  Ehrenberg  Fa  confondu 
avec  le  Chilodon  cucullulus,  qui  est  d'un 
d'un  tiers  plus  grand  ,  et  qui  se  distingue 
par  sa  bouche  armée  d'un  faisceau  de 
dents.  (Duj.) 

LOXODON  (loÇoç,  oblique;  è<Jov';,dent). 
bot.  pu.  —  Genre  de  la  famille  des  Compo- 
sées-Nassauviacées ,  établi  par  Cassini  (in 
Dict.  se.  nat.,  XXVII,  254).  Herbes  de  l'A- 
mérique australe.  Voy.  composées. 

*LOX01\EMA,  Phil..  moll.  —  Syn.  de 
Chemnitzia ,  Aie.  d'Orb. 

*LOXOXEVRA  f>Çoç ,  oblique  ;  yevpec , 
nervure),  ins.  —  Genre  de  l'ordre  des  Dip- 
tères brachocères,  famille  des  Musciens, 
tribu  des  Muscides,  établi  par  M.  Macquart 
(Ins.  dipt.,  t.  II,  p.  446).  La  seule  espèce 
connue  est  la  L.  décora,  de  l'île  de  Java. 

LOXONIA.  bot.  pu. — Genre  de  la  fa- 
mille des  Gesnéracées,  établi  par  Jack  [in 
Linn.  Transact.,  XIV,  40).  Herbes  des  Mo- 
luques.  Voy.  gesnéracées. 

*L0X0PI1YIXE.  Loxophyllum  (JloÇeç, 
oblique ;cpuÀ),ov,  feuille),  infus. — Genre d'In- 
fusoires  ciliés  de  la  famille  des  Paraméciens, 
ayant  pour  type  le  L.  pintade  (L.  melea- 
gris),  qui  est  le  Kolpoda  meleagris  de  Mul- 
ler, dont  M.  Bory  fit  ses  K.  meleagris,  K. 
zygœna  et  K.  hirundinacea.  M.  Ehrenberg 
le  nomme  Amphileptus  meleagris,  mais  il 
nous  a  paru  devoir  constituer  un  genre  par- 
ticulier, caractérisé  par  son  corps  très  dé- 
primé, lamelliforme  ou  en  forme  de  feuille, 
oblique,  très  flexible  et  sinueux  ou  ondulé, 
ou  même  festonné  sur  les  bords,  et  revêtu 
de  cils  vibratiles  en  séries  parallèles,  écar- 
tées. La  bouche  est  située  latéralement.  Le 
Loxophylle  pintade  se  trouve  assez  souvent 
dans  l'eau  des  marais  autour  des  plantes 
aquatiques.  11  est  long  de  3  à  4  dixièmes  de 


456 


LUC 


LUC 


millimètre,  et  par  conséquent  visible  à  l'œil 
nu.  C'est,  comme  dit  Muller,  un  Infusoire 
des  plus  grands  et  des  plus  remarquables  ; 
c'est  une  membrane  transparente,  suscepti- 
ble de  se  plier  très  délicatement,  présentant 
a  chaque  instant  des  flexions  et  des  plisse- 
ments variés.  Son  bord  latéral  antérieur  est 
diversement  sinueux,  et  présente  tantôt  trois 
ou  quatre  dentelures,  tantôt  de  nombreuses 
crénelures.  On  voit  en  outre  près  du  bord 
postérieur  une  rangée  de  dix  à  douze  globu- 
les égaux  diaphanes.  Il  se  meut  lentement  à 
la  manière  des  Planaires.  (Duj.) 

*LOXOPHYLLUM,  Bl.  bot.  ph.  —  Syn. 
de  Loxonia ,  Jack.  —  bot.  cr.  —  Klotsch  , 
syn.  de  Cyclomyces,  Kunz-e. 

*LOXOPYGA,  Westw.  ins.  —  Syn.  de 
Dolax,  Zoubkoff.  Voy.  ce  mot.  (C.) 

*LOXOSTOMA  ,  Biv.  MOLL.—Syn.  VAl- 
vinia,  Risso. 

*LOXOSTYLIS  (>o£o'ç ,  oblique  ;  axvlot , 
style),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Anacardiées  ,  établi  par  Sprengel  (in  Itei- 
çhenb.  le.  exot.,  t.  205).  Arbrisseaux  du 
Gap.  Voy.  anacardiées. 

*LOXOTIS  (IoÇotijç,  obliquité),  bot.  ph. 
—  Genre  de  la  famille  des  Gesnéracées  , 
établi  par  R.  Brown  (in  Wallich  Plant,  as. 
rar. ,  III ,  65  ).  Herbes  de  l'Asie  tropicale. 

Voy.  GESNÉRACÉES. 

*LOXURA  (ÀoÇo'ç,  oblique;  ovpa,  queue). 
ins.  —  Genre  de  l'ordre  des  Lépidoptères 
Diurnes,  famille  des  Éryciniens,  groupe  ou 
tribu  des  Lycénides,  établi  par  M.  Bois- 
duval,  qui  lui  donne  pour  type  le  L.  aïeules 
(Hesperia  alcides  Fabr.  ),  qui  appartient  à 
l'Afrique  occidentale. 

*LOZAIVTIA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Vochysiacées?,  établi  par  Seba  et 
Mutis  (in  Seman.  Nov.  gran.,  1810,  p.  20). 
Arbres  de  la  Nouvelle-Grenade. 

LUBINIA  (nom  propre),  bot.  ph.  —  Genre 
delà  famille  des  Primulacées-Primulées , 
établi  par  Commerson  (  ex  Venten.  Cels. 
t.  G9).  Herbes  de  la  Mauritanie.  Voy.  pri- 

MULACÉES. 

*LUCjEA,  Kunth.  bot.  ph.  —Syn.  d\4r- 

thraxon ,  Palis. 

*LUCANAIRES.  ins.— Mulsant  (Histoire 
naturelle  des  Coléoptères  de  France,  1842  , 
pag.  581)  établit  sous  ce  nom  une  branche 
dans  laquelle  il  fait  entrer  les  genres 
Hexaphyllus ,  Muls.;  Lucanus,  Scopol.,  et 


Dorcus,  M.-L. ,  et  qui  a  pour  caractères  : 
Yeux  ,  en  partie  au  moins ,  coupés  par  les 
joues;  languette  saillante,  pénicillée.  (C.) 

LUCANIDE&.  ins.  —  Sous  ce  nom,  Mac- 
Leay (Annulosa  javanica,  éd.  Lequien,  Paris, 
1842,  p.  11)  a  formé  une  famille  dans  la- 
quelle il  comprend  les  genres  :  Figidius,  Fi- 
guluSy  Dorcus,  JEgus,  Lucanus  et  Ceruchus. 
Les  deux  premiers  offrent  des  mâchoires  à 
bord  interne  épais,  et  ces  mâchoires  sont 
membraneuses  dans  les  quatre  derniers 
de  ces  genres.  (C.) 

LUCANIENS.  Lucanii.  ins.  —  Mulsant 
(Hist.  nat.  des  Coléopt.  de  Fr.,  1842,  p.  581  ) 
a  créé  sous  ce  nom  une  famille  qu'il  subdivise 
en  deux  branches  suivantes  :  les  Lucanaires 
et  les  Platycéraires.  Elle  a  pour  caractères  : 
Métasternum  uni  ou  soudé  au  mésosternum, 
et  formantaveclui  une  bande  de  séparation 
entre  les  pieds  intermédiaires  à  leur  nais- 
sance; prosternum  nidilatéen  demi-cercleà 
la  partie  antérieure,  ni  prolongé  postérieure- 
ment en  une  saillie  dont  l'extrémité  est  des- 
tinée à  se  cacher  sous  l'avancement  du  mé- 
tasternum, quand  l'insecte  incline  la  partie 
antérieure  du  corps;  mandibules  saillantes 
au-devant  de  la  tête,  au  moins  de  la  moitié 
de  la  ongueur  de  celle-ci,  dentées  au  bord 
incisif;  mâchoires  terminées  par  un  lobe  pé- 
nicillé;  épistome  inerme;  tête  presque  hori- 
zontale; pieds  allongés,  grêles;  corps  légè- 
rement déprimé.  (G.) 

LUCANUS  (nom  de  pays),  iss.— Genre 
de  Coléoptères  pentamères,  famille  des 
Lamellicornes  ,  tribu  des  Lucanides  ,  créé 
par  Scopoli  (  Entomologia  carniolica,  p.  1), 
et  adopté  par  Fabricius ,  Olivier,  De- 
jean.  Le  dernier  de  ces  auteurs  (Catalogue, 
3eédit.,  p.  193)  en  mentionne  les  espèces 
suivantes  :  L.  cervus,  capreolus  ,  Elephus, 
Dama  de  F.,  lenlus  Say,  t  etraodon  Th.,  et  vit  u- 
lus  Dej.;  trois  sont  propres  à  l'Europe  , 
trois  à  l'Amérique ,  et  le  dernier  est  origi- 
naire de  Java.  Le  premier  et  le  second  sont 
connus  sous  les  noms  vulgaires  de  Cerf- 
Volant  ,  comme  mâles ,  et  de  Biche  comme 
femelles.  (G.) 

LUCERNA.  moll.  —  Institué  par  Hum- 
phrey  dans  le  Muséum  Calonnianum ,  ce 
genre  correspond  à  celui  des  Carocollus  de 
Lamarck,  qui  lui-même  se  confond  avec  les 
Hélices.  Voy.  ce  mot.  (Desh.) 

LUCERNAIRE.  Lucernaria   (lucerna. 


LUC 

lampe),  zooph.  —  Genre  encore  incomplète- 
ment observé  d'animaux  marins  des  côtes 
-d'Europe.  On  n'en  a  signalé  qu'un  petit  nom- 
bre d'espèces,  et  les  naturalistes  n'ont  point 
encore  fixé  d'une  manière  définitive  la  place 
qu'elles  doivent  occuper  dans  la  méthode  zoo- 
logique.  G.  Guvieret  M.  de  Blainville  lesont 
réunies  aux  Actinies;  Lamarck  les  rappro- 
chait, au  contraire,  des  Béroës  et  des  Médu- 
saires,  et  il  se  pourrait  bien  qu'elles  eussent 
avec  ces  dernières  plus  d'analogie  qu'on  ne 
l'avait  supposé.  Les  nouvelles  recherches  des 
zoologistes  sur  la  transformation  en  Méduses 
de  certains  Zoophytes  polypiformes  pour- 
raient faire  croire  que  les  Lucernaires  ne 
sont  qu'un  Age  de  Méduses  dont  on  n'aurait 
pas  encore  déterminé  l'espèce.  Quoi  qu'il  en 
soit,  voici  comment  le  genre  Lucernaire  a 
été  jusqu'à  présent  caractérisé  : 

Corps  libre  ou  adhérent ,  comme  gélati- 
neux,  transparent,  cylindrique,  élargi  an- 
térieurement en  une  sorte  d'entonnoir,  di- 
visé plus  ou  moins  profondément  en  lobes 
rayonnes  ,  garnis  à  leur  extrémité  de  tuber- 
cules papilliformes ,  et  postérieurement  en 
une  espèce  de  pied  ou  de  ventouse  propre  à 
le  fixer.  Bouche  centrale,  un  peu  infundi- 
buliforme,  à  lèvre  quadrilobée. 

MuIIer,  dans  sa  Zoologie  danoise;  Monta- 
gne, dans  les  Actes  de  la  Société  linnéenne, 
et  Lamouroux  ,  dans  les  Mémoires  du  Mu- 
séum, sont  les  auteurs  qui  ont  donné  le  plus 
de  renseignements  sur  les  Lucernaires. 

M.  de  Blainville  a  retiré  de  ce  groupe  , 
pour  en  faire  un  nouveau  genre  qu'il  place 
auprès  des  Siponiles,  sous  le  nom  de  Can- 
delabrum  ,  le  Lucemaria  phrygia  de  Linné, 
établi  d'après  la  description  d'Othon  Fa- 
bricius. 

Le  genre  Eleulheria  ,  décrit  avec  détails 
par  M.  de  Quairefages,  paraît,  au  contraire, 
se  rapprocher  des  Lucernaires  par  plusieurs 
caractères  importants,  et  comme  on  a  con- 
staté que  c'est  une  des  formes  que  présen- 
tent les  Méduses,  ce  fait  et  quelques  autres 
établissent  une  nouvelle  affinité  entre  les 
Lucernaires  et  les  Méduses.  (  P.  G.) 

*LL'CERI\ELLA.  moll. — M.  Swainson  , 
dans  sa  Malacologie,  a  proposé  ce  genre  pour 
celles  des  Carocolles  qui  ont  des  dents  à 
l'ouverture.  Ce  genre  ne  peut  être  adopté. 
Voy.  Hiif.icE.  (Desh.) 

*LL(  F'.Vt>ME.  MOll.  Deuxième  sous- 
t.  vu. 


LUC 


4;>7 


famille  des  Tlelicidœ,  instituée  par  M.  Swain 
son  dans  sa  Malacologie.  Elle  est  divisée  en 
cinq  genres,  qui  eux-mêmes  sont  part."  ïiés 
en  sous-genres;  les  genres  sont  les  suivant: 
Leiostoma  ,  Lucerna  ,  Lucernella ,  Vimodon 
et  Thelidomus.  Voy.  ces  mots.       (Desh.) 

*LUCERNUTA(àvXvoç, flambeau),  ins.— 
Genre  de  Coléoptères  pentamères,  famille 
des  Malacodermes ,  tribu  des  Lampyrides, 
créé  par  M.  de  Laporte  {Ann.  de  laSoc.  ent. 
de  Fr.y  t.  II,  p.  143).  L'auteur  comprend 
dans  ce  g.  les  espèces  suivantes  :  Lamp.  /'<?- 
nestrata  Gr.,  Savignyi  Ky.,  IhoracicusOi., 
bicolor  et  laticornis  de  Fab.;  la  quatrième 
est  originaire  de  Java,  et  toutes  les  autres 
sont  américaines.  (C.) 

*LUCIIÉLIE.  Luchelia  (  nom  propre). 
polyp.  —  Nom  de  genre  proposé  par 
M.  Grant  pour  des  Éponges  raides  ou  fria- 
bles remplies  de  spicules  calcaires  et  qui  ont 
été  nommées  Grantia  par  M.  Flemming,  et 
Calcéponge  par  M.  de  Blainville.     (Duj.) 

*LUClDOTA  (  lucidarium ,  qui  sert  de 
flambeau  pour  découvrir),  ins.  —  Genre  de 
Coléoptères  pentamères,  famille  des  Mala- 
codermes, tribu  des  Lampyrides,  créé  par 
M.  de  Laporte  (Ann.  de  la  Soc,  ent.  de  Fr.y 
t.  II,  p.  136).  Ce  genre,  qui  correspond  aux 
Lychnuris  de  Dejean,  renferme  environ  30 
espèces  américaines.  Nous  citerons,  parmi 
celles  qui  en  font  partie,  les  Lamp.  fla- 
bellicornis,  compressicornis  de  F.,  etappev- 
diculala  de  Gr.  (C.) 

LUCIFER,  Less.  ois.— Section  de  la  fa- 
mille des  Oiseaux-Mouches.  Voy.  colibri. 

(Z.  G.) 

LUCIFUGES.  Duméril.ms.—  Voy.  pho- 

T0PI1YGES. 

*LUCILÏA.  ins.— Genre  de  l'ordre  des 
Diptères  brachocères,  famille  des  Musciens, 
tribu  des  Muscides,  établi  par  M.  Macquart 
(  7ns.  Dipt.,  t.  II,  p.  250),  et  différant  des 
autres  genres  du  même  groupe  par  des  an 
tennes  à  troisième  article  long  ;  par  un  stj  ta 
plumeux;  par  une  tête  déprimée,  et  l'épi- 
stome  peu  saillant.  M.  Macquart  décrit  35e;;- 
pèces  de  ce  genre.  Elles  vivent  toutes  sur 
les  substances  animales  ou  végétales  en  d<;  • 
composition. 

Nous  citerons  comme  type  du  genre  la 
Lucilia  cœsar  Rob.-Desv.  ,  d'un  vert  doré, 
et  très  commune  dans  toute  l'Europe. 

LUCILIA  (  nom   propre  ).    dot.   pu.  — 
58 


-&S 


LUC 


IX  c 


Genre  de  la  famille  des  Composées-Nassau- 
viacées,  établi  par  Gassini  {in  Dict.  sc.nal., 
XXVII,  263).  Herbes  du  Brésil  méridional. 

Voy.  COMPOSÉES. 

*LUGL\/EA  (nom  mythologique),  bot.  ph. 
—  Genre  de  la  famille  des  Rubiacées-Gar- 
déniées,  établi  par  De  Candolle  (Prodr.,  IV, 
368).  Arbrisseaux  des  Indes  orientales.  Voy. 

B-UBIACÉES. 

LUCIDE.  Lucina  (  nom  mythologique  ). 
moll. —  Le  genre  Lutine  est  l'un  des  plus 
naturels  de  la  classe  des  Mollusques  acépha- 
les dimyaires  ;  il  rassemble  un  grand  nombre 
de  coquilles  dont  les  caractères  sont  assez 
variables  ,  mais  qui  néanmoins  conservent 
dans  leur  ensemble  le  cachet  d'un  groupe  na- 
turel. Institué  par  Bruguière  dans  les  plan- 
ches de  l'Encyclopédie,  le  g.  Lucine  était, 
avantcelteépoque,  confondu  par  Linné  dans 
son  grand  genre  Telline,  ou  avecd'autres  co- 
quilles bivalves  d'une  forme  orbiculaire.  De- 
puis la  création  du  genre  ,  il  a  été  conservé 
dans  toutes  les  méthodes;  seulement,  les 
zoologistes  ont  varié  au  sujet  des  rapports 
dans  lesquels  les  Lucines  devaient  être  en- 
chaînées dans  la  méthode  naturelle.  Ces  va- 
riations ont  eu  leur  source  dans  l'ignorance 
où  l'on  était  des  caractères  des  animaux,  à 
ce  point  que  l'on  trouve  dans  Cuvier,  par 
exemple ,  en  même  temps  les  deux  genres 
Loripèdes  et  Lucine,  parce  que  Poli,  en  don- 
nant la  description  de  son  Loripèdes,  n'avait 
pas  reconnu  en  lui  les  caractères  du  genre 
Lucine  de  Bruguière  ;  et  comme  le  Loripèdes 
a  été  établi  d'après  l'animal ,  Cuvier  ne  le 
reconnut  pas  pour  être  celui  des  Lucines. 
Lamarck  ne  commit  pas  cette  erreur;  il  rap- 
porte au  genre  Lucine  le  Loripèdes  de  Poli , 
ce  qui  ne  l'empêche  pas  de  mettre  une  es- 
pèce très  analogue  dans  son  genre  Amphi- 
desme.  Nous  avons  contribué  à  faire  éviter 
dans  la  méthode  les  erreurs  que  nous  ve- 
nons de  signaler  par  les  diverses  observa- 
tions que  nous  avons  successivemen  t  publiées, 
tant  dans  Y  Encyclopédie  que  dans  notre  His- 
toire des  Fossiles  des  environs  de  Paris.  A 
l'exemple  de  Linné  et  de  beaucoup  d'autres 
auteurs  ,  Lamarck  avait  compris  parmi  les 
Cythérées  plusieurs  grandes  coquilles  qui, 
examinées  avec  plus  de  soin ,  nous  ont  offert 
tous  les  caractères  des  Lucines.  Des  person- 
nes qui  ont  sous  les  yeux  un  petit  nombre 
d'espèces  appartenant  au  genre  qui  nous  oc- 


cupe ont  une  tendance  à  les  diviser  en  plu- 
sieurs autres  g.  C'est  ainsi  que  M.  Schu- 
macher a  proposé  un  genre  Lentillaire  pour 
les  espèces  aplaties  et  orbiculaires  ;  c'est 
ainsi  que  l'on  a  proposé  successivement  les 
genres  Cryplodon,  par  M.  Thompson;  Di- 
plodonte,  par  M.  Brown  ;  Hirtea ,  par 
M.  Turton;  P 'ly china ,  par  M.  Philippi  ,  et 
Dulnaria  ,  par  M.  Hartman.  Mais  quand 
on  a  sous  les  yeux  un  très  grand  nombre 
d'espèces,  soit  vivantes,  soit  fossiles,  de 
Lucines,  les  caractères  qui  paraissaient  d'a- 
bord nets  et  tranchés  se  fondent  de  mille 
manières  ,  et  deviennent  insaisissables  dans 
leur  limite. 

Presque  toutes  les  Lucines  sont  des  co- 
quilles suborbiculaires,  plus  ou  moins  con- 
vexes ,  généralement  blanches  ou  peu  colo- 
rées ;  elles  sont  striées  et  lamelleuses  trans- 
versalement; très  rarement  elles  ont  des 
stries  ou  des  côtes  longitudinales.  Presque 
toutes  sont  subéquilatérales  ;  elles  se  distin- 
guent éminemment  par  les  impressions  mus- 
culaires et  du  manteau,  plus  que  par  leur 
charnière  très  variable, dont  il  fauteependant 
tenir  compte;  car,  de  leur  association  avec 
les  caractères  de  l'intérieur  des  valves ,  ré- 
sulte la  certitude  qu'une  coquille  appartient 
au  genre  Lucine.  Il  faut  donc  examiner  avec 
la  plus  grande  attention  les  modifications 
principales  de  la  charnière.  D'abord  nous 
remarquerons  un  certain  nombre  d'espèces 
dans  lesquelles  il  n'existe  aucune  dent  à  la 
charnière;  le  bord  cardinal  est  simple,  mais 
la  position  du  ligament  varie;  on  peut  dire 
d'une  manière  générale  que  le  ligament  des 
Lucines  est  extérieur;  cependant  il  arrive 
qu'il  est  couvert  par  les  bords  saillants  du 
corselet,  et  qu'il  ne  se  montre  que  très  fai- 
blement au  dehors  ;  dans  ce  cas,  les  nym- 
phes sont  fortement  rentrées  vers  l'inté- 
rieur, et  elles  se  présentent  sous  la 
forme  de  cicatrices  étroites  ,  allongées  le 
long  du  bord  postérieur.  A  mesure  que  le 
ligament  sort  de  l'intérieur  de  la  coquille, 
les  nymphes  deviennent  de  plus  en  plus 
proéminentes  ,  les  bords  du  corselet  s'écar- 
tent ,  et  enfin  le  ligament  apparaît  au  de- 
hors de  la  même  manière  que  dans  les  Vé- 
nus, les  Cythérées,  etc.  Quelquefois  le  liga- 
ment s'enfonce  profondément  derrière  des 
nymphes  très  aplaties,  et  il  en  résulte  qu'à 
son  extrémité  postérieure  il  s'étale  en  une 


LUC 


LUC 


459 


expansion  mince  et  luisante,  comme  on  le 
voit  dans  un  très  grand  nombre  deMuIettes, 
par  exemple.  Cette  disposition  du  ligament 
des  Lucines  a  trompé  Lamarck,  et  lui  a  fait 
croire  que,  dans  les  espèces  où  elle  se  pré- 
sente, il  existait  deux  ligaments,  un  interne 
et  un  externe;  le  genre  Onguline  a  été 
fondé  d'après  ce  caractère  ,  mais  il  suffit  de 
bien  analyser  tous  les  caractères  du  genre 
en  question  pour  reconnaître  qu'il  vient  se 
fondre  encore  dans  le  grand  genre  des  Lu- 
cines. Un  certain  nombre  de  Lucines ,  di- 
sions-nous, ont  la  charnière  simple.  La  plu- 
part de  ces  espèces  ont  un  test  mince  et 
fragile  ;  cependant  cette  règle  n'est  pas  sans 
exception.  Bientôt,  comme  dans  le  Loripède 
de  Poli,  on  voit  surgir  au  centre  de  la  char- 
nière une  petite  proéminence  sur  chaque 
valve;  c'est  là  l'origine  des  dents  cardinales. 
Si  l'on  range  les  espèces  de  manière  à  for- 
mer une  série,  sous  le  rapport  de  l'accrois- 
sement de  la  charnière,  on  voit  les  dents 
cardinales  s'accroître  insensiblement  :  il  y 
en  a  une  d'abord  sur  chaque  valve,  puis 
deux  sur  l'une  et  une  sur  l'autre ,  et  enfin 
deux  sur  chacune  d'elles.  Dans  la  série  gé- 
nérale des  espèces  ,  tant  vivantes  que  fossi- 
les ,  cet  accroissement  se  fait  par  des  varia- 
tions fort  remarquables  ,  des  nuances  très 
nombreuses  ,  dont  il  serait  difficile  de  don- 
ner une  description,  et  qu'il  faut  voir  dans 
une  grande  collection  pour  se  rendre  compte 
du  phénomène  dans  son  ensemble.  Relati- 
vement aux  dents  latérales  ,  on  les  voit  ap- 
paraître d'une  manière  aussi  insensible  que 
ics  dents  cardinales  elles-mêmes.  Dans  un 
petit  nombre  d'espèces  ,  les  dents  latérales 
apparaissentet  s'accroissent  lorsque  les  dents 
cardinales  ne  se  montrent  point  encore  ; 
elles  sont  généralement  courtes;  l'antérieure 
est  rapprochée  de  la  charnière  ;  la  posté- 
rieure en  est  toujours  plus  éloignée  ;  toutes 
deux  ne  paraissent  pas  toujours  en  même 
temps.  Dans  certaines  espèces,  la  dent  la- 
térale antérieure  se  montre  d'abord;  dans 
l'autre  ,  c'est  la  postérieure.  On  peut  donc 
dire  ,  pour  résumer  tout  ce  qui  précède, 
que  la  charnière  des  Lucines  est  des  plus 
variables,  puisqu'on  la  trouve  d'abord  sans 
dents,  et  qu'on  lui  voit  ensuite  deux  dents 
cardinales  et  deux  dents  latérales  survenant 
par  tontes  les  nuances  imaginables. 
Malgré  ces  variations,  la  charnière  des  Luci- 


nes peut  cependantservir  à  faire  reconnaître 
le  genre,  car  on  doit  remarquer  qu'elle  ne 
dépasse  jamais  certaines  limites,  phénomène 
qui  se  retrouve  dans  un  certain  nombre  d'au- 
tres genres  ,  tels  que  les  Cardium  ,  les  Mu- 
lettes,  etc.  Si  nous  portons  nos  regards  dan:-, 
l'intérieur  des  valves,  nous  y  trouverons  des 
caractères  beaucoup  plus  constants ,  au 
moyen  desquels  on  pourra  toujours  grouper 
facilement  les  espèces  du  genre.  On  remar- 
que d'abord  deux  impressions  musculaires 
et  unepalléale,  mais  ces  impressions  n'ont 
pas  une  disposition  semblable  à  celles  des 
autres  coquilles.  Ainsi,  le  muscle  antérieur 
laisse  une  impression  très  allongée,  étroite, 
s'avançant  obliquement  de  haut  en  bas,  d'a- 
vant en  arrière.  Ordinairement  l'impression 
palléale  commence  à  l'extrémité  inférieure 
de  l'impression  du  muscle  ;  dans  les  Luci- 
nes ,  l'impression  du  muscle  est  en  partie! 
en  dedans  de  celle  du  manteau.  Il  n'en  est 
pas  de  même  de  l'impression  musculaire 
postérieure;  quoiqu'elle  soit  beaucoup  plus 
allongée  que  dans  les  autres  genres,  et  en 
général  beaucoup  plus  près  des  bords  des 
valves,  néanmoins  elle nerentre jamais  dans 
l'intérieur  de  l'impression  palléale,  ce  qui 
sert  à  la  distinguer  facilement  de  l'impres- 
sion antérieure.  Quant  à  l'impression  pal- 
léale, elle  reste  toujours  simple;  le  disque 
intérieur  des  valves  n'est  pas  toujours  lisse  ; 
dans  la  plupart  des  espèces,  il  est  chargé  de 
petites  verrues  ou  de  ponctuations  plus  ou 
moins  grosses,  et  souvent  elle  est  parcourue 
par  une  ligne  oblique  et  onduleuse.  Il  existe 
même  des  espèces  fossiles  dans  lesquelles  ce 
disque  intérieur  est  pour  ainsi  dire  profon- 
dément haché  par  des  stries  fines,  pro- 
fondes et  divergentes. 

L'animal  des  Lucines  n'est  réellement 
connu  que  depuis  la  publication  de  l'ou- 
vrage de  Poli,  qui  en  a  donné  une  descrip- 
tion sommaire,  sous  le  nom  de  Loripède. Cet 
animal ,  comme  tous  ceux  de  la  famille  à  la- 
quelle il  appartient,  est  enveloppé  dans  un 
manteau  dont  les  lobes  sont  égaux,  à  bords 
épaissis  et  présentant  au  bord  ventral  trois 
ouvertures  :  l'une  fort  grande,  pour  le  pas- 
sage du  pied  ;  la  seconde  est  médiocre,  c'est 
une  simple  perforation,  sans  aucun  prolon- 
gement, soit  intérieur  soit  externe;  elle  re- 
présente le  siphon  branchial  ;  la  troisième 
est  plus  petite  encore;  elle  est  tout  à  fait 


460 


LUC 


en   arrière  de  l'animal ,  et  elle  se  présente 
sous  la  forme  d'un  tube  cylindrique,  à  pa- 
rois  très  minces,  que  l'animal  peut  faire 
rentrer  complètement  à  l'intérieur,   en  le 
retournant  sur  lui-même  comme  un  doigt 
de  gant. On  conçoit  que,  dans  une  disposition 
organique  comme  celle-là,  un  muscle  adduc- 
teur des  siphons  devenait  inutile,  puisqu'en 
réalité,  le  siphon  anal,  très  court,  seul  sub- 
siste. Si  l'on  écarte  les  bords  du  manteau, 
on  trouve  en  avant  et  recouvrant  toute  l'ex- 
trémité antérieure  de  l'animal,  un  muscle 
plat  et  large,  qui  s'avance,  comme  nous  l'a- 
vons dit,  jusque  dans  l'intérieur  des  val- 
ves ;  en  arrière,  un  autre  muscle,  un  peu 
plus  court  que  le  premier;  tous  deux  s'atta- 
chent aux  valves  et  servent  à  les  fermer.  Il 
faut  détacher  le  manteau  et  renverser  en 
dehors  le  muscle  antérieur  pour  découvrir 
au-dessus  de  lui  une  petite  ouverture  buc- 
cale, garnie  de  deux  petites  lèvres,  mais  en- 
tièrement dépourvue  de  palpes  labiaux,  fait 
fort  remarquable,  et  qui  ne  se  rencontre 
plus  dans  les  autres  Mollusques  acéphales. 
L'œsophage  est  très  court;  il  se  dilate  bien- 
tôt en  un  estomac  subpyriforme,  se  termi- 
nant en  arrière  en  un  intestin  grêle  ,  très 
court,  faisant  dans  la  masse  abdominale  une 
seule  anse,  se  dirigeant  d'avant  en  srrière  , 
pour  sortir  sur  le  dos,  où  il  est  embrassé  par 
le  cœur,  d'où  il  sort  pour  se  continuer  der- 
rière le  muscle  adducteur  postérieur,  et  se 
terminer  en  un  petit  anus,  au-dessous  du 
bord  inférieur  de  ce  muscle.  La  masse  ab- 
dominale   est  ordinairement  comprimée  à 
son  extrémité  antérieure;  elle  se  prolonge 
en  un  pied  cylindrique,  en  forme  de  lanière 
très  allongée.  Ce  pied  ne  conserve  pas  la 
même  forme  dans  toutes  les  espèces;  il  a 
une  tendance  à  se  raccourcir,  à  s'élargir  et 
à  prendre  les  caractères  de  cet  organe  dans 
les  autres  Mollusques  ténuipèdes.  Les  bran- 
chies ont  une   disposition  toute  spéciale; 
elles  sont  larges  et  épaisses,  elles  semblent 
formées  d'un  seul  feuillet,  mais  que  l'on  par- 
vient facilement  à  dédoubler,  et  l'on  ac- 
quiert ainsi  la  preuve  que  cette  branchie, 
qui  semble  unique,  est  réellement  composée 
dedeux  feuillets  soudés  entre  eux.  Le  cœur  est 
fort  petit  ;  il  est  subglobuleux,  contenu  dans 
un  péricarde  médiocre  ,  dans  lequel  sont 
également  renfermées  deux  oreillettes  trian- 
gulaires qui  se  rendent  à  la  base  des  bran- 


LTD 

chies.  L'aorte  antérieure  se  dirige  en  avant, 
en  pénétrant  dans  la  masse  abdominale  par 
l'ouverture  qui  donne  passage  à  l'intestin. 
L'aorte  postérieure  se  détache  très  haut  du 
tube  intestinal,  et  on  la  voit  s'avancer  le  long 
de  la  face  interne  du  muscle  postérieur  pour 
se  distribuer  ensuite  à  tout  le  côté  postérieur 
de  l'animal.  L'ovaire  est  énorme;  il  envahit 
presque  toute  la  masse  abdominale;  Tintes- 
tin,  la  plus  grande  partie  de  l'estomac,  s'y 
trouvent  plongés,  car  le  foie  est  réduit  à  un 
très  petit  volume  qui  occupe  seulement  le 
bord  antérieur  de  la  masse  abdominale.  L'a- 
nimal des  Ludnes  constitue,  comme  on  le 
voit,  un  type  tout  particulier  dans  la  grande 
série  des  Mollusques  acéphales  dirnyaires; 
il  est  essentiellement  caractérisé  par  la  gran- 
deur des  muscles,  par  une  bouche  très  pe- 
tite et  dépourvue  de  palpes  labiaux  ,  par  un 
pied  vermiforme ,  et  enûn  par  la  présence 
d'un  seul  siphon,  l'autre  étant  représenté 
par  une  ouverture  simple. 

Si  nous  examinons  le  genre  sous  le  rap- 
port de  sa  distribution  géographique,  nous  en 
trouverons  des  espèces  dans  toutes  les  mers; 
les  plus  grandes  sont  propres  aux  climats 
chauds;  on  en  compte  de  nombreuses  espè- 
ces à  l'état  fossile,  et  ce  qui  est  remarquable, 
c'est  qu'elles  se  distribuent  dans  presque 
tous  les  terrains  de  sédiment,  depuis  les  plus 
récents  jusqu'aux  plus  anciens. On  en  compte 
33  vivantes,  et  une  centaine  environ  à  l'é- 
tat fossile.  (Desh.) 

LUCINIUM,  Pluckn.  bot.  ph.  —  Syn. 
d'Amyris ,  Linn. 

LUCIOLA ,  Smith,  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Luzula,  DC. 

LUCIOPERCA.  poiss.  —  Voy.  sandre. 
*LUCULIA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Rubiacées-Cinchonées ,  établi  par 
Sweet  (  FI.  gard.,  I,  t.  145).  Arbustes  du 
Népaul.  Voy.  rubiacées. 

LUCUMA.  bot.  ph.— Genre  de  la  famille 
des  Sapotacées,  établi  par  Jussieu  (  Gen., 
152).  Arbres  originaires  de  l'Amérique  mé- 
ridionale. Voy.  sapotacées. 

LUDIA.  bot.  ph.  —  Genre  de  lafamdle 
des  Bixacées-Prockiées,  établi  par  Lamarck 
{Dict.,  III,  612,  t.  466).  Arbrisseaux  de  la 
Mauritanie.  Voy.  bixacées. 

*LUDIUS  (ludius  ,  danseur),  ins.  — 
Genre  de  Coléoptères  pentamères,  famille 
des  Sternoxes,  tribu  des  Élatérides,  attri- 


LTJL 


LUM 


46  f 


bué  à  Latreille  par  Dejean  {Calai. %  3e  cdit., 
p.  106,  107),  mais  qui  n'a  pas  été  conservé. 
Des  65  espèces  mentionnées  par  ce  dernier 
auteur  ,  une  partie  rentre  dans  les  genres 
Corymbites  {Ctenicerus,  Hope),  Diacanthus 
(  Seletosomus ,  Stephens  ;  Apholistus  )  et 
Campsoslernus  de  Latreille,  qui  ont  tous  été 
adopté  par  Germar  dans  les  monographies 
partielles  qu'il  a  publiées  dans  son  Journal 
d'entomologie.  (C.) 

LUDOLFIA,  Willd.  bot.  ph.  —  Syn. 
d'Arundinaria,  Rich. 

LUDOVIA  (nom  propre),  bot.  fh. — 
Genre  de  la  famille  des  Pandanées-Cyclan- 
thées,  établi  par  Persoon  (Ench.,  II.  576). 
Herbes  ou  arbrisseaux  de  l'Amérique  tropi- 
cale. Voy.  PANDANEES. 

LUDWIGIA  (nom  propre),  bot.  pn.  — 
Genre  de  la  famille  des  OEnothérées-Jus- 
sieuées ,  établi  par  Roxburgh  (Flor.  ind., 
cdit.  Wallich,  I,  440).  Herbes  de  l'Inde. 
Voy.  c*;.\othêrées. 

LUFFA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Cucurbitacées-Cucurbitées  ,  établi  par 
Tourneront.  R.  S.,  107).  Heibesde  l'Asie 
et  de  l'Afrique  tropicale.  V.  cucurbitacées. 

*LUGOA.  bot.  ph. — Genre  de  la  famille 
des  Composées-Sénécionidées,  établi  par  De 
Candolle  (Prodr.,  VI,  14).  Sous-arbrisseaux 
des  Canaries.  Voy.  composées. 

LUHEA  (nom  propre),  bot.  ph.  —  Genre 
de  la  famille  des  Tiliacés-Grewiées ,  établi 
par  Willdenow  (in  Verhandl.  Berlin  nat. 
Freund,  III,  409,  t.  V).  Arbres  de  l'Améri- 
que tropicale.  Voy.  liliacées.  —  Scbmidt, 
syn.  de  Stilbe,  Berg. 

*LUIDIE.  Luidia  (Luid  ,  nom  d'un  natu  • 
raliste).  ÉctiiN. —  Genre  d'Astérides ,  établi 
par  M.  Forbes  et  adopté  par  MM.  Mûller  et 
Troschel ,  qui  l'avaient  d'abord  nommé 
Kemicnemis.  Jl  comprend  les  Astéries  sans 
;i;ius  ,  ayant  les  ambulacres  pourvus  d'une 
double  rangée  de  pieds  tentaculaires ,  et 
i'une   rangée   de    plaques  marginales   à  la 

«e ventrale  seulement,  avec  des  piquants; 
i  face  dorsale  est  hérissée  de  piquants  sé- 
icés.    On    n'y  voit  pas    de    pédicellaires. 

(Duj.) 

LUISANTE,  moll. — Nom  vulgaire  adopté 

narGeoffroy, dans  les  coquilles  des  en  virons  de 

i'aris,  pour  V  Hélix  cellaria  de  Linné.  (Desh.) 

LULAT.  moll. —  Nom  donné  par  Adanson 

wpèee  fort  commune  de  Modiole,  que 


la  plupart  des  auteurs  rapportent  au  Myli- 
lus  modiolus  de  Linné;  mais  nous  pensons 
que  cette  espèce  doit  être  séparée  decelle  dont 
nous  venons  de  parler.  Voy.  modiole.  (Desh.) 

LULU.  ois.  —  Nom  d'une  espèce  euro- 
péenne du  genre  Alouette. 

*LUMBRICA1\IA.poiss.— M.  de  Munster 
a  désigné  sous  cette  dénomination  ,  comme 
devantconstituer  un  nouveau  genre  de  Vers, 
des  corps  vermiforrnes  connus  à  l'état  fos- 
sile. M.  Agassiz  [Poissons  fossiles,  tom.  III, 
pag.  295)  s'est  assuré  que  ce  sont  les  em- 
preintes d'intestins  de  Poissons  des  genres 
Leptolepis  et  Thrissops.  (P.  G.) 

LUMBRICONEKEIS,  Grube.  annel.  — 

Voy.   LOMRIUNÈKE.  (P.    G.) 

LUMBKICUS.  annél.  —  Voy.   lombric. 

LUMIÈRE,  phys.  —  On  désigne  ainsi  le 
principe  à  Laide  duquel  la  forme  et  la  cou- 
leur des  corps  sont  rendues  perceptibles  à 
l'organe  de  la  vue.  Ce  principe,  émané  des 
corps  lumineux,  se  propage  en  ligne  droite 
dans  tous  les  sens  ,  quand  le  milieu  qu'il 
traverse  est  homogène  ,  et  change  de  direc- 
tion dans  un  milieu  hétérogène.  On  appelle 
rayon  lumineux  la  direction  suivie  par  la 
Lumière,  et  faisceau  la  réunion  de  plusieurs 
rayons.  Toutes  les  fois  quele  point  lumineux 
est  très  éloigné  de  nous,  comme  l'est  le  Soleil 
à  l'égard  de  la  Terre,  le  faisceau  est  consi- 
déré comme  formé  de  rayons  parallèles.  De- 
puis Aristote,  les opinionsont  bien  varié  sur 
la  nature  de  la  Lumière. Ce  grand  philosophe, 
qui  voulait  tout  expliquer  à  l'aide  de  prin- 
cipes généraux  ,  pensait  que  les  corps  trans- 
parents, comme  l'air,  l'eau,  le  verre,  etc., 
ne  laissaient  voir  les  objets  placés  derrière 
eux  qu'en  raison  d'une  puissance  propre, 
mise  en  action  par  le  passage  de  la  Lumière 
à  travers  les  corps.  Suivant  lui ,  la  Lumière 
n'était  point  le  feu;  elle  n'avait  rien  de  ma- 
tériel, rayonnait  des  corps  lumineux,  et  se 
transmettait  à  travers  les  corps  transpa- 
rents; elle  était  due  à  la  présence  du  feu 
dans  les  corps.  Tels  étaient  les  principes 
très  obscurs  de  métaphysique  qui,  jusqu'à 
Grimaldi  et  Descaries,  servirent  de  règle 
pour  expliquer  les  phénomènes  lumineux. 
Grimaldi,  né  à  Bologne,  en  1518,  paraît 
être  le  premier  qui  ait  essayé  d'expliquer 
les  phénomènes  lumineux  dans  le  système 
des  ondes.  Descartes  posa  en  principe  que 
la  Lumière  consiste   dans  un   mouvement 


462 


LUM 


vibratoire  des  molécules  des  corps  lumi- 
neux, au  moyen  duquel  ces  molécules  peu- 
vent imprimer  un  mouvement  d'impulsion 
dans  tous  les  sens  aux  globules  d'un  fluide 
très  subtil  répandu  dans  l'univers  et  péné- 
trant tous  les  corps.  Ces  globules  étant  ma- 
tériels et  en  contact  immédiat,  la  transmis- 
sion de  la  Lumière  devait  être  instantanée. 
Cette  théorie  fut  repoussée  et  déOnitivement 
abandonnée  dès  que  Rœmer,  en  1675,  et 
plus  tard  Bradley,  en  1728,  eurent  décou- 
vert que  la  transmission  de  la  Lumière  n'é- 
tait pas  instantanée,  et  que  l'on  eut  ob- 
jecté à  Descartes  que  la  Lumière  ne  serait 
pas  réfléchie  si  les  globules  de  la  matière 
éthérée  n'étaient  pas  doués  d'élasticité. 

Le  P.  Malebranche  établit  une  analogie 
entre  la  Lumière  et  le  son,  en  substituant 
aux  globules  matériels  de  Descartes  de  pe- 
tits tourbillons  de  matière  subtile. 

Huyghens  imagina  le  système  des  ondu- 
lations, dont  il  posa  les  principes  mathéma- 
tiques avec  cette  haute  supériorité  de  gé- 
nie qu'on  retrouve  dans  tousses  travaux. 
Ce  principe ,  grâce  aux  recherches  de  Th. 
Young,  qui  a  découvert  le  principe  des  in- 
terférences ;  de  Malus,  auquel  on  doit  la  dé- 
couverte de  la  polarisation  de  la  Lumière 
au  moyen  de  la  réflexion  ;  de  Fresnel,  qui  a 
établi  le  système  des  ondulations  sur  des  ba- 
ses solides  en  faisant  concourir  au  même  but 
les  recherches  analytiques  et  les  recherches 
expérimentales  ;  ce  système  disons-nous, 
permet  d'expliquer  aujourd'hui  les  phéno- 
mènes lumineux,  sans  recourir  sans  cesse 
a  des  hypothèses  nouvelles.  Huyghens 
admit,  comme  Descartes,  l'existence  d'un 
fluide  très  subtil ,  d'une  nature  éthérée,  ré- 
pandu dans  l'espace  et  pénétrant  dans  les 
corps,  mais  éminemment  élastique,  et  dont 
ia  densité  variait  suivant  la  nature  des 
corps.  Il  supposa  en  outre  que  les  molécules 
des  corps  lumineux  étaient  dans  un  état 
continuel  de  vibration  ,  que  leur  mouve- 
ment vibratoire  était  transmis  à  la  rétine 
par  l'intermédiaire  de  la  matière  éthérée, 
qui  entrait  elle-même  en  vibration.  Huy- 
ghens compara  la  propagation  de  la  Lu- 
mière dans  l'étherà  celle  du  son  dans  l'air, 
ou  d'un  mouvement  vibratoire  imprimé  à 
un  fluide  pondérable  ,  avec  cette  différence, 
néanmoins,  que  la  vitesse  des  oscillations 
de  l'éther  était   infiniment,  grande,  relati- 


LUM 

vement  à  celle  des  molécules  de  l'air,  qui 
transmettent  le  son,  ou  des  molécules  d'un 
fluide  pondérable. 

Newton  n'adopta  pas  cette  manière  de 
voir.  Suivant  ce  grand  philosophe  ,  les 
objets  lumineux  projettent  dans  tous  les 
sens  des  molécules  d'une  ténuité  extrême, 
dont  les  différentes  faces  ne  jouissent  pas 
des  mêmes  propriétés.  Si  leur  ténuité  n'était 
pas  telle,  les  molécules  mettraient  en  pièces 
les  objets  qu'elles  frappent.  Il  admit  encore 
que  les  molécules  obéissaient  à  l'action  de 
forces  attractives  et  répulsives,  résidant 
dans  tous  les  corps,  et  ne  se  manifestant 
qu'à  une  très  petite  distance  de  leur  sur- 
face. Telles  sont  les  bases  de  la  théorie  de 
l'émission,  qui  a  eu  longtemps  de  nombreux 
partisans. 

En  soumettant  ces  données  au  calcul , 
Newton  parvint  à  une  explication  juste  et 
claire  des  phénomènes  lumineux  connus  de 
son  temps.  Une  discussion  s'éleva  entre  les 
partisans  de  la  théorie  des  ondes  et  ceux 
de  la  théorie  de  l'émission.  Huyghens  cher- 
cha à  prouver  que  sa  théorie  rendait  aussi 
bien  compte  que  celle  de  Newton  des  phé- 
nomènes lumineux,  et  en  particulier  de  la 
réflexion  et  de  la  réfraction.  Depuis  lors, 
les  physiciens  sont  partagés  d'opinion  sur 
la  cause  de  la  Lumière;  mais,  hâtons-nous 
de  le  dire,  la  théorie  des  ondes  compte  au- 
jourd'hui un  bien  plus  grand  nombre  de 
partisans  que  celle  de  l'émission. 

Quelques  faits  particuliers  avaient  paru 
d'abord  ne  pouvoir  être  expliqués  dans 
aucune  des  deux  théories  ;  entre  autres 
la  diffraction  découverte  par  Grimaldi;  on 
en  conclut  sur-le-champ  que  les  rayons 
lumineux  se  déviaient  de  leur  direction 
rectiligne  quand  ils  passaient  près  d'un 
corps  de  nature  quelconque.  Newton  attri- 
bua ce  phénomène  à  l'action  des  forces  ré- 
pulsives dont  il  avait  admis  l'existence  dans 
sa  théorie.  L'hypothèse  d'Huyghens  ne  put 
d'abord  expliquer  ce  fait,  mais  Fresnel  en 
donna  une  explication  complète  dans  la 
théorie  des  ondes. 

Enfin  on  a  essayé  d'expliquer  la  Lumière 
en  la  considérant  comme  le  résultat  de  dé- 
charges électriques  continues,  produites  dans 
le  passage  de  l'électricité  à  travers  les  corps, 
la  transmission  ne  pouvant  s'opérer  que 
par  des  décompositions  et  recompositions  de 


LUM 

fluide  naturel  dans  les  espaces  moléculaires. 
Mais  les  faits  sur  lesquels  on  s'appuie  ne 
sont  pas  assez  nombreux  pour  que  cette 
manière  de  voir  soit  prise  sérieusement  en 
considération.  Passons  actuellement  aux 
propriétés  de  la  Lumière. 

Vitesse  de  la  Lumière.  On  a  cru  pendant 
longtemps  que  la  Lumière  se  transmettait 
instantanément  de  l'objet  éclairé  à  l'œil. 
Mais  cette  erreur  fut  rectifiée  aussitôt  que 
Bœmer  eut  observé  les  éclipses  du  premier 
satellite  de  Jupiter.  Il  fut  démontré  alors 
que  la  Lumière  employait  près  de  7  minutes 
pour  nous  parvenir  du  Soleil.  Sa  vitesse  était 
donc  de  70,000  lieues  par  seconde.  En  com- 
binant le  mouvement  progressif  de  la  Lu- 
mière avec  celui  de  la  terre  dans  son  or- 
bite, on  est  parvenu  à  expliquer  l'aberration 
des  étoiles,  c'est-à-dire  le  mouvement  ap- 
parent qui  les  écarte  du  point  auquel  nous 
devrions  les  rapporter  dans  le  ciel.  La  vi- 
tesse de  la  Lumière  déduite  de  l'aberration 
des  étoiles  fixes  est  la  même  que  celle  dé- 
duite de  l'observation  de  l'éclipsé  du  pre- 
mier satellite  de  Jupiter. 

Les  corps  ont  été  partagés  en  trois  classes, 
relativement  à  leurs  propriétés  lumineuses; 
on  a  appelé  corps  opaques  ceux  qui  ne  sont 
pas  lumineux  par  eux-mêmes;  corps  dia- 
phanes ou  transparents  ceux  qui  laissent 
passer  la  Lumière  et  permettent  d'aperce- 
voir au  travers  les  objets  placés  derrière  ; 
corps  translucides  ceux  qui  laissent  passer 
une  quantité  plus  ou  moins  faible  de  Lu- 
mière, qui  ne  permet  de  distinguer  ni  la 
forme  des  objets,  ni  leur  couleur,  ni  leur 
distance. 

L'absence  de  Lumière  étant  l'obscurité, 
il  en  résulte  que,  lorsqu'un  corps  opaque  est 
éclairé  par  un  seul  point  lumineux  ,  il  en 
résulte  une  ombre  et  une  pénombre  sur  les 
surfaces  qui  reçoivent  les  faisceaux  lumi- 
neux enveloppant  le  corps. 

Photomélrie. Cette  partie,  qui  est  la  moins 
avancée  de  l'optique,  comprend  tout  ce  qui 
concerne  la  mesure  de  l'intensité  de  la  Lu- 
mière. Les  procédés  employés  jusqu'ici  per- 
mettent bien  de  comparer  ensemble,  par 
approximation,  les  intensités  de  deux  Lu- 
mières de  même  couleur,  mais  non  de 
couleur  différente.  Ces  procédés  reposent 
sur  cette  loi  fondamentale,  que  l'intensité  de 
la  Lumière  émanée  d'un  jjoint   lumineux 


LUM 


463 


décroît  comme  le  carré  de  la  distance  aug- 
mente, loi  qui  se  déduit  immédiatement  du 
rapport  des  sections  faites  dans  un  cône 
droit  perpendiculairement  à  l'axe,  puisqu'un 
faisceau  lumineux  peut  être  considéré  lui- 
même  comme  un  cône  droit.  Bouguer  ,  en 
1760,  proposa  l'emploi  de  deux  feuilles  de  pa- 
pier de  même  grandeur,  prises  dans  la  même 
main,  l'une  éclairée  par  la  Lumière  dont  on 
veut  mesurer  l'intensité,  l'autre  par  une 
Lumière  dont  on  fait  varier  à  volonté  la 
distance  à  cette  feuille,  et  à  laquelle  on  com- 
pare la  première.  Quand  les  intensités  sont 
égales,  on  calcule  celle  de  l'une  en  fonction 
de  l'autre  au  moyen  de  la  loi  des  intensités. 

Rumford  a  imaginé  un  autre  procédé , 
fondé  sur  l'égalité  des  ombres  projetées  sur 
une  feuille  de  papier  blanc  par  un  corps 
opaque  ,  situé  entre  la  feuille  de  papier  et 
les  deux  Lumières  dont  on  varie  la  distance 
à  celle-ci  jusqu'à  ce  qu'on  ait  atteint  cette 
égalité.  Le  rapport  des  carrés  des  distances 
des  Lumières  à  la  feuille  de  papier  donne 
celui  de  leurs  intensités.  Ce  procédé  a  en 
outre  l'avantage  de  faire  connaître  les  rap- 
ports des  teintes  prédominantes  dans  cha- 
cune des  Lumières;  car  chaque  ombre  est 
éclairée  par  l'autre  Lumière,  et  par  consé- 
quent l'ombre  d'une  des  Lumières  est  co- 
lorée de  la  teinte  prédominante  de  la  se- 
conde. 

Ritchie  a  conseillé  de  faire  réfléchir  les 
deux  Lumières  que  l'on  veut  comparer ,  par 
deux  miroirs  ,  sur  une  feuille  de  papier 
huilé,  puis  d'éloigner  ou  de  rapprocher  ces 
Lumières ,  jusqu'à  ce  que  les  deux  images 
soient  d'égale  intensité.  On  en  déduit  en- 
suite, au  moyen  de  la  loi  précédemment 
citée,  les  intensités  relatives. 

M.  Arago  a  proposé  plusieurs  procédés 
plus  exacts  que  les  précédents,  et  qui  sont 
fondés  sur  l'emploi  des  anneaux  colorés  et 
des  phénomènes  de  polarisation. 

Réflexion  de  la  Lumière  ou  catoptrique. 
—  Lorsqu'un  rayon  de  Lumière  tombe  su: 
une  surface  polie,  telle  que  celle  d'un  mi- 
roir, il  se  réfléchit  en  faisant  un  angle  de 
réflexion  égal  a  l'angle  d'incidence;  le 
rayon  incident  et  le  rayon  réfléchi  sont  si- 
tués  dans  un  plan  normal  à  la  surface  ré- 
fléchissante au  point  de  réflexion.  La  ré- 
flexion a  été  expliquée  dans  la  théorie  des 
ondulations  et  dans  celle    de   l'émission. 


464 


LUM 


LUM 


Newton  fut  obligé  d'admettre  que  la  ré- 
flexion était  due  à  l'effet  de  certaines  forces 
répulsives  exercées  sur  les  molécules  lumi- 
neuses par  les  particules  pondérables  du 
corps  réfléchissant.  Huyghens,  pour  expli- 
quer le  phénomène,  admit  simplement  que 
lorsque  le  mouvement  ondulatoire  des  mo- 
lécules de  l'éther  arrive  à  la  surface  d'un 
corps  réfléchissant,  qui  est  également  la 
surface  de  séparation  de  deux  portions  de 
l'éther  n'ayant  pas  la  même  densité,  une 
portion  de  ce  mouvement  revient  du  même 
côté  de  la  surface,  et  produit  la  réflexion  de 
la  Lumière. 

Bouguer  a  comparé  l'intensité  de  la  Lu- 
mière réfléchie  ,  sous  diverses  inclinaisons 
Les  résultats  auxquels  il  est  parvenu  sont 
conformes  à  ceux  trouvés  par  M.  Fresuel  et 
M.  Arago,  qui  ont  fait  usage  d'une  autre 
méthode  conduisant  à  cette  conclusion  : 
que,  pour  une  même  surface  réfléchissante, 
îa  quantité  de  Lumière  refléchie  diminue  à 
mesure  que  le  faisceau  incident,  ayant  tou- 
jours la  même  intensité ,  s'approche  de  la 
normale;  et  que  pour  une  même  incidence, 
des  surfaces  de  nature  différente  réfléchis- 
sent des  portions  très  différentes  de  ce  même 
faisceau. 

Lorsque  les  surfaces  sont  planes  et  polies, 
elles  constituent  les  miroirs  plans,  qui  jouis- 
sent de  la  propriété  de  fa>re  voir  les  images" 
des  objets  d'une  manière  symétrique  les 
unes  par  rapport  aux  autres.  Les  lois  de  la 
réflexion  de  la  Lumière  permettent  d'ex- 
pliquer les  effets  produits.  Si  les  rayons, 
avant  leur  incidence,  sont  parallèles,  ils  res- 
tent parallèles  après  leur  réflexion.  S'ils 
sont  convergents  ou  divergents,  ils  conser- 
vent après  leur  réflexion  le  même  degré  de 
convergence  ou  de  divergence.  Il  résulte  de 
là  que,  dans  la  réflexion  sur  des  surfaces 
planes,  les  rayons  ne  font  que  changer  de 
direction,  sans  que  leur  position  respective 
soit  changée;  il  n'en  est  pas  de  même  a  l'é- 
gard des  surfaces  courbes.  Pour  rendre 
compte  de  ce  qui  passe,  il  fout  partir  de  ce 
principe,  que  la  réflexion  de  la  Lumière  en 
un  point  quelconque  d'une  surface  s'opère 
de  la  même  manière  que  sur  un  plan  tan- 
cent à  la  surface  en  ce  point.  La  question  se 
trouve  ainsi  ramenée  à  une  question  de  ma- 
thématiques ;  l'expérience  confirme  toutes 
tes  déductions  géométriques. 


En  optique,  on  considère  des  miroirs 
sphériques,  concaves  ou  convexes,  qui  ne 
sont  que  des  portions  d'une  sphère  d'un 
diamètre  plus  qu  moins  grand  ,  et  des  mi- 
roirs cylindriques  et  coniques.  On  distingua 
dans  les  miroirs  sphériques  l'ouverture,  le 
diamètre,  l'axe,  le  centre  de  figure,  le  cen- 
tre de  courbure  et  le  foyer.  L'ouverture  est 
l'angle  mené  du  centre  de  la  sphère  aur. 
deux  bords  opposés  du  miroir;  le  diamètre, 
la  ligne  qui  joint  ces  deux  bords;  l'axe,  la 
ligne  menée  du  centre  de  la  sphère  au  cen- 
tre du  miroir;  le  centre  de  figure  est  re 
centre  du  miroir,  et  le  centre  de  courbure 
celui  de  la  sphère;  le  foyer  est  le  point  va- 
riable de  l'axe  où  viennent  se  réunir  tous 
les  rayons  de  Lumière  émanant  d'un  point 
quelconque  de  cet  axe  et  réfléchi  par  le 
miroir.  On  appelle  foyer  principal  le  foyer 
des  rayons  parallèles  situé  à  la  moitié  du 
rayon. 

Toutes  les  fois  que  l'ouverture  du  miroir 
dépasse  20  ou  30°,  les  rayons  tombant  au- 
delà  n'aboutissent  plus  au  même  point  de 
l'axe,  l'image  n'a  plus  de  netteté,  et  il  y  a 
alors  aberration  de  sphéricité. 

On  conçoit,  à  la  simple  inspection  d'un 
miroir  sphérique  concave,  que,  lorsque  le 
point  lumineux  s'éloigne  de  la  surface  ré- 
fléchissante, le  foyer  s'en  approche,  et  réci- 
proquement. La  théorie  des  miroirs  repose 
sur  une  formule  qui  renferme  le  rayon  de 
courbure  du  miroir,  la  distance  du  point 
lumineux  au  miroir,  la  dislance  du  foyer  ou 
de  l'image  au  miroir. 

Nous  ne  pouvons  ici  nous  livrer  à  la  dis- 
cussion de  cette  formule,  en  raison  de  la 
trop  grande  extension  que  nous  serions 
obligé  de  donner  à  cet  article;  nous  dirons 
seulement  que  si  l'on  place  la  flamme  d'une 
bougie  dans  une  chambre  noire,  à  diverses 
distances  du  miroir,  en  la  maintenant  sur 
l'axe  ou  hors  de  Taxe ,  on  vérifie  tous  les 
résultats  fournis  par  la  formule.  L'image  de 
cette  bougie  est  reçue  sur  du  verre  dépoli 
ou  une  feuille  de  carton.  Si  le  point  lumi- 
neux varie  d'une  distance  très  grande  du 
miroir  au  centre  même  du  miroir,  le  foyer 
varie  depuis  le  foyer  principal  jusqu'au  cen- 
tre. La  lumière  venant  occuper  diverses  po- 
sitions depuis  le  centre  jusqu'au  foyer  prin- 
cipal ,  le  foyer  prend  alors  les  positions 
qu'occupaient  auparavant  les  points  lumi- 


LUM 


LUM 


465 


neux,  et  varie  du  centre  à  l'infini  ;  mais  si 
le  point  lumineux  est  placé  entre  le  foyer 
principal  et  le  centre  de  figure,  le  foyer  est 
virtuel  et  placé  derrière  le  miroir. 

Nous  ajouterons  encore  que  la  réflexion 
sur  les  miroirs  concaves  sphériques  rend 
convergents  les  rayons  qui  étaient  parallèles 
avant  leur  incidence,  et  qu'elle  augmente 
la  convergence  de  ceux  qui  convergeaient 
déjà;  que  la  réflexion  sur  les  miroirs  con- 
vexes rend  divergents  les  rayons  qui  étaient 
parallèles avantleur  incidence,  et  augmente 
la  divergence  de  ceux  qui  divergeaient  déjà. 

Nous  pouvons  maintenant  indiquer  la  for- 
mation des  images  sur  les  miroirs  plans, 
concaves  ou  convexes. 

Les  images  formées  sur  un  miroir  plan 
sont  absolument  les  mêmes  que  si  les  ob- 
jets n'avaient  fait  que  changer  de  position; 
l'œil  les  voit  aux  points  où  concourent  les 
rayons  réfléchis  vers  l'œil,  parla  surface  ré- 
fléchissante. 

Le  miroir  concave  produit  des  effets  qui 
d'abord  paraissent  très  singuliers.  Pour  une 
certaine  position  de  l'œil ,  l'image  paraît 
droite,  très  amplifiée  et  située  derrière  le 
miroir  ;  éloigne-t-on  par  degré  l'objet  du 
miroir,  l'image  disparaît  ou  ne  présente  plus 
qu'une  masse  confuse  ;  à  une  grande  dis- 
tance, elle  reprend  sa  forme,  se  renverse 
*t  semble  venir  vers  le  spectateur.  Tous  ces 
effets  s'expliquent  parfaitement  au  moyen 
des  principes  précédemment  donnés. 

Le  miroir  convexe  ne  présente  pas  des 
effets  aussi  variés,  l'image  est  vue  seule- 
ment derrière  le  miroir,  plus  rapprochée  de 
la  surface  réfléchissante  et  avec  des  dimen- 
sions plus  petites  que  l'objet. 

Les  miroirs  cylindriques  ou  coniques  pro- 
duisent des  effets  très  curieux.  Leur  base 
est  placée  au  milieu  de  dessins  bizarres, 
dont  leur  réflexion  sur  les  miroirs  mêmes 
donne  des  images  régulières.  La  géométrie 
donne  les  moyens  de  combiner  les  traits  du 
dessin  avec  la  courbure  du  miroir,  de  ma- 
nière à  produire  l'effet  que  l'on  a  en  vue. 
On  se  propose  ainsi  de  rectifier  une  image 
vicieuse. 

Les  miroirs  concaves  et  convexes  ont  un 
emploi  spécial  en  optique.  Les  premiers 
entrent  dans  la  construction  des  télescopes  ; 
on  les  prend  ordinairement  de  métal,  parce 
qu'ils  ne  donnent  qu'une  seule  image  de 
t.  vu. 


l'objet.  On  les  fabrique  avec  un  alliage  blanc, 
afin  qu'ils  réfléchissent  le  plus  possible  de 
lumière  incolore:  seulement,  ils  ont  l'incon- 
vénient de  se  ternir  assez  promptement.Ccs 
miroirs,  pour  atteindre  le  but  qu'on  se  pro- 
pose, doivent  représenter  très  exactement , 
une  portion  de  sphère  et  avoir  un  poli  très 
parfait ,  sans  quoi  les  images  sont  confuses. 

La  réflexion  de  la  lumière  sur  une  surface 
courbe  donne  lieu  encore  à  des  effets  par- 
ticuliers que  nous  devons  mentionner  : 
quand  un  point  lumineux  projette  des  rayons 
sur  une  surface  continue  et  que  ces  rayons 
ne  se  réunissent  pas  en  un  même  foyer,  la 
rencontre  de  tous  les  rayons  voisins  pro- 
duit des  foyers  partiels  dont  l'ensemble 
forme  une  surface  appelée  caustique  par 
réflexion.  Si  la  réflexion  s'effectue  sur  une 
ligne,  la  caustique  est  une  simple  ligne. 

La  détermination  de  la  forme  des  caus- 
tiques est  du  ressort  de  la  géométrie. 

La  propriété  réfléchissante  des  miroirs 
concaves  a  été  mise  à  profit,  dit-on,  par 
Archimède,  pour  incendier  la  flotte  des  Ro- 
mains devant  Syracuse;  il  composa  proba- 
blement à  cet  effet  un  système  de  miroirs 
plans  pour  remplacer  un  miroir  courbe  ; 
du  moins  on  doit  le  supposer,  puisque  Buf- 
fon  construisit  un  miroir  de  ce  genre  ,  dont 
la  distance  focale  était  de  25a\98,  avec 
lequel  il  obtint  de  grands  effets  de  com- 
bustion. 

La  réflexion  de  la  lumière  sert  encore  pour 
mesurer  avec  une  très  grande  précision  les 
angles  des  cristaux  et  surtout  ceux  de  très 
petites  dimensions.  On  appelle  goniomètres 
à  réflexion  les  instruments  destinés  à  cet 
usage. 

Le  premier  goniomètre  de  ce  genre  a  été 
construit  par  Wollaston;  puis  il  a  été  très 
perfectionné  par  M.  Mitscherlich. 

Les  lois  de  la  réflexion  de  la  lumière  ont 
été  mises  à  profit  pour  la  construction  de 
l'héliostat,  instrument  destiné  à  rendre 
fixe  un  rayon  solaire  réfléchi ,  malgré  le 
mouvementapparent  du  soleil.  On  sait  que, 
lorsqu'on  reçoit  un  rayon  lumineux  dans 
une  chambre  obscure,  le  rayon  change 
bientôt  de  place  en  raison  de  ce  mouvement. 
Le  but  de  Théliostat  est  de  faire  mouvoir 
une  surface  réfléchissante,  de  telle  sorte 
que,  malgré  le  mouvement  apparent  du 
soleil,  les  rayons  qui  tombent  sur  le  miroif 

53 


466 


LUM 


tUM 


soient  constamment  réfléchis  suivant  la 
même  direction.  Ce  problème  a  été  résolu 
au  moyen  d'un  mécanisme  mû  par  le 
moyen  d'un  mouvement  d'horloge. 

De  la  réfraction. — Toutes  les  fois  qu'un 
rayon  de  lumière  passe  d'un  milieu  dans  un 
autre,  il  est  dévié  de  sa  direction;  on  dit 
alors  qu'il  est  réfracté.  La  déviation  dépend 
de  la  densité  plus  ou  moins  grande  du  nou- 
veau milieu  dans  lequel  passe  le  rayon  ,  de 
la  nature  du  corps  réfringent  et  du  degré 
d'obliquité  d'incidence  du  rayon.  Descartes 
a  découvert  les  lois  de  ce  phénomène,  dont 
voici  l'énoncé  : 

Le  rayon  réfracté  et  le  rayon  incident 
sont  dans  un  plan  perpendiculaire  à  la 
surface;  le  sinus  de  l'angle  d'incidence 
et  le  sinus  de  l'angle  de  réfraction  sont  dans 
un  rapport  constant  pour  la  même  substance 
réfringente  et  quelle  que  soit  l'incidence. 

Ce  rapport  a  été  appelé  indice  de  ré- 
fraction. 

La  détermination  de  l'indice  de  réfrac- 
tion des  corps  a  beaucoup  occupé  les  phy- 
siciens. Pour  simplifier  la  question  ils  ont 
d'abord  supposé  que,  pour  un  rayon  inci- 
dent, il  n'y  avait  qu'un  seul  rayon  réfracté  : 
autrement  ils  auraient  été  obligés  de  tenir 
compte  des  effets  de  la  dispersion  de  la  lu- 
mière ,  c'est-à-dire  ,  de  la  différence  de  ré- 
frangibilité  des  différents  rayons  qui  com- 
posent le  faisceau. 

Newton  est  le  premier  qui  ait  déterminé 
avec  exactitude  les  indices  de  réfraction  de 
diverses  substances  solides  et  liquides. 
Ayant  rangé  les  corps  suivant  leur  puissance 
réfractive,  il  remarqua  que  le  diamant  et 
l'eau  se  trouvaient  à  côté  des  huiles ,  c'est- 
à-dire  à  côté  de  corps  contenant  un  prin- 
cipe combustible;  il  en  tira  aussitôt  la  con- 
séquence que  les  deux  corps  devaient  con- 
tenir également  un  principe  combustible; 
hypothèse  que  les  expériences  de  Lavoisier 
ont  changée  en  vérité.  Mais  quel  est  le  prin- 
cipe commun  aux  huiles  et  aux  résines  qui 
leur  permet  d'agir  si  puissamment  sur  la 
lumière  quand  elle  les  traverse?  MM.  Biot 
et  Arago  ont  répondu  à  cette  question  en 
déterminant  avec  une  grande  exactitude  les 
pouvoirs  réfringents  des  substances  gazeu- 
ses et  en  particulier  celui  du  gaz  hydrogène, 
qui  surpasse  de  beaucoup  le  pouvoir  des 
autres  gaz  et  même  des  autres  substances 


observées  jusqu'ici.  Or,  comme  le  principe 
combustible,  le  gaz  hydrogène ,  existe  en 
grande  quantité  dans  les  résines,  les  huiles, 
ainsi  que  dans  l'eau,  c'est  donc  à  lui  qu'il 
faut  rapprter  la  grande  force  réfringente 
observée  par  Newton  dans  les  substances 
combustibles.  Les  expériences  de  MM.  Biot 
et  Arago  ont  permis  d'établir  le  principe 
suivant  : 

Les  puissantes  réfractives  d'un  gaz  sont 
proportionnelles  à  sa  densité,  c'est-à-dire 
que  le  pouvoir  réfringent  d'un  gaz  est  con- 
stant à  toute  température  et  à  toute  pres- 
sion. 

On  entend  par  puissance  réfractive  d'une 
substance  le  carré  de  son  indice  diminué 
de  l'unité;  et  par  pouvoir  réfringent ,  le 
quotient  de  la  puissance  réfractive  par  la 
densité  du  corps.  Ce  principe  s'applique 
également  au  mélange  des  gaz.  En  effet,  la 
puissance  réfractive  d'un  gaz  est  égale  à  la 
puissance  réfractive  de  ses  éléments,  pourvu 
qu'ils  ne  se  combinent  pas  ensemble. 
M.  Dulong,  dans  un  travail  entrepris 
dans  le  but  de  comparer  entre  elles  les  puis- 
sances réfractives  des  gaz,  à  la  même  tem- 
pérature et  sous  la  même  pression,  a  été 
conduit  aux  conséquences  suivantes  : 

1°  Il  n'y  a  aucun  rapport  entre  les  nom- 
bres qui  représentent  la  puissance  réfractive 
des  gaz  et  ceux  qui  représentent  leurs  den- 
sités; car  ces  nombrescroissent  tantôt  dans 
un  sens,  tantôt  dans  un  autre,  et  dépendent 
de  leur  nature. 

2"  La  puissance  réfractive  d'un  mélange 
est  égale  à  la  somme  des  puissances  réfrac- 
tives de  ces  éléments.  L'air  étant  dans  ce 
cas,  on  en  a  conclu  que  ces  principes  étaient 
à  l'état  de  mélange  et  non  à  celui  de  com- 
binaison. 

3°  La  puissance  réfractive  d'un  composé 
gazeux  est  tantôt  plus  grande,  tantôt  plus 
petite  que  la  somme  des  puissances  réfrac- 
tives des  composants. 

4°  Le  pouvoir  réfringent  d'une  substance 
à  l'état  liquide  est  plus  grand  que  le  pou- 
voir réfringent  de  la  même  substance  à  l'é- 
tat gazeux. 

On  a  déterminé  également  les  indices  de 
réfraction  des  corps  solides  transparents  ou 
opaques,  et  des  liquides  transparents.  Les 
corps  solides  transparents 'sont  taillés  en 
prisme,  et  l'on  mesure  leur   angle  réfrin- 


LUM 


LUM 


467 


gent  avec  un  goniomètre  à  réflexion  ;  puis 
en  les  disposant  convenablement,  on  dé- 
termine pour  chaque  prisme  la  déviation 
miniraun.  Cette  déviation,  l'angle  réfrin- 
gent et  l'indice  de  réfraction,  entrent  dans 
une  formule  dont  on  tire  facilement  l'ex- 
pression de  l'indice. 

Quant  au  liquide,  ou  suit  absolument  le 
même  procédé,  si  ce  n'est  que  l'on  opère 
avec  un  prisme  de  verre  percé  hori- 
zontalement de  part  en  part,  on  ferme  le 
canal  avec  deux  lames  de  verre  à  faces 
bien  parallèles,  et  l'on  introduit  le  liquide 
dans  la  cavité  au  moyen  d'une  ouverture 
pratiquée  à  cet  effet. 

Wollaston  a  indiqué  le  procédé  suivant 
dans  le  cas  où  le  liquide  sur  lequel  on 
opère  est  en  très  petite  quantité. 

On  place  celte  petite  portion  de  liquide 
sur  un  prisme  de  verre,  dont  l'angle  ré- 
fringent est  droit;  puis  on  observe  l'angle 
de  reflexion  totale  à  la  surfacedesdeux  corps. 
Cet  angle  entre  dans  une  formule  au  moyen 
de  laquelle  on  calcule  l'indice  de  réfraction. 
Si  l'on  ne  peut  disposer  que  de  quelques 
gouttes,  on  les  place  entre  un  verre  bien 
plan  et  l'objectif  d'un  microscope  auquel  le 
verre  est  tangent.  Au  moyen  de  la  compa- 
raison des  distances  auxquelles  on  voit  un 
objet  au  microscope  avec  et  sans  l'interpo- 
sition du  liquide,  on  en  déduit  l'indice  de 
réfraction  de  ce  dernier.  Ce  même  pro- 
cédé peut  s'appliquer  à  une  parcelle  de 
corps  solide;  et  toutes  les  fois  que  cet  indice 
ne  dépasse  pas  celui  du  verre,  il  suffltd'en 
coller  les  fragments  sur  lafaced'un  prisme. 
Dans  le  cas  où  l'indice  de  réfraction  du 
corps  dont  on  n'a  qu'une  portion  est  plus 
grande  que  le  verre,  pour  le  déterminer 
on  cherche  l'angle  de  polarisation  du  corps. 
On  déduit  facilement  l'indice  de  réfraction 
au  moyen  de  la  loi  de  Brewster,  savoir, 
que  la  tangente  de  l'angle  qui  forme  le 
rayon  polarisé  avec  la  normale  est  égale  à 
l'indice  de  réfraction. 

Wollaston  est  parvenue  déterminer  l'in- 
dice de  réfraction  des  corps  opaques,  au 
moyen  du  phénomène  de  la  réflexion  totale 
qui  a  lieu  quand  la  lumière,  pour  sortir  de 
l'eau  dans  l'air,  se  présente  sous  un  angle 
plus  grand  que  l'angle  limite. 

Les  lois  de  la  réfraction  servent  à  expli- 
quer un  grand  nombre  de  phénomènes  lu- 


mineux; nous  citerons  particulièrement    le 
mirage  et  la  réfraction  astronomique. 
Le  mirage  est  observé  fréquemment  en 
!   Egypte  et  sur  mer. 

Le  sol  de  la  Basse-Egypte  forme  une 
vaste  plaine  sur  laquelle  se  répandent  les 
!>aux  du  Nil  au  temps  de  l'inondation.  Sur 
des  bords  du  fleuve,  et  jusqu'à  une  grande 
distance  vers  les  déserts ,  soit  à  l'orient.,  soit 
à  l'occident,  on  aperçoit  de  loin  en  loin  de 
petites  éminences  sur  lesquelles  s'élèvent 
les  édifices  et  les  villages.  Dans  les  temps 
ordinaires,  l'air  est  calme  et  très  pur.  Au 
lever  du  soleil,  les  objets  éloignés  se  distin- 
guent avec  une  netteté  parfaite;  l'observa- 
teur peut  embrasser  alors  un  vaste  horizon , 
qui  n'a  rien  de  monotone,  malgré  son  uni- 
formité; mais  quand  la  chaleur  du  jour  se 
fait  sentir,  quand  la  terre  est  réchauffée 
par  le  soleil,  les  couches  inférieures  de  l'air 
participent  à  la  haute  température  du  sol; 
de  nombreux  courants  s'établissent  avec 
plus  ou  moins  de  régularité.  Il  en  résulte 
dans  l'air  une  espèce  de  tremblement  ondu- 
latoire très  sensible  à  l'œil,  et  tous  les  ob- 
jets éloignés  ne  donnent  plus  que  des  ima- 
ges mal  définies,  qui  semblent  se  briser  et 
se  recomposer  à  chaque  instant. 

Ce  phénomène,  qui  s'observe  aussi  dans 
nos  climats  pendant  les  chaleurs  de  l'été, 
n'est  pas  encore  le  mirage;  si  le  vent  ne 
souffle  pas,  et  si  les  couches  d'air  qui  repo- 
sent sur  la  plaine  restent  parfaitement 
immobiles  pendant  qu'elles  s'échauffent  au 
contact  de  la  terre,  alors  ce  phénomène  se 
développe  dans  toute  sa  magnificence.  L'ob- 
servateur qui  regarde  au  loin  distingue  en- 
core l'image  directe  des  éminences,  des  vil- 
lages et  de  tous  les  objets  un  peu  élevés; 
mais  au-dessous  de  ces  objets  il  voit  leur 
image  renversée,  et  cesse  par  conséquent 
de  voir  le  sol  lui-même  sur  lequel  ils  re- 
posent. 

Ainsi  tous  les  objets  élevés  paraissent 
comme  s'ils  étaient  au  milieu  d'un  lac  im- 
mense, et  l'apect  du  ciel  vient  compléter 
cette  illusion,  car  on  le  voit  aussi  comme 
on  le  verrait  par  réflexion  sur  la  surface 
d'une  eau  tranquille.  A  mesure  que  l'on 
avance,  on  découvre  le  sol  et  la  terre  brû- 
lante, au  même  lieu  où  l'on  croyait  voir 
l'image  du  ciel  ou  de  quelque  autre  objet; 
puis  au  loin,  devant  soi,  l'on  retrouve  en- 


468 


LU  M 


core  le  même  tableau  sous  un  autre  aspect. 
Ce  phénomène,  qui  a  été  souvent  observé 
pendant  l'expédition  de  l'armée  française 
en  Egypte,  a  été  expliqué  d'une  manière 
très  satisfaisante  parMonge,  en  s'appuyant 
sur  les  principes  suivants  : 

Quand  le  soleil  est  vers  son  zénith,  il 
échauffe  tellement  la  surface  du  sol,  que  la 
couche  d'air  en  contact  avec  elle  acquiert 
une  température  très  élevée,  et  ne  tarde 
pas  à  avoir  une  densité  sensiblement  plus 
petite  que  celle  de  la  couche  qui  est  au-des- 
sus.' D'un  autre  côté,  l'on  sait  que,  lorsque 
la  lumière  passe  d'un  milieu  plus  dense 
dans  un  milieu  qui  l'est  moins,  il  y  a  un 
angle  d'incidence  pour  lequel  l'angle  de  ré- 
fraction est  droit,  c'est-à  dire  parallèle  à 
la  surface;  au-delà  de  cette  incidence,  les 
rayons  incidents  ne  sont  plus  réfractés,  mais 
réfléchis  intérieurement.  Cela  posé,  les 
rayons  qui  arrivent  d'objets  situés  à  la  sur- 
face du  sol  ou  qui  en  sont  peu  éloignés, 
après  avoir  traversé  la  couche  dense,  for- 
ment avec  la  surface  de  séparation  de  celle- 
ci  avec  la  couche  dilatée  des  angles  assez 
petits  pour  échapper  à  la  réfraction,  et  sont 
réfléchis  par  cette  même  surface.  Ces 
rayons  réfléchis  portent  donc  à  un  œil  qui 
se  trouve  dans  la  couche  dense  l'image  ren- 
versée des  objets ,  de  manière  à  faire  voir 
celle-ei  au-dessous  de  l'horizon. 

Le  mirage  en  mer  est  dû  à  une  cause  un 
peu  différente  de  celle  qui  produit  le  mirage 
sur  terre,  mais  elle  agit  de  la  même  ma- 
nière. On  sait  que  les  rayons  lumineux  pé- 
nètrent dans  l'eau  de  la  mer  jusqu'à  une 
certaine  profondeur;  sa  surface,  quand  elle 
est  exposée  à  un  soleil  ardent,  ne  s'échauffe 
pas  à  beaucoup  près  autant  que  le  ferait 
un  sol  dénudé.  Elle  ne  peut  donc,  en  raison 
de  cela,  que  communiquer  peu  de  chaleur  à 
3a  couche  d'air  contiguë.  Mais  l'évaporation, 
devenant  plus  considérable,  y  supplée.  La 
vapeur  qui  se  mêle  à  la  couche  d'air  diminue 
nécessairement  la  densité  de  celle-ci.  lien 
résulte  que  la  surface  de  cette  même  couche 
devient  susceptible  de  réfléchir  les  rayons 
lumineux  sous  l'angle  dont  dépend  le  mi- 
rage. La  différence  entre  les  deux  espèces 
est  maintenant  facile  à  expliquer.  Le  mirage 
à  la  terre  est  dû  à  la  diminution  de  densité 
de  l'air  en  raison  de  son  échauffement  par 
le  sol,  tandis  que,  dans  le  mirage  à  la  mer, 


LUM 

la  dilatation  de  l'air  est  due  à  la  présence  de 
la  vapeur  aqueuse. 

L'étude  de  la  réfraction  astronomique  a 
particulièrement  occupé  et  occupe  encore  les 
astronomes ,  attendu  que  les  rayons  émanés 
des  astres  éprouvent  une  déviation  telle,  en 
passant  dans  notre  atmosphère,  que  ces  astres 
paraissent  plus  élevés  au-dessus  de  l'hori- 
zon qu'ils  ne  le  sont  en  effet.  L'angle  de 
déviation  qui  nous  les  fait  voir  dans  une 
position  qui  n'est  pas  la  leur,  est  appelé  ré- 
fraction astronomique. 

Tycho-Brahé  est  le  premier  qui  ait  déduit 
de  l'observation  la  réfraction  du  soleil ,  de 
la  lune  et  de  quelques  étoiles  fixes  :  il  trouva, 
pour  le  premier ,  des  valeurs  plus  grandes 
que  pour  les  étoiles;  et  pour  la  seconde,  des 
valeurs  quelquefois  plus  grandes,  quelque- 
fois plus  petites  que  celles  des  étoiles. 

On  doit  à  Snellius  une  théorie  de  la  réfrac- 
tion astronomique;  à  La  Hire,une  table  de  ré- 
fraction fondée  sur  des  observations  précises, 
laquelle  fut  modifiée  par  Bouguer,  et  subira 
de  nouvelles  modifications  tant  que  l'on 
n'aura  pas  déterminé  avec  la  dernière  exac- 
titude tous  les  éléments  qui  concourent  à  la 
production  de  la  réfraction  astronomique. 
Cette  détermination  ne  pourra  être  faite 
qu'autant  que  l'on  connaîtra  comment  la 
température ,  la  densité  et  l'état  hygromé- 
trique de  l'air  interviennent  dans  la  pro- 
duction du  phénomène. 

La  Place,  qui  s'est  occupé  de  ces  diverses 
questions,  a  trouvé  que  l'influence  de  l'hu- 
midité sur  la  réfraction  est  tout-à-fait  in- 
sensible; que  toutes  les  lois  proposées  jus- 
qu'ici pour  déterminer  la  diminution  qu'é- 
prouve la  chaleur,  à  mesure  que  l'on  s'élève 
dans  l'atmosphère  ,  sont  inexactes.  L'illustre 
géomètre  leur  en  substitua  une  autre,  dans 
laquelle  il  s'assujettit  à  représenter  à  la  fois 
des  observations  de  réfraction  ,  celles  du  ba- 
romètre sur  les  montagnes,  et  les  expé- 
riences faites  directement  sur  cette  diminu- 
tion, dans  les  ascensions  aérostatiques. 

Il  considéra  d'abord  la  réfraction ,  lors- 
que la  hauteur  apparente  des  astres  excédait 
12",  et  prouva  qu'elle  ne  dépendait  alors 
que  de  l'état  du  baromètre  et  du  thermo- 
mètre dans  le  lieu  de  l'observation,  d'où  il 
déduisit  une  méthode  simple  pour  con- 
struire une  table  de  réfraction,  depuis  12° 
de  hauteur  apparente  jusqu'au  zénith;  enfin 


LUM 


LUM 


469 


il  fit  voir  qu'au-dessous  de  12°  de  hauteur 
apparente,  il  était  nécessaire  d'avoir  égard 
aux  variations  de  densité  et  de  température 
des  diverses  couches  atmosphériques  que  le 
rayon  traverse. 

Des  lentilles.  On  appelle  ainsi  des  corps 
diaphanes  qui  jouissent  de  la  propriété  d'aug- 
menter ou  de  diminuer  la  divergence  des 
faisceaux  lumineux  qui  les  traversent.  On 
ne  considère  ordinairement  en  optique  que 
des  lentilles  sphériques,  c'est-à-dire  des 
lentilles  terminées  par  des  portions  de 
sphère  ou  par  des  plans;  on  en  compte  six 
espèces  différentes  : 

La  lentille  bi-convexe:  les  deux  surfaces 
terminales  sont  convexes; 

La  lentille  plan  convexe, 

La  lentille  à  deux  surfaces  sphériques, 
l'une  concave  et  l'autre  convexe; 

La  lentille  bi-concave  ; 

La  lentille  plan-concave; 

La  lentille  à  surfaces  concaves  ou  convexes. 
Les  trois  premières  sont  convergentes,  les 
trois  dernières  divergentes. 

On  distingue  dans  une  lentille  l'axe,  qui 
est  la  ligne  mathématique  joignant  les  deux 
centres  de  courbure  des  deux  surfaces  ;  le 
foyer,  le  point  variable  où  aboutissent  tous 
les  rayons  réfractés  émanés  d'un  même 
point  de  l'axe.  Le  foyer  principal  est  le  foyer 
de  rayons  parallèles ,  et  la  distance  focale 
la  distance  qui  sépare  le  foyer  du  centre  de 
figure.  Le  foyer  peut  être  réel  ou  virtuel. 
Considérons  d'abord  deux  milieux  séparés 
par  une  surface  courbe  convexe  et  dont 
la  convexité  est  tournée  vers  un  point  lumi- 
neux placé  sur  l'axe.  Dans  ce  cas,  tous  les 
rayons  émanés  de  ce  point,  en  tombant  sur 
la  lentille,  viendront  après  la  réfraction  se 
réunir  en  un  point  de  l'axe  qui  est  le  foyer 
par  réfraction  s'il  est  réellement  le  point 
de  concours  des  rayons  ,  et  virtuel  quand  il 
n'est  seulement  que  celui  de  leur  prolon- 
gement. En  discutant  la  formule  qui  ex- 
prime les  relations  existant  entre  tous  les 
éléments  d'une  lentille  de  verre,  on  trouve 
que ,  lorsque  le  point  lumineux  est  placé  à 
une  distance  infinie  sur  l'axe,  ce  qui  ad- 
met le  parallélisme  de  ces  rayons,  le  foyer 
qui  est  réel  est  situé  à  une  distance  triple 
du  rayon  de  courbure  de  la  lentille;  que  si 
le  point  lumineux  se  rapproche  depuis  l'in- 
fini jusqu'à  deux  fois  la  distance  du  sommet 


au  centre  de  courbure,  le  foyer  s'éloigne 
depuis  trois  fois  cette  distance  jusqu'à  l'in- 
fini. Quand  la  distance  du  point  lumineux 
au  sommet  est  plus  petite  que  deux  fois  le 
rayon  de  courbure,  le  foyer  est  virtuel,  et 
la  lentille  ne  rend  plus  convergents  ces  rayons 
dans  son  intérieur.  Dans  ce  cas,  ils  sont  di- 
vergents ,  et  leurs  prolongements  vont  so 
réunir  sur  l'axe  en  dehors  de  la  surface  de 
séparation. 

La  même  formule,  d'où  l'on  a  déduit  ces 
conséquences,  qui  sont  vérifiées  par  l'expé- 
rience, s'applique  au  cas  d'une  lentille  con- 
cave; il  suffit  pour  cela  de  changer  de  ligne 
le  rayon  de  courbure. 

Dans  les  lentilles  ordinaires  à  deux  sur- 
faces courbes ,  et  dont  l'épaisseur  peut  être 
négligée,  le  calcul  montre  que  le  foyer 
peut  être  réel  ou  virtuel  ;  que  l'on  obtient 
pour  les  rayons  parallèles  une  distance  fo- 
cale principale  qui  est  toujours  positive 
pour  les  lentilles  convergentes  ,  et  tou- 
jours négative  ou  virtuelle  pour  les  lentilles 
divergentes.  Tous  ces  résultats  peuvent  être 
vérifiés  par  expérience,  comme  avec  les  mi- 
roirs, au  moyen  de  la  lumière  solaire  ou  de 
celle  d'une  bougie.  Les  formules  supposent 
que  les  points  lumineux  sont  situés  sur  l'axe 
de  la  lentille,  mais  elles  s'appliquent  au 
cas  où  ces  points  sont  situés  hors  de  l'axe, 
en  admettant  toutefois  que  les  axes  secon- 
daires ne  fassent  que  de  très  petits  angles 
avec  l'axe  principal.  L'axe  secondaire  est 
la  ligne  menée  par  le  centre  de  la  lentille 
et  le  point  lumineux.  Le  champ  de  la  len- 
tille est  l'angle  que  peuvent  former  les  axes 
secondaires  sans  cesser  de  donner  des  ima- 
ges suffisamment  exactes  ;  l'ouverture  est 
l'angle  sous  lequel  on  la  voit  de  son  foyer 
principal;  cet  angle  ne  doit  pas  dépasser  10 
à  12°:  s'il  est  plus  grand  ,  les  rayons  qui 
viennent  tomber  sur  les  bords  de  la  lentille 
ne  concourent  plus  avec  ceux  qui  passent 
près  du  centre,  et  dans  ce  cas  on  dit  qu'il 
y  a  aberration  de  sphéricité. 

Fresnel  a  fait  une  heureuse  application 
des  lentilles  de  diverses  formes  à  la  construc- 
tion des  phares  qui  projettent  à  des  distances 
de  10  ou  15  lieues  en  mer  une  lumière  as- 
sez vive  pour  indiquer  aux  navigateurs  leur 
position  précise. 

Pour  donner  une  idée  de  ce  mode  d'é- 
clairage, il  faut  se  représenter  une  lentillo 


470 


LUM 


annulaire,  composée  d'un  segment  de  sphère 
autour  duquel  sont  disposés  plusieurs  an- 
neaux jont  la  courbe  est  calculée  pour  que 
chacu  j  d'eux  ait  le  nême  foyer  que  le  seg- 
ment principal  ;  i!  s'ensuit  qu'un  fanal 
étani  placé  au  foyer,  toute  la  Lumière  émise 
sur  ]a  lentille  par  chaque  point  forme  après 
i'a'  oir  traversé  vu  large  faisceau  presque 
pt;allèle. 

D'après  la  loi  qui  régit  l'intensité  de  la 
Lumière,  son  affaiblissement  n'a  lieu  qu'en 
raison  de  la  divergente  des  rayons  d'un  même 
faisceau;  mais  dans  le  cas  actuel,  les  rayons 
étant  sensiblement  parallèles,  cette  loi  ne 
peut  s'y  appliquer.  Si  l'on  imprime  en  outre 
à  ce  système  de  lentilles  des  mouvements  de 
rotation  réguliers  ,  on  a  alors  le  meilleur 
mode  d'éclairage  en  mer  qui  ait  encore  été 
imaginé. 

Pour  terminer  ce  qui  concerne  les  géné- 
ralités relatives  à  la  réfraction,  nous  dirons 
deux  mots  des  caustiques  par  réfraction. 

On  a  vu  précédemment  que  parmi  les 
rayons  parallèles  à  l'axe,  et  qui  tombent  sur 
la  surface  d'un  verre  lenticulaire,  les  rayons 
voisins  de  l'axe,  après  avoir  subi  une  réfrac- 
tion dans  le  verre  et  dans  l'air,  concourent 
en  un  point  qu'on  a  appelé  foyer  des  rayons 
parallèles.  Si  l'on  place  en  ce  foyer  un  point 
lumineux  ,  ceux  des  rayons  qui  en  émanent 
et  qui  s'écartent  peu  de  l'axe  sortiront  du 
côté  opposé  parallèlement  à  cet  axe;  quant 
aux  rayons  les  plus  éloignés,  et  qui  ne  sor- 
tent plus  parallèles  en  repassant  dans  l'air, 
ils  sortiront  suivant  des  directions  qui  di- 
vergeront soit  entre  elles,  soit  relativement 
à  l'axe.  Leur  divergence  sera  moindre  néan- 
moins que  celle  des  rayons  incidents.  En  pro- 
longeant les  rayons  convergents,  leurs  pro- 
longements vont  se  couper  en  deux  points, 
tels  que  les  intersections  forment  une  caus- 
tique comme  celle  que  l'on  obtient  avec  la 
réflexion  de  la  Lumière  sur  la  surface  des 
miroirs  concaves  ou  convexes.  Les  lentilles 
sont  employées  encore  à  enflammer  des  corps 
au  moyen  de  la  chaleur  qui  accompagne  la 
Lumière  solaire.  Toutes  les  fois  que  l'on  pré- 
sente aux  rayons  solaires  une  lentille  dont 
l'axe  coïncide  avec  leur  direction,  les  rayons, 
après  une  double  réfraction,  se  rendent  au 
foyer  où  la  chaleur  est  des  plus  intenses.  On 
a  appelé  verre  ardent  les  lentilles  destinées 
à  cet  usajre;  on  en  a  construit  qui  avaient 


LUM 

lm,33  de  diamètre.  En  donnant  ainsi  uni 
grande  étendue  à  la  lentille,  on  rassemble 
un  plus  grand  nombre  de  rayons;  mais 
alors,  en  raison  de  l'aberration  de  sphéri- 
cité, le  foyer  n'est  plus  qu'un  assemblage 
d'une  infinité  de  foyers  dont  la  dispersion 
sur  différents  points  de  l'axe  fait  perdre  aux 
rayons  une  grande  partie  de  leur  activité  : 
on  remédie  à  cet  inconvénient  en  les  faisant 
passer  par  une  seconde  lentille  plus  petite  et 
d'une  forme  très  convexe.  Cet  assemblage 
de  lentilles  réunit  tous  les  avantages  que 
l'on  peut  désirer. 

De  la  décomposition  et  de  la  recomposition 
de  la  Lumière. —  Dans  tout  ce  qui  précède, 
il  a  été  question  des  différentes  propriétés 
de  la  Lumière  ,  abstraction  faite  de  la  colo- 
ration des  corps;  mais  ,  dans  l'acte  de  la  ré- 
fraction, les  rayons  éprouvent  des  modifica- 
tions particulières  dont  nous  allons  parler. 
Si  l'on  introduit ,  par  l'ouverture  d'une 
chambre  obscure  ,  un  faisceau  de  rayons  lu- 
mineux ,  et  qu'on  reçoive  ce  faisceau  sur  un 
carton  ,  il  y  forme  une  image  ronde  blan- 
che. Mais  si ,  avant  de  le  recevoir  sur  ce 
carton  ,  on  le  fait  tomber  obliquement  sur 
la  face  d'un  prisme  triangulaire  en  verre, 
les  phénomènes  sont  changés  :  le  faisceau 
paraît  brisé  par  le  prisme,  rejeté  vers  la 
base ,  et  au  lieu  de  donner  une  image  circu- 
laire blanche,  il  présente  une  image  oblon- 
gue,  perpendiculaire  aux  arêtes  du  prisme, 
de  même  largeur  que  l'image  primitive,  et 
colorée  des  belles  couleurs  de  l'arc-en-ciel. 
Cette  image,  appelée  spectre  solaire,  est 
due  à  ce  que,  d'après  Newton  ,  un  faisceau 
de  rayons  de  lumière  blanche  peut  être 
considéré  comme  formé  par  la  réunion  de 
rayons  différemment  colorés.  Les  rayons  , 
quand  ils  agissent  simultanément  sur  la  ré- 
tine ,  produisent  la  sensation  de  blanc;  ré- 
fractés différemment  par  les  corps  ,  ils  sont 
séparés  et  donnent  lieu  à  ces  couleurs  di- 
verses. Le  spectre  solaire  paraît  formé  de 
sept  teintes  principales,  qui  sont:  le  rouge, 
Vorangé,  le  jaune,  le  vert,  le  bleu,  Vindigo, 
le  violet.  Le  rouge  est  la  couleur  produite  par 
les  rayons  les  moins  réfrangibles ,  et  le  vio- 
let par  les  rayons  les  plus  réfrangibles.  La 
réunion  de  toutes  les  couleurs  forme  le 
blanc;  pour  ie  prouver,  il  suffit  de  réunir 
avec  un  miroir  courbe  toutes  les  parties  de 
limage  du  spectre  en  un  seul  point.  En  ex» 


LUM 


LUM 


471 


périmentant  avec  des  prismes  de  différentes 
substances  incolores ,  les  couleurs  se  succè- 
dent toujours  dans  le  même  ordre  ;  mais 
elles  n'occupent  pas,  dans  le  spectre,  des  es- 
paces proportionnels.  Newton  ,  à  qui  est 
due  l'analyse  complète  du  spectre  solaire, 
a  admis  sept  couleurs  principales  ou  sept 
teintes  primitives  ;  mais  plusieurs  physi- 
ciens ont  montré  qu'on  pouvait  expliquer 
les  phénomènes  en  admettant  simplement 
trois  couleurs  fondamentales  :  Mayer,  le 
rouge,  le  jaune  et  le  bleu;  Young  a  choisi 
le  rouge,  le  vert  et  le  violet;  et  M.  Brewster, 
en  partant  de  l'hypothèse  de  Mayer,  a  fait 
concevoir  la  possibilité  d'expliquer  toutes 
les  teintes  du  spectre  solaire  par  la  super- 
position de  trois  spectres,  chacun  de  cou- 
leur homogène,  de  même  étendue,  mais 
dans  lesquels  le  maximum  d'intensité  n'est 
pas  placé  de  la  même  manière.  Quant  à  la 
couleur  des  corps ,  elle  résulte  d'une  dispo- 
sition particulière  des  molécules  ,  qui  les 
rend  propres  à  réfléchir  en  plus  grande 
abondance  les  rayons  d'une  même  couleur, 
et  à  transmettre,  à  éteindre  ou  à  absorber 
les  autres. 

Dans  la  théorie  des  ondes ,  le  nombre  de» 
oscillations  des  molécules  de  l'éther  déter- 
mine la  couleur,  comme  le  nombre  de  vibra- 
tions sonores  détermine  la  note  musicale  ou 
acoustique ,  et  l'intensité  lumineuse  dé- 
pend de  l'amplitude  des  vibrations. 

Comme  la  vitesse  de  la  Lumière,  d'après  ce 
que  nous  avons  vu,  est  de  soixante-dix  mille 
lieues  par  seconde ,  il  est  facile  de  trouver 
le  nombre  de  vibrations  des  molécules  de 
l'éther  pour  chaque  couleur.  Ce  nombre  est 
immense;  pour  en  donner  un  exemple,  nous 
citerons  le  cas  de  la  Lumière  jaune,  qui  est 
la  teinte  moyenne  du  spectre.  Le  nombre 
de  vibrations  des  molécules  de  Lumière  est, 
pour  cette  couleur,  de  cinq  cent  soixante- 
quatre  mille  dans  un  millionième  de  se- 
conde. 

Le  spectre  solaire  présente  encore  d'au- 
tres phénomènes  qui  ont  été  aperçus 
la  première  fois  par  Wollaston  et  étudiés 
avec  beaucoup  de  soin  par  Fraunhofer.  Voici 
en  quoi  ils  consistent  :  Lorsqu'on  forme  un 
spectre  en  introduisant  le  faisceau  de  rayons 
solaires  dans  l'intérieur  d'une  chambre  ob- 
scure, à  l'aide  d'une  ouverture  longitudi- 
nale parallèle  à  l'arête  du  prisme,  qui  doit 


briser  le  rayon  solaire,  puis,  qu'on  examine 
le  spectre  avec  une  lunette,  on  reconnaît 
qu'il  est  sillonné  transversalement  ou  paral- 
lèlement à  l'arête  du  prisme,  par  un  très 
grand  nombre  de  raies  ou  de  bandes  noires 
très  étroites;  ces  raies  sont  inégalement  ré- 
parties dans  l'intérieur  du  spectre ,  et  on 
n'en  compte  pas  moins  de  six  cents ,  parmi 
lesquelles  on  en  distingue  sept  plus  faciles 
à  reconnaître  qued'autres,  une  dans  chaque 
couleur  primitive  pour  la  même  espèce  de  Lu- 
mière. Le  nombre  des  raies,  leurs  formes  et 
leurs  dispositions  sont  tout-à-fait  indépen- 
dants de  l'angle  réfringent  du  prisme;  les  Lu- 
mières artificielles  n'en  donnent  pas ,  ou  du 
moins  ne  présentent  que  des  lignes  brillan- 
tes ;  mais  lorsque  les  Lumières  traversent 
des  milieux  gazeux  colorés,  tels  que  du  gaz 
nitreux,  de  l'iode  ,  alors  elles  donnent  nais- 
sance à  des  raies  analogues  aux  précédentes, 
et  qui  dépendent  de  la  nature  de  ces  gaz. 
On  est  donc  porté  à  croire  que  les  raies  du 
spectre  solaire  sont  dues  à  l'absorption  de 
certains  rayons  dans  le  passage  de  la  Lu- 
mière à  travers  l'air,  l'atmosphère  du  soleil, 
ou  bien  divers  milieux  gazeux. 

Si  l'on  examine  avec  soin,  comme  l'a  fait 
Fraunhofer,  les  raies  obtenues  à  l'aide  de 
la  Lumière  solaire,  de  la  Lumière  de  la  lune 
et  des  planètes,  on  trouve  qu'elles  sont  les 
mêmes  et  semblablement  placées,  comme 
on  devait  le  supposer,  puisque  tous  les  corps 
empruntent  leur  Lumière  au  soleil.  Avec  la 
Lumière  des  étoiles  fixes,  on  obtient  des  ré- 
sultats différents  :  Sirius  donne  deux  raies 
plus  foncées  dans  le  vert,  etc.;  il  n'y  a  plus 
identité  de  Lumière,  ou  du  moins  identité 
des  milieux  traversés  par  cet  agent. 

La  décomposition  de  la  Lumière,  la  ré- 
flexion et  la  réfraction  ,  sont  la  cause  de  la 
production  de  l'arc-en-ciel,  des  parhélies,  etc. 
Nous  y  reviendrons  en  parlant  des  météores 
lumineux. 

De  V achromatisme  et  de  la  vision.  —  La 
construction  de  tous  les  instruments  d'op- 
tique repose  sur  les  lois  générales  de  la  ré- 
flexion et  de  la  réfraction  ;  mais  comme,  lors 
de  la  réfraction ,  la  Lumière  se  décompose 
et  ne  reste  pas  blanche,  il  faut  pouvoir  con- 
struire des  lentilles  et  des  prismes  qui  dé* 
vient  les  rayons  de  Lumière  sans  les  décom- 
poser; c'est  le  but  de  l'achromatisme.  New- 
ton ne  crut  pas  la  question  soluble;  mais  un 


472 


LUM 


LUM 


nommé  Hall  trouva  le  premier,  et  Dollond 
publia  que  l'on  pouvait  obtenir  des  prismes 
et  des  lentilles  achromatiques  en  les  com- 
posant avec  des  prismes  et  des  lentilles  d'iné- 
gal pouvoir  dispersif.  Pour  obtenir  des  len- 
tilles qui  ne  donnassent  pas  d'auréoles 
colorées  autour  des  images ,  il  faudrait  sept 
lentilles  de  divers  indices  de  réfraction, 
afin  de  faire  coïncider  les  sept  images  colo- 
rées depuis  le  jaune  jusqu'au  violet;  mais 
comme  ces  deux  lentilles  feraient  perdre 
une  trop  grande  quantité  de  lumière,  on  se 
borne  à  faire  coïncider  les  rayons  jaunes  et 
bleus,  et  il  n'y  a  pas  sensiblement  d'auréo- 
les colorées  autour  des  images.  Grâce  à  la 
découverte  de  l'achromatisme,  la  construc- 
tion des  lunettes  astronomiques  et  celle  du 
microscope  ont  pu  être  portées  à  un  très 
haut  degré  de  perfection.  Les  premières 
remplacent  complètement  les  télescopes  à 
reflexion  ou  catadioptriques ,  qui  n'avaient 
été  imaginés  que  pour  parer  au  défaut  d'a- 
chromatisme que  l'on  n'avait  pu  corriger, 
avant  Dollond,  dans  les  lunettes  ou  téles- 
copes dioptriques. 

Il  est  inutile  de  donner  ici  la  description 
des  instruments  tels  que  la  chambre  obscure, 
le  microscope  solaire,  la  caméra  lucida  ou 
chambre  claire,  lemégascope,  la  lanterne 
magique,  etc. ,  qui  sont  fondés  sur  la  réflexion 
régulière  et  la  réfraction  simple,  comme  les 
lunettes  et  les  microscopes. 

La  vision  est  due  à  l'action  de  la  Lumière 
sur  la  rétine,  qui  communique  un  ébranle- 
ment au  nerf  optique,  d'où  résulte  la  sensa- 
tion de  Lumière.  L'explication  du  phéno- 
mène de  la  vision  repose  donc  sur  la  connais- 
sance parfaite  de  la  structure  de  l'œil  ;  nous 
renverrons,  quant  à  cette  description,  à  l'ar- 
ticle oeil,  et  nous  dirons  seulement  que  les 
lois  générales  de  la  réflexion  et  de  la  réfrac- 
tion donnent  une  explication  des  effets  pro- 
duits. Effectivement ,  quand  des  rayons 
émanés  des  corps  tombent  sur  la  cornée 
transparente,  ils  la  traversent  en  conver- 
geant; les  rayons  qui  ont  trop  d'obliquité 
sont  rejetés  par  l'iris,  membrane  opaque, 
variable  de  couleur,  située  derrière  la  cor- 
née transparente,  et  percée  à  son  centre 
d'une  petite  ouverture  appelée  pupille,  qui 
peut  se  dilater  ou  se  contracter.  Les  rayons 
qui  ont  traversé  la  pupille  convergent  de 
nouveau  en  traversant  le  cristallin,  corps 


lenticulaire  et  achromatique,  puis  se  réunis, 
sent  sur  la  rétine,  et  viennent  peindre  les 
objets  extérieurs  sur  cette  membrane ,  sans 
qu'ils  soient  environnés  des  couleurs  du 
spectre  et  sans  que  la  netteté  des  images 
soit  dépendante  de  la  distance  des  objets. 
Les  images  des  corps  se  peignent  donc  sur 
la  rétine  comme  sur  le  tableau  d'une  cham- 
bre obscure,  et  nous  nous  reportons  naturel- 
lement de  la  sensation  à  la  cause  qui  les 
produit.  L'habitude  et  l'éducation  nous  ac- 
coutument, du  reste,  à  juger  de  la  position  et 
de  la  grandeur  relatives  des  objets.  Il  y  a 
d'autres  questions  qui  ont  rapport  à  la  vision,, 
qu'on  ne  pourra  résoudre  que  lorsqu'on 
connaîtra  parfaitement  les  courbures  de 
toutes  les  substances  que  la  Lumière  parcourt 
dans  l'œil,  ainsi  que  leur  indice  de  réfrac- 
tion. La  sensation  de  la  Lumière  sur  la  rétine 
n'est  pas  instantanée;  elle  a  une  certaine 
durée,  et  l'expérience  bien  connue  du  cercle 
lumineux  que  l'on  aperçoit  quand  on  fait 
tourner  rapidement  un  morceau  de  charboo 
enflammé  attaché  à  l'extrémité  d'une  corde, 
montre  bien  que  la  sensation  persiste  pen- 
dant quelque  temps.  M.  Plateau  a  trouvé, 
par  des  mesures  directes,  que  la  durée  totale 
des  impressions  lumineuses  était  la  même 
pour  tous  les  rayons  lumineux,  et  égale  à 
0ra,34,  c'est-à-dire  à  7  de  seconde. 

Il  existe  une  autre  classe  de  phénomènes 
très  remarquables  qui  ont  été  étudiés  par 
différents  physiciens,  et  dus  à  l'action  de  la 
Lumière  sur  la  rétine  ;  cette  classe  comprend 
les  images  accidentelles  et  les  effets  de  con- 
traste. Pour  en  avoir  une  idée,  il  faut  re- 
garder fixement  un  objet  coloré,  placé  sur 
un  fond  noir  :  en  tenant  l'œil  dirigé  vers  le 
même  point,  on  voit  l'objet  perdre  peu  à  peu 
de  son  éclat;  mais  si  alors  on  porte  rapide- 
ment l'œil  sur  une  surface  blanche,  on  voit 
apparaître  une  image  complémentaire.  Si 
l'objet  est  vert,  l'image  est  rouge,  c'est-à- 
dire  que  le  rouge  et  le  vert  reforment  du 
blanc.  Si  l'objet  est  blanc,  l'image  est 
noire.  Ces  phénomènes  sont  dus  à  des  modi- 
fications physiques  de  l'organe  de  la  vue,  la 
rétine.  Ces  phénomènes  non  seulement  se 
manifestent  quand  on  reporte  les  yeux  sur 
un  fond  blanc  ou  coloré,  mais  encore  quand 
on  vient  à  fermer  les  yeux;  dans  ce  dernier 
cas,  l'image  accidentelle  change  plusieurs 
fois  de  teinte,  et  passe  de  la  couleur  primi* 


LUIYi 


LVM 


473 


tive  à  la  teinte  complémentaire  avant  de 
disparaître.  Non  seulement  l'impulsion  lu- 
mineuse persiste  pendant  quelque  temps, 
mais  encore  l'impulsion  peut  s'étendre  au- 
delà  du  point  frappé  ;  c'est  à  un  phénomène 
de  ce  genre  que  l'on  doit  rapporter  les  effets 
de  contraste  qui  consistent  dans  l'influence 
mutuelle  qui  résulte  de  la  juxtaposition  des 
deux  couleurs.  Le  fait  le  plus  général  est  le 
suivant  :  lorsque  deux  objets  colorés  se 
trouvent  dans  le  voisinage  l'un  de  l'autre, 
à  chacune  des  couleurs  s'ajoute  la  couleur 
complémentaire  de  l'autre.  Ainsi  en  pla- 
çante côté  l'un  de  l'autre  un  objet  jaune  et 
un  rouge,  le  premier  semblera  tirer  sur  le 
vert,  le  deuxième  sur  le  violet.  Il  résulte 
de  là  que  si  les  deux  couleurs  sont  complé- 
mentaires, elles  s'avivent  par  leur  juxta- 
position et  acquièrent  une  pureté  et  un  éclat 
remarquable.  Si  l'on  juxtapose  une  couleur 
quelconque  avec  du  blanc,  ce  dernier  se 
teint  légèrement  d'une  couleur  complémen- 
taire, et  la  première  parait  plus  claire  et  plus 
brillante. 

Ces  effets ,  nous  le  répétons,  tiennent  à 
la  transmission  de  l'excitation  de  la  rétine 
aux  points  voisins  de  ceux  qui  sont  frappés 
par  la  Lumière. 

Diffraction  et  interférences.  —  Lorsqu'on 
reçoit,  dans  une  chambre  noire,  un  faisceau 
deLumièresolaire  réfléchie  horizontalement, 
après  lui  avoir  fait  traverser  une  lentille  à 
court  foyer  placée  à  l'ouverture  du  volet,  si 
l'on  place  à  quelque  distance  de  ce  foyer  un 
écran  pour  intercepter  une  partie  du  cône  de 
Lumière,  et  que  l'on  reçoive  l'autre  sur  une 
glace  légèrement  dépolie  par  derrière,  on 
voit  que  la  trace  de  l'ombre  géométrique 
n'est  pas  réellement  la  séparation  de  l'ombre 
etdela  Lumière;  dans  l'ombre,  ou  du  côté  de 
l'écran,  la  giace  est  éclairée  d'une  lueur 
très  sensible,  qui  s'affaiblit  continuellement 
jusqu'à  une  assez  grande  distance,  tandis 
que,  de  l'autre  côté,  on  aperçoit  une  alter- 
native de  franges  obscures  et  lumineuses. 
Le  phénomène  se  produit  encore  avec  toutes 
les  couleurs  du  spectre,  mais  avec  cette  par- 
ticularité cependant  qu'en  passant  des  rayons 
rouges  aux  rayons  violets,  les  franges  obscu- 
res et  lumineuses  diminuent  graduellement 
de  largeur,  et  deviennent  par  conséquent  de 
plus  en  plus  serrées.  Ce  phénomène  est  un  de 
ceux  qui  sont  connus  sous  le  nom  de  phé- 
t.  vu  . 


nomène  de  diffraction;  il  se  manifeste  avec 
toute  espèce  de  Lumière.  Non  seulement  on 
obtient  des  franges  lumineuses  à  l'aide  des 
bords  des  écrans ,  mais  encore  avec  des  ou- 
vertures étroites ,  et  de  corps  étroits  et 
rectilignes.  Dans  ce  cas,  on  ne  peut  dire  que 
les  rayons  de  Lumière  se  meuvent  mathé- 
matiquement en  ligne  droite,  puisqu'ils 
dévient  en  passant  près  de  la  surface  des 
corps. 

Pour  expliquer  ces  effets,  dans  le  système 
de  l'émission,  on  avait  supposé  que  les  mo- 
lécules lumineuses,  en  passant  près  des  bords 
d'un  corps  quelconque,  étaient  détournées 
par  un  pouvoir  répulsif,  et  que  celles  qui 
s'en  approchaient  le  plus  étaient  les  plus  dé- 
tournées, de  telle  sorte  qu'il  se  formait  des 
séries  de  caustique,  lesquelles,  coupées  par 
un  plan,  produisaient  les  franges  observées. 
Cette  explication  rendait  bien  compte  des 
franges  extérieures,  mais  non  des  franges 
intérieures.  Il  n'en  est  pas  ainsi  dans  le  sys- 
tème des  ondes,  dont  il  a  été  question  au 
commencement  de  cet  article,  et  qui  rend 
compte  complètement  des  phénomènes  de 
diffraction.  Dans  cette  théorie,  la  Lumière 
est  due  à  un  mouvement  vibratoire  qui  se 
transmet  du  corps  lumineux  à  la  rétine  par 
l'intermédiaire  de  l'éther,  pénètre  tous  les 
corps,  et  dont  la  densité  dans  l'intérieur  de 
ceux-ci  dépend  de  leur  nature.  Ce  mouve- 
ment vibratoire  fait  donc  entrer  successive- 
ment en  mouvement  les  particules  d'éther 
placées  dans  la  direction  du  rayonnement, 
de  telle  sorte  qu'à  un  instant  déterminé  il 
existe  sur  toute  la  longueur  de  ses  rayons 
des  molécules  dans  toutes  les  phases  de  mou- 
vement. De  même  que,  lorsqu'une  onde  se 
transmet  à  la  surface  de  l'eau,  en  projetant 
dans  celle-ci  une  pierre  ,  si  on  suppose  qu'à 
un  instant  donné  toute  cette  eau  se  solidifie 
en  masse,  il  existera  à  sa  surface,  là  où 
l'onde  a  été  arrêtée  et  prise  pour  ainsi  dire 
sur  le  fait,  il  existera,  dis-je,  des  molécules 
dans  toutes  les  phases  possibles  de  mouve- 
ment ondulatoire,  les  unes  au-dessus  de  la 
surfaeede  l'eau,  lesautres  au-dessous.  Si  l'on 
se  reporte  maintenant  au  rayon  de  Lumière, 
et  que  l'on  considère  un  second  rayon  sem- 
blable dirigé  dans  le  même  sens,  dans  une 
direction  parallèle  et  coïncidant  avec  lui;  si 
les  deux  rayons  ont  même  origine  et  que  les 
mouvements  qu'ils  tendent  à  imprimer  aux 

60 


474 


LUM 


mêmes  molécules  de  l'éther  aient  même  di- 
rection ,  c'est-à-dire  si  les  phases  des  molé- 
cules de  réther  agité  par  les  rayons  sont 
les  mêmes,  au  même  instant,  pour  les  mê- 
mes portions,  alors  les  actions  s'ajouteront  ; 
les  molécules  d'éther  auront  alors  un  mou- 
vement plus  rapide,  et  l'intensité  lumineuse 
de  l'ensemble  des  deux  rayons  sera  double. 
Si,  au  contraire,  les  Lumières  ayant  même 
origine,  un  rayon  est  un  peu  en  retard  sur 
l'autre,  de  façon  que  les  actions  se  contra- 
rient, et  que,  tandis  que  l'éther  est  sollicité 
d'un  côté  par  une  des  phases  d'un  rayon,  il 
le  soit  dans  un  sens  inverse,  par  la  phase 
contraire  de  l'autre  rayon  ,  alors  les  actions 
se  détruisent  et  l'intensité  lumineuse  est 
nulle.  On  conçoit  donc,  dans  ce  système  ,  et 
c'en  est  une  conséquence  immédiate,  que 
de  la  Lumière  ajoutée  à  de  la  Lumière 
puisse  produire  de  l'obscurité;  c'est  là  le 
point  de  départ  des  interférences  et  la  base 
delà  théorie  des  phénomènes  de  diffraction. 
Les  franges  brillantes  sont  dues  à  des  rayons 
dont  les  actions  sont  concordantes,  et  les 
franges  obscures  à  des  rayons  dont  les  ac- 
tions sont  discordantes. 

On  a  appelé,  dans  ce  système,  longueur 
d'ondulation,  la  distance  qui  sépare  deux 
molécules  d'éther,  qui  sont  au  même  instant 
dans  une  même  phase  de  leur  mouvement 
vibratoire,  sur  la  direction  d'un  rayon  lu- 
mineux. On  voit  d'après  cela  que,  si  deux 
rayons  cheminent  parallèlement  dans  le 
même  sens,  et  que  l'un,  dans  sa  marche,  soit 
en  retard  sur  l'autre  d'un  nombre  impair 
de  demi-ondulation ,  alors  leur  action  se  dé- 
truira, et  on  aura  l'obscurité.  Si,  au  con- 
traire, le  retard  est  au  nombre  pair  de  demi- 
ondulation, alors  ils  s'ajouteront, et  l'intensité 
lumineuse  sera  double.  Voilà  ce  qui  arrive, 
en  opérant  avec  de  la  lumière  colorée,  ho- 
mogène, rouge,  orangée,  jaune,  ou  enfln 
d'une  couleur  quelconque  du  spectre  solaire  ; 
en  effet,  dans  cette  circonstance,  on  n'ob- 
serve que  des  franges  obscures  ou  brillantes. 
Mais,  si  l'on  ne  fait  usage  que  de  rayons  de 
Lumière  blanche,  il  n'y  a  que  des  rayons  de 
couleur  homogène  qui  puissent  interférer, 
les  rayons  rouges  avec  les  rayons  rouges,  les 
rayons  bleus  avec  les  rayons  bleus,  et  on  doit 
voir  simultanément  sur  l'écran  ,  qui  reçoit 
les  impressions  lumineuses,  toutes  les  séries 
ce  franges  des  diverses  couleurs;  elles  sont 


LUM 

plus  ou  moins  serrées,  suivant  leur  réfran- 
gibilité,  et  donnent  lieu  à  des  franges  co- 
lorées des  diverses  couleurs  de  l'iris. 

Les  interférences  ou  les  actions  récipro- 
ques des  rayons  lumineux  ont  démontré  que 
les  phénomènes  étaient  inconciliables  avec 
le  système  de  l'émission ,  étaient ,  au  con- 
traire, une  conséquence  immédiate  de  la 
théorie  des  ondes. 

Les  spectres  des  réseaux  rentrent  dans  les 
effets  de  diffraction  et  d'interférence.  Si  l'on 
fait  tomber  sur  une  plaque  de  verre,  sur  la- 
quelle on  a  tracé  au  diamant  des  lignes  pa- 
rallèles très  serrées,  un  rayon  de  Lumière 
solaire,  passant  par  une  fente  très  étroite,  et 
que  l'image  soit  reçue  sur  un  écran,  on  voit 
d'abord  l'image  de  la  fente,  qui  paraît  éclai- 
rée au  milieu  d'une  Lumière  blanche ,  avec 
des  bords  très  tranchés;  de  chaque  côté  de 
l'image  de  la  fente,  il  y  a  obscurité  com- 
plète; puis  après,  un  spectre  brillant  ayant 
le  violet  au  dedans  et  le  rouge  au  dehors; 
vient  ensuite  un  espace  obscur;  au-delà, 
viennent  à  la  suite  les  uns  des  autres  des 
spectres  de  diverses  intensités.  L'explication 
de  ces  phénomènes  est  une  déduction  rigou- 
reuse de  la  théorie  des  ondes. 

Couleurs  produites  par  les  lames  minces  et 
les  lames  épaisses.  Les  corps  diaphanes,  ré- 
duits en  lames  minces,  se  présentent  à  nous 
colorés  des  nuances  les  plus  vives ,  comme 
les  bulles  de  savon,  les  boules  de  verre  souf- 
flées à  la  lampe  et  les  lames  de  mica,  en 
sont  des  exemples;  l'air,  les  vapeurs  et  les 
gaz  produisent  des  effets  semblables.  Poui 
s'en  convaincre,  il  suffît  de  poser  une  len- 
tille de  verre  biconvexe  sur  une  lame  de 
verre  plan;  la  couche  d'air  est  alors  entre  les 
verres  d'une  épaisseur  variable  depuis  0  jus- 
qu'au plus  grand  écartement  de  ces  deux 
verres;  en  faisant  arriver  sur  ce  système  un 
faisceau  de  rayons  solaires,  on  voit  une  série 
d'anneaux  lumineux  autour  du  point  de  con- 
tact, comme  centre,  et  celui-ci  paraît  noir  par 
réflexion.  Ces  anneaux  sont  colorés  des  plus 
vives  nuances  du  spectre.  En  se  servant 
d'une  lumière  homogène,  on  n'obtient  que 
des  anneaux  alternativement  obscurs  et  lu- 
mineux; pour  ces  anneaux  vus  par  réflexion, 
les  épaisseurs  de  la  couche  d'air  correspon- 
dant aux  anneaux  brillants  sont  entre  eux 
comme  la  série  des  nombres  impairs  1,  3, 
5,  7,  9,  etc.,  tandis  que  les  épaisseurs  de  la 


LUM 


LLM 


475 


couche  d'air  correspondant  aux  anneaux 
obscurs  suivent  la  série  des  nombres  pairs 
2,  4,  6,  8,  10,  etc.  Avec  les  différentes  cou- 
leurs du  spectre,  les  anneaux  d'un  même 
ordre  sont  plus  larges  pour  les  rayons  les 
moins  réfrangibles;  non  seulement  on  a  des 
anneaux  colorés  par  réflexion,  mais  on  en 
observe  aussi  par  transmission  :  seulement, 
ceux-ci  sont  complémentaires  des  premiers, 
et  sont  à  centre  blanc.  Les  lames  minces  de 
divers  gaz,  de  différents  liquides  substitués 
à  Pair,  donnent  lieu  à  des  phénomènes  ana- 
logues: seulement,  les  diamètres  varient 
avec  la  nature  des  substances  interposées. 
Newton  a  reconnu  que  les  épaisseurs  corres- 
pondant à  un  même  anneau,  dans  différents 
milieux,  sont  en  raison  inverse  des  indices 
de  réfraction  des  milieux.  Pour  expliquer 
ces  phénomènes,  il  avait  imaginé  une  théo- 
rie qui  a  été  célèbre  sous  le  nom  de  théorie 
des  accès  de  facile  réflexion  et  de  facile 
transmission.  Les  molécules  de  Lumière, 
suivant  ce  grand  physicien,  possédaient, 
pour  ainsi  dire,  une  polarité  contraire  sur 
deux  faces  différentes,  de  telle  sorte  que, 
lorsqu'elles  se  présentaient  à  une  surface 
avec  un  accès  de  facile  réflexion,  elles  se  ré- 
fléchissaient; tandis  que,  lorsqu'elles  se 
présentaient  avec  un  accès  de  facile  trans- 
mission, elles  traversaient  la  substance.  En 
pénétrant  alors  dans  la  lame  mince,  avant 
l'épaisseur  de  celle-ci ,  elles  arrivaient  à  la 
seconde  surface  avec  un  accès  de  facile  ré- 
flexion ou  de  facile  réfraction,  et  traversaient 
ou  se  réfléchissaient  à  des  épaisseurs  fixes  , 
de  façon  à  produire  des  anneaux  lumineux 
ou  obscurs.  Ce  principe  a  servi  de  base  au 
système  de  l'émission.  Dans  la  théorie  des 
ondes  ,  on  explique  les  anneaux  colorés  par 
les  interférences  des  rayons  réfléchis  sur  les 
deux  surfaces  des  lames  minces.  Ainsi  il  faut 
considérer  les  rayons  réfléchis  sur  la  pre- 
mière surface  et  les  rayons  presque  parallè- 
les, qui  proviennent  de  la  réflexion  sur  la 
seconde  surface,  et  chercher  quelles  sont  les 
différences  de  route  nécessaires  pour  qu'il  y 
ait  obscurité  ou  lumière,  de  prime  abord. 
Il  semble  qu'il  suffit  de  doubler  l'épaisseur 
de  la  lame  mince  au  point  que  l'on  consi- 
dère pour  avoir  cette  différence;  mais  alors, 
comme  toutes  les  fois  que  la  différence  de 


1       3 

route  est  -  dt  -  d. 


il  y   a  obscurité' 


toutes  les  fois  que  l'épaisseur  de  la  lame  se- 

1       3 
rait  -  d,  7  d,  etc.,  étant  la  longueur  d'on- 

4  4 

dulation,  il  y  aurait  obscurité.  C'est  précisé- 
ment l'inverse  que  l'on  observe;  car  les 
anneaux  réfléchis  seraient  à  centre  blanc, 
tandis  qu'ils  sont  à  centre  noir.  Cela  tient  à 
ce  que,  dans  l'acte  de  la  réflexion,  quand  la 
Lumière  passe  dans  un  milieu  où  l'éther  a 
une  densité  moins  considérable,  dans  un 
milieu  où  il  est  plus  dense,  alors  une  partie 
de  la  vitesse  de  la  molécule  d'éther  lui  est 
rendue  en  sens  inverse.  On  dit,  dans  ce  cas- 
là,  qu'il  y  a  perte  d'une  demi-  ondulation  ; 
de  même  que,  lorsqu'une  bille  d'ivoire  vient 
en  choquer  une  de  plus  forte  masse,  la  pre- 
mière a  une  certaine  vitesse  en  sens  inverse; 
tandis  que  si  c'est  la  seconde  qui  choque  la 
première,   elles  se  meuvent  toutes  deux 

1 
dans  le  même  sens.  Il  faut  donc  ajouter  ^  a 

à  l'épaisseur,  et,  toutes  les  fois  que  cette 

épaisseur  sera  jdt^df-d9  etc.,  les  diffe- 

0  1  2        1 

rencesde  route  seront-d  -|--d,  2  -d-f--d, 

2|  d +|  *,  etc.,  ou -d,-d,  -  d,  etc.. 

Il  y  aura  obscurité  :  ainsi  cette  supposition 
hardie  de  la  perte  d'une  demi-ondulation, 
qui  a  été  faite  d'abord  par  Young  et  démon- 
trée plus  tard,  explique  complètement  ces 
phénomènes.  La  preuve  en  est  que  si,  dans 
l'expérience  des  anneaux  colorés,  on  prend 
pour  lame  mince  un  corps  tel  que  l'huile 
de  cassia,  pour  lentille  une  lentille  de  flint- 
glass,  et  pour  lame  de  verre,  sur  laquelle  on 
pose  la  lentille,  une  lame  de  crown,  alors 
l'indice  de  réfraction  de  l'huile  de  cassia 
est  intermédiaire  entre  celui  du  flint  et  ce- 
lui du  crown  ;  il  doit  en  être  de  même  des 
densités  de  l'éther  dans  ces  trois  substances, 
et  il  ne  doit  pas  y  avoir  perte  d'une  demi- 
ondulation  au  passage  de  l'une  dans 
l'autre,  ou  du  moins,  s'il  en  existe  une, 
elle  doit  être  compensée.  On  doit  alors 
avoir  des  anneaux  colorés  réfléchis  à  cen- 
tre blanc,  qui  sont  l'inverse  des  anneaux 
ordinaires;  c'est  effectivement  ce  que  l'on 
observe. 

On  peut  aussi  avoir  des  anneaux  colorés 
oroduits  par  les  plaques  épaisses   des  mi- 


476 


LUM 


LUM 


roirs  courbes;  il  suffît,  à  cet  effet,  d'intro- 
duire un  rayon  solaire  dans  une  chambre 
noire  par  une  petite  ouverture,  et  de  le  faire 
tomber  sur  un  miroir  concave  de  verre 
ëtamé,  de  manière  à  te  renvoyer  exactement 
dans  la  direction  d'incidence;  on  voit  alors 
autour  de  l'ouverture,  sur  un  carton  blanc 
placé  à  cet  effet,  une  série  d'anneaux  colo- 
rés très  éclatants,  qui  sont  dus  aussi  à  l'in- 
terférence des  rayons  réfléchis  sur  les  deux 
surfaces  du  miroir  étamé;  les  diamètres  de 
ces  anneaux  sont  soumis  aux  mêmes  lois  que 
les  diamètres  des  anneaux  des  lames  min- 
ces. Du  reste,  les  brillantes  couleurs  que 
présentent  les  plumes  des  oiseaux,  les  ailes 
et  le  corps  des  insectes,  sont  dues  à  des 
phénomènes  de  diffraction,  à  des  couleurs 
de  réseau,  à  des  teintes  de  lames  minces, 
c'est-à-dire  à  l'interférence  des  rayons  lu- 
mineux. 

Double  réfraction  et  polarisation. — Quand 
la  lumière  se  réfracte  à  travers  le  verre , 
l'eau  ,  les  liquides  et  les  corps  amorphes,  un 
seul  rayon  incident  homogène  ne  donne 
lieu  qu'à  un  seul  rayon  réfracté ,  abstrac- 
tion faite,  bien  entendu,  de  la  décompo- 
sition de  la  Lumière  et  de  la  formation  du 
spectre  solaire.  Il  en  est  encore  de  même 
quand  la  réfraction  a  lieu  à  travers  les  cris- 
taux qui  dérivent  du  cube  et  d'un  polyèdre 
régulier;  mais  si  le  faisceau  de  Lumière 
tombe  sur  la  surface  d'un  cristal  qui  diffère 
du  cube  et  des  polyèdres  réguliers,  il  se 
partage  en  deux ,  et  donne  lieu  ainsi  à  la 
double  réfraction.  On  peut  s'en  convaincre 
en  examinant  un  objet  à  travers  un  rhom- 
boèdre de  chaux  carbonatée  ou  un  cristal 
de  soufre;  on  voit  en  général  deux  images 
de  cet  objet.  Il  existe  cependant ,  dans  ces 
cristaux  ,  une  ou  deux  directions  ,  suivant 
lesquelles  un  rayon  de  Lumière  ne  se  bi- 
furque pas  :  ces  directions  ont  été  nommées 
axes;  de  là  la  dénomination  de  cristaux  à 
un  axe  ou  à  deux  axes. 

Dans  les  cristaux  à  un  axe  optique ,  cet 
axe  coïncide  toujours  avec  l'axe  cristallogra- 
phique.  Dans  ces  cristaux,  un  des  deux 
rayons  suit  toujours  les  lois  ordinaires  de  la 
réfraction  simple,  c'est-à-dire  que  le  rayon 
réfracté  est  toujours  dans  un  même  plan 
avec  le  rayon  incident  normal  à  sa  surface, 
et  le  rapport  des  sinus  des  angles  d'inci- 
dence et  de  réfraction  est  constante.   Ce 


rayon  ,  en  raison  de  cette  propriété ,  a  été 
appelé  rayon  ordinaire,  et  l'autre  rayon  ex- 
traordinaire ;  ce  dernier  ne  suit  pas,  en  gé- 
néral,  ces  deux^lois;  il  existe  cependant 
deux  positions  dans  lesquelles  les  lois  qui 
régissent  la  marche  du  rayon  extraordi- 
naire sont  plus  simples  ;  ces  positions  sont 
celles,  quand  le  rayon  est  situé  dans  la  sec- 
tion principale  ou  perpendiculairement  à 
cette  section  :  1°  Dans  la  section  principale» 
le  rayon  extraordinaire  suit  la  première  loi 
de  Descartes  ,  c'est-à-dire  que  le  rayon  ré- 
fracté et  le  rayon  incident  sont  dans  un 
même  plan  normal  à  la  surface;  la  deuxième 
loi,  le  rapport  des  sinus  n'est  pas  constant, 
c'est  le  rapport  des  tangentes.  On  a  appelé 
section  principale  tout  plan  mené  par  Taxe 
perpendiculairement  à  une  face  ;  ainsi  cha- 
que face  a  sa  section  principale.  2°  Dan» 
une  section  perpendiculaire  à  l'axe,  le  rayon 
extraordinaire  suit  les  deux  lois  de  la  ré- 
fraction de  Descartes. 

Dans  les  cristaux  à  deux  axes ,  il  n'y  a 
plus,  à  proprement  parler,  de  rayon  ordi- 
naire ni  de  rayon  extraordinaire,  puisqu'ils 
ne  suivent  plus  en  général  la  loi  de  Descar- 
tes. Mais  dans  deux  positions  la  question  se 
simplifie  :  1°  Dans  la  coupe  perpendiculaire 
à  la  ligne  moyenne  ,  qui  est  bisectrice  des 
deux  axes ,  un  des  rayons  suit  les  deux  lois 
ordinaires  ;  2°  dans  la  coupe  perpendicu- 
laire à  la  ligne  supplémentaire  ou  qui  di- 
vise en  deux  parties  égales  le  supplément  de 
l'angle  des  axes,  l'autre  rayon  suit  les  deux 
lois  ordinaires. 

A  l'aide  des  prismes  biréfringents,  on 
a  construit  des  lunettes  qui  donnent  immé- 
diatement l'angle  visuel  sous  lequel  on  voit 
uu  objet,  et  par  conséquent  la  grandeur  de 
l'objet  lui-même  ,  quand  on  connaît  sa 
distance. 

Polarisation.  —  Le  phénomène  de  la 
double  réfraction  a  conduit  à  la  découverte 
d'une  classe  de  faits  qui  ont  montré  que 
les  rayons  de  Lumière  peuvent  acquérir  par 
la  réflexion  et  la  réfraction  des  propriétés 
particulières  qui  les  distinguent  des  rayons 
parvenus  directement  des  sources  lumi- 
neuses. Lorsque  l'on  fait  traverser  un  rayon 
lumineux  à  un  prisme  biréfringent,  il  se 
produit  deux  images  qui  conservent  la  même 
intensité  quand  on  fait  tourner  le  prisme 
autour  du  rayon  lumineux  comme  axe  sup- 


LUM 


LUM 


477 


posé  perpendiculaire  à  la  face  aentice  eu 
cristal.  Mais  si  on  reçoit  les  deux  images  qui 
proviennent  du  premier  prisme  sur  un  se- 
cond prisme  biréfringent,  on  voit,  en  gé- 
néral ,  quatre  images  ,  mais  qui  n'ont  p?s 
la  même  intensité  dans  toutes  les  positions 
relatives  des  deux  prismes;  si,  le  premier 
restant  fixe,  le  second  tourne  autour  du 
rayon  incident  comme  axe,  alors  l'intensité 
des  quatre  images  change,  et  dans  deux 
portions,  quand  les  sections  principales 
sont  parallèles ,  deux  images  sont  réduites 
à  0 ,  et  on  n'en  voit  que  deux  ;  si ,  au  con- 
traire ,  les  sections  principales  sont  per- 
pendiculaires ,  les  deux  images  qui  étaient 
anéanties  ont  leur  maximum  d'intensité  et 
les  deux  autres  ont  disparu.  Ainsi  les  rayons 
qui  ont  déjà  éprouvé  la  double  réfraction 
ne  se  comportent  plus  comme  de  la  Lumière 
naturelle,  puisque  celle-ci  donne  toujours 
deux  images  d'égale  intensité  en  traversant 
les  cristaux  biréfringents,  et  qu'il  n'en  est 
pas  demême  des  premiers  rayons. Huyghens, 
qui  avait  étudié  ce  phénomène,  en  avait 
conclu  que  les  rayons  réfractés  dans  ces 
cristaux  avaient  éprouvé  une  modification 
profonde  dans  leur  constitution.  Cette  ex- 
périence, comme,  du  reste,  la  théorie  d'Huy- 
ghens ,  qui  peut  être  considéré  comme  le 
fondateur  du  système  des  ondes ,  fut  ou- 
bliée, et  pendant  un  siècle  et  demi  la  dou- 
ble réfraction  resta  stationnaire  :  mais 
Malus,  en  1810,  observant  un  jour  l'image 
du  soleil  réfléchi  sur  les  vitres  du  Luxem- 
bourg, et  regardant  cette  image  à  travers 
un  prisme  biréfringent,  vit  que  les  deux 
images  n'avaient  pas  la  même  intensité 
dans  toutes  les  positions  du  prisme. 

Il  varia  cette  expérience  ,  examina  les 
images  réfléchies  sous  différentes  incidences 
sur  du  verre,  et  parvint  à  démontrer  que, 
sous  certaines  conditions,  on  pouvait  don- 
ner aux  rayons  réfléchis  la  même  propriété 
qu'aux  rayons  qui  ont  traversé  un  prisme 
biréfringent  dans  l'expérience  des  rhom- 
boèdres superposés.  Et  en  effet,  dans  ces 
deux  circonstances,  ils  sont  ce  que  l'on 
nomme  polarisés. 

Quand  la  réflexion  a  lieu  sur  une  lame 
de  verre  sous  un  angle  de  35°, 25'  avec  la 
surface,  le  rayon  réfléchi  jouit  des  proprié- 
tés suivantes  : 

1°  Il  ne  donne  qu'une  seule  image  en 


passant  à  travers  un  prisme  biréfringent, 
quand  la  section  principale  est  parallèle  ou 
perpendiculaire  au  plan  d'incidence  ou  de 
réflexion,  tandis  qu'il  donne  deux  images 
plus  ou  moins  intenses  dans  les  autres  po- 
sitions. Le  plan  de  réflexion  ou  d'incidence, 
qui  est  le  même,  a  été  nommé  plan  de  po- 
larisation. 

2°  Ce  rayon  n'éprouve  aucune  réflexion 
en  tombant  sur  une  seconde  lame  de  verre, 
sous  le  même  angle  de  35", 25',  quand  le 
plan  d'incidence  sur  cette  seconde  lame  est 
perpendiculaire  au  plan  d'incidence  sur  la 
première ,  tandis  qu'il  se  réfléchit  partiel- 
lement sous  d'autres  incidences. 

3°  Il  est  incapable  de  se  transmettre  per- 
pendiculairement au  travers  d'une  plaque 
de  tourmaline  dont  l'axe  est  parallèle  au 
plan  de  réflexion  ,  tandis  qu'il  se  transmet 
avec  une  certaine  intensité  à  mesure  que 
l'axe  de  la  tourmaline  approche  d'être  per- 
pendiculaire au  plan  de  réflexion. 

Le  nom  de  polarisation  a  été  donné  à  la 
faculté  que  possède  la  Lumière  d'être  ainsi 
modifiée,  parce  que,  dans  le  système  de 
l'émission  qui  dominait  à  l'époque  de  la  dé- 
couverte de  Malus,  on  supposait  que  les 
axes  des  molécules  lumineuses  étaient  di- 
rigés de  la  même  manière  dans  le  plan  du 
rayon  qui  manifestait  ces  propriétés. 

Lorsque  la  Lumière  tombe  sous  une  in- 
cidence différente  sur  du  verre  ,  toute  la 
Lumière  réfléchie  n'est  pas  polarisée  ;  il  n'y 
en  a  qu'une  portion,  qui  augmente  à  me- 
sure que  l'angle  approche  de  35°, 25'  avec 
la  surface  ;  c'est  donc  un  maximum.  Toutes 
les  substances  ne  polarisent  pas  la  Lumière 
sous  le  même  angle;  le  diamant  la  polarise 
sous  un  angle  de  22°.  Les  métaux  ne  la  po- 
larisent pas  complètement;  mais  il  y  a  un 
angle  qui  donne  aussi  un  maximum  de  po- 
larisation. En  comparant  entre  eux  tous 
les  résultats  obtenus  avec  les  angles  de  po- 
larisation, Brewster  a  été  conduit  à  la 
loi  remarquable  et  simple  dont  voici  l'é- 
noncé : 

La  tangente  de  l'angle  de  polarisation 
avec  la  normale  est  égale  à  l'indice  de  ré- 
fraction ;  ou  bien,  l'angle  de  polarisation  est 
celui  dans  lequel  le  rayon  réfléchi  est  per- 
pendiculaire au  rayon  réfracté. 

Non  seulement  la  réflexion  polarise  la  Lu- 
mière et  lui  donne  les  propriétés  dont  on  a 


A78 


LUM 


parié  plus  haut,  mais  la  réfraction  sij.iple 
jouit  de  cette  même  faculté. 

Quand  un  rayon  tombe  sur  une  surface 
sous  un  angle  d'incidence  égal  à  l'angle  de 
polarisation,  une  partie  pénètre  dans  la 
masse  par  réfraction  ,  et  cette  partie-là  est 
aussi  polarisée,  mais  dans  un  plan  perpen- 
diculaire au  plan  d'incidence. 

Une  série  de  réflexions  ou  de  réfractions 
successives  peuvent  polariser  un  rayon  in- 
cident. 

Lorsqu'un  rayon  de  Lumière  polarisée  est 
réfléchi  sur  une  surface  polie,  sous  diver- 
ses obliquités  ,  la  portion  réfléchie  se  trouve 
encore  polarisée;  mais  il  arrive,  en  général, 
que  son  plan  de  polarisation  change  de  di- 
rection :  on  appelle  ce  changement  mou- 
vement du  plan  de  polarisation.  Ce  plan  se 
rapproche  de  celui  d'incidence  à  mesure 
que  l'on  approche  de  l'angle  de  polarisation. 
La  réfraction  peut  aussi  imprimer  un  mou- 
vement au  plan  de  polarisation;  mais, 
dans  ce  cas,  c'est  l'inverse  de  ce  qui  se  passe 
dans  la  réflexion  ;  le  plan  de  polarisation  du 
rayon  réfracté  s'éloigne  de  plus  eu  plus  du 
plan  de  polarisation  du  rayon  primitif. 

On  observe  encore  que  lorsqu'un  rayon  de 
Lumière  naturelle  tombe  sur  une  surface 
sous  une  obliquité  quelconque,  une  portion 
de  Lumière  réfléchie  est  polarisée  ;  mais , 
en  outre,  une  égale  portion  de  la  Lumière 
réfractée  se  trouve  polarisée. 

Enfin,  comme  l'expérience  des  rhomboè- 
dres superposés  avait  dû  le  faire  pressentir, 
un  rayon  de  Lumière  naturelle  bifurqué 
par  un  prisme  biréfringent  est  complète- 
ment polarisé  ;  le  rayon  ordinaire  est  pola- 
risé dans  le  plan  d'émergence,  le  rayon  ex- 
traordinaire perpendiculairement  à  ce  plan. 

Il  faut  maintenant  définir  ce  qu'on  en- 
tend par  rayon  polarisé  dans  le  système  des 
ondes.  En  acoustique,  dans  la  propagation 
des  ondes  sonores  dans  l'air,  les  mouve- 
ments vibratoires  des  molécules  se  font  pa- 
rallèlement à  la  direction  du  rayon  sonore 
par  condensation  et  par  dilatation  de  l'air; 
mais,  dans  la  Lumière,  la  direction  des  vi- 
brations de  l'éther  n'est  pas  la  même.  Les 
vibrations  se  font  à  la  surface  des  ondes  per- 
pendiculairement au  rayon  lumineux,  sans 
changement  de  densité  dans  l'éther  ;  il  est 
facile  de  concevoir  qu'un  mouvement  pareil 
puisse  se  transmettre  de  molécule  à  molé- 


LUM 

cule  ,  car  la  propagation  des  ondes  à  la  sur- 
face de  l'eau  en  est  un  exemple;  en  effet,  dang 
ce  cas,  les  molécules  d'eau  oscillentverticale- 
ment,  et  les  ondes  s'étendent  horizontale- 
ment à  la  surface.  On  définit  alors  le  rayon 
de  la  Lumière  naturelle  par  des  vibrations 
qui  se  font  perpendiculairement  à  la  direc- 
tion du  faisceau ,  dans  tous  les  sens,  autour 
de  cette  direction  ;  et  la  Lumière  polarisée 
par  un  faisceau  dans  lequel  toutes  ces  direc- 
tions sont  parallèles,  le  plan  de  polarisation 
étant  perpendiculaire  à  la  direction  du  mou- 
vement des  molécules.  Ainsi  la  nappe  d'eau 
sur  laquelle  se  meut  une  onde  peut  repré- 
senter grossièrement  le  plan  de  polarisation, 
le  mouvement  vertical  des  molécules  de  Peau 
indiquant  les  vibrations  de  l'éther,  tangen- 
tes à  la  surface  des  ondulations  lumineuses. 

Cette  manière  de  voir  a  été  vérifiée  par  une 
expérience  très  remarquable  de  MM.  Fresnel 
et  Arago ,  qui  a  montré  que  les  rayons  po- 
larisés à  angle  droit  n'interfèrent  plus  et  ne 
peuvent  plus  donner  de  franges;  en  effet, 
les  vibrations  de  l'éther  étant  perpendicu- 
laires dans  les  deux  rayons  ,  les  actions  ne 
peuvent  plus  se  détruire,  malgré  la  diffé- 
rence de  route  des  rayons. 

Fresnel ,  en  partant  de  cette  théorie,  a 
donné  des  formules  pour  exprimer  l'inten- 
sité lumineuse  des  rayons  réfléchis  dans 
tous  les  azimuts  possibles. 

Couleur  des  lames  minces  biréfringentes 
parallèles  à  l'axe.  —  La  Lumière  polarisée, 
en  traversant  des  corps  doués  de  la  double 
réfraction,  peut  donner  naissance  à  des  cou- 
leurs aussi  belles  et  plus  vives  que  celles 
que  Newton  a  trouvées  dans  des  couches* 
minces,  gazeuses  ou  liquides.  Ces  couleurs  se 
manifestent  lorsque  des  substances  douées 
de  la  double  réfraction  et  parallèles  à  l'axe, 
en  lames  plus  ou  moins  minces,  sont  traver- 
sées par  de  la  Lumière  polarisée.  Une  lame 
de  mica,  par  exemple,  est  incolore  et  dia- 
phane quand  on  la  regarde  à  l'œil  nu  ;  mais 
si,  pour  la  regarder,  on  place  devant  l'œil 
un  prisme  biréfringent ,  et  que  la  Lumière 
qui  éclaire  cette  lame  soit  polarisée  ,  on  la 
voit,  en  général,  prendre  des  teintes  colorées, 
uniformes  et  brillantes  ;  le  prisme  la  fait  pa- 
raître double,  et  ses  deux  images  colorées 
sont  toujours  d'une  couleur  complémentaire 
l'une  de  l'autre. 

Quand  la  section  principale  du  prisme 


LUM 

biréfringeut  est  dans  le  plan  primitif  de  po- 
larisation, si  l'on  fait  tourner  la  lame  mince 
autour  du  rayon  incident,  on  ne  voit  qu'une 
seule  image  blanche  dans  quatre  positions: 
image  ordinaire,  quand  la  section  principale 
de  la  lame  mince  coïncide  avec  celle  du  prisme 
biréfringent;  image  extraordinaire,  quand 
elle  lui  devient  perpendiculaire.  Dans  toutes 
les  autres  positions,  il  y  a  deux  images  tou- 
jours colorées  des  mêmes  nuances  et  exacte- 
ment complémentaires,  car  elles  donnentdu 
blanc  quand  elles  se  superposent.  Ces  deux 
images  ont  le  plus  vif  éclat  dans  les  positions 
moyennes  entre  les  sections  principales. 

Quand  la  section  principale  du  prisme  est 
perpendiculaire  au  plan  primitif  de  polari- 
sation, on  observe  des  phénomènes  analo- 
gues, mais  l'image  ordinaire  prend  la  place 
de  l'image  extraordinaire.  Enfin,  dans  les 
autres  positions  du  plan  de  polarisation,  on 
observe  des  effets  analogues. 

Toutes  les  lames  cristallisées  présentent 
des  phénomènes  semblables ,  lorsqu'elles 
proviennent  d'un  cristal  biréfringent  à  un 
ou  à  deux  axes;  mais  les  teintes  sont  d'au- 
tant plus  vives  que  les  lames  sont  plus  min- 
ces, et  il  y  a  toujours  une  épaisseur  au-delà 
de  laquelle  tous  les  phénomènes  de  couleur 
disparaissent.  Ainsi,  les  lames  de  cristal  de 
roche,  plus  épaisses  qu'un  demi-millimètre 
environ ,  ne  donnent  plus  que  des  teintes 
très  affaiblies.  On  a  de  même  ici  q«t  pour 
les  lames  minces,  des  anneaux  colorés,  des 
teintes  de  différents  ordres,  qui  se  repro- 
duisent pour  des  épaisseurs  qui  sont  mul- 
tiples les  unes  des  autres  ou  qui  suivent  la 
série  des  nombres  naturels  1,  2,  3 

Les  divers  cristaux  à  un  axe  offrent  de 
très  grandes  différences,  quant  à  l'épaisseur 
nécessaire  pour  obtenir  une  teinte  du  même 
ordre.  Ainsi,  par  exemple,  une  lame  de  chaux 
carbonatée  devrait  être  dix-huit  fois  plus 
mince  qu'une  lame  de  cristal  de  roche,  pour 
donner  la  couleur  du  même  ordre. 

Ces  phénomènes  s'expliquent  très  bien 
dans  la  section  des  ondes,  et  Fresnel  en  a 
donné  la  théorie  complète.  En  effet,  le  rayon 
polarisé  se  bifurque  dans  l'intérieur  de  la 
lame  cristallisée,  non  pas  pour  que  cette  bi- 
furcation soit  apparente,  mais  assez  pour 
quela  vitesse  des  deux  rayons  qui  en  résulte 
soit  changée  ;  ensuite  chaque  rayon  se  bifur- 
que encore  dans  le  prisme  biréfringent,  de 


LUM 


479 


sorte  que  les  images  vues  dans  ce  dernier 
prisme  sont  formées  chacune  de  deux  fais- 
ceaux parallèles.  Mais  il  résulte  du  passage 
dans  la  lame  mince  une  avance  ou  un  re- 
tard de  l'un  des  faisceaux  élémentaires  sur 
l'autre,  et,  par  conséquent,  interférence  en- 
tre quelques  uns  des  éléments  des  rayons, 
interférence  qui  produit  les  couleurs  obte- 
nues. 

Anneaux  colorés  des  lames  cristallines.  — 
Les  phénomènes  de  coloration  dont  nous 
venons  de  parler  ne  sont  pas  les  seuls  que 
présente  la  lumière  polarisée;  elle  donne 
lieu  encore  à  des  phénomènes  extrêmement 
brillants  d'anneaux  colorés,  quand  elle  tra- 
verse une  lame  de  cristal  biréfringent  taille 
perpendiculairement  à  l'axe.  Si  l'on  regarde, 
par  exemple,  une  lame  de  spath  d'Irlande 
perpendiculaire  à  l'axe,  avec  une  plaque  de 
tourmaline ,  et  que  la  lumière  qui  éclaire 
cette  lame  soit  polarisée  à  l'aide  d'une  au- 
tre tourmaline  ou  dans  une  glace  de  verre, 
on  aperçoit  une  série  d'anneaux  ronds  con- 
centriques et  très  vivement  colorés  ;  les  ef- 
fets changent  d'aspect  avec  la  position  de  la 
tourmaline.  Quand  l'axe  de  cette  dernière 
se  trouve  dans  le  plan  primitif  de  polarisa- 
tion, les  anneaux  sont  traversés  par  une 
belle  croix  noire  qui  s'étend  à  une  grande 
distance  ;  au  contraire,  la  croix  est  blanche 
quand  l'axe  de  la  tourmaline  est  perpendi- 
culaire au  plan  de  polarisation. 

En  étudiant  ce  phénomène  dans  les  cris- 
taux à  un  axe,  on  a  été  conduit  aux  lois 
suivantes: 

«  Dans  une  même  lame,  les  carrés  des  dia- 
»  mètres  des  anneaux  de  divers  ordres  sui- 

»  vent  la  série  des  nombres  0, 1,  2,  3,  4 

»  Dans  les  lames  d'épaisseur  différente, 
»  les  carrés  des  diamètres  des  anneaux  du 
»  même  ordre  sont  en  raison  inverse  des 
»  racines  carrées  des  épaisseurs  des  la- 
»  mes.  » 

Quant  à  l'épaisseur  que  doit  avoir  une 
lame  pour  produire  des  anneaux  de  gran- 
deur déterminée,  elle  dépend  du  rapport 
de  vitesse  des  rayons  dans  l'intérieur  du 
cristal. 

Les  cristaux  à  un  axe ,  tels  que  le  cristal 
de  roche,  la  tourmaline,  le  zircon,  le  nitrate 
de  soude,  le  mica,  l'hyposulfate  de  chaux, 
l'apophyllite,  donnent  lieu  à  des  phénomè- 
nes analogues  :  seulement,  dans  le  cristal  de 


480 


LXJM 


LUM 


roche,  la  croix  noire  disparaît  par  l'action 
de  la  polarisation  circulaire,  dont  il  va  être 
question  plus  loin. 

Tous  ces  phénomènes  sont  encore  dus  à 
l'interférence  des  rayons,  qui,  en  traversant 
a  plaque  un  peu  obliquement,  donne  lieu 
à  des  rayons  ordinaires  et  extraordinaires 
qui  suivent  la  même  route,  mais  qui  n'ont 
pas  la  même  vitesse. 

Les  cristaux  à  deux  axes  présentent  des 
phénomènes  analogues  :  seulement,  il  y  a  des 
systèmes  d'anneaux  colorés  autour  de  chaque 
axe. 

Lorsque  l'angle  des  deux  axes  est  assez 
petit,  on  peut,  par  une  coupe  perpendiculaire 
à  la  ligne  moyenne,  avoir  en  même  temps 
ces  deux  systèmes  d'anneaux;  quand  il  est 
trop  grand,  comme  dans  le  plomb  carbonate, 
alors  on  ne  voit  plus  à  la  fin  qu'un  même 
système  d'anneaux. 

La  théorie  de  tous  ces  phénomènes  serait 
fort  compliquée  et  est  loin  d'être  complète; 
car  il  est  bien  difficile  de  tenir  compte  de 
toutes  les  circonstances  des  phénomènes; 
mais  on  s'en  rend  compte,  comme  on  le  voit 
dans  les  cas  les  plus  simples,  par  les  inter- 
férences des  rayons  lumineux. 

On  s'est  basé  sur  ces  phénomènes  pour  for- 
mer ce  que  l'on  nomme  des  polariscopes , 
c'est-à-dire  des  appareils  qui  indiquent  lors- 
qu'il y  a  de  la  Lumière  polarisée  dans  un  fais- 
ceau de  rayons  lumineux  qui  traverse  l'appa- 
reil. Nous  citerons,  par  exemple,  le  polari- 
scope  de  M.  Savart,  composé  de  deux  quarts 
obliques  et  croisés,  sur  lesquels  on  ajuste  une 
tourmaline  dont  l'axe  divise  en  deux  l'angle 
des  deux  axes  des  quarts.  Dès  que  la  Lumière 
qui  traverse  ce  système  est  polarisée ,  on 
voit  des  bandes  colorées  parallèles.  La  di 
rection  de  ces  bandes  montre  la  direction  du 
plan  de  polarisation;  une  peau  de  baudru- 
che, mise  devant  les  quarts,  rend  les  franges 
plus  apparentes. 

.  Polarisation  circulaire. — On  donne  le  nom 
de  polarisation  circulaire  à  un  phénomène 
observé  pour  la  première  fois  dans  le  quartz 
par  M.  Arago.  Si,  par  exemple,  on  fait  tom- 
ber un  rayon  polarisé  sur  une  lame  de  quartz, 
avant  de  le  recevoir  sur  un  prisme  biréfrin- 
gent, les  deux  images  obtenues  par  le  pas- 
sage du  rayon  dans  le  prisme,  au  lieu  d'être 
blanches  et  d'inégale  intensité,  en  faisant 
tourner  le  prisme  autour  de  la  direction  du 


rayon,  sont  colorées  toutes  deux  de  couleur 
complémentaire,  puisque  leur  superposition 
produit  de  la  Lumière  blanche;  de  sorte 
que,  dans  le  cours  d'une  demi-révolution  du 
prisme,  si  l'image  ordinaire  était  d'abord 
rouge  ,  elle  devient  successivement  orangée, 
jaune,  verte,  bleue,  indigo,  violette  ;  l'image 
extraordinaire  donne  toujours  la  teinte  com- 
plémentaire, et  les  phénomènes  se  repro- 
duisent dans  le  même  ordre  en  continuant 
le  mouvement  de  rotation  du  prisme. 

Si,  au  lieu  d'opérer  avec  la  Lumière  blan- 
che, on  fait  usage  d'uneLumière  homogène, 
alors  les  images  sont  seulement  plus  ou 
moins  lumineuses,  et  le  résultat  final  est 
que  le  plan  de  polarisation  primitif  est  dé- 
vié, soit  à  droite,  soit  à  gauche  de  l'obser- 
vateur, d'un  angle  proportionnel  à  l'épais- 
seur de  la  plaque,  lequel  aussi  est  différent 
pour  chaque  couleur  simple,  et  va  en  crois- 
sant avec  la  réfrangibilité,  de  telle  sorte 
que  cette  rotation  est  «  sensiblement  réci- 
»  proque  au  carré  de  la  longueur  des  ondu- 
»  lations  propres  à  chaque  espèce  de  rayon 
»  coloré.  »  Ce  mouvement  angulaire  ne  peut 
être  que  le  résultat  d'une  véritable  rota- 
tion imprimée  au  plan  de  polarisation  pri- 
mitif. Chaque  rayon  ainsi  dévié  se  com- 
porte dans  son  nouveau  plan  de  polarisa- 
tion réel  ou  apparent,  comme  s'il  avait  été 
primitivement  polarisé  par  la  réflexion  dans 
ce  plan. 

Le  quartz  est  la  seule  substance  minérale 
cristallisée  qui  donne  lieu  à  ce  phénomène; 
mais  seulement  on  n'observe  ce  résultat  cu- 
rieux que  suivant  les  variétés  de  quartz  ;  la 
rotation  des  lames  perpendiculaires  à  l'axe 
a  lieu  tantôt  dans  un  sens,  tantôt  dans  un 
autre;  dans  chaque  cas,  les  rotations  sont 
soumises  aux  mêmes  lois ,  elles  sont  les 
mêmes  à  égalité  d'épaisseur;  car  si  l'on  in- 
terpose dans  le  trajet  d'un  rayon  lumineux 
deux  plaques  douées  de  propriétés  contrai- 
res, l'une  défait  ce  que  l'autre  produit,  et, 
suivant  que  l'une  est  plus  épaisse  que  l'au- 
tre, il  reste  un  excès  de  la  rotation  primitive 
en  faveur  de  l'un  ou  de  l'autre.  Ce  phéno- 
mène n'est  pas  inhérent  aux  particules  d'a- 
cide silicique,  car  le  quartz  fondu  n'a  au- 
cune action,  mais  il  dépend  de  leur  groupe- 
ment et  de  leur  mode  de  cristallisation. 
M.  Biot  a  découvert  que  certains  liquides 
et  même  des  gaz  possédaient  aussi  la  pro- 


LU  M 

priété  remarquable  d'agir  à  la  façon  du 
quartz  et  de  faire  tourner  le  plan  de  pola- 
risation, comme  ce  cristal. 

Parmi  les  substances  qui  font  tourner  le 
plan  de  polarisation  à  gauche,  nous  citerons 
l'essence  de  térébenthine,  la  gomme  arabi- 
que, et,  parmi  les  substances  qui  tournent  à 
droite,  l'essence  de  citron,  le  sirop  de  sucre, 
la  solution  alcoolique  de  camphre,  la  dex- 
trine  et  l'acide  tartrique.  L'essence  de  téré- 
benthine porte  son  pouvoir  de  rotation  dans 
diverses  combinaisons,  et  même,  quand  elle 
est  en  vapeurs,  elle  donne  encore  une  ac- 
tion. La  rotation  des  liquides  est  moins  con- 
sidérable que  celle  du  quartz;  car  le  plus 
efficace  d'entre  les  liquides  donne  uneaction 
trente  à  quarante  fuis  moins  forte  que  le 
cristal  de  roche.  Dans  les  substances  amor- 
phes, comme  dans  le  quartz,  la  rotation 
augmente  en  général  avec  la  réfrangibilité, 
suivant  la  loi  énoncée  plus  haut.  Cependant 
il  y  a  des  exceptions,  particulièrement  pour 
l'acide  tartrique  dissous  dans  l'eau,  qui 
imprime  une  rotation  plus  considérable  aux 
rayons  verts  et  une  moins  forte  aux  rayons 
rouges.  Du  reste,  on  a  pu  étudier  à  l'aide 
de  ces  phénomènes  les  arrangements  des 
atomes  dans  diverses  combinaisons,  soit  dans 
l'acte  de  leur  combinaison  même,  soit  après 
qu'elle  est  effectuée.  On  a  aussi  appliqué 
l'élude  de  ces  phénomènes  à  la  détermination 
de  la  quantité  de  sucre  qui  se  trouve  dans 
l'urine  des  diabétiques  ,  et  la  rotation  a 
servi  de  moyen  très  précis  d'analyse  indi- 
quant avec  une  très  grande  exactitude  la 
quantité  de  sucre  renfermée  dans  l'urine  du 
malade.  Fresnel  a  donné  une  théorie  ingé- 
nieuse des  effets  de  la  rotation,  et  a  fait  ren- 
trer ces  phénomènes  dans  la  théorie  des 
ondes. 

On  observe  encore  d'autres  effets  dus  à 
l'action  des  rayons  polarisés,  comme  les  ef- 
fets du  dichroïsme,  la  polarisation  produite 
dans  les  cristaux  superposés,  colorés,  dans 
le  verre  trempé,  chauffé,  comprimé  ou  dont 
les  moléculesexécutentdes  vibrations;  mais 
ce  que  nous  avons  dit  de  l'action  de  la  Lu- 
mière polarisée  suffit  pour  donner  uneidéede 
Cette  branche  importante  de  ktptique. 

De  l'aclion  calorifique,  chimique  et  phos- 
phorogémque  de  la  lumière.  —  Un  faisceau 
de  rayons  solaires  introduit  dans  une  cham- 
bre obscure  n'a  pas  pour  unique  fonction 

T.  VU. 


LUM 


481 


d'éclairer  les  corps,  et  par  conséquent  d'a- 
gir sur  la  rétine;  il  possède  encore  d'autres 
propriétés.  Si  l'on  place  sur  sa  route  un 
thermomètre  dont  la  boule  soit  entourée  de 
noir  de  fumée  pour  que  son  action  soit  plus 
marquée,  on  voit  sur-le-champ  ce  thermo- 
mètre indiquer  une  élévation  de  tempéra- 
ture. Si  on  projette  aussi  ce  rayon  solaire 
sur  du  chlorure  d'argent  nouvellement  pré- 
cipité et  naturellement  blanc,  le  chlorure 
noient  aussitôt  et  est  décomposé,  phéno- 
mène qui  n'a  pas  lieu  sous  l'influence  de  la 
chaleur.  Enfin  vient-on  à  recevoir  ce  même 
faisceau  sur  des  coquilles  d'Huîtres  calci- 
nées, et  ferme- t-on  l'ouverture  de  la  cham- 
bre obscure  ,  on  voit  alors  les  coquilles 
d'Huîtres  briller  et  devenir  lumineuses  par 
elles-mêmes,  ou  bien  phosphorescentes;  on 
doit  donc  reconnaître  au  faisceau  de  rayons 
solaires  un  pouvoir  éclairant,  un  pouvoir 
calorifique,  un  pouvoir  chimique  ,  et  enfii? 
un  pouvoir  phosphorogénique.  Ces  diverses 
actions  sont-elles  dues  à  des  rayonnements 
particuliers,  à  des  rayons  distincts  compris 
dans  le  faisceau  solaire  ,  ou  bien  sont-elles 
dues  à  un  seul  et  même  rayonnement  dont 
l'action  est  modifiée,  suivant  la  nature  des 
substances  sur  lesquelles  il  agit?  Nous  al- 
lons essayer  de  résoudre  cette  question  en 
examinant  chaque  classe  de  phénomènes  en 
particulier,  et  les  comparant  entre  eux. 

Action  calorifique.  — La  combustion  qui 
a  lieu  au  foyer  des  miroirs  ardents  et  des 
lentilles  montre  bien  que  les  rayons  calori- 
fiques s*  on  peut  les  nommer  ainsi,  ont  les 
mêmes  propriétés  physiques  que  les  rayons 
lumineux;  mais  pour  bien  connaître  la  re- 
lation qui  existe  entre  ces  deux  classes  de 
rayons,  il  faut  opérer  sur  le  spectre  solaire, 
et  chercher  la  distribution  de  la  chaleur 
dans  l'image oblongue  colorée  que  l'on  ob- 
tient quand  on  réfracte  un  faisceau  de  rayons 
solaires  à  travers  un  prisme.  Lorsqu'on 
opère  avec  un  thermomètre  sans  aucune 
précaution  préalable  ,  et  avec  un  spectre 
obtenu  par  la  réfraction  d'un  rayon  lumi- 
neux qui  a  traversé  une  petite  ouverture 
circulaire  d'un  volet,  puis  un  prisme  de 
flint,  on  trouve  qu'il  n'y  a  aucune  éléva- 
tion de  température  dans  le  violet,  qu'elle 
commence  à  être  sensible  dans  le  bleu  , 
augmente  à  mesure  qu'on  s'approche  du 
rouge,  puis  atteint  son  maximum  un  peu 

61 


A82 


LUAI 


LUM 


en  dehors  du  rouge,  dans  l'espace  obscur  ; 
au-delà  elle  va  en  diminuant,  de  sorte  qu'à 
une  certaine  distance  l'action  cesse  de  nou- 
veau comme  vers  l'extrémité  violette. 

On  a  donc  une  action  calorifique  au-delà 
du  rouge  dans  un  espace  qui  n'est  pas 
éclairé.  Si  on  opère  à  l'aide  de  prismes  de 
crown ,  d'eau,  d'acide  sulfurique,  avec  le 
même  faisceau  ,  on  voit  que  le  maximum 
d'action  se  déplace,  et  pénètre  dans  le  rouge 
et  même  le  jaune;  mais,  en  opérant  d'une 
manière  plus  exacte  en  prenant  pour  fais- 
ceau de  lumière  un  faisceau  qui  traverse 
une  fente  longitudinale  d'un  volet  d'une 
chambre  obscure,  pour  éviter  la  superposi- 
tion des  couleurs  dans  le  spectre,  si  l'on 
fait  usage  d'une  pile  thermo-électrique  au 
lieu  de  thermomètre,  on  trouve  que  le  maxi- 
mum se  voit  sensiblement  au  dehors  du 
rouge  avec  tous  les  prismes  incolores,  et 
que  l'action  absorbante  des  milieux  dont  se 
composent  les  prismes  sur  l'action  caloriGque 
du  spectre  ne  se  fait  sentir  qu'au-delà  du 
rouge  dans  l'espace  obscur.  Là  où  il  existe 
des  rayonslumineux,  les  élévations  de  tem- 
pérature restent  proportionnelles.  On  peut 
en  inférer  d'abord  qu'il  peut  se  faire  que 
les  actions  calorifiques  et  lumineuses  soient 
dues  à  un  seul  et  même  agent;  mais  que 
d'une  part  l'organe  sensible,  de  l'autre  les 
corps  soumis  à  l'action  du  faisceau,  ne  soient 
pas  impressionnés  entre  les  mêmes  limites 
de  rayonnement.  Nous  allons  retrouver  les 
mêmes  effets  dans  l'action  chimique. 

Action  chimique  de  la  Lumière.  —  Nous 
avons  cité  plus  haut  pour  exemple  le  chlo- 
rure d'argent,  sur  lequel  les  rayons  so- 
laires ont  un  pouvoir  chimique  assez  éner- 
gique. Mais  ce  composé  n'est  pas  le  seul 
corps  qui  jouisse  de  cette  propriété  ;  une 
grande  quantité  de  sels  d'argent,  des  sels 
d'or,  de  platine  et  de  plomb,  des  mélanges 
gazeux,  sont  également  altérés  dans  leur 
constitution  chimique;  le  mélange  de  chlore 
et  d'hydrogène  détone  instantanément,  le 
chlore  tend  à  enlever  l'hydrogène  à  un 
grand  nombre  de  matières  organiques  sous 
l'action  puissante  de  ces  rayons;  enfin  la 
coloration  des  végétaux,  les  couleurs  si 
belles  et  si  variées  des  fleurs,  témoignent 
en  faveur  de  leur  intervention  comme  agent 
chimique.  Lorsque  les  plantes  ne  sont  p;is 
soumises  à  leur   influence,  leurs   tiges  et 


leurs  feuilles  prennent  une  teinte  jat.nâtïe 
annonçant  un  état  de  langueur  et  de  dé- 
périssement; elles  s'étiolent  enfin.  Les  ani- 
maux privés  de  Lumière  languissent  et  pé- 
rissent également  par  suite  de  l'affaiblisse- 
ment de  tous  leurs  organes.  Enfin,  la  dé- 
composition de  l'acide  carbonique  contenu 
dans  l'air  par  les  végétaux,  dans  l'acte  de 
la  respiration,  est  due  aussi  à  l'action  chi- 
mique de  la  Lumière. 

11  faut  examiner  maintenant  l'action  des 
différentes  parties  du  spectre  solaire  sur  les 
substances  qui  changent  chimiquement  d'é- 
tat, pour  voir  comment  l'action  se  modifie 
avec  la  nature  de  ces  substances.  Ici  l'ac- 
tion est  plus  complexe  que  celle  provenant 
des  rayons  calorifiques  ;  car  il  n'y  a  pas  de 
substance  pour  l'action  chimique  analogue 
au  noir  de  fumée  pour  les  rayons  calorifi- 
ques, c'est-à-dire  absorbant  également  bien 
tous  les  rayons  actifs.  On  est  obligé  d'em- 
ployer chaque  substance  impressionnable, 
comme  un  instrument  particulier. 

Si  ces  substances  changent  de  couleur,  on 
peut  les  étendre  sur  du  papier,  et  former 
ce  que  l'on  nomme  des  papiers  sensibles. 
Indiquons  d'abord  ce  qui  se  passe  sur  le 
chlorure  d'argent,  les  sels  d'argent  donnant 
presque  tous  les  mêmes  résultats,  mais  a 
un  degré  plus  ou  moins  marqué. 

Si  l'on  projette  un  spectre  solaire  sur 
une  feuille  de  papier  enduite  de  chlorure 
d'argent,  et  qu'on  laisse  continuer  l'action 
pendant  quelque  temps,  on  s'aperçoit  bien- 
tôt que  la  partie  du  papier  qui  se  trouve 
dans  le  violet  commence  à  noircir  peu  à 
peu  :  cette  coloration  s'étend  au-delà  du 
violet  d'un  côté,  et  jusqu'au  vert  de  l'autre. 
Ainsi  les  rayons  qui  donnent  naissance  à 
ce  phénomène  sont  en  partie  plus  réfrangi- 
bles  que  les  rayons  lumineux.  Il  existe  en 
outre  une  seconde  classe  de  phénomènes 
très  remarquables  découverts  par  M.  Ed. 
Becquerel ,  et  qui  consistent  en  ceci  :  si  la 
matière  a  été  impressionnée  primitivement, 
non  seulement  la  coloration  se  manifeste 
comme  avant  dans  le  violet  et  au-delà,  mais 
encore  l'action  a  lieu  et  très  vivement,  de- 
puis le  bleu  jusqu'au  rouge  ,  là  où  on  n'a- 
vait pas  observé  d'action  auparavant.  On 
doit  donc  distinguer  des  rayons  qui  com- 
mcncentctcontinuent  l'action,  et  des  rayons 
qui  continuent  seuls.  La  plupart  des  sels 


LUM 


LUM 


483 


d'argent  donnent  lieu  aux  mêmes  effets. 

Si  on  projette  un  spectre  solaire  sur  du 
chlorure  d'or ,  l'action  commence  dans  le 
vert,  et  s'étend  au-delà  du  violet. 

La  résine  de  gayac  est  bleuie  par  les 
rayons  situés  au-delà  du  violet  visible  ;  et 
les  rayons  compris  depuis  le  violet  jusqu'au 
rouge  agissent  en  sens  inverse,  et  ramènent 
le  gayac  bleui  au  blanc. 

La  décomposition  de  l'acide  carbonique 
de  l'air  par  les  feuilles  a  lieu  principale- 
ment dans  la  partie  moyenne,  vers  le  jaune. 
Enfin  les  couleurs  végétales  qui  sont  in- 
fluencées par  les  rayons  solaires  sont  dé- 
truites dans  des  portions  différentes  du 
spectre;  les  rayons  actifs,  dans  ce  cas,  ne 
sont  compris  qu'entre  le  rouge  et  le  violet, 
et  on  a  remarqué  qu'en  général  les  rayons 
qui  sont  efficaces  pour  la  destruction  d'une 
matière  végétale  d'une  couleur  quelconque 
sont,  dans  un  grand  nombre  de  cas  ,  ceux 
qui  accompagnent  les  rayons  lumineux  qui , 
par  leur  couleur,  sont  complémentaires  de 
la  couleur  de  la  matière  végétale  détruite. 
C'est  ainsi  que  les  matières  végétales  d'une 
couleur  jaune  ou  orangée  sont  détruites 
avec  plus  d'énergie  par  la  partie  bleue  du 
spectre  ;  les  parties  bleues  par  les  portions 
rouges,  orangées  et  jaunes  du  spectre. 

D'autres  exemples  montreraient  que,  pour 
chaque  substance  impressionnable,  l'action 
des  rayons  solaires  est  différente  ,  c'est-à- 
dire  que  ces  substances  ne  sont  pas  impres- 
sionnées entre  les  mêmes  limites  de  réfran- 
gibilité,  et  que  les  portions  des  maxima  et 
minima  d'action  ne  sont  pas  les  mêmes  dans 
chaque  circonstance.  Aussi ,  nous  le  répé- 
tons, chaque  substance  est  un  appareil  par- 
ticulier à  l'aide  duquel  on  doit  interroger 
1  action  chimique  de  la  Lumière. 

Il  existe  une  autre  série  de  phénomènes 
produits  sous  l'influence  de  l'action  chimique 
lie  la  Lumière  :  ce  sont  les  effets  électri- 
ques qui  se  manifestent  toujours  quand  les 
molécules  des  corps  éprouvent  des  déran- 
gements dans  leur  position  d'équilibre,  se 
combinent  ou  se  désunissent.  Il  suffit  pour 
les  rendre  sensibles  de  couvrir  une  lame  de 
platine,  plongeant  dans  de  l'eau  rendue  con- 
ductrice de  l'électricité,  de  chlorure  d'argent; 
«le  plonger  une  secondelame  dans  cette  eau, 
mais  sans  chlorure  sur  sa  surface;  de  faire 
communiquer  les  deux  lames  avec  un  gal- 


vanomètre très  sensible,  et  d'exposer  le 
chlorure  à  l'action  de  la  Lumière  :  aussitôt 
un  courant  électrique  se  manifeste.  Le  bro- 
mure d'argent  donne  aussi  lieu  à  ce  phéno- 
mène. On  peut,  en  couvrant  les  lames  de 
ces  substances,  ou  bien  en  prenant  une 
lame  d'argent  recouverte  d'iodure  ,  avoir 
les  intensités  relatives  des  actions  exercées 
dans  le  spectre  solaire;  on  arrive  à  l'aide 
de  ce  procédé  au  même  résultat  qu'avec  la 
coloration ,  si  ce  n'est  que  l'on  mesure  les 
actions. 

En  étudiant  l'influence  que  les  écrans 
incolores  et  colorés  exercent  sur  les  diffé- 
rentes portions  du  spectre  solaire,  on  a  été 
conduit  aux  conséquences  suivantes  :  lors- 
qu'une substance  agit  par  absorption  sur 
une  portion  du  spectre  lumineux,  elle  se 
comporte  aussi  de  la  même  manière  sur  la 
portion  de  même  réfrangibilité  du  spectre 
chimique  qui  influence  une  substance  sen- 
sible; les  différences  qui  paraissent  exister 
ne  proviennent  que  de  ce  que  l'on  n'a  pas 
égard  à  l'intensité  relative  d'action  de  ces 
parties  des  deux  spectres  par  rapport  à  leur 
maxima  et  à  l'étendue  du  spectre  actif. 
Tous  les  faits  observés  jusqu'ici  servent 
donc  à  montrer  que  les  réactions  chimiques 
et  les  phénomènes  lumineux  sont  engendrés 
par  un  seul  et  même  rayonnement,  dont  les 
effets  sont  modifiés  suivant  la  nature  du 
corps  sur  lequel  il  agit. 

Nous  ne  devons  pas  oublier  de  dire  ici 
que  c'est  à  l'aide  d'une  substance  sensible, 
l'iodure  d'argent,  que  MM.  Niepce  et  Da- 
guerre  sont  parvenus  avec  cette  admirable 
précision  à  fixer  les  images  de  la  chambre 
obscure. 

Action  phosphorogénique  de  la  lumière. — 
Nous  avons  dit  que  lorsqu'un  faisceau  de 
rayons  solaires  tombait  sur  des  écailles 
d'huîtres  calcinées,  celles-ci  acquéraient  la 
faculté  d'émettre  de  la  lumière  dans  l'ob- 
scurité, d'être,  en  un  mot,  lumineuses  par 
elles-mêmes.  Les  écailles  d'huîtres  doivent 
cette  faculté  au  sulfure  de  calcium,  qui 
partage  avec  d'autres  sulfures  la  propriété 
de  manifester  à  un  haut  degré  le  phéno- 
mène de  phosphorescence.  Bon  nombre  de 
corps  jouissent  de  la  propriété  de  devenir 
lumineux  par  insolation,  et  ces  effets  pa- 
raissent dépendre  d'un  changement  mo- 
mentané  dans  l'équilibre  des    particules. 


484 


LUM 


Nous  traiterons  ce  sujet  à  l 'article  phos- 
phorescence; mais  il  faut  examiner  les  dif- 
férentes parties  du  spectre  qui  donnent 
lieu  à  cet  effet.  Sur  le  sulfure  de  calcium , 
on  reconnaît  que  c'est  dans  l'extrême  violet 
qu'il  devient  lumineux;  il  y  a  deux  maxima 
d'action.  Il  existe  en  outre  depuis  le 
violet  jusqu'au  rouge  des  rayons  qui  étei- 
gnent la  phosphorescence.  Le  sulfure  de 
Baryum  donne  lieu  à  des  effets  analogues, 
mais  dans  le  violet  on  ne  trouve  qu'un 
maximum. Du  reste,  dans  cesspectres comme 
dans  les  spectres  chimiques ,  on  ohserve 
des  raies  obscures  semblables  aux  raies  du 
spectre  lumineux,  et  placées  dans  les  mêmes 
positions  :on  a  conclu  que, dans  les  parties  où 
il  n'existe  pas  de  lumière,  la  cause  qui  a 
produit  la  perte  de  ces  rayons  lumineux 
est  aussi  celle  qui  amène  la  disparition  des 
effets  chimiques  et  phosphorogéniques. 

On  voit  donc  qu'il  est  très  probable  que 
les  divers  effets  de  lumière,  de  chaleur, 
d'action  chimique,  et  de  phosphorescence 
produits  par  l'action  des  rayons  solaires, 
sont  dus  à  un  seul  et  même  rayonnement 
qui  se  modi6e  suivant  la  nature  des  sub- 
stances qu'il  impressionne,  et  que  la  diver- 
sité des  effets  provient  d'une  différence 
entre  les  matières  ou  organes  sensibles,  et 
non  de  la  modification  de  l'agent  producteur. 
Ce  seraient  donc,  dans  cette  hypothèse, 
des  vibrations  qui,  sur  la  rétine,  entre  cer- 
taines limites,  donneraient  la  sensation  lu- 
mineuse, et  en  se  transmettant  aux  corps 
entre  d'autres  limites,  produiraient  de  la 
chaleur  et  de  nouveaux  arrangements  entre 
les  molécules;  enfin  ce  seraient  encore  des 
vibrations  qui,  transmises  aux  molécules 
des  corps,  les  rendraient  momentanément 
lumineux  par  eux-mêmes  ou  phosphores- 
cents. 

Des  météores  lumineux.  —  Il  existe  plu- 
sieurs météores  lumineux  qui  sont  dus  à  la 
réflexion,  à  la  réfraction  et  aux  phénomènes 
d'interférence;  nous  en  avons  déjà  donné 
un  exemple  dans  le  mirage.  Nous  citerons 
l'arc-en-ciel ,  les  couronnes ,  les  halos ,  les 
parhélies  et  la  scintillation  des  étoiles. 

L'arc-en-ciel  se  manifestée  l'observateur 
lorsqu'il  se  trouve  à  une  certaine  distance 
d'un  nuage  qui  déverse  de  l'eau  entre  le  so- 
leil et  le  nuage;  ce  phénomène  est  dû  à  la 
réfraction  des  rayons  du  soleil  à  travers  les 


LUM 

gouttes  d'eau.  En  effet ,  si  l'on  se  place  der- 
rière un  jet  d'eau  dont  l'eau  retombe  en 
gouttes,  entre  ces  gouttes  et  le  soleil  ,  on 
voit  apparaîtrexun  arc  lumineux  analogue 
à  l'arc-en-ciel.  Or,  comme  il  faut  que  les 
rayons  soient  renvoyés  du  nuage  à  l'obser- 
vateur, on  ne  doit  chercher  à  expliquer 
le  phénomène  qu'à  l'aide  des  rayons  qui 
ont  pénétré  dans  la  goutte  d'eau,  et  qui 
ont  éprouvé  au  moins  une  réflexion  dans 
son  intérieur.  Si  l'on  suit  la  marche 
d'un  rayon  lumineux  à  travers  une  sphère 
d'eau,  en  s'appuyant  sur  les  lois  de  la 
réflexion  et  de  la  réfraction,  on  recon- 
naît qu'il  existe  une  certaine  position  du 
rayon  pour  laquelle  les  rayons  voisins  se 
réfléchissent  entièrement  au  même  point 
et  ressortent  parallèles  entre  eux;  l'œil 
placé  dans  la  direction  de  ces  derniers 
reçoit  donc  uneimpression  lumineuse  beau- 
coup plus  forte  que  dans  toute  autre  posi- 
tion, ou  une  impression  qui  efface  toutes  les 
autres.  Ces  rayons  ont  été  nommés  rayons 
efGcaces;  leur  position  par  rapport  à  la 
goutte  d'eau  dépend  de  la  couleur  de  la  lu- 
mière incidente;  car  la  puissance  de  ré- 
fraction n'est  pas  la  même  pour  les  diffé- 
rentes couleurs  du  spectre.  Si  l'on  conçoit 
une  ligne  menée  par  l'œil  de  l'observateur 
et  le  centre  du  soleil,  la  direction  des  rayons 
efficaces  rouges  fera  un  angle  de  42°  l' avec 
cette  ligne;  celle  des  rayons  violets  un  angle 
de  40°  17';  mais,  comme  toutes  les  gouttes 
d'eau  qui  se  trouvent  dans  cette  condition 
donnent  lieu  à  des  rayons  efficaces,  il  en  ré- 
sulte que  l'observateur  doit  apercevoir  un 
arc  coloré  de  toutes  les  couleurs  du  prisme, 
dont  le  centre  sera  sur  la  ligne  passant  par 
l'observateur  et  le  soleil,  éloigné  de  cette 
ligne  des  angles  dont  nous  venons  de  parler 
et  d'une  largeur  de  42°  1'  —  40  19'  =  1* 
45'.  Le  rouge  dans  cet  arc  est  en  dehors,  le 
violet  en  dedans,  et  entre  ces  deux  couleurs 
toutes  les  autres  couleurs  du  prisme,  orangé, 
jaune,  vert,  bleu,  indigo.  On  voit,  d'après 
cela ,  que  plus  le  soleil  est  bas  sur  l'horizon, 
plus  est  grande  la  portion  de  l'arc  que  l'on 
voit. 

On  aperçoit  ordinairement  un  second 
arc-en-ciel  que  l'on  nomme  extérieur,  parce 
qu'il  enveloppe  le  premier;  il  est  produit 
par  des  rayons  efficaces  qui  ont  subi  deux 
réflexions  dans  l'intérieur  des  gouttes  d'eau. 


LUM 

Dans  cet  arc,  le  violet  est  en  dehors  et  le 
rouge  en  dedans;  la  position  des  couleurs 
est  inverse  de  ce  qu'elle  est  dans  le  premier 
ras.  L'intensité  lumineuse  est  déjà  moins 
forte  que  dans  le  premier  arc.  Il  paraîtque 
dans  des  circonstances  extrêmement  favo- 
bles ,  on  parvient  quelquefois  à  observer  un 
troisième  arc-en-ciel,  dont  la  lumière,  qui  a 
déjà  subi  plusieurs  réflexions,  est  excessi- 
vement faible;  ce  phénomène  est  très  rare. 
II  y  a  aussi  des  arts  secondaires  ou  surnu- 
méraires qui  paraissent  résulter  de  l'interfé- 
rence des  rayons  qui  traversent  les  gouttes 
d'eau. 

La  lune  peut  donner  aussi  quelquefois 
des  arcs-en-ciel  comme  le  soleil ,  surtout 
quand  elle  en  pleine  et  qu'elle  brille  de 
tout  son  éclat;  mais  les  couleurs  en  sont 
toujours  pâles. 

On  donne  quelquefois  mal  à  propos  le 
nom  d'arc-en-cicl  lunaire  au  phénomène 
des  couronnes  qu2  l'on  observe  autour  de 
la  lune,  et  aussi  parfois  autour  du  soleil, 
quand  l'air  n'est  pas  pur  et  qu'il  se  trouve 
delà  vapeur  ou  des  gouttelettes  d'eau  ex- 
trêmement petites.  Ce  phénomène  est  tout- 
à-fait  différent  du  précédent,  en  ce  que  les 
arcs-en-ciel  sont  toujours  à  l'opposite  de 
l'astre,  tandis  que  les  couronnes  ont  tou- 
jours l'astre  pour  centre.  Elles  sont,  en  gé- 
néral ,  au  nombre  de  trois,  quatre,  et  sont 
plus  ou  moins  brillantes  suivant  l'état  de 
l'atmosphère  ;  le  rouge  est  en  dehors  et  le 
violet  en  dedans,  comme  les  couleurs  des 
interférences.  Les  déviations  des  mêmes 
couleurs  pour  les  anneaux  différents  suivent 
les  nombres  1,  2,  3,  4,  excepté  pour  le 
premier  arc. 

Cet  effet  est  dû  à  l'interférence  des  rayons 
qui  rasent  les  vésicules  contenues  dans 
l'air,  de  même  que  les  spectres  ou  réseaux 
sont  dus  à  l'interférence  des  rayons  qui  tra- 
versent lesintervallesdecesréseaux.Ce  phé- 
nomène est  absolument  semblable  et  peut 
être  facilement  reproduit  en  mettant  une 
couche  mince  de  lycopode  entre  deux  verres 
et  examinant  l'astre  à  travers  ce  système. 

Des  halos  et  des  parhélies.  —  Les  halos 
sont  deux  cercles  colorés  qui  se  montrent 
autour  du  soleil  ou  de  la  lune,  ayant  pour 
demi-angle  visuel  22  à  23°  Dour  le  nlus 
petit,  et  46°  pour  le  plus  grand;  il  arrive 
rarement  que   l'on  aperçoive  les  deux.  Le 


LUM 


485 


rouge  de  ces  cercles  est  en  dedans  et  le 
violet  en  dehors;  cette  disposition  les  dis- 
tingue des  couronnes.  On  les  attribue  à  la 
réfraction  de  la  lumière  à  travers  des 
prismes  déglace  de  60°,  dont  les  bases  sont 
perpendiculaires  aux  faces.  Chacun  des 
angles  de  60  et  90°  donne  des  rayons  effi- 
caces, comme  les  gouttes  d'eau  de  l'arc -en- 
ciel,  mais  sans  réflexion  intérieure,  et  les 
déviations  sont  de  23  et  46°,  comme  le 
montre  l'expérience.  Quelquefois,  mais 
très  rarement,  les  halos  se  compliquent  de 
plusieurs  phénomènes;  on  voit  un  cercle 
blanc  horizontal  passant  par  le  soleil, 
ayant  la  même  largeur  que  lui,  et  quelque- 
fois aussi  un  cercle  vertical  blanc  qui  coupe 
le  premier  angle  droit  et  fait  une  croix 
dont  le  point  de  croisement  est  au  soleil. 
On  explique  ces  cercles  en  admettant  que  , 
parmi  les  prismes  déglace,  il  en  existe  qui 
sont  très  longs,  d'autres  très  courts;  ces 
deux  espèces  de  prismes  tombent  suivant 
leur  moins  grande  résistance  ,  les  premiers 
verticaux,  les  autres  horizontaux,  et  les 
faces  de  ces  prismes  doivent  réfléchir  régu- 
lièrement la  lumière  de  façon  à  donner  lieu 
aux  deux  cercles  blancs,  qui,  ne  donnant  pas 
de  coloration ,  annoncent  de  la  lumière  ré- 
fléchie. 

Enfin,  dans  les  halos,  on  voit  aussi  sur 
le  cercle  parhélique,  un  peu  en  dehors  des 
halos,  des  images  colorées  du  soleil.  Ce  sont 
des  parhélies  ou  faux  soleils  et  quelquefois 
une  image  à  l'opposite  du  soleil,  appelée 
anthélie.  L'explication  de  ces  derniers  effets 
laisse  encore  quelque  chose  à  désirer,  comme 
aussi  celle  de  certains  cercles  tangents  aux 
halos  ;  mais  ce  phénomène  complet  est  ex- 
cessivement rare. 

Il  existe  un  autre  phénomène  connu  de 
tout  le  monde,  la  scintillation  des  étoiles, 
ou  le  changement  de  couleurs  rapide  que 
présentent  les  étoiles  fixes,  le  passage  du  bleu 
au  rouge,  du  vert  au  jaune,  passage  qui  si; 
renouvelle  plusieurs  fois  par  seconde.  Ce 
phénomène,  longtemps  inexpliqué,  dépend 
des  interférences,  comme  l'a  démontn- 
M.  Arago.  Suivant  lui,  les  rayons  parallèles 
venant  du  soleil  et  qui  tombent  sur  une 
lentille  pour  donner  lieu  à  l'image  d'une 
étoile,  ne  traversent  pas  des  couches  d'air 
dont  la  densité  reste  la  même;  l'air  étant 
agité  continuellement  change  d'état  ;    les 


486 


LUIVl 


LUM 


rayons  voisins  peuvent  interférer  du  moins 
les  rayons  colorés,  dont  la  différence  de  route 
se  trouve  être  en  nombre  impair  de  demi- 
ondulation.  Alors ,  à  l'instant  que  l'on  con- 
sidère, l'image  de  l'étoile  est  due  à  l'action 
de  tous  les  rayons  qui  n'ont  pas  interféré. 
Comme  l'état  de  l'atmosphère  change  con- 
tinuellement, la  couleur  des  points  lumi- 
neux doit  changer  en  même  temps. 

De  la  lumière  des  comètes.  —  Ces  astres 
sont  formés  ordinairement  d'une  masse  de 
lumière  plus  ou  moins  éclatante  mal  ter- 
minée, présentant  une  tête  el  une  queue. 
A  la  tête  se  trouve  souvent  un  noyau  beau- 
coup plus  brillant,  semblable  à  une  étoile 
ou  à  une  planète.  On  considère  ces  astres 
comme  un  grand  amas  de  vapeurs  subtiles, 
se  laissant  traverser  par  les  rayons  solaires, 
et  pouvant  les  réfléchir  de  toutes  parts.  On 
attribue  ce  grand  développement  des  at- 
mosphères des  comètes  à  la  très  faible  ré- 
sistance qu'oppose  l'attraction  exercée  par 
une  masse  aussi  petite  que  celle  du  noyau 
et  l'élasticité  des  parties  gazeuses. 

Cette  matière  lumineuse,  cette  atmosphère 
des  comètes,  a  quelqufois  60  millions 
de  lieues  de  longueur  ,  1  million  de  lieues 
de  large.  On  se  demande  depuis  long- 
temps si  les  comètes  sont  lumineuses  par 
elles-mêmes,  ou  bien  si,  de  même  que 
les  planètes  ,  elles  réfléchissent  les  rayons 
solaires.  Cette  question  a  occupé  à  diverses 
reprises  les  physiciens  et  les  astronomes. 
Nous  nous  bornerons  à  rapporter  les  ob- 
servations faites  à  cet  égard  par  M.  Arago, 
en  s'aidant  des  propriétés  de  la  lumière  po- 
larisée. Lorsque  la  lumière  est  réfléchie 
sous  certains  angles,  elle  acquiert  des  pro- 
priétés qui  la  distinguent  de  la  lumière  di- 
recte :  or ,  dans  la  lumière  de  la  queue  des 
comètes,  on  a  reconnu  des  traces  de  lu- 
mière polarisée,  caractère  propre  à  la  lu- 
mière réfléchie  et  non  directe.  Cette  ob- 
servation tranche  la  difficulté  de  la  lu- 
mière des  étoiles.  Ces  corps  sont  situés  à 
une  distance  de  nous  qui  n'est  pas  au-des- 
sous de  6,720,000,000,000  de  lieues.  Or, 
comme  la  vitesse  de  la  lumière  est  de  7,000 
lieues  par  seconde,  la  lumière  des  étoiles 
doit  donc  employer  plus  de  96,000,000 
de  secondes  pour  arriver  jusqu'à  nous,  c'est- 
à-dire  plus  de  3  ans.  Quant  aux  étoiles  té- 
lescopiques ,  si  nombreuses ,  les  astrono- 
mes pensent  qu'il  y  en  a  dont  la  lumière, 


en  raison    de  leur  dislance,   doit  mettre 
mille  ans  pour  parvenir  jusqu'à  nous. 

La  cause  de  leur  lumière  est  inconnue; 
nous  savons  seulement  que  les  étoiles 
constituent  autant  de  soleils.  Pour  les 
reconnaître  et  en  faciliter  l'étude,  on 
les  classe  d'après  leur  éclat  apparent,  et 
le  rang  qu'on  leur  assigne  aussi  sert  à  les 
désigner  sous  les  dénominations  de  première, 
de  deuxième  grandeur.  On  a  établi  sept 
ordres  de  grandeur,  le  dernier  comprenant 
les  étoiles  les  plus  petites  que  l'on  puisse  à 
peine  voir  à  l'œil  nu.  Outre  les  étoiles 
de  diverses  grandeurs  vues  au  télescope 
ou  à  l'œil  nu ,  il  existe  encore  des  amas 
d'étoiles  appelées  nébuleuses,  en  raison 
de  l'aspect  sous  lequel  elles  se  présentent  à 
nous.  Les  nébuleuses  sont  très  probable- 
ment formées  d'un  amas  d'étoiles  qui,  en 
raison  de  leur  grand  éloignement  de  nous 
ou  de  leur  faible  éclat,  ne  peuvent  être  dis- 
tinguées,  de  sorte  qu'elles  se  présentent  à 
nous  comme  une  masse  lumineuse.  Peut- 
être  aussi  sont-elles  une  matière  lumineuse 
et  plus  phosphorescente,  disséminées  dans 
l'immensité  de  l'espace,  comme  un  nuage  ou 
un  brouillard,  tantôt  revêtant  des  formes 
capricieuses  comme  les  nuages  chassés  par 
les  vents,  tantôt  se  concentrant  autour  de 
certaines  étoiles  à  la  manière  des  atmo- 
sphères des  comètes.  Mais  quelle  est  la  des- 
tination de  cette  matière  nébuleuse?  Sert- 
elle  en  se  condensant  à  fonder  de  nouveaux 
systèmes  stellaires  ou  des  étoiles  isolées? 

Outre  les  étoiles  fixes,  il  existe  encore 
des  étoiles  qui,  sans  se  distinguer  des  autres 
par  un  déplacement  apparent  ni  par  une 
différence  d'aspect,  sont  sujettes  à  des 
accroissements  périodiques  d'éclat  qui,  dans 
un  ou  deux  cas,  sont  l'extinction  et  la  révi- 
viûcation  complète  :  ce  sont  les  étoiles  pé- 
riodiques. 

De  la  lumière  zodiacale.  —  La  lumière 
ainsi  nommée  est  celle  que  l'on  aperçoit 
dans  les  beaux  temps,  aussitôt  après  le 
coucher  du  soleil,  vers  le  mois  d'avril  ou 
de  mai,  ou  avant  le  lever  du  soleil  dans  la 
saison  opposée.  Elle  a  la  forme  de  cône  ou 
de  lentille,  dont  la  direction  est  en  général 
celle  de  l'écliptique,  ou  mieux  celle  de 
l'équateur  solaire.  Cette  lumière  est  extrê- 
mement faible,  au  moins  dans  nos  climats, 
mais  on  la  voit  mieux  dans  les  régions  in- 
tertropicales, où  elle  ne  peut  être  confondue 


LUM 


LUM 


487 


avec  une  aurore  boréale.  Elle  s'annonce 
évidemment  comme  une  atmosphère  rare  et 
de  forme  lenticulaire  qui  entoure  le  soleil, 
et  s'étend  au  delà  des  orbites  de  Mercure  et 
même  de  Vénus. 

De  la  lumière  des  étoiles  doubles.  —  On 
s*est  demandé  s'il  existait  ou  non  des  astres 
émettant  plusieurs  des  couleurs  du  spectre 
et  même  une  seule;  les  étoiles  doubles  sont 
dans  ce  cas.  On  appelle  ainsi  des  étoiles  qui 
se  résolvent  en  deux  et  quelquefois  en 
trois  autres  très  rapprochées;  elles  obéis- 
sent à  la  même  loi  dynamique  qui  régit 
notre  système.  La  lumière  de  ces  astres 
présente  des  combinaisons  binaires  de  rouge 
et  de  bleu  verdâtre,  de  jaune  et  de  bleu. 
La  teinte  bleue  ou  verte  de  la  plus  petite 
étoile  est- elle  due  ou  non  à  un  effet  de 
contraste?  C'est  une  question  qui  a  été  ré- 
solue par  M.  Arago,  comme  il  suit:  une 
faible  lumière  blanche  paraît  verte  à  l'égard 
d'une  forte  couleur  rouge,  et  passe  au 
bleu  quand  la  lumière  vive  environnante  est 
jaunâtre.  On  observe  précisément  un  effet 
de  ce  genre  entre  la  partie  brillante  et  la 
partie  faible  des  étoiles  doubles,  ce  qui  ten- 
drait à  faire  croire  que  la  cause  est  la 
même.  Il  y  a  cependant  des  exceptions  ;  car 
une  petite  étoile  bleue  accompagne  souvent 
une  grande  étoile  blanche  sans  apparence 
de  couleur  ronge,  et  dans  ce  cas  on  ne  peut 
admettre  des  effets  de  contrastes.  La  couleur 
bleue,  ne  pouvant  être  attribuée  à  une  illu- 
sion, doit  être  réellement  celle  de  la  lumière 
de  certaines  étoiles;  c'est  ce  que  M.  Arago 
a  effectivement  constaté. 

Il  existe  donc  par  conséquent  un  grand 
nombre  d'étoiles  doubles,  émettant,  les  unes 
une  couleur  bleue,  les  autres  une  couleur 
verte.  D'où  peuvent  donc  provenir  ces  cou- 
leurs uniques?  Doit-on  les  considérer  comme 
le  résultat  rie  la  décomposition  d'une  lu- 
mière analogue  à  celle  du  soleil,  à  travers 
les  milieux  qu'elle  a  pu  traverser,  la  cou- 
leur complémentaire  ou  seulement  une 
portion  ayant  été  absorbée  par  ces  milieux? 
Sont  elles  dues  encore  à  des  étoiles  qui  s'é- 
teignent, ou  à  un  état  de  combustion  de 
l'étoile  semblable  à  celui  decertains  corps  qui 
brûlent  en  n'émettant  qu'un  petit  nombre 
de  couleurs  et  même  une  seule?  C'est  ce 
qu'on  ne  saurait  dire. 


DR    LA    LUMIÈRE   ÉLFXTMQUE. 

Toutes  les  fois  que  deux  corps  chargé» 
d'électricité  contraire  sont  placés  à  une  dis- 
tance convenable,  les  deux  électricités  s'é- 
lancent l'une  vers  l'autre  pour  reformer  du 
fluide  neutre,  en  produisant  une  étincelle 
plus  ou  moins  brillante.  La  tension  néces- 
saire pour  que  cette  production  ait  lieu,  ainsi 
que  la  couleur  de  la  Lumière  ,  dépend  de 
la  forme  des  corps,  de  la  pression  des  milieux 
gazeux  que  traverse  la  décharge,  ainsi  que 
de  leur  nature. 

La  Lumière  électrique  esc  d'autant  plus 
brillante  que  les  corps  entre  lesquels  elle  se 
manifeste  sont  meilleurs  conducteurs;  sui- 
vant la  nature  de  ces  corps,  elle  prend  des 
teintes  violacées,  puis  rouges  comme  les  corps 
combustibles  qui  brûlent  plus  ou  moins  len- 
tement. 

La  Lumière  devient  blanche  et  brillante 
quand  la  décharge  a  lieu  dans  un  milieu 
condensé ,  et  prend  une  teinte  rougeâtre 
quand  il  est  raréfié.  Dans  le  premier  cas, 
il  faut  une  plus  grande  tension  que  dans  le 
second  ;  dans  le  vide,  la  Lumière  est  naturel- 
lement diffuse  et  très  pâle. 

La  présence  de  particules  matérielles  dans 
le  milieu  traversé  par  la  décharge  modifie 
la  couleur  de  la  Lumière  électrique. 

Lorsqu'on  élève  la  température  du  mer- 
cure dans  le  vide  barométrique,  la  Lumière 
électrique  qui  traverse  ce  vide  se  montre 
d'une  couleur  verte,  en  raison  des  vapeurs 
mercurielles  qui  s'y  trouvent  en  plus  ou 
moins  grande  quantité.  En  élevant  graduel- 
lement la  température  jusqu'à  l'ébullition 
du  mercure,  la  décharge  de  quelques  bo- 
caux y  produit  une  Lumière  très  éclatante, 
due  à  ce  que  toutes  les  molécules  de  mercure 
deviennent  incandescentes,  tandis  qu'en  re- 
froidissant le  mercure,  elle  s'affaiblit  peu  à 
peu  ,  et  tellement,  qu'à  20°  au-dessous  de 
zéro,  elle  est  à  peine  sensible.  Elle  n'est  vi- 
sible que  dans  une  obscurité  très  profonde. 
Cet  effet  ne  dépend,  comme  il  est  facile  de 
le  concevoir,  que  de  la  distance  qui  doit  être 
parcourue  par  l'électricité.  Quand  on  opère 
avec  une  batterie  très  énergique,  et  que  les 
boules  de  l'excitateur  sont  très  rapprochées, 
on  peut  avoir  dans  le  vide  une  Lumière  vive 
et  éclatante.  En  introduisant  dans  le  vido 
mercuriel  la  plus  petite  quantité  d'air  pos- 
sible, la  couleur  change  du  vert  au  vert 


488 


LUM 


LUM 


de  mer.  Par  de  nouvelles  additions,  elle 
passe  au  bleu  et  au  pourpre.  En  faisant  le 
vide  au-dessus  de  l'alliage  fusible,  aGn  de 
ne  pas  avoir  sensiblement  de  matières  pon- 
dérables, la  Lumière  est  pâle  et  d'un  jaune 
paille.  Tous  les  faits  observés  jusqu'ici  ten- 
dent à  prouver  que  les  propriétés  lumineu- 
ses de  l'électricité  appartiennentà  la  matière 
pondérable  à  travers  laquelle  les  décharges 
sont  transmises;  néanmoins  l'espace  dans 
lequel  il  n'y  a  pas  de  quantités  appréciables 
de  cette  matière  est  apte  à  transmettre  les 
effets  lumineux,  pourvu  toutefois  que  l'in- 
tensité de  la  décharge  soit  suffisante;  mais 
il  est  probable  que,  dans  ce  cas,  les  parties 
matérielles  des  corps  entre  lesquels  éclate 
la  décharge  interviennent  dans  la  produc- 
tion de  la  Lumière  :  cet  effet  est  analogue 
à  celui  qui  a  lieu  quand  on  brûle  du  gaz 
hydrogène  pur  et  du  gaz  hydrogène  carboné; 
dans  ce  dernier,  les  corpuscules  de  carbone 
en  ignition  ou  en  combustion  donnent  plus 
d'éclat  à  la  Lumière. 

Nous  avons  dit  que  la  Lumière  électrique, 
quand  la  décharge  traverse  du  gaz,  dépend 
principalement,  du  moins  sa  couleur  et  son 
intensité,  de  la  tension  de  l'électricité  ;  mais 
cette  cause  n'tst  pas  la  seule,  car  la  nature 
propre  du  gaz  exerce  aussi  une  influence 
sur  la  production  du  phénomène.  A  pression 
égale  ,  dans  l'air,  les  étincelles  ont  cette  lu- 
mière intense  et  cette  couleur  bleue  que 
nous  leur  connaissons.  Elles  ont  souvent  des 
parties  claires  et  obscures  dans  leur  trajet, 
c'est-à-dire  qu'elles  montrent  des  solutions 
de  continuité  quand  la  quantité  d'électricité 
est  plus  considérable.  Dans  l'azote  ,  elles 
ont  la  même  apparence  que  dans  l'air,  si  ce 
n'est  que  la  couleur  bleue  ou  pourpre  est 
plus  prononcée.  Dans  l'oxygène,  les  étincelles 
sont  plus  blanches  que  dans  l'air  uu  dans 
l'azote,  mais  non  aussi  brillantes.  Dans  l'hy- 
drogène, elles  présentent  une  belle  couleur 
cramoisie,  qui  n'est  pas  due  à  sa  faible  den- 
sité, puisqu'elle  disparaît  quand  on  raréfie 
le  gaz.  Dans  le  gaz  acide  carbonique,  la 
couleur  est  semblable  à  ce!  e  de  l'étincelle 
dans  l'air,  mais  avec  un  peu  de  couleur 
verte.  Dans  le  gaz  chlorhydrique,  l'étincelle 
est  presque  toujours  blanche,  sans  parties  ob- 
scures, probablement  en  raison  d'une  bonne 
conductibilité.  Dans  l'oxyde  de  carbone,  elle 
est  Yerte,  rouge,  tantôt  l'une,  tantôt  l'autre. 


Pour  bien  étudier  le  développement  de 
l'étincelle  dans  l'air,  à  mesure  que  la  dis- 
tance augmente  entre  deux  boules  chargées 
d'électricité  contraire,  on  opère  de  la  ma- 
nière suivante  avec  la  machine  de  Nairne, 
qui  fournit  en  même  temps  les  deux  élec- 
tricités. Cette  machine  est  tellemtnt  dispo- 
sée que  l'on  peut  approcher  à  volonté  deux 
boules  de  métal  en  relation  chacune  avec  un 
des  deux  conducteurs.  Lorsque  les  deux 
boules  sont  placées  de  4  à  6  millim.  de  dis- 
tance, l'étincelle  a  la  constitution  suivante: 
Du  côté  négatif,  on  aperçoit  un  point  lu- 
mineux bien  prononcé;  du  côté  positif,  il  y 
a  également  un  point  lumineux  moins  fort. 
Dans  l'intervalle,  on  aperçoit  une  partie 
sombre  violacée.  Si  l'on  écarte  peu  à  peu 
les  deux  conducteurs  ,  la  partie  lumineuse 
négative  se  sépare  en  deux  parties  qui  s'é- 
loitment  de  plus  en  plus.  L'étincelle  se 
trouve  alors  composée  de  trois  parties  lu- 
mineuses et  de  deux  parties  somBres  viola- 
cées. En  continuant  à  écarter  les  boules,  la 
partie  lumineuse  qui  s'est  détachée  du  con- 
ducteur négatif  se  rapproche  de  la  lueur 
positive,  et  finit  par  se  joindre  à  elle.  Il  ne 
reste  plus  qu'une  très  faible  lueur  du  côté 
négatif,  tandis  qu'il  y  a  une  lueur  très  forte 
du  côté  positir.  Les  étincelles  acquièrent 
alors  une  telle  intensité  qu'il  est  difficile  de 
les  analyser. 

Pour  obtenir  l'aigrette  électrique,  il  suffit 
de  fixera  l'angle  droit,  sur  le  conducteur 
positif  d'une  machine  électrique,  une  tige 
métallique  de  quelques  lignes  de  diamètre, 
arrondie  par  le  bout  extérieur,  et  d'ap- 
procher ensuite  la  main  ou  toute  autre  sur- 
face conductrice.  Quand  on  opère  avec  une 
puissante  machine  électrique,  une  petite 
boule  métallique  d'environ  18  millimètres 
de  diamètre,  fixée  à  l'une  des  extrémités 
d'une  longue  tige  en  cuivre,  l'aigrette  pré- 
sente l'apparence  suivante  :  une  petite  par- 
tie conique  brillante  paraît  au  milieu  de  la 
balle  ,  laquelle  se  projette  loin  d'elle  direc- 
tement, à  une  petite  distance;  elle  se  brise 
soudainement  en  une  large  aigrette  de  pâles 
ramifications  ayant  un  mouvement  tremblé, 
et  est  accompagnée  en  même  temps  d'un 
claquement  sourd  et  faible  ,  dû  à  des  dé- 
charges successives  et  intermittentes. 

Avec  une  balle  plus  petite,  l'aigrette  est 
plus  faible,  et  le  son,  quoique  plus  marqué, 


um 


LUM 


489 


est  plus  continu.  Avec  un  fil  à  bout  ar- 
rondi, l'aigrette  est  encore  plus  faible,  mais 
séparable.  Le  son  ,  quoique  moins  intense, 
est  plus  élevé  et  rend  une  note  musicale 
distincte.  Ce  son  est  dû  aux  décharges  suc- 
cessives ,  qui,  arrivant  chacune  à  des  inter- 
valles presque  égaux  ,  font  entendre  une 
note  définie  dont  le  ton  monte  avec  l'ac- 
croissement de  rapidité  ,  la  régularité  et  la 
rapidité  de  décharges  intermittentes. 

De  la  composition  de  la  Lumière  électrique. 
—  On  analyse  la  Lumière  électrique,  comme 
les  autres  Lumières,  au  moyen  d'un  prisme. 
On  obtient  un  spectre  dont  la  composition 
n'est  pas  la  même  que  celle  du  spectre  so- 
laire. Celte  différence  se  manifeste  princi- 
palement dans  le  rapport  des  raies  et  des 
bandes.  On  distingue  ,  dans  le  spectre  élec- 
trique ,  plusieurs  lignes  en  partie  très  clai- 
res ,  dont  l'une ,  qui  se  trouve  dans  le  vert, 
est  d'une  clarté  pour  ainsi  dire  brillante, 
«n  comparaison  du  reste  du  spectre.  L'o- 
rangé renferme  une  autre  ligne  moins  lu- 
mineuse, dont  la  couleur  paraît  être  la 
même  que  celle  de  la  ligne  claire  du  spectre 
de  la  flamme  de  lampe.  A  peu  de  distance 
de  l'extrémité  du  spectre,  on  remarque  une 
ligne  qui  n'est  pas  très  claire,  et  dont  la 
Lumière  est  aussi  fortement  réfractée  que 
celle  de  la  Lumière  claire  de  la  lampe  dans 
le  reste  du  spectre.  On  distingue  encore  fa- 
cilement dans  diverses  parties  quatre  lignes 
bien  claires.  Fraunhofer  attribue  la  présence 
de  ces  lignes  claires  à  une  portion  de  la  Lu- 
mière qui  n'a  pas  été  décomposée  par  les 
prismes. 

M.  Weathstone  a  étudié  la  composition 
du  spectre  de  la  Lumière  électrique  avec  un 
télescope  muni  d'un  micromètre.  11  s'est 
servi  d'un  appareil  électro-magnétique  dis- 
posé de  manière  à  donner  une  étincelle  ne 
variant  pas  de  position.  Voici  les  princi- 
paux résultats  qu'il  a  obtenus  : 

Le  spectre  de  l'étincelle  tirée  du  mercure 
consiste  en  sept  bandes  définies,  séparées 
les  unes  des  autres  par  des  intervalles  ob- 
scurs ;  elles  sont  composées  de  deux  bandes 
orangées  rapprochées  l'une  de  l'autre,  d'une 
bande  vert-brillant,  de  deux  bandes  vert- 
bleuâtre  très  rapprochées  ,  d'une  bande 
pourpre  très  brillante,  et  enfin  d'une  bande 
\iolptte. 

En  étudiant  la  composition  du  spectre 
t.  vu. 


provenant  des  étincelles  tirées  du  zinc,  du 
cadmium,  du  bismuth,  du  plomb  en  fusion, 
Weathstone  a  trouvé  que  le  nombre,  la  po- 
sition et  la  couleur  varient  dans  chaque  cas. 
Le  spectredu  zinc  et  du  cadmium  donne  la 
bande  rouge,  qu'on  ne  trouve  pas  dans  les 
autres  spectres.  Les  résultats  ont  été  les 
mêmes  en  employant  l'étincelle  d'une  pile 
voltaïque  ,  nouvelle  preuve  de  l'identité  de 
la  Lumière  électrique  provenant  des  ma- 
chines ordinaires  ou  des  appareils  vol  laïques. 

L'influence  des  métaux  est  tellement  mar- 
quée que,  lorsqu'on  tire  l'étincelle  d'allia- 
ges, on  aperçoit  simultanément  les  lignes 
qui  appartiennent  à  chacun  de  ces  métaux. 
L'intervention  de  la  matière  pondérable  du 
conducteur,  qui  est  volatilisée,  est  donc 
complètement  démontrée.  D'un  autre  côté, 
on  sait  que  l'étincelle  qui  traverse  l'air,  en 
sortant  d'un  conducteur  métallique  ou  au- 
tre ,  emporte  toujours  avec  elle  des  particu- 
les matérielles,  et  que  dès  lors  la  Lumière 
électrique  n'est  pas  formée  seulement  de  la 
réunion  des  deux  fluides  ,  mais  provient 
encore  de  l'ignition  et  même  delà  combus- 
tion des  matières  pondérables  transportées, 
effet  analogue  à  celui  que  l'on  observe  dans 
les  flammes  résultant  de  la  combustion  du 
gaz  composé. 

En  résumé ,  nous  voyons  que  réellement 
la  Lumière  électrique  peut  naître  de  la  réu- 
nion des  deux  électricités,  mais  qu'elle  a 
besoin  ,  pour  se  manifester  à  nos  yeux  avec 
plus  ou  moins  d'éclat ,  de  la  présence  de 
particules  matérielles  insaisissables,  et  qui 
modifient  ces  propriétés ,  comme  nous  l'at- 
testent les  raies  différentes  que  nous  retrou- 
vons dans  les  spectres  obtenus  avec  la  Lu- 
mière électrique  provenant  des  étincelle.1? 
tirées  de  diverses  substances. 

Lumière  de  l'aurore  boréale. —  On  appelle 
ainsi  le  phénomène  lumineux  qui  apparaît 
quelquefois  après  le  coucher  du  soleil  vers  le 
nord,  rarement  vers  le  couchant,  et  plus  ra- 
rement encore  vers  le  midi  :  tantôt  il  se 
présente  près  de  l'horizon  comme  une  lueur 
vague  ressemblant  à  celle  de  l'aurore  qui  pré- 
cède le  lever  du  soleil  ;  d'autres  fois,  sous  la 
forme  d'une  nuée  sombre  ,  d'où  partent  des 
fusées  lumineuses,  quelquefois  vivement 
colorées ,  et  qui  éclairent  alors  toute  l'at- 
mosphère. Telles  sont  les  apparences  prin- 
cipales qu'on  observe  dans  ce  météore,  qui 
02 


490 


LU\Î 


LUN 


prend  diverses  formes  ;  son  apparition  est 
toujours  accompagnée  d'un  dérangement 
dans  la  marche  des  variations  diurnes  de 
l'aiguille  aimantée,  non  seulement  dans  les 
lieux  où  l'aurore  boréale  est  visible,  mais 
encore  dans  les  contrées  qui  en  sont  éloi- 
gnées. La  supposition  la  plus  admissible  pour 
expliquer  ce  phénomène  est  de  lui  attribuer 
une  origine  électrique.  On  sait  effectivement 
que  l'électricité  qui  passe  dans  le  vide  s'y 
montre  avec  les  mêmes  apparences  lumi- 
neuses que  celle  de  l'aurore  boréale.  Or, 
l'air  devenant  moins  dense  à  mesure  qu'il 
s'élève  au-dessus  de  la  terre,  si  l'aurore 
est  due  à  des  décharges  électriques  ayant 
lieu  dans  des  régions  supérieures  ,  ces  dé- 
charges doivent  présenter  les  mêmes  appa- 
rences que  dans  des  tubes  remplis  d'air  plus 
ou  moins  raréfié.  La  présence  d'une  cer- 
taine quantité  d'électricité  dans  l'atmo- 
sphère vient  encore  à  l'appui  de  l'identité 
entre  la  Lumière  électrique  et  celle  des  au- 
rores. 

Tous  les  faits  observés  montrent  bien  que 
les  colonnes  de  l'aurore  boréale  obéissent  à 
l'action  du  magnétisme  terrestre,  etdoivent, 
par  conséquent  ,  être  considérées  comme 
analogues  à  ces  jets  lumineux  produits  en- 
tre deux  pointes  de  charbon  ,  dans  le  vide, 
au  moyen  d'une  très  forte  batterie  vol  taïque. 
Tout  tend  donc  à  prouver  que  les  rayons 
lumineux  de  l'aurore  boréale  sont  dus  à  des 
décharges  électriques  qui  s'opèrent  dans  les 
parties  supérieures  ,  ou  très  probablement 
au-delà  de  notre  atmosphère. Nous  renvoyons 
pour  plus  amples  développements  à  l'article 

AURORE  BORÉALE. 

Lumière  des  étoiles  filantes. — Ces  météores 
sont  encore  très  obscurs  ;  on  les  explique  en 
admettant  l'existence  d'une  zone  composée 
de  milliers  de  petits  corps  dont  les  orbites  ren- 
contrent le  plan  de  l'écliptique  vers  le  point 
que  la  terre  va  occuper  tous  les  ans  du  11 
au  13  novembre.  Ces  petits  corps  sont  com- 
posés très  probablement  de  matières  oxyda- 
bles qui  s'échauffent  ,  puis  s'enflamment 
quand  elles  sont  dans  notre  atmosphère,  et 
donnent  lieu,  par  là,  aux  effets  lumineux 
observés.  (Becquerel.) 

LUMNITZERA.  bot.  ph.  —  Jacq.  F., 
syn.  de  Moschosma  ,  Reichenb.  — Genre 
de  la  famille  des  Combrétacées-Combré- 
tées  ,  établi  par  Wildenow  (m  Berl,  n.  fr., 


IV,  186).  Arbres  ou  arbrisseaux  de  l'Asie 
tropicale.  Voy.  combrétacées. 

LUMP,  poiss. —  Voy.  lompe. 

LUNA.  moll.'  —  Ce  mauvais  genre  de 
Klein  a  été  fondé  pour  une  espèce  de  Calyp 
trée,  probablement  le  Calyptrœa  trochifor- 
mis.  Ce  genre  est  tombé  dans  l'oubli.  (Desh.) 

LUENIAIRE.  Lunaria.  bot.  pu. — Genre 
de  la  famille  des  Crucifères,  tribu  des  Alys- 
sinées,  établi  par  Linné  (  Gen.  ,  n.  809). 
Herbes  des  contrées  centrales  et  australes 
de  l'Europe,  bisannuelles  ou  vivaces,  gran- 
des, légèrement  velues  ;  à  tiges  cylindriques, 
droites,  rameuses;  à  feuilles  alternes  ou 
opposées  ,  pétiolées  ,  cordées,  acuminées, 
dentées  en  scie;  à  fleurs  d'un  rose  clair, 
quelquefois  couvert  d'une  teinte  argentée, 
et  disposées  en  grappe  terminale. 

Deux  espèces  seulement  rentrent  dans  ce 
genre  :  la  Lunaire  vivace,  L.  rediviva  L.,  et 
la  Lunaire  bisannuelle,  L.  biennis  Mœnch. 
L'éclat  argentin  des  fleurs  de  cette  dernière 
espèce  lui  a  valu  les  noms  de  Satinée  et 
Passe-satin.  Dans  certaines  localités  ,  elle 
porte  encore  les  noms  de  Grande  Lunaire , 
Médaille  et  Dulbonac. 

LUNANEA  (nom  propre),  bot.  ph. — 
Genre  de  la  famille  des  Térébinthacées.  éta- 
bli par  De  Candolle  {Prodr.,  Il,  92).  Herbes 
de  la  Guinée.  Voy.  térébinthacées. 

LUNATUS.  moll.  —  Humphrey,  dans  le 
Muséum  calonnianum,  a  proposé  ce  g.  pour 
y  rassembler  un  certain  nombre  de  Natices. 
Voy.  ce  mot.  (Desh.) 

LUNE.  astr.  —  C'est  ainsi  qu'on  ap- 
pelle l'astre  qui  accompagne  la  Terre  dans 
sa  révolution  annuelle  autour  du  Soleil. 
Cette  aptitude  à  suivre  constamment  les 
mouvements  de  translation  de  notre  pla- 
nète, lui  a  valu  le  surnom  de  satellite  de 
la  Terre.  Voy.  terre. 

LUNETTE,  mam.  —  Nom  vulgaire  d'une 
espèce  de  Phyllostome.  Voy.  ce  mot.  (E.D.) 

LU  ROT.  moll. — Le  Lunot  d'Adanson 
est  une  assez  belle  espèce  de  Vénus,  à  la- 
quelle Gmelin  a  imposé  le  nom  de  Venus 
senegalensis.  Voy.  venus.  (Desh.) 

*LUNULACARDIUM.  moll.  —  M.  de 
Munsters  (Pélrif.  de  l'Allemagne)  a  proposé 
ce  genre  pour  quelques  coquilles  fossiles, 
qui,  d'après  leurs  formes  générales,  sem- 
blent avoisiner  les  Opis  Defr.  (Desh.) 

LUNULARIA.  bot.  cr.—  Genre  de  la  fa- 


LUP 


LUP 


491 


mille  des  Hépatiques ,  tribu  des  Marchan- 
tiées,  établi  par  M icheli  (Nov.  gen.y  4,  t.  IV) 
pour  de  petites  espèces  d'Hépatiques  très 
répandues  en  Europe. 

LUNULE,   moll.  —  Voy.  coquilles  au 

mot  MOLLUSQUES. 

LUNULINE.  Lunulina.  infos?,  algues. 

—  Voy.  CLOSTÉME. 

LUNULITE.LunwWes  (diminutif  defuna, 
lune),  polyp. — Genre  de  Bryozoaires,  établi 
par  Lamarck  peur  des  Polypiers  fossiles  en 
forme  de  disque  concave,  ou  de  cupule,  ou 
de  dé  à  coudre,  et  présentant,  sur  la  face 
convexe  seulement ,  des  cellules  régulières 
comme  celles  des  Flustres,  et  disposées  en 
quinconce  ou  en  stries  rayonnantes  et  lon- 
gitudinales dans  les  diverses  espèces.  La 
face  concave  est  lisse  ou  marquée  de  rides 
et  de  sillons  divergents.  Plusieurs  espèces 
fossiles  des  terrains  secondaires  et  tertiaires 
étaient  déjà  connues  quand  M.  Gray  a  décrit 
une  Lunulite  recueillie  à  l'état  vivant  sur 
les  côtes  d'Afrique:  c'est  la  L.Owenii.  (Duj.) 

LUPÉE.  Lupa.  crust. — Ce  genre,  qui  ap- 
partient à  l'ordre  des  Décapodes  brachyures 
et  à  la  famille  des  Portuniens,  a  été  établi 
par  Leach  aux  dépens  des  Ponunus  de  Fa- 
bricius.  Les  Crustacés  qui  composent  cette 
coupe  générique  ont  la  carapace  générale- 
ment beaucoup  plus  large  que  longue,  avec 
ses  bords  antérieurs  armés  chacun  de  neuf 
dents  plus  ou  moints  saillantes  et  spinifor- 
mes.  Les  orbites  sont  ovalaires  ,  et  dirigées 
obliquement  en  avant  et  en  haut.  Les  fos- 
settes qui  logent  les  internes  sont  peu  pro- 
fondes, et  l'article  basilaire  des  antennes 
externes  se  soude  au  bord  inférieur  de  l'an- 
gle supérieur  du  front.  L'épistome  est  très 
étroit,  avec  le  cadre  buccal  à  peu  pris  carré. 
Le  troisième  article  des  pattes -mâchoires 
externes  est  assez  fortement  tronqué  en 
avant,  et  le  plastron  sternal,  très  large  et  à 
peine  resserré  postérieurement,  est  toujours 
assez  bombé  longitudinalement.  Les  pattes 
de  la  première  paire  sont  très  grandes;  les 
suivantes  sont  beaucoup  moins  longues,  et 
toutes  à  peu  près  de  même  grandeur,  avec 
les  deux  derniers  articles  des  pattes  de  la 
cinquième  paire  constituant  par  leur  élar- 
gissement des  rames  puissantes,  et  aidant 
beaucoup  ces  Crustacés  dans  leur  natation. 
L'abdomen  ne  présente  rien  de  remarqua- 
ble. Les  Lupées  sont  des  Crustacés  essen- 


tiellement pélagiens,  et  se  rencontrent  sou- 
vent en  pleine  mer.  Plusieurs  voyageurs  en 
ont  vu  au  milieu  de  l'Océan  ,  n'ayant  pour 
lieu  de  repos  que  des  fucus  flottants.  La  fa- 
cilité avec  laquelle  ils  nagent  est  extrême; 
et,  d'après  les  observations  de  Bosc,  il  pa- 
raîtrait même  qu'ils  ont  la  faculté  de  se 
soutenir  à  la  surface  de  l'eau  dans  un  état 
stationnaire  et  sans  exécuter  aucun  mouve- 
ment. Cette  coupe  générique,  que  M.  Milne- 
Edwards  a  divisée  en  trois  sous  genres  sous 
les  noms  de  Lupées  convexes,  nageuses  et 
marcheuses y  renferme  13  espèces  répandues 
dans  les  mers  des  Indes  et  d'Amérique;  une 
seule  habite  la  Méditerranée  :  c'est  la  Lupa 
lactata  Linn.  Dans  notre  Atlas,  Crustacés, 
pi.  2,  nous  avons  représenté  la  Lupée  péla- 
gique, Lupa  pelagica  Linn. ,  qui  peut  être 
considérée  comme  le  type  de  ce  genre.  Cette 
espèce  est  commune  dans  la  mer  Bouge  et 
dans  tout  l'océan  Indien.  (H.  L.) 

*LUPERINA.  ins  —  Genre  de  l'ordre  des 
Lépidoptères  nocturnes,  tribu  des  Apamides, 
établi  par  M.  Boisduval ,  et  dont  l'espèce 
type  est  le  L.  polyodon  (Noclua  id.  Linn.), 
commun  dans  toute  l'Europe. 

LUPERUS  f>«ï)péç,  triste),  ins.— Genre 
de  Coléoptères  subpentamères,  famille  des 
Cycliques,  tribu  des  Galérucites,  créé  par 
Geoffroy  {Hist.  abr.  des  Ins.,  t.  I,  p.  230). 
Le  type,  Chrys.  flavipes  Linn.,  a  pour  fe- 
melle le  L.  rufipes  de  F.  Dejean,  qui  adopte  ce 
genre,  en  mentionne (Catal.,  3e  éd.,  p.  406) 
36  espèces  de  tous  les  points  du  globe;  mais 
il  est  possible  que  ce  nombre  soit  moins 
élevé ,  car  beaucoup  de  mâles  noirs  ont 
des  femelles  à  corselet  rouge  ou  jaune  qui 
auront  été  prises  séparément  pour  des  es- 
pèces. On  doit  encore  rapporter  au  g.  Lupe- 
rus  le  Ptinus  longicornis  Fab.,  qui  vit  sur  le 
Bouleau.  Geoffroy  dit  que  les  larves  du  type 
sont  assez  grosses ,  courtes,  de  forme  ovale  : 
elles  ont  6  pattes  et  une  petite  tête  écail- 
leuse.  Le  reste  de  leur  corps  est  mou  et  d'un 
blanc  sale.  On  trouve  ces  larves  sur  l'Orme, 
dont  elles  mangent  les  feuilles.  (C.) 

LUPIN.  Lupinus.  bot.  pu.  — Genre  de  la 
famille  des  Légumineuses -Papilionacées , 
tribu  des  Lotées  ;  c'est  l'un  de  ceux  que 
Linné  a  rangés  dans  la  diadelphie-décandrie, 
pour  ne  pas  rompre  des  afûnités  naturelles 
évidentes,  quoique  leur  place  dût  être  dans 
la  monadelphie.  11  se  compose  de  plantes 


492 


LUP 


LUP 


herbacées,  sous-frutescentes  ou  frutescentes, 
qui  croissent  pour  la  plupart  dans  les  parties 
tempérées  et  sous-tropicales  de  presque  toute 
la  surface  du  globe,  surtout  dans  l'Améri- 
que septentrionale,  dont  un  petit  nombre 
habitent  aussi  la  zone  intertropicale.  Leurs 
feuilles  sont  digitées,  le  plus  souvent  à  5  fo- 
lioles, quelquefois  à  3  ou  à  un  plus  grand 
nombre;  parfois  même  elles  deviennent  sim- 
ples par  l'effet  d'un  avortement;  leurs  sti- 
pules sont  adnées  au  pétiole;  leurs  fleurs 
sont  assez  grandes,  réunies  en  épis  ou  en 
grappes,  le  plus  souvent  terminales,  accom- 
pagnées d'une  bractée,  très  souvent  aussi  de 
deux  bractéoles.  Elles  présentent  l'organi- 
sation suivante  :  Calice  divisé  profondément 
en  deux  lèvres,  dont  la  supérieure  est  plus 
courte  et  biGde,  dont  l'inférieure  est  triûde  ; 
corolle  papiiionacée,  dont  l'étendard  est  ré- 
fléchi sur  les  côtés,  dont  la  carène  est  acumi- 
née  et  présente  deux  onglets  distincts;  10 
étamines  monadelphes  dont  les  anthères  sont 
alternativement  oblongues  et  presque  réni- 
formes;  style  filiforme,  courbé  en  dedans; 
stigmate  terminal,  presque  arrondi,  barbu; 
légume  coriace,  oblong,  plus  ou  moins  com- 
primé, renfermant  deux  ou  plusieurs  grai- 
nes qui  produisent  extérieurement  des  ren- 
flements transversaux  et  obliques.  Quelques 
espèces  de  Lupins  méritent  d'être  signalées 
ici,  parce  qu'on  les  cultive  soit  comme  four- 
rages ,  soit  comme  plantes  d'ornement. 

1.  Lupin  blanc,  Lupinus  albus  Linn.  Cette 
espèce,  la  plus  importante  du  genre,  est  ori- 
ginaire du  Levant.  Sa  tige  est  droite,  un  peu 
velue,  haute  de  3-5  décimètres;  ses  feuilles 
sont  digitées,  à  5-7  folioles  obovales-oblon- 
gues,  entières,  glabres  en  dessus,  revêtues 
en  dessous  et  à  leurs  bords  de  longs  poils 
soyeux;  ses  fleurs  sont  blanches,  ainsi  que 
l'indique  son  nom ,  alternes  ,  pédicellées, 
dépourvues  de  bractéoles ,  réunies  en  une 
grappe  terminale;  la  lèvre  supérieure  de 
leur  calice  est  entière,  l'inférieure  tridentée. 
Son  légume  est  hérissé;  il  renferme  5  ou  6 
graines  aplaties  ,  orbiculaires.  Le  Lupin 
blanc  est  cultivé  fréquemment  dans  nos  dé- 
partements méridionaux,  et  généralement 
dans  les  parties  méridionales  de  l'Europe, 
surtout  en  Italie.  Il  présente  divers  avan- 
tages qui  donnent  à  sa  culture  une  assez 
grande  importance:  la  plante  encore  jeune 
fournit  un  fourrage  qu'on  donne  particuliè- 


rement aux  Moutons  ;  ses  graines ,  dépouil- 
lées en  partie  de  leur  amertume  naturelle 
par  une  macération  de  vingt-quatre  heures, 
constituent  un  bon  aliment  pour  les  Bœufs  ; 
c'était  même  jadis  un  mets  fort  estimé  des 
anciens,  et  ce  goût  s'est  conservé  jusqu'à 
nos  jours  en  Egypte  et  dans  quelques  par- 
ties de  l'Italie;  néanmoins,  comme  la  cuis- 
son ne  leur  enlève  qu'en  partie  leur  amer- 
tume, etque,  de  plus,  elles  sont  toujours  dif- 
ficiles à  digérer,  elles  ne  forment  jamais 
qu'un  aliment  fort  médiocre.  En  médecine, 
on  a  longtemps  classé  la  farine  de  Lupin 
parmi  les  farines  résolutives;  mais  aujour- 
d'hui ,  son  emploi  est  entièrement  aban- 
donné. L'usage  le  plus  important  du  Lupin 
blanc  est  celui  qui  consiste  à  l'employer 
comme  engrais,  en  l'enfouissant  tout  entier 
pendant  qu'il  est  en  fleur  ;  à  ce  titre,  il  offre 
d'autant  plus  d'avantage,  que,  prospérant 
dans  les  plus  mauvaises  terres,  dans  des  sols 
sablonneux  où  toute  autre  plante  végéterait 
fort  mal  ou  pas  du  tout,  il  fournit  un  moyen 
commode  de  les  améliorer.  La  culture  de 
cette  plante  ne  s'élève  guère  dans  le  nord, 
à  cause  de  sa  sensibilité  au  froid. 

2.  Lupin  termis  ,  Lupinus  lerrnis  ForsV . 
Cette  espèce,  originaire  de  TÉgypte,  présente 
la  plupart  des  caractères  de  la  précédente , 
de  laquelle  elle  se  distingue  surtout  par 
les  bractéoles  qui  accompagnent  ses  fleurs, 
et  par  les  trois  dents  très  peu  marquée- 
de  la  lèvre  inférieure  de  son  calice.  Ses 
fleurs  sont  blanches  et  blanchâtres  au  som- 
met. On  la  cultive  dans  le  royaume  de  Na- 
ples  comme  un  bon  fourrage  vert  pour  les 
chevaux. 

Parmi  les  espèces  de  Lupins  qu'on  cultive 
comme  plantes  d'ornement,  nous  nous  bor- 
nerons à  mentionner  les  suivantes:  Le  Lu*- 
pin  changeant,  Lupinus  mutabilis  Sweet 
originaire  de  la  Colombie,  où  il  forme  un 
arbuste  toujours  vert,  dont  les  fleurs  bleues 
et  jaunes  à  la  fois  sont  remarquables  par 
leur  beauté  et  par  leur  odeur  suave  ;  le  Lu- 
pin de  Cruckshanks,  Lupinus  Cruckshanksii 
Hook.,  dont  les  fleurs  ont  une  très  belle 
couleur  bleue  et  une  odeur  agréable  ;  le  Lu- 
pin bigarré,  Lupinus  varius  Linn.,  qui  croît 
spontanément  parmi  les  moissons  dans  le 
midi  de  l'Europe,  etc.,  etc.  (P.  D.) 

LUPINELLE.  bot.  ph.  —Nom  vulgaire 
du  Trèfle  et  du  Sainfoin. 


LUS 


LIT 


LUPIXUS.  bot.  ph.  — Voy.  lipin. 

LUPOX.  moll.  — Sous  ce  nom,  Adanson 
a  décrit  une  petite  espèce  de  Porcelaine  , 
qui,  d'après  M.  de  Blainville,  serait  le  Cy- 
prœa  Iota  de  Linné.   Voy.  porcelaine. 

(Di:su.) 

*LUPOXIA.  moll.  —  Genre  proposé  par 
M.  Gray  ,  dans  sa  Monographie  de  la  famille 
des  Cypre'es,  pour  un  groupe  de  Porcelaines 
qui  se  distinguent  des  autres  par  les  stries 
Iransverses  qui  couvrent  leur  surface;  mais 
ce  genre  n'est  point  admissible.  Voy.  porce- 
laine. (Desh.) 

LUPULIXE.  bot.  ph. — Espèce  du  g. 
Luzerne. 

LUPULIXE.  cum.  —  Voy.  houblon. 

LUPULUS,  Tournef.  bot.  ph.  —  Syn. 
d'Humulus,  Linn.  Voy.  houblon. 

LUPUS,  mam.—  Nom  latin  du  Loup.  Voy, 
l'article  chien.  (E.  D.) 

LURHXE.  bot.  ph.  —  Linné ,  dans  ses  Es- 
sais de  familles  natur.,  donnait  ce  nom  à  un 
assemblage  de  genres  qui  maintenant  sont 
rapportés  à  plusieurs  familles  différentes, 
principaIementauxSolanées,auxScrophu!a- 
rinées ,  aux  Apocynées ,  et  qui  pour  la  plu- 
part présentent  des  propriétés  vénéneuses, 
ce  qui  leur  a  valu  sans  doute  ce  nom  de 
mauvais  augure,  quoique  toutes  soient  loin 
de  présenter  cette  coloration  livide  (Iwidus) 
par  laquelle  il  les  caractérise.       (Ad.  J.) 

LUSCIXIA.  ois.  —  Nom  latin  du  Rossi- 
gnol et  du  genre  dont  il  est  le  type.  (Z.  G.) 

*LUSCIXIDÉES.  Luscinidœ.  ois.  —  Fa- 
mille de  la  tribu  des  Passereaux  dentirostres, 
établie  par  G.-R.  Gray  dans  sa  liste  des  g. 
ornilhologiques,  et  qui  embrasse  la  presque 
totalité  des  espèces  que  Linné  et  Latham 
introduisaient  dans  leurs  g.  Motacilla,  Pa- 
rus et  Sylvia.  Cette  famille  est  décomposée 
dans  l'ouvrage  de  G.-R.  Gray  en  plusieurs 
sous-familles  :  celle  des  Malurinées  {Malu- 
rinœ),  qui  comprend  les  g.  Orihotomus,  Pri- 
nia,  Drymoica,  Bradyplerus,  Melizophylus, 
Malurus,  Stipilurus,  Cysticola,  Hemipteryx, 
Praticola,  Amylis ,  Sphenœacus,  Dasyoï^nis, 
Sphenura  ,  Cinclorhamphus  et  Megalurus; 
telle  des  LusciNiNÉEs(Luscmir?ce),de  laquelle 
font  partie  les  g.  Celtia,  Pseudo-  Luscinia 
(Luscinopsis),  Locuslella,  JEdon,  Lusciniola 
(Calamodyla),  Hippolais,  Cyanotis,  Regulus, 
Phyllopneuste,  Sylvia,  Curruca,  Nisoria  et 
Luscinia;  celle  des  Saxicolinées  {Saxicqr 


linœ),  qui  se  cou. pose  des  g.  Copsychus 
Rulicula,  Niitava,  Siphia,  Cyanecula,  Cal. 
liope,  Erythacus,  Sialia,  Pelroica,  Hy  Iodes  f 
Symmorphus,  Origma,  Thamnobia,  Canu 
picola,  Saxicola  et  Fruticicola;  celle  des 
Accentorinées  (Accenlorinœ),  qui  réunit  les 
g.  Accentor,  Enicocichla,  Trichas,  Sericor- 
nis ,  Acanthiza,  Pyrrholœmus ,  Xerophila  , 
Psilopus,  Jora  et  Crataionyx ;  celle  des  Pa- 
rinles  (Parinœ),  composée  des  g.  JEgithalus, 
Melanochlora,  Parus,  Megislina,  Tyrannu- 
lus ,  Sphenosloma ,  Calamophilus  ,  Oriles  , 
Parisoma,  Psallria,  JEgilhina  et  Hylophilus  ; 
celle  des  Sylvicolinées  (Sylvicolinœ ) ,  que 
concourent  à  former  les  g.  Dumecola,  Syl- 
vicola,  Parula,  Wilsonia,  Vermivora,  Mnio- 
tila,  Sylvietta  et  Zosterops;  enfin  celle  des 
Motacillinées  (  MotacilUnœ ) ,  qui  renferme 
les  g.  Muscisaxicola  ,  Motacilla  ,  Budyles  , 
Dahila  ,  Enicurus,  Grallina  ,  Acanthiza, 
Anthus  et  Corydalla. 

A  l'exception  de  la  sous- famille  des  Pa- 
rinées,  et  de  quelques  g.  dispersés  dans  les 
autres  sous- familles  ,  les  Luscinidées  de 
G.-R.  Gray  correspondent  à  la  famille  des 
Becs-Fins  de  G.  Cuvier. 

Nous  examinerons  aux  articles  mérion, 
mésange,  sylvie  et  traquet,  quelle  est  la 
valeur  de  ces  divers  g. ,  quels  sont  ceux  pat- 
conséquent  qui  devront  être  maintenus;  et 
nous  examinerons  aussi  si  les  rapports  natu- 
rels qui  unissent  les  uns  aux  autres  doivent 
rester  tels  que  les  établit  G.-R.  Gray.  (Z.G .) 

LUSCIXIXÉES.  Luscininœ,  G.-R.  Gray. 
ois.  —  Voy.  luscinidées.  (Z.G.) 

*LUSCIXIOLA,  G.-R.  Gray.  ois.  —  Syn. 
de  Calamoherpe.  Voy.  sylvie.       (Z.  G.) 

*LUSCIXOIDES,  Bonap.  ois.—  Genre  de 
la  famille  des  Fauvettes.  Voy.  sylvie.  (Z.  G.) 

*LUSCIOLA,  Keys  et  Blas.  ois.  —Syn. 
de  Luscinia.  Voy.  sylvie.  (Z.  G.) 

*LUSIE.Lwsia (nom  mythologique). polyp. 
-  Genre  proposé  par  M.  Milne-Edwards 
pour  des  Polypes  nus  pédicules  qui,  par  leur 
forme  générale ,  se  rapprochent  un  peu  de 
certaines  Vorticelles,  mais  qui  ont  le  bord 
antérieur  du  corps  garni  d'une  couronne 
de  tentacules  ciliés,  et  qui,  par  leur  orga- 
nisation intérieure,  se  rapprochent  beaucoup 
des  Flustres.  Les  Lusies  ont  été  trouvées 
fixées  sur  les  plantes  marines  aux  iles 
Chausey.  (Du.) 

LUTH.   rept.  —  Espèce  de  Chclunicn 


4M 


LUT 


du  groupe  des  Tortues  de  mer.  Voy.  chélo- 
kér.  (E.  D.) 

*EUTHERA,  Schultz.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Tro.rimon,  Gœrtn. 

LUTJAN.  Lutjanus.  poiss.  —  Cette  déno- 
mination avait  été  primitivement  appliquée 
par  Bloch  à  un  genre  particulier  de  Pois- 
sons. Ce  genre  n'ayant  pas  été  adopté ,  le 
nom  de  Lutjan  a  été  réservé  à  quelques  es- 
pèces des  genres  Mésoprion ,  Centropiste, 
Prislipome,  Crénilabre  et  Sublet. 

♦LUTKEA.bot.  ph.— Genre  de  la  famille 
des  Saxifragacées-Saxifragées  ,  établi  par 
Bongard  (in  Mem.  acad.  St.-Pelersb.,  VI, 
sér.  II,  130,  t.  II).  Herbes  de  l'Amérique 
arctique.  Voy.  saxifragacées. 

*LUTODEIRA.  poiss.—  Genre  établi  sur 
le  Mugil  Chanos  de  Forskal,  qu'Ebrenberg 
a  reconnu  pour  un  poisson  de  la  famille  des 
Cyprins.  Voy.  chanos  et  mugil. 

LUTRA  mam. — Nom  latin  du  genre  Lou- 
tre. Voy,  ce  mot.  (E.  D.) 

LUTRAIRE.  Lutraria.  moll.  —  Une 
grande  coquille  bivalve,  commune  sur  nos 
côtes  de  l'Océan  et  non  moins  abondante 
sur  différents  points  du  littoral  méditerra- 
néen, a  été  nommée  Chama  peloris  par  Ron- 
delet et  tous  les  autres  naturalistes  de  la 
même  époque.  Cette  coquille,  figurée  par 
Lister,  Gualtieri  et  d'autres  iconographes,  a 
été  inscrite  par  Linné  dans  son  genre  Mac- 
tra  ,  et,  en  cela,  il  a  été  imité  par  le  plus 
grand  nombre  des  naturalistes  modernes. 
Cependant  Linné,  avant  de  se  fixer  défini- 
tivement à  l'opinion  que  nous  venons  de 
signaler,  en  avait  professé  une  autre;  car 
nous  trouvons  le  type  des  Lutraires  parmi 
les  Myes  ,  aussi  bien  dans  la  16e  édition  du 
Syslema  naturœ  que  dans  le  Muséum  Ulricœ 
Reginœ.  Lorsque  Lamarck,  dans  ses  pre- 
miers essais  de  conchyliologie,  tenta  la  ré- 
forme des  méthodes  de  classification,  il  re- 
connut à  la  coquille  dont  nous  venons  de 
parler  des  caractères  propres  à  la  distinguer 
de  tous  les  genres  où  on  l'avait  placée  jus- 
qu'alors. C'est  ainsi  qu'il  fut  conduit  à  l'é- 
tablissement du  genre  Lutraire,  qui,  bientôt 
après,  fut  introduit  dans  la  plupart  des  clas- 
sifications, soit  comme  genre,  en  suivant 
scrupuleusement  l'opinion  de  Lamarck,  soit 
comme  sous-genre,  en  adoptant  celle  de 
Cuvier.  Au  reste,  pendant  fort  longtemps, 
la  composition  du  genre  Lutraire  resta  assez 


LUT 

incertaine,  et  les  zoologistes  ne  furent  fixés 
à  cetégard  qu'au  moment  où  parut,  en  1818, 
le  cinquième  volume  des  Animaux  sans 
vertèbres.  C'esralors  que  l'on  put  juger  de 
l'importance  du  genre  et  de  sa  composition. 
L'examen  des  onze  espèces  inscrites  dans 
l'ouvrage  de  Lamarck  prouve  que  ce  natu- 
raliste confondait  dans  le  genre  Lutraire 
deux  types  bien  distincts  de  Mollusques  acé- 
phales :  l'un  représenté  par  les  espèces  de 
la  première  section  du  genre,  l'autre  compre- 
nant la  première  espèce  de  la  seconde  sec- 
tion. Ce  second  type  a  été  séparé  sous  le 
nom  de  Lavignon  par  Cuvier,  dans  le  Règne 
animal,  mais  plus  anciennement  sous  celui 
de  Trigonella  par  d'Acosta,  dans  sa  Conchy* 
liologie  britannique.  Cette  réforme  une  fois 
admise,  les  Lutraires  se  réduisent  à  un  plus 
petit  nombre  d'espèces  ;  mais  aussi  ce  genre 
présente  des  caractères  beaucoup  plus  natu- 
rels. Cependant  nous  nous  sommes  plusieurs 
fois  demandé  si  les  Lutraires  devaient  être 
séparés  génériquement  des  Mactres.  Pour 
répondre  à  cette  question ,  nous  avons  em- 
ployé un  moyen  qui  nous  a  réussi  souvent, 
et  qui  consiste  à  comparer  minutieusement 
les  caractères  des  deux  genres  et  à  constater 
leur  ressemblance  et  leurs  diuérences.  Par 
cet  examen  minutieux  et  en  observant  uni- 
quement les  coquilles(car  jusqu'ici  l'animal 
est  resté  inconnu),  nous  avons  été  conduite 
regarder  les  Lutraires  comme  une  simple 
section  des  Mactres.  En  effet,  il  s'établit 
entre  les  deux  genres  un  passage  insensible 
non  seulement  dans  la  forme  extérieure, 
mais  encore  pour  tous  les  caractères  de  la 
charnière. 

Ainsi,  dans  les  Mactres,  les  coquilles  sont 
généralement  triangulaires;  mais  déjà,  dans 
la  Mactre  du  Brésil  et  quelques  autres  es- 
pèces, la  forme  devient  beaucoup  plus  trans- 
verse ;  et  à  mesure  que  la  coquille  s'allonge, 
elle  devient  plus  bâillante  à  ses  extrémités;  au 
reste ,  le  bâillement  des  valves  ne  se  montre 
pas  seulement  dans  les  espèces  allongées , 
on  le  retrouve  à  divers  degrés  dans  presque 
toutes  les  espèces.  Si  nous  prenons  la  char- 
nière ,  on  sait  que  dans  les  Mactres  elle  est 
constituée  d'abord  par  un  cuilleron  médian, 
intérieur,  sur  lequel  s'attache  un  ligament 
fort  épais.  Sur  le  côté  antérieur  s'élève  un:: 
dent  cardinale,  tout  à- fait  spéciale  aux  Mac- 
tres, et  qui  conserve  constamment  la  forme 


LUT 


LUT 


49; 


d'un  V;  de  chaque  côté  de  cette  charnière 
se  montre  une   dent  latérale,  saillante  et 
sublamelleuse.  Tel  est  le  développement  le 
plus  habituel  de  la  charnière  dans  les  Mac- 
tres  ;  mais  si  on  a  sous  les  yeux  un  grand 
nombre  d'espèces,  tant  fossiles  que  vivan- 
tes ,   ces    caractères  ne  se  conservent  pas 
identiquement  les  mêmes.   C'est  ainsi  que 
les  deux  parties  constituant  la  dent  en  V  se 
rapprochent  peu  à  peu  en  formant  un  angle 
plus  aigu  ,  et  ont  une  tendance  à  se  con- 
fondre ;  les  dents  latérales  elles-mêmes  s'é- 
paississent et  s'abaissent  en  même  temps, 
et  finissent  par  être  réduites  à  l'état  rudi- 
mentaire ,  de  sorte  que  l'on  voit  ainsi  par 
gradation  s'établir  la  charnière  des  Lutrai- 
res.  Cette  charnière  consiste  en  un  cuilleron 
saillant,  horizontal,  destiné  à  recevoir  le 
ligament.  En  avant  se  trouve  la  dent  en  V, 
telle  que  la  montrent  les  Mactres,  et  enfin  de 
chaque  côté,  dans  la  Lutraria  rugosa,  par 
exemple,  on  remarquedcs dents  latérales  as- 
sez saillantes,  et  dans  les  autres  espèces,  de 
simples  plis,  derniers  vestiges  de  ces  dents 
latérales.  C'est  ainsi  que  se  démontre  toute 
l'analogie  qui  existe  entre  les  deux  genres 
dont  il  est  ici  question.  Tout  nous  porte  à 
croire  que  les  animaux  eux-mêmes  présen- 
teront des  modifications  analogues ,  ce  dont 
il  ne  sera  possible  de  juger  qu'au  moment 
où  l'on  aura  pu  comparer  les  animaux  des 
espèces  de  Mactres  les  plus  rapprochées  des 
Lutraires.   Si  nous  prenons  les  Mactres  de 
nos  mer.c,  et  si  nous  les  comparons  à  nos 
Lutraires,  nous  trouvons  entre  ces  espèces 
des  différences  considérables  propres  à  main- 
tenir ces  deux  genres.   Mais  si  l'on  pouvait 
joindre  à  l'observation  de  ces  animaux  celle 
des  espèces  transitoires  en   quelque  sorte, 
peut-être  alors  se  trouverait  justiûée  l'opi- 
nion que  nous  avons  adoptée  autrefois,  d'a- 
près laquelle  les  Lutraires  devraient  rentrer 
dans  les  Mactres  à  titre  de  sous-genre.  Quoi 
qu'il  en  soit ,  nous  ne  voyons  aucun  incon- 
vénient à  conserver  le  genre  Lutraire  dans 
l'état  actuel  de  la  science,  sauf  à  le  réunir 
plus  tard  aux  Mactres. 

Toutes  les  Lutraires  sont  des  coquilles  al- 
longées, transverses,  équivalves  ,  inéquila- 
térales,  bâillantes  aux  deux  extrémités.  Leur 
test  est  généralement  solide  et  épais  ;  il 
existe  cependant  des  espèces  minces  et  fra- 
giles ;   presque  toutes  sont  couvertes  d'un 


épiderme  assez  épais  qui  se  prolonge  sur  les 
parties  exserliles  de  l'animal,  telles  que  les 
siphons  et  le  manteau.  Sur  le  bord  cardinal 
se  montre  un  grand  cuilleron  saillant  dans 
l'intérieur,  et  en  avant  une  dent  comprimée 
en  V  ;  les  impressions  musculaires  sont  assez 
grandes;    l'impression    palléale,    parvenue 
vers  l'extrémité  postérieure  des  valves  ,  re- 
vient en  avant  en  formant  une  longue  e 
profonde  sinuosité  horizontale ,  et  rejoin 
enfin   l'impression   musculaire  postérieure 
L'animal  a  exactement  la  forme  de  la  co- 
quille dans  laquelle  il  est  contenu;  il  est 
revêtu  d'un  ample  manteau  dont  les  lobes 
égaux  tapissent  l'intérieur  des  valves.  Un 
bord  musculaire,  épais,  forme  sa  circonfé- 
rence, et  laisse  sur  la  coquille  l'impression 
dont  nous  avons  parlé.  En  arrière,  ce  man- 
teau se  prolonge  en  une  masse  cylindrique 
très  allongée  et  fort  épaisse,  résultant  de  la 
réunion  des  deux  siphons.  Ces  siphons  sont 
séparés  à  l'intérieur  par  une  cloison  mem- 
braneuse ,  et  à  leur  extrémité  libre  existe 
une  ouverture  pour  chacun  deux.  Le  siphon 
anal  est  un  peu  plus  petit;  son  bord  se  pro- 
longe en  une  membrane  fort  mince,  en  de- 
hors de  laquelle  s'élèvent,  en  grand  nombre 
et  sur  plusieurs  rangs,  des  tentacules  sim- 
ples et  très  fins.  L'ouverture  du  siphon  bran- 
chial est  tout-à-fait  différente  ;  son  bord  ex- 
térieur présente  un  petit  nombre  de  tenta- 
cules simples,  mais  en  dedans  s'en  élèvent 
de  très  grands,  disposés  d'une  manièresymé- 
trique,  et  découpés  sur  leur  bord  en  nom- 
breuses lanières  :  ils  s'élèvent  en  voûte  au- 
dessus  de  l'ouverture  du  siphon,  et  leur  di- 
gitation  souvent  entrecroisée  constitue  une 
espèce  de  tamis  à  mailles  irrégulières,  à 
travers  lequel  l'eau  est  obligée  de  passer 
avant  de  pénétrer  dans  la  cavité  du  man- 
teau.   Les  bords  du   manteau  sont  réunis 
entre    eux    dans  presque    toute  leur  lon- 
gueur; ils  laissent  en  avant  une  fente  pour 
le  passage  d'un   pied    triangulaire,  aplati 
de  chaque  côté,  et  tout-à-fait  comparable 
à  celui  des  Mactres.    Entre  ce   pied   et  le 
muscle  adducteur  antérieur,  on  trouve  l'ou- 
verture de  la  bouche,  sous  la  forme  d'une 
fente  transverse,  entre  deux  lèvres  larges  et 
membraneuses.  Ces  lèvres  se  continuent  à 
droite  et  à  gauche  en  une  paire  de  grands 
palpes   labiaux,   étroits   et   très  allongés; 
leur  surface  interne  est  couverte  de  lames 


A9Ô 


LUT 


LUZ 


membraneuses  d'une  grande  finesse  et  d'une 
parfaite  régularité.  De  chaque  côté  d'une 
masse  abdominale  peu  considérable  se  re- 
marque une  paire  de  grands  feuillets  bran- 
chiaux, dont  l'extrémité  antérieure  vient 
s'interposer  entre  les  palpes  labiaux.  Ces 
feuillets  parvenus  en  arrière  de  l'abdomen 
se  joignent  entre  eux,  et  viennent  s'appli- 
quer sur  le  pourtour  de  l'ouverture  interne 
du  siphon  anal,  de  sorte  que  la  cavité  de  ce 
siphon  est  constamment  séparée  de  celle  du 
manteau.  Le  cœur  est  placé,  comme  à  l'or- 
dinaire, sur  le  dos  de  l'animal,  au  point  qui 
correspond  à  la  charnière  de  la  coquille;  il 
est  subfusiforme ,  et  il  embrasse  l'intestin 
au  moment  où  il  sort  de  la  masse  abdomi- 
nale; il  est  pourvu,  de  chaque  côté,  d'une 
oreillette  triangulaire  dont  la  cavité  com- 
munique directement  avec  les  vaisseaux 
branchiaux.  L'ovaire  occupe  une  place  con- 
sidérable dans  la  masse  abdominale;  au 
moment  de  la  ponte  cet  organe  est  turges- 
cent, d'un  blanc  laiteux,  et  au  moyen  de 
deux  oviductes  cachés  sous  les  branchies,  il 
laisse  échapper  une  énorme  quantité  d'oeufs, 
qui  viennent  se  loger  dans  les  lacunes  des 
feuillets  branchiaux. 

Les  Lutraires  sont  des  Mollusques  litto- 
raux qui  ont  l'habitude  de  s'enfoncer  per- 
pendiculairement dans  le  sable  vaseux ,  de 
s'y  creuser  un  trou  ,  au  haut  duquel  vient 
s'ouvrir  l'extrémité  postérieure  des  siphons. 
Ces  animaux  sont  particulièrement  répan- 
dus dans  les  mers  tempérées  ;  cependant 
il  en  existe  aussi  dans  les  mers  chaudes, 
et  les  espèces  de  ces  mers  sont  minces 
et  fragiles.  Le  nombre  des  véritables  Lu- 
traires est  peu  considérable  ;  nous  en  con- 
naissons 12  vivantes  et  6  fossiles,  prove- 
nant des  terrains  tertiaires  des  étages  moyens 
et  supérieurs  ;  nous  n'en  connaissons  au- 
cune dans  le  bassin  de  Paris,  et  toutes 
celles  qui  jusqu'ici  ont  été  mentionnées  dans 
les  terrains  secondaires  ,  examinées  avec 
plus  d'attention,  doivent  se  distribuer  dans 
d'autres  genres.  (Desh.) 

liUTRlCOLE.  Lutricola.  moi.l. —  Après 
avoir  adopté  le  genre  Lutraire  de  Lamarck 
dans  le  Dict.  des  se.  nat.,  M.  de  Blainville, 
dans  son  Traité  de  Malacologie  ,  change  le 
nom  du  genre  pour  celui  de  Lutricole,  tout 
en  y  admettant  les  mêmes  espèces  que  dans 
celui  des  Lutraires  de  Lamarck.  Il  est  évi- 


dent <»ue la  dénomination  proposeeparM.de 
Blainville  devient  un  double  emploi  qu'il 
faut  abandonner.  Voy.  lutraicl:.       (Desh.) 

*LU1T«0STYLIS ,  G.  Don.  dot.  ph.  — 
Syn.  d'Ehrelia,  Linn. 

LUVARUS.  poiss.  —  Voy.  louvareoo. 

*LUVUNGA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Aurantiacées-Clausénécs,  établi 
parHamilton  (ex  Wallich  Catalog.  n.  6382). 
Arbrisseaux  de  l'Inde.  Voy.  aurantiacées. 

LUXEMBURGIA  (nom  propre),  bot.  pd. 
—  Genre  de  la  famille  des  Sauvagésiées, 
établi  par  Saint-llilaire  {inMem.  il/us,,  IX, 
351).  Arbrisseaux  du  Brésil.  Voy.  sauva- 
gésiées. 

LUZERNE.  Medicago.  bot.  ph.  —  Grand 
genre  de  la  famille  des  Légumineuses-Papi- 
lionacées,  tribu  des  Lotées,  de  la  diadclphic- 
décandrie,  dans  le  système  sexuel  de  Linné. 
Il  comprend  aujourd'hui  au  moins  90  espè- 
ces; on  en  trouve,  en  effet,  76  décrites  dans 
le  Prodrome  (vol.  II,  p.  171  et  suiv.)  (en 
retranchant  les  deux  espèces  de  la  première 
section,  qui  sont  rapportées  maintenant  aux 
Anthyllis);  et,  depuis  la  publication  de  ce 
volume,  M.  Walpers  en  a  relevé  16  nouvel- 
les. Ces  plantes  sont  herbacées,  sous  fru- 
tescentes; elles  croissentspontanémentdans 
les  parties  moyennes  et  méridionales  de 
l'Europe;  leurs  feuilles  sont  presque  toujours 
pennées-trifoliolées,  dans  des  cas  très  rares, 
pennées  avec  foliole  impaire,  elles  sont  ac- 
compagnées de  stipules  adnées  au  pétiole; 
leurs  fleurs  sont  petites,  ordinairement  réu- 
nies en  petites  têtes  ou  en  épis  axillaires, 
presque  toujours  jaunes;  elles  présentent 
les  caractères  suivants:  Calice  campanule, 
5-fide,  dont  les  divisions  sont  égales  entre 
elles  ou  légèrement  inégales,  les  deux  supé- 
rieures étant  plus  courtes;  corolle  papilio- 
nacée,  dont  l'étendard  dépasse  les  ailes  et 
la  carène;  cette  dernière  est  un  peu  écartée 
de  l'étendard,  obtuse,  marquée  au-dessus 
de  l'onglet  de  deux  enfoncements  latéraux; 
dix  étamines  diadelphes;  ovaire  à  un  ou 
plusieurs  ovuIps;  style  glabre;  stigmate  ca- 
pité.  Le  légume  qui  succède  a  ces  fleurs  est 
courbé  en  faucille  ou  plus  souvent  contourné 
en  spirale,  et  fournit  par  là  le  caractère  dis- 
tinctif  du  genre.  Parmi  les  espèces  de  Luzer- 
nes, la  plupart  sont  de  petites  plantes  qui 
abondent  dans  le  midi  de  l'Europe,  et  qui 
offrent  souvent  de  grandes  difûcultés  pour 


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la  détermination.  Parmi  elles,  il  n'en  est 
qu'une  sur  laquelle  nous  ayons  à  dire  ici 
quelques  mots  ;  mais  avec  ces  plantes  de 
peu  d'intérêt  direct,  il  en  est  une  qui  mérite 
de  fixer  particulièrement  l'attention  par  sa 
grande  utilité,  et  sur  laquelle  aussi  nous 
nous  arrêterons  plus  longtemps.  Cette  espèce 
est  la  suivante. 

1 .  Luzerne  cultivée  ,  Medicago  sativa 
Lin.  Cette  espèce  est  vulgairement  désignée 
sous  la  seule  dénomination  de  Luzerne; 
dans  quelques  départements  méridionaux  , 
particulièrement  dans  ceux  formés  par  le 
Haut-Languedoc,  on  lui  donne  fort  impro- 
prement le  nom  de  Sainfoin,  qui  appartient 
à  VOnobrychis  sativa,  tandis  que,  par  l'ef- 
fet d'un  renversement  fort  bizarre,  cette 
dernière  plante  reçoit  le  nom  de  Luzerne  , 
qui  ne  lui  convient  nullement.  La  racine  de 
la  Luzerne  cultivée  est  vivace  ,  très  longue 
et  très  volumineuse ,  proportionnellement 
aux  dimensions  de  la  partie  aérienne  de  la 
plante;  en  effet ,  sa  tige  ne  s'élève  guère 
qu'à  5  ou  6  décimètres;  elle  est  droite,  gla- 
bre et  rameuse;  les  folioles  de  ses  feuilles 
sont  obovales-oblongues  ,  dentées  ,  mucro- 
nées;  ses  stipules  lancéolées;  ses  fleurs,  de 
couleur  violacée,  sont  réunies  en  grappes 
axillaires;  les  légumes  qui  leur  succèdent 
sont  lisses  et  très  finement  réticulés  à  leur 
surface ,  tortillés  en  spirale  à  un  ou  deux 
tours  ;  les  graines  sont  jaunes  et  ovoïdes,  ou 
presque  en  cœur.  L'importance  majeure  de 
la  Luzerne ,  cultivée  comme  plante  fourra- 
gère ,  est  connue  de  tout  le  monde  ;  sa  cul- 
ture occupe  une  surface  de  terrain  considé- 
rable ,  et  la  préférence  qu'on  lui  donne  sur 
les  autres  espèces  fourragères  s'explique  très 
bien  par  la  bonté  et  l'abondance  supérieures 
des  produits  qu'elle  fournit.  Quoiqu'elle 
réussisse  assez  bien  dans  des  terres  de  diver- 
ses natures,  à  la  seule  condition  qu'elles  ne 
soient  pas  humides  et  qu'elles  aient  été  préa- 
lablement préparées  avec  soin  ,  elle  préfère 
cependant  une  bonne  terre  profonde.  Dans 
ce  cas,  ses  longues  racines,  pénétrant  plus 
profondément,  amènent  une  augmentation 
très  notable  dans  la  durée  de  la  plante  et 
dans  les  produits  qu'elle  fournit.  Les  semis 
se  font  de  diverses  manières  et  à  des  épo- 
ques différentes  ,  principalement  au  prin- 
temps ,  mais  quelquefois  aussi  en  été  ;  très 
louvent  on  jette  la  graine  dans  une  terre  qui 

T.   VII. 


I  doit  donner  une  autre  récolte  ,  mais  d'au- 
tres fois  aussi  on  la  sème  isolément  ;  le  suc- 
cès paraît  même  être  plus  certain  dans  ce 
dernier  cas.  Les  proportions  qu'on  en  em- 
ploie le  plus  ordinairement  sont  de  20  kilo- 
grammes par  hectare.  Cette  culture  est  d'au- 
tant plus  avantageuse  que,  quoique  très 
productive ,  elle  n'exige  que  fort  peu  de 
soins.  11  suffit  en  effet,  pour  entretenir  en 
très  bon  état  une  luzernière  et  pour  aug- 
menter sa  durée  ,  d'y  répandre  vers  la  fin 
de  l'hiver  un  engrais  bien  consommé  ,  des 
cendres  de  tourbe  ou  de  houille,  ou  surtout 
du  plâtre  calciné,  dont  on  connaît  les  excel- 
lents effets  sur  les  diverses  espèces  de  Papi- 
lionacées  cultivées  en  fourrages;  quelques 
hersages  donnés  à  la  fin  de  l'hiver  produi- 
sent également  de  très  bons  effets.  Une  lu- 
zernière menée  avec  ces  précautions  et  dans 
un  bon  fonds  donne  généralement  trois  cou- 
pes principales,  et  une  dernière,  souvent 
assez  productive  encore ,  qu'on  nomme  re- 
gain. Dans  certains  de  nos  départements 
méridionaux,  particulièrement  dans  celui  de 
l'Hérault ,  la  récolte  de  la  graine  ,  obtenue 
après  une  première  coupe  de  fourrage,  donne 
des  résultats  très  avantageux,  le  prix  moyeu 
de  cette  graine  étant  en  moyenne  de  60  fr. 
l'hectolitre. 

On  sait  que  la  Luzerne  cultivée  a  un  en- 
nemi fort  dangereux  dans  la  Cuscute  ,  qui, 
l'enlaçant  de  ses  filaments  nombreux,  et 
appliquant  sur  elle  ses  suçoirs,  ne  tarde 
pas  à  l'affamer  et  à  la  faire  périr.  Le  seul 
moyen  vraiment  efficace  qu'on  ait  trouvé  jus- 
qu'à ce  jour  pour  débarrasser  les  Luzerniè- 
res  de  ce  parasite  dangereux  consiste  à  brû- 
ler les  places  attaquées  ;  l'action  du  feu 
n'empêche  pas  la  plante  de  repousser  avec 
Vigueur. 

La  Luzerne  sèche  constitue  un  fourrage 
excellent  et  très  nutritif;  mais,  à  l'état  frais, 
elle  ne  doit  être  donnée  qu'avec  modération  ; 
on  doit  surtout  se  garder  de  la  donner  hu- 
mide; car,  dans  ce  cas,  elle  détermine  chc^ 
les  bestiaux  des  gonflements  qui  deviennent 
souvent  mortels. 

2.  Luzerne  houelon,  Medicago  lupulin  a 
Linn.  Cette  petite  espèce  est  désignée  vul- 
gairement sous  le  nom  de  Minette  dorée , 
ou  simplement  Minette,  quelquefois  aussi 
sous  celui  de  Trèfle  jaune:  sa  tige  est  cou- 
chée, grêle;  ses  folioles  sont  en  coin  à  leur 

63 


498 


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base ,  élargies  au  sommet ,  qui  présente  de 
petites  dents;  ses  stipules  sont  lancéolées  , 
aiguës;  ses  fleurs  sont  petites,  d'un  jaune 
doré ,  réunies  en  épi  court  à  l'extrémité  de 
pédoncules  aiillaires  plus  longs  que  les 
feuilles  ;  il  leur  succède  des  légumes  réni- 
formes,  pubescents,  réticulés  à  leur  surface, 
renfermant  une  seule  graine  presque  réni- 
forme.  Elle  est  très  commune  dans  les 
champs;  elle  commence  à  présenter  un  in- 
térêt réel  aujourd'hui  que  sa  culture,  après 
être  restée  longtemps  confinée  dans  un  pe- 
tit nombre  de  points  ,  a  commencé  de  se  ré- 
pandre en  France.  Elle  donne  un  fourrage 
de  bonne  qualité,  et  elle  peut  offrir  d'au- 
tant plus  d'avantages  qu'elle  réussit  très 
bien  dans  des  terres  de  qualité  fort  médio- 
cre; elle  est  de  plus  très  précoce. 

3.  Luzerne  en  arbre  ,  Medicago  arborea 
Linn.  Cette  espèce  est  ligneuse  et  forme  un 
joli  arbrisseau  toujours  vert.  Ses  folioles 
sont  obovées-cordées ,  presque  entières;  ses 
stipules  sont  linéaires  ,  aiguës ,  entières  ; 
ses  fleurs  sont  jaunes ,  en  grappes  ;  elles  se 
succèdent  pendant  presque  tout  l'été  ;  ses 
légumes  sont  tortillés  en  limaçon  ,  marqués 
de  nervures  transversales  réticulées,  à  2-3 
graines.  Elle  est  originaire  d'Italie  ,  où  on 
la  regarde  comme  fournissant  un  bon  four- 
rage. Gleditsch  a  montré  que  c'était  elle  qui 
avait  reçu  des  anciens  ,  et  particulièrement 
de  Virgile  ,  le  nom  de  Cytise.  Dans  nos  con- 
trées ,  elle  est  fréquemment  cultivée  comme 
planted'ornement;  elle  pousse  en  pleine  terre 
dans  nos  départements  du  midi;  elle  est 
d'orangerie  à  Paris.  On  la  multiplie  de  se- 
mis,  de  marcottes  et  de  boutures.  Elle  a 
été  transportée  à  la  Guiane  ,  où  ,  d'après 
Aublet ,  on  emploie  ses  feuilles  comme 
purgatives,  et  ses  fleurs  comme  pectorales. 
(P.  D.) 

LUZIOLA.  bot.  pu.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Graminées-Oryzées,  établi  par 
Jussieu  (Gen.  33  ).  Gramens  de  l'Amérique 
tropicale.  Voy.  graminées. 

LUZULA.  bot.  ph. —  Genre  de  la  famille 
des  Joncacées,  établi  par  De  Candolle  (  FI. 
fr:t  III,  158).  Herbes  des  montagnes  boisées 
de  l'hémisphère  boréal ,  fréquentes  surtout 
en  Europe.  Voy.  joncacées. 

LUZURIAGA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Smilacées-Convallariées ,  établi 
pa:  Ruiz  et  Pavon  (FI.  peruv.,  III,  6ti  , 


t.  29b).   Sous-arbrisseaux  du  Chili  et  du 
Pérou.  Voy.  smilacées. 

*LYBAS(nom  mythologique). ins. — Genre 
de  Coléoptères  ^subpentamères  ,  tétramères 
de  Latreille  ,  famille  des  Clavipalpes,  créé 
par  nous,  et  adopté  par  Dejean  (Catal.  ,  3e 
édit.,  p.  453  )  et  par  M.  Th.  Lacordaire, 
dans  sa  Monographh  des  Érotyliens.  Ce  der- 
nier auteur  en  décrit  18  espèces  américai- 
nes. Les  Er.  ferrugineus  et  thoracicus  d'Ol., 
originaires  de  Cayenne,  font  l'une  et  l'autre 
partie  de  deux  divisions  établies  par  ce 
professeur.  (C.) 

LYBIE.  Lybia.  crust.  —  Syn.  de  Mélie. 
Voy.  ce  mot.  (H.  L.) 

*LYCAON  (nom  mythologique),  mam. — 
Cette  dénomination  a  été  appliquée  :  1°  par 
M.  Smith  (  Griff.  anim.  kind.,  1827)  à  un 
genre  de  Carnivores  de  la  famille  des  Chiens, 
et  2°  par  M.  Wagler  (Syst.  d'amphib.,  1820) 
à  un  groupe  de  Marsupiaux.        (E.  D.) 

Ll'C ASTIS,  annél.-—  Genre  de  Néréides 
établi  par  M.  Savigny  (Syst.  des  Annél., 
p.  45)  pour  une  espèce  des  mers  du  Nord 
décrite  par  M.  Millier  sous  les  noms  de  Ne- 
reis  armillaris.  (P.  G.) 

*LYCÈNE.  Lycœna.  ins.—  Genre  de  l'or- 
dre des  Lépidoptères  diurnes  ,  tribu  des 
Lycénides ,  établi  par  Fabricius,  et  présen- 
tant pour  caractères  essentiels  :  Antennes 
en  massue  ovalaire  ;  palpes  avancés,  à  der- 
nier article  long,  très  grêle  ;  ailes  arrondies. 

Duponchel  {Catalogue  des  Lépidoptères, 
pag.  30)  cite  52  espèces  de  ce  genre, 
qu'il  répartit  en  deux  sections  fondées  sur 
la  présence  ou  l'absence  d'une  queue  aux 
ailes  inférieures.  Nous  citerons  comme  une 
des  belles  espèces  de  ce  genre  la  Lvcène 
adonis,  Lycœna  Adonis  Fabr.  (Argus  bleu 
céleste  Eng.),  très  petit  Papillon  dont  les 
ailes  sont  d'un  beau  bleu  dans  le  mâle  et 
d'un  brun  foncé  dans  la  femelle,  couvertes 
de  nombreuses  petites  taches  noires  ,  et  or- 
nées d'une  bande  marginale  de  taches  fau- 
ves ,  avec  la  frange  blanche ,  entrecoupée 
de  noir  dans  les  deux  sexes.  Cette  espèce  est 
répandue  dans  une  grande  partie  de  l'Europe. 
Nous  l'avons  représentée  dans  l'Atlas  de  ce 
Dictionnaire, insectes  lépidoptères, pi.  5,  f.5. 

*LYCÉNIDES.  Lycénides.  ins.  —  Tribu 
de  la  famille  des  Diurnes  ,  dans  l'ordre 
des  Lépidoptères ,  et  caractérisée  de  la  ma- 
nière suivante  par  Duponchel  (Catal.  des 


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Lépid. ,  p.  28)  :  Antennes  droites,  dont  la  tige 
est  toujours  annelée  de  blanc,  et  terminée 
par  une  massue  allongée  de  forme  un  peu  va- 
riable. Palpes  dépassant  de  beaucoup  la  tête, 
et  dont  le  dernier  article  est  toujours  grêle 
et  bien  distinct  des  deux  autres.  Yeux 
oblongs  ,  cernés  de  blanc.  Corselet  robuste. 
Abdomen  plus  ou  moins  court,  et  caché 
presque  en  entier  par  les  deux  bords  inter- 
nes des  ailes  inférieures ,  qui  se  rejoignent 
en  dessous,  et  forment  gouttière  dans  l'état 
de  repos. Cellulediscoïdaledes  mêmes  ailes  ou- 
verte. Crochets  du  bout  des  tarses  très  petits. 

Les  chenilles  sont  en  forme  de  Cloportes, 
pubescentes,  à  tête  petite  et  rétractile,  avec 
les  pattes  extrêmement  courtes. 

Cette  tribu  renferme  3  genres ,  nommés 
Thecla ,  Polyommatus  et  Lycœna.  Voy.  ces 
mots.  (J.) 

*LYCESTE.  Lycesta.  crust.  — Syn.  de 
Leucolhoe.  Voy.  ce  mot.  (H.  L.) 

LYCniVANTHUS ,  Gmel.  BOT.PH.-Syn. 
de  Cucubdlus ,  Tournef. 

LYCHMDE.  Lychnis.  bot.  ph.  —  Beau 
genre  de  la  famille  des  Caryophyllées,  tribu 
des  Silénées ,  de  la  décandrie  pentagynie 
dans  le  système  sexuel  de  Linné.  11  com- 
prend aujourd'hui  environ  30  espèces,  dont 
plus  d'un  tiers  appartiennent  à  la  Flore 
française,  et  qui  habitent  toutes  les  parties 
de  l'hémisphère  boréal  situées  en  deçà  du 
tropique  du  Cancer.  Ce  sont  des  plantes 
herbacées  vivaces  ,  rarement  annuelles  ,  à 
feuilles  simples  ,  opposées  ,  dont  les  fleurs  , 
ordinairement  grandes  et  belles  ,  sont  dis- 
posées en  inflorescences  diverses,  et  présen- 
tent l'organisation  suivante  :  Calice  non  ac- 
compagné de  bractées,  tubuleux  et  de  forme 
variable,  campanulé-ovoïde  ,  turbiné,  en 
massue ,  ou  presque  cylindrique  ;  corolle  à 
5  pétales  égaux,  dont  l'onglet  est  linéaire  et 
allongé,  dont  la  lame  est  entière  ou  bifide  , 
ou  même  laciniée,  presque  toujours  accom- 
pagnée d'un  appendice  à  sa  base;  10  éta- 
mines;  ovaire  (dans  la  fleur  adulte)  à  une 
taule  loge  renfermant  des  ovules  nombreux, 
r"»rtés  sur  un  placentaire  central,  surmonté 
de  cinq  styles ,  que  couvrent  à  leur  côté  in- 
terne les  papilles  stigmatiques.  Le  fruit  qui 
leur  succède  est  une  capsule  uniloculaire  , 
qui  s'ouvre  au  sommet  en  formant  cinq  dents 
qui  répondent  aux  cinq  styles.  Plusieurs  es- 
pèces de  Lychnides,  la  plupart  empruntées  à 


notre  Flore,  mais  embellies  parla  culture, 
figurent  dans  les  jardins  au  nombre  des 
plantes  d'ornement  les  plus  répandues  et 
les  plus  remarquables  ;  de  plus  il  en  est  une 
qui  infeste  nos  moissons,  et  qui  mérite  aussi 
une  mention  particulière. 

A.  Githago,  Desf.  Calice  cylindrique-cam- 
panule coriace,  à  divisions  très  longues; 
capsule  uniloculaire  ;  anthophore,  ou  support 
commun  des  organes  floraux  plus  intérieurs 
que  le  calice,  nul. 

1.  Lycunide  nielle,  Lychnis  Githago  Lam. 
(Agrostemma  Githago  Un.,  Githago  segetum 
Desf.  ).  Cette  espèce  est  annuelle;  elle  est 
très  connue  sous  le  nom  vulgaire  de  Nielle; 
elle  est  beaucoup  trop  commune  dans  les 
champs  parmi  les  moissons.  Elle  est  hérissée 
de  longs  poils  dans  ses  diverses  parties  ;  sa 
tige  est  droite,  presque  simple  ou  rameuse 
vers  le  haut,  et  s'élève  à  6  ou  7  décimètres 
de  hauteur;  ses  feuilles  sont  linéaires-allon- 
gées, aiguës  au  sommet;  ses  fleurs  sont 
grandes,  purpurines,  solitaires,  longue- 
ment pédonculées  et  terminales,  leurs  pé- 
tales sont  échancrés  au  sommet,  dépourvus 
d'appendice;  ses  graines  sont  noirâtres, 
chagrinées  ;  leur  mélange  presque  inévitable 
avec  les  grains  des  céréales  altère  la  qualité 
de  la  farine  de  ces  dernières;  de  plus,  les 
agriculteurs  ont  cru  remarquer  que  la  pré- 
sence de  cette  plante  dans  un  champ  de  blé 
nuisait  à  la  végétation  de  cette  graminée  : 
aussi  prennent-ils  des  soins  pour  empêcher 
sa  multiplication  dans  leurs  récoltes. 

B.  Agrostemma,  DC.  Calice  ovoïde,  à  dents 
courtes;  capsule  uniloculaire;  anthophore 
très  court  ou  nul. 

2.  Lychnide  coquelourde,  lychni'  coro- 
naria  Lam.  (Agrostemma  coronaria  Lin.  ). 
Cette  espèce  croît  spontanément  dans  les 
Alpes  de  Suisse  et  du  Piémont,  dans  les  Py- 
rénées, où  nous  l'avons  trouvée  près  de  Ba- 
gnères-de-Luchon ,  en  Italie.  Elle  est  fré- 
quemment cultivée  dans  les  jardins.  Elle 
est  couverte  dans  toutes  ses  parties  de  longs 
poils  blancs  ,  cotonneux,  serrés  ;  sa  tige  est 
droite,  dichotome,  de  même  hauteur  que  la 
précédente;  ses  feuilles  sont  entières,  ovales- 
lancéolées;  ses  fleurs  sont  grandes,  blan- 
ches, avec  le  centre  purpurin  ou  rosé  ,  soli- 
taires à  l'extrémité  de  pédoncules  allongés; 
leur  calice  est  campanule,  marqué  de  cotes 
saillantes  ;   leurs   pétales  sont  échancrés , 


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dentés  en  scie ,  appendiculés.  Dans  les  jar- 
dins on  possède  des  variétés  de  cette  plante, 
à  fleurs  simples  et  doubles,  de  couleur  uni- 
forme, blanche  ou  pourpre,  ou  rouge  écar- 
late.  On  lui  donne  vulgairement  les  noms  de 
Passe-Fleur ,  OEillet-de-Dieu.  Elle  demande 
une  terre  légère;  on  la  multiplie  de  graines 
qu'on  sème  immédiatement  après  leur  ma- 
turité, et,  pour  les  variétés  à  fleurs  doubles, 
par  éclats  que  l'on  fait  en  automne. 

3  et  4.  Lychnide  des  bois,  Lychnis  sylves- 
tris  Hoppe  ;  Lychnide  dioïque,  Lychnis  dioica 
Lin.  Ces  deux  espèces  sont  très  voisines  l'une 
de  l'autre  et  d'un  port  analogue ,  mais  la 
première  est  chargée  de  poils  plus  longs  et 
plus  nombreux  ;  leur  tige  s'élève  de  5  à  7 
décimètres  ;  leurs  feuilles  sont  ovales  ou  lan- 
céolées; leurs  différences  principales  consis- 
tent :  l°  dans  les  fleurs ,  qui ,  dans  la  pre- 
mière, sont  rouges,  inodores,  presque  ses- 
siles,  assez  souvent  hermaphrodites,  à  pé- 
tales divisés  en  deux  lobes  divergents,  étroits, 
tandis  que,  dans  la  seconde,  elles  sont  blan- 
ches, odorantes,  pédonculées,  toujours  dioï- 
ques,  à  pétales  divisés  en  deux  lobes  rap- 
prochés et  larges  ;  2°  dans  les  capsules,  qui 
sont  presque  arrondies  et  s'ouvrent  en  val- 
ves recourbées  chez  la  Lychnide  des  bois  ; 
qui  sont  coniques  et  s'ouvrent  par  des  dents 
droites  chez  la  Lychnide  dioïque.  Nous  réu- 
nissons ici  comparativement  ces  deux  plan- 
tes ,  que  beaucoup  de  botanistes  et  tous  les 
jardiniers  confondent  encore,  et  que  des 
champs  et  des  lieux  ombragés  où  elles  crois- 
sent, la  dernière  très  communément,  sont 
passées  dans  nos  jardins,  où  elles  sont  con- 
nues sous  les  noms  vulgaires  de  Jacée,  Ro- 
binet. Leurs  fleurs,  doublées  par  la  culture, 
sont  d'un  très  joli  effet,  surtout  pour  la  pre- 
mière des  deux.  On  les  multiplie  par  les  re- 
jets qu'on  les  oblige  à  produire  en  leur  sup- 
primant presque  toute  leur  partie  extérieure. 
Ces  plantes  sont,  du  reste,  un  peu  délicates, 
et  elles  redoutent  le  froid  et  les  grandes 
pluies. 

5.  Lychnide  fleur  de  coucou,  Lychnis  flos 
Cuculi  Lin.  Cette  jolie  plante  croît  commu- 
nément dans  les  prairies  humides,  d'où  elle 
a  été  introduite  dans  les  jardins.  Sa  tige  est 
ascendante,  presque  glabre,  un  peu  visqueuse 
vers  son  extrémité,  et  s'élève  à  5-6  décimè- 
tres; ses  feuilles  sont  lancéolées-linéaires, 
aiguës;  ses  fleurs  sont  purpurines,  réunies 


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en  cyme  assez  serrée  ;  leurs  calices  sont  mar* 
qués  de  dix  côtes  longitudinales;  leurs  pé- 
tales sont  divisés  profondément  en  4-5  lo- 
bes étroits,  appendiculés.  Par  la  culture, 
cette  plante  a  donné  une  très  jolie  variété  à 
fleurs  doubles  qu'on  rencontre  fréquemment 
dans  les  jardins,  où  elle  est  connue  sous  le 
nom  vulgaire  et  fort  impropre  de  Véronique 
des  jardiniers.  On  en  possède  aussi  une  va- 
riété naine  qu'on  plante  en  bordures.  Cette 
plante  est  délicate,  d'une  conservation  assez 
difficile  ;  on  la  multiplie  de  la  même  manière 
que  la  précédente. 

C.  Eulychnis,  DC.  Calice  cylindrique, 
renflé  vers  son  extrémité,  à  dents  courtes; 
capsule  uniloculaire  ;  anthophore  le  plus 
souvent  allongé. 

6.  Lychnide  de  Chalcédoine,  Lychnis  Chal- 
cedonica  Lin.  Cette  belle  espèce ,  originaire 
des  parties  méridionales  de  la  Russie,  est 
l'une  des  plus  répandues  et  des  plus  remar- 
quables parmi  les  plantes  d'ornement.  Elle 
est  généralement  connue  sous  les  noms  de 
Croix  de  Jérusalem,  Croix  de  Malte.  Sa  tige 
s'élève  à  8-10  décimètres  de  hauteur;  ses 
feuilles  sont  lancéolées,  en  cœur  et  embras- 
santes à  leur  base,  légèrement  velues;  ses 
fleurs  sont  d'un  beau  rouge-minium,  réunies 
en  une  cyme  serrée  ;  leurs  pétales  sont  échan- 
crés  profondément,  appendiculés;  leur  an- 
thophore est  allongé.  Par  la  culture,  on  en 
a  obtenu  des  variétés  de  couleurs  diverses  , 
blanches,  roses,  safranées,  écarlates,  souvent 
doubles.  Ces  dernières  sont  plus  délicates  et 
redoutent  le  froid.  Cette  plante  demande 
une  terre  légère  et  une  exposition  méridio- 
nale ;  on  la  multiplie  par  graines,  par  bou- 
tures ou  par  éclats. 

7.  Lychnide  a  grandes  fleurs,  Lychnis 
grandiflora  Jacq.  Cette  espèce ,  originaire 
de  la  Chine,  commence  à  se  répandre  as- 
sez dans  les  jardins ,  où  elle  se  fait  remar- 
quer par  ses  fleurs  plus  grandes  que  celles 
de  toutes  ses  congénères,  d'un  beau  rouge- 
minium.  On  la  multiplie  comme  la  précé- 
dente, mais  surtout  par  graines  semées 
sur  couche  au  printemps.  Elle  redoute  le 
froid. 

D.  Viscaria,  DC.  Calice  cylindrique,  renflé 
vers  son  extrémité;  capsule  demi-quinqué- 
loculaire;  ce  caractère  de  cloisons  incomplè- 
tes, qui  divisent  à  moitié  la  cavité  de  la 
capsule,  est  un  reste  de  l'organisation  primi- 


LYC 


LYC 


501 


tive  de  l'ovaire  jeune  qui  a  persisté  chez  les 
plantes  de  cette  section;  en  effet,  l'ovaire 
jeune  des  Caryopbyllées  est  divisé  par  des 
cloisons  complètes  en  autant  de  loges  que  le 
pistil  compte  de  carpelles;  mais,  à  propor- 
tion que  l'accroissement  s'opère,  .ces  cloisons 
s'amincissent,  elles  ne  tardent  pas  à  se  rom- 
pre ,  et  de  là  résulte  pour  ces  ovaires  l'ap- 
parence d'un  placenta  central  libre,  qui 
cependant,  comme  on  le  voit,  ne  doit  nul- 
lement être  comparé  à  celui  des  Primulacées 
et  des  familles  organisées  sur  le  même  type. 
L'anthophore  est  allongé. 

8.  Lychnide  visqueuse,  Lychnis  viscaria 
Lin.  Cette  plante  croît  naturellement  dans 
les  prairies  sèches.  Elle  est  cultivée  dans  les 
jardins,  où  l'on  en  possède  une  variété  à 
fleurs  doubles.  Sa  tige  est  haute  d'environ  3 
décimètres,  droite  et  simple,  visqueuse  au- 
dessous  des  nœuds;  ses  feuilles  sont  linéaires, 
presque  spathulées,  glabres;  ses  fleurs  sont 
purpurines ,  à  pétales  légèrement  échancrés 
au  sommet. 

On  cultive  encore  dans  les  jardins  quelques 
autres  espèces  de  Lychnides,  soit  indigènes, 
soit  exotiques;  mais,  comme  elles  y  sont 
beaucoup  moins  répandues  que  les  précé- 
dentes, nous  les   passerons  sous  silence. 

(P.  D.) 
♦LYCHNIDEES.  Lychnideœ.  bot.  ph.  -— 
M.  Fenzl  partage  le  groupe  des  Caryophyi- 
lees  en  plusieurs  sous-familles  et  celles-ci 
en  tribu.  Les  Lychnidées  en  forment  une 
dans  la  sous-famille  des  Silénées.  (Ad.  J.) 
♦LYCHIVOCEPHALUS  (Xv^voç,  lampe; 
xt^ol-n  ,  tête),  bot.  ph. — Genre  de  la  famille 
des  Composées  -  Vernoniacées  ,  établi  par 
Martius  {exDC.  Prodr.,V,  83).  Arbrisseaux 
du  Brésil.  Voy.  composées. 

*LYCHNOPHORA  (»oç ,  lampe;  yo- 
p-j; ,  qui  porte),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Composées- Vernoniacées,  établi 
par  Martius  (in  Regensb.  Denkschrift.,  II, 
149).  Arbustes  du  Brésil.  Voy.  composées. 
*LYCHMRIS,  Dejean.  ins.  —  Syn.  de 
Lucidota,  Laporte.  (C.) 

♦LYCIDIUS,  Leach.  ins.— Syn.  de  Pino- 
philus,  Gravenhorst.  Voy.  ce  mot.       (C.) 

LYCIET.  Lycium.  bot.  ph. — Genre  de  la 
famille  des  Solanacées,  de  la  pentandrie 
monogynie  dans  le  système  sexuel  de  Linné. 
Il  se  compose  d'environ  40  espèces  de  plan- 
tes frutescentes  ou  arborescentes,  qui  crois- 


sent dans  la  région  méditerranéenne  et  dans 
les  parties  de  l'Amérique  tropicale  situées 
au-delà  de  la  chaîne  des  Andes.  Ces  végé- 
taux ont  des  feuilles  alternes ,  entières , 
quelquefois  fasciculées  ;  leurs  fleurs  sont  de 
diverses  couleurs,  blanchâtres,  jaunâtres, 
rosées,  purpurines  ou  rouges-coccinées ,  so- 
litaires ou  groupées  de  diverses  manières, 
portées  sur  des  pédoncules  extra-axillaires 
ou  terminaux.  Ces  fleurs  présentent:  un 
calice  urcéolé,  à  5  dents  égales  ou  à  3-5  di- 
visions irrégulières  ;  une  corolle  en  enton- 
noir ou  tubuleuse;  5  étamines  insérées  au 
milieu  ou  vers  le  fond  du  tube  delà  corolle; 
un  ovaire  à  deux  loges  renfermant  de  nom- 
breux ovules  portés  sur  deux  placentaires 
adhérents  à  la  cloison  ;  le  style  est  simple, 
surmonté  d'un  stigmate  en  tête,  déprimé  ou 
2-lobé.  Le  fruit  qui  succède  à  ces  fleurs  est 
une  baie  embrassée  à  sa  base  par  le  calice, 
à  deux  loges  et  renfermant  des  graines  nom- 
breuses. Quelques  espèces  de  ce  genre  se 
rencontrent  fréquemment  en  buissons,  en 
haies,  en  tonnelles;  l'une  d'elles  croit 
spontanément  dans  nos  départements  méri- 
dionaux, une  autre  est  aujourd'hui  natura- 
lisée dans  presque  toute  la  France  ;  ce  sont 
les  deux  seules  sur  lesquelles  nous  nous 
proposions  de  dire  ici  quelques  mots. 

1 .  Lyciet  d'Europe  ,  Lycium  europœum 
Linn.  C'est  un  arbrisseau  d'un  aspect  triste 
et  maigre,  très  épineux,  dont  la  tige  est 
droite,  les  rameaux  irrégulièrement  flexueux, 
épineux  au  sommet,  plus  ou  moins  penchés 
vers  le  sol  ;  dont  les  feuilles  sont  en  coin 
vers  leur  base ,  élargies  ou  spathulées  vers 
leur  sommet,  glabres,  fléchies  obliquement, 
alternes  et  solitaires  à  l'extrémité  des  bran- 
ches, fasciculées  par  trois  ou  quatre  dans 
les  parties  plus  âgées.  Ses  fleurs  sont  solitai- 
res ou  réunies  par  deux  ou  trois,  à  pédon- 
cule court.  Leur  calice  est  très  court,  mar- 
qué à  son  bord  de  cinq  dents  ciliées;  le  tube 
de  la  corolle  est  blanchâtre  à  sa  base,  puis 
d'une  teinte  violacée  sombre  ;  le  limbe  est  à 
cinq  lobes  ovales,  obtus,  de  couleur  plus 
pâle.  Ses  étamines  sont  glabres.  Le  fruit  est 
rouge  dans  une  variété,  jaune  ou  fauve  dans 
une  autre.  Cette  espèce  croît  naturellement 
dans  les  parties  méridionales  de  l'Europe  , 
dans  les  îles  de  la  Grèce  et  dans  le  nord  de 
l'Afrique. 

2.  Lyciet  de  Barbarie,  Lycium  barbarum 


i.ïc 


LYG 


;  in.  Cette  espèce  est  connue  vulgairement 
sous  le  nom  de  Jasminoïde;  elle  forme  un 
arbrisseau  un  peu  moins  épineux  que  le  pré- 
cédent, dont  les  rameaux  sont  anguleux, 
longs  et  pendants;  ses  feuilles  sont  lancéo- 
lées, aiguës,  glabres;  ses  fleurs  sont  d'une 
couleur  purpurine  ou  violacée  terne,  plus 
foncée  que  chez  le  précédent,  géminées,  por- 
tées sur  des  pédoncules  extra-axillaires  ;  leur 
calice  est  divisé  en  deux  lèvres;  les  étamines 
sont  velues  à  leur  partie  inférieure  et  sail- 
lantes. Le  fruit  est  jaune  ou  rouge-jaunâtre. 
Ce  Lyciet  est  indiqué  comme  croissant  spon- 
tanément en  Asie,  dans  l'Afrique  septentrio- 
nale et  dans  les  parties  méridionales  de 
l'Europe;  mais  il  est  depuis  longtemps  cul- 
tivé dans  presque  tous  les  jardins,  en  haies 
ou  pour  couvrir  des  tonnelles,  et,  comme  il 
est  fort  peu  délicat  et  qu'il  réussit  sans  la 
moindre  difficulté  dans  toutes  sortes  de  terre 
et  à  toutes  les  expositions,  il  s'est  naturalisé 
dans  presque  toute  la  France. 

On  cultive  encore  fréquemment  d'autres 
espèces  du  même  genre,  surtout  les  Lycium 
sinenseLam.etafrumLin.  (P.  D.) 

*LYCODÈRES  O'xoç,  loup  ;  êépn,  cou). 
ins. — Genre  de  la  famille  des  Membracides, 
tribu  des  Fulgoriens  ,  de  Tordre  des  Hé- 
miptères, établi  par  M.  Germar  et  adopté 
par  MM.  Amyot  et  Serville.  Les  Lycodères 
sont  très  voisins  des  Bocydies;  ils  n'en  diffè- 
rent guère  que  par  les  éminences  de  leur 
corselet  et  les  membranes  foliacées  de  leurs 
pattes.  Le  type  est  le  L.  fuscus  Am.  et  Serv. 

(Bl.) 

*LYCODON  O'xoç,  loup  ;  SJovç,  dent). 
rept.— M.  Boié  (Isis,  1827)  donne  ce  nom  à 
une  des  nombreuses  divisions  du  grand  g. 
Couleuvre.  Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

*LYCODOIVOiMORPHlJS  (Lycodon,  Ly- 
codon  ;  p.op<pvî,  forme),  rept. —  Groupe 
d'Ophidiens  formé  par  M.  Fitzinger  [Syst. 
rept.,  1842  )  et  voisin  de  celle  des  Lyco- 
dons.  (E.  D.) 

LYCOGALA  Ov'xoç,  loup;  y«Xoc,  lait). 
bot.  cr. — Genre  de  Champignons  de  la  nom- 
breuse famille  des  Lycoperdacées,  établi  par 
Micheli,  réuni  aux  Lycoperdon  par  Linné, 
et  rétabli  plus  tard  parPersoon.Lepéridium 
est  sessile,  composé  de  deux  membranes, 
l'extérieure  papyracée,  persistante,  le  plus 
ordinairement  couverte  de  très  petites  ver- 
rues qui  disparaissent  avec  l'âge;  l'intérieure, 


pius  ténue  ,  renferme  le  capillitium  et  les 
spores.  Dans  les  premiers  moments  ces 
Champignons  sont  mous,  s'écrasent  comme 
de  la  bouillie;  ils  prennent  ensuite  plus  de 
consistance  et,  de  rosés  ou  rouges  qu'ils 
étaient,  ils  deviennent  cuivrés,  ferrugineux. 
Enfin  le  péridium  se  déchire  irrégulièrement 
au  sommet,  et  laisse  échapper  les  spores. 
Le  capillitium  est  très  rare,  composé  de  fila- 
ments rameux,  cylindriques,  quelquefois 
renflés  dans  différents  points;  leur  surface 
est  lisse  dans  quelques  uns ,  verruqueuse 
dans  d'autres.  Ces  verrues,  selon  M.  Corda, 
représentent  les  basides ,  et  supportent  des 
spores  globuleuses  et  glabres.  Le  L.  epiden- 
drumYr.  est  très  commun  sur  le  vieux  bois;  sa 
belle  couleur  rouge  attire  toujours  l'atten- 
tion de  ceux  qui  le  rencontrent.      (Lev.) 

*LYCOMEDES  (nom  mythologique),  ms. 
—  Genre  de  Coléoptères  pentamères ,  fa- 
mille des  Lamellicornes,  tribu  des  Scara- 
béides  xylophiles ,  établi  par  M.  de  Brème 
(Annal,  de  la  Soc.  entomol.  de  Fr.,  1844 , 
t.  II ,  2e  série,  p.  298 ,  pi.  8  ,  fig.  1).  L'es- 
pèce type  et  unique  ,  le  Ly.  Reichei  de  l'au- 
teur, est  originaire  de  la  Nouvelle  -  Gre- 
nade. (C.) 

LYCOPERDACÉES ,  LYCOPERDA- 
CÉS,  LYCOPERDINÉES.  Lycoperdaceœ , 
Lycoperdineœ.  bot.  cr.  —  Famille  de  Cham- 
pignons probablement  aussi  anciennement 
connue  que  celle  des  Agaricinés,  soit  en  rai- 
son de  la  fréquence  des  individus,  soit  en  rai- 
son du  phénomène  qu'ils  présentent  de  lan- 
cer un  nuage  de  poussière  quand  on  vient  à 
les  comprimer,  etd'oùleurestvenulenomde 
Vesses  de  Loup.  Les  auteurs ,  en  créant  cette 
famille,  y  ont  réuni  un  tropgrand  nombre  de 
genres;  d'autres,  au  contraire,  ne  l'ont  peut- 
être  pas  assez  divisée.  Malgré  les  progrès 
réels  de  la  science,  nous  ne  connaissons  en- 
core bien  la  structure  que  de  quelques 
genres,  et  si  nous  établissons  des  rappro- 
chements par  analogie,  nous  ne  devons  le 
faire  qu'avec  circonspection ,  car  souvent  il 
est  arrivé  qu'un  examen  attentif  a  singu- 
lièrement modifié  les  conséquences  que  nous 
en  avions  déduites. 

J'ai  cherché  dans  cet  article  à  établir 
une  classification  d'après  les  caractères  con- 
nus des  organes  reproducteurs,  et,  au  lieu 
de  plusieurs  familles,  j'en  ai  formé  une  seule, 
que  j'ai  divisée  en  tribus  dont  les  caractères 


LYG 


LYC 


503 


reposent  sur  la  structure,  la  forme  du  récep- 
tacle et  des  parties  accessoires.  Tous  les 
Champignons  qu'elle  comprend  appartien- 
nent à  la  classe  des  Basidiosporés,  dont  les 
basides  sont  renfermés  dans  un  réceptacle 
clos. 

Les  Lycoperdacés  se  divisent  naturelle- 
ment en  deux  grandes  sections,  en  prenant 
pour  point  de  départ  leur  mycélium.  Dans 
la  première,  il  a  la  forme  de  raeines,  de 
filaments  blancs  plus  ou  moins  gros,  qui  se 
ramifient  presque  horizontalement  à  très  peu 
de  profondeur  dans  la  terre.  Les  réceptacles, 
que  l'on  désigne  généralement  sous  le  nom 
depéridium  ,  naissent  sur  différents  points 
de  ce  mycélium,  et  se  montrent  à  la 
surface  du  sol,  auquel  ils  paraissent  adhérer 
par  une  espèce  de  funicule.  Dans  la  seconde, 
au  contraire,  le  mycélium  naît  à  la  surface 
des  corps  et  se  présente  sous  la  forme  de 
filaments  ou  de  membranes  mucilagineuses. 
Souvent  il  avorte  dans  cetétat:  alors  il  prend 
uneconsistanceplusgrandeetdevient  charnu. 
Trompés  par  l'apparence,  Tode  etPersoonen 
ont  fait  les  genres  MesentericaetPhlebomor- 
2)ha,  selon  qu'il  était  membraneux  ou  veiné; 
mais,  quand  les  circonstances  sont  favora- 
bles, la  surface  libre  se  couvre  de  petits  ré- 
ceptacles qui,  comme  les  précédents,  se  ré- 
duisent en  filaments  et  en  poussière.  C'est 
à  cette  forme  qu'appartiennent  les  Myxo* 
gasteres  de  Fries  (voy.  ce  mot).  Je  ne  m'oc- 
cuperai pour  le  moment  que  des  premiers 
ou  Gastéromycètes. 

Chez  ceux-ci  les  réceptacles  sont  isolés  ou 
groupés;  ils  sont  globuleux,  ovoïdes  ou  pyri- 
formes,  simples  ou  composés,  nus  ou  renfer- 
més dans  une  volve.  Dans  les  genres  Lyco- 
perdon  et  Mycenastrum,  ils  sont  aussi  sim- 
plesque  possible,  charnus,  membraneuxdans 
le  premier  et  subéreux  dansle  second,  la  sur- 
face seulement  recouverte  d'une  légère écorce 
verruqueuse  ou  tomenteuse  qui  disparaît 
avec  la  plus  grande  facilité.  Dans  le  genre 
Bovisla,  ce  cortex,  d'abord  plus  épais  que  le 
réceptacle  lui-même,  perd  son  eau  de  vé- 
gétation et  se  détache  en  lambeaux  membra- 
neux. Les  réceptacles  n'ont  qu'une  seule 
ouverture;  le  genre  Myriostoma  nous  en 
présente  un  grand  nombre,  comme  si  plu- 
sieurs individus  avaient  été  réunis.  Cette 
ouverture,  le  plus  ordinairement,  n'est 
qu'une   déchirure  irrégulière,  sans  forme 


constante,  tandis  que,  dans  quelques  Tulos- 
toma  et  Geaster ,  elle  se  prolonge  en  tube 
ou  en  cône.  Les  réceptacles  sont  nus  dans 
les  genres  Lycoperdon,  Mycenastrum  ;  mais, 
dans  les  Batarrea ,  Geaster  et  Disciseda,  ils 
ont  une  véritable  volve.  Les  Batarrea,  qui 
ont  tant  d'analogie  avec  les  Phalloïdes , 
sont  primitivement  renfermés  dans  une 
volve  lâche,  membraneuse,  qui  se  déchire 
au  sommet  irrégulièrement ,  tandis  que 
dans  les  Géastrés  elle  est  coriace,  et  se 
rompt  en  rayons  qui,  ens'étalant,  ressem- 
blent à  une  étoile.  De  plus  elle  est  très  hy- 
grométrique ,  ce  qui  lui  permet  selon  la 
saison  de  revenir  sur  elle-même,  de  s'étaler, 
et  même  de  se  renverser  entièrement. 

La  chair,  la  substance  et  mieux  encore  le 
parenchyme,  que  quelques  auteurs  dési- 
gnent sous  le  nom  de  Glèbe,  fournit  le  ca- 
ractère principal  des  Lycoperdacés.  Quand 
on  l'examine  dans  le  premier  âge,  on  voit, 
après  l'avoir  coupé ,  qu'il  forme  une  masse 
homogène  blanche,  rarement  colorée,  com- 
posée des  cavités  et  des  cloisons  semblables  à 
celle-!  que  présente  une  éponge  très  fine.  C'est 
en  mettant  une  tranche  très  mince  de  ce  pa- 
renchyme sous  le  microscope  que  MM.  Vit- 
tadini  et  Berkeley  ont  découvert  la  struc- 
ture des  organes  reproducteurs.  Comme 
dans  les  Agarics  ,  les  Clavaires,  les  Thélé- 
phores,  etc.,  identiquesaveccelles  des  Bolets, 
des  Polypores,  dans  lesquels  on  voit  les  pa- 
rois de  ces  petites  cavités  recouvertes  de 
basides  terminés  par  quatre  pointes  ou 
stérigmates  qui  supportent  une  spore  à  leurs 
extrémités.  Ces  caractères  positifs  et  incon- 
;estables  prouvent  évidemment  que  le  genre 
Scleroderma,  dont  le  parenchyme  est  ferme 
et  compacte,  dont  les  basides  sont  accu- 
mulés et  pressés  les  unes  contre  les  autres, 
doit  former  une  famille  à  part  et  dis- 
tincte de  celle  des  Lycoperdacés ,  malgré 
les  apparences  nombreuses  qui  paraissent 
les  rapprocher.  Les  belles  recherches  de 
MM.  Tulasne  ne  laissent  aucun  doute  à 
cet  égard. 

A  mesure  que  ces  Champignons  avan- 
cent en  âge,  ils  éprouvent  de  grandes  mo- 
difications. Dans  leur  adolescence,  si  je 
puis  employer  cette  expression  ,  on  ne  voit 
déjà  plus  les  spores;  elles  sont  détachées, 
les  bnsides  déformés  ,  et  ce  qu'on  voit  ne 
peut   donner  qu'une  idée  fausse  de  leur 


504 


LYC 


structure. C'est  probablement  pour  les  avoir 
examinés  à  cet  âge  quel'on  a  eu  des  notions 
si  vagues  sur  la  place  que  les  spores  occu- 
paient. Plus  tard  ,  quand  ils  ont  acquis 
tout  leur  développement ,  on  les  voit  chan- 
ger de  couleur  et  devenir  bruns;  de  fer- 
mes qu'ils  étaient,  ils  sont  mous,  s'écra- 
sent avec  la  plus  grande  facilité  et  déga- 
gent une  odeur  forte  et  désagréable  ;  ils 
ressemblent  à  des  fruits  blets.  Dans  cet  état 
ils  paraissent  éprouver  une  fermentation 
ou  une  décomposition  pendant  laquelle  leur 
température  m'a  paru  sensiblement  aug- 
mentée; quelques  jours  s'écoulent,  et  alors 
on  les  trouve  secs  et  souvent  recouverts  de 
petits  cristaux  aciculaires  qui  attirent  for- 
tement l'humidité  ,  qui  paraissent  et  dispa- 
raissent du  jour  au  lendemain  suivant  l'hu- 
midité de  l'atmosphère,  même  dans  les  her- 
biers. Lorsque  ce  mouvement  de  décomposi- 
tion est  opéré ,  les  Lycoperdacés  s'ouvrent 
au  sommet,  montrent  des  filaments  bruns 
très  fins,  et  lancent,  à  la  plus  légère  pres- 
sion ,  un  nuage  de  poussière  ou  plutôt  de 
spores  :  c'est  de  là  qu'ils  tirent  leur  nom. 
Les  auteurs ,  en  fixant  les  yeux  sur  ce  der- 
nier état  des  Lycoperdacés,  ont  introduit  dans 
la  science  des  caractères  erronés.  Ce  capil- 
litium  auquel  ils  attachent  tant  d'impor- 
tance n'existe  pas;  c'est  un  être  imaginaire 
produit  par  la  dissociation  des  tissus.  En 
effet,  quand  on  l'examine  au  microscope, 
on  voit  qu'il  est  composé  de  cellules  allon- 
gées ,  cloisonnées,  rameuses  ,  anastomosées 
et  réduites  à  leur  plus  simple  expression  ;  il 
n'y  a  plus  de  basides,   de  tissus  ni  d'orga- 
nisation. Enfin  la  partie  supérieure  disparaît 
à  son  tour,  et  il  ne  reste  plus  que  la  base  du 
champignon,  qui  persiste  assez  longtemps, et 
qui  représente  une  espèce  de  coupe  à  bord 
large  et  irrégulier.   Dodonœus,  Sterbeck, 
Bulliard,  Bosc,  l'ont  figurée,  et  Desfontaines 
a  décrit  et  figuré  dans  sa  Flore  atlantique, 
sous  le  nom  de  Lycoperdon  complanalum, 
la  base  d'une  espèce  que  le  capitaine  Du- 
rieu  a  retrouvée  très  abondamment  en  Al- 
gérie. 

«  Les  spores  des  Lycoperdacés  sont  fines  et 
très  nombreuses.  Leur  forme  est  ronde,  et 

-leur  surface  lisse  et  hérissée.  Palisot  de 
Beauvois  les  méconnaissait,  et  ne  regardait 
comme  dignes  de  ce  nom  que  des  globules 
arrondis,  noirs,  visibles  à  l'œil  nu,  qui  sont 


LYC 

mélangés  avec  les  filaments  et  qui  ne  sont 
que  des  excréments  d'insectes. 

La  couleur  des  spores  et  des  filaments  est 
d'un  grand  secours  pour  la  distinction  des 
espèces;  mais  comme  ces  champignons, quand 
on  les  récolte,  ne  parcourent  pas  toujours 
toutes  les  périodes  de  la  végétation  ,  il  en 
résulte  que  dans  une  même  espèce  la  cou- 
leur n'est  pas  constante.  M.  le  professeur 
Fries  a  parfaitement  saisi  cette  circonstance, 
et  il  n'attache  d'importance  à  la  couleur  que 
lorsque  le  champignon  a  pu  se  développer 
entièrement  et  librement.  Leur  volume  est 
également  très  variable.  Le  Lycoperdon  gi- 
ganteum,  la  plus  grosse  espèce  de  nos  pays, 
m'a  présenté  des  individus  dont  le  diamètre 
était  de  40  à  45  centimètres.  M. Czerniaiew 
en  a  rencontré  en  Crimée  une  nouvelle  es- 
pèce,  le  Lycoperdon  horrendum ,  dont  le 
diamètre  dépasse  quelquefois  1  mètre.  «  Ce 
»  champignon,  dit-il,  peut  effectivement  ef- 
»  frayer  dans  une  forêt  sombre ,  où  tout 
»  d'un  coup  on  croit  apercevoir  un  fan- 
»  tome  courbé  en  robe  blanche  ou  bru- 
»  nâtre.  » 

Les  usages  des  Lycoperdacés  sont  peu 
nombreux;  quand  ils  sont  jeunes  et  que  leur 
parenchyme  est  ferme,  on  en  mange  quel- 
ques uns,  particulièrement  en  Italie;  mais 
leur  odeur,  qui  est  toujours  assez  prononcée, 
même  à  cet  âge ,  ne  permet  guère  de  les  re- 
garder comme  un  mets  délicieux.  J'ai  dit, 
d'après  Zippelius ,  qu'à  Java  on  employait 
contre  les  flatuosités  la  poussière  du  Lyco- 
perdon Kakavu.  Bosc  nous  apprend  que  l'on 
peut  avec  leur  base  préparer  un  bon  ama- 
dou en  le  trempant  dans  une  solution  d'azo- 
tate de  potasse  ,  et  pour  qu'il  brûle  moins 
vite  il  conseille  d'y  ajouter  un  peu  de 
farine. 

M.  Czerniaiew  rapporte  que  dans  la  Rus- 
sie méridionale  on  emploie  le  Lycoperdon 
horrendum  et  VEndoneuron  suberosum  pour 
enivrer  les  abeilles  quand  on  veut  recueil- 
lir leur  miel.  De  temps  immémorial, 
d'après  Bocconi  et  Micheli,  le  Polysaccum 
crassipes  sert  à  teindre  les  fils,  les  étoffes 
eu  Italie,  et  Saint-Amans  rapporte  que 
dans  les  environs  d'Agen  on  s'en  sert  éga- 
lement pour  le  même  usage.  Comme  l'ama- 
dou, le  Lycoperdon  giganteum,  divisé  par 
morceaux  et  appliqué  sur  les  plaies,  arrêfe 
les  hémorrhagies;  en  Allemagne  même,  et 


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505 


il  n'y  a  pas  longtemps,  les  barbiers  en  avaient 
toujours  dans  leur  boutique  pour  réparer 
<>n  même  temps  leur  maladresse  et  les  in- 
sultes du  rasoir. 

Enfin  quelques  auteurs  regardent  les  Ly- 
(  perdacés  comme  vénéneux  ;  l'usage  qu'on 
en  fait  en  Italie,  comme  je  l'ai  dit,  prouve 
le  contraire  :  on  ne  pourrait  cependant  pas 
carder  chez  soi  pendant  longtemps  un  Ly- 
operdon  giganteum  sans  être  incommodé 
par  l'odeur  qu'il  dégage;  l'expérience  sem- 
ble également  avoir  prouvé  qu'on  ne  peut 
pas  en  recevoir  impunément  les  nuages  de 
spores  dans  les  yeux,  mais  il  est  proba- 
ble qu'elles  agissent  ici  comme  corps  étran- 
gers. 

Les  Lycoperdacés  se  divisent  en  huit 
tribus. 

Tribu  I.  —  Batarrés. 

Réceptacle  campanule,  recouvert  d'une 
écorce  qui  se  déchire  en  lambeaux  irrégu- 
liers ;  pédicule  allongé,  fibreux  ;  volve  mem- 
braneuse ,  persistante  ,  s'ouvrant  irréguliè- 
rement. 

Batarrea,  Pers. 

Tribu  H.  —  Podaxinés. 
Réceptacle  allongé  ou  déprimé,  charnu  , 
traversé  en  tout  ou  en  partie  par  un  axe 
central  qui  est  la  continuation  du  pédicule. 
Podaxon  ,  Desv.  ;   Cauloglossum ,  Grev.; 
Hyperrhiza,  Bosc  ;  Cycloderma,  Klotzsch 
Tribu  III.  —  Tulostomés. 
Réceptacle  globuleux  papyracé  ,  déprimé 
en  dessous;    ouverture  irrégulière  ou  en 
tube;  pédicule  fibreux  résistant;  volve  fu- 
ace,  membraneuse,  persistant  quelquefois 
a  la  base  du  pédicule. 

Tulostoma,  Pers.;  Schizostoma,  Ehrenb.; 
Calostoma,  Desv.?;  Mitremyces,  Nées.? 

Tribu  IV.  —  Polysaccés. 

Réceptacle  charnu  ,  sessile  ou  pédicule  , 
divisé  à  l'intérieur  en  plusieurs  loges  qui 
renferment  chacune  un  sporange. 

Polysaccum,  DC;  Scoleiocarp us,  Berk. 

Tribu  V.  —  Geastré^. 
Réceptacle  membraneux  ,  papyracé ,  ses- 
sile ou  pédicule,  s'ouvrant  irrégulièrement 
ou  en  cône;  volve  persistante  à  la  base,  co- 
riace, élastique,  s'ouvrant  en  étoile  ou  en 
forme  de  soucoupe. 

Geasler,  Mien.;  Plecostoma,  Desv.;  My- 
i.  vu. 


riostoma,  Desv.;  Disciseda,  Czern.;  Acti- 
nodermium,  Nées?;  Diploderma,  Lk.? 

Tribu  VI.  —  Broomviés. 

Réceptacles  membraneux ,  sessiles ,  s'ou- 
vrant irrégulièrement ,  plongés  en  partie 
dans  une  base  commune. 

Broomeia,  Berk. 

Tribu  VII.  —  Lycoperdés. 

Réceptacles  ebarnus ,  puis  membraneux, 
recouverts  d'une  écorce  verruqueuse  ou  to- 
menteuse  plus  ou  moins  durable,  s'ouvrant 
irrégulièrement  au  sommet. 

Lycoperdon,  Mien.;  Hippoperdon,  Mntg.; 
Bovista,  Pers. 

Tribu  VIII.  —  Phellorinés. 

Réceptacle  coriace  subéreux  ,  recouvert 
d'une  écorce  fugace,  s'ouvrant  au  sommet 
en  lambeaux. 

Phellorina,  Berk.;  Mycenastrum,  Desv.; 
Endoneuron,  Czern. 

Je  crois  devoir  terminer  cet  article  en 
donnant  la  description  de  quelques  genres 
qui  ont  été  découverts  depuis  peu ,  et  qui 
ne  pourraient  être  décrits  nulle  part. 

Broomeia  (nom d'homme).  Genredecham- 
pignons  que  je  regarde  comme  le  type  d'une 
nouvelle  tribu  de  la  famille  des  Lycoperda- 
cés, et  dont  nous  devons  la  découverte  à 
M.  Berkeley.  Il  présente  pour  caractères 
un  grand  nombre  de  réceptacles  arrondis 
papyracés,  dont  l'ouverture  située  au 
sommet  est  frangée;  par  leur  partie  in- 
férieure ils  plongent  dans  une  base  com- 
mune à  laquelle  ils  n'adhèrent  que  par  un 
seul  point ,  et  qui  leur  sert  en  quelqne 
sorte  de  volve.  Le  capillitium  est  lâche, 
adhérent  à  tous  les  points  du  réceptacle; 
les  filaments  qui  le  composent  sont  noueux 
de  temps  en  temps  et  les  spores  couvertes 
d'aspérités.  Le  Broomeia  congregata,  la 
seule  espèce  connue,  croît  dans  le  district 
d'Albany  sur  le  bois  mort, 

Disciseda  (discus,  disque;  sedere,  asseoir). 
M.  Czerniaiew  a  décrit  sous  ce  nom  (Bull. 
Soc.  imp.  nat.  Moscou,  1843,  p.  138)  un 
genre  de  Champignons  de  la  tribu  des  Géas- 
trés,  caractérisé  par  un  réceptacle  sphérique 
membraneux,  sessile,  s'ouvrant  irrégulière- 
ment au  sommet,  dont  la  volve  se  dilate  en 
forme  de  soucoupe ,  au  lieu  de  se  déchirer 

64 


506 


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en  rayons  comme  une  étoile.  L'auteur  en  a 
décrit  trois  espèces  qui  croissent  dans  les 
steppes  de  la  Russie  méridionale. 

Endoneuron  (É'vcîov,  en  dedans;  vevpov, 
nervure).  Le  même  auteur,  dans  le  même 
ouvrage,  a  décrit  un  champignon  delà  tribu 
des  Phellorinés,  dont  le  réceptacle  est  épais, 
coriace ,  très  dur  et  élastique  ,  marqué  de 
nervures  à  la  face  interne  et  qui  se  déchire 
en  étoile.  Son  écorce  est  membraneuse;  le 
capillitium  dense,  spongieux,  composé  de 
filaments  courts  et  rameux.  Les  spores  sont 
sessiles.  V Endoneuron  suberosum  est  la 
seule  espèce  connue;  elle  croît  également 
dans  les  steppes  de  la  Russie  méridionale. 

Hippoperdon  (IWoç, cheval;  -nipSu,  crepi- 
iare).  Genre  de  champignons  de  la  tribu  des 
Lycoperdés,  décrit  par  M.  Montagne  dans 
V Histoire  physique,  politique  et  naturelle  de 
Vile  de  Cuba  (édit.  franc.,  p.  319).  Ce  sont 
des  champignons  presque  globuleux,  d'un 
assez  gros  volume,  qui  diffèrent  des  Lyco- 
perdon  en  ce  que  leur  parenchyme  conserve, 
même  dans  le  plus  grand  état  de  vétusté, 
sa  structure  et  son  apparence  spongieuse. 
Le  réceptacle  est  papy  racé  et  recouvert 
d'une  écorce  lisse  qui  se  sépare  rarement; 
il  ne  s'ouvre  pas,  et  quand  le  funicule  qui 
le  retenait  au  sol  est  rompu,  il  devient  le 
jouet  du  vent  :  alors  sa  surface  se  détruit ,  et 
les  spores  sont  disséminées.  On  en  connaît 
trois  espèces  :  l'une  de  Cuba,  la  seconde  de 
Madagascar,  et  la  troisième,  de  Rio  de 
Janeiro.  (Léveillé.) 

LYCOPERDASTRUM  O'xoç,  loup; 
Tre'p^û),  crepitare;  àVrpov,  étoile),  bot.  cr. — 
Nom  assez  impropre  sous  lequel  Micheli 
{Nov.  pi.  gen.,  p.  219,  t.  99)  désignait  les 
individus  appartenant  au  genre  Scleroderma. 
Le  Sel.  geaster  Fr.  est  le  seul  auquel  il  con- 
vienne. Ce  nom  est  maintenant  abandonné. 

Voy.   SCLERODERMA  et  SCLERODERMIS.   (LÉV.) 

LYCOPERDINA  (/luxoç,  loup;  iziPê<o , 
crepitare).  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  sub- 
tétramères,  trimèresdeLatreille,  famille  des 
Fongicoles,  créé  par  Latreille  (Gêner.  Crust. 
ellnsect.,  t.  III,  p.  73)  et  adopté  par  Dejean 
(Catal.y  3e  édit.  p.  464),  qui  en  mentionne 
5  espèces  ;  3  appartiennent  à  l'Europe  et  2  à 
l'Amérique  (États-Unis).  Parmi  les  premiè- 
res sont  les  Endomychus  crucialus  ,  fascia- 
tus  et  bovistœ  de  F.  Les  deux  dernières  , 
ainsi  que  leurs  larves ,  se  trouvent  aux  en- 


virons de  Paris,  aux  époques  du  printemps 
et  de  l'automne,  dans  l'intérieur  des  Lyco- 
perdons  mûrs.  (C.) 

LYCOPERDOIDES()vxoç,  loup;  w/P- 
<îû>,  crepitare;  tîîoç,  semblable),  bot.  cr. — 
Micheli  (Nov.  pi.  gen.,  p.  219,  t.  98),  lors- 
que la  nomenclature  en  botanique  n'était 
pas  encore  établie  sur  des  bases  solides ,  a 
employé  ce  mot  pour  désigner  le  genre  Po- 
lysaccum,  qui  ne  comprend  qu'un  petit  nom- 
bre d'espèces.  Voy.  polysaccum.       (Lév.) 

LYCOPERDON  O'xo;,  loup;  >n<?So>t 
crepitare).  bot.  cr.  —  Ce  g.  de  Champignons 
peut  être  considéré  comme  le  type  de  la  fa- 
mille des  Lycoperdacées.  Les  réceptacles  sont 
sessiles  ou  pédicules,  d'une  forme  arrondie, 
pyriforme  ou  ovoïde.  Ils  sont  formés  d'une 
double  membrane;  l'extérieure  ou  corticale 
est  d'abord  charnue,  puis  se  détache  en 
écailles;  elle  est  tomenteuse  à  sa  surface 
ou  recouverte  de  verrues  plus  ou  moins 
prononcées.  L'interne  est  membraneuse,  pa- 
pyracée,  se  déchire  irrégulièrement  au  som- 
metà  l'époque  de  la  maturité.  Le  parenchyme 
qu'elle  renferme  présente  une  masse  parse- 
mée de  cellules  sur  les  parois  desquelles  on 
peut  voir  dans  le  jeune  âge  des  basides 
tétraspores.  Les  spores  sont  rondes,  glabres 
ou  verruqueuses ,  et  ne  conservent  jamais 
de  pédicelles  comme  les  Bovista.  Il  résulte 
de  ces  caractères  que  ce  sont  les  champi- 
gnons les  plus  simples  de  la  famille,  puis- 
qu'ils n'ont  ni  volve  ,  ni  pédicule  distinct 
du  réceptacle,  nicolumelle,nisporanges,  etc. 
Le  Lycoperdon horrendum,  qui  a  plus  d'un 
mètre  de  diamètre,  paraît  être  le  plus  vo- 
lumineux des  champignons  connus  jusqu'à 
ce  jour.  Voy.  lycoperdacées.  (Lév.) 

LYCOPERSICUM.  bot.  pb.  —  Voy.  to- 
mate. 

LYCOPODE.  Lycopodium  (Xvxoç,  loup; 
Trous,  wéJoï,  pied:  pied  de  loup),  bot.  cr.— 
Genre  principal  de  la  famille  des  Lycopo  • 
diacées,  à  laquelle  il  a  donné  son  nom.  Il 
comprend  des  végétaux  quelquefois  annuels, 
plus  souvent  vivaces,  quelquefois  sous-fru- 
tescents, dont  la  fructification  se  compose 
de  capsules  (sporocarpes),  tantôt  uniformes, 
tantôt  de  deux  formes  différentes,  les  unes 
ovales  ou  presque  réniformes,  s'ouvrant  en 
deux  valves,  renfermant  une  poussière  fine; 
ce  sont  celles  qui  existent  souvent  seules  ; 
les  autres  sont  tri  ou  quadri-lobées,  ets'ou- 


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LYC 


507 


vrenten  trois  ou  quatre  valves;  elles  ren- 
ferment un  même  nombre  de  corps  globu- 
leux. Les  caractères,  tirés  de  l'uniformité  des 
capsules  ou  delà  réunion  de  leurs  deux  formes 
différentes  sur  un  même  pied,  ainsi  que  de 
certaines  modifications  dans  leur  groupement, 
ont  fait  proposer  pour  ces  plantes  divers  gen- 
res qui  cependant  n'ont  pas  été  adoptés 
généralement  ou  n'ont  été  conservés  qu'en 
qualité  de  sous-genres.  Nous  nous  bornerons 
à  quelques  mots  sur  deux  espèces  de  ce  genre 
qui  sont  très  connues  et  qui  méritent  de  fixer 
un  instant  l'attention  par  leurs  propriétés; 
elles  appartiennent  l'une  et  l'autre  à  la  ca- 
tégorie des  espèces  chez  lesquelles  on  ne 
trouve  pour  toute  fructification  que  des 
capsules  bivalves,  remplies  d'une  poussière 
fine. 

1.  Lycopode  a  massue,  Lycopodium  clava- 
tum  Linn.  Sa  tige  est  rampante,  allongée 
et  résistante;  elle  porte  des  feuilles  rappro- 
chées, étroites,  aiguës  à  leur  sommet,  que 
termine  un  poil  assez  long;  celles  qui  por- 
tent les*  capsules  à  leur  base  et  sur  leur  face 
supérieure  sont  élargies  inférieurement  et 
membraneuses  ;  les  rameaux  fertiles  ne  por- 
tent que  de  très  petites  écailles  écartées; 
vers  leur  extrémité,  ils  se  divisent  en  deux, 
et  portent  ainsi  deux  épis  serrés  et  dont  le 
diamètre,  plus  considérable  que  celui  de  la 
portion  inférieure  du  rameau,  produit  l'ap- 
parence d'une  massue,  qui  a  valu  àla  plante 
le  nom  qu'elle  porte.  Le  Lycopode  en  mas- 
sue croît  abondamment  dans  les  forêts  et 
dans  les  lieux  couverts  de  montagnes.  A  leur 
maturité,  ses  capsules  répandent  en  abon- 
dance leur  poussière,  qu'on  connaît  vulgai- 
rement sous  le  nom  de  soufre  végétal.  En 
Suisse  et  en  Allemagne,  on  recueille  cette 
poussière  pour  la  verser  dans  le  commerce; 
elle  a,  en  effet,  quelques  usages  pour  lesquels 
on  en  consomme  une  quantité  considérable. 
Ainsi  elle  entre  dans  la  composition  de  beau- 
coup de  pièces  d'artifice  ;  de  plus,  son  extrême 
inflammabilité  et  la  vive  lueur  qu'elle  pro- 
jette en  brûlant  instantanément  la  font  em- 
ployer dans  les  théâtres  pour  simuler  des 
éclairs.  En  médecine ,  on  en  saupoudre  les 
excoriations  déterminées  chez  les  enfants  et 
chez  les  personnes  douées  de  beaucoup  d'em- 
bonpoint, soit  par  le  frottement,  soit  par 
l'action  et  par  le  contact  prolongé  d'une 
humidité  irritante;  elle  absorbe  les  suinte- 


ments qui  s'opèrent  dans  ces  parties  exco- 
riées, et  souvent  elle  amène  leur  guérison. 
On  s'en  sert  en  pharmacie  pour  rouler  les  pi 
Iules. On  a  dit  que  le  Lycopode  en  massue  lui- 
mêmeagissaitài'intérieurcommeémétique; 
mais  cette  propriété  n'est  pas  bien  reconnue. 

2.  Lycopode  sélagine  ,  Lycopodium  selago 
Linn.  Cette  espèce  a  la  tige  droite,  haute 
d'environ  2  décimètres,  rameuse  et  fastigiée; 
ses  feuilles  sont  lancéolées,  aiguës,  mutiques, 
très  nombreuses  et  imbriquées  sur  huit  lignes 
longitudinales;  ses  capsules  sont  portées 
simplement  àla  base  des  feuilles.  Elle  croît 
dans  les  forêts,  dans  les  bruyères  un  peu 
humides  et  dans  les  parties  montagneuses. 
Elle  possède  des  propriétés  énergiques: 
ainsi,  même  à  faible  dose,  elle  agit  comme 
un  purgatif  drastique  ;  à  dose  assez  forte, 
elle  devient  vénéneuse  à  la  manière  des 
poisons  narcotiques.  Elle  n'est  guère  usitée, 
du  reste,  si  ce  n'est  dans  les  parties  septen- 
trionales de  l'Europe,  où  l'on  emploie  sa  dé- 
coction pour  détruire  la  vermine  des  bes- 
tiaux. (P.  D.) 

LYCOPODIACÉES.  Lycopodiaceœ.  bot. 
cr.  —  Famille  de  plantes  acotylédones,  que 
Jussieu  comprenait  parmi  les  Mousses  ,  dans 
une  section  particulière  qu'il  nommait  Mwsci 
spurii,  et  qui,  ayant  été  plus  tard  détachée 
comme  groupe  distinct,  a  reçu  de  L.-C.  Ri- 
chard la  dénomination  sous  laquelle  elle 
est  maintenant  désignée.  Les  végétaux  qui 
la  composent  sont  très  rarement  annuels , 
presque  toujours  vivaces  ;  ils  présentent  des 
caractères  fort  remarquables  sous  le  rapport 
des  organes  soit  de  la  végétation ,  soit  delà 
reproduction.  Leur  tige  acquiert  un  haut 
degré  de  développement  relativement  aux 
feuilles;  elle  est  fort  rarement  simple,  pres- 
que toujours  rameuse;  sa  ramification 
s'opère  toujours  par  bifurcation  de  l'extré- 
mité, d'où  résulte  une  dichotomie  dans  la- 
quelle les  deux  branches  sont  tantôt  égales 
entre  elles  et  tantôt  inégales,  l'une  d'elles 
prenant  alors  l'apparence  d'un  simple  ra- 
meau latéral  ,  tandis  que  l'autre  semble  être 
la  continuation  directe  de  la  tige  elle-même. 
Avec  ce  mode  de  ramification  concourt  l'ab- 
sence constante  de  bourgeons  axillaires.  Exa- 
minée à  l'intérieur,  la  tige  desLycopodiacées 
présente,  ainsi  que  l'a  montré  M.  Ad. 
Brongniart  [Hist.  des  végét.  foss.,  vol.  II; 
observ.  sur  le  Sigillaria  clegans,  Archiv.  du 


5o:> 


LYC 


IYC 


Muséum,  1839),  un  axe  formé  de  plusieurs 
lames  diversement  unies  entre  elles,  com- 
posées de  fibres  très  allongées  et  d'un  plus 
grand  calibre  que  les  cellules  voisines,  à  pa- 
rois épaisses,  marquées  de  séries  longitudi- 
nales de  fentes  transversales  ;  ces  fibres  for- 
ment de  faux  vaisseaux  (scalariformes)  dont 
îes  cavités  ne  communiquent  pas  entre  elles, 
mais  seulement  par  le  moyen  des  fentes  la- 
térales. Autour  de  cet  axe  se  trouve  une 
large  zone  cellulaire,  dont  les  parois  sont 
parfois  épaisses  et  ponctuées.  Les  racines  de 
ces  plantes  sont  toutes  adventives;  elles 
sortent  aux  points  de  bifurcation  de  la  tige; 
elles  se  divisent  elles-mêmes  par  dichotomie 
régulière;  dans  les  grandes  espèces,  avant 
de  faire  saillie  à  l'extérieur,  elles  rampent 
sur  une  longueur  variable  dans  l'épaisseur 
delà  zone  cellulaire  périphérique  ;  elles  ont, 
au  reste,  une  structure  semblable  à  celle 
de  la  tige,  c'est-à-dire  un  axe  ligneux  et 
une  zone  cellulaire  périphérique.  Les  feuilles 
des  Lycopodiacées  sont  petites,  insérées  sui- 
vant une  spirale  qui  résulterait,  d'après 
M,  Ad.  Brongniart,  deverticilles  nombreux 
modifiés;  elles  sont  sessiles  oudécurrentes, 
jamais  articulées  sur  la  tige,  subulées  ou 
planes-lancéolées;  leur  structure  est  entiè- 
rement celluleuse  ;  elles  présentent  use  ner- 
vure médiane,  mais  formée  seulement  de 
cellules  plus  allongées  que  les  autres;  à  leur 
surface  inférieure  sont  épars  quelques  sto- 
mates en  petit  nombre. 

Les  organes  reproducteurs  des  Lycopo- 
diacées consistent  en  capsules  ou  coques 
membraneuses,  non  pas  axillaires,  comme 
le  disent  la  plupart  des  auteurs,  mais  in- 
sérées à  la  base  des  feuilles  ou  à  quelque 
distance  de  cette  base  et  toujours  sur  leur 
face  supérieure.  Ces  feuilles  fructifères  con- 
servent quelquefois  la  forme  et  les  dimen- 
sions des  feuilles  normales,  ou  bien  elles  se 
modifient  plus  ou  moins  et  finissent  par  de- 
venir des  bractées  dont  les  dimensions  sont 
plus  ou  moins  réduites.  Les  coques  se  mon- 
trent dans  toute  la  lige  ou  seulement  vers 
l'extrémité  des  branches,  où  elles  se  grou- 
pent même  en  des  sortes  de  chatons.  Elles 
.sont  de  deux  sortes  :  les  unes  sont  ovales, 
s'ouvrent  en  deux  valves  et  contiennent 
dans  leur  intérieur  une  poussière  dont  les 
grains  très  fins  sont  d'abord  groupés  par 
quatre,  comme  ceux  du  pollen  ordinaire; 


les  autres  sont  plus  volumineuses,  creusées 
intérieurement  de  trois  ou  quatre  loges, 
s'ouvrant  par  autant  de  valves,  renfermant 
un  égal  n ombre tie  corps  arrondis,  hérissés; 
considérée  dans  son  ensemble,  la  forme  or- 
dinaire de  ces  dernières  coques  est  celle  de 
quatre  globules  qui  se  seraient  groupés  en 
tétraèdre. Ces  corps  ont  été  regardés  par  di- 
vers botanistes  comme  des  organes  femelles; 
en  effet,  lorsqu'ils  existent  en  même  temps 
que  les  capsules  à  poussière  fine ,  ce  sont 
eux  qui  reproduisent  la  plante;  dans  ce 
cas,  les  capsules  à  poussière  fine,  ou  les 
Anthéridies  ,  pourraient  être  considérées 
comme  des  organes  mâles,  et  leur  poussière 
serait  analogue  au  pollen;  mais  lorsque  ces 
derniers  existent  seuls,  on  serait  obligé  de 
les  regarder  comme  femelles  ,  puisque  leurs 
granules  remplissent  les  fonctions  de  spores, 
et  qu'on  a  pu  observer  leur  germination. 
On  voit  donc  qu'il  règne  beaucoup  d'incer- 
titude relativement  à  la  nature  réelle  et  à 
la  sexualité  des  deux  sortes  de  capsules  des 
Lycopodiacées. 

Les  seuls  genres  de  Lycopodiacées  qui 
soient  généralement  admis  aujourd'hui  sont 
les  suivants  : 

Psilolum,  R.  Br.  —  Lycopodium,  Lin. 

Les  Lycopodiacées  comparées  aux  familles 
voisines  se  distinguent  de  toutes  par  des  ca- 
ractères tranchés  et  présentent  seulement 
une  certaine  analogie  avec  les  Isoétées  sous 
le  rapport  de  leur  fructification;  quant  à 
leur  structure,  elles  ont  quelques  points  de 
contact  avec  les  Fougères ,  notamment  pour 
leurs  vaisseaux  scalariformes  ;  mais  elles 
s'en  éloignent  entièrement  par  la  position 
centrale  de  ces  mêmes  vaisseaux  et  par  leur 
fructification  ,  portée  sur  la  face  supérieure 
des  feuilles.  Leur  analogie  la  plus  marquée 
est  avec  les  plantes  fossiles  pour  lesquelles 
on  a  créé  la  petite  famille  des  Lépidoden- 
drées,  que,  parce  motif,  nous  réunirons 
ici  dans  le  même  article. 

Lépidodendrées.  Lepidodendreœ  (bot.  foss.). 
Ces  végétaux  fossiles,  qui  appartiennent  au 
terrain  houiller  ,  ont  été  étudiés  avec  beau- 
coup de  soin  par  M.  Ad.  Brongniart,  aux  ou- 
vrages duquel  nous  emprunterons  les  détails 
relatifs  à  leur  histoire.  Ils  ont  toutes  les 
formes  extérieures  des  Lycopodiacées ,  avec 
des  dimensions  beaucoup  plus  fortes  et  quel- 
quefois gigantesques.  Leur  tige  est  tantôt 


T.YC 


I.YC 


5<-9 


régulièrement  etsyinéiriquementdichotome, 
tantôt  leurs  bifurcations  principales  sont  iné- 
gales entre  elles,  et  il  résulte  de  cette  inéga- 
lité l'apparence  d'une  tige  presque  droite, 
de  laquelle  partiraient  latéralement  des  ra- 
meaux dichotomes.  Cette  ramification  dicho- 
tomique a  dû  s'opérer  chez  eux  de  la  même 
manière  que  chez  les  Lycopodiacées ,  ainsi 
que  le  montrent  les  séries  longitudinales  de 
feuilles  qui,  de  la  tige  principale,  se  portent 
sur  les  deux  rameaux  de  la  bifurcation  sui- 
vante, en  se  partageant  également  entre 
eux.  Les  feuilles  sont  très  nombreuses ,  al- 
longées, entières,  sessiles,  à  une  seule  ner- 
vure médiane,  disposées  en  spirale  très  ré- 
gulière; leur  base  légèrement  décurrente  a 
donné  naissance  à  des  sortes  de  mamelons 
rhomboïdaux ,  sur  lesquels  s'est  conservée 
la  cicatrice  que  la  feuille  a  laissée  en  tom- 
bant. Ces  cicatrices  des  feuilles  et  les  ma- 
melons rhomboïdaux  sur  lesquels  on  les  ob- 
serve, varient  de  grandeur  et  de  forme  sur 
la  tige  principale  et  sur  les  rameaux;  mais 
il  arrive  souvent  qu'elles  se  montrent  aussi 
nettement  limitées  sur  des  tiges  volumi- 
neuses que  sur  les  jeunes  rameaux  :  ce  qui 
prouve,  dit  M.  Ad.  Brongniart,  que  la  par- 
tie inférieure  de  ces  tiges  a  pu  acquérir  un 
diamètre  considérable,  et  qui  va  jusqu'à  un 
mètre  en  peu  de  temps,  tant  que  cette  partie 
était  encore  succulente ,  et  probablement 
avant  la  chute  des  feuilles. 

La  structure  intérieure  des  tiges  des  Lé- 
pidodendrées  présente  un  cercle  continu  de 
gros  vaisseaux  scalariformes  entourant  un 
cylindre  central  de  moelle  ;  cette  organisa- 
tion est  un  caractère  qui  distingue  ces  plan- 
tes des  Lycopodiacées ,  à  l'exception  des  Psi- 
lotum.  Quant  à  la  fructification  de  ces  vé- 
gétaux, elle  consiste  en  épis  terminant  di- 
rectement les  rameaux,  formés  d'écaillés 
parfaitement  égales  entre  elles  et  presque 
perpendiculaires  sur  l'axe,  présentant  sous 
leur  disque  terminal  une  cavité  qui  paraît 
renfermer  une  capsule  remplie  de  séminules, 
et  se  prolongeant  souvent  en  un  appendice 
foliacé. 

On  rapporte  à  la  famille  des  Lépidoden- 
drées  les  genres  suivants  : 

Lepidodendron,  Brong.  —  Bothrodendron, 
Lindl.—  Lepidophyllum ,  Brong.  (Poaciies, 
Brong.)  —  Ulodendron,  Rhode  {Lepidoslro- 
bus,  Lindl.)  —  Megaphyton ,  Lindl.  —  Ha- 


lonia  ,  Lindl. — Lepidostrobus  ,  Brong. — 
Cardiocarpon,  Brong.  (P.  D.) 

LYCOPODITES.  bot.  foss.  —  Genre  de 
Végétaux  fossiles  établi  par  M.  Àd.  Bron- 
gniart (Prodr.,  83),  qui  le  décrit  ainsi  :  Ra- 
meaux pinnés  ;  feuilles  insérées  tout  autour 
de  la  tige  ou  sur  deux  rangs  opposés ,  ne 
laissant  pas  de  cicatrices  nettes  et  bien  limi- 
tées. M.  Ad.  Brongniart  y  rapporte  13  es- 
pèces appartenant  en  grande  partie  aux  ter- 
rains houillers. 

LYCOPODIUM.  —  Voy.  lycopode. 

LYCOPSIS  (Avxoç,  loup;  fytÇ,  œil),  bot. 
ph.  — Lehm.,  syn.  d' 'Exarrhena ,  R.  —  Br. 
Rauv.,  syn.  de  Caccinia ,  Sav.  —  Genre  de 
la  famille  des  Aspérifoliées-Anchusées ,  éta- 
bli par  Linné  (Gen.,  n.  190).  Herbes  de 
l'hémisphère  boréal.  Voy.  aspérifolié£s. 

LYCOPUS  (Xuxoç,  loup;  ttoSç  ,  pied). 
bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des  Labiées- 
Menthoïdées,  établi  par  Linné  (Gen.,  n.  15). 
Herbes  marécageuses  abondantes  en  Europe, 
en  Asie  ,  dans  l'Amérique  boréale  et  même 
dans  la  Nouvelle-Hollande.  Voy.  labiées. 

LYCORIS.  annél.  —  Genre  de  Néréides 
distingué  par  M.  Savigny  (Système  des  An- 
nélides),  qui  en  résume  ainsi  les  caractères  : 
Trompe  sans  tentacules  à  son  orifice;  an- 
tennes extérieures  plus  grosses  que  les  mi- 
toyennes ;  première  et  seconde  paire  de  pieds 
converties  en  quatre  paires  de  cirrhes  tenta- 
culaires  ;  les  branchies  distinctes  des  cirrhes. 

On  en  connaît  une  quinzaine  d'espèces. 
(P.  G.) 

LYCOSE.  Lycosa  (/vxo;,  araignée-loup). 
arach.  —  Genre  de  l'ordre  des  Aranéides,  de 
la  tribu  des  Araignées,  établi  par  Walckenaër 
et  adopté  par  tous  les  aptérologistes.  Chez  ce 
genre,  les  yeux  sont  au  nombre  de  huit,  iné- 
gaux entre  eux,  formantun  parallélogramme 
allongé ,  placés  sur  le  devant  et  les  côtés  du 
céphalothorax ,  sur  trois  lignes  transverses 
presque  égales  en  longueur.  La  lèvre  est 
carrée,  avec  les  mâchoires  droites,  écartées 
et  plus  hautes  que  larges.  Les  pattes  sont 
allongées  ,  fortes  ,  avec  la  quatrième  paire 
sensiblement  plus  longue  que  les  autres.  Les 
espèces  qui  composent  ce  genre  courent  très 
vite;  elles  habitent  presque  toutes  à  terre, 
car  elles  pratiquent  des  trous  qu'elles  agran- 
dissent avec  l'âge,  et  dont  elles  fortifient 
les  parois  avec  une  sorte  de  soie,  afin  d'em- 
pêcher les  éboulements.  D'autres  s'établis- 


10 


LYC 


LYC 


sent  dans  les  fenles  des  murs,  les  cavités 
des  pierres ,  etc.  ;  quelques  unes  y  font  un 
tuyau  de  soie  composé  d'une  toile  fine,  long 
d'environ  5  centimètres,  et  recouvert  à  l'ex- 
térieur de  parcelles  de  terre  ;  elles  forment 
ce  tuyau  au  temps  de  la  ponte.  Toutes  se 
tiennent  près  de  leur  demeure ,  et  y  guet- 
tent leur  proie,  sur  laquelle  elles  s'élancent 
avec  une  rapidité  étonnante.  Ces  Aranéides 
passent  l'hiver  dans  ces  trous,  et,  suivant 
plusieurs  auteurs,  la  Lycose  tarentule  a  soin 
d'en  boucher  exactement  l'ouverture  pendant 
cette  saison.  Les  Lycoses  sortent  de  leurs 
retraites  dès  les  premiers  jours  du  prin- 
temps ,  et  elles  cherchent  bientôt  à  remplir 
le  vœu  de  la  nature  en  s'accouplant;  suivant 
les  espèces  et  suivant  la  température  du 
printemps,  l'accouplement  a  lieu  depuis  le 
mois  de  mai  jusqu'à  la  mi-juillet.  Les  Ly- 
coses pondent  ordinairement  des  œufs  sphé- 
riques  et  variant  en  nombre,  suivant  les  es- 
pèces, depuis  20,  à  peu  près,  jusqu'à  180. 
Ces  œufs ,  à  leur  naissance ,  sont  libres  ; 
mais  la  mère  les  renferme  dans  un  cocon 
circulaire  ,  globuleux  ,  aplati,  et  formé  de 
deux  calottes  réunies  par  leurs  bords.  Ce 
cocon  ou  sac  à  œufs  est  toujours  attaché  sous 
le  ventre  de  la  femelle ,  près  des  filières,  au 
moyen  d'une  petite  pelote  ou  d'un  lien  de 
soie.  La  femelle  porte  partout  cette  posté- 
rité future,  et  court  avec  célérité,  malgré 
cette  charge;  si  on  l'en  sépare,  elle  entre 
en  fureur,  et  ne  quitte  le  lieu  où  elle  a  fait 
cette  perte  qu'après  avoir  cherché  longtemps 
et  être  revenue  souvent  sur  ses  pas  ;  si  elle 
a  le  bonheur  de  retrouver  son  cocon,  elle  le 
saisit  avec  ses  mandibules,  et  prend  la  fuite 
avec  précipitation.  Les  œufs  des  Lycoses 
éclosent  en  juin  et  en  juillet.  Les  petits 
restent  encore  longtemps  dans  leur  coque 
générale,  et  ce  n'est  qu'après  le  premier 
changement  de  peau  qu'ils  abandonnent 
îeur  demeure,  et  marchent  sur  le  corps  de 
leur  mère,  où  ils  se  cramponnent;  c'est 
surtout  sur  l'abdomen  et  sur  le  dos  qu'ils 
s'établissent  de  préférence,  en  s'y  arran- 
geant en  gros  pelotons,  qui  donnent  à  la 
mère  une  figure  hideuse  et  extraordinaire. 
Par  un  temps  serein  ,  et  vers  la  mi-octobre, 
Lister  a  observé  une  grande  quantité  de 
jeunes  Lycoses  voltigeant  dans  l'air;  pour 
se  soutenir  ainsi,  elles  faisaient  sortir  de 
eurs  filières,  comme  par  éjaculation,  plu- 


sieurs fils  simples  en  forme  de  rayons.  Ces 
petites  Araignées  faisaient  mouvoir  leurs 
pattes  avec  rapidité  et  en  rond  au-dessus  de 
leur  tête ,  de  manière  à  rompre  leurs  fils 
ou  à  les  rassembler  en  petites  pelotes 
d'un  blanc  de  neige.  C'est  soutenues  par 
ce  petit  ballon  que  les  jeunes  Lycoses  s'a- 
bandonnent dans  l'air  et  sont  transportées 
à  des  hauteurs  considérables.  Quelquefois 
ces  longs  fils  aériens  sont  réunis  en  forme 
de  cordes  embrouillées  et  inégales,  et  de- 
viennent un  filet  avec  lequel  ces  jeunes  Ara- 
néides prennent  de  petites  Mouches  et  d'au- 
tres Insectes  de  petite  taille. 

Le  genre  des  Lycoses  se  compose  d'un 
très  grand  nombre  d'espèces  répandues  dans 
toutes  les  parties  du  monde.  M.  Walcke- 
naër,  dans  son  Histoire  naturelle  des  Insectes 
aptères  ,  en  décrit  63  espèces  ,  nombre  que 
j'ai  augmenté  de  15  espèces  nouvelles,  et 
que  j'ai  découvertes  pendant  mon  séjour  en 
Algérie.  M.  Walckenaër,  afin  de  rendre  ce 
genre  plus  facile  à  l'étude,  a  divisé  ces  nom- 
breuses espèces  en  trois  grands  groupes  dési- 
gnés sous  les  noms  de  Terricoles,  de  Corsaires 
et  de  Porte-Queues.  L'espèce  qui  peut  être 
considérée  comme  le  type  de  ce  genre,  un  des 
plus  naturels  de  la  tribu  des  Araignées ,  est 
la  Lycose  tarentule  ,  Lycosa  tarentula  Latr. 
Cette  Lycose,  étant  très  célèbre,  a  été  figu- 
rée par  une  foule  d'auteurs,  mais  si  mal 
qu'il  semble  que  plusieurs  d'entre  eux  se 
soient  plu  à  exagérer  ses  formes  hideuses, 
afin  d'inspirer  plus  d'horreur  pour  elle ,  et 
d'accréditer,  par  ce  moyen,  les  absurdités 
qu'ils  ont  débitées  sur  les  propriétés  de  son 
venin.  Il  serait  trop  long  de  mentionner  ici  les 
noms  des  auteurs  qui  ont  parlé  de  la  Taren- 
tule ,  et  qui  l'ont  figurée.  Nous  dirons  seu- 
lement que ,  selon  les  uns ,  son  venin  pro- 
duit des  symptômes  qui  approchent  de  la 
fièvre  maligne  ;  selon  d'autres ,  il  ne  pro- 
cure que  quelques  taches  érysipélateuses , 
et  des  crampes  légères  ou  des  fourmille- 
ments. La  maladie  que  le  vulgaire  croit  que 
la  Tarentule  produit  par  sa  morsure  a  reçu 
le  nom  de  Tarentismet  et  il  ne  peut  se  gué- 
rir que  par  les  secours  de  la  musique.  Quel- 
ques auteurs  ont  poussé  la  naïveté  jusqu'à 
indiquer  les  airs  qu'ils  croient  convenir  le 
plus  aux  Tarentolati:  c'est  ainsi  qu'ils  appel- 
lent les  malades.  Samuel  Hafenreffer,  pro- 
fesseur d'Ulm ,  les  a  notés  dans  un  traité 


LYG 

des  maladies  de  la  peau;  Baglivi  a  aussi 
écrit  sur  les  Tarentules  du  midi  delà  France; 
mais  on  est  bien  revenu  de  la  frayeur 
qu'elles  inspiraient  dans  son  temps,  et  au- 
jourd'hui il  est  bien  reconnu  que  le  venin 
de  ces  Araignées  n'est  dangereui  que  pour 
les  insectes  dont  la  Tarentule  fait  sa  nour- 
riture. 

Si  cette  espèce  a  été  célèbre  par  les  fables 
dont  elle  a  été  l'objet,  elle  ne  l'est  pas 
moins  par  ses  mœurs ,  qui  sont  vraiment 
curieuses.  Nous  emprunterons  à  M.  L.  Du- 
four,  qui  a  été  à  même  de  l'observer  en  Es- 
pagne, les  observations  suivantes.  La  Ly- 
cose  tarentule ,  dit  cet  auteur,  habite  de 
préférence  les  lieux  découverts,  secs,  arides, 
incultes,  exposés  au  soleil.  Elle  se  tient  or- 
dinairement, au  moins  quand  elle  est  adulte, 
dans  les  conduits  souterrains  ,  dans  de  vé- 
ritables clapiers  qu'elle  se  creuse  elle-même. 
Ces  clapiers,  signalés  par  plusieurs  auteurs, 
ont  été  imparfaitement  saisis  et  mal  décrits. 
Cylindriques  et  souvent  d'un  pouce  de  dia- 
mètre, ils  s'enfoncent  jusqu'à  plus  d'un 
pied  dans  la  profondeur  du  sol;  mais  ils  ne 
sont  pas  perpendiculaires,  ainsi  qu'on  l'a 
avancé.  L'habitant  de  ce  boyau  prouve  qu'il 
est  en  même  temps  chasseur  adroit  et  in- 
génieur habile.  Il  ne  s'agissait  pas  seulement 
pour  lui  de  construire  un  réduit  profond 
qui  pût  le  dérober  aux  poursuites  de  ses  en- 
nemis ;  il  fallait  encore  qu'il  établît  là  son 
observatoire  pour  épier  sa  proie  et  s'élancer 
sur  elle  comme  un  trait.  La  Lycose  taren- 
tule a  tout  prévu.  Le  conduit  souterrain  a 
effectivement  une  direction  d'abord  verti- 
cale; mais,  à  4  ou  5  pouces  du  sol,  il  se 
fléchit  en  angle  obtus,  forme  un  coude  ho- 
rizontal, puis  redevient  perpendiculaire. 
C'est  à  l'origine  de  ce  coude  que  la  Lycose  s'é- 
tablit en  sentinelle  vigilante,  ne  perdant  pas 
un  instant  de  vue  la  porte  de  sa  demeure  ; 
c'est  là  qu'à  l'époque  où  je  lui  faisais  la 
chasse  ,  j'apercevais  ses  yeux  étincelanis 
comme  des  diamants,  lumineux  comme 
ceux  du  Chat  dans  l'obscurité. 

L'ori6ce  extérieur  du  terrier  de  la  Taren- 
tule est  ordinairement  terminé  par  un  tuyau 
construit  de  toutes  pièces  par  elle-même  et 
dont  les  auteurs  ne  font  pas  mention.  Ce 
tuyau,  véritable  ouvrage  d'architecture,  s'é- 
lève jusqu'à  1  pouce  au-dessus  du  sol  et  a 
parfois  2  pouces  de  diamètre,  en  sorte  qu'il 


LYC 


511 


est  plus  large  que  le  terrier  lui-même.  Cette 
dernière  circonstance,  qui  semble  avoir  été 
calculée  par  l'industrieuse  Àranéide,  se  prête 
à  merveille  au  développement  obligé  des 
pattes  au  moment  où  il  faut  saisir  la  proie. 
Ce  tuyau  est  principalement  composé  de 
fragments  de  bois  sec  unis  avec  un  peu  de 
terre  glaise  et  si  artistement  disposés  les  uns 
au-dessus  des  autres  qu'ils  forment  un  écha- 
faudage en  colonne  droite,  dont  l'intérieur 
est  un  cylindre  creux.  Ce  qui  établit  surtout 
la  solidité  de  cet  édifice  tubuleux  de  ce  bas- 
tion avancé,  c'est  qu'il  est  revêtu,  tapissé 
en  dedans  d'un  tissu  ourdi  par  les  filières 
de  la  Lycose  et  qui  continue  dans  tout  l'in- 
térieur du  terrier.  Il  est  facile  de  concevoir 
combien  ce  revêtement  si  habilement  fabri- 
qué doit  être  utile,  et  pour  prévenir  les 
éboulements,les  déformations,  et  pour  l'en- 
tretien de  la  propreté,  et  pour  faciliter  aux 
griffes  de  la  Tarentule  l'escalade  de  la  forte- 
resse. J'ai  laissé  entrevoir  que  ce  bastion  du 
terrier  n'existait  pas  toujours;  en  effet,  j'ai 
souvent  rencontré  des  trous  de  Tarentule 
où  il  n'y  en  avait  pas.  Ce  qu'il  y  a  de  cer- 
tain, c'est  que  j'ai  eu  de  nombreuses  oc- 
casions de  constater  ces  tuyaux,  ces  ouvra- 
ges avancés  de  la  demeure  de  la  Tarentule. 
Ils  me  représentaient  les  fourreaux  de  quel- 
ques Phryganides  (voy.  ce  mot).  Cette  Ara- 
néide a  voulu  atteindre  plusieurs  buts  en  les 
construisant.  Elle  met  son  réduit  à  l'abri 
des  inondations;  elle  le  prémunit  contre  les 
corps  étrangers  qui,  balayés  par  les  vents, 
finiraient  par  l'obstruer;  enfin  elle  s'en  sert 
comme  d'une  embûche,  en  offrant  aux  mou- 
ches et  autres  insectes  dont  elle  se  nourrit 
un  point  d'appui  pour  s'y  poser.  Qui  nous 
dira  toutes  les  ruses  employées  par  cet  adroit 
et  intrépide  chasseur?  Disons  maintenant 
quelque  chose  sur  la  chasse  assez  curieuse 
de  la  Tarentule.  Les  mois  de  mai  et  de  juin 
sont  la  saison  la  plus  favorable  pour  la  faire. 
La  première  fois  que  je  découvris  Jes  clapiers 
de  cette  Aranéide  et  que  je  constatai  qu'ils 
étaient  habités  en  l'apercevant  en  arrêt  au 
premier  étage  de  sa  demeure,  qui  est  le 
coude  dont  j'ai  parlé,  je  crus,  pour  m'en 
rendre  maître,  devoir  l'attaquer  de  vive 
force  et  la  poursuivre  à  outrance.  Je  passai 
des  heures  entières  à  ouvrir  la  tranchée  avec 
un  couteau  pour  investir  son  domicile.  Je 
creusai  à  une  profondeur  de  plus  de  1  pied 


512 


LYC 


LYC 


sur  2  de  largeur,  sans  rencontrer  la  Ta- 
rentule. Je  recommençai  cette  opération 
dans  d'autres  clapiers,  et  toujours  avec  aussi 
peu  de  succès.  Je  fus  donc  obligé  de  chan- 
ger mon  plan  d'attaque,  et  je  recourus  à  la 
ruse.  La  nécessité  est,  dit-on,  la  mère  de 
l'industrie.  J'eus  idée,  pour  imiter  un  ap- 
pât, de  prendre  un  chaume  de  graminée 
surmonté  d'un  épillet,  et  de  frotter,  d'agiter 
doucement  celui-ci  à  l'orifice  du  clapier.  Je 
no  tardai  pas  à  m'apercevoir  que  l'attention 
et  les  désirs  de  la  Lycose  étaient  éveillés. 
Se  luite  par  cette  amorce,  elle  s'avançait  à 
pas  mesurés  et  en  tâtonnant  vers  l'épillet, 
et,  en  relevant  à  propos  celui-ci  un  peu  en 
dehors  du  trou,  pour  ne  pas  laisser  le  temps 
<!o  la  réflexion,  elle  s'élançait  souvent  d'un 
soûl  trait  hors  de  sa  demeure,  dont  je  m'em- 
pressais de  lui  fermer  l'entrée.  Alors  la  Ta- 
rentule, déconcertée  d'avoir  perdu  sa  liberté, 
était  fort  gauche  à  éluder  mes  poursuites,  et 
je  l'obligeais  à  entrer  dans  un  cornet  de 
'■apier  que  je  fermais  aussitôt.  Quelquefois, 
se  doutant  du  piège ,  ou  moins  pressée  peut- 
être  par  la  faim,  elle  se  tenait  sur  la  réserve, 
immobile,  à  une  petite  distance  de  sa  porte, 
qu'elle  lne  jugeait  pas  à  propos  de  franchir. 
Sa  patience  lassait  la  mienne;  dans  ce  cas, 
voici  la  tactique  que  j'employais:  après  avoir 
reconnu  la  direction  du  boyau  et  la  position 
de  la  Lycose,  j'enfonçais  avec  force  et  obli- 
quement une  lame  de  couteau  de  manière 
à  surprendre  l'animal  par  derrière  et  à  lui 
'•ouper  la  retraite  en  lui  barrant  le  clapier. 
Je  manquais  rarement  mon  coup,  surtout 
('ans  les  terrains  qui  étaient  peu  pierreux. 
Hans  cette  situation  critique,  ou  bien  la  Ta- 
rentule effrayée  quittait  sa  demeure  pour 
magner  le  large,  ou  bien  elle  s'obstinait  à  de- 
neurer  acculée  contre  la  lame  du  couteau, 
•lors,  en  faisant  exécuter  à  celle-ci  un  mou- 
cment  de  bascule  assez  brusque,  on  lançait 
au  loin  et  la  terre  et  la  Lycose,  et  on  s'em- 
parait de  celle-ci.  En  employant  ce  procédé 
'le  chasse,  je  prenais  parfois  jusqu'à  une 
■i-inzaine  de  Tarentules  dans  l'espace  d'une 
s'ure.  Dans  quelques  circonstances  où  la 
Tarentuleetait  tout  à-fait  désabusée  du  piège 
'lue  je  lui  tendais ,  je  n'ai  pas  été  peu  sur- 
pris, lorsque  j'enfonçai  l'épillet  jusqu'à  la 
toucher  dans  son  gîte,  de  lavoir  jouer  avec 
une  espère  de  dédain  avec  cet  épillet  et  le 
repousser  à  coup  de  pattes,  sans  se  donner 


la  peine  de  gagner  son  réduit.  Les  paysans 
de  la  Pouille,  au  rapport  de  Baglivi,  font 
aussi  la  chasse  à  la  Tarentule,  en  imitant,  à 
l'orifice  de  leur,  terrier,  le  bourdonnement 
d'un  insecte  au  moyen  d'un  chaume  d'a- 
voine. Ruricolœ  nostri,  dit-il,  quando  eas 
captare  volant,  ad  Ularumlatibula  accedunt, 
tenuisque  avenaceœ  flstulœ  sonum  apum  mur- 
mûri  non  absimilem  modulantur,  quo  audito 
foras  exil  Tarentula  ut  muscas  vel  alia  hu- 
jusmodi  insecta,  quorum  murmur  esse  putat, 
captât  ;  captalur  tamen  ista  à  rustico  insidia- 
tore. 

La  Tarentule,  si  hideuse  au  premier  as- 
pect, surtout  lorsqu'on  est  frappé  de  l'idée 
du  danger  de  sa  piqûre,  si  sauvage  en  ap- 
parence, est  cependant  très  susceptible  de 
s'apprivoiser,  ainsi  que  M.  L.  Dufour  en  a 
fait  plusieurs  fois  l'expérience. 

Ce  que  je  viens  de  rapporter  au  sujet  des 
mœurs  de  la  Lycosa  tarentula  est  entière- 
ment identique  avec  ce  que  j'ai  observé  sur 
la  Lycosa  narbonensis  Walck.,  espèce  assez 
répandue  dans  les  environs  de  Narbonne,  et 
que  j'ai  trouvée  très  communément  dans  l'est 
et  dans  l'ouest  de  nos  possessions  du  nord 
de  l'Afrique.  (H.  Lucas.) 

*LYCOSERIS(>vxo; ,  loup  ;  at'piç ,  espèce 
de  chicorée),  bot.  ph. — Genre  de  la  famille 
des  Gomposées-Mutisiacées ,  établi  par  Cas- 
sini  {Opusc.  phyt.,  II,  96  et  112).  Herbes 
de  la  Nouvelle- Grenade.  Voy.  composées. 

LYCTUS  (nom  mythologique),  ins.  — 
Genre  de  Coléoptères  tétramères,  famille 
des  Xylophages,  tribu  des  Lyctides,  créé  par 
Fabricius  (Systema  eleutheratorum,  t.  II, 
p.  560).  L'auteur  y  introduit  un  certain 
nombre  d'espèces  qui  ont  formé  depuis  des 
types  de  genres.  Dejean,  en  l'adoptant,  n'y 
rapporte  que  6  espèces:  4  sont  originaires 
d'Europe;  1  est  indigène  d'Amérique(États- 
Unis),  et  1  d'Afrique  (cap  de  Bonne-Espé- 
rance). Nous  citerons,  parmi  les  espèces  du 
pays  ,  le  L.  canaliculatus  F.,  pubescens  Pz., 
BJwi  Boud.,  glycyrrhzœ  Ch.  La  larve  de  la 
première  attaque  les  boiseries  de  chêne  de 
nos  appartements,  et  les  réduit  prompte- 
ment  en  poussière;  celles  des  troisième  et 
quatrième  espèces  vivent,  ainsi  que  l'indi- 
quent leurs  noms,  dans  la  Rhubarbe  et  la 
Réglisse.  (C.) 

LYCURUS  (>vxo; ,  loup  ;  oipoc ,  queue). 
bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des  Grami- 


LYD 

nées-Agrostidées ,  établi  par  H.-B.  Kunth 
(in  Humb.  et  Bonpl.  Nov.  gen.  et  sp.,  I, 142, 
t.  45).  Gramens  du  Mexique.  Voy.  grami- 
nées. • 

LYCUS  (luxoç,  loup),  ins.  —  Genre  de 
Coléoptères  pentamères  ,  famille  des  Mala- 
eodermes,  tribu  des  Lycusites,  créé  par  Fa- 
bricius  (Systema  entomologiœ,  t.  I,  p.  202) 
et  adopté  par  Latreille et  Dejean.  Ces  auteurs 
n'ont  maintenu  dans  ce  genre  que  les  espè- 
ces dont  le  museau  a  au  moins  la  longueur 
<!c  la  tête.  Tel  qu'il  est  constitué  actuelle- 
ment, ce  genre  renferme  plus  de  50  espèces , 
elles  appartiennent  à  l'Afrique  (cap  de 
Bonne-Espérance,  Sénégal),  à  l'Amérique 
(Mexique,  Colombie),  à  l'Asie  (Indes  orien- 
tales), et  à  l'Australasie  (Nouvelle-Hollande). 
Nous  citerons  parmi  elles  les  Lampyris  la" 
tissima  Lin.,  Lyc.  palliatus,  rostratus,  pro- 
boscideus,  prœustus,  ferrugineus,  inœqualis 
de  Fab.,  Schœnherri,  lineicollis  Ch.    (C.) 

*LYCLSITES.  Lycusites.  ins.— Tribu  de 
Coléoptères  pentamères ,  de  la  famille  des 
Malacodermes,  établie  par  de  Castelnau  {His- 
toire des  animaux  articulés,  t.  I,  p.  261), 
qui  lui  assigne  les  caractères  suivants:  An- 
tennes très  rapprochées  à  leur  base  ;  tête 
découverte,  souvent  prolongée  en  museau  ; 
yeux  petits;  point  de  segments  abdominaux 
phosphorescents.  Genres  :  Dyclioptera,  Ca- 
lopteron(Charactus,  Dej.),  Lycus,  Omalisus, 
Lygistropterus,  Eurycerus ,  etc.,  etc.  Les 
Lycusites  sont  Je  beaux  insectes,  de  couleurs 
ternes  mais  variées  ,  et  souvent  de  formes 
bizarres;  les  plus  belles  espèces  sont  étran- 
gères à  l'Europe;  celles  de  cette  dernière 
partie  du  monde  sont  généralement  rouges. 
Lorsqu'on  les  saisit,  elles  se  raidissent  im- 
mobiles, en  repliant  leurs  pattes  et  l'abdo- 
men, et  répandent  abondamment  parleurs 
pores  des  gouttelettes  d'un  blanc  laiteux  qui 
ont  une  odeur  acre.  (C.) 

LYDA.  ins. — Genre  de  la  tribu  des  Ten- 
thrédiniens  ,  de  l'ordre  des  Hyménoptères, 
établi  par  Fabricius  sur  un  petit  nombre 
d'espèces,  la  plupart  européennes,  caracté- 
risées par  des  antennes  sétacées ,  composées 
d'un  grand  nombre  d'articles  variant  envi- 
ron de  28  à  30.  On  a  rencontré  des  Lydas 
dans  diverses  régions  du  monde  ;  mais  par- 
tout elles  sont  peu  abondantes.  Leurs  larves 
habitent  par  groupes  d'individus  sur  les  ar- 
bres, dont  elles  dévorent  les  feuilles  Cha- 
t.  vu. 


LYG 


513 


que  larve  se  file  une  loge  particulière  ;  mais 
elles  sont  toujours  réunies  sous  des  feuilles 
retenues  par  des  fils.  Ces  larves  ont  en  gé- 
néral acquis  toute  leur  croissance  vers  la  fin 
de  Tété  ;  elles  descendent  alors  des  feuilles, 
et  s'enfoncent  dans  la  terre ,  où  elles  se  fi- 
lent une  coque  soyeuse  pour  y  subir  leur 
métamorphose  en  nymphe.  On  peut  consi- 
dérer comme  type  du  genre  la  Lyda  des  fo- 
rêts ,  L.  sylvatica¥a.bv.,  dont  la  larve  vit 
ordinairement  sur  les  Poiriers.         (Bl.) 

*LYDjEA,  Molin.  bot.  ph.—  Syn.  de  Ka- 
geneckia,  Ruiz  et  Pav. 

LYDIENNE  (nom  de  pays),  géol.  — 
M.  Cordier  donne  ce  nom  à  une  espèce  de  ro- 
che composée  de  schiste  argileux  ou  d'argile 
endurcie  avec  des  matières  phylladiennes,  et 
quelques  grains  de  quartz  et  de  mica,  le  tout 
consolidé  par  un  ciment  quartzeux  invisible. 
Cette  roche,  tendre  et  très  fusible ,  renferme 
un  grand  nombre  de  petites  veines  blanches 
quartzeuses  :  c  est  la  vraie  pierre  de  touche. 
On  la  trouve  dans  tous  les  terrains  phyl- 
ladiens.  La  variété  noire  étant  la  seule  qui 
puisse  être  employée  dans  la  bijouterie,  est 
la  seule  qui  soit  recherchée.       (C.  d'O.) 

*LYDITES.  Lydites.  ins.  —  Nous  avons 
établi  (Hist.  des  Ins.,  1. 1,  p.  187)  sous  cette 
dénomination  un  petit  groupe,  dans  la  tribu 
des  Tenthrédiniens  ,  de  l'ordre  des  Hymé- 
noptères, caractérisé  principalement  par  des 
antennes  longues  et  multi-articulées.  Nous. 
rattachons  au  groupe  des  Lydites  les  genres 
Lyda  ,  Tarpa  et  Lophyrus.  (  Bl.) 

LYDUS  (nom  mythologique),  ins.— Genre 
de  Coléoptères  hétéromères,  famille  des  Tra- 
chélides,  tribu  des  Vésicants,  formé  par 
Mégerle  et  adopté  par  Latreille  et  Dejean.  Ce 
dernier  auteur  (Catalogue,  3e  édit.,  p.  245) 
y  comprend  6  espèces:  3  appartiennent  a 
l'Europe,  et  3  à  l'Asie.  Le  type,  la  Meloe  al- 
girus  Linné,  se  trouve  dans  les  contrées  que 
baigne  la  Méditerranée  en  Europe  et  en 
Barbarie.  (C.) 

LYELLIA  (nom  propre),  bot.  cr.  — 
Genre  de  Mousses  bryacées,  établi  par  R. 
Brown  (in  Transact.  Linn.  Soc,  XII,  561). 
Mousses  du  Népaul. 

*LYG^E1DES.  Lygœidœ.  ins.  —  Famille 
de  la  tribu  des  Lygéens,  de  l'ordre  des  Hé- 
miptères ,  caractérisée  par  des  antennes  in- 
sérées au-dessous  des  yeux,  à  dernier  article 
fusiforme,  par  l'absence  d'appendices  entre 
65 


514 


LYG 


les  crochets  des  tarses  ,  etc.  Nous  divisons 
cette  famille  en  trois  groupes ,  les  Myodo- 
chites,  reconnaissables  à  leur  tête  étranglée 
en  arrière;  les  Astemmites  et  les  Lygaeites, 
à  tête  courte ,  sans  étranglement ,  les  pre- 
miers dépourvus  d'ocelles ,  les  seconds  en 
offrant  de  très  distincts.  (  Bl.) 

*LYGjEITES.  Lygœiteœ. ms.— Groupe  de 
la  famille  des  Lygaeides,  auquel  nous  ratta- 
chons les  genres  Lygœus ,  Cymus ,  Hetero- 
gaster,  Aphanus ,  Anthocoris  et  Ophthalmi- 
cusy  dont  quelques  uns  sont  très  subdivisés 
dans  l'ouvrage  de  MM.  Amyot  et  Serville. 

(Bl.) 

LYG.EODES,  Burm.  ms.  —  Syn.  de  Ly- 
gaeides. (Bl.) 

*LlGiEOMORPHUS(Ayyaroç,  genre  d'in- 
sectes ;  popcpvj,  forme),  ms.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Coréides ,  de  l'ordre  des  Hémip- 
tères, établi  par  M.  Blanchard  (Hist.  des  Ins. 
orth.fhémipt.,  etc.,  t.  III),  sur  quelques  es- 
pèces exotiques,  dont  l'aspect  rappelle  celui 
des  Lygées.  Les  Lygœomorphus  ont  une  tête 
courte,  des  antennes  grêles  à  dernier  article 
pointu  et  plus  long  que  les  précédents,  etc. 
Les  espèces  les  plus  répandues  sont  les  L. 
abdominalis  {Lygœus  abdominalis  Fabr.),  de 
l'Amérique  méridionale;  L.  augur  Fabr. 
(Lygœus  augur  Fabr.),  d'Afrique. 

Ce  genre  porte  le  nom  de  Leptocorisa  dans 
les  ouvrages  de  MM.  Hahn  (  Wanzenart. 
JnseîU)  etBurmeister  (Handb.  der  entom.). 
Cette  dénomination  ayant  été  employée  pré- 
cédemment pour  désigner  un  autre  genre 
d'Hémiptère,  nous  avons  dû  nécessairement 
la  changer.  (Bl.) 

LYGÉE.  Lygœus  (kvy<x~oç,  noirâtre),  ms. 
— Genre  delà  famille  des  Lygaeides,  de  l'or- 
dre des  Hémiptères ,  établi  par  Fabricius  et 
adopté  par  tous  les  entomologistes  avec  de 
plus  ou  moins  grandes  restrictions.  Tel  qu'il 
est  considéré  par  la  plupart  des  auteurs,  les 
Lygées  se  distinguent  des  genres  voisins,  prin- 
cipalement par  leurs  antennes,  dont  les  ar- 
ticles sont  courts ,  avec  le  dernier  grêle  ;  la 
tête  courte  et  un  peu  conique. 

Ce  genre  est  fort  nombreux  en  espèces  ; 
un  grand  nombre  d'entre  elles  habitent  l'Eu- 
rope. On  les  trouve  fréquemment  réunies  en 
très  grand  nombre  sur  certaines  plantes, 
particulièrement  sur  les  Crucifères,  les  Asclé- 
pias,  etc.  La  plupart  de  ces  Hémiptères  sont 
d'une  couleur  rouge  plus  ou  moins  vive  et 


LYG 

relevée  par  des  taches  noires.  Leur  corps 
est  aplati  et  de  forme  ovalaire  ;  leurs  pattes 
sont  grêles  et  assez  longues.  Les  Lygées  aussi 
sont  agiles  et  courent  avec  rapidité  quand 
on  veut  les  saisir.  Les  espèces  de  ce  genre 
les  plus  répandues  dans  notre  pays  sont  les 
L.  militaris  Fabr.,  equestris  Linn.,  saxatilis 
Fabr.,  familiaris  Fabr.,  etc.  (Bl.) 

*LYGÉENS.  Lygœii.  ins. —Tribu  de  l'or- 
dre des  Hémiptères  ,  caractérisée  par  une 
tête  courte ,  n'étant  pas  ordinairement  ré- 
trécie  en  arrière  en  forme  de  cou  ;  par  des 
antennes  toujours  libres,  longues  et  assez 
épaisses  ;  par  l'écusson  petit ,  etc.  Les  Ly- 
géens  constituent  une  tribu  fort  nombreuse, 
composée  des  espèces  ayant  un  bec  assez 
court,  des  pattes  simples  et  propres  à  la 
course.  Toutes  sont  phytophages,  fort  abon- 
damment répandues  en  Europe  et  dans  la 
plupart  des  régions  du  globe.  Leurs  habi- 
tudes n'ont  rien  de  remarquable.  On  les 
rencontre  sur  les  plantes,  dont  ils  se  nour- 
rissent. Les  femelles  déposent  leurs  œufs  en 
paquets  sur  les  plantes. 

On  divise  les  Lygéens  en  trois  familles , 
qui  se  distinguent  les  unes  des  autres  par 
le  point  d'insertion  des  antennes,  et  par  la 
présence  ou  l'absence  d'appendices  entre  les 
crochets  des  tarses. 

à  la  partie  antérieure  de\       au 
la  tète  ,  sur  la  même  I    nom.    f 
ligne  que  lesyeux.  Ap-  >  bre  d*e  V  CoaÉiDBj. 
pendicrs  entre  les  cro-  \  ,jeux     \ 
chets  destirses  .  .  .  ./ 


Antennes 
insérées 


au-dessous  des  yeux,  à 
dernier  article  fusi- 
forme.  Appendices  en- 
tre les  crocliets  des 
tarses 

au-dessous  des  yeux  ,   à 
dernier     article     fil 
forme  Appendices  en- 
tre   les    crochets  des 


Ltojbidbs. 


tarses. 


Ces  trois  familles  ont  été  regardées  par 
plusieurs  entomologistes  comme  devant 
constituer  des  tribus  distinctes  ;  mais  elles 
ont  réellement  des  caractères  qui  les  rap- 
prochent trop  manifestement  pour  motiver 
cette  séparation.  Du  reste,  l'organisation  de 
ces  insectes  n'est  pas  suffisamment  connue 
pour  que  l'on  ait  une  opinion  parfaitement 
arrêtée  sur  la  valeur  de  leurs  affinités  na- 
turelles. (Bl.) 

LYGEUM.  bot.  pu.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Graminées-Phalaridées ,  établi  par 
Linné  (Lœffl.  IL,  285,  t.  2).  Gramens  de 
la  Méditerranée.  Voy.  graminées. 


LYG 


LYM 


515 


*LYGIDIE. Ly g idium  (Lygia,  Lygie ;  ISt», 
forme),  crust.  —  Genre  de  l'ordre  des  Iso  - 
podes  ,  de  la  famille  des  Cloportides  ,  établi 
par  Brandt  aux  dépens  des  Lygia  de  La- 
treille.  Ce  genre  diffère  des  Lygia  par  l'ar- 
ticle basilaire  des  dernières  fausses  pattes 
abdominales,  qui,  au  lieu  d'être  tronqué  au 
bout  transversalement  et  de  donner  inser- 
tion aux  appendices  terminaux  par  cette 
structure,  est  en  forme  de  fourche  à  deux 
branches  d'inégale  longueur,  et  porte  les  ap- 
pendices filiformes  fixes  à  l'extrémité  de 
chacune  de  ces  branches.  Ce  genre  ne  ren- 
ferme qu'une  seule  espèce,  qui  est  le  Lygi- 
dium  Personii  Brandt.  (H.  L.) 

*LYGIE.  Lygia  (>vya?oç,  noir),  crust. — 
Genre  de  l'ordre  des  Isopodes ,  de  la  section 
des  Isopodes  marcheurs ,  de  la  famille  des 
Cloportides  ,  et  de  la  tribu  des  Cloportides 
maritimes ,  établi  par  Fabricius  aux  dépens 
des  Oniscus  de  Linné,  et  adopté  par  tous  les 
carcinologistes.  Les  principaux  caractères  de 
cette  coupe  générique  consistent  dans  l'inser- 
tion tout  près  l'un  de  l'autre,  sur  l'extrémité 
tronquée  de  l'article  basilaire,  des  deux  ap- 
pendices styliformes  des  dernières  fausses 
pattes.  Ces  Crustacés  vivent  près  des  bords 
de  la  mer,  et  se  trouvent  en  général  dans  des 
endroits  pierreux  au-dessus  de  la  limite  des 
hautes  eaux.  Ce  genre  renferme  six  espèces, 
dont  deux  habitent  nos  côtes  océaniques  et 
méditerranéennes,  deux  les  mers  du  Chili, 
une  la  mer  Noire;  quant  à  la  sixième,  sa 
patrie  est  inconnue.  La  Lygie  océanique, 
Lygia  oceanica  Linn.,  peut  être  considérée 
comme  le  représentant  de  cette  coupe  géné- 
rique; cette  espèce  n'est  pas  rare  sur  les 
côtes  de  l'Océan.  (H.  L.) 

LYGINIA.  bot.  ph.  — Genre  de  la  famille 
des  Restiacées,  établi  par  R.  Brown  (Prodr.y 
248).  Herbes  de  la  Nouvelle-Hollande.  Voy. 

RESTIACÉES. 

^YGISTROPTERUSCXuytcrTo^plié  ;  ttts- 
pc'v ,  aile  ).  ins.  —  Genre  de  Coléoptères 
penlamères,  familledesMalacodermes,  tribu 
des  Lycusites,  créé  par  Dejean  (Catalogue , 
3e  édit.,  p.  111),  qui  en  mentionne  7  espè- 
ces :  6  sont  américaines  et  1  est  propre  à  toute 
l'Europe.  Cette  dernière,  type  du  genre,  est 
le  Lampyris  sanguineus  de  Linné.  On  la 
trouve  souvent  en  nombre  sur  les  fleurs  des 
Chardons.  (C.) 

LYGODIUM  (XvywJu*,  flexible),  bot.  en. 


—  Genre  de  Fougères  de  la  famille  des 
Schizéacées,  établi  par  Swartz  {in  Schrad. 
Journ.,  1801,  II,  t.  2,  f.  2).  Fougères  crois- 
sant en  abondance  dans  les  régions  tropica- 
les du  globe.  Voy.  schizéacées. 

*LYGODYSODEA.  bot.  fh.—  Genre  de 
la  famille  des  Rubiacées-Pœdériées  (Lygody- 
sodéacées,  Bartl.),  établi  par  Ruiz  et  Pavon 
(Prodr.,  3,  t.  V).  Arbrisseaux  du  Pérou  et  du 
Mexique.  Voy.  rubiacées  et  lygodysodéacées. 
*L YGOD YSODÉ ACÉES .  Lygodysodeacœ. 
bot.  ph.  —  Le  genre  Lygodysodea  est  classé 
par  la  plupart  des  auteurs  parmi  les  Rubia- 
cées  (voy.  ce  mot).  M.  Bartling  ,  ayant  cru 
reconnaître  dans  son  fruit  une  structure 
particulière,  avait  proposé  de  le  séparer 
comme  type  d'une  petite  famille  particulière 
à  laquelle  il  avait  donné  son  nom.  (Ad.  J.) 

*  LYGOSOMA  (  Jivyo;,  baguette  ;  a5P.«, 
corps). rept.— Sous-genre  de  Scinques  proposé 
par  M.  Gray(ZooL  journ.,  1827).     (E.  D.) 

LYGUS.  ins.  —  Genre  de  la  famille  des 
Mirides ,  de  l'ordre  des  Hémiptères ,  établi 
par  Hahn  (  Wanz.-Ins.)  et  réuni  par  Bur- 
meister  aux  Phytocoris.  Voy.  ce  mot.  (Bl.) 

*LYMANTES(AupavT>jç,  destructeur),  ins. 

—  Genre  de  Coléoptères  tétramères ,  famille 
des  Curculionides  gonatocères,  division  des 
Cossonides,  créé  par  Schœnherr  (Gen.  et  sp. 
Cucurl.  syn.,  t.  IV,  p.  1085  8,  2e  part.,  p. 
287).  L'espèce  type  et  unique,  L.  scrobicollis 
de  l'auteur,  est  originaire  des  États-Unis.  (C.) 

LYMEXYLON  (/«>•/,  ,  fléau;  $«âov, 
arbre  ).  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  pen- 
tamères ,  famille  des  Térédyles,  créé  par 
Fabricius  (Systema  entomologiœ,  p.  204)  et 
adopté  depuis  par  tous  les  auteurs.  L'espèce 
type  et  unique,  le  Cantharis  navalis  de 
Linné,  se  trouve  en  Europe,  dans  le  bois  du 
Chêne,  auquel  elle  porte,  ainsi  que  la  larve, 
untortimmense.  C'estsurtoutauxmatériaux 
destinés  à  la  construction  des  navires  que 
cette  dernière  s'attaque.  (C.) 

*LYM1VADEA.  moll.— Ce  g.  a  été  proposé 
par  M.  Swainson  dans  son  Traité  de  Mala- 
cologie, pour  quelques  espèces  de  Mulettes 
faisant  partie  des  Symphy notes,  mais  de- 
vant rester  dans  le  genre  Unio.  Voy.  mo- 
lette. (Desh.) 

LYMNAETUS.  ois.  —  Voy.  limnaetus. 

*LYMN,EUM  Qiuvyj, étang),  ins.— Genre 
de  Coléoptères  pentamères,  famille  des  Ca- 
rabiques,  tribu  des  Subulipalpes,  créé  par 


516 


LYM 


LYM 


Stephens  (a  System,  calai.  of  Brilish  Insecte, 
p  36),  qui  y  comprend  2  espèces  d'Angle- 
terre :  les  L.  nigro-piceum  Mart.  et  depres- 
sum  G.  Ce  genre  fait  partie  de  la  famille 
des  Bembidiides  de  l'auteur.  (G.) 

*LYA1NAS  ()u'{/.vvj,  marais),  ms.  — Genre 
de  l'ordre  des  Lépidoptères  diurnes,  tribu 
des  Érycinides ,  établi  par  M.  Boisduval. 
L'espèce  type  a  été  nommée  par  l'auteur 
Lymnas  électron,  papillon  indigène  de  la 
Guiane  et  du  Brésil. 

LYAÏNE.  poiss.  — Espèce  du  genre  Raie. 
Voy.  ce  mot. 

LY  AÎNÉE.  Lymnœa(\'j.'j-n,  marais). moll. 
— Si  nous  voulions  tracer  avec  quelque  soin 
l'histoire  de  ce  genre,  il  faudrait  en  chercher 
les  premières  figures  dans  les  ouvrages  d'Al- 
drovande,  de  Petiver,  de  Lister  et  Bonanni, 
et  de  plusieurs  autres  naturalistes  qui ,  les 
confondant  avec  des  coquilles  d'autres  gen- 
res, les  ont  désignées  par  des  dénominations 
diverses.  Lister,  qui  jeta  les  premiers  fon- 
dements de  l'anatomie  des  Mollusques,  es- 
saya de  faire  connaître  la  structure  organi- 
que des  Lymnées  dans  son  Exercitatioanato- 
mica  altéra.  Ce  travail  incomplet  peut  être 
cependant  consulté  avec  avantage,  quand  ce 
ne  serait  que  pour  y  constater  le  peu  de 
moyens  dont  les  anatomistes  disposaient  à 
cette  époque.  Nous  mentionnerons  aussi  un 
autre  travail  anatomique ,  mais  beaucoup 
plus  complet ,  entrepris  par  Swammerdam 
dans  son  Biblianaturœ.  Quoique  Linné  con- 
nût les  travaux  en  question ,  et  pût  appré- 
cier la  différence  d'organisation  qui  existe 
entre  des  animaux  aquatiques  et  des  ani- 
maux terrestres,  il  introduisit  cependant  les 
Lymnées  dans  son  grand  g.  Hélice,  opinion 
dans  laquelle  il  persista  jusque  dans  les  der- 
nières éditions  du  Systema,  quoique  Guet- 
tard  ,  dans  un  Mémoire  très  remarquable 
publié  parmi  ceux  de  l'Académie  en  1756  , 
eût  caractérisé  les  Hélices  et  les  Lymnées, 
d'après  leurs  animaux  et  leurs  coquilles , 
d'une  manière  tellement  précise ,  que  les 
caractères  imposés  par  cet  excellent  obser- 
vateur pourraient  être  conservés  dans  nos 
ouvrages  modernes.  Plus  tard,  Muller,  dans 
son  Histoire  des  coquilles  terrestres  ,  recon- 
nut aussi  dans  les  Lymnées  un  genre  parti- 
culier auquel  il  donna  le  nom  deBuccinum, 
quoique  cette  dénomination  fût  consacrée 
depuis  longtemps  à  un  g.  de  coquilles  ma- 


rines. Il  faut  ajouter  cependant  que  ce  g. 
Buccinum  de  Muller  n'était  point  exempt 
d'erreurs,  car  il  y  avait  introduit  plus  d'une 
espèce  terrestre.  Nous  ne  mentionnerons  pas 
les  auteurs  linnéens  qui  adoptèrent  sans 
restriction  les  opinions  du  maître ,  et  nous 
arrivons  à  Bruguière,  qui  voulut  tenter  aussi 
la  réforme  du  g.  Hélice,  en  entraînant  dans 
ses  Bulimes  toutes  les  espèces  qui  ont  l'ou- 
verture plus  haute  que  large.  Cette  réforme, 
il  faut  l'avouer,  était  peu  importante,  puis- 
qu'elle laissait  régner  dans  les  deux  genres 
une  confusion  qu'il  aurait  fallu  éviter ,  car 
les  Bulimes  contiennent  à  la  fois  des  co- 
quilles terrestres  et  fluviatiles.  Lamarck  com- 
prit qu'il  fallait  enfin  séparer  des  Bulimes 
et  des  Hélices  toutes  les  coquilles  aquatiques, 
et  en  constituer  des  genres  selon  leurs  ca- 
ractères naturels;  et  par  la  création  de  ce- 
lui des  Lymnées,  il  prouva  qu'il  avait  com- 
pris et  généralisé  les  grands  principes  de 
classification  posés  par  les  grands  natura- 
listes qui  l'avaient  précédé.  Bientôt  après 
avoir  été  fondé  ,  ce  g.  fut  consacré  par  l'ou- 
vrage de  Draparnaud,  et  ensuite  successive- 
ment adopté  dans  toutes  les  méthodes  de 
conchyliologie.  En  établissant  ses  familles 
dans  sa  Philosophie  zoologique ,  Lamarck 
proposa  celle  des  Auriculacées,  dans  laquelle 
se  trouvent  rangés  les  4  genres  Auricule , 
Mélanopside,  Mélanie  et  Lymnée.  On  voit, 
par  cet  arrangement,  que  l'auteur  de  l'ou- 
vrage que  nous  citons  rapprochait  des  Mol- 
lusques pectinibrancb.es  des  Mollusques  pul- 
monés,  ce  qui  prouve  combien  pouvait  être 
utile  à  la  science  le  Mémoire  anatomique  de 
Cuvier  sur  les  Lymnées  et  les  Planorbes  , 
publié  dans  les  Annales  du  Muséum.  Ce  Mé- 
moire eut  pour  résultat,  relativement  à  la 
classification,  la  création  par  Lamarck  de  sa 
famille  des  Lymnéens,  et  d'autres  change- 
ments importants  que  l'on  peut  apprécier 
en  comparant  la  classification  des  Mollusques 
de  la  Philosophie  zoologique  et  de  YExlrait 
du  cours.  Cette  famille  des  Lymnéens  con- 
tient 4  genres  :  Lymnée,  Physe,  Planorbe, 
Conovule ,  et  ce  dernier  avec  un  point  de 
doute  ,  d'autant  mieux  appliqué  qu'en  effet 
il  devient  un  double  emploi  des  Auricules  , 
comme  Lamarck  lui-même  l'a  reconnu.  Tous 
les  naturalistes  n'ont  point  adopté  la  famille 
des  Lymnéens  de  Lamarck  ;  mais  tous  ont 
été  dans  la  nécessité  de  ranger  les  animauï 


LYM 


LYM 


517 


dont  il  est  question  dans  des  rapports  sem- 
blables, car  ils  sont  seuls  naturels,  puisqu'ils 
découlent  de  la  connaissance  des  caractères 
exacts,  empruntés  aux  formes  extérieures  et 
à  l'organisation  intime. 

En  1812,  M.  Nilson  ,  dans  son  petit  ou- 
vrage des  coquilles  terrestres  etfluviatiles  de 
la  Suède ,  proposa  de  démembrer  sous  le 
nom  d'Âmphipeplea  un  petit  genre  pour  une 
espèce  de  Lymnée  des  auteurs ,  le  Lymnœa 
glutinosa,  d'après  ce  caractère  d'une  coquille 
toujours  lisse,  polie,  sur  laquelle  l'animal 
renverse  une  portion  de  son  manteau.  De- 
puis, un  naturaliste  recommandable  par  de 
nombreuses  observations  zoologiques  et  ana- 
tomiques,  M.  Van  Beneden,  tenta  de  justi- 
fier la  création  du  genre  en  question,  en  se 
fondant  sur  des  caractères  anatomiques  plu- 
tôt que  zoologiques.  En  examinant  les  faits 
allégués  par  M.  Nilson  et  Van  Beneden, 
nous  en  concluons  que  le  g.  Amphipeplea 
doit  rester  parmi  les  Lymnées  à  titre  de 
sous-division  ,  et  nous  pensons  qu'il  en  sera 
de  même  d'un  autre  genre  proposé  plus  ré- 
cemment, sous  le  nom  de  Chilina,  par 
M.  Gray,  pour  des  coquilles  des  eaux  douces 
de  l'Amérique  méridionale,  et  dont  une 
espèce  a  été  rapportée  par  Lamarck  au 
g.  Auricule,  sous  le  nom  d'Auricula  dom- 
beyana.  Depuis  longtemps  nous  avons  fait 
remarquer  que  cette  coquille  n'appartient 
pas  au  g.  Auricule,  et  qu'elle  présente  tous 
les  caractères  des  Lymnées  ;  et  notre  opinion 
s'est  trouvée  justifiée  par  les  figures  des  ani- 
maux publiées  par  M.  Aie.  d'Orbigny,  dans 
son  Voyage  en  Amérique;  néanmoins,  ce  g. 
Chilina  mérite  aussi  déformer  une  section  à 
part  dans  le  genre  des  Lymnées. 

Les  Lymnées  sont  des  Mollusques  aqua- 
tiques, répandus  dans  les  eaux  douces  des 
deux  mondes,  mais  plus  particulièrement 
dans  celles  des  régions  tempérées. Cependant 
ces  animaux  ne  peuvent  rester  longtemps 
plongés  sous  l'eau ,  car  ils  respirent  l'air 
élastique,  et  ils  sont  obligés  de  remonter 
souvent  à  la  surface  de  l'eau  pour  respirer. 
Ils  rampent  sur  un  pied  large  et  assez  épais, 
ovalaire,  plus  court  que  la  coquille  et  com- 
plètement dénué  d'opercule.  En  avant, 
ils  portent  une  tête  aplatie,  large,  de  chaque 
côté  de  laquelle  s'élève  un  tentacule  trian- 
gulaire, large  à  la  base  et  portant  un  œil 
«ans  saillie,  au  côté  interne.  La  partie  la  plus 


considérable  du  corps,  comprenant  la  masse» 
viscérale,  est  tournée  en  spirale ,  et  contenue 
dans  une  coquille  mince,  diaphane,  dont 
les  tours  de  spire  sont  généralement  allon- 
gés, et  le  dernier  plus  grand  que  tous  les 
autres.  L'ouverture  qui  termine  le  dernier 
tour  est  entière,  à  peine  versante  à  la  base , 
ovale-oblongue  ;  son  bord  droit  est  mince, 
tranchant,  simple,  et  la  columelle ,  assez 
épaisse,  est  toujours  tordue  sur  elle-même, 
et  forme  un  véritable  pli  avant  de  se  con- 
fondre insensiblement  avec  l'extrémité  an- 
térieure du  bord  droit.  L'intérieur  du  der- 
nier tour  est  occupé  par  une  grande  ca- 
vité du  manteau  dans  laquelle  est  contenu 
l'organe  de  la  respiration.  Sur  le  bord,  et  à 
droite,  est  percée  une  ouverture  que  l'on 
peut  comparer  à  celle  qui  existe  dans  les 
Hélices  et  dans  les  Limaces.  Cette  ouverture 
peut  se  dilater  et  se  contracter  de  manière 
à  recevoir  l'air  dans  la  cavité  respiratoire , 
et  à  empêcher  l'eau  d'y  avoir  accès  lorsque 
l'animal  cherche  sa  nourriture  au-dessous 
de  la  surface  du  milieu  dans  lequel  il  vit. 
La  bouche  se  présente  ordinairement  sous 
la  forme  d'une  fente  transverse  entre  deux 
lèvres  peu  épaisses.  Si  l'animal  la  fait  sail- 
lir, elle  acquiert  un  peu  de  la  forme  d'une 
trompe  très  courte,  au  centre  de  laquelle  so 
trouvent  trois  petites  dents  cornées  ,  dont  la 
supérieure  est  assez  semblable  à  celledes  Li- 
maces. Au  milieu  de  ces  trois  dents  se  re- 
marque une  ouverture ,  celle  de  l'œsophage. 
Cet  œsophage  est  grêle,  assez  long,  s'élargit 
en  une  poche  stomacale,  trilobée,  d'où  il 
s'échappe  un  intestin  grêle,  à  l'origine  du- 
quel se  verse  la  bile,  au  moyen  de  plusieurs 
canaux  biliaires  provenant  d'un  foie  con- 
sidérable divisé  en  3  lobes.  Après  avoir  fai* 
plusieurs  circonvolutions  dans  le  foie  et  les 
organes  de  la  génération  .  l'intestin  gagne  le 
côté  droit  du  corps,  et  il  vient  s'ouvrir  au 
dehors,  à  côté  de  l'ouverture  de  la  cavité  pul- 
monaire. Les  Lymnées  sont,  comme  les  Hé- 
lices ,  pourvues  des  deux  sortes  d'organes  de 
la  génération.  Les  organes  mâles  sont  com- 
posés d'un  testicule  fort  gros  placé  en  tra- 
vers du  corps,  derrière  la  cavité  de  la  respi- 
ration; il  est  blanchâtre,  donne  naissance  à 
un  canal  déférent,  court  etlarge,  aboutissant 
aune  poche  plissée  assez  grande,  dans  la- 
quelle doit  s'accumuler  une  assez  grande 
quantité  de  liquide  fécondateur;  de  cette 


513 


LYM 


LYM 


poche  part  le  véritable  canal  défèrent  qui, 
après  avoir  rejoint  la  terminaison  des  or- 
ganes femelles,  se  détache,  fait  de  nombreux 
replis,  et  vient  se  terminer  à  l'extrémité  pos- 
térieure ée  l'organe  excitateur.  Ce  dernier 
est  charnu ,  cylindracé  ;  on  le  trouve  à  côté 
de  l'œsophage,  et  il  est  retiré  en  arrière,  au 
moyen  de  trois  petits  muscles  ;  il  a  son  issue 
naturelle  au-dessous  du  tentacule  droit.  Les 
organes  femelles  consistent  en  un  ovaire  fort 
gros,  embrassé  dans  le  dernier  lobe  du  foie, 
vers  l'extrémité  de  la  coquille.  Un  oviducte 
mince,  très  tortueux,  se  renfle  en  une  pre- 
mière poche ,  à  laquelle  en  succède  une  se- 
conde ,  de  sorte  que  chez  ces  animaux  la  ma- 
trice est  composée  de  deux  cavités.  Un  col 
assez  long  vient  aboutir  au  fond  du  repli 
qui  sépare  le  corps  du  limbe  du  manteau; 
à  l'extrémité  de  ce  col ,  vient  s'insérer  le  pé- 
dicule d'une  vésicule  copulatrice  peu  consi- 
dérable. Chez  les  Lyrnnées,  comme  on  le 
voit,  les  deux  organes  de  la  génération  sont 
rlus  séparés  que  ceux  des  Hélices,  et  ceci 
explique  un  fait  remarquable  observé  de- 
puis longtemps  :  c'est  qu'une  même  Lym- 
née  sert  à  la  fois  de  mâle  à  un  individu  et 
de  femelle  à  un  second,  ce  qui  permet  à  ces 
animaux,  dans  le  temps  de  la  copulation, 
de  rormer  de  longues  chaînes  d'individus , 
dont  le  rapprochement  ne  dure  que  le  mo- 
ment de  la  génération. 

Comme  nous  l'avons  vu ,  la  cavité  de  la 
respiration  s'ouvre  sur  le  côté  droit  de  l'a- 
nimal; elle  est  construite  à  peu  près  de  la 
même  manière  que  dans  les  Hélices:  seule- 
ment ,  le  réseau  vasculaire  mis  en  contact 
avec  l'air  est  moins  apparent.  Un  organe  des 
viscosités  occupe  une  place  considérable  dans 
la  cavité  pulmonaire,  et  c'est  en  arrière  que  se 
trouve  la  cavité  du  péricarde,  contenant  un 
cœur  composé  d'un  ventricule  et  d'une  orei'- 
lette.  La  circulation,  du  reste,  d'après  Cuvier, 
ressemble  beaucoup  à  celle  du  Colimaçon; 
elle  a  lieu  par  deux  artères  postérieures  as- 
sez grandes,  dont  les  branches  se  distribuent 
aux  principaux  viscères  et  par  une  seule 
artère  antérieure,  dont  les  rameaux  se  por- 
tent vers  la  tète  à  l'extrémité  antérieure  de 
Van  i  mal. 

Les  Lyrnnées  ont  souvent  l'habitude  de 
Venir  à  la  surface  de  l'eau  ,  se  renversent 
de  manière  à  présenter  la  face  inférieure 
de  leur  pied.    Dans  cette    position,   HIes 


se  meuvent  lentement,  en  exécutant  le» 
mouvements  musculaires  de  la  reptation. 
Nous  nous  sommes  souvent  demandé  com- 
ment la  couche  d'eau  excessivement  mobile 
sur  laquelle  l'animal  agit  peut  offrir  assez 
de  résistance  pour  lui  permettre  de  ramper 
comme  sur  un  corps  solide  ;  et  nous  avouons 
que  ce  problème  pour  nous  est  resté  inso- 
luble, puisqu'il  faudrait  admettre,  contre 
tous  les  principes,  qu'un  corps  à  molécules 
aussi  libres  que  celles  de  l'eau  peut  servir 
de  point  d'appui  à  un  corps  beaucoup  plus 
solide,  les  muscles  du  pied  de  l'animal.  Si 
ces  muscles  agissaient  par  des  mouvements 
très  rapides  ,  le  phénomène  s'expliquerait  ; 
mais  il  n'en  est  rien;  les  mouvements  de 
reptation,  dans  les  Lyrnnées,  sont  sembla- 
bles à  ceux  des  Hélices  et  des  autres  Mollus- 
ques; si  l'animal  rampe  au  moyen  d'une 
couche  d'eau  excessivement  mince,  il  faut 
que  cette  natation  toute  spéciale  s'exécute 
par  des  moyens  que  n'ont  point  encore  dé- 
couverts les  observateurs.  Si  nous  comparons 
les  animaux  du  genre  Chilina  à  ceux  des 
Lyrnnées,  nous  trouvons  leur  organisation 
lout-à-fait  semblable:  seulement,  les  tenta- 
cules deviennent  encore  plus  larges  à  la  base, 
plus  courtes  en  proportion,  et  présentent 
souvent  la  forme  d'un  triangle  équilatéral; 
mais  ce  caractère  a  réellement  peu  de  valeur, 
lorsque  l'on  voit  certaines  espèces  de  nos 
Lyrnnées,  telles  que  Yauricularis ,  par 
exemple,  avoir  les  tentacules  d'une  forme  à 
peu  près  semblable. 

Les  Lyrnnées  sont  éminemment  des  co- 
quilles d'eau  douce;  aussi  leur  présence  à 
l'état  fossile,  dans  certaines  couches  des 
environs  de  Paris,  a  depuis  longtemps  éveillé 
l'attention  des  géologues,  et  leur  a  donné  la 
preuve  que,  dans  le  bassin  au  centre  duquel 
se  trouve  Paris,  il  y  avait  eu  de  grands  amas 
d'eaux  douces  dont  nous  pouvons  comparer 
la  population  à  celle  des  eaux  actuelles.  Ce 
qui  a  dû  étonner  le  plus  les  observateurs  de 
ce  fait  important,  c'est  que  l'on  retrouve  les 
couches  de  Lyrnnées  à  diverses  hauteurs  in- 
tercalées entre  d'autres  couches  remplies  de 
coquilles  marines.  Ce  fait,  d'un  grand  inté- 
rêt, a  d'abord  été  expliqué  par  le  retour  al- 
ternatif de  la  mer  et  des  eaux  douces  sur  les 
mêmes  points  du  continent.  Cette  idée,  qui 
parut  d'abord  plausible,  était  celle  de  Cu- 
vier et  de  M.  Brongniart;  mais,  en  obser- 


LYM. 

vant  les  faits  d'une  manière  plus  complète, 
M.  Prévost  leur  a  donné  une  explication  plus 
naturelle  et  plus  simple.  Il  suffit  d'admettre 
que  dans  le  bassin  de  Paris  se  rendaient  des 
cours  d'eau  douce  y  apportant  périodique- 
ment les  matériaui  qu'ils  charriaient,  et 
dans  lesquels  se  trouvaient  en  plus  ou  moins 
grande  quantité  des  coquilles  terrestres  et 
lacustres.  Ces  dépôts  venaient  s'intercaler 
presque  au  centre  du  bassin  parisien  parmi 
ceux  formés  par  les  eaux  marines,  et  c'est 
ainsi  que  se  sont  produites  ces  alternances 
nombreuses  entre  des  matériaux  provenant 
de  sources  très  différentes. 

Le  nombre  des  Lymnées  connues  à  l'état 
vivantn'estpas  très  considérable.  Oncompte, 
dans  les  Catalogues  les  plus  récents,  46  es- 
pèces, auxquelles  il  faut  joindre  14  Chilina. 
Les  espèces  fossiles  sont  moins  nombreuses; 
elles  sont  répandues  dans  les  terrains  ter- 
tiaires seulement,  et  on  en  connaît  dans  les 
trois  étages  qui  constituent  ces  terrains. 

(Desh.) 

LYMNÉENS.  moll.  —  Famille  proposée 
par  Lamarck  dans  VExtrait  du  cours ,  et 
conservée  par  lui  dans  son  Histoire  des  ani- 
maux sans  vertèbres ,  pour  les  genres  Pla- 
norbe,Physe  et  Lymnée,  qui,  en  effet, 
ont  entre  eux  beaucoup  d'analogie.  Voy.  ces 
mots.  (Desh.) 

LYMNIAS.  —  Voy.  limmas.       (Duj.) 

*LYMNIUM.  moll. —  Nom  sous  lequel 
M.  Ocken  a  désigné  le  g.  Unio  des  auteurs. 

Voy.   MULETTE.  (DESH.) 

*LYMNODROMUS,  Pr.  Max.  ois .— Syn. 
de  Macroramphus.  Voy.  bécasse.     (Z.  G.) 

LYM1VOREA  (nom  mythologique),  acal. 
— Genre  de  Méduses  distingué  par  Péron  et 
M.  Lesueur  pour  une  espèce  du  détroit  de 
Bass,  entre  la  Nouvelle-Hollande  et  la  terre 
de  Diémen.  (P.  G.) 

LYMKORÉE.  Lymnorea  (  nom  mytho- 
logique), polyp. — Genre  d'Épongés  fossiles, 
établi  par  Lamouroux  pour  de  petites  mas- 
ses plus  ou  moins  globuleuses,  cupulifor- 
mes  et  ridées  en  dessous,  terminées  en  des- 
sus par  des  mamelons  ayant  chacun  un 
oscille.  Les  Lymnoréesont  été  trouvées  dans 
le  calcaire  jurassique  des  environs  de  Caen. 
Goldfuss  avait  rapporté  ces  fossiles  à  son 
genre  Cnemidium,  mais  ensuite  il  les  a  réu- 
.  nis  au  genre  Tragos.  Voy.  ces  mots  et  l'ar- 
ticle ÉPONGE.  (Dl'J.) 


LYN 


5li) 


LYMPHE  (vvfxcpn,  eau,  en  changeant  w 
en  l).  physiol.  — La  Lymphe  est  le  liquide 
qui  circule  dans  les  vaisseaux  lymphati- 
ques ;  elle  est  limpide,  d'un  jaune  clair, 
sans  teinte  rougeâtre,  à  moins  qu'elle  ne 
renferme  accidentellement  des  globules 
sanguins;  elle  est  inodore,  d'une  saveur 
un  peu  salée,  et  présente  une  réaction  lé- 
gèrement alcaline.  Comme  le  chyle ,  elle 
tient  en  dissolution  de  la  fibrine  et  l'albu- 
mine. Elle  concourt  à  la  formation  du  sang. 
Voy.  ce  mot.  (A.  D.) 

*LYNCEA  ,  Cham.  et  Schlec.  bot.  ph.~ 
Syn.  de  Melasma  ,  Berg. 

LYNCÉE.  Lynceus  (nom  mythologique). 
crust.  —  Genre  de  l'ordre  des  Daphnoïdes, 
établi  par  Millier  aux  dépens  des  nlono- 
culus  de  Fabricius.  Ce  genre  a  une  très 
grande  analogie  avec  les  Daphnies,  et  n'en 
diffère  que  par  les  valves  de  la  carapace, 
qui  sont  très  grandes  et  peu  distinctes  de 
la  tête,  qui  est  fort  peiite,  se  recourbe  en 
bas  en  forme  de  bec,  et  se  prolonge  très 
loin  en  arrière  du  dos.  En  général,  il  existe 
au-devant  de  l'œil  une  tache  oculiforme 
d'un  noir  foncé  :  il  est  aussi  à  noter  que 
l'intestin  ,  au  lieu  de  se  porter  en  ligne 
directe  vers  l'anus ,  comme  chez  les  Daphnies 
{voyez  ce  mot),  décrit  une  ou  deux  cir- 
convolutions. Ces  petits  Crustacés  ont  pres- 
que les  mêmes  mœurs  que  les  Daphnies, 
mais  ne  produisent  qu'un  très  petit  nom- 
bre d'œufs  à  chaque  ponte,  et  au  lieu  de 
nager  par  bonds  irt éguliers ,  ils  se  diri- 
gent tout  droit  vers  le  point  où  ils  veu- 
lent se  rendre.  On  connaît  3  espèces  dans 
ce  genre ,  toutes  propres  aux  eaux  douces 
de  l'Europe.  Le  Lyncée  sphérique  ,  Lynceus 
sphericus  Jurin.,  peut  être  regardé  comme 
le  type  de  ce  genre.  Cette  espèce  habite  les 
environs  de  Genève.  (H.  L.) 

*LYNCORMS,  Gould.  ois.  —  Genre  de 
la  sous-famille  des  Caprimulginées.  Voy. 
engoulevent.  (Z.  G.) 

♦LYNCLS  (Avy£,  lynx),  mam.  -  M.  Gray 
(Ann.  ofphil.,  XXVI,  1825)  a  séparé,  sous 
ce  nom,  le  Lynx  des  autres  espèces  du  groupe 
des  Chats.  (E.  D.) 

LYNGRYA  (nom  propre),  bot.  cr.  — 
Genre  d'Algues  de  la  famille  des  Conferva* 
cées,  établi  par  Agardh  (Syst.y  XXV),  qui 
lui  donne  pour  caractères  principaux  :  Fi- 
laments membraneux  dépourvus  d'un  strate 


520 


LYO 


LYO 


muqueux,  «impies,  sans  mouvement  oscil- 
latoire; tube  renfermant  un  endochrome 
annulaire. 

Les  Lyngbya  sont  des  Algues  marines  ; 
quelques  unes  cependant  croissent  dans  les 
eaux  douces  et  les  marais.  On  en  connaît 
14  espèces.  —  Gaillon.,  syn.  d'Ectocarpus, 
Agardh. 

LYNGBYELLA,  Bory.  bot.  cr.  —Syn. 
de  Sphacelaria ,  Lyngb. 

LYNX.  mam.  —  Espèce  du  genre  Chat. 
Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

LYONIA  (nom  propre),  bot.  ph. —  Genre 
de  la  famille  des  Éricacées-Andromédées, 
établi  par  Nuttall(Gen.,  1,266).  Arbrisseaux 
de  l'Amérique  boréale.  Voy.  éricacées. 

*LYONNETIA  (nom  propre),  bot.  pu. — 
Genre  delà  famille  des  Composées  Sénécio- 
nidées  ,  établi  par  Cassini  [in  Dict.  se.  nat., 
XXXIV,  106  ).  Petites  herbes  des  bords  de 
la  Méditerranée.  Voy.  composées. 

*JLYQ1VSIA.  moll. — Ce  genre  appartient 
à  la  classe  des  Mollusques  acéphales  dimyai- 
res  et  à  notre  famille  des  Ostéodesmes.  Il  a 
été  proposé  par  M.  Turton,  dans  ses  Coquil- 
les bivalves  de  la  Grande-Bretagne,  pour  une 
coquille  connue  déjà  depuis  longtemps  par 
tous  les  naturalistes  sous  le  nom  de  Mya 
norwegica.  Il  suffit  de  l'examiner  avec  quel- 
que attention  pour  reconnaître  facilement 
qu'elle  n'appartient  pas  au  genre  Mye,  et 
qu'elle  doit,  en  effet,  constituer  un  genre 
particulier.  Quelques  années  après  la  pu- 
blication de  l'ouvrage  de  M.  Turton  et 
avant  d'en  avoir  eu  connaissance,  nous 
avions  caractériséun  genre  Ostéodesmeayant 
également  pour  type  la  Mya  norwe- 
gica des  auteurs.  Mais,  depuis,  nous  avons 
adopté  le  nom  du  zoologiste  anglais,  ce  qui 
ne  nous  a  pas  empêché  de  conserver  un  g. 
Osléodesme  pour  quelques  espèces  rapportées 
soit  aux  Anatines,  soit  aux  Lyonsia ,  mais 
qui  ont  des  caractères  génériques  faciles  à 
reconnaître.  Les  coquilles  du  genre  Lyonsia 
se  distinguent  facilement  par  l'ensemble  de 
leurs  caractères.  Toutes  sont  ovales,  étroites, 
transverses ,  régulières,  subéquilatérales  et 
inéquivalves;  leur  test  est  mince,  transpa- 
rent, nacré  en  dedans,  d'un  blanc  grisâtre 
en  dehors,  recouvert  sur  les  bords  d'un  épi- 
derme  écailleux,  mince  et  grisâtre.  Des  stries 
très  fines  et  souvent  granuleuses  descendent 
des  crochets  vers  les  bords.  Les  crochets  sont 


gonflés,  mais  peu  saillants.  Le  côté  posté- 
rieur est  tronqué  transversalement  et  bâil- 
lant dans  toute  la  largeur  de  la  tronca- 
ture ;  le  côté  antérieur,  arrondi,  est  à 
peine  bâillant.  La  charnière  est  fort  re- 
marquable. A  partir  des  sommets,  on 
voit  s'enfoncer  obliquement  en  arrière,  au- 
dessous  du  bord  dorsal,  un  petit  cuilleron 
peu  saillant  dans  chaque  valve,  et  dont  l'é- 
cartement  est  beaucoup  plus  grand  en  ar- 
rière qu'en  avant.  Les  valves  étant  réunies, 
ces  cuillerons  sont  en  V.  Ils  contiennent  un 
ligament  large,  qui  s'étend  d'une  valve  à 
l'autre,  et  dans  l'épaisseur  duquel  se  trouve 
compris  un  petit  osselet  aplati,  triangulaire, 
complètement  séparé  des  valves  et  retenu 
seulement  par  le  ligament.  Cet  osselet  caduc 
avait  échappé  aux  observateurs  jusqu'à 
M.  Turton  et  à  nous,  et,  comme  nous  l'a- 
vons retrouvé  avec  des  modifications  parti- 
culières dans  plusieurs  autres  genres,  nous 
avons  réuni  ces  genres  dans  une  seule  fa- 
mille, à  laquelle  nous  avons  consacré  le  nom 
d'Ostéodesmes.  M.  Turton  n'a  donné  aucun 
renseignement  sur  l'animal  de  son  genre 
Lyonsia.  On  doit  à  M.  Scacchi  les  premières 
observations  à  son  sujet,  publiées  plus  tard 
par  M.  Philippi,  dans  les  Annales  des  scien- 
ces naturelles  de  Londres,  ainsi  que  dans  le 
second  volume  de  son  Enumeratio  Mollusco- 
rum  Siciliœ.  Depuis,  nous  avons  eu  occasion 
de  trouver  le  même  animal  sur  les  côtes  de 
l'Algérie,  et  nous  avons  reconnu  qu'il  ne 
manquait  pas  d'analogie  avec  celui  des  Pan- 
dores. En  effet,  il  est  enveloppé  dans  un 
manteau  dont  les  bords  sont  réunis  dans 
presque  toute  leur  circonférence;  ils  laissent 
en  avant  une  fente  d'une  médiocre  étendue 
pour  le  passage  d'un  pied  triangulaire,  6ub- 
lancéolé,  portant  à  sa  base  un  byssus  gros- 
sier assez  considérable.  La  bouche  est  assez 
grande,  transverse  entre  deux  lèvres  assez 
larges,  qui,  de  chaque  côté  du  corps,  se 
changent  en  une  grande  paire  de  palpes  la- 
biaux, étroits,  à  surface  interne  lamelleuse. 
Les  branchies  sont  très  longues,  situées 
obliquement  de  chaque  côté  du  corps  et  dis- 
posées comme  deux  feuillets  d'un  livre  ou- 
vert. En  arrière,  l'animal  est  terminé  par 
deux  siphons  très  courts,  garnis  à  la  base 
d'un  seul  rang  de  tentacules.  Si  nous  com- 
parons cet  animal  à  celui  des  Pandores, 
nous    trouvons    entre   ces  genres  un  petit 


LYO 


LYR 


521 


nombre  de  caractères  communs  ;  c'est  ainsi 
que  le  manteau,  dans  les  Pandores,  pré- 
sente aussi  une  fente  courte  et  antérieure 
pour  le  passage  d'un  pied  triangulaire  et 
lancéolé.  Les  siphons  des  Pandores  sont  très 
courts  et  garnis  aussi  d'un  seul  rang  de 
tentacules;  mais  ils  offrent  quelques  carac- 
tères qui  ne  se  montrent  pas  dans  les  Lyon- 
sia. Si  nous  comparons  ensuite  l'animal  qui 
nous  occupe  avec  celui  des  Anatines,  décrit 
et  figuré  par  M.  Mittre  dans  le  Magasin  de 
zoologie,  la  ressemblance  entre  ces  genres 
s'établit  par  les  organes  branchiaux,  chez 
lesquels  se  trouvent  des  dispositions  tout  à- 
fait  semblables.  Il  résulte  des  observations 
précédentes  que  le  genre  Lyonsia  appar- 
tient réellement  à  la  famille  des  Ostéo- 
desmes,  et  prouve  que  la  famille  des  Pan- 
dores ne  peut  en  être  éloignée;  ses  caractères 
peuvent  être  exposés  de  la  manière  sui- 
vante : 

Animal  ovalairc,  ayant  les  lobes  du  man- 
teau réunis  dans  presque  toute  leur  circon- 
férence, et  laissant  en  avant  et  en  dessous 
une  petite  fente  pour  le  passage  du  pied. 
Pied  petit,  triangulaire,  subcylindracé , 
portant  un  byssus  à  la  base.  Siphons  très 
courts,  réunis,  si  ce  n'est  au  sommet,  et 
garnis  à  la  base  d'un  seul  rang  de  tenta- 
cules. Impression  palléale,  à  peine  sinueuse 
postérieurement.  Coquille  ovale-oblongue, 
transverse,  inéquivalve,  inéquilatérale,  ré- 
gulière, très  mince  et  nacrée.  Cuilleron 
étroit,  appliqué  contre  le  bord  dorsal ,  re- 
cevant un  ligament  interne  ,  large,  aplati, 
contenant  dons  son  épaisseur  un  osselet 
mince  et  triangulaire. 

Les  Lyonsia  sont  des  coquilles  marines, 
vivant  à  la  manière  des  Byssomies,  attachées 
sous  les  pierres  à  une  profondeur  peu  consi- 
dérable sous  l'eau.  On  n'en  connaît  encore 
que  trois  ou  quatre  espèces,  dont  deux  ap- 
partiennent aux  mers  d'Eorope,  et  les  au- 
tres aux  mers  de  l'Amérique  septentrionale. 
Nous  n'en  connaissons  pas  de  fossiles,  car 
les  espèces  que  M.  Aie.  d'Orbigny  a  rappor- 
tées à  ce  genre  dans  sa  Paléontologie  fran- 
çaise nous  paraissent  bien  plutôt  des  Ana- 
tines ou  des  Thracies.  (Desh.) 

LYOSSIA.  bot.  pu.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Apocynacées-Échitces ,  établi  par 
R.  Broun  (in  Mem.  Werner.  Soc,  I,  66). 
Arbrisseaux  de  la    Nouvelle-Hollande.    On 

T.  VII. 


n'en  connaît  qu'une  seule  espèce ,  L.  stra- 
minea  R.  Br.  Voy.  apocynacées. 

L  Y  P  E  R  A  NTII U  S  (  Xv  n-npéç ,  fâcheux  ; 
«v0oç,  fleur),  bot.  ph. —  Genre  de  la  famille 
des  Orchidées- Aréthusées ,  établi  par  R. 
Brown  (Prodr.,  325).  Herbes  de  la  Nouvelle 
Hollande.  Voy.  orchidées. 

♦LYPERIA  (Xunvjpôç,  fâcheux  ).  bot.  ph. 

—  Genre  de  la  famille  des  Scrophularinées- 
Buchnérées,  établi  par  Bentham  (in  Bot. 
Mag.  Comp.,  I,  377).  Herbes,  arbrisseaux 
ou  sous-arbrisseaux  du  Cap.  Voy.  scrophu- 

LARINÉES. 

*LYPERUS  (>TrY)p0'ç ,  triste),  ins.  — 
Genre  de  Coléoptères  pentamères,  famille 
des  Carabiques  ,  tribu  des  Féroniens  ,  éta- 
bli par  M.  de  Chaudoir  (Tableau  d'une  nou- 
velle subdivision  du  g.  Feronia  de  Dejean). 
L'auteur  introduit  dans  ce  genre  quatre  es- 
pèces d'Europe.  (C.) 

*LYPORNIX,  Wagl.  ois.— Syn.  de  Mo- 
nasa.  Voy.  barbacou.  (Z.  G.) 

*LYPROPS  (  Ivnpêç ,  grêle;  <ty,  œil). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  hétéromères , 
famille  des  Sténélytres,  tribu  des  Hélopiens, 
créé  par  M.  Hope  (  Trans.  Soc.  zool.  Lon- 
don  ,  4833  ,  t.  I ,  p.  101).  L'espèce  type  , 
le  L.  chrysophthalmus  de  l'auteur,  est  ori- 
ginaire des  Indes  orientales.  (C.) 

*LYPRUS  (Iv-npéç ,  maigre  ,  grêle),  ins. 

—  Genre  de  Coléoptères  tétramères,  familie 
des  Curculionides  gonatocères,  division  (ka 
Appstasimérides  cryptorhynchides,  créé  par 
Schcenherr  (Disposit.  melhod.,  p.  288  ). 
L'espèce  type  et  unique,  L.  cylindrus  Gyll., 
est  répandue  par  toute  l'Europe  ,  où  elle  vit 
sur  les  petites  plantes  marécageuses.   (C.) 

*LYPSYMENA  (Avirpoç,  grêle;  W , 
membrane). ins. — Genre  de  Coléoptères  su!  - 
pentamères,  tétramères  de  Latreille,  famille 
des  Longicornes,  tribu  des  Lamiaires,  formô 
par  Dejean  (Catal.,  3e  éd.,  p.  374),  avec 
une  espèce  des  États-Unis,  nommée  L.  fuy 
cala  par  l'auteur.  (C.) 

•  *LYR.E A  (lyra,  lyre),  bot.  pu.  —  Genre 
de  la  famille  des  Orchidces-Dendrobiées , 
établi  par  Lindley  (Orchid.,  46).  Herbes  de 
la  Mauritanie.  Voy.  orchidées. 

LYRE,  poiss.  —  Espèce  de  Trigle.  Voy. 
ce  mot. 

LYRE.  ois.  —  Voy.  mknure. 

LYRE  DE  DAVID,  moll.  —  Nom  vul- 
gaire que  les  marchanda  consacraient  au- 

66 


LYS 


LYS 


trefois  aux  coquilles  du  g.  Harpe.  Voy.  ce 
mot.  (Desh.) 

*LYRÉIDE.  Lyreidus  (Xvpoc,  lyre;  «îtfoç , 
forme),  crust.  —  M.  Dehaan  désigne  sous 
ce  nom ,  dans  sa  Faunajaponica  ,  un  genre 
de  Crustacés  de  l'ordre  des  Décapodes  ano- 
moures,  et  dont  la  seule  espèce  connue  est  le 
Lyréide  tridenté  ,  Lyreidus  tridenlatus  De- 
haan. Cette  espèce  a  été  rencontrée  dans  les 
mers  du  Japon.  (H.  L.) 

LYRIFERÏ.  ois.  —  Voy.  porte-lyre. 

*LYROCEPRALUS  (XvP«,  lyre;  xeyaÀ*,', 
tête),  rept.  —  Groupe  de  Stellions  indiqué 
par  M.  Merrem  (Tent.  syst.  ampli.,  1820). 

(E.  D.) 

*LYROPKORUS  (î.u,o«,  lyre;  o/p»,  por- 
ter). Ins. — Genrede  Coléoptères  pentamères, 
famille  des  Carabiques,  tribu  des  Féroniens, 
créé  par  M.  de  Chaudoir.  L'auteur  y  rap- 
porte V ' Anchomerus  angusticollis  Dej.  (Cur- 
cul.  F.),  qui  se  trouve  par  toute  l'Europe  et 
aussi  dans  le  nord  de  l'Amérique.       (C.) 

LYROPS  (Àupa,  lyre;  aty,  aspect,  ins.  — 
Genre  de  l'ordre  des  Hyménoptères-Porte- 
Aiguillon  ,  tribu  des  Crabroniens,  famille 
des  Larrides,  établi  par  Illiger.  Il  lui  donne 
pour  espèce  type  le  Lyrops  etruscus ,  qui  se 
trouve  en  Allemagne  et  en  Italie. 

*LYROTIiORAX  (Avpoc,  lyre;  GoîpaÇ,  cor- 
selet), ins.  —  Genre  de  Coléoptères  penta- 
mères, famille  des  Carabiques,  tribu  des 
l'éroniens,  établi  par  M.  de  Chaudoir  (Ta- 
bleau d'une  nouvelle  subdivision  du  genre 
Feronia).  L'espèce  type  et  unique  est  le 
Platysma  Caspium.  (C.) 

*LYRURUS,  Swains.  ois.  —  Syn.  de  Te- 
trao.  Voy.  tétras.  (Z.  G.) 

LYS.  lot.  pu.  —  Voy.  lis. 

*LYSÏA NASSE.  Lysianassa (nom  mytho- 
logique), crust.  — Genre  de  l'ordre  des  Am- 
phipodes,  rie  la  famille  des  Crevettines,  delà 
tribu  ries  Crevettines  sauteuses,  établi  par 
M.  Milne-Edwards.  Les  Crustacés  qui  for- 
ment cette  nouvelle  coupe  générique  établis- 
sent à  plusieurs  égards  le  passage  entre  les 
Talytres  et  les  Crevettes;  ils  ressemblent  à 
ces  dernières  par  la  structure  de  leurs  mandi- 
bules, quiportent  une  longue  branche  palpi- 
forrne  ;  par  ia  forme  de  leurs  pattes-mâchoires 
et  par  la  conformation  desantennes  de  la  pre- 
mière paire,  qui  sont  toujours  plus  longues 
que  le  pédoncule  des  antennes  inférieures  , 
et  sont  pourvues  d'un  filet  terminal  acces- 


soire. D'un  autre  côté  ,  ces  Amphipodes  se 
rapprochent  des  Talytres  par  la  forme  tra- 
pue de  leur  corps,  la  brièveté  de  leurs  an- 
tennes et  la  conformation  des  pattes,  dont' 
aucune  n'est  organisée  pour  la  préhension. 
On  connaît  5  espèces  de  ce  genre  singulier, 
dont  trois  habitent  les  mers  du  Groenland, 
une  les  côtes  de  Naples,  et  enfin  la  cinquième 
l'océan  Atlantique.  La  Lysianasse  de  Costa, 
Lysianassa  Costœ  Edw.  (Hist.  nat.  des  Crust., 
t.  III,  f.  21  ,  n.  1  ),  peut  être  considérée 
comme  le  type  de  ce  genre.  Pendant  mon 
séjour  en  Algérie,  j'en  ai  trouvé  une  sixième 
espèce,  à  laquelle  j'ai  donné  le  nom  de  Ly- 
sianassa long icornis  Luc.  (H.  L.) 
LYSIDICE  (nom  mythologique),  annél. 

—  Savigny  (Système  des  Annélides)  donne  ce 
nom  à  un  genre  de  la  famille  des  Eunices, 
qu'il  caractérise  ainsi  :  Trompe  armée  de  sept 
mâchoires,  trois  du  côté  droit,  quatre  du  côté 
gauche;  les  deux  mâchoires  intérieures  et 
inférieures  très  simples  ;  antennes  décou- 
vertes :  les  extérieures  nulles  ;  les  mitoyennes 
très  courtes;  l'impaire  de  même;  branchies 
non  distinctes;  front  arrondi.  Telles  sont  les 
Lysidice  valentine,  olympienne  et  galathine  ; 
la  première,  des  côtes  de  la  Méditerranée, 
les  deux  autres  de  celles  de  l'Océan.  M.  de 
Blainville  (Dict.  se.  nat. ,  t.  LVII,  p.  474) 
donne  à  ce  genre  le  nom  de  Nereidice. 
MM.  Audouin  et  Milne-Edwards  en  ont  dé- 
crit une  nouvelle  espèce  des  îles  Cbausey, 
sous  le  nom  de  Nereis  ninelta.        (P.  G.) 

LYSïMACHÏÉES.  Lysimachieœ.  bot.  ph. 

—  C'était  primitivement  le  nom  de  la  fa- 
mille qu'on  désigne  plus  généralement  main- 
tenant sous  celui  de  Primulacées  (voy.  ce 
mot),  et  l'on  ne  s'en  sert  que  pour  désigner 
Tune  de  ses  subdivisions.  (Ad.  J.) 

LYSÏMAQUE.  Lysimachia  (Àvw,  apai- 
ser; pa^v),  combat),  bot.  ph.  —  Genre  de 
plantes  de  la  famille  des  Primulacées,  de 
la  pentandrie  monogynie  dans  le  système 
sexuel  de  Linné.  Il  se  compose  de  plantes 
herbacées  vivaces  ,  qui  habitent  les  par- 
ties tempérées  de  l'hémisphère  boréal  ;  leur 
tige  est  droite  ou  couchée;  leurs  feuilles 
sont  alternes,  opposées  ou  verticillées  ,  en- 
tières, quelquefois  marquées  de  points  glan- 
duleux ;  leurs  fleurs  sont  jaunes,  d'un  blanc 
rosé  ou  purpurines  ;  elles  présentent  l'orga- 
nisation suivante  :  Calice  quinquéparti;  co- 
rolle à  tube  très  court,  à  limbe  quinqué- 


LYS 


LYS 


523 


parti;  5  étamines  fertiles  opposées  aux  lo- 
bes de  la  corolle  à  la  gorge  de  laquelle  elles 
s'insèrent;  dans  un  certain  nombre  d'es- 
pèces on  trouve  les  rudiments  de  5  autres 
étamines  qui  alternent  avec  les  premières, 
ci  qui ,  par  suite  ,  alternent  avec  les  lobes 
de  la  corolle.  Ces  5  étamines  rudimentaires 
nous  paraissent  mettre  en  évidence  le  type 
normal  et  la  symétrie  réelle  de  la  fleur  des 
Lysimaques  ,  et ,  par  conséquent,  celle  des 
Primulacées.  En  effet,  chez  ces  plantes,  on 
n'observe  presque  toujours  que  5  étamines 
opposées  aux  lobes  de  la  corolle,  tandis  que 
ïa  symétrie  de  la  fleur  exigerait  qu'elles  fus- 
sent alternes  avec  ces  mêmes  lobes  ;  mais  en 
nous  appuyant  sur  les  espèces  de  Lysima- 
ques à  10  étamines  ,  dont  5  stériles  et  plus 
ou  moins  rudimentaires,  alternes,  et  5  fer- 
tiles opposées  à  la  corolle,  nous  voyons  que 
îeverticille  d'étamines  normales  est  repré- 
senté par  les  5  rudiments  staminaux  qui 
disparaissent  dans  le  plus  grand  nombre  des 
plantes  de  la  famille,  et  que  dès  lors  les 
5  étamines  fertiles  proviennent  d'un  dédou- 
blement des  5  pétales  organiques  ou  des  lo- 
bes de  la  corolle.  C'est  au  reste  ce  que  l'ob- 
servation des  phénomènes  organogéniques 
nous  a  semblé  démontrer.  Le  pistil  des  Ly- 
simaques se  compose  d'un  ovaire  unilocu- 
iaire  renfermant  de  nombreux  ovules  portés 
sur  un  placenta  central  libre  ,  d'un  style  fi- 
liforme terminé  par  un  stigmate  obtus.  Le 
fruit  est  une  capsule  surmontée  parle  style 
persistant.  L'espèce  la  plus  connue  de  ce 
genre  est  la  suivante  : 

1 .  Lysimaque  commune  ,  Lysimachia  vul- 
garis  Lin.  On  lui  donne  vulgairement  les 
noms  de  Corneille,  Chasse  -  Bosse  ;  elle  est 
commune  dans  les  lieux  humides  et  le  long 
des  ruisseaux.  Sa  tige  est  droite  et  simple  : 
elle  atteint  8-10  décimètres  de  hauteur; 
ses  feuilles  sont  opposées  ouverticillées-ter- 
nées ,  ovales-lancéolées,  aiguës,  presque  ses- 
siles  ;  ses  fleurs  sont  jaunes,  disposées  au 
sommet  de  la  tige,  sur  des  pédoncules  op- 
posés et  multiflores,  en  une  grappe  rameuse 
paniculée;  les  lobes  de  leur  calice  sontovales- 
Inncéolés,  ceux  de  la  corolle  sont  ovales- 
obtus.  Selon  l'observation  de  Léman  rappor- 
tée par  De  Candolle  (FI.  franc.,  t.  III, 
p.  434),  cette  plante  pousse  quelquefois  de 
«on  collet  des  jets  cylindriques ,  grêles  et 
nus,  qui  atteignent  jusqu'à  un  mètre  de  lon- 


gueur, et  qui,  s'enracinant  à  leur  extrémité, 
donnent  naissance  à  une  nouvelle  plante. 

2.  Une  espèce  également  très  commune 
et  très  connue  du  même  genre  est  la  Ly- 
simaque nummulaire  ,  Lysimachia  nummu- 
laria  Lin. ,  vulgairement  nommée  Herbe  aux 
e'eus,  qui  croît  communément  dans  les  prai- 
ries humides,  dans  les  lieux  herbeux  et  frais. 
Sa  tige  est  rampante;  ses  feuilles ,  ovales , 
presque  arrondies  ,  légèrement  en  cœur  à 
leur  base,  obtuses  au  sommet,  lui  ont  valu 
le  nom  vulgaire  qu'elle  porte  ;  ses  fleurs , 
jaunes,  grandes,  sont  solitaires  sur  des  pé- 
doncules axillaires  plus  longs  que  la  feuille 
à  l'aisselle  de  laquelle  ils  viennent;  les  lo- 
bes, de  leur  calice  sont  ovales-lancéolés,  ai- 
gus, deux  fois  plus  courts  que  la  corolle. 
On  regarde  cette  espèce  comme  astringente; 
mais  cette  propriété  est  si  peu  prononcée  en 
elle  qu'on  n'a  guère  recours  à  elle  dans  la 
médecine  moderne.  (P.  D) 

LYSINEMA  (Ww/xoa,  filaments  épars). 
bot.  pe.  —  Genre  de  la  famille  des  Épa- 
cridées  -  Épacrées,  établi  par  R.  Crown 
(Prodr.,  652).  Arbrisseaux  delà  Nouvelle- 
Hollande.  Voy.  ÉPACRIDÉES. 

*LYSIONOTUS.  bot.  ph.  -—  Genre  delà 
famille  des  Gesnéracées-Cyrtandrées ,  établi 
par  Don  (in  Edinb.  philosoph.  journ.,  VII, 
861).  Herbes  du  Népaul.  Voy.  gesnêracées. 

LYSIPOMA  (/v<ytoç,  qui  ouvre;  wS/xa, 
opercule),  bot.  ph. — Genre  de  la  famille  des 
Lobéliacées-Lysipomées  ,  établi  par  H.-B. 
Kunth  (in  Humb.  et  Bonpl.  Nov.  gen.  ctsp., 
III,  319,  t.  266 ,  f.  2  ).  Herbes  des  Andes. 

Voy.  LOBÉLIACÉES. 

LYSIPOMEES.  Lysipomeœ.  bot.  piï.  — 
Tribu  de  la  famille  des  Lobéliacées,  établie 
par  A.  De  Candolle,  et  ainsi  nommée  du 
genre  Lysipoma,  le  seul  qu'elle  renferme 
jusqu'à  présent.  (An.  J  ) 

LYSMATE.  Lysmata.  crust.—  Genre  de 
l'ordre  des  Décapodes  macroures,  de  la  fa- 
mille des  Salicoques,  établi  par  Risso,  et 
rangé,  par  M.  Milne-Edwards,  dans  sa  tribu 
des  Palémoniens.  Le  genre  des  Lysmata 
ressemble  beaucoup  à  celui  des  Palemon,  et 
établit  le  passage  entre  ces  Crustacés  et  les 
Hippolytes  (voy.  ce  mot).  Ils  en  ont  la  forme 
générale,  et  leur  carapace  est  également 
armée  d'un  rostre  allongé,  comprimé  et 
dentelé;  mais  il  s'en  distingue  par  les  pattes 
de  la  deuxième  paire,  qui  sont  filiformes, 


524 


LYS 


LYT 


et  dont  le  corps  est  multi-articulé.  On  ne 
connaît  qu'une  seule  espèce  de  ce  genre  , 
qui  est  la  Lysmate  a  queue  soyeuse,  Lysmata 
seticauda  Risso  (Edw.,  Histoire  nalur.  des 
Crust.,  t.  II,  f.  386,  pi.  25,  fîg.  10).  Cette 
espèce  habite  la  Méditerranée  ,  et  je  l'ai 
rencontrée  assez  abondamment  sur  les  côtes 
est  et  ouest  des  possessions  françaises,  dans 
le  nord  de  l'Afrique.  (H.  L.) 

LYSTRA.  ms.  —  Genre  de  la  famille  des 
Fulgorides,  de  l'ordre  des  Hémiptères,  éta- 
bli par  Fabricius  sur  quelques  espèces  amé- 
ricaines, reconnaissables  à  leur  front  pres- 
que carré,  creusé  dans  son  milieu,  et  à  leurs 
ély  très  réticulées.  Les  espèces  de  ce  g.  suppor- 
tent toujours  à  l'extrémité  de  leur  abdomen 
les  produits  d'une  sécrétion  cireuse  extrême- 
ment blanche  et  comme  floconneuse.  Le  type 
du  g.  est  la  L.  pulverulenta  Fab.,  très  com- 
mune dans  l'Amérique  méridionale.     (Bl.) 

LYSTROÏMYCHUS ,  Latr.  ins.  —  Syn. 
de  Prostenus  du  même  auteur.  (C.) 

*LYSUROIDÉES,  Corda  ;  LYSERÉES  , 
Lév.  bot.  cr.  —  Famille  de  Champignons 
de  la  classe  des  Basidiosporées ,  établi  par 
Corda  (Anleit  zum  Stud.,  Myc,  p.  116), 
et  présentant  pour  caractères  :  un  récep- 
tacle charnu  un  peu  coriace,  divisé  du  som- 
met à  la  base  en  rayons  qui  donnent  l'idée 
d'une  Actinie,  et  qui  se  continue  avec  un 
pédicule  plus  ou  moins  long  et  spongieux 
dans  quelques  genres.  A  la  base  et  à  la  par- 
tie interne  de  ces  rayons  on  voit  une  sub- 
stance charnue  ,  couverte  de  rugosités  et  qui 
est  composée  de  basides  polyspores  appli- 
qués les  uns  contre  les  autres.  Le  pédicule 
et  le  chapeau  ,  qui  semble  être  une  conti- 
nuation de  celui-ci,  sont  renfermés  primi- 
tivement dans  une  volve  épaisse  qui  se  dé- 
chire irrégulièrement,  dont  la  cavité  est 
remplie  de  matière  mucilagineuse.  Les 
champignons  qui  composent  cette  petite 
famille  sont  fétides  comme  les  Phalloïdes. 
i-On  n'en  connaît  encore  que  quatre  genres, 
qui  sont  le  Lysurus  ,  Fries;  Aseroë ,  Labil- 
lard.;  Calathiscus,  Mnt  .  et  Staurophallus . 
Ce  dernier  est  très  imparfaitement  connu. 

(Lév.) 

LYSURLSp.vcrcoç,  libre;  oùp*',  pédicule). 
bot.  cr.  —  Genre  de  Champignons  de  la  fa- 
mille des  Lysuroïdces  de  Corda ,  caractérisé 
par  une  volve  membraneuse  fixée  à  sa  base 
par  un  mycélium  filamenteux,  renfermant 


dans  son  intérieur  une  couche  épaisse  de  mu- 
cilage qui  entoure  le  pédicule  et  le  chapeau. 
Comme  dans  les  Phalloïdes,  ces  parties  se  dé- 
veloppent avec  Une  rapidité  extraordinaire 
après  la  rupture  de  la  volve.  Le  chapeau,  sup- 
porté par  un  pédicule  de  12  à  15  centim.  de 
haut,  se  compose  de  cinq  rayons  coniques  ar- 
rondis et  convergents  au  sommet  ;  plus  tard , 
ils  s'éloignent  et  forment  une  étoile.  Les  orga- 
nes de  la  fructification  recouvrent  leur  face 
externe.  On  ne  connaît  encore  qu'une  seule 
espèce  de  ce  genre  ;  elle  croît  en  Chine,  dans 
les  lieux  ombragés,  sur  les  racines  de  Mû- 
riers. Libot  (Ad.  Petrop.,  XIX,  1775,  t.  5), 
qui  l'a  fait  connaître  le  premier,  dit  qu'on 
l'appelle  Mokusin.  Linné  en  a  fait  un  Phal- 
lus, et  M.  Fries  un  genre  particulier.  Peut- 
être  n'est-ce  qu'une  espèce  du  genre  Aseroè 
à  rayons  simples  et  non  bifides.  Si  le  stratum 
sporidifère  est  à  la  partie  interne  des  divi- 
sions, il  appartient  manifestement  à  ce  genre  ; 
mais,  s'il  est  à  la  face  externe,  il  doit  être 
conservé;  l'observation  que  je  fais  ici  se 
rapporte  également  au  genre  Staurophallus, 
que  mon  ami,  M.  Montagne,  vient  de  publier 
dans  les  Annales  des  sciences  naturelles  (mai 
1844). 

Le  Lysurus  mokusin  est  extrêmement  fé~ 
tide,  promptement  dévoré  par  les  insectes, 
et  passe  pour  être  vénéneux;  malgré  ces 
graves  inconvénients,  Cibot  dit  que  les  Chi- 
nois le  mangent,  et  qu'ils  emploient  ses 
cendres  pour  remédier  à  des  ulcères  cancé- 
reux. (Lév.) 

LYTHRARÏÉES.  Lythrarieœ.  bot.  pu. 
—  Famille  de  plantes  dicotylédones,  poly- 
pétales,  périgynes ,  établie  primitivement 
par  Jussieu  sous  le  nom  de  Salicarie'es , 
qu'on  a  changé  en  rejetant  celui  du  genre 
Salicaria  qui  lui  servait  de  type,  genre  qui, 
généralement  adopté  sous  le  nom  de  Ly- 
thrum,  a  fait  donner  à  la  famille  entière  celui 
de  Lythrariées  ou  de  Lythracées.  Ventenat  la 
nommait  Calycanthémées.  Quel  que  soit  ce- 
lui que  l'on  conserve  ,  elle  sera  caractérisée 
de  la  manière  suivante  :  Cclice  persistant, 
tubuleuxou  campanule,  régulier,  ou  irrégu- 
lier, avec  une  bosse  ou  un  éperon  latéral  a 
sa  base  ,  découpé  supérieurement  en  dents 
plus  ou  moins  profondes,  au  nombre  de  trois 
ou  davantage  ,  à  préfloraison  valvaire,  avec 
lesquelles  alternent  assez  souvent  d'autres 
dents  plus  étroites  et  plus  courtes  formant 


LYT 


LYT 


525 


un  cercle  extérieur.  Pétales  alternant  avec 
les  dents  intérieures  en  nombre  égal,  égaux 
ou  plus  rarement  inégaux,  sessiles  ou  ongui- 
culés ,  insérés  à  la  gorge  du  tube  calicinal , 
caduques.  Étamines  insérées  sur  ce  même 
tube  plus  ou  moins  baut,  en  nombre  égal 
aux  pétales  et  alors  alternes,  ou  double,  ou 
au  contraire  eh  nombre  moindre ,  incluses 
ou  saillantes,  égales  ou  inégales,  toutes  fer- 
tiles, ou  quelquefois  quelques  unes  stériles  : 
filets  filiformes ,  libres  ;  anthères  introrses, 
biloculaires ,  s'ouvrant  longitudinalement. 
Ovaire  libre,  partagé  en  2-6  loges,  commu- 
niquant quelquefois  ensemble  vers  le  som- 
met par  suite  du  rétrécissement  des  cloisons 
incomplètes ,  terminé  par  un  style  simple 
plus  ou  moins  long ,  avec  un  stigmate  gé- 
néralement simple.  Ovules  ordinairement 
nombreux  ,  anatropes,  ascendants  ou  hori- 
zontaux ,  portés  sur  des  placentaires  qui 
s'accolent  à  l'angle  interne  de  chaque  loge, 
ou  au  milieu  des  cloisons,  ou  liant  les  bases 
decescloisons  incomplètes.  Fruit  capsulaire, 
membraneux  ou  plus  rarement  coriace,  son- 
vent  uniloculaire  par  l'oblitération  des  cloi- 
sons, qui  laissent  les  placentaires  libres  vers 
le  centre  du  fruit,  et  simulant  ainsi  une  pla- 
centation  centrale;  à  déhiscence  circoncise 
ou  régulièrement  loculicide,  ou  d'autres  fois 
se  rompant  irrégulièrement.  Graines  plus 
ou  moins  nombreuses,  souvent  anguleuses, 
à  tégument  coriace,  bordé  ou  non  d'une  aile 
membraneuse,  sous  lequel  se  présente  im- 
médiatement l'embryon  à  cotylédons  plans- 
convexes,  ordinairement  presque  orbiculai- 
res  et  munis  d'une  double  oreillette  à  leur 
base,  à  radicule  courte  tournée  vers  le  hile. 
Les  espèces  sont  des  plantes  arborescen- 
tes ,  frutescentes  ou  herbacées  ,  celles-ci  les 
seules  qu'on   rencontre   dans  les   régions 
tempérées.  C'est  surtout  entre  les  tropiques 
qu'elles  abondent,  moins  en  Afrique  qu'en 
Asie,  mais  principalement  en  Amérique. 
Beaucoup  recherchent  les  marais  et  le  bord 
des  eaux.  Leurs  feuilles  sont  opposées  ou 
verticillées,  quelquefois  alternes,  et  même 
sur  une  seule  et  même  plante,  entières, 
pétiolées  ou  sessiles,  parsemées  dans  quel- 
ques unes  de  points  glanduleux  ,  toujours 
dépourvues  de  stipules.   Leurs  fleurs  soli- 
taires, ou  réunies  par  pelotons  ou  cymes  à 
l'aisselle  des  feuilles,  par  le  passage  de  celles- 
ci  à  l'état  de  bractées,  forment  souvent  des 


épis  ou  des  grappes  simples  ou  composées  : 
l'existence  fréquente  de  deux  bractéoles  op- 
posées à  chaque  pédicelle  indique  une  inflo- 
rescence réellement  définie. 

GENRES. 

Tribu  I.  —  Lythrées. 
Graines  dépourvues  d'ailes. 
Cryptotheca,  Blum.  —  Suffrenia,  Bell. 

—  Rotala,  L.  —  Hypobrichia,  Curt.  (Pti* 
lina,  Nutt.  —  Didiplis,  Raf .  )  —  Peplis ,  L. 
(Glaucoides ,  Michel.  —  Chabrœa  ,  Ad.  )  — 
Ameletia,  DC.  —  Ammania,  Houst.  —  Ne- 
sœa,  Comm.  (Tolypeuma,  E.  Mey.  — Déco- 
don,  Gmel. — Heimia,  Link.  et  Ott. — Chry- 
soliga,  Hoffmans).  —  Pemphist  Forst. — Ly- 
thrum,  L.  (Salicaria,  Tourn.  —  Hyssopifo- 
lia ,  G.  Bauh.  —  Pythagorea  et  Mosula,  Raf. 

—  Pentaglossum,  Forsk.  —  Anisotes,  Lindl.) 

—  Pleurophora,  Don.  —  Cuphea,  Jacq.  (Afe- 
lanium  et  Parsonsia,  P.  Br.  —  Balsamona, 
Vand.  — Melvilla,  Anders.)  —  Acisanthera, 
P.  Br.  —  Crenea ,  Aubl.  —  Dodecas ,  L.  — 
Ginoria,  Jacq.  (Ginora,  L. — Genoria,  Pers.) 

—  Grislea,  Lœffl.  (  Woodfordia,  Salisb.  )  — 
Adenaria,  Kunth.  — Antherylium,  Rohr. — 
Lawsonia,  L.  (Alcanna,  Gœrtn.)  —  Abatia, 
R.  Pav. 

Tribu  IL  —  Lagerstrcemiées. 

Graines  ailées. 

Diplusodon  ,  Pohl  (  Diplodon  ,  Spreng.  — 
Friedlandia,  Cham.  Schl.  — Dubyœa,  DC.) 

—  Lafœnsia,  Vand.  (Calyplectus,  R.  Pav.) 

—  Physocalymna ,  Pohl.  —  Lagerslrœmia , 
L.  (Sibi,  Kœmpf.  — Munchausia,  L.  —  Ba- 
nava,  Camell. — Adambea,  Lam.  —  Arjuna, 
Jones.)  —  Duabanga,  Hamilt.— Fatioa,  DG. 

On  place  encore  à  la  suite,  mais  avec  doute, 
deux  autres  genres  :  le  Symmetria,  Blum. , 
et  le  Physopodium,  Desv.  Un  dernier,  le  Psy- 
loxylon,  Ner.,cité  dans  cette  famille,  n'est 
encore  connu  que  par  son  nom.      (Ad.  J.) 

L1THRUM.  bot.  ph.  —  Voy.  salicaire. 

LYTTA.  ins. —  Voy.  cantharidk. 

*LYTUS  (Ws,  délié),  ins.  —  Genre  de 
la  tribu  des  Proctotrupiens,  famille  des  My- 
marides,  de  l'ordre  des  Hyménoptères,  établi 
par  Haliday  {Ent.  Mag.),  pour  quelques  pe- 
tites espèces  dont  les  tarses  ont  cinq  articles 
très  distincts,  et  les  antennes  composées  de 
neuf  articles  au  moins,  chez  les  femelles.  On 
peut  considérer  comme  type  du  genre  le  L, 
cvnivseus  Halid. 


M 


*MA  AGONI,  Adans.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Swietenia,  Lin. 

MABA.  bot.  ph. — Genre  de  la  famille  des 
Ébénacées,  établi  par  Forster  (Char.  gen. 
61).  Arbres  ou  arbrisseaux  de  l'Asie  et  de 
la  Nouvelle-Hollande.  Voy.  ébénacées. 

MABEA.  bot.  ph. — Genre  de  la  famille 
«iesEuphorbiacées-Crotonées,  établi  par  Au- 
biet  (Guian.,  II,  867).  Arbustes  delaGuiane 
et  du  Brésil.  Voy.  euphorbiacées. 

MABOUYA,  Fitzing.  rept.  —  Syn.  û'Eu- 
prcpes,Wag].  (E.  D.) 

MABUB1MIA,  Th.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Burmannia,  Linn. 

MACACO.  man.  —  Voy.  maki. 

MACACUS.  mam.  —  Voy.  macaque. 

MACAGLIA,  Vahl.  bot.  ph.— Syn.  dMs- 
pidosperma,  Mart.  et  Zucc. 

*MACAGUA.  Herpetotheres.  ois.— Genre 
de  la  famille  des  Faucons  dans  Tordre  des 
Oiseaux  de  proie,  caractérisé  par  un  bec  très 
fort,  épais,  très  comprimé  latéralement,  à 
mandibule  supérieure  crochue,  amincie  à  son 
extrémité,  qui  est  reçue  dans  une  échancrure 
que  présente  le  bout  de  la  mandibule  infé- 
rieure ;  par  des  narines  orbiculaires,  tuber- 
culées  dans  le  milieu;  des  tarses  courts,  ro- 
bustes, nus,  réticulés;  des  doigts  courts  et 
forts,  et  une  queue  médiocre. 

Ce  genre  a  été  établi  par  Vieillot  sur  une 
espèce  que  d'Azara,  dans  son  Histoire  natu- 
relle du  Paraguay,  avait  fait  connaître  sous 
le  nom  de  Macagua. 

Comme  nos  Buzards,  dont  ils  diffèrent 
cependant  par  plusieurs  de  leurs  caractères, 
les  Macaguas  fréquentent  les  lieux  humides 
et  marécageux  plutôt  que  l'intérieur  des  fo- 
rêts. Ils  vivent  dans  les  bois  qui  bordent  les 
savanes  noyées,  et  aiment,  ainsi  que  tous  les 
oiseaux  de  proie,  à  se  percher  sur  les  bran- 
ches sèches  et  élevées  des  arbres ,  de  façon 
que  leur  vue  puisse  embrasser  de  grands 
espaces.  Leur  naturel  est  doux  et  un  peu  in- 
dolent, comme  celui  des  Buses.  Ils  font  la 
chasse,  en  général,  aux  poissons,  à  tous  les 
reptiles,    mais  plus  particulièrement  aux 


serpents,  et  les  moyens  qu'ils  emploient; 
pour  les  vaincre  rappellent  un  peu  ceux  que 
met  en  usage  le  Secrétaire  ou  Messager  pour^ 
dompter  les  mêmes  animaux.  C'est  à  coup 
d'ailes  que  les  Macaguas  tuent  les  serpents 
dont  ils  veulent  faire  leur  proie.  Ces  oiseaux 
ont  cela  de  commun  avec  quelques  autres 
Rapaces ,  tels  que  les  Vautours  et  les  Cara- 
caras,  que,  lorsqu'ils  sont  repus,  leur  jabot 
saille  d'entre  les  plumes. 

Les  Macaguas  ne  sont  point  muets.  Ainsi 
que  toutes  les  espèces  de  leur  ordre,  ils 
poussent  des  cris  rauques.  Ceux  que  l'espèce 
type  du  genre  fait  entendre,  aigus,  succes- 
sifs et  précipités,  surtout  à  l'aspect  d'un 
objet  qui  l'offusque,  ressemblent  tellement 
à  des  éclats  de  rire,  qu'on  a  cru  devoir  lui 
donner  un  nom  spécifique  en  rapport  avec 
cette  particularité. 

Cette  espèce  est  le  Macagua  ricaneur  , 
Herp.  cachinnans  Vieill.  (Gai.  des  Ois.,  pi. 
47),  Falco  cachinnans  Lin.  Il  a  le  dessus  de 
la  tête  et  toutes  les  parties  inférieures 
blancs;  les  joues,  la  région  parotique  et  la 
nuque,  noires;  tout  le  reste  du  plumage 
brun,  avec  quelques  taches  blanches  en  forme 
de  croissant.  —  Habite  le  Paraguay  et 
Cayenne. 

M.  Lesson  a  adjoint  à  cette  espèce,  sous 
le  nom  de  Macagua  a  tête  noire,  Herp.  rne- 
lanops  Less.,  l'oiseau  que  M.  Temminck  a 
décrit  sous  celui  d'Autour  mélanope  (pi.  col. 
105).  Celle-ci  se  distingue  de  la  précédente 
par  l'absence,  chez  elle,  de  calotte  blanche 
et  par  une  tache  noire  à  l'occiput  :  les  ailes 
et  le  manteau  sont  de  cette  couleur.  — Ha- 
bite Cayenne.  (Z.  G.) 

MACAHANEA,  Aubl.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Macanea,  Juss. 

MACANEA.  bot.  ph.— Genre  de  la  famille 
des  Guttifères?  établi  par  Jussieu  (Gen., 
257).  Arbrisseaux  de  Guinée. 

MACAQUE.  Macacus.  mam. —  Genre  de 
Quadrumanes  de  la  tribu  des  Singes  de 
l'ancien  continent  ouCatarrhinins,  compre- 
nant des  espèces  intermédiaires  par  leur» 


IMAC 


MAC 


527 


formes  et  par  leurs  habitudes  aux  Guenons 
et  aux  Cynocéphales.  C'est  Lacépède  {Tabl., 
1802)  qui  a  créé  le  genre  Macaque;  ce 
groupe  a  été  adopté  par  tous  les  naturalistes, 
mais  ils  n'y  ont  pas  compris  toujours  les 
mêmes  espèces;  et  cela  se  conçoit,  car  ce 
genre  renferme  des  espèces  très  voisines  des 
Cercopithecus  et  des  Cynocephalus.  Plusieurs 
genres  ont  été  formés  aux  dépens  des  Maca- 
ques: tels  sont  ceux  des  Cercocèbes,  des 
Magots,  etc.  A  l'exemple  de  M.  Isidore  Geof- 
froy-Sain t-Hilaife  nous  ne  les  adopterons 
pas  ici,  et  nous  comprendrons  le  groupe  des 
Macaques  comme  l'ont  admis  A. -G.  Des- 
marest  et  Fr.  Cuvier,  en  y  ajoutant  toutefois 
les  espèces  qui  ont  été  découvertes  depuis  la 
mort  de  ces  deux  zoologistes. 

Les  Macaques  sont  des  Singes  de  taille 
moyenne ,  dont  le  museau  est  plus  gros  et 
plus  prolongé  que  celui  des  Guenons  et 
moins  que  celui  des  Cynocéphales.  L'angle 
facial  est  de  40  degrés,  terme  moyen  ;  mais 
il  se  trouve  plus  ouvert  dans  certaines  es- 
pèces et  moins  dans  d'autres.  Le  système 
dentaire  est  très  développé,  et  ne  diffère 
guère  de  celui  des  Guenons  qu'en  ce  qu'un 
talon  termine  les  dernières  molaires,  et  que 
les  canines  supérieures  sont  arrondies  et 
non  aplaties  à  leur  face  interne,  et  tran- 
chantes sur  le  bord  postérieur;  cette  forme, 
du  reste,  est  à  peu  près  semblable  dans  les 
Cynocéphales.  Les  dents  sont  au  nombre  de 
32,  comme  chez  tous  les  Singes.  La  tête  est 
plus  ou  moins  forte,  et  présente  sur  les  or- 
bites un  rebord  élevé  et  échancré.  Le  front 
a  peu  d'étendue;  les  yeux  sont  très  rappro- 
chés ;  les  lèvres  minces  ;  les  oreilles  sont 
nues,  assez  grandes,  aplaties  contre  la  tête, 
avec  les  bords  supérieur  et  postérieur  an- 
guleux. La  bouche  est  pourvue  d'abajoues. 
Le  corps  est  plus  ou  moins  trapu  et  épais; 
les  bras,  proportionnés  aux  jambes,  sont  ro- 
bustes ;  les  quatre  mains  sont  pentadactyles. 
Les  fesses  sont  pourvues  de  fortes  callosités. 
La  queue  varie  en  longueur  suivant  les  es- 
pèces, et  dans  l'une  d'elles,  chez  le  Magot, 
elle  est  réduite  à  un  simple  tubercule.  Du 
R  3te,  lorsque  cette  partie  est  assez  dévelop- 
pée, elle  ne  devient  jamais  un  organe  de 
préhension,  comme  cela  a  lieu  chez  les  Sin- 
ges du  nouveau  continent. 

L'anatomie  des  Macaques  a  été  étudiée 
par  plusieurs  naturalistes.  On  sait  qu'à  une 


époque  où  la  religion  ne  permettait  pas  de 
disséquer  l'homme,  on  avait  fait  l'anatomie 
de  différents  Singes  pour  éclairer  notre  mé- 
decine; c'est  principalement  le  Magot  qui 
était  l'objet  de  cette  opération.  L'ostéologie 
des  Macaques  a  été  étudiée  avec  soin ,  surtout 
par  M.  de  Blainville  [Ostéographie ,  fascicule 
des  Primates,  1842).  Chez  les  Macaques  pro- 
ment dits,  le  squelette  est  à  peu  près  sem- 
blable à  celui  des  Guenons;  toutefois  il  y  a 
plus  d'élévation  et  d'épaisseur  dans  les  crê- 
tes sourcilières;  le  rebord  orbitaire  présente, 
vers  son  tiers  interne ,  une  échancrure  avec 
crochet  pour  le  passage  du  nerf  sourcilierv 
et  cette  échancrure  n'existait  qu'à  peine 
chez  les  Guenons;  le  nombre  des  vertèbres 
est  de  sept  cervicales,  douze  dorsales,  sept 
lombaires,  trois  sacrées  et  vingt-deux  à  dix- 
neuf  coccygiennes;  en  effet,  la  queue  dimi- 
nue de  plus  en  plus  en  longueur  dans  la 
série  des  espèces  ;  le  nombre  et  la  dimen- 
sion des  vertèbres  qui  la  composent  décrois- 
sent également  avec  rapidité  ;  les  sternèbres 
sont  au  nombre  de  huit  ;  les  côtes  de  douze, 
dont  huit  sternales  et  quatre  asternales;  il 
y  a  neuf  os  au  carpe.  Chez  les  Magots,  on 
remarque  de  plus  en  plus  les  caractères  de 
dégradation  ;  la  queue  étant  réduite  à  l'ex- 
térieur à  un  petit  rudiment,  le  sacrum  se 
termine  assez  brusquement,  et  le  coccyx  ne 
comprend  plus  qu'un  petit  nombre  de  ver- 
tèbres plus  ou  moins  déformées,  très  plates, 
pourvues  d'apophyses  transverses  encore  as- 
sez longues,  mais  irrégulières  ;  toutefois, 
chez  ces  Singes,  le  nombre  des  pièces  du 
squelette  est  à  peu  près  le  même  que  dans 
les  Macaques  proprement  dits. 

Les  Macaques  sont  en  général  plus  doux, 
plus  susceptibles  d'éducation  que  les  Cyno- 
céphales; ils  sont  beaucoup  plus  méchants, 
plus  indociles  et  surtout  plus  lascifs  que  les 
Guenons;  quelques  espèces  ont,  du  reste, 
plutôt  les  habitudes  et  le  naturel  de  ces 
dernières,  et  d'autres  se  rapprochent  au 
contraire  davantage desCynocéphales  ;  enfin, 
il  en  est  qui,  pour  les  mœurs,  sont  inter- 
médiaires entre  ces  deux  genres.  Ce  sont  les 
adultes,  et  principalement  les  mâles,  qui 
montrent  surtout  un  caractère  presque  in- 
traitable ;  car  les  jeunes  et  même  les  femel- 
les sont  plus  doux  et  plus  susceptibles  d'être 
apprivoisés.  Les  Macaques  ont  assez  d'intel- 
ligence et  d'adresse,  et  l'on  sait  l'éducation 


528 


3JAC 


que  les  bateleurs  donnent  aux  Magots.  Ce 
sont  principalement  des  Macaques  que  l'on 
conserve  dans  les  appartements.  Tant  qu'ils 
sont  jeunes,  ils  se  montrent  assez  dociles; 
mais  lorsqu'ils  ont  acquis  toutes  leurs  for- 
ces, ils  deviennent  presque  toujours  très 
méchants.  Ces  Singes  ont  plusieurs  fois  pro- 
duit dans  nos  climats;  on  en  a  vu  naître 
dans  la  ménagerie  du  Muséum,  à  diverses 
époques,  et  l'on  a  pu  même  en  élever  quel- 
ques uns.  Fr.  Cuvier  et  M.  Isidore  Geoffroy- 
Saint-Hilaire  ont  étudié  avec  soin  deux  jeu- 
nes Macaques  nés  au  Muséum  en  1824,  et 
ils  ont  publié  d'intéressants  détails  à  ce  su- 
jet. La  gestation  dure  environ  sept  mois. 
Le  jeune  individu  a,  en  naissant,  la  même 
couleur,  seulement  plus  pâle,  que  l'adulte. 
Il  s'attache  avec  ses  quatre  mains  aux  poils 
de  la  poitrine  et  du  ventre  de  la  mère,  et  il 
s'empare  de  la  mamelle  avec  sa  bouche.  La 
mère  paraît  peu  gênée  de  ce  fardeau  et  mar- 
che comme  à  l'ordinaire,  en  retenant  son 
petit  avec  l'une  de  ses  mains  antérieures. 
Elle  lui  prodigue  les  soins  les  plus  empres- 
sés, les  plus  tendres,  pendant  tout  le  temps 
qu'ils  lui  sont  nécessaires.  Néanmoins,  dès 
que  le  petit,  devenu  un  peu  plus  âgé,  com- 
mence à  vouloir  prendre  une  autre  nourri- 
ture que  le  lait  de  sa  mère,  celle-ci,  sans 
jamais  cesser  d'ailleurs  de  le  soigner  avec  le 
même  zèle,  ne  souffre  pas  qu'il  satisfasse 
son  désir;  elle  lui  arrache  le  peu  de  nourri- 
ture qu'il  vient  à  saisir,  remplit  ses  aba- 
joues, et  s'empare  de  tout  pour  elle-même  ; 
mais  le  jeune,  dès  lors  plein  d'intelligence 
y  et  d'adresse,  sait  cependant  bien  prendre  de 
temps  en  temps  un  peu  de  la  nourriture 
que  sa  mère  lui  refuse.  Du  reste,  la  femelle 
continue  encore  les  soins  maternels  à  son 
petit,  alors  même  qu'il  a  acquis  tout  son 
développement. 

Les  Macaques  habitent  l'Afrique,  l'Inde 
et  les  îles  de  l'archipel  indien,;  une  espèce, 
le  Magot ,  se  trouve  en  Europe  sur  le  ro- 
cher de  Gibraltar,  et  à  ce  sujet  nous  croyons 
devoir  entrer  ici  dans  quelques  détails.  Iinrïe 
(Mém.  de  la  Soc.  royale  d'Edimbourg,  1798) 
a  dit  le  premier  qu'il  existait  des  Magots 
(Macacus  tnuus)  sur  le  rocher  de  Gibraltar, 
et  il  a  attribué  à  cette  espèce  deux  têtes  que 
l'on  a  trouvées  dans  les  brèches  calcaires 
sur  lesquelles  la  forteresse  est  construite. 
M.  de  Blainville  a  longtemps  nié  l'existence 


HfÂt 

1  de  ces  Singes  en  Europe,  et  il  s'appuyait  sur 
le  témoignage  de  MM.  Corancez  et  le  doc- 
teur Rambur,  qui  ont  longtemps  séjourné  à 
Gibraltar,  et  ont  herborisé  sur  le  rocher  et 
n'avaient  jamais  observé  de  Magots;  mais 
MM.  de  Freycinet,  Quoy,  Guyon  et  Fo- 
ville  assurent  au  contraire  en  avoir  vu  plu- 
sieurs fois.  L'existence  de  Singes  à  Gibraltar 
est  donc  bien  constatée;  meis  faut-il  en 
conclure  avec  quelques  naturalistes  qu'au- 
trefois l'Afrique  et  l'Europe  étaient  réunies, 
et  que  dès  lors  le  même  Magot  a  dû  se  trou- 
ver des  deux  côtés  du  détroit?  Nous  ne  le 
pensons  pas,  et  comme  M.  de  Blainville , 
nous  croyons  que  ces  Magots  sont  des  Sin- 
ges marrons,  échappés  des  maisons  de  Gi- 
braltar, et  qui  se  sont  quelquefois  propa- 
gés pendant  quelque  temps,  lorsque  les  cir- 
constances se  sont  montrées  et  continuées 
favorables,  qui  auront  disparu  dans  le  cas 
contraire,  pour  se  montrer  ensuite  de  nou- 
veau par  suite  d'une  nouvelle  émigration. 
Qui  sait  même,  et  nous  laissons  ici  parler 
M.  de  Blainville  (Ostéographie ,  fascicule 
des  Primates),  qui  sait  même  si  les  Anglais, 
détenteurs  de  cette  partie  de  l'Espagne,  M 
lâchent  pas  de  temps  en  temps  de  nouveaux 
individus  quand  le  nombre  en  est  trop  di- 
minué ou  qu'il  n'en  existe  plus?  Enfin, 
ajoute  le  savant  professeur,  on  ne  peut 
croire  aux  récits  des  Anglais,  qui  disent 
qu'il  y  a  à  Gibraltar  trois  ou  quatre  troupes 
de  Singes  composées  de  trente  et  cinquante 
individus  :  de  quoi  vivraient  cent  cinquante 
à  deux  cents  singes  sur  l'aride  rocher  de 
Gibraltar?  De  racines  et  d'herbes  aromati- 
tiques  ,  disent  les  uns.  Mais  comment  sup- 
poser, lors  même  qu'il  yen  aurait  assez, 
que  ces  Magots  puissent  vivre  d'herbes  aro- 
matiques, quand  aucun  autre  Singe  ne 
prend  cette  nourriture?  Des  fruits  qu'ils 
volent  dans  les  jardins,  disent  les  autres. 
Mais  quand  un  ou  deux  cents  de  marau- 
deurs pareils  se  portent  pour  dévaster  des 
jardins  aussi  rares  et  aussi  précieux  que 
ceux  de  Gibraltar,  pourrait-on  empêcher 
les  propriétaires  de  les  tuer,  ainsi  que  le 
font  les  Anglais?  Et  d'ailleurs,  si  le  Magot 
était  réellement  là  dans  sa  terre  natale, 
pourquoi  n'aurait-il  pas  pénétré  dans  le 
reste  de  l'Espagne?  Pour  nous  résumer,  di- 
sons que  les  Macaques  n'habitent  que  l'Afri- 
que et  l'Asie,  et  que  le  Magot  est  à  Gibnil» 


MAC 


MAC 


>29 


tar  ce  que  le  Porc-Epic  est  sur  la  côte  de 
Naples,  ce  que  les  Macaques  eux-mêmes 
sont  à  l'île  Bourbon,  un  animal  importé. 

De  simples  différences  de  proportions 
constituent  presque  uniquement  les  carac- 
tères du  genre  Macaque  ;  dès  lors  l'on  con- 
çoit facilement  que  certaines  espèces  ont  dû 
être  rapportées  avec  doute,  soit  dans  ce 
groupe  ,  soit  dans  ceux  des  Cercopithèques 
et  Cynocéphales,  qui  en  sont  très  voisins. 
Toutefois  la  division  des  Macaques  est  en- 
core assez  naturelle  :  comme  elle  comprend 
un  assez  grand  nombre  d'espèces,  elle  a 
été  subdivisée  en  plusieurs  genres  distincts 
par  les  zoologistes  modernes.  Pour  nous , 
a  l'exemple  de  M.  Isidore  Geoffroy -Saint- 
Hilaire,  nous  ne  nous  servirons  que  comme 
de  simples  subdivisions  des  trois  principaux 
d'entre  eux,  ceux  des  Cercocèbes,  Mairnons 
et  Magots. 

PREMIER  GROUPE. 

CERCOCÈBE.  Cercocebus,  Et.  Geoffr.-St-Hil. 

Chez  les  Singes  de  cette  division,  la  queue 
est  encore  plus  longue  que  le  corps;  la  face 
est  en  général  étroite  et  allongée  ;  le  front 
nu;  dans  plusieurs  espèces,  les  poils  de  la 
tête  sont  divergents,  et  leur  ensemble  forme 
une  sorte  de  calotte.  Les  Cercocèbes  sem- 
blent, à  beaucoup  d'égards,  être  intermé- 
diaires entre  les  Guenons  ou  Cercopithèques 
et  les  Macaques  proprement  dits.  Nous  in- 
diquerons sept  espèces  de  ce  groupe. 

1.  Le  Macaque  toque,  Et.  Geoffr. -Saint- 
Hilaire  {Ann.  Mus.,  t.  IX);  Macacus  radia- 
lus  A. -G.  Desm.  (Mamm.),  Cercocebus  radia- 
nts Et.  Geoffr.  {loco  cit.),  Fr.  Cuv.  (Hist.  des 
Mam.  du  Muséum  ).  Ce  Singe  a  environ  50 
centim.  de  longueur  depuis  le  bout  du  nez 
jusqu'à  l'origine  de  la  queue,  et  cet  organe, 
très  grêle,  est  à  peu  près  aussi  long.  La  tête 
et  le  museau  sont  minces  et  étroits ,  et  le 
front  est  aplati,  nu  et  ridé  transversalement. 
Le  pelage  est  d'un  gris  verdâtre  en  dessus, 
avec  le  dessous  du  corps  et  de  la  queue  et 
la  partie  interne  des  membres  de  couleur 
blanche  ;  le  dessus  de  la  queue  est  gris-ver- 
dâtre,  comme  le  dessus  du  corps;  les  poils 
divergents  qui  garnissent  le  sommet  de  la 
tête  n'ont  qu'une  étendue  médiocre. 

Quelques  zoologistes  ont  supposé  que  le 
Macaque  toque  pourrait  bien  n'êfrc  qu'une 
6imp!e  variété  du  Bonnet  chinois ,  avec  le- 


quel il  a  en  effet  beaucoup  de  ressemblance; 
mais  il  est  bien  certain  qu'il  forme  une  es- 
pèce réellement  distincte,  comme  i'a  mon- 
tré l'examen  attentif  de  plusieurs  individus 
amenés  vivants  en  Europe.  Les  mœurs  de 
cette  espèce  sont  tout-à  fait  analogues  à 
celles  des  Guenons.  Ces  Singes  sont  doux, 
peu  vifs,  et  semblent  s'apprivoiser  facile- 
ment. 

Le  Macaque  toque  habite  l'Inde  ,  et  par- 
ticulièrement le  Malabar. 

2.   Le  Macaque  bonnet  chinois,  Buffon 
(Hist.  nat.,  XIV,  pi.  30),  Audebert  (Hist. 
des  Singes);  Macacus  sinicus  A. -G.  Desm. 
(Mamm.),  Simia  sinica  Linné  ,  Gm.,  Cer- 
copithecus  sinicus  Et.  Geoffr.  Saint-Hil.  (loco 
citato).  La  longueur  du  corps  est  d'environ 
33  centim.  ;  la  queue,  double  de  longueur, 
est  très  mince.  Le  pelage  est  d'un  fauve 
brillant  en  dessus  ,  avec  la  queue  un  peu 
plus  brune  ;  les  favoris  ,  la  face  interne  des 
membres  et  le  dessous  du  corps  sont  blan- 
châtres ;  les  mains ,  les  pieds  et  les  oreilles 
sont  noirâtres;  la  face  est  couleur  de  chair; 
les  poils  sont  gris  à  leur  base,  avec  leur  par- 
tie terminale  annelée  de  noir  et  de  jaune  , 
disposition   qui  se   retrouve   chez   le  plus 
grand  nombre  des  Macaques ,    et  surtout 
chez  le  Macaque  toque  ;  mais ,  dans  le  Bon- 
net chinois  ,  c'est  le  jaune  qui  domine  ;  de 
là  la  teinte  généralement  fauve,  et  non  pas 
verdâtre  de  son  pelage;  les  poils  du  sommet 
de  la  tête  sont  longs  ,  divergents  du  centre 
à  la  circonférence,  et  disposés  en  forme  de 
calotte. 

Les  mœurs  de  cette  espèce  doivent  être 
analogues  à  celles  des  Guenons. 

Elle  habite  particulièrement  le  Bengale. 
3.  Le  Macaque  ordinaire,  Buffon  (t.  XIV, 
pi.  20),  Fr.  Cuv.  (Hist.  nat.  des  Mamm.); 
Aigrette,  Buffon  (id.,  pi.  21);  Macacus 
cynomGÏgos  A. -G.  Desm.  (loco  citato  );  Si- 
mia cynomolgos  et  cynocephalus Linn.,  Ma- 
cacus irus  Fr.  Cuv.  (  ilfem.  du  Mus.,  t.  IV)  ; 
Cercocèbe  aigrette  et  Macaque,  Et.  Geoffr. 
(Ann.  Mus.,  t.  XIX).  Il  a  environ  52  centim. 
du  bout  du  museau  jusqu'à  l'origine  delà 
queue,  qui  est  aussi  à  peu  près  de  cette  lon- 
gueur. Le  pelage  est  verdâtre  en  dessus,  avec 
le  dessous  du  corps  et  la  fare  internedes  mem- 
bres d'un  gris  blanchâtre;  les  favoris  sont 
courts  et  de  couleur  verdâtre;  la  queue  et 
les  piods  sont  noirâtres  et  la  face  a  peu  près 


530 


MAC 


nue,  est  de  couleur  de  chair  livide,  avec 
une  partie  plus  blanche  entre  les  yeux;  le 
sommet  de  la  tête  est  de  la  même  couleur 
que  le  dos,  et  les  poils  n'y  sont  point  re- 
levés en  aigrette  chez  les  mâles.  La  femelle, 
considérée  pendant  longtemps  comme  ap- 
partenant à  une  espèce  particulière  ,  sous  le 
nom  d'Aigrette,  diffère  du  mâle  par  une 
taille  plus  petite,  la  tête  moins  grosse,  et 
surtout  par  la  présence  d'une  aigrette  de 
poils  convergents ,  relevés  par  leur  pointe 
sur  le  haut  du  front.  Les  jeunes  ont  le  pelage 
brunâtre ,  et  ce  n'est  que  vers  la  seconde 
année  qu'il  prend  une  teinte  verdâtre. 

Le  Macaque  est  plus  pétulant,  moins 
docile  et  plus  lubrique  que  les  Guenons , 
mais  il  n'approche  en  rien  sous  ces  rapports 
des  Cynocéphales.  Sa  démarche  est  très  vive 
et  il  saule  avec  beaucoup  de  vigueur.  Il  fait 
entendre  souvent  un  petit  sifflement  assez 
doux;  mais  lorsqu'il  est  irrité,  sa  voix 
devient  très  forte  et  rauque.  Il  tient  ordi- 
nairement la  queue  relevée  en  arc  près  de 
sa  base  et  tombante  vers  le  bout  ;  ce  que  Ton 
remarque  également  chez  le  Papion.  Sa  nour- 
riture se  compose  de  racines  et  de  fruits. 
Cette  espèce  est  très  souvent  amenée  vi- 
vante en  Europe  et  on  la  voit  communément 
dans  les  ménageries.  Le  Macaque  a  produit 
plusieurs  fois  a  Paris  et  particulièrementau 
Muséum  d'histoire  naturelle. 

Cette  espèce  est  originaire  de  la  côte  de 
Guinée  et  de  l'intérieur  de  l'Afrique  ,  d'où 
on  la  transporte  quelquefois  en  Egypte. 

4.  Le  Macaque  roux  doré,  Macacus  au- 
reus  Is.  Geoff.  Saint-Hilaire  (  Zool.  du  voy. 
de  Bélanger,  1830),  Gervais  (Voy.delaBo- 
nite,  tom.  I).  Il  est  un  peu  plus  petit  que 
le  précédent;  le  dessous  du  corps  est  d'un 
beau  roux  tiqueté  de  noir  ;  la  face  externe 
des  membres  est  d'un  gris  clair  ;  le  dessous 
du  corps  ,  de  la  queue  et  la  face  interne  des 
membres,  ainsi  que  les  longs  poils  des  joues, 
sont  gris;  la  face  supérieure  de  la  queue 
est  noirâtre  vers  la  base  et  gris  dans  sa  por- 
tion terminale. 

II  habite  le  Bengale,  le  Pérou,  Sumatra 
et  probablement  Java. 

:>.  Le  Macaque  a  face  noire,  Macacus 
carbonarius  Fr.  Cuvier  (Mamm.  liïnogr., 
1825).  Cette  espèce  est  très  voisine  de  la 
précédente  et  doit  peut-être  même  lui  être 
ïéunie.  Elle  est  généralement  d'un  vert  gri- 


MAC 

sâtre  sur  le  dessus  du  corps  et  sur  la  face 
externe  des  membres,  avec  leur  face  interne, 
les  parties  inférieures  du  corps,  les  favoris, 
les  joues  et  la  queue  gris-blanchâtre;  une 
légère  bande  noire  est  placée  au-dessus  de 
l'œil  et  la  face  est  aussi  de  cette  couleur. 
Nous  n'avons  pas  cru  devoir  réunir  cette 
espèce  aux  Magots ,  comme  l'a  fait  M.  Is. 
Geoffroy  Saint-Hilaire. 

Ce  Macaque  habite  Sumatra. 

6.  Le  Macaque  des  Philippines,  Macacus 
Philippinensis  Is.  Geoff.  Saint-Hilaire  (Archi- 
ves du  Mus.  d'hist.  nat.,  tom.  II,  184i, 
pi.  5).  M.  Isidore  Geoffroy  Saint-Hilaire.a 
formé,  sous  ce  nom,  une  espèce  de  Macaque 
basée  sur  un  individu  qui  a  longtemps  vécu 
à  la  ménagerie  du  Muséum  et  qui  était  tout- 
à-fait  à  l'état  d'albinisme  :  ce  Singe,  tou- 
tefois ,  est  très  voisin  des  Macaques  ordi- 
naire et  roux  doré,  et  l'on  ne  sera  bien 
certain  ,  comme  le  fait  observer  M.  Isidore 
Geoffroy,  que  c'est  une  espèce  distincte  que 
lorsqu'on  aura  pu  l'observer  à  son  état  ha- 
bituel. En  effet,  l'individu  qui  a  vécu  à 
Paris  offrait  un  exemple  d'albinisme  com- 
plet; la  couleur  de  ses  poils  était  d'un  blanc 
légèrement  jaunâtre. 

11  était  originaire  de  Manille. 

Ce  Macaque  albinos  évitait  constamment 
l'éclat  de  la  lumière  ;  ses  yeux  ne  pouvaient 
supporter  un  jour  un  peu  vif,  sinon  sans 
souffrance,  au  moins  sans  fatigue  et  sans 
gêne.  On  le  voyait  se  tenir  habituellement 
triste  et  mélancolique  dans  un  coin  de  sa 
loge,  et  lors  même  qu'il  prenait  ses  ébats, 
c'était  presque  toujours  avec  une  gravité  et 
une  lenteur  qui  contrastaient  avec  la  vivacité 
turbulente  des  autres  Singes.  Il  n'avait  pas 
entièrement  le  naturel  et  les  mœurs  des 
Macaques.  Dans  les  rares  occasions  où  cet 
albinos  s'est  hasardé  à  sortir  au  milieu  de 
ses  congénères,  dans  la  partie  la  moins 
éclairée  de  la  cour  des  Singes,  sa  couleur 
exceptionnelle,  sa  physionomie  singulière, 
sa  démarche  embarrassée  et  incertaine  ,  en 
faisaient  l'objet  d'abord  de  la  curiosité  trè* 
marquée,  puis  des  mauvais  traitements  des 
autres  Singes.  Ainsi,  après  quelques  sorties, 
dont  chacune  lui  a  valu  des  contusions  ou 
des  morsures ,  s'est-il  confiné  dans  sa  loge 
intérieure,  fuyante  la  fois,  comme  le  font 
les  albinos  humains ,  la  lumière  et  ses  sem- 
blables. 


MAC 

7.  Le  Macaque  d'Assam  ,  Macacus  Assa- 
menas  Mac-Glell.  (Proceed.,  1839) ,  Less. 
(Nouv.  tabl.  du  Règ.  anim.  Mamm.,  1842). 
Nous  nous  bornerons  à  citer  cette  espèce  en- 
«ore  peu  connue,  et  qui  habite  l'Assam. 

DEUXIÈME   GROUPE. 

MA1MON,  Is.  Geoffr.;  Macacus,  Auct.  ; 
Silenus  et  Rhésus,  Lesson. 

Les  Singes  de  cette  division  se  distinguent 
par  leur  queue  beaucoup  plus  courte  que  le 
corps,  et  quelquefois  même  d'une  extrême 
brièveté.  On  indique  8  espèces  de  ce  groupe. 
8.  L'Ouanderou,  Buffon  (t.  XIV,  pi.  18), 
Fr.  Cuv.  (Mamm.),  le  Lowanoo,  Buffon  (ib.)t 
Macacus  silenus  A. -G.  Desm.  (loco  citato) t 
Simia  silenus  et  leonina  Linné  et  Gmelin, 
Macaque  a  crinière,  G.  Cuv.  (Règne  anim.); 
division  des  Silenus  Lesson  (Nouv.  lab.  des 
Mamm.,  1842).  Il  a  50  centimètres  de  lon- 
gueur, depuis  le  bout  du  nez  jusqu'à  l'ori- 
gine de  la  queue,  et  cette  partie  n'en  a  que 
27.  Son  pelage  est  généralement  noir,  avec 
l'abdomen  et  la  poitrine  blancs;  sa  tête  est 
entourée  d'une  longue  barbe  blanchâtre  et 
d'une  crinière  cendrée  ;  le  visage  et  les  mains 
sont  noirs,  tandis  que  les  callosités  sont 
rougeâtres;  la  queue  est  terminée  par  une 
mèche  de  longs  poils. 

Cette  espèce  est  tout-à-fait  indocile  et  in- 
traitable :  cependant  on  en  a  observé  une 
femelle  à  la  ménagerie  du  Muséum  qui  était 
douce  et  même  caressante. 

Ce  Singe  habite  Ceylan  et  les  Indes  orien- 
tales ,  où  il  porte  les  noms  de  Nil-Bandar, 
Lowando  et  Elwanda  ,  et  non  pas  celui 
é'Ouanderou  que  Buffon  lui  a  imposé. 

9.  Le  Rhésus,  Audebert,  Macacus  rhésus 
A. -G.  Desm.  (ibid.),  Macaque  a  queue  courte 
et  Patas  a  queue  courte  ,  Buffon  (  Suppl.  , 
t.  VII,  pi.  13  et  14);  Maimon  ou  Rhésus,  Fr. 
Cuv.  (  Mamm.  ),  Simia  erythrœa  Schreb.  Il 
a  40  centim.  environ  de  longueur  du  bout 
du  museau  jusqu'à  l'origine  de  la  queue, 
et  cette  dernière  partie  n'a  guère  moins  de 
15  centim.  Il  est  en  dessus  d'un  beau  vert 
roussâtre,  avec  les  membres  antérieurs 
et  les  jambes  plus  grises  ,  et  les  cuisses  plus 
jaines  à  leur  partie  externe;  le  dessous  du 
corps  et  la  face  interne  des  membres  sont 
b!  ncs  ;  la  queue  est  grise  en  dessous  et  d'un 
vei  t  roussâtre  en  dessus  ;  la  face  est  de  cou- 
leur de  chair  livide;  il  y  a ,  au  milieu  du 


MAC 


53l 


front,  entre  les  yeux,  un  petit  tubercule 
dont  l'apparence  est  celle  d'une  loupe ,  et 
qui  grossit  à  l'approche  du  rut. 

Les  mœurs  des  Rhésus  sont  analogues  à 
celles  des  Macaques,  c'est-à-dire  qu'ils  sont 
dociles  et  même  familiers  dans  la  jeunesse , 
mais  qu'avec  l'âge  ils  deviennent  très  mé- 
chants. 

Ce  Singe  se  trouve  dans  l'Inde ,  et  son 
espèce  est  particulièrement  abondante  dans 
les  forêts  des  bords  du  Gange. 

Fr.  Cuvier  a  décrit  (Mamm.)  sous  le  nom 
de  Rhésus  à  face  brune  un  Singe  qui  ne  dif- 
fère guère  du  Rhésus  ordinaire  que  par  la 
couleur  brune  de  la  face  et  de  toutes  les 
parties  nues,  et  qui  doit  probablement  lui 
être  réuni. 

10.  Le  Maimon,  Buffon (Hist.nat.,  t.  XIV, 
pi.  19  ),  Audebert ,  Macacus  nemestrinus 
A. -G.  Desm.  (loco  citato),  Simia  nemestrina 
Linn.,  le  Singe  a  museau  de  Cochon,  Ed- 
wards (Gleanurus,  pi.  214);  Singe  a  queue  de 
Cochon,  Fr.  Cuv.  (Mammif.).  Ce  Singe,  plus 
grand  que  le  précédent,  a  quelquefois  plus 
de  65  centim.  du  bout  du  museau  à  l'origine 
de  la  queue,  et  cette  dernière  est  courte  et 
grêle.  Il  est  en  dessus  d'un  fauve  verdâtre, 
avec  le  milieu  du  sommet  de  la  tête  noir; 
cette  tache  descend  sur  le  cou ,  le  dos  et 
la  queue  en  prenant  une  teinte  verdâtre  ; 
les  joues  et  toutes  les  parties  inférieures  du 
corps  sont  d'un  blanc  roussâtre. 

Les  Singes  de  cette  espèce,  et  surtout  les 
mâles,  deviennent  avec  l'âge  excessivement 
mécnants.  On  en  garde  en  domesticité;  un 
mâle  et  une  femelle,  conservés  dans  la  mé- 
nagerie du  Muséum,  ont  même  produit  des 
petits,  mais  on  n'a  pu  les  élever. 

Le  Maimon  habite  Java  et  Sumatra ,  où 
on  lui  donne  le  nom  de  Barou. 

11.  Le  Macaque  lascif  ,  Macacus  libidi- 
nosus  Fr.  Cuv.  (Dict.  se.  nat. ,  Atlas),  Is.- 
Geoffr.-St-Hil.  (Dict.  class.,  t.  IX  ),  Maca- 
cus nemestrinus  A. -G.  Desm.  11  diffère  du 
Maimon  par  ses  joues  d'un  fauve  légèrement 
olivâtre,  comme  les  épaules  et  les  membres 
antérieurs,  et  non  pas  blanches  ou  blanchâ- 
tres; il  a  de  même  une  calotte  noire  sur  la 
tête  ;  la  face  interne  des  membres  est  grise, 
le  dessous  du  corps  est  blanchâtre.  Ce  qui 
rend  cette  espèce  extrêmement  remarquable, 
c'est  l'énorme  turgescence  de  toutes  les  par- 
ties sexuelles  pendant  le  rut. 


32 


IMAC 


12.  Le  Macaque  a  face  rouge,  Macacus 
speciosus  Fr.  Cuv.  (Mamm.  lith.).  Il  se 
distingue  facilement  par  sa  queue  excessi- 
vement courte  ,  sa  face  d'un  beau  rouge,  et 
qui  se  trouve  entourée  de  poils  noirs;  son 
pelage  d'un  gris  vineux,  avec  les  parties  in- 
férieures blanchâtres.  Cette  espèce  est  trop 
peu  connue  pour  pouvoir  être  placée  avec 
certitude  avec  les  Magots ,  ainsi  que  l'a  fait 
M.  Isidore  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

Se  trouve  aux  Indes  orientales. 

13.  Le  Macaque  ursin,  Macacus  arctoides 
Is.  Geoffr.  (Zool.  du  voy.  de  Bélanger,  1830, 
et  Mag.  de  zool.  ) ,  Pithecus  arctoideus 
Blainville  (Ostéographie,  fasc.,1,  1842).  Le 
pelage  de  ce  Singe  est  brun,  tiqueté  de 
roux  ;  les  poils  sont  longs,  plusieurs  fois  an- 
nelés  de  brun  et  de  roux-clair;  la  queue  est 
excessivement  courte. 

Il  habite  la  Cochinchine. 

14.  Le  Macaque  de  l'Inde,  Macacus  mau- 
rusYr.  Cuv.  (Mamm.  lithogr.,  1823) ,  Les- 
son  (Manuel  ) ,  Simia  Cuvieri  Fischer  (  Sy- 
nopsis). Ce  Singe  est  principalement  carac- 
térisé par  son  pelage  uniformément  brun  , 
et  surtout  par  sa  face  noire  ;  ce  dernier  ca- 
ractère ne  se  retrouve  pas  dans  le  Macacus 
arctoides  ;  cependant  il  est  probable  que  ces 
deux  espèces  doivent  être  réunies,  et  l'on 
peut  supposer  que  les  prétendus  caractères 
du  Macacus  maurus  peuvent  être  attribués 
à  des  erreurs  commises  dans  le  dessin  peu 
soigné  d'après  lequel  seul  Fr.  Cuvier  a  dé- 
crit cette  espèce.  Du  reste,  les  Macacus  arc- 
toides et  maurus  habitent  le  même  pays. 

15.  Le  Macaque  de  Madras,  Macacus 
melanolus  Less.  (Nouv.  lab.  des  Mamm., 
1842) ,  Papio  melanotus  Ogilby  (Proced., 
1829).  Nous  ne  ferons  qu'indiquer  cette  es- 
pèce, qui  a  été  dernièrement  découverte  à 
Madras. 

Enfin  nous  devons  dire  que,  dans  ces 
derniers  temps ,  MM.  Falconer  et  Cautley 
ont  fait  connaître  des  débris  fossiles,  prove- 
nant de  Sivalick ,  d'un  Macaque  assez  voi- 
sin du  Rhésus.  Il  en  sera  parlé  à  l'article 
singes  fossiles  de  ce  Dictionnaire. 

troisième  groupe. 
MAGOT.  Inuus,  E.  Geoffr.;  Pithecus,  G. 
Cuv.;  Magus,  Lesson. 
Chez  les  Magots ,  la  queue  manque  entiè- 
rement, et  elle  est  remplacée  par  un  petit 


MAC 

tubercule.  Une  seule  espèce  entre  dans  ce 
groupe  ;  toutefois  faisons  observer  que  les 
Macacus  carbonarius  ,  speciosus  et  maurus 
ont  été  également  placés  dans  cette  subdivi- 
sion par  M.  Is.  Geoffroy  Saint-Hilaire  (Zool. 
du  Voy.  de  Bélanger). 

16.  Le  Magot,  Buffon  (t.  XIV,  pi.  8  et 
9  )  ,  Fr.  Cuy.  (Mamm.)  ;  Pithèque  ,  Buffon 
(  loco  citato,  suppl,  VIII ,  pi.  2,  3,  4  et  5); 
Macacus  inuus  A. -G.  Desm.  (Mammalogie) , 
Simia  inuus,  silvanus  et  pithecus  Linné, 
Gmelin;  ntôrjxoç ,  Aristote  et  Galien  ;  Cy~ 
nocephalus,  Brisson.  11  atteint  quelquefois 
80  à  85  centimètres  de  longueur  totale, 
mesuré  depuis  le  bout  du  museau  jusqu'à 
l'extrémité  postérieure  du  corps  ;  il  est  en- 
tièrement privé  de  queue.  Le  pelage  est  gé- 
néralement d'un  gris  jaunâtre ,  avec  les 
parties  inférieures  du  corps  et  la  région  in- 
terne des  membres  de  couleur  blanchâtre  ; 
la  face  est  couleur  de  chair  livide. 

Le  Magot  est  le  Singe  le  plus  ancienne- 
ment connu,  et  c'est  aussi  le  plus  commun 
de  tous  ceux  qu'on  amène  en  Europe.  C'est 
le  Ilcôvjxoç  des  anciens,  et  celui  dont  Galien 
a  fait  l'anatomie.  Le  Magot  apprend  facile- 
ment ,  lorsqu'il  est  jeune  ,  à  exécuter  diffé- 
rents tours  de  force  ou  d'adresse;  mais  il 
est  très  capricieux  ,  et  ce  n'est  que  le  fouet 
à  la  main  que  les  jongleurs  et  les  charlatans, 
qui  s'en  servent  pour  attirer  la  foule,  peu- 
vent s'en  faire  obéir.  Il  grimace  beaucoup  , 
et  fait  souvent  grincer  ses  dents  lorsqu'il  est 
contrarié;  devenu  vieux  ,  il  est  comme  les 
autres  Macaques ,  taciturne ,  méchant  et 
même  indomptable. 

Les  Singes  de  cette  espèce  habitent  toute 
la  côte  septentrionale  de  l'Afrique ,  depuis 
l'Egypte  ,  l'Arabie  ,  l'Ethiopie  ,  jusqu'en 
Barbarie  ;  et  il  paraît ,  ainsi  que  nous  l'a- 
vons déjà  dit  dans  cet  article ,  que  quelques 
individus  échappés  sur  le  rocher  de  Gibral- 
tar s'y  sont  acclimatés. 

Quelques  Singes  ,  tels  que  les  Simia  pla- 
lypygos  Schreber  (Quadr.,  tab.  56)  Brotvn 
babooa  Pennant,  Simia  fusca  Shaw(Ge». 
zool.,  t.  I,  part,  i  ,  pi.  13),  ou  Babouin  a 
longues  jambes,  Buffon  ,  ont  été  placés  dans 
le  genre  Macaque  par  certains  naturalistes, 
tandis  que  d'autres  ,  au  contraire ,  les  en 
ont  éloignés.  (E.  Desmarest.) 

MACARAGA.  mam.  —  Syn.  d'Ocelot. 
Voy.  CHAT. 


MAC 


MAC 


MACARAXGA.  dot.  pu. —Genre  de  la 
famille  des  Euphorbiacées-Acalyphées,  éta- 
bli par  Dupetit-Thouars  (Gen.  Madagasc, 
n.  88).  Arbres  ou  arbrisseaux  résineux  de 
Madagascar  et  de  la  Mauritanie.  Voy.  eu- 
puorbiacées. 

MACAREUX.  Fratercula.  ois.  —  Genre 
de  la  famille  des  Alcidées,  dans  l'ordre  des 
Palmipèdes,  caractérisé  par  un  bec  robuste, 
très  comprimé  latéralement,  plus  court  que 
la  tête,  aussi  haut  que  long,  garni  à  sa  base 
d'une  peau  plissée,  à  mandibule  supérieure 
crochue  à  la  pointe  et  marquée  par  des  sil- 
lons profonds,  l'inférieure  offrant  en  dessous 
un  angle  prononcé;  des  narines  marginales, 
oblongues,  très  étroites,  presque  entièrement 
fermées  par  une  membrane  nue  ;  des  tarses 
courts  situés  très  en  arrière  du  corps  ;  un 
pouce  nul,  et  des  ailes  étroites  et  courtes. 

Pour  Linné,  les  Macareux  étaient  des 
Pingouins,  ou  mieux,  il  confondait  sous  le 
nom  d'Alca,  dans  un  même  genre,  les  uns 
et  les  autres  de  ces  oiseaux.  Brisson  distin- 
gua les  premiers  sous  la  dénomination  gé- 
nérique de  Fratercula.  Cette  distinction  est 
aujourd'hui  généralement  admise  par  les 
ornithologistes  ;  seulement  quelques  auteurs 
ont  préféré,  au  nom  imposé  par  Brisson, 
celui  de  Mormon,  qu'Illiger  lui  a  substitué. 
Si,  par  leur  organisation,  par  leurs  ca- 
ractères extérieurs,  les  Macareux  ont  avec 
les  Pingouins  assez  d'analogie  pour  qu'on 
ait  pu  les  comprendre  dans  un  même  genre, 
on  conçoit  aisément  que,  sous  le  rapport  des 
mœurs,  ils  puissent  également  offrir  fort  peu 
de  différences.  D'ailleurs,  tous  les  oiseaux 
chez  lesquels  les  ailes  sont  très  ingratement 
organisées  pour  le  vol,  en  même  temps  que 
leurs  pieds,  par  leur  position  et  leur  forme, 
deviennent  impropres  à  la  station  et  à  la 
progression  terrestres,  tous  ces  oiseaux  con- 
finés sur  l'eau,  seul  élément  qui  convienne 
à  leur  nature,  ont  dans  l'ensemble  de  leurs 
habitudes,  de  leur  manière  de  vivre,  de  nom- 
breux points  de  ressemblance.  On  les  ren- 
contre presque  toujours  nageant  au  sein  de 
la  mer  dont  ils  sillonnent  en  tous  sens  la 
surface;  rarement  les  surprend -on  hors 
de  leur  élément  favori.  Ainsi  sont  les  Maca- 
reux. Le  besoin  de  prendre  du  repos,  les 
circonstances  de  nidification  et  la  nécessité 
de  trouver  un  abri  contre  les  tempêtes  qui 
bouleversent  trop  violemment  les  eaux  sont 


les  seuls  cas  qui  amènent  ces  oiseaux  sur 
les  rochers;  car  encore  faut-il  que  le  point 
sur  lequel  ils  viennent  ou  se  reposer,  ou  faire 
leur  ponte,  ou  chercher  un  abri,  soitun  peu 
élevé  et  à  portée  de  la  mer,  afin  qu'ils  puis- 
sent s'y  jeter  promptement  lorsque  les  cir- 
constances l'exigent. 

Les  Macareux  nagent  et  plongent  avec  une 
rare  facilité;  mais,  par  contre, ils  march  ent 
avec  une  gaucherie  sans  égale.  Quelques  au- 
teurs, pour  exprimer  combien  leur  démar  che 
est  embarrassée,  lente  et  peu  assurée,  Ton  t. 
comparée  à  celle  d'un  chien  debout  sur  ses 
jambes  de  derrière.  Cependant  la  comparai- 
son n'est  pas  heureuse  en  ce  sens  qu'elle 
n'est  pas  juste.  Leur  corps,  dans  la  progres- 
sion, n'affecte  point  une  position  verticale  ; 
ils  rampent  plutôt  qu'ils  ne  marchent  réel- 
lement. 

Le  vol  est,  comme  la  marche,  un  mode  de 
locomotion  que  les  Macareux  mettent  peu 
souvent  en  usage;  pourtant  ils  ne  sont  point 
privés  de  cette  faculté;  ils  volent  même  as- 
sez rapidement,  mais  leur  vol  n'est  jamais 
de  fort  longue  durée,  et,  quoiqu'ils  puissent 
s'élever  à  une  certaine  hauteur  et  s'y  soute- 
nir avec  aisance,  l'on  peut  dire  qu'en  géné- 
ral ils  ont  pour  habitude  de  voler  tellement 
bas  que  leurs  pieds  effleurent  quelquefois 
l'eau. 

Les  Macareux  sont  des  oiseaux  migrateurs, 
comme  toutes  les  espèces  du  même  ordre  qui 
habitent  le  cercle  arctique.  Leur  départ  des 
contrées  où  ils  sont  originaires  se  fait  en 
automne,  et  leur  retour  a  lieu  au  printemps. 
Ces  deux  époques  leur  sont  funestes.  Comme 
ils  tiennent  difficilement  la  mer  si  elle  n'est 
calme,  il  arrive  très  souvent  que,  surpris 
pendant  leur  voyage  par  une  tempête,  ils 
sont  jetés  en  grand  nombre  sur  les  côtes  où 
ils  périssent.  On  a  remarqué  que  ces  oiseaux 
se  plaisent  sur  les  mers  glacées  du  pôle  nord 
plus  que  partout  ailleurs,  et  on  les  y  rencon- 
tre confondus  avec  les  Pingouins  et  les  Guil- 
lemots.  Rarement  les  Macareux  visitent  les 
rivages  tempérés  de  l'Europe;  pourtant  l'es- 
pèce la  plus  commune,  le  Macareux  moine, 
se  montre  pendant  l'hiver  sur  nos  côtes,  et 
niche  même  quelquefois  sur  celles  de  l'An- 
gleterre. 

La  nourriture  des  Macareux  consiste  en 
Mollusques,  en  petits  Crustacés,  en  Insectes 
et  Végétaux  marins  de  toute  sorte,  et  même 


534 


MAC 


MAC 


en  ;  j lits  Poissons,  qu'ils  saisissent  en  plon- 
ge;, t.  Leur  ponte  est  loin  d'être  fort  nom- 
breuse; car  elle  est  souvent  d'un  seul  œuf 
ou  de  deux  au  plus.  La  femelle,  dit-on,  fait 
un  nid  en  forme  de  terrier,  ou  choisit,  pour 
pondre,  les  creux  et  les  fentes  de  rochers. 

Le  genre  Macareux  n'est  pas  riche  en  espè- 
ces :  il  n'en  compte  que  trois  ;  encore  devons- 
nous  dire  que  l'une  d'elles  n'est  pas  admise 
par  tous  les  ornithologistes,  et  que  l'autre  a 
été  prise  pour  type  d'un  genre  distinct.  Ces 
trois  espèces  sont: 

1.  Le  Macareux  moine,  Fr.  arctica  Cuv. 
(Buff.,  pi.  ml.  275),  à  plumage  noir  en 
dessus,  blanc  sur  les  parties  inférieures.  — 
Habite  le  pôle  nord;  de  passage  périodique, 
en  hiver  et  au  printemps,  sur  les  côtes  de 
Norwége,  d'Angleterre  de  Hollande  et  de 
France. 

2.  Le  Macareux  glacial,  Fr.  glacialis 
Degl.,  Mormon  glacialis  Leach.  Semblable 
pour  les  couleurs  du  plumage  au  précédent, 
mais  en  différant  par  un  bec  beaucoup  plus 
fort,  coloré  d'une  seule  teinte  orange,  et  par 
la  mandibule  inférieure  qui  est  plus  arquée. 
Quelques  auteurs  considèrent  cette  espèce 
comme  une  simple  variété  de  Macareux 
moine;  cependant  elle  paraît  en  différer.  — 
Habite  le  Kamlschatka,  le  Groenland,  la 
Norwége  et  l'Amérique  du  Nord. 

3.  Le  Macareux  huppé  ,  Fr.  cirrhata 
Vieill.  {Gai.  des  Ois.,  pi.  296,  et  Buff.  pi. 
enl.  761).  Cette  espèce,  établie  par  Pallas 
sous  le  titre  générique  de  Lunda,  est,  sous 
tous  les  rapports,  un  vrai  Macareux.  Elle  a 
pour  caractères  distinctifs  la  face,  les  joues 
et  les  tempes  blanches,  et,  de  chaque  côté 
de  la  tête,  de  longues  plumes  jaunes  en 
forme  de  huppe.— Habite  le  Kamtschatka  et 
quelques  autres  points  des  régions  septen- 
trionales de  l'Asie  et  de  l'Amérique.  (Z.  G.) 

*MACARIA.  arach.— M.  Koch,  dans  ses 
Die  Arachniden ,  désigne  sous  ce  nom  un 
genre  d'Aranéides ,  qui  n'a  pas  été  adopté 
par  M.  Walckenaër,  qui  rapporte  cette  coupe 
générique  à  celle  des  Drassus.  Voy.  ce 
mofc-  (H.  L.) 

*MACARÏA  (fWptoç ,  fortuné),  ins.  — 
Genre  de  Coléoptères  subtétramères,  trimè- 
resde  Latreille,  famille  denosCoccinellides, 
des  Aphidiphages,  formé  par  Dejean  {Calai., 
3eédit.,  p.  458).  L'auteur  mentionne  deux 
espèces  américaines  :  les  M.  serraticornis  Dej. 


et  dilata  Lat.  La  première  est  originaire  du 
Brésil,  et  la  seconde  de  Cayenne.         (C.) 

MACARISIA.  bot,  ph.  —  Voy.  machà- 
risia. 

MACARTNEY.  Macartneya,  Less.  ois. 

—  Syn.  de  Houppifère.Foy.  ce  mot.  (Z.  G.) 
MACBRIDEA.  bot.  ph.  — Genre  de  la 

famille  des  Labiées -Stachydées,  établi  par 
EllioU  {Carolin.,  Il,  86).  Herbes  de  la  Caro- 
line. Voy.  LABIÉES. 

*MACD01VALDIA  (nom  propre),  bot.  ph. 

—  Genre  de  la  famille  des  Orchidées,  établi 
par  R.  Gunn  (ilfsc).  Herbes  de  la  Nouvelle- 
Hollande.  Voy.  ORCHIDÉES. 

MACERON.  Smyrnium  (étymologie  dé- 
rivée du  nom  de  la  ville  de  Smyrne). 
bot.  ph.  —  Genre  de  plantes  de  la  famille 
des  Ombellifèies,  tribu  des  Smyrnées,  de 
la  pentandrie-digynie  dans  le  système  de 
Linné.  Il  se  compose  de  plantes  herbacées 
bisannuelles  qui  croissent  spontanément 
dans  les  parties  moyennes  et  méridionales 
de  l'Europe,  dont  la  racine  est  charnue, 
dont  les  feuilles  varient  de  forme,  dont 
les  fleurs  sont  jaunes  ou  jaune-verdâtre , 
souvent  polygames,  en  ombelle  terminale 
munie  d'une  involucre;  ces  fleurs  présen- 
tent les  caractères  suivants  :  Limbe  du  ca- 
lice non  apparent;  pétales  lancéolés  ou  el- 
liptiques, entiers,  acuminés,  à  sommet  in- 
fléchi; fruit  resserré  par  les  côtés,  didyme, 
chacun  de  ses  carpelles  étant  presque  glo- 
buleux ou  réniforme,  et  présentant  les  trois 
côtes  dorsales  saillantes,  aiguës,  les  deux 
latérales  bordantes,  presque  oblitérées;  le 
carpophore  ou  le  support  commun  des  car- 
pelles est  biparti  ;  la  graine  est  involutée. 
A  ce  genre  se  rapporte  l'espèce  suivante: 

Maceron  commun  ,  Smyrnium  olus  a- 
trum  Lin.  Elle  croît  spontanément  dans  les 
pâturages  humides  de  nos  déparlements 
méridionaux  ;  elle  a  même  été  indiquée  aux 
environs  de  Paris.  Sa  tige  est  striée ,  ra- 
meuse et  s'élève  jusqu'à  un  mètre;  ses 
feuilles  sont  glabres  et  luisantes,  biternées 
et  ternées,  formées  de  folioles  (segments) 
ovales,  arrondies,  en  coin  à  leur  base, 
crénelées-dentées.  Cette  plante  a  eu  autre- 
fois, soit  comme  médicinale,  soit  comme 
potagère,  une  importance  qu'elle  a  presque 
entièrement  perdue  de  nos  jours:  sa  racine 
était  usitée  comme  potagère;  on  la  man- 
geait après  l'avoir  tenue  quelque  temps  à  la 


MAC 

cave  pour  lui  faire  perdre  ou  du  moins  pour 
diminuer  beaucoup  son  amertume;  toutes 
ses  parties  vertes,  qui  sont  aromatiques, 
étaient  employées  aux  usages  pour  lesquels 
on  a  maintenant  recours  presque  exclusive- 
ment au  Persil  et  aux  jeunes  pousses  du 
Céleri.  On  regarde  ses  feuilles  comme  anti- 
scorbutiques, et  ses  fruits  comme  diuréti- 
ques ,  cordiaux  et  carminatifs.       (P.  D.) 

MACHERINA  (px'xaipa,  glaive) .  bot.  pb. 
— Genre  de  la  famille  desCypéracées-Rhyn- 
chosporées  ,  établi  par  Vahl  (Enum. ,  II , 
238).  Herbes  des  Antilles.  Voy.  cypéracées. 

JUAGIIdilULM  (aaxoupiov,  couteau).BOT. 
ph.  —  Genre  de  la  famille  des  Légumi- 
neuses -  Papilionacées-Dalbergiées ,  établi 
par  Persoon  {Encheir. ,  II,  276).  Arbres 
de  l'Amérique  tropicale.  Voy.  légumineuses. 

MACII/EROTA  (paxaipwcoç,qui  a  la  forme 
d'un  sabre). ins. —  Genre  établi  par  M.  Bur- 
meister  (Handb.  derentom.)  et  que  nous  rap- 
portons avec  doute  à  la  famille  des  Membra- 
cidesde  l'ordre  des  Hémiptères.  Ce  type  fort 
singulier  est  représenté  par  une  seule  espèce 
découverte  à  Manille  (M.  ensifera).     (Bl.) 

*MACHjERUS  (aaxacpa,  glaive)  .CRUST. — 
Nom  proposé  par  Leach  (in  Tuck.,  expedit. 
Congo,  1818),  pour  désigner  dans  l'ordre  des 
Décapodes  un  genre  de  Crustacés.     (H.  L.) 

*  MACIIAIRODUS  (  f*âx«ipa  ,  glaive; 
è5oyç ,  dent),  mam.  —  Groupe  de  Chats  fos- 
siles indiqués  par  M.  Kaup  (Ossem.  foss.  , 
H,  1833).  (E.  D.) 

MACHAONIA.^bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Rubiacées  Spermacocées,  établi 
par  Humbold  t  et  Bonpland  {Plant,  œquinoct. , 
I,  101,  t.  29).  Arbres  ou  arbrisseaux  de 
l'Amérique  tropicale.  Voy.  rubiacées. 

MACIIARISIA.  bot.  ph.— Genre  dont  la 
place  dans  les  méthodes  n'est  pas  encore 
fixée.  Il  a  été  établi  par  Dupetit-Thouars 
(Hist.  veg.  afr.  auslr. ,  49,  t.  14)  pour  des 
arbustes  de  Madagascar. 

MACHE,  bot.  ph.  —  Nom  vulgaire  de  la 
Valerianella  olitoria,  dont  on  mange  les 
feuilles  en  salade.  Voy.  valérianelle. 

MACHETES.  ois.  —  Nom  scientifique 
du  genre  Combattant.  Voy.  ce  mot. 

*MACHETORNISG*»x*r/î's,  combattant; 
cpvtç ,  oiseau),  ois.  —  Nom  substitué  par 
G.-R.  Gray  à  ceux  de  Chrysolophus  et  Pc- 
poara,primitivementdonnés,run  par  Swain- 
son,  l'autre  par  MM.  Aie.  d'Orbigny  et  La- 


MAG 


535 


fresnaye  à  un  petit  genre  qui  fait  partie  de 
la  famille  des  Tyrans.  Voy.  tyran.     (Z.  G.) 

MACHILUS.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Laurinées-Perséées,  établi  par  Nées 
(in  Wallich  PI.  as.  rar.,  II,  61).  Arbres  des 
montagnes  de  l'Inde.  Voy.  laurinées. 

*MACHLA(pe»xAoç,  lubrique),  ins Genre 

de  Coléoptères  hétéromères,  tribu  des  Blapsï- 
des,  créé  par  Herbst  (Naturstem.,  t.  VIII, 
p.  152,  pi.  126,  fig.  8,  9)  et  adopté  par  La- 
treille,  Dejean,  Solier.  Ce  dernier  auteur  fait 
entrer  ce  genre  dans  ses  Collaptérides  et 
dans  la  tribu  de  ses  Asidites.  Les  espèces 
qui  en  font  partie  sont  toutes  originaires  du 
cap  de  Bonne-Espérance.  Nous  allons  les 
énumérer  :  M.  nodulosa  Hst.,  villosa  Oliv., 
rauca,  serrata Fabr.,  Duponti  Sol.,  coarctata 
Dej.  Ces  insectes  ont  l'aspect  des  Asides.  Leur 
corps  est  dur,  velu,  et  leur  corselet  offre  sur 
les  côtés  un  rebord  épais.  (C.) 

*MACHLIS.  bot.ph. — Genre  de  la  famille 
des  Composées-Sénécionidées,  établi  par  De 
Candolle  (Prodr.,  VI,  140).  Herbes  de  l'Inde. 

Voy.  COMPOSÉES. 

MACHLIS.  mam.  —Nom  appliqué  quel- 
quefois à  l'Élan.  Voy.  ce  mot.       (E.  D.) 

MACHOIRES,  zool.  —  On  nomme  ainsi 
la  charpente  osseuse  qui  supporte  les  dents 
chez  les  animaux  vertébrés.  Cet  organe 
varie  suivant  les  diverses  classes  d'animaux. 
Voyez,  en  conséquence,  les  articles  mammi- 
fères, oiseaux,  poissons,  reptiles,  etc.,  et 
aussi  les  mots  bouche  et  dent. 

MACIGNO.  géol.  — Nom  donné  au  Grès 
quartzeux  avec  Marne  endurcie.  Voy.  grès. 

*MACIPUS,  Stéven.  ins.— Syn.  de  Meci- 
nus,  Germar. 

MACLE.  min.  —  Syn.  :  Chiastolithe  , 
Hohlspath,  Stanzaite,  Andalousite. — Espèce 
de  l'ordre  des  Silicates  alumineux,  qui,  d'a- 
près les  analyses  de  Bucholz,  de  Jackson, 
et  de  Bunsen,  paraît  être  un  silicate  simple 
d'alurnine ,  dans  lequel  la  quantité  d'oxy- 
gène de  l'acide  serait  les  trois  quarts  de 
celle  de  la  base.  C'est  une  substance  de 
couleur  grise  ou  rougeâtre,  vitreuse,  trans- 
lucide, ou  plus  ou  moins  transparente,  et 
cristallisée  en  prismes  rhombiques  droits 
de  91°  1/2.  Elle  est  infusible,  insoluble 
dans  les  acides ,  et  assez  dure  pour  rayer  le 
quartz.  Lorsqu'elle  est  transparente,  elle 
oITre,  surtout  dans  les  variétés  du  Brésil,  un 
bel  exemple  de  trichroïsme,  manifestant  par 


536 


MAC 


MAC 


transparence  trois  couleurs  dans  les  di- 
rections de  trois  axes  différents,  savoir  le 
rouge- hyacinthe,  le  vert-jaunâtre,  et  le 
vert  d'olive. 

Cette  espèce  comprend  deux  variétés 
principales,  qui  ont  été  longtemps  regardées 
comme  des  minéraux  distincts ,  et  séparées 
dans  la  méthode  sous  les  noms  d'Andalou- 
site et  de  Macle.  M.  Bernhardi  paraît  avoir 
remarqué  le  premier  les  analogies  qui  exis- 
tent entre  ces  deux  minéraux,  et  leur  iden- 
tité a  été  admise  par  M.  Beudant  et  plu- 
sieurs autres  minéralogistes. 

1°  Andalousite.  En  prismes  rhomboïdaux, 
presque  carrés,  simples,  ou  modifiés  légè- 
rement sur  deux  angles  solides  par  des  fa- 
cettes,  dont  la  rencontre  formerait  un  coin 
à  arête  horizontale  de  109°  30'.  C'est  la 
substance  qu'Hatty  avait  d'abord  désignée 
sous  le  nom  de  Feldspath  apyre.  Elle  est 
ordinairement  d'an  rouge  violet  ou  d'un 
gris  de  perle,  et  recouverte  souvent  d'une 
espèce  de  Mica  blanc  qui  pénètre  quel- 
quefois l'intérieur  de  la  masse.  Elle  se  trouve 
en  cristaux  disséminés  ou  implantés  dans 
les  terrains  anciens  de  cristallisation,  notam- 
ment dans  les  granités  et  gneiss  du  Tyrol , 
de  la  Bavière,  de  la  Saxe.  On  l'a  découverte 
pour  la  première  fois  dans  l'Andalousie. 

2°  Macle  ou  Chiastolithe.  Variété  mon- 
trant sur  la  coupe  transverse  de  ses  prismes 
une  croix  noire  en  forme  de  X  (ou  x)  > 
ou  plus  généralement  un  dessin  en  forme 
de  mosaïque,  due  à  une  matière  noire  qui 
en  occupe  le  centre,  les  diagonales  et  les 
angles,  et  qui  est  ordinairement  de  même 
nature  que  la  roche  au  milieu  de  laquelle 
le  Macle  a  cristallisé.  Cette  matière  étrangère 
affecte  la  forme  d'un  rhombe  au  centre  et 
aux  extrémités,  et  quelquefois  les  lignes 
noires,  situées diagonalement,  se  ramifient 
en  lignes  parallèles  aux  côtés  delà  base,  en 
sorte  que  le  cristal  paraît  composé  de  plu- 
sieurs couches  d'Andalousite  séparées  par 
des  couches  de  matière  étrangère. 

Cette  singulière  disposition  paraît  être  le 
résultat  d'un  groupement  régulier  de  quatre 
1  cristaux  simples ,  joints  deux  à  deux  par 
des  plans  parallèles  aux  sections  diagonales, 
et  formant  par  leur  réunion  un  prisme  sem- 
blable au  prisme  fondamental.  Les  quatre 
individus  laissent  entre  eux  vers  le  centre 
un  espace   creux,   et  vers    les    extrémités 


quatre  angles  rentrants ,  que  remplit  la  ma- 
tière de  la  roche  (Macle  pentarhombique); 
souvent  aussi  cette  matière  étrangère  se 
montre  entre  les  faces  de  jonction  (Macle 
tétragramme);  et  quelquefois,  chacun  des 
individus  est  lui-même  composé  de  lames 
parallèles,  alternant  avec  des  couches  min- 
ces de  matière  noire  (Macle  polygramme). 
Tous  les  minéralogistes  cependant  n'attri- 
buent point  le  phénomène  de  la  Macle  à 
des  effets  de  groupement  régulier  ;  ils  ob- 
jectent contre  cette  manière  de  voir  que, 
dans  certains  cas,  la  matière  noire  forme  à 
l'intérieur  des  prismes  d'Andalousite  des 
pyramides  à  base  rhombe,  en  sorte  que  la 
tache  centrale  varie  progressivement  de 
grandeur,  quand  la  section  du  cristal  se 
fait  à  des  hauteurs  successivement  différen- 
tes. On  cite  de  plus  quelques  exemples  de 
Macles,  où  la  matière  colorante  paraissait 
être  tout  simplement  une  matière  charbon- 
neuse, que  le  feu  a  fait  disparaître,  en  lais- 
sant voir  un  cristal  unique,  dans  un  état 
parfait  de  pureté  et  d'intégrité.  On  sait  par 
un  grand  nombre  d'observations  faites  sur 
les  cristaux  naturels  ,  ou  sur  ceux  des  labo- 
ratoires, que  les  matières  accidentelles  que 
le  cristal  a  retenues  dans  sa  masse  n'y 
sont  pas  toujours  disséminées  uniformément, 
mais  qu'elles  s'y  montrent,  soit  vers  le 
centre,  soit  disposées  par  couches  régulières, 
parallèles  tantôt  aux  pans  d'un  prisme  ou  à 
ses  sections  diagonales,  tantôt  aux  faces 
d'une  forme  octaédrique.  Haiiy  a  considéré 
la  Macle  comme  un  cristal  simple,  souillé 
d'une  substance  étrangère,  qui  s'y  était 
déposée  d'une  manière  régulière  et  symé- 
trique, et  cette  opinion  a  été  partagée  par 
M.  Beudant.  —  La  Macle  ou  Chiastolithe  se 
trouve  disséminée  dans  le  schiste  argileux, 
surtout  dans  les  parties  de  cette  roche  qui 
avoisinent  les  roches  granitoïdes,  en  France 
dans  le  département  des  Côtes-du-Nord  près 
de  St-Brieux  ;  à  St- Jacques  de  Compostelle 
en  Galice;  dans  la  Serra  de  Marao  en  Por- 
tugal ;  en  Amérique,  à  Sterling  et  Lancas- 
ter  ,  dans  le  Massachussets;  en  Allemagne, 
près  de  Gefrees  dans  le  Fichtelgebirge.  On 
l'a  observée  aussi  dans  les  micaschistes  pas- 
sant au  schiste  argileux, en  plusieurs  points 
des  Pyrénées  ,  et  dans  un  calcaire  noirâtre, 
à  Couledoux,  Haute-Garonne.  On  la  cite  en- 
core dans  une  Dolomie,  au  Simplon.  (Del.) 


MAC 

MACLEAMA  (nom  propre),  eot.  ph.— 
Genre  de  la  famille  desÉricacées-Vacciniées, 
établi  par  Hooker  (/c,  t.  109).  Arbrisseaux 
du  Pérou.  Voy.  vacciniées. 

MACLES.  crist.  —  Nom  donné  par  Ro- 
me de  l'Isle  à  cette  sorte  particulière  de 
groupement  qui  résulte  de  la  réunion  en 
sens  contraire  de  deux  cristaux  semblables , 
et  qu'Hauy  a  appelée  hémitropie.  On  l'a 
étendu  depuis  à  toute  espèce  de  groupement 
régulier,  et  c'est  dans  ce  sens  général  que 
dous  considérons  le  mot  dans  cet  article.  La 
connaissance  exacte  des  Macles  est  d'autant 
plus  importante  que  quelques  unes  d'elles 
présentent  l'apparence  de  cristaux  simples  , 
et  pourraient  être  prises  pour  telles,  non 
sans  inconvénient ,  si  l'on  n'y  regardait  de 
près.  Il  faut  donc  avoir  des  moyens  sûrs 
pour  discerner  les  cas  où  les  cristaux  sont 
réellement  simples ,  et  ceux  où  il  y  a  grou- 
pement ou  agrégation  de  plusieurs  indi- 
vidus. 

Les  groupements  réguliers  n'ont  lieu  le 
plus  ordinairement  qu'entre  des  cristaux  de 
même  espèce,  de  même  structure  et  de  même 
forme  :  cependant  cette  généralité  souffre 
quelques  exceptions.  L'on  connaît  aujour- 
d'hui des  groupements  réguliers  de  cristaux  de 
même  nature,  mais  de  formes  inversement 
semblables,  circonstance  rare,  qui  ne  se 
montre  que  dans  tes  espèces  à  formes  hé- 
miédriques ,  et  il  en  est  même  qui  résultent 
d'individus  appartenant  à  des  espèces  dif- 
férentes, maisquise  rapprochent  cependant 
par  leur  forme  ou  par  leur  composition  : 
tels  sont  les  groupements  réguliers  des  pris- 
mes de  Staurotide  et  de  Disthène,  des  cris- 
taux de  Rutile  et  d'Oligiste,  etc.  Nous  nous 
bornerons  à  considérer  ici  le  cas  le  plus  gé- 
néral, les  groupements  réguliers  d'individus 
en  tout  point  identiques  ;  ce  sont  les  plus 
communs,  et  ceux  dont  l'étude  offre  le  plus 
d'intérêt.  On  en  distingue  de  plusieurs 
sortes,  mais  qui  sont  toutes  soumises  à  une 
règle  fort  remarquable,  consistant  en  ce 
que  les  plans  de  jonction  des  individus  sont 
toujours  parallèles  à  des  faces  de  modifica- 
tion ,  existantes  ou  possibles  sur  chacun 
d'eux,  et  dont  le  signe  est  ordinairement 
des  plus  simples.  On  peut  distinguer  deux 
classes  principales  de  groupements ,  parmi 
ceux  qui  sont  soumis  à  cette  loi  cristallo- 
graphique. 


MAC 


537 


Dans  la  première,  les  cristaux  groupés 
sont  en  position  directe  ou  parallèle,  c'est- 
à-dire  que  les  axes,  les  lignes  et  les  faces 
sont  homologues  (groupement  direct,  Beud.); 
dans  la  seconde,  les  cristaux  sont  groupés 
dans  des  positions  inverses  les  unes  relati- 
vement aux  autres,  en  sorte  qu'il  n'y  a  plus 
de  parallélisme  entre  leurs  axes,  ni  entre 
leurs  faces  homologues  (groupement  inverse, 
Beud.). — Le  premier  cas  est  fort  simple  à 
concevoir;  il  a  lieu  fréquemment  dans  la 
nature  entre  un  très  grand  nombre  de  cris- 
taux de  même  forme,  qui  se  combinent  de 
manière  à  produire  un  tout  régulier.  Tan- 
tôt la  configuration  résultante  est  une  sim- 
ple forme  imitative  (arborisation,  réseau, 
tricot,  etc.),  tantôt  elle  représente  une 
forme  cristalline,  semblable  à  celle  des  cris- 
taux élémentaires ,  ou  bien  une  forme  diffé- 
rente ,  mais  se  rapportant  au  même  système 
cristallin. 

Lorsque  le  groupement  a  lieu  avec  in- 
version, ou  sans  parallélisme  des  individus, 
on  peut  distinguer  deux  cas  :  celui  de  deux 
cristaux  seulement,  et  celui  d'un  nombre 
quelconque  de  cristaux,  mais  avec  répéti- 
tion constante  de  la  même  loi  entre  deux 
individus  adjacents. 

Dans  le  cas  de  deux  cristaux,  il  y  a  deux 
choses  à  considérer  :  1°  la  position  relative 
des  deux  individus  ;  2°  leur  mode  de  réunion 
par  simple  apposition ,  ou  par  enchevêtre- 
ment. La  position  relative  des  deux  indi- 
vidus se  détermine  en  les  supposant  d'a- 
bord parallèles,  et  en  faisant  tourner  l'un 
des  deux  autour  d'un  certain  axe  et  d'une 
certaine  quantité  angulaire.  L'axe  de  révo- 
lution est  ordinairement  perpendiculaire  au 
plan  de  jonction;  quelquefois  cependant 
il  lui  est  parallèle,  comme  c'est  le  cas  des 
"cristaux  d'orthose ,  d'Elbogen  et  de  Caiis- 
bad  en  Bavière.  L'angle  de  révolution  est  de 
180°,  de  90°  ou  de  60°.  Toutes  les  fois  que 
l'angle  est  alors  de  180°,  l'un  des  cris- 
taux est  renversé  par  rapport  à  l'autre  : 
c'est  une  hémitropie  {voy .  ce  mot);  lorsque 
l'angle  de  révolution  est  plus  petit  que  180", 
c'est  une  simple  transposition. 

L'indication  de  la  position  relative  des 
cristaux  géminés  ne  suffit  pas  pour  déter- 
miner le  caractère  du  groupement  :  il  faut 
encore  faire  connaître  si  les  individus  sont 
réunis  l'un  à  l'autre  par  juxtaposition  seu- 

68 


538 


MAC 


MAC 


lement,  ou  bien  par  enchevêtrement,  et 
dans  ce  cas  en  se  croisant  ou  paraissant  se 
pénétrer  mutuellement  d'une  manière  plus 
ou  moins  complète. 

Dans  le  cas  de  simple  juxtaposition,  il  n'y  a 
qu'un  seul  plan  de  jonction.  Les  individus 
paraissent  presque  toujours  incomplets,  et 
comme  s'ils  avaient  été  tronqués  par  un 
bout.  Ils  sont  placés  l'un  sur  l'autre,  ou 
l'un  à  côté  de  l'autre,  la  masse  de  chacun 
d'eux  se  trouvant  tout  entière  d'un  seul 
côté  par  rapport  au  plan  de  jonction.  Ces 
groupements  sont  ceux  que  l'on  nomme 
vulgairement  groupes  en  cœur,  en  genou, 
en  gouttière ,  etc. 

Dans  les  cas  d'entrecroisement,  il  y  a 
toujours  plusieurs  plans  de  jonction  de  di- 
rections différentes;  les  individus  se  sont 
formés  autour  d'un  axe  ou  d'un  centre 
commun  ;  ils  paraissent  échancrés  par  le 
milieu,  et  placés  l'un  dans  l'autre,  de  ma- 
nière à  combler  le  vide  produit  par  les 
crhancrures  (ex.  :  cristaux  de  Staurotide). 
Ces  groupements  sont  ceux  que  l'on  nomme 
vulgairement  groupes  en  croix. 

Ces  mêmes  lois  de  groupement  peuvent 
se  répéter  un  très  grand  nombre  de  fois 
entre  beaucoup  d'individus  semblables. 
Tantôt  les  faces  successives  de  jonction  sont 
toutes  parallèles  entre  elles  ;  dans  ce  cas  les 
individus  s'amincissent  en  forme  de  tables, 
et  forment  un  arrangement  linéaire,  une 
superposition  de  lames  disposées  alternati- 
vement en  sens  contraires  (cristaux  d'ara- 
gonite,  d'albite,  de  labrador).  Tantôt  les 
faces  de  jonction  sont  inclinées ,  et  les  in- 
dividus en  nombre  limité  forment  un  ar- 
rangement circulaire,  et  composent  des 
étoiles  régulières,  des  rosaces,  des  couron- 
nes ,  etc.  (cristaux  de  céruse ,  de  sperkise, 
de  rutile,  etc.). 

Nous  avons  admis  que  les  plans  de  jonc- 
tion étaient  toujours  déterminablcs  d'après 
une  loi  cristallographiqne.  Peut-être  faudra- 
t-il  admettre  une  autre  classe  de  groupe- 
ments, qui  seraient  réglés,  non  plus  par 
loi  cristallographique,  mais  par  une  rela- 
tion purement  géométrique,  à  laquelle  ne 
répondrait  aucune  des  lois  ordinaires  de 
«lérivation.  C'est  ce  qui  semble  résulter  des 
observations  de  M.  Scacchi,  qui  a  vu  plu- 
sieurs cristaux  de  même  forme  groupés 
entre  eux,  dans  des  positions  en  quelque 


sorte  concertées ,  de  manière  que  le  tout  re- 
présentait une  forme  d'un  système  diffé- 
rent. Suivant  lui,  des  rhomboèdres  basés 
de  feroligiste,  réduits  à  la  forme  tabulaire, 
pourraient  se  grouper  régulièrement ,  de 
façon  à  produire  des  configurations  repré- 
sentant un  octaèdre  régulier.         (Del.) 

*MACLEYA  (nom  propre),  bot.  fh.  — 
Genre  de  la  famille  des  Papavéracées-Argé- 
monées,  établi  par  R.  Rrown  {in  Denh.  et 
Clappert.  Narrât.,  218).  Herbes  vivaces  de 
la  Chine.  Voy.  papavéracées. 

*MACLINE.  géol. — M.  Cordier  a  donné 
ce  nom  à  une  espèce  de  roche  noirâtre,  com- 
posée de  mica  et  de  macle  ,  presque  exclu- 
sivement. Les  prismes  de  macle  enchevêtrés 
entre  eux  y  jouent  le  rôle  des  grains  de 
quartz  dans  le  micacite.  La  contexture  n'est 
ni  granitique  ni  lamellaire,  mais  grenue- 
mixte.  Cette  roche  appartient  à  la  partie  su- 
périeure des  terrains  primordiaux  et  aux 
terrains  siluriens.  (C.  d'O.) 

MACLURA.  bot.  ph. — Genre  de  la  famille 
des  Morées,  établi  par  Nuttall  (Gen.,  II, 
234).  Arbres  de  l'Amérique  boréale.  Voy. 

MORÉES. 

MACLURÉITE.  min.—  Syn.  de  Chon- 
drodite. 

MACOUBEA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Guttifères ,  établi  par  Aublet 
(Guian.  suppl.  17.  t.  378).  Arbres  de  la 
Guiane. 

MACOUCOUA,  Aubl.  bot.  ph.  —  Syn. 
û'Ilex,  Linn. 

*MACRADENIA  (  pecxpo'ç ,  long  ;  âJvjv , 
glande),  bot.  pu.  —  Genre  de  la  famille  des 
Orchidées-Vandées,  établi  par  R.  Brown  [in 
Bot.  reg.,  t.  612).  Herbes  des  Antilles.  Voy. 

ORCHIDÉES. 

*MACRjEA,  Lindl.  bot.  ph.— Syn.  de  Fi- 
viania,  Cav. 

*MACRA1\THERA  (p.apxoç,  long;  àvÔ^px, 
anthère),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Scrophularinées-Gérardiécs,  établi  par  Tor- 
rey  {ex  Benth.  in  Bot.  Mag.  comp.,  II,  203). 
Herbes  de  l'Amérique  boréale.  Voy.  scrofhu- 

LARINÉES. 

MACRANTHUS  (p-«xpoç,  long;  «v0aç, 
fleur),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Légumineuses-Papilionacées,  tribu  incer- 
taine, établi  par  Loureiro  (Flor.  cochinch., 
563).  Herbes  de  la  Cochinchine.  Voy.  lé- 
gumineuses. 


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MAC 


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♦MACRASPIDES.ins.— Tribu  formée  par 
Burmeister  {Handbuch  der  Entomologie,  1 844, 
p.  330).  Elle  a  pour  caractères:  Labre  en- 
tier, acuminé  au  milieu;  chaperon  arrondi, 
édenté.  Les  genres  dont  elle  est  composée 
sont  les  suivants:  Macraspis,  Chlorota,  Dia- 
basis,  Thyridium.  (C.) 

MACRASPIS  Oxaxpo'ç,  grand;  à?™';,  écus- 
son),  ins. — Genre  de  Coléoptères  pentamères, 
famille  des  Lamellicornes,  tribu  des  Scara- 
béides  phyllophages,  créé  par  Mac-Leay 
(Horœ  entomologicœ,l,p.  157;  édit.  Lequien, 
Paris,  1833,  p.  92)  et  adopté  par  Burmeister 
(Handbuch  der  Entomologie,  1844,  p.  157), 
qui  en  mentionne  30  espèces  américaines. 
Nous  citerons  les  suivantes  :  M.  tetradactyla 
Lin.  ,chry  sis,  splendida,  lucida,  fucata,clavata 
de  Fab.,  lateralis,  bicolor  et  splendensCh.Ce 
genre  est  remarquable  par  l'excessive  am- 
pleur de  l'écusson.  (C.) 

*MACRAUCHENIA  (p.axpo'î,  long;  avX*îv, 
cou  ).  mam.  foss.  —  Genre  de  Mammifères 
fossiles,  établi  par  M.  Owen,  pour  des  osse- 
ments trouvés  en  Patagonie,  par  M.  Darwin, 
dans  un  lit  irrégulier  de  sol  sablonneux  re- 
couvrant une  accumulation  horizontale  de 
gravier  sur  la  côte  sud  du  port  Saint-Julien. 
Ce  genre  appartient  à  l'ordre  des  Pachyder- 
mes, et  montre  par  ses  trois  doigts  aux 
pieds  de  devant  comme  à  ceux  de  derrière, 
aussi  bien  que  par  quelques  détails  de  for- 
mes des  os  longs,  de  grandes  affinités  avec 
les  Palœotherium  ;  mais  on  reconnaît,  d'un 
autre  côté,  par  la  soudure  des  os  de  l'avant- 
bras  et  de  la  jambe,  une  tendance  vers  les 
Ruminants ,  et  particulièrement  vers  les 
Chameaux,  par  la  disposition  du  canal 
artériel  des  vertèbres  cervicales.  Ainsi  , 
comme  les  Anoplotherium ,  le  Macrauche- 
nia  lie  les  Pachydermes  aux  Ruminants, 
mais  non  pas  par  les  mêmes  parties  du 
squelette,  car  c'est  principalement  par  les 
pieds  que  les  Anoplothères  ont  quelque  res- 
semblance avec  les  Chameaux  ;  tandis  que 
dans  le  Mac.  patachonica ,  car  M.  Owen 
nomme  ainsi  cette  espèce,  c'est  surtout  par 
les  vertèbres.  Cet  animal,  dont  les  dents  ne 
sont  point  encore  connues ,  était  de  la  gran- 
deur de  l'Hippopotame  ou  d'un  Rhinocéros 
de  moyenne  taille.  (L...D.) 

MACRE.  Trapa.  bot.  ph.  —  La  place  de 
ce  genre  dans  la  méthode  naturelle  n'est  pas 
encore  parfaitement  déterminée;  A.-L.  de 


Jussieu  le  plaçait  dans  sa  famille  des  Hydro- 
charides ,  groupe  assez  hétérogène;  mais  il 
faisait  suivre  l'exposé  de  ses  caractères  d'ob- 
servations  qui  montraient  que  cette  place 
n'était  à  ses  yeux  que  provisoire,  et  que  plu- 
sieurs caractères  lui  paraissaient  devoir  faire 
ranger  ce  genre  parmi  les  Onagraires.  C'est 
en  effet»  dans  cette  dernière  famille  que  la 
plupart  des  botanistes  postérieurs  à  Jussieu 
ont  rangé  leïYapa.  Plus  récemment,  M.  En- 
dlicher  a  proposé  de  former  avec  ce  genre 
une  petite  famille  à  laquelle  il  a  donné  le 
nom  de  Trapées,  et  qu'il  a  placée  en  quelque 
sorte  comme  appendice  à  la  suite  de  celle 
des  Haloragées.  Dans  le  système  sexuel  de 
Linné,  les  Macres  appartiennent  à  la   té- 
trandrie  monogynie.  Ces  plantes  sont  fort 
remarquables  par  leur  organisation.  Ce  sont 
des  herbes  qui  nagent  dans  l'eau  des  marais 
et  des  lacs  dans  les  parties  moyennes  de 
l'Europe,  et  surtout  dans  les  régions  tropi- 
cales et  centrales  de  l'Asie.   Leurs  feuilles 
sont  dépourvues  de  stipules  ;  les  inférieures, 
qui  restent  sous  l'eau,  sont  opposées,  ré- 
duites à  leurs  nervures,  devenues  capillai- 
res et  ressemblant  assez  à  des  racines  très 
rameuses;  au  contraire,  les  supérieures, 
qui  flottent  en  rosette  à  la  surface  du  li- 
quide, sont  alternes  ;  leur  limbe  est  rhom- 
boidal,  porté  sur  un  pétiole  qui  se  renfle, 
vers  le  milieu  de  sa  longueur,  en  une  sorte 
de  vésicule  remplie  d'air,  qui  remplit  assez 
bien  les  fonctions  d'une  vessie  natatoire. 
Les  fleurs  sont  axillaires,  solitaires;  le  ca- 
lice adhère  à  l'ovaire  par  la  base  de  son 
tube;  son  limbe  est  demi-supère ,  divisé 
profondément  en  quatre  lobes  qui  persistent 
et  dégénèrent  en  épines;  la  corolle  est  à  4 
pétales  insérés  au-dessous  du  disque  annu- 
laire charnu  qui  entoure  le  sommet  de  l'o- 
vaire ;  4  étamines  alternent  avec  ces  pétales, 
et  présentent  la  même  insertion   qu'eux  ; 
l'ovaire  est  demi-adhérent,  creusé  intérieu- 
rement de  deux  loges  qui  contiennent  cha- 
cune un  seul  ovule  suspendu  à  la  cloison  , 
au-dessous  de  son  extrémité  supérieure.  Le 
fruit  qui  succède  à  ces  fleurs  est  une  sorte 
de  noix  dure  et  presque  cornée  ,  accompa- 
gnée de  2  ou  4   pointes  épineuses  formées 
par  les  lobes  du  calice  ,  qui  ont  persisté  et 
se  sont  endurcis  ;  par  suite  de  l'avortenicnt 
d'un   ovule  et  de  l'oblitération  d'une   des 
deux  loges  ,  il  est  uniloculaire,  et  renferme 


540 


MAC 


MAC 


une  seule  graine  volumineuse,  sans  albu- 
men ,  à  cotylédons  extrêmement  inégaux  , 
dont  l'un  remplit  presque  toute  la  graine  et 
se  compose  d'une  masse  très  épaisse  de  tissu 
féculent,  dont  l'autre  est  au  contraire  très 
petit ,  et  ne  ressemble  guère  qu'à  une  pe- 
tite écaille  que  des  botanistes  ont  regardée 
comme  n'étant  que  la  base  pétiolaire  du 
second  cotylédon  avorté.  A  la  germination  , 
la  radicule  perce  le  sommet  du  fruit  et  vient 
faire  saillie  au  dehors;  le  gros  cotylédon 
reste  caché  dans  la  noix  ,  tandis  que  le  pe- 
tit cotylédon  rudimentaire  en  est  écarté  par 
toute  la  longueur  qu'acquiert  le  pétiole  du 
premier,  et  qu'à  son  aisselle  se  cache  la  plu- 
mule  sous  la  forme  d'un  petit  mamelon. 

Parmi  les  espèces,  au  nombre  seulement 
de  5  ou  6 ,  que  renferme  le  genre  Macre,  il 
en  est  une  qui  nous  arrêtera  quelques  in- 
stants: c'est  la  Macre  flottante,  Trapana- 
tans    Lin.,  qui   est  plus  connue  sous  les 
noms  vulgaires  de  Châtaigne  d'eau ,  Truffe 
d'eau  y  Noix  d'eau,  Corniolle,  Tribule  d'eau, 
Saligot,  etc.  Sa  tige  s'allonge  dans  l'eau,  et 
élève  à  la  surface  de  ce  liquide  une  grande 
Josette  de  feuilles  flottantes,  rhomboïdales, 
dentées  à  leur  bord  ,  à  long  pétiole  renflé 
vers  son  milieu.  Ses  fleurs  se  développent 
de  juin  en  août;  elles  sont  petites  ,  asilai- 
res et  presque  sessiles,  d'un  blanc  verdâtre; 
elles  donnent  des   fruits  de  la  couleur  et 
presque  du  volume  d'une  châtaigne  moyenne, 
armés  de  quatre  fortes  cornes  aiguës,  oppo- 
sées en  croix,  dont  les  deux  supérieures  sont 
étalées  horizontalement,  dont  les  deux  in- 
férieures sont  un  peu  ascendantes.  Cette 
plante  se  trouve  dans  les  lacs  et  dans  les 
eaux  douces  stagnantes  ,  mais  non  croupis- 
santes, de  l'Europe  centrale  et  méridionale, 
et  d'une  grande  partie  de  l'Asie.  Son  fruit 
ressemble  ,  pour  le  goût ,  à  celui  de  la  châ- 
taigne; mais  il  est  plus  fade.  Dans  quelques 
contrées  ,  il  fournit  un  aliment  utile  ,  et  il 
est ,  sous  ce  rapport ,  d'autant  plus  avanta- 
geux qu'on  le  récolle  dans  des  lieux  entiè- 
rement perdus  pour   l'agriculture.    On  le 
mange  tantôt  crû  ,  tantôt,  et  plus  habituel- 
lement ,  rôti  ou  cuit  sous  la  cendre.  On  doit 
avoir  le  soin  d'en  faire  la  récolte  aussitôt 
qu'arrive  la  maturité;  sans  cela,  il  se  déta- 
che et  tombe  au  fond  de  l'eau.  La  Macre 
flottante   permettrait    d'utiliser  un   grand 
nombre  de  marais  et  de  pièces  d'eau ,  et  de- 


vrait dès  lors  être  plus  répandue  qu'elle  ne 
l'est  encore ,  surtout  dans  les  pays  pauvres 
et  marécageux,  où  elle  deviendrait  une  res- 
source précieuse  pour  le  peuple  des  campa- 
gnes. Elle  serait  très  avantageuse  encore 
sous  ce  rapport  qu'elle  n'exige  absolument 
aucun  soin  ,  et  que  ,  pour  la  multiplier,  il 
suffît  d'en  jeter  les  fruits  mûrs  dans  l'eau. 
Autrefois  on  regardait  et  on  employait  les 
fruits  de  la  Macre  flottante  comme  astrin- 
gents, et  ses  feuilles  comme  résolutives; 
mais  aujourd'hui  les  uns  et  les  autres  sont 
tout-à-fait  abandonnés  sous  ce  rapport. 

Dans  la  Chine  et  dans  la  Cochinchine,  les 
Macres  sont  l'objet  de  cultures  assidues  ;  le» 
espèces  qu'on  y  cultive  sont  la  Trapa  bicor- 
nis  Lin.,  dans  le  premier  de  ces  pays,  et 
le  T.  Cochinchinensis  Lour.,  probablement 
simple  variété  du  T.  bicornis ,  dans  le  se- 
cond. (P.  D.) 

MACRÉE.  géol.  —  Nom  donné  quel- 
quefois au  phénomène  connu  sous  le  nom 
de  Barre.  Voy.  ce  mot. 

MACREUSE.  Oidemia.  ois.— Delà  nom- 
breuse famille  des  Canards,  dont  Linné, 
Latham  et  une  foule  d'autres  ornithologistes 
ne  formaient  qu'un  seul  genre,  sont  succes- 
sivement sorties  plus  de  trente  divisions  gé- 
nériques. De  ce  nombre  est  celle  que  com- 
posent les  Macreuses,  espèces  qui ,  par  leur 
bec  large,  renflé,  élevé,  gibbeux  à  la  ba<e 
et  près  du  front;  par  leur  plumage  unifor- 
mément coloré  d'une  teinte  sombre,  se  dis- 
tinguent assez  bien,  en  effet,  des  autres 
Anatidées. 

Au  reste  ,  quelques  unes  de  leurs  habi- 
tudes naturelles,  à  défaut  de  caractères  phy- 
siques appréciables,  pourraient,  à  la  rigueur, 
servir  à  les  différencier.  Tout  ce  qui  a  été 
dit  de  la  sociabilité  des  Canards ,  de  leur 
mode  de  reproduction  et  des  circonstances 
qui  s'y  rattachent,  de  leur  disposition  à  se 
plier  à  la  domesticité ,  se  pourrait  dire  des 
Macreuses;  elles  ont  donc,  si  l'on  peut  dire, 
les  mœurs  générales  des  Canards,  mais  elles 
ont  en  outre  des  habitudes  qui  leur  sont 
particulières. 

On  ne  trouverait  peut-être  pas  dans 
toute  la  famille  à  laquelle  elles  appartien- 
nent d'espèces  qui  volent  aussi  mollement 
et  moins  longtemps.  Elles  ne  se  transpor- 
tent ordinairement,  au  moyen  de  leurs  ailes, 
qu'à  de  faibles  distances ,  et  leur  yoI  est  si 


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541 


peu  élevé  qu'elles  paraissent  toujours  raser, 
en  volant,  la  surface  de  l'eau.  Il  est  rare  de 
les  voir  abandonner  la  mer  pour  gagner  les 
lacs  intérieurs.  Leur  démarche,  comme  celle 
de  tous  les  oiseaux  à  tarses  très  reculés,  est 
peu  gracieuse,  lente  et  balancée;  en  un 
mot,  ce  ne  sont  des  oiseaux  organisés  ni  pour 
le  vol  ni  pour  la  marche;  mais,  par  com- 
pensation, la  faculté  de  nager  et  surtout 
celle  de  plonger  sont,  chez  les  Macreuses,  à 
un  très  haut  degré  de  développement.  Elles 
peuvent  rester  longtemps  sous  l'eau,  et  des- 
cendre, en  plongeant,  à  plus  de  30  pieds  de 
profondeur.  On  a  même  observé  qu'elles 
ont,  comme  les  Pétrels,  ce  singulier  pouvoir 
de  courir  sur  les  vagues  ,  ce  qui  paraît  bien 
extraordinaire  pour  des  oiseaux  aussi  lourds. 
Lorsqu'elles  pèchent,  on  les  voit  alternati- 
vement paraître  et  disparaître;  et  ce  qu'il 
y  a  de  curieux,  c'est  que  dès  qu'un  individu 
de  la  bande  plonge,  tous  les  autres  l'imi- 
tent. Elles  vont  ainsi  chercher  au  fond  de 
l'eau,  et  enfouis  dans  le  sable,  les  Mollusques 
dont  elles  se  nourrissent.  L'espèce  qu'elles 
paraissent  surtout  préférer  est  un  petit  bi- 
valve du  genre  Vénus;  toutes ,  ou  presque 
toutes  les  Macreuses  qui  arrivent  sur  les 
marchés  de  Paris,  ont  l'œsophage  rempli  de 
cette  espèce  de  Mollusque.  Sur  les  côtes  de 
la  Picardie,  où  ces  oiseaux  sont  très  abon- 
dants pendant  l'hiver,  on  leur  fait  une 
chasse  fort  destructive  ,  au  moyen  de  filets 
que  Ton  tend  horizontalement  à  quelques 
pieds  au-dessus  des  bancs  du  coquillage  dont 
ils  font  leur  nourriture.  Les  Macreuses,  en 
plongeant  pour  saisir  leur  proie,  demeurent 
empêtrées  dans  les  mailles  de  ces  filets. 

C'est  par  les  vents  du  nord  et  du  nord- 
ouest  que  les  Macreuses  arrivent  chez  nous, 
depuis  novembre  jusqu'en  février,  par  trou- 
pes prodigieuses  ;  elles  nous  quittent  en 
mars  et  avril,  pour  regagner  les  régions  du 
cercle  arctique,  où  elles  vont  se  reproduire. 

Les  Macreuses  ont  été  l'occasion  de  tant 
de  fables;  leur  nom  seul,  aujourd'hui  en- 
core, éveille  l'idée  d'un  si  grand  préjugé, 
qu'il  ne  sera  pas  hors  de  propos  d'entrer 
dans  quelques  considérations  qui  auront 
pour  objet  l'histoire  même  de  ce  préjugé. 

Il  est  peu  de  personnes  qui  ne  sachent  de 
quel  énorme  privilège  jouissait  autrefois  la 
chair  des  Macreuses  :  on  en  permettait  l'u- 
eage  en  carême.  Lorsqu'on  cherche  ce  qui 


avait  pu  faire  tolérer  cet  usage  ,  dans  un 
temps  surtout  où  les  lois  d-2  l'Église  con- 
damnent toutes  les  autres  viandes,  on  trouve 
que  cela  tient  à  une  erreur  des  plus  bizar- 
res, ou  tout  au  moins  que  cette  erreur  en  a 
été  le  principal  et  le  premier  motif.  Ainsi  , 
depuis  le  xuie ,  et  même  avant,  jusqu'au  xvie 
siècle,  les  naturalistes,  les  médecins,  les  phi- 
losophes, etc.,  se  sont  beaucoup  occupés  de 
l'origine  des  Macreuses.  On  voyait  ces  Oiseaux 
apparaître  spontanément  en  nombre  consi- 
dérable, et  on  ne  pouvait  dire  en  quel  lieu, 
sous  quel  ciel  ils  se  reproduisaient.  On  con- 
çoit que  les  esprits  furent  naturellement 
portés  à  faire  des  conjectures.  Les  uns  pen- 
sèrent qu'ils  naissaient  du  fruit  d'un  arbre 
sur  la  nature  duquel  on  n'était  pas  bien 
d'accord  ,  arbre  qui  croissait  aux  Orcades  , 
disait-on  ;  d'autres  voulurent  que  ce  fût  du 
bois  de  Sapin  pourri  et  flottant  dans  la  mer, 
des  Champignons  ou  Mousses  marines,  d'une 
sorte  de  coquillage  qu'on  nomme  Anatife; 
enfin  des  diverses  matières  végétales  qui 
s'attachent  aux  débris  des  navires.  Une  troi- 
sième opinion,  depuis  longtemps  émise  par 
Aristote  pour  d'autres  animaux ,  tels ,  par 
exemple,  que  les  Rats,  était  que  les  Ma- 
creuses s'engendraient  de  pourriture.  Ces 
opinions ,  que  l'on  trouve  produites  dans 
beaucoup  d'écrits  d'alors,  devenaient  même 
quelquefois  le  thème  des  poètes.  On  trouve, 
par  exemple,  dans  le  poëme  sur  la  Création 
du  monde,  publié  par  Dubartas ,  en  1578, 
des  vers  dans  lesquels  la  genèse  des  Ma- 
creuses est  parfaitement  tracée  selon  l'esprit 
du  temps.  On  ne  saurait  disconvenir  que  ce 
ne  soit,  en  très  grande  partie  du  moins,  à 
de  pareilles  idées  qu'il  faille  rattacher  cette 
coutume  ancienne  de  manger  des  Macreuses 
aux  jours  dits  maigres,  c'est-à-dire  durant 
le  carême.  En  effet ,  la  croyance  générale 
étant  qu'elles  ne  naissaient  point  par  accou- 
plement ni  d'un  œuf,  mais  plutôt  de  végé- 
taux, les  consciences  se  trouvant  par  ce  fait 
dégagées  de  tout  scrupule,  les  conciles  du- 
rent en  permettre  l'usage.  Le  pape  Inno- 
cent III  fut  le  premier  à  s'élever  contre  une 
pareille  tolérance;  mais  la  coutume  était 
déjà  trop  invétérée  pour  qu'on  tînt  compte 
de  ses  défenses.  Bien  plus,  lorsque  plus  tard 
on  sut,  par  Gérard  de  Veer, qui  venaitde  faire 
une  troisième  navigation  vers  le  Nord  ,  que 
les  Macreuses  avaient  la  même  origine  que 


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tous  les  autres  Canards,  et  qu  elles  nichaient 
dans  des  contrées  que  Gérard  de  Veer  croyait 
être  le  Groenland,  on  dut  chercher  d'autres 
raisons  pour  motiver  une  autorisation  que 
les  rapports  du  voyageur  venaient  détruire. 
Ces  raisons,  comme  on  le  pense,  furent  bien- 
tôt trouvées.  On  insinua  que  les  plumes  des 
Macreuses  étaient  d'une  nature  bien  diffé- 
rente de  celles  des  autres  oiseaux  ;  que  leur 
sang  était  froid  ;  qu'il  ne  se  condensait  point 
quand  on  le  répandait,  et  que  leur  graisse 
avait,  comme  celle  des  poissons,  la  propriété 
de  ne  jamais  se  figer.  Dès  qu'on  eut  inventé 
l'analogie  qui  existait  entre  ces  derniers  et 
les  Macreuses  ,  et  qu'on  l'eut  fait  accepter, 
ce  qui  avait  été  fait  par  les  conciles  persista. 
Voilà  d'où  vient  que  l'on  mangeait,  et  que, 
dans  quelques  parties  de  la  France,  on  mange 
encore  ces  oiseaux  en  carême,  en  qualité  de 
chair  maigre.  Il  est  bon  de  dire  que  les  pre- 
miers écrivains  qui  nous  ont  laissé  des  dis- 
sertations touchant  l'origine  des  Macreuses, 
ont  été,  en  général,  peu  d'accord  entre  eux 
sur  les  caractères  de  l'espèce.  Les  uns  attri- 
buaient le  mode  fabuleux  de  reproduction 
dont  nous  avons  parlé  à  l'Oie  bernache,  les 
autres  à  l'Oie  cravant  ;  ceux-ci  aux  vraies 
Macreuses,  ceux-là  à  d'autres  espèces  étran- 
gères au  genre  Canard.  Il  en  est  résulté  que, 
sous  le  nom  de  Macreuses ,  on  mangeait  de 
plusieurs  espèces  d'oiseaux.  Du  reste,  cette 
confusion  existe  encore  de  nos  jours  ;  ainsi, 
tandis  que  sur  les  côtes  de  l'Océan  le  vul- 
gaire connaît;  sous  le  nom  de  Macreuse, 
des  espèces  de  la  famille  des  Canards ,  les 
habitants  des  côtes  de  la  Méditerranée  et  de 
tout  le  midi  de  la  France  appliquent  cette 
dénomination  à  la  Foulque  macroule  (  Fu- 
lica  atra)y  et  c'est  sur  elle,  par  conséquent, 
qu'ils  transportent  la  tolérance  de  l'Église. 
On  rapporte  au  g.  Macreuse  les  espèces 
suivantes  : 

1.  La  Macreuse  double,  Oi.  fusca,  Anas 
fusca  Un.  (B\ifï.,pl.  enl.,  758).  Tout  le  plu- 
mage noir,  avec  un  miroir  blanc  sur  l'aile. 
Habite  les  mers  arctiques  des  deux  mondes  ; 
de  passage  périodique  sur  les  côtes  de  France, 
de  l'Angleterre  et  de  la  Hollande. 

2.  La  Macreuse  commune,  Oi.  nigra,An. 
nigra  Lin.  (Buff. ,  pi.  enl.,  978).  Toute 
noire ,  sans  miroir  blanc  sur  l'aile.  Habite 
les  régions  du  cercle  arctique ,  et  passe  en 
très  grand  nombre  sur  les  côtes  de  France. 


S.  La  Macreuse  a  large  bec,  Oi.  perspi* 
cillala ,  An.  perspicillata  Wils.  (  Buff. ,  pi. 
enl. ,  995).  Noire,  sans  miroir  sur  l'aile; 
deux  protubérances  osseuses  à  la  partie  la- 
térale du  bec.  Habite  la  baie  d'Hudson  et 
de  Baffin  ;  se  montre  accidentellement  dans 
les  Orcades. 

4.  La  Macreuse  a  face  blanche,  Oi.  leu' 
cocephala ,  An.  leucocephala  Lalh.  Front, 
joues,  gorge  et  occiput  d'un  blanc  pur  ;  som- 
met de  la  tête  d'un  noir  profond.  Habite  les 
lacs  salés  des  contrées  orientales  de  l'Eu- 
rope. 

On  a  encore  introduit  dans  ce  g. ,  sous  le 
nom  de  Petite  Macreuse  ,  une  espèce  d'un 
noir  fuligineux,  que  MM.  Milbert  et  La- 
pylnie  ont  rencontrée  à  Terre-Neuve. 

(Z.  Gerbe.) 

*MACROBIOTUS(^axpôç,  long;  St'os,vie). 
■«-  Nom  proposé  par  M.  Schultze  pour  des 
animaux  microscopiques  nommés  précé- 
demment Tardigrades,  et  vivant  dans  la 
mousse  ou  dans  la  poussière  des  toits. 
M.  Doyère ,  dans  un  travail  approfondi  sur 
ces  animaux ,  les  a  divisés  en  trois  genres 
bien  définis,  et  il  a  adopté  le  nom  de  Ma- 
crobiotus pour  un  de  ces  groupes.  Ce  genre, 
qui  contient  toutes  les  espèces  anciennement 
connues,  est  caractérisé  ainsi:  «  Tête  sans 
appendices;  bouche  terminée  par  une  ven- 
touse dépourvue  de  palpes.  Peau  molle,  di- 
visée seulement  par  des  rides  variables.  Qua- 
tre paires  de  pattes.  »  Les  Macrobiotus  ne 
présentent  d'ailleurs  aucune  trace  de  méta- 
morphoses. L'espèce  la  plus  connue  est  le 
Macrobiotus Hufelandii,  nommée  aussi  Arc- 
tiscon  Hufelandii,  par  Perty  et  Nitzsch  ;  son 
corps,  de  forme  cylindrique,  transparent  et 
incolore,  est  long  de  3  à  6  dixièmes  de 
millimètre.  Ses  œufs  sont  ronds,  larges 
de  7  centièmes  de  millimètre.  On  trouve 
cette  espèce  dans  toutes  les  mousses  qui 
croissent  sur  les  toits  ,  les  murs,  les  pierres 
isolées  ou  les  arbres,  ainsi  que  dans  le  sable 
des  gouttières.  De  même  que  les  autres  Tar- 
digrades, les  Rotifères  et  les  divers  habitants 
des  touffes  de  mousses  qui  croissent  sur  les 
toits,  les  Macrobiotesont  la  faculté  de  s'en- 
gourdir et  de  résister,  sans  périr,  à  la  dessic- 
cation la  plus  prolongée ,  pour  recommen- 
cer à  vivre  quand  la  pluie  vient  de  nouveau 
humecter  et  ramollir  leurs  organes.  Voy, 
tardigrades.  (Duj.) 


MAC 


MAC 


m; 


MACROCARPUS,  Bonnem.  eot.  cr.  — 
Syn.  d'Ectocarpus,  Agardh. 

&1ACROCEPIIALUS,  Oliv.  ins.  —  Voy. 

AKTHUBB. 

MACROCEPHALUS  (aaxpoç,  gros;  xs- 
ycîk-n,  tête),  ins. — Genre  de  l'ordre  des  Hé- 
miptères  hétéroptères,  tribu  des  Réduviens, 
famille  des  Aradides,  établi  par  Swederus 
{Acad.  des  se.  de  Stockholm,  1837,  p.  181, 
pi.  8).  L'espèce  type  de  ce  genre,  le  M.  ci- 
m  ico ïdes  Sw éd.,  se  trouve  dans  l'Amérique  du 
Nord,  en  Colombie  et  au  Brésil. 

MACROCERA  (/xaxpoç,  long;  x/pa;,  an- 
tenne), ins.  —  Genre  de  Tordre  des  Diptè- 
res némocères  ,  famille  des  Tipulaires  ,  éta- 
bli par  Meigen  et  adopté  par  Latreille  (Fam. 
nat.). L'espèce  type,MJutea,  habite  l'Europe. 

MACROCERA  G*«xpoç,  long  ;  xepaç,  an- 
tenne), ins.  —  Genre  de  l'ordre  des  Hymé- 
noptères Porte-Aiguillon  ,  famille  des  Melli- 
ficiens,  établi  par  Spinola  et  différant  des 
Ewcères ,  dont  il  est  voisin ,  par  les  palpes 
maxillaires,  qui  n'ont  que  5  articles  au  lieu 
de  6.  Ce  genre  renferme  plusieurs  espèces 
d'Eucères,  entre  autres  VEucera  antennata 
Panz. 

*MACROCERATITES ,  Radd.  eot.  ph. 
—  Syn.  de Mucuna,  Adans. 

MACROCERATIUM ,  DC.  bot.  ph.  — 
Syn.  d'Andrsejowslcia,  Reichenb. 

*MACROCERCUS  ,  Vieillot,  ois.— Syn. 
(l'Ara,  Briss. 

MACROCERCUS.  infus.— Nom  proposé 
autrefois  par  Hill,  pour  des  Vorticelles,  et 
plus  spécialement  pour  celle  qu'on  nomme 
aujourd'hui  Epistylis  plicalilis.  Le  pédon- 
cule de  ces  Infusoires  avait  été  pris  pour  une 
queue  par  l'auteur  anglais.  (Duj.) 

MACROCÈRE.  Macrocera  (p-oxpiç,  long; 
x/pa;,  antenne),  crust.  —  Nom  proposé  par 
Mac-Leay,  dans  les  Illusbr.  zool.,  sud  Afr.f 
t.  III,  1828,  pour  désigner  un  g.  de  Crusta- 
cés dans  l'ordre  des  Décapodes  brachyures. 

(H.L.) 

*MACROCHEILUS  (paxpôç,  grand  ;  X"  • 
àoç,  lèvre),  ins. — Genre  de  Coléoptères  pen- 
tamères,  famille  des  Carabiques,  tribu  des 
îlelluonides  deHope,  attribué  par  cet  auteur 
à  Kirby.  Le  type,  le  M.  Bensoni  de  Kirby, 
est  originaire  des  Indes  orientales.      (C.) 

MACROCHEIRUS  fj*«xpoç,  long;X£(>, 
pied  antérieur  ).  ins.  —  Genre  de  Co- 
léoptères tétramères,  famille  des  Curculio- 


nidesgonatocères,  division  desRhynchopho- 
rides,  proposé  par  Dehaan  et  publié  par 
Schœnherr  (Si/non.  gen.  et  sp.  Cucurl,  t. 
V,  part.  8,  p.  831).  L'espèce  type  et  uni- 
que, le  M.  protor  Schœnh.,  est  de  l'île  de 
Java.  (C.) 

*MACROCHILA(p.axpo';,  Iongjx^oç,  lè- 
vre), ins.  —  Genre  de  l'ordre  des  Lépidop- 
tères nocturnes,  tribu  des  Tinéides,  établi 
par  Stephens.  L'unique  espèce  de  ce  genre, 
M.  rostrella,  habite  l'Allemagne  et  l'Aus- 
tralie. 

*MACROCHILUS  (p«xpo«,  long  ;  x£r>oç , 
lèvre),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Lobéliacées-Délisséacées  ,  établi  par  Presl 
(Monogr. ,  47).  Arbres  des  îles  Sandwich. 

Voy.  LOBÉLIACÉES. 

*MACROCHLOA  (p.axPo;,  long;x>°«, 
herbe),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Graminées  -  Stipacées  ,  établi  par  Kunth 
(Gram.,  58).  Gramens  des  régions  méditer- 
ranéennes et  occidentales  de  l'Europe.  Voy. 
graminées. 

*MACROCNEMA  ,  Még.,  Curtis.  ins.  — 
Syn.  de Psylliodes,  Latreille.  (G.) 

MACROCNEMUM  (f*«xpc's,  long;  xvf 
pwj,  rayon),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Rubiacées-Hédyotidées ,  établi  par  P. 
Brown  (Jam.,  165).  Arbustes  de  la  Ja- 
maïque. Voy.  rubiacées.  —  Welloz.,  syn.  de 
Remijia,  DC. 

*MACROCORYNUS  (  paxpâç  ,  long  ;  xo- 
p-jv/j,  massue),  ins.  —  Genre  de  Coléop- 
tères tétramères,  famille  des  Curculionides 
gonatocères,  division  des  Phyllobides,  créé 
par  Schœnherr  (Dispositio  meth.  pag.  179  ; 
Syn.  gen.  et  sp.  Curculion.,  t.  II,  p.  433, 
7,  p.  12).  L'espèce  type  et  unique,  le  M. 
discoideus  d'Olivier,  est  indiquée  comme  ori- 
ginaire de  l'Inde  orientale.  (C.) 

MACROCYSTIS  (p.axp9'ç,  grand;  xvV 
tcç  ,  vessie  ).  bot.  cr.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Phycées-Laminariées  ,  établi  par 
Agardh  (Spec.,  I,  46).  Algues  gigantesques 
croissant  en  abondance  dans  les  régions  de 
l'hémisphère  austral.  Voy.  phycées. 

MACRODACTTLES.  Macrodactyîa.  ins. 
—  Tribu  de  Coléoptères  pentamères,  établie 
par  Latreille  dans  la  famille  des  Clavicorncs 
{Règne  animal  de  Cuvier,  t.  IV,  p.  516),  et 
qui  renferme  des  insectes  à  jambes  simples, 
étroites,  à  tarses  longs,  de  cinq  articles  dis- 
tincts, dont  le  dernier  est  terminé  par  deux 


644 


MAC 


MAC 


forts  crochets.  Le  corps  est  épais,  convexe; 
le  corselet  est  arrondi,  et  se  termine  le  plus 
souvent  de  chaque  côté  par  des  angles  aigus. 
Cette  tribu  se  compose  des  genres  Potamo- 
philus,  Dryops  (Parnus,  F.),  Elmis,  Stenel- 
mis,  Macronychus  et  Georissus. 

Latreille  a  changé,  à  l'errata  de  son  ou- 
vrage, le  nom  de  Macrodactyles  en  Lepto- 
dactyles.  (C.) 

MACRODACTYLES.  Macrodactyli.  ois. 
—  G.  Cuvier  (Règne  animal)  a  établi  sous  ce 
nom,  dans  l'ordre  desÉchassiers,  une  famille 
composée  d'espèces  qui  doivent  à  leurs  doigts 
entièrement  fendus  et  surtout  fort  longs  la 
faculté  de  pouvoir  marcher  sur  les  herbes 
des  marais.  Ces  espèces  sont  en  outre  remar- 
quables par  un  corps  singulièrement  com- 
primé, conformation  qui  est  déterminée  par 
l'étroitesse  du  sternum.  Leurs  ailes  sont  mé- 
diocres et  leur  vol  faible.  G.  Cuvier  compose 
cette  famille  des  genres  Jacana,  Kamichi, 
Mégapode,  Ralle,  Poule  d'eau,  Talève  et 
Foulque.  Vieillot  a  également  admis  une  fa- 
mille de  Macrodactyles;  mais,  pour  lui,  les 
seuls  genres  Ralle,  Poule  d'eau  et  Porphy- 
rion  ou  Talève  en  font  partie.  EnGn  Illiger 
a,  de  son  côté,  établi  sous  le  nom  de  Ma- 
crodactyli une  famille  qui  renferme  les  gen- 
res Jacana,  Ralle  et  Poule  d'eau.     (Z.  G.) 

MACRODACTYLUS  (p«xpo?,  long;  êx*~ 
tuXoç,  doigt),  ms.  —  Genre  de  Coléoptères 
pentamères,  famille  des  Lamellicornes,  tribu 
dos  Scarabéides  phyllophages ,  créé  par  La- 
treille (Règne  animal  de  Cuvier,  t.  V,  p.  562) 
et  adopté  par  Dejean.  Ce  genre  renferme  plus 
de  20  espèces,  qui  toutes  sont  propres  aux 
deux  Amériques.  Nous  citerons  parmi  celles 
décrites  les  suivantes:  M.  lineatus  Ch.,  lon- 
gicollis,  angustalus  Lat.,  subspinosus  F., 
hœmorrhous  P.  (saluralis  Lap.  ).  Ces  Insec- 
tes ont  le  corselet  long,  presque  hexagonal; 
tous  les  articles  des  tarses  sont  semblables 
dans  les  deux  sexes,  allongés  et  simplement 
velus.  (C.) 

*MACRODES  (f*oxPoç ,  grand  ).  ins.  — 
Genre  de  Coléoptères  pentamères,  famille  des 
Sternoxes,  tribu  des  Élatérides,  proposé  par 
Dejean,  qui ,  dans  son  Catalogue,  3e  édit., 
p.  106,  y  rapporte  une  seule  espèce  origi- 
naire de  la  partie  méridionale  de  l'Espagne. 
Il  la  nomme  M.  slriatus.  (C.) 

*MACRODIPTERYX  (  p.axpo; ,  long  ; 
Si: ,  deux;  tctc/jov,   aile),  ois.  —  Swainson 


a  créé  sous  ce  nom,  dans  la  famille  des  En- 
goulevents, un  genre  qui  a  pour  type  une 
espèce  que  Shaw  avait  désignée  depuis  fort 
longtemps  sous  le  nom  de  Capr.  longipen- 
nis.  (Z.  G.) 

MACRODOX,  Arnott.  bot.  cr.— Syn.  de 
Daltonia,  Hook. 

*MACROD01\TIA  (paxpo'ç,  long;  Mov'ç, 
dent),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  subpen- 
tamères  (tétramères  de  Latreille),  famille 
des  Longicornes ,  tribu  des  Prioniens  ,  établi 
par  Serville  (Annales  de  la  Société  entomol. 
de  Fr.,  tom.  I,  pag.  125,  139).  Ce  genre 
renferme  les  5  espèces  suivantes,  qui  toutes 
appartiennent  à  l'Amérique  méridionale, 
savoir  :  M.  cervicornis  Lin.,  Dejeanii  Gy. 
(Acteon  Dj.),  flavipennis  Chvt. ,  serridens 
Dj.,  crenata  01.  (quadrispinosa  Schr.,Ser- 
villei  Gy.  ).  Ce  sont  de  grands  et  beaux  in- 
sectes; les  mâles  ont  les  mandibules  plus 
grandes  que  celles  des  femelles,  et  plus 
longues  que  n'est  leur  tête.  La  M.  cervi- 
cornis vit  sur  le  Fromager  (Bombax,  Lin.). 
La  larve  est  recherchée  par  les  indigènes 
comme  un  mets  délicat.  (C.) 

MACROGASTER  (p.«xpoç,  long  ;  yowttfp , 
ventre  ).  ins.  —  Genre  de  l'ordre  des  Lépi- 
doptères Nocturnes ,  tribu  des  Hépialides , 
établi  par  Duponchel  (  Cat.  des  Lépidopt. 
d'Eur.,  p.  81).  L'unique  espèce  de  ce  genre, 
M.  arundinis,  habite  le  nord  de  la  France  et 
l'Allemagne. 

MACROGASTER,  Thunberg.  ins.  — 
Syn.  d'Atractocerus,  Palisot-Beauvois.  (C.) 

*MACROGASTRES  Jtf acrogastri.  ms.— 
Latreilledésignait  ainsi  autrefois  une  famille 
de  l'ordre  des  Coléoptères  hétéromères.  Elle 
n'était  composée  que  de  2  genres  :  Pyro- 
chroa  et  Calopus ,  dont  le  premier  rentre 
maintenant  dans  la  tribu  des  Sténélytres,et 
l'autre  dans  celle  des  Tracbélydes.     (C.) 

*MACROGLENES  (jxaxpoç ,  grand  ; 
vv) ,  œil),  ins —  Genre  de  l'ordre  des  Hymé- 
noptères, tribu  des  Chalcidiens ,  établi  par 
Westwood  (Lond.  andEdinb.  phil.  mag.,  3e 
série,  t.  I,  n°  2,  p.  127).  L'espèce  type  de 
ce  genre  est  le  M.  oculatus,  trouvé  aux 
environs  de  Londres. 

MACROGLOSSES.  Macroglossi.  ois.  — 
Famille  établie  par  Vieillot,  dans  l'ordre 
des  Passereaux  grimpeurs,  pour  des  espèces 
qui  sont  caractérisées  par  unelangue  très  lon- 
gue, lombriciforme.  Les  seuls  genres  Pic  et 


MAC 


MAC 


545 


Torcol  font  partie  de  cette  famille.  (Z.  G.) 

MAGROGLOSSUM  (p-ocxpôç,  long  ;  yXS»- 
aa,  langue),  ins.  —  Genre  de  Tordre  des 
Lépidoptères  Crépusculaires,  tribu  des  Sphin- 
gides,  établi  par  Scopoli ,  aux  dépens  des 
Sphinx.  La  principale  espèce  ,  M.  stellata- 
rum,  est  répandue  dans  une  grande  partie 
de  l'Europe. 

MACROGLOSSUS  (f*cwpoç,  long  ;  y>«<r- 
<r«,  langue),  mam.  —  Genre  de  Chéirop- 
tères créé  par  Fr.  Cuvier  (Mamm.,  38e  liv., 
1822)  et  adopté  par  tous  les  zoologistes.  Les 
Macroglosses,  qui  appartiennent  à  la  division 
des  Roussettes,  se  distinguent  par  leur  mu- 
seau très  allongé,  très  menu,  cylindrique, 
acuminé,  et  assez  semblable  pour  la  forme  à 
celui  des  Fourmiliers  ;  par  leur  langue  très 
longue,  cylindrique,  et,  dit-on,  un  peu 
extensible ,  et  par  leurs  dents ,  qui  sont  très 
petites ,  quoique  en  même  nombre  que  dans 
les  autres  groupes  de  Roussettes. 

On  ne  connaît  qu'une  espèce  de  ce  genre  : 
c'est  la  Roussette  kiodote  ,  Pteropus  mini- 
mus  E.  Geoff. ,  Pteropus  rostratus  Horsf. 
{Zool.  ),  qui  est  en  dessus  d'un  roux  clair, 
en  dessous  d'un  fauve  roussâtre,  et  habite 
Sumatra  et  Java.  (E.  D.) 

MACROGNATHE.  Macrognathus.  poiss. 

Voy.    B.HYNCHOBDELLE. 

*MACROGYl\E,Link  etOtt.  bot.  ph.— 
Syn.  û'Aspidistra,  Ker. 

*MACROLENES  (u.axpôç,  grand;  AUnf 
l'avant-bras).  ins.  —  Genre  de  Coléoptères 
subpentamères  (tétramères  de  quelques  au- 
teurs), tribu  de  nos  Tubifères  (  des  Chry- 
somélines  de  Latreille  ) ,  créé  par  nous  et 
adopté  par  Dejean,  qui  {Catalogue,  3'édit., 
pag.  443)en  mentionne  15 espèces  :  10  ap- 
partiennent à  l'Afrique  et  5  à  l'Europe. Nous 
indiquerons  les  suivantes  :  Clytra  sexma- 
culata  ,  octopunctata,  maxillosa  de  F.,  sex- 
punctata  et  ruficoliis  d'Olivier.  Les  mâles 
ont  les  pattes  antérieures  excessivement  lon- 
gues. (C.) 

*MACROLEPIS  (  paxpo'ç  ,  long  ;  Intiç , 
écaille),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Orchidées-Dendrobiées ,  établi  par  A.  Ri- 
chard {Sert.  Astrolabe  25,  t.  19).  Herbes 
de  l'île  Vanikoro.  Voy.  orchidées. 

MACROLOBIUM  fcowpSç,  long;  >ogeov, 
gousse),  bot.  ph.  — Genre  de  la  famille 
des  Légumineuses -Papilionacées  -  Caesalpi- 
niées,  établi  par  Schreber  {Gen.,  n.  62). 

t.   VII. 


Arbres  de  l'Amérique  tropicale.  Voyez  lé- 
gumineuses. 

*MACROLOCERA  (^axp0'5,  grand;  Fa- 
>°'ç,  velu;  x/paç,  antenne),  ins.  —  Genre 
de  Coléoptères  pentamères,  famille  des 
Sternoxes ,  tribu  des  Élatérides,  proposé  par 
Westwood et  publié  par  M.Hope {the Trans- 
actions of  the  Entomolog  ical  Society  of  Lond . , 
vol.  I,  pag.  13,  pi.  1,  f.  3).  L'auteur  décrit 
2  espèces  de  la  Nouvelle-Hollande  :  les  M. 
ceramboides  et  cœnosa.  (C.) 

*MACROMA(uaxpoç,grand;wpoç,  épaule). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  pentamères , 
famille  des  Lamellicornes ,  tribu  des  Scara- 
béides  Mélitophiles ,  proposé  par  Kirby,  pu- 
blié par  MM.  Gory  et  Percheron  {Monogra- 
phie des  Cétoines ,  t.  I,  pag.  19,  53,  148). 
Ce  genre  renferme  10  espèces  d'Asie  et  d'A- 
frique. L'espèce  type,  la  M.  sculellala  F., 
est  originaire  de  la  Sénégambie.  (C.) 

*MACROMELEA  (p.«xpo'ç,  long,>sV, 
membre),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  té- 
tramères, famille  ou  tribu  des  Clavipalpes , 
établi  par  M.  Hope  {Coîeopterist 's  manual , 
1840,  p.  190).  L'espèce  type  est  la  M.  Wie- 
demanni  de  l'auteur  ;  elle  provient  des  In- 
des orientales.  (C.) 

*MACROMERIA  p.«xPo;,  long;  p.ep^, 
tige),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des  As- 
périfoliacées  (Borraginées)-Anchusées,  établi 
par  Don  (in  Edinb.  new  philosoph.  journ. , 
XIII,  209).  Herbes  du  Mexique.  Voy.  bor- 

RAGINÉES. 

*MACROMERIS  (p-«xPoç,  long;  pfpoç, 
cuisse),  ins.  — Genre  de  l'ordre  des  Hymé- 
noptères Porte-aiguillon, tribu  des Sphégiens, 
famille  des  Sphégides,  établi  par  Lepeletier 
de  Saint-Fargeau  (Mag.  zool.,  t.  I,  p.  29, 
pi.  29),  et  renfermant  2  espèces  {M.  splen- 
dida  etviolacea)  des  Indes  orientales. 

*MACKOMERUM,  Burchell.  bot.  ph.— 
Syn.  de  Schepperia,  Neck. 

*MACROMERUS  (f^xpo'ç,  long;  p.v)po5, 
cuisse),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  tétra- 
mères ,  famille  des  Curculionides  gonato- 
cères,  division  des  Apostasimérides-Crypto- 
rhynchides ,  créé  par  Schœnherr  (Dispositio 
methodica  ,  pag.  285  ;  Syn.  gen.  et  sp.  Cur- 
culion.,  tom.  IV,  p.  183).  Ce  genre  est 
composé  de  10  espèces  américaines ,  parmi 
lesquelles  sont  les  M.  chimaridis¥.  {lanipes 
01.  ),  crinilarsis  Gr.  et  innoxius  de  Herbst. 
Les  pattes  antérieures  sont  longues  chez  le.; 

69 


546 


MAC 


MAC 


mâles ,  et  les  tarses ,  dans  ce  sexe ,  sont 
ordinairement  velus.  (C.) 

*MACROMi:RUS,  Andr.  Smith,  mam.— 
Syn.  de  Propithecus,  Bennett.  Voy.  propi- 

THÈQUE  au  mot  INDRI. 

*MACROMIA.  ins.— M.Rambur  (Insect. 
névropt.  Suites  à  Buffon)  a  désigné  sous  cette 
dénomination,  dans  la  tribu  desLibelluliens, 
groupe  des  Libellulites,  une  de  ses  divisions 
génériques,  dont  il  décrit  5  espèces  exoti- 
ques :  M.  cingulata  Ramb.,  de  l'Amérique 
méridionale,  M.  trifasciata  Ramb.,  de  Ma- 
dagascar, etc.  (Bl.) 

MACROMITRIUM  (p.axpo's,  long;  iu'- 
Tpa,  coiffe),  bot.  cr.  —  Genre  de  la  famille 
des  Mousses -Bryacées,  établi  par  Bridel 
(Mant.,  132).  Mousses  des  régions  tropicales 
et  subtropicales  croissant  sur  les  arbres. 

Voy.  MOUSSES. 

MACRONAX,  Raf.  bot.  ph.— Syn.  d'4- 
rundinaria,  Rich. 

*MACRONEMA  (pocxpoç,  long;  »%«, 
fil),  ins.  —  Genre  de  la  tribu  des  Phry- 
ganiens,  de  l'ordre  des  Névroptères ,  établi 
par  M.  Pictet  et  adopté  par  M.  Rambur.  Les 
Macronèmes  se  font  remarquer  par  leurs 
antennes  très  grêles  et  d'une  longueur  ex- 
trême ;  par  leurs  jambes  intermédiaires  et 
postérieures  munies  d'éperons  très  dévelop- 
pés, etc.  (Bl.) 

*MACRONEMUS  (paxpo's,  long;  v^aotj 
fil),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  subpenta- 
mères,  famille  des  Longicornes  ,  tribu  des 
Lamiaires,  proposé  par  Dejean  (Catalogue, 
3e  édit.  ,  pag.  363).  Trois  espèces  font 
partie  du  genre ,  les  M .  antennator ,  fili- 
formis ,  Dej.,  et  une  nouvelle  espèce ,  toutes 
originaires  de  l'Amérique  méridionale.  (G.) 

*MACROIMES  (paxpuv,  qui  a  une  longue 
tête),  ins. — Genre  de  Coléoptères  subpenta- 
mères  (tétramères  de  Lat.),  famille  des  Lon- 
gicornes, tribu  desLepturètes,  créé  parNew- 
mann  (The  Entomologist,  pag.  34).  L'espèce 
unique,  M.  exilis,  est  originaire  de  la  Nou- 
velle-Hollande. (C.) 

*MACRONEVRA  fcaxpo';,  long;  vsvpa, 
nervure),  ins.  —  Genre  de  l'ordre  des  Dip- 
tères némocères,  famille  des  Tipuliciens 
(Tipulaires,  Latr.),  groupe  des  Mycétophi- 
lites,  établi  par  M.  Boisduval,  qui  n'y  rap- 
porte qu'une  seule  espèce  d'Allemagne, 
M.  Winthenii. 

*MACRONEVRA(p.«Xpoî,  long;  vcvpa', 


nervure),  ins. —  Genre  de  l'ordre  des  Hymé- 
noptères, tribu  des  Chalcidiens,  famille 
des  Chlacidides,  établi  par  Walker  (Ent. 
Mag.y  t.  IV,  p.  354).  L'espèce  type,  M.  ma~ 
culipes  ,  a  été  trouVée  aux  environs  de  Lon- 
dres. 

*MACRONOTA  (paxpSç,  long;  v«toçv 
dos),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  penta- 
mères  ,  famille  des  Scarabéides  Mélito- 
philes,  créé  par  Wiedemann  (Analectœ 
Entomologicœ  ) ,  adopté  par  MM.  Gory  et 
Percheron  (  Monographie  des  Cétoines ,  1. 1 , 
pag.  19,  44).  M.  le  docteur  Schaum  (An- 
nales de  la  Société entom.  de  Fr.,  1845,  t.  III, 
2e  série,  pag.  43)  y  rapporte  24  espèces 
rentrant  dans  4  sections  ;  2  de  ces  sections 
se  rapportent  aux  genres  Chalcotheca  et 
Tœniodera  de  Burmeister;  23  sont  origi- 
naires d'Asie  (Indes  orientales),  et  1  est  pro- 
pre à  la  Sénégambie.  Nous  citerons  les  4  sui- 
vantes, qui  rentrent  chacune  dans  l'une  de 
ces  sections  :  M.  smaragdula  G.- P.  (Java), 
M.  Diardi  G. -P.  (Bornéo) ,  monacha  G. -P. 
(Java)etajn'caZisG.-P.  (Sénégambie).  (C.) 

*MACRONUS.  ois.  —  Genre  établi  par 
Jardine  et  Selby  sur  le  Tirnalia  trichorrhos 
de  Temminck.  Voy.  timalie.         (Z.  G.) 

MACRONYCHES.  Macronyches.  ois.  — 
Sous  ce  nom  Vieillot  a  établi,  dans  Tordre 
des  Échassiers ,  une  famille  qui  a  pour  ca- 
ractères :  Bec  médiocre,  un  peu  renflé 
vers  la  pointe  ;  ongles  longs ,  presque  droits, 
aigus.  Cette  famille  est  uniquement  compo- 
sée du  genre  Jacana.  (Z.  G.) 

MACRONYCHUS  (paxpo'ç,  grand;  SwÇ, 
ongle),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  penta- 
mères,  famille  des  Macrodactyles  (Lepto- 
dactyles),  créé  par  Muller  (Illiger,  Mag., 
1806,  t.  V,  p.  215)  et  adopté  par  Latreille 
(Gênera  Crust.  et  Ins.,  II,  258).  Ce  genre 
est  composé  d'espèces  vivant  dans  les  eaux 
courantes,  n'y  nageant  pas,  mais  se  tenant 
accrochées  par  leurs  ongles  très  robustes 
aux  mousses  et  aux  pierres.  Deux  sont  ori- 
ginaires d'Europe,  deux  de  l'Amérique  du 
Nord,  et  une  est  indigène  du  cap  de  Bonne- 
Espérance.  Nous  citerons,  parmi  celles  des 
deux  premières  parties  du  monde,  les 
M.  quadrituberculatus  Mul. ,  caucasiens 
Motsch.  et  variegatus  St.  (C.) 

*MACRONYX.  Macronyx  fcaxpo'ç,  long , 
Sw£,  ongle),  ois.  —  Genre  de  la  famille 
des  Alouettes  dans  l'ordre  des  Passereaux  t 


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caractérisé  par  un  .bec  médiocre,  droit,  à 
arête  légèrement  recourbée;  des  narines 
imes ,  grandes,  oblongues;  des  ailes  très 
courtes  ;  des  tarses  allongés,  à  squamelles 
latérales  entières  ;  un  pouce  muni  d'un 
ongle  très  long  et  fortement  recourbé. 

Le  type  de  ce  g.,  dont  Swainson  est  le 
créateur,  le  seul  oiseau,  du  reste,  qu'on 
puisse  y  rapporter  ,  est  I'Alouette  du  Gap  , 
Al.  capensis  Lin.  ,  M.  flavicollis  Swains. 
(Levaill.,  Ois.  tfAf.,  pi.  195),  espèce  assez 
remarquable  par  la  vive  coloration  de  son 
plumage.  Elle  a  la  gorge  aurore  encadrée 
par  une  sorte  de  hausse-col  noir,  et  au-des- 
sus des  yeux  un  trait  orangé  en  forme  de 
sourcil. 

Levaillant,  dans  son  Histoire  des  Oiseaux 
d'Afrique,  a  donné  à  cette  Alouette  le  nom 
spéciflque  de  Sentinelle ,  parce  que  son  cri 
exprime  de  la  manière  la  plus  précise  les 
mots  :  qui  vive? qui  viucPetquececri,  elle 
semble  surtout  se  plaire  à  le  répéter  lors  • 
qu'elle  voit  passer  près  d'elle  un  homme 
ou  un  animal  quelconque.  On  rencontre 
cette  espèce  seulement  sur  la  côte  orientale 
d'Afrique ,  et  très  abondamment  surtout 
dans  les  prairies  et  sur  le  bord  des  rivières 
qui  sont  aux  environs  du  Cap.  Les  colons  l'ap- 
pellent Calkoentje,  petit  Dindon,  et  la  recher- 
chent beaucoup  comme  gibier.      (Z.  G.) 

MACROPA  ,  MACROPODIA  ,  MA- 
CROPUS.  crust.  —  Syn.  de  Leptopodia  et  de 
Stenorhynchus.  Voy.  ces  mots.       (H.  L.) 

MACROPE.  Macropus.  crust.  —  Voy. 

MÉGALOPE.  (H.  L.) 

MACROPÉDITES.  ins.  —  Voy.  màcro- 

fODITES. 

*MACROPELMUS,  Mégerle,  Dabi.  ins. 
—  Syn.  de  Bagous,  Germ.,  Sch.       (C.) 

MAGROPEZA  (^axpo'ç,  long  ;  ^/Ça,  plante 
du  pied),  ins.  —  Genre  de  l'ordre  des  Dip- 
tères Némocères,  famille  des  Tipuliciens  (Ti- 
pulaires,  Latr.),  établi  par  Meigen  (  1. 1, 
p.  87).  La  seule  espèce  connue,  M.  albitar- 
fts,  habite  l'Europe. 

MACROPIITHALME.  Macrophthalmus 
(ftaxpôç,  grand  ;  h^il^oq,  œil),  crust. — C'est 
on  genre  de  l'ordre  des  Décapodes  brachyu- 
■tes,  de  la  famille  des  Catométopes,  de  la 
tribu  des  Gonoplaciens,  qui  a  été  établi  par 
Latreille  aux  dépens  du  Cancer  de  Herbst, 
et  adopté  par  tous  les  carcinologistes.  Les 
Crustacés  qui  composent  ce  genre  sont  re- 


marquables par  les  pédoncules  oculaires,  qui 
sont  très  longs  et  grêles  ;  par  le  front,  qui 
est  très  étroit,  n'occupant  qu'environ  le  cin- 
quième du  diamètre  transversal  de  la  cara- 
pace, et  par  le  troisième  article  des  pattes- 
mâchoires  externes,  qui  est  beaucoup  moins 
grand  que  le  précédent.  Les  espèces  qui  com- 
posent ce  genre  sont  au  nombre  de  7,  et  gé- 
néralement répandues  dans  la  mer  des  Indes  : 
cependant  on  en  rencontre  une  espèce  sur 
les  côtes  de  l'Ile  de  France.  Sur  ces  7  espè  • 
ces ,  il  y  en  a  2  qui  sont  à  l'état  fossile.  Le 
Macrophthalme  transversal  ,  Macrophthal- 
mus transversalis  Lat.,  peut  être  considéré 
comme  le  type  de  ce  g.  remarquable.  (H.  L.) 

MACROPHTHALMUS,  Lap.  ins— Syn. 
de  Macrops,  Burm. 

*MACROPIlYLLA(F«xpoç,  long  ;  yvttov, 
feuille),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  pen- 
tamères  ,  famille  des  Lamellicornes ,  tribu 
des  Scarabéides  phyllophages  ,  créé  par 
M.  Hope  (Coleopterist's  Manual,  1837,  pag. 
103),  et  qui  a  pour  type  la  Melolontha  lon- 
gicornis  de  F.,  espèce  indigène  du  cap  de 
Bonne-Espérance.  (C.) 

*MACROPHYLLUM(paxPo'ç,  long  ;  <p«X- 
Aov ,  feuille),  mam.  —  Genre  de  Chéirop- 
tères créé  par  M.  Gray  (Mag.  zooï.  etbot., 
II ,  1838),  et  ne  comprenant  qu'une  espèce, 
M.  Neuwiedii  Gray  {Phyllostoma  macrophyl- 
lum  Neuw.),  du  Brésil.  (E.  D.) 

*MACROPLEA,  Hoffmans.  ins.— Syn. 
d'Hœmonia,  Még.  (C.) 

MACROPODA(fxaxPoç,  long;  ttovç,  pied). 
mam.  —  Illiger  (  Prodr.  syst.  Mam.  et  Av., 
1811  )  indique  sous  ce  nom  une  famille 
de  l'ordre  des  Rongeurs ,  qui  comprend  les 
genres  Gerboise ,  Hélamys  et  Gerbille , 
ayant  pour  caractère  commun  des  longues 
jambes.  (E.  D.) 

*MACROPODA  (paxpoç,  long;  «ovç, 
pied),  ins.— Genre  de  Coléoptères  hétéromè- 
res ,  famille  des  Mélasomes,  créé  par  Solier 
(Ann.  de  laSoc.ent.  deFr.,  t.  IV,  pag.  515),et 
que  l'auteur  a  placé  parmi  ses  Collaptérides, 
et  dans  sa  tribu  des  Macropodites.  Les  trois 
espèces  suivantes,  toutes  originaires  du  Sé- 
négal, font  partie  de  ce  genre,  savoir  :  M.  va- 
riolaris  (01.  Pimelia)  t  Boyeri  et  rivula* 
ris  Sol.  (C) 

MACROPODE.  Macropodus  (paxpo'ç,  long; 
■ttoûç,  itéSoç ,  pied),  poiss.  —  Genre  de  l'or- 
dre des  Acanthoptérygiens,  famille  des  Pha- 


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ryngiens  labyrinthiformes,  établi  par  Lacé- 
pède ,  et  adopté  par  MM.  Cuvier  et  Valen- 
ciennes  (Hist.  des  Poiss.,  t.  VII,  p.  372). 
Les  Poissons  ne  diffèrent  des  Polyacanthes 
(Voy. ce  mot)  que  par  une  dorsale  moins 
étendue,  qui  se  termine,  ainsi  que  la  ven- 
trale et  la  caudale,  par  une  pointe  grêle  et 
plus  ou  moins  allongée.  On  en  connaît  deux 
espèces,  nommées  :  Macrop.  vert -doré, 
\M.  viridi-auratus  Lac),  et  Beau-Macro- 
à)de(1/.  venustus  Cuv.  et  Val.);  toutes 
deux  habitent  la  Chine  et  les  Indes.  Leur 
taille  n'excède  pas  15  centimètres. 

*MACROPODIENS.  Macropodii.  crust. 
—  C'est  une  tribu  de  Tordre  des  Décapodes 
brachyures,  qui  appartient  à  la  famille  des 
Oxyrhynques,e  t  qui  a  été  établie  par  M.Milne- 
Edwards.  Les  Crustacés  de  cette  tribu,  qui 
correspond  à  peu  près  au  genre  Macrope,  tel 
que  Latreille  l'avait  d'abord  établi,  sont  re- 
marquables par  la  longueur  démesurée  de 
leurs  pattes:  aussi  les  désigne-t-on  souvent 
sous  le  nom  vulgaire  d'Araignées  de  mer.  La 
forme  de  la  carapace  varie;  mais  en  général 
elle  est  triangulaire,  et  en  quelque  sorte  re- 
jetée en  avant;  très  souvent  elle  ne  s'étend 
pas  sur  le  dernier  anneau  thoracique.  Les 
pattes  antérieures  sont  courtes  et  presque 
toujours  très  grêles;  celles  des  paires  sui- 
vantes sont  toujours  plus  ou  moins  filifor- 
mes; la  longueur  de  celles  de  la  seconde 
paire  égale  quelquefois  neuf  ou  dix  fois  la 
longueur  de  la  portion  post-  frontale  de  la 
carapace,  et  excède  toujours  de  beaucoup  le 
double  de  cette  dernière  mesure  ;  en  général, 
les  pattes  suivantes  sont  également  très  lon- 
gues. Presque  toujours  l'article  basilaire  des 
antennes  externes  constitue  la  majeure  par- 
tie de  la  paroi  inférieure  de  l'orbite,  et  va 
se  souder  au  front.  Enfin ,  chez  la  plupart 
des  Macropodiens ,  le  troisième  article  des 
pattes-mâchoires  externes  est  ovalaire  ou 
triangulaire,  plus  long  que  large,  et  ne 
porte  pas  l'article  suivant  à  son  angle  anté- 
rieur et  interne,  comme  chez  les  autres 
Oxyrhynques. 

Ces  Crustacés  vivent  ordinairement  à  d'as- 
sez grandes  profondeurs  dans  la  mer,  et  s'y 
cachent  parmi  les  Algues  ;  on  e«i  trouve  sou- 
vent sur  les  bancs  d'Huîtres.  Leur  démarche 
est  lente  et  paraît  comme  mal  assurée.  La 
faiblesse  de  leurs  pinces  doit  les  rendre  peu 
redoutables  aux  autres  animaux  marins,  et 


il  paraît  probable  qu'ils  vivent  principale" 
ment  d'Annélides,  de  Planaires  et  de  petits 
Mollusques.  Cette  tribu  renferme  une  di- 
zaine de  genres ,  désignés  sous  les  noms  de 
Stenorhynchus,  Latreillia,  Compilica,  Lepto- 
podia,  Achœus,  Inachus,  Amathia,  Eurypoda, 
Egeria  et  Dioclœa.  (H.  L.) 

M ACROPODINES  etMACROPO- 
DITES.  crust. —  Syn.  de  Macropodiens. 
Voy.  ce  mot.  (H.  L.) 

*MACROPODITES .  Macropodit es. ins .  — 
Tribu  de  Coléoptères  hétéromères ,  formée 
par  Solier  [Ann.  de  la  Soc.  eut.  de  Fr.t  t.  IV, 
p.  509),  et  faisantpartie  de  ses  Collaptérides. 
Elle  est  ainsi  caractérisée  :  Écusson  entière- 
ment couché  sous  le  prothorax  ;  cuisses  posté- 
rieures généralement  allongées,  dépassant 
l'abdomen  dans  le  mâle,  et  l'égalant  en  lon- 
gueur dans  l'autre  sexe;  tarses  filiformes, 
munis  en  dessous  d'une  rangée  de  cils  épi- 
neux sur  chaque  côté,  etc.,  etc.  L'auteur 
rapporte  à  cette  tribu  les  genres  Megage- 
nius ,  Macropoda ,  Adesmia ,  Stenocara  et 
Melropius.  (C.) 

MACROPODIUM  (p.axp0'ç,  grand;  *oûç, 
pied),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Crucifères- Arabidées,  établi  par  R.  Brown 
(m  Alton  Hort.  Kew.  edit.,  t.  IV,  108).  Her- 
bes vivaces  des  Alpes  altaïques.  Voy.  cru- 
cifères. 

*MACROPRION  (paxpoç,  long;  wpiwv , 
scie),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  penta- 
mères ,  famille  des  Clavicornes  ,  tribu  des 
Byrrhides ,  établi  par  M.  Hope  (  Coleopte- 
rist's  Manual  1830,  p.  108),  avec  les  Anthre- 
nus  serraticornis  et  denticornis  de  Fab.,  pris 
aux  environs  de  Santa-Cruz.  (C.) 

*MACROPS  (jutxpo'ç,  long;  &J, ,  œil). 
rept.  —  M.  Wagler  (  Syst.  amphib. ,  1830  ) 
donne  ce  nom  à  l'une  des  nombreuses  divi- 
sions de  l'ancien  genre  Coluber.  Voy.  cou- 
leuvre. (E.  D.) 

*MACROPS(p.axPôç,  long;  S^a^oç,  œil). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  tétramères, 
famille  des  Curculionides  gonatocères,  di- 
vision des  Phyllobides  ,  établi  par  Kirby 
(Fauna  boreali  Americana,  pag.  199,  pi.  8). 
Ce  genre,  adopté  par Schœnherr,  renferme 
deux  espèces  du  Canada  :  M.  maculicollis  et 
vitticollis  Kirb.  (C.) 

*MACROPS  0*«xpoç,  long  ;  <S\J,,  œil),  ins. 
—  Genre  de  l'ordre  des  Hémiptères  hété- 
roptères,  tribu  des  Réduviens,  famille  des 


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Réduviides  ,  établi  par  Burmeister  (Handb. 
der  ent. ,  t.  II ,  p.  233  ).  On  n'en  connaît 
qu'une  espèce,  M.  pollens,  du  Brésil. 

MACROPTÈRES,  Dum.  ois.  —  Syn.  de 
Longipennes  (  voy.  ce  mot).  Pour  M.  de 
Blainville  (  Tableaux  du  Règne  animal) ,  la 
famille  des  Macroptères  ne  comprend  que  le 
g.  Larus  de  Linné.  (Z.  G.) 

MACROPTÉRONOTE.  poiss.  —  Voyez 

SILURE. 

*MACROPTERUS(f*axpoç,  long  ;  nxepèv, 
aile),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  tétra- 
mères,  famille  des  Gurculionides  gonato- 
cères  ,  division  des  Brachydérides  ,  créé  par 
Boheman  [Schœnherr  Gêner,  et  sp.  Curcu- 
lion.  syn.,  tom.  6  ,  pag.  419).  Les  4  espèces 
suivantes,  toutes  originaires  du  Brésil ,  y 
ont  été  rapportées  par  les  auteurs,  savoir  : 
M.  longipennis ,  acuminatus ,  semicostatus 
et  chlorostomus.  (C.) 

MACROPTERIX ,  Swains.  ois.  —  Di- 
?ision  du  genre  Hirondelle.  Voy.  ce  mot. 

MACROPUS.  mam.  —  Voy.  kanguroo. 

MACROPUS ,  Spix.  ois.  —  Synon.  de 
Diploplerus,  Boié.  (  Z.  G.) 

*MACROPUS  Oxaxpoç,  long;  «oûç,  pied). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  subpentamères, 
tétramères  de  Latreille ,  famille  des  Lon- 
gicornes  ,  tribu  des  Lamiaires ,  attribué  à 
Thunberg  par  Serville  ,  et  dont  les  carac- 
tères ont  été  publiés  par  ce  dernier  auteur 
{Ann.  de  la  Soc.  ent:  de  Fr.,  t.  IV,  pag.  18). 
Deux  espèces  en  font  partie  :  les  Cerambyx 
trochlearis  Linn.,  et  accentifer  01.  (tuber- 
culatus  F.)  ;  la  première  est  originaire  de 
Cayenne,  et  la  seconde  du  Brésil.  Dejean  les 
réunit  aux  Acrocinus.  (C.) 

*MACROPYGIA.  ois.— Genre  établi  par 
Swainson  dans  la  famille  des  Pigeons.  Voy. 
ce  mot.  (Z.  G,) 

MACRORAMPHE.  Macroramphus, 
Leach.  ois.  —  Division  du  genre  Bécasse. 
Voy.  ce  mot.  (Z.  G.) 

MACRORAMPHOSE.  poiss.  —  Voyez 

SILURE. 

*  MACRORHIMJS  (  paxpôç  ,  long  ;  p,'v  , 
îez).  mam. — Fr.  Cuvier  (Dict.  se.  nat., 
XXXIX,  1826)  désigne  sous  ce  nom  un 
groupe  formé  aui  dépens  de  l'ancien  genre 
Phoque.  Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

*MACRORHINUS,  Latreille.  ins.— Syn. 
û'Eurhinus,  Sch.  Voy.  ce  mot.  (C.) 

♦MACRORHYNCHIUIW,  Reichenb,  bot. 


ph.  —  Syn.  de  Trochoseris ,  Pœpp.  etEndl. 

*MACRORHÏNCHUS,  Less.  bot.  ph.— 
Syn.  de  Trochoseris,  Pœpp.  et  Endl. 

*  MACRORHYNCHUS  (fxaxpoç,  long; 
puyx0?»  rostre),  rept.  —  Division  générique 
de  l'ordre  des  Sauriens,  d'après  M.  Dunker 
(Jahreb.  F.  min.,  1844).  (E.  D.) 

MACRORHYNQUE.  poiss.  —  Voy.  syn- 
gnathe. 

MACROSCÉLIDE.  Macroscelides  (  P«- 
xpoç,  grand  ;  axelo;,  cuisse),  mam. — Genre  de 
Carnivores  insectivores  proposé  par  M.Smith 
(S.  afr.  quart.  J.,  1829)  et  généralement 
adopté.  Les  Macroscelides  ont  un  museau 
allongé  en  forme  de  petite  trompe  assez 
semblable  à  celle  du  Desman,  mais  plus  ar- 
rondie ;  ils  ont  le  système  dentaire  des  Insec- 
tivores ;  il  y  a  vingt  dents  à  chaque  mâchoire, 
et  les  molaires  sont  hérissées  de  pointes;  les 
yeux  sont  médiocres  ;  les  oreilles  grandes,  et 
les  pieds  plantigrades  et  à  doigts  onguicu- 
lés; les  ongles  sont  à  demi  réticulés;  leur 
queue  est  allongée;  leurs  jambes  postérieu- 
res sont  de  beaucoup  plus  longues  que  les 
antérieures.  D'après  ce  dernier  caractère, 
les  Macroscelides  représentent,  parmi  les  In- 
sectivores, les  Gerboises,  qui  appartiennent 
à  l'ordre  des  Rongeurs,  et,  si  l'on  veut,  les 
Kanguroos  ,  qui  sont  de  la  grande  division 
des  Didelphes  :  ils  ont  le  port  extérieur  des 
uns  et  des  autres  ;  mais  la  nature  de  leurs 
organes  génitaux  les  éloigne  considérable- 
ment des  Didelphes,  tandis  que  la  forme  et 
la  disposition  de  leurs  dents  ne  permettent 
pas  de  les  placer  avec  les  Rongeurs,  mais  au 
contraire  parmi  les  Insectivores. 

Les  Macroscelides  habitent  l'Afrique;  on 
en  connaît  aujourd'hui  3  espèces,  2  du  cap 
de  Bonne-Espérance,  et  l'autre  de  Bar- 
barie. 

Macroscélide  type,  Macroscelides  typus 
Smith.  Petiver  (Opéra  historiam  naturalem 
spectantia,  pi.  23,  fig.  9)  avait,  il  y  a  déjà 
longtemps,  indiqué  et  même  représenté  cette 
espèce  sous  le  nom  de  Sorex  araneus  maxi- 
mus  Capensis;  mais  la  figure  de  Petiver  n'a- 
vait pas  inspiré  une  confiance  suffisante  aux 
zoologistes,  et  l'on  n'avait  pas  admis  cette 
espèce.  Ce  n'est  que  dans  ces  derniers  temps 
que  M.  Smith  a  véritablement  fait  connaî- 
tre ces  animaux,  et,  depuis,  plusieurs  indi- 
vidus en  sont  arrivés  dans  diverses  collec- 
tions mammalogiques. 


650 


MAC 


LeMacroscélide  type  a  la  partie  supérieure 
du  corps  revêtue  de  poils  d'un  gris  noirâtre 
dans  la  plus  grande  partie  de  leur  longueur, 
puis  noirs  et  enfin  fauves  à  leur  pointe,  et 
paraissant  dans  son  ensemble  d'un  fauve 
varié  de  brun,  couleur  qui  diffère  peu  de 
celle  du  Lièvre  commun;  les  poils  de  la  face 
concave  des  oreilles  sont  blanchâtres;  ceux, 
moins  nombreux  encore,  de  la  face  convexe, 
sont  d'un  fauve  roussâtre;  le  dessous  du 
corps,  dont  les  poils  sont  noirs  à  la  racine, 
blancs  à  la  pointe,  la  face  interne  des  avant- 
bras  et  des  jambes,  ainsi  que  les  mains  et 
les  pieds,  sont  blancs;  la  queue,  variée  de 
roux  brunâtre  et  de  blanchâtre  à  son  origine, 
est  noire  dans  le  reste  de  son  étendue.  La 
longueur  totalede  l'animal  est  de25centim., 
sur  lesquels  la  queue  est  pour  10  à  11  cen- 
tim.,  et  la  tête  ,  y  compris  la  trompe,  pour 
5  à  6  centimètres  à  peu  près. 

Cette  espèce  habite  le  cap  de  Bonne-Es- 
pérance. 

Une  autre  espèce  du  même  pays  a  été  dé- 
crite également  par  M.  Smith  sous  le  nom 
de  Macroscelides  rupestris  (Proceedings  of 
the  zoological  Society  of  London,  I,  1830). 

Enfin,  la  dernière  espèce  est  le  Macroscé- 
lide de  Rozet,  Macroscelides  Rozeti  Duver- 
noy  (Me'm.  de  la  Soc.  d'hist.  nat.  de  Stras- 
bourg). Cette  espèce  ressemble  beaucoup  au 
Macroscélide  type  ;  elle  est  seulement  un  peu 
plus  grande.  Son  pelage,  sur  tout  le  corps,  la 
tête,  les  cuisses  et  les  bras,  est  gris  de  sou- 
ris, plus  fauve  en  dessus  qu'en  dessous,  et 
varié  d'un  peu  de  jaune  et  de  brun,  comme 
on  le  voit  chez  les  Rats;  les  moustaches  sont 
longues  et  composées  de  poils  dont  la  couleur 
est  jaune,  grise  ou  noire  ;  les  oreilles  sont 
couvertes  d'un  épiderme  sale,  ayant  très  peu 
de  poils  ;  la  queue  paraît  formée  de  petits  an- 
neaux écailleux  et  imbriqués,  ce  qui  tient  à  la 
disposition  de  l'épiderme  ;  elle  porte  des  poils 
raides,  peu  nombreux.  Ses  mœurs  sont  dou- 
ces, et  on  peut,  dans  certaines  circonstan- 
ces, le  tenir  en  captivité,  comme  on  le  fait 
pour  plusieurs  Rongeurs.  Il  se  nourrit  de 
graines  de  plusieurs  sortes  ;  mais  il  pré- 
fère à  tout  autre  aliment  les  Insectes  ,  et , 
lorsqu'on  lui  en  présente,  il  les  saisit  avec 
avidité. 

Le  Macroscélide  de  Rozet  habite  la  Bar- 
barie; fl  se  trouve  dans  plusieurs  points  de 
nos  possessions  africaines:  à  Bone,  àOran, 


MAC 

où  on  le  connaît  sous  le  nom  de  Rat  à  trompe; 
on  assure  même  qu'on  le  rencontre  aux  en- 
virons d'Alger.  (E.  D.) 

MACROSCEPIS  (puxxpoç,  long;  a*/™,, 
abri),  bot.  ph,  —  Genre  de  la  famille  des 
Asclépiadées-Cynanchées ,  établi  par  H.-B.  l, 
Kunth  (in  Humb.  et  Bonpl.  Nov.  gen.  et 
sp.  III,  200,  t.  233).  Sous-arbrisseaux  de 
l'Amérique  tropicale.  Voy.  asclépiadées. 

*MACROSOMA  (  p.ocxpoç  ,    long  ;    oSp* , 

corps),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  pen- 
tamères,  famille  des  Lamellicornes,  tribu 
des  Scarabéides  phyllophages ,  créé  par 
M.  Hope  (Coleopterist's  Manual,  1837, 
pag.  109).  4  espèces  font  partie  de  ce  genre: 
les  Mac.  glaciale,  striatum,  testaceum  et 
lurida  de  Fab.  (Melolonthà)  ;  les  3  premières 
sont  originaires  de  la  Terre-de-Feu,  et  la 
4e,  de  patrie  inconnue ,  provient  sans  doute 
des  contrées  voisines.  (C.) 

*  MACROSPONDYLUS  (  fxaxpoç,  long; 
ctttovcîvAoç,  mâchoire),  rept.  — M.  Hermann 
von  Meyer  (  Palœolog. ,  1832)  désigne  ainsi 
un  groupe  de  Sauriens.  (E.  D.) 

*MACROSPORIUM  (uaxpoç,  long  ;  cno- 
pa,  spore),  bot.  cr.  —  Genre  de  Champi- 
gnons appartenant  à  la  classe  des  Trichospo- 
rés,  caractérisé  par  un  mycélium  rampant 
visible  à  la  loupe  seulement,  duquel  s'élèvent 
des  spores  allongées  ,  obtuses  à  l'extrémité, 
libres  et  terminées  par  un  pédicelle  plus  ou 
moins  long;  elles  sont  divisées  par  cloisons 
longitudinales  et  verticales,  et  ne  renfer- 
ment dans  leur  intérieur  aucune  apparence 
de  sporidioles.  On  observe  les  espèces  de  ce 
genre ,  qui  a  la  plus  grande  analogie  avec 
l' Helminthosporium  ,  sur  les  feuilles  et  les 
tiges  des  plantes  qui  commencent  à  se  dé- 
composer. (LÉv.) 

*MACROSPORUM,  DC.bot.  ph.— Syn. 
de  Sobolewskia,  Bieberst. 

MACROSTEMA,  Pers.  bot.  ph.  — Syn. 
de  Quamoclit ,  Tournef. 

*MACROSTEMJS  (fxaxpoç ,  long  ;  crevoc, 
étroit),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  pen- 
tamères,  famille  des  Brachélytres ,  propose 
par  Dejean  (Catalogue,  3e  édit.,  pag.  73), 
qui  ne  mentionne  que  le  M.  Lacordairei: 
espèce  originaire  du  Brésil.  (C.) 

MACROSTOMES.  Macrosomata.  moll. 
—  Famille  établie  par  Lamarck  (Anim.  sans 
vert.,  2e  édit.,  t.  IX,  p.  6)  et  caractérisée 
principalement  par  une  coquille  auriforme. 


MAC 


MAC 


5.M 


à  ouverture  très  évasée,  et  à  bords  désunis; 
point  de  columelle  ni  d'opercule.  Cette  fa- 
mille qui,  par  ses  rapports,  semble  avoisiner 
celle  des  Turbinacés ,  renferme  les  genres 
Sigaret ,  Stomatelle,  Stomate  et  Haliotide. 

*MACR0ST0MIUM  (paxpoç,  grand; 
«topa ,  ouverture),  bot.  ph.  —  Genre  de 
la  famille  des  Orchidées-Dendrobiée9,  établi 
par  Blume  (Bijdr.,  335,  fig.  37).  Herbes 
de  Java.  Voy.  orchidées. 

MACROSTYLIS  (fxaxpo'ç,  grand;  <rn5Àoç, 
style  ).  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Diosmées-Eudiosmées,  établi  par  Bartlinget 
Wendland  f.  {Diosm.  191 ,  t.  3,  f.  8).  Ar- 
brisseaux originaires  du  Cap.    Voy.  ruta- 

CÉES. 

*MACROSTïLUS(m.ocxPoç,  long  ;  <ttwXoç, 
appui,  tige),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères 
tétramères,  famille  des  Curculionides  gona- 
tocères,  division  des  Brachydérides,  créé  par 
Schœnherr  (Gen.  et  sp.  Curculion.  synony., 
tom.  V,  2e  part.,  pag.  921  ).  L'espèce  type 
et  unique,  le  M.  crinius  Schr.,  est  origi- 
naire du  Brésil.  (C.) 

MACROTARSII.  mam.  —  Illiger  (Prodr. 
syst.  Mam.  et  Av. ,  1811  )  a  formé  sous  le 
nom  de  Macrotarsii  une  famille  de  Mammi- 
fères comprenant  les  genres  Tarsier  et  Ga- 
lago.  Voy.  ces  mots.  (E.  D.) 

MACROTARSUS.  mam.  —  Voy.  tarsier. 

MACROTARSUS,  Lacép.  ois.  —  Synon. 
é'Himantopus,  Briss.  —  Voy.  échasse.  (Z.G.) 

*MACROTARSUS  0*<xxpoç,  long;  rapjo'ç, 
tarse  ).  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  tétra- 
mères ,  famille  des  Curculionides  gonato- 
cères ,  division  des  Molytides ,  créé  par 
Schœnherr  (  Gen.  et  sp.  Curculion.  synony., 
tom.  6,  2e  part.  pag.  337).  L'auteur  dé- 
crit les  M.  Falderrnanni,  Balthelsii  et  Mots- 
choulskii;  le  premier  est  originaire  de  la 
Mongolie,  le  second,  des  bords  de  la  mer 
Caspienne,  et  le  troisième  delà  Sibérie.  (C.) 

*MACROTELUS  (p.axP°ç,  long;  xfaç$ 
fin),  ins.  — Genre  de  Coléoptères  penta- 
mères  ,  famille  des  Malacodermes ,  tribu  des 
Clairones,  établi  par  Klug  (Versuch  einer 
systematichen  Bestimmung,  etc.,  1842  )  et 
considéré  par  Spinola  {Monographie  des  Clé- 
rites  ,  tom.  I,  pag.  125)  comme  tétramère 
et  se  rapportante  son  genre  Monophylla, 
qui  est  cependant  postérieur  de  publication. 
Les  Macrotelus  n'ont  que  10  articles  aux  an- 
tennes, et  le  dernier  est  à  lui  seul  aussi  long 


que  les  autres  pris  ensemble.  L'espèce  type, 
le  M.  terminatus  Say,  KL,  est  originaire  de» 
États-Unis.  (C.) 

*MACROTnECnJM,  Brid.  bot.  cr.— 
Syn.  de  Megalangium,  Brid. 

* MACROTHERIUM  (p-axpo'ç,  long; 
Guptov,  bête  féroce),  mam.— M.  Lartet  (Insti- 
tut, 1837)  désigne  ainsi  un  groupe  d'Éden- 
tés  fossiles.  Voy.  mégathérioides.     (E.  D.) 

*MACROTHRIX(p.axpo'ç,  long;  ePt'Ç,poil). 
crust.  —  Genre  de  Crustacés,  de  la  famille 
des  Daphnidées,  établi  par  M.  Baird,  aux  dé- 
pens des  Daphnia  des  auteurs,  et  dont  l'es- 
pèce type  est  le  Macrothrix  laticornisBàird 
(Mag.  of  natur.  Hist.,  t.  II,  p.  37,  pi.  II, 
fig.  9àl0;  LynceuslaticornisDesm.).(H.L.) 

*MACROTIS  (jxaxpoç,  long;  oSç,  «to'ç  , 
oreille),  ins.  — Genre  de  Coléoptères  hété- 
romères ,  famille  des  Mélasomes ,  tribu  des 
Asidites,  formé  par  Dejean  (Catal.,  3e  éd., 
pag.  207).  L'espèce  type  et  unique,  la  M. 
dilaticollis  de  l'auteur,  est  originaire  du 
Mexique.  (C.) 

MACROTOMA.  ins.  —  Voy.  tomoce- 
rus.  (H.  L.j 

*  MACROTOMA  (pwcxpoç,  long;  top», 
coupure),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  sub- 
pentamères,  tétramères  de  Latreille ,  fa- 
mille des  Longicornes,  tribu  des  Prioniens, 
proposé  par  Dejean  et  publié  par  Serville 
(Annales  de  la  soc.  ent.  de  Fr.,  tom.  I, 
pag.  124 , 1 37  ).  Ce  genre  est  composé  d'une 
vingtaine  d'espèces  propres  à  l'Afrique  et  à 
l'Asie.  Nous  citerons  comme  en  faisant  par- 
tie les  M.  palmala ,  Lugonum ,  serripes  Def. 
et  castanea  01.;  le  3e  est  l'un  des  plus  grands 
Coléoptères  connus.  Ces  insectes  ont  les 
antennes  filiformes,  et  leurs  articles  sont 
très  allongés.  (C.) 

*MACROTOPS  (p.«xpoç,long;  &J>,  œil). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  pentamères, 
famille  des  Lamellicornes ,  tribu  des  Scara- 
béides  phyllophages,  établi  par  Mac-Leay  et 
adopté  par  Dejean  (Catalogue,  3e  édit., 
pag.  181),  qui  en  mentionne  4  espèces, 
toutes  originaires  de  la  Nouvelle-Hollande; 
les  M.  mausta ,  Mb.,  rufipennis,  australis  et 
masta  Dej.  et  Delaporte.  (C.) 

*MACROTRICHUM,  Grev.  bot.  cr.  — 
Syn.  de  Trichothecium,  Lnk. 

MACR0TR0P1S  (paxpoç,  grand;  Tpo'* 
iciç,  carène),  bot.  ph. — Genre  de  la  famille 
des  Légumineuses-Papilionacées-Sophoiées, 


552 


MAC 


établi  par  de  Candolle  (Prodr.  II,  183). 
Arbrisseaux  de  la  Chine.  Voy.  légumineuses. 

MACROTYS,  Rafin.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Botrophis,  Rafin. 

MACROURE.  Macrourus  ,  Bloch.  poiss. 
—  Syn.  de  Lépidolèpre.  Voy.  ce  mot. 

MACROURES.  Macrouri.  crust.  —  Ce 
nom  désigne,  dans  la  classe  des  Crustacés, 
une  grande  division  de  l'ordre  des  Décapo- 
des, qui  a  pour  type  l'Écrevisse  {voy.  ce 
mot),  et  comprend  tous  les  Crustacés  à 
branchies  thoraciques  internes  les  mieux  or- 
ganisés pour  la  nage.  On  les  reconnaît  faci- 
lement au  grand  développement  de  leur  ab- 
domen et  à  la  grande  nageoire ,  en  forme 
d'éventail ,  qui  termine  postérieurement 
leur  corps. 

La  carapace  des  Macroures  est  presque 
toujours  plus  longue  que  large,  et  en  géné- 
ral ne  se  prolonge  que  peu  ou  point  latéra- 
lement au-dessus  de  la  base  des  pattes;  d'or- 
dinaire, il  n'y  a  point  de  ligne  de  démarca- 
tion entre  les  pièces  supérieures  et  latérales 
de  ce  bouclier,  et  ces  régions  branchiales  se 
réunissent  presque  sur  la  ligne  médiane  du 
dos,  mais  restent  séparées  de  la  région  sto- 
macale par  un  sillon.  Le  front  est  en  géné- 
ral toujours  armé  d'un  rostre  qui  recouvre 
l'anneau  ophthalmique.  Les  divers  anneaux 
du  thorax  sont  en  général  soudés  entre  eUx  ; 
quelquefois  cependant  le  dernier  segment 
est  mobile.  Le  sternum  est  très  étroit  en 
avant,  linéaire  chez  la  plupart  de  ces  ani- 
maux ,  et  ne  constitue  pas  un  plastron  ven- 
tral. Les  flancs  sont  à  peu  près  verticaux, 
et  les  cloisons  apodémiennes  se  réunissent 
de  manière  à  former  un  canal  sternal  mé- 
dian, qui  loge  le  système  nerveux,  l'artère 
sternale,  etc.,  etc.  Les  antennes  sont  géné- 
ralement très  développées  ;  celles  de  la  pre- 
mière paire  ne  se  reploient  jamais  dans  une 
fossette ,  comme  chez  la  plupart  des  Bra- 
chyures  et  des  Anomuures  ;  leur  pédoncule 
est  allongé,  et  elles  portent  en  général  deux 
ou  quelquefois  même  trois  filets  terminaux, 
grêles,  sétacés  et  très  longs.  Les  antennes 
externes  présentent  presque  toujours  au- 
dessus  de  leur  base  un  appendice  qui  repré- 
sente le  palpe  de  ces  membres.  Le  cadre 
buccal  est  en  général  à  peu  près  carré ,  et 
n'est  pas  distinctement  séparé  de  l'épistome. 
Les  pattes-mâchoires  externes  ne  sont  pres- 
que jamais  operculiformes,  et  sont  en  géné- 


MAC 

rai  dépourvues  d'appendices  flabelliformes. 
Les  mandibules  sont  robustes ,  mais  man- 
quent quelquefois  d'appendice  palpiforme. 
Les  pattes  thoraciques  sont  en  général  lon- 
gues et  grêles.  Celles  de  la  première  paire, 
ou  des  deux  premières  paires ,  se  terminent 
le  plus  souvent  par  une  pince  didactyle. 
L'abdomen  est  presque  toujours  plus  grand 
que  le  thorax,  et  présente  une  épaisseui 
considérable  ;  les  sept  anneaux  qui  le  com- 
posent sont  mobiles;  les  cinq  premiers  por- 
tent d'ordinaire  chacun  une  paire  de  fausses 
pattes  natatoires  et  deux  pattes  terminales, 
longues  et  ciliées  sur  les  bords.  Les  appen- 
dices du  sixième  anneau  sont  beaucoup  plus 
grands  ,  avec  leur  article  basilaire  court , 
mais  portant  deux  lames  très  grandes ,  qui 
constituent ,  avec  la  pièce  médiane  formée 
par  le  septième  anneau,  une  grande  nageoire 
caudale  à  cinq  feuillets  disposés  en  éventail. 
L'organisation  intérieure  des  Macroures  dif- 
fère également  de  celle  des  Brachyures ,  et 
même  de  celle  des  Anomoures.  Leur  système 
nerveux  se  compose  deganglionsdontla  con- 
centration est  bien  moindre;  les  centres 
nerveux  du  thorax  sont  souvent  tous  distincts, 
et  il  existe  une  série  de  six  ganglions  dans 
l'abdomen.  La  disposition  du  système  circu- 
latoire, et  surtout  du  sinus  veineux,  présente 
des  particularités  qui  ont  déjà  été  signalées 
à  l'article  crustacés  (voy.  ce  mot).  Les  bran- 
chies sont  en  général  beaucoup  plus  nom- 
breuses que  chez  les  Brachyures  ,  et  sont 
insérées ,  comme  chez  la  plupart  des  Ano- 
moures ,  par  groupes  de  deux ,  de  trois  ou 
de  quatre  au-dessus  des  diverses  pattes  ; 
presque  toujours  il  en  existe  jusque  sur  le 
dernier  anneau  thoracique ,  et  souvent  ces 
organes,  au  lieu  d'être  composés  de  lamelles 
parallèles,  sont  formés  d'une  multitude  de 
petits  cylindres  disposés  comme  les  poils 
d'une  brosse.  Enfin  il  n'existe  pas  de  poches 
copulatrices  ,  et  les  ouvertures  des  oviduc- 
tes  sont  toujours  situées  sur  l'article  basi- 
laire des  pattes  thoraciques  de  la  troisième 
paire. 

Ces  Crustacés  sont  essentiellement  na- 
geurs ;  ils  ne  marchent  que  peu  et  ne  sor- 
tent pas  de  l'eau.  L'abdomen  et  la  grande 
nageoire  caudale  qui  le  termine  sont  leurs 
principaux  organes  de  locomotion  ,  et  c'est 
à  reculons  qu'ils  nagent  toutes  les  fois  qu'ils 
veulent  se  mouvoir  avec  vitesse ,  car  alors 


MAC 

ils  frappent  l'eau  en  reployant  en  bas  et  en 
avant  cette  espèce  de  rame  terminale.  On 
peut  diviser  ce  groupe  de  Crustacés  en  qua- 
tre familles  naturelles  désignées  sous  les 
noms  de  Macroures  cuirassés,  Thalassiniens, 
AstaciensetSalicoques.Foy.  ces  mots.  (H. L.) 
MACROURES  CUIRASSÉS,  crust.  — 
C'est  une  famille  de  la  section  des  Décapo- 
des macroures  établie  par  M.  Milne-Ed- 
wards,  dans  son  Histoire  naturelle  sur  les 
Crustacés.  Cette  famille  se  compose  princi- 
palement de  Macroures  remarquables  par 
l'épaisseur  et  la  dureté  de  leur  squelette 
tégumentaire.  et  dont  la  face  inférieure  du 
thorax  est  revêtue  d'un  plastron  très  large 
vers  la  partie  postérieure,  quoique  étroit  en 
avant.  La  carapace  est,  en  général,  plus  large 
et  plus  déprimée  que  dans  les  autres  familles 
de  la  même  section.  La  conformation  des  an- 
tennes varie,  mais  il  est  à  noter  que  celles 
de  la  deuxième  paire  ne  portent  jamais  au- 
dessus  de  leur  portion  basilaire  une  écaille 
mobile,  comme  cela  se  voit  toujours  chez  les 
Salicoques.  La  conformation  des  pattes  varie: 
les  fausses  pattes  abdominales  sont  moins 
développées  que  dans  les  familles  suivantes, 
et  ne  présentent  souvent  qu'une  seule  lame 
terminale  foliacée.  Enfin,  nous  ajouterons 
que,  dans  ce  groupe,  la  centralisation  des 
ganglions  nerveux  du  thorax  paraît  être  por- 
tée «lus  loin  que  dans  aucun  autre  Crustacé 
macroure. 

Cette  famille  renferme  5  tribus  désignées 

sous  les  noms  deGalathéides,  Éryons,  Scyl- 

larideset  Langoustiens.  V.  ces  mots.  (H.  L.) 

MACROXUS.  mam.  —  Voy.  guerlinguet 

au  mot  écureuil. 

MACRURES.  Macrura.  crust.  —  Syn. 
de  Macroures.  Voy.  ce  mot.  (H.  L.) 

MACTRACÉES.  Mactraceœ.  moll.  — 
Famille  établie  par  Lamarck  dans  le  groupe 
des  Conchifères  ténuipèdes  (  Animaux 
sans  vertèbres  ,  2e  édit.,  t.  VI,  p.  86),  et 
dont  les  caractères  principaux  sont  :  Co- 
quille équivalve,  le  plus  souvent  bâillante 
aux  extrémités  latérales;  ligament  inté- 
rieur avec  ou  sans  complication  de  ligament 
externe. 

Les  Mactracées  ont  de  grands  rapports 
avec  les  Myaïres  ,  mais  elles  en  diffèrent 
par  l'animal,  qui  a  le  pied  petit,  comprimé, 
et  propre  à  ramper  ou  changer  de  lieu.  Cette 
'famille  renferme  sept  genres,  nommés  Lu- 

T.  VII. 


MAD 


553 


traire,  Mactre,  Crassatelle,  Érycine,  Ongu- 
line,  Solémye,  Amphidesme. 

MACTRE. Mactra  (uaxrpa,  vase). moll.— 
Genre  de  Mollusques  de  la  famille  des  Mactra- 
cées de  Lamarck,  établi  parLinné,  qui  y  réu- 
nissait des  coquilles  offrant  entre  elles  une 
certaine  ressemblance  extérieure.  Ce  genre, 
étudié  avec  soin  par  les  naturalistes  moder- 
nes, a  été  débarrassé  de  toutes  les  espèces  qui 
pouvaient  rendre  ses  caractères  inexacts  ;  ces 
espèces  ont  été  dispersées  :  les  unes  dans  les 
Lutraires ,  d'autres  dans  les  Crassatelles  ou 
dans  les  Lucines,  et  ainsi  modifié,  le  g.  Mac- 
tre a  été  généralement  adopté  avec  les  carac- 
tères suivants  (Lam., 4mm.  sansvert. , 2e éd. , 
t.  VI,  p.  96)  :  Coquille  transverse,  inéquilaté- 
rale,  subtrigone,  un  peu  bâillante  sur  les  cô- 
tés, à  crochets  protubérants;  une  dent  cardi- 
nale comprimée,  pliéeen  gouttière  sur  cha- 
que valve,  et  auprès  une  fossette  en  saillie; 
deux  dents  latérales  rapprochées  de  la  char- 
nière, comprimées,  intrantes;  ligament  in- 
térieur inséré  dans  la  fossette  cardinale. 

L'animal  est  très  voisin  de  celui  des  Vé- 
nus; par  le  côté  postérieur  de  la  coquille, 
i!  fait  sortir  deux  tubes  qu'il  forme  avec  son 
manteau,  et  par  l'autre  un  pied  musculeux 
comprimé. 

Le  genre  Mactre  renferme  un  assez  grand 
nombre  d'espèces  qui  vivent  dans  toutes  les 
mers ,  enfoncées  dans  le  sable  à  une  petite 
distance  des  rivages;  elles  sont  générale- 
ment trigones,  d'un  blanc  fauve  ou  d'un 
blanc  pur ,  lisses  ou  ridées ,  ou  sillonnées 
transversalement.  On  en  connaît  aussi  quel- 
ques unes  à  l'état  fossile  qui  se  trouvent  dans 
les  couches  postérieures  à  la  craie. 

MACUSSON  ou  MARCUSSON.  bot.  ph. 

—  Nom  vulgaire  de  la  Gesse  tubéreuse.  Voy. 

GESSE. 

MADABLOTA ,  Sonner,  bot.  ph.  —Syn. 
â'Hiptage,  Gœrtn. 

*MADARACTIS  (^«poç,  sans  poils  ;  âx- 
Tt'ç,  rayon),  bot.  ph.  — Genre  de  la  famille 
des  Composées-Sénécionidées,  établi  par  De 
Candolle  (Prodr.  VI,  439).  Herbes  de  l'Inde 
Voy.  COMPOSÉES. 

*MADARIA(/*a<?apo?,  sans  poils),  bot.  pb. 

—  Genre  de  la  famille  des  Composées-Sé- 
nécionidées, établi  par  De  Candolle  {in  Mem. 
Soc.  hist.  nat.  gcnev.,  VII,  280,  691).  Her- 
bes de  la  Californie.  Voy.  composées. 

*MADARQGLOSSA  faixSxpée,  sans  poils; 
70 


551 


MAD 


MAD 


yliïsea,  langue),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Composées-Sénécionidées,  établi 
par  De  Candolle  (Prodr.,  V,  694).  Herbes 
de  la  Californie.  Voy.  composées. 

*MADARUS  (fiaSapéç,  glabre,  lisse). 
ins.  — Genre  de  Coléoptères  pentamères, 
famille  des  Curculionides  gonatocères  ,  di- 
vision des  Apostasimérides  Baridides ,  créé 
parSchœnherr  (Dispositio  methodica,  p.  273; 
Gêner,  et  sp.  Curculion.  synonyn.,  tom.  3, 
pag.  8,  1,  105  et  626).  14  espèces,  toutes 
d'Amérique,  rentrent  dans  ce  genre;  nous 
citerons  comme  ayant  été  anciennement  dé- 
crites, les  suivantes  :  M.  quadripustulatus , 
corvinus  et  ebenus  de  Fabricius.         (C.) 

*MADEA,  Soland.  bot.  ph.— Syn.  de 
Boltonia,  Hérit. 

MADIA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Composées-Sénécionidées,  établi  par 
Molina  (Chil,  113).  Herbes  du  Chili,  an- 
nuelles, droites,  villeuses,  chargées  de  poils 
au  sommet;  à  feuilles  inférieures  opposées, 
les  supérieures  alternes,  semi-amplexicaules, 
oblongues ,  très  entières;  à  fleurs  jaunes  se 
montrant  à  l'aisselle  des  feuilles  ou  au  som- 
met des  rameaux;  à  semences  oléagineuses. 

On  ne  connaît  encore  que  deux  espèces 
de  ce  genre;  l'une  sauvage,  le  Madiamel- 
losa;  l'autre  cultivée  ,  le  Madia  sativa.  On 
retire  de  cette  dernière,  soit  par  expression, 
soit  par  la  simple  coction ,  une  huile  très 
douce  que  l'on  peut  comparer  à  l'huile  d'o- 
live, et  qui  lui  est  peut-être  même  préféra- 
ble par  le  goût.  Elle  peut  être  employée 
avantageusement  dans  les  préparations  phar- 
maceutiques. 

*MADOPA.  ins.  —  Genre  de  l'ordre  des 
Lépidoptères  nocturnes,  tribu  des  Pyrali- 
des,  établi  par  Stephens,  qui  n'y  rapporte 
qu'une  seule  espèce ,  M.  salicalis,  de  l'Eu- 
rope méridionale. 

*MADOPTERUS  (  ^SSç ,  glabre; 
TTTEpov ,  aile),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères 
tétramères,  famille  des  Curculionides  go- 
natocères ,  division  des  Apostasimérides- 
Cholides,  créé  par  Schœnherr  (Gen.  et  sp. 
Curculion.  synony.,  tom.  3,  p. 734-8, 1,  76). 
L'auteur  donne  pour  type  à  ce  genre  une 
espèce  de  Cayenne  que  nous  avons  nommée 
M.  talpa;  une  seconde,  M.  aterrimus ,  in- 
digène du  Mexique  ,  est  décrite  dans  le  sup- 
plément de  l'ouvrage  cité  plus  haut.    (C.) 

MADOQUA.  mam.  —Genre  établi  aux 


dépens  des  Antilopes,  et  comprenant  l'An- 
tilope de  Sait,  Artt.  saltiana  Blainv.  Voy. 
antilope 

*MADOTHECA  (|*«<îoç,  glabre;  6^,  boi- 
te), bot.  cr.  —  Genre  de  la  famille  des  Hé- 
patiques Jongermanniacées  -  Platyphyllées, 
établi  par  Dumortier  {Comment.  ,1 1 1). Petites 
herbes  croissant  sur  les  pierres  ou  les  troncs 
d'arbre.  Voy.  hépatiques. 

MADRÉPORE.  Madreporus.  polyp.  — 
Dénomination  commune  d'abord  à  tous  les 
Polypiers  pierreux,  dont  Lamarck  et  les  au- 
tres zoologistes  ont  fait  plus  tard  les  genres 
Caryophyllie,  Anthophyllie,  Dendrophyllie, 
Oculine,  Lobophyllie,  Turbinolic,  Cyclolite, 
Fongie,  Agaricie,  Pavonie,  Tridacophyllie, 
Méandrine,  Monticulaire,  Explanaire,  As- 
trée,  Cyathophyllie,  Porite,  Madrépore,  etc. 
Ce  sont  ces  Polypiers  qui,  dans  les  mers  in- 
tertropicales aujourd'hui ,  comme  jadis  sur 
toute  la  surface  du  globe,  forment  des  bancs, 
des  récifs,  des  îles,  par  leur  accroissement 
successif  et  par  l'accumulation  de  leurs  dé- 
bris. Ce  sont  eux  qui,  dans  les  périodes  an- 
térieures, infiltrés  de  carbonate  de  chaux, 
sont  devenus  les  marbres  et  les  divers  cal- 
caires madréporiques. 

Tous  sont  produits  par  des  Polypes  agré- 
gés, pourvus  de  douze  tentacules  ou  da- 
vantage, et  recouvrant,  par  leur  partie  char- 
nue et  vivante ,  le  Polypier  calcaire,  sé- 
crété à  l'intérieur  de  leur  corps.  Les  pores 
ou  orifices  de  ces  Polypiers  sont  ordinaire- 
ment en  forme  d'étoile  ou  garnis  de  lames 
rayonnantes  qui  correspondent  aux  cloisons 
charnues  portant  les  ovaires,  et  entre  les- 
quelles se  trouvent  les  tentacules. 

Le  nom  de  Madrépore  est  réservé  aujour- 
d'hui par  les  zoologistes  à  un  genre  assez 
restreint,  présentant  un  Polypier  pierreux, 
fixe,  subdendroïde,  c'est-à-dire  divisé  en 
rameaux  plus  ou  moins  distincts,  et  dont  la 
surface  est  garnie  de  tous  côtés  de  cellules 
saillantes  à  interstices  poreux.  Les  cellules 
éparses,  distinctes,  tubuleuses  et  saillantes, 
présentent  douze  lames  très  étroites  à  l'in- 
térieur. Les  Polypes,  en  forme  d'Actinie,  sont 
assez  courts  et  pourvus  de  douze  tentacules 
simples.  L'espèce  la  plus  connue  est  le  Ma- 
drépore abrotanoïde,  dont  le  développement 
est  si  rapide  qu'il  produit  en  peu  d'années 
des  récifs  considérables  au  voisinage  des  îles 
de  l'océan  Pacifique.   On  en  voit  dans  les 


MAG 


MAG 


555 


collection»,  des  touffes  hautes  de  4  à  6  déci- 
mètres et  formées  de  rameaux  épais  de  1 
centimètre  environ  et  d'une  blancheur  re- 
marquable. Une  autre  belle  espèce  est  le  Ma- 
drépore palmé,  qu'on  nomme  vulgairement 
le  Char  de  Neptune,  et  qui  vient  des  mers 
d'Àwérique;  ses  expansions  sont  aplaties, 
profondément  divisées,  laciniées  et  presque 
palmées.  On  connaît  9  espèces  de  Madré- 
pores à  l'état  vivant  et  7  à  l'état  fossile. 
M.  Ehrenberg  a  changé  le  nom  de  ces  Po- 
lypiers en  celui  d'Heteropora.         (Duj.) 

MJ3ANDRINE.—  Voy.  méandrine. 

*MAEMACTES  ( fjiatfxâxTvjç ,  furieux). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  tétramères , 
famille  des  Curculionides  gonatocères,  di- 
vision des  Apostasimérides-Cryptorhynchi- 
des ,  créé  par  Schœnherr  {Gen.  et  sp.  Cur- 
culion.  synony.,  tom.  4,  pag.  277-8,1, 
392  )  avec  une  espèce  du  Mexique,  nommée 
par  nous  M.  ruficornis.  (C.) 

ULENURA.  ois.  —  Voy.  ménure. 

M.ERUA.  bot.  ph. — Genre  de  la  famille 
des  Capparidées-Capparées,  établi  par  Forskal 
{tâgypt.,  104).  Arbustes  de  l'Afrique  tropi- 
cale. Voy.  CAPPARIDÉES. 

IVLESA.  bot.  ph. — Genre  de  la  famille 
des  Myrsinées-Maesées,  établi  par  Forskal 
{Descript. ,  66).  Arbres  ou  arbrisseaux  de 
l'Asie  et  de  l'Afrique.  Voy.  myrsinées. 

*M^ESÉES.  Mœseœ.  bot.  ph.—- Le  genre 
Mœsa,  qui  sans  aucun  doute  appartient  à  la 
famille  des  Myrsinées,  mais  présente  une 
exception  remarquable  à  ses  caractères  par 
l'adhérence  du  calice  à  l'ovaire,  a  paru  en 
conséquence  devoir  y  constituer  une  tribu 
distincte  à  laquelle  il  a  donné  son  nom. 

(Ad.  J.) 

MAGALLANA  (nom  propre),  bot.  pu.— 
Commers.,  syn.  de  Drimys,  Forst. —  Genre 
de  la  famille  des  Tropaeolées ,  établi  par 
Cavanilles  (Je,  IV,  50  ,  t.  344).  Herbes  de 
l'Amérique  antarctique.  Voy.  tropaeolées. 

MAGAS.  moll.  —  Genre  proposé  par  So- 
werby  (Minerai  conchology ,  pi.  119),  et 
considéré  par  M.  de  Blainville  comme  une 
subdivision  du  g.  Térébratule.  Voy.  ce  mot, 

MAGDALIS  ou  MAGDALINUS  (mag- 
dalia,  emplâtres  cylindriques),  ins. — Genre 
de  Coléoptères  tétramères,  famille  des  Cur- 
culionides gonatocères ,  division  des  Éri- 
rhinides,  créé  par  Germar  (  Species  Insec- 
lorum,  pag.  191  )  et  adopté  par  Schœnherr 


(Gen.  et  sp.curcul,  7,  2,  pag.  135).  29  es- 
pèces d'Europe ,  d'Asie  et  d'Amérique  ren- 
trent dans  ce  genre;  parmi  les  espèces, 
nous  désignerons  principalement  les  sui- 
vantes :  M.  violaceuSy  carbonarius,  pruni 
F.,  cerasi  etalliariœ  Lin.  La  plupart  sont 
petites  et  d'un  noir  plus  ou  moins  foncé.  Les 
noms  de  Thamnophilus ,  Schr.  et  Rhinodes, 
Dej.,  que  ces  auteurs  leur  avaient  donnés  , 
ont  été  abandonnés  pour  celui  de  Magdalis; 
et  sous  ce  dernier  nom  ,  Germar  a  compris 
des  espèces  du  Brésil ,  qui  font  actuellement 
partie  des  Lœmosaccus  de  Schœnherr.  (C.) 

*MAGILA.  crust.  —  Munster,  dans  son 
Beitrage  zur  PetrefKund.,  etc.,  désigne  sous 
ce  nom  un  genre  de  Crustacés  de  Tordre  des 
Décapodes  macroures.  (H.  L.) 

M  AGILE.  Magilus.  moll.  —Genre  d'a- 
nimaux dont  la  place  dans  les  méthodes  a 
été  longtemps  incertaine.  Les  uns  les  pla- 
çaient parmi  les  Annélides  à  côté  des  Ser- 
pules  ;  les  autres  dans  les  Mollusques,  avec 
lesquels  ils  présentaient  de  très  grands  rap- 
ports. Cette  dernière  place  est  celle  qui  leur 
a  été  définitivement  fixée;  actuellement  les 
Magiles  constituent  un  genre  de  Mollusques 
gastéropodes ,  que  l'on  peut  caractériser 
ainsi  :  Animal  de  forme  conique  ,  un  peu 
en  spirale ,  et  terminé  particulièrement  en 
mamelon  ;  sa  tête  est  garnie  d'une  trompe 
cylindrique,  courte  ;  ses  tentacules  sont  co- 
niques, au  nombre  de  deux,  et  portent  les 
yeux  au  côté  interne  de  leur  base  ;  le  pied 
est  assez  grand,  musculeux,  et  sillonné  lon- 
gitudinalement  à  sa  face  inférieure  ;  il  porte 
à  sa  partie  postérieure  un  opercule  corné  oe 
forme  elliptique  ,  mince  ,  à  sommet  margi- 
nal. Le  manteau  a  sa  surface  lisse  ;  son  bord 
est  renflé,  surtout  du  côté  droit,  et  se  pro- 
longe à  gauche  en  une  espèce  de  siphon 
échancré,  qui  forme,  au  moyen  de  deu?i 
arêtes  longitudinales,  un  tube  qui  se  loge 
dans  la  gouttière  du  bord  columellaire  de 
la  coquille. 

La  coquille  a  sa  base  contournée  en  une 
spirale  courte,  ovale,  héliciforme;  la  spire 
est  composée  de  quatre  tours  contigus,  con- 
vexes, dont  le  dernier  est  plus  grand,  et  se 
prolonge  en  un  tube  dirigé  en  ligne  droite 
ondée,  et  un  peu  comprimé  latéralement. 

Les  Magiles  s'établissent  dans  les  excava- 
tions de  certains  Madrépores  ,  qui ,  venant 
à  grossir,  obligent  l'animal  des  Magiles  à  sa 


556 


MAG 


MAG 


former  un  tube  qu'il  maintient  toujours  au 
niveau  de  la  surface  du  Polypier  qu'il  ha- 
bite ,  et  par  lequel  il  peut  abandonner  la 
partie  spirale  de  son  habitation.  On  ne  con- 
naît encore  bien  qu'une  seule  espèce  de  ce 
genre,  trouvée  dans  la  mer  Rouge,  et  qui  a 
été  nommée  Magile  antique  ,  M .  antiquus. 
Nous  l'avons  représentée  dans  l'atlas  de  ce 
Dictionnaire,  Mollusques,  pi.  11,  fig.  2. 

MAGNÉSIE,  min.  —  Dans  les  classifica- 
tions minéralogiques  où  les  genres  sont 
établis  d'après  les  bases,  la  Magnésie  est  le 
type  d'un  genre  composé  de  plusieurs  espè- 
ces, qui  sont  :  la  Magnésie  native  ou  Péri- 
clase,  la  Magnésie  hydratée  ou  Brucite,  la 
Magnésie  hydro-silicatée  ou  Magnésite,  la 
Magnésie  boratée  ou  Boracite ,  la  Magnésie 
carbonatée  ou  Giobertite ,  et  la  Magnésie 
sulfatée  ou  Epsomite.  Ces  espèces  ont  pour 
caractère  commun  de  donner  par  l'Ammo- 
niaque ,  lorsqu'elles  sont  en  solution  dans 
l'eau  ou  dans  l'acide  azotique,  un  précipité 
blanc  qui  devient  rosé  quand  on  le  chauffe 
au  chalumeau ,  après  l'avoir  humecté  d'azo- 
tate de  cobalt.  Nous  avons  déjà  décrit  la 
Boracite  au  mot  borates,  la  Giobertite  au 
mot  carbonates  ;  nous  parlerons  de  l'Epso- 
mite  en  traitant  des  sulfates  en  général.  Il 
nous  reste  donc  à  examiner  ici  les  trois  pre- 
mières espèces. 

1°  Périclase  (Scacchi).  Magnésie  pure 
cristalline ,  accidentellement  colorée  par  du 
protoxyde  de  fer.  Substance  vitreuse ,  trans- 
parente, d'un  vert  foncé,  infusible  au  cha- 
lumeau, cristallisant  dans  le  système  régu- 
lier et  se  clivant  en  cube ,  ayant  une  dureté 
=  6,  et  une  densité  =  3,75.  Analysée  par 
M.  Scacchi,  elle  lui  a  donné  89,04  de  Ma- 
gnésie; 8,56  d'oxydule  de  fer,  avec  une 
perte  de  2,40.  Elle  est  disséminée  dans  les 
roches  cristallines  du  mont  Somma  au 
Vésuve. 

2°  Brucite.  Hydrate  de  Magnésie;  ancien- 
nement Magnésie  native;  composée  d'un 
atome  de  Magnésie  et  d'un  atome  d'eau ,  ou 
en  poids,  de  Magnésie  69,67,  et  d'eau 
30,33.  Substance  blanche  ,  demi-transpa- 
rente ,  nacrée ,  tendre  et  douce  au  toucher, 
cristallisée  en  masses  laminaires  ou  fibreu- 
ses, ou  en  tables  hexagonales,  appartenant 
au  système  dihexaédrique,  et  ayant  un  axe 
unique  de  double  réfraction.  Elle  se  clive 
facilement  dans  un  sens  perpendiculaire  à 


l'axe ,  et  les  faces  de  clivage  manifestent 
l'éclat  perlé  à  un  degré  très  marqué.  Elle 
est  infusible  par  elle-même,  et  soluble  dans 
les  acides,  quand  elle  est  réduite  en  pous- 
sière. Cette  substance  se  trouve  en  petites 
veines  dans  des  roches  serpentineuses  à 
Hoboken  ,  dans  le  New-Jersey,  aux  États- 
Unis;  à  Swinaness,  dans  l'île  d'Unst ,  une 
des  Schetland  ;  et  à  Pyschminsk ,  près  de 
Béresof,  dans  l'Oural. 

3°  Magnésite,  Brongn.;  Hydrosilicate  de 
Magnésie.  Substance  blanche  non  cristalli- 
sée ,  mais  en  masse  terreuse,  ayant  souvent 
une  teinte  rosâtre ,  tendre  et  sèche  au  tou- 
cher, infusible;  se  ramollissant  dans  l'eau; 
ayant  une  densité  de  2,6  à  3,4.  Elle  paraît 
composée  d'un  atome  de  trisilicate  de  Ma- 
gnésie et  de  5  atomes  d'eau.  Elle  appar- 
tient aux  terrains  de  sédiment  secondaires 
et  tertiaires  ,  et  se  trouve  en  Anatolie,  près 
de  la  ville  de  Brousse ,  dans  un  calcaire 
compactée  rognons  de  silex  ;  à  Vailecas, 
près  de  Madrid,  en  Espagne,  dans  des  cou- 
ches superposées  aux  argiles  salifères;  en 
France,  à  Salinelle,  dans  le  département 
du  Gard;  à  Saint-Ouen  et  à  Coulommiers, 
dans  le  sol  parisien  ,  au  milieu  du  terrain 
d'eau  douce  inférieur  au  gypse.  La  varie. 
d'Asie,  dite  Écume  de  mert  remarquable 
par  sa  grande  légèreté,  est  employée  dans 
l'Orient  à  la  fabrication  des  pipes  turques, 
dont  il  se  fait  un  grand  commerce  à  Cons- 
tantinople.  (Del.) 

MAGNÉSIE  ,  MAGNÉSIUM,  chim.— La 
Magnésie  ou  Oxyde  de  Magnésium,  jadis 
confondue  avec  la  Chaux,  ne  fut  entrevue 
pour  la  première  fois  qu'en  1722  par  Fré- 
déric Hoffmann.  Trois  ans  plus  tard,  Black 
la  distingua  réellement  comme  une  sub- 
stance particulière  ;  elle  fut  ensuite  exami- 
née par  Margraff ,  Bergmann  et  d'autres 
chimistes,  et  regardée  comme  corps  simple 
jusqu'à  l'époque  de  la  découverte  du  Potas- 
sium et  du  Sodium.  L'analogie  lui  fit  alors 
donner  parmi  les  oxydes  une  place  qu'elle 
ne  tarda  point  à  occuper  définitivement, 
quand  Davy,  s'aidant  de  la  pile  galvanique, 
parvint  à  en  séparer  le  métal. 

La  Magnésie,  à  l'état  de  pureté,  et  telle 
qu'on  se  la  procure  dans  les  laboratoires , 
se  présente  sous  forme  d'une  poudre  blan- 
che ,  légère ,  douce  au  toucher ,  insoluble  , 
inodore,  d'une  saveur  alcaline  et  légèrement 


MAG 


MAG 


557 


âpre  ;  elle  verdit  le  sirop  de  violettes,  et  ra- 
mène au  bleu  la  teinture  de  tournesol  rou- 
gie  ;  elle  est  infusible  au  feu  de  forge,  inat- 
taquable par  l'Oxygène,  mais  décomposable 
par  le  Chlore  à  l'aide  de  la  chaleur;  elle 
absorbe  le  gaz  acide  carbonique  de  l'air  à  la 
température  ordinaire.  Elle  est  formée  d'un 
atome  de  Magnésium,  61,29,  et  d'un  atome 
d'Oxygène,  38,71  ;  sa  formule  =  MgO. 

La  Magnésie  est  fort  employée  en  méde- 
cine comme  laxatif  doux  ;  c'est  le  meilleur 
antidote  dans  l'empoisonnement  par  les 
acides. 

On  ne  rencontre  la  Magnésie  dans  la  na- 
ture qu'à  l'état  de  combinaison  avec  les 
Acides  sulfurique,  azotique,  phosphorique , 
borique,  carbonique,  silicique,  etc.,  et  for- 
mant ainsi  un  grand  nombre  de  minéraux 
qui  sont  l'objet  d'un  examen  particulier. 

Le  Sulfate  de  Magnésie,  dont  l'emploi  est 
si  fréquent  en  médecine  comme  purgatif, 
existe  en  solution  dans  les  eaux  minérales 
dEpsom,  d'Egra ,  de  Sedlitz ,  de  Seidchutz , 
dans  les  eaux  delà  mer,  etc.  ;  on  le  rencontre 
parfois  effleuri  dans  certains  terrains  schis- 
teux. Pur,  ce  sel  est  blanc,  très  amer,  cris- 
tallisé en  prismes  rectangulaires ,  à  quatre 
pans ,  terminés  par  des  pyramides  à  quatre 
faces,  et  contenant  jusqu'à  51,41  pour  100 
d'eau  de  cristallisation.  Il  s'effleurit  lente- 
ment à  l'air,  et  éprouve,  lorsqu'on  le  chauffe, 
la  fusion  aqueuse.  L'eau  à  -|-  15*  dissout 
£h  de  ce  sel,  et  ^  à  -J-  97°.  Le  sulfate  de 
Magnésie  est  composé  d'un  atome  de  l  la- 
gnésie  ou  34,02,  et  d'un  atome  d'Acide  ou 
95,60. 

Le  Phosphate  de  Magnésie  se  rencontre  v\n 
petite  quantité  dans  les  os  ,  dans  l'urine  ds 
certains  animaux,  dans  quelques  graines  cé- 
réales ;  uni  au  phosphate  d'Ammoniaque,  il 
forme  un  sel  double  (phosphate  ammoniaco- 
magnésien),  qui  se  rencontre  fréquemment 
dans  les  calculs  vésicaux  de  l'Homme  et  de 
quelques  animaux,  du  Cheval,  par  exemple. 

Ce  fut,  comme  nous  l'avons  dit  au  com- 
mencement de  cet  article,  Davy  qui,  le 
premier,  parvint,  au  moyen  d'une  forte  pile, 
à  extraire  le  Magnésium  de  la  Magnésie,  son 
oxyde.  Cette  découverte  eut  lieu  peu  de 
temps  après  celle  du  Potassium  et  du  So- 
dium; mais  les  petites  quantités  de  métal 
obtenues  par  ce  procédé  n'avaient  point 
permis  de  l'étudier  suffisamment,  lorsqu'en 


1830 ,  M.  Bussy  put  s'en  procurer  des 
quantités  notables  en  décomposant,  à  l'aide 
de  la  chaleur,  le  chlorure  de  Magnésium 
par  le  Potassium.  Dans  cette  réaction,  ce 
dernier  métal  s'empare  du  Chlore  et  laisse 
en  liberté  le  Magnésium,  qui,  quand  on  lave 
la  masse  calcinée,  se  précipite  sous  forme  de 
globules  très  brillants. 

Le  Magnésium  est  solide,  blanc  argentin, 
plus  pesant  que  l'eau,  dur,  attaquable  à  la 
lime,  assez  malléable  pour  être  forgé  ;  inal- 
térable à  l'air  sec ,  il  perd  son  éclat  à  l'air 
humide,  et  se  recouvre  d'une  couche  blan- 
che d'oxyde  ;  les  acides  étendus  le  dissolvent 
avec  dégagement  d'Hydrogène.  Son  équiva- 
lent est  représenté  par  158,36.       (A.  D.) 

MAGNÉSITE.  min.— Voy.  magnésie 

MAGNÉTISME,  phys.  —  Il  existe  dans 
le  sein  de  la  terre  un  minerai  de  fer  qui 
possède  la  faculté  d'attirer  le  fer,  et  de  sup- 
porter même  quelquefois  des  morceaux  assez 
pesants  de  ce  métal.  Ce  minerai  constitue 
ce  que  l'on  nomme  pierre  d'aimant  ou  ai- 
mant naturel.  Cette  substance  n'est  pas  la 
seule  qui  jouisse  de  cette  propriété,  car  les 
morceaux  de  fer  qui  sont  restés  longtemps 
exposés  aux  influences  atmosphériques,  ou 
bien  qui  ont  été  limés,  martelés  ou  passés  à 
la  filière,  acquièrent  aussi  cette  faculté.  On 
a  donné  le  nom  de  Magnétisme  à  l'ensem- 
ble des  propriétés  des  aimants. 

Pour  rendre  évidente  l'attraction  qui 
s'exerce  entre  le  fer  et  l'aimant,  et  en  ob- 
server les  effets,  on  roule  dans  de  la  limaille 
de  fer  un  barreau  de  fer  aimanté  ;  toutes  les 
parcelles  de  cette  limaille  s'attachent  iné- 
galement à  sa  surface  et  forment  des  fila- 
ments qui  se  dressent  perpendiculairement 
à  celle-ci.  L'effet  est  plus  sensible  vers  les 
extrémités;  les  filaments  deviennent  plus 
courts  en  s'en  éloignant,  et  s'inclinent 
comme  s'ils  les  fuyaient;  dans  la  partie 
moyenne,  il  n'y  en  a  pas.  Les  régions  de  l'ai- 
mant où  l'attraction  est  la  plus  forte  ont  reçu 
le  nom  de  pôles  de  l'aimant  ;  mais  on  désigne 
également  ainsi  les  points  géométriques  par 
lesquels  passent  les  résultantes  des  at- 
tractions magnétiqnes.des  deux  portions  du 
barreau  aimanté.  Ce  point  est,  par  rapport 
au  magnétisme,  ce  que  le  centre  de  gravité 
est  relativement  à  la  pesanteur.  Le  phéno- 
mène des  limailles  nous  montre  donc  que, 
dans  tout  aimant  naturel ,  il  existe  deux 


558 


MAG 


MAG 


pôles  et  une  ligne  moyenne  où  l'action  est 
nulle.  On  peut  aussi,  en  suspendant  une  pe- 
tite boule  de  fer  à  un  fil  de  soie ,  manifester 
l'action  attractive  exercée  par  un  aimant 
qu'on  lui  présente.  La  déviation  de  ce  pen- 
dule de  la  verticale  indique  l'action  attrac- 
tive de  l'aimant  qui  a  lieu  malgré  l'inter- 
position des  substances  gazeuses,  liquides, 
solides  ;  cette  attraction  se  transmet  donc 
au  travers  les  corps.  Si  l'on  remplace  la  pe- 
tite balle  de  fer  doux  par  un  petit  barreau 
aimanté ,  ou  bien  par  une  aiguille  qui  a 
acquis,  comme  nous  le  montrerons  plus  loin, 
toutes  les  propriétés  des  aimants  naturels, 
et  qu'on  vienne  à  lui  présenter  l'aimant 
naturel  qui  attirait  le  morceau  de  fer 
doux ,  on  reconnaît  alors  qu'une  des  moi- 
tiés du  petit  barreau  suspendu  est  attirée 
par  une  des  extrémités  de  l'aimant  et  re- 
poussée par  l'autre,  tandis  que  l'autre  moi- 
tié éprouve  des  effets  semblables,  mais  con- 
traires; on  voit  donc ,  d'après  cela ,  qu'une 
même  portion  d'un  aimant  naturel  attire  la 
moitié  d'un  autre  aimant  et  repousse  la 
partie  opposée.  Les  portions  repoussées  sont 
celles  possédant  les  pôles  de  même  nom,  et  les 
parties  attirées,  celles  ayant  des  pôles  de  nom 
contraire.  Les  deux  parties  de  l'aimant  qui 
avaient  paru  identiques ,  quant  à  la  faculté 
d'attirer  le  fer  ,  possèdent  donc  deux  forces 
antagonistes ,  et  une  ligne  moyenne  qui  en 
est  la  ligne  de  démarcation. 

Quelquefois  il  arrive  que,  de  chaque  côté 
d'un  barreau  aimanté,  il  existe  des  alternati- 
ves de  Magnétisme  contraire,  et  par  suite  . 
plus  de  deux  pôles.  On  a  donné  à  ces  der- 
niers le  nom  de  points  conséquents  ;  ils  sont 
dus  a  des  causes  accidentelles,  et  on  peut  les 
faire  disparaître,  comme  nous  le  verrons 
plus  loin  en  parlant  de  l'aimantation.  Pour 
l'instant,  supposons  que  la  distribution  du 
Magnétisme  soit  régulière ,  et  que  les  ai- 
mants ne  possèdent  que  deux  pôles. 

Nous  avons  vu  qu'une  petite  boule  de 
fer  suspendue  à  un  fil  de  soie  était  attirée 
par  un  aimant  ;  mais  si  on  lui  substitue  un 
petit  barreau  de  fer  doux  recuit,  et  qu'on 
en  approche  un  aimant,  on  voit  aussitôt  le 
petit  barreau  de  fer  se  placer  de  façon  que 
sa  direction  passe  par  le  pôle  le  plus  voisin 
de  l'aimant,  et  revenir  dans  sa  position, 
aussitôt  qu'on  l'en  écarte,  par  une  suite 
d'oscillations.  Si  l'on  approche  de  ce  petit 


barreau  suspendu  de  la  limaille  de  fer, 
celle-ci  s'y  attache  comme  autour  d'un  ai- 
mant; ce  barreau  est  donc  devenu  un  ai- 
mant sous  l'influence  de  l'aimant  naturel , 
et  possède,  comme  lui,  une  ligne  moyenne 
et  deux  pôles;  mais  vient-on  à  enlever  l'ai- 
mant naturel,  le  petit  barreau  de  fer  doux 
rentre  instantanément  dans  son  état  primi- 
tif, et  cesse  d'être  aimant.  Le  fer  ordinaire 
forgé  et  recuit  devient  donc  un  aimant  sous 
l'influence  d'un  aimant  naturel,  et  cesse  de 
l'être  aussitôt  qu'il  est  hors  de  sa  sphère 
d'activité. 

Si  on  fait  la  même  expérience  avec  un 
morceau  d'acier  trempé  ou  un  morceau 
de  ferécroui,  il  n'en  est  plus  de  même, 
l'action  est  très  lente  alors  à  se  manifester, 
et  d'autant  plus  que  l'acier  est  trempé  plus 
raide  ;  mais  aussi,  lors  même  que  l'aimant 
naturel  est  enlevé,  le  barreau  reste  aimanté 
d'une  manière  permanente,  comme  les  ai- 
mants naturels.  Il  existe  donc  dans  le  fer 
écroui,  ainsi  que  dans  l'acier  trempé,  une 
cause  qui  s'oppose  au  développement  de  la 
vertu  magnétique,  ainsi  qu'au  retour  à  l'é- 
tat primitif.  Celte  cause  est  rapportée  à 
l'action  d'une  force  coercitive ,  résultant 
soit  de  l'arrangement  des  molécules  ,  soit 
de  l'interposition  entre  elles  de  molécules 
étrangères. 

Une  expérience  très  remarquable  mon- 
tre la  différence  caractéristique  existant  en- 
tre le  Magnétisme  et  l'électricité:  le  Ma- 
gnéfjsme  peut  bien  se  développer  par  in- 
fluence, d'une  molécule  à  une  autre  ,  mais 
ne  passe  point  de  cette  molécule  à  la  sui- 
vante, tandis  que  l'électricité,  comme  on 
sut,  peut  passer  d'un  corps  sur  un  autre, 
et  s'accumuler  sur  différents  points. 

Si  l'on  prend  un  barreau  aimanté  en 
acier  ou  en  fer  trempé  possédant  deux  pôles 
et  une  ligne  moyenne,  et  que  l'on  brise  ce 
barreau  suivant  cette  dernière ,  on  trouve 
que  chaque  partie  est  un  véritable  aimant 
possédant  aussi  une  ligne  neutre  et  deux 
pôles;  les  pôles  de  nom  contraire  dans  les 
deux  portions  séparées  se  trouvant  là  où  les 
parties  formaient  par  leur  réunion  la  ligne 
moyenne  dans  l'aimant  primitif;  en  bri- 
sant de  nouveau  ces  portions ,  on  trouve  que 
les  fragments  sont  encore  des  aimants,  et 
qu'il  en  est  encore  de  même,  quelque  loin 
que  l'on  pousse  la  division.  On  doit  donc 


MAG 


MAG 


559 


admettre  que  les  molécules  elles-mêmes 
sont  de  petits  aimants  dont  tous  les  pôles 
de  même  nom  et  les  axes  sont  dirigés 
dans  le  même  sens,  un  pôle  d'une  molécule 
étant  neutralisé  par  le  pôle  de  nom  con- 
traire de  la  molécule  suivante  qui  est  en 
contact  avec  lui.  Le  Magnétisme  ne  passe 
donc  pas  d'une  molécule  à  l'autre ,  mais 
se  développe  par  influence.  Ce  principe 
peut  encore  être  démontré  par  ce  fait, 
qu'on  peut,  avec  un  aimant  naturel ,  sans 
lui  faire  perdre  de  sa  force  ,  aimanter  au- 
tant de  morceaux  d'acier  que  l'on  voudra. 

Pour  interpréter  avec  facilité  les  phéno- 
mènes magnétiques,  on  lésa  rapportés  à 
l'action  de  deux  fluides  doués  de  propriétés 
contraires  ,  résidant  autour  des  molécules 
du  fer,  ne  pouvant  passer  d'une  molécule  à 
une  autre,  et  dont  la  réunion  forme  le 
fluide  magnétique  naturel.  On  admet  donc 
que  le  fluide  magnétique  naturel  se  compose, 
comme  le  fluide  électrique  naturel,  de  deux 
fluides,  dont  les  molécules  de  chacun  d'eux 
se  repoussent,  tandis  qu'elles  attirent  celles 
de  l'autre  fluide.  M.  Ampère  a  envisagé 
s  jus  un  autre  point  de  vue  les  phénomènes 
magnétiques  ;  il  les  a  fait  dépendre  de  cou- 
rants électriques  circulant  autour  des  mo- 
lécules dans  des  plans  perpendiculaires  à  la 
ligne  des  pôles.  Nous  donnerons  ces  théo- 
ries, après  avoir  exposé  les  principaux  phé- 
nomènes dépendant  du  Magnétisme,  et  sans 
lesquels  ils  serait  impossible  de  bien  les 
comprendre. 

Des  lois  des  attractions  et  répulsions 
magnétiques. 

Avant  de  donner  les  méthodes  d'obser- 
vations et  les  lois  des  attractions  magnéti- 
ques, nous  dirons  quelques  mots  de  l'ac- 
tion du  globe  terrestre  sur  les  barreaux 
et  les  aiguilles  aimantés.  Uue  aiguille  ai- 
mantée, librement  suspendue  et  abandonnée 
à  elle-même,  ne  tourne  pas  indifféremment 
dans  toutes  les  directions  ;  elle  se  place,  après 
un  certain  nombre  d'oscillations  plus  ou 
moins  rapides,  dans  une  direction  détermi- 
née, à  laquelle  elle  revient  toujours,  quand 
on  l'en  écarte.  Cette  direction,  en  Europe, 
est  à  peu  près  N.-N.-O. ,  S.-S.-E.  Le  plan 
vertical  qui  passe  par  cette  direction  est  le 
méridien  magnétique  du  lieu  où  l'on  ob- 
serve. On  le  croyait  jadis  peu  différent  du  | 


méridien  astronomique ,  mais  on  sait  par- 
faitement aujourd'hui  que  l'angle  compris 
entre  ces  deux  places  varie  non  seulement 
d'un  lieu  dans  un  autre,  mais  encore  dans 
le  même  lieu,  avec  le  temps  et  d'une  ma- 
nière régulière  toutes  les  vingt-quatre  heu- 
res. Cet  angle  est  la  déclinaison  de  l'aiguille 
aimantée.  Nous  parlerons  de  ce  phénomène 
en  traitant  du  magnétisme  terrestre.  Il  en 
a  été  fait  mention  seulement  ici ,  pour 
montrer  qu'on  doit  tenir  compte  des  effets, 
de  l'action  terrestre  dans  les  expériences 
magnétiques.  Nous  avons  dit  que  le  fer  de- 
venait un  aimant  sous  l'influence  d'un  autre 
aimant:  or,  comme  la  terre  peut  être  re- 
gardée elle-même  comme  un  aimant ,  on 
doit  pouvoir  aimanter  du  fer  sous  son  in- 
fluence. C'est,  en  effet,  ce  qui  arrive  si,  pen- 
dant que  le  fer  doux  est  soumis  à  son  action, 
on  change  la  position  d'équilibre  de  ses  par- 
ticules. On  en  a  un  exemple  dans  les  outils 
de  fer  ou  d'acier  qui  ne  tardent  pas  à  s'ai- 
manter quand  on  s'en  sert;  de  même  si 
l'on  frappe  légèrement  avec  un  marteau, 
par  un  de  ses  bouts ,  un  barreau  tenu  ver- 
ticalement, on  le  rend  magnétique;  en  le 
retournant  pour  frapper  l'extrémité  oppo- 
sée, on  change  la  polarité. 

Les  attractions  et  répulsions  magnétiques 
étant  bien  constatées,  voyons  quelles  sont 
les  lois  qui  les  régissent.  Coulomb  a  dé- 
montré qu'elles  sont  les  mêmes  que  celles 
relatives  à  l'électricité  et  aux  mouvements 
planétaires,  c'est-à-dire  en  raison  inverse 
du  carré  de  la  distance  et  en  raison  directe 
oes  quantités  de  Magnétisme  développé  dans 
les  barreaux.  11  a  déterminé  ces  lois  à 
l'aide  de  deux  méthodes:  en  faisant  d'a- 
bord osciller  une  aiguille  aimantée  à  di- 
verses distances  d'un  des  pôles  d'un  fort 
barreau,  puis  en  employant  la  balance  de 
torsion  ,  fondée  sur  les  lois  de  la  torsion, 
et  à  l'aide  de  laquelle  on  peut  apprécier  avec 
la  plus  grande  exactitude  des  forces  très  pe- 
tites. Cette  balance  est  un  des  instrumenta 
les  plus  précieux  de  la  physique;  pour  l'ap- 
pliquer au  Magnétisme,  il  suffit  de  suspendre 
horizontalement  à  un  fil  de  torsion  une  ai- 
guille aimantée,  à  approcher  d'un  des  pôles 
de  cette  aiguille  le  pôle  de  même  nom 
d'un  autre  barreau;  alors  il  y  a  répulsion; 
en  tordant  le  fil  de  torsion,  on  ramène  les 
deux  pôles  à  des  distances  angulaire»  que 


560 


MAG 


MAG 


Ton  peut  mesurer.  Les  forces  étant  propor- 
tionnelles aux  angles  de  torsion  ,  il  est  fa- 
cile d'établir  une  comparaison  entre  les  ré- 
pulsions et  les  distances,  en  tenant  compte 
bien  entendu,  de  l'action  du  globe  terrestre. 
C'est  à  l'aide  de  ces  deux  méthodes  qu'on  est 
parvenu  aux  lois  dont  nous  venons  de  don- 
ner l'énoncé. 

Des  divers  procédés  d'aimantation  et  des 
aimants  artificiels. 

Nous  avons  vu  que,  lorsqu'on  approche 
d'un  aimant  naturel  du  fer  écroui  ou  de  l'a- 
cier, l'aimantation  est  très  lente  à  s'opérer  ; 
mais  elle  a  lieu  presque  aussitôt  en  passant 
avec  frottement  sur  le  barreau,  toujours 
dans  le  même  sens  et  sur  toute  la  longueur, 
l'un  des  pôles  d'un  aimant;  quelques  fric- 
tions suffisent.  On  a  dû  rechercher  quels 
sont  les  moyens  les  plus  efficaces  pour  don- 
ner à  ces  barreaux  artificiels  le  maximum 
d'effet,  appelé  l'état  de  saturation  ;  ce  point 
est  atteint  lorsque  les  résultantes  des  forces 
attractives  et  répulsives  exercées  par  tous 
les  points  du  barreau  sur  une  molécule  font 
équilibre  à  la  force  coercitive;  il  est  impos- 
sible d'aller  au-delà  ,  attendu  que  le  barreau 
retomberait  à  cette  limite  aussitôt  que  l'ai- 
mant qui  aurait  développé  cette  action  ces- 
serait d'exercer  son  influence. 

Pendant  longtemps  on  s'est  borné  à  pas- 
ser un  des  pôles  d'un  aimant  sur  toute  la 
longueur  du  barreau,  comme  nous  venons 
de  le  dire.  Cette  méthode,  qui  est  celle  du 
contact  successif,  ne  présente  aucun  incon- 
vénient quand  le  barreau  est  court  et  que 
l'aimant  est  puissant;  mais  il  n'en  est  plus 
de  même  lorsqu'il  est  très  long  et  fortement 
trempé;  il  peut  arriver  dans  ce  cas  que  l'ai- 
mantation ne  s'étende  pas  régulièrement 
jusqu'à  l'extrémité  opposée.  De  là  des  points 
conséquents  dont  on  ne  saurait  trop  se 
garantir  dans  la  construction  des  aiguilles 
aimantées. 

Knight  a  fait  connaître  un  perfection- 
nement dans  le  mode  d'aimantation  par 
simple  contact.  Ayant  placé  bouta  bout  par 
les  pôles  de  nom  contraire  deux  barreaux 
fortement  aimantés,  il  posait  dessus  dans 
le  sens  de  leur  longueur  un  petit  barreau 
d'acier  trempé ,  cerise  clair ,  de  manière  que 
son  milieu  correspondait  aux.points  de  jonc- 
tion des  deux  barreaux;  puis  il  séparait 


ceux-ci  en  les  faisant  glisser  dans  un  sens 
opposé  jusqu'aux  extrémités  du  petit  bar  • 
reau,  qui  se  trouvait  avoir  acquis  un  Magné- 
tisme plus  fort  que  celui  qu'on  lui  aurait 
communiqué  par  le  moyen  alors  en  usage,  le 
contact  successif.  Peu  de  temps  après  cette 
découverte,  Duhamel  et  Antheaume  indiquè- 
rent une  méthode  meilleure  pour  les  gros 
barreaux,  et  qui  consiste  à  placer  parallèle- 
ment, à  côté  l'un  de  l'autre,  à  une  certaine 
distance,  les  deux  barreaux  que  l'on  veut 
aimanter,  et  de  joindre  leurs  extrémités  par 
de  petits  morceaux  de  fer  doux  ;  puis  on 
prend  deux  barreaux  aimantés  que  l'on  in- 
cline de  25  à  30°  sur  la  direction  des  pre- 
miers en  les  posant  d'abord  au  milieu  d'un 
de  ceux-ci,  les  pôles  inverses  en  regard,  et 
on  les  fait  glisser  un  certain  nombre  de  fois 
en  sens  contraire  jusqu'à  l'extrémité  d'un 
des  barreaux  à  aimanter.  On  fait  subir  la 
même  opération  à  l'autre  barreau,  mais  en 
sens  contraire. 

L'application  des  petits  morceaux  de  fer 
doux  à  l'extrémité  des  barreaux  que  l'on 
aimante  est  un  perfectionnement  important. 
En  effet,  dès  que  les  barreaux  ont  acquis 
un  certain  degré  de  magnétisme,  les  fers 
doux  s'aimantent  par  influence,  et  réagis- 
sent ensuite  sur  les  barreaux  pour  augmen- 
ter leur  magnétisme. 

En  substituant  deux  aimants  aux  barreaux 
de  fer  doux,  on  devait  encore  accroître  le 
développement  du  magnétisme  :  c'est  ce 
qu'a  fait  OEpinus  ;  néanmoins  la  méthode 
de  Duhamel  est  excellente  pour  les  aiguilles 
de  boussole  et  les  lames  qui  n'ont  que  quel- 
ques millimètres  d'épaisseur.  Mitchell  et 
Canton  se  sont  occupés,  à  la  même  époque 
que  Duhamel,  de  l'aimantation.  Le  premier 
a  imaginé  le  procédé  de  la  double  touche, 
qui  consiste  à  lier  deux  barreaux  fortement 
aimantés,  parallèlement  entre  euxdans  une 
position  verticale,  les  pôles  inverses  en 
regard,  aune  distance  de  7  à  8  millimètres 
l'un  de  l'autre;  après  avoir  placé  en  con- 
tact plusieurs  barreaux  égaux  à  la  suite  les 
uns  des  autres  sur  une  même  ligne  droite, 
on  fait  glisser  le  double  barreau  à  angle 
droit,  par  l'une  de  ses  extrémités,  le  long 
cette  ligne;  les  barreaux  intermédiaires 
acquièrent  alors  une  grande  force  magnéti- 
que. Pour  être  assuré  que  le  développement 
du  Magnétisme  est  le  même,  au  signe  près, 


IVIAG 

dans  chacune  des  moitiés,  il  faut  avoir  l'at- 
tention d'appliquer  le  double  barreau  au 
centre  de  celui  que  Ton  veut  aimanter,  et 
de  faire  sur  chacune  des  deux  moitiés  un 
,  nombre  égal  de  frictions.  Quand  les  barreaux 
sont  revenus  au  centre,  on  les  enlève  per- 
pendiculairement. OEpinus  a  fait  une  mo- 
dification heureuse  au  procédé  de  la  double 
touche  :  au  lieu  de  maintenir  les  deux  bar- 
reaux glissant  toujours  parallèlement  l'un 
à  l'autre,  il  les  a  inclinés  en  sens  contraire 
comme  Duhamel  l'avait  fait.  Une  inclinai- 
son de  15  à  20°  sur  la  surface  donne  sensi- 
blement le  maximum  d'effet.  Cette  méthode 
a  l'inconvénient  de  ne  pas  produire  un  dé- 
veloppement de  Magnétisme  égal  dans  cha- 
cune des  moitiés  du  barreau  et  de  faire 
naître  plus  facilement  des  points  consé- 
quen  ts  que  par  la  méthode  de  Duhamel  :  aussi 
ne  doit-on  pas  aimanter  par  ce  procédé  des 
aiguilles  de  boussole;  on  ne  s'en  sert  ordi- 
nairement que  pour  les  gros  barreaux  aux- 
quels on  veut  donner  un  fort  degré  de  Ma- 
gnétisme ,  sans  qu'il  soit  nécessaire  d'avoir 
une  égale  distribution.  Coulomb  a  adopté 
ces  méthodes  en  y  faisant  des  additions  im- 
portantes. 

Nous  avons  vu  que  lorsqu'un  pôle  d'un 
aimant  est  en  contact  avec  l'une  des  extré- 
mités d'un  barreau  d'acier,  il  y  développe 
peu  à  peu  un  Magnétisme  de  nom  contraire 
au  sien  ,  lequel  réagit  à  son  tour  sur  le  Ma- 
gnétisme naturel  de  l'aimant  pour  opérer 
sa  décomposition.  Ce  nouvel  accroissement 
réagit  de  nouveau  sur  le  barreau,  et  ainsi  de 
suite  jusqu'à  une  certaine  limite  qui  est 
déterminée  par  l'état  de  saturation  de  l'ai- 
mant et  du  barreau  et  la  constitution  molé- 
culaire de  l'acier.  Cette  propriété  a  été  mise 
à  profit  pour  augmenter  la  force  des  ai- 
mants naturels  ou  artificiels,  au  moyen  des 
armures  ou  armatures  dont  nous  allons 
parler. 

Si  à  l'un  des  pôles  d'un  aimant  on  appli- 
que un  morceau  de  fer  doux  auquel  est  at- 
taché un  plateau  de  balance,  dans  lequel 
on  met  successivement  différents  poids, 
jusqu'à  ce  qu'on  ne  puisse  plus  ajouter  une 
nouvelle  charge  sans  séparer  le  fer  doux  de 
l'aimant,  on  trouve  que,  le  lendemain  et  les 
jours  suivants ,  on  peut  augmenter  la  charge 
sans  opérer  la  séparation;  mais  si,  au  bout 
d'un  certain  temps,  on  détache  forcément 
t.  vu 


iuaxj,  56! 

le  fer  doux,  l'aimant  n'est  plus  capable  de 
porter  toute  la  charge  qu'il  portait  avant; 
l'aimant  sous  l'influence  du  fer  avait  donc 
acquis  un  excès  d'énergie  que  sa  force  coër- 
citive  ne  lui  permet  pas  de  garder.  Si  or; 
place  des  morceaux  de  fer  doux  sur  les  pôles 
des  aimants  naturels,  on  pourra  concentre; 
leur  action  magnétique  sur  quelques  point.:, 
de  ces  appendices;  c'est  pour  cela  qu'on  a 
donné  à  ces  morceaux  de  fer  le  nom  d'ar- 
mure. 

Nous  avons  dit  comment ,  au  moyen  de 
barreaux  aimantés  ,  on  pouvait  aimanter  le 
fer  et  l'acier  ;  mais  à  l'aide  de  l'action  seule 
de  la  terre ,  on  arrive  au  même  but  ;  il  suffit 
de  placer  un  morceau  de  fer  dans  une  po- 
sition verticale,  et  de  lui  faire  subir  un 
changement  physique  quelconque,  afin  de 
lui  donner  une  force  coërcitive  capable  de 
faire  un  aimant  permanent.  Mais  ces  procé- 
dés, ainsi  que  celui  par  influence  d'un  autre 
aimant,  ne  sont  pas  les  seuls  à  l'aide  des- 
quels on  puisse  développer  la  faculté  ma- 
gnétique dans  le  fer  doux  et  l'acier  ;  l'élec- 
tricité ,  soit  libre  ,  soit  sous  forme  du  cou- 
rant circulant  dans  des  fils  ou  dans  des  hé- 
lices, est  capable  de  conduire  au  même  but  ; 
nous  parlerons  de  ces  phénomènes  en  trai- 
tant de  la  théorie  de  M.  Ampère. 

De  la  distribution  du  Magnétisme  dans  les 
barreaux  aimantés. 

Lorsqu'on  essaie  de  faire  supporter  à  un 
aimant  de  plusieurs  décimètres  de  longueur 
et  de  quelques  millimètres  de  diamètre,  en 
divers  points,  des  poids  en  fer,  on  trouve 
que  ces  poids  vont  en  augmentant  à  partir 
des  extrémités  jusqu'à  une  distance  de  8  ou 
10  millimètres,  et  qu'ils  diminuent  ensuite 
rapidement,  de  telle  sorte  que  les  points 
qui  sont  situés  au-delà  de  6  ou  8  centimètre.-; 
ne  supportent  plus  aucun  poids.  On  re- 
connaît ,  en  outre  ,  que  les  points  situés  à 
la  même  distance  des  extrémités  supportent 
des  poids  égaux.  On  voit  donc  que  la  quan- 
tité de  magnétisme  libre  depuis  certains 
points  proches  des  extrémités  va  en  dimi- 
nuant jusqu'au  centre  de  l'aimant. 

Ce  procédé  d'expérimentation  n'est  sus- 
ceptible d'aucune  précision  :  aussi  Coulomb 
lui  en  a-t-il  substitué  deux  autres,  qui  con- 
sistent, le  premier,  à  faire  osciller  une  très 
petite  aiguille  aimantée  vis-à-vis  des  divers 
.    '-    -  71 


562 


MAG 


points  du  barreau;  le  second,  à  déterminer  à 
l'aide  de  la  balance  de  torsion  quelle  est  la 
force  de  torsion  nécessaire  pour  équilibrer 
la  répulsion  produite  entre  tous  les  points 
d'une  moitié  d'un  barreau  et  le  pôle  d'un 
autre  barreau.  Une  fois  les  valeurs  qui  expri- 
ment l'intensité  magnétique  des  divers  points 
du  barreau  obtenues,  on  construit  ce  que  l'on 
nomme  la  courbe  des  intensités,  en  prenant 
pour  axe  des  abscisses  le  barreau ,  et  pour 
ordonnées  les  intensités  magnétiques.  On  re- 
connaît ainsi  que,  vers  13 ou  14  centimètres, 
à  partir  des  extrémités  d'un  barreau ,  l'ac- 
tion magnétique  est  nulle  ,  et  que,  vers  les 
deux  extrémités,  elle  est  en  sens  contraire: 
ainsi,  toute  l'action  se  porte  sur  les  14  pre- 
miers centimètres  de  chaque  extrémité,  et 
au-delà  de  26  ou  27  centimètres  à  section 
égale,  la  longueur  n'a  plus  d'influence  sur 
l'intensité  magnétique  d'un  barreau ,  la 
courbe  des  intensités  est  la  même,  et  ne  fait 
que  de  se  transporter  vers  les  extrémités  en 
laissant  vers  le  milieu  un  espace  plus  ou 
moins  grand  où  l'intensité  est  presque  nulle. 
Les  pôles  des  aimants  sont  situés  au  centre  de 
gravité  des  surfaces  situées  entre  les  courbes 
magnétiques  et  le  barreau.  En  supposant 
que  la  longueur  l'emporte  de  beaucoup  sur 
les  diamètres  d'une  aiguille  ou  des  fils  ai- 
mantés, les  distances  qui  séparent  les  pôles 
des  extrémités,  d'après  Coulomb,  sont  sensi- 
blement comme  les  diamètres  des  aiguilles. 
Dans  un  fil  de  4  millimètres  et  demi  de  dia- 
mètre, la  distance  des  pôles  aux  extrémités 
est  de  4  centimètres.  Cette  loi  ne  peut  être 
Vraie  qu'entre  certaines  limites. 

Dans  les  aimants  très  courts,  les  pôles  se 
rapprochent  des  extrémités  sans  pouvoir  dé- 
passer le  y  delà  demi-longueur.  M.  Biot,  en 
cherchant  la  relation  qui  existe  entre  les 
abcisses  et  les  ordonnées  de  la  courbe  des 
intensités,  a  trouvé  qu'elle  est  analogue  à 
vCelIe  que  donne  la  densité  électrique  des 
piles  électriques  formées  avec  des  petits 
carreaux  magiques.  La  distribution  de  l'é- 
lectricité dans  ces  derniers  et  celle  du  Ma- 
gnétisme dans  les  barreaux  aimantés  suit  la 
même  loi.  Enfin  dans  des  fils  de  fer  d'un 
très  petit  diamètre,  de  77  de  millimètre,  et 
dont  la  longueur  l'emporte  beaucoup  sur 
les  autres  dimensions ,  la  distribution  du 
Magnétisme  suit  la  même  Joi  que  dans  les 
gros  barreaux ,  et  les  pôles  ne  sont  pas  aussi 


MAG 

près  des  extrémités  qu'on  aurait  pu  le  sup- 
poser de  prime-abord  vu  la  petitesse  du 
diamètre,  puisqu'ils  sont  à  8mm,5  des  ex- 
trémités. 

Du  Magnétisme  des  corps  en  mouvement. 

Nous  avons  dit  plus  haut  que  lorsqu'une 
aiguille  aimantée  est  abandonnée  à  elle- 
même  ,  elle  se  dirige  par  l'action  terrestre , 
de  telle  sorte  que  lorsqu'on  la  dérange  de  sa 
position  d'équilibre,  elle  y  revient  par  une 
suite  d'oscillations  isochrones  ou  d'égale  du- 
rée, quand  l'amplitude  de  ces  oscillations 
n'est  pas  très  considérable.  Si  l'aiguille  est 
suspendue  horizontalement,  et  est  disposée 
de  manière  qu'on  puisse  approcher  de  sa 
surface  inférieure  un  liquide  ou  des  pla- 
ques de  diverses  substances ,  alors  on  ob- 
serve les  phénomènes  suivants,  dont  la  dé- 
couverte est  due  à  M.  Arago. 

Si  l'aiguille  oscille  seule ,  et  que  le  mode 
de  suspension  soit  tel  qu'elle  puisse  osciller 
librement,  alors  elle  fait  un  très  grand 
nombre  d'oscillations  avant  de  revenir  à  sa 
position  d'équilibre  ;  mais  vient-on  à  l'ap- 
procher au-dessous  de  l'eau  ou  du  métal , 
et  à  l'écarter  de  nouveau  de  sa  position 
d'équilibre,  alors  elle  oscille  dans  des  arcs 
de  moins  en  moins  étendus ,  comme  si  elle 
se  trouvait  dans  un  milieu  résistant.  Ce 
qu'il  y  a  de  remarquable  dans  ce  mode  d'ac- 
tion ,  c'est  que  la  diminution  dans  l'ampli- 
tude des  oscillations  ne  change  pas  leur  nom- 
bre dans  le  même  temps.  L'action  est  d'au- 
tant plus  forte  pour  un  même  corps  qu'il  est 
plus  près  de  l'aiguille ,  et  à  la  même  dis- 
tance elle  est  différente  pour  les  différents 
corps.  Les  métaux  agissent  avec  plus  d'éner- 
gie que  l'eau ,  le  verre  ,  le  bois ,  etc. 

Mais  si  une  plaque  de  cuivre  ou  de  toute 
autre  substance  solide,  placée  au-dessous 
dune  aiguille  aimantée  ,  jouit  de  la  pro- 
priété de  diminuer  l'amplitude  des  oscilla- 
tions sans  changer  sensiblement  leur  durée, 
il  s'ensuit  que  cette  même  aiguille  doit  être 
entraînée  par  une  plaque  en  mouvement. 
C'est ,  en  effet,  ce  que  l'expérience  a  mon- 
tré. Si  l'on  fait  tourner  une  plaque  de  cuivre, 
avec  une  vitesse  déterminée,  sous  une  ai- 
guille aimantée,  aussitôt  que  le  mouvement 
de  rotation  commence,  l'aiguille  est  chassée 
du  méridien  magnétique  avec  d'autant  plus 
de  force  que  le  mouvement  est  plus  rapide. 


MAG 


MAG 


563 


La  force  d'entraînement  étant  balancée  par 
l'action  de  la  terre,  qui  tend  à  maintenir 
l'aiguille  dans  le  méridien  magnétique ,  il 
en  résulte  une  nouvelle  position  d'équilibre 
qui  dépend  du  rapport  de  ces  deux  forces  ; 
mais  quand  le  mouvement  est  très  rapide  , 
l'aiguille  ne  s'arrête  pas ,  et  continue  à 
tourner. 

L'action  que  reçoit  l'aiguille  du  disque  en 
mouvement  décroît ,  pour  la  même  vitesse, 
à  mesure  que  leur  distance  diminue  :  ainsi, 
si  l'aiguille  tourne  d'un  mouvement  con- 
tinu, quand  les  deux  corps  ne  sont  séparés 
que  par  une  feuille  de  papier,  en  augmen- 
tant la  distance ,  elle  prend  une  position 
fixe ,  et  la  déviation  devient  toujours  moin- 
dre à  mesure  que  l'on  élève  l'aiguille  au- 
dessus  du  disque. 

M.  Arago ,  après  avoir  observé  le  phéno- 
mène, a  cherché  les  composantes  de  la  force 
qui  le  produit,  suivant  trois  axes  :  l'un  per 
pendiculaire  au  plan  du  disque,  le  deuxième 
perpendiculaire  au  rayon  et  dans  le  plan  du 
disque,  et  le  troisième  parallèle  au  rayon  et 
dans  le  même  plan. 

La  première  composante  est  une  force  ré- 
pulsive rendue  sensible  au  moyen  d'un  ai- 
mant fort  long,  suspendu  à  un  fil  dans  une 
direction  verticale  à  l'extrémité  du  fléau 
d'une  balance  maintenue  en  équilibre.  Dès 
l'instant  que  le  plateau  commence  à  tour- 
ner, l'aimant  est  repoussé ,  et  le  fléau  de  la 
balance  penche  de  l'autre  côté. 

La  seconde  composante  est  horizontale  et 
perpendiculaireau  plan  vertical  qui  contient 
le  rayon  aboutissant  à  la  projection  du  pôle 
de  l'aiguille.  Cette  force  est  celle  qui  im- 
prime le  mouvement  de  rotation  à  l'aiguille; 
elle  agit  tangentiellement  au  cercle,  et  son 
effet  est  connu  immédiatement  par  l'expé- 
rience. 

La  troisième  composante  est  dirigée  pa- 
rallèlement au  rayon  qui  aboutit  à  la  pro- 
jection du  pôle  de  l'aiguille.  On  la  déter- 
mine avec  une  aiguille  d'inclinaison  que 
l'on  place  verticalement,  de  manière  que 
son  axe  de  rotation  soit  contenu  dans  un 
plan  perpendiculaire  à  l'un  des  rayons  du 
disque.  Une  semblable  aiguille  placée  au 
centre  du  disque  n'éprouve  aucune  action  ; 
il  existe  également  un  second  point  plus  voi- 
sin du  bord  que  du  centre,  où  elle  n'é- 
prouve non  plus  aucun  changement  dans  sa 


position  ;  mais ,  entre  ces  deux  points ,  le 
pôle  inférieur  est  constamment  attiré  vers  le 
centre,  tandis  qu'il  est  repoussé  au-delà  du 
point. 

Lorsque  les  plaques  sont  évidées  dans  la 
direction  des  rayons,  l'effet  est  moindre  que 
quand  elles  sont  pleines  ;  mais  si  on  rem- 
plit les  interstices  avec  une  substance  con- 
ductrice de  l'électricité  ,  ou  qu'on  les  soude 
avec  un  autre  métal,  alors  la  plaque  recouvre 
presque  toute  son  action ,  mais  pas  aussi 
grande  qu'avant  d'être  coupée. 

Le  phénomène  du  Magnétisme  en  mouve- 
ment est  dû  aux  courants  électriques  par 
induction  qui  se  développent  sous  l'influence 
de  l'aimant  et  de  la  terre,  et  qui  réagissent 
ensuite  sur  l'aimant  lui-même.  Nous  re- 
viendrons sur  ce  sujet  en  donnant  les  théo- 
ries imaginées  pour  expliquer  le  Magnétisme. 

Des  substances  magnétiques. 

Non  seulement  le  fer,  ses  carbures,  et  Tua 
de  ses  oxydes  que  l'on  a  nommé  oiyde  ma- 
gnétique, agissent  fortement  sur  l'aiguille  ai- 
mantée, mais  deux  autres  métaux,  le  nickel 
et  le  cobalt,  ont  une  énergie  d'action  aussi 
considérable  que  le  fer.  Si  ces  métaux  sont 
alliés,  et  surtout  le  cobalt,  avec  l'arsenic,  ils 
peuvent  perdre  complètement  cette  faculté. 

Si  l'on  compare  le  nickel  doux  malléable 
et  le  fer  doux ,  on  trouve  que  des  aiguilles 
semblables  de  ces  deux  substances  oscillent 
dans  le  même  temps.  On  a,  par  d'autres 
considérations  ,  trouvé  le  même  résultat 
pour  le  cobalt,  c'est-à-dire  qu'à  la  tempéra- 
ture ordinaire  les  trois  métaux  ont  le  même 
Magnétisme  spécifique.  Ainsi  les  résultats 
obtenus  à  cette  température  avec  le  fer  sont 
les  mêmes  pour  les  deux  autres  métaux. 

Si  l'on  approche,  à  une  certaine  distance 
d'un  des  pôles  d'un  aimant,  des  aiguilles  de 
fer,  de  fonte,  d'acier,  les  résultats  sont  très 
différents  ;  si  c'est  du  fer  malléable,  il  s'y 
développe  un  Magnétisme  momentané  bien 
plus  fort  que  dans  le  fer  écroui  et  dans  l'a- 
cier ;  mais  si  l'on  soustrait  les  aiguilles  à 
l'influence  de  l'aimant ,  le  fer  doux  malléa- 
ble aura  peu  ou  point  conservé  de  Magné- 
tisme ,  tandis  qu'il  n'en  sera  pas  ainsi  avec 
le  fer  écroui  et  l'acier,  qui  constituent  alors 
de  véritables  aimants  permanents.  Ainsi  les 
aiguilles  de  fer  doux  oscillent  plus  vite  sous 
l'influence  d'un  aimant  que  des  aiguilles 


564 


MAG 


d'acier  et  de  fonte.  C'est  à  l'aide  de  la  mé- 
thode dès  oscillations  qu'on  a  comparé  ce 
qu'on  appelle  le  Magnétisme  spécifique. 

Si  l'on  fait  usage  d'une  substance  inerte, 
c'est-à-dire  qui  n'exerce  aucune  action  sur 
l'aiguille  aimantée,  et  que  l'on  fasse  des 
mélanges  de  cette  substance  et  de  limaille 
d'un  des  trois  métaux  magnétiques  cités 
plus  haut,  alors  on  observe  que  si  les  parti- 
cules magnétiques  sont  très  rapprochées,  la 
force  qui  fait  osciller  une  fibre  élémentaire 
du  barreau  est  proportionnelle  au  carré  de 
la  densité  magnétique.  Si ,  au  contraire,  on 
dépasse  une  certaine  limite  ,  et  que  les  par- 
ticules actives  soient  très  éloignées,  alors 
ces  particules  ne  peuvent  plus  réagir  l'une 
sur  l'autre  ,  et  l'action  élémentaire  est  pro- 
portionnelle simplement  à  la  densité  magné- 
tique. En  ayant  égard  à  ce  principe,  on  re- 
connaît que  l'action  exercée  par  un  aimant 
sur  les  métaux  magnétiques  reste  la  même, 
soit  lorsqu'ils  sont  à  l'état  de  poudre  impal- 
pable, soit  lorsqu'ils  constituent  une  masse 
malléable. 

Action  de  la  chaleur  sur  les  métaux  ma- 
gnétiques.—  L'action  du  fer,  du  nickel  et  du 
cobalt  sur  une  aiguille  aimantée  varie  avec 
la  température ,  de  sorte  que  l'on  peut  ar- 
river à  un  point  où  ces  métaux  n'exercent 
plus  aucune  action.  Si,  par  exemple,  on  fait 
chauffer  une  barre  de  fer  doux  placée  à  peu 
de  distance  d'une  aiguille  aimantée,  on 
observe  que  l'action  varie  peu  à  mesure  que 
l'on  élève  la  température.  Au  rouge  sombre, 
elle  est  encore  magnétique  ;  mais,  au  rouge- 
cerise,  elle  a  perdu  toute  sa  faculté,  qu'elle 
ne  recouvre  que  lorsqu'on  la  laisse  refroidir. 
Si  l'on  soumet  la  fonte  à  la  même  action, 
au  rouge  sombre,  elle  a  son  maximum  de 
force,  et,  au  rouge  brillant,  elle  n'agit  plus 
de  même  sur  le  fer.  Quand  on  opère  ainsi 
en  élevant  d'abord  les  barreaux  de  fer  ou 
de  fonte  au  rouge  blanc,  et  les  laissant  re- 
froidir, en  arrivant  au  point  où  le  fer  de- 
vient magnétique,  quelquefois  l'attraction 
qui  se  manifeste  atteint  immédiatement  son 
maximum  ;  d'autres  fois,  elle  augmente  gra- 
duellement. 

La  chaleur  agit  de  la  même  manière  sur 
le  nickel  et  le  cobalt;  seulement  les  tempé- 
ratures auxquelles  ces  deux  métaux  perdent 
la  faculté  d'agir  sur  l'aiguille  aimantée  sont 
différentes.  Pour  le  nickel ,  cette  tempéra- 


MAG 

ture  est  à  peu  près  400°  centigrades;  et 
pour  le  cobalt,  la  température  blanche  du 
feu  de  forge. 

Pour  comparer  le  Magnétisme  spécifique 
de  ces  trois  métaux  et  de  leurs  carbures  à 
des  températures  élevées,  on  forme  une  ba- 
lance de  torsion  avec  un  long  fil  de  pla- 
tine d'un  petit  diamètre,  et  on  suspend  le 
petit  barreau  à  un  étrier  en  platine.  Alors 
on  peut  chauffer  le  barreau  soumis  à  l'ex- 
périence jusqu'au  rouge  brillant,  maintenir 
la  température  stationnaire  à  l'aide  de  la 
flamme  d'une  lampe  à  alcool,  et  par  les  os- 
cillations du  barreau  sous  l'influence  d'ai- 
mant, trouver  le  Magnétisme  spéc. tique. 

On  est  conduit  ainsi  aux  conséquences 
suivantes  : 

1°  Le  Magnétisme  spécifique  du  fer  doux 
ne  varie  que  très  peu  entre  la  température 
ordinaire  et  celle  du  rouge  sombre  où  il 
perd  tout  son  pouvoir.  Seulement,  au  rouge 
sombre,  il  augmente  de  ^-  à  peu  près,  ce 
qui  montre  qu'à  la  température  ordinaire 
ce  métal  se  comporte  comme  ayant  une  fai- 
ble force  coërcitive. 

2°  Le  Magnétisme  spécifique  de  la  fonte 
de  1er  augmente  avec  la  température,  de 
sorte  qu'au  rouge  naissant  il  est  à  son  maxi- 
mum. Dans  la  fonte  et  l'acier,  le  Magnétisme 
spécifique,  qui  est  plus  faible  que  celui  du 
fer  à  la  température  ordinaire  ,  augmente 
à  mesure  que  celle-ci  s'élève,  de  manière 
qu'avant  de  s'anéantir,  il  est  égal  à  celui  du 
fer  doux. 

3°  Pour  les  fontes  de  nickel  et  de  cobalt, 
on  observe  les  mêmes  effets;  ainsi,  vers 
400°  pour  le  nickel  et  au  rouge  blanc  pour 
le  cobalt,  l'action  des  carbures  devient  égale 
à  l'action  de  ces  métaux  malléables,  et  à  la 
température  ordinaire. 

On  voit  donc  que  le  Magnétisme  des  trois 
métaux  ne  varie  que  dans  de  faibles  limites 
entre  la  température  ordinaire  et  celle  où 
ils  cessent  d'être  magnétiques.  On  voit  en 
outre  qu'il  serait  avantageux  de  tenter  des 
essais  pour  faire  des  aiguilles  de  boussole 
en  cobalt;  car  il  est  possible  que  les  varia- 
tions de  la  force  coërcitive,  par  suite  de  la 
température,  soient  plus  faibles  pour  ce  mé- 
tal que  pour  les  deux  autres. 

Action  de  la  chaleur  sur  les  barreaux  ai- 
mantés.—Coulomb  est  le  premier  qui  se  soit 
occupé  de  l'influence  de  la  chaleur  sur  la 


JMAG 


MAG 


565 


distribution  du  Magnétisme  libre  dans  les 
aiguilles  aimantées.  Ayant  pris  des  bar- 
reaux d'acier  recuits  et  aimantés  à  satura- 
tion, il  éleva  de  nouveau  leur  température  ; 
après  avoir  compté  avant  chaque  expérience 
le  temps  des  oscillations ,  il  trouva  que  ce 
temps  augmente  de  telle  soi  te  que  l'inten- 
sité magnétique  diminue  à  mesure  qu'on 
élève  la  température.  Or,  comme  les  voya- 
geurs, en  parcourant  les  diverses  parties  du 
globe,  observent  des  localités  qui  présentent 
des  différences  de  température  entre  12  et 
40°,  on  doit  en  conclure  que  les  aiguilles 
aimantées  dont  ils  font  usage  doivent  éprou- 
ver des  changements  dans  leur  magnétisme, 
changements  qui  empêchent  que  les  résultats 
soientcomparables  entre  eux.  MM.  Kuppfer, 
Gauss,  Weber  et  Goldsmith  se  sont  aussi  oc- 
cupés de  cette  question.  M.  Kuppfer  a  été 
conduit  à  une  loi  très  simple,  qui  peut  s'ex- 
primer ainsi  :  l'intensité  magnétique  de  l'ai- 
guillediminuantà  mesureque  la  température 
s'élève,  le  temps  d'une  oscillation  augmente 
d'un  nombre  proportionnel  aux  augmenta- 
tions de  température,  pour  de  faibles  varia- 
tions de  température  bien  entendu.  Ainsi, 
quand  il  s'agit  de  déterminer  les  oscillations 
à  une  même  température ,  il  suffit  de  déter- 
miner combien,  pour  chaque  degré  de  cha- 
leur, augmente  la  durée  d'un  certain  nom- 
bre d'oscillations  de  l'aiguille,  et  de  faire 
la  correction  en  conséquence  d'après  une 
formule.  M.  Gauss  a  été  conduit  à  conclure 
que  les  variations  du  Magnétisme  du  bar- 
reau, quand  la  température  monte,  sont 
soumises  àd'autreslois  que  lorsqu'elle  baisse, 
et  qu'un  même  barreau  se  comporte  diffé- 
remment suivant  l'intensité  magnétique  qu'il 
possède;  quand  celle-ci  est  très  grande,  ce 
barreau  la  retient  opiniâtrement,  et  le  chan- 
gement de  température  ne  produit  que  de 
petites  augmentations  ou  diminutions.  Si, 
au  contraire,  son  intensité  est  faible,  la 
température  agit  plus  fortement  sur  lui. 

L'élévation  de  température  agit  donc  en 
diminuant  la  force  coërcitive  de  l'acier  et 
laissant  recomposer  une  partie  du  Magné- 
tisme. Lorsqu'on  arrive  vers  650  ou  700°, 
toute  trace  de  Magnétisme  disparait. 

Des  métaux  auxquels  on  avait  attribué 

une  action  magnétique On  avait  placé  parmi 

les  métaux  magnétiques,  en  outre  du  fer, 
du  nickel  et  du  cobalt,  le  chrome  et  le  man- 


ganèse; mais,  par  la  méthode  des  oscilla- 
tions, on  a  trouvé  que  l'action  d'un  échan- 
tillon de  chrome,  par  rapport  au  fer,  était 
de  7  de  millième,  et  celle  d'un  échantillon 
de  manganèse  de  1  millième.  Était-on  assez 
sûr  de  la  pureté  de  ces  métaux  pour  assurer 
qu'ils  ne  continssent  pas  une  si  faible  pro- 
portion de  fer?  C'est  ce  que  des  expériences 
ultérieures  établiront. 

D'après  ce  mode  d'action  de  la  chaleur 
sur  les  métaux  magnétiques,  il  est  tout  na- 
turel de  supposer  qu'en  abaissant  convena- 
blement la  température  de  certains  métaux 
qui  n'ont  pas  cette  propriété  à  la  tempéra- 
ture ordinaire,  on  parviendrait  à  la  leur 
donner;  mais  jusqu'ici  les  tentatives  ont 
été  vaines ,  et  on  n'a  pas  pu  manifester 
d'action  même  à  —  100°  centigrades  avec 
les  froids  intenses  que  l'on  peut  produire 
maintenant.  II  ne  reste  plus  à  parler  main- 
tenant, comme  substance  assez  fortement 
magnétique,  quede  l'aimant  naturel,  c'est-à- 
dire  du  fer  oxydulé.  Cette  substance  est  une 
combinaison  de  protoxyde  et  de  peroxyde  de 
fer.  Un  cristal  octaédrique  et  taillé  en  bar- 
reau a  donné  une  action  représentée  par  ~ 
centième  à  peu  près,  celle  du  fer  étant  1  ; 
mais  aussi  la  force  coërcitive  était  considé- 
rable ;  car  une  fois  le  petit  barreau  aimanté, 
il  est  devenuun  aimant  permanent  assez  éner- 
gique; aussi  presque  tous  les  échantillons 
qu'on  retire  de  la  terre  sont-ils  des  aimants 
permanents.  Du  reste,  l'action  de  la  chaleur 
sur  les  oxydes  est  aussi  facile  à  étudier  que 
sur  les  métaux  magnétiques.  On  trouve 
qu'au-dessous  du  rouge  l'oxyde  magnétique 
cesse  d'être  attiré  par  les  barreaux  aimantés. 
Nous  renvoyons  à  l'article  aimant  pour  de 
plus  amples  détails  touchant  l'oxyde  magné- 
tique naturel. 

De  l'action  du  Magnétisme  sur  tous  les  corps 

Coulomb  est  le  premier  qui  ait  annoncé 
que  non  seulement  le  fer,  le  nickel  et  le 
cobalt,  et  quelques  autres  métaux  qui  peu- 
vent être  mélangés  de  fer,  sont  influencés 
par  un  aimant ,  mais  encore  que  de  petites 
aiguilles  de  toutes  les  substances  métalli- 
ques ou  végétales,  telles  que  du  bois,  du 
verre,  oscillent  sous  l'influence  de  forts  bar- 
reaux comme  de  petites  aiguilles  aimantées. 
11  a  donné  le  rapport  des  forces  exercées  sur 
de  petites  aiguilles  d'or,  d'argent,  de  plomb, 


566 


MAG 


MAG 


de  cuivre,  eu  égard  à  la  faiDie  torsion  d  un 
fil  de  cocon.  Il  a  cherché,  en  faisant  des  mé- 
langes de  cire  et  de  fer,  quelle  était  la  faible 
proportion  de  métal  ou  de  particules  ma- 
gnétiques nécessaires  pour  produire  ces  ré- 
sultats. Il  a  trouvé  qu'il  suffisait  de  la  pré- 
sence de  1tlW  de  fer  dans  ces  métaux  pour 
leur  donner  une  force  directrice  sensible 
entre  les  pôles  de  deux  forts  aimants.  Ce 
sont  làdes  quantités  tellement  minimes,  que 
l'analyse  chimique  la  plus  parfaite  est  im- 
puissante pour  en  déceler  la  présence. 

Il  est  nécessaire,  quand  on  opère  avec  des 
petites  aiguilles  de  ces  substances ,  de  les 
prendre  d'une  longueur  de  1  ou  2  centimètres 
seulement,  et  du  poids  de  50  ou  100  mil- 
ligrammes; car,  sans  cela  ,  il  pourrait  se 
faire  une  distribution  transversale  de  Ma- 
gnétisme, et  les  aiguilles  se  placeraient  per- 
pendiculairement à  la  ligne  des  pôles  au 
lieu  de  se  placer  dans  la  direction  même. 

Plusieurs  physiciens  se  sont  occupés  de 
cette  question,  et  ont  été  conduits  à  cette 
conséquence,  que  des  petites  aiguilles  de 
tous  les  corps  oscillent  entre  les  pôles  de 
barreaux  qui  même  ne  sont  pas  très#éner- 
giques  :  la  silice  cristallisée,  la  chaux  sulfa- 
tée limpide ,  le  soufre  cristallisé ,  le  spath 
d'Islande  très  pur,  sont  toujours  influencés; 
mais  dans  une  même  substance  cet  effet  ne 
reste  pas  le  même  pour  des  échantillons  dif- 
férents, et  le  Magnétisme  spécifique  est  va- 
riable d'un  échantillon  à  l'autre.  En  prenant 
de  la  silice  fondue  au  chalumeau  à  gaz,  l'ac- 
tion diminue,  et  même  s'anéantit  presque 
dans  certains  échantillons. 

L'iode  ordinaire  éprouve  une  forte  action 
de  la  part  des  aimants;  mais  en  le  volatili- 
sant, on  obtient  des  fragments  qui  oscillent 
presque  aussi  vite  entre  les  aimants  qu'au 
dehors  des  aimants.  Le  camphre  est  dans  le 
même  cas.  Ainsi  on  peut  donc  en  conclure 
que  toutes  les  substances  cristallisées  et 
transparentes  que  l'on  trouve  à  la  surface 
de  la  terre,  et  les  matières  végétales,  obéis- 
sent à  l'action  des  barreaux  aimantés ,  et 
que  pour  certaines  distances,  à  mesure  qu'on 
les  purifie,  l'action  exercée  de  la  part  des 
aimants  diminue  de  façon  à  s'anéantir  pres- 
que dans  quelques  cas.  Ces  effets  sont  dus 
à  des  actions  de  Magnétisme  ordinaire,  et 
non  à  des  effets  de  Magnétisme  en  mouve- 
ment. On  voit  que  ce  phénomème  a  toute 


l'apparence  d'un  mélange  de  matières  iner- 
tes et  de  particules  actives,  puisqu'il  change 
avec  les  échantillons.  Mais  il  peut  se  faire 
qu'il  y  ait  deux  actions  distinctes  :  l'une 
provenant  de  l'action  moléculaire  exercée 
de  la  part  du  Magnétisme  sur  les  particules 
elles-mêmes  et  qui  serait  très  petite  ;  l'autre 
provenant  de  l'action  exercée  sur  les  par- 
ticules de  fer,  ou  les  particules  magnétiques 
renfermées  dans  le  corps. 

On  a  comparé  les  résultats  donnés  par 
les  différentes  substances  que  nous  avons 
indiquées  avec  le  fer  métallique,  c'est-à  dire 
qu'on  a  cherché  le  Magnétisme  spéciûque  de 
ces  substances,  ou,  si  l'on  veut,  la  quan- 
tité de  fer  qu'il  faudrait  mélanger  à  ces 
substances  supposées  inertes  pour  donner 
lieu  aux  mêmes  résultats.  Pour  cela  on  a 
d'abord  comparé  un  mélange  de  cire  et  de 
fer  en  poudre  impalpable,  avec  un  petit  bar- 
reau d'or  pris  comme  unité;  et  on  a  trouvé 
que  l'action  du  fer  étant  représentée  par 
1000000  ,  celle  de  l'or  est  8,8  ,  c'est-à-dire 
qu'il  faudrait  en  poids  n\-iTÏ  de  fer  métal- 
lique pour  donner  lieu  au  même  effet,  en 
supposant  l'or  pur  inerte.  Ce  nombre  se 
rapproche  de  Tihïô  donné  Par  Coulomb 
pour  l'argent.  Avec  des  aimants  très  éner- 
giques, on  pourrait  rendre  sensible  une  ac- 
tion dix  fois  et  même  cent  fois  plus  faible , 
c'est-à-dire  — ofoïinr  de  fer.  Pour  exprimer 
cela  en  d'autres  termes ,  on  peut  dire  qu'il 
suffirait  d'un  gramme  de  fer  métallique 
pour  donner  cette  faculté  à  10  quintaux  mé- 
triques d'un  métal  supposé  inactif.  Ce  sont 
des  traces  que  l'analyse  chimique  la  plus 
parfaite  ne  peut  indiquer. 

Les  matières  organiques  manifestent  une 
action  beaucoup  plus  énergique  ;  nous  cite- 
rons, par  exemple,  la  cire  blanche.  On  a  com- 
paré ensuite  l'or,  pris  pour  unité ,  avec  les 
différents  minéraux  et  les  diverses  roches 
qui  se  trouvent  à  la  surface  de  la  terre ,  et 
on  a  obtenu  leur  Magnétisme  spécifique.  On 
trouve  encore  dans  ce  cas  que  quelquefois 
deux  échantillons  identiques  en  apparence 
donnent  des  actions  très  différentes. 

Sans  vouloir  préjuger  en  rien  la  question 
de  l'origine  du  magnétisme  terrestre,  il  est 
évident  que,  sous  son  influence,  les  diffé- 
rentes roches  dont  se  compose  l'écorce  se 
sont  constituées  en  aimant,  et  que  la  résul- 
tante de  toutes  ces  actions  forme  une  partie 


MAG 


MAG 


567 


plus  ou  moins  grande  de  ce  Magnétisme.  ïl 
peut  même  se  faire,  comme  Ta  annoncé  Fu- 
sinieri ,  que  des  particules  ferrugineuses  se 
trouvent  dans  l'air  ,  et  aient  une  influence 
sur  l'aiguille  aimantée.  Ces  questions  ne 
doivent  être  traitées  qu'avec  beaucoup  de 
réserve  :  cependant  on  ne  doit  rien  omettre 
de  ce  qui  peut  éclairer  sur  les  recherches 
relatives  à  l'origine  du  Magnétisme  du 
globe,  sur  lequel  nous  reviendrons  à  la  fin 
de  cet  article. 

On  voit ,  d'après  ce  que  nous  avons  dit , 
que  les  substances  minérales  et  autres  se 
comportent  comme  des  mélanges  de  sub- 
stances qui  ont  peu  ou  point  d'action,  et  de 
particules  magnétiques.  Cependant  il  peut 
se  faire  que  le  Magnétisme  agisse  aussi  sur 
les  molécules;  mais  cette  action  serait  ex- 
cessivement faible  par  rapport  à  celle  qui  a 
lieu  sur  le  fer,  et  ces  deux  actions  agissent 
simultanément  pour  donner  lieu  aux  effets 
observés. 

Théories  du  Magnétisme .  Électro-Magnétisme. 
Induction. 

Nous  avons  dit  plus  haut  que  Ton  a  cher- 
ché à  expliquer  tous  les  phénomènes  magné- 
tiques, soit  en  admettant  l'existence  de  deux 
fluides,  soit  en  supposant  qu'il  circule  au- 
tour des  molécules  des  courants  électriques 
dans  des  plans  perpendiculaires  à  l'axe  des 
aimants.  La  première  théorie  a  été  proposée 
par  Coulomb.  M.  Poisson  l'a  développée,  et 
en  a  fait  une  application  mathématique  à 
la  distribution  du  Magnétisme  sur  des  sphè- 
res et  des  ellipsoïdes.  On  admet  dans  cette 
hypothèse  qu'il  existe  deux  fluides  :  l'un  aus- 
tral, l'autre  boréal,  qui,  dans  leur  état  de 
combinaison,  forment  le  fluide  neutre.  L'acte 
de  l'aimantation  sépare  ces  deux  fluides,  qui 
ne  s'écartent  que  très  peu  autour  de  chaque 
molécule,  et  ne  passent  pas  d'une  molécule 
à  une  autre.  On  ne  sait  pas  si  les  parties  des 
corps  aimantés  dans  lesquelles  la  décompo- 
sition du  fluide  neutre  peut  s'effectuer  sont 
les  molécules  mêmes  de  ces  corps  ;  on  sup- 
pose seulement  que  leurs  dimensions  sont 
très  petites,  et  on  appelle  élément  magné- 
tique chacune  de  ces  parties  dont  la  pro- 
priété caractéristique  consiste  en  ce  que  les 
quantités  des  deux  fluides  y  sont  égales  en- 
tre elles ,  dans  l'état  d'aimantation  comme 
dans  l'état  neutre. 


Cette  hypothèse  de  Coulomb  sur  deux 
fluides  magnétiques  est  d'une  grande  sim- 
plicité, et  rend  bien  compte  des  phénomènes 
de  Magnétisme  proprement  dit;  mais  elle 
ne  lie  aucunement  le  Magnétisme  à  l'élec- 
tricité. 

Après  que  M.  OErsted  eut  découvert  l'ac- 
tion d'un  courant  sur  un  aimant ,  M.  Am- 
père conçut  l'idée  d'une  nouvelle  théorie 
sur  la  constitution  des  aimants,  qui  le  con- 
duisit à  la  découverte  de  l'action  des  cou- 
rants entre  eux.  Les  principes  qui  servent 
de  base  à  cette  théorie  sont  les  suivants: 

1°  L'action  exercée  de  la  part  d'un  cou- 
rant électrique  sur  un  aimant  est  telle  que 
l'aimant  tend  à  se  mettre  perpendiculaire- 
ment à  la  direction  du  courant,  comme  s'il 
était  sollicité  par  un  couple  de  deux  forces 
directrices  appliquées  à  ses  pôles.  Le  pôle 
austral  est  rejeté  vers  la  gauche  du  cou- 
rant (la  gauche  du  courant  est  la  gauche 
d'une  personne  qui  serait  couchée  dans  le 
sens  du  courant,  l'électricité  positive  entrant 
par  les  pieds,  et  la  personne  regardant  tou- 
jours l'aimant). 

2»  L'action  d'un  courant  rectiligne  sur 
un  aimant  placé  dans  un  plan  perpendicu- 
laire au  courant  varie  en  raison  inverse  de 
la  simple  distance  du  fil  à  l'aimant.  On  en 
conclut  que  l'action  élémentaire  exercée  par 
un  élément  de  courant  sur  un  élément  ma- 
gnétique, varie  en  raison  inverse  du  carré  de 
la  distance,  et  proportionnellement  au  sinus 
de  l'angle  que  fait  avec  la  direction  du  cou- 
rant la  ligne  qui  joint  les  centres  des  élé- 
ments. 

3°  Deux  courants  rectilignes  parallèles 
s'attirent  lorsqu'ils  sont  dirigés  dans  le 
même  sens,  et  se  repoussent  lorsqu'ils  sont 
dirigés  en  sens  contraire;  s'ils  font  entre 
eux  un  angle,  ils  tendent  à  se  mettre  paral- 
lèles et  dirigés  dans  le  même  sens. 

D'après  ces  principes,  M.  Ampère  a  trouvé 
qu'en  transmettant  un  courant  à  travers  un 
fil  conducteur  enroulé  en  hélice  autour  d'un 
cylindre  de  façon  à  former  un  grand  nom- 
bre de  spires  ,  et  ramené  dans  l'axe  du  cy- 
lindre afin  que  cette  dernière  partie  du  fil 
détruisît  les  composantes  horizontales  du 
courant  de  l'hélice,  c'est-à-dire,  pour  s'ex- 
primer autrement,  en  ayant  une  suite  de 
courants  circulaires  égaux  dirigés  dans  le 
même  sens,  et  dont  les  plans  soient  perpen- 


568 


MAG 


diculaires  à  une  même  ligne  droite ,  cette 
série  de  courants  circulaires  à  laquelle  on  a 
donné  le  nom  de  soîénoïde  se  conduit  comme 
un  aimant,  lorsqu'on  le  soumet,  soit  à  l'in- 
fluence d'un  aimant,  soit  à  celle  d'un  cou- 
rant. Un  soîénoïde  se  dirige  dans  le  méridien 
magnétique,  et  ses  extrémités  sont  successi- 
vement attirées  et  repoussées  par  les  pôles 
d'un  aimant  comme  un  aimant  lui-même. 
Deux  solénoïdes  agissent  l'un  sur  l'autre 
comme  deux  aimants.  Enfin  un  soîénoïde  se 
conduit  comme  un  aimant  ayant  même  axe, 
dont  le  pôle  austral  serait  à  la  gauche  d'un 
observateur  couché  sur  une  des  spires  de 
l'hélice,  l'électricité  positive  allant  des  pieds 
à  la  tête,  et  la  figure  regardant  l'axe  du  cy- 
lindre. 

D'après  cela,  M.  Ampère,  au  lieu  de  sup- 
poser que  le  Magnétisme  est  dû  à  l'action 
de  deux  fluides  particuliers,  attribue  les  phé- 
nomènes auxquels  il  donne  naissance  à  des 
courants  électriques  qui  se  meuvent  autour 
des  particules  des  corps. 

Ces  courants  existeraient  donc  dans  tous 
les  corps  sensibles  à  l'action  du  Magnétisme. 
Dans  les  corps  à  l'état  naturel,  les  courants 
électriques  circuleraient  dans  tous  les  azi- 
muts possibles  autour  des  molécules,  et  l'ef- 
,fet  de  l'aimantation  serait  de  donnera  ces 
courants  des  directions  tendant  toutes  à  de- 
venir parallèles,  et  dont  les  actions  sur  des 
courants  extérieurs  expliqueraient  les  at- 
tractions et  les  répulsions. 

Dans  l'hypothèse  de  M.  Ampère,  un  ai- 
mant ne  serait  pas  un  seul  soîénoïde,  mais 
une  réunion  de  solénoïdes. 

Plus  on  étudie  l'électro-magnétisme,  plus 
on  est  frappé  du  rapport  qui  existe  entre  les 
phénomènes  magnétiques  et  les  phénomènes 
électriques;  d'un  autre  côté,  la  théorie  de 
M.  Ampère ,  quoique  plus  compliquée  que 
celle  de  Coulomb,  a  cela  de  remarquable, 
qu'elle  lie  les  deux  parties  de  la  physique. 
On  voit  donc  que  jusqu'à  présent,  cette  der- 
nière est  celle  qui  comprend  le  plus  grand 
nombre  de  faits,  et  à  laquelle  on  doit  s'ar- 
rêter. Du  reste ,  les  phénomènes  d'induc- 
tion sur  lesquels  reposait  l'explication  du 
magnétisme  par  rotation,  viennent  donner 
une  nouvelle  preuve  à  l'appui  de  la  théorie 
d'Ampère. 

Nous  venons  de  dire  quelle  est  l'action  ré- 
ciproque des  courants  et  des  aimants  ;  mais 


MAG 

tes  courants  possèdent  aussi  la  faculté 
de  développer  le  Magnétisme  dans  le  fer 
doux  et  l'acier,  et  de  rendre  permanent  ce 
Magnétisme,  tant  que  dure  l'action  du  cou- 
rant, et  de  ne  laisser  d'action  après  le  pas- 
sage du  courant  que  ce  que  la  force  coërci- 
tive  permet. 

M.  Faraday  partant  du  principe  que  le 
courant  électrique  développe  une  aimanta- 
tion dans  les  métaux  magnétiques,  a  voulu 
s'assurer  si  réciproquement  un  aimant  pou- 
vait faire  naître  un  courant  électrique  dans 
un  circuit  métallique  ;  le  succès  a  répondu  à 
son  attente ,  et  il  est  parvenu  à  développer 
des  courants  électriques  à  l'aide  des  aimants, 
et  même  à  l'aide  des  courants  électriques 
eux-mêmes.  Tous  les  phénomènes  qui  ren- 
trent dans  ces  actions  réciproques  des  ai- 
mants et  des  courants  ont  reçu  le  nom  de 
phénomènes  d'induction. 

Si  l'on  forme  une  hélice  métallique  avec 
un  fil  de  cuivre  enroulé  autour  d'un  cylindre 
creux  en  carton  ou  en  verre ,  que  l'on  at- 
tache les  deux  extrémités  du  fil  conducteur 
aux  extrémités  d'un  galvanomètre  ,  et  que 
l'on  introduise  dans  l'intérieur  un  barreau 
aimanté,  l'aiguille  du  multiplicateur  est  di- 
visée, et  indique  dans  l'hélice  un  courant 
inverse,  c'est-à-dire  opposé  à  celui  qui  eût 
pu  donner  à  l'aimant  la  polarité  qu'il  pos- 
sède ,  si  le  fil  eût  été  parcouru  par  un  cou- 
rant. La  direction  de  l'aiguille  indique,  au 
contraire,  un  courant  direct  quand  on  retire 
rapidement  le  barreau. 

Ainsi,  lorsqu'un  aimant  s'approche  d'un 
fil  conducteur  de  l'électricité  placé  à  angle 
droit,  il  s'y  développe  un  courant,  de  même 
que  lorsqu'il  s'en  éloigne;  mais  ces  deux 
courants  sont  inverses.  Lorsque  l'aimant 
reste  en  repos ,  le  fil  étant  fixe,  rien  ne  se' 
manifeste;  il  n'y  a  que  lorsque  l'un  des 
deux ,  l'aimant  ou  le  fil,  est  mobile  ;  l'effet 
est  le  même  lorsque,  l'aimant  restant  en  re- 
pos, l'état  magnétique  de  l'aimant  change. 
On  voit  donc  que  non  seulement  les  cou- 
rants électriques  développent  une  aimanta- 
tion permanente  dans  les  métaux  magnéti- 
ques, mais  encore  que  les  aimants  peuvent 
développer  des  courants.  La  différence  qui 
existe  entre  ces  deux  genres  de  phénomènes, 
c'est  que ,  dans  le  premier  cas ,  le  Magné- 
tisme persiste  tant  que  le  courant  dure; 
tandis  que,  dans  le  second,  le  courant  ne  se 


MAG 


IY1AG 


569 


manifeste  que  lorsque  l'aimant  est  en  mou- 
vement par  rapport  au  fil,  ou  que  son  Ma- 
gnétisme varie.  Or,  dans  l'état  de  repos,  il 
ne  se  manifeste  aucun  effet  dans  le  fil. 

D'après  cela ,  on  peut  expliquer  comme 
il  suit  les  phénomènes  de  Magnétisme  par 
rotation  dont  on  a  parlé  plus  haut. 

Lorsqu'un  disque  de  cuivre  tourne  au- 
dessous  d'une  aiguille  aimantée  mobile  au- 
tour de  son  centre,  il  doit  se  manifester 
des  courants  d'induction  en  différents  sens 
dans  cette  plaque;  car  dans  les  parties  qui 
s'éloignent  des  pôles ,  les  courants  sont  di- 
rects, et  dans  celles  qui  se  rapprochent  ils 
sont  inverses  :  seulement  les  actions  sont 
très  compliquées,  puisqu'il  doit  y  avoir  des 
courants  dans  un  grand  nombre  de  direc- 
tions. L'action  combinée  de  ceux-ci  sur  l'ai- 
guille mobile  doit  tendre  à  lui  donner  un 
mouvement  que  l'expérience  a  montré  de- 
voir être  dans  la  direction  du  mouvement 
du  disque.  On  a  reconnu,  en  effet ,  qu'il  y 
avait  des  courants  électriques  dans  le  sens 
des  rayons  du  disque  et  dans  plusieurs  di- 
rections. 

On  conçoit  d'après  cela,  pourquoi  les  so- 
lutions de  continuité  dans  le  disque  tour- 
nant diminuent  sa  puissance  magnétique, 
et  comment  il  se  fait  que  l'action  soit  aug- 
mentée quand  les  entaillures  sont  remplies 
par  des  substances  métalliques  conductrices 
de  l'électricité. 

Magnétisme  terrestre. 

Toutes  les  fois  qu'une  aiguille  aimantée, 
librement  suspendue  par  son  centre  de  gra- 
vité, et  libre  de  se  mouvoir  dans  un  plan 
vertical ,  passant  par  la  direction  de  l'ai- 
guille de  déclinaison  ,  est  abandonnée  à  l'ac- 
tion du  globe  terrestre,  elle  se  fixe,  après 
quelques  oscillations  ,  dans  une  direction 
faisant  un  angle  qui  varie  de  0  à  90",  sui- 
vant la  latitude  du  lieu,  avec  l'horizontale 
située  dans  le  plan  vertical  de  l'aiguille. 

En  supposant  que  le  globe  soit  un  aimant 
dont  les  deux  pôles  soient  situés  à  peu  de 
distance  de  celui  de  la  terre,  la  direction 
de  l'aiguille  aimantée,  telle  qu'elle  vient 
d'être  déterminée,  est  précisément  celle  de 
la  résultante  des  forces  magnétiques  terres- 
tres ,  attendu  que  cette  résultante  peut  être 
représentée  par  deux  forces  égales  dirigées 
en  sens  contraire ,  suivant  la  direction  de 

I.    VII. 


l'aiguille,  et  appliquées  à  chacun  de  ces 
pôles. 

Or,  trois  éléments  sont  nécessaires  pour 
déterminer  une  force:  la  direction,  l'in- 
tensité et  le  point  d'application.  La  direc- 
tion serait  celle  de  l'aiguille  aimantée  libre- 
ment suspendue  par  son  centre  de  gravité; 
l'intensité  est  donnée  par  l'action  magné- 
tique terrestre.  Quant  au  point  d'applica- 
tion ,  il  faut  des  éléments  dont  nous  avons 
déjà  parlé. 

Pour  la  facilité  des  observations,  on  fait 
usage  de  deux  aiguilles,  dont  l'une  peut  se 
mouvoir  seulement  dans  un  plan  horizontal, 
et  l'autre  dans  un  plan  vertical. 

Chacune  des  résultantes  terrestres  agis- 
sant en  sens  contraire,  suivant  sa  direction, 
et  ayant  pour  point  d'application  un  des 
deux  pôles  de  l'aiguille,  peut  être  décom- 
posée par  la  pensée  en  deux  autres  forces  , 
l'une  dirigée  suivant  l'horizontale  ,  située 
dans  le  plan  vertical  d'équilibre,  l'autre 
suivant  la  verticale.  Si  donc  on  peut  avoir 
la  direction  et  l'intensité  de  la  composante 
horizontale,  ainsi  que  l'angle  formé  par  la 
direction  de  l'aiguille  avec  l'horizontale  ,  on 
pourra  en  déduire  la  direction  et  l'intensité 
de  la  résultante. 

Or,  rien  n'est  plus  simple  que  d'avoir  ces 
deux  éléments.  Lorsqu'une  aiguille  aiman- 
tée suspendue  à  un  fil  sans  torsion  est  libre 
de  se  mouvoir  dans  un  plan  horizontal,  elle 
se  fixe,  avons-nous  dit,  après  un  certain 
nombre  d'oscillations  ,  dans  une  direction 
qui  fait  un  certain  angle  avec  la  méridienne 
du  lieu  où  l'on  se  trouve.  Vient-on  à  la  dé- 
ranger de  sa  position  d'équilibre  d'un  petit 
nombre  de  degrés,  elle  y  revient  en  effec- 
tuant des  oscillations  isochrones,  dont  la 
durée  dépend  de  son  état  magnétique  et  de 
l'intensité  des  forces  magnétiques  terrestres. 
Cette  aiguille  peut  donc  servir  à  déterminer 
en  intensité  et  en  direction  la  composante 
horizontale. 

Maintenant,  si  l'on  prend  une  autre  ai- 
guille aimantée  suspendue  librement  par 
son  centre  de  gravité,  et  ne  pouvant  se 
mouvoir  que  dans  le  plan  vertical ,  elle  ne 
conservera  pas  son  horizontalité,  lors  même 
que  ces  deux  moitiés  auraient  été  parfaite- 
ment équilibrées  avant  l'aimantation;  elle 
s'inclinera,  comme  on  l'a  vu  précédemment, 
par  rapport  à  l'horizon,  d'un  angle  qui  va- 

72 


570 


MAG 


MAG 


riera  en  allant  de  chaque  pôle  à  l'équateur. 
Cet  angle  devient  nul  dans  certaines  zones 
qui  s'écartent  peu  de  l'équateur  terrestre. 
De  l'équateur  au  pôle  nord ,  l'extrémité  de 
l'aiguille  tournée  vers  le  nord  s'incline  de 
plus  en  plus  au-dessous  de  l'horizon;  dans 
l'hémisphère  sud,  c'est  l'inverse.  L'angle 
qu'elle  forme  avec  l'horizontale,  joint  aux 
deux  éléments  de  la  composante  horizontale, 
sert  à  déterminer  complètement  la  résul- 
tante terrestre  ,  à  part  les  points  d'applica- 
tion de  cette  résultante. 

La  déclinaison  est  l'angle  formé  par  l'ai- 
guille horizontale  avec  le  méridien  du  lieu 
où  l'on  observe;  l'inclinaison,  l'angle  formé 
par  l'aiguille  se  mouvant  dans  le  plan 
vertical  du  méridien  magnétique  avec  l'ho- 
rizontale. Les  appareils  destinés  à  donner 
ces  deux  éléments  ont  été  appelés  boussoles 
de  déclinaison  et  d'inclinaison. 

En  écartant  de  sa  position  d'équilibre , 
d'un  petit  nombre  de  degrés,  l'aiguille  hori- 
zontale, elle  revient,  en  effectuant  des  oscil- 
lations isochrones  dont  la  durée  dépend  de 
son  Magnétisme  propre  et  de  l'intensité  des 
forces  magnétiques  terrestres  du  lieu  de 
l'observation  :  or,  si  cette  aiguille  conserve 
constamment  son  Magnétisme ,  et  qu'on  la 
transporte  à  différents  points  du  globe,  le 
nombre  d'oscillations  qu'elle  effectuera  dans 
le  même  temps  pourra  servir  à  mesurer  l'in- 
tensité des  forces  magnétiques  en  ces  diffé- 
rents points,  attendu  qu'elle  oscille  sous  l'in- 
fluence des  forces  magnétiques,  comme  le  fait 
un  pendule  sous  l'action  de  la  pesanteur. 

En  se  transportant  donc  en  divers  points 
du  globe  avec  une  aiguille  de  déclinaison  et 
une  aiguille  d'inclinaison  conservant  l'une 
et  l'autre  leur  puissance  magnétique  ,  on 
aura  la  direction  et  l'intensité  des  résultan- 
tes terrestres  en  ces  points;  ces  forces  sont 
entre  elles  comme  les  carrés  des  nombres 
d'oscillations  exécutées  dans  le  même  temps. 

Les  observations  magnétiques,  pour  être 
comparables,  exigent  des  précautions  indis- 
pensables. La  chaleur  exerçantune  influence 
sur  le  Magnétisme  des  aiguilles ,  comme 
nous  l'avons  déjà  dit,  on  a  dû  chercher  les 
moyens  de  rapporter  les  effets  magnétiques 
observés  à  la  même  température  ;  des  lois 
ont  été  données  pour  rendre  les  observations 
comparables. 

Quand  on  est  en  mer,  l'attraction  lo- 


cale des  masses  de  fer  qui  se  trouvent  à 
bord  des  vaisseaux  apporte  des  perturbations 
dans  les  observations  :  aussi  a  ton  dû 
chercher  les  moyens  de  s'en  préserver;  di- 
vers procédés  sont  employés  à  cet  effet.  La 
méthode  la  plus  directe  est  celle  dont  la 
découverte  est  due  à  M.  Barlow.  Pour  cor- 
riger les  effets  de  l'attraction  locale,  ce 
physicien  est  parti  du  principe  incontestable 
que  les  diverses  masses  de  fer  qui  se  trou- 
vent à  bord  des  bâtiments  acquièrent  la  po- 
larité magnétique  sous  l'influence  de  l'ac- 
tion du  globe ,  et  qu'elles  agissent  ensuite 
sur  les  boussoles,  comme  pourraient  le 
faire  de  véritables  aimants.  Ce  principe  posé, 
il  admet  que  si  l'on  fait  varier  en  même 
temps  la  distance  et  l'élévation  d'une  plaque  ! 
de  fer  doux,  par  rapport  à  une  aiguille  ai- 
mantée horizontale,  on  peut  trouver  une 
position  où  cette  plaque  exerce  la  même  ac- 
tion que  les  pièces  de  fer  qui  se  trouvent 
sur  un  bâtiment.  Dès  lors  cette  plaque, 
placée  d'un  certain  côté  de  l'aiguille,  doit 
détruire  les  effets  de  l'attraction  locale. 

La  plaque  et  les  masses  ferrugineuses 
perturbatrices  étant  modifiées  de  la  même 
manière,  suivant  la  latitude  magnétique 
des  lieux  où  l'on  observe,  ce  mode  de  com- 
pensation n'a  donc  pas  besoin  d'être  changé. 

Avant  de  rapporter  les  résultats  généraux 
obtenus ,  nous  devons  dire  quelques  mots 
des  observations  magnétiques  simultanées 
faites  en  différents  points  du  globe,  d'après 
le  plan  proposé  par  MM.  de  Humboldt  et 
Gauss,  observations  qui  sont  d'une  grande 
importance  pour  la  solution  d'une  des  gran- 
des questions  de  la  physique  terrestre. 

M.  de  Humboldt  s'est  servi  de  sa  haute 
influence  scientifique  pour  faire  élever  des 
observatoires  magnétiques  partout  où  il 
existe  des  savants  avec  lesquels  il  pouvait 
entrer  en  relation.  Il  fut  arrêté  que  dans  les 
diverses  localités  ,  à  des  jours  convenus,  on 
ferait  des  observations  régulières  des  varia- 
tions de  l'aiguille  aimantée;  on  fixa,  en 
outre ,  huit  termes  dans  l'année,  de  44  heu- 
res chacun,  pendant  lesquels  l'aiguille  de- 
vait être  observée  d'heure  en  heure.  Dans 
plusieurs  endroits ,  les  intervalles  sont  plus 
rapprochés  encore,  de  demi-heure  en  demi- 
heure,  de  vingt  minutes  en  vingt  minutes, 
et  même  de  cinq  minutes  en  cinq  minutes  , 
comme  à  Gcettingue. 


MAG 

Des  observations  de  déclinaison  faites  sur 
différents  points  du  globe. 

Les  premiers  observateurs  ayant  négligé, 
à  bord  des  vaisseaux  ,  les  effets  de  l'attrac- 
tion des  masses  métalliques,  leurs  résultats 
sont  donc  entachés  d'erreurs. 

Halley  est  le  premier  qui  ait  essayé  de 
réunir  et  de  coordonner  ensemble  le  grand 
nombre  d'observations  de  déclinaison  faites 
jusqu'à  lui;  en  1700,  il  publia  une  carte 
marine  dans  laquelle  sont  tracées  les  lignes 
d'égale  déclinaison  de  5  en  5°. 

Cette  carte,  à  l'époque  où  elle  parut,  fit 
sensation,  parce  qu'elle  permettait  de 
saisir  d'un  seul  coup  d'œil  la  marche  de  la 
déclinaison,  depuis  l'équateur  jusqu'aux 
parties  les  plus  septentrionales  où  les  voya- 
geurs étaient  parvenus. 

Des  changements  étant  survenus  dans  la 
déclinaison  ,  et  les  méthodes  d'observation 
ayant  été  perfectionnées,  on  sentit  de  jour 
en  jour  combien  les  indications  de  la  carte 
d'Halley  devenaient  défectueuses. 

En  1745  et  1746,  Mountain  et  Dodson, 
ayant  eu  à  leur  disposition  les  registres  de 
l'amirauté  anglaise  et  les  mémoires  de 
plusieurs  officiers  de  marine,  publièrent 
une  nouvelle  carte  de  déclinaison. 

Churchman  fit  paraître  en  1794  un 
atlas  magnétique,  dans  lequel  il  essaya  de 
donner  les  lois  de  la  déclinaison,  en  s'ap- 
puyant  sur  l'existence  de  deux  pôles  ma- 
gnétiques, dont  l'un  était  placé,  pour  1800, 
sous  la  latitude  de  58°  nord  et  sous  la  lon- 
gitude de  134°  ouest  de  Greenwich,  très 
près  du  cap  Fairweather,  et  l'autre  sous  la 
latitude  de  58°  sud  et  sous  la  longitude  de 
165°.  Churchman  avança  en  outre  que  le 
pôle  nord  effectuait  sa  révolution  en  1096 
ans  ,  et  le  pôle  sud  en  2289  ;  de  sorte  qu'a- 
près ces  deux  laps  de  temps  les  pôles  se- 
raient revenus  dans  leur  position  respective. 

Cet  ouvrage  avait  été  précédé  d'un  autre 
plus  remarquable,  qui  parut  en  1787",  et 
dans  lequel  son  auteur ,  M.  Hansteen , 
donna  le  tableau  le  plus  complet  qu'on  ait 
encore  eu  des  observations  de  déclinaison. 
Cet  ouvrage  est  accompagné  d'un  atlas  ma- 
gnétique où  se  trouvent  toutes  les  lignes 
d'égale  déclinaison.  Le  défaut  de  symétrie 
de  ces  lignes  était  tel ,  qu'on  dut  en  con- 
clure que  les  causes  d'où  dépend  le  Magné- 


MAG 


571 


tisme  terrestre  étaient  réparties  irrégulière- 
ment sur  la  surface  du  globe. 

Mais  le  capitaine  Duperrey   publia  en 
1836  de  nouvelles  cartes,  dans  lesquelles 
la  déclinaison  de  l'aiguille  aimantée  se  trouve 
employée  selon  sa  véritable  destination,  qui 
est  de  faire  connaître  la  direction  du  méri- 
dien magnétique  en  chaque  point  du  globe  « 
où  elle  a  été  observée ,  et ,  par  suite ,  la  fi-  ' 
gure  générale  de  courbes  qui  ont  la  pro- 1 
priété  d'être ,  d'un  pôle  magnétique  à  l'autre, 
les  méridiens  magnétiques  de  tous  les  lieux 
où  elles  passent. 

Nous  donnerons  plus  loin  le  tracé  des 
principales  lignes  d'égale  déclinaison. 

Des  variations  séculaires  et  annuelles  de  la 
déclinaison. 

La  déclinaison  de  l'aiguille  aimantée  est 
soumise  à  des  variations  séculaires,  annuel- 
les ,  mensuelles  et  diurnes ,  qu'on  peut 
considérer  comme  régulières,  et  à  des  va- 
riations irrégulières  qui  se  montrent  dans 
certaines  circonstances  atmosphériques, 
telles  que  les  aurores  boréales ,  les  trem- 
blements de  terre,  les  éruptions  volcaniques. 
Faute  d'observations  ,  on  ne  peut  remonter 
au-delà  de  1580.  A  cette  époque,  à  Paris  , 
l'extrémité  nord  de  l'aiguille  déviait  à  l'est 
de  11*  30';  en  1663,  l'aiguille  se  trouvait 
dans  le  méridien  terrestre;  depuis  lors,  la 
déclinaison  est    devenue    occidentale;  en 

1814,  elle  avait  atteint  son  maximum,  et 
depuis  elle  a  continué  à  diminuer. 

En  comparant  les  observations  de  décli- 
naison faites  à  Paris  depuis  1800  jusqu'en 
1826 ,  et  celles  de  Londres  depuis  1576  jus- 
qu'en 1821,  on  voit  que  le  maximum  de 
déclinaison  à  l'ouest  a  eu  lieu  à  Londres  en 

1815,  et  à  Paris  en  1814.  Ainsi,  les  deux 
maxima  ont  eu  lieu  à  l'est  et  à  l'ouest  sen- 
siblement aux  mêmes  époques,  à  Paris  et  à 
Londres. 

Si  l'on  rapproche  de  ces  observations 
celles  faites  au  cap  de  Bonne-Espérance,  on 
trouve  que,  dans  l'hémisphère  sud  ,  comme 
dans  l'hémisphère  nord,  la  déclinaison  est 
soumise  à  une  marche  semblable;  on  la  voi' 
légèrement  à  l'est  en  1605;  de  1605  à  1609, 
elle  devient  nulle,  puis  passe  à  l'ouest, 
atteint  son  maximum  vers  1791,  et  rétro- 
grade vers  l'est. 

Outre  ces  variations ,  l'aiguille  est  soumise 


572 


MAG 


MAG 


à  des  variations  qui  paraissent  se  rattacher 
à  la  position  du  soleil  à  l'époque  des  équi- 
noxes  et  des  solstices,  comme  Cassini  l'a  dé- 
couvert. Voici  les  conséquences  déduites  des 
observations  de  cet  astronome. 

Dans  Tintervalle  du  mois  de  janvier  au 
mois  d'avril ,  l'aiguille  aimantée  s'éloigne 
du  pôle  nord ,  en  sorte  que  la  déclinaison 
occidentale  augmente. 

A  partir  du  mois  d'avril,  et  jusqu'au 
commencement  du  mois  de  juillet,  c'est-à- 
dire  durant  tout  le  temps  qui  s'écoule  entre 
l'équinoxe  du  printemps  et  le  solstice  d'été, 
la  déclinaison  diminue. 

Après  le  solstice  d'été  et  jusqu'à  l'équi- 
noxe du  printemps  suivant,  l'aiguille  reprend 
son  chemin  vers  l'ouest ,  de  manière  qu'en 
octobre  elle  se  retrouve,  à  fort  peu  près, 
dans  la  même  direction  qu'en  mai;  entre 
octobre  et  mars ,  le  mouvement  occidental 
est  plus  petit  que  dans  les  trois  mois  pré- 
cédents. 

Il  résulte  de  là  que  pendant  les  trois 
mois  qui  se  sont  écoulés  entre  l'équinoxe  du 
printemps  et  le  solstice  d'été,  l'aiguille  a  ré- 
trogradé vers  l'est,  et  que  dans  les  neuf 
mois  suivants,  sa  marche  générale,  au  con- 
traire ,  s'est  dirigée  vers  l'ouest. 

M.  Arago,  voulant  discuter  les  observa- 
tions faites  dans  divers  lieux,  a  pris  la  dé- 
clinaison moyennedechaque  jour,  qui  estla 
demi-somme  de  deux  déclinaisons,  maximum 
et  minimum;  puis  la  déclinaison  moyenne 
de  chaque  mois,  qui  est  la  somme  des 
moyennes  de  tous  les  jours  du  mois ,  divisée 
par  le  nombre  de  ces  jours.  En  comparant 
tous  les  résultats  obtenus  ,  il  a  trouvé  un 
maximum  de  déclinaison  vers  l'équinoxe  du 
printemps ,  et  un  minimum  au  solstice 
d'été  ;  avec  cette  différence  toutefois  que 
l'amplitude  de  l'oscillation  est  moindre  à 
Londres  qu'à  Paris. 

Des  variations  diurnes  de  V aiguille  aimantée. 

En  Europe,  l'extrémité  boréale  de  l'ai- 
guille aimantée  marche  tous  les  jours  de 
l'est  à  l'ouest,  depuis  le  lever  du  soleil  jus- 
que vers  une  heure  de  l'après-midi ,  et  re- 
tourne ensuite  vers  l'est  par  un  mouvement 
rétrograde  ,  de  manière  à  reprendre  à  très 
peu  près ,  vers  dix  heures  du  soir,  la  posi- 
tion qu'elle  occupait  le  matin  ;  pendant  la 
nuit,  l'aiguille  est  presque  stationnaire ,  et 


recommence  le  lendemain  ses  excursions 
périodiques. 

La  position  géographique  du  lieu  où  l'on 
observe  exerce-t-elle  une  influence  sur  le 
phénomène?  Ce  phénomène  est-il  moins 
marqué  près  de  l'équateur  terrestre  que 
dans  nos  climats?  Nous  répondrons  plus  loin 
à  ces  deux  questions, 

A  Paris ,  la  moyenne  de  la  variation 
diurne  est,  pour  avril ,  mai,  juin,  juillet 
et  septembre,  de  13  à  15',  et  pour  les 
autres  mois  de  8  à  10'.  Il  y  a  des  jours  où 
elle  s'élève  à  25',  et  d'autres  où  elle  ne 
dépasse  pas  5  à  6'. 

Le  maximum  de  déviation  n'a  pas  lieu 
à  la  même  heure  sur  les  différents  points 
du  globe  ,  comme  l'ont  constaté  divers  ob- 
servateurs. Si  l'on  compare  toutes  ces  obser- 
vations, on  est  porté  à  admettre  que  les 
variations  de  l'aiguille  aimantée,  soit  an- 
nuelles, soit  diurnes,  doivent  être  attri- 
buées à  l'action  de  la  chaleur  solaire. 

Des  variations  irrégulières  de  la  déclinaison. 

Une  feule  d'observations  faites  sur  diffé- 
rents points  du  globe  prouvent  que  la  mar- 
che régulière  de  l'aiguille  aimantée,  lors  de 
l'apparition  de  l'aurore  boréale,  est  subite- 
ment dérangée,  non  seulement  dans  les  lieux 
où  elle  est  visible ,  mais  encore  dans  des 
contrées  qui  en  sont  éloignées;  il  en  résulte 
alors  des  variations  irrégulières  dont  nous 
allons  parler. 

Parmi  les  physiciens  qui  se  sont  le  plus 
occupés  de  constater  l'influence  qu'exercent 
les  aurores  boréales  sur  des  aiguilles  ai- 
mantées placées  dans  les  régions  où  les  mé- 
téores ne  sont  pas  visibles ,  nous  citerons 
M.  Arago,  qui,  outre  ses  observations  pro- 
pres, a  réuni  encore  un  grand  nombre  de 
faits  tendant  à  mettre  hors  de  doute  cette 
influence,  niée  d'abord  par  quelques  per- 
sonnes. 

M.  Farquharson  a  cru  remarquer  que  les 
dérangements  de  l'aiguille  aimantée  ne  se 
manifestent  qu'à  l'époque  où,  dans  leur 
mouvement  ascendant,  les  parties  lumineu- 
ses de  l'aurore  atteignent  le  plan  perpendicu- 
laire au  méridien  magnétique;  mais  M.  Arago 
ne  regarde  pas  cette  supposition  comme 
applicable  dans  nos  climats.  En  effet ,  pres- 
que toujours  l'aurore  qui,  à  son  apparition, 
le  soir,  déviera  la  pointe  nord  de  l'aiguille 


MAG 


3VIAG 


573 


vers  l'orient ,  a  déjà  produit  le  matin  un 
dérangement  en  sens  opposé.  M.  Arago  a 
remarqué  en  outre  qu'il  arrive  que  l'au- 
rore agit  à  Paris ,  lors  même  qu'elle  ne  s'é- 
lève point  au-dessus  de  l'horizon. 

Voici  quelques  observations  faites  à  Bos- 
sekop ,  dans  la  partie  la  plus  septentrionale 
de  l'Europe ,  là  où  les  aurores  paraissent 
dans  tout  leur  éclat.  Quand  celles-ci  n'of- 
frent que  des  vapeurs  diffuses,  disposées  en 
arcs  ou  en  plaques  éparses,  la  perturbation 
de  l'aiguille  aimantée  est  généralement 
faible  et  souvent  nulle;  mais  lorsque  les 
arcs  rayonnants  ou  les  faisceaux  de  rayons 
isolés  deviennent  vifs  et  colorés,  l'action  se 
fait  sentir  de  1  à  3'  après  leur  apparition , 
et  alors  il  est  difficile  de  suivre  les  grandes 
oscillations  de  l'aiguille,  qui  souvent  sont  de 
plusieurs  degrés. 

Les  plus  grands  écarts  de  l'aiguille  se  ma- 
nifestent quand  les  couronnes  boréales, 
formées  par  les  rayons  qui  convergent  au 
zénith  magnétique,  effacent  l'éclatdes  étoiles 
de  première  grandeur,  et  dont  les  bases 
inégales ,  colorées  d'admirables  teintes  rou- 
ges et  vertes ,  dardent  et  ondulent  avec  ra- 
pidité. 

MM.  les  membres  de  la  commission  scien- 
tifique dans  le  Nord  ont  encore  remarqué 
que  parfois  l'aiguille  reste  parfaitement  tran- 
quille, jusqu'au  moment  de  l'apparition  de 
l'aurore,  même  pendant  une  partie  du  temps 
de  sa  présence  sur  l'horizon.  Il  arrive  sou- 
vent aussi  qu'elle  prédit  l'aurore,  pour  ainsi 
dire,  par  sa  marche  anormale  vers  l'ouest 
durant  toute  la  journée. 

En  général,  la  déclinaison  augmente  avant 
l'aurore,  et  souvent  même  jusqu'à  ce  que  le 
phénomène  ait  atteint  un  certain  degré  d'in- 
tensité: alors  les  grandes  oscillations  com- 
mencent ;  puis  l'aiguille  revient  vers  l'est 
très  régulièrement ,  elle  dépasse  sa  position 
normale,  qu'elle  ne  reprend  que  quelques 
heures  après,  si  une  nouvelle  aurore  ne 
vient  pas  troubler  sa  marche. 

M.  Lottin,  qui  a  étudié  avec  le  plus  grand 
soin  les  phénomènes  qui  accompagnent  l'au- 
rore boréale,  a  remarqué  que  les  faits  pré- 
cédents ne  sont  pas  sans  exception;  qu'ils 
ne  laissent  néanmoins  aucun  doute  touchant 
l'action  exercée  par  les  aurores  boréales 
sur  les  aiguilles  aimantées,  placées  non  seu- 
ement  dans  les  régions  où  ces  phénomènes 


apparaissent,  mais  encore  dans  celles  où  ils 
ne  sont  pas  visibles. 

Des  variations  de  l'aiguille  aimantée  observées 
par  MM.  Gauss  et  Weber. 

Les  méthodes  adoptées  par  M.  Gauss  pour 
étudier  les  phénomènes  magnétiques  consti 
tuent  une  nouvelle  ère  d'observation  ,  aussi 
doit-on  en  faire  une  classe  à  part.  C'est  ce 
motif  qui  nous  engage  à  exposer  séparément 
tout  ce  qui  concerne  les  variations  de  l'ai- 
guille aimantée  ,  étudiées,  d'après  les  nou- 
velles méthodes  d'observation ,  pendant  les 
années  1836,  1837  et  1838. 

Ces  résultats  montrent  :  1°  que  chaque 
année,  au  mois  de  décembre,  la  différence 
est  un  minimum,  ce  qui  paraît  naturel,  at- 
tendu que  les  changements  variant  selon  les 
différentes  heures  de  la  journée,  ne  peuvent 
être  attribuées ,  suivant  toutes  les  apparen- 
ces ,  qu'à  l'influence  exercée  par  le  soleil  ; 
2°  que  les  déclinaisons  sont  plus  fortes  vers 
une  heure  de  l'après-midi  que  le  matin, 
comme  on  le  savait  déjà  ;  que  les  différences 
n'atteignent  pas  leur  maximum  à  l'époque 
du  solstice  d'été,  puisqu'en  juin,  juillet,  elles 
sont  plus  petites  qu'en  avril ,  mai  et  août. 
Cassini  avait  déjà  reconnu  une  période  à  peu 
près  semblable.  Ces  effets  paraissent  être 
dus  également  à  l'influence  du  soleil. 

MM.  Gauss  et  Weber  ont  reconnu  encore 
que,  pendant  la  dernière  année,  la  diffé- 
rence a  été  beaucoup  plus  grande  dans  tous 
les  mois  pris  isolément  que  pendant  la  pre- 
mière, et  que  dans  la  troisième  ,  cette  dif- 
férence est  encore  plus  grande  que  dans  la 
précédente.  Ces  différences  sont  beaucoup 
trop  fortes  pour  que  l'on  puisse  y  voir  l'in- 
dice d'un  accroissement  séculaire.  Les  ob- 
servations sont  faites  depuis  trop  peu  d'an- 
nées pour  que  l'on  en  tire  cette  induction. 
Au  surplus,  si  cela  est,  comment  faire  ca- 
drer ce  résultat  avec  le  fait  bien  constaté 
que  la  déclinaison  est  maintenant  dans  sa 
période  de  décroissement?  11  pourrait  se  faire 
cependant  que  l'influence  exercée  par  le  so- 
leil sur  le  Magnétisme  terrestre  fût,  selon 
les  années,  plus  ou  moins  marquée,  de  même 
que  la  température  diffère  souvent  d'une 
année  à  l'autre. 

Les  précédents  résultats  nous  montrent 
bien  que  les  différences  qui  existent  entre 


574 


MAG 


MAG 


les  variations  de  la  déclinaison  du  matin 
et  celles  de  l'après-midi,  présentent  des  par- 
ticularités tout  opposées  à  celles  qu'elles  of- 
frent dans  la  marche  normale  ou  régulière. 
Ces  exceptions,  à  la  vérité,  sont  rares,  et  il 
ne  s'est  présenté  que  14  cas,  dont  un  seul 
pour  79  jours,  dans  l'espace  de  trois  ans, 
où  là  déclinaison  a  été  plus  forte  le  matin 
que  le  soir. 

Pour  reconnaître  les  variations  séculaires, 
on  a  comparé  les  moyennes  mensuelles  de 
première  année  avec  celles  des  mois  des 
deuxième  et  troisième  années  qui  leur  cor- 
respondent. Sur  48  observations,  47  don- 
nent des  diminutions  et  une  seule  de  l'aug- 
mentation. 

MM.  Gauss  et  Weber  ont  tracé  sur  des 
cartes  particulières ,  les  observations  rela 
tives  aux  variations  des  six  termes  de  cha- 
leur des  années  1836,  1837  et  1838.  En 
comparant  tous  les  résultats,  on  voit  qu'en 
général ,  les  vents  les  plus  violents  restent 
sans  influence  sur  l'aiguille  aimantée.  Il  en 
est  de  même  des  orages.  Dans  les  six  der- 
niers termes  de  1836,  on  trouve  que  ,  dans 
les  trois  premiers  termes  d'été ,  au  milieu 
de  toutes  les  grandes  anomalies,  le  mouve- 
ment de  chaque  jour  est  régulier,  en  ce  sens, 
que  les  courbes  montent  dans  les  heures  de 
l'après-midi ,  et  descendent  dans  celles  de 
la  matinée.  Dans  les  trois  termes  d'hiver, 
le  tracé  régulier  est  envahi  par  le  tracé  ir- 
régulier, où  il  se  perd  entièrement.  Mais  ce 
qui  rend  les  mouvements  anormaux  si  re- 
marquables ,  c'est  le  grand  accord  que  l'on 
trouve  jusqu'aux  plus  faibles  nuances  en  dif- 
férents endroits  ;  accord  qui  se  montre  même 
dans  tous  les  lieux  d'observation,  seulement 
avec  des  valeurs  différentes. 

MM.  Gauss  et  Weber  appellent  ces  divers 
effets  des  hiéroglyphes  de  la  nature. 

Suivant  eux,  les  anomalies  ne  sont  que  de 
légers  changements  dans  la  grande  force 
magnétique  terrestre  ,  dus  probablement  à 
dés  effets  magnétiques  du  globe ,  ou  qui  ont 
lieu  peut-être  en  dehors  de  notre  atmo- 
sphère. Ils  n'abandonnent  pas  néanmoins 
pour. cela  l'ancienne  idée,  que  la  force  ma- 
gnétique principale  a  son  siège  dans  la  par- 
tie solide  du  globe.  Si,  d'après  l'opinion  de 
quelques  physiciens ,  l'intérieur  de  la  terre 
était  encore  dans  un  état  liquide,  la  solidifi- 
cation progressive  offrirait  alors  l'explication 


la  plus  naturelle  des  changements  séculaires 
de  la  force  magnétique. 

M.  Gauss  a  remarqué  que  la  plupart  des 
anomalies  sont  plus  petites  à  beaucoup  près, 
dans  les  lieux  d'observation  situés  au  sud, 
que  dans  ceux  placés  au  nord.  Les  régions 
les  plus  septentrionales  paraîtraient  donc- 
être,  en  général, suivant  lui,  le  foyer  prin- 
cipal d'où  partent  les  plus  fréquentes  et  les 
plus  grandes  actions  perturbatrices. 

Des  observations  d'inclinaison  faites  en 
différents  points  du  globe. 

Les  observations  relatives  à  l'inclinaison 
ont  occupé  les  voyageurs  non  moins  autant 
que  celles  de  la  déclinaison.  En  étudiant  la 
marche  de  l'inclinaison,  en  partant  de  Paris 
et  se  rendant  vers  le  nord,  on  a  trouvé  que 
le  pôle  austral  de  l'aiguille  s'abaisse  de  plus 
en  plus  au-dessous  de  l'horizon;  que  l'incli- 
naison augmente  en  même  temps  que  la  la- 
titude, et  que  dans  les  régions  polaires  il 
existe  des  points  où  elle  est  de  90°. 

En  se  dirigeant,  au  contraire,  dans  l'hé- 
misphère austral  ,  on  a  reconnu  que  l'in- 
clinaison diminue  avec  la  latitude,  et  qu'il 
existe  non  loin  de  l'équateur  des  points  où 
l'aiguille  est  sans  inclinaison.  Au-delà  de 
ces  points  ,  l'inclinaison  recommence,  mais 
dans  un  sens  inverse,  et  continue  à  augmen- 
ter jusque  vers  le  pôle,  où  elle  est  de  90°. 
La  courbe  comprenant  tous  les  points  où 
l'aiguille  aimantée  est  sans  inclinaison,  a 
été  nommée  équateur  magnétique,  et  les 
points  où  l'aiguille  est  verticale  pôle  magné- 
tique. Les  observations  d'inclinaison  ont 
pour  but  de  trouver  la  position  de  cet  équa- 
teur et  des  pôles,  dont  nous  parlerons  ci- 
après. 

L'inclinaison  de  l'aiguille  aimantée  est 
soumise,  comme  la  déclinaison,  à  dés  varia- 
tions continuelles.  On  a  trouvé  qu'elle  a  tou- 
jours été  en  diminuant,  depuis  1671  jusqu'à 
1829  à  Paris ,  et  jusqu'en  1831  à  Londres. 

M.  Hansteen  a  observé  de  son  côté 
que  l'inclinaison  est  d'environ  15'  plus  forte 
pendant  l'été  que  pendant  l'hiver ,  et  d'en- 
viron 4  ou  5;  plus  grande  avant  midi  qu'a- 
près. 

De  l'intensité  magnétique  du  globe  en  divers 
points  de  sa  surface. 

Cette  intensité  a  été  étudiée  pour  la  pre- 


MAG 

mière  fois,  par  Graham,  celui-là  même  qui  a 
découvert  les  variations  diurnes  de  l'aiguille 
aimantée,  puis  elle  a  été  étudiée  par  un  grand 
nombre  de  physiciens  et  de  voyageurs,  et  en 
outre  par  M.  de  Humboldt,  qui  a  mis  en  évi- 
dence ce  fait  important  entrevu  avant  lui, 
que  l'intensité  de  la  force  magnétique  du 
globe  est  variable  en  différents  poiuts.  Il  s'est 
attaché  à  déterminer  la  loi  suivant  laquelle 
varie  l'intensité  des  forces  magnétiques  à 
diverses  latitudes.  Il  découvrit  en  se  rendant 
au  haut  Orénoque  et  au  Pico-Negro ,  pen- 
dant l'été  de  1800,  que  cette  intensité  al- 
lait en  croissant  des  basses  latitudes  aux 
pôles. 

En  comparant  la  valeur  de  l'intensité  en 
divers  points  du  globe,  M.  de  Humboldt  a 
découvert  un  autre  point  très  important , 
c'est  le  défaut  de  parallélisme  des  lignes 
isodynamiques  et  d'égale  inclinaison. 

Nous  ne  pouvons  rentrer  ici  dans  des  dé- 
tails sur  les  observations  relatives  aux  ob- 
servations d'intensité,  en  raison  de  leur 
grand  nombre;  néanmoins  nous  citerons  les 
principaux  résultats. 

M.  Hansteen  a  publié  en  1819  un  ou- 
vrage sur  le  Magnétisme  terrestre,  dans  le- 
quel on  trouve  cette  conséquence,  qu'il  doit 
exister  un  pôle  magnétique  dans  le  nord  de 
la  Sibérie,  moins  puissant,  mais  semblable  à 
celui  du  nord  de  l'Amérique ,  et  que  les  li- 
gnes d'égale  intensité  se  disposent  d'elles- 
mêmes  autour  du  centre  en  Sibérie ,  de  la 
même  manière  qu'autour  du  centre  d'une 
force  plus  grande  en  Amérique.  Cette  idée 
de  l'existence  de  deux  pôles  dans  chaque  hé- 
misphère ,  fut  admise  par  MM.  Due  et  Er- 
man ,  d'après  les  observations  qu'ils  firent 
dans  un  voyage  en  Sibérie,  en  1818. 

Des  variations  de  l'intensité. 
Il  est  probable  que  l'action  magnétique  du 
globes'étend  dans  l'espace  à  des  distances  con- 
sidérables, comme  l'ont  constaté  MM.  Gay- 
Lussac  et  Biot  dans  leur  voyage  aérostatique  ; 
<:ar  ils  ont  trouvé  qu'elle  décroissait  très  len- 
tement à  mesure  que  l'on  s'éloigne  de  la  terre. 
Il  est  probable  que  cette  diminution  suit  la 
loi  inverse  du  carré  de  la  distance.  Il  y  a 
quelques  probabilités  à  supposer  que  les  as- 
tres, la  lune,  le  soleil,  etc.,  sontégalement 
doués  de  la  puissance  magnétique;  s'il  en 
est  ainsi,  leur  action  doit  réagir  sur  nos  ai- 


MAG 


575 


guillesen  raison  de  leur  distance  et  de  leur 
position  par  rapport  à  nous.  Mais  comme 
ces  derniers  éléments  changent  par  suite  des 
mouvements  de  la  terre  et  des  planètes,  il 
doit  en  résulter  des  variations  diurnes  et 
annuelles.  Néanmoins  on  est  loin  d'attribuer 
à  de  semblables  causes  toutes  les  variations 
observées  dans  la  marche  de  l'aiguille  de  la 
boussole.  Elles  y  contribuent  probablement 
pour  une  partie  ;  mais  il  y  a  d'autres  causes 
dont  on  ne  saurait  nier  la  coopération. 

M.  Hansteen  paraît  être  un  des  premiers 
qui  se  soient  occupés  de  rechercher  les  varia- 
tions diurnes  et  annuelles  de  l'intensité.  Ces 
observations  l'ont  conduit  aux  conséquences 
suivantes:  1°  l'intensité  magnétique  est 
soumise  à  des  variations  diurnes;  2°  le  mi- 
nimum de  cette  intensité  a  lieu  entre  dix  et 
onze  heures  du  matin,  et  le  maximum  entre 
quatre  et  cinq  heures  de  l'après-midi  ;  3°  les 
intensités  moyennes  mensuelles  sont  elles- 
mêmes  variables;  4°  l'intensité  moyenne  vers 
le  solstice  d'hiver  surpasse  beaucoup  l'inten- 
sité moyenne  donnée  par  des  jours  sembla- 
blement  placés  relativementausolsticed'été; 
5°  les  variations  d'intensité  moyenne  d'un 
mois  à  l'autre  sont  à  leur  minimum  en  mai  et 
juin,  et  à  leur  maximum  vers  les  équinoxes  ; 
6°  enfin  les  moyennes  variations  journaliè- 
res sont  plus  grandes  en  été  qu'en  hiver. 

M.  Hansteen,  qui  a  étudié  également  les  va- 
riations diurnes  de  l'inclinaison,  lesquelles, 
suivant  lui,  sont  plus  grandes  d'environ  15' 
en  été  qu'en  hiver,  et  de  4  ou  5'  plus  gran- 
des le  matin  que  dans  l'après-midi,  en  a 
conclu  que  les  variations  d'intensité  devaient 
être  attribuées  à  des  changements  dans  l'in- 
clinaison. 

MM.  Gauss  et  Weber  ont  également  étu- 
dié les  variations  de  l'intensité  avec  leurs 
nouveaux  appareils.  Les  résultats  qu'ils  ont 
obtenus  indiquent  également  des  variations 
régulières  dépendantes  du  temps  de  la  jour- 
née et  qui  peuvent  se  confondre,  comme 
pour  la  déclinaison,  avec  des  variations  ir- 
régulières, et  qu'on  ne  pourra  distinguer  les 
unes  des  autres  qu'après  des  observations  con- 
tinuées pendant  nombre  d'années.  M.  Gauss 
pense  néanmoins  que  l'intensité  décroît  pen- 
dant les  heures  de  la  matinée,  de  telle  sorte 
qu'elle  atteint  son  minimum  une  ou  deux 
heures  avant  midi,  et  qu'elle  augmente  de 
nouveau  à   partir  de  ce  temps;   suivant 


576 


MAG 


M.  Hansteen,  ce  mouvement  a  lieu  entre  dix 
et  onze  heures. 

Nous  ajouterons  que  M.  Weber  a  reconnu 
que  des  variations  irrégulières,  quelquefois 
très  considérables,  se  montrent  à  de  courts 
intervalles  et  ne  sont  pas  moins  fréquentes 
que  dans  la  déclinaison.  Les  tracés  graphi- 
ques montrent  que  les  courbes  représentent 
les  variations  de  l'intensité,  et  celles  de  la 
déclinaison  ont  des  mouvements  dans  cha- 
que terme  d'observations  qui  n'ont  aucune 
ressemblance;  néanmoins  l'on  voit  que  là 
où  la  déclinaison  est  fortement  troublée,  il 
y  a  également  perturbation  dans  l'intensité. 

Des  lignes  sans  inclinaison  et  des  lignes 
d'égale  déclinaison. 

Dans  l'atlas  magnétique,  publié  en  1787 
par  M.  Hansteen  ,  on  voit  qu'il  existe  deux 
lignes  sans  déclinaison  ,  l'une  située  dans 
l'océan  Atlantique,  entre  l'ancien  et  le  nou- 
veau monde,  laquelle  commence  sous  le  60° 
de  latitude,  à  l'ouest  de  la  baie  d'Hudson  , 
s'avance  dans  la  direction  sud-est,  à  travers 
les  lacs  de  l'Amérique  du  Nord,  traverse  les 
Antilles  et  le  cap  Saint-Roch,  jusqu'à  ce 
qu'elle  atteigne  l'océan  Atlantique  du  Sud, 
où  elle  coupe  le  méridien  de  Greenwich  par 
65°  de  latitude  sud.  Cette  ligne  est  à  peu 
près  droite  jusque  près  de  la  partie  orientale 
de  l'Amérique  du  Sud,  qù  elle  se  courbe  un 
peu  au-dessus  de  l'équateur. 

La  seconde  ligne  sans  déclinaison,  qui  est 
remplie  d'inflexions,  commence  au  60°  de 
latitude  sud  au-dessous  de  la  Nouvelle-Hol- 
lande, traverse  cette  île,  s'étend  dans  l'ar- 
chipel Indien  en  se  partageant  en  deux 
branches  qui  coupent  trois  fois  l'équateur. 
Elle  passe  d'abord  au  nord  de  ce  dernier,  à 
l'est  de  Bornéo;  elle  revient  ensuite  et  passe 
au  sud  entre  Sumatra  et  Bornéo,  et,  tra- 
versant de  nouveau  l'équateur  au-dessus  de 
Ceylan,  d'où  elle  passe  à  l'est  au  milieu  de 
la  mer  Jaune,  elle  se  dirige  ensuite  le  long 
de  la  côte  de  la  Chine,  puis  atteint  la  lati- 
tude de  71°,  redescend  de  nouveau  au  nord 
en  décrivant  une  courbe  demi-circulaire  qui 
se  termine  à  la  mer  Blanche. 

Cook  avança  qu'il  existait  encore  une 
troisième  ligne  sans  déclinaison  vers  le  point 
de  la  plus  grande  inflexion  magnétique  ; 
mais  elle  n'a  pas  été  suivie  dans  le  Nord  , 
de  sorte  que  l'on  ne  connaît  pas  son  cours.  I 


MAG 

Les  voyageurs  ont  cherché  aussi  la  série  des 
points  où  ils  pensaient  que  la  déclinaison 
était  la  plus  grande.  Cook  a  trouvé  une  ligne 
de  ce  genre  dans  l'hémisphère  austral ,  à 
60°  49'  de  latitude  et  93°  45'  de  longitude 
occidentale,  comptés  du  méridien  de  Paris. 

Outre  les  lignes  de  non  -  déclinaison  , 
M.  Hansteen  en  a  tracé  d'autres  qui  les  sui- 
vent, et  dont  la  déclinaison  est  de  5  ,  10 
et  15°,  etc.  Ces  dernières  présentant  une 
courbure  sur  elles-mêmes  à  leurs  extrémi- 
tés ,  il  en  a  tiré  la  conséquence  qu'il  exis- 
tait, comme  nous  l'avons  déjà  dit,  deux 
pôles  magnétiques  dans  chaque  hémisphère, 
dont  l'un  avait  une  intensité  plus  grande 
que  l'autre ,  et  que  ces  quatre  pôles  avaient 
un  mouvement  régulier  autour  des  pôles 
terrestres ,  les  deux  pôles  du  nord  allant  de 
l'ouest  à  l'est  dans  une  direction  oblique,  et 
les  deux  autres  de  l'est  à  l'ouest  aussi  obli- 
quement. 

Il  a  assigné  à  ces  révolutions,  d'après  les 
observations  faites  antérieurement  à  1817, 
les  durées  suivantes  : 

Au  N#>  pôle  dont  l'intens.  est  la  plus  forte.  1740  ans* 
Au  S.    .    .    .    id.    .     .     .     id.    .    .     .  4609 
AuN.     .     .     .    id.    .     .     la  plus  faible.     860 
Au  S.     .    .    .     id.    ,    ,    .    id.    .     .    .  1304 

M.  Hansteen,  en  s'appuyant,  d'autre 
part,  sur  les  observations  des  voyageurs 
français  et  anglais,  a  obtenu,  pour  la  posi- 
tion du  pôle  fort  au  nord ,  les  résultats  sui- 
vants : 

Latitude  du  pôle.  Longitude  ouest  du  pôle. 

1730.     .    70o45'.    .     .  .        108o    6'. 

1769.     .    70   17 ...  .        100     2  . 

1813.     .     67   10.    .     .  .  92    24. 

On  voit  donc  que  le  mouvement  du  pôle 
à  l'est,  de  1730  à  1769,  a  été  de  8°  4',  ou 
de  12'  44"  par  année  ;  de  1769  à  1813  ,  de 
7°  38',  ou  de  10' 41"  par  année. 

Moyen  mouvement  :  11' 42'', 25. 

Période  de  la  révolution  complète  :  1890 
ans. 

Le  capitaine  Ross,  qui  a  été  sur  le  pôle 
même,  a  trouvé  qu'il  était  situé  par  les  70» 
5"  de  latitude  nord,  et  les  99"  5'  48"  de  lon- 
gitude ouest ,  à  compter  du  méridien  de 
Greenwich. 

Pôle  fort  au  sud.  M.  Hansteen ,  en  com- 
binant les  observations  de  Cook  en  1773 
et  1777  ,  avec  celles  de  Furneaux  en  1773, 
et  les  comparant  avec  les  observations  de 


MAG 

Tasman  en  1642,  a  trouvé,  pour  la  position 
de  ce  pôle  : 

1642,  latit.  Nord,  7lo    5';        long.  Est,  146o  57'. 
1773,        ici.         69o26'5";       ici.        136o  15' 4". 

Le  déplacement  de  ce  pôle ,  en  131  ans , 
est  de  10°  14',  ou  de  4' 67"  par  an;  ce 
qui  donne  4605  ans  pour  la  révolution 
complète. 

Pôle  faible  au  Nord.  M.  Hansteen ,  en 
comparant  les  observations  faites  en  1770 
et  1805.  àToboIsk,  Taran  etUdinsk,  en 
Sibérie,  a  trouvé,  pour  sa  position  à  ces 
deux  époques  : 

Latitude  Nord.    Longit.  Est.    I  Mouv.  en  35  ans.  Mouv.  ann. 
17T0,S5o46',  9Io29'ÔO"    I       14°33"        35"  128. 

Ainsi  ce  pôle  achèverait  sa  révolution  de 
"est  à  l'ouest  en  860  ans. 

Pôle  le  plus  faible  au  sud  dont  la  position 
a  été  déterminée  au  moyen  des  observations 
de  Cook  et  de  Fourneaux  en  1774  et  de 
Halley  en  1760  : 


MAG 


577 


Latit.  Sud.         Long.  Ouest. 

1070,  G't°7\  W4°  53' 1/2 
1774,  77  17.   123   17 


Mouv.  en  io4  ans.  Mouv.  ann. 
28o  43"  1/2.     16"  57. 


Ce  pôle  accomplirait  donc  sa  révolution 
en  1303  ans. 

M.  Barlow  n'admet  pas  deux  pôles  dans 
chaque  hémisphère. 

On  lui  doit  une  carte  de  lignes  d'égale  dé- 
clinaison tracées  au  moyen  des  observations 
les  plus  importantes  faites  dans  les  voyages 
récents, en  écartant  toutes  vues  théoriques: 
ainsi  dans  les  parties  où  il  y  avait  solution 
de  continuité  faute  d'observations ,  comme 
vers  le  pôle  sud,  il  a  laissé  des  blancs. 

En  jetant  les  yeux  sur  cette  carte,  qui 
est  à  peu  près  celle  de  M.  Hansteen  ,  à  part 
cependant  les  nombreuses  additions  ,  on  re- 
connaît qu'abstraction  faite  des  portions  qui 
offrent  des  courbures  extraordinaires ,  ces 
,  lignes  d'égale  déclinaison  doivent  dépendre 
:'  de  lois  que  nous  ne  connaissons  pas 
encore. 

Dans  l'océan  Indien  ,  on  trouve  une  ligne 
sans  déclinaison  qui  coupe  l'équateur  ter- 
restre et  dont  la  courbure  est  extraordi- 
naire; les  lignes  d'égale  déclinaison ,  si- 
tuées à  gauche  de  celles-ci,  ont  une  décli- 
naison occidentale,  celles  à  droite  une  dé- 
clinaison orientale.  Dans  ce  même  océan 
pendant  40°,  la  ligne  sans  déclinaison  court 
i.  vu. 


presque  parallèlement  à  l'équateur,  et  pen- 
dant 40  autres  degrés  elle  revient  dans  le 
méridien.  Mais  comme,  dans  le  cas  de  non- 
déclinaison  ,  le  pôle  magnétique  doit  se 
trouver  dans  le  méridien  du  lieu,  il  s'en- 
suit que  le  pôle  doit  aussi  courir  pendant 
40°  ou  coïncider  avec  le  pôle  du  globe.  Ces 
faits  sont  incompatibles  avec  l'existence  de 
quatre  pôles  magnétiques  ou  même  d'un 
plus  grand  nombre. 

Les  courbes  remarquables  du  grand  océan 
Pacifique  n'indiquent  en  rien  l'influence  de 
causes  locales.  Ces  lignes,  au  lieu  de  s'éten- 
dre vers  les  pôles ,  comme  dans  les  autres 
parties  du  globe,  retournent  sur  elles-mêmes, 
de  manière  à  former  des  figures  semblables 
quoique  irrégulières.  Cette  disposition  n'est 
pas  compatible  non  plus  avec  l'existence  de 
quatre  pôles. 

Les  lignes  sans  déclinaison  éprouvent  des 
changements  progressifs  de  situation  et  de 
configuration ,  conséquence  des  variations 
auxquelles  est  soumise  la  déclinaison. C'est 
vers  l'an  1660  que  la  ligne  sans  déclinaison 
a  dû  traverser  l'océan  Atlantique  presque 
à  angle  droit  avec  les  méridiens  de  nos  con- 
trées. Depuis  cette  époque,  elle  a  été  gra- 
duellement en  descendant  vers  le  sud  et 
l'ouest ,  et  aujourd'hui  elle  traverse  la  par- 
tie orientale  de  l'Amérique  du  Sud.  Cette 
ligne  sans  déclinaison  traverse  l'Australie; 
mais  il  paraîtque  s'il  y  a  eu  depuis  soixante 
ans  quelque  changement,  il  a  dû  être  très 
faible. 

La  déclinaison,  dans  cette  localité,  pa- 
raîtrait donc  aussi  fixe  que  sur  la  côte  d'A- 
mérique. Ce  qu'il  y  a  de  particulier  dans 
cette  presque  constance  dans  la  déclinaison, 
c'est  qu'on  n'a  rien  vu  de  semblable  dans 
notre  hémisphère. 

M.  Barlow  a  remarqué  que ,  partout  où 
l'on  a  observé  les  déclinaisons  et  où  le  dé- 
placement a  été  considérable,  on  a  toujours 
pu  réduire  le  mouvement  de  déplacement  à 
la  rotation  circulaire  d'un  certain  pôle  ma- 
gnétique situé  vers  le  pôle  de  la  terre.  Les 
courbes  tracées  sur  la  carte  de  M.  Barlow 
présentent  cette  particularité  remarquable, 
que  le  véritable  lieu  où  le  capitaine  Ross  a 
trouvé  que  l'aiguille  d'inclinaison  était  per- 
pendiculaire est  précisément  le  point  où  , 
en  admettant  que  toutes  les  lignes  se  ren- 
contrent, celles-ci  conservent  mieux  leur 

73 


578 


3VIAG 


caractère  d'unité  ,  soit  qu'on  les  considère 
séparément  ou  dans  leur  ensemble. 

Des  lignes  d'égale  inclinaison  et  de  l'équateur 
magnétique. 

Différentes  cartes  représentant  les  lignes 
d'égale  inclinaison  ont  été  dressées  ;  nous 
citerons  particulièrement  celle  que  M.  Hans- 
teen  a  publiée  en  1819. 

Les  lignes  d'égale  inclinaison  sont  analo- 
gues aux  parallèles  terrestres  qu'elles  cou- 
pent obliquement,  mais  elles  n'en  ont  pas 
toutes  la  régularité,  et  sont  d'ailleurs  d'au- 
tant moins  parallèles  entre  elles  qu'elles  se 
rapprochent  davantage  des  régions  polaires, 
où  elles  circonscrivent  les  pôles  magnéti- 
ques de  toutes  parts.  Ces  pôles  ,  qu'il  ne 
faut  pas  confondre,  dit  M.  Duperrey,  avec  les 
centres  d'action  intérieure,  qui  sont  les  vrais 
pôles  magnétiques  de  la  terre,  sont  tout 
simplement  les  points  de  la  surface  où  l'ai- 
guille aimantée,  suspendue  par  son  centre 
de  gravité,  prend  la  direction  de  la 
verticale. 

M.  Hansteen  croit  pouvoir  déduire  encore 
de  la  figure  des  lignes  d'égaie  inclinaison  , 
qu'il  existe  deux  pôles  magnétiques  dans 
chaque  région  polaire;  M.  Duperrey,  juge 
très  compétent,  partage  à  cet  égard  l'opi- 
nion de  M.  Barlow  ;  il  pense  qu'il  est  inutile 
de  recourir  à  plusieurs  pôles  magnétiques 
à  la  surface  de  la  terre,  comme  à  plus  de 
deux  centres  d'action  dans  l'intérieur  de 
sa  masse,  pour  concevoir  la  position  res- 
pective des  lignes  d'égale  déclinaison,  d'égale 
inclinaison,  d'égale  intensité  ,  comme  aussi 
des  méridiens  et  des  parallèles  magnétiques. 
Suivant  lui,  il  suffit  d'examiner  d'abord 
quelle  est  la  véritable  condition  de  ces  dif- 
férentes courbes  sur  un  corps  magnétique 
de  forme  sphérique ,  et  de  faire  varier  en- 
suite à  volonté,  soit  l'un  des  pôles  magné- 
tiques de  la  surface,  soit  la  position  des  cen- 
tres d'action  ,  pour  résoudre  immédiate- 
ment une  foule  de  questions  que  les  théories 
du  magnétisme  terrestre  ont  laissées  jus- 
qu'à ce  jour  sans  solution  définitive. 

Selon  M.  Duperrey,  les  lignes  d'égale  in- 
clinaison ont,  comme  les  lignes  d'égale  dé- 
clinaison, l'inconvénient  de  ne  pas  être 
l'expression  d'un  faituniquement  dépendant 
de  l'action  du  magnétisme.  Chaque  incli- 


MAG 

naison  est  la  mesure  de  l'angle  que  fait 
l'aiguille  avec  le  plan  de  l'horizon  ,  ou,  si 
l'on  veut,  avec  la  verticale  du  lieu  de  l'ob- 
servation. Si  la  ligne  d'égale  inclinaison 
était  un  cercle  parfait  de  la  sphère,  les  ver- 
ticales de  tous  les  points  de  ce  cercle  au- 
raient, dans  la  direction  des  plans  des 
méridiens  magnétiques  ,  une  direction  qui 
lui  serait  commune,  en  sorte  que  toutes  les 
aiguilles  suspendues  le  long  de  ce  cercle 
suivraient  elles  mêmes  une  même  direction. 
Mais  du  moment  où  la  ligne  d'égale  incli- 
naison se  présente  sous  la  forme  d'unecourbe 
à  double  courbure,  les  inclinaisons  n'étant 
plus  comptées  à  partir  d'une  direction  uni- 
que des  verticales  ,  expriment  deux  faits  a 
la  fois  :  l'un  qui  dépend  uniquement  de 
l'action  du  magnétisme ,  l'autre  de  la  di- 
rection particulière  que  suit  chaque  verti- 
cale ;  l'on  conçoit  alors  que  la  relation  que 
nous  établissons  par  nos  courbes  entre  les 
valeurs  égales  de  l'inclinaison  n'a  plus  de 
rapport  avec  la  relation  que  les  directions 
des  aiguilles  ont  entre  elles. 

Cette  appréciation  des  lignes  d'égale  in- 
clinaison s'applique  aussi  à  l'équateur  ma- 
gnétique, dont  nous  allons  parler. 

De  l'équateur  magnétique  ou  ligne  sans 

inclinaison. 

Cette  ligne  est  celle  dont  les  physiciens 
se  sont  le  plus  occupés.  Wilcke  en  a  donné 
une  figure  en  1768.  MM.  Hansteen  et Mor- 
let  l'ont  reproduite  à  des  époques  beaucoup 
plus  récentes,  en  se  fondant  sur  les  nom- 
breuses observations  consignées  dans  les 
voyages  de  Cook,  d'Eckberg,  dePanton, 
de  La  Pérouse ,  etc.  M.  Morlet  a  donné  un 
moyen  facile  de  faire  concourir  à  la  déter- 
mination de  cette  courbe  les  observations 
voisines  des  lieux  qu'elle  parcourt.  On  sait 
que  M.  Biot,  résumant  toutes  les  actions 
australes  et  boréales  du  Magnétisme  ter- 
restre en  deux  centres  d'actions  qu'il 
place  à  une  très  petite  distance  du  centre 
du  globe,  est  arrivé  à  une  formule  à  l'aide 
de  laquelle  on  obtiendrait  la  latitude  ma- 
gnétique d'un  point  de  la  surface  de  la 
terre,  en  fonction  de  l'inclinaison  de  l'ai- 
guille observée  en  ce  point,  si  la  terre  était 
parfaitement  homogène.  Cette  formule  a  été 
ransformée  par  MM.   Bodwich ,  Mahveide 


MAC- 


MAG 


579 


et  Kraft,  en  celle-ci,  qui  est  d'une  simpli- 
cité remarquable  : 

«        tane.  1 
tang.  X  = 2 — . 

Cette  formule  est  celle  dont  M.  Morlet  a 
fait  usage,  après  avoir  reconnu  par  de 
nombreux  essais  qu'elle  pouvait  toujours 
être  appliquée  aux  inclinaisons  qui  ne  dé- 
passent pas  30o,  et  après  s'être  assuré  que 
la  latitude  magnétique  \  du  lieu  de  l'ob- 
servation devait  être  comptée  sur  le  méri- 
dien magnétique,  et  non  pas  sur  le  méri- 
dien terrestre  du  lieu  dont  il  s'agit ,  étant 
l'inclinaison. 

Les  résultats  obtenus  par  MM.  Hansteen 
et  Morlet  se  rapportent  à  l'équateur  magné- 
tique de  1780.  M.  Arago  les  a  comparés  et 
en  a  déduit  les  faits  suivants. 

MM.  Hansteen  et  Morlet  placent  l'équa- 
teur magnétique,  en  totalité,  au-dessus  de 
l'équateur  terrestre,  entre  l'Afrique  et  l'A- 
mérique. Le  plus  grand  écartement  de  ces 
courbes  correspond  à  environ  25°  de  longi- 
tude occidentale;  il  est  de  13  ou  de  14° 
dans  la  carte  de  M.  Hansteen  ;  on  trouve 
dans  celle-ci  un  nœud  en  Afrique,  par  22° 
de  longitude  orientale;  M.  Morlet  le  place 
4°  plus  à  l'occident. 

Suivant  l'un  et  l'autre,  si  l'on  part  de  ce 
nœud,  en  s'avançant  du  côté  de  la  mer 
des  Indes,  la  ligne  sans  inclinaison  s'éloigne 
rapidement  vers  le  nord  de  l'équateur  ma- 
gnétique ,  sort  de  l'Afrique ,  un  peu  au- 
dessus  du  cap  GardaGni ,  et  parvient  dans 
la  mer  d'Arabie  à  son  maximum  d'excur- 
sion boréale  (environ  12°),  par  62°  de  lon- 
gitude orientale.  Entre  le  méridien  et  le 
174°  de  longitude ,  l'équateur  magnétique 
se  maintient  constamment  dans  l'hémi- 
sphère boréal;  il  coupe  la  presqu'île  de 
l'Inde ,  un  peu  au  nord  du  cap  Comorin  ; 
traverse  le  golfe  de  Bengale  ,  en  se  rappro- 
chant légèrement  de  l'équateur  terrestre, 
dont  il  n'est  éloigné  que  de  8°,  à  l'entrée 
du  golfe  deSiam;  remonte  ensuite  un  tant 
soit  peu  au  nord;  est  presque  tangent  à 
la  pointe  septentrionale  de  Bornéo,  traverse 
l'Ile  Paragua,  le  détroit  qui  sépare  la  plus 
méridionale  des  Philippines  de  l'île  Minda- 
nao  ,  et,  sous  le  méridien  de  Waigiou ,  se 
trouve  de  nouveau  placé  à  9°  de  latitude 
nord. 

De  là ,  après  avoir  passé  dans  l'archipel 


des  Carolines ,  l'équateur  magnétique  des- 
cend rapidement  vers  l'équateur  terrestre  , 
et  le  coupe,  d'après  M.  Morlet,  par  174°,  et 
suivant  M.  Hansteen,  par  187°  longitude 
orientale.  Il  y  a  beaucoup  moins  d'incer- 
titude sur  la  position  d'un  second  nœud  si- 
tué aussi  dans  l'océan  Pacifique,  dont  la 
longitude  occidentale  doit  être  de  120o  en- 
viron. M.  Morlet  admet  que  l'équateur 
magnétique,  après  avoir  touché  l'équateur 
terrestre,  s'infléchit  aussitôt  vers  le  sud. 
M.  Hansteen  suppose,  au  contraire,  que 
celte  courbe  passe  dans  l'hémisphère  nord* 
sur  une  étendue  d'environ  158°  de  longitude, 
revient  ensuite  couper  de  nouveau  la  ligne 
équinoxiale,  à  23°  de  distance  de  la  côte 
occidentale  d'Amérique.  On  ne  doit  pas 
exagérer  cette  discordance,  attendu  que, 
dans  son  excursion  boréale,  la  courbe  sans 
inclinaison,  telle  que  l'envisage  M.  Hansteen, 
ne  s'éloigne  pas  de  l'équateur  terrestre  de 
plus  de  1°  1/2,  et  que  les  deux  lignes  dont 
nous  venons  de  parler  ne  sont  nulle  part  à 
2°  de  distance  l'une  de  l'autre,  dans  les  cas 
des  cercles  de  latitudes. 

Des  observations  faites  avec  soin  sem- 
blent annoncer  que  les  nœuds  éprouvent 
un  mouvement  de  translation  d'année  en 
année.  M.  Duperrey ,  durant  le  voyage  de 
la  corvette  la  Coquille,  a  fait  de  nom- 
breuses observations  qui  l'ont  mis  à  même 
de  déterminer  pour  1824  l'équateur  ma- 
gnétique dans  la  presque  totalité  de  son 
cours.  La  Coquille  ayant  coupé  six  fois  l'é- 
quateur magnétique ,  il  a  pu  déterminer  di- 
rectement la  position  de  deux  des  points 
d'intersection  situés  dans  l'océan  Atlanti- 
que. Il  semble  résulter  de  là,  en  rapportant 
sur  la  carte  de  M.  Morlet  les  observations 
du  capitaine  Duperrey ,  que  l'équateur  ma- 
gnétique s'est  rapproché  de  l'équateur  ter- 
restre. 

Des  lignes  isodynamiques. 

En  1836,  M.  Hansteen  a  publié  une 
autre  carte  sur  laquelle  étaient  tracées  les 
lignes  d'égale  intensité  magnétique  appelées 
lignes  isodynamiques.  Depuis  on  a  publié 
des  cartes  plus  complètes.  Les  lignes  isody- 
namiques telles  qu'elles  ont  été  conçues  par 
M.  Hansteen  ont  cela  de  commun  avec  les 
lignes  d'égale  inclinaison ,  que  les  unes  et 
les  autres  sont  analogues  à  des  parallèles  de 


580 


IVIAG 


MAG 


J.i  sphère.  Elles  sont   irréguliéres  et    ne 
coïncident  pas  entre  elles. 

Les  observations  recueillies  et  discu- 
tées par  M.  Hansteen  sont  celles  qui  sont 
dues  à  MM.  de  Rossel  ,  de  Humboldt, 
Gay-Lussac,  Sabine,  OErsted  ,  Erikson  , 
Keilhau,  Breck,  Abel,  Lutké,  King,  Due, 
Erman  et  Kupffer.  Ces  observations  sont 
sufGsarnment  nombreuses  pour  donner  une 
idée  du  système  d'intensité  magnétique  de 
l'hémisphère  boréal.  Quant  à  l'hémisphère 
austral,  M.  Hansteen,  étant  privé  des  ob- 
servations que  MM.  de  Freycinet  et  Duper- 
rey  avaient  faites  dans  cette  partie  du  globe, 
n'a  pu  étendre  ses  lignes  isodynamiques 
au-delà  des  côtes  de  l'Amérique  méridio- 
nale. Il  disposa,  il  est  vrai ,  des  observations 
faites,  de  1790  à  1794,  par  M.  de  Rossel  ; 
mais  alors  ces  observations,  commencées 
à  Brest  et  terminées  à  Sourabaya ,  n'avaient 
point  été  corrigées,  comme  elles  l'ont  été 
depuis,  par  M.  Duperrey,  qui  en  a  sensible- 
ment modifié  les  résultats. 

On  doit  aussi  à  M.  Duperrey  une  carte 
de  lignes  isodynamiques.  'Celles  de  l'hémi- 
sphère nord  sont  à  peu  près  telles  que 
M.  Flansteen  les  avait  déjà  tracées  ;  mais 
celles  de  la  zone  intertropicale  et  de  l'hé- 
misphère sud  ont  éprouvé  des  modifications 
considérables.  Les  observations  faites  à 
Payta,  à  OfTak,  à  Soura-baya ,  à  l'Ile  de 
France ,  au  Port  Jackson  et  à  Van-Diémen , 
ont  fait  remonter  les  lignes  d'égale  intensité 
vers  le  nord,  de  8  à  10°  en  latitude  selon 
les  localités,  et  la  ligne  1 ,  6  ,  qui  passait 
sur  la  partie  méridionale  de  la  terre  de  Van- 
Diémen,  est  remplacée  par  la  ligne  1,  8, 
qui  ne  permet  pas  d'admettre  la  différence 
que  M.  Hansteen  croyait  pouvoir  établir 
entre  les  intensités  des  deux  hémisphères. 

C'est  en  faisant  dépendre  des  observations 
de  M.  de  Humboldt  ses  propres  observations 
et  celles  que  M.  de  Rossel  avait  faites  durant 
le  voyage  de  l'amiral  d'Entrecastcaux,  que 
M.  Duperrey  est  parvenu  à  fixer  la  valeur 
de  l'intensité  magnétique  dans  les  îles  Mo- 
luques,  à  la  Nouvelle-Hollande,  à  la  terre 
de  Van-D;émen  et  dans  la  mer  des  Indes. 
Les  résultats  qu'il  a  obtenus,  et  dont  l'exac- 
titude se  trouve  aujourd'hui  parfaitement 
confirmée  par  Iesobservations  toutes  récentes 
du  capitaine  Fitz-Roy,  ont  suffi  pour  don- 
ner une  idée  approximative  de  la  forme  gé- 


nérale des  lignes  isodynamiques  dans  l'hé- 
misphère austral,  et  compléter  ainsi  le  tra- 
vail que  M.  Hansteen  avait  si  bien  com- 
mencé ,  et  qu'il  aurait  sans  doute  achevé  de 
la  même  manière,  s'il  avait  eu  connaissance 
des  observations  de  M.  Duperrey  et  des 
moyens  de  rectification  dont  les  observa- 
tions de  M.  de  Rossel  étaient  susceptibles. 

A  l'époque  où  M.  Duperrey  publia  ses 
cartes  isodynamiques,  tout  portait  à  croire 
que  la  ligne  sans  inclinaison  était,  sinon 
une  ligne  d'égale  intensité  magnétique ,  du 
moins  la  ligne  des  plus  petites  intensités 
observées  dans  les  méridiens.  Cette  hypo- 
thèse semblait,  en  effet,  résulter  des  obser- 
vations qui  avaient  été  faites  entre  les  tro- 
piques par  MM.  de  Rossel ,  de  Humboldt , 
Sabine,  Duperrey,  Lutké  et  Erman.  M.  Du- 
perrey adoptant  cette  hypothèse,  la  ligne 
sans  inclinaison  fut  considérée  par  lui,  à 
cette  époque  ,  comme  devant  être  la  limite 
des  intensités  magnétiques  des  deux  hémi- 
sphères, en  sorte  que  les  espaces  où  la  valeur 
de  l'intensité  est  plus  petite  que  partout 
ailleurs  le  long  de  cette  courbe  se  trouvent 
renfermés  entre  deux  lignes  isodynamiques 
de  dénominations  contraires  qui  viennent 
y  aboutir  obliquement,  sans  passer  outre. 

Nous  devons  ajouter  que  M.  Duperrey  n'a 
présenté  ses  cartes  de  lignes  isodynamiques 
qu'avec  une  extrême  réserve,  attendu,  sui- 
vant lui,  que  les  observations  d'intensité 
magnétique  paraissent  assujetties  à  des  er- 
reurs dont  il  n'est  pas  encore  possible  de 
les  débarrasser  d'une  manière  complète. 
Quoi  qu'il  en  soit,  M.  Duperrey  a  comparé 
l'ensemble  de  toutes  les  observations  faites 
jusqu'à  ce  jour  avec  la  théorie,  relative- 
ment à  la  loi  suivant  laquelle  l'intensité 
des  forces  magnétiques  varie  à  différentes 
latitudes  de  l'équateur  au  pôle.  Il  a  trouvé 
que  la  formule  de  M.  Biot  employée  à  cette 
détermination  serait  l'expression  véritable 
de  l'intensité  magnétique  de  la  terre,  si  la 
terre  était  parfaitement  homogène,  ou  régu- 
lièrement magnétique  sur  chaque  parallèle. 

M.  Duperrey  n'admet  point  les  deux  pôles 
magnétiques  dans  chaque  hémisphère. 
Comme  nous  l'avons  déjà  dit,  suivant  lui 
les  déclinaisons  de  11  à  15°  nord-est,  ob- 
servées par  le  baron  Wrangel  autour  de  la 
Nouvelle-Sibérie,  lui  prouvent  d'une  ma- 
nière incontestable  qu'il  n'y  a  point  de  pôle 


MAG 


3MAG 


5SI 


magnétique  à  l'ouest  de  ces  îles,  dans  la 
partie  septentrionale  de  l'Asie. 

M.  Sabine  a  publié  également,  en  1838, 
de  nouvelles  cartes  de  lignes  isodynamiques, 
en  s'appuyantsur  les  observations  recueillies 
depuis  1790  jusqu'en  1830.  Il  a  pu  disposer 
des  observations  du  voyage  de  YUranie,  dont 
M.  Duperrey  avait  été  privé,  et  il  ajoute  à 
ces  dernières,  en  outre  d'observations  ré- 
centes qui  lui  sont  propres ,  toutes  celles 
que  MM.  Quetelet,  Douglas,  Fitz-Roy, 
Estcourt,  Rudbrg  et  Lloyd  venaient  de  faire 
dans  différentes  parties  du  globe. 

Les  nouvelles  observations  ajoutées  ne 
paraissent  pas  avoir  fait  varier  sensiblement 
la  forme  des  courbes  que  MM.  Hansteen  et 
Duperrey  ont  tracées,  l'un  dans  l'hémisphère 
nord,  l'autre  dans  l'hémisphère  sud. 

Des  méridiens  et  des  parallèles  magné- 
tiques. 

Les  méridiens  magnétiques,  tels  que  les 
considère  M.  Duperrey,  ne  sont  pas  des  lignes 
hypothétiques;  ils  résultent  de  la  direction 
de  l'aiguille  aimantée  en  chaque  point  du 
globe.  Supposons  que  l'on  parte  d'un  point 
quelconque,  et  que,  cheminant  toujours  dans 
le  sens  de  la  direction  de  l'aiguille  aimantée, 
d'abord  vers  le  pôle  nord ,  ensuite  vers  le 
pôle  sud,  on  relève  tous  les  points  par  les- 
quels on  aura  passé,  la  courbe  qui  les  réu- 
nira tous  formera  un  méridien  magnétique. 
Si  l'on  prend  un  autre  point  de  départ  voi- 
sin du  premier ,  et  que  l'on  trace  de  la  même 
manière  un  méridien  magnétique,  ce  mé- 
ridien rencontre  le  premier  en  deux  points 
situés  ,  l'un  vers  le  pôle  nord,  l'autre  vers 
le  pôle  sud.  En  traçant  sur  le  globe  un  cer- 
tain nombre  de  ces  méridiens  et  prenant 
les  points  d'intersection  de  deux  méridiens 
voisins,  on  aura  alors  dans  chaque  hémi- 
sphère une  courbe  fermée,  résultant  de  la 
réunion  de  tous  les  points  d'intersection  : 
il  est  naturel  d'admettre  que  le  pôle  ma- 
gnétique de  chaque  hémisphère  se  trouve 
au  centre  de  l'aire  renfermée  par  des  courbes. 
Outre  les  méridiens  magnétiques ,,  M.  Du- 
perrey a  tracé  sur  ses  cartes  des  courbes 
normales  au  méridien,  et  que  pour  ce  mo- 
tif il  a  appelées  parallèles  magnétiques , 
en  raison  de  leur  analogie  avec  les  paral- 
lèles terrestres.  Ces  parallèles  magnétiques 
et  Içs   méridiens  correspondants  jouissent 


de  propriétés  remarquables  que  M.  le  capi- 
taine Duperrey  n'a  point  encore  fait  con* 
naître. 

Théories  des  phénomènes  magnétiques 
terrestres. 

La  représentation  graphique  des  obser- 
vations magnétiques  considérées  isolément 
ou  groupées  ensemble,  de  manière  à  nous 
représenter  les  méridiens  magnétiques,  les 
lignes  d'égales  déclinaisons,  d'égales  incli- 
naisons et  d'égales  intensités,  peut  être  con- 
sidérée comme  le  premier  pas  vers  la  solu- 
tion de  la  grande  question  du  Magnétisme 
terrestre.  A  la  vérité,  la  forme  et  la  position 
de  ces  diverses  lignes  variant  avec  le  temps, 
il  en  résulte  qu'une  même  carte  ne  repré- 
sente l'état  du  Magnétisme  terrestre  que 
pour  une  époque  déterminée.  S'il  était  pos- 
sible d'avoir  des  formules  générales  qui 
exprimassent,  en  y  introduisant  les  données 
nécessaires ,  l'action  magnétique  exercée 
par  la  terre  sur  une  aiguille  aimantée  en  un 
point  donné  de  sa  surface ,  et  à  une  époque 
déterminée,  il  est  évident  que  la  question 
du  Magnétisme  terrestre  serait  complète- 
ment résolue;  mais  cette  question  est  d'un 
ordre  tellement  complexe,  que  le  mathé- 
maticien ne  saurait  trop  consulter  les  ob- 
servations et  les  conséquences  qui  en  résul- 
tent, s'il  veut  établir  des  formules  qui 
soient  la  représentation  exacte  des  phéno- 
mènes. 

Nous  allons  passer  en  revue  les  principales 
théories  qui  ont  été  données  du  Magné- 
tisme terrestre,  afin  que  l'on  puisse  em- 
brasser d'un  seul  coup  d'œil  toutes  les  ten- 
tatives faites  jusqu'ici  pour  la  solution 
d'une  des  plus  grandes  questions  de  la  phy- 
sique terrestre. 

Les  anciennes  théories  considéraient  la 
terre  comme  un  véritable  aimant  agis- 
sant à  distance  ;  mais  quelques  mathé- 
maticiens les  ont  regardées  comme  défec- 
tueuses en  ce  que ,  au  lieu  de  déterminer  à 
posteriori ,  à  l'aide  des  observations  ,  quelle 
aurait  dû  être  la  grandeur  réelle  de  l'aimant 
auquel  ces  théories  comparaient  la  terre, 
elles  donnent,  à  priori,  à  cet  aimant  une 
forme  et  une  position  particulières,  exami- 
nant ensuite  si  l'hypothèse  s'accorde  avec 
les  faits.  Néanmoins  cette  méthode  peut 
conduire  à  la  solution  de  la   question,  si 


582 


IMAG 


MAG 


tous  les  faits  peuvent  être  exactement  re- 
présentés par  des  formules. 

La  plus  simple  des  théories  de  ce  genre 
est  celle  qui  admet  un  seul  aimant  infini- 
ment petit,  placé  au  centre  de  la  terre;  ce 
qui  revient  à  supposer  que  les  forces  ma- 
gnétiques sont  tellement  distribuées  dans 
toute  la  masse  de  la  terre,  que  la  résultante 
de  toutes  leurs  actions  peut  être  représentée 
par  l'action  de  cet  aimant  central  inûniment 
petit,  de  même  que  l'attraction  exercée  par 
un  globe  homogène  est  la  même  que  si  toute 
sa  masse  était  réunie  à  son  centre.  Suivant 
cette  hypothèse,  Taxe  du  petit  aimant,  étant 
prolongé  ,  coupe  la  surface  de  la  terre  en 
deux  points  qu'on  nomme  pôles  magnéti- 
ques. A  ces  points  ,  l'aiguille  d'inclinaison 
est  verticale,  et!  l'intensité  magnétique  est  à 
son  maximum.  D'après  cette  même  théorie, 
le  grand  cercle  perpendiculaire  à  la  ligne 
des  pôles  est  l'équateur  magnétique,  courbe 
formée  de  tous  les  points  où  l'inclinaison 
est  nulle  et  où  l'intensité  magnétique  est 
moitié  de  ce  qu'elle  est  au  pôle.  Entre  l'é- 
quateur et  le  pôle,  l'inclinaison  et  l'inten- 
sité magnétiques  dépendent  uniquement  de 
la  distance  du  point  que  l'on  considère  à 
l'équateur  ,  ou  de  la  latitude  magnétique  de 
ce  point,  latitude  qui  n'a  pu  être  définie 
que  lorsque  M.  Duperrey  eut  indiqué  les 
moyens  de  tracer  les  méridiens  magnétiques  ; 
avant  lui ,  cette  latitude  était  comptée  sur 
de  grands  cercles,  ce  qui  introduisait  de 
graves  erreurs  dans  les  évaluations.  Il  ré- 
sultait encore  de  la  théorie  dont  nous  par- 
lons, que  l'aiguille  horizontale,  en  un  point 
quelconque,  coïncidait  toujours  en  direc- 
tion avec  l'arc  du  grand  cercle  mené  de  ce 
point  au  pôle  magnétique  situé  vers  le  pôle 
nord  ou  le  pôle  sud  ,  suivant  que  l'on  se 
trouvait  dans  l'hémisphère  septentrional  ou 
l'hémisphère  boréal.  L'observation  n'a  pas 
sanctionné  toutes  ces  déductions ,  comme  on 
l'a  pu  voir  précédemment. 

Tobie  Mayer ,  il  y  a  près  de  quatre-vingts 
ans,  s'empara  de  cette  hypothèse  et  la  soumit 
au  calcul;  il  supposa  que  le  petit  aimant 
coïncidait,  non  avec  le  centre  de  la  terre, 
mais  avec  un  point  situé  à  une  distance  de  ce 
centre  égal  au  septième  du  rayon  terrestre; 
il  en  déduisit,  par  le  calcul,  des  inclinai- 
sons, des  déclinaisons,  qui  s'accordaient 
avec  les  observations,  pour  un  petit  nombre 


de  lieux  seulement.    Sa  théorie  était  défec- 
tueuse pour  toutes  les  autres  localités. 

M.Hansteen  fit  plus,  il  substitua  à  l'ac- 
tion magnétique  de  la  terre  celle  de  deux 
aimants,  différents  totalement  déposition 
et  d'intensité.  Mais  lorsqu'il  voulut  comparev 
sa  théorie  avec  les  observations  faites  ee 
quatre-vingts  lieux  différents,  les  trois  été* 
ments  calculés  ne  s'accordèrent  que  six  fois 
avec  les  éléments  observés;  il  trouva  mêm^ 
dans  les  inclinaisons  des  différences  qui 
allaient  jusqu'à  13°. 

M.  Biot,  sans  avoir  connaissance  des  re- 
cherches analytiques  de  TobieJMayer ,  partit 
delà  même  hypothèse  que  lui,  et  parvint 
à  découvrir  la  loi  dont  nous  avons  déjà  parlé, 
entre  la  latitude  magnétique  d'un  point  et 
l'inclinaison  en  ce  point;  loi  qui  sert  au- 
jourd'hui dans  un  grand  nombre  de  circon- 
stances et  dont  voici  l'expression  :  La  tan- 
gente de  l'inclinaison  est  égale  au  double  de 
la  tangente  de  la  latitude  magnétique.  Voici 
les  circonstances  qui  l'ont  conduit  à  s'occu- 
per de  cette  question. 

M.  de  Humboldt,  à  son  retour  d'Améri- 
que ,  où  il  avait  /ait  plus  de  trois  cents  ob- 
servations sur  l'inclinaison  de  l'aiguille  ai- 
mantée et  sur  l'intensité  des  forces  magné- 
tiques ,  offrit  à  M.  Biot  de  réunir  ses  obser- 
vations ,  ainsi  que  celles  qu'il  avait  faites  en 
Europe  avant  son  départ,  à  celles  que  ce 
célèbre  physicien  avait  faites  dans  les  Alpes, 
afin  de  mettre  tous  les  faits  en  ordre,  et 
de  pouvoir  en  tirer  des  conséquences  utiles 
à  la  théorie  générale  du  magnétisme  terres- 
tre. Cette  proposition  ayant  été  acceptée, 
MM.  de  Humboldt  et  Biot  s'occupèrent  d'un 
travail  sur  les  variations  du  Magnétisme 
terrestre  à  différentes  latitudes. 

Pour  suivre  ce  résultat  général  avec  faci- 
lité, MM.  de  Humboldt  et  Biot  sont  partis 
d'un  terme  fixe,  et  ont  choisi  pour  cela  les 
points  où  l'inclinaison  de  l'aiguille  aiman- 
tée est  nulle,  parce  qu'ils  semblent  indi- 
quer les  lieux  où  les  actions  des  deux  hé- 
misphères sont  égales  entre  elles.  La  suite 
de  ces  points  forme ,  comme  on  l'a  déjà  vu, 
l'équateur  magnétique. 

Les  observations  recueilies  furent  parta- 
gées par  zones  parallèles  à  l'équateur,  afin 
de  faire  mieux  ressortir  l'accroissement  de 
l'intensité  à  partir  de  l'équateur ,  et  de  ren- 
dreladémonstrationindépendantedepciite 


MAG 

anomalies  qui,  étant  quelquefois  assez 
sensibles  et  assez  fréquentes ,  ne  pourraient 
être  attribuées  entièrement  aux  erreurs  des 
observations.  Il  paraissait,  en  effet,  plus 
naturel  de  les  attribuer  à  l'influence  de 
causes  locales.  A  l'appui  de  cette  opinion , 
M.  Biot  cite  un  fait  que  je  dois  mentionner. 
Dans  le  voyage  qu'il  fit  dans  les  Alpes,  il 
avait  emporté  avec  lui  l'aiguille  aimantée 
dont  il  s'était  servi  dans  une  ascension  aé- 
rostatique avec  M.  Gay-Lussac;  cette  ai- 
guille avait  une  tendance  plus  forte  à  reve- 
nir au  méridien  magnétique  dans  ces  mon- 
tagnes qu'à  Paris.  Les  résultats  suivants  ne 
laissent  aucun  doute  à  cet  égard. 

Nombre  des  oscillations 
en  io  h   de  temps. 

Paris,  avant  le  départ.     .     .     .  85,9 

Turin 87,2 

Sur  le  mont  Genèvre.      .     .     .  88,2 

Grenoble 87,4 

Lyou 87,3 

Genève •    «    •    •  86,5 

Dijon 84,5 

Paris,  au  reiour 83,9 

M.  de  Humboldt  a  observé  des  effets  ana- 
logues à  Perpignan  ,  au  pied  des  Pyrénées. 
Dans  les  exemples  que  je  viens  de  citer,  il 
n'a  nullement  été  tenu  compte  des  effets 
provenant  des  différences  de  température 
qui  influent  d'une  manière  sensible  sur  la 
durée  d'une  oscillation.  Nous  nous  bornons 
à  présenter  cette  observation,  afin  que  l'on 
n'admette  pas  sans  nouvel  examen  que 
l'action  des  Alpes  influe  sensiblement  sur 
l'intensité  des  forces  magnétiques. 

MM.  de  Humboldt  et  Biot  ont  été  con- 
duits à  considérer  l'intensitédu  magnétisme 
terrestre,  sur  les  différents  points  du  globe, 
comme  soumise  à  deux  sortes  d'influences; 
les  unes  dépendantes  de  la  situation  des 
lieux  par  rapport  à  l'équateur  magnétique, 
les  autres  dues  à  des  circonstances  locales. 

Passant  de  là  à  l'inclinaison  de  l'aiguille 
aimantée,  par  rapport  au  plan  horizontal , 
ils  ont  cherché  la  loi  à  laquelle  est  soumis 
un  accroissement  quand  on  s'éloigne  de  l'é- 
quateur magnétique. 

M.  Biot  a  commencé  par  déterminer  la 
position  de  l'équateur,  en  supposant  qu'il 
soit  un  grand  cercle  de  la  sphère  terrestre, 
puis  il  a  donné  la  forme  et  la  figure  de  cet 
équateur. 

Pour  utiliser  les  observations  sur  l'incli- 


MAG 


583 


naison  faites  par  M.  de  Humboldt  dans  le 
cours  de  son  voyage ,  les  longitudes  et  les 
latitudes  terrestres  ont  été  réduites  en  la- 
titudes et  longitudes  rapportées  à  l'équateur 
magnétique.  Pour  représenter  la  série  des 
inclinaisons  observées,  M.  Biot  est  parti  de 
l'hypothèse  qu'il  existait  sur  l'axe  de  l'équa- 
teur magnétique,  et  à  égale  distance  du 
centre  de  la  terre ,  deux  centres  de  force 
attractive,  l'un  austral  et  l'autre  boréal; 
puis  i!  a  calculé  les  faits  qui  devaient  ré- 
sulter de  l'action  de  ces  centres  sur  un  point 
quelconque  de  la  surface  de  la  terre,  en 
faisant  varier  leur  force  attractive  en  raison 
inverse  du  carré  de  la  distance;  il  a  obtenu 
ainsi  la  direction  de  la  résultante  de  leurs 
forces,  laquelle  devait  être  précisément 
celle  de  l'aiguille  aimantée  au  point  d'ob- 
servation. 

Par  là  M.  Biot  a  été  conduit  à  des  équa- 
tions qui  déterminent  la  direction  de  l'ai- 
guille aimantée  relativement  à  un  point 
dont  on  connaît  la  distance  à  l'équateur 
magnétique,  direction  dépendante  d'une 
quantité  qui  exprime  la  distance  des  centres 
magnétiques  au  centre  de  la  terre ,  cette 
distance  étant  exprimée,  bien  entendu,  en 
parties  du  rayon  terrestre  ;  cette  quantité  a 
été  déterminée  par  les  observations.  En 
examinant  ce  qui  arriverait  en  lui  donnant 
successivement  diverses  valeurs,  M.  Biot 
a  déduit  de  son  analyse  qu'en  général  les 
résultats  approchent  de  plus  en  plus  de  la 
vérité  à  mesure  que  les  deux  centres  d'ac- 
tion de  la  force  magnétique  approchent 
davantage  du  centre  de  la  terre.  M.  Biot, 
en  calculant,  d'après  la  formule  basée  sur 
cette  hypothèse,  les  inclinaisons  à  diffé- 
rentes latitudes,  a  trouvé  les  mêmes  nom- 
bres que  M.  de  Humboldt  avait  obtenus 
dans  ses  observations  en  Europe  et  en  Amé- 
rique, à  quelques  différences  près,  cepen- 
dant. La  marche  de  ces  différences  montre 
que  les  nombres  donnés  par  le  calcul  sont 
un  peu  trop  faibles,  en  Amérique  ,  pour  les 
basses  latitudes  ,  et  un  peu  trop  forts  pou» 
les  latitudes  élevées.  M.  Biot  a  cherché  aussi 
si  l'hypothèse  d'où  il  était  parti,  et  qui  lui 
avait  servi  à  représenter  les  inclinaisons  de 
la  boussole,  ne  pourrait  pas  s'appliquer 
aux  intensités  de  M.  de  Humboldt;  mais  il 
a  reconnu  qu'elle  ne  pouvait  satisfaire  à 
celte  application. 


534 


MAG 


MAG 


SuivantM.  Biot,  la  loi  des  tangentes,  qui  est 
très  simple,  a  besoin  d'être  modifiée  quand 
on  considère  les  points  du  globe  qui  sont  in- 
fluencés par  les  inflexions  de  l'équateur  ma- 
gnétique. En  essayant  d'appliquer  le  rap- 
port des  tangentes  à  quelques  unes  des  îles 
australes  de  la  mer  du  Sud ,  telles  que 
O-Taïti,  où  Cook  a  souvent  observé, 
M.  Biot  a  trouvé  des  inclinaisons  beaucoup 
trop  fortes ,  tandis  qu'elles  sont  plus  faibles 
pour  les  lieux  situés  au  nord  de  l'Amérique, 
à  peu  près  sous  la  même  longitude.  11  a  at- 
tribué ces  écarts  à  l'inflexion  de  l'équateur 
magnétique  vers  le  pôle  austral.  La  formule 
ne  peut  non  plus  être  appliquée,  par  la 
même  raison ,  aux  observations  faites  dans 
l'Inde. 

Pour  expliquer  les  écarts  de  la  loi  des 
tangentes,  M.  Biot  pense  qu'il  faut  admettre 
que,  dans  les  archipels  de  la  mer  du  Sud,  il 
existe  un  centre  d'action  qui  influe  particu- 
lièrement dans  cet  hémisphère,  et  cause 
ainsi  des  perturbations  dans  la  marche  des 
inclinaisons.  Au  moyen  de  cette  supposition, 
et  en  n'accordant  qu'une  force  très  faible  à 
ce  centre  particulier  d'action ,  M.  Biot  a 
trouvé  que  les  résultats  de  l'observation 
s'accordent  avec  ceux  déduits  du  calcul. 
D'après  cette  manière  de  voir,  il  faudrait 
supposer  des  centres  d'action  dans  tous  les 
endroits  du  globe  où  la  loi  des  tangentes 
est  en  défaut;  ce  quicompliqueraitbeaucoup 
la  question  théorique  du  magnétisme  ter- 
restre. 

Avant  de  calculer  les  effets  de  ces  centres 
d'action  particuliers  ,  M.  Biot  veut  qu'on  les 
détermine  par  l'observation  avec  une  grande 
précision.  Abstraction  faite  de  toute  hypo- 
thèse sur  la  nature  et  la  cause  du  magné- 
tisme terrestre,  ces  centres  d'action  ne  sont 
que  des  causes  d'attraction  locale  ,  qui  mo- 
difient la  résultante  des  forces  magnétiques 
terrestres. 

MM.  Poisson  et  Gauss  ont  donné  chacun 
une  théorie  mathématique  du  magnétisme. 
Le  premier  s'est  proposé  de  déterminer  en 
grandeur  et  en  direction  la  résultante  des  at- 
tractions ou  répulsions  exercées  par  tous  les 
éléments  magnétiques  d'un  corps  aimanté, 
de  forme  quelconque  ,  sur  un  corps  pris  à 
l'extérieur  ou  dans  son  intérieur.  Envisa- 
geant la  question  sous  un  point  de  vue  gé- 
néral ,  il  n'a  point  cherché  à  faire  une  ap- 


plication directe  de  sa  théorie  aux  effets  du 
magnétisme  terrestre,  de  manière  à  pouvoir 
comparer  les  résultats  de  l'observation  avec 
ceux  de  l'analyse. 

M.  Gauss  a  fait  plus ,  il  a  donné  une 
théone  mathématique  des  phénomènes  ma- 
gnétiques terrestres;  il  a  commencé  par 
faire  observer  que  la  représentation  gra- 
phique des  lignes  magnétiques,  c'est-à-dire 
des  lignes  d'égale  déclinaison  et  d'égale 
intensité,  ne  devait  être  considérée  que 
comme  un  premier  pas  vers  la  grande  ques- 
tion du  magnétisme  terrestre.  Sa  théorie 
est  indépendante  de  toute  hypothèse,  sur 
la  distribution  du  fluide  magnétique  dans 
l'intérieur  de  la  terre.  Les  premiers  résul- 
tats qu'il  en  a  déduits  ne  sont  pas  consi- 
dérés par  lui  comme  complets ,  mais  seu- 
lement comme  devant  servir  de  guide  aux 
géomètres  qui  s'occuperont  de  nouveau  de 
cette  question.  Supposons  que  la  cause  qui 
agit  sur  l'aiguille  aimantée  quelle  qu'elle 
soit  ait  son  siège  dans  le  sein  de  la  terre, 
la  force  magnétique  terrestre  sera  celle  qui , 
en  chaque  lieu,  dirige  une  aiguille  sus- 
pendue par  son  centre  de  gravité  et  sous- 
traite à  l'influence  de  toute  action  étran- 
gère, magnétique  ou  électro-magnétique. 
Quant  aux  variations  diurnes,  régulières 
ou  irrégulières,  auxquelles  cette  aiguille 
est  soumise  ,  M.  Gauss  pense,  comme  beau- 
coup de  physiciens,  que  cette  cause  est 
étrangère  au  globe  terrestre.  Ces  variations 
sont,  en  tout  cas,  très  faibles,  comparées  à 
la  force  magnétiqueellemême.  lien  résulte 
que  cette  dernière  force  est  réellement  une 
action  exercée  par  le  globe  terrestre  ;  d'après 
cela ,  quand  il  s'agira  d'évaluer  cette  force, 
il  ne  faudra  employer  évidemment  que  des 
moyennes  prises  entre  des  observations  très 
nombreuses  ,  afin  de  les  rendre  indépen- 
dantes des  anomalies  et  des  perturbations 
particulières.  On  conçoit,  en  effet ,  que  si 
l'on  ne  suivait  pas  cette  marche,  les  faits 
présenteraient  une  différence  entre  le  calcul 
et  l'observation. 

Les  recherches  analytiques  de  M.  Gauss 
reposent  sur  cette  hypothèse  fondamentale, 
que  l'action  magnétique  du  globe  est  la  ré- 
sultante des  actions  de  toutes  les  parties  ma- 
gnétiques renfermées  dans  sa  masse  ;  qu'un 
aimant  naturel  est  un  corps  dans  lequel  les 
deux  fluides  sont  séparés  ;  que  les  attraction» 


MAG 


MAG 


585 


et  les  répulsions  magnétiques  s'exercent  en 
raison  inverse  du  carré  de  la  distance.  On 
arriverait  aux  mêmes  résultats  analytiques, 
si  l'on  substituait  à  cette  hypothèse  celle  de 
M.  Ampère,  qui  consiste  à  regarder  les 
forces  magnétiques  existantes  dans  un  ai- 
mant, comme  dues  à  des  courants  électri- 
ques, circulant  autour  des  molécules,  dans 
des  plans  perpendiculaires  à  l'axe  de  ces  ai- 
mants. On  pourrait  même,  si  l'on  voulait, 
adopter  une  hypothèse  miite,  et  considérer 
les  forces  magnétiques  terrestre?  comme  pro- 
duites en  partie  par  la  séparation  des  flui- 
des magnétiques,  en  partie  par  des  courants, 
attendu  qu'il  est  toujours  possible  de  sub- 
stituer à  un  courant  donné  une  certaine 
quantité  de  fluides  séparés,  distribués  sur 
une  surface  déterminée  et  qui  produisent 
sur  tous  les  points  environnants  le  même 
effet  que  le  courant  aurait  pu  faire  naître. 

Opinions  émises  touchant  la  cause  probable 
des  phénomènes  magnétiques  terrestres. 

On  ne  doit  pas  se  borner  à  donner  une 
théorie  des  phénomènes  magnétiques  du 
globe;  il  faut  encore  tâcher  d'en  découvrir 
la  cause.  Gilbert  est  le  premier  qui  ait  avancé 
que  la  terre  était  un  aimant  puissant  dont 
l'axe  coïncidait  sensiblement  avec  l'axe  ter- 
restre. D'après  cette  hypothèse,  les  deux 
pôles  magnétiques  seraient  à  peu  de  distance 
des  pôles  de  la  terre. 

M.  Hansteen  a  cherché  à  prouver  qu'il 
devait  y  avoir  un  second  pôle  magnétique 
dans  les  régions  boréales,  sans  lequel  on  ne 
pouvait  rendre  compte  de  tous  les  phénomè- 
nes magnétiques  observés.  Il  faudrait  donc 
admettre  qu'un  second  aimant  traversât  le 
globe  dans  la  direction  d'un  diamètre  dont 
le  pôle  coïnciderait  avec  le  pôle  magnétique 
de  Sibérie. 

M.  Barlow  a  émis  l'opinion  que  le  Ma- 
gnétisme de  la  terre  ne  serait  pas  celui  d'un 
aimant,  mais  bien  celui  d'une  sphère  de  fer 
aimantée  par  induction. 

Il  existe  une  très  grande  différence  entre 
ces  deux  états  magnétiques:  dans  les  aimants 
ordinaires,  les  centres  d'actions  ou  pôles  sont 
placés  à  peu  de  distance  de  leur  extrémité, 
tandis  que  dans  les  masses  de  fer  creuses  ou 
solides,  régulières  ou  non,  les  centres  d'ac- 
tion coïncident  toujours  avec  le  centre  d'ac- 
tion de  la  surface  de  la  masse. 

T.  VII. 


Quelles  que  soient  les  bases  d'où  l'on  parte 
pour  expliquer  ces  phénomènes,  on  se  de- 
mande en  vertu  de  quelle  cause  la  terre  est 
magnétique.  Voici  comment  M.  Hansteen  a 
répondu  à  cette  question  :  Cette  cause  existe 
dans  le  soleil  ,  source  de  toute  activité; 
cette  conjecture  acquiert  plus  de  probabilité, 
quand  on  la  rapproche  des  variations  diurnes 
de  l'aiguille.  D'après  ce  principe ,  le  soleil 
possède  un  ou  plusieurs  axes  magnétiques, 
qui,  en  distribuant  la  force,  occasionnent 
une  différence  magnétique  dans  la  terre,  la 
lune  et  toutes  les  planètes  dont  la  structure 
interne  admet  une  différence  semblable. 
Cependant,  en  adoptant  cette  hypothèse,  la 
principale  difficulté  ne  paraît  pas  vaincue, 
mais  seulement  éloignée  ;  car  on  est  en  droit 
de  demander  avec  raison  d'où  le  soleil  tire 
sa  force  magnétique  ;  et  si,  du  soleil,  on  a 
recours  à  un  soleil  central,  et  de  celui-ci  à 
une  direction  magnétique  générale,  on  ne 
fait  qu'allonger  une  chaîne  sans  fin,  dont 
chaque  anneau  est  suspendu  au  précédent 
sans  qu'aucun  d'eux  repose  sur  une  base 
quelconque. 

M.  Barlow  a  cherché  à  prouver  que  le 
Magnétisme  pourrait  bien  avoir  une  origine 
électrique,  c'est-à-dire  être  attribué  à  l'ac- 
tion de  courants  électriques  circulant  au- 
tour du  globe,  comme  M.  Ampère  l'avait 
supposé. 

Ayant  prouvé  que  le  pouvoir  magnétique 
d'une  sphère  de  fer  réside  seulement  à  sa 
surface,  il  conçut  l'idée  de  distribuer  sur  la 
surface  d'un  globe  artificiel  une  série  de 
courants  électriques  disposés  de  manière 
que  leur  action  tangentielle  pût  donner 
partout  à  l'aiguille  une  direction  correspon- 
dante; l'expérience  vint  confirmer  ses  pré- 
visions: ce  globe  produisit  sur  une  aiguille 
aimantée,  soustraite  à  l'influence  terrestre 
et  placée  dans  diverses  positions  ,  le  même 
genre  d'action  que  la  terre  lui  imprimait 
dans  des  dispositions  analogues. 

M.  Barlow  ,  en  rendant  compte  de  cette 
expérience  intéressante,  fait  remarquer  qu'il 
résulte  des  lois  obtenues  par  M.  Biot  que, 
ni  la  position  d'un  seul  aimant,  ni  l'arran- 
gement de  plusieursaimantsdans  l'intérieur 
du  globe,  ne  pourraient  produire  les  mêmes 
phénomènes  en  rapport  avec  l'intensité  de 
l'aiguille.  Ces  faits  tendraient  donc  à  dé- 
montrer que  les  phénomènes  magnétiques 
74 


5SG 


IUAG 


MAG 


terrestres  pourraient  être  attribués  à  de  l'é- 
lectricité en  mouvement. 

M.  Barlow  ne  s'est  pas  dissimulé  les 
difficultés  que  l'on  rencontre  à  expliquer 
l'existence  de  courants  électriques  à  la  sur- 
face du  globe;  mettant  de  côté  les  courants 
ayant  une  origine  voltaïque,  dont  la  pro- 
duction serait  difficile  à  concevoir,  il  a  donné 
la  préférence  à  des  courants  thermo-électri- 
ques  dus  à  l'influence  solaire. 

Si  l'on  part  de  l'hypothèse  que  le  Magné- 
tisme terrestre  est  dû  à  des  courants  thermo- 
électriques qui  circulent  continuellement 
autour  de  la  surface  de  la  terre,  on  se  de- 
mande sur-le-champ  en  quoi  consiste  l'ap- 
pareil thermo-électrique  que  le  soleil  met 
en  action.  Si  la  chaleur  solaire  pouvait  con- 
duire des  courants  dans  les  matières  qui 
forment  la  couche  superficielle  du  globe, 
toutes  les  difGcultés  seraient  levées;  mais  il 
n'en  est  pas  ainsi  :  en  effet,  on  sait  qu'une 
différence  de  température  entre  deux  substan- 
ces métalliques  en  contact,  formant  un  cir- 
cuit fermé,  suffit  pour  mettre  en  mouvement 
le  fluide  électrique  dans  ce  circuit.  On  peut 
également  produire  des  courants  dans  un 
barreau  de  bismuth,  d'antimoine  ou  de  zinc, 
dont  toutes  les  parties  n'ont  pas  la  même 
température;  mais  ces  corps  sont  conduc- 
teurs de  l'électricité ,  car  jusqu'ici  on  n'a 
pu  réussir  à  l'obtenir  dans  les  fragments  de 
roche  ou  autres  subtances  qui  composent  la 
croûte  superficielle  de  notre  globe,  en  raison 
de  leur  mauvaise  conductibilité.  D'après  cela, 
il  est  difficile  de  concevoir  l'existence  de 
courants  électriques  à  la  surface  du  globe 
par  suite  de  l'action  solaire.  La  difficulté 
était  la  même  quand  on  a  voulu  établir  que 
le  Magnétisme  terrestre  provenait  de  la  dif- 
férence de  température  entre  le  noyau  cen- 
tral de  la  terre  et  la  croûte  superficielle,  qui 
est  dans  un  état  de  refroidissement. 

Nous  sommes  disposé  néanmoins  à  ad- 
mettre que  les  variations  diurnes  et  annuel- 
les de  l'aiguille  aimantée  sont  dues  à  la  pré- 
sence du  soleil  au-dessus  de  l'horizon  ;  on 
est  porté  à  croire  que  toutes  les  parties  ma- 
térielles de  la  terre  sont  douées  de  Magné- 
tisme, et  que  ce  Magnétisme  éprouve  des 
variations  selon  que  les  parties  participent 
aux  influences  calorifiques  de  l'atmosphère 
par  suite  de  la  présence  ou  de  l'absence  du 
soleil  au-dessus  de  l'horizon.  Nous  savons, 


en  effet,  que  la  chaleur  modifie  le  Magné- 
tisme des  métaux  qui  en  sont  doués;  que  le 
refroidissement  augmente  son  intensité, 
tandis  que  réchauffement  la  diminue:  or, 
comme  toutes  les  parties  de  la  terre  parais- 
sent posséder  un  Magnétisme  propre,  on 
peut  supposer  raisonnablement  que  ce  Ma- 
gnétisme subit  les  mêmes  modifications  que 
les  corps  conducteurs  par  l'effet  de  réchauf- 
fement et  du  refroidissement;  de  sorte  que 
les  effets  peuvent  être  les  mêmes  que  s'il 
existait  des  courants  thermo-électriques  à  la 
surface  du  globe. 

Examinons  actuellement  la  question  rela- 
tive à  l'existence  des  courants  hydro-électri- 
ques terrestres,  comme  cause  principale  ou 
perturbatrice  du  Magnétisme  de  la  terre. 
M.  Ampère  supposait  qu'il  existait  dans  l'in- 
térieur du  globe  des  courants  électriques 
dirigés  de  l'est  à  l'ouest,  provenant  de  ce 
que  son  noyau  est  formé  d'un  bain  métalli- 
que recouvert  d'une  croûte  lui  servant  d'en- 
veloppe. L'eau  et  autres  agents,  arrivant  sur 
la  couche  non  oxydée  de  ce  noyau,  y  produi- 
sent des  actions  chimiques  ,  causes  de  ces 
courants.  On  ne  voit  pas,  il  faut  l'avouer, 
comment  de  semblables  réactions  pourraient 
produire  des  courants  électriques  dirigés  de 
l'est  à  l'ouest.  Il  ne  suffit  pas,  en  effet,  pour 
qu'il  y  ait  courant,  qu'un  corps  réagisse  chi- 
miquement sur  un  autre,  il  faut  encore  que 
ces  deux  corps  soienten  communication  avec 
un  troisième  également  conducteur.  Or,  dans 
le  cas  actuel,  il  est  facile  de  prouver  que 
tous  les  courants  produits  de  cette  manière 
ne  sauraient  avoir  une  direction  déterminée 
de  l'est  à  l'ouest.  En  effet ,  on  admet  aujour- 
d'hui généralement  que  la  terre,  dans  l'ori- 
gine ,  était  primitivement  à  l'état  gazeux, 
c'est-à-dire  que  toutes  les  substances  solides 
qui  la  composent  se  trouvaient  disséminées 
dans  un  espace  beaucoup  plus  étendu  que 
celui  qu'elle  occupe  aujourd'hui.  Par  suite 
d'un  rayonnement  dans  les  espaces  célestes, 
la  température  de  cet  amas  de  vapeur  se  sera 
successivement  abaissée,  les  corps  les  plus 
réfractaires  se  seront  refroidis  les  premiers, 
puis  ceux  qui  l'étaient  moins.  Les  réactions 
chimiques  qui  avaient  lieu  entre  les  couches 
de  nature  contraire,  et  qui  se  déposaient  suc- 
cessivement, devaient  être  accompagnées  de 
puissants  effets  électriques;  toutes  les  fois 
que  quelques  unes  des  substances  formées 


MAG 


MAG 


587 


n'entraieut  pas  en  vapeur,  il  y  avait  recom- 
position immédiate  des  deux  électricités  dé- 
gagées, dans  les  points  mêmes  où  la  réaction 
chimique  s'effectuait;  mais  lorsque  plu- 
sieurs de  ces  substances,  ou  môme  l'une 
d'elles,  se  gazéQaient,  elles  emportaient  avec 
elles  l'une  des  deux  électricités  dégagées. 
La  foudre  devait  alors  sillonner  conti- 
nuellement les  amas  de  vapeurs  qui  entou- 
raient le  noyau  primitif,  comme  les  éruptions 
volcaniques  nous  en  offrent  aujourd'hui  un 
exemple.  Il  résulterait  de  là  que,  dans  les 
premiers  âges  du  monde,  les  courants  élec- 
triques devaient  être  peu  sensibles,  parce 
que  les  deux  électricités  dégagées  ne  trou- 
vaient pas  de  corps  intermédiaires  pour  ser- 
vir à  leur  recomposition  ,  et  produire  ainsi 
des  courants.  Mais,  dès  l'instant  que  deux 
couches  contiguès  n'exerçant  aucune  action 
l'une  sur  l'autre  ont  été  recouvertes  par  une 
troisième  qui  pénétrait,  par  des  fissures, 
jusqu'à  l'une  des  deux  autres,  sur  laquelle 
elle  réagissait,  il  a  dû  se  produire  des  cou- 
rants électriques  toutes  les  fois  que  ces  dif- 
férents dépôts  étaient  conducteurs  de  l'é- 
lectricité, comme,  suivant  toute  probabilité, 
devaient  l'être  les  substances  en  contact 
avec  le  noyau.  De  semblables  effets  ont  dû 
avoir  lieu  quand  ,  par  suite  du  boursoufle- 
ment de  la  croûte  et  de  son  refroidissement, 
des  vides  se  sont  formés  entre  les  diverses 
couches  déjà  déposées;  ces  vides,  donnant 
passage  à  des  liquides  qui  réagissaient  sur 
les  substances  dont  ces  couches  étaient  com- 
posées, servaient  à  la  circulation  des  cou- 
rants électriques.  De  nos  jours  ,  nous  avons 
des  exemples  de  cette  communication  entre 
l'intérieur  de  la  terre  et  sa  surface  :  en  effet, 
dans  toutes  les  régions  volcaniques,  les  eaux 
de  la  mer  s'infiltrent  par  de  nombreuses 
fissures  jusqu'au  point  où  se  trouvent  les 
métaux,  des  terres  et  des  alcalis,  ou  leurs 
chlorures ,  sur  lesquels  elles  réagissent;  du 
moins  ,  c'est  une  supposition  assez  admis- 
sible. Il  résulte  de  là  des  effets  électriques 
tels  que  les  métaux  prennent  l'électricité 
négative  ;  la  vapeur  d'eau,  due  à  la  grande 
quantité  de  chaleur  produite  dans  ces  réac- 
tions ,  et  les  gaz  s'emparant  de  l'électricité 
positive  ,  une  partie  de  cette  dernière  se 
rend  dans  l'atmosphère  avec  les  déjections 
volcaniques,  et  sa  présence  nous  est  rendue 
sensible  par  la  foudre  qui  sillonne  dans  tous 


les  sens  l'amas  de  fumée  et  de  matières  pul- 
vérulentes qui  sortent  par  le  cratère;  l'au- 
tre partie  tend  à  se  combiner  avec  l'électri- 
cité négative  des  bases  qui  établissent  la 
communication  entre  les  métaux  ou  leurs 
chlorures,  et  les  substances  solides ,  liqui- 
des ou  gazeuses,  qui  remplissent  les  fissu- 
res. Dès  lors,  on  conçoit  qu'il  doit  circuler 
dans  l'intérieur  de  la  terre,  en  toutes  sortes 
de  directions  ,  une  foule  de  courants  élec- 
triques partiels  qui  certainement  peuven 
agir  sur  l'aiguille  aimantée.  Mais  dire  qu( 
la  résultante  de  tous  les  courants  est  la 
cause  du  Magnétisme  terrestre,  c'est  avan- 
cer un  fait  peu  probable  ,  attendu  que  les 
courants  partiels  changeant  continuellement 
de  direction  ,  leurs  résultantes  doivent  par- 
ticiper à  ces  mutations. 

Voyons  jusqu'à  quel  point  les  courants 
dans  les  grandes  mers exercentune influence 
sur  la  direction  de  l'aiguille  aimantée.  Nul 
doute  que  le  mélange  de  l'eau  chaude  avec 
l'eau  froide  ne  produise  des  effets  électri- 
ques ;  mais,  pour  qu'il  en  résultât  des  cou- 
rants électriques,  il  faudrait  que  l'eau  froide 
qui  traverse  l'eau  chaude ,  comme  nous  en 
avons  un  exemple  dans  la  mer  Pacifique,  où 
un  courant  d'eau  froide  vient  se  briser  sur 
les  côtes  du  Chili ,  et  se  partage  en  deux 
autres,  l'un  qui  remonte  vers  les  régions 
équatoriales,  l'autre  qui  descend  vers  le 
cap  Horn;  il  faudrait,  dis-je,  que  les  élec- 
tricités dégagées  par  le  mélange  pussent 
trouver  un  corps  intermédiaire  capable  de 
leur  livrer  passage.  Nous  ne  voyons  dans  les 
eaux  de  la  mer  que  les  substances  qu'elles 
tiennent  en  dissolution,  ou  qui  s'y  trouvent 
en  suspension  ,  qui  puissent  servir  à  la  re- 
composition des  deux  électricités  ;  mais  il 
résulterait  de  là  une  foule  de  petits  courants 
partiels  dirigés  dans  tous  les  sens ,  et  dont 
la  résultante  changerait  à  chaque  instant, 
en  raison  du  mouvement  des  eaux.  Nous  ne 
chercherons  pas  à  examiner  jusqu'à  quel 
point  est  fondée  l'ancienne  hypothèse,  qui 
admet  que  le  Magnétisme  terrestre  est  l'effet 
de  matières  magnétiques  ou  ferrugineuses 
disséminées  à  travers  la  masse  de  la  terre, 
attendu  que  les  faits  manquent  également 
pour  donner  à  cette  hypothèse  l'apparence 
d'une  vérité.  On  ne  saurait  admettre  non 
plus  l'hypothèse  qui  place  la  cause  des  phé- 
nomènes dans  l'atmosphère  :  la  présenco 


5b8 


MAG 


MAG 


d'électricité  et  les  variations  qu'elle  éprouve 
dans  l'espace  de  vingt-quatre  heures  ne  sau- 
raient servir  de  base  à  cette  hypothèse,  ainsi 
que  la  présence  des  métaux  et  du  fer.  Ainsi, 
jusqu'à  présent  il  n'y  a  pas  d'hypothèse  qui 
puisse  nous  faire  concevoir,  d'une  manière 
plausible ,  à  quelle  cause  le  globe  terrestre 
doit  sa  faculté  magnétique.    (Becquerel.) 

MAGNOLIA,  bot.  ph.  —  Voy.  magno- 
lier. 

MAGNOLIACÉES.  Magnoliaceœ.  bot. 
ph.  —  Famille  de  plantes  dicotylédonées, 
polype  taies,  hypogynes,  ainsi  caractérisée  : 
Calice  composé  de  3  ,  plus  rarement  de  6,4 
ou  2  folioles,  souvent  de  la  même  appa- 
rence que  les  pétales ,  à  préfloraison  le  plus 
ordinairement  convolutive.  Pétales  en  nom- 
bre double  ou  plus  grand ,  insérés  sur  plu- 
sieurs rangs  à  la  base  d'un  axe  qui  porte 
toutes  les  parties  de  la  fleur,  s'enveloppent 
de  dehors  en  dedans  comme  les  folioles  cali- 
cinales.  Étamines  en  nombre  indéfini,  insé- 
rées en  spirale  sur  ce  même  axe  un  peu  plus 
haut,  dont  les  filets,  ordinairement  courts 
et  élargis,  portent  adossées  sur  leur  côté  ou 
leur  face  antérieure ,  les  deux  loges,  le  plus 
souvent  linéaires,  de  l'anthères'ouvrant  par 
une  fente  longitudinale.  Ovaires  le  plus  sou- 
vent en  nombre  indéfini  et  s'insèrent  sui- 
vant une  série  également  spirale  vers  le 
sommet  de  l'axe,  sessiles  ou  stipités  ,  dis- 
tincts ou  soudés  en  partie ,  d'autres  fois  ré- 
duits à  un  nombre  défini ,  et  même  très 
rarement  à  l'unité,  quelquefois  verticillés 
au  sommet  de  l'axe ,  dans  tous  les  cas  uni- 
loculaires  avec  deux  ou  plusieurs  ovules 
anatropes  insérés  à  l'angle  interne,  très  ra- 
rement avec  un  seul  dressé,  continués  cha- 
cun alors  souvent  en  un  style  dont  le  som- 
met du  côté  interne  est  tapissé  par  un  stig- 
mate papilleux.  Le  fruit  varie  comme  le  pis- 
til, etsescarpelles,  lorsqu'ils  sont  nombreux, 
lui  donnent  souvent  l'apparence  d'un  cône 
ou  strobile.  Us  s'ouvrent  en  deux  valves  ou 
restent  indéhiscents  ,  et  leur  consistance 
capsulaire,  ou  coriace,  ou  ligneuse,  ou 
même  quelquefois  charnue,  varie  suivant  les 
espèces.  Les  graines  sont  sessiles,  ou  quelque- 
fois pendent  hors  du  fruit  à  l'extrémité  d'un 
long  funicule;  en  dehors  "de  leur  test  crus- 
tacé ,  elles  présentent  le  plus  souvent  une 
enveloppe  charnue  qui  manque  d'autres  fois; 
en  dedans  un  gros  périsperme  charnu,  lisse  ; 


à  la  surface  de  celui-ci ,  du  côté  du  hile,  un 
petit  embryon  droit ,  à  cotylédons  extrême- 
ment courts.  Les  Magnoliacées  sont  des  ar- 
bres ou  des  arbrisseaux  souvent  remarqua- 
bles par  leur  élégance ,  pénétrés  dans  toutes 
leurs  parties ,  mais  surtout  dans  leur  écorce 
et  leur  fruit,  d'un  principe  acre  aromati- 
que et  amer.  Leurs  feuilles  sont  alternes, 
simples  ,  coriaces  ,  très  entières  ou  très  ra- 
rement lobées ,  souvent  parsemées  de  petits 
points  transparents,  enroulées  dans  le  bour- 
geon ,  qu'enveloppe  à  l'extrémité  du  rameau 
une  double  stipule  allongée  en  cornet  ren- 
versé, tombant  plus  tard,  d'autres  fois  ré- 
duite à  une  écaille  ou  même  manquant  tout- 
à-fait.  Les  fleurs,  souvent  extrêmementgran- 
des,  odorantes,  blanches  ou  mêlées  de  teintes 
rougeâtres ,  jaunâtres  ou  verdâtres,  sont 
axillaires  ou  terminales ,  solitaires  ou  plus 
rarement  groupées  en  grappes  ou  en  fais- 
ceaux ,  enveloppées  chacune  dans  le  prin- 
cipe par  une  large  bractée  enroulée  en  forme 
de  spathe.  Leur  beauté  en  fait  cultiver  plu- 
sieurs dans  nos  parcs  et  nos  jardins  ;  car 
beaucoup  appartiennent  aux  régions  chau- 
des-tempérées, notamment  à  l'Amérique 
septentrionale,  où  elles  forment  un  trait  ca- 
ractéristique de  la  végétation.  Elles  sont  plus 
rares  dans  la  méridionale,  à  la  Nouvelle- 
Hollande  ,  à  la  Nouvelle-Zélande ,  au  Japon  ; 
mais  abondent  sous  les  tropiques,  dans  les 
deux  continents.  Plusieurs  espèces  sont  em- 
ployées dans  les  pays  où  elles  naissent ,  à 
cause  de  leurs  principes  excitants  et  aro- 
matiques ,  et  le  commerce  en  apporte  chez 
nous  diverses  parties,  comme  l'écorce  de 
divers  Drimys,  vulgairement  connue  sous  le 
nom  d'Écorce  de  Winter,  et  les  fruits  de  la 
Badiane  ou  Illicium ,  qui  le  sont  sous  celui 
d'unis  étoile. 

GENRES. 

Tribu  I.  —  Magnoliées. 

Carpelles  disposés  comme  en  épi  sur 
l'axe.  Feuilles  non  ou  à  peine  ponctuées. 

Talauma,  J.  (Blumia,  Nées).  —  Aroma- 
dendrum,  Blum.  —  Magnolia,  L.  (Gwilli- 
miat  Rott.  —  Liriopsis,  Yulania,  Tulipas- 
trum  et  Lirianthe  ,  Spach).  —  Manglietia  , 
Blum.  —  Michelia,  L.  (Champaca ,  Rheed. 
—  Sampaca,  Rumph.).  —  Liriodendron9 
L.  {Tulipifera,  Herm.). 


MAG 


MAG 


589 


Tribu  II.  —  Illiciées. 

Carpelles  verticillés.  Feuilles  parsemées 
de  points  transparents. 

Tasmannia,  R.  Br.  —  Drimysy  Forst. 
(Wintera  ,  Murr.  —  Winterana  ,  Sol.  — 
Magallana,  Comm.  —  Canella,  Domb. — 
Boique,  Molina).  —  Illicium,  L.  (Skimmi, 
Kaempf.  —  Badianifera,  L.  —  Cymboste- 
mon,  Spach.) 

A  la  suite  on  place  encore  le  genre  Tro- 
chodendron,  Siebold,  quoique  à  fleur  nue 
et  à  capsule  5-8-locuIaire.  (Ad.  J.) 

MAGNOLIÉES.  Magnolieœ.  bot.  ph.  — 
Ce  nom ,  réservé  aujourd'hui  à  une  tribu 
des  Magnoliacées,  a  été  donné  par  quelques 
auteurs  à  la  famille  entière.         (Ad.  J.) 

MAGNOLIER.  Magnolia  (du  nom  du 
botaniste  français  Magnol).  bot.  ph. —  Ma- 
gnifique genre  de  la  famille  des  Magnolia- 
cées, sous-ordre  des  Magnoliées,  de  la  po- 
lyandrie-polygynie  dans  le  système  sexuel  de 
Linné.  Il  se  compose  d'arbres  tous  remar- 
quables par  la  beauté  de  leur  feuillage  et  de 
leurs  fleurs,  dont  les  uns  habitent  les  par- 
ties chaudes  de  l'Amérique  septentrionale , 
dont  les  autres  croissent  spontanément  dans 
l'Asie  tropicale.  Leurs  feuilles  sont  alternes, 
entières,  accompagnées  de  deux  stipules  qui, 
lorsque  la  feuille  est  encore  jeune  ,  lui  for- 
ment une  enveloppe  complète ,  mais  qui  se 
détachent  et  tombent  de  bonne  heure.  Leurs 
fleurs  sont  solitaires  à  l'extrémité  des  bran- 
ches, enveloppées,  dans  leur  jeunesse,  d'une 
ou  de  deux  bractées  très  fugaces  ;  elles  sont 
remarquables  par  leur  grandeur  et  souvent 
par  leur  odeur  suave.  Elles  présentent  les 
caractères  suivants  :  Calice  à  3  sépales  plus 
ou  moins  colorés;  corolle  formée  de  2-4 
verticillés,  chacun  à  trois  pétales  étalés 
ou  redressés  ;  étamines  nombreuses ,  hypo- 
gynes,  portées  sur  un  prolongement  du  ré- 
ceptacle ,  sur  lequel  elles  s'insèrent  selon 
des  lignes  spirales.  Ce  même  prolongement 
du  réceptacle  porte  à  sa  partie  supérieure 
un  grand  nombre  de  pistils  également  spi- 
rales, sessiles,  libres  et  distincts,  unilocu- 
laires,  contenant  cbacun  deux  ovules  super- 
posés. A  ces  fleurs  succède  une  sorte  de  cône 
formé  par  la  réunion  d'un  grand  nombre  de 
capsules  coriaces ,  s' ouvrant  par  leur  suture 
dorsale,  renfermant  deux  graines,  ou  une 
seule  par  suite  de  l'avortement  de  la  seconde, 
qui ,  à  la  déhiscence ,  restent  quelquefois 


suspendues  à  l'extrémité  d'un  long  funicule 
extensible  ;  ces  graines  sont  revêtues  d'un 
test  dur  et  rouge. 

La  beauté  du  feuillage  des  Magnoliers  et 
la  grandeur  de  leurs  fleurs  leur  donnent  le 
premier  rang  parmi  les  végétaux  d'orne- 
ment ;  aussi  le  nombre  de  ceux  qu'on  ren- 
contre fréquemment  aujourd'hui  dans  les 
jardins  et  les  parcs  est-il  déjà  grand  et  s'ac- 
croît-il tous  les  jours.  Nous  ne  pouvons  dès 
lors  nous  dispenser  de  faire  connaître  les 
plus  répandues  et  les  plus  belles  de  ces  es- 
pèces. 

A.  Magnoliastnm ,  DC. 

Espèces  toutes  de  l'Amérique  du  Nord; 
bouton  de  fleur  enveloppé  par  une  seule 
bractée  ;  anthères  extrorses  ;  ovaires  rap- 
prochés. 

1 .  Magnolier  a  grandes  fleurs  ,  Magnolia 
grandiflora  Linn.  Cette  magnifique  espèce, 
la  plus  répaudue  aujourd'hui  dans  nos  cul- 
tures ,  peut  être  regardée  comme  le  plus 
beau  des  végétaux  connus;  elle  réunit  en 
effet  la  majesté  du  port  à  la  beauté  du  feuil- 
lage ,  à  la  grandeur  et  à  l'abondance  des 
fleurs.  Dans  son  pays  natal ,  elle  s'élève  or- 
dinairement de  20  à  25  mètres  ;  quelquefois 
même  elle  atteint  jusqu'à  30  ou  35  mètres, 
avec  un  tronc  d'un  mètre  de  diamètre.  Ce 
tronc  est  droit,  uni ,  nu  dans  une  grande 
hauteur,  et  se  termine  par  une  belle  cime 
conique;  il  est  revêtu  d'une  écorce  lisse, 
grisâtre,  que  Michaux  compare  à  celle  du 
Hêtre.  Ses  feuilles  sont  persistantes ,  gran- 
des, ovales-oblongues ,  coriaces,  luisantes 
en  dessus ,  souvent  de  couleur  ferrugineuse 
en  dessous.  La  ressemblance  assez  marquée 
de  ses  feuilles  avec  celles  du  Laurier-Aman- 
dier lui  a  fait  donner,  en  Amérique  ,  le 
nom  de  Big  Laurel  {Grand  Laurier).  Les 
fleurs  sont  d'un  blanc  pur,  de  16  à  25  cen- 
timètres de  diamètre,  d'une  odeur  agréable, 
mais  très  forte;  en  Amérique,  elles  parais- 
sent en  mai ,  et  continuent  à  se  succéder 
jusqu'en  automne;  sur  les  individus  isolés, 
elles  se  développent  en  très  grand  nombre, 
et  rien  ne  pourrait  alors,  dit-on,  dépeindre 
le  magnifique  effet  que  produisent  ces  ar-  j 
bres.  Ces  fleurs  présentent  9-12  pétales  j 
étalés.  Les  fruits  qui  leur  succèdent  forment  ' 
des  cônes  de  12  centimètres  de  long.  Dans 
son  pays  natal,  le  Magnolier  à  grandes  fleurs 


590 


MAG 


croît  dans  les  lieux  frais  etomDragés,  dont 
le  sol,  de  couleur  brune,  meuble  et  pro- 
fond, est  d'une  grande  fertilité.  Presque 
toujours  il  y  est  accompagné  par  le  Magno- 
lier  parasol.  Dans  nos  climats,  il  réussit 
surtout  dans  une  terre  franche,  proronde, 
substantielle  et  à  une  exposition  abritée 
contre  les  vents  du  nord-est.  Au  reste,  il 
pousse  très  bien  en  pleine  terre,  même  sous 
Te  climat  de  Paris  ,  mais  surtout  dans  le 
midi  de  la  France  et  dans  le  nord  et  le  mi- 
lieu de  l'Italie  ;  dans  les  parties  méridionales 
de  ce  dernier  pays,  il  souffre  souvent  de  la 
chaleur.  On  le  multiplie  de  graines  semées 
immédiatement  après  leur  maturité  dans  de 
la  terre  de  bruyère  ,  sur  couche  tiède  et 
sous  châssis  ;  on  repique  ensuite  le  jeune 
plant  dans  des  pots  qu'on  rentre  dans  l'o- 
rangerie pendant  l'hiver,  et,  après  deux 
ans ,  on  plante  en  pleine  terre. 

Cette  magnifique  espèce,  aujourd'hui  fort 
répandue  dans  les  jardins  et  les  parcs,  a  été 
introduite  en  Europe  vers  le  commencement 
du  siècle  dernier  ;  un  pied  en  fut  transporté, 
en  1732,  des  bords  du  Mississipi  à  Maillar- 
dière  ,  près  de  Nantes  ;  mais  il  fut  entière- 
ment négligé  et  abandonné  après  avoir  été 
soigné  pendant  quelques  années.  En  Angle- 
terre, il  en  existait  également  un  pied  à 
Exeter  en  1737;  mais  là,  comme  en  France, 
ce  beau  végétal  attira  peu  l'attention.  Ce  ne 
fut  guère  que  vers  la  fin  du  siècle  dernier  que 
l'on  reconnuteombien  il  méritait  d'être  mul- 
tiplié et  répandu;  et  aujourd'hui  l'on  en  pos- 
sède plusieurs  variétés,  dont  les  principales 
sont:  exoniensis,  obovata,prœcox,  angustifo- 
lia,  ferruginea,  etc.  Parmi  ces  variétés,  la  pre- 
mière est  recommandée  pour  sa  floraison  et 
pour  sa  croissance  rapide;  la  seconde,  pour 
la  beauté  de  son  feuillage;  la  troisième, 
pour  la  grandeur  de  ses  fleurs,  qui  com- 
mencent à  paraître  de  bonne  heure  ,  et  qui 
se  succèdent  pendant  longtemps  ;  la  qua- 
trième,  pour  ses  feuilles  étroites,  etc.  Ces 
variétés  se  propagent  par  la  greffe  en  appro- 
che sur  le  type,  et  par  marcotte.  Le  bois  du 
Magnolier  à  grandes  fleurs  est  tendre,  peu 
durable  lorsqu'il  est  exposé  à  l'air,  et  ne 
peut  dès  lors  cire  employé  qu'à  la  confection 
des  meubles  et  des  objets  renfermés  dans 
l'intérieur  des  maisons  ;  il  est  au  reste  très 
blanc,  même  lorsqu'il  est  parfaitement  sec. 

2.  Magnolier  glauque  ,  Magnolia  glauca 


MAG 

Linn.  Cette  espèce  s'avance,  en  Amérique, 
jusqu'à  plus  de  45°  de  latitude  N.  ;  elle  es' 
très  commune  dans  les  parties  méridionales 
de  l'Amérique  du  Nord  ,  mais  seulemen 
dans  les  marais  fangeux  qui  longent  l'Océan, 
jusqu'à  une  distance  assez  peu  considérable, 
et  on  ne  la  voit  jamais  pénétrer  bien  avant 
dans  l'intérieur  des  terres.  Elle  forme  un 
arbre  dont  la  taille  moyenne  n'est  que  do 
7  à  10  mètres,  mais  qui  quelquefois  s'élève 
jusqu'à  12-13  mètres;  dans  les  parties  plus 
septentrionales  ,  près  de  New  York  et  de 
Philadelphie  ,  elle  ne  dépasse  guère  2  ou  3 
mètres  de  hauteur.  Son  tronc  est  tortueux 
et  rameux  ;  ses  branches  sont  divariquées  ; 
ses  feuilles  sont  elliptiques,  obtuses,  lisses 
et  d'un  vert  foncé  en  dessus ,  glauques  en 
dessous ,  tombantes.  Ses  fleurs  sont  blan- 
ches, larges  de  6-9  centimètres;  elles  se 
développent,  en  Amérique,  au  mois  de  mai, 
et  dans  nos  climats,  de  juillet  en  septembre  ; 
elles  présentent  9-12  pétales  ovales,  conca- 
ves, resserrées.  Cette  espèce  a  été  introduite 
en  Angleterre  ,  dès  1688  ,  par  Banisler  ;  de 
là  elle  s'est  répandue  en  Europe  antérieure- 
ment à  toutes  les  autres.  Elle  demande  une 
terre  légère  et  humide.  Les  graines  qui 
servent  à  la  multiplier  doivent  être  semées 
aussitôt  après  leur  maturité,  parce  que, 
comme  chez  ses  congénères,  elles  rancissent 
très  vite,  et  perdent  ainsi  la  propriété  ger- 
minative.  En  Amérique,  le  bois  du  Magno- 
lier glauque  ne  peut  être  employé  à  aucun 
usage  ;  mais  l'écorce  de  sa  racine  est  em- 
ployée pour  la  teinture;  on  la  regarde  aussi 
comme  sudorifiqué;  de  plus,  on  fait  infuser 
ses  fruits  dans  de  l'eau-de-vic ,  à  laquelle 
ils  communiquent  une  amertume  très  pro- 
noncée, et  l'on  use  de  cette  teinture  pour 
prévenir  et  combattre  les  fièvres  intermit- 
tentes. Cette  espèce  résiste  à  des  froids, 
même  rigoureux. 

3.  Magnolier  parasol,  Magnolia  umbrella 
Lam.  (M.  tripetala  Linn.).  Cette  espèce 
s'élève  quelquefois  à  10-12  mètres  de  hau- 
teur ;  mais  cette  taille  est  pour  elle  excep- 
tionnelle ;  ses  feuilles  sont  très  grandes,  et 
atteignent ,  dans  les  jeunes  individus  ,  jus- 
qu'à 5-6  décimètres  de  long  sur  21-24  cen- 
timètres de  large  ;  elles  sont  réunies  ordi- 
nairement à  l'extrémité  des  branches  de 
manière  à  y  former  une  sorte  d'ombrelle  , 
d'où  est  venu  le  nom  de  la  plante  ;  elles 


MAG 


MAG 


591 


sont  lancéolées  ,  très  étalées  ,  glabres  à  l'é- 
tat adulte,  pubescentes  en  dessous  à  l'état 
jeune,  tombantes  ;  les  fleurs  sont  blanches, 
larges  de  21-24  centimètres,  d'une  odeur 
peu  agréable;  leurs  trois  sépales  sont  pen- 
dants. Les  cônes  qui  succèdent  à  ces  fleurs 
sont  roses  à  leur  maturité  ;  les  graines  sont 
d'un  rouge  pâle.  Ce  Magnolier  a  été  intro- 
duit en  Angleterre  vers  1752  ;  de  là  il  s'est 
répandu  sur  le  continent.  Il  supporte,  sans 
en  souffrir,  les  plus  grands  froids  de  nos 
contrées. 

4.  Magnolier  acuminé  ,  Magnolia  acumi- 
nata  Linn.  Ce  bel  arbre  porte  ,  en  Améri- 
que ,  le  nom  vulgaire  de  Cucumber  Tree,  ou 
d'Arbre  à  Concombre;  sa  taille  égale  celle 
du  Magnolier  à  grandes  fleurs  ;  son  tronc 
s'élève  droit  et  nu,  et  se  termine  par  une 
cime  large  et  régulière  ;  ses  feuilles  sont 
d'un  tissu  peu  consistant,  ovales  ,  acumi- 
nées  au  somme!,  pubescentes  en  dessous, 
longues  de  18-21  centimètres  sur  9-12, 
tombantes;  ses  fleurs  sont  larges  de  9-12 
centimètres  ,  ordinairement  un  peu  bleuâ- 
tres ,  peu  odorantes;  il  leur  succède  des 
cônes  cylindriques  et  étroits ,  un  peu  cour- 
bés ,  qui ,  avant  leur  maturité  ,  ressemblent 
assez  à  un  cornichon  ,  ce  qui  a  valu  à  l'es- 
pèce son  nom  vulgaire  ;  c'est  dans  cet  état 
qu'on  les  fait  infuser  dans  de  l'eau-de-vie 
pour  en  obtenir  une  liqueur  très  amère  , 
qu'on  emploie  contre  les  fièvres  d'automne; 
à  !'état  de  développement  complet ,  ils  ont 
une  couleur  rouge-cerise  vive.  Ce  beau  Ma- 
gnolier s'avance  dans  l'Amérique  septentrio- 
nale jusqu'au  43e  degré  de  lalit.  N.;  aussi 
résiste-t-il  aisément  au  froid  de  nos  hivers. 
II  est  très  abondant  dans  les  parties  peu  éle- 
vées des  Alleghanys;  mais  il  ne  descend  ja- 
mais vers  les  bords  de  la  mer,  et  reste  tou- 
jours confiné  très  avant  dans  les  terres. 
Son  bois,  quoique  tendre,  est  susceptible 
de  recevoir  un  beau  poli  ;  aussi  l'emploie- 
t-on  pour  la  menuiserie  intérieure  ;  celui  du 
cœur  est  d'un  jaune  brun  ;  comme  il  est 
très  léger,  les  naturels  en  font  de  grandes 
pirogues. 

Pour  abréger  cet  article ,  nous  nous  bor- 
nerons à  mentionner,  malgré  l'importance 
qu'il  y  aurait  à  les  faire  connaître,  quelques 
autres  espèces  de  la  même  section  ,  comme 
le  Magnolier  a  feuilles  en  coeur  ,  Magnolia 
cor  data  Mich.,  dont  les  feuilles  sont  plus 


souvent  ovales  que  cordiformes  ,  et  un  peu 
glauques  et  pubescentes  en  dessous ,  tom- 
bantes; dont  les  fleurs  sont  de  grandeur 
moyenne  et  de  couleur  jauneverdâtre;  le 
Magnolier  auriculé  ,  Magnolia  auriculata 
Lam.,  dontles  feuilles  sont  grandes,  glabres, 
un  peu  glauques  en  dessous ,  auriculées  à 
leur  base  ,  tombantes;  dont  les  fleurs,  lar- 
ges de  9-12  centimètres,  sont  blanches  et 
très  odorantes  ;  le  Magnolier  a  grandes 
feuilles,  Magnolia  macrophylla  Mich.,  re- 
marquable par  la  grandeur  de  ses  feuilles, 
qui  ont  quelquefois  près  d'un  mètre  de  lon- 
gueur, et  par  ses  fleurs  blanches ,  les  plus 
grandes  du  genre,  qui  ont  27-30  centimè- 
tres de  large,  etc. 

B.  Gwillimia,  Rolller. 

Espèces  toutes  d'Asie  ;  bouton  de  fleur 
enveloppé  le  plus  souvent  de  deux  bractées 
opposées  ;  anthères  introrses  ;  ovaires  peu 
serrés. 

5.  Magnolier  Yulan  ,  Magnolia  Yulan 
Desf.  (M.  conspicua  Salisb.).  Cette  jolie  es- 
pèce ,  qui  commence  à  être  fort  répandue 
en  Europe,  est  originaire  des  provinces  mé- 
ridionales de  la  Chine,  où  elle  forme,  dit- 
on,  un  arbre  de  12  à  15  mètres  de  haut. 
Ce  chiffre  ne  paraît  pas  exagéré  ,  puisque 
Loudon  en  cite  un  individu  existant  en  An- 
gleterre, dans  le  comté  de  Kent,  qui  avait 
déjà.10  mètres  de  hauteur,  il  y  a  quelques 
années.  Le  tronc  de  cet  arbre  porte  un  grand 
nombre  de  branches  redressées  ;  ses  feuilles 
sont  obovales ,  de  grandeur  moyenne,  acu- 
minées,  pubescentes  dans  leur  jeunesse, 
tombantes;  ces  feuilles  se  développent  plus 
tard  que  les  fleurs.  Celles-ci  sont  très  pré- 
coces et  se  montrent  dès  le  commencement 
du  printemps;  elles  sont  blanches,  à  1-9 
pétales ,  et  tellement  abondantes  que  l'ar- 
bre semble  quelquefois  en  être  couvert; 
leur  odeur  est  agréable  et  douce;  leur  style 
est  dressé.  Le  Magnolier  Yulan  a  été  intro- 
duit de  Chine  en  Angleterre,  en  1789,  par 
Joseph  Banks;  mais  il  y  a  été  négligé  pen- 
dant plusieurs  années,  et  ce  n'est  que  de- 
puis le  commencement  de  ce  siècle  qu'il  a 
commencé  de  se  répandre  autant  qu'il  le 
mérite  par  la  beauté  de  sa  floraison  printa- 
nière.  Dans  la  Chine,  c'est  l'un  des  arbres 
d'ornement  les  plus  répandus  et  les  plus  es- 
timés ;  on  y  en  possède  même  des  indivi- 


592 


MAH 


MAI 


dus  nains  que  l'on  cultive  en  pots,  et  qu'on 
réussit  à  forcer  de  manière  à  en  avoir  en 
fleur  pendant  presque  toute  l'année.  On  en 
conserve  toujours  de  tels  dans  le  palais  de 
l'empereur,  et  le  prix  qu'on  y  attache  est 
tel  qu'un  Yulan  nain  bien  fleuri  est  l'un  des 
dons  les  plus  précieux  qu'il  soit  possible  de 
faire.  Dans  ce  même  pays,  cette  espèce  est 
de  plus  regardée  comme  médicinale;  on 
emploie  ses  graines,  réduites  en  poudre, 
comme  stomachiques,  et  aussi  contre  les 
rhumes  et  les  inflammations  de  poitrine.. 

Enfin ,  dans  cette  même  section  ,  se  trou- 
vent encore  deux  espèces  assez  fréquemment 
cultivées  :  le  Magnolier  obové  ou  disco- 
lore, Magnolia  obovata  Thunb.  (M.  discolor 
Yent.,  M.  purpurea  Hortul.),  originaire  de 
la  Chine,  à  feuilles  tombantes,  obovées , 
aiguës,  marquées  de  veines  réticulées,  dont 
les  fleurs  sont  grandes,  d'un  blanc  pur  en 
dedans  ,  purpurines  en  dehors ,  de  forme 
campanulée.  M.  Soulange  a  réussi  à  croiser 
cette  espèce  avec  la  précédente.  Le  Magno- 
lier brun,  Magnolia  fuscata,  Andr.,  égale- 
ment originaire  de  la  Chine,  dont  les  feuilles 
sont  persistantes,  ovales  oblongues,  glabres 
dans  leur  vieillesse ,  et  revêtues  dans  leur 
jeunesse ,  ainsi  que  les  jeunes  rameaux , 
d'un  duvet  épais  de  couleur  brune;  dont  les 
fleurs  sont  petites,  d'un  blanc  soufré,  bor- 
dées d'une  ligne  de  rouge  sombre.     (P.  D.) 

*MAGO]\IA.  bot.  ph.—  Flor.  Aura.,  syn. 
de  Triplaris,  Linn.  —  Genre  de  la  famille 
des  Sapindacées  ?  établi  par  St.-Hilaire 
{Mem.  mus.,  XII,  336,  t.  12  et  13).  Arbres 
du  Brésil. 

MAGOT,  mam.  -—  Espèce  du  genre  Ma- 
caque. Voy.  ce  mot. 

*MAGYDARIS.  bot.  ph.  — Genre  de  la 
famille  des  Ombellifères-Smyrnées ,  établi 
par  Koch  (Msc).  Herbes  des  régions  occi- 
dentales de  la  Méditerranée.  Voy.  ombm.li- 

FÈRES. 

MAHERNIA.  bot.  ph.—  Genre  de  la  fa- 
mille des  Byttnériacées-Hermanniées,  établi 
par  Linné  (Mant.,  59).  Herbes  ou  sous-ar- 
brisseaux du  Cap.  Voy.  malvacées. 

*MAHOMETA,  DC.  bot.  ph.  Syn.  de 
Monarrhenus ,  Cass. 

MAHONIA,  Nutt.  bot.  ph.  —  Voy.  ber- 
beris. 

MAHUREA.  bot.  ph.  — Genre  de  la  fa- 
mille des  Ternstrœmiacées-Laplacées,  établi 


par  Aublet  (Guian.,  I,  558,  t.  122),  Ar- 
bres de  la  Guiane.  Voy.  ternstrqemiacées. 

MAIA.  Màia.  (nom  mythologique),  crust. 
—  Ce  genre,  qui  appartient  à  l'ordre  des  Dé- 
capodes, à  la  famille  des  Oxyrhynques  et  à  la 
tribu  des  Maïens,  a  été  établi  par  Lamarck  aux 
dépens  des  Cancer  de  Herbst  et  des  Inachus  de 
Fabricius.  Cette  coupe  générique  cependant 
n'a  été  conservée  qu'en  restreignant  singu- 
lièrement les  limites  ;  il  ne  renferme  plus 
aujourd'hui  qu'un  très  petit  nombre  d'es- 
pèces qui  viennent  se  grouper  autour  du 
Maïa  squinado  de  nos  côtes.  Les  caractères 
principaux  de  cette  coupe  générique  sont 
d'avoir  !a  tige  mobile  des  antennes  externes 
insérée  dans  le  canthus  interne  de  l'or- 
bite, et  à  découvert.  Les  pinces  sont  poin- 
tues. 

Les  espèces  qui  composent  ce  genre  pa- 
raissent propres  aux  mers  d'Europe  et  re- 
présentent des  Décapodes,  les  plus  grands 
que  nous  ayons  sur  nos  côtes.  Le  Maïa  squi- 
nade  ,  Maïa  squinado  Herbst ,  peut  être 
considéré  comme  le  type  de  ce  genre  ;  le 
corps  de  cette  espèce  est  couvert  de  poils 
crochus  et  sa  longueur  égale  ordinairement 
10  à  12  centimètres;  elle  est  commune 
dans  la  Manche,  dans  l'Océan  et  dans  la 
Méditerranée,  et  elle  se  trouve  jusque  sur 
les  côtes  des  possessions  françaises  dans  le 
nord  de  l'Afrique.  On  prend  ce  Crustacé  dans 
les  filets  traînants  ,  et  les  pêcheurs  le  man- 
gent, mais  sa  chair  est  peu  estimée.  Les 
anciens  le  regardaient  comme  doué  dérai- 
son et  le  représentaient  suspendu  au  cou 
de  Diane  d'Éphèse,  comme  un  emblème  de 
la  sagesse.  On  le  voit  aussi  figurer  sur  quel- 
ques unes  de  leurs  médailles. 

Une  autre  espèce,  aussi  commune  que  la 
précédente  ,  mais  qui  est  plus  petite,  est  le 
Maïa  verruqueux,  Moiia  verrucosa  (Edw. 
Hist.  nat.  des  Crust.,  tom.  I,  p.  328,  n.  2, 
pi.  3,  fig.  1  à  14).  Ce  Crustacé  est  très 
commun  dans  la  Méditerranée,  et  je  l'ai 
rencontré  aussi  assez  abondamment  sur  les 
côtes  est  et  ouest  de  nos  possessions  dans  le 
nord  de  l'Afrique.  (H.  L.) 

*MAIACÉS.  Maiacea.  crust.  —  Sous  ce 
nom,  est  désigné  dans  la  Faune  japonaise, 
par  M.  Dehaan  ,  une  famille  de  Crusta- 
cés, qui  correspond  en  grande  partie  à  celle 
des   Maïens  de  M.    Milne- Edwards.  Voy. 

HAÏKNS.  (H.   L.) 


MAI 


MAT 


593 


MAIDES.   tfaidœ.    crust.  —  Syn.   de 
Maïens.  Voy.  ce  mot.  (H.  L.) 

*MAIENS.  Màiœ.  crust.  —  M.  Milne- 
Edwards,   dans  son  Histoire  naturelle  des 
Crustacés,  désigne  sous  ce  nom  une  tribu 
qui  appartient  à  l'ordre  des  Décapodes  bra- 
chyures  et  à  la  famille  des  Oxyrhynques. 
Cette  tribu  se  compose  de  Crustacés  dont  la 
carapace,  presque  toujours  très  épineuse, 
est,  à  quelques  exceptions  près  ,  beaucoup 
plus  longue    que  large,  et  plus  ou  moins 
triangulaire.  Le  rostre  est  en  général  formé 
de  deux  cornes  allongées.  Le  premier  article 
des  antennes  internes    est  peu  développé; 
celui  des  antennes  externes,  au  contraire, 
est  extrêmement  grand ,  et  soudé  avec  les 
parties  voisines  de  manière  à  se  confondre 
presque  avec  elles  ;  son  bord  externe  con- 
stitue toujours  une  portion  considérable  de 
la  paroi  inférieure  de  l'orbite,  et  son  extré- 
mité antérieure  s'unit  au  front  au-devant 
du  niveau   du  canthus  interne   des  yeux. 
Quant  à   la  tige  mobile  de  ces  antennes, 
elle  est  toujours  assez  longue.  En  général , 
l'épistome  est  notablement  plus  large  que 
long,  tandis  que  le  cadre  buccal  est  plus 
long  que  large.  Le  troisième  article  des  pat- 
tes-mâchoires externes  est  aussi  large  que 
long,  plus  ou  moins  dilaté  du  côté  externe, 
et  tronqué  ou  échancré  à  son  angle  anté- 
rieur interne,  par  lequel  il  s'articule  avec 
ie  quatrième  article,  qui  est  très  petit.  Les 
pattes  antérieures  de  la  femelle  ne  sont  en 
général  guère  plus  grosses  ni  plus  longues 
que  les  suivantes  ;  quelquefois  elles  sont  plus 
courtes  ;  il  en  est  à  peu  près  de  même  chez 
les  mâles;  mais,  en  général ,  chez  ces  der- 
niers ,  elles  sont  plus  longues  et  beaucoup 
plus  grosses  que  celles  de  la  seconde  paire. 
Les  pattes  suivantes  sont,  en  général,  de  lon- 
gueur médiocre.  L'abdomen  se  compose  or- 
dinairement de  sept  articles  distincts  dans 
l'un  et  l'autre  sexe ,  mais  quelquefois  ce 
nombre  varie  dans  les  différentes  espèces 
d'un  même  genre. 

Cette  tribu  renferme  une  vingtaine  de 
coupes  génériques  désignées  sous  les  noms 
de  :  Libinia ,  Herbstia ,  Naxia ,  Chorina , 
Pisa  y  Lissa ,  Hyades ,  Paranithrax  ,  illt- 
thrax ,  Mdia,  Micippe,  Criocarcinus  Para- 
micippa ,  Stenocinops ,  Pericera ,  Menœthia, 
Halimus ,  Acanthonyx,  Epialtus  et  Leucippa. 

(H.  L.) 
T.  VII. 


MAIGRE,  poiss.  —  On  désigne  sous  ce 
nom  les  Sciènes  proprement  dites.    Voy. 

SCIÈNE. 

MAILLOT.  Pupa.  moll.  —  Genre  établi 
par  Draparnaud  aux  dépens  des  Bulimes  de 
Bruguière,  qui,  eux-mêmes,  faisaient  partie 
des  genres  Hélix  et  Turbo  de  O.-F.  Mill- 
ier, de  Linné,  et  des  autres  zoologistes  du 
xvme  siècle.  Lamarck  adopta  ce  genre,  et  le 
rangea  dans  sa  famille  des  Colimacées; 
M.  de  Blainville  l'adopta  également,  ainsi 
que  M.  Deshayes;  mais  ce  dernier  natura- 
liste reconnut  ensuite  la  nécessité  de  le  réu- 
nir avec  un  autre  genre  de  Draparnaud , 
également  adopté  par  Lamarck,  avec  le  genre 
Clausilie.  Ces  deux  genres,  en  effet,  ne  dif- 
fèrent que  par  des  caractères  d'une  trop 
faible  importance,  et  tendent  à  se  fondre 
l'un  dans  l'autre  sans  qu'une  limite  précise 
puisse  être  indiquée. 

L'animal  des  Maillots  paraît  avoir  une 
organisation  semblable  à  celui  des  Hélices  ; 
mais  les  tentacules  inférieurs  ou  antérieurs 
sont  proportionnellement  plus  courts,  et  ils 
sont  même  peu  distincts  dans  certaines  pe- 
tites espèces.  La  masse  viscérale  occupant 
la  spire  est  en  même  temps  beaucoup  plus 
considérable  ;  de  sorte  que  la  spire  a  dû  con- 
séquemment  devenir  plus  longue  et  plus 
développée.  De  là  résulte  la  forme  allongée, 
cylindroïde,  en  général,  de  la  coquille,  avec 
des  modifications  d'âge  ou  d'espèce  qui  lui 
donnent  la  forme  d'un  maillot,  ou  d'un  pe- 
tit baril ,  ou  d'un  fuseau  ,  ou  d'un  grain 
d'Orge  ou  d'Avoine.  En  effet ,  dans  la  co- 
quille adulte,  le  dernier  tour  est  ordinaire- 
ment plus  étroit  que  la  partie  moyenne  plus 
renflée,  et  cela  seul  suffirait  déjà  pour  em-  S 
pêcher  que  de  jeunes  individus  pussent 
être  rapportés  à  l'espèce  dont  ils  provien- 
nent. Mais  une  autre  différence  non  moins 
sensible  provient  du  développement  du  bord 
de  la  coquille  adulte;  ce  bord,  primitive- 
ment très  mince  et  tranchant,  devient  enfin 
plus  épais,  élargi  et  réfléchi ,  ou  replié  en 
dehors  ;  en  même  temps ,  des  plis  ou  sail- 
lies dentiformes  plus  ou  moins  prononcées , 
plus  ou  moins  nombreuses,  se  forment  à 
l'intérieur  de  cette  ouverture  chez  plusieurs 
espèces  ;  chez  quelques  autres  aussi  dont  on 
avait  fait  le  type  du  genre  Clausilie,  une 
sécrétion  calcaire  analogue  se  fait  le  long  de 
la  columelle,  mais  le  produit  de  cette  sécré- 

75 


594 


MAI 


tion  n'y  est  pas  soudé  comme  les  plis  ou 
dents  que  nous  avons  mentionnés  :  il  en  ré- 
sulte donc  une  petite  pièce  mobile  qui  vient 
Obstruer  ou  boucber  en  partie  l'endroit  le 
plus  rétréci  de  l'avant -dernier  tour  quand 
l'animal  se  retire  complètement  dans  sa  co- 
quille. Les  mêmes  espèces  dont  on  formait 
d'abord  le  genre  Clausilie  ont  le  bord  con- 
tinu et  libre  dans  tout  son  pourtour,  tandis 
que  le  bord  de  la  coquille  des  Maillots  pro- 
prement dits  est  disjoint  et  interrompu  par 
une  lame  columellaire.  Mais,  comme  nous 
l'avons  déjà  dit,  à  mesure  que  le  nombre 
des  espèces  connues  est  devenu  plus  consi- 
dérable ,  le  passage  d'un  genre  à  l'autre  a 
dû  se  faire  par  des  nuances  moins  pronon- 
cées quant  à  ce  caractère  tiré  de  la  forme 
extérieure.  La  coquille  est  quelquefois  pres- 
que lisse,  mais  le  plus  souvent  elle  présente 
des  stries  longitudinales,  c'est-à-dire  dans 
le  sens  de  l'axe  ou  un  peu  inclinées.  Ces 
stries  sent  plus  ou  moins  prononcées,  et  sont 
même ,  pour  certaines  espèces ,  remplacées 
par  des  côtes  longitudinales. 

Le  nombre  des  espèces  connues  est  au- 
jourd'hui tellement  considérable,  qu'on  sera 
forcé  de  subdiviser  le  genre  Maillot  en  plu- 
sieurs sections,  dont  l'une,  en  partie  au 
moins,  doit  correspondre  à  l'ancien  genre 
Clausilie  ;  d'autres  sections  seront  basées 
sur  la  présence  des  dents  de  l'ouverture  de 
la  coquille. 

Plusieurs  espèces  des  Antilles  et  des  Indes 
sont  longues  de  27  à  38  millimètres,  très 
épaisses,  avec  des  côtes  longitudinales  ou  un 
peu  obliques  très  saillantes  ;  tels  sont  :  le 
Maillot  momie  (Pupa  mumia),  le  Maillot 
grisâtre  (Pupa  uva),  le  Maillot  bombé  (Pupa 
sulcata), etc.  Les  espèces  indigènes  sont  beau- 
coup plus  petites,  et  proportionnellement 
plus  minces;  parmi  les  espèces  à  bouche 
dentée,  on  peut  citer  les  Maillots  cendré  et 
a  trois  dents,  longs  de  10  à  11  millimètres, 
et  le  Maillot  avoine,  long  de  6  à  7  millimè- 
tres; parmi  les  espèces  sans  dents,  sont  le 
Maillot  ombiliqué  et  le  Maillot  mousseron 
(Pupa  muscorum),  longs  de  2  millimètres. 
Une  autre  espèce,  Pupa  fragilis,  est  remar- 
quable par  la  ténuité  de  la  coquille  et  par 
la  direction  inverse  de  la  spire,  qui  est  plus 
effilée  et  tournée  à  gauche  ;  sa  longueur  est 
de  9  millimètres. 

Les  espèces  de  l'ancien  genre  Clausilie 


MAI 

sont  aussi  ordinairement  inverses  ;  leur  der- 
nier tour  est  rétréci  et  souvent  anguleux , 
comme  s'il  était  tordu  ;  l'espèce  la  plus 
commune  dans  la  France  centrale  est  la 
Clausilie  rugueuse  ,  que  Geoffroy  nommait 
la  Nonpareille,  et  qu'on  trouve  dans  les 
fentes  des  vieux  arbres  :  elle  est  longue  de 
10  millimètres  environ.  (Duj.) 

MAIMON.  mam.  —  Espèce  du  genre  Ma- 
caque. Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

MAIN.  —  Voy.  membres. 

MAINA,  Hodgson.  ois.  —  Syn.  de  Gra- 
cula, Lin.  Voy.  mainate.  (Z.  G.) 

MAINATE.  Gracula.  ois. —  Genre  de  la 
famille  des  Sturnidées,  de  l'ordre  des  Passe- 
reaux, caractérisé  par  un  bec  fort,  comprimé, 
élevé,  un  peu  arqué;  des  narines  rondes,  en 
partie  recouvertes  de  plumes  soyeuses,  et 
percées  près  du  front;  deux  larges  lambeaux 
charnus  qui  partent  de  l'occiput  et  se  diri- 
gent sur  les  côtés  de  la  tête  ;  des  joues  nues 
et  des  tarses  de  médiocre  longueur,  ro- 
bustes. 

Le  genre  Gracula  ne  pouvait  rester  tel 
que  l'auteur  du  Systema  naturœ  et  Latbam 
l'avaient  fait.  Il  était  difficile,  en  effet,  que 
des  Merles,  des  Quiscales,  des  Coracines, 
des  Picucules,  etc.,  pussent  demeurer  réu- 
nis sous  la  même  caractéristique.  Il  fallait 
donc  rendre  chaque  espèce  à  son  genre,  et 
de  plus  créer  des  coupes  pour  celles  des  es- 
pèces qu'on  ne  pouvait  rapporter  à  aucune 
des  divisions  connues.  C'est  ce  qu'ont  fait 
les  divers  naturalistes  qui,  après  Linné  et 
Latham,  se  sont  occupés  de  classification 
des  oiseaux.  Aujourd'hui,  les  Graculœ  des 
méthodistes  anciens  sont  dispersés  dans 
quinze  genres  différents.  A  celui  que  forment 
les  Mainates,  les  auteurs  ont,  en  général, 
conservé  le  nom  imposé  par  Linné:  cepen- 
dant Brisson  lui  a  substitué  celui  de  Mai- 
natus;  G.  Cuvier  lui  a  donné  celui  tfEula- 
bes,  et  Hodgson  celui  de  Maina. 

Les  Mainates,  au  rapport  des  voyageurs, 
sont  des  oiseaux  qui  se  font  distinguer  et 
même  rechercher  par  les  habitants  des  pays 
d'où  ils  sont  originaires,  à  cause  de  la  dou- 
ceur de  leur  caractère,  de  la  facilité  avec  la- 
quelle ils  acceptent  l'esclavage,  de  l'aptitude 
qu'ils  montrent  à  retenir  les  airs,  les  mots 
et  les  phrases  qu'on  veut  leur  apprendre,  et 
de  la  complaisance  qu'ils  semblent  mettre 
à  les  répéter  au  moindre  désir  du  maître.  Il 


MAI 


MAI 


595 


paraît  même  qu'ils  poussent  le  talent  de  l'i- 
mitation à  un  degré  supérieur  à  celui  que 
l'on  observe  chez  les  Perroquets.  Ainsi  les 
Mainates,  dit-on,  sont  de  tous  les  oiseaux 
ceux  qui  reproduisent  le  mieux  le  langage 
de  l'homme. 

Dans  les  îles  de  Java  et  de  Sumatra,  où 
les  Mainates  sont  communs,  on  voit  ces  oi- 
seaux réunis  en  troupes  se  répandre  dans 
les  plaines,  visiter  tour  à  tour  les  jardins  et 
les  forêts  pour  y  chercher  leur  nourriture. 
Leur  régime  est  à  la  fois  animal  et  végétal  ; 
car  il  consiste  en  vers,  en  insectes,  en 
graines,  en  fruits,  et  surtout  en  bananes.  Le 
chant  qu'ils  font  entendre  en  liberté  est  fort 
agréable.  Les  mâles,  chez  ces  espèces,  té- 
moignent à  leur  femelle  un  grand  attache- 
ment, et  participent  comme  elle  à  l'œuvre 
de  la  nidification.  Leur  nid,  assez  grossière- 
ment fait,  tapissé  à  l'intérieur  d'un  duvet 
très  abondant,  est  placé  ordinairement  près 
du  sol,  entre  les  tiges  accumulées  d'une 
souche  épaisse.  Leur  ponte  est  de  trois  ou 
quatre  œufs  grisâtres,  tachetés  de  vert-olive. 
Le  vol  des  Mainates  est  assez  rapide,  quoi- 
que peu  soutenu  ;  il  a  beaucoup  d'analogie 
avec  celui  du  Merle. 

Legenre Mainate,  en  y  comprenant,  comme 
Wagler  l'a  fait,  l'oiseau  que  M.  Lesson  a  in- 
troduit dans  son  genre  Mino,  ne  renferme  de 
bien  déterminées  que  les  espèces  suivantes  : 

1.  Le  Mainate  religieux,  Gr.  religiosa 
Vieill.  [Gai.  des  Ois.,  pi.  95,  etBuff.,]}*. 
enl.  2G8).  Plumage  d'un  noir  bleuâtre,  avec 
une  tache  blanche  sur  l'aile  ;  le  bec  élevé  et 
très  comprimé  vers  son  extrémité.  — Habite 
l'île  de  Sumatra. 

Les  Javanais  se  procurent,  par  la  naviga- 
tion, des  Mainates  religieux,  qu'ils  estiment 
à  un  haut  prix,  et  dont  ils  se  défont  diffici- 
lement. Le  nom  distinctif  que  lui  ont  donné 
les  Européens  provient,  non  pas  de  ce  que 
cet  oiseau  serait  pour  les  Javanais  l'objet  de 
quelque  culte,  mais  bien  parce  qu'une 
femme  musulmane  se  refusa  par  scrupule 
religieux,  dit  Bontius,  à  laisser  peindre  un 
individu  de  cette  espèce  qu'elle  nourrissait 
en  captivité. 

2.  Le  Mainate  de  Java, Gr.  JavanaLess. 
Même  plumage  que  le  précédent,  mais  de 
taille  plus  petite,  et  en  différant  encore  par 
un  bec  mx>ins  haut  et  moins  comprimé.  — 
Habite  nie  de  Java. 


3.  Le  Mainate  Dumont,  G.  Dumont  iï  Wagl., 
Mino  Dumonlii  Less.  (Zool.  delà  Coquille, 
pi.  26).  Plumage  vert.— Habite  la  Nouvelle- 
Guinée. 

Cette  espèce  fait  partie  du  genre  Mino  de 
M.  Lesson  ;  G.  Cuvier  la  place  dans  son  g. 
Gymnops  (Goulin).  (Z.  G.) 

*MAINATES.  ois.— M.  Lesson,  dans  son 
Traité  d'ornithologie ,  a  établi  sous  ce  nom 
une  famille  qui  correspond  à  celle  des  Ca- 
roncules (Caruncnlati)  de  Vieillot,  et  dans 
laquelle  il  place  les  genres  Mainate,  Mino 
et  Créadion.  (Z.  G.) 

*MAI1\EA,  Flor.  flumin.  bot.  pu.  —  Syn. 
de  Trigonia,  Aubl. 

MAINOTTE.  bot.  ce.  —  Nom  que  l'on 
donne,  dans  quelques  contrées  de  la  France, 
aux  Clavaires  en  raison  des  divisions  qu'elles 
présentent  et  qui  rappellent  grossièrement 
les  doigts  de  la  main.  (Lév.) 

MAIRAMA ,  Neck.  bot.  ph.  —  Synon. 
d' Arctostaphylos ,  Adans. 

MAIRERIA,  Scop.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Mouroucoa  ,  Aubl. 

*MAIRIA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Composées-Astéroïdées  ,  établi  par  De 
Candolle  (Prodr.,  V,  217).  Herbes  ou  sous- 
arbrisseaux  du  cap  de  Bonne-Espérance.  Ce 
genre  renferme  7  espèces  réparties  en  deux 
sections  nommées  Pteropappus ,  Less.,  et 
Zyrphelis,  Cass.  Voy.  composées. 

MAÏS,  lea  (Ça<o,  je  vis),  bot.  ph. — 
Genre  de  plantes  monocotylédones  de  la  fa- 
mille des  Graminées,  de  la  monœcie  trian- 
drie  dans  le  système  sexuel  de  Linné.  11  se 
compose  de  plantes  annuelles,  à  tige  droite, 
pleine  intérieurement  et  épaisse,  simple;  à 
feuilles  planes ,  larges  et  grandes ,  munies 
d'une  ligule  courte.  Leurs  fleurs  sont  mo- 
noïques :  les  mâles  forment  une  grappe  ra- 
meuse, terminale  ;  les  femelles  sont  sessiles, 
réunies  en  un  épi  simple,  dans  lequel  les 
épillets  sont  rangés  en  séries  nombreuses  , 
rapprochées  par  paires;  cet  épi  est  muni 
d'une  enveloppe  serrée,  formée  par  des  gaî- 
nes  de  feuilles  dont  le  limbe  a  avorté  ;  il  est 
surmonté  d'une  sorte  de  houppe  soyeuse , 
formée  par  les  stigmates  très  longs  et  sail- 
lants. Les  fleurs  mâles  sont  réunies  en  épil- 
lets géminés,  pédicules  (excepté  chez  le  Zea 
hirta  Bonaf.),  biflores  ;  chaque  fleur  présente 
deux  glumes  presque  égales  entre  elles, 
herbacées,   mutiques;  deux  glumelles  un 


506 


MAT 


MAI 


peu  plus  courtes,  mutiques,  transparentes, 
dont  la  supérieure  est  à  deux  nervures,  l'in- 
férieure à  trois  ;  deux  glumellules  collaté- 
rales ,  en  coin  ,  tronquées  obliquement , 
charnues,  glabres  ;  trois  étamines.  Les  fleurs 
femellessontégalementréunies,  dans  chaque 
cpillet,  par  deux,  dont  l'inférieure  est  stérile 
et  à  deux  glumelles,  tandis  que  la  supérieure 
en  possède  deux  ou  trois  ;  cet  épillet  présente 
deux  glumes  un  peu  charnues ,  très  larges, 
ciliées,  dont  l'inférieure  est  échancrée  et 
presque  bilobée  ;  des  glumelles  également 
un  peu  charnues  ,  concaves,  mutiques ,  gla- 
bres ;  pas  de  glumellules  ni  d'étamines  ;  un 
ovaire  oblique,  sessile,  convexe  du  côté  ex- 
térieur, presque  plan  du  côté  intérieur, 
glabre.  Le  fruit  qui  succède  à  ces  dernières 
fleurs  est  un  caryopse  presque  réniforme, 
entouré  à  sa  base  par  les  glumes  et  les  glu- 
melles persistantes ,  renfermant  un  em- 
bryon épais,  presque  aussi  long  que  l'al- 
bumen. 

Le  nom  vulgaire  de  Maïs  avait  été  con- 
servé par  Tournefort  pour  désigner  ce  genre; 
mais  plus  tard  Linné  substitua  à  ce  nom  gé- 
nérique celui  de  Zea,  qui  a  été  généralement 
adopté,  et  que  nous  n'employons  ici  nous- 
même  que  pour  nous  conformer  à  un  usage 
général,  assez  peu  motivé,  il  est  vrai.  Pour 
la  plupart  des  botanistes,  ce  groupe  ne  ren- 
ferme qu'une  seule  espèce ,  qui  mérite  cer- 
tainement d'être  regardée  comme  l'une  des 
plus  importantes  du  règne  végétal.  Cette 
espèce  est  le  Maïs  cultivé,  Zea  maïs  Lin. 
{Maïs  Zea  Gaertn.),  plus  connue  sous  les 
noms  vulgaires  et  plus  ou  moins  impropres 
de  Blé  de  Turquie  ,  Blé  d'Inde ,  Blé  d'Espa- 
gne ,  et  même  sous  ceux  de  Millet  et  de  gros 
Millet,  dans  les  départements  formés  par  le 
Languedoc  et  la  Guyenne.  Les  caractères 
qui  viennent  d'être  exposés  plus  haut  dis- 
tinguent suffisamment  cette  belle  et  utile 
graminée  ,  pour  que  nous  soyons  dispensé 
d'en  tracer  ici  une  description  détaillée. 
Nous  ajouterons  seulement  que  ses  feuilles 
sont  très  entières.  Sa  haute  importance 
comme  céréale  l'a  rendue  l'objet  de  plu- 
sieurs ouvrages  et  traités  spéciaux,  dont  le 
plus  récent  et  le  plus  remarquable  en  même 
temps  est  celui  de  M.  Bonafous  (  Histoire 
naturelle  ,  agricole  et  économique  du  Maïs , 
par  Mathieu  Bonafous,  in-fol.  de  182  pag. 
et  19  pîanch.  color.,  Paris,  1836),  auquel 


nuus  empruntons  quelques  uns  des  détails 
qui  suivent. 

On  a  beaucoup  écrit  relativement  à  la  pa- 
trie du  Mais.  Des  faits  nombreux,  des  auto- 
rités imposantes  ,  ont  fait  admettre  par  la 
plupart  des  botanistes  que  nous  en  sommes 
redevables  à  l'Amérique  :  c'est  même  là  l'o- 
pinion généralement  régnante.  Ainsi  non 
seulement  les  botanistes  descripteurs  indi- 
quent, presque  sans  exception,  le  Nouveau- 
Monde  comme  la  patrie  de  cette  précieuse 
céréale;  mais  encore  nous  lisons,  dans  le 
rapport  de  Meyen  sur  les  travaux  botaniques 
de  1834  ,  cette  phrase  qui  semblerait  déci- 
sive :  «  II  n'y  a  aujourd'hui  rien  de  plus 
»  certain  en  géographie  botanique  que  ce 
»  fait  que  le  Mais  est  originaire  du  Nouveau- 
»  Monde  »  (voy.  la  traduction  de  ce  rapport 
dans  les  Ann.  des  se.  nat.,  2e  sér.,  vol.  IV, 
pag.  242).  Cependant,  et  malgré  toutes  ces 
autorités,  la  question  n'est  peut-être  pas 
définitivement  résolue.  Ce  qui  le  prouve 
clairement,  c'est  que  M.  Bonafous ,  après 
avoir  positivement  admis  l'origine  améri- 
caine du  Mais ,  et  son  acclimatation  en  Eu- 
rope depuis  le  xvie  siècle  (voy.  Note  sur  une 
nouvelle  espèce  de  Mais,  Ann.  des  se.  nat. , 
lre  sér.,  vol.  XVII,  pag.  156),  a  été  conduit, 
par  des  recherches  nouvelles  et  plus  appro- 
fondies, à  une  conclusion  entièrement  diffé- 
rente. Ainsi,  dans  le  premier  chapitre  de  son 
grand  ouvrage  monographique ,  après  une 
longue  et  savante  discussion  sur  ce  sujet,  il 
s'exprime  dans  des  termes  que  nous  croyons 
devoir  rapporter  textuellement  :  «  S'il  est 
»  certain,  comme  les  historiens  l'attestent, 
»  que  le  Maïs  était  cultivé  en  Amérique 
»  lorsque  les  Européens  y  arrivèrent  à  la 
»  fin  du  xve  siècle,  il  paraît  également  vrai 
»  que  cette  céréale  était  en  pleine  culture 
»  dans  l'Inde  à  une  époque  antérieure.  Le 
»  Traité  d'histoire  naturelle  de  Li-tchi-tchin, 
»  écrit  vers  le  milieu  du  xvie  siècle ,  fixe 
»  l'existence  du  Maïs  chez  les  Chinois  à  une 
»  époque  si  rapprochée  de  celle  de  la  décou- 
»  verte  de  l'Amérique,  que  l'on  ne  doit  pas 
»  rapporter  à  cet  événement  l'introduction 
»  de  cette  plante  en  Asie.  Enfin  le  Mais 
»  trouvé  à  Thèbes  dans  le  cercueil  d'une 
»  momie  (par  M.  Rifaud,  en  1819)  après  30 
»  ou  40  siècles,  serait  une  relique  précieuse. 
»  mais  unique ,  qui  prouverait  qu'il  existe 
»  en  Afriaue  dès  les  temps  les  plus  reculés. 


MAI 


MAI 


597 


»  Ces  différents  points  admis,  c'en  est  assez 
»  pour  conclure  que  le  Mais  était  connu 
»  dans  l'ancien  monde  avant  la  découverte 
»  du  nouveau  ;  qu'il  n'est  pas  improbable 
»  que  les  Arabes  ou  les  croisés  l'aient  intro- 
»  duit  les  premiers  en  Europe,  et  que,  plus 
>  tard  ,  la  découverte  de  l'Amérique  ait 
»  donné  lieu  à  une  nouvelle  introduction 
»  et  à  une  culture  plus  étendue  de  cette  cé- 
»  réale,  renfermée  jusqu'alors  dans  d'étroi- 
»  tes  limites.  » 

Quoi  qu'il  en  soit  de  cette  question  d'ori- 
gine si  difficile  à  résoudre,  le  Mais  se  trouve 
aujourd'hui  à  l'état  cultivé  sur  une  grande 
partie  de  la  surface  du  globe  ;  il  y  est  même 
plus  répandu  que  le  Blé  lui-même.  Il  occupe 
de  vastes  étendues  de  terrain  dans  la  zone 
torride  et  dans  la  zone  tempérée  chaude. 
Vers  sa  limite  septentrionale,  sa  culture 
marche  d'abord  concurremment  avec  ceile 
du  Blé  ;  plus  au  sud,  elle  se  mêle  à  celle  du 
Riz,  ou  bien  elle  reste  seule.  Elle  atteint  son 
plus  grand  développement  en  Amérique,  où 
celle  du  Riz  est  proportionnellement  moins 
répandue  ,  tandis  que  l'inverse  a  lieu  pour 
l'une  et  l'autre  dans  l'ancien  continent. 
Dans  les  contrées  intertropicales,  le  Maïs 
s'étend  des  bords  de  l'Océan  jusqu'à  une 
hauteur  de  2,400  mètres  ;  mais  il  domine 
surtout  sur  les  montagnes  entre  1,000  et 
2,000  mètres  de  hauteur  ,  et  c'est  là  qu'il 
acquiert  des  dimensions  souvent  doubles  ou 
même  triples  de  celles  sous  lesquelles  il  se 
présente  dans  nos  climats.  En  Amérique  on 
peut  lui  assigner  pour  limites  extrêmes  42" 
de  latitude  S.  et  45°  de  latitude  N.  En  Eu- 
rope, et  plus  particulièrement  en  France, 
Arthur  Young  avait  cru  reconnaître  que  sa 
circonscription  était  bornée  au  nord  par  une 
ligne  oblique  qui,  partant  de  l'embouchure 
de  la  Gironde,  passerait  à  travers  le  Berri, 
le  Nivernais,  la  Champagne,  la  Lorraine,  et 
'viendrait  aboutir  au  Rhin,  près  de  Landau, 
c'est-à-dire  qui,  prenant  pour  point  de  dé- 
part 45°  de  latitude  à  l'ouest,  arriverait  à 
la  hauteur  de  49°  à  l'est.  C'est  cette  ligne 
qui  a  été  tracée  sur  la  carte  botanique  de  la 
France  qui  accompagne  la  Flore  française  de 
De  Candolle  ;  mais  la  détermination  de  cette 
limite  septentrionale  est  inexacte  sur  plu- 
sieurs points,  la  culture  du  Mais  s'élevant , 
dans  plusieurs  de  nos  départements ,  nota- 
blement au-delà  de  ses  bornes  supposées. 


Au  reste,  on  trouve  le  Mais  cultivé  dans  des 
parties  avancées  vers  le  nord  sans  qu'on 
puisse  faire  entrer  cette  donnée  en  ligne  de 
compte,  la  plante  n'étant  plus  alors  consi- 
dérée et  employée  que  comme  fourrage, 
parce  qu'elle  ne  mûrit  plus  son  grain. 

Comme  céréale,  le  Maïs  présente  des  avan- 
tages inappréciables  à  cause  de  l'abondance 
de  ses  produits  et  de  leurs  divers  usages 
pour  la  nourriture  de  l'homme  et  des  ani- 
maux :  aussi  est-il  surtout  une  ressource 
précieuse  pour  le  peuple  des  campagnes  qui, 
en  divers  lieux,  en  fait  la  partie  fondamen- 
tale de  sa  nourriture.  Son  produit  peut  s'é- 
lever jusqu'à  40  hectolitres  de  grains  par 
hectare.  En  même  temps  ses  extrémités 
fleuries,  coupées  après  la  fécondation,  même 
ses  feuilles,  constituent  un  fourrage  utile 
pour  les  bestiaux;  de  plus ,  les  larges  enve- 
loppes de  son  épi ,  détachées  à  la  maturité 
du  fruit,  sont  employées  fréquemment  pour 
les  lits,  dans  lesquels  elles  remplacent  avec 
beaucoup  d'avantage  la  paille  de  seigle  ; 
on  en  obtient  même  un  papier  à  écrire  de 
bonne  qualité ,  mais  qui,  pour  la  blancheur, 
n'égale  jamais  celui  de  chiffons.  Ses  épis 
encore  jeunes  et  tendres  se  confisent  au  vi- 
naigre comme  les  cornichons.  Les  rafles  qui 
restent  après  qu'on  a  enlevé  le  grain  ser- 
vent comme  combustible,  et  sont  très  utiles 
sous  ce  rapport  dans  les  pays  où  le  bois  est 
rare  et  cher.  Enfin ,  un  autre  avantage  qui 
peut  acquérir  une  haute  importance,  est  ce- 
lui de  fournir  du  sucre  en  assez  forte  pro- 
portion pour  que  l'exploitation  en  soit  fruc- 
tueuse. Depuis  longtemps  déjà,  on  avait  re- 
connu que  le  parenchyme  qui  remplit  le 
chaume  du  Maïs  renferme  une  certaine  pro- 
portion de  matière  sucrée  ,  et  quelques  ob- 
servateurs en  avaient  même  extrait  du  sucre 
parfaitement  analogue,  pour  la  nature  et 
pour  la  beauté,  à  celui  fourni  par  la  Canne 
à  sucre;  mais  dans  ces  dernières  années, 
M.  Pallas  a  reconnu  que  ce  sucre  ,  dont  la 
quantité  est  peu  considérable ,  lorsqu'on 
laisse  la  plante  passer  par  toutes  les  phases 
de  la  végétation,  s'accumule  dans  son  tissu 
en  quantité  beaucoup  plus  forte  lorsqu'on 
enlève  les  inflorescences  sans  leur  laisser  le 
temps  de  se  développer  ;  à  l'aide  de  cette  cas- 
tration ,  le  Maïs  peut ,  selon  lui ,  remplacer 
sans  désavantage  la  Canne  à  sucre.  Dana 
une  communication  faite  récemment  par  lui 


598  MAI 

à  l'Académie  des  sciences,  M.  Pallas  assure 
que  les  avantages  de  cette  nouvelle  exploi- 
tation ont  été  reconnus  tellement  évidents 
qu'elle  a  fait  abondonner  la  Canne  à  sucre 
dans  les  environs  de  la  Nouvelle-Orléans.  Ce 
rapide  exposé  suffit  pour  faire  comprendre 
toute  l'importance  que  présente  la  culture 
du  Maïs,  et  pour  rendre  raison  du  haut  prix, 
et  en  quelque  sorte  de  la  vénération  que  les 
Incas  accordaient  à  cette  plante. 

Le  grain  du  Maïs  est  employé  en  nature 
pour  la  nourriture  de  nos  animaux  domes- 
tiques ;  il  sert  particulièrement  à  nourrir 
et  engraisser  la  volaille;  on  en  cultive  assez 
fréquemment  pour  ce  dernier  usage  une  va- 
riété nommée  vulgairement  Maïs  à  poulet, 
dont  le  grain  est  très  petit.  Une  observation 
populaire  ,  que  nous  rappellerons,  est  que  la 
couleur  blanche  ou  jaune  de  son  grain  se 
communique  dans  ce  cas  à  la  graisse  de  l'oi- 
seau qui  en  a  été  nourri.  Ce  grain  fournit 
une  farine  abondante ,  de  couleur  plus  ou 
moins  jaune,  suivant  la  variété,  que  l'on 
mange,  soit  sous  forme  de  bouillie  très 
épaisse,  soit  sous  celle  de  pain.  Pour  ce  der- 
nier usage,  on  la  mêle  ordinairement  d'un 
quart  ou  de  moitié  de  farine  de  Froment. 
Cette  farine  a  même  un  usage  médical  ;  on 
en  fait  des  cataplasmes  émollients  qui  pa- 
raissent être  préférables  à  ceux  de  farine  de 
Lin,  parce  qu'ils  sèchent  plus  lentement  et 
ne  rancissent  pas.  On  se  rappelle  que  les 
observations  récentes  de  quelques  médecins 
tendent  à  faire  regarder  l'alimentation  ex- 
clusive par  le  Maïs  comme  la  source  de  la 
pellagre ,  maladie  qui  règne  à  peu  près 
constamment  en  certains  lieux,  particuliè- 
rement en  Lombardie.  L'examen  chimique 
de  la  farine  de  Maïs  a  été  fait  par  Lespez  et 
Mercadien,  qui  y  ont  reconnu  la  compo- 
sition suivante  : 

Fécule 75,35 

Matière  sucrée  et  animalisée.       4,30 

Mucilage 2,50 

Albumine 0,50 

Son.       .......       3,25 

Eau, 12,00 

Perte 1,90 

100 
Le  Maïs  est  rustique  de  sa  nature;  re- 
pendant il  est  plus  sensible  au  froid  que  le 
Blé  :  aussi  s'avance-t-il  moins  vers  le  nord. 


MAI 

On  peut  cependant  dépasser  pour  la  cul- 
ture les  limites  que  semblerait  devoir  lui 
assigner  la  température  moyenne  de  l'an- 
née ,  en  recourant  à  certaines  de  ses  va- 
riétés dont  la  végétation  est  très  rapide, 
particulièrement  à  celle  qu'on  connaît  sous 
le  nom  de  Maïs  quarantain.  On  peut  alors 
le  semer  plus  tard  ,  et  profiter  ainsi  des  deux 
mois  les  plus  chauds  de  l'année.  Il  réussit 
dans  presque  toutes  les  terres,  pourvu  qu'el- 
les aient  été  soigneusement  préparées  et  en- 
graissées ;  néanmoins  il  préfère  les  bons  ter- 
rains. Il  aime  assez  l'humidité,  et  il  résiste 
même  à  la  submersion  plus  que  nos  autres 
céréales.  On  le  sème,  soit  en  avril  ou  en 
mai,  lorsqu'il  doit  donner  la  récolte  prin- 
cipale, soit  plus  tard  ,  avec  des  variétés  hâ- 
tives, lorsqu'il  succède  à  une  autre  récolte; 
le  semis  se  fait  généralement  en  lignes  di- 
versement espacées,  suivant  les  usages  lo- 
caux; et  on  éclaircit  le  plant  de  manière  à 
laisser  les  pieds  séparés  d'environ  50  ou  60 
centimètres.  On  bine  deux  ou  trois  fois,  en 
rechaussant  chaque  fois,  et  en  buttant  tout- 
à-fait  en  dernier  lieu.  Lorsque  la  féconda- 
tion a  eu  lieu,  ce  qu'indique  le  dessèche- 
ment des  stigmates,  on  coupe  l'inflorescence 
mâle  avec  l'extrémité  de  la  tige,  au-dessus 
des  épis  femelles.  On  cueille  les  épis  lorsque 
leur  enveloppe  desséchée  indique  queleur  ma- 
turité est  arrivée  ;  après  quoi  on  les  faitsécher, 
soit  en  les  étalant  par  couches  peu  épaisses, 
soit  en  les  réunissant  en  paquets  qu'on  sus- 
pend dans  un  lieu  bien  aéré.  On  détache 
ensuite  les  grains  à  la  main,  ou  mieux  à 
l'aide  d'une  plate-forme  verticale  hérissée 
de  petites  saillies. 

Le  Maïs  a  donné  par  la  culture  un  grand 
nombre  de  variétés  qui  se  distinguent,  soit 
par  la  rapidité  de  leur  végétation,  comme 
le  Maïs  quarantain  ,  soit  par  l'époque  à  la- 
quelle ils  mûrissent,  comme  leMdis  d'été  ou 
d'août  et  celui  d'automne ,  soit  par  la  peti- 
tesse de  leur  grain,  comme  le  Maïs  à  poulet, 
soit  enfin,  et  surtout,  par  la  couleur  de  leur 
grain ,  qui  est  le  plus  souvent  d'un  jaune 
doré,  fréquemment  aussi  blanc,  plus  rare- 
ment rouge,  brun  ou  même  panaché.  De  là 
de  nombreuses  dénominations  qu'il  nous  est 
impossible  d'exposer  ici. 

Nous  avons  dit  plus  haut  que  la  plupart 
des  botanistes  n'admettent  qu'une  seule 
espèce  de  Maïs;  cependant  Molina  en  avait 


MAI 

déjà  proposé  une  seconde,  à  laquelle  il  avait 
donné  le  nom  de  Maïs  cdragua  ou  cdrabda, 
Zea  curagua  Molina,  qu'il  avait  observée 
dans  le  Chili.  Cette  espèce  était  indiquée  par 
les  botanistes  avec  doute;  mais  M.  Bonafous 
en  ayant  obtenu  des  grains ,  et  ayant  pu 
dès  lors  la  cultiver,  a  cru  devoir  l'admettre 
comme  différente  de  celle  du  Zea  Maïs  Lin., 
de  laquelle  elle  se  distingue  par  ses  feuilles 
constamment  dentelées  à  leur  bord.  Il  l'a 
figurée  dans  son  grand  ouvrage  déjà  cité 
(pl.  3). 

D'un  autre  côté  ,  M.  Aug.  de  Saint-Hi- 
laire  a  fait  connaître  ,  par  une  note  publiée 
dans  les  Ann.  des  se.  nat.  (lre  sér.,  t.  XVI, 
pag.  143),  une  plante  du  Paraguay,  qu'il  a 
regardée  comme  une  simple  variété  du  Zea 
Mais  Lin.,  et  qui  se  distingue  parce  que 
«  ses  grains  sont  revêtus  d'enveloppes  comme 
ceux  des  autres  Graminées.  »  Il  pensait  que 
la  culture  avait  pour  effet  de  faire  perdre  en 
peu  de  temps  à  ces  grains  leur  enveloppe.  Il 
avait  nommé  cette  plante  :  Zea  Mais ,  var. 
tunicata.  M.  Bonafous,  l'ayant  cultivée,  a  re- 
connu que  les  enveloppes  de  ces  grains  se 
conservent  malgré  la  culture;  pour  ce  mo- 
tif, il  l'a  regardée  comme  constituant  une 
espèce  distincte  à  laquelle  il  a  donné  le 
nom  de  Zea  cryptosperma  Bonaf.,  et  que 
caractérisent  essentiellement  les  glumes  re- 
vêtant entièrement  le  grain  {Id.t  loc.  cit., 
pl.  5  bis). 

Déjà,  depuis  plusieurs  années,  ce  dernier 
botaniste  avait  proposé  comme  nouvelle  es- 
pèce un  Maïs  de  la  Californie,  dont  les  feuil- 
les et  les  glumes  sont  hérissées,  dont  les  épil- 
lets  sont  pour  la  plupart  sessiles  dans  l'épi 
mâle,  et  non  pédicules  comme  dans  ses  con- 
génères. Dans  son  grand  ouvrage,  il  a  con- 
servé et  figuré  cette  même  espèce  à  laquelle 
il  a  donné  le  nom  de  Zea  hirta  Bonaf.  (loc. 
cit.,  pl.4). 

Enfin,  dans  ce  dernier  ouvrage,  M.  Bo- 
nafous a  proposé  également,  comme  espèce 
distincte  et  séparée,  un  Mais  qu'on  cultive 
en  Amérique  sur  les  rives  du  Missouri,  et 
que  caractérisent  des  grains  aplatis,  et  sur- 
tout la  coloration  rouge,  constante,  des  glu- 
mes et  des  glumelles  de  l'épi  femelle.  Il  lui 
a  donné  le  nom  de  Zea  erythrolepis  Bonaf., 
et  il  l'a  figurée  comme  les  précédentes  (/d., 
loc.  cit.,  pl.  5). 

On  voit  par  ce  qui  précède  que  si,  comme 


MAK 


599 


Ta  reconnu  M.  Bonafous,  les  caractères  que 
nous  avo  ns  indiqués  résistent  à  l'épreuve 
de  la  culture,  le  genre  Zea  renfermerait  au- 
jourd'hui 5  espèces  distinctes  et  séparées. 
Dans  le  cas  contraire,  les  quatre  dernières 
plantes  dont  nous  venons  de  parler  rentre- 
raient dans  le  Zea  Mais  Lin.,  comme  des 
variétés  extrêmement  remarquables.  (P.  i  .) 

MAITEN ,  Feuil.  bot.  ph.  —  Synon.  de 
Maytenus ,  Juss. 

MAITES,  Luc.  crdst.  —  Syn.  de  Maïei  s, 
Milne-Edwards.  (H.  L.) 

MAJA,  Linn.  crdst.  — -  Syn.  de  Maia. 

MA JAT.  moll.  —  Adanson  (  Voyage  au 
Sénégal)  nomme  ainsi  une  espèce  très  com- 
mune de  Porcelaine ,  Cyprœa  stercoraria 
Lamk. 

*MAJETA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Mélastomacées-Miconiées ,  établi 
par  Aublet  (  Guian.,  I,  443,  t.  176  ).  Ar- 
brisseaux de  l'Amérique  tropicale.  Voy.  mé- 

LASTOMACÉES. 

MAJORANA.  bot.  ph.  —  Voy.  marjo- 
laine. 

MAKAIRA.  poiss. — Genre  de  l'ordre  des 
Acanthoptérygiens ,  famille  des  Scombéroï- 
des,  établi  par  Lacépède  et  adopté  par  Cuvier 
(Règne  animal,  t.  II,  p.  202).  Les  Makaira 
diffèrent  des  Espadons  proprement  dits  par 
la  pointe  en  forme  de  stylet  qui  termine 
leur  museau,  par  les  deux  petites  crêtes 
saillantes  qui  garnissent  la  base  delà  cau- 
dale, et  par  l'absence  des  ventrales. 

On  ne  connaît  qu'une  seule  espèce  de  ce 
genre;  elle  a  été  prise  à  l'Ile  de  Ré,  et 
nommée  Makaira  noirâtre,  Lacép.  (Xiphias 
makaira  Sh.). 

MAKI.  Lemur.  mam.  —  Le  genre  Maki, 
Lemur  de  Linné ,  Prosimia  de  Brisson  ,  a  été 
beaucoup  restreint  par  les  naturalistes  mo- 
dernes, et  pris  dans  son  ensemble,  il  est 
devenu  la  famille  des  Primates  désignée 
sous  la  dénomination  de  Lémuriens. 

Les  Makis  proprement  dits  ont  encore 
quelques  uns  des  caractères  des  Singes ,  mais 
ils  en  diffèrent  principalement  sous  le  rap- 
port de  leur  système  dentaire.  Les  Maiiis  ont 
36  dents,  savoir  :  4  incisives  supérieures  et 
6  inférieures,  4  canines,  6  molaires  supé- 
rieures de  chaque  côté,  et  seulement  5  in- 
férieures r  les  deux  incisives  intermédiaires 
supérieures  sont  très  écartées  entre  elles,  plus 
petites  que  les  latérales,  et  terminées  par  une 


coo 


MAK 


ligne  droite  transversale;  les  latérales  sont 
coupées  obliquement  d'arrière  en  avant ,  et 
placées  presque  Tune  devant  l'autre;  les  4 
incisives  intermédiaires  inférieures  sont  très 
minces,  très  longues,  couchées  en  avant,  et 
rapprochées  de  manière  à  figurer  les  dents 
d'un  peigne;  les  latérales  sont  plus  grandes, 
coupées  obliquement  du  côté  de  la  canine, 
et  couchées  en  avant  comme  les  autres.  Les 
canines  supérieures  sont  minces,  larges, 
arquées,  tranchantes  en  avant  et  en  arrière, 
aplaties  à  la  face  citerne  et  renfermées  à  la 
face  interne  par  une  saillie  qui  les  rend 
triangulaires  ;  les  inférieures  se  croisent 
en  arrière  avec  les  supérieures ,  elles  sont 
triangulaires  et  semblables  à  de  fausses 
molaires.  Trois  fausses  molaires  suivent  la 
canine  supérieure  après  un  intervalle  vide; 
elles  présentent  une  pointe  assez  aiguë, 
triangulaire  et  un  large  talon  ;  3  vraies 
molaires  viennent  après,  la  première  est  la 
plus  grande,  et  la  troisième  beaucoup  plus 
petite;  à  la  mâchoire  inférieure  il  n'y  a  que 
2  fausses  molaires  et  3  vraies,  et  toutes 
ont  à  peu  près  la  même  forme  que  les  su- 
périeures. Les  formes  générales  des  Makis 
sont  sveltes;  leur  tête  est  longue,  triangu- 
laire, à  museau  effilé,  et  elle  a  été  souvent 
comparée  à  celle  des  Renards.  Le  pelage  est 
en  général  laineux,  très  touffu  et  abondant. 
Les  oreilles  sont  courtes  et  velues;  les  na- 
rines terminales  et  sinueuses.  Les  yeux  sont 
placés,  non  pas  antérieurement,  comme 
chez  l'Homme,  ni  latéralement,  comme  chez 
les  Singes,  mais  dans  une  position  inter- 
médiaire. Les  membres  des  Makis ,  et  sur- 
tout les  postérieurs,  sont  longs,  et  les  pouces, 
bien  séparés  des  autres  doigts  et  bien  op- 
posables, font  de  leurs  mains  des  instru- 
ments assez  parfaits  de  préhension  ;  tous  les 
doigts  sont  terminés  par  des  ongles  plats, 
vu  du  moins  aplatis,  à  l'exception  d'un  seul  ; 
le  second  des  pieds  de  derrière ,  qui  est  as- 
sez court,  est  remarquable  par  sa  phalange 
onguéale  fort  amincie ,  que  termine  un 
ongle  subulé,  long  et  relevé.  La  queue  est 
plus  longue  que  le  corps;  mais  ce  n'est  pas 
un  organe  de  préhension.  Les  mamelles  sont 
pectorales ,  et  au  nombre  de  deux.  Le  gland 
est  conique,  et  sa  surface  est  couverte  de 
papilles  cornées  dirigées  en  arrière. 

L'organisation  des  Makis  a  été  étudiée,  et 
l'on  a  vu  que,  sous  ce  rapport,  ces  animaux  J 


MAK 

se  rapprochaient  beaucoup  des  Singes.  Les 
parties  molles  ont  offert  à  peu  près  les  mêmes 
dispositions;  le  foie  n'a  que  deux  grands 
lobes  et  un  petit;  l'estomac,  approchant  de 
la  forme  sphéroïdale  ,  a  ses  deux  issues ,  le 
cardia  et  le  pylore ,  très  rapprochées  l'une 
de  l'autre.  Leur  squelette  a  donné  lieu  à 
divers  travaux;  mais  c'est  surtout  M.  de 
Blainville  (Ostéographie,  fascicule  des  Pri- 
mates, 1842)  qui  l'a  étudié  avec  soin.  L'en- 
semble des  pièces  qui  composent  le  sque- 
lette indique  des  mouvements  de  préhen- 
sion et  de  saut.  Les  os  de  ces  animaux 
ont  quelque  chose  de  ceux  des  oiseaux; 
ils  sont  plus  légers,  plus  fistuleux  et  moins 
épais  que  ceux  des  Singes.  Le  nombre  des 
os  du  squelette  des  Makis ,  ainsi  que  leur 
disposition  générale  n'offre  rien  de  particu- 
lier, si  ce  n'est  dans  l'absence  assez  fré- 
quente de  la  queue.  La  colonne  vertébrale 
des  Makis,  et  en  particulier  celle  du  Lemur 
catta,  pris  pour  type  par  M.  de  Blainville, 
a  beaucoup  de  ressemblance  avec  celle  des 
quadrumanes  ordinaires  :  il  y  a  59  vertèbres, 
4  céphaliques,  7  cervicales,  13  dorsales,  6 
lombaires,  3  sacrées  et  26  coccygiennes. 
L'hyoïde  a  un  corps  étroit  en  travers,  un  peu 
arqué ,  ce  qui  indique  la  dégradation  vers  les 
Carnassiers.  Le  sternum  étroit,  surtout  an- 
térieurement, comme  celui  des  Carnassiers , 
est  composé  de  7  sternèbres.  Les  côtes  sont 
au  nombre  de  13  :  savoir,  8  vraies  et  5 
fausses.  Les  membres  antérieurs,  plus  courts 
que  les  postérieurs,  sont  composés  :  d'une 
omoplate  plus  petite  que  celle  des  Sapajous; 
d'une  clavicule  très  peu  développée,  droite; 
d'un  humérus  plus  grêle  et  plus  allongé  que 
chez  les  Singes;  d'os  de  l'avant-bras  assez 
grêle  ,  et  d'une  main ,  plus  longue  que  dans 
les  Sajous,  et  presque  égale  en  longueur  au 
radius.  Les  membres  postérieurs  ont  un  en- 
semble plus  grêle  ;  ils  sont  plus  longs  que  chez 
les  Singes  ;  le  bassin  est  assez  faible  et  étroit  ; 
le  fémun  est  long,  un  peu  grêle;  son  corps 
est  presque  droit;  la  jambe  ressemble  à  celle 
des  Guenons;  le  pied  en  totalité  offre  à  peu 
près  la  même  proportion  ,  par  rapport  à  la 
jambe,  que  chez  les  Cercopithèques;  il  est 
néanmoins  plus  étroit,  et  la  partie  tar- 
sienne est  proportionnellement  un  peu  plus 
longue. 

Dans  leur  pays  natal,  les  Makis  vivent  en 
troupes  sur  les  arbres,  et  ils  se  nourrissent 


MAK 

de  fruits.  Ces  Lémuriens  s'apprivoisent  fa- 
cilement, et  vivent  très  bien  en  captivité: 
dans  nos  ménageries,  ils  font  preuve  d'une 
grande  agilité,  et  se  comportent  à  peu  près 
comme  les  Singes  ,  mais  toutefois  leur  ca- 
ractère est  beaucoup  moins  impétueux,  et 
même  est  empreint  d'une  espèce  de  taci- 
turnité.  Un  individu  de  l'espèce  du  Mo- 
coco,  qui  a  été  étudié  par  Fr.  Cuvier,  se 
portait  encore  très  bien  aif  bout  de  dix-neuf 
ans  de  domesticité,   quoique,  depuis  son 
m  arrivée  en  France,  il  eût  toujours  paru  fort 
incommodé  du  froid  ;  il  cherchait  à  s'en 
garantir  en  se  ramassant  en  boule,  les  jam- 
bes rapprochées  du  ventre,  et  en  se  couvrant 
le  dos  avec  sa  queue;  il  s'asseyait  l'hiver  à 
portée  d'un  foyer,  et  tenait  ses  mains  et 
même  son  visage  aussi  près  du  feu  qu'il  le 
pouvait  ;  il  lui  arrivait  quelquefois  de  se 
laisser  ainsi  brûler  les  moustaches,  et  alors 
même  il  se  contentait  de  tourner  la  tête,  au 
lieu  de  s'éloigner  du  feu.  Les  mâles  sont 
ardents  en  amour,  et  les  femelles  portent 
environ  quatre  mois  leurs  petits,  qui  nais- 
sent ordinairement  au  nombre  de  deux,  et 
tettent  pendant  six  mois.  Ils  recherchent, 
même  en  été,  les  rayons  du  soleil.  Pour 
dormir,  ils  se  placent  dans  des  lieux  d'un 
difficile  accès,  et  lorsqu'ils  sont  accouplés 
par  paire,  ils  se  rapprochent  ventre  contre 
ventre,  s'enlacent  avec  leurs  bras  et  leur 
queue,  et  dirigent  leurs  têtes  de  façon  que 
chacun    d'eux   peut  apercevoir  ce  qui  se 
passe  derrière  le  dos  de  l'autre.   Ils  ont 
grand  soin  d'entretenir  la  propreté  de  leur 
robe  et  de  leur  queue,  qu'ils  tiennent  le  plus 
souvent  relevée  lorsqu'ils  marchent  à  terre, 
et  au  contraire,  qu'ils  laissent  pendre  toute 
droite  lorsqu'ils  sont  placés  sur  un  point 
élevé.  On  les  nourrit  de  fruits ,  de  carottes 
et  de  quelques  autres  racines,  et  l'on  y 
joint  même  de  la  chair  cuite  et  du  poisson 
cru  ,  qu'ils  ne  dédaignent  pas  :  ils  mangent 
aussi  des  insectes. 

Les  Makis  habitent  Madagascar  et  quel- 
ques petites  îles  très  rapprochées  de  cette 
terre,  telles  que  celle  d'Anjouan. 

Plusieurs  naturalistes  se  sont  occupés  du 
genre  Maki;  nous  citerons  les  principaux, 
tels  que  Audebcrt  (Hist.  nat.  des  Makis) , 
Buffon  et  Daubenton  {Hist.  nat.  gén.  et 
part.),  Et.  Geoffroy  Saint-Hilaire  {Annales 
du  Muséum  et  Mag.  encyclop.),  Fr.  Cuvier 

T.  VII. 


MAK 


601 


(Mamm.  de  la  ménagerie) ,  A. -G.  Desmarest 
{Mammalogie)  et  M.  Lesson  >  qui,  dans  un 
ouvrage  récent  (Nouv.  tab.  desMam.,  1842), 
a  proposé  la  création  de  divers  genres, ceux 
des  Cebugale,  Myscebus,  Gliscebus ,  Mioxi- 
cebus,  etc.,  formés  aux  dépens  de  l'ancien 
genre  Lemur,  etc. 

On  connaît  une  quinzaine  d'espèces  de 
ce  genre;  nous  ne  décrirons  que  les  princi- 
pales et  nous  nous  bornerons  à  citer  seu- 
lement les  autres. 

1.  Le  Maki  vari,  Buffon  (Hist.  natur., 
t.  XIII,  pi.  27),  Et.  GecSTr.  (Mag.  encyclo- 
pédique, t.  I,  et  Ann.  du  Muséum,  t.  XIX) , 
Lemurmacaco Linné.  Il  a  55  centimètres  de 
long.  Son  pelage  est  varié  de  grandes  ta- 
ches blanches  et  noires:  le  mâle  a  les  côtés 
du  nez,  les  coins  de  la  bouche,  les  oreilles, 
le  dessus  du  cou,  le  dos  et  les  flancs,  de 
couleur  blanche,  avec  le  dessus  de  la  tête, 
le  ventre,  la  queue  et  la  face  externe  des 
avant-bras  et  des  cuisses  de  couleur  noire: 
la  femelle  diffère  du  mâle  en  ce  qu'elle  a 
beaucoup  moins  de  blanc,  et  particulière- 
ment en  ce  que  son  dos  est  tout  noir,  à 
l'exception  d'une  bande  blanche  placée 
transversalement  à  son  milieu  :  les  jeunes 
des  deux  sexes  ont  le  dos  blanc. 

Cet  animal  porte  à  Madagascar,  d'après 
Flaccourt ,  le  nom  de  Vari  cossi,  et  les  voya- 
geurs lui  attribuent  des  mœurs  sauvages  et 
furibondes  qu'on  ne  lui  reconnaît  nulle- 
ment à  l'état  de  captivité.  On  dit  qu'il  fait 
retentir  les  forêts  de  cris  très  élevés  et  très 
perçants. 

2.  Le  Maki  mococo,  Buffon  (Hist.  nat., 
t.  XIII,  pi.  22),  Et.  Geoffr.  (Ménag.),  Fr. 
Cuvier  (Mam.  lithogr.),  Lemur  calla  Linné, 
Gmelin.  Sa  longueur,  du  bout  du  nez  à 
l'origine  de  la  queue ,  est  de  40  à  42  centi- 
mètres ,  et  la  queue  a  50  centimètres.  Le 
pelage  est  cendré  roussàtre  en  dessus,  cen- 
dré sur  les  membres  et  les  flancs ,  et  blanc 
en  dessous;  la  queue  est  colorée  d'anneaux 
alternativement  blancs  et  noirs. 

A  Madagascar,  ces  Makis  errent  dans  les 
forêts,  par  troupes  composées  de  trente  à 
quarante  individus.  Cette  espèce  est  très  fré- 
quemment apportée  en  Europe.  Elle  est  fort 
agile  et  grimpe  avec  la  plus  grande  légèreté 
sur  les  points  du  plus  difficile  accès.  Son 
caractère  est  très  doux  et  fort  curieux ,  et  il  # 

montre  quelque  affection  pour  les  personnes 
76 


602 


MAK 


qui  ont  soin  de  lui.  Avant  de  dormir,  il 
se  livre  à  un  exercice  violent  qu'il  prolonge 
assez  longtemps  ,  comme  pour  se  fatiguer  ; 
ensuite  il  choisit  un  endroit  très  élevé ,  et 
s'y  accroupit  en  inclinant  son  museau  sur 
sa  poitrine,  et  s'enveloppant  de  sa  longue 
queue. 

3.  Le  Maki  a  front  blanc,  Et.  Geoffr.  {Mag. 
encycl,  1. 1  ;  Ann.  Mus.,  t.  XIX),  Audebert, 
Fr.  Cuvier;  le  Maki  d'Anjouan,  Et.  Geoffr. 
(loco  citato),  Lemur  albifrons  Et.  Geoffr. -St- 
Hil.  II  est  roux-brunâtre  en  dessus,  gris  à 
l'occiput  et  sur  les  épaules,  gris-roussâtre 
en  dessous.  La  face  est  noire  depuis  les 
yeux;  le  mâle  a  sur  le  dessus  de  la  tête  et 
sur  le  front  un  bandeau  blanc  qui  n'existe 
pas  chez  la  femelle  :  aussi  celle-ci  avait-elle 
été  considérée  comme  une  espèce  distincte 
sous  le  nom  de  Maki  d'Anjouan.  La  Ména- 
gerie du  Muséum  ayant  réuni  à  la  fois  les 
deux  sexes,  on  est  parvenu  à  les  faire  accou- 
pler; la  femelle  a  mis  bas  au  bout  de  quatre 
mois  de  gestation.  Les  petits,  qui  n'avaient 
en  naissant  que  la  grosseur  d'un  rat,  pou- 
vaient déjà  manger  seuls  au  bout  de  six 
semaines.  C'est  Fr.  Cuvier  qui  a  démontré 
que  les  Makis  d'Anjouan  et  à  front  blanc  ne 
formaient  qu'une  seule  et  même  espèce;  et 
il  est  possible  que  d'autres  observations  fis- 
sent de  même,  dans  la  suite,  diminuer  le 
nombre  des  espèces  de  ce  genre,  en  mon- 
trant à  l'égard  de  quelques  unes  de  celles 
admises  aujourd'hui  qu'elles  ne  sont  pareil- 
lement que  de  simples  variétés  d'âge  ou  de 
sexe. 

Le  Maki  à  front  blanc  a  été  trouvé  à  Ma- 
dagascar et  à  Anjouan. 

4.  Le  Maki  mongous,  Buffon  (Hist.  nat., 
t.  XIII,  pi.  26),  Et.  Geoffr.,  Lemur  mongos 
Linné.  Le  pelage  est  gris  en  dessus,  blanc 
en  dessous;  le  tour  des  yeux  et  le  chanfrein 
sont  noirs;  il  a  une  tache  noirâtre  sur  le 
sommet  de  la  tête;  les  parties  nues  des  pieds 
etdes  mains  sont  de  couleur  brune.  Du  reste 
le  nom  de  Mongous  a  été  généralement  appli- 
qué aux  espèces  de  Makis  à  pelage  plus  ou 
moins  brun  ou  gris,  et  n'offrent  point  de 
grandes  taches  de  couleur,  déterminées, 
comme  le  Vari  et  le  Maki  rouge  ,  ou  d'an- 
neaux sur  la  queue,  comme  le  Mococo.  Ces 
espèces  ,  créées  par  Et.  Geoffroy-Saint-Hi- 
laire,  pour  être  admises ,  doivent  être  exa- 
minées de  nouveau. 


MAK 

Le  Lbttiur  mongos  est  moins  familier  que 
le  Mococo;  cependant  il  présente  à  peu  près 
les  mêmes  habitudes  naturelles.  Il  habite 
Madagascar. 

5.  Le  Maki  a  fraise,  Et.  Geoffr.;  le  Mon- 
gous, Fr.  Cuv.  {Mam.  lithogr.),  Lemur  colla- 
ris)  Et.  Geoffr.  (loco  citato).  Son  pelage  est 
brun-roux  en  dessus,  fauve  en  dessous;  il 
offre  une  sorte  de  collerette  de  poils  roux;  sa 
face  est  plombée  ;  les  poils  de  la  queue  sont 
dirigés  latéralement.  La  femelle  est  plus  pe- 
tite que  le  mâle,  et  elle  a  le  sommet  de  la 
tête  gris,  et  le  pelage  généralement  jaunâtre. 

Il  se  trouve  à  Madagascar.  En  domesticité, 
il  est  timide  et  peu  intelligent;  il  dort  en 
boule,  enveloppé  dans  sa  queue,  boit  en 
humant,  peigne  son  poil  avec  ses  incisives 
inférieures  :  on  le  nourrit  de  racines,  de 
pain ,  de  lait. 

6.  Le  petit  Maki,  Buffon  (Suppl.,  VII, 
pi.  84);  le  Griset,  Audebert  (Hist.  nat.  des 
Makis,  pi.  7);  Lemur  cinereus  Et.  Geoffr. 
(Mag.  encycl.).  C'est  la  plus  petite  espèce  du 
genre,  car  elle  n'a  environ  que  28  centim.  de 
longueur.  Sa  tête  est  un  peu  moins  allongée 
proportionnellement  à  celle  des  autres  es- 
pèces, et  ce  caractère ,  ainsi  que  celui  de  sa 
petite  taille,  l'a  fait  longtemps  considérer 
comme  le  jeune  âge  d'une  espèce  connue; 
mais  on  ne  doute  plus  aujourd'hui  de  sa  dis- 
tinction spécifique.  Son  pelage  est  généra- 
lement gris  en  dessus  et  blanc-grisâtre  en 
dessous  :  les  poils  de  sa  queue  sont  un  peu 
longs  et  d'un  gris  uniforme. 

Habite  Madagascar,  comme  ses  congé- 
nères. 

Les  autres  espèces  de  ce  groupe,  que 
nous  nous  bornerons  à  citer,  sont  :  Le  Maki 
rouge,  Et.  Geoffr.;  Maki  roux  ,  Fr.  Cuvier, 
Lemur  ruber  Péron  et  Lesueur ,  le  Maki 
noir,  Edwards;  Lemur  niger  Et.  Geoffr.,  le 
Maki  brun  ,  Grand  Mongous,  Buffon  ;  Lemur 
fulvus  Et.  Geoffr.,  le  Maki  aux  pieds  blancs, 
Audebert;  Lemur  albimanus  Brisson,  Et. 
Geoffr.  ;  le  Maki  a  front  noir,  Et.  Geoffr.; 
Lemur  simiasciurus  Petiver,  Lemur  nigri- 
frons  Et.  Geoffr.  etc.  M.  Lesson,  dans  son 
Tableau  des  Mammifères,  a  indiqué  plusieurs 
espèces  nouvelles  dont  il  n'a  pas  publié  les 
caractères  ;  et  il  n'est  pas  facile  de  savoir 
quelles  sont  ces  nouvelles  espèces,  car, 
dans  la  division  des  Lémuriens  surtout , 
l'auteur  ayant  cru  devoir  changer  plusieurs 


MAL 


MAL 


613 


noms  pour  en  appliquer  de  nouveaux  et 
n'ayant  pas  donné  de  synonymie,  on  ne 
sait  pas  au  juste  quelles  sont  les  espèces 
anciennement  connues  et  celles  indiquées 
pour  la  première  fois. 

D'après  Fr.  Cuvier  et  Desmoulins,  on  de- 
vrait joindre  au  genre  Maki  le  Galago  de 
Madagascar  ou  Maki  nain,  Lemur  murinus , 
qui  aie  museau  court,  la  tête  ronde,  les 
yeux  grands  et  dont  le  pelage  est  épais, 
d'un  gris  fauve  uniforme  en  dessus  et  blanc 
en  dessous  :  mais,  comme  le  fait  observer 
M.  Isidore  Geoffroy -Saint-Hilaire,  il  est 
probable  que  cette  espèce  ne  doit  être  pla- 
cée ni  avec  les  Makis  ni  avec  les  Galages, 
et  c'est  avec  raison  que  M.  Lesson  {loco  ci- 
tato)  a  créé  pour  elle  et  pour  un  autre  Le- 
mur du  nom  de  rufus  ,  Less. ,  un  genre 
particulier  sous  la  dénomination  de  Glisce- 
bus.  (E.  Desmarest.) 

MALABAILA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Ombellifères-Smyrnées,  établi 
par  Tausch  [in  Flora,  1834,  p.  356).  Her- 
bes de  l'Illyrie.  Voy.  ombellifères. 

MALABATHRUM ,  Burm.  bot.  ph.  — 
Syn.  de  Cinnamomum,  Burm. 

*MAL  ACANTHE.  Malacanthus  (ucdaxoç, 
mou  ;  axav9a  ,  épine),  poiss.  —  Genre  de 
l'ordre  des  Acanthoptérygiens  ,  famille  des 
Labroïdes ,  établi  par  Bloch  et  adopté  par 
Cuvier  (Règ.  an.,  t.  II,  p.  264).  Le  carac- 
tère le  plus  apparent  des  Poissons  de  ce 
genre  consiste  dans  leur  longue  nageoire 
dorsale,  où,  parmi  de  très  nombreux  rayons, 
il  n'en  est  que  trois  ou  quatre  en  avant  qui 
soient  simples  :  encore  sont-ils  quelquefois 
tout-à-fait  flexibles.  Us  ont  d'ailleurs  le 
corps  allongé,  peu  comprimé;  les  écailles 
petites  ;  l'anale  presque  aussi  longue  que 
la  dorsale;  les  autres  nageoires  médiocres; 
la  tête  oblongue  ;  le  front  peu  convexe  ; 
'.l'œil  médiocre  et  placé  en  arrière  ;  la  bou- 


che assez  fendue;  les  lèvres  charnues. 


j  Ce  genre  renferme  2  espèces  :  l'une,  le  Ma- 
jLacanthe  de  Plumier  ,  M.  Plumieri  Cuv.  et 
iVal.,  habite  les  mers  d'Amérique;  l'autre, 

Ile  Malacanthe  a  larges  raies  ,  ou  Tubleu 
de  l'Ile  de  France,  M.  tœniatus  Cuv.  et 
Val.,  vit  dans  les  mers  des  Indes.  Leur  taille 
varie  de  45  à  50  centimètres.  Leur  couleur 
générale  est  le  jaune  nuancé  de  violet.  (J.) 
*MALACHADENIA  (pxAxx*.  mauve; 
Mrs» ,  glande),  bot.  ph.—  Genre  de  la  famille 


des  Orchidées,  établi  par  Lindley  (m  Bol. 
reg.,  1 339).  Herbes  du  Brésil.  Voy.  orchidées. 

*MALACHIÉES.  Malachiœ.  bot.  ph.  — 
C'est  une  des  tribus  établies  dans  les  Ca- 
ryophyllées  par  M.  Fenzl,  qui  a  proposé  une 
nouvelle  circonscription  et  de  nouvelles  di- 
visions pour  ce  groupe.  Il  caractérise  cette 
tribu ,  composée  jusqu'ici  du  seul  genre 
Malachium,  par  des  pétales  bipartis  ,  5  sty- 
les alternant  avec  les  segments  du  calice, 
une  capsule  s'ouvrant  en  autant  de  valves 
opposées  à  ces  mêmes  segments  et  bidentées 
au  sommet.  (Ad.  J.) 

*MALACHIENS.  Malachii.  ins.  —Tribu 
formée  par  Erichson  (Entomographien ,1840, 
p.44-131)danslafamilledesMaIacodermes, 
ordre  des  Coléoptères  pentamères.  Us  sont 
voisins  desTéléphores,  et  s'en  distinguent  par 
une  taille  plus  petite,  trapue,  presque  carrée, 
et  par  des  couleurs  vives  et  agréables.  On  les 
trouve  sur  les  plantes  et  les  fleurs.  Si  l'on 
vient  à  les  saisir,  ils  font  paraître  sur  les 
côtés  du  corps  des  membranes  charnues,  ré- 
tractiles,  susceptibles  de  se  dilater,  et  aux- 
quelles on  a  donné  le  nom  de  cocardes. 
Cette  particularité  n'existe  que  chez  ces  In- 
sectes. On  les  trouve  répartis  sur  tous  les 
points  du  globe.  200  espèces  environ  sont 
décrites.  Leurs  larves  vivent  dans  l'intérieur 
du  bois  mort;  on  les  suppose  carnassières. 

Genres  rentrant  dans  la  tribu  :  Apalo- 
chrus,  Collops,  Laïus,  Malachius,  Illops, 
Altalus ,  Hedybius ,  Anthocomus ,  Elœus  , 
Cheropus,  Atelestus ,  Chalicorus,  Troglops, 
Colotes,  Lemphus,  Carphurus.  (C.) 

MALACHITE  (^a^n,  mauve  :  pierre 
couleur  de  mauve),  min.  — C'est  le  nom  du 
Cuivre  carbonate  vert.  Voy.  cuivre.  (Del.) 

*MALACHIUM  (  t**UXYi ,  mauve  ).  bot. 
ph. —  Genre  de  la  famille  des  Caryophyllées- 
Malachiées,  établi  par  Fries  (Flor.  holl., 
77).  Herbes  de  l'Europe  et  de  l'Asie  cen- 
trale. Voy.  caryophyllées. 

*MALACHIUS  (><xAaX*j,  mauve),  ins. 
—  Genre  de  Coléoptères  pentamères  ,  fa- 
mille des  Malacodermes,  tribu  des  Mala- 
chiens  (des  Mélyrides  de  Latreille),  créé  par 
Fabricius  (Systema  eleutherathorum,  I,  306), 
et  restreint  par  Erichson  (Entomographien, 
p.  65-87)  à  32  espèces.  28  appartiennent  à 
l'Europe  et  4  à  l'Asie.  Les  antennes  des 
Malachius  sont  insérées  entre  les  yeux  et 
composées  de  onze  articles  distincts.  Leurs 


604 


MAL 


MAL 


palpes  sont  filiformes;  le  ctiaperon  est  tra- 
pézoïde ,  corné ,  et  le  lobe  presque  carré. 
Nous  citerons  les  espèces  les  plus  connues 
de  France:  M.  œneus ,  bipustulatus  Linn., 
viridis,  rufus,  marginellus,  pulicarius,  rufi- 
collis  F.  et  elegans  01.  La  plupart  des  mâles 
ont  un  appendice  en  forme  de  crochet  au 
bout  de  chaque  étui.  Latreille  dit  que  la  fe- 
melle saisit  par  derrière  avec  ses  mandibules 
les  appendices  du  mâle  pour  l'arrêter  lors- 
qu'il fuit  ou  qu'il  court  trop  vite.  Les  pre- 
miers articles  des  antennes  de  ces  mêmes 
mâles  sont  souvent  irrégulièrement  dila- 
tés. (G.) 

MALACHRA.  bot.  ph.— Genre  de  la  fa- 
mille des  Malvacées  Sidées,  établi  par  Linné 
(Gen.,  1266).  Herbes  ou  sous-arbrisseaux  de 
l'Amérique  tropicale.  Voy.  malvacées. 

*MALACM.>EA,  Grieseb.  bot.  ph.— Syn. 
de  Bunchosia,  L.-G.  Rich. 

*MALACOBDELLA  (  fiaWç ,  mou  ; 
Ç$éï\*  ,  sangsue  ).  annél.  — Genre  d'Anné- 
lides  de  la  famille  des  Hirudinées ,  créé  par 
M.  de  Blainville  (Dict.  se.  nat.,  article  Vers, 
t.  LV1I,  1828  ) ,  et  ayant  pour  caractères  : 
Corps  ovale,  très  déprimé,  continu  ou  sans 
articulations  visibles;  tête  non  distincte, 
avec  une  simple  bifurcation  antérieure ,  et 
sans  aucun  indice  de  points  oculaires;  dis- 
que d'adhérence  beaucoup  plus  étroit  que  le 
corps;  bouche  antérieure;  anus  bien  évi- 
dent à  la  racine  dorsale  de  la  ventouse  pos- 
térieure ;  orifices  des  organes  de  la  généra- 
tion situés  au  tiers  antérieur  du  ventre. 

L'espèce  type  de  ce  genre  c'est  la  Mala- 
cobdelle  des  Myes  ,  Malacobdella  grossa 
Lin.,  Gm.,  Mul.,  Bl.  On  doit  probable- 
ment rapporter  à  cette  espèce  l'animal  que 
M.  E.  Blanchard  {Académie  des  sciences, 
mai  1845)  a  fait  connaître  sous  le  nom  de 
Xenistum  Valenciennœi  (  voyez  ce  mot  ), 
M.  E.  Blanchard  a  donné  de  nombreux  dé- 
tails sur  l'organisation  de  cette  espèce,  et  y 
a  remarqué  que  le  système  nerveux  ne  res- 
semble en  rien  à  celui  des  Hirudinées  ordi- 
naires ;  en  effet,  les  centres  nerveux  se  trou- 
vent le  long  des  flancs,  à  droite  et  à  gauche 
du  tube  digestif.  Vers  l'extrémité  antérieure 
du  corps ,  on  voit,  de  chaque  côté  de  l'œso- 
phage ,  un  ganglion  arrondi  qui  peut  être 
considéré  comme  le  représentant  d'une  moi- 
tié de  la  masse  médullaire  située  dans  la 
tête  des  animaux  articulés,  et  désignée  sous 


le  nom  de  cerveau.  Une  commissure  longue 
et  étroite  unit  entre  eux  ces  ganglions ,  en 
passant  au-dessus  du  canal  digestif;  mais 
les  cordons  qui  partent  de  ces  mêmes  gan- 
glions pour  se  diriger  en  arrière  ne  se  réu-1 
nissent  pas  en  dessous  de  ce  tube,  et  ne  for- 
ment pas  un  collier  autour  de  l'œsophage  :| 
ils  restent  éloignés  l'un  de  l'autre  jusqu'à 
l'extrémité  postérieure  du  corps,  et  parais- 
sent même  ne  pas  être  unis  au  moyen  de 
commissures;  enfin  ils  ne  présentent,  dans 
la  plus  grande  partie  de  leur  longueur,  que 
des  vestiges  de  ganglions,  et  c'est  seulement 
dans  la  partie  correspondante  à  la  ventouse 
anale  que  ces  centres  nerveux  se  montrent 
de  nouveau  d'une  manière  bien  distincte. 
D'autres  détails  sur  les  appareils  digestif, 
circulatoire  ,  respiratoire  et  générateur,  sont 
donnés  par  M.  E.  Blanchard;  mais  nous  ne 
croyons  pas  devoir  en  parler  ici,  renvoyant 
au  Mémoire  que  notre  collègue  vient  de  pu- 
blier à  ce  sujet  dans  les  Annales  des  sciences 
naturelles,  décembre  1845.  (E.  D.) 

*MALACOCERCUS,  Swainson.  ois.  — 
Division  du  g.  Timalie.  Foy.ce  mot.  (Z.  G.) 

MALACODERMES.  Malacodermi  (  f*oùa- 
xoç,  mou;  Sspacc,  cuir),  ins.  —  Famille  de 
Coléoptères  pentamères,  formée  par  La- 
treille (Les  Crustacés,  les  Arachnides  et  les 
Insectes,  1829,  t.  I,  p.  457-484).  L'auteur 
l'a  composée  des  cinq  tribus  suivantes:  Cé- 
brionides,  Lampyrides,  Mélyrides,  Clairones 
et  Ptiniores.  Voyez  ces  divers  mots. 

Laporte  de  Castelnau  {Hist.  naturelle  des 
anim.  articulés,  t.  I,  p.  252-297),  tout  en 
adoptant  ces  cinq  tribus,  y  a  établi  quelques 
subdivisions  :  dans  la  première  rentrent  ses 
Rhipicérites ,  Atopites,  Cyphonites  ;  dans  la 
seconde,  les  Lycusites,  Lampyrites,  Télépho- 
nies; dans  la  troisième,  ses  Malachites,  Da- 
sydites  ;  dans  la  quatrième,  ses  Tillites,  Prio- 
nocérites,  Notoxites  et  Corynétites;  dans  la 
cinquième,  les  Ptinites;  mais  il  ajoute  une 
sixième  tribu,  celle  des  Xylotrogues,  qu'il 
partage  en  Atractocérites  et  Rhysodites. 

Cette  famille  a  pour  caractères  généraux: 
Corps  presque  toujours  de  consistance  molle. 
Presternum  point  dilaté  ni  avancé  antérieu- 
rement en  forme  de  mentonnière,  et  très  ra- 
rement prolongé  en  pointe  reçue  dans  une 
cavité  ou  l'extrémité  antérieure  du  mésoster- 
num. Tête  inclinée  en  avant.  Antennes  nese 
logeant  pas  dans  uhe  fossette  sous  le  corselet. 


MAL 


MAL 


605 


Les  Malacodermes  sont  nombreux  en  es- 
pèces, peu  remarquables  sous  le  rapport  de 
la  taille  ou  des  couleurs;  cependant  quel- 
ques unes  sont  assez  brillantes  et  métalli- 
ques. Ces  insectes  fréquentent  les  fleurs ,  les 
végétaux,  le  bois  mort;  quelques  uns  vivent 
à  terre.  Presque  tous  sont  pourvus  d'ailes  et 
sont  carnassiers  au  plus  haut  degré  ,  mais 
plus  particulièrement  à  l'état  de  larves. 

Le  tube  alimentaire  de  ces  insectes  est  plus 
long  que  le  corps;  le  jabot  court;  le  ven- 
tricule chylifique  allongé;  l'intestin  grêle, 
presque  toujours  filiforme;  le  rectum  long. 

(C) 
*M AL ACOG ASTER,    Casteln.    ins.  — 
Syn.  de  Ctenidion,  Dej. 

MALACOLITHE  et  mieux  MALACHO- 
LITI1E  (  paX^Y} ,  mauve),  min.  — Nom 
donné  par  Abildgaard  à  une  espèce  de  Py- 
roxène  d'un  vert  de  Mauve.  Voy.  pyroxène. 

(Del.) 
MALACOLOGIE  (  .u«Wç ,  mou  ;  XSyoç, 
discours),  zool.  —  Histoire  des  animaux 
mous   ou  Mollusques.  Dénomination  em- 
ployée par  M.  de  Blainville  pour  désigner 
cette  branche  de  l'histoire  naturelle.  (Duj.) 
MALACOLOPHUS,  Sw.  (u.xlxxiç,  mou  ; 
)o«poç,  aigrette),  ois.  —  Syn.  deCeleus,  Boié, 
g.  de  la  famille  des  Picidées.  Voy.  pic.  (Z.  G.) 
*MALACOMYZA,  Wesm.  ins.  —  Syn. 
de  Gonioptérygides.  Voy.  psociens.     (Bl.) 

*MALACONOTLTS  ,  Swainson.  ois.  — 
Syn.  de  Laniarius ,  Vieill.  (Z.  G.) 

*MALACOPTERA,Hope.  ins.  —  Syn. 
de  Malacosoma,  Chv.  Voy.  ce  mot.     (C.) 

*MALACOPTERON  (paXaxo'ç,  mou  ;  *t«- 
pov,  aile),  ois.  —  Genre  créé  par  Eyton  pour 
un  oiseau  voisin  des  Turdoïdes ,  apparte- 
nant à  la  même  famille,  et  spécifiquement 
désignée  sous  le  nom  de  M.  maguam.  (Z.  G.) 
MALACOPTERUS  (p.aWç,  mou  ;  «*«'- 
pov,  aile),  ins.  — Genre  de  Coléoptères  sub- 
pentamères,  tétramères  deLatreille  ,  famille 
des  Longicornes  ,  tribu  des  Cérambycins , 
créé  par  Serville  (Ânn.  de  la  Soc.  eut.  de  Fr.t 
t.  II,  pag.  565).  Ce  genre  est  composé  des 
quatre  espèces  suivantes  :  M.  pavidus , 
apex  Germ.  ,  lineatus  Guér.,  et  scutella- 
ris  Ch.,  originaires  de  l'Amérique  méridio- 
nale. (C.) 

MALACOPTÉRYGIENS.  Malacoptery- 
gii  (jxaXaexoi;,  mou;  Ttr/puÇ,  nageoire),  poiss. 
—  Grande  division  établie  dans  la  classe  des 


Poissons  ,  et  renfermant  tous  ceux  qui  ont 
les  rayons  composés  de  pièces  osseuses  arti- 
culées par  synchondrose ,  qui  rendent  le 
rayon  flexible  quand  les  pièces  ont  de  la  lon- 
gueur, et  lui  donnent  au  contraire  de  la 
raideur  et  de  la  solidité  quand  les  articula- 
tions sont  très  rapprochées,  à  cause  du  peu 
d'épaisseur  des  pièces  réunies.  Cuvier,  qui 
a  adopté  cette  division,  y  a  établi  trois  or- 
dres, fondés  sur  la  position  des  ventrales  ou 
leur  absence  : 

1.  MALACOPTÉRYGIENS    ABDOMINAUX.    Ici  les 

ventrales  sont  suspendues  sous  l'abdomen 
et  en  arrière  des  pectorales,  sans  être  atta- 
chées aux  os  de  l'épaule. 

Cet  ordre  est  subdivisé  en  cinq  familles, 
nommées  :  Cyprénoïdes,  Ésoces,  Siluroïdes, 
Salmonoides  et  Clupéoïdes. 

2.  Malacoptérygiens  sdbbrachiens.  Carac- 
tères :  Ventrales  attachées  sous  les  pectora- 
les ;  le  bassin  est  immédiatement  suspendu 
aux  os  de  l'épaule. 

On  y  compte  trois  familles ,  nommées  : 
Gadoïdes,  Poissons  plats  et  Discoboles. 

3.  Malacoptérygiens  apodes.  Cet  ordre , 
caractérisé  par  l'absence  des  nageoires  ven- 
trales, ne  renferme  qu'une  seule  famille, 
celle  des  Anguilliformes.  Voy.  tous  les  noms 
de  familles  cités  dans  cet  article  ,  pour  les 
détails  d'organisation  relatifs  à  chacune 
d'elles.  (J. 

*MALACOPTILA ,  G.  R.  Gray.  ois.  — 
Syn.  de  Lypornix,  Wagl.  Voy.  barbacou. 

*MALACORHY!\QUE.  Malacorhynchus 
{  p.aWoç ,  mou;  ptyxor,  bec),  ois.  — Nom 
générique  employé  par  Ménétrier  pour  des 
espèces  de  la  famille  des  Fourmiliers  (voy. 
ce  mot),  mais  dont  antérieurement  Swain- 
son  avait  fait  le  titre  d'une  division  de  la 
famille  des  Canards  ,  division  qui  a  pour 
type  Y  An.  membranacea  de  Latham.  (Z.  G.) 

MALACOSOMA  (paWo;,  mou;  aSpa, 
corps),  ras.  —  Genre  de  Coléoptères  subpen- 
tamères  ,  tétramères  de  Latreille  ,  famille 
des  Cycliques,  tribu  des  Galérucites  ,  formé 
par  nous,  et  adopté  par  Dejean  (Catalogue, 
3e  édit.,  pag.  503),  qui  en  énumère  8  es- 
pèces; 4  sont  originaires  d'Afrique  (  cap  de 
Bonne-Espérance),  2  d'Asie  (Java)  et  2 
d'Europe.  Ces  deux  dernières  sont:  les  M. 
lusitanica  01.  (testaceaF.,  cistela)  et  fulvi- 
collis  Gebl.  La  première  est  excessivement 
commune  dans  les  provinces  méridionales 


600 


MAL 


de  France ,  et  la  seconde  a  été  trouvée  en 
Podolie,  en  Sibérie  et  en  Syrie.     (C.) 

MALACOSTRACÉS.  Malacostracœa. 
crust.  —  Latreille  désignait  ainsi  dans  les 
ouvrages  antérieurs  au  Règne  animal  de  Cu- 
vier,  et  formait  sous  ce  nom  un  ordre  de 
Crustacés  correspondant  au  genre  Cancer  de 
Linné,  et  il  donnait  le  nom  d'Entomostra- 
cés  aux  Crustacés  qui  forment  aujourd'hui 
les  ordres  des  Lophyropodes  et  des  Phyllo- 
podes.  Dans  le  Règne  animal,  et  dans  les  Fa- 
milles naturelles,  cet  entomologiste  n'a  plus 
partagé  les  Crustacés  en  Entomostracés  et 
Malacostracés ,  et  ceux  qui  formaient  ce  der- 
nier ordre  ou  cette  légion  ont  été  divisés 
<>n  cinq  ordres.  Voyez  les  mots  décapodes, 

STOMAPODES,    LOEMODIPODES  ,  AMPHIPODES  et  ISO- 

podes,  et  surtout  l'article  crustacés. 

(H.  L.) 

*MALACOTHRIX  (paWç,  souple  ;  QpiÇ, 
poil),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des 
Composées-Cichoracées,  établi  par  De  Can- 
dolle  (  Prodr.,  VII ,  192  ).  Herbes  de  la  Ca- 
lifornie. Voy.  composées. 

MALACOZOAIBES.  Malacozoaria  , 
Blainv.  zool.  —  Syn.  de  Mollusques. 

MALANEA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Rubiacées-Guettardées,  établi  par 
Aublet  (Guian.,  1 ,  106,  t.  41).  Arbrisseaux 
de  la  Guiane.  Voy.  rubiacées. 

MAL  APTÈRE.  Malapterus  (p.aAocxo?, 
mou  ;  Trr/pov ,  nageoire),  poiss.  —  Genre  de 
l'ordre  des  Acanthoptérygiens ,  famille  des 
Labroïdes,  établi  par  M.  Valenciennes  (Hist. 
des  Poiss. ,  t.  XIII ,  p.  355).  Ses  caractères 
tiennent  à  la  fois  de  ceux  des  Cheilions  et 
des  Malacanthes.  Il  a  les  rayons  flexibles  des 
premiers  sans  en  avoir  les  dents,  et  les  oper- 
cules écailleux  des  seconds  ,  sans  l'épine 
operculaire  qu'ils  possèdent.  On  n'en  con- 
naît qu'une  seule  espèce  ,  le  Malaptère  ré- 
ticulé, M.  reticulatus  Val.,  long  d'environ 
15  centimètres  ;  il  habite  les  îles  Juan-Fer- 
nandez.  Sa  couleur  est  brune  sur  tout  le 
corps,  avec  un  réseau  noir  dont  la  maille  en- 
toure chaque  écaille.  (J.) 

MALAPTÉRURE.  Malapterurus  (p.a- 
î.ocxo'sj  mou;  wWpov,  nageoire  ;  ovpâ,  queue). 
poiss.  — Genre  de  l'ordre  des  Malacoptéry- 
giens  abdominaux,  famille  des  Ésoces,  établi 
par  Lacépède  aux  dépens  des  Silures  et  adopté 
par  Cuvier  {Règne  animal,  t.  II,  p.  298),  qui 
lui  donne  pour  caractères  distinctifs .  Nageoire 


MAL 

dorsale  nulle,  une  petite  adipeuse  seulement 
sur  la  queue;  les  pectorales  sont  entière- 
ment dépourvues  d'épines,  et  leurs  rayons 
sont  mous.  La  tète  de  ces  poissons  est  re- 
couverte, comme  leur  corps,  d'une  peau 
lisse.  Leurs  dents  sont  en  velours  et  dispo- 
sées ,  tant  en  haut  qu'en  bas ,  sur  un  large 
croissant.  Leurs  mâchoires  et  leurs  viscères 
ressemblent  à  ceux  des  Silures. 

Le  Malaptérure  électrique  (Silurus  elec- 
tricus  L.)  est  la  seule  espèce  de  ce  genre.  Il 
habite  le  Nil  et  le  Sénégal,  et  possède,  comme 
le  Gymnote,  le  Trichiure,  etc.,  des  proprié- 
tés électriques  ;  ce  qui  l'a  fait  appeler  par 
les  Arabes  Raasch  ou  Tonnerre.  C'est  un 
poisson  long  d'environ  40  centimètres.  Sa 
couleur  est  d'un  brun  grisâtre  couvert  de 
petites  taches  noires  peu  nombreuses  et 
éparses  sur  la  surface  de  son  corps.  Nous 
renvoyons  à  l'article  poissons  électriques 
pour  l'explication  des  organes  ou  appareils 
auxquels  le  Malaptérure  doit  sa  faculté  élec- 
trique. (J-) 

MALARMAT.  Peristedion.  poiss.— Genre 
de  l'ordre  des  Acanthoptérygiens,  famille  des 
Joues  cuirassées,  établi  par  Lacépède  et  adopté 
par  Cuvier  (Règne  animal,  t.  II,  p.  161). 
Les  Malarmats  diffèrent  des  Trigles  propre- 
ment dits,  par  leur  corps  cuirassé  de  grandes 
écailles  hexagones,  qui  y  forment  des  arêtes 
longitudinales;  par  leur  museau  divisé  en 
deux  pointes ,  et  surmonté  de  barbillons 
branchus;  par  leur  bouche  dépourvue  de 
dents. 

On  n'en  connaît  bien  qu'une  espèce,  le 
Malarmat  (Trigla  cataphracla  L.),  qui  ha- 
bite toutes  les  parties  occidentales  de  la  Mé- 
diterranée. Son  corps  est  d'un  beau  rouge, 
couvert  sur  les  flancs  d'une  teinte  dorée  et, 
sous  le  ventre,  d'un  blanc  plus  ou  moins 
argenté. 

*MALASPIIMEA,Presl.  bot.  ph.  — Syn. 
à'JEgiceras,  Gaertn. 

MALAXIS  (fAoclafo,  amollissement),  bot. 
ph.  _  Genre  de  la  famille  des  Orchidées- 
Pleurothallées ,  établi  par  Swartz  (Act. 
Holm.,  1800,  p.  233,  t.  3).  Herbes  des 
marais  de  l'Europe  centrale  et  boréale.  Voy. 

ORCHIDÉES. 

MALBRANCIA,  Neck.  bot.  ph.  — Syn. 
de  Connarus,  Linn. 

MALBROL'K.  mam.  —  Espèce  du  genre 
Cercopithèque.  Voy.  ce  mot.         (E.  D.)    • 


MAL 


MAL 


607 


MALCOHA.  Phœnicophaus.  ois. — Genre 
de  la  famille  des  Cuculidées,  de  Tordre  des 
Grimpeurs  de  G,  Cuvier  (tribu  des  Zygodac- 
tyles  de  Vieillot),  caractérisé  par  un  bec 
plus  long  que  la  tête ,  garni  à  sa  base  de 
soies  divergentes,  épais,  arrondi,  arqué  vers 
le  bout;  des  narines  orbiculaires,  latérales, 
situées  près  du  front;  un  large  espace  nu 
autour  des  yeux  ;  des  tarses  minces,  annclés, 
et  des  ongles  faibles. 

Les  Malcohas  sont  un  démembrement  du 
g.  Cuculus  de  Linné.  Levaillant  les  en  sé- 
para sous  le  nom  qu'ils  portent  actuelle- 
ment dans  les  méthodes ,  et  à  ce  nom  Vieil- 
lot donna  pour  synonyme  latin  celui  de 
Phœnicophaus,  auquel  Gloger  a  substitué  la 
dénomination  de  Melias  (Nymphe  des  bois). 
Quelques  auteurs ,  sans  avoir  égard  à  la 
priorité,  ont  adopté  ce  dernier  comme  étant 
plus  euphonique. 

Les  îles  indiennes  de  l'est  sont  la  patrie 
des  Malcohas.  On  ne  connaît  jusqu'ici  abso- 
lument rien  des  moeurs  de  ces  oiseaux ,  et 
fort  peu  de  chose  de  leur  genre  de  vie.  On 
les  dit  cependant  frugivores,  et  quelques 
renseignements  donnés  par  M.  de  la  Giron- 
mère  à  MM.  Eydoux  et  Souleyet,  qui,  dans 
leur  Voyage  autour  du  monde  de  la  Bonite, 
ont  décrit  une  fort  belle  espèce  de  ce  genre, 
feraient  supposer  que  ce  sont  des  oiseaux 
qui  vivent  retirés  et  toujours  cachés  au  plus 
épais  des  forêts. 

Le  nombre  des  espèces  aujourd'hui  bien 
déterminées  dont  se  compose  ce  g.  est  de  6. 

1.  LeMALcoHA  a  tête  rouge,  Ph.  pyrrho- 
cephalus  Vieill.  (Gai.  des  Ois.,  pi.  37),  type 
du  genre.  Sommet  de  la  tête  et  joues  d'un 
rouge  de  feu  entouré  d'une  bande  blanche  ; 
queue  terminée  de  blanc.  Habite  l'île  de 
Ceylan  et  le  Bengale. 

2.  Le  Malcoha  rouverdin,  Ph.  viridis 
Vieill.  (Levaill.,  Ois.  d'Af.,  pi.  225).  Joues 
d'un  gris  cendré;  tour  des  yeux  rouge; 
queue  très  longue ,  bleue ,  les  rectrices  ex- 
ternes rousses.  Habite  le  Bengale  et  Java. 

3.  Le  Malcoha  a  bec  peint  ,  Ph.  calyo- 
rhynchus  Temm.  (pi.  cùl.,  349).  Mandibule 
supérieure  jaune ,  puis  noire,  et  ensuite 
LIanche  à  la  pointe;  l'inférieure  d'un  rouge 
cerise;  dessus  de  la  tête  cendré  bleuâtre. 
Habite  les  Moluques. 

4.  Le  Malcoha  a  sourcils  rouges,  Ph.  su- 
perciliosus  Cuv.  Tour  des  yeux  jaune;  plu- 


mes de  la  tête  étroites  et  d'un  rouge  de  feu. 
Habite  les  îles  Philippines. 

5.  Le  Malcoha  sombre  ,  Ph.  Irislis  Less. 
Tour  des  yeux  rouge  ;  queue  très  longue  , 
très  étagée,  d'un  bleu  indigo,  terminée  de 
blanc.  Habite  Sumatra. 

6.  Le  Malcoha  de  Barrot,  Ph,  Barrolii 
Eyd.  et  Souley.  (Voy.  de  la  Bonite,  pi.  6) , 
Malcoha  Cumingii  Fraser.  Espèce  très  remar- 
quable par  le  caractère  particulier  des  plu- 
mes de  la  huppe  et  de  la  gorge.  Ces  plumes 
portent  à  leur  extrémité  une  lamelle  cornée 
ovoïde,  d'un  noir  luisant,  très  faiblement 
creusée  en  gouttière  et  recourbée  sur  elle 
même.  Habite  Lucon  (îles  Philippines). 

(Z.  G.) 

MALCOLMIA  (nom  propre),  bot.  fh. — 
Genre  de  la  famille  des  Crucifères  -  Sisym- 
briées,  établi  par  R.  Brown  (in  Aiton  Hort. 
Kew.,  édit.  2  ,  IV,  121).  Herbes  des  régions 
méditerranéennes  et  de  l'Asie  centrale.  Voy. 
crucifères. 

MALDANIES.  Maldaniœ.  annél.  —  Fa- 
mille d'Annélides  de  l'ordre  des  Serpules 
créé  par  M.  Savigny  (  Syst .  des  Annél.  ),  et 
ne  comprenant  que  le  genre  Clymene,  et 
trois  Lombrics  (les  Lumbricus  tubicola  Mul- 
ler,  sabellaris  Muller ,  et  aqualicus  Othon 
Fabricius),  qui  ne  sont  pas  encore  suffisam- 
ment connus. 

Les  Maldanies  ont  pour  principal  caractère 
d'être  privées  de  branchies.  En  outre,  leur 
bouche ,  formée  de  deux  lèvres  extérieures, 
est  sans  tentacules  ;  les  pieds  sont  dissembla- 
bles :  ceux  du  premier  segment  nuls  ou  ano- 
maux; ceux  des  segments  suivants  ambula- 
toires, de  plusieurs  sortes  ;  la  première  paire 
et  les  deux  paires  suivantes  sont  constam- 
ment dépourvues  de  rames  ventrales  et  de 
soies  à  crochets.  L'intestin  est  grêle  ,  sans 
boursouflures  sensibles,  dépourvu  de  cœcum 
et  tout  droit.  (E.  D.) 

MALESHERBIA  (nom  propre),  bot.  ph. 
—  Genre  type  de  la  famille  des  Maleshcr- 
biacées ,  établi  par  Ruiz  et  Pavon  (  Prodr. , 
43).  Sous-arbrisseaux  du  Pérou.  Voy.  ma- 
lesherbiacées. 

*MALESHERBÏACÉES.  Malesherbiaceœ. 
bot.  ph.  —  Petite  famille  de  plantes  con- 
fondue primitivement  avec  les  Passiflorées, 
dont  elle  se  distingue  par  plusieurs  carac- 
tères, et  notamment  par  celui  du  port.  Elle 
présente  les  suivants  :  Calice  membraneux, 


608 


MAL 


MAL 


coloré,  à  tube  campanule  qui  se  partage  su- 
périeurement en  cinq  segments  imbriqués , 
avec  lesquels  alternent  autant  d'autres  di- 
visions naissant  intérieurement  à  la  même 
hauteur,  et  qu'on  peut  considérer  comme 
autant  de  pétales.  Couronne  membraneuse 
plus  courte,  insérée  à  la  gorge  du  calice,  an- 
nulaire ou  profondément  divisée  en  dix  lo- 
bes placés  alternativement,  les  plus  grands 
devant  les  segments  calicinaux,  les  plus  pe- 
tits devant  les  pétales.  Étamines  au  nombre 
de  cinq,  exhaussées  sur  un  gynophore  cen- 
tral, que  concourent  à  former  les  filets  sou- 
dés à  leur  base,  du  reste  libres  et  filiformes, 
alternant  avec  les  pétales,  saillantes,  à  an- 
thères introrses  ,  biloculaires  ,  s'ouvrant 
longitudinalement.  Ovaire  au  sommet  de  ce 
support,  libre,  émettant  au-dessous  de  son 
sommet  trois  styles  verticillés,  filiformes, 
plus  longs  que  les  étamines ,  terminés  cha- 
cun par  un  stigmate  capité,  à  une  loge  uni- 
que ,  avec  trois  placentaires  pariétaux  alter- 
nant avec  les  styles,  et  qui  portent  de  nom- 
breux ovules  ascendants  ou  autrement  diri- 
gés. Capsule  se  séparant  au  sommet  seule- 
ment en  trois  valves  alternant  avec  les  styles, 
et  par  conséquent  placentifères  à  leur  mi- 
lieu. Graines  dressées  ou  pendantes  sur  un 
court  funicule  qui  s'insère  un  peu  au-dessus 
de  leur  base  ;  à  test  crustacé  relevé  d'angles 
longitudinaux  et  marqué  de  stries  transver- 
sales ;  à  périsperme  charnu,  au  centre  du- 
quel se  trouve  un  embryon  à  peu  près  égal 
en  longueur;  à  cotylédons  orbiculaires  ;  à 
radicule  cylindrique,  éloignée  du  hile.  Les 
espèces  peu  nombreuses,  originaires  du  Pé- 
rou et  du  Chili,  sont  herbacées,  à  feuilles 
alternes,  sessiles  ,  pinnatifides,  dépourvues 
de  stipules  ;  à  fleurs  jaunâtres  ,  rougeâtres 
m  bleuâtres,  solitaires  à  l'aisselle  des  su- 
périeures, ou  formant  par  le  raccourcisse- 
ment de  celles-ci  des  grappes  ou  des  pani- 
cules  terminales.  Elles  se  rapportent  jus- 
qu'ici à  deux  genres  seulement  :  le  Maies» 
herbia  ,  R.  Pav. ,  et  le  Gynopleura,  Cav. 

(Ad.  J.) 

MALIMBË.  Malimbus,  ois.  —  Vieillot , 
dans  son  ouvrage  sur  les  Oiseaux  chanteurs 
d'Amérique ,  a  réuni  sous  ce  nom  de  genre 
quelques  espèces  que  G.  Cuvier  ne  sépare  pas 
des  Tisserins.  Voy.  tisserin.  (Z.  G.) 

MALIQUE  (acide).  (Malum,  Pomme), 
cuiu.  —  L'Acide  malique  se  produit  dans 


un  grand  nombre  de  plantes  pendant  le 
cours  de  la  végétation,  et  semble  former  dans 
les  plantes  comme  une  transition  avec  d'au- 
tres acides  qui,  v  comme  l'Acide  citrique, 
l'Acide  tartrique,  l'Acide  paratartrique,  s'en 
rapprochent  beaucoup,  et  se  rencontrent 
conjointement  avec  lui  dans  le  raisin,  par 
exemple,  en  proportions  qui  varient  sui- 
vant le  degré  de  maturité  du  grain. 

Découvert  par  Schéele  dans  le  suc  de 
pomme  aigre,  l'Acide  malique  fut  retrouvé 
depuis  (en  1814) ,  par  Donovan,  dans  les 
baies  de  Sorbier  (Sorb.  aucuparia).  Comme 
il  fut  extrait  de  ce  fruit  à  un  élat  de  pureté 
parfaite,  il  fut  considéré  comme  un  Acide 
particulier  ,  et  reçut  le  nom  d'Acide  sorbi- 
que,  jusqu'au  moment  où  MM.  Braconnot 
et  Labillardière  démontrèrent,  chacun  de 
son  côté,  que  l'Acide  sorbique  ne  différait 
en  rien  de  l'Acide  malique. 

L'Acide  malique  existe,  soit  libre,  soit 
combiné ,  dans  presque  tous  les  fruits  ,  et 
surtout  dans  les  fruits  rouges  ;  on  le  rencon- 
tre souvent  aussi  dans  d'autres  parties  des 
plantes  ;  Thomas  Everitt  est  même  parvenu 
à  le  retirer,  en  quantité  notable,  des  tiges 
de  Rhubarbe. 

Pur  et  tel  qu'on  l'extrait  des  baies  de  Sor- 
bier, à  l'aide  d'un  procédé  dû  au  professeur 
Liebig,  l'Acide  malique  se  présente  sous 
forme  de  mamelons;  incolore,  il  est  sans 
odeur  ,  d'une  grande  acidité,  déliquescent, 
très  soluble  dans  l'eau  et  dans  l'alcool. 
Chauffé,  il  entre  en  fusion  vers  -f-  81°,  et 
se  décompose  à  -f- 176°  en  eau,  et  en  deux 
acides  pyrogénés  auxquels  le  professeur  Pe- 
louze  a  donné  les  noms  d'Acides  maléique 
et  paramaléique.  Traité  à  chaud  par  l'Acide 
azotique,  l'Acide  malique  est  transformé  en 
Acide  oxalique;  il  forme  avec  les  alcalis  des 
sels  neutres  trèssolubleset  incristal  lisables, 
et  des  sels  acides  susceptibles  de  cristalliser; 
il  s'unit  au  protoiyde  de  plomb  pour  don- 
ner naissance  à  un  sel  peu  soluble  dans  l'eau 
froide,  et  cristallisant  en  aiguilles  brillantes 
et  nacrées. 

L'Acide  malique  reste  toujours  hydraté 
quand  il  n'est  pas  combiné  avec  les  bases. 
Sa  composition,  suivant  M.  Liebig,  est  exac- 
tement celle  de  l'Acide  citrique;  on  a  donc 
C8H40*,  pour  l'Acideanhydre  etC8il404H2O, 
pour  l'Acide  hydraté.  (A.  D.) 

MALKOnA.  ois.  —  Voy.  màlcoha. 


MAL 


MAL 


G09 


*AlALLASPlS(,uaUô;,  laine  ;  <W;,  ccus- 
son).  ins.  — Genre  de  Coléoptères  subpenta- 
mères  de  Latreiile,  famille  des  Longicornes, 
tribu  des  Prioniens,  créé  par  Serville  {Ann.  de 
la  Soc.  ent.  de  F/\,  t.  I,  p.  429,  188).  Ce  g. 
renferme  cinq  espèces  de  l'Amérique  méri- 
dionale, parmi  lesquelles  sont  les  Mail, 
scutellaris  01.  (Prionus) ,  leucaspis  et  xan- 
thaspis  Dej.  et  Guérin.  (C.) 

*MALLEA.  bot.  ph. — Genrede  la  famille 
des  Méliacées-Méliées,  établi  par  Adr.  de 
Jussieu  (in  Mem.  Mus.,  XIX,  221 ,  t.  13  , 
f.  6).  Arbrisseaux  de  l'Inde.  Foi/.méliacées. 

MALLÉACÉS.  moll.  —  Nom  d'une  fa- 
mille de  Mollusques  établie  par  Lamarck,  et 
correspondant  à  la  famille  des  Margaritacés 
de  M.  de  Blainville.  Voy.  ce  mot.    (Duj.) 

MALLEUS.  moll.  —  Voy.  marteau. 

*MALLOCERA  (  ficùAoç  ,  toison  ;  xepa; , 
antenne),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  sub- 
pentameres,  tétramères  de  Latreiile,  famille 
des  Longicornes,  tribu  des  Cérambycins  , 
élabii  par  Serville  (  Ann.  de  la  Soc.  ent.  de 
Fr.,  t.  2..  p.  567).  Ce  genre  est  composé  de 
sept  espèces  américaines,  parmi  lesquelles 
figurent  les  M.  glauca,  obliqua  Dej.-Serv., 
auriflua  Kl.,  sericata  et  opulenta  Newm.; 
toutes  cinq  sont  originaires  du  Brésil.    (C.) 

*MALLODERES  (  ^aAAoç ,  toison  ;  Sép*,, 
cou),  ins. — Genre  de  Coléoptères  subpenta- 
mères,  tétramères  de  Latreiile ,  famille  des 
Prioniens  ,  proposé  par  M.  H.  Dupont  (Mag. 
sool.,  1S35,  cl.  9,  pag.  et  pi.  125).  L'espèce 
type  et  unique,  le  M.  microcephalus  de  l'au- 
teur, est  originaire  du  Chili;  elle  offre  de 
grands  rapports  avec  les  Ancistrotus.    (C.) 

*MALLODOîV(uaAÀo„  laine;  bSoiç,  dent). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  subpenta- 
inères,  tétramères  de  Latreiile,  famille  des 
Longicornes,  tribu  des  Prioniens,  créé  par 
Serville  {Ann.  de  la  Soc.  ent.  de  Fr.t  t.  I, 
p.  128,  176).  22  espèces  rentrent  dans  ce 
genre  ,  15  sont  originaires  d'Amérique,  3 
d'Asie,  2  d'Afrique  et  2  d'Australie.  Nous 
citerons  comme  en  faisant  partie  ,  les  M. 
maxillosum  mâle  (aculum  femelle)  spini- 
barbe,  melanopus  F.  Les  mâles  ont  des  man- 
dibules très  robustes,  plus  longues  que  celles 
des  femelles,  et  garnies  intérieurement  d'un 
duvet  jaunâtre.  La  surface  de  leur  corps 
est  aplatie,  et  le  prothorax,  de  forme  carré, 
dentelé  sur  les  côtés,  est  couvert  en  dessus 
de  plaques  luisantes  et  en  relief.  La  couleur 
t.  vu. 


de  ces  insectes  est  d'un  châtain  marron.  Ils 
ont  de  50  à  100  millim.  de  longueur.    (C.) 

*MALLOGASTER,  Dejean.  ins.  —  Syn. 
de  Rhinaspis,  Perty.  (C.) 

*MALLOGONUM,  Fenzl.  bot.  pu.— Syn. 
de  Psammotropha  ,  Eckl.  et  Zeyh. 

*MALLOPHORA  (aalld;,  laine;  yepo'ç, 
qui  porte),  ins.  —  Genre  de  l'ordre  des  Dip- 
tères Brachocères ,  famille  des  Asiliens , 
tribu  des  Asilides,  établi  par  M.  Macquart 
(Ins.  Dipt.,  t.  I,  p.  301).  Les  espèces  de  ce 
genre,  au  nombre  de  16  ,  et  toutes  exoti- 
ques ,  ont  beaucoup  de  ressemblance  avec 
les  Bourdons  par  leur  corps  très  épais  et 
velu.  L'espèce  type ,  M.  infernalis,  habite  le 
Brésil. 

*MALLOPHORA  (uloAAoç,  laine;  «pb'poç , 
qui  porte),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Verbénacées ,  établi  par  Endlicher  (in 
Annal.  Wiener  Mus.,  II,  206).  Arbrisseaux 
de  la  Nouvelle-Hollande.  Voy.  verbénacées. 

*MALLOSOMA  (  paAASç  ,  laine  ;  aSpa. , 
corps),  ins.  —  Genre  de  Coléoptères  sub- 
pentamères,  tétramères  de  Latreiile,  fa- 
mille des  Longicornes,  tribu  des  Céramby- 
cins, créé  par  Serville  (Ann.  de  la  Soc.  ent. 
de  Fr.,  t.  III,  p.  68).  Six  espèces  améri- 
caines rentrent  dans  ce  genre  ;  nous  citerons 
principalement  les  suivantes:  M.  zonatum 
Sahlb.  (elegans  Dej.-Serv.),  fuligineum 
New.,  et  tricolor  Perty.  Toutes  trois  sont  du 
Brésil.  (C.) 

MALLOTUS,  poiss.  —  Voy.  lodde. 

MALLOTUS,  Lour.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Roulera ,  Roxb. 

*MALOCCHÏA,  Sav.  bot.  ph  —  Syn. 
de  Canavalia,  DC. 

MALOPE.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Malvacées-Malopées  ,  établi  par 
Linné  (Gen.,  n.  843).  Herbes  de  la  Médi- 
terranée. Voy.  MALVACÉES. 

*MALOPÉES.  Malopeœ.  bot.  ph.  —Tribu 
de  la  famille  des  Malvacées.    Voy.  ce  mot. 

MALPlGHlAGÉES.Malpighiaceœ.  bot. 
ph.  —  Famille  de  plantes  dicotylédonées, 
polypétalcs,  hypogynes,  qui  offre  les  carac- 
tères suivants  :  Calice  5-parti,  dont  souvent 
plusieurs  folioles  (4  en  général)  portent  ex- 
térieurementdeux  glandes.  Autant  de  pétales 
alternes,  plus  longs,  à  onglets  filiformes,  à 
limbes  entiers  ou  frangés,  à  préfloraison 
convolutive.  Étamines  le  plus  souvent  en 
nombre  double,   quelquefois   plusieurs  de 

77 


610 


MAL 


celles  qui  sont  opposées  aux  pétales  man- 
quant; filets  le  plus  ordinairement  soudés  à 
leur  base,  très  rarement  libres;  anthères 
biloculaires,  introrses,  avec  un  connectif 
plus  ou  moins  développé;  quelques  unes, 
dans  certains  genres,  stériles  ou  déformées. 
Ovaires  au  nombre  de  3  le  plus  souvent, 
rarement  2,  très  rarement  4,  distincts  ou 
plus  ordinairement  soudés  en  tout  ou  en 
partie,  contenant  chacun  un  ovule  ascendant 
sur  un  funicule  large  et  pendant.  Autant 
de  styles  distincts  ou  soudés  dans  une  éten- 
due plus  ou  moins  grande,  quelquefois  un  ou 
deui  rudimentaires.  Stigmates  terminaux 
ou  latéraux  vers  leur  extrémité.  Carpelles  en 
nombre  égal  ou  souvent  réduits  en  nombre 
par  avortement,  tantôt  confondus  en  un  seul 
fruit  drupacé  ou  ligneux,  tantôt  distincts  dès 
le  principe  ou  se  séparant  seulement  à  la 
maturité,  le  plus  souvent  marqués  de  ner- 
vures et  d'angles  saillants  qui  s'étendent  en 
crêtes  ou  en  ailes  membraneuses,  marginales 
ou  dorsales,  dont  la  proportion  relative  va- 
rie suivant  les  genres.  Graine  suspendue 
obliquement  à  un  funicule  court  et  large,  et 
marquée  immédiatement  au-dessus  du  hile 
d'une  large  chalaze,  présentant  sous  un  té- 
gument membraneux  double  un  embryon  à 
radicule  droite,  supère,  très  courte;  à  coty- 
lédons plus  longs,  droits  et  égaux  ou  sou- 
vent, au  contraire,  inégaux,  recourbés  ou 
plies  transversalement,  ou  même  enroulés  en 
spirale,  épais  ou  foliacés.  Les  espèces  qui 
habitent  les  tropiques  ou  les  régions  tempé- 
rées voisines,  sans  s'avancer  au-delà  du  36e 
(iegré  de  latitude,  et  qui,  sur  les  montagnes 
des  pays  les  plus  chauds,  ne  dépassent  guère 
2,000  mètres  d'élévation  ,  abondent  surtout 
en  Amérique,  et  ne  se  montrent  pas  dans 
î'Australasie  ni  la  Polynésie.  Ce  sont  des 
orbres  ou  arbrisseaux,  ou  très  fréquemment 
«les  lianes  remarquables  par  les  découpures 
de  leur  système  ligneux  partagé  en  plusieurs 
lobes  auxquels  s'interpose  l'écorce,  ou  finis- 
sant même  par  se  fractionner  en  plusieurs 
gros  faisceaux  qui  simulent  autant  de  bran- 
ches tordues  ensemble.  Leurs  feuilles  sont, 
à  très  peu  d'exceptions  près,  opposées,  sim- 
ples, ordinairement  entières,  lobées  très  ra- 
rement, souvent  munies  de  glandes  sur  les 
parties  ou  sur  leur  face  inférieure,  accom- 
pagnées de  stipules  tantôt  petites,  tantôt 
assez  développées,  et  pouvant  se  souder  deux 


MAL 

à  deux  en  une  seule  interpétiolaire  ou  axil- 
Iaire.  Les  poils,  disséminés  sur  ces  diverses 
parties ,  sont  ordinairement  attachés  par  le 
milieu  et  fourchus  ou  couchés  sur  les  sur- 
faces. L'inflorescence  est  indéfinie,  axillaire 
ou  terminale,  en  grappes,  en  corymbes,  plus 
communément  en  ombelles,  le  plus  souvent 
4-flores  ;  chaque  fleur  sur  un  pédicelle  ar- 
ticulé ,  avec  deux  bractéoles  opposées  en 
dessous  de  l'articulation.  Ces  fleurs  sont 
rouges  et  très  souvent  jaunes,  plus  rarement 
blanches,  presque  jamais  bleues,  et  on  re- 
marque cette  singularité,  que,  dans  plusieurs 
genres,  on  en  trouve  en  même  temps  d'au- 
tres vertes ,  très  petites ,  incomplètes ,  dé- 
pourvues d'étaminesetde  styles.  L'existence 
de  ces  fleurs  anormales  se  lie,  en  général, 
avec  l'avortement  de  plusieurs  styles  etéta- 
mines  dans  les  normales,  et  donne  une  va- 
leur à  ce  caractère  qui  permet  de  séparer  la 
famille  en  deux  groupes. 

GENRES. 
Section  I.  Bïalpighiacées  Diplostémonées. 

Étamines  toujours  en  nombre  double  des 
pétales,  dont  quelques  unes  peuvent  être 
stériles.  Le  plus  ordinairement  2-3  styles. 
Autant  d'ovaires  soudés  entre  eux.  Fleurs 
d'une  seule  forme. 

Tribu  I.  —  Aptérygiées  ou  Màlpighiées. 

Fruit  dépourvu  d'ailes. 

Malpighia,  Plum.  —  Byrsonima,  Rich. — 
Burdachia,  Ad.  J.  (Carusia,  Mart.) —  Co- 
leostachys,  Ad.  J.  — Lophanthera,  Ad.  J. — 
Pterandra,  Ad.  J.  — Verrucularia ,  Ad.  J. 
—  Galphimia,  Cav.  —  Spachea,  Ad.  J.  — 
Bunchosia,  Rich.  —  Echinopterys,  Ad.  J.  — 
Dicella,  Griseb.— Heladena,  Ad.  J.— Thryal- 
lis,  Mart. 

Tribu  II.  —  Notoptérygiées  ou  Bàmstériées. 

Carpelles  munis  d'ailes;  la  dorsale  seule 
ou  plus  développée. 

Lophopterys,  Ad.  J.  —  Brachypterys,  Ad. 
J.  —  Stigmaphyllon,  Ad.  J.  —  Ryssopterys, 
Blum.  —  Banisleria ,  Kunth.  —  Peixotoa , 
Ad.  J.  —  Heleropterys,  Kunth.  —  Tricorna- 
ria,  Hook.  — Acridocarpus ,  Guill.  Perr. 

Tribu  III.  —  Pleuroptérygiées  ou  Hirjeées. 

Carpelles  munis  d'ailes;  les  marginales 
seules  ou  plus  développées. 

Tristellateia,  Pct.-Th.  {Zimum,  Norh.)— 


IVÎAL 

Iliptage,  Gœrtn.  (Gœrlncra,  Schreb.  —  Mo- 
lina,  Cav.  —  Succowia,  Dennst.)  —  Trias- 
pis  ,  Burch.  (Flabellaria  ,  Cav.)  —  Aspidop- 
terys,  Ad.  J.  —  Triopterys,  L.  —  Telrapte- 
rys,  Cav. — Hirœa,  Jacq.  (Mascagnia,  Bert.) 

—  Diplopterys  ,  Ad.  J.  — Jubelina,  Ad.  J. 

—  Dinemandra,  Ad.  J.  —  Dinemagonum , 
Ad.  J. 

Section  II.  Malpighiacées  xnéiostémonées. 

La  totalité  ou  une  partie  des  étamines 
alternipétales  manquent.  Un  seul  style,  par 
l'avortement  des  deux  autres.  Ovaires  dis- 
tincts. Fleurs  de  deux  formes  différentes  sur 
la  même  plante. 

Tribu  IV.  —  Gaudichaudiées. 

Carpelles  dépourvus  ou  munis  d'ailes. 

Gaudichaudia,  Kunth.  —  Aspicarpa,  Lag. 
(Acosmus ,  Desv.  )  —  Camarea  ,  St-Hil.  — 
Janusia,  Ad.  J.  —  Schwannia,  Endl.  (Fim- 
briaria,  St-Hil.). 

GENRES  IMPARFAITEMENT  CONNUS. 

Caucanthus,  Forsk.  —  Platynema ,  W. 
Arn.  —  Bembix,  Lour.  (Ad.  J.) 

MALPIGHIER.  Malpighia  (dédié  au  cé- 
lèbre Malpighi).  boï.  ph. —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Malpighiacées,  à  laquelle  il  donne 
son  nom,  de  la  décandrie  trigynie  dans  le 
système  sexuel.  Tel  qu'il  a  été  limité  au- 
jourd'hui par  les  botanistes,  et  particulière- 
ment par  M.  A.  de  Jussieu,  dans  sa  belle 
Monographie  des  Malpighiacées,  il  ne  ré- 
pond plus  qu'à  une  faible  portion  du  grand 
groupe  désigné  sous  le  même  nom  par  Linné 
et  par  les  botanistes  postérieurs.  En  effet , 
le  nom  de  Malpighia  a  été  donné  par  divers 
auteurs,  soit  à  des  plantes  pour  lesquelles 
ont  été  établis  plus  récemment  les  genres 
Byrsonima,  L.-C.  Ricb.;  Bunchosia,  L.-C. 
Rich.;  Galphimia,  Cav.;  Spachea,  A.  Juss.; 
soit  à  des  espèces  qui  ne  rentrent  seulement 
pas  dans  la  même  tribu,  soit  même  à  quel- 
ques unes  qui  n'appartiennent  pas  a  la  fa- 
mille des  Malpighiacées.  Débarrassé  de  ces 
espèces  hétérogènes  ,  le  genre  Malpighier  se 
compose  de  petits  arbres  et  d'arbrisseaux  qui 
habitent  l'Amérique,  dont  les  feuilles  sont 
opposées  ,  entières  ou  bordées  de  dents  épi- 
neuses, portées  sur  un  court  pétiole;  ce3 
feuilles  présentent,  chez  quelques  espèce», 
des  poils  en  navette,  c'est-à-dire  piquants 
à  leurs  deux  extrémités,  libres  et  plus  épais 


MAL 


ru 


vers  leur  milieu,  par  lequel  ils  s'attachent  ; 
ces  feuilles  sont  accompagnées  de  deux  pe- 
tites stipules  tombantes.  Les  fleurs  de  ces 
plantes  sont  rouges  ,  rosées  ou  blanchâtres, 
sessiles  ou  pédiculées,  réunies  le  plus  sou- 
vent en  ombelles  ou  en  corymbes  ,  pour  la 
plupart  axillaires  ;  elles  sont  portées  sur  un 
pédicelle  articulé  sur  un  pédoncule,  et  au 
point  marqué  par  cette  articulation  se  trou- 
vent deux  bractéoles;  chaque  fleur  considé- 
rée en  particulier  présente  un  calice  profon- 
dément 2-flde,  muni  de  10-8-6  glandes; 
suivant  le  nombre  de  ces  glandes  ,  on  en 
trouve  2  sur  chacune  des  5  divisions  calici- 
nales,  ou  seulement  sur  les  4  supérieures; 
enfin,  lorsqu'il  n'en  existe  que  6  en  tout, 
on  en  observe  2  sur  chacune  des  2  divisions 
supérieures,  etseulementunesurchacunedes 
divisions  latérales  et  sur  son  côté  supérieur; 
une  corolle  de  5  pétales  à  long  onglet,  a 
limbe  denticulé;  10  étamines  toutes  fertiles, 
dont  les  filaments  se  réunissent  en  tube  à 
leur  partie  inférieure  ;  3  styles  tronqués  à 
leur  extrémité;  un  ovaire  glabre,  à  3  lo- 
ges. Le  fruit  est  charnu  et  renferme  un  en- 
docarpe osseux  partagé  en  3  noyaux  faible- 
ment réunis  entre  eux  le  long  de  l'axe  cen- 
tral, présentant  à  leur  côté  externe  3-5  ailes 
ou  crêtes. 

M.  A.  de  Jussieu  décrit  20  espèces  de 
Malpighiers  ,  parmi  lesquelles  il  en  est  deux 
sur  lesquelles  nous  croyons  devoir  dire  quel- 
ques mots. 

1.  Malpighier  glabre  ,  Malpighia  glabra 
Linn.  Cette  espèce  croît  dans  les  parties 
chaudes  de  l'Amérique,  où  on  lui  donne  le 
nom  de  Cerisier  des  Antilles.  C'est  un  arbris- 
seau toujours  vert ,  de  4  ou  5  mètres  de 
hauteur,  dont  les  feuilles  sont  ovales  ,  ai- 
guës, très  entières,  coriaces,  glabres  et  lui- 
santes ,  portées  sur  un  pétiole  court  ;  ses 
fleurs  sont  purpurines  ,  petites  ,  réunies  en 
ombelle  ;  le  fruit  qui  leur  succède  est  une 
sorte  de  drupe  rouge  ,  de  la  forme  et  de  la 
grosseur  d'une  cerise ,  d'une  saveur  aigre- 
lette ;  on  le  mange  soit  seul ,  soit  avec  du 
sucre.  Cette  espèce  est  cultivée  dans  nos 
jardins  comme  plante  d'ornement;  elle  dé- 
veloppe ses  fleurs  de  janvier  à  juillet.  Elle 
demande  la  serre  chaude  pendant  l'hiver  et 
une  exposition  méridionale  pendant  l'été. 
On  la  multiplie  de  graines  ou  de  boutures, 
sur  couche  chaude  et  sous  châssis. 


en 


MAL 


2.  Malpighier  brûlant,  Malpighia  urens 
Linn.  Il  croît  naturellement  dans  les  Antil- 
les ;  il  a  été  aussi  indiqué  par  Aublet  comme 
se  trouvant  dans  la  Guiane  ;  mais  il  est  dou- 
teux qu'il  y  soit  spontané.  Il  est  connu  en 
Amérique  sous  les  noms  de  Bois  capitaine , 
Cerisier  de  Courwith  ,  etc.  Il  forme  un  ar- 
brisseau peu  élevé,  dont  les  rameaux  sont 
glabres,  dont  les  feuilles  sont  oblongues- 
ovales ,  à  pétiole  court,  glabres  à  leur  face 
supérieure,  hérissées  à  leur  face  inférieure 
de  poils  en  navette  qui  sécrètent  une  humeur 
caustique ,  grâce  à  laquelle  ils  produisent 
un  effet  analogue  à  celui  que  tout  le  monde 
connaît  chez  l'Ortie,  ce  qui  a  valu  à  l'espèce 
le  nom  qu'elle  porte.  Ses  fleurs  sont  blan- 
ches et  purpurines  ;  elles  se  développent, 
dans  nos  climats ,  de  juillet  à  octobre  ;  elles 
sont  portées  sur  des  pédoncules  uniflores  ou 
corymbifères ,  deux  fois  plus  courts  que  les 
feuilles;  elles  donnent  de  petites  drupes 
globuleuses,  de  la  couleur  et  de  la  grosseur 
d'une  cerise,  que  l'on  mange  aux  Antilles, 
surtout  confîtes  au  sucre ,  et  que  leur  vertu 
astringente  assez  prononcée  fait  employer  à 
titre  de  remède  contre  la  diarrhée,  les  hé- 
morrhagies ,  etc.  L'écorce  du  Malpighier 
brûlant  est  également  astringente,  et  s'em- 
ploie dans  les  mêmes  circonstances.  Cette 
espèce  est  cultivée  comme  la  précédente. 

(P.  D.) 

*MALTEBRUNIA,  Kunlh.  bot.  ph.  — 
Syn.  d'Orysa,  Linn. 

*MALTHACUS  (paMaxoç,  mou,  délicat). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  pentamères  , 
famille  des  Malacodermes ,  tribu  des  Télé- 
phorides  ,  créé  par  Kirby  (  Fauna  boreali 
Americana),  qui  y  rapporte  trois  espèces, 
M.  puncticollis  ,  lœvicollis  et  mandibularis , 
du  nord  de  l'Amérique.  (C.) 

M ALTHE.  min.  —  Variété  noire  de  Pé- 
trole ou  de  Poix  minérale.  V.  bitumes.  (Del.) 

MALTHÉE.  MaUhea(FA)fi-r>,  cire  molle). 
poiss.  —  Genre  de  l'ordre  des  Acanthoptcry- 
giens  à  pectorales  pédiculées,  établi  parCu- 
vier  {Règne  animal,  t.  II,  p.  252)  aux  dépens 
des  Baudroies.  «  Les  Malthées  ont,  comme 
les  Baudroies,  la  partie  antérieure  du  corps 
aplatie  et  élargie,  les  pectorales  portées  sur 
des  pédicules ,  l'orifice  de  la  branchie  caché 
dans  l'aisselle;  mais  elles  manquent  entiè- 
rement de  première  dorsale.  Leur  corps  est 
ouvert  en  dessus  d'une  peau  dure  et  tu- 


MAL 

berculeuse,  et  garni  tout  autour  de  filaments 
charnus;  leur  museau  est  proéminent;  leur 
bouche  est  petite,  ouverte  sous  le  museau, 
mais  assez  protractileç  un  pédicule  parti- 
culier attaché  à  leur  museau,  et  terminé  par 
un  pinceau  de  filets  charnus,  représente 
seul  les  rayons  libres  de  la  Baudroie  (Cuv.  et 
Val.,  Hist.  des  Poiss.,  t.  XII,  p.  438).  » 

On  connaît  six  espèces  de  ce  genre,  qui 
toutes  vivent  en  Amérique.  La  plus  com- 
mune est  la  Malthée  vespertilion,  M.  ves- 
perlilio  Cuv.  et  Val.;  son  nom  spécifique 
lui  vient  de  la  forme  étrange  de  son  corps 
qui  l'a  fait  comparer  à  une  Chauve-Souris. 
Ce  poisson  est  d'un  gris  brun,  pâle  en  des- 
sus, d'un  rouge  pâle  en  dessous,  et  sa  taille 
atteint  quelquefois  50  centimètres  de  lon- 
gueur. Suivant  M.  Plée  ,  la  Malthée  porte 
à  la  Martinique  les  noms  de  Sourissole,  pe- 
tite Licorne  de  mer  (sans  doute  à  cause  de 
son  museau  excessivement  pointu)  et  Chau- 
ve-Souris. (J.) 

MALTHINUS  (f*âÀ0*j,  mou,  délicat). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  pentamères, 
famille  des  Malacodermes  ,  tribu  des  Lara  - 
pyrides,  des  Téléphorides  de  Laporte  de 
Cast.,  établi  par  Latreille  (Gênera  crusta- 
ceorum  et  insectorum,  t.  I,  p.  261),  Dejeau, 
qui  a  adopté  ce  genre,  en  mentionne  {Catal, 
3e  édit.,  p.  121  )  30  espèces.  21  sont  pro- 
pres à  l'Europe  et  9  à  l'Amérique.  Parmi 
les  premières  sont  les  Jlf.  biguttatus  Lin., 
flaveolus,  bigutlulus,  brevicollis  Paykul,  et 
fasciatus  01.  Ces  insectes  se  tiennent  sur 
les  feuilles  des  arbrisseaux;  ils  ont  pour  en- 
nemis les  Téléphores,  qui,  beaucoup  pl;;s 
grands  et  plus  vifs  qu'eux,  les  saisissent  par 
le  cou  et  leur  brisent  la  tête.  (C.) 

*MALURÏ0.  ois.  — Sous  ce  nom,  M.  Les- 
son  ,  dans  un  travail  intitulé  :  Cadre  spéci- 
fique des  Oiseaux  de  la  famille  d^s  Myio- 
ihcres  (Revue  zoologique,  août  1839),  a  fondé 
un  genre  sur  une  espèce  qu'il  nomme  M. 
myiothera.  (Z.  G.) 

MALURUS,  Vieillot,  ois.  —  Synon.  de 
Mérion. 

MALUS,  bot.  pu.  —  Voy.  pommier. 

MALVA.  bot.  ph.  —  Voy.  mauve. 

MALVACÉES.  Malvaceœ.  bot.  ph.  — 
La  famille  établie  sous  ce  nom  par  Jussieu 
dans  la  classe  desdicotylédonces  polypétales 
hypogynes ,  a  été  divisée  plus  récemment 
en  plusieurs  autres,  celle  qui  a  conservé  ce 


MAL 


MAL 


613 


nom  et  les  Byttnériacccs,  Sterculiacecs , 
Dombeyacées ,  Hermanniées ,  Bombacées.  Ces 
groupes  sont  tous  admis  aujourd'hui  parles 
botanistes  comme  autant  d'associations  na- 
turelles ,  mais  à  des  titres  différents ,  les  uns 
comme  des  familles  ,  les  autres  comme  de 
simples  tribus.  Mais  malgré  ces  dissidences 
dans  la  classification  ,  on  est  généralement 
d'accord  que  tous  se  lient  intimement  dans 
l'ordre  naturel,  et  que  leur  ensemble  peut 
être  considéré  comme  un  de  ces  grands 
groupes  du  règne  végétal,  qui,  ainsi  que  les 
Légumineuses,  Rosacées,  etc.,  restent  unis 
sous  le  nom  de  classe,  ou  d'alliance,  ou  de 
famille,  quelles  que  soient  les  subdivisions 
à  l'aide  desquelles  on  cherche  à  simplifier 
etéclaircir  leur  étude  en  les  partageant  en 
plusieurs  groupes  secondaires ,  chacun  plus 
nettement  défini.  La  définition  générale  à 
l'aide  de  caractères  qui  soient  communs  à 
tous  se  trouve  nécessairement  plus  vague  et 
réduite  à  un  petit  nombre.  Ceux  des  Mal- 
vacées  ou  Columnifères,  nom  que  M.  En- 
ficher a  employé  plus  récemment  en  l'em- 
pruntant aux  essais  de  méthode  naturelle 
proposés  autrefois  par  Linné,  seront  les 
suivants  :  Tige  ligneuse  ou  herbacée,  à  suc 
aqueux  ou  mucilagineux.  Feuilles  alternes, 
simples  ou  composées ,  toujours  accompa- 
gnées de  stipules  libres  assez  grandes  à  la 
base  des  pétioles.  Calice  libre ,  à  préfloraison 
valvaire.  Pétales  en  nombre  égal  aux  divi- 
sions de  ce  calice,  à  préfloraison  ordinaire- 
ment tordue,  manquant  entièrement  quel- 
quefois. Étamines  en  nombre  égal  ou  mul- 
tiple, manifestant  toujours  une  double  ten- 
dance, celle  de  s'opposer  aux  pétales,  soit 
isolées,  soit  par  faisceaux,  suivant  leur 
nombre,  la  place  ordinaire  entre  les  pétales 
étant  ocupée  par  des  appendices  stériles  ou 
restant  vide,  et  celle  de  s'unir  par  la  base 
de  leurs  filets  en  gaîne  monadelphe.  Car- 
pelles distincts  ou  soudés  entre  eux,etsou- 
vent  verticillés  autour  d'une  colonne  cen- 
trale qui  devient  libre  par  suite  de  la  dé- 
hiscence,  et  qui  a  fournie  Linné  le  nom  que 
nous  venons  de  citer.  Graines  variant  par 
leur  structure  dans  les  divers  groupes  se- 
condaires, mais  le  plus  généralement  pres- 
que dépourvues  de  périsperme ,  et  présen- 
tant alors  des  cotylédons  foliacés,  recourbés 
vl  plissés  de  diverses  manières.  Les  poils,  épars 
«ur  les  diverses  parties,   sont  eux-mêmes 


caractéristiques  par  leur  forme  générale  en 
étoile  ou  en  pinceaux,  et  forment  ainsi  sou- 
vent un  enduit  tomenteux. 

Passons  maintenant  à  l'exposition  de  ces 
groupes  secondaires  ,  que  les  écrivains  les 
plus  modernes  réduisent  à  trois  :  les  Malva- 
cées  proprement  dites,  les  Sterculiacées  et 
les  Byttnériacées ,  mais  qui  nous  semblent 
devoir  être  portés  à  quatre  par  la  division 
du  second  en  deux ,  dont  l'un  porte  le  nom 
de  Bombacées.  Nous  allons  examiner  suc- 
cessivement ces  groupes  en  exposant  leur? 
caractères  et énuméran ta  la  suite  de  chacun 
d'eux  les  genres  qui  les  composent. 

MALVACÉES  proprement  dites. 

Calice  à  5  divisions  plus  ou  moins  pro- 
fondes, le  plus  souvent  accompagné  d'un  ca- 
licule  ou  involucelle  extérieur.  5  pétales  on- 
guiculés, ordinairement  obliques  et  inéquila- 
téraux.  Étamines  monadelphes ,  dont  les 
filets  forment  un  tube  qui  lie  inférieurement 
les  onglets  des  pétales  soudés  avec  lui,  et  se 
divise  supérieurement  quelquefois  par  cinq 
dents  alternant  avec  les  pétales  toujours 
et  plus  en  dehors,  en  un  nombre  plus  ou 
moins  grand  de  branches  terminées  chacune 
par  une  anthère  réniforme,  uniloculaire, 
s'ouvrant  en  deux  valves  par  une  fente  lon- 
gitudinale supérieure  et  remplie  par  un 
pollen  à  grains  globuleux  et  hérissés  :  tous 
ces  filets  anthérifèressont  plus  ou  moins  ma- 
nifestement agencés  en  cinq  groupes  oppositi- 
pétales.  Carpelles  sessiles,  en  nombre  égal 
aux  pétales,  quelquefois  moindre,  souvent 
plus  grand,  tantôt  distincts,  tantôt  réunis 
par  leurs  faces  latérales  en  un  ovaire  mul- 
tiloculaire  renfermant  dans  chaque  loge  un 
ou  plusieurs  ovules  campulitropes  attachés 
à  l'angle  interne,  verticillés  ou  amoncelés 
autour  d'un  axe  central  plus  ou  moins  dé- 
veloppé que  semblent  continuer  les  styles 
en  nombre  égal  aux  carpelles  ou  double, 
mais  inférieurement  en  colonne,  séparés 
seulement  à  leur  extrémité  ou  plus  bas  et 
terminés  chacun  par  un  stigmate  souvent  en 
tête  et  papilleux.  Fruit  se  séparant  en  au- 
tant de  coques  par  une  déhiscence  septicide, 
ou  au  contraire  par  une  déhiscence  loculicide 
en  autant  de  valves,  dont  chacune  emporte 
la  cloison  sur  son  milieu.  Graines  rénifor- 
mes ,  attachées  de  leur  côté  concave,  qui  c*t 
marqué  par  une  chalaze  assez  large  et  voi- 


614 


MAL 


MAL 


sine  du  hile,  à  test  crustacé,  doublé  par  une 
membrane  internequi  forme  un  repli  saillant 
du  côté  concave  et  recouvre  immédiatement 
l'embryon  arqué ,  à  cotylédons  foliacés  et 
ployés ,  embrassant  dans  leur  repli  la  radi- 
cule recourbée  en  sens  inverse  et  dirigée 
vers  le  hile.  Le  périsperme  est  représenté 
seulement  par  quelques  flocons  ou  par  une 
lame  mince  et  mucilagineuse  qui  pénètre 
entre  les  divers  replis  de  l'embryon.  Les 
espèces  sont  des  herbes,  des  sous-arbris- 
seaux, des  arbrisseaux,  ou  plus  rarement  des 
arbres;  à  feuilles  simples,  souvent  palmi- 
nervées ,  entières  ou  lobées  plus  ou  moins 
profondément,  à  fleurs  régulières,  solitaires 
ou  groupées  à  l'aisselle  des  feuilles ,  mais 
souvent  aussi ,  par  suite  de  l'avortement  de 
celles-ci  qui  passent  à  l'état  de  bractées , 
formant  des  grappes ,  des  corymbes  ou  des 
panicules  terminales.  Elles  abondent  sous 
les  tropiques,  en  Amérique  particulièrement; 
puis  leur  nombre  va  en  diminuant  à  me- 
sure qu'on  s'en  éloigne,  de  manière  que 
dans  nos  climats  tempérés  la  famille  n'est 
déjà  plus  représentée  que  par  un  petit  nom- 
bre d'espèces,  et  qu'elle  disparaît  complète- 
ment vers  les  pôles.  Néanmoins  on  en  ob- 
serve quelques-unes  à  une  élévation  consi- 
dérable dans  les  Andes.  En  général,  les  di- 
verses parties  de  ces  plantes  sont  tout  im- 
prégnées d'une  substance  mucilagineuse 
qui  leur  donne  les  propriétés  émollientes 
pour  lesquelles  elles  sont  renommées.  C'est  à 
cette  famille  qu'appartiennent  les  Gossy- 
pium,  dont  les  graines  sont  recouvertes  de 
ce  lacis  de  filaments  fins  qui  constituent 
le  coton,  si  important  pour  l'industrie. 

GENP.ES. 

Tribu  I.  —  Malopées. 

Calice  simple  ou  caliculé.  Carpelles  nom- 
breux, 1-spermes,  groupés  en  capitules. 

Kilaibelia ,  W.  —  Malope ,  L.  —  Palava , 
Cav.  {Palavia,  Mœnch). 

Tribu  II.  —  Sidées. 

Calice  simple.  Carpelles  verticillés,  se  sé- 
parant en  autant  de  coques  ou  autant  de 
valves  septifères. 

Wissadula,  Medik. —  Lagunea,  Cav.  (So- 
landra,  Murr.  —  Triguera,  C&s.)  —  Bastar- 
dia,  Kunth. —  Abutilon,  Gaertn.  —  Gaya, 
Kunth.  —  Sida,  Kunlh  {Napœa,  L.  —  Mal- 
vinda,  Medik.  —  Diclyocarpus,  Wighl)  — 


Hoheria,  A.  Cunningh.  —  Plagianthus , 
Forst.  — ? Ingenhouzia ,  Moc.  Sess. —  Cris- 
taria,C&y.  —  Anoda,  Cav.  — Malachra,  L. 

Tribu  III.  —  Malvées. 

Calice  accompagné  d'un  caliculé.  Car- 
pelles verticillés,  distincts,  ou  se  séparant 
définitivement  en  autant  de  coques. 

Urena ,  L.  —  Pavonia  ,  Cav.  (  Malache , 
Trew.  —  Thornthonia,  Reicbenb.  — Lopi- 
mia  et  Gœthea ,  Nées ,  Mart.  —  Lebretonia , 
Schrank. — Schouwia,  Schrad.)  —  Modiola, 
Mœnch  (Haynea,  Reichenb.)  —  Sphœralcea, 
Ad.  J.  (Phymosia,  Desv.  — Meliphlea,  Zucc.) 

—  Malva,  L.  (Nuttalia,  Dicks.  Bart. — Cal- 
lirhoe ,  Nutt.  —  Anthema ,  Med.)  —  Allhœa, 
Cav.  (Ferberia,  Scop.  — Alcea,  L.)  —  Lava- 
tera,  L.  (Olbia,  Med.  —  Savinionia  et  Na- 
vœaf  Webb.  Berth.  —  Stegia,  Mœncb). 

Tribu  IV.  —  Hibiscées. 

Calice  accompagné  d'un  caliculé.  Capsule 
s'ouvrant  par  3-5,  rarement  10  valves  sep- 
tifères, quelquefois  indéhiscente. 

Kosteletzkya,  Presl.  —  Hibiscus,  L.  (Ket- 
mia,  Tourn.  —  Trionum ,  Med.)  —  Malva- 
viscus,  Dill.  (Achania,  Sw.) — Fugosia,  J. 
(Cienfugosia,  Cav.  — Cienfuegia,  W. —  Re- 
doutea ,  Vent.)  —  Gossypium ,  L.  (  Xylon  , 
Tourn.)—  Serrœa,  Decaisne  (Senra,  Cav. 
Senrœa,  W.—Dumreichera,  Steud.,  Hochst). 
— Abelmoschus,  Med.  (Hymenocalyx,  Zenk.) 

—  Lagunaria,  Don. — Paritium,  Ad.  J.  (Pa- 
riti ,  Rheed.  —  Parita  ,  Scop.  —  Azanza, 
Moc.  Sess.  )  —  Thespesia,  Corr.  — Deca- 
schistia,  Wight,  Arn. 

BOMBACÉES.  Bombaceœ. 

Calice  à  5  divisions,  quelquefois  irrégu- 
lières, d'autres  fois  presque  nulles,  et  le  fai- 
sant alors  paraître  comme  tronqué.  Autant 
de  pétales  plans,  ordinairement  très  grands, 
manquant  très  rarement.  Étamines  en  nom- 
bre défini  ou  indéfini,  à  filets  soudés  en  un 
tube  qui  se  partage  supérieurement  en  5  ou 
plus  de  divisions  portant  chacune  une  ou 
plusieurs  anthères  linéaires ,  réniformes  ou 
tortueuses,  1-loculaires,  bivalves,  remplies 
d'un  pollen  à  grains  lisses  et  ordinairement 
trièdres.  Ovaire  partagé  complètement  ou 
incomplètement  en  5  loges,  quelquefois 
plus,  rarement  moins,  renfermant  chacune 
2  ou  plusieurs  ovules  attachés  à  l'angle  in- 
terne ou  aux  bords  libres  des  cloisons  in- 


MAL 


ÎNJAL 


615 


complètes.  Style  simple  terminé  par  un  stig- 
mate simple  également ,  ou  partagé  en  au- 
tant de  lobes  qu'il  y  a  de  loges.  Fruit  indé- 
hiscent, ou  plus  généralement  s'ouvrant  par 
ne  déhiscence  ordinairement  loculicide, 
rarement  septicide,  rempli  de  pulpe  à  l'in- 
térieur des  loges,  dont  la  paroi  est  d'autres 
fois  toute  couverte  de  longs  poils  laineux. 
Graine  à  test  coriace  doublé  d'une  mem- 
brane, à  embryon  dont  les  cotylédons  plis- 
sés sont  à  peine  tapissés  d'une  laine  muci- 
lagineuse,  ou  épais  et  charnus,  se  sou- 
dent entre  eux,  ou,  d'autres  fois,  moins 
développés,  sont  entourés  d'un  vérita- 
ble périsperme  charnu.  Les  espèces  sont 
presque  sans  exception  tropicales.  Ce  sont 
toutes  des  arbres  ,  et ,  parmi  eux ,  les  plus 
énormes  qu'on  connaisse.  Leurs  feuilles  sont 
simples,  ou  plus  souvent  composées  et  pal» 
mées  ;  leurs  fleurs  régulières  ou  quelquefois 
irrégulières,  solitaires  ou  réunies  en  grappes 
et  panicules.  Cette  famille  ,  que  beaucoup 
d'auteurs  réunissent  à  la  suivante,  se  lie 
au  moins  aussi  intimement  à  la  précédente, 
et  forme  réellement  le  passage  de  l'une  à 
l'autre,  plus  rapprochée  des  Malvacées  par 
sa  première  tribu ,  des  Sterculiacées  par  la 
dernière. 

GENRES. 

Tribu  I.  —  Adansoniées. 

Anthères  1-loculaires  (quelquefois  gémi- 
nées). Fruit  sessile  ,  le  plus  souvent  à  dé- 
hiscence loculicide ,  rarement  indéhiscent. 
Périsperme  ordinairement  presque  nul. 

Adansonia,  L.  (Baobab,  P.  Alp.  —  Ophe* 
lus ,  Lour.)  —  Pachira ,  Aubl.  (  Carolinea  , 
Lœf.) —  Chorisia,  Kunth. — Bombax,  L.— 
Eriotheca,  Schott.  Endl. — Eriodendron  , 
DC.  (Ceiba,  Plum.  —  Gossampinus,  Rumph. 
—  Erione  ,  Schott.  Endl.) —  Salmalia  , 
Schott,  Endl. —  Cavanillesia,R.  Pav.  [Pour- 
retia,  W.)  —  Durio,  Rumph.  —  Ochroma, 
Sw.  —  Cheirostemon,  Humb.  BonpI.  (Chei- 
ranthodendron  ,  Larreat.  )  —  Montezuma , 
Moc.  Sess. —  Neesia,  Bl.  —  Myrodia,  Schreb. 
{Lexarza,  Llav.)  —  Quararibea,  Aubl.  (Ger- 
beria,  Scop.)  —  Malisia,  Humb.  Bonpl. 

Tribu  II. — Hélictérées. 
Anthères    2-Ioculaires  (manifestement 
dans  le  bouton).  Fruit  longuement  stipité  , 
déhiscent  souvent  par  le  décollement  des 
cloisons.  Périsperme  charnu  et  épais. 


Methorium,  Schott,  Endl.  —  Helicleres , 
L.  (Isora  et  Orthothecium,  Schott,  Endl. — 
Âlicteres,  Neck.)  —  Ungeria,  Schott,  Endl. 
—  Heevesia,  Lindl. 

STERCULIACÉES.  Sterculiaceœ. 

Fleurs  diclines  ,  monoïques  :  les  mâles 
avec  un  pistil  rudimen taire  ;  les  femelles 
avec  des  étamines  anthérifères  et  même  pol- 
linifères,  mais  toujours  stériles.  Calice  à  5, 
rarement  à  4  ou  6  divisions  plus  ou  moins 
profondes,  égales,  colorées.  Pas  de  pétales. 
Gynostème  partant  du  centre  de  la  fleur , 
s'élevant  plus  ou  moins  haut,  et  portant  15, 
10,  quelquefois  20 ,  rarement  5  anthères 
biloculaires ,  sessiles  sur  le  bord  d'un  tube 
court  cyathiforme  ,  ou  groupées ,  soit  en 
5  faisceaux ,  soit  sans  ordre  en  capitule  : 
pollen  à  grains  lisses,  sphéroïdes.  Ovaires 
portés  au  sommet  du  gynostème  au  nombre 
de  5,  ou  rarement  de  4-6  ,  ou  plus  rare- 
ment encore  de  6-12,  légèrement  cohérents, 
renfermant  chacun  un  ou  ordinairement 
plusieurs  ovules  attachés  à  l'angle  interne, 
terminés  par  autant  de  styles  bientôt  rap- 
prochés et  même  soudés  en  un  seul ,  qui 
finit  par  un  stigmate  5-lobé  ou  par  5  stig- 
mates distincts.  Fruit  composé  d'autant  de 
follicules  ligneux  coriaces  ou  foliacés,  rare- 
ment de  carpelles  indéhiscents.  Graines  tan- 
tôt dépourvues  de  périsperme ,  et  revêtues 
alors  d'un  tégument  simple;  tantôt  et  gé- 
néralement périspermées  ,  et  revêtues  d'un 
tégument  triple  :  l'extérieur  crustacé,  le 
moyen  cartilagineux,  l'intérieur  membra- 
neux. Embryon  droit,  à  cotylédons  épais, 
ou  membraneux  lorsqu'il  y  a  un  périsperme, 
accolés  alors  à  celui-ci,  qui  se  partage  en 
deux  lobes,  et  peut  facilement  être  pris  pour 
eux  ;  à  radicule  le  plus  souvent  contraire  au 
hile.  Les  espèces  sont  des  arbres  presque 
toujours  originaires  des  régions  tropicales, 
et  néanmoins  perdant  chaque  année  leurs 
feuilles.  Leurs  feuilles  sont  simples  ou  lo- 
bées, ou  même  rarement  composées  et  pal- 
mées; leurs  fleurs  en  panicules  ou  grappes 
pendantes  ,  quelquefois  en  faisceaux  axil- 
laires  ou  terminaux,  chacun  sur  un  pédicelle 
articulé  vers  son  sommet  ou  son  milieu. 


Sterculia,  R.  Br.  {Triphaca,  Lour.—  Chi- 
chœa,  Presl.  —  Ivira,  Aubl. —  Southwellia, 
Salisb.) —  Telradia,  R.  Br.  — Brachychilon, 


616 


MAL 


MAL 


R.  Br.  (Pœcilodermis  et  Trichosiphon,  Endl.) 

—  Vlerïgota,  Endl.  —  Hildegardia,  R.  Dr. 

—  Firmiana,  Marsil.  (Erythropsis, Endl.)— 
Scaphium,  Eudl.  —  Pterocymbium,  R.  Br. 

—  Courtenia,  R.  Br.  —  Cola,  Endl.  (  Lu- 
nania,  DC.) —  Heritiera,  Dryand. 

BYTTNÉRIACÉES.  Byttneriaceœ. 

Galice  à  4-5  divisions  plus  ou  moins  pro- 
fondes. Pétales  en  nombre  égal,  manquant 
quelquefois.  Étamines  monadelphes,  en 
nombre  égal  ou  multiple,  les  anthérifères 
opposées  aux  pétales  par  une  ou  par  trois  , 
alternant  souvent  avec  des  languettec  sté- 
riles; anthères  biloculaires  dont  le  pollen 
est  ii  grains  ovoïdes  ou  globuleux,  lisses  ou 
quelquefois  hérissés.  Ovaire  sessile  ou  con- 
stamment slipité ,  à  4-5  loges ,  rarement 
moins ,  quelquefois  10  ,  contenant  chacune 
2  eu  plusieurs  ovules  attachés  à  l'angle  in- 
terne. Styles  soudés  en  un  seul  terminé  par 
autant  de  stigmates  qu'il  y  a  de  loges.  Fruit 
le  plus  souvent  capsulaire,  à  déhiscence  lo- 
(ulicide  ou  septicide.  Graines  à  tégument 
crustacé  ou  membraneux,  quelquefois  muni 
auprès  du  hile  de  strophioles  ou  appendices 
de  forme  diverse,  quelquefois  aussi  aminci 
eu  aile  à  l'extrémité  opposée.  Embryon  le 
plus  communément  enveloppé  d'un  péri- 
sperme  charnu  qui  manque  dans  quelques 
genres ,  à  cotylédons  foliacés  ou  épais  sui- 
vant l'un  ou  l'autre  cas  ,  entiers  ou  bipar- 
tis ,  plans  ou  plissés  ou  enroulés ,  à  radi- 
cule droite  ou  courbe  tournée  du  côté  du 
hile,  infère  le  plus  souvent.  Les  espèces  ré- 
pandues dans  les  régions  tropicales  et  dans 
la  partie  des  zones  tempérées  qui  les  avoi- 
sine ,  sur  toute  la  terre ,  sont  des  arbres  ou 
des  arbrisseaux,  rarement  des  herbes.  Leurs 
feuilles  sont  simples,  penninervées  ou  pal- 
matinervées ,  présentant  souvent  des  inci- 
sions ou  des  lobes  en  rapport  avec  ces  ner- 
vations; les  inflorescences  axillaires  ou  op- 
positifoliées  ou  terminales,  en  panicules,en 
épis  ou  en  glomérules,  quelquefois  accom- 
pagnées d'un  involucre  général,  plus  souvent 
d'un  involucelle  particulier  pour  chaque 
fleur.  Les  diverses  parties,  par  l'abondance 
du  principe  mucilagineux  contenu,  partici- 
pen t  aux  propriétés  générales  des  Malvacées  ; 
mais  elles  sont  modifiées  par  le  mélange 
d'une  substance  extractive,  amère  et  astrin- 
gente. Les  graines  sont  huileuses.  L'une 


d'elles,  celle  du  Theobroma,  est  célèbre  par 
l'usage  de  la  matière  fournie  par  son  em- 
bryon,  et  si  généralement  connue  sous  le 
nom  de  Cacao,  matière  qui ,  torréfiée,  sert 
à  la  fabrication  du  chocolat ,  en  tempérant 
par  le  mucilage  du  sucre  son  amertume  très 
intense. 

GENRES. 

Tribu  I.  —  Lasiopétalées. 

Calice  pétaloïde.  Pétales  réduits  à  de 
courtes  écailles  ou  nuls.  Cinq  filets  anthé- 
rifères alternant  quelquefois  avec  autant  de 
stériles,  du  reste  semblables,  libres  ou  sou- 
dés. Embryon  droit  à  cotylédons  foliacés, 
dans  un  périsperme  épais.  Plantes  austra- 
liennes. 

Seringia ,  Gay  (Gaya ,  Spreng.)  —  Gui- 
chenotia,  Gay.  —  Thomasia,  Gay.  —  Leuco- 
thamnus ,  Lindl.  —  Lasiopetalum  ,  Sm. — 
Corethrostylis ,  Endl.  —  Kcraudrenia,  Gay. 
—  Sarotes,  Lindl. 

Tribu  II.  —  Byttnériées. 

Pétales  concaves  ou  voûtés,  souvent  pro- 
longés au  sommet  en  un  appendice  ligu- 
liforme.  Tube  staminal  partagé  supérieure- 
ment en  dix  lanières  alternativement  sté- 
riles ,  et  portant  1-3  anthères.  Embryon  à 
cotylédons  tantôt  foliacés  dans  un  périsperme 
épais,  tantôt  plissés  ou  convolutés  sans  pé- 
risperme. Plantes  appartenant  aux  deui 
continents. 

Rulingia ,  R.  Br.  —  Commersonia,  Forsfc. 
(Jurgensia,  Spreng.  — t  Médusa,  Lour.)  — 
Abroma,  Jacq.  (Ambmma,  L.  F.  —  Hastin- 
gia ,  Kœn.  )  —  Byltneria ,  Lceffl.  (  Ckœtea , 
Jacq.  —  Heterophyllum  ,  Boj.  —  Telfairia, 
Newm.  )  —  Ayenia,  L.  (Dayenia,  Mill.  )  — 
Theobroma,  L.  (Cacao,  Tourn. )—Guazuma1 
Plum.  (Bubroma,  Schreb. )  —  Kleinhovia  , 
L.  —  Actinophora  ,  Wall.  —  Pentagloltis  , 
Wall. 

Tribu  III.  —  Hermanniées. 

Pétales  plans.  5  étamines  monadelphes, 
fertiles.  Embryon  à  cotylédons  foliacés , 
droit  ou  arqué  dans  un  périsperme  charnu. 
Plantes  communes  aux  deux  continents , 
abondantes  notamment  à  l'extrémité  aus- 
trale de  l'Afrique. 

Waltheria,  L.  (Lophanthus,  Forst. — As- 
Iropus,  Spreng.)  —  Melochia,  L.  —  Riedleia, 
DC.  {liiedlea,  Vent.  —  Altheria,  Pet.-Th.— 


MAL 


MAM 


617 


Lochemia ,  Arn.  )  — Physodium  ,  Presl.  — 
Hermannia,  L.  — Mahernia,  L.  —  Viseniaf 
Houtt.  (  Wisenia  ,  Gra.  —  Aleurodendron , 
Reinw.  —  Glossospermum,  Wall.) 

Tribu  IV.  — Dombeyàcées. 

Pétales  plans.  15-40  étamines ,  les  oppo- 
sitipétales  ordinairement  stériles  et  liguli- 
formes.  Embryon  à  cotylédons  foliacés,  sou- 
vent bifides  et  plissés,  dans  un  périsperme 
mince. 

Ruizia,  Cav.  —  Pentapetes,  L.  (Moranda, 
Scop.) — Broiera,  Cav.  (Sprengelia,  Schult.) 
—  Assonia,  Cav.  (Kœnigia,  Comm. —  Vah- 
lia ,  Dahl.)  —  Dombeya ,  Cav.  —  Acropeta- 
lum,  Delil.  (Leeuwenhœckia,  E.Mey). — Me- 
Ihania,  Forsk.  —  Astrapœa,  Lindl.  (Hilsen- 
bergia,  Boj.)  —  Glossostemon ,  Desf.  —  Tro- 
chetia,  DC.  —  Plerospermum,  Schreb.  (Ve- 
laga,  Ad.)  —  Kydia,  Roxb. 

Tribu  V.  —  Ériol^nées. 

Pétales  plans.  Étamines  nombreuses , 
toutes  anthérifères,  soudées  en  une  colonne. 
Embryon  à  cotylédons  plissés,  bilobés,  dans 
un  périsperme  charnu.  Plantes  asiatiques. 

Eriolœna ,  DC.  —  Schillera ,  Reichenb. 
(Wallichia,  DC.  —  Microlœna,  Wall. —  Jac- 
kia,  Spreng.  )  —  Exitelia,  Blum.  (Maran- 
thes,  Bl.) 

Ajoutons  à  l'énumération  précédente  deui 
genres  qui  rentrent  dans  le  groupe  général, 
mais  qu'on  ne  connaît  pas  assez  à  fond  pour 
pouvoir  y  préciser  leur  place  :  le  Philippo- 
dendron  ,  Poit.,  et  le  Biassolettia ,  Presl,  et 
signalons  les  affinités  de  ce  même  groupe 
avec  la  famille  des  Tiliacées,  qui  s'y  rattache 
presque  aussi  évidemment  que  les  précé- 
dentes, mais  que  néanmoins  nous  traiterons 
séparément.  (Ad.  de  Jossirl.) 

MALVAVISCUS.  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Malvacées-Hibiscées,  établi  par 
Dillen  [EUh.3  210, 1. 170,  f.  208).  Arbustes 
de  l'Amérique  tropicale,  à  feuilles  alternes, 
pétiolées,  entières  ou  lobées  ;  stipules  pétio- 
laires  géminées;  à  pédoncules  uniflores,  à 
fleurs  axillaires  ou  terminales,  solitaires, 
géminées  ou  ternées,  à  corolles  de  couleur 
sanguine. 

On  connaît  une  quinzaine  d'espèces  de  ce 
genre;  la  principale  est  le  Malvariscus  arbo- 
reus.  Cette  plante  fleurit  toute  l'année,  et  se 
multiplie  de  graines  ou  de  boutures. 
t.  vu. 


MAMANDRITE.  polyp.  —  Nom  donné 
autrefois  à  des  Spongiaires  fossiles,  qu'on  a 
regardés  plus  tard  comme  des  Alcyons. 

MAMELLES.  Mamma.  anat.  phys.  — 
Ces  glandes  forment  le  caractère  distinctif 
de  la  classe  d'animaux  à  la  tête  desquels 
se  trouve  l'Homme ,  et  qui  ont  reçu ,  en  rai- 
son de  cet  organe  que  seuls  ils  possèdent,  le 
nom  de  Mammifères. 

Dans  l'espèce  humaine,  les  Mamelles  sont 
deux  corps  hémisphériques  situés  à  la  partie 
supérieure  et  antérieure  de  la  poitrine ,  et 
séparés  l'un  de  l'autre  par  un  sillon  plus  ou 
moins  profond.  Au  centre  de  la  surface  hé- 
misphérique s'élève  le  mamelon,  petite  émi- 
nence  conoide  d'un  rouge  plus  ou  moins 
foncé ,  susceptible  d'érection ,  et  dans  la- 
quelle viennent  aboutir  les  vaisseaux  îacti-* 
[ères.  La  base  du  mamelon,  ou  auréole,  pré- 
sente les  orifices  d'un  certain  nombre  de  fol- 
licules sébacés.  La  forme  hémisphérique  des 
Mamelles,  chez  la  Femme,  est  due  à  un  tissu 
adipeux,  abondant,  sous-jacentà  la  peau,  et 
entourant  de  toutes  parts  les  glandes  mam- 
maires ,  organes  spéciaux  de  la  sécrétion 
lactée. 

Les  glandes  mammaires,  considérées  d'une 
manière  générale,  présentent  deux  modes 
différents  de  structure;  elles  se  composent, 
soit  d'un  amas  de  tubes  terminés  en  cul-de- 
sac,  soit  de  canaux  ramifiés  (conduits  lacti- 
fères),  dont  les  ramifications  les  plus  déliées 
supportent  des  grappes  de  vésicules  (cellules 
laclipares),  visibles  au  microscope.  Le  pre- 
mier mode  de  structure  ne  se  rencontre  que 
chez  l'Ornithorhynque;  l'autre  disposition 
est  commune  à  la  Femme  et  aux  femelles 
de  tous  les  autres  Mammifères. 

Les  Mamelles  ,  toujours  apparentes  chez 
la  Femme,  bien  qu'elles  présentent  un  sur- 
croît de  turgescence  dès  les  premiers  temps 
de  la  conception,  les  Mamelles,  dépourvues 
de  graisse  chez  les  animaux ,  ne  se  dévelop- 
pent qu'à  l'époque  de  l'allaitement (voy.  ce 
mot).  Le  mamelon,  ordinairement  creux,  et 
dans  lequel  aboutissent  un  ou  deux  réser- 
voirs dans  lesquels  les  vaisseaux  lactifères 
versent  le  lait,  n'est  percé  que  d'un  ou  de 
deux  orifices. 

La  position  et  le  nombre  des  Mamelles  va- 
rient, suivant  les  familles.  Les  Singes  et  les 
Chauves-Souris  ont  deux  Mamelles  pecto- 
rales ,  ainsi  que  les  Édentés  tardigrades , 

78 


GIS 


MAM 


3MA?.l 


l'Éléphant  et  le  Lamantin;  les  Galéopithè- 
ques  ont  deux  paires  de  mamelles  pectorales; 
l'externe  est  presque  axillaire.  Chez  les  Soli- 
pèdes  et  chez  les  Ruminants,  elles  sontingui- 
nales  ;  la  Jument  en  offre  deux  ainsi  placées  ; 
la  Vache  en  présente  quatre,  qui  consti- 
tuent une  masse  unique  appelée  pis ,  com- 
posée de  deux  parties  symétriques  accolées 
l'une  à  l'autre,  et  donnant  naissance  à  qua- 
tre principaux  mamelons  nommés  trayons 
ou  tétines.  Chez  ceux  des  Mammifères  où  le 
nombre  des  Mamelles  est  plus  considérable, 
elles  sont  rangées  sur  deux  lignes  parallèles 
s'étendant  de  la  région  inguinale  à  la  ré- 
gion pectorale  :  ainsi  sont  disposées  les  huit 
Mamelles  de  la  Chatte,  les  dix  de  la  Chienne, 
de  la  Truie,  de  la  Musaraigne,  de  la  Lapine , 
les  douze  de  la  femelle  du  Rat ,  et  les  qua- 
torze de  celle  de  l'Agouti.  Nous  avons  dit 
Mamelles  ,  nous  aurions  mieux  fait  de  dire 
mamelon;  car  il  arrive  souvent  que  les 
glandes  se  confondent  pour  ne  former  qu'une 
seule  masse.  Le  nombre  des  mamelons  est 
ordinairement  en  rapport  avec  celui  des  pe- 
tits de  chaque  portée  ,  sans  que  cependant 
cette  proportion  présente  une  exactitude 
mathématique. 

Chez  les  Marsupiaux  (voy.  ce  mot),  les 
Mamelles  affectent  une  disposition  toute 
particulière,  rendue  nécessaire  par  l'état  in- 
forme et  à  peine  ébauché  des  petits  au  mo- 
ment de  leur  expulsion  de  l'utérus.  Au  lieu 
de  jouir,  dès  ce  moment,  d'une  vie  indépen- 
dante, ces  embryons  sont  reçus  dans  une 
poche  profonde  (marsupium)  dont  est  pour- 
vue la  mère,  et  qui  est  formée  par  un  pro- 
longement de  la  peau  du  ventre  au-devant 
des  Mamelles;  parvenus  dans  cette  poche, 
les  jeunes  animaux  y  subissent  comme  une 
seconde  gestation  et  y  achèvent  leur  déve- 
loppement, suspendus  chacun  à  une  tétine 
qui ,  pénétrant  au  fond  de  la  bouche,  y  verse 
incessamment  le  lait  exprimé  par  la  contrac- 
tion qu'exerce  sur  les  glandes  mammaires 
un  appareil  musculaire  particulier.  (A.  D.) 

MAMILLARÏA,  Haw.  bot.  pu.  —  Voy. 

OPCNTIACÉES. 

MAMILLÎFERA  {mamilla,  mamelon , 
fevo,  je  porte),  polyp.  —  Genre  d'Actinies 
agrégées  établi  par  M.  Lesueur  pour  deux 
espèces  qu'il  a  observées  vivantes  dans  la 
mer  des  Antilles,  et  qui  avaient  été  confon- 
dues avec  les  Alcyons  par  les  anciens  natu- 


ralistes. Les  Mamillifères  naissent  plus  ou 
moins  nombreuses  à  la  surface  d'une  expan- 
sion membraneuse  commune;  leur  corps 
est  coriace,  court,  en  forme  de  mamelon, 
terminé  par  la  bouche,  qui  est  élargie  et 
bordée  de  plusieurs  rangées  de  tentacules. 
Lamouroux  avait  formé  son  genre  Polythoe 
avec  les  Alcyonium  mamillosum  et  ocellalum 
de  Solander  et  Lamarck,  que  tous  ces  natu- 
ralistes ont  vus  seulement  desséchés  dans 
les  collections,  et  qui  sont  de  vrais  Mamilli- 
fères. (Duj.) 

MAMILLOPORA  (mamilla,  mamelon; 
porus,  pore),  polyp. — Genre  de  Spongiaires 
fossiles  proposé  par  M.  Persoon,  et  correspon- 
dant en  partie  aux  genres  Lymnorea,  Lamx, 
et  Cnemidium,  Golf.  Voy.  ces  mots.  (Duj.) 

MAMMALÏA.  mam.  —  Linné  (Syst.  nàt., 
X,  1753)  a  désigné  sous  ce  nom  la  classe 
des  Mammifères.  Voy.  ce  mot.       (E.  D.) 

MAMMARIA.  acal.?  polyp.?  — Genre 
établi  par  Mûller  pour  3  espèces  de  corps 
globuleux  ou  ovoïdes,  flottants,  de  la  mer 
du  Nord.  Ces  corps,  larges  de  3  à  4  millimè- 
tres, sont  terminés  au  sommet  par  une  seule 
ouverture  sans  tentacules  visibles.  Millier  les 
rapprochait  des  Actinies;  Lamarck  les  place 
à  la  fin  de  son  deuxième  ordre  des  Tuniciers 
libres.  On  pourrait  supposer  que  ces  corps 
peu  connus  ont,  au  contraire,  quelque  rap- 
port avec  la  Noctiluque.  (Duj.) 

MAMMALOGIE .  Mammalogia  {mamma, 
mamelle;  >oyoç,  discours),  zool.  —  On 
donne  généralement  ce  nom  à  la  partie  de 
l'histoire  naturelle  qui  a  pour  objet  l'étude 
des  Mammifères.  Voy.  ce  mot. 

MAMMEA.  bot.  pu.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Clusiacées-Garciniées  ,  établi  par 
Linné  [Gen.  ,  n.  1156).  Arbres  de  l'Améri- 
que tropicale.  Voy.  clusiacées. 

MAMMIFÈRES.  Mammalia.  zoql.— Les 
animaux  désignés  sous  le  nom  commun  de 
Mammifères  forment  la  première  classe  du 
grand  type  des  Vertébrés,  et  occupent  ainsi 
le  premier  rang  dans  la  création  zoologique. 
A  leur  tête  se  place  l'Homme,  si  semblable 
à  eux  par  le  plan  général  de  son  organisation, 
si  supérieur  par  cette  intelligence  qui  lui  per 
met  de  contempler  et  de  comprendre  la  lon- 
gue chaîne  du  Règne  Animal  qui  se  développe 
au-dessous  de  lui.  La  dénomination  de  Mam- 
mifères introduite  par  Linné  et  définie  par 
lui  avec  une  exactitude  qui  semble  avoir 


MAM 


MAM 


619 


suivi,  plutôt  que  devancé  les  découvertes 
récentes,  est  une  de  celles  qui  ont  été  le  plus 
heureusement  choisies  dans  la  langue  zoolo- 
gique. En  indiquant  que  les  animaux  aux- 
quels elle  convient  portent  des  Mamelles, 
elle  rappelle  implicitement  les  rapports  qui 
existent  entre  les  Parents  et  les  Jeunes,  l'é- 
tat d'imperfection  et  de  dépendance  dans 
lequel  naissent  ces  derniers,  la  qualité  de 
I  aliment  qu'ils  reçoivent,  après  être  sortis 
vivants  du  sein  de  la  mère.  Par  la  nature 
même  de  leurs  fonctions,  les  Mamelles  sont 
en  outre  des  organes  tellement  spéciaux, 
que,  signaler  ieur  existence,  c'est  présenter 
immédiatement  à  l'esprit  l'idée  d'une  orga- 
nisation particulière  et  concordante,  c'est 
résumer  a  la  fois,  par  un  trait  saillant,  les 
caractères  de  l'adulte  et  ceux  du  jeune  ani- 
mal. Le  nom  de  Pilifères,  proposé  par  M.  de 
niainville  pour  remplacer  celui  de  Mammi- 
fères, n'a  paru  ni  assez  précis  ni  assez  ex- 
clusif pour  qu'on  ait ,  en  général ,  accepté 
de  préférence  cette  substitution.  Si  ce  nom 
a  l'avantage  de  former,  avec  ceux  de  Penni- 
feres  et  de  Squamifèrcs ,  une  série  de  dé- 
nominations dans  laquelle  l'opposition  des 
termes  fait  ressortir  l'opposition  des  carac- 
tères, et  traduit  d'une  manière  brève  cette 
phrase  de  Linné:  Les  Mammifères  ont  des 
poils,  les  Oiseaux  des  plumes,  et  les  Poissons 
«les  écailles,  il  ne  saurait  représenter  d'une 
manière  aussi  logique  la  classe  d'animaux 
auxquels  il  s'applique,  le  fait   de   l'exis- 
tence des  poils  n'ayant  point  lavaleur  du  fait 
si   caractéristique    de  l'allaitement.  Quand 
on  plaçait  dans  une  autre  classe  ces  ani- 
maux marins  que  leurs  formes  et  leurs  ha- 
bitudes semblent  rapprocher  des  Poissons  , 
ctquiont  reçu  des  naturalistes  le  nom  de  Cé- 
tacés, la  dénomination  de  Quadrupèdes  Vivi- 
pares pouvait  être  appliquée  à  l'ensemble  des 
-Mammifères  et  servir  à  les  distinguer  des  Rep- 
tiles quadrupèdes;  mais  depuis  que  Bernard 
de  Jussieu,  Brisson  et  Linné  ont  fait  com- 
prendre les  rapports  qui  unissent  les  Céta- 
cés aux  autres  Mammifères,  et  que  l'illustre 
naturaliste  suédois  en  a  fait  un  groupe  de 
sa  grande  classe  des  Animaux  à  mamelles, 
le  nom  de  Quadrupèdes  est  une  épithète  gé- 
nérale ,    sans    signification    zoologique,    à 
moins  que  ,  dans  la  classe  même  dos  Mam- 
mifères,  on  ne  l'oppose   au   mot  Bipèdes  , 
comme  le  fait  M.  Isidore  G eoffrov- Sain t-Hi-  I 


laire,  qui  applique  ce  dernier  nom  à  l'ancien 
ordre  des  Cétacés. 

En  rapprochant,  comme  nous  venons  de 
le  faire,  les  différentes  appellations  qui  ont 
servi  à  distinguer  les  animaux  que  nous  nous 
proposons  d'étudier,  nous  avons  pour  but, 
moins  de  faire  apprécier  la  valeur  du  mo! 
Mammifères,  que  de  rappeler  d'une  manière 
succincte  les  caractères  les  plus  généraux, 
les  plus  extérieurs,  les  plus  saisissables,  que 
chacune  de  ces  dénominations  représente 
Nous  pourrions  compléter  cette  indication 
sommaire  par  la  définition  classique  du 
groupe  des  Mammifères  ;  mais  il  nous  sem 
bleque  cette  définition  sera  mieux  placée  à 
la  fin  de  ce  travail,  auquel  elle  servira  de 
résumé  et  de  conclusion. 

Pour  faire  connaître  l'organisation  dej 
Mammifères  aussi  complètement  que  cela 
nous  est  possible,  nous  prendrons  l'animai 
à  son  début,  dans  l'œuf,  et  nous  parcourrons 
successivement  les  périodes  diverses  du  dé- 
veloppement de  ses  grands  appareils.  Ainsi 
guidés  par  la  nature,  depuis  l'origine  de  l'ê- 
tre jusqu'à  la  perfection  de  son  état  adulte, 
nous  trouverons  dans  cette  marche  le  moyen 
de  caractériser  d'une  manière  plus  précise 
le  plan  organique  suivant  lequel  les  Mam- 
mifères sont  constitués,  de  présenter  en 
même  temps  l'état  actuel  de  la  science  sur 
chacun  des  grands  points  de  l'organisation, 
etd'indiquer  les  résultats  importants  que  les 
études  embryologiques  ont  déjà  fournis  à  la 
Zoologie,  pour  l'appréciation  des  affinités. 
L'ordre  suivant  lequel  nous  étudierons  le; 
divers  appareils  est  l'ordre  même  dans  le- 
quel ils  se  montrent  chez  l'embryon.  Cette 
succession  de  formation  est  assez  difficile 
à  comprendre  d'une  manière  rigoureuse , 
le  travail  génésique  ayantlieu  dans  plusieurs 
directions  simultanément;  néanmoins  nous 
pourrons  la  saisir  pour  les  parties  essentiel- 
les, en  adoptant  comme  principe  rationne! 
de  cette  détermination  que  le  moment  de 
l'apparition  d'un  appareil  .l'est  pas  celui  où 
deviennent  saisissables  les  parties  élémentai- 
res qui  doivent  fournir  des  matériaux  à  sa 
formation,  mais  bien  celui  où  se  montrent 
les  premiers  linéaments  d'un  organe  ou  d'une 
portion  d'organe  appartenant  à  cet  appareil, 
c'est-à-dire  que  nous  laisserons  de  côté  les 
phénomènes  histogéniques,  et  que  nous 
commencerons  notre  étude  au  moment  où 


620 


MAM 


les  phénomènes  organogéniques  se  déve- 
loppent. Cette  connaissance  générale  de  l'or- 
ganisation des  Mammifères  nous  permettra 
de  comprendre  les  idées  qui  ont  tour  à  tour 
guidé  les  naturalistes  dans  le  groupement 
zoologique  de  ces  animaux,  et  nous  termi- 
nerons par  l'examen  des  classifications  prin- 
cipales qui  ont  été  la  traduction  de  ces  vues 
diverses. 

Embryon  des  Mammifères. 

Quand  l'œuf  fécondé  des  Mammifères  est 
arrivé  dans  la  matrice,  et  qu'il  jouit  encore 
de  son  entière  liberté,  à  une  époque  qui  va- 
rie suivant  les  animaux,  il  se  compose  de 
deux  vésicules ,  une  externe  et  une  interne. 
La  vésicule  externe  est  formée  par  la  zone 
transparente  de  l'œuf  ovarique,  avec  laquelle 
s'est  confondue  la  couche  d'albumen  dont 
l'œuf  est  revêtu  chez  certains  animaux , 
quand  il  s'engage  dans  la  trompe,  et  qui  va 
toujours  s'amincissant  à  mesure  que  l'œuf 
grossit.  La  vésicule  interne  s'est  développée 
aux  dépens  de  la  masse  du  jaune  ou  vitellus  ; 
en  effet,  cette  masse  vitelline  s'est  précé- 
demment fragmentée  en  sphères  nombreu- 
ses; ces  sphères  se  sont  couvertes  de  cellu- 
les; et  plus  tardées  cellules  se  sont  réunies 
ensemble  pour  constituer  la  fine  membrane 
de  la  vésicule  interne,  nommée  vésicule 
blastodermique.  L'œuf  peut  donc  être  figuré 
à  cette  période  comme  deux  sphères  emboî- 
tées l'une  dans  l'autre,  ayant  chacune  une 
tunique  d'enveloppe,  à  savoir  :  la  zone 
transparente,  et  la  vésicule  blastodermique. 
En  cheminant  dans  la  matrice,  l'œuf  ac- 
quiert un  volume  plus  considérable ,  et , 
quoique  toujours  libre,  arrive  au  point  où 
il  doit  se  fixer.  A  cette  époque  ,  on  aperçoit 
sur  la  vésicule  blastodermique  une  tache  de 
forme  circulaire,  uniformément  obscure, 
déterminée  par  l'accumulation  de  matériaux 
plastiques,  et  nommée  cumulus  proligère 
par  Baër,  tache  embryonnaire  ou  aire  germi- 
native  par  d'autres  observateurs.  Dans  toute 
l'étendue  de  l'aire  germinative ,  et  même 
au-delà,  on  reconnaît  qu'il  s'est  opéré  une 
sorte  de  dédoublement  de  la  vésicule  blasto- 
dermique :  une  couche  de  cellules  s'est  dé- 
j  tachée  intérieurement  de  cette  vésicule  ,  et 
j  constitue  un  feuillet  qui  va  toujours  s'éten- 
dant  à  la  périphérie  interne  de  la  tunique 
la  plus  ancienne.  La  vésicule  blastodermique 


MAM 

est  donc  maintenant  formée  par  deux  feuil- 
lets ,  qui  sont ,  de  l'extérieur  à  l'intérieur, 
le  feuillet  séreux  ou  animal ,  et  le  feuillet 
muqueux  ou  végétatif.  Le  premier  est  l'en- 
veloppe primordiale  de  la  vésicule  blasto- 
dermique ;  le  second  est  celui  dont  nous  ve- 
nons d'indiquer  la  formation  postérieure,  et 
qui  n'acquerra  que  plus  tard  la  forme  vé- 
siculaire.  Les  modifications  subséquentes 
qu'on  observe  dans  l'œuf,  et  qui  se  succè- 
dent avec  une  si  étonnante  rapidité,  consis- 
tent dans  le  développement  des  parties  déjà 
existantes ,  dans  l'extension  du  feuillet  mu- 
queux, dans  l'allongement  d'un  diamètre 
de  l'œuf  qui  devient  elliptique ,  dans  le 
changement  de  forme  de  l'aire  germinative, 
qui  se  montre  ovale  d'abord  ,  pyriforme  en- 
suite. Bientôt  il  se  fait,  dans  l'aire  germi- 
native ,  une  sorte  de  départ  des  matériaux 
plastiques  :  son  cercle  obscur  devient  un  an- 
neau où  s'accumulent  les  cellules,  et  qui 
renferme  un  espace  plus  clair  dans  lequel 
les  cellules  sont  moins  condensées.  Au  mi- 
lieu de  cet  espace,  parallèlement  au  grand 
axe  de  l'aire  ovale ,  et  transversalement  a 
l'axe  longitudinal  de  l'œuf  et  de  la  matrice, 
se  montre  une  ligne  claire  ,  de  chaque  côté 
de  laquelle  se  dessinent  deux  amas  plus  obs- 
curs. Cette  portion  centrale  du  blastoderme 
représente  ainsi  un  ovale  que  la  ligne  claire 
divise  en  deux  moitiés  symétriques  ;  les 
amas  cellulaires  sont  les  matériaux  du  corps 
de  l'embryon;  la  ligne  claire  qui  les  par- 
tage indique  la  place  où  vont  se  former  les 
premiers  linéaments  de  l'axe  cérébro-spi- 
nal de  l'adulte,  et  a  reçu  le  nom  de  ligne 
primitive  ,  ou  ,  mieux ,  de  gouttière  primi- 
tive. C'est  dans  le  feuillet  animal  que  s'opère 
ce  premier  travail  de  formation.  Le  feuillet 
muqueux  présente  bien  aussi  une  ligne  claire 
dans  la  longueur  de  laquelle  il  adhère  da- 
vantage au  feuillet  animal ,  et  qui  corres- 
pond à  la  ligne  claire  de  celui-ci;  mais  la 
ligne  du  feuillet  muqueux  n'est  qu'une  sorte 
de  moule  ,  une  empreinte  de  la  ligne  du 
feuillet  animal. 

Ainsi,  le  premier  phénomène  organogéni - 
que  produit  par  l'emploi  des  cellules  élémen- 
taires du  feuillet  séreux  est  l'apparition  du 
système  rachidien  ,  propre  aux  animaux  ver- 
tébrés, et  dont  le  rôle  domine  dans  l'organisa- 
tion de  ces  êtres.  Ainsi ,  au  début  de  sa  for- 
mation, le  Mammifère  se  constitue  tout  d'à- 


MAM 


MAM 


€21 


bord  comme  Vertébré,  et  ne  rappelle  en  au- 
cune manière  un  des  types  inférieurs  ,  car 
jamais  un  Annelé,  un  Mollusque  ou  un  Zoo- 
phyte  n'offre  des  faits  comparables.  On  ne 
peut  donc  pas  dire  que  les  animaux  infé- 
rieurs représentent  d'une  manière  perma- 
nente les  états  transitoires  de  l'embryon  des 
animaui  supérieurs,  puisqu'on  ne  trouve 
rien  dans  l'organisation  des  animaui  infé- 
rieurs qui  puisse  se  comparer  à  la  gout- 
tière primitive ,  première  ébauche  d'un 
appareil  fondamental  qui  se  complétera 
successivement,  en  passant  par  des  états 
divers  qui  n'ont  point  d'analogue  ailleurs 
que  parmi  les  Vertébrés.  En  examinant  les 
détails  particuliers  que  présente  le  dévelop- 
pement des  appareils  principaux  de  l'écono- 
mie ,  nous  trouverons  encore  des  faits  qui 
serviront  de  preuves  à  cette  manière  de 
voir;  nous  voulons  seulement  insister  ici 
sur  la  vérité  de  ce  principe  ,  que  l'ani- 
mal porté,  dès  les  premiers  moments 
de  sa  vie  embryonnaire,  le  cachet  du  type 
zoologique  auquel  il  appartient,  et  sur  l'é- 
vidence de  ce  fait,  que  le  type  Vertébré, 
auquel  les  Mammifères  appartiennent,  est 
empreint  dans  leur  organisation,  à  l'ori- 
gine même  de  leur  développement. 

Les  phénomènes  que  nous  allons  observer 
dans  les  évolutions  subséquentes  de  l'em- 
bryon vont  nous  servir  aussi  à  caractériser 
les  types  secondaire ,  tertiaire  et  autres , 
dont  les  Mammifères  présentent  successive- 
ment l'empreinte,  de  la  même  manière  que 
les  phénomènes  primitifs  de  la  formation 
organogénique  viennent  de  nous  montrer  le 
cachet  du  type  primaire,  du  type  Vertébré, 
évidemment  imprimé  tout  d'abord  dans 
l'embryon.  L'exposé  de  ces  faits  est  la  con- 
firmation des  idées  émises  par  M.  Milne 
Edwards  dans  son  enseignement  public  et 
dans  ses  écrits;  il  reproduit  les  vues  philo- 
sophiques de  ce  savant  zoologiste  sur  les 
principes  qui  doivent  guider  dans  l'appré- 
ciation des  affinités  pour  la  classiûcalion  na- 
turelle des  animaux  (1). 

Nous  continuerons  plus  loin  ,  en  parlant 
du  système  nerveux  des  Mammifères  ,  à  ex- 
poser la  série  des  formes  successives  que 
présente  la  gouttière  primitive,  premier  in- 
dice de  l'axe  nerveux  cérébro-spinal  et  des 
parties  annexes.  Après  que  se  sont  accomplis 

-i  Ann.  des  se.  nat ,  3e  série,  1. 1,  p.  65. 


plusieurs  phénomènes  qui  se  rapportent  au 
développement  de  cette  portion  centrale, 
l'extrémité  céphalique  de  l'embryon  devient 
distincte  par  le  dépôt  d'une  masse  nerveuse 
qui  sera  le  cerveau.  Cette  partie  céphalique 
se  soulève  au-dessus  du  plan  de  la  vésicule 
blastodermique,  dont  elle  se  détache  peu  à 
peu,  ets'infléchiten  dedans. Précédemment, 
le  rapprochement  des  amas  cellulaires ,  qui 
bordaient  auparavant  la  gouttière  primitive, 
a  déterminé  la  formation  d'une  cavité  anté- 
rieure ou  céphalique  :  or,  comme  le  feuil- 
let muqueux  revêt  intérieurement  le  feuillet 
séreux,  et  ne  s'en  détache  pas  pendant  que 
s'opère  cette  convergence  des  bords  des  li- 
néaments embryonnaires  ,  il  en  résulte 
qu'une  portion  du  feuillet  muqueux  tapisse 
maintenant  la  face  interne  de  la  cavité  cé- 
phalique, et  se  continue,  en  dehors  de  cette 
cavité,  avec  le  reste  du  feuillet  muqueux 
non  engagé  dans  l'embryon.  Ainsi  le  feuillet 
séreux,  tout  en  restant  continu  extérieure- 
ment autour  de  la  vésicule  blastodermique, 
a  fourni  au  développement  de  l'embryon  par 
sa  portion  centrale  ;  l'extrémité  céphalique 
de  cet  embryon  s'est  détachée  ;  elle  présente 
une  cavité  dans  laquelle  s'est  avancé  un  pro- 
longement du  feuillet  muqueux.  Pendant 
que  s'opèrent  ces  phénomènes,  une  sorte  de 
membrane,  un  troisième  feuillet,  se  déve- 
loppe entre  les  deux  autres,  dans  l'intérieur 
et  à  la  périphérie  de  l'embryon  ,  et  seule- 
ment dans  l'étendue  de  l'aire  transparente , 
dont  il  ne  dépasse  pas  les  bords.  C'est  dans 
l'épaisseur  celluleuse  de  cette  troisième  cou- 
che que  se  montre  bientôt  le  cœur,  et  que 
prendront  naissance  le  sang  et  les  vaisseaux; 
on  la  nomme,  en  conséquence,  feuillet  vas- 
culaire.  Nous  tracerons  la  succession  des 
phénomènes  que  ce  développement  présente, 
en  nous  occupant  de  l'appareil  de  la  circu- 
lation. 

Après  que  la  portion  centrale  du  feuillet 
séreux  est  entrée ,  comme  nous  venons  de 
le  voir,  dans  la  constitution  ne  l'embryon  , 
on  voit  ce  même  feuillet  se  soulever  tout  au- 
tour et  former  un  pli ,  qui  s'étend  et  finit  par 
envelopper  le  jeune  être.  Celui-ci,  n'ayant 
pas  encore  beaucoup  d'épaisseur,  se  confond 
avec  le  feuillet  mince  de  ce  pli,  et  n'en 
peut  être  distingué  qu'avec  peine;  niais 
ensuite  un  liquide  s'amasse  entre  l'em- 
bryon et  l'enveloppe   fournie  par   le    pli; 


622 


MAM 


MAM 


l'embryon  se  trouve  plongé  dans  ce  liquide, 
et  enfermé  dans  cette  enveloppe,  qui  porte 
je  nom  à'amnios;  le  liquide  reçoit,  en  con- 
séquence, le  nom  de  liquide  amniotique.  Les 
nords  du  pli  amniotique,  qui  s'étaient  d'a- 
bord rencontrés  sur  le  dos  de  l'embryon  , 
adhèrent  encore  pendant  quelque  temps  à 
la  portion  périphérique  du  feuillet  séreux  ; 
bientôt  la  communication  entre  ces  deux 
parties  du  même  feuillet  devient  filiforme 
et  disparaît  plus  tard  complètement.  Par  la 
rupture  de  ce  dernier  lien  entre  la  portion 
du  feuillet  séreux  développée  en  amnios,  et 
la  portion  de  ce  même  feuillet  qui  sert 
d'enveloppe  à  la  vésicule  blatodermique  , 
cette  portion  périphérique  est  tout-à-fait  dé- 
tachée ,  indépendante  de  l'embryon.  Alors 
elle  s'applique  dans  toute  son  étendue  à  la 
zone  transparente,  qui  formait  seule,  comme 
nous  l'avons  vu  plus  haut,  la  tunique  ex- 
terne de  l'œuf  jusqu'à  cette  époque  ;  et  de 
l'union  de  ces  deux  vésicules  résulte  l'enve- 
loppe dernière  de  l'œuf,  le  chorion. 

Tous  les  phénomènes  que  nous  venons 
d'indiquer,  et  qui  devront  être  exposés  plus 
en  détail  à  l'article  oeuf,  s'opèrent  avec  une  ex- 
trême rapidité  ;  ils  se  sont  accomplis,  en  géné- 
ral, dans  l'espace  des  vingt-quatre  premières 
heures  qui  ont  suivi  l'apparition  de  la  gout- 
tière primitive.  Ceux  qui  suivent  marchent 
aussi  avec  une  étonnante  vitesse.  L'extrémité 
inférieure  ou  caudale  se  soulève  comme  l'a  fait 
l'extrémité  céphalique;  une  cavité  se  forme 
aussi  à  cette  extrémité  par  le  rapproche- 
ment et  la  soudure  des  bords  externes  des 
amas  cellulaires ,  comme  cela  a  eu  lieu  à  la 
partie  antérieure;  et  la  portion  centrale  des 
feuillets  muqueux  et  vasculaire  engagée 
dans  cette  cavité  forme  le  tube  intestinal. 
Nous  suivrons  les  phases  diverses  du  déve- 
loppement de  cette  cavité  en  parlant  de  l'ap- 
pareil digestif.  Cependant  les  bords  latéraux 
«lu  corps  de  l'embryon  s'inclinent  l'un  vers 
l'autre  ,  et  la  clôture  que  détermine  leur 
rapprochement  marche  progressivement  et 
simultanément  des  deux  extrémités  vers  le 
milieu.  Il  en  résulte  que  la  vésicule  muco- 
vasculaire  qui  est  en  continuité  avec  l'inté- 
rieur de  l'embryon  par  le  tube  intestinal, 
s'abouche  d'abord  par  une  large  ouverture 
en  gouttière  qui  se  ferme  bientôt  et  s'allonge 
en  un  canal  s'ouvrant  dans  les  parties  de 
l'intestin  formées  en  haut  et  en  bas.  La  vé- 


sicule constituée  ainsi  par  les  deux  feuillets 
muqueux  et  vasculaire ,  et  en  rapport  avec 
l'intestin,  se  nomme  vésicule  ombilicale. Puis- 
que le  feuillet  muqueux  avait  précédemment 
enveloppé  la  vésicule  blastodermique  en  s'é- 
tendant  au-dessous  du  feuillet  séreux,  il  est 
clair  que  la  vésicule  ombilicale ,  transfor- 
mation de  la  portion  extra- embryonnaire 
de  la  vésicule  blastodermique,  enveloppe 
maintenant  toute  la  masse  du  vitellus.  Nous 
examinerons,  à  propos  de  la  circulation,  les 
phénomènes  que  présente  le  feuillet  vascu- 
laire de  cette  vésicule  ombilicale,  et  nous 
indiquerons  plus  loin  les  particularités  qu'of- 
fre cette  vésicule  dans  les  différents  ordres 
de  Mammifères. 

Au  milieu  de  tous  ces  phénomènes  de  for- 
mation rapide,  apparaît  une  dernière  vési- 
cule, dont  le  rôle,  transitoire  comme  celui 
de  l'amnios  et  de  la  vésicule  ombilicale  ,  est 
néanmoins  d'une  extrême  importance  dans 
la  vie  de  l'embryon.  Cette  vésicule  est  Val- 
lantoïde.  Elle  se  montre  dans  ses  premiers 
linéaments  à  l'extrémité  caudale  de  l'em- 
bryon avant  la  formation  de  l'intestin,  sail- 
lit ensuite  sous  forme  vésiculaire,  se  met 
plus  tard  en  communication  avec  l'intestin, 
et  reçoit  des  vaisseaux  qui  se  ramifient  à  sa 
surface;  ce  sont  les  vaisseaux  ombilicaux. 
Nous  parlerons  de  ces  vaisseaux  en  traitant 
de  la  circulation. 

Les  phénomènes  principaux  qui  se  sont 
manifestés  jusqu'à  la  période  de  la  vie  em- 
bryonnaire à  laquelle  nous  venons  de  nous 
arrêter,  peuvent  donc  se  résumer  de  la  ma- 
nière suivante  :  la  portion  centrale  du  feuil- 
let séreux  a  été  mise  en  œuvre  pour  la  con- 
stitution de  l'embryon  ;  un  développement 
particulier  de  cette  membrane  a  formé  l'am- 
nios; sa  portion  périphérique  s'est  appliquée 
à  la  zone  transparente  pour  constituer  le 
chorion  ;  la  vésicule  allantoïdienne  s'est 
produite.  Comparés  à  la  série  des  phéno- 
mènes embryonnaires  chez  les  autres  Verté- 
brés ,  c'est-à-dire  chez  les  animaux  qui  pré- 
sentent aussi  tout  d'abord  une  gouttière  pri- 
mitive, les  phénomènes  que  nous  observons 
chez  les  Mammifères  offrent  des  ressem- 
blances et  des  différences  fondamentales, 
propres  à  caractériser  des  types  secondaires, 
dérivés  du  grand  type  Vertébré.  En  effet, 
l'embryon  des  Oiseaux  et  celui  des  Reptiles 
proprement  dits ,  c'est-à-dire  des  Vertébrés 


MAM 


IMAM 


023 


dont  la  respiration  est,  comme  celles  des 
Mammifères  ,  essentiellement  aérienne  et 
pulmonaire,  suit,  dans  son  développement, 
une  marche  analogue  àcelle  que  nous  venons 
de  signaler  dans  la  succession  des  phéno- 
mènes organogéniques  chez  l'embryon  des 
Mammifères  :  chez  ceux-là,  comme  chez 
ceux-ci ,  le  feuillet  séreux  est  mis  en  œuvre 
de  la  même  manière;  dès  les  premiers  mo- 
ments de  son  existence,  l'embryon  est 
pourvu,  dans  les  deux  premières  classes 
comme  dans  la  dernière,  des  deux  vésicules 
appendiculaires,  Amnios  et  Allantoïde,  qui  se 
produisent  suivant  le  même  mode  etau  milieu 
des  mêmes  circonstances.  Au  contraire,  nous 
ne  trouvons  plus  ni  Amnios  ni  Allantoïde 
chez  les  Batraciens  et  chez  les  Poissons,  c'est- 
à-dire  chez  les  Vertébrés  qui ,  pendant  une 
certaine  période  de  leur  existence  ou  même 
pendant  leur  existence  entière,  vivent  dans 
l'eau  et  respirent  à  l'aide  de  branchies;  le 
feuillet  séreux  entre  tout  entier  comme  par- 
tie constituante  dans  la  formation  de  l'em- 
bryon et  de  ses  annexes;  l'embryon  reste, 
en  quelque  sorte,  à  nu  sous  la  tunique  ex- 
terne de  l'œuf.  Ainsi,  immédiatement  après 
que  l'embryon  des  Vertébrés  a  reçu,  par  la 
formation  de  la  gouttière  primitive,  le  ca- 
ractère fondamental  du  type  primaire  au- 
quel il  appartient,  deux  voies  s'ouvrent , 
en  quelque  manière,  devant  lui,  pour  le  dé- 
veloppement subséquent  de  son  organisation. 
En  suivant  la  première,  il  appartiendra  au 
groupe  formé  par  les  Mammifères ,  les  Oi- 
seaux et  les  Reptiles;  en  suivant  la  seconde, 
il  fera  partie  du  groupe  composé  des  Batra- 
ciens et  des  Poissons;  en  d'autres  termes,  il 
prendra  ,  dans  le  premier  cas ,  un  Amnios 
et  une  Allantoïde  ;  il  ne  prendra  ni  Amnios 
ni  Allantoïde,  dans  le  second  cas;  ou,  pour 
caractériser,  avec  M.  Milne  Edwards,  cha- 
cun de  ces  deux  types  par  un  seul  mot,  il 
sera  Allantoïdien  ou  Anallanloïdien.  Les 
Mammifères  sont  donc  des  Vertébrés  Allan- 
toïdien s. 

Les  vésicules  appendiculaires  dont  la  pré- 
sence ou  l'absence  vient  de  nous  servir  à 
caractériser  d'une  manière  si  nette  les  deux 
types  secondaires  qui  se  prononcent,  à  l'ori- 
gine du  développement  embryonnaire,  dans 
le  grand  type  primaire  des  Vertébrés,  ne 
sont  pas  destinées  à  jouer  un  même  rôle 
dans  le  groupe  des  Vertébrés  Allantoïdiens; 


et  les  modifications  que  subit  à  cet  égard  la 
marche  des  phénomènes  embryologiques  se 
rapportent  à  deux  ordres  de  faits  distincts, 
qui  caractérisent  deux  types  nouveaux. Tan- 
tôt, en  effet,  la  superficie  de  la  tunique 
externe  de  l'œuf  reste  lisse  et  ne  présente 
aucune  trace  d'appendices  organiques,  c'est 
ce  que  nous  voyons  chez  les  Oiseaux  et  les 
Reptiles;  tantôt,  au  contraire  ,  cette  face 
externe  de  l'œuf  se  couvre  de  nombreuses 
villosités,  comme  nous  l'observons  chez  les 
Mammifères.  La  formation  de  ces  villosités 
sur  l'œuf  coïncide  avec  l'existence  d'un  uté- 
rus chez  la  mère;  et  tandis  que,  chez  les 
Oiseaux  et  les  Reptiles  ,  le  jeune  animal 
trouve  dans  la  masse  du  vitellus  la  nourri- 
ture qui  suffit  à  son  développement ,  on  voit 
s'établir,  chez  les  Mammifères ,  par  les  vé- 
gétations absorbantes  de  la  surface  de  l'œuf 
et  la  face  interne  de  la  chambre  d'incuba- 
tion ,  des  rapports  plus  ou  moins  intimes, 
plus  ou  moins  prolongés ,  entre  l'enfant  et 
la  mère.  A  ce  moment  les  Mammifères  sont 
donc  profondément  distincts  des  autres  Al- 
lantoïdiens ;  ils  reçoivent,  de  la  présence  de 
ces  villosités,  un  caractère  tout  particulier  qui 
semble  appeler  d'autres  développements  cor- 
rélatifs, q.ui  se  lie  d'une  manière  intime  avec 
l'existence  des  mamelles  chez  les  parents,  et 
qui  imprime  à  leur  organisation  le  sceau 
d'un  type  spécial.  Ce  type  des  Mammifères 
s'éloigne  ainsi  du  groupe  formé  d'autre  part 
par  les  Oiseaux  el  les  Reptiles  ,  qui  conser- 
vent entre  eux  des  affinités  très  étroites  et 
constituent  un  autre  type,  que  nous  devons 
signaler,  mais  dont  nous  ne  pouvons  suivre 
ici  les  développements  embryonnaires  carac- 
téristiques. 

Le  groupe  des  Mammifères  se  trouve  donc 
clairement  circonscrit  dans  ses  limites  par 
les  phénomènes  propres,  définis,  que  nous 
fournit  l'observation  de  l'œuf;  il  comprend 
tous  les  Vertébrés  Allantoïdiens  chez  les- 
quels le  chorion  se  revêt  devillosilés,  à  l'aide 
desquelles  s'opère,  de  la  mère  à  l'embryoïv 
le  passage  des  matériaux  nécessaires  à  la  nu- 
trition de  celui-ci  et  au  travail  de  formation 
dont  il  est  le  siège.  Les  vaisseaux  de  la  vési- 
cule ombilicale  interviennent  aussi  comme 
organes  d'absorption,  et  les  connexions  si  re- 
marquables entre  l'embryon  et  l'utérus  se 
trouvent  de  la  sorte  établies.  Chez  certains 
Mammifères,  ces  connexions  semblent  ne  pas 


624 


MAIVI 


MAM 


aller  au-delà;  chez  d'autres,  au  contraire, 
la  vésicule  allantoïdienne  vient  les  compléter 
en  les  rendant  plus  intimes  ;  cette  vésicule,  en 
effet,  croît  rapidement,  gagne  la  membrane 
externe  de  l'œuf,  s'y  applique,  se  soude  avec 
elle,  et  le  développement  extraordinaire  des 
vaisseaux  allantoïdiens  qui  pénètrent  dans 
les  villosités,  amène,  entre  le  chorion  et  l'al- 
lantoïde,  des  rapports  vasculaires  d'une  na- 
ture particulière,  d'où  naît  un  placenta. 
Ainsi,  deux  formes  distinctes  résultent  de 
cette  divergence  qui  se  manifeste,  parmi  les 
Mammifères,  immédiatement  après  qu'ils 
ont  reçu  l'empreinte  de  leur  type.  Chez  les 
uns,  on  n'a  pu  découvrir  aucune  trace  de 
véritables  appendices  placentaires;  ces  ani- 
maux s'engagent  dans  une  voie  particu- 
lière, dans  laquelle  ils  prendront  des  carac- 
tères propres,  tout-à-fait  spéciaux,  qui, 
néanmoins,  coïncident  toujours  avec  les  ca- 
ractères mammalogiques  essentiels  de  l'a- 
dulte, tels  que  la  présence  des  mamelles  et 
l'allaitement  des  jeunes,  que  nous  avons  in- 
diqués plus  haut  comme  une  sorte  de  con- 
séquence, un  complément  nécessaire  des 
rapports  utérins  qui  s'établissent  entre  l'œuf 
et  la  mère.  Les  autres  présentent  un  placenta 
qui,  multipliant  les  connexions  vasculaires 
en  même  temps  qu'il  les  rend  plus  intimes, 
assure  à  l'embryon  des  moyens  de  nutrition 
plus  abondants,  et  lui  permet  ainsi  de  pro- 
longer pendant  plus  longtemps  sa  vie  intra- 
utérine.  Les  premiers  sont  désignés  sous  le 
nom  d3  Dideiphiens ,  et  sous  celui  de  Mam- 
mifères avec  os  Marsupiaux  ;  nous  abandon- 
nerons ici  l'examen  de  leur  développement 
et  du  plan  organique  suivent  lequel  ils  sont 
constitués,  pour  le  reprendre  à  l'article  qui 
leur  est  spécialement  consacré  dans  cet  ou- 
vrage (voy.  marsupiaux).  Les  seconds  ont 
reçu  les  noms  de  Monodelphiens ,  Mammi- 
fères ordinaires ,  Mammifères  placentaires; 
c'est  à  l'étude  de  leur  organisation  que  nous 
allons  exclusivement  nous  arrêter  désormais. 
A  mesure  que  se  produisent  les  parois 
thoraciques  et  abdominales  de  l'embryon, 
elles  réduisent  de  plus  en  plus  l'ouverture  par 
laquelle  la  vésicule  ombilicale  pénètre  dans 
l'intestin  ,  et  se  resserrent  autour  du  canal 
de  communication,  longet  filiforme,  nommé 
conduit  omphalo-mésentérique  ;  l'orifice  par 
lequel  ce  conduit  semble  alors  s'introduire 
dans  le  corps  forme  V ombilic.  Par  la  forma- 


tion de  cette  clôture  viscérale,  l'allantoïde 
se  trouve  partagée  en  deux  portions,  l'une 
enfermée  dans  le  corps  de  l'embryon,  où  elle 
se  métamorphose  en  vessie  urinaire,  et  l'au- 
tre restée  libre  en  dehors  de  l'embryon,  con- 
stituant la  vésicule  allantoïdienne,  dont  nous 
allons  examiner  le  rôle  dans  la  constitution 
du  placenta.  De  l'une  à  l'autre  de  ces  deux 
portions  vésiculaires ,  s'étend  une  partie 
moyenne  qui  traverse  l'ombilic,  et  qui, 
d'abord  en  forme  de  canal ,  devient  plus 
tard  un  cordon  ligamenteux  ;  on  la  nomme 
ouraque.  Le  pédicule  de  la  vésicule  ombili- 
cale avec  ses  vaisseaux ,  l'ouraque  accom- 
pagnée des  vaisseaux  ombilicaux  ,  forment 
un  cordon  autour  duquel  l'amnios  fournit 
une  gaîne ,  et  qui  sort  du  corps  de  l'embryon 
par  l'ombilic  :  c'est  le  cordon  ombilical. 

Nous  savons  qu'après  la  formation  du 
chorion  par  l'accollement  du  feuillet  séreux 
à  la  zone  transparente  des  temps  primitifs, 
des  villosités  nombreuses  couvrent  toute  la 
surface  de  l'œuf,  et  que  les  vaisseaux  ombi- 
licaux, c'est-à-dire  les  vaisseaux  de  l'allan- 
toïde,  viennent  puiser  par  absorption  dans 
ces  villosités  les  matériaux  plastiques  que  la 
mère  fournit  au  fœtus.  En  corrélation  avec 
le  développement  de  ce  lacis  placentaire,  et 
pour  ainsi  dire  en  face  de  lui  s  l'utérus  de  la 
mère  entre  aussi  dans  une  activité  particu- 
lière dont  nous  examinerons  les  résultats  en 
parlant  plus  bas  des  organes  de  la  repro- 
duction chez  la  femelle.  Si  les  fonctions  du 
placenta  sont  identiques  dans  tout  le  groupe 
des  Mammifères  placentaires,  et  si  les  élé- 
ments qui  concourent  à  sa  formation  sont 
les  mêmes,  on  remarque  néanmoins  des 
modifications  importantes  dans  la  manière 
dont  les  vaisseaux  allantoïdiens  se  mettent 
en  rapport  avec  les  villosités  du  chorion. 
Ces  modifications  entraînent  de  grandes  dif- 
férences dans  la  constitution  de  l'œuf,  et 
déterminent  les  caractères  de  plusieurs  ca- 
tégories de  placentas.  Des  différences  carac- 
téristiques dans  des  parties  aussi  importantes 
que  le  sont  les  appendices  placentaires,  doi- 
vent indiquer  que  les  animaux  qui  les  pré- 
sentent subiront  dans  leur  organisation  des 
modifications  essentielles,  appartiendront 
à  des  groupes  différents;  et  les  conséquences 
que  nous  tirerons  des  phénomènes  embryo- 
géniques  de  cette  nature,  nous  serviront  à 
déterminer  des  types  zoologiques  distincts. 


IMAM 

Trois  formes  générales  semblent  résumer 
foutes  les  variétés  de  configuration  de  l'or- 
gane placentaire,  et  caractériser,  d'après  les 
principes  que  nous  développons,  trois  grou- 
pes différents  dans  les  Mammifères  ordi- 
naires. Tantôt  l'AUantoïde  envahit  toute  la 
face  interne  du  chorion ,  la  dépasse  même 
quelquefois  ,  la  force  alors  d'éclater  à  ses 
deux  extrémités  pour  lui  livrer  passage ,  et 
se  développe  ainsi  en  dehors  des  deux  pôles 
de  l'œuf.  Dans  ce  cas,  les  vaisseaux  ombili- 
caux se  répandent  dans  un  grand  nombre 
de  villosités,  sur  toute  l'étendue  de  l'œuf,  et 
ces  villosités  peuvent  être  également  distri- 
buées, ou  bien  se  grouper  en  divers  points, 
se  réunir  par  place  en  pinceaux,  en  houppes 
vasculaires  qui  ont  reçu  le  nom  de  cotylé- 
dons. Ce  premier  mode  de  disposition  des 
appendices  placentaires  a  été  désigné  par 
M.  Milne  Edwards  sous  le  nom  de  placenta, 
diffus.  Tantôt  l'AUantoïde  ne  s'étend  pas 
jusqu'aux  pôles  de  l'œuf,  où  les  villosités  ne 
se  sont  pas  développées  ;  elle  distribue  seu- 
lement ses  vaisseaux  à  la  portion  moyenne 
de  l'œuf,  tout  au  pourtour  du  chorion  ;  et  de 
cette  espèce  d'enroulement  de  la  vésicule 
allantoïdienne,  naît  un  placenta  continu  en 
forme  de  ceinture,  un  placenta  zônaire. 
Tantôt  enfin  l'AUantoïde  gagne  un  point  dé- 
terminé de  la  membrane  du  chorion,  s'étale 
ensuite  circulairement,  et  envoie  ses  vais- 
seaux sur  cette  surface  circonscrite  ,  où  se 
forme  ainsi  un  placenta  discoïde.  Le  pla- 
centa diffus  se  rencontre  chez  les  Rumi- 
nants ,  les  Pachydermes ,  les  Édentés  et  les 
Cétacés;  le  placenta  zônaire,  chez  les  Car- 
nivores et  les  Amphibiens;  le  placenta  dis- 
coïde, chez  les  Bimanes,  les  Quadrumanes, 
les  Chéiroptères,  les  Insectivores  et  les  Ron- 
geurs. Nous  verrons  ,  en  traitant  de  la  clas- 
sification ,  que  les  trois  types ,  ainsi  carac- 
térisés par  la  forme  de  leur  placenta,  con- 
stituent trois  groupes  également  distincts  par 
leurs  affinités  zoologiques. 

Des  subdivisions  peuvent  être  indiquées 
dans  l'état  placentaire  propre  à  chacun  des 
trois  types  que  nous  venons  de  nommer; 
elles  correspondent  à  certains  ordres  com- 
pris dans  chacun  de  ces  trois  groupes. 
Ainsi,  parmi  les  Mammifères  à  placenta 
diffus,  les  Pachydermes  présentent  une  plus 
grande  diffusion  que  les  Ruminants,  puis- 
que, chez  eux.  les  villosités  formées  sur 
t.  vu. 


MAM 


Gf> 


toute  la  superficie  de  l'œuf,  n'offrent  nulle 
part  de  points  servant  en  quelque  sorte  de 
noyaux,  de  centres  vasculaires  autour  des- 
quels elles  se  groupent,  comme  cela  a  lieu 
pour  les  cotylédons  des  Ruminants  :  ou 
pourrait  représenter  ces  différences  en  di- 
sant que  le  placenta  est  vague  chez  les  Pa- 
chydermes, et  cotylédonaire  chez  les  Rumi- 
nants. Dans  le  groupe  des  Mammifères  à 
placenta  discoïde ,  l'ordre  des  Bimanes  et 
celui  des  Quadrumanes  paraissent  présenter; 
un  phénomène  très  remarquable,  la  promptei 
disparition  de  la  vésicule  allantoïdienne  ,\ 
qui  persisterait  au  contraire  dans  l'œuf  des 
trois  autres  ordres.  Mais  bien  que  l'Homme 
et  les  Singes  semblent  se  rapprocher  par  la 
similitude  de  ce  fait,  ils  se  distinguent 
néanmoins  par  la  configuration  de  leur  or- 
gane placentaire.  Chez  l'Homme,  en  effet, 
tous  les  vaisseaux  allantoïdiens  se  concen- 
trent sur  une  seule  étendue  circulaire;  chez 
les  Singes,  au  contraire,  après  que  les  vais- 
seaux de  l'AUantoïde  se  sont  portés  vers  une 
surface  unique ,  il  se  fait  une  sorte  de  dé- 
viation latérale  de  ces  vaisseaux',  et  le  pla- 
centa, essentiellement  un,  paraît  double. 
On  pourrait  donc  dire  que  le  placenta  est 
simple  chez  l'Homme ,  et  qu'il  est  bipartit 
chez  les  Singes.  Nous  signalerons  aussi  le 
placenta  pédoncule  des  Rongeurs.  Mais  les 
recherches  entreprises  dans  la  voie  que  nous 
indiquons  sommairement  ici  ne  sont  pas 
assez  nombreuses  pour  qu'il  nous  soit  per- 
mis de  présenter  une  classification  complète 
à  cet  égard  ;  nous  avons  voulu  seulement 
grouper,  selon  des  vues  aussi  intéressantes 
qu'elles  nous  semblent  vraies ,  les  faits  ac- 
tuellement acquis  à  la  science. 

Plusieurs  auteurs  ont  appelé  l'attention 
sur  les  formes  diverses  que  présente  le  pla- 
centa. Fabricius  d'Aquapendente,  qui  avait 
examiné  un  grand  nombre  d'oeufs  de  Mam- 
mifères, distingua  fort  bien  le  placenta  de 
l'Homme  du  placenta  multiple  des  Pachy- 
dermes et  des  Ruminants  ,  et  du  placenta 
en  ceinture  des  Carnivores  (1).  Sir  Ev. 
Home  proposa  une  classification  des  placen- 
tas d'après  leur  conformation  extérieure,  et 
fondée  surtout  sur  le  nombre  plus  ou  moins 
considérable  des  lobes  qu'ils  présentent  :  il 
en  distingue  sept  ordres  différents.  Dans  le 

(/)  ///.  Fabricii  ab  Aquaptndtntt ,  oper.  omit.  anat.  tt 
phyu'ol  ;  T.ngd.  Datav.,  173g. 

79 


626 


MAM 


premier,  le  placenta  est  lobuleux  :  c'est  ce- 
lui de  l'Homme  ;  dans  le  second,  il  est  sub- 
divisé :  c'est  celui  des  Singes.  Le  troisième 
ordre  comprend  les  placentas  en  ceinture  : 
la  ceinture  est  épaisse  chez  les  Lions,  et 
mince  chez  les  Chiens.  Le  placenta  à  plu- 
sieurs divisions  forme  le  quatrième  ordre; 
on  le  rencontre  dans  la  tribu  des  Lièvres. 
Le  cinquième  ordre  est  formé  du  placenta 
cotyloïde  qui  est  simple  (Hérisson),  uni 
(  Taupe),  épais  (  Chauve  -  Souris  ) ,  pédicule 
{Cochon  d'Inde),  ou  pédoncule  (Rat).  Le 
sixième  ordre  comprend  le  placenta  avec  de 
nombreux  cotylédons ,  dans  lequel  les  artè- 
res se  terminent  par  des  branches  latérales 
comme  chez  la  Vache;  par  des  filets  déliés 
comme  chez  le  Daim;  par  des  villosités 
comme  chez  la  Brebis;  par  une  surface  ve 
loutée  ou  pelucheuse,  comme  chez  la  Chèvre 
Enfin  le  septième  ordre  se  compose  du  cho 
rion  sans  placenta  proprement  dit,  et  pré- 
sente quatre  genres  :  dans  le  premier,  le 
chorion  se  montre  avec  des  plexus  vascu- 
laires,  qui  sont  épais  chez  la  Jument  et 
minces  chez  l'Anesse;  dans  le  second,  le  cho- 
rion est  étoile,  comme  chez  la  Truie;  dans 
le  troisième,  il  est  en  membrane  vasculaire, 
comme  chez  le  Chameau  ;  dans  le  quatrième, 
il  présente  des  touffes,  comme  chez  la  Ba- 
leine (1).  On  voit  que  l'auteur,  ayant  mal 
choisi  le  caractère  qui  a  servi  de  point  de 
départ  à  sa  classification ,  et  ayant  mal  in- 
terprété la  constitution  intime  du  placenta, 
a  été  conduit  à  des  distinctions  minutieuses 
sans  utilité,  et  à  des  rapprochements  sans 
fondement.  Guidé  par  des  expériences  faites 
au  moyen  d'injections ,  M.  Flourens  a  éta- 
bli, dans  l'ensemble  de  la  classe  des  Mam- 
mifères, deux  catégories  distinctes ,  savoir  : 
celle  des  animaux  à  placenta  unique  compre- 
nant les  deux  formes  que  nous  appelons  dis- 
coïde et  zônaire,  et  celle  des  animaux  à  pla- 
centas multiples.  Dans  la  première  division, 
il  existerait,  suivant  ce  savant  distingué, 
une  communication  vasculaire  directe  de  la 
mère  au  fœtus;  il  n'en  existerait  pas  dans 
la  seconde.  Ces  deux  modes  se  compense- 
raient mutuellement,  puisque,  dans  le  cas 
d'un  placenta  unique,  l'énergie  du  mode  de 
communication  suppléerait  au  peu  d'étendue 
de  la  surface  placentaire,  et  que ,  dans  le 

(i)  Philosoph.  transact.,  1822,  p.  401.  —Lectures  on  com- 
parative anatomy,  vol.  III,  p.  46 1,  Londres,  1823, 


MAM 

cas  de  placentas  multiples  ,  l'étendue  de  la 
surface  absorbante  suppléerait  au  peu  d'é- 
nergie du  mode  de  communication  (1).  En. 
examinant  les  rapports  de  l'utérus  avec  ie 
placenta,  nous  indiquerons  la  manière  dont 
il  faut  interpréter  la  marche  des  injections 
dans  les  appendices  placentaires,  et  nous 
discuterons  la  question  du  mode  de  com- 
munication du  système  vasculaire  de  la  mère 
avec  le  système  vasculaire  de  l'embryon.  Au 
reste,  au  point  de  vue  de  l'anatomie  compa- 
rée ,  on  trouve  toutes  les  transitions  dans 
le  mode  de  distribution  des  vaisseaux  al- 
Iantoïdiens,  depuis  le  placenta  vague  des 
Pachydermes  jusqu'au  placenta  simple  de 
l'Homme. 

La  vésicule  ombilicale  présente  aussi,  dans 
les  différents  ordres  de  Mammifères,  des  phé- 
nomènes particuliers,  concernant  les  rapports 
qui  s'établissent  ultérieurement  entre  elle, 
l'œuf  et  l'embryon.  Chez  les  Pachydermes  et 
les  Ruminants,  après  avoirsuivi  l'œuf  danssa 
croissance  rapide,  et  s'être  allongée  des  deux 
côtés,  elle  s'arrête  dans  son  développement, 
meurt  par  ses  extrémités,  et  finit  par  ne  plus 
communiquer  avec  l'intestin  que  par  un  fi- 
lament grêle;  plus  tard,  elle  disparaît  com- 
plètement, et  l'on  n'en  trouve  plus  de  trace. 
Dans  l'espèce  humaine ,  et  chez  les  Singes , 
la  vésicule  ombilicale  ne  prend  qu'un  faible 
développement,  perd  bientôt  toute  impor- 
tance à  l'égard  de  l'embryon  et  de  l'œuf, 
s'atrophie  et  disparaît,  ou  du  moins  ne  laisse 
que  des*  vestiges.  Mayer  l'a  rencontrée  sur 
l'arrière-faix  de  la  femme  ,  sous  forme  de 
filet,  s'étendant  jusque  dans  le  cordon  om- 
bilical, et  Breschet  affirme  que,  sur  des  pla- 
centas à  terme,  il  n'est  presque  jamais  dif- 
ficile de  mettre  à  découvert  les  débris  de 
cette  vésicule.  Dans  l'ordre  des  Rongeurs 
et  dans  celui  des  Carnivores,  le  sac  vitellin 
persiste  comme  tel  pendant  toute  la  durée 
de  la  vie  intra-utérine,  et  chez  les  premiers, 
il  s'unit  au  chorion  ,  en  distribuant  ses  vais- 
seaux omphalo-mésentériques  sur  tous  les 
points  oùl'allantoïde  ne  s'est  pas  appliquée, 
c'est-à-dire,  en  dehors  de  l'espace  placen- 
taire. 

Par  la  formation  des  vésicules  appendi- 
culaires  dont  nous  venons  de  parler,  toutes 
les  parties  essentielles  de  l'œuf  sont  pro- 
duites. Les  phénomènes  qui  vont  mainte- 

(i)  Ann.  des  se.  nat.,  a*  série,  t.  V,  p  6S. 


MAM 


MAM 


£27 


nantse  manifester  consistent  dans  le  gros- 
sissement de  l'œuf  et  le  développement  de 
l'embryon  ;  le  placenta  fournit  les  principes 
nutritifs  qu'exigent  les  besoins  nouveaux  de 
ce  travail  ultérieur.  A  l'époque  où  nous 
sommes  arrivés,  les  organes  dont  nous  avons 
indiqué  l'apparition  se  sont  plus  ou  moins 
complétés  ;  à  côté  d'eux  se  sont  montrés  d'au- 
tresorganes  appartenant  à  un  même  appareil, 
ou  à  des  appareils  dont  les  premières  traces 
ne  se  rencontraient  pas  encore  dans  l'écono- 
mie de  l'embryon.  Ainsi,  les  couches  des  amas 
cellulaires  qui  représentent  les  rudiments 
histogéniques  de  l'embryon  se  sont  métamor- 
phosées en  masse  nerveuse  dans  la  partie 
qui  limite  la  gouttière  primitive;  de  cette 
portion  ainsi  transformée,  naît  bientôt  le 
tube  médullaire,  comme  nous  l'explique- 
rons en  parlant  du  système  nerveux.  Les 
deux  portions  de  la  masse  embryonnaire 
placées  de  chaque  côté  du  tube  médullaire, 
et  nommées  lames  dorsales ,  se  distinguent 
de  plus  en  plus,  par  leur  structure,  du  tube 
médullaire,  et  dans  la  partie  la  plus  voisine 
de  celui-ci,  on  remarque  bientôt  un  épais- 
sissement  où  se  développent  les  rudiments 
des  vertèbres.  Pour  suivre  le  plan  que  nous 
nous  sommes  tracé,  ce  sera  donc  après  l'é- 
tude du  système  nerveux  que  nous  place- 
rons celle  du  système  osseux,  dont  le  pre- 
mier indice  apparaît  dans  les  vertèbres, 
avant  que  se  soient  formés  les  premiers  li- 
néaments du  cœur  ,  et  que  le  tube  intesti- 
nal ait  été  indiqué. 

En  partant  du  centre  du  blastoderme, 
on  trouve  donc,  à  l'époque  où  nous  nous 
sommes  arrêtés:  la  gouttière  primitive  le  long 
de  laquelle  s'est  formé  le  tube  médullaire; 
puis,  de  chaque  côté,  les  lames  dorsales  où. 
se  montrent  les  premières  traces  des  vertè- 
bres. En  dehors  de  chacune  de  ces  lames 
dorsales,  la  portion  périphérique  restante 
du  blastoderme  forme  à  droite  et  à  gauche 
les  lames  ventrales  ou  viscérales  d'où  pro- 
viennent les  parois  antérieures  du  corps. 
Nous  avons  vu  plus  haut  comment  ces  lames 
ventrales  convergent  pour  former  la  cavité 
abdominale,  et  comment  celle-ci  se  met  en 
rapport  avec  la  vésicule  ombilicale  et  l'al- 
lantoïde.  Plusieurs  organes  des  sens  appa- 
raissent cependant,  et  le  système  vasculaire 
continue  de  se  développer.  La  colonne  ver- 
tébrale et  le  crâne  prennent  naissance  dans 


les  évolutions  successives  des  lames  dorsales; 
la  face,  les  côtes  et  les  membres,  dans  celles 
des  lames  ventrales.  La  formation  des  os  de 
la  face  est  due  au  développement  de  lan- 
guettes transversales  qui  se  trouvent  à  peu 
près  dans  la  région  du  cou  ,  au  nombre  de 
quatre.  Ces  languettes  de  substance  forma- 
trice ont  été  nommées,  par  quelques  embryo- 
logistes ,  arcs  branchiaux  ou  viscéraux  ;  les 
fentes  parallèles  que  ces  arcs  laissent  entre 
eux  ont  reçu  le  nom  de  fentes  branchiales 
ou  viscérales.  Nous  verrons,  quand  il  sera 
question  du  développement  de  la  face,  à 
quel  rapprochement  la  présence  de  ces  fen- 
tes branchiales  a  conduit  certains  anato- 
mistes. 

Après  la  formation  du  tube  intestinal, 
on  voit  s'élever  à  sa  surface  deux  expan- 
sions tuberculeuses,  qui  en  sont,  en  quel- 
que sorte  ,  un  bourgeonnement,  et  d'où  naî- 
tront les  poumons.  A  la  région  inférieure 
du  corps  et  de  la  cavité  abdominale,  sur 
les  côtés  de  la  colonne  vertébrale,  se  mon- 
tre ensuite  un  organe  pair,  dont  le  rôle  est 
extrêmement  important ,  bien  qu'il  soit 
transitoire  et  qu'il  n'existe  que  pendant 
les  premières  phases  de  la  vie  embryonnaire. 
Cet  organe  est  nommé  Corps  de  Wolff,  du 
nom  de  l'anatomiste  qui  en  a  le  premier 
compris  les  fonctions;  il  est  destiné  à  former 
plus  tard  les  organes  urinaires  et  génitaux. 
Enfin,  de  la  séparation  histologique  qui  s'o- 
père dans  la  masse  primordiale  des  lames 
dorsales  et  des  lames  ventrales ,  se  forment 
les  muscles ,  la  peau  et  tous  les  appendices 
tégumentaires. 

Pour  résumer  cet  aperçu  rapide  de  la  mar- 
che générale  des  phénomènesorganogéniques, 
on  peut  dire  que  chaque  appareil  se  mani- 
feste presque  tout  d'abord  par  l'organe  dans 
lequel  se  centralise  et  se  personnifie  en  quel- 
que sorte  son  action  :  le  système  nerveux, 
par  l'axe  rachidien  ;  le  système  osseux  ,  par 
les  vertèbres  ;  le  système  circulatoire,  par 
le  cœur;  le  système  digestif,  par  la  cavité 
intestinale;  le  système  respiratoire  ,  par  les 
poumons.  En  présentant  les  faits  sous  cette 
forme  ,  nous  ne  voulons  pas  dire  que  le  dé- 
veloppement d'un  appareil  marche  du  cen- 
tre à  la  circonférence,  en  procédant  du  prin- 
cipal organe  aux  organes  secondaires,  c'est- 
à-dire  d'une  manière  centrifuge;  nous  ne 
croyons  pas  davantage  à  un  développement 


f^S 


MAM 


MAM 


centripète.  Il  nous  paraît  que  chaque  portion 
ri  an  tissu ,  chaque  partie  d'un  organe  se 
produit  au  lieu  même  où  on  l'observe  ,  et 
résulte  d'un  départ  histogénique  ,  qui  dis 
tingue  ce  qui  d'abord  était  confus,  sépare 
ce  qui  était  confondu,  différencie  ce  qui  était 
similaire.  Les  parties  centrales,  par  l'éner- 
gie de  leurs  fonctions,  par  l'intensité  de 
1  ur  action  vitale,  servent  de  lien  nécessaire 
entre  les  parties  périphériques;  mais  celles- 
ci  ne  procèdent  pas  de  celles-là.  Destinées 
les  unes  et  les  autres  à  former  un  ensemble 
complet,  elles  sont  d'abord  indépendantes; 
elles  ne  s'engendrent  pas:  elles  se  relient. 
La  puissance  formatrice  n'est  pas  ici  plutôt 
que  là ,  et  ne  marche  pas  dans  une  direc- 
tion plutôt  que  dans  une  autre;  elle  est 
partout  présente:  elle  réside  dans  chaque 
cellule. 

Quant  aux  parties  constitutives,  source 
première  des  éléments  plastiques  qui  servent 
à  la  formation  et  au  développement  des  or- 
ganes, on  a  souvent  voulu  les  trouver  exclu- 
sivement dans  les  trois  feuillets  que  présente 
l'aire  germinative.  On  a  prétendu  que  tous 
les  organes  de  la  vie  animale,  nerfs,  os, 
muscles,  etc.,  procèdent  directement  du 
développement  de  la  couche  supérieure  du 
blastoderme,  à  laquelle  on  a  donné,  en 
conséquence,  le  nom  de  feuillet  animal,  et 
aussi ,  à  cause  de  son  aspect,  celui  de  feuil- 
let séreux.  On  vit,  dans  la  couche  inférieure 
du  blastoderme  ,  la  matière  primitive  de 
tous  les  organes  de  la  nutrition ,  et  de  là  le 
nom  de  feuillet  végétatif  ou  muqueux  que 
reçut  cette  membrane.  Enfin  on  admit  que 
le  système  circulatoire  trouvait  tous  les  élé- 
ments de  sa  formation  dans  le  feuillet  inter- 
médiaire ,  qu'on  distingua,  pour  cette  rai- 
son ,  sous  le  nom  de  feuillet  vasculaire. 
Suivant  cette  manière  de  voir  trop  exclusive, 
les  organes  ne  sont  que  des  métamorphoses, 
des  évolutions  de  parties  préformées  dans  le 
blastoderme;  l'organisme  entier  est  une 
sorte  d'épanouissement  des  feuillets  séreux, 
muqueux  et  vasculaire.  Ce  qui  paraît  cer- 
tain, c'est  que  le  système  nerveux  central 
et  les  parois  du  corps  tirent  leur  première 
origine  du  feuillet  séreux  ;  que  l'intestin  doit 
sa  formation  première  au  feuillet  muqueux, 
et  que  le  feuillet  vasculaire  fournit  les  pre- 
miers matériaux  des  vaisseaux  avec  lesquels 
le  cœur  se  met  en  rapport.  Mais  ensuite  les 


éléments  organiques  ,  en  vertu  des  forera 
propres  qu'ils  possèdent ,  tirent  des  fluides 
nourriciers  les  créations  nouvelles  qui  se 
produisent  jusqu'à  ce  que  l'organisation  soit 
complète,  et  les  matériaux  qui  doivent  en 
même  temps  entretenir  les  parties  qui  ont 
acquis  leur  développement  définitif;  de  fa- 
çon quelles  organes  différents,  vaisseaux, 
os,  nerfs,  muscles,  peuvent  être  produits 
par  chacune  des  parties  différentes,  sans  que 
pour  cela  le  feuillet  vasculaire,  le  feuillet 
séreux  ou  le  feuillet  muqueux  envoie  des 
prolongements  dans  ces  parties,  comme  le 
font  les  racines  des  plantes  qui  s'enfoncent 
dans  la  terre. 

La  rapidité  avec  laquelle  s'accomplissent 
les  phénomènes  de  la  formation  embryon- 
naire est  d'autant  plus  grande  que  l'on  ob- 
serve l'oeuf  à  une  époque  plus  rapprochée  de 
son  origine.  La  durée  de  ce  développement 
complet  diffère  suivant  les  animaux  ,  et  est 
mesurée  par  le  temps  de  la  gestation,  très  va- 
riable ,  comme  chacun  le  sait.  11  ne  nous  est 
pas  possible  de  présenter  ici  un  tableau  chro- 
nologique des  formations  qui  se  succèdent 
dans  l'œuf  de  tous  les  Mammifères  ;  la  science 
ne  possède  pas  à  ce  sujet  assez  de  renseigne- 
ments positifs.  Mais  il  nous  semble  intéres- 
sant d'indiquer,  autant  que  les  observations 
certaines  nous  permettront  de  le  faire,  l'é- 
poque approchée  à  laquelle  devient  visible 
chaque  organe  principal  dans  l'embryon  hu- 
main. 

Ce  n'est  guère  que  sur  des  embryons  âgés 
de  trois  semaines  que  les  observations  ont 
pu  se  faire  avec  quelque  certitude.  A  cette 
époque  ,  les  ovules,  enveloppés  de  leur  cho- 
rion  ,  ont  à  peu  près  Om,OH  ;  l'embryon 
mesure  environ  0ni>0045.  Les  phénomènes 
qu'il  présente  jusqu'au  deuxième  mois  sont  : 
la  formation  de  l'amnios,  de  la  vésicule  om- 
bilicale et  de  l'allantoïde;  l'incurvation  de 
ses  deux  extrémités;  le  développement  des 
parties  centrales  du  système  rachidien  ;  l'ap- 
parition des  premiers  rudiments  de  l'œil  et 
de  l'oreille,  et  des  fentes  branchiales.  Le 
cœur  se  montre  alors  composé  de  deux  cavi- 
tés ;  l'abdomen  est  ouvert  dans  une  grande 
étendue;  l'intestin  est  en  rapport  avec  la 
vésicule  ombilicale  ;  on  voit  le  foie,  un  mé- 
sentère et  le  corps  de  Wolff.  L'embryon  de 
quatre  semaines  a  une  longueur  d'environ 
0,a,008  ;  c'est  une  croissance  des  huit  dixie* 


MARI 


MAM 


029 


mes  à  peu  près  de  la  longueur  qu'il  présen- 
tait une  semaine  auparavant.  Au  dévelop- 
pement des  parties  déjà  existantes,  s'ajoute 
la  formation  des  membres  antérieurs  et  pos- 
térieurs ,  et  la  distinction  mieux  prononcée 
des  vertèbres.  A  cause  de  la  courbure  de 
l'embryon,  l'extrémité  antérieure  est  très 
rapprochée  de  l'extrémité  caudale. 

Au  deuxième  mois,  le  cordon  ombilical 
se  forme  complètement;  les  rapports  entre 
l'embryon  et  Je  chorion  s'établissent;  les 
villosités  de  celui-ci  se  multiplient  et  se  ra- 
mifient ;  le  placenta  commence  à  s'organiser. 
A  cinq  semaines,  l'embryon  étendu  mesure 
0m,011  à  0m,0135.  Le  développement  des 
membres  et  celui  des  yeux  marche  rapide- 
ment; la  tête  devient  distincte;  les  narines 
se  montrent  ;  la  bouche  ,  à  peine  indiquée  , 
est  largement  béante  et  comprise  dans  un  es- 
pace où  s'ouvre  aussi  la  cavité  nasale  future  ; 
le  coccyx  apparaît  comme  une  petite  queue , 
recourbée  en  avant;  l'abdomen  se  ferme,  en 
laissant  toujours  libre  la  communication  de 
l'ombilic.  Dans  la  sixième  semaine,  l'em- 
bryon a  0m,016  environ;  tous  les  organes  à 
peu  près  se  voient  dans  leurs  rudiments,  et 
déjà  se  dessinent  les  formes  définitives.  Le 
front  se  bombe;  la  moelle  épinière  et  le  cer- 
veau grandissent  et  se  complètent;  le  cer- 
velet est  indiqué  par  deux  petites  lames.  On 
remarque,  dans  la  septième  semaine,  la 
formation  des  côtes,  celle  du  diaphragme, 
le  développement  complémentaire  des  cavi- 
tés du  cœur,  la  naissance  de  l'aorte  et  des 
gros  vaisseaux;  les  poumons,  mieux  déve- 
loppés, mais  ne  recevant  aucun  vaisseau, 
sont  en  rapport  avec  les  parties  annexes  ; 
les  parois  du  tronc  sont  encore  minces;  la 
cavité  de  l'estomac  se  prononce;  l'abdomen 
est  proéminent;  l'anus  est  encore  fermé;  les 
reins  et  les  organes  de  la  reproduction  com- 
mencent leur  développement.  La  tête,  ar- 
rondie, est  très  volumineuse;  le  nez  se 
prononce  sous  forme  d'un  petit  renflement; 
une  large  cloison  sépare  ses  deux  fossettes. 
Toutes  ces  parties  se  perfectionnent  davan- 
tage dans  la  huitième  semaine ,  qui  nous 
présente  l'embryon  à  peu  près  avec  sa  forme 
définitive  ;  il  a  une  longueur  de  0m,0225  à 
0*,027. 

Pendant  les  mois  suivants,  le  travail  em- 
bryogénique  consiste  dans  un  développement 
plus  considérable  des  organes  qui  sont,  en 


quelque  sorte,  restés  en  arrière  pendant  les 
périodes  précédentes,  et  dans  un  rapproche- 
ment de  plus  en  plus  marqué  vers  la  forme 
que  le  jeune  présentera  à  sa  naissance.  Le 
détail  de  ces  transformations  trouvera  sa 
place  à  chacun  des  paragraphes  dans  lesquels 
nous  examinerons  chaque  appareil.  A  la  fin 
du  cinquième  mois,  l'embryon  a  une  lon- 
gueur de  0"',32.  C'est  au  commencement 
du  sixième  mois  que  la  mère  ressent  de  fai- 
bles secousses,  premiers  indices  des  mouve- 
ments de  l'embryon.  Au  septième  mois, 
l'embryon  est  long  de  0m,43,  et  pèse  environ 
1  kilogr.;  les  appendices  épidermiques  se 
caractérisent.  Enfin  le  dixième  mois  lunaire, 
ou  la  quarantième  semaine,  est  l'époque  de 
la  naissance;  la  longueur  du  fœtus  varie  en 
général  de  0m,49  à  0m,54  ;  son  poids  diffère 
de  3  à  5  kilogr. 

La  série  de  phénomènes  que  présente  le 
développement  des  Mammifères  est  essen- 
tiellement la  même  que  celle  dont  nous  ve- 
nons de  suivre  les  phases  principales  chez 
l'Homme.  De  ces  différences  dans  le  nombre 
des  organes  formés  et  dans  leurs  rapports 
mutuels,  résultent  des  différences  succes- 
sives de  formes  par  lesquelles  passe  l'em- 
bryon ;  nous  en  parlerons  en  examinant  les 
formes  générales  dans  la  classe  des  Mam- 
mifères, après  avoir  étudié  leur  organi- 
sation. 

SYSTÈME    NERVEUX    DES   MAMMIFÈRES;    ORGAHES 
DES  SENS. 

L'appareil  nerveux  des  Mammifères , 
comme  celui  des  autres  Vertébrés ,  se  com- 
pose de  deux  systèmes  ,  dont  l'un  préside 
plus  spécialement  aux  fonctions  de  la  vie  de 
relation  ,  et  l'autre  presque  exclusivement 
aux  fonctions  de  la  vie  de  nutrition.  Le  pre- 
mier est  le  système  cérébro-spinal  ;  le  se- 
cond est  le  système  ganglionnaire,  ou  grand 
sympathique. 

Le  centre  commun  de  ces  deux  systèmes 
est  l'axe  cérébro-spinal,  composé  de  la  moelle 
épinière  contenue  dans  le  rachis„  et  de  l'en- 
céphale enfermé  dans  le  crâne.  A  cet  axe 
central  se  rattachent  les  rameaux  nerveux 
qui  portent  la  sensation  extérieure,  de  la  cir- 
conférence au  centre  ,  ou  transmettent  les 
déterminations  de  la  volonté,  du  centre  à  la 
circonférence,  et  les  nerfs  du  grand  sympa- 
thique qui  se  distribuent  aux  viscères,  en 


G30 


MAM 


formant  çà  et  là  des  masses  arrondies  plus 
ou  moins  volumineuses  qu'on  nomme  gan- 
glions. 

On  sait  que  deux  substances  particulières 
composent  les  organes  de  l'appareil  nerveux: 
la  substance  blanche  et  la  substance  grise; 
que  la  matière  blanche  est  formée  de  fibres 
rectilignes  et  cylindriques ,  creusées  d'un 
petit  canal  rempli  par  une  matière  demi- 
liquide  ;  que  ces  fibres  se  réunissent,  sans 
jamais  se  confondre ,  en  faisceaux  d'où  peu- 
vent se  détacher  un  certain  nombre  de  fi- 
bres primitives  qui  forment  une  anastomose, 
ou  qui  se  combinent  par  juxtaposition  ,  se 
concentrant  dans  une  partie  de  leur  par- 
cours ,  pour  donner  naissance  à  un  plexus. 
Ces  fibres  primitives  doivent  probablement 
leur  origine  à  l'alignement  de  cellules,  qui 
auraient  été  unies  bout  à  bout  par  une  ma- 
tière finement  grenue  ,  et  dont  les  cloisons 
se  seraient  perforées  dans  les  points  de  con- 
tact ;  la  cavité  commune  ainsi  formée  serait 
le  canal  de  la  fibre,  les  enveloppes  des  cel- 
lules en  seraient  la  paroi. 

La  matière  grise  ne  paraît  pas  avoir  une 
véritable  structure  fibreuse  ;  elle  se  présente 
comme  une  masse  composée  de  globules 
grenus  très  rapprochés,  qui  ne  sont  peut- 
être  autre  chose  que  les  cellules  primaires 
de  la  substance  nerveuse.  Cependant  quel- 
ques observateurs  admettent  des  fibres  ca- 
naliculées  dans  la  matière  grise  ,  et  M.  Eh- 
renberg  considère  les  cylindres  de  la  sub- 
stance blanche  comme  une  continuation 
immédiate  des  cylindres  de  la  matière  grise. 
Cette  dernière  assertion  mérite  d'être  con- 
firmée; car  c'est  une  des  plus  importantes 
pour  les  conséquences  qu'on  en  pourrait 
tirer  sur  la  structure  de  la  matière  nerveuse 
et  sur  le  rôle  des  deux  substances. 

De  ces  deux  substances  ,  la  matière  grise 
est  celle  qui  se  montre  la  dernière  ,  et  ainsi 
se  trouve  renversée  l'opinion  de  Gall  ,  qui 
considérait  la  matière  grise  comme  la  ma- 
trice ,  Vorigine ,  V aliment  de  la  matière 
blanche. 

Fidèle  au  plan  que  nous  nous  sommes 
tracé,  nous  allons  prendre  le  système  ner- 
veux à  son  origine  dans  l'embryon  ;  nous 
en  suivrons  le  développement  dans  l'axe  cé- 
rébro-spinal d'abord  ,  puis  dans  les  nerfs 
périphériques  et  le  grand  sympathique.  No- 
tre but  ne  peut  êire  de  discuter  les  rapports 


MAM 

des  différentes  parties  entre  elles,  ni  d'ex- 
pliquer leurs  fonctions  en  détail  ;  nous  exa- 
minerons seulement  l'harmonie  de  ces  par- 
ties chez  l'adulte,  et  nous  chercherons  les 
caractères  que  présentent,  dans  leur  centre 
nerveux,  les  animaux  des  divers  groupes  que 
nous  avons  précédemment  établis. 

Souvent ,  pour  faire  comprendre  les  pro- 
grès du  développement  et  les  connexions  que 
ce  développement  amène,  nous  serons  forcé 
d'employer  des  mots  qui  indiquent  le  mou- 
vement, un  point  de  départ  et  un  point  d'ar- 
rivée ;  ce  sont  là  des  expressions  figurées, 
qu'il  ne  faut  pas  comprendre  dans  le  sens 
exact  d'une  progression  mécanique ,  dont 
l'idée  est  bien  loin  de  notre  esprit. 

Développement  et  constitution  de  l'encéphale. 

Nous  avons  vu  que  les  Mammifères  se 
constituentcomme  Vertébrés, dès  les  premiers 
instants  de  leur  formation  embryonnaire; 
qu'ils  reçoivent  le  cachet  de  ce  grand  type 
de  l'apparition  primitive  du  système  ra- 
chidien  ;  que  cet  axe  central  se  montre, 
dans  le  diamètre  longitudinal  de  l'aire  ger- 
minative ,  comme  une  ligne  plus  claire, 
accompagnée  de  chaque  côté  d'un  amas  cel- 
lulaire qui  n'est  autre  chose  que  l'indication 
élémentaire  du  corps  futur  de  l'embryon. 
Cette  masse  embryonnaire  primitive  prend 
successivement  des  formes  diverses,  pendant 
que  les  formes  de  l'aire  germinative  subis- 
sent aussi  des  modifications  correspondantes. 
Se  présentant  d'abord  comme  un  anneau 
obscur,  elle  s'allonge  ensuite  en  ovale,  de- 
vient plus  tard  pyriforme,  et  lyriforme  en 
dernier  lieu.  La  ligne  claire  médiane  paraît 
être  produite  par  une  sorte  de  retrait  des 
matériaux  plastiques,  qui  s'accumulent  la- 
téralement; elle  se  termine  à  une  de  ses  ex- 
trémités par  un  bourrelet  arrondi,  et  à  l'autre 
par  une  pointe  lancéolée.  L'accumulation 
graduelle  de  substance  le  long  de  la  ligne 
primitive  décide  un  enfoncement,  et  déter- 
mine la  formation  d'une  gouttière.  Bientôt 
les  couches  les  plus  rapprochées  de  cette 
gouttière  se  transforment  en  masse  nerveuse, 
dont  le  développement  procède  du  fond  et 
des  côtés;  les  lamelles  ainsi  fermées  mar- 
chent au-devant  l'une  de  l'autre  des  deux 
côtés  vers  la  ligne  médiane  postérieure,  se 
rencontrent,  s'accolent  l'une  à  l'autre,  for- 
ment ainsi  une  suture  médiane,  et  conver- 


MAM 

tissent  la  gouttière  primitive  en  un  canal. 
Cette  convergence  des  bords  de  la  gouttière 
n'a  lieu  d'abord  que  dans  le  milieu,  et  se 
produit  plus  tard  en  haut  et  en  bas.  Remar- 
quons que  ces  changements  se  passent  ex- 
clusivement dans  le  feuillet  séreux,  et  que  le 
feuillet  muqueux  de  l'aire  germinative  n'y 
prend  point  de  part.  Le  tube  qui  résulte  de 
la  réunion  des  couches  nerveuses  dont  nous 
tenons  d'indiquer  l'origine  est  le  tube  mé- 
dullaire de  Baèr;  la  gouttière  primitive, 
i.  ansformée  en  canal,  devient  la  cavité  de  la 
moelle  épinière.  Ce  canal  médullaire,  qu'on 
trouve  chez  les  adultes  des  Oiseaux,  des 
Reptiles  et  des  Poissons,  se  rencontre  chez 
les  Mammifères,  non  seulement  pendant 
leur  vie  intra-utérine,  comme  le  veut  Tie- 
demann  et  d'autres  anatomistes;  il  persiste 
chez  tous  les  Mammifères  et  chez  l'Homme, 
quand  ils  ont  atteint  leur  complet  dévelop- 
pement; il  est  seulement  beaucoup  plus 
rétréci. 

Fermé  d'abord  à  sa  portion  moyenne  seu- 
lement, comme  nous  venons  de  le  dire,  le  ca« 
nal  du  tube  médullaire  s'écarte  à  sa  partie  su- 
périeure de  manière  à  former  successivement 
trois  dilatations  placées  l'une  à  la  suite  de 
l'autre,  et  qu'on  a  nommées  cellules  céré- 
brales, parce  que  c'est  d'elles  que  naîtront  les 
parties  principales  de  l'encéphale.  La  cavité 
de  ces  dilatations  est  continue  avec  le  canal 
de  la  moelle ,  et  doit  former  les  ventricules 
du  cerveau  quand  la  substance  nerveuse  du 
tube  médullaire  aura  clos  chacune  des  cel- 
lules cérébrales.  Au-dessous  de  cette  partie 
supérieure  ainsi  dilatée,  le  tube  médullaire 
présente  les  mêmes  dimensions  dans  toute 
sa  longueur ,  et  se  termine  inférieurement 
en  pointe.  Un  renflement  rhomboïdal  ne 
tarde  pas  à  se  montrer  à  cette  extrémité  infé- 
rieure ;  il  correspond  à  la  naissance  des  nerfs 
des  membres  inférieurs,  et  au  point  d'où 
divergeront  les  filaments  nerveux  à  l'en- 
semble desquels  on  a  donné  le  nom  de  queue 
de  cheval. 

A  l'endroit  de  ce  renflement,  le  tube  mé- 
dullaire se  ferme  plus  tard  qu'aux  parties 
voisines,  de  sorte  qu'il  présente  une  fente 
ellipsoïde  très  allongée,  une  espèce  de  bou 
tonnière  qui  est  en  communication  avec  le 
canal  de  la  moelle,  et  qui,  par  la  clôture 
complète  du  tube  médullaire,  disparaît  en- 
suite ,  sans  qu'on  en  trouve  de  trace  chez  le 


MAM 


631 


Mammifère  adulte.  Au  contraire,  chez  l'oi- 
seau adulte ,  on  observe ,  dans  la  région  des 
vertèbres  sacrées ,  une  dépression  longitu- 
dinale, en  forme  de  nacelle,  dont  on  pour- 
rait se  représenter  la  formation  comme  le 
résultat  de  l'écartement  des  bords  d'un  sil- 
lon qui  se  rétrécirait  ensuite  pour  s'effacer 
insensiblement  et  se  perdre  en  une  ligne  mé- 
diane au-dessus  et  au-dessous  :  cette  excava- 
tion naviculaire  est  désignée  sous  le  nom  assez 
impropre  de  sinus  rhomboïdal.  Certains  ana- 
tomistes admettent  à  tort  que  ce  sinus  est 
en  communication  directe  avec  le  canal  de 
l'intérieur  de  la  moelle  épinière;  cette 
hypothèse  leur  permet  de  le  comparer  au 
sinus  que  nous  venons  de  décrire  chez  l'em- 
bryon des  Mammifères  ;  et  ils  trouvent 
ainsi  un  fait  nouveau  à  l'appui  de  la  doc- 
trine des  transitions  successives  du  sys- 
tème nerveux  de  l'Homme  et  des  Verté- 
brés supérieurs,  à  travers  toutes  les  phases 
dont  nous  rencontrons  la  représentation 
permanente  chez  les  animaux  des  dernières 
classes.  Le  sinus  rhomboïdal  des  Oiseaux 
n'est  point  un  prolongement,  une  sorte  de 
soupirail  du  canal  médullaire;  il  est,  sur 
toutes  ses  parois ,  tapissé  d'une  couche  de 
substance  nerveuse  qui  le  sépare  de  cette 
cavité;  il  n'est  donc  point  l'analogue  du 
sinus  des  embryons  des  Mammifères,  au 
moment  où  ce  sinus  est  une  ouverture 
béante,  en  continuité  avec  le  canal  de  la 
moelle. 

A  sa  partie  antérieure ,  le  tube  médul- 
laire reste  largement  ouvert,  comme  nous 
l'avons  dit;  trois  dilatations,  trois  cellules 
cérébrales  se  montrent  successivement.  La 
cellule  antérieure  est  celle  qui  est  indiquée 
la  première;  la  moyenne  apparaît  ensuite, 
et  est  suivie  de  la  cellule  postérieure.  L'ordre 
dans  lequel  s'achève  le  développement  de  ces 
cellules  est  le  même  que  celui  dans  lequel 
elles  se  produisent.  Les  lames  dorsales  se  re- 
plient autour  d'elles  et  se  rejoignent;  et,  tan- 
dis que  la  substance  nerveuse  complète  d'a- 
bord le  tube  médullaire  à  la  partie  antérieure, 
en  fermant  les  deux  premières  cellules,  les  la- 
mes dorsales  seules  forment  parois  au-des 
sus  de  la  cellule  postérieure ,  en  face  de  la- 
quelle le  tube  médullaire  se  montre  alors 
comme  fendu.  Avantcette  époque,  le  corps  de 
l'embryon  était  situétoutentierdansle  plan 
de  la  vésicule  blastodermique.  Mais  déjà t 


63-2 


MAM 


comme  nous  le  savons,  son  extrémité  cépha- 
lique  s'est  soulevée  au-dessus  de  ce  niveau, 
et  décrit  deux  courbures  principales,  pres- 
que à  angle  droit,  qui  impriment  à  la  tête 
une  très  forte  flexion  en  avant.  Une  de  ces 
courbures  se  prononce  à  la  hauteur  de  la 
cellule  moyenne  ;  l'autre  se  dessine  au  point 
où  la  cellule  postérieure  se  continue  avec  le 
tube  médullaire.  Cette  inflexion  de  la  par- 
tie céphalique  de  l'embryon  se  rencontre 
chez  les  Mammifères  et  dans  les  autres  classes 
de  Vertébrés  allantoïdiens  :  on  ne  l'observe 
pas  chez  les  Batraciens  et  les  Poissons,  c'est- 
à-dire  chez  les  Vertébrés  anallantoïdiens. 
La  distinction  de  ces  deux  grands  groupes 
de  Vertébrés  se  prononce  donc  de  plus  en 
plus ,  et  cette  flexion  présente  un  carac- 
tère propre  à  distinguer  profondément  l'é- 
tat primitif  de  l'encéphale  des  Mammi- 
fères, de  l'état  primitif  et  permanent  de 
l'encéphale  des  Poissons.  Remarquons  de 
plus  que  ces  courbures  s'effacent  ensuite 
chez  les  Mammifères  par  le  développe- 
ment des  parties  diverses  de  l'encéphale,  et 
que  c'est  au  moment  où  la  masse  cérébrale 
a  atteint  son  parfait  développement  que  tou- 
tes ces  parties  sont  disposées  sur  un  même 
plan,  tandis  que  cela  a  lieu  primitivement 
chez  l'embryon  de  Poisson. 

La  subdivision  des  trois  cellules  céré- 
brales primitives  est  présentée  de  manières 
différentes  par  les  auteurs.  Tous  admettent 
que,  du  développement  ultérieur  de  l'encé- 
phale, résultent  en  définitive  cinq  cellules, 
et  que  la  cellule  postérieure  primitive  four- 
nit deux  de  ces  subdivisions.  Mais  tous  ne 
sont  pas  d'accord  sur  la  question  de  savoir 
quelle  est  celle  des  deux  premières  cellules 
qui  se  scinde.  Les  uns  croient  que  la  cellule 
antérieure  se  divise  en  deux  cellules,  tan- 
dis que  la  seconde  reste  indivise:  parmi  eux 
se  range  Bischoff.  Les  autres  pensent,  au 
contraire,  que  la  cellule  antérieure  ne  se 
subdivise  pas ,  et  que  la  seconde  cellule  se 
partage  en  deux  vésicules  distinctes  :  cette 
opinion  est  celle  que  nos  observations  nous 
font  admettre  (1). 

Immédiatement  derrière  la  première  cel- 
lule, sur  'e  côté  de  la  portion  antérieure  de 
la  seconde,  deux  saillies  ne  tardent  pas  à  se 

(<)  L'étude  d'un  grand  nombre  d'œufs  que  M  Vogt  a  bien 
voulu  examiner  avec  nous,  nous  confirme  dans  cette  ina- 
nitic  de  voir. 


MAM 

montrer.  Le  développement  de  la  portion 
encéphalique  à  laquelle  elles  sont  liées,  les 
rejette  de  plus  en  plus  sur  les  côtés.  Ces 
deux  petites  dilatations  ne  sont  autre  chose 
que  les  rudiments  des  yeux,  dont  nous  sui- 
vrons plus  loin  le  développement.  La  portion 
antérieure  de  la  seconde  cellule,  où  se  voient 
ces  vésicules  oculaires ,  forme  une  proémi- 
nence qui  se  détache  progressivement  de  la 
partie  postérieure  de  la  même  cellule;  de 
plus ,  un  compartiment  vient  séparer  nette- 
ment ces  deux  portions  l'une  de  l'autre;  et 
la  seconde  cellule  se  trouve  de  la  sorte  divisée 
en  deux  chambres  ,  que  Baër  a  distinguées 
l'une  de  l'autre  par  les  noms  de  cerveau  in- 
termédiaire et  de  cerveau  moyen.  La  première 
cellule  primitive,  qui  a  pris  cependant  un 
accroissement  considérable,  ne  se  subdivise 
pas  et  forme  le  cerveau  antérieur.  La  troi- 
sième cellule  se  divise  plus  tard  en  deux  por- 
tions :  l'une  antérieure,  plus  courte,  que 
nous  désignerons  sous  le  nom  de  cellule  cé- 
rébelleuse; l'autre  postérieure,  plus  allon- 
gée, et  appointie  en  se  continuant  avec  la 
moelle  épinière  ;  nous  la  nommerons  cellule 
encéphalique  postérieure. 

Par  suite  de  la  croissance  de  sa  paroi  su- 
périeure de  chaque  côté  de  la  ligne  mé- 
diane ,  le  cerveau  antérieur  représente  bien- 
tôt une  cellule  divisée  en  deux  moitiés  la- 
térales par  une  légère  dépression.  Ces  deux 
saillies  vésiculeuses  sont  les  premiers  rudi- 
ments des  hémisphères  cérébraux ,  qui  de- 
viennent par  conséquent  reconnaissables  de 
très  bonne  heure,  et  qui  sont  constitués  par 
deux  lamelles  médullaires,  enveloppant, 
sous  forme  de  voûte,  la  cavité  qu'elles  ren- 
ferment. Peu  à  peu  les  hémisphères  se  déve- 
loppent, montrent  bientôt  les  premiers  in- 
dices des  circonvolutions  dans  les  Mammi- 
fères qui  en  possèdent ,  et  s'étendent  d'avant 
en  arrière  sur  les  parties  qui  se  forment  du 
cerveau  intermédiaire  et  des  vésicules  sui- 
vantes; cette  extension  varie  dans  les  diffé- 
rents ordres  des  Mammifères,  comme  nous 
l'indiquerons  plus  loin.  L'affaissement  mé- 
dian qui  se  forme  entre  les  deux  lobes  cé- 
rébraux se  prononce  de  plus  en  plus,  mais 
il  ne  descend  d'abord  qu'à  une  petite  pro- 
fondeur, et  ne  sépare  jamais  complètement 
ces  deux  lobes  l'un  de  l'autre.  Les  deux  hé- 
misphères restent  donc  unis  ensemble  à  leur 
partie  antérieure;  en  arrière,  ils  s'isolent 


MAM 


MAM 


G33 


du  cerveau  intermédiaire.  De  leurs  bords 
Internes,  résultant  de  cette  séparation ,  aussi 
bien  que  de  la  formation  du  sillon  médian, 
naissent  diverses  parties  dont  nous  allons 
parler. 

De  la  distinction  histologique  qui  s'opère 
à  leur  bord  antérieur,  là  où  les  lobes  sont 
demeurés  unis,  se  produit  une  petite  lame 
médullaire  verticale ,  qui  croît  d'abord  de 
bas  en  haut,  s'infléchit  ensuite  d'avant  en 
arrière,  et  se  prolonge,  suivant  cette  direc- 
tion ,  dans  la  même  proportion  que  la  voûte 
des  hémisphères  s'étend  sur  les  parties  pos- 
térieures. Cette  formation  médiane  et  trans- 
verse sert  donc  de  lien  entre  les  deux  hé- 
misphères ;  en  conséquence,  elle  a  été 
nommée  grande  commissure  du  cerveau  par 
Sœmmerring;  eu  égard  à  la  place  qu'elle 
occupe,  Chaussier  lui  a  donné  le  nom  de 
tnésolobe;  on  la  nomme  plus  généralement 
corps  calleux,  à  cause  de  la  densité  de  son 
tissu.  Le  corps  calleux,  d'après  cette  des- 
cription, présente  donc  la  forme  d'une 
voûte,  dont  la  direction  est  presque  parallèle 
à  la  ligne  qui  dessine  le  contour  des  hémi- 
sphères; on  observe  à  sa  partie  antérieure 
une  courbure  que  Reil  appelle  le  genou,  et 
à  sa  partie  postérieure ,  plus  large ,  un  ren- 
flement que  le  même  anatomiste  a  nomme 
bourrelet.  Son  ensemble  figure  assez  bien  la 
lettre  C  couchée  horizontalement,  la  con- 
vexité tournée  en  haut. 

Par  la  formation  du  corps  calleux,  le  cer- 
veau des  Mammifères  placentaires  prend  un 
caractère  propre,  qui  distingue  ces  animaux 
de  tous  les  autres  Vertébrés,  et  qui  les  dis- 
tingue aussi  des  Mammifères  aplacentaires, 
chez  lesquels  on  ne  trouve  plus  cette  grande 
commissure;  c'est  ainsi  que  se  prononcent 
de  plus  en  plus  les  différences  fondamen- 
tales dont  nous  avons  trouvé  le  premier  de- 
gré dans  la  présence  ou  dans  l'absence  du 
placenta. 

Au-dessous  du  corps  calleux  se  produit , 
suivant  la  même  marche,  et  aussi  dans  la 
ligne  médiane,  une  lame  blanche,  convexe 
supérieurement,  et  nommée  voûte  à  t7*ois 
piliers  ou  trigone  ce'rébral.  Les  piliers  ou 
colonnes  sont  formés  par  des  cordons  ner- 
veux, et  se  présentent,  en  avant  et  en  ar- 
rière, comme  une  bifurcation  du  cordon 
principal  qui  constitue  la  voûte.  Les  piliers 
antérieurs  prennent  naissance  dans  la  sub- 

T.   VII. 


stance  nerveuse  qui  se  produit  au  lieu  même 
où  apparaît  d'abord  le  corps  calleux,  c'est- 
à-dire  au  point  où  les  vésicules  des  hémi- 
sphères sont  réunies.  Antérieurement,  ces 
piliers  aboutissent  à  un  petit  tubercule  qui 
se  montre,  un  peu  avant  eux,  à  la  face 
inférieure  du  cerveau,  et  qui,  d'abord 
unique,  se  partage  plus  tard  en  deux  ma- 
melons qui  portent  le  nom  d'éminencesma- 
millaires.  Les  piliers  postérieurs  de  la  voûle 
doivent  leur  formation  au  renflement  des 
bords  internes  des  vésicules  des  lobes  céré- 
braux. En  arrière,  la  voûte  se  confond  avec 
le  bourrelet  du  corps  calleux;  mais,  à  sa 
partie  antérieure ,  elle  se  sépare  du  corps 
calleux,  probablement  parce  que,  en  cet 
endroit,  celui-ci  s'élève  davantage  de  bas 
en  haut  avant  de  se  courber  en  arrière 
pour  suivre  le  mouvement  de  développe- 
ment des  hémisphères.  Bien  qu'éloignés  ainsi 
l'un  de  l'autre,  en  avant,  le  corps  calleux 
et  la  voûte  restent  cependant  unis  par  une 
petite  lame  médiane  qui  s'étend  verticale- 
ment entre  eux,  de  la  face  supérieure  de  la 
voûte  à  la  face  inférieure  du  corps  calleux, 
et  qui  est  produite  par  la  substance  qui  leur 
servait  naguère  de  lien  immédiat  :  cette 
lame  déliée  est  la  cloison  transparente ,  ou 
septum  lucidum;  elle  est  formée  de  deux 
petits  feuillets  verticaux,  entre  lesquels 
existe  un  sinus,  désigné  sous  les  noms  de 
premier  ou  de  cinquième  ventricule ,  de  fosse 
de  Sylvius  et  de  sinus  du  septum. 

La  voûte  est  un  organe  propre  au  cerveau 
des  Mammifères  ;  on  ne  la  trouve  plus  dans 
les  autres  classes  de  Vertébrés. 

Avant  que  la  couche  des  hémisphères  se 
soit  épaissie  tout  au  pourtour  du  cerveau 
antérieur;  que  le  corps  calleux  unisse  trans- 
versalement l'un  et  l'autre  lobe  cérébral , 
en  se  développant  d'avant  en  arrière  au  fond 
du  sillon  qui  les  sépare;  que  la  voûte  se 
ferme  au-dessous  du  corps  calleux,  et  que 
la  cloison  transparente  se  tende  verticale- 
ment de  l'un  à  l'autre  sur  la  ligne  mé- 
diane, on  voit  deux  renflements  s'élever 
de  bonne  heure  du  fond  et  des  parois  ex- 
ternes des  deux  vésicules  des  hémisphères. 
Ces  deux  renflements  se  caractérisent  bien- 
tôt comme  corps  striés,  et  par  conséquent 
ne  se  forment  pas  d'abord  à  nu,  comme 
certaines  descriptions  pourraient  le  faire 
supposer;  à  toute  époque,  ils  sont  cou- 

80 


634 


IMAM 


MAM 


verts  par  les  vésicules  du  cerveau  antérieur, 
puisqu'ils  apparaissent  dans  leur  intérieur 
et  non  avant  elles.  De  l'un  à  l'autre  des 
deux  corps  stries,  au-devant  des  piliers  an- 
térieurs de  la  voûte,  s'étend  un  cordon 
blanc,  qui  leur  sert  de  commissure,  et  qui 
porte  le  nom  de  commissure  cérébrale  anté- 
rieure. 

Quand  les  vésicules  cérébrales  se  sont  pri- 
mitivement formées  à  la  région  supérieure 
c'a  tube  médullaire,  elles  ont  enfermé  en- 
tre leurs  parois  une  portion  de  la  cavité  gé- 
nérale de  ce  tube.  La  cavité  du  cerveau  an- 
térieur, relativement  moindre  par  suite  des 
développements  que  nous  venons  d'indi- 
quer, subsiste  néanmoins,  mais  elle  a  subi 
dans  sa  forme  plusieurs  modifications  im- 
portantes qui  sont  la  conséquence  de  ces 
développements  mêmes.  Simple  d'abord, 
elle  se  scinde  peu  à  peu  en  deux  moitiés, 
à  mesure  que  les  vésicules  des  hémisphères 
deviennent  distinctes;  le  corps  calleux  lui 
sert  de  paroi  supérieure;  la  voûte  et  la 
cloison  transparente,  productions  des  bords 
libres  des  hémisphères  séparés,  achèvent  de 
la  partager,  sur  la  ligne  médiane,  en  deux 
cavités  latérales ,  qui  sont  de  la  sorte  en- 
fermées chacune  dans  un  hémisphère;  on 
les  a  désignées  sous  le  nom  de  ventricules 
latéraux.  L'accumulation  de  substance  ner- 
veuse, qui  constitue  chacun  des  corps  striés, 
forme  une  saillie  semi-circulaire  au  fond 
et  sur  le  côté  de  chaque  ventricule.  La  ca- 
vité ventriculaire  prend  donc,  autour  de 
chaque  corps  strié,  la  forme  d'un  croissant, 
dont  l'arc  antérieur  et  l'arc  postérieur  de- 
viennent, l'un  la  corne  antérieure  du  ven- 
tricule cérébral ,  l'autre  sa  corne  inférieure, 
moyenne  ou  descendante  ;  elle  acquiert  plus 
tard,  chez  les  Bimanes  et  les  Quadrumanes , 
une  corne  postérieure  ou  cavité  digitale,  ré- 
sultant de  ce  que  l'hémisphère  qui  la  con- 
tient subit  une  flexion  de  dedans  en  dehors 
par  suite  de  son  développement  plus  consi- 
dérable en  arrière. 

Du  bord  libre  des  piliers  postérieurs  naît 
la  bandelette  mince  du  corps  bordé  ou 
frangé,  et  de  leur  extrémité  renflée  se  forme 
une  éminence  recourbée  sur  elle-même  ,  qui 
saille  dans  la  corne  descendante  du  ventri- 
cule latéral ,  et  qu'on  a  nommée  grand  hip- 
pocampe,  pied  d'hippocampe,  ou  bien  en- 
core corne  d'Ammon ,  à  cause  de  la  ressem- 


blance qu'on  lui  a  trouvée  avec  la  coquille 
fossile  qui  porte  ce  nom  :  c'est  encore  là  une 
partie  propre  au  cerveau  des  Mammifères. 
Une  sorte  de  pli  rentrant  de  l'hémisphère, 
forme,  dans  la  corne  postérieure  du  ventri- 
cule latéral ,  la  proéminence  du  petit  pied 
d'hippocampe  ou  ergot  de  coq. 

Ainsi ,  des  évolutions  successives  de  la  vé- 
sicule du  cerveau  antérieur,  se  forment  les 
deux  hémisphères  et  les  parties  qu'ils  ren- 
ferment. Antérieurement  et  supérieure- 
ment, les  hémisphères  sont  séparés  l'un  de 
l'autre  par  la  grande  scissure  médiane  ou 
inter-lobaire.  Au  fond  de  cette  scissure,  s'é- 
tend transversalement  la  lame  plus  dense 
de  la  grande  commissure,  ou  corps  calleux. 
Du  corps  calleux ,  descend  sur  la  ligne  mé- 
diane le  double  voile  vertical  de  la  cloison 
transparente  qui  s'attache  sur  la  face  su- 
périeure de  la  voûte  à  trois  piliers,  et  com- 
prend un  ventricule.  Cette  cloison  partage 
la  cavité  primitive  du  cerveau  antérieur  en 
deux  cavités  ou  ventricules  droit  et  gauche, 
dans  l'intérieur  desquels  plusieurs  organes 
font  saillie.  Sur  le  plancher  de  ces  ventri- 
cules ,  se  montrent  les  corps  striés  réunis  en 
avant  sur  la  ligne  médiane  par  la  commis- 
sure cérébrale  antérieure.  Cependant  deux 
petits  renflements  vésiculaires  de  la  partie 
antérieure  et  inférieure  des  hémisphères, 
ont  indiqué  le  premier  rudiment  de  l'appa- 
reil olfactif. 

Pendant  que  les  hémisphères  cérébraux 
et  leurs  parties  annexes  naissent  des  trans- 
formations successives  de  la  vésicule  encépha- 
lique antérieure,  la  vésicule  du  cerveau  in- 
termédiaire se  convertit  en  couches  optiques, 
renflements  volumineux  situés,  en  raison 
même  de  leur  origine,  en  arrière  des  corps 
striés,  et  qui  doivent  leur  nom  à  ce  que  le 
nerf  optique  se  forme,  sinon  en  totalité,  du 
moins  en  partie,  d'un  prolongement  creux 
de  la  portion  externe  du  plancher  de  leur 
vésicule.  Primitivement  simple  et  contenant 
une  cavité  unique,  le  cerveau  intermédiaire 
se  sépare  peu  à  peu  de  la  vésicule  des  hé- 
misphères en  avant,  suivant  le  mode  que 
nous  avons  indiqué,  et  reste  en  communica- 
tion avec  la  cellule  cérébrale  moyenne  en 
arrière.  Visible  dans  le  principe  à  la  face  su- 
périeure de  l'encéphale,  il  est  peu  à  peu  re- 
couvert par  les  hémisphères  qui  enveloppen  t, 
d'avant  en  arrière,  les  parties  résultant  do 


MAM 


IMAM 


C35 


son  évolution.  Du  fond  ,  des  côtés  et  de  la 
partie  postérieure  de  cette  vésicule  intermé- 
diaire, croissent  des  masses  de  substance 
nerveuse  qui  la  solidifient  latéralement  et 
par  l'arrière,  et  rétrécissent  de  plus  en  plus 
la  cavité  qu'elle  contient.  Supérieurement, 
elle  se  fend  d'avant  en  arrière,  et  se  partage 
en  deux  lobes  solides,  qui  sont  complètement 
séparés  à  leur  partie  antérieure,  et  qui  restent 
encore  unis  postérieurement  par  une  sorte 
de  cordon  qui  se  développe  dans  la  profon- 
deur et  qu'on  nomme  commissure  cérébrale 
postérieure.  Beaucoup  plus  tard  se  montre, 
en  avant  de  cette  commissure ,  un  petit  lien 
nerveux  jeté  comme  un  pont  d'une  face  in- 
terne à  l'autre,  et  dont  la  présence  n'est  pas 
constante;  il  porte  le  nom  de  commissure 
molle.  Entre  les  deux  lobes  ainsi  formés, 
aboutit  le  canal  du  tube  médullaire  qui,  en 
cet  endroit,  déboucherait  à  la  surface,  si, 
dans  le  même  temps,  les  hémisphères  ne 
s'avançaient  par  dessus,  et  ne  fournissaient 
ainsi  une  voûte  à  cette  cavité,  qu'on  désigne 
alors  sous  le  nom  de  troisième  ventricule.  Il  ré- 
sulte du  mode  même  de  sa  formation  que  ce 
ventricule  des  couches  optiques  estoblong, 
étroit,  et  situé  sur  la  ligne  médiane.  Le  mou- 
vement de  réflexion  des  piliers  postérieurs  du 
trigone  qui  se  courbent  d'arrière' en  avant, 
et  celui  des  hémisphères  qui  se  prolonge  au- 
dessus  des  couches  optiques,  amènent  ces  der- 
niers organes  à  faire  saillie,  l'un  à  droite  et 
l'autre  à  gauche,  dans  la  cavité  du  ventricule 
latéral  correspondant.  Un  peu  au-dessus  de  la 
commissure  antérieure,  derrière  les  piliers 
antérieurs  de  la  voûte  qui  contournent  chaque 
couche  optique  en  avant,  on  voit  deux  orifices 
nommés  trous  de  Monro ,  par  lesquels  le  troi- 
sième ventricule  est  mis  en  communication 
avec  les  ventricules  latéraux  des  hémisphères. 
En  avant,  le  troisième  ventricule  s'abouche 
aussi  avec  le  ventricule  de  la  cloison  trans- 
parente par  une  ouverture  fort  étroite  que 
plusieurs  anatomistes  ont  appelée  vulve,  et 
dont  plusieurs  autres  ont  nié,  à  tort,  l'exis- 
tence. L'extrémité  postérieure  de  chaque 
couche  optique  présente  deux  renflements 
qui  portent  le  nom  de  corps  gcnouillés,  l'un 
interne ,  l'autre  externe  ;  le  premier,  en  gé- 
néral ,  moins  volumineux  que  le  second. 

La  base  du  cerveau  antérieur  et  du  cer- 
veau intermédiaire  ne  subit  pas  de  scission 
semblable  à  celle  qui  partage  leur  face  su- 


périeure en  lobes  cérébraux  et  en  couches 
optiques.  On  y  observe  de  très  bonne  heure 
une  proéminence  qu'on  désigne  sous  le  nom 
de  tubercule  cendré  (  tuber  cinereum  ) ,  et 
dont  le  développement  est,  suivant  Valen- 
tin ,  en  rapport  avec  celui  des  éminences 
mamillaircs ,  qui  se  trouvent  plus  tard  pla- 
cées derrière  lui.  La  masse  nerveuse  du  tu- 
bercule cendré  s'étend  sur  les  parois  du 
troisième  ventricule,  et  concourt  à  le  clore 
en  bas.  A  sa  face  inférieure,  il  semble  ser- 
vir de  base  à  une  tige  creuse  ,  conique,  ap- 
pelée entonnoir  (infundibulum) ,  et  considé- 
rée par  Baër  comme  l'extrémité  antérieure 
du  tube  médullaire  primitif,  qui ,  fortement 
courbé  et  refoulé  en  arrière  par  le  dévelop- 
pement des  lobes  cérébraux,  se  montre  au- 
dessous  du  cerveau  intermédiaire,  dont  il 
paraît  être  un  prolongement. 

Au  bord  postérieur  du  cerveau  intermé- 
diaire ,  apparaît  encore  un  petit  corps  rond  et 
aplati,  qui,  plus  tard,  devient  conique,  et 
qu'on  nomme  glande  pinéale ,  à  cause  de  sa 
ressemblance  avec  une  Pomme  de  Pin.  Cette 
glande  serait  produite,  suivant  Baër,  par 
la  portion  postérieure  du  cerveau  intermé- 
diaire qui  ne  se  fend  pas;  elle  devrait  peut- 
être  son  origine  au  développement  delà  pic- 
mère,  suivant  Bischoff.  On  la  voit  derrière  le 
troisième  ventricule,  au-dessous  de  la  com- 
missure cérébrale  postérieure  :  de  petits  pé- 
doncules l'assujettissent  dans  cette  position. 
Pendant  la  durée  de  la  vie  fœtale,  on  ne 
rencontre  pas  à  la  surface,  et  même  dans 
la  substance  de  cette  glande,  les  petits  cor- 
puscules cristallins  qui  s'y  trouvent  chez  le 
nouveau-né,  ou  même  ,  à  une  époque  plus 
ou  moins  éloignée  de  la  naissance,  comme 
l'indiquent  les  observations  de  certains  ana- 
tomistes. 

Enfin,  à  une  époque  très  ancienne  du 
développement  du  cerveau  intermédiaire, 
on  voit  l'infundibulum  en  connexion  avec 
une  vésicule  qui  se  change  en  une  masse 
molle  ,  et  repose  plus  tard  dans  la  selle  tur- 
cique  du  sphénoïde.  Cet  organe,  à  l'aide  de 
l'infundibulum  ,  communique  donc  en  haut 
avec  le  tubercule  cendré  et  le  troisième  ven- 
tricule; on  le  désigne  sous  le  nom  de  glande 
pituitaire.  L'origine  de  cette  glande  n'est 
pas  encore  bien  connue.  Suivant  Reichert, 
elle  serait  un  débris  de  l'extrémité  anté- 
rieure de  la  corde  dorsale  ;  d'après  l'opinion 


636 


MAM 


MAM 


plus  probable  de  Rathke ,  elle  se  présente- 
rait d'abord  comme  un  enfoncement  de  la 
membrane  buccale  dans  le  fond  de  la  ca- 
vité pharyngienne;  cet  enfoncement,  en  se 
creusant  davantage,  formerait  ensuite  une 
sorte  de  cœcum,  dont  le  fond  s'élèverait 
jusqu'à  l'infundibulum  ,  et  s'unirait  à  l'ex- 
trémité obtuse  de  ce  dernier  par  un  pédi- 
cule grêle;  irne  valvule  s'étendrait  progres- 
sivement au-devant  de  l'ouverture  de  ce 
cœcum,  jusqu'à  ce  qu'il  fût  enfin  clos;  le 
cœcum  ,  transformé  de  la  sorte  en  vésicule , 
se  détacherait  enfin  de  la  cavité  d'où  il  tire 
son  origine  pour  appartenir  à  la  cavité  crâ- 
nienne. 

Les  couches  optiques,  le  troisième  ven- 
tricule, le  tubercule  cendré,  l'unfundibu- 
lum,  la  glande  pinéale,  la  glande  pitui- 
taire  ,  la  commissure  cérébrale  postérieure, 
et  la  commissure  molle,  sont  donc  les  par- 
ties principales  produites  immédiatement 
des  métamorphoses  du  cerveau  intermé- 
diaire, ou  rattachées  à  cette  portion  de  l'en- 
céphale par  les  résultats  de  leur  développe- 
ment. 

Les   changements  que   subit  le  cerveau 
moyen  ne  sont  pas  aussi  considérables  que 
ceux  dont  nous  venons  de  tracer  la  succes- 
sion pour  les  deux  premières  vésicules;  leur 
résultat  est  la  formation  des  tubercules  qua- 
drijumeaux  ou  lobes  optiques.  Nous  avons 
vu  qu'en  cet  endroit  le  tube  médullaire  pré- 
sente la  première  courbure  caractéristique 
qui  distingue  primitivement  l'encéphale  des 
Mammifères  de  celui  des  Anallantoïdiens,  et 
d'où  il  résulte  que  le  cerveau  moyen  occupe  la 
région  la  plus  élevée  de  la  tête.  Creusé  d'a- 
bord d'une  cavité,  comme  l'étaient  aussi 
les  deux  vésicules  qui  le  précèdent ,  le  cer- 
veau moyen  se  solidifie  peu  à  peu  par  le  dé- 
veloppement de  substance   nerveuse  dont 
l'accroissement  a  lieu  principalement  à  sa 
base  et  de  bas  en  haut,  comme  dans  tout 
l'encéphale   en  général.  La  masse  qui  le 
remplitainsi,  forme  d'abord  une  saillie  dans 
son  intérieur  ,  s'élève  ensuite  en  forme  de 
mamelon,  gagne  insensiblement  la  voûte  su- 
périeure, la  rencontre,  se  soude  avec  elle; 
et  la  vésicu'3  serait  complètement  pleine, 
s'il  n'était  resté   par  le  bas,  sur  la  ligne 
médiane,  un  petit  canal,    dernier  vestige 
de  la  cavité  primitive,  et  connu   sous   le 
nom  d'aqueduc  de  Sylvius.  Ce  canal  commu- 


nique ,  en  avant,  avec  le  troisième  ventri- 
cule, ou  ventricule  des  couches  optiques; 
nous  verrons  qu'il  est  en  continuité  avec  une 
autre  cavité  postérieure.  Le  couvercle  du 
cerveau  moyen  reste  d'abord  parfaitement 
lisse ,  et  ne  se  fend  point ,  comme  cela  a  lieu 
pour  celui  des  deux  vésicules  des  hémisphères 
et  des  couches  optiques  ;  mais  il  se  développe 
ensuite  sur  sa  surface  un  sillon  longitudi- 
nal ,  coupé  plus  tard  par  un  sillon  trans- 
versal. Cet  affaissement  cruciforme  partage 
donc  superficiellement  le  cerveau  moyen  en 
quatre  éminences  ou  tubercules;  les  deux 
tubercules  antérieurs  sont  nommés  nates, 
les  deux  postérieurs  testes;  leur  volume  re- 
latif et  leur  forme  varient  dans  les  divers 
groupes  d'animaux,  et  il  est  à  remarquer 
qu'en  général  les  Herbivores  ont  les  nate$ 
arrondis  et  plus  grands  que  les  testes.  La  plus 
grande  partie  de  la  masse  nerveuse  qui  a  so- 
lidifié par  le  bas  le  cerveau  moyen,  se  re- 
courbe en  avant  pour  se  continuer  avec  les 
couches  optiques,  et  constitue  les  pédoncules 
cérébraux.  Dans  certains  ordres  de  Mammi- 
fères ,  les  hémisphères  recouvrent  complè- 
tement les  tubercules  quadrijumeaux;  dans 
d'autres,  au  contraire,  ils  ne  le  recouvrent 
qu'en  partie,  et  les  tubercules  se  montrent 
à  nu.  Nous  reviendrons  sur  ces  parties  en 
étudiant  comparativement  l'organisation  de 
l'encéphale;  nous  indiquons  seulement  ici 
leur  origine  et  leur  situation. 

Nous  avons  dit  plus  haut  que  la  troisième 
cellule  cérébrale  primitive,  dont  la  subdi- 
vision donne  naissance  à  la  cellule  cérébel- 
leuse et  à  la  cellule  encéphalique  postérieure, 
restait  ouverte  à  sa  partie  supérieure  plus 
longtemps  que  les  autres  cellules,  et  que  la 
cavité  du  tube  médullaire  s'ouvrait  librement 
à  sa  surface ,  close  seulement  par  les  la- 
mes dorsales.  Peu  à  peu  cependant  la  cel- 
lule cérébelleuse  se  ferme  sur  ce  point,  par 
le  dépôt  d'un  blastème  nerveux  qui  s'accu- 
mule progressivement  de  bas  en  haut  sur 
les  parois  latérales  du  tube  des  lames  dor- 
sales ;  ce  dépôt  produit  une  lamelle  médul- 
laire ,  qui  s'avance  de  chaque  côté  vers  la 
ligne  médiane  supérieure,  et  se  soude  sur 
cette  ligne;  de  là  résulte  une  cellule  dont 
le  développement  ultérieur  donne  naissance 
au  cervelet.  On  peut  donc  représenter  l'état 
originel  du  cervelet ,  comme  celui  des  di- 
vers lobes  de  l'encéphale ,,  sous  la  forme  de 


MAM 


MAM 


637 


deux  petites  lames  minces  qui  convergent 
de  dehors  en  dedans,  suivant  le  mode  de 
formation  que  nous  venons  d'indiquer,  mais 
non  sous  la  forme  de  deux  lamelles  qui  s'é- 
lèveraient des  bords  d'une  fente  produite 
par  la  fissure  du  tube  médullaire  qui  aurait 
été  primitivement  fermé  en  cet  endroit. 

L'épaississement  de  la  lamelle  du  cerve- 
let est  le  seul  phénomène  qui  indique  dans 
les  premiers  temps  l'activité  dont  elle  est  le 
siège;  les  parties  qui  constituent  l'organe 
complet  ne  se  dégagent  que  plus  tard  des 
couches  médullaires.  A  la  face  inférieure  se 
montre  d'abord  un  léger  renflement,  pre- 
mier indice  de  la  petite  masse  irrégulière- 
ment ovoïde,  qui  sert,  en  quelque  sorte, 
de  noyau  à  chaque  moitié  du  cervelet,  et 
que  G  a  11  considérait  comme  le  ganglion  de 
cet  organe;  les  anatomistes  le  désignent 
sous  le  nom  de  corps  rhomboïdal  ou  dentelé. 
La  surface  élargie  de  la  cellule  cérébelleuse 
présente  ensuite  quatre  sillons  ou  anfractuo- 
sités  transverses,  qui  partagent  l'organe  en 
cinq  lobes ,  dans  chacun  desquels  ne  s'ob- 
serve encore  aucune  ramification.  Par  les 
progrès  du  développement,  les  lobes  se  mul- 
tiplient avec  les  sillons  ;  aux  lobules  et  aux 
dentelures  qui  en  découpent  alors  la  surface, 
correspondent  des  branches,  des  rameaux, 
des  ramuscules  intérieurs  du  même  ordre; 
et  de  cette  disposition  rameuse  se  forme 
V arbre  de  vie  que  met  en  évidence  une  coupe 
verticale  du  cervelet.  La  portion  centrale  pri- 
mitivement formée  est  le  lobe  médian.  Ce- 
pendant les  parties  latérales  ont  pris  un  ac- 
croissement plus  considérable  que  cette  par- 
tie moyenne  ;  on  les  voit  bientôt  sous  forme 
de  deux  proéminences  qui  se  caractérisent 
de  plus  en  plus  comme  hémisphères  cérébel- 
leux, et  donnent  au  cervelet  des  Mammi- 
fères un  caractère  tout  spécial ,  puisque  l'on 
ne  retrouve  plus  ces  lobes  latéraux  au  ccr. 
velet  des  autres  Vertébrés.  Le  lobe  médian 
représente  deux  éminences  vermiformes, 
qu'on  distingue  par  les  noms  d'éminences 
vermiformes  supérieure  ou  inférieure,  d'a- 
près leur  situation  par  rapport  au  cervelet. 

Les  diverses  parties  annexes  du  lobe  mé- 
dian se  dessinent  d'une  manière  de  plus  en 
plus  distincte;  l'extrémité  antérieure  du  ver- 
mis  inferior  se  prononce  en  un  petit  pro- 
longement qui  a  la  forme  d'une  lancette,  et 
qu'on  nomme  luette;  de  chaque  côté  de  la 


luette  se  détachent  deux  replis  médullaires, 
les  valvules  de  Tarin,  qui  interceptent  deux 
cavités. sigmoïdes ,  et  qui,  comparés  aux  pi- 
liers du  voile  palatin,  ont  valu  à  l'appen- 
dice précédent  le  nom  de  luette.  Ces  valvules 
aboutissent  à  deux  petits  lobes  appendicu- 
laires,  placés  à  la  face  inférieure  du  cerve- 
let, en  arrière  et  en  dedans  de  chaque  hé- 
misphère cérébelleux,  qu'ils  terminent  et 
qu'ils  séparent  des  organes  voisins.  Reil  a 
désigné  ces  lobes  sous  le  nom  de  touffes; 
suivant  Tiedemann,  ils  seraient  produits, 
aussi  bien  que  les  valvules  de  Tarin,  par  un 
renversement  du  bord  postérieur  du  cerve- 
let, de  dehors  en  dedans. 

Au  point  où  la  cellule  encéphalique  pos- 
térieure se  continue  avec  le  tube  médullaire, 
s'est  produite  ,  comme  nous  le  savons ,  une 
forte  courbure  qui  imprime  à  la  tête  une 
flexion  à  angle  droit  d'arrière  en  avant.  Mais 
entre  la  cellule  cérébelleuse  et  la  cellule 
postérieure  ,  se  montre  une  autre  incurva- 
tion à  angle  aigu  d'avant  en  arrière,  qui 
corrige  un  peu  le  mouvement  trop  prononcé 
de  la  première,  et  par  suite  de  laquelle  les 
parties  qui  se  forment  du  développement  de 
la  cellule  postérieure  se  trouvent  naturel- 
lement situées  au-dessous  de  celles  qui  nais- 
sent de  la  cellule  cérébelleuse.  A  l'endroit 
de  ce  genouillement ,  se  dépose  de  bonne 
heure  de  la  substance  nerveuse,  sous  forme 
de  bourrelet  transverse  et  saillant,  qui  sert 
de  commissure  entre  les  deux  hémisphères 
du  cervelet,  et  sous  lequel  passent  les  cor- 
dons médullaires  qui ,  des  parties  posté- 
rieures, s'unissent  aux  parties  antérieures; 
ce  renflement  reçoit,  en  conséquence,  les 
noms  de  protubérance  annulaire  ou  de  pont 
de  Varole,  bien  que  ce  dernier  nom  ait  été 
donné  par  Varole,  seulement  à  la  couche 
la  plus  superficielle  de  la  protubérance. 

En  même  temps  que  naissent  et  se  déve- 
loppent ces  parties  du  cervelet,  on  voit  ap- 
paraître et  se  compléter  d'autres  formations 
destinées  à  mettre  cet  organe  en  rapport  avec 
les  autres  parties  du  système  nerveux  cen- 
tral. Ces  connexions  s'établissent  de  chaque 
côté  par  trois  pédoncules  ,  distingués  en  in- 
férieur, moyen  et  supérieur;  l'ordre  de  leur 
formation  est  celui  dans  lequel  nous  ve- 
nons de  les  nommer.  Les  pédoncules  infé- 
rieurs ou  corps  resliformes  unissent  la  la- 
melle médullaire  du  cervelet  avec  la  col- 


G°>8 


MAM 


IMAM 


Iule  encéphalique  postérieure,  et,  par  con- 
séquent ,  avec  la  moelle  épinière  ;  plus  tard, 
iis  passent,  en  avant,  au-dessous  des  tu- 
bercules quadrijumaux,  et  se  placent  au- 
dessus  du  pédoncule  cérébral  correspondant. 
Les  pédoncules  moyens  se  montrent  en  même 
temps  que  le  pont  de  Varole,  avec  lequel  ils 
se  continuent  latéralement  pour  former  cette 
commissure  cérébelleuse.  Les  pédoncules  su- 
périeurs, ou  processus  cerebelli  ad  testes,  sont 
situés  au-dessus  de  la  protubérance  ;  ils  sem- 
blent émerger  du  lobe  médian  du  cervelet, 
s'engagent  au-dessous  des  tubercules  quadri- 
jumeaux  ,  et  se  prolongent  dans  les  pédon- 
cules cérébraux.  Entre  les  deux  processus 
cerebelli  ad  testes ,  l'intervalle  est  rempli  par 
une  lame  médullaire,  demi-transparente, 
dont  l'apparition  est  liée  à  celle  des  pédon- 
cules qu'elle  réunit,  et  avec  lesquels  elle  se 
confond  :  c'est  la  valvule  de  Vieussens. 

Pour  compléter  l'exposé  des  transforma- 
tions successives  que  présentent  les  cellules 
cérébrales  dans  la  constitution  de  l'encé- 
phale des  Mammifères ,  il  ne  nous  reste  plus 
qu'à  parler  de  la  cellule  encéphalique  posté- 
rieure. De  son  développement  se  forme  le 
hulbe  rachidien,  ou  moelle  allongée  de  Haller; 
mais  comme,  sous  ce  dernier  nom,  les  analo- 
mistes  ont  compris  un  plus  ou  moins  grand 
nombre  de  parties  encéphaliques,  nous  em- 
ploierons l'expression  de  bulbe  rachidien , 
dont  la  signification  est  mieux  définie;  nous 
lui  préférerions  encore  celle  de  bulbe  crâ- 
nien. Dans  cette  dernière  portion  de  la  troi- 
sième cellule  cérébrale  primitive ,  le  tube 
médullaire  ne  se  ferme  jamais  à  sa  partie  su- 
périeure ;  et,  comme  le  cervelet  s'étend  au- 
dessus  de  cette  cellule^  par  suite  de  la  cour- 
bure que  nous  avons  décrite  et  du  déve- 
loppement dont  nous  venons  de  parcourir 
les  phases  diverses,  il  en  résulte  que  le  ca- 
nal médullaire  vient  s'ouvrir  entre  la  face 
supérieure  du  bulbe  rachidien  et  la  face  in- 
férieure du  cervelet;  la  cavité  ainsi  formée 
prend  le  nom  de  ventricule  du  cervelet  ou 
quatrième  ventricule.  Tiedemann  propose  de 
l'appeler  premier  ventricule  ,  parce  qu'il  se 
rencontre  chez  tous  les  Vertébrés,  et  aussi, 
parce  qu'il  est  plus  tôt  formé  que  les  autres. 
Cette  dernière  interprétation  ne  nous  paraît 
pas  exacte  :  le  cervelet  arrive  plus  tard  que 
le  cerveau  au  terme  de  sa  perfection,  et 
d'ailleurs  les  ventricules,  d'après  leur  ori- 


gine même,  sont,  dans  l'encéphale,  des  par- 
ties en  quelque  façon  préexistantes  ,  qui  se 
rétrécissent,  se  distribuent  de  manières  di- 
verses ,  se  délimitent  enfin  ,  mais  qui  ne  se 
forment  pas  à  proprement  parler,  l'expres- 
sion de  formation  laissant  supposer  qu'elles 
prennent  naissance  dans  la  masse  d'un  or- 
gane qui,  primitivement  plein,  se  creuserait 
ensuite.  De  plus,  le  mot  de  formation ,  in- 
exact pour  représenter  la  simple  délimitation 
des  autres  ventricules,  devient  tout-à-fait 
impropre  pour  le  ventricule  du  cervelet , 
qui  n'est  autre  chose  originellement  qu'un 
vide  permanent  en  dehors  même  du  tube 
médullaire 

Quoi  qu'il  en  soit,  ce  quatrième  ventri- 
cule communique  en  avant  avec  le  troisième, 
par  l'aqueduc  de  Sylvius,  et  en  arrière  avec 
le  canal  médullaire.  Sa  paroi  supérieure 
est  constituée  par  les  éminences  mamelon- 
nées de  la  base  du  cervelet,  par  le  vermis 
inferior,  la  valvule  de  Vieussens,  et  une  por- 
tion des  pédoncules  cérébelleux  supérieurs 
(processus  cerebelli  ad  testes) ;  sa  paroi  infé- 
rieure est  la  face  supérieure  du  bulbe.  Les 
parties  principales  qui  constituent  le  bulbe 
sont  :  les  corps  restiformes,  dont  nous  avons 
déjà  parlé,  et  qui  se  montrent  en  même 
temps  que  le  cervelet;  les  pyramides,  les 
cordons  olivaireset  les  corps  olivaires,  qui  de- 
viennent successivement  distincts,  et  dont 
nous  allons  indiquer  la  position  respective 
sur  le  bulbe  complètement  développé. 

Sur  la  ligne  médiane,  la  face  supérieure 
du  bulbe  est  parcourue  par  un  sillon  qui 
fait  suite  en  avant  à  l'aqueduc  de  Sylvius, 
et,  en  arrière,  à  une  dépression  linéaire  mé- 
diane, qui  règne  sur  toute  la  longueur  de  la 
face  postérieure  de  la  moelle.  Ce  sillon  tra- 
verse, d'avant  en  arrière,  un  espace  triangu- 
laire dont  les  côtés  sont  formés  par  les  corps 
restiformes,  ou  mieux,  par  la  portion  la 
plus  interne  des  corps  restiformes  nommée 
pyramide  postérieure  par  quelques  anato- 
mistes ,  et  dont  le  sommet ,  dirigé  en  arrière 
et  désigné  sous  le  nom  de  calamus  scripto- 
rius,  s'enfonce  en  un  angle  où  s'ouvre  le 
canal  de  la  moelle. 

La  face  inférieure  du  bulbe  se  termine  à 
la  protubérance  annulaire;  on  y  voit  un  sil- 
lon qui  se  continue  avec  le  sillon  médian 
antérieur  de  la  moelle.  En  partant  de  ce 
sillon  ,  à  droite  et  à  gauche,  on  rencontre: 


MAM 

1°  une  bande  longitudinale,  d'abord  apla- 
tie, puis  renflée,  parallèle  à  celle  de  l'au- 
tre côté,  et  nommée  pyramide  antérieure; 
2°  une  saillie  oblongue ,  placée  sur  Ja  face 
latérale  du  bulbe,  et  désignée  sous  le  nom 
de  corps  olivaire;  3°  un  faisceau  médullaire 
intermédiaire  ou  latéral ,  appelé  cordon-  oli- 
vaire par  Tiedemann ,  parce  que  l'olive  se 
forme  à  sa  surface;  son  apparition  précède, 
par  conséquent,  celle  du  corps  olivaire  ;  4°  Ja 
portion  du  pédoncule  cérébelleux  inférieure 
laquelle  est  réservé  le  nom  de  corps  resliforme 
proprement  dit.  On  arrive  ainsi  à  la  pyramide 
postérieure  que  nous  avons  décrite,  et  le  ren- 
flement conique  du  bulbe  rachidiense  trouve 
de  la  sorte  complété.  Chacune  des  parties 
que  nous  venons  de  nommer  est  séparée  de 
la  partie  voisine  par  un  sillon  plus  ou  moins 
accusé.  En  arrière,  le  bulbe  s'amincit  et  se 
continue  avec  la  moelle  épinière. 

Développement  et  constitution  de  la  moelle 
épinière. 

Pendant  que  se  succèdent  toutes  ces  for- 
mations de  l'encéphale,  la  moelle  épinière 
s'est  développée  et  complétée.  La  substance 
nerveuse,  en  se  déposant  au  fond  et  sur  les 
côtés  de  la  gouttière  primitive,  s'est  peu  à 
peu  élevée  jusqu'à  la  ligne  médiane  supé- 
rieure ,  et  le  tube  médullaire  s'est  ainsi 
fermé,  d'abord  à  sa  partie  moyenne,  comme 
nous  l'avons  déjà  indiqué ,  puis  en  avant  et 
en  arrière  de  cette  partie.  Le  mode  suivant 
lequel  se  dépose  la  substance  nerveuse  ex- 
plique pourquoi  la  partie  inférieure  du  tube 
médullaire  est  à  toutes  les  époques  plus 
épaisse  que  sur  les  autres  points. 

En  conséquence  de  la  clôture  du  tube  mé- 
dullaire, le  sinus  rhomboïdal  a  disparu,  se- 
lon que  nous  l'avons  exposé  plus  haut;  un 
renflement  s'est  prononcé  à  la  partie  infé- 
rieure, au  point  qui  correspond  à  l'insertion 
des  nerfs  des  membres  inférieurs  ;  on  le  dé- 
signe, pour  cette  raison,  sous  le  nom  de 
bulbe  crural;  on  lui  donne  aussi  la  déno- 
mination de  bulbe  lombaire,  bien  qu'il  se 
trouve  le  plus  souvent  à  la  région  dor- 
sale. Un  renflement  s'aperçoit  aussi  dans  la 
région  du  cou,  et  correspond  au  point  où 
s'implantent  les  nerfs  des  membres  thoraci- 
ques;  il  reçoit,  à  cause  de  sa  situation^  le 
nom  de  bulbe  cervical;  on  le  nomme  bulbe 
"brachial,  à  cause  de  ses  connexions.  De  la 


MAM 


639 


pointe  que  nous  avons  observée  à  l'extré- 
mité postérieure  du  tube  médullaire,  se  dé- 
veloppe la  queue  de  cheval ,  qui  vient  plus 
lard  terminer  inférieuremeut  la  moelle  épi- 
nière. 

La  formation  de  la  queue  de  cheval  est 
différemment  expliquée  par  les  embryolo- 
gistes. 

Tous  les  observateurs  s'accordent  à  dire 
que,  dans  les  premiers  temps  de  la  vie  em- 
bryonnaire, la  moelle  épinière  occupe  toute 
la  longueur  du  canal  des  vertèbres,  s'allonge 
dans  le  sacrum  et  le  tubercule  coccygien  ; 
qu'en  conséquence  il  n'existe  pas  alors  de 
queue  de  cheval  ;  puis ,  qu'à  une  époque  du 
développement  plus  ou  moins  avancée  et  va- 
riable suivant  les  animaux,  un  intervalle  se 
prononce  entre  l'extrémité  du  canal  rachi- 
dien  et  l'extrémité  de  la  moelle,  de  sorte 
que  la  queue  de  cheval  devient  de  plus  en 
plus  distincte,  à  mesure  que  ces  deux  or- 
ganes s'éloignent  l'un  de  l'autre  pour  pren- 
dre ia  position  qu'ils  doivent  conserver  à 
l'état  adulte.  Mais  tous  les  observateurs 
n'expliquent  pas  de  la  même  manière  cette 
différence  de  hauteur  de  la  moelle  épinière 
dans  le  canal  vertébral.  Quelques  uns  ad- 
mettent que  la  moelle  s'atrophie  dans  sa 
partie  inférieure,  et  supposent  que  la  pie- 
mère,  affaissée  sur  elle-même  par  suite  de 
cette  disparition  de  la  moelle,  se  transforme 
en  ligament  coccygien.  Cette  atrophie  de  la 
moelle,  à  une  période  de  formation  aussi  ac- 
tive, ne  nous  semble  guère  naturelle,  et, 
quanta  la  production  du  ligament  coccygien, 
elle  a  lieu  nécessairement  quand  la  moelle 
épinière  ne  se  trouve  plus  au  fond  du  canal 
des  vertèbres;  mais  il  nous  paraît  qu'elle  est 
due ,  comme  toutes  les  autres  formations,  à 
un  développement  histogénique  particulier 
dont  on  aura  confondu  les  éléments  avec  la 
gaîne  fournie  par  la  pie-mère.  Parmi  les  au- 
tres auteurs,  les  uns,  adoptant  l'opinion  de 
M.  Serres,  affirment  que  c'est  la  moelle  qui 
abandonne  l'extrémité  du  canal  vertébral  par 
un  mouvement  propre  d'ascension;  les  au- 
tres pensent,  avec  Tiedemann,  que  c'est  l'ex- 
trémité du  canal  vertébral  qui  s'éloigne  de 
l'extrémité  de  la  moelle,  par  suite  de  la 
croissance  plus  rapide  des  vertèbres.  Cette 
dernière  opinion,  à  laquelle  un  grand  nom- 
bre d'embryologistes  se  rattachent,  nous 
semble  plus  conforme  à  tout  ce  que  nouf 


610 


MAM 


observons  dans  la  marche  générale  du  dé- 
veloppement; elle  explique  d'ailleurs  com- 
ment la  moelle  peut  paraître  se  retirer  sur 
elle-même  dans  le  canal  du  rachis. 

A  V ascension  de  la  moelle  serait  liée 
aussi,  suivant  l'anatomiste  distingué  qui 
admet  ce  phénomène  ,  la  disparition  du 
prolongement  caudal.  Ce  prolongement  exis- 
terait primitivement  chez  l'Homme  aussi 
bien  que  chez  tous  les  animaux  qui  ne  le 
présentent  plus  à  une  époque  plus  avancée 
de  leur  développement;  il  serait  le  résultat 
de  l'extension  de  la  moelle  dans  les  dernières 
vertèbres;  puis  la  moelle  remonterait  suc- 
cessivement jusqu'au  milieu  du  coccyx,  à  la 
fln  du  sacrum,  au  haut  du  canal  sacré,  au 
Diveau  des  vertèbres  lombaires  ou  même 
plus  haut,  selon  les  animaux,  et  la  diminu- 
tion du  prolongement  caudal  suivrait  degré 
à  degré  chaque  phase  de  l'ascension  de  la 
moelle.  C'est  par  une  succession  de  phéno- 
mènes identiques  que  disparaîtrait  la  queue 
du  têtard  des  Batraciens ,  ce  rapport  néces- 
saire entre  l'ascension  de  la  moelle  et  la  per- 
sistance d'un  prolongement  caudal  étant, 
d'après  M.  Serres ,  une  loi  générale  d'em- 
bryogénie. La  conséquence  de  cette  loi,  c'est 
que ,  dans  les  espèces  dont  la  queue  prend 
une  longueur  considérable,  la  moelle  épinière 
doit  se  trouver  beaucoup  plus  bas  dans  le  ca- 
nal rachidien,  et  que  le  contraire  doit  avoir 
lieu  chez  les  animaux  dont  la  queue  est  moins 
prolongée.  L'observation  est  bien  loin  de  con- 
firmer cette  hypothèse.  En  effet,  chez  les  Oi- 
seaux, qui  ont  une  queue  si  courte,  la  moelle 
descend  jusque  dans  la  dernière  vertèbre 
coccygienne;  chez  le  Poisson-Lune  {Tetrodon 
mola),  la  moelle  épinière  est  extrêmement 
raccourcie,  quoique  la  queue  soit  très  allon- 
gée. Et,  pour  ne  pas  sortir  de  la  classe  des 
Mammifères,  chez  la  Nodule,  la  Musaraigne, 
le  Rat,  le  Kanguroo,  qui  ont  une  longue 
queue,  la  moelle  se  termine  dans  les  vertè- 
bres lombaires,  comme  chez  l'Homme  ;  tandis 
que  chez  le  Lapin,  dont  '•»  queue  est  très 
courte,  la  moelle  se  continue  au-delà  des 
vertèbres  sacrées.  Quant  à  la  disparition  de 
la  queue  chez  les  Batraciens  anoures,  qui 
sont  munii  de  cet  organe  à  l'état  de  têtards, 
elle  a  lieu  par  l'atrophie  de  la  moelle,  aussi 
bien  que  par  celle  des  autres  nerfs,  du  ra- 
chis et  des  muscles. 

Sur  la  face  antérieure  de  la  moelle  épinière 


MAM 

se  montre  un  sillon  médian  longitudinal,  qui 
doit  sa  formation  à  un  prolongement  que  la 
pie-mère  envoie  et  qui  s'enfonce  jusqu'au 
tiers  environ  de  l'épaisseur  de  l'organe.  Un 
semblable  sillon  médian  s'observe  aussi  sur 
la  face  postérieure;  il  tire  son  origine  de  la 
fente  longitudinale  qui  règne  dans  toute 
l'étendue  de  la  gouttière  médullaire,  avant 
que  celle-ci  soit  transformée  en  tube;  la  pie- 
mère  ne  s'y  prolonge  qu'en  un  mince  repli. 
Beaucoup  d'anatomistes,  tels  que  Bartholin, 
Huber,  Keuffel,  Arnold,  nient  l'existence  de 
ce  dernier  sillon:  d'autres,  avec  Haller  et 
Chaussier,  le  croient  moins  profond  que  l'an- 
térieur; d'autres,  enfin,  Blaes,  Vicq-d'A- 
zyr,  Gall,  par  exemple,  le  considèrent  comme 
étant  plus  profond,  quoique  ses  bords  soient 
plus  rapprochés. 

Par  le  sillon  médian  antérieur  et  le  sillon 
médian  postérieur,  la  moelle  est  donc  parta- 
gée en  deux  cordons  latéraux.  Ces  deux  moi- 
tiés longitudinales  ne  sont  pas  immédiate- 
ment accolées  l'une  à  l'autre  par  leur  face 
interne;  elles  sont  réunies -dans  toute  leur 
longueur,  en  avant  par  une  lame  mince,  qui 
a  reçu  le  nom  de  commissure  blanche  ou 
antérieure;  en  arrière,  par  une  lame  plus 
mince  que  la  précédente,  appelée  commissure 
grise.  Les  deux  noms  distinctifs  de  ces  com- 
missures viennent  de  ce  qu'on  considère  la 
première  comme  unissant  les  faisceaux  de 
matière  blanche,  et  la  seconde  comme  unis- 
sant les  faisceaux  de  matière  grise  de  la 
moelle.  Cependant  M.  Natalis  Guillot  (1) 
trouve  au  fond  du  sillon  postérieur,  comme 
au  fond  du  sillon  antérieur,  une  lame  de 
matière  blanche;  il  appelle  l'une  axe  mé- 
dian des  stratifications  antérieures  ,  et  l'au- 
tre, axe  médian  des  stratifications  posté- 
rieures. 

Le  développement  de  la  moelle  épinière 
n'offre  plus  aucun  phénomène  qui  puisse 
nous  porter  à  admettre  des  subdivisions  dans 
les  deux  grandes  moitiés  que  distinguent  les 
deux  sillons  médians.  L'anatomie  ne  saurait 
d'ailleurs  trouver,  dans  l'examen  de  la  moelle 
épinière  fraîche  d'un  Mammifère  ou  de 
l'Homme,  une  démonstration  de  la  présence 
d'autres  cordons  longitudinaux.  Aussi  beau- 
coup d'auteurs  rejettent-ils  les  faisceaux  dont 

(i)  Exposition  anatomique  de  l'organisation  du  centre  net* 
veux  dans  les  quatre  classes  d'animaux  vertébrés  ,  par  Natali» 
Guillot .  i844. 


MAM 


MAM 


G4l 


d'autres  ont  tant  multiplié  le  nombre,  parce 
qu'ils  les  considèrent  comme  n'existant  pas 
dans  la  nature,  etcomme  résultant  de  l'action 
de  l'alcool  ou  de  l'adresse  d'un  observateur 
prévenu.  La  facilité  qui  résulte  d'une  pareille 
division  pour  expliquer  les  phénomènes  di- 
vers de  l'action  du  centre  nerveux,  n'est  pas 
un  motir  suffisant  pour  admettre  un  fait  que 
l'observation  scrupuleuse  peut  contester  à 
l'habileté.  On  a  compté  souvent  trois  sillons 
sur  chaque  moitié  de  la  moelle.  En  partant 
du  sillon  médian  postérieur,  le  premier  sillon 
à  droite  et  à  gauche  a  été  nommé  sillon  pos- 
térieur intermédiaire;  le  second,  sillon  colla- 
téral-postérieur; le  troisième,  sillon  collatéral 
antérieur.  Barlholin,  Scemmerring,  Meckel, 
admettent  une  fissure  latérale  entre  les  deux 
collatéraux.  Les  anatomistes  ont  aussi  admis 
un  nombre  variable  de  co:dons  médullaires. 
Suivant  les  uns,  il  en  existe  deux:  un  posté- 
rieur,  compris  entre  le  sillon  médian  posté- 
rieur et  le  sillon  collatéral  postérieur;  et  un 
antéro-latéral ,  compris  entre  ce  dernier  sil- 
lon et  le  sillon  médian  antérieur.  Suivant 
les  autres,  on  peut  en  reconnaître  trois  :  un 
postérieur;  un  latéral  ou  moyen,  entre  les 
deux  sillons  collatéraux,  et  un  antérieur. 
Les  sillons  que  nous  avons  nommés  plus 
haut  indiquent  encore,  pour  d'autres  ana- 
tomistes, des  subdivisions  dans  ces  fais- 
ceaux. 

S'il  est  impossible  d'apporter  des  preuves 
anatomiques  à  l'appui  d'une  distinction  évi- 
dente des  sillons  et  des  cordons  médul- 
laires, il  nous  semble  néanmoins  que  l'on 
peut  considérer,  à  la  surface  de  la  moelle, 
deux  lignes  dessinées ,  l'une  par  l'inser- 
tion des  racines  antérieures  des  nerfs  ra- 
chidiens,  l'autre  par  l'insertion  des  filets 
postérieurs  des  mêmes  nerfs;  l'une  collaté- 
rale antérieure,  l'autre  collatérale  posté- 
rieure. Quant  aux  faisceaux ,  on  peut  ad- 
mettre ,  avec  M.  Natalis  Guillot ,  deux  caté- 
gories de  stratifications,  qu'une  coupe  trans- 
versale de  la  moelle  met  en  évidence.  Les 
unes  antérieures,  comprenant  les  deux  por- 
tions que  sépare  le  sillon. médian  en  avant, 
et  que  réunit  l'axe  antérieur  des  stratifica- 
tions; les  autres  postérieures,  comprenant 
les  deux  portions  que  sépare  le  sillon  mé- 
dian en  arrière  et  que  réunit  l'axe  posté- 
rieur; les  unes  et  les  autres  possédant  une 
matière  grise  dans  leur  partie  centrale;  les 
t.  vu. 


unes  séparées  des  autres  par  un  prolonge- 
ment de  cette  matière  grise  et  par  les  in- 
sertions des  racines  postérieures  des  nerf* 
rachidiens.  Cette  distinction  paraît  encore 
plus  fondée  quand  on  tient  compte  du  rôle 
de  ces  deux  portions  médullaires,  si  diffé- 
rent ,  comme  l'ont  démontré  les  expériences 
d'un  grand  nombre  de  physiologistes,  et, 
plus  récemment,  celles  de  M.  Longet  (l).  En 
effet,  les  faisceaux  antérieurs,  de  même  que 
les  filets  antérieurs  des  nerfs  rachidiens, 
sont  insensibles  et  exclusivement  relatifs  au 
mouvement,  tandis  que  les  faisceaux  posté- 
rieurs, ainsi  que  les  filets  correspondants, 
sont  très  sensibles  et  n'ont  point  de  rapport 
avec  le  mouvement.  Cette  manière  d'envi- 
sager la  moelle  épinière  a  l'avantage  de 
n'affirmer  rien  que  l'observation  ne  puisse 
démontrer;  elle  s'appuie  sur  les  résultats 
les  plus  intéressants  qu'aient  produit  les 
travaux  entrepris  récemment  en  France  sur 
le  système  nerveux  ,  au  point  de  vue  anato- 
mique  et  au  point  de  vue  physiologique. 

Les  mêmes  doutes  ne  peuvent  exister  sur 
la  présence  de  cordons  distincts  à  la  portion 
intra-crânienne  de  la  moelle  épinière,  c'est- 
à-dire  au  bulbe  rachidien.  Dès  le  moment 
où  les  éléments  nerveux  constitutifs  ont  pris 
leur  forme  caractéristique  définitive,  ils  se 
disposent  en  faisceaux  auxquels  se  ratta- 
chent les  fibres  de  la  moelle.  Ces  faisceaux 
sont  ceux  dont  nous  avons  indiqué  plus 
haut  la  situation  relative  à  la  surface  du 
bulbe. 

Enveloppes  de  Vaxe  cérébro-spinal. 

L'axe  cérébro-spinal,  dont  nous  venons 
de  suivre  le  développement,  est  entouré  de 
trois  membranes,  désignées  collectivement 
sous  le  nom  des  méninges.  Ces  enveloppes 
sont  produites ,  comme  le  sont  d'ailleurs  tou- 
tes les  formations  embryonnaires ,  par  une 
séparation  des  divers  éléments  histogéni- 
ques  primitivement  confondus.  Le  blastème 
général  d'où  dérivent  les  méninges  se  mon- 
tre dans  le  canal  des  lames  dorsales,  avant 
que  se  soient  rapprochées  les  lamelles  qui 
doivent  clore  les  cellules  cérébrales;  et  ce 
sont  elles  qui  ferment  le  canal  de  la  moelle, 
sur  tous  les  points  où  le  tube  médullaire 
tarde  à  se  compléter,  à  la  cellule  cérébel- 

(i  )  Analomie  et  physiologie  du  système  nerveux  de  l'hommi 
etdes  animaux  vcrtéli**'  .  par  F. -A.  Lnnget,  it>,?. 

81 


642 


IMAM 


leuse  et  à  fa  cellule  postérieure ,  par  exem- 
ple. Au-dessus  de  cette  dernière,  elles  recou- 
vrent même  toujours  seules  l'ouverture  du 
canal  de  la  moelle ,  puisque  ce  canal  y  reste 
toujours  ouvert.  Du  départ  qui  s'accomplit 
dans  les  éléments  destinés  à  former  les  mem- 
branes d'enveloppes  de  l'axe  cérébro-spinal, 
naissent  la  pie-mère  ,  V arachnoïde  et  la 
dure-mère.  La  pie-mère  est  celle  qui  se 
montre  la  première;  la  dure-mère  ne  tarde 
pas  à  devenir  distincte;  l'arachnoïde  ne 
peut  être  aperçue  que  plus  tard. 

La  pie-mère  est  l'enveloppe  la  plus  in- 
terne; elle  se  superpose  immédiatement  à 
la  substance  nerveuse,  et  supporte  de  nom- 
breux vaisseaux  qui  se  ramifient  sur  elle  : 
cette  membrane  est  cellulo-vasculaire  dans 
le  crâne,  fibro-vasculaire  dans  le  canal  ra- 
chidien.  A  l'extrémité  inférieuredelamoelle, 
elle  se  termine  en  un  cordon  grêle,  le  li- 
gament coccygien  ou  caudal ,  qui  se  place 
au  centre  du  faisceau  des  nerfs  qui  com- 
posent la  queue  de  cheval.  Nous  avons  dit 
plus  haut,  à  propos  de  la  moelle  épinière, 
comment  nous  comprenions  la  formation  de 
ce  ligament.  Entre  les  racines  antérieures 
et  postérieures  des  nerfs  spinaux,  la  pie- 
mère  s'élargit  en  une  bandelette  mince,  dé- 
coupée sur  ses  bords  externes  en  denticules, 
dont  les  pointes  vont  s'implanter  sur  la  dure- 
mère  :  cette  bandelette  est  le  ligament  den- 
telé. Dans  sa  portion  crânienne ,  la  pie-mère 
recouvre  les  hémisphères  du  cerveau  et  ceux 
du  cervelet,  s'enfonce  dans  les  sillons  tracés 
sur  leur  surface ,  sans  cesser  d'être  continue 
avec  elle-même,  de  sorte  qu'elle  émet  un 
double  feuillet  dans  chaque  anfractuosité. 
Elle  pénètre  aussi  dans  les  cavités  du  cer- 
veau ,  sans  s'attacher  à  leurs  parois ,  forme 
la  toile  choroïdienne ,  qui,  par  sa  face  su- 
périeure, correspond  au  trigone  cérébral, 
et  donne  ,  par  sa  face  inférieure,  une  paroi 
supérieure  au  troisième  ventricule.  Dans  les 
ventricules  latéraux ,  elle  produit  les  plexus 
choroïdes  qui  en  parcourent  toute  l'étendue 
et  semblent  comme  pelotonnés  sur  eux- 
mêmes  ;  elle  s'avance  aussi  dans  le  quatrième 
ventricule  pour  y  donner  naissance  à  deux 
plexus  choroïdes.  Suivant  Tiedemann  ,  Des- 
moulins et  autres  observateurs,  ces  replis 
intérieurs  de  la  pie-mère  devraient  leur  ori- 
gine à  ce  que  cette  membrane,  tapissant 
intérieurement  et  extérieurement  les  la- 


MAM 

nielles  médullaires  cérébrales  avant  que 
celles-ci  se  fussent  rapprochées  pour  consti- 
tuer des  cellules,  aurait  été  enveloppée  en- 
suite dans  les  cavités  closes;  la  capacité  des 
ventricules  diminuant  à  mesure  que  la  sub- 
stance médullaire  s'épaissit,  la  pie-mère  se 
serait  plissée  sur  elle-même  pour  s'accom- 
moder à  l'étendue  des  cavités  où  elle  est 
enfermée;  elle  se  serait  atrophiée  ou  rétrac- 
tée entre  les  plis  de  la  paroi  ventriculaire. 
Nous  croyons  que  ces  plexus  se  forment  des 
progrès  ultérieurs  du  développement,  et  que 
la  pie-mère  n'atteint  pas  tout  d'abord  l'é- 
tendue qu'elle  doit  présenter,  pour  se  pe- 
letonner  ensuite  dans  les  ventricules.  En  ef- 
fet, les  plexus  choroïdes  sont  en  continuité 
de  tissu  avec  la  membrane  lisse  qui  revêt 
toute  la  paroi  interne  des  ventricules;  il 
faudrait  donc  admettre  que  la  partie  de  la 
pie-mère  enfermée  primitivement  dans  les 
cellules  cérébrales  se  serait  ensuite  parta- 
gée en  deux  portions;  que  l'une  se  serait 
plissée  par  suite  de  la  diminution  de  la  ca- 
vité, tandis  que  l'autre  serait  restée  lisse, 
bien  qu'elle  dût  aussi  se  plisser  pour  la  même 
raison.  Jl  est  vrai  qu'on  peut  dire  aussi  que 
le  retrait  même  qui  s'opère  dans  les  plexus 
tend  fortement  la  membrane  ventriculaire, 
et  est  précisément  la  cause  qui  rend  cette 
membrane  unie.  Mais  toutes  ces  hypothèses 
de  mécanique  embryonnaire  nous  sédui- 
sent peu,  parce  qu'elles  ne  sont  pas  la  con- 
séquence d'observations  directes;  l'observa- 
tion ne  nous  donne  que  la  succession  de 
formations  qui  deviennent  distinctes  après 
avoir  été  confondues. 

La  dure-mère  est  une  membrane  fibreuse, 
la  plus  extérieure  des  enveloppes  de  l'axe 
cérébro-spinal.  Par  sa  face  externe  ,  elle  est 
en  rapport  avec  les  os,  s'unit  par  de  nom- 
breux prolongements  fibreux  et  vasculaires 
avec  les  os  du  crâne ,  auxquels  elle  sert  de 
périoste  interne;  contracte  des  adhérences 
beaucoup  moins  intimes  avec  les  vertèbres. 
Dans  le  canal  formé  par  ces  dernières,  elle 
constitue  un  long  étui  cylindrique ,  qui  s'at- 
tache fortement  en  haut  au  pourtour  du 
trou  occipital,  et  s'étend  en  bas  jusqu'au 
coccyx.  Les  nerfs  et  les  vaisseaux  qui  tra- 
versent les  os  du  crâne  reçoivent,  de  la  dure- 
mère,  une  gaine  qui  cesse  de  les  accompa- 
gner au  point  où  ils  quittent  les  canaux  os- 
seux, et  qui  se  continue  ensuite  avec  le 


MTAM 


MAM 


043 


périoste  externe.  Il  faut  cependant  excepter 
de  cette  disposition  générale  la  gaine  que  la 
dure-mère  fournit  au  nerf  optique  ,  et  qui 
forme  un  double  prolongement:  l'un  cons- 
titue le  périoste  des  os  de  l'orbite;  l'autre 
enveloppe  le  nerf  optique  jusqu'au  globe  de 
l'oeil ,  et  se  continue  avec  la  membrane  ex- 
terne de  cet  organe,  la  sclérotique. 

Deux  feuillets,  très  intimement  adhérents 
l'un  à  l'autre,  constituent  la  dure-mère;  et 
leur  distinction  peut,  surtout  dans  certains 
points,  être  rendue  évidente.  Ces  points 
sont  ceux  où  le  feuillet  interne  se  détache 
du  feuillet  externe  pour  former  des  cloisons 
ou  des  sinus.  Dans  les  uns  et  dans  les  au- 
tres, le  feuillet  interne,  après  s'être  en- 
foncé directement  vers  l'encéphale,  se  ré- 
fléchit sur  lui-même  et  regagne  le  feuillet 
externe;  mais,  dans  les  cloisons,  les  deux 
portions  s'accolent  l'une  à  l'autre  ,  tandis 
que,  dans  les  sinus,  elles  laissent  entre 
elles  un  intervalle  que  tapisse  à  l'intérieur 
la  membrane  des  veines.  Les  sinus,  en 
nombre  variable,  reçoivent  le  sang  veineux 
de  l'encéphale,  de  ses  enveloppes  et  de  ses 
os,  et  le  portent,  directement  ou  par  des 
branches  intermédiaires  ,  dans  la  veine  ju- 
gulaire interne.  Les  cloisons  principales  sont 
la  tenle  du  cervelet ,  sorte  de  voûte  membra- 
neuse qui  sépare  le  cerveau  du  cervelet;  la 
faux  du  cerveau ,  lame  fibreuse  verticale , 
perpendiculaire  à  la  tente  du  cervelet,  avec 
laquelle  elle  se  continue  en  arrière,  et  pla- 
cée sur  la  ligne  médiane  au  dessus  du  corps 
calleux,  entre  les  deux  hémisphères  céré- 
braux; enfin,  la  faux  du  cervelet,  située  en- 
tre les  hémisphères  cérébelleux,  et  implantée 
en  avant  sur  la  tente  du  cervelet.  Cette  der- 
nière cloison  est  la  moins  constante;  elle  dis- 
paraît chez  les  Mammifères  dont  le  lobe  mé- 
dian du  cervelet  fait  plus  de  saillie  que  les 
lobes  latéraux.  Au  contraire,  la  tente  du  cer- 
velet, destinée  à  garantir  les  deux  principales 
porlious  de  l'encéphale  de  tout  contact  qui 
pourrait  les  froisser,  prend  une  grande  so- 
lidité chez  tous  les  Mammifères,  et  se  ren- 
force même  d'une  lame  osseuse  chez  pres- 
que tous  les  Carnivores  prompts  à  la  course. 
Entre  la  pie-mère  et  la  dure-mère,  et  après 
ces  tuniques,  se  développe  Varachnoïde, 
membrane  séreuse,  dont  le  nom  vient  de  la 
délicatesse  et  de  la  transparence  de  sa  tex- 
ture. Comme  la  plupart  des  séreuses ,  l'a- 


rachnoïde forme  un  sac  à  double  paroi ,  sans 
ouverture;  son  feuillet  externe  ou  pariétal 
adhère  fortement  à  la  face  interne  de  la  dure- 
mère  ,  et  lui  donne  un  aspect  nacré  et  bril- 
lant; son  feuillet  interne  ou  viscéral  est  ap- 
pliqué contre  la  face  externe  de  la  pie-mère. 
Elle  s'enfonce  au-dessous  de  la  dure-mère, 
partout  où  celle-ci  forme  des  cloisons  dani 
l'encéphale.  Au  contraire,  elle  ne  pénètre  pa 
avec  la  pie-mère  dans  les  enfoncements  où 
celle-ci  se  replie;  elle  se  tend  seulement  au- 
dessus  ,  en  formant  une  sorte  de  pont.  Le 
feuillet  viscéral  fournit  aux  nerfs  et  aux 
vaisseaux  qui  émergent  de  l'axe  cérébro-spi- 
nal ou  qui  y  pénètrent,  une  gaine  qui  les 
accompagne  jusqu'à  la  rencontre  du  feuillet 
pariétal,  se  réfléchit  ensuite  et  se  continue 
avec  ce  même  feuillet;  c'est  de  la  sorte  que 
la  continuité  entre  les  deux  feuillets  arach- 
noïdiens  n'est  jamais  interrompue.  Ces  deux 
feuillets  sont  partout  en  contact  médiat  l'un 
avec  l'autre  au  moyen  de  petits  filaments. 

La  moelle  épinière,  l'encéphale  et  leurs 
enveloppes  ne  remplissent  pas  toute  la  cavité 
du  canal  rachidien  et  du  crâne.  Entre  la 
pie-mère  et  le  feuillet  viscéral  de  l'arach- 
noïde, existe  une  couche  de  liquide  alcalin, 
d'une  saveur  salée,  nommé  liquide  céphalo- 
rachidien;  il  est  en  communication  avec  le 
liquide  contenu  dans  les  cavités  ventriculai- 
res,  et  baigne  tous  les  nerfs  jusqu'à  leur 
sortie  du  crâne  ou  jusqu'aux  trous  de  con- 
jugaison des  vertèbres. 

Nerfs  qui  émanent  de  Vaxe  cérébro-spinal. 
Grand  sympathique. 

L'axe  cérébro-spinal ,  dont  nous  venons 
d'étudier  la  composition ,  se  complète  par 
les  nerfs  qui  s'y  rattachent  immédiatement, 
et  qui  établissent  une  communication  entre 
cette  portion  centrale  et  les  divers  organes. 
Ces  nerfs  peuvenl  se  diviser  en  nerfs  crâ- 
niens et  en  nerfs  rachidiens,  selon  que  le 
lieu  de  leur  émergence  est  à  l'encéphale  ou 
à  la  moelle  épinière.  Le  nombre  des  pre- 
miers est  de  douze  paires  chez  tous  les  Mam- 
mifères, à  très  peu  d'exceptions  près;  le 
nombre  des  seconds  varie  avec  le  nombre 
des  vertèbres ,  auquel  il  correspond  en  gé- 
néral. 

Les  nerfs  crâniens  sont,  d'avant  en  ar- 
rière :  l'olfactif,  l'optique,  le  moteur  ocu- 
laire commun  ,  le  pathétique  ,  le  trijumeau. 


644 


MAM 


MAM 


le  moteur  oculaire  externe,  le  facial ,  l'au- 
ditif, le  glosso-pharyngien  ,  le  pneumogas- 
trique, le  spinal  et  le  grand  hypoglosse. 
Nous  indiquerons  plus  loin  le  point  d'ori- 
gine de  chacun  d'eui. 

Ces  nerfs  forment  deux  catégories  ,  dont 
nous  tirons  les  caractères,  des  particularités 
que  présente  leur  développement.  La  pre- 
mière catégorie  comprend  les  nerfs  des  trois 
appareils  sensoriels  supérieurs  ,  de  l'œil ,  de 
l'oreille  et  de  l'organe  olfactif;  le  second 
renferme  les  autres  paires  nerveuses.  En  ef- 
fet, les  trois  premiers  ordres  d'organes  sen- 
soriels se  présentent  sous  forme  de  vési- 
cules qui  procèdent  des  cellules  encépha- 
liques, et  leur  développement  est  telle- 
ment lié  avec  le  développement  de  ces  cel- 
lules elles-mêmes,  comme  nous  le  dirons 
bientôt,  que  ce  rapport  tout  particulier  est 
un  caractère  important,  qui  mérite  de  ser- 
vir de  base  à  une  classification  des  nerfs  de 
l'encéphale.  Ajoutons  qu'ils  se  distinguent 
encore  par  la  nature  même  de  leur  ac- 
tion ,  et  que  leur  rôle  physiologique  spécial 
vient  appuyer  la  division  que  nous  établis- 
sons ici  d'après  leur  mode  d'origine.  Il  ré- 
sulte en  effet  des  expériences  d'observateurs 
habiles,  et  en  particulier  de  MM.  Magendie, 
Muller  et  Longet,  qu'on  peut  exercer  toute 
espèce  d'action  sur  les  nerfs  optiques ,  ol- 
factifs et  auditifs,  et  même  les  détruire, 
sans  causer  la  moindre  douleur;  tandis  que 
des  excitations  mécaniques  ou  galvaniques 
éveillent  la  sensation  propre  à  chacun  de 
ces  nerfs,  la  vision,  l'olfaction  ou  l'audi- 
tion. Le  nom  de  nerfs  sensoriaux  ou  de  sen- 
sation spéciale  peut  être  employé  pour  dési- 
gner ces  trois  espèces  de  nerfs ,  comme  le 
propose  le  dernier  des  anatomistes  que  nous 
venons  de  citer. 

Quant  aux  nerfs  crâniens  de  la  seconde 
catégorie,  on  en  distingue  deux  ordres  :  le 
premier  est  celui  des  nerfs  de  sensibilité 
générale,  assimilables  aux  racines  posté- 
rieures des  nerfs  rachidiens,  parce  que, 
comme  ceux-ci,  ils  président  exclusive- 
ment à  l'exercice  de  la  sensibilité  à  leur 
origine,  et  s'unissent,  au-delà  de  leur  gan- 
glion, aux  filets  des  nerfs  moteurs,  de  fa- 
çon à  constituer  un  tronc  mixte;  le  second 
est  celui  des  nerfs  du  mouvement ,  présidant 
a  la  fois  aux  mouvements  volontaires  et  res- 
piratoires, et  analogues  aux  filets  antérieurs 


des  nerfs  spinaux,  parce  que,  comme  eux, 
ils  sont  exclusivement  moteurs  et  ne  sont 
point  sensibles.  Les  nerfs  de  sensibilité  gé- 
nérale sont  au  nombre  de  trois  :  la  portion 
ganglionnaire  du  trijumeau  ,  le  glosso-pha- 
ryngien et  le  pneumo-gastrique.  Les  nerfs 
du  mouvement  sont  au  nombre  de  sept  :  le 
moteur  oculaire  commun,  le  pathétique,  le 
masticateur  (racine  motrice  de  trijumeau), 
le  moteur  oculaire  externe,  le  facial ,  le  spi- 
nal et  le  grand  hypoglosse. 

Quant  aux  nerfs  rachidiens ,  on  sait 
qu'ils  s'attachent  à  la  moelle  épinière  par 
deux  racines:  une  postérieure,  présentant 
un  renflement  ganglionnaire,  et  spéciale- 
ment destinée  à  porter  les  sensations1,  de  la 
périphérie  du  corps  au  centre  nerveux;  l'au- 
tre antérieure,  sans  ganglion,  exclusive- 
ment propre  à  conduire  les  ordres  de  la 
volonté,  du  centre  à  la  périphérie,  et  à  dé- 
terminer ainsi  les  mouvements.  Les  nerfs 
rachidiens  se  divisent  en  cervicaux  ,  dor- 
saux ,  lombaires  et  sacrés ,  d'après  la  région 
des  vertèbres  d'où  ils  émanent.  A  diffé- 
rentes hauteurs,  les  branches  antérieurs  de 
plusieurs  nerfs  s'anastomosent  entre  elles, 
se  séparent,  se  réunissent,  et  donnent  ainsi 
naissance  à  des  réseaux ,  à  des  plexus  dans 
lesquels  les  filets  nerveux  s'accolent  sans 
jamais  se  confondre.  Les  plexus  principaux 
sont:  le  cervical  et  le  brachial,  formés  par 
les  nerfs  cervicaux  et  les  premiers  nerfs  dor- 
saux; le  lombaire  et  le  sacré ,  constitués  par 
les  nerfs  de  même  nom. 

Le  système  nerveux  des  Mammifères, 
comme  celui  de  tous  les 'Vertébrés ,  se  com- 
pose enfin  d'une  autre  portion ,  le  nerf 
grand  sympathique ,  appelé  encore  système 
ganglionnaire ,  à  cause  des  petites  masses 
nerveuses  qu'il  présente  en  grand  nombre , 
et  système  de  la  vie  organique ,  parce  qu'il 
se  distribue  spécialement  aux  organes  de  la 
nutrition.  Par  sa  portion  cépbalique,  com- 
posée de  plusieurs  ganglions ,  et  par  les 
filets  qui  émanent  de  son  ganglion  cervical 
supérieur ,  le  grand  sympathique  est  en  rap- 
port avec  plusieurs  nerfs  crâniens ,  et  no- 
tamment avec  le  trijumeau.  Au-dessous  du 
crâne,  il  se  présente  comme  un  double  cor- 
don noueux ,  placé  de  chaque  côté  de  la  co- 
lonne vertébrale,  depuis  la  première  ver- 
tèbre cervicale  jusqu'à  la  dernière  vertèbre 
sacrée;  la  chaîne,  d'un  côté,  communique 


MAM 


MAM 


045 


avec  celle  de  l'autre  côté,  dans  le  crâne  et 
à  la  base  du  coccyx;  de  sorte  que  l'ensem- 
ble constitue  en  définitive  une  sorte  de  cha- 
pelet. Les  nœuds  sont  formés  par  de  petits 
ganglions  reliés  entre  eui  par  des  filets,  et 
recevant  de  chaque  nerf  rachidien  voisin, 
après  la  réunion  de  ses  branches  sensitive 
et  motrice,  un  petit  rameau  qui  lui  apporte 
les  mêmes  éléments.  Le  cordon  cervical  du 
grand  sympathique  s'engage  en  bas  dans  la 
poitrine  après  s'être  bifurqué,  et  présente 
généralement  deui  ganglions,  quelquefois 
trois  ;  ce  sont  :  le  cervical  supérieur ,  qui , 
comme  nous  venons  de  le  dire,  communique 
avec  plusieurs  nerfs  crâniens,  avec  les  mu- 
queuses de  la  trachée,  du  larynx,  du  pha- 
rynx ,  etc.;  le  cervical  inférieur,  qui  s'anasto- 
mose avec  plusieurs  paires  vertébrales  ;  et  le 
cervical  moyen,  dont  l'existence  n'est  pas 
constante.  Ces  trois  ganglions  cervicaux 
fournissent  trois  nerfs,  qui  se  réunissent  en 
un  plexus,  d'où  partent  tous  les  filets  destinés 
au  cœur.  Des  derniers  ganglions  de  la  ré- 
gion thoracique  naissent  des  rameaux  dont 
le  plus  remarquable  est  le  nerf  grand 
splanchnique ,  qui  se  porte  en  bas ,  pénètre 
dans  l'abdomen  à  travers  le  diaphragme , 
s'aplatit  ensuite,  au-devant  de  l'aorte  ,  en 
un  ganglion  que  sa  forme  a  fait  nommer 
semi-lunaire ,  et  se  joint  inférieurement  à 
celui  du  côté  opposé.  Les  deux  ganglions 
semi-lunaires  appartiennent  à  un  groupe 
nombreux  de  petits  ganglions  placés  au- 
dessus  du  pancréas  et  entre  les  reins,  et  dé- 
signés sous  le  nom  collectif  de  ganglions 
solaires.  Des  filets  innombrables  irradient 
de  ces  ganglions,  forment,  par  leur  ensem- 
ble ,  les  plexus  solaire  et  épigastrique ,  et 
enlacent  les  artères  qui  naissent  de  l'aorte 
abdominale.  Ces  ramifications  du  plexus 
sont  supportées  par  les  artères  cœliaque, 
hépatique,  mésentérique  ,  etc.,  et  prennent 
leur  nom  de  cette  situation.  Dans  la  région 
lombaire,  le  nombre  des  ganglions  est  va- 
riable; ils  émettent  aussi  des  filets  nerveux 
qui  forment  deux  plexus  :  le  plexus  mé- 
sentérique inférieur,  qui  distribue  des  ra- 
meaux au  canal  intestinal ,  et  le  plexus  aor- 
tique,  qui  se  porte  en  bas  sur  le  rectum  et 
la  vessie.  Parvenu  enfin  dans  le  bassin,  le 
cordon  droit  du  grand  sympathique  s'ana- 
stomose avec  le  cordon  gauche;  et  c'est  ainsi 
que  se  termine,  comme  nous  l'avons  vu  en 


commençant,  la  chaîne  de  ce  nerf  impor- 
tant. On  compte  sur  le  trajet  de  chaque  cor- 
don sacré  un  plus  ou  moins  grand  nombre 
de  ganglions,  dont  les  rameaux  antérieurs 
forment  le  plexus  remarquable  nomme  hy- 
pogastrique ,  et  qui  prête  des  nerfs  à  la  ves- 
sie, aux  testicules,  aux  ovaires,  à  la  pro- 
state, aux  vésicules  séminales  ,  au  vagin. 

Marche  du  développement  des  organes 
du  système  nerveux. 

L'apparition  et  le  développement  du  grand 
sympathique  ont  lieu  indépendamment  des 
nerfs  du  système  de  la  vie  animale,  comme 
le  prouve  l'existence  de  ganglions  nerveux 
dans  les  cas  d'amyélencéphalie,  où  les  mons- 
tres sont  dépourvus  de  moelle  épinière  et  de 
cerveau,  et  comme  doit  aussi  le  faire  admet- 
tre cette  loi  que  nous  avons  tant  de  fois 
invoquée,  et  suivant  laquelle  toutes  les  par- 
ties se  forment  et  se  développent  au  lieu 
même  où  on  les  aperçoit,  pour  se  rattacher 
ensuite,  par  des  formations  nouvelles,  aux 
parties  avec  lesquelles  elles  doivent  être  en 
connexion.  Si  le  grand  sympathique  n'est  pas 
engendré  par  le  système  nerveux  central,  il 
ne  procède  pas  davantage  du  cœur,  comme 
le  voulait  Ackermann,  et  n'est  point  une 
expansion  de  ses  principaux  ganglions, comme 
le  pensaient  d'autres  auteurs. 

La  portion  thoracique  est  celle  qui  se  dé- 
veloppe la  première  et  plus  que  les  autres 
parties;  les  ganglions  semi-lunaires  parais- 
sent atteindre  plus  tard  que  les  autres  le 
terme  de  leur  développement.  Quant  au  mo- 
ment précis  où  se  montre  chacune  des  por- 
tions de  ce  système,  si  difficile  à  étudier  même 
à  l'état  adulte,  les  recherches  intéressantes 
de  Lobstein ,  de  Kiesselbach  et  de  Valentin 
ne  nous  ont  rien  appris  de  bien  positif.  Mais 
une  observation  certaine  est  celle  du  déve- 
loppement précoce  de  la  chaîne  ganglion- 
naire, relativement  au  développement  de  la 
moelle;  et  un  fait  important  par  sa  signifi- 
cation est  le  volume  plus  considérable  que 
présentent  primitivement  les  ganglions  tho- 
raciques,  proportionnellement  au  corps 
entier.  En  effet,  plus  on  remonte  vers  les 
époques  reculées  du  développement  em- 
bryonnaire, plus  les  dimensions  du  cordon 
ganglionnaire  sont  considérables  ;  cette  gros- 
seur relative  va  ensuite  en  diminuant;  le  sys- 
tème atteint  ses  proportions  définitives  vers 


646 


I\iAM 


3VIAM 


Je  milieu  de  la  vie  fœtale.  Pour  le  grand  sym- 
pathique, comme  pour  les  autres  parties  de 
son  organisation,  l'embryon  des  Mammifè- 
res ne  passe  donc  pas  par  un  état  dont  nous 
trouvons  la  représentation  permanente  chez 
les  vertébrés  inférieurs;  car  on  sait  que  ce 
nerf  perd  de  son  volume  à  mesure   qu'on 
s'éloigne  des  Mammifères,  et  que,  dans  les 
Poissons,  il  atteint  une  ténuité  qu'il  ne  pré- 
sente jamais  même  chez  l'Homme  adulte. 
L'indépendance  primitive  que  conservent 
dans  leur  développement  les  diverses  portions 
de  l'appareil  nerveux  est  attestée  aussi  par  des 
observations  nombreuses,  pour  l'axe  cérébro- 
spinal, pour  les  nerfs  de  la  périphérie  et  pour 
les  parties  mêmes  de  l'axe  central.  Ainsi, 
dans  les  monstres  acéphales,  réduits  au  tho- 
rax ou  à  l'abdomen,  on  rencontre  un  tron- 
çon nerveux  dont  on  ne  peut  évidemment 
rapporter  l'origine  à  l'encéphale,  qui  n'existe 
pas,  ni  à  la  moelle  allongée,  qui  ne  s'est  point 
formée ,  et  que  Rolando  considérait  à  tort 
comme  le  centre  d'irradiation  de  tout  le  sys- 
tème nerveux.  M.  Lallemand  a  vu,  dans  un 
cas  d'amyélencéphalie,  des  ganglions  inter- 
vertébraux où  aboutissaient  les  nerfs  du  cou, 
du  dos  et  des  lombes.  Il  est  vrai  que  cet  ob- 
servateur croit,  avec  Brunner  et  Morgagni , 
que  la  moelle  et  l'encéphale  avaient  d'abord 
existé,  et  c'est  ce  qui  doit  paraître  évident, 
puisque  nous  savons  que  l'axe  cérébro-spi- 
nal se  montre  à  une  époque  tout-à-fait  pri- 
mitive chez  l'embryon,  mais  il  ne  reste  pas 
moins  démontré  que  le  développement  des 
nerfs  n'avait  point  été  arrêté  par  l'absence 
de  Taxe  nerveux  central,  qui,  selon  toute 
apparence,  avait  disparu  lorsqu'il  n'existait 
encore  que  dans  ses  éléments  histogéniques. 
Dans  des  embryons  d'Homme  ,  de  Chat,  de 
Lapin,  de  Brebis,  entièrement  privés  de  tête 
et  de  bulbe  rachidien,  M.  Serres  a   aperçu 
sur  le  cœur  les   petits   filets  nerveux  du 
pneumo  gastrique.  Chez  les  monstres  anen- 
céphales,  le  même  anatomiste  trouve  toujours 
les  nerfs  hypoglosses  et  glosso-pharyn^iens 
dans  la  langue  et  le  pharynx;  l'accessoire  de 
Willis,  dans  les  muscles  où  ce  nerf  se  mon- 
tre ordinairement.  Il  rencontre  aussi  le  nerf 
optique  dans  l'œil,  sans  communication  avec 
l'encéphale,  alors  que  celui-ci  est  encore 
fluide,  et  cette  observation  est  confirmée  par 
des  faits  analogues  rapportés  par  Morgagni 
et  Buitner.   D'ailleurs,  les  nerfs  latéraux  de 


la  tête  et  du  tronc  sont  les  premiers  formés, 
comme  l'attestent  encore  les  observations  de 
M.  Serres;  ils  ne  sont  en  aucune  façon  sous 
la  dépendance  de  la  moelle  ou  du  cerveau, 
et  ils  atteignent  leur  entier  développement 
avant  que  les  portions  centrales  aient  revêtu 
encore  leurs  premières  formes. 

La  conséquence  immédiate  de  tous  ces 
faits,  et  d'une  foule  d'autres  observations  que 
nous  ne  pouvons  rapporter  ici,  c'est  que  la 
formation  de  la  moelle  épinière  ne  dérive 
pas  du  cerveau;  que  l'axe  cérébro-spinal  n'est 
point  sous  la  dépendance  des  nerfs  périphé- 
riques, et  que  ceux-ci  ne  dépendent  pas  de 
l'axe  cérébro-spinal.  On  peut  aussi  conclure 
de  cette  indépendance  complète  des  parties  et 
de  leur  état  relatif,  que  le  développement  ne 
procède  pas  du  centre  à  la  circonférence; 
mais  est-on  en  droit  d'y  trouver  la  preuve 
que  le  développement  marche  de  la  circon- 
férence au  centre?  Nous  ne  le  croyons  pas. 
Si  l'on  entend  par  marche  du  développement 
l'irradiation  de  parties  qui  tirent  leur  ori- 
gine d'un  centre  d'évolution  où  elles  trouvent 
leur  cause  formatrice,  i!  est  clair  que  l'ob- 
servation ne  nous  montre  jamais  cette  espèce 
de  végétation,  suivant  laquelle  les  nerfs  pous- 
seraient de  la  périphérie  vers  le  centre,  pas 
plus  qu'elle  ne  nous  montre  ces  même  nerfs 
s'allongeant  du  centre  vers  la  périphérie.  Si  la 
marche  du  développement  n'est  au  contraire 
que  l'ordre  chronologique  suivant  lequel  se 
succèdent,  ou  plutôt  deviennent  apparentes 
len  parties  d'un  organe  ou  les  organes  d'un 
appareil,  nous  ne  pouvons  formuler  aucune 
loi,  en  nous  en  tenant  rigoureusement  aux 
faits  que  nous  donnent  nos  moyens  actuels 
d'observation.  En  effet,  admettons  que  l'ex- 
trémité périphérique  de  la  plupart  des  nerfs 
soit  celle  qui  se  montre  à  nos  yeux  la  pre- 
mière formée;  nous  voyons,  d'autre  part,  les 
nerfs  de  sensations  spéciales  se  montrer  ori- 
ginairement comme  des  prolongements  des 
cellules  encéphaliques.  Si  la  convergence  des 
côtés  du  tube  médullaire  sur  la  ligne  mé- 
diane peut,  jusqu'à  un  certain  point,  être 
considérée  comme  un  développement  centri- 
pète, ce  même  tube  ne  commence  - 1— il  pas  à 
se  compléter  vers  sa  partie  moyenne?  De 
toutes  les  parties  du  système  nerveux,  n'est- 
ce  pas,  en  outre,  le  cordon  de  la  moelle  qui  se 
montre  le  premier ,  quoiqu'il  atteigne  peut- 
être  plus  tard  le  terme  de  son  développement 


MAM 


MAM 


647 


complet?  Nous  ne  citerons  pas  ici  la  corde 
dorsale ,  qui  apparaît  toujours  simple  dans 
la  ligne  médiane;  la  formation  du  cœur,  qui 
résulte  du  contournement  d'un  canal  primi- 
tivement médian  et  unique;  le  développe- 
ment de  la  colonne  rachidienne,  dont  les 
vertèbres  se  montrent  d'abord  vers  la  région 
moyenne  du  rachis,  là  où  le  tube  médullaire 
commence  à  se  fermer.  Nous  indiquerons  tous 
ces  faits  en  passant  en  revue  les  principaux 
appareils.  D'ailleurs,  de  ce  que  deux  parties, 
situées  à  droite  et  à  gauche  de  la  ligne  mé- 
diane, se  rencontrent  ensuite  sur  cette  ligne, 
et  se  soudent  pour  constituer  un  organe  uni- 
que ,  il  ne  s'ensuit  pas  que  le  développement 
soit  essentiellement  centripète.  Nous  conce- 
vons très  bien  qu'autour  d'un  noyau  central, 
d'abord  formé  dans  chacune  de  ces  deux 
parties  isolées,  une  première  couche  se  dé- 
pose, puis  une  seconde,  et  ainsi  de  suite; 
que  le  nombre  croissant  de  ces  couches  aug- 
mente les  dimensions  de  ces  parties,  au  point 
qu'elles  deviennent  d'abord  tangentes,  se 
soudent  ensuite,  se  confondent  en  dernier 
lieu,  et  que  le  résultat  final  d'une  formation 
essentiellement  centrifuge  paraisse  être  un 
développement  centripète. 

Nous  concluons  donc  que  les  nerfs,  comme 
les  autres  organes,  naissent  partout,  mais  ne 
deviennent  perceptibles  qu'au  moment  où  la 
séparation  histologique  est  assez  avancée 
pour  qu'ils  se  distinguent  des  parties  voisines; 
que  cette  séparation  commence  tantôt  à  la 
périphérie,  et  tantôt  au  centre,  sans  que  pour 
cela  le  centre  ni  la  périphérie  soit  le  point 
de  départ  de  la  formation. 

La  conséquence  de  cette  vérité,  c'est  qu'un 
organe  périphérique  peut  être  bien  conformé, 
alors  que  le  centre  nerveux  est  encore  à  l'é- 
tat rudimentaire,  comme  le  démontrent  les 
observations  de  Morgagni  et  de  Butiner,  ci- 
tées plus  haut;  c'est  encore  qu'un  organe 
peut  se  former  sans  que  son  nerf  existe, 
comme  le  prouve  l'observation  de  Nuhn,  qui 
a  vu  l'appareil  auditif  d'un  sourd-muet  par- 
faitement développé,  bien  qu'il  n'y  eût  au- 
cune trace  de  nerf  auditif,  et  celle  de  Klin- 
kosch,  qui  a  trouvé  les  premiers  rudiments 
du  globe  oculaire  sans  nerf  optique  et  sans 
les  parties  principales  de  l'œil  ;  c'est  qu'enfin 
le  nerf  peut  se  montrer  sans  l'organe  auquel 
il  devait  se  distribuer,  comme  l'atteste  l'ob- 
servation de  Rudolphi,  qui  a  rencontré  le 


rudiment  du  nerf  optique  droit,  bien  que 
l'œil  de  ce  côté  manquât.  Sans  doute,  dans 
le  plus  grand  nombre  de  cas,  le  nerf  et  son 
organe  manquent  tous  deux,  puisque  la 
cause  qui  vient  troubler  le  départ  histogé- 
nique  d'où  l'un  et  l'autre  doivent  naître, 
agit  sur  la  masse  homogène  qui  contient 
l'un  et  l'autre  en  germe;  mais  on  s'est  trop 
hâté,  en  général,  de  rejeter  comme  fausses 
des  observations  qui  nous  montraient  l'in- 
dépendance primitive  des  diverses  parties  de 
l'organisme. 

L'erreur  qui  a  fait  croire  à  la  dépendance 
réciproque  des  parties  dans  les  premiers 
temps  de  la  vie  embryonnaire  est  venue, 
pour  beaucoup  d'observateurs,  de  ce  qu'ils 
ont  assimilé  la  vie  de  l'embryon  à  la  vie  de 
l'adulte,  et  qu'ils  ont  admis ,  pour  la  forma- 
tion du  premier,  les  mêmes  conditions  que 
pour  l'existence  du  second.  Cette  fausse  idée 
les  a  conduits  aussi  à  placer  dans  tel  ou  tel 
appareil,  système  nerveux,  système  de  la 
circulation,  et  autre,  la  cause  nécessaire  de 
la  formation  de  tous  les  organes.  Or,  tous 
les  faits  de  l'embryogénie  nous  prouvent 
que,  jusqu'à  une  certaine  époque  du  déve- 
loppement embryonnaire,  la  vie  est  en  quel- 
que sorte  diffuse,  qu'elle  n'est  point  liée  à 
l'action  une  et  déterminée  d'un  tout  dont  le 
jeu  dépend  de  l'harmonie  de  ses  détails;  si 
bien  que,  dans  de  certaines  limites  difficiles 
à  préciser,  l'embryon  peut  vivre,  c'est-à- 
dire  se  développer  sans  tête,  sans  cœur,  sans 
moelle  épinière,  bien  que  l'adulte  ne  puisse 
conserver  son  existence  sans  ces  parties  es- 
sentielles. Une  seule  force  préexiste  à  l'or- 
gane: c'est  la  fonction,  la  vie. 

Indépendantes  les  unes  des  autres  pen- 
dant la  formation  embryonnaire,  et  indé- 
pendantes aussi  de  tout  autre  appareil,  les 
diverses  parties  du  système  nerveux  se  re- 
lient ensuite  les  unes  aux  autres  pour  con- 
stituer un  ensemble  dans  lequel  la  physiolo- 
gie comprend,  chez  l'adulte,  l'unité  et  la 
réciprocité  d'action,  bien  mieux  que  l'ana- 
tomie  ne  démontre  la  continuité  des  fibres. 
Cependant,  sauf  quelques  points  encore  mal 
expliqués  et  d'une  observation  difficile,  cette 
continuité  a  été  reconnue  dans  toivte  l'éten- 
due de  l'axecérébro-spinal.  Les  fibres  nerveu- 
ses des  deux  faiceaux  qui  forment  la  moelle, 
et  dont  nous  avons  indiqué  plus  haut  la  po- 
sition, s'épanouissent  dans  l'encéphale  et  se 


G48 


MAM 


mettent  en  communication  avec  les  diverses 
parties  qui  le  composent,  soit  directement, 
soit  en  s'entre-croisant,  comme  cela  a  lieu 
dans  le  bulbe  rachidien  à  la  hauteur  des  py- 
ramides. Or,  comme  nous  le  savons,  les  ra- 
cines postérieures  des  nerfs  spinaux,  en 
rapport  avec  les  cordons  postérieurs  de  la 
moelle,  président  à  la  sensibilité,  tandis  que 
les  racines  antérieures  des  mêmes  nerfs,  en 
rapport  avec  les  cordons  antéro-latéraux, 
sont  consacrés  au  mouvement  ;  on  peut  donc 
pressentir  que  le  bulbe,  le  cervelet,  la  pro- 
tubérance, les  tubercules  quadrijumeaux,  les 
couches  optiques,  les  corps  striés,  les  lobes 
cérébraux,  c'est-à-dire  les  parties  constitu- 
tives de  l'encéphale ,  reçoivent  les  faisceaux 
sensitifs  et  les  faisceaux  moteurs  de  la  moelle 
épinière.  Nous  indiquerons  seulement  que 
c'est  d'après  les  rapports  des  nerfs  de  l'en- 
céphale avec  ces  faisceaux  qu'a  été  établie 
la  classification  des  nerfs  crâniens  telle  que 
nous  l'avons  donnée  plus  haut;  l'examen  du 
mode  de  distribution  des  fibres  de  la  moelle 
dans  l'encéphale  nous  entraînerait  hors  des 
limites  étroites  de  cet  article. 

Distribution  de  la  matière  blanche  et  de  la 
matière  grise. 

Mais  une  étude  indispensable  pour  l'intel- 
ligence de  la  constitution  même  du  centre 
nerveux,  est  celle  de  la  répartition  de  la  ma- 
tière grise  et  de  la  matière  blanche  dans  ses 
diverses  parties. 

Dans  la  moelle  épinière,  la  substance  grise 
est  placée  à  l'intérieur,  et  la  substance  blan- 
che forme  un  tube  cylindroïde  qui  enveloppe 
la  première  de  toutes  parts,  même  au  fond 
de  chaque  sillon  médian,  où  cependant  la 
couche  blanche  est  beaucoup  plus  mince, 
surtout  pour  le  sillon  postérieur.  La  colonne 
grise  est  creusée  du  canal  médullaire  qui 
s'ouvre  au  calamus  scriptorius,  point  où  dis- 
paraît la  substance  grise  elle  même.  Sa 
forme  n'est  pas  la  même  dans  toute  la  lon- 
gueur de  la  moelle,  comme  le  prouvent  des 
coupes  transversales  faites  à  différentes  hau- 
teurs. La  figure  la  plus  générale  que  donnent 
ces  coupes  peut  être  représentée  par  deux 
croissants  adossés  par  leur  partie  convexe 
et  unis  par  une  barre  transverse,  qui  n'est 
autre  chose  que  la  commissure  grise.  Les 
croissants  sont  dirigés  d'arrière  en  avant, 
de  sorte  qu'ils  ont  chacun  une  corne  dans  le 


MAM 

cordon  postérieur  et  une  dans  le  cordon  an- 
téro-latéral.  L'extrémité  de  ces  cornes  cor- 
respond aux  lignes  d'insertion  des  racines 
antérieures  et  postérieures  des  nerfs  rachi- 
diens,  et  semblent  même,  principalement 
sur  la  ligne  collatérale  postérieure,  entrer  en 
contact  avec  les  origines  de  ces  filets  ner- 
veux. 

Dans  l'encéphale,  la  substance  grise  est 
placée  à  l'extérieur  des  hémisphères  céré- 
braux et  cérébelleux,  et  doit  à  cette  situation 
le  nom  de  substance  corticale.  Mais  elle  est 
aussi  disséminée  dans  presque  toutes  les  par- 
ties, entre  les  différents  faisceaux  blancs; 
forme  des  noyaux  plus  ou  moins  volumineux 
dans  la  protubérance,  les  tubercules  quadri- 
jumeaux, la  glande  pinéale,  les  éminences 
mamillaires;  et  se  présente  en  masses  plus 
considérables  dans  les  corps  striés,  les  cou- 
ches optiques,  le  tubercule  cendré  et  Tin- 
fundibulum  qui  est  en  continuité  avec  ce 
dernier. 

Résumé  des  caractères  particuliers  du  système 
nerveux  des  Mammifères. 

Nous  avons  maintenant  passé  en  revue 
toutes  les  parties  qui  concourent  à  la  consti- 
tution du  système  nerveux  chez  les  Mammi- 
fères placentaires  ;  nous  en  résumerons  l'en- 
semble de  la  manière  suivante: 

L'axe  spinal  se  compose  de  deux  paires  de 
cordons,  une  postérieure  etuneantéro-laté- 
rale,  séparées  l'une  de  l'autre  par  la  ligne 
d'insertion  des  racines  postérieures  des  nerfs 
rachidiens.  Cet  axe  renferme  une  colonne  de 
substance  grise ,  qui  paraît  être  en  commu- 
nication avec  les  origines  des  nerfs  de  la  péri- 
phérie ,  et  ne  se  continue  pas  dans  l'encé- 
phale, du  moins  en  conservant  sa  forme. 

Les  cordons  blancs  de  la  moelle  se  sépa- 
rent à  la  hauteur  du  bulbe,  et  se  prolongent 
pour  constituer  les  différentes  parties  de 
l'encéphale.  Les  cordons  postérieurs  se  dis- 
tribuent surtout,  mais  non  exclusivement, 
au  cervelet;  les  cordons  antéro-latéraux  s'é- 
panouissent presque  entièrement  dans  le 
cerveau. 

Le  cervelet  présente  un  lobe  médian  et 
des  hémisphères  latéraux,  réunis  en  dessous 
par  la  protubérance  annulaire;  il  est  en 
communication  avec  les  diverses  parties  de 
l'encéphale  par  trois  pédoncules.  Le  lobe 
médian  se  voit  chez  tous  les  Vertébrés;  les 


MAIM 


MAM 


649 


hémisphères  latéraux  développés  donnent  au 
cervelet  des  Mammifères  un  caractère  tout 
spécial.  La  protubérance  annulaire  appar- 
tient en  propre  aux  Mammifères. 

Le  cerveau,  dont  les  pédoncules  provien- 
nent principalement  des  faisceaux  antéro- 
latéraux  qui  ont  passé  sous  le  pont  de  Va- 
role,  présente  quatre  organes  principaux  : 
tes  hémisphères,  sorte  d'irradiation  des  pé- 
doncules cérébraux,  les  corps  striés,  les 
couches  optiques,  et  les  tubercules  quadri- 
jumeaux.  Ces  derniers  corps  ont,  chez  les 
Mammifères,xce  caractère  tout  particulier  de 
:ie  point  être  creusés  de  ventricules.  C'est 
aussi  chez  les  Mammifères  seulement  qu'on 
trouve  dans  l'intérieur  des  corps  striés  des 
lignes  alternativement  blanches  et  grises. 

Des  parties  impaires  el  médianes  réunissent 
les  portions  gauche  et  droite  de  l'axe  céré- 
bro-spinal. Dans  la  moelle,  la  commissure 
antérieure,  ou  axe  médian  antérieur,  unit 
les  faisceaux  antéro-latéraux;  la  commissure 
postérieure,  ou  axe  médian  postérieur,  unit 
les  faisceaux  postérieurs.  Dans  l'encéphale, 
se  trouve  le  corps  calleux  entre  les  hémi- 
sphères; la  commissure  cérébrale  antérieure, 
entre  les  corps  striés;  la  commissure  céré- 
brale postérieure  et  aussi  la  commissure 
molle,  entre  les  couches  optiques.  Nous 
avons  dit  que  la  protubérance  annulaire 
peut  être  considérée  comme  la  commissure 
des  hémisphères  cérébelleux.  Le  corps  cal- 
leux appartient  exclusivement  aux  Mammi- 
fères placentaires,  et  entraîne  nécessaire- 
ment l'existence  de  la  cloison  transparente. 

De  l'axe  cérébro-spinal  ainsi  composé, 
naissent  des  nerfs  crâniens  et  des  nerfs  ra- 
chidiens.  Les  nerfs  crâniens  sont  au  nombre 
de  douze  paires.  Le  nombre  de  paires  des 
nerfs  rachidiens  varie  avec  le  nombre  des 
vertèbres.  Des  douze  paires  crâniennes,  trois 
sont  destinées  a  la  perception  des  sensations 
spéciales;  les  autres  appartiennent  à  la  sen- 
sibilité ou  au  mouvement.  Les  nerfs  rachi- 
diens ont  deux  racines:  une  sensitive  et 
une  motrice. 

A  ce  système  nerveux  cérébro-spinal,  se 
rattache  le  système  ganglionnaire,  qui  reçoit 
aussi  des  filets  sensitifs  et  des  filets  moteurs. 

L'intérieur  de  la  portion  centrale  du  sys- 
tème cérébro-spinal  est  creusé  de  cavités 
qui  sont  en  continuité  les  unes  avec  les  au- 
tres. Le  tube  médullaire  débouche  dans  le 
T.  vu. 


quatrième  ventricule;  celui-ci  communique, 
par  l'aqueduc  de  Sylvius,  avec  le  troisième 
ventricule  dans  lequel  s'ouvrent  les  ventri- 
cules latéraux  et  le  ventricule  de  la  cloison. 

Avant  de  constituer  l'ensemble  parfait  du 
système  nerveux  de  l'adulte,  toutes  les  par- 
ties que  nous  venons  de  nommer  parcourent 
des  phases  successives  d'évolutions  indépen- 
dantes, dont  nous  allons  aussi  présenter  l'a- 
brégé, en  indiquant  l'époque  où  chacune 
d'elles  apparaît  chez  l'embryon  humain. 

Primitivement,  l'axe  central  a  la  fora 
d'une  gouttière  dont  les  bords  convergea 
progressivement  vers  la  ligne  médiane  pos- 
térieure. Cette  gouttière  est  renflée  en  avant, 
apointie  en  arrière,  et  ne  tarde  pas  à  oflïi; 
trois  dilatations ,  trois  cellules  encépha- 
liques. De  la  première  naissent  les  hémi- 
sphères cérébraux  et  les  corps  striés;  de  !.. 
seconde,  les  couches  optiques  et  les  tuber 
cules  quadrijumeaux;  de  la  troisième,  lé 
cervelet  et  le  bulbe  rachidien. 

La  gouttière  de  l'axe  médullaire  est  cou- 
verte ,  dans  toute  sa  longueur,  par  la  pie 
mère,  dont  la  séparation  histogénique  a  lien 
de  très  bonne  heure.  On  peut  constate 
l'existence  de  la  dure-mère  au  deuxième 
mois;  celle  de  l'arachnoïde,  vers  le  cii; 
quième. 

A  la  fin  du  premier  mois,  l'embryon,  foi 
tement  courbé,  présente,  avec  les  trois  cel- 
lules encéphaliques,  des  rudiments  de  l'œil 
et  de  la  vésicule  auditive.  Les  tubercule . 
quadrijumeaux,  plus  volumineux  que  les 
autres  masses  encéphaliques,  forment  le 
vertex  très  élevé  de  la  tête.  La  gouttière 
médullaire  a  commencé  à  se  clore  à  peu 
près  à  la  hauteur  de  la  région  thoracique. 

Le  travail  de  formation  est  fort  actif  pen- 
dantle  deuxième  mois,  etdes  différences  con- 
sidérables se  prononcent  chaque  semaine; 
néanmoins,  la  gouttière  ne  se  ferme  pas  en- 
core complètement,  et  la  substance  grise 
n'existe  pas;  elle  n'apparaît  que  vers  le 
sixième  mois.  —  Dans  la  cinquième  semaine, 
les  hémisphères  encore  petits  se  développent  ; 
on  aperçoit  les  rudiments  des  corps  striés. 
Les  tubercules  quadrijumeaux  s'élèvent  en- 
core en  un  vertex  conique.  —  Dans  la  sixième 
semaine,  le  front  se  bombe  par  l'agrandis- 
sement des  héînisphères  ;  la  moelle  épiniére 
descend  jusque  dans  le  coccyx,  où  elle  se  ter- 
mine en  pointe  mousse:  les  tubercules  qua* 

82 


C50 


3VIAM 


MAM 


drijumeaux  forment  deux  demi-sphères,  au- 
dessous  desquelles  passent  les  pédoncules 
eérébraux.  Les  couches  optiques  et  les  corps 
striés  ont  pris  plus  de  croissance,  et  sont  re- 
couverts en  avant  par  les  hémisphères.  Les 
lames  du  cervelet  ne  sont  pas  encore  réunies. 
—  Dans  la  septième  et  dans  la  huitième  se- 
maine, le  vertex  formé  par  les  tubercules 
quadrijumeaux  diminue,  et  le  volume  de  ces 
tubercules  se  subordonne  à  celui  des  hémi- 
sphères. La  pie-mère  s'enfonce  encore  dans 
la  scissure  longitudinale  postérieure  de  la 
moelle. 

Dans  le  troisième  mois  ,  le  cervelet  est 
formé  de  la  réunion  de  ses  lames  médul- 
laires; on  découvre  ses  pédoncules  supé- 
rieurs. Les  hémisphères  cérébraux  se  sont 
avancés  au-dessus  des  corps  striés  et  des 
couches  optiques,  et  laissent  encore  à  dé- 
couvert, les  tubercules  quadrijumeaux.  Les 
premières  traces  de  circonvolutions  s'aper- 
çoivent, ainsi  que  celles  du  corps  calleux, 
des  eminences  mamillaires  et  de  la  glande 
pituitaire.  La  moelle  présente  les  renfle- 
ments de  ses  bulbes  ;  elle  ne  se  termine  pas 
encore  en  queue  de  cheval. 

C'est  au  quatrième  mois  que  les  fibres  de- 
viennent reconnaissables  ,  que  la  protubé- 
rance annulaire  se  forme,  que  le  cervelet 
prend  son  corps  rhomboïdal,  et  que  se  mon- 
tre la  glande  pinéale. 

Au  cinquième  mois,  les  tubercules  qua- 
drijumeaux sont  tout-à-fait  couverts  par  les 
hémisphères  qui  s'étendent  aussi  un  peu  sur 
le  cervelet.  La  cloison  transparente  est  ten- 
due entre  les  ventricules  latéraux.  Le  cer- 
velet commence  à  présenter  des  sillons.  La 
moelle  a  quitté  le  sacrum. 

Pendant  le  sixième  et  le  septième  mois  , 
la  queue  de  Cheval  se  forme;  la  substance 
grise  se  montre;  les  hémisphères  couvrent 
d'abord  entièrement  les  tubercules  quadri- 
jumeaux, puis  le  cervelet.  Le  développement 
de  l'axe  cérébro-spinal  est  complet. 

Est-il  vrai  qu'il  y  ait  dans  le  développe- 
ment, que  nous  venons  de  suivre  pas  à  pas, 
un  état  transitoire,  image  d'un  état  perma- 
nent du  système  nerveux  des  vertébrés  in- 
férieurs ;  et,  pour  comparer  le  Mammifère  le 
plus  élevé  avec  les  derniers  vertébrés,  est-il 
vrai  que  le  système  nerveux  de  l'Homme 
corresponde,  par  une  de  ses  phases  embryon- 
naires, à  l'état  parfait  du  système  nerveux  des 


Poissons?  Cet  état  transitoire  serait-il  celui 
de  la  fin  du  premier  mois?  Mais  l'embryon  de 
l'Homme  à  cette  époque  est  fortement  courbé 
dans  la  cavité  de  la  vésicule  blastodermique, 
comme  nous  l'avons  déjà  répété,  tandis  que 
l'embryon  de  Poisson  se  continue  avec  le 
plan  de  cette  vésicule  ;  de  plus,  les  lames  du 
cervelet  ne  se  sont  point  rapprochées  chez  le 
premier,  la  moelle  épinière  est  ouverte,  elle 
ne  commence  à  se  compléter  qu'à  sa  portion 
moyenne ,  et  l'on  ne  voit  ni  substance  grise, 
ni  fibres;  tandis  que  le  cervelet  est  bien 
formé  chez  le  second,  sa  moelle  épinière  est 
close,  la  substance  grise  est  partout  présente 
aussi  bien  que  les  fibres.  La  comparaison 
devient-elle  possible  dans  la  période  de  dé- 
veloppement du  second  mois?  Encore  moins. 
Plus  nous  avançons  dans  la  vie  embryonnaire, 
plus  le  cachet  propre  du  type  s'empreint  dans 
l'organisation,  plus  le  Mammifère  s'éloigne 
du  Poisson. En  effet,  outre  l'existence  du  ver- 
tex si  caractéristique  formé  par  les  tubercu- 
les quadrijumeaux,  la  clôture  imparfaite  du 
cervelet,  la  scissure  postérieure  de  la  moelle 
épinière  ,  et  l'absence  des  fibres  etde  la  sub- 
stance grise,  nous  venons  de  voir  que,  chez 
le  Mammifère,  les  hémisphères  se  dévelop- 
pentantérieurement,etcommencent  à  s'éten- 
dre d'avant  en  arrière  sur  les  corps  striés  et 
les  couches  optiques;  or,  suivant  les  partisans 
de  l'opinion  que  nous  combattons  ici,  il  n'y  a 
pas  de  corps  striés  chez  le  Poisson,  et  c'est 
seulement  chez  quelques  Poissons  cartilagi- 
neux qu'on  a  trouvé  des  traces  de  couches  op- 
tiques. D'ailleurs,  les  lobes  du  cerveau  des 
Poissons  qu'on  assimile  aux  hémisphères 
sont  des  masses  solides  et  sans  ventricule, 
tandis  que  les  hémisphères  des  Mammifères 
sont  essentiellement  et  primitivement  creux. 
Nous  ne  pousserons  pas  ce  parallèle  jus- 
que dans  les  mois  suivants;  le  progrès  des 
hémisphères  en  arrière  ,  la  formation  du 
corps  calleux,  la  disposition  des  organes» 
toutes  les  parties  enfin  ,  nous  offrent  des  ca- 
ractères tellement  spéciaux  ,  que  tout  rap- 
prochement est  impossible. 

Ainsi,  à  chacune  des  périodes  de  son  déve- 
loppement, le  système  nerveux  des  Mammi- 
fères présente  des  caractères  particuliers  qui 
constituent  un  ensemble  propre  au  type, 
et  ne  donnent  à  aucun  moment  l'image  du 
système  nerveux  d'une  autre  classe.  Sans 
doute  le  développement  de  certaines  parties 


MAM 


IMAM 


G51 


considérées  isolément  a  lieu  de  la  même  ma- 
nière; ainsi,  les  tubercules  quadrijumeaux 
sont  d'abord  doubles  chez  les  Mammifères, 
comme  ils  le  sont  chez  les  Poissons  ;  les  émi- 
nences  mamillaires,  avant  de  se  scinder  chez 
les  premiers',  forment  une  masse  unique 
comme  chez  les  seconds.  Mais  ce  sont  là  des 
conséquences  des  mêmes  lois  de  formation , 
qui  ne  sauraient  constituer  des. termes  de 
développement  primitif  parallèles  ,  encore 
moins  des  identités,  comme  le  démontrent 
les  rapprochements  que  nous  venons  de  faire, 
et  que  nous  pourrions  multiplier  encore.  Ce 
n'est  guère  qu'au  début  même  de  la  forma- 
lion  du  tube  médullaire  et  des  cellules  encé- 
phaliques ,  que  le  système  nerveux  du  Mam- 
mifère pourrait  être  comparé  au  système 
nerveux  du  Poisson  :  l'un  et  l'autre  offrent 
alors  les  traits  les  plus  simples  et  les  plus  gé- 
néraux du  type  Vertébré  ;  mais  cette  analogie 
ne  dépasse  pas  celle  que  tous  les  animaux  de 
ce  type  ont  entre  eux.  Encore  faudrait-il  ne 
pas  tenir  compte  des  caractères  profonds 
par  lesquels  les  allantoïdiens  se  distinguent 
des  anallantoïdicns,  et  oublier  cette  cour- 
bure particulière  que  ne  subit  jamais  l'en- 
céphale de  l'embryon  du  Poisson. 

Constitué  suivant  le  plan  commun  que 
nous  avons  essayé  de  faire  comprendre,  le 
cerveau  des  Mammifères  placentaires  offre 
cependant  des  différences  importantes,  qui 
vont  nous  servir  à  caractériser  des  groupes 
particuliers  dans  les  groupes  d'un  ordre  su- 
périeur que  nous  avons  établis ,  suivant 
M.  Milne  Edwards,  d'après  la  conGguration 
du  placenta.  Ces  différences  dépendent  prin- 
cipalement du  volume  relatif  des  parties 
encéphaliques,  de  l'extension  plus  ou  moins 
considérable  des  hémisphères  cérébraux  au- 
dessus  des  organes  postérieurs,  de  la  présence 
ou  de  l'absence  des  circonvolutions  céré- 
brales. 

C'est  à  tort  qu'on  a  voulu  trouver  le 
moyen  d'apprécier  le  développement  de  l'in- 
telligence par  les  résultats  de  pondérations 
diverses,  qui  ont  eu  pour  but  d'établir  une 
proportion  entre  l'encéphale  et  le  corps  en- 
tier, entre  le  cerveau  et  le  cervelet,  entre  le 
cerveau  et  le  bulbe  rachidien.  Les  faits  dé- 
mentent une  pareille  assertion.  En  effet,  il 
est  impossible  de  comparer  le  poids  de  l'en- 
céphale à  celui  du  corps;  l'âge,  la  santé, 
l'état  de  maigreur  ou  d'embonpoint  de  celui- 


ci,  et  beaucoup  d'autres  circonstances,  font 
varier  considérablement  son  poids ,  tandis 
que  celui  de  l'encéphale  demeure  le  même; 
d'ailleurs,  même  d'après  ce  mode  imparfait 
d'appréciation,  les  Mulots  l'emporteraient 
sur  l'Homme,  le  Lapin  sur  le  Renard,  etc. 
La  comparaison  du  poids  du  cervelet  avec 
celui  du  cerveau  ,  place  l'Homme  à  côté  du 
Bœuf  et  au-dessous  du  Saimiri  ;  celle  du  cer- 
veau avec  le  bulbe  rachidien  donne  le  pre- 
mier rang  au  Dauphin,  et  le  second  à 
l'Homme. 

Le  nombre,  l'étendue,  le  relief  des  cir- 
convolutions ne  sauraient  non  plus,  à  nos 
yeux,  servir  de  moyen  d'appréciation  pour 
le  développement  intellectuel.  La  comparai- 
son attentive  du  cerveau  d'un  Papion  avec 
celui  de  l'Homme,  ne  nous  a  jamais  présenté 
des  différences  aussi  considérables  que  celles 
qu'on  a  signalées  ;  et  d'ailleurs,  ces  différen- 
ces fussent-elles  aussi  profondes  qu'elles 
nous  semblent  légères,  il  resterait  encore 
à  nous  expliquer  la  valeur  et  le  sens  d'un 
tel  caractère  comme  signe  du  développe- 
ment de  l'intelligence.  Au  point  de  vue  de 
l'anatomie  comparée,  l'étude  des  circonvo- 
lutions est  des  plus  curieuses ,  et  elle  a  déjà 
donné  des  résultats  pleins  d'intérêt  dans 
la  main  des  hommes  habiles  qui  s'y  sont  li- 
vrés; mais  elles  ne  nous  paraît  pas  capable 
de  fournir  les  éléments  mathématiques  de 
l'estimation  de  l'intelligence.  Une  sembla- 
ble appréciation  ne  peut  être  obtenue  que 
par  la  physiologie,  si  toutefois  il  nous  est 
donné  de  l'obtenir.  Ainsi,  en  raisonnant 
d'après  les  expériences  nombreuses  sur  les 
facultés  actives  des  différentes  parties  du 
corps,  nous  savons  qu'un  organe  manifeste 
sa  vie  avec  d'autant  plus  d'énergie  et  qu'il  a 
en  quelque  sorte  une  initiative  d'autant 
plus  marquée,  qu'il  est  soumis  plus  immé- 
diatement à  l'action  du  sang  et  parcouru 
par  un  plus  grand  nombre  de  branches  ar- 
térielles. Or,  il  résulte  des  belles  observa- 
tions de  M.  Natalis  Guillot  que  la  matière, 
grise  du  cerveau  reçoit  une  quantité  innom- 
brable de  ramifications  des  artères,  dont  les 
extrémités  se  terminent  dans  les  masses  dif- 
férentes de  cette  matière  même  ,  tandis  que 
la  substance  blanche  est  presque  dépourvue 
de  ces  vaisseaux.  De  plus,  le  nombre  croissant 
de  ces  artères  encéphaliques  est  indépendant 
de  l'épaisseur  de  la  couche  corticale.  Dans  la 


652 


MAM 


cerveau  du  Cheval  et  dans  celui  du  Mouton, 
par  exemple,  la  matière  grise  est  plus  con- 
sidérable que  dans  le  cerveau  de  l'Homme; 
mais  les  vaisseaux  artériels  sont  multipliés 
à  l'infini  dans  la  substance  grise  de  ce  der- 
nier ,  comparativement  aux  premiers  ,  et 
comparativement  à  l'encéphale  des  autres 
Mammifères.  Si  nous  ajoutons  à  ces  considé- 
rations celles  que  nous  fournissent  la  science 
pathologique  et  les  expériences  de  physiolo- 
gie, nous  croyons  qu'on  pourra  conclure  avec 
nous  que  la  vie  de  l'encéphale  réside  essen- 
tiellement dans  la  matière  grise,  et  que  l'in- 
tensité de  cette  vie,  mesurée  par  le  nombre 
des  ramifications  artérielles,  est  liée  d'une 
manière  très  intime  avec  le  développement 
mystérieux  de  l'intelligence.  La  substance 
blanche  ne  paraît  être  que  la  matière  de 
support,  le  substratum  de  la  matière  grise. 
Aussi  il  nous  semble  que  pour  connaître  la 
constitution  du  système  nerveux,  avant  de 
raisonner  sur  son  influence,  il  faut  surtout 
s'attacher  à  étudier  les  différentes  disposi- 
tions de  la  matière  grise ,  et  les  rapports  des 
origines  des  nerfs  avec  cette  matière.  L'a 
natomie  et  l'embryogénie  doivent  unir  leurs 
efforts  pour  atteindre  ce  but. 

Bien  que  l'encéphale  des  Mammifères  ne 
soit  pas  encore  complètement  connu  à  ce 
point  de  vue,  il  présente  néanmoins,  dans 
sa  configuration ,  des  particularités  remar- 
quables, qui  sont  sans  doute  en  rapport 
avec  sa  constitution  et  son  rôle,  et  qui  ca- 
ractérisent certains  ordres.  L'examen  de  ces 
particularités  dans  chacun  des  trois  groupes 
de  Mammifères  que  nous  avons  établis  d'a- 
près la  nature  du  placenta ,  nous  montrera 
que  les  animaux  atteignent  à  des  états  plus 
ou  moins  avancés  de  développement,  indices 
de  leurs  affinités. 

Dans  le  groupe  des  Mammifères  à  pla- 
centa discoïde,  nous  pouvons  établir  deux 
catégories ,  distinguées  par  la  présence  ou 
l'absence  de  circonvolutions ,  et  par  le  déve- 
loppement des  hémisphères  cérébraux.  Dans 
la  première  se  placent  les  Bimanes  et  les 
Quadrumanes,  qui  nous  ont  déjà  présenté 
des  points  de  rapprochement  très  remarqua- 
1  blés  dans  l'étude  des  vésicules  appendicu- 
laires  primitives  de  l'œuf;  dans  la  seconde 
se  rangent  les  Chéiroptères,  les  Insecti- 
vores et  les  Rongeurs,  qui  nous  ont  aussi 
offert,  sous  le  même  rapport ,  des  caractères 


MAM 

d'affinité.  Chez  l'Homme  et  chez  les  Singes 
la  forme  générale  du  cerveau  est  ovalaire; 
chaque  hémisphère  présente  deux  lobes ,  sé- 
parés l'un  de  l'autre  par  un  sillon  qui  con- 
tourne l'hémisphère,  et  qu'on  nomme  sets- 
sure  de  Sylvius.  La  masse  du  second  lobe  se 
prolonge  en  arrière  au-dessus  des  parties  pos- 
térieures de  l'encéphale;  et  c'est  à  cette  por- 
tion, qui  ne  représente  qu'un  développement 
plus  considérable  du  second  lobe,  que  les 
anatomistes  ont  donné  le  nom  de  lobe  posté- 
rieur, bien  qu'aucune  limite  ne  le  distingue 
réellement  de  la  portion  antérieure  qu'on 
a  appelée  lobe  moyen.  A  l'existence  de  ce 
développement  postérieur  du  second  lobe  , 
se  rattache  celle  de  la  cavité  digitale  qui  le 
creuse  et  forme  un  enfoncement  dans  les 
ventricules  latéraux.  Dans  le  groupe  qui 
nous  occupe,  les  lobes  sont  relevés  de  cir- 
convolutions plus  ou  moins  nombreuses. 
Quelques  exceptions  peuvent  à  peine  être 
citées ,  et  encore  elles  ne  portent  jamais  à 
la  fois  sur  le  développement  du  second  lobe 
et  sur  les  circonvolutions.  Ainsi,  le  déve- 
loppement du  second  lobe  manque  chez  les 
Makis,  de  façon  à  laisser  à  découvert  une 
grande  partie  du  cervelet,  mais  on  trouve 
des  circonvolutions  ;  ainsi ,  les  Ouistitis  et 
leGalago  manquent  de  circonvolutions,  mais 
ils  présentent  le  développement  postérieur 
du  second  lobe.  D'ailleurs  ces  exceptions 
mêmes  sont  des  caractères  qui  indiquent  les 
affinités  des  animaux  de  la  première  caté- 
gorie avec  les  animaux  de  la  seconde.  Chez 
ces  derniers,  Chéiroptères,  Insectivores  et 
Rongeurs,  le  cerveau  se  rétrécit  en  avant, 
et  devient  cordiforme  ou  triangulaire.  Il 
n'existe  plus  de  développement  postérieur  du 
second  lobe,  par  conséquent  plus  de  cavité 
digitale  ;  les  hémisphères  laissent  le  cervelet 
plus  ou  moins  visible,  et  même,  dans  cer- 
taines Chauves-Souris,  découvrent  les  tuber- 
cules quadrijumeaux.  De  plus,  la  surface 
des  hémisphères  est  entièrement  lisse,  ou  ne 
présente  que  de  légères  dépressions. 

Chez  tous  les  Mammifères  à  placenta  zo- 
naire  ,  les  hémisphères  sont  marqués  de  cir- 
convolutions ;  les  différences  qu'ils  présen- 
tent, dépendent  de  leur  forme  et  de  leur 
étendue  au-dessus  du  cervelet.  Les  Carni- 
vores ont  un  cerveau  de  forme  ovalaire, 
dont  la  partie  antérieure  et  moyenne  a  pris 
un  développement  plus  considérable,  et  les 


MAM 


MAjM 


653 


hémisphères  ne  recouvrent  ie  cerveau  qu'en 
partie.  Chez  les  Amphibiens,  le  couioux  du 
cerveau  est  circulaire,  le  cervelet  est  pres- 
que entièrement  caché  par  les  hémisphères, 
et  les  circonvolutions  deviennent  extrême- 
ment nombreuses  et  sinueuses.  La  Loutre, 
parmi  les  Carnivores,  se  rapproche  beau- 
coup du  Phoque  par  la  configuration  de  son 
cerveau,  et  établit  ainsi  un  lien  entre  les 
deux  groupes  de  Mammifères  à  placenta  zo- 
naire.  Remarquons  ici  que  le  Daman,  dont 
le  placenta  est  zonaire,  et  qui  semble  le  re- 
présentant des  Pachydermes  dans  ce  groupe, 
a  un  cerveau  de  forme  ovale ,  mais  élargi 
en  arrière  comme  celui  des  Pachydermes  et 
marqué  de  circonvolutions. 

Deux  catégories  peuvent  aussi  être  établies 
dans  le  groupe  des  Mammifères  à  placenta 
diffus.  La  première  comprend  les  Cétacés, 
les  Pachydermes,  les  Solipèdes  et  les  Ru- 
minants, dont  le  cerveau  présente  des  cir- 
convolutions et  un  contour  arrondi.  Les 
animaux  qui  composent  les  trois  derniers 
ordres  ont  le  cerveau  ovalaire,  plus  large 
eu  arrière  qu'en  avant,  et  laissant  le  cerve- 
let en  grande  partie  découvert.  Les  Cétacés 
se  font  remarquer  par  la  forme  ronde  de 
leur  cerveau  ,  qui  devient  chez  le  Dauphin 
presque  du  double  plus  large  que  long;  par 
l'épaisseur  et  le  prolongement  de  leurs  hé- 
misphères qui  recouvrent  le  cervelet;  par 
leurs  circonvolutions  extrêmement  nom- 
breuses et  profondes ,  et  qui  rappellent  celles 
des  Bimanes.  Il  est  extrêmement  intéressant 
de  voir  que  ces  conditions  de  l'encéphale  des 
animaux  aquatiques  appartenant  au  groupe 
des  Mammifères  à  placenta  diffus,  corres- 
pondent à  des  conditions  identiques  de  l'en- 
céphale des  animaux  aquatiques  du  groupe 
des  Mammifères  à  placenta  zonaire.  Les 
Édentés  forment  la  seconde  catégorie,  et 
se  caractérisent  par  le  contour  anguleux  de 
leur  cerveau  ,  qui  est  triangulaire  chez  les 
Tatous,  les  Fourmiliers  et  autres,  ou  qua- 
drilatère allongé  chez  l'Unau,  et  par  l'ab- 
sence presque  complète  de  circonvolutions. 

Nous  n'entrons  pas  ici  dans  les  détails 
des  différences  que  les  parties  intérieures  du 
cerveau  peuvent  présenter  ,  parce  qu'elles 
sont,  au  fond,  peu  importantes,  et  varient 
«l'espèce  à  espèce;  nous  avons  d'ailleurs 
indiqué  les  principales  en  parlant  de  ces 
parties.  En  examinant  les  nerfs  qui  naissent 


de  la  face  inférieure  du  cerveau ,  et  qui  se 
distribuent  aux  différents  organes  des  sens, 
nous  aurons  l'occasion  de  signaler  encore 
quelques  particularités. 

Organes  des  s*ens  chez  les  Mammifères; 
distribution  des  nerfs. 

En  classant  précédemment  les  nerfs  céré- 
braux ,  nous  avons  dit  que  trois  d'entre  eux 
doivent  être  considérés  comme  constituant 
un  groupe  particulier,  à  cause  de  leur  mode 
de  formation ,  et  nous  avons  vu  que  les  ob- 
servations anatomiques  et  expérimentales 
confirment  cette  distinction.  Ces  trois  nerfs 
de  sensations  spéciales  sont  Y  optique,  qui  se 
distribue  à  l'œil;  V auditif,  qui  se  distribue 
à  l'oreille;  Volfactif,  qui  se  distribue  à  l'or- 
gane de  l'odorat.  On  sait  que  chacun  de  ces 
organes  reçoit  aussi  un  rameau  du  nerf  tri- 
jumeau, et  que  plusieurs  anatomistes  ont 
considéré  ce  rameau  comme  un  nerf  acces- 
soire qui  pouvait  suppléer  le  nerf  propre  ou 
principal.  Le  concours  de  ces  deux  ordres  de 
nerfs  serait  même  nécessaire  ,  suivant  cer- 
tains observateurs,  pour  que  la  fonction  spé- 
ciale s'exerçât  dans  sa  plénitude.  La  doctrine 
de  la  transposition  des  sens  repose  sur  quel- 
ques faits  qu'on  s'est  trop  hâté  de  tenir  pour 
certains,  comme  l'absence  de  nerfs  optiques 
chez  les  Taupes ,  de  nerfs  olfactifs  chez  les 
Cétacés,  de  nerfs  auditifs  chez  les  Poissons. 
D'un  autre  côté  ,  en  attribuant  la  perte  im- 
médiate de  la  vue  ,  de  l'ouïe  ou  de  l'odorat 
à  la  section  de  la  branche  du  trijumeau,  qui 
se  distribue  à  chacun  des  organes  de  ces  sens, 
on  a  considéré  comme  principal  le  phéno- 
mène secondaire,  et  l'on  n'a  pas  vu  que  l'abo- 
lition du  sens  est  consécutive  aux  altérations 
qui  surviennent  dans  ses  parties,  au  trouble 
de  leurs  actes  nutritifs  et  sécrétoires.  De 
toutes  les  expériences  physiologiques  qui  ont 
rapporta  ce  sujet,  et  qu'on  a  de  la  sorte 
mal  interprétées ,  il  résulte  que  le  nerf  tri- 
jumeau a  un  rôle  fort  important ,  mais  non 
un  rôle  de  nerf  spécial,  dans  la  vision  ,  l'au- 
dition et  l'olfaction. 

C'est  par  l'étude  des  trois  appareils  sen- 
soriels supérieurs  que  nous  allons  commen- 
cer :  l'histoire  de  leur  développement  les 
rattache  immédiatement  à  l'encéphale.  Nous 
dirons  ensuite  quelques  mots  du  goût  et  du 
toucher. 

De  la  vue.  —  L'étude  du  développement 


654 


MAM 


IMAM 


des  cellules  cérébrales  nous  a  appris  déjà 
que  deux  petites  dilations  se  montrent  pri- 
mitivement sur  le  côté  de  la  portion  anté- 
rieure de  la  seconde  cellule  primitive,  c'est- 
à-dire  sur  le  côté  du  cerveau  intermédiaire 
d'où  naissent  les  couches  optiques.  Ces  deux 
petites  exsertions  creuses ,  s'allongent  peu 
â  peu;  leur  portion  antérieure,  arrondie  et 
volumineuse  ,  formera  ,  par  une  séparation 
histologique  ,  la  rétine,  la  choroïde  et  la 
sclérotique;  leur  portion  postérieure,  cylin- 
drique, donnera  naissance  au  nerf  optique, 
qui,  d'abord  creux  comme  la  vésicule  à 
laquelle  il  aboutit,  met  celle-ci  en  commu- 
nication avec  le  cerveau.  Par  le  développe- 
ment d'une  masse  nerveuse  et  la  formation 
des  fibres,  les  tubes  des  nerfs  optiques  s'em- 
plissent, deviennent  solides,  et  font  corps 
avec  la  rétine ,  qui  semble  en  être  un  épa- 
nouissement vésiculeux.  Au  devant  de  cette 
vésicule  de  la  rétine ,  les  téguments  de  la 
tête  s'avancent  sous  la  forme  d'un  enfonce- 
ment en  cul-de-sac,  dont  le  sommet  ren- 
contre d'abord  la  surface  convexe  de  la  vé- 
sicule, la  repousse  devant  lui,  et  s'enchâsse 
enQn  dans  le  sinus  qu'il  s'est  ainsi  creusé. 
La  paroi  de  la  vésicule,  refoulée  de  la  sorte 
sur  elle-même  d'avant  en  arrière,  se  replie 
à  la  façon  des  séreuses  ,  et  deux  feuillets  se 
trouvent  ainsi  formés  ;  l'interne  ,  celui  qui 
s'est  réfléchi,  devient  la  rétine;  l'externe  est 
la  membrane  de  Jacob.  La  dépression  sacci- 
forme  que  nous  venons  de  décrire,  et  qui 
reste  d'abord  ouverte  en  avant ,  s'étrangle 
peu  à  peu  à  son  ouverture,  et  finit  par  se 
détacher  des  téguments.  Enfermée  dans  l'œil, 
elle  forme  la  capsule  du  cristallin  ,  dans  la- 
quelle se  développe  le  cristallin  lui-même. 
Entre  la  rétine  et  la  capsule  du  cristallin , 
la  portion  du  liquide  primitivement  contenu 
dans  la  saillie  vésiculeuse  de  l'œil  se  trans- 
forme en  corps  vitré,  qui  se  revêt  d'une  fine 
tunique  ,  la  membrane  hyaloïde.  Il  est  clair 
que  le  corps  vitré  est  d'autant  plus  petit  que 
l'embryon  est  plus  jeune.  La  partie  anté- 
rieure du  globe  oculaire  ,  dont  l'occlusion  a 
iieu  de  la  manière  que  nous  venons  de  dé- 
crire, est  transparente  ,  et  forme  la  cornée. 
11  résulte  de  ce  mode  de  développement  que 
le  cristallin  conserve  d'abord  des  rapports 
intimes  avec  la  cornée,  et  ne  s'en  éloigne 
que  progressivement. 

A  mesure  que   la  capsule  du  cristallin 


quitte  ainsi  la  face  interne  de  îa  cornée 
pour  se  porter  plus  en  dedans  ,  elle  est  dé- 
passée tout  à  son  pourtour  par  une  mem- 
brane quia  enveloppé  la  rétine,  et  dont  les 
bords  se  courbent  légèrement  au-devant  de 
la  capsule  elle-même  ,  sans  cependant  en- 
vahir jamais  sa  surface;  cette  membrane  est 
la  choroïde;  le  voile  annulaire  qu'elle  en- 
voie entre  la  cornée  et  le  cristallin  porte  le 
nom  d'uvée;  il  est  percé  dans  son  milieu  du 
trou  de  la  pupille.  Sur  ce  repli  antérieur  se 
place  Viris ,  dont  le  développement  a  lieu 
plus  tard,  et  qui  n'est  sans  doute  qu'un  pro- 
longement immédiat  de  la  choroïde.  L'iris , 
comme  l'uvée  sur  laquelle  il  s'applique, 
forme  un  anneau  étroit,  transparent,  inco- 
lore ,  et  est  aussi  percé  du  trou  pupillaire; 
plus  tard,  sa  face  postérieure,  l'uvée,  prend 
une  couche  de  pigment,  aussi  bien  que  la 
choroïde  elle-même,  et  l'iris  lui-même  se  co- 
lore diversement;  il  est  le  plus  souvent  brun 
ou  d'un  fauve  foncé.  Le  voile  formé  par  l'iris 
distingue  la  chambre  antérieure  de  la  cham- 
bre postérieure  de  l'œil,  toutes  deux  remplies 
par  l'humeur  aqueuse.  La  lame  interne  de 
la  choroïde  ,  à  la  surface  de  laquelle  surtout 
repose  le  pigment,  est  d'un  tissu  plus  ferme 
et  porte  le  nom  de  ruischienne.  Peu  visible 
chez  l'Homme,  les  Singes  et  les  petits  Mam- 
mifères ,  la  ruischienne  devient  très  appa- 
rente chez  les  grands  animaux,  et  notam- 
ment chez  la  Baleine.  Au  bord  antérieur  de 
la  choroïde ,  sur  les  points  où  cette  mem- 
brane entoure  la  capsule  du  cristallin  ,  se 
montrent  dé  petits  plis  ,  les  procès  ciliaires, 
dont  la  couronne  se  complète  peu  à  peu  ; 
leurs  bords  libres,  légèrement  dentelés  en 
général ,  se  découpent  en  franges  chez  les 
grands  Mammifères,  comme  le  Rhinocéros, 
le  Cheval,  le  Bœuf,  la  Baleine.  Ces  procès 
ciliaires  ne  sont  que  les  extrémités  de  petites 
îames  formées  par  les  plis  qui  se  prononcent 
ensuite  plus  haut  dans  la  choroïde,  et  dont 
l'ensemble  constitue  le  corps  ciliaire. 

De  la  portion  périphérique  de  la  vésicule 
oculaire  se  forme  enfin  la  tunique  la  plus 
externe  de  l'œil ,  la  sclérotique ,  qui  s'unit 
en  avant  et  se  continue  avec  la  cornée;  une 
ligne  indique  dans  les  premiers  temps  la 
limite  de  ces  deux  segments  de  la  sphère 
oculaire,  et  s'efface  plus  tard  sans  que  ce- 
pendant on  cesse  de  pouvoir  la  distinguer. 
L'union  de  ces  deux  calottes  extérieures  de 


MAM 


MAM 


655 


l'œil  se  fait  de  plusieurs  manières  :  tantôt , 
comme  cher  la  Baleine  et  le  Rhinocéros, 
leurs  bords,  restant  droits,  se  pénètrent  ré- 
ciproquement; tantôt ,  comme  chez  le  Liè- 
vre et  le  Phoque,  le  bord  de  la  sclérotique 
forme  une  rainure  dans  laquelle  s'enchâsse 
le  bord  de  la  cornée;  tantôt  enfin  ,  comme 
c'est  le  cas  pour  l'Homme  ,  le  Bœuf  et  la 
plupart  des  Mammifères ,  ces  bords  sont 
taillés  en  biseau,  et  celui  de  la  cornée  s'ap- 
plique sous  celui  de  la  sclérotique.  L'épais- 
seur de  la  sclérotique  est  considérable; 
mais  chez  aucun  Mammifère  elle  n'atteint 
celle  qu'on  observe  chez  les  Cétacés ,  et 
principalement  chez  la  Baleine,  où  sa  struc- 
ture fibro-cellulaire  est  évidente  sans  au- 
cune préparation.  La  choroïde  tapisse  inté- 
rieurement toute  la  concavité  de  la  scléro- 
tique, et  à  leur  partie  antérieure  et  voisine 
de  la  cornée,  ces  deux  tuniques  s'unissent 
plus  intimement  au  moyen  d'un  cercle  cel- 
lulaire, comme  cotonneux,  nommé  cercle 
ou  ligament  ciliaire. 

Entre  la  sclérotique  et  la  choroïde  se  dé- 
veloppe plus  tard  une  mince  membrane, 
beaucoup  plus  apparente  chez  l'embryon  que 
chez  l'adulte,  et  qu'on  regarde  généralement 
comme  formée  de  deux  feuillets,  dont  la 
partie  postérieure  a  reçu  le  nom  de  lamina 
fusca  scleroticœ ,  et  l'antérieure  celui  de 
membrane  de  l'humeur  aqueuse,  de  Wrisberg, 
de  Descemel ,  de  Demours.  Beaucoup  d'ana- 
tomistes  considèrent  cette  formation  comme 
une  arachnoïde  oculaire,  analogue  à  l'a- 
rachnoïde cérébrale  ;  la  sclérotique  serait 
l'analogue  de  la  dure-mère  ;  la  choroïde,  de 
la  pie-mcre  ;  la  rétine  représenterait  la  sub- 
stance cérébrale. 

La  formation  du  globe  de  l'œil  n'est  pas 
présentée  ,  par  tous  les  embryologistes ,  dé 
la  manière  que  nous  venons  de  le  faire. 
Bischoff,  entre  autres ,  n'est  pas  disposé  à 
admettre  l'invagination  des  téguments  d'où 
naît  la  capsule  du  cristallin,  et  considère 
toutes  les  parties  de  l'œil  comme  dérivées 
de  séparations  histologiques  dans  la  vésicule 
oculaire  elle-même. 

11  existe  aussi,  chez  tous  les  embryons  de 
Vertébrés,  à  l'angle  interne  et  inférieur  de 
l'œil ,  une  ligne  incolore  dontla  nature  et  le 
mode  de  formation  ne  sont  pas  expliqués  de 
la  même  manière  par  tous  les  observateurs. 
Le  plus  grand  nombre  d'auteurs  la  consi- 


dèrent comme  une  fente ,  et  c'est  sous  le  nom 
de  fente  choroidienne  que  ce  phénomène  est 
désigné  généralement.  Elle  intéresse  à  la  fois 
la  sclérotique,  la  rétine,  la  choroïde,  et 
par  conséquent  l'iris,  que  nous  considérons 
comme  un  prolongement  de  cette  dernière 
tunique.  Mais  les  avis  ont  été  parages  sur 
l'origine  de  cette  fente. 

Walther,  croyant  que  l'œil,  comme  d'au- 
tres organes,  se  compose  de  deux  moitiés 
d'abord  distinctes ,  puis  confondues ,  re- 
garde la  fente  choroidienne  comme  la  der- 
nière trace  de  la  séparation  primitive  ,  opi- 
nion que  l'observation  a  depuis  longtemps 
renversée.  Huschke  ,  trompé  sans  doute  par 
le  rapprochement  des  deux  vésicules  oculai- 
res qui  est  dû  à  la  courbure  du  cerveau,  con- 
sidère les  deux  globes  des  yeux  comme  ré- 
sultant de  la  division  d'un  germe  unique,  et 
trouve  dans  la  ligne  de  séparation  des  deux 
globes  l'origine  de  la  fente  choroidienne. 
Nous  venons  d'indiquer  la  cause  probable  de 
l'erreur  de  Huschke  ;  l'observation  la  plus 
attentive  nous  montre  les  vésicules  oculaires 
primitivement  distinctes. 

11  nous  semble  beaucoup  plus  rationnel 
d'expliquer  la  formation  de  cette  fente  par 
la  formation  même  de  l'œil.  En  effet,  le 
prolongement  des  téguments,  destiné  à  for- 
mer la  capsule  du  cristallin,  ne  s'allonge  pas 
dans  l'axe  même  de  la  vésicule  oculaire, 
mais  bien  sur  la  ligne  médiane  inférieure, 
de  manière  à  produire  un  petit  sillon  longi- 
tudinal, dont  les  bords  sont  formés  par  les 
plis  des  membranes  qu'il  refoule.  Suivant 
cette  explication,  la  fente  choroidienne  ne 
serait  autre  chose  que  le  bâillement  de  ces 
bords.  Le  coloboma  de  l'iris  ne  serait  qu'un 
arrêt  de  développement  dans  cette  période 
de  formation. 

Baër  ne  croit  pas  à  l'existence  d'une  fente, 
d'une  solution  de  continuité;  il  soutient  que 
la  rétine  forme  en  cet  endroitun  pli  au-des- 
sous duquel  passe  la  choroïde  sans  s'y  engager 
et  sans  prendre  de  pigment  ;  la  tache  jaune 
et  le  trou  central  qu'on  observe  sur  la  rétine 
de  l'Homme  et  des  Singes  seraient  les  débris 
de  ce  pli  primitif.  Chez  les  Oiseaux,  au  con- 
traire, le  choroïde  s'engagerait  dans  ce  pli 
de  la  rétine,  et  formerait  le  peigne,  qu'on 
ne  trouve  pas  chez  les  Mammifères.  Bischoff, 
qui  n'admet  pas  non  plus  une  véritable  fente, 
pense  qu'au  moment  où  le  pédicule  creux 


656 


MAM 


MAM 


d'où  naît  le  nerf  optique,  se  sépare  de  la  vé- 
sicule, ses  deux  bords  s'affaissent  l'un  sur 
l'autre  latéralement  et  dessinent  de  la  sorte 
une  ligne;  le  pigment  ne  se  dépose  pas  d'a- 
bord sur  cette  ligne  d'insertion  du  nerf  op- 
tique; mais  lorsque  cette  insertion  se  dé- 
place, et  est  portée  en  arrière  par  le  progrès 
du  développement,  le  pigment  a  continué  de 
se  déposer  d'avant  en  arrière  dans  la  choroïde, 
et  la  ligne  blanche  a  de  la  sorte  disparu. L'ex- 
plication que  nous  avons  adoptée  nous  paraît 
être  la  plus  probable. 

Un  phénomène  propre  à  l'œil  des  Mam- 
mifères et  de  l'Homme  est  l'existence,  pen- 
dant la  vie  fœtale,  de  deux  membranes 
vasculaires  d'une  grande  finesse,  dont  les 
vaisseaux'sont  en  communication  avec  ceux 
de  l'iris  et  entre  eux.  L'une,  appliquée  sur 
la  face  antérieure  de  l'iris,  clôt  la  pupille  et 
est  nommée  membrane  pupillaire  ;  l'autre 
appliquée  sur  la  face  postérieure  du  cristal- 
lin, dépasse  la  capsule,  traverse  la  chambre 
postérieure  et  va  rejoindre  la  membrane 
pupillaire;  elle  est  désignée  sous  le  nom  de 
membrane  capsulo  -pupillaire.  Primitive- 
ment, quand  la  capsule  du  cristallin  était  en 
contact  avec  la  cornée,  ces  deux  membranes 
en  formaient  probablement  une  seule  conti- 
nue, qui  enveloppait  toute  la  capsule,  et 
constituait  le  sac  capsulo-pupillaire.  La 
capsule,  en  s'enfonçant  vers  l'intérieur  de 
l'œil,  s'appliqua  sur  la  paroi  postérieure  de 
ce  sac;  puis,  quand  la  choroïde  émit  son 
voile  circulaire  de  la  périphérie  vers  le 
centre  du  globe  oculaire  ,  et  que  l'iris  se 
forma,  la  membrane  du  sac  capsulo-pupil- 
laire fut  repliée  sur  elle-même;  la  partie 
antérieure,  restée  adhérente  à  l'iris,  se  déta- 
cha de  la  partie  postérieure  et  constitua  la 
membiane  pupillaire;  la  partie  postérieure, 
traversant  la  chambre  postérieure  et  acco- 
lée à  la  capsule  du  cristallin  ,  devient  la 
membrane  capsulo-pupillaire.  L'iris  est  dé- 
barrassé de  ce  voile  à  une  époque  plus  ou 
moins  avancée,  selon  les  individus;  on  l'a 
trouvé  encore  à  la  naissance. 

Primitivement,  en  raison  même  de  leur 
mode  de  formation ,  les  yeux  sont  situés  la- 
téralement; mais  chez  l'Homme  elles  Qua- 
drumanes, ils  prennent  peu  à  peu  une  autre 
direction  et  se  portent  en  avant;  chez  ces 
derniers  même  ils  se  rapprochent  davan- 
tage de  la  ligne  médiane,  et  le  Tarsier  est 


celui  chez  lequel  ils  sont  le  plus  rapprochés. 
Dans  les  autres  ordres  ,  ils  restent  latéraux, 
et  s'écartent  même  de  plus  en  plus  l'un  de 
l'autre,  ce  qui  tient  probablement  au  plus 
grand  développement  de  la  face  en  avant; 
chez  les  Cétacés,  ils  se  dirigent  un  peu 
en  bas. 

Le  globe  oculaire  de  tous  les  Mammifères 
présente  dans  sa  formation  les  phéno- 
mènes que  nous  venons  de  décrire ,  il  se 
compose  essentiellement  chez  tous  des  mê- 
mes parties  ;  on  rencontre  néanmoins  chez 
les  adultes  quelques  particularités  que  nous 
allons  signaler  avant  de  parler  du  nerf  op- 
tique. 

En  général ,  les  yeux  sont  proportionnel- 
lement plus  gros  chez  les  Mammifères  noc- 
turnes, et  leur  pupille ,  en  se  contractant 
sous  l'influence  de  la  lumière,  prend  ordi- 
nairement la  forme  d'une  fente,  au  lieu  de 
rester  circulaire.  Les  Chéiroptères  ne  peu- 
vent pas  être  considérés  comme  une  excep- 
tion à  cette  loi  ;  car  c'est  par  le  sens  du  tou- 
cher, et  non  par  la  vue,  qu'ils  semblent  se 
diriger  pendant  l'obscurité.  Chez  les  Mam- 
mifères que  leur  vie  souterraine  condamne 
à  une  obscurité  complète ,  les  yeux  devien- 
nent, au  contraire,  extrêmement  petits  et 
rudimentaires,  comme  chez  les  Taupes,  les 
Musaraignes  , etc. Ceuxqui, comme  l'Homme, 
se  tiennent  à  la  surface  de  la  terre,  ont  le 
globe  oculaire  presque  sphérique;  la  cornée 
forme  cependant,  en  général  J|ine  légère  sail- 
lie au  devant  de  la  sclérotique,  parce  qu'elle 
représente  un  segment  appartenant  à  une 
sphère  d'un  plus  petit  rayon.  Cette  différence 
s'efface  chez  plusieurs  Rongeurs,  le  Castor, 
le  Porc-Épic ,  etc.  Chez  les  Cétacés,  la  cornée 
s'aplatit  à  peu  près  comme  chez  les  Poissons  ;\ 
mais  le  cristallin  devient  plus  sphérique  que? 
chez  les  Mammifères  terrestres  :  disposition) 
que  rend  nécessaire  le  besoin  d'une  réfrin-; 
gence  plus  considérable,  et  qui  dépend  duj 
milieu  dans  lequel  vit  l'animal  ;  aussi  le  ren- 
contre-t-on  chez  les  Phoques,  qui  ont  l'habi- 
tude de  plonger. 

Le  pigment  qui  recouvre  la  ruïschienne 
ne  se  dépose  souvent  sur  le  fond  qu'en  cou- 
che extrêmement  légère  ,  et  laisse  voir  ainsi 
la  couleur  de  la  membrane  comme  une  sorte 
de  tache  diversement  colorée,  et  nommée 
tapis.  Cette  tache,  dont  on  ignore  l'usage, 
ne  s'observe  que  chez  les  Mammifères.  Pla- 


MAiU 


MAM 


657 


cée  au  fond  de  l'œil ,  sur  le  côté  opposé  à 
celui  où  s'implante  le  nerf  optique,  elle  est 
souvent  très  éclatante;  et  c'est  la  réflexion 
«le  la  lumière  extérieure  sur  le  tapis  qui  pro- 
duit cet  éclat  particulier  aux  yeux  de  cer- 
tains Mammifères,  et  notamment  du  Chat, 
quand  ils  sont  placés  dans  une  demi-obscu- 
rité. Le  tapis  est  de  couleur  sombre ,  brun  , 
noirâtre  ou  chocolat,  chez  l'Homme,  les 
Blaireaux,  les  Singes,  les  Rongeurs;  il  est 
vivement  coloré  chez  les  Carnivores,  les 
Ruminants,  les  Pachydermes,  les  Cétacés. 
Blanc  bordé  de  bleu,  chez  le  Chien,  le 
Loup,  le  Blaireau,  il  est  d'un  jaune  doré 
pâle,  chez  les  Felis,  l'Ours,  le  Dauphin,  et 
se  rapproche  en  général  du  vert  et  du  bleu 
argenté  chatoyants. 

Nous  avons  vu  comment  se  forme  le  nerf 
optique;  nous  savons  qu'il  se  rattache  pri- 
mitivement à  la  seconde  cellule  cérébrale. 
Mais  par  suite  du  développement  successif  de 
cette  cellule  il  prend  des  connexions  particu- 
lières, et  son  origine  à  la  base  du  cerveau 
est  un  point  assez  difûcile  à  établir.  Primi- 
tivement, quand  les  corps  géniculés  ne  sont 
point  encore  développés,  on  voit  les  nerfs 
optiques  dans  l'intérieur  des  tubercules  qua- 
«Jrijumeaux;  puis,  lorsque  les  couches  op- 
tiques ont  acquis  leur  développement,  ces 
nerfs  sont  en  rapport,  par  une  racine  plus 
grosse  ,  avec  le  corps  genouillé  externe ,  et , 
par  une  racine  plus  grêle,  avec  le  corps  ge- 
nouillé interne.  Les  nerfs  optiques  ont  donc 
leur  origine  dans  les  tubercules  quadriju- 
ineaux  et  dans  les  couches  optiques ,  princi- 
palement dans  les  nates  et  les  corps  genouillés 
externes.  On  sait  que  le  nerf  optique  d'un 
côté ,  s'unit  au  nerf  optique  de  l'autre  côté , 
pour  former  le  chiasma  qui  repose  sur  le  sphé- 
noïde, en  avant  de  la  glande  pituitaire;  cha- 
cun d'eux  embrasse  ainsi  le  tuber  cincreum, 
dont  il  reçoit  quelques  filets  radiculaires; 
traversant  le  trou  optique,  il  va  percer  la 
sclérotique  et  s'épanouit  dans  la  rétine. 

Quelques  anatomistes  ont  pensé  que  le 
nerf  optique  manque  à  certains  Mammi- 
fères, la  Taupe,  le  Rat-Taupe  du  Cap,  la 
Chrysochlore  du  Cap ,  la  Musaraigne  ,  le 
Zemni ,  et  ils  ont  supposé  que  la  branche 
ophihalmique  et  les  rameaux  orbitaires  du 
trijumeau  le  remplacen,.  Nous  avons  déjà 
dit  ce  qu'il  faut  penser  de  l'action  du  nerf  tri- 
jumeau comme  nerf  spécial  ;  quant  à  l'exis- 
T.  vu. 


tence  d'un  nerf  optique  chez  les  Mammifères 
que  nous  venons  de  nommer,  elle  a  été  at- 
testée par  un  grand  nombre  d'observateurs, 
Carus,  Tréviranus,  Gall,  Dugès  ,  Muller, 
MM.  de  Blainville,  Longet,  et  autres. 

L'insertion  du  nerf  optique  varie  un  peu  : 
chez  presque  tous  les  Mammifères,  et  prin- 
cipalement chez  les  Ruminants  et  les  Soîi 
pèdes,  il  se  place  tout-à-fait  en  bas  et  en 
dehors;  dans  l'Homme  et  les  Singes ,  il  pé-  j 
nètre  le  globe  oculaire  à  sa  partie  posté- 
rieure interne  et  un  peu  inférieure;  dans 
les  Felis  et  le  Phoque  ,  il  s'insère  presqu'au 
centre 

En  suivant  le  développement  du  globe 
oculaire,  nous  avons  vu  que  jusqu'ici  il  reste 
libre  ;  la  peau  qui  passe  à  plat  sur  sa  par- 
tie antérieure  ,  s'amincit  peu  à  peu  en  même 
temps  qu'elle  devient  plus  transparente,  et 
forme  la  conjonctive.  Bientôt  se  montrent  en 
haut  et  en  bas  deux  bourrelets  qui  se  déve- 
loppent en  replis  cutanés  et  deviennent  les 
paupières;  ces  replis  envahissent  progressi- 
vement toute  la  surface  antérieure  de  l'œil, 
se  rencontrent  et  s'unissent  ensemble.  Cette 
adhérence  des  paupières  est  plus  complète 
chez  les  animaux  que  chez  l'Homme  ;  et  l'on 
trouve  même  une  espèce  de  Rat,  le  Zemni 
(mus  lyphlus) ,  chez  lequel  cet  état  primor- 
dial persiste,  si  bien  que  son  œil,  extrê- 
mement petit,  est  caché  tout-à-fait  par  la 
peau  qui  se  couvre  de  poils  en  cet  endroit 
comme  ailleurs.  Dans  l'angle  interne  des  pau- 
pières, on  voit,  chez  l'Homme  et  les  Quadru- 
manes, un  petit  repli  en  forme  de  croissant, 
indice  d'une  troisième  paupière  qui  se  déve- 
loppe davantage  chez  d'autres  Mammifères, 
surtout  chez  les  Ruminants,  les  Pachyder- 
mes, les  Édcntés ,  sans  pouvoir  cependant 
jamais  jouer  indépendamment  de  ï'œil. 
Les  Cétacés  ne  présentent  aucun  vestige  de 
ce  troisième  voile  palpébral;  et  leurs  deux 
paupières  sont  tellement  épaissies  par  la 
graisse,  qu'elles  demeurent  presque  immo- 
biles. L'union  primitive  des  paupières  dis- 
paraît plus  ou  moins  vite,  suivant  les  es- 
'  pèces;  on  sait,  en  effet,  que  certains  ani- 
maux naissent  les  yeux  ouverts  ,  tandis  que 
d'autres  naissent  les  yeux  fermés.  Les  cils 
se  forment  à  des  époques  différentes. 

Le  globe  de  l'œil  ,  appuyé  dans  l'orbite 
sur  une  couche  de  graisse  qui  lui  sert  de 
coussinet,  est  mis  en  mouvement  par  des 

83 


658 


MAM 


MA3M 


muscles  obliques  et  des  muscles  droits.  Les 
premiers  sont  au  nombre  de  deux  chez  tous 
les  Mammifères  ;  les  seconds  sont  au  nombre 
de  quatre  chez  l'Homme  et  les  Singes.  Dans 
les  autres  ordres,  on  voit  un  cinquième 
muscle  droit,  le  suspenseur  ou  choanoïde , 
dont  quelques  anatomistes  trouvent  des  tra- 
ces même  chez  les  Quadrumanes,  et  qui  se 
divise  en  deux  chez  les  Rhinocéros,  en  qua- 
tre chez  les  Carnassiers  et  les  Cétacés.  Dans 
l'embryon  ,  les  muscles  droits  deviennent  vi- 
sibles avant  les  muscles  obliques.  Ces  mus- 
cles reçoivent  leurs  filets  moteurs  du  nerf 
moteur  oculaire  commun,  du  pathétique, 
et  du  moteur  oculaire  externe. 

On  connaît  mal  le  mode  de  formation 
de  la  glande  lacrymale  ;  peut-être  son  dé- 
veloppement la  rattache-t-il  à  la  cavité  pha- 
ryngienne. Cette  glande  acquiert  un  grand 
volume  chez  les  Lièvres  ;  elle  se  subdivise 
en  deux  ou  trois  portions  chez  les  Rumi- 
nants; chez  les  Cétacés,  elle  est  remplacée 
par  des  lacunes  d'où  s'échappe  une  humeur 
mucilagineuse.  Plusieurs  Mammifères,  les 
Ruminants,  les  Carnassiers,  les  Pachyder- 
mes, les  Lièvres,  les  Paresseux,  etc.,  pos- 
sèdent une  glande  particulière  qui  manque 
à  l'Homme,  et  qu'on  nomme  glande  de 
Harderus;  elle  est  située  à  l'angle  nasal,  et 
verse  sous  la  troisième  paupière  une  hu- 
meur épaisse  et  blanchâtre. 

De  l'ouïe.  — L'oreille  des  Mammifères  est 
composée  de  deux  portions  distinctes  :  l'une, 
fondamentale,  dans  laquelle  se  distribue  les 
nerfs  de  l'audition  ;  l'autre,  complémentaire, 
destinée  à  recueillir  et  à  renforcer  les  sons. 
La  première  est  l'oreille  interne  ou  le  laby- 
rinthe; la  seconde  se  compose  de  l'oreille 
moyenne  ou  caisse,  et  de  l'oreille  externe. 
La  première  se  développe  tout-à-fait  indé- 
pendamment de  la  seconde,  et  suivant  le 
type  primitif  des  organes  de  sensation  spé- 
ciale, comme  nous  Talions  voir.  La  forma- 
tion de  la  seconde  se  rattache  aux  évolutions 
des  parties  que  nous  avons  déjà  indiquées 
sous  le  nom  d'arcs  branchiaux  ou  viscéraux; 
nous  en  parlerons  plus  loin  en  examinant  le 
développement  de  la  face  et  du  crâne. 

Suivant  le  même  mode  de  formation  que 
l'œil,  mais  après  ce  dernier  organe,  le  laby- 
rinthe se  montre  d'abord  comme  une  saillie 
vésiculeuse  des  cellules  cérébrales,  entre  la 
cellule  cérébelleuse  et  la  cellule  encéphali- 


que postérieure.  Cette  vésicule,  communi- 
quant primitivement  avec  la  cavité  médul- 
laire par  une  large  ouverture,  s'allonge  peu 
à  peu  et  s'effile  ensuite  à  sa  partie  postérieure 
en  un  pédicule  d'abord  creux,  puis  solide. 
Ce  pédicule  produit  le  nerf  auditif;  la  por- 
tion vésiculeuse  devient  le  labyrinthe. 

Au-dessous  de  cette  vésicule,  et  bientôt 
autour  d'elle,  se  montre  une  capsule  qui 
s'est  progressivement  formée  et  qui  s'étend 
peu  à  peu  jusqu'au  point  où  la  vésicule  se 
continue  avec  l'encéphale.  Les  parois  de  cette 
enveloppe  deviennent  épaisses ,  et  sont  les 
parties  du  système  osseux  qui  se  cartilagi- 
niûent  et  s'ossifient  les  premières  ;  elles 
constituent  alors  le  rocher  qui,  par  consé- 
quent, est  d'abord  indépendant  du  tempo- 
ral. Elles  donnent  aussi  naissance  au  laby- 
rinthe osseux  en  s'en  roulant  successivement 
autour  de  toutes  les  parties  nées  de  la  vési- 
cule ,  qui  n'est  elle-même  que  le  labyrinthe 
membraneux. 

Cette  vésiculelabyrinthique,  d'abord  sphé- 
roïdale,  prend  ensuite  la  forme  d'un  triangle, 
dont  les  côtés  se  renflent  en  plis  convexes; 
les  parois  de  ces  plis  se  rapprochent  par  leurs 
bords,  se  soudent,  et  constituent  ainsi  des 
canaux  qui,  à  leur  partie  moyenne,  se  sépa- 
rent partiellement  du  corps  même  du  trian- 
gle, tout  en  restant  en  communication  avec 
lui  par  leurs  extrémités.  Le  corps  vésiculeux 
du  triangle  forme  alors  le  vestibule;  les  ca- 
naux qui  s'y  abouchent  sont  les  canaux  semi- 
circulaires  qui,  d'abord  courts,  larges  et  ap- 
pliquées sur  les  parois  du  vestibule,  s'en 
éloignent  peu  à  peu,  et  se  rétrécissent  dans 
leur  milieu,  en  même  temps  qu'ils  se  ren- 
flent à  leur  orifice,  de  manière  à  former  les 
ampoules.  Les  canaux  semi -circulaires  sont 
au  nombre  de  trois  chez  les  Mammifères, 
comme  chez  les  autres  Vertébrés  à  l'excep- 
tion des  derniers  Cartilagineux;  on  les  dis- 
tingue, d'après  leur  situation  relative,  en 
vertical  supérieur,  vertical  inférieur,  et  ho- 
rizontal ;  les  deux  premiers  se  rapprochent 
par  une  de  leurs  extrémités  et  se  confondent 
dans  une  ouverture  commune  ;  de  sorte  qu'on 
ne  trouve  que  cinq  orifices  dans  le  vestibule 
au  lieu  de  six.  Dans  la  pulpe  du  vestibule  se 
trouvent  de  petites  concrétions  calcaires, 
cristallines ,  analogues  aux  otolithes  et  aux 
otoconies  que  l'on  rencontre  chez  les  Pois- 
sons. 


MAM 

Cette  première  période  du  développement 
de  l'oreille  interne  s'observe  chez  tous  les 
Vertébrés  ,  et  est  en  quelque  sorte  le  point 
de  départ  commun  pour  la  formation  de  l'or- 
gane auditifdans  tous  les  embryons  de  ce  type. 
Ce  n'est  pas  à  dire  quelle  soit,  chez  le  Mam- 
mifère, l'image  transitoire  d'un  état  perma- 
nent chez  le  Poisson;  car  si  le  labyrinthe 
du   premier  présente   originairement   une 
ressemblance  avec  le  labyrinthe  du  second, 
et  en  général  avec  celui  des  Anallantoïdiens, 
cette  ressemblance  ne  va  pas  au-delà  d'une 
analogie  de  type,  et  n'empêche  pas  que  des 
caractères   distinctifs  ne  se  prononcent  en 
même  temps  de  manière  à  indiquer  la  dif- 
férence des  classes.  Tels  sont  l'ossification 
rapide  du  rocher,  la  formation  d'une  ouver- 
ture, la  fenêtre  ovale,  par  laquelle  le  vesti- 
bule communique  avec  l'oreille  interne  ;  tels 
sont  encore  les  phénomènes  que  présente  si- 
multanément le  développement  des  autres 
parties  de  l'organe  auditif,  et  que  nous  exa- 
minerons plus  loin;  telle  est  surtout  la  for- 
mation d'une  vésicule  cochléenne,  contem- 
poraine de  l'apparition  des  canaux  semi-cir- 
culaires, et  qui  ne  peut  se  rencontrer  chez 
les  Poissons ,  puisque  ces  animaux  n'ont 
point  de  limaçon.  De  plus,  bien  que  le  laby- 
rinthe des  Poissons  soit  au  fond ,  et  d'une 
manière  tout-à-fait  générale  ,  analogue  au 
labyrinthe    primitif   des  Mammifères ,    il 
prend  aussi  des  caractères  propres  que  ne 
présente  pas  ce  dernier.  La  seule  consé- 
quence que  la  physiologie  comparée  puisse 
tirer  du  rapprochement  du  labyrinthe  des 
Poissons  de  celui  des  Mammifères,  c'est  que 
l'existence  d'un  vestibule  et  de  canaux  plus 
ou  moins  développés  est  la  condition  de  l'au- 
dition chez  les  Vertébfés;  cette  condition  se 
simplifie  chez  les  animaux  des  autres  types, 
et  arrive  même  à  ne  plus  consister  que  dans 
l'existence  d'une  pulpe  mobile  et  tremblo- 
tante. 

Nous  venons  de  dire  qu'à  l'époque  où  les 
canaux  semi-circulaires  commencent  à  se 
former,  se  montre  aussi  la  vésicule  co- 
chléenne,  d'où  naît  le  limaçon.  En  effet, 
cette  partie  du  labyrinthe  est  produite  par 
une  dilatation  de  la  vésicule  vestibulaire  : 
les  parois  de  cette  dilatation  vésiculiforme 
deviennent  plus  épaisses,  et  se  creusent,  de 
dedans  en  dehors,  d'un  sillon  profond  qui 
l'élève  en  spirale;  les  bords  de  ce  sillon  se 


MAM 


6,9 


rapprochent  peu  à  peu,  et,  quand  ils  se 
sont  soudés,  représentent  de  la  sorte  un 
axe  autour  duquel  semblent  s'être  enroulées 
les  circonvolutions  d'un  tube  spiral.  Un  pli 
qui  ne  tarde  pas  à  devenir  une  cloison  com- 
plète, se  forme  dans  toute  la  longueur  du 
tube  ainsi  constitué.  Une  lame,  fournie  par 
la  capsule  osseuse  qui  environne  le  laby- 
rinthe membraneux  ,  s'est  enfoncée  dans  ce 
pli ,  et  la  cavité  du  limaçon  se  trouve  ainsi 
divisée  en  deux  rampes ,  dont  l'une  vient 
s'ouvrir  dans  le  vestibule,  et  communique, 
par  conséquent,  avec  la  caisse  au  moyen  de 
la  fenêtre  ovale;  tandis  que  l'autre  s'ouvre 
directement  dans  la  caisse  par  la  fenêtre 
ronde,  au-dessous  d'une  saillie  de  la  caisse 
nommée  promontoire;  la  fenêtre  ovale  est 
située  au-dessus.  Cette  constitution  du  lima- 
çon est  propre  aux  Mammifères;  la  partie 
du  labyrinthe  qui  porte  ce  nom  chez  les  Oi- 
seaux et  les  Reptiles  proprement  dits ,  n'est 
guère  qu'un  cornet  partagé  en  deux  loge? 
par  une  cloison  ,  et  dont  nous  ne  retrouvon 
l'analogue  à  aucune  période  connue  du  dé 
veloppement  du  limaçon  des  Mammifères. 

C'est  du  pourtour  de  la  fenêtre  ronde  que 
l'ossification  commence;  elle  se  continue  en 
suite  dans  les  canaux  semi-circulaires.  Un 
point  osseux  apparaît  d'abord  au  canal  ver- 
tical supérieur,  d'où  l'ossification  marche  en 
arrière  et  en  bas  pour  former  le  plancher  du 
labyrinthe;  un  autre  point  se  montre  au 
canal  vertical  inférieur,  et  l'ossification  s'é- 
tendant  sur  !a  face  interne  du  rocher,  pro- 
duit le  plancher  du  limaçon.  Le  canal  ho- 
rizontal s'ossifie  ensuite,  par  l'envahisse- 
ment de  l'ossification  émanée  du  premier  et 
du  second  point  osseux. 

Cette  ossification  du  rocher  atteint  son 
maximum  de  dureté  chez  les  Cétacés,  dans 
lesquels  il  ne  s'articule  pas  avec  les  os  du 
crâne,  mais  reste  suspendu  par  des  ligaments 
à  une  voûte  formée  sous  l'occipital.  Chez  les 
Taupes  au  contraire  et  les  Chauves-Souris, 
diverses  parties  du  labyrinthe  se  montrent 
libres  et  visibles  dans  l'intérieur  du  crâne  , 
sans  être  enveloppées  par  le  rocher.  Du 
reste,  chez  tous  les  Mammifères  ,  le  laby- 
rinthe communique  avec  le  crâne  par  deux 
canaux,  nommés  aqueducs,  qui  ont  leur 
orifice,  l'un  dans  le  vestibule,  l'autre  dans 
le  limaçon  ;  ils  sont  très  larges  dans  le  Dau- 
phin spécialement. 


cco 


MAM 


Chez  le  plus  grand  nombre  de  Mammifè- 
res ,  le  limaçon  fait  deux  tours  et  demi, 
comme  celui  de  l'Homme;  il  en  fait  trois  et 
demi  chez  les  Chauves-Souris  et  quelques 
Rongeurs,  tels  que  le  Cabiai,  le  Cochon 
d'Inde  ,  le  Porc-Épic.  C'est  chez  les  Cétacés 
qu'il  atteint  les  plus  grandes  proportions  ,  et 
cette  circonstance  ,  jointe  à  ce  qu'il  s'en- 
roule dans  un  même  plan  ,  et  à  la  constitu- 
tion particulière  du  rocher,  distingue  le  la- 
byrinthe de  ces  animaux  de  celui  des  autres 
Mammifères ,  de  même  que  leur  oreille 
moyenne  prend  aussi  des  caractères  particu- 
liers ,  comme  nous  le  verrons  en  examinant 
cette  portion  de  l'organe  auditif.  En  outre, 
si  l'on  rapproche  cette  indépendance  du  ro- 
cher de  son  mode  de  formation ,  on  en 
pourra  tirer  la  conséquence  que  cet  os  doit 
être  considéré  comme  une  pièce  osseuse  spé- 
ciale, qui  ne  fait  pas  essentiellement  partie 
du  crâne,  mais  appartient  à  l'organe  audi- 
tif, et  se  met  seulement  en  connexion  avec 
la  boîte  crânienne  d'une  manière  variable. 

Le  pédicule  primitif,  qui  rattachait  à  l'en- 
céphale la  vésicule  auditive  dont  nous  venons 
de  suivre  les  transformations,  s'est  cepen- 
dant converti  en  nerf  auditif,  qui  a  pris  ses 
connexions  définitives.  Ce  nerf  paraît  naî- 
tre, dans  l'épaisseur  de  la  substance  grise 
qui  revêt  la  face  postérieure  du  bulbe  rachi- 
dien  ,  par  deux  racines  ;  l'une  élargie  en  ru- 
ban et  grisâtre,  l'autre  arrondie  et  plus 
dense.  Ces  deux  racines  embrassent  le  corps 
restiforme  et  s'unissent  en  un  tronc  qui  se 
creuse  d'une  gouttière  pour  recevoir  le  nerf 
facial.  Des  fibres  blanches,  en  nombre  va- 
riable, et  qui  se  voient  sur  le  plancher  du 
quatrième  ventricule ,  ont  des  rapports  dou- 
teux avec  l'origine  du  nerf  auditif.  Arrivé 
dans  le  conduit  auditif  interne  ,  ce  nerf  se 
divise  en  deux  branches:  l'une,  la  co- 
chléenne  ou  antérieure  ,  se  distribue  au 
limaçon,  et  se  divise  en  filets  ténus  qui 
s'épanouissent  sur  la  lame  spirale  de  cet  or- 
gane; l'autre,  la  vestibulaire  ,  se  partage 
en  trois  grands  rameaux  qui  se  subdivisent 
eux-mêmes,  et  sont  destinés  aux  diverses 
parties  du  vestibule  et  des  canaux  semi-cir- 
culaires. C'est  chez  les  Cétacés  que  le  nerf 
auditif  acquiert  un  plus  grand  volume,  pro- 
portionnel au  volume  considérable  des  par- 
ties de  l'oreille  interne. 

De  l'odorat.  —  Un  peu  plus  tard  que  les 


MAM 

deux  vésicules  d'où  naissent  l'œil  et  le  laby- 
rinthe, apparaissent,  suivant  le  même  modo 
que  les  précédentes,  deux  petites  vésicules 
destinées  à  former  le  nerf  olfactif.  Elles  sont 
produites  par  une  saillie  du  cerveau  anté- 
rieur et  s'appliquent  contre  la  paroi  de  la 
tête; à  leur  rencontre  s'avance  de  dehors  en 
dedans  une  dépression  de  cette  paroi ,  d'où 
se  formeront  les  fosses  nasales.  On  voit  que 
les  vésicules  olfactives  présentent  originaire- 
ment la  forme  qu'affectent  les  vésicules  ocu- 
laires et  auditives. 

Les  petites  fossettes,  qui  représentent  pri- 
mitivement les  fosses  nasales ,  constituent 
seules  le  nez  à  une  époque  où  les  os  ne  se 
sont  point  développés  ,  et  elles  se  montrent 
comme  deux  petites  ouvertures  séparées  par 
une  cloison  épaisse.  Chez  tous  les  Mammi- 
fères, même  après  la  formation  des  os,  les  na- 
rines présentent  à  peu  près  cette  disposition  ; 
mais  ,  chez  l'Homme  et  chez  quelques  Sin- 
ges, elles  s'ouvrent  en  dessous.  Elles  s'ou- 
vrent sur  le  sommet  de  la  tête  chez  les  Céta- 
cés. Les  narines  se  complètent  par  l'appari- 
tion de  différentes  parties  que  nous  décrirons 
à  propos  du  développement  du  crâne  et  de 
la  face,  et  se  revêtent  intérieurement  de  la 
membrane  pituitaire,  siège  de  la  sensation 
des  odeurs.  Chez  les  Cétacés  ordinaires  ,  la 
membrane  pituitaire  est  mince ,  sèche ,  sans 
organes  glandulaires,  sans  saillie,  et  cette 
structure  particulière,  si  peu  favorable  à  la 
perception  des  odeurs ,  coïncide  avec  l'ab- 
sence totale  ou  l'existence  rudimentaire  du 
nerf  olfactif.  L'organe  de  l'olfaction  est 
complet  chez  les  Siréniens. 

La  disposition  primitive  du  nerf  olfactif, 
formant  une  sorte  de  tubercule  creux  en 
continuité  avec  le  ventricule  latéral,  s'ob- 
serve chez  la  Taupe ,  où  l'on  voit  comme 
deux  lobes  en  avant  des  hémisphères.  Chez 
les  autres  Mammifères ,  excepté  l'Homme  , 
les  Singes  et  les  Phoques,  ce  nerf  présente 
une  éminence  cendrée,  ou  caroncule  mamil- 
laire ,  appuyée  sur  la  lame  criblée  de  l'eth- 
moïde ,  et  creusée  aussi  d'une  cavité  qui 
communique  avec  le  ventricule  cérébral. 
Dans  l'Homme,  les  Singes  et  les  Phoques, 
l'éminence  mamillaire  est  très  réduite,  sans 
cavité,  et  se  rattache  au  cerveau  par  un  pé- 
doncule détaché  de  sa  base  et  logé  dans  un 
sillon.  Ce  pédoncule  ,  ou  tronc  olfactif,  ré- 
sulte de  l'union  de  trois  racines  :  une  grise, 


MÀM 

qui  naît  de  l'extrémité  postérieure  du  sillon 
où  le  tronc  olfactif  est  reçu  ;  les  deux  au- 
tres blanches,  dont  une  externe,  qui  part  du 
fond  de  la  scissure  de  Sylvius  ,  et ,  chez  les 
Carnassiers  au  moins,  de  la  corne  d'Ammon 
et  de  la  commissure  cérébrale  antérieure; 
l'autre,  interne,  naît  de  l'extrémité  posté- 
rieure du  lobe  antérieur,  en  ayant  de  la 
substance  perforée.  Arrivé  sur  la  lame  cri- 
blée ,  le  ganglion  mamillaire  se  divise  en  un 
grand  nombre  de  filets  qui  se  distribuent  à 
la  membrane  pituitaire. 

Un  organe  particulier  aux  Mammifères, 
et  lié  à  la  membrane  pituitaire,  est  l'organe 
de  Jacobson  ,  sorte  de  long  sac  étroit ,  plus 
ou  moins  glanduleux,  revêtu  d'un  étui  car- 
tilagineux et  couché  de  chaque  côté  sur  le 
plancher  de  la  narine.  Cet  organe,  dont  on 
ignore  l'usage ,  reçoit  des  nerfs  des  caron- 
cules mamillaires  et  aussi  du  ganglion  naso- 
palatin.  Il  manque  chez  l'Homme,  est  peu 
apparent  chez  les  Quadrumanes,  acquiert 
un  très  grand  volume  chez  les  Ruminants, 
et  surtout  chez  les  Rongeurs. 

L'étude  du  développement  des  autres  par- 
ties qui  constituent  les  fosses  nasales  com- 
plétera ce  que  nous  avons  à  dire  de  l'organe 
olfactif. 

Du  goût.  —  C'est  aussi  en  décrivant  les 
divers  organes  qui  sont  produits  par  le  dé- 
veloppement des  arcs  viscéraux  que  nous 
indiquerons  le  mode  de  formation  de  la  lan- 
gue. Nous  en  avons  précédemment  étudié  la 
structure,  décrit  les  téguments  et  les  papilles, 
et  passé  en  revue  les  particularités  princi- 
pales aussi  bien  que  les  fonctions  diverses 
{voy.  langue).  La  sensibilité  gustative  ne 
ne  réside  pas  également  sur  toute  la  surface 
de  la  langue,  et  toute  la  muqueuse  de  la 
bouche  n'est  pas  apte  à  percevoir  les  saveurs, 
comme  le  pensaient  les  anciens  physiologis- 
tes. Dans  les  expériences  les  plus  récentes 
tentées  pour  déterminer  le  siège  du  goût,  la 
voûte  palatine,  la  luette,  les  lèvres,  les  joues 
et  les  gencives,  n'ont  donné  aucun  signe  de 
sensation  savoureuse.  La  pointe,  la  base  et 
la  face  inférieure  de  la  langue,  le  voile  du 
palais  et  des  piliers  avec  une  certaine  étendue 
du  pharynx,  c'est-à-dire  les  parties  où  se  dis- 
tribuent le  rameau  lingual  du  trijumeau  et 
le  nerf  glosso-pharyngien,  possèdent  exclu- 
sivement la  sensibilité  gustative.  Il  résulte 
de  ces  faits  qu'il  n'existe  pas  de  nerf  spécial 


MAM 


661 


et  unique  de  la  gustation.  De  plus,  toutes  le* 
parties  qui  humectent  la  langue,  sont  essen- 
tielles pour  la  transmission  des  impressions 
sapides,  et  le  grand  sympathique  exerce  aussi 
une  influence  nécessaire  au  complet  exercice 
delà  faculté  gustative. 

Le  nerf  trijumeau  naît  par  deux  racines  ; 
l'une,  plus  grosse,  se  nomme  ganglionnaire 
ou  sensitive  ;  l'autre  est  appelée  racine  mo- 
trice. La  première  semble  confondue  à  son 
origine  avec  le  corps  restiforme;  la  seconde 
émerge,  au-dessous  et  en  arrière  de  la  pre- 
mière, sans  doute  de  la  portion  du  faisceau 
antérieur  de  la  moelle  qui  passe  en  dedans. 
Ces  deux  parties,  réunies  en  un  tronc,  surgis- 
sent de  la  base  du  cerveau  à  la  limite  qui  sé- 
pare le  pédoncule  cérébelleux  moyen  de  la 
protubérance  annulaire.  Se  pelotonnant 
bientôt  en  un  ganglion,  les  fibres  de  ce  nerf  se 
partagent  ensuite  en  trois  branches  ;  l'oph- 
thalmique,  la  maxillaire  supérieure  et  la 
maxillaire  inférieure.  C'est  du  rameau  sen- 
sitif  de  cette  dernière  branche  que  naît  le 
lingual.  Le  glosso-pharyngien  prend  son 
origine,  par  quatre  ou  cinq  filets,  à  la  face 
latérale  du  bulbe  rachidien,  en  arrière  de 
l'éminence  olivaire,  au-dessus  des  nombreux 
filaments  du  pneumo-gastrique;  il  émet  des 
rameaux  linguaux,  pharyngiens  et  tonsillai- 
res,  qui  animent  la  muqueuse  de  la  base 
de  la  langue  ,  du  pharynx  et  des  piliers  du 
voile  du  palais. 

Les  mouvements  de  la  langue  et  des  mus- 
cles de  l'appareil  hyoïdien  ont  pour  agent  le 
nerf  grand  hypoglosse,  qui  naît ,  par  une  sé- 
rie de  filets  superposés,  du  sillon  intermé- 
diaire aux  éminences  pyramidale  et  olivaire. 
Le  volume  de  ce  nerf  paraît  en  rapport  avec 
la  rapidité  et  l'étendue  des  mouvements 
qu'exigent,  dans  la  langue,  la  préhension  des 
aliments  et  des  boissons,  la  mastication,  etc. 
Il  est  plus  gros  chez  les  Carnivores  que  chez 
les  Rongeurs,  et  cette  circonstance  concor- 
dant avec  une  organisation  spéciale,  est  un 
caractère  de  plus  à  ajouter  à  ceux  qui  dis- 
tinguent ces  deux  ordres. 

Du  toucher.  —  Nous  ne  voulons  pas  exa- 
miner ici  la  portion  des  téguments  qui  est 
destinée  à  percevoir  les  impressions  du  de- 
hors, à  exercer  la  faculté  passive  du  tact,  ni 
les  organes  divers,  tels  que  les  mains,  la 
queue,  la  trompe  de  l'Éléphant,  qui  peuvent 
entrer  en  contact  volontaire  avec  les  ob- 


662 


WAM 


MAM 


jets  extérieurs ,  et  mettre  en  jeu  la  faculté 
active  du  toucher.  En  étudiant  l'histoire 
du  développement  de  ces  diverses  parties, 
nous  montrerons  leur  appropriation  à  leur 
fonction.  Nous  voulons  seulement  indiquer 
ici  les  nerfs  qui  préside  a  t  à  la  sensibilité 
tactile,  leur  origine,  leur  distribution,  et 
compléter  ainsi  cette  esquisse  du  système 
nerveux  des  Mammifères. 

La  peau  qui  recouvre  la  partie  antérieure 
de  la  tête ,  celle  qui  forme  le  pourtour  des 
orifices  sensoriaux,  oculaire  ,  nasal ,  buccal 
et  auriculaire;  la  muqueuse  linguale,  ex- 
cepté à  sa  base;  la  palatine,  excepté  le  voile 
du  palais;  la  pituitaire  et  là  conjonctive;  en 
un  mot,  les  téguments  cutanés  et  muqueux 
de  la  tête,  avec  les  dents,  les  glandes  lacry- 
males ,  salivaires  et  autres  ,  reçoivent  leurs 
filets  sensitifs  de  la  portion  ganglionnaire 
du  nerf  trijumeau,  dont  l'autre  portion 
est  le  nerf  moteur.  C'est  aussi  de  ce  nerf 
que  proviennent  les  filaments  qui  se  distri- 
buent à  tous  les  organes  de  toucher  qui  s'é- 
lèvent de  la  face  des  Mammifères,  la  trompe 
de  l'Éléphant,  le  museau  allongé  de  cer- 
tains animaux,  les  bulbes  des  moustaches 
du  Lièvre,  du  Chat,  du  Phoque,  etc.  La  peau 
qui  revêt  la  partie  postérieure  de  la  tête 
emprunte  ses  filets  sensitifs  aux  deuxième 
et  troisième  paires  cervicales.  Des  filets  éma- 
nés de  rameaux  du  plexus  cervical  animent 
aussi  les  parties  inférieures  et  latérales  de 
la  face.  Quant  aux  mouvements  des  muscles 
qui  entourent  les  orifices  sensoriaux  et  des 
muscles  sous-cutanés  de  la  face,  ils  sont  sous 
la  dépendance  du  nerf  facial,  qui  émane  du 
faisceau  antéro  latéral  de  la  moelle,  au  point 
où  ce  faisceau  s'engage  dans  la  protubérance 
annulaire.  C'est  aussi  ce  nerf  qui  préside  aux 
mouvements  de  l'appareil  de  l'évent,  si  re- 
marquable chez  les  Cétacés  souffleurs.  Les 
muqueuses  de  la  base  de  la  langue ,  des  pi- 
liers du  voile  du  palais,  d'une  portion  du 
pharynx,  de  la  trompe  d'Eustache  et  de  l'o- 
reille moyenne,  c'est-à-dire  les  muqueuses 
céphaliques  auxquelles  ne  se  distribuent  pas 
les  rameaux  du  trijumeau,  doivent  leur  sen- 
sibilité tactile  aux  filets  du  glosso-pharyn- 
gien,. dont  l'action  semble  partout  être  com- 
plémentaire de  celle  du  trijumeau. 

C'est  le  pneumo -gastrique  qui  préside  à 
la  sensibilité  générale  des  muqueuses  qui 
tapissent  une  partie  du  pharynx,  l'œsophage, 


l'estomac,  le  larynx ,  la  trachée  et  les  bron- 
ches. Ce  nerf  prend  son  origine  au  bulbe 
rachidien,  par  une  série  de  filets  qui  appar- 
tiennent au  faisceau  postérieur  de  la  moelle; 
il  est  donc  sensftif,  et  a  pour  nerf  moteur  le 
spinal ,  qui  se  distribue  aux  mêmes  parties, 
et  naît ,  dans  la  région  cervicale  ou  à  la 
hauteur  du  bulbe,  des  faisceaux  antéro-la- 
téraux  de  la  moelle. 

Le  tronc  et  les  membres  reçoivent  leurs 
filets  sensitifs  des  racines  postérieures  des 
nerfs  rachidiens,  et  leurs  filets  moteurs  des 
racines  antérieures  des  mêmes  nerfs.  En  gé- 
néral, le  nom  de  la  région  où  ces  nerfs  pren- 
nent leur  origine,  et  celui  des  plexus  qu'ils 
forment,  indiquent  aussi  la  région  où  ils  se 
distribuent;  néanmoins,  les  anastomoses 
qu'ils  forment  entre  eux  amènent  quelques 
modifications,  dont  le  détail  ne  peut  trouver 
place  dans  cet  article. 

SYSTÈME  OSSEUX  ;  MEMBRES  DES  MAMMIFÈRES. 

Après  que  se  sont  dessinés  les  linéaments 
primitifs  du  tube  médullaire,  le  système  qui 
montre  le  premier  quelque  indice  d'un  de 
ses  organes  ,  est  le  système  osseux  ;  c'est 
pour  cette  raison  que  nous  commençons  son 
étude  après  celle  de  l'appareil  nerveux.  La 
partie  du  système  osseux  qui  apparaît  la  pre- 
mière est  la  colonne  vertébrale,  dont  les  ru- 
diments deviennent  visibles  de  bonne  heure. 
Le  squelette  se  complète  successivement  par 
l'apparition  des  côtes  et  du  sternum  ;  par  la 
formation  des  os  du  crâne  et  des  os  de  la 
face;  et  enfin  par  le  développement  des  ex- 
trémités thoraciques  et  abdominales. 

Au  point  de  vue  de  leur  rôle  physiologi- 
que ,  les  os  sont  des  parties  protectrices 
pour  les  organes  qu'enveloppent  les  lames 
dorsales  ou  les  lames  viscérales  ;  ils  servent 
aussi  de  leviers  pour  les  mouvements.  Par 
rapport  à  leur  origine  ,  ils  peuvent  se  dis- 
tinguer en  deux  catégories  :  l'une  compre- 
nant les  os  qui  se  forment  dans  les  lames 
dorsales,  c'est-à-dire  la  colonne  spinale  et  la 
boîte  crânienne;  l'autre  renfermant  les  os 
qui  doivent  naissance  aux  lames  viscérales, 
à  savoir  :  la  face ,  les  côtes  ,  le  sternum  et 
les  os  des  membres. 

Chacun  sait  que  les  os  ne  se  présentent 
pas  d'abord  comme  parties  solides,  tels  que 
nous  les  rencontrons  chez  l'adulte  :  ils  exis- 
tent d'abord  avec  leur  forme  définitive  à 


MAM 

l'état  de  cartilages ,  et  résultent  de  la  méta- 
morphose de  cette  base  cartilagineuse  en 
masse  calcaire.  Cette  ossification  se  fait  pro- 
gressivement, procède  de  certains  points 
qu'on  désigne  sous  le  nom  de  points  d'ossi- 
fications, et  ne  suit  pas  toujours  l'ordre  de 
formation  successive  des  cartilages.  Chez  les 
Mammifères ,  elle  ne  s'achève  qu'après  la 
naissance;  elle  ne  paraît  être  complète, 
chez  l'Homme,  que  vers  l'âge  de  trente  ans. 
Le  nombre  et  la  situation  de  ces  points  d'os- 
sification semble  varier,  non  seulement  sui- 
vant les  divers  os,  mais  aussi  suivant  les  in- 
dividus; nous  indiquerons,  en  parlant  de 
chacune  des  portions  du  squelette,  les  par- 
ticularités que  l'ossification  présente.  En 
général,  dans  les  os  courts,  on  trouve  deux 
points  d'ossification  symétriquement  placés. 
Dans  les  os  plats,  l'ossification  rayonne  en 
tous  sens  d'un  point  situé  vers  le  milieu  de 
leur  base  cartilagineuse.  Dans  les  os  longs, 
le  corps  est  séparé  des  épiphyses ,  et  ces 
parties  s'ossifient  séparément  pour  se  con- 
fondre ensuite;  l'ossification  du  corps  de 
l'os  procède  d'un  point  médian  placé  dans 
l'axe,  et  s'étend  vers  la  surface  et  les  extré- 
mités; celle  des  épiphyses  a  lieu  ordinaire- 
ment plus  tard  par  plusieurs  points  spé- 
ciaux. Remarquons  que  tantôt  l'ossification 
a  pour  effet  de  réunir  en  un  seul  os  plusieurs 
parties  cartilagineuses,  comme  cela  a  lieu 
dans  la  formation  du  sacrum  et  de  l'hyoïde  ; 
que  tantôt,  au  contraire,  elle  divise  les  car- 
tilages en  plusieurs  parties ,  comme  on  l'ob- 
serve pour  le  sternum  et  les  os  du  crâne; 
que  tantôt  enfin,  un  cartilage  primitivement 
unique  se  réduit,  par  l'ossification,  en  plu- 
sieurs pièces ,  qui  se  soudent  ensuite  ensem- 
ble :  c'est  ce  que  nous  montrent  les  os  coxaux. 
Bien  que  l'ossification  des  différentes  par- 
ties du  squelette  se  succède  dans  un  ordre 
sujet  à  varier ,  on  peut  dire  qu'en  général 
elle  attaque  les  organes  dans  l'ordre  suivant  : 
rocher,  côtes,  clavicule ,  mâchoire,  bras, 
cuisse,  avant-bras,  jambe,  vertèbres,  crâne, 
rotule ,  os  du  carpe  et  os  du  tarse.  On  voit 
donc  que  l'ossification  ne  suit  pas  néces- 
sairement la  succession  de  formation  des 
cartilages.  Le  tissu  osseux  n'atteint  pas  non 
plus  le  même  degré  de  finesse  chez  tous  les 
Mammifères  :  il  est  plus  grossier,  plus  lâche 
dans  les  animaux  de  l'ordre  des  Cétacés  , 
chez  lesquels,  en  général,  le  système  osseux 


IMAM 


663 


semble  rester  à  son  degré  le  moins  élevé  de 

développement. 

Des  vertèbres;  des  côtes;  du  sternum. 

Chez  tous  les  animaux  vertébrés,  la  co- 
lonne du  rachis  a  pour  rudiment  un  mince 
cordon  de  substance  gélatineuse  cellulaire, 
qui  s'enveloppe  plus  tard  d'une  gaine  mem- 
braneuse, devient  enfin  fibreux,  et  porte  le 
nom  de  corde  dorsale  ou  vertébrale.  Cette  pe- 
tite colonne,  essentiellement  simple  et  im- 
paire, est  située  sur  la  ligne  médiane,  immé- 
diatement au-dessous  du  tube  médullaire; 
elle  s'apointit  à  ses  deux  extrémités,  atteint 
en  arrière  jusqu'à  l'extrémité  caudale  de 
l'embryon,  et  s'étend  en  avant  sous  l'encé- 
phale jusqu'au  niveau  des  vésicules  auditives 
entre  lesquelles  elle  se  termine.  Si  nous  ex- 
ceptons certains  Poissons  des  derniers  ordres, 
chez  lesquels  la  corde  dorsale  constitue  seule 
ou  presque  seule  Ira  colonne  rachidienne, 
nous  pouvons  dire  que  cette  corde  ne  con- 
court pas  en  quelque  sorte  directement  par 
sa  masse  à  la  formation  des  vertèbres;  chez 
aucun  animal  elle  ne  se  scinde  en  parties 
distinctes;  elle  sert  plutôt  d'une  matrice 
autour  de  laquelle  viennent  se  modeler  les 
arcs  osseux  destinés  à  former  le  corps  des 
vertèbres;  son  existence  est  d'autant  plu» 
fugace,  son  rôle  d'autant  plus  accessoire, 
qu'on  l'observe  chez  les  Vertébrés  plus  éle- 
vés en  organisation.  Une  distinction  impor- 
tante peut-être  établie  à  cet  égard  entre  les 
Vertébrés  anallantoïdiens  et  les  Vertébrés 
allantoïdiens.  Chez  les  premiers,  Poissons  et 
Batraciens,  la  corde  dorsale ,  plus  ou  moins 
modifiée,  se  retrouve  à  la  naissance  dans  les 
cavités  du  corps  des  vertèbres  ;  chez  les  se- 
conds, elle  n'existe  absolument  que  dans 
l'état  embryonnaire;  et  chez  les  Mammifè- 
res ,  elle  disparaît  de  si  bonne  heure  qu'elle 
ne  laisse  déjà  plus  de  trace  chez  de  très 
jeunes  embryons. 

Les  deux  grands  groupes  que  nous  recon- 
naissons dans  l'embranchement  des  Verté- 
brés ,  semblent  aussi  offrir  chacun  un  type 
particulier  pour  le  mode  de  production  des 
vertèbres  dans  leur  état  cartilagineux.  Chez 
les  Anallantoïdiens,  il  se  montre  toujours 
une  paire  de  rudiments  située  à  la  partie 
supérieure  de  la  gaîne  de  la  corde ,  et  des- 
tinée à  former  les  arcs  vertébraux.  Une  au- 
tre paire  d'élément»,  placée  à  la  partie  infé- 


064 


MAM 


rieure,  et  devenant  ensuite  apophyses  trans- 
verses ,  s'observe  chez  les  Poissons  et  à  la 
<;ncue  des  Batraciens.  La  cartilaginification, 
puis  l'ossification  de  la  gaine  entre  ces  deux 
parties ,  ou  au-dessous  de  la  paire  de  rudi- 
ments supérieurs  quand  ceux-ci  eiistent 
seuls ,  concourt  à  compléter  le  corps  des  ver- 
tèbres. 

Chez  les  Allantoïdiens ,  le  mode  de  for- 
mation et  de  développement  des  vertèbres 
cartilagineuses  paraît  être  différent.  Au  côté 
droit  et  au  côté  gauche  de  la  corde  appa- 
raît d'abord  le  blastème,  destiné  à  la  pro- 
duction de  la  base  cartilagineuse  des  vertè- 
bres ;  de  l'un  et  de  l'autre  de  ces  points  ,  la 
substance  formatrice  s'étend  en  haut  et  en 
bas  de  manière  à  enfermer  la  corde,  et  bien- 
tôt, s'épaississant  de  chaque  côté  dans  cha- 
cun de  ces  points  primordiaux ,  elle  forme 
un  rudiment  qui  se  montre  comme  une  pe- 
tite plaque  quadrilatère.  Chaque  vertèbre 
naît  donc  ici  d'une  seule  paire  d'éléments 
latéraux  :  chaque  rudiment ,  en  se  dévelop- 
pant, entoure  la  corde  dorsale ,  émet  en  haut 
dans  les  lames  dorsales  des  prolongements 
ou  arcs  qui  doivent  envelopper  la  moelle 
épinière,  et  constitue  ainsi  le  corps  et  l'arc 
vertébral  de  son  côté.  Devenus  l'un  et  l'au- 
tre cartilagineux,  les  deux  éléments  d'une 
même  paire  s'unissent  inférieurement ,  et 
s'ossiOent  ensuite  indépendamment  l'un  de 
l'autre.  C'est  d'abord  dans  la  région  thora- 
<-iquc  que  se  montrent  les  petites  plaques 
vertébrales;  elles  se  multiplient  prompte- 
ment  vers  la  partie  céphalique  et  vers  la 
partie  caudale  de  l'embryon  ,  et  se  disposent 
ainsi  en  une  série  gauche  et  droite  ,  dont 
chaque  plaque  est  séparée  de  la  suivante 
par  un  intervalle  plus  clair. 

La  portion  de  chaque  plaque  vertébrale , 
qui  se  développe  autour  de  la  corde  dorsale 
et  qui  l'enferme,  la  resserre  de  plus  en  plus, 
et  forme  enfin  ,  comme  nous  l'avons  indi- 
qué, le  corps  plein  de  la  vertèbre;  la  corde 
dorsale  disparaît  donc  peu  à  peu  ,  et,  chez 
les  Mammifères,  plus  tôt  que  chez  les  au- 
tres Vertébrés.  Les  prolongements  laté- 
raux qui  s'étendent  dans  l'intérieur  des 
lames  dorsales  finissent  par  se  rencontrer 
au-dessus  de  la  moelle,  se  soudent  par  pai- 
res ,  et  constituent  les  arcs  vertébraux.  Le 
trou  qui  se  forme  ainsi  à  la  partie  posté- 
rieure de  chaque  vertèbre  correspond  aux 


MAM 

trous  des  vertèbres  voisines,  et  il  résulte  de 
la  superposition  des  vertèbres  un  canal  con- 
tinu qui  loge  la  moelle  épinière. 

De  chaque  côté  de  la  masse  blastématique 
déposée  autour  de  la  corde,  rayonnentaussi 
des  prolongements  latéraux  qui,  dans  les 
vertèbres  dorsales ,  se  divisent  à  quelque 
distance  de  l'axe  rachidien  ,  de  manière  à 
constituer  des  apophyses  transverses  et  des 
côles;  tandis  que,  dans  les  autres  vertèbres, 
ces  mêmes  prolongements  donnent  seule- 
ment naissance  à  des  apophyses  transverses. 
Enfin  se  produisent  les  deux  petites  apo- 
physes articulaires  sur  chaque  face  de  la  ver 
tèbre,  et  l'apophyse  épineuse,  impaire,  à  la 
région  dorsale. 

L'ossification  de  toutes  les  parties  dont  se 
compose  la  vertèbre  cartilagineuse,  procède 
de  points  dont  les  différents  observateurs 
ont  plus  ou  moins  multiplié  le  nombre.  Ce- 
pendant, suivant  la  plupart  des  auteurs, 
chaque  vertèbre  présente  d'abord  deux  points 
d'ossification  qui  se  confondent  ensemble, 
à  l'endroit  où  les  deux  éléments  du  corps  de 
la  vertèbre  se  sont  unis  inférieurement; 
chaque  moitié  de  l'arc  vertébral,  chaque 
apophyse  transverse  et  l'apophyse  épineuse, 
possèdent  aussi  un  point  particulier  d'ossi- 
fication. 

Dans  la  première  vertèbre  cervicale  ou 
Vallas ,  qui  consiste  seulement  en  un  an- 
neau sans  corps  de  vertèbre  développé , 
chaque  moitié  de  cet  anneau  vertébral  offre, 
d'après  le  plus  grand  nombre  des  anato- 
mistes,  deux  points  distincts  d'ossification. 
La  deuxième  cervicale,  Vaxis  ou  épistrophee, 
présente  un  point  d'ossification  spécial  pour 
l'apophyse  odontoïde  ,  qui  s'élève  en  avant 
du  corps  de  cette  vertèbre.  Les  autres  vertè- 
bres cervicales  ont  généralement,  «à  l'apo- 
physe transverse,  un  point  d'ossification  de 
plus,  qu'il  faut  considérer  comme  un  rudi- 
ment aborlif  de  côte;  celui  de  la  cervicale 
inférieure  se  développe  plus  que  les  autres 
de  manière  à  former  une  pièce  osseuse  qui 
demeure  assez  longtemps  isolée  chez  l'en- 
fant et  les  jeunes  Mammifères.  Les  vertèbres 
lombaires  ne  paraissent  pas,  en  général,  pos- 
séder ce  point  d'ossification  à  leurs  apophyses 
transverses;  cependant,  on  peut  l'observer 
de  très  bonne  heure  chez  le  fœtus  du  Cochon. 
Dans  les  vertèbres  sacrées,  qui  toutes  sont 
d'abord  isolées,  on  rencontre  aussi,  du  moin» 


MÀM 

dans  les  supérieures,  deux  points  d'ossifica- 
tion analogues,  qui  unissent  le  sacrum  aux 
os  des  iles  ;  ces  vertèbres  pelviennes  supé- 
rieures ont  généralement  cinq  points  d'ossi- 
fication; les  inférieures  n'en  ont  que  trois. 
Les  vertèbres  coccygiennes  présentent  à  peu 
près  le  même  nombre  de  noyaux  osseux  que 
les  vertèbres  dont  elles  représentent  toutes 
les  parties;  ce  nombre  diminue  nécessaire- 
ment dans  celles  qui  n'ont  pas  d'anneau 
vertébral. 

Suivant  Cuvier,  M.  J.  Weber  et  autres 
observateurs  ,  les  points  d'ossification  se- 
raient bien  plus  nombreux;  on  en  pourrait 
compter,  chez  les  Mammifères,  jusqu'à  vingt 
dans  une  vertèbre  dorsale.  Nous  avons  déjà 
dit  que  les  différences,  à  cet  égard,  dépen- 
dent quelquefois  des  individus;  elles  varient 
surtout  suivant  les  vertèbres  et  suivant  les 
espèces.  Il  est  donc  impossible  de  donner 
une  énumération  exacte  de  tous  les  points 
d'ossification  qu'on  peut  observer  succes- 
sivement dans  le  développement  des  os; 
nous  avons  indiqué  seulement  ce  qu'on 
peut  considérer  comme  une  disposition  gé- 
nérale et  fondamentale  autour  de  laquelle  se 
multiplient  les  modifications  de  nombre  et 
d'arrangement.  Aussi,  à  moins  de  choisir 
arbitrairement  telle  ou  telle  époque  de  la 
vie  embryonnaire,  il  ne  nous  semble  pas 
qu'il  soit  possible  de  ramener  la  composition 
des  os  à  un  type  défini,  suivant  lequel  les 
noyaux  osseux  de  l'embryon  du  Vertébré 
supérieur  représenteraient  autant  de  pièces 
isolées  qu'on  peut  compterd'os  distincts  chez 
l'adulte  du  Vertébré  inférieur. 

L'ossification  de  la  colonne  vertébrale 
n'est  pas  complète  à  la  naissance  du  jeune 
animal;  le  coccyx  est  entièrement  cartilagi- 
neux, et  les  autres  vertèbres  n'ont  point  en- 
core achevé  leur  transformation.  Ce  sont  les 
vertèbres  cervicales,  moins  l'atlas,  qui  s'os- 
sifient les  premières;  les  vertèbres  dorsales 
commencent  ensuite,  et  les  lombaires  en 
troisième  lieu  ;  l'atlas  ne  s'ossifie  que  vers 
la  fin  de  la  vie  embryonnaire.  Quant  à  la 
partie  de  la  vertèbre  où  se  montre  d'abord 
un  point  d'ossification,  il  paraît,  suivant 
Baër,  que  ce  travail  s'accomplit  dans  le 
corps,  plus  tôt  que  dans  les  arcs. 

Nous  avons  dit  plus  haut  que  les  prolon- 
gements latéraux  primitifs  des  vertèbres 
se  séparent  à  quelque  distance  de  la  colonne 


MAM 


665 


vertébrale  en  apophyses  transverses  et  en 
côtes.  Les  rudiments  de  ces  derniers  os  s'iso- 
lent du  corps  des  vertèbres  par  une  distinc- 
tion historique,  se  courbent  de  plus  en 
plus  de  chaque  côté  dans  les  lames  ven- 
trales dont  elles  suivent  le  mouvement  de 
convergence ,  et  se  réunissent  enfin  sur  la 
ligne  médiane.  Avant  de  se  rencontrer  ainsi 
à  la  partie  inférieure  du  corps,  les  vraies  côtes 
d'un  même  côté  sont  unies  ensemble  par  une 
mince  languette  qui  s'étend  de  la  première 
à  la  dernière;  et,  par  suite  delà  marche  des 
parties  gauche  et  droite  au-devant  l'une  de 
l'autre  ,  ces  deux  languettes  d'abord  large- 
mentdistantes  se  rapprochent,  se  touchent, 
se  soudent  et  forment  ainsi  le  sternum. 
C'est  par  le  haut  que  se  rencontrent  d'abord 
les  deux  moitiés  du  sternum,  et  cette  cir- 
constance explique  l'absence  de  l'appendice 
xiphoïde  dans  les  premières  périodes  de  la 
vie  du  fœtus.  Cette  formation  et  ce  déve- 
loppement des  côtes  et  du  sternum,  observés 
par  Rathke  sur  des  embryons  de  Cochon , 
présentent  à  l'esprit  l'idée  d'une  progression 
toute  mécanique  qui  n'est  peut  être  que 
l'expression  d'une  interprétation  théorique 
des  faits;  beaucoup  d'observateurs,  et  nous 
sommes  disposés  à  adopter  leur  opinion, 
considèrent  les  côtes,  le  sternum  et  toutes 
les  parties  des  parois  thoraciques,  comme 
résultant  d'une  métamorphose  des  éléments 
blastématiques  nés  des  lames  ventrales. 

Quel  que  soit,  au  reste,  le  mode  de  pro- 
duction du  sternum,  il  est  certain  qu'il  se  < 
forme  après  les  côtes.  Le  nombre  des  points 
d'ossification  qu'il  présente  varie  beaucoup 
d'individu  à  individu,  et  d'espèce  à  espèce, 
comme  cela  a  lieu  d'ailleurs  pour  la  plupart 
des  os;  et  la  disposition  de  ces  pièces,  que 
certains  anatomistes  ont  considérées  comme 
étant  toujours  paires,  offre  aussi  de  grandes 
irrégularités.  Le  sternum  du  fœtus  humain  à 
terme  contient  généralement  six  pièces  os- 
seuses :  une  supérieure,  une  inférieure  et 
quatre  intermédiaires.  Le  sternum  est  un 
des  éléments  du  squelette  qui  s'ossifient  le 
plus  tard;  les  côtes,  au  contraire,  sont,  après 
le  rocher,  les  os  qui  s'ossifient  les  premiers. 
Du  sternum  à  la  colonne  des  vertèbres,  les 
arcs  des  côtes  forment  les  parois  d'une  cage 
osseuse,  dont  la  capacité  peut  légèrement 
augmenter  ou  diminuer,  par  suite  des  mou- 
vements d'élévation  ou  d'abaissement  que 

84 


666 


MAM 


les  côtes  exécutent  à  leur  point  d'attache  sur 
le  rachis.  Les  vertèbres,  quoique  solide- 
ment unies  entre  elles,  accomplissent  de  pe- 
tits mouvements,  soit  en  s'appuyant  sur  la 
partie  antérieure  du  corps  de  chacune  d'el- 
les, soit  en  se  fléchissant  sur  leurs  apophyses 
épineuses,  soit  en  glissant  sur  leurs  apophyses 
articulaires.  Ajoutés  les  uns  aux  autres,  ces 
mouvements,  quoique  peu  marqués,  donnent 
néanmoins  à  la  colonne  une  flexibilité  totale 
assez  considérable,  et  dont  l'étendue  dépend 
de  récartement  des  apophyses  épineuses  aussi 
Lien  que  de  la  solidité  de  la  couche  fibro- 
cartilagineuse  interposée  et  des  ligaments 
qui  se  prêtent  à  ces  déplacements.  Le  liga- 
ment intervertébral  n'est  autre  chose  que  la 
portion  de  la  corde  dorsale  qui  est  demeurée 
entre  chaque  couple  d'anneaux  destinés  à 
former  le  corps  de  la  vertèbre;  et,  lorsque 
les  corps  se  sont  convertis  en  cartilage,  les 
ligaments  intervertébraux  ont  été  tapissés 
par  la  masse  intermédiaire  devenue  mem- 
braneuse, et  qui  semble  continuer  le  périoste 
de  la  colonne  rachidienne. 

Les  parties  dont  nous  venons  de  suivre  les 
phases  générales  d'évolution  chez  tous  les 
Mammifères,  présentent  des  différences  im- 
portantes, quand  on  les  examiue  arrivées  au 
terme  de  leur  développement  chez  l'adulte. 
Ces  différences  portent  sur  le  nombre,  la 
forme  et  les  rapports  de  ces  parties  entre  elles. 
Le  nombre  et  la  forme  influent  principale- 
ment sur  la  taille  et  la  forme  même  de  l'a- 
nimal; les  rapports  divers  de  ces  parties 
modifient  surtout  les  mouvements.  Nous 
pouvons  souvent  expliquer  les  variétés  de 
l'orme  et  de  rapports  mutuels  de  ces  parties 
par  la  diversité  de  leur  rôle  physiologique 
approprié  à  certaines  conditions  de  la  vie 
d'un  animal  ou  dépendant  des  proportions 
relatives  de  ses  membres;  mais  il  ne  nous 
est  pas  également  possible  de  trouver  une 
.,  raison  des  différences  qu'elles  offrent  dans 
y  leur  nombre.  Aussi  nous  ne  saurions,  pour 
ces  parties,  tracer  des  caractères  propres  aux 
divers  groupes  que  nousavons  précédemment 
définis,  la  taille  de  l'animal  et  ses  habitudes 
biologiques  n'étant  point  des  faits  généraux 
qui  puissent  en  aucune  manière  indiquer  les 
affinités. 

Un  de  ces  faits  pour  lesquels  nous  n  entre- 
voyons aucune  explication,  est  la  présence 
constante  de  sept  vertèbres  cervicales  chez 


MAM 

tous  les  Mammifères,  à  l'exception  de  l'Aï, 
qui  en  a  neuf,  et  du  Lamentin,  qui  en  a  six. 
Cependant  la  constance  du  nombre  de  ces 
vertèbres  n'entraîne  pas  comme  conséquence 
l'uniformité  de  longueur  du  cou,  et  chacun 
peut  citer  des  animaux  dont  le  rapproche- 
ment est  propre  à  faire  sentir  les  extrêmes 
de  variation.  Les  dimensions  différentes  des 
vertèbres  cervicales  sont  donc  la  seule  cause 
de  laquelle  dépend  la  longueur  du  cou. 
Chez  la  Girafe  et  chez  les  Caméliens,  elles 
sont  très  longues;  chez  les  Cétacés,  au  con- 
traire, elles  deviennent  extrêmement  minces, 
au  point  qu'elles  présentent  à  peu  près  l'é- 
paisseur d'une  feuille  de  papier,  chez  quel- 
ques Dauphins.  C'est  aussi  dans  l'ordre  des 
Cétacés  que  les  vertèbres  cervicales  perdent 
pour  la  plupart  cette  mobilité  si  remarquable 
chez  les  autres  Mammifères.  Dans  les  Ba- 
leines proprement  dites,  elles  sont  toutes 
soudées  ensemble,  et  la  première  dorsale 
s'unit  même  quelquefois  à  la  septième  cer- 
vicale; dans  les  Cachalots,  l'atlas  seul  reste 
libre,  et  les  six  autres  cervicales  se  soudent  ; 
dans  les  Dauphins,  les  cinq  dernières  cervi- 
cales, très  minces,  comme  nous  venons  de  le 
dire,  sont  séparées  l'une  de  l'autre,  tandis 
que  l'atlas  se  soude  à  l'axis. 

Chez  les  Mammifères  à  long  cou,  les  apo- 
physes épineuses  des  vertèbres  cervicales 
sont  peu  développées,  afin  de  ne  point  gêner 
les  mouvements  de  flexion  en  arrière  ;  c'est 
ce  qu'on  observe  chez  les  Chameaux  et  la 
Girafe.  Elles  disparaissent  chez  les  Chéirop- 
tères et  dans  beaucoup  d'espèces  d'Insecti- 
vores ;  elles  deviennent  au  contraire  très  lon- 
gues chez  les  Carnivores  ,  les  Solipèdes  ,  le» 
Proboscidiens ,  chez  quelques  espèces  d'In- 
sectivores ,  aussi  bien  que  chez  l'Orang-Ou- 
tang,  et  donnent  insertion  au  ligament  cer- 
vical, destiné  à  supporter  le  poids  de  la  tête. 
Ce  ligament  est  donc  d'autant  plus  considé- 
rable que  la  tête  est  plus  lourde,  et  que  la 
position  du  trou  occipital  est  plus  reculée  en 
arrière  du  crâne.  L'Homme  le  possède  aussi; 
mais  réduit  à  un  état  rudimentaire,  puisque 
son  état  habituel  de  station  verticale,  et  la 
position  antérieure  du  trou  occipital ,  don- 
dent  à  la  tête  une  stabilité  qu'augmente  en- 
core son  propre  poids  ,  et  qui  rend  inutile 
l'existence  du  ligament  cervical. 

C'est  principalement  sur  les  apophyses 
épineuses  des  vertèbres  dorsales  que  le  liga. 


MAM 


MAM 


667 


ment  cervical  trouve  un  appui  solide;  aussi 
voyons-nous  la  longueur  de  ces  apophyses 
croître  avec  la  longueur  du  cou  et  la  gros- 
seur de  la  tête.  Elles  atteignent  un  dévelop- 
pement considérable  chez  les  Caméliens,  la 
Girafe  ,  les  Ruminants  ,  les  Pachydermes  ; 
elles  manquent  chez  les  Chéiroptères,  et  sont 
remplacées,  chez  quelques  espèces,  par  de  pe- 
tits tubercules.  Chez  l'Homme,  les  apophyses 
sont  dirigées  en  bas  ;  il  en  est  de  même  de 
celles  des  Singes,  chez  lesquels  elles  s'allon- 
gent cependant  davantage  et  se  redressent. 
Dans  les  Cétacés  ,  les  premières  apophyses 
épineuses  des  dorsales  sont  les  plus  courtes; 
c'est  le  contraire,  dans  les  autres  ordres  de 
Mammifères. 

Mais  c'est  surtout  dans  leur  nombre  que 
les  vertèbres  dorsales  présentent  le  plus  de 
variations;  et  ces  variations  ont  une  grande 
importance,  puisqu'elles  coïncident  avec  des 
modiûcations  correspondantes  dans  le  nom- 
bre des  côtes,  par  conséquent,  dans  la  capa- 
cité relative  de  la  cavité  thoracique  et  l'éten- 
duedel'appareil  respiratoire.  Chezl'Homme, 
on  compte  douze  côtes  qu'on  distingue  en 
vraies  côtes  ou  côtes  sternales,  et  en  fausses 
côles  ou  côtes  vertébrales,  suivant  qu'elles 
s'étendent  du  rachis  au  sternum,  ou  qu'elles 
n'atteignent  pas  jusqu'à  ce  dernier  os.  En 
général ,  le  nombre  des  côtes  est  de  douze  à 
quatorze  chez  les  Quadrumanes ,  si  l'on 
excepte  le  Bonnet-Chinois,  qui  en  a  onze,  et 
le  Loris  paresseux,  qui  en  a  seize.  Ce  sont 
aussi  ces  nombres  que  l'on  rencontre  chez 
les  Rongeurs,  à  l'exception  du  Porc-Épic  à 
queue  prenante  et  du  Houtia,  qui  en  ont  cha- 
cun seize;  ce  sont  ceux  que  nous  présentent 
également  les  Ruminants,  chez  lesquels  le 
nombre  treize  est  le  plus  commun.  Dans 
l'ordre  des  Chéiroptères,  on  trouve  généra- 
lement de  onze  à  treize  vertèbres  dorsales; 
on  en  trouve  de  douze  à  quinze  dans  celui 
des  Insectivores,  parmi  lesquels  la  Chryso- 
chlore du  Cap  en  présente  cependant  dix- 
neuf.  Chez  les  Carnivores,  le  nombre  des 
côtes  varie  de  treize  à  quinze  ;  mais  il  est  de 
douze  chez  le  Chat  ordinaire,  et  de  seize 
chez  la  Hyène  rayée.  Ce  sont  les  Pachyder- 
mes qui  ont,  en  général,  le  plus  grand  nom- 
bre de  côtes  :  s'il  n'est  que  de  treize  chez  le 
Phacochœre,  de  quatorze  chez  les  Sangliers 
et  les  Cochons,  de  quinze  chez  l'Hippopotame, 
il  s'élève  à  dix-huit  dans  le  genre  Equus,  à 


dix-neuf  chez  le  Tapir  des  Indes  et  les  Rhi- 
nocéros des  Indes  et  de  Java,  à  vingt  chez  le 
Rhinocéros  d'Afrique,  chez  l'Éléphantetchez 
le  Tapir  d'Amérique,  à  vingt  et  une  chez  le 
Daman  du  Cap.  Il  est  un  Mammifère  qui  en 
présente  un  plus  grand  nombre  encore,  c'est 
TUnau,  qui  en  a  vingt-quatre,  et  cette  par- 
ticularité est  d'autant  plus  singulière  que, 
dans  le  même  ordre  des  Édenlés,  on  trouve 
aussi  le  Mammifère  dont  le  nombre  des  côtes 
est  le  moindre,  le  Tatou  noir  d'Azzara,  qui 
n'en  a  que  dix.  Du  reste,  ces  deux  animaux, 
qui  se  distinguent  ainsi  dans  la  classe  des 
Mammifères,  font  aussi  exception  dans  l'or- 
dre des  Édentés ,  qui ,  comme  celui  des  Pa- 
chydermes, présente  une  grande  variété  à 
cet  égard,  sans  que  le  nombre  des  côtes  s'é- 
lève cependant  au-dessus  de  dix-sept. 

Il  ne  peut  entrer  dans  notre  cadre  d'exa- 
miner ici  les  différences  qu'offrent  les  côtes 
dans  la  constitution  de  la  cavité  thoracique, 
suivant  qu'elles  sont  plus  ou  moins  étroites, 
qu'elles  élargissent  plus  ou  moins  les  flancs; 
c'est  à  l'article  destiné  à  chacun  des  genres 
de  Mammifères  qu'il  faut  aller  chercher  ces 
détails. 

Les  vertèbres  lombaires  sont  loin  de  se 
présenter  non  plus  en  nombre  constant  dans 
la  classe  des  Mammifères;  le  grand  ou  le 
petit  nombre  de  ces  vertèbres  détermine  la 
longueur  des  lombes  d'où  dépend  la  graci- 
lité ou  l'épaisseur  de  la  taille.  C'est  à  la 
présence  de  neuf  vertèbres  lombaires  que  le 
Loris  grêle  doit  le  caractère  distinctif  qui 
lui  a  valu  son  nom  spécifique;  et  ce  nom- 
bre est  le  plus  élevé  que  nous  observions 
dans  la  classe  des  Mammifères,  car  l'absence 
du  sacrum,  chez  les  Cétacés  ,  ou  du  moins 
les  considérations  théoriques  auxquelles  ou 
est  obligé  d'avoir  recours  pour  en  déterminer 
l'eiistence,  nous  font  considérer  à  peu  près 
comme  arbitraire  la  distinction  des  os  de 
l'épine  en  lombaires,  sacrées  et  coccygiennes 
chez  les  Mammifères  pisciformes,  et  regarder, 
par  conséquent,  comme  douteux  les  nombres 
de  treize  ou  de  dix-huit  vertèbres  lombaires 
assignées  aux  Dauphins.  L'Hommea  cinq  ver- 
tèbres lombaires;  lesQuadrumanes,  quatre, 
cinq,  six,  et  plus  communément  sept.  Ce 
dernier  nombre  est  aussi  le  plus  général 
dans  l'ordre  des  Carnivores,  tandis  que  le 
nombre  six  se  rencontre  chez  la  plupart  dcn 
Ruminants  et  chez  beaucoup  de  Rongeurs. 


668 


MAM 


MAM 


C'est  parmi  les  Édentfs  que  les  vertèbres 
lombaires  sont  le  moins  nombreuses;  et  bien 
qu'on  en  trouve  quatre  et  même  trois  chez 
un  très  petit  nombre  de  Chéiroptères  ou 
d'Insectivores,  c'est  seulement  chez  le  Tatou 
encoubert  et  chez  le  Tamanoir  qu'on  n'en 
compte  que  deux. 

Les  vertèbres  post-dorsales  des  Cétacés  ne 
présentent  pas  trace  d'une  soudure  sembla- 
ble à  celle  qui  caractérise  le  sacrum  des  au- 
tres Mammifères;  nous  venons  de  dire  qu'il 
est  impossible  de  les  distinguer  en  lombai- 
res, sacrées  et  coccygiennes.  Ces  vertèbres 
sont,  en  général,  très  nombreuses,  et  les 
premières  présententdes  apophysesépineuses 
très  fortes  qui  donnent  attache  aux  muscles 
coccygiens,  dont  l'action  est  si  énergique 
chez  ces  animaux  aquatiques.  C'est  aux  con- 
ditions biologiques  dans  lesquelles  sont  pla- 
cés ces  aiiimaux  que  sont  dus,  et  l'absence  du 
sacrum,  et  le  développement  considérable 
des  muscles  coccygiens,  et  l'appropriation  des 
membres  à  la  natation,  et  la  forme  générale 
du  corps,  qui  rappellent,  en  général,  le  type 
ichthyologique,  sans  en  prendre  cependant 
aucun  caractère  et  sans  cesser  de  réaliser  le 
type  marnrnalogique  fondamental. 

Les  autres  Mammifères  ont  un  sacrum, 
résultat  de  la  soudure  intime  des  vertèbres 
sacrées,  qui  sont  au  nombre  de  cinq  chez 
l'Homme,  au  nombre  de  deux  chez  beau- 
coup de  Quadrumanes,  et  qui  ne  dépassent 
jamais  le  nombre  de  neuf  qu'on  observe 
seulement  chez  le  Tatou  mulet.  C'est  chez 
l'Homme  que  le  sacrum  est,  en  général,  le 
plus  large;  chez  les  autres  Mammifères,  il 
continue  la  colonne  vertébrale  en  une  ligne 
étroite,  et  s'élargit  davantage  chez  les  ani- 
maux qui,  comme  les  Singes,  lesTartigrades 
et  les  Ours,  se  tiennent  souvent  dans  une 
situation  verticale. 

II  est  inutile  de  dire  que  le  nombre  des 
vertèbres  coccygiennes  est  très  variable  dans 
la  classe  des  Mammifères;  chacun  peut  citer 
des  exemples  d'animaux  remarquables  par 
un  développement  considérable  ou  par  l'ab- 
sence de  la  queue.  Tantôt,  en  effet,  les  ver- 
tèbres caudales  manquenttout-à-fait,  comme 
dans  les  Roussettes  ;  tantôt  elles  sont  en  pe- 
tit nombre  et  complètement  cachées  sous  les 
téguments ,  comme  chez  l'Homme ,  qui  en  a 
quatre,  chez  les  Orangs,  le  Magot,  le  Loris, 
l'Aï  et  autres  Mammifères  ,  qui  en  ont  de 


trois  à  onze;  tantôt  enfin  elles  soutiennent 
un  prolongement  caudal,  dont  la  longueur 
n'est  pas  directement  proportionnée  au 
nombre  des  coccygiennes.  On  en  compte , 
en  effet,  neuf  seulement  chez  l'Ours,  dont 
la  queue,  bien  que  courte,  est  visible  à  l'exté- 
rieur ,  tandis  qu'on  en  trouve  onze  chez  l'Aï , 
qui  ne  montre  pas  de  queue.  Le  Pangolin  à 
longue  queue  (Manis  longicaudata  G eoff. -St- 
Hil.)estceluidetous  les  Mammifères  qui  pos- 
sède le  plus  grand  nombre  de  vertèbres  coccy- 
giennes :  il  en  a  quarante-six.  Nous  pouvons 
citer  après  lui,  encore  parmi  les  Édentés,  le 
Fourmilier  didactyle,  qui  en  a  quarante; 
parmi  les  Rongeurs,  le  Pilori,  qui  en  a 
trente-six;  parmi  les  Carnivores,  le  Para- 
doxure,  qui  en  a  trente-quatre;  parmi  les 
Quadrumanes  ,  le  Cimepaye  et  le  Lago- 
thryx,  qui  en  ont  chacun  trente  et  une. 

La  forme  ,  les  proportions  ,  les  usages  de 
la  queue  des  Mammifères,  ne  nous  présen- 
tent pas  des  variations  moins  nombreuses 
que  celles  que  nous  observons  dans  le  déve- 
loppement de  cet  organe.  Chez  les  Cétacés  , 
la  queue  constitue  un  des  principaux  moyens 
de  locomotion  ;  chez  beaucoup  de  Quadru- 
manes et  de  Mammifères  appartenant  à 
d'autres  ordres,  elle  devient  un  organe  , de 
préhension  en  s'enroulant  autour  des  ob- 
jets; chez  les  Gerboises  et  les  autres  ani- 
maux qui  se  tiennent  ordinairement  élevés 
sur  les  pattes  postérieures ,  ellejournit  un 
troisième  point  d'appui,  assure  de  la  sorte 
la  position  verticale  ,  et  prévient  la  fatigue 
qui  résulterait  de  cette  position  si  elle  était 
prolongée  trop  longtemps. 

Des  vertèbres  de  la  queue,  les  unes  con- 
tinuent le  canal  vertébral  pour  le  passage 
de  la  moelle  épinière;  les  autres  ne  conser- 
vent plus  ce  canal,  et  ne  présentent  plug 
que  des  traces  d'apophyses ,  qui  se  mon- 
trent, au  contraire,  d'autant  plus  dévelop- 
pées chez  les  premières,  que  l'animal  meut 
sa  queue  avec  plus  de  rapidité  ou  plus  de 
force.  Chez  les  Mammifères  dont  la  queue 
est  longue,  mobile  et  d'un  usage  fréquent, 
on  trouve  au  point  d'union  de  chaque  cou- 
ple de  vertèbres,  à  la  face  inférieure  de  la 
région  caudale,  un  petit  os  en  forme  do  V, 
dont  les  branches  sont  quelquefois  séparées, 
et  donnent  attache  aux  muscles  de  la  put  lie 
inférieure  de  la  queue;  on  désigne  ces  os 
sous  le  nom  d'os  en  V  ou  furcéaux.  11  est 


MAM 


IMAM 


(369 


rare  que  ces  os  accompagnent  toutes  les  ver- 
tèbres caudales,  et  c'est  pour  cette  raison 
qu'il  nous  parait  peu  logique  de  considérer 
comme  vertèbres  coccygiennes  les  vertèbres 
qui  portent  de  ces  petits  os  chez  les  Cétacés. 
Du  reste,  les  furcéaux  sont  très  développés 
dans  ce  dernier  ordre;  ils  sont  aussi  très 
forts  chez  le  Castor,  très  nombreux  chez  les 
Porcs-épics. 

Nous  avons  discuté  plus  haut  la  valeur  de 
l'opinion  qui  attribue  la  formation  et  le  dé- 
veloppement plus  ou  moins  considérable  du 
prolongement  caudal ,  à  la  persistance  et  à 
l'ascension  plus  ou  moins  complète  de  la 
moelle  épinière  dans  le  canal  vertébral. 
Nous  ne  rappellerons  pas  ici  les  faits  qui 
nous  démontrent  qu'il  n'existe  aucune  re- 
lation nécessaire  entre  la  longueur  de  la 
queue  et  la  hauteur  de  la  moelle.  Nous 
ajouterons  seulement  que  le  développement 
si  variable  de  la  queue,  et  les  modifications 
de  toute  sorte  qu'elle  présente  dans  un 
même  ordre  naturel ,  nous  avertissent  du 
peu  d'importance  que  cet  organe  doit  avoir 
a  nos  yeux  comme  caractère  zoologique. 

Nous  avons  dit  déjà  que  l'on  ne  peut  as- 
signer au  sternum  un  nombre  déterminé  de 
pièces  osseuses  ;  que  ce  nombre  varie  avec  les 
espèces,  et  varie  aussi  pour  des  individus 
différents  d'une  même  espèce.  Chez  l'Homme 
adulte,  le  sternum  finit  par  constituer  un 
seul  os  aplati  et  allongé,  se  terminant  infé- 
rieurement  par  un  appendice  xyphoïde,  et 
donnant  latéralement  attache  aux  vraies  côtes 
qui  s'unissent  à  lui  à  l'aide  de  pièces  cartila- 
gineuses. Quelquefois  cependant  il  arrive  que 
ces  cartilages  s'ossifient  chez  l'Homme;  et, 
chez  plusieurs  Mammifères,  ils  se  conver- 
tissent constamment  en  os.  Cette  ossifica- 
tion accidentelle  des  cartilages  costaux  ne 
saurait  établir  un  terme  de  comparaison  en- 
tre l'état  du  sternum  des  Oiseaux  et  celui 
des  Mammifères ,  puisque  chez  les  Mammi- 
fères la  métamorphose  du  cartilage  en  os  est 
la  conséquence  tardive  d'une  loi  de  déve- 
loppement qui  souvent  ne  trouve  pas  son 
application ,  tandis  que  chez  les  Oiseaux 
cette  transformation  est  primitive  et  géné- 
rale. Pour  les  cartilages  costaux,  les  Oiseaux 
atteignent  donc  beaucoup  plus  vite  que  les 
Mammifères  un  terme  plus  avancé  de  déve- 
loppement, l'ossification  étant  postérieure 
à  la  cartilaginification;  et  c'est  le  contraire 


qui  devrait  exister  s'il  était  vrai  que  les  états 
transitoires  du  développement  de  tout  ap- 
pareil dussent  se  rencontrer  chez  les  Verté- 
brés inférieurs,  pour  arriver  à  leur  dernier 
degré  de  perfection  chez  les  Mammifères. 

La  longueur  et  la  disposition  des  pièces 
osseuses  qui  constituent  le  sternum  présen- 
tent autant  d'irrégularités  que  leur  nom- 
bre. Le  sternum  le  plus  court  se  rencontre 
chez  les  Cétacés;  les  Édentés  ont  en  géné- 
ral le  plus  long  ;  et  cette  élongation  plus 
considérable  dépend  surtout  du  prolonge- 
ment de  l'appendice  xiphoïde. 

Les  particularités  les  plus  curieuses  du 
sternum  des  Mammifères,  sont  celles  qui 
nous  sont  offertes  par  les  Chauves-Souris  et 
par  les  Taupes.  On  observe  chez  ces  ani- 
maux une  saillie  en  forme  de  crête  longitu- 
dinale, destinée  à  donner  attache  à  des  pec- 
toraux vigoureux,  et  qui  rappelle  le  bré- 
chet des  oiseaux,  sans  être  cependant  con- 
stitué de  la  même  manière.  Nous  retrouvons 
ici  l'application  d'une  loi  importante  que  la 
nature  observe  toujours  fidèlement.  En  ef- 
fet, pour  atteindre  un  même  résultat  phy- 
siologique, elle  ne  crée  pas  de  prime  abord 
des  éléments  organiques  nouveaux  ,  elle 
adapte  de  préférence  les  organes  préexistants 
à  un  rôle  spécial.  Ainsi ,  pour  des  buts  diffé- 
rents, les  Chauves-Souris,  les  Taupes,  les 
Oiseaux,  ont  besoin  de  muscles  puissants 
auxquels  il  faut  une  attache  solide;  et  c'est 
en  modifiant  légèrement  le  sternum  des 
Mammifères,  en  donnant  une  crête  aux  di- 
verses pièces  osseuses  qui  le  constituent, 
que  la  nature  y  introduit  un  caractère  qui 
ne  rappelle  le  type  ornithologique  par  la 
forme,  que  parce  qu'il  résulte  d'une  analogie 
dans  la  fonction.  Ici,  comme  partout,  c'est 
la  fonction  qui  domine  l'organe  :  une  fonc- 
tion identique  amène  une  disposition  ana- 
logue ;  et  c'est  pour  avoir  méconnu  cette 
influence  primitive  de  la  fonction  ,  qui  in- 
dique une  analogie  et  non  une  affinité, 
qu'on  a  considéré  comme  un  parallélisme 
dans  l'organisation  ce  qui  n'était,  en  queN 
que  sorte ,  qu'un  terme  de  rappel ,  une  cor- 
respondance. Nous  reviendrons  sur  les  faits 
de  cette  nature ,  à  propos  de  la  classifica- 
tion ,  et  nous  nous  servirons  dorénavant  de 
l'expression  de  termes  correspondants  pour 
les  représenter. 


670 


MAM 


Du  crâne. 


De  toutes  les  parties  du  squelette,  la 
boîte  crânienne  est,  après  la  face,  la  plus 
complexe  par  le  nombre  et  l'agencement  de 
ses  pièces  ;  c'est  aussi  celle  dont  la  compo- 
sition a  donné  lieu  aux  théories  les  plus 
nombreuses  et  les  plus  diverses.  De  même 
qu'on  voyait  dans  l'encéphale  la  continua- 
tion de  la  moelle  épinière  un  peu  plus  dé- 
veloppée ,  on  vit  aussi  dans  le  crâne  un 
prolongement  de  la  colonne  rachidienne, 
dont  les  éléments  vertébraux ,  plus  ou  moins 
modifiés  et  diversement  groupés ,  se  re- 
trouvent dans  les  os  crâniens.  La  dénomi- 
nation de  vertèbres  crâniennes  fut  donc  em- 
ployée pour  désigner  l'ensemble  des  cein- 
tures osseuses  qui  enferment  l'encéphale, 
comme  les  noms  de  vertèbres  cervicales , 
dorsales  et  autres ,  servaient  à  rappeler  les 
régions  correspondantes  du  rachis  qui  en- 
veloppent la  moelle  épinière.  Mais  les  mo- 
difications considérables  que  présentent  les 
os  du  crâne  ,  quand  on  les  compare  aux  os 
des  vertèbres,  rendirent  difficiles  le  rappro- 
chement des  parties  analogues  ,  et  la  signi- 
fication des  pièces  osseuses  fut  alors  diver- 
sement interprétée  par  les  partisans  de  cette 
doctrine.  Tantôt  on  ne  vit  dans  le  crâne  en- 
tier qu'une  seule  vertèbre;  tantôt  on  en 
trouva  trois,  quatre,  six,  sept  et  même 
davantage.  Quelques  anatomistes  crurent 
même  que  les  vertèbres  crâniennes  sont  tout 
aussi  complètes  que  les  vertèbres  du  corps; 
que  le  nombre  d'éléments  vertébraux  est 
normalement  fixé,  et  se  retrouve  invaria- 
blement sur  toutes  les  tètes  des  animaux 
vertébrés,  à  une  époque  plus  ou  moins  re- 
culée du  développement;  que  la  vertèbre  est 
la  forme  primitive  et  typique  de  toute  com- 
position osseuse.  Cette  divergence  d'opinions 
parmi  les  écrivains  qui  cependant  ont  un 
même  but,  prouve  que  la  constitution  du 
crâne  ne  s'offre  pas  avec  toute  la  simplicité 
que  l'énoncé  de  la  doctrine  semble  pro- 
mettre; elle  prouve  surtout  l'absence  d'un 
principe  commun  qui  pût  guider  dans  la 
détermination  de  la  nature  vertébrale  des 
pièces  crâniennes.  Ce  principe ,  il  nous  sem- 
ble qu'il  faut  le  chercher  dans  l'étude  même 
des  vertèbres,  dans  l'examen  des  condi- 
tions nécessaires  à  la  formation  et  au  déve- 
loppement des  vertèbres,  comme  M.  Agassiz 


MAM 

l'a  fait  pour  le  crâne  des  Poissons.  Or,  celte 
étude  nous  a  appris  que  la  condition  fon- 
damentale de  la  formation  des  vertèbres  est 
l'existence  d'une  corde  dorsale ,  autour  de 
kquelie  se  forment  les  anneaux  du  corps  de 
la  vertèbre,  et  de  laquelle  naissent  les  arcs 
qui  doivent  embrasser  la  moelle  épinière. 
L'exposé  suivant  du  développement  des 
os  crâniens  nous  montrera  si  ces  os  rem- 
plissent les  conditions  de  la  formation  ver- 
tébrale ,  et  nous  permettra  de  comprendre 
la  composition  du  crâne ,  sans  théorie  pré- 
conçue, et  dans  la  limite  rigoureuse  des 
faits  fournis  par  l'observation. 

Nous  avons  vu  que  les  lames  dorsales 
forment  primitivement  à  leur  partie  anté- 
rieure trois  dilatations  qui  se  ferment  en- 
suite autour  des  trois  cellules  encéphaliques, 
et  que  la  corde  dorsale  se  prolonge  au-des- 
sous de  cette  capsule  cérébrale  ,  non  pas 
jusqu'à  son  extrémité  antérieure,  mais  seu- 
lement jusqu'au  niveau  des  vésicules  audi- 
tives ,  entre  lesquelles  elle  se  termine  en 
pointe.  Cette  portion  encéphalique  de  la 
corde  dorsale  présente  les  mêmes  phéno- 
mènes que  sa  portion  rachidienne  :  elle  se 
revêt  aussi  d'une  gaine,  et  montre  égale- 
ment sur  chaque  côté  un  amas  plus  consi- 
dérable de  blastème.  La  masse  blastématique 
qui  enveloppe  la  corde  se  cartilaginifie  en- 
suite, et  devient  le  corps  ou  apophyse  basi- 
lah'e  de  l'os  occipital,  enfermant  l'extrémité 
antérieure  de  la  corde  dorsale.  Par  son  ori- 
gine, par  son  mode  de  développement,  par 
ses  rapports  avec  la  corde  dorsale,  le  corps 
de  l'occipital  est  donc  réellement  un  corps 
de  vertèbre.  Latéralement  il  envoie  des  pro- 
longements arqués  qui  se  recourbent  sur  la 
moelle  épinière,  et  limitent  le  trou  occipital 
par  lequel  la  moelle  pénètre  dans  la  cavité 
encéphalique.  Des  apophyses  articulaires  se 
développent  aussi  de  chaque  côté  du  trou 
occipital ,  et  servent  à  l'insertion  du  crâne 
sur  l'atlas  :  ce  sont  les  condyles  occipitaux. 
Tout,  dans  la  formation  de  la  portion  basi- 
laire  de  l'occipital,  nous  rappelle  donc  évi- 
demment les  conditions  et  les  phases  di- 
verses de  la  formation  d'une  vertèbre. 

En  avant  de  l'extrémilé  effilée  de  la  corde 
dorsale,  la  masse  blastématique  s'est  un 
peu  prolongée  en  s'élargissant,  puis  s'est  di- 
visée en  deux  prolongements  latéraux  ou 
anses ,  que  Rathke  nomme  les  poutres  du 


IMAM 


IMAM 


671 


crâne.  Ces  anses  latérales  s'écartent,  cir- 
conscrivent un  espace  qui  va  toujours  en 
se  rétrécissant,  et  dans  lequel  viendra  se 
placer  la  glande  pituitaire  ;  ils  se  rapprochent 
en  une  petite  plaque  vers  l'extrémité  an- 
térieure de  la  capsule  cérébrale.  Une  pièce 
osseuse,  le  corps  postérieur  duspénoïde,  naît 
de  la  petite  masse  tabulaire  située  au-de- 
vant de  la  corde  dorsale;  d'abord  distante 
du  corps  de  l'occipital,  elle  se  soude  ensuite 
avec  lui  d'une  manière  si  intime  que  plu- 
sieurs anatomistes  désignent,  avec  Scemmcr- 
ring,  l'ensemble  de  ces  deux  pièces  sous  le 
nom  d'os  basilaire.  Les  deux  poutres  du 
crâne  vont  toujours  en  se  rapprochant,  se 
«oudent  de  bonne  heure,  et  donnent  nais- 
sance à  la  selle  lurcique  dans  laquelle  se  loge  la 
glande  pituitaire,  aux  grandes  et  aux  petites 
ailes  du  sphénoïde.  Entre  les  deux  petites  ailes 
ou  ailes  antérieures,  une  masse  blastématique 
spéciale  produit  le  corps  antérieur  du  sphé- 
noïde, que  l'on  retrouve  chez  tous  les  Mam- 
mifères. Un  petit  prolongement  impair  se 
montre  aussi  entre  les  deux  poutres ,  sans 
s'avancer  aussi  loin  qu'elles,  et  disparaît 
ensuite  sans  se  métamorphoser  en  aucun  os 
permanent.  L'histoire  du  développement  du 
sphénoïde  ue  nous  présente  donc  plus  aucun 
phénomène  qui  rappelle  en  quelque  chose 
Ja  formation  de  l'occipital ,  et  par  consé- 
quent celle  des  vertèbres  :  jamais  il  n'em- 
brasse la  corde  dorsale ,  ne  prend  pas  un 
corps  vertébral  proprement  dit,  ne  se  courbe 
pas  autour  de  la  moelle;  et  il  faudrait  nier 
les  lois  du  développement  des  vertèbres,  ou 
se  contenter  d'un  simple  rapprochement  de 
mots,  pour  considérer  les  anses  latérales 
comme  les  analogues  des  arcs  vertébraux. 
De  la  partie  antérieure  des  poutres  crâ- 
niennes réunies  en  une  petite  plaque,  nais- 
sent les  différents  éléments  de  Velhmoïde, 
qui  ne  rappelle  plus,  en  aucune  façon  ,  la 
formation  vertébrale.  La  partie  moyenne  se 
développe  en  une  lame  perpendiculaire,  qui 
forme,  en  s'ossiûant,  la  cloison  des  fosses 
-nasales.  Sur  le  bord  postérieur  de  cette  lame 
pose  une  petite  plaque  à  peu  près  hori- 
zontale, qui  se  cartilaginiGe,  et  constitue,  à 
sa  portion  médiane,  une  tablette  osseuse 
qui  se  trouve  ainsi  placée  de  champ  sur  la 
lame  perpendiculaire,  et  qu'on  désigne  sous 
le  nom  de  lame  criblée.  Située  au-devant  du 
nerf  olfactif,  la  lame  criblée  se  perce  de 


trous  pour  lui  livrer  passage  hors  du  crâne. 
Elle  est  dépassée ,  à  sa  partie  antérienre , 
par  un  prolongement  de  la  cloison  perpen- 
diculaire qui  fait  saillie  dans  l'intérieur  du 
crâne  ,  et  constitue  l'apophyse  crista  galli. 
Par  son  bord  externe ,  la  mince  plaque  ho- 
rizontale, qui  s'est  convertie  en  lame  cri- 
blée dans  son  milieu,  se  recourbe  autour  de 
la  membrane  olfactive ,  et  projette,  dans  la 
cavité  nasale,  des  renflements  lamelleux  qui 
forment  les  cornets  du  nez.  Pour  une  autre 
portion  elle  produit  l'os  lisse  et  poli,  qu'on 
désigne  sous  le  nom  d'os  planum  ou  lame 
papyracée,  et  les  lamelles  transversales,  ir- 
régulières, plus  ou  moins  nombreuses,  for- 
mant les  cellules  elhmoïdales. 

Ne  devant  exposer  ici  que  l'organisation 
des  Mammifères,  il  nous  est  interdit  d'en- 
trer dans  des  détails  d'anatomie  comparée, 
et  de  chercher  la  correspondance  des  divers 
os  du  crâne  dans  toutes  les  classes  de  Ver- 
tébrés. Nous  ferons  seulement  cette  remar- 
que, que  les  différences  que  présente  la 
base  du  crâne  des  Anallantoïdiens  consis- 
tent principalement  en  ce  que  les  éléments 
osseux  sont  plus  étirés,  et  placés  aussi  à  une 
distance  plus  considérable  les  uns  des  au- 
tres. Ainsi,  pour  ne  prendre  qu'un  exemple, 
la  plaque  osseuse  que  Guvier  désigne  ,  chez 
les  Poissons,  sous  le  nom  de  corps  antérieur 
du  sphénoïde,  et  que  M.  Agassiz  appelle  eth- 
moïde  crânien,  nous  paraît  représenter  la 
lame  criblée  de  l'ethmoïde,  puisqu'elle  est 
placée  au-devant  des  nerfs  olfactifs,  et  per- 
cée de  trous  pour  leur  livrer  passage.  De 
cette  portion  crânienne  de  l'ethmoïde  s'é- 
tend une  lame  moyenne  qui  forme  cloison 
aux  orbites,  le  long  de  laquelle  continuent 
à  marcher  les  nerfs  olfactifs  ,  et  qui  se  ter- 
mine à  la  portion  faciale  de  l'ethmoïde. 
Chez  les  Mammifères  toutes  ces  parties  sont 
rapprochées ,  condensées  en  quelque  sorte  ; 
et  ces  particularités  dérivent  sans  aucun 
doute  de  la  différence  primordiale  que  pré- 
sente l'encéphale ,  qui  est  courbé  sur  lui- 
môme  chez  les  Mammifères  ,  tandis  qu'il 
s'étend  sur  un  même  plan  chez  les  Poissons. 
Voilà  une  des  raisons  pour  lesquelles  nous 
avons  attaché  de  l'importance  à  ce  carac- 
tère primitif  de  l'encéphale,  dans  nos  grands 
groupes  de  Vertébrés. 

Sur  la  base  du  crâne,  constituée  de  la 
manière  que  nous  venons  d'exposer,  est  por- 


672 


MAM 


MAM 


tée  la  capsule  cérébrale  de  laquelle  vont  se 
développer  les  plaques  osseuses  destinées  à 
compléter  la  boîte  crânienne. 

À  la  portion  basilaire  de  Voccipital  se 
rattache  la  portion  squameuse ,  qui  ferme 
en  arrière  la  cavité  du  crâne ,  et  complète , 
comme  une  sorte  de  développement  apo- 
physaire,  la  vertèbre  constituée  par  l'occi- 
pital. C'est  dans  des  enfoncements  de  la  face 
interne  de  cet  os  que  sont  logés  les  lobes 
cérébelleux  et  la  portion  postérieure  des 
lobes  cérébraux.  Vers  le  milieu  de  la  plaque 
squameuse  de  l'occipital,  à  la  région  nom- 
mée protubérance  externe,  se  montrent,  en 
général,  deux  points  d'ossiûcation ,  qui  se 
confondent  ensuite,  et  au-dessus  desquels 
en  apparaissent  encore  deux.  On  en  voit  sou- 
vent aussi  deux  au  sommet  et  deux  aux  cô- 
tés, soudés  promptement  avec  les  autres.  Il 
arrive  cependant  assez  souvent  qu'un  nom- 
bre plus  ou  moins  considérable  de  ces  pièces 
osseuses  restent  isolées;  elles  constituent 
alors  les  os  wormiens,  placés  dans  la  suture 
angulaire  de  l'occipital  avec  le  pariétal  , 
la  suture  lambdoïde.  On  trouve  générale- 
ment un  point  d'ossification  pour  la  partie 
basilaire  de  l'occipital,  et  un  pour  chaque 
apophyse  articulaire.  La  portion  écailleuse 
commence  la  première  à  s'ossifier  ;  c'est  la 
portion  basilaire  qui  s'ossifie  en  dernier 
lieu.  A  la  naissance,  l'occipital  présente  en 
général  quatre  pièces ,  qui  ne  sont  tout-  à- 
fait  soudées  qu'après  l'accroissement  com- 
plet :  l'une  compose  la  partie  postérieure  et 
supérieure  de  l'occiput;  une  autre  forme  le 
corps  occipital;  les  deux  dernières,  laté- 
rales ,  enveloppent  les  côtés  du  trou  occipi- 
tal et  comprennent  les  condyles.  L'occipital 
supérieur  s'unit  d'abord  avec  les  pièces  la- 
térales ,  de  sorte  que  la  partie  basilaire  est 
celle  qui  reste  le  plus  longtemps  distincte. 

Au  moment  de  la  naissance  et  plusieurs 
années  encore  après  ,  le  sphénoïde  est  divisé 
en  trois  pièces  :  les  deux  grandes  ailes  ,  et 
le  corps  auquel  sont  unies  les  petites  ailes. 
Quelquefois,  cependant,  les  petites  ailes  res- 
tent longtemps  distinctes.  Mais  dans  le  fœ- 
tus, le  sphénoïde  est  l'os  crânien  qui  pré- 
sente le  plus  grand  nombre  de  noyaux  iso- 
lés ;  on  en  compte  généralement  seize ,  qui 
ne  coexistent  cependant  pas  en  même  temps, 
des  soudures  partielles  ayant  lieu  avant  que 
de  nouvelles  pièces  apparaissent. 


Avec  la  grande  aile  du  sphénoïde  s'arti- 
cule  de  chaque  côté  un  temporal ,  dans  le- 
quel on  peut  considérer  trois  parties  :  la 
portion  squameuse,  le  cadre  du  tympan,  et 
le  rocher  avec  l'apophyse  mastoïdienne.  En 
général,  on  admet  que  l'apophyse  mastoïde 
forme  primitivement  une  pièce  distincte  de 
la  portion  pétrée  avec  laquelle  elle  se  con- 
fond de  très  bonne  heure.  La  portion  squa- 
meuse naît  par  un  point  osseux  placé  à  son 
extrémité  inférieure  ,  et  d'où  rayonne  l'os- 
sification. Quant  au  rocher  et  au  cadre  du 
tympan,  nous  avons  parlé  du  premier  en 
faisant  l'histoire  du  développement  de  l'or- 
gane auditif;  nous  parlerons  du  second  en 
étudiant  les  arcs  branchiaux.  De  la  face  ex- 
terne de  la  portion  squameuse  du  temporal, 
naît  une  apophyse  qui  doit  rencontrer  une 
autre  apophyse  de  l'os  jugal ,  et  former  avec 
elle  V  arcade  zy  g  omatique,  qui  se  courbe  plus 
ou  moins  en  anse,  et  est  plus  ou  moins  apla- 
tie. Le  temporal  des  Mammifères  se  distingue 
surtout  de  celui  des  trois  dernières  classes  de 
Vertébrés,  par  la  large  surface  de  sa  portion 
squameuse,  et  de  celui  des  quatre  dernières 
par  l'absence  de  l'os  carré  ou  tympanique , 
qui  porte  l'articulation  de  la  mâchoire  infé- 
rieure. 

Au-dessus  des  temporaux  s'élèvent  les 
pariétaux,  sous  forme  de  lames  qui  ferment 
la  voûte  du  ci  âne.  Leur  ossification  procède 
d'un  point  unique  ,  situé  vers  leur  milieu  , 
et  d'où  elle  s'étend  sous  forme  de  rayons. 
D'après  cette  marche  du  travail  de  l'ossifi- 
cation, les  bords  des  pariétaux  sont  les  der- 
nières parties  converties  en  os;  aussi  reste- 
t-il  longtemps,  entre  ces  os  et  les  os  voisins, 
des  intervalles  vides,  des  fontanelles.  Les 
deux  pariétaux  se  confondent  ensemble,  par 
la  suture  sagittale,  avant  de  s'unir  à  l'occi- 
pital par  la  suture  lambdoïde;  au  frontal, 
par  la  suture  coronale;  aux  temporaux,  par 
la  suture  écailleuse.  Cette  dernière  suture 
indique  une  sorte  de  tendance  des  tempo- 
raux à  glisser  sur  les  pariétaux,  et  à  sortir 
du  crâne  quand  celui-ci  se  rapetisse;  c'est 
ainsi  que  dans  les  Ruminants,  le  temporal 
se  colle  en  dehors  du  pariétal. 

L'ossification  de  l'ethmoïde  a  lieu  d'a- 
bord^dans  les  parties  latérales  :  dans  les  cor- 
nets du  nez,  elle  commence  par  le  moyen  , 
et  finit  par  le  supérieur;  elle  attaque  ensuite 
les  cellules  ethmoïdales,  et  enfin  la  lame 


IMAM 

papyracée.  A  la  naissance ,  ces  lames  laté- 
rales sont  distinctes  de  la  lame  perpendicu- 
laire, qui,  avec  l'apophyse  crista  galli,  ne 
se  développe  en  partie  et  ne  s'ossifie  que 
dans  la  première  année.  La  lame  criblée  pa- 
raît être  la  dernière  à  prendre  la  nature 
osseuse ,  et  ne  termine  son  entière  ossifica- 
tion que  vers  la  cinquième  année  chez 
l'Homme. 

Chez  les  Bimanes  et  chez  les  Singes,  l'eth- 
moïde  apparaît  dans  l'orbite,  tandis  que 
chez  presque  tous  les  autres  Mammifères  , 
il  est  enveloppé  par  le  sphénoïde  et  le  fron- 
tal. Dans  le  Phoque,  la  lame  perpendicu- 
laire se  montre  à  l'extrémité  du  museau. 

La  cloison  des  fosses  nasales  est  complétée 
sur  la  ligne  médiane  par  le  vomer,  qui  s'ar- 
ticule en  arrière  avec  la  lame  perpendicu- 
laire de  l'cthmoïde.  Il  présente  d'abord  deux 
lames  minces,  unies  par  leur  bord  inférieur 
et  postérieur,  et  qui  ne  se  confondent  com- 
plètement, chez  l'Homme,  qu'après  la  dou- 
zième année.  Le  vomer  ne  paraît  pas  avoir 
plusieurs  points  d'ossification. 

La  paroi  supérieure  et  antérieure  de  là 
cage  osseuse  du  nez  est  formée  par  les  deux 
os  propres  du  nez,  qui  naissent  chacun  d'un 
seul  point  d'ossification  ,  et  qui  varient  chez 
les  Mammifères  par  la  promptitude  avec  la- 
quelle ils  se  réunissent  en  un  seul  os. 

La  partie  antérieure  du  crâne  est  occupée 
par  le  frontal,  dont  l'ossification  commence 
par  deux  noyaux  qui  correspondent  aux 
points  où  se  montreront  plus  tard  les  émi- 
nences  désignées  sous  le  nom  de  bosses  fron- 
tales. L'ossification  se  propage  en  rayonnant, 
et  il  en  résulte  deux  os  qui  se  soudent  inti- 
mement sur  la  ligne  médiane  par  la  suture 
frontale,  pendant  les  premières  années  de  la 
vie,  et  qui  restent  quelquefois  distincts. 

De  la  paroi  frontale  du  crâne  descend  un 
prolongement  nasal  dont  la  substance  donne 
naissance  aux  inter-maxillaires.  Très  petits  et 
soudésde  très  bonne  heure  chez  l'Homme,  ces 
os  prennent  plus  de  développement  chez  les 
autres  Mammifères,  sans  cependant  acqué- 
rir l'importance  qu'ils  ont  chez  les  derniers 
Vertébrés  où  ils  constituent  seuls  presque 
toute  la  face.  Toutetois  l'origine  des  inter- 
maxillaires n'est  pas  parfaitement  démon- 
trée; il  paraît  probable  qu'à  la  masse  blas- 
tématique  fournie  par  le  prolongement  na- 
sal ,  s'ajoute  une  autre  masse  de  substance 
t.  vu. 


MAM 


673 


formatrice  provenant  du  premier  arc  vis- 
céral. 

Les  os  que  nous  venons  de  décrire  se 
trouvent  dans  le  crâne  de  tous  les  Mammi- 
fères, conservant  les  mêmes  connexions,  pré- 
sentant à  peu  près  les  mêmes  dispositions 
dans  leur  arrangement.  Il  nous  est  impos- 
sible de  citer  ici  les  particularités  qui  résul- 
tent de  différences  dans  leurs  proportions  re- 
latives, et  d'ailleurs,  les  formes  caractéristi- 
ques que  la  tête  prend ,  suivant  les  ordres  , 
proviennent  bien  plus  des  os  de  la  face  que 
des  os  du  crâne.  Nous  aurons  tout-à-1'heure 
l'occasion  d'apprécier  ces  divers  caractères. 
Mais  outre  les  os,  en  quelque  sorte  fonda- 
mentaux et  communs  qui  constituent  le 
crâne  de  tous  les  Mammifères  ,  on  en  ren- 
contre un  particulier  à  quelques  uns  de  ces 
animaux ,  et  que  sa  situation  à  fait  nommer 
inter-pariélal ;  il  est  en  effet  intercalé  entre 
l'occipital  et  les  deux  pariétaux.  Il  n'existe 
ni  chez  l'Homme  ,  ni  chez  les  Singes  ,  deux 
ordres  que  nous  avons  toujours  vus  jusqu'ici 
suivre  la  même  marche  dans  le  développe- 
ment de  leurs  appareils;  il  se  rencontre  chez 
les  Chéiroptères ,  les  Rongeurs ,  les  Rumi- 
nants, les  Cétacés,  les  Solipèdes,  la  plupart 
des  Pachydermes;  manque  chez  les  Insecti- 
vores ,  les  Amphibiens  et  chez  les  Carnivo- 
res, à  l'exception  du  genre  Chat.  Disons  ce- 
pendant qu'il  est  nécessaire  de  faire  encore 
des  observations  sur  cet  os,  dont  les  sutu- 
res disparaissent  en  général  de  très  bonne 
heure  et  dont  on  pourrait  bien  nier  l'exis- 
fence  faute  d'avoir  étudié  l'animal  dans 
une  époque  assez  reculée  de  son  dévelop- 
pement. 

Entre  les  os  propres  du  nez,  on  rencontre, 
chez  VUnau,  un  petit  os  de  la  forme  d'un 
losange,  qui  reste  longtemps  distinct,  et  se 
soude  plus  tard  avec  les  naseaux.  Nous  pou- 
vons encore  citer,  comme  os  spécial,  l'os 
du  groin  des  Sangliers.  C'est  aux  articles 
consacrés  aux  Ruminants  qu'il  faut  chercher 
les  détails  sur  les  productions  osseuses  que 
le  plus  grand  nombre  de  ces  animaux  pré- 
sentent dans  la  région  frontale,  et  qui  con- 
stituent les  cornes. 

Pour  résumer  les  faits  que  présente  le 
crâne  des  Mammifères  dans  sa  formation  et 
son  développement,  on  peut  distinguer  pri- 
mitivement deux  parties  :  l'une  basilairc, 
comprenant  la  portion  crânienne  de  la  cordo 


674 


1VJAM 


MAM 


dorsale ,  les  poutres  et  les  diverses  plaques 
crâniennes  ;  l'autre  supérieure  ,  constituée 
par  la  capsule  cérébrale  et  supportée  par  la 
première.  De  l'évolution  des  pièces  basilai- 
res  naissent  l'occipital  moins  sa  partie  squa- 
meuse, le  sphénoïde  et  l'ethmoïde;  du  dé- 
veloppement de  la  capsule  supérieure  se 
forment  la  portion  squameuse  de  l'occipital 
et  des  temporaux,  les  pariétaux,  le  frontal, 
les  nasaux,  les  inter-maxillaires  en  tout  ou 
en  partie ,  et  le  vomer.  La  portion  pétrée 
des  temporaux  doit  son  origine  à  l'ossifica- 
tion de  la  capsule  qui  enveloppe  la  vésicule 
auditive.  Tous  ces  os  naissent  par  un  nombre 
plus  ou  moins  considérable  de  noyaux  ou  élé- 
ments osseux ,  et  restent  isolés  ou  se  soudent 
entre  eux  plus  ou  moins  rapidement,  sui- 
vant les  ordres  différents.  Ces  variations, 
qui  sont  souvent  très  sensibles  chçz  l'adulte, 
tendent  d'autant  plus  à  s'effacer  qu'on  re- 
monte plus  loin  dans  l'examen  du  crâne  du 
fœtus.  Il  s'en  faut  beaucoup  cependant  qu'on 
Tetrouve  dans  tous  les  ordres  de  Mammifè- 
res le  même  nombre  d'éléments  osseux;  en- 
core moins  peut-on  établir  un  nombre  nor- 
mal et  invariable  de  ces  éléments  pour  toutes 
les  classes  de  Vertébrés.  Le  seul  rapproche- 
ment que  permette  l'étude  comparée  du 
crâne  est  l'existence  d'un  certain  nombre  de 
systèmes  de  pièces  osseuses ,  dans  chacun 
desquels  la  quantité  des  éléments  peut  va- 
rier, soit  par  la  disparition  de  l'un  d'eux, 
soit  par  l'introduction  d'un  élément  spécial 
pour  une  fonction  nouvelle,  mais  dont  l'en- 
semble présente  le  même  groupement  géné- 
ral et  les  mêmes  connexions  principales. 
C'est  dans  ces  limites  que  nous  comprenons 
la  comparaison  que  l'on  peut  faire  du  crâne 
des  différentes  classes  de  Vertébrés ,  soit  à 
l'état  embryonnaire,  soit  à  l'état  adulte.  Ce 
n'est  pas  ici  le  lieu  de  développer  cette  idée, 
à  l'appui  de  laquelle  nous  pourrons  citer 
quelques  exemples  dans  la  suite. 

Quant  à  la  composition  vertébrale  du 
crâne,  si  nous  avons  bien  exposé  les  condi- 
tions de  la  formation  d'une  vertèbre,  et  les 
phénomènes  que  présentent  les  os  crâniens 
dans  leur  développement,  on  a  pu  voir  que 
l'occipital  seul  peut  être  réellement  assimilé 
à  une  vertèbre  que  nous  appellerions  vo- 
lontiers la  vertèbre  occipitale;  mais  que 
toute  analogie  se  borne  là,  et  qu'il  n'est  pas 
juste  de  comparer  à  des  vertèbres,  ni  le 


sphénoïde,  ni  l'ethmoïde,  avec  les  os  an- 
nexes, puisque  nous  n'observons  plus  pour 
aucun  d'eux  les  phénomènes  caractéristiques 
que  nous  présentent  les  vertèbres  dans  leur 
formation.  Malgré  la  séduction  de  la  doc- 
trine philosophique  qui  a  voulu  retrouver 
dans  la  composition  du  crâne  l'unité  de  plan 
et  l'unité  de  matériaux,  il  faut  bien  avouer 
que  la  nature  ne  s'est  pas  renfermée  dans 
les  limites  étroites  d'une  création  qui  se  ré- 
péterait et  se  copierait  sans  cesse,  et  qui  se- 
rait commandée  par  l'organe  sans  pouvoir 
rien  faire  pour  la  fonction.  Nous  avons  déjà 
eu  occasion  de  Caire  ces  réflexions  à  propos 
d'autres  parties  du  squelette ,  nous  ne  les 
répéterons  pas  en  nous  occupant  des  autres 
appareils  ;  mais  elles  nous  semblent  résulter 
naturellement  de  l'observation  simple  des 
faits.  Tout  au  plus  pourrait -on ,  en  regar- 
dant de  haut  et  d'une  manière  tout-à-fait 
générale,  trouver  dans  l'association  des  piè- 
ces du  crâne  séparées  ou  diversement  com- 
binées, des  traces  décomposition  vertébrale; 
tout  au  plus  pourrait-on  induire,  des  fonc- 
tions des  os  crâniens,  qu'ils  rappellent  aussi 
les  vertèbres  ;  mais  la  question  ramenée  a 
ces  termes  ne  nous  donne  plus  qu'une  com- 
position vertébrale  vague  et,  en  quelque 
sorte,  virtuelle,  qui  n'est  plus  assez  rigou- 
reuse pour  être  scientifique. 

Comparé  au  crâne  des  Vertébrés  des  trois 
dernières  classes ,  le  crâne  des  Mammifères 
se  distingue ,  dans  son  ensemble ,  par  un 
nombre  plus  petit  de  pièces  à  l'état  adulte; 
comparé  à  celui  des  Oiseaux,  dont  le  nom- 
bre de  pièces  élémentaires  est  à  peu  près  le 
même ,  il  se  distingue  parce  que  ces  pièces 
se  soudent  beaucoup  moins  vite.  Chez  les 
Oiseaux,  en  effet,  comme  nous  avons  déjà  eu 
occasion  de  le  remarquer  en  parlant  des 
côtes,  le  travail  de  l'ossification  et  de  la  fu- 
sion des  os  s'étend  plusloin,s'accomplitbeau- 
coup  plus  tôt  et  plus  rapidement  que  chez£ 
les  Mammifères,  et,  sous  ce  rapport,  leur* 
développement  présente  un  caractère  de  su-  j* 
périorité  sur  lequel  on  n'a  peut-être  pas^ 
assez  insisté. 

De  la  fac$* 

La  face  présente  beaucoup  plus  de  varia- 
tions que  le  crâne  dans  l'agencement  et  les 
proportions  de  ses  parties,  et  c'est  de  ces  va- 
riations, combinées  avec  des  différences  dans 


MAM 


MAM 


(7j 


la  situation  relative  de  la  face  et  du  crâne, 
que  naissent  toutes  les  formes  si  caractéris- 
tiques que  nous  observons  dans  les  tètes 
des  Mammifères.  Siège  d'organes  des  sens 
aussi  importants  que  le  sont  ceux  de  la  vue, 
de  l'odorat  et  du  goût,  la  face  a  subi  ces 
modifications  en  raison  de  l'énergie  des  ap- 
pétits impérieux  de  la  vie  végétative,  et  aussi 
en  raison  du  mode  suivant  lequel  chaque 
animal  doit  satisfaire  à  ces  besoins.  Aussi 
trouve-t-on,  dans  l'observation  du  jeu  delà 
face,  dans  la  physionomie,  l'indice  des  fa- 
cultés etdes  instincts  de  l'individu,  et,  dans 
l'étude  de  l'organisation  qui  est  en  rapport 
avec  ces  instincts,  des  caractères  zoologiques 
d'une  grande  importance. 

Le  développement  de  la  face  offre  aussi 
des  phénomènes  particuliers  dont  l'exposé 
nous  permettra  d'apprécier  la  valeur  des  opi- 
nions qui  veulent  trouver  dans  les  différentes 
pièces  faciales  les  analogues  des  côtes  ou  des 
membres,  et,  dans  le  nombre  primitif  de 
ces  pièces ,  la  représentation  typique  de  la 
composition  de  la  face  dans  toutes  les  classes 
de  Vertébrés. 

Les  lames  ventrales,  en  convergeant  l'une 
vers  l'autre ,  et  en  se  réunissant  à  la  partie 
céphalique  de  l'embryon,  déterminent  au- 
dessous  du  crâne  une  sorte  d'enfoncement 
en  cul-de-sac  dont  le  fond  est  formé  par  la 
base  du  crâne.  Cette  cavité,  différemment 
coupée  dans  la  suite  par  les  pièces  de  la  face, 
et  par  d'autres  organes  qui  la  rétrécissent 
et  en  modifient  l'étendue,  formera  les  fosses 
nasales ,  le  canal  de  la  trompe  d'Eustache 
avec  la  caisse  du  tympan ,  la  bouche  et  le 
pharynx.  Les  pièces  qui  doivent  délimiter 
ces  diverses  cavités  prennent  naissance  du 
blastème  des  lames  ventrales,  et  se  pré- 
sentent primitivement  sous  la  forme  de  li- 
gnes ou  de  languettes  qui  partent  de  la 
capsule  cérébrale  et  se  courbent,  en  sui- 
vant le  mouvement  même  des  lames  ven- 
trales, pour  marcher  l'une  au-devant  de 
l'autre,  et  se  rencontrer  sur  la  ligne  médiane 
inférieure.  L'épaisseur  de  ces  languettes 
dépasse  bientôt  celle  des  lames  ventrales; 
celles-ci  disparaissent,  et  la  cavité  qu'elles 
circonscrivaient  précédemment  n'est  plus 
close  que  par  les  languettes  arquées  qui  ne 
se  touchent  pas  dans  toute  leur  longueur, 
mais  laissent  entre  elles  des  fentes.  De  sorte 
qu'en  regardant  l'embryon  par  la  face  anté- 


rieure, on  voit  au-dessous  de  l'encéphale, 
dans  la  région  que  l'on  a  improprement  ap- 
pelée le  cou,  des  bandes  étroites  de  substance 
formatrice  qui  descendent  du  crâne  vers  la 
ligne  médiane  et  se  terminent  à  droite  et  à 
gauche  par  des  extrémités  arrondies  ,  avant 
que  leurs  deux  moitiés  se  soient  rencontrées 
et  soudées.  Ces  bandes  s'observent  chez  tous 
les  Vertébrés,  et  leur  nombre  varie  dans  le 
grandes  divisions  de  cet  embranchement. 
Chez  les  Mammifères,  on  en  compte  quatre 
qui  ne  se  développent  pas  simultanément, 
mais  bien  d'avant  en  arrière,  et  se  complè- 
tent dans  le  même  ordre. 

Guidés  par  l'opinion  que  les  embryons 
des  Mammifères  présentent  successivement 
les  formes  qui  caractérisent  les  Vertébrés 
inférieurs  à  l'état  adulte,  certains  observa 
teurs  virent  dans  les  arcs  que  nous  venons 
de  décrire  une  analogie  avec  les  arcs  qui 
portent  les  branchies  chez  les  Poissons,  as- 
similèrent même  ces  deux  ordres  d'organes, 
les  uns  transitoires,  les  autres  permanents, 
et  donnèrent  aux  premiers  comme  aux  se- 
conds le  nom  d'arcs  branchiaux.  Quelques 
observateurs  crurent  même  qu'il  ne  serait 
pas  impossible  que  ces  arcs  servissent  aussi 
chez  l'embryon  des  Mammifères  à  une  res- 
piration aquatique  dans  le  liquide  de  l'am- 
nios ,  et  que  la  fonction  comme  l'organe  fît 
de  cet  embryon  une  sorte  de  Poisson.  Pour 
ne  pas  employer  un  nom  qui  représentât 
une  idée  aussi  fausse,  Reichert  lui  substitua 
la  dénomination  d'arcs  viscéraux;  les  fentes 
qui  distinguent  ces  arcs  furent  appelées, 
suivant  les  auteurs,  fentes  branchiales  ou 
fentes  viscérales.  Il  est  inutile  de  dire  ici 
qu'aucun  observateur  ne  vit  jamais  de  fran- 
ges branchiales  se  développer  sur  ces  arcs, 
et  que  c'est  en  cédant  à  une  idée  précon- 
çue et  systématique  qu'on  put  aller  jusqu'à 
formuler  une  opinion  aussi  extraordinaire.  Il 
en  est  de  ces  languettes  primitives  comme 
de  beaucoup  d'autres  formations  :  elles  ne 
sont  autre  chose  que  l'indice  d'un  type 
général  commun,  du  type  Vertébré,  ne  dé- 
passent jamais  les  limites  d'une  vague  res- 
semblance histogénique,  et  se  différencient 
aussitôt  qu'elles  commencent  leur  évolution . 
Encore  faut-il  remarquer  que  cette  lointain? 
analogie  que  nous  observons  primitivement 
pour  beaucoup  d'appareils  chez  les  Verté- 
brés, n'existe  pas  réellement  entre  les  arc* 


676 


IMAM 


qui  sont  destinés  à  produire  les  branchies 
chez  les  Poissons,  et  ceux  dont  nous  allons 
suivre  le  développement  chez  les  Mammi- 
fères. C'est  ce  qui  résultera  de  la  comparai- 
son que  nous  établirons  pour  les  deux  clas- 
ses entre  les  différents  arcs,  après  les  avoir 
d'abord  étudiés  chez  les  Mammifères. 

Des  quatre  arcs  branchiaux  des  Mammi- 
fères, le  premier,  par  ses  évolutions  succes- 
sives, produit  les  os  palatins,  les  apophyses 
ptérygoïdes,  le  maxillaire  supérieur,  le  ju- 
gal,  la  mâchoire  inférieure,  le  marteau, 
l'enclume  et  la  langue.  Le  second  arc  donne 
naissance  à  l'étrier  et  à  son  muscle  ,  à  l'a- 
pophyse styloïde ,  à  l'éminence  papillaire  du 
tympan  ,  au  ligament  stylo-hyoïdien  ou  aux 
os  qui  le  représentent,  et  à  la  petite  corne 
de  l'hyoïde.  Le  troisième  arc  forme  le 
corps  de  l'hyoïde  et  ses  cornes  postérieures; 
il  est  en  rapport  avec  le  développement  de 
l'épiglotte ,  du  larynx  et  de  la  trachée.  De 
la  masse  qui  constitue  le  quatrième  arc, 
proviennent  les  parties  molles  du  cou.  La 
première  fente  branchiale  ,  celle  qui  sé- 
pare le  premier  arc  du  second  ,  subit  des 
métamorphoses  importantes  d'où  résultent 
le  conduit  auditif,  l'oreille  ,  la  caisse  du 
tympan,  la  trompe  d'Eustache ,  la  mem- 
brane du  tympan  et  le  cadre  tympanique. 
Les  trois  fentes  branchiales  suivantes  s'obli- 
tèrent debonne  heure  par  le  dépôt  de  masses 
plastiques,  dont  le  développement  produit 
des  parties  molles,  muscles,  nerfs,  etc.,  qui 
appartiennent  aux  régions  correspondantes 
et  dans  le  détail  desquelles  nous  ne  pouvons 
entrer. 

De  l'énumération  que  nous  venons  de 
donner,  il  résulte  que  le  premier  arc  bran- 
chial est  le  plus  important  par  le  nombre 
de  pièces  osseuses  auxquelles  il  donne  nais- 
sance; son  développement  est  aussi  le  plus 
complexe.  Eu  égard  aux  os  qui  résultent  de 
son  développement,  nous  le  désignerons 
sous  le  nom  d'arc  facial.  Au  point  où  ses 
deux  moitiés  prennent  leur  origine  sur  la 
capsule  cérébrale  pour  se  courber  au-devant 
de  la  cavité  viscérale  supérieure  ,  on  le  voit 
émettre  en  avant,  de  chaque  côté,  un  prolon- 
gement qui  s'étend  dans  un  plan  parallèle 
à  la  base  du  crâne,  et  se  soude  avec  celle-ci, 
c'çst- à-dire  avec  les  parties  dont  le  dévelop- 
pement produira  le  sphénoïde  antérieur, 
l'ethmoïde,  le  vomer  et  les  inter-maxillaires.   | 


MAM 

La  région  antérieure  où  ce  prolongement 
atteint  celui  du  côté  opposé ,  porte  le  nom 
de  capuchon  frontal.  Les  os  qui  résultent 
des  métamorphoses  de  cette  première  partie 
du  premier  arc  branchial  sont  les  os  pala- 
tins et  les  apophyses  ptérygoïdes.  Les  pre- 
miers naissent  par  un  seul  noyau  osseux  et 
se  présentent  comme  une  lame  courbée,  dont  ^ 
la  partie  horizontale  complète  la  voûte  pa- 
latine en  formant  son  bord  postérieur,  et 
dont  la  petite  lame  verticale  monte  le  long 
de  la  paroi  interne  de  la  fosse  nasale  ;  ils 
pénètrent  plus  ou  moins  profondément  dans 
la  bouche,  et  paraissent  plus  ou  moins  com- 
plètement dans  l'orbite.  Chez  les  Carnassiers 
spécialement,  les  palatins  sont  très  allongés 
et  constituent  une  partie  considérable  de  la 
paroi  interne  de  l'orbite,  remplaçant  ainsi 
l'ethmoïde,  qui  ne  s'y  montre  pas.  Chez  les 
Fourmiliers,  les  palatins  se  joignent  l'un  à 
l'autre  en  dessous  dans  toute  leur  longueur. 
Ces  os  croissent  des  côtés  vers  le  milieu,  et 
se  soudent  de  très  bonne  heure:  cependant, 
chez  les  Siréniens,  une  suture  indique  en- 
core leur  partage  primitif  en  deux  piècer. 
Les  apophyses  ptérygoïdes  qui,  chez  beau- 
coup de  Mammifères  adultes,  s'attachent  au 
sphénoïde,  au  point  où  la  grande  aile  se  sé- 
pare du  corps  de  cet  os,  constituent  dans 
l'embryon,  et  même  chez  certains  Mammi- 
fères développés,  des  os  distincts  qui  ne  se 
soudent  pas  au  sphénoïde.  Chacune  de  ces 
apophyses  s'allonge  plus  ou  moins  de  cha- 
que côté,  et  se  divise  généralement  en  deux 
lames  nommées  ailes  internes  et  externes. 
La  lame  interne  se  termine  par  un  crochet 
de  forme  arrondie,  et  c'est  elle  principale- 
ment que  l'embryologie  et  l'anatomie  com- 
parée nous  portent  à  considérer  comme  un 
os  distinct.  En  effet,  les  ailes  internes  ne 
manquent  à  aucun  Mammifère,  tandis  que 
les  ailes  externes  peuvent  ne  point  exister, 
comme  chez  les  Tatous  et  les  Pangolins,  ou 
bien  s'effacent  et  se  réduisent  à  un  tuber- 
cule, comme  chez  les  Carnivores.  Déplus, 
les  ailes  internes  sont  celles  qui  restent  le 
plus  longtemps  distinctes,  comme  on  l'ob- 
serve en  général  chez  les  Chéiroptères,  chez 
le  Daman,  le  Tapir,  l'Oryctérope;  et  enfin, 
ces  mêmes  ailes  peuvent  ne  jamais  se  sou- 
der avec  le  corps  du  sphénoïde,  comme  c'est 
le  cas  pour  le  Morse,  les  Cochons,  le  Rhino- 
céros, le  Cheval,  le  Lama,  le  Dauphin.  Le§ 


MAM 


MAM 


G77 


particularités  que  les  ptérygoïdiens  présen- 
tent sont  peu  importantes  et  ont  rapport  à 
leur  plus  ou  moins  grand  écartement,  à  leur 
soudure  plusou  moins  rapide, aux  connexions 
qu'ils  contractent  avec  la  caisse,  comme  dans 
la  plupart  des  Rongeurs,  les  Makis  et  les 
Tarsiers.  Mais  ces  os  offrent  une  disposition 
intéressante  chez  beaucoup  d'Édentés  et 
chez  les  Dauphins.  Chez  l'Unau,  les  ptéry- 
goïdiens sont  renflés  et  creusés  de  cellules 
qui  sont  en  communication  avec  les  sinus 
du  sphénoïde,  et  ainsi  avec  les  arrière-na- 
rines. Une  organisation  analoguese  rencontre 
chez  l'Aï  à  collier,  où  la  communication  est 
devenue  plus  complète  par  l'existence ,  à  la 
face  interne  de  ces  os,  d'un  large  sillon  qui 
aboutit  dans  le  sinus  du  sphénoïde  par  un 
trou  du  palatin.  Chez  les  Fourmiliers,  les 
ailes  internes  se  rencontrent  et  s'accolent 
tout-à-fait  l'une  à  l'autre  en  dessous,  comme 
l'ont  fait  les  palatins  avec  lesquels  elles  s'u- 
nissent, pour  constituer  ainsi  un  tube  qui 
continue  le  tube  osseux  des  arrière-narines. 
Dans  les  Dauphins,  on  trouve  quelque  chose 
de  semblable  :  les  ailes  ptérygoïdiennes  in- 
ternes, qui  restent  toujours  distinctes,  pren- 
nent un  grand  développement,  se  replient 
sur  elles-mêmes  et  composent  tout  le  bord 
de  Panière-narine,  où  se  montre  seulement 
le  vomer. 

En  remontant  à  la  situation  primordiale 
des  prolongements  de  l'arc  facial,  d'où  nais- 
sent les  palatins  et  les  ptérygoïdiens,  on 
comprendra  facilement  que  la  soudure  de 
la  face  avec  le  crâne  s'opère  à  l'aide  de 
ces  os. 

En  dehors  de  ces  prolongements  et  du 
point  où  ils  commencent  à  s'étendre  sous  la 
base  du  crâne,  le  blastème  de  l'arc  facial  se 
cartilaginiGe  bientôt ,  et  c'est  de  ce  cartilage 
«me  se  produisent  l'os  maxillaire  supérieur  et 
kjiigal.[Lts os  maxillaires  supérieurs,  aussi 
bien  que  les  prolongements  dont  nous  ve- 
nons de  parler,  croissent  des  côtés  vers  le 
milieu,  de  sorte  que  c'est  par  degré  qu'ils 
se  rapprochent  l'un  de  l'autre  et  de  Tinter- 
maxillaire.  Le  nombre  des  points  d'ossifi- 
cation paraît  être  de  sept,  qui  se  soudent 
rapidement  entre  eux.  Par  suite  des  progrès 
du  développement,  le  maxillaire  devient  un 
os  large,  plus  ou  moins  bombé  et  allongé 
d'arrière  en  avant,  s'unissant  au  frontal  par 
une  apophyse  moulante  ou  nasale;  au  pala- 


tin, par  son  bord  postérieur,  et  à  d'autrei 
os,  le  vomer,  l'ethmoïde,  l'unguis,  suivant 
que  son  développement  le  met  en  rapport 
avec  eux.  Vers  sa  partie  moyenne,  il  pré- 
sente l'apophyse  jugale  ou  malaire,  par  la- 
quelle il  s'articule  avec  le  jugal.  Ce  qui  ca- 
ractérise essentiellement  cet  os  chez  les 
Mammifères,  c'est  sa  complète  immobilité  , 
car  il  est  plus  ou  moins  mobile  dans  le  plus 
grand  nombre  des  animaux  des  autres  clas- 
ses. L'os  maxillaire  supérieur,  par  son  vo- 
lume et  par  sa  situation  au  milieu  des  au- 
tres os,  est  un  de  ceux  qui  contribuent 
principalement  à  donner  à  la  face  sa  forme 
et  son  étendue.  A  mesure  qu'on  s'éloigne 
de  l'Homme,  il  se  porte  davantage  en  avant, 
s'effile  plus  ou  moins,  et  détermine  de  la 
sorte  ces  formes  si  différentes  que  présente 
l'étude  du  museau  chez  les  Mammifères. 
Les  deux  extrêmes,  sous  ce  rapport,  nous 
sont  offerts  d'une  part  par  les  Singes  et  par 
les  Paresseux,  qui  ont  la  face  extrêmement 
courte,  et  de  l'autre  par  le  Tamanoir,  chez 
lequel  le  museau  est  excessivement  long, 
cylindrique,  étroit,  s'évasant  à  sa  base  pour 
s'unir  au  crâne.  Ces  différences  et  toutes 
celles  que  nous  observons  entre  ces  deux 
limites,  sont  généralement  en  rapport  avec 
le  développement  qu'acquièrent  les  organes 
de  l'odorat  et  du  goût ,  quoiqu'il  soit  sou- 
vent difficile  d'expliquer  l'allongement  des 
mâchoires  autrement  que  par  une  particula- 
rité dépendant  du  type. 

Tout  au  pourtour  de  son  extrémité  infé- 
rieure, l'os  maxillaire  présente  un  rebord 
dentaire  renflé  qui,  de  bonne  heure,  prend 
une  assez  grande  épaisseur  et  montre  les 
gonflements  qui  correspondent  aux  alvéoles. 
Nous  indiquerons  les  particularités  que  pré- 
sentent les  dents,  en  parlant  de  la  mâchoire 
inférieure.  C'est  en  appuyant  sur  la  saillie 
déterminée  par  les  incisives  supérieures,  une 
ligne  qui  toucherait,  en  haut,  au  point  le  plus 
proéminent  du  frontal,  qu'on  a  essayé  d'ap- 
précier le  développement  relatif  de  la  face 
et  du  crâne,  et,  par  suite,  le  développement 
intellectuel.  Les  raisons  que  nous  avons  ap- 
portées en  parlant  du  système  nerveux  ne 
nous  permettent  pas  de  regarder  la  masse  plus 
ou  moins  considérable  de  l'encéphale  comme 
l'indice  absolu  d'une  intelligence  plus  ou 
moinséIevée;parconséquentnousnecroyons 
pas  que  cette  ligne  faciale  de  Camper,  don- 


67  8 


MAM 


MAM 


Dât-elle  exactement  le  rapport  de  la  face  au 
cerveau,  puisse  donner  par  cela  même  la 
mesure  de  l'intelligence  d'un  animal.  Mais, 
de  plus,  cette  ligne  ne  peut  servir  de  guide 
sincère,  même  pour  l'appréciation  du  déve- 
loppement relatif  de  la  face  etdu  crâne,  puis- 
que, d'une  part,  les  sinus  frontaux  peuvent 
donner  une  grande  proéminence  au  front, 
comme  cela  a  lieu  chez  l'Éléphant ,  et  re- 
lever par  conséquent  la  ligne  faciale ,  sans 
qu'on  puisse  en  induire  le  développement 
de  l'encéphale;  et  que,  d'autre  part,  la  face 
peut  prendre  une  position  tellement  avan- 
cée qu'il  ne  soit  plus  possible  d'appuyer  la 
ligne  faciale  à  la  fois  sur  le  frontal  et  le 
maxillaire.  11  nous  semble  qu'on  s'est  trompé 
en  attribuant  aux  anciens  la  connaissance 
des  relations  de  ce  genre,  et  en  considérant 
comme  une  preuve  de  leur  science  à  ce  sujet 
l'habitude  où  étaient  les  artistes  d'exagérer 
l'ouverture  de  l'angle  facial,  quand  ils  vou- 
laient imprimer  à  une  tête  le  caractère  de 
l'intelligence  et  de  la  majesté.  Cette  prati- 
que nous  paraît  impliquer  seulement  l'é- 
tude du  visage  de  l'Homme  comparée  à 
celle  de  la  tête  des  animaux.  Pour  les  an- 
ciens, le  type  de  la  beauté  était  l'Homme 
de  la  race  caucasique  à  laquelle  ils  appar- 
tenaient, et  dont  ils  trouvaient  encore  des 
traits  purs  et  primitifs;  reproduire  les  ca- 
ractères de  ce  type  en  l'éloignant  du  type 
des  animaux,  devait  donc  être  le  but  des 
artistes.  En  exagérant  la  proéminence  du 
front,  ils  n'avaient  pas  deviné  l'angle  facial 
de  Camper;  ils  évitaient  seulement  le  mu- 
seau des  animaux. 

La  face  s'allonge  d'autant  plus  au-devant 
du  crâne  que  l'on  observe  l'animal  à  une 
époque  plus  éloignée  de  son  développement. 
Primitivement  l'arc  facial  descend,  comme 
nous  l'avons  dit,  au-dessous  de  la  capsule 
cérébrale,  et  c'est  à  peu  près  dans  cette  po- 
sition qu'il  persiste  chez  l'Homme;  c'est 
aussi  celle  qu'il  offre  chez  les  jeunes  Singes. 
Mais,  successivement,  il  s'avance  au-devant 
du  crâne,  et  l'angle  facial  qui,  par  exemple, 
est  de  65"  chez  le  jeune  Orang-Outang,  n'est 
plus  que  de  40u  chez  le  même  animal 
adulte. 

L'os  jugal,  qui  s'articule  avec  l'apophyse 
malaire  du  maxillaire  supérieur,  sert  à  unir 
le  crâne  avec  la  face,  au  moyen  d'une  apo- 
physe montante  qui  s'attache  au  frontal,  et 


de  l'arcade  zygomatique  qui  joint  l'apophyse 
zygomatique  du  temporal.  11  s'ossifie  de 
bonne  heure  très  probablement  par  un  seul 
noyau  osseux.  *  Quelques  Mammifères,  le 
Tenrec,  les  Musaraignes,  les  Pangolins  n'ont 
pas  de  jugal;  d'autres,  comme  les  Fourmi- 
liers, en  ont  un  extrêmement  petit  ;  d'autres, 
au  contraire,  comme  le  Sanglier,  le  Pécari, 
ont  un  jugal  assez  large  pour  composer  une 
partie  de  la  face.  Dans  les  Taupes  et  beau- 
boup  de  Chéiroptères  insectivores,  l'arcade 
zygomatique  ne  consiste  qu'en  un  filet  os- 
seux plus  ou  moins  droit,  sans  suture;  dans 
le  plus  grand  nombre  des  Mammifères,  elle 
est  forte  et  peut  être  composée  de  l'os  jugal 
pour  sa  partie  moyenne ,  de  l'apophyse  du 
temporal  et  du  maxillaire  supérieur  pour 
ses  deux  extrémités.  Dans  l'Homme,  les 
Quadrumanes ,  la  plupart  des  Chéiroptères 
et  des  Insectivores  ,  les  Carnivores ,  pres- 
que tous  les  Amphibiens ,  les  Édentés  , 
les  Ruminants  et  les  Siréniens,  l'arcade  zy- 
gomatique se  forme  seulement  par  l'apophyse 
zygomatique  du  temporal  et  l'os  jugal,  qui 
s'avancent  plus  ou  moins  l'un  sur  l'autre , 
et  donnent  ainsi  naissance  à  une  suture 
plus  ou  moins  longue  et  oblique.  Chez  les 
Solipèdes,  le  temporal  forme  presque  seul 
l'arcade  zygomatique,  le  jugal  y  contri- 
bue peu,  et  l'on  observe  une  apophyse  post- 
orbitaire  que  le  temporal  fournit  au  frontal 
postérieur.  Chez  les  Cétacés  ordinaires,  cette 
apophyse  post-orbitaire  et  l'apophyse  du 
temporal,  constituent  l'arcade  zygomatique 
dans  la  composition  de  laquelle  le  jugal 
n'entre  pas.  Au  contraire,  dans  les  Ron- 
geurs, les  Proboscidiens  et  les  Pachydermes 
ordinaires, l'arcade  zygomatique  est  formée 
par  le  jugal,  l'apophyse  zygomatique  du 
temporal  et  une  apophyse  du  sus-maxillaire. 
L'absence  des  dents  et  de  la  mastication 
coïncide,  chez  les  Édentés ,  avec  des  parti- 
cularités curieuses  de  l'arcade  zygomatique. 
Ainsi,  dans  les  Tardigrades,  le  jugal  monte 
plus  haut  que  l'apophyse  du  temporal,  de 
sorte  que  ces  deux  os  ne  se  rencontrent  pas, 
et  que  l'arcade  est  brisée;  dans  les  Fourmi- 
liers, le  jugal  n'atteint  pas  l'apophyse  du 
temporal,  et  l'arcade  se  complète  par  un  li- 
gament, comme  chez  les  Pangolins. 

L'arcade  zygomatique  s'éloigne  d'autant 
plus  du  crâne  horizontalement  que  le  mus- 
cle masséter,  le  plus  puissant  releveur  de 


IMAM 


MAIM 


G79 


la  mâchoire  inférieure,  est  plus  développé, 
ou,  en  d'autres  termes,  que  l'animal  doit 
faire  plus  d'efforts  pour  séparer  une  portion 
de  l'aliment  dont  il  se  nourrit.  Sous  ce  rap- 
port, les  Chéiroptères,  les  Insectivores,  les. 
Rongeurs,  et  surtout  les  Carnivores,  sont 
les  Mammifères  chez  lesquels  l'arcade  se 
porte  le  plus  en  dehors,  et  c'est  cette  or- 
ganisation qui  élargit  leur  tête  latéralement. 
Chez  l'Homme  et  les  Quadrumanes,  l'arcade 
se  courbe  un  peu  en  dehors;  elle  est  plus 
ou  moins  droite,  dans  les  autres  ordres, 
très  peu  saillante  chez  les  Édentés  qui  l'ont 
complète,  et  un  peu  rentrante  chez  le  Prio- 
donte  géant. 

Quant  à  la  forme  que  prend  l'arcade  zy- 
gomatique  dans  le  sens  vertical ,  elle  paraît 
être  en  rapport  avec  la  résistance  qu'elle 
doit  opposer  à  l'action  du  masséter.  Chez 
l'Homme,  l'arcade  est  presque  droite;  elle 
reste  aussi  dans  un  même  plan  plus  ou  moins 
incliné  chez  les  Édentés,  la  plupart  des 
Pachydermes  ordinaires,  les  Cétacés  ordi- 
naires; elle  se  courbe,  de  manière  à  présen- 
ter plus  ou  moins  complètement  la  forme 
d'une  ce  couchée  horizontalement,  dans  les 
Quadrumanes,  quelques  Pachydermes,  les 
Solipèdes,  les  Ruminants,  les  Siréniens  en 
général  ;  elle  est  convexe  en  dessus,  chez  les 
Chéiroptères,  les  Insectivores,  les  Carnivores 
et  les  Amphibiens  ;  et,  au  contraire,  convexe 
en  dessous,  chez  les  Rongeurs. 

Les  particularités  que  présente  la  face  des 
Mammifères,  suivant  les  conditions  de  leur 
genre  de  vie,  sont  surtout  remarquables  dans 
la  mâchoire  inférieure,  dont  nous  allons 
suivre  maintenant  le  développement. 

Ce  n'est  pas  du  premier  arc  viscéral  di- 
rectement que  naît  la  mâchoire  inférieure, 
mais  d'un  blastème  qui  se  dépose  autour  de 
la  face  externe  de  cet  arc,  et  qui  l'enve- 
loppe progressivement  comme  d'une  gaîne. 
La  mâchoire  supérieure  étant  bientôt  plus 
avancée  dans  son  développement  que  l'in- 
férieure, fait  primitivement  une  saillie  au- 
devant  de  celle-ci ,  qui  n'arrive  que  suc- 
cessivement à  prendre  une  position  parallèle 
au-dessous  de  la  première  dont  elle  répète 
le  contour.  C'est  d'abord  le  rebord  alvéolaire 
qui,  chez  les  Mammifères  pourvus  de  dents, 
constitue  la  plus  grande  partie  du  maxillaire 
inférieur,  parce  que  déjà  existent  les  germes 
des  dents  de  lait  et  même  ceux  de  quelques 


dents  permanentes.  La  forme  des  dents,  leur 
grandeur  ou  leur  absence  sont,  en  effet,  les 
conditions  qui  déterminent  la  force  et  l'é- 
paisseur des  maxillaires  inférieurs;  ces  os 
restent  grêles  chez  les  Pangolins  et  les  Four- 
miliers, qui  sont  dépourvus  de  dents;  ils 
acquièrent  un  volume  considérable  chez 
l'Éléphant,  où  ils  doivent  loger  d'énormes 
molaires.  Dans  l'embryon,  les  os  de  la  mâ- 
choire inférieure,  en  raison  même  de  leur 
mode  de  formation,  enferment  un  angle 
d'autant  plus  obtus  qu'ils  sont  moins  avan- 
cés dans  leur  développement  ;  de  là  cette 
forme  arrondie  de  la  face  qu'on  observe  chez 
les  fœtus  et  qui  persiste  plus  longtemps  chez 
les  jeunes  Singes  et  chez  les  enfants.  Mais, 
peu  à  peu,  la  mâchoire  s'allonge,  s'effile, 
suivant  les  animaux,  et  prend  ses  caractères 
spécifiques. 

La  mâchoire  inférieure  s'ossifie  de  bonne 
heure  et  consiste  primitivement  en  deux 
moitiés  qui  se  développent  chacune  par  un 
point  d'ossification;  du  moins  cette  opinion 
est-elle  celle  de  la  plupart  des  observateurs. 
Ces  deux  moitiés,  séparées  d'abord  par  du 
cartilage,  peuvent  s'unir  ensuite  l'une  à 
l'autre  ou  rester  distinctes,  même  chez  l'a- 
dulte. Dans  la  Baleine  ,  elles  ne  se  soudent 
pas  et  sont  seulement  reliées  l'une  à  l'autre 
par  des  ligaments,  ce  qui  est,  en  quelque 
sorte,  l'état  le  plus  imparfait  de  leur  déve 
loppement.  Chez  les  Insectivores  et  les  Ron- 
geurs, chez  les  Carnivores  moins  le  Morse, 
chezles Ruminants moinslesCaméliens,  chez 
les  Édentés  moins  les  Pangolins,  chez  le 
Dugong  et  chez  les  Cétacés ,  les  deux  pièces 
de  la  mâchoire  inférieure  demeurent  dis- 
tinctes. Elles  sont,  au  contraire,  soudées  de 
bonne  heure,  dans  le  fœtus  ou  le  jeune  ani- 
mal,  chez  l'Homme,  les  Quadrumanes,  les 
Chéiroptères,  les  Pachydermes,  les  Pango- 
lins, les  Chameaux,  le  Morse  et  le  Lamentin. 

L'arc  blastématique  qui  produit  la  mâ- 
choire inférieure  est  d'abord  attaché  à  la 
capsule  cérébrale.  Peu  à  peu,  par  séparation 
histogénique,  l'os  maxillaire  inférieur  se  dé- 
tache du  crâne  et  prend  une  surface  articu- 
laire à  l'aide  deWaquelle  il  peut  se  mouvoir 
sur  le  temporal.  Cette  surface  articulaire  est 
le  condyle  sur  lequel  nous  allons  faire  tout- 
à-l'heure  quelques  remarques;  la  portion 
du  temporal  qui  le  reçoitest  la  fosse  glénoïde. 
Par  suite  aussi  de  sa  formation  primitive, 


G80 


MAM 


MAM 


la  mâchoire  inférieure  est  d'abord  droite  ; 
mais,  en  raison  du  développement  des  os  de 
la  face,  elle  est  forcée  de  se  couder  plus  ou 
moins  selon  l'allongement  du  museau  pour 
conserver  son  point  d'appui  sur  le  crâne; 
elle  prend  alors  une  branche  montante  qui 
fait  avec  la  branche  horizontale  un  angle 
d'autant  plus  obtus  que  la  face  est  placée 
plus  en  avant  du  crâne  ou  que  cette  bran- 
che horizontale  elle-même  est  plus  courte. 
Les  divers  degrés  de  ce  développement  sont 
en  rapportavecla  force  mandibulairequ'exige 
le  régime  nutritif  des  animaux  ;  ils  trouvent 
leur  explication  dans  les  lois  de  la  mécani- 
que qui  régissent  les  leviers ,  en  même  temps 
qu'ils  nous  retracent  quelques  phases  du 
développement  de  la  mâchoire  inférieure. 
Ainsi»  la  branche  montante  est  nulle  chez 
les  Tatous,  les  Fourmiliers,  les  Pangolins  et 
les  Cétacés;  elle  est  presque  nulle  chez  les 
Rongeurs  «n  général  ;  courte  chez  les  Car- 
nassiers ;  longue  chez  l'Homme ,  les  Quadru- 
manes ,  les  Pachydermes  ordinaires  et  les 
Proboscidiens;  très  longue  chez  les  Rumi- 
nants et  les  Solipèdes.  L'angle  de  la  mâchoire 
est  à  peu  près  droit  chez  l'Homme;  il  est 
très  ouvert  chez  les  Carnassiers  et  beaucoup 
de  Rongeurs. 

La  branche  montante  se  bifurque  en  deux 
apophyses,  dont  l'antérieure  est  appelée  co- 
ronoïde,  et  la  postérieure  condyloïdienne  ; 
c'est  sur  la  première  que  s'attachent  les 
muscles,  la  force  de  la  mâchoire;  c'est  la 
seconde  qui  porte  la  surface  articulaire,  le 
point  d'appui  de  ce  levier.  La  nature  et 
l'étendue  des  mouvements  de  la  mâchoire 
inférieure  dépendent  nécessairement  de  la 
forme  du  condyle  et  de  celle  de  la  cavité 
glénoide  qui  le  reçoit;  elles  sont  en  rapport 
avec  le  régime  diététique  de  l'animal ,  et 
varient  par  conséquent  beaucoup.  Les  dé- 
tails sur  cette  corrélation  importante,  très 
remarquable,  ne  peuvent  être  étudiés  que 
dans  les  articles  destinés  à  chacun  des  or- 
•Ires  de  Mammifères.  Nous  citons  seulement 
ici  quelques  observations  générales.  Chez 
l'Homme,  les  Quadrumanes,  les  Chéiroptè- 
res, les  Insectivores,  l'articulation  est  assez 
lâche  pour  permettre  des  mouvements  plus 
ou  moins  étendus  de  haut  en  bas  ,  d'avant 
en  arrière,  de  droite  à  gauche,  et  réciproque- 
ment. Chez  les  Ruminants,  le  condyle  n'est 
pas  reçu  dans  une  fosse,  mais  sur  une  sur-  j 


face  lisse  et  bombée  qui  lui  permet  de  glis- 
ser librement  d'arrière  en  avant  et  sur  les 
côtés;  cette  disposition,  favorable  au  mou- 
vement horizontal,  aide,  par  conséquent,  à 
la  trituration  des  aliments.  Chez  les  Carni- 
vores, le  condyle  est  élargi  transversalement 
et  logé  dans  une  fosse  glénoide  profonde; 
son  articulation  serrée  ne  lui  permet  de  se 
mouvoir  que  verticalement,  de  manière  à 
amener  les  dents  l'une  contre  l'autre,  comme 
des  branches  de  ciseaux;  les  mouvements 
lâches  de  protraction,  de  rétraction  et  de 
latéralité  auraient  fatigué  inutilement  les 
mâchoires  et  ne  leur  auraient  point  donné 
la  précision  nécessaire  pour  diviser,  c'est- 
à-dire  pour  couper  la  chair.  Les  Rongeurs, 
au  contraire ,  ont  un  condyle  allongé  d'avant 
en  arrière,  pouvant  se  mouvoir  dans  le  sens 
de  la  longueur  de  la  tête,  avancer  et  reculer 
alternativement  leurs  dents  inférieures  sur 
celles  du  haut,  et,  de  la  sorte,  user,  limer 
avec  leurs  incisives  les  substances  dures, 
qu'ils  broient  ensuite  du  même  mouvement 
avec  leurs  molaires.  Ce  mouvement  plus 
prononcé  d'avant  en  arrière,  qui  n'empêche 
pas  le  jeu  latéral  des  mâchoires,  rapproche 
les  Rongeurs  des  autres  ordres  que  nous 
comprenons  dans  le  groupe  des  Mammifères 
à  placenta  discoïde,  elles  distingue  des  Car- 
nivores ,  chez  lesquels  la  disposition  des  sur- 
faces articulaires  est  toute  spéciale. 

A  chacune  de  ces  dispositions  de  la  mâ- 
choire inférieure,  et  pour  en  compléter 
l'action,  se  rapporte  une  forme  de  dents 
particulière.  Les  différences  de  forme,  le 
développement  des  dents,  leurs  diverses  es- 
pèces, et  leur  nombre  dans  les  ordres  des 
Mammifères ,  font  l'objet  d'un  article  spé- 
cial {voy.  dents).  Nous  ne  nous  arrêterons 
donc  pas  sur  ces  particularités;  nous  ferons 
seulement  remarquer,  comme  caractère  pro- 
pre des  Mammifères,  que  ces  Vertébrés  ont 
toutes  leurs  dents  implantées  dans  les  bords 
alvéolaires  des  mâchoires,  et  n'en  ont  ja- 
mais de  palatines,  de  linguales  ou  autres. 
Nous  signalerons  aussi  la  structure  excep- 
tionnelle des  dents  de  l'Oryctérope,  compo- 
sées d'une  infinité  de  petits  tubes,  droits  et 
parallèles,  unis  les  uns  des  autres,  et  clos 
seulement  à  leur  surface  triturante:  struc- 
ture qui  rappelle  celle  des  dents  composées 
de  plusieurs  poissons,  des  Raies  entre  au- 
tres. Nous  rappellerons  enfin  ce  que  nous 


MAM 


MAM 


681 


avons  dit  (voy.  hémsson)  sur  la  distinction 
ries  dents  en  incisives ,  canines  et  mo- 
laires. L'application  de  l'un  ou  de  l'autre  de 
<es  trois  noms  ,  conventionnellement  défi- 
nis ,  doit  dépendre  ,  selon  nous ,  de  la  fonc- 
tion de  ces  organes  ;  et  cette  fonction  est 
indiquée  par  leur  forme  et  par  leur  situa- 
tion relativement  à  l'ouverture  buccale.  C'est 
aussi  par  les  nécessités  de  la  fonction  ,  par 
l'étendue  que  doit  avoir  le  jeu  de  telle  ou 
telle  dent,  qu'il  faut  eipliquer  les  vides  qui 
se  prononcent  cà  et  là  dans  les  mâchoires 
de  certains  animaux  ,  et  qu'on  a  voulu  con- 
sidérer comme  l'indice  de  l'absence  de  dents 
qui  se  retrouveraient  dans  une  autre  mâ- 
choire prise  arbitrairement  pour  type.  Du 
reste,  l'articulation  de  la  mâchoire  infé- 
rieure, la  longueur  de  cette  mâchoire,  la 
force  des  muscles,  la  forme  des  molaires, 
sont  autant  de  conditions  toujours  concor- 
dantes, constituant  un  ensemble  dans  le- 
quel il  est  facile  de  reconnaître  la  nature  du 
régime  de  1  animal ,  et  qui  est  en  harmonie 
avec  le  reste  de  son  organisation.  Entre  les 
Fourmiliers  et  les  Pangolins  qui  n'ont  au- 
cune espèce  de  dents,  les  Baleines  qui  ont 
des  fanons ,  et  les  Dauphins  qui  ont  des 
dents  toutes  uniformes,  au  nombre  de  cin- 
quante-six à  soixante  chez  le  Dauphin  longi- 
rostre,  on  rencontre  un  certain  nombre  de 
types  dont  les  caractères  physiologiques  gé- 
néraux sont  bien  définis  par  l'association 
des  diverses  dents.  Aussi,  l'étude  du  sys- 
tème dentaire  a-t-elle  eu  une  grande  impor- 
tance pour  la  détermination  des  groupes 
principaux  des  Mammifères;  et  cette  impor- 
tance est  légitime  ,  pourvu  qu'elle  ne  soit 
pas  exclusive,  et  qu'elle  prenne  rang  après 
les  caractères  d'une  plus  grande  valeur  qui 
nous  révèlent  les  affinités  premières  des  ani- 
maux. C'est  en  accordant  au  système  den- 
taire une  prépondérance  absolue  que  Cuvier 
plaçait  d'abord  les  Péramèles,  les  Sarigues  et 
autres  de  Didelphes ,  à  côté  des  Placentaires 
insectivores,  bien  que  des  caractères  pri- 
mordiaux distinguent  essentiellement  ces 
Mammifères,  qui  appartiennent,  comme  on 
le  sait,  à  un  type  différent.  Sans  doute  il 
n'en  est  pas  moins  vrai  que,  dans  l'un  et 
dans  l'autre  type,  on  peut  rencontrer  des 
systèmes  dentaires  analogues,  concordant 
avec  des  régimes  diatétiques  semblables; 
mais  ce  sont  là  des  termes  correspondants , 
t.  vu. 


et  non  pas  des  caractères  indicatifs  d'affinités 
zoologiques ,  qui  s'établissent  ainsi  d'un  type 
à  l'autre,  comme  il  peut  d'ailleurs  s'en  établir 
pour  d'autres  points  de  l'organisation,  même 
entre  les  divers  ordres  d'un  même  type.  L'é- 
tude comparée  du  système  dentaire  des  In- 
sectivores et  des  Rongeurs  a  depuis  long- 
temps conduit  les  zoologistes  à  reconnaître 
les  affinités  qui  rapprochent  ces  deux  or- 
dres, et  qui  ont  été  parfaitement  mises  en 
évidence  par  M.  Isidore  Geoffroy-Saint-Hi- 
laire.  Nous  ajouterons  que  dans  les  Ron- 
geurs, comme  dans  les  Insectivores,  les 
Chéiroptères ,  les  Quadrumanes  et  l'Homme, 
les  dents  de  remplacement,  quand  il  existe 
deux  dentitions,  sont  en  nombre  égal  aux 
dents  de  lait  auxquelles  elles  succèdent; 
tandis  que  chez  les  Carnivores ,  en  général, 
entre  les  fausses  molaires  permanentes  qui 
viennent  remplacer  les  fausses  molaires  de 
lait,  s'intercalent,  en  plus,  d'autres  fausses 
molaires  qui  rendent  ainsi  l'appareil  per- 
manent plus  nombreux  que  l'appareil  de 
lait.  Tous  ces  caractères ,  et  ceux  dont  nous 
allons  avoir  occasion  de  parler  en  exami- 
nant les  membres ,  viennent  confirmer  les 
affinités  que  représente  si  bien  le  groupe  des 
Mammifères  à  placenta  discoïde.  Il  est  néan- 
moins un  ordre  de  ce  groupe  qui,  bien  que 
lié  étroitement  par  ses  affinités  aux  autres 
ordres ,  est  loin  d'être  homogène,  comme 
on  l'a, déjà  remarqué,  et  présente,  notam- 
ment dans  son  appareil  dentaire,  des  diffé- 
rences considérables  :  nous  voulons  parler  de 
l'ordre  des  Quadrumanes.  Parmi  eux,  nous 
appellerons  l'attention  sur  les  Ouistitis, 
dont  les  molaires  pointues  et  armées  de  tu- 
bercules aigus,  rappellent  la  dentition  des 
Insectivores,  et  nous  ferons  remarquer  la! 
singulière  coïncidence  de  ce  caractère  avec  , 
l'absence  de  circonvolutions  au  cerveau.  î 
Cette  dernière  particularité,  qui  les  rappro- 
che encore  des  Insectivores,  n'est  pas  la  seule 
qui  les  éloigne  des  Singes  ;  on  sait  que  leur 
membre  antérieur  n'est  pas  terminé  par 
une  main ,  et  que  tous  leurs  doigts,  à  l'ex- 
ception seulement  du  pouce  des  membre* 
postérieurs,  sont  armés  de  griffes.  Les  Ga- 
lagos,  chez  lesquels  nous  avons  aussi  si- 
gnalé l'absence  de  circonvolutions,  présen- 
tent un  système  dentaire  analogue  à  celui 
des  Ouistitis;  et,  sans  doute,  il  y  a  dans 
cette  coïncidence  de  caractères  quelque  in- 

86 


C82 


MAlvf 


dice  d'affinités  dont  toute  la  valeur  nous  se- 
rait révélée  par  l'examen  des  enveloppes 
fœtales. 

Avant  le  développement  complet  de  la 
mâchoire  inférieure,  et  à  sa  face  interne, 
se  forme  aussi,  de  blastème  général  de  l'arc 
facial ,  une  petite  languette  dont  la  direction 
est  la  même  que  celle  de  l'arc  lui-même,  et 
qui  est  destinée  à  donner  naissance  à  une 
partie  des  osselets  de  l'ouïe.  Cette  petite  lan- 
guette se  cartilaginifîe,  et  se  scinde  bien- 
tôt de  chaque  côté  en  deux  portions,  Tune 
antérieure,  qui  devient  le  marteau,  l'autre 
postérieure,  placée  au-dessus,  qui  devient 
V  enclume.  Par  suite  des  progrès  du  déve- 
loppement, le  prolongement  antérieur  qui 
appartient  à  la  portion  d'où  naît  le  mar- 
teau ,  forme,  à  la  tête  de  ce  petit  osselet , 
une  apophyse  cartilagineuse  qui ,  logée  dans 
une  petite  gouttière  de  la  face  interne  de  la 
mâchoire  inférieure,  s'accommode  aux  con- 
tours et  au  développement  de  cet  os;  il  en 
résulte  une  sorte  de  petite  anse  qui,  s'atta- 
chant  à  droite  et  à  gauche,  par  ses  extrémi- 
tés, à  la  tête  de  chaque  marteau,  répète  la 
forme  de  la  mâchoire  inférieure.  Cette  por- 
tion apophysaire,  la  plus  considérable  du 
cartilage  qui  produit  le  marteau,  ne  s'ossifie 
pas  et  disparaît  de  bonne  heure;  peut-être 
pourrait-on  considérer  la  longue  apophyse 
ou  apophyse  grêle  du  marteau ,  comme  la 
partie  supérieure  de  l'apophyse  cartilagi- 
neuse primitive,  dont  la  partie  antérieure 
s'atrophie.  Le  volume  des  deux  osselets  de 
l'ouïe,  dont  nous  venons  de  décrire  le  sin- 
gulier développement ,  la  longueur  et  la 
grosseur  relative  de  leurs  apophyses ,  la 
forme  du  manche  du  marteau,  présentent 
quelques  différences  peu  remarquables  dans 
la  classe  des  Mammifères;  nous  rapproche- 
rons seulement  de  l'histoire  de  sa  formation, 
le  marteau  du  Dauphin  et  celui  des  Cétacés 
en  général ,  chez  lesquels  l'absence  du  man- 
che, la  longueur  et  la  courbure  de  l'apo- 
physe, rappellent  quelque  chose  de  l'état 
primitif  de  cet  osselet. 

Enfin,  du  premier  arc  viscéral  naît  en- 
core la  langue.  Elle  se  montre  au  bord  in- 
terne des  extrémités  de  cet  arc,  quand  ces 
extrémités  se  sont  soudées  l'une  à  l'autre. 
D'abord  angulaire,  elle  s'arrondit  et  s'al- 
longe en  cône  charnu,  dont  la  base  se  place 
entre  les  deux  premiers  arcs  viscéraux  de 


IMAM 

plus  en  plus  distants.  Nous  avons  indiqué, 
dans  l'article  consacré  à  cet  organe,  les  prin- 
cipales modifications  qu'il  présente  dans  la 
classe  des  Mammifères,  en  même  temps  que 
nous  avons  signalé  ses  principales  fonctions. 

(Voy.  LANGUE.) 

La  cavité  supérieure  comprise  entre  le 
premier  arc  viscéral  et  la  base  du  crâne ,  a 
été  diversement  coupée  par  les  parties  de  la 
face,  dont  nous  venons  de  suivre  le  déve- 
loppement. Cette  cavité,  qu'on  appelle  à 
tort  la  bouche,  et  à  laquelle  conviendrait  le 
nom  d'antre  hypocéphalique ,  n'est  qu'une 
large  ouverture,  comprenant  la  fosse  nasale 
et  la  cavité  buccale;  par  le  rapprochement 
des  os  maxillaires  supérieurs  et  des  palatins, 
la  cavité  nasale  se  trouve  séparée  de  la  ca- 
vité buccale  que  la  mâchoire  inférieure  limite 
en  dessous.  C'est  alors  seulement  que  se 
montre  une  véritable  bouche,  bordée  de 
bourrelets  qui  forment  les  lèvres,  et  conti- 
nuée en  arrière  par  la  cavité  pharyngienne. 
Nous  retrouverons  ce  vestibule  antérieur  de 
la  cavité  intestinale  en  examinant  l'appa- 
reil de  la  digestion.  Si  la  cavité  buccale  des 
embryons  de  Mammifères  présentait  transi- 
toirement  les  états  permanents  de  la  cavité 
buccale  des  Vertébrés  inférieurs,  il  est  clair 
que  chez  les  Poissons  cette  cavité  devrait 
communiquer  largement  avec  la  cavité  na- 
sale ,  comme  cela  a  lieu  primitivement  chez 
les  Mammifères:  c'est  tout  le  contraire  qui 
a  lieu;  chez  aucun  Poisson,  excepté  les 
Lamproies,  la  cavité  buccale  n'a  de  com- 
munication avec  les  narines. 

La  première  fente  viscérale  s'oblitère  à 
sa  partie  antérieure,  par  le  dépôt  d'une 
masse  blastématique,  et,  par  suite  d'un 
autre  dépôt,  se  partage,  à  sa  partie  posté- 
rieure, en  deux  portions  ;  l'une  interne, 
s'allongeant  en  forme  de  canal,  marche  au- 
devant  du  labyrinthe  de  l'oreille,  se  dilate 
en  caisse  du  tympan  à  la  partie  supérieure, 
et  se  rétrécit  en  trompe  d'Eustache  à  sa  par- 
tie inférieure;  l'autre  externe  donne  nais- 
sance au  conduit  auditif  et  à  V  oreille.  La 
masse  blastématique  qui  opère  cette  divi- 
sion de  la  première  fente  viscérale,  se  con- 
vertit en  cadre  tympanique  et  en  membrane 
du  tympan,  qui  sépare  l'une  de  l'autre  les 
deux  cavités  auriculaires.  L'espèce  de  recu- 
lernent  que  subit  la  fente  viscérale,  se  por- 
tant d'avant  en  arrière  pour  former  Vo- 


MAM 


1VIAM 


es; 


Teille  ,  est  le  résultat  du  développement  des 
os  maxillaires  qui  envahissent  la  portion 
moyenne  et  antérieure.  L'oreille  externe  ne 
se  forme  donc  pas  par  invagination  de  té- 
guments extérieurs,  comme  l'ont  pensé  cer- 
tains embryologistes  ;  mais  quand  elle  s'est 
produite,  suivant  le  mode  que  nous  venons 
de  décrire ,  deux  systèmes  cutanés  viennent, 
l'un  du  dedans,  l'autre  du  dehors,  se  met- 
tre en  contact  avec  la  membrane  tympa- 
nique  ,  ce  sont  le  système  cutané  externe  et 
la  muqueuse  orale  qui  monte  par  la  trompe 
d'Eustache. 

Le  cadre  tympanique  destiné  à  tenir  le 
tympan  tendu  ,  est ,  de  toutes  ces  parties , 
celle  qui  s'ossifie  la  première;  il  se  montre 
d'abord  comme  une  ligne  osseuse  indépen- 
dante du  crâne,  grandit  ensuite,  prend  des 
connexions,  et  se  convertit  progressivement 
en  conduit  auditif  externe  osseux;  si  ce  n'est 
chez  les  Cétacés ,  dont  le  méat  externe  reste 
un  canal  cartilagineux,  très  petit,  sinueux, 
et  aboutissant  à  la  surface  de  la  peau  par 
un  trou  extrêmement  fin.  Le  conduit  externe 
n'existant  pas  primitivement ,  on  comprend 
que  la  membrane  du  tympan  est  d'abord  plus 
rapprochée  de  la  surface  ;  et  l'on  trouve  chez 
les  Mammifères  tous  les  degrés  d'élargisse- 
ment, de  contournement  et  de  profondeur 
dans  ce  méat.  L'ossification  de  la  caisse  tym- 
panique part  du  pourtour  du  trou  ovale  ; 
elle  s'avance  peu  à  peu ,  et  gagne  ainsi  la 
partie  supérieure  de  la  trompe  d'Eustache, 
qui  reste  fibro-cartilagineuse  et  fibreuse  in- 
férieurement.  Quant  à  la  conque  de  l'o- 
reille, elle  se  montre  d'abord  comme  un 
bourrelet  triangulaire  entourant  la  fente, 
excepté  chez  les  Cétacés ,  où  elle  manque 
tout-à-fait;  le  tragus  et  V hélix  deviennent 
bientôt  distincts  sur  ce  bourrelet  plus  sail- 
lant; Vantitragus  et  Vanthélix  apparaissent 
ensuite  comme  deux  élévations  isolées  ;  le  lo- 
bule est  la  portion  qui  se  forme  la  dernière; 
il  est  plus  petit  chez  les  Quadrumanes  que 
chez  l'Homme  ;  et  comme  le  lobule  est  formé 
de  peau  et  de  tissu  graisseux  chez  ce  dernier, 
le  cartilage  de  l'oreille  humaine  ressemble 
beaucoup  à  celui  de  l'oreille  des  Singes , 
parmi  lesquels  l'Orang-Outang  se  fait  re- 
marquer par  la  petitesse  de  son  oreille.  En 
général,  les  Mammifères  timides  ont  les 
oreilles  les  plus  longues ,  et  douées  d'une  as- 
sez grande  mobilité  pour  pouvoir  se  diriger 


en  avant  041  en  arrière,  de  manière  à  saisir 
le  bruit  de  quelque  côté  qu'il  vienne.  Cepen- 
dant chez  certains  Chéiroptères ,  tels  que  les 
Molosses,  les  Mégadermes,  les  Oreillards, 
qui  ont  de  très  grandes  oreilles,  cette  mo- 
bilité n'est  plus  possible ,  parce  que  les  deux 
oreilles  sont  réunies  par  leur  bord  interne. 
Une  des  particularités  remarquables  que 
nous  présentent  les  immenses  oreilles  des 
Chéiroptères,  est  le  développement  considé- 
rable du  tragus  qui  prend  des  formes  bi- 
zarres et  peut  servir  à  fermer  l'oreille  de 
manière  à  empêcher  l'accès  de  l'air.  Leur 
antitragus  se  prolonge  quelquefois  jusqu'au 
coin  de  la  bouche  ,  comme  on  le  voit  chez 
le  Molosse.  Quelques  Musaraignes  possèdent 
aussi  une  sorte  d'opercule  auriculaire;  mais 
il  est  formé  par  l'antitragus.  Chez  les  Mam- 
mifères dont  Poreille  est  très  mobile ,  on 
trouve  plusieurs  cartilages  distincts  ,  fendus 
longitudinalement,  et  pouvant,  en  consé- 
quence ,  exécuter  des  mouvements  de  rétré- 
cissement, de  dilatation,  de  rétraction  et 
d'élongation  que  cette  indépendance  ex- 
plique. 

Pour  résumer  les  phénomènes  que  présente 
successivement  le  développement  du  premier 
Arc  viscéral  ou  arc  facial ,  on  peut  ratta- 
cher les  formations  qui  en  sont  le  résultat 
à  quatre  arcs  secondaires  et  en  quelque  sorte 
dérivés.  Ces  quatre  arcs,  que  nous  désigne- 
rons chacun  par  le  nom  du  principal  système 
auquel  il  donne  naissance ,  sont ,  de  dedans 
en  dehors  :  Varo  palatin,  parallèle  à  la  base 
du  crâne  et  d'où  proviennent  les  os  palatins 
et  ptérygoïdiens;  Y  arc  maxillaire,  qui  pro- 
duit les  os  sus-maxillaires  et  jugaux;  l'arc 
malléen,  d'où  se  forment  le  marteau  et  l'en- 
clume; et  Varcmandibulaire,  quidevientla 
mâchoire  inférieure. 

Le  second  arc  viscéral  doit  former  l'étrier 
et  l'appareil  suspenseur  de  l'hyoïde  ;  on  in- 
diquerait cette  destination  en  le  désignant 
sous  le  nom  d'arc  stylo-slapédien.  Cet  arc,  en; 
se  cartilaginifiant  d'arrière  en  avant,  se  di* 
vise  en  trois  segments.  Le  premier  disparaît,, 
refoulé  par  le  labyrinthe,  et  prive  ainsi  le 
second  arc  de  toute  connexion  avec  le  crâne  ; 
le  second  est  reçu  dans  une  petite  fosse  de 
la  caisse,  et  se  métamorphose  en  élrier;  le 
troisième  produit  l'appareil  suspenseur  de 
l'hyoïde.  Dans  l'angle  que  forme  ce  troisième 
segment  avec  le  second,    s'accumule  mio 


681 


MAM 


masse*de  substance  d'où  naît  le  muscle  de 
l'étrier.  L'appareil  suspenseur  de  l'hyoïde 
présente  plusieurs  modifications  importan- 
tes :  chez  l'Homme,  il  se  compose  de  deux 
portions  osseuses  :  l'unesupérieure,  d'où  nais- 
sent l'éminence  papillaire  du  tympan  et  Va- 
pophy se  styloïde:  cette  portion,  d'abord  isolée, 
s'unitensuiteau  temporal;  l'autreinférieure, 
la  petite  corne,  corne  antérieure  ou  styloïde , 
qui  s'attache  au  corps  de  l'hyoïde  dont  nous 
allons  suivre  tout-a-l'heure  le  développe- 
ment. Entre  ces  deux  portions  osseuses  s'é- 
tend une  portion  ligamenteuse,  le  ligament 
stylo-hyoïdien,  qui  peut  s'ossifier  avec  l'âge 
et  former  ainsi  l'osselet  moyen  d'une  chaîne 
osseuse  rattachant  l'hyoïde  au  crâne.  Cet 
état  exceptionnel  chez  l'Homme  devient  l'é- 
tat général  dans  les  autres  Mammifères,  chez 
lesquels  on  peut  trouver  aussi  les  liaisons  avec 
le  crâne  rompues  par  suite  de  l'absence  de  l'os 
styloïde  ou  de  ligament;  leur  corne  anté- 
rieure est  généralement  composée  de  plu- 
sieurs segments.  Les  Marsupiaux,  qui  se  dis- 
tinguent des  Mammifères  placentaires  par 
des  caractères  profondément  différents,  s'en 
distinguent  encore  par  la  composition  de  leur 
appareil  hyoïdien  dans  lequel  la  corne  anté- 
rieure ne  comprend  qu'un  seul  os  large  et 
court,  effilé,  et  suspendu  au  crâne  par  un 
mince  ligament. 

Quelques  embryologistes  croient ,  avec 
Reichert,  que  Vétrier  est  d'abord  un  carti- 
lage plein,  dont  la  portion  moyenne  dispa- 
raît par  l'ossiûcation  ;  du  reste ,  on  le  trouve 
plein  chez  le  Phoque;  il  est  solide,  et  percé 
seulement  d'un  petit  trou  dans  les  Cétacés. 
Sa  platine,  d'épaisseur  et  de  grandeur  va- 
riable suivant  les  différents  Mammifères,  est 
convexe  ou  concave  sur  sa  face  vestibulaire 
qui  s'applique  sur  la  fenêtre  ovale. 

Le  troisième  arc  viscéral ,  ou  arc  hyoï- 
dien, descend  au-dessous  du  crâne ,  sous  un 
angle  dirigé  en  arrière;  par  la  carlilaginifi- 
cation  ,  il  se  divise  en  quatre  pièces ,  dont 
la  supérieure  de  chaque  côté,  s'atrophie 
bientôt  et  disparaît.  11  ne  reste  plus  ainsi 
que  trois  pièces  pour  chaque  moitié  de  l'arc  ; 
une  inférieure,  une  médiane,  une  latérale. 
La  pièce  inférieure,  d'un  côté,  se  soude  à 
la  pièce  inférieure  de  l'autre  côté ,  sur  la 
ligne  médiane,  et  de  leur  réunion  naît  Vé- 
piglotle,  d'abord  sous  forme  d'une  petite 
éminence  arrondie,  qui  <c  relie  à  la  langue 


MAM 

par  une  languette  étroite,  derrière  la  pièce 
terminale  de  l'arc  stylo-stapédien,  et  qui  se 
développe  davantage  en  courbant  son  som- 
met en  arrière.  Les  pièces  médianes  droite 
et  gauche  se  soudent  aussi  ensemble,  et  for- 
ment le  corps  de  l'hyoïde  en  prenant  plus 
de  largeur.  Les  dernières  pièces  ,  les  laté- 
rales, situées,  de  chaque  côté,  au-dessus  des 
précédentes ,  produisent  les  grandes  cornes, 
cornes  thyroïdes  ou  postérieures  de  l'hyoïde. 
Ces  cornes  paraissent  s'ossifier  avant  le 
corps;  et  ces  deux  parties  sont  déjà  con- 
verties en  os  que  les  cornes  antérieures  sont 
encore  cartilagineuses.  La  signification  des 
diverses  pièces  de  l'hyoïde,  étudiées  dans  les 
Vertébrés,  a  fourni  à  Geoffroy-Saint-Hi- 
laire  la  matière  d'un  article  fort  remar- 
quable auquel  nous  devons  renvoyer.  Nous 
signalerons,  comme  une  particularité  sin- 
gulière, l'existence  d'une  poche  ou  caisse 
osseuse,  chez  les  Alouates,  que  la  force 
de  leur  voix  a  fait  surnommer  Singes  hur- 
leurs. Nous  étudierons  les  fonctions  de 
l'hyoïde  dans  la  formation  de  la  voix,  à  l'ar- 
ticle consacré  à  ce  sujet  (voy.  voix).  Les 
formes  et  les  proportions  du  corps  de 
l'hyoïde ,  aussi  bien  que  celles  de  ses  cornes 
postérieures,  présentent  des  variations  qui 
fournissent  des  caractères  importants ,  et 
qui  ne  peuvent  être  indiquées  que  dans  les 
articles  consacrés  aux  différents  ordres  de 
Mammifères. 

De  la  masse  plastique  même  dont  une 
portion  produit  l'épiglotte,  mais  au-dessous 
de  cet  organe,  c'est-à-dire  au  point  où  les 
deux  moitiés  du  quatrième  arc  viscéral  s'u- 
nissent ensemble,  se  montre  le  larynx, 
dont  les  cartilages  aryténoïdes  sont  les  pre- 
miers distincts.  Par  les  progrès  du  dévelop- 
pement, le  larynx  acquiert  bientôt  un  vo- 
lume relativement  plus  considérable  que 
chez  l'adulte,  et  se  complète  par  l'appari- 
tion de  ses  cartilages  thyroïde  et  cricoïde;  il 
ge  met  cependant  en  rapport  avec  la  tra- 
chée,  dont  nous  examinerons  plus  loin  la 
formation.  C'est  en  étudiant  ce  dernier  or- 
gane et  la  production  de  la  voix,  dans  des 
articles  spéciaux  (voy.  trachée-artère  et 
voix),  que  nous  pourrons  faire  connaître  la 
composition  du  larynx,  les  modifications 
qu'il  présente,  et  ses  fonctions. 

Aucune  partie  remarquable,  autre  que 
des  vaisseaux,  des  muscles,  des  nerfs ,  des 


IMAM 


MAM 


685 


parties  molles,  ne  doit  son  développement 
aux  seconde,  troisième,  et  quatrième  fentes 
viscérales ,  non  plus  qu'au  quatrième  arc 
lui-même. 

En  résumant  tous  les  faits  qui  précèdent, 
on  peut  rattacher  la  formation  des  parties 
produites  par  le  développement  des  masses 
blastématiques  qui  constituent  les  arcs  vis- 
céraux, à  sept  arcs,  dont  les  uns  sont  pri- 
mitifs et  les  autres  secondaires.  Ces  sept 
arcs  sont,  en  partant  de  la  base  du  crâne: 
1*  l'arc  palatin  ;  2°  l'arc  maxillaire  ;  3°  l'arc 
malléen  ;  4°  l'arc  mandibulaire;  5°  l'arc 
stylo-stapédien ;  6°  Parc  hyoïdien;  7°  le 
quatrième  arc  viscéral  :  les  trois  derniers 
de  ces  arcs  sont  les  trois  derniers  arcs  vis- 
céraux. Nous  avons  vu  plus  haut  que  les 
quatre  premiers  dérivent  du  premier  arc 
viscéral. 

Rapprochons  de  ce  mode  de  développe- 
ment le  développement  des  parties  de  même 
nom  chez  les  Poissons ,  et  nous  verrons  si 
nous  avions  raison  de  dire,  en  commençant 
l'étude  de  la  face ,  qu'il  n'y  a  pas  de  com- 
paraison possible  à  faire  entre  les  arcs  qu'on 
a  nommés  branchiaux  chez  les  Mammifères 
et  ceux  qui  méritent  ce  nom  chez  les  Pois- 
sons. 

Chez  les  Poissons,  il  faut  distinguer  parmi 
les  arcs  viscéraux,  ceux  qui  se  présentent  en 
nombre  constant,  et  ceux  dont  le  nombre 
peut  varier.  Les  premiers  ont  leurs  ana- 
logues dans  les  arcs  viscéraux  des  Mammi- 
fères, comme  nous  allons  le  voir;  les  seconds 
appartiennent  en  propre  aux  Poissons,  et 
leur  variabilité  dépend  du  nombre  des  bran- 
chies que  doit  posséder  l'adulte.  On  sait, 
en  effet,  que  tous  \eè  Poissons  n'ont  pas  un 
nombre  égal  de  branchies;  or,  comme  cha- 
que branchie  procède  du  développement  d'un 
arc  particulier,  il  est  clair  que  le  nombre 
plus  ou  moins  considérable  des  branchies 
sera  primitivement  indiqué  chez  l'embryon 
pour  un  nombre  plus  ou  moins  grand  d'arcs 
destinés  à  la  formation  de  ces  branchies. 
Chez  les  Poissons  osseux,  dont  le  dévelop- 
pement a  été  mieux  étudié,  on  peut  compter, 
en  général,  neuf  arcs  viscéraux,  qui  ont  reçu 
chacun  un  nom  en  rapport  avec  leur  destina- 
tion; ce  sont,  d'avant  en  arrière:  1°  l'arc  pa- 
latin ,  d'où  paraissent  se  former  les  os  pala- 
tins, ptérygoïdiens,  et  probablement  l'os 
ira   -verse  ,  qui  unit,  du  côté  externe ,  l'arc 


palatin  à  l'arc  mandibulaire  ;  2°  l'arc  maxil- 
laire, dont  le  développement  se  rattache  à 
la  formation  du  sus-maxillaire,  de  l'os  jugal 
et  de  l'intermaxillaire;  3°  l'arc  mandibu- 
laire, qui  est  lié  à  la  formation  de  la  mâ- 
choire inférieure ,  de  l'os  carré ,  de  la  caisse 
du  temporal  et  de  l'os  tympano-malléal  ; 
4°  l'arc  hyoïdien ,  qui  produit  l'os  hyoïde  , 
l'os  lingual,  l'os  styloïde,  le  préopercule, 
le  mastoïdien;  5°,  6°,  7°  et  8°  les  arcs  bran- 
chiaux, destinés  aux  branchies;  et  9°  l'arc 
pharyngien ,  qui  doit  former  la  pièce  uni- 
que,  enfermée  dans  la  paroi  latérale  de 
l'œsophage,  et  souvent  armée  de  dents. 

Les  six  derniers  arcs  portent  des  bran- 
chies chez  l'embryon  ;  mais  chez  l'adulte, 
l'arc  hyoïdien  et  l'arc  pharyngien  ont  perdu 
leurs  franges  branchiales.  Le  rapproche- 
ment de  ces  différents  arcs  avec  les  arcs  des 
Mammifères  est  facile.  L'arc  palatin  des 
Poissons  correspond  évidemment  à  celui  au- 
quel nous  avons  donné  le  même  nom  chez 
les  Mammifères,  et  s'en  distingue  par  la 
production  d'un  os  particulier,  l'os  trans- 
verse. L'arc  maxillaire  est  l'analogue  de  l'are 
du  même  nom,  qui,  chez  les  Mammifères, 
produit  les  sus-maxillaires,  et  se  rattache, 
pour  une  portion  de  son  blastème,  à  la  for- 
mation des  inter-maxillaires.  L'os ,  ou  plu- 
tôt l'ensemble  des  os ,  que  nous  appelons  ici 
jugal  avec  M.  Agassiz,  est  désigné,  par  Cu- 
vier,  sous  le  nom  d'os  sous-orbitaires  ;  c'est 
un  des  exemples  à  l'appui  de  l'opinion  que 
nous  avons  précédemment  émise  ,  à  savoir, 
qu'il  n'existe  pas  une  correspondance  abso- 
lue des  différentes  pièces  du  squelette  entre 
elles,  qu'un  os  ne  trouve  pas  rigoureuse- 
ment son  représentant  dans  toutes  les  orga- 
nisations ,  et  que  souvent  la  comparaison 
ne  peut  avoir  lieu  qu'entre  des  systèmes 
composés  d'éléments  plus  ou  moins  nom- 
breux. Ainsi,  l'os  jugal  unique  des  Main 
mifères  est  représenté,  chez  les  Poissons, 
par  les  pièces  multiples  sous-orbitaires. 
L'arc  mandibulaire  des  Poissons  paraît  cor- 
respondre à  la  fois  aux  deux  arcs  que  nous 
avons  nommés  malléen  et  mandibulaire 
chez  les  Mammifères ,  et  au  blastème  de  la 
première  fente  branchiale.  L'arc  qui  porte 
le  nom  d'hyoïdien  chez  les  Poissons  sem- 
ble être  en  même  temps  l'analogue  des 
deux  arcs  stylo-stopédien  et  hyoïdien  des 
Mammifères;  mais,  chez  les. Poissons,  les 


686 


MAM 


MAM 


fonctions  de  cet  arc  sont  de  prime  abord 
spécialisées  en  quelque  sorte  ,  par  la  forma- 
tion de  franges  branchiales  à  ses  bords;  ces 
franges  disparaissent  ensuite  ,  et  l'arc  hyoï- 
dien se  distingue  ainsi  des  arcs  suivants,  les 
seuls  qui  gardent  des  branchies,  à  l'excep- 
tion du  dernier,  Tare  pharyngien,  qui  ne 
les  conserve  pas  non  plus. 

Nous  voudrions  pouvoir  développer  ici  les 
rapports  intéressants  qui  naissent  de  la  com- 
paraison de  ces  différents  arcs  chez  les 
Poissons  et  les  Mammifères  ;  cette  digres- 
sion nous  est  interdite.  Nous  avons  voulu 
seulement  indiquer  tout  ce  qu'aurait  d'in- 
téressant pour  la  zoologie  l'étude  comparée 
du  développement  des  divers  appareils  ;  étude 
d'où  ressortiraient  les  caractères  d'affinité 
des  différentes  pièces  de  ces  appareils ,  tout 
comme  l'observation  des  phases  embryon- 
naires semblables  indique  les  affinités  zoo- 
logiques fondamentales  des  types.  La  simple 
énumération  que  nous  venons  de  donner 
des  différentes  pièces  qui  résultent  du  dé- 
veloppement des  arcs  viscéraux  chez  les  Pois- 
sons ,  apporte  aussi  une  preuve  nouvelle  à 
l'appui  de  l'opinion  que  nous  avons  tant  de 
fois  formulée,  que  le  développement  des 
animaux  supérieurs  ne  représente  pas  l'état 
adulte  des  animaux  inférieurs,  et  que  la 
fonction  introduit  des  différences  dans  la 
disposition  des  parties  comme  dans  leur 
nombre. 

Notre  but  est  surtout  de  montrer  combien 
est  faux  le  rapport  qu'on  a  voulu  rappeler 
en  donnant  le  nom  d'arcs  branchiaux  aux 
languettes  de  substance  formatrice  que  pré- 
sente l'embryon  des  Mammifères.  Il  n'y  a  de 
véritables  arcs  branchiaux,  c'est-à-dire  d'arcs 
destinés  à  porter  des  branchies,  que  chez  les 
Poissons,  et  aucune  partie  de  l'embryon  des 
Mammifères  ne  peut  leur  être  comparée  : 
ces  arcs  branchiaux  sont  une  création  toute 
spéciale  au  type  ichthyologique.  Mais  cette 
création,  qui  n'a  pas  d'analogue  chez  les 
Mammifères  ,  n'empêche  pas  que  l'em- 
bryon des  Poissons  possède  aussi  des  arcs 
destinés  ,  comme  ceux  des  Mammifères  ,  à 
la  formation  des  os  de  la  face  et  de  l'ap- 
pareil hyoïdien.  Ceux-ci  se  trouvent  en 
plus  ou  moins  grand  nombre  chez  tous 
les  Vertébrés;  les  arcs  branchiaux  ne  se 
rencontrent  que  chez  les  Anallantoïdiens. 
C'est  à  la  désignation  de  ces  derniers  arcs 


qu'il  faut  dorénavant  restreindre  l'applica- 
tion du  nom  d'arcs  branchiaux.  Sous  le 
nom  d'arcs  viscéraux  on  pourrait  comprendre 
l'ensemble  des  languettes  arquées  que  pré- 
sentent tous  les  Vertébrés;  nous  avons  pro- 
posé des  dénominations  spéciales  pour  les 
arcs  propres  de  la  face  et  de  l'appareil  hyoï- 
dien. 

Quant  à  la  comparaison  que  l'on  pourrait 
établir  entre  le  squelette  et  les  pièces  osseuses 
qui  résultent  du  développement  des  arcs 
viscéraux,  nous  ne  croyons  pas  qu'il  soit  plus 
exact  de  rapporter  les  os  de  la  face  à  la  for- 
mation costale,  qu'il  n'est  exact  de  rappor- 
ter les  os  du  crâne  à  la  formation  vertébrale. 
Sans  doute  les  os  de  la  face,  comme  les  cô- 
tes, naissent  des  lames  ventrales;  sans 
doute,  les  arcs  qui  les  forment  embrassent 
une  portion  de  la  cavité  viscérale  et  se  rat- 
tachent au  crâne  ,  de  la  même  manière  que 
les  côtes  ou  les  arcs  antérieurs  des  vertèbres 
enceignent  une  autre  portion  de  la  cavité 
générale  et  procèdent  des  vertèbres;  mais 
le  rapprochement  fondé  sur  l'origine  histo- 
logique  de  ces  parties  est  si  vague  qu'il  pour- 
rait tout  aussi  bien  s'appliquer  à  toute  autre 
partie,  elle  mode  de  production  organogé- 
nique  des  arcs  viscéraux  est  si  spécial  qu'il 
ne  peut  être  comparé  à  celui  des  côtes.  De 
plus  ,  toutes  les  pièces  de  la  face  ne  procè- 
dent pas  directement  de  la  boîte  crânienne, 
c'est  même  le  plus  petit  nombre  d'entre 
elles  qui  se  présente  dans  cette  condition. 
D'ailleurs,  le  développement  amène  ensuite 
des  différences  si  profondes,  qu'ici  encore 
nous  ne  pouvons  reconnaître  qu'une  ana- 
logie lointaine,  virtuelle,  sans  fondement. 
Nous  croyons  que  la  face  est  une  créa- 
tion osseuse  spéciale ,  comme  le  crâne  en 
est  une,  comme  les  vertèbres  et  les  membres 
en  constituent  aussi  deux  autres.  La  com- 
paraison de  la  mâchoire  inférieure  à  un 
membre  ne  peut  être  justifiée  ni  par  l'étude 
du  développement,  ni  par  celle  de  l'ossifica- 
tion, ni  par  celle  de  la  composition  osseuse. 
On  s'est  trompé  quand  on  a  cru  le  justifier 
par  l'anatomie  comparée,  par  les  métamor- 
phoses que  subissent  les  appendices  chez  les 
animaux  invertébrés,  chez  les  Crustacés  pat 
exemple.  On  a  confondu,  dans  ce  rapproche- 
ment, deux  faits  distincts:  l'introduction 
d'un  organe  nouveau  dans  l'économie,  et 
l'appropriation  d'un  organe  préexistant  à 


MAM 


MAIM 


087 


une  fonction  nouvelle.  La  mâchoire  des 
Vertébrés  est  une  création  spéciale;  la  patte- 
mâchoire  des  Crustacés  n'indique  qu'un 
changement  de  rôle. 

Des  membres. 

Ce  n'est  qu'après  l'apparition  des  parties 
osseuses  destinées  à  enfermer  l'axe  cérébro- 
spinal, et  à  circonscrire  la  cavité  générale 
du  corps,  que  se  montrent  les  premiers  ru- 
diments des  membres;  ils  prennent  donc 
naissance  après  que  les  viscères  sont  déjà 
indiqués  dans  leurs  linéaments  primitifs;  et 
les  os  qui  les  composent  sont  les  pièces  du 
squelette  qui  se  dessinent  les  dernières. 

Des  deux  extrémités  thoracique  et  abdo- 
minale, la  première  est  celle  dont  le  déve- 
loppement avance  d'abord  avec  plus  de  ra- 
pidité; mais  toutes  les  deux  suivent,  en 
général ,  la  même  marche,  et  présentent  la 
même  succession  de  phénomènes.  Elles  s'of- 
frent primitivement  comme  deux  languettes 
étroites,  en  saillie  sur  les  côtés  du  corps , 
composées  d'une  substance  homogène ,  et 
prenant  progressivement  la  forme  d'une  pe- 
tite plaque  arrondie,  liée  au  corps  par  un 
mince  pédicule:  c'est  de  ce  pédicule  que  se 
produiront  les  parties  supérieures  du  mem- 
bre; c'est  de  la  petite  plaque  que  naîtront 
les  rudiments  de  la  main  et  ceux  du  pied. 
Bientôt,  par  suite  d'une  séparation  histolo- 
gique,  les  pièces  destinées  à  unir  chaque 
membre  au  tronc  commencent  à  se  former, 
Vépaule  pour  le  membre  thoracique,  le  tas- 
sin  pour  le  membre  pelvien.  De  cette  extré- 
mité articulaire  du  membre ,  le  travail  de 
formation  se  porte  à  l'extrémité  libre  :  les 
doigts  de  la  main  et  ceux  du  pied  devien- 
nent distincts.  Remarquons  ici  que  chez  les 
Cétacés,  le  travail  génésique  pour  le  mem- 
bre postérieur  s'arrête  à  la  formation  d'un 
bassin  rudimentaire,  et  que  cette  particula- 
rité d'organisation  nous  donne  ainsi  l'image 
d'une  phase  primitive  du  développement  de 
ce  membre  chez  les  Mammifères.  Dès  les 
premiers  instants  de  leur  vie  embryonnaire, 
les  Cétacés  se  distinguent  donc,  pour  la  ge- 
nèse des  membres,  dans  le  groupe  d'ani- 
maux auquel  les  rattachent  les  premiers 
phénomènes  de  leur  développement. 

Après  que  les  deux  extrémités  de  chaque 
membre  se  sont  montrées ,  on  voit  appa- 
raître les  parties  qui  s'appuient  sur  l'épaule 


et  celles  qui  s'articulent  au  bassin,  le  bras 
avec  VhuméruSy  la  cuisse  avec  le  fémur, 
enfin ,  se  développent  l'avant-bras  avec  le 
radius  et  le  cubitus ,  la  jambe  avec  le  tibia 
et  le  péroné.  Un  os  particulier  au  membre 
pelvien,  la  rotule,  se  forme  de  bonne  heure 
comme  cartilage,  et  n'atteint  que  très  tard 
le  terme  de  son  développement. 

Beaucoup  d'anatomistes,  depuis  Vicq- 
d'Azyr,  ont  comparé  les  deux  membres  l'un 
à  l'autre,  et  ont  cherché  quelles  sont  les 
parties  qui  se  correspondent.  Pour  les  os 
principaux,  le  rapprochement  est  facile  si 
l'on  s'en  tient  à  une  ressemblance  générale, 
conséquence  de  l'emploi  de  matériaux  ana- 
logues; des  différences  fondamentales  se 
prononcent,  dès  qu'on  veut  arriver  à  une 
comparaison  rigoureuse.  Ainsi  Vicq-d'Azyr, 
embarrassé  par  ce  fait  que  les  deux  extré- 
mités se  ploient  en  sens  contraire,  compa- 
rait le  membre  droit  d'une  paire  avec  le 
membre  gauche  de  l'autre  paire.  M.  Flou- 
rens,  pour  franchir  cette  même  difficulté, 
considère  le  membre  supérieur  dans  l'état 
de  pronation  ,  et  rapproche  ainsi  l'humérus 
du  fémur,  le  radius  du  tibia,  le  cubitus  du 
péroné,  etc.  Mais  la  nature  des  articula- 
tions ,  la  forme  et  la  composition  des  os ,  la 
présence  d'une  rotule  au  membre  inférieur 
à  laquelle  on  ne  saurait  raisonnablement 
trouver  un  analogue  dans  l'apophyse  olécrâno 
du  cubitus ,  bien  que  celle-ci  forme  d'abord 
une  pièce  osseuse,  tout  nous  montre  que  la 
répétition  de  parties  semblables  n'a  pas  été 
le  but  de  la  création  ;  que  souvent  la  nature  a 
approprié  un  système  général  d'éléments  ana- 
logues à  des  fonctions  diverses,  et  qu'elle  ;i 
introduit  des  éléments  nouveaux  quand  le 
travail  physiologique  l'a  exigé.  La  comparai- 
son de  l'épaule  et  du  bassin  a  surtout  offert 
beaucoup  de  difficultés,  et  les  anatomistes  ont 
présenté  plusieurs  solutions  fort  différentes 
du  problème.  Un  des  obstacles  à  une  com* 
paraison  scientifique  était  le  nombre  diffé- 
rent des  os  huméraux  et  des  os  pelviens  ;  eu 
ne  trouvait  que  trois  pièces  osseuses  dans  le 
bassin  ,  l'iléon  ,  l'ischion  et  le  pubis ,  tandis 
qu'on  en  comptait  quatre  dans  l'épaule ,  l'o- 
moplate, l'acromial,  le  coracoïde  et  la  cla- 
vicule. Quelques  observateurs  crurent  enfin 
pouvoir  lever  toutes  les  difficultés,  par  la 
découverte  d'un  petit  os  caché  dans  la  ca- 
vité cotyloïde ,  entre  les  trois  os  du  bassin. 


688 


MAM 


MAM 


Ils  considérèrent  même  ce  petit  os  comme 
l'analogue  de  l'os  marsupial  des  Mammifères 
aplacentaires,  et  trouvèrent  ainsi  en  même 
temps  un  moyen  d'établir  la  relation  numé- 
rique des  pièces  de  l'épaule  avec  les  pièces 
du  bassin ,  et  une  preuve  nouvelle  de  l'unité 
de  composition  organique.  Mais,  d'une  part, 
ce  petit  os  cotyloïdien  ne  s'est  pas  rencontré 
chez  tous  les  Mammifères,  et,  d'autre  part, 
des  observations  postérieures  en  démon- 
trèrent l'existence  chez  les  Marsupiaux  eux- 
mêmes,  et  confirmèrent  ainsi,  par  un  fait 
nouveau  ,  ce  que  nous  disions  tout-à-l'heure 
sur  les  tendances  de  la  nature. 

Est-il  vrai  aussi  que  les  membres  du 
Mammifère  passent  par  un  état  qui  repré- 
sente la  constitution  des  membres,  c'est- 
à-dire  des  nageoires  d'un  Poisson?  Nous 
venons  de  voir  qu'aussitôt  que  s'opère  le 
départ  histologique,  les  extrémités  des  mem- 
bres se  caractérisent  comme  main  ou  comme 
pied,  et  ne  peuvent  par  conséquent  rap- 
peler en  rien  la  nageoire  d'un  Poisson.  Si 
l'on  veut  établir  la  comparaison  à  une  épo- 
que où  la  formation  organique  n'est  pas 
encore  commencée ,  l'analogie  même  n'est 
plus  possible;  car,  à  ce  moment,  on  ne 
peut  pas  dire  que  la  masse  blastématique 
soit  déjà  une  nageoire  ;  on  peut  seule- 
ment affirmer  qu'elle  n'est  pas  encore  une 
main.  Les  différences  vont  toujours  en  se 
prononçant  davantage  ,  et  ici ,  encore  plus 
que  pour  les  autres  organes ,  le  type  de  la 
classe  s'imprime  de  bonne  heure  dans  l'or- 
ganisation. D'ailleurs  ce  n'est  que  d'une 
manière  tout  à- fait  vague  et  douteuse  qu'on 
peut  comparer  la  nageoire  pectorale  des  Pois- 
sons au  membre  pectoral  des  Mammifères. 
Tout  ce  qu'on  peut  dire  de  l'un  et  de  l'au- 
tre, c'est  que  ce  sont  des  organes  de  loco- 
motion ;  le  type ,  les  connexions ,  la  forme 
sont  tout-à-fait  différents. 

L'étude  rapide  des  membres,  dans  la 
classe  des  Mammifères,  va  nous  montrer  les 
principales  particularités  qu'ils  présentent 
dans  leur  constitution. 

Vépaule  se  compose  généralement  de  deux 
os  réunis  en  levier  brisé,  et  mobiles  au  point 
de  leur  jonction  ;  ce  sont  Y  omoplate  ti  la  cla- 
vicule. Nous  avons  déjà  dit  que  ce  dernier  os 
est  un  de  ceux  qui  apparaissent  et  s'ossifient 
les  premiers,  de  sorte  que  les  Mammifères 
qui   en  sont  privés  se  distinguent  de  très 


bonne  heure  de  ceux  qui  le  possèdent ,  et 
accusent  ainsi  leurs  affinités.  Or,  les  Bima- 
nes, les  Quadrumanes,  les  Chéiroptères,  les 
Insectivores  et  la  plupart  des  Rongeurs,  rap« 
proches  par  tant  d'autres  caractères  com- 
muns, se  ressemblent  aussi  par  l'existence 
d'une  clavicule,  qu'on  ne  trouve  plus  ou  dont 
on  ne  trouve  que  des  vestiges  chez  les  Car- 
nivores, les  Pachydermes  ,  les  Solipèdes ,  les 
Ruminants  ,  les  Cétacés.  Chez  ces  Mammi- 
fères sans  clavicule,  l'omoplate  reste  sans 
liaison  avec  les  parties  centrales,  et  le  mem- 
bre antérieur  se  trouve  ainsi  séparé  du  sque- 
lette. La  clavicule  possède  un  point  d'ossi- 
fication ;  l'omoplate  en  présente  plusieurs  et 
en  nombre  variable,  qui  concourent  à  la 
formation  de  trois  pièces  osseuses  élémen- 
taires: le  corps  de  l'omoplate,  l'apophyse 
coracoïde  et  l'acromion,  d'abord  isolées,  puis 
soudées  à  une  époque  plus  ou  moins  avan- 
cée. Chez  l'Homme,  l'apophyse  coracoïde  ne 
s'unit  au  corps  de  l'os  que  vers  quinze  ou 
setee  ans;  l'acromion  ,  qui  reste  longtemps 
cartilagineux  et  s'ossifie  vers  quinze  ans,  ne 
se  confond  avec  l'omoplate  qu'à  vingt-deux 
ou  vingt-trois  ans. 

Les  différences  que  l'on  remarque  dans  la 
Constitution  de  l'épaule,  outre  l'absence  ou 
l'étatrudimentaire  de  la  clavicule,  dépendent 
des  formes  particulières  que  cet  os  a  reçues 
en  raison  des  fonctions  à  l'accomplissement 
desquelles  il  devait  concourir;  nous  signa- 
lerons les  Chéiroptères,  les  Taupes  et  les 
Cétacés  comme  présentant  des  modifications 
remarquables  dont  l'explication  se  trouve 
dans  les  besoins  divers  de  ces  animaux,  des- 
tinés, les  premiers  à  exécuter  les  mouvements 
énergiques  du  vol,  les  seconds  à  fouir,  les 
derniers  à  s'avancer  dans  les  eaux  à  l'aide 
de  leurs  extrémités  antérieures. 

La  ceinture  osseuse  où  s'attache  le  membre 
postérieur,  se  compose,  chez  l'embryon  et 
pendant  la  jeunesse  des  animaux,  de  trois 
pièces  osseuses  qui  concourent  à  la  forma-, 
tion  de  la  cavité  cotyloïde  dans  laquelle?, 
est  reçue  la  tête  du  fémur.  Ces  trois  os3 
sont  :  Yiléon  ou  os  des  iles,  qui  se  soude 
au  sacrum  ,  et  dont  la  forme  et  surtout  les 
dimensions  varient  chez  les  Mammifères', 
le  pubis,  sorte  de  barre  transversale  qui  en- 
ceint  par  devant  la  cavité  pelvienne  et  se 
réunit  sur  la  ligne  médiane,  par  un  fibro-car- 
tilage,  à  l'os  du  même  nom  du  côté  opposé; 


MAM 

Yischion,  dont  la  forme  peut  être  représentée 
par  celle  d'un  V  dont  la  pointe  serait  tournée 
en  bas,  et  qui  s'unirait  par  une  de  ses  bran- 
ches à  l'iléon  ,  et  par  l'autre  au  pubis.  Cette 
pointe,  où  se  rencontrent  les  deux  branches 
de  l'ischion ,  est  la  tubérosité  ischiatique  sur 
laquelle  nous  posons  quand  nous  sommes 
assis  ,  et  qui  devient  très  grosse  dans  les 
espèces  qui  ont  des  callosités  aux  fesses.  De 
la  réunion  de  l'ischion  et  du  pubis  résulte 
une  espèce  d'anneau  irrégulier,  entourant 
une  ouverture  nommée  trou  ovale  ou  obtu^ 
râleur.  Des  trois  os  que  nous  venons  de 
nommer,  l'iléon  est  celui  qui  apparaît  en 
général  le  premier;  on  aperçoit  ensuite  l'is- 
chion, et  en  dernier  lieu  le  pubis;  leur  réu- 
nion constitue  le  bassin.  Parmi  les  Cétacés, 
quelques  uns,  comme  le  Dauphin,  ont  pour 
bassin  deux  petits  os  suspendus  dans   les 
chairs;  d'autres,  comme  les  Baleines,  en 
présentent  de  plus  un  troisième.  La  dispari- 
tion du  membre  postérieur  chez  ces  animaux 
explique  l'absence  du  bassin,  dont  la  fonc- 
tion est  de  fournir  un  point  d'appui  solide 
à   l'articulation   de  l'extrémité   pelvienne. 
Mais  l'état  rudimentaire  de  cette  portion  du 
squelette  est  intéressant  à  remarquer,  parce 
qu'il  nous  offre  l'image  d'un  état  primitif  du 
développement   embryonnaire    par    lequel 
passent  les  Mammifères  du  même  groupe, 
et  aussi  parce  qu'il  nous  donne  en  quelque 
sorte  la  preuve  de  la  marche  que  suit  la  for- 
mation des  membres ,  et  dont  nous  avons 
parlé  plus  haut.  L'Homme  a  pour  caractère 
distinctif  la  largeur  de  son  bassin,  qui  de- 
vient surtout  très  considérable  chez  la  Femme; 
conditions  qu'expliquent  la  nécessité  d'une 
base  solide  pour  la  station  verticale,  et  celle 
d'une  large  ouverture  pour  l'accouchement, 
vu  la  grosseur  de  la  tête  du  fœtus.  Quelques 
Singes  et  les  Paresseux  sont  aussi  remarqua- 
bles par  la  grande  dimension  des  os  et  de  la 
cavité  du  bassin.  La  Taupe ,  au  contraire,  a 
un  bassin  beaucoup  plus  étroit  qu'aucun 
autre  Mammifère,  et  ce  rétrécissement  est 
dû  au  rapprochement  des  os  coxaux   qui 
sont  tellement  serrés  contre  l'épine,  qu'ils 
ne  laissent  plus  qu'une  ouverture  presque 
linéaire  ,  trop  étroite  pour  le  passage  des 
.  viscères  du  bas-ventre  ;  aussi  l'oriGce  des 
organes  de  la  génération  s'ouvre  au-devant 
du  pubis ,  et  le  fœtus  ,  qui  est  énorme  chez 
cet  animal ,  puisqu'il  égale  presque  la  moi' 
t,  vu. 


MAM 


G89 


tié  du  corps  de  la  mère ,  ne  traverse  pas  le 
bassin  en  naissant.  On  observe  une  dispo- 
sition analogue  chez  quelques  Chauves- 
Souris. 

Le  6ms  et  la  cuisse  sont  formés  chacun 
par  un  seul  os:  le  premier  par  Vhumérus, 
le  second  par  le  fémur ,  qui ,  tous  deux  ,  se 
développent  à  la  manière  des  os  longs.  Les 
modes  différents  d'articulation   de  chacun 
de  ces  os  avec  l'épaule  ou  avec  le  bassin  sont 
très  variés ,  et  ne  peuvent  être  indiqués  qu'à 
chacun  des  articles  consacrés  spécialement 
à  l'étude  des  différents  genres.   L'humérus 
est  très  long  chez  l'Homme,  chez  certains 
Singes,  chez  les  Chauves-Souris  et  chez  les 
Paresseux.  Il  devient,  au  contraire,   très 
court  chez  les  Cétacés,  chez  les  Phoques, 
et,  en  général,  chez  tous  les  Mammifères 
destinés  à  vivre  dans  l'eau  ;  et  c'est  cette 
ressemblance,  exagérée  dans  sa  valeur,  qui 
a  fait  longtemps  considérer  comme  voisins 
les  Amphibiens  et  les  Cétacés.  En  général, 
on  peut  dire  que  le  bras  devient  d'autant 
plus  court  que  le  métacarpe  s'allonge  da- 
vantage, comme  on  le  voit  dans   les  ani- 
maux à  canon  ,  chez  lesquels  l'humérus  est 
caché  tout  entier  sous  la  peau.  La  disposi- 
tion la  plus  singulière,  et  en  même  temps 
la  plus  rationnelle ,  nous  est  offerte  par  la 
Taupe,  dont  l'humérus  fort  et  court,  s'ar- 
ticule solidement  avec  l'omoplate  et  aussi 
avec  la  clavicule ,  se  courbe   vers  le  haut 
de  manière  à  porter  le  coude  en  l'air  et  à 
prendre  ainsi  une  position  qui ,   combinée 
avec  la  forme  de  l'avant-bras  et  la  situation 
particulière  de  la  main  dont  la  paume  re- 
garde  en  dehors,    fournit  à   l'animal   les 
moyens  les  plus  propres  à  se  frayer  rapide- 
ment et  sans  fatigue  un  large  chemin  dans: 
le  sol.   La  Chrysochlore  nous  offre  à  peu! 
près  la  même  organisation. 

Le  fémur  présente  aussi  des  modifications 
dans  sa  longueur,  sa  forme  et  son  articula- 
tion. Il  est  très  court  chez  le  Phoque  et  chez 
les  Singes  à  longs  bras  ;  chez  les  Ruminants 
et  les  Solipèdes,  il  acquiert  une  si  petite  di- 
mension qu'il  reste  caché  par  les  chairs.  A  sa 
partie  inférieure  se  trouve  la  rotule,  dont 
l'ossification  ne  commence  qu'après  la  nais- 
sance, par  un  seul  point  osseux,  et  n'est 
complète  que  vers  l'âge  de  vingt  ans  chez 
l'Homme. 

Il  est  probable  que  les  os  de  l'avant-bras, 


690 


MAM 


MAM 


le  radius  et  le  cubitus,  ne  constituent  pri- 
mitivement qu'un  seul  cartilage  qui  se  di- 
vise ensuite  en  deux  os  par  un  sillon  lon- 
gitudinal. Les  Chameaux  nous  offrent  en 
quelque  sorte  une  image  de  cet  état  pri- 
mitif, puisque  chez  eux  le  cubitus  et  le 
radius,  soudés  dans  toute  leur  longueur, 
ne  laissent  pas  entre  eux  de  fente  de  sépa- 
ration.Chez  les  autres  Ruminants,  on  observe 
un  état  un  peu  plus  avancé  :  les  deux  os  de 
l'avant-bras  se  séparent  un  peu  ;  en  haut 
seulement,  chez  les  Bœufs  et  les  Moutons  ; 
en  haut  et  en  bas,  chez  la  Girafe,  les  Cerfs 
et  quelques  Gazelles.  Les  Solipèdes  présen- 
tent une  fente  en  haut  et  un  sillon  longitu- 
dinal. Les  Chéiroptères  n'ont  pour  cubitus 
qu'un  stylet  grêle  qui  reste  distinct  jusque 
vers  le  quart  inférieur.  Dans  tous  les  ani- 
maux que  nous  venons  de  nommer,  la  rota- 
tion de  la  main  est  impossible,  et  cet  organe 
ne  peut  servir  à  la  préhension.  Mais  les 
mouvements  libres  du  cubitus  et  du  radius 
deviennent  plus  prononcés  à  mesure  qu'on 
approche  des  Mammifères  qui  doivent  se  ser- 
vir de  leurs  mains  comme  organes  de  pré- 
hension, et  ils  acquièrent  le  plus  d'étendue 
possible  chez  les  animaux  grimpeurs,  les 
Singes ,  les  Paresseux.  L'apopyse  de  l'olé- 
crâne  prend  différentes  formes  et  un  déve- 
loppement plus  ou  moins  considérable. 

La  jambe,  comme  l'avant-bras,  se  com- 
pose de  deux  os ,  le  tibia  et  le  péroné.  Ce 
dernier  os  peut  n'exister  qu'à  l'état  tout-à- 
fait  rudimentaire,  comme  on  le  voit  chez 
les  Ruminants,  où  il  est  représenté  par  une 
petite  pièce  osseuse;  et  chez  les  Solipèdes  , 
où  il  ne  forme  qu'un  petit  os  styloïde ,  très 
court,  suspendu  à  la  tête  supérieure  du  ti- 
bia. Chez  les  Pachydermes  ,  les  deux  os  de 
la  jambe ,  bien  que  distincts ,  restent  très 
rapprochés ,  tandis  qu'au  contraire  ils  s'é- 
cartent beaucoup  l'un  de  l'autre  chez  les  Pa- 
resseux. Le  péroné  des  Chauves-Souris  est 
très  grêle  ;  celui  des  Taupes  et  des  Musa- 
raignes se  soude  au  tibia  vers  son  bord  in- 
férieur. Chez  les  Chiens ,  les  Protèles ,  les 
Hyènes ,  le  péroné  marche  à  côté  du  tibia , 
ou  même  se  soude  avec  lui  dans  une  plus 
ou  moins  grande  portion  de  sa  moitié  infé- 
rieure ,  tandis  que  chez  les  Civettes  ces  deux 
os  s'écartent  l'un  de  l'autre  et  ne  se  tou- 
chent que  par  leurs  extrémités. 

Le  membre  antérieur  se  termine  par  la 


main,  qui,  chez  tous  les  Mammifères,  se 
compose  de  trois  parties  :  le  carpe ,  le  mé- 
tacarpe et  les  phalanges  ;  la  première  partie 
constitue,  chez  l'Homme  ,  le  poignet;  la  se- 
conde ,  la  paume  de  la  main  ;  la  troisième , 
les  doigts.  Chacune  deces  parties  se  compose 
d'un  nombre  plus  ou  moins  considérable 
de  pièces  osseuses,  qui  prennent  aussi  un 
développement  très  différent,  selon  les  ani- 
maux. Chez  l'Homme  ,  les  os  du  carpe  sont 
au  nombre  de  huit ,- disposés  sur  deux  ran- 
gées, qui  en  comprennent  quatre  chacune. 
La  première  rangée  s'articule  avec  le  radius 
par  une  facette  beaucoup  plus  grande  que 
celle  du  cubitus.  Les  deux  osselets  qui,  dans 
cette  première  rangée ,  s'articulent  avec  le 
radius ,  sont  le  scaphoïde  et  le  semi-lunaire  ; 
le  troisième,  nommé  pyramidal  ou  cunéi- 
forme, touche  à  la  facette  articulaire  du  cu- 
bitus ,  et  porte  le  quatrième  petit  os  ap- 
pelé pisiforme.  Les  quatre  osselets  du  se- 
cond rang  sont  le  trapèze ,  qui  porte  la 
première  phalange  du  pouce  ;  le  trapézoïde, 
sur  lequel  s'articule  l'os  métacarpien  de  l'in- 
dex ;  le  grand  os ,  qui  porte  l'os  métacar- 
pien du  médius ,  et  une  petite  portion  de 
celui  de  l'annulaire;  Yunciforme,  sur  le- 
quel sont  posés  l'annulaire  et  le  petit  doigt. 
Chez  les  Singes,  on  trouve  un  petit  os  sup- 
plémentaire situé  entre  le  scaphoïde ,  le  tra- 
pèze et  le  grand  os  ;  et  souvent  on  ren- 
contre aussi  quelques  points  ossifiés  dans  les 
tendons  des  muscles.  Chez  la  Taupe  ,  cha- 
que rangée  carpienne  contient  cinq  os  ;  et 
on  trouve  de  plus  un  grand  os  en  fer  da 
faux  ,  qui  donne  à  la  main  de  cet  animal  sa 
forme  en  pelle  ou  en  pioche.  L'Aï  n'a  que 
six  os  au  carpe ,  comme  le  Phacochœre  ;  et 
l'on  observe  encore  une  foule  de  différences, 
sous  ce  rapport,  dans  tous  les  ordres  d'ani- 
maux. On  en  observe  aussi  quant  à  la  divi- 
sion ou  à  la  soudure  de  quelques  uns  de  ces 
osselets;  ainsi,  chez  la  plupart  des  Ron- 
geurs le  grand  os  est  divisé  en  deux  ;  et  chez 
un  grand  nombre  de  ces  animaux ,  aussi 
bien  que  chez  les  Carnivores ,  le  scaphoïde 
et  le  semi-lunaire  sont  confondus.  Chez  les 
Cétacés  ordinaires ,  les  os  du  carpe  sont 
très  aplatis ,  et  leur  réunion  forme  une  es- 
pèce de  pavé.  Chacun  des  os  carpiens  pos- 
sède un  cartilage  propre ,  dont  l'ossification 
ne  commence,  en  général ,  qu'après  la  nais- 
sance. 


IMAM 


MAM 


691 


Les  os  du  métacarpe  sont  généralement 
en  nombre  égal  à  celui  des  doigts,  et  subis- 
sent d'importantes  modifications.  Chez  les 
Cétacés  en  général,  on  compte  cinq  os  méta- 
carpiens tout-à-fait  aplatis  ,  et  ne  différant 
pas  des  phalanges.  Chez  les  Chauves-Souris, 
ces  os,  également  semblables  aux  phalanges, 
ont  été  extrêmement  allongés  ,  et  contri- 
buent à  former,  avec  ces  dernières,  les  ba- 
guettes osseuses  qui  tendent  et  soutiennent 
la  membrane  alaire.  Chez  l'Homme,  les  os 
du  métacarpe  sont  enveloppés  par  la  peau  , 
et  peu  mobiles,  à  l'exception  de  celui  du 
pouce.  Chez  les  Carnassiers  digitigrades,  ils 
s'allongent,  se  relèvent,  et  forment  ce  qu'on 
appelle  vulgairement  la  jambe  dans  le 
Chien  ;  c'est  donc  seulement  par  les  doigts 
que  ces  animaux  touchent  au  sol.  Les  trois  os 
métacarpiens  de  l'Aï  se  soudent  par  la  base, 
et  la  soudure  entre  ces  os  est  complète  chez 
les  Mammifères  à  canon.  Sous  ce  dernier 
nom  ,  on  a  cru  désigner  d'abord  une  partie 
toute  spéciale  des  membres  du  Cheval  et  des 
Ruminants  ;  mais  par  l'étude  comparée  des 
extrémités  de  ces  animaux  et  de  celles  des 
autres  Mammifères,  on  a  retrouvé  les  os  mé- 
tacarpiens qu'un  développement  très  consi- 
dérable avait  pu  faire  méconnaître.  Chez  les 
Ruminants  les  deux  os  du  métacarpe  se  sou- 
dent de  très  bonne  heure,  et  ne  laissent 
qu'un  léger  sillon  comme  signe  de  la  dis- 
tinction primitive;  on  voit  aussi  deux  autres 
rudiments  fort  grêles  des  deux  autres  méta- 
carpiens, qui  soutiennent  les  deux  doigts  ru- 
dirnentaires. 

Les  doigts  forment  la  partie  la  plus  mo- 
bile de  l'appendice,  chez  les  animaux  où  ils 
n'ont  pas  été  tout-àfait  enveloppés.  On  ne 
rencontre  jamais  moins  de  trois  doigts  ,  ni 
plus  de  cinq  chez  les  Mammifères,  si  l'on 
compte  les  rudiments  imparfaits  qui  restent 
souvent  cachés  sous  la  peau  ;  et  de  tous  les 
doigts  le  pouce  est  celui  qui  disparaît  le  pre- 
mier. Les  doigts  parfaitement  développés 
ont  trois  phalanges,  à  l'exception  du  pouce 
qui  n'en  a  jamais  que  deux,  et  à  l'exception 
des  doigts  des  Cétacés,  chez  lesquels  le  nom- 
bre des  phalanges  peut  devenir  plus  considé- 
rable ,  et  s'élever  à  sept  ou  même  à  neuf. 
Dans  cet  ordre ,  la  peau  enveloppe  les  pha- 
langes aussi  bien  que  le  métacarpe ,  et  la 
main  compose  ainsi  une  rame  dans  laquelle 
la  présence  de  quelques  ongles  est  souvent  le 


seul  indice  des  doigts.  Dans  les  Chauves- 
Souris  les  phalanges  sont  excessivement  dé- 
veloppées ,  et  au  nombre  de  cinq  ;  le  pouce 
seul  conserve  un  ongle.  Les  doigts  sont  aussi 
au  nombre  de  cinq ,  en  général  ,  chez  tous 
les  Unguiculés.  Le  Tapir  et  l'Hippopotame 
en  ont  quatre  complets,  et  chez  l'Hippopo- 
tame ,  ils  sont  entièrement  cachés  sous  une 
peau  épaisse;  les  Ruminants  en  ont  deux 
complets  et  deux  incomplets ,  comme  nous 
venons  de  le  voir  ;  le  Rhinocéros  en  a  trois 
complets  ;  les  Solipèdes  n'en  ont  qu'un  par- 
fait et  deux  rudimentaires.  Les  trois  pha- 
langes du  doigt  unique  des  Solipèdes  portent 
les  noms  de  paturon,  de  couronne  et  d'os  du 
petit  pied.  Cette  dernière  forme  un  sabot. 
Le  pouce,  comme  nous  l'avons  indiqué,  est 
le  doigt  qui  disparaît  le  premier  ;  chez  quel- 
ques animaux ,  comme  les  Hyènes  et  les 
Suricates,  il  n'existe  que  dans  son  métacarpe 
styloïde;  chez  d'autres  il  est  complètement 
oblitéré,  comme  nous  le  voyons  dans  l'Aï; 
ou  oblitéré  de  ses  deux  phalanges,  comme 
dans  les  Écureuils  et  les  Rats  ;  d'une  pha- 
lange seulement ,  comme  dans  la  Mar- 
motte, etc.  Parmi  les  animaux  chez  lesquels 
il  persiste ,  tantôt  il  demeure  parallèle  aux 
autres  doigts ,  comme  dans  les  Carnivores  ; 
tantôt  au  contraire,  il  devient  mobile  et  op- 
posable, et  constitue  ce  qu'on  nomme  spé- 
cialement une  main. 

En  faisant  l'application  de  cette  définition 
générale  de  la  main,  on  a  confondu  sous  une 
même  dénomination  des  organes  très  diffé- 
rents, et  l'on  est  arrivé  à  comprendre  dans 
une  même  catégorie  l'extrémité  antérieure 
de  l'Homme,  l'extrémité  antérieure  et  posté- 
rieure des  Singes,  ou  l'extrémité  postérieure 
des  Atèles,  de  l'Aye-Aye,  de  la  Sarigue,  etc. 
Or,  il  n'est  pas  nécessaire  de  comparer  pen- 
dant longtemps  la  main  de  l'Homme  à  celle 
du  Singe,  pour  comprendre  la  supériorité  de 
la  première,  dans  laquelle  des  doigts  effilés  et 
mobiles  peuvent  tous  s'opposer  parfaitement 
à  un  pouce  dont  la  longueur  relative  est  beau- 
coup plus  considérable  que  dans  la  seconde. 
L'absence  de  poils,  la  finesse  de  la  peau  qu'a- 
niment des  houppes  nerveuses  en  grand 
nombre,  et  que  n'altère  point  le  contact  du 
sol,  l'indépendance  de  tout  le  bras  et  la  li- 
berté que  lui  donne  la  position  verticale, 
l'existence  de  muscles  extenseur  et  fléchisseur 
propre,  qui  permettent  de  mouvoir  les  doigts 


602 


MAM 


séparément,  sont  en  outre  des  conditions  qui 
indiquentévidernment  un  organe  de  toucher. 
Cette  perfection  de  la  main  de  l'Homme  n'em- 
pêche pas  qu'elle  reproduise  le  type  essentiel 
de  la  main  des  Mammifères  :  ici,  comme  par- 
tout, la  nature  a  employé  de  préférence  les 
matériaux  que  lui  fournissait  le  type  pour  con- 
stituer un  instrument  spécial,  et  a  obtenu  la 
perfection  en  divisant  le  travail  physiologique. 
La  main  du  Singe,  au  contraire,  et  celle  des 
Mammifères  que  nous  avons  cités,  ne  donne 
à  ces  animaux  que  des  notions  tout-à-fait 
insuffisantes ,  qu'ils  se  hâtent  de  compléter 
en  interrogeant  leurs  autres  sens,  et  n'est 
autre  chose  que  l'organe  de  locomotion  d'un 
animal  grimpeur,  organe  dont  la  spécialisa- 
tion fonctionnelle  est  obtenue  dans  tout  le 
règne  animal ,  à  peu  près  avec  les  mêmes 
procédés,  c'est-à-dire  en  opposant  deux  por- 
tions Tune  à  l'autre ,  de  manière  que  ces 
deux  parties  en  se  rapprochant  embrassent 
le  point  d'appui. 

Cette  destination  des  mains  et  la  distinc- 
tion essentielle  que  nous  venons  d'établir 
devient  bien  évidente,  quand  on  étudie  le 
rôle  des  membres  dans  le  mode  général  de 
locomotion  propre  au  type  des  Quadru- 
pèdes. Chez  les  Oiseaux  et  les  Poissons , 
c'est  le  membre  antérieur  qui  exécute  les 
efforts  nécessaires  aux  mouvements  carac- 
téristiques de  la  locomotion  aquatique  ou  aé- 
rienne; chez  les  Quadrupèdes,  au  contraire, 
c'est  le  membre  postérieur  qui  est  l'organe 
d'impulsion  ;  le  membre  antérieur  ne  fait 
qu'aider  à  la  progression  en  fournissant  un 
point  d  appui  au  corps,  pendant  que  le  mem- 
bre postérieur  le  pousse  en  avant.  Aussi  est-ce 
le  membre  postérieur  qui,  chez  ces  mêmes 
animaux,  est  le  plus  solidement  attaché  au 
tronc  ,  tandis  que  toutes  les  précautions  de 
solidité  ont  été  prises  pour  le  membre  an- 
térieur dans  les  types  ornithologique  et 
ichtyologique.  Aussi  est-ce  encore  le  mem- 
bre postérieur  que  la  nature  a  modifié  chez 
les  Mammifères  terrestres  suivant  le  mode 
de  progression  particulier  à  l'animal.  Ainsi, 
pour  les  Mammifères  sauteurs,  elle  a  allongé 
les  membres  pelviens ,  quelquefois  même 
d'une  manière  en  quelque  sorte  exagérée, 
commechezlaGerboiseouleKanguroo;  pour 
les  grimpeurs,  elle  a  approprié  les  mêmes 
membres  à  la  préhension,  en  donnant  à  leur 
extrémité  un  doigt  opposable,  comme  à 


MAM 

l'Aye-Aye  ou  à  la  Sarigue  ;  ou  bien ,  comma 
chez  l'Aï,  en  articulant  le  pied  avec  la 
jambe  de  telle  manière  qu'il  pût  exécuter 
seulement  des  mouvements  latéraux  d'ad- 
duction et  d'abduction  à  l'aide  desquels  il 
embrassât  la  tige  des  arbres;  pour  l'Homme, 
qui  devait  seul  jouir  de  la  faculté  de  mar- 
cher debout ,  elle  a  combiné  toutes  les  con- 
ditions de  solidité  avec  toutes  les  conditions 
de  force,  pour  faire  un  pied  de  l'extrémité 
du  membre  postérieur.  L'Homme  est  le  seul 
qui  possède  une  main  et  un  pied ,  et  c'est  à 
cette  division  remarquable  du  travail  phy- 
siologique qu'il  doit  une  partie  de  sa  supé- 
riorité organique. 

De  cette  observation  sur  la  valeur  spé- 
ciale du  membre  postérieur,  il  résulte  que, 
dans  un  animal  grimpeur,  c'est  au  mem- 
bre postérieur  que  la  main  ne  devra  pas 
manquer;  et  c'est  en  effet*  ce  que  nous 
observons  chez  les  Mammifères  auxquels 
convient  Tépithète  de  pédimanes.  Quant  à 
ceux  que  l'on  peut  appeler  quadrumanes, 
l'existence  d'une  main  au  membre  antérieur 
n'implique  aucune  autre  supériorité  que 
celle  qui  résulte  de  la  possession  de  deux 
organes  pour  l'accomplissement  d'une  même 
fonction  :  ce  sont  seulement  des  grimpeurs 
plus  parfaits.  Sans  doute  le  membre  anté- 
rieur terminé  par  une  main,  peut  devenir 
un  organe  pour  la  préhension  des  aliments, 
par  cela  même  que  c'est  un  organe  spécial  de 
préhension  ;  mais  on  ne  doit  voir  là  que  la 
pratique  d'un  acte  pour  l'accomplissement 
quel  nous  trouvons  les  différents  degrés  d'une 
perfection  croissante  chez  le  Chien  ,  l'Écu- 
reuil et  le  Singe.  Aussi  il  nous  semble  qu'on 
s'est  abusé  quand  on  a  voulu  voir  dans 
l'existence  des  mains  un  caractère  qui  rap- 
proche les  Quadrumanes  des  Bimanes;  le 
rang  élevé  que  doivent  occuper  les  premiers 
est  justifié  par  d'autres  caractères  beaucoup 
plus  importants,  qui  ont  besoin  d'être 
mieux  analysés  qu'on  ne  l'a  fait  jusqu'ici  ;  et 
parmi  les  Mammifères  qu'on  n'a  placés  à 
côté  les  uns  des  autres  et  au  sommet  de  la 
création  zoologique  que  parce  qu'ils  possè- 
dent des  mains,  il  en  est  plusieurs,  selon 
nous,  qui  ne  méritent  pas  ce  premier  rang. 
Nous  aurons  occasion  de  faire  l'application 
de  ces  idées  en  parlant  de  la  classification. 

Le  pied  se  compose,  comme  la  main,  da 
trois  parties,  qui  sont:  le  tarse,  le  mêla- 


IMAM 


MAM 


693 


tarse,  et  les  phalanges  qui  forment  les  orteils 
ou  doigts.  Le  tarse  se  compose  d'os  qui  sont 
plus  forts  que  ceux  du  carpe,  et  présentent 
moins  de  variations  que  ceux-ci  dans  leur 
nombre.  Chez  l'Homme  et  la  plupart  des 
Unguiculés,  on  en  compte  sept  :  Vaslragale, 
le  calcanéum,  qui  se  développe  le  premier 
et  forme  le  talon  dans  l'espèce  humaine  ;  le 
scaphoïde ,  le  cuboïde  et  les  trois  cunéifor- 
mes. De  ces  os ,  le  calcanéum  est  celui  qui 
prend  ordinairement  le  plus  de  développe- 
ment ;  chez  le  Tarsier  et  le  Galago,  la  grande 
épiphyse  de  cet  os  et  le  scaphoïde  sont  si  ex- 
cessivement allongés  que  le  pied  prend  une 
longueur  disproportionnée,  et  possède  ainsi 
une  sorte  de  canon  formé,  non  pas  par  le 
métatarse  comme  cela  a  lieu  chez  la  Ger- 
boise, mais  par  les  deux  os  du  tarse  que 
nous  avons  nommés.  Le  métatarse,  dont 
nous  venons  de  rappeler  la  variation  la  plus 
remarquable  dans  la  Gerboise,  offre  en  gé- 
néral des  modifications  semblables  à  celle 
que  subit  le  métacarpe,  surtout  chez  les 
animaux  chez  lesquels  les  deux  membres 
remplissent  les  mêmes  fonctions. 

SYSTÈME  DE  LA  CIRCULATION  CHEZ  LES  MAMMIFÈRES . 
GLANDES   SANGUINES. 

Quand  les  linéaments  primitifs  du  système 
nerveux  et  du  système  osseux  ont  été  indi- 
qués ,  les  premiers  par  l'apparition  de  la 
gouttière  médullaire  ,  les  seconds  par  celle 
«ies  rudiments  vertébraux,  nous  savons  que 
les  lames  viscérales  se  courbent  rapidement 
au-devant  de  la  portion  céphalique  de  l'em- 
bryon ,  qui  s'est  soulevée  au-dessus  du  plan 
de  la  membrane  blastodermique.  De  la  posi- 
tion que  les  deux  feuillets  primitifs  de  l'œuf 
occupent  l'un  par  rapport  à  l'autre,  il  ré- 
sulte alors  que  le  feuillet  séreux  forme  la  pa- 
roi antérieure  de  cette  petite  cavité,  et  que  le 
feuillet  muqueux  en  forme  la  paroi  interne. 
Entre  ces  deux  feuillets  s'amasse  une  couche 
d'éléments  plastiques,  réunis  bientôt  en  une 
lamelle  membraneuse  parcourue  par  les  vais- 
seaux, et  que  nous  avons  déjà  indiquée  sous 
le  nom  de  feuillet  vasculaire.  On  sait  que  le 
sang  préexiste  aux  vaisseaux  dont  les  parois  se 
forment  plus  tard;  que  le  réseau  vasculaire 
consiste  d'abord  en  un  système  de  lacunes 
qui  semblent  se  creuser  dans  le  tissu  du 
blastoderme,  et  qui  communiquent  entre 
elles  par  des  sinuosités  irrégulières;  que  ces 


cavités,  espèces  de  lacs  de  grandeur  diffé- 
rente, réunis  entre  eux  par  des  goulets  tor- 
tueux, se  canalisent  peu  à  peu  par  l'élargis- 
sement des  détroits  primitifs  et  le  rétrécis- 
sement des  lacs  plus  vastes;  et  qu'enfin,  ce 
canaux  se  convertissent  en  vaisseaux  dont  la 
tunique  se  développe  et  se  perfectionne  pro- 
gressivement, sans  doute  sous  l'influence  de 
l'action  irritante  du  sang.  Tous  ces  phéno- 
mènes de  la  formation  des  vaisseaux  s'obser- 
vent avec  les  mêmes  circonstances,  dans  les 
états  pathologiques  de  l'économie,  et  sem- 
blent être  les  conditions  générales  de  la 
composition  du  système  vasculaire  dans  le 
règne  animal,  comme  l'a  parfaitement  établi 
M.  Milne  Edwards  dans  son  beau  mémoire 
sur  la  circulation  (1).  Ainsi,  pour  l'appareil 
de  la  circulation,  comme  pour  tous  les  appa- 
reils en  voie  de  formation,  il  n'y  a  pas  pro- 
gression d'un  point  vers  un  autre,  mais 
seulement  rapprochement  et  réunion  de 
parties  formées  sur  tous  les  points  de  l'é- 
conomie, indépendamment  les  unes  des  au- 
tres. Nous  ne  répéterons  pas,  à  propos  de  la 
circulation,  les  considérations  qui  nous  em- 
pêchent d'admettre  la  théorie  des  représen- 
tations évolutives;  nous  avons  suffisament 
indiqué  quels  sont  les  principes  qui  président 
à  la  formation  des  types  dans  le  règne  ani- 
mal pour  qu'on  puisse  facilement  en  faire 
l'application.  Quant  aux  détails  intéressants 
que  comporte  l'étude  physiologique  du  sys- 
tème de  la  circulation,  on  devra  les  chercher 
aux  articles  consacrés  aux  diverses  fondions 
de  ce  grand  appareil.  C'est  à  l'article  spécia- 
lement destiné  à  faire  connaître  le  sang  , 
qu'il  faut  demander  l'exposé  de  la  nature 
de  ce  fluide  nourricier,  de  sa  composition  et 
de  son  rôle. 

Le  feuillet  vasculaire  ne  se  développe  pas 
sur  toute  l'étendue  de  la  vésicule  blastoder- 
mique ;  il  s'arrête  à  une  petite  distance  de  la 
périphérie  de  l'embryon,  et  se  distingue  par 
une  teinte  plus  obscure.  L'espace  circonscrit 
par  cette  ligne  extrême  du  feuillet  vasculaire, 
est  nommé  aire  vasculaire ,  et  présente 
bientôt  les  phénomènes  généraux  que  nous 
venons  de  décrire  dans  la  constitution  de 
son  réseau  de  vaisseaux  sanguins.  La  vési- 
cule blastodermique  présente  donc  à  cette 
époque  trois  champs  concentriques  qui  sont, 
du  centre  à  la  périphérie  :  l'aire  transparente 

(i)  Ann.  dtê  M.  nat.,  3e  série,  t.  III,  p   Jà?;  •"*« 


694 


MA3VI 


MAM 


(area  pellucida),  l'aire  vasculaire  (area  vas- 
culosa)  et  l'aire  vitelline  (area  vitellina) . 

A  la  limite  extrême  de  l'aire  vasculaire, 
les  carrières  que  le  sang  s'est  creusées  for- 
ment, suivant  le  mode  que  nous  avons  dé- 
crit, d'abord  des  lacunes,  puis  un  sinus,  et 
enfin  une  veine  ,  appelés  sinus  terminal , 
veine  terminale.  Ce  sinus  s'interrompt  dans  le 
point  de  son  parcours  qui  répond  à  l'extré- 
mité céphalique  de  l'embryon,  ou  plutôt  la 
ligne  dessinée  par  le  canal  terminal,  au  lieu 
de  se  fermer  en  cet  endroit,  s'infléchit  vers 
l'embryon  en  formant  deux  troncs  princi- 
paux qui  marchent  vers  le  cœur.  En  effet,  en 
même  temps  que  se  manifestait  le  canal  ter- 
minal de  l'aire  vasculaire,  ou  même  un  peu 
avant  lui,  s'est  montré,  au-dessous  de  la  partie 
céphaliquede l'embryon,  entreles deux  feuil- 
lets séreux  et  muqueux,  et  par  conséquent 
dans  la  portion  embryonnaire  du  feuillet  vas- 
culaire, un  cylindre  oblong,  droit,  qui  n'est 
autre  chose  que  le  premier  indice  du  cœur. 
La  formation  du  cœur  a  lieu  aux  mêmes  con  - 
ditions  que  celles  des  vaisseaux;  seulement 
ses  parois  sont  les  premières  à  s'isoler  de  la 
masse  environnante,  avec  laquelle  les  autres 
vaisseaux,  moins  avancés  alors  dans  leur  dé- 
veloppement, se  continuent  et  s'effacent;  ou, 
pour  parler  plus  exactement,  c'est  au  cœur 
que  le  sang  forme  d'abord  les  parois  qui  le 
doivent  circonscrire,  tandis  que  son  action, 
moins  énergique  sur  les  autres  points  du 
germe,  n'a  pas  encore  produit  partout  le 
même  résultat. 

La  puissance  formatrice  dont  l'influence 
vient  de  se  manifester  au  cœur  avec  une 
plus  grande  énergie  que  dans  les  autres  por- 
tions du  système  vasculaire,  continue  de  se 
montrer  plus  active  dans  la  constitution  de 
cet  organe  qui,  prenant  ainsi  un  développe- 
ment plus  considérable  que  les  parties  voi- 
sines, est  forcé  de  s'infléchir  et  de  se  plier 
sur  lui-même.  Dans  le  principe,  le  cylindre 
ou  canal  cardiaque  encore  droit,  se  termine 
par  deux  branches  supérieures  et  deux  bran- 
ches inférieures;  les  deux  premières  se  per- 
dent dans  les  parois  de  la  portion  cépha- 
lique; les  deux  autres  marchent  de  l'em- 
bryon Vers  la  vésicule  blastodermique.  Plus 
tard  ,  les  deux  branches  antérieures  se  dé- 
veloppent en  deux  arcs  vasculaires,  appelés 
arcs  aortiques,  se  courbent,  puis  se  rencon- 
trent au-devant  de  la  future  colonne  verté- 


brale, et  constituent  par  leur  réunion  un 
tronc  unique  qui  porte  le  sang  du  cœur  dans 
l'embryon,  et  qu'on  a  nommé  aorte.  Les 
deux  branches  inférieures  se  sont  cependant 
développées  et  ont  formé  deux  troncs  qui, 
s'abouchant  avec  les  deux  branches  émanées 
du  sinus  terminal,  et  recevant  la  plupart-des 
autres  carrières  sanguines  du  blastoderme, 
ramènent  le  sang  au  cœur,  et  constituent 
les  veines  omphalo-mésentériques.  De  la  par- 
tie inférieure  de  l'aire  vasculaire  se  dévelop- 
pent encore  un  ou  deux  troncs  qui  viennent 
aussi  s'unir  aux  branches  inférieures  du 
cœur. 

Le  tronc  unique  que  nous  avons  vu  formé 
par  la  réunion  des  deux  branches  supérieu- 
res du  cylindre  cardiaque,  ou,  en  un  mot, 
Yaorte  marche  le  long  de  la  colonne  rachi- 
dienne  en  voie  de  développement,  puis  se 
divise  en  deux  branches  nommées  par  Baër 
artères  vertébrales  postérieures.  Celles-cides- 
cendentjusqu'à  l'extrémité  caudale  de  l'em- 
bryon, et  émettent,  à  droite  et  à  gauche, 
des  rameaux  qui  sortent  de  l'aire  embryon- 
naire, passent  dans  le  plan  de  la  vésicule 
blastodermique,  s'y  ramifient  et  s'anasto- 
mosent avec  les  ramuscules  émanés  de  la 
veine  terminale.  Bientôt,  parmi  les  rameaux 
latéraux» formés  ainsi  par  l'aorte  et  répandus 
dans  la  vésicule  blastodermique ,  il  en  est 
un  de  chaque  côté  qui  devient  plus  fort  que 
les  autres,  et  plus  volumineux  même  que 
la  branche  dont  il  n'était  qu'un  rameau  : 
il  constitue  le  tronc  de  V artère  omphalo- 
mésentérique.  En  remontant  à  l'origine  de 
cette  artère,  on  voit  qu'elle  porte  le  sang  de 
l'embryon  dans  le  blastoderme. 

Ainsi,  dans  ce  premier  état  du  dévelop- 
pementdel'appareil circulatoire,  lesang,par 
les  contractions  du  canal  cardiaque  dont 
nous  suivrons  tout-à-1'heure  les  métamor- 
phoses ,  est  poussé  vers  le  haut,  dans  les 
aortes,  leurs  ramifications,  les  deux  artères 
omphalo-mésentériques,  et  arrive  dans  l'aire 
vasculaire.  Des  ramifications  des  artères 
omphalo-mésentériques  ,  il  est  reçu  par  les 
ramifications  de  la  veine  terminale ,  et  ra- 
mené au  cœur  par  les  veines  omphalo-mé- 
sentériques. 

Mais  bientôt  ces  dispositions  se  compli- 
quent par  l'apparition  de  divers  organes, 
et  notamment  de  l'intestin  et  du  foie.  Les 
deux  branches  qui  forment  les  artères  om- 


MAM 


MAM 


695 


phalo-mésentériques  ne  tendent  pas  à  ne 
plus  constituer  qu'un  tronc  commun,  ou  une 
seule  artère  omphalo-mésentérique,  dont  une 
petite  branche  devient  l'artère  mésentéri- 
que.  Cette  dernière  prend  bientôt  une  pré- 
pondérance considérable,  lors  du  dévelop- 
pement de  Tinsestin;  l'artère  omphalo-mé- 
sentérique est  alors  tout-à-fait  secondaire 
pour  le  volume,  et  ne  forme  plus  à  son  tour 
qu'une  branche  de  la  mésentérique.  Des 
modifications  plus  considérables  ont  lieu 
pour  les  veines  omphalo-mésentériques  dont 
toutes  les  veines  du  corps  n'étaient  naguère 
que  de  petites  branches.  A  mesure  que  celles- 
ci  acquièrent  un  volume  plus  considérable, 
le  tronc  de  la  veine  omphalo-mésentérique 
prend  le  caractère  de  veine  cave  inférieure, 
tandis  que  le  reste,  auquel  on  conserve  le 
nom  déveine  omphalo-mésentérique,  sem- 
ble n'être  plus  qu'une  simple  branche  de  la 
veine  cave.  Sur  le  parcours  de  la  veine 
omphalo-mésentérique  ainsi  diminuée  d'im- 
portance, se  développe  le  foie  dans  lequel  elle 
plonge  un  grand  nombre  de  ramifications; 
de  sorte  que  le  sang  arrive  au  cœur,  non  plus 
directement  par  la  veine  omphalo-mésenté- 
rique ,  mais  après  avoir  passé  en  partie  dans 
le  foie.  Bientôt  même  il  passera  en  totalité 
dans  cet  organe  ,  d'où  les  veines  hépatiques 
le  porteront  dans  la  veine  cave  inférieure, 
et  celle-ci,  dans  le  cœur.  Il  arrive  aussi 
pour  les  modifications  de  la  veine  omphalo- 
mésentérique  quelque  chose  d'analogue  à 
ce  que  nous  avons  observé  dans  les  trans- 
formations de  l'artère  omphalo-mésenté- 
rique. La  veine  mésentérique,  simple  bran- 
che d'abord  de  la  veine  omphalo-mésentéri- 
que, dans  laquelle  elle  versait  le  sang  avant 
que  celle-ci  plongeât  ses  ramifications  dans 
le  foie,  surpasse  bientôt  en  volume  ce  tronc 
lui-même,  et  le  réduit  au  rôle  de  veine 
porte.  Cette  première  circulation,  circulation 
blastodermique  ou  ombilicale,  est  alors 
complète,  après  avoir  passé  par  deux  phases 
dont  l'apparition  des  viscères  intestinaux 
est  le  point  de  séparation;  elle  persiste  plus 
ou  moins  longtemps,  suivant  les  différences 
que  nous  avons  signalées  dans  la  persistance 
même  de  la  vésicule  ombilicale. 

Dans  la  seconde  période,  celle  de  la  se- 
conde circulation ,  les  courbures  du  canal 
cardiaque,  dont  nous  avons  indiqué  la  cause 
apparente  ,  se  prononcent  pour   la  cons- 


titution du  cœur ,  et  des  progrès  rapides 
se  manifestent  dans  tout  le  système  vascu- 
laire.  Nous  dirons  tout-à -l'heure  un  mot 
sur  le  développement  et  l'état  définitif  du 
cœur,  des  artères  et  des  veines  chez  les 
Mammifères;  nous  voulons  présenter  d'a- 
bord dans  son  ensemble  l'histoire  de  l'ap- 
pareil vasculaire.  La  seconde  circulation 
s'établit  entre  le  cœur ,  l'allantoïde  et  le 
placenta.  Nous  savons  que  lorsque  la  vé- 
sicule allantoïdienne  naît  à  l'extrémité  in- 
férieure de  l'embryon ,  elle  se  couvre  de 
vaisseaux  qui  portent  le  nom  de  vaisseaux 
ombilicaux  ,  les  uns  artères,  les  autres  vei- 
nes. Les  artères  ombilicales  ne  sont  autre 
chose  que  deux  petites  branches  des  artères 
vertébrales  inférieures  dont  nous  avons  vu 
plus  haut  la  formation  ,  et  que  l'allantoïde 
entraîne  avec  elle  en  quittant  l'embryon.  Il 
serait  même  plus  exact  de  dire  que  les  ar- 
tères ombilicales  sont  des  branches  des  ar- 
tères iliaques,  puisque  celles-ci  dérivent 
immédiatement  des  artères  vertébrales  in- 
férieures. L'allantoïde  porte  les  artères  om- 
bilicales à  la  surface  de  la  vésicule  blasto- 
dermique où  elle  constitue  le  placenta,  et 
distribue  les  ramifications  arborescentes  de 
ce  système  artériel  aux  villosités  placentaires. 
Arrivées  ainsi  à  la  périphérie  de  l'œuf,  ces 
ramifications  se  courbent  en  arcades ,  et  se 
transforment  de  la  sorte  immédiatement  en 
veines,  qui.  confluant  de  tous  les  points 
à  droite  et  à  gauche,  se  réunissent  en  deux 
troncs ,  les  veines  ombilicales.  De  celles-ci 
naît  un  tronc  unique  dans  l'embryon;  et 
même  chez  l'Homme,  il  n'existe  plus  de 
très  bonne  heure  qu'une  seule  veine  ombi- 
licale amenant  le  sang  du  placenta  à  l'em- 
bryon ;  cette  veine  s'abouche  daiw  la  veine 
omphalo-mésentérique,  transformée,  comme 
nous  venons  de  le  dire  ,  en  veine  cave  infé- 
rieure. Quelques  branches  de  la  veine  om- 
bilicale versent  le  sang  dans  le  foie;  une 
communication  s'établit  entre  la  veine  porte 
et  la  veine  ombilicale  réduite  à  n'être  plus 
qu'un  canal  anastomotique ,  nommé  canal 
veineux  d'Aranzi.  Par  cette  disposition  ,  et 
par  suite  du  développement  du  cœur  aussi 
bien  que  des  poumons,  le  courant  sanguin 
prend  une  direction  particulière  qui  per- 
siste jusqu'à  la  naissance,  et  sur  laquelle 
on  trouvera  des  détails  dans  cet  ouvrage  à 
l'article  circulation. 


C95 


IMAM 


MAM 


A  la  naissance ,  la  veine  ombilicale  se 
convertit  en  ligament  rond  du  foie,  la  di- 
rection de  certains  vaisseaux  change  ,  les 
diverses  cavités  du  cœur  se  complètent,  la 
troisième  circulation  apparaît  pour  conti- 
nuer pendant  toute  la  vie.  C'est  aussi  à  l'ar- 
ticle que  nous  venons  de  citer  que  sont 
exposés  le  mécanisme  et  le  caractère  parti- 
culier de  cette  circulation  définitive. 

Du  cœur.  —  Formant  primitivement  un 
canal  simple  et  droit,  le  cœur,  comme  nous 
le  savons,  subit  plusieurs  torsions  qui  l'a- 
mènent à  prendre  la  figure  qu'on  lui  connaît 
chez  l'adulte.  D'abord  recourbé  en  fer  à 
cheval,  il  se  dilate  bientôt  sur  trois  points; 
et  ces  trois  dilatations  sont  séparées  l'une 
de  l'autre  par  un  étranglement.  La  pre- 
mière dilatation,  située  à  droite  et  en  haut, 
l'embryon  étant  supposé  couché  sur  le  dos, 
forme  un  sac  veineux  ou  oreillette  simple; 
la  seconde ,  placée  à  la  grande  courbure  du 
fer  à  cheval ,  est  le  ventricule ,  cavité  simple 
comme  la  première;  la  troisième,  formant 
la  branche  gauche  du  fer  à  cheval,  se  dirige 
en  haut ,  et  se  nomme  bulbe  de  l'aorte , 
parce  que  c'est  de  ce  renflement  que  l'aorte 
tire  son  origine.  L'étranglement  situé  entre 
l'oreillette  et  le  ventricule  est  appelé  canal 
auriculaire;  celui  qui  sépare  le  ventricule  du 
bulbe  est  le  détroit  de  Haller.  La  courbure 
extérieure  ou  grande  courbure  du  fera  che- 
val se  développant  beaucoup  plus  que  la 
petite  courbure  intérieure  ,  l'oreillette  est 
ainsi  rapprochée  du  bulbe,  et  la  forme  du 
ventricule  se  prononce  davantage. 

Les  parois  du  ventricule  s'épaississent, 
un  sillon  se  développe  sur  sa  surface,  pre- 
mier indice  du  partage  qu'il  va  bientôt  su- 
bir par  le  développement  d'une  cloison  in- 
térieure correspondant  au  sillon  extérieur. 
Cette  cloison,  qui  se  montre  d'abord  comme 
une  fine  membrane  semi-lunaire,  franchit 
peu  à  peu  l'espace  d'une  paroi  du  ventricule 
à  l'autre,  et  la  cavité  ventriculaire  devient 
bientôt  double ,  aussi  bien  que  son  orifice 
auriculo-ventriculaire.  Cependant  le  bulbe 
de  l'aorte  et  l'oreillette  se  sont  rencontrés 
et  accolés. 

A  l'endroit  où  l'oreillette  touche  au  ven- 
tricule ,  et  après  que  celui-ci  s'est  partagé 
en  deux  moitiés ,  on  voit  aussi  naître  une 
cloison  qui  divise  la  cavité  auriculaire  en 
deux  parties,  et  qui,  s'allongeant  davan- 


tage par  le  haut  et  par  le  bas,  laisse  dans 
son  milieu  une  échancrure  semi-lunaire,  le 
trou  ovale.  Cette  séparation  des  deux  oreil- 
lettes se  complète  par  la  formation  de  deux 
valvules,  nées  de  l'orifice  de  la  veine  cave 
inférieure:  la  valvule  d'Eustache  et  la  val- 
vule du  trou  ovale ,  dont  on  peut  voir  le 
rôle  à  l'article  circulation.  Pendant  ces 
transformations,  les  orifices  des  deux  veines 
caves,  d'abord  confondus,  se  distinguent 
et  s'éloignent  de  plus  en  plus  l'un  de  l'au- 
tre; ce  n'est  qu'après  la  naissance  que  la 
cloison  des  oreillettes  est  complétementclose. 

Quant  au  bulbe  aortique,  il  s'allonge  de 
manière  à  former  une  crosse  qui  se  tord  en 
spirale;  puis,  dans  son  intérieur  se  déve- 
loppe une  cloison  qui  le  partage  en  deux 
canaux,  débouchant,  l'un  dans  le  ventri- 
cule droit,  l'autre  dans  le  ventricule  gau- 
che. La  séparation  intérieure  devient  bien- 
tôt sensible  à  l'extérieur,  et  l'on  voit  enfin 
deux  aortes  qui  naissent  isolément  l'une  à 
droite  et  l'autre  à  gauche. 

D'après  la  place  que  nous  avons  assignée 
au  cœur  dans  l'embryon  ,  il  résulte  que  cet 
organe  occupe  la  région  du  cou,  immédia- 
tement au-dessous  de  l'encéphale  ;  mais  , 
par  suite  du  progrès  de  toutes  les  parties 
qui  doivent  constituer  la  tête ,  le  cou  et  le 
thorax,  il  se  trouve  amené  à  sa  position  dé- 
finitive dans  la  poitrine.  Formé,  comme  nous 
le  savons,  dans  le  feuillet  vasculaire ,  inter- 
médiaire au  feuillet  séreux  d'où  nous  avons 
vu  naître  les  côtés,  et  au  feuillet  muqueux 
d'où  se  forme  le  tube  intestinal,  le  cœur  se 
trouve  enfin  placé  au-devant  de  l'appareil 
digestif,  dans  la  cavité  thoracique.  On  ne 
sait  rien  de  positif  sur  la  formation  du  péri- 
carde ,  membrane  séreuse  qui  enveloppe  le 
cœur. 

La  structure ,  les  connexions  et  les  fonc- 
tions du  cœur  sont  identiques  chez  l'Homme 
et  les  Mammifères  ;  nous  ne  répéterons  pas 
ici  ce  qu'on  peut  trouver  sur  ce  sujet  aux 
articles  circulation  ,  coeur  ,  muscle.  Il  faut 
remarquer  qu'en  général  les  parois  du  ven- 
tricule gauche  sont  beaucoup  plus  épaisses 
que  celles  du  ventricule  droit,  ce  qui  s'ex- 
plique par  l'énergie  des  contractions  qui 
doivent  chasser  le  sang  dans  toutes  les  par- 
ties du  corps;  que  la  capacité  du  ventricule 
droit  est  un  peu  plus  considérable  que  celle 
du  ventricule  gauche ,  et  que  l'étendue  pro- 


1UAM 


MAM 


697 


portionnelle  des  oreillettes  et  des  ventricules 
varie  peu  chez  les  Mammifères.  Dans  la  cloi- 
son interventriculaire,  près  de  l'origine  de 
l'aorte ,  on  trouve  accidentellement  un  ou 
deux  os,  plus  souvent  chez  les  mâles  que 
chez  les  femelles ,  et  plulôt  chez  les  herbi- 
vores, Pachydermes,  Solipèdes  et  Ruminants, 
que  chez  les  Carnassiers.  La  forme  même  du 
cœur  présente  quelques  modifications-dans 
la  classe  que  nous  étudions;  la  plus  remar- 
quable est  celle  que  nous  offre  le  Lamantin, 
chez  lequel  le  cœur,  plus  large  que  long,  est 
fortement  échancré  à  sa  pointe,  comme  si 
la  division  dont  nous  avons  vu  les  progrès 
dans  le  partage  des  deux  ventricules  avait 
continué  de  se  prononcer  davantage,  et  jus- 
qu'à leur  moitié  postérieure  ;  chez  le  Dugong, 
cette  division  s'est  même  prononcée  au-delà 
de  la  moitié  des  ventricules.  Quanta  sa  si- 
tuation ,  le  cœur  est  placé  plus  obliquement 
chez  l'Homme  que  chez  les  autres  Mammi- 
fères ,  et  il  touche  au  diaphragme  par  une 
portion  plus  considérable.  A  l'exception 
même  de  quelques  Singes,  le  cœur,  chez  les 
autres  Mammifères  ,  est  en  général  presque 
sur  la  ligne  médiane ,  et  à  une  certaine  dis- 
tance du  diaphragme. 

Des  artères.  —  Nous  avons  déjà  indiqué 
les  premiers  phénomènes  que  présente  la 
formation  du  système  artériel  dans  la  consti- 
tution des  arcs  aortiques ,  des  artères  ilia- 
ques,  des  artères  ornphalo-mésentériques, 
ombilicales  et  mésentériques.  Les  arcs  aor- 
tiques ne  restent  pas  simples ,  et  leur  mul- 
tiplication parait  être  en  rapport  avec  les 
arcs  branchiaux  dont  nous  avons  examiné 
le  développement  en  parlant  de  la  face.  Il 
parait  qu'on  en  compte  en  général  cinq,  qui 
ne  paraissent  pas  tous  simultanément,  et  se 
développent,  d'avant  en  arrière,  comme  les 
arcs  viscéraux  auxquels  ils  correspondent. 
De  bonne  heure  les  arcs  aortiques  se  rédui- 
sent à  trois  paires  ,  suivant  Baër  ;  les  deux 
antérieurs  se  convertissent  en  carotides  et 
sous-clavières;  le  second  de  droite  s'obli- 
tère, et  le  second  de  gauche  devient  V aorte 
permanente,  ce  qui  est  le  contraire  de  ce  qui 
se  passe  chez  les  Oiseaux  ;  le  troisième  de- 
vient de  chaque  côté  V artère  pulmonaire. 
C'est  à  l'article  consacré  aux  vaisseaux  que 
peuvent  être  seulement  présentés  les  détails 
intéressants  que  nous  voudrions  pouvoir  pla- 
cer ici  sur  les  transformations  des  artères 

T.   VII. 


primitives,  dont  les  états  transitoires,  chez 
les  Mammifères  les  plus  élevés  d'un  type, 
correspondent  à  certaines  particularités  que 
nous  observons  chez  d'autres  Mammifères 
moins  élevés  du  même  type;  ces  rapports 
devront  être  indiqués  dans  chacun  des  ar- 
ticles consacrés  aux  genres  nombreux  des 
Mammifères.  Quant  à  l'époque  de  l'appari- 
tion relative  des  différentes  artères ,  les 
principes  qui  nous  ont  démontré  que  les 
diverses  parties  d'un  organe  résultent  d'une 
différenciation  histogénique  dans  une  masse 
blastématique  commune,  nous  feront  con- 
clure que  les  vaisseaux  se  montrent  évi- 
demment d'autant  plus  tôt  que  l'organe  au- 
quel ils  appartiennent  se  distingue  plus  tôt 
lui-même.  Ainsi ,  les  artères  du  cerveau  et 
de  l'œil  apparaissent  de  très  bonne  heure, 
ainsi  que  l'artère  vertébrale,  les  artères  in- 
tercostales, etc. 

Pour  résumer  ici  l'ensemble  général  du 
système  artériel  chez  les  Mammifères,  dont 
le  tableau  doit  être  complété  par  les  détails 
que  l'on  trouvera  sous  d'autres  titres ,  nous 
dirons  que  Vaorte  ,  née  du  ventricule  gau- 
che, après  avoir  monté  vers  la  base  du  cou, 
se  recourbe  en  bas  derrière  le  cœur,  et  forme 
ainsi  la  crosse  aortique,  puis  descend  verti- 
calement au-devant  de  l'épine  jusqu'à  la 
partie  inférieure  du  ventre,  prenant  dans  ce 
trajet  les  noms  d'aorte  pectorale  et  abdomi- 
nale. De  sa  portion  ascendante  naissent  les 
carotides,  qui  marchent  le  long  du  cou  et 
portent  le  sang  à  la  tête;  les  artères  des 
membres  supérieurs,  qui  prennent  successi- 
vement les  noms  d'artères  sous-clavicre , 
axillaire,  brachiale,  etc. ,  suivant  qu'elles 
passent  sous  la  clavicule ,  traversent  l'ais- 
selle ou  se  distribuent  au  bras.  L'aorte  pec- 
torale fournit  les  branches  bronchique,  œso- 
phagienne, médiastine  ,  intercostale,  dont  les 
noms  indiquent  la  marche.  L'aorte  abdomi- 
nale donne  l'artère  cœliaque,  qui  se  distri- 
bue à  l'estomac,  au  foie,  à  la  rate  ;  les  artè- 
res mésentériques,  qui  se  rendent  aux  intes- 
tins; les  artères  rénales,  qui  nourrissent  les 
reins;  les  artères  iliaques,  qui  portent  le 
sang  aux  membres  inférieurs,  et  terminent 
l'aorte. 

Des  veines.  —  A  une  époque  très  reculée 
de  la  vie  embryonnaire ,  on  aperçoit  deux 
troncs  veineux  antérieurs  ,  les  veines  jugu- 
laires ,  et  deux  troncs  veineux  postérieurs 

83 


698 


MA3VI 


les  veines  cardinales ,  placées  symétrique- 
ment de  chaque  côté  de  l'embryon  ;  ces  deux 
paires  veineuses  reçoivent  presque  toutes  les 
veinules  des  parties  qui  existent  alors.  Les 
veines  jugulaires  descendent  de  l'extrémité 
céphalique  vers  le  cœur;  les  veines  cardi- 
nales montent  de  l'extrémité  caudale  vers 
le  cœur;  et  la  veine  jugulaire  d'un  côté 
s'unit  à  la  veine  cardinale  du  même  côté 
par  un  canal  anastomotique  ,  le  canal  de 
Cuvier.  Les  deux  canaux  de  Cuvier  se  réu- 
nissent eux-mêmes,  au-dessous  de  l'œso- 
phage, en  un  tronc  plus  court,  qui  débouche 
dans  l'oreillette  simple;  puis,  quand  la 
cloison  s'est  formée  dans  l'oreillette  ,  ce 
tronc  commun  est  absorbé,  et  chaque  canal 
s'ouvre  à  part  dans  l'oreille  droite,  où  il  re- 
présente deux  veines  caves  supérieures,  que 
l'on  retrouve  chez  le  Porc-Épic  et  l'Éléphant, 
mais  dont  la  droite  seule  persiste  en  géné- 
ral. C'est  entre  les  canaux  de  Cuvier  qu'a- 
boutit la  veine  otnphalo-mésentérique  dont 
nous  avons  indiqué  les  transformations.  Les 
veines  cardinales  reçoivent  principalement 
le  sang  des  corps  de  Wolff,  et  disparaissent 
avec  ces  organes.  On  sait ,  par  ce  qui  pré- 
cède, comment  se  forment  la  veine  cave  in- 
férieure et  la  veine  porte. 

Cette  dernière  veine  avec  ses  affluents 
constitue  un  petit  système  particulier,  le 
système  portai ,  formé  par  les  veines  des 
intestins  réunies  en  un  tronc  commun  qui 
pénètre  dans  la  substance  du  foie ,  s'y  ra- 
mifie, de  sorte  que  le  sang  circule  dans  les 
capillaires  de  cette  glande  avant  d'être  re- 
pris par  les  vaisseaux  qui  en  sortent  et  qui 
le  versent  dans  la  veine  cave  inférieure. 

Les  autres  canaux  veineux  marchent  sous 
la  peau,  ou  accompagnent  les  artères,  dont 
elles  prennent  en  général  le  nom,  et  débou- 
chent dans  l'oreillette  droite  par  les  deux 
grands  troncs  des  veines  caves. 

Nous  neparlerons  pasici  des  vaisseaux  de  la 
petite  circulation,  dont  on  a  indiqué  le  rôle 
dans  l'article  consacré  à  cette  fonction  ;  et 
nous  nous  réservons  de  signaler  les  particu- 
larités que  présente  le  système  vasculaire 
chez  les  Marsupiaux ,  en  étudiant  à  part  ce 
groupe  si  intéressant  du  grand  type  Mammi- 
fère. Nous  devons  renvoyer  également  aux 
articles  spéciaux  pour  la  composition  des 
parois  des  Artères  et  des  Veines,  pour  la 
nature  et  le  développement  des  Capillaires. 


MAM 

C'est  au  mot  digestion  seulement  que  peut 
être  étudié  le  système  lymphatique^ 

De  la  Rate;  du  Thymus;  de  la  glande  Thy- 
roïde ;  des  Capsules  surrénales. 

On  réunit  en  général  ces  glandes  sous  le 
nom  commun  de  glandes  sanguines,  parce 
que  leurs  fonctions,  encore  mal  connues, 
semblent  néanmoins  pour  la  plupart  se  rap- 
porter à  l'hématose  et  à  la  chylification. 
Parmi  ces  glandes  ,  le  thymus  et  les  capsu- 
les surrénales  sont  fort  remarquables  chez 
le  fœtus  par  le  volume  considérable  qu'elles 
acquièrent  relativement  aux  autres  organes, 
et  cette  circonstance  leur  a  fait  attribuer  une 
influence  spéciale  et  une  importance  réelle 
pendant  la  vie  fœtale  seulement.  Tantôt  on 
a  considéré  le  thymus  comme  étant  en  rap- 
port avec  le  système  nerveux;  tantôt,  au 
contraire,  on  lui  a  attribué  des  fonctions 
relatives  à  l'assimilation,  au  développement 
des  organes  génitaux,  etc.  11  se  pourrait 
qu'il  fût  chez  le  fœtus  l'organe  de  la  for- 
mation des  globules  du  sang ,  comme  la  rate 
semble  l'être  chez  l'adulte,  bien  que  le  sang 
et  ses  globules  préexistent  chez  le  premier  à 
la  formation  du  thymus,  et  continuent  de 
se  former  chez  le  second  après  l'ablation 
de  la  rate.  La  quantitéconsidérable  de  nerfs 
que  l'on  trouvedans  les  capsules  surrénales , 
la  ressemblance  de  leurs  éléments  microsco- 
piques axec  les  globules  ganglionnaires,  et 
l'analogie  que  la  couleur  de  ces  organes  pré- 
sente avec  la  substance  corticale  du  cerveau, 
indiquent  peut-être  quelque  relation  entre 
eux  et  le  système  nerveux;  mais  aujourd'hui 
nous  ne  pouvons  nous  faire  aucune  idée  de 
cette  relation ,  à  laquelle  des  hypothèses  seules 
font  croire,  et  qui ,  si  elle  était  réelle,  établi- 
rait une  différence  essentielle  entre  les  cap- 
sules surrénales  et  les  trois  autres  glandes 
dont  nous  nous  occupons  ici.  Quant  à  la 
glande  thyroïde,  elle  paraît  être  un  gan- 
glion sanguin  lié  à  la  grande  circulation  et 
en  rapport  avec  l'appareil  pulmonaire. 

La  Raie  paraît  être  confondue  d'abord, 
chez  l'embryon  ,  avec  le  pancréas  dont  nous 
parlerons  plus  bas.  Elle  apparaît  quand 
l'intestin  et  l'estomac,  avec  lesquels  elle 
est  plus  tard  en  rapport,  se  sont  déjà 
montrés  avec  leurs  caractères  essentiels. 
Bien  que  formant  une  masse  commune  avec 
le  pancréas,  comme  nous  venons  de  l'ia- 


MAM 

diquer,  elle  provient  d'un  blastème  fourni 
par  la  grande  courbure  de  l'estomac,  tandis 
que  le  blastème  du  pancréas  naît  du  duodé- 
num. Quand  la  transformation  de  ces  blas- 
tèmes  ainsi  accolés  l'un  à  l'autre  est  complè- 
tement achevée,  les  deux  glandes  se  sépa- 
rent, et,  chez  l'adulte,  la  rate  se  trouve  très 
rapprochée  du  canal  intestinal  ou  de  la  grande 
courbure  de  l'estomac,  et  surtout  du  cul-de- 
sac  cardiaque  ;  elle  est  maintenue  dans  cette 
position  par  des  vaisseaui  sanguins  et  des  pro- 
longements du  péritoine.  Ces  connexions 
sont  celles  que  l'on  rencontre  en  général 
chez  tous  les  Mammifères  à  estomac  simple; 
chez  ceux  qui  ont  plusieurs  estomacs,  la  rate 
prend  des  positions  diverses.  Ainsi  elle  est 
située  au  côté  gauche  de  la  panse  chez  les  Ru- 
minants; sur  le  troisième  estomac  chez  les 
Édentés.  Une  disposition  remarquable  est 
celle  que  nous  présente  la  famille  des  Dau- 
phins, chez  quelques  uns  desquels  on  trouve 
une  rate  principale  et  plusieurs  rates  plus 
petites,  en  quelque  sorte  accessoires ,  collées 
au  premier  estomac  ,  et  quelquefois  au  nom- 
bre de  sept.  Peut-être  cette  disposition  est- 
elle  accidentelle  et  tout  individuelle.  La 
forme  et  le  volume  de  cette  glande  sont  d'ail- 
leurs assez  variables. 

Le  thymus  est  une  glande  transitoire  que 
l'on  trouve  chez  tous  les  fœtus,  à  l'exception 
des  Acéphales  et  autres  monstres  par  défaut, 
et  dont  la  croissance  continue  encore  après 
la  naissance,  pour  s'arrêter,  chez  l'Homme, 
à  peu  près  vers  l'âge  de  deux  ans.  Le  thy- 
mus disparaît  ensuite  à  une  époque  plus  ou 
moins  avancée  de  la  vie  adulte.  Peut-être 
procède-t-il  de  la  muqueuse  des  organes 
respiratoires ,  avec  lesquels  il  est  en  con- 
nexion; mais  on  ne  peut  rien  affirmer  de 
positif  sur  son  origine.  Enfermé  dans  une 
capsule ,  il  se  partage  naturellement  en  deux 
moitiés  quand  on  le  débarrasse  de  cette  en- 
veloppe ,  et  c'est  sous  la  forme  de  deux  pe- 
tites languettes  accolées  l'une  à  l'autre  sur  le 
milieu  de  la  trachée  qu'on  le  rencontre  chez 
l'embryon.  Les  anatomistes  ne  sont  pas  d'ac- 
cord sur  l'existence  ou  l'absence  de  cavités 
dans  les  deux  moitiés  du  thymus;  il  paraît 
certain  seulement  que  cette  glande  n'a  pas 
de  canal  excréteur. 

La  glande  thyroïde  n'a  été  trouvée  que 
chez  les  Mammifères ,  et  peut-être  chez  les 
Ophidiens  ;  elle  procède  probablement  de  la 


MAM 


C99 


trachée-artère  membraneuse,  au  point  où  le 
larynx  prend  naissance  :  les  uns  lui  ont  ac- 
cordé, les  autres  lui  ont  refusé  un  canal  ex- 
créteur. Elle  se  compose  de  deux  lobes  laté- 
raux plus  ou  moins  séparés  ,  et  quelquefois 
réunis  par  une  partie  plus  mince  nommée 
isthme.  Sa  forme,  très  variable,  est  le  plus 
souvent  allongée,  et  le  tissu  qui  l'attache  au 
larynx  est  moins  ferme  chez  les  autres  Mam- 
mifères que  chez  l'Homme  et  les  Singes. 
Chez  l'Éléphant,  chaque  lobe  se  subdivise  en 
une  trentaine  de  petits  lobules,  enfermés 
chacun  dans  un  sac  formé  d'une  membrane 
très  mince.  C'est  à  tort  qu'on  en  a  nié  l'exis- 
tence chez  les  Cétacés.  La  structure  cellu- 
leuse  de  cet  organe  s'observe  facilement  chez 
l'Éléphant,  à  cause  de  son  volume,  et  dans 
les  états  pathologiques  connus  sous  le  nom 
de  goitres  ,  que  son  développement  excessif 
occasionne. 

Les  capsules  surrénales,  ou  reins  succen- 
turie's,  acquièrent  un  volume  considérable 
chez  le  fœtus,  et  semblent  avoir  des  rela- 
tions intimes  ,  mais  inconnues ,  avec  la  vie 
embryonnaire.  Le  blastème  qui  doit  pro- 
duire ces  organes  se  confondant  d'abord  avec 
le  blastème  des  corps  de  Wolff,  on  a  pu 
croire  qu'ils  avaient  une  origine  commune 
avec  les  reins  ;  mais  il  paraît  qu'ils  naissent 
d'une  masse  particulière,  d'abord  simple,  et 
bientôt  divisée  en  deux  moitiés  symétriques. 
Comme  les  reins,  ils  se  composent  de  deux 
substances  ,  du  moins  chez  les  Mammifères 
dont  les  reins  possèdent  une  substance  cor- 
ticale et  une  substance  médullaire  ;  ils  sem- 
blent être  formés  d'une  seule  substance, 
quand  les  reins  eux-mêmes  n'en  présentent 
qu'une.  Dans  l'adulte,  ces  capsules  surmon- 
tent l'extrémité  supérieure  des  reins,  un 
peu  en  dedans  et  au-dessus  du  sinus  de  ces 
derniers  organes.  C'est  chez  le  Phoque  que 
les  capsules  surrénales  ont  été  trouvées  le 
plus  petites  ;  c'est  chez  les  Rongeurs  qu'elles 
paraissent  atteindre  leur  plus  grand  volume. 
Celles  du  Phoque  et  celles  des  Cétacés  sont 
divisées  en  un  grand  nombre  de  lobules; 
celles  de  l'Éléphant  ont  leur  base  partagée 
en  deux  lobes  arrondis.  Souvent  elles  ont  la 
forme  que  prennent  les  reins  dans  l'animal 
chez  lequel  on  les  étudie. 


700 


MAM 


SYSTÈME  DIGESTIF  DES  MAMMIFÈRES.  GLANDES  AN- 
NEXES. 

Bien  que  les  premiers  phénomènes  qui 
indiquent  la  formation  du  canal  intestinal 
soient  postérieurs  à  l'apparition  des  rudi- 
ments des  trois  systèmes  que  nous  venons 
d'étudier,  ils  n'en  sont  pas  moins  fort  recu- 
lés dans  la  vie  embryonnaire,  et  remontent 
à  l'époque  où  l'embryon  vient  de  soulever 
ses  extrémités  céphalique  et  caudale  au- 
dessus  du  plan  de  la  vésicule  blastodermi- 
que.  A  ce  moment,  comme  nous  l'avons 
déjà  dit  plusieurs  fois,  les  lames  viscérales, 
inclinées  l'une  vers  l'autre  et  réunies  ensem- 
ble aux  deux  extrémités  de  l'embryon  seu- 
lement, ont  déterminé  deux  petites  excava- 
tions ou  enfoncements.  Le  fond  de  la  cavité 
supérieure  est  formé  par  la  base  future  du 
crâne  ,  et  l'entrée  de  cette  cavité  a  été  ap- 
pelée fosse  cardiaque  (fovea  cardiaca)  par 
Wolff;  Baër  l'a  nommée  entrée  antérieure 
de  l'intestin.  Il  est  inutile  de  faire  obser- 
ver ici  que  cette  ouverture  ne  répond  pas  à 
la  bouche  future ,  puisque  nous  avons  vu 
que  la  formation  de  celle-ci  se,  rapporte  aux 
phénomènes  d'évolution  des  arcs  viscéraux. 
L'entrée  de  la  cavité  postérieure  a  été  nom- 
mée fosse  inférieure  {fovea  inferior)  par  Wol  ff, 
et  entrée  postérieure  de  V intestin  par  Baër. 
La  partie  moyenne  de  l'embryon  reste  de  la 
sorte  ouverte  ,  se  creuse  légèrement,  et  tout 
le  corps  du  jeune  être  représente  assez  bien 
alors  la  forme  d'une  nacelle.  C'est  en  regar- 
dant l'embryon  par  cette  ouverture  béante, 
c'est-à-dire  par  sa  face  ventrale,  que  nous 
allons  suivre  le  développement  de  l'intestin. 

Jusqu'au  moment  où  nous  venons  de  nous 
arrêter,  les  trois  feuillets  de  l'œuf  sont  en- 
core appliqués  l'un  à  l'autre  ;  mais  bientôt 
les  feuillets  vasculaires  et  muqueux  com- 
mencent de  se  détacher  du  feuillet  séreux, 
sans  cesser  néanmoins  de  lui  rester  intime- 
ment unis  sur  la  ligne  médiane ,  c'est-à- 
dire  le  long  de  la  colonne  vertébrale.  Les 
bords  libres  de  ces  deux  feuillets  convergent 
l'un  vers  l'autre  et  forment  ainsi  une  gout- 
tière. Avant  qu'ils  se  rencontrent,  le  feuillet 
muqueux  -e  détache  du  feuillet  vasculaire, 
s'éloigne  ainsi  de  la  colonne  vertébrale,  de 
sorte  que  les  deux  moitiés  Iamelleuses  du 
feuillet  vasculaire  s'atteignent  les  premières 
et  se  soudent  ensemble  en  une  languette, 


MAM 

premier  rudiment  du  mésentère;  entre  ces 
deux  lamelles  de  la  languette  mésentérique 
reste  un  petit  vide,  le  vide  du  mésentère. 
Cependant  les  bords"  du  feuillet  muqueux, 
convergents,  mais  non  rapprochés,  laissent 
encore  entre  eux  une  gouttière,  la  gouttière 
intestinale ,  qui  va  se  convertir  progressive- 
ment en  un  canal ,  puis  en  un  tube ,  le  tube 
intestinal,  attaché  à  la  colonne  vertébrale 
par  le  mésentère,  que  les  lamelles  du  feuillet 
vasculaire  ont  produit  au-dessous  de  lui. 
L'attache  mésentérique ,  dont  nous  venons 
d'expliquer  l'origine,  croît  à  mesure  que  le 
tube  intestinal  se  développe,  en  suit  les  cir- 
convolutions, et  produit  ainsi  tous  les  replis 
que  l'on  trouve  chez  l'adulte.  Les  replis 
connus  sous  le  nom  d'épiploons  ont  une  ori- 
gine analogue  ,  et  procèdent  de  la  portion 
des  lamelles  mésentériques  qui  attache  à 
la  colonne  vertébrale  la  partie  du  tube  intes- 
tinal correspondant  à  l'estomac  futur. 

La  clôture  du  tube  intestinal  procède  de 
l'extrémité  céphalique  de  l'embryon  à  son 
extrémité  caudale,  et  de  son  extrémité  cau- 
dale à  son  extrémité  céphalique,  de  sorte 
que  c'est  la  partie  moyenne  du  corps  qui 
reste  le  plus  longtemps  ouverte;  résultat  in- 
verse de  ce  que  nous  avons  observé  dans  le 
tube  médullaire  qui  se  complète  d'abord  à 
sa  partie  moyenne.  Les  parois  du  tube  in- 
testinal se  continuent,  dans  leur  partie 
moyenne,  avec  la  vésicule  blastodermique;  il 
en  résulte  que  la  communication  entre  l'in- 
testin de  l'embryon  et  cette  vésicule  est  d'a- 
bord très  large  ;  mais  peu  à  peu  elle  se  ré- 
trécit et  ne  consiste  bientôt  plus  qu'en  une 
ouverture  étroite,  nommée  ombilic  intestinal. 
Nous  savons  qu'en  ce  point  les  parties  s'é- 
tirent en  un  canal ,  le  canal  omphalo-mésen,' 
térique,  qui  fait  communiquer  l'intestin  avec 
la  vésicule  blastodermique,  devenue  alors 
vésicule  ombilicale. 

Le  canal  intestinal  consiste  donc  primiti- 
vement en  un  tube  droit,  attaché  à  la  co- 
lonne vertébrale  par  la  languette  mésenté- 
rique. Par  les  progrès  successifs  du  dévelop- 
pement, ce  tube  s'éloigne  de  la  colonne 
vertébrale  dans  sa  partie  moyenne  corres- 
pondant à  l'ombilic,  et  se  ploie  en  anse , 
sans  cesser  toutefois  de  rester  uni  à  la  colonne 
vertébrale  par  le  mésentère.  Le  sommet  de 
cette  anse  se  dirige  vers  le  conduitomphalo- 
mésentérique  et  s'y  engage,  tandis  que  les 


MAM 


MAM 


'01 


portions  situées  au-dessus  et  au-dessous  res- 
tent droites.  La  portion  supérieure  est  alors 
désignée  sous  le  nom  d'intestin  oral;  la  portion 
inférieure,  sous  celui  d'intestin  anal;  l'anse 
intermédiaire  ,  sous  celui  d'intestin  moyen. 

Au  sommet  de  Vinteslin  oral  se  trouve  la 
grande  cavité  à  laquelle  nous  avons  appliqué 
Je  nom  d'attiré  hypocéphalique,  et  que  nous 
avons  vue  partagée  en  cavité  nasale  et  ca- 
vité buccale  par  suite  du  développement  des 
arcs  viscéraux.  Nous  avons  aussi  parlé  de  la 
bouche  et  de  la  langue  en  étudiant  ces  der- 
niers arcs.  Nous  renverrons  à  l'art,  langue 
pour  ce  qui  regarde  ce  dernier  organe;  et 
nous  mentionnerons  seulement,  par  rapport 
à  la  bouche,  l'existence  de  poches  accessoires 
ou  abajoues  chez  certains  animaux  qui  en 
font  un  réservoir  d'aliments.  Ces  abajoues 
se  rencontrent  chez  la  plupart  des  Singes  de 
l'ancien  continent,  chez  un  grand  nombre 
de  Rongeurs.  Une  sorte  de  transition  entre 
l'existence  et  l'absence  de  ces  poches  nous 
est  offerte  par  les  joues  extensibles  de  quel- 
ques Chauves-Souris.  La  portion  du  tube 
intestinal  qui  fait  suite  à  la  cavité  buccale 
comprend  d'abord  l'œsophage  et  la  trachée- 
artère  ;  mais  ces  deux  conduits  ne  tardent  pas 
à  se  séparer  et  à  s'ouvrir  isolément  dans  la 
cavité  pharyngienne  qui  devient  de  plus  en 
plus  distincte  (voy.  pharynx).  Chez  les  Mam- 
mifères, l'œsophage  devient  membraneux  et 
ne  présente  pas  de  renflement  dans  toute  sa 
longueur.  A  l'extrémité  inférieure  de  l'in- 
testin oral  se  montre  enfin  Yestomac  sous  la 
forme  d'une  dilatation  ;  on  aperçoit  bientôt 
sa  grande  courbure  dans  une  bosselure  con- 
vexe tournée  à  gauche.  Sa  petite  courbure, 
tournée  à  droite,  est  d'abord  plane  ,  puis 
concave.  Ce  n'est  que  progressivement  qu'il 
prend  sa  position  horizontale  et  que  se  dis- 
tinguent nettement  ses  portions  cardiaque  et 
pylorique.  Chez  les  Mammifères  à  estomac 
multiple,  la  cavité  stomacale  est  d'abord 
simple,  puis  subit  ses  subdivisions  par  des 
échancrures  dont  on  peut  suivre  les  progrès. 
Ce  n'est  que  d'une  manière  tout-à-fait  gé- 
nérale qu'on  peut  dire  que  l'estomac  est 
d'autant  moins  compliqué  que  les  animaux 
ont  un  régime  plus  essentiellement  Carni- 
vore; aucune  loi  exclusive  ne  doit  être  for- 
mulée à  cet  égard  ,  puisqu'on  rencontre  des 
estomacs  multiples  chez  les  Cétacés  ordinai- 
res qui  vive-ntde  proie.  On  le  trouve  simple 


chez  les  Carnassiers,  de  plus  en  plus  compli- 
qué chez  les  Rongeurs,  les  Pachydermes,  les 
Cétacés,  les  Syréniens,  les  Ruminants.  Au- 
dessous  de  l'estomac ,  la  portion  terminale  do 
l'intestin  oral  forme  le  duodénum. 

L'anse  du  tube  intestinal  qui  traverse 
l'ombilic  et  que  l'on  distingue  par  le  nom 
d'intestin  moyen.,  s'allonge  beaucoup  dans  sa 
portion  supérieure,  décrit  des  circonvolu- 
tions et  se  transforme  en  intestin  grêle  , 
jéjunum  et  iléon  ,  dans  la  constitution  des- 
quels est  aussi  entraînée  une  partie  de  la 
portion  inférieure  de  l'anse.  Le  reste  de 
cette  portion  inférieure  se  développe  moins 
que  la  supérieure  et  devient  le  colon.  Mais 
par  suite  de  mouvements  de  torsion ,  ce 
gros  intestin  arrive  à  se  placer  au  dessus  de 
l'intestin  grêle  qui  se  glisse  en  dessous,  et 
la  partie  inférieure  de  l'anse  intestinale  pri- 
mitive est  devenue  la  partie  supérieure  de 
l'intestin ,  quand  son  développement  est 
complet,  et  qu'elle  décrit  la  courbe  dont 
les  divers  arcs  portent  les  noms  de  colon 
ascendant,  colon  transverse  et  colon  des- 
cendant. Au  point  de  jonction  de  l'intestin 
grêle  et  du  gros  intestin ,  se  forme ,  chez 
beaucoup  de  Mammifères  ,  un  enfoncement 
en  cul-de-sac,  le  cœcum ,  d'où  peut  se  dé- 
velopper aussi  un  appendice,  nommé  ap- 
pendice vermiforme.  Le  cœcum  et  l'appendice 
manquent  chez  les  Chauves-Souris,  chez  les 
Insectivores,  dans  les  Loirs,  dans  les  Martres, 
dans  lesTardigrades  ,  la  plupartdes Tatous, 
les  Sangliers ,  et  beaucoup  de  Cétacés.  Outre 
le  cœcum  ordinaire,  le  Daman  présente  une 
paire  de  cœcumsplus  rapprochée  de  l'anus, 
et  on  trouve  aussi  cette  paire  rudimentaire 
chez  le  Fourmilier  didactyle. 

Les  métamorphoses  de  V intestin  anal  sont 
peu  considérables  :  il  conserve  sa  direction 
primitive,  forme  le  rectum,  et  se  termine 
par  un  cul-de-sac,  à  rencontre  duquel  l'anus 
s'avance  de  l'extérieur.  II  en  résulte  que  l'o- 
rifice anal  est  d'abord  fermé,  e*.  qu'il  s'ouvre 
ensuite  d'une  manière  permanente.  On  sait 
déjà  que  c'est  de  l'intestin  anal  que  l'allan- 
toïde  tire  son  origine. 

La  masse  des  intestins  est  enveloppée  par 
le  péritoine,  membrane  séreuse  qui  tapisse 
la  cavité  abdominale  ,  se  replie  autour  des 
viscères  qu'elle  doit  contenir,  s'adapte  à  leur 
forme  et  les  assujétit. 

Les  différences  de  calibre  qui  servent  à 


702 


MAM 


MAM 


distinguer  les  diverses  parties  de  l'intestin 
que  nous  venons  de  nommer  ne  s'obser- 
vent pas  chez  tous  les  Mammifères.  Il  en  est, 
et  ce  sont  principalement  ceux  qui  man- 
quent de  cœcum,chez  lesquels  l'intestin 
conserve  le  même  diamètre  dans  toute  sa 
longueur ,  et  représente,  en  quelque  sorte , 
l'état  primitif  du  tube  intestinal.  Les  fonc- 
tions, aussi  bien  que  la  structure  de  l'intestin 
et  de  l'estomac,  ne  peuvent  être  étudiées 
que  dans  les  articles  consacrés  à  ces  organes. 

Des  Glandes  salivaires  ;  du  Pancréas  ; 
du  Foie. 

Ces  organes,  liés  intimement  au  déve- 
loppement de  l'intestin ,  ont  été  d'abord 
considérés  comme  des  exsertions  creuses  du 
tube  intestinal ,  avec  lequel  elles  auraient 
par  conséquent  communiqué  librement  par 
une  large  ouverture,  qui  se  serait  rétrécie 
ensuite  en  canal  excréteur.  Mais  il  semble 
plus  certain  qu'elles  sont  produites  par  un 
bourgeonnement  de  la  tunique  externe  du 
tube  intestinal,  bourgeonnement  qui,  d'a- 
bord plein ,  se  creuse  ensuite ,  et  dans  le- 
quel s'engage  la  tunique  interne  d'où  ré- 
sulte le  canal  excréteur  de  la  glande. 

Les  Glandes  salivaires  peuvent  être,  chez 
les  Mammifères ,  au  nombre  de  trois  paires, 
qui  sont,  suivant  leur  ordre  de  grandeur 
chez  l'Homme  :  les  parotides  ,  situées  entre 
le  conduit  auditif  et  la  branche  montante  de 
la  mâchoire  inférieure,  et  s'ouvrant  dans  la 
bouche  par  le  canal  de  Sténon,vers  les  grosses 
molaires  supérieures;  —  les  sous -maxil- 
laires ,  placées  derrière  l'angle  de  la  mâ- 
choire ,  et  débouchant  dans  la  cavité  orale, 
vers  le  freinde  la  base  de  la  langue ,  par  le  ca- 
nal de  Wharton  ;  —  les  sublinguales,  cachées 
sous  la  membrane  buccale ,  sur  les  côtés  du 
frein  de  la  langue,  où  elles  s'ouvrent  par 
plusieurs  canaux,  dont  quelques  uns  s'ana- 
stomosent avec  le  conduit  de  Wharton.  La 
glande  sous  maxillaire  est  celle  qui  se  déve- 
loppe la  première,  la  sublinguale  se  montre 
ensuite,  et  la  parotide  en  dernier  lieu.  Il 
paraît  que  les  Cétacés  manquent  tout-à- 
fait  de  glandes  salivaires.  Le  Phoque  et  le 
Fourmilier  sont  les  seuls  ,  parmi  les  autres 
Mammifères  placentaires  ,  qui  soient  dé- 
pourvus de  glandes  parotides.  Chez  ce  der- 
nier animal  s'observe  une  glande  particu- 
lière, destinée  probablement  à  fournir  à  la 


langue  la  viscosité  à  l'aide  de  laquelle  elle 
retient  les  fourmis.  En  général,  le  dévelop- 
pement des  glandes  salivaires  paraît  être  en 
rapport  avec  le  régime  de  l'animal  ;  elles 
sonttrès  considérables  chez  les  Pachydermes, 
les  Ruminants ,  et  surtout  les  Solipèdes , 
animaux  qui  doivent  broyer  leurs  aliments 
et  les  conserver  longtemps  dans  la  bouche  de 
manière  qu'ils  puissent  être  imbibés  par  la 
salive.  Nous  avons  déjà  dit  que  les  Cétacés, 
qui  avalent  leur  proie  sans  mastication  préa- 
lable, paraissent  en  être  privés. 

Le  pancréas  ressemble  beaucoup  aux 
glandes  salivaires  par  sa  structure  et  ses 
fonctions  ,  comme  par  son  développement. 
Il  se  montre  au  côté  droit  de  l'intestin,  et, 
comme  nous  l'avons  dit  en  parlant  des  glan- 
des sanguines,  son  blastème  est  confondu 
avec  le  blastème  de  la  rate.  Le  pancréas  s'é- 
tend, en  général,  chez  les  Mammifères  adul- 
tes, de  ce  dernier  organe  au  duodénum  ,  et 
présente  quelques  variations  dans  sa  forme, 
sa  couleur,  sa  consistance;  il  sécrète  le  suc 
pancréatique ,  qui  est  versé  dans  le  duodé- 
num ainsi  que  la  bile.  Quelquefois  il  est  di- 
visé en  plusieurs  lobes ,  assez  souvent  en 
deux,  comme  chez  les  Ruminants,  et  les 
deux  lobes,  quand  ils  s'unissent  en  formant 
un  angle ,  le  rendent  fourchu ,  comme  on 
l'observe  chez  les  Carnassiers  en  général,  les 
Tatous  ,  le  Lamantin.  Toutes  les  petites  ra- 
cines qui  naissent  de  sa  substance  se  grou- 
pent en  un  plus  ou  moins  grand  nombre  de 
branches,  qui  peuvent  se  réunir  en  un  tronc 
commun,  comme  chez  l'Homme,  le  Castor, 
le  Lièvre ,  ou  former  deux  troncs ,  comme 
chez  l'Éléphant,  etc.  Ce  canal  ou  ces  canaux 
pancréatiques  offrent  aussi  des  différences 
quant  au  lieu  où  ils  débouchent  :  tantôt, 
comme  chez  l'Unau ,  les  Pangolins,  c'est 
dans  un  orifice  particulier,  éloigné  de  l'ori- 
fice du  cholédoque ,  ce  qui  rappelle  l'état 
primitif  de  ces  deux  canaux;  tantôt,  comme 
chez  l'Homme  ,  c'est  dans  l'orifice  même  du 
cholédoque  qui  amène  la  bile  dans  le  duodé* 
num;  tantôt  enfin,  comme  chez  beaucoup 
de  Carnivores,  les  Tatous,  c'est  dans  le  canal 
cholédoque  lui-même. 

Le  Foie  se  développe  avec  une  grande  ra- 
pidité chez  les  Mammifères ,  et  prend  une 
prépondérance  telle,  que  pendant  toute  la 
vie  embryonnaire  il  est  le  viscère  le  plus 
considérable  du  corps.  Ses  nombreuses  con- 


MAM 


MAM 


703 


nexions  vasculaires  que  nous  avons  signalées 
en  parlant  de  l'appareil  de  la  circulation , 
et  en  particulier  celles  du  système  portai, 
sont  peut-être  la  cause  de  ce  développement 
considérable,  aussi  bien  que  celle  de  sa  cou- 
leur rouge  foncé.  Cette  glande  se  montre 
après  les  corps  de  WollT  et  l'allantoïde,  alors 
que  l'intestin  communique  encore  largement 
avec  la  vésicule  blastodermiquc.  De  tous  les 
points  de  la  masse  du  foie  naissent  une 
foule  de  petits  canaux,  qui  vont  sans  cesse 
grossissant,  et  se  réunissent  enfin  en  un 
tronc  commun,  le  canal  hépatique,  ou  en 
plusieurs  branches  hépatiques  principales. 
Suivant  quelques  embryologistes,  une  de  ces 
branches  donnerait  naissance  au  réservoir 
biliaire,  ou  vésicule  du  fiel;  suivant  quelques 
autres,  cette  vésicule  naîtrait  dans  l'excava- 
tion du  foie  où  elle  doit  se  loger.  Le  canal 
excréteur  de  la  vésicule  biliaire ,  ou  canal 
cystique  ,  s'unit  avec  le  canal  hépatique,  et 
leur  tronc  commun,  le  canal  cholédoque, 
conduit  la  bile  dans  le  duodénum. 

Le  foie,  la  vésicule  biliaire  et  leurs  con- 
duits présentent,  dans  la  classe  des  Mam- 
mifères, un  grand  nombre  de  variations  qui 
portent  sur  la  forme  et  les  dimensions  de  la 
giande,  sur  l'existence  ou  l'absence  de  la 
vésicule,  sur  les  communications  des  conduits 
entre  eux.  Ainsi,  le  foie  est  très  développé 
et  divisé  en  lobes  nombreux  chez  la  plupart 
des  Rongeurs,  des  Insectivores,  des  Carni- 
vores, des  Amphibiens;  il  est  au  contraire 
très  peu  divisé  chez  les  Pachydermes,  les 
Siréniens,  les  Cétacés  ordinaires,  et  surtout 
les  Ruminants.  On  ne  trouve  pas  de  vésicule 
du  fiel  chez  les  Solipèdes,  l'Eléphant,  le  Pé- 
cari, le  Tapir,  le  Daman,  le  Rhinocéros,  les 
Cerfs ,  les  Chameaux,  les  Cétacés  ordinaires, 
îe  Steller,  l'Aï,  etc.  Du  reste,  l'absence  de 
cette  vésicule  n'a  rien  de  caractéristique; 
*lle  manque  à  beaucoup  de  Rats ,  tandis 
qu'on  la  trouve  chez  beaucoup  de  Rongeurs 
du  même  groupe  ;  les  Porcs-Épics  propre- 
ment dits  en  sont  privés,  tandis  que  l'Urson 
■en  est  pourvu;  nous  venons  de  voir  qu'elle 
n'existe  pas  chez  l'Ai,  et  elle  se  rencontre 
chez  l'Unau. 

SYSTÈME    DE    LA    RESPIRATION     CHEZ    LES    MAM- 
MIFÈRES. 

Les  Poumons  des  Mammifères  se  forment 
d'un  bourgeonnement  de  la  couche  externe 


du  tube  intestinal,  comme  les  glandes  dont 
nous  venons  d'indiquer  les  métamorphoses, 
et  il  est  probable  que  la  trachée- artère  elle- 
même  provient  d'un  semblable  bourgeonne- 
ment qui  s'étend  des  poumons  à  la  cavité 
orale ,  et  se  sépare  peu  à  peu  du  tube  intes- 
tinal. A  l'entrée  de  la  trachée  se  montrent 
deux  renflements  qui  laissent  entre  eux  une 
fente  linéaire,  et  qui  sont  les  premiers  ru- 
diments des  cartilages  arylénoïdes ,  par  con- 
séquent du  larynx.  Presque  aussitôt  que  le 
larynx  devient  ainsi  reconnaissable,  on  ne 
tarde  pas  à  distinguer  les  cartilages  cricoïde 
et  thyroïde.  L'épiglotte  ne  se  montre  qu'en 
dernier  lieu.  La  description  et  l'agencement 
de  ces  pièces  laryngiennes  doivent  être  pré- 
sentés à  l'article  où  l'on  étudiera  la  trachée- 
artère  ;  les  différences  qu'elles  offrent , 
aussi  bien  que  leur  rôle  et  les  fonctions  de 
tout  l'appareil  dont  nous  allons  suivre  ra- 
pidement la  formation  ,  seront  exposées  aux 
articles  respiration  ,  voix.  Nous  ferons  seu- 
lement ici  observer  que  la  respiration  est 
toujours  simple  chez  les  Mammifères,  c'est- 
à-dire  que  l'air  ne  traverse  pas  les  cavités 
pulmonaires  pour  se  répandre  dans  toutes 
les  parties  du  corps,  et  que  son  action  sur  le 
sang  s'exerce  exclusivement  dans  les  pou- 
mons. 

La  longueur  de  la  trachée-artère  est  en 
général  proportionnelle  à  la  longueur  du 
cou ,  et  est  par  conséquent  peu  considérable 
chez  les  Cétacés  ;  une  exception  nous  est  of- 
ferte par  l'Ai,  chez  lequel  la  trachée,  après 
être  descendue  à  droite  de  l'œsophage,  et 
sur  le  poumon  droit ,  jusqu'au  fond  de  la 
cavité  thoracique ,  se  coude  ensuite  à  partir 
du  diaphragme  pour  gagner  le  poumon  , 
puis  se  coude  une  seconde  fois  en  bas,  et  se 
bifurque.  Chez  tous  les  autres  Mammifères, 
la  trachée,  après  un  trajet  direct,  se  bifur- 
que immédiatement  en  d«ux  troncs  ou  bron- 
ches qui  se  dirigent  Tune  à  droite  et  l'autre 
à  gauche,  et  qui  se  subdivisent  à  leur  tour 
un  grand  nombre  de  fois.  La  trachée-artère 
et  les  bronches  sont  formées  d'arceaux  car- 
tilagineux qui  ne  sont  complets  que  dans  un 
petit  nombre  de  Mammifères  ,  les  Cétacés 
entre  autres.  Ces  arceaux  se  rencontrent 
aussi  aux  principales  ramifications  bronchi- 
ques ;  mais  à  mesure  que  le  calibre  de  ces 
ramuscules  diminue,  les  arceaux  deviennent 
plus  étroits ,  finissent  par  disparaître  com- 


704 


MA>1 


MAM 


plétement ,  et  les  dernières  divisions  des 
bronches  ne  sont  plus  que  musculo-mem- 
braneuses.  Chez  les  Mammifères  aquatiques, 
les  bronches  sont  plus  solides ,  les  arceaux 
deviennent  souvent  osseux  ,  et  des  rameaux 
bronchiques  très  petits  en  sont  encore  gar- 
nis; les  arceaux  sont  au  contraire  presque 
souples  comme  une  membrane  chez  la  plu- 
part des  petits  Mammifères  rongeurs.  Tou- 
tes les  ramifications  extrêmes  des  bronches 
se  terminent  en  culs-de-sac  et  forment  de 
petites  vésicules,  réunies  entre  elles  en  un 
certain  nombre  et  groupées  de  manière  à 
former  des  lobules.  Ce  sont  toutes  ces  vé- 
sicules aussi  bien  que  tous  les  capillaires 
pulmonaires  qui  viennent  se  mettre  en  rap- 
port avec  elles ,  qui  constituent,  à  propre- 
ment parler,  le  tissu  inextricabledu  poumon. 

Chez  les  Mammifères ,  les  poumons  sont 
partagés  en  plusieurs  lobes  par  des  scissures 
profondes ,  et  le  poumon  droit  est  toujours 
plus  divisé  que  le  gauche ,  ce  qui  dépend 
peut-être  de  la  gêne  que  le  cœur  fait  éprou- 
ver à  ce  dernier  poumon  dans  son  dévelop- 
pement. On  compte  en  général  trois  ou  qua- 
tre lobes  à  droite,  et  deux  ou  trois  à  gau- 
che. Cependant  chez  les  Cétacés  ,  aussi  bien 
que  chez  la  plupart  des  Pachydermes  et 
quelques  Chauves-Souris,  les  poumons  ne 
présentent  aucune  division  ;  le  droit  con- 
serve toutefois  un  volume  plus  considérable 
que  le  gauche. 

Les  poumons  sont  enveloppés  dans  une 
membrane  séreuse  ,  la  plèvre,  dont  les  por- 
tions droite  et  gauche  en  se  rencontrant  sur 
la  ligne  médiane  forment  une  sorte  de  cloi- 
son nommée  médiastin.  La  face  pariétale  de 
cette  enveloppe  adhère  à  la  cage  thoracique, 
et,  de  même  que  sa  face  viscérale,  elle  est 
rendue  un  peu  rugueuse  par  le  tissu  cellu- 
laire qui  la  fixe.  Chez  les  grands  Mammi- 
fères ,  la  plèvre  prend  quelquefois  une 
épaisseur  considérable. 

On  ne  sait  rien  de  bien  positif  sur  le  dé- 
veloppement du  diaphragme,  dont  le  rôle  est 
si  important  dans  l'acte  respiratoire  chez  les 
Mammifères  :  seulement,  Baër  a  observé  que 
plus  on  remonte  vers  les  premiers  temps  du 
développement,  plus  ce  muscle  est  rappro- 
ché de  la  paroi  antérieure  du  corps. 

C'est  à  tort  que  plusieurs  observateurs 
prétendent  avoir  saisi  des  mouvements  qui 
indiqueraient  une  respiration  chez  le  fœtus 


pendant  qu'il  est  encore  renfermé  dans  la 
membrane  de  l'œuf;  ce  n'est  qu'à  la  nais- 
sance, après  que  les  organes  respiratoires 
ont  été  débarrassés  de,  la  pression  qu'ils  sup- 
portent pendant  l'accouchement,  que  l'en- 
fant indique  par  un  cri  l'action  de  l'air 
sur  son  organisme.  La  seconde  circulation 
s'arrête,  les  poumons  se  dilatent,  les  rap- 
ports intimes  et  nécessaires  du  sang  avec 
l'air  atmosphérique  sont  établis ,  la  petite 
circulation  commence  avec  énergie. 

Nous  ferons  une  remarque ,  qui  nous  sem- 
ble intéressante,  sur  l'époque  à  laquelle 
apparaissent  les  organes  respiratoires  dans 
les  deux  grands  types  que  nous  avons  dis- 
tingués sous  les  noms  d'Allantoïdiens  et 
d'Anallantoïdiens.  Comme  l'indique  l'ordre 
que  nous  suivons  dans  l'étude  des  appareils, 
les  premiers  indices  du  système  respiratoire 
ne  se  montrent  chez  les  Allantoïdiens  qu'a- 
près l'apparition  des  systèmes  nerveux,  os- 
seux ,  vasculaire  et  digestif,  puisqu'ils  pro- 
cèdent de  ce  dernier;  chez  les  Anallantoï- 
diens,  au  contraire,  les  rudiments  du  sys- 
tème respiratoire  apparaissent  dans  les  vrais 
arcs  branchiaux,  avant  le  système  de  la  di- 
gestion ,  en  même  temps  que  le  système  de  la 
circulation  ,  ou  même  un  peu  avant  lui,  et 
celte  différence  primordiale  dans  l'ordre  de 
succession  des  phénomènes  génésiques  dont 
l'origine  se  trouve  dans  la  différence  du  plan 
organique  primitif,  est  un  caractère  de  la 
plus  haute  importance  :  il  s'ajoute  à  ceux  qui 
nous  ont  déjà  montré  la  divergence  fonda- 
mentale des  deux  types  secondaires  que  nous 
venons  de  nommer,  et  jelteune  grande  lu- 
mière sur  les  affinités  de  ces  êtres. 

SYSTÈME  DE  LA   REPRODUCTION  CHEZ  LES  MAMMI- 
FÈRES*, accouplement;  gestation;  appareil 

URINAIRE. 

Immédiatement  après  la  formation  du  tube 
intestinal,  et  quand  celui-ci  est  encore  large- 
ment en  communication  avec  la  vésicule 
blastodermique,  on  voit  apparaître,  de  cha- 
que côté  de  la  colonne  vertébrale,  un  organe 
glandulaire  qui  s'étend  de  la  région  du  cœur 
jusqu'à  l'extrémité  caudale  de  l'embryon, 
n'occupe  bientôt  plus  que  la  cavité  abdomi- 
nale et  la  région  postérieure,  et  finit  enfin 
par  appartenir  exclusivement  à  la  région  du 
bas-ventre.  Cet  organe  pair,  exclusivement 
propre  au  fœtus,  ne  se  métamorphose  en 


IMAM 


IMAM 


7(>5 


aucun  autre  organe  permanent  et  dispa- 
raît d'autant  plus  vile  que  le  Mammifère 
appartient  à  un  type  plus  élevé;  il  a  été 
nommé  corps  de  Wolff.  Primitivement  il 
se  montre,  à  droite  et  à  gauche,  près  de 
la  ligne  médiane,  comme  une  petite  lan- 
guette placée  dans  le  sinus  angulaire  que 
forment  les  lamelles  mésentériques,  le  corps 
de  l'embryon  et  l'allantoide;  il  se  trouve 
donc  situe  au-dessus  de  la  vésicule  allan- 
toïdienne,  dont  l'existence  est  antérieure; 
qui  procède,  comme  nous  l'avons  vu  ,  de 
l'extrémité  postérieure  de  l'intestin  anal ,  et 
n'est  pas  une  conséquence  d'un  produit  du 
développement  du  corps  de  Wolff,  comme 
le  pensent  quelques  observateurs.  Du  blas- 
tème  de  la  languette  primitive  du  corps 
de  Wolff  se  forme  une  multitude  de  ca- 
nalicules  parallèles ,  placés  transversale- 
ment, et  terminés  en  cul-de-sac.  Le  fond  de 
ces  petits  cœcums  regarde  la  ligne  médiane, 
et  leur  ouverture  aboutit  dans  un  canal  ou 
conduit  excréteur  qui  descend,  par  consé- 
quent, le  long  de  leur  bord  externe;  le  con- 
duit excréteur  de  chacune  des  deux  glandes 
se  met  ensuite  en  communication  par  le  bas 
avec  l'allantoide,  dans  laquelle  il  débouche 
isolément  par  une  fente,  sans  se  confondre 
avec  son  voisin  dans  une  embouchure  com- 
mune. La  disparition  de  ces  organes  se  fait 
graduellement,  et  à  mesure  que  les  reins  se 
développent;  on  en  a  trouvé  quelquefois  des 
traces  vers  la  fin  de  la  vie  fœtale  et  même 
après  la  naissance. 

L'existence  transitoire  de  ces  corps  de 
Wolff  qui  précèdent  l'apparition  des  organes 
génitaux  et  urinaires,  est  un  des  phénomènes 
embryologiques  les  plus  remarquables,  sous 
le  rapport  de  la  constitution  anatomique  de 
l'embryon;  elle  n'est  pas  moins  extraordi- 
naire au  point  de  vue  physiologique.  En  ef- 
fet ces  singulières  glandes  fournissent  une 
sécrétion  qui  se  rend  dans  l'allantoide  par  le 
conduit  excréteur  que  nous  venons  de  dé- 
crire, et  cette  sécrétion  ressemble  parfaite- 
ment à  l'urine.  Or,  en  ajoutant  cette  cir- 
constance à  celle  de  l'analogie  qui  existe 
entre  la  structure  des  corps  de  Wolff  et  celle 
des  reins,  à  la  présence  des  granulations  de 
Malpighi  dans  les  premiers  comme  dans  les 
seconds,  et  au  développement  inverse  que 
subissent  ces  deux  corps  glandulaires,  si 
bien  que  les  premiers   s'eiïacent  dans  la 

T.  VII. 


même  proportion  que  les  seconds  croissent, 
on  arrive  à  reconnaître  que  les  corps  de 
Wolff  sont  des  organes  de  dépuration,  ana- 
logues aux  reins,  tenant  lieu  de  ces  der- 
niers, et  jouant,  par  rapportaux  reins,  le  rôle 
que  jouent  les  branchies  des  têtards  de  Ba- 
traciens, relativement  aux  poumons  que  ces 
animaux  prennent  plus  tard.  Les  noms  de 
faux  reins ,  de  7-eins  primordiaux,  de  7-cins 
primitifs  leur  conviennent  donc  parfaite- 
ment, ce  dernier  nom  surtout.  Mais  c'est  à 
cela  que  se  bornent  les  relations  qui  existent 
entre  les  corps  de  Wolff  et  les  reins;  les 
premiers,  bien  qu'existant  longtemps  avant 
les  seconds,  ne  forment  pas  ceux-ci,  comme 
on  l'a  quelquefois  prétendu;  ils  ne  produi- 
sent pas  davantage  les  organes  génitaux  aux- 
quels ils  se  trouvent  seulement  accolés.  On 
peut  résumer  leur  histoire  en  disant  qu'ils 
apparaissent  avant  les  organes  génito-uri- 
naires  et  après  les  autres  systèmes  organi- 
ques; qu'ils  remplacent  physiologiquement 
les  reins,  et  ne  les  engendrent  pas;  qu'ils 
ne  forment  pas  non  plus  les  organes  de  la 
reproduction  avec  lesquels  ils  n'ont  que  des 
rapports  de  connexion. 

Remarquons  que  l'analogie  que  les  corps 
de  Wolff  des  Mammifères  présentent  avec 
les  reins  des  Poissons,  ne  sauraient  conduire 
à  considérer  ces  derniers  organes  comme 
une  image  permanente  d'un  état  transi- 
toire chez  les  premiers;  nous  ne  voyons 
dans  cette  circonstance  que  le  résultat  de  la 
tendance  de  la  nature  à  opérer  des  mo- 
difications correspondantes  dans  des  types 
différents.  Ainsi,  chez  les  Poissons,  les  reins 
offrent  dans  leur  développement  primitif 
une  disposition  analogue  à  celle  des  corps 
de  Wolff;  mais  ils  ne  peuvent  être  assimi- 
lés à  ces  derniers,  parce  que,  d'une  part ,  ils 
persistent,  et  sont  bien  réellement  les  reins 
permanents,  et  que,  d'autre  part,  ils  ne 
sont  pas  en  communication  avec  une  allan- 
toïde,  puisque  cette  vésicule  manque.  C'est 
donc  vraiment  avec  les  reins  des  Mammifè- 
res qu'il  faut  les  comparer,  bien  qu'ils  pré- 
sentent la  forme  primitive  des  corps  de 
Wolff  de  ceux-ci;  mais,  d'un  autre  côté,  il 
faut  dire  que  la  nature  ,  pour  doter  les  Al- 
lantoïdiens  de  reins  en  quelque  sorte  provi- 
soires ,  a  emprunté  la  forme  générale  des 
reins  des  Poissons,  tandis  que  c'est  par  une 
création  spéciale  qu'elle  a  produit  les  reins 

89 


706 


MAM 


MAM 


permanents  des  premiers.  C'est  de  la  con- 
fusion de  ces  idées  si  distinctes  que  résul- 
tent les  divergences  d'opinions  entre  les  em- 
bryologistes  qui  refusent  des  corps  de  Wolff 
aux  Poissons,  et  ceux  qui  leur  en  accordent. 
Après  que  les  corps  de  Wolff  ont  fait  de 
grands  progrès  dans  leur  développement, 
un  blastème  particulier  se  dépose  le  long  de 
leur  bord  interne ,  et  donne  naissance  aux 
organes  qui  doivent  élaborer  la  semence 
chez  le  mâle,  le  germe  chez  la  femelle  :  au 
testicule  et  à  Y  ovaire.  Ces  organes  apparais- 
sent un  peu  plus  tôt  que  les  reins,  bien 
qu'ils  achèvent  plus  tard  leur  développe- 
ment, et  nous  en  parcourrons  d'abord  l'his- 
toire, ainsi  que  celle  des  parties  qui  les  com- 
plètent. Les  reins  naissent  aussi  d'une  masse 
plastique  spéciale ,  indépendante  des  corps 
de  Wolff,  derrière  lesquels  ils  sont  situés  et 
tachés  pendant  longtemps.  Nous  suivrons 
les  phénomènes  que  présente  leur  dévelop- 
pement, aussi  bien  que  celui  de  tout  l'appa- 
reil urinaire,  après  avoir  étudié  les  organes 
reproducteurs. 

f  Des  organes  génitaux. 

Un  premier  fait  remarquable  à  signaler 
dans  l'histoire  des  organes  de  la  génération, 
est  celui  de  leur  apparition  tardive;  un  se- 
cond, est  celui  de  la  similitude  que  présen- 
tent d'abord  les  organes  mâles  et  les  organes 
femelles  dans  leur  forme,  dans  leur  situa- 
tion, dans  leur  texture,  similitude  qui  fe- 
rait dire  que  l'embryon  n'a  pas  d'abord  de 
sexe,  si  l'on  pouvait  oublier  qu'un  principe 
spécial ,  une  vie  spéciale  réside  primitive- 
ment là  où  des  différences  si  considérables 
vont  se  prononcer  dans  la  suite. 

Nous  allons  étudier  d'abord  l'organe  pré- 
parateur de  l'élément  reproducteur  dans  les 
deux  sexes;  nous  examinerons  ensuite  les 
organes  qui  sont  destinés  à  recevoir  ce  pro- 
duit ;  puis  les  organes  externes  de  l'appa- 
reil. Quelques  mots  sur  l'accouplement  et 
la  gestation  compléteront  les  notions  géné- 
rales que  peuvent  contenir  les  articles  géné- 
raux qui  ont  rapport  à  la  fonction  dont  nous 
décrivons  les  organes. 

Comme  nous  venons  de  le  dire,  le  testi- 
cule du  mâle  et  Y  ovaire  de  la  femelle  sont 
situés  dans  le  principe  au  bord  interne  du 
corps  de  Wolff,  le  long  de  la  colonne  ver- 
tt'brule.  Cette  position  change  bientôt  pour 


le  testicule,  et  plus  ou  moins  suivant  les 
Mammifères,  en  raison  d'une  tendance  en 
vertu  de  laquelle  ces  organes  se  portent , 
chez  ces  animaux,  de, la  partie  antérieure  à 
la  partie  postérieure  du  corps.  Ainsi ,  chez 
l'Éléphant,  le  Daman,  les  Amphibiens,  les 
Cétacés ,  les  testicules  restent  fixés  dans  la 
partie  postérieure  de  l'abdomen,  à  côté  des 
reins.  Ils  descendent  un  peu  plus  bas  chez 
les  Chéiroptères,  les  Taupes,  les  Hérissons, 
les  Musaraignes  et  un  grand  nombre  de 
Rongeurs,  dans  lesquels  ils  restent  cachés 
dans  le  bas-ventre,  hors  l'époque  du  rut, 
et  peuvent,  à  cette  époque,  paraître  à  l'ex- 
térieur. Chez  les  Loutres  et  les  Chameaux, 
ils  sont  logés  dans  un  pli  de  l'aine;  chez  les 
Pachydermes  et  les  Civettes ,  ils  sont  serrés 
sous  la  peau,  entre  l'anus  et  le  pubis.  En- 
fin ,  chez  l'Homme ,  les  Quadrumanes ,  la 
plupart  des  Carnivores  et  des  Ruminants, 
les  Lièvres  et  les  Solipèdes,  le  testicule, 
après  avoir  fait  hernie  à  travers  l'anneau 
inguinal,  tombe  dans  une  poche  formée  par 
la  peau  et  suspendue  à  la  portion  inférieure 
du  bassin;  cette  poche,  dont  nous  verrons 
plus  loin  le  mode  de  formation ,  est  dési- 
gné sous  le  nom  de  scrotum.  Il  arrive  quel- 
quefois que  le  testicule  n'est  pas  encore 
descendu  dans  cette  poche  à  la  naissance,  ou 
même  n'y  descend  jamais,  et  c'est  cet  ar- 
rêt de  développement  qui  a  été  considéré  à 
tort  comme  un  cas  d'hermaphrodisme ,  les 
sexes  étant  toujours  distincts  chez  les  Mam- 
mifères. 

Avant  que  l'organe  mâle  se  déplace  pour 
s'arrêter  à  des  degrés  différents  de  cette 
descente  des  testicules ,  il  a  changé  de  forme, 
s'est  allongé,  comme  on  le  trouve  encore 
chez  les  Amphibiens  et  les  Cétacés,  puis  s'est 
arrondi ,  comme  nous  le  présentent  l'Élé- 
phant et  le  Blaireau,  et  a  pris  enfin  une 
forme  ovalaire  ,  comme  c'est  le  cas  le  plus 
général.  Toute  sa  masse  se  métamorphose 
bientôt  en  canalicules  séminifères  qui  pren- 
dront des  dimensions  variables,  plus  consi- 
dérables chez  les  Rongeurs  en  général  et 
chez  les  Insectivores.  Ces  canaux,  après 
s'être  pelotonnés  et  anastomosés  entre  eux, 
se  réunissent  en  un  certain  nombre  de  troncs 
ou  canaux  efférents  qui  débouchent  dans  un 
conduit  unique.  En  se  repliant  mille  fois  sur 
lui-même,  ce  conduit  forme  un  appen« 
dice  irrégulier  placé  au  côté  supérieur  et  ex- 


TAU 


MAM 


707 


terne  du  testicule,  et  connu  sous  le  nom 
iVépididyme.  Après  avoir  constitué  l'épidi- 
dyme ,  le  canal  excréteur  du  testicule  se 
détache,  s'isole,  va  gagner  l'extérieur  en 
marchant  suivant  une  ligne  plus  ou  moins 
ondulée,  et  prend  le  nom  de  canal  déférent. 
Dans  l'Homme  et  la  plupart  des  Mammi- 
fères, l'épididyme  est  collé  au  testicule; 
chez  la  plupart  des  Rongeurs,  il  est  libre, 
éloigné  de  cette  glande,  à  laquelle  il  est  uni 
par  deux  cordons  dont  l'un  est  un  ligament, 
tandis  que  l'autre  contient  les  vaisseaux  sé- 
minifères. 

Quand  il  repose  encore  sur  le  côté  interne 
du  corps  de  Wolff,  le  testicule  se  revêt  d'une 
tunique  propre,  blanchâtre,  d'une  texture 
fibreuse,  nommée  albuginée,  et  il  est  recou- 
vert par  le  péritoine.  Un  pli  de  cette  der- 
nière membrane,  dans  lequel  se  dépose  de 
la  matière  plastique ,  descend  du  testicule 
jusqu'au  scrotum,  à  travers  l'anneau  ingui- 
nal ,  et  forme  un  cordon  connu  sous  le  nom 
de  gouvernail  du  testicule  (ou  de  Hunier), 
parce  que  c'est  le  long  de  ce  cordon  ,  dont 
les  fonctions  n'ont  pas  encore  été  suffisam- 
ment étudiées,  que  le  testicule  opère  sa 
descente.  Par  ce  mouvement,  la  portion  de 
la  tunique  péritonéale  qui  servait  de  gaîne 
au  testicule  est  entraînée,  et  se  sépare  de  sa 
portion  abdominale  à  l'étranglement  de 
l'anneau  inguinal  ;  quelques  fibres  muscu- 
laires suivent  aussi  le  testicule  et  descen- 
dent avec  lui.  L'ouverture  qui  résulte  de 
la  séparation  du  prolongement  vaginal  et 
du  péritoine  s'oblitère  peu  à  peu  ,  et  le  tes- 
ticule prend  ainsi  une  enveloppe  séreuse 
entourant  l'albuginée  ,  et  nommée  tunique 
vaginale.  Les  fibres  musculaires  qui  ont 
accompagné  cette  tunique  forment  le  cré- 
master,  destiné  à  soulever  le  testicnle.  De 
la  tunique  albuginée  s'étendent  des  cloi- 
sons intérieures  dont  le  point  de  départ  ou 
de  convergence  paraît  être  vis-à-vis  de  l'é- 
pididyme, et  qui  divisent  la  masse  testicu- 
aire  en  un  certain  nombre  de  lobes.  Au 
point  de  réunion  dont  nous  venons  d'indi- 
quer la  position ,  un  de  ces  prolongements 
s'enrichit  de  vaisseaux  et  s'étend  de  manière 
î  former  une  cloison  médiane;  on  le  dis- 
tingue sous  le  nom  de  corps  d'Highmore. 
L'origine  de  cette  lame  est  surtout  évidente 
chez  le  Sanglier.  C'est  elle  que  traversent 
es  canaux  séminifères  en  se  rendant  dans 


l'épididyme,  après  s'être  anastomosés  ei 
avoir  formé  une  espèce  de  tissu  réticulé ,  le 
rele  testis.  La  face  interne  du  scrotum  esi 
tapissée  d'une  membrane  très  contractile, 
le  dartos ,  qui  forme  deux  poches  adossées 
Tune  à  l'autre  et  séparées  par  une  cloison. 
C'est  en  raison  de  la  contractilité  de  cette 
couche  adhérente  à  la  peau  du  scrotum  que 
celui-ci  se  fronce  en  rides  nombreuses. 

Nous  ne  parlerons  pas  ici  du  produit  de 
la  glande  testiculaire  chez  les  Mammifères  , 
de  sa  composition,  de  son  rôle  dans  l'acte 
delà  reproduction  ;  nous  devons  examiner  la 
liqueur  fécondante  dans  un  article  général 
(voy.  sperme).  C'est  aussi  dans  un  article 
spécial  que  sera  étudié  le  produit  de  la 
glande  ovarienne,  dont  nous  indiquerons 
seulement  la  composition,  et  dont  nous 
examinerons  plus  bas  les  rapports  avec  l'u- 
térus (voy.  oeuf). 

Vovaire,  placé  d'abord  dans  une  situation 
absolument  semblable  à  celle  du  testicule, 
subit  aussi  un  mouvement  de  descente,  mais 
beaucoup  moins  considérable,  et  ne  quitte 
jamais  la  cavité  abdominale,  où  il  est  fixé  par 
des  replis  de  la  membrane  péritonéale.  De 
bonne  heure  ,  il  prend  une  situation  obli- 
que, puis  transversale  ,  et  cette  circonstance 
suffit  d'abord  pour  le  faire  distinguer  du 
testicule.  Quanta lacomposition  primitivede 
l'ovaire,  on  ne  sait  pas  encore  d'une  manière 
positive  s'il  n'est  pas  d'abord  formé  de  ca- 
nalicules  comme  le  testicule,  ou  si  le  tissu 
vasculo-cellulairequi  constituera  la  gangue, 
le  stroma  dans  lequel  se  développeront  les 
vésicules  de  Graaf ,  n'est  pas  la  partie  qui 
apparaît  la  première ,  ou  si  enfin  ces  vési- 
cules ne  se  montrent  pas  même  avant  le 
stroma.  Quoi  qu'il  en  soit,  les  vésicules  ou 
follicules  de  Graaf  apparaissent  de  très  bonne 
heure,  plus  tôt  chez  les  Vaches  et  les  Truies, 
par  exemple,  que  chez  les  Chiennes  et  les 
Lapines,  et  aussi  plus  tôt  ou  plus  tard,  sui- 
vant les  individus.  Le  développement  des 
testicules  devance  en  général  le  développe- 
ment des  ovaires.  Ceux-ci  sont  revêtus  ex- 
térieurement par  le  péritoine,  et  prennent 
aussi  une  enveloppe  propre,  analogue  à  l'al- 
buginée du  testicule,  et  intimement  unie 
avec  le  feuillet  péritonéal. 

Lorsqu'ils  sont  complètement  formés,  les 
follicules  de  Graaf  consistent  en  une  tu- 
nique extérieure,  adhérente  au  stroma  da 


'08 


MAIM 


MAM 


l'ovaire,  et  sont  d'autant  plus  rapprochés 
de  la  surface  de  cette  glande  ,  qu'ils  sont 
dans  un  état  de  maturité  plus  avancé.  A  la 
lace  interne  de  la  vésicule  de  Graaf  est  ap- 
pliquée une  membrane  délicate,  nommée 
par  Baër  membrane  granuleuse,  et  qui  con- 
tient un  liquide  albumineux,  limpide.  Quand 
la  vésicule  de  Graaf  est  mûre ,  elle  fait  bour- 
relet à  la  surface  de  l'ovaire,  et  sur  la  par- 
tie de  la  membrane  granuleuse  qui  répond 
au  point  où  la  vésicule  émerge  ainsi  du 
stroma  se  montre  Vovule.  S'avançant  lou- 
eurs de  plus  en  plus  vers  la  surface  ,  l'o- 
vule brise  bientôt  la  vésicule  de  Graaf,  et 
perce  les  tuniques  de  l'ovaire  pour  tomber 
dans  l'oviducte.  La  rupture  d'un  follicule 
de  Graaf  est  suivie  ou  même  précédée  quel- 
que peu  de  la  formation  d'une  masse  glan- 
duleuse qui  procède  de  la  face  interne  du 
follicule,  et  qu'on  nomme  corps  jaune.  En 
quittant  la  vésicule  de  Graaf,  l'ovule  en- 
traîne avec  lui  une  petite  portion  de  la  mem- 
brane granuleuse  qui  lui  était  intimement 
unie,  et  qui  forme  alors  le  disque  proligère. 
A  cette  époque  l'ovule  se  compose  d'une  tu- 
nique d'enveloppe,  la  zone  transparente, 
lontenant  la  masse  du  jaune  ou  vitellus; 
celui-ci  renferme  une  petite  vésicule  déli- 
cate, la  vésicule  germinative  ou  de  Pur- 
Icinjc,  sur  la  paroi  de  laquelle  se  montre 
une  tache  obscure,  arrondie,  la  tache  ger- 
minative ou  de  Wagner.  Plus  tard  ,  et  pro- 
bablement après  la  fécondation  ,  la  vésicule 
germinative  disparaît ,  le  jaune  se  seg- 
mente, et  alors  commencent  les  phéno- 
mènes du  développement ,  que  nous  avons 
présentés  en  commençant  l'étude  de  l'em- 
bryon des  Mammifères.  On  ne  sait  pas  plus 
quelle  est  la  partie  du  follicule  de  Graaf 
qui  se  forme  la  première,  que  l'on  ne  sait 
quelle  est  la  partie  de  l'ovaire  qui  apparaît 
d'abord. 

Chez  les  Mammifères  placentaires,  l'o- 
vaire est  en  général  ovalaire  ou  arrondi, 
et  les  follicules  de  Graaf  sont  comme  en- 
fouis dans  son  stroma,  principalement  chez 
la  Femme;  mais  chez  les  Civettes,  les  folli- 
cules font  une  saillie  considérable  et  bos- 
suent  sa  surface  ;  et  chez  les  Hérissons ,  l'in- 
dépendance plus  grande  encore  de  ces  fol- 
licules donne  à  l'ovaire  l'apparence  d'une 
grappe.  Nous  verrons  que  cette  apparence 
devient  plus  complète  chez  les  Aplacentaires. 


Le  produit  des  testicules  est  amené  vers 
l'extérieur  parle  canal  déférent ,  dont  nous 
avons  déjà  indiqué  le  rapport  avec  l'épidi- 
dyme;  le  produit  des  ovaires  a  pour  conduit 
excréteur,  la  trompe  ou  oviducle.  Des  opi- 
nions diverses  ont  été  émises  sur  l'origine  de 
ces  organes.  Suivant  divers  observateurs  ,  le 
conduit  déférent  et  la  trompe  résulteraient 
d'une  transformation  du  canal  excréteur  des 
corps  deWolff,  dont  la  communication  avee 
la  glande  testiculaire  ou  ovarienne  s'établi- 
rait ensuite.  Suivant  Bischoff ,  un  épaissis- 
sement  qu'on  remarque  de  bonne  heure  le 
long  du  canal  du  corps  de  Wolff,  serait 
l'indice  du  conduit  déférent  chez  le  mâle, 
de  la  trompe  chez  la  femelle.  Cet  épaissis- 
sement  ou  cordon  deviendrait  bientôt  un 
canal  qui  s'ouvrirait  à  son  extrémité  supé- 
rieure, celle  par  laquelle  il  regarde  la  glande; 
cette  ouverture  persisterait  chez  la  femelle, 
de  sorte  que  la  trompe  serait  indépendante 
de  l'ovaire  chez  l'embryon  comme  elle  l'est 
chez  l'adulte;  au  contraire,  cette  ouverture 
s'oblitérerait  chez  le  mâle  et  se  convertirait 
en  épididyme. 

A  leur  sommet,  les  trompes  de  Fallope  , 
trompes  utérines  ou  oviductes  s'évasent  vers 
la  glande  ovarienne,  et  présentent  mille 
découpures  et  replis  qui  composent  le  corps 
frangé;  la  partie  évasée  elle-même  porte  le 
nom  de  pavillon.  Chez  la  plupart  des  Mam- 
mifères, et  chez  la  Femme,  le  pavillon  est 
éloigné  de  l'ovaire ,  et  la  chute  des  œufs  en 
dehors  de  ce  réceptacle  explique  certaines 
grossesses  extra-utérines.  Chez  les  Carnivo- 
res ,  les  Phoques  ,  les  Chauves-Souris ,  le  pa- 
villon embrasse  étroitement  l'ovaire  comme 
dans  une  poche. 

Quelle  que  soit  la  manière  dont  se  dé- 
veloppent les  canaux  déférents  et  les  ovi- 
ductes, il  paraît  certain  qu'ils  ont  d'abord 
chacun  leur  embouchure  dans  l'allantoïde. 
Or,  nous  avons  vu  plus  haut  que  la  portion 
de  l'allantoïde  enfermée  dans  le  corps  de 
l'embryon  par  la  clôture  des  lames  viscé- 
rales produit  la  vessie,  et  que  l'allantoïde 
est  en  communication  avec  l'intestin  ;  on  a 
donc  pu  dire,  au  point  de  vue  physiolo- 
gique bien  mieux  qu'au  point  de  vue  ana- 
tomique ,  que  les  Mammifères  ont  dans 
l'origine  un  cloaque  semblable  à  celui  que 
possèdent  le  plus  grand  nombre  des  Verté- 
brés. Bientôt  la  vessie  se  sépare  de  l'intestin, 


MAM 


MAI\1 


7C9 


qui  prend  un  oriGce  particulier ,  Yanus  ,  au- 
devant  duquel  les  organes  génitaux  et  uri- 
naires  ont  une  issue  commune,  le  sinus 
uro-génital.  Chez  le  mâle,  cette  issue  de- 
meure toujours  commune,  et  s'allonge  en 
un  canal  qui  forme,  le  col  de  la  vessie  et  le 
commencement  de  l'urètre.  Chez  la  femelle 
il  s'opère  une  séparation  qui  ne  s'étend  pas 
jusqu'à  l'extérieur,  mais  distingue  profon- 
dément l'ouverture  du  vagin  de  celle  de 
l'urètre,  toutes  deux  débouchant  dans  la 
portion  antérieure  du  sinus  uro-génital, 
convertie  ainsi  en  vestibule  ou  vulve. 

A  la  partie  inférieure  des  canaux  défé- 
rents se  développent  les  vésicules  séminales 
ou  spermatiques ,  destinées  à  tenir  en  réserve 
la  semence  distillée  par  les  testicules,  et  aussi 
à  sécréter  un  liquide  qui  doit  délayer  cettese- 
mence,  désagréger  les  faisceaux  encore  com- 
pactes de  spermatozoïdes.  Le  plus  souvent 
ces  vésicules  débouchent  sur  le  canal  défé- 
rent, avant  que  celui-ci  ouvre  dans  l'urètre  ; 
quelquefois  elles  débouchent  directement 
dans  l'urètre.  Tantôt  ces  vésicules  ne  cons- 
tituent que  de  simples  poches,  de  simples 
cavités ,  comme  chez  le  Lièvre  et  quelques 
Rongeurs  ;  tantôt  elles  sont  formées  par  des 
canaux  de  dimension  considérable,  se  divi- 
sant en  plusieurs  branches  qui  se  réunis- 
sent sous  forme  de  vessies  ovoïdes ,  après 
s'être  repliées  plusieurs  fois  sur  elles-mêmes, 
comme  chez  l'Homme;  tantôt  elles  con- 
sistent en  tubes  très  ramifiés  ,  comme  chez 
les  Singes;  tantôt  enfin,  ce  sont  des  masses 
énormes,  subdivisées  en  quatre  ou  cinq  lobes 
qui  sont  formés  par  un  canal  rameux ,  replié 
mille  et  mille  fois  sur  lui-même,  comme 
chez  le  Hérisson.  Les  vésicules  séminales 
existent,  en  général,  sous  des  formes  di- 
verses ,  chez  les  Quadrumanes  ,  les  Chéi- 
roptères, les  Taupes,  les  Rongeurs,  les  Pa- 
chydermes ,  les  Solipèdes,  les  Lamantins, 
les  Insectivores;  elles  paraissent  manquer 
chez  les  Ruminants,  les  Carnivores,  les 
Phoques,  les  Cétacés.  Du  moins  on  n'a  pas 
toujours  donné  le  même  nom  aux  glandes 
qui  se  rencontrent  chez  tous  ces  animaux  ; 
et  celles  que  nous  venons  d'appeler  vési- 
cules séminales  chez  le  Hérisson  ,  ont  été 
rangées  par  quelques  auteurs  au  nombre 
des  vésicules  accessoires. 

On  voit  souvent,  en  effet,  d'autres  or- 
ganes  glandulaires    formés  par  des  tubes 


ramifiés ,  déboucher  dans  l'urètre  ,  à  la  ma- 
nière des  canaux  déférents;  on  les  a  distin- 
gués sous  le  nom  de  vésicules  accessoires, 
bien  qu'on  en  puisse  composer  une  catégo- 
rie particulière  des  glandes  prostates  tubu- 
leuses,  puisqu'elles  semblent  remplacer  phy- 
siologiquement  les  véritables  prostates  ou 
prostates  celluleuses.  Celles-ci  sont,  en  gé- 
néral, appliquées  sur  le  col  de  la  vessie,  à 
l'extrémité  postérieure  du  canal  de  l'urètre, 
avec  lequel  elles  communiquent  par  plu- 
sieurs orifices.  Chez  l'Homme  et  la  plupart 
des  Mammifères,  la  prostate  est  simple; 
quelquefois,  comme  chez  les  Ruminants ,  il 
existe  deux  prostates.  Cette  glande  est  une 
poche  celluleuse  chez  l'Éléphant;  elle  a  la 
structure  tubulaire  chez  le  Cochon  d'Inde. 
Cette  dernière  structure  est  une  sorte  de  tran- 
sition qui  peut  établir  la  fusion  anatomique 
des  vésicules  accessoires  et  des  prostates  , 
comme  le  rôle  de  ces  deux  espèces  de  glandes 
semble  indiquer  leur  analogie  physiologique. 

Il  existe  encore  quelquefois  deux  petites 
glandes  débouchant  dans  l'urètre,  vers  l'o- 
rigine du  bulbe  de  ce  canal ,  et  fournissant 
un  liquide  qui  se  mêle  au  sperme,  mais 
dont  la  fonction  est  peu  connue.  Ces  glan- 
des, dites  glandes  de  Cowper ,  peuvent 
coexister  avec  celles  que  nous  venons  de  dé- 
crire chez  l'Homme  ,  les  Quadrumanes ,  les 
Chéiroptères,  les  Insectivores,  les  Rongeurs, 
les  Pachydermes,  etc.;  elles  existent  seules 
chez  les  Marsupiaux ,  chez  lesquels  elles 
remplacent  physiologiquement  les  vésicules 
séminales  et  autres. 

Au  point  où  les  canaux  déférents ,  et  en 
général  les  canaux  excréteurs  des  glandes 
séminales,  accessoires  et  prostatiques,  s'ou- 
vrent dans  le  canal  de  l'urètre,  se  trouve  un 
renflement  m.  ?li  longitudinal  de  la  mem- 
brane interne,  appelé verumontanum  ;  il  ren- 
ferme quelquefois  «sd  profond  cul-de-sac , 
comme  chez  TÉléphoSS.  Toutes  les  glandes 
que  nous  venons  de  décret,  paraissent  déri- 
ver d'épaississements  blasteai*«.'0ues  des  ca- 
naux déférents. 

Dans  la  femelle,  la  portion  inférieure  de 
chaque  trompe  se  renfle,  chez  l'embryon,  en 
une  cavité  qui  devient  la  matrice  ou  utérus, 
forte  de  chambre  d'incubation  qui  tend  à 
s'individualiser  et  à  se  centraliser  de  plus 
en  plus.  Ainsi,  par  la  nature  même  du 
mode  de  formation  des  oviductes  ou  trom- 


710 


MAM 


pes ,  la  matrice  est  primitivement  double, 
et  c'est  ce  que  nous  retrouvons  à  l'état 
adulte  chez  les  Lièvres  ;  un  commencement 
de  fusion  a  lieu  ensuite  entre  les  deux  uté- 
rus, et  c'est  ce  qui  s'observe  dans  le  Paca , 
le  Cochon  d'Inde ,  chez  lesquels  un  simple 
anneau  réunit  inférieurement  les  deux  or- 
ganes qui  restent  distincts  dans  toute  leur 
hauteur;  par  un  progrès  du  développe- 
ment, les  deux  matrices  se  conjuguent  et  se 
confondent  complètement  dans  leur  partie 
inférieure  seulement,  comme  on  le  voit 
chez  les  Carnivores ,  la  plupart  des  Ron- 
geurs ,  les  Pachydermes,  les  Ruminants,  les 
Solipèdes ,  les  Cétacés ,  et  on  distingue  alors 
un  corps  et  des  cornes  de  l'utérus.  Par  suite 
d'une  fusion  plus  intime,  ces  cornes  devien- 
nent encore  moins  distinctes  du  corps  de  l'u- 
térus qui  paraît  simplement  bilobé ,  comme 
cela  existe  chez  le  Cheval ,  le  Maki;  enfin , 
ces  deux  utérus  ne  forment  plus  qu'une  ca- 
vité simple,  au  sommet  de  laquelle  les  cor- 
nes ne  sont  représentées  quepar  des  enfon^ 
céments  angulaires,  chez  les  Singes,  le$ 
Édentés,  les  Tardigrades;  les  angles  sont 
encore  plus  effacés  chez  la  Femme. 

L'utérus  est  situé  entre  la  vessie  et  le 
rectum,  et  fixé  dans  cette  position  par  les 
ligaments  antérieurs  et  postérieurs  que  four- 
nit le  péritoine;  latéralement,  il  est  attaché 
aux  côtés  du  bassin  par  les  ligaments  larges; 
le  ligament  rond,  formé  de  vaisseaux  et  d'un 
tissu  serré,  s'attache  en  avant  de  la  matrice, 
traverse  l'anneau  sus-pubien,  et  se  perd  au- 
delà. 

L'extrémité  inférieure  de  l'utérus  ouvre 
dans  un  tube  extensible  résultant  de  la  di- 
latation de  la  partie  inférieure  de  la  trompe 
primitive  et  du  sinus  uro-génital;  ce  tube 
estleva^m.  Sa  cavité  est  toujours  simple; 
mais  il  existe  une  trace  de  sa  duplicité  pri- 
mitive, ou  plutôt  de  la  structure  double  qui 
est  générale  parmi  les  animaux  que  nous 
étudions;  cette  trace  se  trouve  dans  une 
petite  cloison  semi-lunaire,  incomplète,  qui 
divise  la  portion  inférieure  en  deux  parties 
et  la  sépare  de  la  vulve.  On  donne  à  cette 
membrane  le  nom  d'hymen;  elle  disparaît 
quand  la  femelle  a  été  fécondée.  La  partie 
supérieure  du  vagin  ne  se  continue  pas  en 
général  d'une  manière  directe  avec  l'utérus  ; 
au  point  d'union,  l'utérus  se  rétrécit,  forme 
un  col  qu'embrnsse  le  vagin,  et  se  continue 


MAM 

dans  la  cavité  de  celui-ci  par  une  saillie  qu'on 
nomme  museau  de  tanche.  Cette  saillie  est 
très  effacée  chez  le  Porc-Épic  ;  elle  manque 
chez  les  Édentés,  les  tardigrades. 

Après  l'apparition  des  parties  génitales 
internes,  les  parties  externes  commencent 
leur  développement.  Avant  que  le  cloaque 
ait  été  séparé  de  l'orifice  uro-génital,  on  voit 
s'élever,  au-devant  de  cette  cavité,  un  petit 
bourrelet  qui  devient  bientôt  plus  saillant, 
se  creuse  en  gouttière  à  sa  face  inférieure,  et 
indique  le  pénis  ou  verge  chez  le  mâle,  le 
clitoris  chez  la  femelle.  A  l'extrémité  de  l'un 
et  de  l'autre  de  ces  organes  se  produit  un 
renflement  en  bouton ,  le  gland.  Bientôt,  par 
la  formation  du  périnée ,  l'orifice  anal  se 
distingue  de  l'orifice  urétro-sexuel,  et  celui- 
ci  ne  tarde  pas  à  être  limité  par  deux  plis 
de  la  peau.  A  ce  moment  l'embryon  ,  quel 
que  doive  être  son  sexe,  présente  tous  les 
caractères  du  sexe  féminin  ;  mais  les  déve- 
loppements ultérieurs  viennent  bientôt  dis- 
tinguer le  mâle  et  la  femelle.  Les  bords  ou 
sillon  qui  marche  le  long  du  pénis  se  ferment 
et  constituent  ainsi  Vurètrc;  tandis  que,  chez 
la  femelle,  les  bords  du  sillon  inférieur  du 
clitoris  s'écartent  et  constituent  les  petites 
lèvres.  Les  replis  cutanés  qui  bordent  l'ori- 
fice uro-génital  se  rapprochent  chez  le  mâle 
et  se  soudent  sur  la  ligne  médiane  pour  for- 
mer le  scrotum  ,  sur  lequel  une  ligne  sail- 
lante, le  raphé,  indique  la  division  primi- 
tive. Les  mêmes  replis  cutanés  deviennent 
les  grandes  lèvres  chez  la  femelle.  Le  gland, 
qui  reste  d'abord  imperforé ,  prend  ensuite 
un  orifice  pour  l'urètre,  et  se  recouvre  du 
prépuce,  dont  on  retrouve  aussi  l'analogue, 
sur  le  clitoris  ;  il  s'entoure  encore  de  glandes 
sébacées  ,  qui  sont  quelquefois  aussi  déve- 
loppées chez  la  femelle  que  chez  le  mâle. 
Plus  la  vie  embryonnaire  avance,  plus  le  cli- 
toris s'efface;  plus,  au  contraire,  le  pénis 
devient  apparent.  Chez  la  femelle,  la  divi- 
sion primordiale  persiste;  chez  le  mâle,  au 
contraire ,  elle  disparaît. 

Dans  le  parallèle  que  nous  venons  de  sui- 
vre entre  les  organes  mâles  et  les  organes 
femelles  en  voie  de  développement,  nous 
retrouvons  cette  tendance  de  la  nature  que 
nous  avons  signalée,  et  qui  consiste  à  em- 
ployer de  préférence  des  matériaux  sembla- 
bles et  des  procédés  identiques  pour  obtenir 
enfin  des  résultats  anatomiques  ou  physiolo- 


MAM 

giques  différents.  Cette  correspondance  des 
deux  appareils  se  manifeste  encore  dans  les 
artères  ,  les  veines,  les  nerfs  ,  qui  sont  les 
mômes ,  et  dont  la  distribution  est  généra- 
lement analogue. 

Le  tissu  principal  de  la  verge  est  fibreux, 
épais,  capable  d'acquérir  une  grande  rigidité, 
et  a  été  nommé  tissu  érectile;  il  naît  des  bran- 
ches de  l'ischion  par  deux  colonnes  qui  se 
conjuguent  sur  la  ligne  médiane  pour  former 
le  corps  de  la  verge  ou  le  corps  caverneux, 
dont  ces  deux  colonnes  sont  appelées  les  ra- 
cines. La  même  disposition  se  retrouve  dans 
le  clitoris.  Chez  quelques  Mammifères ,  l'A- 
gouti, le  Paca,  le  canal  de  l'urètre  s'ouvre 
sur  la  base  du  clitoris;  chez  quelques  autres, 
les  Makis,  les  Loris,  ce  canal  se  prolonge 
sur  le  dos  du  clitoris  et  a  son  oriflce  près  de 
la  pointe  de  cet  organe,  de  sorte  que  la  fe- 
melle possède  presque  un  pénis.  C'est  chez 
les  Singes  que  le  clitoris  atteint  le  plus  grand 
développement,  et  sa  ressemblance  avec  un 
pénis  a  pu  quelquefois  faire  prendre  les  fe- 
melles pour  des  mâles.  Les  Carnassiers  et  les 
Rongeurs  ont  aussi  un  clitoris  très  développé. 
On  trouve  dans  le  corps  caverneux  d'un  cer- 
tain nombre  de  Mammifères  un  os  pénial 
qui  s'étend  même  quelquefois  jusque  dans 
le  gland  ,  et  qui  se  présente  ordinairement 
aussi  dans  le  clitoris  de  la  femelle.  Les  Qua- 
drumanes possèdent  cet  os,  aussi  bien  que 
les  Chéiroptères,  les  Rongeurs,  les  Phoques, 
les  Baleines,  les  Carnivores  excepté  l'Hyène. 

Quant  à  la  position  du  pénis  ,  elle  varie 
beaucoup  et  paraît  être  en  rapport  avec  le 
mode  d'accouplement  propre  aux  différents 
animaux.  Tantôt  il  se  dirige  directement  en 
avant  et  reste  libre  en  dehors  du  corps,  comme 
onlevoitchezl'Homme,  lesQuadrumanes,les 
Chéiroptères;  tantôt  il  s'avance  jusqu'auprès 
de  l'ombilic  ,  retenu  dans  une  extension  de 
la  peau  en  forme  de  fourreau  ,  comme  c'est 
le  cas  pour  les  Carnassiers,  les  Amphibiens, 
les  Pachydermes ,  les  Solipèdes  ,  les  Rumi- 
nants; tantôt  encore  il  s'avance  jusqu'à  la 
partie  antérieure  du  pubis,  puis  se  replie 
sur  lui-même  et  se  rapproche  de  l'anus ,  au- 
près duquel  se  trouve  alors  situé  l'orifice  du 
prépuce  :  c'est  la  disposition  que  nous  of- 
frent le  Cochon  d'Inde,  l'Agouti;  tantôt 
aussi  il  se  porte  de  suite  en  arrière  jusqu'au- 
près de  l'anus,  comme  on  l'observe  dans  les 
Lièvres  et  beaucoup  d'autres  Rongeurs. 


MAM 


711 


Le  gland  constitue  le  plus  généralement 
un  corps  gros  et  vasculaire,  de  forme  ovale, 
et  placé  obliquement  par  rapport  au  pénis, 
comme  chez  l'Homme  ;  il  forme  un  bourre- 
let en  champignon,  chez  les  Sapajous  ;  il  est 
pointu,  allongé,  grêle,  et  le  corps  caverneux 
se  prolonge  jusqu'à  son  extrémité,  comme 
chez  la  Taupe,  le  Lagomys,  le  Marsouin;  il 
est  conique,  pointu  et  soutenu  par  l'os  pénial 
qui  fait  saillie  à  sa  pointe,  comme  dans  le 
Chat;  il  est  en  grande  partie  formé  par  l'os 
pénial,  comme  chez  l'Ours,  le  Phoque,  le 
Blaireau,  les  Martres;  il  est  enfin  tout  entier 
constituépar  cet  os,  comme  chez  la  Marmotte, 
les  Loirs.  La  surface  du  gland  présente, 
comme  sa  forme,  un  grand  nombre  de  mo- 
difications :  elle  est  unie  dans  la  plupart  des 
cas;  elle  est  couverte  de  poils  fins,  chez  le 
Hamster  ;  de  poils  rudes,  chez  les  Galéopi- 
thèques  ;  de  petites  aspérités ,  chez  le  Des- 
man  de  Russie;  de  papilles  dures,  chez  le 
Castor;  d'écaillés,  chez  le  Cochon  d'Inde; 
de  scies  cartilagineuses,  chez  l'Agouti;  de 
fortes  épines  cornées,  chez  le  Mococo,  le 
Chat.  Le  gland  est  muni  latéralement  d'ap- 
pendices cartilagineux  qui  font  saillie  en 
forme  d'aileron  ,  chez  le  Rat;  il  possède  de 
fortes  cornes  retirées  dans  une  poche,  pen- 
dant l'état  de  repos,  et  qui  peuvent  se  dé- 
rouler, chez  le  Cochon  d'Ind?. 

Les  appareils  mâle  et  femelle  étant  consti- 
tués comme  nous  venons  de  le  dire,  ne  sont 
aptes  à  remplir  leurs  fonctions  que  s'ils  se 
trouvent  dans  des  conditions  déterminées 
d'âge  et  d'excitation,  dont  nous  examinerons 
l'influence  aux  mots  puberté,  rut,  sperme. 
Nous  renvoyons  à  l'article  mamelle  pour  la 
description  de  ces  organes  caractéristiques , 
dont  nous  compléterons  l'histoire  en  étu- 
diant les  Marsupiaux  (voy.  ce  mot).  C'est 
dans  des  articles  spéciaux  qu'il  faut  chercher 
des  détails  sur  le  croisement  des  races  (voy. 
métis,  mulet)  ,  sur  l'influence  de  l'état  do- 
mestique et  la  prédisposition  à  la  domesti- 
cité {voy.  sociabilité  ).  Nous  devons  ajouter 
ici  quelques  lignes  sur  les  phénomènes  qui  ont 
rapport  à  l'accouplement  et  à  la  gestation. 

Chez  les  Mammifères  l'accouplement  est 
simple  {voy.  accouplement),  et  ne  féconde 
qu'une  seule  portée;  il  cesse  en  général 
après  l'émission  de  la  semence  ,  mais  chez 
les  Chiens  il  subsiste  encore  après  I'éjacula- 
tion.  Parmi  les  animaux  sauvages .  il  n'a 


712 


MAM 


lieu  généralement  qu'une  fois  l'année  ,  à 
une  époque  fixe  :  en  hiver,  pour  les  Loups; 
en  automne,  pour  les  Cerfs;  au  printemps 
et  en  été  pour  le  plus  grand  nombre.  Les 
animaux  réduits  en  domesticité  acquièrent 
la  faculté  de  s'accoupler  en  toute  saison. 
Certaines  femelles  de  Mammifères ,  comme 
la  Jument ,  l'Anesse ,  la  Vache  ,  refusent  le 
mâle  quand  elles  ont  été  fécondées;  d'au- 
tres, comme  les  Chiennes,  le  souffrent  pen- 
dant tout  le  temps  que  dure  le  rut.  Ces  der- 
niers animaux  reçoivent  aussi  indistincte- 
ment tous  les  mâles  pendant  leur  chaleur; 
mais  il  est  des  Mammifères,  surtout  les  Car- 
nassiers, qui  s'unissent  par  couple  pour  tout 
le  temps  que  dure  l'éducation  des  petits;  il 
en  est  même,  comme  les  Chevreuils,  qui  ne 
se  quittent  point  pendant  toute  la  vie.  Une 
seule  femelle  suffit  en  général  à  un  mâle  ;  mais 
quelques  Mammifères,  comme  les  Phoques, 
ont  un  nombreux  sérail  qui  les  accompagne, 
et  qu'ils  entretiennent  et  défendent.  On  sait 
quels  combats  se  livrent  les  Taureaux  ,  les 
Cerfs,  les  Chevaux,  les  Phoques,  pour  s'as- 
surer la  possession  de  leur  femelle.  En  gé- 
néral ,  l'accouplement  est  accompagné  de 
vives  jouissances;  mais  il  semble  qu'il  n'en 
peut  être  de  même  pour  les  femelles  dont  le 
mâle  porte  un  gland  hérissé  d'épines  ou 
d'aspérités,  comme  on  en  trouve  chez  le 
Chat,  l'Agouti.  Les  hésitations  de  la  fe- 
melle indiquent  ses  appréhensions;  ses  cris 
perçants  témoignent  des  douleurs  qu'elle 
éprouve  :  elle  cède  plutôt  au  besoin  qu'à 
l'attrait  du  plaisir.  Dans  le  plus  grand  nom- 
bre de  Mammifères ,  la  femelle,  debout  ou 
accroupie,  reçoit  le  mâle  sur  son  dos,  et  il 
n'en  est  pas  autrement  pour  le  Hérisson  et 
le  Porc-Épic. 

Quand  l'œuf,  après  avoir  rompu  la  véhi- 
cule de  Graaf ,  a  traversé  la  trompe  et  ar* 
rive  dans  l'utérus,  celui-ci  ne  prend  pas 
part ,  en  général ,  ou  du  moins  ne  prend 
qu'une  part  assez  faible  au  travail  de  déve- 
loppement qui  s'accomplit  avec  si  grande 
activité  dans  l'œuf  pour  la  formation  de  l'em- 
bryon. Mais  chez  la  Femme  et  peut-être  chez 
le  Singe,  il  se  fait  dans  la  matrice  un  tra- 
vail préparatoire  très  considérable;  une  es- 
.' pèce  de  nid  se  forme,  destiné  à  recevoir 
l'œuf  à  son  arrivée.  Ainsi,  préalablement 
à  la  présence  de  l'œuf,  on  trouve  dans  l'uté- 
rus une  matière  tomenteuse,  molle,  assez 


MAM 

épaisse,  qui  en  revêt  les  parois  internes. 
Cette  couche,  décrite  par  Hunter,  a  été 
nommée  par  lui  membrane  caduque  ;  elle  se 
perce  ou  reste  continue  avec  elle-même  au- 
devant  des  orifices  des  trompes,  et  doit  être 
expulsée  par  l'accouchement;  le  col  de  l'uté- 
rus n'est  pas  fermé  par  la  caduque  ,  et  n'est 
rempli  que  par  un  bouchon  muqueux.  Un 
liquide  est  contenu  dans  la  cavité  de  cette 
membrane,  etquand  l'œuf  débouchedans  l'u- 
térus, il  rencontre  nécessairement  la  caduque 
qui ,  étant  extensible ,  fuit  en  quelque  sorte 
sous  la  pression  de  l'œuf,  et  se  décolle  de 
l'utérus  pour  obéir  à  cette  pression.  La  ca- 
duque devient  ainsi  double;  le  feuillet  ren- 
versé vers  la  cavité  de  la  caduque  est  nomme 
caduque  réfléchie  ;  le  feuillet  qui  reste  ad- 
hérent à  l'utérus  forme  la  caduque  vraie. 
Plus  tard  ,  ces  deux  feuillets  se  soudent, 
sont  confondus  en  une  seule  membrane 
épaissie,  et  le  vide  qui  s'est  formé  par  la 
retraite  de  la  caduque  fuyant  devant  l'œuf, 
est  rempli  par  une  membrane  analogue  qui 
fait  corps  avec  elle ,  et  qu'on  appelle  caduque 
secondaire. 

Dans  cette  théorie,  qui  est  celle  de  Hunter, 
la  caduque  serait  une  fausse  membrane 
sécrétée  par  l'utérus,  et  entièrement  sem- 
blable aux  autres  fausses  membranes  qui  se 
forment  dans  toute  autre  partie  de  l'orga- 
nisation. Mais  cette  théorie  de  Hunter  est 
contredite  par  l'observation  qu'on  a  faite  de 
canaux  communiquant  de  la  caduque  à  la 
face  interne  de  l'utérus  et  établissant  un 
rapport  vital  très  intime.  De  sorte  que  la 
caduque  ne  serait  pas  une  fausse  membrane, 
mais  un  développement  de  la  face  interne 
de  l'utérus,  un  épaississement  de  l'utérus. 
Pendant  la  grossesse,  en  effet,  la  structure 
de  l'utérus  et  son  travail  se  compliquent 
beaucoup;  des  rapports  nombreux  se  mul- 
tiplient entre  lui  et  l'œuf;  la  masse  vite! - 
Une,  insuffisante  pour  nourrir  ce  dernier, 
est  remplacée  dans  ce  but  par  l'utérus  et 
les  appendices  vésiculaires  dont  nous  avons 
expliqué  le  rôle  dans  la  constitution  du  pla- 
centa. 

Nous  avons  vu  que  la  surface  de  l'œuf, 
d'abord  lisse,  se  couvre  ensuite  de  villosi- 
tés  peu  nombreuses  et  peu  saillantes,  qui 
augmentent  par  la  suite  en  nombre  et  en 
développement.  Bientôt  elles  adhèrent  à  l'u« 
térus  quand  l'animal  n'a  pas  de  caduque, 


V3I 

ou  à  la  caduque  si  l'animal  en  possède  une , 
et  l'embryon  reçoit  la  nourriture  de  la  mère. 

Quant  à  la  manière  dont  s'opère  la  com- 
munication entre  le  système  vasculaire  de 
la  mère etlesystèmevasculairede  l'embryon, 
on  sait  aujourd'hui  qu'il  n'y  a  pas  échange 
direct  de  matériaux  entre  eux;  que  les  ar- 
tères utérines  se  continuent  avec  les  veines 
eu  formant  des  espèces  de  sinus  sanguins 
et  non  pas  un  réseau  capillaire;  que  les  vais- 
teaui  des  villosités  du  chorion  pénètrent 
dans  ces  sinus,  en  recevant  une  petite  gaîne 
de  la  paroi  délicate  des  veines.  Ce  n'est  que 
par  extravasation  que  l'injection  passe  du 
fa:ius  à  la  mère  ou  réciproquement;  et  si  les 
notions  que  nous  possédons  sur  l'absorption 
nous  permettent  de  comprendre  la  trans- 
mission du  sang  sans  ouverture  béante,  des 
faits  physiologiques  démontrent  suffisam- 
ment la  non-communication  directe.  Ainsi 
le  rhythme  des  battements  du  cœur  est  très 
différent  chez  la  mère  et  le  fœtus;  chez  ce 
dernier,  les  globules  sanguins  sont  aussi 
plus  volumineux;  et  l'on  a  vu  la  circulation 
placentaire  continuer  chez  un  fœtus  sorti  du 
sein  de  la  mère ,  sans  qu'il  s'échappât  une 
goutte  de  sang  au  dehors. 

Pendant  que  l'embryon  se  constitue  dans 
l'œuf  à  l'aide  des  aliments  fournis  par  le  pla- 
centa, l'utérus  lui-même  présente  des  modi- 
fications particulières  dans  sa  constitution. 

Après  la  fécondation,  les  phénomènes  d'ac- 
tivité périodique  ,  comme  la  menstruation  , 
<e«sent.  En  raison  de  la  présence  de  l'œuf 
dans  l'utérus  et  des  masses  liquides  qui  en 
remplissent  la  cavité,  l'utérus  acquiert  une 
plus  grande  capacité,  et  cette  augmentation 
de  capacité  ne  se  fait  pas  aux  dépens  de  l'é- 
paisseur de  ses  parois ,  comme  on  pourrait 
le  croire  en  comparant  ce  phénomène  à  ceux 
de  la  dilatation  ;  elle  est  produite  par  un  excès 
de  nutrition,  et  ies  parois  elles-mêmes  pren- 
nent plus  d'épaisseur.  Outre  cette  augmenta- 
tion dans  son  épaisseur,  ses  vaisseaux  sanguins 
prennent  aussi  un  grand  développement, 
forment  une  foule  de  sinuosités.  Les  nerfs 
même  de  l'utérus  acquièrent  plus  de  puis- 
sance, et  il  se  forme  des  fibres  musculaires  vo- 
lumineuses, dont  il  existe  à  peine  trace  dans 
l'utérus  à  l'état  ordinaire.  Ces  fibres  jouent 
un  grand  rôle  dans  l'expulsion  du  fœtus. 

La  durée  de  la  gestation,  fixe  pour  chaque 
espèce,   est  très  variable  si  l'on   compare 

T.    Vil. 


MAM 


713 


les  espèces  entre  elles.  Cette  durée  n'est  ce- 
pendant pas  ou  ne  paraît  pas  être  d'une 
fixité  rigoureuse,  et  il  se  fait  souvent  quel- 
que retard  ou  quelque  avance  de  peu  de 
jours.  Ces  différences ,  constatées  par  plu- 
sieurs observateurs  sur  différents  animaux, 
tiennent  peut-être  à  ce  que  l'on  compte  le 
temps  de  la  gestation  depuis  le  coït ,  et  que 
l'on  considère  ce  moment  comme  celui  de  la 
fécondation.  Or,  nous  savons  aujourd'hui 
que  la  fécondation  a  lieu  au  moment  où 
l'œuf  rencontre  le  sperme;  il  est  donc  fa- 
cile de  comprendre  que  l'époque  où  com- 
mence le  travail  de  reproduction  ne  coïn- 
cide pas  nécessairement  avec  celle  du  coït; 
qu'elle  la  suit  de  plus  ou  moins  près,  se- 
lon que  le  sperme  rencontre  l'ovule  en  un 
point  plus  ou  moins  éloigné  de  l'ovaire;  et 
qu'il  peut  arriver  que  l'œuf  n'étant  pas  mûr, 
ne  soit  fécondé  que  lorsqu'il  tombe  dans  le 
réservoir  sperrnatique  déposé  par  le  coït.  Les 
variations  de  la  gestation  peuvent  donc  te- 
nir à  l'une  de  ces  circonstances  cachées,  et  la 
durée  de  la  gestation  être  néanmoins  fixe. 

Pour  l'Éléphant ,  la  gestation  dure  2  ans  ; 
pour  le  Chameau,  1  an;  pour  le  Cheval, 
l'Ane,  le  Zèbre,  11  mois;  pour  le  Bœuf, 
9  mois  1/2  ;  pour  les  Cerfs,  8  mois  et  quel- 
ques jours;  pour  les  Moutons,  les  Chè- 
vres, 5  mois  ;  pour  les  Cochons,  4  mois  ;  pour 
le  Loup,  3  mois  1/2;  pour  le  Chien,  9  se- 
maines; pour  le  Chat,  8  semaines;  pour 
le  Furet,  6  semaines;  pour  le  Lièvre,  la 
Souris ,  4  semaines  ;  pour  le  Cochon  d'Inde , 
3  semaines.  11  n'y  a  pas  de  coïncidence  ri- 
goureuse entre  la  taille  que  doit  avoir  l'ani- 
mal parfait  et  la  durée  de  sa  gestation  ;  il  y 
a  plutôt  coïncidence  entre  cette  durée  et  la 
plus  ou  moins  grande  rapidité  avec  laquelle 
le  jeune  achève  son  développement. 

L'expulsion  du  fœtus  s'effectue  à  l'aide 
des  contractions  des  fibres  musculaires  que 
nous  avons  vues  se  développer  dans  l'uté- 
rus. Ces  contractions  se  succèdent  en  laissant 
entre  elles  des  intervalles  de  repos ,  et  aug- 
mentent d'intensité  à  mesure  que  la  parturi- 
tion  avance.  Ces  contractions  appartiennentà 
la  catégorie  des  mouvements  involontaires; 
aussi  est-il  arrivé  quelquefois  que  des  accou- 
chements ont  eu  lieu  après  la  mort  de  la  mère. 

Les  contractions  des  fibres  musculaires 
de  l'utérus  amènent  des  contractions  sym- 
pathiques des  muscles  de  l'abdomen,  qui, 

90 


u 


MAM 


agissant  sur  les  viscères  de  celte  cavité,  les 
pressent  contre  l'utérus  et  déterminent  ainsi 
un  effort  expulsif  qui  se  communique  àl'œuf. 

La  pression  que  l'œuf  supporte  alors  est 
considérable,  et  explique  la  nécessité  du  li- 
quide amniotique;  en  effet,  la  pression 
exercée  sur  un  liquide  se  répartit  également; 
tandis  qu'elle  est  inégale  ,  et  détermine  par 
conséquent  des  résultats  fâcheux,  si  elle  se 
fait  sur  des  parties  solides.  Des  difficul- 
tés dépendant  de  conditions  diverses  peu- 
vent encore  augmenter  la  pression  ,  en  exi- 
geant des  efforts  plus  considérables.  Ainsi, 
chez  les  animaux  qui  ont  une  position  verti- 
cale, il  faut  que  l'œuf  soit  plus  solidement 
attaché,  puisqu'en  raison  de  cette  position  , 
la  pesanteur  pourrait  déterminer  un  avortc- 
ment.  Chez  les  animaux  qui  ont  une  posi- 
tion horizontale,  le  même  danger  n'est  pas 
à  redouter  :  le  poids  du  fœtus  distend  l'ab- 
domen, mais  il  n'est  pas  à  craindre  qu'il 
amène  l'avortement.  La  parturition  sera 
donc  plus  laborieuse  chez  les  premiers  que 
chez  les  seconds. 

Aces  conditions  particulières,  s'ajoutent 
encore  les  obstacles  qu'opposent  les  par- 
ties que  le  fœtus  doit  franchir  lors  de  son 
expulsion  ,  le  ecl  de  l'utérus,  le  vagin  ,  les 
os  du  bassin.  Les  liquides  de  l'œuf  contri- 
buent à  faciliter  ce  passage  en  adoucissant 
le  frottement,  et  en  faisant  coin  quand  le 
fœtus  arrive  aux  parties  les  plus  étroites. 
La  partie  la  plus  volumineuse  du  fœtus  est 
la  tête  ;  et  c'est  par  la  tête  qu'il  est  expulsé. 
Or,  ifr  doit  franchir  le  détroit  des  os  pel- 
viens, détroit  si  juste  et  quelquefois  si  res- 
serré, comme  nous  l'avons  vu  en  parlant 
plus  haut  de  la  constitution  du  bassin. 

La  grande  longueur  du  cordon  ombilical 
et  les  différences  dans  cette  longueur  tien- 
nent aux  difficultés  du  part  et  aux  accidents 
plus  ou  moins  imminents  qui  pourraient  en 
résulter.  En  effet,  la  circulation  placentaire 
tient  lieu  du  travail  de  respiration  qui  doit 
s'établir  après  la  parturition  :  or  ,  quand 
l'accouchement  est  long,  dès  que  le  fœtus 
est  arrivé  au  passage  difficile  du  bassin  ,  il 
tirerait  sur  son  cordon  s'il  était  trop  court, 
le  briserais  peut-être,  et  pourrait  être  as- 
phyxié, étant  privé  delà  respiration  pla- 
centaire ,  et  ne  pouvant  encore  accomplir  la 
respiration  aérienne. 

Après  l'expulsion  du  fœtus,  celle  du  pla- 


MAM 

centa  a  lieu;  elle  est  déterminée  par  une 
série  de  contractions  spéciales.  On  nomme 
secondines  ces  appendices  organiques  qui  sui- 
vent la  naissance  du  jeune.  Par  un  instinct 
bien  remarquable,  les  mères  dévorent  ces 
secondines;  en  effet,  ces  matières  devant  se 
séparer  du  fœtus ,  la  séparation  pourrait 
être  dangereuse,  si  elle  se  faisait  par  putré- 
faction. La  mère,  en  dévorant  le  placenta, 
débarrasse  le  fœtus  de  ces  appendices  in- 
commodes et  inutiles,  et  agit  à  la  manière 
de  l'instrument  qui  tranche  le  cordon  dans 
les  mains  de  l'accoucheur.  Par  une  aberra- 
tion de  cet  instinct,  surtout  chez  les  animaux 
en  domesticité,  chez  qui  la  faculté  de  la 
nutrition  est  exaltée,  la  mère  quelquefois 
ne  s'arrête  pas  à  ces  parties  inutiles  ,  et  dé- 
vore même  le  jeune. 

L'état  dans  lequel  naît  le  jeune  diffère 
suivant  les  animaux,  et  il  y  a  corrélation 
entre  le  degré  de  ce  développement  et  la  fa- 
culté qu'a  l'animal  de  produire  de  la  chaleur. 
En  général,  les  Herbivores ,  les  Ruminants, 
sont  assez  forts;  les  Carnassiers  sont  faibles, 
quelques  uns  aveugles.  Tous  ont  besoin  de 
recevoir  une  nourriture  de  leur  mère ,  et  la 
nature  a  fourni  à  celle-ci  un  appareil  mam- 
maire dont  l'existence  est  une  conséquence 
même  de  l'état  dans  lequel  naît  le  jeune. 

Appareil  urinaire. 
Nous  avons  vu  précédemment  que  Ic> 
reins  ne  résultent  pas  d'une  métamorphose 
des  corps  deWolff,  et  qu'ils  se  forment  der- 
rière ces  corps  auxquels  ils  adhèrent  d'abord 
intimement.  Primitivement  ils  sont  tout-à- 
fait  cachés  par  les  faux  reins;  puis  ils  s'é- 
lèvent peu  à  peu  de  manière  à  faire  saillie 
au-dessus  de  ces  derniers  organes,  qui  se 
trouvent  enfin  à  leur  bord  inférieur  et  ex- 
terne. Quand  ils  ont  pris  leur  position  dé- 
finitive, ils  sont  placés  dans  l'abdomen  ,  de 
chaque  côté  de  la  colonne  vertébrale,  entre 
les  muscles  de  la  région  lombaire  du  dos  et 
la  poitrine;  ils  sont  le  plus  ordinairement 
entourés  de  graisse,  et  de  couleur  rouge 
brun.  La  forme  des  reins  est  d'abord  ovale, 
et  leur  surface  est  lisse;  mais  par  suite  do 
leur  développement  intérieur,  et  probable- 
ment en  raison  du  volume  plus  considérable 
qu'ils  acquièrent,  ils  sont  divisés  par  des  sil- 
lons qui  deviennent  de  plus  en  plus  pro- 
fonds, et  qui  partagent  la  glande  en  plu-. 


IMAÎM 


MAM 


715 


sieurs  lobes.  Ainsi  chez  l'Homme,  on  compte 
successivement  de  9  à  15  lobules  qu'on  voit 
encore  à  la  naissance ,  et  qui  s'effacent  à 
l'âge  adulte.  Chez  les  Chats ,  les  traces  de 
division  primitive  consistent  en  quelques  bos- 
selures; mais  chez  le  Bœuf,  l'Éléphant,  les 
lobes  sont  bien  séparés ,  au  nombre  de  26  à 
30  chez  le  premier,  de  4  chez  le  second  ;  et 
les  lobules  sont  si  nombreux  chez  les  Ours , 
les  Loutres  ,  les  Amphibiens ,  les  Cétacés , 
que  lo  rein  prend  la  forme  d'une  grappe, 
qui  serait  composée  d'une  dizaine  de  grains 
dans  le  Loutre;  de  45  à  56  grains  dans 
l'Ours;  de  120  à  140  chez  le  Phoque;  de 
plus  de  200  dans  le  Marsouin,  le  Dauphin. 
Du  blastème  primitif  qui  représente  les 
reins,  se  développent  de  petits  renflements 
claviformes  terminés  en  cul-dc-sac,  et  tour- 
nant leur  fond  vers  la  périphérie  de  l'or- 
gane; le  nombre  de  ces  corps  augmente  ra- 
pidement; ils  se  juxtaposent,  et,  en  raison 
de  leur  forme ,  forcent  le  rein  à  se  courber 
sur  lui-même  par  son  bord  externe  qui  s'al- 
longe plus  que  l'interne.  De  là  résulte  la 
forme  en  haricot  que  présentent  les  reins 
dans  la  plupart  des  Mammifères ,  et  chez 
l'Homme.  Chez  le  Chat,  le  Coati,  les  Tatous, 
ils  restent  à  peu  près  globuleux  ;  ils  s'allon- 
gent extrêmement  chez  le  Paca  ,  le  Cochon  , 
lePorc-Épic;  ils  deviennent  presque  cylin- 
driques chez  le  Lama;  courts  et  triangulaires 
chez  le  Cheval. 

Tous  les  petits  cœcums  qui  composent 
primitivement  le  rein  ne  sont  autre  chose 
que  les  canalicules  urinifères  ,  qui  se  grou- 
pent en  pinceaux,  et  forment  ainsi  un  nom- 
bre plus  ou  moinsconsidérablc  de  mamelons 
coniques,  dont  les  sommets  convergent  vers 
le  hile  du  rein.  A  la  périphérie,  ces  canali- 
cules se  pelotonnent  en  tous  sens  sur  eux- 
mêmes,  et  constituent  de  la  sorte  ce  qu'on 
appelle  la  substance  corticale;  mais  en  s'ap- 
prochant  du  hile  ils  demeurent  droits,  pla- 
cés les  uns  à  côté  des  autres  dans  chaque 
mamelon,  et  forment  ainsi  la  substance  tu- 
buleuse  ou  médullaire.  Chez  l'Éléphant  les 
limites  entre  ces  deux  substances  ne  sont  pas 
tranchées  ,  ainsi  que  nous  venons  de  le  dire 
et  comme  cela  se  rencontre  dans  le  plus 
grand  nombre  de  Mammifères.  Au-devant 
des  mamelons  coniques  que  nous  venons  de 
décrire,  se  présente  le  sommet  du  canal  de 
Y  uretère,  destiné  à  conduire  dans  la  vessie 


la  sécrétion  des  glandes  rénales.  Ce  conduit 
se  renfle  à  sa  partie  supérieure,  et  se  partage 
en  quelques  branches  larges  et  courtes  qui 
s'écartent  en  rayonnant,  pour  s'aboucher 
avec  le  sommet  des  mamelons  urinifères  ; 
chacune  de  ces  branches  forme  ainsi  un  ca- 
nal excréteur  comme  à  tous  les  canalicules 
d'un  même  mamelon,  et  constitue  un  calice. 
La  réunion  de  tous  les  calices  à  l'entrée  de 
l'uretère  a  lieu  dans  une  sorte  de  poche  nom- 
mée bassinet,  qui  n'existe  pas  en  général 
chez  les  Mammifères  à  reins  multilobés.  Chez 
ces  derniers  animaux,  il  faut  aussi  observer 
que  l'artère  rénale  ne  pénètre  pas  tout  en- 
tière dans  le  sinus  du  rein  ,  mais  commu- 
nique directement  par  plusieurs  branches 
avec  chaque  lobe. 

On  ne  sait  pas  si  les  uretères  sont  d'abord 
isolés  du  blastème  des  reins  ou  s'ils  com- 
muniquent primitivement  avec  ces  organes. 
Ils  débouchent  à  droite  et  à  gauche  dans  la 
vessie,  dont  ils  percent  le  bas-fond  oblique- 
ment. Nous  savons  déjà  que  la  vessie  n'est 
qu'une  portion  de  l'allantoïde  ,  et  qu'elle  se 
continue  inférieurement  par  le  canal  de  Yu- 
rètre,  dont  nous  avons  indiqué  les  rapports 
avec  les  parties  terminales  des  conduits  ex- 
créteurs des  testicules  et  des  ovaires.  Nous 
savons  aussi  que  ce  canal  se  trouve  à  la  par- 
tie inférieure  du  pénis  chez  les  mâles,  et 
qu'il  traverse  même  quelquefois  le  clitoris 
chez  les  femelles. 

DES  MUSCLES  ;  DE  LA  PEAU  ET  DES  PARTIES  ANNEXES. 
FORME  GÉNÉRALE  DES  MAMMIFÈRES. 

Pour  compléter  l'étude  des  divers  appa- 
reils qui  composent  l'organisation  des  Mam- 
mifères, il  nous  resterait  à  parler  des  mus- 
cles et  des  téguments;  mais  l'histoire  du 
développement  de  ces  parties  roule  tout  en- 
tière sur  l'histogénie,  dont  nous  ne  pouvons 
ici  suivre  le  travail,  et  des  articles  spéciaux 
sont  en  outre  destinés,  dans  cet  ouvrage,  à 
faire  connaître  les  particularités  que  le  sys- 
tème musculaire  et  le  système  dermique,  ave< 
leurs  appendices  r  présentent  dans  le  régna 
animal  au  point  de  vue  anatomique  et  au 
point  de  vue  physiologique.  Nous  n'anticipe- 
rons donc  pas  sur  les  articles  qui  doivent  trai- 
ter de  ce  sujet,  et  nous  ne  répéterons  pas  ce 
qui  peut  déjà  en  avoir  été  dit.  Voy.  graisse, 

IRRITABILITÉ,  LOCOMOTION, MOUVEMENT,  MUSCLE, 
ONGLE,  PEAU,   POIL,   SUEUR,  CtC. 


16 


3VIAM 


MAI\I 


II  est  inutile  de  comparer  ici  les  diverses 
espècesdeMammifèresarrivésàl'étatadulte, 
pour  faire  apprécier  les  différences  qu'elles 
présentent  dans  la  taille  •*  aans  la  propor- 
tion du  corps.  JJ  "uiflt  de  citer  les  Musarai- 
gnes, dont  la  taille  surpasse  à  peine  celle  des 
Oiseaux  Mouches,  et  la  Baleine  qui  est  le  plus 
grand  des  animaux  vivants  dans  nos  mers 
actuelles,  pour  donner  une  idée  des  varia- 
tions que  présentent,  pour  le  volume,  les  ani- 
maux de  la  classe  des  Mammifères.  En  rap- 
prochant les  uns  des  autres,  le  Singe,  la 
Chauve-Souris,  le  Lièvre,  le  Lion,  la  Loutre, 
le  Phoque,  le  Cheval,  l'Éléphant,  la  Girafe,  la 
Baleine,  on  peut  aussi  se  faire  une  idée  des 
modifications  sans  nombre  qu'a  subies  le  plan 
du  type  pour  s'approprier  à  la  station,  au  vol, 
à  la  natation;  pour  constituer  un  grimpeur 
ou  un  sauteur  ;  pour  s'accommoder  à  toutes 
les  conditions  physiologiques  et  biologiques. 

Cependant,  nous  l'avons  vu,  toutes  ces 
différences  si  considérables  s'effacent  d'au- 
tant plus  que  l'on  remonte  à  une  époque 
plus  rapprochée  de  la  première  formation 
organique,  et  elles  sont  plutôt  apparentes 
que  profondes.  Jamais  néanmoins  l'empreinte 
du  type  n'est  assez  effacée  pour  qu'on  puisse, 
sous  aucun  rapport,  comparer  les  états  transi- 
toires des  Mammifères  aux  états  permanents 
des  Vertébrés  inférieurs,  et  nous  espérons 
avoir  fait  voir  que  pour  l'ensemble  de  chaque 
appareil,  comme  pour  chaqueorgane,  le  Mam- 
mifère se  constitue  suivant  un  mode  déter- 
miné, pour  arriver  à  prendre  le  cachet  de 
son  type  spécial.  Nous  répéterons  donc  pour 
l'ensemble  ce  que  nous  avons  dit  pour  les 
détails  :  jamais  l'embryon  de  Mammifère 
ne  réalise  complètement  l'état  permanent 
du  Poisson.  Il  faudrait  confondre  les  phases 
diverses  du  développement,  ne  point  te- 
nir compte  de  l'harmonie  de  l'ensemble, 
comparer  des  parties  formées  à  des  organes 
qui  n'existeraient  que  dans  leur  ébauche 
histologique  ,  et  poser  le  tout  sur  une 
silhouette  de  convention,  pour  arriver  à  trou- 
ver que  l'embryon  humain  représente,  à 
une  époque  quelconque  de  son  existence , 
la  forme  parmanente,  même  extérieure,  du 
Poisson.  L'Homme  et  les  Mammifères  n'en 
subissent  pas  moins  des  métamorphoses 
réelles,  comme  nous  l'exposerons  en  compa- 
rant le  développement  des  divers  types  zoo- 
logiques {voy.  métamorphoses).  Les  métamor- 


phoses sont,  en  effet,  la  conséquence  d'une 
loi  générale  pour  les  organismes  en  voie  <!e 
formation ,  et  traduisent  dans  tout  le  règne 
animal  la  phrase  classique  de  Harvey,  omnç 
Animal  ex  ovo. 

DÉFINITION   DES   MAMMIFÈRES   PLACENTAIRES. 

Un  groupe  d'animaux  est  suffisamment  et 
rigoureusement  défini,  si,  à  l'aide  de  quel- 
ques mots,  préalablement  définis  eux-mêmes 
et  expliqués,  onindique  les  affinitésgénéralef 
de  ce  groupe  et  les  traits  particuliers  qui  U 
distinguent  dans  la  création  zoologique.  Or, 
pour  atteindre  ce  but,  il  suffit  de  présenter 
les  caractères  des  types  de  degrés  différents 
dont  le  groupe  a  successivement  pris  les 
empreintes,  depuis  le  type  primaire,  le  pins 
général  et  par  conséquent  le  plus  compré- 
hensif ,  jusqu'au  type  spécial  auquel  il  s'est 
arrêté  dans  sa  marche.  Nous  pourrions  donc, 
pour  résumer  notre  travail  par  la  définition 
des  Mammifères  Placentaires,  les  seuls  que 
nous  ayons  étudiés,  nous  contenter  de  dire 
que  ces  animaux  sont  : 

Vertébrés,  parce  qu'ils  portent,  dès  le 
début  de  leur  existence,  le  cachet  de  ce  type 
qui  réside  dans  l'existence  de  la  gouttière 
primitive,  indice  de  l'axe  rachidien  et  de  ses 
annexes;  caractère  commun  aux  Oiseaux,  aux 
Reptiles  proprement  dits,  aux  Batraciens  et 
aux  Poissons  ; 

Allantoïdiens,  parce  qu'ils  sont  pour- 
vus des  deux  organes  appendiculaires,  am- 
nios  etallantoïde;  caractère  qui  les  isole  des 
Batraciens  et  des  Poissons,  et  qu'ils  parta- 
gent avec  les  Oiseaux  et  les  Reptiles  propre- 
ment dits; 

Mammifères,  parce  que  la  vésicule 
ombilicale  s'unit  à  la  tunique  de  l'œuf  pour 
former  le  chorion,  dont  la  surface  se  couvre 
de  villosités  organiques  à  l'aide  desquelles 
s'établit  une  communication  vasculairc  de  la 
mère  au  fœtus;  caractère  que  ne  présen  ten  t  ni 
les  Oiseaux ,  ni  les  Reptiles  proprement  dits  ; 
Placentaires,  parce  que  les  con- 
nexions vasculairesétablies  parles  vaisseaux 
vitellins,  se  complètent  par  le  développe- 
ment de  vaisseaux  allantoïdiens,  et  la  forma- 
tion d'un  placenta,  qui  en  est  la  consé- 
quence ;  caractère  qui  les  dislingue  des  Mam- 
mifères Aplacentaires.  Voy.  marsupiaux. 

Cependant,  pour  ne  pas  nous  en  tenir  à 
cette  détermination   trop    laconique,   bien 


A1AM 


717 


qu'elle  contienne  implicitement  la  caracté- 
ristique complète  des  Placentaires  et  rende, 
en  quelque  sorte,  raison  des  divergences  que 
manifeste  leur  organisation  quand  on  la 
compare  avec  celle  des  autres  animaux,  nous 
allons  rappeler  les  particularités  principales 
que  présente  chacun  de  leurs  grands  appa- 
reils, étudiés  dans  chacun  des  chapitres  de 
cet  article  dans  Tordre  où  ils  apparaissent 
chez  l'embryon. 

Système  nerveux  :  Encéphale  très  déve- 
loppé ;  un  corps  calleux,  une  voûte  à  trois 
piliers,  un  pont  de  Varole;  des  lobes  laté- 
raux au  cervelet.  Sens  complets. 

Système  osseux  :  Mâchoire  supérieure 
complètement  immobile  ;  mâchoire  infé- 
rieure immédiatement  articulée  au  crâne 
par  son  condyle;  point  d'os  carré.  Dents 
portées  par  les  maxillaires  seulement.  Sept 
vertèbres  cervicales  (excepté  l'Ai,  qui  en  a 
neuf,  et  le  Lamantin  ,  qui  en  a  six). 

Système  de  la  circulation  :  Une  circulation 
vitelline,  puis  une  circulation  allantoïdienne, 
et  enfin  une  circulation  complète.  Cœur  à 
quatre  loges  ;  crosse  aortique  courbée  à  gau- 
che. Sang  chaud  ,  à  globules  circulaires 
(eicepté  les  Caméliens). 

Système  digestif  :  Viscères  abdominaux 
séparés  de  la  cavité  thoracique  par  le  dia- 
phragme ,  et  n'exerçant  aucune  pression  sur 
les  organes  de  la  respiration. 

Système  de  la  respiration  :  Des  poumons 
libres  dans  le  thorax,  à  cellules  très  nom- 
breuses, recevant  l'air  par  une  trachée  assez 
longue;  ramifications  bronchiques  se  termi- 
nant toutes  dans  le  tissu  du  poumon  et  ne  tra- 
versant pas  cet  organe.  Côtes  et  diaphragme 
servant  au  mécanisme  de  la  respiration. 

Système  de  la  reproduction  :  Une  chambre 
d'incubation  ou  matrice,  dans  laquelle  le 
fœtus  contracte  une  liaison  organique  avec 
sa  mère;  un  placenta.  Petits  vivants;  ma- 
melles, allaitement. 

Peau  garnie  de  poils. 

CLASSIFICATION  DES  MAMMIFÈRES. 

Le  plan  que  nous  avons  choisi  pour  ex- 
poser l'organisation  des  Mammifères  ,  et 
l'application  que  nous  avons  successivement 
faite  des  principaux  phénomènes  embryogé- 
niques  au  groupement  de  ces  animaux,  in- 
diquent assez  quel  est  le  principe  qui  nous 
semble  devoir  guider  le  zoologiste  dans  l'ap- 


préciation des  affinités.  A  côté  de  ce  prin- 
cipe fondamental ,  nous  avons  pu  çà  et  là 
en  formuler  d'autres,  comme  résultats  de 
l'observation  des  faits  qui  nous  étaient  of- 
ferts par  le  développement  de  l'organisa- 
tion ,  ou  comme  conséquences  de  la  discus- 
sion de  théories  diverses  à  propos  de  ce* 
mêmes  faits.  Nous  ne  chercherons  donc  pas 
à  justifier  ici  nos  opinions ,  dont  le  fonde- 
ment et  la  preuve  se  trouvent  à  chaque  pas 
dans  l'étude  que  nous  venons  de  faire  sur 
l'organisation  des  Mammifères  ;  nous  les 
coordonnerons  seulement ,  et  nous  en  pré- 
senterons le  résumé  succinct,  afin  de  nous 
donner  un  point  de  départ  et  un  moyen  de 
contrôle  pour  juger  quelques  unes  des  clas- 
sifications principales  que  la  mammalogie  a 
vues  éclore  jusqu'aujourd'hui. 

Nous  croyons  que  le  germe  d'un  animal , 
lorsqu'il  est  capable  de  se  développer,  pos- 
sède une  énergie  vitale  particulière ,  une 
nature  de  vie  toute  spéciale,  s'il  est  permis 
de  s'exprimer  ainsi;  que  cette  vie  lui  a  été 
transmise  par  des  parents  telle  qu'ils  la  pos- 
sédaient eux-mêmes ,  de  telle  sorte  que  les 
évolutions  successives  du  jeune  être  ne  sont 
que  la  manifestation  de  plus  en  plus  déter- 
minée ,  de  mieux  en  mieux  accusée,  de  cette 
force  vitale  qui  lui  est  propre.  Les  germes 
d'où  se  développent  les  animaux ,  affectas- 
sent-ils tous  la  même  forme  au  premier  mo- 
ment de  leur  formation  ,  comme  cela  paraît 
avoir  lieu ,  qu'il  ne  serait  pas  permis  de 
dire  que  la  cellule  d'où  se  développera  l'em- 
bryon du  Chien  ,  par  exemple,  soit  iden- 
tique à  celle  qui  donnera  naissance  au  Pou- 
let, à  la  Grenouille,  au  Mollusque,  etc. 
Chacune  de  ces  cellules  possède  en  elle  un 
principe  spécial  inaccessible  à  nos  observa- 
tions, mais  dont  la  présence  originelle  est 
bien  démontrée  par  les  différences  fonda- 
mentales qui  se  prononcent  ensuite  sou« 
l'influence  de  conditions  identiques.  Or  ces 
différences  se  manifestent  à  des  époques  plus 
ou  moins  avancées  de  la  vie  de  l'embryon; 
et  il  est  clair  qu'elles  sont  d'autant  plus 
profondes,  c'est-à-dire  qu'elles  dérivent  d'un 
principe  d'autant  plus  différent,  qu'elles  se 
montrent  plus  tôt  dans  le  germe.  Il  en  ré- 
sulte que  deux  ou  plusieurs  embryons ,  chez 
lesquels  les  phénomènes  génésiques ,  étu- 
diés à  leur  début,  suivront  la  même  mar- 
che, posséderont  aussi  un  principe  de  dé- 


7JS 


MAM 


MAM 


veloppement,  une  vie  zoologique  semblable  ; 
que  cette  similitude  sera  d'autant  plus  com- 
plète, que  les  parents  étaient  eux-mêmes 
plus  voisins;  et  qu'enfin  cette  similitude 
arrivera  à  une  parfaite  identité,  si  les  pa- 
rents possédaient  une  existence  identique. 
Ce  sont  précisément  ces  degrés  plus  ou  moins 
élevés  de  ressemblance  dans  ce  que  nous 
venons  d'appeler  la  vie  zoologique,  dont  le 
principe  se  trouve  dans  la  faculté  reproduc- 
trice des  parents,  et  dont  la  mesure  nous 
est  donnée  par  la  durée  plus  ou  moins  pro- 
longée d'un  développement  semblable;  ce 
sont  ces  degrés  qui  constituent  les  affinités 
zoologiques.  Ces  affinités  sont  nulles  quand 
deux  germes,  dès  le  commencement  même 
de  leur  vie,  n'offrent  aucun  trait  de  pa- 
renté; elles  sont  le  plus  profondes  possible, 
quand  deux  germes,  depuis  leur  origine 
jusqu'à  leur  état  parfait  d'adulte,  passent 
par  une  série  absolument  identique  de  dé- 
veloppements successifs.  Entre  ces  extrêmes, 
dont  le  premier  indique  deux  types  tout-à- 
fait  différents,  et  dont  le  second  caractérise 
l'espèce,  s'échelonnent  tous  les  degrés  de 
parenté  que  nos  classifications  désignent 
sous  les  noms  de  sous  embranchements, 
<îc  classes,  de  sous-classes,  d'ordres,  de 
sous-ordres,  de  familles  et  de  genres. 

Ainsi,  au  moment  même  où  les  animaux 
commencent  leur  développement  organogé- 
nique,  ils  reçoivent  l'empreinte  d'un  type, 
qui  est  le  premier  par  son  importance  comme 
il  l'est  chronologiquement,  en  même  temps 
qu'il  est  le  plus  compréhensif  dans  son  éten- 
due. Tous  les  animaux  qui  porteront  lecachet 
du  type  primaire  auront  entre  eux  une  af- 
finité générale;  ils  seront  tous  Vertébrés , 
par  exemple.  Mais  après  avoir  marchéensem- 
ble  dans  une  même  voie,  c'est-à-dire  après 
avoir  présenté  une  série  de  phénomènes  gé- 
uésiques  semblables,  ils  subissent  des  mo- 
difications diverses,  qui  caractérisent  deux 
ou  plusieurs  types  secondaires;  ainsi  les 
Vertébrés  deviendront  Allantoïdiens  ou 
Anallantoïdiens.  Les  types  secondaires  par- 
courant chacun  de  leur  côté  un  nombre  plus 
ou  moins  considérable  de  phases  particuliè- 
res ,  pourront  ensuite  diverger  par  l'appari- 
tion de  phénomènes  spéciaux  dans  la  con- 
stitution du  jeune  être  et  former  des  types 
tertiaires;  les  Allantoïdiens  se  distingueront 
alors  en  Mammifères  d'une  part,  Oiseaux  et 


Reptiles  proprement  dits  de  l'autre.  Des 
différences  se  prononçant  encore  dans  le  type 
tertiaire,  dans  celui  des  Mammifères  par 
exemple,  il  se  formera  des  types  quaternai- 
res :  celui  des  Mammifères  placentaires,  et 
celui  des  Mammifères  aplacentaires.  Le  pre- 
mier pourra,  suivant  la  même  marche,  se 
subdiviser  en  groupes  quinaires  :  celui  des 
Mammifères  à  placenta  discoïde,  celui  des 
Mammifères  à  placenta  zonaire,  et  celui  des 
Mammifères  à  placenta  diffus.  La  même 
méthode  appliquée  à  ces  derniers  groupes 
pourra  encore  y  trouver  des  types  d'un  ordre 
inférieur.  Quant  aux  affinités  que  les  types 
secondaires  dérivés  d'un  type  plus  élevé  ont 
entre  eux,  il  est  clair  qu'elles  nous  sont  in- 
diquées par  la  durée  de  la  progression  dans 
une  même  voie,  ou,  en  d'autres  termes,  par 
la  durée  d'un  état  génésique  commun. 

Ces  idées  ne  sont  pas  seulement  logiques  ; 
nous  espérons  avoir  fait  comprendre  leur 
importance  pratique  dans  l'application  que 
nous  venons  d'en  faire  à  l'étude  des  Mam- 
mifères ;  elles  ont  d'ailleurs  été  exposées  et 
justifiées  avec  une  grande  autorité  par 
M.  Milne  Edwards  dans  ses  considérations 
sur  la  classification  des  animaux  (1). 

D'après  ces  principes,  on  ne  peut  admettre 
la  théorie  des  zoologistes  qui,  examinant  les 
êtres  parvenus  à  leur  forme  définitive,  les 
disposent  en  une  série  linéaire  dans  laquelle 
s'effacent  les  différences  profondes  du  type, 
et  qui,  pour  conserver  ses  harmonies,  doit 
craindre  qu'une  espèce  nouvelle  vienne  s'in- 
tercaler entredeux  espèces  don  telle  a  mesuré 
l'intervalle  ,  ou  espérer  qu'une  découverte 
heureuse  viendra  lui  fournir  le  lien  qu'elle 
attend  entre  deux  espèces  trop  distancées. 
Il  ne  nous  semble  pas  possible  d'adopter  non 
plus  les  vues  d'autres  observateurs,  qui, 
étudiant  les  êtres  dans  leur  état  embryon- 
naire, trouvent  une  similitude  complète  entre 
les  formes  permanentes  des  organismes  infé- 
rieurs et  les  états  transitoires  des  organismes 
supérieurs  en  voie  de  développement.  Nous 
avons  eu  souvent  l'occasion  de  réfuter,  dans 
le  cours  de  notre  travail,  cette  dernière  opi- 
nion, qui  n'est  en  quelque  sorte  que  la  con- 
firmation de  la  première  ,  en  ce  sens  qu'elle 
établit  sur  des  caractères  embryologiques  une 
série  animale,  que  celle-ci  fonde  sur  des  ca- 
ractères observés  chez  l'adulte. Mais,  en  outre, 

(1)  Ann.  des  se.  nat.,  3e  série,  t.  1,  p.  65,  i  S-i  4. 


M\M 


MAM 


719 


la  doctrine  de  la  représentation  évolutive 
s'appuie  sur  l'unitédecomposilion  organique 
dans  tout  le  règne  animal,  et  les  faits  nous  ont 
fourni  la  preuve  que  les  différences  de  type 
et  les  nécessités  de  la  fonction  introduisent 
souvent  dans  l'économie  un  élément  nouveau, 
spécial,  sans  analogue;  tel  est  l'os  marsu- 
pial des  Mammifères  aplacentaires;  tels  sont 
les  vrais  arcs  branchiaux  des  Poissons. 

Toutefois,  les  philosophes  qui  ont  formule 
ces  théories  ont  rendu  un  éminent  service 
à  la  zoologie,  en  appelant  l'attention  des 
observateurs  sur  l'histoire  du  développement 
des  animaux,  et  même  plusieurs  erreurs  de 
leur  doctrine  reposent  sur  des  faits  certains 
détournés  de  leur  sens  véritable.  C'est  ainsi 
que  la  théorie  des  arrêts  du  développement, 
erronée  quand  on  veut  l'employer  pour  ex- 
pliquer la  constitution  de  tous  les  organis- 
mes inférieurs  par  des  temps  d'arrêt  dans  le 
développement  d'un  organisme  unique  et 
typique,  de  l'organisme  humain,  peut  au 
contraire  représenter  une  idée  très  juste,  si 
.l'on  ne  veut  en  faire  que  l'expression  des 
faits  bien  constatés.  Un  arrêt  de  développe- 
ment n'est  autre  chose  que  la  permanence 
d'un  état  organique  qui  ne  doit  être  que 
transitoire  chez  les  dérivés  supérieurs  d'un 
même  type. 

C'est  ainsi  qu'après  la  divergence  de  dé- 
veloppement d'où  résulte  la  différenciation 
des  types,  on  voit  des  animaux  appartenant 
à  un  même  groupe  représenter,  dans  une 
portion  de  leur  organisation,  des  états  par 
lesquels  ont  passé  les  animaux  chez  lesquels 
l'organisation  a  atteint  la  perfection  typique 
du  groupe.  Les  Cétacés,  par  exemple,  dont 
les  membres  antérieurs  seuls  se  développent, 
nous  offrent  une  image  de  ce  que  nous  ob- 
servons chez  l'embryon  des  Mammifères  ter- 
restres à  l'époque  où  les  extrémités  pelviennes 
ne  sont  encore  que  tout-à-fait  rudimentai- 
res.  L'indépendance  de  l'olécrâne  ,  consti- 
tuant une  sorte  de  rotule  bronchiale  chez 
certains  Chéiroptères,  est  un  fait  du  même 
ordre,  et  nos  exemples  porteraient  sur  des 
portions  considérables  d'appareil ,  si  nous 
voulions  les  chercher  dans  des  classes  infé- 
rieures dont  le  type  a  été  plus  diversifié.  C'est 
par  une  divergence  dans  le  développement 
que  tous  les  Vertébrés ,  après  avoir  reçu  le 
cachet  de  leur  type  par  l'apparition  de  l'axe 
rachidien  et  de  ses  annexes,  prennent  les 


uns  les  caractères  des  Allantoïdiens,  les  nu« 
très  ceux  des  Anallantoïdiens;  et  que,  parmi 
les  premiers,  les  Mammifères  se  distinguent 
ensuite  par  les  connexions  vasculaires  qui 
s'établissent  entre  la  mère  et  le  fœtus,  pour 
se  diviser  enfin  en  Placentaires  et  en  Apla- 
centaires. 

Cette  distinction  entre  les  Mammifères  à 
parturition  ordinaire  et  les  Marsupiaux,  a 
depuis  longtemps  été  établie  par  M.  de 
Blainville  ,  suivant  la  marche  ordinaire  des 
études  zoologiques,  avec  cette  sûreté  de  vue 
qui  a  conduit  l'illustre  savantà  séparer  aussi 
les  Batraciens  des  Reptiles,  et  à  distinguer 
les  rapports  qui  existèrent  entre  les  Pachy- 
dermes et  les  Cétacés  herbivores.  La  méthode 
embryologique  trouve  la  raison  de  ces  rap- 
ports ou  de  ces  différences  dans  la  marche 
des  phénomènesgénésiques,  dont  ces  affinités 
naturelles  ne  sont  que  la  conséquence. 

Il  se  pourrait  que  les  vésicules  primitives  de 
l'œuf  et  le  placenta  n'eussent  pas  ici  toute  la 
valeur  que  semble  leur  accorder  le  savant  zoo- 
logiste dont  nous  adoptons  la  doctrine,  bien 
que  l'importance  du  rôle  de  ces  organes  et 
la  concordance  qu'ils  offrent  dans  leurs  ca- 
ractères avec  les  autres  considérations  zoo- 
logiques,  soient  des  présomptions  puissantes 
en  faveur  de  l'opinion  que  nous  soutenons  : 
c'est  à  l'embryologie  à  confirmer  ou  à  mo- 
difier ces  prémisses.  Mais  ce  que  nous  es- 
sayons surtout  de  faire  prévaloir,  après 
l'observation  des  faits,  c'est  le  principe  de 
l'existence  primitive  de  types  différents  sur 
lequel  doit  se  fonder  l'édifice  de  nos  métho- 
des, parce  qu'il  conduit  à  la  représentation 
exacte  des  affinités. 

L'application  de  ce  principe,  après  nous 
avoir  montré  qu'il  faut  séparer  les  Mammi- 
fères placentaires  des  Marsupiaux,  nous  a  con- 
duits àétablir  parmi  les  premiers  trois  groupes 
distincts ,  d'après  sa  constitution  de  l'organe 
placentairequi  est  discoïde,  zonaire  ou  diffus. 

En  suivant  la  même  marche,  nous  avons 
connu  deux  groupes  d'un  ordre  inférieur 
dans  le  groupe  des  Mammifères  à  placenta 
discoïde;  le  premier  de  ces  deux  groupes 
comprend  le»  Bimanes  et  les  Quadrumanes: 
le  second  est  composé  des  Chéiroptères,  <!c>s 
Insectivores  et  des  Rongeurs.  La  disparition 
rapide  de  la  vésicule  ombilicale,  l'existence 
de  circonvolutions  au  cerveau  ,  l'ensemble 
du  système  osseux,  de  l'appareil  dentaire, 


720 


MAM 


MAM 


3t  des  nombreuses  particularités  d'organisa- 
tion que  nous  avons  indiquées  en  exami- 
nant chaque  appareil,  suffisent  pour  justi- 
cier la  distinction  du  premier  groupe  dans 
lequel  nous  rapprochons  les  Bimanes  et  les 
Quadrumanes.  Ces  deux  ordres ,  qui  suivent 
une  marché  si  longtemps  semblable  dans  le 
développement  de  leurs  appareils,  pour- 
raient cependant  être  distingués  primitive- 
ment par  leur  placenta ,  que  nous  avons 
nommé  simple  chez  les  premiers ,  bipartit 
chez  les  seconds.  Au  reste,  en  parlant  ici  des 
Quadrumanes,  nous  n'entendons  guère  indi- 
quer que  les  premiers  animaux  de  cet  ordre, 
nous  sommes  loin  de  considérer  ce  groupe 
comme  parfaitement  homogène  et  définiti- 
vement établi  :  nous  avons  même  signalé 
quelques  modifications  nécessaires ,  celles 
qui  ont  rapport  aux  Ouistitis  par  exemple. 
Le  groupe  composé  des  Chéiroptères,  des 
Insectivores  et  des  Rongeurs  ,  est  nettement 
caractérisé  par  la  persistance  de  la  vésicule 
ombilicale ,  la  surface  à  peu  près  lisse  du 
cerveau,  la  composition  de  l'appareil  den- 
taire. En  outre,  il  se  relie  au  groupe  précé- 
dent par  des  caractères  importants ,  dont  les 
principaux  sont,  outre  la  constitution  sem- 
blable du  placenta, un  mode  analogue  d'ar- 
ticulation dans  la  mâchoire  inférieure  ,  la 
présence  générale  d'une  clavicule,  etc.  Par 
la  structure  de  leurs  organes  de  repro- 
duction ,  les  trois  ordres  que  nous  venons 
de  nommer  ont  quelques  points  de  res- 
semblance avec  les  Lémuriens.  Les  Ouis- 
titis, quelle  que  soit  la  place  qu'on  leur  as- 
signe, touchent  aux  Quadrumanes  et  aux 
Insectivores.  Des  Lémuriens  aux  Chauves- 
Souris,  et  des  Quadrumanes  aux  Insecti- 
vores, les  Galéopithèques  établissent  un 
passage  par  l'ensemble  de  leurs  caractères 
extérieurs.  Des  Insectivores  aux  Rongeurs 
une  transition  naturelle  nous  est  offerte  par 
les  Musaraignes  et  les  Rats.  Le  groupe  des 
Mammifères  à  placenta  discoïde  constitue 
donc  un  groupe  naturel,  composé  d'animaux 
entre  lesquels  les  affinités  sont  étroites  et 
directes. 

Deux  groupes  doivent  aussi  être  établis 
dans  le  type  des  Mammifères  à  placenta 
zonaire  :  celui  des  Carnivores  et  celui  des 
Amphibiens.  L'encéphale  de  ces  derniers  ani- 
maux ,  leur  système  dentaire ,  les  modifica- 
tions qu'ont  reçues  leurs  membres,  les  dis- 


tinguent en  effet  des  premiers.  Mais  un  lien 
entre  ces  deux  ordres  nous  est  offert  par  les 
Loutres,  que  leur  système  nerveux,  leur  ap- 
pareil urinaire,  la  forme  de  leur  tête  et  de 
leur  corps,  aussi  bien  que  leurs  habitudes, 
rapprochent  des  Phoques.  Remarquons  aussi 
dans  ce  groupe  la  présence  du  Daman ,  qui 
y  représente  le  type  des  Pachydermes  ap- 
partenant à  la  série  des  Mammifères  à  pla- 
centa diffus,  et  le  type  des  Rongeurs  qui  fait 
partie  de  la  série  des  Mammifères  à  pla-* 
centa  discoïde. 

Dans  le  groupe  des  Mammifères  à  pla- 
centa diffus,  nous  reconnaissons  trois  types 
de  second  ordre  :  le  premier  constitué  par 
les  Pachydermes ,  les  Solipèdes  et  les  Ru- 
minants; le  second  formé  par  les  Cétacés; 
le  troisième  comprenant  les  Édentés.  Les 
animaux  qui  composent  les  deux  premiers 
de  ces  groupes  se  distinguent  des  Édentés 
par  leur  encéphale  plus  développé,  et  par 
leur  cerveau  marqué  de  circonvolutions  nom- 
breuses. Le  groupe  des  Cétacés  est  caracté- 
risé par  l'absence  de  membres  abdominaux 
et  l'imperfection  générale  du  système  os- 
seux. Entre  le  premier  groupe  et  le  second, 
des  rapports  remarquables  sont  établis  par 
les  Siréniens  ou  Cétacés  herbivores.  Les 
Édentés,  que  leur  système  nerveux  sépare 
des  deux  groupes  précédents,  se  rappro- 
chent des  Cétacés  par  l'imperfection  de  leur 
système  dentaire,  l'imperfection  de  leur 
système  osseux,  et  plusieurs  points  de  leur 
organisation.  L'estomac  des  Bradypes  établit 
aussi  quelque  analogie  entre  ces  animaux  et 
les  Ruminants. 

Les  naturalistes  ont,  selon  nous,  atta- 
ché souvent  trop  d'importance  à  certaines 
particularités  du  système  osseux,  qui  éta- 
bliraient quelque  lien  entre  les  Bradypes  et 
les  Quadrumanes.  La  tête  arrondie  de  ces 
animaux,  qui  offre  au  premier  abord  quel- 
que analogie  avec  la  tête  des  Singes,  s'en 
distingue  profondément,  quand  on  étudie  les 
différentes  pièces  osseuses  qui  la  constituent: 
l'imperfection  de  ces  pièces  chez  les  Brady- 
pes est  si  évidente,  que  nous  serions  tentés 
de  considérer  la  face  de  ces  animaux  comme 
une  sorte  d'arrêt  de  développement  dans  la 
formation  de  cette  partie  de  la  tête,  tandis 
que  la  perfection  générale  du  système  osseux 
desQuadrumanes  indique  un  développement 
typique  complet.  Nous  ne  pouvons  non  plus 


MAM 


MAM 


721 


\oir  des  mains  dans  les  extrémités  des  Bra- 
dypes,  auxquelles  des  ongles  puissants  et 
fouisseurs  donnent  un  caractère  tout  spécial 
et  dont  le  pouce  n'est  pas  opposable;  nous 
avons  d'ailleurs  exposé  les  raisons  qui  nous 
portent  à  ne  pas  attacher  à  la  présence  de 
.bras  et  de  mains,  chez  les  animaux,  une  im- 
portance de  premier  ordre.  Nnous  discute- 
rons plus  loin  la  valeur  des  rapports  qui 
existent  entre  les  Singes  et  les  Paresseux. 
L'existence  de  mamelles  pectorales  ne  sau- 
rait constituer  un  autre  point  de  rapproche- 
ment; car  nous  pourrions  invoquer  ce  carac- 
tère comme  l'indice  d'un  rapport  entre  les 
Edentés  et  les  Siréniens. En  un  mot,  il  n'existe 
entre  les  Quadrumanes  et  les  Paresseux 
qu'une  analogie  lointained'organisation,  né- 
cessitée par  des  habitudes  semblables,  les  uns 
et  les  autres  étant  des  animaux  grimpeurs. 

Néanmoins,  sans  sortir  du  groupe  des 
Mammifères  à  placenta  diffus,  nous  con- 
sidérons les  Bradypes  comme  devant  consti- 
tuer, dans  le  groupe  des  Édentés,  un  groupe 
d'un  ordre  inférieur,  celui  des  Tardigrades. 

Quant  aux  affinités  des  trois  grands  grou- 
pes entre  eux,  la  division  des  Mammifères  à 
placenta  discoïde  est  supérieure  aux  deux 
.v.itres,  par  l'ordre  des  Bimanes  et  des  pre- 
miers Singes;  elle  se  place  à  peu  près  de 
niveau  avec  la  division  des  Mammifères  à 
placenta  zonaire,  pour  les  Lémuriens,  les 
Chéiroptères  et  les  Insectivores;  et,  par  les 
Rongeurs,  elle  touche  au  dernier  terme  de 
la  série  des  Mammifères  à  placenta  diffus , 
représenté  par  les  Édentés.  En  outre,  le 
groupe  des  Mammifères  à  placenta  discoïde 
est  plus  éloigné  des  deux  autres  que  ceux- 
ci  ne  le  sont  l'un  de  l'autre.  En  effet,  les 
Amphibiens,  par  leur  système  nerveux,  la 
forme  et  les  circonvolutions  de  leur  cerveau, 
se  rattachent  aux  Cétacés  aussi  bien  que 
par  la  forme  générale  de  leur  corps  et  les 
modifications  analogues  que  leur  organisa- 
tion a  subies  en  raison  du  milieu  où  ils  ha- 
bitent. Ces  Amphibiens  ont  des  points  do 
rapport  avec  les  Carnivores,  qui  se  lient 
eux-mêmes  avec  la  série  formée  par  les  Pa- 
chydermes ,  les  Solipcdcs  et  les  Ruminants. 
Nous  avons  déjà  signalé  la  transition  qu'éta- 
blit le  Daman. 

Nous  ne  pouvons  développer  ici  tous  les 
rapports  que  nous  indiquons;  les  faits  sur 
lesquels  nous  les  appuyons  ont  été  préscu- 
t.  vu. 


lés  et  expliqués  dans  le  courant  de  notre 
article  ,  et  leur  discussion  détaillée  ne  pour- 
rait être  entreprise  que  dans  un  travail  spé- 
cial sur  chaque  ordre.  Notre  but  sera  atteint 
si  nous  avons  fait  comprendre  la  compo- 
sition  de  la  classe  des  Mammifères  ,  ses 
harmonies  et  ses  affinités;  si  nous  avons 
pu  en  même  temps  faire  apprécier  de  quelle 
importance  peuvent  être  pour  la  zoologie 
les  résultats  des  études  embryologiques. 

La  méthode  qu'ont  suivie  les  natura- 
listes dans  le  groupement  des  animaux,  et 
le  principe  de  cette  méthode,  n'ont  pas  tou- 
jours été  les  mêmes,  comme  nous  Talions 
voir  en  parcourant  les  principaux  systèmes 
de  classification  qui  se  sont  succédé  en  mam- 
malogie.  Mais  pour  fixer  le  point  de  départ 
de  ces  systèmes,  et  apprécier  convenable- 
ment leur  valeur,  nous  devons  expliquer 
d'abord  ce  que  nous  entendons  par  termes 
correspondants ,  et  faire  sentir  la  distinction 
profonde  qu'il  faut  établir  entre  les  analo- 
gies et  les  affinités. 

Souvent  deux  animaux  appartenant  à  deux 
types  différents,  après  s'être  engagés  chacun 
dans  la  voie  propre  de  leur  type,  et  avoir 
parcouru  pour  leur  développement  un  cer- 
tain nombre  de  phases  distinctes,  prennent 
ensuite  des  caractères  communs  dans  la 
constitution  d'une  portion  plus  ou  moins 
considérable  d'un  ou  de  plusieurs  de  leurs 
appareils;  ce  sont  ces  caractères  communs 
à  des  types  différents  que  nous  désignons 
sous  le  nom  de  termes  correspondants.  Iso- 
lés ,  et  en  quelque  sorte  étrangers  au  milieu 
des  caractères  primitifs  et  fondamentaux, 
ils  ne  sauraient  altérer  l'empreinte  du  type, 
et  ne  doivent  pas  ,  par  conséquent,  être  pris 
pour  base  de  la  détermination  des  affinités; 
c'est  ce  que  nous  voulons  exprimer,  en  di- 
sant qu'ils  sont  seulement  les  indices  d'a- 
nalogies. Pour  représenter  le  sens  et  la  va- 
leur rie  ces  analogies,  on  peut  en  recon- 
naître trois  catégories  principales. 

Celles  qui  composent  la  première  catégo- 
rie indiquent  un  rôle  physiologique  sem- 
blable, et  dérivent  de  l'application  de  lois 
générales  que  suit  la  nature  quand  elle 
adapte  un  organe  à  une  fonction  détermi- 
née. On  pourrait  distinguer  ces  analogies 
sous  le  nom  d'analogies  physiologiques. 
Toiles  sont  celles  qui  ont  rapport  à  la  cons* 
litution   du  système  dentaire,    concordant 

91 


722 


MAM 


MAM 


avec  un  régime  diatétique  spécial ,  et  à  l'aide 
desquelles  nous  reconnaissons  immédiate- 
ment une  mâchoire  de  frugivore,  d'insec- 
tivore, de  Carnivore,  d'herbivore,  etc.  C'est 
ainsi  que  les  Sarigues,  les  Péramèles,  les 
Dasyures,  qui  font  partie  du  type  des  Mar- 
supiaux ,  ont  un  appareil  dentaire  analogue 
à  celui  des  Insectivores  du  type  des  Mam- 
mifères placentaires;  et  que  les  Phasco- 
lornes,  qui  appartiennent  au  premier  type, 
ont  un  appareil  dentaire  analogue  à  celui 
des  Rongeurs  du  second  type.  L'absence  de 
dents,  et  l'existence  d'une  langue  vermi- 
forme ,  glutineuse,  protractile  chez  le  Ta- 
manoir, l'Oryctérope ,  le  Pangolin  ,  Mammi- 
fères placentaires,  d'une  part,  et  l'Échidné, 
Mammifère  aplacentaire,  de  l'autre,  sont 
aussi  des  analogies  du  même  ordre. 

Dans  la  seconde  catégorie,  nous  plaçons 
les  analogies  qui  reposent  sur  certaines  con- 
ditions extérieures ,  certaines  habitudes  sem- 
blables dans  l'existence  des  animaux  ;  nous 
les  nommons,  en  conséquence,  analogies 
biologiques.  Parmi  ces  analogies  ,  il  en  est 
qui  dépendent  du  milieu  dans  lequel  vit  l'a- 
nimal. Ainsi ,  l'appareil  sternal  des  Chauves- 
Souris  rappelle  par  sa  disposition  le  type 
ornithologique;  l'élongation  du  corps,  et 
l'appropriation  des  membres  à  la  natation 
chez  les  Amphibiens,  Mammifères  à  pla- 
centa zonaire,  et  les  Cétacés,  Mammifères 
à  placenta  diffus ,  parmi  lesquels  plusieurs 
même  portent  une  nageoire  dorsale,  sont 
des  caractères  qui  touchent  au  type  ichtbyo- 
logique.  11  faut  encore  rapprocher  de  ces 
analogies  qu'expliquent  la  nature  du  milieu 
dans  lequel  l'animal  est  destiné  à  vivre,  les 
pieds  palmés  des  Castors ,  des  Loutres,  des 
Oçnithorhynques ,  Mammifères-de  types  dif- 
férents, comme  l'on  sait.  D'autres  analo- 
gies biologiques  tiennent  au  mode  de  pro- 
gression des  animaux;  telle  est  l'existence 
d'une  main  plus  ou  moins  complète,  qui, 
comme  nous  l'avons  déjà  dit,  n'implique 
aucune  prérogative  intellectuelle,  mais  in- 
dique seulement  un  animal  grimpeur;  les 
Singes,  l'Aye-Aye  (Cheiromys),  les  Bra- 
dypes,  les  Sarigues,  appartenant  à  des  ty- 
pes différents ,  nous  en  offrent  des  exem- 
ples. Telle  est  aussi  la  disproportion  entre 
les  membres  antérieurs  et  les  membres  ab- 
dominaux, que  nous  observons  chez  les  ani- 
maux sauteurs ,  chez  la  Gerboise  et  le  Kan- 


guroo,  par  exemple.  Telle  est  enfin  l'exis- 
tence d'une  sorte  de  parachute  fermé  par 
une  extension  de  la  peau  des  flancs  chez  les 
Galéopilhèques ,  les'Polatouches ,  les  Pha- 
langers.  Nous  signalerons  encore  une  troi- 
sième sorte  d'analogies  biologiques,  celles 
qui  résultent  d'une  ressemblance  dans  cer- 
taines particularités  de  mœurs.  Ainsi,  les 
animaux  nocturnes  ont,  en  général,  les 
yeux  très  grands  et  les  conques  auditives 
très  développées;  ainsi,  l'Échidné,  comme 
beaucoup  d'Insectivores,  possède  des  ongles 
propres  à  creuser  la  terre;  l'Ornithorhynque 
présente  des  abajoues  profondes,  comme 
beaucoup  de  Singes  de  l'ancien  continent, 
et  beaucoup  de  Rongeurs;  l'Échidné,  aussi 
bien  que  le  Hérisson  et  le  Tenrec,  a  le  corps 
armé  de  piquants,  et  ces  animaux  peu- 
vent sepeletonner  plus  ou  moins  complète- 
ment, etc. 

La  troisième  catégorie  d'analogies  se  com- 
pose de  celles  pour  lesquelles  nous  n'en- 
trevoyons aujourd'hui  aucune  espèce  d'ex- 
plication, et  que  nous  appellerons  indéter- 
minées. Nous  en  trouvons  des  exemples  dans 
les  poches  stomacales  mukiples  que  nous 
présentent  beaucoup  de  Rongeurs  et-  de  Pa- 
chydermes ,  les  Ruminants,  les  Cétacés  or- 
dinaires, les  Tardigrades  ;  dans  l'estomac 
boursouflé  et  multiloculaire  des  Semnopi- 
thèques  etdes  Kanguroos;  dans  la  structure 
des  dents  de  l'Oryctérope,  qui  rappelle  celle 
des  dents  des  Poissons;  dans  la  double  cla- 
vicule et  le  bec  de  l'Ornithorhynque,  qui 
rappellent  le  type  ornithologique,  etc. 

La  différence  essentielle  qui  existe  entre 
les  analogies  et  les  affinités  ,  consiste  donc, 
on  le  voit,  en  ce  que  celles-ci  reposent  sur 
des  caractères  typiques  fondamentaux  qui 
impriment  un  sceau  spécial  à  toute  ^orga- 
nisation de  l'être,  et  constituent,  en  quel- 
que sorte,  un  fond  invariable  et  permanent 
dans  son  ensemble;  tandis  que  les  analo- 
gies résultent  de  certaines  modifications  plus 
ou  moins  individuelles,  qui  peuvent  mas- 
quer, mais  non  changer  le  type,  et  qui  ont 
leur  cause  dans  l'application  de  certaines 
lois  générales  que  s'est  imposée  la  nature 
pour  opérer  ces  modifications.  S'il  nous  était 
permis  d'exagérer  l'expression  de  notre  pen- 
sée pour  en  mieux  faire  saisir  le  sens,  nous 
dirions  que  les  affinités ,  les  types  ,  sont  des 
créations  primordiales  que  la  nature  s'est 


MAM 


MAM 


723 


inierdit  d'altérer,  mais  qu'elle  s'est  réservé 
d'approprier,  suivant  son  caprice,  à  certains 
besoins  dont  elle-même  a  fixé  les  conditions. 

Des  trois  classes  d'analogies  que  nous  ve- 
nons de  nommer,  celle  des  analogies  phy- 
siologiques est  la  première  par  son  impor- 
tance, puisque  les  nécessités  d'une  fonction 
aussi  essentielle  que  l'est  celle  de  la  nutri- 
tion,  par  exemple,  exigent  un  certain  con- 
cours d'organes  d'où  résulte  un  ensemble 
défini.  Les  faits  sur  lesquels  reposent  les  af- 
finités biologiques  sont  ceux  d'où  dépend  la 
forme  du  corps  ;  et  l'on  peut  juger,  par  la  va- 
leur même  de  ces  faits,  de  la  valeur  des  dé- 
terminations que  les  naturalistes  ont  fondées 
exclusivement  sur  l'étude  de  la  forme  exté- 
rieure. Cependant,  c'est  précisément  en  pre- 
nant pour  point  de  départ  ces  caractères  de 
moindre  valeur  que  la  science  des  classifi- 
cations a  débuté  ,  et  cette  marche  était  né- 
lessaire  :  la  connaissance  de  l'organisation 
des  animaux  ne  pouvant  être  acquise  que 
progressivement,  celle  de  leurs  rapports  ne 
devait  être  entrevue  que  lorsque  la  science 
aurait  fait  naître  la  critique. 

Aristote,  qu'on  a  coutume  d'appeler  le 
Père  de  l'Histoire  Naturelle,  sanscompreuiire 
peut-être  tout  ce  que  ce  titre  a  de  légitime, 
distinguesousle  nom  de  Vivipares  la  plupart 
des  animaux  que  Linné  a  plus  tard  appelés 
Mammifères.  Toutefois  la  classification  du 
philosophe  grec  ne  caractérise  pas  ces  ani- 
maux avec  toute  l'autorité  de  la  classification 
du  naturaliste  suédois;  elle  repose  sur  l'ob- 
servation d'analogies  biologiques  ou  physio- 
logiques non  justifiées  en  principe;  elle  est 
plutôt  un  pressentiment  du  génie  qu'un  ré- 
sultat de  la  science.  Tirant  ses  premières 
divi>ionsdela  forme  des  animaux,  du  nombre 
des  organes  de  locomotion,  Aristote  établit 
les  deux  grands  groupes  des  Tétrapodes  et  des 
Apodes.  Le  dernier  comprend,  sous  le  nom 
de  Baleines  (Kêloda),  les  Mammifères  ap- 
pelés depuis  Cétacés;  le  premier  se  subdi- 
vise lui  même  en  deux  groupes,  fondés  sur 
les  modifications  que  les  membres  présen- 
tent dans  la  plus  ou  moins  grande  liberté 
de  leur  action.  Dans  l'un  de  ces  groupes, 
les  doigts  sont  indépendants  l'un  de  l'autre, 
et  armés  d'ongles  ou  dégriffés  ;  dans  l'autre, 
les  doigts  sont  enfermés  dans  un  sabot.  Le 
premier  de  ces  deux  groupes  secondaires 
comprend  trois  familles ,  dont  les  caractères 


sont  tirés  du  système  dentaire.  Dans  la  pre- 
mière, les  dents  de  devant  ont  un  bord 
tranchant,  et  les  dents  de  derrière  une  sur- 
face élargie,  triturante  comme  dans  les  Singes 
{Pithecoïda)  et  les  Cbauves-Souris  (Der~ 
moptera);  dans  la  seconde,  les  dents  sont 
pointues,  et  propres  à  manger  de  la  chair, 
et  les  ongles  acérés;  lesanimaux  qu'elleren- 
ferme  reçoivent  en  conséquence  les  noms 
de  Karcharodonta  (dents  aiguës),  et  de 
G  a  mpsonucha  (ongles  crochus).  Les  animaux 
qui  forment  la  troisième  famille  correspon- 
dent à  nos  Rongeurs,  et  sont  caractérisés 
par  l'absence  de  canines.  Quant  au  grand 
groupe  des  animaux  à  sabots,  c'est  encore 
par  des  considérations  tirées  des  membres 
qu'Aristote  le  subdivise  en  trois  familles: 
celles  des  animaux  à  plusieurs  sabots  (  Polys- 
chidai),  comme  l'Éléphant;  celle  des  ani- 
maux à  deux  sabots  (Bischidai) ,  qui  com- 
prend les  Ruminants  (Merykozonla);  et 
celle  des  animaux  à  un  sabot,  ou  solipèdes 
(Aschidai),  comme  le  Cheval. 

Bien  qu'établie  sur  des  caractères  tout-à- 
fait  extérieurs,  on  voit  que  cette  classification 
d'Aristote  a  saisi  quelques  rapports  fort  re- 
marquables. Elle  réunit  certaines  familles 
naturelles ,  bien  qu'elle  ne  les  détermine  pas 
rigoureusement  et  n'en  marque  pas  les  har- 
monies :  elle  place,  à  quelques  égards,  les 
Chauves-Souris  à  côté  des  Singes,  les  Baleines 
auprès  des  quadrupèdes  vivipares,  bien 
qu'elle  se  laisse  encore  guider  par  les  ana- 
logies superficielles  qui  ont  fait  longtemps 
assimiler  les  premières  aux  Oiseaux,  et  les 
secondes  aux  Poissons.  Depuis  Aristote,  on 
a  défini  le  type  Mammifère,  mieux  li- 
mité et  déterminé  les  groupes  qu'il  con- 
tient; a-t-on  toujours  apporté  autant  de 
critique  dans  l'examen  des  animaux  nou- 
vaux  qui  n'avaient  pu  être  connus  du  natu- 
raliste grec?  A-t-on  déplacé  notablement  la 
base  des  groupements  de  second  ordre?  A-t- 
on rapporté  à  Aristote  les  emprunts  qu'on 
lui  a  faits?  N'a-t-on  pas  même  quelquefois 
abandonné  ses  traces  pour  s'engager  dans 
des  routes  beaucoup  moins  scientifiques? 

Gesner,  surnommé  le  restaurateur  de 
l'histoire  naturelle,  donna,  après  la  renais- 
sance des  lettres ,  le  premier  essai  de  Mam- 
malogic  (lool),  recueil  érudit  de  faits 
classés  alphabétiquement ,  où  les  animaux 
sont  réunis  en  groupes  qui   représentent 


724 


IMAM 


MAM 


grossièrement  des  familles  ou  des  genres. 
Aldrovande  (1616-1637)  travailla  ,  dans  son 
tabinet ,  à  une  classification  qui  reproduit  en 
partie  celle  d'Aristote,  et  qui  tombe  dans  des 
erreurs  qu'avait  évitées  le  naturaliste  grec, 
en  étudiant  sur  la  nature;  c'est  ainsi  qu'Al- 
drovande  considère  l'Éléphant  comme  un  So- 
lipèdc.  Il  faut  laisser  derrière  nous  les  tra- 
vaux deJonston  (1652),  et  ceux  de  Carleton 
(1668),  pour  arriver  à  un  ouvrage  scienti- 
fique et  vraiment  remarquable,  le  Synopsis 
Methodi  Anim.  Quadrupedum  et  Serpcntini 
generis  de  Jean  Ray  (1693). 

Comme  clas^ificateur,  Jean  Ray  est  le 
disciple  d'Aristote;  comme  zoologiste,  il 
ouvre  une  ère  nouvelle,  en  cherchant  dans 
l'étude  de  l'organisation  la  raison  des  rap- 
ports qu'il  établit.  Ray,  comme  Aristote, 
reconnaît  de  prime  abord  les  Vivipares  et 
les]  Ovipares;  mais,  mieux  que  son  maître, 
il  distingue  chez  les  premiers  une  respiration 
pulmonaire  et  un  cœur  à  double  ventricule. 
Puis,  prenant  en  considération  la  nature 
du  milieu  dans  lequel  vivent  les  animaux, 
il  divise  ces  Vivipares  en  deux  catégories  :  les 
aquatiques,  et  les  terrestres  ou  quadrupèdes. 
Ces  Quadrupèdes  vivipares,  à  respiration 
pulmonaire,  à  cœur  double,  il  les  distingue 
encore  par  l'existence  de  poils  ;  caractère  que 
Linné  mettra  plus  en  relief  en  l'opposant  au 
caractère  des  téguments  chez  les  autres  Ver- 
tébrés ,  et  que  M.  de  Blainville  traduira  plus 
tard  par  le  mot  de  Pilifères.  Empruntant  la 
base  de  sa  classification  à  Aristote,  Ray  di- 
vise les  Quadrupèdes  en  deux  groupes  :  les 
Ungulés,  qui  ont  des  sabots  ,  et  les  Ungui- 
culés,  qui  ont  des  ongles.  11  subdivise  les 
premiers  en  trois  sections  :  1°  celle  des  So- 
lipèdes,  comme  le  Cheval,  l'Ane;  2°  celle 
des  Bisulces ,  ou  pieds  fourchus,  parmi  les- 
quels il  distingue  ceux  qui  ruminent  et  qui 
ont  des  cornes  persistantes  ,  comme  le  Bœuf, 
le  Mouton  ,  ou  des  cornes  caduques ,  comme 
le  Cerf,  et  ceux  qui  ne  ruminent  pas ,  comme 
le  Cochon;  3°  enfin  celle  des  Quadrisulces, 
ou  animaux  dont  le  pied  est  divisé  en  plus 
de  deux  parties,  comme  le  Rhinocéros, 
l'Hippopotame.  LesUnguiculés  forment  deux 
sections,  '•elle  des  animaux  à  pied  biGde, 
comme  le  Chameau  ,  et  celle  des  animaux  à 
pied  multifide,  ou  Fissipèdes.  Chez  ces  der- 
niers, les  doigts  sont  adhérents  et  recouverts 
par  les  téguments  communs,  comme  chez 


les  Éléphants,  ou  bien  les  doigts  sont  plus 
ou  moins  distincts  et  séparables.  Dans  les 
animaux  de  cette  dernière  catégorie  ,  les  on- 
gles sont  déprimés,'  c'est-à-dire  larges  et 
plats,  comme  chez  les  Singes,  ou  compri- 
més, c'est-à-dire  étroits  et  pointus;  et  les 
animaux  qui  offrent  ce  dernier  caractère  ont 
deux  dents  incisives,  très  grandes,  comme 
le  Lièvre,  ou  des  dents  incisives  nombreuses. 
Ces  derniers ,  qui  sont  des  animaux  carni- 
vores, insectivores,  ou  dont  la  nourriture 
se  compose  à  la  fois  d'insectes  et  d'autres 
matières,  forment  deux  catégories  :  ceux  qui 
ont  une  petite  taille,  le  corps  long  et  les 
extrémités  courtes,  comme  les  Belettes  et 
la  tribu  des  Vermiformes;  et  ceux  qui  ont 
une  plus  grande  taille ,  parmi  lesquels  on  en 
distingue  à  museau  court,  comme  \esFclis, 
et  à  museau  long,  comme  les  Chiens.  La 
grande  section  des  Fissipèdes  comprend  en- 
fin les  quadrupèdes  Anomaux,  le  Hérisson, 
le  Tatou,  la  Taupe,  la  Musaraigne,  le 
Tamandua,  la  Chauve-Souris  et  le  Pares- 
seux. Les  cinq  premières  espèces  ont  quelques 
rapports  avec  les  Chiens  et  les  Vermiformes 
par  leur  museau  plus  allongé;  mais  ils  en 
diffèrent  par  la  disposition  de  leurs  dents, 
dont  le  Tamandua  est  tout-à-fait  privé  ;  les 
deux  dernières  espèces,  au  contraire,  ont 
le  museau  court. 

La  classification  de  Jean  Ray  repose  donc, 
comme  on  le  voit,  sur  des  analogies  tout- 
à-fait  extérieures  et  de  l'ordre  de  celles  que 
nous  avons  appelées  biologiques  ;  ce  n'est 
qu'après  avoir  épuisé  toutes  les  ressources 
que  la  forme  des  membres  lui  présente  qu'il 
cherche  des  caractères  dans  le  système  den- 
taire, pour  revenir  ensuite  à  la  forme  du 
corps  et  du  museau.  Cependant  les  essais 
de  Ray  pour  définir  l'organisation  des  Qua- 
drupèdes indiquent  une  voie  nouvelle,  dans 
laquelle  Linné  va  engager  la  science  avec 
lui.  C'est  en  1735  que  paraît  la  première 
édition  du  Systema  Naturœ  ;  dans  treize  édi- 
tions successives,  dont  la  dernière  parut  en 
1767,  Linné  détermine  et  subdivise  de  plus 
en  plus  les  genres  qu'il  a  établis  ou  em- 
pruntés à  Ray,  en  fondant  ses  détermina- 
tions sur  la  considération  d'un  plus  grand 
nombre  d'organes  que  ne  l'avait  fait  le  na- 
turaliste anglais.  La  forme  exacte  qu'il 
donne  à  l'étude  des  animaux,  la  précision  , 
l'exactitude  de  sa  méthode,  et  surtout  la 


MAM 


MARI 


7-25 


langue  nouvelle  qu'il  applique  à  une  ne- 
menclature  claire  ,  sont  des  litres  qui  im- 
mortaliseront le  génie  de  T. inné.  Supérieur  à 
tous  les  naturalistes  qui  l'ont  précédé  par  la 
merveilleuse  intelligence  des  rapports  des 
êtres,  Linné,  par  la  netteté  de  ses  vues  et 
la  rigueur  de  sa  formule,  arriva  à  un  dog- 
matisme qu'on  lui  a  reproché  à  tort,  parce 
qu'il  contribua  puissamment  aux  progrès 
des  sciences  naturelles  en  constatant  les  ré- 
sultats acquis  et  en  fixant  un  point  de  dé- 
part pour  les  progrès  à  faire.  Toutefois  la 
classification  de  Linné  est  arbitraire  et  ne 
s'éclaire  guère  que  des  analogies  extérieures  ; 
il  place  encore  les  Cétacés  parmi  les  Pois- 
sons, et,  abandonnant  les  traces  d'Aristote 
pour  suivre  Jean  Ray,  il  considère  l'Eléphant 
comme  un  unguiculé.  Plus  tard  cependant, 
à  la  suite  de  Bernard  de  Jussieu  et  de  Bris- 
son  ,  il  reconnaît  les  affinités  des  Cétacés, 
puis,  les  réunissant  aux  Quadrupèdes  de 
Ray,  il  fonde  et  définit  la  classe  des  Mammi- 
fères; et  c'est  là  sans  doute  un  des  résultats 
les  plus  scientifiques  et  les  plus  glorieux 
qu'ait  obtenus  l'illustre  Suédois.  Il  faut  re- 
connaître aussi  qu'après  avoir  employé  les 
caractères  fournis  par  les  membres,  il  prend 
de  suite  en  considération  le  système  den- 
taire, c'est-à-dire  des  analogies  d'un  ordre 
supérieur,  des  analogies  physiologiques  ,  et 
que  cette  méthode  le  conduit  à  établir  sept 
ordres  que  les  travaux  modernes  ont  peu 
modiGés,  mais  qu'ils  ont  mieux  déterminés, 
mieux  justifiés  et  mieux  coordonnés. 

Linné  reconnaît  trois  grandes  divisions 
dans  la  classe  des  Mammifères  :  les  Ibgui- 
culés,  les  Ungulés  et  les  Mammifères  piaci- 
formes.  Quatre  ordres  distingués  par  leurs 
incisives  composent  les  Unguiculés  ;  ce  sont: 
les  Primates  ,  qui  ont  quatre  incisives  à  cha- 
que mâchoire;  les  Brutœ,  qui  n'en  ont  pas; 
les  Fcrœ,  dont  les  dents  incisives,  coniques, 
font  au  nombre  de  deux,  de  six  ou  de  dix 
à  chaque  mâchoire,  et  les  G  lires ,  qui  ont  à 
chaque  mâchoire  deux  incisives  seulement. 
Li's  Ungulés  comprennent  deux  ordres  :  les 
Pecora  ,  qui  n'ont  point  d'incisives  à  la  mâ- 
choire supérieure,  et  les  Belluœ,  qui  en  ont 
aux  deux  mâchoires.  La  troisième  division 
des  Mammifères  est  formée  par  les  Céta- 
cés (Cete).  Quarante  genres  sont  répartis 
entre  ces  sept  ordres,  cl  dans  la  distinction 
de  quelques  uns  on  retrouve  encore  le  génie 


du  législateur  des  sciences  naturelles  ;  nous 
citerons  seulement  le  genre  Simia  et  le 
genre  Lemur ,  dont  les  observateurs  ont  de- 
puis fait  deux  familles  de  l'ordre  des  Pri- 
mates. 

Frappé  de  l'arbitraire  des  principes  sur 
lesquels  est  fondée  la  classification  de  Linné, 
et  ne  croyant  guère  à  la  sincérité  de  ces 
rapports  que  l'on  découvre  à  la  première 
vue,  Buflon  ne  chercha  pas  à  perfectionner 
la  méthode,  et  n'adopta  ni  plan  ni  nomen- 
clature. Dans  son  Histoire  naturelle  des  Qua- 
drupèdes (1749),  il  oppose,  en  quelque  sorte, 
la  richesse  des  faits  à  la  sécheresse  de  la  dé- 
termination spécifique,  la  magnificence  des 
descriptions  à  la  précision  systématique,  et 
sa  langue  ,  abondante  et  brillante,  le  rend 
aussi  populaire  en  France  que  la  langue  so- 
bre et  exacte  de  Linné  avait  rendu  populaires 
en  Europe  les  principes  du  Systema.  Consi- 
déré d'abord  comme  un  grand  écrivain  plu- 
tôt que  comme  un  grand  naturaliste,  Buf- 
fon  a  cependant  rendu  à  la  science  d'im- 
menses services  en  appelant  les  esprits  à  la 
méditation  de  ses  grandes  vues  philosophi- 
ques, et  en  attirant  à  l'étude  approfondie  des 
êtres  par  l'attrait  des  tableaux  de  leur  his- 
toire et  de  leurs  mœurs.  D'ailleurs,  â  côté  de 
la  partie  en  quelque  sorte  littéraire  de  son 
histoire,  il  a  donné  place  aux  descriptions  de 
Daubenton  ,  si  précises  et  si  exactes  ,  mais 
trop  isolées  et  n'appréciant  aucun  rapport. 

C'est  presque  uniquement  sous  l'influence 
de  Linné  et  de  Buffon  que  furent  entrepris 
tous  les  travaux  qui  se  succèdent  en  mam- 
malogic  ,  jusqu'au  moment  où  apparaît  Cu- 
vier.  Mais  avant  d'exposer  la  classification 
de  notre  illustre  zoologiste ,  citons  cepen- 
dant quelques  uns  des  ouvrages  les  plus  re- 
marquables de  cette  époque  intermédiaire. 

Brisson ,  dans  sa  Distribution  du  Règne 
animal  en  neuf  classes  (17 56),  et  Klein,  dan; 
son  Quadrupedum  disquisilio  brevisque  histo- 
ria  naturalis  (1751),  se  rapprochent  plus  ou 
moins  de  Linné,  mais  choisissent  des  carac- 
tères encore  plus  artificiels  ;  Brisson  cepen- 
dant accorde  une  importance  prépondérante 
aux  dents,  dont  les  diverses  modifications 
lui  fournissent  les  combinaisons  principales 
de  sa  méthode.  Le  Systema  Regni  animalis 
d'ErxIeben  (1777)  n'est  qu'une  nouvelle 
édition  du  Systema  de  Linné.  Le  Prodromns 
methodi  Animalium  dcStorr  (1780),  et  VE~ 


726 


MAM 


IMAM 


lenchus  animalium  de  Boddacrt  (i785j,  t«- 
produisent  les  principaux  ordres  de  Linné,  et 
les  rattachent  à  peu  près  aux  mêmes  divi- 
sions générales.  Gmelin  revoit  une  édition 
du  Systema  natures  (1788)  ;  Vicq -d'Azyr 
donne  ,  dans  le  Système  anatomiquè  des 
Quadrupèdes  (1792),  une  classification  pres- 
que linnéenne,  due  à  Daubenton  ;  et  Blu- 
menbach  ,  dans  son  Manuel  d'Histoire  natu- 
relle (1796),  ne  fait  guère  qu'ajouter  trois 
ordres  aux  sept  ordres  du  Systema  de  Linné. 
Allamand  ,  Vosmaër,  Bernardin  de  Saint- 
Pierre  suivent  de  loin  les  traces  de  Buffon. 
Pallas  seul  cherche  à  fonder  les  rapports  des 
animaux  sur  l'étude  de  l'anatomie;  recon- 
naît les  affinités  de  beaucoup  de  Mammi- 
fères ,  et  entre  autres  celles  des  Insectivores 
avec  les  Chéiroptères  et  les  Quadrumanes  , 
bien  qu'il  emploie  en  général  la  nomencla- 
ture de  Linné,  légèrement  modifiée.  Les 
travaux  anatomiques ,  de  plus  en  plus  nom- 
breux, conduisirent  ainsi  peu  à  peu  à  mieux 
reconnaître  les  liens  véritables  qui  existent 
entre  les  animaux  ,  et  la  coordination  systé- 
matique de  ces  observations  multipliées  fut 
tentée  par  Cuvier  à  l'aide  du  principe  de  la 
subordination  des  caractères. 

Ce  fut  en  1797  que  Cuvier  et  Geoffroy 
publièrent  une  nouvelle  classification  de 
Mammifères ,  en  adoptant  les  trois  divisions 
de  Linné  :  les  Unguiculés,  les  Unguléset  les 
espèces  dont  les  pieds  sont  en  nageoires.  Ces 
grands  embranchements  étaient  subdivisés 
en  quatre  ordres,  dont  nous  donnerons  ici 
les  noms  seulement,  sans  en  donner  la  ca- 
ractéristique ,  parce  qu'ils  ont  été  à  peu  près 
conservés  comme  ordres  ou  comme  familles, 
et  qu'on  en  trouvera  la  détermination  dans 
ce  Dictionnaire  à  l'article  consacré  à  chacun 
d'eux.  Les  Unguiculés  comprenaient  neuf 
ordres  :  les  Quadrumanes,  les  Chéiroptères, 
les  Plantigrades,  les  Pédimanes,  les  Ver- 
miformes  ,  les  Bêtes  féroces,  les  Rongeurs  , 
les  Édcntés ,  et  les  Tardigrades;  les  TJngulés 
se  composaient  de  trois  ordres  :  les  Pachy- 
dermes ,  les  Ruminants  et  les  Solipèdes  ;  les 
Mammifères  dont  les  pieds  sont  en  nageoires 
formaient  deux  ordres  :  les  Amphibies  et  les 
Cétacés.  C'est  principalement  sur  la  nature 
des  dents  etr  les  modifications  des  membres 
qwe  ces  coupes  sont  établies  ;  elles  sont  pour 
la  plupart  naturelles ,  mais  on  voit  qu'elles 
replient  encore  sur  des  analogies  lointaines, 


et  que  la  base  première  de  la  classification, 
fondée  sur  la  forme  des  extrémités,  conduit 
à  méconnaître  les  affinités  des  Amphibies 
avec  les  Carnivores  $  qui  ne  seront  même 
nettement  distingués  que  plus  tard  par  Cu- 
vier. En  effet,  Geoffroy  abandonne  alors  les 
travaux  de  méthode  pour  se  livrer  exclusi- 
vement aux  études  monographiques  et  è 
celle  des  lois  générales  qui  ont  présidé  à  la 
création  zoologique. 

Dans  son  Tableau  d'Histoire  naturelle 
(1798)  Cuvier  supprime  l'ordre  des  Vermi- 
formes ,  considère  les  Chéiroptères,  les  Plan- 
tigrades et  lesPédimanes  comme  des  subdivi- 
sions d'un  seul  ordre,  celui  des  Carnassiers, 
et  réunit  les  Tardigrades  aux  Édentés.  Son 
Anatomie  comparée ,  et  plus  tard  son  Règne 
Animal  (1817),  indiquent  encore  d'autres 
modifications.  C'est  dans  ce  dernier  ouvrage 
qu'il  supprime  la  tribu  des  Pédimanes,  di- 
vise ses  Carnassiers  en  Chéiroptères,  Insec- 
tivores, Carnivores  et  Marsupiaux  ;  et  réunit 
les  Solipèdes  aux  Pachydermes,  comme 
l'avait  indiqué  Linné. 

Dans  la  famille  des  Marsupiaux,  l'auteur 
comprend  les  Mammifères  à  bourse,  c'est- 
à-dire  la  tribu  supprimée  des  Pédimanes  et 
d'autres  animaux  qui  avaient  été  placés 
dans  l'ordre  des  Rongeurs.  L'Homme  forme 
Tordre  des  Bimanes.  Ainsi  les  huit  ordres 
qui  composent  la  méthode  de  Cuvier  cor- 
respondent en  général  à  ceux  qu'avait  ad- 
mis Linné,  et  sont  établis  à  peu  près  sur 
la  même  base.  Cependant  Cuvier  saisit  les 
affinités  des  animaux  beaucoup  mieux  que 
ne  l'avait  fait  Linné,  et  c'est  le  choix  de 
ses  signes  représentatifs  qu'il  faut  blâmer, 
plutôt  que  la  valeur  même  qu'il  leur  attri- 
bue. Les  analogies  sur  lesquelles  se  fonde 
l'expression  de  ces  affinités  empêchèrent 
néanmoins  Cuvier  de  reconnaître  parmi  l«s 
Mammifères  le  type  des  Marsupiaux  ;  c'est  à 
M.  de  Blainville  qu'appartient  L'honneur  de 
cette  détermination  scientifique,  que  Cuvier 
adopta  dans  la  suite. 

Dans  un  Prodrome  d'une  nouvelle  distri- 
bution systématique  du  Règne  animal ,  et 
dans  son  Traité  de  l'organisation  des  ani- 
maux,  le  savant  distingué  que  nous  ve- 
nons de  nommer  divise  les  Mammifères  en 
deux  sous-classes  :  les  Monodelphes  et  les 
Didelphes.  Les  Monodelphes  renferment  sept 
ordres  :  L'Homme  ;  —  les  Quadrumanes;  — 


MAM 


MAM 


727 


les  Carnassiers;  —  les  Edentés;  —  les  Ron- 
geurs ou  Célérigrades;  —  les  Gravigrades 
ou  Bidentés,  —  et  les  Ongulogrades.  Le 
huitième  ordre  est  composé  des  Didelphes. 
Dans  chacun  de  ces  ordres,  l'auteur  recon- 
naît des  animaux  normaux  et  des  animaux 
anomaux.  Ces  subdivisions  devront  être  in- 
diquées dans  les  articles  destinés  à  expli- 
quer chacune  des  dénominations  que  nous 
venons  de  faire  connaître. 

Les  auteurs  systématiques  dont  nous 
pourrions  maintenant  citer  les  noms,  ont 
ious  adopté ,  et  plus  ou  moins  modifié ,  Tune 
ou  l'autre  des  classifications  de  Guvier,  ou 
bien  ont  essayé  de  concilier  la  méthode  de 
Cuvier  avec  celle  de  M.  de  Blainville.  Nous 
mentionnerons  cependant  Fr.  Cuvier  et  La- 
treille.  La  classification  du  premier  peut 
être  citée  comme  un  exemple  de  l'abus  dans 
l'emploi  d'un  caractère  considéré  comme 
dominateur;  pour  Fr.  Cuvier,  ce  caractère 
est  pris  dans  le  système  dentaire.  Il  divise 
les  Marsupiaux  en  insectivores  et  en  fru- 
givores, sans  cependant  les  éloigner  des  Car- 
nassiers et  des  Rongeurs  ;  Latreille  considère 
les  Chéiroptères  comme  devant  former  un 
ordre  intermédiaireà  celui  des  Quadrumanes 
et  des  Carnassiers.  A  l'exemple  de  Geoffroy, 
Latreille  sépare  les  Monotrèmes  des  Édentés 
et  en  fait  une  classe  à  part.  Nous  nommerons 
encore  Illiger,  dont  le  Prodromus  systematis 
Mammalium  (1811)  contient  beaucoup  plus 
de  mots  nouveaux  que  de  faits  ou  de  vues 
importantes,  et  Oken,  qui  considère  le  Règne 
animal  comme  s'étant  développé  dans  le 
même  ordre  que  les  organes  du  corps  ,  et  se 
rapproche  ainsi,  au  point  de  vue  philosophi- 
que, delà  théorie  des  représentations  évolu- 
tives qu'il  exagère  beaucoup. 

La  dernière  classification  dont  nous  de- 
vons parler  est  celle  de  M.  Isidore  Geoffroy- 
Saint-Hilaire,  publiée  en  1845,  la  plus 
complète  de  celles  qui  ont  été  proposées  jus- 
qu'ici. Comme  Aristote ,  M.  Isidore  Geoffroy 
fonde  sa  première  subdivision  des  Mammi- 
fères sur  le  nombre  des  membres,  et  dis- 
tingue ainsi  les  Quadrupèdes  et  les  Bipèdes; 
les  premiers  ayant  un  bassin  bien  déve- 
loppé, les  seconds  ayant  un  bassin  rudi- 
mentaire  ou  nul.  Avec  la  plupart  des  Mam- 
malogistes  contemporains,  il  admet  ensuite, 
parmi  les  Quadrupèdes,  les  deux  groupes  des 
Monodelphes  et  des  Didelphes,  dont  il  trouve 


le  caractère  distinctif  dans  la  présence  ou 
dans  l'absence  des  os  marsupiaux.  Les  or- 
dres, les  tribus,  les  familles  établies  dan» 
chacun  de  ces  grands  groupes ,  sont  ensuite 
caractérisés  d'après  le  système  dentaire,  les 
modifications  que  présentent  les  extrémités, 
la  forme  du  corps ,  et  toutes  les  particulari- 
tés extérieures.  L'économie  de  cette  classi- 
fication remarquable  sera  facilement  saisie 
à  l'aide  du  tableau  que  nous  donnons  ci- 
après;  nous  essaierons  seulement  ici  de 
faire  comprendre  le  principe  philosophique 
qui  sert  de  fondement  aux  modifications 
essentielles  introduites  par  Fauteur,  et  que 
nous  voudrions  mettre  en  relief  à  l'aide  de 
moyens  graphiques,  si  la  dimension  du  for- 
mat de  cet  ouvrage  nous  le  permettait.  Ce 
principe  est  le  Parallélisme  des  organisa- 
tions, et  M.  Isidore  Geoffroy  donne  lui-même 
à  son  système  le  nom  de  Classification  paraïlé- 
lique.  Appliqué  aux  deux  divisions  secondaires 
des  Mammifères  sans  os  marsupiaux ,  et  des 
Mammifères  avec  os  marsupiaux ,  ce  prin- 
cipe nous  présente  les  premiers  d'une  part 
et  les  seconds  de  l'autre,  comme  se  déve- 
loppant les  uns  à  côté  des  autres ,  et  subis- 
sant dans  leur  organisation  des  modifica- 
tions de  même  nature,  portant  sur  les  mê- 
mes organes,  principalement  sur  le  système 
dentaire;  en  un  mot,  des  modifications  pa- 
rallèles. Appliqué  aux  deux  grands  groupes 
des  Quadrupèdes  et  des  Bipèdes ,  le  même 
principe  nous  montre  ces  animaux  marchant 
à  côté  les  uns  des  autres,  de  sorte  que  la  classe 
entière  des  Mammifères  se  trouve  représen- 
tée par  trois  lignes  distinctes  et  parallèles  : 
celle  des  Mammifères  avec  os  marsupiaux, 
celle  des  Mammifères  sans  os  marsupiaux  , 
et  celle  de  Bipèdes.  Le  parallélisme  de  la 
seconde  ligne  avec  la  première  est  établi  par 
les  Marsupiaux  Carnassiers,  qui  répondent 
aux  Carnassiers  ordinaires;  par  les  Marsu- 
piaux frugivores,  qui  répondent  aux  Ron- 
geurs; et  par  les  Monotrèmes,  qui  répon- 
dent aux  Édentés.  De  la  troisième  ligne  à 
la  première,  le  parallélisme  est  établi  par 
les  Sirénides,  qui  répondent  aux  Pachyder- 
mes; et  par  les  Cétacés,  dont  les  genres, 
échelonnés  de  la  famille  des  Delphinidés  à 
celle  des  Balénidés ,  répondent,  les  plus 
élevés,  aux  Ruminants;  les  moins  élevés, 
aux  Édentés,  et  par  conséquent  aux  Mono- 
trèmes. C'est  donc  seulement  par  leur  ex- 


7-28 


IMAM 


trérnité  inférieure,  par  les  Édentés,  les 
Monotrèmcs  et  lesBalénidés,  que  se  touchent 
les  trois  lignes  à  l'aide  desquelles  nous  cher- 
chons à  faire  comprendre  l'idée  principale 
du  savant  zoologiste. 

On  voit  que  les  faits  sur  lesquels  M.  Isi- 
dore Geoffroy  fonde  ce  qu'il  nomme  lepa- 
ralléiisme,  sont  pour  la  plupart  de  l'ordre  de 
ceux  que  nous  avons  appelés  termes  corres- 
pondants ,  et  à  l'aide  desquels  nous  recon- 
naissons, non  des  affinités,  mais  des  analo- 
gies. Ici  les  analogies  sont  de  la  nature  la 
plus  importante;  ce  sont  des  analogies  phy- 
siologiques pour  la  plupart,  et  nous  avons 
eu  plus  haut  l'occasion  d'en  établir  la  con- 
cordance dans  les  groupes  dont  nous  expli- 
quions la  valeur.  Compris  ainsi,  le  parallé- 
lisme ne  saurait  être  pris  comme  une  mé- 
thode générale  de  classification  :  seulement, 
il  mettrait  en  saillie  d'unemanière  heureuse 
cette  loi,  en  vertu  de  laquelle  une  fonction 
semblable  appelle  une  organisation  appro- 
priée, et  cette  tendance  générale  que  montre 
la  nature  à  varier  des  types  différents  par  des 
modifications  correspondantes.  C'est  sur  ce 
même  principe  que  Macleay  établit  sa  théorie 
des  représentants  zoologiques ,  adoptée  et 
développée  par  M.  Swainson. 

Mais  si  le  parallélisme  ne  s'arrêtait  pas 
h  la  représentation  de  ces  termes  correspon- 
dants ,  et  devait  servir  de  point  de  départ  à 
la  distinction  des  types  primitifs  eux-mêmes, 
il  nous  semble  qu'il  ne  conduirait  pas  sûre- 
ment au  but.  D'après  les  exemples  que  nous 
avons  cités,  et  les  principes  qui  en  décou- 
lent, il  est  clair  qu'il  n'existe  pas  réellement 
de  types  naturels  parallèles.  Les  Marsupiaux, 
à  aucune  époque  de  leur  existence,  ne  mar- 
chent parallèlement  avec  lesPlacentaires;  les 
uns  et  les  autres  sont  d'abord  Vertébrés, 
puisAllantoïdiens,  et  alors  ils  ne  suivent  pas 
deux  voies  collatérales,  mais  bien  la  même 
voie  :  ils  ne  se  correspondent  pas,  ils  sont 
semblables.  Ensuite  ils  se  séparent  pour 
prendre  des  caractères  propres,  et  s'enga- 
gent ainsi,  pour  la  formation  de  chacun  de 
leurs  appareils  typiques,  dans  des  routes  tel- 
lement spéciales ,  qu'ils  sont  toujours  diver- 
gents sans  se  rapprocher  ni  se  rencontrer. 
Ce  que  nous  disons  de  ces  deux  grands  types, 
nous  le  répétons  pour  les  types  dérivés  ,  et 
surtout  à  propos  des  Bipèdes,  que  la  classi- 
fication parollélique  distingue  beaucoup  trop, 


MAM 

ce  nous  semble,  du  type  des  Mammifères 
sans  os  marsupiaux,  auquel  ils  appartiennent 
en  réalité.  Nous  aurions  préféré,  en  effet, 
que  la  première  coupe  de  la  classe  des  Mam- 
mifères ,  au  lieu  d'être  fondée  sur  le  nombre 
des  membres,  fût  établie  sur  la  présence  ou 
l'absence  des  os  marsupiaux  pris  comme 
symbole  des  deux  types  des  Monodelphes  et 
des  Didelphes.  La  division  synthétique  y  au- 
rait perdu  de  sa  généralité,  à  cause  de  la  répé- 
tition que  l'on  aurait  été  contraint  de  faire 
du  mot  quadrupède  pour  le  groupe  des  Mono- 
delphes et  pour  celui  des  Didelphes  ;  mais  la 
physiologie  zoologique  y  aurait  peut-être  ga- 
gné. Remarquons  aussi  que  c'est  par  les  ani- 
maux les  moins  parfaits  de  chaque  groupe 
que  les  séries  parallèles  se  correspondent; 
nouvelle  preuve  de  la  divergence  des  types. 
Cette  classification,  si  remarquable  à  tant 
de  titres  ,  et  contre  laquelle  nous  osons  éle- 
ver quelques  objections,  parce  qu'elle  peut 
se  passer  de  nos  éloges,  est  celle  qu'on  a 
adoptée  dans  ce  Dictionnaire.  Nous  allons 
en  suivre  le  tableau  jusqu'aux  tribus;  nous 
nommerons  seulement  les  genres  que  chaque 
groupe  contient,  renvoyant  pour  leur  ca- 
ractéristique aux  articles  qui  leur  sont  con- 
sacrés. Les  signes  dubitatifs  dont  plusieurs 
noms  sont  suivis  ont  été  indiqués  par  l'au- 
teur lui-même.  Pour  ne  pas  détruire  l'en- 
semble de  cette  classification  ,  et  conserver 
autant  que  possible  les  rapprochements  que 
M  Isidore  Geoffroy  a  voulu  indiquer,  nous 
donnerons  aussi  le  tableau  de  la  distribu- 
tion des  Marsupiaux. 

CLASSE  DES  MAMMIFÈRES. 

QUADRUPEDES  SANS  OS  MAESU 
PIAUX. 

(Bassin  bien  développé.) 
Ordre  I.  —  IPriatattSes. 
Dents  dissimilaires.   Membres  antérieurs 
terminés  par  des  bras.  Extrémités  formées 
par  des  mains. 

Famille  I.  —  SINGES. 
Dents  de  trois  sortes  ;  4  incisives  conti- 
guës  opposées,  entre  2  canines  verticales. 
Ongles  similaires  ,  le  pouce  excepté. 

Tribu  I.  —  PlTHÉCIENS. 

Semi-bipèdes  ;  5  molaires  de  chaque  côté 
de  chaque  mâchoire. 

Troglodyte.  Orang.  Gibbon. 


MAM 


MAM 


729 


Tribu  II.  —  Cynopithéciens. 

Quadrupèdes.  Ongles  courts.  5  molaires. 

Nasique.  Semnopithèque.  Colobe.  Miopi- 
thèque.  Cercopithèque.  Macaque.  Magot.  Cy- 
nopitkèque.  Théropilhèque.  Cynocéphale. 

Tribu  III.  —  Cébiens. 
Quadrupèdes.  Ongles  courts.  6  molaires. 
Saïmiri.  Callitriche.  NyctipUhèque.  Sajou. 
Lagotriche.   Eriode.  Atèle.   Hurleur.  Saki. 
Brachyure. 

Tribu  IV.  —  Hapaliens. 
Quadrupèdes.  Ongles  en  griffes.  5  mo- 
laires. 
Ouistiti. 

Famille  II.  —  LÉMURIDÉS. 
Dents  de  trois  sortes.  2  ou  4  incisives  su- 
périeures par  paires;  4  incisives  et  canines 
inférieures  proclives.  Deuxième  doigt  posté- 
rieur à  ongle  subulé. 

Tribu  I.  — Indrisiens. 
Incisives  inférieures  au  nombre  de  2. 
Avahi.  Propithèque.  Indri. 

Tribu  II.  —  Lémuriens. 
Incisives   inférieures  au  nombre   de  4. 
Tarses  ordinaires. 

Nycticèbe.  Loris.  Pérodictique.  Chéirogale. 
Maki. 

Tribu  III.  —  Galagiens. 
Incisives   inférieures  au  nombre   de  4. 
Tarses  allongés. 
Microcèbe.  Galago. 

Famille  III.  —  TARSIDÉS. 

Dents  de  trois  sortes.  Dents  antérieures 
eontiguës,  verticales  ;  première  paire  supé- 
rieure très  grande.  Deuxième  et  troisième 
doigts  postérieurs  à  ongles  subulés. 

Tarsier. 

Famille  IV.  —  CI1ÉIROMYDÉ3. 
Dents  de  deux  sortes.  Une  barre. 

Chéiromys. 

Ordre  II.  —  Tartïigraeles. 

Dents  dissimilaires.  Membres  antérieurs 
*:-r  minés  par  des  bras.  Extrémités  formées 
;  sr  des  crochets. 

Famille  V.  —  BRADYPODÉS. 

Bradype.  Cholèpe. 

Ordre  III.  —  Chéiroptères. 

Dents  dissimilaires.  Membres  antérieurs 
terminés  par  des  ailes. 
t.  vu. 


Famille  VI.  —  GALÉOPITHECIDÉS. 
Expansions  membraneuses  latérales  con- 
stituant de  simples  parachutes. 
Galéopithèque. 

Famille  VII.  —  PTÉROPODÉS. 
Expansions  membraneuses  latérales  con- 
stituant de  véritables  ailes.   Phalange  o:: 
guéaleexistant  au  doigt  indicateur  de  l'aile. 
Tribu  I.  —  Ptékopodiens. 
Ailes  insérées  sur  les  côtés  du  dos. 
Roussette.  Pachysome.  Macroglosse.   Cé- 
phalote. 

Tribu  II.  —  Hypodermiens. 
Ailes  insérées  sur  la  ligne  médiane  du  dos. 
Hypoderme. 

Famille  VIII.  —  VESPERTILIONIDÉS. 

Expansions  membraneuses  latérales  con- 
stituant de  véritables  ailes.  Phalange  on- 
guéale  manquant  à  tous  les  doigts  de  l'aile. 
Lèvres  offrant  la  disposition  ordinaire. 

Tribu  I.  —  Taphozoïens. 
Nez  simple.  Membrane  interfémorale  peu 
développée.  Queue  courte. 
Taphien.  Emballonure. 

Tribu  II.  —  Molossiens. 

Nez  simple.  Membrane  interfémorale  peu 
développée.  Queue  longue ,  à  demi  enve- 
loppée. 

Chéiromèle.  Myoplère.  Molosse.  Nycli- 
nome.  Dinope. 

Tribu  III.  —  Vespertiliens. 
Nez  simple.  Membrane  interfémorale  peu 
développée.  Queue  très  développée. 

Vespertilion.  Nycticée.  Lasyure.  Oreillard. 

Tribu  IV.  —  Nyctériens. 
Nez  creusé  d'une  cavité. 
,        Nyclère. 

Tribu  V.  —  Rhinolophiens. 
Nez  surmonté  d'une  feuille. 

Rhinopome.  Rhinolophe.  Mégaderme. 

Famille  IX.  —  Noctilionidés. 

Expansions  membraneuses  latérales  con- 
stituant de  véritables  ailes.  Phalange  on- 
guéale  manquant  à  tous  les  doigts  de  l'aile. 
Une  double  Assure  labiale. 

Xoclilion. 

Famille  X.  —  VAMPIRIDÉS. 

Expansions  membraneuses  latérales  con- 


730 


MAM 


MAM 


6tituant  de  véritables  ailes.  Phalange  on- 
guéalc  existant  au  doigt  médius  de  l'aile. 
Dents  offrant  la  disposition  ordinaire. 

Tribu  I.  —  Sténodeumiens. 
Nez  simple. 
Slénoderme. 

Tribu  II.  —  Phyllostomiens. 
Nez  surmonté  d'une  feuille. 

Glossophagc.  Vampire.  Phyllostome. 

Famille  XI.  —  DESMODIDÉS. 

Expansions  membraneuses  latérales  con- 
stituant de  véritables  ailes.  Phalange  on- 
guéale  existant  au  doigt  médius  de  l'aile. 
Dents  de  la  mâchoire  supérieure  très  grandes 
et  fortement  comprimées. 

Desmode. 

Ordre  IV.  —  Carnassiers. 

Dents  dissimilaires.  Membres  antérieurs 
terminés  par  des  pattes.  Dents  plus  ou  moins 
en  série  continue. 

Section  I.  —  Carnivores. 

Non  empêtrés.  Molaires  alternes,  à  cou- 
ronnes au  moins  en  partie  tranchantes.  Cir- 
convolutions cérébrales  plus  ou  moins  déve- 
loppées. 

Famille  XII.  —  POTIDÉS. 

Doigts  profondément  divisés. 
Kinkajou. 

Famille  XIII.  —  VIVERRIDÉS. 
Doigts  peu  profondément  divisés. 

Tribu  I.  —  Ursiens. 
Plantigrades.  Membres  courts.  Macheliè- 
res  toutes  tuberculeuses. 

Ours.  Mélours.  Raton.  Coati. 

Tribu  II.  —  Mcstéliens. 
Plantigrades  ou  semi-digitigrades.  Mem- 
bres courts.  Corps  allongé.  Une  tuberculeuse 
en  haut. 

Blaireau.  Taxidée.  Mydas.  Thiosme.  lia- 
tel.  Glouton.  Iluron.  Mélogalc.  Moufette. 
Zorille.  Martre.  Putois.  Aomjx.  Loutre.  Lu- 
ride.  Enhydre. 

Tribu  III.  —  Viverïuens. 

Plantigrades  ou  semi-digitigrades.  Mem- 
bres courts  ou  moyens.  Deux  tuberculeuses 
en  haut  et  une  en  bas. 

Ictidc.  Varadoxure.  IJcmigaîe.  Cynogale. 
Mcvirousle.  Cvossarquc.  G  ait  die.  Galidictis. 


Suricale.  Ailure.  Civette.  Genclle.  Bassaride. 
Ichneumie.  Cyniclis. 

Tribu  IV.  —  Caniens. 
Digitigrades.  Membres  plus  ou  moins  al- 
longés. Deux  tuberculeuses  au  moins  en  haut 
et  en  bas. 

Otocyon.  Fennec.  Renard.  Chien.  Hyéno- 
pode.  Cyon. 

Tribu  V.  —  Hyéniens. 

Digitigrades.  Membres  plus  ou  moins  al- 
longés. Corps  surbaissé  en  arrière.  Tubercu- 
leuses nulles  ou  rudimentaires. 

Hyène.  Protèle. 

Tribu  VI.  —  Féliens. 

Digitigrades.  Membres  plus  ou  moins  al- 
longés ,  les  postérieurs  plus  développés  que 
les  antérieurs.  Tuberculeuses  nulles  ou  ru- 
dimentaires. 

Guépard.  Chat.  Tigre.  Lynx". 

Section  II.  —  Amphibies. 
Empêtrés.  Circonvolutions  cérébrales  plus 
ou  moins  développées. 

Famille  XIV.  —  PHOCIDÉS. 
Mâchelières  comprimées  ;  point  de  dé- 
fenses. 

Phoque.  Pelage.  Stemmatope.  Sténorhyn- 
que.  Otarie. 

Famille  XV.  —  TRICHÉCHIDÉS. 
Molaires   cylindriques.  Deux   défenses  à 
la  mâchoire  supérieure. 

Morse. 

Section  III.  —  Insectivores. 

Non  empêtrés.  Molaires  opposées,  à  cou- 
ronnes en  partie  hérissées  de  pointes.  Lobes 
cérébraux  lisses. 

Famille  XVI.  —  EUPLÉRIDÉS  (?) 
Plantes  velues. 
Euplère  (?) 

Famille  XVII.  —  TUPAIDÉS. 
Plantes  nues.  Corps  couvert  de  poils.  Yeux 
bien  développés.  Membres  postérieurs  bien 
développés.  Queue  touffue. 

Tupaïa. 

Famille  XVIII.  — GYMNUR1DÉS  (?) 

Plantes  nues.  Corps  couvert  de  poils.  Yeux 
bien  développés.  Membres  postérieurs  bieu 
développés.  Queue  écailleuse. 

Gimnure  (?) 


MAINT 

Famille  XIX.—  MACROSCÉLIDÉS. 

Piaules  nues.  Corps  couvert  de  poils.  Yeux 
bien  développés.  Membres  postérieurs  ex- 
trêmement allongés. 

Macroscéiide. 

Famille  XX.  —  SORICIDÉS. 

Plantes  nues.  Corps  couvert  de  poils.  Yeux 
très  petits.  Pattes  antérieures  établies  sur  le 
môme  type  que  les  postérieures. 

Musaraigne.  Urotriquc.  Mygalinc.  Dcs- 
man. 

Famille  XXI.  —  TALPIDÉS. 

Plantes  nues  Corps  couvert  de  poils.  Yeux 
tris  petits.  Pattes  antérieures  converties  en 
polies  ou  pioches. 

Tribu  I. — Talpiens. 
Membres  antérieurs   pentadactyles ,   en 
forme  de  pelle. 

Taupe.  Scalope.  Condylure. 

Tribu  II.  —  Chuysoculoriens. 
Membres  antérieurs  tridactyles,  en  forma 

de  pioche. 
Chrysochlore. 

Famille  XXII.  —  ÉRINACÉ1DÉS. 
Corps  couvert  de  piquants. 
Tanne.  Éricule.  Hérisson. 

Ordre  V.  —  Rongeurs. 

Dents  dissimilaires.  Membres  antérieurs 
terminés  par  des  pattes.  Dents  en  série  in- 
terrompue par  une  large  barre. 

Famille  XXIII. —SCIURIDÉS. 

Fortement  clavicules.  Cinq  molaires  à  la 
mâchoire  supérieure. 

Tribu  I.  — Sciunir.NS. 

Membres  postérieurs  beaucoup  plus  longs 
que  les  antérieurs. 

Ptéromys.  Polalouchc.  Écureuil.  Tamie. 

Tribu  II.  — Arctomvens. 

Membres  postérieurs  presque  égaux  aux 
Extérieurs. 

Spcrmophile.  Marmotte. 

Famille  XXIV.  —  MURIDÉS. 

Fortement  clavicules.  Quatre  molaires  au 
plus.  Yeux  de  grandeur  ordinaire.  Point 
d'abajoues  extérieures. 


IMAM  731 

Tribu  I.  —  Castor  iens. 

Membres  postérieurs  seulement  un  peu 
plus  longs  que  les  antérieurs.  Pattes  posté- 
rieures entièrement  palmées.  Queue  plate. 
Quatre  molaires. 

Castor. 

Tribu  II.  —  Muriens. 

Membres  postérieurs  seulement  un  peu 
plus  longs  que  les  antérieurs.  Pattes  posté- 
rieures non  palmées  ou  palmées  en  partie 
seulement.  Queue  arrondie  ou  comprimée. 
Deux,  trois  ou  quatre  molaires. 

Myopotame.  Ilydromys.  Ondatra.  Cam- 
pagnol. Lemming.  Otomys.  Rat.  Acomys. 
Hamster.  Clénomys.  Péphagomys.  Aulacode. 
Capromys.  Daclylomys.  Nélomys.  Échimys. 

Tribu  III.  —  Gliriens. 

Membres  postérieurs  beaucoup  plus  longs 
que  les  antérieurs.  Ongles  très  courts,  très 
recourbés,  acérés. 

Loir. 

Tribu  IV.  — Dipodiens. 

Membres  postérieurs  beaucoup  plus  longs 
que  les  antérieurs.  Ongles  allongés,  peu  re- 
courbés. Pouce  antérieur  rudimentaire. 

Gerbille.  Mcrione.  Gerboise.  Gerbo. 

Tribu  V.  — IIélamyess. 

Membres  postérieurs  beaucoup  plus  longs 
que  les  antérieurs.  Ongles  allongés,  peu  re- 
courbés. Pouce  antérieur  bien  développé. 

Ilélamys. 

Famille  XXV.  —  PSEUDOSTOMIDÉS. 

Fortement  clavicules.  Quatre  molaires  au 
plus.  Yeux  de  grandeur  ordinaire.  Des  aba- 
joues extérieures. 

Pseudoslome.  Diploslome. 

Famille  XXVI.— SPALACIDÉS. 

Fortement  clavicules.  Quatre  molaires  au 
plus.  Yeux  excessivement  petits. 

Dathyergue.  Géoryque.  Nycloclepte.  Spa- 
lax. 

Famille  XXVII.  —  HYSTRICIDÉS. 

Imparfaitement  clavicules.  Corps  recou- 
vert dépiquants. 

Porc-Épic.  Erélhizon.   Athérure.   Coen* 

doit. 


732  MAM 

Famille  XXVIII.  —  LÉPORIDÉS. 

Imparfaitement  clavicules.  Corps  recou- 
vert de  poils.  Dents  antérieures  au  nombre 
de  quatre  à  la  mâchoire  supérieure. 

Lièvre.  Lagomys. 

Famille  XXIX.  —  CAVIDÉS. 

Imparfaitement  clavicules.  Corps  recou- 
vert de  poils.  Dents  antérieures  au  nombre 
de  deux  en  haut  comme  en  bas. 

Tribu  I.  — Viscaciens. 
Queue  longue. 
Flapalotis.  Chinchilla.  Lagotis.  Viscache. 

Tribu  II.  —  Caviens. 
Queue  courte  ou  nulle. 

Dolichotis.   Agouti.  Cobaye.  Kérodon, 
Cabiai.  Paca. 

Ordre  VI.  —  Pachydermes. 

Dents  dissimilaires.  Membres  antérieurs 
terminés  par  des  colonnes.  Estomac  simple 
ou  divisé  en  poches  placées  bout  à  bout,  dont 
la  première  seule  communique  avec  l'œso- 
phage. 

Famille  XXX.  — HYRACIDÉS. 
Ongles  dissimilaires. 
Daman. 

Famille  XXXI.  — ÉLÉPHANTIDÉS. 

Ongles  similaires.  Trompe  bien  dévelop- 
pée. 

Éléphant. 

Famille  XXXII.  —  TAPIRIDÉS. 

Famille  XXXIII.  —  RHINOCÉRIDÉS. 

Famille  XXXIV.  — HIPPOPOTAMIDÉS. 

Ongles  similaires.  Trompe  rudimentaire 
ou  nulle.  Plusieurs  sabots  de  forme  symé- 
trique. 

Tapir.  —  Rhinocéros.  —  Hippopotame. 

Famille  XXXV.  — SUIDÉS. 
Ongles  similaires.  Trompe  nulle.    Deux 
sabots  principaux  aplatis  en  dedans. 

Phacochère.  Sanglier.  Dabiroussa.  Pécari. 

Famille  XXXVI.  —  ÉQJUIDÉS. 
Ongles  similaires.  Trompe  nulle.  Un  seul 

sabot. 
Cheval. 


MAM 
Ordre  VII.  —  Kumiiiailts. 

Dents  dissimilaires.  Membres  antérieurs 
terminés  par  des  colonnes.  Estomac  très 
compliqué;  œsophage  communiquant  à  la 
fois  avec  trois  poches  stomacales. 

Famille  XXXVII.  —  CAMÉLIDÉS. 

Semelles  calleuses;  sabots  moyens  et  d 
forme  symétrique.  6  incisives  inférieures  et 
2  supérieures. 

Chameau.  Lama. 

Famille  XXXVIII.  —  ANTILOPIDÉS. 

Sans  semelles  calleuses;  sabots  très 
grands,  convexes  en  dehors  ,  aplatis  en  de- 
dans. 8  incisives  en  bas  ;  point  en  haut. 


Tribu  I. 


MOSCHIENS. 


Prolongements  frontaux  nuls. 
Musc.  Chevrotain. 

Tribu  II.  —  Camélopardaliens. 
Prolongements    frontaux    subsistant    au 
moins  chez  le  mâle ,  et  consistant  en  des 
bois  permanents  non  ramifiés. 

Girafe. 

Tribu  III.  —  Cerviens. 

Prolongements  frontaux  subsistant  au 
moins  chez  le  mâle ,  et  consistant  en  des 
bois  caducs,  ordinairement  ramifiés. 

Renne.  Elan.  Cerf.  Cervule. 

Tribu  IV.  —  Antilopiens. 

Prolongements  frontaux  subsistant  au 
moins  chez  le  mâle,  et  consistant  en  des 
cornes  à  noyau  osseux. 

Antilope.  Gazelle.  Alcélaphe.  Chamois. 
Bosélaphe.  Bouquetin.  Mouflon.  Ovibos. 
Bœuf. 

Ordre  VIII.  —  Éclentcs. 

Dents  similaires  ou  nulles. 

Famille  XXXIX.  —  DASYPODÉS. 

Corps  couvert  de  plaques  cornées  ,  dispo- 
sées par  bandes  transversales. 

Apar.  Cachicame.  Tatou.  Tatusie.  Prio- 
donte.  Chlamyphore. 

Famille  XL.  —  MYRMÉCOPHAGIDÉS. 

Corps  couvert  de  poils. 

Oryctércpe.    Myrmécophage.    Taman- 
\  âua.  Dionyx. 


MAM 


MAM 


733 


Famille  XU.  —  MAN1DES. 

Corps  couvert  d'écaillés  imbriquées. 

Pangolin. 

QUADRUPÈDES    AVEC  OS    MAR- 
SUPIAUX. 

(Bassin  bien  développé.) 

Ordre  I.  —  Marsiip.  carnassiers. 

{Parallèles  aux  Carnassiers  des  Mammifères 
sans  os  marsupiaux.) 

Section  Première. 
Famille  I.  —  DASYURIDÉS. 

De  grandes  canines,  entre  lesquelles  sont 
8  incisives  supérieures  et  6  inférieures. 
Pouces  postérieurs  médiocres  ou  rudimen- 
taires. 

Thylacine.  Sarcophile.  Dasyure.  Phasco- 
gale. 

Famille  II.  —  DIDELPHÏDÉS. 

De  grandes  canines,  entre  lesquelles  sont 
10  incisives  supérieures  et  8  inférieures. 
Pouces  postérieurs  très  développés  et  bien 
opposables. 

Didelphe.  Micouré.  Hémiure.  Chironecte. 

Famille  III.  —  PÉRAMÉLIDÉS. 

De  grandes  canines,  entre  lesquelles  sont 
10  incisives  supérieures  et  6  inférieures. 
Membres  postérieurs  très  développés ,  à 
pouces  courts. 

Péramèle. 

Section  Deuxième. 
Famille  IV.  —  MYRMÉCOBIDÉS. 

Point  de  grandes  canines  de  forme  ordi- 
naire. Dents  nombreuses.  Pieds  postérieurs 
tétradaetyles. 

Myrmécobe. 

Famille  V.  —  TARSIPÉDIDÉS. 

Point  de  grandes  canines  de  forme  ordi- 
naire. Dents  en  très  petit  nombre.  Pieds 
postérieurs  penladactyles,  à  pouces  oppo- 
sables. 

Tarsipède. 


Ordre  II.  —  Marsaiji.  frugivores. 

(Parallèles  aux  Rongeurs  des  Mammifères 
sans  os  marsupiaux.) 

Section  Première.  —  Semi-Rongeurs. 

Famille  VI.  —  PHALANGIDÉS. 

6  incisives  à  la  mâchoire  supérieure.  Pou- 
ces postérieurs  bien  développés  et  opposables. 
Une  longue  queue. 

Couscous.  Phalanger.  Acrobate.  Acropète. 
Pétaurisle. 

Famille  VII.  —  PHASCOLARCTIDÉS. 

6  incisives  à  la  mâchoire  supérieure.  Pou- 
ces postérieurs  bien  développés  et  opposables. 
Point  de  queue. 

Phascolarcte. 

Famille  VIII.  —  MACROPODÉS. 

6  incisives  à  la  mâchoire  supérieure.  Pou- 
ces postérieurs  non  existants.  Membres  pos- 
térieurs très  développés. 

Dendrolague.  Poloroo.  Hélérope.  Kan- 
guroo. 

Section  II.  —  Rongeurs. 

Famille  IX.  —  PHASGOLOMIDÉS. 
A  chaque  mâchoire,  2  grandes  dents  an- 
térieures suivies  d'une  barre. 

Phascolome. 

Ordre  III.  —  Monotrèines. 

(Parallèles  aux  Édentés  des  Mammifères  sans 
os  marsupiaux.) 

Famille  X.  —  ORNITHORHYNCHIDÉS. 
Bec  corné  élargi ,  aplati  ;  quelques  dents. 
Ornithorhynque. 

Famille  XI.  —  ÉCHIDNIDÉS. 
Bec  corné  allongé;  point  de  dents. 

Échidné. 

MAMMIFERES   BIPÈDES. 

(Bassin  rudimenlaire  ou  nul  ). 

Ordre  I.  —  Syréiiiiïes. 

(Parallèles  aux  Pachydermes  des  Quadru* 
pèdes  cans  os  marsupiaux.) 

Famille   I.    —   MANATIDÉS. 

Queue  large  et  arrondie. 

Lamantin. 


73  i 


MAM 


MAM 


Famille  II.  —  IIALICORIDES. 
Queue  terminée  par  une  nageoire  trian- 
gulaire. Des  défenses  à  la  mâchoire  supé- 
rieure. 

Dugong. 

Famille  III.  —  RYTINIDÉS. 
Queue  terminée  par  une  nageoire  trian- 
gulaire. Point  de  défenses. 
liytine. 

Ordre  II.  —  Cétacés. 
(Parallèles  aux  Ruminants  et  aux  Édentés 
des  Quadrupèdes  sans  os  marsupiaux  ;  les 
deux  dernières  familles ,  parallèles  aussi 
aux  Monolrèmes  des  Marsupiaux.) 

Famille  IV.  —  DELPHINIDÉS. 

Tête  moyenne.  Dents  coniques,  ou  bien 
une  ou  deux  défenses. 

Marsouin.  Delphinaptère.  Dauphin.  In  te. 
Plalaniste.  Delphinorhynque.  Hélcrodon. 
Narval. 

Famille  V.  —  PHYSÉTÉRIDÉS. 

Tôle  extrêmement  grande.  Mâchoire  in- 
férieure garnie  de  dents;  la  supérieure  dé- 
pourvue de  fanons. 

Physétère.  Cachalot. 

Famille  VI.  —  BALÉNIDÉS. 

Tète  extrêmement  grande.  Mâchoire  in- 
férieure dépourvue  de  dents;  la  supérieure 
garnie  de  fanons. 

lialcnoplère.  Baleine. 

Quelques  remarques  compléteront  nos 
observations  sur  la  classification  générale 
des  Mammifères.  Elles  porteront  sur  la  ca- 
ractéristique qu'ont  reçue  les  deux  premiers 
ordres  de  la  méthode  dont  nous  venons  de 
donner  le  tableau,  et  sur  la  place  qu'occupe, 
dans  cette  méthode,  la  section  des  Carni- 
vores. 

L'existence  de  bras  est  le  caractère  com- 
mun qui ,  dans  le  système  précédent ,  dis- 
tingue les  Primates  et  les  Tardigrades  des 
autres  ordres  dont  les  membres  antérieurs 
constituent  des  ailes,  des  pattes  ou  des  co- 
lonnes. Quant  aux  caractères  distinctifs  de 
ces  deux  ordres  eux-mêmes ,  ils  reposent  sur 
la  disposition  des  extrémités,  qui  forment 
tics  mains  chez  les  Primates ,  des  crochets 
chez  les  Tardigrades.  Nous  avons  déjà  indi- 
qué par  quels  caractères  il  nous  semble  que 


les  Tardigrades  doivent  être  éloignés  des 
Quadrumanes,  avec  lesquels  ils  n'ont  guère 
que  (Iqs  analogies  biojogiques.  En  effet,  chez 
les  Paresseux,  la  forme  quadrilatère  du  ter- 
veau  qui  ne  recouvre  pas  le  cervelet  et  ne 
présente  que  des  traces  de  circonvolutions, 
lie  rappelle  aucun  état  de  l'encéphale  des 
Quadrumanes.  Des  différences  considérables 
nous  sont  aussi  présentées  dans  la  constitu- 
tion de  la  tête  des  animaux  de  ces  deux  or- 
dres, à  cause  de  l'espèce  d'imperfection  que 
nous  avons  signalée  chez  les  Tardigrades ,  et 
dont  nous  voyons  des  exemples  dans  les 
crêtes  temporales  qui  ne  s'unissent  pas  à  la 
crête  occipitale;  dans  l'arcade  zygomatique, 
qui  reste  imcomplèle,  parce  que  l'apophyse 
du  jugal  ne  rencontre  pas  celle  du  tempo- 
ral ;  dans  la  confusion  des  deux  fosses  orbi- 
taires  et  temporales  ;  dans  l'absence  d'enfon- 
cement cérébelleux,  etc.  Les  membres  eux- 
mêmes  sont  constitués,  chez  les  Tardigrades, 
sur  le  plan  général  de  ceux  des  Édentés, 
plutôt  que  sur  le  plan  de  ceux  des  Quadru- 
manes, et  fournissent  encore  des  preuves  à 
l'appui  de  cette  opinion  que  le  système  os- 
seux de  ces  animaux  serait  à  certains  égards 
une  sorte  d'arrêt  de  développement.  Ainsi 
la  tête  supérieure  de  l'humérus  est  à  peine 
distincte  du  corps  de  l'os  ,  les  tubérosités 
sont  peu  saillantes,  l'olécrane  est  tout-à-fait 
rudimentaire  ;  et  si  la  tête  presque  ronde  du 
radius  rappelle  une  disposition  semblable  de 
cet  os  chez  l'Homme  et  les  Quadrumanes , 
on  la  trouve,  d'un  autre  côté,  avec  le  même 
caractère  chez  les  Fourmiliers.  Au  carpe 
comme  au  tarse  des  Paresseux ,  le  nombre 
des  os  est  inférieur  à  celui  que  l'on  observe 
chez  les  Quadrumanes  ;  l'Aï  n'a  que  six  os 
carpiens ,  l'Unau  n'en  a  que  sept,  tandis  que 
chez  les  Quadrumanes  il  y  en  a  un  de  plus 
que  chez  l'Homme,  c'est-à-dire  neuf,  et  que 
souvent  on  rencontre  même  quelques  points 
ossifiés  dans  les  tendons ,  indice  de  cette 
tendance  à  une  perfection  plus  complète  du 
système  osseux,  sur  laquelle  nous  insistons. 
Les  os  du  métacarpe  et  ceux  du  métatarse 
sont  aussi  moins  nombreux  chez  les  Tardi- 
grades, et  se  soudent  entre  eux  par  la  base; 
l'Ai  n'a  que  deux  phalanges  aux  doigts 
comme  aux  orteils;  l'Unau,  qui  conserve  la 
première  phalange,  l'a  courte,  tandis  que 
c'est  celle  qui  acquiert  le  plus  de  dévelop- 
pement cnez  les  Singes  ;  et  ce  qui  est  surtout 


MAM 


MAM 


735 


remarquable,  c'est  que  ces  particularités  se 
retrouvent  chez  les  Edentés,  parmi  lesquels 
leTatou  géant  n'a quedcuxphalangescomme 
l'Aï ,  et  les  Fourmiliers  trois  phalanges,  dont 
la  première  plus  courte,  comme  l'Unau.  Ces 
derniers  animaux,  aussi  bien  que  les  Pares- 
seux ,  ont  aussi  pour  caractère  commun  une 
gaine  pour  l'ongle  à  la  dernière  phalange. 
Dans  les  Tardigrades,  le  fémur  est  aplati, 
tandis  qu'il  est  complètement  cylindrique 
chez  les  Quadrumanes;  dans  cet  os,  comme 
dans  celui  du  bras,  les  extrémités  sont  peu 
différentes  du  corps  par  leur  longueur;  le 
col  du  fémur  est  cuurt.  Les  deux  os  de  la 
jambe  des  Tardigrades,  en  se  courbant,  l'un 
en  dehors  et  l'autre  en  dedans,  laissent  en- 
tre eux  un  espace  considérable,  que  l'on  re- 
trouve chez  les  Tatous,  l'Oryclcrope  et  les 
Édenlés.  La  largeur  même  des  os  iléons, 
nécessitée  par  les  conditions  biologiques  du 
Paresseux,  n'empêche  pas  que  ces  os  présen- 
tent encore  des  particularités  que  l'on  re- 
trouve chez  les  Éilentés,  l'existence  d'un 
trou  au  lieu  d'une  échancrure  ischiatique, 
par  exemple.  On  trouve  chez  les  Quadru- 
manes un  os  pënial,  tandis  que  la  verge  des 
Tardigrades,  comme  celle  des  Edentés ,  ne 
présente  pas  cet  os.  Si  l'utérus  est  simple 
chez  les  Singes  et  les  Tardigrades  ,  il  offre 
aussi  ce  caractère  chez  les  Edentés;  et  de 
plus,  chez  les  Tardigrades  comme  chez 
les  Edentés,  il  ne  présente  pas  le  museau 
<e  tanche  que  possède  l'utérus  des  Quadru- 
manes. Les  Tardigrades,  comme  la  plupart 
des  Tatous,  n'ont  ni  cœcum  ,  ni  appendices 
Termiformes,  et  ceux  des  Edentés  qui  pos- 
sèdent un  cœcum  l'ont  très  rudimentaire; 
tandis  que  les  Quadrumanes  ont  au  moins 
un  cœcum.  Restent,  comme  caractères  com- 
muns aux  Tardigrades  et  aux  Primates, 
la  longueur  considérable  de  l'humérus  dont 
nous  trouvons  la  raison  dans  le  mode  de 
progression  de  ces  animaux  grimpeurs;  et 
l'existence  de  mamelles  pectorales  qu'on 
observe  aussi  chez  les  Cétacés.  Quant  au 
sysième  dentaire,  il  est  inutile  d'en  faire 
observer  la  différence  profonde  dans  les  deux 
ordres  dont  nous  examinons  les  rapports. 
Tien  que  dissimilaires,  comme  l'indique  la 
classification  précédente  ,  les  dents  sont  en 
eflet  tellement  différentes  par  leur  forme, 
leur  nature,  leur  position,  leur  ensemble, 
ijue  nous  ne  pensons  pas  qu'on  puisse  éta- 


blir sur  cette  dissimilitude  même  un  point 
de  rapprochement  entre  les  Tardigrades  et 
les  Primates.  Nous  préférons,  sans  sortir  du 
groupe  des  Mammifères  à  placenta  diffus,  les 
rapprocher  des  Cétacés,  comme  cela  est  in- 
dique d'ailleurs  daijs  la  classification  paral- 
lélique.  Il  nous  semble,  en  effet,  que  les 
Bradypes  ont  leur  place  marquée  dans  !e 
groupe  des  Mammifères  a  placenta  diffus  où 
ils  représentent  le  type  Singe  ,  et  que  leurs 
affinités,  appréciées  par  les  procédés  ordi- 
naires de  la  zoologie,  sont  confirmées  par 
l'observation  des  phénomènes  embryolo- 
giques ,  ou  plutôt  trouvent  leur  raison  dans 
ces  phénomènes  mêmes. 

Quant  à  l'ordre  desPrimatcs,  fondé  sur  la 
nature  des  extrémités  en  forme  de  mains  , 
nous  avons  déjà  dit  quelle  valeur  il  faut  ac- 
corder à  ce  caractère,  et  combien  il  est  arbi- 
traire dans  son  application.  Mais  nous  ap- 
pellerons l'attention  sur  la  quatriàme  famille 
de  ce  premier  ordre,  celle  des  Chéiromydés, 
formée  par  une  seule  espèce,  l'Aye-Ayc,  et 
distinguée  des  trois  précédentes  par  l'exis- 
tence d'une  barre  entre  des  dents  de  deux 
sortes.  Ces  dents  sont  de  longues  incisives  et 
des  molaires,  et  composent  ainsi  un  appa- 
reil dentaire  de  Rongeurs.  C'est  en  effet  parmi 
ces  derniers  Mammifères  que  Ginelin,  Et. 
Geoffroy  et  Cuvier  plaçaient  ce  singulier 
animal,  tandis  que  Schrebcr,  MM.  deBlain- 
villc  et  Isid.  Geoffroy  le  rapprochèrent  des 
Lémuriens,  et  que  le  dernier  de  ces  zoolo- 
gistes en  fit  même  une  famille  distincte, 
comme  on  vient  de  le  voir.  D'après  l'impor- 
tance secondaire  qu'il  faut  attribuer  aux 
analogies  biologiques,  et  l'observation  des 
extrémités  de  l'Aye-Aye,  chez  lequel  le  pouce 
du  membre  postérieur  est  seul  opposable, 
nous  sommes  disposé  à  adopter  l'opinion 
de  Geoffroy  et  de  Cuvier,  et  à  rapprocher 
l'Aye-Aye  des  Rongeurs.  Cet  animal  repré- 
senterait ainsi,  dans  le  groupe  des  Rongeurs, 
le  type  des  Primates,  et  d'ailleurs,  quelle 
que  soit  la  place  qu'on  lui  donne,  il  ne 
forme  pas  moins  un  lien  très  remarquable 
entre  les  ordres  qui  composent  la  série  m  na- 
turelle des  Mammifères  à  placenta  discoïde. 
L'étude  du  système  nerveux  et  des  envelop- 
pes fœtales  de  l'Aye-Ayc  jetterait  un  grand 
jour  sur  ces  questions;  im.is  nous  ne  con« 
naissons  jusqu'ici  qu'un  seul  individu  em* 
paillé  de  celle  espèce  rare. 


736 


MAM 


tfAN 


Nous  avons  jusqu'ici  présenté  !a  série  des 
Mammifères  à  placenta  discoïde  comme  étant 
naturelle,  et  nous  avons  vu  que  cette  opi- 
nion est  justifiée  par  l'étude  de  ces  Mammi- 
fères ,  quel  que  soit  le  mode  d'investiga- 
tion que  l'on  emploie.  Cependant,  pour  éta- 
blir cette  série,  il  faut  éloigner  des  ordres 
qui  la  composent  le  groupe  des  Carnivores 
qui  en  a  toujours  été  plus  ou  moins  rappro- 
ché ,  bien  qu'il  ait  occupé  une  place  diffé- 
rente dans  toutes  les  classifications.  Ainsi, 
placé  par  Cuvier  dans  l'ordre  des  Car- 
nassiers, entre  les  Insectivores  et  les  Ron- 
geurs ,  le  groupe  des  Carnivores  devient  in- 
termédiaire aux  Chéiroptères  et  aux  Insec- 
tivores dans  la  classification  de  M.  Isidore 
Geoffroy,  et  se  trouve  rangé  en  partie  entre 
les  Quadrumanes  et  les  Insectivores  par 
M.  de  Blainville.  Cette  dernière  place  a  été 
adoptée  par  d'autres  auteurs ,  qui  ont  diffé- 
remment échelonné  les  autres  ordres.  Il  ré- 
sulte de  ces  divergences  d'opinions  que  les 
Carnivores,  toujours  classés  après  les  Qua- 
drumanes, ont  été  tour  à  tour  désignés 
comme  supérieurs  et  inférieurs  aux  Chéi- 
roptères et  aux  Insectivores,  suivant  le  point 
de  départ  que  l'on  prenait.  Mais  toutes  ces 
incertitudes  cessent,  et  les  diverses  opinions 
sont  conciliées,  si,  retirant  les  Carnivores 
de  la  série  dont  ils  troublent  les  affinités, 
on  en  fait  un  groupe  distinct,  celui  des  Mam- 
mifères à  placenta  zonaire. 

Quelle  que  soit  la  question  d'affinité  qu'il 
s'agisse  de  résoudre ,  iïous  trouvons  donc 
un  guide  certain  dans  l'étude  des  phéno- 
mènes embryonnaires ,  manifestations  pri 
mitives  de  la  différenciation  des  types  orga- 
niques. Aussi  nous  croyons  qu'une  place  est 
réservée  ,  dans  l'histoire  de  la  philosophie 
zoologique ,  à  cette  idée  si  féconde  de  l'ap- 
plication de  l'embryogénie  à  la  détermina- 
tion des  rapports  naturels  des  êtres.  Les  ré- 
sultats de  l'étude  des  formes  extérieures  , 
ceux  de  l'Anatomie  et  de  la  Physiologie,  sur 
lesquels  on  a  cherché  tour  à  tour  à  fonder 
les  systèmes,  se  trouvent,  par  cette  idée, 
reliés  entre  eux  dans  les  limites  de  leur  va- 
leur, coordonnés  et  en  quelque  sorte  ex- 
pliqués ;  une  direction  nouvelle  est  indiquée 
à  l'Embryologie  dont  la  plus  petite  obser- 
vation peut  acquérir  une  haute  importance 
loologique  ;  et  toutes  les  sciences  ,  celles 
qui  étudient  l'adulte  comme  celles  qui  étu- 


dient l'embryon  ,  sont  appelées  ainsi  à  four- 
nir leurs  matériaux  pour  l'édification  com- 
plète de  cette  belle  science  de  la  Zoologie. 
(Emile  Baudement.) 
MAMMIFÈRES  FOSSILES  —  Voy.  pa- 
léontologie. 

MAMMOUTH,  paléont.  —  Voy.  élé- 
phant fossile. 

MANABEA,  Aubl.  bot.  ph.  —  Syn.  d'yîs- 
giphila,  Jacq. 

MAIVACUS,  Brisson.  ois.  —  Syn.  de 
Manakin. 

MAIVAKIN.  Pipra.  ois.  —  Genre  de  la 
famille  des  Pipradées  ,  dans  Tordre  des  Pas- 
sereaux, caractérisé  par  un  bec  court,  assez 
profondément  ouvert,  déprimé  ,  trigone  à 
sa  base  qui  est  un  peu  élargie  ,  à  mandibule 
supérieure  voûtée, échancrée  vers  la  pointe; 
des  narines  situées  à  la  base  du  bec,  trian- 
gulaires; des  ailes  médiocres  ;  une  queue 
très  courte  ;  des  tarses  grêles,  allongés,  scu- 
tellés ,  et  des  doigts  faibles  à  ongles  très 
petits. 

La  place  que  doivent  occuper  les  Mana- 
kins  dans  une  méthodeomitbologique  parait 
avoir  beaucoup  embarrassé  les  naturalistes, 
puisque  les  uns  les  ont  rapportés  aux  Cotin- 
gas,  les  autres  aux  Mésanges;  ceux-ci  les 
ont  rangés  dans  le  voisinage  des  Bec-fins, 
ceux-là  au  contraire  les  ont  placés  tout  près 
des  Calaos ,  etc.  Il  est  en  effet  difficile  de 
dire  de  quelle  famille  ou  de  quel  genre  ces 
oiseaux  se  rapprochent  le  plus.  Malgré  l'opi- 
nion de  Buffon,  que  les  Manakins  ne  sau- 
raient demeurer  réunis  dans  la  même  sec- 
tion que  les  Coqs-de-roche ,  comme  le  vou- 
lait Brisson,  qui  cependant  les  distinguait  et 
donnait  aux  premiers  le  nom  de  Manacus  et 
aux  seconds  celui  de  Rupicoîa ,  comme  le 
voulaient  encore  Gmelin  et  Latham  qui  con- 
fondaient les  uns  et  les  autres  sous  le  nom 
de  Pipra  ;  malgré  le  sentiment  de  Buffon ,  il 
est  aujourd'hui  généralement  admis  que  ces 
différents  oiseaux  appartiennent  non  plus 
au  même  genre,  mais  à  la  même  famille. 
C'est  ce  qu'ont  reconnu  MM.  Is.  GeoîT. 
Saint-Hilaire  et  Lesson.  On  peut  dire  éga- 
lement que  c'est  ce  qu'a  reconnu  G.  Cuvier 
qui*  tout  en  adoptant  l'ancien  genre  Pipra 
de  Linné,  l'a  cependant  subdivisé  en  Coqs- 
de-roche,  en  Calyptomènes  et  en  Vrais- 
Manakins.  Nous  n'avons  à  nous  occuper  ici 
que  de  ces  derniers. 


MAN 

Les  habitudes  naturelles  de  toutes  les  es- 
pèces du  genre  Manakin  sont  trop  peu  con- 
nues pour  qu'on  puisse  en  déduire  quelque 
chose  de  général.  On  peut  dire  que  l'histoire 
de  ces  Oiseaux  est  à  peu  près  restée  au  point 
où  l'a  laissée  Buffon.  Tout  ce  qu'on  sait  sur 
les  espèces  les  plus  connues,  c'est  que  dans 
l'Amérique  méridionale,  leur  patrie,  elles 
habitent  les  grands  bois,  d'où  elles  ne  sor- 
tent jamais  pour  aller  dans  les  lieux  décou- 
verts ou  pour  se  répandre  dans  les  campa- 
gnes voisines  des  habitations.  Le  matin ,  les 
Manakins  se  réunissent  par  petites  troupes 
de  huit  à  dix  ,  se  confondent  souvent  avec 
d'autres  petites  troupes  d'espèces  différentes 
et  cherchent  ensemble  leur  nourriture,  qui 
consiste  en  petits  fruits  sauvages  et  en  in- 
jectés. Ces  sortes  de  réunions  durent  jus- 
qu'à neuf  ou  dix  heures  du  matin  ,  après 
quoi  les  individus  se  séparent  pour  vivre 
isolés ,  tout  le  reste  de  la  journée,  dans  les 
endroits  les  plus  ombragés  des  forêts.  Les 
lieux  que  les  Manakins  préfèrent  sont  ceux 
qui  leur  offrent  de  la  fraîcheur  et  de  l'hu- 
midité;   ils     ne    fréquentent    cependant 
ni  les  marécages  ni  le  bord  de  l'eau.  Leur 
chant  consiste  en  un  gazouillement  faible, 
mais  assez  agréable  ;  ils  ne  le  font  entendre 
qu'au  moment  des  réunions.  Leur  vol  est 
bas,  assez  rapide,  mais  peu  soutenu.  Us  éta- 
blissent leur  nid  dans  les  broussailles,  etleur 
ponte  est  de  5  ou  6  œufs.  Quelques  soins  que 
l'on  donne  aux  jeunes  pris  au  nid,  ils  ne  peu- 
vent  supporter   la    captivité    et   meurent 
bientôt. 

En  général  les  Manakins  ont  un  plumage 
assez  richement  et  surtout  assez  franche- 
ment coloré  ;  les  espèces  en  sont  nombreu- 
ses; on  en  compte  environ  40,  mais  il  est 
vrai  de  dire  que  quelques  unes  d'entre  elles 
sont  loin  d'être  parfaitement  déterminées. 
Buffon  n'en  connaissait  que  8.  Parmi  celles 
qui  sont  bien  connues  nous  indiquerons  : 

1.  Le  Manakin  tué  ou  grand  Manakin, 
Pt,  pareola  Lin.  (Buff.,  pi.  enl.  677,  fig.  2 
et  302,  f.  2)  :  d'un  beau  noir  velouté,  avec 
une  calotte  bleue  chez  le  mâle,  rouge  chez 
la  femelle.  —  Habite  le  Brésil. 

2.  LeMAN.  tijoïde,  Pi.  pareoïides  d'Orb. 
et  la  Fres.:  même  plumage  que  le  précédent, 
mais  les  plumes  médianes  de  la  queue  pro- 
longées en  filet.  —Habite  Carthagène. 

3.  Le  Man.  militaire    Pi.  mililaris  Shaw 

T.  Vil. 


MAN  737 

(Less.  Illustr.  zool,  pi.  25)  :  front  et  crou- 
pion rouges;  manteau  noir;  gorge  ,  devant 
du  cou  d'un  gris  bleuâtre.  —  Habite  le 
Brésil. 

^  4.  LeMAN.  longipenne  ,  Pi.  caudata  Lath. 
(Shaw.  nat.  mus.,  pi.  153)  :  bleu,  avec  le 
sommet  de  la  tête  rouge ,  les  ailes  et  la 
queue  noires.  —  Habite  le  Paraguay  et  lo 
Brésil. 

5.  Le  Man.  a  tête  rouge,  Pi.  rubroca- 
pilla  Briss.  (Temm.,  pi.  col.  54,  f.  3)  :  d'un 
beau  noir  luisant,  avec  la  tête  rouge.  —Ha- 
bite le  Brésil. 

6.  Le  Man.  a  tête  d'or,  Pi.  aurocapilla 
Lichst.:  noir,  tête  d'un  jaune  d'or.— Habite 
le  Brésil ,  la  Guiane. 

7.  Le  Man.  a  tête  blanche,  Pi.  leuco- 
capilla  Gmel.  (  Buff.  pi.  enl.,  34,  fig.  2  )  : 
noir,  avec  la  tête  blanche.  —  Habite  les 
mêmes  contrées  que  les  deux  précédents. 

8.  Le  Man.  a  tête  bleue,  Pt.  cyanocephala 
Vieill.:  vert-olive  en  dessus,  jaune  en  des- 
sous ,  avec  le  sinciput  azur.  —  Habite  l'Ile 
de  la  Trinité. 

9.  Le  Man.  rubis  ,  Pi.  strigilata  Wied 
(Temm.,  pi.  col.,  54,  fig.  1  et  2):  dessus 
du  corps  d'un  vert-pré  uniforme,  sommet 
de  la  tête  couleur  de  feu.  —  Habite  le 
Brésil. 

10.  Le  Man.  chaperonné,  Pi.  pileala 
Natt.  (Temm.,pL  col.,  172,  fig.  1):  man- 
teau d'un  roux-cannelle  fort  vif,  sommet  dt 
la  tête  d'un  noir  profond.  —  Habite  le 
Brésil. 

11.  Le  Man.  bleu,  Pi.  cœrulea  Lath. 
bleu  en  dessus,  jaune  en  dessous  ,  ailes  e 
queue  noirâtres.— Patrie  inconnue. 

12.  LeMAN.  GoÎTREuXjPi.  gutturosaDesm 

( Tang.  pi.  10)  :  noir  sur  le  corps,  d'un  blanc 
de  neige  dessous.  —  Habite  la  Guiane. 

13.  LeMAN.  superbe,  Pi.  superbaPaW. 
(Spicil.,pl.  3,  f.  1):  tout  le  plumage  d'un 
noir  intense,  avec  une  tache  d'un  bleu  clair 
sur  le  milieu  du  dos  et  le  sommet  de  la  tête 
rouge  de  feu.  —  Patrie  inconnue. 

14.  LeMAN.  a  gorge  noire,  Pi.  nigricol- 
îis  Lath.:  dessus  du  corps  bleuâtre,  gorge  et 
anus  noirs.  —  Patrie  inconnue. 

15.  Le  Man.  Laplace,  Pi.  Laplacei  Ger- 
vais  etEydoux  (Voy.  de  la  Favorite)  :  plu- 
mage en  dessus  brun-roux  ;  croupion  blanc  ; 
sur  les  flancs  une  touffe  de  plumes  violettes. 
—  Habite  la  Guiane. 

93 


73S 


MAN 


MAN 


16.  Le  Man.  filifère,  Pi.  filifera  Less.  : 
belle  espèce  qui  a  le  front  et  le  dessous  du 
corps  rouge-safran;  la  tête,  le  cou  et  le 
manteau  rouge  de  feu;  le  dos,  les  ailes  et 
la  queue  noirs  et  les  rectrices  filiformes. 
—  Habite  le  Pérou. 

Enfin  nous  citerons  encore  sans  les  dé- 
crire, le  Man.  rouge,  Pi.  auréola  Gm.  (BufT. 
enl.y  34,  f.  5  et  302);  le  M.  a  gorge  blan- 
che, Pi.  gulluralis  Gmel.  (  Buff.  enl.  324, 
f.  1);  le  M.  casse-noisette ,  P.  manacus 
Gmel.  (Buff.  enl.  302,  f.  1  et  303,  f.  1); 
le  M.  gris,  P.  grisea  Lin.;  le  M.  a  huppe 
ivouge,  P.  erythrolophos  Vieill.;  leM.  a  tête 
rayée,  P.  slriata  Lath.  (Vieill.  Ency.,  pi. 
99 ,  f .  5)  ;  le  M.  a  ventre  rouge  ,  P.  hemor- 
rhoa  Lath.;  le  M.  cendré,  P.  cinerea  Lath.; 
le  M.  a  capuchon  blanc,  P.  leucocephala  Lin.; 
le  M.  plombé,  P.  plumbea  Vieill.;  le  M.  a 
poitrine  dorée,  P.  pectoralis  Lath.;  le  M. 
verdin,  P.  chloris  Natt.  (Temm.  pi.  col., 
172,  f.  2);  le  M.  a  casque,  P.  galeata 
Lichst.;  le  M.  de  la  Trinité,  P.  melanoce- 
phala  Vieill. 

Quelques  espèces  des  genres  Euphone, 
Conopophage,  Ictérie,  Pithys,  Pardalote 
et  Cotinga,  que  l'on  considérait  comme  des 
Manakins,  ont  été  rapportées  ,  par  suite  des 
progrès  faits  en  ornithologie,  chacune  à  leur 
genre  respectif.  (Z.  G.) 

MANATE,  MANATIet  MANATUS  (dé- 
rivé du  mot  main),  mam.  — On  désigne  sous 
ces  noms,  dans  les  langages  vulgaire  et  scien- 
tifique ,  le  groupe  des  Lamantins.  Voy.  ce 
mot.  (E.  D.) 

MANCAMLLA,  Plum.  bot.  ph.  —  Syn. 
à' Hippomane,  Linn. 

MANGE  MILLIER.  Hippomane  (?««oç, 
cheval;  p.ou'vu,  mettre  en  fureur),  bot.  ph. — ■ 
Genre  de  la  famille  des  Euphorbiacées,  de  la 
monœcie  monadelphie ,  dans  le  système 
sexuel  de  Linné  ,  qui  se  distingue  par  les  ca- 
ractères suivants  :  Ses  fleurs  sont  monoïques  ; 
les  mâles  sont  réunies  par  petits  groupes  en 
un  faux  épi  interrompu  ;  chacune  d'elles  pré- 
sente un  calice  turbiné,  bifide,  et  un  fila- 
ment court,  terminé  par  deux  anthères  ad- 
nées,  extrorses.  Les  femelles  sont  solitaires  ; 
elles  se  composent  d'un  calice  triparti;  d'un 
ovaire  sessile,  creusé  généralement  de  sept 
loges  uni-ovulées,  surmonté  d'un  style  court 
et  épais,  que  terminent  sept  stigmates  aigus 
et  étalés.  Le  fruit  qui  succède  à  ces  fleurs 


est  charnu;  il  renferme  plusieurs  coques 
ligneuses,  indéhiscentes,  monospermes,  qui 
se  réunissent  en  une  noix  inégale  et  sinueuse 
à  sa  surface;  quelques  unes  d'entre  elles 
avortent  assez  souvent. 

Ce  genre  ne  renferme  qu'une  espèce  qui 
a  acquis  une  triste  célébrité  ,  le  Mancenil- 
lier  vénéneux  ,  Hippomane  Mancenilla  Lin. 
C'est  un  arbre  très  analogue  de  dimensions 
et  de  port  à  notre  Poirier,  qui  croît  sur  le 
bord  de  la  mer  ,  aux  Antilles  ,  dans  l'Amé- 
rique méridionale.  D'après  la  description 
qu'en  donne  Tussac,  il  n'est  que  de  hauteur 
moyenne,  sa  hauteur  dépassant  rarement 
5-7  mètres,  et  son  tronc  n'ayant  guère  que 
3  ou  4  décimètres  de  diamètre;  ce  tronc  est 
couvert  d'une  écorce  épaisse,  grisâtre ,  lais- 
sant couler  à  la  moindre  incision  le  suc 
laiteux  qui  abonde  dans  toutes  les  parties 
de  l'arbre.  Les  feuilles  sont  alternes,  pétio- 
lées,  ovales,  dentelées  en  scie  sur  leurs  bords, 
glabres  et  luisantes,  veinées;  leur  pétiole  est 
accompagné  à  sa  base  de  deux  stipules ,  et 
il  porte  deux  glandes  à  son  sommet.  Les  glo- 
mérules  de  fleurs  mâles  sont  embrassés  à 
leur  base  par  une  bractée  qui  porte  une 
glande  de  chaque  côté  de  sa  base  ;  les  fleurs 
femelles  sont  solitaires  à  la  base  de  l'épi 
mâle.  Le  fruit  ressemble  pour  la  couleur  et 
la  forme  à  une  petite  Pomme  d'api  ;  c'est 
même  de  cette  ressemblance  que  vient  le 
nom  deMancenillier  (en  espagnol,  Manzana, 
Pomme,  Manzanilla ,  petite  Pomme).  Il  est 
produit  en  si  grande  abondance  qu'il  couvre 
souvent  la  terre  au-dessous  de  l'arbre.  Il 
exhale  une  odeur  particulière ,  que  certains 
observateurs  ont  comparée  à  celle  du  Citron. 

Le  Mancenillier  est  devenu  célèbre  par 
ses  effets  délétères,  qui,  quoique  très  éner- 
giques ,  ont  été  encore  exagérés  sous  plu- 
sieurs rapports  ;  aussi  a-t-il  été  l'objet  de 
plusieurs  mémoires  spéciaux ,  tels  que  ceux 
de  Tussac  (Observations  botaniques  et  me'di- 
cales  sur  le  Mancenillier,  Jour,  de  botan.  de 
Desvaux,  1813,  p.  112) ,  de  M.  Ricord-Ma- 
diana  (Mém.  sur  le  Mancenillier  vénéneux, 
Bordeaux,  1826),  et  d'expériences  suivies, 
comme  celles  de  MM.  Orfila  et  Olivier.  En 
premier  lieu  ,  on  a  dit  que  son  atmosphère 
était  mortelle,  et  que  les  hommes  qui  s'ar- 
rêtaient, surtout  qui  s'endormaient  sous  son 
ombrage  ,  périssaient  promptement.  Mais 
déjà  Jaciuin  [Stirp  amer,  hist.,  p.  250-252) 


MAN 

rapporte  qu'il  s'est  arrêté  pendant  trois  heu- 
res avec  ses  compagnons  de  voyage  sous  un 
Mancenillier  sans  en  éprouver  le  moindre 
mal.  Tussac  lui-même,  quoique  convaincu 
des  fâcheux  effets  de  l'atmosphère  de  cet 
arbre  ,  n'en  a  rien  éprouvé  après  être  resté 
sous  son  feuillage  pendant  une  heure;  enfin 
M.  Ricord  dit  avoir  répété  souvent  cette  ex- 
périence ,  l'avoir  prolongée  pendant  long- 
temps ,  s'être  même  endormi  sous  ce  feuil- 
lage qu'on  disait  si  funeste  ,  sans  en  avoir 
été  incommodé.  Il  semble  donc  assez  naturel 
de  conclure  que  les  fâcheux  effets  de  l'atmo- 
sphère du  Mancenillier  ont  été  tout  au  moins 
fort  exagérés;  cependant,  comme  s'ils  exis- 
tent à  un  degré  ou  dans  des  circonstances 
quelconques  ,  ils  ne  peuvent  être  dus  qu'à 
l'exhalaison  d'une  matière  volatile,  il  se 
pourrait  que  ces  exhalaisons  ne  manifestas- 
sent plus  leurs  effets  lorsque  le  vent  les  em- 
porterait à  mesurequ'ellesseraientproduites. 
11  est  néanmoins  bien  peu  probable  que  les 
trois  observateurs  que  nous  avons  cités  se 
soient  toujours  trouvés  dans  des  circonstan- 
ces telles  qu'ils  ne  pussent  en  reconnaître 
l'action,  quoique  réelle  du  reste. 

On  a  dit  encore  que  la  pluie  qui  a  lavé  le 
feuillage  du  Mancenillier  devient  très  nui- 
sible lorsqu'elle  Yient  mouiller  la  peau; 
mais  Jacquin  n'en  a  éprouvé  aucun  effet,  et 
il  pense  que  l'opinion  qui  existe  à  cet  égard, 
a,  peut-être,  pris  naissance  dans  des  cas  où 
les  vents  et  la  pluie  avaient  brisé  des  ra- 
meaux et  des  feuilles ,  et  avaient  par  suite 
amené  la  chute  d'une  certaine  quantité  de 
suc  laiteux  qui  tombait  avec  l'eau. 

C'est,  en  effet,  dans  ce  suc  laiteux  que 
réside  essentiellement  la  propriété  vénéneuse 
du  Mancenillier.  A  l'état  frais  et  au  moment 
où  il  coule  de  l'arbre,  il  agit  avec  une  grande 
énergie  ,  comme  le  prouve  une  observation 
de  Tussac.  Ce  botaniste  en  ayant  mis  quel- 
ques gouttes  sur  la  main,  et  n'en  éprouvant 
d'abord  aucun  effet ,  les  essuya  au  bout  de 
quelque  temps;  mais  une  heure  plus  tard  , 
il  ressentit ,  sur  les  points  qu'elles  avaient 
mouillés,  une  douleur  vive  qu'accompagna 
bientôt  la  formation  d'ampoules  et  d'ulcè- 
res malins,  qui  ne  furent  guéris  qu'après 
plusieurs  mois.  Il  est  facile  de  concevoir  dès 
lors  avec  quelle  force  il  détermine  l'empoi- 
sonnement. Castera  et  d'autres,  après  lui , 
ont  dit  que  les  sauvages  s'en  servent  pour 


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739 


empoisonner  leurs  flèches,  ce  dont  M.  Ricord 
conteste  la  possibilité.  Le  même  suc  laiteux, 
transporté  en  Europe,  a  été  l'objet  des  ex- 
périences de  MM.  Orfila  et  Olivier.  Dans  l'é- 
tat où  ils  l'observèrent,  il  exhalait  une  odeur 
qui,respiréepareux  pendant  quelque  temps, 
détermina  des  picotements  aux  yeux,  aux 
lèvres  ,  autour  des  ailes  du  nez;  sa  saveur 
était  d'abord  fade  ,  et  devenait  ensuite  très 
acre;  quelques  gouttes,  mises  sur  le  visage, 
produisirent  une  très  vive  démangeaison  et 
une  inflammation  érysipélateuse  ;  il  s'en- 
suivit une  éruption  de  très  petites  pustules. 
Ses  effets  vénéneux  furent  expérimentés  sur 
des  Chiens.  Un  gros  de  cette  substance  ayant 
été  ingéré  dans  l'estomac  de  ces  animaux 
amena  leur  mort  en  neuf  ou  dix  heures  sans 
convulsions;  dans  une  autre  expérience, 
une  quantité  de  1  gros  à  1  gros  1,2  ayant 
été  introduite  dans  le  tissu  cellulaire  de  la 
cuisse  d'un  gros  Chien,  le  fit  périr,  sans  con- 
vulsions,  après  vingt-quatre  heures  ;  enfin 
1/2  gros,  injecté  dans  les  veines  d'un  autre 
Chien,  suffit  pour  amener  la  mort  en  deux 
minutes.  A  l'état  frais  ce  suc  est  encore 
bien  plus  actif,  puisque  M.  Ricord  l'a  vu 
tuer  un  Chien  à  la  dose  de  20  grains.  Ces 
expériences  prouvent  que  le  suc  du  Mance- 
nillier est  l'un  des  poisons  acres  végétaux 
les  plus  énergiques. 

Le  fruit  du  Mancenillier  participe  des 
propriétés  vénéneuses  du  suc  laiteux  ;  il  est 
cependant  moins  dangereux  que  ne  l'ont 
dit  certains  observateurs  ;  ainsi  un  seul 
n'empoisonne  pas,  quoi  qu'on  en  ait  dit,  et 
même  lorsqu'on  en  a  mangé  plusieurs  ,  le 
vomissement  suffit  pour  faire  disparaître  les 
symptômes  de  l'empoisonnement.  M.  Ricord 
en  a  essayé  les  effets  sur  lui-même  ;  en  ayant 
mâché  un  sans  l'avaler,  il  ressentit  dans  la 
bouche,  après  deux  minutes,  une  impression 
de  chaleur  très  vive  ,  et ,  au  bout  de  douze 
heures,  sa  langue  et  ses  lèvres  se  couvrirent 
de  petits  boutons  qui  guérirent  après  quel- 
ques jours. 

Le  Mancenillier  est  devenu  très  rare  dans 
les  pays  où  il  croît  naturellement,  par  suite 
de  la  précaution  que  prennent  les  habitants 
d'arracher  tous  ceux  qu'ils  découvrent.  Au 
reste,  il  est  à  peu  près  inutile.  Son  bois  est 
mou,  filandreux,  et  trop  facilement  décom- 
posable  pour  être  employé  à  des  ouvrages  de 
charpente  ou  de  menuiserie;  ceux  qui  ont 


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dit  qu'il  est  dur  et  propre  à  l'ébénisterie 
l'ont  confondu  avec  celui  d'un  Rhus,  auquel 
on  donne  vulgairement  et  à  tort ,  dans  les 
Antilles  ,  le  nom  de  Mancenillier  de  mon- 
tagne. Il  n'est  pas  même  bon  à  brûler,  car 
on  assure  que  sa  fumée  est  très  malfaisante. 
Lorsqu'on  veut  abattre  un  Mancenillier,  on 
commence  par  allumer  du  feu  autour  de  son 
tronc  afin  de  brûler  son  écorce,  qui,  sans 
cette  précaution ,  laisserait  couler  une  grande 
quantité  de  suc  laiteux ,  et  ne  manquerait 
pas  ainsi  de  causer  des  accidents  graves. 

On  a  essayé  d'introduire  le  Mancenillier 
dans  la  matière  médicale.  Ainsi  de  son  écorce 
découla  spontanément  une  gomme- résine 
jaunâtre,  opaque  ,  friable,  qu'on  a  vantée 
comme  vermifuge  et  comme  un  bon  diuré- 
tique. M.  Ricord  a  également  attribué  cette 
dernière  propriété  à  son  fruit  séché  et  pul- 
vérisé, ainsi  qu'à  ses  graines;  mais,  au  to- 
tal, ces  substances  ne  paraissent  pas  appelées 
à  rendre  de  bien  grands  services. 

Divers  observateurs,  et  en  particulier  Tus- 
sac,  ont  dit  que  le  meilleur  antidote  dans 
les  cas  d'empoisonnement  par  le  Mancenil- 
lier, est  l'eau  de  mer,  ou,  au  besoin,  l'eau 
salée;  mais  cette  assertion  a  été  démontrée 
inexacte.  Il  a  été  reconnu  que  l'eau  de  mer 
aggrave  les  symptômes  de  cet  empoisonne- 
ment au  lieu  de  les  faire  disparaître,  et  que 
le  véritable  antidote  qu'on  doit  lui  substi- 
tuer est  une  décoction  de  la  graine  deNhan- 
diroba  {Fevillea  scandens).  (P.  D.) 

MANCHETTE  DE  NEPTUNE,  polyp. 
—  Un  des  noms  vulgaires  du  Rétépore  com- 
mun, Retepora  cellulosa,  qui,  par  la  délica- 
tesse de  sa  structure,  ressemble  en  effet  à 
une  dentelle  de  pierre.  (Duj.) 

MANCHOT.  Aptenodyles  (à«T„'v,  ?îvoç, 
sans  ailes;  0vttjç,  plongeur),  ois.  —  Genre 
appartenant  à  l'ordre  des  Palmipèdes,  et  à 
la  famille  des  Impennes  (  Inailés  de  Blain- 
ville  ;  Sphenisci,  Vieillot;  Spheniscinœ,  G.  R. 
Gray).  On  lui  donne  pour  caractères  :  Bec 
robuste  ou  grêle  ,  convexe  en  dessus,  dilaté 
et  renflé  à  la  base  de  la  mandibule  infé- 
rieure; des  ailes  tout-à  fait  impropres  au 
vol,  réduites  à  de  simples  moignons  aplatis 
en  forme  de  nageoires,  et  n'ayant  plus  que 
des  vestiges  de  plumes  d'apparence  squa- 
meuse ;  des  tarses  excessivement  portés  en 
arrière,  très  gros,  très  courts,  fort  élargis,  ce 
qui  les  fait  ressembler  à  la  plante  du  pieu 


d'un  Mammifère;  des  doigts  au  nombre  de 
quatre,  trois  devant,  réunis  par  une  mem- 
brane entière,  et  un  pouce  petit  collé  à  la 
partie  inférieure  du  bord. 

Les  Manchots  ont  une  si  grande  analogie 
de  forme  et  de  structure  avec  les  Pingouins» 
que  la  plupart  des  voyageurs  du  siècle  der- 
nier les  confondaient  sous  le  même  nom. 
En  effet ,  dans  les  relations  qu'ils  nous  ont 
laissées  de  leurs  voyages,  il  n'est  question 
que  de  Pingouins,  et  cependant,  assez  sou- 
vent ,  les  espèces  qu'ils  nommaient  ainsi 
étaient  bien  positivement  des  Manchots , 
comme  on  l'a  depuis  longtemps  reconnu 
d'après  les  descriptions  qu'ils  en  ont  faites, 
quelque  imparfaites  que  soient  généralement 
ces  descriptions.  Ces  oiseaux  sont  assez  bien 
connus  pour  qu'on  ne  puisse  plus  les  con- 
fondre; d'ailleurs,  ils  se  distinguent  non 
seulement  par  des  caractères  qui  sont  pro- 
pres au  genre,  mais  aussi  par  la  différence 
d'habitat.  Ainsi ,  tandis  que  les  Manchots 
n'ont  plus  de  pennes  aux  ailes ,  que  tout 
leur  corps  n'est  revêtu  que  d'une  espèce  de 
duvet  serré ,  offrant  plutôt  l'apparence  de 
poils  que  de  plumes;  que  chez  eux  le  pouce, 
tant  petit  soit-il,  existe  cependant,  les  Pin- 
gouins, au  contraire,  ont  le  corps  couvertde 
véritables  plumes;  leurs  ailes  sont  pourvues 
de  rémiges,  fort  courtes  à  la  vérité,  et  leurs 
pieds  n'offrent  plus  de  vestige  de  pouce.  En 
outre,  la  nature  semble  avoir  voulu  établir 
entre  eux  une  ligne  de  démarcation  d'un 
autre  genre  :  elle  a  confiné  les  premiers 
exclusivement  dans  l'hémisphère  austral  (on 
ne  les  a  jamais  rencontrés  que  dans  les  mers 
du  Sud),  et  elle  a  fait  les  seconds  habitants 
de  l'hémisphère  boréal,  des  mers  les  plus  sep- 
tentrionales. 

Les  Manchots  sont  peut-être,  de  toutes  les 
espèces  ornithologiques ,  celles  qui  offrent 
l'organisation  la  plus  exceptionnelle.  Comme 
l'a  dit  depuis  fort  longtemps  Buffon  :  «  Ils 
sont  le  moins  oiseaux  possible,  »  et,  en  ef- 
fet, ils  offrent  au  minimum  quelques  uns 
des  traits  qui  font  le  caractère  principal  de 
la  classe  à  laquelle  ils  appartiennent. 

Leurs  mœurs  ne  sont  pas  moins  curieuse* 
que  leur  organisation.  Grâce  aux  faits,  aux 
documents  nombreux  fournis  par  les  naviga- 
teurs, tant  anciens  que  modernes,  l'histoire 
naturelle  des  Manchots  peut  être  considérée 
comme  complète.  Tout,  chez  ces  oiseaux,  a  été 


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disposé  pour  une  vie  essentiellement  aqua- 
tique: aussi  restent-ils  près  de  huit  mois 
de  l'année  dans  la  mer,  errants  à  l'aven- 
ture, et  souvent  loin  des  côte«.  C'est  ce  qui 
leur  arrive  lorsque,  gîtes  sur  un  glaçon,  ils 
s'abandonnent  aux  vents  et  aux  courants 
sous-marins.  Ce  n'est  pas  qu'en  nageant  ils 
ne  puissent  également  se  transporter  à  de 
très  grandes  distances  et  gagner  la  haute 
mer  ;  car  on  en  a  rencontré  à  1 30  lieues  loin 
de  toute  côte,  et  dans  des  parages  où  ils  n'a- 
vaient pu  être  portés  par  les  glaces.  Ce  fait, 
que  plusieurs  voyageurs  s'accordent  à  ad- 
mettre, est  en  outre  la  preuve  que  les  Man- 
chots peuvent,  ainsi  que  le  dit  Cook,  passer 
plusieurs  jours  de  suite  à  la  mer  sans  pren- 
dre terre  nulle  part  :  la  mer  est  donc  le  seul 
élément  qui  convienne  à  leur  nature. 

Les  mouvements  qu'ils  exécutent  dans 
l'eau  sont  vifs.  Lorsqu'ils  nagent,  tout  leur 
corps  est  submergé  ;  leur  tête  seule  est  appa- 
rente à  la  surface.  Ils  peuvent  plonger  à  de 
très  grandes  profondeurs,  et  surtout  ils  ont 
la  faculté  de  rester  très  longtemps  sous  l'eau. 
Us  nagent  et  plongent  avec  une  vitesse  vrai- 
ment prodigieuse.  Quelques  voyageurs  ont 
même  écrit  qu'aucun  poisson  ne  pourrait  le 
suivre,  ce  qui  est  sans  doute  un  peu  exa- 
géré. Lorsque  sur  leur  trajet  ils  rencontrent 
quelque  obstacle,  au  lieu  de  le  tourner,  ils 
le  franchissent  en  s'élevant  avec  rapidité  à 
4  ou  5  pieds  hors  de  l'eau,  et  en  retombant 
par-delà  l'objet  qui  les  bornait.  L'une  des 
espèces  de  ce  singulier  genre  a  même  tiré 
son  nom  de  cette  habitude  qui  lui  est  plus 
particulièrement  familière.  On  la  voit  très 
fréquemment  bondir  à  la  surface  de  la  mer, 
plonger,  rebondir  de  nouveau,  et  toujours 
exécuter  ses  sauts  en  décrivant  uu  arc  de 
cercle. 

Mais  autant  les  mouvements  des  Man- 
chots sont  prestes  et  faciles  lorsque  ces  oi- 
seaux sont  au  sein  de  l'eau,  autant  ils  sont 
pesants  et  gauches  lorsqu'ils  sont  à  terre  : 
aussi  n'y  viennent-ils  que  momentanément, 
et  lorsqu'ils  y  sont  appelés  par  le  besoin  de 
pondre.  Le  sol  est  pour  eux  un  milieu  inso- 
lite, où  ils  sont  livrés  sans  défen  e  à  la 
merci  de  tous  leurs  ennemis  ;  de  là  vient 
que  leur  nombre  a  considérablement  dimi- 
nué sur  tous  les  points  où  l'homme  a  fait 
de  trop  fréquentes  apparitions  et  un  trop 
long  séjour.  Dans  quelques  lieux  même  ces 


oiseaux  ont  presque  entièrement  disparu. 
Il  est  probable  que  les  espèces  actuelle- 
ment existantes  uniraient  par  s'éteindre, 
comme  nous  avons  vu  le  Dronte  disparaître 
de  l'île  Maurice,  comme  nous  verrons  sans 
aucun  doute  VAplerix  austral  disparaître  de 
la  Nouvelle-Hollande  ,  si  la  nature  n'avait 
étendu  leur  demeure  jusqu'aux  extrêmes 
zones  polaires,  dernière  retraite  où  l'homme 
ne  pourra  probablement  jamais  les  at- 
teindre. 

En  raison  de  la  position  et  de  la  disposition 
de  leurs  tarses,  on  conçoit  que  la  marche 
des  Manchots  doive  être  lourde  etlente.  Pour 
avancer  et  se  soutenir  sur  leurs  pieds  courts 
et  posés  à  l'arrière  de  l'abdomen  ,  il  faut 
qu'ils  se  tiennent  debout,  leur  corps  re- 
dressé en  ligne  perpendiculaire  avec  le  cou 
et  la  tète,  et  ayant  pour  point  d'appui  non 
plus  seulement  le  pied,  mais  tout  le  tarse. 
Pans  cette  attitude,  on  les  prendrait  de  loin, 
selon  Narborough,  pour  de  petits  enfants 
avec  des  tabliers  blancs;  Pernetty,  se  ser- 
vant d'expressions  plus  pittoresques  ,  dit 
qu'on  croirait  voir  des  enfants  de  chœur  en 
surplis  et  en  camail  noir.  Ces  comparaisons 
devaient  naturellement  venir  à  l'esprit  des 
observateurs  à  la  vue  de  bandes  d'oiseaux 
marchant  lentement,  debout  à  la  file  les 
uns  des  autres,  et  parés  de  couleurs  qui 
prêtaient  singulièrement  à  l'illusion. 

Comme  tous  les  oiseaux  qui  ne  peuvent 
trouver  ni  dans  la  course  ni  dans  le  vol  uu 
moyen  de  se  soustraire  aux  atteintes  d'un 
ennemi,  les  Manchots,  lorsqu'ils  sont  à 
terre,  paraissent  très  indolents,  et  semblent 
avoir  une  confiance  extrême.  Ils  se  laissent 
ordinairement  approcher  de  fort  près.  C 
n'est  pas  qu'à  la  vue  de  l'homme,  ils  ne 
cherchent  à  prendre  la  fuite,  mais  leur  im- 
puissance est  telle  qu'il  faut  qu'ils  soie:: 
réellement  pressés  de  fuir  pour  s'y  détermi- 
ner. «  A  mesure  qu'on  avance  vers  eu:,, 
Pernetty,  ils  vous  regardent  en  penchant  la 
tête  sur  un  côté,  puis  sur  l'autre,  comme 
s'ils  se  moquaient  de  vous;  quelquefois, 
cependant,  ils  fuient  quand  on  n'en  est  plus 
qu'a  5  ou  6  pieds  de  distance.  S'ils  sont  sur- 
pris et  que  vous  les  attaquiez,  ils  s'élancent 
sur  vous,  et  tâchent  de  se  défendre  en  vous 
donnant  des  coups  de  bec  aux  jambes  ;  ils 
rusent  même  pour  y  réussir,  et  feignant  de 
fuir  de  côté,  ils  se  retournent  promptement» 


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et  pincent  si  serré,  qu'ils  emportent  la  chair 
quand  on  a  les  jambes  nues.  On  les  voit  com- 
munément en  troupes,  quelquefois  au  nom- 
bre de  quarante,  rangés  en  bataille,  qui  vous 
regardent  passer  à  une  vingtaine  de  pas.  » 

La  plupart  des  navigateurs  qui  ont  des- 
cendu sur  les  îles  que  ces  oiseaux  fréquen- 
tent momentanément  ont  été  frappés  de  ces 
mœurs  singulières;  tous  s'accordent  égale- 
ment à  dire  que  le  cri  des  Manchots  imite, 
à  s'y  méprendre,  le  braiment  de  l'Ane. 
M.  P.  Garnot  raconte  que  pendant  leur  sé- 
jour aux  îles  Malouines,  ils  entendaient  sou- 
vent dans  les  soirées  calmes  un  bruit  ana- 
logue à  celui  d'une  populace  un  jour  de 
fête.  L'illusion  était  telle  ,  qu'on  aurait  pu 
croire  que  les  îles  d'où  partaient  ce  bruit 
étaient  habitées ,  et  cependant  il  n'y  avait 
là  que  des  Manchots. 

C'est  ordinairement  vers  la  fin  de  sep- 
tembre ou  au  commencement  d'octobre  que 
ces  oiseaux  font  leur  ponte,  et  c'est  aussi, 
comme  nous  l'avons  dit,  particulièrement  à 
cette  époque  qu'on  les  rencontre  à  terre. 
Leur  mode  de  nidification  est  assez  singu- 
lier ;  ils  creusent  dans  les  dunes  de  sable 
des  trous  ou  plutôt  des  terriers  profonds,  et 
c'est  dans  la  partie  la  plus  reculée  de  ces 
nids  d'espèce  nouvelle,  assez  vastes  pour  lo- 
ger à  l'aise  la  famille,  que  la  femelle  dépose 
ses  œufs  au  nombre  de  deux;  assez  souvent 
cependant  elle  n'en  pond  qu'un  seul.  Le 
terrain  dans  lequel  les  Manchots  creusent 
leurs  terriers  est  parfois  tellement  criblé, 
tellement  miné,  qu'on  ne  peut  y  faire  un  pas 
sans  le  voir  s'affaisser ,  et  sans  s'y  enfoncer 
jusqu'aux  genoux.  Il  paraîtrait  pourtant  que 
ce  genre  d'industrie  n'est  pas  commun  à 
toutes  les  espèces,  et  que  toutes  ne  ca- 
chent pas  leurs  œufs  dans  des  trous;  car,  au 
rapport  d'Anderson ,  les  Manchots  que  le 
capitaine  Cook  trouva  dans  son  troisième 
voyage,  sur  la  terre  de  Kerguelen,  avaient 
pondu  sur  la  pierre  sèche. 

En  présence  d'un  fait  aussi  positif  que  ce- 
lui du  peu  de  fécondité  des  Manchots,  puis- 
que leur  ponte  est  d'un  et  au  plus  de  deux 
œufs,  on  est  tenté  de  se  demander  si  ce 
qu'ont  dit  les  navigateurs  de  la  prodigieuse 
multiplicité  de  ces  oiseaux  n'était  pas  trop 
exagéré.  Ainsi,  Narborough  rapporte  qu'é- 
tant descendu  dans  une  île,  en  vue  du  port 
Désiré  ,  sur  la  côte  des  Patagons,  on  prit 


300  Manchots  dans  l'espace  d'un  quart 
d'heure,  et  qu'on  aurait  pu  en  prendre  tout 
aussi  facilement  3,000.  «  On  les  chassait 
devant  soi,  dit- il,  comme  des  troupeaux,  et 
chaque  coup  de  bâton  en  abattait  un.  » 
Une  autre  fois,  l'équipage  ramassa  sur  le 
même  lieu  100,000  œufs.  D'une  autre 
part,  on  lit  dans  les  relations  d'un  voyage 
au  détroit  de  Magellan  ,  qu'on  trouva  sur 
une  île  une  quantité  si  considérable  de  Man- 
chots, qu'il  y  aurait  eu  de  quoi  en  pourvoir 
25  navires,  et  qu'on  en  prit  900  en  deux  heu- 
res. C'est  dans  les  mêmes  parages  que  les 
équipages  des  vaisseaux  du  capitaine  Drake 
en  tuèrent  pour  leur  provision  3,000  en  un 
jour.  Enfin,  Cook  en  parlant  des  espèces  de 
ce  genre  qu'il  vit  juchées  sur  les  terres  aus- 
trales de  Sandwich,  avance  qu'elles  y  étaient 
en  nombre  tellement  considérable ,  qu'elles 
paraissaient  former  une  croûte  sur  le  ro- 
cher. Si  l'on  veut  bien  considérer  que  les 
points  du  globe  sur  lesquels  les  navigateurs 
dont  nous  venons  de  parler  ont  rencontré 
des  Manchots,  étaient  des  lieux  pour  ainsi 
dire  vierges,  en  ce  sens,  que  l'homme  en 
avait  rarement  troublé  la  solitude  et  la  paix  ; 
que  par  conséquent  les  oiseaux  qui  les  ha- 
bitaient, s'y  propageant  en  toute  sécurité, 
et  n'étant  soumis  à  d'autres  causes  de  des- 
truction que  celle  d'une  mort  naturelle, 
devaient  de  génération  en  génération  s'y 
multiplier  à  un  tel  point,  que  le  nombre  en 
devint  incalculable ,  on  concevra  sans  peine, 
tout  en  admettant  que  les  espèces  soient  par 
elles-mêmes  peu  fécondes,  qu'il  ne  doive,  et 
qu'il  n'y  ait  en  effet  rien  d'exagéré  dans 
ce  qu'ont  rapporté  Narborough  ,  Drake , 
Cook  ,  etc.,  des  chasses  phénoménales  de 
Manchots.  Ces  oiseaux  étaient  à  peu  près  le 
seul  élément  de  subsistance  de  l'équipage  du 
capitaine  Cook  sur  la  terre  de  Kerguelen. 

Les  navigateurs  ne  sont  pas  parfaitement 
d'accord  sur  la  qualité  et  le  goût  de  la  chair 
des  Manchots.  Tous  conviennent  unanime- 
ment qu'elle  offre  une  ressource  des  plus 
abondantes  dans  les  climats  désolés  et  tristes 
que  ces  oiseaux  habitent;  mais  les  uns  veu- 
lent qu'elle  soit  aussi  bonne  à  manger  que 
celle  des  Oies  ;  les  autres  la  disent  d'un  mé- 
diocre manger  ;  d'autres,  enfin,  lui  trouvent 
une  odeur  musquée  et  un  goût  de  poisson 
trop  prononcé  pour  qu'elle  soit  un  mets  pas- 
sable. Il  est  de  fait  que  les  Manchots  ne  vi- 


MAN 


MAN 


743 


vant  presque  que  de  poissons,  leur  chair  doit 
en  contracter  le  goût ,  aussi  bien  que  l'é- 
norme quantité  de  graisse  dont  leur  corps 
est  couvert. 

Les  Manchots  se  rencontrent  non  seule- 
ment dans  toutes  les  mers  australes,  et  sur 
toutes  les  terres  qui  y  sont  éparses ,  mais 
on  les  voit  aussi  à  des  latitudes  moins  éle- 
vées ,  dans  le  grand  Océan  et  dans  l'océan 
Atlantique.  Le  tropique  du  Sud  paraît  ce- 
pendant être  une  limite  que  ces  oiseaux 
n'ont  guère  franchie. 

Les  6  ou  7  espèces  de  Manchots  que  l'on 
connaît  avaient  été  réunies  par  Forster  sous 
la  dénomination  unique  d'Aptenodyles;  au- 
jourd'hui elles  sont  distribuées  dans  quatre 
genres  distincts,  établis  sur  des  particula- 
rités différentielles  que  présente  le  bec.  De 
ce  nombre  est  le  g.  Gorfou,  dont  on  a  déjà 
fait  l'objet  d'un  article  particulier  auquel 
nous  renvoyons  ;  nous  n'avons  donc  à  nous 
occuper  ici  que  des  Manchots  proprement 
dits,  des  Sphénisques  et  des  Pygoscelis,  que 
nous  considérerons  avec  les  méthodistes 
comme  formant  autant  de  divisions  d'une 
même  famille  ou  sous-famille. 

Les  MANCHOTS  proprement  dits 

(Aplenodyles ,  Forster). 

Mandibule  supérieure  couverte  de  plu- 
mes jusqu'au  tiers  de  sa  longueur,  où  s'ou- 
vrent les  narines,  et  d'où  part  de  chaque 
côté  un  sillon  qui  s'étend  jusqu'à  l'extrémité 
du  bec.  —  Espèce  unique  : 

Le  Grand  Manchot  ,  Apt.  patagonicd 
Forst.  (Buff., pi.  enl.f  975),  d'un  blanc  ar- 
doisé en  dessus,  blanc  satiné  dessous,  avec 
un  masque  noir  entouré  d'une  cravate  jaune 
dorée.  —Habite  le  détroit  de  Magellan  ,  la 
Terre-de-Feu,  les  Malouines  et  la  Nouvelle- 
juinée. 

Les  SPHÉNISQUES  (Spheniscus,  Brisson). 

Bec  irrégulièrement  sillonné  à  sa  base; 
les  narines  découvertes  et  percées  au  mi- 
lieu de  la  mandibule  supérieure,  qui  est 
crochue  au  bout;  mandibule  inférieure  tron- 
quée au  bout.  —  Espèce  unique: 

Le  Sphénisque  du  Cap,  Sph.  demersus, 
Apt.  demersa  Gmel.  (Buff.,  pi.  ml.,  382 
et  1005  ) ,  d'un  noir  brun  en  dessus  ,  blanc 
aux  parties  inférieures;  une  bande  blanche 


au  milieu  du  bec. 
îles  Malouines. 


Habite  le  Cap  et  les 


Les  PYGOSCELIS  (Pygoscelis,  Wagler). 

Bec  plus  long  que  la  tête,  cylindrique, 
grêle,  sans  sillons;  la  mandibule  inférieure 
pointue  et  plus  courte  que  la  supérieure. 

—  Espèce  unique: 

Le  Pygoscelis  papou,  P.  papua  Wagl. 
(  Vieill.,  Gai.  des  Ois.,  pi.  299  ).  Tête  et  cou 
d'un  noir  sombre  inclinant  au  bleu;  un 
trait  blanc  au-dessus  de  l'œil;  parties  supé- 
rieures d'un  noir  bleuâtre,  les  inférieures 
blanches.  —  Habite  les  îles  des  Papous  et 
de  Falkland.  (Z.  Gerbe.) 

*MANCHOTS.  Sphenisci.  ois.  —  Vieillot 
a  établi  sous  ce  nom  ,  dans  l'ordre  des  Pal- 
mipèdes, une  famille  qui  est  caractérisée  par 
des  ailes  impropres  au  vol ,  courtes ,  com- 
primées en  forme  de  nageoires,  dépourvues 
de  pennes  proprement  dites ,  et  garnies  de 
plumes  qui  ont  l'apparence  d'écaillés.  Cette 
famille ,  qui  correspond  au  g.  Aplenodytes 
de  Forster  (Manchots  de  G.  Cuvier),  et  à  la 
sous-famille  des  Sphe'niscinées  de  G  .-R.  G ray, 
comprend  pour  Vieillot  deux  divisions  seu- 
lement :  celle  des  Gorfous  et  celle  des  Apté- 
nodytes.  \7..  G.) 

*MANDALOTUS  (fxav^oç,  vei.   u).ins. 

—  Genre  de  Coléoptères  tétramères,  ïamillc 
des  Curculionides  gonatocères,  division  des 
Apostasimérides-Cryptorhynchides,  créé  par 
Erichson  (Naturgeschichte ,  1842,  p.  193, 
g.  20).  L'auteur  a  décrit  les  quatre  espèces 
suivantes,  qui  toutes  sont  originaires  de  la 
Nouvelle-Hollande  :  erudus  ,  rigidus ,  sleri- 
lis  et  velulus.  Ce  genre  rentre  dans  sa  tribu 
des  Otiorhynchides.  (C.) 

MANDAR.  mam.  —  Voy.  oryctérope, 

MANDELSTEIN  (c'est-à-dire  pierre  d'a- 
mandes), min.  —  Nom  donné  par  les  Alle- 
mands à  des  roches  plutoniques  caverneuses, 
dont  les  cavités  sont  remplies  de  géodes  ou 
dedtuses,  le  plus  ordinairement  siliceuses, 
calcaires  ou  zéolithiques,  lesquelles  figurent 
des  espèces  de  noyaux  ou  d'amandes  au  mi- 
lieu d'une  pâte  terreuse.  Voy.  amygdaloïde. 

*MANDIBULATA.  rept.  — -M.  Fitzin- 
ger  {Syst.  rept.,  1813)  a  désigné  sous  co 
nom ,  dans  l'ordre  des  Reptiles  chéloniens , 
un  groupe  d'Émydes.  (E.  D.) 

MANDIBULES,  zool.— On  nomme  ainsi, 
en  ornithologie  v  les  deux  parties  du  bec 


744 


.MAN 


MAN 


qu'on  distingue  en  mauuibule  supérieure  et 
mandibule  inférieure.  Ce  nom  est  aussi 
donné,  chez  les  Insectes,  à  une  paire  de  mâ- 
choires, la  première  de  toutes,  qui  offre 
d'ordinaire  une  plus  grande  consistance  ,  et 
semble  plus  particulièrement  destinée  à  re- 
cevoir les  aliments.  Voy.  insectes. 

MANDIHOCA,  Pit.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Manihot,  Plum. 

MANDIJBA,  Marcg.  bot.  ph.  —Syn.  de 
Manihot,  Plum. 

MANDIOCCA,  Link.  bot.  ph.— Syn.  de 
Manihot,  Plum. 

MANDRAGORE.  Mandragora  (^avfya , 
étable;  ayvpoç,  nuisible:  nuisible  aux  bes- 
tiaux), bot.  ph.  —  Genre  de  plantes  de  la 
famille  des  Solanacées,  de  la  pentandrie 
monogynie  dans  le  système  sexuel  de  Linné. 
Séparées  par  Tournefort  comme  groupe  gé- 
nérique distinct,  et  conservées  d'abord  comme 
telles  par  Linné,  les  Mandragores  avaient 
ti:é  ensuite  réunies  aux  Atropa  par  ce  der- 
i.er  et  par  la  plupart  des  botanistes  qui  lui 
(Mit  succédé  ;  mais  dans  ces  derniers  temps, 
ie  genre  primitif  créé  pour  elles  a  été  réta- 
bli et  généralement  adopté.  Il  se  compose 
%  d'un  petit  nombre  d'espèces  herbacées  viva- 
ces  ,  qui  croissent  dans  les  parties  méridio- 
nales de  l'Europe.  Ces  plantes  ont  une  ra- 
cine charnue,  épaisse,  en  cône  allongé,  sou- 
vent bifurquée  en  deux  grosses  branches  vo- 
lumineuses, égales  entre  elles,  qu'on  a  quel- 
quefois comparées  aux  deux  cuisses  d'un 
homme,  et  cette  ressemblance  grossière  avait 
fait  donner  autrefois  à  l'espèce  la  plus  con- 
nue un  nom  qui  la  rappelait  {Anthropomor- 
phon).  La  tige  reste  rudinientaire,  ce  qui, 
dans  le  langage  descriptif,  fait  dire  que  ces 
plantes  sont  acaules  et  leurs  feuilles  radi- 
cales; celles-ci  sont  nombreuses,  réunies 
en  une  touffe  serrée ,  longues  souvent  d'un 
pied  ou  plus  ,  entières  ;  les  fleurs  sont  por- 
tées sur  des  pédoncules  radicaux  ;  elles  pré- 
sentent les  caractères  suivants  :  Calice  tur- 
biné, quinquéfide  ;  corolle  campanulée,  dont 
le  limbe  est  divisé  en  cinq  lobes  plissés  ; 
cinq  étamines  fixées  au  fond  du  tube  de  la 
corolle,  ayant  leur  filet  dilaté  à  sa  base; 
ovaire  à  deux  loges,  renfermant  de  nom- 
breux ovules  portés  sur  des  placentas  adhé- 
rents à  la  cloison  ;  le  style  est  simple ,  ter- 
miné par  un  stigmate  presque  capité.  Le 
fruit  qui  succède  à  ces  fleurs  est  une  baie 


entourée  à  sa  base  par  le  calice  un  peu  ac- 
cru, dans  laquelle  on  n'observe  plus  qu'une 
seule  loge  par  suite  de  l'oblitération  de  la 
cloison  ;  il  renferme  de  nombreuses  graines 
un  peu  réniformes.  Ce  genre  a  été  l'objet 
d'un  mémoire  spécial  de  M.  Bertoloni.  La 
plus  connue  des  espèces  qui  la  composent 
est  la  suivante. 

1 .  Mandragore  officinale  ,  Mandragora 
oflicinarumL'm.  {Atropa  Mandragora  Lin.). 
Elle  est  vulgairement  désignée  sous  le  nom 
de  Mandragore  femelle,  et  c'est  même  sous 
cette  dénomination  éminemment  impropre 
qu'elle  est  figurée  par  Bulliard  {Atropa  Man- 
dragora fœmina  Bull.,  Herb.  de  la  Fr. , 
tab.  146  ).  Sa  racine  est  grosse,  charnue, 
noirâtre  à  l'extérieur,  blanchâtre  à  l'inté- 
rieur; ses  feuilles  sont  grandes  :  les  pre- 
mières développées  sont  obtuses  au  sommet, 
les  autres  acuminées  ;  elles  sont  d'un  vert 
un  peu  glauque  ,  luisantes  en  dessus ,  plus 
pâles  en  dessous ,  plus  ou  moins  hérissées , 
ciliées  à  leur  bord  ,  longuement  pétiolées. 
Les  pédoncules  de  ses  fleurs  sont  légèrement 
pentagones,  rougeâtres.  Le  calice  est  hérissé, 
à  lobes  lancéolés,  acuminés.  La  corolle,  près 
de  trois  fois  plus  grande  que  le  calice,  est 
de  couleur  violacée ,  légèrement  hérissée  à 
l'extérieur,  à  divisions  oblongues-obovées. 
Les  étamines  sont  barbues  au  sommet;  elles 
portent  à  leur  base  une  grande  quantité  de 
poils  blancs  qui  ferment  la  gorge  de  la  co- 
rolle. Le  fruit  est  médiocrement  volumineux, 
de  forme  ovoïde  oblongue,  obtuse  à  son  som- 
met, que  surmonte  une  petite  pointe,  de  la 
longueur  du  calice,  d'un  jaune  roussâfre, 
d'une  odeur  forte  et  vireuse.  Cette  espèce 
habite  les  parties  méridionales  de  l'Europe; 
elle  est  commune,  notamment  dans  la  Cala- 
bre  et  dans  la  Sicile  ;  elle  fleurit  en  automne, 
et  quelquefois  elle  a  une  seconde  floraison 
au  printemps.  On  la  cultive  comme  plante 
officinale,  de  même  que  la  suivante. 

2.  Mandragore  printanière,  Mandragora 
vernalis  Bertol.  {Atropa  Mandragora  mas 
Bull.,  loc.  cit. y  tab.).  Cette  espèce,  quoique 
longtemps  confondue  avec  la  précédente, 
s'en  distingue  suffisamment  par  plusieurs 
caractères.  Sa  racine  est  plus  épaisse,  d'une 
couleur  blanchâtre  sale  à  l'extérieur  ,  plus 
blanche  à  l'intérieur.  Ses  premières  feuilles 
sont  presque  arrondies,  très  obtuses,  ridées, 
crépues  et  boursouflées  ;  les  suivantes  de  plus 


JUAN 

en  plus  grandes,  ovales,  moins  obtuses  ;  enfin 
les  dernières  développées  sont  les  plus  gran- 
des de  toutes ,  aiguës  :  toutes  sont  ondulées 
sur  leurs  bords ,  glabres  ou  très  légèrement 
pileuses,  d'un  vert  gai,  décurrentes  à  leur 
base  sur  leur  pétiole  qui  est  court,  d'une 
odeur  nauséeuse  et  désagréable.  Les  pédon- 
cules radicaux  sont  nombreux  et  uniflores , 
nus,  d'un  vert  pâle,  velus,  très  légèrement 
pentagones  à  leur  extrémité.  Les  fleurs  se 
succèdent  pendant  longtemps  ;  elles  ont  une 
odeur  faible  et  désagréable.  Le  calice  a  ses 
lobes  ovales  ou  ovales -lancéolés,  aigus,  dres- 
sés; la  corolle  est  petite,  à  peine  plus  lon- 
gue que  le  calice,  d'un  blanc  verdàtre,  à  di- 
visions oblongues ,  obtuses ,  ou  presque  ai- 
guës. Les  filets  des  étamines  sont  très  barbus 
à  leur  base.  Le  fruit  est  beaucoup  plus  gros 
que  celui  de  la  Mandragore  officinale ,  du 
volume  d'une  petite  pomme,  globuleux,  ob- 
tus, lisse,  glabre,  beaucoup  plus  long  que 
le  calice,  jaune  à  sa  maturité,  d'une  odeur 
qui  n'est  pas  tout-à-fait  désagréable.  Celte 
espèce  monte  plus  au  nord  que  la  précé- 
dente; elfe  fleurit  aux  mois  de  mars  et  d'avril. 
Les  deux  espèces  de  Mandragores  dont  il 
vient  d'être  question  se  ressemblent  absolu- 
ment par  leurs  propriétés.  Ce  sont  des  plan- 
tes narcotiques  et  stupéfiantes.  Ces  proprié- 
tés existent  dans  leurs  diverses  parties,  mais 
surtout  dans  leur  racine  dont  on  fait  un 
extrait,  qui  était  autrefois  employé  dans  un 
grand  nombre  de  maladies  différentes ,  mais 
dont  l'importance  a  singulièrementdiminué 
dans  la  médecine  moderne.  On  employait 
également  leurs  feuilles  fraîches  pour  com- 
battre certaines  ophthalmies ,  et  leur  fruit 
comme  soporifique  et  sédatif.  ;  mais  leur 
emploi  devait  être  entouré  de  nombreuses 
précautions.  On  sait  aussi  que  la  racine  de 
ces  plantes  jouait  un  rôle  important  dans  la 
sorcellerie  du  moyen-âge.  Aujourd'hui,  le 
seul  usage  qui  leur  reste  est  d'être  quelque- 
fois employées  à  l'extérieur,  en  cataplasmes 
qu'on  applique  sur  les  tumeurs  squirreuses. 

(P.  D.) 
MANDRILL,  mam.  —  Espèce  du  genre 
Cynocéphale.  A. -G.  Desmarest  (Dict.  d'hist. 
nat.,  XXIV,  180G)  avait  proposé  de  former 
avec  cette  espèce,  sous  la  dénomination  de 
Mandrilla ,  un  petit  groupe  de  Quadru- 
manes catarrhiniens.  Voy.  l'article  cynocé- 
phale. (E.  D.) 

T.  VII. 


MAN 


745 


MANE.  polyp. — Genre  de  Spongiaires 
proposé  par  Guettard  pour  des  espèces  d'É- 
ponges  formées  de  fibres  longitudinales, 
simples  ou  ramifiées,  et  ne  présentant  ni 
cavités,  ni oscules  distincts.  (Du.) 

MANETTIA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Rubiacées-Cinchonées ,  établi  par 
Mutis  (in  Linn.  Mantiss.,  556)  et  présentant 
pour  principaux  caractères  :  Calice  à  tube 
turbiné,  soudé  à  l'ovaire;  limbe  supère,  à  4 
ou  5  divisions  linéaires  lancéolées,  etsouvent 
accompagnées  d'un  égal  nombre  de  dents 
placées  entre  les  lobes  ;  corolle  supère,  infun- 
dibuliforme,  à  tube  cylindrique  ou  à  4  ou  5 
pans;  limbe  à  4  ou  5  divisions  obtuses,  éta- 
lées ou  roulées.  Étamines  4  ou  5 ,  insérées 
à  la  gorge  de  la  corolle  ;  filaments  filiformes, 
un  peu  saillants.  Anthères  ovales,  incom- 
bantes. Ovaire  infère,  2-loculaire;  style  fili- 
forme; stigmate  bilobé.  Le  fruit  est  une 
capsule  membraneuse,  couronnée  par  le 
limbe  du  calice,  2-loculaire,  septicide-bi- 
valve. 

Les  Maneltia  sont  des  herbes  ou  des  sous- 
arbrisseaux  grimpants  de  l'Amérique  tropi- 
cale, à  rameaux  grêles,  à  feuilles  opposées, 
portées  par  un  très  court  pétiole,  ovales- 
oblongues  ou  subcordiformes,  à  pédoncules 
axillaires  uni-  ou  multiflores.  On  connaît 
plus  de  20  espèces  de  ce  genre,  présentant 
des  fleurs  de  couleurs  variées;  nous  cite- 
rons ,  comme  une  des  plus  remarquables , 
la  Maneltia  bicolor,  figurée  dans  l'atlas  de 
ce  Dictionnaire ,  botanique  ,  dicotylédones  , 
pi.  18. 

MA1VGA,  Rumph.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Mangifera,  Linn. 

MANGABEY.  mam,  —  Espèce  du  genre 
Guenon,  Cercopithecus .  Voy.  cercopithèque. 

*MANGAIBA,  Marcg.  bot.  ph.  —  Syn. 
à'Hancornia ,  Gomez. 

MANGANÈSE,  min.  —  Ce  métal  forma 
la  base  d'un  genre  minéralogique  dans  lei 
méthodes  qui  admettent  une  cîasse  de  mé- 
taux autopsides,  comme  celles  d'Haiïy  et  de 
M.  Brongniart.  Les  espèces  de  ce  genre  ont 
pour  caractère  commun  de  donner,  avec  la 
soude,  une  fritte  verte  qui,  par  le  refroi- 
dissement ,  devient  vert-  bleuâtre  ;  et  avec 
le  borax,  au  feu  d'oxydation,  un  vert 
violet  ou  rouge  améthyste.  Les  espèces  de  ce 
genre  peuvent  se  ranger  sous  les  cinq  litres 
suivants  ■  Manganèses  sulfurés,  Mang.oxy* 

94 


745 


MAN 


AIAN 


des,  Mang.  carbonates,  Mang.  silicates  et 
Mang.  phosphatés. 

I.  Manganèses  sulfurés.  On  en  connaît 
une  seule  espèce,  qui  est  VAlabandine  (le 
Manganglanz  ou  Manganblende  des  Alle- 
mands). Substance  légèrement  métalloïde, 
d'un  noir  brunâtre  ,  à  poussière  verte  ,  se 
présentant  en  petites  masses  cristallines , 
en  veines  ou  en  enduits,  et  quand  elle  est 
lamelleuse,  se  prêtant  assez  facilement  à 
un  clivage  cubique.  Pesant,  spécif.  =  3,9. 
C'est  un  monosulfure  qui  contient  37  £  de 
soufre.  Elle  se  trouve  en  petites  veines  dans 
les  Manganèses  roses,  les  spaths  brunissants 
et  les  minerais  de  tellure,  à  Nagy-ag  en 
Transylvanie. 

II.  Manganèses  oxydés.  Cette  catégorie 
comprend  toutes  les  espèces  que  les  arts  ont 
pu  mettre  à  proflt;  car  le  Manganèse  ne 
peut  être  utilisé  qu'à  l'état  d'oxyde.  Indé- 
pendamment des  caractères  que  nous  avons 
assignés  au  genre,  elles  possèdent  encore 
la  propriété  de  donner  plus  ou  moins  de 
chlore  par  leur  action  sur  l'acide  chlorhy- 
drique.  On  distingue  cinq  espèces  principales 
de  Manganèse  oxydé  :  la  Pyrolusite  f  la 
Braunite,  YAcerdèse,  la  Hausmannite  et  la 
Psilomélane. 

1°  Pyrolusite.  Manganèse  peroxyde;  Man- 
ganèse gris  ou  noir  de  fer,  à  poussière  d'un 
noir  foncé;  le  plus  souvent  cristallisé  en  ai- 
guilles ,  qui  se  réunissent  en  concrétions , 
en  rognons ,  en  masses  compactes  ou  ter- 
reuses ,  noires  ,  pesantes ,  très  tendres  et 
tachant  fortement  les  doigts.  Comme  son 
nom  l'indique,  il  se  décompose  facilement 
par  l'action  du  feu,  en  se  convertissant  d'a- 
bord en  Braunite,  puis  finalement  en  Haus- 
mannite, ou  oxyde  rouge.  Dans  le  premier 
cas,  il  perd  le  quart  de  son  oxygène,  et  dans 
le  second ,  le  tiers.  La  Pyrolusite  est  un 
bi-oxyde  de  Manganèse,  contenant  37  £  d'oxy- 
gène. Elle  cristallise  dans  le  système  rhom- 
bique,  en  prismes  droits  d'environ  93°  40'. 
Elle  est  rayée  par  le  calcaire,  et  produit  une 
vive  effervescence  avec  le  verre  de  borax. 

C'est  le  minerai  de  Manganèse  le  plus 
utile. et  l'un  des  plus  communs;  il  se  trouve 
dans  les  terrains  de  cristallisation  et  dans  les 
roches  de  sédiment  qui  les  avoisinent,  no- 
tamment dans  les  arkoses ,  y  formant  des  dé- 
pôts plus  ou  moins  considérables.  On  trouve 
cette  espèce  assez  abondamment  en  France; 


mais  elle  est  rarement  pure,  et  le  plus  sou- 
vent elle  est  mélangée  avec  la  Psilomélane 
ou  l'Acerdèse  (mine  de  Romanèche ,  près  de 
Mâcon  ;  Thiviers ,  Périgueux ,  et  Excideuil , 
dans  la  Dordogne;  Calvéron,  département 
de  l'Aude);  ou  bien  elle  est  à  l'état  d'hydrate 
(à  Groroi,  dans  la  Mayenne,  et  à  Vicdessos, 
dans  l'Ariége).  Dans  ce  dernier  cas,  elle 
constitue ,  à  proprement  parler,  une  nou- 
velle espèce  ,  à  laquelle  on  a  donné  le  nom 
de  Groroilite;  sa  poussière  n'est  plus  noire, 
mais  d'un  brun  de  chocolat.  Les  variétés  de 
Manganèse  en  enduits  écailleux  et  argentins, 
qui  viennent  des  mines  de  fer  de  Vicdessos, 
et  les  masses  terreuses  et  légères,  de  cou- 
leur brune,  connues  sous  le  nom  de  Wad, 
peuvent  être  rapportées  à  cette  dernière  es- 
pèce. On  peut  en  rapprocher  également  les 
substances  désignées  sous  les  noms  de  War- 
vicite  et  de  Neukirchite. 

2°  Braunite.  Sesqui-oxyde  de  Manganèse, 
ainsi  nommé  en  l'honneur  du  docteur  Braun. 
C'est  un  minerai  noir,  d'une  assez  grande 
dureté,  d'une  pesanteur  spécifique  =4,8; 
dont  la  poussière  est  d'un  noir  fuligineux. 
11  cristallise  en  octaèdres  à  base  carrée  de 
108°  39'  à  la  base,  et  de  109°  53'  sur  les 
arêtes  culminantes.  Des  traces  de  clivage  ont 
lieu  parallèlement  aux  faces  de  cet  octaèdre, 
mais  non  parallèlement  à  la  base.  Elle  est 
légèrement  effervescente ,  quand  on  la  fond 
avec  le  verre  de  borax,  ce  qui  dénote  qu'elle 
est  capable  de  donner  de  l'oxygène  par  l'ac- 
tion de  la  chaleur;  elle  en  contient  environ 
30  £.  On  la  trouve  en  masses  lamellaires  ou 
compactes,  associées  souvent  à  la  Hausman- 
nite, àElgersburg  en  Thuringe,  et  à  Wun- 
siedel  en  Bayreuth,  et  aussi  en  d'autres 
pays  ,  notamment  à  Saint-Marcel  en  Pié 
mont,  où  se  voient  des  cristaux  de  Braunite, 
qui  sont  des  combinaisons  d'octaèdres  et  de 
di-octaèdres.  La  Braunite  de  Saint-Marcel  est 
mélangée  de  silice  ,  ce  qui  est  cause  qu'on 
l'a  considérée  comme  un  silicate  de  Manga- 
nèse ,  et  décrite  sous  le  nom  particulier  de 
Marceline. 

3°  Acerdèse  (Mangani te  des  Allemands  ). 
C'est  de  la  Braunite  hydratée ,  et  l'une  des 
plus  communes  du  genre,  celle  à  laquelle  se 
rapportent  la  plus  grande  partie  des  échan- 
tillons des  collections;  elle  accompagne  sou- 
vent la  Pyrolusite,  et  lui  ressemble  telle- 
ment par  les  caractères  extérieurs ,  que  les 


IMAN 

minéralogistes  les  ont  longtemps  confondues 
sous  le  nom  de  Manganèse  métalloïde.  Il  est 
important  de  la  distinguer  de  cette  espèce, 
comme  aussi  de  la  Braunite,  en  ce  que,  ren- 
fermant moins  d'oxygène,  elle  est  beaucoup 
moins  profitable  dans  l'industrie,  ce  qu'in- 
dique le  nom  d'Acenlèse,  que  M.  Beudant 
lui  a  donné.  On  la  distingue  de  la  Pyrolu- 
site  en  ce  qu'elle  dégage  de  l'eau  par  la  cal- 
cination,  qu'elle  est  plus  dure,  moins  ta- 
chante, et  surtout  en  ce  que  sa  poussière, 
au  lieu  d'être  noire ,  est  d'un  brun  hépati- 
que clair  ;  elle  perd  10  £  d'eau  quand  on  la 
chaufTe.  Elle  cristallise  dans  le  système 
rhombique,  en  prisme  droit  de  134"  14', 
surmonté  fréquemment  d'un  sommet  cunéi- 
forme de  114°  19'  ;  elle  est  isomorphe  avec 
la  Gœthite ,  et ,  comme  celle-ci ,  formée 
d'un  atome  de  sesqui-oxyde  combiné  avec  un 
seul  atome  d'eau.  Ses  cristaux  se  clivent  pa- 
rallèlement à  la  petite  diagonale;  leurs  pans 
sont  striés  verticalement,  et  leurs  sommets, 
quand  ils  se  composent  de  faces  pyramidales, 
manifestent  une  tendance  à  l'hémiédrie  té- 
traédrique.  Les  variétés  les  plus  communes 
sont  celles  qui  sont  dues  aux  structures  ba- 
cillaire, aciculaire  et  fibreuse  radiée,  ou  aux 
formes  stalactitiques.  L'Acerdèse  forme  des 
gîtes  assez  considérables  dans  les  terrains  de 
cristallisation  ou  dans  les  terrains  de  sédi- 
ment rapprochés  des  terrains  anciens  ;  elle 
accompagne  souvent  les  dépôts  d'Hématite 
(mines  de  Rancié,  Ariége;  Lavoulte,  Ardè- 
che;  Laveline  ,  près  Saint-Dié,  dans  les 
Vosges  ;  Ihlefeld  ,  au  Harz  ,  etc.) 

4°  Hausmannite.  Manganèse  oxydé  salin  ; 
oxyde  intermédiaire  ou  oxyde  rouge  de  Man- 
ganèse ,  formé  d'un  atome  de  sesquioxyde  et 
d'un  atome  de  protoxyde;  c'est  donc  un 
Manganite  de  Manganèse,  analogue  ,  par  sa 
composition ,  au  fer  magnétique,  et  comme 
celui-ci  d'un  noir  de  fer  en  masse  compacte; 
mais  sa  poussière  est  d'un  rouge  brunâtre 
ou  brun  de  châtaigne  II  appartient,  comme 
l-a  Braunite,  au  système  quadratique;  mais 
il  cristallise  en  octaèdres  plus  aigus,  de 
117°  54'  à  la  base ,  et  ces  octaèdres  présen- 
tent en  outre  un  clivage  basique  que  n'offrent 
pas  ceux  de  la  première  espèce.  P. 5=4, 8. 
Contenant  28  £  d'oxygène.  Ne  faisant  point 
effervescence  avec  le  borax.  La  Hausmannite 
se  présente  en  cristaux  ou  en  masses  com- 
pactes ,  avec  la  Braunite,  dans  plusieurs  des 


MAN 


747 


mines  du  Harz  et  de  la  Thuringe  (Ihlefeld, 
Ilmenau).  Mais  c'est  un  minerai  fort  rare, 
et  dont  la  rareté  n'est  guère  à  regretter  ; 
car  c'est  le  plus  mauvais  ou  le  moins  avan- 
tageux de  tous  les  minerais,  ainsi  que  nous 
Je  verrons  dans  un  instant. 

5°  Psilomélane.  Manganèse  oxydé  baryti- 
fère;  en  masses  concrétionnées  d'un  noir 
bleuâtre,  à  cassure  conchoïde  et  mate;  plus 
dure  que  la  Pyrolusite.  Sa  nature  chimique 
n'est  pas  encore  bien  connue.  On  la  suppose 
formée  d'un  Manganite  de  baryte  ,  mêlé  de 
Pyrolusite  ou  de  Groroilite.  Elle  produit, 
comme  ces  dernières  espèces,  une  vive  effer- 
vescence avec  le  verre  de  borax  ;  et  au  point 
de  vue  industriel ,  elle  peut  être  considérée 
comme  une  Pyrolusite  impure.  Son  carac- 
tère distinctif  consiste  en  ce  que  sa  solution 
par  l'acide  chlorhydrique  donne  un  précipité 
par  l'acide  sulfurique.  La  Psilomélane  se 
rencontre  en  France  avec  la  Pyrolusite , 
dans  les  mines  de  Thiviers  et  de  la  Roma- 
nèche. 

Les  usages  auxquels  on  peut  employer  les 
minerais  de  Manganèse  oxydé  sont  de  trois 
sortes  :  ils  peuvent  servir  à  la  préparation 
du  Chlore,  au  moyen  de  l'acide  chlorhydri- 
que ;  à  la  préparation  de  l'oxygène  par  l'ac- 
tion de  la  chaleur,  et  à  la  décoloration  ou 
purification  du  verre  dans  les  verreries. 
Tous  peuvent  être  recherchés  pour  le  pre- 
mier emploi;  mais  comme,  par  la  calcina- 
tion  ,  les  différents  minerais  se  ramènent  à 
l'état  d'oxyde  rouge  ou  de  Hausmannite  en 
perdant  leur  excès  d'oxygène,  il  en  résulte 
que  les  seuls  minerais  capables  de  fournir 
de  l'oxygène  à  une  température  élevée  sont 
la  Pyrolusite  et  la  Psilomélane  ,  la  Braunite 
et  l'Acerdèse,  et  les  plus  avantageux  sous  ce 
rapport  sont  la  Pyrolusite  et  la  Braunite. 
Ce  sont  donc  là  les  seules  espèces  que  l'on 
puisse  utiliser  dans  les  laboratoires  de  chi- 
mie pour  l'extraction  de  l'oxygène,  et  dans 
les  verreries  pour  la  fabrication  du  verre 
blanc.  L'oxyde  de  Manganèse  a  été  appelé  le 
Savon  des  verriers,  parce  que  l'oxygène, 
qu'il  perd  à  une  haute  température,  sert  a 
brûler  le  charbon  ou  à  suroxyder  le  protoxyde 
de  fer,  qui  peuvent  se  trouver  mélangés 
avec  la  pâte  vitreuse.  L'oxyde  ferreux  lui 
communiquerait  une  teinte  verdâtre  ;  on  le 
fait  passer  à  l'état  de  peroxyde  pendant  que 
le  Maneanèse  se  réduit  de  son  côté  à  l'état 


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MAN 


MAN 


d'oxyde  manganeux.  Les  deux  oxydes  sont 
alors  dans  l'état  le  plus  convenable  pour 
colorer  le  verre  le  moins  possible. 

III.  Manganèses  carbonates.  Il  n'en  existe 
qu'une  seule  espèce  ,  qui  est  la  Diallogite. 

Voy.  CARBONATE  DE  MANGANÈSE. 

IV.  Manganèses  silicates.  On  en  connaît 
plusieurs  espèces ,  dont  la  principale  est  le 
Rhodonite,  ou  bisilicate  rose  de  Manganèse, 
isomorphe  avec  le  Pyroxène,  que  Ton  trouve 
à  Langbansbyttan  en  Suède  ,  à  Saint-Mar- 
cel en  Piémont ,  et  à  Kapnik  en  Transylva- 
nie, en  masses  laminaires,  clivables  en 
prisme  de  87°  5'. 

Le  silicate  noir  de  Manganèse  ,  que  l'on 
trouve  à  Saint-Marcel  en  Piémont,  paraît 
n'être  qu'un  produit  d'altération  du  silicate 
rose,  un  état  intermédiaire  entre  ce  silicate 
et  la  Braunite  proprement  dite.  Il  en  est  de 
même,  très  vraisemblablement,  des  sub- 
stances qu'on  a  décrites  sous  les  noms 
d'Opsimose ,  de  Téphroïte  ,  d'Hétérokline  , 
de  Dyssnite.  La  Bustamite  du  Mexique  n'est 
qu'un  mélange  de  bisilicate  rose  de  Manga- 
nèse avec  du  bisilicate  de  chaux.  Les  miné- 
raux désignés  sous  les  noms  de  Photizite , 
d'Allagite,  û'Hydropite,  sont  des  mélanges 
de  Diallogite  et  de  Rhodonite.  D'autres  sub- 
stances enfin,  comme  la  Knébélite  et  cer- 
tains silicates  de  la  mine  de  Franklin  ,  ne 
sont  que  des  grenats  ou  des  péridots  à  bases 
de  Manganèse  et  de  Fer. 

V.  Manganèses  phosphatés.  Les  seules  es- 
pèces connues  sont  des  phosphates  doubles 
de  Manganèse  et  de  Fer,  dont  l'une,  la  Tri- 
plite,  est  anhydre ,  et  les  autres  (Hureaulite, 
Hétérosite,  Triphyline,  etc.)  sont  hydratées. 
La  première  espèce  cristallise  dans  le  sys- 
tème rhombique;  les  autres,  dans  le  sys- 
tème klinorhombique.  La  Triplite  est  une 
substanced'un  brun  noirâtre,  quise  présente 
en  masses  clivables  dans  trois  sens  rectan- 
gulaires, au  milieu  des  granités  du  Limou- 
sin. L'Hureaulite  est  une  substance  vitreuse 
d'un  jaune  rougeâtre,  que  l'on  trouve  en 
petites  masses  cristallines  dans  les  pegma- 
tites  des  environs  de  Limoges.  L'Hétérosite, 
qui  accompagne  la  précédente,  est  une  sub- 
stance lamelleuse ,  d'un  gris  bleuâtre ,  et 
d'un  éclat  gras,  qui  devient  terne  et  d'un 
beau  violet  dans  les  parties  altérées.  Toutes 
ces  matières  sont  sans  usages.        (  Del.) 

MANGANÈSE,  chim.  —  Ce  métal ,  in- 


connu des  anciens,  fut  extrait,  pour  la 
première  fois,  de  son  bi-oxyde  par  Gahn,  peu 
de  temps  après  que  Schèele,  en  1771 ,  eut 
décrit  cet  oxyde  alors  connu  sous  le  nom  de 
Magnésie  noire. 

Le  Manganèse,  tel  qu'on  l'obtient  de  la 
décomposition  du  bi-oxyde  par  le  charbon , 
est  solide,  d'un  gris  blanc,  d'une  texturo 
grenue  ,  d'une  densité  de  3,013  ,  très  cas- 
sant, très  dur,  mais  attaquable  à  la  lime; 
in  fusible  au  plus  haut  feu  des  forges  ordi- 
naires, il  ne  le  devient  qu'à  160°  du  pyro- 
mètre  de  Wegvood.  L'air  et  l'oxygène  secs 
sont  sans  action  sur  le  Manganèse  à  la  tem- 
pérature ordinaire  ;  mais  ces  deux  corps , 
s'ils  sont  humides,  le  ternissent  et  le  trans- 
forment en  oxyde;  l'oxydation  est  favorisée 
par  la  chaleur.  L'eau,  à  la  température  or- 
dinaire, mise  en  contact  avec  ce  métal,  le 
décompose  peu  à  peu,  et  le  convertit  par- 
tiellement en  un  oxyde  de  couleur  verte  ; 
cette  décomposition  est  rapide  à  la  chaleur 
rouge.  L'équivalent  du  Manganèse  est  repré- 
senté par  355,78. 

Le  Manganèse  s'unit  en  cinq  proportions 
avec  l'oxygène,  pour  former  :  un  protoxyde, 
MnO,  qui  est  une  base  énergique;  un  ses- 
quioxyde  ,  Mn'O3,  qui  est  une  base  faible  ; 
un  peroxyde ,  MnO2,  qui  ne  joue  ni  le  rôle 
de  base,  ni  celui  d'acide;  enfin  deux  acides, 
manganique ,  MnO3,  et  hypermanganique  , 
Mn'O-. 

Le  protoxyde  se  trouve  dans  la  nature , 
uni  à  l'acide  carbonique  et  à  l'acide  phos- 
phorique;  il  est  le  seul  qui  produise  des 
combinaisons  permanentes  avec  les  acides. 

Le  sesquioxyde  se  rencontre  aussi  dans 
la  nature  à  l'état  d'hydrate  d'un  noir  mé- 
tallique ,  donnant  une  poudre  brune. 

Le  peroxyde  enfin  ,  le  plus  commun  des 
trois,  se  présente  quelquefois  en  aiguilles 
douées  de  l'éclat  métallique ,  mais  le  plus 
souvent  en  masses  amorphes  ,  friables ,  ta- 
chant les  doigts  en  noir;  il  est  anhydre  ou 
hydraté.  Les  anciens ,  qui  le  connaissaient 
tout  en  en  ignorant  la  nature,  car  ils  le  pre- 
naient pour  un  oxyde  de  fer,  l'avaient  dé- 
signé sous  le  nom  de  Magnésie  noire  ,  nom 
que  justifie  l'analogie  de  quelques  unes  de 
ses  propriétés  avec  l'oxyde  de  Magnésium 
{Magnésie  blanche).  Chauffé  au  rouge,  U 
peroxyde  de  Manganèse  perd  une  partie  de 
son  oxygène  ,  et  se  transforme  en  une  pou- 


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dre  brunâtre  de  peroxyde  non  décomposé,  et 
de  protoxyde  ;  cette  décomposition  partielle 
du  peroxyde  est  mise  à  profit  dans  les  labo- 
ratoires pour  obtenir  en  abondance  le  Gaz 
oxygène. 

V Acide  manganique  s'obtient  par  la  cal- 
cination  au  contact  de  l'air  du  peroxyde  de 
Manganèse  et  de  la  potasse;  il  se  forme  un 
Manganate  de  potasse.  Schèele  ,  qui  le  pre- 
mier observa  la  réaction  mutuelle  de  ces 
deux  substances  ,  donna  au  produit  qui  en 
résulte  le  nom  de  Caméléon  minéral,  en  rai- 
son de  la  variété  de  couleurs  qu'en  présente 
la  solution.  La  nature  de  ce  composé  et  la 
théorie  de  ses  changements  de  couleur  ont 
clé  mises  en  évidence,  il  y  a  peu  de  temps, 
par  If.  Mitscherlick ,  au  mémoire  duquel 
nous  renvoyons  le  lecteur,  ainsi  qu'aux  ou- 
vrages spéciaux  de  chimie. 

L'acide  manganique  ne  semble  pas  pou- 
voir se  séparer  des  bases  auxquelles  il  est  uni; 
il  se  décompose  immédiatement  en  protoxyde 
et  en  acide  hypermanganique  plus  stable. 

Le  Manganèse  s'unit  au  Chlore,  à  l'Iode,  au 
Soufre,  au  Phosphore.  A  l'état  de  protoxyde, 
il  forme  avec  les  acides  des  sels  blancs  lors- 
qu'ils sont  purs,  et  légèrement  rosés  quand 
ils  contiennent  une  certaine  quantité  de 
sesquioxyde. 

Les  acides  manganique  et  hypermanga- 
nique s'unissent  aux  bases  pour  former  des 
Manganales  et  des  Hy permanganates,  parmi 
lesquels  on  remarque  ceux  de  potasse  ,  qui 
constituent  le  caméléon  vert  et  le  caméléon 
rouge. 

L'emploi  qu'on  fait  depuis  longtemps, 
dans  les  verreries  ,  du  peroxyde  pour  blan- 
chir le  verre  fondu  en  projetant  de  petites 
quantités  de  ce  minéral  dans  la  matière  en 
fusion ,  lui  a  fait  donner  le  nom  de  Savon 
des  verriers;  lorsque  la  proportion  d'oxyde 
est  trop  grande  ,  le  verre ,  au  contraire  , 
prend  une  belle  teinte  violette,  qu'on  utilise 
parfois.  Mais  le  peroxyde  a  un  usage  bien  plus 
important  et  bien  plus  étendu;  il  sert  à 
préparer  en  grand  le  chlore  et  les  hypochlo- 
rites  alcalins ,  à  l'aide  de  procédés  que  nous 
n'avons  point  à  examiner  ici.        (A.  D.) 

MANGE -TOUT.  bot.  pu.  —Nom  vul- 
gaire d'une  variété  de  Pois  cultivé,  dont  la 
cosse  se  mange  aussi  bien  que  les  grains. 

M ANGHAS  ,  Burm.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Ccrbe,  a  ,  Linn. 


MANGIFERA.  bot.  ph.— Voy.  manguier. 

MANGIUM,  Rumph.  bot.  ph.—  Syn.  de 
Bruguiera,  Lam. 

MANGLE.  bot.  ph.  —  Fruit  du  Manglier. 

*MANGLESIA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Élœagnées,  établi  par  Endlicber 
(  Nov.  stirp.  Mus.  vindob.  Dec,  n.  31).  Ar- 
brisseaux de  la  Nouvelle-Hollande.  Voy. 
élœagnées.  —  Lindl.,  syn.  de  Schizopleura, 
Lindl. 

MANGLIER.  bot.  ph.  — V.  palétuvier. 

MANGLIETIA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la 
famille  des  Magnoliacées-Magnoliées ,  établi 
par  Blume  (Bijdr.,  8  ;  Flor.jav.,  XIX,  20, 
t.  6).  Arbres  du  Népaul  et  de  Java.  Voy. 

MAGNOLIACÉES. 

MANGLILLA ,  Juss.  bot.  ph.  —  Syn. 

de  Myrsine ,  Linn. 

MANGOUSTAN.  Garcinia  (nom  du  na- 
turaliste voyageur  Garcin  ).  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Clusiacées  ou 
Guttifères  ,  de  la  dodécandrie  monogy- 
nie,  dans  le  système  sexuel  de  Linné.  Il  se 
compose  de  végétaux  arborescents,  qui, 
comme  la  plupart  des  autres  espèces  de  la 
même  famille,  renferment  un  suc  jaune 
qu'ils  laissent  couler  lorsqu'on  incise  leur 
tronc.  Leurs  feuilles  sont  simples,  portées 
ordinairement  sur  un  pétiole  court  et  ren- 
flé; leurs  fleurs  sont  hermaphrodites  ou 
unisexuelles ,  et  présentent  l'organisation 
suivante:  Calice  persistant,  à  4  sépales; 
corolle  à  4  pétales;  étamines  au  nombre  de 
16  ou  davantage  ,  à  filets  libres  et  distincts 
ou  réunis  à  leur  base  en  plusieurs  fais- 
ceaux ,  à  anthères  ovales  ou  presque  arron- 
dies; pas  de  style;  stigmate  à  4-8  lobes.  A 
ces  fleurs  succède  un  fruit  arrondi,  sur- 
monté par  le  stigmate,  renfermant,  sous 
une  couche  extérieure  coriace,  une  chair 
succulente,  et  divisé  en  4-8  loges.  Les  grai- 
nes sont  anguleuses,  velues,  munies  d'une 
arille. 

La  seule  espèce  de  ce  genre  sur  laquelle 
nous  croyions  devoir  nous  arrêter,  est  le 
Garcinia  mangostana  Lin.,  bien  connu  sous 
le  seul  nom  de  Mangoustan,  et  que  Gœrtner 
a  considéré  comme  devant  former  le  type 
d'un  genre  à  part,  auquel  il  a  conservé, 
comme  générique ,  la  dénomination  de  Man- 
gostana. C'est  un  très  bel  arbre,  qui  croît 
naturellement  dans  les  Moluques,  mais  qui 
s'est   répandu  de  là  dans  l'Inde   et  dan» 


750 


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une  grande  partie  des  régions  intertropi- 
cales, où  il  est  cultivé  à  cause  de  la  bonté 
de  son  fruit.  Ses  feuilles  sont  ovales ,  ai- 
guës au  sommet,  veinées;  ses  fleurs  sont 
belles ,  de  couleur  rouge  ,  terminales  et  so- 
litaires; leurs  étamines  sont  libres;  leur 
stigmate  est  à  6-8  lobes.  Son  fruit  égale 
h  peu  près  en  volume  une  orange  moyenne; 
i!  est  regardé  comme  l'un  des  plus  agréa- 
bles que  produisent  les  contrées  intertropi- 
cales. Son  péricarpe  est  de  couleur  foncée  à 
l'extérieur,  plus  pâle  à  l'intérieur;  il  forme 
une  sorte  d'écorce  spongieuse  qu'on  regarde 
comme  astringente  et  vermifage;  la  pre- 
mière de  ces  propriétés  le  fait  employer 
dans  la  Chine  pour  la  teinture  en  noir.  La 
chair  renfermée  sous  cette  écorce  est  blan- 
che, molle  et  très  fondante,  d'une  saveur 
sucrée ,  accompagnée  d'une  légère  acidité, 
d'une  odeur  qui  rappelle  celle  de  la  fram- 
boise. On  mange  cette  chair  après  avoir  en- 
levé l'écorce  péricarpienne  ;  elle  est  très 
rafraîchissante  et  un  peu  laxative;  on  lui 
attribue  quelques  effets  avantageux  dans  le 
traitement  des  fièvres,  du  scorbut,  des  in- 
flammations, etc.  (P.  D.) 

MANGOUSTE.  Herpestes.  mam.  —  Linné 
avait  formé,  sous  le  nom  de  Viverra,  un 
groupe  naturel  de  Carnassiers  digitigrades, 
qui  comprenait  les  Mangoustes  et  un  grand 
nombre  d'autres  espèces  qui  en  ont  été  sé- 
parées pour  former  les  genres  Civette,  Ge- 
nette,  Suricate,  Paradoxure,  Coati,  Kinka- 
jou,  Glouton,  etc.  G.  Cuvier  (Tabl.  élém.  du 
Bèg.  anim.y  1797)  le  premier  distingua  les 
Mangoustes,  auxquelles  il  laissa  le  nom  géné- 
rique de  Viverra.  Illiger  les  désigna  sous  le 
nom  d' Herpestes  ;  Lacépède  et  Et.  Geoffroy- 
Saint-Hilaire  leur  appliquèrent  la  dénomi- 
nation d' Ichneumon ,  et  Olivier  celle  de 
Mangousta. 

Le  genre  Mangouste,  qui  est  très  voisin  de 
celui  des  Civettes,  créé  plus  anciennement,  et 
de  ceux  beaucoup  plus  nouveaux  des  Mangues 
etdeslchneumiesjcomprenddes espèces  dont 
la  taille  est  moyenne  ,  le  corps  fort  allongé  ; 
les  pattes  courtes,  terminées  par  cinq  doigts , 
le  pouce  étant  très  court,  et  dont  les  ongles 
sont  aigus  c»  à  demi  rétractiles.  La  tête  est 
petite  ,  terminée  par  un  museau  fin  qui 
présente  un  petit  mufle ,  et  qui  est  pourvu 
de  quelques  moustaches;  les  oreilles  sont 
larges,  courtes  et  arrondies  ;  les  yeux  assez 


grands,  à  pupilles  allongés  transversalement 
et  recouverts  presque  entièrement  par  une 
grande  paupière  clignotante;  la  langue  est 
hérissée  de  papilles  cornées.  Le  nombre  des 
dents  est  de  quarante  en  totalité:  à  la  mâ- 
choire supérieure,  six  incisives  moyennes, 
simples  et  bien  rangées  ;  une  canine  de  cha- 
que côté,  conique  et  non  tranchante  à  sa 
partie  postérieure;  trois  fausses  molaires, 
dont  la  première  est  peu  éloignée  de  la  ca- 
nine; une  carnassière  fort  élargie  particu- 
lièrement par  le  développement  du  tubercule 
interne;  deux  tuberculeuses,  dont  la  pre- 
mière présente  deux  tubercules  pointus, 
mais  peu  saillants  à  son  bord  externe,  et 
dont  la  seconde,  de  même  forme,  ne  peut 
guère  être  considérée  que  comme  rudimen- 
taire  :  à  la  mâchoire  inférieure,  six  incisives 
dont  la  seconde,  de  chaque  côté,  est  un  peu 
rentrée;  une  canine,  de  chaque  côté,  sem- 
blable à  la  canine  supérieure;  quatre  faus- 
ses molaires,  dont  la  première  est  très  pe- 
tite; une  carnassière  composée  en  avant  de 
trois  pointes  très  élevées,  disposées  en  trian- 
gle, et  en  arrière  d'un  talon  assez  bas,  sur 
le  bord  duquel  sont  trois  petites  élévations  ; 
enfin  une  tuberculeuse  peu  volumineuse, 
plus  grande  d'avant  en  arrière  que  d'un 
côté  à  l'autre,  et  pourvue  de  trois  tubercu- 
les. Dans  les  individus  adultes,  la  première 
fausse  molaire  manque  ordinairement  aux 
deux  mâchoires.  La  queue  est  grosse  à  fa 
base,  très  longue  et  poilue  ;  elle  est  dans  la 
direction  générale  du  corps  et  non  prenante. 
L'anus  est  situé  au  fond  d'une  poche  assez 
vaste,  simple,  dont  l'ouverture  peut  se  dila- 
ter plus  ou  moins,  et  se  placer  de  façon  que 
les  excréments  sont  expulsés  sans  y  faire 
aucun  séjour.  Les  mamelles  sont  ventrales 
et  pectorales.  Le  pelage  est  assez  dur,  et  les 
poils  offrent  des  couleurs  variées,  disposées 
par  anneaux,  de  manière  que  la  robe  est  en 
général  tiquetée. 

Le  squelette  de  la  Mangouste  d'Egypte, 
que  M.  de  Blainville  (Ostéographie  ,  fascicule 
des  Viverras)  a  étudié  et  qu'il  a  pris  pour 
type  du  genre  qui  nous  occupe,  est  plus 
vermiforme  que  celui  de  la  Civette.  Le  nom- 
bre des  vertèbres  est  de  quatre  céphaliques, 
sept  cervicales,  quatorze  dorsales,  trois  sa- 
crées et  trente  et  une  caudales ,  nombre  plus 
considérable  que  dans  les  Mustela.  La  tête 
est  moins  allongée  que  celle  des  Civettes; 


MAN 


IMAN 


751 


l'orbite  est  plus  petit;  l'arcade  zygomatique 
est  plus  large,  mais  surtout  plus  courte; 
la  mâchoire  supérieure  est  courte,  et  l'infé- 
rieure robuste.  Les  vertèbres  cervicales  res- 
semblent à  celles  de  la  Fouine;  les  dorsales 
ont  leur  apophyse  épineuse  haute  et  inclinée 
en  arrière;  les  coccygiennes  ont  l'apophyse 
épineuse  très  petite.  L'hyoïde  est  robuste. 
Le  sternum  est  formé  de  huit  pièces.  Les 
côtes  ont  des  cartilages  fort  longs.  Aux  mem- 
bres antérieurs,  l'omoplate  est  grande,  large  ; 
il  n'y  a  pas  de  rudiment  de  clavicule;  l'hu- 
mérus est  court,  fortement  arqué  en  S;  le 
cubitus  et  le  radius  sont  aussi  très  arqués, 
serrés  et  tourmentés;  la  main  égale  le  ra- 
dius en  longueur.  Dans  les  membres  posté- 
rieurs, le  bassin  est  plus  long  et  plus  étroit 
que  dans  la  Civette  et  la  Marte;  le  fémur 
est  court,  comprimé  dans  son  corps,  presque 
tranchant  au  bord  externe  ;  le  tibia  et  le 
péroné  ont  la  même  longueur  que  le  fémur  ; 
le  premier  est  large  et  comprimé,  et  l'autre 
très  grêle;  le  pied  est  d'un  cinquième  plus 
long  que  le  tibia.  Il  y  a  un  os  dans  le  pénis, 
et  sa  forme,  variable  suivant  les  espèces, 
ressemble  quelquefois  à  celle  d'un  sabot. 
Peu  de  différences  ostéologiques  se  remar- 
quent dans  les  espèces  du  même  groupe. 

Les  Mangoustes  se  distinguent  des  genres 
qui  en  sont  les  plus  rapprochés  par  leur 
système  dentaire;  mais ,  en  outre  ,  cer- 
tains autres  caractères  les  en  éloignent  éga- 
lement. 

Les  mœurs  de  ces  animaux  sont  très  ana- 
logues à  celles  des  Martes.  Ils  vivent  de 
rapine,  et  leur  nourriture  consiste  princi- 
palement en  petite  proie  vivante  et  en  œufs. 
Ils  se  tiennent  ordinairement  à  terre,  dans 
les  endroits  découverts,  et  ils  ont  un  pen- 
chant déterminé  pour  la  chasse  aux  Reptiles. 
On  peut  facilement  les  réduire  en  domesti- 
cité, et  ils  montrent  alors  assez  d'intelli- 
gence. 

Les  Mangoustes  habitent  les  contrées 
chaudes  de  l'ancien  continent. 

On  connaît  une  quinzaine  d'espèces  de 
Mangoustes,  et  on  y  a  formé  dans  cette  di- 
vision deux  genres  distincts,  ceux  des  Mongo, 
Ogilby,  et  Herpestes,  Illiger.  Un  autre  genre, 
celui  des  Ichneumia  (voy.  ce  mot),  doit  éga- 
lement être  rapproché  des  Mangoustes.  Nous 
décrirons  les  principales  espèces,  nous  in- 
diquerons simplement  les  autres,  et  nous 


nous  servirons  des  genres  Mongo  et  Herpes- 
tes comme  de  simples  groupes. 

1.  MONGO,  Ogilby. 

La  Mangouste  a  bandes,  A. -G.  Desm.; 
Mangouste  de  l'Inde,  Buffon  (t.  XIII,  pi.  19) 
et  Geoffroy  (Me'm.  sur  l'Egypte);  Mangouste 
de  Buffon  ,  Fr.  Cuvier  ;  Herpestes  fasciatus 
A. -G.  Desm.  (Mamm.),  Viverra  mungos  Lin. 
De  la  taille  de  la  Fouine.  Son  corps  a  27  à 
28  centim.  de  longueur,  et  sa  queue  près  de 
20.  Elle  est  généralement  brune;  le  dos  et 
les  flancs  sont  recouverts  de  longs  poils  blan- 
châtres, terminés  de  roux  et  marqués  ,  dans 
leur  milieu,  d'un  large  anneau  brun,  bien 
tranché;  l'arrangement  de  ces  poils  est 
tel,  que  les  anneaux  bruns  d'un  certain 
nombre  d'entre  eux,  arrivant  à  la  même 
hauteur,  forment  sur  le  dos  des  bandes 
transversales  de  cette  couleur,  au  nombre  de 
douze  à  treize,  lesquelles  sont  séparées  entre 
elles  par  autant  de  bandes  rousses  formées 
par  les  extrémités  des  mêmes  poils. 

Cette  espèce  est  particulière  aux  Indes 
orientales.  Les  habitants  du  pays  qu'elle 
habite  la  regardent  commeun  ennemi  acharné 
des  Reptiles,  et  prétendent  que,  lorsqu'elle 
a  été  mordue  par  quelques  serpents  veni- 
meux, elle  sait  se  guérir  en  mangeant  la  ra- 
cine de  YOphioriza  mongos  Linné. 

La  Mangouste  de  Touranne,  Herpestes 
exilisT*.  Gerv.  (  Zoologie  du  Voyage  de  la 
Bonite  de  MM.  Eydoux  et  Souleyet ,  Mamm. 
pi.  3,  fig.  9  et  10).  Dans  cette  espèce,  les 
poils  sont  marqués  de  plusieurs  anneaux  al- 
ternativement jaune  clair  et  noirs,  ce  qui 
leur  donne  un  aspect  tiqueté;  le  jaunâtre 
est  remplacé  par  du  roux  cannelle  à  la  tête 
et  presque  tout  le  long  de  l'épine  dorsale; 
les  pattes  passent  au  noir;  le  dessous  de  la 
gorge  et  le  ventre  n'ont  presque  pas  de  poils 
tiquetés;  ceux  de  la  gorge  sont  roux  clair, 
et  le  ventre  les  a  de  couleur  pâle,  brun  en- 
fumé à  la  base.  La  queue  présente  la  cou- 
leur et  le  tiqueté  des  flancs;  elle  est  bien 
velue  et  en  balai,  mais  non  pénicellée. 

Cette  espèce  habite  la  Tourrane  dans  la 
Cochinchine. 

D'autres  espèces  ont  été  placées  dans  ce 
genre  ;  mais  elles  sont  peu  connues  :  ce  sont 
les  Mangouste  de  Java,  Geoffr  ,  Fr.  Cuv.  ; 
Herpestes  javanicus  A. -G.  Desm.,  G.  Cuv., 
qui  se  trouve  à  Java;  Mangouste  fauve , 


752 


MAN 


MAN 


Mongo  fusca  Waterhouse,  habite  Madras 
(Indes  orientales)  ;  Mangouste  a  queuecourte, 
Herpestes  brachyurus  Gray,  des  Indes  orien- 
tales ;  Mangouste  de  Malacca,  Herpestes  ma- 
laccensis  Fr.  Cuv .,  Herpestes  Frederici  A. -G . 
Desm.,  de  Pondichéry  et  de  Malacca;  Man- 
gouste d'Edwards  ,  Et.  Geoffr.;  Herpestes 
Edwardsii  A. -G.  Desm.,  des  Indes  orienta- 
les, etc. 

2.  HERPESTES,  Illiger. 

La  Mangouste  d'Egypte,  ou  Rat  de  Pha- 
raon, Necus  des  Égyptiens  modernes,  Ichneu- 
mon Hérodote,  Mangouste,  Buffon  (Suppl., 
t.  III,  pi.  26),  Et.  Geoffr.  (Ménag.  du  Mus.), 
Fr.  Cuv.  {Mamm.  lithogr.),  Herpestes  Pha- 
raonis  A. -G.  Desm. ,  Viverra  ichneumon  Lin. 
Ichneumon  PharaonisÉl.  Geoff.  Sa  longueur, 
mesurée  depuis  le  bout  du  museau  jusqu'à 
l'origine  de  la  queue,  est  de  50  centimètres, 
et  celle  de  cet  organe  est  à  peu  près  égale.  La 
hauteur  du  corps  ne  dépasse  pas  20  centi- 
mètres. Le  pelage  est  d'un  brun  foncé  ti- 
queté de  blanc  sale,  et  composé  de  poils  secs 
etcassants,  courts  sur  la  tête  et  les  membres, 
longs  sur  les  flancs,  le  ventre  et  la  queue, 
qui  se  termine  par  un  pinceau  en  éventail. 
Le  ventre  est  plus  clair  que  le  dos,  et,  au 
contraire,  la  tête  et  les  pattes  sont  d'une 
teinte  plus  foncée. 

Cette  espèce  semble  confinée  maintenant 
dans  la  Basse-Egypte,  entre  la  mer  Méditer- 
ranée et  la  ville  de  Siout. 

L'Ichneumon  était  placé  par  les  Égyptiens 
au  rang  des  animaux  qu'ils  adoraient,  parce 
qu'ils  le  considéraient  comme  un  destructeur 
actif  des  Reptiles  qui  abondent  dans  ce  pays. 
Ils  croyaient  que  les  Mangoustes  pénétraient 
dans  le  corps  des  Crocodiles  endormis  la 
gueule  béante;  ce  fait  est  fabuleux;  mais 
elles  nuisent  aux  Crocodiles  en  détruisant 
leurs  œufs,  dont  elles  se  nourrissent. 

Les  Mangoustes  se  tiennent  dans  les  cam- 
pagnes au  voisinage  des  habitations,  etsou- 
vent  sur  les  bords  des  rigoles  qui  servent 
aux  irrigations.  Lorsqu'elles  pénètrent  dans 
les  basses-cours,  elles  mettent  à  mort  toutes 
les  volailles  qu'elles  rencontrent,  et  se  con- 
tentent d'en  manger  la  cervelle  et  d'en  sucer 
le  sang.  Dans  la  campagne,  elles  font  la 
guerre  aux  Rats,  aux  Oiseaux  et  aux  petits 
Reptiles  ;  elles  recherchent  aussi  les  œufs  des 
Oiseaux  qui  nichent  à  terre  et  ceux  des  Rep- 


tiles qu'elles  savent  trouver  dans  le  sable. 
Leur  démarche  est  très  circonspecte,  et  elles 
ne  font  point  un  seul  pas  sans  avoir  examiné 
avec  soin  l'état  des  lieux  où  elles  se  trouvent. 
Le  moindre  bruit  les  fait  arrêter  et  rétro- 
grader. Quand  elles  se  sont  assurées  de  n'a- 
voir à  craindre  aucun  danger,  elles  se  jettent 
brusquement  sur  l'objet  qu'elles  guettent. 

Du  temps  de  Prosper  Alpin,  les  Mangous- 
tes étaient  domestiques  en  Egypte;  mais  il 
n'en  est  pas  de  même  aujourd'hui.  Il  est  très 
facile  de  les  apprivoiser;  et  celles  qu'on  a 
observées  en  captivité  avaient  des  allures  très 
analogues  à  celles  des  Chats  ;  elles  montraient 
quelque  affection  pour  les  personnes  qui  en 
prenaientsoin,  mais  les  méconnaissaient  lors- 
qu'elles avaient  une  proie  en  leur  possession  : 
alors  elles  se  cachaient  dans  les  lieux  les 
plus  reculés  en-  faisant  entendre  une  sorte 
de  grognement. 

Les  Mangoustes  ont  l'habitude  singulière 
de  frotter  le  fond  de  leur  poche  anale  contre 
des  corps  durs,  lisses  et  froids,  et  semblent 
éprouver  une  sorte  de  jouissance  dans  cette 
action.  Elles  lappent  en  buvant  comme  le 
Chien,  et  aussi,  comme  lui,  lèvent  une 
de  leurs  jambes  de  derrière  pour  pisser. 
L'homme  leur  fait  souvent  la  chasse;  en  ou- 
tre, les  Mangoustes  ont  deux  autres  enne- 
mis acharnés ,  le  Chacal  et  le  Tupinambis. 

Les  autres  espèces  de  ce  groupe  que  nous 
ne  croyons  devoir  qu'indiquer  ici,  car  elles 
ne  sont  pas  encore  bien  caractérisées,  sont  : 
la  Mangouste  numique  ,  Mangusla  numicus 
Fr.  Cuv.,  d'Algérie;  Y  Herpestes  sanguineus 
Ruppell  (pi.  8,  f.  1),  deKordofau;  l'Fer- 
pestes  musgigella  Ruppell  (pi.  9,  f.  1),  de 
Simen  en  Abyssinie;  Herpestes  zébra  Rupp. 
(pi.  9,  f.  2),  de  Kordofau;  Mangouste  nems 
Buffon  (t.  XIII,  pi.  27),  Et.  Geoffr.,  Herpestes 
griseus  A. -G.  Desm.,  Viverra  cafra  G  m., 
Viverra  grisea  Thunb.  ,  de  la  Cafrerie  ; 
Mangouste  des  marais,  Herpestes  paludinosus 
G.  Cuv.,  Mangusta  urinator  Smith  (Zool. 
journ.,  IV),  et,  enfin,  deux  espèces  dont  la 
patrie  est  inconnue:  les  Mangouste  rouge, 
Herpestes  ruber  A. -G.  Desm.,  Ichneumon 
ruber  Et.  Geoffr.,  et  la  granpe  Mangouste, 
Buffon  (t.  XIII,  pi.  26),  Herpestes  major 
A.-G.  Desm.,  Ichneumon  major  Et.  Geof- 
froy, etc. 

Quant  à  l'espèce  indiquée  sous  le  nom  de 
Mangouste  vausire,  Herpestes  galera,  et  qui 


WAN 

habite  Madagascar,  nous  nous  en  occupe- 
rons au  mot  Vausire  de  ce  Dictionnaire. 
(E.  Desmarest.) 

MANGUE.  C7-ossarchus.  mam.  —  Genre 
de  Carnassiers  voisin  des  Mangoustes  et  des 
Suricates,  établi  par  Fr.  Cuvier  {Mammi- 
fères litogr.,  liv.  47),  et  adopté  par  tous  les 
zoologistes.  Chez  les  Mangues ,  le  museau 
se  prolonge  de  beaucoup  au-delà  des  mâ- 
choires, et  il  jouit  d'une  extrême  mobilité; 
il  est  terminé  par  un  mufle  sur  le  bord  du- 
quel s'ouvrent  les  narines  ;  ce  mufle  est  mo- 
bile ,  et  par  sa  forme  il  rappelle  celui  des 
Coatis.  Les  dents  sont  en  même  nombre  que 
chez  le  Suricate,  mais  elles  ressemblent  par 
leurs  formes  générales  à  celles  des  Man- 
goustes. Les  oreilles  sont  assez  petites ,  ar- 
rondies, et  la  conque  présente  dans  son  mi- 
lieu deux  lobes  très  saillants  situés  l'un  au- 
dessus  de  l'autre.  La  pupille  est  ronde,  et 
la  langue,  couverte  dans  son  milieu  de  pa-- 
pilles  cornées,  est  douce  sur  ses  bords.  Les 
pieds  sont  pentadactyles ,  comme  chez  les 
Mangoustes ,  mais  il  n'y  a  aucune  trace  de 
!a  petite  membrane  interdigitale  qui  existe 
«hez  celle-ci  :  le  doigt  du  milieu  est  le  plus 
^ong  de  tous,  et  le  pouce  le  plus  court.  La 
plante  du  pied,  qui  pose  tout  entière  sur  le 
sol  dans  la  marche  ,  présente  cinq  tuber- 
cules ,  dont  trois  sont  placés  à  la  commis- 
sure des  quatre  grands  doigts,  et  les  deux 
autres  plus  en  arrière  :  à  la  paume  il  y  a  le 
même  nombre  de  tubercules,  et  ces  organes 
sont  disposés  à  peu  près  de  la  même  ma- 
nière. La  queue  est  comprimée  et  d'un  tiers 
moins  longue  que  le  corps. 

Le  squelette  des  Mangues,  qui  a  été  étu- 
dié par  M.  de  Blainville  (Osléographie,  fas* 
cicule  des  Viverras),  n'offre  rien  qui  puisse 
le  moins  du  monde  le  distinguer  de  celui  de 
la  Mangouste  d'Egypte  ;  c'est  toujours  à  peu 
près  le  même  nombre  d'os  au  tronc  comme 
aux  membres ,  sauf  à  la  queue,  où  il  n'y  a 
que  vingt-deux  vertèbres  :  seulement  cha- 
cun de  ces  os  est  en  général  plus  ramassé 
ou  plus  court  proportionnellement,  ce  qui 
rend  les  apophyses  épineuses  des  vertèbres 
plus  serrées  ;  les  pouces  sont  peut-être  aussi 
un  peu  plus  développés,  et  surtout  les  pha- 
langes onguéales  ;  les  autres  différences  os- 
téologiques  ne  peuvent  guère  être  rendues 
que  par  l'iconographie ,  et  nous  renvoyons 
aux  planches  de  M.  Werner  qui  accompa- 
T.  vu. 


MAN 


753 


gnent  l'ouvrage  de  M.  de  Blainville.  Les  tes- 
ticules ne  se  voient  pas  à  l'extérieur,  et  la 
verge  est  dirigée  en  avant;  le  gland,  ter- 
miné en  cône,  est  aplati  sur  les  côtés.  L'a- 
nus est  situé  à  la  partie  inférieure  de  la 
poche  anale,  c'est-à-dire  que  celle-ci  se 
rapproche  de  la  base  de  la  queue  :  elle  se 
forme  par  une  sorte  de  sphincter ,  de  sorte 
que  dans  cet  état,  elle  semble  n'être  que 
l'orifice  de  l'anus  ;  mais  dès  qu'on  l'ouvre 
et  qu'on  la  développe,  elle  présente  une  sorte 
de  fraise,  qui,  en  se  déplissant,  finit  par  pré- 
senter une  surface  très  considérable  :  cette 
poche  sécrète  une  matière  onctueuse  très 
puante,  dont  l'animal  se  débarrasse  en  se 
frottant  contre  les  corps  durs  qu'il  ren- 
contre. 

Une  seule  espèce  entre  dans  ce  genre  :  c'est 
la  Mangue  obscure,  Crossarchus  obscurus 
Fr.  Cuvier  (loco  citato);  sa  longueur  est  d'un 
peu  moins  d'un  pied,  depuis  le  bout  du  mu- 
seau jusqu'à  l'origine  de  la  queue,  qui  a 
7  pouces;  son  pelage  est  d'un  brun  uni- 
forme ,  seulement  avec  une  teinte  un  peu 
plus  pâle  sur  la  tête  ;  chaque  poil  étant  brun 
avec  la  pointe  jaune. 

La  Mangue  habite  les  côtes  occidentales 
de  l'Afrique ,  et  principalement  Sierra- 
Leone. 

Un  individu  a  vécu  à  la  Ménagerie  du  Mu- 
séum, et  ses  mœurs  ont  été  étudiées  avec  soin 
parFr.  Cuvier  et  M.  Isidore  Geoffroy-Saint- 
Hilairc.  Cet  animal  était  d'une  extrême  pro- 
preté; il  déposait  toujours  ses  excréments 
dans  le  même  coin  de  sa  cage,  et  avait  au 
contraire  bien  soin  de  ne  jamais  salir  celui  où 
il  avait  coutume  de  se  coucher.  11  était  doux 
et  très  apprivoisé  ,  et  aimait  être  caressé;  et 
quand  on  approchait  de  sa  cage,  il  venait 
présenter  immédiatement  sa  gorge  ou  son 
dos.  Lorsqu'on  s'éloignait  de  lui ,  il  faisait 
entendre  de  petits  sifflements  ou  cris  aigus, 
semblables  à  ceux  d'un  Sajou.  Il  avait  l'ha- 
bitude d'élever  de  temps  en  temps  son  corps 
sur  ses  pattes  antérieures ,  et  d'appliquer 
son  anus  contre  la  partie  supérieure  de  sa 
cage.  Il  buvait  en  lappant,  et  faisait  alors  un 
bruit  semblable  à  celui  que  produit  le  frot- 
tement du  doigt  sur  un  marbre  mouillé,  ft 
se  nourrissait  habituellement  de  viande, 
mais  il  mangeait  aussi  volontiers  du  pain , 
des  carottes,  des  fruits  desséchés,  etc.  (E.  D.) 

MANGUE,  bot.  ru.— Fruit  du  Manguier. 


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MaN 


Ma"  .    Mangifera.    bot.    ph.  — 

Genre  de  la  famille  des  Anacardiacées,  de 
la  pentandrie  monogynie  dans  le  système 
sexuel  de  Linné.  Les  végétaux  qui  le  com- 
posent sont  des  arbres  originaires  de  l'Inde, 
dont  les  feuilles  sont  simples  ,  entières,  à 
nervures  pennées,  dépourvues  de  stipules, 
alternes;  dont  les  fleurs  sont  petites,  de 
couleur  blanche  ou  rougeâtre,  réunies  en 
panicules  terminales,  et  présentent  l'orga- 
nisation suivante:  Calice  régulier,  quinqué- 
parti,  dont  les  lobes  se  détachent  et  tom- 
bent de  bonne  heure;  corolle  à  5  pétales 
étalés,  plus  longs  que  le  calice;  5  étami- 
nes,  dont  4  sont  ordinairement  plus  courtes, 
peu  développées  ou  stériles  ;  pistil  formé 
d'un  ovaire  libre  ,  sessile ,  sur  le  côté  du- 
quel s'attache  le  style.  Le  fruit  qui  succède 
à  ces  fleurs  est  un  drupe  quelquefois  très 
volumineux,  plus  ou  moins  comprimeront 
la  chair  est  molle  et  pulpeuse,  dont  le  noyau 
est  ovale-oblong  ,  presque  réniforme  ,  com- 
primé, de  consistance  dure  et  crustacée, 
uni-loculaire  ;  la  surface  externe  de  ce  noyau 
est  sillonnée,  rugueuse,  revêtue  en  entier 
de  sortes  de  fibres  ligneuses ,  assez  sembla- 
bles à  des  poils;  sa  surface  interne  est  au 
contraire  glabre  et  lisse.  La  graine  renfer- 
mée dans  ce  noyau  est  grosse ,  dépourvue 
d'albumen  ;  son  embryon  a  les  deux  cotylé- 
dons charnus  et  la  radicule  courte. 

L'espèce  la  plus  connue  et  la  plus  intéres- 
sante de  ce  genre  est  le  Manguier  des  Indes, 
Mangifera  indica  Lin.,  originaire  des  In- 
des orientales,  cultivé  également  aujourd'hui 
à  l'Ile  de  France  et  dans  l'Amérique  inter- 
tropicale, particulièrement  aux  Antilles.  Le 
Manguier  des  Indes  est  un  bel  arbre  dont 
le  tronc  est  revêtu  d'une  écorce  épaisse,  ra- 
boteuse, brune,  et  se  termine  par  une  cime 
formée  de  rameaux  di-  ou  trichotomes  ;  ses 
feuilles  sont  oblongues,  lancéolées,  aiguës 
à  leurs  deux  extrémités,  ondulées  sur  leurs 
bords,  glabres  à  leur  surface;  ses  fleurs 
sont  très  petites  ,  réunies  au  sommet  des 
rameaux  en  longues  grappes  paniculées; 
leur  pédicule  est  rougeâtre;  leurs  pétales 
sont  aigus,  de  couleur  rougeâtre,  marqués 
â  leur  base  d'une  tache  rouge-foncé;  elles 
ont  une  seule  étamine  fertile,  beaucoup 
plus  développée  que  les  quatre  autres.  Le 
fruit  du  Manguier  des  Indes  est  vulgaire- 
ment désigné  aux  Antilles  sous  les  noms  de 


mangue  ou  mango.  Il  varie  beaucoup  de 
couleur  ;  ainsi  on  en  possède  des  variétés 
jaunes,  vertes  et  rouges;  son  volume  est 
celui  d'un  petit  melon  et  son  poids  d'envi- 
ron un  demi-kilogramme;  mais  il  acquiert, 
dit-on  ,  quatre  et  six  fois  ce  poids  dans  cer- 
taines variétés  ,  comme  dans  celle  de  Java; 
sa  forme  approche  de  celle  d'un  rein;  sa 
chair  est  jaune  ,  un  peu  filandreuse,  de  sa- 
veur sucrée  et  fondante,  très  agréable;  il 
est  très  estimé  dans  les  contrées  intertropi- 
cales, où  il  constitue  un  aliment  aussi  sain 
qu'abondant.  Le  Manguier  fleurit  et  fructi- 
fie en  avril ,  mai ,  juin  et  juillet  ;  alors  ,  et 
particulièrement  pendant  deux  mois,  son 
fruit  est  si  abondant  et  son  prix  si  peu  élevé, 
qu'il  fournit  exclusivement  à  l'alimentation 
des  gens  du  peuple  et  des  nègres ,  qui  le 
mangent  en  nature  et  sans  préparation; 
dans  quelques  pays,  on  le  mange  cuit  ou 
salé  ;  mais  le  mode  de  préparation  le  plus 
estimé  consiste  à  le  peler,  à  le  couper  par 
tranches  et  à  l'assaisonner  avec  du  vin  ,  du 
sucre  et  des  aromates.  On  en  fait  encore  des 
compotes  et  des  confitures  au  sucre  très  es- 
timées. Cueilli  encore  jeune,  et  confit  au 
vinaigre,  il  remplace  sans  désavantage  les 
cornichons.  Outre  ces  nombreux  usages  éco- 
nomiques ,  qui  lui  donnent  une  grande  im- 
portance, le  fruit  du  Manguier  des  Indes  se 
recommande  encore  par  des  propriétés  mé- 
dicinales, particulièrement  une  de  ses  va- 
riétés, qui  a  une  odeur  très  prononcée  de 
térébenthine,  et  qui  agit  comme  un  dépu- 
ratif excellent.  Un  médecin  de  la  Jamaïque 
a  assuré  qu'il  lui  avait  suffi  d'en  nourrir  ex- 
clusivement pendant  deux  ans  des  nègres 
chez  lesquels  le  scorbut  était  arrivé  à  son 
dernier  période  pour  les  guérir  entière- 
ment. En  général  ,  ce  fruit  est  rafraî- 
chissant, nourrissant  et  adoucissant.  Par 
suite  de  la  culture,  il  varie  beaucoup  de 
saveur,  de  couleur,  de  forme,  de  volume, 
au  point  qu'on  en  distingue  environ  80  va- 
riétés. 

Ce  n'est  pas  seulement  pour  son  fruit  que 
ce  Manguier  des  Indes  a  de  l'intérêt.  Son 
bois ,  quoique  blanc,  mou,  et  ne  pouvant 
guère  être  utilisé  que  pour  des  ouvrages  de 
peu  d'importance,  a  néanmoins  beaucoup 
de  prix  au  Malabar,  où  on  l'emploie  pour 
brûler  le  corps  des  grands  personnages.  Sou 
écorce  renferme  un  suc  résineux  brunâtre, 


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amer  et  acre ,  qui  en  découle  lorsqu'on  fait 
des  incisions  au  tronc,  et  qui  passe  pour  un 
excellent  remède  contre  les  diarrhées  chro- 
niques. L'écorce  elle-même,  desséchée  et 
pulvérisée,  est  regardée  comme  très  efficace 
pour  les  contusions.  D'un  autre  côté,  les 
feuilles  de  cet  arbre  sont  estimées,  à  l'état 
adulte,  comme  anti-odontalgiques,  et  dans 
l'état  jeune,  elles  sont  employées  avec  suc- 
cès contre  l'asthme  et  la  toux.  Enfin  la 
graine  elle-même  a  une  certaine  importance 
comme  anthelminthique.  Ainsi  l'on  voit  au 
total  que  le  Manguier  des  Indes  mérite  d'ê- 
tre regardé  comme  l'un  des  arbres  les  plus 
intéressants  et  les  plus  utiles  que  possèdent 
les  contrées  chaudes  du  globe. 

Deux  autres  espèces  du  même  genre  mé- 
ritent d'être  mentionnées  en  passant;  ce 
sont  :  1°  le  Mangifera  fœlida  Lour.,  grand 
arbre  de  la  Cochinchine  et  des  Moluques , 
dont  le  fruit  est  en  forme  de  cœur  et  pubes- 
cent  à  sa  surface  ;  2°  le  Mangifera  laxiflora 
Desrous.,  de  l'île  Maurice,  dont  le  drupe  est 
presque  globuleux.  L'un  et  l'autre  de  ces 
fruits  sont  comestibles.  (P.  D.) 

*MAIVIA.  ins. —  Genre  de  l'ordre  des  Lé- 
pidoptères nocturnes,  tribu  des  Amphipy- 
rides ,  établi  par  Treitschke.  Ce  genre  ne 
renferme  que  deux  espèces  :  M .  maura  et 
typica,  qui  habitent  l'Europe.  Les  chenilles 
vivent  de  plantes  basses,  et  se  cachent  sous 
les  feuilles  pendant  le  jour. 

MANICARIA  (manica,  manche),  bot. 
pu.  — Genre  de  la  famille  des  Palmiers, 
tribu  des  Borassinées-Pinnatifrondes,  établi 
parGœrtner  (II,  468,  t.  176).  Palmiers  des 
forêts  marécageuses  de  l'Amérique.  Voy .  pal- 
miers. 

*MANICIIVA  (manica,  manche),  polyp. — 
Genre  établi  par  M.  Ehrenberg  aux  dépens 
desMéandrines  et  des  Pavoniesde  Lamarck. 
Il  comprend  les  espèces  dont  le  Polypier 
présente  des  stolons  dressés  et  distincts,  et 
des  étoiles  non  enveloppantes,  mais  de  forme 
turbinée;  comme  dans  les  autres  Méandri- 
nes,  le  disque  de  sa  bouche  est  incomplète- 
ment circonscrit.  Ce  genre  comprend  les 
Méandrines  pectinée,  aréolée  et  ondoyante 
(M.  gyrosa),  et  la  Pavonie  laitue.  Ce  sont, 
en  quelque  sorte,  des  Caryophyllies  incom- 
plètement divisées;  on  les  trouve  dans  les 
mers  iniertropicales.  (Duj.) 

aiAI'.nCOU.  mam.  — Espèce  du  genre  Di- 


delphe,  désignée  scientifiquement  sous  le 
nom  de  Didelphis  virginiana.       (E.  D.) 

MANIHOT.  Manihot,  Plum.  bot.  pu.  — 
Le  nom  générique  de  Manihot,  que  nous 
adoptons  ici  avec  M.  Endlicher,  qui  corres- 
pond à  celui  de  Janipha  ,  proposé  par 
M.  Kunth ,  et  adopté  par  M.  de  Jussieu  dans 
sa  Monographie  des  Euphorbiacees ,  se  rap- 
porte à  un  petit  nombre  de  végétaux  amé- 
ricains, que  Linné  rangeait  dans  son  genre 
Jatropha  (Médicinier).  Le  genre  Manihot 
appartient  à  la  famille  des  Euphorbiacees, 
et,  dans  le  système  sexuel  de  Linné,  à  la 
monœcie  décandrie.  Il  se  compose  d'arbres 
et  d'arbrisseaux  à  suc  laiteux  ,  abondant , 
dont  les  feuilles  sont  alternes  et  palmées; 
dont  les  fleurs,  généralement  d'un  brun  jau- 
nâtre, sont  réunies  en  grappes  paniculées, 
axillaires  ou  terminales  ;  ces  fleurs  sont  mo- 
noïques, et  présentent  un  périanthe  simple 
ou  un  calice  campanule,  divisé  profondé- 
ment  en  cinq  lobes;  dans  les  mâles,  on 
trouve  dix  étamines  dont  les  filets ,  libres  et 
distincts  les  uns  des  autres ,  sont  alternati- 
vement longs  et  courts,  et  s'insèrent  sur  le 
bord  d'un  disque  charnu  et  comme  fes- 
tonné; quant  aux  fleurs  femelles,  leur 
ovaire  repose  sur  un  disque  charnu  ;  il  est 
creusé  de  3  loges  uni-ovulées ,  et  il  supporte , 
à  son  extrémité,  un  style  court,  terminé 
par  trois  stigmates  à  plusieurs  lobes,  réunis 
en  une  masse  comme  rugueuse;  à  ce  pistil 
succède  un  fruit  qui  se  partage ,  à  la  ma- 
turité ,  en  trois  coques  bivalves. 

A  ce  genre  appartient  une  espèce  très  in- 
téressante, qui  occupe  un  rang  important 
parmi  les  plantes  alimentaires  de  l'Amé- 
rique. Cette  espèce  est  le  Manihot  comes- 
tible, Manihot  utilissima  Pohl  (Janipha  Ma- 
nihot Kunth  ,  Jatropha  Manihot  Lin.) ,  très 
connu  sous  les  noms  vulgaires  de  Manioc  , 
Magnioc ,  Manioque.  C'est  un  sous-arbris- 
seau qui  croît  spontanément  dans  l'Amérique 
méridionale,  mais  qui,  plus  généralement, 
est  cultivé  dans  toutes  les  parties  chaudes 
du  Nouveau-Monde.  Ses  feuilles  sont  pal- 
mées, à  lobes  lancéolés,  lisses,  très  en- 
tiers. La  partie  utile  de  cette  plante  est  sa 
racine  qui  acquiert  un  volume  considérable, 
et  dont  le  tissu  renferme  une  grande  quan- 
tité de  fécule.  A  l'état  frais ,  elle  contient  en 
même  temps,  en  grande  abondance  ,  un  suc 
laiteux  vénéneux  ;  mais  la  substance  qui  lui 


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donne  ces  propriétés  délétères  est  très  vola- 
tile ,  car  elle  disparaît  par  l'effet  de  la  cuis- 
son ,  ou  même  par  suite  dune  simple  ex- 
position à  l'air  pendant  vingt-quatre  heures, 
laissant  ainsi  le  résidu  du  suc  laiteux  en- 
tièrement inolTensif.  D'un  autre  côté,  en  dis- 
tillant ce  même  suc  frais ,  on  en  obtient  un 
liquide  extrêmement  vénéneux,  dont  quel- 
ques gouttes  appliquées  sur  la  langue  d'un 
Chien  le  font  périr  en  quelques  minutes. 
Pour  employer  la  racine  de  Manioc  comme 
aliment,  on  commence  nécessairement  par 
la  débarrasser  de  son  principe  délétère  ;  pour 
cela,  on  la  lave,  on  la  pèle,  on  la  râpe,  et 
on  la  soumet  à  une  pression  assez  forte  pour 
en  extraire  le  suc;  la  matière  qui  reste 
alors  constitue  la  farine  de  Manioc;  pen- 
dant l'opération  du  râpage  il  s'écoule  un  li- 
quide qui  laisse  déposer  une  fécule  très  es- 
timée pour  sa  blancheur,  sa  légèreté,  pour 
ses  qualités  nutritives,  et  dont  on  fait  des 
gâteaux  et  lies  pâtisseries.  Quant  à  la  fa- 
rine elle-même,  immédiatement  après  qu'elle 
a  été  retirée  du  pressoir ,  on  la  fait  sécher 
sur  une  plaque  chaude  en  la  remuant,  et 
l'on  en  obtient  par  là  ce  qu'on  nomme  la 
couaque ,'  avec  laquelle  on  fait  une  sorte  de 
pain,  que  l'on  cuit  légèrement,  et  qu'on 
nomme  Pain  de  Cassave.  La  fécule  de  Ma- 
nihot  est  très  nourrissante;  on  assure  qu'un 
demi  kilogramme  fournit  un  aliment  suffi- 
sant pour  un  homme  pendant  un  jour;  sa 
couleur  est  un  blanc  un  peu  jaunâtre;  sa 
saveur  est  douce  et  fade;  sa  consistance  est 
un  peu  grenue.  Lorsqu'on  dessèche  cette  fé- 
cule sur  des  plaques  chaudes ,  on  en  obtient 
le  Tapioka  ou  Sagou  blanc,  qui  se  présente 
sous  la  forme  de  grains  irréguliers  et  durs, 
qui  se  réduisent  aisément  en  gelée  par  l'ac- 
tion de  l'eau  bouillante.  Le  Tapioka  est  au 
nombre  des  fécules  auxquelles  la  facilité  avec 
laquelle  elles  se  digèrent  donne  de  l'impor- 
tance en  médecine.  (P.  D.) 
.;  MAIMKUP,  Less.  ois.  —  Syn.  de  Pithys. 
iVoy.  ce  mot.  (Z.  G.) 
i  *MANINA.  mam.  ~  Division  de  l'ordre 
des  Édentés  ayant  pour  type  le  genre  Pan- 
golin ,  et  proposé  par  M.  Gray  (Arch.  of 
vhil.y  XXVI,  1825).                      (E.  D.) 

MANINA  (manus,  main),  bot.  cr. — Sco- 
poli ,  dans  son  Histoire  des  plantes  souter- 
raines ,  donne  ce  nom  à  des  Champignons 
qui,  privés  de  lumière,  ont  végété  d'une  j 


manière  monstrueuse ,  comme  VHydnum 
crinaceus  et  muscoides.  (Lév.) 

MANIOC  et  MANIOQUE.  bot.  pu.  — 
Noms  vulgaires  du  Manihot.  Voy.  ce  mot. 

MANIS.  mam.  — Nom  latin  du  Pango- 
lin. Voy.  ce  nom.  (E.  D.) 

MANÏSU&IS  (,uavô;,  mince;  ovpa,  tige). 
bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des  Grami- 
nées-Rottbœlliacées,  établi  par  Linné  {Gen., 
n.  1334).  Gramens  des  régions  tropicales  du 
globe.  Voy.  graminées. 

MANNA,  Don.  bot.  pu.  —  Syn.  d'Alhagi, 
Tournef. 

MANNE,  MANNITE.  Manna.  bot.,  cimr. 
—  On  donne  ce  nom  à  la  matière  concrète 
et  sucrée  qui  exsude  de  plusieurs  espèces  de 
Frênes  (voy.  ce  mot),  et  principalement  du 
Frêne  à  fleurs  (Fraxinns  ornus)  et  du  Frêne 
à  feuilles  rondes  (F.  rotundifolià),  arbres  qui 
croissent  spontanément  en  Italie,  en  Sicile, 
et  très  probablement  dans  toute  la  région 
orientale  méditerranéenne. 

La  Manne  s'écoule  naturellement  par  les 
pores  de  l'épiderme  et  par  les  fentes  de  l'é- 
corce;  mais  comme  ce  procédé  delà  nature 
n'en  fournit  point  assez  abondamment  pour 
les  besoins  de  l'homme,  on  pratique  à  la 
partie  supérieure  et  sur  l'un  des  côtés  du 
tronc  de  l'arbre  que  l'on  veut  exploiter ,  des 
incisions  longitudinales  profondes  par  les- 
quelles s'échappe  le  suc  propre  de  la  sève 
élaborée  qui,  en  se  concrétant,  forme  la 
Manne. 

La  Manne  offre  de  grandes  variétés  de 
couleur,  depureté,  de  saveur,  d'odeur,  etc., 
et  ces  variétés  dépendent  non  seulement  des 
procédés  d'extraction,  mais  encore  de  la  sai- 
son pendant  laquelle  se  fait  la  récolte.  On 
distingue  dans  le  commerce  trois  sortes  de 
Manne: 

La  Manne  en  larmes:  c'est  la  plus  pure 
de  toutes  ;  elle  se  recueille  aux  mois  de  juillet 
et  d'août;  elle  est  en  morceaux  irréguliers, 
secs,  blanchâtres,  d'un  aspect  cristallisé  ou 
granuleux,  d'une  saveur  douce  et  sucrée. 
Fraîche,  elle  est  employée  par  les  habitants 
du  pays  aux  mêmes  usages  que  le  sucre  ; 
elle  n'acquiert  de  saveur  nauséabonde  et  do 
propriétés  laxatives  qu'avec  le  temps,  qui 
semble  y  déterminer  une  sorte  de  fermenta- 
tion. 

La  Manne  en  sorte  est  récoltée  aux  mois 
de  septembre  et  d'octobre;  la  température 


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étant  moins  élevée,  elle  se  dessèche  moins 
promptement,  coule  le  long  de  l'arbre,  s'y 
salit,  el  y  subit  probablement  déjà  un  com- 
mencement de  décomposition.  La  Manne  en 
sorte  se  compose  d'une  grande  quantité  de 
petites  lames  agglutinées  au  moyen  d'un  li- 
quide sirupeux;  la  saveur  en  est  plus  sucrée 
que  celle  de  la  précédente,  mais  aussi  plus 
nauséabonde;  c'est  la  plus  usitée  en  méde- 
cine. 

La  Manne  grasse  se  récolte  à  une  époque 
encore  plus  avancée  de  l'année;  elle  vient 
se  ramasser  dans  de  petites  fosses  pratiquées 
au  pied  de  l'arbre ,  et  forme  ainsi  des  masses 
poisseuses,  plus  ou  moins  mêlées  d'impure- 
tés, et  dans  lesquelles  on  distingue  à  peine 
quelques  larmes  en  grumeaux.  Sa  saveur 
sucrée  est  néanmoins  désagréable,  et  l'odeur 
en  est  nauséabonde  au  plus  haut  degré. 

La  Manne  en  larmes,  analysée  par  M.  Thé- 
nard,  a  donné  pour  résultats  :  1°  un  principe 
sucré  cristallisable  qui  a  reçu  le  nom  de 
Marmite;  2°  du  sucre  incristallisable  en  très 
petite  quantité;  3°  enfin  une  matière  mu- 
queuse, également  incristallisable,  d'odeur 
et  de  saveur  nauséabondes,  et  dans  laquelle 
paraît  résider  la  propriété  purgative  de  la 
Manne;  et,  en  effet,  cette  matière  est  en 
plus  grande  proportion  dans  la  Manne  en 
sorte  et  dans  la  Manne  grasse,  qui  renferment 
moins  de  Mannite. 

La  Mannite  ne  se  rencontre  pas  seulement 
dans  la  Manne  ;  on  la  trouve  encore  dans 
les  sucs  exsudés  par  certains  Cerisiers  et 
Pommiers,  dans  quelques  espèces  de  Cham- 
pignons, dans  le  suc  des  Oignons  ,  dans  le 
Céleri ,  dans  les  Asperges ,  enfin  dans  l'au- 
bier de  plusieurs  espèces  de  Pins  et  particu- 
lièrement du  Larix.  On  l'a  aussi  rencontrée 
dans  les  racines  de  Chiendent  et  dans  quel- 
ques Algues  marines;  on  la  trouve  en  outre 
dans  des  sucs  végétaux  sucrés  où  elle  ne 
préexiste  pas,  mais  où  elle  se  forme  lorsqu'ils 
viennent  à  subir  la  fermentation  dite  vis- 
queuse. 

La  Mannite  s'extrait  facilement  de  la 
Manne  par  l'intermédiaire  de  l'alcool  chaud, 
dans  lequel  elle  est  très  soluble.  Obtenue  à 
l'état  de  pureté,  elle  se  présente  cristallisée 
sous  forme  de  prismes  quadrangulaires,  an- 
hydres, minces,  incolores,  transparents  et 
doués  d'un  éclat  soyeux;  elle  est  légèrement 
sucrée,  très  soluble  dans  l'eau  et  dans  l'al- 


cool chaud.  Mise  en  présence  du  ferment,  la 
dissolution  de  Mannite  n'éprouve  pas  de 
fermentation.  Sous  l'influence  d'une  tempé- 
rature élevée,  elle  se  décompose  en  donnant 
les  mêmes  produits  que  le  sucre  de  canne. 
L'acide  nitrique  la  convertit  en  acide  oxali- 
que. La  Mannite  est  représentée  par  la  for- 
mule suivante:  C'2  H'*  O6 (Dumas). 

La  Manne  de  Briançon,  ainsi  nommée  parce 
qu'on  la  récolte  aux  environs  de  cette  ville 
sur  les  feuilles  du  Mélèze  {Pinus  Larix),  est 
sous  forme  de  petits  grains  arrondis,  jaunâ- 
tres; elle  est  légèrement  purgative. 

On  rencontre  dans  les  déserts  de  l'Arabie 
et  de  la  Perse  un  arbrisseau  rabougri,  épi- 
neux (Hedysarum alhagi  Linn.,  Alhagi  Mau- 
rorum  Dec.)  sur  lequel  se  récolte  un  suc 
blanc,  concret,  qui  a  reçu  le  nom  de  Manne 
alhagi.  Olivier,  au  retour  de  son  voyage  en 
Turquie,  rapporta  en  France  plusieurs  livres 
de  cette  substance,  qui,  d'après  Niebuhr,  est 
employée  dans  la  Perse  en  guise  de  sucre 
pour  les  pâtisseries  et  d'autres  mets  de  fan- 
taisie. Les  commentateurs,  qui  s'attachent  à 
l'esprit  et  non  à  la  lettre  des  livres  saints, 
pensent  que  la  Manne  dont  se  nourrirent  les 
Hébreux  dans  le  désert  n'était  autre  chose 
que  cette  Manne  alhagi.  (A.  D.) 

MANON  (pavoç,  mou),  polvp.  —  Genre 
de  Spongiaires  établi  par  Schweigger,  et 
ayant  pour  type  l'Éponge  oculée  de  Lamarck 
ou  Spongia  oculata  de  Solander ,  qui  est 
très  rameuse ,  molle,  et  dont  les  rameaux 
dressés,  presque  cylindriques,  sont  pourvus 
de  petits  oscules  formant  quelquefois  une 
ou  deux  séries.  Ce  genre  comprend  les  Epon- 
ges non  tubuleuses  ,  dont  la  masse  lacu- 
neuse  est  réticulée  à  la  surface  et  pourvue 
d'oscules  bien  distincts.  M.  Goldfuss  a  dé- 
crit, comme  appartenant  à  ce  genre,  plu- 
sieurs Spongiaires  fossiles  de  la  craie  et  des 
terrains  plus  anciens.  (Duj.) 

MANOOROA,  ois.  —V.  paille-en-queue. 

*MANOPUS(y.avoç,  mince;  tto3;,  pied). 
ins.  —  Genre  de  Coléoptères  pentamères , 
famille  des  Lamellicornes,  tribu  des  Scara- 
béides  phyllophages,  proposé  par  Laporte  de 
Castelnau  (  Hist.  nat.  des  An.  artic.f  t.  Il, 
p.  147).  L'espèce  type  est  la  Philochlœna 
bigutta'.a  Dej.  Elle  est  originaire  de  Co- 
lombie. (C) 

MANORHINE.  3fanorftma(aavôç,  mince; 
p.'v,  nez),  ois.  —  Genre  créé  par  Vieillot,  et 


758 


MAN 


MAN 


placé  par  lui  à  côté  des  Martins  dans  sa  fa- 
mille des  Chanteurs,  manière  de  voir  qui, 
au  reste,  a  été  partagée  par  G.  Guvier. 
G. •  R.  Gray,  au  contraire ,  l'éloigné  de  cette 
famille,  et  le  range  dans  celle  des  Philé- 
dons.  Quoi  qu'il  en  soit,  ce  g.  a  pour  carac- 
tères :  Bec  très  comprimé  ,  peu  arqué  ,  fai- 
blement échancré;  des  fosses  nasales  larges, 
fermées  par  une  membrane  dans  laquelle 
sont  percées  des  narines  linéaires  ;  les  plu- 
mes du  front  veloutées ,  et  s'avançant  en 
partie  sur  les  fosses  nasales;  le  tour  de 
l'œil  nu. 

Ce  g.  ne  renferme  jusqu'à  ce  jour  que 
l'espèce  suivante  : 

La  Manouhine  verte,  M.  viridis  Vieill. 
{Gai.  des  Ois.,  pi.  149).  Elle  a  tout  le  plu- 
mage d'un  vert  olivâtre,  les  joues  jaunâtres, 
et  deux  moustaches  noires  à  la  base  du  bec. 
Habite  la  Nouvelle-Hollande.       (Z.  G.) 

MANOUL  ou  MANUL.  mam.  —  Espèce 
de  Lynx.  Voy.  ce  mot  à  l'article  chat. 

MANS.  ins.  —  Nom  vulgaire  de  la  larve 
du  Hanneton.  Voy.  ce  mot. 

*MANSOA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Bignoniacées ,  établi  par  De  Can- 
dolle  (Revis.  Bignon.,  12).  Arbrisseaux  du 
Brésil.  Voy.  bignoniacées. 

MANTE.  Mantis  (  pdcrnc,  devin  ).  ins.  — 
Genre  de  la  tribu  des  Mantiens,  groupe  des 
Mantites,  de  l'ordre  des  Orthoptères,  carac- 
térisé par  un  prothorax  plus  long  ou  au 
moins  aussi  long  que  le  mésothorax  et  le  me- 
ta thorax;  par  des  yeux  arrondis  ;  des  cuisses 
simples,  etc. 

Linné,  établissant  le  genre  Mantis  dans 
son  Systema  naturœ,  y  comprenait  non  seu- 
lement tous  les  types  de  notre  tribu  des  Man- 
tiens ,  mais  encore  ceux  de  la  tribu  des 
Phasmiens.  De  plus  en  plus  restreint  par  les 
entomologistes,  il  ne  constitue  maintenant 
qu'un  petit  genre  de  cette  tribu.  Les  espèces 
de  notre  pays  sont  les  Mantis  religiosa  et 
oratoriaLm.  Voy.  pour  les  détails  de  mœurs, 
d'organisation,  de  classification,  etc.,  notre 
article  mantiens.  (Bl.) 

MANTEAU.    MOLL.   —   Voy.    COQUILLES, 

à  l'article  mollusques. 

MANTELET.  moll.  —  Adanson  [Voy.  au 
Sénég.)  donne  ce  nom  à  un  genre  qu'il  a 
formé  aux  dépens  des  Porcelaines ,  adopté 
par  quelques  auteurs  et  rejeté  par  d'autres. 
Voy.  porcelaine. 


♦MANTELLIA  (nom  propre),  bot.  foss. 
—  Genre  de  végétaux  fossiles  de  la  famille 
des  Cycadées  ,  établi  par  M.  Ad.  Brongniart 
(Prodr.,  96),  qui  lé  décrit  ainsi  :  Tiges  cy- 
lindriques ou  presque  sphéroïdales ,  sans 
axe  central  dis'/nct,  couvertes  de  cicatrices 
rhomboïdales ,  dont  le  diamètre  horizontal 
est  plus  grand  que  le  diamètre  vertical. 

On  n'en  connaît  que  deux  espèces  :  l'une 
(M.  nidiformis),  du  calcaire  de  Portland  ; 
l'autre  (M.  cylindrica),  du  calcaire  conchy- 
lien.  (J.) 

*MANTEYLES.  ins.  —  Nom  employé  gé- 
nériquement  par  Schœnherr  pour  un  Co- 
léoptère  tétramère  de  la  famille  des  Curcu- 
lionides,  mais  que  l'auteur  a  abandonné 
ensuite  pour  en  faire  la  quatrième  division 
de  ses  Geonemus,  uniquement  composée 
d'espèces  de  l'Amérique  méridionale;  le  G. 
S-tuberculatus  de  F.  en  était  le  type.     (C.) 

MANTICORA ,  ou  mieux  MANTICHO- 
RA  {Mantichora ,  animal  fabuleux,  suivant 
Pline,  à  figure  humaine),  ins.  —  Genre  de 
Coléoptères  pentamères,  famille  des  Cara- 
biques ,  tribu  des  Cicindélètes ,  créé  par  Fa- 
bricius  (Systema  eleutheratorum ,  t.  I ,  XIX, 
167),  et  généralement  adopté  depuis.  Deux 
espèces  de  l'Afrique  méridionale  en  font 
partie:  les  M.  tuberculata  Dej.  (giganlea 
Th.,  maxillosa  F.),  et  lalipennis  Water- 
house.  (C.) 

*MANTICORIDES.  Manticoridœ.  ins.— 
M.  Th.  Lacordaire,  en  adoptant  à  peu  près 
la  même  manière  de  voir  de  MM.  Audouin 
et  Brullé,  a  établi  une  tribu  de  Coléoptères 
pentamères  qui  dépend  de  la  famille  de  ses 
Cicindélides  ,  Cicindelidœ  (Révision  de  la  fa- 
mille des  Cicindélides,  1842,  p.  11).  Voici 
comment  l'auteur  la  caractérise  : 

Tête  grosse.  Palpes  égaux  en  longueur; 
le  premier  article  des  labiaux  ne  dépassant 
pas,  ou  très  légèrement,  l'échancrure  du 
menton  :  celle-ci  munie  d'une  forte  dent. 
Yeux  petits,  arrondis.  Les  trois  premiers  ar- 
ticles des  tarses  antérieurs,  tantôt  simples 
dans  les  deux  sexes  ,  tantôt  dilatés  chez  les 
mâles.  Jamais  d'ailes  sous  les  élyties. 

I.  Tarses  antérieurs  simples  dans  les  deux 

sexes Manticoiu. 

II.  Les  trois  premiers  articles   des  tarses 
antérieurs  dilatés  cbez  les  mâles. 

A.  Angl -s  du  prothorax  saillants  ,  surtout 

les  postérieurs.  .     .    • Peatscbu* 


MAN 


MAN 


759 


B.  Ces  mêmes  angles  nuls. 

Labre  dentelé  en  avant Amblychkila. 

—      simplement  sinué  en  avant.  .   .     Omus. 

(C.) 

*MA\TICORïE\S.  ins.  —  Famille  de 
Coléoptères  pentamères  carnassiers ,  groupe 
des  Cieindélètes,  établie  par  MM.  Audouin 
et  Brullé  (  Hist.  nat.  des  Ins.,  1834  ,  t.  IV, 
p.  20),  et  ainsi  caractérisée  par  ces  au- 
teurs :  Tête  très  grosse  ;  yeux  petits ,  labre 
court;  mandibules  très  saillantes.  Les  gen- 
res rapportés  à  cette  famille  sont  :  Manti- 
cora,  Omus,  Plalychile  et  Megacephala.  (C.) 

MAIVTIDES.  Mantidœ.  ms.—Voy.  nan- 
tîtes et  surtout  mantiens.  (Bl.) 

MANTIEIVS.  Mantii.  ins.— Tribu  de  l'or- 
dre des  Orthoptères,  caractérisée  par  une  tête 
libre,  un  prothorax  beaucoup  plus  long  que 
les  deux  autres  parties  du  thorax,  méso  et 
métathorax;  par  des  pattes  antérieures  ra- 
visseuses, c'est-à-dire  en  crochets  et  armées 
de  fortes  épines,  les  autres  seulement 
propres  à  la  marche  ;  des  tarses  de  cinq  ar- 
ticles et  un  abdomen  muni  de  filets  arti- 
culés. 

La  tribu  des  Mantiens,  telle  que  nous  la 
considérons,  telle  que  la  considèrent  aujour- 
d'hui tous  les  entomologistes,  ne  correspond 
pas  même  au  genre  Mantis  de  Linné,  mais 
seulementàune  portion  de  cegenre.  L'auteur 
du  Systema  naturœ  comprenait  encore  sous 
la  même  dénomination  générique  les  espèces 
connues  sous  le  nom  vulgaire  de  Spectres, 
espèces  qui  aujourd'hui  composent  notre 
tribu  des  Phasmiens.  Fabricius  ne  modifia 
d'abord  en  aucune  manière  les  limites  que 
Linné  avait  imposées  à  son  genre  Mantis. 

Illiger  vint  ensuite,  et  proposa  plusieurs 
nouvelles  divisions  génériques.  Ces  coupes 
furent  adoptées  par  Latreille;  mais,  néan- 
moins, ce  célèbre  entomologiste  conserva 
dans  une  même  famille,  dans  un  même  pe- 
tit groupe,  et  les  Mantes  et  les  Spectres. 

Depuis  cette  époque  encore  bien  peu 
éloignée  de  nous,  tous  les  naturalistes  qui 
se  sont  occupés  de  l'ordre  des  Orthoptères  , 
soit  sous  le  rapport  anatomique,  soit  seule- 
ment sous  le  rapport  des  caractères  zoologi- 
ques ,  ont  complètement  séparé  ces  deux 
types. 

Le  genre  de  vie  des  Mantiens  et  des  Phas- 
miens est  si  différent,  les  caractères  des  uns 
et  des  autres  sont  si  parfaitement  tranchés, 


qu'il  y  avait  tout  avantage  à  établir  cette 
distinction. 

Les  Mantiens  présentent  un  ensemble  de 
caractères  et  offrent  un  aspect  particulier 
qui  les  font  reconnaître  au  premier  abord. 
Leur  corps  est  toujours  étroit  et  plus  ou 
moins  élancé.  Leurs  élytres  ,  parcourues  par 
de  nombreuses  nervures,  embrassent  les 
côtés  du  corps.  Leurs  pattes  antérieures,  ad- 
mirablement disposées  pour  saisir  une  proie, 
ont  une  conformation  qui  ne  se  retrouve 
point  chez  des  Orthoptères  d'une  autre  tribu, 
mais  qu'on  remarque  cependant  chez  de  pe- 
tits Névroptères  du  genre  Mantispa  et  chez 
les  Crustacés  composant  l'ordre  des  Stoma- 
podes.  Ces  pattes  antérieures  ont  un  déve- 
loppement considérable.  Les  cuisses  sont 
épaisses  et  garnies  en  dessous  d'épines  acé- 
rées ;  les  jambes,  un  peu  arquées  et  égale- 
ment munies  de  fortes  épines,  se  replient 
contre  les  cuisses,  de  manière  à  constituer 
une  pince  préhensile  retenant  avec  force 
les  insectes  que  la  Mante  a  pu  saisir. 

L'anatomie  de  ces  curieux  insectes  a  été 
faite  surtout  par  M.  Léon  Dufour.  Ce  savant 
a  donné  des  détails  assez  étendus  sur  l'appa- 
reil digestif  et  sur  les  organes  de  la  généra- 
tion chez  ces  Orthoptères.  De  notre  côté, 
nous  en  avons  examiné  le  système  nerveux. 
Comme  chez  les  animaux  carnassiers  en 
général,  le  tube  digestif  est  assez  court.  Sa 
longueur  dépasse  peu  celle  du  corps.  L'œso- 
phage consiste  en  un  tube  long,  grêle,  con- 
tenu en  entier  dans  le  thorax.  Le  jabot,  si- 
tué dans  le  métathorax,  est  peu  renflé, 
oblong  et  strié  extérieurement.  Au-delà  de 
ce  jabot,  on  remarque  un  gésier  un  peu 
contourné,  qui,  à  l'intérieur,  renferme  un 
appareil  de  trituration  consistant  en  six 
rangées  longitudinales  de  petites  lames  d'ap- 
parence cornée.  A  son  extrémité,  on  observe 
huit  bourses  ventriculaires,  cylindriques  H 
plus  ou  moins  contournées  sur  elles-mêmes. 
Le  ventricule  chylifique  est  oblong  et  presque 
droit.  L'intestin  grêle  qui  lui  succède  est 
courbé  en  forme  d'anse;  mais,  avant  son 
extrémité,  il  se  renfle  en  un  rectum  ovoïde 
offrant  six  bandelettes  longitudinales.  Les 
vaisseaux  biliaires  des  Mantes  sont  simples, 
assez  longs,  et  au  nombre  d'une  centaine 
environ. 

L'appareil  salivaire  est  très  développé  chez 
les  Orthoptères  ;  il  consiste  en  deux  gre*?es 


760 


MAN 


glandes  situées  de  chaque  côté  de  l'œsophage. 
On  y  distingue  un  organe  sécréteur  composé 
d'un  nombre  très  considérable  de  petits  sa- 
chets oblongs  et  semi-diaphanes,  un  réservoir 
salivaire  ayant  l'apparence  d'une  petite  po- 
che ou  d'une  petite  bourse,  et  enfin  un  con- 
duit excréteur  qui  se  réunit  à  celui  de  la 
glande  opposée  de  manière  à  former  un  seul 
canal  s'ouvrant  dans  la  bouche  de  l'insecte. 

Les  ovaires  des  Mantiens  sont  constitués 
chacun  par  une  quarantaine  dégaines  mul- 
tiloculaires.  Les  œufs  de  ces  insectes  sont 
pondus  tous  ensemble,  rangés  régulièrement 
dans  une  coque  presque  lisse  et  luisante.  Ce 
fait  coïncide  avec  l'existence,  chez  les  Man- 
tiens, d'un  appareil  sérifique,  se  composant 
d'un  grand  nombre  de  vaisseaux  sécréteurs, 
les  uns  longs,  flottants,  et  les  autres  très 
courts,  s'insérant  sur  le  tronc  commun  des 
premiers. 

Le  système  nerveux  de  ces  insectes  n'a 
point  encore  été  représenté  ;  mais  nous  avons 
eu  l'occasion  de  l'observer.  Il  consiste  en  une 
chaîne  dont  les  ganglions  sont  petits  et  très 
espacés. 

Presque  tous  les  Orthoptères  vivent  de 
matières  végétales  ou  de  matières  desséchées. 
Dans  cet  ordre,  les  Mantiens  seuls,  sans  ex- 
ception ,  sont  carnassiers.  En  cela,  comme 
on  le  voit,  ils  diffèrent  encore  beaucoup  des 
Phasmiens,  auxquels  les  premiers  zoologistes 
les  réunissaient;  car  ceux-ci  sont  tous  phy- 
tophages. Les  mouvements  des  Mantiens 
sont  extrêmement  lents.  Ces  insectes  se  traî- 
nent comme  avec  peine  sur  les  arbrisseaux 
et  les  broussailles.  Pendant  des  heures  en- 
tières ,  on  les  voit  se  tenir  au  soleil  sur  la 
même  tige  ou  sur  la  même  feuille,  attendant 
qu'un  Insecte  vienne  à  passer.  C'est  alors 
qu'ils  jettent  en  avant  une  de  leurs  pattes 
antérieures,  qui,  comme  nous  l'avons  vu, 
sont  admirablement  conformées  pour  saisir 
une  proie  et  pour  ne  point  la  laisser  échap- 
per. Si  une  Mante  est  parvenue  à  s'emparer 
d'un  Insecte,  elle  le  suce  aussitôt  et  rejette 
ensuite  sa  dépouille;  si  elle  a  cherché  en 
vain  à  s'emparer  d'une  proie,  elle  se  remet 
aussitôt  dans  la  même  position  qu'aupara- 
vant, en  demeurant  dans  un  état  d'immo- 
bilité complète.  Dans  le  midi  de  l'Europe, 
nous  avons  eu  fréquemment  l'occasion  d'en 
observer  diverses  espèces  ;  toutes  se  compor- 
tent, à  cet  égard,  exactement  de  la  même 


MAN 

manière.  En  Sicile,  comme  en  Afrique,  il 
n'est  pas  rare  de  les  rencontrer  sur  les  Cac- 
tus. Quand  on  les  inquiète,  parfois  elles  se 
laissent  choir,  mais,  le  plus  ordinairement, 
elles  s'envolent  brusquement  pour  aller  se 
poser  sur  une  autre  plante.  Leur  vol,  en 
général,  est  lourd,  droit  et  assez  rapide, 
mais  il  ne  paraît  pouvoir  être  de  très  longue 
durée,  surtout  pour  les  femelles  dont  le 
corps  est  quelquefois  plus  ramassé,  dont 
l'abdomen  est  toujours  beaucoup  plus  volu- 
mineux. 

Cette  attitude  singulière  des  Mantiens , 
dont  le  corps  se  trouve  posé  seulement  sur 
les  quatre  pattes  postérieures  avec  le  pro- 
thorax et  la  tête  relevés,  avec  les  pattes  an- 
térieures redressées,  se  croisant  parfois,  ont 
depuis  fort  longtemps  attiré  l'attention  des 
habitants  des  régions  où.  l'on  rencontre  ces 
animaux.  On  a  comparé  leur  maintien  à 
celui  d'un  priant,  ou  même  l'on  a  cru  qu'ils 
priaient  réellement.  Le  nom  de  Prega-Diou 
(Prie-Dieu),  qu'on  leur  donne  dans  le  midi 
de  la  France  et  en  Italie,  est  très  générale- 
ment connu.  A  une  époque  assez  éloignée 
de  nous,  des  idées  des  plus  singulières  ont 
pu  s'accréditer  à  l'égard  de  ces  Insectes.  Ils 
étaient  regardés  comme  ayant  quelque  chose 
de  divin.  Mouflet,  ce  naturaliste  du  xvne  siè- 
cle ,  qui  a  décrit  et  représenté  la  Mante  com- 
mune du  midi  de  la  France,  rapporte,  avec 
l'accent  de  la  conviction  ,  que  si  un  enfant 
s'adressant  à  une  Mante  lui  demande  le 
chemin  ,  elle  le  lui  enseigne  en  étendant 
une  de  ses  pattes;  et  il  ajoute  gravement  : 
Elle  se  trompe  rarement  ou  jamais. 

«  Tarn  divina  censelur  bestiola ,  ut  puero 
interroganti  de  via  ,  aîtero  pede  extento  rec- 
tam  monstret ,  atque  raro  vel  nunquam  [al- 
lât. » 

Il  existe  encore  une  sorte  de  vénération 
et  diverses  superstitions  à  l'égard  des  Man- 
tiens sur  plusieurs  points  de  l'Afrique. 
M.  Caillaud,  bien  connu  par  ses  voyages  à 
Méroë  et  au  fleuve  Blanc ,  a  trouvé  une  es- 
pèce de  Mante  qui  est ,  chez  ces  Africains  , 
l'objet  d'un  véritable  culte.  Au  rapport  de 
Sparmann  ,  un  Mantien  ,  propre  à  l'Afrique 
australe,  est  adoré  par  les  Hottentots;  et  s'il 
lui  arrive  de  se  poser  sur  une  personne, 
celle-ci  est  considérée  comme  ayant  reçu  une 
faveur  particulière  du  ciel ,  et  regardée 
comme  un  saint. 


M  AN 


JUAN 


■61 


Les  naturalistes  ont  donné  du  reste  aussi 
à  beaucoup  d'espèces  de  Mantiens  des  dé- 
nonciations qui  rappellent  ces  idées  singu- 
lière.^. Le  nom  de  Mantis  lui-même,  qui 
nous  vient  du  grec,  signifie  devin.  L'espèce 
la  plus  commune  en  France  a  reçu  le  nom 
de  Mante  religieuse  (Mantis  reiigiosa  Lin.)  ; 
une  autre  plus  petite,  également  propre  à 
l'Europe,  a  été  appelée  la  Mante  prêcheuse 
(Mantis  oralovia  Fabr.)  ;  une  autre  la  Mante 
sainte  (Mantis  sancta),  etc. 

Ces  Orthoptères  sont  d'une  voracité  ex- 
trême. Quand  on  enferme  plusieurs  indivi- 
dus dans  la  même  boîte,  ils  s'entre-dévorent 
bientôt.  Les  mâles,  étant  plus  petits  que  les 
femelles,  sont  ordinairement  victimes  de  ces 
dernières.  Rœsel  est  l'auteur  souvent  cité 
comme  ayant  observé  les  habitudes  des  Man- 
tes ;  il  a  remarqué  que  l'espèce  du  midi  de 
la  France  ne  dévorait  pas  moins  de  cinq  à 
six  Mouches  chaque  jour. 

Nous  en  avons  nous-même  observé  quel- 
ques espèces  en  Sicile  pendant  plusieurs  mois. 
Nuus  avons  nourri  ainsi  avec  des  Mouches 
la  Mantis  reiigiosa  et  YEmpusa  pauperata. 
Elles  pouvaient  supporter  un  jeûne  fort 
long;  quand  on  leur  donnait  une  certaine 
quantité  de  Mouches  après  les  avoir  privées 
de  nourriture  pendant  plusieurs  jours ,  elles 
en  dévoraient  sept  ou  huit  en  très  peu  d'ins- 
tants, et  ne  cherchaient  plus  à  inquiéter  les 
autres,  au  moins  jusqu'au  lendemain. 

Les  Mantes  pondent  leurs  œufs  vers  la  fin 
de  l'été ,  en  accrochant  la  capsule  qui  les 
contient  à  quelque  plante.  Cette  capsule, 
pour  la  Mantis  reiigiosa  ,  est  environ  de  la 
grosseur  d'unepetitenoix.Dansson  intérieur, 
les  œufs  sont  rangés  régulièrement,  et  sépa- 
rés les  uns  des  autres  par  de  petites  cloisons. 
La  matière  gommeuse  des  vaisseaux  sérifi- 
ques  venant  à  imprégner  d'abord  chaque 
œuf  constitue  ainsi  ces  cloisons,  qui  sont 
ensuite  toutes  recouvertes  par  une  enveloppe 
générale.  D'après  quelques  observateurs,  les 
œufs  de  ces  Orthoptères,  déposés  au  mois  de 
septembre,  ne  viendraient  à  éclore  qu'au 
mois  de  juin.  Il  y  a  probablement  à  cet 
égard  des  différences  coïncidant  avec  le  cli- 
mat ;  car ,  dans  le  midi  de  l'Europe  ,  nous 
avons  rencontré  de  jeunes  Mantes  dès  le 
mois  d'avril.  Les  jeunes  ressemblent  tout  • 
à-fait  aux  adultes,  sauf  l'absence  des  ailes. 
Elles  sont  à  l'état  de  nymphe  quand  elles 
t-  vu. 


présentent  des  rudiments  de  ces  appendices. 
Nous  avons  observé  qu'elles  demeuraient 
sous  cette  forme  souvent  pendant  plus  de 
deux  mois. 

Les  Mantiens  sont  souvent  attaqués  par 
de  petits  Chalcidiens,  dont  les  larves  vivent 
aux  dépens  de  leur  tissu  adipeux.  Ce  fait  a 
été  observé  particulièrement  sur  une  espèce 
de  l'île  de  France. 

Les  Mantiens  sont  de  beaux  insectes  de 
grande  taille,  parés  généralement  de  cou- 
leurs vives ,  ayant  souvent  des  taches  bril- 
lantes qui  en  relèvent  l'éclat.  Dans  plusieurs 
espèces  ,  on  remarque  des  taches  ocellées  de 
diverses  couleurs  sur  leurs  ailes  postérieures. 

Ces  Orthoptères  habitent  toutes  les  régions 
un  peu  chaudes  du  globe.  On  les  rencontre 
dans  tout  le  midi  de  l'Europe,  mais  ils  ne  dé- 
passent guère  le  42°  de  latitude;  cependant 
deux  espèces,  la  Mantis  reiigiosa  et  la  Man- 
tis oratoria,  Qnt  été  trouvées  dans  la  forêt  de 
Fontainebleau. 

On  trouve  les  Mantiens  dans  toute  l'A- 
frique, dans  toute  l'Amérique  méridionale, 
dans  la  partie  sud  de  l'Amérique  septentrio- 
nale ,  dans  la  plus  grande  partie  de  l'Asie  , 
et  jusqu'à  la  Nouvelle-Hollande. 

Nous  avons  admis  (Histoire  des  Insectes , 
publiée  par  Firmin  Didot,  Paris,  1845)  treize 
genres  seulement  dans  la  tribu  des  Man- 
tiens, en  les  rattachant  à  trois  groupes  qu'on 
peut  distinguer  d'une  manière  précise  de  la 
manière  suivante: 

..     /  courtes,  ne  couvrant  pas 
ramasse,  /      VMomen *    .  Er 


Corps 


plus 
ou  moins  1 
élancé, 

élancé, 
élytres 
et  ailes 


l'abdome 

î Eremophili 

TES. 

/  longues, se- 

tacées.  .  .  MantiTES. 

couvrant 
totalement 
l'abdomen. 

Antennes 

i     courtes, 
'  bipectmées 
.         dans 
|    1rs  mâles, 

sétaréei 

dans  les 
\ femelles.  .   Empcsitcs. 

Au  premier  de  ces  groupes  nous  ratta- 
chons le  seul  genre  Eremophila  ou  Eremia- 
phila,  en  regardant,  au  moins  jusqu'à  une 
connaissance  plus  complète  des  espèces,  le 
genre  Heteronytarsus  comme  une  simple  di- 
vision de  ce  genre.  Tous  ces  Eremophilit.es 
sont  de  petits  Mantiens,  d'une  couleur  gri- 
sâtre en  dessus ,  dont  la  démarche  est  très 
lente,  et  qui  \i\ent  au  milieu  des  déserts  de 
l'Egypte  et  de  l'Arabie,  en  se  traînant  sur 
le  sable.  Au  groupe  des  Mantites,  nous  rat- 
tachons les  genres  Metalleutica ,  propre  à 

9G 


762 


MAN 


l'île  de  Java;  Mantis,  dispersé  dans  les  di- 
verses parties  du  monde;  Schizocephala , 
Acanthops,  Oxypilus ,  Harpax,  Hymeno- 
pus,  Toxodera,  Vates ,  dont  les  espèces  sont 
généralement  peu  nombreuses. 

Au  groupe  des  Empusites ,  dont  beaucoup 
d'espèces  sont  remarquables  par  les  expan- 
sions foliacées  de  leurs  euisses  et  de  leurs 
jambes,  nous  rattachons  seulement  les  trois 
genres  Empusa ,  Blepharis ,  Phyllocrania 
(voyez  chacune  de  ces  dénominations  pour 
les  détails  qui  les  concernent  spécialement). 
M.  Serville  admet  dans  la  tribu  des  Man- 
liens  quatorze  genres ,  mais  nous  avons  con- 
sidéré le  genre  Theoclytes  comme  ne  devant 
pas  être  séparé  du  genre  Thespis.  M.  Bur- 
meister  a  également  opéré  cette  réunion. 
Mais  celui-ci  admettant  en  outre  deux  nou- 
veaux genres,  on  porte  ainsi  le  nombre  à 
quinze  pour  la  tribu  des  Mantiens.  Au  reste , 
comme  on  le  voit,  les  naturalistes  s'accor- 
dent, en  général ,  pour  la  plupart  des  divi- 
sions. Il  n'y  a  divergence  que  pour  quel- 
ques unes  des  moins  importantes  établies 
ordinairement  sur  une  ou  deux  espèces.  (Bl.) 

*MANTIS.  crust.  —  Petiver,  dans  sa  Pe- 
trigraphia  americana,  tab.  20,  fig.  10, 
donne  ce  nom  au  Gonodac'ylus  chiragra. 
Voy.  gonodactylus.  (H.  L.) 

MANTIS.  INS. — Voy.  MANTE. 

MANTISALCA,  Cass.  bot.   ph.  — -  Voy. 

MICROLONCHUS. 

MANTISIA,  Curt.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Globba  ,  Linn, 

MANTISPA.  Ins.  — Genre  unique  de  la 
famille  des  Mantides,  tribu  des  Raphidiens, 
de  l'ordre  des  Névroptères  ,  établi  par  Illi- 
ger  et  adopté  par  tous  les  entomologistes. 
Ce  genre  est  parfaitement  caractérisé  par 
des  pattes  antérieures  ravisseuses;  les  jam- 
bes très  renflées  et  armées  d'épines;  les 
tarses  pouvant  se  replier  sur  la  jambe ,  et 
former  une  pince  préhensile. 

Les  Mantispes  sont  des  Insectes  très  sin- 
guliers ,  auxquels  la  conformation  de  leurs 
pattes  antérieures  donne  l'aspect  de  petites 
Mantes.  Ils  furent,  en  effet,  confondus  avec 
ces  dernières  par  Fabrîcius  et  plusieurs  au- 
tres auteurs.  M.  Brullé  (Voyage  scientif.  en 
Morée),  de  son  côté,  a  cru  aussi,  à  une  cer- 
taine époque ,  devoir  les  placer  parmi  les 
Orthoptères  ;  mais ,  depuis  longtemps,  tous 
les  naturalistes  n'ont  plus  hésité  à  les  con- 


MAN 

sidérer  comme  de  véritables  Névroplcrev 
Leurs  ailes  diaphanes  à  réseau  assez  lâche, 
leur  prothorax  allongé  et  plus  étroit  que  la 
tête,  nous  les  montrent  aussi  comme  extrê- 
mement voisins  des  Raphidies.  La  tête  de  ces 
Névroptères  est  large,  et  leurs  antennes  sont 
courtes  et  un  peu  moniliformes.  Les  pre- 
miers états  des  Mantispes  ne  sont  pas  con- 
nus; on  a  voulu  cependant,  par  analogie, 
rapporter  à  une  espèce  de  ce  genre  une  larve 
assez  semblable  à  celle  des  Raphidies  ,  mais 
un  peu  plus  large.  Comme  on  le  voit,  ceci 
n'a  rien  de  concluant. 

Les  Mantispes  sont  peu  nombreuses  en 
espèces  ;  elles  sont  dispersées  dans  des  ré- 
gions du  globe  très  éloignées  les  unes  des 
autres.  Le  type  est  la  M.  pagana,  qui  se 
trouve  en  France  ,  et  principalement  dans 
le  midi.  On  en  connaît  en  outre  une  de  la 
Russie  méridionale  et  de  l'Orient  (M.  perla 
Pall.  );  une  du  Cap  (M.  pusilla  Pall.); 
une  des  îles  de  l'océan  Pacifique  (M.  gran- 
dis Guér.  );  une  de  Colombie  (M.  gracilis 
Ramb.  )  ;  une  du  Brésil  (  M.  semihyalina 
Ramb.),  et  enfin  une  de  patrie  inconnue 
(M.  virescens  Ramb.).  (Bl.) 

MANTISPIDES.  Mantispidœ.  ins.  —  Fa- 
mille de  la  tribu  des  Raphidiens,  de  l'ordre 
des  Névroptères,  ne  comprenant  que  le  seul 
genre  Mantispa.  Voy.  ce  mot.  (Bl.) 

MANTITES.  Mantitœ.  ins.  —  Groupe 
de  la  tribu  des  Mantiens ,  de  l'ordre  des 
Orthoptères,  caractérisé  par  un  corps  plus 
ou  moins  élancé  ;  des  élytres  et  des  ailes 
couvrant  totalement  l'abdomen  ,  et  des  an- 
tennes longues  et  sétacées.  Ce  groupe  com- 
prend le  plus  grand  nombre  des  genres  de 
la  tribu  des  Mantiens.  (Bl.) 

*MANTODEA.  ins.  —  Syn.  de  Mantides, 
employé  par  M.  Burmeister  (Handb.  der 
Entomol.  ).  (Bl.) 

*MANTURA,  Stephens,  Hope.  ins.  — 
Syn.  de  Balanomorpha ,  Chevrolat,  Dejean. 
Voy.  ce  mot.  (C.) 

MANUCODE.  ois.  —  Nom  d'une  espèce 
de  Paradisier  dont  Vieillot  a  fait  le  type  de 
son  g.  Cicinnurus.  Voy.  paradisier.  (Z.  G.) 

MANUCODIATA,  Briss.  ois.  —  Syn.  de 
Paradisea,  Linn.  Voy.  paradisier.    (Z.  G.) 

MANUCODIATES.  Paradisei.  ois.  — 
Sous  ce  nom ,  Vieillot  a  établi  dans  l'ordre 
des  Passereaux  une  famille  qui  réunit  des 
oiseaux  chez  lesquels  les  plumes  cervicales 


MAP 

et  hypocondriales  sont  longues  et  de  diverses 
formes,  et  dont  le  bec  est  totalement  em- 
plumé  à  la  base.  Les  genres  Manucode,  Si- 
silet ,  Lophorine  et  Smalie  composent  cette 
famille.  (Z.  G.) 

MANUET.  mam.  —  Voy.  les  articles  la- 

GOTIS  et  HELAMYS.  (E.    D.) 

MAIMULÉE.  Manulea.  bot.  ph.  —  Genre 
de  la  famille  des  Scrophularinées-Buchné- 
rées,  établi  par  Linné  (Gen.,  n°  1244),  et 
caractérisé  ainsi  :  Calice  5-parti ,  à  divisions 
linéaires  ou  subulées  ;  corolle  hypogyne ,  dé- 
cidue,  à  tube  allongé,  glabre  ou  tomenteux, 
à  limbe  5-fide.  Étamines  4,  insérées  au  tube 
de  la  corolle,  didynames ,  incluses;  an- 
thères uniloculaires,  conformes;  ovaire  2- 
loculaire,  multi-ovulé;  style  simple;  stig- 
mate presque  en  massue.  Capsule  bilocu- 
laire,  septicide-bivalve ,  à  valves  bifides  au 
sommet. 

Les  Manulées  sont  des  herbes  ou  des  sous- 
arbrisseaux  du  Cap  ,  à  feuilles  souvent  rap- 
prochées vers  la  base  de  la  tige,  les  florales 
petites,  bractéiformes ;  fleurs  souvent  d'un 
jaune  orange;  grappes  quelquefois  simples, 
nues  ou  bractéées ,  quelquefois  composées , 
à  pédicelles  multiflores» 

On  connaît  une  trentaine  d'espèces  de  ce 
genre;  quelques  unes  sont  cultivées,  soit 
dans  les  jardins  de  botanique,  soit  dans  les 
jardins  d'agrément.  Parmi  ces  dernières , 
nous  citerons  principalement  la  Manulée 
a  feuilles  opposées  ,  Manulea  oppositifolia 
Vent. ,  arbrisseau  atteignant  quelquefois 
plus  d'un  mètre  de  hauteur.  Il  porte  des  ra- 
meaux grêles  et  nombreux ,  avec  des  feuilles 
ovales  renversées,  et  des  fleurs  rose-lilas  ou 
blanches  qui  s'épanouissent  tout  l'été. 

*MANUI\GALA,  Man.  Blanc,  bot.  fh.  — 
Syn.  de  Samadcra  ,  Gaertn. 

MAPOURIA.  bot.  pu.—  Genre  de  la  fa- 
mille des  Rubiacées -Psychotriées  ,  établi 
par  A.  Richard  (in  Mem.  Soc.  hist.  n.  Paris, 
V,  173).  Arbres  ou  arbrisseaux  de  la  Guiane 
et  des  Antilles.  Voy.  rubiacées. 

MAPPA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille 
des  Euphorbiacées-Acalyphées ,  établi  par 
Adr.  Jussieu  (Euphorb.,  44,  t.  XIX).  Ar- 
bres ou  arbrisseaux  de  l'Asie  tropicale.  Voy. 

EUPHORBIACÉES. 

MAPPIA,  Schreb.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Doliocarpus  ,  Soland. 

MAPROUNEA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la 


MAQ 


7G3 


famille  des  Euphorbiacées-  Hippomanées  , 
établi  par  Aublet  (Guian.,  II,  895,  t.  342). 
Arbres  de  la  Guiane  et  du  Brésil.  Voy.  eu- 
phorbiacées. 

MAQUARIE.  Macquaria  (nom  d'une  ri- 
vière), poiss.  — Genre  de  l'ordre  des  Acan- 
thoptérygiens,  famille  des  Sciénoïdes,  établi 
par  MM.  Cuvier  et  Valenciennes  (Hist.  des 
Poiss.  t  t.  V,  p.  377)  pour  un  poisson  qui 
présente  le  port  de  la  Gremille,  mais  qui  en 
diffère  surtout  par  l'absence  des  dents  et  le 
nombre  des  rayons  branchiaux  réduit  à 
cinq. 

On  n'en  connaît  encore  qu'une  seule  espèce, 
la  Maquarie  de  la  Nouvelle  -  Hollande  , 
Macquaria  australasica  Cuv.  et  Val.,  dont 
la  chair  est,  dit-on,  très  délicate.  La  couleur 
de  ce  poisson  est  le  brun  roussâtre  ou  ver- 
dâtre,  à  part  la  gorge  et  la  poitrine  qui  sont 
blanchâtres.  Les  individus  ordinaires  ont 
environ  15  centimètres  de  long;  quelques 
uns,  cependant,  atteignent  une  plus  grande 
taille, 

MAQUEREAU.Scom&er,Lin.POiss.-Nom 
désignant  un  genre  de  poissons  appartenant 
à  l'ordre  des  Acanthoptérygiens  et  à  la  fa- 
mille des  Scombéroïdes  de  Cuvier  et  Valen- 
ciennes. Tous  les  poissons  de  cette  famille 
ont  les  écailles  petites ,  quelquefois  même 
imperceptibles,  excepté  vers  la  fin  de  la  ligne 
latérale,  où  elles  forment  quelquefois  une 
carène  saillante.  D'autres  fois  cette  carène  est 
formée  par  la  peau  même,  indépendamment 
de  la  grandeur  des  écailles,  et  soutenue  par 
les  apophyses  transverses  d'une  ou  deux  ver- 
tèbres. Les  pièces  de  leurs  opercules  sonî; 
sans  dentelures.  La  partie  molle  de  leur  na- 
geoire dorsale  et  de  l'anale  est  quelquefois 
un  peu  épaissie  en  avant  par  des  écailles, 
mais  jamais  complètement  encroûtée  par 
elles;  au  contraire,  la  membrane  qui  en  unit 
les  rayons,  en  arrière,  est  le  plus  souvent 
très  frêle  et  manque  même  entièrement  dans 
quelques  genres  où  ces  rayons ,  étant  alors 
isolés,  prennent  le  titre  de  fausses  nageoires 
ou  fausses  pinnules.  Les  intestins  sont  am- 
ples, l'estomac  en  cul-de-sac  et  les  cœcums 
généralement  nombreux.  Tels  sont  les  ca- 
ractères attribués  par  Cuvier  à  cette  famille 
très  nombreuse  en  genres,  en  sous-genres  et 
en  espèces,  qui  se  rencontrent  dans  toutes 
les  mers  ,  et  d'une  étude  fort  difficile. 

Cette  famille  se  divise  en  trois  grandes 


'64 


MAQ 


tribus  et  en  plusieurs  petits  groupes  qui  s'y 
rattachent  par  des  caractères  moins  géné- 
raux. La  première  grande  tribu,  celle  des 
Scombres,  a  deux  dorsales  dont  l'épineuse 
n'est  point  divisée;  elle  a  une  carène  sail- 
lante à  chacun  des  côtés  de  la  queue ,  des 
petites  écailles  partout ,  et  une  rangée  de 
dents  pointues  à  chaque  mâchoire.  L'anale 
de  ces  poissons,  et  leur  seconde  dorsale, 
ont  toujours  la  partie  postérieure  divisée  en 
fausses  pinnules;  leur  ligne  latérale  n'est  ja- 
mais armée  de  boucliers;  leur  corps  affecte 
la  forme  d'un  fuseau,  et  leur  queue,  fort 
rétrécie,  est  plus  ou  moins  carénée. 

Parmi  ceux-ci ,  les  Maquereaux,  Scomber, 
Valcnc,  forment  le  premier  genre.  Ils  se  dis- 
tinguent des  autres  en  ce  que,  outre  leurs 
fausses  pinnules,  leur  première  dorsale  est 
séparée  de  la  seconde  par  un  grand  inter- 
valle ,  et  que  leur  queue  n'a  point  de  carène 
sur  les  côtés ,  mais  seulement  deux  petites 
crêtes. 

Les  Maquereaux  ,  au  nombre  de  douze  es- 
pèces plus  ou  moins  bien  tranchées, offrent, 
dans  leur  anatomie,  une  anomalie  qui  de- 
vrait désoler  les  méthodistes  de  bonne  foi 
et  sans  opinion  préconçue.  On  sait  que  beau- 
coup de  poissons  portent  immédiatement 
sous  l'épine  dorsale  un  organe  d'une  haute 
importance  physiologique  :  c'est  la  vessie 
natatoire,  pleine  d'air,  qui,  en  se  compri- 
mant ou  en  se  dilatant,  fait  varier  la  pe- 
santeur spécifique  de  l'animal,  et,  selon  G. 
Cuvier,  l'aide  à  monter  ou  à  descendre  dans 
le  liquide  qu'il  habite.  Or,  il  semblerait  que 
toutes  les  espèces  du  même  genre ,  surtout 
quand  elles  n'offrent  aucune  différence  dans 
les  habitudes  et  la  manière  de  vivre,  des 
différences  si  légères  dans  les  formes  et  les 
couleurs  qu'à  peine  peut-on  les  distinguer 
les  unes  des  autres,  il  semblerait,  dis-je, 
que  toutes  devraient  manquer  d'un  organe 
aussi  important  que  la  vessie  natatoire,  ou 
toutes  avoir  cet  organe;  et  cependant  il  n'en 
est  rien.  La  nature  semble  se  plaire  à  don- 
ner souvent  des  démentis  à  nos  faiseurs  de 
systèmes  et  de  méthodes  naturelles;  mais  ja- 
mais un  de  ces  démentis  n'a  été  aussi  for- 
mel,  aussi  contrariant  que  dans  les  Maque- 
reaux ,  car  les  uns  ont  une  vessie  natatoire 
quand  les  espèces  les  plus  voisines  n'en  of- 
frent pas  le  moindre  vestige;  et  l'on  sait 
combien  les  classificateurs  d'aujourd'hui  at- 


IMAQ 

tachent  d'importance  aux  caractères  anato- 
miques. 

Les  Maquereaux ,  selon  Anderson  et  d'au- 
tres observateurs,  seraient  des  poissons 
voyageurs  dont  une  espèce  au  moins ,  notre 
Maquereau  commun  ,  ne  le  céderait  en  rien 
au  Hareng  sous  ce  rapport.  C'est  ce  que  nous 
discuterons  à  son  article.  Tous  vivent  en 
grandes  troupes  ou  bancs,  et  paraissent  à 
certaines  époques  déterminées  dans  chaque 
parage.  Comme  leur  chair  est  généralement 
estimée,  ils  donnent  lieu  à  des  pêches  qui, 
sous  le  rapport  de  leur  importance  commer- 
ciale, ne  le  cèdent  guère  qu'à  celle  de  la 
Morue,  du  Hareng  et  du  Thon. 

1.  Le  Maquereau  commun  ,  Scomber  scom- 
brus  Lin.;  le  Macarello  des  Romains  ;  le 
Scombro  des  Vénitiens;  leLacerto  des  Napoli- 
tains; leCavallo  des  Espagnols;  le Pisaro des 
Sardes  ;  le  Mackrell  ou  Macarell  des  Anglais; 
le  Makril  des  Suédois  ;  le  Kalios-baluk  des 
Turcs,  et  enfin  le  Berhel,  Brehel ,  Bresel  ou 
Brill  des  Gallois  et  des  Bas-Bretons ,  est 
extrêmement  remarquable  par  l'éclat  de  ses 
couleurs,  mais  qui  se  ternissent  rapidement 
peu  de  temps  après  avoir  été  sorti  de  la  mer. 
Son  corps  est  fusiforme ,  sa  tête  en  cône 
comprimé ,  et  sa  queue  se  rétrécit  en  pointe 
jusqu'à  la  naissance  delà  nageoire  caudale. 
Les  ouïes  sont  fendues  jusque  sous  le  bord 
antérieur  de  l'œil,  où  leurs  membranes  se 
croisent  un  peu;  les  dents,  toutes  en  forme 
de  petits  cônes  pointus  et  un  peu  courbés 
en  dedans,  sont,  en  raison  de  l'âge  de  l'ani- 
mal ,  au  nombre  de  28  à  40  de  chaque  côté, 
à  chaque  mâchoire.  Il  a  en  outre  quelque» 
autres  petites  dents  au  bord  externe  de  cha- 
que palatin  et  à  chaque  angle  du  devant  du 
vomer.  La  première  dorsale  a  douze  rayons 
dont  le  second  est  le  plus  long;  quelquefois 
il  n'y  en  a  que  dix  ou  onze.  La  seconde  dor- 
sale en  a  également  douze ,  dont  le  premier 
seul  est  épineux.  L'espace  entre  elle  et  la  < 
caudale  est  occupé  par  cinq  fausses  nageoi- 
res, dont  la  dernière  fourchue.  L'anale  a 
douze  rayons,  et  elle  est  précédée  immédia- 
tement derrière  l'anus  ,  d'une  petite  épine 
libre.  La  caudale  est  fourchue  presque  jus- 
qu'à sa  base  et  composée  de  dix-sept  rayons 
entiers.  Les  pectorales  sont  petites,  à  dix-neuf 
rayons  dont  les  premiers  sont  simples.  Les 
ventrales  sont  un  peu  plus  courtes,  très 
rapprochées,  triangulaires,  à  six  rayons,  dont 


MAQ 

le  premier  est  épineux;  entre  elles  est  une 
petite  écaille  triangulaire. 

En  sortant  de  l'eau,  le  Maquereau  a  le 
dos  d'un  beau  bleu  métallique,  changeant 
en  vert  irisé  et  reflétant  l'or  et  le  pourpre  ; 
tes  couleurs  sont  séparées  par  des  raies  on- 
dulées noires  ,  se  portant  un  peu  en  avant 
depuis  le  milieu  du  dos  jusque  un  peu  au- 
dessous  de  la  ligne  latérale.  Le  nombre  de 
ces  ondes  est  de  trente  ou  environ.  Parallè- 
lement à  la  ligne  latérale  sont  deux  lignes 
noirâtres,  quelquefois  une  seule,  s'étendant 
avec  des  interruptions ,  et  presque  effacées 
vers  la  queue.  Le  dessus  de  la  tête  est  bleu, 
lâcheté  de  noir.  Tout  le  reste  du  corps  est 
d'un  blanc  argenté  ou  nacré,  à  reflets  plus 
ou  moins  rougeâtres  ou  dorés.  EnOn  ,  il  n'a 
pas  de  vessie  natatoire. 

Cet  excellent  poisson  est  connu  sous  dif- 
férents noms  par  les  pêcheurs  de  nos  côtes, 
et  ces  noms  varient  quelquefois  en  raison 
des  localités,  d'autres  fois  en  raison  de  l'état 
ou  de  l'âge  de  l'animal  quand  on  le  pêche. 
Dans  quelques  endroits  de  la  Provence,  on 
le  nomme  Aurion  ou  Auriol;  en  Languedoc, 
principalement  à  Narbonne,  Veirat  ou  Voi- 
rai; à  Tréguier,  à  Lannion  et  dans  quel- 
ques parties  de  la  Bretagne ,  Brelel.  Au- 
près de  Marseille  et  sur  les  côtes  d'Espagne , 
on  prend  un  Maquereau  d'assez  forte  taille, 
mais  dont  la  chair  gluante  est  assez  peu 
estimée,  auquel  on  donne  le  nom  de  Co- 
guoil. 

On  dit  qu'un  Maquereau  est  chevillé  lors- 
qu'il cesse  d'être  plein  après  avoir  déposé 
ses  œufs;  sa  chair,  alors  devenue  huileuse, 
a  perdu  une  grande  partie  de  ses  qualités. 
A  Paris  on  nomme  Sansonnet,  et  en  Nor- 
mandie Roblot ,  un  petit  Maquereau  de  la 
grosseur  d'un  Hareng,  qui  est  assez  estimé 
quoique  vide  d'œufs  et  de  laitance.  Enfin 
on  rencontre  quelquefois  un  Maquereau  un 
peu  moins  long  ,  mais  plus  charnu  que  les 
autres,  dont  la  chair  est  délicate  et  de  très 
bon  goût;  on  l'appelle  jaspé,  à  cause  de  sa 
couleur,  et  quand  il  est  vide  ou  chevillé,  les 
pêcheurs  le  nomment  bréan.  Le  Maquereau 
commun  ,  tel  qu'on  le  vend  sur  nos  mar- 
chés, a  33  à  38  centim.  de  longueur,  ra- 
rement 50;  mais  à  l'entrée  de  la  Man- 
che, entre  lesSorlingues  et  l'île  de  Bas,  on 
en  prend  beaucoup  qui  ont  près  de  2  pieds 
de  longueur  ;  on  ne  les  pêche  guère  que  pour 


MAQ 


/oa 


les  saler,  parce  que  leur  chair  a  peu  de  dé- 
licatesse. 

Il  paraît  à  peu  près  certain  que  notre 
Maquereau  commun  était  le  Scomber  des 
anciens  ;  mais  il  n'en  est  pas  de  mêmequand 
on  dit  que  leur  Cordylla  et  leur  Colias 
étaient  également  des  poissons  de  ce  genre, 
et  je  regarde  comme  tout- à-fait  hasardée 
l'opinion  des  naturalistes  qui  ont  appliqué 
ces  noms  à  deux  autres  espèces  du  genre  Ma- 
quereau qu'ils  ont  cru  reconnaître  pour  les 
poissons  cités  par  les  anciens  auteurs.  Quoi 
qu'il  en  soit,  si  l'on  s'en  rapporte  à  Pline, 
c'était  avec  leScombre  que  l'on  préparait, 
à  Carthagène,  à  Pompéia,  à  Clazom+Mie  et 
à  Leptes ,  le  fameux  Garum  sociorum,  la 
plus  chère  de  toutes  les  liqueurs  avec  les- 
quelles les  gastronomes  romains  détruisaient 
leur  santé.  Voici  comment  se  préparait  ce 
mets  détestable.  On  jetait  dans  un  vase  pro- 
fond des  Scombres  que  l'on  péchait  dans 
l'Océan  le  long  des  côtes  de  la  Bétique  et  de 
la  Mauritanie,  et  on  y  ajoutait  des  intestins 
de  Thons,  de  Sardines  et  autres  poissons; 
on  écrasait  grossièrement  le  tout  et  on  y 
jetait  une  certaine  quantité  de  sel  assez  con- 
sidérable. On  exposait  le  vase  à  l'ardeur  du 
soleil ,  et ,  avec  une  grande  spatule  de  bois, 
on  remuait  de  temps  à  autre,  afin  de  hâter 
la  décomposition.  Après  plus  ou  moins  long- 
temps, environ  deux  mois,  au  moment  où 
la  fermentation  était  arrivée  au  point  con- 
venable, on  enfonçait  dans  le  vase  un  long 
panier  d'osier  d'un  tissu  serré;  la  portion 
liquide  du  mélange  passait  à  travers  le  tissu 
du  panier,  était  recueillie  avec  grand  soin , 
et  se  vendait  jusqu'à  quinze  et  vingt  francs 
le  litre  :  c'était  le  véritable  Garum.  Quant 
à  la  partie  ferme  qui  restait  dans  le  vase, 
elle  avait  beaucoup  moins  de  valeur,  ne  ser- 
vait guère  qu'à  l'assaisonnement  de  quelques 
ragoûts  et  se  vendait  sous  le  nom  d'Alec. 

Le  Garum,  ce  liquide  à  demi  putréfié,  sou- 
lèverait le  cœur  et  empoisonnerait  le  plus 
déterminé  de  nos  Apicius  modernes;  autre- 
fois il  n'en  était  pas  de  même,  et  cette  li- 
queur, acre  et  nauséabonde,  ayant  la  pro- 
priété de  réveiller  l'appétit  et  de  stimule:- 
l'estomac ,  était  fort  recherchée  par  les  ri- 
ches. Sénèqueen  parle  comme  étant  une  des 
principales  causes  qui  ruinaient  la  santé  des 
gourmands. 

Mais  ce  qu'il  y  a  de  plus  singulier,   c'est 


766 


MAQ 


que  l'usage  de  cet  abominable  Garum  s'est 
conservé  pendant  nombre  de  siècles  et  s'est 
transmis  jusqu'à  une  époque  bien  près  de 
la  nôtre.  Belon  prétend  que  de  son  temps 
«  il  était ,  en  Turquie ,  en  aussi  grand  cours 
qu'il  fut  jamais ,  et  qu'il  n'y  avait  boutique 
de  poissonnier,  à  Constantinople  ,  qui  n'en 
eût  à  vendre.  »  D'autre  part,  Rondelet  dit 
en  avoir  mangé  d'excellent  chez  Guillaume 
Pelicier,  évêque  de  Montpellier. 

De  nos  jours  on  ne  fait  plus  de  garum 
avec  les  Maquereaux  ;  on  se  contente  de  les 
manger  le  plus  frais  possible  ,  cuits  sur  le 
gril  et  relevés  avec  une  sauce  acide  pré- 
parée  avec  de  grosses  groseilles  vertes  qui , 
de  là ,  ont  pris  le  nom  de  groseilles  à  Ma- 
quereaux. 

On  prétend  que  les  Maquereaux  péchés 
sur  les  côtes  de  France  sont  meilleurs  que 
ceux  pris  sur  les  côtes  d'Angleterre ,  ce  qui 
est  positivement  le  contraire  pour  les  Ha- 
rengs. Ce  qu'il  y  a  de  bien  certain,  c'est  que 
ceux  que  l'on  prend  sur  les  côtes  de  Nor- 
mandie sont  plus  petits ,  mais  plus  délicats 
que  ceux  que  l'on  pêche  en  Bretagne  et  à 
l'île  de  Bas.  Les  premiers  qui  arrivent  sur 
nos  côtes,  par  la  Manche ,  et  que  l'on  prend 
souvent  avec  les  Harengs ,  au  commence- 
ment du  mois  de  mai ,  sont  des  Sansonnets 
sans  œufs  ni  laitance  ;  vers  la  fin  du  mois , 
ils  sont  pleins  et  délicieux.  A  la  fin  de  juil- 
let, et  même  en  août,  on  en  pêche  encore, 
mais  ils  sont  chevillés,  et  alors  beaucoup 
moins  estimés.  Quelquefois ,  dans  le  mois 
d'octobre,  on  prend  de  très  petits  Maque- 
reaux ,  qui  n'ont  que  8  à  10  centim.  de  lon- 
gueur, provenant  sans  doute  du  frai  que  les 
gros  ont  jeté  sur  nos  côtes.  Ils  disparaissent 
en  hiver  et  reviennent  en  avril,  mai  etjuin  : 
alors  ils  sont  pleins  et  fort  bons. 

Mais  la  grande  question  est,  pour  les  na- 
turalistes, de  savoir  où  se  retirent  pendant 
l'hiver  ces  poissons  voyageurs ,  et  quelle  est 
la  marche  de  leurs  migrations.  Selon  Duha- 
mel et  Anderson  ,  les  Maquereaux  passent 
l'hiver  dans  les  mers  du  Nord.  Au  prin- 
temps ils  côtoient  l'Islande  et  le  Hitland, 
puis  l'Ecosse  et  l'Irlande,  et  ils  se  rendent 
dans  l'océan  Atlantique ,  où  leur  troupe  im- 
mense se  divise.  Une  partie  passe  devant 
l'Espagne  et  le  Portugal  et  entre  dans  la 
Méditerranée,  pendant  qu'une  autre  entre 
ans  la  Manche.  Us  paraissent  en  mai  sur 


MAQ 

les  côtes  de  France  et  d'Angleterre;  en  juin 
sur  celles  de  Hollande  et  de  la  Frise.  En 
juillet,  une  partie  se  rend  dans  la  Baltique  et 
une  autre  côtoie  la  Norwége  pour  retourner 
dans  le  Nord. 

Telle  est  leur  marche  générale;  mais  il 
paraît  que,  depuis  quelques  années  surtout, 
elle  a  subi  quelque  perturbation  par  des 
causes  restées  jusqu'ici  inconnues  ,  quoique 
de  certains  écrivains  les  attribuent  à  des 
tempêtes.  Ce  qu'il  y  a  de  bien  certain,  c'est 
que ,  sur  les  côtes  de  France ,  on  pêche  des 
Maquereaux  tous  les  mois  de  l'année,  et  on 
en  voit  sur  les  marchés  de  Paris,  même 
en  novembre ,  décembre  et  janvier.  De  ce 
fait  nous  ne  tirerons  pas  la  même  consé- 
quence que  M.  Valenciennes,  qui  doute 
des  grands  voyages  des  Maquereaux  dans  le 
Nord  ;  nous  croyons  que  le  plus  grand  nom- 
bre effectue  ces  voyages,  mais  que  beaucoup 
restent  sur  nos  côtes  pendant  l'hiver.  En 
effet,  ces  poissons  ne  nagent  pas  en  bandes 
aussi  serrées  que  les  autres  poissons  migra- 
teurs, et  ils  s'embarrassent  peu  de  voyager 
avec  des  individus  de  leur  espèce  ou  d'une 
autre.  Ceux  que  l'on  prend  en  grand  nom- 
bre les  premiers,  au  printemps ,  se  trouvent 
toujours  pêle-mêle  avec  des  bancs  de  Ha- 
rengs, et  dans  d'autres  saisons  avec  des  Rou- 
gets, des  Merlans,  etc. 

Les  Maquereaux  étant  très  voraces,  on  en 
prend  beaucoup  avec  des  haims  ou  hame- 
çons, comme  on  fait  pour  les  Merlans,  etc., 
et  ils  se  jettent  volontiers  sur  toutes  sortes 
d'appâts  et  donnent  facilement  dans  les 
parcs  et  les  étentes.  On  se  sert  le  plus  sou- 
vent, dans  les  grands  passages,  demanets 
dont  les  mailles  doivent  être  calculées  sur  la 
grosseur  de  la  tête  de  ces  poissons,  qui  doi- 
vent s'y  prendre  par  les  ouïes.  Ces  grandes 
nappes  de  filets,  que  l'on  tend  verticalement 
dans  la  mer,  où  cependant  elles  restent  flot- 
tantes entre  deux  eaux  ,  plus  ou  moins  près 
de  la  surface,  ont  2  brasses  de  largeur 
et  jusqu'à  2,000  brasses  de  longueur. 
Lorsque  le  temps  est  convenable,  on  les  tend 
tout  près  de  la  surface  des  eaux ,  parce  qu'a- 
lors les  Maquereaux  s'assemblent  très  près 
de  la  superficie  de  la  mer. 

Les  pêcheurs  pensent  qu'ils  feront  une 
bonne  pêche  quand  les  eaux,  qui  ordinaire- 
ment sont  claires,  deviennent  grasses  et  cou- 
vertes d'une  espèce  d'écume  blanchâtre, 


MAQ 

changement  qui  présage  le  plus  souvent  de 
l'orage.  Dans  cette  circonstance  les  poissons 
sont  agites,  et  les  Maquereaux  surtout  s'ap- 
prochentde  la  surface,  ce  qui  est  avantageux 
pour  toutes  sortes  de  pêches.  Quand  l'air 
est  froid,  que  l'eau  est  claire  et  la  mer  calme, 
on  est  obligé  d'aller  les  chercher  entre  deux 
eaux,  et  dans  ce  cas  on  en  prend  peu. 

Sur  les  côtes  de  Normandie,  aussitôt  que 
les  Maquereaux  arrivent,  on  va  les  pêcher 
dans  les  anses  et  les  petites  criques,  en  ba- 
tclets,  avec  des  lignes  à  canne,  au  bout  des- 
quelles sont  trois  empiles  et  trois  hameçons 
amorcés  avec  des  Vers  de  mer,  des  Crevettes 
ou  des  lambeaux  de  chair  de  quelque  pois- 
son. Cette  petite  pêche  est  tout-à-fait  bour- 
geoise ,  et  se  fait  plus  par  partie  de  plaisir 
que  par  intérêt.  Quelquefois  on  se  contente 
de  pêcher  avec  la  ligne  au  doigt,  c'est-à- 
dire  sans  canne.  On  en  prend  aussi  aux  cor- 
des, aulibouret,  à  la  senne,  aux  tramaux , 
enfin  de  toutes  les  manières  employées  avec 
des  haims ,  et  ceux  que  l'on  pêche  ainsi 
sont  plus  estimés  que  ceux  qu'on  trouve 
dans  les  filets,  parce  qu'ils  sont  toujours 
plus  frais  et  moins  froissés.  Mais  la  pêche  en 
grand  ne  se  fait  guère  qu'aux  manets ,  soit 
près  des  côtes,  ce  que  les  pêcheurs  appellent 
faire  le  petit  métier,  soit  à  30  ou  40  lieues 
en  mer,  et  alors  c'est  faire  le  grand  métier. 

2.  Le  Maquereau  pneumatophore,  Scom- 
ber pneumalophorus  Laroche ,  ressemble  tel- 
lement au  Maquereau  commun  pour  les  for- 
mes, la  taille  et  les  couleurs,  qu'on  n'aurait 
peut-être  jamais  pensé  à  en  faire  une  espèce 
distincte,  s'il  n'avait  pas  une  vessie  nata- 
toire qui  manque  au  premier.  Cependant  on 
ne  lui  compte  que  neuf  rayons  apparents  à 
la  première  dorsale,  et  un  dixième  à  peu 
près  perdu  dans  les  chairs.  Son  œil  est  plus 
grand  ,  et  il  a  sur  le  front ,  entre  les  yeux  , 
un  espace  blanchâtre.  Ses  dents,  plus  fines 
et  plus  serrées,  sont,  à  chaque  mâchoire  et 
de  chaque  côté,  au  nombre  de  50  à  52.  Sa 
couleur  est  plus  verdâtre  et  ne  tire  pas  sur 
le  bleu.  Rarement  il  a  plus  de  22  à  27  cen- 
timètres de  longueur.  11  se  trouve  sur  les 
rôtes  des  îles  Baléares,  où  il  est  connu  sous 
le  nom  de  Cavallo. 

3.  Le  Maquereau  colias  ,  Scomber  colias 
Valenc,  a  une  vessie  natatoire.  Sa  taille 
est  d'environ  15  pouces.  Il  ressemble  au 
précédent,  mais  ses  dents  sont  au  nombre 


MAQ 


767 


de  60  à  66  de  chaque  côté  ;  les  traits  noirs 
du  dos  forment  des  sortes  de  mailles  ayant 
souvent  un  point  ou  des  petites  taches  noires 
au  milieu.  Enfin  il  a  des  écailles  plus  gran- 
des, surtout  sur  la  région  pectorale,  où  elles 
lui  forment  une  espèce  de  corselet,  mais 
beaucoup  moins  apparent  que  celui  du  Thon. 
On  le  trouve  à  Naples,  à  Messine  et  à  Mar- 
seille, où  il  est  connu  sous  le  nom  de  Aour» 
neou-Dias.  Il  est  beaucoup  moins  estimé  que 
le  Maquereau  commun.  Nous  l'avons  figuré 
dans  notre  Atlas,  poissons,  pi.  9,  fig.  1. 

4.  Le  petit  Maquereau,  Scomber  grex 
Mitch.,  ressemble  beaucoup  au  Pneumato- 
phore ,  et  a  une  vessie  natatoire.  Sa  lon- 
gueur ordinaire  est  de  27  centim.  Les  lignes 
foncées  du  dos  sont  moins  régulières,  plus 
tortueuses  et  plus  mêlées  les  unes  aux  au- 
tres; il  est  d'un  vert  pâle,  avec  des  lignes 
d'un  vert  plus  foncé  ,  et,  selon  M.  Valen- 
ciennes  ,  il  offrirait  quelques  légères  autres 
différences  anatomiques.  On  le  pêche  sur  les 
côtes  de  New-York,  où,  de  certaines  an- 
nées, il  arrive  en  troupes  si  nombreuses, 
que  les  criques  et  les  baies  en  sont  littéra- 
lement comblées. 

5.  Le  Maquereau  printanier,  Scomber  ver- 
nalis  Mitch.,  ne  diffère  du  Pneumatophore 
que  par  sa  taille,  qui  alteintjusqu'à  50  cen- 
tim.; par  son  dos  d'un  bleu  pâle  nuancé  de 
brun  rougeâti  e,  traversé  par  des  lignes  d'un 
bleu  foncé  ;  enfin  par  des  taches  noires,  qu'il 
a  près  de  la  base  des  pectorales  et  des  ven- 
trales. II  se  prend  abondamment  sur  les 
côtes  de  New-York. 

6.  Le  Maquereau  australien,  Scomber  aus- 
traliens Valenc,  a  une  vessie  natatoire  et 
ressemble  au  Pneumatophore.  Le  limbe  du 
prcopercule  est  marqué,  autour  de  l'angle, 
de  stries  en  rayons;  son  dos  plombé  paraît 
manquer  de  taches;  et  enfin  il  n'aurait  que 
20  centim.  de  longueur  si  tous  les  individus 
ressemblaient  à  l'échantillon  sur  lequel 
M.  Valenciennes  l'a  décrit.  Il  est  de  la  Nou- 
velle-Hollande. 

7.  Le  Maquereau  kanagurta,  Scomber  ka- 
nagurlaV alenc,  \eKananka jouté  de  Pondi- 
chéry,  a  une  vessie  natatoire.  Il  ne  dépasse 
pas  27  à  28  centim.  de  longueur,  et  a  le  corps 
plus  haut,  proportionnellement,  que  le  Ma- 
quereau commun.  Sun  opercule  et  son  sous- 
opercule  sont  beaucoup  plus  étroits  d'avant 
en  arrière;  ses  dents  sont  presque  imper- 


768 


MAR 


IMAR 


ceptibles  à  l'œil  ;  ses  écailles  sont  plus  gran- 
des même  que  celles  du  Colias.  Il  a  le  dos 
vert,  reflétant  l'or,  le  bleu  et  la  nacre ,  et 
il  manque  de  bandes  noires.  II  se  trouve 
sur  les  côtes  de  Pondichéry ,  du  Malabar ,  et 
dans  la  mer  Rouge.  Sa  chair  est  assez  es- 
timée. 

8 .  Le  Maquereau  loo,  Scomber  loo  Valenc. , 
ressemble  au  Kanagurta;  mais  il  est  plus 
gros  que  le  Maquereau  d'Europe,  et  son  dos 
vert  est  nuancé  d'une  suite  de  taches  et  de 
deux  lignes  jaunes,  dorées,  à  reflets  irisés. 
On  le  trouve  en  bandes  nombreuses  dans  la 
baie  de  Praslin,  et  au  havre  Dorey  de  la 
Nouvelle-Guinée. 

Les  autres  espèces,  qui  ne  sont  guère  con- 
nues que  par  des  descriptions  très  incom- 
plètes, sont:  les  Scomber delphinalis Comm., 
des  côlcs  de  Madagascar;  Scomber  japoni- 
eus  Houtt.  ,  du  Japon  ;  Scomber  auratus 
Houtt.,  du  Japon;  Scomber  capensis  Valenc. 
Ce  dernier  n'est  connu  que  par  un  squelette 
!  apporté  du  cap  de  Bonne -Espérance  par 
Delalande.  (Boitard.) 

MAQUIRA,  Aubl.  bot.  ph.—  Syn.  d'OJ- 
ïïiedia  ,  Ruiz  et  Pav. 

*MARA.  mam.  —  M.  Lesson  (Complément 
de  Buffon,  t.  V,  1836)  a  créé  sous  ce  nom 
un  genre  de  Rongeurs  de  la  division  des 
Caviens  et  qui  ne  comprend  qu'une  espèce, 
voisine  des  Cobayes  et  des  Agoutis,  et  qui 
était  désignée  depuis  longtemps  sous  la  dé- 
nomination de  Mara. 

Les  Maras  ont  le  même  système  dentaire 
que  les  Kérodons  :  les  molaires  sont  au  nom- 
bre de  huit  à  chaque  mâchoire,  et  elles  re- 
présentent chacune  un  double  cœur  lamel- 
ïeux  ,  ce  qui  éloigne  beaucoup  ces  animaux 
des  Chloromys,  dont  la  dentition  des  molai- 
res est  toute  différente  ;  il  n'y  a  pas  de  ca- 
nines ,  et  les  incisives  sont  au  nombre  de 
quatre,  deux  à  chaque  mâchoire.  Les  oreilles 
sont  assez  saillantes.  Les  jambes  sont  éle- 
vées, grêles,  d'égale  longueur,  n'ayant, 
comme  les  Agoutis,  que  trois  doigts  aux 
pieds  de  derrière  et  quatre  à  ceux  de  devant; 
les  doigts  antérieurs  sont  petits,  courts,  bien 
que  les  deux  moyens  dépassent  les  latéraux; 
les  trois  postérieurs  sont  médiocres,  celui 
du  milieu  déborde  les  externes;  les  ongles 
ont  une  forme  triquètre.  La  queue  est  ru- 
dimentaire  et  nue. 

Une  seule  espèce  entre  dans  ce  genre  :  le 


Mara  Lièvre  pampa  d'Azara,  Mara  magella- 
nique  (loco  citato)  Lesson,  Dasyprocta  pata- 
gonica  A. -G.  Desm.  (Mamm.),  Maramagel- 
lanica  Lesson  (Centwrie  zool. ,  pi.  42  ).  Sa 
taille,  à  l'âge  adulte,  est  de  80  centim. ,  et 
sa  hauteur  de  35  centim.  au  train  de  devant 
et  de  55  à  celui  de  derrière;  la  queue  n'a 
que  3  centimètres.  Son  pelage  est  doux , 
soyeux,  très  fourni,  de  couleur  brune  sur  le 
dos  et  sur  la  région  externe  des  membres , 
tandis  que  les  poils  sont  annelés  de  blanc  et 
de  roux  clair  sur  les  flancs ,  le  cou  ,  les  joues 
et  derrière  les  extrémités,  ce  qui  leur  donne 
une  teinte  jaune-cannelle  ou  fauve  ;  les  poils 
du  dessous  du  corps  et  du  dedans  des  mem- 
bres sont  blancs  :  la  bourre  n'existe  pas  ;  une 
tache  d'un  noir  violâtre  occupe  toute  la  ré- 
gion lombaire  à  l'extrémité  du  dos,  tandis 
qu'immédiatement  en  dessous  la  région  sa- 
crée est  neigeuse  :  les  poils  de  ces  parties 
sont  beaucoup  plus  longs  qu'ailleurs  ;  les 
moustaches  sont  noires,  très  luisantes;  les 
oreilles  sont  bordées  de  poils  qui  forment 
un  léger  pinceau  à  leur  sommet. 

Cette  espèce  se  trouve  dans  les  Pampas 
de  la  Patagonie  et  dans  toute  la  partie  aus- 
trale de  l'Amérique.  Elle  est  surtout  com- 
mune vers  les  rivages  du  détroit  de  Ma- 
gellan. 

Les  Maras  vivent  par  paires  :  le  mâle  et 
la  femelle  vont  de  concert  et  courent  avec 
beaucoup  de  rapidité;  mais  ils  se  fatiguent 
bientôt,  et  un  chasseur  à  cheval  peut  les 
prendre  au  laço.  Leur  voix  est  élevée  et  très 
aiguë.  Pris  jeunes  ces  animaux  s'apprivoi- 
sent aisément ,  se  laissent  toucher  avec  la 
main  ,  et  peuvent  même  errer  en  liberté 
dans  la  maison  et  aux  alentours  sans  qu'on 
puisse  craindre  qu'ils  ne  s'échappent.  Les 
Indiens  mangent  la  chair  des  Maras,  et  ils 
se  servent  de  leur  peau  pour  faire  des  ta- 
pis. (E.  D.) 

MARABOU.  ois.  —  Voy.  cigogne. 

MARACAYA.  mam.— Syn.  d'Ocelot.  Voy. 

CHAT. 

MARACOAM.  crust.  —  Nom  vulgaire 
donné  par  Marcgrave,  dans  son  Hist.  rerum 
nat.  Brasiliœ,  p.  174,  au  Gelasimus  mara* 
coani.  Voy.  gelasimus.  (H.  L.) 

MARAIL.  ois.  —  Syn.  de  Pénélope.  Voy. 
ce  mot.  (Z.  G.) 

MARALÎA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Araliacées ,   établi  par  Dupetit- 


IMAR 


MAR 


760 


Thouars(GeM.  Madagasc.,  n.  43).  Arbustes 
de  Madagascar.  Voy.  araliacées. 

MARANTA.  Maranta.  bot.  pu.  —  Genre 
de  la  famille  des  Cannées,  delà  monandrie 
monogynie  dans  le  système  sexuel  de  Linné. 
Il  se  compose  de  végétaux  qui  croissent  prin- 
cipalement dans  l'Amérique  tropicale ,  et 
quelquefois,  mais  rarement,  en  Asie.  Ces  vé- 
gétaux ont  un  rhizome  plus  ou  moins  dé- 
veloppé dont  le  tissu  renferme  beaucoup  de 
fécule;  une  tige  herbacée  ou  sous- frutes- 
cente, terminée  par  des  fleurs  disposées  en 
épis  ou  en  grappes.  Ces  fleurs  présentent 
une  structure  très  remarquable ,  qu'il  sem- 
ble très  difficile  de  rattacher  au  plan  géné- 
ral de  l'organisation  florale  des  Monocoty- 
lédons, et  pour  l'exposé  de  laquelle  nous 
suivrons  M.  Lestiboudois  (Observations  sur 
les  Musacées ,  les  Scitaminées ,  les  Cannées 
et  les  Orchidées,  Ann.  des  se.  nat.,  2e  série-, 
t.  XVII,  1842,  p.  212).  Selon  ce  botaniste, 
ces  fleurs  présentent  un  calice  formé  de 
deux  rangs  de  sépales  dont  les  trois  exté- 
rieurs sont  plus  petits,  herbacés  et  verts, 
distincts  et  séparés,  dont  les  trois  intérieurs 
sont  plus  longs ,  pétaloïdes,  plus  ou  moins 
soudés  à  leur  base  en  un  tube  qui  porte  les 
parties  plus  intérieures  de  la  fleur;  plus  en 
dedans,  on  observe  deux  staminodes  péta- 
loïdes, placés  du  côté  supérieur  de  la  fleur  ; 
un  staminode  interne  inférieur,  dressé, 
émarginé  et  auriculé,  enveloppant  un  autre 
staminode  interne  et  l'étamine.  Ces  divers 
staminodes ,  provenus  de  la  transformation 
des  étamines  qui  entraient  dans  le  plan  nor- 
mal de  la  fleur,  sont  épanouis  en  lames  pé- 
taloïdes, plus  développées  que  les  six  pièces 
du  périanthe  proprement  dit,  et  ils  consti- 
tuent les  parties  les  plus  apparentes  de  la 
fleur.  Le  second  staminode  interne  est  soudé 
plus  ou  moins  haut  avec  l'étamine  unique, 
et  il  est  toujours  muni,  sur  le  bord  qui  ne 
correspond  pas  à  ce  dernier  organe,  d'une 
<  oreillette  descendante.  Cette  fleur  singulière 
est  décrite  par  d'autres  botanistes  ,  particu- 
lièrement par  M.  Endlicher,  comme  ayant 
un  calice  de  3  sépales  seulement,  et  une  co- 
rolle de  6  pétales,  dont  les  trois  extérieurs 
égaux  entre  eux,  et  les  trois  intérieurs  (sta- 
minodes) inégaux,  l'un  d'eux  formant  un 
labelle  bifide.  L'ovaire  est  adhérent  ou  in- 
fère, creusé  d'une  seule  loge  dans  laquelle  se 
trouve  un  seul  ovule;  il  est  surmonté  d'un 
T.  vir. 


style  recourbé  au  sommet,  et  embrassé  par 
le  Olet  pétaloïde  de  l'étamine  qui  lui  form« 
comme  une  gaîne.  Le  fruit  est  charnu  ;  il 
renferme  une  seule  graine,  à  tégument  dur 
et  rugueux. 

L'espèce  la  plus  intéressante  de  ce  genre, 
est  le  Maranta  a  feuilles  de  Balisier  ,  Ma- 
ranta  arundinacea Lin. ,  plante  qui  est  l'ob- 
jet d'une  culture  importante  aux  Antilles, 
aux  parties  méridionales  des  États-Unis  et 
à  l'île  de  France  ,  à  cause  de  la  fécule  qu'elle 
fournit,  et  qui  est  très  connue  sous  le  nom 
d' Arrow  -root.  Cette  espèce  est  aussi  cultivée 
quelquefois  dans  les  serres.  Sa  partie  sou- 
terraine est  de  forme  très  singulière:  en 
effet ,  le  bas  de  sa  tige  descend  à  peu  près 
verticalement,  et  va  en  se  rétrécissant  jus- 
qu'à son  point  d'attache  à  un  tubercule  al- 
longe, horizontal ,  charnu,  blanc,  dont  le 
tissu  renferme  beaucoup  de  fécule,  et  qui 
paraît  être  un  rhizome;  c'est  pour  ce  tuber- 
cule qu'on  cultive  la  plante.  De  cette  partie 
souterraine  partent  des  jets  allongés,  qui  se 
renflent  vers  l'extrémité  par  laquelle  ils  sor- 
tent de  terre,  après  un  trajet  souterrain  de 
2  ou  3  décimètres.  La  tige  de  ce  Maranta 
s'élève  à  environ  1  mètre  de  hauteur;  elle 
est  herbacée,  rameuse  vers  le  haut,  renflée 
à  ses  nœuds.  Ses  feuilles  inférieures  présen- 
tent une  longue  gaîne  large,  dressée  contre 
la  tige  qu'elle  entoure,  se  terminant  par  un 
court  pétiole  et  par  une  lame  grande,  ovale- 
lancéolée;  vers  le  haut  de  la  tige,  la  lame 
va  en  décroissant  progressivement,  et  finit 
par  disparaître  tout-à-fait,  tandis  que  1<?. 
gaîne  persiste  et  reste  seule.  Les  fleurs  sonj 
blanches ,  très  délicates,  assez  petites,  por- 
tées par  deux  sur  chaque  rameau  de  l'in- 
florescence. Comme  nous  l'avons  déjà  dit, 
c'est  le  tubercule  du  Maranta  arundinacea 
qui  fournit  la  fécule  connue  dans  le  com- 
merce sous  le  nom  d"  Arrow -root;  il  paraît 
cependant  qu'une  portion  de  celle  qui  se 
consomme  provient  aussi  d'une  autre  plante 
du  même  genre,  le  Maranta  de  l'Inde.  Cette 
fécule  est  recommandée  en  médecine  comme 
étant  très  facile  à  digérer;  elle  ressemble 
beaucoup  à  celle  de  l'amidon  ;  mais  elle  est 
moins  blanche,  en  poudre  plus  fine  et  plus 
douce  au  toucher.  A  Cayenne,  on  mange  les 
tubercules  du  Maranta  arundinacea,  après 
les  avoir  cuits  sous  la  cendre,  à  litre  de  re- 
mède contre  les  fièvres  intermittentes.  On 

97 


770 


MAR 


MAR 


écrase  aussi  ces  tubercules  sur  les  blessures, 
et  on  les  regarde  même  comme  un  bon  spé- 
cifique contre  celles  qui  ont  été  faites  pai- 
ries flèches  empoisonnées ,  d'où  est  venu  le 
nom  de  plante  à  flèches ,  racine  à  flèches, 
Arrow-root.  (P.  D.) 

*MARANTHES  ,  Bl.  bot.  ph.  —  Synon. 
à'Exitelia,  Blume. 

*MARASMODES.  bot.  ph.  —  Genre  de 
la  famille  des  Gomposécs-Sénécionidées,  éta- 
bli par  De  Candolle  (Prodr.,  VI,  136). 
Sous-arbrisseaux  du  Gap.  Voy.  composées. 

MARATHRUM ,  H.  B.  K.  —  Voy.  mou- 

RERA. 

MARATTIA.  bot.  cr.—  Genre  de  la  fa- 
mille des  Fougères-Marattiées,  établi  par 
Swartz  (Synops.,  168).  Fougères  de  l'Amé- 
rique, de  l'Afrique  et  de  l'Océanie.   Voy. 

FOUGÈRES. 

MARATTÉES.  Marattieœ.  bot.  cr.  — 
Tribu  de  la  famille  des  Fougères.  Voy.  ce 
mot. 

MARBRE.  Marmor.  min.  —  Les  anciens 
nommaient  ainsi ,  et  de  nos  jours  encore 
hs  artistes  et  les  gens  du  monde  désignent 
sous  ce  nom,  toute  espèce  de  roche  suscep- 
tible de  poli ,  et  qui,  par  sa  blancheur  ou 
par  les  couleurs  plus  ou  moins  vives  qui  la 
distinguent,  peut  être  employée  dans  la 
sculpture  ou  dans  la  décoration  des  édifices. 
Les  minéralogistes  ont  restreint  cette  ex- 
pression aux  seules  pierres  calcaires  qui 
jouissent  de  cette  propriété ,  mais  qui ,  de 
plus,  sont  assez  tendres  pour  se  laisser  rayer 
par  une  pointe  de  fer,  et  qui  font  effer- 
vescence avec  l'acide  nitrique.  Ils  séparent 
des  Marbres  proprement  dits  toutes  les  ma- 
tières dures,  telles  que  les  granités,  les  por- 
phyres, les  jaspes  et  les  poudingues  siliceux. 
Les  Marbres,  ainsi  compris,  sont  tantôt  unis 
ou  d'une  seule  couleur,  tantôt  veinés  ou  ba- 
riolés de  diverses  nuances;  ils  sont  grenus, 
saccharoïdes  ou  à  grain  salin  (  les  Marbres 
statuaires),  compactes  ou  sublamellaires  (les 
Marbres  de  décoration).  Ceux  qui  sont  cris- 
tallins ne  renferment  point  de  corps  orga- 
nisés apparents  ;  les  Marbres  à  texture  com- 
pacte paraissent  le  plus  souvent  comme  pé- 
tris de  coquilles,  ou  de  fragments  d'Encrines 
et  de  Madrépores.  Il  peut  en  exister  dans 
toutes  les  formations  sédimentaires;  et  l'on 
trouve,  par  exemple,  dans  les  terrains 
tertiaires  des  environs  de  Paris,  au-dessus 


du  calcaire  grossier,  des  calcaires  lacustres, 
tels  que  la  pierre  de  Château-Landon  ,  qui 
sont  quelquefois  employés  comme  Marbres; 
mais  c'est  là  une  posiiion  presque  exception- 
nelle, et  généralement  les  Marbres  ne  se 
montrent  que  dans  les  formations  secondai- 
res et  primaires ,  depuis  les  dépôts  juras- 
siques jusqu'aux  terrains  cambriens  ;  et  c'est 
dans  les  portions  de  ces  terrains  de  sédi- 
ment, qui  avoisinent  les  roches  de  cristalli- 
sation ,  que  se  trouvent  principalement  les 
Marbres  veinés,  et  les  variétés  les  plus  ri- 
ches en  couleur. 

Le  nombre  des  variétés  de  Marbre ,  qui 
ont  reçu  dans  le  commerce  des  noms  parti- 
culiers, est  considérable.  Nous  nous  borne- 
rons à  définir  ici  quelques  termes  génériques 
dont  l'usage  est  assez  fréquent. 

On  nomme  Marbres  antiques  ceux  qui  ont 
été  employés  par  les  anciens ,  et  dont  les 
carrières  sont  perdues  ou  épuisées  ;  ces  Mar- 
bres, par  cela  même  qu'ils  sont  rares,  sont 
très  recherchés;  mais  on  applique  aussi  ce 
nom  à  des  Marbres  encore  exploités  ,  lors- 
que par  leurs  belles  qualités  ils  peuvent  ri- 
valiser avec  ceux  des  anciens.  Les  Marbres 
brèches  sont  ceux  qui  sont  composés  de  frag- 
ments anguleux,  différemment  colorés,  réu- 
nis par  une  pâte  plus  ou  moins  distincte.  Ce 
ne  sont  le  plus  souvent  que  de  fausses  brè- 
ches ,  de  simples  variétés  de  Marbres  vei- 
nés, dont  les  veines  sont  coupées  transver- 
salement par  la  surface  de  la  roche,  en  sorte 
que  celle-ci  paraît  formée  de  fragments  réu- 
nis. Les  Marbres  lumachelles  sont  ceux  qui 
contiennent  des  fragments  minces  de  co- 
quilles ,  très  nombreux  et  très  apparents , 
dont  la  coupe  se  dessine  ordinairement  en 
blanc  sur  un  fond  gris  ou  noir. 

Dans  les  Marbres  veinés ,  les  couleurs  se! 
combinent  souvent  et  se  nuancent  entre> 
elles,  comme  celles  des  savons  particuliers! 


qu'on  nomme  marbrés  ;  on  dirait  qu'au  mo- 
ment de  leur  formation,  des  sédiments  de 
diverses  teintes  se  sont  déposés  simultané- 
ment sans  se  mélanger,  ou  bien  qu'une  pâte 
sédimentaire  et  poreuse  a  été  inégalement 
pénétrée  par  des  solutions  colorées.  Cepen- 
dant, dans  un  grand  nombre  de  cas,  les 
veines,  surtout  celles  qui  sont  blanches,  pa- 
raissent être  des  fentes  qui,  après  coup,  ont 
été  remplies  par  des  infiltrations  de  calcaire 
spathique. 


MAR 


M  A  il 


?7l 


Comme  exemples  de  Marbres  unicolores , 
nous  citerons  :  les  Marbres  blancs  ou  sta- 
tuaires employés  par  les  anciens ,  tels  que 
ceux  de  Paros  (la  Vénus  de  Médicis)  ;  du 
mont  Pentélès  et  du  mont  Hymetle  près 
Athènes  (le  Torse  et  le  Bacchus  indien);  de 
Luni  en  Toscane  (l'Antinous  du  Capitole , 
l'Apollon  du  Belvédère)  ;  les  marbres  sta- 
tuaires des  modernes  (Carrare ,  sur  la  côte 
de  Gênes;  Saint-Béat,  dans  les  Pyrénées)  ; 
le  rouge  antique  de  l'Egypte;  la  griotte,  à 
fond  d'un  rouge  foncé,  avec  des  taches  ovales 
dues  à  des  coquilles  du  genre  Nautile ,  de 
Caunes,  près  Narbonne;  \e  jaune  antique  ou 
jaune  de  Sienne;  les  Marbres  noirs  de  Di- 
uan,  de  Namur,  en  Belgique. 

Parmi  les  Marbres  veinés,  simples  ou  mé- 
langés de  matières  étrangères,  nous  cite- 
rons :  le  Sainte-Anne,  d'un  gris  foncé,  veiné 
de  blanc,  très  employé  en  France,  et  veuant 
de  la  Flandre;  le  Languedoc,  d'un  rouge  de 
feu,  rubanné  de  blanc,  exploité  aux  car- 
rières de  Caunes,  près  Narbonne  ;  \eportor, 
à  fond  noir  et  veines  jaunes;  le  bleu-tur- 
quin  ,  à  fond  bleuâtre ,  avec  des  veines  gri- 
ses; le  Cipolin  de  la  côte  de  Gênes,  à  fond 
blanc,  mêlé  de  veines  verdâtres  de  mica  ou 
de  talc;  le  vert  antique,  Marbre  saccharoïde, 
blanc  ou  gris,  entremêlé  de  veines  serpenti- 
neuses  ;  le  campan,  à  veines  ondulées  et  en- 
trelacées ,  d'une  nuance  foncée  ,  dans  une 
pâte  d'une  teinte  différente  :  il  s'exploite 
dans  la  vallée  de  Campan,  Hautes-Pyrénées. 
Les  plus  renommés,  parmi  les  Marbres 
brèches,  sont  :  le  grand  deuil,  à  taches  blan- 
ches sur  fond  noir;  la  brèche  violette,  de  Sa- 
ravezza  en  Italie;  et  la  brèche  d'Aix  en  Pro- 
vence, qui  sont  à  fragments  blancs  sur  fond 
violet; 

Enfin ,  parmi  les  lumachelles,  nous  cite- 
rons :  le  drap  mortuaire,  qui  est  d'un  noir 
foncé,  parsemé  de  coquilles  blanches,  co- 
niques ,  de  2  à  3  centimètres  de  long. 

(Del.) 
MARBRÉ.  Polychrus.  mam.  —  L'une  des 
sections  du  genre  Agame  de  Daudin,  dési- 
gnée par  cet  auteur  {Bis t.  natur.  des  Iiept.) 
sous  le  nom  de  Lézardet ,  et  devenue  pour 
G.  Cuvier  (Règ.  anim.)  un  genre  particulier 
sous  la  dénomination  de  Marbré. 

Les  Marbrés  sont  intermédiaires  entre  les 
Iguanes  et  les  Anolis;  ils  diffèrent  des  pre- 
miers parce  qu'ils  n'ont  pas  de  crête  dor- 


sale ,  et  des  seconds  parce  que  leurs  doigts 
ne  sont  pas  dilatés. 

Une  seule  espèce  entre  dans  ce  genre  : 
c'est  le  Marbré,  Lacerla  marmorata  Linné, 
Agama  marmorata  Daudin  (Guerin,  Icon. 
du  règne  animal,  Reptiles,  pi.  11,  f.  3),  dont 
les  couleurs  sont  brunâtres,  cendrées  ou  de 
vert  de-gris,  mais  tellement  variées  qu'on 
les  a  comparées  aux  nuances  que  présente 
le  marbre.  Il  habite  l'Amérique  méridionale 
et  est  très  commun  à  Surinam  :  c'est  à  tort 
qu'on  a  dit  qu'il  se  trouvait  en  Espagne. 

(E.  D.) 

MARCASSIN,  mam.  —  Nom  du  très  jeune 
Sanglier.  (E.  D.) 

MARCASSITE.  min.  —  Nom  donné  au- 
trefois à  une  espèce  de  fer  sulfuré,  connue 
sous  le  nom  de  Pyrite  cubique.  Voy.  fers 

SULFURÉS. 

MARCEAU,  bot.  ph.  —  Nom  vulgaire 
d'une  espèce  du  genre  Saule.  Voy.  ce  mot. 

MARCESCENT.  Marcescens.  bot.  — On 
donne  ce  nom  aux  organes  foliacés  qui  des- 
sèchent sur  la  plante  avant  de  s'en  déta- 
cher. 

MARCETÏA.  bot.  pu.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Mélastomacées-Rhexiées,  établi 
par  De  Candolle  {Prodr.  III,  124).  Arbris- 
seaux ou  sous-arbrisseaux  du  Brésil.  Voy. 
mélastomacées. 

MARCGRAVIA  (nom  propre),  bot.  ph. 
—  Genre  de  la  famille  des  Marcgraviacées, 
établi  par  Plumier  (  Gen.  7,  tom.  29).  Ar- 
brisseaux  de  l'Amérique    tropicale.    Voy. 

MARCGRAVIACÉES. 

MARCGRAVIACÉES.  Marcgraviaceœ. 
bot.  ph. —  Famille  de  plantes  dicotylédonées, 
polypétales,  hypogynes,  ainsi  caractérisée  : 
Calice  de  2  4-6-5  folioles,  distinctes  et  im- 
briquées ou  légèrement  soudées  à  leur  base, 
coriaces,  souvent  colorées.  Autant  de  pétales 
alternes,  libres  ou  inférieurement  réunis  ou 
même  entièrement  soudés  en  un  opercule  qui 
tombe  d'une  seule  pièce  en  se  fendant circu- 
lairement  vers  sa  base.  Étaminescn  nombre 
égal  et  alternes,  plus  ordinairement  indéfi- 
nies; à  filets  libres  ou  soudés  entre  eux  à  la 
base  et  même  avec  celle  des  pétales,  élargis  du 
sommet  à  la  base;  àanthères  introrses,  bilocu- 
laires,  oblongues.  Ovaire  sessile,  quelquefois 
sur  un  disque  stami'iifère,  à  3-5  loges  ou 
davantage,  dont  les  cloisons  viennent  s'unir 
à  un  gros  placentaire  central  portant  de  nom- 


772 


MAR 


breux  ovules  ascendants ,  couronné  par  un 
stigmate  indivis  ou  lobé,  marqué  d'autant  de 
rayons  qu'il  y  a  de  loges,  sessile  ou  sur  un 
style  court.  Fruit  (qu'en  n'a  pu  observer  que 
dans  un  petit  nombre  d'espèces)  à  déhiscence 
septifrage  par  laquelle  les  valves,  en  nombre 
égal  aux  loges,  s'écartent  en  emportant  cha- 
cune leur  cloison  sur  leur  milieu,  du  placen- 
taire charnu  qui  persiste  au  centre  et  dans 
lequel  nichent  quelques  graines  réduites  ainsi 
en  nombre  par  l'avortement  de  la  plupart, 
ascendantes,  oblongues,  obtuses  à  leurs  deux 
'extrémités,  droites  ou  courbées,  renfermant 
sous  un  test  dur,  que  double  une  membrane, 
un  embryon  en  massue,  à  radicule  conique, 
longue,  infère,  à  cotylédons  très  courts. 
Les  espèces  sont  des  arbres,  des  arbrisseaux 
ou  des  lianes,  habitant  l'Amérique  tropicale, 
à  feuilles  alternes,  simples,  pétiolées  ou  ses- 
siles,  penni-nerYées ,  très  entières  ou  quel- 
quefois légèrement  dentées,  très  glabres, 
luisantes ,  articulées  avec  les  rameaux ,  dé- 
pourvues de  stipules.  Leurs  fleurs  sont  dis- 
posées en  ombelles ,  en  grappes  ou  en  épis 
terminaux,  les  pédicelles  articulés  et  munis 
d'une  stipule  qui  souvent  présente  une  forme 
singulière,  celle  d'un  sac  ou  d'un  capuchon. 

GENRES. 

*  Isostémones. 

Ruyschia,  Jacq.  (Souroubea,  Aubl.  —  Su- 
rubea,  Mey. — Loghania,  Scop.). 

**  Polystémones. 

Norantea,  Aubl.  (Ascium,  Schreb.  — 
Schwarzia,  FI.  fl.)  —  Marcgravia,  Plum. 

On  y  joint  avec  beaucoup  de  doute  lMn- 
tholoma  ,  Labill. ,  genre  imparfaitement 
connu,  qui,  par  son  long  style  que  termine 
un  stigmate  aigu ,  paraît  s'éloigner  des  pré- 
cédents, ainsi  que  par  sa  patrie,  la  Nouvelle- 
Calédonie.  (Ad.  J.) 

MARCHAIS,  poiss.  —  Voy.  hareng. 

MARCHANTIA  (nom  propre),  bot.  cr. 

—  Genre  d'Hépatiques-Marchantiacées ,  éta- 
bli par  Marchant  fils  (in  act.  Paris ,  1713 , 
t.  V).  Les  espèces  de  ce  genre  croissent  sur 
presque  tous  les_points  du  globe.  Voy.  hépa- 
tiques. 

MARCHANDÉES.  Marchantieœ.  bot.  cr. 

—  Tribu  de  la  famille  des  Hépatiques.  Voy. 
ce  mot. 

*MARCHEURS.  Ambulatores.  ois.  — 
M.  Lesson  a  établi  sous  ce  nom  (Traité 


MAR 

d'ornithologie),  dans  l'ordre  des  Passereaux, 
un  sous-ordre  auquel  il  rapporte  toutes  les 
espèces  qui  ont  trois  doigts,  ou  très  rare- 
ment deux,  toujours  dirigés  en  avant,  un 
pouce  en  arrière ,  rarement  versatile.  Ce 
sous -ordre  correspond  à  l'ordre  des  Passe- 
reaux de  G.  Cuvier ,  à  la  tribu  des  Aniso- 
dactyles  de  Vieillot,  aux  Ambulatores  d'-Illi- 
ger,  et  aux  Insessores  de  Vigors.     (Z.  G.) 

MARCKEA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Solanacées,  étabM 
par  L.  C.  Richard  (in  Act.  soc.  hist.  nat. 
Paris,  107).   Arbrisseaux  de  la   Guiane. 

Voy.  SOLANACÉES. 

MARCOTTE  et  MARCOTTAGE,  bot. 
—  On  donne  le  nom  de  Marcottage  ou  mul- 
tiplication par  Marcottes  à  un  procédé  de 
multiplication  très  employé  en  horticulture, 
et  qui  repose  uniquement  sur  la  production 
de  racines  adventives  par  des  branches  en- 
terrées avec  certaines  précautions.  Tout  le 
monde  sait  que  la  tige  ,  les  branches ,  quel- 
quefois même  les  feuilles  des  plantes  ,  lors- 
qu'elles sont  plongées  dans  de  la  terre  hu- 
mide, sont  généralement  susceptibles  de 
produire  des  racines  adventives  ;  seulement, 
cette  propriété  est  plus  ou  moins  développée 
chez  certaines  espèces ,  et  dans  une  même 
espèce  en  certains  endroits  particuliers. 
Ainsi,  chez  plusieurs  plantes,  la  production 
de  ces  racines  adventives  est  si  facile,  qu'on 
les  voit  se  développer  spontanément  à  l'air, 
et  même  à  une  hauteur  quelquefois  assez 
considérable  au-dessus  du  sol  ;  chez  d'au- 
tres elle  ne  s'opère  jamais  de  la  sorte,  mais 
sur  de  simples  rameaux  détachés  et  mis  en 
♦erre,  qui  fournissent  un  moyen  très  com- 
mode pour  multiplier  ces  espèces ,  et  aux- 
quels on  donne  le  nom  de  boutures;  enfin, 
chez  d'autres,  l'enracinement  est  encore 
plus  difficile,  et  assez  lent  pour  que,  si 
l'on  en  mettait  dans  la  terre  des  rameaux 
détachés  du  pied,  il  n'eût  pas  lieu  assez  tôt 
pour  empêcher  ces  rameaux  de  se  flétrir  et 
de  périr.  C'est  dans  ce  dernier  cas  qu'on  a 
recours  aux  Marcottes.  Laissant  alors  tenir 
au  pied-mère  la  branche  qui  doit  servir  à 
la  multiplication,  on  la  courbe  avec  pré- 
caution et  on  l'enfonce  dans  la  terre  humide 
sur  une  certaine  longueur  qu'on  a  préalable- 
ment dépouillée  de  ses  feuilles  ;  à  l'aide  d'un 
petit  crochet  ou  par  tout  autre  moyen,  on 
maintient  cette  portion  ainsi  enterrée,  et 


3MAR 


MAR 


73 


l'on  redresse  l'extrémité  qui  reste  ainsi  à 
l'air.  On  conçoit  que  dans  ce  cas,  la  bran- 
che recevant  encore  du  pied-mère  auquel 
elle  tient  la  sève  qui  lui  est  nécessaire,  con- 
tinuera à  végéter  comme  elle  le  faisait  au- 
paravant; mais  en  même  temps,  sa  portion 
enterrée ,  se  trouvant  entourée  de  terre  hu- 
mide, pourra  développer  des  racines  adven- 
tives  ;  lorsqu'on  reconnaîtra  que  cet  enraci- 
nement a  eu  lieu  en  effet,  on  coupera  la 
branche  entre  sa  portion  enracinée  et  la 
tige,  et  l'on  obtiendra  ainsi  un  nouveau 
pied  distinct  et  séparé  du  premier  ;  on  aura 
de  la  sorte  multiplié  la  plante  par  Mar- 
cotte. 

Tel  est ,  en  effet,  le  Marcottage  réduit  à 
sa  plus  grande  simplicité,  et  ce  que  nous  ve- 
nons de  dire  suffit  pour  faire  comprendre 
qu'on  l'emploie  toutes  les  fois  qu'on  veut 
multiplier  des  plantes  qui  s'enracinent  len- 
tement. Quelquefois  même,  sa  réussite  ne 
peut  être  obtenue  qu'à  l'aide  de  certaines 
précautions  que  nous  n'exposerons  pas  en 
détail ,  mais  sur  lesquelles  néanmoins  nous 
ne  pouvons  nous  dispenser  de  dire  quel- 
ques mots. 

Comme  nous  l'avions  fait  pressentir  plus 
haut,  les  racines  adventives,  qui  seules  amè- 
nent la  réussite  de  l'opération,  se  dévelop- 
pent plus  fatilement  sur  les  renflements, 
sur  les  bourrelets,  sur  les  points  où  une 
section  partielle  delà  tige  se  trouve  en  con- 
tact avec  la  terre  humide.  Dès  lors,  dans  les 
cas  où  une  Marcotte  simple  comme  celle 
que  nous  avons  décrite  ne  réussirait  pas, 
on  fait  à  la  portion  de  branche  enterrée  une 
ligature  ou  une  incision  annulaire,  ou  une 
torsion  qui  déchire  l'écorce ,  ou  enfin  des 
entailles  plus  ou  moins  compliquées.  Dans 
ces  divers  cas,  les  bourrelets  qui  se  forment 
au-dessus  de  la  ligature,  de  l'incision  circu- 
laire, etc.,  donnent  plus  facilement  nais- 
sance à  des  racines,  et  facilitent  dès  lors  le 
succès  de  l'opération.  Ces  Marcottes  plus  ou 
moins  compliquées  reçoivent  dans  la  prati- 
que des  dénominations  particulières  qui  les 
distinguent  de  la  Marcotte  simple  dont  nous 
nous  sommes  d'abord  occupé;  on  les  nomme 
Marcottes  par  strangulation  dans  le  cas  d'une 
ligature,  par  circoncision  dans  celui  d'une 
incision  circulaire,  par  torsion ,  lorsqu'on 
tord  la  branche ,  enfin ,  en  talon  et  compli- 
quées dans  les  derniers  cas.  Lorsque  l'enra- 


cinement de  la  Marcotte  a  eu  lieu,  on  ne  In 
sépare  pas  toujours  du  pied-mère  brusque- 
ment et  en  la  coupant  d'un  seul  coup,  car 
ce  serait  souvent  l'affamer  et  la  faire  périr,  en 
lui  supprimant  ainsi  instantanément  toutes 
les  matières  nutritives  qu'elle  recevait  et 
qu'elle  ne  peut  encore  absorber  elle-même 
en  quantité  suffisante;  mais  on  la  sèvref 
comme  le  disent  les  horticulteurs,  c'est-à- 
dire  qu'on  coupe  d'abord  la  branche  sur  une 
portion  seulement  de  son  épaisseur  pour 
arriver  progressivement  à  la  détacher  tout- 
à-fait.  Par  ce  moyen  ,  la  Marcotte  s'habitue 
peu  à  peu,  si  l'on  peut  s'exprimer  ainsi,  à 
se  suffire  à  elle-même  en  quantité  suffi- 
sante. Au  reste,  pour  les  détails  relatifs  à 
cette  opération  importante,  qui  rend  de  si 
grands  services  à  l'horticulture,  nous  ren- 
verrons aux  ouvrages  spéciaux,  les  seuls 
dans  lesquels  ils  puissent  trouver  place. 

(P.  D.) 

MARECA,  StepLens.  ois.  —  Division  du 
g.  Canard.  Voy.  ce  mot.  (Z.  G.) 

MARÉCHAL,  ins.  —  Nom  vulgaire  don  ne 
aux  espèces  indigènes  de  l'ancien  genre  Tau- 
pin  (Élatérides),  et  qui  est  dû  sans  doute 
aux  soubresauts  qu'elles  exécutent  avec  bruit 
et  mesure.  (C.) 

MARÉES.  —  Oscillations  régulières  et 
périodiques  des  eaux  de  l'Océan ,  produites 
par  l'attraction  des  corps  célestes,  princi- 
palement par  celle  du  soleil  et  de  la  lune. 

On  a  émis  une  foule  d'hypothèses  pour 
expliquer  les  fluctuations  de  l'Océan ,  et 
quoique  leur  relation  avec  les  mouvements 
de  la  lune  ait  été  remarquée  dès  la  plus 
haute  antiquité,  les  anciens  s'arrêtèrent  peu 
à  ce  phénomène.  Cependant,  quand  ils  eu- 
rent l'occasion  d'observer  les  Marées  sur  les 
bords  de  l'Océan  ,  ils  se  montrèrent  curieux 
d'en  connaître  la  cause.  Pline  soupçonna 
l'influence  simultanée  du  soleil  et  de  la 
lune;  mais  ses  aperçus  vagues  et  obscurs 
sont  loin  d'être  satisfaisants.  Kepler,  en 
soulevant  une  partie  du  voile  ,  reconnut  le 
premier  que  l'attraction  exercée  par  la  lune 
est  la  principale  cause  qui  produit  ces  fluc- 
tuations. Mais  il  était  encore  réservé  au  gé- 
nie de  Newton  de  démontrer  que  celte  opi- 
nion est  en  harmonie  avec  les  lois  de  la  gra- 
vitation. En  déduisant  les  conséquences  du 
principe  posé  par  Kepler  ,  il  expliqua  com- 
ment les  Marées  se  forment  sur  les  deux  cô- 


774 


MAR 


MAR 


tés  de  la  terre  diamétralement  opposés  à  la 
lune.  Cette  belle  théorie  est  au-dessus  de 
toute  contestation. 

Les  eaux  de  la  mer  jouissent  d'une  mobi- 
lité qui  les  fait  céder  aux  plus  légères  ira- 
pressions.  L'Océan  est  ouvert  de  toutes  parts 
et  les  grandes  mers  communiquent  entre 
elles;  ces  circonstances  contribuent  à  la 
production  des  Marées,  dont  la  cause  prin- 
cipale est  l'action  attractive  du  soleil  et  sur- 
tout de  la  lune.  Si  l'on  considère  isolément 
l'action  de  la  lune,  il  devient  évident  que 
l'est  l'inégalité  de  cette  action  qui  produit 
les  Marées,  et  qu'il  n'y  en  aurait  pas  si  la 
lune  agissait  d'une  manière  uniforme  sur 
toute  l'étendue  de  l'Océan,  c'est-à-dire  si  elle 
imprimait  des  forces  égales  et  parallèles  au 
centre  de  gravité  de  la  terre  et  à  toutes  les 
molécules  de  la  mer;  car  alors,  le  système 
entier  du  globe  étant  animé  d'un  mouve- 
ment commun,  l'équilibre  de  toutes  les  par- 
ties serait  maintenu.  Cet  équilibre  n'est  donc 
troublé  que  par  l'inégalité  et  le  non-paral- 
lélisme des  attractions  exercées  par  la  lune. 
L'attraction  s'exerçant  en  raison  inverse  du 
carré  des  distances,  on  conçoit,  en  effet, 
que  les  molécules  de  la  mer  les  plus  rappro- 
chées de  la  lune  seront  plus  fortement  atti- 
rées que  celles  qui  sont  en  quadrature  avec 
elle ,  dont  la  direction  oblique  se  décom- 
pose; les  premières  seront  plus  légères  et 
les  dernières  plus  pesantes.  Il   faut  donc  , 
pour  que  l'équilibre  se  rétablisse,  que  les 
eaux  s'élèvent  sous  la  lune,  aûn  que  la  dif- 
férence de  poids  soit  compensée  par  une 
plus  grande  hauteur.  Les  molécules  de  la 
mer  situées  dans  le  point  correspondant  de 
l'hémisphère  opposé ,   moins  attirées  par  la 
lune  que  par  le  centre  de  la  terre,  à  cause 
de  leur  plus  grande  distance,  se  porteront 
moins  vers  la  lune  que  le  centre  de   la 
terre  :  celui-ci  tendra  donc  à  s'écarter  des 
molécules,  qui  seront  dès  lors  à  une  plus 
grande  distance  de  ce  centre,  et  qui  seront 
encore  soutenues  à  cette  hauteur  par  l'aug- 
mentation de  pesanteur  des  colonnes  placées 
en  quadrature  et  qui  communiquent  avec 
elles.  Ainsi  il  se  formera  sur  la  terre  deux 
ménisques  d'eaux,  l'un  du  côté  de  la  lune 
et  l'autre  du  côté  diamétralement  opposé, 
ce  qui  donnera  à  notre  globe  la  forme  d'un 
sphéroïde  allongé,  dont  le  grand  axe  passera 
par  le  centre  de  la  terre  et  par  celui  de  la 


lune.  Cependant,  par  suite  du  mouvement 
de  rotation  de  la  terre  sur  son  axe,  la  par- 
tie la  plus  élevée  de  Veau  est  portée  au-delà 
dans  la  direction  du  mouvement  diurne; 
mais  l'eau  obéit  encore  à  l'attraction  qu'elle 
a  reçue,  et  continue  à  s'élever  après  qu'elle 
a  quitté  sa  position  directe  sous  la  lune, 
quoique  l'action  immédiate  de  cet  astre  ne 
soit  plus  aussi  forte.  Il  en  résulte  que  la  Ma- 
rée n'atteint  sa  plus  grande  élévation  qu'a- 
près que  la  lune  a  cessé  d'être  au  méridien 
du  lieu  où  elle  se  forme. 

La  lune  passant  tous  les  jours  au  méri- 
dien supérieur  et  au  méridien  inférieur  de 
chaque  lieu  en  vertu  du  mouvement  de  ro- 
tation de  la  terre ,  elle  y  produira  donc  deux 
élévations  et  deux  dépressions  des  eaux  ,  ce 
qui  a  lieu  effectivement. 

Nous  n'avons  parlé  dans  l'explication  pré- 
cédente que  de  l'attraction  exercée  par  la 
lune  sur  les  eaux  du  globe;  mais  nous  devons 
dire  que  celle  du  soleil  la  modifie  soit  eu 
s'y  ajoutant,  soit  en  s'y  opposant.  En  effet, 
la  force  attractive  exercée  par  le  soleil  sur 
la  terre  est  de  beaucoup  supérieure  à  celle 
que  déploie  la  lune  ;  mais  comme  la  dis- 
tance à  laquelle  se  trouve  le  soleil  est  à  peu 
près  quatre  cents  fois  plus  grande  que  celle 
où  est  la  lune,  les  forces  déployées  par  le 
soleil  sur  les  différentes  parties  de  notre 
planète  se  rapprochent  beaucoup  plus  du 
parallélisme,  et  par  conséquent  de  l'éga- 
lité que  celles  de  la  lune.  Comme  nous 
avons  vu  que  les  marées  ne  sont  produites 
que  par  l'inégalité  d'action  de  la  lune, 
l'action  du  soleil,  beaucoup  plus  égale, 
doit  être  moins  propre  à  produire  le  même 
effet.  On  a  calculé  que  son  influence  est 
d'environ  2  fois  1/2  plus  faible  que  celle  de 
la  lune,  mais  elle  est  pourtant  assez  intense 
pour  produire  un  flux  et  un  reflux  ;  de  sorte 
qu'il  y  a  en  réalité  deux  Marées,  une  lu- 
naire et  l'autre  solaire,  dont  les  effets  s'ajou- 
tent ou  se  retranchent  suivant  la  direction 
des  forces  qui  les  produisent.  Ainsi,  quand 
la  lune  est  pleine  ou  nouvelle,  c'est-à-dire 
dans  les  sizygies ,  les  deux  astres  se  trou- 
vent dans  le  même  méridien  ,  leurs  efforts 
concourent,  et  l'effet  doit  être  le  plus  grand 
possible.  Quand  ,  au  contraire,  la  lune  est 
en  quadrature ,  elle  tend  à  élever  les  eaux 
que  le  soleil  tend  à  abaisser,  et  réciproque- 
ment, de  sorte  que  les  efforts  des  deux  as- 


MAR 

très  se  combattant,  l'effet  doit  être  le  plus 
faible  possible. 

Il  semble  que  la  mer  devrait  être  pleine 
à  l'instant  où  la  force  résultante  des  attrac- 
tions du  soleil  et  de  la  lune  est  parvenue  à 
sa  plus  grande  intensité  ;  mais  il  n'en  est  pas 
ainsi,  comme  nous  l'avons  déjà  remarqué. 
En  effet,  les  jours  de  la  nouvelle  lune,  où 
les  deui  astres  exercent  leur  action  suivant 
une  même  direction,  l'instant  de  la  plus 
grande  intensité  de  cette  action  est  celui  de 
leur  passage  simultané  au  méridien  ,  ou 
celui  de  midi.  Cependaut  la  mer  n'est  ordi- 
nairement pleine  que  quelque  temps  après 
midi.  L'expérience  a  fait  connaître  que  la 
Marée  qui  a  lieu  les  jours  de  nouvelle  lune 
est  celle  quia  été  produite  36  heures  aupa- 
ravant par  l'action  du  soleil  et  de  la  lune; 
on  a  remarqué  de  plus  qu'à  cette  époque  la 
mer  arrive  toujours  à  la  même  heure.  On  en 
a  conclu  quel'intervalle  de  temps  qui  s'écoule 
entre  le  moment  de  la  pleine  lune  et  celui 
où  les  deux  astres  exercent  leur  plus  grande 
action  est  constamment  le  même,  et  que 
l'action  de  la  force  du  soleil  et  de  la  lune  se 
fait  sentir  dans  les  ports  et  sur  les  côtes  par 
la  communication  successive  des  ondes  et 
des  courants. 

Nous  avons  dit  que,  les  jours  de  nouvelle 
et  de  pleine  lune,  l'instant  où  les  deux  as- 
tres exercent  la  plus  grande  action  est  celui 
du  passage  de  la  lune  au  méridien  ;  il  en  est 
de  même  lors  du  premier  et  du  dernier  quar- 
tier. Les  autres  jours ,  cet  instant  précède 
quelquefois  le  passage,  et  d'autres  fois  il  le 
suit;  mais  il  ne  s'en  écarte  jamais  beaucoup, 
parce  que  la  force  attractive  de  la  lune  agit 
avec  plus  d'intensité  que  celle  du  soleil.  Ces 
forces  et  le  retard  ou  l'avance  de  la  Marée 
sur  l'heure  du  passage  de  la  lune  au  méri- 
dien varient  suivant  que  les  deux  astres 
s'écartent  ou  se  rapprochent  de  la  terre, 
suivant  que  leurs  déclinaisons  augmentent 
ou  diminuent.  Les  flux  sont  les  plus  hauts 
et  les  reflux  sont  les  plus  bas  au  temps  des 
équinoxes  en  mars  et  septembre,  parce  que, 
à  cette  époque,  toutes  les  circonstances  qui 
influent  sur  l'élévation  des  eaux  concourent 
pour  produire  le  plus  grand  effet. 

Voici  maintenant  les  principales  circon- 
stances du  phénomène  des  Marées.  La  mer 
monte  pendant  environ  6  heures  en  s'en- 
flant  par  degrés  (flot)  ;  puis  elle  reste  à  peu 


MAR 


775 


près  un  quart  d'heure  stationnaire  {pleine 
mer  ),  et  se  retire  ensuite  pendant  6  autres 
heures  (jutant).  Après  un  second  repos  d'un 
quart  d'heure  (basse  mer) ,  elle  recommence 
le  même  mouvement,  et  ainsi  de  suite. 

Le  temps  du  flux  et  du  reflux  est,  terme 
moyen  ,  d'environ  12  heures  25  minutes; 
c'est  la  moitié  du  jour  lunaire,  qui  est  de 
24  heures  50  minutes,  temps  qui  s'écoule 
entre  deux  retours  successifs  de  la  lune  au 
méridien.  Ainsi  la  mer  éprouve  le  flux  et  le 
reflux  en  un  lieu  aussi  souvent  que  la  lune 
passe  au  méridien  ,  soit  supérieur,  soit  infé- 
rieur de  ce  lieu ,  c'est-à-dire  deux  fois  en 
24  heures  50  minutes. 

Ces  lois  du  flux  et  du  reflux  seraient  par- 
faitement d'accord  avec  les  phénomènes ,  si 
les  eaux  de  la  mer  recouvraient  toute  la  sur- 
face du  globe  ;  il  n'en  est  pas  ainsi,  et  il  n'y 
a  guère  que  la  pleine  mer  qui  les  présente, 
tels  que  nous  les  avons  décrits,  parce  que 
l'Océan  a  assez  d'étendue  pour  que  l'action 
du  soleil  et  de  la  lune  puisse  s'y  exercer  en 
liberté.  Maïs  ces  phénomènes  sont  nécessai- 
rement modifiés  dans  le  voisinage  des  côtes 
par  la  direction  des  vents  et  des  courants, 
la  disposition  particulière  des  plages ,  des 
falaises,  des  détroits  et  une  foule  d'acci- 
dents de  terrain. 

Les  lacs  n'éprouvent  pas  de  Marées,  parce 
qu'ils  sont  trop  petits  pour  que  la  lune  y 
fasse  sentir  son  action  d'une  manière  iné- 
gale. Elle  passe,  d'ailleurs,  si  rapidement 
sur  leur  surface  que  l'équilibre  n'aurait  pas 
le  temps  de  se  troubler.  Si  l'on  ne  remarque 
pas  non  plus  de  Marées  sensibles  dans  la 
Méditerranée  et  dans  la  Baltique,  c'est  que 
les  ouvertures  par  lesquelles  ces  deux  petites 
mers  communiquent  avec  l'Océan  sont  si 
étroites  qu'elles  ne  peuvent,  dans  un  temps 
si  court,  recevoir  assez  d'eau  pour  que  leur 
niveau  en  soit  sensiblement  élevé. 

Quoique  la  cause  qui  détermine  le  mou- 
vement des  eaux  de  la  mer  soit  la  même 
partout,  les  circonstances  locales  qui  modi- 
fient ce  phénomène  sont  telles  qu'on  remar- 
que une  différence  d'élévation  dans  les  Ma- 
rées, qui  varie  depuis  quelques  centimètres 
jusqu'à  20  à  25  mètres.  On  observe  aussi  que 
dans  tel  port  la  mer  est  haute  plusieurs 
heures  plus  tôt  ou  plus  tardquedans  un  autre 
port  voisin.  Dans  quelques  localités  la  mer 
s'avance  lentement  et  se  retire  de  même  ; 


776 


MAR 


MAR 


dans  d'autres,  au  contraire  ,  elle  s'avance 
et  se  retire  avec  une  rapidité  extrême. 

Dans  les  Antilles,  les  Marées  sont  fort 
basses  :  rarement  elles  s'élèvent  au-dessus 
de  33  à  40  centim.  Cette  anomalie  peut  pa- 
raître d'autant  plus  remarquable ,  que  ces 
parages,  voisins  de  l'équateur,  doivent  être 
soumis  à  une  force  attractive  très  énergi- 
que. Mais  on  concevra  facilement  que  les 
eaux  ne  doivent  pas  s'élever  beaucoup  dans 
le  voisinage  de  ces  îles ,  si  l'on  songe  que  , 
la  terre  tournant  de  l'ouest  à  l'est,  le  flux 
se  fait  en  sens  contraire,  et  vient,  comme 
une  vague  immense,  se  briser  contre  la  côte 
d'Amérique,  qui  l'arrête  là,  et  l'empêche  de 
passer  avec  la  lune  dans  le  grand  Océan. 
Les  vents  alises ,  d'ailleurs,  qui  soufflent 
continuellement  de  l'est  à  l'ouest,  s'oppo- 
sent au  reflux  qui  vient  du  couchant.  Ces 
deux  causes  forment  un  courant  remarqua- 
ble dans  le  golfe  des  Florides. 

Puisque  l'air  est  doué  ,  plus  encore  que 
l'eau,  de  légèreté  et  de  mobilité,  il  doit 
aussi  obéir  à  l'action  combinée  du  soleil  et 
de  la  lune,  et  il  doit  y  avoir  des  Marées  at- 
mosphériques. Cependant  un  fait  semble 
d'abord  infirmer  cette  conclusion  ,  c'est  que 
le  baromètre  n'accuse  ni  les  élévations  ni 
les  dépressions  de  l'atmosphère  résultant  du 
mouvement  de  l'air.  Mais  il  est  facile  de 
comprendre  que  le  baromètre  doit,  en  effet, 
rester  insensible  à  ces  variations;  car  les 
colonnes  d'air ,  bien  que  de  hauteur  dif- 
férentes,  doivent  avoir  partout  le  même 
poids ,  puisque  l'effet  direct  des  Marées  est, 
comme  nous  l'avons  fait  voir,  de  maintenir 
l'équilibre  en  compensant  par  la  hauteur  la 
diminution  de  la  pesanteur.  Ainsi  il  n'y  a 
aucun  doute  à  cet  égard ,  le  phénomène  qui 
élève  les  eaux  doit  aussi  élever  la  couche 
atmosphérique  qui  enveloppe  notre  globe, 
et  il  doit  être  d'autant  plus  régulier  qu'au- 
cune circonstance  ne  vient  contrarier  ce 
mouvement.  Voy.  mer.  (C.  d'O.) 

MARÉKAN1TE.  min.  —Nom  d'une  va- 
riété globuliforme  d'Obsidienne  ,  venant 
d'une  colline  volcanique,  appelé  Marekan  , 
du  port  d'Okhotsk ,  au  Kamtschatka.  (Del.) 

MARENTERIA,  Noronh.  bot.  ph.  — 
Syn.  d'Unona,  Bl. 

*MARGARANTHUS  (  f«tpyapov  ,  perle  ; 
av8o-,  fleur),  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Solanacées,  établi  par  Schlechten- 


dalt  (Index  sem.  hort.  hallens.  1838).  Her- 
bes du  Mexique.  Voy.  solanacées. 

*MARGARIS  (,uapy«pc\  ,  perle),  bot.  ph. 

—  Genre  de  la  famille  des  Rubiacées-Psy- 
chotriées,  établi  par  De  Candolle  (Prodr.  IV, 
483).  Arbrisseaux  du  Mexique.  Voy.,  rubia- 
cées. 

MARGARITA ,  Gaud.  bot.  ph.  —  Syn. 
de  Bellidiastrum,  Tournef. 

MARGARITA.  min.  —  Voy.  nacrite. 
MARGAR1TACÉS.  Margaritacea.  moll.     ' 

—  Famille  de  Mollusques  bivalves  ou  acé-  [ 
phales ,  proposée  par  M.  de  Blainville,  et 
correspondant  à  celle  des  Malléacés  de  La- 
marck  ,  sauf  l'addition  de  quelques  genres 
nouveaux  et  du  genre  Vulselle,  que  Lamarck 
avait,  au  contraire ,  rapproché  des  Huîtres. 
Cette  famille  est  ainsi  composée  des  genres 
Vulselle,  Marteau,  Perne,  Crénatule,  Ino- 
cérame,  Catille,  Pulvinite,  Gervilie  et  Ayî- 
cule.  Cette  même  famille  a  reçu  de  M.  Menke 
le  nom  û'Aviculacea.  (Duj.) 

MARGARITARÏA  (margarila,  perle). 
bot.  ph.  —  Genre  de  la  famille  des  Euphor- 
biacées?,  établi  par  Linné  fils  (Suppl,  428). 
Arbres  de  Surinam. 

M AB.G AB1TE.  Margarita,  Leach.  moll. 

—  Syn.  de  Pintadine,  Lamk. 
MARGAY.  mam.  — Espèce  du  genre  Chat. 

Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

MARGINARIA,  A.  Rich.  bot.  cr.  — 
Syn.  û'Ecldonia,  Horn. 

MARGINELLE.  Marginella  (diminutif 
de  rnargo  ,  marginis,  bord  ).  moll. — Genre 
de  Mollusques  gastéropodes,  à  coquille  uni- 
valve  ,  lisse,  revêtus  par  le  manteau  et  ca- 
ractérisés par  un  bord  renflé,  arrondi  ;  il  a 
été  établi  d'abord  par  Adanson  sous  le  nom 
de  Porcelaine,  mais  circonscrit  plus  exacte-   I 
ment  par  Lamarck,  qui  le  rangea  dans  sa  j 
famille  des  Columellaires ,  et  lui  donna  le  j 
nom  sous  lequel  il  est  généralement  connu   j< 
aujourd'hui.  Cuvier  admit  aussi  le  genre  1 
Marginelle,  et  le  plaça  parmi  ses  Pectini-   j 
branches  buccinoïdes.  Linné,  et  après  lui 
Bruguière  ,  l'avait  confondu  avec  les  Volu- 
tes. L'animal  des  Marginelles  a  beaucoup 
d'analogie  avec  celui  des  Porcelaines ,  et 
n'en  diffère  guère  que  par  les  lobes  de  son 
manteau ,   moins  amples.  La  coquille  est 
ovale-oblongue  ,  lisse,  à  spire  courte  ou 
même  non  saillante,  suivant  les  espèces;  le 
bord  droit ,  chez  l'adulte ,  est  toujours  garni 


MAR 


MAR 


d'un  bourrelet  en  dehors,  et  le  bord  gauche 
est  muni  de  pli*  presque  égaux;  la  base  de 
l'ouverture  est  à  peine  échancrée.  Les  Mar» 
ginelles  habitent  les  mers  équatoriales  ;  leurs 
coquilles  sont  petites  ou  moyennes,  lisses 
et  en  général  agréablement  colorées,  et  d'un 
aspect  qui  leur  a  mérité  d'abord  le  nom  de 
Porcelaines.  (Duj.) 

*MARGINOPORA  (  mar  go ,  marginis  , 
bord;  porus,  pore),  polyp.  —  Genre  établi 
par  MM.  Quoy  et  Gaimard  pour  un  petit 
Polypier  calcaire  extrêmement  poreux  et 
léger,  libre,  discoïde,  concave  ou  concentri- 
quement  strié  en  dessus  comme  en  dessous, 
et  plus  épais  sur  les  bords.  Les  Polypes  sont 
logés  dans  des  cellules  rondes  très  petites  et 
très  rapprochées,  sans  ordre,  dans  les  sinuo- 
sités très  fines  dont  le  bord  du  Polypier  est 
orné.  (Duj.) 

*MARGH\ULI\A.  foram.  —  Genre  de 
Foraminifères,  de  l'ordre  des  Stichostègues, 
famille  des  ^Equilateralideœ  ,  établi  par 
M.  Aie.  d'Orbigny,  et  caractérisé  principale- 
ment par  la  coquille  en  crosse  postérieure. 

Voy.  FORAMINIFÈRES. 

*MARGOTIA.  bot.  ph.—  Genre  de  la  fa- 
illie des  Ombellifères-Elœosélinées,  établi 
par  Boissier  (Elench.  plant.  Hisp.  austr., 

52).    Voy.  OMBELL1FÈRES. 

MARGUERITE,  bot.  ph  —  Nom  vul- 
gaire de  la  Pâquerette ,  Bellis  perennis.  On 
a  encore  appelé: 

Grande  Marguerite  ou  Marguerite  des 
champs,  le  Chrysanthemum  leucanthemum ; 

Marguerite  jaune  ,  le  Chrysanthemum  co- 
ronarium; 

Reine  Marguerite,  Y  Aster  chinensis; 

IsIarguerite  de  Saint-Michel,  l'Astère  an- 
nuelle ,  etc. 

*MARGUS  (f/.apyoç,  fou),  ins.  —  Genre  de 
Coléoptères  hétéromères ,  famille  des  Taxi- 
cornes,  tribu  des  Diapériales,  formé  par  De  - 
jean  (Catalogue,  3e  éd.,  p.  222)  avec  le  Tro- 
gosita  ferruginea  de  F.  (Tenebrio  castaneus 
Schœnherr)  qui  est  réparti  sur  beaucoup  de 
points  du  globe.  (G.) 

MARG1RICARPUS.  bot.  ph.  —  Genre 
de  la  famille  des  Rosacées-Dryadées,  éta- 
bli par  Ruiz  et  Pavon  (Prodr.  7,  t.  33).  Ar- 
brisseaux des  montagnes  de  l'Amérique  tro- 
picale. Voy.  rosacées. 

MARIALVA,  Vandell.BOT.  pu.  —  Syn. 
de  Tovomita,  Aubl. 
t.  vu. 


MARIALVEA,  Mart.  bot.  PH.— Syn.  de 
Tovomita,  Aubl. 

*MARIANTIIUS.  bot.  pu.— Genre  de  la 
famille  des  Pittosporées ,  établi  par  Hugel 
(A/sc).  Sous-arbrisseaux  de  la  Nouvelle- 
Hollande.  Voy.  pittosporées. 

MARICA,  Schreb.  bot.  ph.  — Syn.  de 
Cipura,  Aubl. 

MARIGNIA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Burséracées,  établi  par  Commerson 
(ex  Kunth  in  Annal,  se.  nat.,  II,  350).  Ar- 
bres de  la  Mauritanie.  Voy.  burséracées. 

MARIKINA.  mam.  —  Espèce  du  genre 
Ouistiti.  Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

MARILA.  bot.  ph. — Genre  de  la  famille 
des  Ternstrœmiacées-Laplacées  ,  établi  pa: 
Swartz  (  Prodr.  84  ).  Arbres  des  Antilles. 
Voy.  ternstroemiacées. 

MARINGOUINS.  ins.  —  Nom  donné  aux 
Cousins  dans  diverses  contrées  de  l'Amé- 
rique, et  surtout  dans  les  Antilles.  Voy. 
cousin. 

MARIPA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Convolvulacées-Convolvulées ,  éta- 
bli par  Aublet  (Guian.,  I,  230,  t.  91  ).  Ar- 
brisseaux delaGuiane.  Voy. convolvulacées. 

*MARIUS.  ins. —  Syn.  de  Megalura,  em- 
ployé par  M.  Swainson  (Zool.  illustr.)   (Bl.) 

MARJOLAINE.  Majorana.  bot.  ph.  — 
Tournefort  avait  proposé  sous  ce  nom  un 
genre  distinct  et  séparé  pour  des  plantes  de 
la  famille  des  Labiées,  et  de  la  didynamie 
gymnospermie  dans  le  système  sexuel  de 
Linné.  Ce  genre  a  été  considéré  par  la  plu- 
part des  botanistes  comme  formant  simple- 
ment une  section  dans  celui  des  Origans  ; 
mais  dans  ces  derniers  temps  il  a  été  rétabli 
et  adopté  dans  des  ouvrages  très  importants, 
particulièrement  par  Mœnch  et  par  M.  End- 
licher  dans  son  Gênera.  Les  végétaux  qui 
le  composent  se  distinguent  des  Origans 
(voy.  ce  mot)  par  leur  calice  nu  pendant  la 
maturation  ,  et  non  fermé  de  poils  comme 
chez  ces  derniers,  divisé  en  deux  lèvres, 
dont  la  supérieure  est  grande,  et  présente 
seulement  trois  petites  dents  à  son  bord , 
tandis  que  l'inférieure,  plus  courte,  est  pro- 
fondément bilobée;  chez  les  Origans,  il  est 
cylindrique  et  à  cinq  dents  égales.  De  plus  , 
les  épis  de  fleurs  sont  plus  courts  chez  les 
Marjolaines  que  chez  les  Origans.  Parmi 
les  espèces  peu  nombreuses  qui  composent 
ce  genre,  il  en  est  une  très  répandue  dans 

93 


778 


MAP». 


les  jardins  et  généralement  connue.  C'est  la 
suivante: 

Marjolaine  commune  ,  Majorana  crassa 
Mœnch  (Origanum  ma j or anoides  Wild.), 
vulgairement  désignée  sous  le  nom  de  il/ar- 
,  jolaine.  Cette  plante  est  originaire  de  l'A- 
frique septentrionale;  elle  est  cultivée  dans 
'..  tous  les  jardins.  Sa  tige  est  sous-frutescente; 
ses  feuilles  sont  pétiolées ,  ovales,  obtuses 
■"  au  sommet,  entières  sur  leurs  bords,  cou- 
vertes de  poils  cotonneux  blanchâtres  ;  ses 
fleurs  sont  petites,  blanches,  réunies  en  pe- 
tits épis  serrés  ,  tétragones ,  agglomérés  et 
pédoncules.  Cette  plante  est  estimée  pour 
l'odeur  agréable  qu'exhalent  toutes  ses  par- 
ties ;  sa  saveur  est  chaude  ;  elle  est  usi- 
tée comme  plante  médicinale,  soit  à  l'in- 
térieur en  infusion,  soit  à  l'extérieur  en  lo- 
tions et  en  fumigations  ;  elle  est  de  plus  em- 
ployée en  diverses  parties  de  l'Europe  comme 
condiment  dans  la  préparation  de  la  plupart 
des  mets;  enfin  son  odeur  aromatique  la 
fait  cultiver  très  fréquemment  pour  elle- 
même ,  et  indépendamment  de  l'utilité  di- 
recte qu'elle  peut  avoir;  on  la  met  alors  or- 
dinairement en  bordures.  Elle  se  multiplie 
sans  difficulté  par  éclats  ;  mais  on  peut  éga- 
lement l'obtenir  avantageusement  de  semis 
que  l'on  fait  au  premier  printemps,  soit 
en  pots ,  soit  dans  une  plate-bande  de  terre 
douce;  la  transplantation  et  la  mise  en 
place  du  plant  qui  en  provient  se  font  dans 
les  mois  d'avril  et  de  mai. 

Linné  a  décrit  sous  le  nom  â'Origanum 
majorana  une  plante  qui  rentre  évidemment 
dans  le  même  genre  que  celle  que  nous  ve- 
nons de  décrire,  et  qui  a  été  confondue  plu- 
Sieurs  fois  avec  elle,  mais  qui  s'en  distingue 
parce  qu'elle  est  annuelle  et  que  ses  feuilles 
sont  presque  glabres;  déplus,  elle  est  origi- 
naire de  la  Palestine  et  du  Portugal  ;  elle 
n'est  pas  cultivée  dans  les  jardins,  et  nous 
ne  la  signalons  ici  que  pour  la  distinguer  de 
la  Marjolaine  commune.  (P.  D.) 

*MARLEA.  bot.  ph.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Alangiées,  établi  par  Roxburgh 
(Plant.  Corom.  III,  t.  283).  Arbustes  de 
l'Inde.  Voy.  alangiées. 

*MARLIEREA.  bot.  ph.— Genre  delà  fa- 
mille des  Myrtacées  Myrlées,  établi  par  St- 
Hilaire  {Flor.  brasil.,  II,  373,  t.  156).  Ar- 
bres ou  arbrisseaux  du  Brésil.  Voy.  myr- 
tacées. 


MAR 

*MARMAROPUS  (y.ap,uaporroç,  dont  les 
yeux  sont  brillants),  ins.  —  Genre  de  Co- 
léoptères tétramères,  famille  des  Curculio- 
nides  gonatocères,  division  des  Apostasimé- 
rides  cryptorhynchides,  créé  par  Schœnherr 
(Gen.  et  Spec.  Curcul,  syn.,  t.  IV,  p.  310). 
L'espèce  type  et  unique  ,  le  M.  Besseri  de 
l'auteur,  a  été  trouvée  seulement  en  Po- 
logne. (C.) 

MARMATITE.  min.  —  Blende  de  Mar- 
mato,  en  Colombie.  Voy.  zinc  sulfuré.  (Del.) 

MARMOLITE.  min.  —  Variété  de  Ser- 
pentine, à  texture  foliée,  d'un  vert  jaunâtre- 
pâle,  d'Hoboken,  près  de  Baltimore,  en 
Amérique.  (Del.) 

MARMOR.  min.  —  Voy.  marbre. 

*MARMORITIS.  bot.  pk.  —  Genre  de  la 
famille  des  Labiées-Népétées ,  établi  par 
Bentham  (  in  HooTccr  Bot.  Miscell.  III,  377). 
Herbes  de  l'Himalaya.  Voy.  labiées. 

MARMOSE.  mam.  —  Espèce  du  genre 
Didelphe.  Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

MARMOTTE.  Arctomys,  Gmel.MAM.  — 
Ce  genre  de  Mammifères  appartient  à  l'or- 
dre des  Rongeurs,  et  se  trouve  aujourd'hui 
le  type  d'une  famille  renfermant  les  g.  li- 
pura,  Aplodontia,  Arctomys ,  Citillus,  Sper- 
mopkilus  et  Cynomys  ,  qui  tous  ont  la  tête 
grosse,  la  queue  courte  ou  moyenne  ;  dix  mâ- 
chelières  supérieures  et  huit  inférieures,  tou- 
tes tuberculées;  les  incisives  sont  pointues. 

Les  vraies  Marmottes,  Arctomys,  ont  vingt- 
deux  dents,  savoir:  quatre  incisives,  dix 
molaires  supérieures  et  huit  inférieures  ; 
point  de  canines.  Parmi  les  molaires  supé- 
rieures, la  première  est  beaucoup  plus  pe- 
tite que  les  autres,  ne  présente  qu'un  seul 
tubercule  et  une  seule  racine;  les  quatre 
suivantes  ont  trois  racines  dont  deux  exter- 
nes et  une  interne ,  divisées  transversale- 
ment en  trois  collines  par  deux  sillons  pro- 
fonds, les  deux  collines  postérieures  formant 
par  leur  réunion  un  petit  talon  peu  élevé. 
Les  quatre  molaires  postérieures  sont  échan- 
gées sur  leur  côté  externe.  Les  incisives 
sont  très  fortes,  très  longues,  et  taillées  en 
biseau  à  leur  face  interne.  Les  membres 
sont  courts,  ce  qui  donne  à  ces  animaux  une 
démarche  lourde  et  embarrassée.  La  dispo- 
sition de  leurs  clavicules  les  force  à  tenir 
leurs  membres  antérieurs  un  peu  en  de- 
dans ;  mais  comme  les  deux  doigts  sont  ar- 
més d'ongles  robustes,  ils  n'en  sont  que 


3IAR 


UAR 


79 


mieux  organisés  pour  creuser  la  terre.  Ces 
doigts,  au  nombre  de  quatre  en  devant  et 
de  cinq  aux  pieds  de  derrière  ,  sont  réunis 
par  une  membrane  jusqu'à  la  première  pha- 
lange. Leur  corps  est  gros  et  trapu  ,  et  ses 
formes  sont  lourdes  comme  celles  d'un  Ours, 
d'où  le  nom  de  ce  genre  (Arcto-Mys ,  Rat- 
Ours).  Les  yeux  sont  latéraux,  à  pupille 
ronde  ;  la  lèvre  supérieure  est  fendue  et  di- 
visée en  deux  parties  par  un  sillon.  Les 
oreilles,  très  courtes,  sont  presque  entière- 
ment cachées  dans  les  poils.  Chez  la  Mar- 
motte des  Alpes,  et  peut-être  chez  toutes, 
il  y  a  cinq  mamelles  de  chaque  côté,  dont 
trois  ventrales  et  deux  pectorales. 

1.  La  Marmotte  commune  ou  des  Alpes 
(Arctomys  Marmotta Gml. ,  Arctomy s  alpina 
Blum.)  a  plus  d'un  pied  de  longueur  (0m,335) 
sans  comprendre  la  queue,  qui  est  assez 
courte  et  noirâtre  à  son  extrémité.  Son  pe- 
lage est  d'un  gris  jaunâtre,  teinté  de  cendré 
vers  la  tête,  dont  le  dessus  est  noirâtre;  les 
pieds  sont  blanchâtres ,  et  le  tour  du  mu- 
seau d'un  blanc  grisâtre. 

La  Marmotte  se  trouve  sur  le  sommet  de 
toutes  les  montagnes  élevées  de  l'Europe, 
près  des  glaciers,  et,  en  France,  dans  les  Al- 
pes et  les  Pyrénées.  Elle  vit  en  petites  so- 
ciétés, composées  d'une  à  trois  familles,  et 
partout  elle  a  de  la  célébrité  à  cause  de  son 
sommeil  léthargique.  Mangili,  dans  un  Mé- 
moire sur  la  léthargie  des  Marmottes  (Ann. 
Mus.,  t.  IX),  dit  que  l'engourdissement  de 
ces  Rongeurs  commence  dès  que  la  tem- 
pérature n'est  plus  qu'à  8  ou  9  degrés, 
et  ceci  est  une  première  erreur;  j'ai  vu  et 
tué  des  Marmottes,  hors  de  leur  terrier,  par 
des  températures  beaucoup  plus  basses,  et 
même  elles  en  sortent  jusqu'aux  premières, 
gelées  blanches ,  dans  le  milieu  du  jour  , 
lorsqu'il  fait  du  soleil.  Lorsqu'elles  s'hiber- 
nent, elles  sont  ordinairement  très  grasses, 
et  leur  épiploon  est  chargé  d'une  grande 
abondance  de  feuillets  graisseux;  tandis  que, 
au  contraire,  elles  sont  très  maigres,  et  pè- 
sent sensiblement  moins  quand  elles  sor- 
tent de  leur  terrier  au  printemps.  Mangili 
dit  à  ce  sujet  :  «  Cette  différence  de  poids 
nous  prouve  évidemment  que  la  graisse  dont 
elles  sont  pourvues  leur  est  infiniment  utile  ; 
non  seulement  il  s'en  consomme  une  partie 
pendant  le  sommeil  léthargique,  mais  elles  en 
sont  encore  nourries  pendant  les  intervalles 


de  veilles  auxquelles  elles  peuvent  être  ex- 
posées par  relèvement  ou  l'abaissement  de 
la  température.  »  La  léthargie  des  Mar- 
mottes ,  pas  plus  que  celle  de  tous  les  ani- 
maux hibernants,  n'est  point  du  tout  un 
sommeil,  mais  une  suspension  plus  ou  moins 
complète  de  toute  circulation  ;  dans  ce  cas, 
aucun  genre  de  nutrition  ne  peut  s'opérer  , 
la  graisse  leur  devient  donc  parfaitement 
inutile  pendant  leur  engourdissement.  D'ail- 
leurs, quand  on  déterre  des  Marmottes  à  lai 
fin  de  l'automne,  on  en  trouve  de  grasses  , 
mais  on  en  prend  aussi  de  très  maigres  ;  de 
quoi  se  nourriraient  ces  dernières?  Cette 
graisse,  quand  elles  en  ont,  ne  leur  peut 
donc  être  utile  qu'au  printemps,  lorsqu'elles 
sortent  de  leur  trou,  et  qu'elles  ne  trouvent 
alors  qu'une  nourriture  peu  abondante. 

A  l'état  sauvage,  la  Marmotte,  sans  avoir 
une  intelligence  bien  remarquable,  montre 
assez  d'industrie.  Sur  les  montagnes ,  elle 
établit  son  domicile  le  long  des  pentes  un 
peu  raides  tournées  au  midi  ou  au  levant. 
Comme  je  l'ai  dit,  elles  se  réunissent  deux 
à  trois  familles  ensemble  pour  se  creuser 
une  habitation  commune,  et  elles  donnent 
à  leur  terrier  la  forme  invariable  d'un  << 
grec  couché.  La  branche  d'en  haut  a  une 
ouverture  par  où  elles  entrent  et  sortent  : 
celle  d'en  bas,  dont  la  pente  va  en  dehors, 
ne  leur  sert  qu'à  faire  leurs  ordures,  qui, 
au  moyen  de  cette  pente  ,  sont  facilement 
poussées  hors  de  l'habitation.  Ces  deux  bran- 
ches, assez  étroites,  aboutissent  toutes  deux 
à  un  cul-de-sac  profond  et  spacieux,  qui  est 
le  lieu  du  séjour,  et  cette  partie  est  creusée 
horizontalement.  Elle  est  tapissée  et  mate- 
lassée de  mousse  et  de  foin,  dont  ces  ani- 
maux font  une  ample  provision  en  été.  «  On 
assure  même  ,  dit  Buffon ,  que  cela  se  fait 
à  frais  et  travaux  communs  ;  que  les  unes 
coupent  les  herbes  les  plus  fines;  que  d'au- 
tres les  ramassent,  et  que  tour  à  tourelles 
servent  de  voitures  pour  les  transporter  au 
gîte;  l'une,  dit-on,  se  couche  sur  le  dos,  s* 
laisse  charger  de  foin ,  étend  ses  pattes  en 
haut  pour  servir  de  ridelles,  et  ensuite  se 
laisse  traîner  par  les  autres,  qui  la  tirent 
par  la  queue,  et  prennent  garde  en  même 
temps  que  la  voiture  ne  verse.  ■ 

Ce  qui  a  donné  lieu  à  ce  conte  ridicule  , 
c'est  que  l'on  trouve  beaucoup  de  Mar- 
mottes qui  ont  le  poil  rongé  sur  le  dos,  eu 


'30 


MAR 


MAR 


selon  l'usage  des  chasseurs,  peut-être  aussi 
des  naturalistes,  on  a  mieux  aimé  inven- 
ter une  histoire  merveilleuse  pour  expliquer 
ce  fait,  que  de  n'y  voir  que  l'effet  fort  sim- 
ple du  frottement  souvent  répété  du  dos 
contre  la  paroi  supérieure  d'un  terrier  fort 
étroit.  Les  Marmottes,  même  pendant  l'été, 
passent  une  grande  par  tiède  leur  vie  dans  leur 
habitation.  Elles  s'y  retirent  pendant  la  nuit, 
la  pluie, l'orage,  le  brouillard,  n'en  sortent 
que  pendant  les  plus  beaux  jours,  et  ne  s'en 
éloignent  guère.  Pendant  l'automne  et  le 
printemps,  quand  elles  ne  sont  pas  engour- 
dies ,  elles  s'y  nourrissent  des  provisions  de 
foinqu'ellesyontamassées.Pendantqu'elles 
sont  dehors  à  paître  ou  à  jouer  sur  l'herbe, 
aux  rayons  du  soleil,  l'une  d'elles  fait  sen- 
tinelle, pour  veiller  à  la  sûreté  générale. 
Posée  en  observation  sur  une  roche  voisine, 
elle  jette  continuellement  les  yeux  dans  la 
campagne  environnante,  et  si  elle  aperçoit 
quelque  danger,  quelque  objet  suspect,  un 
homme,  un  chien,  un  oiseau  de  proie  ,  elle 
fait  aussitôt  retentir  les  rochers  d'un  long 
sifflement,  et,  à  ce  signal ,  toutes  se  préci- 
pitent dans  leur  trou. 

Dès  que  le  froid  commence  à  se  faire 
sentir,  les  Marmottes,  retirées  dans  leur 
terrier,  s'occupent  à  en  fermer  les  deux  ou- 
vertures.Elles  emploient  pour  cela  de  la  terre 
gâchée,  et  elles  la  maçonnent  si  bien  qu'il 
est  plus  facile  d'ouvrir  le  sol  partout  ailleurs 
que  dans  l'endroit  qu'elles  ont  muré.  Elles 
se  blottissent  dans  le  foin  et  la  mousse,  et 
s'engourdissent  d'autant  plus  que  le  froid  a 
plus  d'intensité.  Elles  restent  dans  cet  état 
de  mort  apparente  depuis  le  commencement 
de  décembre  jusqu'à  la  fin  d'avril ,  et  quel- 
quefois depuis  octobre  jusqu'en  mai,  selon 
que  l'hiver  a  été  plus  ou  moins  long.  Lors- 
que les  chasseurs  vont  les  déterrer,  ils  les 
trouvent  resserrées  en  boules  et  enveloppées 
dans  le  foin.  Ils  les  emportent  tout  engour- 
dies ,  ou  même  ils  les  tuent  sans  qu'elles  pa- 
raissent le  sentir.  Ils  mangent  les  plus  gras- 
ses, et  souvent  ils  conservent  les  plus  jeunes 
pour  les  donner  à  de  pauvres  enfants  qui 
viennent  les  montrer  en  France  et  déguisent 
ainsi  leur  mendicité.  Pour  faire  sortir  ces 
animaux  de  lear  engourdissement,  les  rap- 
peler à  la  vie  active  et  leur  rendre  toute  leur 
agilité,  il  ne  s'agitquede  les  placer devantun 
feu  doux  et  de  les  y  laisser  jusqu'à  ce  qu'ils 


se  soient  réchaudcs.  Un  excès  de  froid  les 
fait  également  sortir  de  leur  léthargie. 

La  chair  des  Marmottes  serait  fort  bonne 
si  elle  était  sans  odeur  ;  mais  il  n'en  est  pas 
ainsi,  et  ce  n'est  qu'à  force  d'assaisonne- 
ments épicés  que  l'on  parvient  à  la  déguiser. 
Cependant  j'ai  mangé  des  Marmottes  fu- 
mées à  la  manière  du  bœuf  de  Hambourg, 
qui  avaient  entièrement  perdu  leur  mau- 
vaise odeur  et  étaient  excellentes. 

Cet  animal  ne  produitqu'une  fois  par  an, 
et  sa  portée  ordinaire  n'est  que  de  4  ou  5  pe- 
tits, dont  l'accroissement  est  rapide.  Il  ne 
vit  guère  que  neuf  à  dix  ans. 

En  captivité,  la  Marmotte  est  fort  douce 
de  caractère,  s'apprivoise  aisément,  et  s'at- 
tache même  jusqu'à  un  certain  point  à  son 
maître.  Lorsqu'elle  est  devenue  familière 
dans  une  maison  ,  et  surtout  quand  elle  se 
croit  soutenue  par  son  maître  ,  elle  montre 
un  courage  qui  ne  le  cède  en  rien  à  celui 
des  autres  animaux  domestiques,  et  elle 
n'hésite  pas  à  attaquer  les  chats  et  les  plus 
gros  chiens  pour  les  chasser  de  la  place 
qu'elle  s'est  adjugée  au  coin  du  feu.  «  Elle 
apprend  aisément,  dit  Bufïon ,  à  saisir  un 
bâton  ,  à  gesticuler,  à  danser  et  à  obéir  à  la 
voix  de  son  maître;  »  en  un  mot,  il  pensait 
qu'elle  était  susceptible  d'éducation,  et  c'est 
ce  que  je  ne  crois  pas.  Il  est  vrai  que  les 
jeunes  Savoyards  qui  montrent  des  Mar- 
mottes au  peuple  leur  font  faire  quelques 
exercices;  mais  si  on  se  donne  la  peine  de 
les  examiner  sans  prévention,  on  verra  que 
les  tours  ne  sont  jamais  que  le  résultat  des 
tiraillements  de  la  chaîne  par  laquelle  on 
les  tient,  et  delà  manœuvre  du  bâton  qu'oa 
leurpasseentreles  jambes.  L'éducation  n'est 
pour  rien  dans  tout  cela  ,  du  moins  je  Dfl 
l'ai  jamais  vu  autrement.  On  la  nourrit  avec 
tout  ce  que  l'on  veut,  de  la  viande,  du 
pain,  des  fruits,  des  racines,  des  herbes 
potagères,  des  choux  ,  des  hannetons  ,  des 
sauterelles  ,  etc  ;  mais  ce  qu'elle  aime  par- 
dessus tout,  c'est  le  lait  et  le  beurre.  Nous 
ferons  remarquer  en  passant  que  les  natu- 
ralistes qui  avaient  placé  les  Marmottes  près 
des  Écureuils,  sur  la  considération  de  leur 
système  dentaire,  et  qui  en  avaient  formé  une 
division  de  Rongeurs  omnivores,  avaient 
bien  étudié  leurs  caractères  et  leurs  ha- 
bitudes. 

Quoique  moins  prédisposé  pour  le  vol 


MAK 


MAR 


781 


que  le  chat,  si  cet  animal  peut  se  glisser 
furti\ement  dans  une  laiterie  ,  rarement  il 
manque  de  le  faire  ,  en  se  gorgeant  de  lait 
à  n'en  pouvoir  plus  ;  il  exprime  le  plaisir 
qu'il  éprouve  par  un  petit  murmure  parti- 
culier et  très  expressif.  Ce  murmure,  quand 
on  le  caresse  ou  qu'il  joue,  devient  plus  fort, 
et  alors  il  a  de  l'analogie  avec  la  voix  d'un 
petit  chien.  Quand,  au  contraire,  il  est  ef- 
frayé, son  cri  devient  un  sifflement  si  aigu 
et  si  perçant ,  qu'il  est  impossible  à  l'oreille 
de  le  supporter.  D'une  propreté  recherchée, 
la  Marmotte  se  met  à  l'écart,  comme  les 
chats,  pour  faire  ses  ordures;  mais,  ainsi 
quele  rat ,  elle  exhale  une  odeur  qui  la  rend 
très  desagréable  pour  certaines  personnes. 
Ce  qu'il  y  a  de  plus  singulier  dans  la  Mar- 
motte soumise  à  l'esclavage,  c'est  qu'elle 
ne  s'engourdit  pas  l'hiver,  et  qu'elle  est 
tout  aussi  éveillée  au  mois  de  janvier  qu'en 
été ,  pourvu  qu'elle  habite  les  appartements. 
Nous  terminerons  cet  article  par  une  ob- 
servation qui  se  rapporte  à  tous  les  animaux 
sujets  à  l'engourdissement  hibernal.  Quel 
que  soit  le  froid  qu'ils  aient  à  supporter 
quand  ils  sont  sortis  de  leur  état  normal , 
soit  par  la  maladie,  soit  par  un  simple 
changement  d'habitude,  comme,  par  exem- 
ple, l'esclavage,  ils  peuvent  mourir  gelés, 
mais  ils  ne  s'engourdissent  pas.  Il  en  résulte 
que,  lorsque  l'hiver  est  très  rigoureux  et  le 
froid  excessif,  les  animaux  engourdis  se  ré- 
veillent, souffrent  beaucoup  et  finissent  par 
mourir  gelés  si  la  température  ne  change 
pas  après  un  certain  temps.  Les  Marmottes 
courent  rarement  cette  funeste  cha:ice, 
parce  que  leur  trou  est  si  profond  et  si  bien 
bouché  que  la  température  se  soutient  tou- 
jours à  quelques  degrés  au-dessus  de  zéro. 
Sous  les  tropiques,  les  excessives  chaleurs 
de  l'été  produisent  un  effet  semblable  : 
beaucoup  d'animaux  ,  les  caïmans  surtout 
et  la  plupart  des  autres  reptiles,  qui,  dans 
les  pays  plus  tempérés,  ne  s'engourdissent 
que  l'hiver,  tombent  en  léthargie  en  été, 
pendant  la  saison  sèche,  et  ne  se  réveillent 
que  lorsque  la  saison  des  pluies  vient  ra- 
fraîchir la  terre  et  l'atmosphère.  Dans  les 
enviions  de  Mexico ,  c'est  en  été  que  l'on 
va  chercher,  dans  les  vases  des  lacs  et  des 
marais  desséchés  par  l'ardeur  du  soleil,  les 
crocodiles,  donton  tire,  depuis  peu  d'années, 
une  quantité  d'huile  considérable.  On  les 


trouve  au  moyen  d'une  tige  de  fer  de  5  à 
6  pieds  de  longueur,  dont  on  sonde  la  terre 
dans  les  endroits  où  l'on  soupçonne  qu'ils 
peuvent  s'être  enfouis. 

2.  Le  Bobac  ou  Bobak  (Arclomys  bobac 
Gmel.;  la  Marmotte  de  Pologne  des  voya- 
geurs). 11  est  de  la  même  grandeur  que  la 
précédente;  son  pelage  est  d'un  gris  jau- 
nâtre, entremêlé  de  poils  bruns  en  dessus, 
roux  en  dessous;  il  a  quelques  teintes  rous- 
ses vers  la  tête;  la  queue  et  la  gorge  sont 
roussâtres  ;  le  tour  des  yeux  est  brun  et  le 
bout  du  museau  est  d'un  gris  argenté. 

Cette  espèce  habite  non  seulement  la  par- 
lie  septentrionale  de  l'Europe  ,  mais  encore 
le  nord  de  l'Asie,  jusqu'au  Kamtschatka; 
elle  n'est  pas  rare  en  Pologne,  mais  il  paraît 
qu'elle  ne  descend  guère  au-dessous  de  cette 
latitude.  Ses  mœurs  sont  absolument  sem- 
blables à  celles  de  notre  Marmotte  des  Al- 
pes ;  mais  comme  elle  vit  dans  des  pays 
beaucoup  plus  froids,  elle  ne  creuse  son 
habitation  que  sur  le  penchant  des  collines 
peu  élevées,  à  l'exposition  du  midi. 

3.  Le  Monax  {Arctomys  monax  G  ml.,  Cu- 
niculus  bahamensis  Catesb.  ,  la  Marmotte 
du  Canada  ou  le  Monax,  Buff.;  le  Siffleur 
de  quelques  voyageurs).  Il  a  14  ou  15  pou- 
ces (0m,379  à  406)  de  longueur,  non  com- 
pris la  queue.  Il  est  brun  en  dessus,  plus 
pâle  en  dessous  et  sur  les  côtés  ;  le  museau 
est  d'un  gris  bleuâtre  et  noirâtre  ;  les  oreilles 
sont  arrondies,  les  ongles  longs  et  aigus; 
la  queue,  longue  comme  la  moitié  du  corps, 
est  couverte  de  poils  noirâtres.  Cet  animal 
habite  toute  la  partie  septentrionale  de  l'A- 
mérique et  particulièrement  l'intérieur  des 
États-Unis.  Il  se  plaît  dans  les  rochers  et  a 
les  mêmes  habitudes  que  notre  Marmotte. 

4.  La  Marmotte  de  Québec  (  Arctomys  em- 
pêtra Gml.,  Mus  empêtra  Pall.,  la  Mar- 
motte du  Canada  de  VEncyclop.  mélhod., 
mais  non  de  Buffon  ,  Y  Arctomys  melanopus 
deKuhl?).  Elle  est  d'un  brun  noirâtre  pi- 
queté de  brun  en  dessus  ,  d'un  roux  ferru- 
gineux en  dessous;  le  dessous  de  la  tête  es* 
d'un  brun  uniforme,  passant  au  bru»!  <uu- 
geâtre  sur  l'occiput;  les  joues  et  le  menton 
sont  d'un  blanc  grisâtre  sale;  la  poitrine  et 
les  pattes  de  devant  d'un  roux  vif;  la  queue 
est  courte,  noirâtre  au  bout.  Elle  habite 
particulièrement  le  Canada  et  les  environs 
de  la  baie  d'Iludson. 


785 


MAR 


MAR 


5.  On  signale  encore  comme  espèce  appar- 
tenant au  genre  Marmotte,  Y  Arctomys  cali- 
gata  Eschsch.,  qui  se  trouve  aux  environs 
de  la  baie  de  Bristol. 

Comme  on  le  voit ,  l'Asie  possède  1  Mar- 
motte, l'Europe  2,  et  l'Amérique  4;  mais  si 
on  s'en  rapportait  à  Harlan  ,  cette  partie  du 
globe  en  aurait  1 1  bien  caractérisées.  Les  na- 
turalistes modernes  se  sont  emparés  de  ces 
espèces ,  fort  bien  décrites ,  pour  satisfaire 
à  leur  goût  de  création  de  nouveaux  genres. 
Ainsi  donc,  VArct omys  rufa  Harl.  est  de- 
venue VAplodontia  leporina  Rich.  ;  Y  Arc-' 
tomys  brachiurus  Harl.  est  le  Lipura  hud~ 
sonica  Rich.  ;  YArctomys  latrans  Harl.  est 
un  Cynomys  socialis  ou  griseus  Raf.  ;  les 
Arctomys  alpina  Parry,  Hoodii  Sabine, 
Pruinosa  Gml.,  etc.,  sont  autant  de  Sper- 
mophilus.  Les  Arctomys  citillus  Pall.  ,  le 
Zizel  ou  Souslick Buff.,  etc.,  sont  devenus 
des  Citillus.  Voyez  tous  ces  nouveaux  noms 
de  genre.  (Boitard.) 

MARNAT,  moll.  —Nom  donné  par  Adan- 
son  (Voyage  au  Sénégal)  à  une  coquille  du 
g.  Turbo,  le  Turbo  pundtatus  Linn. 

*MARNAX,  Casteln.  ins.  —  Syn.  de  Me- 
topias,  Gory.  (G.) 

MARNE,  géol.— C'est  ainsi  qu'on  appelle 
une  Toche  composée  de  calcaire  et  d'argile 
avec  ou  sans  sable,  dans  des  proportions  très 
variables.  Lorsque  le  calcaire  y  domine,  elle 
prend  le  nom  de  Marne  calcaire;  si  c'est 
l'argile,  elle  reçoit  celui  de  Marne  argileuse. 
Enfin  celle  où  le  sable  est  très  abondant 
s'appelle  Marne  sablonneuse.  Quel  que  soit 
le  mélange ,  la  Marne  fait  toujours  efferves- 
cence dans  les  acides  :  en  cela  elle  est  facile 
à  distinguer  de  l'argile  ,  dont  elle  a  d'ail- 
leurs les  caractères  extérieurs. 

Cette  roche  est  extrêmement  commune 
dans  la  nature  ;  elle  se  trouve  à  peu  près 
dans  tous  les  étages  des  terrains  secondaires. 
Partout  elle  forme  des  lits  ou  des  bancs 
d'une  épaisseur  plus  ou  moins  grande,  al- 
ternant fréquemment  avec  des  calcaires  et 
des  argiles.  C'est  par  leur  couleur,  leur 
texture  et  les  substances  minérales  qu'elles 
renferment  qu'on  distingue  les  diverses  va- 
riétés de  Marnes.  Leurs  couleurs  sont  très 
variées:  le  jaune,  le  vert,  le  brun,  le  rouge, 
le  gris ,  qui  forment  leurs  principales  nuan- 
ces, sont  dus  aux  oxydes  de  fer  et  de  man- 
ganèse. Il  y  en  a  aussi  qui  sont  tout-à-fait 


blanches.  Leur  texture  est  tantôt  compacte, 
tantôt  feuilletée  et  terreuse.  Parmi  les  sub- 
stances minérales  qu'elles  renferment,  on 
cite  le  mica,  l'oxyde  de  manganèse,  le  quartz 
ou  silex,  lamagnésite,  etc. 

Les  Marnes  sont  quelquefois  riches  en 
débris  organiques  fossiles  :  ainsi  celles  des 
environs  d'Aix  en  Provence  contiennent 
une  grande  quantité  d'insectes  et  de  pois- 
sons; celles  des  environs  de  Paris  renfer- 
ment, soit  qu'elles  appartiennent  à  une 
formation  marine  ou  à  une  formation  la- 
custre ,  des  coquilles  de  mer  et  d'étangs, 
ainsi  que  des  empreintes  de  végétaux. 

Les  Marnes  éprouvent  quelquefois,  en  se 
desséchant,  un  retrait  qui  affecte  des  formes 
plus  ou  moins  régulières.  Dans  les  Marnes 
supérieures  et  inférieures  au  gypse,  on  trouve 
souvent,  en  frappant  un  morceau  de  Marne, 
que  son  intérieur  se  compose  de  la  réunion 
de  six  pyramides  à  quatre  faces  striées  pro- 
fondément d'une  manière  régulière  parallè- 
lement à  la  base  et  dontle  sommet  est  tron- 
qué. Ces  pyramides,  réunies  vers  leur  som- 
met, présentent  une  sorte  de  cube,  dont 
chaque  face  est  la  base  même  de  la  pyra- 
mide. On  a  fait  beaucoup  de  suppositions 
pour  expliquer  ce  singulier  effet  de  retrait 
dans  les  Marnes ,  mais  aucune  théorie  bien 
satisfaisante  n'a  complètement  résolu  la 
question. 

La  Marne  argileuse,  se  délayant  dans 
l'eau  et  faisant  pâte  avec  celle-ci ,  est  em- 
ployée aux  mêmes  usages  que  l'argile  plas- 
tique :  elle  entre  dans  la  fabrication  des  po- 
teries. La  Marne  verte  qui  recouvre  les 
gypses  des  environs  de  Paris,  et  qui  sou- 
vent représente  à  elle  seule  la  formation 
gypseuse,  sert  à  fabriquer  des  tuiles,  des 
briques,  etc.  La  Marne  verdâtre,  d'un  gris 
marbré,  que  l'on  trouve  entre  les  couches 
de  la  seconde  masse  de  gypse  à  Montmartre, 
se  vend  à  Paris  comme  pierre  à  détacher. 
On  a  cherché  dans  quelques  localités  à  tirer 
partie  de  la  Marne  en  l'exploitant  pour  le 
fer  qu'elle  contient ,  mais  les  tentatives  ont 
été  sans  succès. 

L'usage  le  plus  important  des  Marnes  est 
celui  destiné  à  l'amendement  des  terres. 
Dans  les  environs  de  Paris,  c'est  surtout  la 
Marne  calcaire,  friable,  que  l'on  exploite  au 
moyen  de  puits  dans  toute  l'étendue  du 
plateau  de  Trappes,  qui  est  la  plus  recher- 


MAR 

chée  par  les  agriculteurs,  parce  qu'elle 
offre  l'avantage  de  se  déliter  facilement  et 
de  se  réduire  en  poudre  peu  de  temps  après 
son  exposition  à  l'air. 

Le  besoin  de  marner  les  terres  se  fait 
sentir  sur  tous  les  points  de  la  France.  Des 
prix  considérables  sont  proposés  tous  les 
ans  dans  plusieurs  départements  pour  ce 
grand  perfectionnement  de  l'agriculture 
qui  produit  les  plus  féconds  résultats.  Les 
agronomes  ont  enfin  senti  qu'il  ne  suffisait 
pas  de  fumer  les  terres ,  souvent  à  grands 
frais,  mais  qu'il  fallait  aussi  les  remanier  et 
les  marnerpour  les  rendre  plus  productibles. 
Comme  il  y  a  des  Marnes  argileuses ,  des 
Marnes  calcaires  et  des  Marnes  sablonneuses, 
suivant  la  combinaison  de  leurs  éléments 
primitifs,  il  en  résulte  qu'en  choisissant  con- 
venablement les  Marnes  ,  selon  les  besoins 
des  terres  que  l'on  veut  améliorer,  on 
peut  donner  de  l'argile  aux  terres  qui  en  sont 
dépourvues,  des  sables  à  celles  qui  en  récla- 
ment, et  du  calcaire  à  celles  qui  en  man- 
quent. Quiconque  parcourt  la  France  est 
frappé  de  la  stérilité  que  présentent 
plusieurs  parties  incultes  de  son  territoire; 
on  dirait  comme  des  taches  hideuses  dissé- 
minées sur  un  corps  vigoureux  et  bien  con- 
stitué. Cette  infertilité  n'est  plus  un  mys- 
tère ,  le  remède  est  découvert.  Comme  tous 
ceux  de  la  nature,  il  est  à  côté  du  mal.  Le 
géologue  le  découvre  tantôt  sous  le  sol , 
tantôt  à  côté  :  ce  sont  d'abondants  gisements 
de  Marnes  et  d'autres  matières  minérales 
dont  le  mélange  avec  la  surface  des  terrains 
improductifs  suffit  pour  leur  donner  une 
grande  fécondité.  Il  est  évident  que  cer- 
tains amendements  sont  susceptibles  d'être 
modifiés  selon  les  localités;  quelquefois 
même  ils  deviennent  impraticables,  parce 
que  les  frais  qu'ils  occasionneraient  dépas- 
seraient de  beaucoup  le  produit  qu'ils  pour- 
raient donner.  Toutefois  il  est  bien  reconnu 
aujourd'hui  que  l'agriculture,  en  opérant 
de  grands  mélanges  et  maniements  de  terre, 
a  déjà  obtenu  les  plus  beaux  résultats.  Es- 
pérons que  la  France,  en  se  couvrant  de 
chemins  de  fer,  profitera  de  ce  puissant 
moyen  de  transport  pour  faire  disparaître 
de  son  sol  l'infertilité  de  quelques  contrées 
qui  la  déparent.  (C.  d'O.) 

*M  ARNOLITE  ou  MARNE  ENDURCIE 
GtoL.  —  Nom  donné  par  M.  Cordier  à  une 


MAR 


:S3 


espèce  de  roche  analogue  à  la  Marne  or- 
dinaire, mais  contenant  plus  de  calcaire. 
On  pourrait  la  confondre  avec  le  calcaire, 
si  elle  ne  s'en  distinguait  par  les  traces  d'ar- 
gile qu'elle  donne  lorsqu'on  la  plonge  da::s 
l'acide.  Cette  roche  est  quelquefois  assez 
dure  pour  être  employée  comme  pierre  de 
taille.  Sa  cassure  est  mate,  terne,  terreuse  ; 
elle  doit  ses  teintes  à  la  houille,  au  lignite, 
à  l'hydrate  de  fer.  La  Marnolite  est  très  re- 
cherchée par  les  agriculteurs  pour  le  mar- 
nage  des  terres.  On  la  trouve  dans  les  ter- 
rains des  périodes  phylladienne ,  salino- 
magnésienne  et  dans  les  terrains  plus  ré- 
cents. (C.  d'O.) 

MAROUETTE.  ois.— Espèce  du  g.  Râle. 
Voy.  ce  mot.  (Z.  G.) 

*MARPHYSA.  annél.  —  M.  Savigny  a 
créé  sous  ce  nom  un  petit  groupe  d'Annéli- 
des ,  de  la  famille  des  Néréides  ,  démembré 
du  genre  Néréidonte.  L'espèce  type  est  le 
Nereidontis  sanguinea  Montagu  (Transact. 
linn.,  t.  II,  tab.  3,  f.  1),  Leodice  opalina 
Savigny,  qui  habite  l'Océan.  (E.  D.) 

*  MARPUTIUS.  mam.  —  Un  petit  groupe 
de  Carnassiers  Mustéliens  est  désigné  sous 
ce  nom  par  M.  Gray  (  Mag.  h.  n.  ,  nouv. 
série).  (E.  D.) 

MARQUISE,  bot.  ph.  —  Nom  vulgaire 
d'une  variété  de  Poire. 

MARRON,  bot.  ph.  —  Fruit  du  Marron- 
nier. Voy.  ce  mot. 

MARRONNIER  DINDE,  bot.  ph.  — 
C'est  le  nom  sous  lequel  on  désigne  habi- 
tuellement VJEsculus  hippocaslanum  Lin., 
ce  bel  arbre  qui  fait  aujourd'hui  l'orne- 
ment de  nos  promenades  et  de  nos  parcs.  Le 
genre  JEsculus  ayant  été  déjà ,  dans  cet  ou- 
vrage, l'objet  d'un  article  dans  lequel  ses 
caractères  ont  été  exposés ,  nous  nous  con- 
tenterons de  donner  ici  quelques  détails 
indispensables  sur  celte  espèce  si  intéres- 
sante. 

Le  Marronnier  d'Inde  ,  aujourd'hui  si  ré- 
pandu dans  presque  toute  l'Europe,  est  re- 
gardé comme  originaire  des  montagnes  si- 
tuées dans  le  nord  de  l'Inde;  cependant,  le 
point  précis  où  il  croît  spontanément  n'est 
pas  déterminé  avec  toute  la  rigueur  dési- 
rable ,  et  quelques  doutes  ont  pu  même  être 
élevés  à  cet  égard;  ainsi,  le  docteur  Royle 
ne  l'a  jamais  rencontré  dans  ces  mêmes 
montagnes  sur  lesquelles  viennent  en  quel- 


784 


MAR 


MAR 


que  sorte  s'appuyer  les  deux  presqu'îles 
indienDes,  dans  les  lieux  où  le  Pavia  est  ex- 
trêmement abondant.  Frappé  de  cette  par- 
ticularité, et  se  fondant  sur  l'extrême  ana- 
logie de  VjEscuIus  hippocastanum  avec  celui 
<ie  l'Ohio,  Loudon  a  pensé  que  cet  arbre 
pourrait  bien  appartenir  au  nouveau  conti- 
nent en  même  temps  qu'à  l'ancien.  Quoi 
qu'il  en  soit  relativement  à  la  patrie  du 
Marronnier  d'Inde,  ce  bel  arbre  n'est  ar- 
rivé d'Asie  en  Europe  que  vers  la  fin  du 
1 6e  siècle.  D'après  Clusius,  c'était  encore 
une  rareté  botanique  en  1581  ;  il  en  exis- 
tait alors  un  pied  à  Venise,  mais  il  n'avait 
pas  encore  fleuri.  Vers  la  même  époque ,  il 
avait  été  introduit  en  Angleterre;  mais, 
d'après  Gérard ,  il  y  était  regardé  comme 
un  arbre  étranger  fort  rare.  Son  introduc- 
tion en  France  porte  ane  date  plus  précise, 
mais  postérieure;  ce  fut  en  effet  en  1615 
que  Bachelier,  qui  possédait  une  belle  col- 
lection de  plantes  vivantes,  le  rapporta  de 
Gonstantinople.  Le  premier  pied  en  fut 
planté,  à  Paris,  dans  une  des  cours  de  l'hô- 
tel Soubise ,  au  Marais ,  où  il  existait  en- 
core à  la  date  de  quelques  années;  un  peu 
plus  tard,  en  1650,  on  en  planta  au  Jar- 
din du  Roi  un  autre  pied  qui  mourut  en 
1767,  et  sur  lequel  on  a  pris  une  tranche 
qui  est  conservée  dans  la  collection  de  bois 
du  Muséum.  On  sait  de  quelle  nombreuse 
postérité  ces  deux  pieds  ont  été  la  source. 

Le  Marronnier  d'Inde  est  un  arbre  de  très 
haute  taille,  dont  le  tronc  est  droit ,  dont 
la  cime  est  conique.  Ses  bourgeons  sont  très 
gros ,  et  les  écailles  de  leur  pérule  sont  char- 
gées ,  à  l'intérieur,  d'un  duvet  épais, 
tandis  que  celles  de  l'extérieur  sont  enduites 
d'une  matière  glutineuse  abondante;  l'abri 
parfait  qui  en  résulte  autour  des  jeunes 
pousses  leur  permet  de  résister  même  au 
froid  de  la  Suède.  En  sortant  de  ces  bour- 
geons, les  feuilles  portent  un  duvet  qu'elles 
ne  tardent  pas  à  perdre,  et  dont  la  chute  a 
lieu  plus  tôt  ou  plus  tard,  selon  que  le 
temps  est  plus  ou  moins  sec  ;  ces  feuilles 
sont  grandes,  digilées,  à  7  folioles  en  coin 
à  leur  base ,  élargies  à  leur  partie  supé- 
rieure, aiguës  au  sommet,  dentées  à  leur 
bord;  elles  se  développent,  ainsi  que  les 
jeunes  branches  qui  les  portent,  avec  une 
rapidité  remarquable.  Les  fleurs  se  mon- 
trent à  la  fin  d'avril  et  en  mai;  elles  sont 


blanches ,  avec  des  taches  rouges.  Tout  le 
monde  connaît  les  magnifiques  thyrses 
qu'elles  forment;  elles  ont  5  pétales  et  7 
étamines  déjetées  vers,  le  bas  et  redressées 
à  leur  extrémité.  Parmi  les  6  ovules  que 
renferment  les  trois  loges  de  leur  ovaire  ,  un 
certain  nombre  avorte  constamment;  de 
telle  sorte  que  le  fruit  qui  leur  succède  ne 
présente  plus  que  2-4  graines  très  grosses, 
marquées  d'un  hile  très  large ,  plus  pâle 
que  le  reste  du  test  qui  est  brun  et  luisant. 
L'élégance  du  port  du  Marronnier  d'Inde, 
la  beauté  de  son  feuillage,  et  l'abondance 
de  ses  fleurs ,  en  font  le  plus  magnifique  or- 
nement des  allées  et  des  grands  jardins.  Son 
bois  est  blanc,  mou,  et  cependant  suscep- 
tible de  recevoir  un  assez  beau  poli;  mais  il 
résiste  peu  à  1  action  de  l'air,  ce  qui  ne 
permet  guère  de  l'employer  autrement  que 
comme  bois  de  chauffage  et  pour  quelques 
ouvrages  de  menuiserie  commune  :  il  est 
aussi  utilisé  pour  le  tour;  son  charbon  peut 
servir  à  la  fabrication  de  la  poudre.  D'après 
Loudon ,  il  pèse  60  livres  4  onces  par  pied 
(anglais)  cube,  lorsqu'il  est  frais;  et  seule- 
ment 35  liv.  7  onces  lorsqu'il  est  sec.  L'é- 
corce  de  cet  arbre  est  très  amère  ;  elle  ren- 
ferme une  substance  alcaline  particulière 
qui  a  été  découverte  par  Lœseke ,  et  qui  a 
reçu  le  nom  tfEsculine  (C8  H»  Os).  Cette 
écorce  est  utilisée  pour  le  tannage  et  pour 
la  teinture  en  jaune  ;  mais  c'est  surtout  sous 
le  rapport  de  ses  propriétés  médicinales 
qu'elle  a  fixé  l'attention  et  qu'elle  a  été 
l'objet  de  nombreuses  expériences.  Déjà,  dès 
1720,  Bon  crut  reconnaître  en  elle  des  pro- 
priétés vermifuges  très  prononcées ,  et  il  en 
fit  l'objet  d'une  note  qui  existe  à  cette  date 
parmi  les  Mémoires  de  l'Académie  dis  scien- 
ces de  Paris.  Depuis  cette  époque ,  plusieurs 
médecins  préconisèrent  hautement  sa  vertu 
fébrifuge  qui  leur  paraissait  assez  dévelop- 
pée pour  qu'elle  pût  constituer  un  nouvel 
agent  thérapeutique  rival  du  quinquina. 
Néanmoins  cette  dernière  substance  étant 
d'un  prix  peu  élevé  et  d'un  effet  assuré , 
l'écorce  du  Marronnier  n'avait  encore  que 
peu  d'importance  pratique;  mais  pendant  le 
blocus  continental,  l'attention  se  porta  sur 
elle  plus  que  jamais,  par  suite  de  la  rareté 
du  quinquina;  et  de  nombreux  essais  furent 
tentés  et  suivis  avec  soin  à  Paris,  à  Or- 
léans, etc.  Le  résultat  définitif  auquel  ils 


MAR 


MA  II 


:85 


conduisirent,  fut  que  cette  substance  est  en 
efTet  fébrifuge ,  mais  à  un  degré  assez  peu 
prononcé  pour  qu'elle  ne  puisse,  dans  au- 
cun cas ,  être  comparée  au  quinquina.  Au 
reste ,  lorsqu'on  veut  employer  cette  écorce 
en  médecine,  on  l'enlève,  au  printemps, 
sur  les  branches  jeunes;  on  la  dépouille  de 
son  épiderme  ;  on  la  fait  sécher  avec  soin  ; 
après  quoi  on  l'administre  soit  en  poudre, 
soit,  et  avec  moins  d'avantage  ,  en  décoc- 
tion ou  en  extrait. 

On  a  cherché  dans  bien  des  circonstances 
à  tirer  parti  des  graines  du  Marronnier,  que 
leur  grosseur  et  leur  abondance  pourraient 
rendre  très  avantageuses.  Elles  renferment 
en  effet  une  grande  quantité  de  fécule  ;  mais 
malheureusement  leur  amertume  extrême- 
ment prononcée  a  mis  presque  toujours  ob- 
stacle à  leur  emploi.  En  Turquie,  on  les 
broie ,  et  on  en  fait  manger  la  farine  aux 
chevaux  en  la  mêlant  à  leur  nourriture  ha- 
bituelle ;  de  là  est  même  venu  le  nom  d'i/ip- 
pocastanum  ((imo<; ,  cheval  ;  x^ravov ,  châ- 
taigne), dont  la  traduction  est  habituelle- 
ment employée  dans  le  langage  populaire  de 
"nos  départements  méditerranéens  :  certains 
animaux  les  mangent  en  nature,  comme  les 
Chèvres,  les  Moutons  et  les  Daims.  Mais 
l'objet  le  plus  important  consisterait  à  les 
rendre  propres  à  la  nourriture  de  l'homme. 
Parmentier  avait  dit  que  la  macération  dans 
une  eau  alcaline  les  dépouillerait  de  leur 
amertume,  et  qu'après  cette  préparation 
leur  fécule  donnerait  un  pain  passable. 
M.  Mérat  a  fait  des  essais  à  ce  sujet,  et  il 
a  vu  qu'il  est  très  facile  d'opérer  cette  épu- 
ration,  et  qu'il  en  résulte  alors  une  fécule 
qui  l'emporte,  dit-il,  même  sur  celle  de  la 
Pomme  de  terre.  Cependant,  jusqu'à  ce 
jour,  ces  essais  n'ont  pas  amené  de  résultats 
positifs.  En  Irlande,  on  fait  servir  les  grai- 
nes de  Marronnier  au  blanchissage  du  linge  ; 
pour  cela,  on  les  râpe  et  on  en  laisse  en- 
suite macérer  la  poudre  dans  l'eau  pendant 
quelque  temps.  On  dit  encore  qu'un  tiers 
de  farine  de  Marronnier,  introduit  dans  la 
colle  de  pâte,  lui  donne  beaucoup  de  force. 
Enfin ,  les  usages  médicinaux  de  cette  même 
farine  sont  presque  nuls;  on  se  borne  à 
l'employer  quelquefois  comme  sternuta- 
toire.  (P.  D.) 

MARRUBE.  Marrubium  (nom  dérivé  de 
celui  d'une  ville  d'Italie),  bot.  ru.  — Genre 

T.  VII. 


de  la  famille  des  Labiées ,  de  la  didynamic 
gymnospermie ,  dans  le  système  sexuel  de 
Linné.  11  se  compose  de  plantes  vivaecs , 
qui  croissent  naturellement  dans  les  parties 
moyennes  de  l'Europe,  dans  la  région  médi- 
terranéenne, et  dans  l'Asie  tempérée.  La 
plupart  d'entre  elles  sont  revêtues  d'une 
grande  quantité  de  poils  qui  les  rendent  co- 
tonneuses ou  laineuses;  leurs  feuilles  sont' 
opposées,  rugueuses,  souvent  incisées.  Les' 
fleurs  de  ces  plantes  sont  réunies  en  faux 
verticilles  multiflores,  à  l'aisselle  de  feuilles 
florales  semblables  à  celles  que  porte  le  reste 
de  la  tige;  elles  sont,  de  plus,  accompagnées 
de  petites  bractées  plus  courtes  que  le  ca- 
lice; elles  présentent  l'organisation  sui- 
vante :  Un  calice  tubuleux,  marqué  de  5-10 
nervures,  terminé  par  5-10  dents  aiguës, 
égales  entre  elles  ;  une  corolle  bilabiée,  dont 
la  lèvre  supérieure  est  dressée ,  étroite , 
entière  ou  bifide,  dont  l'inférieure  est  étalée, 
divisée  en  trois  lobes ,  le  médian  plus  large 
et  échancré;  4  étamines  qui  ne  dépassent 
pas  le  tube  de  la  corolle;  un  style  divisé  à 
son  sommet  en  deux  branches  courtes  et 
obtuses. 

M.  Bentham  a  partagé  les  Marrubes  en 
deux  sous-genres,  dont  le  premier  (Lagopsis) 
renferme  ceux  qui  ont  la  lèvre  supérieure 
entière  et  les  feuilles  incisées-pinnatiGdes, 
dont  le  second  (Marrubium)  comprend  ceux 
qui  ont  la  lèvre  supérieure  échancrée  ou  bi- 
fide, et  dont  les  feuilles  sont  le  plus  souvent 
crénelées.  C'est  à  ce  dernier  sous -genre 
qu'appartient  la  seule  espèce  dont  nous 
ayons  à  nous  occuper  ici ,  le  Marrdbe  com- 
mun, Marrubium  vulgare  Lin.,  le  Marrube 
blanc  des  officines.  C'est  une  plante  com- 
mune le  long  des  chemins ,  parmi  les  décom- 
bres, dans  les  lieux  incultes,  etc.,  dont  la 
tige  est  droite,  tcftragone,  très  velue  et  co- 
tonneuse dans  sa  partie  supérieure  ;  dont  les 
feuilles  sont  ovales,  presque  arrondies,  ru- 
gueuses, crénelées.  Ses  fleurs  sont  petites  , 
blanches,  nombreuses  à  chaque  faux  ver- 
ticillc;  leur  calice  présente  à  son  bord  dix 
dents  très  étroites,  recourbées.  Toute  la 
plante  a  une  odeur  forte  ,  aromatique  et 
comme  musquée,  assez  désagréable,  une  sa- 
veur amère  ,  chaude  et  un  peu  acre  ;  elje 
renferme  une  huile  essentielle,  un  principe 
amer,  et,  à  ce  qu'il  paraît ,  de  l'acide  galli- 
que.  Elle  agit  comme  un  stimulant  très  utile 

99 


*?8S 


3YIAR 


INJAR 


à  !a  fin  des  catarrhes  ci.  des  péripneumo- 
nies;  elle  facilite  l'expectoration,  ce  qui 
la  l'ait  employer  assez  fréquemment.  Elle 
exerce  aussi  une  action  tonique  et  excitante 
sur  l'utérus,  ce  qui  détermine  son  usage 
dans  le  traitement  des  affections  qui  se  rat- 
tachent à  cet  organe.  Enfin,  on  l'a  conseillée 
également  comme  stomachique,  et  autrefois 
elle  était  très  estimée  comme  diaphoni- 
que et  désobstruant.  On  mêle  souvent  le 
Marrube  à  la  Ballote  fétide,  à  laquelle  on 
donne  vulgairement  le  nom  de  Marrube 
noir,  quoique  les  propriétés  de  l'une  et  l'au- 
tre diffèrent  sous  certains  rapports.    (P.  D.) 

MARS  ,  PETIT  MARS  CHANGEANT, 
PETIT  MARS  ORANGÉ,  ins.— Noms  vul- 
gaires d'une  espèce  de  Lépidoptère,  le  Nym- 
phalis  ilia. 

MARS  CHANGEANT,  ins.  — Nom  vul- 
gaire du  Nymphalis  iris. 

MARSANA  ,  Sonn.  bot.  ph.  —  Syn.  de 
Murraya,  Kœnig. 

MARSGIIALLIA  (nom  propre),  bot.  ph. 

—  Genre  de  la  famille  des  Composées-Séné- 
cionidées,  établi  parSchreber(Gen.  n.  1762). 
Herbes  de  l'Amérique  boréale.  Voy.  compo- 
sées. 

MARSDENIA  (nom  propre),  bot.  ph.  — 
Genre  de  la  famille  des  Asclépiadées-Pergu- 
lariées  ,  établi  par  R.  Brown  (  in  Mem. 
Werner.  Soc.,  I,  29).  Sous-arbrisseaux  de 
l'Inde  et  de  la  Nouvelle-Hollande.  Voy.  as- 

CLÉPIADÉES. 

MARSILEA.  bot.  cr.  —  Genre  de  la  fa- 
mille des  Marsiléacées ,  établi  par  Linné 
(Gcn.,n.  1134  ).  Herbes  vivaces,  croissant 
dans  les  eaux  stagnantes  sous  tous  les  cli- 
mats. Voy.  MARSILÉACÉES. 

MARSILÉACÉES.  Marsileaceœ.  bot.  cr. 

—  On  a  longtemps  désigné  sous  ce  nom, 
eu  sous  ceux  de  Rhizocarpées  ,  Rhizos- 
permées  ou  Hydroptéridées ,  une  famille  de 
plantes  cryptogames,  qui,  malgré  le  petit 
nombre  des  plantes  qu'elle  comprenait,  of- 
frait cependant  deux  types  bien  distincts  : 
types  qui  ont  été  élevés  au  rang  de  familles 
distinctes  sous  les  noms  de  Marsiléacées  et 
de  Salviniées  ;  nous  ne  nous  occuperons  ici 
que  des  Marsiléacées  ainsi  limitées,  compre- 
nant seulement  les  deux  genres  Marsilea  et 
Pilula,  ia. 

Ce  sont  de  petites  plantes ,  dont  les  tiges 
rampent  au  fond  des  eaux  peu  profondes , 


produisant  en  même  temps  des  racines  ad- 
ventives  et  des  feuilles  dressées ,  réduites  à 
un  simple  filet  cylindrique  et  filiforme  dans 
la  Pilulaire,  où  elles  ne  sont  probablement 
formées  que  par  un  pétiole  dépourvu  de 
limbe,  portant  au  contraire,  dans  les  Mar- 
silea, deux  paires  de  folioles  disposées  en 
croix ,  flottant  à  la  surface  de  l'eau  ,  ou  s'é- 
Ievant  hors  de  ce  liquide.  Ces  folioles  cu- 
néiformes, entières ,  ou  lobées  au  sommet, 
sont  parcourues  par  des  nervures  fines  et 
dichotomes ,  analogues  à  celles  de  certaines 
Fougères ,  telles  que  les  Adiantum.  Dans 
leur  jeunesse,  les  feuilles  et  leur  pétiole 
sont  enroulés  en  crosse;  ce  caractère  et 
celui  de  la  nervation  établissent  dans  ces  or- 
ganes beaucoup  d'analogie  entre  les  Marsi- 
léacées et  les  Fougères.  Ces  feuilles  présen- 
tent un  autre  caractère  remarquable,  qui 
n'avait  pas  encore  été  signalé  parmi  les  Cryp- 
togames ,  et  qui  a  été  observé  en  premier 
par  M.  Bory  de  Saint-Vincent  ;  c'est  la  fa- 
culté que  possèdent  les  folioles  de  se  relever 
et  de  s'appliquer  par  paires  l'une  contre 
l'autre  pendant  la  nuit,  comme  celles  de 
certaines  Légumineuses  dans  lesquelles  le 
phénomène  du  sommeil  de  ces  organes  est 
le  plus  prononcé. 

Les  organes  de  la  reproduction  sont  con- 
tenus dans  des  conceptacles,  sphériques  dans 
la  Pilulaire,  comprimés  latéralement  dans 
les  Marsilea ,  portés  tantôt  sur  la  base  des 
pétioles  des  feuilles,  tantôt  sur  des  pédi- 
celles  propres,  qui  ne  sont  encore  proba- 
blement que  des  pétioles  raccourcis  et  à 
limbe  avorté.  Dans  quelques  Marsilea,  le 
même  pétiole  porte  deux  ou  même  plu- 
sieurs de  ces  conceptacles.  Leur  paroi  est 
épaisse ,  dure  et  coriace  ,  ou  crustacée  ;  dans 
la  Pilulaire,  elle  se  divise  en  quatre  val- 
ves, qui  correspondent  à  autant  de  loges 
distinctes ,  séparées  par  des  cloisons  mem- 
braneuses; dans  les  Marsilea,  les  concep- 
tacles ne  s'ouvrent  pas  régulièrement,  et 
sont  divisés  en  plusieurs  loges  disposées  des 
deux  côtés  d'une  cloison  principale ,  paral- 
lèle aux  surfaces  aplaties  de  ce  concep- 
tacle.  Chacune  de  ces  petites  loges ,  dans 
ces  deux  genres,  contient  deux  sortes  d'or- 
ganes fixés  sur  un  placenta  saillant;  les  uns, 
placés  dans  la  partie  inférieure  ,  sont  de  pe- 
tits sacs  ovoïdes,  formés  d'une  membrane 
très  ténue,  remplis  d'une  substance gélati- 


ÎMAR 


MAR 


787 


ncuse,  qui  se  gonfle  par  l'absorption  de 
l'eau  après  la  déhiscence  des  conceptacles  ; 
au  centre  se  trouve  un  corps  unique  ellip- 
tique, renflé  au  sommet,  formé  d'une  en- 
veloppe crustacée,  jaunâtre  et  lisse,  conte- 
nant dans  son  intérieur  une  cellule  très 
mince,  remplie  de  fécule  :  c'est  l'embryon 
qui  germe  et  se  développe  dans  l'eau ,  et  on 
ne  saurait  douter  que  ces  corps  sont  des  sémi- 
nules  analogues  à  celles  des  Fougères  ou  des 
Chara.  Les  autres  corps,  contenus  aussi  dans 
les  mêmes  loges  des  conceptacles,  mais  vers 
leur  partie  supérieure,  sont  des  sacs  mem- 
braneux,  claviformes ,  contenant  chacun, 
au  milieu  d'un  liquide  légèrement  gélati- 
neux, plusieurs  corps  sphériques  jaunâtres, 
qui  s'échappent  de  ces  sacs  par  la  rupture 
de  la  membrane  qui  les  forme,  après  l'ab- 
sorption de  l'eau.  Chacun  de  ces  corpus- 
cules sphériques  est  solide  ,  de  consistance 
grenue,  et  ressemble  assez  à  une  masse  de 
pollen  d'orchidée.  La  plupart  des  auteurs  les 
ont  considérés  comme  les  organes  mâles  de 
ces  plantes,  dont  l'action  fécondante  s'exer- 
cerait après  la  rupture  des  conceptacles,  dans 
l'eau  qui  contiendrait  les  séminules  mélan- 
gées avec  ces  corps  polliniques. 

La  germination  des  séminules  a  été  ob- 
servée, depuis  longtemps,  dans  la  Pilu- 
laire  ,  et  récemment  sur  le  Marsilea  pubes- 
cens  ou  Fabri ,  par  MM.  Dunal  et  Fabre; 
elle  rappelle  beaucoup,  au  premier  coup 
d'oeil ,  celle  de  certaines  Monocotylédones  ; 
mais  on  peut  encore  douter  si  la  première 
petite  écaille,  ou  feuille  rudimentaire,  existe 
avant  la  germination,  et  est  réellement  ana- 
logue à  un  cotylédon,  ou  si,  résultant  de 
l'acte  même  de  la  germination ,  elle  n'est 
pas  plus  analogue  aux  productions  foliacées 
des  Fougères.  Le  genre  Pitularia  ne  ren- 
ferme qu'une  seule  espèce ,  assez  commune 
en  Europe  ;  le  genre  Marsilea  comprend,  au 
contraire ,  de  nombreuses  espèces  répandues 
sur  tout  le  globe  et  particulièrement  dans  les 
régions  intertropicales,  dans  l'Inde,  l'A- 
frique et  l'Amérique. 

J'ai  rapproché  de  cette  famille  un  genre 
de  plantes  fossiles  des  terrains  houillers , 
les  Sphenophyllum ,  dont  les  feuilles,  verti- 
cillées  6  par  6  ,  ont  beaucoup  d'analogie, 
par  leur  forme  et  leur  nervation,  avec  celles 
des  folioles  des  Marsilea;  mais  la  différence 
d'origine  et  de  position  de  ces  feuilles  sim- 


ples établit  entre  ces  plantes  une  différence 
bien  tranchée;  et  tant  que  les  organes  re- 
producteurs de  ce  genre  détruit  de  l'ancien 
monde  ne  seront  pas  connus,  ses  rapports 
avec  les  végétaux  vivants  seront  très  dou- 
teux. (Ad.  Brongniart.) 

MARSOUIN,  mam.  —  Espèce  du  genre 
Dauphin.  Voy.  ce  mot.  (E.  D.) 

MARSOUINS  FOSSILES,    paléont.  — 

Voy.   DAUPHINS  FOSSILES. 

*MARSUPIA,  Dumort.  bot.  cr.  —  Syn. 
de  Sarcoscyphus ,  Cord. 

*MARSUPIALES.  acal.  —  Troisième 
tribu  des  Méduses  non  proboscidées  dans  la 
classification  de  M.  Lesson.  Ce  sont  des  Mé- 
duses sacciformes  ou  en  cloche,  ayant  de 
4  à  8  faux  bras  au  bord  de  l'ombrelle,  qui  a 
parfois  deux  replis  simplement  munis  d'émi- 
nences  papilleuses;  le  sac  stomacal  est  sim- 
ple, et  remplit  toute  la  cavité  interne,  ou 
bien  il  est  oblong  allongé,  et  frangé  à  son 
ouverture.  Il  n'y  a  ni  pédoncule,  nicirrhes, 
ni  ovaires  apparents.  Cette  tribu  comprend 
les  genres  Marsupialis,  Bursarius,  Mitra,  Eu- 
rybia,  CylœisyCampanellael  Scyphis.  (Duj.) 

MARSUPIALIS  (marsupium,  bourse). 
acal.  —  Genre  établi  par  M.  Lesson  ,  aux 
dépens  des  Carybdées ,  et  placé  même  par 
cet  auteur,  dans  une  tribu  distincte,  à  la- 
quelle ce  nouveau  genre  a  donné  son  nom. 
C'est  l'ancienne  Carybdée  marsupiale  des 
auteurs  qui  en  est  le  type,  sous  le  nom  de 
Marsupiale  de  Plancus  ,  et  M.  Lesson  rap- 
porte à  ce  genre  deux  autres  espèces  obser- 
vées par  M.  Reynaud  et  par  lui-même.  Ses 
caractères  sont  d'avoir  l'ombrelle  conique,  en 
forme  de  sac  allongé ,  terminé  à  son  bord 
ouvert  par4  fauxbras  renflés  ou  comprimés, 
comme  articulés  ou  terminés  par  un  petit 
point  globuleux.  Le  sac  stomacal  est  en  en- 
tonnoir, évasé  et  quadrilobé  dans  le  haut, 
rétréci  et  entouré  de  quatre  suçoirs  dans  le 
bas.  L'espèce  type  habite  la  Méditerranée. 
On  la  trouve  sur  les  côtes  de  Naples  et  d« 
Nice;  elle  est  large  de  4  centimètres,  pres- 
que diaphane.  (Duj.) 

MARSUPIAUX,  mam.— Nous  comprenons 
sous  ce  titre  les  Mammifères  auxquels  a  été 
spécialement  attribué  le  nom  de  Màhsuhàbx 
dans  les  diverses  méthodes,  et  ceux  qu'Ét. 
Geoffroy  a  désignés  sous  le  nom  de  M 
thèmes.  Ces  deux  groupes  constituent  en 
effet  un  ruéme  type,  dérivé  du  grand  typa 


MAR 


MAR 


Mammifère,  et  dont  nous  avons  essayé  de 
caractériser  les  représentants  par  le  nom  d\4- 
placentaires,  lorsque  nous  cherchions,  dans 
l'étude  des  phénomènes  génésiques  primitifs, 
l'indice  des  affinités  naturelles  des  Mammi- 
fères en  général.  Comme  nous  l'avons  indi- 
qué alors,  le  point  de  divergence  des  deux 
types  secondaires  de  la  classe  des  Mammifères 
parait  se  trouver  au  moment  où  l'allantoïde, 
couverte  d'arborisations  vasculaires,  porte 
ses  vaisseaux  ombilicaux  à  la  surface  ducho- 
rion,  pour  constituer  un  placenta  chez  les  uns, 
tandis  que,  chez  les  autres,  cette  même  vési- 
cule ne  paraît  pas  s'unir  avec  la  membrane  de 
l'œuf  pour  composer  un  organe  placentaire. 
La  distinction  des  types,  indiquée  par  cette 
différence  fondamentale,  devient  encore  plus 
marquée  à  mesure  que  l'animal  avance  dans 
son  développement  ;  des  caractères  spé- 
ciaux dont  le  point  de  départ,  et  en  quelque 
sorte  la  raison  se  trouve  dans  l'absence  de 
lien  organique  entre  la  mère  et  le  fœtus, 
appartiennent  en  propre  aux  Mammifères 
aplacentaires. 

En  effet,  la  petite  proportion  de  la  masse 
vitelline  contenue  dans  l'œuf,  et  l'impossi- 
bilité où  est  l'embryon  de  tirer  sa  nourriture 
des  vaisseaux  utérins  de  !a  mère,  sont  deux 
circonstances  qui  exigent  un  mode  de  nu- 
trition particulier  pour  la  complète  forma- 
tion du  jeune  ;  ce  mode  de  nutrition  est  celui 
que  les  mamelles  des  Mammifères  sont  des- 
tinées à  accomplir.  Seulement,  pour  les  Apla- 
centaires, après  la  nutrition  vitelline  et  une 
courte  nutrition  utérine  qu'effectuent  pro- 
bablement les  vaisseaux  de  la  vésicule  ombili- 
cale, cette  nutrition  mammaire  est  beaucoup 
plus  prolongée,  pour  fournir  à  l'embryon  le 
moyen  de  subvenir  aux  besoins  de  son  orga- 
nisation en  voie  de  développement.  Expulsé  de 
l'utérus  dans  un  état  d'imperfection  tel  qu'il 
ne  peut  saisir  et  quitter  la  mamelle,  comme 
le  fait  le  nouveau-né  des  Placentaires,  c'est 
greffé  en  quelque  manière  à  la  tétine  de  la 
mère,  que  l'embryon  des  Aplacentaires  subit 
cette  seconde  gestation,  et,  chez  un  certain 
nombre  d'espèces ,  il  trouve  même  un  asile 
dans  une  espèce  d'utérus  extérieur,  ou  po- 
che d'incubation  en  quelque  sorte  complé- 
mentaire. 

Ces  conditions  primitives  de  l'embryon 
dans  le  groupe  que  nous  étudions,  appar- 
tiennent donc  jusqu'à  un  certain  point  au 


type  ovipare;  et  les  Aplacentaires  présentent 
en  effet  dans  leur  organisation  des  modifica- 
tions qui  rappellent  ce  type.  C'est  même  par 
des  emprunts  faits  à  ce  type  et  par  les  né- 
cessités physiologiques  qui  dérivent  de  l'état 
primitif  de  l'embryon,  que  nous  pouvons  ex- 
pliquer les  principales  particularités  orga- 
niques propres  aux  singuliers  Mammifères 
dont  nous  nous  occupons  ici.  Leurs  caractères 
généraux  essentiels  sont,  outre  l'absence 
jusqu'ici  constatée  d'un  véritable  placenta  : 
l'état  rudimentaire  du  corps  calleux  entre 
les  hémisphères  cérébraux,  et  l'existence 
d'os  en  forme  de  languette,  articulés  et 
mobiles  sur  le  pubis ,  nommés  os  marsu- 
piaux. On  pourrait  donc  choisir  arbitraire- 
ment dans  ces  trois  grands  caractères  fon- 
damentaux celui  qui  servirait  à  dénom- 
mer le  groupe  de  Mammifères  qui  les  pré- 
sentent. Nous  avons  indiqué  précédemment 
(voy.  mammifères)  par  quels  motifs  nous 
préférions  le  caractère  tiré  des  phénomènes 
génésiques  primitifs.  M.  Isidore  Geoffroy  a, 
au  contraire,  placé  le  point  de  départ  de  sa 
caractéristique  dans  la  présence  des  os  mar- 
supiaux, et  c'est  sous  le  nom  de  Quadrupè- 
des avec  os  marsupiaux  que  ce  zoologiste 
désigne  les  animaux  que  nous  appelons 
Mammifères  aplacentaires. 

Nous  indiquerons,  en  donnant  la  défini- 
tion de  ce  groupe ,  les  raisons  qui  doivent 
faire  considérer  comme  Mammifères  les  ani- 
maux qui  le  composent;  et  nous  rappelle- 
rons, à  propos  de  leur  classification,  les  places 
diverses  qui  leur  ont  été  successivement  assi- 
gnées. Nous  devons  insister  d'abord  sur  les 
caractères  essentiels  qu'offre  leur  organisme, 
en  négligeant  les  particularités  qui  pourront 
trouver  place  dans  les  articles  destinés  aux 
principaux  genres. 

La  dénomination  de  Marsupiaux,  donnée 
au  principal  groupe  des  Aplacentaires,  vient 
de  ce  que  les  Sarigues,  les  premiers  animaux 
qui  furent  connus  dans  ce  type  si  curieux, 
présentaient  cette  poche  abdominale  (marsu- 
pium,  bourse)  où  le  jeune  trouve  d'abord 
une  chambre  incubatrice,  et  plus  tard  un 
asile  et  un  refuge.  Le  nom  d'Animaux  à 
bourse  donné  aussi  à  ces  Mammifères  était  la 
traduction  du  mot  technique. L'existenced'un 
véritable  utérus  et  celle  de  cette  poche  qu'on 
a  pu  comparer  à  une  seconde  matrice ,  a 
valu  encore  aux  Marsupiaux  le  nom  de  Di- 


MAR 


MAR 


'89 


delphes  («Jt'5,  Sdyvs,  double  matrice) ,  dont 
la  valeur  a  été  appréciée  dans  plusieurs  ar- 
ticles de  ce  Dictionnaire,  et  sur  lequel  nous 
reviendrons  dans  le  chapitre  de  la  classi- 
fication. 

Le  nom  de  Monotrèmes,  employé  pour 
désigner  le  second  groupe  des  Aplacentaires , 
qui  comprend  les  deux  genres  Ornithorhyn- 
que  et  Échidné,  rappelle  que  les  Mammi- 
fères qui  le  portent  ont  un  orifice  unique 
(pc'vov  Tp~fia,  un  seul  trou),  une  sorte  de 
cloaque  dans  lequel  les  voies  génitales,  uri- 
naires  et  fécales  débouchent  à  la  fois. 

Pour  caractériser  les  divisions  secondaires 
du  type  mammalogique  auquel  appartien- 
nent les  Marsupiaux  et  les  Monotrèmes, 
nous  ne  pouvons  être  guidés  par  les  phé- 
nomènes embryologiques,  puisque  le  déve- 
loppement de  ces  animaux  est  aujourd'hui 
très  incomplètement  connu.  Nous  ne  cher- 
cherons donc  pas  à  présenter  l'ordre  de  suc- 
cession suivant  lequel  leurs  divers  appareils 
se  forment.  Mais,  pour  rendre  la  compa- 
raison plus  facile  entre  les  diverses  parties 
de  l'organisation  dans  les  deux  types  dérivés 
du  type  mammalogique,  nous  suivrons  néan- 
moins le  plan  que  nous  avons  adoptép  our 
l'article  sur  les  Mammifères  placentaires,  en 
présentant  d'abord  les  phénomènes  embryo- 
géniques  connus ,  et  en  nous  arrêtant  plus 
spécialement  sur  les  systèmes  nerveux  et 
osseux,  et  sur  le  système  delà  reproduc- 
tion. Les  systèmes  de  la  digestion  et  de  la 
respiration  ne  méritent  que  quelques  lignes, 
parce  qu'ils  sont  construits  sur  le  plan  gé- 
néral que  l'on  retrouve  dans  la  classe  des 
Mammifères. 

OEuf  et  embryon  des  Mammifères  Aplacen- 
taires. Développement. 

Nous  ne  rapporterons  dans  ce  chapitre  que 
les  faits  qui  ont  rapport  à  la  génération  des 
Aplacentaires  et  à  leur  développement.  La 
description  des  appareils  sexuels  trouvera 
place  dans  le  chapitre  destiné  au  système  de 
la  reproduction.  C'est  là  que  nous  renvoyons 
aussi  pour  les  détails  sur  les  glandes  mam- 
maires, la  poche  marsupiale,  la  gestation 
et  l'accouplement.  Les  beaux  travaux  de 
M.  Owen  nous  serviront  de  guide  principal 
dans  l'exposé  deces  phénomènes,  dont  la  con- 
naissance est  due  en  grande  partie  à  ce 
savant. 


L'état  d'imperfection  et  d'ébauche  dans 
lequel  on  trouva  les  jeunes  des  Sarigues 
américaines,  suspendus  à  la  mamelle  de  leu  r 
mère,  et  le  développement  même  de  cette 
mamelle,  firent  supposer  d'abord  que  l'em- 
bryon se  formait  sur  le  mamelon,  auquel, 
il  devait  ainsi  son  origine  par  une  sorte  de 
gemmiparité.  Et  cette  opinion  n'était  pas 
seulement  répandue  dans  le  vulgaire,  elle 
était  partagée  même  par  des  naturalistes 
distingués.  Marcgrave,en  parlant  de  l'O- 
possum ,  dit  que  la  poche  est  l'utérus  de  l'a- 
nimal, qu'il  ne  possède  pas  d'autre  matrice; 
que  la  semence  y  est  élaborée  et  les  petits 
formés.  Piso  s'exprime  dans  les  mêmes  ter. 
mes ,  aussi  bien  que  Béverley  ;  et  Valentin 
répète  les  mêmes  assertions  pour  les  Phi- 
landres. 

La  découverte  d'un  véritable  utérus  fut 
le  premier  pas  que  l'on  fit  dans  la  connais- 
sance de  la  génération  des  Marsupiaux,  et  el  le 
est  due  à  Tyson  et  à  Daubenton.  Cette  dé- 
couverte fut  néanmoins  d'abord  un  embarras 
de  plus ,  car  il  fallait  s'expliquer  le  rôle  phy- 
siologique de  cet  utérus,  et  celui  de  la  poche 
où  l'on  avait  certainement  rencontré  les 
petits  attachés  aux  tétines:  or,  on  ne  savait 
rien  alors  sur  le  développement  dans  la  ma- 
trice, sur  l'époque  et  le  mode  de  transla- 
tion du  jeune  dans  la  bourse  marsupiale. 
Jean  Hunter,  en  examinant  divers  fœtus 
de  Kanguroos,  indiqua  le  premier  l'absence 
de  placenta,  puisqu'il  ne  rencontra  aucune 
trace  d'ouraque  ni  de  vaisseaux  ombilicaux  ; 
M.  Owen,  par  ses  belles  observations,  jeta 
une  nouvelle  lumière  sur  ce  point  impor- 
tant. 

Les  recherches  anatomiques  d'Et. Geoffroy, 
et  les  faits  que  lui  fournirent  le  sénateur 
d'Aboville  et  le  docteur  Barton,  conduisi- 
rent cet  illustre  zoologiste  à  établir  une  pre- 
mière théorie  de  la  génération  des  animaux 
Marsupiaux.  Suivant  cette  doctrine,  le  pro- 
duit de  la  génération  de  ces  singuliers  Mam- 
mifères quitterait  l'utérus  dans  l'état  d'ovule 
gélatineux,  rappelant  l'état  permanentd'une 
Méduse,  et  se  mettrait  en  communication 
organique  avec  la  mamelle  de  la  mère ,  à 
l'aide  d'une  connexion  intime  de  vaisseaux 
continus.  Au  moment  où  le  jeune  se  déta- 
cherait de  latétineetnaltraitdéfinitivement, 
une  trace  de  sang  indiquerait  à  la  mamelle 
que  la  séparation  vient  d'avoir  lieu.  Dans 


'90 


MAR 


MAR 


un  autre  travail ,  Geoffroy  abandonne  cette 
idée  d'une  continuité  vasculaire  entre  le 
jeune  et  sa  mère ,  et  considère  l'adhérence 
de  l'embryon  à  la  tétine  comme  un  simple 
contact.  Quelques  traces  d'ouraque  condui- 
sent plus  tard  le  même  naturaliste  à  for- 
muler une  opinion  qui  est,  jusqu'à  un  cer- 
tain point,  le  contraire  de  la  précédente.  Il 
crut  à  l'existence  d'une  sorte  d'organe  pla- 
centaire. 

Les  observations  de  MM.  Morgan,  Collie, 
Owen  et  autres,  sont  venues  apporter  de 
nouveaux  éléments  pour  la  solution  de  ce 
problème  intéressant,  en  faisant  connaître 
quelques  faits  sur  le  fœtus  renfermé  dans 
le  sein  de  la  mère,  la  nature  des  enve- 
loppes fœtales,  l'état  de  développement  du 
jeune  quand  il  arrive  dans  la  poche  marsu- 
piale,  le  mode  de  translation  du  jeune  dans 
cette  poche.  Ne  pouvant  pas  citer  ici  les  ob- 
servations détaillées  de  ces  divers  auteurs, 
nous  nous  contenterons  de  rapporter  briève- 
ment les  conséquences  qu'on  en  peut  tirer. 

Chez  les  Marsupiaux,  ou  du  moins  chez 
le  Kanguroo  qui  est  presque  le  seul  qu'on 
ait  suffisamment  étudié  jusqu'ici,  l'œuf  dé- 
taché de  l'ovaire  présente  la  même  constitu- 
tion que  celui  des  Mammifères  ordinaires; 
seulement  il  possède  une  masse  vitelline  un 
peu  plus  considérable,  ce  qui  est  en  rapport 
avec  le  mode  de  développement  de  l'embryon, 
et  le  fluide  interposé  entre  la  zone  transpa- 
rente et  le  jaune  est  proportionnellement 
moins  abondant.  11  présente,  comme  l'œuf 
des  Placentaires,  un  chorion,  une  vésicule 
ombilicale,  un  amnios,  une  allantoïde,  et 
toutes  ces  parties  ont  des  rapports  de  situa- 
tion analogues.  Le  cordon  ombilical  offre  la 
même  composition  que  chez  les  Mammifères 
du  premier  type;  les  vaisseaux  omphalo- 
mésentériqucs  et  ombilicaux  ont  les  mêmes 
connexions  générales  au  dehors  et  au  dedans 
du  corps  de  l'embryon.  Le  chorion ,  bien 
déveioppé,  reçoit  des  vaisseaux  très  nom- 
breux que  la  vésicule  ombilicale  épanouit 
sur  sa  face  interne;  il  est  marqué  de  rides 
multipliées  qui  chiffonnent  en  quelque  sorte 
sa  surface,  et  plusieurs  de  ces  plis  s'insinuent 
dans  le  pli  de  la  couche  vasculaire  interne 
de  l'utérus  sans  cependant  adhérer  à  cette 
cavité.  Entre  le  chorion  et  l'amnios  se  trouve 
la  vésicule  allantoïdienne  qui  portcavec  elle 
les  deux  petites  artères  hypogastriques  et  la 


veine  ombilicale,  mais  ne  gagne  pas  la  sur- 
face de  l'œuf  de  manière  à  produire  sur  le 
chorion  l'organisation  vasculaire  qui  consti- 
tue le  lien  placentaire.  C'est  donc  seulement 
à  l'aide  des  vaisseaux  vitellins  que  les  rap- 
ports utérins  semblent  exister  entre  la  mère 
et  l'embryon  ;  l'allantoïde  reste  sans  aucune 
connexion  avec  les  parties  voisines  ,  et  son 
rôle  paraît  se  réduire  à  celui  de  réceptacle 
de  la  sécrétion  rénale.  Le  conduit  de  l'ou- 
raque  ne  se  continue  pas  avec  le  fond,  mais 
bien  avec  la  partie  moyenne  antérieure  de 
la  vessie  urinaire,  comme  cela  s'observe 
aussi  chez  plusieurs  Édentés,  le  Paresseux, 
Je  Pangolin,  le  Tatou 

Quant  à  l'œuf  des  Monotrèmes,  on  ne  le 
connaît  encore  que  très  imparfaitement.  Les 
naturels  de  la  Nouvelle  Hollande  prétendent 
que  l'Ornithorhynque  pond  deux  œufs  sem- 
blables aux  œufs  de  la  Poule,  et  que  les  fe- 
melles les  couvent  longtemps,  sans  jamais  les 
abandonner.  Suivant  ce  récit,  accepté  et 
défendu  par  quelques  auteurs,  l'œuf  serait 
protégé  par  une  coque  calcaire  capable  d'of- 
frir une  résistance  suffisante  au  poids  delà 
mère  pendant  l'incubation.  Mais,  malgré 
l'explication  que  Geoffroy  a  donnée  de  la  dis- 
position organique  à  l'aide  de  laquelle  l'é- 
troitesse  du  bassin  pourrait  se  concilier  avec 
un  œuf  d'un  volume  considérable,  les  con- 
ditions de  structure  des  os  pelviens  sont  tout 
autres  chez  les  Monotrèmes  que  chez  les  Oi- 
seaux, et  présentent  même  un  des  caractères 
qui  peuvent  le  mieux  servir  à  distinguer  ces 
deux  groupes  d'animaux.  D'ailleurs  la  por- 
tion du  tube  efférent  dont  la  structure  et  la 
position  relative  pourraient  se  comparer, 
chez  les  Monotrèmes,  à  la  partie  de  l'utérus 
des  Oiseaux  où  la  coquille  se  sécrète,  serait  la 
cavité  terminale  dans  laquelle  on  a  jusqu'ici 
trouvé  les  œufs  chez  les  Ornithorhynques; 
ce  seraient  donc  les  parois  de  cette  cavité 
qui,  après  avoir  sécrété  une  substance  molle, 
changeraient  de  rôle  et  sécréteraient  ensuite 
l'enveloppe  calcaire.  A  moins  d'admettre  que 
cette  matière  calcaire  soit  rapidement  dé- 
posée par  la  surface  du  conduit  externe,  qui 
n'a  aucun  caractère  d'une  membrane  sécré- 
tante ;  ou  bien  encore,  comme  le  pensait 
Geoffroy,  que  la  glande  abdominale  dans  la- 
quelle ce  zoologiste  ne  pouvait  voir  une 
glande  mammaire,  fournît  la  sécrétion  cal- 
caire aDiès  l'expulsion  de  l'œuf. 


1YIAR 


MAR 


91 


Quoi  qu'il  en  soit  de  cette  question  qu'on 
n'a  pu  encore  résoudre  par  l'observation 
directe ,  il  n'en  reste  pas  moins  vrai  que  la 
constitution  de  l'œuf  des  Monotrèmes  repro- 
duit toutes  les  conditions  essentielles  de 
l'œuf  des  Mammifères  ordinaires.  Les  enve- 
loppes sont  les  mêmes  ;  le  chorion  présente 
seulement  un  plus  grand  degré  de  fermeté; 
on  ne  voit  aucune  trace  de  chalazes  attachées 
à  la  membrane  vitelline;  l'œuf  est  libre, 
sans  connexion  placentaire;  conditions  qui 
le  rapprochent  en  outre  de  l'œuf  des  Mar- 
supiaux. Le  jaune  est  beaucoup  moins  con- 
sidérable que  dans  l'œuf  des  Oiseaux  ,  ce  qui 
suppose  que  le  jeune  être  devra  trouver  un 
supplément  de  nourriture  ou  dans  l'utérus, 
ou  dans  la  sécrélion  lactée.  Ce  dernier  ali- 
ment lui  est  en  effet  fourni  par  une  glande 
mammaire,  dont  l'existence  est  si  caracté- 
ristique dans  le  type  mammalogique.  Quant 
à  la  nutrition  utérine,  si  nous  considérons 
que  les  femelles  des  Monotrèmes  n'ont  pas 
même  de  poche  abdominale  rudimentaire 
pour  recevoir  leurs  petits  ,  nous  serons  con- 
duits à  supposer  que  l'embryon  atteint , 
dans  le  sein  de  la  mère  ,  un  plus  grand  de- 
gré de  développement  que  celui  des  Marsu- 
piaux, comme  quelques  particularités  orga- 
niques portent  d'ailleurs  à  le  croire,  et  que 
les  vaisseaux  vitellins  sont  peut-être  aidés  , 
pour  la  nutrition  et  la  respiration  du  fœtus, 
par  des  vaisseaux  ombilicaux  plus  développés. 
Ce  qui  paraît  certain,  c'est  que  l'œuf  de  l'Or- 
nithorbynque  prentff  un  volume  plus  consi- 
dérable en  traversant  les  trompes  de  Fallope, 
ce  qui  indique  un  commencement  de  déve- 
loppement du  jeune  être.  En  effet ,  si  cet 
accroissement  en  volume  était  dû  à  la  for' 
mation  d'une  nouvelle  quantité  de  matière 
vitelline  ,  l'œuf  des  Monotrèmes  différerait 
complètement  de  l'œuf  des  Oiseaux  aussi 
bien  que  de  celui  des  Mammifères,  puisque 
dans  ces  deux  classes  le  jaune  est  exclusive- 
ment fourni  par  l'ovaire.  Les  observations 
directes  nous  donneront  sans  doute  la  va- 
leur de  tous  ces  raisonnements  fondés  sur 
l'analogie. 

Les  circonstances  qui  ont  engagé  plusieurs 
physiologistes  à  admettre  comme  vrais  les 
récils  qui  ont  été  répandus  sur  l'oviparité 
de  rOrnithorhynque  sont  principalement  la 
ressemblance  qu'offrent  avec  les  Oiseaux  les 
organes  femelles  de  cet  animal  ,  dont  l'o- 


vaire et  les  oviductes  sont  inégalement  dé- 
veloppés ,  et  la  constitution  des  tubes  effé- 
rents,  qui,  comme  les  oviductes  des  Reptiles 
et  surtout  des  Tortues,  sont  complètement 
séparés.  Toutefois,  en  examinant  attenti- 
vement les  organes  femelles  de  l'Ornitho- 
rhynque,  on  trouve  dans  leur  structure  et 
dans  la  différence  de  dimension  entre  leur 
portion  utérine  et  la  portion  qui  constitue 
l'oviducte ,  des  caractères  qui  rappellent 
tout-à-fait  l'utérus  et  l'oviducte  du  Kangu- 
roo,  et  qui  indiquent  probablement  des 
fonctions  semblables  dans  le  développement 
de  l'embryon.  L'ovaire  lui-même  diffère 
peu  de  celui  de  quelques  Rongeurs  et  des 
Marsupiaux,  et  présente  moins  de  rapport 
avec  celui  des  Oiseaux  que  l'ovaire  de  quel- 
ques Marsupiaux,  celui  de  Wombat,  par 
exemple  ,  dont  les  vésicules  de  Graaf  sont 
très  volumineuses  et  plus  semblables  aux 
calices  des  Oiseaux. 

Bien  que  l'œuf  ne  prenne  aucune  attache 
à  l'utérus,  chez  les  Marsupiaux  et  les  Mo- 
notrèmes ,  et  que  l'on  ne  rencontre ,  chez 
ces  animaux ,  aucune  trace  de  formation 
analogue  à  une  membrane  caduque  ou  à 
toute  autre  production  adventive,  la  face 
interne  de  l'utérus  paraît  néanmoins  pren- 
dre part  au  travail  de  reproduction.  On  la 
trouve  épaissie,  plus  ferme,  plus  vasculaire 
quand  les  œufs  sont  tombés  de  l'ovaire. 

Comme  l'avait  conjectiné  Tyson,  l'em- 
bryon des  Marsupiaux  se  développe  d'abord 
dans  l'utérus  ;  mais  on  ignore  les  phéno- 
mènes primitifs  que  présente  ce  développe- 
ment, depuis  le  moment  de  la  fécondation 
jusqu'au  vingtième  jour  environ  de  la  ges- 
tation utérine.  A  cette  époque,  tous  les  ap- 
pareils se  sont  dessinés  dans  leurs  organes 
essentiels  ,  comme  l'indiquent  les  observa- 
tions de  M.  Owen  sur  le  grand  Kanguroo  :  la 
bouche  est  ouverte  ;  la  langue  est  grande  et 
proéminente;  les  extrémités  antérieures  sont 
plus  grandes  et  plus  fortes  que  les  posté- 
rieures ;  les  doigts  y  sont  bien  marqués, 
tandis  qu'ils  ne  sont  pas  encore  développés 
aux  membres  postérieurs;  on  aperçoit  les 
côtes  ;  les  rudiments  des  arcs  vertébraux  ne 
sont  pas  encore  réunis  ;  le  pénis  se  montre 
sur  une  petite  proéminence  où  s'ouvre  aussi 
l'anus.  La  marche  de  la  formation  des  or- 
ganes paraît  donc  être  ici  la  même  que 
dans    les  Placentaires.    Mais    la  différence 


792 


MAR 


MAR 


fondamentale  consiste  en  ce  que  le  fœtus 
des  Aplacentaires  n'atteint  pas  dans  l'utérus 
un  degré  aussi  avancé  de  développement , 
comparativement  aux  Mammifères  de  l'autre 
type;  il  est  expulsé,  en  quelque  sorte,  avant 
terme,  et  subit  des  métamorphoses  impor- 
tantes après  avoir  quitté  le  sein  de  la  mère. 
Il  paraîtrait  que  vers  la  fin  de  la  gestation 
utérine  il  s'engage  dans  les  canaux  latéraux 
du  vagin ,  où  on  le  trouve  dépourvu  de  ses 
enveloppes  fœtales.  Le  moment  de  la  nais- 
sance, ou,  pour  parler  plus  exactement,  de 
cette  première  naissance  utérine,  est  néces- 
sairement plus  ou  moins  éloigné  de  la  fé- 
condation,  suivant  les  diverses  espèces;  il 
paraît  avoir  lieu  trente-huit  jours  après  la  fé- 
condation chez  le  grand  Kanguroo. 

Après  cette  première  période  de  l'existence 
embryonnaire  des  Marsupiaux ,  commence 
la  gestation  marsupiale ,  ou  la  vie  du  fœtus 
mammaire.  Plusieurs  hypothèses  ont  été 
imaginées  pour  expliquer  le  transport  du 
jeune,  de  l'orifice  du  vagin  dans  la  poche  de 
Ja  mère.  Everard  Home  pensait  qu'une  ouver- 
ture particulière  interne,  qui  n'existait  pas 
avant  la  gestation,  servait,  à  cette  dernière 
époque,  de  moyen  de  communication  entre 
l'utérus  et  la  poche.  Quelques  naturalistes, 
se  fondant  sur  le  récit  de  Barton  ,  ont  sup- 
posé que ,  par  l'effet  de  la  pression  exercée 
sur  le  bas- ventre  par  les  muscles  abdomi- 
naux et  les  os  marsupiaux ,  le  canal  urétro- 
scxuel  était  forcé  de  descendre  vers  le  fond 
du  bassin  ,  et  se  retournait  ensuite  comme 
un  doigt  de  gant ,  pendant  que,  de  son  côté, 
la  poche  marsupiale,  sous  l'influence  de  son 
muscle  crémaster,  était  abaissée  et  portée 
sur  le  vagin  ;  celui-ci  pourrait  de  la  sorte 
se  mettre  en  contact  avec  tous  les  points  de 
la  surface  de  la  poche,  et  y  déposer  les  jeu- 
nes. Mais  l'observation  des  animaux,  et  l'é- 
tude de  la  composition  des  parties,  a  prouvé 
que  l'ouverture  du  vagin  ne  peut  venir  en 
contact  avec  celle  de  la  poche,  par  aucune 
contraction  musculaire;  c'esten  vain  qu'on  es- 
saierait aussi  d'opérer  ce  rapport,  par  tous  les 
moyens  mécaniques  possibles,  chez  l'animal 
mort.  Il  résulte,  au  contraire,  des  expérien- 
ces tentées  par  M.  Owen  ,  que  le  Kanguroo 
emploie,  pour  amener  ses  jeunes  du  vagin 
dans  la  poche ,  les  mêmes  moyens  dont  les 
Chiens ,  les  Chats ,  les  Rats  se  servent  pour 
transporter  leurs  petits  d'une  place  à  une 


autre ,  c'est-à-dire  qu'il  les  prend  avec  les 
lèvres.  En  effet ,  ayant  détaché  de  la  ma- 
melle, à  laquelle  il  adhérait  fortement,  un 
fœtus  qui  n'était  daps  la  poche  marsupiale 
que  depuis  quelques  heures ,  le  savant  an- 
glais vit  la  mère  saisir  des  deux  côtés  les 
bords  de  la  poche  à  l'aide  de  ses  pattes  de 
devant,  et  les  tirer  en  sens  contraire  pour  en 
agrandir  l'ouverture,  comme  on  le  fait  pour 
desserrer  une  bourse.  Elle  introduisait  en- 
suite son  museau  dans  la  poche,  comme  pour 
laper  quelque  chose  à  l'intérieur,  et  peut- 
être  pour  remuer  le  jeune,  sans  jamais  se 
servir  de  ses  membres  pour  cet  usage.  Puis 
elle  léchait  l'ouverture  de  la  poche,  se  cou- 
chait quelquefois  à  terre  pour  lécher  aussi  le 
cloaque  qu'elle  atteignait  facilement,  et  sem- 
blait agir  sur  l'extérieur  de  la  poche  comme 
pour  pousser  vers  l'ouverture  quelque  chose 
qui  y  était  renfermé.  La  facilité  avec  laquelle 
l'animal  peut  atteindre  avec  ses  lèvres  la 
poche  abdominale  et  le  cloaque,  le  rôle  des 
pattes  de  devant  pendant  les  tentatives  de 
la  mère  pour  relever  le  fœtus  et  l'amener  à 
la  hauteur  de  la  mamelle ,  font  naturelle- 
ment supposer  que  c'est  à  l'aide  de  la  bou- 
che que  la  mère  transporte  le  jeune  du  va- 
gin dans  la  poche,  et  que  celle-ci  est  main- 
tenue ouverte  par  les  extrémités  antérieures 
douées  à  cet  effet  d'une  grande  adresse  et 
d'une  mobilité  particulière.  Déposé  de  la 
sorte  dans  la  poche,  le  fœtus  est  maintenu 
sur  la  mamelle  par  la  mère,  jusqu'à  ce  que 
la  sensation  particulière  qui  accompagne 
l'acte  de  la  succion  vienne  lui  apprendre 
que  le  jeune  a  saisi  l'extrémité  si  sensible 
du  mamelon.  L'état  de  faiblesse  du  jeune  et 
l'impuissance  où  il  est  de  regagner  lui- 
même  la  mamelle  quand  il  en  a  été  une  fois 
détaché,  prouvent  aussi  qu'il  est  impossible 
de  supposer  qu'il  puisse  lui-même  se  trans- 
porter de  la  vulve  dans  la  cavité  de  la  poche 
et  au  bout  de  la  mamelle. 

Dans  la  poche  ,  le  jeune  des  Marsu- 
piaux exécute  des  mouvements  énergiques, 
et  sa  propre  respiration  vivifie  son  sang  ;  il 
rentre  alors  dans  toutes  les  conditions  des 
Mammifères,  si  ce  n'est  qu'il  exige  une  nu- 
trition mammaire  à  une  époque  beaucoup 
moins  avancée  de  son  développement,  et  qu'il 
parcourt  plusieurs  phases  de  sa  vie  embryon- 
naire à  la  mamelle  de  sa  mère,  conditions 
qui,  en  définitive,  n'indiquent  qu'une  diffé- 


MAR 

rence  dans  le  temps  et  non  dans  le  type 
fondamental. 

Bien  que  le  développement  des  Marsupiaux 
ait  lieu  suivant  les  lois  générales  ordinaires, 
il  offre  néanmoins  quelques  particularités 
caractéristiques  qui  semblent  être  en  rapport 
avec  la  naissance  prématurée  du  jeune.  C'est 
ainsi  que  les  ventricules  du  cœur  sont  de 
bonne  heure  complétementunis  et  présentent 
les  mêmes  proportions  relatives  que  chez  l'a- 
dulte ;  il  en  estde  même  de  l'aorte,  de  l'artère 
pulmonalreetdeses  divisions.  Cettedernière 
circonstance  est  en  rapport  avec  la  formation 
précoce  des  poumons  qui  doivent  de  bonne 
heure  entrer  en  exercice,  et  c'est  dans  les 
prévisions  de  la  nécessité  d'une  respiration 
active  à  une  époque  plus  ancienne  que  chez 
les  autres  Mammifères  que  la  cavité  du  tho- 
rax, ses  viscères  et  ses  membres  acquièrent 
une  prépondérance  marquée  sur  la  cavité 
abdominale.  Mais  c'est  peut-être  aussi  à  la 
rapidité  avec  laquelle  ces  parties  antérieures 
atteignent  leur  développement  adulte,  qu'est 
dû  le  petit  volume  relatif  de  l'encéphale, 
auquel  arrive  une  quantité  moins  considé- 
rable de  sang. 

Tout  nous  manque,  même  les  conjectures, 
sur  l'état  dans  lequel  naît  le  jeune  des  Mo- 
notrèmes.  Il  semble  néanmoins  que  les  vis- 
cères de  la  cavité  thoracique  prennent  aussi 
de  très  bonne  heure  un  développement  con- 
sidérable; les  embryons  des  Monotrèmes, 
comme  ceux  des  Marsupiaux,  présentent 
aussi,  quand  ils  sont  sortis  de  l'utérus,  cette 
incurvation  de  leurs  deux  extrémités  cépha- 
lique  et  caudale  l'une  vers  l'autre,  qui  rap- 
pelle un  état  primitif  d'un  embryon  peu 
avancé  dans  son  développement;  chez  les 
uns  et  chez  les  autres,  les  yeux  sont  à  peine 
marqués,  ce  qui  indique  le  besoin  que  le 
jeune  être  a  de  sa  mère;  et  le  système  os- 
seux est  encore  en  grande  partie  à  l'état 
cartilagineux,  condition  qui,  comme  nous 
l'avons  fait  observer  ailleurs,  les  distingue 
des  Oiseaux,  chez  lesquels  les  os  acquièrent 
plus  tôt  le  terme  de  leur  état  parfait. 

On  a  pensé  longtemps  que  la  forme  et  la 
nature  de  la  bouche  des  Monotrèmes  prou- 
vaient l'impossibilité  d'une  vie  mammaire 
pour  ces  animaux  ;  et  il  était  en  effet  difficile 
d'admettre  que  le  bec  corné  aplati  des  Orni- 
thorhynques,  ou  le  bec  corné  allongé  des 
Échidnés  pût  accomplir  les  actes  nécessaires 
t.  vu. 


MAR 


793 


à  la  succion.  Mais  l'étude  du  fœtus  a  levé 
toutes  les  difficultés  que  la  théorie  avait  crues 
insurmontables ,  et  que  la  nature  avait  pré- 
vues et  vaincues.  Le  jeune  de  l'Orniihorhyn- 
que  présente,  en  effet,  dans  la.  constitution 
de  son  appareil  buccal,  toutes  les  conditions 
les  plus  favorables  à  une  succion  énergique. 
Toutes  les  parties  sont  beaucoup  moins  con- 
sidérables dans  leurs  proportions  que  chez 
l'adulte,  et  n'ont  point  la  proéminence  qui 
les  caractérise  plus  tard.  Le  bord  supérieur 
du  bec  est  épais,  charnu,  arrondi  et  lisse; 
toute  la  mâchoire  inférieure  est  flexible  ,  et 
se  replie  sur  le  cou,  lorsque  la  bouche  veut 
s'ouvrir;  la  langue  s'avance  jusqu'au  bord 
de  cette  mâchoire,  et  a  une  dimension  con- 
sidérable. Tous  les  mouvements  que  peuvent 
exécuter  ces  parties  sont  calculés  de  façon  à 
permettre  l'application  exacte  de  la  bouche 
sur  l'aréole  mammaire,  et  à  faciliter  ainsi 
au  jeune  animal  les  moyens  de  nutrition. 
Ce  n'est  donc  que  par  une  sorte  de  dévelop- 
pement rétrograde  par  rapport  au  type  des 
Mammifères,  ou  mieux  par  un  emprunt  fait 
postérieurement  au  typeornithologique,  que 
les  mandibules  des  Monotrèmes  prennent,  au 
delà  de  l'extrémité  delà  langue,  cette  élon- 
gation  considérable,  si  contraire  à  l'applica- 
tion de  la  bouche  sur  une  surface  plane. 

Chez  les  Marsupiaux,  la  nature  a  aussi 
pourvu  les  jeunes  d'une  organisation  appro- 
priée à  leur  existence  mammaire,  et  exigée 
par  leur  état  peu  avancé  de  développement. 
Bien  qu'ils  puissent,  en  effet,  saisir  la  ma- 
melle et  y  adhérer  fortement  à  l'aide  de  la 
puissance  musculaire  de  leurs  lèvres,  les 
fœtus  de  ces  animaux  paraissent  néanmoins 
incapablesd'obtenirleur  nourriture  parleurs 
seuls  efforts.  Aussi,  comme  l'ont  démontré 
Geoffroy  et  M.  Morgan,  la  mèrepossède-t-elle 
un  appareil  merveilleux  qui  lui  permet  de 
venir  en  aide  au  jeune.  Un  muscle  analogue 
au  crémasler  peut,  en  exerçant  ses  contrac- 
tions sur  la  mamelle,  injecter  le  lait  dans  la 
bouche  du  fœtus  et  suppléer  ainsi  à  la  faiblesse 
de  son  action.  Mais  cette  injection  en  quelque 
sorte  forcée  pourrait  devenir  fatale  au  jeune 
être,  si  ses  efforts  ne  coïncidaient  pas  avec 
ceux  de  la  mère:  une  disposition  spéciale 
des  organes  a  défendu  le  fœtus  contre  l'as- 
phyxie et  assuré  en  même  temps  l'arrivée 
de  la  sécrétion  lactée  dans  l'œsophage.  ï/é- 
piglotte  et  les  cartilages  aryténoïdes  sont 

100 


?94 


MAR 


MAR 


allongés  et  rapprochés;  la  fente  de  la  glotte 
est  située  sur  le  sommet  d'un  larynx,  qui 
prend  ainsi  la  forme  d'un  cône,  et  s'avance, 
comme  chez  les  Cétacés  ,  dans  les  arrière- 
narines,  où  il  est  étroitement  embrassé  par 
les  muscles.  L'air  peut  de  la  sorte  aisément 
pénétrer  dans  la  trachée,  et  le  lait  entrer  de 
chaque  côté  du  iarynx  dans  l'œsophage.  La 
bouche  a  d'ailleurs  pris  la  forme  d'une  lon- 
gue cavité  tubulaire,  terminée  par  une  ou- 
verture à  peu  près  circulaire  ou  triangulaire 
dont  la  dimension  est  telle  qu'elle  est  juste 
assez  grande  pour  recevoir  la  dilatation  ter- 
minale delà  mamelle. 

La  durée  de  la  vie  mammaire  ou  intra- 
marsupiale  varie  suivant  les  divers  animaux  ; 
elle  est  d'environ  huit  mois  pour  le  Kangu- 
roo.  Pendant  cette  période,  l'organisation 
s'est  complétée  ;  les  membres  postérieurs  et 
la  queue  ont  pris  leurs  proportions  adultes  ; 
l'oreille  externe  et  les  paupières  se  sont  for- 
mées; le  museau  s'allonge;  les  poils  se 
montrent  au  sixième  mois.  Au  huitième 
mois,  on  peut  voir  le  jeune  Kanguroo  sor- 
tir fréquemment  la  tête  de  la  poche  marsu- 
piale ,  et  couper  le  gazon  pendant  que  sa 
mère  broute.  Bientôt  il  quitte  sa  mère ,  es- 
saie en  sautillant  ses  forces  nouvelles ,  puis 
retourne  de  temps  en  temps  à  la  poche  cher- 
cher un  refuge,  ou  demander  aux  mamelles 
un  supplément  à  la  nourriture  insuffisante 
qu'il  a  pu  se  procurer.  A  cette  époque,  il  se 
trouve  à  peu  près  dans  les  conditions  ordi- 
naires des  jeunes  Mammifères  placentaires, 
et  on  le  voit  introduire  sa  tête  dans  la  poche 
de  la  mère  pour  téter,  bien  que  des  fœtus 
d'une  portée  plus  récente  puissent  être  alors 
attachés  à  d'autres  mamelles. 

Dans  le  Phascogale ,  lorsque  les  petits 
sont  devenus  trop  grands  pour  être  portés 
dans  la  poche  ,  c'est  pendus  à  ses  mamelles 
que  la  mère  les  entraîne  avec  elle ,  si  elle 
est  poursuivie. 

Chez  les  espèces  où  la  poche  abdominale 
n'est  représentée  que  par  un  simple  repli  de 
la  peau  ,  comme  chez  le  Didelphe  dorsigèrc, 
les  jeunes  ne  trouvent  pas  le  refuge  assuré 
que  la  mère  offre  à  ses  petits  dans  les  espè- 
ces à  bourse;  mais  ,  dans  les  moments  cri- 
tiques, ils  se  réfugient  sur  le  dos  de  leur 
mère,  enroulent  leur  queue  à  la  sienne,  et 
sont  ainsi  transportés  loin  du  danger.  II 
semble  qu'un  plus  long  allaitement  et  l'état 


de  faiblesse  des  jeunes  aient  développé  à  un 
plus  haut  point  l'instinct  maternel  chez  les 
animaux  marsupiaux. 

SYSTÈME  NERVEUX  DES  MAMMIFÈRES  APLACEN- 
TAIRES.  ORGANES  DES  SENS. 

L'absence  du  corps  calleux  est  le  carac- 
tère essentiel  qui  distingue  le  système  ner- 
veux des  Mammifères  aplacentaires  de  celui 
des  Mammifères  placentaires.  Avec  ce  carac- 
tère fondamental  dont  nous  allons  expliquer 
la  valeur,  en  coïncident  plusieurs  autres  qui 
en  sont  comme  la  conséquence,  et  que  nous 
indiquerons  rapidement.  Les  parties  qui  se 
trouvent  à  la  fois  dans  l'encéphale  des  Mam- 
mifères Placentaires  et  Aplacentaires  offrent 
aussi,  chez  ces  derniers,  quelques  particula- 
rités que  nous  citerons  en  quelques  mots. 

En  écartant  les  lobes  cérébraux  d'un  Mam- 
mifère Aplacentaire,  on  ne  trouve  pas  cette 
large  commissure  transversale  ou  corps  cal- 
tewicdontlesfibresdivergentesirradientd'un 
hémisphère  à  l'autre,  et  établissent  un  lien 
entre  chaque  moitié  du  cerveau  chez  les  Pla- 
centaires. On  voit  seulement  une  commissure 
établie  entre  les  deux  grands  hippocampes 
dans  le  sens  transversal ,  et  entre  l'hippo- 
campeetlelobecérébralantérieurd'unmême 
côté  ;  commissure  qui  remplace  la  voûte  dans 
ses  fonctions ,  et  montre  en  avant  deux  es- 
pèces de  petits  piliers  réunis  par  un  fais- 
ceau de  fibres  déliées,  et  plongeant  vertica- 
lement au-devant  des  couches  optiques. 
Celles-ci  apparaissent  donc  au  fond  de  la 
scissure  médiane,  dès  qu'on  écarte  les  hémi- 
sphères des  Aplacentaires ,  tandis  qu'elles 
restent  cachées  par  la  lame  transversale  du 
corps  calleux  chez  les  Placentaires,  où  cette 
commissure  recouvre  la  voûte  et  les  piliers. 
Si  nous  nous  reportons  à  l'origine  du  corps 
calleux  chez  les  Placentaires,  et  si  nous  nous 
rappelons  que  cet  organe  se  forme  d'avant 
en  arrière ,  nous  pourrons  considérer  le 
trousseau  de  fibres  transverses ,  qui ,  chez 
les  Aplacentaires,  se  trouve  au-dessus  et  en 
avant  des  couches  optiques,  comme  le  rudi- 
ment de  l'appareil  commissural  qui  se  déve- 
loppe complètement  en  corps  calleux  et  en 
voûte  chez  les  Mammifères  placentaires ,  et 
qui  aurait  subi  un  arrêt  de  développement 
chez  les  Aplacentaires. 

Une  conséquence  de  cette  absence  ou  de 
cet  état  rudimentaire  du  corps  calleux,  est 


MAR 


MAR 


795 


la  disparition  du  seplum  lucidum  ,*  et  aussi 
du  cinquième  ventricule.  La  cloison  du  sep- 
tum  n'est  autre  chose ,  en  effet ,  comme  nous 
l'avons  vu  en  parlant  des  Placentaires ,  que 
le  résultat  du  mouvement  d'élévation  que 
subit  le  corps  calleux  d'avant  en  arrière  au- 
dessus  de  la  voûte,  et  est  d'autant  plus 
grande  que  la  hauteur  verticale  du  corps 
calleux  au-dessus  de  la  voûte  est  plus  con- 
sidérable. Elle  doit  nécessairement  ne  pas 
exister  chez  des  animaux  où  le  corps  calleux 
ne  s'est  pas  développé  d'avant  en  arrière,  ni 
de  bas  en  haut. 

On  peut  donc  dire  que  les  Aplacentaires 
manquent  de  corps  calleux  ou  du  moins  d'un 
corps  calleux  semblable  à  celui  des  Placen- 
taires ,  et  que ,  au  point  de  vue  de  l'anato- 
mie  comparée  ,  la  constitution  de  leur  cer- 
veau est,  à  certains  égards,  intermédiaire 
entre  le  cerveau  des  Placentaires  et  celui  des 
Oiseaux.  Comme  les  Placentaires,  ils  possè- 
dent généralement  les  mêmes  parties ,  et 
spécialement  des  tubercules  quadrijumeaux 
solides,  sur  la  surface  desquels  se  montre  la 
fissure  transversale  qui  les  distingue  en 
nates  et  en  testes ,  et  un  pont  de  Varole  au 
cervelet ,  ce  qui  indique  le  développement 
des  lobes  latéraux  cérébelleux.  Comme  les 
Oiseaux,  leurs  hémisphères  cérébraux  sont 
privés  du  lien  du  corps  calleux ,  et  sont  mis 
en  communication  seulement  par  les  com- 
missures antérieure,  postérieure  et  molle, 
aussi  bien  que  par  la  commissure  de  l'hip- 
pocampe :  la  commissure  antérieure  est  très 
grande.  Bien  que  nous  soyons  impuissants 
pour  expliquer  le  rapport  qui  peut  exister 
entre  cette  dernière  structure,  l'absence  du 
placenta  ,  'et  un  séjour  moins  prolongé  du 
jeune  être  dans  le  sein  de  la  mère,  !a  dis- 
parition du  corps  calleux  n'en  est  pas  moins 
un  caractère  très  remarquable  de  l'organisa- 
tion dans  le  type  des  Mammifères  Aplacen- 
taires. 

Le  cerveau  a,  en  général,  une  forme  trian- 
gulaire très  prononcée.  Chez  aucun  aplacen- 
taire  il  ne  recouvre  le  cervelet,  et  dans  quel- 
ques espèces,  comme  les  Dasyures  et  Didel- 
phes,  il  laisse  les  tubercules  quadrijumeaux 
à  découvert;  ces  tubercules  sont  cachés  par 
les  hémisphères  cérébraux  chez  l'Échidné. 
C'est  chez  ce  dernier  animal  que  les  lobes 
olfactifs,  très  développés  et  distincts  dans  tout 
le  type,  sont  le  plus  volumineux. 


Le  cerveau  est  lisse  ,  et  ne  montre  pas  de 
circonvolutions  chez  les  Didelphes,les  petits 
Dasyures,  les  Péramèles,  Phascogales,  Pha- 
langers,Pétauristeset  les  Ornithorhynques; 
on  voit  de  légères  impressions  chez  le  Da- 
syurc  oursin  ;  des  circonvolutions  peu  nom- 
breuses chez  les  espèces  herbivores,  Kangu- 
roo,  Phascolome;  d'assez  nombreuses  chez 
l'Échidné. 

Chez  les  Monotrèmes,  les  tubercules  qua- 
drijumeaux sont  divisés  par  un  sillon  trans- 
verse très  faiblement  marqué  ;  le  sillon  lon- 
gitudinal qui  sépare  les  nates  est  très  super- 
ficiel ;  les  testes  sont  confondus  en  un  seul 
tubercule  sans  sillon.  Dans  leKanguroo,  de 
même  que  chez  les  Monotrèmes,  les  nates  sont 
plus  grands  que  les  testes ,  comme  cela  a  lieu 
généralement  pour  les  herbivores. 

En  général ,  la  glande  pinéale  natt  par 
des  faisceaux  volumineux  qui  forment  sail- 
lie au  bord  supérieur  de  la  couche  optique; 
cela  se  voit  surtout  chez  les  Sarigues. 

Les  hémisphères  cérébelleux  sont  généra- 
lement caractérisés  chez  les  Aplacentaires 
par  un  lobe  médian  volumineux  ,  de  cha- 
que côté  duquel  se  trouve  un  petit  appen- 
dice lobuleux ,  qui  est  plus  développé  chez 
les  Kanguroos  ,  les  Péramèles ,  les  Phalan- 
gers,  le  Koala;  moins  développé  chez  les 
Dasyures,  Didelphes  et  Ornithorhynques,  et 
qui  manque  chez  les  Phascolomes  :  une  pe- 
tite portion  de  la  substance  médullaire , 
appartenant  au  noyau  du  cervelet,  apparaît 
à  l'extérieur  entre  les  éminences  vermi- 
formes ,  chez  le  Kanguroo  ,  le  Phasco- 
lome, etc.  Proportionnellement  au  volume 
de  l'encéphale,  le  pont  de  Varole  est  de  pe- 
tite dimension  chez  les  Monotrèmes. 

La  moelle  épinière  présente  les  mêmes 
caractères  que  chez  les  Mammifères  pla- 
centaires, et  l'on  n'y  voit  point  de  sinus 
rhomboïdal  ;  elle  se  termine  vers  le  milieu 
de  la  région  dorsale  chez  l'Échidné. 

Organes  des  sens.  —  Nous  ne  pouvons  ci- 
ter ici  toutes  les  particularités  qui  trouve- 
ront plus  naturellement  leur  place  dans  les 
articles  consacrés  aux  divers  genres.  Nous 
indiquerons  seulement ,  par  rapport  à  l'œil , 
la  nature  cartilagineuse  de  la  sclérotique 
chez  l'Ornithorhynque ,  et  la  forme  du  globe 
de  l'œil  chez  la  Sarigue,  où  la  saillie  da 
la  cornée  n'est  pas  sensible. 

Nous  avons  déjà  signalé  le  volume  con- 


70' 


MAB 


MAR 


sidérnble  des  nerfs  olfactifs  qui  coïncide  avec 
un  plus  grand  développement  de  toutes  les 
parties  destinées  à  soutenir  la  membrane 
piîuitaire. 

La  direction  du  conduit  auditif  osseux 
varie  légèrement,  suivant  les  mœurs  des 
espèces.  Chez  les  Dasyurcs  qui  sont  carni- 
vores, le  mcat  se  dirige  un  peu  en  avant; 
il  se  dirige  un  peu  en  arrière  dans  les  Péra- 
vncles  et  les  Phalangers  ;  en  arrière  et  en 
haut  chez  le  Kanguroo;  directement  en  de- 
hors chez  le  Pétauriste  et  le  Wombat. 
Le  manche  du  marteau  semble,  en  géné- 
ral, faire  partie  du  cadre  du  tympan  ,  et 
n'adhère  ainsi  à  la  membrane  tympanique 
que  par  sa  circonférence.  Le  corps  de  l'é- 
trier  s'allonge  en  un  stylet;  quelquefois  il 
est  d'une  grande  petitesse,  et  percé  seule- 
ment d'un  très  petit  trou;  il  est  imperforé 
chez  les  Ornithorhynques. 

Les  Monotrèmes  ne  possèdent  point  d'o- 
reille externe,  et  ont  de  petits  yeux,  condi- 
tions en  harmonie  avec  les  mœurs  de  ces 
animaux  ,  qui  sont  nageurs  ou  se  creusent 
des  terriers. 

SYSTÈME  OSSEUX  ;   MEMBRES  DES  MAMMIFÈRES 
APLACENTAIRES. 

Le  caractère  essentiellement  caractéris- 
tique du  squelette  des  Mammifères  apla- 
centaires  se  trouve  dans  l'existence  des  os 
marsupiaux,  qui  sont,  comme  nous  l'a- 
vons déjà  dit,  articulés  sur  le  pubis  et 
mobiles.  Ces  os  donnent  attache  à  des  muscles 
qui ,  chez  beaucoup  de  Marsupiaux,  soutien- 
nent une  bourse,  dont  nous  parlerons  à  pro- 
pos des  organes  de  la  génération.  La  bourse 
manquecomplétement  chez  les  Monotrèmes. 

Si  l'on  excepte  le  Koala ,  les  os  marsu- 
piaux sont  plus  grands  et  plus  forts  chez  les 
Monotrèmes  que  chez  les  Marsupiaux.  Parmi 
ceux-ci,  les  Péramèles  se  distinguent  par  des 
os  marsupiaux  plus  minces  et  plus  droits  ; 
le  Myrmécobe,  par  des  os  plus  courts  :  le 
Koala,  par  des  os  plus  longs,  plus  plats,  plus 
larges  et  plus  courbés.  Chez  ce  dernier  ani- 
mal ,  l'articulation  des  os  marsupiaux  avec 
le  pubis  a  lieu  par  deux  points.  Nous  avons 
dit  ailleurs  que  l'os  marsupial  est  une  créa- 
tion toute  spéciale  propre  aux  Aplacen- 
îaires,  création  dont  la  nécessité  est  ex- 
pliquée par  l'existence  d'une  poche  abdomi- 
nale, et  qui  se  retrouve  chez  les  animaux 


dépourvus  de  poche  comme  un  des  carac- 
tères du  type  auquel  ils  appartiennent.  Le 
développement  égal  des  os  marsupiaux,  chez 
les  mâles  aussi  bien  que  chez  les  femelles , 
semble  indiquer  que  ces  os  ne  jouent  pas  un 
rôle  essentiel  dans  l'expulsion  du  fœtus  , 
comme  l'ont  pensé  plusieurs  observateurs 
distingués.  Quant  à  la  question  de  savoir 
quelle  est  la  partie  qui  représente  ces  os 
chez  les  autres  Mammifères,  on  doit  consi- 
dérer comme  analogue  le  tendon  du  muscle 
oblique  externe,  qui  constitue  le  pilier 
moyen  de  l'anneau  inguinal.  Chez  les  Mo- 
notrèmes il  est  proportionnellement  plus 
grand  que  chez  les  Marsupiaux. 

Le  crâne  est  un  cône  allongé,  en  général 
plus  déprimé  que  chez  les  Placentaires,  et 
remarquable  par  le  développement  considé- 
rable de  la  cavité  nasale  située  en  avant  de 
la  cavité  crânienne.  Chez  les  Monotrèmes, 
il  est  proportionnellement  plus  grand  que 
chez  les  Marsupiaux.  11  est  d'ailleurs  essen- 
tiellement composé  comme  celui  des  Mam- 
mifères placentaires  ,  et  présente  des  parti- 
cularités qui  seront  indiquées  dans  chacuu 
des  articles  destinés  aux  divers  genres.  Nous 
devons  remarquer  seulement  que  ses  divers 
éléments  restent  plus  longtemps  séparés  que 
chez  les  Placentaires ,  et  même  que,  dans 
quelques  genres ,  à  aucune  époque  de  la  vie, 
l'ossification  ne  gagne  assez  pour  réunir  les 
os  voisins. 

La  face  présente  aussi  le  même  nombre 
d'os  que  la  face  des  Mammifères  ordi- 
naires. Chez  les  Marsupiaux  les  intermaxil- 
laires portent  toujours  des  dents,  et  sont 
d'autant  plus  développés  que  l'appareil  den- 
taire qu'ils  portent  est  lui-même  plus  consi- 
dérable; les  dents  ont  des  caractères  qui 
sont  en  rapport  avec  le  régime  de  l'animal, 
et  dont  nous  aurons  l'occasion  d'indiquer 
les  principales  combinaisons  en  parlant  de 
la  classification.  Chez  les  Monotrèmes,  la 
face  s'étend  en  un  bec,  qui  s'effile  et  s'a- 
mincit chez  l'Échidné,  qui  s'élargit  au  con- 
traire chez  l'Ornithorhynque  et  ressemble  à 
un  bec  de  canard,  ressemblance  qui  est  ren- 
due encore  plus  étroite  par  l'existence  de 
petites  lamelles  latérales  snr  la  mâchoire 
inférieure.  Cependant  les  deux  mâchoires 
de  l'Ornithorhynque  portent  quatre  dents 
cornées  non  enchâssées  dans  l'os  maxillaire, 
mais   plutôt   appliquées  à  la   surface,   et 


MAR 


MAR 


797 


comme  encroûtées  d'une  petite  quantité  de 
phosphate  calcaire;  celles  de  l'Échidné  sont 
tout-à-fait  dépourvues  de  dents,  mais  le  pa- 
lais et  la  base  de  la  langue  sont  armées  de 
petites  épines  épidermiques  fines,  dures,  et 
dirigées  en  arrière. 

La  mâchoire  inférieure  des  Marsupiaux 
présente  un  caractère  spécial,  qui  ne  se  re- 
trouve pas  chez  les  Monotrèmes.  L'angle 
même  de  cette  mâchoire  se  courbe  en  de- 
dans sous  la  forme  d'une  apophyse  qui  prend 
des  formes  diverses,  atteint  différents  degrés 
de  développement,  et  envahit  plus  ou  moins 
l'espace  qui  se  trouve  entre  les  branches  de 
la  mâchoire.  L'angle  de  la  mâchoire  infé- 
rieure est  plus  ou  moins  ouvert;  il  est  pres- 
que nul  chez  rOrnithorhynque.  Ce  dernier 
animal  offre  aussi  une  particularité  curieuse 
dans  la  disposition  des  deux  os  maxillaires 
inférieurs,  qui,  après  s'être  rapproches  et 
unis  vers  la  partie  antérieure  de  la  face, 
se  séparent,  divergent  et  se  terminent  à 
droite  et  à  gauche  chacun  par  une  sorte 
d'apophyse  spathuliforme.  Ces  deux  pro- 
cessus répondent  aux  extrémités  infléchies 
des  inter -maxillaires ,  qui  demeurent  aussi 
séparés.  Dans  l'Échidné,  la  mâchoire  infé- 
rieure est  beaucoup  moins  développée,  et 
Consiste  en  deux  branches  styliformes  minces 
et  longues,  lâchement  unies  l'une  à  l'autre 
à  leur  extrémité  antérieure.  C'est  chez  ce 
Mammifère  que  la  mâchoire  inférieure  pré- 
sente les  plus  petites  proportions,  relative- 
ment au  crâne  et  même  à  toutes  les  autres 
parties  du  squelette. 

Chez  tous  les  Aplacentaires,  le  nombre 
des  vertèbres  cervicales  est  de  sept,  comme 
chez  les  Mammifères  ordinaires.  Parmi  les 
Marsupiaux,  le  Wombat  est  celui  qui  a  le 
plus  grand  nombre  de  vertèbres  dorsales, 
et  par  conséquent  de  côtes;  le  Pétauriste 
est  celui  qui  en  a  le  moins:  on  en  compte 
quinze  chez  le  premier,  douze  chez  le  se- 
cond. Tous  les  autres  genres  en  ont  treize. 
Les  vertèbres  lombaires  sont  au  nombre  de 
quatre  dans  le  Wombat,  de  sept  dans  le 
Pétauriste,  de  six  chez  les  autres  Marsu- 
piaux; de  sorte  que,  dans  ce  groupe  d'ani- 
maux, les  vertèbres  vraies  sont  toujours  en 
même  nombre.  Parmi  les  Monotrèmes, 
l'Echidné  a  seize  vertèbres  dorsales  à  longues 
côtes,  l'Ornithorhynque  en  a  dix-sept;  on 
trouve  chez  l'un  trois  vertèbres  lombaires, 


et  deux  seulement  chez  l'autre.  Aussi  la 
partie  considérable  du  tronc  ainsi  entourée 
par  les  arcs  costaux,  donne  à  ces  animaux 
quelque  trait  de  ressemblance  avec  le  sque- 
lette des  Lézards;  et  cette  ressemblance  est 
encore  augmentée  par  la  séparation  qui  per- 
siste longtemps  entre  les  apophyses  ou  côtes 
cervicales  et  le  corps  de  la  vertèbre.  Ces 
apophyses  sont  larges  et  dirigées  en  arrière, 
de  manière  à  s'imbriquer  les  unes  sur  les 
autres,  chez  les  Monotrèmes;  elles  prennent 
différents  degrés  de  développement  chez  les 
Marsupiaux,  parmi  lesquels  le  Koala  et  le 
Wombat  gardent  toujours  le  corps  de  l'at- 
las à  l'état  cartilagineux. 

Les  vertèbres  sacrées  varient  en  nombre 
chez  les  divers  animaux  du  type  des  Apla- 
centaires. Il  n'en  existe  qu'une  dans  les  Pé- 
ramèles  ;  on  en  compte  deux  chez  la  plupart 
des  Phalangers  ,  chez  les  Kanguroos ,  les 
Potoroos,  les  Dasyures  et  les  Ornithorhyn- 
ques;  trois  dans  l'Échidné;  quatre  dans  le 
le  Myrmécobe.  Chez  le  Wombat,  si  l'on 
considère  comme  sacrum  toutes  les  vertèbres 
qui  sont  soudées  dans  la  région  sacrée,  le 
nombre  de  celles-ci  s'élèvera  à  sept;  il  sera 
seulement  de  trois,  si  l'on  ne  tient  compte  que 
des  vertèbres  unies  aux  os  des  iles.  Il  en  ré- 
sulte une  sorte  de  disposition  intermédiaire 
qui  laisse  très  indécise  la  distinction  entre  les 
vertèbres  sacrées  et  les  vertèbres  caudales. 

La  queue  parait  manquer  dans  le  Chœ- 
ropus  ;  elle  est  très  courte  dans  le  Koala. 
Elle  devient  au  contraire  extrêmement 
longue  chez  un  grand  nombre  de  Marsu- 
piaux, sans  que  pour  cela  le  nombre  des 
vertèbres  caudales  en  indique  exactement 
la  proportion,  qui  dépend  surtout  du  vo- 
lume du  corps  des  vertèbres.  Le  Didelphis 
cancrivora  présente  trente  et  une  vertèbres 
caudales;  l'Ornithorhynque  en  a  vingt  et 
une,  et  l'Echidné  treize.  Chez  les  Marsu- 
piaux qui  ont  une  longue  queue  on  trouve 
les  os  en  V,  qui  se  rencontrent  chez  beaucoup 
de  Mammifères  ordinaires,  et  servent  à  pré- 
server les  vaisseaux  de  tout  contact  funeste. 
Dans  le  Kanguroo,  qui  se  sert  de  sa  queue 
comme  d'un  troisième  membre  postérieur, 
toutes  les  vertèbres  caudales  sont  pourvues 
de  ces  os,  qui  manquent  chez  l'Ornitho- 
rhynque, bien  que  sa  queue  soit  très  déve- 
loppée, forte  et  plate;  ils  sont  remplacés 
chez  cet  animal  par  une  crête  que  fournit 


79S 


MAR 


MAR 


le  corps  de  la  vertèbre  lui-même,  et  dont 
les  usages  physiologiques  sont  les  mêmes. 
Les  Phalangers  et  les  Didelphes  ont  la 
queue  préhensile. 

Le  sternum  présente ,  chez  les  Monotrè- 
mes,  une  disposition  remarquable  qui, 
combinée  avec  la  composition  de  l'épaule , 
contribue  à  donner  au  squelette  de  ces  ani- 
maux un  nouveau  caractère  de  ressemblance 
plus  étroite  avec  le  squelette  des  ovipares , 
Oiseaux  et  Sauriens.  Le  premier  os  sternal, 
ou  l'épisternal ,  prend  la  forme  d'un  T  dont 
chaque  branche  s'articule,  au  bord  antérieur 
de  l'omoplate ,  avec  une  apophyse  saillante 
qui  représente  l'acromion.  A  cette  même 
apophyse  aboutissent  les  clavicules ,  qui  se 
touchent  en  dessous,  se  collent  le  long  de 
chaque  branche  transverse  ,  et  finissent  par 
se  souder  avec  elles.  Un  os  qui  répond  au 
coracoïdien  des  Oiseaux  concourt,  avec  la 
tête  de  l'omoplate,  à  former  la  fosse  glénoi- 
dale,  où  la  tête  du  fémur  est  reçue;  ce  co- 
racoïde  s'articule,  en  outre,  avec  le  deuxième 
os  du  sternum,  et  aussi  avec  un  os  plat, 
nommé  épi-coracoïdien  ,  qui  s'unit  avec  le 
manche  de  l'os  en  T,  en  s'étendant  même  au- 
dessous  des  branches  transverses.  C'est  chez 
le  Lézard,  et  principalement  chez  l'Ichthyo- 
saure,  que  l'épisternum  et  les  clavicules  pré- 
sentent des  conditions  semblables  dans  leur 
forme,  leur  développement  et  leurs  rapports. 

Cette  ressemblance  avec  les  Ovipares ,  si 
sensible  dans  la  composition  de  l'épaule  des 
Monotrèmes,  se  retrouve  aussi  dans  la  con- 
stitution de  leur  bassin.  Ainsi  l'Échidné  pré- 
sente ,  comme  les  Oiseaux ,  la  large  ouverture 
de  la  cavité  cotyloïde  ;  l'Échidné  ,  et  plus 
particulièrement  l'Ornithorhynque,  ont  une 
épine  iléo-pectinée  très  développée,  égale  à 
celle  des  Tortues ,  et  qu'on  retrouve  chez  le 
Kanguroo  et  aussi  chez  les  Chauves-Souris  ; 
chez  les  deux  Monotrèmes ,  les  trois  pièces 
des  os  pelviens  restent  longtemps  distinctes, 
comme  on  l'observe  chez  les  Reptiles. 

On  trouve  des  clavicules  chez  tous  les 
Marsupiaux,  à  l'exception  des  Péramèles, 
et  peut-être  aussi  du  Chœropus.  Elles  pré- 
sentent dans  leur  forme  quelques  variations 
toutes  spécifiques,  dont  nous  ne  pouvons 
donner  ici  la  description.  Nous  renvoyons 
aussi,  pour  la  composition  générale  des 
membres ,  à  ce  que  nous  avons  dit  en  par- 
lant des  extrémités  chez  les  Mammifères  or- 


dinaires, et,  pour  les  détails,  aux  articles 
spéciaux.  Noussignalerons  seulement  comme 
caractère  général,  chez  les  Aplacentaires ,  le 
développement  considérable  de  l'olécrâne, 
le  mouvement  rotatoire  que  peuvent  exécu- 
ter les  membres  postérieurs  eux-mêmes ,  et 
la  facilité  des  mouvements  de  pronation  et 
de  supination  ,  surtout  chez  ceux  qui  doi- 
vent exécuter  les  manipulations  nécessaires 
à  l'introduction  du  fœtus  dans  la  poche 
marsupiale.  Ces  conditions  du  système  os- 
seux se  retrouvent  chez  tous,  bien  que  leurs 
membres  soient  appropriés  à  des  fonctions 
diverses  ;  les  uns  étant  grimpeurs,  et  possé- 
dant un  pouce  qui  leur  a  valu  le  nom  de 
Pédimanes;  d'autres  devant  fouir,  comme 
le  Wombat  et  l'Échidné;  d'autres  étant  di- 
gitigrades, et  armés  de  griffes  courbées; 
d'autres  enfin  étant  aquatiques ,  comme  le 
Chéironecte  et  l'Ornithorhynque.  Remar- 
quons que  chez  les  Monotrèmes,  dont  le 
squelette  rappelle  les  types  ovipares  dans 
quelques  unes  de  ses  dispositions,  on  trouve 
cependant  le  même  nombre  de  phalanges 
que  dans  les  autres  Mammifères,  ce  qui  n'a 
lieu  chez  aucun  Saurien. 

Nous  avons  eu  l'occasion  d'indiquer  les 
caractères  particuliers  de  l'hyoïde  chez  les 
Aplacentaires,  en  examinant  cet  appareil 
chez  les  Mammifères  en  général. 

C'est  à  côté  de  la  description  des  mem- 
bres qu'il  faut  parler  ici  d'un  appareil  très 
singulier,  propre  aux  Monotrèmes,  plus  pe- 
tit proportionnellement  chez  l'Échidné  que 
chez  l'Ornithorhynque,  et  qui  consiste  dans 
un  ergot  placé  aux  pieds  de  derrière,  près 
du  talon.  Dans  le  jeune  âge  ,  on  trouve  cet 
organe  chez  les  deux  sexes;  mais,  à  mesure 
que  le  développement  fait  des  progrès  ,  il 
disparaît  chez  la  femelle  et  persiste,  au  con- 
traire, chez  le  mâle,  où  il  atteint  plus  de 
longueur.  Cet  éperon  est  conique  ,  un  peu 
courbé,  à  pointe  effilée,  et  est  formé  d'une 
substance  semblable  à  la  corne.  Un  canal  le 
traverse  dans  toute  sa  longueur,  et  paraît 
destiné  à  verser  au  dehors  le  produit  de  la 
sécrétion  d'une  glande  à  laquelle  il  aboutit. 
Cet  appareil  rappelle  par  sa  forme  les  ergots 
de  certains  Oiseaux ,  et  est  analogue,  par  sa 
composition,  aux  appareils  venimeux  que 
possèdent  certains  Ovipares.  Aussi  a-t-on 
conclu  de  ce  rapport  de  structure  à  une 
identité  dans  la  fonction,  et  a  t  on  attribué 


MAR 


MAIl 


99 


en  conséquence  une  action  toxique  à  la 
sécrétion  de  cette  glande  crurale  des  Mono  - 
trèmes.  Il  paraît  cependant  que  cet  appareil 
n'est  point  une  arme  aussi  formidable,  et 
que  son  usage  se  rapporte  plus  probablement 
à  la  génération  ,  soit  que  la  sécrétion  doive 
exciter  les  ardeurs  de  la  femelle,  soit  que 
l'éperon  doive  retenir  les  animaux  accouplés 
et  assurer  le  coït ,  ou  fournir  une  arme 
aux  mâles  quand  ils  se  disputent  la  posses- 
sion d'une  femelle. 

SYSTÈME   DE    LA    CIRCULATION  CHEZ    LES  MAMMI- 
FÈRES APLACENTAIRES.  GLANDES  SANGUINES. 

La  principale  modification  qui  caractérise 
le  système  vasculaire  des  Aplacentaires  est 
l'absence  de  fosse  ovale  dans  l'oreillette 
droite,  et  l'existence  de  deux  veines  caves 
supérieures  qui  ont  chacune  une  embou- 
chure séparée;  ce  dernier  caractère  se  re- 
trouve exceptionnellement,  parmi  les  Pla- 
centaires,  chez  l'Eléphant,  comme  nous 
l'avons  indiqué ,  et  aussi  chez  quelques 
Rongeurs  ;  le  premier  est  propre  aux  Apla- 
centaires ,  ou  du  moins  aux  Marsupiaux , 
puisque  Meckel  dit  avoir  trouvé  une  fosse 
ovale  dans  le  cœur  de  l'Ornithorhynque, 
circonstance  qui  pourrait  indiquer  une  vie 
intra-utérine  plus  prolongée  chez  lesMono- 
trèmes. 

Les  globules  du  sang  sont  discoïdes  chez 
les  Aplacentaires  comme  chez  les  Mammi- 
fères ordinaires  ;  l'appendice  auriculaire 
iiroit  est  divisé,  chez  les  Marsupiaux,  en 
deux  parties,  dont  l'une  est  située  en  avant, 
et  l'autre  en  arrière  de  l'aorte. 

Le  Thymus  manque  chez  les  Marsupiaux, 
ce  qui  dépend  peut-être  de  la  formation 
précoce  des  poumons,  et  aussi  du  petit  vo- 
lume et  du  développement  graduel  du  cer- 
veau; on  sait,  en  effet,  que,  chez  les  ovovi- 
vipares, le  thymus  est  rudimentaire,  ou  que 
son  existence  est  douteuse.  Cette  glande 
existe  chez  les  Monotrèmes,  dont  le  séjour 
dans  l'utérus  paraît  être  plus  prolongé.  Dans 
J'Ornithorhynque  elle  est  composée  de  deux 
lobes  ,  dont  le  droit  est  plus  grand  et  situé 
au-devant  des  grands  vaisseaux  du  cœur. 

Un  caractère  de  la  Ralef  commun  aux 
Aplacentaires  en  général,  est  la  forme  de 
cette  glande,  qui  est  composée  de  deux  lobes 
allongés ,  réunis  en  forme  de  T  chez  les 
Marsupiaux,  et  plies  l'un  sur  l'autre  à  angle 


aigu  chez  les  Monotrèmes.  Un  troisième  lo- 
bule plus  court  se  trouve  chez  l'Échidné. 

La  glande  thyroïde  consiste  en  deux  lobes, 
quelquefois  très  petits,  comme  dans  le  Kan  • 
guroo;  quelquefois  très  allongés,  comme 
chez  le  Wombat.  C'est  à  côté  de  ce  corps 
glandulaire  qu'il  faut  placer  les  deux  glandes 
latérales  rougeâtres  et  lobulées,  que  Meckel  a 
trouvées  chez  l'Ornithorhynque,  entre  l'omo- 
plate et  l'humérus,  sous  le  pannicule  charnu. 

Les  capsules  surrénales  existent  chez  les 
Aplacentaires  ;  elles  ont  la  même  structure  et 
occupent  la  même  position  qu'on  leur  trouve 
en  général  chez  les  autres  Mammifères. 

SYSTÈME  DIGESTIF  CHEZ   LES  MAMMIFÈRES  APLA- 
CENTAIRES.  GLANDES  ANNEXES. 

Parmi  les  modifications  que  présente  la 
langue,  les  plus  remarquables  sont  celles 
que  nous  avons  signalées  chez  l'Échidné  et 
l'Ornithorhynque.  (  Voy.  langue.  )  On  a 
trouvé  des  abajoues  chez  l'Ornithorhynque, 
et  chez  deux  espèces  de  Marsupiaux,  le 
Koala  et  le  Perameles  lagotis 

L'estomac  présente  trois  modifications 
principales  ;  le  plus  généralement  il  est  sim- 
ple ;  quelquefois  il  possède,  à  l'orifice  car- 
diaque un  appareil  glandulaire  particulier, 
comme  dans  le  Phascolome  et  le  Koala  ;  enfin 
il  est  subdivisé  en  plusieurs  cavités,  comme 
chez  le  Kanguroo.  Le  cœcum  présente  aussi 
beaucoup  de  formes  diverses.  On  verra 
quelles  sont  les  modifications  qui  se  rappor- 
tent aux  différents  genres  des  Marsupiaux 
dans  le  tableau  de  la  classification  de 
M.  Owen ,  que  nous  citerons  à  la  fin  de  cet 
article.  Les  Monotrèmes  ont  un  cœcum; 
l'Échidné  possède  de  plus  un  petit  appen- 
dice vermiforme. 

Le  foie  est  généralement  divisé  en  un 
grand  nombre  de  lobes,  ainsi  que  le  pan- 
créas. Tous  les  Aplacentaires  possèdent  une 
vésicule  du  fiel,  et  l'on  retrouve  dans  la  ter- 
minaison et  le  mode  de  combinaison  des 
conduits  hépatiques  et  pancréatiques,  des 
dispositions  qui  sont  générales  dans  le  type 
Mammifère,  en  même  temps  que  des  ar- 
rangements spéciaux  propres  au  type  des 
Aplacentaires. 

Les  glandes  sous-maxillaires  acquièrent, 
chez  l'Echidné,  des  proportions  considé- 
rables qu'on  ne  retrouve  chez  aucun  autre 
Mammifère.  Cet  animal  semble  être  privé 


800 


MAR 


MAR 


de  parotides  ,   aussi  bien  que  l'Ornitho- 
rhynque. 

SYSTÈME   DE   LA    RESPIRATION    CHEZ   LES  MAMMI- 
FÈRES  APLACENTAIRES. 

Pour  leur  structure  comme  pour  leur  si- 
tuation ,  les  poumons  présentent  tous  les 
caractères  propres  au  type  mammalogique. 
Chez  tous  les  Marsupiaux,  le  poumon  droit 
est  plus  grand,  ce  qui  tient  à  la  position 
oblique  du  cœur,  qui  incline  à  gauche.  Les 
deux  poumons  sont  divisés  en  lobes  dont  le 
nombre  varie  pour  l'un  et  pour  l'autre,  et 
aussi  suivant  les  espèces.  On  trouve,  dans 
quelques  genres ,  les  arceaux  de  la  trachée 
complets,  comme  cela  existe  chez  les  Cé- 
tacés ;  cette  disposition  ne  saurait  donc 
avoir  qu'une  faible  valeur  dans  la  compa- 
raison des  Aplacentaires  avec  les  types  Ovi- 
pares. Chez  rOrnithorhynque,  comme  chez 
les  animaux  aquatiques  ,  la  trachée  est 
grande,  et  les  arceaux  des  bronches  conti- 
nuent à  rester  osseux  dans  une  grande 
étendue  des  poumons.  Le  larynx  offre  quel- 
ques particularités  dont  nous  parlerons  en 
examinant  la  trachée-artère  {voy.  ce  mot). 

SYSTÈME  DE  LA  REPRODUCTION  CHEZ  LES  MAMMI- 
FÈRES APLACENTAIRES.  APPAREIL  URINAIRE. 

Le  caractère  essentiel  de  l'appareil  repro- 
ducteur, chez  les  Mammifères  aplacentaires, 
est  la  duplicité  des  parties  qui  le  composent  ; 
duplicité  dont  nous  avons  déjà  trouvé  des 
exemples  chez  certains  Mammifères  ordi- 
naires, et  qui,  dans  ces  derniers,  est  l'état 
primitif  des  organes  sexuels  de  l'embryon. 
On  ne  peut  donc  inférer  de  cette  disposi- 
tion, bien  qu'elle  rappelle  certaines  condi- 
tions des  canaux  efférents  des  Ovipares,  que 
les  Apîacentaires  possèdent  réellement  quel- 
que affinité  avec  les  Oiseaux  ou  avec  les 
Reptiles;  il  serait  plus  exact  de  dire  qu'ils 
appartiennent  à  un  type  dont  les  représen- 
tants s'arrêtent  à  un  degré  moins  élevé,  dans 
la  série  des  phénomènes  génésiques  que 
parcourt  dans  ce  type  l'appareil  reproduc- 
teur qui  est  le  plus  parfait,  c'est-à-dire 
celui  qui  offre  dans  sa  composition  le  plus 
d'unité  et  de  centralisation.  Il  serait  encore 
moins  rationnel  de  conclure,  de  cette  con- 
stitution analogue  à  ce  que  l'on  trouve  chez 
les  Ovipares,  que  le  produit  de  la  génération 
doit   être   expulsé  chez  les  Aplacentaires  , 


dans  le  même  état  que  chez  les  Ovipares , 
surtout  quand  on  se  rappelle  que  l'unifor- 
mité de  structure  des  appareils  générateurs 
chez  les  Reptiles  n'exclut  pas  des  diffé- 
rences considérables  dans  la  condition  native 
du  jeune  animal.  Ainsi,  bien  que  les  or- 
ganes reproducteurs  soient  identiques  chez 
les  serpents  venimeux  et  chez  ceux  qui  ne  sont 
pas  nuisibles,  les  premiers  sont  cependant 
ovovivipares,  tandis  que  les  seconds  sont 
ovipares;  et  cette  différence  dans  l'état  plus 
ou  moins  avancé  du  jeune  être  se  rencontre 
aussi  entre  le  Lacerta  crocea  et  le  Lacerta 
agilis,  qui  possèdent  cependant  un  système 
génital  semblable,  et  qui  même  ont  été 
longtemps  confondus. 

C'est  seulement  en  combinant  les  raisons 
physiologiques  fournies  par  l'étude  des  pha- 
ses d'évolution  plus  ou  moins  considérables 
et  plus  ou  moins  prolongées,  accomplies  par 
le  fœtus  dans  le  sein  de  la  mère,  avec  les  ca- 
ractères propres  au  type  fondamental,  et  avec 
le  degré  zoologique  plus  ou  moins  élevé  au- 
quel atteint  chaque  type  secondaire,  qu'on 
pourra  peut-être  se  rendre  compte  des  varia- 
tions nombreuses  que  présente  l'appareil 
reproducteur  des  Mammifères,  quand  on  le 
compare  à  l'appareil  si  invariablement  com- 
posé chez  les  Oiseaux  et  les  Ovipares  en  gé- 
néral. 

Chez  les  Aplacentaires,  l'appareil  mâle  est 
composé  de  deux  testicules  avec  leur  épidi- 
dyme  et  leur  canal  déférent,  des  glandes  de 
Cowper  et  du  pénis.  Il  ne  possède  pas  de  vési- 
cules séminales,  et  le  corps  glanduleux  de  la 
prostate  n'existe  que  chez  les  Marsupiaux.  — 
L'appareil  femelle  consiste  en  deux  ovaires, 
deux  oviductes  ou  trompes  de  Fallope,  deux 
utérus,  un  clitoris  et  des  mamelles.  Les  Mar- 
supiaux ont  de  plus  que  les  Monotrèmes  deux 
vagins  et  une  poche  abdominale  plus  ou 
moins  développés.  L'appareil  reproducteur 
débouche  dans  le  conduit  urétro-sexuel , 
qui  aboutit  au  dehors  indépendamment  de 
l'anus,  chez  les  Marsupiaux,  et  qui,  chez  les 
Monotrèmes,  s'ouvre  dans  un  vestibule  où  se 
termine  aussi  l'intestin.  Cependant,  si  cette 
dernière  disposition  est  très  remarquable 
dans  le  groupe  des  Mammifères  qui  la  pré- 
sente, elle  ne  constitue  peut-être  pas  un 
caractère  très  distinctif  entre  ce  groupe  et 
celui  des  Marsupiaux.  En  effet,  bien  que 
l'anus  ait,  chez  ces  derniers,  un  sphincter 


MAR 

propre,  H  est  aussi  compris,  avec  l'orifice 
génital,  dans  un  sphincter  commun  plus 
grand;  de  sorte  que,  même  chez  le  mâle, 
quand  le  pénis  se  retire,  les  voies  fécales, 
urinaires  et  génitales  s'ouvrent  dans  un  ves- 
tibule commun  ;  on  pourrait  donc  dire  dans 
ce  sens  que  les  Marsupiaux  sont  aussi  mo- 
notrèmes. 

Les  testicules  n'ont  pas  encore  quitté  l'ab- 
domen à  la  naissance  des  jeunes  Marsupiaux; 
mais  bientôt  ils  descendent  dans  la  poche 
du  scrotum,  et  leur  tunique  vaginale  reste 
en  communication  avec  la  cavité  abdominale 
par  un  canal  long,  étroit  et  toujours  libre. 
Chez  les  Monotrèmes  les  testicules  restent 
toujours  dans  l'abdomen,  et  ce  caractère  dis- 
tingue ces  animaux  des  autres  Aplacentaires. 
Vépididy  me  est  volumineux  et  lâchementuni 
à  la  glande  testiculaire.  Les  canaux  déférents, 
après  une  course  plus  ou  moins  flexueuse, 
aboutissent  au  verumontanum  ou  au  canal 
urétro-sexuel.  Chez  les  Monotrèmes,  ils  sont 
remarquables  par  leur  volume  et  par  leur 
surface  plissée  transversalement,  qui  semble 
en  faire  une  continuation  de  l'épididyme. 

Au-dessous  du  col  de  la  vessie ,  le  canal 
de  l'urètre ,  dont  la  membrane  est  en  con- 
nexion avec  la  prostate,  qui  semble  combinée 
avec  elle,  présente  une  dilatation  que  nous 
signalerons  ici,  parce  que  cette  partie,  faisant 
suite  aux  canaux  déférents,  représente  le 
vagin,  et  montre  ainsi  cette  correspondance 
que  nous  avons  déjà  indiquée,  et  dont  nous 
allons  trouver  de  nouvelles  preuves  entre 
l'appareil  mâle  et  l'appareil  femelle.  - 

Les  glandes  de  Cowper  sont,  chez  les  Mar- 
supiaux, au  nombre  de  trois  paires  qui  va- 
rient dans  leur  grandeur  relative,  et  sont 
renfermées  chacune  dans  une  capsule  mus- 
culaire. Ces  glandes  sont  volumineuses  chez 
les  Monotrèmes,  et  débouchent  aussi  dans 
l'urètre,  comme  les  canaux  déférents,  cir- 
constance qui  indique  les  rapports  physio- 
logiques de  ces  glandes  avec  le  sperme,  et 
distingue  en  même  temps  les  Monotrèmes 
des  Ovipares,  qui  ne  possèdent  pas  d'organes 
semblables. 

Le  pénis  naît  par  deux  racines  qui  ne  s'at- 
tachent pas  au  pubis,  et  se  trouve  ainsi 
composé  de  deux  moitiés  qui  se  rencontrent 
à  une  distance  plus  ou  moins  éloignée  de 
leur  origine.  Chez  les  Marsupiaux  unipares, 
*our  lesquels  le  coït  ne  féconde  qu'un  œuf 
*.  vu. 


MAR 


SOI 


sur  un  ovaire,  les  deux  moitiés  du  pénis 
restent  unies  à  leur  partie  antérieure ,  et 
le  gland  est  simple  ,  comme  chez  le  Kan- 
guroo,  le  Potoroo.  Au  contraire,  chez  les 
Aplacentaires  multipares,  les  deux  moitiés, 
après  s'être  accolées,  se  séparent  et  forment 
un  pénis  bifurqué  destiné  à  s'introduire  dans 
le  vagin  double  de  la  femelle  ;  c'est  ainsi 
qu'on  le  trouve  chez  les  Didelphes,  les  Pha- 
Iangers,  les  Péramèles,  les  Ornithorhyn- 
ques,  etc.  Le  canal  de  l'urètre  se  continue, 
en  général,  sur  ce  pénis  en  deux  gouttières 
terminales  divergentes;  mais,  chez  le  Pera- 
meles  lagotis,  chaque  division  péniale  est 
perforée,  et  le  canal  de  l'urètre  est  divisé 
par  une  cloison  médiane.  Dans  le  Wombat, 
le  gland  est  cylindrique,  grand,  légèrement 
divisé  en  quatre  lobes,  et  est  revêtu  d'una 
membrane  calleuse  armée  d'épines  cornées, 
répandues  çà  et  là  et  recourbées  ;  cette 
structure  ne  se  présente  que  dans  l'Ornitho- 
rbynque,  chez  lequel  trois  ou  quatre  épines 
plus  fortes  et  plus  grandes  que  les  autres  ter- 
minent chaque  lobe  pénial.  ChezrÉchidné, 
le  gland  est  complètement  partagé  en  quatre 
lobes  couverts  de  petites  papilles  que  l'on  re- 
trouve chez  le  Phalanger,  le  Pétauriste.  Re- 
marquons la  persistance  du  caractère  typique 
dans  la  structure  du  pénis  du  Kanguroo,  qui, 
bien  que  terminé  par  un  gland  simple ,  naît 
cependant  par  deux  racines  distinctes. 

Outre  les  muscles  qui  impriment  divers 
mouvements  au  pénis,  il  en  existe  un  qui 
joue  un  grand  rôle  dans  l'érection  de  cet 
organe;  c'est  le  sphincter  du  cloaque  qui 
passe  sur  les  côtés  du  pénis  et  embrasse  les 
deux  bulbes,  les  glandes  de  Cowper  avec 
leur  muscle,  et  se  termine  en  un  gros  fais- 
ceau au-dessus  du  dos  du  pénis,  dont  il 
comprime  les  veines,  arrête  le  sang  refluent, 
détermine  l'érection  et  remplace  ainsi  la 
pression  que  ne  saurait  fournir  le  pubis, 
puisque  le  pénis  ne  peut  s'appliquer  à  cet  os. 
Dans  l'état  de  repos,  le  pénis  est  courbé  sur 
lui-même,  et  le  gland  est  tout-à-fait  caché 
dans  le  cloaque;  par  l'érection,  il  se  détend 
et  fait  saillie  comme  chez  les  Ovipares. 

Chez  les  Monotrèmes,  le  conduit  urinaire 
se  sépare  du  conduit  séminal  ;  celui-ci  arrive 
seul  jusqu'à  l'extrémité  du  gland,  se  divise 
d'abord  en  deux  branches,  puis  en  rameaux  et 
en  ramuscules  égaux  en  nombre  aux  papilles 
qui  couvrent  le  gland.  Cette  appropriation 
101 


802 


MAR 


exclusive  du  pénis  aux  fonctions  sexuelles 
ît  son  isolement  de  l'appareil  urinaire  sont 
un  fait  physiologique  d'un  grand  intérêt. 

Par  leur  position  et  leur  composition 
essentielle,  les  organes  femelles  correspon- 
dent aux  organes  mâles. 

Les  deux  ovaires  présentent  un  volume 
égal  chez  les  Marsupiaux  ;  ils  sont  au 
contraire  inégalement  volumineux  chez 
les  Monotrèmes ,  où  la  partie  gauche  est 
plus  considérable  que  la  partie  droite, 
comme  chez  les  Oiseaux.  Petits  et  simples 
chez  les  Kanguroos  qui  sont  unipares  ,  les 
ovaires  deviennent  plus  ou  moins  tubercu- 
leux et  relativement  plus  grands,  dans  les 
genres  multipares.  Ils  sont  elliptiques , 
comprimés  et  lisses  chez  les  Dasyures  et 
les  Pétauristes,  et  prennent  quelquefois 
la  forme  d'une  grappe,  comme  on  le  voit 
chez  les  Monotrèmes  et  principalement  chez 
le  Wombat.  Le  pavillon  de  la  trompe  se  dé- 
coupe aussi,  chez  ce  Marsupial,  en  franges 
beaucoup  plus  nombreuses  que  dans  les  au- 
tres Mammifères  du  même  groupe;  les  corps 
frangés  manquent  chez  les  Monotrèmes. 
Les  oviductes  ou  trompes  suivent  dans  leur 
marche  une  direction  plus  ou  moins  si- 
nueuse et  peuvent  être  lisses  sur  leur  face  in- 
terne, comme  chez  les  Monotrèmes,  ou  mar- 
quées de  replis  nombreux,  comme  chez  les 
Marsupiaux. 

C'est  dans  les  parties  qui  continuent 
celles  que  nous  venons  de  nommer,  et  qui 
nous  ont  présenté  la  disposition  générale 
propre  aux  Mammifères,  que  se  manifestent 
les  modifications  les  plus  caractéristiques  de 
l'appareil  de  la  génération  chez  la  femelle. 
Les  utérus  sont  toujours  distincts,  comme 
nous  l'avons  vu  d'ailleurs  chez  le  Lièvre  et 
quelques  autres  genres  de  Rongeurs.  Mais 
de  plus,  le  vagin  se  présente  sous  la  forme 
d'un  double  canal  dont  chaque  moitié  ne  se 
confond  pas  avec  l'autre  en  une  cavité  com- 
mune, et  il  représente  ainsi,  à  un  état  beau- 
coup mieux  marqué,  cette  division  que  nous 
avons  vu  exister  aussi  primitivement  dans  le 
vagin  des  femelles  vierges,  et  dont  la  trace 
se  trouve  dans  la  membrane  de  l'hymen. 
Le  vagin  n'existe  pas  dans  les  Monotrèmes, 
chez  lesquels  les  utérus  débouchent  dans  le 
conduit  urétro-sexuel.  La  duplicité  du  va- 
gin, outre  qu'elle  est  en  harmonie  avec  le 
degré  moins  élevé  de  développement  auquel 


MAR 

s'est  arrêté  en  général  l'appareil  génital 
des  Marsupiaux,  a  probablement  sa  raison 
physiologique  dans  la  petite  taille  qu'a  ac- 
quise le  fœtus  quand  il  traverse  ce  con- 
duit. 

La  division  est  complète  dans  quelques 
genre  ;  elle  est  au  contraire  incomplète 
dans  quelques  autres,  et,  chez  ceux-ci,  la 
portion  divisée  est  toujours  celle  qui  est  le 
plus  rapprochée  du  conduit  urétro-sexuel. 
Pour  comprendre  les  formes  diverses  que 
prennent  les  vagins  dans  leur  marche,  on 
peut  se  les  représenter  théoriquement  comme 
deux  tubes  flexibles  qui,  partant  de  l'extré- 
mité inférieure  de  l'utérus,  et  devant  at- 
teindre le  conduit  urétro-sexuel  situé  au- 
dessous,  descendraient  d'abord  l'un  à  côté  de 
l'autre  sur  la  ligne  médiane,  comme  s'ils 
devaient  aboutir  directement  dans  le  con- 
duit, mais  se  relèveraient  et  se  jetteraient 
en  dehors  pour  se  contourner  en  anses  de 
vase,  avant  de  se  rapprocher  encore  pour 
s'ouvrir  dans  le  conduit  commun.  Il  résulte 
de  cette  disposition,  qu'ils  forment  d'abord 
une  partie  moyenne  en  cul-de-sac,  descen- 
dant sur  la  ligne  médiane  et  accostée  de 
deux  canaux  arrondis. 

Dans  quelques  genres,  et  par  exemple  dans 
le  Didelphedorsigère,  la  partie  moyenne  en 
cul-de-sac  n'est  presque  pas  indiquée,  et 
les  tubes  vaginaux  marchent  bien  distincts 
l'un  de  l'autre,  dès  qu'ils  ont  reçu  l'utérus. 
Chez  d'autres  Marsupiaux,  comme  les  Pétau- 
res,  cette  même  partie  est  formée  par  chaque 
tube  qui,  accolé  à  son  voisin,  mais  sans  com- 
muniquer avec  lui,  s'avance  assez  bas  sur  la 
ligne  médiane  ,  sans  arriver  jusqu'au  con- 
duit urétro-sexuel.  La  partie  en  cul-de- 
sac  atteint  ce  conduit  chez  le  Didelphe  de 
Virginie  et  le  Dasyure  viverrin ,  chaque 
tube  étant  plus  intimement  uni  à  son  con- 
génère, mais  non  confondu  avec  lui.  Par 
une  fusion  plus  complète,  les  deux  tubes, 
descendus  jusqu'au  conduit  urétro-sexuel, 
dans  le  Kanguroo,  le  Wombat,  les  Phalan- 
gers,  forment  une  seule  cavité  ou  cul-de- 
sac  vaginal,  dans  laquelle  s'ouvrent  les  deux 
utérus,  et  où  l'on  aperçoit  les  traces  de  la 
duplicité  primitive  dans  une  cloison  impar- 
faite. Enfin,  cette  chambre  que  l'on  a  prise 
quelquefois  pour  l'utérus,  et  que  l'on  a  con- 
sidérée à  tort  comme  s'ouvrant  directement 
par  le  bas  dans  le  conduit  urétro-sexuel  au 


MAR 


MAR 


803 


moment  du  part,  cette  chambre  prend  une 
dimension  plus  considérable  encore  en  se 
dilatant  en  haut  et  en  dehors  près  de  l'ori- 
fice de  l'utérus  ,  comme  nous  le  voyons 
dans  le  Kanguroo-rat.  Toutes  ces  modi- 
fications ne  portent  que  sur  la  partie 
moyenne  des  tubes  vaginaux ,  qui ,  dans 
tous  les  cas,  se  continuent  extérieurement 
en  anses ,  dont  le  point  de  terminaison  se 
trouve  dans  le  conduit  urétro-sexuel.  La 
raison  physiologique  de  ces  circonvolutions 
dans  la  portion  terminale  de  l'appareil  re- 
producteur chez  la  femelle  ,  se  trouve  sans 
doute  dans  la  nécessité  d'assurer  la  gesta- 
tion utérine  et  d'empêcher  l'avortement 
chez  des  animaux  dont  le  fœtus  n'est  at- 
taché par  aucun  lien  dans  le  sein  de  la 
mère.  Aussi  l'hypothèse  d'une  vie  utérine 
plus  prolongée  chez  les  Monotrèmes,  rendue 
probable  par  plusieurs  considérations  tirées 
de  leur  organisme ,  et  de  l'observation  du 
jeune,  peut  s'appuyer  encore  sur  la  marche 
directe  des  canaux  efférents  chez  ces  ani- 
maux. 

Le  conduit  urétro-sexuel  des  Monotrèmes 
reçoit  les  deux  utérus  avec  la  sécrétion  uri- 
naire,  et  s'ouvre  inférieurement ,  par  un 
orifice  rétréci ,  dans  le  vestibule  où  le 
rectum  débouche  en  arrière. 

Le  clitoris  est  simple  ou  bifurqué,  selon 
que  les  mâles  ont  eux-mêmes  un  pénis 
simple  ou  bifide.  Chez  l'Ornithorhynque, 
on  trouve  à  la  base  du  clitoris  deux  petites 
glandes  arrondies,  analogues  aux  glandes  de 
Cowper,  et  s'ouvrant  sous  le  prépuce  de 
l'organe. 

On  ne  connaît  pas  d'une  manière  positive 
la  durée  de  la  gestation  utérine,  ni  celle  de 
la  gestation  marsupiale  ou  mammaire  dans 
les  différents  genres.  La  première  paraît  être 
de  trente-huit  jours  à  peu  près  chez  le  grand 
Kanguroo  ;  la  seconde  dure  environ  huit 
mois  chez  le  même  animal. 

Le  mode  d'accouplement  paraît  être  le 
même  que  chez  les  Mammifères  en  général  ; 
du  moins  on  a  vu  le  mâle  du  grand  Kangu- 
roo embrasser  la  femelle  avec  ses  membres 
antérieurs ,  comme  le  fait  le  Chien ,  et  re- 
nouveler le  coït  trois  fois  pendant  le  rappro- 
chement qui  dura  environ  un  quart  d'heure. 

Mamelles.  —  La  structure  de  la  glande 
mammaire  des  Marsupiaux  est  essentielle- 
ment la  même  que  celle  d«*  Mammifères 


ordinaires;  son  caractère  particulier  réside 
surtout  dans  la  présence  d'un  muscle  ana- 
logue au  crémaster  du  mâle,  qui  l'embrasse 
et  peut  la  presser  pour  pousser  le  lait  dans  la 
bouche  du  jeune,  comme  nous  l'avons  in- 
diqué déjà.  L'extrémité  de  la  mamelle  est 
imperforée  à  son  centre,  et  la  sécrétion  lacté;- 
s'échappe  par  de  petits  orifices  au  nombre, 
de  six  à  dix,  percés  en  cercle  sur  le  bout  de 
la  tétine.  A  mesure  que  le  fœtus  mammaii  o 
croît,  la  tétine,  qui  est  plus  longue  et  plus 
déliée  que  chez  les  autres  Mammifères, 
augmente  en  volume  et  se  gonfle  en  une 
dilatation  terminale  qui  se  loge  sur  le  dos 
de  la  langue  du  fœtus,  comme  nous  l'avons 
décrit  en  parlant  du  développement.  On 
aperçoit  déjà  ces  organes  chez  tous  les  jeunes 
Marsupiaux,  sous  la  forme  de  petits  orifices 
renfermés  dans  une  sorte  de  gaîne,  qui  se 
renverse  quand  la  glande  a  acquis  plus  de 
développement;  les  mamelles  restent  alors 
externes,  du  moins  dans  le  Kanguroo. 

Chez  les  Monotrèmes ,  la  glande  mam- 
maire consiste  en  cent  ou  deux  cents  cœ- 
cums  cylindriques,  placés  les  uns  à  côté  des 
autres  dans  la  région  abdominale;  tous  ces 
tubes,  arrondis  à  leur  extrémité  libre,  con- 
vergent vers  une  petite  aire  ovale,  située  à 
peu  de  distance  du  cloaque,  et  ne  forment 
pas  de  tétine.  Mais,  comme  nous  l'avons  ex- 
pliqué à  propos  du  développement,  la  bouche 
du  jeune  est  merveilleusement  adaptée  à  une 
succion  sur  une  surface  plane. 

Cette  structure  exceptionnelle  de  l'organe 
mammaire  des  Monotrèmes  nous  ■  montre 
l'état  en  quelque  sorte  élémentaire  de  cette 
glande,  et  le  degré  le  moins  élevé  de  son 
développement.  En  effet,  si  nous  comparons 
la  composition  des  mamelles  dans  toute  la 
classe  des  Mammifères,  nous  pouvons  nous 
en  représenter  la  complication  successive 
sous  une  forme  théorique  assez  simple,  dont 
les  cœcums  mammaires  des  Monotrèmes 
seront  le  point  de  départ.  Supposohs  qu'un 
certain  nombre  de  ces  cœcums  s'anasto- 
mosent entre  eux,  et  forment  plusieurs 
groupes  aboutissant  à  plusieurs  canaux  ex- 
créteurs qui  s'ouvrent  à  la  surface,  nous  au- 
rons les  tétines  multiples  des  Chiennes,  par 
exemple.  La  concentration  de  ces  canaux 
vers  un  même  point  nous  donnera  la 
mamelle  de  la  Femme,  du  Rhinocéros;  la 
fusion  de  tous  ces  canaux  en  un  seul  canal 


804 


MAR 


qui  débouche  à  l'extérieur  par  un  seul  ori- 
fice, nous  représente  le  dernier  terme  du 
développement  mammaire,  celui  que  nous 
trouvons  dans  la  Vache. 

Chez  les  Marsupiaux,  comme  chez  les 
autres  Mammifères ,  le  nombre  des  ma- 
melles est  en  rapport  avec  le  nombre  des 
petits  d'une  portée;  mais,  comme  le  pro- 
duit de  deux  gestations  demande  le  lait  de 
la  mère  pendant  quelque  temps  ,  il  reste 
toujours  quelques  mamelles  en  quelque 
sorte  supplémentaires,  destinées  à  allaiter  le 
jeune  qui  a  déjà  quitté  la  poche,  tandis  que 
les  fœtus  de  la  portée  suivante  sont  en- 
core greffés  à  la  mère.  Ainsi  les  Kanguroos, 
qui  sont  unipares,  ont  quatre  mamelles, 
aussi  bien  que  les  Pétauristes,  qui  mettent 
bas  deux  petits,  et  les  Thylacines.  Dans  le 
Perameles  nasuta  et  le  Phascogale  penicil- 
lata,  le  nombre  des  mamelles  est  de  huit, 
placées  circulairement  chez  le  second,  et  dis- 
posées Iongitudinalement  sur  deux  lignes 
légèrement  courbes  chez  le  premier.  On 
compte  neuf  mamelles,  quatre  de  chaque 
côté  et  une  dans  le  milieu,  chez  les  Didelphis 
opossum  et  dorsigera.  L'Opossum  de  Vir- 
ginie a  treize  mamelles,  six  de  chaque  côté, 
et  ta  treizième  médiane. 

Poche  marsupiale.  — On  sait  déjà  que  cet 
organe  remarquable,  destiné  à  envelopper 
les  mamelles  et  à  recevoir  les  petits,  manque 
chez  les  Monotrèmes.  Le  degré  de  dévelop- 
pement qu'il  acquiert  chez  les  Marsupiaux 
semble  être  en  raison  inverse  du  développe- 
ment de  l'utérus,  et  en  raison  directe  de 
celui  du  vagin  ;  il  est  aussi  probablement 
en  rapport  avec  la  somme  de  métamor- 
phoses que  subit  le  jeune  dans  le  sein  de  la 
mère  avant  sa  naissance  utérine.  Le  Didel- 
phe  dorsigère ,  dont  l'utérus  est  très  grand 
et  le  vagin  simple,  a  une  poche  tout-à-fait 
rudimentaire;  les  Kanguroos  et  lesPotoroos 
don  t  l'utérus  est  court,  et  dont  les  vagins  avec 
leur  cul-de-sac  vaginal  sont  très  développés, 
ont  une  bourse  vaste  et  profonde.  L'ouver- 
ture de  cette  bourse  se  dirige  en  avant  chez  la 
plupart  des  Marsupiaux  ;  chez  les  Péramèles 
et  le  Chœropus  elle  est  au  contraire  dirigée 
vers  la  vulve.  Cette  ouverture  est  fermée  par 
un  sphincter  puissant.  Dans  les  fœtus  mâles, 
il  .paraît  que  l'on  observe  des  indices  d'une 
poche  rudimentaire  qui  s'oblitère  à  mesure 
que  les  sexes  se  caractérisent,  et  ce  fait  est 


MAR 

intéressant  à  constater  quand  on  le  rap- 
proche de  cet  état  général  primitif  par  le- 
quel l'appareil  mâle  présente ,  chez  tous  les 
Mammifères,  l'apparence  du  sexe  femelle. 
Les  rudiments  de  la  poche  persistent  même 
à  l'état  adulte  dans  les  Thylacines  mâles. 
Appareil  urinaire.  —  Par  leur  forme,  leur 
structure  et  leur  position,  les  reins  présen- 
tent dans  le  type  des  Aplacentaires  les  mêmes 
caractères  que  dans  le  type  des  Mammifères 
ordinaires.  On  y  trouve  les  deux  substances 
corticale  et  médullaire  ;  ils  sont  simples  ; 
leur  surface  est  lisse.  Les  différences  ne  com- 
mencent dans  la  constitution  de  l'appareil 
urinaire  qu'au  point  de  la  terminaison  des 
urètres  chez  les  Monotrèmes.  Et  il  est  remar- 
quable, comme  le  dit  M.  Owen,  que  cette  dé- 
viation du  type  mammalogique  général,  qui 
rapproche  les  Monotrèmes  des  Chéloniens, 
commence  dans  les  parties  de  l'appareil 
urinaire  qui  sont  en  rapport  avec  ceux  des 
organes  de  la  reproduction  où  apparaît  plus 
spécialement  le  type  ovipare. 

DÉFINITION  DES   MAMMIFÈRES  APLACENTAIRES. 

Comme  nous  allons  le  voir  à  propos  de  la 
classification,  on  n'a  pas  tout  d'abord  con- 
sidéré les  Monotrèmes  comme  des  Mammifè- 
res ;  mais  les  découvertes  successives  de  l'a- 
natomie,  et  celles  de  l'embryologie  tout 
incomplètes  qu'elles  sont  encore,  ont  montré 
d'une  manière  de  plus  en  plus  évidente  que 
ces  animaux  doivent  prendre  place  dans  le 
grand  groupe  des  Mammifères.  En  effet,  les 
Monotrèmes,  comme  les  Marsupiaux,  ont  la 
mâchoire  supérieure  immobile;  leur  mâchoire 
inférieure  n'est  pas  articulée  avec  un  os  carré  ; 
le  crâne  repose  sur  l'atlas  par  deux  condyles  ; 
—  les  globules  du  sang  sont  circulaires; 
l'aorte  se  courbe  à  gauche;  — les  poumons, 
composés  d'un  tissu  spongieux,  sont  divises 
et  subdivisés  en  cellules  très  petites,  et  ap- 
pendus  librement  dans  la  cavité  thoracique  ; 
celle-ci  est  séparée  de  la  cavité  abdominale 
par  le  diaphragme  ;  —  il  existe  des  mamelles 
qui  acquièrent  un  développement  plus  con  • 
sidérable  à  l'époque  de  la  gestation;  —  la 
peau  est  garnie  de  poils. 

Pour  indiquer  le  caractère  distinctif  du 
type  secondaire  que  nous  venons  d'étudier, 
il  nous  suffira  de  dire  que  les  Mammifères 
qui  le  composent  sont: 

Aplacentaires,  parce  qu'ils  ne  paraissent 


MAR 


1UAR 


805 


pas  posséder  le  lien  organique  qu'établissent 
les  vaisseaux  allantoïdiens  chez  les  Placen- 
taires, avec  lesquels  cependant  ils  ont  des 
affinités  primitives  qui  sont  représentées  par 
les  mots  Vertébrés,  Allantoïdiens,  Mammi- 
fères, que  nous  avons  définis  précédemment. 

Voy.  MAMMIFÈRES. 

Avec  cette  différence  fondamentale  se  ren- 
contrent plusieurs  particularités  organiques 
qu'on  peut  résumer  de  la  manière  suivante, 
en  les  rapportant  principalement  à  deux  sys- 
tèmes : 

Système  nerveux:  Vas  de  corps  calleux, 
ou  plutôt  un  corps  calleux  tout-à-fait  rudi- 
men  taire. 

Système  osseux  :  Des  os  marsupiaux  arti- 
culés et  mobiles  sur  le  pubis. 

CLASSIFICATION  DES  MAMMIFÈRES  APLACENTAIRES. 

Il  faut  attendre  du  temps  et  des  circon- 
stances favorables  la  connaissance  des  phé- 
nomènes génésiques  qui  pourront  nous  faire 
apprécier  les  affinités  des  différents  genres 
compris  dans  le  type  si  remarquable  et  en- 
core si  mal  connu  des  Mammifères  Aplacen- 
taires.  A  défaut  de  ce  guide,  les  naturalistes, 
en  suivant  les  procédés  ordinaires  de  la  zoo- 
logie, ont  néanmoins  groupé  ces  animaux  de 
manières  diverses ,  et  nous  allons  indiquer 
les  principales  modifications  que  les  méthodes 
ont  subies  sous  ce  rapport. 

Les  Mammifères  Aplacentaires,  si  l'on 
excepte  l'Opossum  de  Virginie,  sont  confinés 
dans  l'hémisphère  austral,  et  appartiennent 
en  général  à  l'Australie,  où  les  différents 
genres  semblent  jouer  des  rôles  correspon- 
dant à  ceux  des  Mammifères  Placentaires 
sur  les  autres  continents.  Les  considérations 
intéressantes  auxquelles  nous  conduirait 
l'étude  de  la  distribution  géographique  de 
ces  animaux-,  et  celles  que  pourrait  nous 
fournir  la  palœontologie,  doivent  se  trouver 
dans  les  articles  spéciaux  consacrés  à  ces 
matières  dans  cet  ouvrage,  et  nous  nous 
abstenons  de  ces  digressions,  pour  lesquelles 
la  place  nous  manque.  Nous  voulions  seule- 
ment appeler  l'attention  sur  l'habitation  de 
ces  Mammifères  sur  le  globe,  pour  faire  com- 
prendre comment  quelques  uns  d'entre  eux 
restèreo'  si  longtemps  inconnus,  et  pourquoi 
leur  mode  d'existence  ,  leur  organisation  , 
leur  développementsurtout,  nous  sontencore 
aujourd'hui  si  imparfaitement  expliqués. 


C'est  vers  1792  que  Sbaw  fit  connaître 
TEchidné  épineux  dans  le  3e  volume  de  ses 
Naturalist's  Miscellany  ;  c'est  dans  l'année 
1799  que  le  même  naturaliste  parla  de 
l'Ornithorhynquc  dans  le  10'  volume  du 
même  ouvrage ,  presque  en  même  temps 
que  Blumenbach  le  publiait  et  le  nommait 
dans  son  Manuel  d'Hist.  Nat.  Le  naturaliste 
anglais,  appréciant  avec  assez  de  justesse  les 
analogies  de  cet  animal  singulier,  le  plaça, 
ainsi  que  l'Échidné,  à  la  suite  des  Myrmeco- 
phaga;  le  savant  Allemand,  moins  heureux, 
ne  tint  compte  que  des  caractères  fournis  par 
les  extrémités ,  et  rangea  l'Ornithorhynque 
dans  sa  division  des  Mammifères  palmipè- 
des. Everard  Home  (1801,  1802),  en  appe- 
lant l'attention  sur  l'appareil  sexuel  des 
deux  animaux,  comprit  les  affinités  qui  les 
unissent;  mais,  les  considérant  comme  s'éloi- 
gnant  considérablement  de  tous  les  autres 
Mammifères,  il  en  fit  une  classe  distincte,  in- 
termédiaire aux  Mammifères  et  aux  Ovipa- 
res. Geoffroy,  en  adoptant  la  distinction 
établie  par  Home,  rapprocha  davantage  ces 
animaux  de  la  classe  des  Mammifères,  et  en 
forma  un  ordre  distinct,  qu'il  désigna  sous 
le  nom  de  Monotrèmes.  Cependant  les  zoo- 
logistes que  nous  venons  de  nommer,  et 
d'autres  auteurs,  ne  considéraient  pas  les  Mo- 
notrèmes comme  des  Mammifères;  au  con- 
traire, Spix,  Oken,  Cuvier  et  M.  de  Blainville 
appuyèrent  ce  rapprochement  sur  des  analo- 
gies, et  Meckel  apporta  une  preuve  de  la  plus 
grande  valeur  en  faveur  de  cette  dernière 
opinion,  par  la  découverte  des  mamelles 
de  rOrnithorhynque.  Dès  lors  les  Monotrè- 
mes sont  généralement  considérés  comme 
des  Mammifères  ;  mais  leurs  affinités  avec 
les  animaux  de  ce  groupe  sont  interprétées 
de  bien  des  manières  diverses,  jusqu'au 
moment  où  M.  de  Blainville  les  rapprocha 
des  Marsupiaux  pour  en  composer  un  groupe 
distinct,  auquel  il  appliqua  le  nom  général 
deDiDELPUES,  par  opposition  à  la  dénomina- 
tion de  Monodelphes,  qu'il  donna  au  groupe 
des  Mammifères  Placentaires. 

La  plupart  des  auteurs  qui  ont  classé  les 
Mammifères  Aplacentaires ,  ont  générale- 
ment pris  pour  point  de  départ  de  leur  sys- 
tème la  disposition  du  système  dentaire.  Le 
groupe  s'est  trouvé  ainsi  morcelé ,  et  ses 
représentants  furent  différemment  répartis 
dans   les    ordres  des  Mammifères  Placcn- 


806 


ma: 


taires.  Ainsi  les  Marsupiaux  ont  été  dans  le 
commencement  considérés  par  G.  Cuvier 
comme  constituant  la  quatrième  famille  de 
ses  Carnassiers,  et  c'est  la  place  que  leur  a 
conservée  Fréd.  Cuvier.  Les  Monotrèmes  fai- 
saient partie  de  Tordre  des  Édentés. 

Nous  ne  donnerons  pas  ici  le  tableau  de 
la  classification  de  Cuvier,  parce  que  les  diffé- 
rentes dénominations  caractéristiques  adop- 
tées par  l'illustre  auteur  doivent  être  expli- 
quées aux  articles  destinés  aux  différents 
groupes,  en  concordance  avec  la  classification 
suivie  dans  ce  Dictionnaire. 

Prenant  principalement  en  considération 
les  analogies  que  présente  le  système  den- 
taire des  différents  genres  des  Aplacen- 
taires ,  M.  Isidore  Geoffroy  les  a  disposés  en 
une  série  parallèle  à  celle  des  Quadrupèdes 
sans  os  marsupiaux ,  et  à  celle  des  Bipèdes. 
Nous  en  avons  donné  le  tableau  en  même 
temps  que  celui  des  Mammifères  Placen- 
taires. 

Quant  aux  caractères  qui  distinguent  les 
Marsupiaux  des  Monotrèmes ,  on  peut  les 
résumer  en  disant  que  les  premiers  ont  une 
poche  abdominale;  des  dents  enchâssées; 
des  corps  quadrijumeaux  plus  divisés,  et 
dans  lesquels  les  testes  sont  doubles  ;  des 
vagins  très  développés  et  complexes  ;  des  tes- 
ticules extérieurs;  ils  ont  en  outre  une  apo- 
physe anguleuse  à  la  mâchoire  inférieure , 
et  ne  présentent  pas  la  disposition  des  os 
de  l'épaule  en  une  double  clavicule,  combi- 
née avec  une  composition  sternale  distincte. 

En  examinant  les  rapports  des  orifices 
génitaux  avec  ceux  des  voies  urinaires  et 
fécales ,  nous  avons  vu  que  la  distinction 
fondée  sur  la  fusion  de  ces  ouvertures  n'est 
peut-être  pas  aussi  profonde  qu'elle  le  pa- 
raît d'abord.  Le  Phascolome,  par  plusieurs 
points  de  son  organisation,  semble  aussi  ser- 
vir de  lien  entre  les  deux  groupes  des  Apla- 
Centaires.  Mais  nous  ne  pouvons  pas  suivre 
ici  ces  considérations,  qui  manquent  du  point 
de  départ  que  leur  fourniraient  les  phéno- 
mènes génésiques  primitifs. 

Voici  le  tableau  que  M.  Owen  a  donné  de 
la  distribution  méthodique  des  Marsupiaux. 
lre  tribu.  —  SARCOPHAGES  (Carnivores). 
—  Trois  espèces  de  dents,  et  des  longues  ca- 
nines à  chaque  mâchoire.  Estomac  simple  ; 
pas  de  cœcum. 


MAR 
Famille.  —  Dasyuridés. 

Genres  :  Thylacine.  Dasyure.  Phascogale. 

Deux  genres  fossiles  représentant  des  for- 
mes transitoires  :  Phascolotherium  et  Thy- 
lacotherium  (?). 

2e  tribu.  —  ENTOMOPHAGES  (Insecti- 
vores). —  Trois  espèces  de  dents  à  chaque 
mâchoire.  Estomac  simple  ;  cœcum  de  lon- 
gueur médiocre. 

lre  famille.  —  Marcheurs. 
Genre  :  Myrmécobe. 

2e  famille.  —  Sauteurs. 
Genres  :  Chœrope.  Péramèle. 

3e  famille.  —  Grimpem  s. 

Genre  :  Didelphe. 

Sous-genres  :  Didelphe.  Chèironecte. 

3e  tribu.  —  CARPOPHAGES  (Frugivores). 

—  Incisives  antérieures  grandes  et  longues  à 
chaque  mâchoire  :  canines  inconstantes.  Es- 
tomac simple,  ou  accompagné  d'une  glande 
particulière  ;  cœcum  très  long. 

lr«  famille.  —  Phalangistidés. 

Genres  :  Phalanger.  Pétaure. 
Sous-genres  :  Couscous.  Pseudochéire.  Ta- 
poa.  —  Pétauriste.  Belidie.  Acrobate. 

2e  famille. — Phascolarclidés. 

Genre  :  Phascolarcte. 

4e  tribu.  —  POEPH AGES  (  Herbivores  ). 

—  Incisives  antérieures  grandes  et  longues  à 
chaque  mâchoire  ;  canines  existant  à  la  mâ- 
choire supérieure  seulement,  ou  manquant. 
Estomac  complexe  ;  cœcum  long. 

Famille.  — Macropodidés. 

Genres:  Potoroo.  Kanguroo. 

Sous -genres  :  Lagochèles.  Halmaturus. 
Macropus.  Osphranter. 

5e  tribu.  — RHIZOPHAGESCRongeurs).— 
Deux  incisives  en  biseau  à  chaque  mâchoire  ; 
pas  de  canines.  Estomac  accompagné  d'une 
glande  spéciale  ;  cœcum  court ,  large  ,  avec 
un  appendice  vermiforme. 

Famille.  — Phascolomydés. 

Genres  :  Phascolome.  —  Diprotodon  (  Fos- 
sile ). 


MAR 


MAK 


S  -7 


Quant  aux  Monotrèmes,  on  les  distingue 
en  deux  genres  :  l'Ornithorhynque  et  PÉ- 
chidné.  Le  premier  ne  comprend  qu'une  es- 
pèce, qui  estaquatique  (Ornithorhynchuspa- 
radoxus);  le  second  comprend  deux  espèces 
terrestres  (Echidna  hystrix  et  selosa).  L'Or- 
nithorhynque se  distingue  par  son  cerveau 
sans  circonvolutions;  par  son  bec  élargi , 
armé  de  quelques  dents;    par  sa  langue 
courte  et  non  extensible;  par  son  gland  bi- 
furqué ;  par  son  corps  entièrement  dépourvu 
d'une  armure  épineuse;  par  d'autres  carac- 
tères que  nous  avons  indiqués  en  étudiant 
les  divers  appareils  ,  et  qui  seront  rappelés 
■et  développés  dans  les  articles  consacrés  à 
ces  deui  genres,  qui  méritent,  sous  tous  les 
rapports,  de  fixer  l'attention  du  zoologiste. 
(Emile  Baudement.) 
♦MARSUPIAUX  FOSSILES,  paléont.— 
Les  grottes  de  la  vallée  de  Wellington,  dans 
la  Nouvelle-Hollande  ou  Australasie,  ren- 
ferment une  grande  quantité  d'ossements 
encroûtés  d'un  sédiment  rougeâtre  sembla- 
ble aux  brèches  osseuses  du  littoral  de  la 
Méditerranée.  Le  major  Mitchell ,  qui  les 
découvrit,  a  reconnu  des  os  des  genres  Phas- 
colome,  Potoroo  (Hypsiprymnus),  Phalan- 
ger  (Phalangista),  Kanguroo  (Macropus)  et 
Dasyure.  Depuis,  on  en  a  trouvé  en  divers 
lieux  de  ce  continent,  dans  le  terrain  ter- 
tiaire récent  ou  post-pliocène,  qui  se  rappor- 
tent toujours  à  ces  mêmes  genres.  Plusieurs 
de  ces  os  paraissent  être  des  espèces  actuel- 
lement vivantes  sur  le  même  sol ,  mais  on 
en  rencontre  aussi  d'espèces  perdues,  telles 
que  les  Kanguroos  Titan  et  Atlas,  et  le  Da- 
syurus  laniarius ,  décrites  par  M.  Owen 
dans  le  2e  volume  du  voyage  de  Mitchell, 
intitulé  :  Trois  expéditions  dans  l'intérieur 
de  V Australasie,  en  anglais.  Les  deux  Kan- 
guroos sont  d'un  tiers  plus  grands  que  le 
Kanguroo  géant,  et  le  D.  laniarius,  d'un 
tiers  en  sus  que  le  D.  oursinus  actuellement 
confiné  dans  la  terre  de  Van-Diémen.  Il 
existe  aussi  parmi  ces  os  des  restes  d'une 
espèce  de  Thylacine  ,  et  M.  Owen  ,  dans  ce 
même  voyage,  a  établi,  sur  une  mâchoire 
inférieure,  un  nouveau  genre  de  sa  famille 
des  Phascolomides ,  auquel  il  a  donné  le 
nom  de  Diprotodont  dont  l'espèce  qu'il  dé- 
crit, Dip.  australis,  était  un  animal  de  la 
taille  du  Bœuf. 
Plus  récemment,  ce  même  paléontologiste. 


dans  un  rapport  sur  les  Mammifères  perdus 
de  l' Australasie,  fait  à  l'Association  britan- 
nique pour  l'avancement  des  sciences  en 
1844,  décrit  des  ossements  nouvellement 
découverts  d'un  genre  de  Pachyderme  mar- 
supial ,  auquel  il  a  donné  le  nom  de  Noto- 
therium.  La  forme  de  la  mâchoire  inférieure 
tient  le  milieu  entre  celle  des  Éléphants  et 
des  Mastodontes;  il  n'y  a  point  d'incisives, 
et  les  molaires  sont  formées  chacune  de 
deux  collines  transverses  ,  comme  chez  les 
Kanguroos,  le  Phascolome  et  le  Diprotodon. 
M.  Owen  compte  déjà  deux  espèces  de  ce 
genre  :  le  Not.  inerme  et  le  Not.  Mitchelli. 
Ces  animaux  avaient  à  peu  près  la  grandeur 
du  Cheval. 

Ainsi  paraît  devoir  se  vérifier  cette  pré- 
vision de  M.  Cuvier,  qui  écrivait  en  1829 , 
dans  son  Règne  animal  :  On  dirait  que  les 
Marsupiaux  forment  une  classe  à  part,  pa- 
rallèle à  celle  des  Quadrupèdes  ordinaires  , 
et  divisibles  en  ordres  semblables. 

Il  existait  aussi  des  Marsupiaux  à  des  épo- 
ques plus  reculées.  Cuvier  a  découvert  dans 
les  plâtres  des  environs  de  Paris  (  terrain 
éocène)  une  petite  espèce  de  Sarigue,  Di- 
delphis  Cuvieri  (Oss.  foss.,  III,  2e  éd.),  qui 
avait  la  taille  de  la  Marmose,  mais  avec  des 
proportions  relatives  différentes ,  et  nous 
avons  vu  à  l'article  hyénodon  que  ces  ani- 
maux appartiennent  probablement^  l'ordre 
des  Marsupiaux.  On  trouve  aussi  une  es- 
pèce de  Sarigue  qui  n'est  point  encore  dé- 
crite dans  ce  même  terrain  éocène,  en  Au- 
vergne. 

Enfin,  dans  les  schistes  oolitiques  de  Sto- 
nesfield  ,  qui  sont  de  l'époque  jurassique, 
il  a  été  trouvé  de  petites  mâchoires  infé- 
rieures, que  Cuvier,  d'après  un  examen  ra- 
pide qu'il  en  fit  à  Oxford ,  déclara  devoir 
être  de  quelque  Didelphe  ,  et  il  en  nomma 
même  une  dont  M.  Constant  Prévost  lui  en- 
voya le  dessin ,  Did.  Prevostii.  M.  Broderip 
en  publia  une  autre  espèce,  à  laquelle  il 
donna  le  nom  de  Did.  Bucldandii. 

Comme  jusqu'alors  on  croyait  que  les 
Mammifères  ne  dataient  que  de  l'époque 
tertiaire,  on  éleva  des  doutes  sur  celle  des 
schistes  de  Stonesfield  ;  mais  un  nouvel  ex.;- 
men  démontra  qu'ils  appartiennent  bien  rc:  I • 
lementà  l'époque  jurassique.  D'autres  doutes 
s'élevèrent  alors  sur  la  classe  des  animaux 
dont  ces  mâchoires  proviennent.  M.  deBlain- 


firs 


MAR 


MAR 


ville  (  Comptes-rendus  de  V Institut ,  1838), 
prononça  qu'elles  appartiennent  probable- 
ment à  des  espèces  de  Reptiles  ou  peut-être 
de  Poissons,  et  il  proposa  de  leur  donner  le 
nom  d'Amphitherium  ;  mais  M.  Valenciennes 
et  un  peu  plus  tard  M.  Owen  ont  établi  que 
ce  sont  réellement  des  mâchoires  de  Mar- 
supiaux, et  le  premier  créa  un  genre  qu'il 
nomma  Thylacotherium  pour  les  deux  espè- 
ces de  mâchoires ,  et  il  eut  ainsi  le  Thyl. 
Prevostii  et  le  Thyl.  Bucldandii.  M.  Owen 
alla  plus  loin ,  il  adopta  le  genre  Thylaco- 
therium ,  et  il  en  décrivit  deux  espèces  :  le 
Thyl.  Prevostii  et  le  Thyl.  Broderipii;  mais 
il  fit  un  second  genre  de  l'espèce  nommée 
par  M.  Valenciennes  Thyl.  Bucklandii  sous 
le  nom  de  Phascolotherium  Bucklandii.  Les 
dents  du  genre  Thyl.  sont  au  nombre  de  16 
de  chaque  côté,  savoir  :  3  incisives,  1  canine, 
6  fausses  molaires  et  6  molaires  tricuspides. 
Celles  du  genre  Phase,  ne  sont  qu'au  nom- 
bre de  11  ,  savoir  :  3  incisives ,  1  canine , 
3  fausses  molaires  lobées,  et  4  molaires  éga- 
lement à  plusieurs  pointes.  (L....D.) 
MARSUPIOCRINITES.  échin.  —  Voy. 

MARSUPITES. 

MARSUPITES  (marsupium,  bourse). 
échin.  —  Genre  d'Encrines  établi  par  Miller 
pour  un  fossile  des  terrains  de  craie  en  An- 
gleterre. Par  sa  forme  et  par  la  disposition 
des  plaques,  il  se  rapproche  desActinocri- 
nites  et  des  Cyathocrinites;  mais  il  manque 
de  colonne,  et  semble  se  rapprocher  des  Eu- 
ryales ,  sous  ce  rapport,  comme  aussi  par  sa 


forme  des  bras.  Le  Marsupile  présente  un 
corps  régulier,  ovale,  en  forme  de  bourse,  ar- 
rondi à  l'extrémité  dorsale  ,  tronqué  et 
aplati  à  l'autre  extrémité,  et  revêtu  de  gran- 
des plaques  polygonales,  articulées  entre 
elles,  savoir  :  une  plaque  centrale  ou  hasi- 
laire,  supportant  3  séries  superposées  et  al- 
ternes de  5  plaques  chacune,  5  costales,  5 
intercostales  et  5  scapulaires  ;  ces  dernières 
portant  chacune  un  bras  terminal ,  lequel 
était  bifide  dès  l'origine,  et  vraisemblable- 
ment subdivisé  comme  celui  des  Euryales. 
II  existait  sans  doute  aussi  un  segment  pro- 
tégé par  des  petites  plaques  nombreuses,  et 
la  bouche  était  entourée  de  quatre  pièces 
squamiformes  entre  les  bras.  (Duj.) 

MARSYAS,  Oken.  moll.  —  Syn.  d'Au- 
ricule,  Lamk. 

*MARSYAS(nom  mythologique),  ms.  — 
Genre  de  Coléoptères  pentamères,  famille 
des  Carabiques,  tribu  des  Féroniens,  créé 
par  Putzeys  {Prémices  entomologiques,  1845, 
pag.  52).  L'espèce  type  et  unique,  le  M. 
œneus  de  l'auteur,  a  été  trouvé  dans  la  pro- 
vince des  Mines  au  Brésil.  (C.) 

*MARSYPIANTI1ES  fjioeavmov,  bourse; 
âvQoç,  fleur),  bot.  ph.  — Genre  de  la  fa- 
mille des  Labiées-Ocimoïdées,  établi  par 
Martius  [Msc.  ex  Benth.  Labiat.,6A).  Herbes 
de  l'Amérique  tropicale.  Voy.  labiées. 

MARSYPOCARPUS ,  Neck.  bot.  pu.  — 
Syn.  de  Capsella  ,  Venten. 

MARTAGON.  bot.  ph.  —  Espèce  et  di- 
vision du  g.  Lis.  Voy.  ce  mot.  JL 


F!»   DU  SEPTIEME  TOM3, 


La  Bibliothèque, 
Université  d'Ottawa 
Echéance 


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Uni  vers ity  of  Ottawa 
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